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USL-B ECGE 2eme bac Macroéconomie – Synthèse Samuel Desguin
1 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Macroéconomie
0. Chapitre 0 – La mesure de l’activité économique globale .............................................................. 1
1. Chapitre I – Consommation et épargne des ménages .................................................................... 7
2. Chapitre II – l’investissement des entreprises .............................................................................. 20
3. Chapitre III – Politique budgétaire, déficits publics et dette publique ......................................... 24
4. Chapitre IV – Taux d’intérêt et politique budgétaire .................................................................... 26
5. Chapitre V – Le modèle IS-MP. ...................................................................................................... 35
6. Chapitre VI – Introduction à l’économie ouverte .......................................................................... 49
7. Chapitre VII – le modèle IS-MP en économie ouverte .................................................................. 58
8. Chapitre VIII – Offre globale (OG) – Demande globale (DG) en économie fermée ...................... 76
Partie I – Déterminants de la demande
intérieure finale
0. Chapitre 0 – La mesure de l’activité économique globale
0.1. Classification des agents économiques et de leurs opérations
L’objectif de la comptabilité nationales de quantifier l’activité économique d’une nation (ou région)
pendant une certaine période de temps.
0.1.1. Les agents ou unités économiques
a) Les résidents et les non-résidents
L’économie nationale est délimitée par le critère de résidence, c'est à dire qu’on ne prend en compte
que les unités économiques qui y ont leur centre d’intérêt économique principal.
b) Les acteurs économiques
On distingue 4 secteurs institutionnels résidents :
1) Les sociétés, c'est à dire les entreprises qui ont une structure juridique propre. Leur fonction
économique caractéristique est la production de biens et services.
2) Les ménages, y compris les entreprises individuelles et professions libérales. Leur fonction
économique caractéristique est la consommation de biens et services.
3) Les administrations publiques (APU), et les organismes qui en dépendent, s’ils vendent leur
production à un prix inférieur à 50% du coût de production. Leur fonction économique
caractéristique est de fournir des services collectifs (gratuits ou presque) et de redistribuer
les revenus entre agents économiques.
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4) Les institutions sans but lucratif (ISBL). Leur fonction économique caractéristique est de
fournir des services collectifs.
On appellera tous les acteurs non-résidents le Reste du monde (RDM).
0.1.2. Les opérations économiques On distingue trois types d’opérations économiques :
1) Les opérations sur les biens et les services, c'est à dire qui touchent à la production, la
distribution et l’achat des biens et services.
2) Les opérations de répartition, c'est à dire
a. Les opérations de distribution des revenus primaires (salaires, bénéfices des
entreprises, paiements des intérêts sur emprunts).
b. Les opérations de redistribution des revenus ou « transferts » (impôts, prestations
sociales).
3) Les opérations financières, c'est à dire toutes les opérations de prêt/placement financier ou
emprunt.
0.2. La mesure de l’activité économique aux prix courants
0.2.1. Le calcul du PIB selon les optiques de la production et de la dépense. On constate que la production de biens ou services d’une entreprise est vendue pour servir une
demande ; cette vente génère des revenus pour l’entreprise, distribués entre les travailleurs, les
propriétaires, les bailleurs de fonds et l’Etat (impôts). On peut ainsi mesurer l’activité économique
de 3 façons :
1) Optique production (quelles productions par les entreprises ?)
2) Optique dépense (quelles dépenses consenties par les acheteurs ?)
3) Optique revenu (quels revenus les activités ont-elles généré ? Partagé entre quels agents ?)
Optique production
Afin de ne pas compter une valeur à chaque fois qu’elle passe par un acteur économique (car elle
serait alors comptée plusieurs fois, selon le nombre d’intermédiaires), on ne prend en compte que la
valeur ajoutée (VA) pour chaque stade de production/d’activité. Exemple de mesure de l’activité
économique : page 5 du syllabus (chapitre 0).
On appelle consommation intermédiaire tout produit intégralement consommé par la fabrication
d’un produit plus élaboré, et consommation finale tout produit consommé sans fabrication d’un
autre produit. Alors, la valeur ajoutée est la différence entre la valeur marchande d’une production
et celle des biens et services intermédiaires qu’elle a consommés.
��� = ���� − ��������
���
Afin de savoir si un produit est intermédiaire ou final, il suffit de se poser la question « Le produit
acheté est-il absorbé par la production d’un autre produit ou service marchand ? ». Un même produit
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peut donner lieur aux deux types d’utilisations (par exemple, la farine est un bien de consommation
finale pour un ménage qui fait un gâteau, mais intermédiaire pour une boulangerie).
Le PIB dans l’optique production n’est rien d’autre que la valeur ajoutée créée par l’ensemble des
productions de biens et services dans l’économie, c'est à dire :
��� = ����� = � ���� − � �������
����
���
�
���
� ����
�
���− � ��������
����
���
Où ���� est la quantité de produit intermédiaire j utilisée dans la production du bien i.
0.2.1.1. Equilibre ressources-emplois (ERE) du PIB
a) Les ressources et les emplois
Pour un produit donné, dans la période donnée,
- Des ressources
o Qi la quantité de biens ou services i produite sur le territoire national
o IMi la quantité de biens et services i produite par RDM et importée dans l’économie.
- Des emplois
o CIi les quantités de produits i utilisés pour la production d’autres biens ou services.
o Ci la quantité de produits i achetés pour servir de consommation finale des
ménages (on n’y compte ni les achats immobiliers, ni les biens et services réalisés à
titre professionnel par les entrepreneurs individuels).
o Gi la quantité de produits i servant dans la consommation des APU et des ISBL.
o FBCFi (Formation Brute de Capital Fixe) la quantité de produits i servant à
l’acquisition de capital physique, c'est à dire
� Achats de bâtiments neufs ou d’infrastructures par les différents secteurs
� Achats de biens et services constitutifs de l’équipement productif d’une
entreprise ou administration.
o ∆Sti la variation du stock de produits i disponible chez les entreprises (producteurs,
utilisateurs ou distributeurs). Elle peut être positive ou négative selon que la
production a été supérieure ou inférieure à l’utilisation.
o EXi la quantité de produits i vendue à RDM (peu importe que la production quitte le
territoire ou non). Note : les exportations sont toujours des consommations finales,
de notre point de vue.
b) Equilibre ressources-emploi (ERE) microéconomique
�� + ��� = �����
���+ �� + �� + �� � + ��� + ∆���
Cela nous donne l’égalité ERE pour un produit spécifique.
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Note : c’est le composant ∆���, positif ou négatif qui permet de garantir que cette égalité est
toujours respectée.
c) ERE macroéconomique
Pour agréger toutes les quantités physiques d’une économie, on les transforme en valeurs
monétaires.
�(��� + ���
�)
�
���= ������
���+ �(��� + ��� + �� �� + ���� + ∆�����
���)
On a, à droite, la valeur des ressources totales de l’économie, pour les différents produits i (produites
domestiquement ou importées) et, à gauche, la valeur de l’ensemble des emplois de ces différents
produits (emplois intermédiaires ou finals).
Cet équilibre global R-E découle uniquement de l’existence d’un équilibre ressources-emplois au
niveau de la production de chaque produit (assuré par les variations de stocks).
On peut réécrire cet équilibre comme suit :
�(��� − ����)
�
���= �(��� + ��� + �� �� + ���� − ���
� + ∆����)
�
���
- Où le terme de gauche ∑ (��� − ����)�
��� = ∑ �����
��� � PIBn optique production.
- Et le terme de droite ∑ (��� + ��� + ⋯ + ∆����)���� � PIB
n optique dépense
Note :
- par la suite, nous appellerons dépenses d’investissement, et noterons��, la
somme �� �� + ∆����.
En conclusion, la notion d’ERE n’est qu’une constatation comptable qui ne se repose pas sur des
hypothèses quant au comportement des agents économiques, et elle est bien différente de la notion
d’équilibre économique entre l’offre et la demande.
d) Quelques précisions terminologiques
PIB/PNB
Alors que le Produit Intérieur Brut (PIB) représente l’ensemble des valeurs ajoutées créées sur le
territoire, le Produit National Brut (PNB) représente l’ensemble des valeurs ajoutées créées par les
résidents. Pour calculer le PNB, il faut :
- Ajouter au PIB toutes les VA créées par les résidents en dehors du territoire.
- Retirer du PIB toutes les VA créées sur le territoire par des non-résidents.
La différence entre PIB et PNB est appelée Contribution Nette de l’Etranger (CNE), ou Solde des
revenus primaires reçus du reste du monde.
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Dans la suite de cette synthèse, seul le PIB sera cité, mais chaque cas peut être envisagé avec
l’optique PNB.
PIB nominal/PIB réel
Jusqu’ici, nous avons établi les valeurs aux prix courants (c'est à dire en termes nominaux). On peut
répéter l’opération en termes réels, c'est à dire en neutralisant l’effet de l’évolution des prix. Il y a
pour ça au moins deux méthodes :
- PIB aux prix d’une année de référence
- PIB aux prix de l’année précédente, puis en volumes chaînés.
0.2.2. Le PIB dans l’optique du revenu
0.2.2.1. Le partage de la VA entre les facteurs de production
L’optique revenu s’intéresse à la façon dont les revenus primaires (= issus de la création de VA) sont
partagés entre les agents économiques qui, par leur travail ou leurs moyens financiers, ont contribué
à la production. On peut donc diviser la VA en 3 grandes parties :
1) La rémunération des salariés (calculée sur base du coût total des rémunérations pour
l’employeur, c'est à dire cotisations sociales comprises).
2) Les impôts nets à la production
3) L’excédent brut d’exploitation (qui se compose des amortissements, des charges d’intérêt
sur les emprunts et des bénéfices/pertes)
0.2.2.2. Une 3e définition du PIB : le RIB
Dans l’optique des revenus, le PIB ou RIB est la somme des revenus primaires créés sur le territoire
de cette économie (idem avec le PNB ou RNB).
Conclusion : il y a équivalence entre les optiques production, dépense et revenus :
1. Optique production = optique dépense (puisque les variations de stocks assurent l’équilibre
ressources-emplois au niveau de chaque bien ou service).
2. Optique production = optique revenu (puisqu’à chaque VA correspondent des revenus
primaires).
3. Optique dépense = optique revenu (conséquence des deux précédentes équivalences. /!\, ne
pas justifier par "les revenus créés sont d’office dépensés", car c’est faux… la seule façon correcte
est de passer par l’optique production : à toute dépense finale portant sur une production
domestique correspond une production finale domestique et donc une création de VA
domestique. De cette VA sont issus les revenus primaires).
0.2.3. Revenu disponible, épargne et capacité/besoin de financement.
0.2.3.1. Au niveau d’un secteur institutionnel (SI) domestique
Soit :
- ���� : l’ensemble des revenus primaires que reçoit le secteur institutionnel h.
- ��� : l’ensemble des transferts qu’il reçoit des autres SI.
- ��� : l’ensemble des transferts qu’il verse aux autres SI.
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� ���� : le revenu disponible du secteur h tel que���
� = ���� + ��� + ��� .
� ��� : l’épargne du secteur h tel que��� = ���� − ���� + ����, c'est à dire la partie du
revenu disponible qui n’est pas consacrée à une dépense de consommation finale. On
appelle épargne la partie du RD qu’un agent consacre à la modification de son
patrimoine (que ce soit en capital fixe, en stock ou en actifs financiers). L’épargne n’est
donc pas le patrimoine (comme dans l’acceptation populaire).
La capacité de financement (� ��) est la différence entre l’épargne du secteur et ses dépenses
d’investissement, tel que :
� �� = ��� − ��� = ���� − ���� + ���� − ���
Où ��� = �� �� + ∆����.
Ce solde indique si l’épargne du secteur est suffisante pour financer l’ensemble de ses dépenses
d’investissement.
- Si � �� > 0, h a un revenu disponible supérieur à toutes les dépenses (de consommation ou
d’investissement) qu’il a faites :
� h a donc acquis des actifs monétaires ou financiers
� Le patrimoine financier de h augmente.
- Si � �� < 0, h a un revenu disponible insuffisant pour financer ses dépenses (de
consommation et d’investissement).
� h doit donc s’endetter ou puiser dans son patrimoine.
� Le patrimoine financier de h diminue, donc il a contracté une dette ou il a liquidé des
actifs qu’il possédait.
Note : la capacité de financement d’un secteur est toujours la contrepartie d’un ou plusieurs autres
secteurs. Dans la réalité, les ménages ont généralement � �� > 0, tandis que les APU ou les sociétés
ont le plus souvent � �� < 0.
0.2.3.2. Au niveau macro
- Le Revenu Disponible Macro Brut (RDB)
���� = � ���� = ����� − ��� + ��� = � ���� − ��� + ���
(les transferts ne s’annulent pas, car certains peuvent venir du RDM).
- L’épargne macroéconomique brute (S)
�� = � ��� = � ���� − �(��� + ���) = ���� − ��� − ���
Si �� est positive, cela veut dire que globalement, l’épargne positive de certains est
supérieure à l’épargne négative des autres (et vice-versa).
- La Capacité (ou besoin) de financement de l’économie domestique (CF) � � = � � � = � ��� − ���� = ��� − ���
= ���� − �� − �� − �� � �indique si l’économie dans son ensemble dispose d’une épargne macroéconomique
suffisante pour financer ses dépenses globales d’investissement.
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- La Balance courante (CA)
Rappel : ���� est la contribution nette de l’étranger (voir ci-dessus), qu’il faut ajouter au PIB pour
obtenir le PNB telle que���� = ���� + ����. On a donc :
���� = �� + �� + �� + (��� − ��� + ����)
Si on ajoute� ��� , les transferts nets du RDM tel que � ��� = ��� − ���, on aura :
���� = ���� + � ��� = �� + �� + �� + (��� − ��� + ���� + � ��� )���������������������������
��� indique si l’économie reçoit du RDM plus de recettes d’exportations, de revenus primaires et de
transferts qu’elle ne lui verse de dépenses d’exportations, de revenus primaires et de transferts.
Notons alors que :
���� − ��� + ��� − �� = ���
�� − �� = ���
Le cas d’une économie fermée
Dans le cas d’une économie fermée, ��� = 0, donc �� = ��. Dès lors, � = 0, ce qui signifie que la
capacité de financement de certains secteurs domestiques est l’exacte et nécessaire contrepartie du
besoin de financement des autres secteurs : les secteurs qui accumulent un patrimoine financier le
prêtent nécessairement intégralement (sous une forme ou une autre) à d’autres secteurs en besoin
de financement.
Implication : l’économie mondiale dans son ensemble ne peut pas accumuler de capital financier ;
elle ne peut qu’accumuler des actifs physiques ou immatériels. La richesse financière mondiale est
toujours inévitablement nulle.
Le cas d’une économie ouverte
Le solde extérieur signifie :
1) ���= échanges nets de biens et services et des transferts avec RDM.
2) ��� = reflet des échanges nets de capitaux avec RDM.
a. Si CA>0, l’économie exporte une partie de son épargne vers RDM (l’épargne
nationale a deux utilisation : le financement des dépenses d’investissements
domestiques et le financement de dépenses du RDM).
b. Si CA<0, l’économie importe une partie de son épargne du RDM (l’épargne nationale
n’est pas suffisante pour financer les dépenses d’investissement).
1. Chapitre I – Consommation et épargne des ménages
1.1. Introduction
- C, la consommation finale des ménages, représente un peu plus de 50% du PIB en Belgique.
Elle a une fluctuation faible et une croissance régulière.
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- G et I représentent environ 20% chacun.
Notons :
- ��� la valeur nominale de la consommation des ménages en t ;
- ����� la valeur nominale de leur revenu disponible en t ;
- ���� la valeur nominale de leur épargne en t.
� ��� + ���� = �����
� En termes réels : ������
+����
���=
�����
���
Même pendant la crise financière et la récession en 2009, la croissance de la consommation des
ménages n’a pas été négative, ce qui a permis de soutenir le PIB (alors que la croissance des
Investissements, par exemple, étaient aux environs de -12%, plombant le PIB).
Il y a des phases où le revenu chute, et pourtant la consommation augmente. Il y a également (par
exemple en 1997) des moments où la consommation croît plus vite que le revenu. On peut donc
observer que la relation entre consommation et revenu disponible n’est pas linéaire ; d’autres
facteurs entrent en jeu.
Remarques préliminaires
Actualisation et valeur présente d’un flux monétaire futur
Si je veux consommer aujourd'hui ce que je gagnerai demain, il faut que je trouve quelqu’un qui
accepte de me prêter aujourd'hui contre la promesse de remboursement demain. Dès lors, la Valeur
Présente d’une Somme Future est telle qu’entre deux moments séparés par n périodes :
(1 + )� . �� = � → �� = � (1 + )�
Une somme future vaut donc d’autant moins que la valeur d’intérêt est élevée et qu’elle est gagnée
dans longtemps. Du reste, on considèrera que la propension de l’individu à consommer est exogène.
Taux d’intérêt nominal et réel
i� =le taux d’intérêt nominal, c'est à dire le taux auquel un prêt ou emprunt est rémunéré pendant
la période s.
r� =le taux d’intérêt réel, c'est à dire le taux de croissance du pouvoir d’achat du patrimoine
rémunéré au taux nominal i.
1 + r� = (1 + i�)
P��!
1P���" =
1 + i�P��
P���! − 1 + 1
=1 + i�1 + π�
avec (P��
P���! − 1) = π�, le taux d’inflation entre (s – 1) et s.
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C’est assez intuitif : avec le taux d’inflation pas trop grand, r� ≅ i� − π�, donc la véritable
rémunération du capital est le taux d’intérêt nominal le taux d’inflation.
Quand on réfléchit à un placement, on a un taux d’inflation ex ante, c'est à dire une estimation du
taux d’inflation, qu’il utilisera pour anticiper le taux d’intérêt ex post.
1.2. Consommation keynésienne et ses insuffisances
1.2.1. La fonction de consommation keynésienne Propension à consommer
Keynes dit qu’une loi psychologique pousse les individus à augmenter leur consommation quand leur
revenu monte, mais dans une moindre mesure.
� En termes mathématiques : �� = #������$ù0 < ������ =���
�����
< 1
Dès lors, puisque la propension marginale à consommer (PmC) est décroissante, on peut exprimer la
propension moyenne à consommer (����) = ������
est décroissante en ����.
Propension à épargner
A l’inverse, puisqu’on a ��� = ���� − ��, on peut également définir la propension marginale à
épargner (PmS) et la propension moyenne à épargner (PMS). Au contraire de la consommation,
l’épargne croît avec le revenu, PmS et PMS sont donc croissants.
1.2.2. Les insuffisances de cette formulation
1.2.2.1. Insuffisances théoriques
Le microéconomiste verra des insuffisances dans cette équation :
- Le taux d’intérêt n’apparait pas.
- Le patrimoine accumulé par le passé influence le comportement de consommation, et
n’apparait pas.
- Les prévisions de situation économique (si je crains pour mon emploi, je consommerai
moins) n’apparaissent pas.
Pour ces raisons, la formulation pour comprendre l’incidence d’évolutions futures attendues (ou de
politiques économiques de moyen/long terme) sur les comportements présents des ménages est
inutile.
1.2.2.2. Insuffisances empiriques
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A gauche du graphique, alors
que le Revenu Disponible (en
bleu) est encore en
augmentation, la consommation
des ménages (en rouge) chute,
et la consommation de biens
durables (en vert) chute encore
plus fort (on estime que la
consommation en biens
durables – électroménagers,
voitures, téléviseurs – a un
comportement identique aux
investissements).
On voit que quand la consommation reprend, la consommation de biens durables reprend
proportionnellement plus, pour finir par dépasser la consommation.
1.3. Le modèle du cycle de vie (MCV)
1.3.1. Objectifs - Objectif microéconomique : comprendre les déterminants de C et de S des ménages le long
de leur cycle de vie. Les choix de consommation courante et d’épargne courante :
o Obéissent à une logique prospective (les attentes quant au futur ont une influence)
o Dépendent de la phase du cycle de vie dans laquelle se trouve le ménage.
- Objectif macroéconomique : construire une fonction de consommation globale compatible
avec l’existence de comportements individuels rationnels.
1.3.2. Le MCV avec marché du crédit parfait L’intuition est la suivante : compte tenu de leur passé et de leur attentes du futur (en termes de
revenus, d’emploi, du taux d’intérêt), à chaque période de leur vie, les ménages font des choix de
partage de leur revenu entre C et S.
Posons pour commencer deux hypothèses simplificatrices :
- L’individu vit deux (longues) périodes : t (le présent) et t+ 1 (le futur), d’environ 30 ans
chacune.
- Le marché du crédit est parfait. Cela signifie que
o Toutes les personnes solvables peuvent emprunter sans aucune restriction
(d’endettement, etc.).
o Il n’y a pas d’écart entre les taux d’intérêt débiteur et créditeur.
1.3.2.1. Contraintes d’accumulation du patrimoine
Désignons par :
- ���� : le patrimoine financier nominal accumulé par les ménages à la fin de la période % − 1
(ou au début de %).
- � : le taux de rendement (ou d’intérêt) nominal qui rémunérant (en s) le patrimoine���� .
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- �� = ��� ���! : la valeur réelle du patrimoine financier accumulé à la fin de s
- �� : le taux de rendement (ou d’intérêt) réel rémunérant en s le patrimoine accumulé à la fin
de s – 1.
Pour la relation entre taux d’intérêt nominal et réel, voir « Taux d’intérêt nominal et réel » ci-dessus.
On note :
1. ����� : revenus du patrimoine
2. ��&�� : autres revenus (du travail, transferts,…)
3. Tels que ���� = ��&�� + �����
� le revenu disponible
On peut dès lors décomposer le revenu comme suit, et obtenir la valeur nominale du patrimoine
financier des ménages (pour exprimer une période, on peut utiliser indifféremment t ou s).
��� = ���� + ���� − ���
→ ��� = (1 + �)���� + ��&�� − ���
Grâce à cela, on peut clairement établir le lien entre épargne et patrimoine :
���� = ���� − ���
→ ���� = ��� − ����
Pour obtenir une valeur réelle de ceci, on divise tout par ���. De plus, on peut obtenir le taux
d’inflation en divisant le premier terme par ���� .
1.3.2.2. La contrainte budgétaire intertemporelle
On a une équation comme celle-ci-dessus pour chaque période de vie de l’individu. Pour un individu
pour qui on considère deux périodes, on a donc deux équations :
- �� = �1 + ������ + ��&� − �� - ��� = �1 + ������ + ��&�� − ���
On peut les mettre ensemble pour obtenir une contrainte budgétaire intertemporelle (CBI) :
- ��� = �1 + ����'�1 + ������ + ��&� − ��( + ��&�� − ���
Si je mets à droite toutes les sources de revenu, et à gauche toutes les utilisations :
- �1 + ����. �� + ��� + ��� = �1 + �����1 + ������ + �1 + ����. ��&� + ��&��
On divise tout par 1 + ��� :
- �� + ���������
+����
�����= �1 + ������ + ��&� +
������
����� = )�
S’il y a un écart entre ce que je consomme et ce que je gagne sur toute ma vie, cette somme se
retrouvera dans ���, soit ce qu’il reste quand l’individu disparait (qui peut être positif ou négatif).
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Notons que la partie de droite de la dernière équation représente )�, la valeur réelle de la richesse
actualisée des ménages, c'est à dire la somme de :
- La valeur présente du patrimoine financier accumulé jusque là, �1 + ������
- La valeur présente des revenus (d’origine non financière) présents et futurs des ménages
Interprétation de la CBI :
Avec un taux d’intérêt non-nul :
o CBI = valeur présente des dépenses d’un individu sur l’ensemble de sa vie
o Sauf s’il meurt endetté (/s’il meurt en laissant un héritage), la valeur présente des
dépenses d’un ménage sur l’ensemble de sa vie ne peut dépasser (/ ne sera pas
inférieure à) la valeur présente de l’ensemble des revenus perçus tout au long de sa
vie.
Par la suite, on réécrira la richesse actualisée comme (dans le cas de 2 périodes de vie) :
)� = ��� + ������ + ��&�� +��&��1 + ��� = ��� + ���� +
��&��1 + ���
Dans le cas de n périodes de vie :
)� = ��� + ���� + � ��&��
1.3.2.3. La contrainte de solvabilité
À la fin de � + 1, un ménage doit avoir remboursé ses éventuelles dettes, c'est à dire que��� ≥ 0.
Si le ménage ne laisse rien en héritage, alors��� = 0.
1.3.2.4. Déterminants des choix de consommation et
d’épargne en t
Formellement
Si on représente, comme en microéconomie, les préférences d’un ménage entre ses consommations
présentes et futures par une fonction d’utilité U(Ct, Ct+1), qu’il faut maximiser sous contrainte
budgétaire CBI, et la contrainte de solvabilité.
Intuitivement
Les ménages choisissent le profil de consommations qu’ils préfèrent, à l’aide de deux déterminants
fondamentaux :
- La richesse actualisée
- Le(s) taux d’intérêt entre aujourd'hui et les périodes futures.
On note :
- �� = ��()� , ���)
- ��� = ����– ���)� , ����
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- ��� = �1 + ����')� − ���)� , ����(
= ���()� , ���)
Même si on ne sait pas quelle forme spécifique prendra l’équation Ct , on peut être certain (si
(l’individu a des préférences normales) que les consommations présentes et futures sont des
fonctions croissantes de la richesse actualisée (� fonction de type Cobb-Douglas).
Interprétations des enseignements du modèle
La consommation présente dépend de la richesse actualisée.
1. Des individus (qui valorisent positivement la consommation de chacune des périodes de leur
vie et ont accès à un marché du crédit parfait) choisissent leur consommation courante Ct
sur base de leurs anticipations de richesse actualisée et des taux d’intérêt réels (présents et)
futurs. On a
���
� ∈ *0; 1+,����
�- ∈ *0; 1+ Où ���
�- est la consommation future. Cette formule indique qu’on événement présent ou
l’anticipation d’un événement futur qui modifie la valeur présente de la richesse actualisée
modifie dans le même sens les niveaux de consommation présent et futur.
2. Une augmentation de revenu courant ou une augmentation de revenu futur qui génèrent
tous les deux une même augmentation de la richesse actualisée (par exemple ∆��&� = 1
ou∆��&�� = 1(1 + �)) ont le même impact sur le comportement de la consommation
présente.
3. Si une variation du revenu courant est perçue comme permanente ou provisoire, ça n’aura
pas le même impact. Si le changement est permanent, il modifie plus la richesse actualisée.
∆�� = ���
� . ∆)�
.ù∆)� = ∆����pour une variation provisoire, ∆)� > ∆���� sinon.
4. De manière à avoir un profil de consommation plus régulier, l’épargne permet de « lisser »
l’évolution de la consommation dans le temps.
5. Quelle qu’en soit la raison, si je me perçois comme plus riche ou plus pauvre dans le futur,
cela modifiera aussi ma richesse actualisée
Application
Que nous dit le modèle des coûts de la vie présenté ici sur les conséquences de la crise financière sur
la consommation présente des ménages ?
- La consommation chute parce que les ménages se sentent plus pauvres. Ils se sentent plus
pauvres parce que :
o (cause du passé) ceux qui avaient épargné font une perte en capital.
o (cause présente) ceux qui perdent leur emploi, et donc leur revenu présent.
o (cause future) ceux qui ont des perspectives de revenu futur plus sombres.
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14 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Alors que le modèle keynésien ne pouvait m’expliquer pourquoi la consommation chutait plus que le
revenu, le modèle que nous voyons ici le peut, avec les trois raisons ci-dessous qui poussent les
individus à consommer moins.
Note :
Si on considère que les gens ne sont pas égoïstes, et qu’ils veulent laisser un héritage. Dans ce cas, on
considère que l’individu a une fonction de préférence qui se partage entre trois biens :
consommation actuelle, consommation future, héritage. La taille de cet héritage dépend également
des taux d’intérêt, des revenus actuels,…
1.3.2.5. Incidence de Wt sur l’épargne présente
Si une hausse de la richesse actualisée stimule sans ambigüité la consommation présente (comme la
consommation future), son impact sur l’épargne présente diffère selon que cette hausse de richesse
provienne des revenus présents et/ou futurs. En effet :
- Si mes revenus présents augmentent, ma consommation présente et future augmente, donc
l’épargne augmente. On a :
/���/����= (1 − ���
� ) ∈ *0; 1+ - Par contre, quand l’augmentation de richesse vient d’une augmentation de l’attente des
revenus futurs, la consommation aujourd'hui augmentera, donc l’épargne présente
diminuera (toutes autres choses égales).
/���/W�= −���
� < 0
1.3.2.6. Taux d’intérêt réel � consommation et l’épargne
Impact sur les comportements individuels
- L’Effet Substitution : une hausse du taux d’intérêt réel augmente le prix relatif de la
consommation présente par rapport à la consommation future et induit donc, toutes choses
égales par ailleurs, une baisse de �� et une hausse de��� (l’individu épargne plus/ emprunte
moins).
- L’Effet Revenu : une hausse du taux d’intérêt modifie la valeur du patrimoine de l’individu.
Le signe de cet effet dépendra de la situation patrimoniale de l’individu.
o Pour un prêteur : il est maintenant plus riche, l’épargne est d’autant moins
nécessaire qu’elle est bien rémunérée, il peut donc se permettre de plus
consommer. L’effet revenu est donc positif pour lui.
o Pour un emprunteur : il est maintenant plus pauvre, l’effet revenu a un effet négatif.
o Pour un ménage qui n’est ni prêteur ni emprunteur, le taux d’intérêt n’a pas
d’incidence.
À l’échelle d’un ménage, on ne connait pas l’effet d’une hausse de taux d’intérêt réel :
- Sur la consommation et l’épargne courantes.
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15 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
- Sur la consommation future.
Au niveau macroéconomique
En agrégeant le comportement de tous les acteurs, on trouve que l’effet d’une variation du taux
d’intérêt réel est fonction de la force relative des effets substitution et revenu chez les ménages
prêteurs, et du poids relatif des ménages prêteurs.
Impact d’un taux d’intérêt + Effet substitution Effet revenu Total
Prêteur ∆Ct - + ? ∆S + - ? ∆Ct+1 + + +
Emprunteur ∆Ct - - - ∆S + + + ∆Ct+1 + - ?
Ni l’un ni l’autre ∆Ct - 0 - ∆S + 0 + ∆Ct+1 + 0 +
3 agents
ensemble
∆Ct - ? ?
∆S + ? ?
∆Ct+1 + ? ?
Malgré l’ambiguïté théorique, l’observation empirique montre que chez les ménages prêteurs, l’effet
substitution domine l’effet revenu, et que la consommation macroéconomique courante dépend
négativement des taux d’intérêts réels.
Nous supposerons donc :
/��/��� = �����
� < 0
/���/��� = −������ > 0
Cela peut signifier, par exemple, que chez les prêteurs, l’effet substitution domine l’effet revenu.
1.3.2.7. Inflation � consommation réelle des ménages
Si tous les revenus et taux d’intérêt nominaux sont parfaitement indexés, l’inflation n’a pas d’impact
sur la consommation réelle.
Cependant, si les revenus et les taux d’intérêt nominaux ne sont pas parfaitement indexés, c'est à
dire :
- Elle affecte la valeur réelle des revenus présents et futurs ou la valeur réelle de leur
patrimoine initial.
- Ou elle affecte les taux d’intérêts réels.
� Il peut y avoir un impact sur la valeur actualisée de la richesse, et donc sur la consommation,
puisque l’inflation réduira la valeur réelle présente de la richesse actualisée et fera donc
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baisser la valeur réelle des consommations présentes et futures et affectera le taux
d’intérêt réel.
1.3.2.8. Fiscalité ou endettement public
L’impôt réduit le revenu total, et donc la consommation (ceci est bien présent dans notre analyse,
puisque nous considérons les revenus disponibles, c'est à dire nets des prélèvements fiscaux).
Cependant, quand l’Etat ne taxe pas maintenant, il s’endette et s’engage à rembourser dans le futur.
Dès lors, la fiscalité peut quand même avoir un effet négatif sur Wt, si les agents intègrent dans leurs
anticipations les craintes d’augmentation de la fiscalité future.
Il ne va donc pas de soi que les ménages traitent différemment un impôt aujourd'hui ou demain, et
qu’à leurs yeux, un impôt est différent d’un endettement de l’Etat.
Formellement, les revenus futurs des ménages diminuent de la réduction de taxe, multiplié par le
taux d’intérêt. Tout rééchelonnement de taxe n’a pas d’incidence sur Wt, puisqu’il ne provoque que
plus d’épargne aujourd'hui pour faire face à l’impôt futur.
Exemple : si un individu reçoit comme cadeau fiscal un report de taxe, ce sera perçu comme une
attente d’une réduction du revenu futur, et sera donc strictement équivalent aux yeux de l’individu
(car l’Etat s’endette pour faire ce cadeau fiscal, et devra récupérer son argent plus tard). Les agents
économiques comprennent qu’à revenus avant impôts inchangés, leur sort est fondamentalement le
même si l’Etat finance ses dépenses par dette ou par l’impôt, ils devront supporter les impôts futurs
nécessaires au remboursement de la dette (intérêt compris).
C’est ce qu’on appelle l’égalité Ricardienne.
� Enoncé : lorsqu’il y a neutralité du mode de financement d'un flux données de dépenses
publiques sur les choix de dépenses privées (de consommations et d'investissements) et sur
l'épargne nationale (il y a simplement une substitution entre épargnes publique et privée).
� Hypothèses sous-jacentes :
o Il faut que les agents qui bénéficient d’un report d’impôt soient les mêmes que ceux
qui subiront son report. Or, ce n’est pas le cas quand le supplément de taxe est
tellement lointain que le ménage ne pense pas qu’il sera concerné.
o De plus, si derrière les cadeaux fiscaux se cache une redistribution des revenus, les
bas revenus se percevront plus riches (pas ricardien, puisqu’il n’y a pas
d’équivalence) tandis que les hauts revenus se percevront plus pauvres, même s’ils
ne sont pas encore taxés.
o L’Etat s’endette à un taux, qui n’est pas forcément le même que celui avec lequel les
ménages perçoivent la valeur présente de l’impôt reporté.
o Pour que l’égalité soit réelle, il faut que le marché du crédit soit parfait. En effet, un
ménage qui voudrait s’endetter aujourd'hui pour augmenter son revenu présent
peut voir son prêt refusé par le banquier.
Vu ces hypothèses, l’équivalence ricardienne pure n’est pas réaliste. Cependant, même sans
équivalence parfait, des comportements ricardiens peuvent apparaitre.
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1.3.3. Le rôle des imperfections du marché du crédit Dans la réalité, on observe une sensibilité de la consommation courante aux fluctuations du revenu
courant (∆���� → ∆��) plus forte que ce que suggère le modèle de cycle de vie avec marché du
crédit parfait.
Alors que dans le modèle, le même poids est donné au revenu futur et au revenu actuel, alors que
dans la réalité ce n’est pas le cas (par exemple, les étudiants confiants dans la réussite de leurs
études consomment très peu par rapport à leur revenu futur, qui est assez élevé alors que selon le
modèle, ils devraient s’endetter).
En effet, jusqu’ici, nous avons vu que pour une même valeur présente de la richesse actualisée, le
moment où les revenus qui la composent sont perçus n’a aucune importance sur le comportement de
consommation. Or, dans la réalité on a, d’une part, la présence d’imperfections du marché du crédit
et la présence d’incertitudes.
- Imperfections du marché du crédit
o Restriction quantitative à l’endettement, c'est à dire l’impossibilité pour certains
agents de s’endettes au-delà d’un certain montant (éventuellement 0) au taux
d’intérêt en vigueur.
o Ecart positif entre taux d’intérêt débiteur et créditeur (généralement, le premier est
plus grand que le second), tel que�� > ��.
- Incertitudes (par exemple dans l’évolution des revenus futurs, un étudiant peut vouloir se
montrer prudent face à des perspectives de revenu futur incertaines).
1.3.3.1. Implications microéconomiques
Première imperfection
Un ménage sera dit contraint par les liquidités lorsqu’il voudrait s’endetter (davantage) pour
dépenser plus mais ne le peut pas.
Formellement, si �� = ��)� , ���� > �1 + ������ + ��&� (c'est à dire qu’il veut consommer plus
que ce qu’il a dans les mains), réaliser Ct suppose qu’on emprunte la différence.
Si l’emprunt est refusé, je ne vais consommer uniquement ce que j’ai dans les mains, c'est à dire que
le niveau de la consommation courante est contraint par les liquidités dont ils disposent.
Seconde imperfection
Certains ménages n’aurons pas recours au marché du crédit parce qu’ils estiment que le taux
d’intérêt débiteur est trop élevé pour s’endetter, et le taux d’intérêt créditeur est trop bas pour qu’ils
épargnent.
Résultat
Le ménage contraint aura une propension marginale à consommer son revenu courant égale à 1.
- baisse de revenu courant � ma consommation baisse d’autant.
- hausse de revenu courant � aussi longtemps que je suis contraint par ma liquidité, ma
consommation augmente d’autant.
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�� est donc plus sensible à ∆����.
1.3.3.2. Implications macroéconomiques Macroéconomiquement, la présence d’agents contraints par les liquidités rend la consommation
globale plus sensible aux fluctuations du revenu macroéconomique courant lorsque ces fluctuations
concernent les revenus des agents contraints. Cette sensibilité de la consommation courante globale
au revenu courant
- dépend positivement de la proportion d’agents contraints par leurs liquidités;
- varie avec cette proportion le long du cycle économique
Donc, plus il y a de gens contraints par leurs revenus, plus le revenu disponible, et donc ma
consommation, et donc mon PIB sera influencé par ∆RDHt.
1.3.3.3. Applications Dans un contexte de crise financière, on sait que la chute des revenus actuels et/ou futurs mène à
une baisse de Wt, et donc de la consommation actuelle. Cette variation de revenu sera d’autant plus
accentuée si de nombreux ménages sont contraints par leurs liquidités � renforce la chute de la
consommation.
Par ailleurs, un ménage qui n’a pas encore subi de pertes de revenus mais qui craint pour le futur
(donc Wt baisse), MAIS qui est contraint par ses liquidités va de toute façon consommer l’entièreté
de son revenu disponible. Donc, aussi longtemps qu’un ménage contraint par ses liquidités a envie de
s’endetter, une baisse de Wt ne va pas se répercuter sur sa consommation � effet atténuant.
Du fait de ces deux effets, on ne connait pas la conséquence d’une forte présence de ménages
contraints par leurs liquidités dans une économie.
Des ménages contraints par les liquidités peuvent-ils être (parfaitement)
ricardiens ?
Si l’Etat fait un « cadeau empoisonné », c'est à dire donc on connait les coûts futurs, l’Etat « prête »
aux ménages qui sont actuellement contraints par les liquidités de quoi consommer plus aujourd'hui,
au détriment de demain.
Ce n’est pas une équivalence ricardienne, puisque cela ne laisse pas les ménages indifférents (même
si ce sont les mêmes qui reçoivent le cadeau et qui le paient plus tard).
1.3.4. L’incidence de l’incertitude En présence d’incertitude, les ménages n’ont qu’une anticipation imparfaite de )� qui font que les
revenus présents et futurs ne sont pas traités de la même façon. Formellement,
���)�� = ���� + ���� + ��(� ��&�∏ (1 + ������� )
)
���
Où �� est l’anticipation que peut former l’agent en t, compte tenu de toute l’information donc il
dispose à ce moment-l).
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Si l’analyse formelle est assez compliquée (et pas à retenir par cœur), les intuitions sont assez
claires :
1. Comportement de prudence face au risque
2. 1� est plus sensible aux fluctuations non anticipées de 23�qu’aux fluctuations anticipées
de celui-ci.
DONC,
- les fluctuations de ���auront d’autant plus d’impact sur ��qu’elles conduisent les agents à
réviser sensiblement leurs anticipations quant au niveau de leur richesse actualisée.
- les chocs de revenus parfaitement anticipés n’ont pas d’impact sur ��()�) puisqu’ils ont déjà
été incorporés dans le calcul ��()�) avant qu’ils surviennent.
Au final, �� = ��(���)��; risqueliéauW�; E�r���)
1.4. Synthèse
Le point de départ est une critique théorique et empirique d’une fonction de consommation de type
keynésien �� = #(����)
� Construction d’une fonction de consommation macroéconomique sur base de l’analyse des
comportements microéconomiques.
- Pour les agents non contraints par les liquidités (c'est à dire qui ne souffrent pas des
imperfections du marché). Les éléments suivant ont un rôle-clé :
o La richesse actualisée anticipée )� et l’incertitude qui l’affecte qui provoque la
prudence.
o Les taux d’intérêt réels sur l’épargne présente et future.
o L’effet d’une variation du revenu disponible courant ����sur la consommation
courante dépend de l’effet de cette variation du revenu sur la richesse actualisée.
- Pour les agents contraints par les liquidités, propension marginale à consommer le revenu
disponible courant = 1 (contrairement aux non-contraints, donc la consommation est
influencée par leur perception du futur).
Une fonction de consommation macroéconomique qui résume ces enseignements :
�� = ���� + ���
Avec :
- ���� = ���(������ , ����� , ��&��
�� , ��&� �� , …���������������������
!""!�; ���, �� , …�������
!""!�)
- ��� = �# + ����
L’effet d’entrainement du Revenu Intérieur Brut (RIB) Courant sur la consommation courante, �$�� , est
donc d’autant plus faible que (voir page 29-30 pour plus d’explications) :
- Les ménages reçoivent une fraction faible du RIB.
- Les taux de taxe, nets de transferts, sur les revenus primaires sont élevés.
- Il y a relativement peu de ménages contraints par les liquidités.
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20 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
- Les ménages non-contraints ont une faible propension marginale à consommer leur richesse
actualisée.
- L’évolution du revenu disponible présent a peu d’impact sur les anticipations de revenus
futurs et donc sur la richesse actualisée.
Par ailleurs, nous avons fait l’hypothèse que ���� < 0 (l’effet du taux d’intérêt réel sur la
consommation présente est négatif).
2. Chapitre II – l’investissement des entreprises
2.1. Introduction
Typologie des investissements
1) Formation brute de capital fixe
a. Entreprises
i. Bâtiments et infrastructures
ii. Equipements/machines
b. Ménages : investissements résidentiels
c. Administrations publiques (et privées)
i. Bâtiments
ii. Equipements/machines
2) Variation de stocks (∆ St)
En Belgique, les investissements sont très importants jusqu’aux années 80, pour tomber à 10% du
PIB dans le début des années 90, et jusqu’à aujourd'hui. En revanche, les variations de stock ne
représentent pas un chiffre très important, mais nous verrons plus tard qu’ils peuvent quand même
jouer un grand rôle dans le PIB.
Quelques faits stylisés relatifs à I
Après la consommation, l’Investissement est la seconde variable la plus importante du PIB (juste au-
dessus de G). Elle est aussi la composante la plus variable de la demande intérieure, dont la
croissance peut aller de -20 à +25%.
Généralement, l’investissement est un moteur de la croissance dans le sens où il est souvent
responsable des booms et des récessions du PIB (qui, lui, varie entre -1 et 5%). C’est la
consommation des ménages qui retient les variations du PIB, amortissant les chutes et ralentissant la
croissance.
I joue un rôle clé dans le cycle conjoncturel
Souvent, c’est I (mais aussi les exportations) qui amène/accompagne les retournements
conjoncturels (accélération ou chute de la croissance du PIB)
En général, dans les phases d’accélération de la croissance, la croissance des investissements est
forte (et supérieure à celle du PIB). En cas de contraction économique, l’investissement est (quasi)
toujours en cause.
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21 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Rôle particulier des variations de stock
Les variations de stocks sont une composante résiduelle du PIB: en moyenne, en Belgique :
4∆��$56%����� 4 < 1%
CEPENDANT, elles jouent un rôle important dans les fluctuations conjoncturelles. En cas de
contraction de l’activité, ∆ St peuvent représenter plus de 50% du mouvement de l’activité.
Avec la tertiarisation de l’économie et le développement du just-in-time dans la production
manufacturière, l’importance des variations de stocks dans les fluctuations s’est atténuée. Mais elle
reste significative comme le montre cas de la récession de 2009. En effet, à ce moment-là, le PIB
Belge chute de 3% dont 1,6% (soit plus de 53% de la chute du PIB) représenta la contribution des
variations de stock à cette chute.
2.2. Le critère de la valeur actualisée nette et les déterminants de
l’investissement en capital fixe des entreprises
2.2.1. La valeur nette actualisée d’un projet d’investissement en capital fixe Notations :
Imaginons un projet d’investissement a à réaliser en t dont la durée de vie s’étale de t + 1 à T + t.
- Il occasionne la dépense nominale d’investissement �%�� (qui peut être étalée).
- L’exploitation du projet génère le flux attendu (de chiffres d’affaires et) de valeur ajoutée
suivant ��%��� , ��%�
� , … ��%�&�
- Si on en déduit les (anticipations de) rémunérations du personnel, des impôts, et autres
dépense, on obtient l’excédent brut d’exploitation pour l’entreprise ���%��� , ���%� � , … ���%�&�
� En valeur actualisée en t, le flux d’EBE attendu vaut donc
(1)
La valeur nette actualisée du projet est le flux actualisé des EBE attendus du projet diminués de la
dépense d’investissement.
�����(7) = �1� − �%��
Le projet sera économiquement rentable si ������a� > 0 puisqu’il aura alors généré un flux
d’excédents d’exploitation suffisant pour couvrir, en valeur actualisée, le flux de dépenses
d’investissement engendrées par le projet.
On peut également exprimer VNA en termes réels, de la manière suivante :
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Trois premiers grands déterminants de la décision d’investir apparaissent donc :
- Le montant de la dépense d’investissement (et donc le prix des biens d’investissement) a un
impact négatif.
- Les excédents d’exploitation anticipés générés par le projet ont un impact positif. Ils sont
eux-mêmes déterminés par le niveau d’activité induit par le projet, valeur ajoutée qui en
découle, la masse salariale à distribuer, l’impôt des sociétés...
- Les taux d’intérêt présent et futurs
2.2.2. Le rôle des taux d’intérêt Impact négatif des taux d’intérêt sur la valeur actualisée du projet
Si les taux d’intérêt montent, certains projets qui étaient à la limite de la rentabilité économique
avant la hausse des taux d’intérêt verront leur valeur actualisée nette devenir négative, ce qui
conduira à l’abandon de certains projets d’investissements.
2 interprétations de cet effet taux d’intérêt (selon que le projet soit financé par emprunt ou par
fonds propres (FP)) :
- Financement par emprunt : la hausse du taux d’intérêt implique une hausse du coût de
financement du projet. La hausse du taux d’intérêt affecte donc directement la rentabilité du
projet pour l’entrepreneur-emprunteur.
- Financement par fonds propres : la hausse du taux d’intérêt implique une hausse de la
rémunération qu’il pourrait obtenir d’une utilisation alternative de ses fonds propres. La
hausse du taux d’intérêt augmente le coût d’opportunité du financement du projet.
Remarques
Taux d’intérêt VS taux de rendement exigé par les actionnaires
Dans la mesure où une action implique une prise de risque supplémentaire pour les investisseurs, les
actionnaires réclament un taux de rendement plus élevé que le taux d’intérêt. On utilisera donc le
taux de rendement exigé par les actionnaires pour calculer la Valeur Nette Actualisée.
Cependant, pour simplifier, on continuera simplement à parler de taux d’intérêt.
Inflation et taux d’intérêt réels
C’est bien des taux d’intérêts réels que dépend négativement la valeur réelle des investissements.
Cependant, il peut y avoir des situations où une hausse (/baisse) des taux nominaux s’accompagnent
d’une baisse (/hausse) des taux réels si les taux nominaux augmentent moins (/plus) que l’inflation ;
les investissements s’en trouveraient alors stimulés (/déprimés).
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Macroéconomiquement
Le nombre et la taille de projets d’investissements entrepris à une période donnée dépendra donc
négativement du niveau des taux d’intérêt (réels).
2.3. Le rôle des anticipations quant au futur (et de l’incertitude)
Les investissements effectués en t seront d’autant plus élevés que les entreprises anticipent des
débouchés importants pendant la durée de vie du projet.
Ces anticipations sont influencées par l’activité présente,8� de deux façons :
- Les entreprises peuvent interpréter une fluctuation de l’activité d’aujourd'hui comme un
signal d’une évolution favorable des débouchés futurs (et vice-versa).
- Le niveau d’activité présent et l’excédent brut d’exploitation qui en découle influencent
positivement les liquidités dont disposent les entreprises. Cela leur permettra d’accroitre
leurs dépenses d’investissement si elles souhaitent autofinancer leurs dépenses
d’investissements.
Remarque : comme les ménages, les entreprises peuvent être contraintes par un marché du crédit
imparfait. Dans ce cas particulièrement, une hausse de leur revenu disponible présent lié à une
hausse de l’activité économique permettra à ces entreprises contraintes d’investir d’avantage.
2.4. Equations d’investissement retenue pour la suite
Nous résumerons les dépenses réelles d’investissements en deux composantes :
- Une composante exogène, �,̅ qui regroupe les dépenses d’investissement que nous ne
cherchons pas à expliquer (investissements publics, variations de stocks désirées,…)
- Une composante endogène, �, qui dépend
o Négativement des taux d’intérêt
o Positivement de l’activité présente (8�) et des anticipations de cette activité
(8��� , 8� � , …).
�� = � ̅ + �����, 8� , … �7:,5��� < 0,��$� > 0 Note :
- on appelle l’effet d’entrainement de l’activité présente sur l’investissement présent�$� l’effet
accélérateur.
- La composante endogène � représente également l’investissement résidentiel, puisqu’il
dépend aussi négativement des taux d’intérêts et positivement des revenus présents et
futurs des ménages.
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3. Chapitre III – Politique budgétaire, déficits publics et dette
publique
3.1 Politique budgétaire
3.1.1 Définition Politique budgétaire : le choix de l’autorité publique pour influencer le niveau de la demande ou la
production nationale (on dit budgétaire, car ces politiques influencent le budget de l’état, soit du
côté des dépenses, soit des recettes), à l’aide des 4 instruments suivants :
1) En agissant comme demandeur de la production via les administrations publiques. L’Etat
influence ainsi �� le niveau de consommation finale publique et/ou�'�, le niveau des
investissements publics.
2) En modifiant la demande de biens et services exprimés par les acteurs privés, via la fiscalité
et les transferts publics.
On n’étudiera ici que le rôle de l’Etat comme demandeur de production.
3.1.2 Les évolutions des demandes finales publiques sont-elles influencées par l’activité économique ?
On distingue 3 types de comportement des dépenses publiques : acyclique, contracyclique et
procyclique.
Une première possibilité : des dépenses finales indépendantes de l’activité
Le comportement est acyclique quand �� + �'� sont totalement exogènes, relevant d’un choix
purement discrétionnaire de l’autorité publique et ne dépendent pas du cycle conjoncturel.
Le cas de dépenses finales publiques contracycliques
Le comportement est contracyclique quand l’autorité publique choisit de faire varier �� + �'� de
façon à atténuer l’ampleur les fluctuations de l’activité économique (c'est à dire dépenser moins
quand l’activité croît, et dépenser plus lors des récessions). Les dépenses dépendent négativement
de l’acticité économique, on a alors :
�� = ��8��$ù /��/;� < 0,� /�'�/;� < 0 Ce fut le cas en 2008-2009, quand l’Etat a augmenté ses dépenses pour contrer la récession. Avec ce
type de comportement, le déficit se creuse en récession et se réduit dans les périodes économiques
favorables.
Le cas de dépenses finales publiques procycliques
Le comportement est procyclique quand l’autorité publique choisit de faire varier �� + �'� de façon
à entrainer les fluctuations de l’activité économique dans leurs hausses et dans leurs chutes. Les
dépenses dépendent positivement de l’acticité économique, on a alors :
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25 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
�� = ��8��$ù /��/;� > 0,� /�'�/;� > 0 Ce genre de comportement est de vigueur dans les économies où l’autorité publique décide de ses
dépenses finales de façon à respecter un objectif budgétaire strict, c'est à dire qu’elle ajuste ses
dépenses �� + �'� en fonction des marges budgétaires disponibles. L’Etat est alors contraint par sa
capacité de financement. On a :
� '� = ��'�< + ��8�� + �#===��������������!�!��!�()*+�,)!�
− (�� + �'�) − ���'����������������é(!��!�()*+�,)!�
Où :
- ��'�< : les revenus primaires non-fiscaux perçus par les autorités publiques (propriétés
publiques)
- ��8�� : la partie des recettes fiscales nette des transferts qui dépend de l’activité
économique et �#=== la partie indépendante de l’activité économique.
- ���'�� : la valeur réelle des charges d’intérêt sur la dette publique.
Imaginons que le gouvernement poursuit un objectif de dépense� '���*+!, on aura :
(�� + �'�) = ��'�< + ��8�� + �#=== − ���'�� − � '���*+!
Dès lors, à la suite d’une variation de Y, on aura la partie des recettes fiscales qui dépend de l’activité
économique ��8��, qui fluctuera (les autres termes du membre de droite y demeurent insensibles).
Seule la modification des dépenses pourra permettre de garder� '���*+!. Formellement, on a :
∆(�� + �'�) = �$�∆8� En d’autres mots, l’Etat dépense un maximum de ce qu’il peut dépenser ; donc, un événement
exogène qui stimule l’activité entraine des recettes fiscales supplémentaires, qui permettent d’élargir
les marges de dépenses pour soutenir un niveau plus élevé de G ou I (et vice-versa).
3.1.3 Dépenses finales publiques et taux d’intérêt Les dépenses finales publiques peuvent en outre dépendre négativement du niveau des taux
d’intérêt sur la dette publique. En effet, puisqu’on a :
� '� = ��'�< + ��8�� + �#=== − (�� + �'�) − ���'��
Une augmentation des taux d’intérêt provoquera un alourdissement de la charge de remboursement
de la dette publique, et donc une diminution de la capacité de financement. Dans le cas d’une
politique budgétaire contraignante où :
(�� + �'�) = ��'�< + ��8�� + �#=== − ���'�� − � '���*+!
Une variation exogène de �� ne pourra être compensé que par une modification des dépenses telle
que :
∆'�� + �'�( = −�'��. ∆��
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26 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
En résumé, le comportement pro- ou contracyclique de l’Etat dépendra de la sévérité de l’objectif
budgétaire. S’il est strict, les dépenses finales seront probablement procycliques (et dépendront
positivement de l’activité et négativement du taux d’intérêt) et inversement.
3.1.4 Politique budgétaire globalement pro ou contra-cyclique ? Outre ce qu’on a dit ci-dessus, la fiscalité (��8��) peut également être un outil qui peut être utilisé de
façon contra- ou procyclique (en durcissant la fiscalité et en réduisant les transferts en période de
crise, par exemple). C’est donc l’ensemble de la politique budgétaire (et non les seules dépenses
finales publiques) qui peut se révéler pro- ou contra-cyclique.
Dans certains pays, la politique budgétaire tend à être asymétrique, c'est à dire contracyclique
pendant les périodes difficiles, et procyclique pendant les périodes favorables (c'est le cas dans les
pays de l’UE15, notamment). Cela contribue à un accroissement inexorable de la dette publique.
Une politique budgétaire tendra souvent vers l’asymétrie sous la pression de la tentation
électoraliste.
4. Chapitre IV – Taux d’intérêt et politique budgétaire
4.1. Monnaie et création monétaire
4.1.1. La monnaie et ses fonctions La monnaie remplit 3 fonctions :
1) Numéraire (ou unité de compte), c'est à dire unité par laquelle sont libellés l’ensemble des
biens et services de l’économie).
2) Moyen d’échange (contrairement au troc, la monnaie permet d’échanger, même avec une
personne qui n’offre aucune ressource autre qui nous intéresse)
3) Réserve de valeur (pour mesurer le patrimoine, car la monnaie a une valeur constante, hors
inflation)
Même si la monnaie a un rendement nul (et est donc dominée par tous les actifs financiers qui
génèrent un rendement nominal strictement positif), sa qualité de liquidité parfaite la rend
indispensable pour faire des transactions instantanément.
4.1.2. Définition de la monnaie
La monnaie au sens strict
La monnaie est toute forme de détention du patrimoine, qui :
- Peut être directement utilisé pour payer des transactions
- Est unanimement reconnue comme telle dans l’espace économique considéré
On distingue deux « types » de monnaie utilisables directement pour l’échange :
- La monnaie fiduciaire (pièces et billets en circulation)
- La monnaie scripturale (montants sur les comptes à vue auprès d’intermédiaires financiers)
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27 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Dans l’UE, la monnaie scripturale représente à peu près 5 fois la monnaie fiduciaire.
Les actifs monétaires
Ces actifs (par exemple comptes d’épargne) ne constituent pas de la monnaie au sens strict car ils ne
sont pas directement utilisables comme moyen de paiement (même s’ils sont facilement
transformables en monnaie au sens strict). Ces actifs ont pour avantage de généralement mieux
rémunérer le capital.
La masse monétaire
La masse monétaire est l’addition de la monnaie au sens strict et des actifs monétaires. On
distingue trois agrégats selon le degré de liquidité des actifs monétaires :
- M1 = monnaie au sens strict (environ 49% du montant total, M3 ; la monnaie fiduciaire
représente 8,7%)
- M2 = M1 + livrets d’épargne et comptes à terme (88% de M3)
- M3 = M2 + dépôts moins liquides (100%)
4.1.3. La création monétaire M1
Déterminants de la demande de monnaie M1
Pourquoi les gens détiennent-ils du M1, alors qu’il est dominé par tous les autres actifs financiers ?
Car il est nécessaire aux transactions. C’est la raison pour laquelle M1 est saisonnier ; il dépend :
- Positivement des valeurs de transactions à réaliser ; elle augmente en période de dépense
relativement plus grande (Décembre, soldes). De plus, une augmentation globale des prix
des biens et services (inflation) entrainera des besoins supplémentaires en monnaie.
- Négativement du taux d’intérêt, qui influence le coût d’opportunité de la détention de la
monnaie, c'est à dire du taux d’intérêt nominal it+1 offert sur les autres modes de détention
du patrimoine.
Pour cette analyse, on considère le choix des agents de détenir de la monnaie M1 sous fiduciaire ou
scripturale comme exogène. On notera
� = #���
La relation entre �, la monnaie fiduciaire détenue par les agents et la masse monétaire ���, par le
coefficient # qui représente la fraction de ��� détenue sous forme fiduciaire.
L’offre de monnaie et la création monétaire
La création monétaire se fait en deux étapes, avec deux acteurs : la Banque Centrale (BC), qui a le
monopole de la création monétaire, et les Banques de second rang (BSR), qui sont le relai entre les
agents économiques prêteurs et les agents économiques emprunteurs.
1) La création de monnaie fiduciaire par la BC.
2) La création de monnaie scripturale par les BSR, découlant de l’octroi de crédit par les
banques.
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28 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Brève explication du processus de création de monnaie par l’octroi de crédit
Si personne ne dépose d’argent dans les banques, il n’existe pas de banques. Dans ce cas, le
processus de création de monnaie se résume à la première étape.
Ensuite, si les gens déposent de l’argent dans les banques celles-ci ne peuvent rien prêter.
L’ensemble de l’argent se trouve soit dans les poches des gens, soit dans les coffres des banques,
mais la masse monétaire totale reste intacte, et la création monétaire se résume toujours à la
première étape.
Enfin, si les banques ont droit au dépôt et au crédit, il y aura un phénomène de création d’argent. En
effet, la quantité de monnaie en circulation augmentera, puisque les banques peuvent prêter une
partie de l’argent qu’elles reçoivent en dépôt tout en gardant le reste en réserve. Une partie de cet
argent prêté retournera dans une banque, qui en prêtera de nouveau une partie, et ainsi de suite…
Bilan simplifié de la BC et des BSR
a) Bilan simplifié des banques commerciales ou banques de second rang (BSR)
ACTIF PASSIF
Réserves des BSR auprès de la BC : ��- Fonds propres (et dettes LT)
Créances des BSR sur l’Etat Dépôts à vue ��-
Créances des BSR sur secteur privé domestique Dépôts à terme ��&
Créances des BSR sur le RDM Emprunts nets auprès de la BC
Avec ��- = >��-
Où > (0 < > < 1) est le coefficient de réserve des banques.
De nos jours, la loi impose très peu de réserve :
- 1% pour les dépôts à vue
- 0% pour les dépôts à terme
b) Bilan de la banque centrale (BC)
On appellera base monétaire (��) la somme des pièces et billets émis par la BC. Cette base
monétaire se sépare en :
- � : les billets et pièces en circulation
- ��- : réserves des BSR
� Tels que : �� = � + ��-
ACTIF PASSIF
Créances sur l’Etat Billets/pièces en circulation �
Créances sur BSR Réserve des BSR ��-
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Créances sur secteur privé (non BSR)
Créances sur le RDM
Total passif = �� = � + ��-
Note :
- Marché primaire ou « du neuf » : titres vendus pour la première fois.
- Marché secondaire ou « d’occasion » : titres revendus.
Examinons comment la BC acquiert des créances sur les autres secteurs de l’économie :
Prêter des liquidités à des agents emprunteurs
1) Prêter des liquidités aux intermédiaires financiers
a. Opérations de financement : la BC prend l’initiative de mettre des liquidités
supplémentaires à la disposition des BSR via des prêts CT ou Moyen Terme.
b. Facilité de prêt marginal : la BC octroie des liquidités aux BSR qui en font la demande.
Ces liquidités sont soumises à un taux d’intérêt choisi par la BC, en contrepartie d’une
garantie ou d’une prise de pension (dans ce dernier cas, la BSR prête des actifs financiers en
échange des liquidités).
2) Prêter des liquidités à l’Etat
a. Financement direct : la BC remet directement l’argent fraîchement imprimé, avec
lequel l’Etat pourra payer un certain nombre de dépenses.
b. Financement indirect ou monétarisation de la dette publique : l’Etat émet un
emprunt à la BC à hauteur du déficit public, et cette dernière émet de la monnaie à
hauteur du montant d’emprunt souscrit.
3) Crédit direct aux autres agents économiques (interdit dans des circonstances normales).
Ces trois pratiques sont interdites dans l’UME, sauf dans des plans de sauvetages des Etats
Européens (exemple : Grèce 2011).
Se porter acquéreuse d’actifs financiers sur les marchés secondaires
4) Opérations d’Open Market (OMO) ; c'est à dire rachat ou revente de titres sur les marchés
secondaires. La BC achète ou vend, en contrepartie de monnaie fiduciaire, des titres
financiers cotés sur un marché secondaire (grandes entreprises, Etat, RDM,...).
o OMO expansive : achat de titres avec, en contrepartie, création monétaire �
expansion du bilan de BC et de B.
o OMO restrictive : vente de titres en échange de monnaie jusque là en circulation �
contraction du bilan de BC et de B.
5) Interventions sur le marché des changes (pour influencer les créances qu’elle détient sur
RDM sous la forme de devises).
o Achat de devises étrangères : expansion du bilan de BC et de B
o Vente de devises étrangères : contraction du bilan de BC et de B
c) Le système bancaire (SB = BC+BSR)
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30 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Au moment t, la masse monétaire est ainsi constituée :
�� = � + ��.�= �� − �- + �-�$ù:
Quand on consolide les deux précédents bilans, on obtient :
Bilan consolidé simplifié du SB
ACTIF PASSIF
Créances sur l’Etat Fonds propres Créances sur le secteur privé domestique Billets/pièces en circulation, � Créances sur RDM Dépôts à vue ��.
Dépôts « à terme » ��&
On voit que �� est contrôlé :
- Par la BC (principalement), qui contrôle :
o �� entièrement, puisqu’elle a le monopole d’émission des pièces et billets.
o � indirectement, en imposant une réserve minimale (le ratio, >) et le taux d’intérêt
qu’elle accorde aux BSR.
- Par BSR, qui contrôlent leur politique d’octroi des crédits.
- Par les clients des BSR, qui choisissent le montant global des dépôts et la manière dont ils
répartissent leur détention entre billets et dépôts.
Afin d’examiner le lien entre �� et ��, on (re)définit :
- �- = >�- : le lien entre réserve et dépôts à vue.
- � = #�� : le lien entre monnaie fiduciaire et masse monétaire en circulation
- �� = � + �- : la composition de la masse monétaire
A l’aide de tout ce qui précède, on a :
�- = �1 − #���
A partir de quoi on calcule :
� =#
1 − # �-
Ce qui nous permet de définir :
�� = � + �� =#
1 − # �- + >�- = �- ∗# + >(1 − #)
1 − #
Cette équation conforme nos intuitions :
- Quand les gens ne déposent pas d’argent dans les banques, # = 1, il n’y a pas plus d’argent
que ce que crée la BC.
- Si les banques ne peuvent rien prêter,> = 1 et il n’y a pas non plus de création monétaire.
Réécrivons (puisque �- = �1 − #���) :
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31 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
�� = (# + >�1 − #�)��
→ ��� =1# + >�1 − #� × �� > ��
Où # + >�1 − #� est le multiplicateur monétaire. Le multiplicateur monétaire dépend donc
négativement:
- De la préférence pour la monnaie fiduciaire# (imaginons une situation où la monnaie n’est
qu’électronique, alors # = 0 et la masse monétaire tendra vers �/ ).
- Du coefficient de réserves des BSR, > (souvent autours des 1%, soit > = 0,01).
Résumé schématique :
4.2. Le contrôle des taux d’intérêt par BC et la politique monétaire
On définit la politique monétaire comme les décisions de la banque centrale pour influencer
l’activité économique et l’inflation. Pour cela, la BC a 3 d’instruments à sa disposition :
- Ses propres taux d’intérêt, quand les banques secondaires viennent emprunter de l’argent.
- Les montants de liquidités qu’elle met à disposition des autres agents économiques (et les
conditions d’octroi et de garanties de ces liquidités).
- Le coefficient de réserve obligatoire, c'est à dire la borne inférieure de réserve,>���.
Cependant, les BC n’y touchent habituellement pas, on en parlera donc peu.
Grâce à ces outils, via les intermédiaires financiers, la banque centrale influence l’ensemble des taux
d’intérêt (pour les ménages, les entreprises non-financières et les administrations).
4.2.1. Les taux d’intérêt de la banque centrale et leur transmission aux autres taux d’intérêt
a) Taux de la BC et taux interbancaires
La BC parvient très bien à contrôler les taux auxquels se prêtent les banques entre elles (les taux
interbancaires), ce qui aura un impact sur le taux auquel elles-mêmes prêteront à tous les autres
agents de l’économie. En effet, les taux d’intérêt auxquels la BC prête des liquidités aux IF influencent
le coût des liquidités pour ceux-ci et ceci se répercutera sur les taux d’intérêt du marché
interbancaire.
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32 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Lors des opérations interbancaires au jour le jour, la BC peut en effet fixer le taux maximal auquel les
banques peuvent lui emprunter, ainsi que le taux minimal auquel la BC rémunère les dépôts. Ainsi,
quand les banques trouvent un accord de prêt/emprunt, il se trouvera toujours à l’intérieur du
« couloir de fluctuation » que forment ces deux taux de la BC (parce que si c’est au-dessus ou en-
dessous, les banques ne se prêtent pas entre elles mais demanderont à la BC).
En plus d’offrir aux banques la possibilité de s’adresser à elle, la BC annonce régulièrement qu’elle
est prête à offrir des liquidités. En effet, si les banques se prêtent entre elles à un taux que la BC
estime trop élevé, et qu’elle veut faire baisser le taux d’intérêt, elle peut annoncer aux banques
qu’elle peut les refinancer à un taux moindre. Dès lors, le fait que la BC se lance dans une opération
de refinancement va faire chuter la demande de financement sur le marché et baisser le taux
interbancaire.
Dans les faits, on observe que jusque 2008 (crise financière), la BC parvient à équilibrer le taux
d’intérêt autours de son taux directeur. À partir de ce moment, peu à peu, les banques ont baissé un
maximum leurs taux d’intérêt, le fixant dans le bas du couloir de fluctuation. Cela traduit l’abondance
de liquidités que les banques ont dans leurs mains.
Lorsque les banques se prêtent au jour le jour, le taux est plus faible que lorsqu’elles prêtent pour
une plus longue période. Cependant, la BC parvient à guider le taux interbancaire à 1 an aussi bien
que le taux au jour le jour, de la même façon.
b) Transmission des taux de la banque centrale aux taux pratiques par les
intermédiaires financiers envers leurs clients
Les taux d’intérêt que la BC pratique envers les Intermédiaires Financiers (par les taux interbancaires
et l’accès à la liquidité aux IF qu’elle donne) se répercutent directement sur les taux pratiqués par les
IF envers les autres agents.
En effet, même si les taux que pratiquent les IF ont des écarts en fonction des primes de risque et de
la durée, ils suivent globalement la direction indiquée par la BC.
4.2.2. Les apports de liquidités de la BC
Liquidités mises à la disposition des BSR
A taux d’intérêt de la BC inchangés, les taux d’intérêt du marché interbancaire peuvent toutefois
fluctuer au gré des mouvements de l’offre et de la demande sur le marché. Du coup, pour contrôler
les taux d’intérêt interbancaires, la BC fait varier les liquidités qu’elle met à la disposition des
intermédiaires financiers pour contrer les mouvements spontanés de taux d’intérêt sur le marché
interbancaire.
Par exemple, si la demande de liquidités interbancaires est chroniquement forte, la BC va augmenter
les liquidités à disposition des BSR, ce qui fera augmenter l’offre de liquidité et rééquilibrera le
marché.
Injections de liquidités dans le cadre des opérations d’open market
Parfois, la transmission « taux BC � taux interbancaires � autres taux » peut mal se faire (par
exemple, en période d’incertitude qui fait monter les primes de risques). Quand cela arrive, la BC a
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33 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
une autre alternative pour influencer les taux : utiliser les liquidités qu’elle injecte d’une autre façon
qu’en les fournissant aux BSR, via d’autres canaux :
- En prêtant directement aux autres agents;
- En agissant sur les marchés secondaires des titres dont les taux de rendement ont tendance
à monter (ou à baisser).
4.2.3. La fonction de réaction de la politique monétaire et la relation MP Dans des circonstances normales, la BC a une assez bonne transmission de ses taux (via les deux
outils détaillés en 2.1 et 2.2). Dès lors, dans la suite du cours, on parlera du taux d’intérêt, car on
considère que dans des circonstances normales, quels que soient les primes de risques, les
émetteurs etc., tous les taux bougent dans la même direction, et sont décidés par la BC.
Nous appellerons MP (Monetary Policy) la fonction de politique monétaire qui conduit à un certain
niveau de taux d’intérêt. On distingue deux types de politiques :
Une politique monétaire avec taux d’intérêt constant
La fonction de MP est simplement :
�� ≡ ��� = �̅
Ici, la BC ajuste son comportement pour que les taux d’intérêt nominaux observés se fixent à un
niveau égal à l’objectif de taux réel qu’elle vise, augmenté du taux d’inflation � = � + ?�.
Pour que les taux d’intérêt restent constants quand l’activité économique change, BC doit ajuster le
montant des liquidités à la disposition des agents économiques. En effet, on a normalement :
Hausse de l’activité économique � hausse de la demande en monnaie � les BSR ont besoin de plus
de liquidités � hausse de la demande en crédits interbancaires � hausse des taux d’intérêt
interbancaires.
Pour éviter cette hausse, la BC sera contrainte de mettre à disposition des BSR toutes les liquidités
supplémentaires dont elles ont besoin.
4.2.3.1. Une politique monétaire avec objectif variable de taux d’intérêt La fonction MP s’écrit alors :
�� ≡ ��� = �̅ + ��?% − ?=; 8� − 8=�
Où �0� > 0et �$� > 0
Ici, la BC agit en fonction à la fois des évolutions de l’activité économique réelle et de l’inflation.
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34 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
1. objectif d’inflation � ?%. La BC a pour mission de défendre un taux d’inflation ?= qui
correspond à un niveau-cible de pouvoir d’achat de sa monnaie et donc d’inflation. Pour
lutter contre les pressions inflationnistes, la BC durcira sa politique monétaire en révisant à la
hausse son objectif de taux d’intérêt réel.
2. objectif d’activité économique � 8�. La BC a pour mission de viser un taux d’activité et
d’emploi à un niveau satisfaisant 8=. Quand l’activité économique descend sous l’objectif, la
BC peut soutenir celle-ci en baissant son taux d’intérêt réel afin de stimuler les dépenses en
consommation et en investissement. Au contraire, quand l’activité approche trop de la
pleine capacité (ou la surchauffe), la BC monte ses taux d’intérêt.
La fonction MP a alors la forme suivante
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35 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Macroéconomie – partie II
L’équilibre macroéconomique de court
terme en économie fermée
5. Chapitre V – Le modèle IS-MP.
5.1. Construction de la relation IS
5.1.1. La demande globale pour la relation nationale (rappel) En économie fermée, la demande globale pour la production finale s’écrit
8�� = �� + �� + �� La sensibilité de l’ensemble des investissements privés et publics à l’activité économique est plus
forte quand l’autorité publique a une politique pro-cyclique d’investissements publics que quand
c’est acyclique, et encore plus en contracyclique.
De façon synthétique :
8� = (8, ���, … )
5.1.2. L’équilibre keynésien à taux d’intérêt donné L’intuition Keynésienne est la suivante : un marché du travail qui ne s’équilibre pas au plein emploi
n’est pas causé par des salaires trop hauts (comme on le pensait jusque là), mais bien par une
contraction de la demande globale de biens et services, c'est à dire une insuffisance généralisée de la
demande pour la production des entreprises. Un baisse de salaire serait donc néfaste, puisqu’elle
engendrerait une perte de pouvoir d’achat, et donc de demande intérieure.
Pour Keynes, la solution à un problème de contraction de l’activité économique passe par des
politiques publiques de relance de la demande globale.
5.1.3. Définition d’un équilibre keynésien (E-K) On qualifie de keynésien un équilibre macroéconomique avec excès d'offre généralisé sur les
marchés des biens et du travail: c'est donc une situation où aux prix et salaire en vigueur, les
entreprises font face à des contraintes de débouchés et des travailleurs sont au chômage. Il y a, aux
prix et salaires en vigueur :
- Une sous-utilisation des capacités de production rentables. Cette sous-utilisation découle de
débouchés insuffisants.
- Un sous-emploi de certains travailleurs découlant d’une demande de travail insuffisante du
fait des problèmes de débouchés des entreprises.
� Les entreprises sont contraintes par leurs débouchés et la courbe d’offre globale est
horizontale au niveau général des prix en vigueur.
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36 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
À L’E-K, c'est donc le niveau de la demande finale, 8��, qui déterminera le niveau d’activité
macroéconomique,8� . L’équilibre du marché des biens et services est donc décrit par la condition suivante :
8� = 8�� = �(8� , ���, … )
Dans l’espace, cet équilibre se représente de la façon suivante :
Où l’équilibre keynésien se trouve à l’intersection entre 8� et 8��. Notons qu’ici, les dépenses
publiques sont acycliques, c'est à dire indépendantes de l’activité économique. Comme on va le
détailler plus tard, on observe que l’activité économique a un effet d’entrainement sur elle-même
(puisque la fonction est croissante).
5.1.4. Propriétés de l’E-K
5.1.4.1. Un effet d’entrainement de l’activité sur elle-même
Lorsque les entreprises sont contraintes par leurs débouchés au prix et salaires en vigueur, l’activité
économique exerce un effet d’entrainement sur elle-même, via son effet sur la consommation et
l’investissement.
Formellement, ∆+ activité (et donc revenus primaires) � ∆+ toutes les composantes de la demande
(��, éventuellement �� et ��) � ∆+ activité (et inversément).
Cet effet d’auto-entrainement est d’autant plus fort que ��, �� et �� sont sensibles à l’activité
présente.
5.1.4.2. L’effet multiplicateur des chocs de demande
Toute modification exogène d’un des déterminants de la demande verra son impact initial sur
l’activité multiplié par l’effet d’entrainement qu’a l’activité sur elle-même via la consommation
finale et l’investissement. L’impact initial est donc multiplié par un multiplicateur > 1.
Imaginons un choc des dépenses publiques exogène. On aura :
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37 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Ici, �
�1���� 2��
� 3> 1est appelé multiplicateur (de la consommation publique).
De ce fait, le pessimisme/optimisme quant au futur déprime/stimule l’activité présente : dans un
contexte d’incertitude, chaque destruction d’activité nourrit de nouvelles craintes de destruction
d’activité, les deux s’alimentant l’un l’autre.
5.1.4.3. Expression générale du multiplicateur à taux d’intérêt donné @8� = A�75� B � 7C@D5ℎ$5%D�8� + '�$�� + �$�� + �$�� (. @8��������������!""!�����)���
Le choc d’activité induit par le choc a lui aussi un impact sur la demande, provoquant un choc, etc…
On obtient une suite géométrique qu’on peut résumer ainsi :
∆8� = 1
1 − '�$�� + �$�� + �$�� ( . [ A�75� B � 7C@D5ℎ$5%D�8�]
↔ ∆8� =1
1 − �$�� . [ A�75� B � 7C@D5ℎ$5%D�8�]
Où �$�� = �$�� + �$�� + �$�� résume l’ensemble de l’effet d’entrainement de l’activité sur elle-même.
Remarque : l’effet multiplicateur du choc de demande est affecté par le caractère acyclique,
procyclique ou contracyclique de la consommation publique et des investissements publics :
- Contracyclique � effet multiplicateur plus faible, puisque G et I stabilisent les fluctuations de
l’activité : �
�1���� 4��
� 2��� 3
<�
�1���� 2��
� 3
- Procyclique � effet multiplicateur plus fort, puisque G et I amplifient les fluctuations de
l’activité. : �
�1���� 4��
� 2��� 3
>�
�1���� 2��
� 3
Dans un contexte de crise économique, on comprend que la rigueur budgétaire constitue une
menace de dégradation plus grave encore. C’est pourquoi la BC a assoupli ses exigences d’un déficit
public de maximum 3% du PIB, afin de permettre à certains Etats de lancer des politiques
contracycliques. Cependant, retourner à une politique 100% contracyclique n’est pas possible, sous
peine de faire exploser la dette publique.
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38 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
5.1.5. L’effet du taux d’intérêt sur Yt : la relation IS
Effet du taux d’intérêt sur l’activité à l’Equilibre Keynésien
On l’a vu dans les chapitres 1, 2 et 3, une variation du taux d’intérêt réel ���aura des effets sur 8��
et donc sur 8� . En effet, une hausse des taux d’intérêts :
On sait que ��� :
� Affecte négativement la consommation des ménages (chap 1)
� Affecte négativement les investissements (chap 2)
� Affecte négativement les dépenses publiques car une hausse des taux d’intérêts
augmentera la charge de la dette (si l’Etat est soumis à un objectif de déficit public strict).
Le niveau de demande globale (et donc aussi le niveau d’activité) sera d’autant plus faible que le taux
d’intérêt réel est élevé. On appelle IS la relation négative entre taux d’intérêt ��� et l’activité 8� à
l’équilibre (keynésien) du marché des biens.
La pente de la relation IS est donc �$������= ����� 2����
����2��< 0.
On trouve alors (lorsqu’on additionne l’effet total du taux d’intérêt sur l’activité, et l’effet de l’activité
sur elle-même) ∆8� = ����� 2����
����2��. ∆��� (dans le cas de dépenses publiques acycliques).
Graphiquement, l’effet d’une hausse des taux d’intérêt est le suivant :
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39 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
De plus, l’effet d’une variation donnée du taux d’intérêt réel sur la demande pour la production
nationale et l’activité sera d’autant plus important que :
1. La consommation et l’investissement sont sensibles au taux d’intérêt
� ������ et ������ sont élevés (� détermine l’ampleur de l’impact initial).
2. L’effet d’entrainement de l’activité sur elle-même est important,
� �$� et �$� sont élevés (� détermine l’ampleur des effets induits par l’impact initial).
De plus, avec des dépenses publiques procycliques, l’activité sera plus sensible aux taux d’intérêts, la
relation IS sera plus horizontale dans l’espace. Avec des dépenses publiques contracycliques,
l’activité sera moins sensible aux taux d’intérêts, la relation IS sera plus verticale dans l’espace.
« Chocs » de demande et déplacements de la relation IS
Tout choc de demande (c'est à dire modification d’un déterminant de la demande pour la production
nationale à taux d’intérêt réel donné) entrainera une modification de la relation IS. Dans l’espace à
deux dimensions (8� , ���), il s’en suivra un déplacement de la courbe IS.
- Tout événement qui augmente la demande pour la production nationale à taux d’intérêt
donné produit un déplacement de IS vers la droite dans l’espace (8� , ���). Exemples :
o Hausse de ��=== ou de ��E .
o Baisse de la fiscalité présente
o Hausse du patrimoine ��� .
o Hausse anticipée des revenus disponibles futurs.
- Tout événement qui réduit la demande pour la production nationale à taux d’intérêt donné
produit un déplacement de IS vers la gauche dans l’espace (8� , ���).
o Exemples : contraire des précédents.
Pourquoi « IS » ?
On peut réécrire l’équilibre du marché des biens comme (puisqu’on est en économie fermée) :
8� − �� − �� = �� En économie fermée, le PIB = PNB = revenu disponible brut. L’épargne brute macroéconomique est
donc
�� = 8� − �� − �� D’où �� = �� . IS désigne l’égalité entre Investment & Savings.
5.2. Le modèle IS-MP
5.2.1. Présentation générale et hypothèse de travail Le modèle IS-MP permet d’étudier les déterminants de l’équilibre de court terme d’une économie
fermée, où :
- IS décrit le niveau d’activité qui découle d’un certain niveau de taux d’intérêt, compte tenu
des autres déterminants de la demande.
- MP explicite la détermination des taux d’intérêt.
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40 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
- Court terme implique que le prix des biens et les salaires sont fixes (alors que les prix des
actifs financiers et le taux d’intérêt sont flexibles), et que les équipements productifs sont
donnés.
- Equilibre macro-économique signifie l’équilibre de tous les marchés de l’économie. Ici, cet
équilibre comprend implicitement 4 macro-marchés :
o Marché des biens, qui est explicitement décrit dans la relation IS qui détermine quel
est le niveau d’activité sur ce marché à chaque niveau de taux d’intérêt.
o Sphère financière et monétaire, qui est décrite par la relation MP, qui décrit
implicitement le marché monétaire (que la banque centrale influence indirectement)
et les marchés financiers (notamment les marchés du crédit) où se déterminent le
niveau des taux d’intérêt pertinents pour les agents économiques non-financiers.
o Marché du travail, où le travail apparait comme un facteur de production homogène
� voir ci-dessous.
Le modèle IS-MP s'intéresse aux déterminants de l'équilibre macroéconomique de court terme
lorsqu'aux prix des biens et salaires en vigueur, il y a sous-utilisation des capacités de production
rentable et sous-emploi de la population active (hypothèses du modèle de Keynes). Il y a donc deux
hypothèses fondamentales:
- Rigidité des prix et salaires nominaux.
- Existence d’une offre prête à satisfaire toute demande (tant sur le marché des biens que sur
celui du travail).
Nous sommes donc en présence d’un équilibre Keynésien. Cela signifie qu’aux prix et salaires en
vigueur :
1. Tant qu’il reste des capacités de production rentables inutilisées, l’offre globale de biens et
services est horizontale au niveau général des prix actuels, car les entreprises qui ont des
capacités de production rentables excédentaires sont prêtes à servir toute demande
supplémentaire pour leur production.
2. L’emploi reste inférieur à la population active, l’offre de travail est donc horizontale au
salaire réel actuel. Les entreprises ne rencontrent aucune difficulté d’embauche, certains
travailleurs au chômage étant disposés à accepter un emploi aux prix et salaires en vigueur.
Sous ces hypothèses, la demande globale pour la production nationale détermine :
1. Le volume des transactions d’équilibre sur le marché des biens
2. Le niveau d’emploi à l’équilibre du marché du travail (c'est à dire l’emploi dont les
entreprises ont besoin pour produire les quantités demandées de biens et services).
Toute fluctuation de la demande de biens et services se traduira donc par des fluctuations égales de
l’activité et des fluctuations dans le même sens de l’emploi.
5.2.2. Le modèle IS-MP lorsque la banque centrale poursuit un objectif de taux d’intérêt constant.
Le modèle:
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- La relation IS décrit tous les couples (activité, taux d'intérêt) auxquels le marché des biens
est à l'équilibre keynésien
� �� ≡ 8� = ��8� , ���, … � = ∑ 5$A�$%7B�%@,C7@,A7B@,7FF�éFé,
- La relation MP décrit tous les couples (activité, taux d'intérêt) auxquels il y a équilibre des
marchés monétaire et financiers compte tenu du comportement de la banque centrale.
� �� ≡ ��� = �̅ = objectifdelaBanqueCentrale.
Rappel : on parle de ��� constant, pour les agents économiques non-financiers � la banque
centrale utilises des modifications de taux et de liquidités mises à disposition pour garder ���
constant.
L’analyse est donc la suivante : au taux d’intérêt fixé (et donné par MP), IS détermine le niveau
d’activité d’équilibre 8∗, qui correspond à la demande pour la production nationale à ce taux
d’intérêt.
5.2.2.1. Modification de l’équilibre IS-MP suite à des chocs sur IS
Une dépression de la demande pour la production nationale (exogène : consommation publique,
investissements, patrimoine des ménages, pessimisme …) représente un déplacement de la courbe IS
vers la gauche (déprime la demande). Une stimulation de la demande déplacera IS vers la droite.
Rappel : - Un choc a des effets quantitatifs plus importants sur l’activité si
o Il a un impact initial important o Il a un multiplicateur (= effet d’entrainement) important
- Le pessimisme/optimisme a un effet autoréalisateur sur l’activité, car il déprime/stimule la consommation et l’investissement.
- Toute fluctuation de l’activité a un impact sur les marchés monétaires et financiers, mais la Banque Centrale ajuste ses instruments pour maintenir les taux d’intérêts fixes.
5.2.2.2. Impact d’une modification de la politique monétaire
Une modification du taux d’intérêt par la Banque centrale déplacera MP vers le haut ou le bas.
Par exemple, une baisse des taux correspond à une politique expansionniste :
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42 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Remarque :
- L’impact est plus fort si la consommation et l’investissement sont sensibles au taux d’intérêt
réel, et si l’effet d’entrainement de l’activité sur elle-même est important (graphiquement :
au plus IS es horizontal, au plus l’impact sera important).
- Pour qu’elle ait un réel impact, la modification de taux d’intérêt doit apparaitre comme
durable.
- Le taux d’intérêt peut se modifier indépendamment de la volonté de la BC (si crise financière)
5.2.3. Le modèle IS-MP avec taux variables
5.2.3.1. L’équilibre macroéconomique
Maintenant, le taux d’intérêt est endogène :
�� ≡ ��� = �̅ + �(?% − ?= , 8 − 8=)
Dès lors, MP est croissant, et IS et MP déterminent ensemble 8�∗ et���∗ . Cela illustre
l’interdépendance des marchés : les taux d’intérêt et l’équilibre du marché des biens s’influencent
mutuellement.
5.2.3.2. Modification de l’équilibre macroéconomique suite à un choc sur IS
Une modification de la demande pour la production nationale (causée par une modification de G ou
I ou tout autre déterminant exogène) représente un déplacement de la courbe IS vers la gauche
(déprime la demande) ou la droite (stimule la demande). Contrairement à ce que nous avons vu avec
un taux d’intérêt fixe, cette modification correspond à un nouvel équilibre pour le niveau d’activité et
le taux d’intérêt.
Ceci complique les choses car une modification du taux d’intérêt causée par une des composants,
aura des en retour un effet sur les autres composants de l’activité.
Analytiquement :
- La différentielle d’IS s’écrit (pour un choc exogène sur la demande, G�)
Où :
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43 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
o (A) = conséquences initiales de Z (qui est un déterminant de C, G ou I).
o (B) = conséquences sur C, G et I d’une modification des taux d’intérêt.
o (C) = effet d’entrainement de l’activité sur elle-même.
- La différentielle d’MP s’écrit
�� → @��� = �$�� @8����(�)
o (D) = répercussion de Y sur les taux d’intérêts.
On peut alors étudier l’impact de cette perturbation sur l’économie en formant un système de deux
équations à deux inconnues. On injecte la différentielle de MP (mouvement de taux d’intérêt) dans IS
pour obtenir 8∗, au moyen duquel on obtient ���∗ .
Comme on peut le voir, un choc positif/négatif sur IS � mouvement positif/négatif sur l’activité et le
taux d’intérêt. Ce choc peut se décomposer en 3 temps :
1. Choc (modification de G, I ou un déterminant exogène Z) � modifie le niveau de demande
nationale au taux d’intérêt initial. Graphiquement : déplacement de IS.
2. Répercussion au niveau de la sphère monétaire et financière, modification du taux d’intérêt.
Graphiquement : déplacement le long de MP au fur et à mesure du déplacement de IS.
3. Répercussion de la modification de taux d’intérêt sur la consommation des ménages, dans
un sens opposé à la variation initiale de la demande de biens. Ceci a pour effet d’amortir le
choc initial.
Effectivement, dans le graphe ci-dessus, on voit que le fait de passer de 1 à 2 (au lieu de 1 à 1’
précédemment), tempère l’impact sur l’activité économique. Cela équivaut à écrire :
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44 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
|∆8� 7:,57HD%�,A,B�@,���| < |∆8� %7B%7HD%�,A,B�@,���|
Qui vient de l’inégalité suivante :
1
1 − �$�� − �$�� − �$�� − (������ + ������ + ������ )�$�� <
1
1 − �$�� − �$�� − �$��
On a à gauche tous les composants qui rentrent en jeu dans le processus d’ajustement induit par le
choc, qu’on peut décortiquer :
- �$�� + �$�� + �$�� � l’effet d’entrainement de l’activité sur elle-même.
- �$�� � l’effet de variation de l’activité sur les taux d’intérêts. Il est élevé � MP est + vertical
- ������ + ������ + �����
� � l’effet du taux d’intérêt sur la consommation privée et
l’investissement.
En résumé, on a :
- En cas de choc de demande positif, la variation à la hausse du taux d’intérêt freine l'effet
expansionniste du choc: suite à un choc demande positif donné, l'activité est finalement
moins stimulée que si le taux d’intérêt était resté constant (MP horizontale) car la hausse du
taux d’intérêt a freiné l'évolution à la hausse de la consommation et de l'investissement et
donc de l'activité.
- En cas de choc de demande négatif, la baisse du taux d'intérêt limite l'effet récessif du choc:
suite à un choc demande négatif donné, l'activité est finalement moins déprimée que si le
taux d'intérêt restait constant (MP horizontale) car la baisse du taux d'intérêt a un effet
positif sur la consommation et l'investissement et donc l'activité. L'effet multiplicateur d'un
choc négatif est donc lui aussi freiné par l'ajustement du taux d'intérêt.
On parle de frein monétaire pour désigner cet effet d’ajustement du taux d’intérêt, qui réduit l’effet
multiplicateur d’un choc donné (positif comme négatif). L’ampleur de ce frein est mesurée par les
termes : (������ + ������ + �����
� )�$�� .
5.2.3.3. Impact d’une modification de la politique monétaire
a) Les déterminants de l’efficacité de la politique monétaire
Un changement de politique monétaire = modification du taux d’intérêt réel que la BC poursuit
comme objectif avec ses différents outils.
� Politique monétaire expansionniste = taux d’intérêts bas � stimule l’activité
� Politique monétaire restrictive = taux d’intérêts hauts � déprime l’activité
Graphiquement, une politique expansionniste/restrictive � déplacement de MP vers le bas/haut.
Dans un premier temps, un changement dans le taux d’intérêt modifie l’activité via toutes les
composantes de la demande qui sont sensibles au taux d’intérêt et, dans un second temps, via l’effet
d’entrainement de l’activité sur elle-même.
Graphiquement :
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La différentielle de MP devient :
�� → @� + 1 = @#� + �$�� @8�
Où :
- @#� représente l’effet initial du changement de politique monétaire sur les taux d’intérêts.
o @#� > 0 : politique monétaire restrictive � hausse généralisée des taux d’intérêt et
déplacement de MP vers le haut.
o @#� < 0 : politique monétaire expansible � baisse généralisée des taux d’intérêt et
déplacement de MP vers le bas.
- �$�� @8� représente l’effet de rétroaction de l’activité économique sur les taux d’intérêt.
On retrouve un système de 2 équations à 2 inconnues, qui nous permet de formaliser l’effet total sur
l’activité économique et les taux d’intérêt d’un changement de politique monétaire (à IS inchangé)
comme suit :
L’impact total (l’efficacité) de la politique monétaire sur l’activité s’analyse comme suit :
1. L’impact dépend positivement de l’ampleur du mouvement du taux d’intérêt suite au
changement de politique monétaire (plus |@#�̅| est élevé, plus C, (G) et I vont réagir).
2. L’impact dépend positivement de la sensibilité de la consommation et de l’investissement au
taux d’intérêt (plus |������ − ������ − ������ | sont élevés, plus l’impact sera grand).
3. L’impact dépend positivement de l’effet d’entrainement de l’activité sur elle-même via la
consommation et l’investissement.
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b) Quelques précisions à propos de la politique monétaire et du
mécanisme de transmission de la politique monétaire à la sphère
réelle.
Dans IS-MP, la politique monétaire mise en place par la BC n’affecte l’activité réelle qu’au travers de
son impact sur le taux d’intérêt, via ses outils :
- Modification de ses propres taux d’intérêt.
- Modification des liquidités mises à disposition des agents économiques :
o En modifiant le coefficient de réserves obligatoires des banques de second rang.
o En prêtant plus ou moins de liquidités aux banques de second rang.
o En finançant directement l’autorité publique ou certaines grandes entreprises.
o En pratiquant des opérations de marché ouvert sur le marché obligataire (OMO) ou
sur un autre marché de titres.
Avec tous ces outils sauf le dernier, toutes autres choses égales par ailleurs, il s’en suit une détente
des taux sur le marché interbancaire une détente des taux que les BSR pratiquent envers leurs
propres clients.
L’OMO
Avec le dernier outil (OMO), l’impact sur un marché financier secondaire se transmet aux autres
marchés financiers secondaires et primaires. Le déséquilibre du marché secondaire concerné par
l’OMO :
- Va s’étendre à l’ensemble des autres marchés secondaires (y compris ceux des actifs réels)
- Va affecter le marché primaire et le taux d’intérêt en vigueur sur ce marché.
Une OMO expansive fait baisser les taux d’intérêt :
- Rachat de titres sur le marché secondaire avec une émission de monnaie « centrale », la
masse monétaire en circulation augmente, l’actif et le passif de la BC augmentent.
� Excès de demande de titres sur le marché secondaire
� Hausse du cours des titres cotés sur le marché secondaire
� Baisse du rendement offert par ces titres cotés (pour celui qui en fait l’acquisition au
nouveau prix).
� Sur le marché primaire, les nouveaux titres peuvent être émis à un taux d’intérêt
moindre
� Baisse des taux d’intérêt sur les marchés primaires
Une OMO restrictive fait monter les taux d’intérêt :
- Vente de titres sur le marché secondaire en échange de monnaie, la masse monétaire en
circulation diminue, l’actif et le passif de la BC se contractent.
� Excès d’offre de titres sur le marché secondaire
� Baisse du cours des titres cotés sur le marché secondaire
� Hausse du rendement offert par ces titres cotés
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� Sur le marché primaire, les nouveaux titres doivent être émis à un taux d’intérêt
supérieur
� Hausse des taux d’intérêt sur les marchés primaires
Nb : dans IS-MP, le lien entre marché des obligations et marché des actions est considéré comme un
seul marché, ce qui revient à dire que les actifs financiers sont de parfaits substituts.
c) Perte de contrôle de la Banque Centrale sur les taux d’intérêt
Comment comprendre une crise financière dans IS-MP ? Par exemple, si les intermédiaires financiers
deviennent soudain très réticents à prêter (parce qu’ils ont des problèmes de liquidité ou qu’ils
perçoivent plus de risque de défaut des emprunteurs), ils octroieront moins de crédit (créant ainsi
moins de monnaie scripturale pour un même montant de monnaie mise en circulation) et
réclameront des taux d’intérêt plus élevés.
Dès lors, les taux d’intérêt vont monter. La BC peut essayer de contrer ceci en mettant d’avantage de
liquidités à disposition des intermédiaires. Cependant, si ces actions ne dissipent pas les inquiétudes
des intermédiaires financiers, MP se déplacera vers le haut contre la volonté de la BC.
5.3. IS-MP versus IS-LM
La relation LM repose sur la description explicite d’un marché monétaire, avec un grand nombre de
complications graphiques et formelles, qui n’ajoutent rien d’essentiel à la compréhension intuitive
des mécanismes ; la relation MP et la relation LM sont qualitativement identiques.
5.4. Les frontières de l’équilibre keynésien
Pour qu’on soit bien dans un tel type d’équilibre, il faut qu’en réponse à une variation de la
demande de biens respectent les deux hypothèses implicites suivantes :
1. Ces variations de l’offre des entreprises ne violent pas le principe de la maximisation du
profit;
2. l’économie reste en sous emploi.
Appelons
- 8�∏ � le niveau de production correspondant à la pleine utilisation des capacités rentables.
- 8�� � le niveau de production correspondant au plein emploi de la main d’œuvre disponible.
Où :
- (8�∏, I�∏) le niveau d’activité et le niveau d’emploi qui maximisent le profit de entreprises;
- (8�� , �E��) le niveau d’activité et d’emploi au plein emploi de la population active.
A prix et salaire fixe, on est dans une situation d’équilibre keynésien si
8� = �� + �� + �� < 8�∏
8� = �� + �� + �� < 8��
Une fois que l’économie atteint les niveaux d’activités et d’emplois (8�∏, I�∏) ou (8��, �E��), la
contrainte de débouchés disparaît et on sort du cadre décrit par le modèle IS-MP.
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48 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Remarques: Une politique économique de plein emploi est-elle possible dans une économie telle que
la décrit le modèle IS-MP?
- Théoriquement oui si 8�∏ > 8�� et I�∏ > �E��, c'est à dire si la contrainte de capacité de
production rentable est compatible avec le plein emploi.
- Cependant, pratiquement, la production va buter sur une des deux limites en premier. De
plus, dans ce modèle, on considère les prix et les salaires fixes � cela limite ce modèle à
n’être valable qu’à très court terme.
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49 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Partie III : l’équilibre macroéconomique
de court terme en économie ouverte
6. Chapitre VI – Introduction à l’économie ouverte L’analyse que nous avons eue jusqu’ici est limitée puisqu’elle se place dans un contexte d’économie
fermée, et ne prend pas en compte les flux avec le reste du monde. Nous allons donc aborder dans
ce chapitre les imports, exports et taux de change.
6.1. Architecture générale de la balance des paiements d’une économie
La balance des paiements enregistre toutes les opérations économiques entre les résidents et les
non résidents d’une économie:
1. Échanges de biens et services;
2. Paiements de revenus primaires;
3. Paiements de revenus secondaires, c’est à dire transferts internationaux (aide internationale,
contribution des Etats aux OI, dons privés,...) ;
4. Échanges d’actifs réels et financiers (participation d’une entreprise domestique/étrangère
dans une entreprise étrangère/domestique, ou achat d’actifs financiers étrangers par les
résidents et vice-versa).
Cette balance des paiements, ����, se subdivise en deux comptes (ou balances) :
- La balance courante (ou compte courant, current account, ����) � transactions de types 1 à
3.
- La balance des capitaux (ou compte financier, financial account, ���) � transactions de
type 4.
Le solde de la balance des paiements est nécessairement nul, car toute opération est enregistrée à la
fois comme un débit et un crédit (comme dans le bilan d’une entreprise) :
���� = ���� + ��� = 0
↔ ���� = − ���
6.1.1. La balance courante ����= Balance commercialet + ����� + Balance des transfertst
Où ����� = contribution nette de l’étranger, c'est à dire ‘revenus primaires étrangers perçus par des
résidents’ – ‘revenus primaires domestiques perçus par des non-résidents’.
1J�5
Débits (-) Crédits (+)
Bal. Commerciale � Imports de biens et services Exports de biens et services CNE � Revenus primaires versés à RDM Revenus primaires reçus de RDM Bal. Transferts � Transferts versés au RDM Transferts reçus du RDM
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50 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
À gauche, on a les dépenses (éventuellement de pertes de devises, et à droite, on a les sources de
revenus pour l’économie domestique (éventuellement en devises étrangères).
Le solde de la balance courante est la différence entre les deux et peut s’interpréter de deux façons.
Il indique si, pendant la période :
1. L’économie a exporté des biens et services (y compris les services des facteurs de
production) et reçu des transferts pour une valeur supérieure ou inférieure à celle des biens
et services importés et des transferts versés;
2. L’épargne de l’économie domestique permet ou non de financer les dépenses
d’investissement domestiques puisque ��� = �� − �� = − �� En effet,
� ���� > 0 indique que l’économie exporte une partie de son épargne vers RDM, il y a
donc des sorties de capitaux vers RDM. � �� < 0.
� ���� < 0 , à l’inverse, est le signe d’une économie qui importe une partie de l’épargne du
RDM. Il y a donc des entrées de capitaux en provenance de RDM. En d’autres termes, on
a plus dépensé que reçu d’argent, ce qui veut forcément dire qu’on a un besoin de
financement du RDM, et qu’il y a des entrées de capitaux dans notre économie � �� > 0.
6.1.2. Compte financier Compte financier et entrées/ sorties de capitaux
Dans le compte financier, on enregistre toutes les opérations qui modifient le montant des avoirs et
dettes qu’a l’économie domestique envers le reste du monde, qu’on peut présenter par le compte en
T suivant :
KJ�5
Débits (-) Crédits (+)
Invest. direct Éco. domestique (ED) � étranger Etranger � ED Placements
financiers
Placements financiers de résidents d’ED � étranger
Placements financiers de non résidents � ED
Rapatriement de
capitaux
RDM reprend des capitaux initialement placés dans ED
ED reprend des capitaux initialement placés dans RDM
Remboursement de
dette
D’une dette d’ED envers RDM D’une dette de RDM envers ED
Banque centrale
(voir ci-dessous)
Hausse des réserves officielles d’ED Baisse des réserves officielles d’ED
À gauche, on a les sorties de capitaux pour ED (= diminution de dette d’ED envers RDM, ou
augmentation des avoirs d’ED à l’étranger), et à droite, on a les entrées de capitaux pour ED (les
dettes d’ED envers RDM augmentent, ou les avoirs étrangers d’ED diminuent �les dettes de RDM
envers ED diminuent). Le solde de FA montre si en termes nets, l’économie domestique subit :
- des entrées nettes de capitaux (FA > 0) � les avoirs extérieurs d’ED diminuent.
- des sorties nettes de capitaux (FA < 0) � les avoir extérieurs d’ED augmentent.
À propos de la capacité de financement de l’économie domestique, � ��,
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51 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
- Si l’économie domestique a une capacité de financement positive, elle exporte
nécessairement ce montant vers RDM : le solde de ��� est négatif et égale en Valeur
Absolue au montant net de capitaux qui partent vers l’étranger.
- Si l’économie domestique a une capacité de financement négative, elle importe
nécessairement ce montant vers RDM : le solde de ��� est positif et égale en Valeur Absolue
au montant net de capitaux qui entrent dans le pays.
Le compte financier avant et après variations des réserves officielles
Soit :
- �.� : le stock de réserves officielles de la banque centrale domestique à la fin de la période t.
- ∆�.� = �.� − �.�� : la variation de ce stock sur cette période.
- � ��� : sub-financial account, le solde du compte financier AVANT variations des réserves
officielles de la Banque Centrale = la différence entre les 4 premiers point du compte en T de ���, tq : ��� = � ��� − ∆�.�.
Comme on l’a dit, dans le compte ���, on enregistre en négatif (débit) les achats d’actifs étrangers
par les résidents et en positif (crédit) la revente de tels actifs.
Or, les réserves représentent précisément des actifs étrangers détenus par un résident (à savoir
l’autorité monétaire domestique). Il faut voir les réserves officielles comme un actif étranger comme
un autre.
Donc, si ce stock augmente, ça signifie un achat nette d’actifs étrangers par la Banque Centrale, et ça
apparait donc en négatif (débit) dans ���. C’est donc bien −∆�.� qui exprime la contribution de la
variation des réserves officielles au solde du compte financier.
En résumé, ∆�.� est comptabilisé négativement car :
- ∆�.� > 0 signifie un achat net d’actifs étrangers par la banque centrale domestique
- ∆�.� < 0 signifie une vente nette d’actifs étrangers par la banque centrale domestique
6.2. Déterminants de la balance commerciale
6.2.1. Déterminants des volumes d’exportations et importations Dans la suite du cours on suppose la Balance des transferts et ���� exogènes de la balance
courante.
Puisqu’on est en économie ouverte, une partie de la demande globale étrangère porte sur des biens
domestiques, et une partie de la demande domestique s’adresse à des biens étrangers. Les volumes
d’exportation dépendent de :
- La taille du marché mondial et donc du niveau de la demande globale du RDM
- La part du marché mondiale conquise par les producteurs domestiques. Ceci dépend de la
compétitivité :
o Compétitivité produit (rareté, originalité, disponibilité à l’étranger,…).
o Compétitivité prix (le produit est moins cher toutes choses égales par ailleurs).
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52 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Les volumes d’importation dépendent de :
- La taille du marché domestique et donc du niveau de la demande globale domestique.
- La part du marché domestique conquise par les producteurs étrangers. Idem que pour les
importations, avec la compétitivité.
L’activité domestique a donc un effet positif sur les importations, pour deux raisons :
- Un certain nombre de productions domestiques utilisent des produits importés comme
consommation intermédiaire.
- Hausse de l’activité � hausse des revenus primaires � hausse des dépenses finales,
notamment en biens importés.
La part de marché de chaque production dépend de sa compétitivité, qui se décompose en :
- Compétitivité prix (de ED) = prix relatif d’une production nationale par rapport à la
production étrangère.
- Compétitivité hors-prix = originalité, qualité, image, marketing, importance des réseaux de
distribution à l’étranger,… = marketing
Ici, nous n’allons pas nous concentrer sur la compétitivité hors-prix, qui est considérée comme
exogène. Au contraire, la compétitivité prix est endogène, et peut être modélisée au moyen des
déterminée suivants :
- �� : le prix domestique en monnaie domestique auquel les exportations sont vendues (le prix
est le même pour le marché intérieur et extérieur).
- �� : le taux de conversion entre les deux monnaies, c’est à dire le taux de change nominal.
o �� augmente � dépréciation de la monnaie domestique.
o �� diminue � appréciation de la monnaie domestique.
- �� : le prix mondial en monnaie étrangère = �� converti via le taux de change �� � ���� est le prix en monnaie domestique d’une unité de bien importé.
- L� =6�.����
: le taux de change réel = le prix de la production étrangère par rapport à la
production domestique, = l’indicateur de la compétitivité prix de l’économie domestique
(plus L� est grand, meilleure est la compétitivité prix de la production).
Une hausse de L� peut donc découler :
- D’une hausse de �� (dépréciation nominale de la monnaie domestique)
- D’une hausse de ����
(hausse des prix étrangers, en monnaie étrangère, plus forte que celle
des prix domestiques)
Par conséquent, dans le cas de deux économies unies par un taux de change E, l’économie qui fera
plus d’inflation que l’autre subira une appréciation réelle et verra sa compétitivité prix se détériorer
par rapport à l’autre économie.
Plus L� est élevé, meilleure est la compétitivité prix de la production domestique par rapport à la
production étrangère, plus l’économie domestique exportera et moins elle importera.
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53 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
On peut donc résumer les fluctuations de volumes d’exports et d’import par les fonctions suivantes :
- ��� = ���8� , L��, avec ��$� > 0et ��7�
� > 0
- ��� = ���8� , L��, avec ��$� > 0 et ��7�� < 0
6.2.2. Balance commerciale et compétitivité prix La balance commerciale ����est définie comme la différence entre les recettes d’exportation et les
dépenses d’importations. On distingue :
- La balance commerciale nominale:���� = ����� − ��� ���.
- La Balance commerciale réelle :��� = ��� −6�.����
��� = ��� − L���� = ��(8�,8� , L�),
décroissante en 8� (car une hausse stimule les importations) et croissante en 8� (car une
hausse stimules les exportations). L’effet de la compétitivité prix sur ���� est ambigu, car il y
a 2 effets contradictoires d’une hausse du taux de change réel :
1. un effet volume positif sur les exportations et négatif sur les importations (substitution
entre les productions importées et les productions domestiques) � ∆+BTt (le solde
commercial s’améliore).
2. un effet terme de l’échange: renchérissement des importations par rapport aux
exportations (un même volume d’importations vaut dorénavant plus en terme
d’exportations et, aux volumes commerciaux initiaux, cette détérioration des termes de
l’échange pour l’économie domestique est défavorable à���). � ∆-BTt
Un gain de compétitivité n’améliore BT que si l’effet sur les volumes d’exportation et d’importation
> effet du renchérissement. Formellement :
��7��8� , 8� , L�� > 0
Cette condition (qu’on appelle la condition de Marshall-Lerner) peut se réécrire comme ceci :
��7��8� , 8� , L�� > 0 ↔���L����
M68.7 + |M2 .7| > 1, $ù
- M68.7 ��,%�. M2 .7� =
éC7%� 5 �é@,%,O�$��7� $B%��,%�. A�$��7� $B%�7DO�7DO@,5ℎ7BF,�é,C � M68.7 = 7�68�
.968�97�
> 0
� M2 .7 = 7�2 �
.92 �
97�< 0
En mots : une hausse du taux de change réel n’augmente la balance commerciale que si la somme
pondérée des valeurs absolues des élasticités des demandes d’exportations et d’importations (=
somme des effets volumes) est supérieure à 1.
Sauf précision contraire, la condition Marshall-Lerner sera supposée satisfaite dans la suite du cours,
donc on supposera qu’une hausse du taux de change réel fait augmenter la balance commerciale.
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6.3. Le marché des changes
6.3.1. Balance globale et situation du marché des changes Balance globale (����) = le solde de la balance courante et de la balance des capitaux avant
interventions de la banque centrale: ���� = ���� + � ���
Dans une configuration à deux pays avec deux monnaies différentes, ce solde indique aussi la
situation du marché des changes avant intervention de la banque centrale sur ce marché, puisque
toute transaction enregistrée provoque une conversion d’une monnaie à l’autre (le pays qui vend des
biens est payé dans la monnaie du pays acheteur, et va convertir cet argent dans sa propre
monnaie).
Puisque
- ���� représente la demande nette de monnaie domestique sur le marché des changes du fait
de l’échange international de biens, services, des revenus primaires et de transferts;
- � ��� représente la demande nette de monnaie domestique sur le marché des changes du
fait des mouvements de capitaux.
���� = ���� + � ��� donne donc la demande nette pour la monnaie nationale sur le marché des
changes, toutes transactions confondues.
- ���� > 0 ≡ excès de demande de la monnaie domestique sur le marché des changes
(l’économie domestique a vendu plus de biens et services et/ou d’actifs financiers au RDM
qu’elle lui en a acheté, il y a donc plus de demande de conversion de la devise étrangère vers
la monnaie domestique que de demande pour la conversion en sens contraire).
- ���� < 0 ≡ excès d’offre de la monnaie domestique sur le marché des changes.
6.3.2. BG et le régime de change
a) Taux de change fixe
Dans un régime de change fixe, l’équilibre du marché des changes n’est pas assuré par les
mouvements du taux de change, il n’y a donc pas d’ajustement de taux de change :
- qui garantirait que les demandes de conversion monétaire dans un sens équilibrent
exactement les demandes de conversion monétaire dans l’autre sens
- et aucun mécanisme de marché qui garantirait que ���� = ���� + � ��� = 0.
Les déséquilibres possibles donnent lieu à des interventions compensatoires de la banque centrale
sous la forme de variations de réserves de change (∆�.� ≠ 0).
Ainsi,
- si ���� > 0, la BC doit éliminer cette excès de demande en achetant des devises et en
vendant la monnaie domestique
∆�.� = ��� > 0
- si ���� < 0, la BC doit éliminer l’excès d’offre en vendant des devises contre de la monnaie
domestique.
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∆�.� = ��� < 0
En résumé, en taux de change fixe, l’équilibre de la balance des paiements (���� = 0) n’est garanti
qu’au prix d’un financement monétaire des déséquilibres de balance globale (∆�.� = ���) de sorte
que ���� = ���� + � ��� − ∆�.� = 0.
b) Taux de change flexible pur
Dans un régime de change flexible pur, il n’y a pas d’intervention de la banque centrale sur le
marché des changes et donc pas de financement monétaire de la balance des paiements (∆�.� = 0).
La flexibilité des taux de change assure l’équilibre du marché des changes et, ainsi, l’équilibre de la
balance globale. En effet, les demandes de conversions monétaires dans un sens compensent
exactement les demandes de conversion monétaire dans l’autre sens.
���� = ���� + � ��� = 0
c) En union monétaire
Ici, comme dans le cas des taux de changes fixes, aucun ajustement de taux de change ne garantit
l’équilibre de la balance globale d’un membre par rapport au reste de l’union monétaire. Cependant,
la différence avec le cas des taux de changes fixes réside en cela que ���� ≠ 0 ne provoque pas de
demande de conversion monétaire dans un sens ou dans l’autre (puisque la monnaie est la même).
Toutefois, comme dans le taux de change fixe, le déficit de balance globale doit être compensé. On
utilisera cependant un mécanisme différent : c’est la Banque Centrale qui fournira les liquidités
manquantes (ou qui absorbera les liquidités excédentaires) aux intermédiaires financiers
domestiques pour financer les parties du compte courant non financés par l’extérieur.
Exemple de l’Espagne : L'Espagne a un déficit de balance courante mais qui depuis 2007, ne bénéficie plus d'entrées de capitaux étrangers suffisantes pour combler ce déficit du compte courant: il y a donc un déficit de balance globale qui traduit précisément le montant de capitaux étrangers manquant pour le financement de l'intégralité déficit du compte courant. Ce déficit de balance globale n'est possible que parce que le manque de capitaux étrangers a été compensé par un apport de liquidités de la banque centrale domestique. Concrètent, les liquidités manquantes pour financer l'intégralité des dépenses apparaissant au compte courant sont apportées par la Banque Centrale aux intermédiaires financiers domestiques (plutôt qu'être apportées par des non résidents). Cette création monétaire est utilisée par les intermédiaires financiers pour octroyer les crédits nécessaires au financement de la partie des transactions courantes que le pays n'aurait pas pu financer avec les apports de capitaux étrangers. La monnaie ainsi créée par l'autorité monétaire locale (espagnole dans le présent cas) sert donc à payer les dépenses du compte courant non financées par l'extérieur et est donc in fine envoyée dans les autres pays européens envers lesquels l'Espagne a son déficit de balance courante (par exemple, l'Allemagne).
6.4. Mobilité du capital, taux d’intérêt et régime de change
Nous supposerons qu’il y a
- 2 actifs monétaires (les monnaies domestiques et étrangères)
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- 2 actifs financiers qui rapportent un taux d’intérêt nominal positif (les obligations
domestiques et étrangères).
6.4.1. Implication de la mobilité internationale parfaite des capitaux financiers avec parfaite substituabilité des actifs domestiques et étrangers
Dans un premier temps, on suppose :
- Mobilité parfaite (les capitaux sont libres d’aller d’un pays à l’autre).
- Les obligations domestiques et étrangères sont des substituts parfaits (même risque)
- Les agents achètent les obligations qui offrent à leurs yeux le meilleur rendement (qui
motivent les mouvements de capitaux).
Pour qu’il y ait des agents prêts à détenir des titres dans les différentes devises, il faut que les
rendements ex-ante de ceux-ci soient identiques, car si ce n’était pas le cas, il y aurait des
mouvements importants vers l’étranger ou vers le marché domestique. Cela implique la condition
d’arbitrage suivante:
1€ investi à domicile = 1€ investi en monnaie étrangère
�1 + ��� =1�� �1 + �� �. ���%
Où :
- �� = le taux de change en vigueur en t
- ���% = l’anticipation en t le taux de change futur en t + 1.
A gauche, on a ce que sera devenu en t+1 notre euro investi sur le marché financier domestique. A
droite, on a ce qu’on peut attendre du placement de notre euro sur le marché financier étranger.
Il faut que les deux placements apparaissent comme des substituts parfaits et qu’ils offrent le même
rendement attendu, sinon les gens achètent massivement notre monnaie pour investir dans notre
économie domestique,�� diminue, ce qui va faire augmenter le terme de droite et rétablir l’équilibre
(ou vice-versa). Ceci nous donne la condition de parité du taux d’intérêt (PTI), qui s’écrit :
�� ≅ �� .���%�� +
���% − ����
Cette condition montre qu’il y a une relation étroite entre taux d’intérêt domestique et étranger
lorsque la mobilité des capitaux est parfaite. En effet, l’écart éventuel de taux d’intérêt entre les
placements dans les deux devises (il y a généralement un écart ; le taux d’intérêt américain n’est pas
le même que le taux européen,…) doit compenser une anticipation d’appréciation ou de dépréciation
d’une des deux devises par rapport à l’autre.
Plus généralement, les placements dans la monnaie dont on anticipe qu’elle va se déprécier doivent
offrir un taux d’intérêt supérieur. Ce différenciel de taux compensera la perte de capital résultant de
la perte anticipée de valeur de cette monnaie par rapport à l’autre.
�� > �� ↔ ���% > �� (et inversément)
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De ce fait, sans changement attendu de parité entre les devises, la PTI impose l’égalité des taux
d’intérêt (entre placements étrangers et domestiques de mêmes risques).
� ���% = �� alors �� = ��
Avec une mobilité impossible des capitaux, il n’y a pas de lien entre �� et �� . En cas de mobilité
imparfaite, le lien existe mais est limité. Dans ce cas, l’écart entre ce que rapporte un placement
étranger par rapport à un placement domestique va orienter le sens des mouvements de capitaux.
6.4.2. Mobilité internationale parfaite des capitaux financiers avec Imparfaite substituabilité des actifs domestiques et étrangers
Si les titres étrangers et domestiques ne présentent pas le même risque, la PTI ne tiendra pas sous sa
forme précédente, puisque des agents averses au risque réclameront en effet une prime de risque PR
pour accepter de détenir l’actif le plus risqué des deux (par exemple, malgré qu’ils aient la même
monnaie, les taux d’intérêt allemands sont bien plus bas que les taux d’intérêt grecs, car on craint
que la Grèce ne soit plus solvable ou sorte de l’euro).
On aura alors une condition de type :
�1 + ��� =1�� �1 + �� ����% + ���
Où ��� est positive si l’actif domestique est le plus risqué et négative sinon. Remarques:
- Dans un système de change fixe (ou dans une zone monétaire) les actifs domestiques et
étrangers ne sont pas des substituts parfaits (exemple zone euro) on a maintenant �� = �� + ���
Comme on peut le voir, après la crise de 2008, certaines économies sont sorties plus fragilisées, et il
fallait des primes de risques pour compenser le risque de défaut de solvabilité de certaines
économies, alors qu’il n’y a pas de fluctuations de change à anticiper.
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A prime de risque constante, les choses ne sont toutefois pas très différentes qu’en l’absence d’un
différentiel de risque: un écart de taux d’intérêt supérieur à la prime de risque reflètera une
anticipation de dépréciation d’une monnaie par rapport à l’autre.
6.4.3. Mobilité internationale imparfaite des capitaux financiers Si les capitaux ne sont qu’imparfaitement mobiles, les écarts de taux d’intérêt engendreront des
mouvements de capitaux plus faibles que si les capitaux étaient parfaitement mobiles (et d’autant
plus faibles que les obstacles à la mobilité sont grands). Dès lors, la condition d’arbitrage qui sous-
tend la validité de PTI ne tient plus : plus il y a d’obstacles, moins PTI est valable.
Formellement, SFA (sub-financial account), qui mesure les entrées nettes de capitaux, s’écrira :
� ��� = P(1 + ��1 + �� . �����% )
Où la fonction P(. ) est une fonction croissante de l’écart entre la rémunération d’un placement
domestique 1 + �� et la rémunération d’un placement à l’étranger 1 + �� .6����
6�. Elle a une
élasticité d’autant plus grande (resp. faible) que la mobilité internationale du capital est grande (resp.
faible).
� Quand la mobilité est nulle, l’élasticité de P(. ) l’est aussi puisqu’il n’y a aucun impact des
écarts de taux d’intérêt sur les mouvements des capitaux.
� Quand la mobilité est parfaite, l’élasticité de P(. ) est infiniment grande, puisqu’une
autre valeur que celle donnée par PTI engendrerait des mouvements illimités de capitaux
dans un sens ou dans l’autre de sorte que PTI doit tenir.
7. Chapitre VII – le modèle IS-MP en économie ouverte
7.1. Le cadre du modèle IS-MP en petite économie ouverte
7.1.1. Les marchés et les hypothèses d’IS-MP On ajoute maintenant 1 marché aux 4 déjà présents dans le chapitre 5 (à savoir les biens, le travail, la
monnaie, les actifs financier) : le marché des changes.
On considère les hypothèses de l’équilibre keynésien satisfaites (au prix et salaires en vigueur, les
entreprises peuvent répondre à toute demande supplémentaire pour leur production et n’ont pas de
difficultés d’embauche).
7.1.2. Hypothèses de petite économie ouverte Puisque l’économie est petite, les évolutions domestiques n’ont aucun impact significatif sur les
évolutions à l’étranger. En particulier, l’activité mondiale8� , et le taux d’intérêt mondial��� ,
s’imposent comme tels à notre économie.
7.1.3. Mobilité des capitaux et substituabilité entre titres domestiques et étrangers. Nous allons analyser 3 types de modèles :
- Parfaite mobilité des capitales et parfaite substituabilités entre les actifs financiers � la PTI
s’applique.
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59 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
- Parfaite mobilité des capitaux, mais actifs financiers domestiques et étrangers non
parfaitement substituables � la PTI s’applique avec une prime de risque.
- Imparfaite mobilité des capitaux � la PTI ne s’applique plus.
7.2. La relation IS en économie ouverte
7.2.1. Équilibre keynésien du marché des biens (et du marché du travail) Aux prix et salaires en vigueur, le niveau d’activité d’équilibre du marché des biens est le niveau de la
demande pour la production nationale (le carnet de commande des entreprises) est principalement
influencée par :
- le taux d’intérêt nominal ��
- le degré de compétitivité prix L�, qui découle de 6�.����
(cf chapitre 6).
Formellement,
8� = 8�� = �� + �� + �� + ��� ↔ 8� = �� + ��' + ��8� , ���, … � + ��'8�� , L�( − L� . ��(8� , L�)
Où on considère ��et ��' comme exogène et ��8� , ���, … � sont les composantes endogènes de la
demande intérieure. Comme dans le chapitre 5, cette équation détermine la demande de travail et
de biens.
7.2.2. Impact d’un choc de demande à taux d’intérêt donné ; Comme une partie de la demande globale porte sur des biens étrangers, l’effet multiplicateur associé
à un choc de demande est moindre en économie ouverte qu’en économie fermée. En effet, le fait
que l’économie ait tendance à importer une partie de sa consommation (propension marginale à
importer IM’Y) amortit donc l’effet multiplicateur associé à un choc de demande.
1
1 − ��$� + �$� + �$� � + L���$��������������������
é�:�:��!:)-!��!
<1
1 − ��$� + �$� + �$� ��������������é�:�:��!"!��é!
Concrètement, une hausse de la demande globale stimulera d’autant moins la production nationale
que la propension à importer de l’économie est grande.
Cas d’un multiplicateur < 1
Si la propension marginale à importer est assez grande, le multiplicateur peut même être inférieur à
1. Ce sera le cas dans une petite économie très ouverte comme la Belgique (un pays est
généralement d’autant plus ouvert qu’il est de petite taille). Examinons à quelle condition cela
pourra être le cas :
1
1 − ��$� + �$� + �$� � + L���$� < 1
↔ ��$� + �$� + �$� � < L���$�
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60 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
En mots, si l’effet d’entrainement de l’activité domestique sur les importations est plus fort que
l’effet de l’activité sur les autres composants de la demande (consommations finales et
l’investissement), alors un choc sur l’économie domestique verra son impact initial amoindri.
Rôle de la compétitivité prix de l’économie domestique
L’impact global d’une hausse de la compétitivité prix de l’économie sera donné par
@8� = ���7� − L���7� − �������������������
;&��
. @L� + (�$� + �$� + �$� − L���$� ). @L��������������������!""!�����)���
Donc,
@8� =1
1 − �$� − �$� − �$� + L���$� . ��7� . @L�
Selon que la condition de Marshall-Lerner, soit satisfaite ou non (c'est à dire que ��7� soit positif ou
négatif), une amélioration de la compétivité améliorera ou détériorera l’activité réelle. Puisqu’on a
émis l’hypothèse qu’elle était toujours respectée, une hausse de la compétitivité prix aura un impact
positif sur l’activité économique.
7.2.3. Impact taux d’intérêt sur l’activité d’équilibre On observe le même mécanisme qu’en économie fermée, c'est à dire que le taux d’intérêt a un
impact négatif sur la consommation et l’investissement et donc sur l’activité globalement.
Cependant, la sensibilité de l’activité domestique au taux d’intérêt (la pente de IS) est d’autant plus
faible que la propension marginale à importer (��$� ) est élevée, puisque une partie du choc de
demande va porter sur des biens étrangers.
Algébriquement, à taux de change donné :
@8� = '������ + ������ + �����
� (. @����������������������!""!������%+
+ (�$� + �$� + �$� ). @8� − L���$�@8����������������������!""!�����)���
Donc,
@8�@��� =1
1 − �$� − L���$
� . Q������ + ������ + ������ Q�������������������������é�:�:��!:)-!��!
<1
1 − �$� . Q������ + ������ + �����
� Q�������������������é�:�:��!"!��é!
IS est donc moins sensible au taux d’intérêt. Donc dans l’espace(8�; ���), IS est plus verticale.
7.3. IS-MP en taux de change fixe
7.3.1. Une petite économie avec parfaite mobilité des capitaux Au taux de change �=, l’économie est décrite par les relations :
1. Le marché des biens est décrit par IS.
2. Le marché des changes est fixé (���% = �=) et la mobilité parfaite des capitaux impose la PTI
sous la forme �� = �� (car sans ça, tous les capitaux s’envoleraient vers les taux les plus
bas, voir chapitre 6)
En termes réels (sur base du taux d’inflation domestique) : ��� = ���
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61 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
3. La sphère monétaire et financière domestique est toujours décrite par MP, sauf qu’en
économie ouverte, MP doit être compatible avec la PTI (taux d’intérêt fixe).
4. L’équilibre du marché des changes réclame d’éventuelles interventions de la banque
centrale sur le marché des changes: ���� = ∆�.� ou, en termes réels,��� = (∆�.�)/��. 5. Les marché du travail s’ajuste automatiquement pour satisfaire la demande de biens, 8�.
Où on remarque que :
- En taux de change fixe, la parfaite mobilité des capitaux impose que le petit pays adapte son
taux d’intérêt aux taux de RDM: ���∗ = ��� . La relation MP est donc horizontale, puisque le
taux d’intérêt reste le même quel que soit le niveau d’activité.
- Le niveau d’activité d’équilibre 8�∗ est donné par la relation IS, qui détermine le niveau de la
demande globale pour la production nationale (avec tout le reste fixé, c'est à dire �̅�� , L̅�et �=�). Considérons les 6 scénarios caractéristiques suivants :
a) L’impossibilité d’une politique monétaire autonome
En taux de change fixe (���% = �� = �=�) et en petite économie ouverte, la banque centrale est
obligée de faire en sorte que le taux d’intérêt domestique soit le même que le taux d’intérêt du
RDM, c'est à dire ��� = ��� . Dès lors, MP se confond avec PTI.
Sans cela, on aura des mouvements ininterrompus de capitaux dans un sens ou dans l’autre, qui
déséquilibreront le marché des changes et rendront insoutenable le maintien du taux de change fixe.
De ce fait, la BC renonce à utiliser l’outil des taux d’intérêts pour influencer l’activité, elle doit
adopter le taux d’intérêt de la banque centrale du pays avec lequel elle souhaite maintenir la parité
de sa monnaie fixe. Sa seule liberté est choix du niveau de taux de change à défendre.
Réinterprétation du résultat dans le cas d’un pays membre d’une zone à monnaie unique (soit les
pays de la zone Euro, ou chaque état des USA)
On peut voir la Monnaie unique comme un cas extrême de taux de change fixe où plus aucun
changement de parité interne à la zone n’est possible. Au sein de la zone, le taux d’intérêt doit être le
même partout (à une prime de risque près).
On se trouve dans le même cas que celui qu’on vient d’analyser : chaque membre de la zone perd le
contrôle de sa politique monétaire et n’a donc plus aucune autonomie en matière de taux d’intérêt.
Du coup, il n’y a pas de politique monétaire locale possible car les états n’ont pas prise sur PTI
puisque le niveau du taux est décidé par une autorité “au-dessus” des états membres.
o Cela ne change rien pour un petit pays comme la Belgique (qui dans tous les cas doit
adopter les mêmes taux que dans les économies alentours), qui a même “un peu
plus” son mot à dire qu’avant si elle participe aux choix de la Banque Centrale
Européenne.
o Par contre, cela peut changer beaucoup pour un grand comme l’Allemagne, qui perd
une grande partie de son autonomie.
USL-B ECGE 2eme bac Macroéconomie – Synthèse Samuel Desguin
62 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
b) L’efficacité de la politique budgétaire
L’exemple du cas d’investissements publics financés par emprunt
Si l’Etat décide de lancer une politique qui stimulera la demande nationale, cela aura pour effet de
déplacer IS vers la droite. Face à cela la BC, contrainte par la PTI, devra faire en sorte que cette
stimulation ne produise aucune variation de taux d’intérêt. Dès lors, il n’y aura pas de frein
budgétaire pour contrer cette hausse de l’activité. Cependant, il y a deux désavantages (quand
même, sinon ce serait trop beau) :
- L’efficacité de la politique est limitée par la propension marginale à importer, ��$� , de
l’économie puisqu’une partie de la demande se tournera vers l’extérieur). @8�@��'=== =1
1 − �$� + L���$
� > 0
- La balance commerciale de l’économie se détériore, puisque la hausse de l’activité
domestique stimule les importations.
@���@��'=== =@���@8� .
@8�@��'=== = −L���7� .
@8�@��'===
Investissements publics dans le cas d’un Etat membre d’une zone monétaire
Comme en taux fixe, il n’y a pas de hausse du taux d’intérêt pour freiner la hausse de l’activité, un
Etat de petite taille par rapport au reste de la zone subira un faible impact des politiques de
demande isolées.
Par contre, les politiques de demande coordonnées au niveau de l’ensemble de la zone ont un
impact plus significatif. Dans ce cas, dans chaque pays subit :
- Un choc sur G, �'
- Un choc sur EX via 8 (découlant des politiques budgétaires des autres membres (chocs sur � , �' )).
c) Efficacité de la politique de change
Comme nous l’avons dit plus haut, la seule liberté de la BC est le choix du taux de change qu’elle veut
défendre. Elle peut donc entreprendre :
- Une dévaluation � baisse de la valeur de la monnaie � ∆+�=
- Une réévaluation � hausse de la valeur de la monnaie � ∆-�=
Dévaluation en petite économie
Lorsque le pays est très endetté vis-à-vis de RDM, et qu’il connait des déficits répétés de sa balance
commerciale, la politique de change peut être une solution. En effet une dévaluation de la monnaie
� amélioration de la compétitivité � appréciation de l’export et dépréciation de l’import � effet
positif sur la balance globale (si la condition M-L est respectée). Ceci aura pour effet de déplacer IS
vers la droite et d’ainsi stimuler l’activité. Analytiquement :
USL-B ECGE 2eme bac Macroéconomie – Synthèse Samuel Desguin
63 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
D’où :
De nouveau, la hausse est d’autant plus positive qu’il n’y a pas de frein monétaire (pas de hausse de
taux d’intérêt) pour limiter l’effet expansionniste de la mesure. En effet :
@���@�� = ��7� . �� �� − L���$� .@8�@�� > 0
Ceci n’est cependant valable qu’à court terme. Nous verrons dans le prochain chapitre l’effet à
moyen terme de cette hausse des prix induit par une dévaluation de la monnaie.
Deux remarques supplémentaires :
- Il faut faire attention à la monnaie dans laquelle le pays est endetté. S’il est endetté dans sa
monnaie domestique, une dévaluation n’aura aucun effet sur l’endettement. Dans le cas
contraire, une dévaluation alourdira la charge de la dette puisqu’elle sera « plus chère » en
termes de monnaie domestique, ce qui atténuera l’effet positif qui découle du gain de
compétitivité.
- Si la dévaluation est anticipée, la PTI est modifié puisque les gens perçoivent un risque de
change pour le placement de leur monnaie. Les placements domestiques doivent offrir une
meilleure rémunération pour que les gens continuent à investir : on s’écarte de la PTI
(déplacement de la PTI vers le haut). Si tout va bien, la dévaluation calmera les esprits et le
taux d’intérêt reviendra au niveau international (ce qui est un effet positif supplémentaire
pour l’activité).
d) Sensibilité de l’activité domestique à la conjoncture internationale
Une variation de l’activité mondiale,@8� , influence dans le même sens sur l’activité domestique et
la balance commerciale, d’autant plus si la sensibilité des exportations à l’activité mondiale est
grande : les exportations stimulent la demande pour la production nationale et donc l’activité.
D’où
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64 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Encore une fois, il n’y a pas de frein monétaire pour contrecarrer l’effet expansionniste du choc,
puisque la BC est contrainte par la PTI. La balance commerciale, elle aussi, bénéficie du choc :
e) Implications d’un risque de crédit sur les actifs financiers dom. ou
étrangers
Comme nous l’avons vu dans le chapitre 6, la PTI incorpore une éventuelle prime de risque entre les
pays (��� ≡ �� ≅ �� + ���). Dès qu’une prime de risque apparait dans un pays, la BC est
obligée de faire monter les taux d’intérêt, sinon une fuite de capitaux vers RDM déséquilibrerait le
marché des changes (ce que la BC ne pourrait tenir sans épuiser ses réserves officielles).
Cette hausse de taux d’intérêt doit être équivalente à la prime de risque, puis arrêter les fuites de
capitaux.
� Déplacement vers le haut de la PTI
� Impact négatif de la hausse de taux sur les composantes de la demande intérieure et
l’activité.
f) Incidence d’une dépréciation (ou appréciation) anticipée de la monnaie
domestique
Si les agents économiques (parce qu’ils ont embauché des super-économistes) parviennent à
anticiper un ajustement de la parité entre deux monnaies liées par taux de change fixe, il faudra
également rajouter une prime de risque dans la PTI pour rester attractif afin d’éviter les fuites de
capitaux. Cette augmentation doit être équivalente à l’appréciation ou dépréciation anticipée :
De nouveau, la hausse de taux d’intérêt pénalise les composantes de la demande qui y sont
sensibles.
7.3.2. Incidence de l’imparfaite mobilité des capitaux Lorsqu’existent certains obstacles à la mobilité des capitaux, l’arbitrage instantané (entre placements
domestiques et étrangers) qui sous-tend la PTI n’est plus possible.
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65 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
Un écart entre �� et �� pourra donc subsister d’autant plus facilement que les obstacles à la
mobilité des capitaux sont grands, MP s’écarte donc de PTI car la BC retrouve une autonomie du
choix des taux d’intérêt domestiques. En cas d’immobilité totale, �� est indépendant de ��
comme dans une économie fermée.
Implications
Les pressions sur le taux d’intérêt domestique font moins bouger les capitaux et ne réclament pas
autant d’interventions de la banque centrale sur le marché des changes. D’où:
1. Efficacité (temporaire) de la politique monétaire liée à la possibilité de manipuler le taux
d’intérêt domestique.
2. Efficacité atténuée d’une politique budgétaire expansionniste
a. Le frein monétaire plus fort quand les capitaux sont peu mobiles;
b. La politique budgétaire est donc d’autant moins efficace que les capitaux sont peu
mobiles.
3. Sensibilité atténuée de l’économie domestique à la conjoncture internationale (idem qu’en 2
ci-dessus).
Cependant, une telle politique autonome de la BC n’est pas soutenable dans le long terme, car :
- Si un écart persiste entre le taux d’intérêt domestique et mondial, les capitaux fuient
(lentement mais surement), et le compte financer est en déficit chronique (SFA < 0).
- Le taux d’intérêt plus bas a provoqué une hausse de l’activité, ce qui a fait monter les
importations et a détérioré la balance courante, ce qui a encore plus aggravé le déficit de
balance courante.
Résumé :
Avec une économie petite, un taux d’intérêt fixe et une mobilité parfaite des capitaux :
- La banque centrale n’a pas d’autonomie en politique monétaire.
- Une augmentation d’IS par une politique budgétaire expansionniste aura une certaine
efficacité, puisque MP ne bouge pas. Cette efficacité est toutefois limitée, puisqu’une partie
de la demande se tournera vers la production extérieure, d’autant plus si ��$� est élevé.
- L’économie domestique est sensible à l’activité étrangère.
- Efficacité de la politique de change (choix de E) liée à la condition de Marshall-Lerher.
Alors, si les capitaux sont peu mobiles, MP peut se détacher de la parité de taux d’intérêt puisque la
banque centrale de notre pays aura plus d’autonomie. Dans ce contexte :
- Une augmentation d’IS par une politique budgétaire expansionniste se heurtera à un frein
monétaire, puisqu’avec IS qui se déplace vers la droite, le point d’équilibre se déplacera vers
le haut le long de MP � moindre efficacité de la politique budgétaire qu’en mobilité parfaite.
- Une sensibilité moindre de l’économie domestique à l’activité étrangère.
- Efficacité moindre de la politique de change (choix de E) liée à la condition de Marshall-
Lerner.
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7.4. Le modèle IS-MP en taux de change flexible
On considère, par exemple, le cas d’une petite économie ouverte comme la Suisse ou du Danemark,
qui n’a pas la même monnaie que les pays alentours.
7.4.1. Equilibre avec parfaite mobilité des capitaux Maintenant que le taux de change est endogène (��choisi par la BC), et que la BC n’intervient pas sur
le marché des changes (∆�.� = 0), la BC a le comportement suivant :
�� ≡ ��� = �# + ��8� , … � Avec �$� > 0(MP est croissant).
Si la mobilité des capitaux est parfaite, il faut toutefois que la Parité de Taux d’Intérêt (PTI) soit
satisfaite (pour ne pas avoir de fuites de capitaux) :
��� ≡ 1 + �� = (1 + �� )���%��
Soit, en première approximation, �� ≅ �� +6���� 6�
6�
Le choix de la BC du taux d’intérêt aura donc des répercussions sur le taux de change de la monnaie,
puisque si i augmente, les capitaux étrangers entreront et feront chuter ��, c'est à dire apprécier la
monnaie domestique.
Considérons les 5 caractéristiques suivantes :
a) Fluctuations du taux de change nominal et endogénéité de IS
Les fluctuations de �� se répercute directement sur L� et donc sur le commerce et donc la demande
globale pour la production nationale. Si la condition de M-L est respectée, une dépréciation de la
monnaie nationale améliorera le solde de la balance commerciale, ce qui constitue un choc positif
sur IS (déplacement de la courbe IS vers la droite dans l’espace 8� , ���).
b) Rôle des anticipations de taux de change futur
Voici deux hypothèses à propos de la façon dont les gens forment leurs anticipations :
Anticipations myopes
Les agents économiques ajustent leur anticipation du taux de change au taux de change observé :
���% = �� Dans ce cas, la PTI impose :
�� = ��
Et, à ce nouveau taux d’intérêt, la relation MP détermine 8�∗, ce qui détermine L�∗(puisque ��∗
s’ajustera de façon à équilibrer le marché des changes après la modification du taux d’intérêt).
Anticipations exogène
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Les agents économiques anticipent le taux de change sans tenir compte des conditions économiques:
���% = �%====
� Une dépréciation présente crée l’anticipation d’une appréciation future
� Une appréciation présente crée l’anticipation d’une dépréciation future.
La valeur d’équilibre du taux de change est donc celle qui permettra à PTI, IS et MP de se croiser en
un seul point.
c) L’efficacité de la politique monétaire
Si la BC baisse les taux d’intérêt (c'est à dire qu’elle a une politique expansionniste, ce qui fait baisser
MP), cela provoquera une fuite de capitaux (comme quand on est en taux fixe).
� Par conséquent, le compte financier et la Balance Globale se détériorent, puisqu’il y a un
excès d’offre de monnaie domestique sur le marché des changes.
� Il y a une augmentation de la demande nette de monnaie étrangère, et donc une
dépréciation de la monnaie.
� Cela provoque une stimulation de la compétitivité prix de l’économie, de la demande
pour la production domestique et donc de l’activité.
Le début de l’histoire est toujours identique, mais il y a deux suites possibles, selon les
anticipations de taux de change (que nous avons expliquées dans le point précédent).
Cas d’une anticipation Myope : ���% = �� La différence de taux d’intérêt domestique n’est pas compensée par un taux de change, donc il doit
revenir au niveau du taux d’intérêt étranger pour éviter les fuites de capitaux (puisque les gens
n’anticipent pas une hausse future des taux).
� En cas de taux plus bas dans l’économie domestique (��� < ��� ), la monnaie doit se
déprécier suffisamment pour que l’activité domestique soit suffisamment stimulée (via
la hausse de compétitivité induite par la dépréciation, qui améliorera la balance
commerciale) pour faire disparaitre tout écart entre les taux domestiques et étrangers (la
BC augmentera alors les taux d’intérêts (par la relation MP) jusqu’à ce que ��� = ��� ).
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In fine, le mécanisme de transmission de la MP à l’activité passe exclusivement par l’ajustement de
taux de change.
Cas d’une anticipation exogène : ���% = �%====
La différence de taux d’intérêt domestique provoque moins de fuites des capitaux que dans le cas
précédent, puisque les gens anticipent un retour du taux de change au taux précédent.
� En cas de taux plus bas dans l’économie domestique (��� < ��� ),�� augmente, ��=== ��⁄
diminue et la PTI se déplace vers le bas (comme dans le scénario précédent), mais il y a
moins de fuites des capitaux parce que les gens s’attendent à une appréciation future de
la monnaie domestique, et donc à un gain en capital ultérieur grâce au taux de change.
� Le gain de compétitivité de l’économie domestique est donc plus faible et la stimulation
de IS est plus limitée (IS se déplace moins vers la droite).
� Puisqu’on peut se permettre de rester avec des taux d’intérêts plus bas qu’à l’étranger,
PTI est sous sa position initiale, et IS est plus à droite puisque la monnaie s’est dépréciée.
Le mécanisme de transmission de MP combine ici baisse de taux d’intérêt et dépréciation de la
monnaie domestique.
d) L’inefficacité de la politique budgétaire
Prenons le cas d’une politique budgétaire expansionniste (hausse directe des taux d’intérêt, ou
hausse de l’activité qui fait augmenter le taux d’intérêt)
- La demande globale augmente (IS vers la droite), et les capitaux entrent en masse
(amélioration de la balance des capitaux).
- Les demandes nettes de capitaux induisent une appréciation de la monnaie domestique et
une perte de compétitivité prix.
- Si la condition M-L est satisfaite, la perte de compétitivité provoque une baisse de la balance
commerciale
- Cela déprime la demande pour la production nationale, contraire à l’effet escompté. IS
amorce sont retour à la position initiale.
Jusqu’où ce mouvement de retour va-t-il aller ? Comme dans le point précédent, il y a deux suites
possibles pour l’histoire :
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Cas d’une anticipation Myope (ici, le « pire » des scénarios ») :���% = �� De nouveau, il faut tout faire pour que ��� revienne au niveau du taux étranger��� , car tant que le
taux d’intérêt est supérieur à celui du RDM, les capitaux continuent de rentrer et la monnaie
continue de se déprécier, ce qui annulera la politique budgétaire.
Le mouvement de retour va intégralement annuler la tentative de politique budgétaire.
Cas d’une anticipation exogène :���% = EE%
La hausse de �� provoque une anticipation d’une baisse future de��, c'est à dire une augmentation
de��=== ��⁄ , soit un déplacement de PTI vers le haut.
Par conséquent, les capitaux étrangers entrent moins qu’avec des anticipations myopes (puisqu’une
partie de la hausse des taux d’intérêt est justifiée par l’anticipation d’une dépréciation future), et la
monnaie s’apprécie donc moins.
Le commerce extérieur et donc l’activité économique sont donc moins pénalisés (le mouvement de
retour d’IS n’est que partiel).
L’efficacité d’une politique budgétaire expansionniste est donc minée par la perte de compétitivité
qu’elle engendre, mais elle garde une certaine efficacité.
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e) Un certain isolement à l’égard de la conjoncture économique extérieure
Comme nous l’avons vu, une récession à l’étranger (baisse de8� ) induit une dégradation des
exportations, donc du solde de la balance commerciale et sur IS.
- De plus, la baisse de demande induit une baisse du taux d’intérêt et donc une fuite des
capitaux.
- Cela entraîne une dépréciation de la monnaie domestique (donc une évolution favorable de ��), donc une augmentation de L�, qui compense la dégradation.
- Si la condition M-L est satisfaite, cet effet correcteur du mouvement de taux de change
amortir le choc négatif.
� Une économie en taux de change flexible est moins sensible à la conjoncture extérieure
qu’en taux de change fixe.
Deux suites possibles pour notre histoire :
Cas d’une anticipation Myope (le « pire » des scénarios ») : ���% = �� Si les agents n’anticipent rien, le taux d’intérêt domestique doit rester identique au taux étranger
pour éviter les fuites de capitaux. La dépréciation de la monnaie domestique se poursuit donc jusqu’à
ce que ce soit le cas.
Cette dépréciation aura lieu jusqu’à ce que la demande pour la production nationale retrouve son
niveau initial : le mouvement de retour de IS est total et l’économie n’est finalement pas impactée
par ∆8 .
Nuance : la petite économie ouverte n’est isolée des fluctuations de la conjoncture internationale
que si les taux d’intérêts mondiaux ne changent pas. Dans le cas contraire, l’économie domestique
sera quand même affectée.
Cas d’une anticipation exogène :���% = EE%
Le mouvement de dépréciation (hausse de��) qui découle de la baisse du taux d’intérêt domestique
et de la baisse des exportations crée une anticipation d’appréciation de la monnaie domestique :
c'est à dire une diminution de��=== ��⁄ , soit un déplacement de PTI vers le bas. On peut se permettre
un taux d’intérêt domestique plus bas, car les agents économiques anticipent un gain en capital
ultérieur sur leurs actifs domestiques (grâce aux taux de change).
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La baisse de taux d’intérêts provoque donc moins de sorties de capitaux, la dépréciation est moins
forte, le mouvement de retour de IS n’est que partiel : l’économie garde une certaine sensibilité à 8
(mais évidemment moindre qu’en change fixe).
7.4.2. L’incidence de l’imparfaite mobilité des capitaux Moins les capitaux sont mobiles, et moins un choc qui tend à accroître l’écart international de taux
d’intérêt entraînera des mouvements de capitaux et donc un ajustement du taux de change : on
peut donc se permettre d’écarte le taux d’intérêt de la PTI.
Dès lors, on comprend qu’avec des capitaux moins mobiles:
- la politique monétaire est moins efficace (car le même changement monétaire entrainera
une dépréciation, donc une amélioration deL� d’autant moins forte qu’il y a des obstacles
aux mouvements de capitaux) ;
- la politique budgétaire est plus efficace (car moins de perte de L� provoquée par
l’appréciation de la monnaie domestique)
- En outre, l’économie est moins isolée de la conjoncture internationale (le taux de change
flexible isolera moins l’économie domestique).
7.5. Remarques à propos du choix du système de change (fixe ou flexible)
pour une petite économie ouverte
L’avantage d’un système de taux de change fixes est l’absence d’incertitude sur les fluctuations de
change, ce qui :
� Facilite la gestion des affaires internationales pour les entreprises, qui ne se soucient plus
des fluctuations de taux de change (pour l’export et l’import de matières premières).
� Permet à un pays d’abaisser le niveau de son taux d’intérêt, puisqu’il n’y a plus le risque
de change (baisse de la prime de risque).
Les inconvénients de ce système sont :
� La perte de l’autonomie en politique monétaire (néanmoins, ça peut être un avantage si
cela permet au pays de respecter une discipline monétaire, qu’elle ne pourrait pas
respecter seule).
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� L’augmentation de la sensibilité de l’économie domestique à la conjoncture
internationale (cf. ci-dessus).
� La perte du taux de change comme mécanisme auto-correcteur des déséquilibres
extérieurs. Si le taux de change peut fluctuer librement, un déficit de la balance courante
exercerait des pressions à la dépréciation de la monnaie domestique, ce qui constitue un
mécanisme auto-correcteur.
7.6. Le cas de grandes économies interdépendantes
Lorsque la taille de l’économie n’est pas négligeable par rapport au RDM (Allemagne par rapport à
l’Europe, Europe par rapport au monde), les évolutions domestiques ne sont plus négligeables sur le
RDM comme dans le cas des petites économies.
Nous allons étudier un modèle à deux pays (ou régions) a et b interdépendantes, qui satisfont les
hypothèses de validité du modèle IS-MP.
Il y a interdépendance, car à travers les échanges de biens et services, l’activité de chacun est
influencée par celle de l’autre. De plus, puisque les exportations de l’un sont les importations de
l’autre :
���% = −���* et���% = −���*
��% = − ��* et���% = −���*
Où on a les mécanismes d’interdépendance suivant :
Interdépendance des niveaux d’activité nationaux
Ces mouvements seront d’autant plus forts que les pays sont ouverts l’un à l’autre en matière de
commerce extérieur, c'est à dire que la propension marginale à importer est élevée.
Interdépendance des taux d’intérêts
A taux de change donné, toute fluctuation du taux d’intérêt d’une des économies exercera une
pression dans le même sens de l’autre économie, car celle-ci subira des mouvements de capitaux,
dont la raréfaction d fait aussi monter les taux d’intérêts.
Plus encore, si la mobilité des capitaux est parfaite, la PTI doit s’appliquer. En particulier, sans
anticipation d’appréciation ou de dépréciation d’une monnaie par rapport à l’autre,
%�� = *��
ou (en mesurant les taux réels sur base du taux d’inflation d’un des deux pays)
�%�� = �*��
7.6.1. En taux de change flexible
Pas d’interventions de la BC sur le marché des changes : ���% = −���* = 0et���% = − ��% = ��* = −���*
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Politique budgétaire
Une politique budgétaire expansionniste financée par emprunt dans l’Etat a provoque :
a. ∆8% � hausse de la demande interne, et donc des importations du pays a � détérioration
de sa Balance Courante.
b. ∆8% � hausse des taux d’intérêts de a (puisque MPa est croissant) � entrée massive de
capitaux � amélioration de la Balance Courante, et adaptation du taux d’intérêt de b.
Les conséquences a. et b. ont un effet contraire sur la balance globale et donc sur le taux de change
entre les monnaies. Cependant, l’effet b. devrait l’emporter sur l’effet a. et impliquer une
appréciation de la monnaie du pays a. Cette perte de compétitivité de a atténuera les effets
expansionnistes de la relance budgétaire.
La politique budgétaire a donc une certaine efficacité dans le cas d’une grande économie, et a en
outre des effets expansionnistes dans l’autre économie.
Conjoncture internationale
Ce qu’on a vu juste en haut peut être appliqué à n’importe quel autre choc de demande d’origine
domestique : aucune des deux économies n’est parfaitement isolée de ce qui se passe dans l’autre !
Politique monétaire
Une OMO expansive en a provoque une chute du taux d’intérêt de a, ce qui a pour conséquence :
a. ∆ ��%� fuites de capitaux vers b � détérioration de la balance des capitaux de a, et chute
du taux d’intérêt de b (causé par la surabondance d’offre de capitaux).
b. ∆ ��%� hausse de l’activité de a et des importations � détérioration de la balance
courante de a.
Les conséquences a. et b. détériorent la balance globale de l’économie a, et donc le taux de change
entre les deux puisque la monnaie a se déprécie. Cependant, le gain de compétitivité qui en découle
atténue cet effet négatif sur l’économie a.
7.6.2. En taux de change fixe En taux de change fixe, la nature de la relation entre les pays dépend de la nature du régime de
change :
1. Change fixe défendu de façon unilatérale par la BC d’un seul des 2 pays (par exemple, la
Chine par rapport aux USA), qui veut lier sa monnaie à celle de l’autre. Dans ce cas de figure,
nous qualifierons d’hégémonique la banque centrale du pays qui ne se préoccupe pas de la
défense de la parité de la monnaie (dans notre exemple c’est la BC américaine qui est
hégémonique). Le pays suiveur, qui perd son autonomie monétaire, le fait parce qu’il a
quelque chose à gagner : maintien de la compétitivité prix, lutte contre l’inflation,
perspective de taux d’intérêts plus bas grâce à la disparition du risque de change…
2. Change fixe défendu de façon concertée par les banques centrales des deux pays.
On ne couvre ici que le cas 1 (qui a plus d’applications concrètes, simples et récentes).
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a) La politique monétaire
Le pays hégémonique est libre, et sa politique monétaire aura normalement les effets escomptés, en
plus d’imposer le choix au pays suiveur.
Le pays suiveur, lui, n’a pas d’autonomie (idem cas de la petite économie ouverte), puisque la BC a
une politique qui imite celle des pays qu’il suit.
b) Les politiques budgétaires et autres chocs intérieurs
Un choc sur IS (quelle qu’en soit l’origine) provoque stimule les importations et provoque une hausse
des taux d’intérêts.
- Si c’est le pays hégémonique a qui subit le choc, il y aura deux conséquences pour le pays
suiveur (imaginons le cas d’un choc positif de l’activité) :
o Hausse d’activité a � Hausse des imports a � hausse des exports b � Hausse de
l’activité b
o Hausse des taux d’intérêts de a � intervention du pays b sur le marché des changes :
la BC vend les devises � hausse du taux d’intérêt b � baisse de l’activité b
L’effet net pour le pays suiveur est indéterminé, à priori.
- Si c’est le pays suiveur b qui subit le choc, il y a aussi deux effet :
o Hausse d’activité b � Hausse des imports b � hausse des exports a � Hausse de
l’activité a.
o Hausse des taux d’intérêts de b � entrée de capitaux dans b � appréciation de la
monnaie b et raréfaction des capitaux dans a � baisse de compétitivité et hausse
des taux d’intérêts de a � baisse de l’activité a.
La BC de b doit donc intervenir (seule) pour empêcher cette hausse des taux
d’intérêts.
Le premier effet l’emporte en général sur le second, et la situation est donc profitable au
pays hégémonique.
En taux de change fixe, l’activité de chaque grand pays est sensible à la conjoncture de l’autre pays.
7.6.3. IS-MP en union monétaire La différence avec la situation de taux de change fixe est qu’il n’y a pas d’intervention de la BC de
chaque pays sur le marché des changes pour garder la parité de taux de change. La masse monétaire
émise par la BC de l’union se répartit nécessairement entre les Etats de la zone (la répartition est
endogène), le taux d’intérêt étant le même dans tous les états (à une prime de risque près).
Comme on va le voir, chaque pays est sensible à la conjoncture de l’autre :
Politique monétaire
Aucun des Etats membre n’a d’autonomie en matière monétaire. Par contre, la BC peut mettre en
œuvre des politiques monétaires efficaces pour toute la zone.
Politique budgétaire
La politique budgétaire (expansionniste) d’un Etat de la zone a :
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- Provoque un choc positif sur IS
- Stimule l’import de a � choc positif de l’activité pour les autres pays membres.
- Hausse des taux d’intérêts de la zone toute entière � choc négatif pour tous les pays
membres.
L’effet est positif pour l’économie a, mais incertain pour les autres pays (probablement positif pour
les pays fortement liés par le commerce avec a, et négatif pour les autres).
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Partie IV – l’équilibre
macroéconomique de moyen terme
8. Chapitre VIII – Offre globale (OG) – Demande globale (DG) en
économie fermée Au moyen terme, on ne considère plus les prix et les salaires comme fixes. Cela implique que les
fonctions d’offre ne sont plus horizontales, mais reflètent le lien entre prix et salaires.
8.1. Du modèle IS – MP à la relation de demande globale.
Quel est l’effet d’une hausse du niveau général des prix sur la demande pour la production
nationale ?
L’équilibre IS-MP détermine un niveau de demande (et donc d’activité) pour la production nationale
à prix donné.
8.1.1. Niveau général des prix et demande globale Impact d’une variation des prix sur MP
Dans la relation MP, le taux d’intérêt est déterminé (positivement) par l’activité économique et
(positivement) par le taux d’inflation.
Donc, au même niveau d’activité, un durcissement de la politique monétaire, c'est à dire une hausse
des taux d’intérêts (réels), provoque une hausse du taux d’intérêt, ce qui a pour conséquence une
contraction de MP (déplacement vers le haut) et donc une chute de la demande pour la production
nationale (l’intersection entre IS et MP se déplace à gauche).
On appelle Demande Globale (DG) la relation entre le niveau d’activité d’équilibre du modèle IS-MP
et le niveau général des prix.
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Impact d’une variation générale des prix sur IS
En économie fermée, IS ne dépend explicitement que de variables réelles. Une hausse du niveau
général des prix n’affectera la demande globale à taux d’intérêt donné si certaines variables réelles
sont affectées par cette hausse, c'est à dire si elles ne suivent pas l’évolution du niveau général des
prix (du fait par exemple de la non indexation des barèmes fiscaux).
Dans ce cas, une hausse des prix a un effet négatif sur certains déterminants de la demande et
pourra donc déprimer la valeur réelle de certaines dépenses, ce qui provoquera une contraction d’IS.
8.1.2. Déplacements de la courbe de demande globale En conséquence des 2 points précédents, on conclut qu’il y a un lien négatif entre �� et la demande
globale pour la production domestique. On envisage alors les 2 scénarios suivants :
- Déplacements le long de DG = variation du niveau de la demande globale résultant de la
seule variation du niveau général des prix et de ses effets induits sur les taux d’intérêt (c'est à
dire qu’en dehors de��, aucune des exogènes du modèle IS-MP n’est affectée).
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78 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
- Déplacement de la courbe de demande = variation du niveau de la demande générale à
niveau général des prix donné (à ��donné, il y a une variation d’une des variables exogènes
du modèle IS-MP). Par exemple, un choc positif sur IS, à prix donné :
Le mouvement de DG est le même pour une baisse des taux et donc de MP.
8.2. L’offre globale
Ici, on pose que le prix et les salaires en vigueur ne sont plus fixes mais choisis à l’issue d’un
processus décisionnel.
8.2.1. La formation des prix a) Technologie
À stock de capital productif fixe, la production domestique est réalisée grâce à une technologique
( �) avec rendements marginaux du travail décroissants :
8� = ��I�� = ��I�<7:,50 < S < 1
Où � (la technologie) associe un certain niveau d’emploi (I�) à un certain niveau d’activité (8�) via un
facteur de productivité totale fixée (��).
Comme on peut le voir, la productivité marginale du travail est positive mais décroissante dans le
niveau d’emploi :
���I�� =/8�/I� = S��I�<�
Telle que ���I�� > 0,� ����I�� < 0
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79 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
b) Formation des prix
Les entreprises fixent leur prix de façon à couvrir leur coût marginal de production, avec un éventuel
taux de margeT� ≥ 0.
�� ≡ �� = �1 + T�� U )� ���I��V = �1 + T�� U )�S��I�<�V
Où selon la valeur deT�, cette formulation est compatible avec :
- La présence de concurrence parfaite sur le marché des biens (T� = 0)
- La présence de concurrence imparfaite sur le marché des biens (CIB) (T� > 0)
2 scénarios peuvent mener à une hausse générale des prix :
- Si les salaires nominaux ()�) augmentent ou si la productivité marginale ( ��) chute (à cause
d’une augmentation de l’emploi, par exemple) � hausse des coûts de production.
- Si les entreprises augmentent le taux de marge (T�). Deux formulations alternatives de l’équation de PS peuvent mettre un élément en évidence :
- Lien entre salaire réel et la productivité marginale du travail :
�� ≡ ���I�� = (1 + T�))���
� Plus T� est grand, plus le salaire réel ��
��est petit.
- Lien entre salaire réel et emploi :
�� ≡ I� = W1 + T�S. ��.)��� X� <�⁄
� Plus le salaire est élevé, plus le taux d’emploi est réduit.
� Plus T� est grand, moins il y a une demande de travail à salaire réel donné. On peut
représenter la relation salaire/ demande de travail graphiquement :
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80 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
8.2.2. La formation des salaires Les salaires sont fixés dans le cadre d’une négociation collective. On retient trois déterminants de
l’accord salarial :
I. Effet positif du niveau général des prix Y�
Les travailleurs sont préoccupés par le pouvoir d’achat qui correspond à un salaire nominal )�, c'est
à dire le salaire réel ��
��. On a 2 mécanismes possibles, pour que les travailleurs conservent leur
pouvoir d’achat :
o Par un mécanisme d’indexation automatique des salaires (comme en Belgique).
o En ajustant les revendications en anticipant l’évolution des prix.
II. Effet négatif du taux de chômage Z�
Soit le taux de chômage : D� =��>���
= 1 −>���
. Où :
- D� : le taux de chômage
- �� : le nombre total de travailleurs (la population active)
- I� : le nombre de travailleurs qui ont un emploi
On sait qu’il y a une relation inverse entre le taux d’emploi et le salaire (voir 2.1) : il faut donc trouver
un compromis entre les deux.
Les revendications salariales sont d’autant moins exigeantes que la situation de l’emploi est
préoccupante. Le chômage a donc un effet négatif sur le salaire.
III. Effet positif de l’allocation de chômage[�.
La générosité du système d’indemnisation engendre :
- un effet de seuil dans les revendications salariales, puisque personne n’accepterait de
travailler pour un salaire inférieur à l’allocation de chômage. Ceci est représenté dans le
graphe (où l’horizontale est l’allocation de chômage) :
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81 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
- une modification de l’arbitrage des syndicats entre leurs priorités en termes de salaire et
d’emploi: les syndicats pourront revendiquer d’autant plus facilement des hausses de
salaires qu’ils jugent moins préoccupante la situation de ceux qui perdraient leur emploi.
Pour la formation des salaires, nous retiendrons l’équation suivante:
)� ≡ )� = )(��; D�; ��) = ��?\(D�)�� Rôle de ] :
- 0 ≤ ] ≤ 1 représente le degré d’ajustement des salaires nominaux aux prix :
o Lorsque ] = 0 pas d’ajustement (=rigidité nominale total des salaires) .
o Lorsque] = 1, l’indexation est parfaite, les variations de prix se répercutent
intégralement sur les salaires nominaux (aucune rigidité nominale).
o 0 ≤ ] ≤ 1 : situation intermédiaire.
o En Belgique, ] est automatisé via le système d’indexation ; il est donc élevé mais ne
vaut pas 1.
Rôle de \�D��: - \�D��est une fonction qui lie négativement taux de chômage et salaires, telle que\��D�� <
0.
Tel qu’on considère
- \�1� ≥ 1 (le salaire ne peut pas tomber sous l’allocation de chômage, même si celui-ci est
maximal)
- \�0� → ∞ (s’il n’y a aucun chômage, les revendications salariales augmentent sans limite)
- La convexité de \ mesure le degré d’ajustement des salaires au déséquilibre du marché du
travail. Plus elle est convexe, plus on se rapproche de la concurrence parfaite. Exemple :
\�D�� = 1 + D̂ 7:,5\ > 0
Ici, si ^ = 0 et ] = 1, alors notre courbe WS se confond avec l’offre de travail concurrentielle (courbe
en L inversé, ci-dessous). Sinon, on peut donc représenter la courbe WS ainsi (plus ^ et ] s’éloignent
de 0 et 1, plus la courbe WS s’éloigne de l’offre concurrentielle).
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8.2.3. L’offre globale OG Cette courbe lie l’offre de biens des entreprises 8� et le niveau des prix��, compte tenu des
comportements des agents économiques en matière de formation des prix et des salaires (selon les
règles WS et PS).
OG intègre une boucle Prix-Salaire (issue de la relation WS et PS), qui décrit le comportement des
entreprises avec 4 variables 8� , I��$DD��, �� ,�)� et 3 équations PS, WS et la technologie.
- Hausse des prix � hausse des salaires (par WS) � hausse des coûts de production (par PS)
� hausse des prix � …
Avec toutes ces variables, on peut exprimer OG de cette manière :
Rien compris ? Moi non plus. C’est pas grave.
8.2.3.1. Avec un marché du travail imparfaitement concurrentiel (OG
croissante)
Lorsque l’indexation des salaires est imparfaite (] < 1), OG définit une relation croissante entre �� et
l’offre des entreprises, car on a "Hausse des prix � hausse des salaires, mais proportionnellement
moins que les prix (donc diminution du salaire réel) � augmente la production rentable".
Analytiquement :
∆�� → ∆)�A7 %∆ _)� ��" ` → ∆8�,B�7aC,
OG est d’autant plus verticale :
- que b est grand car si la hausse de prix fait parfaitement augmenter les salaires, cela va se
répercuter sur les coûts de production, ce qui fera augmenter les prix.
- que c est grand, c'est à dire si \�D�� le salaire est sensible au taux d’emploi, car la hausse de
la demande des entreprise augmente l’emploi et baisse du chômage, ce qui fait monter les
salaires (ce mécanisme freine ∆8).
Graphiquement, on aura :
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8.2.3.2. Avec une formation concurrentielle des salaires (OG verticale)
Lorsque l’ajustement des salaires nominaux aux prix est parfait(] = 1), OG est indépendante de Pt.
Analytiquement :
∆�� = ∆)� ↔ ∆ _)� ��" ` = 0
Une hausse du niveau général de prix n’a alors aucun impact sur l’offre rentable des entreprises et
laisse donc cette offre inchangée.
8.3. Une économie avec parfaite flexibilité nominale des prix et des
salaires : les cas où OG est verticale
L’intérêt de la formulation des relations WS et PS est de couvrir un large éventail de configurations
possibles selon les caractéristiques de la formation des prix et salaires.
4 Configurations possibles:
I. CP concurrence parfaite partout (^ = 0, T� = 0)
II. CIB concurrence parfaite sur le marché du travail, concurrence imparfaite sur le marché
des biens (^ = 0, T� > 0)
III. CIT concurrence imparfaite sur le marché du travail, concurrence parfaite sur le marché
des biens (^ > 0, T� = 0)
IV. CIBT concurrence imparfaite sur les marché des biens et du travail (^, T� > 0)
Assez clairement, chacune des configurations a sa place sur le graphe suivant, où on a superposé WS
et PS. Sous celui-ci, l’output structurel, 8�∗, en fonction de ces configurations.
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8.3.1. L’output structurel et ses déterminants On analyse 3 types de déterminants de l’output structurel :
Output structurel et imperfections du marché
Quand OG est vertical (qu’il n’y a pas de rigidité nominale), l’ouput structurel dépend de la
configuration. Des 2 graphes ci-dessus, on retire les comparaisons suivantes du niveau d’activité, de
salaire et d’emploi (du chômage) (toujours lorsque l’offre de travail concurrentielle est verticale) :
I�2;& < I�2& < I�2; = I��
8�2;& < 8�2& < 8�2; = 8��
En mots, Y et L dépendent négativement deT� (donc une valeur élevée déplace PS vers le bas) et de ^� (dont une valeur élevée déplace WS vers de haut).
Par ailleurs,
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D�2;& > D�2& > D�2; = D�� = 0
()��� )�2;& < (
)��� )�2& , ()��� )�2; < (
)��� )��
��2;& > ��2& > ��2; = ���
Pour rigoler un peu, et mettre en pratique ces inégalités, voici l’équilibre IS-MP dans les différentes configurations possibles (si P n’a pas d’impact sur IS) :
(partir du graphe au milieu à gauche, pour terminer par le graphe MP).
Output structurel et travail
L’emploi et l’output structurels sont d’autant plus élevés (OG plus à droite) que :
� la productivité du travail (��) est grande (un niveau d’emploi génère plus plus d’output :
PS à droite)
� la population active (��) est grande (plus de monde : WS à droite)
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Output structurel et Etat
L’emploi et l’output structurels sont d’autant plus faibles (OG plus à gauche) que :
� le système d’allocation de chômage (��) est généreuse (WS vers le haut)
� la fiscalité sur le travail (écart entre coût salarial pour les entreprises et salaire-poche ou
coin fiscal) est élevée.
On peut résumer les déterminants de l’output structurel de la manière suivante :
8�2;& = 8(�� , �����
; T�d
; ^d
; ��e
; 5$ B# %57C���������
)
Et du chômage structurel :
D�2;& = f(��d
; T�d
; ^d
; ��e
; 5$ B# %57C���������
)
NB: CIT et CIB cumulent leurs effets négatifs sur Y et L, mais ils ont des effets contraires sur les
salaires réels. L’effet combiné de CIB et CIT peut conduire les salaires réels au-dessus ou en dessous
des salaires réels de concurrence pure et parfaite (voir inégalité du salaire réel, ci-dessus).
8.3.2. L’inefficacité des politiques de demande Puisque OG est verticale, l’output et l’emploi structurel ne sont pas influencés par un choc de DG. Par
contre, DG influencera le niveau général des prix tel que��2;& > ��2& > ��2; = ���. DG n’a donc
qu’un effet nominal.
Cette petite histoire nous confirme l’inutilité des politiques de stimulation de la demande :
Pol. Budgétaire expansionniste � ∆+ IS et ∆+ DG � ∆+ MP � comme OG ne peut augmenter pour
répondre à la demande, les prix montent jusqu'à éviction totale des dépenses privées.
On peut faire la même histoire graphiquement, avec une politique monétaire expansionniste (MP
vers le bas).
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On voit que le choc monétaire déplace MP et stimule DG, mais la hausse induite des prix ramène MP
dans sa position initiale.
8.3.3. Création monétaire et inflation La neutralité monétaire
La monnaie est dite neutre lorsqu’une augmentation de la quantité de monnaie en circulation (c'est à
dire une politique expansionniste de la BC ou un assouplissement de sa politique budgétaire) :
- N’a aucun impact sur les variables économiques réelles (notamment activité et emploi).
- N’affecte que les prix et les variables nominales.
Dans ce cas, la conduite de la politique monétaire n’a que des effets inflationnistes, elle n’influence
pas l’output, ni l’emploi, ni le chômage,… On a vu cela dans le point précédent.
Analytiquement, on peut se rappeler une formule vue en première bac :
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���:� = ��8� Où ��� est la masse de monnaie en circulation et :� la vitesse de circulation de la monnaie. Donc, si :� est constante:
- Dans un monde où l’output structurel est à son maximum (8� ne change pas), une
augmentation de la masse monétaire crée inévitablement une augmentation de��, soit de
l’inflation.
- Si le taux de croissance du PIB nominal est égal au taux de croissance de la masse monétaire,
il n’y aura pas d’inflation (puisqu’il y a un besoin de plus de monnaie pour procéder à tous les
nouveaux échanges).
Donc, la croissance monétaire n’est génératrice d’inflation que si elle est excessive, c'est à dire si la
croissance monétaire est supérieure à la croissance de la valeur réelle des transactions économiques.
Notons qu’une variation de :� influencera également la demande de monnaie. En effet, si :� augmente, il faudra augmenter la masse monétaire pour que tous les échanges soient possibles, mais
cela ne créera pas d’inflation.
8.3.4. L’efficacité des politiques de soutien de l’offre Comme on l’a vu, si la production est à l’output structurel, ça ne sert à rien de créer de faire
augmenter la demande, car ça ne fera que créer de l’inflation. On va donc s’attaquer aux
déterminants de l’output structurel, c'est à dire aux déterminants de WS et PS.
Stimulation de PS
- Améliorer la productivité du travail (��) en soutenant l’innovation
technologique, l’investissement en capital productif et le capital humain (par l’éducation).
- Aller vers une situation de concurrence parfaite (réduireT�) par une politique de
concurrence sur le marché des biens.
- Diminuer le coût du travail (réduire le coin fiscal) par une subvention à l’emploi ou une
réduction des cotisations sociales.
Précaution: entre la mise en œuvre des ces politiques et leur influence sur PS est indéterminé ; il
peut être très long. De plus l’effet d’hystérèse (c'est à dire le fait que l’histoire et le contexte influe la
façon dont les mesure ont un impact) implique que certaines mesures prises aujourd'hui n’ont qu’un
impact limité alors qu’elles auraient été très importantes dans le passé (par exemple, la diminution
des cotisations sociales aurait eu un grand impact quand les entreprises ont délocalisé, il y a 20-30
ans, mais aujourd'hui, ça ne va pas les faire revenir).
Stimulation de WS (pour la faire se rapprocher de la courbe d’offre de travail concurrentiel).
- Réduire les rigidités réelles sur ce marché (réduire^) par une politique de flexibilisation du
marché du travail (comme M. Thatcher l’a fait en brisant les syndicats).
- Diminuer l’allocation de chômage (réduire Bt ou au moins son effet sur les salaires).
- Réduction des cotisations sociales et autres impôts sur le travail pour pouvoir diminuer le
prix de la main d’œuvre en gardant le même salaire-poche.
Stimulation de l’offre de travail (amener la population inactive vers le travail).
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8.4. Une économie avec rigidités nominales des salaires et imperfections
du marché du travail.
Lorsque0 < ] < 1(,�^ > 0), OG n’est plus verticale mais croissante. À l’extrême, lorsque les prix
et les salaires sont tout à faire rigides et donc fixes, on est dans la situation IS-MP, avec OG
horizontale.
Note : on examine ici le cas le plus réaliste d’une configuration CIBT (concurrence imparfaite du
marché des biens et du travail).
OG et DG jouent tous les deux un rôle actif dans la détermination de l’activité, de l’emploi et du
chômage, comme on peut l’observer :
Ici, on a la situation d’une économie où la demande globale est trop faible pour réaliser l’output
structurel (la verticale en pointillés). De même, il se peut que le niveau de la demande globale
pousse l’activité au-delà de l’output structurel.
Les modifications de OG comme DG ont à la fois des effets sur les prix et sur l’activité réelle et
l’emploi : ces chocs n’affectent pas l’output structurel de l’économie mais l’ampleur avec laquelle
l’output observé s’écarte de l’output structurel (idem pour le chômage structurel).
À partir de là, nous allons examiner une série de considérations :
1) Politique de soutien de la demande globale :
- Pression dans le même sens sur l’activité et les prix.
o Choc positif � effets expansionnistes et inflationnistes comme on le voit sur ce
graphique :
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o Choc négatif � effets récessifs et déflationnistes.
- Plus OG est horizontale (plus les rigidités nominales et réelles sont fortes), plus
o L’effet expansionniste/récessif sera fort
o L’effet inflationniste/déflationniste sera faible.
2) Politiques de soutien de l’offre globale :
- Pression en sens contraire sur l’activité et les prix
o Un choc d’offre positif a des effets expansionnistes et négatifs sur l’inflation :
o Un choc d’offre négatif a des effets récessifs et inflationnistes.
Note : on utilise moins les chocs de demande, à cause de leur effet inflationniste néfaste. C’est
particulièrement vrai si OG est verticale (],�^ élevés), car l’effet inflationniste sera plus grand avec
un choc de demande, et l’effet sur l’output et l’emploi sera plus grand avec un choc d’offre.
3) La pente d’OG dans le temps
Au plus le laps de temps étudié est long, au plus OG est verticale. À terme, les salaires finissent
toujours par suivre les prix, de telle façon que OG est verticale dans le long terme. Le redressement
d’OG au fur et à mesure de la disparition des rigidités nominales signifie aussi la réduction
progressive de l’efficacité des politiques de demande.
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Cependant, même si les politiques de demandes sont inefficaces à long terme, elles peuvent être
importantes à moyen et long terme, pour limiter les fluctuations conjoncturelles de l’activité et de
l’emploi liées aux fluctuations de la demande privée (C ou I), causée par exemple par une vague de
pessimisme. En effet, une politique monétaire expansionniste peut contrecarrer l’effet
autoréalisateur de la vague de pessimisme en limitant l’effet récessif.
Ces politiques peuvent donc limiter les fluctuations de l’activité et de l’emploi autours de leur output
structurel.
En 2008, dans un contexte de crise financière, la chute chronique de la demande privée a amené la demande globale dans une zone où l’offre était assez horizontale (les carnets de commandes des entreprises tellement vides qu’elles accepteraient volontiers de produire plus sans augmenter leurs prix). Là, sans politique de soutien de la demande, une perte de confiance des privés dans une économie décentralisée aurait eu des effets autoréalisateurs néfastes. C’est la raison des multiples plans de relance en 2008-2009 :
- Stimuler directement certains composants de la demande - Rétablir la confiance des agents.
À côté du cercle vicieux qui peut frapper la demande, l’offre aussi peut subir le même scénario : si
l’output observé est systématiquement sous l’output structurel, ce qui fragilise l’entreprise et peut
mener à la faillite. De plus, les « survivants » sont moins incités à investir dans leurs capacités de
production ou dans l’innovation, puisque leurs moyens actuels sont déjà excédentaires.
De plus, si le chômage est chroniquement sous son niveau structurel, les chômeurs de longue durée
peuvent voir leurs qualifications (leur capital humain) se détériorer, ce qui affecte leur productivité.
Dans ces cas, une politique de soutien de la demande peut donc s’avérer utile puisqu’elles
permettent de sortir d’une dynamique négative.
4) La politique monétaire comme instrument de lutte contre l’inflation
Comme on l’a vu, les tensions inflationnistes peuvent découler d’une pression de la demande
agrégée (surtout si on approche de l’output structurel, ou qu’on le dépasse), ou d’un choc d’offre
négatif. Face à cela, un durcissement de la politique monétaire contracte DG, ce qui réduit les
tensions inflationnistes.
5) Compromis entre inflation et chômage ?
Ce qu’on a vu au point 3) laisse entrevoir cette relation court terme : niveau général des prix (et donc
d’inflation) plus élevé � stimulation de la demande � niveau plus élevé d’activité et chômage plus
faible.
Cette relation négative court terme entre chômage et inflation s’appelle la courbe de Phillips. Cette
courbe décroissante est d’autant plus horizontale qu’OG est horizontale.
Cette relation rassurante était très utilisée jusqu’au début des années 70 ; cependant, l’apparition
d’une période de stagflation (hausse de l’inflation et du chômage) liée au choc pétrolier est venue
ébranler cette vision. En effet, puisqu’OG (et donc la courbe de Phillips) devient verticale à LT, les
politiques de soutien ne sont pas efficaces à LT.
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8.5. Quelques enseignements supplémentaires
a) Du très court terme au moyen terme
Le monde réel est, la plupart du temps, situé entre le modèle IS-MP (très court terme) et la version
du modèle OG-DG où OG est verticale. Schématiquement :
- Très court terme : DG-OG horizontale = IS-MP � Courbe de Phillips plate (rigidités nominales
de prix et salaires fortes, problème général de débouchés pour les entreprises).
- Court-moyen terme : DG-OG croissante � Courbe de Phillips croissante
- Moyen-long terme : DG-OG (très) verticale � Courbe de Phillips (très) verticale
b) Les politiques de demande ne peuvent pas résoudre les problèmes
structurels
Tôt ou tard, les rigidités disparaissent et il apparait que l’activité, l’emploie et le chômage sont
d’abord déterminés par des caractéristiques structurelles. En effet, ce n’est pas la demande globale
qui va amener l’activité économique bien/durablement au-delà d’YCIBT
Il faut des politiques d’offre pour s’attaquer aux problèmes structurels, notamment les imperfections
du marché et l’innovation. La croissance durable suppose une évolution favorable des déterminants
structurels d’Y et L et donc (si nécessaire) des politiques de soutien de l’offre.
c) Les politiques de demande sont néanmoins un instrument important
Si stimuler DG ne peut conduire l’économie bien au-delà du niveau structurel, une DG trop faible
peut amener l’économie bien en-dessous de celui-ci.
Sous cet aspect, les politiques de demande ont un rôle contracyclique indispensable à
jouer (particulièrement dans le cas d’une récession causant une contraction de la demande), visant à
atténuer les fluctuations conjoncturelles de l’activité et de l’emploi liées aux fluctuations de la
demande privée qui pourraient sérieusement et durablement endommager l’activité économique et
l’emploi ultérieur, et provoquer un cercle vicieux de perte de confiance et de destruction d’activité
économique.
À l’autre extrême, les politiques de soutien de la demande sont moins utiles et moins
recommandables quand OG est très verticale (c'est à dire que l’activité économique est proche du
niveau structurel), puisqu’elles conduisent alors l’économie dans une zone de surchauffe par rapport
à ses possibilités structurelles et risquent donc de n’avoir que des effets inflationnistes.
d) La croissance durable…
A un moment donné, une économie n’a aucune chance que son niveau d’activité dépasse
sensiblement ou durablement son potentiel structurel (quelle que soit le niveau de DG), d’autant que
le laps de temps pendant lequel les rigidités nominales persistent peut éventuellement être très
court.
Les seuls soutiens de DG qui sont vraiment utiles dans le long terme sont ceux qui auront des effets
structurels positifs sur l’offre globale ; à la manière d’une politique d’investissement public ou une
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93 Second quadrimestre – Année académique 2013 - 2014
politique de soutien de l’investissement privé, permettant d’améliorer les infrastructures mises en
places, l’éducation, l’innovation,…
À l’inverse, toutes les politiques de rigueur budgétaire ne sont pas équivalentes ; celles qui pèsent
sur le développement ultérieur (coupes sur l’éducation, sur l’investissement public,…) détérioreront
négativement l’output structurel.