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USL-B ECGE 2 eme bac Macroéconomie – Synthèse Samuel Desguin 1 Second quadrimestre Année académique 2013 - 2014 Macroéconomie 0. Chapitre 0 – La mesure de l’activité économique globale .............................................................. 1 1. Chapitre I – Consommation et épargne des ménages .................................................................... 7 2. Chapitre II – l’investissement des entreprises .............................................................................. 20 3. Chapitre III – Politique budgétaire, déficits publics et dette publique ......................................... 24 4. Chapitre IV – Taux d’intérêt et politique budgétaire .................................................................... 26 5. Chapitre V – Le modèle IS-MP. ...................................................................................................... 35 6. Chapitre VI – Introduction à l’économie ouverte.......................................................................... 49 7. Chapitre VII – le modèle IS-MP en économie ouverte .................................................................. 58 8. Chapitre VIII – Offre globale (OG) – Demande globale (DG) en économie fermée ...................... 76 Partie I – Déterminants de la demande intérieure finale 0. Chapitre 0 – La mesure de l’activité économique globale 0.1. Classification des agents économiques et de leurs opérations L’objectif de la comptabilité nationales de quantifier l’activité économique d’une nation (ou région) pendant une certaine période de temps. 0.1.1. Les agents ou unités économiques a) Les résidents et les non-résidents L’économie nationale est délimitée par le critère de résidence, c'est à dire qu’on ne prend en compte que les unités économiques qui y ont leur centre d’intérêt économique principal. b) Les acteurs économiques On distingue 4 secteurs institutionnels résidents : 1) Les sociétés, c'est à dire les entreprises qui ont une structure juridique propre. Leur fonction économique caractéristique est la production de biens et services. 2) Les ménages, y compris les entreprises individuelles et professions libérales. Leur fonction économique caractéristique est la consommation de biens et services. 3) Les administrations publiques (APU), et les organismes qui en dépendent, s’ils vendent leur production à un prix inférieur à 50% du coût de production. Leur fonction économique caractéristique est de fournir des services collectifs (gratuits ou presque) et de redistribuer les revenus entre agents économiques.

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1 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Macroéconomie

0. Chapitre 0 – La mesure de l’activité économique globale .............................................................. 1

1. Chapitre I – Consommation et épargne des ménages .................................................................... 7

2. Chapitre II – l’investissement des entreprises .............................................................................. 20

3. Chapitre III – Politique budgétaire, déficits publics et dette publique ......................................... 24

4. Chapitre IV – Taux d’intérêt et politique budgétaire .................................................................... 26

5. Chapitre V – Le modèle IS-MP. ...................................................................................................... 35

6. Chapitre VI – Introduction à l’économie ouverte .......................................................................... 49

7. Chapitre VII – le modèle IS-MP en économie ouverte .................................................................. 58

8. Chapitre VIII – Offre globale (OG) – Demande globale (DG) en économie fermée ...................... 76

Partie I – Déterminants de la demande

intérieure finale

0. Chapitre 0 – La mesure de l’activité économique globale

0.1. Classification des agents économiques et de leurs opérations

L’objectif de la comptabilité nationales de quantifier l’activité économique d’une nation (ou région)

pendant une certaine période de temps.

0.1.1. Les agents ou unités économiques

a) Les résidents et les non-résidents

L’économie nationale est délimitée par le critère de résidence, c'est à dire qu’on ne prend en compte

que les unités économiques qui y ont leur centre d’intérêt économique principal.

b) Les acteurs économiques

On distingue 4 secteurs institutionnels résidents :

1) Les sociétés, c'est à dire les entreprises qui ont une structure juridique propre. Leur fonction

économique caractéristique est la production de biens et services.

2) Les ménages, y compris les entreprises individuelles et professions libérales. Leur fonction

économique caractéristique est la consommation de biens et services.

3) Les administrations publiques (APU), et les organismes qui en dépendent, s’ils vendent leur

production à un prix inférieur à 50% du coût de production. Leur fonction économique

caractéristique est de fournir des services collectifs (gratuits ou presque) et de redistribuer

les revenus entre agents économiques.

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4) Les institutions sans but lucratif (ISBL). Leur fonction économique caractéristique est de

fournir des services collectifs.

On appellera tous les acteurs non-résidents le Reste du monde (RDM).

0.1.2. Les opérations économiques On distingue trois types d’opérations économiques :

1) Les opérations sur les biens et les services, c'est à dire qui touchent à la production, la

distribution et l’achat des biens et services.

2) Les opérations de répartition, c'est à dire

a. Les opérations de distribution des revenus primaires (salaires, bénéfices des

entreprises, paiements des intérêts sur emprunts).

b. Les opérations de redistribution des revenus ou « transferts » (impôts, prestations

sociales).

3) Les opérations financières, c'est à dire toutes les opérations de prêt/placement financier ou

emprunt.

0.2. La mesure de l’activité économique aux prix courants

0.2.1. Le calcul du PIB selon les optiques de la production et de la dépense. On constate que la production de biens ou services d’une entreprise est vendue pour servir une

demande ; cette vente génère des revenus pour l’entreprise, distribués entre les travailleurs, les

propriétaires, les bailleurs de fonds et l’Etat (impôts). On peut ainsi mesurer l’activité économique

de 3 façons :

1) Optique production (quelles productions par les entreprises ?)

2) Optique dépense (quelles dépenses consenties par les acheteurs ?)

3) Optique revenu (quels revenus les activités ont-elles généré ? Partagé entre quels agents ?)

Optique production

Afin de ne pas compter une valeur à chaque fois qu’elle passe par un acteur économique (car elle

serait alors comptée plusieurs fois, selon le nombre d’intermédiaires), on ne prend en compte que la

valeur ajoutée (VA) pour chaque stade de production/d’activité. Exemple de mesure de l’activité

économique : page 5 du syllabus (chapitre 0).

On appelle consommation intermédiaire tout produit intégralement consommé par la fabrication

d’un produit plus élaboré, et consommation finale tout produit consommé sans fabrication d’un

autre produit. Alors, la valeur ajoutée est la différence entre la valeur marchande d’une production

et celle des biens et services intermédiaires qu’elle a consommés.

��� = ���� − ��������

���

Afin de savoir si un produit est intermédiaire ou final, il suffit de se poser la question « Le produit

acheté est-il absorbé par la production d’un autre produit ou service marchand ? ». Un même produit

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peut donner lieur aux deux types d’utilisations (par exemple, la farine est un bien de consommation

finale pour un ménage qui fait un gâteau, mais intermédiaire pour une boulangerie).

Le PIB dans l’optique production n’est rien d’autre que la valeur ajoutée créée par l’ensemble des

productions de biens et services dans l’économie, c'est à dire :

��� = ����� = � ���� − � �������

����

���

���

� ����

���− � ��������

����

���

Où ���� est la quantité de produit intermédiaire j utilisée dans la production du bien i.

0.2.1.1. Equilibre ressources-emplois (ERE) du PIB

a) Les ressources et les emplois

Pour un produit donné, dans la période donnée,

- Des ressources

o Qi la quantité de biens ou services i produite sur le territoire national

o IMi la quantité de biens et services i produite par RDM et importée dans l’économie.

- Des emplois

o CIi les quantités de produits i utilisés pour la production d’autres biens ou services.

o Ci la quantité de produits i achetés pour servir de consommation finale des

ménages (on n’y compte ni les achats immobiliers, ni les biens et services réalisés à

titre professionnel par les entrepreneurs individuels).

o Gi la quantité de produits i servant dans la consommation des APU et des ISBL.

o FBCFi (Formation Brute de Capital Fixe) la quantité de produits i servant à

l’acquisition de capital physique, c'est à dire

� Achats de bâtiments neufs ou d’infrastructures par les différents secteurs

� Achats de biens et services constitutifs de l’équipement productif d’une

entreprise ou administration.

o ∆Sti la variation du stock de produits i disponible chez les entreprises (producteurs,

utilisateurs ou distributeurs). Elle peut être positive ou négative selon que la

production a été supérieure ou inférieure à l’utilisation.

o EXi la quantité de produits i vendue à RDM (peu importe que la production quitte le

territoire ou non). Note : les exportations sont toujours des consommations finales,

de notre point de vue.

b) Equilibre ressources-emploi (ERE) microéconomique

�� + ��� = �����

���+ �� + �� + �� � + ��� + ∆���

Cela nous donne l’égalité ERE pour un produit spécifique.

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Note : c’est le composant ∆���, positif ou négatif qui permet de garantir que cette égalité est

toujours respectée.

c) ERE macroéconomique

Pour agréger toutes les quantités physiques d’une économie, on les transforme en valeurs

monétaires.

�(��� + ���

�)

���= ������

���+ �(��� + ��� + �� �� + ���� + ∆�����

���)

On a, à droite, la valeur des ressources totales de l’économie, pour les différents produits i (produites

domestiquement ou importées) et, à gauche, la valeur de l’ensemble des emplois de ces différents

produits (emplois intermédiaires ou finals).

Cet équilibre global R-E découle uniquement de l’existence d’un équilibre ressources-emplois au

niveau de la production de chaque produit (assuré par les variations de stocks).

On peut réécrire cet équilibre comme suit :

�(��� − ����)

���= �(��� + ��� + �� �� + ���� − ���

� + ∆����)

���

- Où le terme de gauche ∑ (��� − ����)�

��� = ∑ �����

��� � PIBn optique production.

- Et le terme de droite ∑ (��� + ��� + ⋯ + ∆����)���� � PIB

n optique dépense

Note :

- par la suite, nous appellerons dépenses d’investissement, et noterons��, la

somme �� �� + ∆����.

En conclusion, la notion d’ERE n’est qu’une constatation comptable qui ne se repose pas sur des

hypothèses quant au comportement des agents économiques, et elle est bien différente de la notion

d’équilibre économique entre l’offre et la demande.

d) Quelques précisions terminologiques

PIB/PNB

Alors que le Produit Intérieur Brut (PIB) représente l’ensemble des valeurs ajoutées créées sur le

territoire, le Produit National Brut (PNB) représente l’ensemble des valeurs ajoutées créées par les

résidents. Pour calculer le PNB, il faut :

- Ajouter au PIB toutes les VA créées par les résidents en dehors du territoire.

- Retirer du PIB toutes les VA créées sur le territoire par des non-résidents.

La différence entre PIB et PNB est appelée Contribution Nette de l’Etranger (CNE), ou Solde des

revenus primaires reçus du reste du monde.

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Dans la suite de cette synthèse, seul le PIB sera cité, mais chaque cas peut être envisagé avec

l’optique PNB.

PIB nominal/PIB réel

Jusqu’ici, nous avons établi les valeurs aux prix courants (c'est à dire en termes nominaux). On peut

répéter l’opération en termes réels, c'est à dire en neutralisant l’effet de l’évolution des prix. Il y a

pour ça au moins deux méthodes :

- PIB aux prix d’une année de référence

- PIB aux prix de l’année précédente, puis en volumes chaînés.

0.2.2. Le PIB dans l’optique du revenu

0.2.2.1. Le partage de la VA entre les facteurs de production

L’optique revenu s’intéresse à la façon dont les revenus primaires (= issus de la création de VA) sont

partagés entre les agents économiques qui, par leur travail ou leurs moyens financiers, ont contribué

à la production. On peut donc diviser la VA en 3 grandes parties :

1) La rémunération des salariés (calculée sur base du coût total des rémunérations pour

l’employeur, c'est à dire cotisations sociales comprises).

2) Les impôts nets à la production

3) L’excédent brut d’exploitation (qui se compose des amortissements, des charges d’intérêt

sur les emprunts et des bénéfices/pertes)

0.2.2.2. Une 3e définition du PIB : le RIB

Dans l’optique des revenus, le PIB ou RIB est la somme des revenus primaires créés sur le territoire

de cette économie (idem avec le PNB ou RNB).

Conclusion : il y a équivalence entre les optiques production, dépense et revenus :

1. Optique production = optique dépense (puisque les variations de stocks assurent l’équilibre

ressources-emplois au niveau de chaque bien ou service).

2. Optique production = optique revenu (puisqu’à chaque VA correspondent des revenus

primaires).

3. Optique dépense = optique revenu (conséquence des deux précédentes équivalences. /!\, ne

pas justifier par "les revenus créés sont d’office dépensés", car c’est faux… la seule façon correcte

est de passer par l’optique production : à toute dépense finale portant sur une production

domestique correspond une production finale domestique et donc une création de VA

domestique. De cette VA sont issus les revenus primaires).

0.2.3. Revenu disponible, épargne et capacité/besoin de financement.

0.2.3.1. Au niveau d’un secteur institutionnel (SI) domestique

Soit :

- ���� : l’ensemble des revenus primaires que reçoit le secteur institutionnel h.

- ��� : l’ensemble des transferts qu’il reçoit des autres SI.

- ��� : l’ensemble des transferts qu’il verse aux autres SI.

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� ���� : le revenu disponible du secteur h tel que���

� = ���� + ��� + ��� .

� ��� : l’épargne du secteur h tel que��� = ���� − ���� + ����, c'est à dire la partie du

revenu disponible qui n’est pas consacrée à une dépense de consommation finale. On

appelle épargne la partie du RD qu’un agent consacre à la modification de son

patrimoine (que ce soit en capital fixe, en stock ou en actifs financiers). L’épargne n’est

donc pas le patrimoine (comme dans l’acceptation populaire).

La capacité de financement (� ��) est la différence entre l’épargne du secteur et ses dépenses

d’investissement, tel que :

� �� = ��� − ��� = ���� − ���� + ���� − ���

Où ��� = �� �� + ∆����.

Ce solde indique si l’épargne du secteur est suffisante pour financer l’ensemble de ses dépenses

d’investissement.

- Si � �� > 0, h a un revenu disponible supérieur à toutes les dépenses (de consommation ou

d’investissement) qu’il a faites :

� h a donc acquis des actifs monétaires ou financiers

� Le patrimoine financier de h augmente.

- Si � �� < 0, h a un revenu disponible insuffisant pour financer ses dépenses (de

consommation et d’investissement).

� h doit donc s’endetter ou puiser dans son patrimoine.

� Le patrimoine financier de h diminue, donc il a contracté une dette ou il a liquidé des

actifs qu’il possédait.

Note : la capacité de financement d’un secteur est toujours la contrepartie d’un ou plusieurs autres

secteurs. Dans la réalité, les ménages ont généralement � �� > 0, tandis que les APU ou les sociétés

ont le plus souvent � �� < 0.

0.2.3.2. Au niveau macro

- Le Revenu Disponible Macro Brut (RDB)

���� = � ���� = ����� − ��� + ��� = � ���� − ��� + ���

(les transferts ne s’annulent pas, car certains peuvent venir du RDM).

- L’épargne macroéconomique brute (S)

�� = � ��� = � ���� − �(��� + ���) = ���� − ��� − ���

Si �� est positive, cela veut dire que globalement, l’épargne positive de certains est

supérieure à l’épargne négative des autres (et vice-versa).

- La Capacité (ou besoin) de financement de l’économie domestique (CF) � � = � � � = � ��� − ���� = ��� − ���

= ���� − �� − �� − �� � �indique si l’économie dans son ensemble dispose d’une épargne macroéconomique

suffisante pour financer ses dépenses globales d’investissement.

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- La Balance courante (CA)

Rappel : ���� est la contribution nette de l’étranger (voir ci-dessus), qu’il faut ajouter au PIB pour

obtenir le PNB telle que���� = ���� + ����. On a donc :

���� = �� + �� + �� + (��� − ��� + ����)

Si on ajoute� ��� , les transferts nets du RDM tel que � ��� = ��� − ���, on aura :

���� = ���� + � ��� = �� + �� + �� + (��� − ��� + ���� + � ��� )���������������������������

��� indique si l’économie reçoit du RDM plus de recettes d’exportations, de revenus primaires et de

transferts qu’elle ne lui verse de dépenses d’exportations, de revenus primaires et de transferts.

Notons alors que :

���� − ��� + ��� − �� = ���

�� − �� = ���

Le cas d’une économie fermée

Dans le cas d’une économie fermée, ��� = 0, donc �� = ��. Dès lors, � = 0, ce qui signifie que la

capacité de financement de certains secteurs domestiques est l’exacte et nécessaire contrepartie du

besoin de financement des autres secteurs : les secteurs qui accumulent un patrimoine financier le

prêtent nécessairement intégralement (sous une forme ou une autre) à d’autres secteurs en besoin

de financement.

Implication : l’économie mondiale dans son ensemble ne peut pas accumuler de capital financier ;

elle ne peut qu’accumuler des actifs physiques ou immatériels. La richesse financière mondiale est

toujours inévitablement nulle.

Le cas d’une économie ouverte

Le solde extérieur signifie :

1) ���= échanges nets de biens et services et des transferts avec RDM.

2) ��� = reflet des échanges nets de capitaux avec RDM.

a. Si CA>0, l’économie exporte une partie de son épargne vers RDM (l’épargne

nationale a deux utilisation : le financement des dépenses d’investissements

domestiques et le financement de dépenses du RDM).

b. Si CA<0, l’économie importe une partie de son épargne du RDM (l’épargne nationale

n’est pas suffisante pour financer les dépenses d’investissement).

1. Chapitre I – Consommation et épargne des ménages

1.1. Introduction

- C, la consommation finale des ménages, représente un peu plus de 50% du PIB en Belgique.

Elle a une fluctuation faible et une croissance régulière.

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- G et I représentent environ 20% chacun.

Notons :

- ��� la valeur nominale de la consommation des ménages en t ;

- ����� la valeur nominale de leur revenu disponible en t ;

- ���� la valeur nominale de leur épargne en t.

� ��� + ���� = �����

� En termes réels : ������

+����

���=

�����

���

Même pendant la crise financière et la récession en 2009, la croissance de la consommation des

ménages n’a pas été négative, ce qui a permis de soutenir le PIB (alors que la croissance des

Investissements, par exemple, étaient aux environs de -12%, plombant le PIB).

Il y a des phases où le revenu chute, et pourtant la consommation augmente. Il y a également (par

exemple en 1997) des moments où la consommation croît plus vite que le revenu. On peut donc

observer que la relation entre consommation et revenu disponible n’est pas linéaire ; d’autres

facteurs entrent en jeu.

Remarques préliminaires

Actualisation et valeur présente d’un flux monétaire futur

Si je veux consommer aujourd'hui ce que je gagnerai demain, il faut que je trouve quelqu’un qui

accepte de me prêter aujourd'hui contre la promesse de remboursement demain. Dès lors, la Valeur

Présente d’une Somme Future est telle qu’entre deux moments séparés par n périodes :

(1 + )� . �� = � → �� = � (1 + )�

Une somme future vaut donc d’autant moins que la valeur d’intérêt est élevée et qu’elle est gagnée

dans longtemps. Du reste, on considèrera que la propension de l’individu à consommer est exogène.

Taux d’intérêt nominal et réel

i� =le taux d’intérêt nominal, c'est à dire le taux auquel un prêt ou emprunt est rémunéré pendant

la période s.

r� =le taux d’intérêt réel, c'est à dire le taux de croissance du pouvoir d’achat du patrimoine

rémunéré au taux nominal i.

1 + r� = (1 + i�)

P��!

1P���" =

1 + i�P��

P���! − 1 + 1

=1 + i�1 + π�

avec (P��

P���! − 1) = π�, le taux d’inflation entre (s – 1) et s.

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C’est assez intuitif : avec le taux d’inflation pas trop grand, r� ≅ i� − π�, donc la véritable

rémunération du capital est le taux d’intérêt nominal le taux d’inflation.

Quand on réfléchit à un placement, on a un taux d’inflation ex ante, c'est à dire une estimation du

taux d’inflation, qu’il utilisera pour anticiper le taux d’intérêt ex post.

1.2. Consommation keynésienne et ses insuffisances

1.2.1. La fonction de consommation keynésienne Propension à consommer

Keynes dit qu’une loi psychologique pousse les individus à augmenter leur consommation quand leur

revenu monte, mais dans une moindre mesure.

� En termes mathématiques : �� = #������$ù0 < ������ =���

�����

< 1

Dès lors, puisque la propension marginale à consommer (PmC) est décroissante, on peut exprimer la

propension moyenne à consommer (����) = ������

est décroissante en ����.

Propension à épargner

A l’inverse, puisqu’on a ��� = ���� − ��, on peut également définir la propension marginale à

épargner (PmS) et la propension moyenne à épargner (PMS). Au contraire de la consommation,

l’épargne croît avec le revenu, PmS et PMS sont donc croissants.

1.2.2. Les insuffisances de cette formulation

1.2.2.1. Insuffisances théoriques

Le microéconomiste verra des insuffisances dans cette équation :

- Le taux d’intérêt n’apparait pas.

- Le patrimoine accumulé par le passé influence le comportement de consommation, et

n’apparait pas.

- Les prévisions de situation économique (si je crains pour mon emploi, je consommerai

moins) n’apparaissent pas.

Pour ces raisons, la formulation pour comprendre l’incidence d’évolutions futures attendues (ou de

politiques économiques de moyen/long terme) sur les comportements présents des ménages est

inutile.

1.2.2.2. Insuffisances empiriques

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A gauche du graphique, alors

que le Revenu Disponible (en

bleu) est encore en

augmentation, la consommation

des ménages (en rouge) chute,

et la consommation de biens

durables (en vert) chute encore

plus fort (on estime que la

consommation en biens

durables – électroménagers,

voitures, téléviseurs – a un

comportement identique aux

investissements).

On voit que quand la consommation reprend, la consommation de biens durables reprend

proportionnellement plus, pour finir par dépasser la consommation.

1.3. Le modèle du cycle de vie (MCV)

1.3.1. Objectifs - Objectif microéconomique : comprendre les déterminants de C et de S des ménages le long

de leur cycle de vie. Les choix de consommation courante et d’épargne courante :

o Obéissent à une logique prospective (les attentes quant au futur ont une influence)

o Dépendent de la phase du cycle de vie dans laquelle se trouve le ménage.

- Objectif macroéconomique : construire une fonction de consommation globale compatible

avec l’existence de comportements individuels rationnels.

1.3.2. Le MCV avec marché du crédit parfait L’intuition est la suivante : compte tenu de leur passé et de leur attentes du futur (en termes de

revenus, d’emploi, du taux d’intérêt), à chaque période de leur vie, les ménages font des choix de

partage de leur revenu entre C et S.

Posons pour commencer deux hypothèses simplificatrices :

- L’individu vit deux (longues) périodes : t (le présent) et t+ 1 (le futur), d’environ 30 ans

chacune.

- Le marché du crédit est parfait. Cela signifie que

o Toutes les personnes solvables peuvent emprunter sans aucune restriction

(d’endettement, etc.).

o Il n’y a pas d’écart entre les taux d’intérêt débiteur et créditeur.

1.3.2.1. Contraintes d’accumulation du patrimoine

Désignons par :

- ���� : le patrimoine financier nominal accumulé par les ménages à la fin de la période % − 1

(ou au début de %).

- � : le taux de rendement (ou d’intérêt) nominal qui rémunérant (en s) le patrimoine���� .

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- �� = ��� ���! : la valeur réelle du patrimoine financier accumulé à la fin de s

- �� : le taux de rendement (ou d’intérêt) réel rémunérant en s le patrimoine accumulé à la fin

de s – 1.

Pour la relation entre taux d’intérêt nominal et réel, voir « Taux d’intérêt nominal et réel » ci-dessus.

On note :

1. ����� : revenus du patrimoine

2. ��&�� : autres revenus (du travail, transferts,…)

3. Tels que ���� = ��&�� + �����

� le revenu disponible

On peut dès lors décomposer le revenu comme suit, et obtenir la valeur nominale du patrimoine

financier des ménages (pour exprimer une période, on peut utiliser indifféremment t ou s).

��� = ���� + ���� − ���

→ ��� = (1 + �)���� + ��&�� − ���

Grâce à cela, on peut clairement établir le lien entre épargne et patrimoine :

���� = ���� − ���

→ ���� = ��� − ����

Pour obtenir une valeur réelle de ceci, on divise tout par ���. De plus, on peut obtenir le taux

d’inflation en divisant le premier terme par ���� .

1.3.2.2. La contrainte budgétaire intertemporelle

On a une équation comme celle-ci-dessus pour chaque période de vie de l’individu. Pour un individu

pour qui on considère deux périodes, on a donc deux équations :

- �� = �1 + ������ + ��&� − �� - ��� = �1 + ������ + ��&�� − ���

On peut les mettre ensemble pour obtenir une contrainte budgétaire intertemporelle (CBI) :

- ��� = �1 + ����'�1 + ������ + ��&� − ��( + ��&�� − ���

Si je mets à droite toutes les sources de revenu, et à gauche toutes les utilisations :

- �1 + ����. �� + ��� + ��� = �1 + �����1 + ������ + �1 + ����. ��&� + ��&��

On divise tout par 1 + ��� :

- �� + ���������

+����

�����= �1 + ������ + ��&� +

������

����� = )�

S’il y a un écart entre ce que je consomme et ce que je gagne sur toute ma vie, cette somme se

retrouvera dans ���, soit ce qu’il reste quand l’individu disparait (qui peut être positif ou négatif).

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Notons que la partie de droite de la dernière équation représente )�, la valeur réelle de la richesse

actualisée des ménages, c'est à dire la somme de :

- La valeur présente du patrimoine financier accumulé jusque là, �1 + ������

- La valeur présente des revenus (d’origine non financière) présents et futurs des ménages

Interprétation de la CBI :

Avec un taux d’intérêt non-nul :

o CBI = valeur présente des dépenses d’un individu sur l’ensemble de sa vie

o Sauf s’il meurt endetté (/s’il meurt en laissant un héritage), la valeur présente des

dépenses d’un ménage sur l’ensemble de sa vie ne peut dépasser (/ ne sera pas

inférieure à) la valeur présente de l’ensemble des revenus perçus tout au long de sa

vie.

Par la suite, on réécrira la richesse actualisée comme (dans le cas de 2 périodes de vie) :

)� = ��� + ������ + ��&�� +��&��1 + ��� = ��� + ���� +

��&��1 + ���

Dans le cas de n périodes de vie :

)� = ��� + ���� + � ��&��

1.3.2.3. La contrainte de solvabilité

À la fin de � + 1, un ménage doit avoir remboursé ses éventuelles dettes, c'est à dire que��� ≥ 0.

Si le ménage ne laisse rien en héritage, alors��� = 0.

1.3.2.4. Déterminants des choix de consommation et

d’épargne en t

Formellement

Si on représente, comme en microéconomie, les préférences d’un ménage entre ses consommations

présentes et futures par une fonction d’utilité U(Ct, Ct+1), qu’il faut maximiser sous contrainte

budgétaire CBI, et la contrainte de solvabilité.

Intuitivement

Les ménages choisissent le profil de consommations qu’ils préfèrent, à l’aide de deux déterminants

fondamentaux :

- La richesse actualisée

- Le(s) taux d’intérêt entre aujourd'hui et les périodes futures.

On note :

- �� = ��()� , ���)

- ��� = ����– ���)� , ����

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13 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

- ��� = �1 + ����')� − ���)� , ����(

= ���()� , ���)

Même si on ne sait pas quelle forme spécifique prendra l’équation Ct , on peut être certain (si

(l’individu a des préférences normales) que les consommations présentes et futures sont des

fonctions croissantes de la richesse actualisée (� fonction de type Cobb-Douglas).

Interprétations des enseignements du modèle

La consommation présente dépend de la richesse actualisée.

1. Des individus (qui valorisent positivement la consommation de chacune des périodes de leur

vie et ont accès à un marché du crédit parfait) choisissent leur consommation courante Ct

sur base de leurs anticipations de richesse actualisée et des taux d’intérêt réels (présents et)

futurs. On a

���

� ∈ *0; 1+,����

�- ∈ *0; 1+ Où ���

�- est la consommation future. Cette formule indique qu’on événement présent ou

l’anticipation d’un événement futur qui modifie la valeur présente de la richesse actualisée

modifie dans le même sens les niveaux de consommation présent et futur.

2. Une augmentation de revenu courant ou une augmentation de revenu futur qui génèrent

tous les deux une même augmentation de la richesse actualisée (par exemple ∆��&� = 1

ou∆��&�� = 1(1 + �)) ont le même impact sur le comportement de la consommation

présente.

3. Si une variation du revenu courant est perçue comme permanente ou provisoire, ça n’aura

pas le même impact. Si le changement est permanent, il modifie plus la richesse actualisée.

∆�� = ���

� . ∆)�

.ù∆)� = ∆����pour une variation provisoire, ∆)� > ∆���� sinon.

4. De manière à avoir un profil de consommation plus régulier, l’épargne permet de « lisser »

l’évolution de la consommation dans le temps.

5. Quelle qu’en soit la raison, si je me perçois comme plus riche ou plus pauvre dans le futur,

cela modifiera aussi ma richesse actualisée

Application

Que nous dit le modèle des coûts de la vie présenté ici sur les conséquences de la crise financière sur

la consommation présente des ménages ?

- La consommation chute parce que les ménages se sentent plus pauvres. Ils se sentent plus

pauvres parce que :

o (cause du passé) ceux qui avaient épargné font une perte en capital.

o (cause présente) ceux qui perdent leur emploi, et donc leur revenu présent.

o (cause future) ceux qui ont des perspectives de revenu futur plus sombres.

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14 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Alors que le modèle keynésien ne pouvait m’expliquer pourquoi la consommation chutait plus que le

revenu, le modèle que nous voyons ici le peut, avec les trois raisons ci-dessous qui poussent les

individus à consommer moins.

Note :

Si on considère que les gens ne sont pas égoïstes, et qu’ils veulent laisser un héritage. Dans ce cas, on

considère que l’individu a une fonction de préférence qui se partage entre trois biens :

consommation actuelle, consommation future, héritage. La taille de cet héritage dépend également

des taux d’intérêt, des revenus actuels,…

1.3.2.5. Incidence de Wt sur l’épargne présente

Si une hausse de la richesse actualisée stimule sans ambigüité la consommation présente (comme la

consommation future), son impact sur l’épargne présente diffère selon que cette hausse de richesse

provienne des revenus présents et/ou futurs. En effet :

- Si mes revenus présents augmentent, ma consommation présente et future augmente, donc

l’épargne augmente. On a :

/���/����= (1 − ���

� ) ∈ *0; 1+ - Par contre, quand l’augmentation de richesse vient d’une augmentation de l’attente des

revenus futurs, la consommation aujourd'hui augmentera, donc l’épargne présente

diminuera (toutes autres choses égales).

/���/W�= −���

� < 0

1.3.2.6. Taux d’intérêt réel � consommation et l’épargne

Impact sur les comportements individuels

- L’Effet Substitution : une hausse du taux d’intérêt réel augmente le prix relatif de la

consommation présente par rapport à la consommation future et induit donc, toutes choses

égales par ailleurs, une baisse de �� et une hausse de��� (l’individu épargne plus/ emprunte

moins).

- L’Effet Revenu : une hausse du taux d’intérêt modifie la valeur du patrimoine de l’individu.

Le signe de cet effet dépendra de la situation patrimoniale de l’individu.

o Pour un prêteur : il est maintenant plus riche, l’épargne est d’autant moins

nécessaire qu’elle est bien rémunérée, il peut donc se permettre de plus

consommer. L’effet revenu est donc positif pour lui.

o Pour un emprunteur : il est maintenant plus pauvre, l’effet revenu a un effet négatif.

o Pour un ménage qui n’est ni prêteur ni emprunteur, le taux d’intérêt n’a pas

d’incidence.

À l’échelle d’un ménage, on ne connait pas l’effet d’une hausse de taux d’intérêt réel :

- Sur la consommation et l’épargne courantes.

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15 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

- Sur la consommation future.

Au niveau macroéconomique

En agrégeant le comportement de tous les acteurs, on trouve que l’effet d’une variation du taux

d’intérêt réel est fonction de la force relative des effets substitution et revenu chez les ménages

prêteurs, et du poids relatif des ménages prêteurs.

Impact d’un taux d’intérêt + Effet substitution Effet revenu Total

Prêteur ∆Ct - + ? ∆S + - ? ∆Ct+1 + + +

Emprunteur ∆Ct - - - ∆S + + + ∆Ct+1 + - ?

Ni l’un ni l’autre ∆Ct - 0 - ∆S + 0 + ∆Ct+1 + 0 +

3 agents

ensemble

∆Ct - ? ?

∆S + ? ?

∆Ct+1 + ? ?

Malgré l’ambiguïté théorique, l’observation empirique montre que chez les ménages prêteurs, l’effet

substitution domine l’effet revenu, et que la consommation macroéconomique courante dépend

négativement des taux d’intérêts réels.

Nous supposerons donc :

/��/��� = �����

� < 0

/���/��� = −������ > 0

Cela peut signifier, par exemple, que chez les prêteurs, l’effet substitution domine l’effet revenu.

1.3.2.7. Inflation � consommation réelle des ménages

Si tous les revenus et taux d’intérêt nominaux sont parfaitement indexés, l’inflation n’a pas d’impact

sur la consommation réelle.

Cependant, si les revenus et les taux d’intérêt nominaux ne sont pas parfaitement indexés, c'est à

dire :

- Elle affecte la valeur réelle des revenus présents et futurs ou la valeur réelle de leur

patrimoine initial.

- Ou elle affecte les taux d’intérêts réels.

� Il peut y avoir un impact sur la valeur actualisée de la richesse, et donc sur la consommation,

puisque l’inflation réduira la valeur réelle présente de la richesse actualisée et fera donc

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16 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

baisser la valeur réelle des consommations présentes et futures et affectera le taux

d’intérêt réel.

1.3.2.8. Fiscalité ou endettement public

L’impôt réduit le revenu total, et donc la consommation (ceci est bien présent dans notre analyse,

puisque nous considérons les revenus disponibles, c'est à dire nets des prélèvements fiscaux).

Cependant, quand l’Etat ne taxe pas maintenant, il s’endette et s’engage à rembourser dans le futur.

Dès lors, la fiscalité peut quand même avoir un effet négatif sur Wt, si les agents intègrent dans leurs

anticipations les craintes d’augmentation de la fiscalité future.

Il ne va donc pas de soi que les ménages traitent différemment un impôt aujourd'hui ou demain, et

qu’à leurs yeux, un impôt est différent d’un endettement de l’Etat.

Formellement, les revenus futurs des ménages diminuent de la réduction de taxe, multiplié par le

taux d’intérêt. Tout rééchelonnement de taxe n’a pas d’incidence sur Wt, puisqu’il ne provoque que

plus d’épargne aujourd'hui pour faire face à l’impôt futur.

Exemple : si un individu reçoit comme cadeau fiscal un report de taxe, ce sera perçu comme une

attente d’une réduction du revenu futur, et sera donc strictement équivalent aux yeux de l’individu

(car l’Etat s’endette pour faire ce cadeau fiscal, et devra récupérer son argent plus tard). Les agents

économiques comprennent qu’à revenus avant impôts inchangés, leur sort est fondamentalement le

même si l’Etat finance ses dépenses par dette ou par l’impôt, ils devront supporter les impôts futurs

nécessaires au remboursement de la dette (intérêt compris).

C’est ce qu’on appelle l’égalité Ricardienne.

� Enoncé : lorsqu’il y a neutralité du mode de financement d'un flux données de dépenses

publiques sur les choix de dépenses privées (de consommations et d'investissements) et sur

l'épargne nationale (il y a simplement une substitution entre épargnes publique et privée).

� Hypothèses sous-jacentes :

o Il faut que les agents qui bénéficient d’un report d’impôt soient les mêmes que ceux

qui subiront son report. Or, ce n’est pas le cas quand le supplément de taxe est

tellement lointain que le ménage ne pense pas qu’il sera concerné.

o De plus, si derrière les cadeaux fiscaux se cache une redistribution des revenus, les

bas revenus se percevront plus riches (pas ricardien, puisqu’il n’y a pas

d’équivalence) tandis que les hauts revenus se percevront plus pauvres, même s’ils

ne sont pas encore taxés.

o L’Etat s’endette à un taux, qui n’est pas forcément le même que celui avec lequel les

ménages perçoivent la valeur présente de l’impôt reporté.

o Pour que l’égalité soit réelle, il faut que le marché du crédit soit parfait. En effet, un

ménage qui voudrait s’endetter aujourd'hui pour augmenter son revenu présent

peut voir son prêt refusé par le banquier.

Vu ces hypothèses, l’équivalence ricardienne pure n’est pas réaliste. Cependant, même sans

équivalence parfait, des comportements ricardiens peuvent apparaitre.

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1.3.3. Le rôle des imperfections du marché du crédit Dans la réalité, on observe une sensibilité de la consommation courante aux fluctuations du revenu

courant (∆���� → ∆��) plus forte que ce que suggère le modèle de cycle de vie avec marché du

crédit parfait.

Alors que dans le modèle, le même poids est donné au revenu futur et au revenu actuel, alors que

dans la réalité ce n’est pas le cas (par exemple, les étudiants confiants dans la réussite de leurs

études consomment très peu par rapport à leur revenu futur, qui est assez élevé alors que selon le

modèle, ils devraient s’endetter).

En effet, jusqu’ici, nous avons vu que pour une même valeur présente de la richesse actualisée, le

moment où les revenus qui la composent sont perçus n’a aucune importance sur le comportement de

consommation. Or, dans la réalité on a, d’une part, la présence d’imperfections du marché du crédit

et la présence d’incertitudes.

- Imperfections du marché du crédit

o Restriction quantitative à l’endettement, c'est à dire l’impossibilité pour certains

agents de s’endettes au-delà d’un certain montant (éventuellement 0) au taux

d’intérêt en vigueur.

o Ecart positif entre taux d’intérêt débiteur et créditeur (généralement, le premier est

plus grand que le second), tel que�� > ��.

- Incertitudes (par exemple dans l’évolution des revenus futurs, un étudiant peut vouloir se

montrer prudent face à des perspectives de revenu futur incertaines).

1.3.3.1. Implications microéconomiques

Première imperfection

Un ménage sera dit contraint par les liquidités lorsqu’il voudrait s’endetter (davantage) pour

dépenser plus mais ne le peut pas.

Formellement, si �� = ��)� , ���� > �1 + ������ + ��&� (c'est à dire qu’il veut consommer plus

que ce qu’il a dans les mains), réaliser Ct suppose qu’on emprunte la différence.

Si l’emprunt est refusé, je ne vais consommer uniquement ce que j’ai dans les mains, c'est à dire que

le niveau de la consommation courante est contraint par les liquidités dont ils disposent.

Seconde imperfection

Certains ménages n’aurons pas recours au marché du crédit parce qu’ils estiment que le taux

d’intérêt débiteur est trop élevé pour s’endetter, et le taux d’intérêt créditeur est trop bas pour qu’ils

épargnent.

Résultat

Le ménage contraint aura une propension marginale à consommer son revenu courant égale à 1.

- baisse de revenu courant � ma consommation baisse d’autant.

- hausse de revenu courant � aussi longtemps que je suis contraint par ma liquidité, ma

consommation augmente d’autant.

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18 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

�� est donc plus sensible à ∆����.

1.3.3.2. Implications macroéconomiques Macroéconomiquement, la présence d’agents contraints par les liquidités rend la consommation

globale plus sensible aux fluctuations du revenu macroéconomique courant lorsque ces fluctuations

concernent les revenus des agents contraints. Cette sensibilité de la consommation courante globale

au revenu courant

- dépend positivement de la proportion d’agents contraints par leurs liquidités;

- varie avec cette proportion le long du cycle économique

Donc, plus il y a de gens contraints par leurs revenus, plus le revenu disponible, et donc ma

consommation, et donc mon PIB sera influencé par ∆RDHt.

1.3.3.3. Applications Dans un contexte de crise financière, on sait que la chute des revenus actuels et/ou futurs mène à

une baisse de Wt, et donc de la consommation actuelle. Cette variation de revenu sera d’autant plus

accentuée si de nombreux ménages sont contraints par leurs liquidités � renforce la chute de la

consommation.

Par ailleurs, un ménage qui n’a pas encore subi de pertes de revenus mais qui craint pour le futur

(donc Wt baisse), MAIS qui est contraint par ses liquidités va de toute façon consommer l’entièreté

de son revenu disponible. Donc, aussi longtemps qu’un ménage contraint par ses liquidités a envie de

s’endetter, une baisse de Wt ne va pas se répercuter sur sa consommation � effet atténuant.

Du fait de ces deux effets, on ne connait pas la conséquence d’une forte présence de ménages

contraints par leurs liquidités dans une économie.

Des ménages contraints par les liquidités peuvent-ils être (parfaitement)

ricardiens ?

Si l’Etat fait un « cadeau empoisonné », c'est à dire donc on connait les coûts futurs, l’Etat « prête »

aux ménages qui sont actuellement contraints par les liquidités de quoi consommer plus aujourd'hui,

au détriment de demain.

Ce n’est pas une équivalence ricardienne, puisque cela ne laisse pas les ménages indifférents (même

si ce sont les mêmes qui reçoivent le cadeau et qui le paient plus tard).

1.3.4. L’incidence de l’incertitude En présence d’incertitude, les ménages n’ont qu’une anticipation imparfaite de )� qui font que les

revenus présents et futurs ne sont pas traités de la même façon. Formellement,

���)�� = ���� + ���� + ��(� ��&�∏ (1 + ������� )

)

���

Où �� est l’anticipation que peut former l’agent en t, compte tenu de toute l’information donc il

dispose à ce moment-l).

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19 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Si l’analyse formelle est assez compliquée (et pas à retenir par cœur), les intuitions sont assez

claires :

1. Comportement de prudence face au risque

2. 1� est plus sensible aux fluctuations non anticipées de 23�qu’aux fluctuations anticipées

de celui-ci.

DONC,

- les fluctuations de ���auront d’autant plus d’impact sur ��qu’elles conduisent les agents à

réviser sensiblement leurs anticipations quant au niveau de leur richesse actualisée.

- les chocs de revenus parfaitement anticipés n’ont pas d’impact sur ��()�) puisqu’ils ont déjà

été incorporés dans le calcul ��()�) avant qu’ils surviennent.

Au final, �� = ��(���)��; risqueliéauW�; E�r���)

1.4. Synthèse

Le point de départ est une critique théorique et empirique d’une fonction de consommation de type

keynésien �� = #(����)

� Construction d’une fonction de consommation macroéconomique sur base de l’analyse des

comportements microéconomiques.

- Pour les agents non contraints par les liquidités (c'est à dire qui ne souffrent pas des

imperfections du marché). Les éléments suivant ont un rôle-clé :

o La richesse actualisée anticipée )� et l’incertitude qui l’affecte qui provoque la

prudence.

o Les taux d’intérêt réels sur l’épargne présente et future.

o L’effet d’une variation du revenu disponible courant ����sur la consommation

courante dépend de l’effet de cette variation du revenu sur la richesse actualisée.

- Pour les agents contraints par les liquidités, propension marginale à consommer le revenu

disponible courant = 1 (contrairement aux non-contraints, donc la consommation est

influencée par leur perception du futur).

Une fonction de consommation macroéconomique qui résume ces enseignements :

�� = ���� + ���

Avec :

- ���� = ���(������ , ����� , ��&��

�� , ��&� �� , …���������������������

!""!�; ���, �� , …�������

!""!�)

- ��� = �# + ����

L’effet d’entrainement du Revenu Intérieur Brut (RIB) Courant sur la consommation courante, �$�� , est

donc d’autant plus faible que (voir page 29-30 pour plus d’explications) :

- Les ménages reçoivent une fraction faible du RIB.

- Les taux de taxe, nets de transferts, sur les revenus primaires sont élevés.

- Il y a relativement peu de ménages contraints par les liquidités.

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20 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

- Les ménages non-contraints ont une faible propension marginale à consommer leur richesse

actualisée.

- L’évolution du revenu disponible présent a peu d’impact sur les anticipations de revenus

futurs et donc sur la richesse actualisée.

Par ailleurs, nous avons fait l’hypothèse que ���� < 0 (l’effet du taux d’intérêt réel sur la

consommation présente est négatif).

2. Chapitre II – l’investissement des entreprises

2.1. Introduction

Typologie des investissements

1) Formation brute de capital fixe

a. Entreprises

i. Bâtiments et infrastructures

ii. Equipements/machines

b. Ménages : investissements résidentiels

c. Administrations publiques (et privées)

i. Bâtiments

ii. Equipements/machines

2) Variation de stocks (∆ St)

En Belgique, les investissements sont très importants jusqu’aux années 80, pour tomber à 10% du

PIB dans le début des années 90, et jusqu’à aujourd'hui. En revanche, les variations de stock ne

représentent pas un chiffre très important, mais nous verrons plus tard qu’ils peuvent quand même

jouer un grand rôle dans le PIB.

Quelques faits stylisés relatifs à I

Après la consommation, l’Investissement est la seconde variable la plus importante du PIB (juste au-

dessus de G). Elle est aussi la composante la plus variable de la demande intérieure, dont la

croissance peut aller de -20 à +25%.

Généralement, l’investissement est un moteur de la croissance dans le sens où il est souvent

responsable des booms et des récessions du PIB (qui, lui, varie entre -1 et 5%). C’est la

consommation des ménages qui retient les variations du PIB, amortissant les chutes et ralentissant la

croissance.

I joue un rôle clé dans le cycle conjoncturel

Souvent, c’est I (mais aussi les exportations) qui amène/accompagne les retournements

conjoncturels (accélération ou chute de la croissance du PIB)

En général, dans les phases d’accélération de la croissance, la croissance des investissements est

forte (et supérieure à celle du PIB). En cas de contraction économique, l’investissement est (quasi)

toujours en cause.

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21 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Rôle particulier des variations de stock

Les variations de stocks sont une composante résiduelle du PIB: en moyenne, en Belgique :

4∆��$56%����� 4 < 1%

CEPENDANT, elles jouent un rôle important dans les fluctuations conjoncturelles. En cas de

contraction de l’activité, ∆ St peuvent représenter plus de 50% du mouvement de l’activité.

Avec la tertiarisation de l’économie et le développement du just-in-time dans la production

manufacturière, l’importance des variations de stocks dans les fluctuations s’est atténuée. Mais elle

reste significative comme le montre cas de la récession de 2009. En effet, à ce moment-là, le PIB

Belge chute de 3% dont 1,6% (soit plus de 53% de la chute du PIB) représenta la contribution des

variations de stock à cette chute.

2.2. Le critère de la valeur actualisée nette et les déterminants de

l’investissement en capital fixe des entreprises

2.2.1. La valeur nette actualisée d’un projet d’investissement en capital fixe Notations :

Imaginons un projet d’investissement a à réaliser en t dont la durée de vie s’étale de t + 1 à T + t.

- Il occasionne la dépense nominale d’investissement �%�� (qui peut être étalée).

- L’exploitation du projet génère le flux attendu (de chiffres d’affaires et) de valeur ajoutée

suivant ��%��� , ��%�

� , … ��%�&�

- Si on en déduit les (anticipations de) rémunérations du personnel, des impôts, et autres

dépense, on obtient l’excédent brut d’exploitation pour l’entreprise ���%��� , ���%� � , … ���%�&�

� En valeur actualisée en t, le flux d’EBE attendu vaut donc

(1)

La valeur nette actualisée du projet est le flux actualisé des EBE attendus du projet diminués de la

dépense d’investissement.

�����(7) = �1� − �%��

Le projet sera économiquement rentable si ������a� > 0 puisqu’il aura alors généré un flux

d’excédents d’exploitation suffisant pour couvrir, en valeur actualisée, le flux de dépenses

d’investissement engendrées par le projet.

On peut également exprimer VNA en termes réels, de la manière suivante :

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22 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Trois premiers grands déterminants de la décision d’investir apparaissent donc :

- Le montant de la dépense d’investissement (et donc le prix des biens d’investissement) a un

impact négatif.

- Les excédents d’exploitation anticipés générés par le projet ont un impact positif. Ils sont

eux-mêmes déterminés par le niveau d’activité induit par le projet, valeur ajoutée qui en

découle, la masse salariale à distribuer, l’impôt des sociétés...

- Les taux d’intérêt présent et futurs

2.2.2. Le rôle des taux d’intérêt Impact négatif des taux d’intérêt sur la valeur actualisée du projet

Si les taux d’intérêt montent, certains projets qui étaient à la limite de la rentabilité économique

avant la hausse des taux d’intérêt verront leur valeur actualisée nette devenir négative, ce qui

conduira à l’abandon de certains projets d’investissements.

2 interprétations de cet effet taux d’intérêt (selon que le projet soit financé par emprunt ou par

fonds propres (FP)) :

- Financement par emprunt : la hausse du taux d’intérêt implique une hausse du coût de

financement du projet. La hausse du taux d’intérêt affecte donc directement la rentabilité du

projet pour l’entrepreneur-emprunteur.

- Financement par fonds propres : la hausse du taux d’intérêt implique une hausse de la

rémunération qu’il pourrait obtenir d’une utilisation alternative de ses fonds propres. La

hausse du taux d’intérêt augmente le coût d’opportunité du financement du projet.

Remarques

Taux d’intérêt VS taux de rendement exigé par les actionnaires

Dans la mesure où une action implique une prise de risque supplémentaire pour les investisseurs, les

actionnaires réclament un taux de rendement plus élevé que le taux d’intérêt. On utilisera donc le

taux de rendement exigé par les actionnaires pour calculer la Valeur Nette Actualisée.

Cependant, pour simplifier, on continuera simplement à parler de taux d’intérêt.

Inflation et taux d’intérêt réels

C’est bien des taux d’intérêts réels que dépend négativement la valeur réelle des investissements.

Cependant, il peut y avoir des situations où une hausse (/baisse) des taux nominaux s’accompagnent

d’une baisse (/hausse) des taux réels si les taux nominaux augmentent moins (/plus) que l’inflation ;

les investissements s’en trouveraient alors stimulés (/déprimés).

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23 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Macroéconomiquement

Le nombre et la taille de projets d’investissements entrepris à une période donnée dépendra donc

négativement du niveau des taux d’intérêt (réels).

2.3. Le rôle des anticipations quant au futur (et de l’incertitude)

Les investissements effectués en t seront d’autant plus élevés que les entreprises anticipent des

débouchés importants pendant la durée de vie du projet.

Ces anticipations sont influencées par l’activité présente,8� de deux façons :

- Les entreprises peuvent interpréter une fluctuation de l’activité d’aujourd'hui comme un

signal d’une évolution favorable des débouchés futurs (et vice-versa).

- Le niveau d’activité présent et l’excédent brut d’exploitation qui en découle influencent

positivement les liquidités dont disposent les entreprises. Cela leur permettra d’accroitre

leurs dépenses d’investissement si elles souhaitent autofinancer leurs dépenses

d’investissements.

Remarque : comme les ménages, les entreprises peuvent être contraintes par un marché du crédit

imparfait. Dans ce cas particulièrement, une hausse de leur revenu disponible présent lié à une

hausse de l’activité économique permettra à ces entreprises contraintes d’investir d’avantage.

2.4. Equations d’investissement retenue pour la suite

Nous résumerons les dépenses réelles d’investissements en deux composantes :

- Une composante exogène, �,̅ qui regroupe les dépenses d’investissement que nous ne

cherchons pas à expliquer (investissements publics, variations de stocks désirées,…)

- Une composante endogène, �, qui dépend

o Négativement des taux d’intérêt

o Positivement de l’activité présente (8�) et des anticipations de cette activité

(8��� , 8� � , …).

�� = � ̅ + �����, 8� , … �7:,5��� < 0,��$� > 0 Note :

- on appelle l’effet d’entrainement de l’activité présente sur l’investissement présent�$� l’effet

accélérateur.

- La composante endogène � représente également l’investissement résidentiel, puisqu’il

dépend aussi négativement des taux d’intérêts et positivement des revenus présents et

futurs des ménages.

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24 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

3. Chapitre III – Politique budgétaire, déficits publics et dette

publique

3.1 Politique budgétaire

3.1.1 Définition Politique budgétaire : le choix de l’autorité publique pour influencer le niveau de la demande ou la

production nationale (on dit budgétaire, car ces politiques influencent le budget de l’état, soit du

côté des dépenses, soit des recettes), à l’aide des 4 instruments suivants :

1) En agissant comme demandeur de la production via les administrations publiques. L’Etat

influence ainsi �� le niveau de consommation finale publique et/ou�'�, le niveau des

investissements publics.

2) En modifiant la demande de biens et services exprimés par les acteurs privés, via la fiscalité

et les transferts publics.

On n’étudiera ici que le rôle de l’Etat comme demandeur de production.

3.1.2 Les évolutions des demandes finales publiques sont-elles influencées par l’activité économique ?

On distingue 3 types de comportement des dépenses publiques : acyclique, contracyclique et

procyclique.

Une première possibilité : des dépenses finales indépendantes de l’activité

Le comportement est acyclique quand �� + �'� sont totalement exogènes, relevant d’un choix

purement discrétionnaire de l’autorité publique et ne dépendent pas du cycle conjoncturel.

Le cas de dépenses finales publiques contracycliques

Le comportement est contracyclique quand l’autorité publique choisit de faire varier �� + �'� de

façon à atténuer l’ampleur les fluctuations de l’activité économique (c'est à dire dépenser moins

quand l’activité croît, et dépenser plus lors des récessions). Les dépenses dépendent négativement

de l’acticité économique, on a alors :

�� = ��8��$ù /��/;� < 0,� /�'�/;� < 0 Ce fut le cas en 2008-2009, quand l’Etat a augmenté ses dépenses pour contrer la récession. Avec ce

type de comportement, le déficit se creuse en récession et se réduit dans les périodes économiques

favorables.

Le cas de dépenses finales publiques procycliques

Le comportement est procyclique quand l’autorité publique choisit de faire varier �� + �'� de façon

à entrainer les fluctuations de l’activité économique dans leurs hausses et dans leurs chutes. Les

dépenses dépendent positivement de l’acticité économique, on a alors :

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25 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

�� = ��8��$ù /��/;� > 0,� /�'�/;� > 0 Ce genre de comportement est de vigueur dans les économies où l’autorité publique décide de ses

dépenses finales de façon à respecter un objectif budgétaire strict, c'est à dire qu’elle ajuste ses

dépenses �� + �'� en fonction des marges budgétaires disponibles. L’Etat est alors contraint par sa

capacité de financement. On a :

� '� = ��'�< + ��8�� + �#===��������������!�!��!�()*+�,)!�

− (�� + �'�) − ���'����������������é(!��!�()*+�,)!�

Où :

- ��'�< : les revenus primaires non-fiscaux perçus par les autorités publiques (propriétés

publiques)

- ��8�� : la partie des recettes fiscales nette des transferts qui dépend de l’activité

économique et �#=== la partie indépendante de l’activité économique.

- ���'�� : la valeur réelle des charges d’intérêt sur la dette publique.

Imaginons que le gouvernement poursuit un objectif de dépense� '���*+!, on aura :

(�� + �'�) = ��'�< + ��8�� + �#=== − ���'�� − � '���*+!

Dès lors, à la suite d’une variation de Y, on aura la partie des recettes fiscales qui dépend de l’activité

économique ��8��, qui fluctuera (les autres termes du membre de droite y demeurent insensibles).

Seule la modification des dépenses pourra permettre de garder� '���*+!. Formellement, on a :

∆(�� + �'�) = �$�∆8� En d’autres mots, l’Etat dépense un maximum de ce qu’il peut dépenser ; donc, un événement

exogène qui stimule l’activité entraine des recettes fiscales supplémentaires, qui permettent d’élargir

les marges de dépenses pour soutenir un niveau plus élevé de G ou I (et vice-versa).

3.1.3 Dépenses finales publiques et taux d’intérêt Les dépenses finales publiques peuvent en outre dépendre négativement du niveau des taux

d’intérêt sur la dette publique. En effet, puisqu’on a :

� '� = ��'�< + ��8�� + �#=== − (�� + �'�) − ���'��

Une augmentation des taux d’intérêt provoquera un alourdissement de la charge de remboursement

de la dette publique, et donc une diminution de la capacité de financement. Dans le cas d’une

politique budgétaire contraignante où :

(�� + �'�) = ��'�< + ��8�� + �#=== − ���'�� − � '���*+!

Une variation exogène de �� ne pourra être compensé que par une modification des dépenses telle

que :

∆'�� + �'�( = −�'��. ∆��

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26 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

En résumé, le comportement pro- ou contracyclique de l’Etat dépendra de la sévérité de l’objectif

budgétaire. S’il est strict, les dépenses finales seront probablement procycliques (et dépendront

positivement de l’activité et négativement du taux d’intérêt) et inversement.

3.1.4 Politique budgétaire globalement pro ou contra-cyclique ? Outre ce qu’on a dit ci-dessus, la fiscalité (��8��) peut également être un outil qui peut être utilisé de

façon contra- ou procyclique (en durcissant la fiscalité et en réduisant les transferts en période de

crise, par exemple). C’est donc l’ensemble de la politique budgétaire (et non les seules dépenses

finales publiques) qui peut se révéler pro- ou contra-cyclique.

Dans certains pays, la politique budgétaire tend à être asymétrique, c'est à dire contracyclique

pendant les périodes difficiles, et procyclique pendant les périodes favorables (c'est le cas dans les

pays de l’UE15, notamment). Cela contribue à un accroissement inexorable de la dette publique.

Une politique budgétaire tendra souvent vers l’asymétrie sous la pression de la tentation

électoraliste.

4. Chapitre IV – Taux d’intérêt et politique budgétaire

4.1. Monnaie et création monétaire

4.1.1. La monnaie et ses fonctions La monnaie remplit 3 fonctions :

1) Numéraire (ou unité de compte), c'est à dire unité par laquelle sont libellés l’ensemble des

biens et services de l’économie).

2) Moyen d’échange (contrairement au troc, la monnaie permet d’échanger, même avec une

personne qui n’offre aucune ressource autre qui nous intéresse)

3) Réserve de valeur (pour mesurer le patrimoine, car la monnaie a une valeur constante, hors

inflation)

Même si la monnaie a un rendement nul (et est donc dominée par tous les actifs financiers qui

génèrent un rendement nominal strictement positif), sa qualité de liquidité parfaite la rend

indispensable pour faire des transactions instantanément.

4.1.2. Définition de la monnaie

La monnaie au sens strict

La monnaie est toute forme de détention du patrimoine, qui :

- Peut être directement utilisé pour payer des transactions

- Est unanimement reconnue comme telle dans l’espace économique considéré

On distingue deux « types » de monnaie utilisables directement pour l’échange :

- La monnaie fiduciaire (pièces et billets en circulation)

- La monnaie scripturale (montants sur les comptes à vue auprès d’intermédiaires financiers)

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27 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Dans l’UE, la monnaie scripturale représente à peu près 5 fois la monnaie fiduciaire.

Les actifs monétaires

Ces actifs (par exemple comptes d’épargne) ne constituent pas de la monnaie au sens strict car ils ne

sont pas directement utilisables comme moyen de paiement (même s’ils sont facilement

transformables en monnaie au sens strict). Ces actifs ont pour avantage de généralement mieux

rémunérer le capital.

La masse monétaire

La masse monétaire est l’addition de la monnaie au sens strict et des actifs monétaires. On

distingue trois agrégats selon le degré de liquidité des actifs monétaires :

- M1 = monnaie au sens strict (environ 49% du montant total, M3 ; la monnaie fiduciaire

représente 8,7%)

- M2 = M1 + livrets d’épargne et comptes à terme (88% de M3)

- M3 = M2 + dépôts moins liquides (100%)

4.1.3. La création monétaire M1

Déterminants de la demande de monnaie M1

Pourquoi les gens détiennent-ils du M1, alors qu’il est dominé par tous les autres actifs financiers ?

Car il est nécessaire aux transactions. C’est la raison pour laquelle M1 est saisonnier ; il dépend :

- Positivement des valeurs de transactions à réaliser ; elle augmente en période de dépense

relativement plus grande (Décembre, soldes). De plus, une augmentation globale des prix

des biens et services (inflation) entrainera des besoins supplémentaires en monnaie.

- Négativement du taux d’intérêt, qui influence le coût d’opportunité de la détention de la

monnaie, c'est à dire du taux d’intérêt nominal it+1 offert sur les autres modes de détention

du patrimoine.

Pour cette analyse, on considère le choix des agents de détenir de la monnaie M1 sous fiduciaire ou

scripturale comme exogène. On notera

� = #���

La relation entre �, la monnaie fiduciaire détenue par les agents et la masse monétaire ���, par le

coefficient # qui représente la fraction de ��� détenue sous forme fiduciaire.

L’offre de monnaie et la création monétaire

La création monétaire se fait en deux étapes, avec deux acteurs : la Banque Centrale (BC), qui a le

monopole de la création monétaire, et les Banques de second rang (BSR), qui sont le relai entre les

agents économiques prêteurs et les agents économiques emprunteurs.

1) La création de monnaie fiduciaire par la BC.

2) La création de monnaie scripturale par les BSR, découlant de l’octroi de crédit par les

banques.

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28 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Brève explication du processus de création de monnaie par l’octroi de crédit

Si personne ne dépose d’argent dans les banques, il n’existe pas de banques. Dans ce cas, le

processus de création de monnaie se résume à la première étape.

Ensuite, si les gens déposent de l’argent dans les banques celles-ci ne peuvent rien prêter.

L’ensemble de l’argent se trouve soit dans les poches des gens, soit dans les coffres des banques,

mais la masse monétaire totale reste intacte, et la création monétaire se résume toujours à la

première étape.

Enfin, si les banques ont droit au dépôt et au crédit, il y aura un phénomène de création d’argent. En

effet, la quantité de monnaie en circulation augmentera, puisque les banques peuvent prêter une

partie de l’argent qu’elles reçoivent en dépôt tout en gardant le reste en réserve. Une partie de cet

argent prêté retournera dans une banque, qui en prêtera de nouveau une partie, et ainsi de suite…

Bilan simplifié de la BC et des BSR

a) Bilan simplifié des banques commerciales ou banques de second rang (BSR)

ACTIF PASSIF

Réserves des BSR auprès de la BC : ��- Fonds propres (et dettes LT)

Créances des BSR sur l’Etat Dépôts à vue ��-

Créances des BSR sur secteur privé domestique Dépôts à terme ��&

Créances des BSR sur le RDM Emprunts nets auprès de la BC

Avec ��- = >��-

Où > (0 < > < 1) est le coefficient de réserve des banques.

De nos jours, la loi impose très peu de réserve :

- 1% pour les dépôts à vue

- 0% pour les dépôts à terme

b) Bilan de la banque centrale (BC)

On appellera base monétaire (��) la somme des pièces et billets émis par la BC. Cette base

monétaire se sépare en :

- � : les billets et pièces en circulation

- ��- : réserves des BSR

� Tels que : �� = � + ��-

ACTIF PASSIF

Créances sur l’Etat Billets/pièces en circulation �

Créances sur BSR Réserve des BSR ��-

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29 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Créances sur secteur privé (non BSR)

Créances sur le RDM

Total passif = �� = � + ��-

Note :

- Marché primaire ou « du neuf » : titres vendus pour la première fois.

- Marché secondaire ou « d’occasion » : titres revendus.

Examinons comment la BC acquiert des créances sur les autres secteurs de l’économie :

Prêter des liquidités à des agents emprunteurs

1) Prêter des liquidités aux intermédiaires financiers

a. Opérations de financement : la BC prend l’initiative de mettre des liquidités

supplémentaires à la disposition des BSR via des prêts CT ou Moyen Terme.

b. Facilité de prêt marginal : la BC octroie des liquidités aux BSR qui en font la demande.

Ces liquidités sont soumises à un taux d’intérêt choisi par la BC, en contrepartie d’une

garantie ou d’une prise de pension (dans ce dernier cas, la BSR prête des actifs financiers en

échange des liquidités).

2) Prêter des liquidités à l’Etat

a. Financement direct : la BC remet directement l’argent fraîchement imprimé, avec

lequel l’Etat pourra payer un certain nombre de dépenses.

b. Financement indirect ou monétarisation de la dette publique : l’Etat émet un

emprunt à la BC à hauteur du déficit public, et cette dernière émet de la monnaie à

hauteur du montant d’emprunt souscrit.

3) Crédit direct aux autres agents économiques (interdit dans des circonstances normales).

Ces trois pratiques sont interdites dans l’UME, sauf dans des plans de sauvetages des Etats

Européens (exemple : Grèce 2011).

Se porter acquéreuse d’actifs financiers sur les marchés secondaires

4) Opérations d’Open Market (OMO) ; c'est à dire rachat ou revente de titres sur les marchés

secondaires. La BC achète ou vend, en contrepartie de monnaie fiduciaire, des titres

financiers cotés sur un marché secondaire (grandes entreprises, Etat, RDM,...).

o OMO expansive : achat de titres avec, en contrepartie, création monétaire �

expansion du bilan de BC et de B.

o OMO restrictive : vente de titres en échange de monnaie jusque là en circulation �

contraction du bilan de BC et de B.

5) Interventions sur le marché des changes (pour influencer les créances qu’elle détient sur

RDM sous la forme de devises).

o Achat de devises étrangères : expansion du bilan de BC et de B

o Vente de devises étrangères : contraction du bilan de BC et de B

c) Le système bancaire (SB = BC+BSR)

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30 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Au moment t, la masse monétaire est ainsi constituée :

�� = � + ��.�= �� − �- + �-�$ù:

Quand on consolide les deux précédents bilans, on obtient :

Bilan consolidé simplifié du SB

ACTIF PASSIF

Créances sur l’Etat Fonds propres Créances sur le secteur privé domestique Billets/pièces en circulation, � Créances sur RDM Dépôts à vue ��.

Dépôts « à terme » ��&

On voit que �� est contrôlé :

- Par la BC (principalement), qui contrôle :

o �� entièrement, puisqu’elle a le monopole d’émission des pièces et billets.

o � indirectement, en imposant une réserve minimale (le ratio, >) et le taux d’intérêt

qu’elle accorde aux BSR.

- Par BSR, qui contrôlent leur politique d’octroi des crédits.

- Par les clients des BSR, qui choisissent le montant global des dépôts et la manière dont ils

répartissent leur détention entre billets et dépôts.

Afin d’examiner le lien entre �� et ��, on (re)définit :

- �- = >�- : le lien entre réserve et dépôts à vue.

- � = #�� : le lien entre monnaie fiduciaire et masse monétaire en circulation

- �� = � + �- : la composition de la masse monétaire

A l’aide de tout ce qui précède, on a :

�- = �1 − #���

A partir de quoi on calcule :

� =#

1 − # �-

Ce qui nous permet de définir :

�� = � + �� =#

1 − # �- + >�- = �- ∗# + >(1 − #)

1 − #

Cette équation conforme nos intuitions :

- Quand les gens ne déposent pas d’argent dans les banques, # = 1, il n’y a pas plus d’argent

que ce que crée la BC.

- Si les banques ne peuvent rien prêter,> = 1 et il n’y a pas non plus de création monétaire.

Réécrivons (puisque �- = �1 − #���) :

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31 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

�� = (# + >�1 − #�)��

→ ��� =1# + >�1 − #� × �� > ��

Où # + >�1 − #� est le multiplicateur monétaire. Le multiplicateur monétaire dépend donc

négativement:

- De la préférence pour la monnaie fiduciaire# (imaginons une situation où la monnaie n’est

qu’électronique, alors # = 0 et la masse monétaire tendra vers �/ ).

- Du coefficient de réserves des BSR, > (souvent autours des 1%, soit > = 0,01).

Résumé schématique :

4.2. Le contrôle des taux d’intérêt par BC et la politique monétaire

On définit la politique monétaire comme les décisions de la banque centrale pour influencer

l’activité économique et l’inflation. Pour cela, la BC a 3 d’instruments à sa disposition :

- Ses propres taux d’intérêt, quand les banques secondaires viennent emprunter de l’argent.

- Les montants de liquidités qu’elle met à disposition des autres agents économiques (et les

conditions d’octroi et de garanties de ces liquidités).

- Le coefficient de réserve obligatoire, c'est à dire la borne inférieure de réserve,>���.

Cependant, les BC n’y touchent habituellement pas, on en parlera donc peu.

Grâce à ces outils, via les intermédiaires financiers, la banque centrale influence l’ensemble des taux

d’intérêt (pour les ménages, les entreprises non-financières et les administrations).

4.2.1. Les taux d’intérêt de la banque centrale et leur transmission aux autres taux d’intérêt

a) Taux de la BC et taux interbancaires

La BC parvient très bien à contrôler les taux auxquels se prêtent les banques entre elles (les taux

interbancaires), ce qui aura un impact sur le taux auquel elles-mêmes prêteront à tous les autres

agents de l’économie. En effet, les taux d’intérêt auxquels la BC prête des liquidités aux IF influencent

le coût des liquidités pour ceux-ci et ceci se répercutera sur les taux d’intérêt du marché

interbancaire.

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32 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Lors des opérations interbancaires au jour le jour, la BC peut en effet fixer le taux maximal auquel les

banques peuvent lui emprunter, ainsi que le taux minimal auquel la BC rémunère les dépôts. Ainsi,

quand les banques trouvent un accord de prêt/emprunt, il se trouvera toujours à l’intérieur du

« couloir de fluctuation » que forment ces deux taux de la BC (parce que si c’est au-dessus ou en-

dessous, les banques ne se prêtent pas entre elles mais demanderont à la BC).

En plus d’offrir aux banques la possibilité de s’adresser à elle, la BC annonce régulièrement qu’elle

est prête à offrir des liquidités. En effet, si les banques se prêtent entre elles à un taux que la BC

estime trop élevé, et qu’elle veut faire baisser le taux d’intérêt, elle peut annoncer aux banques

qu’elle peut les refinancer à un taux moindre. Dès lors, le fait que la BC se lance dans une opération

de refinancement va faire chuter la demande de financement sur le marché et baisser le taux

interbancaire.

Dans les faits, on observe que jusque 2008 (crise financière), la BC parvient à équilibrer le taux

d’intérêt autours de son taux directeur. À partir de ce moment, peu à peu, les banques ont baissé un

maximum leurs taux d’intérêt, le fixant dans le bas du couloir de fluctuation. Cela traduit l’abondance

de liquidités que les banques ont dans leurs mains.

Lorsque les banques se prêtent au jour le jour, le taux est plus faible que lorsqu’elles prêtent pour

une plus longue période. Cependant, la BC parvient à guider le taux interbancaire à 1 an aussi bien

que le taux au jour le jour, de la même façon.

b) Transmission des taux de la banque centrale aux taux pratiques par les

intermédiaires financiers envers leurs clients

Les taux d’intérêt que la BC pratique envers les Intermédiaires Financiers (par les taux interbancaires

et l’accès à la liquidité aux IF qu’elle donne) se répercutent directement sur les taux pratiqués par les

IF envers les autres agents.

En effet, même si les taux que pratiquent les IF ont des écarts en fonction des primes de risque et de

la durée, ils suivent globalement la direction indiquée par la BC.

4.2.2. Les apports de liquidités de la BC

Liquidités mises à la disposition des BSR

A taux d’intérêt de la BC inchangés, les taux d’intérêt du marché interbancaire peuvent toutefois

fluctuer au gré des mouvements de l’offre et de la demande sur le marché. Du coup, pour contrôler

les taux d’intérêt interbancaires, la BC fait varier les liquidités qu’elle met à la disposition des

intermédiaires financiers pour contrer les mouvements spontanés de taux d’intérêt sur le marché

interbancaire.

Par exemple, si la demande de liquidités interbancaires est chroniquement forte, la BC va augmenter

les liquidités à disposition des BSR, ce qui fera augmenter l’offre de liquidité et rééquilibrera le

marché.

Injections de liquidités dans le cadre des opérations d’open market

Parfois, la transmission « taux BC � taux interbancaires � autres taux » peut mal se faire (par

exemple, en période d’incertitude qui fait monter les primes de risques). Quand cela arrive, la BC a

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33 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

une autre alternative pour influencer les taux : utiliser les liquidités qu’elle injecte d’une autre façon

qu’en les fournissant aux BSR, via d’autres canaux :

- En prêtant directement aux autres agents;

- En agissant sur les marchés secondaires des titres dont les taux de rendement ont tendance

à monter (ou à baisser).

4.2.3. La fonction de réaction de la politique monétaire et la relation MP Dans des circonstances normales, la BC a une assez bonne transmission de ses taux (via les deux

outils détaillés en 2.1 et 2.2). Dès lors, dans la suite du cours, on parlera du taux d’intérêt, car on

considère que dans des circonstances normales, quels que soient les primes de risques, les

émetteurs etc., tous les taux bougent dans la même direction, et sont décidés par la BC.

Nous appellerons MP (Monetary Policy) la fonction de politique monétaire qui conduit à un certain

niveau de taux d’intérêt. On distingue deux types de politiques :

Une politique monétaire avec taux d’intérêt constant

La fonction de MP est simplement :

�� ≡ ��� = �̅

Ici, la BC ajuste son comportement pour que les taux d’intérêt nominaux observés se fixent à un

niveau égal à l’objectif de taux réel qu’elle vise, augmenté du taux d’inflation � = � + ?�.

Pour que les taux d’intérêt restent constants quand l’activité économique change, BC doit ajuster le

montant des liquidités à la disposition des agents économiques. En effet, on a normalement :

Hausse de l’activité économique � hausse de la demande en monnaie � les BSR ont besoin de plus

de liquidités � hausse de la demande en crédits interbancaires � hausse des taux d’intérêt

interbancaires.

Pour éviter cette hausse, la BC sera contrainte de mettre à disposition des BSR toutes les liquidités

supplémentaires dont elles ont besoin.

4.2.3.1. Une politique monétaire avec objectif variable de taux d’intérêt La fonction MP s’écrit alors :

�� ≡ ��� = �̅ + ��?% − ?=; 8� − 8=�

Où �0� > 0et �$� > 0

Ici, la BC agit en fonction à la fois des évolutions de l’activité économique réelle et de l’inflation.

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34 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

1. objectif d’inflation � ?%. La BC a pour mission de défendre un taux d’inflation ?= qui

correspond à un niveau-cible de pouvoir d’achat de sa monnaie et donc d’inflation. Pour

lutter contre les pressions inflationnistes, la BC durcira sa politique monétaire en révisant à la

hausse son objectif de taux d’intérêt réel.

2. objectif d’activité économique � 8�. La BC a pour mission de viser un taux d’activité et

d’emploi à un niveau satisfaisant 8=. Quand l’activité économique descend sous l’objectif, la

BC peut soutenir celle-ci en baissant son taux d’intérêt réel afin de stimuler les dépenses en

consommation et en investissement. Au contraire, quand l’activité approche trop de la

pleine capacité (ou la surchauffe), la BC monte ses taux d’intérêt.

La fonction MP a alors la forme suivante

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35 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Macroéconomie – partie II

L’équilibre macroéconomique de court

terme en économie fermée

5. Chapitre V – Le modèle IS-MP.

5.1. Construction de la relation IS

5.1.1. La demande globale pour la relation nationale (rappel) En économie fermée, la demande globale pour la production finale s’écrit

8�� = �� + �� + �� La sensibilité de l’ensemble des investissements privés et publics à l’activité économique est plus

forte quand l’autorité publique a une politique pro-cyclique d’investissements publics que quand

c’est acyclique, et encore plus en contracyclique.

De façon synthétique :

8� = (8, ���, … )

5.1.2. L’équilibre keynésien à taux d’intérêt donné L’intuition Keynésienne est la suivante : un marché du travail qui ne s’équilibre pas au plein emploi

n’est pas causé par des salaires trop hauts (comme on le pensait jusque là), mais bien par une

contraction de la demande globale de biens et services, c'est à dire une insuffisance généralisée de la

demande pour la production des entreprises. Un baisse de salaire serait donc néfaste, puisqu’elle

engendrerait une perte de pouvoir d’achat, et donc de demande intérieure.

Pour Keynes, la solution à un problème de contraction de l’activité économique passe par des

politiques publiques de relance de la demande globale.

5.1.3. Définition d’un équilibre keynésien (E-K) On qualifie de keynésien un équilibre macroéconomique avec excès d'offre généralisé sur les

marchés des biens et du travail: c'est donc une situation où aux prix et salaire en vigueur, les

entreprises font face à des contraintes de débouchés et des travailleurs sont au chômage. Il y a, aux

prix et salaires en vigueur :

- Une sous-utilisation des capacités de production rentables. Cette sous-utilisation découle de

débouchés insuffisants.

- Un sous-emploi de certains travailleurs découlant d’une demande de travail insuffisante du

fait des problèmes de débouchés des entreprises.

� Les entreprises sont contraintes par leurs débouchés et la courbe d’offre globale est

horizontale au niveau général des prix en vigueur.

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36 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

À L’E-K, c'est donc le niveau de la demande finale, 8��, qui déterminera le niveau d’activité

macroéconomique,8� . L’équilibre du marché des biens et services est donc décrit par la condition suivante :

8� = 8�� = �(8� , ���, … )

Dans l’espace, cet équilibre se représente de la façon suivante :

Où l’équilibre keynésien se trouve à l’intersection entre 8� et 8��. Notons qu’ici, les dépenses

publiques sont acycliques, c'est à dire indépendantes de l’activité économique. Comme on va le

détailler plus tard, on observe que l’activité économique a un effet d’entrainement sur elle-même

(puisque la fonction est croissante).

5.1.4. Propriétés de l’E-K

5.1.4.1. Un effet d’entrainement de l’activité sur elle-même

Lorsque les entreprises sont contraintes par leurs débouchés au prix et salaires en vigueur, l’activité

économique exerce un effet d’entrainement sur elle-même, via son effet sur la consommation et

l’investissement.

Formellement, ∆+ activité (et donc revenus primaires) � ∆+ toutes les composantes de la demande

(��, éventuellement �� et ��) � ∆+ activité (et inversément).

Cet effet d’auto-entrainement est d’autant plus fort que ��, �� et �� sont sensibles à l’activité

présente.

5.1.4.2. L’effet multiplicateur des chocs de demande

Toute modification exogène d’un des déterminants de la demande verra son impact initial sur

l’activité multiplié par l’effet d’entrainement qu’a l’activité sur elle-même via la consommation

finale et l’investissement. L’impact initial est donc multiplié par un multiplicateur > 1.

Imaginons un choc des dépenses publiques exogène. On aura :

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37 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Ici, �

�1���� 2��

� 3> 1est appelé multiplicateur (de la consommation publique).

De ce fait, le pessimisme/optimisme quant au futur déprime/stimule l’activité présente : dans un

contexte d’incertitude, chaque destruction d’activité nourrit de nouvelles craintes de destruction

d’activité, les deux s’alimentant l’un l’autre.

5.1.4.3. Expression générale du multiplicateur à taux d’intérêt donné @8� = A�75� B � 7C@D5ℎ$5%D�8� + '�$�� + �$�� + �$�� (. @8��������������!""!�����)���

Le choc d’activité induit par le choc a lui aussi un impact sur la demande, provoquant un choc, etc…

On obtient une suite géométrique qu’on peut résumer ainsi :

∆8� = 1

1 − '�$�� + �$�� + �$�� ( . [ A�75� B � 7C@D5ℎ$5%D�8�]

↔ ∆8� =1

1 − �$�� . [ A�75� B � 7C@D5ℎ$5%D�8�]

Où �$�� = �$�� + �$�� + �$�� résume l’ensemble de l’effet d’entrainement de l’activité sur elle-même.

Remarque : l’effet multiplicateur du choc de demande est affecté par le caractère acyclique,

procyclique ou contracyclique de la consommation publique et des investissements publics :

- Contracyclique � effet multiplicateur plus faible, puisque G et I stabilisent les fluctuations de

l’activité : �

�1���� 4��

� 2��� 3

<�

�1���� 2��

� 3

- Procyclique � effet multiplicateur plus fort, puisque G et I amplifient les fluctuations de

l’activité. : �

�1���� 4��

� 2��� 3

>�

�1���� 2��

� 3

Dans un contexte de crise économique, on comprend que la rigueur budgétaire constitue une

menace de dégradation plus grave encore. C’est pourquoi la BC a assoupli ses exigences d’un déficit

public de maximum 3% du PIB, afin de permettre à certains Etats de lancer des politiques

contracycliques. Cependant, retourner à une politique 100% contracyclique n’est pas possible, sous

peine de faire exploser la dette publique.

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38 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

5.1.5. L’effet du taux d’intérêt sur Yt : la relation IS

Effet du taux d’intérêt sur l’activité à l’Equilibre Keynésien

On l’a vu dans les chapitres 1, 2 et 3, une variation du taux d’intérêt réel ���aura des effets sur 8��

et donc sur 8� . En effet, une hausse des taux d’intérêts :

On sait que ��� :

� Affecte négativement la consommation des ménages (chap 1)

� Affecte négativement les investissements (chap 2)

� Affecte négativement les dépenses publiques car une hausse des taux d’intérêts

augmentera la charge de la dette (si l’Etat est soumis à un objectif de déficit public strict).

Le niveau de demande globale (et donc aussi le niveau d’activité) sera d’autant plus faible que le taux

d’intérêt réel est élevé. On appelle IS la relation négative entre taux d’intérêt ��� et l’activité 8� à

l’équilibre (keynésien) du marché des biens.

La pente de la relation IS est donc �$������= ����� 2����

����2��< 0.

On trouve alors (lorsqu’on additionne l’effet total du taux d’intérêt sur l’activité, et l’effet de l’activité

sur elle-même) ∆8� = ����� 2����

����2��. ∆��� (dans le cas de dépenses publiques acycliques).

Graphiquement, l’effet d’une hausse des taux d’intérêt est le suivant :

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39 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

De plus, l’effet d’une variation donnée du taux d’intérêt réel sur la demande pour la production

nationale et l’activité sera d’autant plus important que :

1. La consommation et l’investissement sont sensibles au taux d’intérêt

� ������ et ������ sont élevés (� détermine l’ampleur de l’impact initial).

2. L’effet d’entrainement de l’activité sur elle-même est important,

� �$� et �$� sont élevés (� détermine l’ampleur des effets induits par l’impact initial).

De plus, avec des dépenses publiques procycliques, l’activité sera plus sensible aux taux d’intérêts, la

relation IS sera plus horizontale dans l’espace. Avec des dépenses publiques contracycliques,

l’activité sera moins sensible aux taux d’intérêts, la relation IS sera plus verticale dans l’espace.

« Chocs » de demande et déplacements de la relation IS

Tout choc de demande (c'est à dire modification d’un déterminant de la demande pour la production

nationale à taux d’intérêt réel donné) entrainera une modification de la relation IS. Dans l’espace à

deux dimensions (8� , ���), il s’en suivra un déplacement de la courbe IS.

- Tout événement qui augmente la demande pour la production nationale à taux d’intérêt

donné produit un déplacement de IS vers la droite dans l’espace (8� , ���). Exemples :

o Hausse de ��=== ou de ��E .

o Baisse de la fiscalité présente

o Hausse du patrimoine ��� .

o Hausse anticipée des revenus disponibles futurs.

- Tout événement qui réduit la demande pour la production nationale à taux d’intérêt donné

produit un déplacement de IS vers la gauche dans l’espace (8� , ���).

o Exemples : contraire des précédents.

Pourquoi « IS » ?

On peut réécrire l’équilibre du marché des biens comme (puisqu’on est en économie fermée) :

8� − �� − �� = �� En économie fermée, le PIB = PNB = revenu disponible brut. L’épargne brute macroéconomique est

donc

�� = 8� − �� − �� D’où �� = �� . IS désigne l’égalité entre Investment & Savings.

5.2. Le modèle IS-MP

5.2.1. Présentation générale et hypothèse de travail Le modèle IS-MP permet d’étudier les déterminants de l’équilibre de court terme d’une économie

fermée, où :

- IS décrit le niveau d’activité qui découle d’un certain niveau de taux d’intérêt, compte tenu

des autres déterminants de la demande.

- MP explicite la détermination des taux d’intérêt.

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40 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

- Court terme implique que le prix des biens et les salaires sont fixes (alors que les prix des

actifs financiers et le taux d’intérêt sont flexibles), et que les équipements productifs sont

donnés.

- Equilibre macro-économique signifie l’équilibre de tous les marchés de l’économie. Ici, cet

équilibre comprend implicitement 4 macro-marchés :

o Marché des biens, qui est explicitement décrit dans la relation IS qui détermine quel

est le niveau d’activité sur ce marché à chaque niveau de taux d’intérêt.

o Sphère financière et monétaire, qui est décrite par la relation MP, qui décrit

implicitement le marché monétaire (que la banque centrale influence indirectement)

et les marchés financiers (notamment les marchés du crédit) où se déterminent le

niveau des taux d’intérêt pertinents pour les agents économiques non-financiers.

o Marché du travail, où le travail apparait comme un facteur de production homogène

� voir ci-dessous.

Le modèle IS-MP s'intéresse aux déterminants de l'équilibre macroéconomique de court terme

lorsqu'aux prix des biens et salaires en vigueur, il y a sous-utilisation des capacités de production

rentable et sous-emploi de la population active (hypothèses du modèle de Keynes). Il y a donc deux

hypothèses fondamentales:

- Rigidité des prix et salaires nominaux.

- Existence d’une offre prête à satisfaire toute demande (tant sur le marché des biens que sur

celui du travail).

Nous sommes donc en présence d’un équilibre Keynésien. Cela signifie qu’aux prix et salaires en

vigueur :

1. Tant qu’il reste des capacités de production rentables inutilisées, l’offre globale de biens et

services est horizontale au niveau général des prix actuels, car les entreprises qui ont des

capacités de production rentables excédentaires sont prêtes à servir toute demande

supplémentaire pour leur production.

2. L’emploi reste inférieur à la population active, l’offre de travail est donc horizontale au

salaire réel actuel. Les entreprises ne rencontrent aucune difficulté d’embauche, certains

travailleurs au chômage étant disposés à accepter un emploi aux prix et salaires en vigueur.

Sous ces hypothèses, la demande globale pour la production nationale détermine :

1. Le volume des transactions d’équilibre sur le marché des biens

2. Le niveau d’emploi à l’équilibre du marché du travail (c'est à dire l’emploi dont les

entreprises ont besoin pour produire les quantités demandées de biens et services).

Toute fluctuation de la demande de biens et services se traduira donc par des fluctuations égales de

l’activité et des fluctuations dans le même sens de l’emploi.

5.2.2. Le modèle IS-MP lorsque la banque centrale poursuit un objectif de taux d’intérêt constant.

Le modèle:

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41 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

- La relation IS décrit tous les couples (activité, taux d'intérêt) auxquels le marché des biens

est à l'équilibre keynésien

� �� ≡ 8� = ��8� , ���, … � = ∑ 5$A�$%7B�%@,C7@,A7B@,7FF�éFé,

- La relation MP décrit tous les couples (activité, taux d'intérêt) auxquels il y a équilibre des

marchés monétaire et financiers compte tenu du comportement de la banque centrale.

� �� ≡ ��� = �̅ = objectifdelaBanqueCentrale.

Rappel : on parle de ��� constant, pour les agents économiques non-financiers � la banque

centrale utilises des modifications de taux et de liquidités mises à disposition pour garder ���

constant.

L’analyse est donc la suivante : au taux d’intérêt fixé (et donné par MP), IS détermine le niveau

d’activité d’équilibre 8∗, qui correspond à la demande pour la production nationale à ce taux

d’intérêt.

5.2.2.1. Modification de l’équilibre IS-MP suite à des chocs sur IS

Une dépression de la demande pour la production nationale (exogène : consommation publique,

investissements, patrimoine des ménages, pessimisme …) représente un déplacement de la courbe IS

vers la gauche (déprime la demande). Une stimulation de la demande déplacera IS vers la droite.

Rappel : - Un choc a des effets quantitatifs plus importants sur l’activité si

o Il a un impact initial important o Il a un multiplicateur (= effet d’entrainement) important

- Le pessimisme/optimisme a un effet autoréalisateur sur l’activité, car il déprime/stimule la consommation et l’investissement.

- Toute fluctuation de l’activité a un impact sur les marchés monétaires et financiers, mais la Banque Centrale ajuste ses instruments pour maintenir les taux d’intérêts fixes.

5.2.2.2. Impact d’une modification de la politique monétaire

Une modification du taux d’intérêt par la Banque centrale déplacera MP vers le haut ou le bas.

Par exemple, une baisse des taux correspond à une politique expansionniste :

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42 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Remarque :

- L’impact est plus fort si la consommation et l’investissement sont sensibles au taux d’intérêt

réel, et si l’effet d’entrainement de l’activité sur elle-même est important (graphiquement :

au plus IS es horizontal, au plus l’impact sera important).

- Pour qu’elle ait un réel impact, la modification de taux d’intérêt doit apparaitre comme

durable.

- Le taux d’intérêt peut se modifier indépendamment de la volonté de la BC (si crise financière)

5.2.3. Le modèle IS-MP avec taux variables

5.2.3.1. L’équilibre macroéconomique

Maintenant, le taux d’intérêt est endogène :

�� ≡ ��� = �̅ + �(?% − ?= , 8 − 8=)

Dès lors, MP est croissant, et IS et MP déterminent ensemble 8�∗ et���∗ . Cela illustre

l’interdépendance des marchés : les taux d’intérêt et l’équilibre du marché des biens s’influencent

mutuellement.

5.2.3.2. Modification de l’équilibre macroéconomique suite à un choc sur IS

Une modification de la demande pour la production nationale (causée par une modification de G ou

I ou tout autre déterminant exogène) représente un déplacement de la courbe IS vers la gauche

(déprime la demande) ou la droite (stimule la demande). Contrairement à ce que nous avons vu avec

un taux d’intérêt fixe, cette modification correspond à un nouvel équilibre pour le niveau d’activité et

le taux d’intérêt.

Ceci complique les choses car une modification du taux d’intérêt causée par une des composants,

aura des en retour un effet sur les autres composants de l’activité.

Analytiquement :

- La différentielle d’IS s’écrit (pour un choc exogène sur la demande, G�)

Où :

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43 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

o (A) = conséquences initiales de Z (qui est un déterminant de C, G ou I).

o (B) = conséquences sur C, G et I d’une modification des taux d’intérêt.

o (C) = effet d’entrainement de l’activité sur elle-même.

- La différentielle d’MP s’écrit

�� → @��� = �$�� @8����(�)

o (D) = répercussion de Y sur les taux d’intérêts.

On peut alors étudier l’impact de cette perturbation sur l’économie en formant un système de deux

équations à deux inconnues. On injecte la différentielle de MP (mouvement de taux d’intérêt) dans IS

pour obtenir 8∗, au moyen duquel on obtient ���∗ .

Comme on peut le voir, un choc positif/négatif sur IS � mouvement positif/négatif sur l’activité et le

taux d’intérêt. Ce choc peut se décomposer en 3 temps :

1. Choc (modification de G, I ou un déterminant exogène Z) � modifie le niveau de demande

nationale au taux d’intérêt initial. Graphiquement : déplacement de IS.

2. Répercussion au niveau de la sphère monétaire et financière, modification du taux d’intérêt.

Graphiquement : déplacement le long de MP au fur et à mesure du déplacement de IS.

3. Répercussion de la modification de taux d’intérêt sur la consommation des ménages, dans

un sens opposé à la variation initiale de la demande de biens. Ceci a pour effet d’amortir le

choc initial.

Effectivement, dans le graphe ci-dessus, on voit que le fait de passer de 1 à 2 (au lieu de 1 à 1’

précédemment), tempère l’impact sur l’activité économique. Cela équivaut à écrire :

USL-B ECGE 2eme bac Macroéconomie – Synthèse Samuel Desguin

44 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

|∆8� 7:,57HD%�,A,B�@,���| < |∆8� %7B%7HD%�,A,B�@,���|

Qui vient de l’inégalité suivante :

1

1 − �$�� − �$�� − �$�� − (������ + ������ + ������ )�$�� <

1

1 − �$�� − �$�� − �$��

On a à gauche tous les composants qui rentrent en jeu dans le processus d’ajustement induit par le

choc, qu’on peut décortiquer :

- �$�� + �$�� + �$�� � l’effet d’entrainement de l’activité sur elle-même.

- �$�� � l’effet de variation de l’activité sur les taux d’intérêts. Il est élevé � MP est + vertical

- ������ + ������ + �����

� � l’effet du taux d’intérêt sur la consommation privée et

l’investissement.

En résumé, on a :

- En cas de choc de demande positif, la variation à la hausse du taux d’intérêt freine l'effet

expansionniste du choc: suite à un choc demande positif donné, l'activité est finalement

moins stimulée que si le taux d’intérêt était resté constant (MP horizontale) car la hausse du

taux d’intérêt a freiné l'évolution à la hausse de la consommation et de l'investissement et

donc de l'activité.

- En cas de choc de demande négatif, la baisse du taux d'intérêt limite l'effet récessif du choc:

suite à un choc demande négatif donné, l'activité est finalement moins déprimée que si le

taux d'intérêt restait constant (MP horizontale) car la baisse du taux d'intérêt a un effet

positif sur la consommation et l'investissement et donc l'activité. L'effet multiplicateur d'un

choc négatif est donc lui aussi freiné par l'ajustement du taux d'intérêt.

On parle de frein monétaire pour désigner cet effet d’ajustement du taux d’intérêt, qui réduit l’effet

multiplicateur d’un choc donné (positif comme négatif). L’ampleur de ce frein est mesurée par les

termes : (������ + ������ + �����

� )�$�� .

5.2.3.3. Impact d’une modification de la politique monétaire

a) Les déterminants de l’efficacité de la politique monétaire

Un changement de politique monétaire = modification du taux d’intérêt réel que la BC poursuit

comme objectif avec ses différents outils.

� Politique monétaire expansionniste = taux d’intérêts bas � stimule l’activité

� Politique monétaire restrictive = taux d’intérêts hauts � déprime l’activité

Graphiquement, une politique expansionniste/restrictive � déplacement de MP vers le bas/haut.

Dans un premier temps, un changement dans le taux d’intérêt modifie l’activité via toutes les

composantes de la demande qui sont sensibles au taux d’intérêt et, dans un second temps, via l’effet

d’entrainement de l’activité sur elle-même.

Graphiquement :

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45 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

La différentielle de MP devient :

�� → @� + 1 = @#� + �$�� @8�

Où :

- @#� représente l’effet initial du changement de politique monétaire sur les taux d’intérêts.

o @#� > 0 : politique monétaire restrictive � hausse généralisée des taux d’intérêt et

déplacement de MP vers le haut.

o @#� < 0 : politique monétaire expansible � baisse généralisée des taux d’intérêt et

déplacement de MP vers le bas.

- �$�� @8� représente l’effet de rétroaction de l’activité économique sur les taux d’intérêt.

On retrouve un système de 2 équations à 2 inconnues, qui nous permet de formaliser l’effet total sur

l’activité économique et les taux d’intérêt d’un changement de politique monétaire (à IS inchangé)

comme suit :

L’impact total (l’efficacité) de la politique monétaire sur l’activité s’analyse comme suit :

1. L’impact dépend positivement de l’ampleur du mouvement du taux d’intérêt suite au

changement de politique monétaire (plus |@#�̅| est élevé, plus C, (G) et I vont réagir).

2. L’impact dépend positivement de la sensibilité de la consommation et de l’investissement au

taux d’intérêt (plus |������ − ������ − ������ | sont élevés, plus l’impact sera grand).

3. L’impact dépend positivement de l’effet d’entrainement de l’activité sur elle-même via la

consommation et l’investissement.

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46 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

b) Quelques précisions à propos de la politique monétaire et du

mécanisme de transmission de la politique monétaire à la sphère

réelle.

Dans IS-MP, la politique monétaire mise en place par la BC n’affecte l’activité réelle qu’au travers de

son impact sur le taux d’intérêt, via ses outils :

- Modification de ses propres taux d’intérêt.

- Modification des liquidités mises à disposition des agents économiques :

o En modifiant le coefficient de réserves obligatoires des banques de second rang.

o En prêtant plus ou moins de liquidités aux banques de second rang.

o En finançant directement l’autorité publique ou certaines grandes entreprises.

o En pratiquant des opérations de marché ouvert sur le marché obligataire (OMO) ou

sur un autre marché de titres.

Avec tous ces outils sauf le dernier, toutes autres choses égales par ailleurs, il s’en suit une détente

des taux sur le marché interbancaire une détente des taux que les BSR pratiquent envers leurs

propres clients.

L’OMO

Avec le dernier outil (OMO), l’impact sur un marché financier secondaire se transmet aux autres

marchés financiers secondaires et primaires. Le déséquilibre du marché secondaire concerné par

l’OMO :

- Va s’étendre à l’ensemble des autres marchés secondaires (y compris ceux des actifs réels)

- Va affecter le marché primaire et le taux d’intérêt en vigueur sur ce marché.

Une OMO expansive fait baisser les taux d’intérêt :

- Rachat de titres sur le marché secondaire avec une émission de monnaie « centrale », la

masse monétaire en circulation augmente, l’actif et le passif de la BC augmentent.

� Excès de demande de titres sur le marché secondaire

� Hausse du cours des titres cotés sur le marché secondaire

� Baisse du rendement offert par ces titres cotés (pour celui qui en fait l’acquisition au

nouveau prix).

� Sur le marché primaire, les nouveaux titres peuvent être émis à un taux d’intérêt

moindre

� Baisse des taux d’intérêt sur les marchés primaires

Une OMO restrictive fait monter les taux d’intérêt :

- Vente de titres sur le marché secondaire en échange de monnaie, la masse monétaire en

circulation diminue, l’actif et le passif de la BC se contractent.

� Excès d’offre de titres sur le marché secondaire

� Baisse du cours des titres cotés sur le marché secondaire

� Hausse du rendement offert par ces titres cotés

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47 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

� Sur le marché primaire, les nouveaux titres doivent être émis à un taux d’intérêt

supérieur

� Hausse des taux d’intérêt sur les marchés primaires

Nb : dans IS-MP, le lien entre marché des obligations et marché des actions est considéré comme un

seul marché, ce qui revient à dire que les actifs financiers sont de parfaits substituts.

c) Perte de contrôle de la Banque Centrale sur les taux d’intérêt

Comment comprendre une crise financière dans IS-MP ? Par exemple, si les intermédiaires financiers

deviennent soudain très réticents à prêter (parce qu’ils ont des problèmes de liquidité ou qu’ils

perçoivent plus de risque de défaut des emprunteurs), ils octroieront moins de crédit (créant ainsi

moins de monnaie scripturale pour un même montant de monnaie mise en circulation) et

réclameront des taux d’intérêt plus élevés.

Dès lors, les taux d’intérêt vont monter. La BC peut essayer de contrer ceci en mettant d’avantage de

liquidités à disposition des intermédiaires. Cependant, si ces actions ne dissipent pas les inquiétudes

des intermédiaires financiers, MP se déplacera vers le haut contre la volonté de la BC.

5.3. IS-MP versus IS-LM

La relation LM repose sur la description explicite d’un marché monétaire, avec un grand nombre de

complications graphiques et formelles, qui n’ajoutent rien d’essentiel à la compréhension intuitive

des mécanismes ; la relation MP et la relation LM sont qualitativement identiques.

5.4. Les frontières de l’équilibre keynésien

Pour qu’on soit bien dans un tel type d’équilibre, il faut qu’en réponse à une variation de la

demande de biens respectent les deux hypothèses implicites suivantes :

1. Ces variations de l’offre des entreprises ne violent pas le principe de la maximisation du

profit;

2. l’économie reste en sous emploi.

Appelons

- 8�∏ � le niveau de production correspondant à la pleine utilisation des capacités rentables.

- 8�� � le niveau de production correspondant au plein emploi de la main d’œuvre disponible.

Où :

- (8�∏, I�∏) le niveau d’activité et le niveau d’emploi qui maximisent le profit de entreprises;

- (8�� , �E��) le niveau d’activité et d’emploi au plein emploi de la population active.

A prix et salaire fixe, on est dans une situation d’équilibre keynésien si

8� = �� + �� + �� < 8�∏

8� = �� + �� + �� < 8��

Une fois que l’économie atteint les niveaux d’activités et d’emplois (8�∏, I�∏) ou (8��, �E��), la

contrainte de débouchés disparaît et on sort du cadre décrit par le modèle IS-MP.

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48 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Remarques: Une politique économique de plein emploi est-elle possible dans une économie telle que

la décrit le modèle IS-MP?

- Théoriquement oui si 8�∏ > 8�� et I�∏ > �E��, c'est à dire si la contrainte de capacité de

production rentable est compatible avec le plein emploi.

- Cependant, pratiquement, la production va buter sur une des deux limites en premier. De

plus, dans ce modèle, on considère les prix et les salaires fixes � cela limite ce modèle à

n’être valable qu’à très court terme.

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49 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Partie III : l’équilibre macroéconomique

de court terme en économie ouverte

6. Chapitre VI – Introduction à l’économie ouverte L’analyse que nous avons eue jusqu’ici est limitée puisqu’elle se place dans un contexte d’économie

fermée, et ne prend pas en compte les flux avec le reste du monde. Nous allons donc aborder dans

ce chapitre les imports, exports et taux de change.

6.1. Architecture générale de la balance des paiements d’une économie

La balance des paiements enregistre toutes les opérations économiques entre les résidents et les

non résidents d’une économie:

1. Échanges de biens et services;

2. Paiements de revenus primaires;

3. Paiements de revenus secondaires, c’est à dire transferts internationaux (aide internationale,

contribution des Etats aux OI, dons privés,...) ;

4. Échanges d’actifs réels et financiers (participation d’une entreprise domestique/étrangère

dans une entreprise étrangère/domestique, ou achat d’actifs financiers étrangers par les

résidents et vice-versa).

Cette balance des paiements, ����, se subdivise en deux comptes (ou balances) :

- La balance courante (ou compte courant, current account, ����) � transactions de types 1 à

3.

- La balance des capitaux (ou compte financier, financial account, ���) � transactions de

type 4.

Le solde de la balance des paiements est nécessairement nul, car toute opération est enregistrée à la

fois comme un débit et un crédit (comme dans le bilan d’une entreprise) :

���� = ���� + ��� = 0

↔ ���� = − ���

6.1.1. La balance courante ����= Balance commercialet + ����� + Balance des transfertst

Où ����� = contribution nette de l’étranger, c'est à dire ‘revenus primaires étrangers perçus par des

résidents’ – ‘revenus primaires domestiques perçus par des non-résidents’.

1J�5

Débits (-) Crédits (+)

Bal. Commerciale � Imports de biens et services Exports de biens et services CNE � Revenus primaires versés à RDM Revenus primaires reçus de RDM Bal. Transferts � Transferts versés au RDM Transferts reçus du RDM

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50 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

À gauche, on a les dépenses (éventuellement de pertes de devises, et à droite, on a les sources de

revenus pour l’économie domestique (éventuellement en devises étrangères).

Le solde de la balance courante est la différence entre les deux et peut s’interpréter de deux façons.

Il indique si, pendant la période :

1. L’économie a exporté des biens et services (y compris les services des facteurs de

production) et reçu des transferts pour une valeur supérieure ou inférieure à celle des biens

et services importés et des transferts versés;

2. L’épargne de l’économie domestique permet ou non de financer les dépenses

d’investissement domestiques puisque ��� = �� − �� = − �� En effet,

� ���� > 0 indique que l’économie exporte une partie de son épargne vers RDM, il y a

donc des sorties de capitaux vers RDM. � �� < 0.

� ���� < 0 , à l’inverse, est le signe d’une économie qui importe une partie de l’épargne du

RDM. Il y a donc des entrées de capitaux en provenance de RDM. En d’autres termes, on

a plus dépensé que reçu d’argent, ce qui veut forcément dire qu’on a un besoin de

financement du RDM, et qu’il y a des entrées de capitaux dans notre économie � �� > 0.

6.1.2. Compte financier Compte financier et entrées/ sorties de capitaux

Dans le compte financier, on enregistre toutes les opérations qui modifient le montant des avoirs et

dettes qu’a l’économie domestique envers le reste du monde, qu’on peut présenter par le compte en

T suivant :

KJ�5

Débits (-) Crédits (+)

Invest. direct Éco. domestique (ED) � étranger Etranger � ED Placements

financiers

Placements financiers de résidents d’ED � étranger

Placements financiers de non résidents � ED

Rapatriement de

capitaux

RDM reprend des capitaux initialement placés dans ED

ED reprend des capitaux initialement placés dans RDM

Remboursement de

dette

D’une dette d’ED envers RDM D’une dette de RDM envers ED

Banque centrale

(voir ci-dessous)

Hausse des réserves officielles d’ED Baisse des réserves officielles d’ED

À gauche, on a les sorties de capitaux pour ED (= diminution de dette d’ED envers RDM, ou

augmentation des avoirs d’ED à l’étranger), et à droite, on a les entrées de capitaux pour ED (les

dettes d’ED envers RDM augmentent, ou les avoirs étrangers d’ED diminuent �les dettes de RDM

envers ED diminuent). Le solde de FA montre si en termes nets, l’économie domestique subit :

- des entrées nettes de capitaux (FA > 0) � les avoirs extérieurs d’ED diminuent.

- des sorties nettes de capitaux (FA < 0) � les avoir extérieurs d’ED augmentent.

À propos de la capacité de financement de l’économie domestique, � ��,

USL-B ECGE 2eme bac Macroéconomie – Synthèse Samuel Desguin

51 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

- Si l’économie domestique a une capacité de financement positive, elle exporte

nécessairement ce montant vers RDM : le solde de ��� est négatif et égale en Valeur

Absolue au montant net de capitaux qui partent vers l’étranger.

- Si l’économie domestique a une capacité de financement négative, elle importe

nécessairement ce montant vers RDM : le solde de ��� est positif et égale en Valeur Absolue

au montant net de capitaux qui entrent dans le pays.

Le compte financier avant et après variations des réserves officielles

Soit :

- �.� : le stock de réserves officielles de la banque centrale domestique à la fin de la période t.

- ∆�.� = �.� − �.�� : la variation de ce stock sur cette période.

- � ��� : sub-financial account, le solde du compte financier AVANT variations des réserves

officielles de la Banque Centrale = la différence entre les 4 premiers point du compte en T de ���, tq : ��� = � ��� − ∆�.�.

Comme on l’a dit, dans le compte ���, on enregistre en négatif (débit) les achats d’actifs étrangers

par les résidents et en positif (crédit) la revente de tels actifs.

Or, les réserves représentent précisément des actifs étrangers détenus par un résident (à savoir

l’autorité monétaire domestique). Il faut voir les réserves officielles comme un actif étranger comme

un autre.

Donc, si ce stock augmente, ça signifie un achat nette d’actifs étrangers par la Banque Centrale, et ça

apparait donc en négatif (débit) dans ���. C’est donc bien −∆�.� qui exprime la contribution de la

variation des réserves officielles au solde du compte financier.

En résumé, ∆�.� est comptabilisé négativement car :

- ∆�.� > 0 signifie un achat net d’actifs étrangers par la banque centrale domestique

- ∆�.� < 0 signifie une vente nette d’actifs étrangers par la banque centrale domestique

6.2. Déterminants de la balance commerciale

6.2.1. Déterminants des volumes d’exportations et importations Dans la suite du cours on suppose la Balance des transferts et ���� exogènes de la balance

courante.

Puisqu’on est en économie ouverte, une partie de la demande globale étrangère porte sur des biens

domestiques, et une partie de la demande domestique s’adresse à des biens étrangers. Les volumes

d’exportation dépendent de :

- La taille du marché mondial et donc du niveau de la demande globale du RDM

- La part du marché mondiale conquise par les producteurs domestiques. Ceci dépend de la

compétitivité :

o Compétitivité produit (rareté, originalité, disponibilité à l’étranger,…).

o Compétitivité prix (le produit est moins cher toutes choses égales par ailleurs).

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52 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Les volumes d’importation dépendent de :

- La taille du marché domestique et donc du niveau de la demande globale domestique.

- La part du marché domestique conquise par les producteurs étrangers. Idem que pour les

importations, avec la compétitivité.

L’activité domestique a donc un effet positif sur les importations, pour deux raisons :

- Un certain nombre de productions domestiques utilisent des produits importés comme

consommation intermédiaire.

- Hausse de l’activité � hausse des revenus primaires � hausse des dépenses finales,

notamment en biens importés.

La part de marché de chaque production dépend de sa compétitivité, qui se décompose en :

- Compétitivité prix (de ED) = prix relatif d’une production nationale par rapport à la

production étrangère.

- Compétitivité hors-prix = originalité, qualité, image, marketing, importance des réseaux de

distribution à l’étranger,… = marketing

Ici, nous n’allons pas nous concentrer sur la compétitivité hors-prix, qui est considérée comme

exogène. Au contraire, la compétitivité prix est endogène, et peut être modélisée au moyen des

déterminée suivants :

- �� : le prix domestique en monnaie domestique auquel les exportations sont vendues (le prix

est le même pour le marché intérieur et extérieur).

- �� : le taux de conversion entre les deux monnaies, c’est à dire le taux de change nominal.

o �� augmente � dépréciation de la monnaie domestique.

o �� diminue � appréciation de la monnaie domestique.

- �� : le prix mondial en monnaie étrangère = �� converti via le taux de change �� � ���� est le prix en monnaie domestique d’une unité de bien importé.

- L� =6�.����

: le taux de change réel = le prix de la production étrangère par rapport à la

production domestique, = l’indicateur de la compétitivité prix de l’économie domestique

(plus L� est grand, meilleure est la compétitivité prix de la production).

Une hausse de L� peut donc découler :

- D’une hausse de �� (dépréciation nominale de la monnaie domestique)

- D’une hausse de ����

(hausse des prix étrangers, en monnaie étrangère, plus forte que celle

des prix domestiques)

Par conséquent, dans le cas de deux économies unies par un taux de change E, l’économie qui fera

plus d’inflation que l’autre subira une appréciation réelle et verra sa compétitivité prix se détériorer

par rapport à l’autre économie.

Plus L� est élevé, meilleure est la compétitivité prix de la production domestique par rapport à la

production étrangère, plus l’économie domestique exportera et moins elle importera.

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53 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

On peut donc résumer les fluctuations de volumes d’exports et d’import par les fonctions suivantes :

- ��� = ���8� , L��, avec ��$� > 0et ��7�

� > 0

- ��� = ���8� , L��, avec ��$� > 0 et ��7�� < 0

6.2.2. Balance commerciale et compétitivité prix La balance commerciale ����est définie comme la différence entre les recettes d’exportation et les

dépenses d’importations. On distingue :

- La balance commerciale nominale:���� = ����� − ��� ���.

- La Balance commerciale réelle :��� = ��� −6�.����

��� = ��� − L���� = ��(8�,8� , L�),

décroissante en 8� (car une hausse stimule les importations) et croissante en 8� (car une

hausse stimules les exportations). L’effet de la compétitivité prix sur ���� est ambigu, car il y

a 2 effets contradictoires d’une hausse du taux de change réel :

1. un effet volume positif sur les exportations et négatif sur les importations (substitution

entre les productions importées et les productions domestiques) � ∆+BTt (le solde

commercial s’améliore).

2. un effet terme de l’échange: renchérissement des importations par rapport aux

exportations (un même volume d’importations vaut dorénavant plus en terme

d’exportations et, aux volumes commerciaux initiaux, cette détérioration des termes de

l’échange pour l’économie domestique est défavorable à���). � ∆-BTt

Un gain de compétitivité n’améliore BT que si l’effet sur les volumes d’exportation et d’importation

> effet du renchérissement. Formellement :

��7��8� , 8� , L�� > 0

Cette condition (qu’on appelle la condition de Marshall-Lerner) peut se réécrire comme ceci :

��7��8� , 8� , L�� > 0 ↔���L����

M68.7 + |M2 .7| > 1, $ù

- M68.7 ��,%�. M2 .7� =

éC7%� 5 �é@,%,O�$��7� $B%��,%�. A�$��7� $B%�7DO�7DO@,5ℎ7BF,�é,C � M68.7 = 7�68�

.968�97�

> 0

� M2 .7 = 7�2 �

.92 �

97�< 0

En mots : une hausse du taux de change réel n’augmente la balance commerciale que si la somme

pondérée des valeurs absolues des élasticités des demandes d’exportations et d’importations (=

somme des effets volumes) est supérieure à 1.

Sauf précision contraire, la condition Marshall-Lerner sera supposée satisfaite dans la suite du cours,

donc on supposera qu’une hausse du taux de change réel fait augmenter la balance commerciale.

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54 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

6.3. Le marché des changes

6.3.1. Balance globale et situation du marché des changes Balance globale (����) = le solde de la balance courante et de la balance des capitaux avant

interventions de la banque centrale: ���� = ���� + � ���

Dans une configuration à deux pays avec deux monnaies différentes, ce solde indique aussi la

situation du marché des changes avant intervention de la banque centrale sur ce marché, puisque

toute transaction enregistrée provoque une conversion d’une monnaie à l’autre (le pays qui vend des

biens est payé dans la monnaie du pays acheteur, et va convertir cet argent dans sa propre

monnaie).

Puisque

- ���� représente la demande nette de monnaie domestique sur le marché des changes du fait

de l’échange international de biens, services, des revenus primaires et de transferts;

- � ��� représente la demande nette de monnaie domestique sur le marché des changes du

fait des mouvements de capitaux.

���� = ���� + � ��� donne donc la demande nette pour la monnaie nationale sur le marché des

changes, toutes transactions confondues.

- ���� > 0 ≡ excès de demande de la monnaie domestique sur le marché des changes

(l’économie domestique a vendu plus de biens et services et/ou d’actifs financiers au RDM

qu’elle lui en a acheté, il y a donc plus de demande de conversion de la devise étrangère vers

la monnaie domestique que de demande pour la conversion en sens contraire).

- ���� < 0 ≡ excès d’offre de la monnaie domestique sur le marché des changes.

6.3.2. BG et le régime de change

a) Taux de change fixe

Dans un régime de change fixe, l’équilibre du marché des changes n’est pas assuré par les

mouvements du taux de change, il n’y a donc pas d’ajustement de taux de change :

- qui garantirait que les demandes de conversion monétaire dans un sens équilibrent

exactement les demandes de conversion monétaire dans l’autre sens

- et aucun mécanisme de marché qui garantirait que ���� = ���� + � ��� = 0.

Les déséquilibres possibles donnent lieu à des interventions compensatoires de la banque centrale

sous la forme de variations de réserves de change (∆�.� ≠ 0).

Ainsi,

- si ���� > 0, la BC doit éliminer cette excès de demande en achetant des devises et en

vendant la monnaie domestique

∆�.� = ��� > 0

- si ���� < 0, la BC doit éliminer l’excès d’offre en vendant des devises contre de la monnaie

domestique.

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55 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

∆�.� = ��� < 0

En résumé, en taux de change fixe, l’équilibre de la balance des paiements (���� = 0) n’est garanti

qu’au prix d’un financement monétaire des déséquilibres de balance globale (∆�.� = ���) de sorte

que ���� = ���� + � ��� − ∆�.� = 0.

b) Taux de change flexible pur

Dans un régime de change flexible pur, il n’y a pas d’intervention de la banque centrale sur le

marché des changes et donc pas de financement monétaire de la balance des paiements (∆�.� = 0).

La flexibilité des taux de change assure l’équilibre du marché des changes et, ainsi, l’équilibre de la

balance globale. En effet, les demandes de conversions monétaires dans un sens compensent

exactement les demandes de conversion monétaire dans l’autre sens.

���� = ���� + � ��� = 0

c) En union monétaire

Ici, comme dans le cas des taux de changes fixes, aucun ajustement de taux de change ne garantit

l’équilibre de la balance globale d’un membre par rapport au reste de l’union monétaire. Cependant,

la différence avec le cas des taux de changes fixes réside en cela que ���� ≠ 0 ne provoque pas de

demande de conversion monétaire dans un sens ou dans l’autre (puisque la monnaie est la même).

Toutefois, comme dans le taux de change fixe, le déficit de balance globale doit être compensé. On

utilisera cependant un mécanisme différent : c’est la Banque Centrale qui fournira les liquidités

manquantes (ou qui absorbera les liquidités excédentaires) aux intermédiaires financiers

domestiques pour financer les parties du compte courant non financés par l’extérieur.

Exemple de l’Espagne : L'Espagne a un déficit de balance courante mais qui depuis 2007, ne bénéficie plus d'entrées de capitaux étrangers suffisantes pour combler ce déficit du compte courant: il y a donc un déficit de balance globale qui traduit précisément le montant de capitaux étrangers manquant pour le financement de l'intégralité déficit du compte courant. Ce déficit de balance globale n'est possible que parce que le manque de capitaux étrangers a été compensé par un apport de liquidités de la banque centrale domestique. Concrètent, les liquidités manquantes pour financer l'intégralité des dépenses apparaissant au compte courant sont apportées par la Banque Centrale aux intermédiaires financiers domestiques (plutôt qu'être apportées par des non résidents). Cette création monétaire est utilisée par les intermédiaires financiers pour octroyer les crédits nécessaires au financement de la partie des transactions courantes que le pays n'aurait pas pu financer avec les apports de capitaux étrangers. La monnaie ainsi créée par l'autorité monétaire locale (espagnole dans le présent cas) sert donc à payer les dépenses du compte courant non financées par l'extérieur et est donc in fine envoyée dans les autres pays européens envers lesquels l'Espagne a son déficit de balance courante (par exemple, l'Allemagne).

6.4. Mobilité du capital, taux d’intérêt et régime de change

Nous supposerons qu’il y a

- 2 actifs monétaires (les monnaies domestiques et étrangères)

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56 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

- 2 actifs financiers qui rapportent un taux d’intérêt nominal positif (les obligations

domestiques et étrangères).

6.4.1. Implication de la mobilité internationale parfaite des capitaux financiers avec parfaite substituabilité des actifs domestiques et étrangers

Dans un premier temps, on suppose :

- Mobilité parfaite (les capitaux sont libres d’aller d’un pays à l’autre).

- Les obligations domestiques et étrangères sont des substituts parfaits (même risque)

- Les agents achètent les obligations qui offrent à leurs yeux le meilleur rendement (qui

motivent les mouvements de capitaux).

Pour qu’il y ait des agents prêts à détenir des titres dans les différentes devises, il faut que les

rendements ex-ante de ceux-ci soient identiques, car si ce n’était pas le cas, il y aurait des

mouvements importants vers l’étranger ou vers le marché domestique. Cela implique la condition

d’arbitrage suivante:

1€ investi à domicile = 1€ investi en monnaie étrangère

�1 + ��� =1�� �1 + �� �. ���%

Où :

- �� = le taux de change en vigueur en t

- ���% = l’anticipation en t le taux de change futur en t + 1.

A gauche, on a ce que sera devenu en t+1 notre euro investi sur le marché financier domestique. A

droite, on a ce qu’on peut attendre du placement de notre euro sur le marché financier étranger.

Il faut que les deux placements apparaissent comme des substituts parfaits et qu’ils offrent le même

rendement attendu, sinon les gens achètent massivement notre monnaie pour investir dans notre

économie domestique,�� diminue, ce qui va faire augmenter le terme de droite et rétablir l’équilibre

(ou vice-versa). Ceci nous donne la condition de parité du taux d’intérêt (PTI), qui s’écrit :

�� ≅ �� .���%�� +

���% − ����

Cette condition montre qu’il y a une relation étroite entre taux d’intérêt domestique et étranger

lorsque la mobilité des capitaux est parfaite. En effet, l’écart éventuel de taux d’intérêt entre les

placements dans les deux devises (il y a généralement un écart ; le taux d’intérêt américain n’est pas

le même que le taux européen,…) doit compenser une anticipation d’appréciation ou de dépréciation

d’une des deux devises par rapport à l’autre.

Plus généralement, les placements dans la monnaie dont on anticipe qu’elle va se déprécier doivent

offrir un taux d’intérêt supérieur. Ce différenciel de taux compensera la perte de capital résultant de

la perte anticipée de valeur de cette monnaie par rapport à l’autre.

�� > �� ↔ ���% > �� (et inversément)

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57 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

De ce fait, sans changement attendu de parité entre les devises, la PTI impose l’égalité des taux

d’intérêt (entre placements étrangers et domestiques de mêmes risques).

� ���% = �� alors �� = ��

Avec une mobilité impossible des capitaux, il n’y a pas de lien entre �� et �� . En cas de mobilité

imparfaite, le lien existe mais est limité. Dans ce cas, l’écart entre ce que rapporte un placement

étranger par rapport à un placement domestique va orienter le sens des mouvements de capitaux.

6.4.2. Mobilité internationale parfaite des capitaux financiers avec Imparfaite substituabilité des actifs domestiques et étrangers

Si les titres étrangers et domestiques ne présentent pas le même risque, la PTI ne tiendra pas sous sa

forme précédente, puisque des agents averses au risque réclameront en effet une prime de risque PR

pour accepter de détenir l’actif le plus risqué des deux (par exemple, malgré qu’ils aient la même

monnaie, les taux d’intérêt allemands sont bien plus bas que les taux d’intérêt grecs, car on craint

que la Grèce ne soit plus solvable ou sorte de l’euro).

On aura alors une condition de type :

�1 + ��� =1�� �1 + �� ����% + ���

Où ��� est positive si l’actif domestique est le plus risqué et négative sinon. Remarques:

- Dans un système de change fixe (ou dans une zone monétaire) les actifs domestiques et

étrangers ne sont pas des substituts parfaits (exemple zone euro) on a maintenant �� = �� + ���

Comme on peut le voir, après la crise de 2008, certaines économies sont sorties plus fragilisées, et il

fallait des primes de risques pour compenser le risque de défaut de solvabilité de certaines

économies, alors qu’il n’y a pas de fluctuations de change à anticiper.

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58 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

A prime de risque constante, les choses ne sont toutefois pas très différentes qu’en l’absence d’un

différentiel de risque: un écart de taux d’intérêt supérieur à la prime de risque reflètera une

anticipation de dépréciation d’une monnaie par rapport à l’autre.

6.4.3. Mobilité internationale imparfaite des capitaux financiers Si les capitaux ne sont qu’imparfaitement mobiles, les écarts de taux d’intérêt engendreront des

mouvements de capitaux plus faibles que si les capitaux étaient parfaitement mobiles (et d’autant

plus faibles que les obstacles à la mobilité sont grands). Dès lors, la condition d’arbitrage qui sous-

tend la validité de PTI ne tient plus : plus il y a d’obstacles, moins PTI est valable.

Formellement, SFA (sub-financial account), qui mesure les entrées nettes de capitaux, s’écrira :

� ��� = P(1 + ��1 + �� . �����% )

Où la fonction P(. ) est une fonction croissante de l’écart entre la rémunération d’un placement

domestique 1 + �� et la rémunération d’un placement à l’étranger 1 + �� .6����

6�. Elle a une

élasticité d’autant plus grande (resp. faible) que la mobilité internationale du capital est grande (resp.

faible).

� Quand la mobilité est nulle, l’élasticité de P(. ) l’est aussi puisqu’il n’y a aucun impact des

écarts de taux d’intérêt sur les mouvements des capitaux.

� Quand la mobilité est parfaite, l’élasticité de P(. ) est infiniment grande, puisqu’une

autre valeur que celle donnée par PTI engendrerait des mouvements illimités de capitaux

dans un sens ou dans l’autre de sorte que PTI doit tenir.

7. Chapitre VII – le modèle IS-MP en économie ouverte

7.1. Le cadre du modèle IS-MP en petite économie ouverte

7.1.1. Les marchés et les hypothèses d’IS-MP On ajoute maintenant 1 marché aux 4 déjà présents dans le chapitre 5 (à savoir les biens, le travail, la

monnaie, les actifs financier) : le marché des changes.

On considère les hypothèses de l’équilibre keynésien satisfaites (au prix et salaires en vigueur, les

entreprises peuvent répondre à toute demande supplémentaire pour leur production et n’ont pas de

difficultés d’embauche).

7.1.2. Hypothèses de petite économie ouverte Puisque l’économie est petite, les évolutions domestiques n’ont aucun impact significatif sur les

évolutions à l’étranger. En particulier, l’activité mondiale8� , et le taux d’intérêt mondial��� ,

s’imposent comme tels à notre économie.

7.1.3. Mobilité des capitaux et substituabilité entre titres domestiques et étrangers. Nous allons analyser 3 types de modèles :

- Parfaite mobilité des capitales et parfaite substituabilités entre les actifs financiers � la PTI

s’applique.

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59 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

- Parfaite mobilité des capitaux, mais actifs financiers domestiques et étrangers non

parfaitement substituables � la PTI s’applique avec une prime de risque.

- Imparfaite mobilité des capitaux � la PTI ne s’applique plus.

7.2. La relation IS en économie ouverte

7.2.1. Équilibre keynésien du marché des biens (et du marché du travail) Aux prix et salaires en vigueur, le niveau d’activité d’équilibre du marché des biens est le niveau de la

demande pour la production nationale (le carnet de commande des entreprises) est principalement

influencée par :

- le taux d’intérêt nominal ��

- le degré de compétitivité prix L�, qui découle de 6�.����

(cf chapitre 6).

Formellement,

8� = 8�� = �� + �� + �� + ��� ↔ 8� = �� + ��' + ��8� , ���, … � + ��'8�� , L�( − L� . ��(8� , L�)

Où on considère ��et ��' comme exogène et ��8� , ���, … � sont les composantes endogènes de la

demande intérieure. Comme dans le chapitre 5, cette équation détermine la demande de travail et

de biens.

7.2.2. Impact d’un choc de demande à taux d’intérêt donné ; Comme une partie de la demande globale porte sur des biens étrangers, l’effet multiplicateur associé

à un choc de demande est moindre en économie ouverte qu’en économie fermée. En effet, le fait

que l’économie ait tendance à importer une partie de sa consommation (propension marginale à

importer IM’Y) amortit donc l’effet multiplicateur associé à un choc de demande.

1

1 − ��$� + �$� + �$� � + L���$��������������������

é�:�:��!:)-!��!

<1

1 − ��$� + �$� + �$� ��������������é�:�:��!"!��é!

Concrètement, une hausse de la demande globale stimulera d’autant moins la production nationale

que la propension à importer de l’économie est grande.

Cas d’un multiplicateur < 1

Si la propension marginale à importer est assez grande, le multiplicateur peut même être inférieur à

1. Ce sera le cas dans une petite économie très ouverte comme la Belgique (un pays est

généralement d’autant plus ouvert qu’il est de petite taille). Examinons à quelle condition cela

pourra être le cas :

1

1 − ��$� + �$� + �$� � + L���$� < 1

↔ ��$� + �$� + �$� � < L���$�

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60 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

En mots, si l’effet d’entrainement de l’activité domestique sur les importations est plus fort que

l’effet de l’activité sur les autres composants de la demande (consommations finales et

l’investissement), alors un choc sur l’économie domestique verra son impact initial amoindri.

Rôle de la compétitivité prix de l’économie domestique

L’impact global d’une hausse de la compétitivité prix de l’économie sera donné par

@8� = ���7� − L���7� − �������������������

;&��

. @L� + (�$� + �$� + �$� − L���$� ). @L��������������������!""!�����)���

Donc,

@8� =1

1 − �$� − �$� − �$� + L���$� . ��7� . @L�

Selon que la condition de Marshall-Lerner, soit satisfaite ou non (c'est à dire que ��7� soit positif ou

négatif), une amélioration de la compétivité améliorera ou détériorera l’activité réelle. Puisqu’on a

émis l’hypothèse qu’elle était toujours respectée, une hausse de la compétitivité prix aura un impact

positif sur l’activité économique.

7.2.3. Impact taux d’intérêt sur l’activité d’équilibre On observe le même mécanisme qu’en économie fermée, c'est à dire que le taux d’intérêt a un

impact négatif sur la consommation et l’investissement et donc sur l’activité globalement.

Cependant, la sensibilité de l’activité domestique au taux d’intérêt (la pente de IS) est d’autant plus

faible que la propension marginale à importer (��$� ) est élevée, puisque une partie du choc de

demande va porter sur des biens étrangers.

Algébriquement, à taux de change donné :

@8� = '������ + ������ + �����

� (. @����������������������!""!������%+

+ (�$� + �$� + �$� ). @8� − L���$�@8����������������������!""!�����)���

Donc,

@8�@��� =1

1 − �$� − L���$

� . Q������ + ������ + ������ Q�������������������������é�:�:��!:)-!��!

<1

1 − �$� . Q������ + ������ + �����

� Q�������������������é�:�:��!"!��é!

IS est donc moins sensible au taux d’intérêt. Donc dans l’espace(8�; ���), IS est plus verticale.

7.3. IS-MP en taux de change fixe

7.3.1. Une petite économie avec parfaite mobilité des capitaux Au taux de change �=, l’économie est décrite par les relations :

1. Le marché des biens est décrit par IS.

2. Le marché des changes est fixé (���% = �=) et la mobilité parfaite des capitaux impose la PTI

sous la forme �� = �� (car sans ça, tous les capitaux s’envoleraient vers les taux les plus

bas, voir chapitre 6)

En termes réels (sur base du taux d’inflation domestique) : ��� = ���

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61 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

3. La sphère monétaire et financière domestique est toujours décrite par MP, sauf qu’en

économie ouverte, MP doit être compatible avec la PTI (taux d’intérêt fixe).

4. L’équilibre du marché des changes réclame d’éventuelles interventions de la banque

centrale sur le marché des changes: ���� = ∆�.� ou, en termes réels,��� = (∆�.�)/��. 5. Les marché du travail s’ajuste automatiquement pour satisfaire la demande de biens, 8�.

Où on remarque que :

- En taux de change fixe, la parfaite mobilité des capitaux impose que le petit pays adapte son

taux d’intérêt aux taux de RDM: ���∗ = ��� . La relation MP est donc horizontale, puisque le

taux d’intérêt reste le même quel que soit le niveau d’activité.

- Le niveau d’activité d’équilibre 8�∗ est donné par la relation IS, qui détermine le niveau de la

demande globale pour la production nationale (avec tout le reste fixé, c'est à dire �̅�� , L̅�et �=�). Considérons les 6 scénarios caractéristiques suivants :

a) L’impossibilité d’une politique monétaire autonome

En taux de change fixe (���% = �� = �=�) et en petite économie ouverte, la banque centrale est

obligée de faire en sorte que le taux d’intérêt domestique soit le même que le taux d’intérêt du

RDM, c'est à dire ��� = ��� . Dès lors, MP se confond avec PTI.

Sans cela, on aura des mouvements ininterrompus de capitaux dans un sens ou dans l’autre, qui

déséquilibreront le marché des changes et rendront insoutenable le maintien du taux de change fixe.

De ce fait, la BC renonce à utiliser l’outil des taux d’intérêts pour influencer l’activité, elle doit

adopter le taux d’intérêt de la banque centrale du pays avec lequel elle souhaite maintenir la parité

de sa monnaie fixe. Sa seule liberté est choix du niveau de taux de change à défendre.

Réinterprétation du résultat dans le cas d’un pays membre d’une zone à monnaie unique (soit les

pays de la zone Euro, ou chaque état des USA)

On peut voir la Monnaie unique comme un cas extrême de taux de change fixe où plus aucun

changement de parité interne à la zone n’est possible. Au sein de la zone, le taux d’intérêt doit être le

même partout (à une prime de risque près).

On se trouve dans le même cas que celui qu’on vient d’analyser : chaque membre de la zone perd le

contrôle de sa politique monétaire et n’a donc plus aucune autonomie en matière de taux d’intérêt.

Du coup, il n’y a pas de politique monétaire locale possible car les états n’ont pas prise sur PTI

puisque le niveau du taux est décidé par une autorité “au-dessus” des états membres.

o Cela ne change rien pour un petit pays comme la Belgique (qui dans tous les cas doit

adopter les mêmes taux que dans les économies alentours), qui a même “un peu

plus” son mot à dire qu’avant si elle participe aux choix de la Banque Centrale

Européenne.

o Par contre, cela peut changer beaucoup pour un grand comme l’Allemagne, qui perd

une grande partie de son autonomie.

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62 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

b) L’efficacité de la politique budgétaire

L’exemple du cas d’investissements publics financés par emprunt

Si l’Etat décide de lancer une politique qui stimulera la demande nationale, cela aura pour effet de

déplacer IS vers la droite. Face à cela la BC, contrainte par la PTI, devra faire en sorte que cette

stimulation ne produise aucune variation de taux d’intérêt. Dès lors, il n’y aura pas de frein

budgétaire pour contrer cette hausse de l’activité. Cependant, il y a deux désavantages (quand

même, sinon ce serait trop beau) :

- L’efficacité de la politique est limitée par la propension marginale à importer, ��$� , de

l’économie puisqu’une partie de la demande se tournera vers l’extérieur). @8�@��'=== =1

1 − �$� + L���$

� > 0

- La balance commerciale de l’économie se détériore, puisque la hausse de l’activité

domestique stimule les importations.

@���@��'=== =@���@8� .

@8�@��'=== = −L���7� .

@8�@��'===

Investissements publics dans le cas d’un Etat membre d’une zone monétaire

Comme en taux fixe, il n’y a pas de hausse du taux d’intérêt pour freiner la hausse de l’activité, un

Etat de petite taille par rapport au reste de la zone subira un faible impact des politiques de

demande isolées.

Par contre, les politiques de demande coordonnées au niveau de l’ensemble de la zone ont un

impact plus significatif. Dans ce cas, dans chaque pays subit :

- Un choc sur G, �'

- Un choc sur EX via 8 (découlant des politiques budgétaires des autres membres (chocs sur � , �' )).

c) Efficacité de la politique de change

Comme nous l’avons dit plus haut, la seule liberté de la BC est le choix du taux de change qu’elle veut

défendre. Elle peut donc entreprendre :

- Une dévaluation � baisse de la valeur de la monnaie � ∆+�=

- Une réévaluation � hausse de la valeur de la monnaie � ∆-�=

Dévaluation en petite économie

Lorsque le pays est très endetté vis-à-vis de RDM, et qu’il connait des déficits répétés de sa balance

commerciale, la politique de change peut être une solution. En effet une dévaluation de la monnaie

� amélioration de la compétitivité � appréciation de l’export et dépréciation de l’import � effet

positif sur la balance globale (si la condition M-L est respectée). Ceci aura pour effet de déplacer IS

vers la droite et d’ainsi stimuler l’activité. Analytiquement :

USL-B ECGE 2eme bac Macroéconomie – Synthèse Samuel Desguin

63 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

D’où :

De nouveau, la hausse est d’autant plus positive qu’il n’y a pas de frein monétaire (pas de hausse de

taux d’intérêt) pour limiter l’effet expansionniste de la mesure. En effet :

@���@�� = ��7� . �� �� − L���$� .@8�@�� > 0

Ceci n’est cependant valable qu’à court terme. Nous verrons dans le prochain chapitre l’effet à

moyen terme de cette hausse des prix induit par une dévaluation de la monnaie.

Deux remarques supplémentaires :

- Il faut faire attention à la monnaie dans laquelle le pays est endetté. S’il est endetté dans sa

monnaie domestique, une dévaluation n’aura aucun effet sur l’endettement. Dans le cas

contraire, une dévaluation alourdira la charge de la dette puisqu’elle sera « plus chère » en

termes de monnaie domestique, ce qui atténuera l’effet positif qui découle du gain de

compétitivité.

- Si la dévaluation est anticipée, la PTI est modifié puisque les gens perçoivent un risque de

change pour le placement de leur monnaie. Les placements domestiques doivent offrir une

meilleure rémunération pour que les gens continuent à investir : on s’écarte de la PTI

(déplacement de la PTI vers le haut). Si tout va bien, la dévaluation calmera les esprits et le

taux d’intérêt reviendra au niveau international (ce qui est un effet positif supplémentaire

pour l’activité).

d) Sensibilité de l’activité domestique à la conjoncture internationale

Une variation de l’activité mondiale,@8� , influence dans le même sens sur l’activité domestique et

la balance commerciale, d’autant plus si la sensibilité des exportations à l’activité mondiale est

grande : les exportations stimulent la demande pour la production nationale et donc l’activité.

D’où

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64 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Encore une fois, il n’y a pas de frein monétaire pour contrecarrer l’effet expansionniste du choc,

puisque la BC est contrainte par la PTI. La balance commerciale, elle aussi, bénéficie du choc :

e) Implications d’un risque de crédit sur les actifs financiers dom. ou

étrangers

Comme nous l’avons vu dans le chapitre 6, la PTI incorpore une éventuelle prime de risque entre les

pays (��� ≡ �� ≅ �� + ���). Dès qu’une prime de risque apparait dans un pays, la BC est

obligée de faire monter les taux d’intérêt, sinon une fuite de capitaux vers RDM déséquilibrerait le

marché des changes (ce que la BC ne pourrait tenir sans épuiser ses réserves officielles).

Cette hausse de taux d’intérêt doit être équivalente à la prime de risque, puis arrêter les fuites de

capitaux.

� Déplacement vers le haut de la PTI

� Impact négatif de la hausse de taux sur les composantes de la demande intérieure et

l’activité.

f) Incidence d’une dépréciation (ou appréciation) anticipée de la monnaie

domestique

Si les agents économiques (parce qu’ils ont embauché des super-économistes) parviennent à

anticiper un ajustement de la parité entre deux monnaies liées par taux de change fixe, il faudra

également rajouter une prime de risque dans la PTI pour rester attractif afin d’éviter les fuites de

capitaux. Cette augmentation doit être équivalente à l’appréciation ou dépréciation anticipée :

De nouveau, la hausse de taux d’intérêt pénalise les composantes de la demande qui y sont

sensibles.

7.3.2. Incidence de l’imparfaite mobilité des capitaux Lorsqu’existent certains obstacles à la mobilité des capitaux, l’arbitrage instantané (entre placements

domestiques et étrangers) qui sous-tend la PTI n’est plus possible.

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65 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Un écart entre �� et �� pourra donc subsister d’autant plus facilement que les obstacles à la

mobilité des capitaux sont grands, MP s’écarte donc de PTI car la BC retrouve une autonomie du

choix des taux d’intérêt domestiques. En cas d’immobilité totale, �� est indépendant de ��

comme dans une économie fermée.

Implications

Les pressions sur le taux d’intérêt domestique font moins bouger les capitaux et ne réclament pas

autant d’interventions de la banque centrale sur le marché des changes. D’où:

1. Efficacité (temporaire) de la politique monétaire liée à la possibilité de manipuler le taux

d’intérêt domestique.

2. Efficacité atténuée d’une politique budgétaire expansionniste

a. Le frein monétaire plus fort quand les capitaux sont peu mobiles;

b. La politique budgétaire est donc d’autant moins efficace que les capitaux sont peu

mobiles.

3. Sensibilité atténuée de l’économie domestique à la conjoncture internationale (idem qu’en 2

ci-dessus).

Cependant, une telle politique autonome de la BC n’est pas soutenable dans le long terme, car :

- Si un écart persiste entre le taux d’intérêt domestique et mondial, les capitaux fuient

(lentement mais surement), et le compte financer est en déficit chronique (SFA < 0).

- Le taux d’intérêt plus bas a provoqué une hausse de l’activité, ce qui a fait monter les

importations et a détérioré la balance courante, ce qui a encore plus aggravé le déficit de

balance courante.

Résumé :

Avec une économie petite, un taux d’intérêt fixe et une mobilité parfaite des capitaux :

- La banque centrale n’a pas d’autonomie en politique monétaire.

- Une augmentation d’IS par une politique budgétaire expansionniste aura une certaine

efficacité, puisque MP ne bouge pas. Cette efficacité est toutefois limitée, puisqu’une partie

de la demande se tournera vers la production extérieure, d’autant plus si ��$� est élevé.

- L’économie domestique est sensible à l’activité étrangère.

- Efficacité de la politique de change (choix de E) liée à la condition de Marshall-Lerher.

Alors, si les capitaux sont peu mobiles, MP peut se détacher de la parité de taux d’intérêt puisque la

banque centrale de notre pays aura plus d’autonomie. Dans ce contexte :

- Une augmentation d’IS par une politique budgétaire expansionniste se heurtera à un frein

monétaire, puisqu’avec IS qui se déplace vers la droite, le point d’équilibre se déplacera vers

le haut le long de MP � moindre efficacité de la politique budgétaire qu’en mobilité parfaite.

- Une sensibilité moindre de l’économie domestique à l’activité étrangère.

- Efficacité moindre de la politique de change (choix de E) liée à la condition de Marshall-

Lerner.

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66 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

7.4. Le modèle IS-MP en taux de change flexible

On considère, par exemple, le cas d’une petite économie ouverte comme la Suisse ou du Danemark,

qui n’a pas la même monnaie que les pays alentours.

7.4.1. Equilibre avec parfaite mobilité des capitaux Maintenant que le taux de change est endogène (��choisi par la BC), et que la BC n’intervient pas sur

le marché des changes (∆�.� = 0), la BC a le comportement suivant :

�� ≡ ��� = �# + ��8� , … � Avec �$� > 0(MP est croissant).

Si la mobilité des capitaux est parfaite, il faut toutefois que la Parité de Taux d’Intérêt (PTI) soit

satisfaite (pour ne pas avoir de fuites de capitaux) :

��� ≡ 1 + �� = (1 + �� )���%��

Soit, en première approximation, �� ≅ �� +6���� 6�

6�

Le choix de la BC du taux d’intérêt aura donc des répercussions sur le taux de change de la monnaie,

puisque si i augmente, les capitaux étrangers entreront et feront chuter ��, c'est à dire apprécier la

monnaie domestique.

Considérons les 5 caractéristiques suivantes :

a) Fluctuations du taux de change nominal et endogénéité de IS

Les fluctuations de �� se répercute directement sur L� et donc sur le commerce et donc la demande

globale pour la production nationale. Si la condition de M-L est respectée, une dépréciation de la

monnaie nationale améliorera le solde de la balance commerciale, ce qui constitue un choc positif

sur IS (déplacement de la courbe IS vers la droite dans l’espace 8� , ���).

b) Rôle des anticipations de taux de change futur

Voici deux hypothèses à propos de la façon dont les gens forment leurs anticipations :

Anticipations myopes

Les agents économiques ajustent leur anticipation du taux de change au taux de change observé :

���% = �� Dans ce cas, la PTI impose :

�� = ��

Et, à ce nouveau taux d’intérêt, la relation MP détermine 8�∗, ce qui détermine L�∗(puisque ��∗

s’ajustera de façon à équilibrer le marché des changes après la modification du taux d’intérêt).

Anticipations exogène

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Les agents économiques anticipent le taux de change sans tenir compte des conditions économiques:

���% = �%====

� Une dépréciation présente crée l’anticipation d’une appréciation future

� Une appréciation présente crée l’anticipation d’une dépréciation future.

La valeur d’équilibre du taux de change est donc celle qui permettra à PTI, IS et MP de se croiser en

un seul point.

c) L’efficacité de la politique monétaire

Si la BC baisse les taux d’intérêt (c'est à dire qu’elle a une politique expansionniste, ce qui fait baisser

MP), cela provoquera une fuite de capitaux (comme quand on est en taux fixe).

� Par conséquent, le compte financier et la Balance Globale se détériorent, puisqu’il y a un

excès d’offre de monnaie domestique sur le marché des changes.

� Il y a une augmentation de la demande nette de monnaie étrangère, et donc une

dépréciation de la monnaie.

� Cela provoque une stimulation de la compétitivité prix de l’économie, de la demande

pour la production domestique et donc de l’activité.

Le début de l’histoire est toujours identique, mais il y a deux suites possibles, selon les

anticipations de taux de change (que nous avons expliquées dans le point précédent).

Cas d’une anticipation Myope : ���% = �� La différence de taux d’intérêt domestique n’est pas compensée par un taux de change, donc il doit

revenir au niveau du taux d’intérêt étranger pour éviter les fuites de capitaux (puisque les gens

n’anticipent pas une hausse future des taux).

� En cas de taux plus bas dans l’économie domestique (��� < ��� ), la monnaie doit se

déprécier suffisamment pour que l’activité domestique soit suffisamment stimulée (via

la hausse de compétitivité induite par la dépréciation, qui améliorera la balance

commerciale) pour faire disparaitre tout écart entre les taux domestiques et étrangers (la

BC augmentera alors les taux d’intérêts (par la relation MP) jusqu’à ce que ��� = ��� ).

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In fine, le mécanisme de transmission de la MP à l’activité passe exclusivement par l’ajustement de

taux de change.

Cas d’une anticipation exogène : ���% = �%====

La différence de taux d’intérêt domestique provoque moins de fuites des capitaux que dans le cas

précédent, puisque les gens anticipent un retour du taux de change au taux précédent.

� En cas de taux plus bas dans l’économie domestique (��� < ��� ),�� augmente, ��=== ��⁄

diminue et la PTI se déplace vers le bas (comme dans le scénario précédent), mais il y a

moins de fuites des capitaux parce que les gens s’attendent à une appréciation future de

la monnaie domestique, et donc à un gain en capital ultérieur grâce au taux de change.

� Le gain de compétitivité de l’économie domestique est donc plus faible et la stimulation

de IS est plus limitée (IS se déplace moins vers la droite).

� Puisqu’on peut se permettre de rester avec des taux d’intérêts plus bas qu’à l’étranger,

PTI est sous sa position initiale, et IS est plus à droite puisque la monnaie s’est dépréciée.

Le mécanisme de transmission de MP combine ici baisse de taux d’intérêt et dépréciation de la

monnaie domestique.

d) L’inefficacité de la politique budgétaire

Prenons le cas d’une politique budgétaire expansionniste (hausse directe des taux d’intérêt, ou

hausse de l’activité qui fait augmenter le taux d’intérêt)

- La demande globale augmente (IS vers la droite), et les capitaux entrent en masse

(amélioration de la balance des capitaux).

- Les demandes nettes de capitaux induisent une appréciation de la monnaie domestique et

une perte de compétitivité prix.

- Si la condition M-L est satisfaite, la perte de compétitivité provoque une baisse de la balance

commerciale

- Cela déprime la demande pour la production nationale, contraire à l’effet escompté. IS

amorce sont retour à la position initiale.

Jusqu’où ce mouvement de retour va-t-il aller ? Comme dans le point précédent, il y a deux suites

possibles pour l’histoire :

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Cas d’une anticipation Myope (ici, le « pire » des scénarios ») :���% = �� De nouveau, il faut tout faire pour que ��� revienne au niveau du taux étranger��� , car tant que le

taux d’intérêt est supérieur à celui du RDM, les capitaux continuent de rentrer et la monnaie

continue de se déprécier, ce qui annulera la politique budgétaire.

Le mouvement de retour va intégralement annuler la tentative de politique budgétaire.

Cas d’une anticipation exogène :���% = EE%

La hausse de �� provoque une anticipation d’une baisse future de��, c'est à dire une augmentation

de��=== ��⁄ , soit un déplacement de PTI vers le haut.

Par conséquent, les capitaux étrangers entrent moins qu’avec des anticipations myopes (puisqu’une

partie de la hausse des taux d’intérêt est justifiée par l’anticipation d’une dépréciation future), et la

monnaie s’apprécie donc moins.

Le commerce extérieur et donc l’activité économique sont donc moins pénalisés (le mouvement de

retour d’IS n’est que partiel).

L’efficacité d’une politique budgétaire expansionniste est donc minée par la perte de compétitivité

qu’elle engendre, mais elle garde une certaine efficacité.

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e) Un certain isolement à l’égard de la conjoncture économique extérieure

Comme nous l’avons vu, une récession à l’étranger (baisse de8� ) induit une dégradation des

exportations, donc du solde de la balance commerciale et sur IS.

- De plus, la baisse de demande induit une baisse du taux d’intérêt et donc une fuite des

capitaux.

- Cela entraîne une dépréciation de la monnaie domestique (donc une évolution favorable de ��), donc une augmentation de L�, qui compense la dégradation.

- Si la condition M-L est satisfaite, cet effet correcteur du mouvement de taux de change

amortir le choc négatif.

� Une économie en taux de change flexible est moins sensible à la conjoncture extérieure

qu’en taux de change fixe.

Deux suites possibles pour notre histoire :

Cas d’une anticipation Myope (le « pire » des scénarios ») : ���% = �� Si les agents n’anticipent rien, le taux d’intérêt domestique doit rester identique au taux étranger

pour éviter les fuites de capitaux. La dépréciation de la monnaie domestique se poursuit donc jusqu’à

ce que ce soit le cas.

Cette dépréciation aura lieu jusqu’à ce que la demande pour la production nationale retrouve son

niveau initial : le mouvement de retour de IS est total et l’économie n’est finalement pas impactée

par ∆8 .

Nuance : la petite économie ouverte n’est isolée des fluctuations de la conjoncture internationale

que si les taux d’intérêts mondiaux ne changent pas. Dans le cas contraire, l’économie domestique

sera quand même affectée.

Cas d’une anticipation exogène :���% = EE%

Le mouvement de dépréciation (hausse de��) qui découle de la baisse du taux d’intérêt domestique

et de la baisse des exportations crée une anticipation d’appréciation de la monnaie domestique :

c'est à dire une diminution de��=== ��⁄ , soit un déplacement de PTI vers le bas. On peut se permettre

un taux d’intérêt domestique plus bas, car les agents économiques anticipent un gain en capital

ultérieur sur leurs actifs domestiques (grâce aux taux de change).

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La baisse de taux d’intérêts provoque donc moins de sorties de capitaux, la dépréciation est moins

forte, le mouvement de retour de IS n’est que partiel : l’économie garde une certaine sensibilité à 8

(mais évidemment moindre qu’en change fixe).

7.4.2. L’incidence de l’imparfaite mobilité des capitaux Moins les capitaux sont mobiles, et moins un choc qui tend à accroître l’écart international de taux

d’intérêt entraînera des mouvements de capitaux et donc un ajustement du taux de change : on

peut donc se permettre d’écarte le taux d’intérêt de la PTI.

Dès lors, on comprend qu’avec des capitaux moins mobiles:

- la politique monétaire est moins efficace (car le même changement monétaire entrainera

une dépréciation, donc une amélioration deL� d’autant moins forte qu’il y a des obstacles

aux mouvements de capitaux) ;

- la politique budgétaire est plus efficace (car moins de perte de L� provoquée par

l’appréciation de la monnaie domestique)

- En outre, l’économie est moins isolée de la conjoncture internationale (le taux de change

flexible isolera moins l’économie domestique).

7.5. Remarques à propos du choix du système de change (fixe ou flexible)

pour une petite économie ouverte

L’avantage d’un système de taux de change fixes est l’absence d’incertitude sur les fluctuations de

change, ce qui :

� Facilite la gestion des affaires internationales pour les entreprises, qui ne se soucient plus

des fluctuations de taux de change (pour l’export et l’import de matières premières).

� Permet à un pays d’abaisser le niveau de son taux d’intérêt, puisqu’il n’y a plus le risque

de change (baisse de la prime de risque).

Les inconvénients de ce système sont :

� La perte de l’autonomie en politique monétaire (néanmoins, ça peut être un avantage si

cela permet au pays de respecter une discipline monétaire, qu’elle ne pourrait pas

respecter seule).

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72 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

� L’augmentation de la sensibilité de l’économie domestique à la conjoncture

internationale (cf. ci-dessus).

� La perte du taux de change comme mécanisme auto-correcteur des déséquilibres

extérieurs. Si le taux de change peut fluctuer librement, un déficit de la balance courante

exercerait des pressions à la dépréciation de la monnaie domestique, ce qui constitue un

mécanisme auto-correcteur.

7.6. Le cas de grandes économies interdépendantes

Lorsque la taille de l’économie n’est pas négligeable par rapport au RDM (Allemagne par rapport à

l’Europe, Europe par rapport au monde), les évolutions domestiques ne sont plus négligeables sur le

RDM comme dans le cas des petites économies.

Nous allons étudier un modèle à deux pays (ou régions) a et b interdépendantes, qui satisfont les

hypothèses de validité du modèle IS-MP.

Il y a interdépendance, car à travers les échanges de biens et services, l’activité de chacun est

influencée par celle de l’autre. De plus, puisque les exportations de l’un sont les importations de

l’autre :

���% = −���* et���% = −���*

��% = − ��* et���% = −���*

Où on a les mécanismes d’interdépendance suivant :

Interdépendance des niveaux d’activité nationaux

Ces mouvements seront d’autant plus forts que les pays sont ouverts l’un à l’autre en matière de

commerce extérieur, c'est à dire que la propension marginale à importer est élevée.

Interdépendance des taux d’intérêts

A taux de change donné, toute fluctuation du taux d’intérêt d’une des économies exercera une

pression dans le même sens de l’autre économie, car celle-ci subira des mouvements de capitaux,

dont la raréfaction d fait aussi monter les taux d’intérêts.

Plus encore, si la mobilité des capitaux est parfaite, la PTI doit s’appliquer. En particulier, sans

anticipation d’appréciation ou de dépréciation d’une monnaie par rapport à l’autre,

%�� = *��

ou (en mesurant les taux réels sur base du taux d’inflation d’un des deux pays)

�%�� = �*��

7.6.1. En taux de change flexible

Pas d’interventions de la BC sur le marché des changes : ���% = −���* = 0et���% = − ��% = ��* = −���*

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73 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Politique budgétaire

Une politique budgétaire expansionniste financée par emprunt dans l’Etat a provoque :

a. ∆8% � hausse de la demande interne, et donc des importations du pays a � détérioration

de sa Balance Courante.

b. ∆8% � hausse des taux d’intérêts de a (puisque MPa est croissant) � entrée massive de

capitaux � amélioration de la Balance Courante, et adaptation du taux d’intérêt de b.

Les conséquences a. et b. ont un effet contraire sur la balance globale et donc sur le taux de change

entre les monnaies. Cependant, l’effet b. devrait l’emporter sur l’effet a. et impliquer une

appréciation de la monnaie du pays a. Cette perte de compétitivité de a atténuera les effets

expansionnistes de la relance budgétaire.

La politique budgétaire a donc une certaine efficacité dans le cas d’une grande économie, et a en

outre des effets expansionnistes dans l’autre économie.

Conjoncture internationale

Ce qu’on a vu juste en haut peut être appliqué à n’importe quel autre choc de demande d’origine

domestique : aucune des deux économies n’est parfaitement isolée de ce qui se passe dans l’autre !

Politique monétaire

Une OMO expansive en a provoque une chute du taux d’intérêt de a, ce qui a pour conséquence :

a. ∆ ��%� fuites de capitaux vers b � détérioration de la balance des capitaux de a, et chute

du taux d’intérêt de b (causé par la surabondance d’offre de capitaux).

b. ∆ ��%� hausse de l’activité de a et des importations � détérioration de la balance

courante de a.

Les conséquences a. et b. détériorent la balance globale de l’économie a, et donc le taux de change

entre les deux puisque la monnaie a se déprécie. Cependant, le gain de compétitivité qui en découle

atténue cet effet négatif sur l’économie a.

7.6.2. En taux de change fixe En taux de change fixe, la nature de la relation entre les pays dépend de la nature du régime de

change :

1. Change fixe défendu de façon unilatérale par la BC d’un seul des 2 pays (par exemple, la

Chine par rapport aux USA), qui veut lier sa monnaie à celle de l’autre. Dans ce cas de figure,

nous qualifierons d’hégémonique la banque centrale du pays qui ne se préoccupe pas de la

défense de la parité de la monnaie (dans notre exemple c’est la BC américaine qui est

hégémonique). Le pays suiveur, qui perd son autonomie monétaire, le fait parce qu’il a

quelque chose à gagner : maintien de la compétitivité prix, lutte contre l’inflation,

perspective de taux d’intérêts plus bas grâce à la disparition du risque de change…

2. Change fixe défendu de façon concertée par les banques centrales des deux pays.

On ne couvre ici que le cas 1 (qui a plus d’applications concrètes, simples et récentes).

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74 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

a) La politique monétaire

Le pays hégémonique est libre, et sa politique monétaire aura normalement les effets escomptés, en

plus d’imposer le choix au pays suiveur.

Le pays suiveur, lui, n’a pas d’autonomie (idem cas de la petite économie ouverte), puisque la BC a

une politique qui imite celle des pays qu’il suit.

b) Les politiques budgétaires et autres chocs intérieurs

Un choc sur IS (quelle qu’en soit l’origine) provoque stimule les importations et provoque une hausse

des taux d’intérêts.

- Si c’est le pays hégémonique a qui subit le choc, il y aura deux conséquences pour le pays

suiveur (imaginons le cas d’un choc positif de l’activité) :

o Hausse d’activité a � Hausse des imports a � hausse des exports b � Hausse de

l’activité b

o Hausse des taux d’intérêts de a � intervention du pays b sur le marché des changes :

la BC vend les devises � hausse du taux d’intérêt b � baisse de l’activité b

L’effet net pour le pays suiveur est indéterminé, à priori.

- Si c’est le pays suiveur b qui subit le choc, il y a aussi deux effet :

o Hausse d’activité b � Hausse des imports b � hausse des exports a � Hausse de

l’activité a.

o Hausse des taux d’intérêts de b � entrée de capitaux dans b � appréciation de la

monnaie b et raréfaction des capitaux dans a � baisse de compétitivité et hausse

des taux d’intérêts de a � baisse de l’activité a.

La BC de b doit donc intervenir (seule) pour empêcher cette hausse des taux

d’intérêts.

Le premier effet l’emporte en général sur le second, et la situation est donc profitable au

pays hégémonique.

En taux de change fixe, l’activité de chaque grand pays est sensible à la conjoncture de l’autre pays.

7.6.3. IS-MP en union monétaire La différence avec la situation de taux de change fixe est qu’il n’y a pas d’intervention de la BC de

chaque pays sur le marché des changes pour garder la parité de taux de change. La masse monétaire

émise par la BC de l’union se répartit nécessairement entre les Etats de la zone (la répartition est

endogène), le taux d’intérêt étant le même dans tous les états (à une prime de risque près).

Comme on va le voir, chaque pays est sensible à la conjoncture de l’autre :

Politique monétaire

Aucun des Etats membre n’a d’autonomie en matière monétaire. Par contre, la BC peut mettre en

œuvre des politiques monétaires efficaces pour toute la zone.

Politique budgétaire

La politique budgétaire (expansionniste) d’un Etat de la zone a :

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- Provoque un choc positif sur IS

- Stimule l’import de a � choc positif de l’activité pour les autres pays membres.

- Hausse des taux d’intérêts de la zone toute entière � choc négatif pour tous les pays

membres.

L’effet est positif pour l’économie a, mais incertain pour les autres pays (probablement positif pour

les pays fortement liés par le commerce avec a, et négatif pour les autres).

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76 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Partie IV – l’équilibre

macroéconomique de moyen terme

8. Chapitre VIII – Offre globale (OG) – Demande globale (DG) en

économie fermée Au moyen terme, on ne considère plus les prix et les salaires comme fixes. Cela implique que les

fonctions d’offre ne sont plus horizontales, mais reflètent le lien entre prix et salaires.

8.1. Du modèle IS – MP à la relation de demande globale.

Quel est l’effet d’une hausse du niveau général des prix sur la demande pour la production

nationale ?

L’équilibre IS-MP détermine un niveau de demande (et donc d’activité) pour la production nationale

à prix donné.

8.1.1. Niveau général des prix et demande globale Impact d’une variation des prix sur MP

Dans la relation MP, le taux d’intérêt est déterminé (positivement) par l’activité économique et

(positivement) par le taux d’inflation.

Donc, au même niveau d’activité, un durcissement de la politique monétaire, c'est à dire une hausse

des taux d’intérêts (réels), provoque une hausse du taux d’intérêt, ce qui a pour conséquence une

contraction de MP (déplacement vers le haut) et donc une chute de la demande pour la production

nationale (l’intersection entre IS et MP se déplace à gauche).

On appelle Demande Globale (DG) la relation entre le niveau d’activité d’équilibre du modèle IS-MP

et le niveau général des prix.

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77 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Impact d’une variation générale des prix sur IS

En économie fermée, IS ne dépend explicitement que de variables réelles. Une hausse du niveau

général des prix n’affectera la demande globale à taux d’intérêt donné si certaines variables réelles

sont affectées par cette hausse, c'est à dire si elles ne suivent pas l’évolution du niveau général des

prix (du fait par exemple de la non indexation des barèmes fiscaux).

Dans ce cas, une hausse des prix a un effet négatif sur certains déterminants de la demande et

pourra donc déprimer la valeur réelle de certaines dépenses, ce qui provoquera une contraction d’IS.

8.1.2. Déplacements de la courbe de demande globale En conséquence des 2 points précédents, on conclut qu’il y a un lien négatif entre �� et la demande

globale pour la production domestique. On envisage alors les 2 scénarios suivants :

- Déplacements le long de DG = variation du niveau de la demande globale résultant de la

seule variation du niveau général des prix et de ses effets induits sur les taux d’intérêt (c'est à

dire qu’en dehors de��, aucune des exogènes du modèle IS-MP n’est affectée).

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78 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

- Déplacement de la courbe de demande = variation du niveau de la demande générale à

niveau général des prix donné (à ��donné, il y a une variation d’une des variables exogènes

du modèle IS-MP). Par exemple, un choc positif sur IS, à prix donné :

Le mouvement de DG est le même pour une baisse des taux et donc de MP.

8.2. L’offre globale

Ici, on pose que le prix et les salaires en vigueur ne sont plus fixes mais choisis à l’issue d’un

processus décisionnel.

8.2.1. La formation des prix a) Technologie

À stock de capital productif fixe, la production domestique est réalisée grâce à une technologique

( �) avec rendements marginaux du travail décroissants :

8� = ��I�� = ��I�<7:,50 < S < 1

Où � (la technologie) associe un certain niveau d’emploi (I�) à un certain niveau d’activité (8�) via un

facteur de productivité totale fixée (��).

Comme on peut le voir, la productivité marginale du travail est positive mais décroissante dans le

niveau d’emploi :

���I�� =/8�/I� = S��I�<�

Telle que ���I�� > 0,� ����I�� < 0

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79 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

b) Formation des prix

Les entreprises fixent leur prix de façon à couvrir leur coût marginal de production, avec un éventuel

taux de margeT� ≥ 0.

�� ≡ �� = �1 + T�� U )� ���I��V = �1 + T�� U )�S��I�<�V

Où selon la valeur deT�, cette formulation est compatible avec :

- La présence de concurrence parfaite sur le marché des biens (T� = 0)

- La présence de concurrence imparfaite sur le marché des biens (CIB) (T� > 0)

2 scénarios peuvent mener à une hausse générale des prix :

- Si les salaires nominaux ()�) augmentent ou si la productivité marginale ( ��) chute (à cause

d’une augmentation de l’emploi, par exemple) � hausse des coûts de production.

- Si les entreprises augmentent le taux de marge (T�). Deux formulations alternatives de l’équation de PS peuvent mettre un élément en évidence :

- Lien entre salaire réel et la productivité marginale du travail :

�� ≡ ���I�� = (1 + T�))���

� Plus T� est grand, plus le salaire réel ��

��est petit.

- Lien entre salaire réel et emploi :

�� ≡ I� = W1 + T�S. ��.)��� X� <�⁄

� Plus le salaire est élevé, plus le taux d’emploi est réduit.

� Plus T� est grand, moins il y a une demande de travail à salaire réel donné. On peut

représenter la relation salaire/ demande de travail graphiquement :

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80 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

8.2.2. La formation des salaires Les salaires sont fixés dans le cadre d’une négociation collective. On retient trois déterminants de

l’accord salarial :

I. Effet positif du niveau général des prix Y�

Les travailleurs sont préoccupés par le pouvoir d’achat qui correspond à un salaire nominal )�, c'est

à dire le salaire réel ��

��. On a 2 mécanismes possibles, pour que les travailleurs conservent leur

pouvoir d’achat :

o Par un mécanisme d’indexation automatique des salaires (comme en Belgique).

o En ajustant les revendications en anticipant l’évolution des prix.

II. Effet négatif du taux de chômage Z�

Soit le taux de chômage : D� =��>���

= 1 −>���

. Où :

- D� : le taux de chômage

- �� : le nombre total de travailleurs (la population active)

- I� : le nombre de travailleurs qui ont un emploi

On sait qu’il y a une relation inverse entre le taux d’emploi et le salaire (voir 2.1) : il faut donc trouver

un compromis entre les deux.

Les revendications salariales sont d’autant moins exigeantes que la situation de l’emploi est

préoccupante. Le chômage a donc un effet négatif sur le salaire.

III. Effet positif de l’allocation de chômage[�.

La générosité du système d’indemnisation engendre :

- un effet de seuil dans les revendications salariales, puisque personne n’accepterait de

travailler pour un salaire inférieur à l’allocation de chômage. Ceci est représenté dans le

graphe (où l’horizontale est l’allocation de chômage) :

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81 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

- une modification de l’arbitrage des syndicats entre leurs priorités en termes de salaire et

d’emploi: les syndicats pourront revendiquer d’autant plus facilement des hausses de

salaires qu’ils jugent moins préoccupante la situation de ceux qui perdraient leur emploi.

Pour la formation des salaires, nous retiendrons l’équation suivante:

)� ≡ )� = )(��; D�; ��) = ��?\(D�)�� Rôle de ] :

- 0 ≤ ] ≤ 1 représente le degré d’ajustement des salaires nominaux aux prix :

o Lorsque ] = 0 pas d’ajustement (=rigidité nominale total des salaires) .

o Lorsque] = 1, l’indexation est parfaite, les variations de prix se répercutent

intégralement sur les salaires nominaux (aucune rigidité nominale).

o 0 ≤ ] ≤ 1 : situation intermédiaire.

o En Belgique, ] est automatisé via le système d’indexation ; il est donc élevé mais ne

vaut pas 1.

Rôle de \�D��: - \�D��est une fonction qui lie négativement taux de chômage et salaires, telle que\��D�� <

0.

Tel qu’on considère

- \�1� ≥ 1 (le salaire ne peut pas tomber sous l’allocation de chômage, même si celui-ci est

maximal)

- \�0� → ∞ (s’il n’y a aucun chômage, les revendications salariales augmentent sans limite)

- La convexité de \ mesure le degré d’ajustement des salaires au déséquilibre du marché du

travail. Plus elle est convexe, plus on se rapproche de la concurrence parfaite. Exemple :

\�D�� = 1 + D̂ 7:,5\ > 0

Ici, si ^ = 0 et ] = 1, alors notre courbe WS se confond avec l’offre de travail concurrentielle (courbe

en L inversé, ci-dessous). Sinon, on peut donc représenter la courbe WS ainsi (plus ^ et ] s’éloignent

de 0 et 1, plus la courbe WS s’éloigne de l’offre concurrentielle).

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82 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

8.2.3. L’offre globale OG Cette courbe lie l’offre de biens des entreprises 8� et le niveau des prix��, compte tenu des

comportements des agents économiques en matière de formation des prix et des salaires (selon les

règles WS et PS).

OG intègre une boucle Prix-Salaire (issue de la relation WS et PS), qui décrit le comportement des

entreprises avec 4 variables 8� , I��$DD��, �� ,�)� et 3 équations PS, WS et la technologie.

- Hausse des prix � hausse des salaires (par WS) � hausse des coûts de production (par PS)

� hausse des prix � …

Avec toutes ces variables, on peut exprimer OG de cette manière :

Rien compris ? Moi non plus. C’est pas grave.

8.2.3.1. Avec un marché du travail imparfaitement concurrentiel (OG

croissante)

Lorsque l’indexation des salaires est imparfaite (] < 1), OG définit une relation croissante entre �� et

l’offre des entreprises, car on a "Hausse des prix � hausse des salaires, mais proportionnellement

moins que les prix (donc diminution du salaire réel) � augmente la production rentable".

Analytiquement :

∆�� → ∆)�A7 %∆ _)� ��" ` → ∆8�,B�7aC,

OG est d’autant plus verticale :

- que b est grand car si la hausse de prix fait parfaitement augmenter les salaires, cela va se

répercuter sur les coûts de production, ce qui fera augmenter les prix.

- que c est grand, c'est à dire si \�D�� le salaire est sensible au taux d’emploi, car la hausse de

la demande des entreprise augmente l’emploi et baisse du chômage, ce qui fait monter les

salaires (ce mécanisme freine ∆8).

Graphiquement, on aura :

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83 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

8.2.3.2. Avec une formation concurrentielle des salaires (OG verticale)

Lorsque l’ajustement des salaires nominaux aux prix est parfait(] = 1), OG est indépendante de Pt.

Analytiquement :

∆�� = ∆)� ↔ ∆ _)� ��" ` = 0

Une hausse du niveau général de prix n’a alors aucun impact sur l’offre rentable des entreprises et

laisse donc cette offre inchangée.

8.3. Une économie avec parfaite flexibilité nominale des prix et des

salaires : les cas où OG est verticale

L’intérêt de la formulation des relations WS et PS est de couvrir un large éventail de configurations

possibles selon les caractéristiques de la formation des prix et salaires.

4 Configurations possibles:

I. CP concurrence parfaite partout (^ = 0, T� = 0)

II. CIB concurrence parfaite sur le marché du travail, concurrence imparfaite sur le marché

des biens (^ = 0, T� > 0)

III. CIT concurrence imparfaite sur le marché du travail, concurrence parfaite sur le marché

des biens (^ > 0, T� = 0)

IV. CIBT concurrence imparfaite sur les marché des biens et du travail (^, T� > 0)

Assez clairement, chacune des configurations a sa place sur le graphe suivant, où on a superposé WS

et PS. Sous celui-ci, l’output structurel, 8�∗, en fonction de ces configurations.

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84 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

8.3.1. L’output structurel et ses déterminants On analyse 3 types de déterminants de l’output structurel :

Output structurel et imperfections du marché

Quand OG est vertical (qu’il n’y a pas de rigidité nominale), l’ouput structurel dépend de la

configuration. Des 2 graphes ci-dessus, on retire les comparaisons suivantes du niveau d’activité, de

salaire et d’emploi (du chômage) (toujours lorsque l’offre de travail concurrentielle est verticale) :

I�2;& < I�2& < I�2; = I��

8�2;& < 8�2& < 8�2; = 8��

En mots, Y et L dépendent négativement deT� (donc une valeur élevée déplace PS vers le bas) et de ^� (dont une valeur élevée déplace WS vers de haut).

Par ailleurs,

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85 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

D�2;& > D�2& > D�2; = D�� = 0

()��� )�2;& < (

)��� )�2& , ()��� )�2; < (

)��� )��

��2;& > ��2& > ��2; = ���

Pour rigoler un peu, et mettre en pratique ces inégalités, voici l’équilibre IS-MP dans les différentes configurations possibles (si P n’a pas d’impact sur IS) :

(partir du graphe au milieu à gauche, pour terminer par le graphe MP).

Output structurel et travail

L’emploi et l’output structurels sont d’autant plus élevés (OG plus à droite) que :

� la productivité du travail (��) est grande (un niveau d’emploi génère plus plus d’output :

PS à droite)

� la population active (��) est grande (plus de monde : WS à droite)

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86 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Output structurel et Etat

L’emploi et l’output structurels sont d’autant plus faibles (OG plus à gauche) que :

� le système d’allocation de chômage (��) est généreuse (WS vers le haut)

� la fiscalité sur le travail (écart entre coût salarial pour les entreprises et salaire-poche ou

coin fiscal) est élevée.

On peut résumer les déterminants de l’output structurel de la manière suivante :

8�2;& = 8(�� , �����

; T�d

; ^d

; ��e

; 5$ B# %57C���������

)

Et du chômage structurel :

D�2;& = f(��d

; T�d

; ^d

; ��e

; 5$ B# %57C���������

)

NB: CIT et CIB cumulent leurs effets négatifs sur Y et L, mais ils ont des effets contraires sur les

salaires réels. L’effet combiné de CIB et CIT peut conduire les salaires réels au-dessus ou en dessous

des salaires réels de concurrence pure et parfaite (voir inégalité du salaire réel, ci-dessus).

8.3.2. L’inefficacité des politiques de demande Puisque OG est verticale, l’output et l’emploi structurel ne sont pas influencés par un choc de DG. Par

contre, DG influencera le niveau général des prix tel que��2;& > ��2& > ��2; = ���. DG n’a donc

qu’un effet nominal.

Cette petite histoire nous confirme l’inutilité des politiques de stimulation de la demande :

Pol. Budgétaire expansionniste � ∆+ IS et ∆+ DG � ∆+ MP � comme OG ne peut augmenter pour

répondre à la demande, les prix montent jusqu'à éviction totale des dépenses privées.

On peut faire la même histoire graphiquement, avec une politique monétaire expansionniste (MP

vers le bas).

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On voit que le choc monétaire déplace MP et stimule DG, mais la hausse induite des prix ramène MP

dans sa position initiale.

8.3.3. Création monétaire et inflation La neutralité monétaire

La monnaie est dite neutre lorsqu’une augmentation de la quantité de monnaie en circulation (c'est à

dire une politique expansionniste de la BC ou un assouplissement de sa politique budgétaire) :

- N’a aucun impact sur les variables économiques réelles (notamment activité et emploi).

- N’affecte que les prix et les variables nominales.

Dans ce cas, la conduite de la politique monétaire n’a que des effets inflationnistes, elle n’influence

pas l’output, ni l’emploi, ni le chômage,… On a vu cela dans le point précédent.

Analytiquement, on peut se rappeler une formule vue en première bac :

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88 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

���:� = ��8� Où ��� est la masse de monnaie en circulation et :� la vitesse de circulation de la monnaie. Donc, si :� est constante:

- Dans un monde où l’output structurel est à son maximum (8� ne change pas), une

augmentation de la masse monétaire crée inévitablement une augmentation de��, soit de

l’inflation.

- Si le taux de croissance du PIB nominal est égal au taux de croissance de la masse monétaire,

il n’y aura pas d’inflation (puisqu’il y a un besoin de plus de monnaie pour procéder à tous les

nouveaux échanges).

Donc, la croissance monétaire n’est génératrice d’inflation que si elle est excessive, c'est à dire si la

croissance monétaire est supérieure à la croissance de la valeur réelle des transactions économiques.

Notons qu’une variation de :� influencera également la demande de monnaie. En effet, si :� augmente, il faudra augmenter la masse monétaire pour que tous les échanges soient possibles, mais

cela ne créera pas d’inflation.

8.3.4. L’efficacité des politiques de soutien de l’offre Comme on l’a vu, si la production est à l’output structurel, ça ne sert à rien de créer de faire

augmenter la demande, car ça ne fera que créer de l’inflation. On va donc s’attaquer aux

déterminants de l’output structurel, c'est à dire aux déterminants de WS et PS.

Stimulation de PS

- Améliorer la productivité du travail (��) en soutenant l’innovation

technologique, l’investissement en capital productif et le capital humain (par l’éducation).

- Aller vers une situation de concurrence parfaite (réduireT�) par une politique de

concurrence sur le marché des biens.

- Diminuer le coût du travail (réduire le coin fiscal) par une subvention à l’emploi ou une

réduction des cotisations sociales.

Précaution: entre la mise en œuvre des ces politiques et leur influence sur PS est indéterminé ; il

peut être très long. De plus l’effet d’hystérèse (c'est à dire le fait que l’histoire et le contexte influe la

façon dont les mesure ont un impact) implique que certaines mesures prises aujourd'hui n’ont qu’un

impact limité alors qu’elles auraient été très importantes dans le passé (par exemple, la diminution

des cotisations sociales aurait eu un grand impact quand les entreprises ont délocalisé, il y a 20-30

ans, mais aujourd'hui, ça ne va pas les faire revenir).

Stimulation de WS (pour la faire se rapprocher de la courbe d’offre de travail concurrentiel).

- Réduire les rigidités réelles sur ce marché (réduire^) par une politique de flexibilisation du

marché du travail (comme M. Thatcher l’a fait en brisant les syndicats).

- Diminuer l’allocation de chômage (réduire Bt ou au moins son effet sur les salaires).

- Réduction des cotisations sociales et autres impôts sur le travail pour pouvoir diminuer le

prix de la main d’œuvre en gardant le même salaire-poche.

Stimulation de l’offre de travail (amener la population inactive vers le travail).

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89 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

8.4. Une économie avec rigidités nominales des salaires et imperfections

du marché du travail.

Lorsque0 < ] < 1(,�^ > 0), OG n’est plus verticale mais croissante. À l’extrême, lorsque les prix

et les salaires sont tout à faire rigides et donc fixes, on est dans la situation IS-MP, avec OG

horizontale.

Note : on examine ici le cas le plus réaliste d’une configuration CIBT (concurrence imparfaite du

marché des biens et du travail).

OG et DG jouent tous les deux un rôle actif dans la détermination de l’activité, de l’emploi et du

chômage, comme on peut l’observer :

Ici, on a la situation d’une économie où la demande globale est trop faible pour réaliser l’output

structurel (la verticale en pointillés). De même, il se peut que le niveau de la demande globale

pousse l’activité au-delà de l’output structurel.

Les modifications de OG comme DG ont à la fois des effets sur les prix et sur l’activité réelle et

l’emploi : ces chocs n’affectent pas l’output structurel de l’économie mais l’ampleur avec laquelle

l’output observé s’écarte de l’output structurel (idem pour le chômage structurel).

À partir de là, nous allons examiner une série de considérations :

1) Politique de soutien de la demande globale :

- Pression dans le même sens sur l’activité et les prix.

o Choc positif � effets expansionnistes et inflationnistes comme on le voit sur ce

graphique :

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90 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

o Choc négatif � effets récessifs et déflationnistes.

- Plus OG est horizontale (plus les rigidités nominales et réelles sont fortes), plus

o L’effet expansionniste/récessif sera fort

o L’effet inflationniste/déflationniste sera faible.

2) Politiques de soutien de l’offre globale :

- Pression en sens contraire sur l’activité et les prix

o Un choc d’offre positif a des effets expansionnistes et négatifs sur l’inflation :

o Un choc d’offre négatif a des effets récessifs et inflationnistes.

Note : on utilise moins les chocs de demande, à cause de leur effet inflationniste néfaste. C’est

particulièrement vrai si OG est verticale (],�^ élevés), car l’effet inflationniste sera plus grand avec

un choc de demande, et l’effet sur l’output et l’emploi sera plus grand avec un choc d’offre.

3) La pente d’OG dans le temps

Au plus le laps de temps étudié est long, au plus OG est verticale. À terme, les salaires finissent

toujours par suivre les prix, de telle façon que OG est verticale dans le long terme. Le redressement

d’OG au fur et à mesure de la disparition des rigidités nominales signifie aussi la réduction

progressive de l’efficacité des politiques de demande.

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91 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

Cependant, même si les politiques de demandes sont inefficaces à long terme, elles peuvent être

importantes à moyen et long terme, pour limiter les fluctuations conjoncturelles de l’activité et de

l’emploi liées aux fluctuations de la demande privée (C ou I), causée par exemple par une vague de

pessimisme. En effet, une politique monétaire expansionniste peut contrecarrer l’effet

autoréalisateur de la vague de pessimisme en limitant l’effet récessif.

Ces politiques peuvent donc limiter les fluctuations de l’activité et de l’emploi autours de leur output

structurel.

En 2008, dans un contexte de crise financière, la chute chronique de la demande privée a amené la demande globale dans une zone où l’offre était assez horizontale (les carnets de commandes des entreprises tellement vides qu’elles accepteraient volontiers de produire plus sans augmenter leurs prix). Là, sans politique de soutien de la demande, une perte de confiance des privés dans une économie décentralisée aurait eu des effets autoréalisateurs néfastes. C’est la raison des multiples plans de relance en 2008-2009 :

- Stimuler directement certains composants de la demande - Rétablir la confiance des agents.

À côté du cercle vicieux qui peut frapper la demande, l’offre aussi peut subir le même scénario : si

l’output observé est systématiquement sous l’output structurel, ce qui fragilise l’entreprise et peut

mener à la faillite. De plus, les « survivants » sont moins incités à investir dans leurs capacités de

production ou dans l’innovation, puisque leurs moyens actuels sont déjà excédentaires.

De plus, si le chômage est chroniquement sous son niveau structurel, les chômeurs de longue durée

peuvent voir leurs qualifications (leur capital humain) se détériorer, ce qui affecte leur productivité.

Dans ces cas, une politique de soutien de la demande peut donc s’avérer utile puisqu’elles

permettent de sortir d’une dynamique négative.

4) La politique monétaire comme instrument de lutte contre l’inflation

Comme on l’a vu, les tensions inflationnistes peuvent découler d’une pression de la demande

agrégée (surtout si on approche de l’output structurel, ou qu’on le dépasse), ou d’un choc d’offre

négatif. Face à cela, un durcissement de la politique monétaire contracte DG, ce qui réduit les

tensions inflationnistes.

5) Compromis entre inflation et chômage ?

Ce qu’on a vu au point 3) laisse entrevoir cette relation court terme : niveau général des prix (et donc

d’inflation) plus élevé � stimulation de la demande � niveau plus élevé d’activité et chômage plus

faible.

Cette relation négative court terme entre chômage et inflation s’appelle la courbe de Phillips. Cette

courbe décroissante est d’autant plus horizontale qu’OG est horizontale.

Cette relation rassurante était très utilisée jusqu’au début des années 70 ; cependant, l’apparition

d’une période de stagflation (hausse de l’inflation et du chômage) liée au choc pétrolier est venue

ébranler cette vision. En effet, puisqu’OG (et donc la courbe de Phillips) devient verticale à LT, les

politiques de soutien ne sont pas efficaces à LT.

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92 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

8.5. Quelques enseignements supplémentaires

a) Du très court terme au moyen terme

Le monde réel est, la plupart du temps, situé entre le modèle IS-MP (très court terme) et la version

du modèle OG-DG où OG est verticale. Schématiquement :

- Très court terme : DG-OG horizontale = IS-MP � Courbe de Phillips plate (rigidités nominales

de prix et salaires fortes, problème général de débouchés pour les entreprises).

- Court-moyen terme : DG-OG croissante � Courbe de Phillips croissante

- Moyen-long terme : DG-OG (très) verticale � Courbe de Phillips (très) verticale

b) Les politiques de demande ne peuvent pas résoudre les problèmes

structurels

Tôt ou tard, les rigidités disparaissent et il apparait que l’activité, l’emploie et le chômage sont

d’abord déterminés par des caractéristiques structurelles. En effet, ce n’est pas la demande globale

qui va amener l’activité économique bien/durablement au-delà d’YCIBT

Il faut des politiques d’offre pour s’attaquer aux problèmes structurels, notamment les imperfections

du marché et l’innovation. La croissance durable suppose une évolution favorable des déterminants

structurels d’Y et L et donc (si nécessaire) des politiques de soutien de l’offre.

c) Les politiques de demande sont néanmoins un instrument important

Si stimuler DG ne peut conduire l’économie bien au-delà du niveau structurel, une DG trop faible

peut amener l’économie bien en-dessous de celui-ci.

Sous cet aspect, les politiques de demande ont un rôle contracyclique indispensable à

jouer (particulièrement dans le cas d’une récession causant une contraction de la demande), visant à

atténuer les fluctuations conjoncturelles de l’activité et de l’emploi liées aux fluctuations de la

demande privée qui pourraient sérieusement et durablement endommager l’activité économique et

l’emploi ultérieur, et provoquer un cercle vicieux de perte de confiance et de destruction d’activité

économique.

À l’autre extrême, les politiques de soutien de la demande sont moins utiles et moins

recommandables quand OG est très verticale (c'est à dire que l’activité économique est proche du

niveau structurel), puisqu’elles conduisent alors l’économie dans une zone de surchauffe par rapport

à ses possibilités structurelles et risquent donc de n’avoir que des effets inflationnistes.

d) La croissance durable…

A un moment donné, une économie n’a aucune chance que son niveau d’activité dépasse

sensiblement ou durablement son potentiel structurel (quelle que soit le niveau de DG), d’autant que

le laps de temps pendant lequel les rigidités nominales persistent peut éventuellement être très

court.

Les seuls soutiens de DG qui sont vraiment utiles dans le long terme sont ceux qui auront des effets

structurels positifs sur l’offre globale ; à la manière d’une politique d’investissement public ou une

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93 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014

politique de soutien de l’investissement privé, permettant d’améliorer les infrastructures mises en

places, l’éducation, l’innovation,…

À l’inverse, toutes les politiques de rigueur budgétaire ne sont pas équivalentes ; celles qui pèsent

sur le développement ultérieur (coupes sur l’éducation, sur l’investissement public,…) détérioreront

négativement l’output structurel.