Mackinder

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Geopolitical theory of HJ Mackinder

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MackinderParEROEdansGOPOLITIQUEle3 Aot 2012 21:42L'uvre gopolitique de Sir Halford John MackinderQui tait le gopoliticien britanniqueMackinder(1861-1947), gnial concepteur de l'opposition entre thalassocraties et puissances ocaniques ? Un livre a tent de rpondre cette question :Mackinder : Geography as an Aid to Statecraft, par W.H. Parker (Clarendon Press, Oxford, 1982). N dans le Lincolnshire en 1861, Sir Halford John Mackinder s'est intress aux voyages, l'histoire et aux grands vnements internationaux ds son enfance. Plus tard, Oxford, il tudiera l'histoire et la gologie. Ensuite, il entamera une brillante carrire universitaire au cours de laquelle il deviendra limpulseur principal d'institutions d'enseignement de la gographie. De 1900 1947, il vivra Londres, au cur de l'Empire Britannique. Sa proccupation essentielle tait le salut et la prservation de cet Empire face la monte de l'Allemagne, de la Russie et des tats-Unis.Au cours de ces 5 dcennies, Mackinder sera trs proche du monde politique britannique ; il dispensera ses conseils d'abord aux Libraux-Imprialistes (Limps) de Rosebery, Haldane, Grey et Asquith, ensuite aux Conservateurs regroups derrire Chamberlain et dcids abandonner le principe du libre change au profit des tarifs prfrentiels au sein de l'Empire. La Grande-Bretagne choisissait une conomie en circuit ferm, tentait de construire une conomie autarcique l'chelle de l'Empire. Ds 1903, Mackinder classe ses notes de cours, fait confectionner des cartes historiques et stratgiques sur verre destines tre projetes sur cran. Une uvre magistrale naissait.

Une ide fondamentale traversera toute l'uvre de Mackinder : celle de la confrontation permanente entre la Terre du Milieu (Heartland) et l'le du Monde (World Island). Cette confrontation incessante est en fait la toile de fond de tous les vnements politiques, stratgiques, militaires et conomiques majeurs de ce sicle. Pour son biographe Parker, Mackinder, souvent cit avec les autres gopoliticiens amricains et europens tels Mahan,Kjellen,Ratzel, Spykman et de Seversky, a, comme eux, appliqu les thories darwiniennes la gographie politique. Doit-on de ce fait rejeter les thses gopolitiques parce que fatalistes ? Pour Parker, elles ne sont nullement fatalistes car elles dtiennent un aspect franchement subjectif : en effet, elles justifient des actions prcises ou attaquent des prises de position adverses en proposant des alternatives. Elles appellent ainsi les volonts modifier lesstatu quoet refuser les dterminismes.L'intrt qu'a port Mackinder aux questions gopolitiques date de 1887, anne o il pronona une allocution devant un auditoire de laRoyal Geographical Societyqui contenait notamment la phrase prmonitoire suivante : Il y a aujourd'hui deux types de conqurants : les loups de terre et les loups de mer . Cette allgorie avait pour arrire-plan historique concret la rivalit anglo-russe en Asie Centrale. Mais le thoricien de l'antagonisme Terre/Mer se rvlera pleinement en 1904, lors de la parution d'un papier intitulThe Geographical Pivot of History(Le pivot gographique de l'histoire).Pour Mackinder, cette poque, l'Europe vivait la fin de l'ge Colombien, qui avait vu l'expansion europenne gnralise sans rsistance de la part des autres peuples. cette re d'expansion succdera l'ge post-colombien, caractris par un monde fait d'un systme politique ferm dans lequel chaque explosion de forces sociales, au lieu d'tre dissipe dans un circuit priphrique d'espaces inconnus, marqus du chaos du barbarisme, se rpercutera avec violence depuis les coins les plus reculs du globe et les lments les plus faibles au sein des organismes politiques du monde seront branls en consquence .Ce jugement de Mackinder est proche finalement des prophties nonces parToynbeedans sa monumentaleStudy of History. Comme Toynbee etSpengler, Mackinder demandait ses lecteurs de se dbarrasser de leur europocentrisme et de considrer que toute l'histoire europenne dpendait de l'histoire des immensits continentales asiatiques. La perspective historique de demain, crivait-il, sera eurasienne et non plus confine la seule histoire des espaces carolingien et britannique.Pour tayer son argumentation, Mackinder esquisse une gographie physique de la Russie et raisonne une fois de plus comme Toynbee : l'histoire russe est dtermine, crit-il, par 2 types de vgtations, la steppe et la fort. Les Slaves ont lu domicile dans les forts tandis que des peuples de cavaliers nomades rgnaient sur les espaces dboiss des steppes centre-asiatiques. cette mobilit des cavaliers, se dployant sur un axe est-ouest, s'ajoute une mobilit nord-sud, prenant pour pivots les fleuves de la Russie dite d'Europe. Ces fleuves seront emprunts par les guerriers et les marchands scandinaves qui creront l'Empire russe et donneront leur nom au pays.La steppe centre-asiatique, matrice des mouvements des peuples-cavaliers, est la terre du milieu, entoure de 2 zones en croissant : le croissant intrieur qui la jouxte territorialement et le croissant extrieur, constitu d'les de diverses grandeurs. Ces croissants sont caractriss par une forte densit de population, au contraire de la Terre du Milieu. L'Inde, la Chine, le Japon et l'Europe sont des parties du croissant intrieur qui, certains moments de l'histoire, subissent la pression des nomades cavaliers venus des steppes de la Terre du Milieu. Telle a t la dynamique de l'histoire eurasienne l're pr-colombienne et partiellement aussi l're colombienne o les Russes ont progress en Asie Centrale.Cette dynamique perd de sa vigueur au moment o les peuples europens se dotent d'une mobilit navale, inaugurant ainsi la priode proprement colombienne. Les terres des peuples insulaires comme les Anglais et les Japonais et celles des peuples des nouvelles Europes d'Amrique, d'Afrique Australe et d'Australie deviennent des bastions de la puissance navale inaccessibles aux coups des cavaliers de la steppe. Deux mobilits vont ds lors s'affronter, mais pas immdiatement : en effet, au moment o l'Angleterre, sous les Tudor, amorce la conqute des ocans, la Russie s'tend inexorablement en Sibrie. cause des diffrences entre ces 2 mouvements, un foss idologique et technologique va se creuser entre l'Est et l'Ouest, dit Mackinder. Son jugement rejoint sous bien des aspects celui deDostoevsky, deNiekischet deMoeller van den Bruck. Il crit : C'est sans doute l'une des concidences les plus frappantes de l'histoire europenne, que la double expansion continentale et maritime de cette Europe recoupe, en un certain sens, l'antique opposition entre Rome et la Grce Le Germain a t civilis et christianis par le Romain ; le Slave l'a t principalement par le Grec. Le Romano-Germain, plus tard, s'est embarqu sur l'ocan ; le Greco-Slave, lui, a parcouru les steppes cheval et a conquis le pays touranien. En consquence, la puissance continentale moderne diffre de la puissance maritime non seulement sur le plan de ses idaux mais aussi sur le plan matriel, celui des moyens de mobilit .Pour Mackinder, l'histoire europenne est bel et bien un avatar du schisme entre l'Empire d'Occident et l'Empire d'Orient (an 395), rpt en 1054 lors du Grand Schisme opposant Rome et Byzance. La dernire croisade fut mene contre Constantinople et non contre le Turc. Quand celui-ci s'empare en 1453 de Constantinople, Moscou reprend le flambeau de la chrtient orthodoxe. De l, l'anti-occidentalisme des Russes. Ds le XVIIesicle, un certain Kridjanitch glorifie l'me russe suprieure l'me corrompue des Occidentaux et rappelle avec beaucoup d'insistance que jamais la Russie n'a courb le chef devant les aigles romaines. Cet antagonisme religieux fera place, au XXesicle, l'antagonisme entre capitalisme et communisme. La Russie optera pour le communisme car cette doctrine correspond la notion orthodoxe de fraternit qui s'est exprime dans lemir, la communaut villageoise du paysannat slave. L'Occident tait prdestin, ajoute Mackinder, choisir le capitalisme car ses religions voquent sans cesse le salut individuel (un autre Britannique, Tawney, prsentera galement une typologie semblable).Le chemin de fer acclrera le transport sur terre, crit Mackinder, et permettra la Russie, matresse de la Terre du Milieu sibrienne, de dvelopper un empire industriel entirement autonome, ferm au commerce des nations thalassocratiques. L'antagonisme Terre/Mer, hritier de l'antagonisme religieux et philosophique entre Rome et Byzance, risque alors de basculer en faveur de la Terre, russe en l'occurrence. QuandStalineannonce la mise en chantier de son plan quinquennal en 1928, Mackinder croit voir que sa prdiction se ralise. Depuis la Rvolution d'Octobre, les Sovitiques ont en effet construit plus de 70.000 km de voies ferres et ont en projet la construction du BAM, train voie large et grande vitesse.Depuis 70 ans, la problmatique reste identique. Les diplomaties occidentales (et surtout anglo-saxonnes) savent pertinemment bien que toute autonomisation conomique de l'espace centre-asiatique impliquerait automatiquement une fermeture de cet espace au commerce amricain et susciterait une rorganisation des flux d'changes, le croissant interne ourimlandconstitu de la Chine, de l'Inde et de l'Europe ayant intrt alors maximiser ses relations commerciales avec le centre (la Terre du Milieu proprement dite). Le monde assisterait un quasi retour de la situation pr-colombienne, avec une mise entre parenthses du Nouveau Monde.Pour Mackinder, cette volution historique tait inluctable. Si Russes et Allemands conjuguaient leurs efforts d'une part, Chinois et Japonais les leurs d'autre part, cela signifierait la fin de l'Empire Britannique et la marginalisation politique des tats-Unis. Pourtant, Mackinder agira politiquement dans le sens contraire de ce qu'il croyait tre la fatalit historique. Pendant la guerre civile russe et au moment de Rapallo (1922), il soutiendra Dnikine et l'obligera concder l'indpendance aux marges occidentales de l'Empire des Tsars en pleine dissolution ; puis, avec Lord Curzon, il tentera de construire un cordon sanitaire, regroup autour de la Pologne qui, avec l'aide franaise (Weygand), venait de repousser les armes de Trotsky.Ce cordon sanitaire poursuivait 2 objectifs : sparer au maximum les Allemands des Russes, de faon ce qu'ils ne puissent unir leurs efforts et limiter la puissance de l'URSS, dtentrice inconteste des masses continentales centre-asiatiques. Corollaire de ce second projet : affaiblir le potentiel russe de faon ce qu'il ne puisse pas exercer une trop forte pression sur laPerseet sur les Indes, clef de vote du systme imprial britannique. Cette stratgie d'affaiblissement envisageait l'indpendance de l'Ukraine, de manire soustraire les zones industrielles du Don et du Donetz et les greniers bl au nouveau pouvoir bolchvique, rsolument anti-occidental.Plus tard, Mackinder se rendra compte que le cordon sanitaire ne constituait nullement un barrage contre l'URSS ou contre l'expansion conomique allemande et que son ide premire, l'inluctabilit de l'unit eurasienne (sous n'importe quel rgime ou mode juridique, centralis ou confdratif), tait la bonne. Le cordon sanitaire polono-centr ne fut finalement qu'un vide, o Allemands et Russes se sont engouffrs en septembre 1939, avant de s'en disputer les reliefs. Les Russes ont eu le dessus et ont absorb le cordon pour en faire un glacis protecteur. Mackinder est incontestablement l'artisan d'une diplomatie occidentale et conservatrice, mais il a toujours agi sans illusions. Ses successeurs reprendront ses catgories pour laborer la stratgie ducontainment, concrtise par la constitution d'alliances sur lesrimlands(OTAN, OTASE, CENTO, ANZUS).En Allemagne,Haushofer, contre la volont d'Hitler, avait suggr inlassablement le rapprochement entre Japonais, Chinois, Russes et Allemands, de faon faire pice aux thalassocraties anglo-saxonnes. Pour tayer son plaidoyer, Haushofer avait repris les arguments de Mackinder mais avait invers sa praxis. La postrit intellectuelle de Mackinder, dcd en 1947, n'a gure t mdiatise. Si la stratgie ducontainment, reprise depuis 1980 par Reagan avec davantage de publicit, est directement inspire de ses crits, de ceux de l'Amiral Mahan et de son disciple Spykman, les journaux, revues, radios et tlvision n'ont gure honor sa mmoire et le grand public cultiv ignore largement son nom C'est l une situation orwellienne : on semble tenir les vidences sous le boisseau. La vrit serait-elle l'erreur ? Robert Steuckers,Vouloirn31, 1986.

En hachur, leHeartland, Terre du Milieu, selon Mackinder. Les dimensions de cette Terre du Milieu varieront au gr des vnements politiques du XXe sicle. Essentiellement sibrienne en 1904, la veille du conflit russo-japonais, la Terre du Milieu s'tend toute l'Europe de l'Est et la Sude aprs 1919. Elle se rduit une seconde fois quand Hitler s'empare de tout l'Ouest de l'URSS et que Staline replie son potentiel industriel au-del de l'Oural et fonde les nouveaux centres de Sibrie centrale dont Novosibirsk. L'actuelle politique ducontainment, reprise du temps de la Guerre froide, se base sur une analyse des relations internationales trs proche de celle systmatique de Mackinder.Les dynamiques latitudinales et longitudinalesLorsque les grands-espaces de l'antiquit se sont forms, ils ont suivi une volution de type latitudinal, favorise par la position de la Mditerrane romanise, par la ceinture dsertique, par le trac des massifs montagneux. Le positionnement des grands-espaces de l'Antiquit suivait ds lors un axe Est-Ouest, correspondant au paralllisme de la zone tempre septentrionale, la zone subtropicale et la zone tropicale. Seuls les empires fluviaux les plus anciens, comme l'Empire gyptien le long du Nil, la Msopotamie, la culture de l'Indus pr-aryenne constituent des exceptions. L'orientation de ces empires tait contraire celle de l'Empire romain, elle leur tait impose par le cours de leur artre vitale (le fleuve). Cette orientation a influenc tout le cours de leur histoire jusqu'au moment o ils ont t absorbs par le premier grand-espace latitudinal du Moyen-Orient, l'Empire achmnide des Iraniens. partir de ce moment, s'est dploye la dynamique latitudinale, avec les Phniciens, les Hellnes, les Romains, les Arabes, les peuples de la steppe, les Francs, les Ibres. Les peuples ibriques en effet ont d'abord transpos leur puissance d'une mditerrane une autre, de la Mditerrane romaine celle des Carabes en Amrique. Ils ont ainsi poursuivi la logique latitudinale. Quand ils atteignent les rives du Pacifique, cette expansion latitudinale prend la forme d'un ventail. Entre 1511 et 1520, les Portugais par l'Ouest, les Espagnols par l'Est, atteignent le premier grand-espace qui tentait de se dvelopper longitudinalement vers le Sud, en comptant sur ses propres forces ; ce grand-espace tait cette poque le porte-tendard de l'Asie orientale, c'est--dire la Chine, puissance qui a souvent chang de forme extrieure tout en maintenant sa culture et son patrimoine racial. Avant l'arrive des Ibriques et avant l'adoption de cette logique expansive longitudinale, la Chine aussi s'tait tendue latitudinalement.Le flux migratoire est-asiatique, chinois et japonais s'effectuait sur un axe Nord-Sud, au moment o l'expansion coloniale espagnole le traverse, constituant en mme temps le premier empire latitudinal sur lequel le Soleil ne se couche jamais. L'Espagne n'a conserv son monopole que pendant 70 ans. Ensuite, sur ses traces, sont venus ceux qui voulaient lui confisquer sa puissance et la dshriter. Le plus puissant de ces nouveaux adversaires tait l'Angleterre, qui se mit rapidement construire son premier et son second empires, dont la configuration prsentait de nombreuses torsions, mais demeurait nanmoins le rsultat d'une expansion latitudinale, dtermine par la position de la Mditerrane, dont la matrise assurait la possession de l'Inde. Quant l'empire des tsars blancs puis rouges, il suivait l'extension latitudinale de la zone des bls en direction de l'Est. Entre les deux empires se situait une zone-tampon. Dans les annes 40 du XXesicle, mergent presque simultanment 2 constructions gopolitiques longitudinales, la construction panamricaine et la construction grande-est-asiatique, qui chappent toutes deux ce champ de forces latitudinal, impulsent des expansions le long d'axes Nord-Sud et encadrent les expansions impriales britanniques et russes.Si l'on compare ce nouvel tat de choses avec la conception dynamique d'avant-garde de Sir Halford Mackinder, qu'il avait appele the geographical pivot of history et nonce en 1904, elle correspondait parfaitement la situation de cette poque la nouvelle orientation des expansions panamricaine et est-asiatique constitue une formidable modification du champ de forces sur la surface de la Terre ; dans ce contexte nouveau, les tentatives de raliser l'ide d'Eurafrique ou les efforts de l'Union Sovitique d'abandonner sa dynamique latitudinale pour orienter son expansion vers le Sud et les mers chaudes et pour se constituer un glacis indien, ne dploient pas une nergie cintique aussi puissante.Ce constat est d'autant plus proccupant que, dans la vaste aire est-asiatique, on peut constater une pulsion interne conduisant une sorte d'auto-limitation centripte, qui entend concentrer tous les efforts sur le grand-espace o vivent des peuples apparents. Cette volont centripte est dj l'uvre et visible. Or la puissance imprialiste des tats-Unis n'est pas centripte mais, aprs la concrtisation de la domination nord-amricaine sur l'espace panamricain, tend ses tentacules en direction de l'Afrique tropicale, de l'Iran, de l'Inde ainsi que de l'Australie. L'imprialisme amricain part de sa base, c'est--dire d'un territoire form au dpart d'une expansion longitudinale, pour s'assurer la domination du monde, en enclenchant son tour et son profit une dynamique latitudinale. Cet imprialisme s'apprte dj contrer l'expansion de ses futurs ennemis en prparant une troisime guerre mondiale.Donc, au dpart de l'expansion longitudinale panamricaine, l'imprialisme de Washington vise sans vergogne devenir l'unique puissance imprialiste du globe, si l'on excepte toutefois le danger que reprsente la rvolution mondiale sovitique. Face cette rvolution sovitique, la grande aire est-asiatique a dynamis son propre espace culturel et amorc le dploiement de sa propre puissance. Elle pense ainsi assurer son avenir en constituant une zone-tampon. Depuis une gnration, les observateurs estiment que l'Europe, elle aussi, doit se donner une telle zone-tampon, comme nous l'avaient d'ailleurs dj suggr des hommes comme Ito, Goto, etc., pour faire pice aux vises expansionnistes du tsarisme.La collision frontale entre dynamique longitudinale et dynamique latitudinale est trs visible en Afrique, dans l'espace islamique et dans la zone o l'empire britannique semble se disloquer. Nous constatons donc l'existence de 2 minces lignes de trafic arien et maritime, s'lanant trs loin vers le Sud, et au bout desquelles semble tre accroche l'Australie, continent vide, situ entre les territoires compacts o vivent les populations anglophones et sur la principale voie d'expansion de la grande aire est-asiatique vers le Sud. Mackinder avait parl d'un croissant extrieur qui courait le danger d'tre abandonn la mer : dans cette partie de la Terre, cette prvision est presque devenue ralit. C'est aussi la raison pour laquelle l'Europe en ce moment ne semble plus solidement relie l'Afrique. La pousse latrale contre les matres des latitudes a gliss vers le Sud-Est.Il reste aujourd'hui aux Sovitiques, matres de ce que Mackinder appelait jadis le pivot of history, et l'Axe, c'est--dire aux puissances du croissant intrieur, plus qu' enregistrer le fait. Certes, les combats sanglants qui se droulent aujourd'hui sur le thtre pontique [de la Mer Noire] et caspien sont importants pour le destin de la culture europenne, comme tous les combats qui se sont drouls dans cette zone au cours de l'histoire, toutefois, pour le nouveau partage de la Terre en rassemblements grands-spatiaux, partage qui s'impose, ce thtre de guerre est devenu secondaire.L'volution gopolitique dcisive de l'avenir est la suivante : l'expansion latitudinale anglo-amricaine dirige contre l'expansion longitudinale asiatique se maintiendra-t-elle ou sera-t-elle bloque ? Que cette lutte ait une fin positive ou ngative, les tats-Unis croient qu'ils se sont assurs suffisamment de gages territoriaux dans l'ancien empire britannique, pour rentrer dans leurs comptes. Dans les faits, cela signifie qu'ils veulent conserver l'Amrique tropicale et, en sus, l'Afrique tropicale. S'ils estiment que l'Insulinde, troisime grande rgion tropicale fournissant des matires premires, que l'Iran dj fortement grignot, que l'Inde, valent la peine de sacrifier normment de sang et d'investir de colossales sommes d'argent, ils s'en empareront en concentrant autant de forces qu'ils n'en concentrent pour chasser les puissances de la grande aire est-asiatique hors de leurs possessions bien fortifies. Pour ceux qui donnent leur sang ou leur argent la cause des Allis, afin que ceux-ci soient les bnficiaires du grand hritage, telle est la question la plus patente poser dans cette lutte plantaire.C'est pour tre les hritiers de ce grand hritage, et non pour des principes, que les tats-Unis montrent l'Europe leurs dents de gangsters ; dans la grande aire est-asiatique, ils ne font entendre que le roulement de tambour que sont les dclamations de McArthur que l'on pousse rater dans le Pacifique sa chance de devenir un jour Prsident, comme jadis Cripps en Inde. Entre la Chine de Nanking et la Chine de Tchoung-King, les compromis les plus fous, les plus surprenants, sont possibles comme auparavant. Le vaste environnement qu'interpelle l'expansion longitudinale de la grande aire est-asiatique est encore plein d'nergies latentes. Sur le plan cintique, on n'a vu ces nergies l'uvre que du ct de la main gauche du Japon, surtout en Chine, mais on n'a encore rien vu du ct de la main droite. L, on s'attend une guerre qui durera de 10 15 ans. La Chine a tenu le coup pendant 32 ans de guerres civiles, le Japon a derrire lui 12 ans de guerre sur le continent. Et il a prouv qu'il tait vritablement capable de frapper dur et fort en direction du Pacifique. Il faudra avoir du souffle, tre capable d'affronter le long terme, de saisir les dynamiques de vastes espaces, pour comprendre la lutte qui oppose la dynamique latitudinale la dynamique longitudinale, qui toutes deux se dploient de part et d'autre du Pacifique. Karl Haushofer,Zeitschrift fr Geopolitikn8, 1943.(tr. fr. : Robert Steuckers)

Halford John Mackinder (1861-1947)Avertissement : La notice biographique ci-dessous, destine l'Encyclopdie des uvres Philosophiques(PUF), reprenait en grande partie l'article ci-haut. Nous la reproduisons ici fin d'archivage.N Gainsborough dans le Lincolnshire le 15 fvrier 1861, Halford John Mackinder se sentira attir par les tudes gographiques ds son plus jeune ge. Form l'Epsom College, puis, partir de 1880, Oxford, il tudie successivement la biologie (sous la direction de H.N. Moseley, un anatomiste s'inscrivant dans le sillage de Darwin et de Huxley), l'histoire, la gologie et le droit. Il sera reu au barreau deInner Templeen 1886, aprs avoir acquis une exprience en droit maritime, c'est--dire, ses yeux, la branche du droit la plus proche de la gographie.De 1887 1905, il enseigne la gographie Oxford, notamment dans le cadre de laOxford University Extension, qui prodiguait un enseignement itinrant, ouvert tous mais plus particulirement aux instituteurs et aux enseignants des coles secondaires. La gographie tait, l'poque, une discipline nglige dans le monde universitaire britannique. Depuis le XVIesicle, au temps o enseignait le gographe Richard Hakluyt, plus aucune chaire de gographie n'avait t attribue Oxford. Mackinder a donc t le premier successeur de Hakluyt, aprs une parenthse de 4 sicles.L'objectif premier de Mackinder tait de rhabiliter la gographie aux yeux du monde acadmique britannique en suivant l'exemple allemand (Ritter, Richthofen, Ratzel). Pour raliser cette tche, il reut l'appui de Sir John Scott Keltie, qui avait ramen d'Allemagne une collection impressionnante de matriels didactiques (cartes, atlas, etc.), puis de laRoyal Geographical Society. Entre 1892 et 1903, il sera le directeur duUniversity Collegede Reading, une universit qu'il crera presque de toutes pices. De 1903 1908, Mackinder est directeur de laLondon School of Economics and Political Sciences, o il avait commenc enseigner ds 1895.En 1899, il avait t nomm directeur de l'cole de gographie d'Oxford. La mme anne, il s'embarque pour l'Afrique afin d'explorer les abords du Kilimanjaro au Kenya et l'escalader. son retour, il entame une carrire politique dans les rangs des libraux-imprialistes. Cette carrire ne lui rapportera un sige aux Communes, celui de Glasgow, qu'en 1910 et qu'il conservera jusqu'en 1922. Les libraux-imprialistes soutenaient la politique impriale britannique mais souhaitaient des rformes sociales. Leur chef de file tait Lord Rosebery et, parmi leurs membres les plus illustres, on a compt Haldane, Grey et Asquith.Mais, quand le 15 mai 1903, Joseph Chamberlain renonce officiellement la politique de libre-change librale au profit d'une politique tarifaire prfrentielle autarcisante, interne l'Empire, de faon fermer celui-ci aux concurrences amricaine et allemande, les libraux-imprialistes se scindent en 2 groupes : ceux qui donnent la prsance au libralisme conomique et ceux qui accordent davantage d'importance la consolidation de l'Empire en tant qu'entit politique homogne. Mackinder rejoint les seconds, plus sensibles aux argumentations d'ordre gopolitique (parmi eux : Hewins, Amery, Maxse). Il rejoint par la suite les Unionistes, puis les Conservateurs.En 1904, Mackinder amorce ses rflexions gopolitiques proprement dites en rdigeant un texte trs important sur le pivot gographique de l'histoire, c'est--dire le fameuxheartland, la Terre du Milieu, inaccessible aux instruments de mobilit dont dispose la puissance thalassocratique britannique : les navires de guerre et leurs canons longue porte, les fameuxdreadnoughts. partir de 1906, Mackinder, sous l'impulsion de Haldane devenu Secrtaire d'tat la Guerre, commence dispenser ses cours aux officiers d'tat-major. En 1908, il accompagne le Prince de Galles au Canada et en revient convaincu de l'imprieuse ncessit d'appliquer les tarifs prfrentiels dans le domaine cralier en Amrique du Nord, de faon ce que le dominion du Canada ne soit pas absorb par la puissance montante des tats-Unis. Une absorption du Canada signifierait la cration d'un grand espace nord-amricain autonome, capable de se substituer l'Angleterre comme premire puissance maritime du globe.La guerre mondiale accentue sa germanophobie, latente depuis la politique maritime du Kaiser, commence pendant la dernire dcennie du XIXesicle. Dans le dbat sur la dcentralisation des institutions en Grande-Bretagne, qui reprend en 1919, Mackinder suggre un plan de partition de l'Angleterre en 3 rgions, de faon obtenir des entits gales en dimensions et en poids dmographique. La mme anne, parat l'attention des diplomates qui ngocient Versailles, un ouvrage incisif et capital, concis comme tous les ouvrages de base de la discipline gopolitique :Democratic Ideals and Reality. Mackinder y remet en exergue l'importance du territoire russe, masse continentale compacte impossible contrler depuis la mer et envahir compltement.Ce petit livre attire l'attention des diplomates duForeign Office: Lord Curzon nomme Mackinder Haut Commissaire britannique en Russie du Sud, o une mission militaire anglaise appuyait les Blancs de Dnikine. Ceux-ci reculent. Les Britanniques les obligent reconnatrede factola nouvelle rpublique ukrainienne et forger une alliance entre Blancs, Polonais, Bulgares et Ukrainiens contre les Rouges. Cette bauche d'alliance jette les bases du fameux cordon sanitaire, destin sparer les Allemands des Russes et empcher l'union de la Terre du Milieu sous la double impulsion du gnie technique germanique et de la brutalit lmentaire des Bolchviks.Mackinder, en laborant cette stratgie, cre la politique anglo-saxonne decontainment, reprise plus tard par les Amricains. Les puissances thalassocratiques anglo-saxonnes doivent tout mettre en uvre, explique Mackinder, pour empcher l'unification eurasienne sous la double gide allemande et russe. Pour parvenir cet objectif, il faut balkaniser l'Europe orientale, priver la Russie de son glacis baltique et ukrainien, empcher la domination d'une et une seule alliance sur les mers intrieures (Mer Baltique et Mer Noire), contenir la Russie et le bolchvisme en Asie de faon ce que les peuples cavaliers de la steppe ne puissent pas dbouler en Perse et en Inde, zones d'influence britanniques.La leon sera aussitt retenue mais inverse par les gopoliticiens (l'cole de Haushofer) et les diplomates allemands (von Seeckt, Groener,Rathenau, von Brockdorff-Rantzau) et par les idologues nationaux-rvolutionnaires et nationaux-bolchviques (Niekisch, Paetel, Schauwecker, les frresJnger,Hielscher, etc.), tous partisans d'une alliance germano-russe dirige contre les thalassocraties et le capitalisme anglo-saxons.Plus tard, aprs la Seconde Guerre mondiale, les principes de Mackinder, soit organiser lesrimlands(les zones littorales bordant la Terre du Milieu) pour contenir les forces issues duheartland (la Terre du Milieu), seront instrumentaliss par les Amricains, qui entoureront l'URSS et la Chine d'un rseau d'alliances dfensives et contenantes (OTAN, OTASE, ANZUS, CENTO). Sous Reagan, l'idologie est remise au got du jour pas Colin S. Gray. Mackinder meurt l'ge de 86 ans Bournemouth le 6 mars 1947. Les les Britanniques et les mers britanniques(Britain and the British Isles, 1902)[Ci-contre The Land Hemisphere, showing the Mediterranean Ocean and the central position of Britain (Mackinder, 1902, p. 4)]Livre de gographie pure, cet ouvrage consiste en une exploration mthodique de la gologie des Iles Britanniques. Le sol britannique est n de plissements gologiques successifs et d'un abaissement du niveau de l'Ocan. Rsultat : les les Britanniques sont relis au Continent pas le promontoire du Kent, le Pas-de-Calais et l'estuaire de la Tamise ; la Manche permet un courant chaud, leGulf Streamde rchauffer le climat et de librer les eaux des glaces en hiver. Le Nord-Est de la grande le est ouvert aux influences venues de la Scandinavie et de la zone baltique. Le Sud-Est, situ juste en face de la frontire linguistique entre langues romanes et langues germaniques, reoit les influences venues d'Europe centrale par le Rhin et celles venues du Midi mditerranen et hispanique. Gologiquement, les les Britanniques ont t formes par des terrains ayant glisss le long d'un axe nord-ouest. Politiquement, le Royaume-Uni s'est form partir du promontoire du Kent, situ dans le Sud-Est. Historiquement, la communaut britannique est passe d'une dpendance europenne, due au poids du Sud-Est, une matrise du large, affranchie de l'Europe, qui a permis le peuplement britannique de l'Amrique du Nord.Terminus de beaucoup d'invasions venues d'Europe, les les Britanniques ont t le tremplin du peuplement multi-ethnique de l'Amrique du Nord. Les les Britanniques sont donc la fois la pointe terminale du Vieux Monde et l'amorce du Nouveau Monde. L'addition de ces 2 qualits a donn l'Angleterre du XIXesicle un maximum de puissance. Dans sa conclusion, Mackinder crit que cette position dominante ne sera pas ternelle car de nouvelles puissances sont en train de s'organiser sur de vastes tendues continentales, dotes d'immenses ressources. Pour conserver une position honorable, l'Angleterre doit organiser mthodiquement son empire, de faon bnficier d'autant de ressources que les puissances continentales montantes et permettre ses dominions de disposer d'une flotte, de faon ce qu'elles puissent, de concert, damer le pion des challengeurs (allemands et russes). Le pivot gographique de l'histoire(The Geographical Pivot of History, 1904)Article paru dans leGeographical Journalen 1904, ce texte capital contient toute la pense gopolitique de Mackinder. Pour ce dernier, l'aube du sicle, l'Europe vivait la fin de l'ge colombien, qui avait vu l'expansion europenne sur tout le globe, sans rsistance srieuse de la part des autres peuples. cette re d'expansion succdera l'ge postcolombien, caractris par un monde dsormais ferm dans lequel chaque explosion de forces sociales, au lieu d'tre dissipe dans un circuit priphrique d'espaces inconnus, marqus du chaos du barbarisme, se rpercutera avec violence depuis les coins les plus reculs du globe, si bien que les lments les plus faibles au sein des organismes politiques du monde seront branls en consquence . Mackinder, en crivant ces phrases prophtiques, demandait ses lecteurs de se dbarrasser de leur europocentrisme et de considrer que toute l'histoire europenne dpendait de l'histoire des immensits continentales asiatiques. La perspective historique de demain, crivait-il, sera eurasienne et non plus confine la seule histoire des espaces carolingien et britannique.Pour tayer son argumentation, Mackinder esquisse une gographie physique de la Russie, ce qui le conduit constater que l'histoire russe est dtermine par 2 types de vgtation, la steppe et la fort. Les Slaves ont lu domicile dans les forts tandis que les peuples de cavaliers nomades rgnaient sur les espaces dboiss des steppes centre-asiatiques. cette mobilit des cavaliers, se dployant sur un axe est-ouest, s'ajoute une mobilit nord-sud, prenant pour pivots les fleuves de la Russie d'Europe. Ces fleuves ont t emprunts par les guerriers et les marchands scandinaves qui ont cr l'empire russe et donn leur nom au pays.La steppe centre-asiatique, zone de dpart des mouvements des peuples-cavaliers, est la Terre du Milieu, entoure de 2 zones en croissant : le croissant intrieur (inner crescent) qui la jouxte territorialement et le croissant extrieur (outer crescent), constitu d'les de diverses grandeurs. Ces croissants sont caractriss par une forte densit de population, au contraire de la Terre du Milieu. L'Inde, la Chine, le Japon et l'Europe sont des parties du croissant intrieur qui, certains moments de l'histoire, subissent la pression des nomades cavaliers venus des steppes de la Terre du Milieu. Telle a t la dynamique de l'histoire eurasienne l're pr-colombienne et partiellement aussi l're colombienne o les Russes ont progress en Asie Centrale.Cette dynamique perd de sa vigueur au moment o les peuples europens se dotent d'une mobilit navale, inaugurant ainsi la priode proprement colombienne. Les terres des peuples insulaires comme les Anglais et les Japonais et celles des peuples des nouvelles Europes d'Amrique, d'Afrique australe et d'Australie deviennent des bastions de la puissance navale inaccessibles aux coups des cavaliers de la steppe. Deux mobilits vont ds lors s'affronter, mais pas immdiatement : en effet, au moment o l'Angleterre, sous les Tudor, amorce la conqute des ocans, la Russie s'tend inexorablement en Sibrie. cause des diffrences entre ces 2 mouvements, un foss idologique et technologique va se creuser entre l'Est et l'Ouest, dit Mackinder. Il crit : C'est sans doute l'une des concidences les plus frappantes de l'histoire europenne que la double expansion continentale et maritime de cette Europe recoupe, en un certain sens, l'antique opposition entre Rome et la Grce Le Germain a t civilis et christianis par le Romain ; le Slave l'a t principalement par le Grec. Le Romano-Germain, plus tard, s'est embarqu sur l'ocan ; le Greco-Slave, lui, a parcouru les steppes cheval et a conquis le pays touranien. En consquence, la puissance continentale moderne diffre de la puissance maritime non seulement sur le plan de ses idaux mais aussi sur le plan matriel, celui des moyens de mobilit .Pour Mackinder, l'histoire europenne est bel et bien un avatar du schisme entre l'Empire d'Occident et l'Empire d'Orient (an 395), rpt en 1054 lors du Grand Schisme opposant Rome Byzance. La dernire croisade fut mene contre Constantinople et non contre les Turcs. Quand ceux-ci s'emparent en 1453 de Constantinople, Moscou reprend le flambeau de la chrtient orthodoxe. De l, l'anti-occidentalisme des Russes. Ds le XVIIesicle, un certain Kridjanitch glorifie l'me russe suprieure l'me corrompue des Occidentaux et rappelle avec beaucoup d'insistance que jamais la Russie n'a courb le chef devant les aigles romaines. Plus tard, Mackinder dira que la Russie a choisi le communisme parce que ses rflexes religieux taient collectifs, tandis que l'Ouest a opt pour le capitalisme parce que ses religions voquent sans cesse le salut individuel.Le chemin de fer acclrera le transport sur terre, crit Mackinder, et permettra la Russie, matresse de la Terre du Milieu sibrienne, de dvelopper un empire industriel entirement autonome, ferm au commerce des nations thalassocratiques. L'antagonisme Terre/Mer, hritier de l'antagonisme religieux et philosophique Rome/Byzance, risque alors de basculer en faveur de la terre, russe en l'occurrence. Idaux dmocratiques et ralit(Democratic Ideals and Reality, 1919)Ouvrage de base de la gopolitique anglo-saxonne,Democratic Ideals and Realitypart d'un constat : les guerres sont les cataractes du fleuve de l'histoire ; elles sont le rsultat, direct ou indirect, de la croissance ingale des nations. Cette croissance ingale est due l'ingale distribution des terres fertiles et des atouts stratgiques entre les nations.Face cette ingalit incontournable, l'idalisme dmocratique connat des tragdies successives : il retombe toujours, tarabust, pieds joints dans la ralit par l'impulsion de grands organisateurs (Napolon aprs 1789, Bismarck aprs 1848). Dans ce constat, pos par Mackinder, on retrouve la marque de Hobbes : le Lviathan gre le rel en limitant le zle libertaire, en refroidissant les espoirs extatiques d'aboutir une libert illimite et dfinitive. Grce au travail politique, au modelage de lviathans, la libert s'ancre dans de bonnes habitudes . C'est pourquoi la pense des grands organisateurs est essentiellement stratgique tandis que celle des purs dmocrates est thique.Bismarck, que Mackinder, pourtant germanophobe, admire beaucoup, a t suprieur Napolon. Il a russi son travail d'organisateur/unificateur en ne menant que de petites guerres priphriques contre le Danemark pour acqurir la position de Kiel et contre l'Autriche-Hongrie pour asseoir la prminence de la Prusse dans le monde germanique. Bismarck a t plus psychologue que Napolon : il n'a jamais accept les annexions susceptibles de froisser l'ancien adversaire. Il a refus d'annexer la Bohme aprs Sadowa et c'est contre-cur qu'il a d accepter, sous la pression des militaires, la rincorporation de l'Alsace et de la Lorraine thioise dans le Reich. Bismarck se disait qu'il allait avoir besoin, plus tard, de l'alliance autrichienne et du concours de la France. Bismarck a russi ainsi une politique d'quilibre ingale, en fchant la France contre l'Angleterre et celle-ci contre la Russie. Avec Bismarck, explique Mackinder, il n'y aurait pas eu 1914, ou la crise d'aot 1914 n'aurait t qu'un orage passager.Cette facult d'organiser, d'harmoniser et d'quilibrer provient de laKulturallemande, dont l'essence est stratgique, dynamique et dialectique. C'est une leon que l'esprit allemand-prussien a retenu de la dfaite d'Ina : la belle mcanique du despotisme clair s'tait effondre devant le dynamisme rvolutionnaire franais. La France, pays d'artistes, est la terre de l'idalisme (Mackinder donne au terme idalisme le sens de non raliste), qui offre l'enthousiasme mais non l'endurance.Fichte est le philosophe qui a su doser correctement idalisme et organicisme, souci du dtail et sens de l'organisation dans la pense allemande et dans l'appareil prussien bris par Napolon. Pour rpondre la France et au militarisme bonapartiste, les Prussiens, galvaniss par les discours et la pense de Fichte, ont repens le service militaire universel, ont impos l'ducation obligatoire pour tous et fusionn l'universit avec l'tat-major (ce est vrai pour la gographie puisque Carl Ritter enseignait la fois l'Universit de Berlin et l'cole de guerre).En Prusse, cette collusion de l'universit et de l'arme a permis d'laborer une gographie pratique redoutable qui permettait aux diplomates, aux ngociants et aux militaires de visualiser le monde et de voir en ide les axes possibles de dveloppement conomique ou les opportunits de manuvre qu'offre le terrain. C'est ainsi que la gographie prussienne a permit l'closion d'une intuition gostratgique trs efficace et vu ce que rapporterait un renforcement des communications par air, fer et eau entre Berlin et Bagdad, Berlin et Hrat, Berlin et Pkin. Trois gnrations de Prussiens se sont essays ceKriegspielsur carte, crayon en main. C'est ce qui explique les succs de la politique commerciale allemande avant 1914.Mackinder conclut : l'Allemagne produit une pense qui pense la vie en dtail ; la Grande-Bretagne produit, elle, une pense absorbe par le principe ngatif du laisser-vivre. C'est ce qui a conduit Guillaume II dire : 1914 est une guerre entre deux visions du monde . L'utilisation du mot vision implique voir de haut, comme le gographe regarde le monde et le met en cartes. C'est, dit Mackinder admiratif, une vision d'organisateur. Le conflit qui vient de se drouler oppose l'idaliste, qui refuse la stratgie et l'action dans un but prcis, et l'organisateur, qui planifie puis observe et analyse le rel, comme l'architecte trace son bauche et tient compte de la rsistance des matriaux. Pour sauver la dmocratie de mouture anglo-saxonne, il faut donc se donner une stratgie la mode prussienne et devenir organisateur.Dans un second chapitre, Mackinder explique comment le marin voit le monde. Pour lui, la premire ralit gographique, c'est l'unit de l'ocan, fait que Mahan avait dj mis en exergue. L'ocan est aujourd'hui une unit connue et close comme le Nil tait une unit connue et ferme pour les gyptiens et comme la Mditerrane l'tait pour les Romains. L'Italie s'est transforme au cours des Guerres Puniques en base navale. Elle a d'abord conquis le bassin occidental de la Mditerrane puis le bassin oriental. Ds l'achvement de cette clture, Rome est redevenue une puissance militaire essentiellement terrestre. L'objet de la Guerre des Gaules a t d'empcher le rassemblement d'une flotte ennemie de Rome dans le Golfe de Gascogne, la Manche et la Mer du Nord, qui aurait pu pntrer par Gibraltar dans le bassin occidental de la Mditerrane. La dfaite navale des Veneti (cte sud de l'Armorique) et le dbarquement de Csar en Grande-Bretagne sont les vnements les plus saillants de cette campagne, aux yeux du marin contemporain.Sans s'attarder sur les tentatives de Carausius, des Saxons et du Vandale Gensric, Mackinder dmontre que les Normands ralisent ce que Csar a empch : ils ferment leur profit la Mer du Nord, contrlent la cte atlantique jusqu'au Cap Saint Vincent, pntrent en Mditerrane occidentale et, plus tard, conquirent la Sicile et Malte. Les Sarazins, nomades dont les instruments de mobilit sont le cheval et le chameau, s'emparent de la Sicile et de l'Espagne mais non des voies maritimes qui restent aux mains des Normands. La Mditerrane se transforme en douve, en barrire sparant 2 mondes hostiles. Dans ce cadre naissent les 5 grands royaumes hritiers de Rome et de Charlemagne (Angleterre, Allemagne, France, Italie, Espagne). Mackinder regrette la dcision romaine de ne pas avoir entrepris la conqute et la latinisation de la Germanie, auquel cas l'Europe aurait t unifie, serait devenue une pninsule homogne ouverte sur le monde. La logique de l'histoire romaine a t de contenir les Germains au-del de la ligne Rhin/Danube. Cette logique tait mditerranenne et non europenne.L'Europe est un promontoire eurasien ferm au Nord (Arctique), l'Est (steppe ; l'exception de la troue msopotamienne, route des caravanes, verrouille par les Arabes puis les Turcs) et au Sud (dsert saharien) mais ouvert l'Ouest (Atlantique). Les Portugais ont t les pionniers du renouveau europen : ils ont contourn les Arabes par le Cap et ont surgi dans leurs dos, dans l'Ocan Indien. Ils inauguraient de la sorte l're de la domination du marin europen sur les continentaux africains et asiatiques. Le rle de l'Angleterre, seule base navale europenne isole et sans ennemis immdiats ses frontires, a t de participer l'aventure la suite des Portugais, puis, partir de Trafalgar, d'envelopper la pninsule ibrique comme l'avaient fait les Normands et de contrler les 2 bassins de la Mditerrane pour matriser la route des Indes ds l'ouverture du Canal de Suez. En bout de course, l'Angleterre ferme l'Ocan Indien comme Rome avait ferm la Mditerrane : l'Inde, pice centrale, y est devenue son Italie.La seule menace qui pesait sur cet Ocan Indien, devenu mer britannique, tait l'installation d'une base navale non britannique au fond du Golfe Persique, reli au cur de l'Europe par chemin de fer et par voie fluviale (Danube). Si Trafalgar a donn l'Angleterre la facult d'tre ubiquitaire, de dbarquer des troupes partout, la clef de sa puissance rside dans la division de l'ex-koumne latin/carolingien entre plusieurs puissances antagonistes. La capacit navale d'envelopper toute la pninsule gallo-hispanique a donn la victoire aux Franco-Britanniques en 1918. Mais les tats-Unis, depuis la guerre de 1898 qui les a opposs l'Espagne dans les Carabes et le Pacifique, sont en train de devenir une puissance maritime gale sinon suprieure l'Angleterre, vu l'inaccessibilit de leurs bases navales mtropolitaines, situes dans le Nouveau Monde panamricain transform en le. Mais si l'Allemagne avait vaincu, elle aurait transform, grce son alliance avec les Ottomans et le retournement des Russes, l'Eurasie/Afrique en une le gigantesque, que Mackinder appelle laWorld Island. Cette le aurait de surcrot t organise par un rseau interne de chemin de fer, accentuant l'extrme la mobilit sur terre. Les tats-Unis croient qu'ils lieront leur sort l'Europe au sein d'un grand Occident mais ne voient pas que l'Europe est indissolublement lie l'Afrique et l'Asie.Dans un troisime chapitre, Mackinder explique comment l'homme de la terre voit le monde. La conscience de l'unit territoriale eurasienne, crit notre gographe, est arrive aprs la conscience de l'unit ocanique. En Angleterre et aux tats-Unis, poursuit-il, on pense toujours en termes de ctes et on n'a qu'une vague ide de ce qu'il y a derrire ces ctes. On ne peroit pas le mouvement d'unit eurasien. Il faut donc cesser de penser le continent en dehors de lui, mais commencer le penser en dedans de lui. Le grand continent eurasien/africain se compose de 6 rgions naturelles : 1) l'Europe (avec le Maghreb non saharien et l'actuelle Turquie) avec une population de marins et de paysans 2) leHeartlandsibrien, avec sa cte arctique inaccessible, territoire des nomades cavaliers

3) leRimlanddes moussons (sub-continent indien, Indochine, Chine, Mandchourie, Core, Kamtchatka, Malaisie), galement avec une population de marins et de paysans

4) la zone vide du Sahara

5) la pninsule arabique (avec l'gypte l'Est du Nil, le Sina et la Msopotamie), avec ses nomades cavaliers et chameliers 6) leHeartlandmridional, soit toute l'Afrique au Sud du Sahara, peuple d'leveurs nomades sans chevaux ni chameaux. Cette norme masse continentale est anime par une dialectique nomadisme/sdentarit, o les conqurants mobiles, chameliers arabiques et cavaliers persiques et hunniques conquirent les terres des sdentaires paysans (Msopotamie). Le chemin de fer va organiser les zones occupes par ces nomades, tant en Sibrie qu'en Arabie. L'Eurasie pourra devenir une si elle s'organise partir duHeartlandet englobe tout de suite la Baltique et la Mer Noire, soit par une alliance germano-russe (dans laquelle basculeront trs vite la Sude et la Turquie), soit par une conqute bolchvique. La Terre du Milieu disposera alors de masses humaines suffisantes pour vivre en totale autarcie et pour fermer le Grand Continent aux influences et au commerce britanniques et amricains.

Dans un quatrime chapitre, Mackinder traite de la rivalit entre les empires. Le fait saillant des dernires dcennies a t l'avance des cosaques sur tout le territoire duheartland(de la Terre du Milieu), avance renforce par l'extension du rseau des chemins de fer en Asie centrale. Devant cette lente unification de la masse continentale eurasiatique, l'Europe est divise en un Ouest et un Est, fondamentalement opposs de part et d'autre d'une ligne Hambourg/Trieste, ce qui place Berlin et Vienne l'Est. C'est l'opposition entre le conservatisme organisateur, concrtis par la ligue des trois empereurs de Bismarck, et l'idalisme dmocratique. La Rhnanie, qui est occidentalise et a opt pour un droit bas sur le Code Napolon, est devenue le glacis avanc de l'Est en Europe de l'Ouest.Bismarck, de surcrot, a russi diviser entre eux les peuples latins, en dviant les nergies de la France vers le Maroc, l'Algrie et la Tunisie, que convoitaient l'Espagne et l'Italie. Cet enferrement de la France en Mditerrane occidentale l'loigne du Rhin, laissant le champ libre aux Allemands et aux Russes dans le reste de l'Europe. l'Est de la ligne Hambourg/Trieste, Bismarck doit jouer l'arbitre entre les volonts divergentes de la Russie et de l'Autriche-Hongrie. L'Occident franais et britannique doit empcher la Russie de franchir les Dardanelles, comme pendant la guerre de Crime, de dbouler au Proche-Orient (en Syrie et en Msopotamie) et de menacer ainsi les positions britanniques en gypte (Suez) et dans le Golfe Persique (Kowet).Dans un dernier chapitre, Mackinder tire le bilan de la guerre mondiale. Pourquoi Guillaume II a-t-il envahi la France ? Pour 2 motifs : 1) pour occuper l'ventuelle tte de pont britannique et amricaine en Europe ; 2) pour grer, les mains libres, l'accroissement dmographique allemand en pleine croissance et le dvier vers l'Est russe et ottoman, o il y avait encore des marchs, des dbouchs et des terres arables. Mais l'Allemagne a t contrainte de pratiquer une double politique, vu son cartlement entre l'Est et l'Ouest. Hambourg, port atlantique, est un dfi l'Angleterre et ouvre l'Allemagne des possibilits l'Ouest, en direction de l'Afrique et de l'Amrique latine.Pour Mackinder, Guillaume II aurait d choisir ou l'Est ou l'Ouest, entre Hambourg et les colonies, d'une part, et Bagdad et la Russie, d'autre part. L'indcision allemande a donn la victoire la Grande-Bretagne mais cette victoire ne tient qu' un fil, surtout depuis les accords germano-bolchviks de Brest-Litovsk. D'o, afin de pouvoir gagner du temps pour consolider l'Empire britannique, il faut sparer l'Allemagne de la Russie par un cordon sanitaire, politique que suivra la lettre Lord Curzon. Robert Steuckers. Bibliographie :Pour une bibliographie complte des uvres de Mackinder, se rfrer l'ouvrage de W.H. Parker,Mackinder : Geography as an Aid to Statecraft, Oxford, Clarendon Press, 1982. Nous ne reprenons ci-dessous que les ouvrages et articles principaux : The New Geography, 1886 Britain and the British Seas, 1902 The Geographical Pivot of History ,Geographical Journal, XXIII, pp. 421-437 (trad. esp. El pivote geografico de la historia in Augusto B. Rattenbach,Antologia Geopolitica, Pleamar, Buenos Aires, 1985) ; Man-Power as a Measure of national and Imperial Strength , inNational and English Review, XIV, pp. 136-45 Seven Lectures on the United Kingdom, 1905 Money-Power and Man-Power, 1906 Our own Islands, 1906 Britain and the British Seas, 2me d., 1907 On Thinking Imperially , in M.E. Sadler (ed.),Lectures on Empire, 1907 The Rhine : its Valley and History, 1908 Lands beyond the Channel : an Elementary Study in Geography, 1908 The Geographical Conditions of the Defence of the United Kingdom ,National Defence, III (juillet 1909), pp. 89-107 India : Eight Lectures prepared for the Visual Instruction Committee of the Colonial Office, 1910 Distant Lands : an Elementary Study in Geography, 1910 The Nations of the Modern World : an Elementary Study in Geography, 1911 The Strategical Geography of the Near East ,Journal of the Royal Artillery, XXXIX, pp. 195-204 The Modern British State : an Introduction to the Study of Civics, 1914 Our Island History : an Elementary Study in History, 1914 Some Geographical Aspects of International Reconstruction , inScottish Geographical Magazine, XXXIII, pp. 1-11 Democratic Ideals and Reality : a Study in the Politics of Reconstruction, 1919 General Report with Appendices on the Situation in South Russia ; Recommendations for Future Policy inDocuments on British Foreign Policyn656(1919-1939), 1st series, III, (dits par E.L. Woodward et R. Butler), pp. 768-87, HMSO, London, 1949, le texte date de 1920 The World War and After : a Concise Narrative and some Tentative Ideas, 1924 The Empire and the World , inUnited Empire, XXV, 1934, pp. 519-522 The Round World and the Winning of the Peace , inForeign Affairs, XXI, 1943, pp. 595-605

Sur H.J. Mackinder :L'ouvrage le plus rcent et le plus complet est celui de W.H. Parker, op. cit. P.M. Roxby, Mr. Mackinder's Books on the Teaching of Geography and History , inGeographical Teacher, VII, 1914, pp. 404-407 C.R. Dryer, Mackinder's World Island and its American satellite , inGeographical Review, IX, 1920, pp. 205-207 Karl Haushofer, Politische Erdkunde und Geopolitik , in K. Haushofer, Erich Obst, Hermann Lautensach, Otto Maull,Bausteine zur Geopolitik, Berlin-Grunewald, 1928, pp. 49-77 Karl Haushofer,Erdkunde, Geopolitik und Wehrwissenschaft, Munich, 1934 Karl Haushofer,Der Kontinentalblock - Mitteleuropa - Eurasien - Japan, Munich, 1941 (inversion continentaliste des thses de Mackinder, au profit d'une alliance germano-russe ; rfrences explicites Mackinder) J.C. Malin, Reflections on the Closed-Space Doctrines of Turner and Mackinder and the Challenge to their Ideas by the Air Age , inAgricultural History, XVIII, 1944, pp. 65-74 E.W. Gilbert, The Right Honourable Sir Halford J. Mackinder, P.C., 1861-1947 , inGeographical Journal, CX, 1947, pp. 94-99 H. Ormsby, The Rt Honourable Sir Halford J. Mackinder, P.C., 1861-1947 , Geography, XXXII, 1947, pp. 136-137 J.F. Unstead, H.J. Mackinder and the New Geography , Geographical Journal, CXIII, 1949, pp. 47-57; Seven Lamps of Geography : an Appreciation of the Teaching of Sir Halford J. Mackinder ,Geography, XXXVI, 1951, pp. 21-41 E.W. Gilbert, Prface une rdition sous les auspices de laRoyal Geographical School(RGS) de 2 textes de Mackinder, The Scope and Methods of Geography et The Geographical Pivot of History , RGS, 1951 C. Troll, Halford J. Mackinder als Geograph und Geopolitiker inErdkunde, VI, 1952, pp. 177-178 C. Kruszewski, The Pivot of History , inForeign Affairs, XXXII, 1954, pp. 388-401 A.H. Hall, Mackinder and the Course of Events , inAnnals of the American Association of Geography, XLV, 1955, pp. 109-126 D.W. Meinig, Heartland and Rimland in Eurasian History , inWestern Political Quarterly, IX, 1956, pp. 553-569 D.R. Mills, The USSR : a Re-Appraisal of Mackinder's Heartland Concept , inScot. Geog. Mag., LXXII, 1956, pp. 144-152 B. Semmell, Sir Halford Mackinder : Theorist of Imperialism , inCan. J. Econ. and Polit. Sci., XXIV, 1958, pp. 554-61

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AuPublic Record Officedu Foreign Office 800/251, on pourra consulter les papiers privs de Mackinder, relatifs sa mission en Russie mridionale.