40
Promotion 2012 mag Justice Les mineurs sont-ils des justiciables comme les autres ? Page 15 Le supplément économique Pages 24 à 39 Le reportage: au coeur des Baumettes Pages 12 et 13 Il a fait du covoiturage sa profession Page 4

MAG ISIM 2012

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Le Magazine de l’Institut supérieur de l’information et des médias

Citation preview

Page 1: MAG ISIM 2012

Promotion 2012mag

JusticeLes mineurs sont-ils des justiciables

comme les autres ? Page 15

Le supplémentéconomiquePages 24 à 39

Le reportage:au coeur desBaumettes

Pages 12 et 13

Il a fait ducovoiturage

sa professionPage 4

1_Mise en page 1 07/06/2012 16:00 Page 1

Page 2: MAG ISIM 2012

L

ED

ITO

Professeur de droit publicCo-directeur de la mention“Droit et management de la

culture et des médias”

L’année universitaire qui s’achève a étéune année charnière pour l’ISIM (InstitutSupérieur de l’Information et des Médias).En effet, cet institut de la Faculté de Droit etde Science Politique s’est enrichi de deuxnouveaux diplômes venus de la Facultéd’Economie appliquée avec l’arrivée duMaster 2 et du Magistère “Journalisme etCommunication des Organisations”.Cette nouvelle offre de formations confirmela volonté de l’ISIM de favoriser la pluridisci-plinarité, d’enrichir son panel de diplômes etannonce la création en septembre prochaind’un nouveau Master 1 intitulé “Droit etmanagement de la culture et des médias”. Jeme réjouis de ces évolutions positives pournos étudiants comme pour la Faculté deDroit qui s’inscrivent dans la dynamique quia permis la réussite de la fusion des trois éta-blissements supérieurs d’Aix-Marseille, don-nant naissance à la plus grande université deFrance.

2

Société 4-7• Quand le co-voiturage devient business• Les jeux d’argent font-il perdre la tête?• Le réveil de la jeunesse arménienne contre • l’oubli• L’alyah: un choix entre coeur et raison

Education 8-10• La Réunion: les étudiants préfèrent • la métropole• France, ton école est malade!• Enfants et surdité: classe pour • déficients auditifs à Aix-en-Provence

Judiciaire 11-13• La vie carcérale à travers les yeux• d’un surveillant • Baumettes: quand le cinéma permet l’évasion

Justice 14-15• L’accès au droit: un combat quotidien• Délinquance des mineurs: une réponse • éducative malmenée

Média & culture 16-19• Trop de télé tue la télé• Pierre Alberti: Monsieur radio Nostalgie• Salvator Dali: l’icône du XXème siècle

Patrimoine 20-21• Quand l’économie solidaire devient• un fonds de commerce• La vente de HLM aux locataires: une fausse• bonne idée?Psychologie 22• L’apocalypse, vous y croyez?

Hervé ISAR

Directeur de publication: Thierry Noir Rédacteurs en chef: Anthony Jammot etThierry NoirMise en page : Les étudiants du Master 2Journalisme juridiqueMaquette : Nadia TighidetImprimerie Universitaire DPSI

2_3_Magazine ISIM 13/06/2012 10:15 Page 1

Page 3: MAG ISIM 2012

N

EDITO

3

Journaliste, Co-directeur du Master 2de Journalisme juridique

Parce que “Nul n’est censé ignorer la loi”

“Nul n’est censé ignorer la loi”. Et pourtant,depuis 18 mois, l’Assemblée nationale aadopté pas moins de 140 textes nouveaux. Lefait qu’il s’agisse pour l’essentiel de transpo-sitions en Droit français de décisions euro-péennes ne change rien à l’affaire : la loi tientune place de plus en plus importante dansnotre vie quotidienne de simples citoyens etnotre société se judiciarise sans cesse. Face àcette complexification incessante, la démo-cratie exige que des “passeurs” soient capa-bles de faire comprendre aux membres de laNation les évolutions des normes. Ces “pas-seurs”, aujourd’hui, ce sont les journalistes,intermédiaires naturels entre les institutionsqui édictent les règles et les citoyens. D’où lanécessité, pour ces journalistes, de maîtriserles arcanes du Droit. C’est la seule ambitiondu Master 2 de Journalisme juridique, dontMarc Pena, alors professeur à la Faculté dedroit et de science politique, a eu l’intuition ily a plus de 10 ans. La gageure est d’inculquerles exigences journalistiques à des étudiantsdéjà formés au Droit. De forger des serviteursde la démocratie et de la République, dont laloi est l’imparable garant.

Page 24

Page 25

Page 26

Page 27 Page 28

Page 29 Page 30

Page 31 Page 32Page 33

Page 34

Page 35

Page 36

Page 37

Page 38 Page 39

Pourquoi vendre son or et pourquoi pas?Cartels à la mode: un businessen héritageParité: les médias donnent desleçons mais pas l’exemple!Recrutement 2.0 sur les réseauxLes pirates du net envahissent la mer web“Level up” pour les jeux vidéoRussie: vers une nouvellePerestroïka?Arctique: une terre promise tirailléeFrance-USA: le match de la santéLe tourisme religieux: un businessqui fait des disciplesGaz de schiste: entre intérêt économique et écologiqueMayotte 101ème département, qu’attendent-ils ?Le sport, source de dynamisme économique?Le football, un indicateur de croissanceLe commerce de la fin du mondeTrombinoscope JCO

Supplément économique

Thierry NOIR

Flashez-moi pour retrouver le blog et les curriculum vitae

2_3_Magazine ISIM 07/06/2012 16:01 Page 2

Page 4: MAG ISIM 2012

J“Je fais un bénéfice d’environ 90euros par trajet”. Avec dix trajets parsemaine, les chiffres montent vite.Pierre, 43 ans est sans profession.Propriétaire d’un van, il effectue tousles jours, du lundi au vendredi, desallers-retours Lyon-Paris. Une vérita-ble petite entreprise. Départs à heuresfixes, films diffusés pendant le trajet,tout est fait pour arranger le client.“Encore faut-il que la voiture soit pleine”,avoue-t-il. “Mais les affaires marchentbien, surtout sur un trajet comme celui-ci oùle train est vraiment cher”.Impossible toutefois de lui fairereconnaître le caractère illégal de sonactivité. “Je rends juste service”, assure-t-il. Pourtant Pierre risque gros (voir

encadré). Avec plus de 1,8 milliond’inscrits et 3000 de plus chaque jour,le site covoiturage.fr représente unesource presque iné-puisable de clientspotentiels. Il fautdire qu’en ces tempsde crise et de flam-bées du prix de l’es-sence, les économiessont les bienvenues : 25 euros enmoyenne pour un Lyon-Paris contre75 euros environ avec une voitureindividuelle. Bien qu’illégal, les covoi-tureurs ne semblent pas s’arrêter à cegenre de détails. Alice reconnaît utili-ser parfois ces taxis d’un nouveaugenre. “J’ai conscience que ça va à l’encontre

du principe ducovoiturage,mais leshoraires et letarif m’arran-gent. Tant quej’arrive à des-tination, je nesuis pas regar-dante !”. Lesite covoitu-rage.fr, luttef a r o u c h e -ment contreces pra-tiques. “Nous

sommes évidemment contre. C’est contraire àla loi et à l’esprit du covoiturage”, expliqueLaure Wagner de covoiturage.fr.

Cette interdiction estmême inscrite dans lesconditions d’utilisationdu service. Plusieursmesures ont été mises enplace pour permettre debloquer les comptes,

notamment un système de réservationen ligne. Au lieu de réserver sa placeauprès du conducteur, le passager lefait désormais directement sur le siteet le paiement se fait via internet. Lesconducteurs doivent alors fournir leurRIB (relevé d’identité bancaire), per-mettant de contrer plus efficacementles fraudeurs. “On tente de faire de la péda-gogie, de leur expliquer les risques qu’ilsencourent. Mais beaucoup tombent des nues,ils pensent être dans leurs droits”, préciseLaure Wagner. Des risques loin d’êtrehypothétiques, la police ayant déjàarrêté un de ces businessmen ducovoiturage à la gare de péage de Lille.

SOC

IET

E

Quand le covoiturage devient business

Surfant sur la vague du partage de parcours, des conducteursen profitent pour gagner leur vie

Ce que dit la loiEn principe, tous les passagers d’un véhicule sont couverts encas d’accident. Chaque assurance automobile contient obliga-toirement la responsabilité civile. Ainsi, tout trajet effectué encovoiturage est assuré. Toutefois, les contrats d’assurance interdisent, sous peine denullité, “le transport à titre onéreux de marchandises ou de voyageurs”.Lors des trajets en taxi-covoiturage, le conducteur n’est trèscertainement pas assuré. Seule une assurance professionnellede transport de personnes prend en charge ce genre de dom-mage. Un paramètre à prendre en compte en cas d’utilisationde ce moyen de transport.Par ailleurs, le travail dissimulé est sanctionné par le Codepénal : jusqu'à 3 ans de prison et 45.000 euros d’amende. A.Z.

“C ‘est contraire à la loi et à l’esprit du covoiturage”

Adelyne [email protected]

Journalisme Juridique

Un trajet Marseille-Lyon coûte en moyenneune vingtaine d’euros. A.Z.

4

3000C’est le nombre de nou-

veaux inscrits chaquejour sur covoiturage.fr

4_5_Magazine ISIM 07/06/2012 16:01 Page 1

Page 5: MAG ISIM 2012

J

SOC

IET

E

Plus nombreux et plus accessibles, les jeux d'argententraînent parfois une dépendance difficile à traiter

“J'ai eu une patiente, une mère defamille qui gagnait mille euros par mois et endépensait deux mille en quarante-cinqminutes", confie Frédéric Terrier, édu-cateur spécialisé dans le traitement del'addiction au jeu. Il a exercé dans l'undes centres de soins, d'accompagne-ment et de prévention des addictions(CSAPA) d'Aix-en-Provence. C'estgénéralement dans ces structures quese retrouvent les joueurs excessifs.Deux ans de libéralisation des jeuxd'argent sur internet. Les premierseffets se font déjà sentir. "Depuis la libé-ralisation, j'ai vu mon nombre de patientsdépendants aux jeux multiplié par dix",explique l'éducateur. L'addiction auxjeux fait partie de ces dépendancesaveugles, de celles qui ne marquentpas les visages. Alors, le dépistage sefait bien souvent trop tard. "Le déclicarrive quandles personnestouchent lefond, que lad i f f i c u l t éfinancière les étouffe" affirme MmeRichard, membre de l'association SOSJoueurs."Les joueurs font tout pour cacher leurdépendance, leurs proches ne s'en rendentcompte que lorsqu'un comportement agressifou une grosse difficulté financière se mani-feste. Alors, parfois c'est l'entourage qui nousappelle", explique-t-elle. Les témoi-gnages laissés sur le site de l'associa-tion le montrent:

"Je vous écris, car mon conjoint est dépendantau jeu de poker et parie sur Internet mais il nele reconnaît pas. Il est toujours à découvert,ne paie plus le loyer, ne paie passes impôts… Je voudrais que ças’arrête, car je suis enceinte de 8mois. Comment faire pour sesdettes? Peut-on l’interdire dejeu?”, s’interroge Catherine.

Apprendre à gérer Pour la plupart des joueurs,le but n'est pas de s'arrêterde jouer, mais de commen-cer par reprendre lecontrôle. Frédéric Terrierobserve des personnes qui se deman-dent "Est-ce que je dois arrêter?". Pour lui,ces joueurs "tirent un certain bénéfice dujeu, il faut alors leur redonner le pouvoir degérer leur consommation car passer au néant

peut lesconduire àaugmenterleur rythmede jeu et les

pousser un peu plus vers les jeux en ligne". L'éducateur constate que les per-sonnes âgées, qui jouent souvent encouple, font partie des plus exposées.Au départ la volonté de comprendrece qui plait tant à son conjoint, ledésir de partager, d'avoir une activitécommune. Une habitude de jeu s'ins-talle et perdure après le décès de l'und'eux. Alors "les interdire n'est pas tou-jours la solution car le jeu constitue bien sou-

vent leur unique lien social". FrédéricTerrier estime que son "travail se fait aucas par cas. C'est un peu comme avec la

drogue, c'est au contact des consommateursque l'on apprend le mieux à traiter l'addic-tion. Il faut réussir à créer un lien avec lejoueur (…), car l'addiction au jeu c'est avanttout une pathologie du lien". Il faut selonlui, mettre l'accent sur la prévention.Il se souvient de l'une de ses collègueséducatrices, le jour d'une action desensibilisation aux addictions. "Elleavait disposé sur sa table, à côté des préser-vatifs et des dépliants sur la drogue, desjetons de poker et une roulette. Alors de nom-breux jeunes sont venus lui parler".

Les chiffres-clé du jeu en ligne (France)

- 3,1 millions de comptes joueurs- Il y a en France, 1,3% de joueurs dits problématiques- 87% des joueurs excessifs ont un niveau d'étude infé-rieur ou égal au Bac- En moyenne, 74 euros/mois déposés sur chaquecompte- 1,5 million de Français à pratiquer le poker en ligne

“Mon nombre de patients dépendants aux jeuxa été multiplié par deux”

Maxime [email protected]

Journalisme Juridique 5

Les jeux d'argentfont-ils perdre la

tête?

M.O.

M.O.

4_5_Magazine ISIM 07/06/2012 16:01 Page 2

Page 6: MAG ISIM 2012

M

SOCIETE

Le réveil de la jeunessearménienne contre l’oubli

Les jeunes générations des rescapés du génocide arméniensont plus revendicatrices que celle de leurs parents

“Ma génération a vécu dans lesilence“, raconte Jean Kéhayan, 65 ans,journaliste français d’origine armé-nienne. C’est avec émotion que le célè-bre écrivain décrit l’ambiance de sonenfance : “Mes parents ne parlaient pas dugénocide arménien. Ils choisissaient lalangue du secret, le turc, pour que je ne puissepas comprendre ce qu’ils disaient”. Entre1915 et 1916, deux tiers de la popula-

tion arménienne ont été exterminéspar le gouvernement des “Jeunes turcs”

parce qu’elle était chrétienne sur unterritoire musulman. Aujourd’hui, lesilence n’est plus d’or. Complètementintégrés et assimilés à la société, les500 000 Français d’origine armé-nienne ont surmonté le traumatismesans l’avoir oublié. C’est à partir desannées 60 que “la jeunesse arménienne deFrance s’est réveillée afin de lutter auprès del’Union soviétique contre leur ennemi com-

mun ; la Turquie” sesouvient cetancien membre duParti CommunisteFrançais (PCF).

Un siècle après le génocide arménien,la Turquie continue sa politique de

négation ensupprimantla notiond ’Arméniedes manuelsscolaires etdes cartesofficielles.Une réalité

insupportable pour la jeune généra-tion des rescapés du génocide vivanten France. Julien Harounyan, prési-dent de la Jeunesse Arménienne deFrance (JAF) évoque avec fierté “desjeunes de 10 à 30 ans qui sont mobilisés maisdifféremment”. Avec les réseaux sociaux, “ils ont l’im-pression de faire entendre leur voix de plus enplus haut et de plus en plus fort”. C’est enproposant des activités culturellesinnovantes, que l’association a su réu-nir un grand nombre de jeunes armé-niens. “La JAF attire des jeunes au traversde la culture arménienne, qui s’implique

ensuite dans le mili-tantisme arménien”,raconte JulienHarounyan afind’illustrer le com-bat de la nouvellegénération. Ilévoque le rejet de laloi Boyer du 23février 2012 par le

Conseil Constitutionnel qui a soulevéun vent de contestations inattendu.Une déception qui n’a fait que renfor-cer le dévouement de la jeunessearménienne depuis la reconnaissancede l’Etat français du génocide par laloi du 29 janvier 2001. Une mobilisa-tion qui ne cesse de s’accroître d’aprèsJean Kéhayan, qui évoque une aug-mentation des manifestants à l’occa-sion de la journée de la reconnaissancedu génocide, le 24 avril, depuis cesdernières années.

Gayané : une fierté retrouvée20 ans, étudiante, arménienne, engagée!

“Je suis l’arrière petite fille de rescapés du génocide. J’ai été déçue du rejetde la loi pénalisant la négation du génocide arménien par le ConseilConstitutionnel. C’est important pour moi de ne pas oublier. Je trouve çarévoltant que les personnes qui nient la Shoah soient punies, mais pascelles qui mettent en doute le génocide arménien. Le négationnisme est unfléau et autoriser des individus à nier le génocide arménien est inaccepta-ble. Il ne s’agit pas de demander au parlement d’écrire l’Histoire, carl’Histoire a déjà été imprimée. Un génocide a bien eu lieu. Pour moi, nierle génocide, c’est presque comme tuer une deuxième fois”.

M.G.

“Mes parents ne parlaient pasdu génocide arménien. Ils choi-sissaient la langue du secret, leturc, pour que je ne puisse pascomprendre ce qu’ils disaient”

Par Magali ALTOUNIAN [email protected]

Journalisme Juridique

Mobilisation des Jeunes Arméniens de France contre le négationnisme(18/04/2012)

6

6_7_Magazine ISIM 07/06/2012 16:01 Page 1

Page 7: MAG ISIM 2012

C

SOCIETE

L’alyah : un choixentre coeur et raisonÉmigrer vers Israël ? De nombreuxFrançais de confession juive fontchaque année le grand saut

“Cela faisait longtemps qu’on avaitenvie d’aller là-bas”. A. et sa famille ontpris leur décision. Ils vont s’installeren Israël. Cette jeune Marseillaise,mère d’une petite fille, a choisi avecson mari de réaliser son alyah.Ce terme hébreu signifie“monter” vers Israël pour lesjuifs de la diaspora. Et enacquérir la nationalité. Or laFrance abrite selon les esti-mations de 250 à un demimillion de juifs, une des communautésles plus importantes en dehorsd’Israël.

Le couple ne part pas sur un coup detête. Ce pays ne lui est en effet pastotalement inconnu. “Nous sommes allésplusieurs fois en Israël où nous avons de lafamille”. Au cours de ces visites, ils ontpu se rendre compte qu’ “ils se sentaientbien là-bas, comme chez eux”.

Et aussi réaliser que le couple était“proche des préoccupations dans les aspectspositifs comme négatifs” de cette nation,fondée en 1948. Mais A. tient à préci-ser : “Nous sommes attachés à la France, onaime profondément la culture française”.Un choix réfléchi donc. Sans toutefoiséviter quelques arrachements avec

son pays d’origine.Quand A. évoque les raisons ou desévènements déclencheurs à leur émi-gration, elle n’évoque pas d’évène-ments particuliers. “Nous ne sommes pas

personnellement tou-chés par des actes anti-sémites”. Non, cequ’elle met enavant, c’est le dyna-misme “d’une sociétéjeune où plein de choses

se passent”. La religion ? Même si elle etson mari ne “sont pas très pratiquants”,c’est aussi une “démarche spirituelle”.Son enthousiasme, palpable, n’em-pêche pas la jeune femme de garder latête froide. “Nous sommes très lucides parrapport à Israël” dit-elle d’une voixdouce mais ferme. “On ne pourra pas pré-tendre dès le début à la même situation éco-nomique qu’en France”. Et ce malgré unecroissance (3,8% au dernier trimestre2001) à faire pâlir d’envie en Europe.Même s’ils ne parlent pas encorehébreu, avec un peu d’argent mis decôté, le couple espère rester assez fortdans les premiers moments.

Faire son alyah est un geste fortPourtant cette démarche n’équivaut

pas toujours à un enra-cinement. Il y a beau-coup de mobilité, etpas forcément avec le

pays d’origine des migrants. Il estainsi estimé que 750 000 israéliens

vivent à l’étranger, principalementaux États-Unis et au Canada. Pour A.et sa famille, le départ est prévu finjuillet. Bénéficiant ainsi, comme beau-coup d’autres juifs autour du monde,de la “Loi du retour”. Munis de leur visad’immigration, ils obtiendront lanationalité israélienne dès leurs premiers pas sur la terre promise. Une nouvelle vie, un nouveau départ.

Les chiffres de l’émigrationvers IsraëlLes statistiques le montrent.L’émigration française vers l'Étathébreu représente une part remar-quable des arrivées dans ce pays.Selon le Bureau israélien des statis-tiques, les Français représentaient9,6% du total des émigrants en 2011et 10,7% en 2010. Depuis les années90, les chiffres de l’émigration versIsraël sont en baisse. Selon les don-nées fournies par le Bureau centraldes statistiques israélien, 199 516personnes ont émigré vers Israël en1990. En 2011, ce n’était plus que 16892. Parmi elles, l’année dernière,une part considérable venaitd’Ukraine de Russie et des États-Unis. Mais aussi d'Éthiopie, (les“Falaschas”) : ils représentaient15,8% des nouveaux migrants. G.L.

“ Une société jeune où pleinsde choses se passent”

Par Grégoire LAURENT [email protected]

Journalisme Juridique

Le mur des Lamentations, Israêl.

“Nous sommes attachésà la France, on aimeprofondément la culturefrançaise”

1916 Le nombre de Français deconfession juive qui ont fait

un Alyah en 2011

58 %des nouveaux immigrants sont

mariés

7

6_7_Magazine ISIM 07/06/2012 16:01 Page 2

Page 8: MAG ISIM 2012

I“Il était plus avantageux, pour moi,de venir poursuivre mes études en métropoleplutôt que de rester à La Réunion”. C’est laraison pour laquelle Davy, 23 ans, né àSaint-Denis de La Réunion, a décidéde faire ses valises pour Avignon aprèssa deuxième année de licence d’his-toire. Et son exemple n’est pas un casisolé. Selon l’INSEE, en 2011, sur 100natifs de l’île vivant en métropole, 34ont un diplôme universitaire et, parmieux, environ 23 sont des étudiants.Ces dernières années, le Conseil régio-nal de La Réunion a adopté une poli-tique visant à développer les aidesfinancières destinées aux étudiantsvivant, ou non, sur l’île. Le but est deleur donner un accès plus simple àl’enseignement supérieur. Afin d’ap-

porter son soutien à un large paneld’étudiants, il a “assoupli les critères d’éli-gibilité des allocations, notamment celles dela première installation”. Certaines d’en-tre elles sont même cumulables. C’estle cas du “passeport de mobilité” quifinance aux étudiants réunionnaistout ou partie de leurs billets d’avionen cas d’étudessupérieures, destages ou deconcours, enmétropole. Il a également été créé “l’al-location de frais d’inscription en premièreannée” quand ces derniers sont infé-rieurs à 1000 euros ou encore “ l’alloca-tion de premier équipement” afin que lesétudiants se munissent “d’un ordinateur(y compris l’abonnement Internet), de

manuels, de matérielst e c h n o l o g i q u e s ”nécessaires. Deplus, conscientequ’elle ne peut passubvenir à toutesles demandes defilières universi-taires, notammentcelles qui sont au-delà de la Licence, la Région accordeune aide finan-cière aux étu-diants poursui-vant des étudesqui ne sont pasassurées sur l’île.

Et ces contributions financières sonten expansion. Pour la rentrée 2011-2012, la Région a augmenté de 375 %son budget d’aides destinées aux étu-diants réunionnais, même à ceux quine sont pas boursiers. Il s’élève ainsi à5,45 millions d’euros alors qu’il étaitde 1,7 million à la rentrée précédente.

Cependant, cette poli-tique a un effetimprévu : l’île assiste àl’exil de sa jeunesse

diplômée qui ne voit plus la dimen-sion financière des études comme unecontrainte insurmontable.L’Hexagone a un autre attrait pour lesultramarins : l’opportunité de voya-ger. Elodie, 24 ans, diplômée del’Ecole d’Ingénieur de Créteil, profitede son exil : “à la Réunion, on n’a pas lapossibilité de visiter facilement de grandesvilles. En métropole, nous avons des villes qui« bougent », je pense notamment à Parisparce que je n’habite pas très loin. Et puis, il ya les capitales européennes, qui sont àquelques heures de train et à des prix accessi-bles”.

ED

UC

AT

ION

Journalisme Juridique8

Ces étudiants quifuient La Réunion

Sable blanc, soleil brûlant : un décor idéal. Or, 3 jeunes sur 10 s’exilent pour étudier. Un choix souvent définitif

L’ïle de La Réunion vue du ciel. A.P.

Seulement 34 % des retours sur l’île sont desjeunes diplômés

“Le problème à La Réunion est la saturation dans beaucoup desecteurs de l’emploi” souligne Davy. En effet, le chômage ytouche environ 60 % des jeunes actifs. S’installer enmétropole est donc une volonté pour ces jeunes maiselle leur apparaît aussi comme une nécessité pour obte-nir un emploi et acquérir de l’expérience. Seuls 34 % desétudiants ultramarins décident de retourner dans leurîle d’origine après avoir obtenu un diplôme en métro-pole. Lara, 25 ans, étudiante en école de commerce àRennes l’envisage également mais pas dans l’immédiat :“Un de mes professeurs de marketing à Rennes me disait qu’il yavait du potentiel sur l’île, mais avec un peu d’expérience tout demême”. A.P.

“”En métropole ça bouge”

Par Audrey [email protected]

Chr

8_9_Magazine ISIM 07/06/2012 16:02 Page 1

Page 9: MAG ISIM 2012

T

ED

UC

AT

ION

Par Agnès [email protected]

Journalisme Juridique 9

n

France, ton écoleest malade!

L'éducation nationale inquiète le corps pédagogique.

Les sociologues Christian Baudelot et

Roger Establet témoignent enexclusivité pour Mag’Isim

La Hongrie, méthode californienneCe système favorise le travail en équipe etl'entraide entre les élèves. Les journées sco-laires se terminent à 13 heures. Un cinquièmedu temps de travail est consacré aux devoirscollectifs. Le but est que les élèves appren-nent à communiquer entre eux, argumenter,coopérer mais aussi s'entraider. Grâce à cefonctionnement, les enfants qui viennent demilieux défavorisés peuvent, au même titreque les autres, prendre la parole et donnerleurs avis. Aujourd'hui neuf établissementshongrois expérimentent cette méthode.

Les Pays-Bas, programmes à la carteÀ l'image d'un menu à la carte, les élèves etleurs parents décident des horaires et ducalendrier scolaire. L'avantage réside dansune organisation plus flexible pour lesfamilles. Seul inconvénient de ce fonctionne-ment, il va à l'encontre de la loi néerlandaisesur l'éducation qui prévoit de scolariser lesélèves cinq jours par semaine et impose uncalendrier scolaire d'été. Toutefois, la ministrede l'éducation des Pays-Bas, Marja vanBijsterveldt, autorise cette expérimentationpour trois ans dans sept collèges et envisageraune modification des textes si les résultatssont bons. A.G.

“ Trop compétitive, trop intel-lectuelle, trop abstraite. Trois adjectifstranchants pour décrire l'école fran-çaise,” selon Christian Baudelot etRoger Establet. Lors d'une inter-view exclusive accordée à notremagazine, ces deux sociologuesspécialistes en éducation revien-nent sur les mauvaises notes del'école française dans le classe-ment international Pisa(Programme international pour lesuivi des acquis des élèves del’OCDE). “ Il y a une certaine corréla-tion entre la richesse des pays et leniveau des élèves, donc la France estplutôt bien placée” relativise RogerEstablet. “Cependant, elle n'est pas auniveau des pays qui ont le même PIB’.Son homologue, ChristianBaudelot explique ce retard “parl'immensité del'écart entre lesélèves les plus fai-bles et les meil-leurs”. Etd'ajouter “malheureusement, l'originesociale des enfants a une grande inci-dence sur leurs résultats”. Or pour améliorer le système dupays, les deux sociologues préco-nisent “de s'occuper des élèves les plusfaibles et de les mélanger avec l'élite”.Avant de préciser: “ l'entraide desuns avec les autres ne peut que réduireles inégalités. Il ne faut pas choisir entrel'efficacité et l'égalité car les deux vontde pair”.

À chacun son modèle“Il n'y a pas de modèle européen quis'impose de manière évidente”explique Roger Establet. Premierpays européen au classementPisa, la Finlande se fait remarqueren proposant un emploi du tempsatypique. À l'image des Pays-Basou de la Hongrie, les élèves finlan-dais n'ont cours que le matin.L'après-midi est réservée auxactivités extra-scolaires. “Associerles enfants à une activité sportive ouculturelle ne nuit pas à leur travail. Bienau contraire, ils sont d'autant plusmotivés “ affirme le sociologue. “Ilfaut rendre l'école instance de sociabi-lité”. Qu'elle soit technique outhéorique, les jeunes choisissentleur filière dès l'âge de 15 ans etcomposent eux-mêmes leur pro-

gramme. Cef o n c t i o nn e -ment met l'ac-cent sur laliberté de

choix et l'autonomie. Une recettequi marche puisque, selonChristian Baudelot, “malgré les iné-galités sociales existantes, il y a moinsd'élèves faibles et plus d'élèves forts enFinlande.” Il est clair en revancheque l'école la plus innovante et laplus ambitieuse ne sera rien sansde bons enseignants.

“Il faut rendre l’école instance de sociabilité”

Christian Baudelot

Roger Establet

8_9_Magazine ISIM 07/06/2012 16:02 Page 2

Page 10: MAG ISIM 2012

C

EDUCATIO

N Enfants et surdité : classe pour déficients auditifs à Aix-en-Provence

L’école élémentaire du Pont de l’Arc accueille chaque jour sept enfants sourds âgés de 6 à 11 ans

Communiquer au-delà desmots: le quotidien de la CLIS (Classed’Intégration Scolaire) du Pont del’Arc. Anne Hadji est l’heureuse ensei-gnante de sept enfants atteints d’unesurdité plus ou moins sévère. Classespouvant accueillir jusqu’à 12 enfants,les CLIS ont été mises en place pourles élèves manifestant un handicapauditif ou autre. “Quatre de mes élèvessont oralisant et les trois autres pratiquentla LSF (Langue des Signes Française)”.Depuis une loi de 2005, les parentschoisissent entre une éducationbilingue mêlant LSF et français, oumonolingue, basée sur l’oralisation.

L’enseignante s’adresse à ses élèvestantôt en LSF, tantôt à l’oral. “Lorsqueje leur parle, je les aide à lire sur mes lèvres en

utilisant le LPC (Language Parlé Complété).C’est un code permettant en un geste de préci-ser quelle est la consonne ou le son prononcé”.Pour accompagner ses élèves, Annen’est pas seule. “C’est un travail d’équipes’effectuant en concertation avec les orga-nismes de soins des enfants et avec une auxi-liaire de vie scolaire présente 80% du temps”.

C’est avec émotion que le professeurdécrit son quotidien. “L’apprentissages’organise autour de projets qui les définis-

sent. On donne une impor-tante place à leur vécu, enleur permettant de laisserlibre cours à leur imagina-tion dans des activités

manuelles”.Professeur des écoles depuis plus de20 ans, il y a longtemps qu’Anne acompris que la réelle déficience seraitde ne pas pouvoir communiquer. “Lehandicap? Je l’oublie totalement. Ce que jevois, c’est une différence de laquelle se déga-gent une identité marquée et une grande

force”. Dans cette école pas commeles autres, il n’y a pas defrontière entre les élèves dela CLIS et les autres. Annes’en réjouit. “Dans la cour derécré, c’est tous ensemble qu’ilsjouent et communiquent à leurfaçon, sans clivage”.

“Je deviens sourd, que faire?” Voici la questionque plus de 10% de la population françaisesera amenée à se poser après la cinquantaine.C’est pour cela que l’association Surdi13 a étécréée dans les années 80. Son président,Jacques Schlosser est ravi de compteraujourd’hui pas moins de 150 adhérents.“Nous accompagnons les personnes devenues sourdesou malentendantes au cours de leur vie. De nom-breuses aides existent pour mieux communiquer, àcommencer par les appareils auditifs de plus en plusperformants. On apporte un soutien, des conseils,mais aussi des activités permettant à la personne dene pas rester dans le silence”. Parmi ces activités,

un cours de lecture labiale hebdomadaire estdispensé par l’orthophoniste Odile Gloaguen. “C’est dans le rire et la bonne humeur qu’ils y assis-tent. Ça permet à chacun de passer un momentagréable et de dédramatiser ce handicap, de mieuxl’accepter. Ils sont tous très attachants, c’est un bon-heur de travailler et de communiquer avec eux”.Olivier Giuliani, s’occupant de la perma-nence de l’association précise: “Ma mission estd’être à l’écoute des difficultés rencontrées par nosadhérents dans leur vie quotidienne, familiale et pro-fessionnelle”. Jacques Schlosser conclut: “Notreobjectif: trouver ensemble les meilleures solutionspour entendre autrement”. Ka.Co.

“Dans la cour de récré, c’est tous ensemblequ’ils jouent”

Par Karine [email protected]

10 Journalisme Juridique

Anne Hadji: “Ce n’est pas dans la difficulté mais dans la créativité qu’ils étudient” Ka.Co.

“Trouver ensemble les bonnes solutions”

10_11_Magazine ISIM 07/06/2012 16:02 Page 1

Page 11: MAG ISIM 2012

C

JUD

ICIA

IRE

La vie carcérale àtravers les yeuxd'un surveillant

pénitentiaireDerrière les murs: David*, gar-

dien de prison, est le témoind'une “vie parallèle”

“Certains essayent de casser laroutine , d'autres s'enlisent dans cet universanxiogène”, c'est ce que raconte Davidsurveillant pénitentiaire. En postedepuis une vingtaine d'années, celui-ci voit défiler des dizaines de détenusvenus d'ici et d'ailleurs. Il connaît lequotidien carcéral, lui qui côtoie ceshommes cinq jours par semaine. Il tra-vaille dans un centre de détention quicompte 630 détenus, condamnés pourplus de la moitié à des lourdes peinesd’emprisonnement (10 à 15 ans). Cecentre fonctionne en mode ouvert,c'est-à-dire que les détenus peuventcirculer librement entre les murs,

pendant la journée. Sa mission princi-pale au quotidien: surveiller des sallesde classe où des enseignements sontdispensés aux détenus. David décritce monde parallèle comme “une micro-société”, où “le plus dur est de vivre en com-munauté”. Et de poursuivre que “chaquehomme doit s'acclimater à cette nouvellevie”. David raconte “les tensions, les bas-tonnades, les rackets, les rapports de forceentre détenus”. Il confesse même qu'unjour, un détenu lui a fait croire qu'ils'était cogné la tête contre un poteauen jouant au football. Il était évidentque celui-ci mentait pour ne pas s'at-tirer d'ennuis. Un détenu l'avait cognéfortement et lui avait fait promettrede ne rien dire. La prison, il la dépeintcomme “une voyoucratie”, où la loi du

plus fort règne. ”Sans foi ni loi.” “Si jerevenais vingt ans en arrière, je ne repasse-rais pas le concours” dit-il. “C'est un métierdifficile, mon rôle est prépondérant en prisonet je dois posséder à la fois un grand sens del'autorité, de la communication, et un grandsens d'adaptation sans limite”, continue-t-il. “Pour les nouveaux arrivants”, pour-suit-il, “c'est l'enfer”. “Pour faire ce métier,il faut une psychologie, c'est de l'humain”. Acet égard, il dénonce le comportementde certains de ses collègues. “Dès qu'ilsmettent la tenue, on ne les reconnaît plus.”“Certains surveillants considèrent les déte-nus comme des proies fragiles dominées parleur uniforme”.David ne se considère pas comme les

autres. A l'écoute des détenus, ilcherche à comprendre, même si cen'est pas son rôle. Il ne souhaite pasêtre leur confident mais veut simple-

ment “faire son travail correctement”. Il sedémarque aussi par son franc parlerlorsqu'il parle de ces lieux qui n’inté-ressent personne, et qui sont aban-donnés de tous, en particulier despolitiques. Il rajoute même que lesdeux candidats à l'élection présiden-tielle n'en ont pas “pipé mot”.Son rôle ne consiste pas seulement àouvrir et fermer des portes toute lajournée, mais aussi à préparer lesdétenus à la réinsertion. “Il faut toujoursleur laisser entrevoir un espoir, même loin-tain, sinon tout devient ingérable” ajouteDavid. Un espoir qui leur permet decontinuer à vivre, de penser à un futurmeilleur où chacun retrouverait sonidentité et pourrait se reconstruireaprès cette longue et sombre paren-thèse de leur vie.

* Le prénom a été modifié

Un rapport accablantQuelques 67161 détenus peuplentles geôles françaises. Nouveaurecord historique pour l'adminis-tration pénitentiaire. En octobredernier, un rapport accablantrendu par le contrôleur général deslieux de privation de liberté venaitrappeler à l'ordre l'état françaisdans sa gestion de l'administrationpénitentiaire. Tout y est mis à mal.Conditions de vie des détenus,surpopulation carcérale, taux desuicide exorbitant, santé des déte-nus bafouée, vie privée et familialedélaissées. Record certainement, mais nonflatteur pour une France qui sevante d'être la protectrice desdroits de l'homme.

C.F.B.

“Le plus dur est de vivre encommunauté”

Charlotte [email protected]

11Journalisme Juridique

Il existe une cinquantaine de centres de détention en France C.F.B.

“Il faut leur laisser entrevoir un espoir”

10_11_Magazine ISIM 13/06/2012 10:11 Page 2

Page 12: MAG ISIM 2012

... L’ E

D

JUDIC

IAIR

E

Reportage aux

Baumettes:

Quand le ciném

a permet...

“Lieux Fictifs” propose aux détenus une formation pré-qualifiantepour les métiers de l'audiovisuel.

Dans les longs couloirs aus-tères et ternes de la maison d’arrêt desBaumettes, le claquement des lourdesportes de sécurité, le bruit des clés desgardiens et le son de leur talkie-wal-kie rythment les pas jusqu’au studiomis à la disposition de l’association.Nous arrivons maintenant dans l’an-cien quartier de haute sécurité. C’estdans une de ces cellules que HamidaDjandoudi, le dernier condamné àmort, exécuté le 10 septembre 1977, apassé sa dernière nuit. Et pourtant,aujourd’hui l’atmosphère qui règnedans cette partie de la prison est tout

autre. Repeints en blanc avec des affiches de cinéma et de festival sur lesmurs, leslieux ont étéréaménagésen centremultimédia,accueillantnotamment, l’atelier de formation etde création audiovisuelle. Lesanciennes cours de promenade,situées juste à côté, ont été transfor-mées en studio de tournage, en sallede visionnage et en salle de montagedans lesquels Pierre Poncelet et

Romain Le Roux, de l’association“Lieux Fictifs “ interviennent pour ces

ateliers cinématographiques. Unespace à part au milieu de la prison,qui procure l’impression d’une rup-ture avec le milieu carcéral. Ici leregard de l’autre est modifié. Un tra-vail sur l’inversion du regard y esteffectué. Ce n’est pas la logique sur-

“C’est important de montrer, qu’ici, on ne vient pas quepour boire du café, mais qu’on travaille vraiment “

Journalisme Juridique12

Développer un lien entre le dedans etle dehors de la prison est l’un leursprojets. L’association lieux fictifs a étécréée en 1994 par Caroline Caccavaleet Joseph Césarini, réalisateurs indé-pendants, autour de leurs réflexions etde leurs pratiques sur l’image. Et c’estdès 1997 que l’association va mettre enplace les ateliers cinématographiquesau centre pénitentiaire des Baumettes.Mais leur aventure a commencé bien avant. C’està partir de 1987, que ces deux réalisa-teurs entament la mise en place d’ate-

liers vidéo à la maison d’arrêt desBaumettes et leurs réflexions sur latélévision en prison. Des réflexions quivont se matérialiser par la création ducanal vidéo interne sous le nom de «Télé vidéo Baumettes ». Au fil de ren-contres, leurs travaux vont évoluer,pour s’ouvrir à partir de 1989 au vastedomaine du cinéma et aboutir à lacréation de ces ateliers cinématogra-phiques.A l’heure actuelle, l’association « LieuxFictifs » est en partenariat avec le fes-tival du cinéma sud-américain, cela

leur permet de diffuser sur le canalvidéo interne les films présentés dansle cadre decet événement. Ils ont également encours, le projet « frontière, dedans-dehors ». Ce dernier vise à mettre enrelation et à faire travailler sur unprojet commun les détenus de l’ate-lier et des personnes libres. Dans cette optique, ils ont notam-ment réalisé une adaptation cinéma-tographique de l’oeuvre “Dans la solitude des champs de coton”de BernardMarie Koltès, qui sera présentée avec

d’ Be ré ti lib ex l’a fr ne de

L’évolution de l’association “Lieux actifs”

12_13_Magazine ISIM 07/06/2012 16:03 Page 1

Page 13: MAG ISIM 2012

EVASIONveillants-détenus qui s’applique, mais bien une collabora-tion entre les animateurs et les sta-giaires.“C’est pas dehors et c’est pas la prison. C’estentre les deux, confie Ahmada surnomméRasta par les sept autres détenus participantà l’atelier. On nettoie, on fait la vaisselle,…On ne veut pas que la femme de ménagevienne. Ici chacun met la main à la pâte”.Au travers de l’atelier, qui se déroulepar sessions de quatre mois et demi,ils réalisent des interviews de réalisa-teurs et de membres d’associations,des court-métrages et fontles choix desprogrammes àdiffuser sur lecanal vidéointerne de la pri-son, “Télé VidéoBaumettes”. Ils’agit de se servirde cet outil afinde faire présenterdes programmesinformatifs etculturels. “Le butest de faire décou-vrir des films inéditsen lien avec nos par-tenaires extérieurset différents de ceuxdes autres chaînes,explique Pierre.Mais également deproposer des émis-sions d’informations liées à la détention”. Acteurs, techniciens scénaristes, lesstagiaires s’exercent sur tous lesdomaines. Ils sont présents, de l’écri-ture à la programmation, en passant

par tous les réglages techniques et lesmontages vidéo de leur projet. Unefaçon productive d’occuper leslongues journées de détention.“En prison, on n’a pas grand-chose à faire desjournées. Donc au lieu de ne rien faire je suisà l’atelier”, raconte Antar, en attendantque tout le monde soit arrivé pourcommencer la matinée de travail.Mais plus qu’un simple passe-temps,il s’agit d’une formation pré-quali-fiante qui s’inscrit dans une volontéde développement de la culture dansle milieu carcéral et de réinsertion.

“On est une famille, Maurice c’est un peu lepapa et là c’est le petit frère”, confieAhmada en désignant Malik, pourexpliquer leur rapport et la nature desliens qui se développent entre eux aucours de ces ateliers.

Journée d’atelierC’est dans la salle de réunion quedébute la journée. Installés autourd’une grande table sur laquelle setrouvent éparpillés des cahiers, deslivres, mais également du thé et ducafé pour les pauses, ils procèdent àl’élaboration de leur scénario sous leregard et les conseils de Pierre et deRomain qui animent la formation. “Il ya des codes à respecter quand vous écrivez unscénario. Ils vont permettre de visualiser lascène”, leur explique Pierre avant de lesfaire procéder à la première lecture.

Puis, au cours de la journéeJean-Noël, et Youceff le der-nier à avoir intégré les ate-liers, procèdent au montagede la dernière interview afinde la mettre en forme et de sefamiliariser avec les logicielsdu banc de montage.Pendant ce temps, Maurice,Gianni, Vincent, Ahmada,Malik et Antar s’occupenteux d’effectuer le découpage tech-nique du scénario de leur prochaincourt-métrage sur le thème des ate-

liers cinémato-g r a p h i q u e s .“C’est un travailtrès important,insiste Pierre. C’estlà que l’on choisitles types de planspour le tournage. Etces choix auront unimpact sur la qua-lité du film”.Comme danstoute formation,le sérieux et laconcentration sedispersent aucours desheures, et lais-sent parfoisplace à un débatengagé. L’instantd’un interlude,avant de seremettre au tra-

vail. Mais c’est aussi ça l’atelier, unlieu d’échange. “Quand ils viennent à l’ate-lier, pour eux, c’est comme s’ils allaient autravail”, confie l’animateur. Et au tra-vers du court-métrage qu’ils sont entrain de réaliser, ils souhaitent expli-quer aux autres détenus ce qu’ils fontréellement. “C’est important de montrer,qu’ici, on ne vient pas que pour boire du café,mais qu’on travaille vraiment”, tiennent-ils à préciser.

JUDIC

IAIR

E

Par Aymeric Le Dû [email protected]

s

d’autres, en juin 2013 à la Friche laBelle de Mai à Marseille. Le film estréalisé grâce à la collaboration d’ar-tistes, de détenus et de personneslibres, mêlant des scènes tournées enextérieur et d’autre dans le studio del’atelier. Le but étant qu’au final, lesfrontières s’estompent et que le publicne perçoive pas la différence de lieuxde tournage.

A.L.D.

Romain le Roux et Pierre Poncelet, animateurs de “Lieux fictifs” partagent leur passion dans desateliers cinématographiques.

13Journalisme Juridique

12_13_Magazine ISIM 07/06/2012 16:03 Page 2

Page 14: MAG ISIM 2012

T“Tout le monde a des droits et des obli-gations. Si les citoyens n’en ont pasconscience, ils ne peuvent pas les exercer”.C’est ce qu’explique Claire Sarode,secrétaire générale du ConseilDépartemental d’Accès au Droit(CDAD) des Bouches-du-Rhône.Soutenu financièrement notammentpar le ministère de la Justice et les col-lectivités locales, ce groupement d’in-térêt public a été instauré par une loide 1991. Sa mission : coordonner lesactions en faveur de l’accès au droit etdévelopper une justice de proximitésur le département des Bouches-du-Rhône. A terme, il s’agit de permettreà tous ses habitants de pouvoir accé-der à une information juridique, gra-tuite et fiable. “Nous avons la particularité d’avoir uneactivité assez exceptionnelle, avec des perma-nences juridiques gratuites sur 40 villes dudépartement, soit plus de 80 lieux de consul-tation distincts”, souligne Claire Sarode.Un taux de couverture très étendu,qui englobe toutes les professionsjuridiques. Avocats, notaires, huis-siers ou médiateurs, ils sont des cen-

taines à oeuvrer enfaveur de l’égalitéde tous dans l’ac-cès au droit. LeCDAD desB o u c h e s - d u -Rhône travaille enc o l l a b o r a t i o ndepuis une ving-taine d’années avecde nombreusesassociations spé-cialisées, dont l’ac-tion tend à êtrelabellisée très pro-chainement (voirci-dessous). De cette manière, leCDAD couvre unlarge panel dedomaines : droitde la famille ou dutravail, de la pro-tection desmineurs en passant par la préventiondes expulsions locatives, ou encorel’accès au droit dans les milieux péni-tentiaires. “Il arrive que l’action du CDADne se limite pas seulement à un simple conseil

d’avocat ou denotaire, maisque se metteen place unv é r i t a b l eaccompagne-ment juridico-social sur ladurée”, pré-cise la secré-taire géné-rale. Dans la plu-part des cas,le CDAD

intervient avant le déclenchementd’une procédure de justice, au stade

où le justiciable se poseencore des questionssur ses droits et obliga-tions. “Si on peut régler ledifférend par la médiation,c’est autant de cas qui ne

seront pas portés devant les tribunaux”,ajoute la jeune femme. Face à une jus-tice souvent lente et onéreuse, uneplace privilégiée est donnée auxmodes alternatifs de règlement desconflits. Un pas de plus vers le désen-gorgement des tribunaux. L’année passée, près de 30 000 per-sonnes, au cours de 3000 perma-nences juridiques gratuites, ont béné-ficié des services d’accès au droit duCDAD des Bouches-du-Rhône.

JUST

ICE

Le droit d’accéder au droit: un combat quotidien

Le CDAD oeuvre désormais depuis 20 ans pour aider lesplus défavorisés à accéder à la justice

Vers la création d’un label d’accès au droit

L’année qui s’annonce est assurément celle d’un grand chan-tier pour le CDAD des Bouches-du-Rhône, qui doit s’acheverdans le courant de l’année 2013. A l’échelle du département,les associations spécialisées sont si nombreuses qu’il y a dequoi s’y perdre pour les justiciables. Pour éviter cela, l’orga-nisme a voulu mettre en place un label “action d’accès audroit”. “Ce label permettra à tous d’avoir la garantie d’une informationjuridique de qualité, qui aura été validée par nos services”, relève ClaireSarode, secrétaire générale. “C’est aussi un plus pour les associa-tions, qui voient le travail qu’elles mènent depuis parfois des années enfinreconnu. Elles apparaîtront sur notre site et dans le guide que nous distri-buons au public”. S.Sb.

“ Tout le monde a des droitset des obligations ”

Journalisme Juridique

D

Claire Sarode, secrétaire générale du CDAD S.Sb.

14

Par Sabrina Sbaa [email protected]

14_15_Magazine ISIM 07/06/2012 16:03 Page 1

Page 15: MAG ISIM 2012

N

JUST

ICE

Délinquance des mineurs: un juge dénonceune réponse éducative malmenée

“Nous ferons en sorte que la justicedes moins de 18 ans redevienne spécifique etqu'on annule les dispositions consistant àtraiter les mineurs comme les majeurs".C'est ce qu'a déclaré le 20 mai la nou-velle ministre de la Justice, ChristianeTaubira. Un changement de capattendu par le corps des magistrats.“Jene sais pas si l’esprit humaniste de l’ordon-nance du 2 février 1945 avait disparu sous lemandat Sarkozy mais je pense que sa spécifi-cité s’effaçait..L’éducatif ten-dait à s’estomperdevant le répres-sif” confieMatthieu Grand, juge des enfants autribunal de grande instance (TGI) deMarseille. Depuis 1945, ce texte fondateur a subiune quarantaine de modifications. Ladernière datait du 10 août 2011.Jusqu’alors, le tribunal pour enfantsjugeait des contraventions et délits lesplus importants, commis en récidiveou non. Sa compétence était particu-lière car y siégeaient un juge desenfants et deux assesseurs spécialisés.Avec cette réforme, c’est un tribunalcorrectionnel pour mineurs qui étaitamené à juger les faits commis par lesrécidivistes âgés de 16 à 18 ans. Mais iln'était composé que d’un seul jugedes enfants, risquant d’être “mis enminorité par deux collègues non spécialisés,juges du TGI qui, jugeant les majeurs entemps normal, auront peut-être une approchedifférente”, déclare Matthieu Grand. Lerisque de se voir infliger des peinesplus lourdes ne pouvait être nié et leprincipe de spécialisation de la justicepénale des mineurs était battu en

brèche. Ce mouvement s’est amplifiéau fil des réformes des dix dernièresannées. Certes, un enfant ne peut alleren prison avant l’âge de 13 ans maisdès 10 ans, il peut se retrouver dans uncentre éducatif fermé. Certes la courd’assises des mineurs, jugeant descrimes et délits les plus graves des 16-18 ans, utilise le principe de la divisionde moitié des peines de prison appli-quées aux majeurs. Mais elle peut

choisir de l’écar-ter pour les casles plus graves etles récidives. Unenfant de 16 ans

peut donc se voir infliger une peine deprison à perpétuité. Cette réductionde moitié de la peine demeure cepen-dant systématique pour les 13-16 ans...Ouf. La France faisait donc le choix d’unesanction plus forte, en réponse à unedélinquance qui s’avère bel et bienplus violente qu’en 1945. Le magistratfait à ce titre un lien entre ce phéno-mène et l’accroissement de la préca-rité, notamment à Marseille, “secteurdétenant l’indice de précarité le plus élevéd’Europe”.Le juge relève cependant l’inefficacitélatente de cette sévérité accrue enmatière de récidive, déplorant le“constat d’échec assez terrible” auquel il luiarrive d’être confronté. “Cela signifie quel’effet dissuasif de la peine a été un leurretotal. Il ne faut pas se méprendre : bien sou-vent, l’incarcération va sanctionner des faitstrès graves mais c’est en plus un moyen d’as-surer une tranquillité relative à la société”.Les magistrats aspirent aujourd’hui àun travail en prévention de l’infra-

ction et à davantage de moyens. Ilsdénoncent ainsi le manque cruciald’éducateurs, d’établissements de pla-cement éducatif, et de centres éduca-tifs renforcés. Le nouveau gouverne-ment y fait écho. Il annonce la sup-pression du nouveau tribunal correc-tionnel et veut en finir avec cette “èrerepressive”. Défi de taille car une“réforme en profondeur” du texte s’im-pose et non un “énième replâtrage” surun texte devenu “illisible” pour les pro-fessionnels comme pour les citoyens,déclare Matthieu Grand.

Par Justine Sagot [email protected]

Journalisme Juridique

“ Le risque de se voir infliger des peinesplus lourdes ne pouvait être nié ”

15

Les mineurs, auteurs de 56 % des vols avec violence J.S.

Pour Matthieu Grand, juge des enfants, la justice individualisée issue de l’ordonnance de 45 n’est plus systématique

14_15_Magazine ISIM 07/06/2012 16:03 Page 2

Page 16: MAG ISIM 2012

E

MEDIA

S Trop detélé

tue la télé

Le 27 mars dernier, le CSA a choisi les nouvelles fréquencesde la TNT. Tour d'horizon des difficultés qui les attendent

Elles étaient 34 à concourir, à l'ar-rivée il n'en reste plus que 6. Le 27mars dernier, le Conseil Supérieur del'Audiovisuel (CSA) a dévoilé le nomdes six nouvelles chaînes qui émet-tront sur la TNT* d'ici la fin de l'an-née. Pour Chérie HD, HD1, RMCDécouverte, Tvous La Diversité et6ter, le parcours du combattantdébute.“La TNT, c'est une autoroute. On ne met pasde bicyclette sur une autoroute”. Ces pro-pos de Nicolas de Tavernost, prési-dent directeur de M6, reflètent les dif-ficultés qui attendent les petites nou-velles du PAF. Premier obstacle pources canaux, le financement. Choisiespour compléter l'offre télévisuelle gra-

tuite, elles naissent dans un climat derécession du marché publicitaireimportant. Or, celui-ci constitue laprincipale source de financement deschaînes gratuites. Amenées à diffuseren haute défini-tion, ces nou-velles fré-quences vontdevoir s'acquit-ter du coûtinhérent à cestandard tech-nologique: 12 millions d'euros par an,en plus de celui des programmes.Autre difficulté, la concurrence.Portant le bouquet de chaînes gra-tuites de 19 à 25, HD1 et ses concur-

rents vont frag-menter un peuplus l'audience aumoment où lat é l é v i s i o nconnectée et desgéants commeGoogle TV seprofilent dans lepaysage audiovi-suel français.Dans ces condi-tions, difficilepour ces chaînesde gagner en ren-

tabilité d'autant plus qu'elles nedevraient être dans un premier tempsdisponibles que pour 25% de la popu-lation et couvrir l'ensemble del'Hexagone seulement en 2014.

Malgré ces difficultés,le CSA justifie sonchoix au nom de “lacréation et de la diversité”.Retransmission desprogrammes àoutrance, à ce jour,faute de budget, sur la

TNT, l'innovation est délaissée auprofit de l'audience, seule solutionpour ces chaînes de subsister.Parcours semé d'embûches, malgré lesambitions sur le papier de ces nou-veaux canaux, reste à savoir lesquelsréussiront à se faire une part sur lemarché audiovisuel et ce qu'ils diffu-seront réellement à la ligne d'arrivée, àl'automne 2012.

*Télévision numérique terrestre

La télévision connectée arrive dans nos salons

“Plus de la moitié des téléviseurs vendus ont aujourd'hui la web tv”explique Stéphane Duplissy, vendeur à la FNAC. Après la télé-vision en couleur, l'écran plasma, place à la télévision connec-tée. Téléviseur “nouvelle génération”, il permet à l'utilisateur dese connecter à internet via sa télévision sans passer par sonordinateur. Avec lui, le téléspectateur joue désormais un rôleactif dans sa consommation de contenus audiovisuels. “Le spec-tateur peut tout en regardant une émission télévisuelle, poser une questionen direct, se renseigner sur le thème et les invités du programme avec saseule télécommande” indique Stéphane Duplissy. Annonciateur debouleversements sociologiques, économiques et juridiques, enFrance, 59% des télévisions seront connectées à internet d'ici2014*. *Étude NPA Conseil C.R.

“La TNT, c’est une autoroute.On ne met pas de bicyclette sur

une autoroute”

Par Caroline [email protected]

Journalisme Juridique

La multiplication des chaînes se conjugue avec des avancées technologiquestoujours plus poussées des téléviseurs C.R.

16P

16_17_Magazine ISIM 07/06/2012 16:03 Page 1

Page 17: MAG ISIM 2012

A

MEDIA

S Pierre Alberti,

Monsieur radio NostalgieUn Mentonnais fondateur de radio Nostalgie : Pierre Alberti crée en1983 cette radio devenue une véritable holding de plus de 400 fré-quences à travers le monde. Rencontre avec cet homme d'ambitions.

A 71 ans Pierre Alberti affi-cherait presque un physique de jeunepremier, corps musclé dessiné dansses incontournables pull-overs noirsassortis à ses petits yeux. Malgré sonsuccès, le monument de la radio rested'une simplicité décon-certante, très accessibleet toujours de bonnehumeur. Pourtant rienne prédestinait cethomme hyperactif àfaire revivre les artistesyéyés en créant radioNostalgie en 1983 “Je suisné dans la vallée de Royaprés de Nice, mon père étaitbûcheron, j'ai réussi tout ceque j'ai entrepris parce que jel'ai fait avec le coeur”raconte t-il. Un jour de1981, alors qu'il a fait for-tune dans le bâtiment, illit un article dans unjournal qui expliquaitcomment créer une radio “dès queMitterrand a libéré les ondes pour remplacerdes radios pirates, j'ai foncé” explique-t-il,amusé. Il crée à Lyon sa premièreradio Contact qu'il gardera 2 ans “Tousles jeunes Lyonnais l'écoutaient mais c'étaitl'époque du hard rock et ça ne me correspon-dait pas. Je voulais écouter la musique de ma

jeunesse. Mike Brant et tous ces p'tits cons !”se souvient Pierre, hilare. Frustré dene pouvoir satisfaire ses oreilles il n'enfaudra pas moins à l'aventurier pourrevendre cette radio prometteuse etcréer Nostalgie “Je voulais faire une radio

pour moi” rapporte-t-il, ému. Il amonté à Lyon un émetteur “j'aidémarré dans la nuit la fréquence de radioNostalgie avec des techniciens italiens, unenregistrement de 8 heures de musique etdeux mois après, tout Lyon écoutait ce quej'aimais, quel bonheur, quel bonheur ! Monbébé Nostalgie est né, j'avais la Nostalgie des

chansons qui ne passaient plus sur les ondes”livre-t-il avec émotion. Quelques moisplus tard, il franchise Nostalgie et faitde cette radio une grande entrepriseprésente sur 180 fréquences dansl'hexagone. Mais ça ne suffit toujours

pas. Pierre veut partagerles chansons qu'il aimetant dans le monde. Touts'accélère lorsqu'en 1984,le premier satelliteTélécom 1 est envoyé “j'aifait Nostalgie en Russie, en

Suisse, en Belgique, àMadagascar, au Vietnam,dans toutes les capitalesd'Afrique...” raconte t-il,l'oeil pétillant. D'uneseule fréquence Nostalgie,Monsieur Alberti en a fait

400 dans le monde. Incontestablement le Mentonnaiss'est fait plaisir avec cette radio qui afait revivre les chansons de ClaudeFrançois, Sylvie Vartan, RichardAntony devenus des "has been" “ils peu-vent me dire merci ceux-là” s'extasie-t-il.Après 10 ans de passion, Pierre revendpour des dizaines de milliards defrancs le groupe Nostalgie à RMC en1993 et rentre s'installer à Menton. Illivre le secret de sa réussite “il faut selever le matin tôt, avoir la passion de travail-ler et rester simple”.

Le retour de Monsieur Nostalgie sur les ondes azuréennes

Aujourd'hui le monument de la radio fait revivre Nostalgie à Nice etlance le 13 mars 2008 son deuxième bébé, radio Emotion qui diffuseprés de 5000 chansons qui attendrissent Pierre et ses auditeurs. Laradio est un franc succès dans les Alpes-Maritimes. Mais la soif deconquérir les ondes n'est jamais loin, depuis janvier 2012. Emotion estsur la RNT (radio numérique terrestre), les habitants de Paris, Lyon etMarseille peuvent l'écouter avec un récepteur, elle est également dispo-nible partout en France en ligne sur le site emotion.fr. A.R.

Par Aude [email protected]

Journalisme Juridique

Après 10 ans de bonheur, l'homme de la radio revend son bébé en 1992. A.R.

“Je voulais faire uneradio pour moi”

17PORTRAIT

16_17_Magazine ISIM 07/06/2012 16:03 Page 2

Page 18: MAG ISIM 2012

Courtoisie : photo DESCHARNES & DES-CHARNES sarl 2012 / daliphoto.com

EN

18_19_Magazine ISIM 07/06/2012 16:03 Page 1

Page 19: MAG ISIM 2012

CMag Isim : En quoi Dali est-il unpeintre surréaliste?Vincent Bercker : Le mouvement sur-réaliste revêt trois caractéristiquesessentielles. C’est tout d’abord unepeinture très littéraire. Beaucoupd’artistes à l’époque conjuguaient cesdeux arts, à l’image de Robert Desnosou de Jacques Prévert. Salvador Daliétait lui aussi un “touche-à-tout”.Peinture, sculpture, écriture de scéna-rios, notamment pour le réalisateurLuis Bunuel, l’ar-tiste a même étéfigurant dans plu-sieurs films. Lapeinture surréa-liste est égalementtrès onirique. Il était commun pour lesartistes à cette époque de consommerdes substances hallucinogènes,comme l’opium ou la mescaline et deretranscrire dans leur art leurs délireset leurs rêves. On ne doute pas queDali se pliait lui aussi à ces pratiques.Il y a fort à parier que lorsqu’il a réa-lisé la série des montres molles, il étaitsous l’emprise de produits stupé-fiants. Le troisième élément caracté-ristique du mouvement, c’est l’éro-tisme. C’est une des clés de voute despeintres surréalistes. Dans l’oeuvre deDali, on retrouve beaucoup de réfé-rences à la relation homme-femme qui

est centrale pour l’artiste.

M.I : Dali a t-il connu une recon-naissance immédiate par le publicde l’époque?V.B : Les artistes surréalistes étaientprincipalement des marginaux àl’éclosion du mouvement. Ils ne fai-saient pas de politiquement correct,c’était souvent des anarchistes poli-tiques et idéologiques. Cette petiteintelligentsia restait beaucoup entre

elle. Tous les artistes seconnaissaient et se côtoyaient.Le peintre Dali a longtempsfait partie de ce microcosme.Mais cela a changé quand il aété renvoyé par André Breton

du mouvement. Il est alors entré dansle système médiatique pour en deve-nir une véritable icône. Il a cultivé uncôté très “show-biz” et en a fait unréel fond de commerce, notamment enexposant son couple avec Gala auxmédias. Comment ne pas se souvenirde la publicité pour une célèbremarque de chocolat “Je suis fou...” !

M.I : Que reste t-il aujourd’hui etpour la postérité du peintre espa-gnol?V.B : Il faut lui rendre hommage parrapport au fait qu’il a systématisétoutes ses inventions. Toutefois on

peut lui reprocher de ne pas s’êtreaventuré dans des voies différentes. Ils’est engouffré dans un systèmepayant qui l’a mené directement versla gloire. Par ailleurs, le peintre s’estfait connaître aussi par l’édition de sesgravures et de ses lithographies, ce quia grandement contribué à sa célébrité.Aujourd’hui, c’est un véritable nomdéposé, un produit dérivé. Au-delàd’un talent et d’un génie indéniable, ila réussi à devenir une star très grandpublic de la peinture. Mais cela n’en-lève rien à son talent.

M.I : Quelle oeuvre de Dali resteaujourd’hui la plus actuelle?V.B : Je pense que la série des montresmolles résume assez bien le person-nage qu’était Dali. Son coté provoca-teur conjugué avec ses penchantsdécadents. C’est une oeuvre univer-selle et atemporelle que l’on peut tou-jours admirer avec plaisir.

CU

LT

UR

E

Salvador Dali : l’icônedu XX° siècle sous lesfeux de la rampe

Consacrer l’une des plus grosses expositions de l’année à un génie de la peinture, tel vaêtre le défi du Centre Pompidou à Paris, dès la rentrée prochaine. Du 21 novembre 2012 au 23mars 2013, Beaubourg organise une exposition rétrospective pour éclairer l’oeuvre et la person-nalité du célèbre artiste espagnol, Salvador Dali. Plus de 150 chefs-d’oeuvre seront exposés. Enparallèle, de nombreux films et documentaires seront présentés afin de retracer la vie et l’oeu-vre du génie. A l’occasion de cet évènement culturel majeur, nous avons rencontré VincentBercker, galeriste spécialisé dans le mouvement surréaliste à Aix-en-Provence, pour nouséclairer sur l’héritage et la modernité de cet icône du XX° siècle.

Par Célia [email protected]

Vincent Bercker est également un spécia-liste du surréalisme. C.C.

“Dali est devenu unvéritable nom déposé”

19ENTRETIEN AVEC VINCENT BERCKER Journalisme Juridique

18_19_Magazine ISIM 07/06/2012 16:03 Page 2

Page 20: MAG ISIM 2012

L

PATRIM

OIN

E

Quand l'économiesolidaire devient unfonds de commerce

Un secteur bancaire responsable, chimère éternelle ou aspiration moderne. Qu'en est-il après la crise de 2008?

Journalisme Juridique

C A so pr ci ni ét l'é l'a le su re po év

Aix-en-Provence est une des 70 agences en France. M.L

20

“Le crédit coopératif, c'est d'abordun choix”. Claude Sevaistre, chargéedes relations extérieures, ne fait pasde mystère. C'est le choix d'une éco-nomie plus saine, sociale et “au serviced'un type d'activités essentielles à la société”.Épargne solidaire, traçabilité finan-cière ou encore transparence. Autantde concepts séduisants. Et pourune fois, il n'a pas fallu attendre lacrise de 2008 pour les voir apparaî-tre dans le jargon bancaire. Cettedémarche de responsabilité socié-tale, c'est celle du crédit coopéra-tif. Concrètement, de quoi s'agit-il? “Le schéma est un peu celui d'une SCOP*(ndlr, société coopérative et partici-pative), explique l'attachée de presse.Sauf que ce ne sont pas les salariés qui en sontpropriétaires, mais les clients qui apportentle capital”. Les choses fonctionnentsinon selon les mêmes principes coo-pératifs. Et le premier d'entre euxreste bien sûr la démocratie. Enassemblée générale, chaque personnepossède une voix. 80% du capital estdétenu par les clients. Un bon moyenpour eux d'obtenir un fort pouvoir dedécision et une réelle emprise sur labanque.À ceci près que seules les personnesmorales - associations, mutuelles,entreprises - possèdent un droit devote au conseil d'administration. Lesparticuliers, appelés “clients asso-ciés”, ne sont que des censeurs etn'ont aucun droit de vote. Quel est

alors leur intérêt? “Les particuliersapportent principalement leur acte mili-tant”. C'est par exemple le choix deconfier son épargne à une banque quipromettra d'investir dans des secteursclés du développement durable, ducommerce équitable, de PME et PMIimplantées localement. Et surtout,

d'agir en toute transparence. Finidonc les retraites chapeaux, super-bonus et autres parachutes dorés quifont l'apanage des géants du secteuret qui écoeurent bien souvent lesFrançais. Co-rédactrice d'une enquête intitulée“Les banques sous pression citoyenne”,Juliette Renaud témoigne pour LesAmis de la Terre: “Le crédit coopératifexclut bel et bien de ses financements un cer-tain nombre de secteurs controversés : lenucléaire, l'armement ou encore les énergiesfossiles”. Nicolas Fournier, militantpour l'association à Dunkerque,s'était inquiété de l'implication de labanque dans un projet de terminalméthanier. “Un débat organisé par le cré-dit coopératif local cherchait à démontrerque le terminal méthanier s'inscrivait dansune perspective de développement durable.Un véritable greenwashing! Heureusement,

il n'y a eu aucun soutien financier”. La démarche du crédit coopératifengendre inévitablement des attentestrès lourdes de la part de ses socié-taires. “On ne peut pas être moins vertueuxque nos clients”, sourit Claude Sevaistre.Cette vertu a néanmoins un prix.Construite principalement à l'inten-tion des personnes morales, elles'est ouverte depuis peu aux parti-culiers. La rareté des agences – iln'y en a que 70 en France – n'en faitpas la banque la plus accessible. Lesclients se plaignent également du“manque de disponibilité des conseillers”

et, de l’aveu même de la banque, “descrédits à la consommation qui ne sont pasleur fort”. Leurs convictions les pous-sent cependant “à accepter des frais ban-caires souvent plus élevés que dans les autresétablissements”. Le crédit coopératif nefera jamais de la maximisation desprofits la pierre angulaire de sa poli-tique. Mais il se doit d'être rentable.“Nous restons tout de même une banque”,confesse Claude Sevaistre. Qui s’enexcuserait presque.

“On ne veut pas être moins vertueuxque nos clients”

Par Marc [email protected]

20_21_Magazine ISIM 07/06/2012 16:04 Page 1

Page 21: MAG ISIM 2012

EEn 2011, plus de 50% desvilles de plus de 50 000 habitantsn'ont pas atteint le seuil de 20% delogements sociaux, selon une étudeannuelle menée par la fondation AbbéPierre. Et l'on estime à 1,2 million lenombre de ménages en attente d'unlogement social. Le bilan en demi-teinte de la Loi SRU témoigne d'uneoffre de logements inégale et dispa-rate. Les politiques menées ces der-nières années avaient notammentpour objectif de faciliter la vente delogements anciensaux locatairessociaux. De quoi, enprincipe, dégagerdes fonds proprespour engager laconstruction de nouvelles habita-tions. Plusieurs dispositifs ont ainsiété instaurés, avec notamment unedécote possible de 35% à l'achat surl’évaluation de la valeur de l’immeu-ble. Reste que le procédé n’a pas faitque des émules. Christophe Masse (candidat au pro-chaines législatives sous l'étiquettePS), le président de l’office HLM “13Habitat”, qui gère 33 000 logements

sur le département, ne cache passon scepticisme : “auparavant, lalogique voulait que le logement socialsoit temporaire. La vente aux loca-taires sociaux ne rentre pas dans cecadre”. Et s’il est le premier àreconnaître que le logementsocial est aujourd’hui devenu“celui d’une vie”, il préfère met-tre l’accent sur d’autres solu-tions. Comme la vente d'appar-tements neufs à prix maîtrisés.Car selon lui, la vente d'habita-

tions anciennespose trop de dif-ficultés. “Si onveut vendre desHLM, il faut ven-dre des immeubles

entiers. Sinon la situation deviendraittrop vite ingérable. Mais on n’est passûr que tous les locataires souhaitentet puissent acheter”.Une opinion que ne partage pasJean Chorro, Premier adjoint audéputé-maire UMP d’Aix-en-Provence Maryse Joissains, etvice-président de l’OPAC durant 6ans. “La politique de la municipalité vise àétendre l’accès à la propriété”, confirme-t-il. Car pour lui, il s'agit d'une façonde “promouvoir la mixité et de renvoyerun peu l’ascenseur social”. Mais celuiqui préside également la SACO-GIVA, qui gère plus de 2 100 loge-ments sur le pays aixois, reconnaîttoutefois que la vente se doit d'êtreencadrée. Car il faut être certainque le locataire a les capacitésfinancières pour supporter l'inves-tissement, et parce qu'il doit avoirconscience qu'il devra s'acquitterdes charges qui découlent de la

propriété. Mais pour ChristopheMasse, le problème est bien plus glo-bal : “La construction de nouveaux immeu-bles ne passe pas forcément par la vente delogements anciens. Il faudrait plutôt quel'Etat soit moins gourmand avec nous etcesse de nous imposer des prélèvements aussilourds, ce qui nous permettrait de construiredavantage”.

PATRIM

OIN

E

La vente de HLM aux locataires:une fausse bonne idée ?

Si le parc de logements sociaux doit se renouveler, la vente d’habitations anciennes peine à convaincre les bailleurs

Ce que dit la loi :A tout moment, le locataire d'un logementsocial peut s'adresser à son bailleur pour luiproposer l'acquisition de son logement. Celui-ci doit avoir été construit ou acquis par l'orga-nisme depuis plus de 10 ans et être en bonétat. Le prix de vente pourra être inférieur àl'évaluation du trésorier-payeur général. Sil'acquéreur souhaite louer son logement dansles cinq ans, il ne pourra percevoir un loyersupérieur à celui qu'il acquittait. Et en cas derevente dans les cinq ans, l'organisme HLMpourra se porter acquéreur en priorité, pouréviter toute spéculation. L.G.

Par Ludwig [email protected]

Journalisme Juridique

.L

1,2 million de ménagessont en attente d’unlogement social

21

La cité Beisson à Aix-en-Provence est gérée par 13 Habitat L.G.

20_21_Magazine ISIM 07/06/2012 16:04 Page 2

Page 22: MAG ISIM 2012

O

PSY

CHOLOGIE

22 Journalisme Juridique

Fin du monde, ou fin dumonde tel qu’on le connaît :à l’aube du 21 décembre, quisont vraiment ceux qui imaginent déjà le clap final ?

“On les appelle les martiens, lesperchés !”. Pour Christian, l’un des 200habitants de la bourgade deBugarach, les fanatiques de la fin dumonde font partie du paysage. Etpour cause, le pic qui surplombe cevillage de l’Aude a été désigné par laprophétie maya comme le seul lieuépargné par l’apocalypse du21.12.2012. “Certains passent inaperçu,mais d’autres sont très repérables. Habillésde blanc, les cheveux longs type années 1970,ils organisent des incantations dans la forêt,un peu comme des druides. Parfois ils fontune espèce de danse, on dirait qu’ils chassentles papillons… Ce sont des allumés!”,s’amuse-t-il. Pour Rémi Chaumont, psychiatre àObernai (Bas-Rhin), “il n’y a pasbesoin d’être dérangémentalement pour ycroire”. D’ailleurs,une enquête Ipsos relayée par lesmédias français et étrangers recensequ’un humain sur sept croit en l’apo-calypse. Et encore 10% pensentqu’elle arrivera à la fin de cette année,qu’elle résulte d’une collision avec laplanète Nibiru, d’une éruptionsolaire, ou encore d’une cause plus“humaine” (guerre, catastrophenucléaire ou autre).Cela peut s’expliquer par le contexteprésent de crise généralisée. Dans cecas, l’attente de l’apocalypse permet-

trait de mieux supporter les imper-fections de notre monde. Mais l’analyse de telles croyancesn’est pas nouvelle.

Des croyances anciennesSelon le pionnier de la psychanalyse,Sigmund Freud, les impressions defin du monde résulteraient d’un deuil.Si le monde intérieur s’écroule, lemonde réel se trouve lui aussi menacéd’effondrement. Cette thèse du “toutfout le camp” serait dès lors “une pro-jection, car quand on parle du monde, onparle en fait de soi-même mais sans lesavoir”, analyse Michel Picco, psycha-nalyste à Aix-en-Provence. “C’est de ladépression liée à de la mégalomanie”, pour-

suit-il. Il est rejointpar RémiChaumont, qui sedit “100% d’accordavec l’analyse de

Freud: ces théories prennent de l’importancelorsqu’on a une vie très vide”. Les deux spécialistes dégagent doncdeux profils distincts. D’une part, lesmeneurs. Eux-mêmes n’y croient pasforcément, mais tirent un bénéficenarcissique dans le fait d’enrôler d’au-tres personnes dans leur délire, enamassant suffisamment de “preuves”.D’autre part, les suiveurs. Eux sontnarcissiquement faibles, ce sont desmoutons de panurge ayant besoind’un leader qui leur donne l’occasion

de croire en quelque chose. Les critères comme le sexe, la profes-sion, la religion ou le niveau d’éduca-tion ne sont pas révélateurs pourdresser un “profil type” des personnessensibles à ces théories apocalyp-tiques. “C’est plutôt une affaire de person-nalité, note Michel Picco. Tout dépend duniveau de maturité, de fragilité”.

Rendez-vous le 22Impossible, donc, de prévoir leurréaction au lendemain de la soi-disantfin du monde… Selon le psychana-lyste, “ils vont trouver d’autres explica-tions tout aussi peu rationnelles, ou passer àautre chose, tout dépend de leur degré deconviction”. En revanche, pour le pro-fesseur de psychopathologie Sylvie lePoulichet, l’amateur de prédictionsapocalyptiques n’envisage jamaissérieusement son propre anéantisse-ment. “Il s’installe plutôt à la place du spec-tateur-dénonciateur-survivant, du hérosdéclarant qu’il a toujours su que cette his-toire finirait mal”. L’éventuelle décep-tion se transforme alors en “victoire dumoi”. Dans le doute, vous pouvez toujoursréserver une chambre à Bugarach ou,pour les moins prévoyants, acheterun kit de survie sur internet…

Par Léonie [email protected]

“ Ils font des incantation, un peucomme des druides”

L’apocalypse, vous y croyez ?

22_23_Page 22-23 07/06/2012 16:04 Page 1

Page 23: MAG ISIM 2012

Supplément économique du magistère Journalisme et Communication des Organisations

23

Le monde change. C’est particulièrement vrai dans ledomaine de la communication. Le métier de communi-

cant n’est plus le même et celui de journaliste est en pleineévolution. L’université change. L’université unique d’Aix-

Marseille est devenue, le 1e janvier, la première de France.Qu’on le veuille ou non, il y a désormais un marché mondialde l’éducation. Nos diplômes doivent donc s’adapter. Dès larentrée, le Magistère JCE (Journalisme, communication,économie), devient JCO (Journalisme et communication desorganisations) parce que nos étudiants trouvent desemplois dans les entreprises, les médias écrits ou audiovi-suels, les nouveaux médias, mais aussi les associations, lescollectivités locales… Nos étudiants auront, à côté desstages et des cours de journalisme et de communication, descours d’économie, mais aussi de droit, de science politique,de gestion, d’histoire...Dans ce cadre, le Magistère rejoint en septembre la facultéde droit et de science politique et son département médias,afin de former, avec d’autres diplômes (journalisme juri-dique, droit de la culture et des médias) un vaste pôle aixois.S’adapter en permanence, c’est possible pour le Magistère,puisque c’est un diplôme d’université. Mais cette souplesseest associée à une grande sécurité, puisque nos étudiantsreçoivent en outre chaque année un diplôme d’Etat (LicenceLAP, puis Master I et II DMCM) et même, en plus, pourceux qui ont obtenu antérieurement un DEUG de droit, uneLicence en droit. Le Magistère JCO, c’est donc désormais undouble, voire un triple plus dans un CV.

Par Jean-Yves NaudetDirecteur du JCO

LE MONDE CHANGE, LE MAGISTERE S’ADAPTE

MEDIAS GAZ DE SCHISTE

Un problèmede paritéPage 26

Attentiondébats !Page 34

ENVIRONNEMENT

BUSINESS

TOURISME RELIGIEUX

La course àl’Arctique est lancéePage 31

Des destinations en voguePage 33

La fin du monde, un marché juteuxPage 38

22_23_Page 22-23 07/06/2012 16:04 Page 2

Page 24: MAG ISIM 2012

LLe taux d’augmentation duprix de l’or en 13 ans est de 580%.Passant de 250 à 1700 dollars, le pré-cieux métal est devenu source deconvoitise… et de revenus. Lesenseignes tape-à-l’oeil ne cessent defleurir dans les rues d’Aix-en-Provence et pas moins de 15 boutiqueset bijouteries proposent d’échanger del’or contre de l’argent. Le commercen’est pas nouveau, mais la crise etl’augmentation du cours de l’or lui ontdonné un souffle nouveau. Le pro-blème, c’est que les commerçants nesont pas les seuls à avoir senti le filon.L’apparition de ces nouvelles bou-tiques a vu naître avec elle sa partd’insécurité : cambriolages, recel, sanscompter les abus opérés par plusieurssociétés peu transparentes. ”Ici, les par-ticuliers vendent et les professionnels rachè-tent. Il s’agit simplement d’un commerceinversé”. Le concept est clair pourChristian, gérant de la boutique GoldSwiss Service. La transaction l’esttout autant. Les clients apportent leuror, principalement des bijoux, etrepartent avec un chèque. Entre-temps, le commerçant estime la valeurdu bien et fixe un prix par gramme. Ildéduit ensuite sa marge et les 8% qui

reviennent à l’État. Pour OlivierBernard, PDG des Comptoirs d’achatd’or, son métier consiste tout simple-ment à être “un banquier de dernier res-sort”, pour ces particuliers qui cher-chent le plus souvent à arrondir leursfins de mois.De leur côté, lesgérants des bou-tiques se doivent degarder une trace deleurs opérations en cas de contrôlepar la police. Le professionnel récu-père la photocopie de la pièce d’iden-tité du client et ce dernier remplit unlivret de police en mentionnant sescoordonnées ainsi que le poids de l’orvendu. Depuis le 1er août 2011, lerèglement est effectué par chèque, évi-tant aux boutiques de détenir trop deliquidités et inciter aux braquages.Quant à l’or, il est soit revendu enboutique, soit envoyé rapidementchez l’affineur. Toutes ces précau-tions sont orchestrées dans l’optiqued’éviter les débordements.Car dommage collatéral inévitable, laflambée du cours de l’or et la multipli-cation des points de revente a donnédes idées aux voleurs. Arnaques, volset actes de banditisme se multiplient.

L ’Observato i renational de ladélinquance et desréponses pénalesmet d’ailleurs enévidence, dans son

rapport annuel, une augmentation de5,3% des cambriolages entre 2010 et2011. “C’est un phénomène malsain etvicieux” commente Georges Debals,propriétaire de la bijouterie Flawless.Les plaintes se multiplient et il est

souvent impossible dese retourner contre cessociétés, installéespour la plupart dansdes paradis fiscaux.

C’est le cas d’Or Postal, établie surl’Île de Man. Les témoignages fusentsur internet et reprochent à la sociétéson manque de transparence. Il est eneffet impossible de connaître le prixde rachat avant d’en être crédité, sansaccord préalable, sur son compte enbanque. Ces pratiques douteuses ontd’ailleurs conduit la députée UMP desBouches-du-Rhône, Valérie Boyer, àproposer une loi en octobre 2011 pour“réglementer le rachat de l'or et des métauxprécieux et sa publicité”. En attendantque l’Assemblée Nationale donnesuite à cette proposition, multiplierles devis avant de céder ses biens auplus offrant semble être la solution laplus sûre. Et, même si la tentation estgrande, mieux vaut tourner sept foisses bijoux dans sa poche avant de lesvendre !

Vendre son or etpourquoi pas?

Le rachat d’or continue à faire débat.Piège, arnaque ou occasion “en or” lesavis sont multiples.État des lieux à Aix

256 dollarsC’était le prix d’une once d’or en juillet 1999, le plus basdepuis 1990. Depuis il n’a cessé d’augmenter pour dépasser les1700 dollars en février 2012, soit une augmentation de 580 %en 13 ans.

C.M.

Par Caroline [email protected]

Arnaques, vols etbanditisme

24 Journalisme et Communication des Organisations

24_25_Magazine ISIM 07/06/2012 16:04 Page 1

Page 25: MAG ISIM 2012

PPas besoin de sortir d'uneriche famille d'initiés pour se retrou-ver à la tête de sa propre marque. Enest témoin le sud de la France, quiconnait depuis quelques années unvéritable essor dans le petit monde dela mode. Fer de lance, la marqueSessùn est créée en 2005 par EmmaFrançois, étudiante en anthropologieet reconvertie en styliste à la suited'un voyage en Amérique du sud.Grâce à une généreuse enveloppeaccordée par l'Institut de la modeméditerranéenne dont elle estaujourd'hui la trésorière elle monteson entreprise à Marseille.Aujourd'hui, la griffe ne comptabilisepas moins de 600 points de ventes, etun chiffre d'affaires de 10 millionsd'euros en 2008. Autre emblème decette génération made in Provence, lamarque Kulte, au patronyme prophé-tique, est devenue en une décennie unempire, comptabilisant plus de 150points de vente et un chiffre d'affaire

annuel continuellement en hausse.Mais le joyau de la région, comme sonnom ne l'indique pas, reste le géantAmerican Vintage. Fondée en 2005par Michaël Azoulay, détenteur d'unbac pro en électricité, la marque 100%autodidacte se vend dans le mondeentier, et son chiffre d'affaires pour2011 dépasse les 40 millions d'euros.Sur les portants des géants du prêt-à-porter, la collection 2012 est au pastel:des sweats saumons, des pullsmimosa et des jeans bleu lagon à pertede vue. Difficile d'imaginer ce que serale mot d'ordre à la rentrée : peuimporte d'ailleurs, puisqu'il y a fort àparier qu'une chose au moins ne chan-gera pas: l'uniformisation.L'explication est à chercher de l'autrecôté du miroir aux alouettes : les pro-fessionnels de la “fast-fashion”, Zaraet autres H&M, prompts à fabriquerrapidement en série, louchaientsérieusement du côté des petites mai-sons avant de lancer leurs modèles.

Et pour cause : si les grands magasinss’exportent facilement à travers lemonde, l’inspiration, elle, vient dechez nous. Et plus précisément d’unepoignée d’enseignes aux mains dedeux familles, dont les membress'échangent les noms, les stylistes etles méthodes de communicationcomme le dernier t-shirt griffé. Depuisles années 2000, ces maisons “familymade” explosent littéralement. Aupoint de se retrouver aujourd'hui entête des marques préférées des 15-25ans. Et leur commerce est florissant.Pour preuve : alors qu'en 2011, criseoblige, le secteur de l'habillement areculé de 2,1% en France, elles enre-gistrent une progression et partent àla conquête de l'international.

La famille Chetrit-Milgrom à l’assaut du marchéEn tête, le trio des soeurs Chetrit-Milgrom : Sandro, Maje, et depuis 2009, Claudie Pierlot. Ces «machines à cash»,comme les nomment les investisseurs qui se bousculent au portillon, constituent le groupe SMCP. Leurs chiffres fontrêver : 536 points de vente, 389 boutiques et un chiffre d'affaires pour 2011 de 297 millions d'euros. Par comparaison, legroupe Zara France empoche pour la même année 670 millions d’euros. Un exploit, si l'on considère le jeune âge de lasociété : la première boutique Sandro voit le jour en 2004. Puis Maje, créée par la benjamine du duo, Judith Milgrom,et son frère. Le succès et les ventes s'accélèrent, les jeunes filles de bonne famille s'arrachent ces modèles pointus dontles prix à la fois abordables et élevés (entre 80 euros pour un t-shirt et 500 euros pour un manteau) leur permettentde se distinguer de la mode jetable. Flairant le filon, le fils d'Evelyne Chetrit développe la ligne Homme, la machine àcash est lancée, le cartel est en marche. En 2009, Claudie Pierlot, fondatrice de la marque éponyme qui connut le succès dans les années 1950 et 1960, cèdeson nom aux soeurs. Dès lors, le duo entreprend d'insuffler à Claudie leur esprit et le résultat est immédiat: lesmodèles s'arrachent, les points de vente se multiplient, et au trio s'ajoute un nouveau concept: le studio 341, quiregroupe les trois marques sous une seule boutique. Preuve ultime du succès: LVMH vient de racheter 51% de leursparts de marché. C.H.

Par Charlotte Héliascharlottehé[email protected]

25

Cartels de la mode

Le business en héritage

Journalisme et Communication des Organisations

24_25_Magazine ISIM 07/06/2012 16:04 Page 2

Page 26: MAG ISIM 2012

CChaque jour, les médias sefont les justiciers des inégalités etrévèlent au monde entier des situa-tions inconcevables. Qui n'a jamais lu,vu ou entendu un journaliste fustigerle non-respect de la parité en poli-tique alors que sa propre rédaction estpresque exclusivement masculine?Comme dit l'adage, les cordonnierssont les plus mal chaussés. Les médiasn'appliquent ou ne pensent pas àappliquer les règles qu'ils préconisentau reste de la société.

Triste constat...En 2011, d'après le CCIJP (1), sur les36815 cartes de presse en circulation,16708 étaient détenues par des

femmes, soit 45%. Malgré une légèreféminisation, les femmes restent sur-représentées dans les postes pré-caires: 57% sont pigistes. Petite avan-cée en ce qui concerne les titularisa-tions avec une augmentation de 3%,en 2011, 42% de femmes journalistesoccupent un poste mensualisé.Néanmoins, il y a bien un chiffre surlequel la parité est indiscutable: lepourcentage de chômeurs détenteursde la carte de presse, avec 51% contre49% pour les hommes.

Mais un petit espoir?Les chiffres sont accablants. Etencore, si les titres de la presse fémi-nine étaient mis de côté, les chiffres

seraient d'autant plus catastro-phiques. A ce problème, s'ajoute aussi,le traitement de l'actualité par lesfemmes. Car en plus d'être moinsreprésentées, elles sont souvent can-tonnées à un type d'actualité. EnFrance, l'Observatoire des Médiasestime que seules 28% des femmesjournalistes nourrissent les éditionspolitiques ou économiques. Les 72%restants écrivent dans le secteur ditféminin: la mode, la santé, la conso oule bien-être. Mais à en regarder la pro-portion de filles dans les écoles dejournalisme, l'espoir est grand. Ellessont près de 60% à être diplômées desécoles de journalisme.Les médias, dans les années à venir,pourraient ainsi se féminiser un peuplus encore. Reste à savoir si pour yarriver, les journalistes françaisesdevront prendre exemple sur leursconsoeurs allemandes qui ont signél'année dernière une pétition récla-mant l'instauration d'un quota de30% de femmes dans les rédactions enchef.(1) Commission de la Carte d'Identitédes Journalistes Professionnels

Parité: les médias donnent desleçons mais pas l'exemple!

Journaliste, un métier d'homme?Bien sûr que non. Mais un métieroù il vaut mieux être un homme,ça c'est sûr! Bien que cela puissesembler surprenant chaque annéele journalisme accueille plus defemmes que d'hommes. Pourtant,malgré ce constat, on est bien loin d'atteindre la parité.

Le combat d’une femme : passe décisive pour la paritéEntretien avec Anne Brucy, 54 ans, directrice des 43 stations du réseau France Bleu de RadioFrance depuis 2010Les femmes sont peu nombreuses dans ce métier mais il faut dire qu’il n’y a rienqui les incite à avancer. Certains appellent ça le plafond de verre, moi je préfèrel’appeler le plancher collant ! Quand en 1987, j’ai voulu aller à France Info, le seulposte qu’on m’a proposé était la chronique « Mon corps, ma beauté ». A l’époque,c’était une dérive que de laisser l’actualité sérieuse à des femmes ! Heureusementles choses ont beaucoup évolué.La parité pure est impossible mais on essaye, dans le réseau France Bleu, qu’il y aitune représentation de notre société à la fois dans les programmes qu’on proposeque dans la manière dont sont organisées nos locales. Je veille à ce que dans lespostes à responsabilité, les femmes aient leur place. En septembre dernier, j’ai d’ail-leurs nommé une femme au poste de directrice. C’est une première dans le réseauet j’espère que ça donnera des idées aux autres. S.C.

Par Sophie [email protected]

26 Journalisme et Communication des Organisations

26_27_Magazine ISIM 07/06/2012 16:05 Page 1

Page 27: MAG ISIM 2012

AAlors, à tort ou à raison ? “Iln'est pas rare qu'un employeur ou un chas-seur de tête cherche un profil sur les réseauxprofessionnels”, explique BéatriceGaussin de l'agence de travail tempo-raire Synergie Cluses en Haute-Savoie. Des propos confirmés parl'étude keljob.com, soulignant que70% des employeurs utilisent internetpour recruter. Un constat qui n'a riend'étonnant sachant qu'en France, laplate-forme Viadéo compte plus de3,7 millions de profils et constituedonc un véritable outil de sourcingpour les recruteurs. L'avantage de ces réseaux ? Être moinschers que les sites d’emploi, mais toutaussi efficaces pour trouver la perlerare. Si bien queles managers sonteux-mêmes pré-sents sur ces sitesprofessionnels :“les employeurs secréent un profil pourcontacter les candidats et se servent de cesréseaux comme des outils de veille”,explique la directrice de Synergie.L'occasion également de partager unprofil avec les chargés des ressources

humaines, en leur transmettant lesCV reçus par e-mail. Poster des offres,stocker les profils à haut potentielsont autant de possibilités qu'offrentces réseaux, permettant ainsi un véri-table gain de temps et d'argent pourles services RH.

S'exposer pour être branchéSe connecter, s'exposer, accroître savisibilité, rester en alerte sur le mar-ché du travail semble aujourd'huiessentiel pour trouver un emploi oumême un stage. Permettant à la fois de(re)nouer des liens avec d'anciens col-lègues ou camardes de classes, cesoutils permettent de facilement secréer un réseau pouvant se révéler être

d'une aide précieuse lors d'une phasede recherche d'emploi. Quelques conseils toutefois. SelonKatia Skrzypczak, co-gérante del'agence d'Alcimia, entreprise de com-

munication web et de social média, unprofil susceptible d'être regardé estun profil soigné. L'internaute doit cor-rectement renseigner ses formations,ses compétences, expériences profes-sionnelles, son poste actuel mais éga-lement ses activités extra-profession-nelles telles que ses passions, projets,et ambitions. “Mettre des liens vers descréations personnelles comme des blogs, desarticles ou sites internet peut attirer l'atten-tion du recruteur en présentant le candidatsous un angle différent et autrement que parses seules expériences”, souligne la co-gérante. Une fois l'étape du profilcomplétée, l’intérêt des réseaux résidedans les interactions que l'internautepeut en retirer : consulter les profilsdes autres membres exerçant dans lemême domaine d'activité, puis faireune demande pour les intégrer à soncarnet d'adresses permet d'élargir sonréseau.

Mention spéciale pour Twitter4 500 : c'est le nombre de tweets par jour en France qui évoque des offres destage ou d'emploi, soit plus de 30 000 tweets sur une seule semaine, selonune étude menée par Semiocast, agence parisienne d'outil de veille desréseaux sociaux. Ainsi, sur l'ensemble, 92 % des tweets sont des offres destage et d'emploi et seuls 31 % de ces tweets précisent le type de contrat.Autre enseignement : 79 % de ces offres émanent de sites d'emplois ou decabinets de recrutement. Parmi les plus influents on retrouve@DitwinEmploi, @remixjobs et @lesechosemploi. Un sixième des annoncesconcernent des ingénieurs ou des développeurs. Les responsables commer-ciaux, représentant quant à eux 6 % du volume des tweets d'offres d'emploi.

A.L. Par Alice [email protected]

Se connecter, accroître sa visibilité,rester en alerte semble essentiel

pour trouver un emploi

27

Recrutement 2.0 sur les réseaux

Journalisme et Communication des Organisations

Votre futur employeur se cacherait-il dans vos contacts Viadeo ouLinkedin ? C'est ce que semblent en tout cas penser 70% des Françaisqui considèrent les réseaux professionnels en ligne comme de bonsoutils de recherche d’emploi, selon une enquête réalisée par keljob.com

26_27_Magazine ISIM 07/06/2012 16:05 Page 2

Page 28: MAG ISIM 2012

LLa chasse aux sorciers du net,à savoir les sites de téléchargementillégaux, est lancée aux Etats-Unis.Megaupload en fera les frais le jeudi 19janvier 2012. Le fondateur du réseau,Kim Schmitz, est arrêté. Il laisse desmillions d’internautes orphelins deleur site favori. Car Meagaupload,c’est une affaire qui tourne. 150 sala-riés pour 175 millions de dollarsengrangés depuis sa création en 2005. Toujours est-il que la fameuse plate-forme de téléchargement en ligne étaitillégale. Tout en ayant un fort impactéconomique. Le fournisseur d’accès àinternet Cogent qui alimentaitMegaupload en bande passante (ter-rain alloué pour transmettre des don-nées sur internet) a vu le cours de sonaction subir un net repli. Le lende-main même de la fermeture du site,elle chute de 20%, passant de 19 à15,30 dollars. Pour 36 serveurs loués,Cogent empochait ainsi plus d’un mil-

lion de dollars par an. Une nouvelleéconomie souterraine qui, sans nierson caractère illégal,revêt donc bien plusd’enjeux écono-miques qu’il n’yparaît. A tel point,que la cybercrimina-lité est considéréepar l’OCDE commel’une des cinq menaces les plus impor-tantes planant sur l’économie mon-diale.

Le diable s’habille en haut débitEn 2011, plus de 37 milliards d’eurosont été générés par le e-commerce.Constat alarmant, des transactions àhauteur de 120 millions d’euros ontété récoltés par les fraudeurs sur la même période. Soit un tiers du mon-tant total des fraudes en France ! Ledéveloppement du Cloud Computingpermet aussi aux cybercriminels de

s’attaquerà de nou-v e l l e scibles: lesg r a n d e se n t r e -prises. Uns y s t è m eq u iconsiste àregroupertoutes lesd o n n é e s

d’une société. Utile et lucratif, lespirates se servent parfois de ces infor-

mations à des finsd’espionnage indus-triel. Ils poussent par-fois le vice en enrayantles systèmes informa-tiques des entreprises,toujours plus dépen-dantes de l’outil inter-

net. D’après une étude publiée par TrandMicro en 2011, 43% des entreprisesdans le monde ont connu des pro-blèmes de sécurité via leurs fournis-seurs de service de Cloud Computing,dont Sony CNN et la banqueCitygroup. Une véritable mine d’orpour les sociétés de sécurité sur inter-net! Des résultats qu’il faut tout demême relativiser. Steny Solitude, PDG de Cloud Computing PerfectMemory, tempère: “Si certaines entre-prises qui proposent du Cloud ne sont pastrès regardantes sur la sécurité , d’autres res-tent très impliquées quant à la préservationde la confidentialité des données. Les ser-veurs que nous utilisons sont sécurisés à100%”. La cybercriminalité revêt donc denombreuses formes. C’est l’émergenced’une écnomie souterraine plus dan-gereuse et pernicieuse que les précé-dentes.

Les pirates dunet envahissentla mer web

Protéiforme et toujours plus présente dans notre quotidien, lacybercriminalité est à l’origine d’une nouvelle économie parallèle.

La fin du monde pour les Anonymous

Ce sont les cybercriminels les plus connus au monde. Legroupe de hackers cherche à dénoncer la censure à travers desattaques informatiques. Le site du FBI en a fait les frais peuaprès la fermeture de Megaupload. Les pirates s’acharnent àmettre sur pied un projet de fin du monde nommé “Tyler”. Dansune vidéo postée sur le net, ils promettent le début d’une nou-velle ère où seront révélés les plus grands secrets de la société.L’heure de la révolution est annoncée au 21 décembre prochainà 23h11.

J.L. Par Jérémy Lemiè[email protected]

La cybercriminalitéest l’une des cinq

menaces pesant surl’économine mondiale

28 Journalisme et Communication des Organisations

28_29_Magazine ISIM 07/06/2012 16:05 Page 1

Page 29: MAG ISIM 2012

MMême les « gamers » nesont pas épargnés par lacrise… Le géant japonais dujeu vidéo, Nintendo, accuse despertes colossales de plus de 400 mil-liards d’euros pour la première fois deson histoire. Le marché des jeux enboîte s’effondre en Occident au pre-mier trimestre 2012 avec un recul de25% (6,65 millions d’unités écouléesce début d’année contre 8,9 millionsau premier trimestre 2011). Bref, toutne va pas pour le mieux dans le mondevidéoludique qui paraissait pourtanten bonne santé. La faute à qui ? AApple pour certains, aux nouveauxmodes de consommation pour d’au-tres. Ce qui est sûr, c’est que lesindustries du secteur doivent faireleur révolution faute de pouvoirappuyer sur le bouton « continue » ad vitam aeternam.

La baisse de prix: la solution?Une PS3 à 60 euros le jour de sa sortie!Bien sûr, ce n’est qu’un doux rêve. Lesdéveloppeurs créent des expériencesde jeux qui coûtent énormément detemps et d’argent, d’où un prix élevépour un maximum de rentabilité.Cependant, ces prix élevés amènentles joueurs occasionnels à préférerd’autres expériences de jeux, généra-lement celles des tablettes ou deFacebook. Les jeux y sont aboutis etsurtout quasi-gratuits. Les dévelop-peurs, les éditeurs et les marchands deconsoles doivent trouver un nouveaumodèle. Le freemium et le socialgaming, cheval de bataille de la sociétéZynga le prouvent. Apparue en 2007,Zynga est aujourd’hui devenue unacteur incontournable de la scènemondiale. Fin 2011, la société compre-

nait1 5 3millions dejoueurs jouantà plus d’un jeu deleur catalogue. Deschiffres colossaux.

La concurrence féroce des tablettes

Les joueurs utilisant une manette ana-logique ou un contrôleur sont nom-breux. Il est bien plus facile de joueravec ces outils qu’avec un écran tactileou son téléphone. Mais souvenez-vous de ces personnes qui ne juraientque par leur clavier intelligent et leurBlackberry.Le futur n’apas de sens …Les tabletteset les écranstactiles sem-blent devenirla normesuite auxsorties suc-cessives desp r o d u i t sApple au fil

de la décennie. Face àune tablette innovante

et “bonne à tout faire”, àune synergie entre différents

produits ainsi qu’à un supportcomme l’App store, les consoles

traditionnelles n’ont plus beaucoupd’avenir. Car c’est bien cette synergieque recherche aujourd’hui le consom-mateur. N’importe quelle initiativedes fabricants de consoles pouvantconcurrencer les tablettes et les ordi-nateurs sera pertinente dans le futur.

“Jeu vidéo” en pleine évolutionLe champ d’utilisation des consolesdoit s’agrandir. Le lieu, l’endroit,l’heure, rien ne doit entraver le joueurdans sa poursuite du jeu. Sony, avec laPS Vita propose le «never stop playing»(ne jamais arrêter de jouer). Mais, quisouhaite encore acheter une consoleportable ne se limitant qu’à la sphèrevidéoludique ? Les sociétés doiventravaler leur fierté et continuer dans lavoie des applications et des réseauxsociaux, les joueurs, eux, ne vont pasrevenir en arrière.

Bon à savoir:

- Zynga a été introduite en bourse en décembre 2011 à 1 mil-liard de dollars, une des plus grosses introductions en boursede l’histoire.- Les jeux dématérialisés coûtent 30% plus cher que les jeuxen boîte pour des coûts réduits. Un fait que les éditeurs s’ex-pliquent difficilement.- Nintendo lancera en 2012 son service de jeux dématérialisés:le Nintendo Network

G.T.

Par Geoffroy [email protected]

Nintendo accuse pour lapremière fois des pertescolossales de plus de 400 millions d’euros

29

“Level up”pour les

jeux vidéo

Journalisme et Communication des Organisations

28_29_Magazine ISIM 07/06/2012 16:05 Page 2

Page 30: MAG ISIM 2012

DDès le premier tour, 63,6%des électeurs russes se sont prononcésen la faveur de l’ancien Premier minis-tre, l’élisant à la tête du pays jusqu’en2018. Aux lendemains des élections,de nombreuses voix se sont élevées,dénonçant les fraudes et bavures quiauraient été commises lors des élec-tions. Mais peu à peu, celles-ci se sonttues, se rangeant du côté d’une majo-rité d’observateurs évaluant les irré-gularités à 5% des voix tout au plus.Décryptage.

Une opposition désorganisée17,18% pour le communiste GuennadiZiouganov, 6,22% pour le libéral-démocrate Vladimir Jirinovski, 3,85%pour Sergueï Mironov, social-démo-crate. La surprise vient d’ailleurs.Mikhail Prokhorov, troisième fortunede Russie et candidat à la présiden-tielle sans parti, réalise le troisièmemeilleur score de l’élection (7,98%).Ce résultat fait de Prokhorov unhomme central dans la vie politiquedu pays et Vladimir Poutine ne s’y estpas trompé en lui proposant un posteau gouvernement dès le lendemain deson élection. Mais une autre voie s’of-fre à l’homme d’affaires, celle de sepositionner en homme du rassemble-ment, fédérateur de l’opposition. Si,comme il l’a annoncé, Prokhorovcréait un parti, cela pourrait sonner le

réveil d’une réelle opposition, unie etdont le poids pourrait peser dans labalance politique russe.

Un désir de stabilisationMais la victoire de Poutine est surtoutrévélatrice d’unbesoin de stabilisa-tion du peuplerusse. Quand ilsuccède à BorisEltsine et arrive aupouvoir en 2000, lepays ressent encore pleinement lesconséquences de la chute de l’Unionsoviétique. Les glasnost et perestroïkade Gorbatchev, trop brutale et malgérées, ont livré la Russie à de bril-lants hommes d’affaires, les oli-garques. Poutine, qui leur doit dansune certaine mesure son accession aupouvoir, leur livrera une bataille sansmerci saluée par une grande majoritéde la population qui tient pour coupa-ble de l’effondrement de leur niveaude vie les “richards suceurs de sang qui ontpillé les richesses nationales et nous ont laissédans la misère”.

Comparativement aux années 2000,l’économie russe va mieux et le paysprend le chemin de la modernisation,bien que celui-ci soit encore long. Le 4mai, les Russes ont exprimé leur désird’une mutation profonde de leur pays

sans avoir à payer le prix d’un boule-versement brutal. La « perestroikadouce » engagée par le tandemVladimir Poutine – Dimitri Medvedevva dans ce sens.

Des réformes à venirDes mesures sont d’oreset déjà engagées dans lebut de réformer la viepolitique russe. Celles-ciconcernent :- L’élection directe des

gouverneurs régionaux- La modification du système designatures pour l’enregistrement despartis au Parlement- L’allègement de la procédure decréation des partis politiques- Le renforcement de la proportion-nelle aux élections législatives- L’abaissement du nombre de signa-tures nécessaires pour qu’un candidats’enregistre à l’élection présidentielle- L’augmentation de la représentationdes partis d’opposition au sein descommissions électorales- L’accentuation de la décentralisationdes organismes fédéraux

Russie : versune nouvellePerestroïka ?

Le 4 mars 2012, Vladimir Poutine a été élu président de la Fédération deRussie pour la troisième fois. Comment comprendre ce vote massif,puisque la fraude n’explique pas complètement cette élection?

Par Marine [email protected]

L’économie russe vamieux etle pays prend

le chemin de lamodernisation

30 Journalisme et Communication des Organisations

30_31_Magazine ISIM 07/06/2012 16:06 Page 1

Page 31: MAG ISIM 2012

AAutrefois territoire inhospita-lier, le Pôle Nord est devenu terre pro-mise. D’abord du fait de la fonte desglaces due au réchauffement clima-tique qui rend désormais possible lesforages dans l’océan Arctique. Puis, dufait de la hausse continue du prix dubaril de pétrole, qui rend dorénavantl’extraction des énergies fossiles -autrefois trop coûteuse - en partierentable. D’autre part, l'Institut géologiqueaméricain (USGS), dans un rapportdatant de 2008, avait estimé lesrichesses énergétiques de l'Arctique à13 % des ressources mondiales depétrole et 30 % de celles de gaz natu-rel, soit un cinquième des réservesd’hydrocarbures non encore décou-vertes mais récupérables de la planète.Avec de telles découvertes, une nou-velle “guerre froide” entre les payslimitrophes du Grand Nord (Etats-Unis, Russie, Canada, Norvège et

Danemark, via le territoire auto-nome du Groenland) paraissaitincontournable. Or, dans un pre-mier temps, ils affirmèrent qu’iln’y aurait pas de “bataille del’Arctique”, après qu’une expédi-

tion russe place, un an plus tôt, undrapeau sous le pôle Nord.Mais la course au gaz et au pétrole del’Arctique a suivi son cours et s’inten-sifie à nouveau, comme en témoigne laconférence Arctic Frontiers; qui s’estdéroulée en janvier dernier à Tromso,en Norvège, en présence de responsa-bles politiques, de spécialistes et d’in-dustriels des cinq pays littoraux duPôle Nord. Les annonces de foragessur le pourtour de l’océan arctique s’y

sont multipliées. Des perspectives qui font vivementréagir les associations écologiques.D’autant que l’environnement uniqueet fragile de l’Arctique est déjà soumisà de multiples pollutions. Provenant

souvent de l’extérieur (réchauffementclimatique, substances toxiques ame-nées par les courants atmosphériqueset océaniques vers le pôle...), l’associa-tion de protection de l’environnement“Robin des Bois” a cependant mis enévidence, dans une étude parue endécembre 2010, une contaminationendogène. En examinant les données fourniespar les pays riverains de l'océanArctique (à l’exception de la Russie),l'association a dénombré 2 750 sitespollués dans la zone. “Un nombre anor-malement élevé compte tenu de la faible den-sité de population”, avait résumé JackyBonnemains, président de “Robin desBois”. Cette pollution serait la consé-quence de l’abandon des déchets surplace de la part des différents exploi-tants de la zone. L'éloignement dessites de stockage et d'élimination desdéchets, les coûts de transport, la fai-ble densité de la population, les inci-teraient à se désintéresser des tracesde leur passage. Greenpeace, de son côté, demande unmoratoire bloquant toute exploita-tion des ressources pour 50 ans enattendant que les scientifiques ensachent davantage. Les militants del’association écologique estimant qu’il“serait impossible de mettre en place uneintervention de nettoyage en cas de maréenoire dans cette partie du monde”. Lesmajors ne l’entendent évidemmentpas de cette oreille. “La bataille del’Arctique” est lancée.

Des voies maritimes nouvelles et plus rapides

L’ouverture progressive des passages du Nord-Ouest et du Nord-Est faitrêver les armateurs du monde entier. Car elle permettra de gagner des mil-liers de kilomètres. Avec la fonte des glaces, l’océan Arctique pourrait ainsiêtre dans quelques années le théâtre d’une intense activité maritime. Le tra-jet entre l’Extrême-Orient et l’Europe pourrait être considérablement rac-courci. Dans le cas d’une liaison entre Tokyo et Londres, la route arctique nefait que 14 000 kilomètres, contre 21 000 pour la route méridionale, quipasse par la mer de Chine, l’océan Indien et la Méditerranée.

J.B. Par Jonathan [email protected]

2 750 sites pollués ontété recencés par l’asso-ciation “Robin des Bois”

Or noir, gaz, nouvelles voies maritimes… l’Arctiquedevient le territoire de toutes les convoitises malgréles menaces pour l’environnement

31Journalisme et Communication des Organisations

Arctique: une terre promisetiraillée

30_31_Magazine ISIM 07/06/2012 16:06 Page 2

Page 32: MAG ISIM 2012

A

Les derniers chiffres en terme d’espérance de vie semblent donner avantage au système français. Dans l’Hexagone, onvit en moyenne 81 ans, auxEtats-Unis, 78. Si cet écart conforte les idées françaises, il ne doit pas occulter les lacunes de notre pays

Après un séjour d’un anOutre-Atlantique, il n’est pas rared’avoir ingurgité plus de friture quedans toute une vie en Europe. Le courtlaps de temps accordé aux pausesrepas, le prix dérisoire de la “junkfood” et le manque de sensibilisationquant aux risques dus à une mauvaisealimentation, voilà une parfaiterecette du surpoids.

Les habitudes alimentaires améri-caines, un suicide collectif ? Résultat, 30% de la population améri-caine est obèse. Lesproblèmes de santéliés au poids sontnombreux. Entreautres diabètes etcholestérols, pas moins de 60% desattaques cardiaques touchent desobèses. Avec de lourdes conséquencessur l’espérance de vie des Américainspuisque chaque année, l’oncle Sam

perd prématurément 100 000 de sescitoyens du fait de l’obésité.

Mais l’Hexagone porte un bien pluslourd fardeau : le tabagisme. Si leskilos de graisse sont destructeurs, lalégèreté de la fumée de cigarette estvéritablement assassine.

Notre hamburger à nous ? La ciga-retteChaque année, 66 000 Français décè-dent des suites d’une maladie directement liée à la consommation

de tabac.Q u a n don com-p a r e ,t o u t e

proportion gardée, avec les 100 000décès américains dus à l’obésité, leconstat est évident. La fine blondeemporte aisément ce match morbide :12% des décès en France sont liés au

tabagisme, alors que “seulement” 4%des morts américains sont le résultatde l’obésité.

Malgré la prévention, et l’augmenta-tion des prix des cigarettes, la ten-dance française ne fléchit pas. Outre-Atlantique, où le prix d’un paquet decigarette n’excède pas, en moyenne, 4dollars (environ 3 euros), 20% de lapopulation fume, contre 30% sur nosterres où le tabac se vend à prix d’or.

Et que l’on ne s’y trompe pas, les chif-fres de vente de cigarettes (en chute)ne traduisent pas la réelle consomma-tion hexagonale. En effet, une ciga-rette sur quatre fumée en France a étéachetée à l’étranger. Il est temps d’ou-vrir les yeux sur nos véritables pro-blèmes de santé publique.

Par Quentin [email protected]

“30 % de la population américaine estobèse”

32 Journalisme et Communication des Organisations

France-USA : le match de la santé

32_33_Magazine ISIM 07/06/2012 16:06 Page 1

Page 33: MAG ISIM 2012

S

Autrefois réservée aux pratiquants, la religion génère de nouveauxdisciples : les touristes. Les acteurs de ce tourisme rivalisent d’in-géniosité pour séduire ces générateurs de profits

S’il est le plus souvent motivépar la foi, le touriste l’est aussi par ceslieux saints qui se révèlent être desjoyaux artistiques, historiques ousites de rites anciens. Entre visites desanctuaires, participations aux fêtesreligieuses ou encore séjours dans desmonastères, les différents acteurs dutourisme tirent profit de l’engoue-ment pour le sacré.

Des offices de tourisme en perma-nent contacts avec les tour-opéra-teursElisa Eyrin, chargée de communica-tion à l’office de Tourisme de Jordanieà Paris, indique qu’un office du tou-risme est avant tout un organe publicqui a pour rôle l’information et la pro-motion.

“Notre travail n’est pas de vérifier ou d’ac-créditer des agences de voyages ni la qualitédes prestations vendues. Les tours opérateurset les agences de voyage sont nos partenaireset nous travaillons ensemble dans le but depromouvoir la destination auprès du public.Celles-ci sont presque exclusivement desentreprises françaises, à l’exception de cer-tains transporteurs et prestataires de ser-vices.”Un bénéfice économique conséquentpour les pays abritant les lieux...

Robert Lanquar, directeur du marke-ting et des recherches sur les entre-prises touristiques à l'OMT (organi-sation mondiale du tourisme) a indi-qué lors de son programme derecherche européen sur l’avenir de laméditerranée MEDPRO (des perspec-tives méditerranéennes) que, contrai-rement à ses autres voisins méditerra-néens, la Jordanie a atteint un déve-loppement touristique conséquentces dix dernières années. Une crois-sance régulière de 1,185 % depuis2000 et 3.8 millions de visiteurs en2010. Selon laBanque Mondiale,le pays concentre77,4% de son acti-vité économiquedans les services cequi comprend lesdifférents acteurs du tourisme.

La Jordanie se place parmi les 50 pre-mières destinations touristiques mon-diales malgré la baisse des déplace-ments touristiques au Moyen-Orientsuite aux printemps arabes de 2011.L’intérêt ne faiblit pas pour ce tou-risme fortement axé sur la visite deslieux saints. Les plus visités sontBéthanie-au-delà-du-Jourdain, lieu derésidence de Jean Le Baptise et site où

il baptisa Jésus, le Mont Nébo duquelMoïse contempla la Terre Promiseaprès la sortie d’Egypte. Ce dernierlieu sert également de lieu de commé-moration de sa mort. Chaque touristedépense en moyenne 1500 euros pourun circuit de 8 jours selon l’office dutourisme jordanien à Paris.

Autre pays frontalier de la Jordanieet, lui aussi, haut-lieu du tourismereligieux au Moyen-Orient, Israël. Lepays présente une concentrationunique de sites historiques, culturels

et religieux. 2010a été une annéerecord, avec 4,3milliards de dol-lars de chiffre d’af-faire. Suite à laconstante crois-

sance du tourisme religieux dans lemonde, l’Organisation Mondiale duTourisme (OMT) souhaite dévelop-per des liens durables avec ses acteursafin de lui assurer un développementdurable.

Par Pamela [email protected]

“Les différents acteurs du tou-ristme tirent profit de l’engoue-

ment pour le sacré.”

Le tourisme religieux : Le tourisme religieux : un businessun businessqui fait des disciplesqui fait des disciples

Copyright © Visit Jordan

33Journalisme et Communication des Organisations

32_33_Magazine ISIM 07/06/2012 16:06 Page 2

Page 34: MAG ISIM 2012

LLe 26 janvier 2012, à l'occa-sion de son discours annuel sur l'étatde l'Union, le président amércainBarack Obama a réaffirmé le soutienaccordé à l'exploitation du gaz deschiste. “Nous avons presque 100 ans deréserves […] et mon administration va toutmettre en oeuvre pour développer cette éner-gie”. En période de difficultés écono-miques, le gaz de schiste représenteune opportunité de croissance pour laMaison Blanche. D'après la société d'expertise IHS,l'exploitation de cetteressource a engendré600 000 emplois et 76milliards de dollars derevenus en 2010 auxEtats-Unis. Au-delàde ces bénéficesdirects, cette sourcenon-conventionnelle de gaz contribueà l'indépendance énergétique améri-caine et représentait 14 % de sa pro-duction en gaz naturel en 2011. Aterme, pour les Etats-Unis, l'enjeu est

de conquérir, grâce à l'exportation deson excédent et de son savoir-faire, unmarché européen sous la houlette desprix élevés du gaz naturel imposée parla Russie et le Moyen-Orient.

Externalités négativesAu cours du premier semestre 2011,l'AOGC, l'autorité en vigueur dansl'Arkansas, a recensé 1220 tremble-ments de terres liés à la fracturationhydraulique, dont un de magnitude4,7 sur l'échelle de Richter. Le 21 juin

2011, cet Etat du suda donc fait passer unmoratoire interdi-sant cette techniquede forage. Par ail-leurs, l'agence améri-caine de protectionde l'environnement

(EPA) a constaté des fuites deméthane (gaz à effet de serre) et destaux de radiations supérieurs au seuillimite sur les zones qui environnentles forages. Géologiquement parlant,

ces schistes argileux se situent sou-vent sous les nappes phréatiques, cequi rend son exploitation risquéed'autant plus que la fracturationhydraulique fait appel à de nombreuxadditifs chimiques, dont environ 650ont été listés comme cancérigènes parla chambre des représentant auxEtats-Unis selon un rapport de 2009.En France, en 2010, le ministre del’écologie Jean-Louis Borloo avaitaccordé trois autorisations d'exploi-tation de bassins de schistes argileuxsitués dans le sud-est, mais le gouver-nement est revenu sur cette décisionen 2011 par l'interdiction de la fractu-ration hydraulique. Avec un nombred'habitant au kilomètre carré troisfois inférieur, les Etats-Unis ontl'avantage sur la France de posséderdes zones désertiques, ce qui isole lapopulation des risques liés à l'exploi-tation des gaz de schiste. La deuxièmespécificité française qui vient marquerle pas concernant le forage direction-nel est son statut de leader mondialdes eaux minérales. La fracturationhydraulique représente un dangerpour nos nappes phréatiques et parextension pour nos eaux de sourcesminérales. La France ne semble doncpas être en mesure de pouvoir suc-comber à la tentation économique auregard de sa situation écologique.

Gaz de schiste :

entre intérêts économiqueset écologiques.

Interdite en France, la fracturation hydraulique reste légale dans laplupart des pays dont les Etats-Unis, où elle commence à faire débat

Un gaz “non-conventionnel” exploité depuis 1821

Le gaz de schiste est une source dite “non-conventionnelle” de gaz naturel.Présent dans les sols argileux, ce gaz est extrait dès 1821 aux Etats-Unis à par-tir de schistes fracturés naturellement, cependant son exploitation resteramarginale jusqu'à la fin du XXIème siècle et le perfectionnement de la fractu-ration hydraulique. Cette technique de forage horizontal permet d'améliorerla rentabilité de collecte de cette ressource. Selon une étude menée par leCERA (Cambridge Energy Research Associates), les réserves mondiales engaz de schistes permettraient de répondre aux besoins mondiaux en gaz naturel des 120 à 150 prochaines années. T.L.

Par Thomas [email protected]

“Nous avons presque 100ans de réserves et monadministration va toutmettre en oeuvre pour

développer cette énergie”

34 Journalisme et Communication des Organisations

34_35_Magazine ISIM 07/06/2012 16:06 Page 1

Page 35: MAG ISIM 2012

N“Nous voulons être Français pourêtre libre”, disait l’une des figures deproue de cette fameuse “départementa-lisation”. Au fil du temps, la phrase estdevenue “nous voulons la départementali-sation pour ne plus être des Français deseconde zone”. Le fameux concept estdevenue aspiration, cause commune,le saint Graal… Mais à quel prix?Le prix de l’appartenance réelle à laRépublique française? L’indexation?Les minimass o c i a u x ?L ’ i n t é g r a t i ondans la fonctionpublique? Desrevendicationsrestées vainestrop longtempsmalgré les promesses des politiquesen place et très vite, l’enthousiasmegénéral de ce changement de statut alaissé place à la désillusion quasigénéralisée.“Malheureusement, on n’a pas expliqué cor-rectement aux gens ce qu’est la départemen-talisation. Etre département, c’est l’expro-priation des terres. Un jour, on nous expliqueque nous sommes dans la zone des pas géo-métriques, au bord du littoral, ça appartientdonc à l’Etat. Problème, 80 % des villages àMayotte sont en bord de mer. Comment vou-lez vous que les Mahorais soient contentsavec ça ? Le pire, c’est qu’il faut en plus atten-dre 25 ans pour avoir les avantages. Le

département, c’est des problèmes d’abordavant les solutions” résume, énervée,Nousria, une fonctionnaire mahoraise. Ce qu’elle dit, beaucoup le pensent,mais n’osent pas parler et se cachent.“Le département c’est bien, si nos anciens sesont autant battus ce n’est pas pour rien”,s’accordent à dire ceux que vous croi-serez sur votre chemin. Un argumentde taille même pour les élus. C’estdire!

Et toujours malgrécet argument depoids, la colère agrondé, grossi, atouché tous lesmilieux. D’abord, lesprofesseurs se sontrebellés, ont arrêté

de travailler pour avoir comme les“autres” Français, l’indexation.L’hôpital, pour de meilleures condi-tions de travail, les agents de la caissed’allocation familiale, la sécuritésociale, la police... Bref, les mouve-ments sociauxse sont enchaî-nés et tout cebeau monde aprotesté.L’apogée estarrivée avec lagrève contre lavie chère. “Onnous a promis la

baisse des prix, les aides et les allocations. Onne voit rien”, continue Nousria, persua-dée que la départementalisation res-semble à une grande farce.45 jours durant, le pays s’est arrêté.Le département a vacillé. Les entre-prises ont fermé, histoire de gonfler lechômage qui touche déjà 32 % de lapopulation.La départementalisation, la grossedésillusion de Mayotte, a accentué ladifférence de développement écono-mique avec les autres régions deFrance. Depuis cette départementali-sation, cette coquille vide, Mayotte seconstruit sur des promesses. Ces pro-messes d’évolution liées à cette dépar-tementalisation ne pourront seconcrétiser que lorsque le retard accu-mulé depuis des décennies se sera dis-sipé.

Bon à savoir:

Nombre d’habitant à Mayotte : 252 425 dont 70 % des habi-tants sont âgés de moins de 25 ans en 2007Année de départementalisation : 31 mars 2011Taux de chômage : 32% de la population active dont 12% enchômage technique. 56% de travail au noirRevenu annuel des ménages : 11 362 euros B.C.

Par Bianca [email protected]

“On nous a promis la baisse desprix, les aides et les allocations.

On ne voit rien”

35Journalisme et Communication des Organisations

Mayotte 101ème101ème département,qu’attendent les habitants ?

Si pour beaucoup, “département” délimite unecirconscription, à Mayotte, il faut comprendrele mot comme un concept…

34_35_Magazine ISIM 07/06/2012 16:06 Page 2

Page 36: MAG ISIM 2012

SSelon ses recherches, le suc-cès ou l'échec d'une nation dans unecoupe du monde aurait un effet sur laperformance économique de ce mêmepays. Une relation positive existeraitentre le degré de développement et laqualité du football pratiqué par cettenation. En reliant ces analyses, nouspouvons détacher un concept que l’onqualifierait ”d’indice de production dufootball”. Reposant sur de solidesbases, il est démontré que le succèsdans le football est lié au niveau dedéveloppement de chaque nation.Ainsi, en Europe, les puissances foot-ballistiques sont également les puis-sances économiques. A ce jeu là,l’Angleterre, l’Allemagne, et l’Italie ensont les parfaits illustrateurs. LaFrance, victorieuse en 1998, a connuune explosion de son PIB de 5,97 % autrimestre suivant la finale. Même constat pour nos voisins ita-liens qui avaient enregistré unehausse de 7,71 % de leur PIB dans letrimestre suivant leur propre victoireen 2006. La bonne humeur et la joieincitent à la consommation, c’est unfait avéré.

L’exception Nord-AméricaineEn Amérique du Sud, les pays lesmieux dotés économiquement(Brésil,Argentine, Uruguay) sont aussi des

puissances dans le monde du football.La Corée du Sud et le Japon, les deuxpays les plus développés d’Asie, sontde loin les plus avancés ”footballistique-ment “ de leur zone géographique.Cette relation nous conduit à nousdemander ce qui se passera avec laChine et l'Inde, deux nations vouées àdevenir dans les vingt prochainesannées, les toutes premières puis-sances mondiales et qui, actuellementont plus de facilités avec le commerceextérieur qu’avec un ballon rond. Le continent nord-américain incarnela seule exception. Ni les Etats-Unis,ni le Canada, ni le Mexique ne peu-vent être catalogués comme étant degrandes puissances de football. Sur

une pente ascendante, les résultatsenregistrés par les Etats-Unis, élimi-nés en 1/8e de finale en Afrique duSud, restent cependant honorables.

Des impacts positifsindéniablesCette étude reposantsur des chiffres relatifsaux dix dernièrescoupes du monde,

indique que le fait de gagner leMondial a un impact positif pour lepays vainqueur, d'environ 0,5% de sonproduit intérieur brut. Ce qui est loind’être négligeable si ce chiffre repré-sente plus ou moins la conséquenceespérée d’un certain nombre de pro-grammes “anti-crise” de relance écono-mique.Mais avant de pouvoir remporter unecoupe du monde, en organiser une surses terres serait une solution intéres-sante pour l’économie du pays hôte,d’un point de vue culturel et touris-tique. De plus, la préparation d’un telévénement exige un investissementmassif dans les infrastructures pourune durée qui s’étend sur plusieursdécennies. Sans oublier une incitationforte à la consommation. Effet placeboou pas, il y a un effet réel sur l’écono-mie et la consommation à court terme.Le but majeur étant de prolonger cesimpacts économiques sur la durée.

Le football, un indicateurde croissance économique

Jim O'Neil, économiste chez Goldman Sachs, a analysé un lien dedépendance entre le football et la performance économique d’un pays

Le brillant avenir du Brésil

Après avoir enregistré une hausse de son PIB de 7.5% en 2010, puis de 4,5%en 2011, le Brésil, hôte de la prochaine coupe du Monde en 2014, est voué àun avenir prometteur. Disposant également d’un football de grande qualité,les conditions économiques et sportives semblent être réunies pour faire decette nation, “LE“ pays de demain. L . D.

Par Laurent [email protected]

Une victoire au mondial augmente enmoyenne le PIB de 0,5%

36 Journalisme et Communication des Organisations

36_37_Magazine ISIM 07/06/2012 16:06 Page 1

Page 37: MAG ISIM 2012

Le sport, source de dynamismeéconomique?

Journalisme et Communication des Organisations

Les arguments qui poussentles pays à se battre pourorganiser sur leurs terres unegrande manifestation sont nombreux. Cependant, le succès est parfois à nuancer

37

UUne coupe du monde, des

Jeux Olympiques… Ces événementsmettent des étoiles dans les yeux auxacteurs économiques des pays quirêvent de les accueillir. Une tellemanifestation sportive, cela repré-sente un coût (à titre d’exemple,France 98 a couté 10milliards de francs,à l’époque, débour-sés par l’Etat, dese n t r e p r i s e spubliques ouencore les collecti-vités locales).Pourquoi alors dépenser autant?Comme chacun le sait, un tel investis-sement s’apparente à un pari des paysorganisateurs sur les retombéesengendrées par les événements decette importance.

La France attend beaucoup de sonEuroRéitérer l’exploit de France 1998, telest l’enjeu attendu par la France et sonEuro en 2016. L’année de la victoireéclatante des Bleus, la France avaitinvesti près de 9.4 milliards de francspour accueillir la plus prestigieuse decompétitions. Les retombées avaientexplosé tous les records (des milliardsde francs générés sur plusieurs annéesgrâce, notamment, au tourisme, au

sponsoring ou aux ventes de billets).Le PIB français avait bondi de 1 et 1,5point sur les deux années suivantes.Pour 2016, c’est un investissement de1,7 milliard d’euros destiné à rénoveret construire les douze stades qui ser-viront durant la compétition. Une

somme supportéepar les pouvoirspublics. La France,qui s’est battuepour avoir sa com-pétition internatio-nale après l’échec deParis 2012, est bien

décidée à faire flamber son tourisme.D’après Didier Arino, directeur ducabinet Protourisme, l’Euro enFrance, c’est un “booster extraordinaire”qui pourrait même engendrer ”près dehuit milliards de retombées directes et indi-rectes“. Ces dernières continueraientd’être générées sur le plan touristiqueune fois l’évènement terminé.

Succès mitigé pour l’Afrique du SudL’Afrique du Sud, pays organisateurde la coupe du monde 2010, sembleencore profiter des externalités posi-tives de la Coupe du monde. JacobZuma, l’actuel président, souligne lapopularité que connaît le pays : “ il y avingt ans, personne ne voulait nous rendrevisite, maintenant nous sommes une destina-

tion populaire“. Cependant, même si lesinvestissements au départ (l’équiva-lent de trois milliards d’euros) ontpermis d’attirer des touristes durantl’évènement (25% en plus durant lemois de la compétition) et contribuerà l’augmentation d’un demi point de lacroissance (quatre points pour lePIB), les inégalités résultantes de pro-blèmes structurels, demeurent. Cettecroissance a profité à une infimeminorité de la population, en Afriquedu Sud près de 40 % de la populationvit sous le seuil de pauvreté.

Un investissement de 1,7milliard d’euros pour 2016

Le Brésil joue sur deux tableauxConscient du levier économique poten-tiel, le Brésil s’est positionné pour rem-porter le droit d’organiser la Coupe duMonde 2014 et les JO 2016. Un défi detaille pour ce pays qui a investi l’équi-valent de 56 milliards d’euros pour pré-parer l’évènement footballistique.Cette somme colossale dépasse mêmel’investissement du gouvernement dansl’économie entre 2003 et 2009 (cin-quante milliards d’euros). Le Brésil jouegros, d’ici deux ans, ça sera quitte oudouble, tant sur le plan sportif quefinancier.

Y. P.

Par Yann [email protected]

36_37_Magazine ISIM 07/06/2012 16:06 Page 2

Page 38: MAG ISIM 2012

SSelon les dires de

Nostradamus, de la Sybille ou encoredes Mayas, notre apocalypse seraitprévue en décembre 2012. Inversiondes pôles, éruption du volcanYellowstone, impact d’astéroïdes ...“Le calendrier des Mayas s’arrête le 21décembre 2012, c’est tout, il n’y a rien d’autrede prévu à cette date, vous pouvez dormir enpaix”, nous rassure Hubert Reeves,astrophysicien. Certes, mais en atten-dant, les marqueteurs profitent allè-grement du filon.

“Sauver sa peau” pour 50 000 dollars ! Pour les plus inquiets, et surtout lesplus riches, il ne vous reste plus quequelques mois pour réserver votreplace au chaud dans un bunker. Uneplace à...50 000 dollars : tel est le prixà payer pour sauver sa peau. C’est lasociété californienne Vivos qui amis enplace unb u n k e ra n t i a t o -mique sou-terrain. Cuisine, cellule pour dor-mir, salle de détente, cinéma,hôpital et centre dentaire. Desbunkers aux allures de villes sou-terraines luxueuses. Chacun des vingt bunkers prévuscoûtera un prix fou à l’investisse-ment, d’où les 50 000 dollars à payerpour réserver son nid douillet. “Les gens ont très peur. L’économie mondiale,le terrorisme, les changements climatiques...Ils pensent que dans un futur proche, nousaurons besoin de ces bunkers pour survivre”

a confié Robert Vicino, le fondateurdu projet. Un aéroport “du Nouveau Monde” L’aéroport international de Denverscacherait quant à lui une base souter-raine secrète. Construit en 1995 dansle Colorado, il s’étend sur 34 000 hec-tares. Le coût initial de la construc-tion avait été estimé à 1,7 milliard dedollars. Or, le projet terminé, la fac-ture aurait atteint 3,1 milliards ! Beaucoup d’irré-gularités subsis-teraient. Desmillions demètres cube deterre auraient été déplacés, apparem-ment pour servir à la fabrication dessouterrains. 5 300 kilomètres defibres optiques auraient été mis enplace pour les communications, cequi, d’après les analystes, serait troppour une seule infrastructure. Un sys-

tème de tunnelsg i g an t e sque saurait étéconstruit, com-prenant même

un métro. Cependant, le public n’y ajamais eu accès, seulement les entre-prises privées. Des tableaux et des fresques à la foisalarmistes et énigmatiques annonçantla fin du monde sont dressés au seinde l’aéroport. D’après une oeuvremurale, la terre s’éteindrait par le feu.Des symboles franc-maçonniques fontaussi partie du décor, avec inscrit surune pierre “Aéroport de laCommission du Nouveau Monde”.Cependant, ce bunker souterrain est

dit “secret”. Si tout cela s’avérait vrai,il serait le plus gros bunker gouverne-mental. Un château fort pour les poli-ticiens et les commandements mili-taires. L’heure est à se demander s’ilne s’agit pas d’une conspiration.

2012 : une année qui profite auxauteurs et réalisateursLivres, films … tout est bon pour sur-fer sur la vague de l’apocalypse. Les

m a r q u e -teurs créentune certaineinquiétudeou tentent

d’exploiter des inquiétudes existantesafin de vendre leurs produits. Lesacteurs du mouvement 2012 en tirentprofit et jouent sur l’insécurité de lapopulation en laissant entendre quel’année 2012 est peut-être la dernière.Tout l’art des vendeurs de produits“l’an 2012” consiste simplement àbâtir des théories et des prophéties.Mythe ou réalité ? Nous le saurons bien assez vite. Pas depanique tout de même, plusieurs finsdu monde ont été prévues et noussommes encore là. La vrai fin dumonde serait pour dans environ qua-tre milliards d’années. “Des fins dumonde annoncées, il y en a eu tout au long del’histoire, a souligné Hubert Reeves.C’est de la pure fantaisie”.

Le commercede la fin du

mondeBunkers de luxe, films, livres...Le business de l’apocalypse estloin de connaître la crise

Par Charlène [email protected]

Un château fort secret pour les politiciens

38 Journalisme et Communication des Organisations

Les marqueteurs exploitent les inquiétudes

38_39_Magazine ISIM 07/06/2012 16:07 Page 1

Page 39: MAG ISIM 2012

39

Les JCOen image

Bianca C

areto

Laurent Desbuissons

Charlène Martin

Jérémy Lemière

Marine Strombon

i

Alice Thuot

Sophie Cambra

Thomas Loeillet

Geoffroy Toche

Yann Peyrot

Caroline M

uller

Quentin Berthelot

Pamela Briant

Charlotte Helias

Jonathan Ballon

Promotion 2011-2012Ayant participé à ce numéro

38_39_Magazine ISIM 07/06/2012 16:07 Page 2

Page 40: MAG ISIM 2012

MASTER 2 DE JOURNALISME JURIDIQUE

PROMOTION 2011/2012

De haut en bas et de gauche à droite :

Agnès Grimaldi, Magali Altounian, Célia Coste, Aude Rémy,

Karine Cossu, Grégoire Laurent, Aymeric Le Dû, Adelyne Zegna-

Rata, Justine Sagot, Marc Leplongeon, Ludwig Gallet, Audray

Poma, Léonie Deloy, Caroline Ricros, Sabrina Sbaa, Charlotte

Frasson-Botton, Maxime Ouanas

Page 40_DER 13/06/12 10:32 Page1