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société Libertés : la presse, les enfants, la consommation… en danger zoom La longue marche de la LGV santé Des métiers à haute responsabilité culture internet triomphe… satan aussi métropole 2013, la Provence sous les spots espace La Lune, une mine d’or inexploitée juin 2009

MAG ISIM Le Magazine de l’Institut supérieur de l’information et des médias

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Le Mag'ISIM est un magazine dont les articles sont rédigés par des étudiants en journalisme au sein de l'Université Paul Cézanne, d'Aix-en-Provence (13).

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Page 1: MAG ISIM Le Magazine de l’Institut supérieur de l’information et des médias

sociétéLibertés : la presse, les enfants,la consommation… en danger

zoomLa longue marchede la LGV

santéDes métiers à haute responsabilité

cultureinternet

triomphe… satan aussi

métropole2013,

la Provence sous les spots

espaceLa Lune, une

mine d’or inexploitée

juin 2009

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Un institut et des diplômes : passeports pour l’emploi

L’Institut de l’information et des médias créé en 2008 sous l’autorité du président de l’Uni-versité Paul Cézanne, le pro-fesseur Marc Pena, regroupe huit diplômes à vocation pro-fessionnalisante ou destinés à la recherche dans les domaines de l’information, des médias et de la communication. Les facultés d’économie appliquée, de droit et de science politique ainsi que l’Institut d’Etudes Françaises pour Etudiants Etrangers associent dans cette entité universitaire près de 200 étudiants. Les cursus sont en étroite liaison avec le monde professionnel et les territoires qui sont partenaires de l’ISIM.

Les étudiants sont formés au multimédia et des “cafés de l’act’U” sont organisés en partenariat avec le groupe La Provence (Marseille Hebdo).

Diplôme UFR contact

master professionnel et recherche Droit des médias et destélécommunications

Faculté de droit et de science politique(FDSP)

catherine BouchetTél. 04 42 17 29 36

master professionnelJournalisme et communication économiques

Faculté d’économie appliquée (FEA)

Françoise VerneTél. 04 42 96 54 20

master professionnelJournalisme juridique

Faculté de droit et de science politique (FDSP)

catherine chouraqui et Danielle BougratTél. 04 42 17 25 58 / 28 06

magistère journalisme, communication, économie

Faculté d’économie appliquée (FEA)

Françoise VerneTél. 04 42 96 54 20

Diplôme universitaire communication et outils de l’information

Faculté de droit et de science politique (FDSP)

catherine chouraqui et Danielle BougratTél. 04 42 17 25 58 / 28 06

Diplôme universitaire droit des communications élec-troniques

Faculté de droit et de science politique (FDSP)

catherine Bouchet04 42 17 29 36

Diplôme universitaire journalisme scientifique

Faculté des sciences et technique (FST)

Service communicationTél. 04 42 17 27 91

Diplôme universitaire presse magazine

Faculté de droit et de science politique (FDSP)

Institut d’études françaises pour étudiants étrangers (IEFEE)

Gil charbonnierassesseur scolarité ieFeeTél. 04 42 21 71 36

www. is im.un iv-cezanne. f r

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maG IsIm | 3

LE MOT DU PrésiDEnT éDiTO

CohérenceEn encourageant plusieurs diplômes afférents aux

métiers du journalisme et de la communication – ainsi

qu’à la recherche dans ces domaines – à se regrou-

per dans l’Institut supérieur de l’information et des

médias, j’ai souhaité renforcer notre volonté de lisibilité

et, comme les deux mots sont cousins, de visibilité.

Président de l’Université Paul Cézanne qui célèbre,

en cette année 2009, avec les deux autres univer-

sités (Provence et Méditerranée) 600 ans d’histoire

universitaire à Aix, je me suis engagé dans un travail

d’explication quotidien, en particulier pour tisser des

liens avec le monde économique et ses acteurs. L’ISIM

remplira ce rôle et il n’est pas indifférent de voir siéger

au sein de son conseil d’administration les plus hauts

représentants de l’audiovisuel, de la presse écrite

régionale et des nouvelles technologies des médias

ainsi, bien sûr, que les élus des territoires. Pour nous

il est vital que l’université travaille en phase avec l’es-

pace social, entreprenarial, culturel dans lequel elle

est immergée. 600 ans d’histoire sont aussi pour notre

communauté universitaire le gage d’un avenir fécond.

Celui dans lequel nous souhaitons que nos étudiants

fassent souche.

Vous avez dit “fin”Dans un excellent ouvrage, Bernard Poulet, rédacteur en chef à l’Expansion, décrit “La fin des journaux” (Gallimard). On trouvera, peut-être, la charge quelque peu alarmiste. Elle est pourtant étayée par une observa-tion pertinente, en France et dans le monde, d’un phé-nomène récurrent, l’érosion inexorable du lectorat des supports écrits. Récemment, à Barcelone, un dirigeant de cette presse en souffrance a conjuré ses confrères de ne point céder au défaitisme et de relever les défis de ce début de siècle. Pour ne souscrire ni à une thèse ni à une autre, nous choisirons de relever quelques éléments contradictoires qui plaident en faveur de l’une et de l’autre. Oui, nous le savons, études à l’appui, la presse quotidienne est en souffrance et des dizaines de titres ont disparu en trente ans. Hasard ou non, on relève que la dernière génération consommatrice de “papier” fut celle des années 70. Puis vint le temps des radios libres, des bouquets de chaînes hertziennes et autres, de l’Internet enfin. L’observateur à distance aura remarqué que pendant cette révolution la journée restait fixée à 24 heures, le temps du lecteur étant grignoté par celui de l’auditeur et du téléspectateur. Comme on aura noté que la presse magazine papier ne s’était jamais aussi bien portée dans l’hexagone, même si la durée de vie de certains titres ne dépassait pas quelques numéros. Une chose n’est pas discutable par contre : le consomma-teur-citoyen souhaite être informé sur tout, partout et de la meilleur façon qui soit. Du coup une nouvelle exigence s’impose aux journalistes. Ils ne sont plus seulement des “rapporteurs” d’information mais des “metteurs en perspective”, des “décrypteurs”, des “contextualisa-teurs”. On pardonnera ce jargon, mais il explique bien combien la “mise en scène de l’information”, “le repor-tage en temps réel”, “l’alchimie du verbe”, ne suffisent plus à faire de la presse écrite le meilleur des mondes possibles. Mettre la plume dans la plaie reste le fonde-ment d’une pratique mais il y faut plus. Du travail et de la pertinence. Dur et exigeant métier.

Marc PenaPrésident

de l’Université Paul Cézanne

Hervé NedelecJournaliste, Professeur associé

et directeur de l’ISIM

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soMMAiREmaG IsIm Le Magazine de l’Institut supérieur de l’information et des médias (Université Paul Cézanne, Aix-Marseille III)

INstItut suPérIeur de l’INforMatIoN et des MédIas

Université Paul Cézanne - Aix-Marseille III3 avenue Robert Schuman - 13628 Aix-en-Provence cedex 1 04 42 17 25 58

www. is im.un iv-cezanne. f r

Ce magazine a été réalisé en cours de cursus et édité au mois de juin.

Directeur de la publication : Marc Pena - Directeur de l’ISIM et rédacteur en chef : Hervé Nedelec Chefs de rubrique : Jean-Yves Naudet, Dominique Augey, Hervé Isar - Rédacteur en chef technique : Sébastien MartorellMise en page : MAYA press - 0811 651 605 - www.mayapress.net - Photographies : xdrAvec l’aimable participation du service Info-communication de l’Université Paul Cézanne

zoom

• la lGV passe à l’est 6-12

justice

• des hommes politiques en robe 13-14

international

• Varsovie• enlèvement d’enfants• la culture indienne• le tibet• la pub en Chine• la propriété et l’espace• tonnerre sous les tropiques 15-23

société

• les peuples du vent• l’immobilier• les cercles vicieux• le harcèlement• les jardins ouvriers• le satanisme 24 à 35

presse libre

• les médias sous haute pression

36-41

santé

• Hôpital, attention dangers 42-47

immigration

• la rétention en questions 48-49

informatique

• Ça la fiche mal ! 50-51

culture

• Grégoire : chanteur éprouvette• Cézanne-Picasso : le match• le défi 2013• la folk aixoise 52-61

métropole

• l’espagne débarque• l’eau de Marseille

fait un Pastis• le Maghreb : valeur sûre 62-64

repères

• Médias : les droits d’auteur• les nouveaux modèles

économiques 66-67

Ces reportages, articles, dossiers, réflexions ont été conçus par les étudiants et les enseignants de l’Institut supérieur de l’information et des médias. Ils sont issus des cursus de la Faculté d’économie appliquée, de l’Institut d’Etudes Françaises pour Etudiants Etrangers, de la Faculté de droit et science politique (Université Paul Cézanne)

partenaire

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LE jOUrnaL DU MagisTèrE

Pr Jean-Yves Naudet Directeur du Magistère Journalisme, Communication, Economie

[email protected]

a crise sollicite les imaginations. Dans ce numéro de Mag’ISIM, des étudiants en jour-nalisme économique se demandent si la LGV

sera l’une des solutions à la crise. En effet, la crise est au cœur de l’actualité et chacun croit avoir trouvé la réponse, qui consiste en général à reprendre une idée du passé. C’est ainsi que Le Figaro attire notre attention sur le développement du troc, dans un article d’A. Smith (pas l’économiste !), intitulé “La magie du troc envoûte New York”. Après tout, les Etats don-nent l’exemple en distribuant aux ménages des bons d’achat, voire des bons ciblés sur l‘alimentation par exemple : c’est déjà un refus de la monnaie.Bien sur, les systèmes de trocs existent déjà ici ou là, comme en France les SEL (Systèmes d’échanges locaux). Mais ce qui se passe à New York est inté-ressant. On y échange, par exemple, des massages contre une chambre (de préférence chez une riche veuve), de la plomberie contre du baby-sitting, des travaux d’intérieur contre… un cercueil, tout cela grâce à un système perfectionné de petites annonces. Un délinquant propose d’échanger on en sait quoi (peut-être ne vaut-il mieux pas le savoir) contre les services d’un avocat. Un comptable veut bien s‘occu-per de votre déclaration de revenus si vous lui prêtez un bureau pour un mois.Les offres sur un site d’échanges par troc ont pro-gressé de 137%. La directrice explique : “C’est simple, les gens négocient jusqu’à ce qu’ils soient d’accord sur la valeur de ce qu’ils échangent et ça marche très bien”. Certains sont allés plus loin et ont voulu créer une boutique où on amène tout ce dont on veut se débarrasser, gratuitement, et on peut prendre dans le magasin tout ce qui nous plait, sans faire de calculs de contrepartie. On a du y mettre un peu d‘ordre, car, dans cette “free shop”, la moitié du stock a été dévalisée en un jour, sans que rien ne soit apporté en échange… La nature humaine avait repris le dessus.

Pourquoi, en dehors de ce dernier exemple, ce succès ? Laissons de coté les échanges illicites ou immoraux : l’absence de monnaie ne les rend ni plus moraux, ni plus licites. Plus intéressante est l’idée d’une négociation sur la valeur. Bien sur, cela montre que la valeur est subjective et dépend de chacun : belle réfutation de la valeur travail. Mais cela veut dire aussi que, dans l’économie monétaire, les contrôles de prix, les réglementations de toutes sortes dimi-nuent la qualité des relations d’échanges. Ce n’est pas l’absence de monnaie qui ici séduit ceux qui pratiquent le troc, c’est l‘absence de l’Etat.Dans le même esprit, l’élément le plus séduisant, c’est l’absence de fiscalité : pas de TVA, pas de taxes sur la consommation, pas d’impôt sur le revenu. Mais, là aussi, ce n’est pas la monnaie qui pose problème, c’est l’impôt. C’est donc ici la fiscalité que les parti-sans du troc veulent fuir. Ce qu’oublient tous ces adversaires de la monnaie, c’est qu’au-delà des exemples cités, la plupart des échanges ne se font pas en système de troc, faute de trouver le co-échangeur qui apporte la contrepartie voulue, et qui accepte ce qu’on lui offre en échange. Le troc comporte en effet de nombreux coûts d’infor-mation et de transaction. Il ralentit donc considérable-ment les échanges. C’est une forme primitive de vie en société, qui peut exister ponctuellement dans les sociétés modernes, mais de manière marginale. Ce que l’on oublie, c’est que la monnaie, elle, apporte une vraie liberté de choix, dans l’espace et dans le temps ; on choisit librement son produit, son parte-naire, son lieu d’échange. C’est de “la liberté frappée”, comme disait Dostoïevski. Ce n’est donc pas la mon-naie, vrai progrès économique, qui réduit la liberté ; si on pratique le troc, ce n’est pas pour échapper à la monnaie, c’est pour essayer d’échapper à l’Etat ! Vaste programme…

J-Y. N.

LE tRoc, soLution à LA cRisE ?Economie : avec la crise, chacun cherche la pierre philosophale

POinT DE vUE

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Le TGV avait fait parler de lui pendant les années 80. Aujourd’hui, il est entré dans les mœurs et fait d’Aix-en-Provence la banlieue de Paris, à moins que ce ne soit le contraire. Pour passer plus loin à l’Est, il a besoin d’un tracé qui allie le respect de l’environnement aux exigences économi-ques. Jusqu’à ce mois de juin 2009, deux thèses s’affrontaient sur fond de polémiques. Etat des lieux avant carte définitive.

LGV Le train passe à l’Est

ZOOMpar Lorentz Butscher, Emilie Soler, Ying Zhang, Jean-Baptiste Jaussaud, Typhanie Francoul, Jérémy Vignal

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maG IsIm | 7

e dossier semblait pourtant parti sur de bons rails. Mais deux tracés s’opposent et divisent: un tracé dit des “métropoles”, passant par Marseille et Toulon avant de

rejoindre Nice, et le “tracé nord”, plus direct, passant par le sud d’Aix-en-Provence pour re-joindre directement les Alpes-Maritimes, évitant ainsi Marseille et Toulon.

DeUx tRacéS qUi S’oppoSent…Deux tracés qui ne cessent d’alimenter le dé-bat. D’un côté le tracé “nord”, de la Côte d’Azur (CDA) d’un coût de 8 milliards d’euros pour desservir le département des Alpes-Maritimes, environ 1 million d’habitants. Il permet “d’éviter des travaux gigantesques”, notamment une gare souterraine et un tunnel à Marseille, et d’écono-miser 1,5 à 2 milliards d’euros.De l’autre, le tracé des “Métropoles du Sud” (MDS), qui desservirait 3,5 millions d’habitants pour un coût de 12 milliards d’euros. Soit 4 mil-liards d’euros de plus que le tracé “nord”. Par habitant des Bouches du Rhône, le tracé nord revient à 8 500 euros, contre 3 800 euros pour le tracé des Métropoles.

coût DU pRoJet et inVeStiSSement D’etatLe coût d’un tel projet est toujours un argument qu’il convient de replacer dans le long terme. Celui de la LGV PACA ne cesse de faire débat,

surtout en période de crise. Le TGV, seul moyen de transport rapide à pénétrer au cœur des gran-des villes, devrait en priorité desservir les zones peuplées. Selon les études de la SNCF, le trafic total de la gare de Marseille, actuellement de 9 millions de voyageurs, passerait à 14,6 millions dans le tracé MDS, soit 1 million de plus que dans l’autre option. Toulon gagnerait environ 1 million de voyageurs en plus suivant l’option choisie. Dans les deux cas, Nice verrait son trafic atteindre 15,5 millions de voyageurs.Le coût sera bien sûr supporté par les usagers, sous forme de frais de péage de la SNCF, dont une partie servira à rembourser les emprunts. Suivant le tracé, le taux de rentabilité passe de 4,8 % pour MDS à 4,6% pour CDA. Il est évident que plus il y aura de passagers, plus il y aura de frais de péage, et plus la dette sera facilement remboursée. D’où l’intérêt de choisir la solution drainant le plus de voyageurs. Un TGV qui ignore Marseille et Toulon, peut poser problème et ce choix pourrait se ressentir au niveau du nombre de voyageurs. De plus, c’est un investissement d’Etat, donc on comprendrait mal qu’il ne bé-néficie pas un maximum aux citoyens.

paRiS-nice… en moinS De 4 heUReS ?Le débat sur le temps de parcours entre Nice et Paris en 3h40 a fait couler beaucoup d’encre. Le gain de temps de 10 min, entrainé par la solution CDA, ne concerne que 4 liaisons sur les 160 pré-

vues par jour. Mais, dans une telle hypothèse, la fréquence des circulations s’en trouve diminuée. Il est clairement impossible de concilier à la fois le trajet minimum et la fréquence des liaisons. Si le tracé Nord venait à être choisi, toutes les cir-culations TGV vers la Province et l’international seraient pénalisées de manière sensible (environ une perte de 20 minutes en moyenne), seuls les quelques Paris-Nice directs connaîtraient un gain moyen de 10 minutes.

DeS peRSpectiVeS D’aVeniR…L’élaboration d’une telle ligne à grande vitesse est d’une importance capitale, notamment pour une région hébergeant à la fois trois des dix plus grandes agglomérations de France et résidant dans un espace euro-méditerranéen en construction. L’investissement de la LGV, doit être vu sous l’angle du développement territorial. La solution MDS donne une plus grande souplesse d’exploitation TGV/TER et une meilleure évolu-tivité. De plus, elle permet de desservir l’aéroport Marseille-Provence, offrant ainsi une ouverture internationale.Le ministère précise que la décision finale sera annoncée avant le 30 juin 2009, à la suite d’une nouvelle réunion qui sera fixée aux environs du 15 juin. Un plan de financement sera également proposé avant le 31 décembre.

Source Rapport CCIMP de 02/2009

Lorentz ButscherNé le 10 novembre [email protected] : Avril-Mai 2009, Journaliste Rédaction TV RFO Polynésie. Février 2009-Avril 2009, Responsable Veille Stratégique Mediterranea Com.Juin-Juillet 2008, Mission de Recherche et Etudes modèles - Web Tv d’Institutions Territoriales - Communauté du Pays d’Aix. Sept.-Nov. 2007, Mission de Communication - Journal Municipal “Aix en Dialogue”.DERNIER DIPLÔME : 2009, Master Institutions et Politiques Economiques et Magistère Journalisme Communication et Economie Université Aix-Marseille III

Où passera la LGV PAcA ?

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Chaque grand projet d’aménagement du territoire entraine son lot de soutiens et de contestations. Tout le monde encourage ce genre de projet, du moment que cela ne se fasse pas au bout du jardin. C’est justement le cas de la Ligne Grande Vitesse PACA, qui a pour ambition de mettre Nice à moins de 4 heures de Paris contre 5h30 actuellement. Tout devrait être terminé avant 2020. En théorie. Mais le tracé de cette dernière, qui aurait du être dévoilé le 3 octobre dernier, reste encore une énigme.

AIX TGV

MARSEILLE

AIRE TOULONNAISE

EST VAR

NICE VILLE

ITALIE

NICE SAINT AUGUSTIN

AVIGNON TGV

CANNES / OUEST 06

LGV Méditerranée (existante) et gare TGVLGV PACA Scénario Côte d'Azur et gare TGVLGV PACA Scénario Métropoles du Sud et gare TGVRenforcement de la ligne classique entre Nice et le point de raccordement LGV / ligne classique

LGV PACA : les scénarios Côte d'Azur et Métropoles du Sud

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8 | maG IsIm

a ligne grande vitesse (LGV), étudiée depuis 2000, permettrait de relier Nice et Paris en moins de quatre heures. Seu-lement deux tracés ont été sélectionnés

parmi les quinze soumis au départ. Le tracé le plus au Nord couperait l’arrière-pays provençal, le long de la vallée de l’Arc, passant du côté Sud de la Sainte-Victoire pour gagner Nice. Le tracé “des métropoles” desservirait les grandes villes du littoral, Marseille et Toulon.Le débat sur le tracé des deux lignes ne porte pas seulement sur des questions économiques ou financières. L’aspect environnemental prend une place prépondérante, Les élus sont partagés et chacun veut défendre son tracé favori. Mais c’est celui du Nord qui pose un réel problème aux amoureux de la nature.La “ligne du Nord” passerait au pied de la Sainte Victoire, site naturel et partie intégrante du patrimoine de la ville d’Aix-en-Provence.Cette montagne compte parmi les symboles de la Provence. C’est Paul Cézanne, à travers ses peintures, qui a fait partager la beauté du paysage et permis le rayonnement du site. Son tableau “La tranchée et la montagne Sainte-Victoire” mani-festait déjà son opposition à une ligne de chemin de fer qui défigurait le Jas de Bouffan et, par la même occasion, les propriétés de sa famille. Son arrière petit fils Philippe Cézanne a eu vent de la grogne, outre manche. Il reprend le flambeau de sa famille et se place en ardent défenseur des hauteurs aixoises. Il évoque notamment le fait

que la ville de ses ancêtres tente d’inscrire, de-puis quelques années, la Sainte Victoire dans le patrimoine mondial de l’Unesco. Les Varois sont aussi particulièrement opposés au tracé Nord de la LGV. La ligne passerait par des territoires très habités et cultivés. Les viticulteurs ont beaucoup investi pour améliorer la qualité de leurs productions. La Provence est réputée mondialement pour sa production de vins de très grande qualité bénéficiant de l’appellation AOC. Ces terres sont limitées et la ligne passe-

rait au milieu en supprimant ou parcellisant les terres. Mais du côté des politiques les opinions divergent. Ce tracé n’égratigne que quelques exploitations et ne défigurera pas le paysage. La France construit des autoroutes et des lignes ferroviaires depuis cinquante ans et pour certains chacun doit faire sa part de concessions. Michel Sappin, préfet de Provence-Alpes-Côte d’Azur parle d’enchères. Selon lui, les dédommagements et les rachats compensent les pertes liées à ce projet et les oppositions ne sont que des moyens d’augmenter les mises.Mais ce qui rassemble les habitants du Sud, c’est la lutte contre le bruit. Les nuisances provoquées

par le train affecteraient une grande partie des communes. La configuration géographique, dans une dépression encadrée de reliefs, accentuerait les nuisances sonores. Le bruit d’un TGV peut atteindre 120 décibels, soit l’équivalent du bruit d’un avion à réaction au décollage à une distance de 20 mètres. Evidemment, la LGV quel que soit le tracé choisi, aura un impact sur l’environne-ment sonore, même pour le tracé des grandes métropoles. Cependant l’impact sonore serait moins perçu dans des grandes villes que proches

des villages de l’arrière pays. Reste la question de l’application du Gre-nelle de l’environnement. L’élaboration du projet de ligne à grande vitesse compte, parmi ses objectifs, offrir davantage d’al-ternatives à la voiture et à l’avion. Selon les estimations le tracé des métropoles drai-nerait plus de cinq millions de passagers,

alors que le tracé nord seulement trois millions. Ces cinq millions de passagers représentent une économie des émissions de gaz à effet de serre de 56 000 tonnes par an. En laissant deux millions de personnes sur le quai, le trajet Nord ne répon-drait donc pas aux attentes écologiques.La maire d’Aix-en-Provence, Maryse Joissains, s’est récemment déclarée, prête à une guerre juridique pour empêcher le passage de la LGV dans le paysage aixois. Les mobilisations contre le tracé Nord se multiplient. La décision repoussée au 30 juin approche, et on peut supposer une fin de voyage mouvementée.

A l’heure où le gouvernement parle développement durable et pousse vers des engagements plus ècologiques, le projet de ligne à grande vitesse fait débat. Ce plan d’aménagement du terri-toire soulève des réactions, dans les Bouches-du-Rhône et le Var.

Emilie SolerNée le 7 juillet [email protected] : Avril-juin 2009, La ProvenceDERNIER DIPLÔME : Juin 2009, Master 1 Institutions et Politiques Economiques et Magistère JCE

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L’environnement : une question sous haute tension

“Les Varois sont aussi particulière-ment opposés au tracé Nord de la LGV. La ligne passerait par des terri-toires très habités et cultivés”

ZOOMpar Lorentz Butscher, Emilie Soler, Ying Zhang, Jean-Baptiste Jaussaud, Typhanie Francoul, Jérémy Vignal

Page 9: MAG ISIM Le Magazine de l’Institut supérieur de l’information et des médias

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Inquiétude de beaucoup de gens sur le tracé de la future LGV (Ligne ferroviaire à grande vitesse) entre Marseille et Nice, l’un des projets ferait en effet passer le TGV au pied de la célèbre montagne Sainte-Victoire.

olivier BertraNd, 40 ans

Vigneron de la Sainte Victoire le tracé va traverser énormément d’exploitations, les couper en deux, les morceler, les rendre difficilement exploitable. le tgV est extrèmement bruyant. nous aurons énormément de nuisances en plus. le tracé pas-serait entre l’autoroute et la nationale 7, donc en plein milieu. au-delà de cette exploitation, le problème c’est qu’il toucherait le vignoble sainte-Victoire, une appellation contrôlée depuis 2005. aujourd’hui, on nous parle d’un tracé qui longerait l’autoroute, mais on ne sait pas si ça va être à 500 mètres ou à un kilomètre, on a une grosse incertitude. Ça représente-rait concrètement pour moi une impossiblité totale d’exploiter mon domaine et, à terme, la fermeture.

Zhenhua HuaNG, 26 ans

Habitant de Châteauneuf le Rouge

j’habite châteauneuf le rouge, au pied de la montagne. ce qui me plaît ici, c’est surtout la beauté des paysages de la provence. ce qui m’inquiète dans ce projet, à l’image de tous les habitants des communes concernées par le tracé, ce sont les désagréments divers que causera la proximité du tgV (bruits, expropriations, paysage, financement). De plus, je ne vois pas la valeur ajouté réelle de cette ligne. il existe d’autres moyens pour gagner ces 30 « précieu-ses » minutes de trajet. il serait préférable d’améliorer les conditions de circu-lation au sein des collectivités locales par exemple. cela faciliterait l’accès au réseau existant et réduirait les pertes de temps en période de pointe.

LGV : Plus de vitesse pour moins de sérénité ?

Ying ZhangNée le 26 août [email protected] : Avril 2009, Assistante du président (Prince de Douala, Cameroun) du Festival International du Film PanAfricain (FIFP) de Cannes et coordina-trice des activités de Nord-Sud Développement. Janvier-mai 2009, chef de projet Mediterraneacom (distributeur de support de communication) respon-sable import-export chine. Juin 2008, La Provence (journal régional) : réalisation d’enquêtes.DERNIER DIPLÔME : Juin 2009, Master 1 de sciences économiques et de gestion - Magistère (diplôme universitaire) de Journalisme, Communication et Economie.

Micro-trottoir

lu sHuaNG, 23 ans

Etudiante chinoise à l’Université Paul Cézanne

la première fois que j’ai entendu parler de la provence c’était par rapport à ses peintres impressionnistes. je connais tout particulièrement aix-en-provence à traver le grand impressionniste paul cézanne. la plupart de ses œuvres sont inspirées par l’un des trésors de la provence – la sainte Victoire. c’est un lieu symbolique, non seulement pour les citoyens de la région paca, mais aussi pour tous ceux qui aiment cette région à l’étranger. le projet de la lgV ne me parait pas opportun. n’y a-t-il pas assez de lignes de train pour traverser la france ? surtout quand on sait que la sncf ne prend même plus la peine d’entretenir certaines lignes...je suis contre ce projet de lgV qui, selon moi, ne respecte pas le patri-moine culturel de la provence.

Gilbert ClaIret, 61 ans

Préretraité de l’industrie chimique

je suis totalement pour la création de ce moyen de transport rapide et moderne. j’ai en mémoire, puisque j’ai soixante ans, les années qui se sont écoulées pour relier marseille, lyon et paris.aujourd’hui le nombre de voyageurs est considérable. je souhaite ardemment que la ligne tgV aix – marseille – nice soit réalisée. je suis très attaché à ma région à son patrimoine de toute nature.en ce qui concerne la sainte Victoire, même si le tgV passe près d’elle, je considère que celle-ci demeurera à jamais aussi belle.

Cécile astIer, 32 ans, employée de la SNCF

pour moi, l’important c’est que la nouvelle ligne desservira le cœur des villes et apportera du renfort à une infrastructure ferroviaire extrêmement ancienne, qui remonte aux débuts du chemin de fer. la ligne facilitera également les déplacements entre les pôles économiques régionaux et elle rapprochera les deux aéroports de la région. Donc, pourquoi pas ?

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es projets de Lignes à grande Vitesse (LGV) portés par le Réseau ferré de France (RFF) sont des initiatives d’en-vergure européenne. Ces Lignes rapides

fleurissent dans les régions les plus dynamiques afin de participer à leur développement écono-mique. Mis sur les rails dans cette optique, le projet de LGV PACA devrait créer des milliers d’emplois, lors de sa construction, et permet-tre de gagner de 30 minutes à 1 heure entre Marseille et Nice. Mais on ne peut pas parler que des trains qui arrivent à l’heure et il faut dire que le projet suscite une véritable levée de boucliers. Présentée comme une chance ou un progrès, notamment par les élus de la ré-gion, la LGV PACA a battu plus de records de mécontentement que de vitesse. Les habitants de la région PACA n’ont pas encore compris quels secteurs économiques avaient absolument besoin de la LGV PACA pour se développer, que déjà il est question de percer pas moins de 50 km de tunnels. Un projet pharaonique qui nécessiterait des sommes exorbitantes.

comBien ça coûte ?Il existe pour l’instant deux tracés possibles, un tracé dit “des métropoles” évalué à 12 milliards d’euros et un second tracé baptisé “tracé nord” qui demanderait un investissement de 8 mil-liards d’euros. En laissant sur le quai leurs pro-blématiques culturelles ou environnementales non résolues, ces tracés seraient arrêtés en gare par leur coût au kilomètre qui exploserait, autour

de 22 à 39 millions d’euros contre une moyenne de 14,5 millions d’euros par kilomètre pour les autres projets de LGV. Un budget exceptionnel qui de-manderait des financements croisés abondants.

qUi paye ?Le projet de LGV PACA est financièrement mis en route par deux locomotives ayant partagé les coûts à parts égales. L’Etat, RFF, et la SNCF d’une part et d’autre part 8 collectivités : La Région PACA, les Départements des Bouches du Rhône, du Var et des Alpes Maritimes, la

communauté urbaine de Marseille (MPM), les communautés d’agglomérations de Toulon (TPM), Nice (NCA) et du pays d’Aix (CPA). Le financement à 50% apporté par les collectivités locales représente sur leurs budgets respectifs un endettement de l’ordre de 20 à 25 ans. De quoi craindre que le remboursement ne soit pas à grande vitesse et que les intérêts sur les dettes accélèrent ! La Région PACA investirait plus de 4 milliards d’euros, ce qui revient pour les 4,7 millions d’habitants à faire chacun un chèque de 871 E à l’ordre de la LGV PACA. A ce prix là mieux vaut bien choisir le tracé et s’assurer de prendre la bonne décision !

DeUx tRacéS et tRoiS alteRnatiVeS… Les pronostics sur le choix définitif du tracé vont bon train. Les partisans du tracé des mé-tropoles rivalisent d’arguments de rentabilité avec les défenseurs du tracé nord, mais l’actua-lité récente de crise et son fort impact sur les finances publiques, à tous les échelons, laisse penser que le projet pourrait également être re-jeté ou repoussé à une date ultérieure, faute de moyens. Les caisses sont vides, les politiques de financement par la dette s’essoufflent et le retour vers l’équilibre budgétaire nécessaire a déjà un train de retard. L’opinion publique ne semble pas prête à voir des milliards d’euros s’engouffrer dans un projet qui n’a pas su trou-ver grâce à ses yeux. Les régionaux ont peur des nuisances amenées par la LGV sans y voir de réel avantage tandis que le monde parisien des affaires est déjà conquis par le TGV Pa-ris-Marseille en 3 heures et la ligne aérienne Paris-Nice qui permet d’atterrir à 5 minutes du centre ville de Nice. Tous seront bien plus sensibles à une économie d’argent qu’à une économie de temps. Dans ce contexte les ar-guments en faveur de la ligne à grande vitesse font l’effet d’un train qui passe mais ne s’arrête pas. Le train de vie de nos institutions semble être allé trop vite pour que l’on puisse aiguiller entre les deux tracés. Le projet de LGV pourrait bien arriver à son Terminus, et voir tout le monde descendre avec son budget…

Depuis la fin de l’année 2008, l’actualité régionale provençale est rythmée par deux événements, les effets de la crise sur notre économie locale et le débat autour du futur tracé de la LGV PACA. Mais l’inten-sification progressive des événements lie de plus en plus crise économique et projets de développement.“Les enjeux économiques de la LGV PACA.”

Jean-Baptiste JaussaudNé le 4 juin [email protected] : Avril 2006, Mediterraneacom DERNIER DIPLÔME : Master 1 Institutions et Politiques Economiques et Magistère JCE

La LGV rattrapéepar la crise

l

“La Région PACA investirait plus de 4 milliards d’euros”

ZOOMpar Lorentz Butscher, Emilie Soler, Ying Zhang, Jean-Baptiste Jaussaud, Typhanie Francoul, Jérémy Vignal Comme le TGV, les

trains régionaux empruntent déjà des

paysages protégés de Province.

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Le projet de relier Paris à Nice par une ligne grande vitesse (LGV) fait débat. Pour mettre les deux agglomérations à moins de quatre heures l’une de l’autre contre cinq heures trente actuelle-ment, deux tracés sont envisageables. Le premier doit passer par Aix, Marseille et Toulon pour arriver à Nice, il s’agit du “tracé des métropoles” ; l’autre possibilité, nommée tracé “Côte d’Azur”, plus rapide exclurait Marseille et Toulon. Richard Mallié, député dont la circonscription serait traversée, et premier questeur de l’Assemblée Nationale, réagit.

Entretien

Richard Mallié, député de la 10e circonscription des Bouches-du-RhôneEn tant que député de la 10e circonscription des Bouches du Rhône, que pensez-vous des deux tracés de la Ligne Grande Vitesse ?le tracé nord passe par ma circonscription avec la traversée par l’europôle de l’arbois, bouc-bel-air jusqu’à la barque. pour ma part, je suis en faveur du tracé des métropoles. par contre, si le tracé nord l’emporte contrairement à mon avis, je souhaite que cabriès, bouc-bel-air et gardanne soit un tracé en tunnel. certes, ce n’est pas évident à mettre en place sur l’intégralité de l’itinéraire, mais il me semble utile qu’à partir de la sortie de la gare d’aix-en-provence, le “tunnel de cabriès” soit construit. ce n’est pas une question de vision, mais premièrement, le site est déjà très urbanisé, les communes ont quelquefois des habitations qui vont devoir disparaître, des habitants expatriés, d’autre part, l’aménagement sous terre de la ligne lgV est une solution plus sécurisante au quotidien.

Aux évaluations actuelles, la réalisation de la ligne LGV devrait coûter entre 8 et 12 milliards d’euros, pensez-vous que ce projet soit rentable ?il faut se demander si parler de rentabilité dans le transport public est concevable, si l’etat doit s’affranchir de tels investissements. l’aménagement du territoire n’est jamais rentable à court terme. De plus, il ne faut pas voir la rentabilité uniquement au niveau financier, c’est un tout. sachant que pour l’équilibre envi-ronnemental, au niveau du développement durable, il est préférable de circuler en tgV que par voie aérienne. sachant également que l’aéroport de nice est saturé, qu’il y a beaucoup trop d’avions et peu d’aménagements praticables. parce qu’il n’y a pas seulement des jonctions avec paris, lyon ou d’autres liaisons transver-sales, il y a également beaucoup de liaisons internationales. il est vrai que paris-nice en avion est un moyen plus court et plus rapide. en effet, il faut environ 1h40 en avion et jamais ce temps là ne sera atteint avec le tgV. il est tout de même compréhensible que les niçois souhaitent une ligne tgV qui les desserve. il est vrai que certains techniciens s’interrogent sur le coût important du tracé des métropoles, il est vrai qu’il faudrait passer en souterrain et que cela entraîne des difficultés financières.

Restaurer la ligne actuelle qui joint Nice et Marseille n’est-ce pas une alternative ?l’axe actuel est complètement vétuste puisque les trains ne peuvent pas circuler à plus de 60 km/heure. c’est une question délicate à gérer car bien souvent les réparations ont lieu pour des raisons historiques et de patrimoine, mais la plupart du temps cela coûte plus cher que de reconstruire des équipements neufs. sur la logique de rentabilité et quand on considère ces paramètres, il est davantage profitable de créer une nouvelle ligne.

Selon vous, la LGV est un projet avantageux pour la région ?tous les grands travaux entraînent du scepticisme quant à la nécessité de chan-ger ou d’ajouter des infrastructures. il y a toutes sortes de difficultés pour aména-ger des lignes grande vitesse. on ne peut pas raisonnablement remettre en cause la nécessité de ces équipements. certaines personnes pensent que l’on n’a pas besoin de prolonger la ligne de tgV actuellement en fonctionnement. le grand débat est plutôt “par où est-ce qu’on passe et à quel coût ?” il y a également une considération d’aménagement du territoire à prendre en compte, parce qu’on est aussi sur une liaison entre l’italie et l’espagne. etant donné que les flux économi-ques ont tendance à partir directement de lyon vers l’italie et vers l’espagne, si ne sont pas créés des aménagements qui font en sorte que ces flux descendent, vous devenez la région “club med”, et ce n’est pas l’objectif.

“Il ne faut pas voir la rentabilité uniquement au niveau financier,

c’est un tout”Richard Mallié

Typhanie FrancoulNée le 21 novembre [email protected] : Avril 2009, Mediterraneacom DERNIER DIPLÔME : Juin 2009, Master 1 Institutions et Politiques Economiques et Magistère JCE

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a Ligne Grande Vitesse Provence-Alpes-Côte d’Azur (LGV PACA) est un projet d’aménagement du territoire. Tradition française oblige, l’aména-gement du territoire est une affaire d’Etat ! “L’Etat

restera au côté de la ville pour la construction de projets structurants”, avait déclaré François Fillon lors de sa visite à Marseille le 14 janvier 2008. Plus surprenant encore, la volonté de l’Etat et du chef du gouvernement d’inscrire ce projet de LGV dans une optique de développement durable. “Le projet de LGV PACA, fait partie, je le confirme, des 2 000 km de nouvelles lignes à grande vitesse décidés lors du Grenelle de l’environnement”, avait-il poursuivi. Or, le développement économique de la France stagne avec l’interventionnisme étatique. La LGV permettra de faire perdurer les expropriations, les nuisances sonores et la dévalorisation du patrimoine.

poUR RelanceR l’économie : cReUSeR DeS tRoUS oU conStRUiRe la lGV ! Avec la crise financière et économique actuelle, le gouver-nement s’amuse au jeu des mille projets. Le but, relancer l’économie par le déficit budgétaire. Plusieurs projets de LGV font partie de ce “plan massif”. Etrangement, la LGV PACA n’y figure pas ! Reste que la philosophie des 1 000 + 1 projets (la LGV PACA) est simple et his-toriquement désastreuse. L’économie ralentit. L’Etat y voit un essoufflement de la demande. Pour remédier à cela, l’économiste britannique Keynes estimait que l’Etat devait intervenir pour relancer la demande. Il allait même jusqu’à proposer à l’Etat de payer des gens pour creuser des trous, et d’en payer d’autres pour les reboucher. Le pouvoir d’achat distribué en échange de cette activité non productive permettrait à l’économie de sortir de la crise. Ici, il ne s’agit pas de creuser et de reboucher des trous mais de prolonger la LGV-Méditerranée en direction de la Côte d’Azur. Il s’agit donc d’une politique de grands travaux, également très chère à Keynes. Relancer l’économie et réduire l’émission de carbone en limitant la congestion routière, la LGV PACA a deux rai-sons de séduire un gouvernement interventionniste, et à l’origine d’un Grenelle de l’environnement. Mais le

charme risque vite d’être rompu. Les grands travaux financés par du déficit public pèsent sur l’emploi privé et ne permettent pas de relancer l’économie, qui a pour premier moteur l’offre et non la demande. Mais, pour le gouvernement, l’essentiel est ailleurs. L’inefficacité d’une relance par l’investissement public (grands travaux) est une affaire de rapidité et non de cible (agir sur la de-mande au lieu d’agir sur l’offre). Aussi, la relance par l’investissement commence à battre de l’aile alors que la relance par la consommation a le vent en poupe. Son avantage, produire des effets visibles à court terme. On ne construit pas une ligne grande vitesse en une nuit. Enterrés les 1 000 projets ? Probablement. Trop coûteux et surtout trop longs à produire des effets.

lGV : la Relance paR l’inVeStiSSement menacée ?La LGV PACA soulève donc de nombreuses interro-gations. Parmi les plus récurrentes, on trouve celle du tracé. Deux tracés attirent l’attention : le tracé Côte d’Azur Sud-Arbois (CDA-SA) dont le coût s’élèverait à 8 milliards d’euros et le tracé dit des métropoles du sud Toulon-Est (MDS-TE) dont le coût dépasserait les 11 milliards d’euros. Le second tracé, plus onéreux, attirerait deux millions de passagers supplémentaires par an. A long terme, le tracé MDS-TE est plus renta-ble que le premier tracé, dit aussi tracé du Nord. Mais un gouvernement en place pour cinq ans maximum se soucie-t-il du long terme ? Eric Ciotti, président UMP du conseil général des Al-pes-Maritimes, avait dans un premier temps répondu négativement à cette question. “C’est la voie du Nord qui a été choisie par l’Etat. Ce sera annoncé lors d’une réunion avec Jean-Louis Borloo”, avait déclaré Eric Ciotti. Ce choix se justifiait pour des raisons économiques : dans le court terme dépenser 8 milliards est plus facile à supporter que d’en dépenser 11. Mais cette déclaration a provoqué un tollé et le jeu semble rester ouvert. Voie du Nord ou tracé des grandes métropoles ? Par où passera la LGV PACA ? Peut être même sera-t-elle enter-rée comme semble l’être le jeu des 1 000 projets.

Le projet de la LGV PACA soulève de nombreuses interrogations. Les raisons mêmes de ce projet prêtent à débat : favoriser le développement durable, aménager le territoire, relan-cer l’économie… L’intervention publique dans ces domaines a souvent révélé ses limites, et les effets externes négatifs sont légion.

Jérémy VignalNé le 3 février [email protected] : 2009, Méditerraneacom DERNIER DIPLÔME : Master 1 Economie, Gestion (parcours Institutions et politiques économiques) et Magistère 2 Journalisme, Communication et Economie, mention Très Bien

La relance va bon train !l

ZOOMpar Lorentz Butscher, Emilie Soler, Ying Zhang, Jean-Baptiste Jaussaud, Typhanie Francoul, Jérémy Vignal

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attrait de la profession d’avocat gagne les hommes politiques. Heureux sont ceux qui récoltent le bénéfice des articles 97 et 98 du décret du 27 novembre 1991. Ils

dressent une longue liste des cas autorisant l’accès au métier d’avocat sans le diplôme requis. Ainsi sont visés les anciens magistrats, les juristes d’en-treprise, les notaires, les huissiers de justice… Les prétendants doivent déposer un dossier au Conseil de l’Ordre du barreau où ils désirent exercer. Si le dossier est recevable, il est examiné par les membres de l’Ordre. S’en suit un vote pour admettre ou non l’individu au barreau. Pour les candidats admis, la carrière d’avocat peut démarrer.C’est la voie royale, s’il l’on compare avec le par-cours classique d’un étudiant en droit. Ce n’est qu’après l’obtention en 4 ans, d’un Master 1 de droit, qu’un étudiant peut se présenter à l’exa-men d’entrée au barreau. S’il est admis, le voilà reparti pour une formation de 18 mois, à l’issue de laquelle il pourra enfin décrocher le certificat d’aptitude à la profession d’avocat.Le COSAL (Contre l’Ordre - syndicat des avocats libres) entend rendre “justice” aux étudiants qui se heurtent à un examen de plus en plus difficile. Et mettre fin à “l’opacité du fonctionnement du Conseil de l’Ordre des avocats”. “Je regrette de ne pas avoir chopé Villepin et Copé dont l’inscription est entachée d’illégalité. Au moment de l’examen de leurs dossiers, je n’étais pas encore membre de l’Ordre”, s’insurge Vincent Delmas, membre du COSAL et du Conseil de l’Ordre de Paris.

Or Villepin et Copé sont des anciens énarques. En application du décret, ils sont en principe dispen-sés du concours s’ils ont exercé en cette qualité des activités juridiques pendant 8 ans au moins. Le syndicat a pu en revanche protester devant la cour d’appel de Paris contre l’inscription au bar-reau de Noël Mamère. “Au regard de son parcours, Mamère ne répond pas aux exigences de l’article 98 du décret. Il n’est titulaire que d’une licence en droit1 et d’un diplôme de science politique. Il est ensuite devenu journaliste et cela fait des années qu’il n’a pas touché une matière juridique !”, explique Me Delmas. Un coup dur pour le député Vert qui se dit “humi-lié” et estime qu’on l’attaque parce qu’il “défend les faucheurs d’OGM et les homosexuels”. Il peut continuer à plaider puisque la cour d’appel a jugé irrecevable, le 12 mars dernier, l’action dirigée par le COSAL. Seuls l’intéressé et le procureur de la République ayant la possibilité d’intenter un recours contre une décision d’admission ou non au barreau. Il est vrai que le profil du député-maire de Bègles n’est pas directement visé par le texte. Le bâtonnier de Paris, Christian Charrière-Bournazel refuse de commenter tout cas particulier.

Un homme conDamné poUR Vol à main aRmée aDmiS aU BaRReaU De paRiS“Les articles du décret ne sont pas appliqués de manière stricte”, reconnaissent Christian Charrière-Bournazel et Me Bruno Rebstock,

membre du conseil de l’Ordre d’Aix et du Syndicat des avocats de France. Certains sont donc admis sur des critères qui échappent au décret. Pour preuve, un candidat refusé dans un barreau de province peut tenter sa chance auprès d’un autre Ordre et être admis. C’est le cas de ce Nîmois qui avait été condamné pour vol à main armée. Il est devenu docteur en droit alors qu’il purgeait sa peine. Ce qui lui permettait d’intégrer le barreau sans concours. A sa sortie de prison, il a déposé sa candidature dans plusieurs barreaux de province et a été refusé. Mais à Paris il a été admis. Me Charrière-Bournazel estime “qu’une personne qui a eu des incidents dans le passé mais qui s’est totalement réhabilitée devrait pouvoir devenir avocat”. Il indi-que que “les articles sont à la fois précis et impar-faits, c’est pour cela qu’avec le procureur général nous essayons de voir comment on pourrait les transformer”. Il faut “donner sa chance à des qua-lités non prévues par les textes”, ajoute le bâton-nier. Un sentiment partagé par Me Rebstock qui déplore “que des personnes répondant aux conditions posées par la loi intègrent parfois la pro-fession pour des raisons de calcul de retraite. Tandis que d’autres sont refusés parce qu’ils ne satisfont pas entièrement aux exigences légales, alors qu’ils sont animés par la passion du droit”. Une chose est sûre le port de la robe reste prisé.

1. La licence obtenue par Noël Mamère en 1973 équivalait à une Maîtrise (Master 1)

Jean-François Copé, Dominique de Villepin, Noël Mamère… ils sont nom-breux à combiner casquette politique et robe d’avocat. Tous trois exercent la profes-sion d’avocat sans avoir passé l’examen d’entrée au barreau. Les dérogations qu’ils ont obtenues font polémiques.

Lynda ZeroukNée le 10 juin [email protected] : Juillet-Août 2009 Ouest France, Pont-l’Abbé. Mai-Juin 2009 Laprovence.com, Marseille. Février 2009 Liberation.fr, Paris. DERNIER DIPLÔME : 2004, Master 1 de Droit Public, Université Paris XIII.

copé, Villepin, Mamère : les avocats qui dérogent

l’

jUsTicEpar Lynda Zerouk

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l’origine, une volonté pédagogi-que. Les procès Barbie, Touvier, Papon, et aujourd’hui AZF ont tous été filmés pour “la consti-

tution d’archives historiques de la justice”. “L’occasion (aussi) de montrer la réalité de notre travail”, explique Michel Huyette, conseiller près la Cour d’Appel de Toulouse. La volonté est louable, mais les spécialistes sont unanimes. “La réalité est inabordable. On la voit avec nos stéréotypes, notre culture, nos croyances”, avance le psychologue Jean-Pierre Chartier.Sans oublier que derrière la caméra, l’œil du réalisateur opère. Sur le tournage de “Faits divers”, Raymond Depardon confie “il fallait rester neutre et repousser mes sentiments du moment, ces a priori sentimentaux faussent le regard et l’équité… A l’inverse d’un metteur en scène de théâtre, je ne peux pas fabriquer une émotion, je dois la trouver”. C’est l’encre du pro-blème, concilier les contraintes du cinéma et celles de la justice. Trouver le bon équilibre.

compRomiSLa caméra et ses “gros sabots” accusent le coup. Professionnels du droit et journalistes pactisent, et les tournages s’organisent. “Les caméras ne sont pas des monstres, elles se dissimulent. Et puis, quand les gens jouent leur vie, la télé ils l’oublient vite !” Des propos du réalisateur de “Justice en France”, Daniel Karlin, relayés par Gilbert Collard. “La caméra, je l’oublie”, lance l’avocat des parties civiles aux procès Barbie et AZF.

Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. “S’exprimer face à une caméra peut changer la tonalité des dépositions. Certains prévenus per-dront leurs moyens, voire n’oseront pas avouer leurs actes. D’autres auront tendance à jouer la comédie”, résume l’avocat et ancien secrétaire général de l’Union syndicale des magistrats, Bruno Thouzellier. Des inquiétudes qui vicient le procès si elles se matérialisent.

pRUDenceA l’époque où il était président de la Cour d’as-sises de Haute-Corse, Michel Huyette a accepté le filmage d’un procès pour meurtre. “J’étais un peu anxieux, souligne-t-il, comme je vois déjà souvent des gens qui perdent leurs moyens dans des petites affaires, en raison du stress, je craignais que la caméra ne les perturbe encore plus. J’ai été très surpris, à aucun moment ça ne les a gênés ; une fois

les débats lancés, ils ne se souciaient plus du tout des caméras et s’exprimaient normalement.” Une question cependant demeure : pourquoi les victimes et les accusés acceptent que leur procès soit filmé et diffusé ? Pour les victimes, c’est parfois un moyen de “faire leur deuil”. Mauvaise solution pour Jean-Pierre Chartier, “certaines choses relèvent de l’intime et doivent le rester. Les victimes doivent sortir de leur statut de victime. Or la diffusion de ces audiences risque d’amplifier le phénomène de victimisation, les gens s’identifiant à la victime.” Le psychologue parle aussi de voyeurisme et d’exhibitionnisme, “pour certains accusés, si on filme, ils en rajoutent une louche, c’est une tribune exceptionnelle !”D’où la volonté actuelle de fonctionner au cas par cas et d’imposer des conditions strictes pour autoriser le filmage. “L’équilibre est toujours pré-caire et le risque de dérapage permanent”, conclut Michel Huyette.

“La réalité fuit devant la caméra”. Cinéma, documentaire, télé-réalité, aucun genre n’y échappe. Pas même le débat sur la présence des caméras dans les prétoires. Quel est leur impact sur une audience ?

Caroline LauerNée le 21 janvier [email protected] : Mai 2009, LCI – La Chaîne Info, septembre 2008, Service société de France Inter. Août 2008, France Bleu Loire Océan. Eté 2008, Orléans TV. Mai 2008, Téléssonne. Avril 2008, réalisation d’un documentaire télévisuel de 10’ dans un hôpital psychiatrique. Eté 2007, La Provence La Ciotat. 2007, stages à LCM – La Chaîne Marseille DERNIER DIPLÔME : 2006-2009, Diplôme de l’EjT – Ecole de journalisme de Toulouse. 2006, Master 1 Droit des Affaires à l’Université Lyon III

caméras, levez-vous !

À

Quel est, selon vous, l’impact des caméras ?les protagonistes oublient la présence des caméras, qui se noient généralement dans le décor. Du coup, elles saisissent assez fidèlement ce qui se passe dans le prétoire. c’est le sentiment que j’ai eu en regardant le procès papon.

Vous couvrez actuellement le procès du “Gang des Barbares”…attention ! Dans ce procès, je pense que des audiences filmées pour-raient inciter fofana à jouer encore plus la provocation. tout dépend du type d’affaire et de la personnalité de l’accusé.

Que pensez-vous de la diffusion de procès à la télévision ?ce qui me gène, c’est le sentiment d’être un simple spectateur. je pense qu’il ne faut pas mettre ces images brutes à la disposition de tous sans un travail pédagogique d’accompagnement.

hélène lecomte, chroniqueuse judiciaire à lci

“Il faut un travaIl pédaGoGIque”

jUsTicEpar Caroline Lauer

• La captation des débats judiciaires est interdite par la loi (1954).• La loi Badinter (1985) autorise l’enregistrement d’audiences “présentant

un intérêt pour la constitution d’archives historiques de la justice”. • Durant 20 ans, la consultation des enregistrements n’est possible que sur

autorisation. Après 50 ans, la reproduction et la diffusion sont libres. • La loi a été amendée en 1990 pour permettre la diffusion – une fois la pro-

cédure judiciaire achevée – de procès pour crimes contre l’humanité.

que dit la loi ?

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vant de partir, je ne connaissais pres-que rien sur ce pays et cette ville, hormis la chercheuse Marie Curie et le grand compositeur Frédéric

Chopin. J’ai eu, comme prévu, vraiment très froid dès la sortie de l’avion. Notre logement a été réservé par les organisateurs à l’avance. C’est un petit hôtel sympathique, et heureusement, proche du centre commercial !

VaRSoVie ? ShanGhai ?“Ca ressemble beaucoup à Shanghai, non ?” me dit tout bas Ying, mon amie chinoise, lors de nos balades dans le quartier commercial du centre. Et c’est vrai ! Le Palais de la Culture et des Sciences, plus grand monument de Pologne et symbole de Varsovie, m’a rappelé le Bureau de la Douane de Shanghai. La grande horloge est la même. Baignés par de splendides lumiè-res, les grands édifices commerciaux, les très modernes stations de métro, et même les mar-chands ambulants le long de la rue...ne peuvent m’empêcher de penser que l’urbanisme local est inspiré de mon pays natal !

imSm - “leS GRanDS eSpRitS Se RencontRent !”Le programme du premier jour se compose de quatre séminaires et d’un débat. Cette conférence est l’occasion pour les étudiants des quatre coins du monde de se rencontrer. Les quatre conférences sont excellentes et

captivent leur auditoire. Les Orateurs sont bons et permettent de résister à la fatigue physique. De “l’arrivée de l’ère des nouveaux médias ”au développement du journalisme citoyen, c’est une vision professionnelle et teintée d’expérience qui nous est exposée.

atelieR : notRe peRception De VaRSoVie !Le lendemain, après avoir fait un peu de tou-risme dans le vieux centre de Varsovie, nous voilà regroupés pour une magnifique visite de cette ville. Nous allons par groupe rendre une visite aux artistes dans les ateliers du quartier de Praga, filmer la ville avec un téléphone mobile,

ou participer à la production de la télévision Polonaise… Accompagnées par Annia, une em-ployée de la TV polonaise, Ying et moi com-mençons à arpenter les avenues et les ruelles du centre avec un téléphone caméra qui nous est prêté par les organisateurs. Annia nous emmène à la Bibliothèque de Po-logne, où il y a un joli jardin suspendu. De là, on aperçoit le pont qui relie les deux rives de

Varsovie. Selon la légende, deux sirènes jumel-les venaient de l’océan pour protéger la ville. L’une d’elle s’est arrêtée prés du vieux quartier et l’autre est partie vers le port de Copenhague, où se trouve aujourd’hui sa statue de bronze.

a Bientôt, VaRSoVie !Le dernier soir, les organisateurs nous montrent une vidéo réalisée au fil du séjour. C’est l’occa-sion d’échanger nos meilleurs souvenirs avec les autres participants et de partager nos nouvelles impressions sur ce pays d’Europe de l’Est. La patronne d’un hôtel, un des sponsors de l’événement, me questionne beaucoup sur mes impressions avant mon arrivée en Pologne. Je lui réponds honnêtement et surtout je la remer-cie vivement pour ce merveilleux séjour. Cette dame parle très bien anglais comme l’ensem-ble des passants que j’ai interrogé dans la rue. Ce niveau d’anglais n’est pas celui que j’ai pu trouver dans la rue en France.Je quitte la soirée avec mes amis français un peu plus tôt que les autres, je ne m’habitue pas aux adieux. Surtout je veux profiter de mes derniers instants à Varsovie. En marchant dans les rues du vieux quartier à minuit, je pense à Chopin, le symbole de cette ville et à sa devise, “les gran-des vérités sont souvent, au début, considérées comme des actes de profanation”. Maintenant, j’arrive mieux à comprendre la signification de ses œuvres musicales, et la nostalgie de la Polo-gne, qui a tant souffert pendant la guerre.

Souvenirs de la 1re conférence internationale des étudiants en médias qui s’est tenue à Varsovie du 22 au 25 février 2009.

Ying Xia PanNée le 6 novembre [email protected] : Avril 2009, Méditérraneacom. Juin 2008, La Provence AixDERNIERS DIPLÔMES : 2008, Diplôme Universitaire de Journalisme à l’IEFEE (Institut des Etudes Françaises pour Etudiants Etrangers) d’Aix-en-Provence. 2009, Master I Institutions et Politiques Economiques et Magistère II.

Ma vision de Varsovie

a

“Ça ressemble beaucoup à Shanghai, non ?” me dit tout bas Ying, mon amie chinoise

inTErnaTiOnaLpar Ying Xia Pan

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ouverture des frontières, la libre circulation des personnes et la mo-dernisation des transports ont bou-leversé nos modes de vie. Par ailleurs

les couples binationaux sont de plus en plus nombreux. 39% de plus en Europe en 2008 par rapport à 2005 (chiffres de l’INED). En cas de séparation, la garde des enfants devient aussi objet de dispute entre les parents de nationalité différente. Il n’est alors pas rare que l’un d’en-tre eux entreprenne d’enlever son enfant pour le conduire dans un autre pays, en désespoir de cause et en espérant que la loi y sera plus clémente.“On va aller vers des conflits croissants de ce type-là”, explique Me Caroline Fontaine-Beriot, avocate au Barreau d’Aix-en-Provence depuis 13 ans. C’est pour cela que les mécanismes nationaux, européens et internationaux de lutte contre les déplacements illicites d’enfants ne cessent de se développer pour toujours plus d’efficacité et de rapidité.

Une coopéRation inteRnationale eFFicaceGrâce aux conventions, « on va avoir une re-cherche, une entraide internationale » pour re-trouver l’enfant, indique Me Fontaine-Beriot. Il va y avoir diffusion d’un mandat d’arrêt interna-tional – c’est comme ça que la petite Elise (voir encadré) a pu être retrouvée rapidement – ou d’un avis de recherche via Interpol. “Le but ce n’est pas d’obtenir une décision de justice qu’on ne va pas pouvoir faire appliquer, résume-t-elle, mais d’avoir du concret, c’est-à-dire pouvoir retrouver le plus rapidement possible l’enfant”. Elle indique aussi que “la coopération internatio-nale est assez efficace”, pour les dossiers qu’elle a traité. ”Au niveau européen ça fonctionne plutôt bien, et je pense que ça va marcher de mieux en mieux”. Différentes autorités vont être saisies, et même si la coopération permet d’aller vite, il faut compter plusieurs semaines voire quelques mois pour le retour de l’enfant.

Depuis les années 70, on assiste à une augmentation croissante du nombre d’en-

lèvements internationaux d’enfants. Les instances

s’organisent progressive-ment et à toutes les échel-

les (internationale, euro-péenne, nationale) pour

lutter plus efficacement et rapidement contre cette

situation à la fois brutale pour l’enfant et complexe à

gérer puisque concernant plusieurs pays.

Vanessa GaillardNée le 23 février [email protected] : Juillet-août 2009, La Provence. Avril 2009, Agence France Presse (AFP) Marseille. Février 2009, Montpellier Plus. Décembre 2007, Midi Libre de Montpellier.DERNIER DIPLÔME : 2008, Master 1 en science politique, Université Montpellier I.

Les enlèvements internationaux d’enfants entre parentsDécryptage d’un phénomène d’actualité

l’

inTErnaTiOnaLpar Vanessa Gaillard

REPè

RES PRèS D’1/7

des mariages en France sont des mariages mixtes (un Français épouse un étranger).(INED, 2007)

1/5des divorces concernerait un couple binational.(Étude de la Commission

européenne)

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La coopération internationale est efficace, mais elle n’est pas parfaite. Pour pouvoir régler un problème de façon internationale, il faut qu’il y ait une convention. “Ce qui pose problème, résume Me Fontaine-Beriot, ça va être la bonne ou mau-vaise volonté des pays concernés. Car on est dans un ressort un petit peu diplomatique”. “Chaque pays va peut-être avoir tendance à protéger ses administrés, estime-t-elle, et selon la relation qu’on a avec un pays les réactions seront différentes”. “Si un jour j’avais un problème avec l’Iran, l’Afgha-nistan ou l’Inde, conclut-elle, je pense que je serais bien embêtée parce qu’on a affaire à des systèmes juridiques très différents. Si j’étais confrontée à un pays dans lequel la femme n’a pas de droits ce serait difficile”.

“au niveau européen ça fonctionne plutôt bien”retour sur l’enlèvement de la petIte elIse

Elise, fillette franco-russe de 3 ans et demi, a été enlevée à son père au cours d’une agression à Arles (Bouches-du-Rhône), le 20 mars dernier, par sa mère et deux complices. C’est grâce à un mandat d’arrêt européen émis contre sa maman (russe) que 3 semaines plus tard, Elise a pu retrouver son père (français).

La coopération internationale a bien fonctionné. Cependant, l’affaire est complexe. Les parents, en instance de divorce, se disputent depuis 2007 l’en-fant dont ils ont chacun la garde dans leur pays. Elise fait partie des 50 dos-siers de séparation conflictuelle gérés annuellement par la France et la Russie, en l’absence de convention bilatérale entre les deux pays.

empêcher ce type d’affaire Nadine Morano, secrétaire d’Etat à la famille, a annoncé dans Le Parisien-Aujourd’hui en France une nouvelle mesure pour empêcher ce type d’affaire de se reproduire ; “dorénavant, pour obtenir une autorisation de sortie du ter-ritoire ou un passeport pour un enfant, la signature des deux parents sera obliga-toire”. Ce dispositif sera intégré au projet de loi sur l’autorité parentale qui devrait être examiné au Parlement à l’automne.

Nicole Guedj, ex-secrétaire d’Etat aux droits des victimes, propose d’élargir la diffusion des Alerte enlèvement à Internet pour “donner plus de chances à l’enfant d’être retrouvé”. 10 acteurs du Web dont Google, Yahoo ou Dailymotion ont déjà accepté l’idée. Le partenariat sera opérationnel début juin.

pays vers lesquels on enregistre le plus de déplacements illicites d’enfants

1) Les Etats-Unis2) L’Allemagne3) L’Espagne4) La Grande-Bretagne5) Le Royaume-Uni

(chiffres de 2006)

94 888 enfants sont nés d’un couple mixte en France en 2006. Soit près d’1/8 des enfants nés en France cette année-là.(INED)

244 dossiers de déplacements illicites d’enfants ont été ouverts en France en 2007. Ça concerne 333 enfants. Le père est à l’initiative de la demande dans 58% des cas.(Ministère de la justice)

En réalité, le nombre d’enfants enlevés annuel-lement s’élèverait à

1 000 en comptant les affaires non officielles gérées par les avocats spécialisés, les associa-tions de victimes et les services consulaires.

La Convention de La Haye, la plus complète et la plus signée des conventions d’entraide, n’enregistre pourtant que

50% de retours d’enfants.(Statistiques officielles de la

Conférence de La Haye)

pays lIés À la france par une conventIon d’entraIdeen cas d’enlèvement InternatIonal d’enfant

EUROPEles pays de l’union européenne

(sauf bulgarie, lettonie, lituanie et slovénie), bosnie-Herzégovine, croatie, islande,

liechtenstein, macédoine, monaco, norvège, suisse.

AMERIQUES

argentine, bahamas, belize, brésil, canada,

chili, etats-unis, mexique, québec, Vénézuela.

AFRIQUEalgérie, bénin, burkina faso,

congo, Djibouti, egypte, maroc, niger, sénégal, tchad,

togo, tunisie.

ASIEisraël, Hong Kong, liban,

macao, turquie.

OCEANIEaustralie, nouvelle-zélande.

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près la vague orientale, la déferlante de l’Amérique du Sud, c’est donc le tsu-nami indien qui submerge la culture et la consommation européenne. L’expansion

culturelle est la comédie musicale Bharati (Inde en hindi). Elle entraîne son public au cœur des mu-siques et des danses traditionnelles. Ce spectacle a été mis en scène pour la première fois en 2005 en Israël. Dès 2006 il est produit à Paris. Véritable phénomène, 900 000 personnes en Europe l’ont vu. Autre succès, le film de Danny Boy, “Slumdog Millionaire”. Il vient d’être récompensé par quatre Golden Globes, dont celui de la meilleure musique originale de film. Le compositeur Alla Rakha Rahman est le premier indien à recevoir un tel prix. La 81e cé-rémonie des Oscars a elle aussi rendu hommage à “Slumdog”. Huit oscars lui ont été attribués dont celui du meilleur film. Outre le cinéma, la publicité se met aussi à la mode indienne. Schweppes met ainsi en scène Nicole Kidman dans un palais indien.

la FRénéSie inDienne Michel Danino, vit en Inde depuis 32 ans. Il ana-lyse la civilisation de ce sous-continent. Cet expert affirme “la communauté indienne s’est développée en Europe, elle est plus visible, par exemple à Paris il existe désormais le festival de Ganesha, dieu de la sagesse. On célèbre aussi la fêté typique de Diwali, fête des lumières”. Des techniques millénaires indiennes tel que le yoga et la méditation commencent à être reconnues en Occident. Pour sa part, Lalitha Badrinath, d’origine indienne, vivant en France depuis 40 ans, constate une accélération dans l’échange culturel entre l’hexagone et l’Inde. Elle dresse le bilan à travers les discussions du groupe de réflexion Franco-indien, qu’elle préside depuis 20 ans. “La musique, la danse, les livres, le cinéma, mais aussi les vêtements indiens sont devenus populaires en France”. Françoise Boyer, rebaptisée Sathya depuis trois ans et demi, reste plus modérée. A 45 ans cette ancienne préparatrice en pharmacie, a décidé de se consacrer à sa passion. Administratrice du site www.indeaparis.com dans un

premier temps, elle anime depuis octobre dernier la section régionale Aix-Marseille du site. La demande des européens augmente. La preuve, “les restaurants indiens à Marseille ne cessent de s’ouvrir, et on trouve de plus en plus de stages de danses. C’est la conséquence du monde paillette de Bollywood” confie-t-elle. A contra-rio la peinture, la poésie, et la littérature indienne demeurent encore inconnues en Europe.

l’eSSoR économiqUe DU payS L’effervescence autour de la culture indienne n’est pas un hasard. Frederic Solton, ancien monteur de film, a crée une société de production, consacrée à l’Inde, “Shanga productions”. Depuis 1988, il va trois fois par an dans ce pays, il fait un constat sans équivoque : “la culture indienne intéresse les Européens car les médias donnent enfin une vision positive de l’Inde. En 1947 lors de l’indépendance de l’Inde, poursuit-il, la presse était en pleine expansion, nous avons vu beau-coup de reportages et de photos montrant uniquement la pauvreté. L’image diffusée commence à peine à changer.” Les professionnels de l’information mettent l’accent sur la culture, les arts, le développement du pays et l‘enracinement de la démocratie en Inde. Les médias transmettent enfin une représentation plus équilibrée de l’Inde. Ce changement est dû en partie à l’essor économique du pays. En cinq ans, l’Inde a connu un changement impor-tant. Sathya au fil de ses voyages, a été témoin de cette évolution. La circulation est devenue infernale, signe d’investissement des indiens dans l’automobile. La population est plus mobile, elle part en vacances. En 1990 les villages étaient refermés sur eux-mêmes, ils sont reliés désormais au reste du pays. Les moyens de communication sont en pleine explosion, chaque habitant dispose d’une connexion Internet, et d’un téléphone portable. Mumbai, (ex Bombay), devient la capitale des jeunes entrepreneurs. Les responsables politiques européens fructifient les échanges avec l’Inde. Signe d’ouverture, depuis septembre dernier le port de Mumbai est jumelé avec le port autonome de Marseille. Solide amarrage ?

La culture indienne est la nouvelle coqueluche des occidentaux. Ce pays fascine, et ses us et coutumes s’exportent. Pourquoi un tel engouement ?

Julie FullanaNée le 29 novembre [email protected] : Juillet-août 2009, Hebdomadaire culturel Founoun à Montréal. Avril 2009, La Provence service sport à Marseille. Février 2009, service presse Eurocopter à Marignane. Avril 2008, La Marseillaise la locale à Marseille.DERNIER DIPLÔME : Master 2 journalisme juridique, et DU outils et communication de l’information

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inTErnaTiOnaLpar Julie Fullana

La culture indienne aux portes de l’Europe

L’Inde est-elle la nouvelle grande puissance économique ?je reste réservé, c’est un pays qui a des capacités démographiques mais son économie est encore trop pauvre et fragile. par contre à la différence de la chine, l’inde effectue un chemin lent mais graduel et équilibré. entre 1950 et aujourd’hui, l’inde est passé d’un système en autarcie, à une économie qui participe à la mondialisation.

Quelle étape lui reste-t-il à accomplir ?je n’aime pas spéculer, mais une chose est sûre son développement est encore long. il faudrait tout d’abord que le produit intérieur brut (pib) aug-mente. aujourd’hui il est de 2 900 milliards pour un 1,100 milliard d’habitants. pour point de comparaison la france a un pib de 2 000 milliards pour 63,3 mil-lions d’habitants. beaucoup de personnes ont vendu l’inde comme le nouveau miracle, or il faut analyser les marchés avec précaution et bien se renseigner.

Où en sont les relations économiques entre l’Inde et l’Europe ?pour l’inde, l’europe n’est pas une priorité. l’europe n’est plus une grande puissance politique et mili-taire. elle est riche, mature mais n’a pas d’ambition à l’échelle mondiale. l’inde se tourne vers les etats-unis, elle est très ouverte sur le marché mondial.

Jean Joseph Boillot est spécialiste de l’Inde. Il est également co-fondateur de l’Euro India Economic et Business Group (EIBG), crée en 2007.

troIs questIons À … Jean Joseph Boillot, conseiller au centre français dans le domaine de l’économie internationale

“trop fraGIle pour être une puIssance économIque”

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Inde120 000

États-Unisenviron 5 500 / 6 000

Canada(non communiqué) France

environ 300

Grande-Bretagnemoins de 1 000

Espagnemoins de 1 000

Australiemoins de 1 000

Taïwanmoins de 1 000

Russiemoins de 1 000

Nouvelle-Zélandemoins de 1 000

Suisse4 000

Népal30 000

Bhoutan(non communiqué)

Italiemoins de 1 000

Dans les monastères ouverts pour les tou-ristes par les chinois, le cœur du boud-hisme continue à battre, et avec lui l’âme tibétaine” Claude Levenson, écrivain

sinologue et spécialiste du Tibet, n’a aucun doute. L’identité tibétaine n’est pas prête de mourir. Portée par une foi viscérale, ce peuple repousse les fron-tières, et prouve qu’il est né pour résister.Pendant 50 ans d’occupation, le gouvernement chinois a pourtant tout mis en œuvre, pour gommer ces particularismes. Première cible, la mémoire collective. A grand coup de démoli-tion, Pékin s’est attaqué à l’architecture tibétaine. Depuis 1984, “les autorités chinoises cherchent à détruire ce qui était la représentation d’une identité architecturale très différente” témoigne-t-elle. De son voyage à Lhassa en 2006, elle retient une ville “en-chinoisée”. De grands bâtiments gris recouvrent les fondations de monastères typiques. Ce qui n’a, pour la chercheuse “aucun sens à 3 600 mètres d’altitude”. Transparait ainsi la détermination du

gouvernement chinois. “En détruisant le passé, ils veulent condamner l’avenir du peuple tibétain”. De-puis quelques années, des campagnes d’éducation patriotique aggravent la situation. Elles imposent une lecture chinoise de l’histoire tibétaine. Pire, elles font l’impasse sur la foi. Alors comme tout peuple opprimé, il revendique sa différence. Avec une valeur ajoutée. Il est viscéralement attaché à la foi bouddhiste. Cette spiritualité lui donne une force incroyable, le courage de résister. Condamnés à l’exil, 150 000 Tibétains sont réfu-giés en Inde. Loin de leur terre, la transmission de leur culture reste une priorité. Dès leur arrivée, ils construisent des monastères. Le plus important

est de “reconstituer des piliers d’enseignement”. Reconstruire la mémoire écrite puis continuer à transmettre, selon les pratiques traditionnelles. Complètement intégré en chaque tibétain, la philosophie du boudhisme se manifeste par une incroyable ferveur. Cette spiritualité préserve leur identité des tentatives d’anéantissement chinoi-ses. Comme le ciment de cette foi, le Dalaï Lama incarne à lui seul l’identité tibétaine ; “Il est le re-présentant idéal de ce qu’ils sont” confirme Claude. Sous les traits de cet homme, religieux, ouvert au monde, sage, connu et reconnu partout, le Tibet s’arme de sa grande foi pour parler au monde. Depuis leur exil, les tibétains découvrent l’ensei-gnement de matières “profanes”, comme l’histoire. Son regard s’élargit. Et l’Occident identifie peu à peu une culture très mal connue. “De la tragédie tibétaine émerge finalement un peu de positif” s’émeut la scientifique.“Depuis l’exil en Inde, des érudits tibétains sont invités par des universités, des chaires de philosophie tibé-taine sont créées”. Voilà ce que Claude Levenson appelle “le paradoxe tibétain”. Ecrasé sous la botte chinoise, le peuple tibétain bombe le torse et se relève, grandi.

Depuis 50 ans, l’identité culturelle tibétaine est mise à mal par les autorités chinoises. Polissé, “enchinoisé”, le peuple tibétain affirme plus que jamais sa différence.

Christine LaemmelNée le 26 avril [email protected] : Septembre 2008, La Provence - Service des sports. 2008-2009, Chargée des relations presse pour des compétitions nationales et internatio-nales de planche à voile.DERNIER DIPLÔME : Master 1 Droit “Société-Communication-Culture”

Le tibet plie mais ne rompt pas

inTErnaTiOnaLpar Christine Laemmel

“l’europe se tourne vers le tibet Dans la sérénité du Centre Bouddhiste Tibetain de Marseille, Marie Christine Castaing, prési-dente de l’association, confie le regain d’intérêt de l’Occident pour la philosophie tibétaine. “Leur mode de réflexion offre d’autres possibili-tés” assure-t-elle. “Ce peuple est d’une grande spiritualité. Peut être trop même. Mais nous , nous sommes trop dans le matériel” concède-t-elle. Alors il est logique que ce soit l’Europe qui ait recherché une démarche spirituelle. “Ce sont les européens qui sont allés vers les tibétains” ajoute-t-elle. Dans une société occidentale matérialiste, stressante et égoïste, les hommes sont attirés par “la richesse des enseignements de la philosophie bouddhiste” et sont de plus en plus nombreux à passer les portes du Centre de la rue Paradis. Méditation, médecine traditionnelle, pour bénéficier de tous ces enseignements, les Européens financent la venue en France de grands maîtres. Pour se sauver, ils sauvent la culture tibétaine.

“Les Juifs de l’Asie” retourneront, au Tibet où ils formeront une

grande puissance.”Dominique Lacav, Provence Himalaya

La planète Tibet au-delà des murailles

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e 28 février 2009, le parlement chinois a adopté la nouvelle loi sur la sécurité alimentaire, promettant des règles plus strictes et des peines sévères. Elle prend effet à partir de Juin 2009. En dernière lec-

ture, on a ajouté un nouvel article, le n° 55, pour renforcer le contrôle sur la publicité alimentaire.

Art. 55 “Les groupes sociaux ou d’autres organisations, les individus qui recommandent des produits alimentaires au consommateur dans la publicité mensongère et qui portent préjudice aux droits et intérêts légitimes des consommateurs doivent être conjointement et solidaire-ment responsables avec les fabricants.”

Ici, le terme “individus” concerne les stars, les célébrités et aussi des gens ordinaires. Mais la Chine a l’habitude d’uti-liser surtout les stars dans la publicité. L’opinion publique chinoise se passionne pour “la responsabilité conjointe de la star” ce qui provoque un débat acharné en Chine. En 2005, une célèbre actrice chinoise, Carina Lau, a été accusée d’avoir promu dans une publicité mensongère l’utilisation d’un produit de SK qui au bout de quatre se-maines, pouvait aider à “réduire les rides de 47% et vous faire apparaître 12 ans plus jeune”. Du fait de l’absence de support juridique dans le droit chinois, Carina Lau n’avait pas eu de sanction. En 2008, le scandale du lait frelaté a touché la Chine. Des 22 fabricants de lait en poudre qui ont été mis en cause pour avoir utilisé de la mélamine, la majorité avait eu recours à des stars pour présenter le produit laitier. Deng Jien, célèbre actrice chinoise, disait ainsi ce texte : “pour mon choix de lait en poudre je suis très exigeante : Huiyou Sanlu lait infantile en poudre est un pro-ducteur professionnel, une garantie de qualité, un produit de grande marque, on peut être rassuré, l’avantage est réel. Huiyou

Sanlu lait infantile en poudre moi j’ai entièrement confiance”. Or le géant laitier chinois Sanlu a été la première entreprise mêlée à ce scandale immense. Les vedettes, de par leur célébrité, acquièrent une auto-rité qui leur confère une grande influence. Jusqu’à pré-sent en application de la loi chinoise, aucune n’a été condamnée. C’est un vide dans le droit chinois, sur lequel le scandale du lait a focalisé une lumière crue. La nouvelle loi tente de combler ce vide juridique, même si elle est contestée par certains, comme Feng Xiaogang, réalisateur, qui lors d’un débat télévisé l’a jugée injuste. Beaucoup de stars chinoises jugent que l’article 55 est “très sévère”. Comparée à la loi française, la réglemen-tation chinoise reste très en retrait.L’article L.121-1 du Code de la consommation précise que toute publicité mensongère est interdite à desti-nation du consommateur. La responsabilité pénale est même engagée. L’article 313-1 du Code Pénal stipule que l’escroquerie est punie de cinq ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende. En septembre 1989, Danièle Gilbert, l’ancienne animatrice de télévision, a ainsi fait sept jours de prison après le dépôt de nom-breuses plaintes. Elle a été inculpée d’escroquerie et de publicité mensongère pour avoir vanté les mérites de la Bague de Ré, anneau censé procurer chance et bonheur à ceux qui la portaient pendant trente jours. L’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité existe en France depuis plus de 70 ans. Elle n’existe pas en Chine ce qui explique les récents scandales. Mais avec la volonté d’inscrire la défense du consommateur dans la loi, le pays confirme son souhait d’intégrer la communauté internationale, y compris dans le domaine très concurrentiel de l’alimentaire.

La Chine et la France ont des réglemen-tations différentes concernant la res-ponsabilité en cas de publicité menson-gère. C’est pour cette raison qu’une star chinoise n’a pas été sanctionnée, alors que son homologue française a passé sept jours en prison.

Zhiling LiuNée le 18 octobre [email protected] STAGES : Juillet à Août 2009, le groupe “Chongqing Télévision”. Juillet à Septembre 2006, l’agence de publicité SIYA, Chongqing (Chine).DERNIER DIPLÔME : 2007, Maîtrise en lettres, spécialité Journalisme, à l’Université de Sciences politiques et de Droit du Sud-Ouest de la Chine.

Aucune sanction ou sept jours en prison ?

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inTErnaTiOnaLpar Zhiling Liu

Publicités mensongères en Chine

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Il y a 40 ans, l’homme posait pour la première fois le pied sur la Lune. La prouesse humaine et technologique a laissé place à une course aux bre-vets. La fin d’un rêve ?

Pauline EschenbrennerNée le 9 octobre [email protected] : Juillet-août 2009, La Dépêche du Midi, agence locale, Mai-juin 2009, LaProvence.com, web reportage, Février 2009, la Dépêche du Midi, agence locale.DERNIER DIPLÔME : 2008, Master 2 Droit international et comparé, Université Toulouse I

L’Espace : propriété privée ?

a Terre ne suffit plus. La Lune devien-dra bientôt le laboratoire de recherche de l’Homme et une base avancée de lancement vers Mars.

A l’heure où la NASA et l’Agence Spatiale Euro-péenne lancent leurs programmes de retour sur la Lune, se pose la question du droit applicable aux futures colonies. A qui appartient l’espace ? Le professeur Pierre-Marie Martin Directeur de l’Institut du Droit de l’Espace, des Territoires et de la Communication de Toulouse assure que “la question mérite d’être posée. Cette question simple appelle une réponse tout aussi simple : l’espace n’appartient à personne et peut être utilisé par tout le monde”.Calqué sur la convention de 1959 sur l’Antarc-tique, le Traité1 sur l’espace de 1967 a posé les bases du droit de l’espace : la liberté d’exploi-tation, et la non appropriation. Au début de l’aventure spatiale, les Etats ont voulu montrer leur attachement à ces principes. P. M. Martin en veut pour preuve le premier pas de l’Homme sur la Lune, “Si Neil Armstrong a planté le drapeau américain sur le sol lunaire, sa première phrase a été une pensée pour l’humanité”. La notion de patrimoine commun de l’huma-nité paraît néanmoins difficilement compatible avec une exploitation industrielle des ressources de l’espace. C’est pourquoi il ne faut pas confondre droit de l’espace, et droit des activités spatiales. C’est bien du second dont il est question

aujourd’hui. “C’est la discrétion absolue. Il n’y a pas de jurisprudence, et donc aucune de défi-nition de la faute” rapporte P.M Martin. Selon lui, la raison de ce vide juridique est évidente, “Les perspectives actuelles peuvent faire beaucoup d’argent, et jusqu’à présent il n’y a pas beaucoup d’expériences. L’enjeu c’est le brevet”.

Doit-on cRainDRe Une pRiVatiSation De l’eSpace ? Dans l’espace extra-atmosphérique comme en haute mer, aucun Etat n’exerce sa juridiction territoriale. Le droit s’applique en fonction de la nationalité des personnes ou de l’immatri-culation des engins spatiaux. Les enjeux économiques découlant des décou-vertes faites dans l’espace sont énormes. Il est fondamental de pouvoir rattacher les activités de recherche à un Etat afin d’appliquer les rè-gles de propriété industrielle. P.M. Martin cite les recherches effectuées sur la pénétration des molécules dans la peau en milieu spatial. Si le sujet semble a priori abstrait, il faut imaginer la valeur d’un tel brevet. Une telle découverte serait capitale par exemple pour le marché des produits de beauté. Il pourrait être revendu à tous les laboratoires et fabricants de crèmes anti-rides, auto-bronzants, crèmes amincissan-tes, le tout représentant d’énormes débouchés économiques.

Afin d’éviter toute dérive mercantile le traité fondateur de 1967 prévoit une double respon-sabilité des Etats. Dans l’article VI, il est prévu que L’Etat est responsable de toutes les activités “nationales” effectuées dans l’espace, “Qu’elles soient entreprises par des organismes gouverne-mentaux ou par des entités non gouvernementa-les”. Le texte autorise donc les activités privées, mais assimilées aux activités nationales. L’Etat est donc responsable. Il l’est également, et de manière “absolue”, c’est-à-dire sans possibilité d’exonération, de tous les dommages causés par les engins qu’il aura lancés. Cette double protection, oblige les Etats à pren-dre des lois permettant les activités spatiales d’initiative privée, tout en les soumettant à un régime strict d’autorisation. En France, la loi2 soumet, sous l’égide du CNES3, l’autorisation à des critères moraux et techniques. La loi prévoit également une obligation d’assurance et un ré-gime de sanctions administratives et pénales. Responsabilisées, les grandes puissances sont les garantes d’une utilisation raisonnée de l’espace. Après l’humanisme des années 60, les juristes ne cherchent plus à obtenir de grands Traités, mais plutôt à établir des règles pratiques d’ex-ploitation. La tête dans la lune mais les pieds sur Terre.

1. Traité de 1967 sur l’espace extra-atmosphérique, la lune et les autres corps célestes

2. Loi du 3 juin 2008 relative aux opérations spatiales,3. Centre National d’Etudes Spatiales

l

inTErnaTiOnaLpar Pauline Eschenbrenner

l’objectif est de retourner sur la lune avant 2020, d’étendre la présence de l’Homme dans le système solaire et d’attirer les fonds privés dans l’exploration spatiale. obama vient d’annoncer que le prochain budget de la nasa sera augmenté de 5% par rapport à 2009. la nasa ne cache pas l’intérêt que suscitent cer-tains minéraux et gaz repérés dans le sous-sol de la lune, de l’Hélium-3, gaz très rare sur terre. issu du vent solaire, il pourrait permettre de produire de l’énergie nucléaire « propre », sans déchets radioactifs. le sous-sol lunaire en contiendrait plus d’1 million de tonnes. sachant que 25 tonnes suffiraient à produire l’énergie des etats-unis et de l’union européenne pour toute une année, les ressources dis-ponibles sont considérables. la tonne d’hélium est estimée à plus de 4 milliards de dollars. l’agence spatiale européenne a elle aussi lancé en 2002 son nouveau programme d’explo-ration, appelé « aurora ». Des vols habités sur la lune sont prévus dès 2020-2025, avant de s’installer sur mars dans la décennie suivante. la russie et la chine ont exprimé officiel-lement des objectifs similaires. les ingénieurs planchent déjà sur une forme de cargo de l’espace pouvant transporter sur terre les énormes quantités de gaz récupérées sur la lune.

remarcher sur la lune

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able blanc cocotiers, douceur de vivre. Derrière la carte postale une réalité plus sombre. Chômage, coût de la vie élevé, avenir naufragé… Les

manifestations massives du début de l’année dans 3 des 4 départements d’outre-mer trou-vent ici leurs racines.Le 20 janvier le Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP), mené par Elie Domota, lance une grève générale en Guadeloupe. La baisse du pouvoir d’achat est le détonateur. Port et commerces bloqués, écoles fermées, l’île sera au point mort pendant 44 jours. La Martinique et la Réunion prennent le relais. On craint une propagation à tout l’Outre-mer. La tournure identitaire que prend le conflit l’empêchera (voir encadré). Le chômage et la baisse du pouvoir d’achat tou-chent la totalité des collectivités d’Outre-mer, plus durement encore qu’en Métropole.

Une noUVelle appRoche De l’oUtRe-meR peU popUlaiReParmi les promesses incluses dans l’accord de fin de conflit du 4 mars, l’Etat s’engage à organiser des états généraux de l’Outre-mer. Il veut faire participer les populations à la réflexion sur l’avenir de leur collectivité. Lancé officiellement le 22 avril au niveau national, l’évènement n’attire pas les foules. La majorité des habitants y voient des discussions entre experts plus qu’un réel espace de débat.Les élus sont prudents. “Pour moi, c’est simple, confie Serge Letchimy, député apparenté PS de Martinique, les états généraux, c’est une franche mobilisation du peuple. Mais j’ai peur que ce ne soit que la synthèse feutrée d’une revendication beaucoup plus profonde”. Le LKP, lui, a refusé de

Début 2009 un conflit va balayer l’image idyllique de l’outre-mer et mettre en lumière les problèmes liés à l’insularité. L’identité des ultramarins, Antillais en parti-culier, les inégalités sociales, le modèle économique archaï-que ressurgissent. La réforme de l’outre-mer et de ses rela-tions avec la mère patrie se pose à nouveau.

tonnerre sous nos tropiques

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inTErnaTiOnaLpar Charlotte Mestre

LA LODEOM

pour loi d’orientation pour le Développement economique de l’outre-mer. elle a été adoptée le 13 mai 2009. elle prend la suite des lois girardin sur la défiscalisation, mais de manière plus globale, en prenant en compte l’économie dans son ensemble. cette loi comporte plusieurs volets. l’un des plus importants reste la défiscalisation, mais revue pour s’accorder avec la volonté de la loi de finances 2009 de lutter contre les niches fiscales. il y a aussi la continuité territoriale, un ensemble de dispositions destinées à faciliter le déplacement en métropole. la loi prévoit aussi un volet sur le logement social. enfin elle crée un fond d’investissement, pour aider les collectivités dans les plus gros investissements utiles.

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participer aux discussions, qualifiant les états généraux de “mascarade où tout est joué d’avance”. Le Gouvernement ne désarme pourtant pas. Il voit dans ces états généraux, la première étape d’une approche nouvelle. La seconde étant la LODEOM, la loi pour le développement économique de l’Outre-Mer, adoptée par le Parlement. Jugée obscure par les électeurs, elle est loin de faire l’unanimité chez leurs élus. Beaucoup ont reproché au Gouvernement son manque de souplesse lors de l’examen des amendements. Le contenu de la loi est aussi pointé du doigt. L’UMP, la juge comme étant “un instrument pragmatique, efficace et équilibré”. L’opposition, non. Si deux de ses amen-dements on été adoptés, Serge Letchimy la considère comme “une loi financière et économique, en aucun cas une loi de développement, ou répondant aux problèmes sociétaux”.

l’oUtRe-meR, Un atoUt qUe la FRance Doit choUchoUteRTout imparfaits qu’ils soient les états généraux ont au moins le mérite d’essayer de poser le cadre futur, éco-nomique, sociétal voire institutionnel, des collectivités d’outre mer. Une approche trop centrée sur les col-lectivités et pas assez sur l’ensemble ultramarin serait dommageable. Une vision monolithique de l’outre-mer français est totalement inadéquate. L’histoire, les statuts, l’économie, la population sont trop différents pour avoir une approche “uniciste’’ de collectivités si différentes dans leurs réalités.Bon nombre de métropolitains, lassés d’en entendre parler, trop ignorants des enjeux, suggèrent de leur donner leur indépendance. Ce serait un peu vite oublier l’importance géostratégique et économique de ces mor-ceaux de France du bout du monde. La France est la deuxième puissance maritime mondiale, présente sur tous les océans. Avec toutes les conséquences écono-miques inhérentes. La pêche bien sûr, mais surtout les fonds sous-marins, réservoirs potentiels d’hydro-carbures. La France gagne aussi de l’argent : tourisme, exploitations minières, forestières et autres…. Avec la crise actuelle, et celle plus récente dans les DOM, les relations Outre-mer /Métropole restent à repenser.

Charlotte MestreNée le 8 août [email protected] : Mars 2009, La Provence Aix-en-Provence. Août 2008, RFO Nelle-Calédonie – Rédaction TV. Janvier 2005, Les Nouvelles Calédoniennes.DERNIER DIPLÔME : 2008, Master 1 Droit pénal et carrière judiciaires

de la crIse socIale À la crIse IdentItaIre / la part d’hIstoIre dans le conflIt

années 1600, la france investit les antilles. quelques années

plus tard, les premiers esclaves africains sont amenés sur place.

par la suite, les anglais, également présents sur les îles, optent

pour la déportation massive. cette situation dure jusqu’en 1848,

année de l’abolition de l’esclavage en france, devenue “proprié-

taire” de la guadeloupe et de la martinique. mais si l’esclavage

a cessé au 19e siècle, le modèle économique antillais est resté

peu ou prou le même. la majorité des richesses et des exploita-

tions appartiennent aux blancs, appelés en martinique les békés,

et la population métisse et noire travaille pour eux. en résultent

un tas de non sens économiques comme le sucre produit sur

place mais plus cher qu’en métropole. et d’inégalités, à l’origine

du conflit de janvier. mais bien au-delà, c’est le système tout

entier qui a été remis en cause et avec lui son histoire. si tout le

monde s’accorde à dire que ce n’était pas la seule raison, son

rôle a été majeur. c’est ce qui explique notamment le cantonne-

ment du conflit aux Dom. les autres collectivités n’ont pas ce

passé esclavagiste. au moment de leur colonisation, une poli-

tique d’évangélisation des populations était en cours. Du coup

elles ne fonctionnent pas sur le même modèle économique. les

populations ne se sont pas complètement identifiées au conflit. il

existe non pas un, mais plusieurs outre-mer, avec une histoire et

un fonctionnement différents.

“L’Etat s’engage à organiser des états généraux de l’Outre-mer. Il veut faire participer les populations à la réflexion sur l’avenir de leur collectivité”

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Romain, Joseph, Luis, Abdel, tous sont mar-seillais. Les Gitans font partie de ces mi-norités qui ont amarré leurs coutumes au sein de la cité phocéenne. La grande famille du peuple du vent, aussi diversifiée soit elle, comporte une majorité de sédentaires. Entre traditions et mode de vie marseillais, ils ont trouvé le juste équilibre.

“Pendant longtemps, personne n’a su que les Santiago étaient gitans”, raconte le chercheur Marc Bordigoni. “Leurs voisins ont découvert leurs origines le jour du mariage de leur fille. 500 personnes sont arrivées en caravane dans le village des Bouches du Rhône”.Travaillant à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme d’Aix-en-Provence et auteur du livre « Les gitans », il explique qu’une grande majorité de ce peuple est bien in-tégrée et sédentarisée. “Ils sont presque invi-sibles”, poursuit-il. Ils souhaitent se mêler à la société française, selon lui. Tradition-nellement nomades, les gitans avaient pour habitude de se déplacer là où se trouvait le travail. Aujourd’hui la sédentarisation affaiblit leur mode de vie séculaire. Pour autant, ils ne perdent pas leurs valeurs et leurs traditions.

Une DoUBle caSqUetteAlain Fourest, directeur de l’association Rencontres Tziganes de Marseille, évoque lui une « double casquette ». “Ils sont fran-çais par nécessité et gitans par la culture”, dé-crypte-t-il. S’ils ne peuvent plus tous vivre sur le même terrain, ils se regroupent dans le même quartier ou dans le même immeu-

ble. L’adaptation de leurs valeurs au mode de vie français semble donc possible. Ces hommes et ces femmes privilégient leurs valeurs. L’une d’elle : le collectif prime sur l’individu. Pour ne pas se mettre en avant individuellement, ils renoncent à certaines activités.

Les enfants gitans décrochent de l’école plus facilement que les autres écoliers. Réussir sa scolarité, c’est se distinguer des autres membres de la communauté. Alain Fourest précise, “l’école nie l’originalité, elle ne prend pas en compte les différentes cultures”. Le directeur de l’association marseillaise fait un constat sans concessions, “oui les gitans

ont un désir de s’intégrer, mais la difficulté provient de la société sédentarisée et des pouvoirs publics”. Ce serait donc la société qui mettrait à l’écart. “Le mode de vie français n’est pas adapté aux gitans et ne cherche pas à l’être”, plaide-t-il, “la société est rigide, elle n’admet pas la différence”.

Comme pour d’autres communautés, la diffé-rence fait peur. Beaucoup de préjugés existent envers les gitans. Ils en sont en partie respon-sables. “Informer les gens sur les valeurs des gitans” reste une priorité pour réussir leur intégration ou au moins une bonne juxta-position à la société marseillaise.

Les traditions ont la vie dure dans les différentes communautés qui animent le quotidien marseillais. Pour autant, au contact des autres arts de vivre, les particularismes perdent leurs prégnances, voire ce qui en faisait leurs profondes identités. Exemples à travers les Gitans et les Comoriens de Marseille.

Il était une foisle peuple du vent

sans caravanes, ils restent gitans

“Informer les gens sur les valeurs des gitans reste une priorité pour réussir leur intégration ou au moins une bonne juxtaposition à la société marseillaise”

sOciéTépar Pauline Juvigny

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Pauline Juvigny Née le 21 juin [email protected] : Juillet-Août-Septembre, Toulouse Mag et Toulouse Femmes. Février 2009, L’éditoriale.DERNIER DIPLÔME : 2008, Master 1 Droit international, européen et comparé à l’Université Toulouse I.

Mariage des comoriens à la sauce marseillaiseMadame F. n’était pas vierge le jour de ses noces et Mme B. s’est mariée deux fois dont l’une avec un habitant d’un village voisin.Le Grand-mariage, coutume très respectée par les Comoriens, a connu quelques adaptations avec l’émigration de cette communauté à Marseille. Virginité, mariage unique et endogamie1 villageoise, toutes ces obliga-tions ont été négociées par les Comoriens. Amélie Barbey, ethnologue à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme à Aix-en-Pro-vence, assure qu’avec “les différentes migrations, ils ont mis à distance quelques unes de leurs traditions”. “Le contournement de l’injonction de virginité apparaît de plus en plus comme étant acceptable”, dit-elle dans une communication personnelle.Bien plus qu’une simple négociation, certains Comoriens contestent la tradition. La règle de l’endogamie villageoise et l’absence du senti-ment amoureux heurtent sensiblement le mode de vie des Comoriens intégrés en France depuis des années.

Les valeurs des Innus se heurtent-elle au mode de vie moderne québécois ? Alain Picard : les innus ne cherchent pas nécessairement à s’intégrer, mais plutôt à vivre en parallèle par un développement dont ils seraient les maîtres d’œuvre. les aînés et les parents cherchent à exposer les jeunes à leurs valeurs ancestrales. les jeunes eux, embrasent le moder-nisme et veulent améliorer leur qualité de vie plus que d’acquérir les traditions.

La sédentarisation est-elle en cause ?A.P : ce qui les conduit au bord du gouffre, c’est plus l’assimilation, la perte de leur langue et coutumes que la simple sédentarisation. Les conflits culturels peuvent-ils trouver solution ?A.P : j’ai bien peur que la modernité fasse disparaître les traits culturels de ces groupes d’individus. ce qui fait que ultimement le combat por-tera plus sur les moyens dont ils disposeront pour assurer leur survie économique.

Les Innus sont la plus importante population autochtone du Québec, province du Canada. Long-temps nomades, ils ont été sédentarisés dans des communautés à l’écart des villes par la politique du gouvernement des années 60. Ce nouveau mode de vie a depuis éloigné les Innus d’une partie de leurs coutumes et traditions. Explications d’Alain Picard, journaliste à Radio Canada.

troIs questIons À…

alain picard, journaliste à radio canada

dans le Grand nord aussI…

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affaire débute en 2001 à Aix-en-Provence : une société immobilière renommée, Apollonia, démarche dans le milieu des professions libé-

rales à Marseille. Elle propose des investisse-ments sur des locations en meublés à usage professionnel. La stratégie consiste en l’achat du bien autofinancé par les loyers perçus, le bonus réside dans la défiscalisation.Claude Michel, médecin, se réjouit déjà d’une retraite confortable : “J’ai accepté ce qu’on me présentait comme un complément de retraite, qui pourrait me permettre de retrouver la situation financière que j’ai en activité.” Mais comme ses

confrères, il déchante vite en voyant tomber les premiers loyers quelques années plus tard… “Au bout de 3 ans, s’indigne-t-il, on se pose quelques questions en voyant que les loyers ne correspon-daient pas du tout à ce qui était nécessaire !”. Acculés par des dettes pharamineuses impré-vues, les victimes décident de se réunir en association. Claude Michel devient président de l’Association des victimes de loueurs en meu-blés professionnels (ASDEVILMP) et porte une plainte massive.En septembre 2008, une information judiciaire contre X pour “escroquerie en bande organisée, faux, usage de faux et exercice illégal de l’activité

d’intermédiaire en opérations de banques” est ouverte par le pôle économique et financier du parquet de Marseille. Les deux gérants, père et fils, de la société immobilière et trois de leurs commerciaux sont écroués en février. Les médias dénoncent une escroquerie immobilière dont le préjudice atteindrait 1,5 milliard d’euros.La société est accusée d’avoir faussé certains documents, signés “en blanc”, mais aussi d’avoir contracté des emprunts au nom de ses clients. Les investigations démontreraient que la société Apollonia jouissait de l’appui des ban-ques, confortant ainsi les acheteurs dans leurs démarches. Maître Gobert, avocat des victimes

“Une vaste escroquerie immobilière frappe la région” titrent les journaux locaux depuis quelques mois dans les Bouches-du-Rhône. Médecins, chirurgiens ou ingénieurs… tous issus de milieux aisés et victi-mes de mauvais placements à Aix et Marseille. Surendettés, ils se sont engagés dans un conflit judiciaire contre la société qui a causé leur faillite, et contre les banques qui ont validé ces prêts. La bataille juridi-que ne fait que commencer…

Laetitia MaryNée le 3 février 1984 à Nouméa (Nouvelle Calédonie)[email protected] : Février 2009, Marie-Claire magazine à Paris. Juin 2007, cabinet de Maître Bérenger,DERNIER DIPLÔME : 2008, Master 1 en droit international, européen et comparé à l’Université Toulouse 1

Des médecins ruinés par l’immobilier

l’

sOciéTépar Laetitia Mary

L’affaire Apollonia

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présumées, s’insurge contre le manque d’im-plication des autorités de contrôle. Il s’étonne en particulier de l’absence de vérification des banques pour des prêts importants. Montant record, car certains sont endettés à hauteur de 4 millions d’euros.Les banques se sont à leur tour constituées partie civile, se considérant victimes aussi de la société immobilière. Début avril, la brigade financière perquisitionne une agence du Crédit Mutuel à Marignane, où un nom-bre important de dos-siers d’Apollonia ont été traités. On s’étonne encore de l’abondante activité d’une agence si “modeste”.Chez Maître Spadola, avocat de la société immobilière, le ton est tout autre. Stéphanie Lacroix, son associée, explique patiemment le processus contractuel d’une vente en l’état de futur achèvement (Véfa). Selon elle, la loi a été scrupuleusement respectée par les démar-cheurs : “Aux différents stades de la vente ils ont eu la possibilité de se rétracter. Ils ont eu les contrats en main durant plusieurs mois, ont reçu chez eux les documents qu’ils avaient largement la possibi-lité d’étudier. De plus, ce sont des personnes qui

ont un certain niveau d’études, qui leur donne les cartes nécessaires pour s’engager ou pas.” Selon la société, les acheteurs ont été simplement victi-mes des aléas du marché immobilier.Claude Michel se révoltait lors d’une interview radio en janvier dernier : “On nous reproche le manque de réflexion alors qu’on avait le niveau pour faire les calculs mais encore faut-il avoir les bons chiffres ! C’est leur métier : ils savaient très bien où ils nous conduisaient. Je pense qu’ils ont

voulu s’en mettre plein les poches à notre détri-ment, ce qu’ils ont très bien réussi. On a fait confiance à des profes-sionnels qui ont l’agré-ment par les organismes nationaux, à des banques qui ont pignon sur rue. Si on ne peut plus faire confiance à ces gens là,

alors on n’est plus dans un pays de droit.”Ainsi, les acheteurs dénoncent l’irresponsabilité des banques, alors que celles-ci s’érigent en victimes de la société immobilière, elle-même accusant la turpitude de ses clients. A qui impute la responsabilité de cette situation ? Le juge tranchera bientôt.

Les motifs que le candidat acquéreur

peut invoquer pour renoncer sans péna-

lité à son projet, sont prévus par la loi :

Si le vendeur ne respecte pas la date

prévue pour la signature du contrat de

vente définitif ou si le prix de vente est

supérieur d’au moins 5% au prix prévi-

sionnel.

Si les crédits sollicités pour le finan-

cement de l’acquisition ne sont pas

obtenus ou si le montant des prêts que

le vendeur s’est engagé à obtenir pour

le compte de l’acquéreur est inférieur de

10% à ce qui était prévu dans le contrat

de réservation.

Enfin une dernière cause de rétractation

est prévue par la loi lorsque le logement

décrit dans le contrat de vente ne cor-

respond pas aux énonciations du contrat

de réservation et que les différences

constatées diminuent de plus de 10% la

valeur du logement. Cette même règle

vaut également si l’un des équipements

promis n’est pas réalisé.

quels motifsinvoquer pourse rétracter ?

la procédure de Vente en l’état de futur achèvement (Véfa)

la vente en l’état futur d’achèvement est un contrat par lequel un professionnel se charge des démarches et dirige les travaux de construction d’un logement. l’acheteur paye le prix au fur et à mesure de l’avan-cement des opérations. lorsque le terrain appartient au promoteur, on parle de Véfa ou d’achat sur plan. les trois principales étapes de cette vente sont : 1. Le contrat de réservation en signant ce premier document, le vendeur prend l’engagement de réserver un logement à l’acquéreur. en contrepartie, celui-ci verse un dépôt de garantie. a compter de la réception de ce contrat, s’écoule un délai de renonciation de 7 jours pendant lequel le si-gnataire du contrat de réservation peut se rétracter sans motif ni frais. au-delà de cette période, l’acqué-reur peut encore se désister par lettre recommandée avec demande d’avis de réception, mais il perdra son dépôt de garantie sauf s’il invoque l’un des motifs* prévus par la loi. Dans le cas de l’affaire apollonia, aucun dépôt de garantie n’a été réclamé, selon maitre stéphanie lacroix.2. Le contrat de venteil est la suite logique du contrat de réservation et doit être adressé par le promoteur à l’acheteur au moins un mois avant la date de signature. l’acquéreur bénéficie de ce délai pour vérifier que les termes du contrat de vente sont identiques à ceux du contrat préliminaire. si de trop grosses différences apparaissent, il peut refuser de signer et se voir restituer l’intégralité de son dépôt de garantie dans un délai de 3 mois.3. La Réitération par acte authentique devant notairela signature du contrat de vente en l’état futur d’achèvement chez le notaire comme il est d’usage en matière immobilière, le contrat de vente est signé devant un notaire. la signature du contrat de vente en l’état futur d’achèvement signifie que l’acquéreur devient propriétaire du sol et des constructions déjà édifiées par le promoteur. l’acheteur s’engage à payer le prix au fur et à mesure de l’avancement des travaux. comme tout pro-priétaire, il assumera tous les risques au fur et à mesure de l’édification du logement. Dès la signature du contrat de vente, une assurance incendie et responsabilité civile doit donc être souscrite. le vendeur, quant à lui, reste maître de l’ouvrage jusqu’à la réception des travaux. il continue donc de diriger les opérations de construction et gère les relations avec les architectes et les entreprises.

Ce que dit la loi

lexIqueDéfiscalisationrecherche légale de

moyens permettant

à un contribuable

lourdement chargé

en impôt d’échapper

en partie ou en tota-

lité à l’impôt sur les

revenus fonciers. pour

cela il se tourne vers

des investissements

défiscalisant, c’est-

à-dire réducteurs

d’impôt.

Dispositifs actuels :

lois robien et borloo,

réhabilitation de

logements neufs ou

anciens, résidence de

tourisme, résidence

dans les Dom-com,

et la loi malraux.

pourquoi l’état a-t-il

mis en place ces

dispositifs ?

la défiscalisation

immobilière a été

mise en place par

la loi d’engagement

national pour le loge-

ment (enl). l’objectif

est d’améliorer

l’engouement de l’im-

mobilier locatif et par

extension la construc-

tion de logement neuf

ou rénové, en offrant

aux investisseurs des

avantages fiscaux.

“Les médias dénoncent une escroquerie immobilière dont le préjudice atteindrait 1,5 milliard d’euros”

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candale dans le milieu de la finance en décembre 2008, l’affaire Madoff éclate au grand jour. Des centaines d’investisseurs se retrouvent dé-

pouillés. Bernard Madoff vient d’orchestrer la plus grosse escroquerie financière du siècle. Ce dernier n’a pourtant rien inventé en s’inspi-rant d’une arnaque mise en place par Charles Ponzi dans les années 20. Dans ce système, la rémunération des investisseurs se fait avec l’argent confié par les nouveaux investisseurs. Une machine infernale qui nécessite encore et toujours plus de monde.En 2007, une escroquerie apparaît en France sous le nom de “cercle”. En réalité, un système pyramidal, seule la conception géométrique change. Ces cercles se présentent comme un jeu voire même, comme une action de soli-darité, permettant de gagner de l’argent. Le principe : une mise de départ pour rentrer dans un cercle qui varie de 2 000 euros à 20 000, selon les cercles, avec la promesse de gagner

huit fois sa mise. Seule obligation : amener deux nouveaux donateurs qui entreront dans le cercle et qui, à leur tour, devront en trouver deux autres…etc. (cf schéma). Il s’agit d’un processus sans fin, qui crée à chaque fois plus de cercles. Il faut toujours de nouveaux arrivants prêts à investir de l’argent. Au début l’évolution est rapide et l’argent se gagne facilement. Mais plus le temps passe, plus les cercles se multiplient, et plus il devient difficile de trouver de nouvelles personnes. A ce moment-là, le système s’écroule, et l’argent investi est perdu. “C’est basé sur une pyramide, explique Bernard Py, enseignant chercheur en économie et statistiques, c’est-à-dire une suite sans fin, une croissance exponentielle. C’est il-légal car il n’y a pas de rééquilibrage possible, au bout de quelques coups vous êtes perdants”. Le vingtième palier atteint, l’équivalent de la population de Marseille devrait entrer dans des cercles pour que la chaîne continue.

Une mécaniqUe Bien RoDéeRien n’est laissé au hasard dans les cercles de dons. Des réunions secrètes chez des parti-culiers sont organisées au minimum une fois par semaine. Thème de la soirée : recrutement de nouveaux donateurs et rappel constant des règles du jeu. Le tout autour d’une ambiance conviviale et chaleureuse. “Imaginez bien, ra-conte Claire, une amie d’une personne entrée dans un cercle, que ce sont vos amis, vos pro-ches, qui vous invitent à une sympathique soirée chez des amis à eux, l’ambiance est détendue. Chacun a amené une tarte, un gâteau ou une bouteille...tout le monde se tutoie, s’appelle par son prénom... Et puis on vous explique le procédé on vous parle de solidarité, de liberté, d’argent... et l’effet de groupe est très fort...”. Une charte, détenue seulement par la personne au centre du cercle, qui ne doit pas circuler en dehors des réunions, est lue aux invités. Elle explique le fonctionnement du système et la psychologie

“Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux” s’amusait Eugène Ionesco. Cercles de dons, d’abondance, de solidarité, boule de neige : les dénominations sont nom-breuses, le principe reste le même. Une pyramide que l’on gravit et dont l’ascen-sion repose sur l’entrée de nouveaux arri-vants. Une arnaque qui fait gagner de l’ar-gent aux seules personnes qui se trouvent au sommet de la pyramide.

Magali SennaneNée le 15 octobre [email protected] : Juillet-Août 2009, stage dans six hebdomadaires du groupe Transcontinantal, Montréal. Février 2009, La Provence, Marseille. Juin 2008, France 3 Méditerranée. Décembre 2007, Marseille l’hebdo.DERNIER DIPLÔME : 2009, Master 2 de Journalisme Juridique à l’Université Paul Cézanne d’Aix-en-Provence, DU Outils de l’information et de la communication.

un cercle pour pas un rond

s

sOciéTépar Magali Sennane

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qui y règne. On y parle “d’aventure commune qui vise le mieux-être de tous”, “d’esprit de solidarité”, de “confiance en soi, en l’autre et en l’intelligence collective”. Un discours mystifié qui concourt à l’envoutement de la personne. On ne manque pas de présenter celui qui a déjà gagné son argent, la séduction continue. Ce qu’on ne dit pas, c’est que selon la place occupée dans la chaîne, on ne reverra jamais son argent. Une illusion qui permet de séduire malgré les réticences. “C’est de la manipulation mentale, analyse Odile Ghelfi présidente ré-gionale du Centre Contre les Manipulations Mentales, car les gens s’isolent, il y a une opacité du système et une emprise sur la personne. On y prône l’idéologie d’un monde meilleur, où tous peuvent avoir un crédit, c’est attractif.”

DeS VictimeS SoUS SilenceCe qui devait être une belle aventure, tourne au cauchemar quand on veut récupérer son don. L’argent a disparu. Difficile de porter plainte contre ses proches, ses amis, sa famille, quand ce sont eux qui vous ont incité. Les gens que vous avez côtoyés pendant des mois

lors des sympathiques réunions sont devenus des amis. A force de persévérance certains ont réussi à récupérer leur don, d’autres attendent toujours. Très peu osent aller voir la police. Volonté de ne pas dénoncer des proches, ou simplement la honte. Désarmées par l’idée de s’être fait avoir, beaucoup de victimes pré-fèrent garder le silence. Leurs esprits carté-siens ont été mis à mal, et le reconnaître est douloureux. Malgré tout, quelques condamnations ont déjà eu lieu. En Bretagne, par exemple, dix per-sonnes ont déjà été contraintes, en décembre 2008, à rembourser tous les gains obtenus, soit 236 000 euros.

“Il faut toujours de nouveaux arrivants prêts à investir de l’argent”

“Je ne suis pas du tout mouton à la base !” armelle, chargée de communication et étudiante en psychologie, n’était à priori pas une proie facile. “Mes fragilités ont permis à ces groupes de « m’envouter » : femme seule avec enfant, petits revenus, fragile psychologiquement. Mon employeur venait de me refuser un dispositif auquel je pouvais prétendre pour faire mes études à la fac”. en septembre 2007, une amie lui propose de rentrer dans un cercle à 10 000 E. lors des réunions, elle découvre des personnes qui prônent un discours très spirituel. l’argent devait être réinvesti dans des associations humanitaires, des commerces écolos, des restaurants bio. “Le ton était très lénifiant, très new age. Il y avait vraiment une mou-vance spirituelle dans ce groupe : tout le monde mangeait bio, était écolo, les gens fai-sait du tai-chi (ndlr gymnastique énergétique), pratiquait le reiki (ndlr médecine japonaise énergétique)… C’est l’amitié et le discours spiritualisant qui m’ont piégée. Mon amie est éducatrice spécialisée, socialement intégrée, elle a fait des études, pratique des activités, ce n’est pas quelqu’un dans la solitude. Quand j’hésitais, on me disait « c’est que tu n’es pas prête », comme pour me culpabi-liser”. le côté « top secret » concourt aussi à l’enrôlement de la personne “On vous dit de ne pas en parler autour de vous, d’utiliser des codes au téléphone, de ne pas faire de recherches sur internet... Il se développe un sentiment d’appartenance à un groupe d’élus qui a la chance de détenir un grand secret”. un tiraillement entre la raison et la tenta-tion la travaille pendant plusieurs mois. fin décembre, elle s’engage moralement dans le cercle “A partir de ce moment là, je me suis sentie mal. Puis je me suis rétractée”. finalement, elle se laisse entraîner dans un autre cercle, moins cher, et qui tient un discours différent “On ne parlait plus de spi-ritualité. La raison était claire : parce qu’on a besoin d’argent. Celle à qui j’ai donné l’argent venait de tout rénover dans sa maison, grâce à ses gains, et c’est vrai que ça faisait rêver”. quelques semaines plus tard, elle apprend l’arrestation d’un présumé organisateur régio-nal de cercle. elle le connaît bien. la prise de conscience est immédiate “A partir de là, je me suis sentie plus forte et j’ai voulu récu-pérer mon argent”. après un mois de combat, et des menaces de porter plainte, l’argent lui sera restitué.

IntervIew

armelle, 49 ans,raconte son cheminement sur cinq mois dans deux cercles de dons

chaque persone qui se trouve au niveau le plus bas donne la somme prévue à la personne au centre (n°1).

les personnes en position n°2 et 3 se déplacent au centre de deux nouveaux cercles.Huit nouvelles personnes rentrent dans le jeu du cercle n°2, et huit autres dans le cercle du n°3, ainsi de suite.

la personne au centre quitte le cercle avec son argent. le cercle se divise en deux.

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-qUelS Sont leS élémentS qUi caRactéRiSent le haRcèlement ? Le harcèlement apparaît dès lors que le salarié se voit infliger un lot de vexations, d’humiliations ou autres comportements générateurs de souffrances morales. La manière de harceler est souvent perverse, souterraine ou insidieuse. C’est ce qui rend la preuve difficile à établir pour la victime. Mais toutes les personnes en souffrance ne sont pas forcé-ment harcelées. Une banalisation consisterait à confondre le harcèlement avec le stress où il n’y a pas d’intentionnalité malveillante. Il faut que la cible soit empêchée de s’expri-mer, isolée, déconsidérée par son entourage, discréditée et que ces agissements soient répétés dans une durée. Recevoir deux remarques en un an de la part de son supérieur, ne relève pas du harcèlement moral. Le harcèlement moral a été introduit dans le Code du travail, par la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002 [L. n°2002-73,17 janv.2002, JO 18 janv.]“Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcè-lement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptibles de porter atteinte à ses

droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.” [C.trav.art. L.1152-1, ancien art.122-49, al.1]Lorsque tels faits sont reconnus, le Code Pénal prévoit une sanction pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonne-ment et une amende de 3 750 euros [C.pén., art.222-33 et 222-33-1].Sont constitutifs de harcèlement moral, “les agissements répétés… susceptibles de porter atteinte” : un seul acte ne ca-ractérise pas le harcèlement et peu importe que le harceleur soit parvenu ou pas à ses fins, son simple comportement suffit à caractériser l’infraction. Le terme de harcèlement moral est pénal. Il vaut mieux utiliser la notion de souf-france au travail. Un médecin traitant fera une attestation sous forme de constat de l’altération de la santé liée aux conditions de travail. C’est aux juges et non à un tiers, fut-il médecin, de qualifier des faits comme relevant du pénal. Toutefois, cette définition légale ne permet pas de prendre en compte la complexité de la situation dans laquelle se trouvent bien souvent les victimes. Elle a fait l’objet de nombreux contentieux et les tribunaux eux-mêmes l’ont interprétée de manières très diverses, sur tout le territoire français.

Henri SoentjensNé le 12 octobre [email protected] DIPLÔME : 2004, DEA en Art Actuel (Université Libre de Bruxelles)

Souffrance au travail

sOciéTépar Henri Soentjens

Le harcèlement, ça se prouve !Avec la crise économique, le travail revient au devant de la scène. Les plans sociaux se répètent. Les tra-vailleurs vivent difficilement ce remue-ménage. Leur travail est plus pénible et leurs horaires plus flexi-bles. Dans une situation de concurrence de tous contre tous, les conflits au sein de l’entreprise se mul-tiplient. La souffrance au travail aussi. Ses conséquences en sont des troubles psychosomatiques et des dépressions pouvant aller jusqu’au suicide. Le 17 janvier 2002, le harcèlement moral sur le lieu du travail entre dans la législation française. Le 3 janvier 2003, la loi Fillon en modifie le dispositif de la preuve. La Cour de Cassation intervient aussi.

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-a qUi incomBe la pReUVe ? Avant 2002, c’est à celui qui agit en justice de rapporter la preuve du préjudice qu’il invoque, de la faute qui l’a causé et du lien de causalité entre cette faute et son préjudice. Après la loi du 17 janvier 2002, la partie défenderesse doit prouver que les agissements incriminés ne sont pas constitutifs de harcèlement. La loi Fillon du 3 janvier 2003 vient modifier cette disposition de lutte contre le harcèle-ment moral. Ce nouveau cadre légal consacre l’idée d’une “preuve partagée” en deux temps. En premier lieu, c’est à la victime du harcèlement d’éta-blir des éléments de faits laissant supposer l’existence d’une situation de harcèlement. En deuxième lieu, c’est à la partie défenderesse qu’il incombe de prouver que ces agissements sont bien justifiés par des éléments objectifs. C’est l’article L1154-1 [Ancien art. L122-52] du Code du travail qui reprend le dispositif. Cet aménagement de la preuve n’est valide que devant les Conseils de Prud’hommes, car elle s’oppose en matière pénale à la présomption d’innocence. Celle-ci permet à la personne mise en cause, d’avoir à l’instance un rôle pas-sif, jusqu’à ce que soit établi à son encontre tous les éléments constitutifs de l’infraction. En conséquence, si l’on a un dossier compor-tant déjà les preuves de faits de harcèlement d’une certaine gravité, il est intéressant d’agir

directement au pénal. On y bénéficiera du pouvoir d’investigation du juge d’instruction, pouvoir qui est supérieur à celui des juges du civil. Exemple : le juge d’instruction peut remonter dans le passé professionnel d’un har-celeur et contacter ses anciens employeurs. Les juges des Conseils de Prud’hommes ne peuvent intervenir que sur le contrat de travail en cours.

-qUel eSt l’appoRt De la coUR De caSSation en la matièRe ?Dans un premier temps, la Cour de Cassa-tion refusait d’assurer un contrôle des faits, estimant que les contentieux de ce type re-levaient d’abord des juges de fond [Cass.Soc.,27/10/2004]. Mais vu le nombre gran-

dissant des contentieux, elle a fini par réviser sa position [Cass.Soc., 24/09/2008]. La Haute Juridiction précise les règles méthodologiques que les juges devront suivre dans la recher-che de la preuve de l’existence d’une situation de harcèlement. Trois étapes se succèdent : l’examen de la réalité des faits invoqués par le salarié, le prononcé sur la présomption de harcèlement, le déboutement du salarié si le juge estime que cette présomption est infon-dée. Si tel n’est pas le cas, la charge de la preuve incombe à l’employeur afin d’établir que le harcèlement n’est pas fondé. La Cour de Cassation a décidé de répartir la charge de la preuve entre le salarié et l’em-ployeur. Ceci s’applique équitablement sur l’ensemble du territoire.

“Une banalisa-tion consisterait à confondre le harcèlement avec le stress où il n’y a pas d’inten-tionnalité mal-veillante”

textes de références• article l1151-1 du code du travail : harcèlements. champ d’application.• article l1152-1 à l1152-6 du code du travail : harcèlement moral. • article l115 3-1 à l1153-6 du code du travail : harcèlement sexuel. • article l1154-1 à l1154-2 du code du travail : harcèlements. actions en justice. • article l1155-1 à l1155-4 du code du travail : harcèlements. Dispositions pénales.• articles 168 à 180 de la loi de modernisation sociale n°2002-73 du 17 janvier

2002 (Jo du 18 janvier 2002).• loi n° 2003-6 du 3 janvier 2003 portant relance de la négociation collective en ma-

tière de licenciements économiques• article 222-33 et suivants du code pénal

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Un noUVeaU monDeL’accès par la route est banal. Situé sur le chemin de St Antoine à St Joseph à hauteur du n°61, seul un panneau en bois indique la présence des jardins. Après une cinquantaine de mètres de chemin, se trouve un lourd portail en fer. Gilbert Gelly, le responsable de l’association des Jardins Ouvriers et Familiaux de Provence y accueille le visiteur avec bonhomie. Il tient dans sa main un important trousseau de clés. “Les clés de la porte du Paradis” s’amuse-t-il tout en ouvrant les battants d’acier. Il explique dès lors qu’ici, 33 nationalités différentes sont pré-sentes. “La couleur de peau, la religion et les idées politiques disparaissent à partir du moment où l’on passe ces portes. Nous sommes des Jardiniers et cela s’arrête là”, précise-t-il. Joëlle Boulay, 4e adjointe déléguée à l’urbanisme, au grand projet de ville, aux permis de construire et à la protection de l’environnement de la mairie (PS) des Xe et XVIe arrondissements de Marseille, confirme le rôle social et d’intégration que jouent ces jardins ouvriers et familiaux. L’association regroupe 245 jardiniers qui vouent une véritable passion à leurs lopins de terre “Il faut que ce soit un plaisir, jardiner et venir partager ce passe-temps avec sa famille est la clé de la réussite”, assure Pierre, un

jardinier de 81 ans, membre de l’association depuis 1981. Un autre, d’origine maghrébine, parle de ses 7 enfants qu’il nourrit avec les produits du jardin qu’il cultive fièrement. Un mélange de 60% de retraités, 30% de personnes actives et 10% de rmistes et chômeurs compose cette communauté de 245 jardiniers.

JaRDinieRS noUS VoilàLes jardins du Castellas ont vu le jour pendant la seconde guerre mondiale. En 1941, le Maré-chal Pétain décide de permettre à des familles modestes de compléter leur maigre quotidien en leur confiant une parcelle de terre. Les “pion-niers” devaient tout réaliser eux-mêmes. Cela comprenait le défrichage, le débroussaillage, la mise sous enclos, la construction de cabanons, etc. Après la guerre, les jardins que l’on dé-nommait “les jardins du Maréchal” changèrent de nom et devinrent “les jardins ouvriers de Provence”. Ce n’est que depuis 1971 que le terme “familiaux” y a été ajouté. Aujourd’hui, ce sont quelque 14 Ha de terrain divisés en parcelles de 250 m2 en moyenne qui forment “les jardins ouvriers et familiaux de Provence”. Les terrains appartiennent à trois propriétaires distincts : les AGF, qui possèdent près de 6 Ha,

Dans le quartier du Castellas, aux Aygalades à Marseille, se trouvent les “jardins ouvriers et familiaux de Provence”. Un véritable paradis sur terre avec une vue imprenable sur la rade de Marseille. Ils s’ac-crochent à flanc de côteau et bordent le canal de Marseille. Très discrets, ils ne sont visi-bles qu’à partir du TER qui relie Aix à Marseille. A quel-ques rails à peine de la gare SNCF de Joseph-le-Castellas. En avant-première visite gui-dée du site.

un petit bout de campagne en plein cœur de Marseille

Dans l’intimité des jardins ouvriers et familiaux de Provence

sOciéTépar Marc Delauze

Marc DelauzeNé le 18 Mars 1969 à Saïgon, [email protected] : 1986-1987, Les films du Soleil (audio-visuel). 1985-1986, Océamer (Chantiers TP et support surface). 1982, Santa Barbara Computer Camp, USA.DERNIER DIPLÔME : 1994, DPAE (IAE Puyricard)

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la DDE, 6 Ha également, et le reste par le Réseau Ferré de France, le long de la voie ferrée. Les loyers annuels qui incombent à l’association sont minimes. De l’ordre de l’euro symbolique pour deux des propriétaires et de 4 720 e pour le dernier. Dans les jardins ouvriers et familiaux, on cultive à peu près de tout. Cela va des tomates, des poireaux, des artichauts, des haricots verts, des poivrons, des aubergines, des pommes de terre, aux oignons. Aucun produit chimique n’est toléré sur le site. Chacun fabrique son propre compost, et amène le fumier d’origine animale sur place. Du miel est également fabriqué sur place par un certain nombre de ruches.

DeS teRRainS conVoitéSAucun bail ne lie les jardiniers à l’association. Il leur suffit de payer une cotisation annuelle de 0,45 e par m2. Un abri à jardin est fourni contre caution. Une seule obligation, entretenir et ensemencer leur terre. Une autre règle d’or : il est interdit de commercialiser les produits de sa récolte. L’eau est comprise dans le prix. À ce tarif, on comprend pourquoi il y a plus de 300 demandes d’adhésion. Du fait de la crise, elles ont même augmenté. Il ne se libère que 5 ou 6 parcelles par an. Le rythme de renouvel-lement est très lent. Toute transmission de “père en fils” est interdite. Au moment où quelqu’un quitte sa terre, elle est automatiquement reprise par l’association et réattribuée à une personne sur liste d’attente. Le doyen jardinier cumule

52 ans d’ancienneté. Avec ses pentes douces, sa vue imprenable sur la rade de Marseille, on pourrait imaginer qu’un promoteur immobi-lier veuille s’approprier des terrains pour bâtir. Joëlle Boulay indique qu’il s’agit de terrains en friche non constructibles. “Ce n’est pas sur le point de changer” lâche-t-elle. Les jardins ont un rôle social et ludique dans le quartier. “Des écoles sont invitées à venir les visiter, et la mairie soutient entièrement l’association” poursuit-elle. Un projet d’expansion des jardins dans la col-line au-dessus du canal de Provence sur des terrains qui appartiennent aux AGF est même dans les cartons. Cela représenterait 5 Ha sup-plémentaires.

VeRS Une pRotection RenFoRcéeQuant au propriétaire désireux de reprendre son ou ses terrains, le responsable de l’asso-ciation est clair : “De par la loi, il sera obligé de créer d’autres jardins ailleurs, et cela lui coûterait extrêmement cher. Nous avons un nouvel élément qui fait que nous serons encore plus protégés dans le futur !” Un papillon, le Zerynthia rumina, ou La Proserpine, aurait été en effet aperçu il y a quelques jours dans les jardins. Il s’agit d’une espèce protégée et extrêmement rare dans la région. Si l’information était avérée, une pro-cédure de classification en sanctuaire du site serait engagée. “C’est une très bonne nouvelle” s’enchante Joëlle Boulay.

les jardins ouvriers et familiaux de provence

Le Dimanche 7 Juin entre 9h et 19h

Au programme • Visite guidée du site et rencon-

tre avec les jardiniers• Projection vidéo sur les

abeilles• “Le jardinier planté”

par j.-g. tartare (conte)• “Excuse peinture”

par j. f. marc• Sculpture végétale

par c. cocherel• 15h, chants et danses

par la troupe folklorique “lei Dindouleto dou roucas”

> lieu : chemin de st antoine à st joseh (15e) à hauteur du n°61, en face de la pharmacie. en bus, arrêt “le castellas”.

> contact : Remy SPEHNER 06 16 97 42 97

Rendez-vous au jaRdin

encore plus de jardi ns ouvri ers et familiaux à marseilleL’Association des Jardins ouvriers et Familiaux de Provence gère trois sites sur Marseille : 8 jardins à la Gavotte, 26 à St André, et 245 au Castellas qui sont de loin les plus grands de Marseille. Il en existe d’autres de gestion différente. Le site du Castellas jouxte ainsi un autre jardin nommé les jardins de l’écureuil en raison de son propriétaire la Caisse d’Épargne. On en retrouve également dans les quartiers de Mazargues, de la Valentine, et d’Ollioules (dans le Var).

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ue diable a l la i t -e l le fa i re dans cette galère? La Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires (MIVILUDES) tient cha-

que année à mettre en garde contre le satanisme, nouveau fléau à surveiller de près.Elle affirmait en 2008 que “ce n’est pas en tant que croyance que le satanisme préoccupe la MIVILUDES, car le culte de Satan ou de toute autre divinité des ténèbres, comme toute croyance, est absolument libre en France. Ce sont bien les dérives, éventuellement liées à ce culte, qui l’inté-ressent, dès lors qu’elles comportent une volonté d’emprise mentale”.Cette approche floue du satanisme n’explique ni son fondement ni les raisons de la volonté d’em-prise mentale. Elle va même plus loin : “On voit naître un satanisme qui s’inspire de l’idéologie nazie [...] c’est par les réseaux extrémistes d’une part ou par le biais de la mouvance musicale gothique ou métal que s’effectue l’essentiel du prosélytisme”. Une attitude beaucoup moins neutre tissant un complot amalgamé entre l’extrême droite et une musique subliminale vers une religion du mal. Le dernier rapport de 2009 admet cet aspect multiforme, mais y mêle maladroitement paganisme et gothisme, sans justifier une telle mise en garde. Au-delà d’une liberté de culte à deux vitesses, cet imbroglio entre nazisme, religion et musique laisse sceptique sans preuve à l’appui.

Une Dichotomie FonDamentaleNicolas Walzer, chercheur et sociologue au Centre d’Études sur l’Actuel et le Quotidien de la Sorbonne, s’est élevé contre ces considé-rations. Son dernier livre, “Satan Profane, por-trait d’une jeunesse enténébrée1” fait un bilan très différent de la situation après une étude de terrain approfondie auprès de satanistes et la communauté Métal.La démarche de Nicolas avait pour but de “sta-tuer sur une dichotomie fondamentale entre une notion culturelle, l’imaginaire satanique, mobilisé par les musiques, le cinéma, les bd et une notion religieuse, le satanisme, né en 1966 à San Francisco sous l’égide d’un excentrique de la contre culture Californienne, Anton LaVey, le pape noir, qui publie en 1969 la bible Satanique”. Le satanisme d’Anton LaVey est une religion de l’inversion, il est établi en réaction au christia-nisme. Il oppose à la promesse d’un paradis céleste et une discipline stricte de la pratique religieuse, la conscience de la seule existence en tant que paradis, enfer et vie terrestre. Il repose sur l’individualisme et la jouissance per-sonnelle, mais pas au détriment d’autrui. Dans la bible satanique, l’on ne trouve ni message de haine, d’incitation au sacrifice, à la profanation. Anton LaVey ne vénère pas le diable en tant qu’idole mais en tant que symbole. Un anti-christianisme institué, bourré de contradictions et d’incohérences mais pas une profession de foi de la violence.

Les jeunes ont le diable au corps, comme dans la chanson des Rolling Stones. En 2008, un rap-port interministériel recen-sait 20 000 satanistes en France. Ils seraient à l’origine de profanations de tombes et d’incendies d’Église, comme en 2007 dans le Finistère. Au mois de mai 2009, une nouvelle mouture parle de dérive sectaire, de métal extrême, d’extrême droite mais assez peu de satanisme. Zoom avant sur une prati-que méconnue.

q

sOciéTépar Romain Grosjean

Sympathy for the devil

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Romain GrosjeanNé le 17 décembre [email protected] : Juillet-août 2009, Ministère de l’Intérieur. Avril-mai 2009, Radio Grenouille. Février-mars 2009, Japan Lifestyle.DERNIER DIPLÔME : Juin 2008, Master I Société Communication Culture, Université Paul Cézanne, Aix-en-Provence.

Une qUête De SpiRitUalitéDans l’imaginaire satanique Nicolas Walzer met en relief “une recherche de puissance, de sacré, une recherche culturelle et non religieuse. Ils sont interpellés par les questions religieuses, mais sont à 90% athées. Ils mobilisent un sacré de transgression, ils respectent le sacré mais le religieux est pour eux le bras armé du sacré.” Cette quête de spiritualité les mène vers l’ésotérisme, l’occultisme.Cet anticonformisme ne représente pas un danger de société selon le sociologue. “Ces passions prétendues morbides, homéopathisent la violence. Satan est devenu un espace ludique pour expérimenter les possibles normalités de demain.”Une marginalité culturelle stigmatisée dans plusieurs faits divers où des jeunes vénè-rent le diable, les croix gammées et s’abreuvent de métal. Le spécialiste confirme “L’imaginaire Satanique est polémique, c’est un symbole de puis-sance qui s’organise en pratiques religieuses. […] il y a quand même quelques jeunes qui se perdent, mais a chaque fois ce sont des jeunes qui souffrent avant la découverte du satanisme de problèmes familiaux, sociaux”.

le SataniSte, Un athée RaDicalLe prêtre Robert Culat rencontre lui des jeunes “métalleux” depuis 15 ans dans son église à Carpentras. Il est entré en contact en sa qua-lité d’aumônier dans un lycée, intrigué par leur look.

En 2000, il lance une étude grâce à un ques-tionnaire dans des magazines spécialisés :“Parmi les métalleux je n’ai eu que 5% de satanistes. Quand un jeune me dit je suis sataniste, je considère qu’il n y a pas un satanisme mais des satanismes : un satanisme romantique à la Baudelaire, de la pure provocation ou le satanisme d’Anton LaVey mais

ceux qui réellement croient en Satan et lui vouent un culte, sont très minoritaires.”Les satanistes rencontrés par le père Robert Culat vivaient leur affiliation de manière très individualiste: ‘Ils se regroupent rarement au sein d’un mouvement, une église donc le ris-que de dérive sectaire me parait vraiment quasi inexistant. Un sataniste logique avec lui même

est un individualiste. C’est encore une des contradictions de la phi-losophie d’Anton LaVey.Loin des stéréotypes d’une Église intolérante, le prêtre a appris à aimer le métal et se refuse à croire en une “influence mécanique” de cette musique vers une conduite délinquante.Le satanisme est confus, polymor-phe dans son aspect, dans son

dogme et dans ses pratiques. Insaisissable, il effraie. Son adepte, d’après Nicolas Walzer, n’est au fond qu’un “athée radical” avec une tendance à l’égotisme. Des laïcs en somme, mais en plus sombre.

1. Éditions Desclee de Brouwer, mars 2009.

SATANISME DE L’OCCULTISME à L’ÉGLISE

1484Bulle pontificale du pape innocent Viii. il dénonce les crimes de sorcelleries et d’adoration du diable. ces incriminations ainsi que les méthodes pour détecter les

sorcières et fidèles de Satan sont compilées en 1486 dans le traité malleus maleficarum (marteau des sorcières).

1679-1682 l’affaire des poisons met en lumière l’implication de membres de la cour royale, dont mme montespan, dans des rituels magiques,

démoniaques autour de personnalités obscures comme l’abbé Guibourg ou catherine la Voisin

1856eliphas lévi, ecclésiastique français, publie “Dogme et rituel de la haute magie”, qui concilie ésotérisme et christianisme dans la controverse

1857“le livre des esprits” d’allan Kardec, intellectuel et sociologue française, fonde la doctrine spirite où cohabitent, anges, démons, christianisme et occultisme.

1904 aleister crowley, intellectuel, sorcier, “reçoit” un message qu’il rédige dans “le livre de la loi” (disponible en France aux éditions camion Blanc). ce livre pose

les bases de la philosophie d’anton laVey, mais ne fait aucune référence à Satan.

1969 publication aux etats-Unis, de la “Bible Satanique”, d’anton Szandor laVey (dispo-nible également chez camion blanc).

“Le satanisme d’Anton LaVey est une religion de l’inversion, il est établi en réaction au christianisme”

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a liberté de la presse et d’expression est, à l’évidence, l’un des principes fondateur de tout système démocra-tique. Essentielle, elle peut pourtant

s’achopper à des droits aussi importants. Plus encore, la liberté de la presse c’est celle d’in-former; de rechercher, de communiquer et de recevoir l’information. Une idée qui suppose alors inévitablement le respect de certaines li-mites, le respect de la présomption d’innocence en est une.Pour le journaliste, cela s’inscrit dans un cadre déontologique. Le professionnel de l’informa-tion se doit de prendre en compte, pour des raisons éthiques, un certain nombre de codes. La loi de 1881, qui établit la liberté de la presse, est l’un des socles des ces règles journalistiques. Maître Valery Montourcy, avocat au barreau de Paris et membre de l’association pour la qualité de l’information explique : “à mon sens, la loi

de 1881 est, sans douter, indirectement, le code de déontologie du journaliste”.Classiquement, le respect de la présomption d ‘innocence s’impose avant tout aux pouvoirs publics. C’est un principe de procédure qui gou-verne le procès pénal. Étendu aux médias, il pose l’obligation de traiter médiatiquement le suspect comme “innocent” tout au long d’une procédure judiciaire. Une accusation non fondée ou des propos qui concluraient à une condamnation prématurée peuvent constituer une atteinte à la présomption d’innocence. Me Montourcy précise : “l’atteinte à la présomption d’innocence est un mode de diffamation”.

La question n’est pas d’interdire systématique-ment de relater des mises en garde à vue ou de citer les noms de personnes impliquées, “mais tout est une question d’éthique, il faut faire attention aux mots” poursuit l’avocat.

Les conséquences qu’entraîne la publicité faite autour de poursuites judiciaires peuvent être extrêmement dommageables. D’autant que garde à vue ou mise en examen font les gros titres ; à l’inverse, les medias de masse n’accordent pas la même place au non lieu ou à l’innocence d’un suspect.Et d’un point de vue moral, toute mise en cause médiatique s’accompagne d’une irréver-sible présomption de culpabilité dans l’esprit du public.

qUanD la pRéSomption D’innocence eSt BaFoUéePlusieurs affaires ont été marquées par les affres de médias avides et peu scrupuleux. Celle du ba-gagiste de Roissy en est un exemple frappant. Ou l’histoire d’un homme piégé se retrouvant au cœur d’un emballement médiatique considérable.

Chaque année la liste est trop longue des journalistes blessés voire tués dans l’exercice de leur fonction. Un des piliers de la démocratie reste la libre circulation de l’information. Une des obsessions des dictateurs est de briser ce fondement. Hommage à cette petite armée de l’ombre qui ne dégaine que caméra ou stylo.

Clémentine MonperrusNée le 8 décembre [email protected] : Juillet à septembre 2009, Lepost.fr, Paris. Mars 2009, France3, Edition nationale 12/13, Paris. Février 2009, L’Echo Républicain, Chartres.DERNIER DIPLÔME : 2008, Master1 Droit Social - Paris X Nanterre

La liberté oppressée

l

presse librepar Clémentine Monperrus, Marie Seurin, Virginie Aubry

Les blessés de l’informationA l’heure du tout médiatique, à l’ère du multimédia survient la question centrale et épineuse du respect de la présomption d’innocence. Entre liberté de la presse et respect des droits de chacun, un équilibre doit être trouvé.

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Plus récemment, l’arrestation d’un homme suite à des lettres de menaces de mort envoyées à différentes personnalités politiques a fait la Une des journaux. Il sera finalement innocenté. Une garde à vue de 96 heures pendant laquelle la presse locale a fait ses choux gras de la possible culpabilité du suspect. Diffusion de photos, de son âge, de sa profession, à coté, comme l’expli-que Maître Montourcy, des mots “terroristes”, “corbeau”... “le contexte prête à diffamation, la liaison entre les mots est ce qui prime en matière d’atteinte à la présomption d’innocence”.L’avocate de cet homme, Maryse Pechevis s’offusque d’avoir découvert les tenants et les aboutissants de l’affaire – de son affaire – dans les medias.“Sur le terrain juridique, la presse peut publier le nom d’une personne placée en garde à vue, concède-t-elle, à condition d’utiliser le conditionnel. Même si à l’évidence, la question de l’éthique jour-

nalistique se pose”. Tout est finalement question de précautions de langage. Maître Pechevis ne comprend pas la tourmente médiatique, la course au scoop “les medias ne cherchent plus l’information, ils cherchent le sensationnel ; donner l’adresse, le nom ou une photo -d’ailleurs trouvée sur Facebook –, n’a aucun intérêt pour l’information ou la com-préhension des faits” s’insurge-t-elle.D’autant que dans cette affaire, l’une des victi-mes était le président de la République. L’avo-cate confie avoir entendu des policiers parler de pressions supérieures poussant à faire avancer l’enquête. L’obligation générale de prudence qui incombe aux journalistes était clairement renforcée. Mais la manipulation du sujet porteur a pris le dessus. “Terrorisme”, “président”, des mots “vendeurs” ! La question reste de savoir si la justice doit encadrer plus sévèrement la liberté des medias.

Pour Maître Pechevis, la réponse est claire : “la jurisprudence est trop protectrice de la liberté de la presse. L’action en réparation d’une diffamation est dérisoire, non seulement parce que la prescription est très courte mais aussi parce que la procédure est coûteuse et que les dommages et intérêt dans ces cas sont très faibles”. Pour Charlotte Berardi, étudiante en journalisme “il faut cependant élever au plus haut rang l’exigence de l’Information en son état la plus brute”. Il s’agit surtout de ne pas réprimer la liberté de l’information, principe fondamental de notre société, mais de concilier cette dernière avec les droits des personnes. Ne tolérer ni atteinte à la vie privée, ni à l’honneur ou à la dignité d’une personne. Il est nécessaire d’exiger une information juste et raisonnée. L’avènement d’internet – et de l’information participative – risque de compliquer d’avantage ce nécessaire questionnement démocratique.

Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789 - art 9 : Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable, s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s’assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.

Déclaration universelle des Droits de l’homme - art 11 : Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées.

Convention européenne des droits de l’homme - art 6 - Droit à un procès équitable : 2. Toute personne accusée d’une infraction est présumée inno-cente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie.

Code civil - art 9-1 : Chacun a droit au respect de la présomption d’innocence. Lorsqu’une personne est, avant toute condamnation, présentée publiquement comme étant coupable de faits faisant l’objet d’une enquête ou d’une instruction judiciaire, le juge peut, même en référé, sans préjudice de la réparation du dommage subi, prescrire toutes mesures, telles que l’insertion d’une rectification ou la diffusion d’un communiqué, aux fins de faire cesser l’atteinte à la présomption d’innocence, et ce aux frais de la personne, physique ou morale, responsable de cette atteinte.

droit et présomption d’innocence

La LOi DU 29 jUiLLET 1881 sur la liberté de la pressela loi du 29 juillet 1881 s’articule autour de quatre grandes spécificités :• Un régime administratif de la presse écrite

exempt de tout contrôle préalable compor-tant une obligation de déclaration auprès du procureur de la République et des formali-tés de dépôt des publications périodiques.

• La définition de diverses infractions (diffa-mation, provocation aux crimes et délits...) visant à instituer un équilibre entre la liberté d’expression et la protection des person-nes- susceptibles d’être caractérisées quelque soit le support et le moyen de l’ex-pression (écrit, parole ou image sur la voie publique, la presse, la télévision...), la seule condition exigée tenant à la publicité por-tant l’infraction à la connaissance d’autrui.

• L’établissement d’un régime de respon-sabilité pénale spécifique instituant une présomption de responsabilité du directeur de la publication.

• La mise en place d’un régime procédural particulier, dérogeant au droit commun, avec des règles contraignantes limitant les poursuites, notamment une prescription des infractions réduite à trois mois, afin de protéger la liberté de la presse.

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e recul de la diffusion des quoti-diens est observée depuis les années soixante dix. Il s’est accéléré avec l’apparition d’In-

ternet et de la presse gratuite d’information.Le développement de ce moyen de commu-nication planétaire et de nouveaux medias impose de nouvelles règles de fonctionne-ment à la presse qui souffre de ces nouveaux supports.“Selon moi, d’ici vingt ou trente ans, la plupart des journaux pourraient avoir disparus” assure Bernard Poulet1, rédacteur en chef de l’Ex-pansion et auteur de “La fin des journaux”. Il craint notamment l’importance que prennent ces nouveaux supports “l’arrivée de la digitali-sation a produit sur le journalisme le même effet que la mondialisation sur les classes moyennes. La révolution digitale dans la presse, c’est l’euthanasie à terme des journalistes”.Au fil des années a émergé un “journalisme citoyen” qui peut se passer des organes de presse.Avec Internet, la liberté d’expression pourrait trouver un espace ouvert à tous, immense et international.

Le cyberspace pourrait échapper aux contrôles et aux régulations, et de ce fait, les nouveaux medias ont des espaces d’expression plus vas-tes que les journalistes de presse écrite. Par exemple, lors des dernières élections présidentielles, le site de journalisme citoyen rue89.com a été le seul à oser rapporter que la première dame de France n’était pas allé voter au second tour. La plupart des grands titres de la presse traditionnelle a préféré se taire et reprendre le site citoyen comme source pour reprendre l’information dans leur colonne sans plus aucun risque. “La presse traditionnelle est diminuée face aux nouveaux médias, ceux-ci encourent moins de risques et se cachent derrière l’immensité du réseau”.Avec le web, l’organisation classique des jour-nalistes a été remise en cause. L’usage d’internet , déclasserait, selon Marc Lits, Professeur au département de communi-cation de Louvain, “le journalisme classique en proposant des approches plus diversifiées”.L’hyper textualité entraine une mutation du mode de communication journalistique. Naguère, l’énonciation était fondée sur le rap-port d’un émetteur, détenteur d’information

à un récepteur ignorant ces informations. La communication multi-médiatique rompt avec ce modèle. “On se dirige où on veut, on est libre de ses choix et de ses informations et tout cela, sans limi-tes…” D’après Steeve Ballmer grand patron de Microsoft la presse écrite aurait un avenir plu-tôt sombre “la presse écrite est vouée à disparaître sous cette forme dans les dix ans… Il n’y aura plus de quotidiens, de magazines livrés sous la forme papier. Tout sera sous forme électronique”.La liberté d’expression est un élément sou-levé pour défendre les nouveaux sites d’in-formation sur internet. La censure et l’auto-censure que pratiquent les journalistes dans leurs rédactions sur le principe du “qui paie commande” est totalement incompatible avec l’outil Internet. Chaque émetteur peut devenir énonciateur ou peut construire son parcours de lecture soi-même. La censure n’existe pas ou reste très relative sur la toile.Lorsque l’on est sur un site, les renvois per-manents d’une source à l’autre rendent rapi-dement impossible l’identification de la source émettrice de l‘information.

Depuis trois décennies, la profusion de nouveaux supports d’information tels que la télévision, la radio, internet ou les quotidiens gratuits mettent à mal la presse quotidienne écrite. Elle voit petit à petit sa place contestée et son lectorat diminuer.A l’origine des difficultés économiques, on trouve la baisse continue de la diffusion et le recul des reve-nus publicitaires.Environ 280 quotidiens en 1895, plus de 320 en 1915, mais moins de 70 aujourd’hui…Un constat, la presse française va mal.

Virginie AubryNée le 20 octobre [email protected] : Juillet-août 2009, service rédaction de France 3 Corse. Février 2009, France 3 Corse. Décembre 2008, La Provence Aix.DERNIER DIPLÔME : 2008, Master 1 société culture communication à la faculté d’Aix-en-Provence

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presse librepar Clémentine Monperrus, Marie Seurin, Virginie Aubry

La presse écrite prise dans la toile

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Naguère quand on avait un journal entre les mains on savait ce qu‘on lisait. Internet avec la démarche libertaire qu‘il offre, confond les internautes toujours basculés vers d‘autres liens ne sachant réellement qui est l’intermédiaire de l‘information. Or pour qu’il y ait une confron-tation d’idée il faut que la polémique éclate à visage découvert.La liberté de la presse et la déontologie sont indissociables de cette censure ainsi que du secret des sources plusieurs fois mis à mal dans des affaires récentes. À ce titre, on peut citer en exemple l’affaire Guillaume Dasquié ou une per-quisition a eu lieu au Canard Enchainé pendant l’été 2007 dans le cadre de l’affaire Cleastream, l’audition en 2005 du journaliste du Berry répu-blicain, ainsi que la perquisition au Point et à l’Equipe en 2004-2005 suite à la publication d’articles sur l’affaire de dopage Cofidis.Toutes ces censures et autocensures n’aident pas la presse traditionnelle qui perd de ce fait la confiance que lui accordaient les citoyens.Concernant les medias électroniques, ils consti-tuent une entité trop grande pour qu’on réus-sisse à y imposer une législation valable. De plus de telles lois seraient facilement contour-nées par les personnes à la fine pointe de la technologie.Mais plus que tout, la majorité des internau-tes eux-mêmes n’est pas prête a accepter une législation dans l’internet de quelque forme que ce soit.

La liberté d’expression est le credo des internautes.Cependant pour Julie Filion professeur à l’uni-versité de Montréal “la liberté d’expression totale n’existe dans aucun media, il n’est donc pas logique qu’elle existe dans internet”.Plus la technologie s’est développée ces der-nières années plus la censure a semblé néces-saire, et est paradoxalement devenue moins possible.De toute l’information disponible, peu importe l’époque et le support il y en a toujours eu de non recommandable. Aujourd’hui comme la masse d’information augmente, la possibilité d’être en contact avec de l’information suspi-cieuse croît aussi.La technologie amène des avantages mais aussi des inconvénients évidents. Les sites internet de la PQR ont beaucoup évolué en 2008 forums, vidéo ou encore “sommaire” de l’émission du lendemain…Cependant à mettre également en avant bien qu’internet soit synonyme de liberté l’emprise de la censure commence à s’étendre sur la toile même si pour le moment la France est épar-gnée en rapport à d’autres pays notamment asiatique.Cuba le Vietnam et surtout la chine restent le point noir du web avec des dizaines de journa-listes bloggeurs, militants des droits de l’homme arrêtés, surveillés, expulsés.

Dans le climat actuel, où la Presse est, comme le dit Bernard Poulet vouée à disparaître, comment envisa-gez-vous le futur de votre journal ?je ne pense pas que la presse disparaîtra un jour. il faut croire en ce qu’on fait et le faire bien. aujourd’hui, la crise de la presse se superpose à la crise générale et les recettes publicitaires sont bien plus minimes qu’avant. cela est temporaire. l’écrit existera toujours.

Vous sentez-vous menacé par les nouveaux supports d’information?non pas du tout. internet est un media d’avenir mais qui ne présente pour le moment aucune rentabilité alors que la presse bien qu’en crise l’est. il n’y a pas d’antinomie entre le papier et la toile. l’écrit s’adressera toujours à ceux qui veulent lire de la vraie information accom-pagnée d’un véritable travail de recherche.

Vous avez-vous-même un site web ? Pensez-vous que cela renforce le support papier ? cela ne renforce pas le papier. la relation entre les deux est complémentaire.c’est une sorte de binôme qui se crée avec chacun sa fonction.

Comment voyez-vous l’avenir de la presse ?la presse est appelée à se restructurer. pour vivre, elle doit se renouveller, traver-ser la crise en tirant des conséquences et aller de l’avant.

quatre questIons À …

Jean-michel Verne, rédacteur en chef de tribune du sud, quotidien marseillais, en kiosque depuis le 15 mai 2009.

“la presse ne dIsparaîtra jamaIs !”

les journaux régionaux ayant créé leur site cette année ou ayant aménagé celui-ci

Si l’irruption d’un nouveau média n’entraine pas la disparition d’un autre la spécificité des médias numériques est d’avoir rendu la difficulté de résistance plus compliquée pour la presse.En effet ceux-ci ont la particularité de propo-ser tout ce que les autres médias proposent déjà : écrit, son, image, vidéo….Internet oblige donc tous les médias à prendre en compte cette concurrence frontale.

La première fonction remise en cause est celle d’information.Radio et télévision se sont arrogé une place importante dans ce domaine, cependant la place plus ou moins limitée consacrée à l’in-formation permettait à la presse de conserver un rôle d’approfondissement, d’investigation et d’analyse.

La situation change avec Internet qui fournit sans contrainte de pagination ou de temps d’antenne une information quasiment instan-tanée et actualisée en continu.De même, le numérique a fragilisé le modèle économique sur lequel la presse s’est bâtie. Avec pour majorité des recettes obtenues par la vente (environ 55% et la publicité environ 45%).

internet un media en trois

1. “La fin des journaux et l’avenir de l’information”par Bernard Poulet Débat-Gallimard, 210 pages 15,90 euros

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oxana Saberi, journaliste irano-amé-ricaine libérée le 12 mai dernier, a passé quatre mois dans une prison iranienne pour avoir exercé son

métier. 120 journalistes à travers le monde subissent encore le même sort selon RSF. A la base même de la démocratie, la libre infor-mation est pourtant mise à mal. Informer, c’est donner aux citoyens la possibilité d’être acteur critique de sa société. Pourtant, mal-gré un arsenal juridique international consé-quent (article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme…), le chemin reste long à se profiler. La garantie effective de la liberté de la presse n’est toujours pas assurée.

penDant ce tempS, aUx FiDJiExemple parlant d’une presse étouffée. La situation reste alarmante à l’heure actuelle dans l’archipel des îles Fidji où “militaires et policiers siègent dans les rédactions, l’information est très filtrée, les mauvaises nouvelles, même des faits divers, n’apparaissent plus”, témoigne une source proche du dossier. Elle rapporte encore que la classe politique est muette et plusieurs journalistes ont été détenus durant deux ou trois jours pour avoir divulgué des informa-tions “irresponsables”. Le Public Emergency Regulation Act, en vigueur depuis le coup d’Etat du 10 avril 2009, contient des lois délibéré-ment liberticides, imposant notamment que le contenu des nouvelles ne soit que “positif”. Les journalistes étrangers sont gentiment invités à rentrer chez eux, escortés jusqu’à l’aéroport international. La télévision et la radio ne diffu-sent que la “soupe gouvernementale”.

En protestation, les médias semblent tous pra-tiquer une “grève des informations politiques”. Plus particulièrement, le Fidji Times, quotidien d’un groupe australien qui était le journal le plus virulent vis-à-vis du pouvoir en place avant les derniers évènements. Il a publié des colonnes blanches accompagnées d’une note : “ces arti-cles ne peuvent être publiés en raison des limitations imposées par le gouvernement”.Pour marquer sa désapprobation, l’Union Européenne annonce l’annulation de l’alloca-tion de 2009 pour la consolidation de l’industrie sucrière locale. La sanction frappe un gouverne-ment illégitime mais rien n’est mis en place pour rétablir une liberté d’informer digne de ce nom.

Une commUnaUté inteRnationale impUiSSanteM.Ban Ki-Moon, secrétaire général de l’ONU, juge “inacceptable” l’intimidation des journa-listes. L’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) a envoyé le 18 mai une lettre de protestation au Premier ministre des Fidji Frank Bainimarama et demande à la communauté internationale d’intervenir et de “hausser le ton”. La violation des standards démocratiques institués par l’ONU n’implique pas pour autant la mise en œuvre de procédés juridiques miracles sur la scène interna-tionale. Elphie Galland, juriste spécialisée Droits de l’homme reste perplexe : “Pour résumer, tout est une question de priorités. Oui le droit à l’information est un droit universel fondamental, mais si la Cour Pénale Internationale éprouve des difficultés à juger un président africain suspecté de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, comment peut-on garantir la défense de la liberté de la presse ?”. Les instances internationales on déjà assez à faire à défendre les vies humaines, la liberté de la

presse est encore malheureusement reléguée au second plan..Pour pallier ce vide punitif, le nombre des acteurs-défenseurs de la liberté de la presse à travers le monde ne cesse de se multiplier. Reporters sans frontières, le Comité de protection des journalistes, la Fédération européenne des journalistes, le Centre de Doha. Tous œuvrent en déployant plusieurs outils d’intervention : campagne d’information, envoi de délégations de journalistes dans les pays les plus menacés, lettres de protestation aux autorités et soutien aux journalistes blessés ou censurés.

meilleURS chiFFReS, maUVaiS climat Chaque année, RSF dresse un bilan de la “Liberté de la presse dans le monde”. Pour l’année 2008 – qui relève avec un léger mieux – l’organisation souligne un “mauvais climat général”. En fait, s’il y a moins de journalistes censurés et assas-sinés, c’est qu’il y a surtout un “renoncement de nombreux professionnels à exercer leur métier”. L’Afrique a notamment connu une forte baisse du nombre de journalistes tués, avec trois morts (contre 12 en 2007) et le meilleur bilan mondial. Mais à quel prix ? Sellé Seck, doctorant en droit de la presse à Dakar esquisse un sourire quand on parle de médias “libres” au Sénégal. A l’époque où il était stagiaire au quotidien Le Soleil, il a voulu écrire un papier sur un simple fait divers et se retrouva derrière les barreaux pendant deux jours. “J’ai vu un petit voleur se faire taper dessus par un policier, je suis passé au poste pour avoir la version de la police, je n’ai même pas eu le temps de poser une question, j’étais déjà au fond d’une cellule.” Le pré-sident Abdoulaye Wade ne cesse de réaffirmer sa

“Un pays vaut souvent ce que vaut sa presse”, déclarait Albert Camus dans Combat le 31 août 1944. Censure, enlèvements et assassinats de journalistes, la liberté de la presse est trop souvent bafouée. Pilier d’un contre pouvoir, elle est fragilisée sous tous les régimes et à travers les différents médias.

Marie SeurinNée le 8 mai [email protected] : Janvier 2009, France 3 National, Paris. Février 2009, La Provence, Istres. Mars 2009, Le Soleil, Sénégal. Avril 2009, Agence France Presse, Montréal. Juillet-Novembre 2009, service presse de l’ambassade de France au Fidji.DERNIER DIPLÔME : Master 1 Droit privé, sciences criminelles

canards enchaînés :informer, une liberté en danger

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presse librepar Clémentine Monperrus, Marie Seurin, Virginie Aubry

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volonté de dépénaliser les délits de presse depuis des années sans jamais passer à l’action. Dans les couloirs du premier quotidien national, la langue de bois révèle une profonde autocensure que certains jeunes journalistes tentent de combattre en tendant vers une pratique de l’investigation, exercice périlleux dans ce pays.

inFoRmeR peUt tUeRPour Isabelle Staes, ancien grand reporter pour France 2, “il faut être réaliste, il y a tout simplement des pays où il est impossible de travailler : en Algérie aujourd’hui, la télévision d’Etat a encore un contrôle absolu”. Passionnée par l’Afrique, cet énergique petit bout de femme connaît le prix de l’informa-tion qu’elle a failli payer de sa vie. A 33 ans, elle était présente au Rwanda quand les Tutsis prirent le pouvoir. Elle se retrouva dans une embuscade. Une balle de Kalachnikov dans la jambe, 2 jours de détention, une semaine de “soins approxima-tifs” sur place prodigués par la Croix-Rouge et deux ans de traumatisme plus tard, elle persévère. “Le grand reportage, c’était toute ma vie.” Mère et assagie, elle en a aujourd’hui fait le deuil et se souvient des conditions de travail. “Dans ces pays en guerre, l’information est pilotée par l’armée fran-çaise, les journalistes sont encadrés par les militaires et pour approcher la face cachée du conflit, être au contact des civils, il faut prendre des risques, il n’y a pas d’autre solution”, témoigne-t-elle.

DémocRatie oppReSSéeLa paix serait-elle l’unique condition au bon exer-cice de la liberté de la presse ? Les pays formant “le peleton de tête” du classement mondial de RSF ont tous en commun d’être des démocraties à l’abri des conflits. Pourtant réduire l’épanouis-sement de la liberté de la presse à ces deux seuls critères serait oublier nos propres turpitudes. La France a vu cette année une sévère augmentation du nombre de perquisitions effectuées chez les journalistes, fragilisant ainsi le respect du secret des sources. Pour Jacqueline De Grandmaison, correspondante RSF, “en France, compte tenu des atteintes signalées (…), une des grandes revendica-tions, portée par nombre d’organisations de journalis-

tes, est la reconnaissance juridique des rédactions afin de permettre la mise en place de réels contre-pouvoirs face aux employeurs-actionnaires.”A entendre Edwy Plenel, qui vient de publier un manifeste Combat pour une presse libre1, “il y a une crise démocratique qui touche la presse fran-çaise”. Tout comme l’avait fait Albert Camus, dans son quotidien Combat, issu de la Résistance, le journaliste rêve de libérer les médias de l’argent et de la politique. Selon l’ancien patron de la rédac-tion du Monde, le pays des Droits de l’homme est en train de basculer, du fait d’un “présidenti-alisme exacerbé”, vers ce qu’il va jusqu’à décrire comme une “dictature déguisée”.

l’eSpoiR inteRnet ?Le pessimisme d’Edwy Pleynel se dissipe en évo-quant “les aventures de liberté qu’autorise Internet”. Quand certains y voient une menace pour la

véracité de l’information et une tendance vers l’improvisation d’un “demain, tous journalistes”, le fondateur de Médiapart -journal d’information numérique[][]- décrit la toile comme “un moyen de réinventer le métier de journaliste”. Interviewé sur France Inter le 15 mai dernier, il appelle à ne pas diaboliser le Net qu’il décrit comme un “outil pour rétablir la confiance des citoyens dans la presse”. En s’appuyant sur de réelles sources d’in-formations au travers des liens hypertextes, l’infor-mation devient alors “réellement approfondie”.Il est indéniable qu’Internet demeure aujourd’hui LE moyen de lutte et de révolte dans les pays totalitaires. Mais là encore la répression s’accentue. Raw Fiji News (www.rawfijinews.wordpress.com), blog fidjien qui dénonce l’oppression dont font l’objet les médias, est censuré sur place – sur-veillance des cybercafés par des espions militai-res et fermeture à 17h – mais accessible dans le reste du monde. Une personne habitant l’archipel confie que “les autorités ont décidé de mettre la pression sur les « vilains petits canards du web » (…), trois avocats suspectés de contribuer à des blogs d’opposition ont été arrêtés, relâchés mais sans leurs ordinateurs portables, qui sont en train d’être passés à la moulinette par les militaires”.Jacqueline De Grandmaison émet quant à elle des réserves sur le sujet Internet. Pour elle, cela ouvre de nouvelles perspectives d’expression, notamment citoyennes, mais elle considère qu’ “il ne s’agit pas de liberté de la presse à proprement parler”. (…) “Il existe des fondamentaux de notre métier qui doivent demeurer et être défendus : véri-fication et recoupement des informations, respect des sources, investigations sur le terrain et ce n’est qu’à cette condition que l’on gagnera la confiance des citoyens”.

1. Combat pour une presse libre, Le manifeste de Médiapart, Edwy Plenel, Edition Galaade

LA LIBERTÉ DE LA PRESSE EN QUELQUES DATES

1789 la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclame en son article 11 : “La libre communi-cation des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut

donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre des abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi”.

1881la France consacre le principe de liberté de la presse dans la loi du 29 juillet 1881. la loi prévoit un régime administratif propre à la presse écrite, la définition de diverses infractions (diffamation, provoca-

tion aux crimes et délits etc.) visant à instituer un équilibre entre la liberté d’expression et la protection des personnes, l’établissement d’un régime de responsabilité pénale spécifique et la mise en place d’un régime procédural particulier.

1993la Journée mondiale de la liberté de presse est instaurée par l’assemblée générale des nations Unies en décembre 1993. crée en 1991, année du séminaire pour le développement d’une presse africaine

indépendante et pluraliste organisé à Windhoek, en namibie, qui a conduit à l’adoption de la Déclaration de Windhoek sur la promotion de médias indépendants et pluralistes.

1997création du prix mondial de la liberté de la presse UneSco-Guillermo cano destiné à distinguer une per-sonne, une organisation ou une institution qui a contribué d’une manière notable à la défense et/ou à la

promotion de la liberté de la presse où que ce soit dans le monde, surtout si pour cela elle a pris des risques. en 2007, il a été décerné à titre posthume à la journaliste russe anna politkovskaya.

2006le conseil de sécurité des nations unies adopte, le 23 décembre 2006, la résolution 1738 sur la protection des journalistes dans les conflits armés. cette résolution réaffirme la nécessité de prévenir les actes de

violence à l’encontre des journalistes et de juger les auteurs de ces violences quand elles n’ont pu être empêchées.

2008l’association française Reporters sans frontières lance, le 12 mars 2008, la première Journée interna-tionale de la liberté d’expression sur internet. l’opération vise à attirer l’attention sur les cyberdissidents

qui sont actuellement derrière les barreaux “pour avoir usé de leur droit d’expression sur le Web”.

Source : Ministère des Affaires Etrangères

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e constat est simple. L’hôpital public est surendetté et les cliniques font du bénéfice. La ministre de la santé, Roseline Bachelot, a donc voulu pro-

poser une loi qui permettrait une meilleure ges-tion des finances. La loi hôpitaux patients santé territoires (HPST), prévoit de confier tous les pouvoirs de gestion au directeur de l’hôpital. C’est sur ce point principalement que se sont cristallisées les critiques. Les médecins ont reproché au ministre d’écar-ter les professionnels de santé de la direction et de faire entrer la logique d’entreprise dans le service public. Une autre volonté affichée de la réforme est de mettre fin aux “déserts médicaux”. Il s’agit de territoires pauvres en mé-decins et en services de santé. La loi prévoyait de mettre en place une contribution annuelle, autrement dit une amende, pour les médecins qui s’installeraient dans des zones surmédica-lisées et refuseraient d’apporter de l’aide à leurs confrères. Les médecins libéraux y ont vu une remise en cause de leur liberté d’installation. Le Sénat s’est opposé à cette mesure contraignante et a décidé de rendre l’aide non obligatoire. Roseline Bachelot souhaiterait cependant réin-troduire cet amendement.

la conFiRmation De la RéGionaliSationLa régionalisation du système de santé a été ini-tiée précédemment. La loi prévoit aujourd’hui la création des agences régionales de santé (ARS), pour remplacer les agences régionales de l’hospitalisation (ARH). Ces nouvelles structures vont regrouper de nouveaux services comme les directions régionales et départementales des affaires sanitaires et sociales (DRASS et DDASS). Ces agences, doivent être présidées par le préfet de région. Elles inspirent la crainte d’une étati-sation et d’une utilisation politique. Cette mesure n’est pas vue d’un mauvais œil par tout le monde. Josepha Guarinos est infir-mière urgentiste et déléguée de la coordination nationale, à l’hôpital d’Aix-en-Provence. “Au niveau français, le syndicat se bat contre la nouvelle loi, mais nous sommes plus modérés ici”, confie la jeune femme. Pour elle tout n’est pas bon à jeter : “les mesures sur la répartition des soins sur le territoire et le volet médico-social sont à conserver.” Les ARS sont alors un bon moyen pour répartir l’offre. “Grâce à elles, estime Josepha Guarinos, certains petits hôpitaux qui menacent de fermer, pourront continuer d’exister”.

Une loGiqUe De coopéRationA côté des agences régionales de santé, deux autres formes de coopération pourront être mi-ses en place. Les hôpitaux auront la possibilité de former des communautés hospitalières de territoire (CHT). Toujours sur la base du vo-lontariat, les cliniques privées ou les médecins libéraux, s’associeront aux hôpitaux publics dans un groupement de coopération sanitaire (CGS). Certains directeurs de cliniques saluent ce rapprochement. Jean-Pierre Foulon, respon-sable de la clinique Sainte Marie à Osny dans le Val-d’Oise, est de ceux-là. Le rapprochement en-tre le secteur public et privé ne peut être qu’une bonne chose selon lui. “La mutualisation est très importante”, affirme-t-il, “c’est essentiel pour le développement et la pérennité des établissements.” Il assure être prêt à mettre cette coopération en place, mais ne connaît pas encore le point de vue de l’hôpital de Pontoise. La loi est bonne, bien ficelée, dit-il encore. “Il faut réintroduire une gestion que l’hôpital a per-due et éviter le déficit.” La tarification à l’activité, (T2A), lui paraît aussi être une bonne mesure. Elle a été introduite à l’hôpital en 2007 mais a fait l’objet de critiques lors de la contestation sur la loi HPST.

La réforme hospitalière initiée par Roseline Bachelot a fait l’objet de nombreuses critiques. Mort du service public, loi fourre-tout, médecine à deux vitesses, un point sur les mesures les plus importantes et les principales contestations.

Cécile RabeuxNée le le 20 mai [email protected] : Avril 2009, La Gazette du Val-d’Oise. Février-Mars 2009, Home magazine. Juin-juillet 2008, Home magazine. DERNIER DIPLÔME : 2008, Master 1 en droit international à l’université de Cergy-pontoise.

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sanTépar Cécile Rabeux

La réforme hospitalièreau banc des accusés

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• Déficit de l’hôpital en 2008 : 575 millions d’euros (source : Le Point).

• Nombre d’établissements de santé en 2007 : 2772 pour 491 476 places

• Consommation de biens et de soins médicaux en 2007 : 163,8 milliards d’euros, contre 115 milliards en 2000

• Nombre de médecins libéraux et salariés en 2007 : 208 191

• Perspective des effectifs de médecins en 2025 : 185 969

• Part de la dépense nationale de santé dans le PIB en 2005 : 11,1%

Chiffres INSEE : http://www.insee.fr/

QuELQuEs chiffrEs

Avant cette réforme les hôpitaux recevaient chaque année une en-veloppe globale, qui n’était pas cal-culée sur leur activité. L’infirmière Josepha Guarinos explique le refus de cette tarification. “Cela pousse les établissements à faire plus de soins avec des séjours plus courts pour ne pas être en déficit. On oublie qu’il y a une part de soin inquantifiable, c’est la dimension humaine”. Les soins augmentent mais les embau-ches ne suivent pas. “Cela engendre plus de stress sur le personnel soignant, on peut le sentir depuis le passage à la T2A”, regrette-t-elle.

Le texte est en constante évolution et le Sénat de-vrait encore l’amender. Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il allait introduire une modification du texte, suivant le rapport du professeur Jacques Mares-

caux. Pour les centres hospitaliers universitaires, (CHU), le directeur sera accompagné de trois vice-présidents. Cette mesure va à l’encontre de ce que préconise Roseline Bachelot. Cette modification, saluée par le corps médical, devrait certainement remettre en cause la primauté du directeur telle qu’initialement prévue. La mesure s’appliquera pro-bablement à tous les hôpitaux, CHU ou non. Selon les professionnels, il y va de leur bonne santé.

“Il faut réintroduire une gestion que l’hôpital a perdue et éviter le déficit.”

Jean-Pierre Foulon, responsable de la clinique Sainte Marie

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La nouvelle loi réfor-mant le système hospitalier français fait polémique de la part des spécialistes de santé. Petit tour de France des profession-nels de santé. De Paris à Sète en passant par Aix-en-Provence.Zoom avant sans concession.

La journée type de professionnels de santé en France

Docteur Betty Jean, neuroradiologue interventionnelHôpital La Pitié-Salpêtrière, Paris

Un vendredi. 10h Service d’imagerie du Professeur Jacques Chiras, Pavillon Babinski, hôpital La Pitié-Salpêtrière. Le docteur Betty Jean est d’astreinte. Elle peut-être appelée à tout moment pour une urgence neurochirurgicale. “D’astreinte” et non “de garde”. Elle doit être où qu’elle soit disponible dans les vingt minutes.L’établissement, le plus grand d’Europe, assure pour 24 h, deux gardes générales de neurochirurgie adulte par semaine. Les autres jours, les hôpitaux Beaujon, Bicêtre, Henri Mondor et Lariboisière les assurent. La grande garde dure 24 h, de 8 h à 8 h. Toutes les urgences neurochirurgicales de l’Ile de France (5 millions d’habitants) sont dirigées ici. Des neurochirurgiens sont sur place et des blocs opératoires sont à leur seule disposition.Le Dr Jean n’intervient qu’en second aux urgences. Neuroradiologue interventionnel (50 en France), elle pratique des angiographies diagnostics ou interventionnelles (80% sur des lésions qui ont saigné) en cas d’hémorragies méningées ou de rupture d’anévrisme. “Le gros des urgences est entre

15 et 22h ”, précise-t-elle, “mais la journée devrait être calme : ce sont les vacances”. Aucun appel mais le travail ne manque pas même si ses consultations ont été allégées.

11h30 Elle signe la sortie d’une patiente hospi-talisée au service d’ophtalmologie. “On a négocié deux lits par jour avec eux car nous n’avons pas de lits d’hospitalisation dans le service de radiologie”.

13h Un patient consulte pour un anévrisme. Il remplit les conditions pour intégrer l’essai clinique franco-canadien, Team, dont elle est l’initiatrice. Traitement ou observation, les médecins sont partagés. Les risques de rupture semblent aussi faibles que ceux du traitement. “Il est dur pour les patients d’accepter mais du coté scientifique c’est le plus efficace.” Les données ont été randomisées et l’ordinateur a admis le patient dans le groupe des traités.Le calme de la journée lui permet de mettre ses dossiers à jour avec ses internes qu’elle continue ainsi de former.

“Le gros des urgences est entre 15h et 22h”

sanTépar Aimery Combes

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Aimery CombesNé le 6 mai [email protected] : Juillet-Août 2009, La Provence, Aix-en-Provence (correspondant). Mai 2009, La Provence.com, Marseille. Février 2009, La Provence, Aix. Eté 2008, Midi Loisir, Montpellier (CDD). Avril 2008, L’Hérault du jour, Montpellier. Mars 2008, Midi libre, infos génés, Montpellier.DERNIER DIPLÔME : 2007, Master 2, Droit des établissements de santé, Université Montpellier 1.

Valérie casasola, aide soignanteMaison de retraite La Poésie, Sète

Josépha Guarinos, infirmière aux urgencesCentre Hospitalier du Pays d’Aix, Aix-en-Provence

Un mercredi. 9h Valérie est en poste depuis trois quart d’heure et terminera à 20h15 avec deux heures de pause à midi.Elle a fini de servir les petits déjeuners avec Stéphi arrivée à 7h. “On les sert vers 7h45-8h. La première peut faire au moins deux toilettes avant”. La Poésie compte 58 lits dont 20 à leur étage. Elles ont jusqu’à 11h45 pour faire toutes les toilettes. “C’est dur, une toilette c’est en moyenne 20 minutes, enfin ça dépend des résidents. On évalue ce qu’on fait selon chaque personne au jour le jour. On les connaît ils sont là depuis longtemps, ce n’est pas comme à l’hôpital.” Claude est encore endormi. Valérie n’en tire rien. Elle prévient l’infirmière par précaution et repasse vers 11h. Il est bien réveillé et plus réactif.Tous les syndromes se retrouvent ici : sénilité, Parkinson, Alzheimer, AVC. Certains sont autono-mes, d’autres dépendants. La doyenne, 104 ans,

toute sa tête, se débrouille. “Je ne peux pas répon-dre aux questions des journalistes, je suis sourde.” explique-t-elle. Valérie discute avec les résidents tout comme le personnel et Marion Artz, la jeune directrice (25 ans). “On est là pour les stimuler et non les assister”. Une véritable connivence se crée. “Elles sont biens, gentilles comme tout” s’exclame Mauricette.

midi Tous les résidents sont réunis dans la salle à manger. L’infirmière distribue les médicaments à chacun et les AS et auxiliaires de vie servent le repas. Valérie donne un coup de main alors qu’elle est censée être en pause. “Je suis là. Autant me rendre utile”.Au programme de l’après-midi, préparer ceux qui veulent faire la sieste, il y a des animations aussi. Et vers 17h30-18h, le dîner puis le coucher qui mettra un terme à sa journée.

“On évalue ce qu’on fait selon chaque personne au jour le jour. On les connaît ils sont là depuis long-temps, ce n’est pas comme à l’hôpital.”

“C’est frustrant, on n’a pas le temps, il faut libérer de la place”

Un jeudi. 20h25 Josépha Guarinos arrive pour la relève de la garde de jour. Elle reçoit les informations sur les patients présents, ce qui a été fait et ce qui reste à faire. Il reste 15 personnes. Elles sont là depuis des heures. Josépha fait les prélèvements et les envoie pour analyses. Les résultats reviendront dans une heure. Josépha enchaîne les patients. Elle discute un peu mais “c’est frustrant, on n’a pas le temps, il faut libérer de la place”. Elle cherche des lits dans les services de l’établissement mais il y en a peu, tout en continuant à faire partir ceux qui le peuvent. En cas d’hospitalisation, elle doit prévenir la famille et veiller à ce qu’ils laissent à leur proche ou au coffre les objets de valeur. Elle est responsable.

22h15 Une femme ivre, battue par son ami est admise. Elle a 4,70g d’alcool dans le sang et à l’ar-rivée de ce dernier, elle change de version. Elle passera la nuit en observation malgré tout.Minuit. Trois patients arrivent dont un agent de police avec de terribles douleurs au coté gauche.

Il est blanc et complètement crispé. Suspicion d’infarctus mais ce ne sont heureusement que des coliques néphrétiques. Ses collègues le ramèneront chez lui dans la nuit. La garde est assez calme une bonne partie de la nuit.

5h15 Le service est en ébullition. On craint un cas de grippe porcine. Mis immédiatement en quaran-taine, l’homme est pris en charge. Tout le person-nel entrant dans la salle doit s’habiller : Charlotte, masque canard, blouse, gants, sur chaussures. L’équipement est jeté à chaque sortie. Le proto-cole à suivre est consulté d’urgence. Le médecin est réveillé. Elle appelle l’unité de Marseille après auscultation pour savoir s’il faut le leur transférer. Une heure après, l’alerte est levée. Il est revenu d’une zone à risque quinze jours auparavant mais le temps d’incubation n’est que de sept à huit jours. Tout risque est écarté. Il est placé en box normal mais isolé pour plus de sûreté.

6h25 La garde de jour relève celle de nuit. Une nouvelle nuit s’achève.

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ortir de l’hôpital plus malade encore qu’en y étant entré, c’est malheureusement possible. En Europe, la moyenne est de 9% des personnes hospitalisées qui sont touchées par une infection nosocomiale. La France se situe en-dessous de cette

moyenne, mais chaque année ce sont encore près de 750 000 per-sonnes sont concernées par une infection hospitalière. La loi définit une infection nosocomiale comme une infection absente lors de l’admission du patient dans un centre de soins hospitalier ou dans une clinique. Elle est contractée au cours de son hospitalisation. Elle se développe au minimum 48h après l’admission à l’hôpital.

l’iGnoRance De ceRtaineS RèGleS D’hyGiène Facilite le DéVeloppement et la tRanSmiSSion DeS malaDieSDifférents facteurs peuvent expliquer le développement des infections nosocomiales dont on a observé un développement croissant dans l’histoire du système sanitaire. Tout d’abord, le milieu hospitalier est

un endroit ayant une très importante concentration de microbes. Mais aussi, le vieillissement de la population : le risque de développer une infection nosocomiale augmente avec l’âge. Enfin, l’ignorance de certaines règles d’hygiène facilite le développement et la transmission des maladies. C’est un risque d’autant plus important, si l’on tient compte du nombre de personnes gravitant autour d’un patient, du personnel hospitalier aux visites privées.

le patient peUt S’inFecteR lUi-même : c’eSt le caS DeS “BactéRieS enDoGèneS”La principale difficulté pour lutter contre ces maladies vient du fait que les causes de ces infections sont multiples. Tout d’abord, le pa-tient peut s’infecter lui-même. C’est le cas des “bactéries endogènes”, bactéries présentes dans le corps qui sont réveillées par une cause extérieure. Infections imprévisibles, ce sont les plus fréquentes. Deuxième cause possible, un microbe présent chez le personnel, un autre patient, ou bien encore dans le milieu hospitalier. Il s’agit là

En France, plus de 7% des hospitalisations sont compliquées par une infection nosocomiale. Un pro-blème de santé publique récurant.

Les infections nosocomialesgagnent du terrain

s

sanTépar Aurélie Taschon

quel régime juridique pour ces maladies ?La loi du 4 mars 2002 a clarifié le régime de responsabilité. Désormais, la faute n’est présumée que pour les établissements de santé. Seule défense possible pour l’établissement : il doit prou-ver la faute du patient, le fait d’un tiers étranger à l’établissement ou la force majeure, comme par exemple un cyclone.

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d’une bactérie dite “exogène”, ou “in-fection croisée”. C’est par exemple le cas de la légionellose, dont la bactérie se développe dans l’eau.Enfin, troisième origine possible, le vi-rus. Dans ce cas là, les infections sont souvent bénignes et ne sont pas liées à un acte médical. Elles sont en parti-culier observées dans les services de pédiatrie, service le moins exposé aux infections nosocomiales avec celui de psychiatrie.La modernisation du système hospi-talier se fait en même temps que son accessibilité de plus en plus grande. Ces infections ont malheureusement encore de quoi prospérer.

“J’étais à 48h de la septicémie”

“En 2004, j’ai eu une grosse infection suite à une opération du genou.” Nicolas T. faisait partie de l’équipe de rugby de Salon-de-Provence. Au cours d’un match, il s’est blessé. “J’avais les ligaments inférieurs arrachés. Il a fallu m’opérer. L’opération s’est bien passée. C’est après que le genou a commencé à gonfler.” Il est alors retourné voir un médecin et passer des radios avant de rentrer en urgence à l’hôpital pour une infection sévère. “J’étais à 48h de la septicémie. Là où j’ai eu le plus peur, c’est lorsque le médecin m’a dit que l’infection avait peut-être rongé le cartilage et mes nouveaux ligaments.” Si ça n’a pas été le cas, l’infection a beaucoup retardé la guérison. “Avant, j’avais été sélectionné pour aller en équipe régionale. Et j’avais une proposition du centre de formation de Toulouse. Mais après, ça avait pris trop de temps.” Avec plus d’une saison de perdue, il n’était plus possible pour Nicolas de rejouer à un tel niveau. “Je voulais devenir rugbyman professionnel. Après mon opération, à cause de l’infection ça n’a plus été possible. Maintenant, je joue avec les copains.”

“La principale difficulté pour lutter contre les maladies nosocomiales vient du fait que les causes de ces infections sont multiples”

Mme Natercia De Almeida est médecin hygiéniste à l’hôpital de Salon de Provence. Son rôle est de travailler à la prévention des infections nosocomiales.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est une infection nosocomiale ?une infection nosocomiale est une infection liée aux soins reçus. au cours de tout le pro-cessus de soin, à l’hôpital ou à l’extérieur, le patient acquiert quelque chose, une infection, qu’il n’aurait pas du avoir. Depuis 2007 on ne parle d’ailleurs plus “d’infection nosocomiale” mais “d’infection associée aux soins”. ce terme est beaucoup plus parlant.

Quelles sont les procédures mises en place pour limiter les infections nosocomiales ?tout d’abord, au sein de chaque établisse-ment de soin il y a un comité de lutte contre les infections nosocomiales (clin). cette ins-tance, présidée par un médecin ou un phar-macien définit un programme d’action pour l’établissement, mis en œuvre par l’équipe opérationnelle d’hygiène. pour prévenir les infections, nous mettons en place une grande politique d’hygiène, et en particulier en ce qui concerne l’hygiène des mains. il faut savoir que la plupart des infec-tions sont manuportées.

Quels conseils pourriez-vous donner aux patients et aux visiteurs afin de limiter le risque d’infection ?pour les patients, il faut absolument prendre la douche préopératoire correctement, même si on est opéré que d’un œil. l’hygiène corpo-relle est le point clé. le patient peut s’infecter de ses propres germes. ensuite, lorsque les gens vont voir un patient, il faut éviter de venir lorsqu’on est malade. et il faut venir dans des conditions correctes : il faut se laver les mains et porter une tenue propre. faire ça, c’est déjà faire beaucoup.

natercia de almeida, médecin hygiéniste à l’hôpital de salon de provence

“l’hyGIène corporelle est le poInt clé”

troIs questIons

Aurélie TaschonNée le 10 octobre [email protected] : Avril-mai 2009, RTFM (Radio Trafic FM) à Vedennes. Avril 2009, LA PROVENCE à ISTRES.DERNIER DIPLÔME : 2008, Master I Société Communication Culture

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est un véritable bras de fer juridique qui se joue, depuis octobre 2008, entre le ministère de l’immigra-tion et la Cimade. L’association est

suivie par l’ACAT-France, l’ADDE, Amnesty International-France, l’Anafé, ELENA-FRANCE, le GISTI, la LDH, RESF, le Syndicat des avocats de France et le Secours catholique. Les cinq autres associations candidates s’expriment peu, ou toujours avec prudence. Julien Poncet, directeur adjoint en charge du développement, de la solidarité internationale et des relations extérieures chez Forum Réfugiés ne s’étonne plus de rien. Le ton est las et agacé : “Oui, le passage de la mission en appel d’offre c’est pas le mieux, mais c’est plus acceptable qu’un tête à tête entre la Cimade et le ministère. On a toujours, précise-t-il, considéré que la rétention était obs-cure : cette situation nous obligeait à croire l’un ou l’autre. Un peu de pluralité, poursuit-il, permettrait à la société civile de peser plus lourd et plus fort face aux autorités”. Alliou Tall, vice-président et porte-parole du Collectif Respect partage

cette idée et défend “la diversité des points de vue” dans la mission d’aide aux étrangers dans les centres de rétention administrative (CRA). Christian Laurelle, directeur de l’ASSFAM y voit des opportunités de développement : “Nous avons répondu positivement à cet appel d’offres, car c’est aussi un besoin pour nous de diversifier nos missions”. Alain de Tonquedec, directeur et secrétaire général de l’Ordre de Malte France, est plus terre à terre et son opinion est sans appel : “la situation de monopole est anormale en droit français. Une mission de service public doit se faire sur la base d’un appel d’offres”.

l’appel D’oFFReS DénatURe la miSSion DanS leS cRaLa Cimade essaie depuis 8 mois, de démontrer à coups de recours administratifs, que la mission dans les centres de rétention a été dénaturée par l’appel d’offres. Pour le service œcuménique d’entraide, la mission ne se réduirait plus qu’à de la simple information auprès des étrangers. Les associations n’auraient plus la possibilité

de formuler et déposer des recours. L’ASSFAM coupe court à tout mal entendu : “nos travailleurs sociaux examineront bien entendu la situation de chaque retenu, et s’ils peuvent exercer des recours, nous les ferons avec eux. Si nous remarquons des abus dans les CRA, nous le dirons”, assure tran-quillement Christian Laruelle. L’Ordre de Malte affiche plus de prudence : “nous irons au-delà de la simple information en accompagnant les indivi-dus” répond Alain de Tonquedec. Julien Poncet coupe court à toute polémique : “il n’y a aucune ambiguïté sur la mission qui nous est confiée dans le deuxième appel d’offres”.

miSe en place D’Un comité De pilotaGeDans leurs démonstrations de bonne volonté, quatre associations sur les six postulan-tes, Forum Réfugiés, France Terre d’Asile, l’ ASSFAM, l’Ordre de Malte, ont décidé de mettre en place un comité de pilotage. Le but, affirment-elles : “mutualiser un certains nombre de ressources et moyens d’actions, jurisprudence,

En août 2008, Brice Hortefeux ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, décidait de soumettre à la concurrence, la mission d’aide aux étrangers dans les centres de rétention administrative. La Cimade1 qui assumait seule cette mission depuis 25 ans, devra partager celle-ci et le budget 2009, soit 4,7 millions d’euros, avec Forum Réfugiés, France Terre d’Asile, l’Ordre de Malte, le Collectif Respect et l’ASSFAM2. Pendant que le service œcuménique d’en-traide dénonce une atteinte aux droits des étrangers, les cinq autres associations candidates se font dis-crètes dans ce débat, et tentent de montrer leur solidarité, face à un appel d’offres largement critiqué.

Cinq associations prisonnières d’un débat

c’

Centres de rétention administrative

iMMigraTiOnpar Floriane Barthez

• Pour 2009, 27 000 reconduites à la frontière sont prévues (éloignements, retours volontaires ou recon-duites forcées) soit environ 2 000 de moins que pour 2008.

• La France a la durée de rétention la plus basse d’Europe, soit 32 jours, 40 jours pour l’Italie, et la durée est illimitée pour le Royaume-Uni et la Suède.

• Les 8 lots comportent en tout 2 030 places.

• En 2007, 242 enfants ont été internés dans les centres de rétention administrative d’après la Cimade.

quelques chiffres

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Floriane BarthezNée le 21 juin [email protected] : Eté 2009, La Provence, service web, Marseille. Février 2009, La Marseillaise, agence d’Aix-en-Provence. Avril 2008, Stage à la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme.DERNIER DIPLÔME : 2008, Master 1 de Droit International et Européen.

base de données […] réunir les informations utiles à une vision globale de la situation dans les centres de rétention en France métropolitaine et outre-mer”. Elles ont été rejointes, le 15 mai dernier par le Collectif Respect. Seule la Cimade reste à

l’écart. Damien Nantes, responsable du service Défense des étrangers reconduits à la Cimade constate qu’en dépit de cette bonne volonté, “le véritable problème est la situation de dépendance dans laquelle ces associations vont se trouver pla-cer”. Qui dit appel d’offres, dit concurrence. Seules les associations qui se montreront les plus performantes dans l’accomplissement de la politique ministérielle, verront leur mission reconduite. La terrible logique de l’appel d’offres est bien celle-là.

coUp De théâtReLe vendredi 10 mai au soir, coup de théâtre. Suite à des circonstances troublantes, Eric Besson, nouveau ministre de l’immigration, annonce qu’il a signé les six contrats d’affecta-

tion des lots. En réponse, le 19 mai, onze organisations décident de dépo-ser, chacune, un nouveau recours devant le tribunal administratif de Paris. Ce nouveau recours plonge à nouveau les associations dans l’incerti-tude si près de l’effectivité du marché, le 2 juin prochain. Si les contrats pren-nent effet, ils seront renouvelés tous les ans voir tous les six mois. Rendez-vous

est donc pris, pour savoir quelles associations se verront renouveler leur mission, autrement dit, celles qui auront le mieux répondu aux nouvel-les exigences du “gouvernement Sarkozy”.

1. Cimade : Comité Inter-Mouvements Auprès des Evacués, service œcuménique d’entraide

2. ASSFAM : Association Service Social Familial Migrants

l’ItalIe À la dérIve

La politique française en matière d’immigration dérange les défen-seurs des droits de l’homme. Ils montrent du doigt notre pays qui impose des quotas pour les recon-duites de clandestins à la frontière. Pourtant la situation chez l’un de nos plus proches voisins, l’Italie, est plus préoccupante encore.

Le 13 mai dernier, la Chambre basse du Parlement italien a adopté une loi qui criminalise le fait d’entrer ou de séjourner illégalement sur le territoire italien. Si le Sénat italien vote cette loi, ces crimes seront passibles d’une amende pouvant aller de 5 000 à 10 000 euros, sans forcément être assortie d’une peine de prison. Par contre, cette loi prévoit une autre peine, pouvant aller jusqu’à trois ans de prison, pour toute personne qui louerait un logement à un clandestin.Début mai, un bateau en provenance de Libye avec environ 200 clandestins à son bord, arrive sur les côtes italiennes à Lampedusa. Ces clandestins n’auront pas la possibilité de faire des demandes d’asile comme le prévoit les Conventions de Genève du 28 juillet 1951. Ils ne seront même pas débarqués et seront reconduits vers leur point de départ. Franco Frattini, chef de la diplomatie italienne ne voit là aucune violation et déclare avoir agi dans le cadre d’un accord bilatéral de 2007, entre la Lybie et l’Italie. Il prévoit l’organisation de patrouilles mixtes en mer pour limiter les arrivées de migrants au sud de l’Italie. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés s’est déclaré “indigné” par cet abandon humanitaire.

“Quatre associations sur les six postulantes ont décidé de mettre en place un comité de pilotage”

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Il existe une cinquantaine de types de fichiers en France. 800 000 personnes sont fichées génétique-ment. Nos libertés individuelles sont-elles en danger ?

Les dangers du fichage L’obsession sécuritaire met-elle en péril nos libertés ?

des données concernant les diverses infractions dont ceux sont rendus coupables les citoyens français seraient erronées. Le système des infrac-tions constatées, le STIC, concerne 8,7% de la population et dépend de la direction générale de la police nationale, sous contrôle du procureur de la République.Parmi les dérives possibles, la discrimination à l’emploi. Les données col-lectées concernent de plus en plus la vie privée. Le nouveau système de documentation des renseignements généraux, bap-tisé “Edvige”, compte aussi des informations telles que les orientations sexuelles, l’état de santé ou les opinions politiques. Le “progrès” ne s’arrête pas là puisque sont à présent répertoriées les personnes “susceptibles de porter atteinte à l’ordre public”. Des faits qui ne sont pas sans poser des questions éthiques d’importance, comme l’arrestation par anticipation d’un éventuel criminel. Le film “Minority Report”, réalisé par Steven Spielberg, était en ce sens une prémonition, tout comme l’était le célébrissime roman d’Orwell “1984”.Sommes nous si loin de ces fictions ? “C’est de la biométrie comportementale” accuse Pierre Piazza, maître de conférence à l’Université de Cergy Pontoise. “Le danger, c’est la stigmatisation de certaines populations” poursuit-il. Depuis 2001, la loi autorise la police à se servir du STIC pour des “enquêtes de moralité”.

Mais selon les investigations de Pascale Justice, la reporter de France 3, des sociétés privées vont plus loin. Elles embauchent d’anciens policiers pour faire des recherches pour le compte d’employeurs qui veulent viser juste dans leur recrutement. Officiellement ils font le travail d’un détective ordinaire. Ils utilisent des technologies Internet comme le réseau social “Facebook”, source inépuisable et exponentielle de renseignements. Officieusement certains consultent encore les fichiers de l’Etat.

Il existe cependant une autorité administrative chargée de veiller à la protection des données personnelles, la Commission Nationale de l’Informatique et des Li-bertés (la CNIL). Elle a désapprouvé une partie des modalités entourant cette récolte d’information. L’âge minimum des mineurs, notamment, qui pourraient apparaître dans le fichier, est fixé à 13 ans. La Com-

mission appelle à la prudence et la modération. Mais, seules 120 person-nes travaillent à la CNIL. Et faute de moyens, des erreurs sont inévitables. L’abondance des données contenues dans les fameux fichiers est très difficile à réguler : même innocenté, un citoyen peut rester répertorié. Pire, selon l’universitaire Pierre Piazza, “les victimes sont parfois confondues avec les acteurs de délits”. Le fichage, vieille lune de tous les gouvernants quelles que soient les époques, reste un terrain miné dès que le soupçon de manipulation politique apparaît.

83%

infOrMaTiqUEpar Aurélie Rossignol

L’HISTOIRE DU FICHAGE, INDISSOCIABLE DE LA CONSTRUCTION DE L’ETAT

très tôt, dès le XViiie siècle, des projets visaient à rendre la popu-lation transparente. l’élaboration des premiers registres servait à répertorier les vagabonds, les mendiants, ainsi que les militaires.au XiXe siècle, alphonse bertillon inventait une technique crimino-logique plus performante, reposant sur l’analyse biométrique, le “bertillonnage” avec photos et empreintes digitales. cela perme-tait de jeter les récidivistes hors du territoire. en 1885, la loi de la relégation instaurait la pratique des fichiers.on répertoriait alors les mensurations des corps, les stigmates comme les tatouages ou les cicatrices et les photos de profil. se constituait ainsi une sorte de “mémoire d’etat”.

le bertillonage s’appliquait à grande échelle. les empreintes digita-les n’étaient plus seulement réservées aux personnes déviantes.en 1898, les fichiers intervenaient dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité internationale. les nomades et les tziganes étaient également fichés. puis, au début de la seconde guerre mondiale, Vichy reprit ces fichiers à des fins plus répressives : le dispositif était utilisé pour la discrimination des populations.a la fin des années 60, l’informatique révolutionna le fichage. puis, la polémique autour de la protection des libertés indivi-duelles, fut à l’origine de la cnil, l’instance de contrôle.

“Parmi les dérives possibles, la discrimi-nation à l’emploi”

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Aurélie RossignolNée le 6 août 1985 [email protected] : Eté 2009, Corse Matin. Eté 2007, marketing/communication Opticom, Stage France 3 CorseDERNIER DIPLÔME : L3 Information et Communication à l’Université de Provence

le fIchaGe des enfants, un handIcap À vIe ?la polémique a fait rage autour d’un fichier lancé, à titre expérimental, en 2005, “base elèves”. selon la cnil, l’application informati-que permet “la gestion administrative et péda-gogique des élèves qui fréquentent une école maternelle ou primaire, publique ou privée, y compris ceux recevant une instruction dispen-sée en dehors de l’école. Elle concerne toutes les opérations relatives à l’inscription scolaire, l’admission, la non fréquentation, la répartition dans les classes, le suivi des effectifs et de la scolarité. Elle aide au suivi des parcours scolai-res de la maternelle à l’entrée en 6e et fournit des statistiques académiques et nationales”. a ce titre, elle est censée simplifier le suivi des élèves et n’avoir aucune incidence sur l’avenir de l’enfant. “Elle concerne l’élève, ses parents ou son responsable légal, ses besoins éducatifs

particuliers et ses activités péri-scolaires (trans-port, garderie, cantine, études surveillées)” explique l’instance de contrôle.Des associations, comme la ligue des droits de l’Homme, s’inquiètent d’une centralisation des données qui pourrait nuire à l’élève, et à l’adulte qu’il deviendra. “Prochaine étape prévue à l’automne, s’insurge françois nadiras, la prise d’empreintes digitales de la paume des mains”. le représentant de la ligue de toulon soutient les initiatives anti-fichage. erwan redon, un porte-parole du collectif “stop fichage”, a exigé, lui, le retrait du programme, de peur qu’il handi-cape l’avenir professionnel des enfants. sur ce point, la cnil paraît défendre le fichier : “C’est une architecture informatique développée par le ministère de l’éducation nationale organisée à trois niveaux : un premier fichier au niveau

de l’école, un second au niveau de l’inspection académique, et le troisième, exclusivement sta-tistique, donc anonyme, au niveau du Ministère de l’Education nationale.”pascale justice dans “Souriez, vous êtes fichés”, ne laissait cependant pas d’angoisser les parents : “Tu ne pourras pas faire le métier que tu veux” explique ainsi, dans son reportage, un policier à un enfant qui vient de voler un petit jouet dans un supermarché. son père réalise que l’avenir de son fils est compromis par une bêtise de gamin et qu’il paiera cette faute toute sa vie. “Une personne fichée ne perd le droit d’exercer un certain nombre de métiers, notam-ment ceux liés à la sécurité du territoire” stipule le document ; l’enfant ne pourrait ainsi travailler dans un aéroport.

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2 998 523individus enregistrés au FAED, fichier automatisé des empreintes digitales.

2,6 millionsde personnes enregistrées au FICP, fichier national des incidents de rembour-sement des crédits aux particuliers.

806 356profils génétiques au FNAEG, fichier national des empreintes génétiques.

36 500 000de procédures,

37 911 000 d’infractions,

5 552 313 d’individus mis en cause,

28 329 276 de victimes au STIC, sys-tème de traitement des infractions constatées.

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Toi + Moi + tout ceux qui le veu-lent”….depuis quelques mois déjà, ces paroles inondent jusqu’à plus soif, les ondes de radio. Grégoire, nouveau

venu de la chanson française, a déjà vendu plus de 230 000 exemplaires de son tout premier album, partiellement financé par les internautes de My Major Company (MMC). Cette nouvelle société a été créée il y a plus d’un an, par quatre anciens salariés d’une maison de disque ; dont Mickael Goldman,

fils du célèbre chanteur. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’on propose aux inter-nautes d’investir ainsi dans le marché du disque. Le site allemand Sellaband avait innové, en finançant sept artistes en neuf mois d’activité. En France, les sites Spidart ou NoMajorMusik avaient été également lancés, mais le succès de Grégoire le premier chan-teur produit par MMC, donne une certaine légitimité et un réel élan à ce nouveau mode de financement. Avec pour ambition la signa-

ture des meilleurs artistes écartés des maisons de disque classiques, MMC est devenue l’un des principaux portails de découverte des nouveaux talents. Le concept est simple, novateur. Rien à voir avec MySpace ou autre blog, qui ne proposent que de découvrir l’univers des artistes. Avec MMC, on peut investir dans la production d’un album par un simple clic ! “Le principe est révolutionnaire, car c’est le public qui vous choisit !” assure Thierry De Cara, 28 ans, artiste sur MMC.

Joanna MamanNée le 1er Novembre [email protected] : Juillet-Janvier 2008-2009, Guysen TV. Février 2008, Trucdenana.com. Avril 2008, La Provence, Marseille. Février 2008, Le MondeDERNIER DIPLÔME : 2008 , Master 1 mention “Droit des affaires”.

cULTUrEpar Joanna Maman

My Major company :pariez sur le bon !

Le site My Major Company propose aux internautes de financer le disque d’un artiste via internet. Grégoire, le premier chanteur produit a connu un véritable succès.

35%Distributeur

15%MyMajorCompany

30%

20%

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Au départ, l’équipe de MMC évalue les candi-datures et propose aux meilleurs d’être publié sur la toile. Si le public est séduit, il peut miser de l’argent sur l’artiste de son choix en achetant une ou plusieurs parts, d’un montant de dix euros chacune. L’investissement total nécessaire pour qu’un artiste enregistre un album en stu-dio, s’élève à 70 000 euros, c’est-à-dire 7 000 parts. Il est donc possible pour les inter-nautes d’acheter jusqu’à 100 parts, montant qui a été limité après le succès de Grégoire. Certains avaient misé e n e f f e t j u s q u ’ à 6 000 euros sur cet artiste en herbe. “On préfère proposer aux internautes de contribuer à la production d’un album dans un esprit de mécénat plus que d’in-vestissement, assure le service communication de MMC. L’idée est que le projet soit porté par un maximum de gens.”Pour le droit de la propriété intellectuelle, tous les titres mis en écoute sur le site doivent déjà avoir été déposés dans une société de gestion des droits d’auteur. Les artistes restent proprié-taires de leur musique. Si la récolte des fonds se fait en ligne, la suite se déroule comme dans une maison de disque traditionnelle. “Ce concept

est intéressant pour les artistes, se félicite Thierry De Cara, car il s’agit d’une véritable mai-son de disque classique. Les droits d’auteur sont les mêmes… tout est exactement pareil avec en plus le soutien du public !” Si le disque voit le jour, chaque producteur touchera un pourcentage sur les ventes d’al-bums, en fonction du montant investi. Au total 30 % des revenus issus de la vente physique ou numérique seront partagés entre les diffé-

rents producteurs, c’est-à-dire à peu près 4 fois leur mise de départ pour 250 000 albums vendus. “Je me suis lan-cée dans l’aventure car l’idée de gagner de l’ar-gent en produisant un artiste était intéressante” reconna î t Mar ion Perez, 22 ans, étu-diante et productrice

sur MMC. Une fois la marge distribuée, l’artiste est assuré de toucher 20 % du revenu des ventes et 15 % iront à MMC.Internet chamboule les usages de la production musicale. MMC n’est pas prêt de s’arrêter là pour autant, et envisage même d’étendre le projet en Angleterre. Un artiste heureux, une maison de disque ravie et un public conquis. On se fait une toile…

Le projet de loi “Création et Internet” ou loi “Hadopi” tire son nom de l’organisme qu’il instaurera. En effet, la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (HADOPI) punira les internau-

tes qui se livreront au téléchargement illégal. Pour cela, un système de riposte graduée devrait être mis en place. L’internaute qui sera dans l’illégalité recevra en premier lieu, des mails d’avertissement, puis en cas de récidive une lettre recommandée, et enfin une suspension voire la résiliation de son abonnement internet.Selon le gouvernement, le transfert de responsabilités de filtrage et de sanction à l’Hadopi permettra un repérage plus rapide des pirates. Auparavant, seul le juge était capable de sanctionner les internautes en infraction. Par ailleurs, le fait de recevoir des avertissements permettra de stopper le piratage occasionnel.Les opposants à cette loi sont nombreux. Certains jugent la mesure de résiliation disproportionnée, car cela revien-drait à exclure le pirate du réseau internet. Le parlement européen a de son côté, voté une résolution qui “invite la Commission et les États membres à éviter de prendre des mesures qui entrent en contradiction avec les libertés civiques et les droits de l’Homme et avec les principes de proportionnalité, d’efficacité et de dissuasion, telles que l’interruption de l’accès à l’Internet”.De plus, les fournisseurs d’accès à Internet ne sont pas pour le moment, en capacité de filtrer l’ensemble du réseau. Selon la loi, c’est auprès de ces fournisseurs que la Hadopi récupèrera les coordonnées des pirates. Malgré son adoption par le Sénat, la loi Hadopi créée toujours de nombreuses polémiques. Les opposants on déjà déposé un recours devant le Conseil Constitutionnel. Son sort reste encore à déterminer…

la loi hadopi késako ?Le projet de loi Hadopi ouvre bien des débats depuis quelques temps. En quoi concerne-t-elle ? Et quelles sont les mesures inscrites dans le projet de loi ? Explications.

“Si le public est séduit, il peut miser de l’argent sur l’artiste de son choix en achetant une ou plusieurs parts”

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aul Cézanne est certainement l’Aixois le plus connu dans le monde. Et comme pour les autres célébrités, il a lui aussi ses propres produits dérivés : de la papeterie

(crayon, gomme, carnet…) aux reproductions (pos-ters, cartes postales) en passant par les nappes, sacs, cravates, carreaux de ciment, sels de bain, vaisselle ou encore les santons, il y en a pour tous les goûts. Mais cette explosion du nombre de produits à l’ef-figie du peintre ou autour de ses tableaux a connu son apogée avec l’exposition “Cézanne en Provence” qui a eu lieu en 2006, à l’occasion du centenaire de sa mort. Mais avant de revenir en Provence, l’expo-sition a été exportée aux Etats-Unis, à la National Gallery of Art de Whashington où les acteurs poli-tiques se sont mobilisés pour faire découvrir aux Américains les goûts et les couleurs de la Provence : huile d’olive, calissons… et peinture. Tout cela, dans le but de les convaincre à venir découvrir les sites qui ont inspiré Cézanne. Son image s’exporte, les produits régionaux aussi. Le nom de Cézanne est depuis longtemps utilisé mais depuis l’exposition, les produits en rapport direct sont labellisés “Collection Cézanne”. C’est Philippe Cézanne, arrière-petit-fils du peintre qui a créé la société Art Aix & Terra qui délivre le label. Il perçoit en retour, lui et ses actionnaires, un pourcentage sur le produit des ventes. Pour Philippe Cézanne, c’est surtout une chasse aux “mauvais” produits dérivés c’est-à-dire ceux qui

ne sont pas respectueux de l’image de Cézanne. Par exemple des santons qui sont représentés avec une palette romantique (ovale) alors qu’il utilisait une palette rectangulaire. Le but est de respecter la réalité. Toutefois, on peut se demander si le marché juteux des produits dérivés n’a pas attiré l’œil de l’héritier. L’évènement a finalement attiré plus de 110 000 visi-teurs, ce qui, on peut imaginer, encourage la créa-tion d’autres produits. L’engouement pour le peintre aixois continue aujourd’hui, et Aix-en-Provence attire toujours autant de visiteurs étrangers désireux de découvrir le peintre et cette Provence qu’il a tant aimé. Celle-ci s’exporte avec les visiteurs qui ramènent chez eux, un souvenir provençal, une représentation d’une œuvre de Cézanne ou un produit à son effigie. On peut également retrouver paysages et peintures dans les livres sur l’art et sur la région. Nous marchons, grâce à ces ouvrages, sur les pas de Cézanne, qui nous emmène sur les sites Provençaux qui l’ont inspiré. L’ouvrage “Cézanne en Provence” a d’ailleurs été spécialement édité pour l’exposition 2006 et présente des œuvres commen-tés par le directeur du musée Granet. Le prochain sera un ouvrage édité spécialement pour l’exposition Cézanne-Picasso de cet été 2009 “Quand Picasso s’invite chez Cézanne”. Il s’agit de la mise en parallèle des œuvres de Picasso et de Cézanne … l’occasion de remplir les boutiques de nouveautés, touchant désormais le peintre espagnol.

Clotilde CouffyNée le 28 février [email protected] : Editions Dunod DERNIER DIPLÔME : 2009, Licence d’économie appliquée et Magistère I JCE.

Les produits dérivés ou comment cézanne s’exporte

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cULTUrEpar Clotilde Couffy

bibliOgraphie > sur les pas de Cézanne

aux Editions européennes de Marseille-Provence, ouvrage bilingue

> une année en Provence avec Paul Cézanne aux Editions Crès

> Cézanne en Provence hors série n°286 Connaissances des arts

> en Provence sur les pas de Cézanne aux Editions Equinoxe

> Je voyage en Provence avec Paul Cézanne aux Editions Réunion des musées nationaux

> l’atelier de Cézanne aux Editions Hazan

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icasso prend ses quartiers à Aix-en Provence pendant la période estivale. Et il ne vient pas seul. Dans ses valises on compte près de 112 œuvres venues du monde

entiers. Peintures, dessins, aquarelles, gravures et autres sculptures vont se disputer la vedette. Ceci, grâce à la contribution de quelques grands musés internationaux: de l’Ermitage à St Petersbourg, au Metropolitan Museum of art à New-York, en passant par Londres et Barcelone. Mais la plupart des œuvres présentées viennent de collections privées, du Japon ou du Danemark pour ne citer qu’elles.Pour l’occasion, le Musée Granet s’est refait une beauté. La cure de jouvence a débuté en l’an 2000 avec le soutien du Ministère de la culture, du Conseil Général et du Conseil Régional. Désormais c’est plus de 4 500 m2 d’espaces qui sont ouverts au public contre 900 m2 avant travaux. Coût total de l’opération : 26 millions d’euros. Et il n’en fal-lait pas moins pour recevoir les 300 000 visiteurs attendus du 24 mai au 27 septembre prochain. Parmi eux, 25 à 30% auront fait le déplacement des 4 coins de l’Europe, selon l’office du tourisme d’Aix. “Nous avons mis en place des dispositifs d’ac-cueil à leur attention.” Ainsi Granet se met aux langues étrangères. Documentation bilingue et signalétique sont en place depuis le début du parcours multimédia qui prélude à l’exposition internationale. Quant aux guides anglais, espa-gnol, allemand ou encore italiens, ils sont d’ores et déjà dans les starting-blocks. L’ancien palais

de Malte a donc de quoi confirmer sa place dans le peloton de tête des musées nationaux. La pré-exposition réalise déjà un coup de maître. “Picasso métamorphose” fait le plein depuis le 6 janvier dernier. Ce parcours pédagogique et interactif utilise des techniques modernes pour plonger le visiteur dans l’univers de Picasso. Projections et capteurs jalonnent la visite et donnent l’impression d’un corps à corps. Après Paris , celui qui se plaisait à dire “j’habite chez Cézanne” semble donc bien être de retour chez lui. 50 ans après son installation au château de Vauvenargues, où il est d’ailleurs enterré, si la réputation du plus provençal des espagnols n’est plus à faire, on connait encore mal l’influence qu’a eu la région sur son œuvre. En filigrane de l’exposition, les 10 experts internationaux mobi-lisés lors de la préparation de l’évènement, se sont donc évertués à faire ressortir les liens qui unis-sait Picasso à Cézanne, ce père en peinture qu‘il s‘était choisi. L’occasion de découvrir leur goût commun pour les natures mortes à travers les 4 parties qui structurent ce voyage artistique : “Picasso regarde Cézanne”, “Picasso collectionne Cézanne”, “Picasso se rapproche de Cézanne”, “structure et formes partagées”.En 2006, le père de l’art moderne était déjà à l’honneur, l’exposition Cézanne avait eu un suc-cès inattendu. De là à dire que l’élève dépasse le maître, il n’y a que quelques mois. Record à battre : 450 000 visiteurs.

Cette année, le peintre espagnol est à l’honneur dans la cité aixoise, 50 ans après son installation au château de Vauvenargues. Succès attendu au musée Granet qui accueille l’ex-position internationale. La pré-exposition annoncait déjà la couleur !

Fanny PeyrazatNée le 25 mars [email protected] : Décembre 2003, stage au journal municipal de St Médard-en-jalles (Gironde). Juillet 2006, radio NRJ à Bordeaux. Août 2007: journal Sud ouest à Auch. Février à avril 2009, journal La Provence à Aix-en-Provence. Juin 2009, stage à la radio France bleue Gironde à BordeauxDERNIER DIPLÔME : 2009, Licence d’économie appliquée et première année de magistère JCE.

Picasso, le retour du maître p

cULTUrEpar Fanny Peyrazat

> Musée Picasso - Antibes www.antibes-juanlespins.com

> Musée Matisse - Nice www.musee-matisse-nice.org tél. 04 93 81 08 08

>�Chapelle du Rosaire -Vence 468 avenue Henri matisse tél : 04.93.58.03.26

>��Espace Van Gogh - Arles place félix rey

>��Fondation Van Gogh - arles www.fondationvangogh-arles.org

>��Musée Granet - Aix-en-Provence www.museegranet-aixenprovence.fr tél 04 42 52 88 32

pratique

les peintRes en pRovenCe

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e premier festival fut organisé dans la cour de l’Archevêché et dans divers lieux de la ville dont la Cathédrale Saint Sauveur. L’année suivante le festival prend une nou-

velle ampleur, lorsque le peintre Cassandre est chargé de concevoir les décors de Don Giovanni. Cassandre dit à l’époque : “Les organisateurs du Festival me chargèrent d’imaginer, en même temps que les décors de Don Giovanni, le théâtre en plein air sur lequel il serait possible de présenter l’ouvrage selon la conception que je leur avais exposée”. Et la cour se fait théâtre, le rite s’installe et prend dés lors une dimension de plus en plus importante.Aujourd’hui, organisé durant les mois de juin et de juillet le festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, offre au public une scène lyrique et musicale variée qui attire de nombreux touristes et spectateurs. Les attraits et le patrimoine de la ville sont mis en valeur afin de faire connaître son histoire et son passé. Les représentations sont ainsi toujours don-nées dans le Théâtre de l’Archevêché, mais aussi au Théâtre du Jeu de Paume, au Grand Théâtre de Provence et à l’Hôtel Maynier d’Oppède. De plus des événements sont organisés autour du festival, comme une parade qui fera cette année écho à l’exposition Cézanne-Picasso, mais aussi des colloques et des actions socio-artistiques.

Cependant le festival a acquis une dimension inter-nationale grâce à la venue d’artistes de renommée mondiale et cette année Christophe Rousset, Louis Langrée, Marc Minkowski et René Jacobs dirige-ront chacun un grand opéra. Cette dimension internationale s’est également développée, depuis la création en 1998 de l’Académie Européenne de Musique qui permet la formation et la promotion de jeunes talents du monde entier. Ainsi durant deux mois des chanteurs, instrumentistes et créa-teurs viennent parfaire leur formation à Aix-en-Provence, grâce à l’encadrement de grands artistes et pédagogues. De par son niveau d’excellence et son ouverture aux parcours artistiques les plus variés, l’académie est reconnue dans le monde entier comme un centre de formation original et spécifique, permettant de développer des talents et de lancer des carrières. Afin de faire connaître ses créations et sa program-mation en France à l’étranger le festival organise des représentations qui permettent aux artistes de l’Académie Européenne de Musique mais aussi à de grands metteurs en scène, de faire connaître leurs talents. Le festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence continue ainsi de rayonner sur la ville, lui permettant d’accueillir un public toujours plus nombreux offrant ainsi un tremplin toujours plus grand aux artistes.

Créé en 1948 par Gabriel Dussurget, le festival a acquis au fil des années une notoriété qui dépasse aujourd’hui les frontières.

Florian ValmyNé le 16 Mars [email protected] STAGE : Avril-Juin 2009, Aix-Marseille POURVOUSREVOIR.com DERNIER DIPLÔME : 2008, DEUG de droit. 2009, Licence Economie-Gestion et Magistère I JCE.

Le festival d’art lyrique, une vitrine internationale pour Aix-en-Provence

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cULTUrEpar Florian Valmy

“Le festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, offre au public une scène lyrique et musicale variée qui attire de nombreux touris-tes et spectateurs”

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est en 1996 que la Cité du Livre d’Aix en Provence accueille sa compagnie qui devient alors le ballet Prejlocaj.

En octobre 2006, le Ballet investit son nouveau lieu conçu par l’architecte Rudy Ricciotti : “le Pavillon Noir”, qui devient alors le premier centre de production destiné entièrement au processus de création. Les artistes peuvent y mener, leur travail en studio jusqu’à la repré-sentation sur scène. Des spectacles de danse et des rencontres sont programmés toute l’année dans ce théâtre et ses quatre studios.Le Pavillon Noir, c’est le nom qu’a choisi Angelin Preljocaj pour ce lieu, faisant ainsi référence à sa couleur et sa structure. Il le dé-crit comme “une architecture de fer et de béton, dont la peau de verre offre au regard la genèse de danse se fabriquant au jour le jour dans ses studios de répétition, mais qui, au plus profond de son ventre, sait garder le secret et l’émotion du spectacle pour son théâtre de 399 places”.Le Pavillon Noir développe quatre pôles d’ac-tivités menés en partenariat et en collaboration avec les structures régionales, compagnies de danse, associations, théâtres, musées et col-lectifs d’artistes. Outre sa vocation principale à être un centre de création et d’expérimenta-tion, le Pavillon Noir est également un espace de découverte et de rencontre. Le lieu offre en

effet, une large proposition d’activités basées sur l’échange pour faire découvrir l’univers de la danse, éveiller la curiosité et susciter l’envie du plus grand nombre.La renommée de ce lieu dépasse désormais largement les frontières de la célèbre Sainte Victoire, et court jusqu’à Tokyo, New York et dans toute l’Europe. En effet, la compagnie est aujourd’hui une référence en matière de danse contemporaine. Le Ballet est à ce jour constitué de 24 dan-seurs permanents et plus de 100 représenta-tions par an sont données en France comme à l’étranger. Depuis la création du ballet, Angelin Preljocaj a créé 42 chorégraphies, dont deux sont actuellement au répertoire des grands duos. La dernière création du Ballet Blanche Neige, dont les costumes ont été dessinés par le cou-turier Jean Paul Gauthier, a notamment reçu un globe de cristal, prix national récompen-sant les meilleures créations artistiques.Si Monsieur Preljocaj, continue d’émerveiller la ville par ses productions inattendues, il confie que c’est de cette cité pleine de sur-prises qu’il puise son imagination.Amateurs d’arabesques et de volutes, courez voir les dernières créations du Prince de la danse d’Aix-en-Provence.

Voici près de quinze ans, qu’Angelin Preljocaj propose à la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur ses œuvres chorégraphiques. Fort d’un parcours riche et diversifié, Preljocaj est aujourd’hui le prince de la danse contemporaine à Aix en Provence et ses alentours.

Marie CrombetNée le 11 mars [email protected] : Mai-juin 2009, Festival Tous Courts d’Aix-en-Provence (festival de cinéma)DERNIER DIPLÔME : 2009, Licence Economie-Gestion et Magistère I JCE.

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cULTUrEpar Marie Crombet

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chorégraphe et directeur artistique du ballet preljocaj, centre chorégra-phique national, angelin preljocav vit et travaille à aix-en-provence depuis 1996.

Né en 1957 de parents albanais émi-grés en région parisienne, il étudie d’abord la danse classique, puis aborde la danse contemporaine avec Karin Waehner à la Schola Cantorum. Il fonde sa propre compagnie en 1984 qui s’installe en 1996 à Aix en Provence. Au cours de sa carrière, Angelin Preljo-caj a reçu plusieurs reconnaissances parmi lesquelles le “Grand Prix National de la Danse” décerné par le Ministère de la culture en 1992, le Globe de Cris-tal pour Blanche Neige en 2009 et bien d’autres encore.Il est Officier des Arts et des Lettres, Chevalier de la Légion d’honneur et a été nommé Officier de l’Ordre du mérite en mai 2006.

angelin preljocajc’

Le Pavillon Noir, lieu de travail

de la compagnie Preljocaj.

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e sacre européen de la citée phocéenne comme capitale de la culture, la place sous les projecteurs. Sa désignation par le jury le 16 septembre dernier constitue

une véritable opportunité de lui insuffler une dynamique nouvelle. Cette perspective de capi-tale culturelle permet donc de rêver à une réelle démocratisation culturelle pour les Marseillais en intensifiant l’acquis et en développant l’in-novation. Ce label est ainsi, comme le men-tionne le président de région Michel Vauzelle “une chance unique de reconnaissance de cette ville comme une grande métropole européenne et lui per-mettra de redorer son image”. Orchestré par le projet Euroméditerrannée, l’objectif de la cité phocéenne est de devenir une zone portuaire au rayonnement économique international.Forte de ses 2 600 ans, Marseille, une des plus anciennes implantations urbaines de France s’offre donc un nouveau visage. 600 millions d’euros débloqués par les financements publics auxquels s’ajoutent 2,9 milliards d’investisse-ments privés vont permettre son relooking. Dans

quelques années, la ville aura ter-miné sa mutation, à tel point que même la Bonne Mère ne la recon-naîtrait plus. Confiée aux mains des meilleurs archi-tectes du monde : Jean Nouvel, Zaha Hadid, ou encore Yves Lion Marseille n’a pas de soucis à se faire. Pour l’instant, le quartier de La Joliette est le seul à donner un bref aperçu de ce nouveau paysage urbain. Transformé en Business Center, il réhabilite une surface de 20 hectares pour des entreprises Européennes. D’ici 2012, plusieurs tours de verre s’ajoute-ront au décor. Le but : offrir un visage plus contemporain et dynamique au 2e arrondisse-ment. Entre le Vieux Port et Arenc, le centre ville bénéficiera de l’aménagement prévu par le programme SAS Suède qui offrira à Marseille deux immeubles de bureaux, dont une tour s’élevant à 135m. L’urbaniste Yves Lion a

imaginé trois nouveaux pôles pour le centre : la zone d’Arenc qui s’impo-

sera comme un nouveau quartier dynamique (nouveaux logements, complexe cinématogra-phique…), les terrasses du port situées en face

du quai de la Joliette et des docks réhabilités et l’esplanade Saint Jean qui accueillera les équipements culturels majeurs comme le CRM et le MuCEM Dans quelques années,

touristes et Marseillais pourront s’attarder au Nord de la cité, avec de nombreux espaces dédiés à la culture. La Belle de Mai abrite déjà un complexe de 120 000 m2 dédié à celle-ci dont un centre international de restauration d’œuvres d’art et des studios audiovisuels. Ce projet est considéré comme une chance uni-que. En plus du rayonnement qu’il va apporter à Marseille, il forme l’espoir pour celle-ci de faire connaître son savoir-faire sur la scène interna-tionale. Mais surtout, le cœur des Marseillais va s’en trouvé transformé : ils seront encore plus fiers de leur ville.

Après Lille en 2004, Marseille a été choi-sie pour représenter la France au titre de capitale européenne de la culture. Elle a monté son dossier avec une option clai-rement affichée : l’ouverture de l’Europe vers la Méditerranée. Pour la capitale des Bouches-du-Rhône, cela repré-sente une formidable occasion de se mobiliser et de fédérer un territoire, tout en lui apportant une visibilité internationale.

Marseille capitale de la culture

l

cULTUrEpar Thibaut Ansaldi et Sabrina Gotlib

Thibaut Ansaldi Né le 16 février 1981 [email protected] : Avril-août 2009, France télévision service des sportsDERNIER DIPLÔME : 2009, Master II Journalisme et Communication Economiques – option Journalisme et Magistère III.

Sabrina GotlibNée le 20 mai 1983 [email protected] : “Éléphant”, agence de production de vidéo reportageDERNIER DIPLÔME : 2009, Master II Journalisme et Communication Economiques – option Journalisme et Magistère III.

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utour de la manifestation, c’est toute une région qui est mobilisée. 130 communes et plus de 2,2 mil-lions d’habitants sont concernés par

le projet, et sa réussite repose sur l’engagement de ces acteurs, dans un travail collectif autour de la culture, de l’urbanisme et de l’économie.Selon les premières estimations de Renaud Muselier, président du Conseil culturel de l’union pour la Méditerranée, 10 millions de visiteurs sont attendus. L’objectif est donc d’impliquer chaque acteur, en améliorant la synergie entre les communes limitrophes.La communauté Aixoise, qui s’est ralliée au projet en tant que “territoire associé”, est déjà forte de son expérience cultu-relle très développée.Elle est une “Terre d’enracinement culturel ouverte au monde” d’après Maryse Joissains Masini, maire et présidente de la Communauté du Pays d’Aix.La Communauté du Pays d’Aix et la ville d’Aix-en-Provence ont signé une convention de partena-riat tripartite avec l’association Marseille-Provence 2013. La création du comité de pilotage réunissant à parts égales ces trois institutions, stipule que les deux collectivités participeront aux charges de fonctionnement de l’association et au financement des manifestations prévues sur leur territoire.Quelques mois après l’euphorie de la victoire, les projets en cours et avenirs, sont au cœur des débats.

Avec une candidature bien ficelée, Marseille affirme sa volonté de bâtir un projet européen durable. La réflexion des divers groupes de travail a abouti à la mise en œuvre de nouvelles infrastructures, le financement de nouveaux projets, l’amélioration et la restauration d’autres. L’idée n’est pas d’en faire “plus”, mais de faire “ensemble” en misant sur les ressources et les forces disponibles.“Pour que Marseille 2013 soit une réussite, il faut

que ce soit un rendez-vous populaire. Comme pour la coupe du monde de foot, celle de rugby, il ne faut pas fermer la porte aux personnes qui veulent nous donner de leur temps. Ce doit être une occasion d’ouverture” rappelait Renaud Muselier.La réalité est que l’alliance de tout le territoire est plus que relative. Les associations et plus petites structures manifestent leur tourment par rapport aux résultats de la manifestation et à leur réelle implication.Pour Ruddy, technicien à la Friche a belle de Mai, “ce sont des événements qui vont requérir l’aide de nombreux techniciens, mais la crainte à avoir c’est

que les participants ne soient pas de chez nous comme pour le festival d’Aix qui est organisé et réalisé par une bonne moitié de techniciens extérieurs. C’est une question politique et de connaissance, il faut avoir le bras long quant on est chez les « petits ». Je fais le festival depuis 8 ans. On ne peut nier que sans financement, nous n’avons rien.”“Nous sommes plus petits que des pattes de fourmi dans tout ça, c’est une grosse machine qui fonctionne avec les grosses structures. Sur le plan touristique,

c’est bien, c’est utile pour mettre la région en avant, mais pour nous, ça ne change rien. Les théâtres de rue, les artisans, ceux qui travaillent par amour, et pas pour les gros sous, sont forcément mis de coté” explique Marie-Laure, directrice du théâtre du Manguier. S’il n’y a aucun doute vis-à-vis du flux touristique, le désarroi se porte sur l’apport au très

grand nombre de petits organismes actifs.Les grands établissements reconnus tels que le musée Granet qui accueille les expositions internationales Cézanne et Picasso, le théâtre de l’Archevêché et le tout nouveau Grand théâtre de Provence sont les principaux bénéficiaires de la publicité autour de l’événement à venir.S’il est vrai que le projet est ambitieux et profi-table à la région Marseillaise, les retombées ne s’étendent pas à tous ceux qui devraient, et qui le méritent certainement étant donné qu’ils par-ticipent à la vie et à l’exportation des arts et de l’interculturalité propre à Marseille.

En septembre dernier, Marseille a été élue à l’unanimité moins une voix, capitale européenne de la Culture pour l’année 2013.

Angélique BegarinNée le 27 octobre [email protected] : Mai-Avril 2009, Banque Populaire Provençale et Corse.DERNIER DIPLÔME : 2008, DEUG d’administation économique et Juridique (AEJ). 2009, Licence Economie-Gestion et Magistère I JCE.

Aix-en-Provence dans le projet Marseille capitale de la culture

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cULTUrEpar Angélique Begarin

“La Communauté du Pays d’Aix et la ville d’Aix-en-Provence ont signé une conven-tion de partenariat tripartite avec l’asso-ciation Marseille-Provence 2013”

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a réussite la plus marquante est certainement celle de l’Occitane en Provence, entreprise créée en 1976 par Olivier Bossan. La marque vend

ses produits dans de nombreux pays, de la Finlande aux Philippines, en passant par les Etats-Unis. A l’étranger, on aime les senteurs provençales : la lavande, le romarin... “A l’export, ce que nous vendons le plus ce sont les fragrances : les bougies, les parfums d’intérieur… surtout aux Etats-Unis”, précise Nicole Houques, créatrice de la maison aixoise Côté Bastide qui exporte ses produits traditionnels depuis 1991. “J’ai commencé à exporter mes produits aux

Etats-Unis depuis 18 ans. En participant à différents salons, j’ai rencontré un cou-ple de Français expatriés à Chicago. Ils avaient décidé de mettre en place un réseau de distribution de produits typiquement français. Et ils m’ont proposé de trou-ver des distributeurs pour mes produits”, explique la directrice de l’entreprise, enthousiaste. L’expérience

s’est avérée concluante, l’entreprise a donc étendu son réseau : “Dès 1995, nous nous som-mes implantés en Australie, puis l’année suivante au Japon”.En effet, le marché semble porteur, et les consommateurs n’ont pas d’attentes spécifi-ques, donc pas de frais supplémentaires pour les entreprises exportatrices. “Nous n’avons pas mis en place une gamme destinée à l’étranger. Bien au contraire, ce qu’ils recherchent, c’est exactement ce que les Français peuvent trouver en magasin. Par exemple, à Aix, à la boutique, nous recevons beaucoup de touristes qui viennent découvrir nos produits. Le but est qu’ils puissent retrouver les mêmes une fois rentrés chez eux”. En effet, les produits provençaux sont très identifiables et représentatifs du folklore “à la française”. “Le made in France est gage de bonne qualité et de savoir-faire. Et certaines populations sont particulièrement sensibles à la fabrication provençale. C’est notamment le cas des Japonais. Beaucoup de journalistes sont venus visiter la ré-gion et ont écrit sur le sujet. Cela a été une bonne promotion pour nous” ajoute-t-elle. Alors aux quatre coins du monde, on s’arrache “les petits fagots de cannelle noués” et les draps de coton immaculés et brodés dans lesquels on se glisse pour y rêver de notre belle Provence...

Le cachet “Provence” est vendeur. Et les entrepri-ses de la région l’ont bien compris, incitant certaines à se lancer dans l’aven-ture de l’export.

Astrid GouzikNée en [email protected] : Sud-Ouest Bordeaux, La Provence AixDERNIERS DIPLÔMES : 2008, Licence d’Histoire à la Sorbonne. 2009, Licence Economie-Gestion et Magistère I JCE.

Tout le monde raffole de la tradition aixoise !

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cULTUrEpar Astrid Gouzik

“A l’export, ce que nous vendons le plus ce sont les

fragrances : les bougies, les parfums d’intérieur…

surtout aux Etats-Unis”Nicole Houques, créatrice de la maison aixoise Côté Bastide

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n un peu plus de quarante ans d’exis-tence, la Capouliero est parvenue à ob-tenir une place de choix au cœur de la Venise Provençale, Martigues. Ayant

contribué à la renaissance de nombreuses fes-tivités qui sont désormais reprises dans toute la Provence, comme les feux de la Saint Jean (chaque 24 juin, il est de coutume de courir autour du feu dit de la Saint Jean et de sauter par-dessus, pour garantir la prospérité de l’année à venir), la cérémonie des offrandes lors de la messe de minuit, l’organisation d’un concours de crè-ches de façon annuelle, à l’approche de Noël, la Capouliero a également initié certaines traditions telles que la Veillée Calendale et les premiers festi-vals de folklore dès les années 1970. La Capouliero est également à l’origine de la naissance d’un festival dont la portée, et la re-nommée sont désormais mondiales : le Festival de Martigues. La première édition de ce lieu d’échanges multiculturels (qui, initialement, s’appelait “Festival International de Folklore”) a eu lieu en 1989 et est par la suite devenu “Festival de Martigues, Danses, Musiques et

Voix du monde”. Cette manifestation qui dure chaque année, une semaine (et qui se tiendra cette année du 20 au 28 juillet, à Martigues) offre un programme toujours plus varié, de folklores, oui, mais aussi de musiques populai-res actuelles et métissées, de voix du monde… Et c’est là un des paris de ce Festival, et de la Capouliero : “tisser avec l’ensemble de la popu-lation un rendez-vous festif, mélangé, une rencon-

tre avec l’autre établie sans drapeaux”, comme aiment à le rappeler ses organisateurs.Pour autant, la Capouliero ne se contente pas d’une présence importante en Provence et met un point d’honneur à faire connaître nos tradi-tions, nos danses, notre folklore, partout dans le monde, dans une optique de pluralisme, de tolérance culturelle. En effet, sa troupe de dan-

seurs parcourt le monde depuis 1975, en étant présente dans de nombreux festivals. Ayant désormais visité les quatre coins du monde, la Capouliero a commencé par se produire en Hollande, mais surtout en France (Charente, Bretagne, Haute Savoie), avant de se lancer de façon plus importante sur la scène folklorique internationale. Italie, Yougoslavie, Bulgarie, Mexique, Allemagne, Canada sont, parmi des

dizaines d’autres, les destinations qui se sont ajoutées à leur palmares de pays visités. Une liste de plus en plus remplie, et ce n’est, par ailleurs, pas près de s’arrêter puisqu’il est d’ores et déjà prévu qu’après avoir visité le Portugal en 2007, la troupe pose ses bagages remplis de costumes tradi-tionnels en Belgique (en 2009), puis

à Drummondville, au Québec, en 2011, ville qui a déjà eu à trois reprises le privilège de voir notre troupe martégale se produire.La Capouliero semble ainsi prête à inscrire son nom en lettre d’or au palmarès des grands suc-cès culturels de la Provence, dans le monde.

Créée en 1962, la Capouliero (du nom d’un filet de pêche utilisé en Provence) est une association qui contribue à véhiculer les traditions folkloriques martégales dans de nombreux pays du monde. Qui a dit que le folklore était une tradition locale désuète ?

Stéphane BrunetNé le 29 septembre [email protected] : Avril-juin 2009, Service communication de la mairie de Châteauneuf-les-Martigues - Pilotage de projets de communicationMars à juin 2008, Kia Motors France : Conduite d’une étude d’image de la marqueDERNIERS DIPLÔMES : 2008, DUT Gestion Entreprises & Administration option RH, mention assez bien. 2009, Licence Economie-Gestion et Magistère I JCE.

capoulieroQuand le folklore provençal fait le tour du monde

e

cULTUrEpar Stéphane Brunet

“La Capouliero met un point d’honneur à faire connaître nos traditions, nos danses, notre folklore, partout dans le monde”

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Hexagone est le premier marché de Desigual à l’international. L’entreprise n’ayant pas recours au système de franchises, jusqu’à présent, la mar-

que était essentiellement diffusée via quelques 800 boutiques multimarques et les corners des Galeries Lafayette. La boutique Desigual de Marseille est donc la première du genre en France. L’implantation à Marseille ne doit rien au hasard, puisque la marque connaît un fort développement dans le sud de la France. Jonglant entre l’espagnol et le français, Manuel Martinez, responsable de la communication de Desigual explique la stratégie de l’enseigne : “notre image de marque et nos créations convien-nent davantage aux méditerranéens, c’est pourquoi nous avons choisi Marseille, et non Paris”. La situa-tion de la ville comme carrefour géographique pour les échanges méditerranéens a pesé lourd dans la balance. Son multiculturalisme aussi : “Marseille, carrefour des cultures, est un symbole d’ouverture et de métissage, valeurs défendues par Desigual qui refuse tout sectarisme”. Le prix du foncier est également un atout, hors de prix en île de France... La rue de la République, rénovée grâce au projet Euroméditerranée, à deux pas du Vieux Port, a su séduire les espagnols. Après une semaine de tractation, l’agence de relations presse de l’enseigne n’a cependant pas répondu à nos questions concernant d’éventuelles aides

de la Ville et/ou des collectivités locales. Et les parisiens dans tout ça ? L’année 2009 pourrait bien voir l’arrivée au cœur de la capitale fran-çaise d’une nouvelle boutique Desigual. Mais Manel Adell, PDG de la griffe, préfère attendre la meilleure opportunité : “le but est de trouver le meilleur emplacement pour y ériger une vitrine de 500 m²”. En attendant, dans un secteur plutôt en berne depuis le début de la crise, la responsable de la boutique de Marseille, Céline Huynu, se dit “très satisfaite” des ventes, quelques mois après l’ouverture. L’opération de street marke-ting organisée lors du lancement de la boutique avait été très remarquée : pendant 5 jours, les créations de la collection “Wow” étaient sus-pendues à des cordes à linges en pleine rue, les passant n’ayant qu’à tendre le bras pour repartir avec… Manuel Martinez explique les thèmes des collections : “chaque saison, nous partons d’une expression ou d’un mot et nous nous en inspirons pour toute la collection”. Pour la collection prin-temps été, le thème de la marque se décline sur un romantique “Me and You”. Inaugurée fin 2008, la boutique marseillaise est à l’image de la marque : complètement décalée. À l’intérieur, mélanges des genres pop art, trash, vintage, le tout, toujours très coloré. Un jeu de lumière et de matières sur 750 m². Homme, femme, enfant, Desigual rhabille tout le monde. Si cer-taines pièces ne sont pas données, la gamme

est assez large et on trouve des tops à 40 euros ou des petites robes à 70 euros. Desigual reste pourtant 20 à 30% plus cher que dans son pays d’origine, l’Espagne. Si vous allez à Barcelone, profitez en pour faire un tour dans le magasin Desigual Outlet, No es lo mismo, situé tout en haut des célèbres Ramblas, au n° 140, quasiment sur la plaça Catalunya. Vous trouverez des pro-motions et autres fins de stock. Présente dans une vingtaine de pays, la famille Desigual n’en fini pas de s’agrandir. Déjà implantée en Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis, l’enseigne va ouvrir une nouvelle boutique Desigual à Du-baï, au cœur du plus grand centre commercial au monde : Dubaï Mall. Nouveauté encore cette année : l’opération Friends & Family Nights. Au programme : cocktail, musique live, ouverture jusqu’à 22h et promotions sur les articles de la saison. D’abord lancée dans tous les magasins espagnols, l’opération sera menée en mai et juin dans le reste de monde, et donc à Marseille. Un petit avant goût des soldes ?

Marjorie ThéryNée le 11 février 1987 [email protected] : Mars-septembre 2009, Stage à la rédaction du magazine économique suisse Market.chDERNIER DIPLÔME : Master II Journalisme et Communication Economiques – option Journalisme et Magistère III

Nawal MaftouhNée le 3 novemble 1984 [email protected] : Mars-septembre 2009, Stage au service Web du Figaro, rubrique PatrimoineDERNIER DIPLÔME : Master II Journalisme et Communication Economiques – option Journalisme et Magistère III

Desigual jette l’ancre dans le Vieux-Portl’

MéTrOPOLEpar Marjorie Théry et Nawal Maftouh

EN B

REF 1984

C’est l’année de fondation de la marque (25 ans cette année)

3 500magasins multi-marques

250emplace-ments et corners

1 200salariés (20 natio-nalités)

Desigual, 18 rue de la République, 13001 MarseilleBlog : http://www.desigual.com/blog (with vidéo)site : www.desigual.com

+en

La marque ibérique de prêt-à-porter a choisi la Cité phocéenne comme port d’attache pour sa première boutique en nom propre.

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arseille, ville d’eau depuis des millénaires, a acquis un savoir-faire qui a su attirer les plus grands organismes comme l’Institut Méditerranéen de l’eau, la banque mon-

diale pour l’Afrique ou le Conseil Mondial de l’Eau… Des organismes qui ont choisi de placer leur siège au cœur de la cité phocéenne. Fondé en 1996, le Conseil Mondial de l’Eau (CME) siège dans le second arrondissement de Marseille, faisant de la ville la capitale mondiale de l’eau. “Les gouverneurs du CME sont répartis en cinq collèges qui représentent la variété de ses membres : organisations internationales, autorités nationales, ONG, entreprises et monde de la recherche” explique Loïc Fauchon, président du CME et de la Société des eaux de Marseille. Soit plus de 300 acteurs en soif de progrès qui tentent de faire reconnaître à l’ONU l’accès à l’eau potable comme un droit fondamental. Marseille s’est aussi portée candi-date pour accueillir le prochain Forum Mondial de l’eau 2012, car la ville souhaite aller plus loin dans la gestion durable et responsable de l’eau.

WateRWoRlDQuatrième groupe français dans le secteur de l’eau et doté d’un chiffre d’affaires de 305 millions d’euros, le Groupe des Eaux de Marseille fédère 18 sociétés (dont 2 au Maghreb et en Amérique du Sud). A l’échelle interna-tionale, les compétences du groupe sont reconnues par la Bird (Banque Internationale pour la reconstruction et le développement), la Bid (Banque interaméricaine de développement), la Bei (Banque européenne d’investis-sement), l’Afd (Agence française de développement)… Un savoir-faire qui s’exporte et qui contribue au rayon-nement international de la ville. Malgré son ampleur, le Groupe des Eaux de Marseille a bien conscience que l’accès à l’eau potable est une chance. Toutes les

10 secondes, une personne meurt suite à l’absorption d’une eau non potable*. Le Groupe a créé une cellule humanitaire : Water Help, un dispositif d’aide au dé-veloppement et d’assainissement de l’eau.

GéoliDe : Une Station D’épURation VenUe DU FUtUREntre le palais des Sports et le stade Vélodrome on aper-çoit une bulle de verre futuriste, il s’agit de Géolide, la plus grande station d’épuration enterrée du monde. Réa-lisée à l’initiative de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole et exploitée par la Seram (Société d’Exploitation du Réseau d’Assainissement de Marseille) Géolide traite quotidiennement 300 000 m3 d’eaux usées par biofiltration, un traitement biologique qui élimine la pollution et 85% des détergents.L’eau rejetée est plus pure, et ne génère ni mousse, ni odeur. Jean-Yves Guivarch, le directeur eau et assainisse-ment de la CUM (Communauté Urbaine de Marseille), confie au journal La Croix : “nous avons été plus loin que la norme européenne en exigeant des constructeurs une pollution moyenne de 25 mg/litre, en traitant en plus les dé-tergents”. Une avancée pour l’environnement. Le réseau d’assainissement marseillais est l’un des plus important de France, il dessert près d’un million d’habitants. Avant la construction de la Géolide, les eaux usées étaient re-jetées en mer, dans la calanque de Cortiou, causant des dégâts considérables sur l’environnement. La réalisation de la station permet de préserver les fonds marins et la biodiversité. Efforts récompensés : l’herbier de posidonie, poumon pour la Mer Méditerranée, a fait sa réapparition. C’est la nature qui dit merci !

* source : worldometers

Pas de Pastis sans eau, et quelle eau ! Pour les Marseillais “C’est la meilleure de France !”, mais les acquis de la cité phocéenne dépas-sent les frontières et s’étendent à l’échelle mondiale. Des com-pétences que la ville a pu développer grâce à son positionnement géographique et à son passé culturel. De quoi mettre l’eau à la bouche aux plus grandes organisations internationales.

Alexia LucianiNée le 12 mai 1986 [email protected] : Mars-juillet 2009, rédactrice au magazine M comme MaisonDERNIER DIPLÔME : 2009, Master II Journalisme et Communication Economiques – option Journalisme et Magistère III.

Marseille jamais à court d’eau !

MéTrOPOLEpar Alexia Luciani

m

ZOOM sur

les qualités de l’eau de “la planète MaRs”la société des eaux de marseille rejoint la fierté marseillaise en déclarant sur son site “pour que l’eau de marseille reste la meilleure”. mais avec un titre hydrotimétrique (mesure de sa teneur en minéraux) s’élevant à 21,6°F1, cette eau pompée dans le Verdon et essentiellement

dans la Durance se révèle être de qualité moyenne. elle possède toutefois de véritables atouts, sa faible com-position en nitrates et minéraux lui donne une composition proche de celle attribuée à une eau pure. encore un bon point pour l’eau de marseille !

1- sources : linternaute conso et la société générale des eaux

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l’amoUR à DiStance connaît DeS haUtS pUiS DeS BaSTel que dans une introduction de conte, on peut rappeler le passé tumultueux des deux acteurs. Il fut un temps où Marseille était dési-rée, considérée comme au coeur de l’économie du Maghreb. L’Algérie, la Tunisie et le Maroc, lors de l’époque (ni bénie ni totalement assu-mée) du colonialisme, voyaient leurs économies respectives transiter immanquablement par la cité phocéenne. Après, c’est l’événement fon-dateur. La guerre éclate en Algérie. Plus tard, les trois pays sont indépendants.Et doucement, d’année en année, Marseille, devient une partenaire délaissée. Elle devient moins jolie, reçoit moins de nouvelles et regarde la Méditerranée en espérant revoir arriver ses courtisans en provenance de l’horizon. La situa-tion est délicate, mais la mère France cherche d’autres gendres idéaux et elle néglige, sans doute par orgueil, les liens qui unissaient Marseille et le Maghreb. Les décennies passent et, bien sûr, la plaie se cicatrise après la rupture

et les contacts sont renoués. Mais la seconde chance n’est pas officialisée, le Maghreb a depuis eu d’autres compagnes.

Une SeconDe chance, ça Se méRiteMarseille n’espèrent donc plus recevoir de fleurs. Depuis le milieu des années 90, la ville a compris une évidence, elle doit faire le premier pas pour revenir au premier plan. Un concept implacable, compris par la France, et qui va se traduire en une multitude d’actions pour rede-venir désirable. Un relooking qui a commencé avec Euroméd et qui continue de se poursui-vre avec l’Union Pour la Méditerranée (UPM), Ubifrance... la liste est loin d’être exhaustive tant les organismes privées ou publics appuient cette réconciliation.Michel Hugue, fondateur du site d’informa-tion économique Pacainfoeco.com, estime que “Marseille vivait grâce au Maghreb qui a toujours été son moteur” et que la France “l’a oublié en ne déve-loppant pas de relations avec ces pays” laissant des

places vacantes prises par la Chine, le Japon et les États-Unis principalement. Ainsi la succession de rencontres, conventions et autres forums avec pour thème commun l’ouverture à l’internatio-nal, notamment vers l’Afrique du Nord, n’est pas un hasard. D’autant que les règles ont changées: les mots tendres ne suffisent plus.

ReDiStRiBUtion DeS RôleSAlors que la crise fait désordre dans le monde, le Maghreb redouble d’atouts. “La finance y est com-plètement différente” explique Frédéric Dubessy, journaliste du site Econostrum.com. “Ils ne sont pas rattachés aux subprimes. Même si ils ont été touchés par ricochet via les sous-traitances” observe le journaliste. Un effet léger qui rassure et qui attire, de quoi attiser la concurrence de Marseille. Et le Maghreb “ne s’en gêne pas !” constate Frédéric qui ne croit pas, pour parler de ces pays dont l’ “économie est en plein renouveau”, à une définition entre développé ou en cours de développement : “ils sont au milieu” analyse-t-il. Alliant domaines de qualité et de compétitivité (Banques, TIC, BTP...), l’Algérie, le Maroc et la Tunisie ne ferment pas la porte à cette cité phocéenne qui ne cesse de clamer vouloir être la capitale de la Méditerranée. Les opportuni-tés vont s’accentuer pour Marseille de profiter d’un retour en grâce si elle garde sa ligne de conduite. Continuer le charme est désormais primordial, avec des objectifs à long terme de plusieurs centaines d’entreprises d’ici 2011 qui auront déjà consolidé le lien. Qui sait ? Peut-être qu’à la manière d’une histoire d’amour tor-turée, ils peuvent finir heureux et avoir plein de bénéfices.

Arnaud RolletNé le 23 février [email protected] : Avril-juillet 2009, service de presse de la Présidence de la République française. Septembre 2008 à Mars 2009, Correspondant sportif pour La Provence, édition Aix-en-Provence. Août 2008, La Provence, rédaction des sports. Juin-juillet 2007, “culture et musique” à Radio Grenouille.DERNIER DIPLÔME : 2009, Master II Journalisme et Communication Economiques – option Journalisme et Magistère III JCE.

Marseille veut reconquérir le Maghreb

MéTrOPOLEpar Arnaud Rollet

Sans violons et autres mélodies larmoyantes en fond, les clins d’œil furtifs et les regards langoureux que Marseille adresse au Maghreb ont des faux-airs de romance cinématographique. Ce possible remake de “Love Story” aux accents économiques pour-rait très bien marcher et les annonces des producteurs, autrement dit les entreprises marseillaises, sont pleines d’espoir. Quant au scénario, il s’écrit déjà en 2009.

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de 1409 à 2009 - de 2009 à demain l’université paul-cézanne, héritière et visionnaireEnracinée depuis plus de six siècles, sur une terre d’art et de culture, au cœur de la Provence, l’Uni-versité Paul-Cézanne est l’héritière d’un lieu, Aix-en-Provence, et d’une histoire, celle de l’École de droit constituée en faculté à Aix-en-Provence en 1409, en même temps qu’une faculté de théologie. Pluridisciplinaire et multisite, ses principaux champs de formation et de recherche sont le Droit et les sciences politiques, les Sciences économiques et de gestion et les Sciences et technologies, à Aix-en-Provence, Marseille, Arles, Salon et Digne.

> >

>1 700 personnels (administratifs

et enseignants-chercheurs) 22 000 étudiants dont 3 500 étudiants internationaux

400 L’Université Paul-Cézanne s’est engagée dans une politique de professionnalisation de ses filières, en licence et en master.Garantir à ses étudiants des enseignements adaptés au milieu socio-économique régional, ouverts aux grands enjeux sociétaux comme la Méditerranée, l’environnement ou le développe-ment durable, est une de ses priorités pour facili-

ter leur insertion professionnelle. La pluralité de ses disciplines est un atout incontestable qu’elle utilise en développant la transdisciplinarité : droit et environnement, droit et information, gestion et développement durable, management et culture, anthropologie et développement durable, qualité et risques en santé, management et qualité, droit et humanitaire…

Une�recherche��plUridisciplinaireLa recherche à l’Université Paul-Cézanne est structurée en pôles autour des sciences socia-les (droit, économie et gestion), et des sciences exactes (environnement, physique et nanoscien-ces, matériaux, optique, chimie, informatique et mathématiques), la politique scientifique de l’Université place la pluridisciplinarité au cœur de ses priorités.

L’Université Paul-Cézanne comprend 3 grands secteurs : • Le secteur juridique, qui est le mieux iden-

tifié de l’établissement, par son ancienneté et son niveau,

• Le secteur des sciences économiques et de la gestion,

• Le secteur des sciences (Sciences de l’environne-ment, Sciences des Matériaux, Microélectronique et Nanosciences, Optique, photonique et image, Sciences moléculaires), qui fait l’objet d’une collaboration étroite entre les trois universités d’Aix-Marseille et d’un partenariat fort avec les organismes de recherche.

Une�offre�de�formation�transdisciplinaire�

Une�fondation�eUroméditer-ranéenneL’Université Paul-Cézanne a créé une Fondation Euroméditerranéenne qui s’organise autour de plusieurs pôles d’ex-cellence qui la caractérisent : l’Environ-nement, l’Energie, la Sécurité juridique et la qualité du droit, le Management, les Organisations et le territoire. Ces thémati-ques de recherche et d’enseignement, ces spécificités, donnent à l’Université une expertise internationalement reconnue. L’Université Paul-Cézanne, dont les acti-vités de recherche et d’enseignement se situent principalement à Aix-en-Provence et à Marseille, partage son patrimoine et sa culture avec les pays d’Europe du sud et de la Méditerranée. Et c’est avec ces pays méditerranéens qu’elle souhaite communiquer son savoir et son savoir-faire en créant cette fondation.

www.600ansdavenir.fr

diplômes

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le contexte De la RéFoRmeSelon la jurisprudence, la réutilisation des contributions est soumise à l’accord des journalistes et ouvre droit à rémunération supplémentaire. Or, avec l’avè-nement du numérique, la consécration des droits d’auteur des journalistes, quoique fondée en droit, a suscité des difficultés en pratique. Les éditeurs de presse ont en effet été confrontés aux imperfections du droit positif qui, source d’insécurité juridique, rend complexe la gestion des droits d’auteur. Dénonçant l’inadaptation du droit français, les éditeurs le considèrent comme un frein au développement de la presse numérique et sollicitent l’intervention du législateur. Fin des années 90, conscients des enjeux économiques que sous-tendent les nouvelles technologies, les pouvoirs publics décident de réformer les droits d’auteur des journalistes. Mais s’il est aisé de s’entendre sur la nécessité d’une réforme, il est parfois plus difficile de s’accorder sur son contenu. Alors que les éditeurs revendiquent le droit de procéder librement à certaines exploitations sans contrepartie pécuniaire, les syndicats s’opposent à tout dispositif qui ne préserverait pas suffisamment les droits des journalistes. Les antagonismes sont si forts que le processus de réforme se paralyse. La volonté de réformer est toutefois maintenue. Outre les solutions radicales que des députés tenteront de faire adopter en vain suite à la mobilisation des syndicats, une solution consensuelle, inscrite dans le Livre Blanc, est adoptée en 2007 par une partie des partenaires sociaux. Fin 2008, les droits d’auteur des journalistes s’invitent aux Etats Généraux de la presse écrite. Le Livre Vert préconise d’adopter une solution pérenne qui repose sur 3 principes fondamen-taux : neutralité du support, sécurité juridique de l’éditeur, garantie des droits des journalistes. Il est alors proposé d’adopter le dispositif issu du Blanc. C’est avec une incroyable rapidité que les vœux des Etats généraux sont exaucés ! Février 2009, profitant de l’examen du projet de loi HADOPI, un amendement est déposé. Mais le texte initial trahit le Blanc auquel il est censé être fidèle et suscite la mobilisation des syndicats. Enrichi de sous-amendements, il est finalement adopté malgré les protestations de députés socialistes.

le contenU De la RéFoRmeCréant un statut d’œuvre de presse multi-supports, le dispositif surprend par sa longueur et sa relative complexité1. Il encadre tout d’abord l’exploitation des contributions. D’une part, compte tenu du nouveau modèle économique de la presse qui implique une diffusion du contenu sur plusieurs supports, le dispositif régit l’exploitation multi-supports des contributions dans le titre de presse. A cette fin, il assimile le titre de presse

à l’organe de presse tout support confondu, et organise une cession automati-que des droits d’exploitation à l’éditeur. Pendant une période fixée par accord collectif, l’exploitation multi-supports, à laquelle l’éditeur pourra procéder sans avoir à requérir l’accord des journalistes, a pour contrepartie le salaire. Au-delà de cette période, toute exploitation de la contribution dans le même titre de presse ouvre droit à rémunération. Notons que ce mécanisme s’applique lorsque le journaliste, auteur d’image fixe, collabore de manière occasionnelle au titre de presse, à condition que l’œuvre ait été commandée par l’entreprise. D’autre part, le dispositif rend compte des pratiques de la presse en envisageant l’exploitation des contributions en dehors du titre de presse. Ouvrant droit à rémunération, l’exploitation dans un autre titre de presse édité par la société ou par le groupe peut être prévue par l’accord collectif, à condition que ces titres et le titre initial appartiennent à une famille cohérente de presse. Quant à l’exploitation hors du titre de presse ou d’une famille cohérente de presse, elle nécessite l’accord du journaliste ou peut être prévue par un accord collectif, et ouvre droit à rémunération. Ensuite, afin de garantir l’effectivité du dispositif, une commission est instituée. Elle est notamment compétente pour fixer les modes et bases de la rémunération en cas d’échec des négociations dans les 12 mois suivants la promulgation de la loi.Enfin, le dispositif modifie le Code du travail et le Code de la sécurité sociale. Désormais, les journalistes devront collaborer au titre de presse tout support confondu. Quant à l’épineuse question de la qualification de la rémunération et de l’assujettissement à cotisations sociales, il est prévu que les rémunérations inférieures à un seuil fixé par décret n’ont pas le caractère de salaire et sont assujetties à cotisations sociales selon les règles du régime géré par l’AGESSA. S’il a le mérite de trancher une question conflictuelle, le dispositif fera néces-sairement l’objet de critiques. Les juristes relèveront les zones d’ombre et les difficultés d’interprétation qu’il suscite. Certains éditeurs jugeront que le texte n’est pas suffisamment ambitieux tandis que d’autres dénonceront, comme l’ont déjà fait le SNJ et le SNJ-CGT, l’atteinte portée au statut des journalistes. Le projet de loi Hadopi n’étant pas encore voté, il n’est pas à exclure que le dispositif soit modifié. Mais il illustra, quelle que soit sa version définitive, la mise à l’épreuve des droits d’auteur des journalistes et plus généralement du droit d’auteur français par les nouvelles technologies et les impératifs économiques.

1. Art. L132-35 à L132-45 C. prop. intell.

A. T.

Engagé il y a une dizaine d’années afin d’adapter les droits des journalistes aux nouvelles technologies, le processus de réforme est en passe d’aboutir. Soumis au vote fin avril 2009, le projet de loi HADOPI a en effet l’ambition de trancher une question complexe et sensible en adoptant un dispositif censé concilier les intérêts des éditeurs de presse et des journalistes.

repèrespar Alexandra TouboulMaître de conférence, Université Paul Cé[email protected]

Presse écrite Les droits d’auteur des journalistes enfin réformés (?)

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e gouvernement vient d’accorder 600 mil-lions de subventions sur trois ans au secteur de la presse, qui s’ajoutent aux 15 aides et exonérations fiscales déjà existantes. Le livret

vert publié en conclusion des Etats Généraux de la Presse propose de développer le portage, stimuler la lecture des jeunes en leur offrant des abonnements gratuits et augmenter le nombre de points de vente. De bonnes idées qui ne seront pas suffisantes… Le bilan 2008 de la presse française fut terrible. Le lectorat s’érode de plus en plus : - 2,5% pour la PQN, -1,3% pour la PQR. La crise économique pèse fortement sur les comptes de la presse (baisse des ventes au numéro et de recettes publicitaires). La crise est avant tout structurelle, liée à l’évolution des modes de consommation de l’information. Les études faites auprès des lecteurs mettent en avant la mobilité (trouver l’information facilement, n’importe où, à n’importe quel moment), la fraîcheur (une information actualisée), l’interactivité (choisir son information, participer à la production de l’infor-mation). La crise est aussi mondiale. Le 27 mars 2009, le Monitor -quotidien centenaire, basé à Boston, honoré de sept prix Pulitzer- a vendu sa dernière édition papier. Il est le premier quotidien à adopter une stratégie du tout internet. Trois jours plus tard, le groupe de presse Sun-Times Media Group, qui contrôle cinquante-neuf quotidiens aux Etats-Unis (le Chicago Sun Times, notamment), a annoncé qu’il déposait son bilan, imitant en cela le groupe de presse Philadelphia Newspapers avec ses 390 millions de dollars de dette. Le 1er avril, le groupe de presse italien 24 Ore arrête la diffusion de son quotidien gratuit, 24 Minuti, diffusé à Rome et Milan. Le groupe de presse norvégien Schibsted, éditeur du gratuit 20 Minutes, annonce une perte nette de 102,6 millions d’euros. Tous sont touchés, payants ou gratuits. Rien de mieux côté télévision. Le débat sur le cadeau fait à TF1 et M6 lié à l’interdiction de la publicité dans les chaînes publiques après 20h est déjà loin. L’action

TF1a perdu 75% de sa valeur depuis trois ans (-42% pour le CAC). La chaîne entreprend un plan d’éco-nomie de 60 millions d’euros. Les investissements publicitaires à la télévision ont reculé de 2% au pre-mier semestre 2009 (TF1 affiche une baisse de 17% et M6 de 5%) avec cependant une forte croissance pour les chaînes de la TNT (+71%). Alors où sont les lecteurs, les spectateurs et les annonceurs ? Ils se déplacent vers internet. En décembre 2008, le cap du milliard d’internautes dans le monde a été franchi, sans compter les connexions via les cybercafés. En France, plus d’un foyer sur deux est connecté. Le temps passé sur internet a été multiplié par deux en quatre ans. Les sites qui ont le plus de succès sont les sites communautaires et les sites de partages de vidéo. La presse s’adapte: le récent rapport Bivings1 montre que le comportement de la presse en ligne change très rapidement : 58% des 100 plus grands quotidiens américains utili-sent l’UGC (user generated content), c’est-à-dire des contenus fournis par les internautes, contre 24% en 2007. La télévision s’adapte : la catch up TV remporte un succès grandissant. Reste à valoriser l’audience. Pas si simple car les mesures sont encore imprécises. Reste à choisir entre gratuité et payant…ou ne pas choisir. Les sites de presse qui semblent s’en sortir le mieux sont ceux qui adoptent le double modèle. Tandis que les chaînes thématiques gratuites ou à péage grignotent sensiblement l’audience des chaînes généralistes.Ce n’est pas la fin des journaux, ni du journalisme. C’est peut-être la fin de la diffusion en format papier. C’est le moment de réinventer les médias. Les jour-nalistes ont un rôle fondamental à jouer dans cette réflexion…Acteurs importants de la démocratie, ils ont l’habitude des taches difficiles…

1. http://www.bivingsreport.com/2008/the-use-of- the-internet-by-americas-largest-newspapers-2008-edition

D. A.

Les médias “historiques” perdent leur lectorat et leurs recettes publici-taires… tandis que la popularité grandissante des “nouveaux” médias ne leur permet pas encore d’être rentables…

repèrespar le professeur Dominique Augey,

directrice du Master Journalisme et Communication Economiques [email protected]

Fragiles et incertains modèles économiques des médias…

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