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Magazine Humanité 7 3/2011: Vieillir en s'épanouissant

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Magazine de la Croix-Rouge suisse (CRS), Humanité s’adresse à tous ceux qui soutiennent l’organisation et les causes qu’elle défend.

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RepoRtage – Débat 4 Vieillir en s’épanouissant 8 Vieillir – chance ou déchéance?

12 RÉaLItÉS – Bosnie-Herzégovine Le lourd héritage de la jeunesse

14 RÉaLItÉS – Parrainage pour un accès à l’eau «Comme une nouvelle vie»

16 CoNVICtIoN – Les femmes et la Croix-Rouge Le pari fou d’odette Micheli

18 RÉaLItÉS – Haïti «Dans mon nouveau chez-moi, je me sens en sécurité»

22 tÉMoIgNage – Annemarie Huber-Hotz Une fine stratège

25 eNgageMeNt – Bénévoles du service de visite et d’accompagnement CRS L’humanité n’est jamais une question de mode

29 pÊLe-MÊLe Faim d’avenir page jeux/caricature

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neutralImprimé

No. 01-11-421718 – www.myclimate.org© myclimate – The Climate Protection Partnership

ImpressumHumanité, 3e édition 2011 août 2011

ISSN 1664-2015

Photo de couverture: Caspar Martig

Editeur: Croix-Rouge suisse, Rainmattstrasse 10, Case postale, 3001 BerneTéléphone 031 387 71 11, [email protected] www.redcross.ch

Dons: CP 30-9700-0

Notification de changement d’adresse: par courriel à [email protected] ou par téléphone au 031 387 71 11

Adresse de la rédaction: Croix-Rouge suisse, Rédaction Humanité, Case postale, 3001 Berne, [email protected], www.magazine-humanite.ch

Rédaction: Tanja Pauli (rédactrice en chef), Urs Höltschi (Levée de fonds), Hana Kubecek (Santé et intégration), Isabelle Roos (Partenariat avec le secteur privé), Christine Rüfenacht (Secrétariat national des associations cantonales), Isabel Rutschmann (Communication), Karl Schuler (Coopération internationale)

Contributions à la présente édition: Wanda Arnet, Philippe Bender, Mario Böhler, Urs Frieden, Martin Grossenbacher, Hildegard Hungerbühler, Heinz Jehle, Markus Mader, Marco Ratschiller, Katharina Schindler, Mario Wüthrich, Julia Zurfluh

Abonnement: L’abonnement coûte 6 CHF par an et est offert aux donateurs de la CRS.Parution: trimestrielleLangues: français et allemandTirage: 116 300 exemplairesCopyright sur toutes les photos sans indication: Croix-Rouge suisse

Traduction: Service de traduction CRSMaquette: Effact AG, Zurich Graphisme et impression: Vogt-Schild Druck AG, Derendingen

Prochaine édition: Décembre 2011

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Libre de se faire aider

Chère lectrice, cher lecteur,

Quand devient-on une «personne âgée»? Tout est affaire de point de vue. Je me souviens encore de ma réponse lorsque ma mère m’avait demandé l’âge de ma maîtresse en 4e classe: «Je ne sais pas, mais elle est assez âgée.» A la soirée des parents, ma mère avait dû se rendre à l’évidence: ma maîtresse avait 34 ans!

Cette petite anecdote pour rappeler que «l’on a l’âge de son cœur». C’est d’ail-leurs la première réflexion qui m’est venue à la lecture du reportage en page 4 de ce numéro. J’aime l’approche des huit membres du Club 66+. J’espère que je serai moi aussi un retraité actif et que mon entourage verra en moi un sympa-thique senior. Et que, sans fierté mal placée, je ferai appel si nécessaire au service des transports ou à l’Alarme CRS. Car je sais que ces prestations sont synonymes d’autonomie.

On n’est pas dépendant ou égoïste parce que l’on accepte la main qui nous est tendue. Au contraire, il s’agit généralement d’un choix non seulement librement consenti, mais aussi altruiste en ceci qu’il permet de soulager les proches. C’est pourquoi je trouve exemplaire l’attitude de Sandra Hadorn, qui nous raconte en page 25 pourquoi elle a recours au service d’accompagnement de la CRS.

Avec mes meilleures salutations,

Markus MaderDirecteur de la Croix-Rouge suisse

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Éditorial

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Fritz Boss (73 ans) et sa compagne Lisa Fankhauser (67 ans), Hugo Pfeuti (69 ans), Astrid Notz (70 ans), Doris Hauri (66 ans), Jakob Notz (70 ans) et Marc Dinichert (68 ans) – Martin Freitag (67 ans) est absent sur la photo.

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Ils sont ce que l’on appelle des retrai-tés épanouis. Pleins de vie et d’entrain,

ils ne se sentent pas du tout bons pour la casse. «Ils», ce sont huit membres du Club 66+, à Lyss, qui ont accepté de se plonger dans la brochure «Das Älter-werden gestalten» (édition actualisée et récemment publiée – en allemand uniquement – de la brochure «Vieillir en restant autonome»), puis, au cours d’un débat dirigé, de nous donner leur avis sur cette dernière et sur le vieillissement en général.«Plus on prend de l’âge, plus il est impor-tant d’entretenir un vaste réseau d’amis, parce que ce cercle va se réduire d’an-née en année», soutient Doris Hauri. Le Club 66+ est né d’une envie, celle d’organiser régulièrement des activités en commun. Les conditions d’admission sont dans le nom: le club est ouvert à tous les habitants à partir de leur 66e anni-versaire. On peut alors s’inscrire à des visites guidées auxquelles on n’aurait pas accès seul ou participer à des excursions

qu’on aurait sans doute renvoyées aux calendes grecques sans la dynamique de groupe. «On y rencontre des gens qui ont la même vision des choses, avec qui on peut discuter des joies et des peines du quotidien. Ça fait du bien», souligne Fritz Boss. De plus, renchérit Astrid Notz, le club permet d’approfondir des relations encore superficielles et donc d’élargir son cercle d’amis.

Des retraités hyperactifs«Mais même sans le club, on ne s’en-nuierait pas. Notre emploi du temps est toujours plein», précise Lisa Fankhauser.

Tous les participants, son compagnon en tête, approuvent: le cliché qui veut que les retraités soient plus stressés que la population active semble finalement bien fondé. «Le problème, c’est que depuis la retraite, je dis souvent oui sans réfléchir.

Parce que je pars du principe que désor-mais, j’ai du temps pour tout», explique Marc Dinichert. Tout le monde s’accorde à dire que le quotidien doit impérative-ment rester un tant soit peu structuré: «Il faut se fixer des règles. Sinon, on risque de reporter les choses indéfiniment, voire de les laisser s’enliser.» Mais de temps en temps, il n’est pas désagréable non plus de ne rien planifier du tout et de se consa-crer uniquement à ses propres loisirs, par exemple en effectuant de longues pro-menades avec le chien, reconnaît Doris Hauri.

Un ouvrage de référenceMais que pensent nos retraités de la bro-chure qui est censée les aider, eux qui semblent très bien se débrouiller tout seuls? Tous ont pris le temps de passer au crible ce guide, né d’une coopération entre Pro Senectute et la Croix-Rouge suisse (CRS). Et si leur jugement ne peut prétendre être représentatif de toute une génération, il y a fort à parier que beaucoup s’y retrouve-

«Notre agenda est toujours bien rempli.»

Astrid et Jakob Notz sont proches de leurs petits-enfants.

Photographe à ses heures, Marc Dinichert voit la nature avec d’autres yeux.Doris Hauri apprécie la compagnie de son chien.

Fritz Boss aime explorer la Suisse à pied.

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ront pleinement. Martin Freitag trouve la brochure très professionnelle et fort intéres-sante, et a notamment apprécié les nom-breux conseils pour la préparation de la retraite… même s’ils sont arrivés un peu trop tard pour lui. Malgré tout, il dit avoir bien géré cette transition, comme d’ail-leurs l’ensemble des participants. Voici par exemple comment Jakob Notz décrit le quotidien avec sa femme depuis son départ à la retraite: «Nous nous laissons beaucoup de liberté, nous discutons immé-diatement de nos éventuels problèmes et nous avons chacun nos propres activités.»Mais la brochure regroupe aussi des conseils liés à l’âge avancé et aborde les thématiques de la maladie et de la mort. «Elle me servira sans doute d’ouvrage de référence chaque fois que tel ou tel pro-blème apparaîtra», indique ainsi Marc Dinichert. Tous jugent très pratique la liste d’adresses d’organisations et de presta-taires à contacter pour toute question liée au vieillissement. Et ce même si «j’ai le sentiment que je n’aurai pas besoin de

ce genre de service avant longtemps», comme le souligne Hugo Pfeuti. Comme tout le monde ici, Hugo est malgré tout conscient qu’il devra peut-être un jour faire appel à des prestations CRS telles que le système d’alarme, le service des transports ou le service de visite. «Il est bon de savoir qu’il existe ce genre de pos-sibilités. Si pour une raison quelconque je devais un jour ne plus être mobile ou me retrouver seule, je n’hésiterais pas à recou-rir au service des transports ou à l’Alarme CRS», affirme Astrid Notz.

Quelques conseils pour bien vieillirMais pour l’heure, aucun des participants n’a envie de penser au jour où, peut-être, sa santé ne lui permettra plus autant de choses qu’aujourd’hui. Pour bien vivre sa vieillesse, il s’agit au contraire de «pen-ser positif», estime Astrid Notz: «Chaque journée est une nouvelle source de bon-heur, même si de temps à autre le destin se montre cruel.» Fritz Boss y va lui aussi de son conseil: «Il faut arriver à accepter que tout ne sera désormais plus aussi immédiat ni, surtout, aussi simple qu’avant.» Pour cela, il importe selon lui d’effectuer un tra-vail sur soi et de positiver les changements. Doris Hauri considère son chien comme un atout précieux: «On fait la connais-

sance d’autres personnes, on fréquente de nouveaux endroits et on vit bien plus de choses.» Marc Dinichert glisse en sou-riant que pour sa part, ce qui l’aide au quotidien, c’est de parler avec lui-même. Et d’ajouter: «Je ris aussi parfois de moi-même, souvent cela m’aide. A quoi bon s’énerver pour un rien?» Des paroles de sages bien loin d’être des vieillards. La brochure (en allemand) peut

être commandée au prix de 50 CHF

auprès de l’éditeur: 043 222 51 50

ou verlag-careum.ch

✎Votre avis: Faites-nous part de

vos réflexions sur ce sujet par

e-mail à [email protected] ou

par courrier postal à la rédaction

(adresse page 2).

«Je ris parfois de moi-même. Souvent, cela m’aide.»

par Hildegard Hungerbühler, ethnologue et gérontologue au département Santé et intégration de la CRS

Jamais nous n’avons eu autant de per-sonnes âgées en bonne santé. A l’abri des soucis matériels, épargnés par les problèmes de santé, les retraités, ou du moins la majorité des actuels 65–75 ans, peuvent envisager leur vieillesse avec optimisme. La vie a offert aux représentants de la fameuse généra-tion du baby-boom plus de possibilités qu’à leurs parents. Aujourd’hui, cela se répercute positivement sur l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. De plus en plus de retraités demeurent actifs et contribuent grandement au bien-être de la société en fournissant un travail bénévole. C’est le cas par exemple lorsque des grands-parents – et plus souvent des grands-mères – acceptent de s’occuper de leurs petits-enfants. En Suisse, on estime la valeur de ce tra-vail à 2 milliards de CHF par an. Le volontariat des personnes âgées rem-plit une double fonction: d’une part il répond à un besoin grandissant de la société, d’autre part il aide chacune de ces personnes à donner un sens à sa nouvelle vie sans travail. Tout irait donc pour le mieux si le troisième âge n’avait un autre visage: celui d’hommes et de femmes qui vivent au seuil de la pauvreté ou dans la soli-tude la plus totale, celui de retraités abîmés par une vie de labeur. Ces per-sonnes, qui n’arrivent plus à satisfaire aux exigences que la société, de plus en plus, impose au troisième âge, sont bien souvent les oubliées du nouveau discours sur l’épanouissement à la retraite. Œuvre d’entraide au service des plus démunis, la CRS se doit de prêter une attention toute particulière à ce groupe cible.

CoMMeNtaire

Lisa Fankhauser enfourche son vélo pour rester en forme.

Hugo Pfeuti soigne sa forme grâce au tennis.

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a des situations totalement différentes. Aujourd’hui, les personnes de 65 à 79 ans ont tendance à être en meilleure forme psychique, plus heureuses et moins solitaires qu’autrefois. Mais la vie peut aussi être difficile à supporter quand il faut faire face aux infirmités et au dénuement, ce qui concerne avant tout le quatrième âge (80 ans et plus). Ainsi, selon les individus, la vieillesse pourra être vécue comme une chance ou comme un fardeau.

En quoi progresse-t-on avec l’âge? GB: Il n’est pas possible de générali-ser. La vie devient à la fois plus difficile et plus facile. Plus facile, parce je n’ai

Mme Giovannelli-Blocher: On vit de plus en plus vieux. Est-ce une chance ou un fardeau? Judith Giovannelli-Blocher (GB): Les deux. Une chance, car on aborde une tranche de vie où tout est à inventer, où on peut se réorienter et découvrir de nouvelles possibilités. Mais il s’agit éga-lement d’un sacré défi – je ne parlerais pas de fardeau – car il faut composer avec les limites liées à l’âge, qui influent sur tous les domaines de l’existence.

Comment voyez-vous les choses, M. Höpflinger?François Höpflinger (FH): De plus en plus de gens vivent vieux. C’est pourquoi on

Vieillir – chance ou déchéance?interview

Vieillir n’est pas chose aisée à une époque où tout est axé sur la jeunesse. Cependant, cette nouvelle période de la vie présente également de nombreux aspects positifs. L’éclairage de deux experts, Judith Giovannelli- Blocher et François Höpflinger.

INTERVIEW: HANA KUBECEK PHOTOS: ROLAND BLATTNER

plus d’obligations et que j’ai moins de craintes. Même si j’ai peur, par exemple, de tomber. Mais j’ai moins peur de la vie, moins peur d’échouer. Rester actif tout en sachant lâcher prise, telle est la grande force de la vieillesse. FH: Je ne peux qu’abonder dans ce sens. Pour les invalides ou les chômeurs de longue durée, la retraite est même vécue comme une libération, car ils n’ont plus besoin de justifier le fait de ne «pas travailler».

Les gens ont-ils peur de vieillir? GB: Avec l’âge, les gens ont surtout peur de la sénilité et de la dépendance. Beaucoup n’en parlent pas. Mais je crois

Même à la retraite, il est important de rester actif et d’entretenir son réseau social

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que cela fait simplement partie de la vie. Dépendre des autres n’est pas syno-nyme de perte de dignité, mais touche à l’essence de l’existence. Compenser la vieillesse par la tendresse, telle est ma devise. Dans bien d’autres cultures, le contact avec les personnes séniles est plus émotionnel et suscite des sentiments positifs, au contraire de chez nous. FH: Le déclin et la sénilité sont encore souvent dissimulés. Malgré tout, on voit un nombre croissant de personnes oser afficher leurs handicaps. Par exemple, beaucoup d’aînés se déplacent au-jourd’hui en s’aidant d’un déambula-teur. La plupart des personnes âgées ont peur d’être atteintes de démence et de souffrir au moment de la mort, sans pour autant craindre forcément la mort en elle-même. GB: Oui, beaucoup ont peur de la démence et des personnes démentes. Pourtant, ces dernières peuvent nous apprendre bien des choses. Si on les acceptait comme elles sont, nos craintes s’évaporeraient.

Est-il plus facile de vieillir pour les hommes que pour les femmes? FH: Tant que les hommes vivent en couple, la vie est plus facile pour eux. C’est le cas pour une bonne moitié des hommes de plus de 90 ans. Mais tout se complique lorsque la compagne dispa-raît. Pour un homme, la partenaire est souvent aussi la confidente, alors qu’une femme se tournera vers une amie ou une connaissance.

Avec les années, devient-on plus bienveillant ou plus rigide? FH: A un âge avancé, on a besoin d’un environnement protégé et on devient plus réfractaire au changement. Par exemple, si les aînés voient défiler trop de gardes différentes, ils peuvent se montrer récalcitrants. La routine est très importante, surtout au quatrième âge. Durant l’enfance, l’individu doit aussi faire face à de nombreuses modifica-tions physiques et psychiques, mais ses capacités augmentent en parallèle. Alors que durant la vieillesse, il doit assumer tous ces changements tout en sentant ses forces s’amenuiser.

Les aînés devraient-ils être pris en charge par leurs proches?GB: C’est un mythe de croire que l’idéal pour une personne âgée et dépendante est d’être gardée par ses proches, no-tamment par ses propres enfants. Cette situation peut être source de nombreux conflits.FH: Je suis du même avis: les proches doivent aider, mais pas prendre en charge les aînés. Cela risquerait d’être pesant autant pour la personne âgée que pour le proche soignant: imaginez par exemple un fils devant faire la toi-lette de sa mère. Les soins doivent être confiés à des professionnels (services d’aide et de soins à domicile, Croix-Rouge).

Que conseilleriez-vous à nos lecteurs pour se préparer à cette nouvelle étape de la vie?FH: De ne pas hésiter à prendre des initiatives. De se montrer «polyvalent», cultiver des intérêts variés et soigner son réseau social. De rester actif, d’aller vers les autres et de trouver son propre rythme. Mais attention: il ne s’agit

pas de tomber dans l’hyperactivité. En outre, il est important d’apprendre à composer avec ses limites, que celles-ci soient d’ordre financier, social ou phy-sique.GB: De considérer sa propre vie comme un chemin sur lequel on grandit et mû-rit. Plus on avance en faisant preuve d’ouverture, de courage et de curiosité, plus on peut s’accepter avec humilité et sérénité. Seuls ceux qui posent des jalons à temps réussiront à gravir cet Everest qu’est le grand âge. Mon con-seil: devenir léger, se délester de tout ce qui pèse, lâcher prise, se satisfaire de moins de choses, parvenir à une certaine maîtrise de soi et à l’autono-mie. Rester fidèle à soi-même dans un environnement fluctuant. Et être capable d’aimer, mais aussi de se mettre en co-lère. Apprendre à réfléchir, surtout sur soi-même. Prendre de l’âge implique de devenir entrepreneur et d’être son propre manager. ➥Découvrez l’interview dans son

intégralité sur Internet:

magazin-humanite.ch

Judith giovannelli-Blocher, née en 1932, a longtemps œuvré comme assistante sociale, conseil-lère en organisation et supervi-seuse. Ce n’est qu’à l’âge de la retraite que sa vocation d’écrivaine s’est révélée. Elle écrit sur des sujets simples et des personnes ordinaires. Deux livres ont rencontré un écho particulièrement fort auprès du public: «Das Glück der späten Jahre. Mein Plädoyer für das Alter» (2004) et «Woran wir wachsen. Erfahrungen eines Lebens» (2007). Elle vit avec son mari à Bienne.

François Höpflinger, né en 1948, a étudié la sociologie à Zurich et à Londres. Depuis 1991, il se consacre à la recherche dans le domaine de la gérontologie et des relations intergénéra-tionnelles. Titulaire de la chaire de sociologie à l’Université de Zurich, il est également auteur de plusieurs livres. Il habite avec sa femme à Horgen, a deux enfants adultes et quatre petits-enfants.

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Collaborerpour la bonne cause

Nous sommes fiers de leur engagement. Dans le cadre de notre partenariat avec la Croix-Rouge suisse,nous promouvons des projets d’utilité publique grâce à des activités de bénévolat.

credit-suisse.com/volunteering

Les employés du Credit Suisse travaillent en collaborationavec la Croix-Rouge suisse pour soutenir des projets sociaux.

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exposition «Missing lives» à BerneL’exposition itinérante «Chroniques de vies disparues» réalisée l’an dernier par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) vise à faire entendre les familles et les victimes de guerre dans les Balkans ainsi qu’à encourager certains gouver-nements à rechercher plus assidûment les personnes disparues. Aujourd’hui, la CRS présente à Berne cette exposi-tion traduite en allemand. Les photos de Nick Danzinger et les textes de Rory MacLean témoignent sur 15 tableaux des destins de familles qui ignorent toujours ce qu’il est advenu de leurs proches. L’exposition sera inaugurée à Berne sur la Waisenhausplatz le 30 août prochain – Journée internationale des personnes disparues. Elle sera ouverte gratuitement au public jusqu’au 4 sep-tembre 2011, 24 heures sur 24. Des collaborateurs de la CRS seront présents de 11h30 à 13h30 et de 16h à 19h pour répondre aux questions.

Du 18 au 28 août 2011, une cloche de vache ainsi que des souvenirs typiques de 12 villes comme Los Angeles, New York, Sao Paulo, Sydney ou Copenhague seront vendus aux enchères sur ricardo.ch. Le bénéfice de cette initiative, réalisée en col-laboration avec TNT Swiss Post, sera entiè-rement reversé à la CRS.➥http://info.ricardo.ch/

swissredcross

Vente de bienfaisance sur ricardo.ch

www.transfusion.ch

LENA A BESOINDE TON SANG.DANS 3 SECONDES.

Donne ton sangmaintenant!

L’été est la période de l’année où l’ap-provisionnement en sang devient problé-matique. Aussi le Service de transfusion sanguine CRS a-t-il décidé de sensibili-ser la population aux dons de sang dans les trains des CFF. En s’appuyant sur diverses situations, cette nouvelle cam-

pagne montre à quel point il importe que les personnes accidentées et ma-lades puissent disposer de suffisamment de sang et de produits sanguins. Cet appel à la solidarité sera lancé quatre semaines durant dans tous les trains In-tercity et RegioExpress.

appel aux dons de sang

Famine en afrique de l’estEn Somalie, en Ethiopie et au Kenya, plus de 10 millions de personnes souffrent des conséquences d’une grave crise alimen-taire causée par une sécheresse persis-tante, des conflits armés durables et une flambée des prix des céréales. Près d’un demi-million de Somaliens affamés ont fui leur pays pour se réfugier dans des camps au Kenya et en Ethiopie.Grâce à une contribution de la Confédéra-tion et de la Chaîne du Bonheur, la Croix-Rouge suisse (CRS) engage 1,2 million de CHF dans l’aide alimentaire et l’approvi-sionnement en eau, en faveur surtout de la population du nord-est du Kenya, où

la sécheresse sévit depuis des années. Il s’agit ici en premier lieu de fournir des denrées alimentaires aux écoliers malnu-tris. En Ethiopie, la CRS veille depuis deux ans déjà à ce que les familles de bergers puissent assurer leur alimentation sur le long terme, en construisant des collecteurs d’eau et en reconstituant les cheptels.Pour financer cette aide d’urgence en Afrique de l’Est, la CRS fait appel à la générosité des donateurs.➥Compte postal 30-9700-0,

mention «Famine», ou SMS au 464

avec mot clé et montant du don

(ex.: FaMINe 25)

eN BreF

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En Bosnie, le quotidien des jeunes n’est pas toujours rose. S’ils n’ont pas

eux-mêmes directement vécu la guerre, qui a pris fin il y a désormais seize ans, ils doivent chaque jour vivre avec ses conséquences. «Aucune activité de loisir ne leur est proposée, confirme Jürg Frei,

le lourd héritage de la jeunesseBosnie-Herzégovine

Ils font le ménage et la cuisine pour les veuves de guerre et donnent des cours de premiers secours dans les écoles: les jeunes Bosniens sont encouragés par la Croix-Rouge suisse (CRS) à utiliser leur temps libre de façon pertinente.

TExTE: KATHARINA SCHINDLER PHOTOS: CLAUDIA KÄLIN

responsable CRS pour la Bosnie-Herzé-govine. Sans parler des perspectives professionnelles… Il est donc très impor-tant de leur confier des responsabilités sociales: il faut qu’ils se sentent utiles et appréciés.» Alors qu’elle s’était dans un premier temps concentrée sur la recons-

truction d’écoles et d’hôpitaux, la four-niture d’appareils médicaux et la prise en charge psychologique des femmes et des enfants, la CRS cherche avant tout à encourager l’initiative individuelle. Une approche nécessaire tant les séquelles du conflit sont toujours perceptibles: à

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pour apprendre à assister les personnes seules au quotidien, mais aussi à mener eux-mêmes des actions.«Dans notre pays, la solitude et la pau-vreté touchent énormément de personnes. Je suis heureuse de pouvoir améliorer le quotidien d’une petite partie d’entre elles»: Aleksandra Pesta, 18 ans, est l’une des dizaines de jeunes bénévoles au service de la Croix-Rouge de Bosnie-Herzégovine. Chaque semaine, elle rend visite à quatre personnes âgées, parfois plus, leur fait le ménage et les courses et prend les mesures qui s’imposent lorsque l’une d’entre elles tombe malade. Pour la plupart, il s’agit de veuves de guerre entièrement livrées à elles-mêmes. «Elles n’ont que moi, souligne Aleksandra. Mon bonheur, c’est de faire naître un sourire sur leur visage.»

actions en villePlusieurs actions ont par ailleurs été organisées autour de stands: au centre de la petite ville de Maglaj, les passants se sont ainsi vu proposer par des jeunes une mesure gratuite de leur tension et de leur glycémie. Une offre pour le moins bienvenue quand on sait les files d’attente qu’il faut endurer ici pour la moindre visite chez le médecin – sans compter qu’il faut encore payer.Une autre fois, l’objectif était de recruter

le lourd héritage de la jeunesse

Les jeunes bénévoles Croix-Rouge ressentent toute la gratitude de la population.

la persistance des tensions ethniques s’ajoute un contexte économique toujours aussi difficile. De nombreuses familles ne survivent que grâce à l’argent que leur envoient des proches partis à l’étranger, et plus de la moitié des jeunes sont au chômage.

offrir des perspectives à la jeunesseEn collaboration avec la Croix-Rouge de Bosnie-Herzégovine, la CRS soutient des groupes de jeunes socialement engagés. Dans le cadre de ce vaste programme, les jeunes suivent des cours et des ateliers

des donneurs de sang. Dans les écoles, des jeunes sensibilisent les élèves aux dangers de l’alcool et de la drogue ou donnent des cours de premiers secours. Parallèlement, des camps Jeunesse per-mettent aux bénévoles Croix-Rouge de tout le pays d’apprendre à mieux se connaître. «Ces échanges sont très im-portants. C’est l’un des rares endroits où les jeunes des différentes communautés

ethniques font quelque chose ensemble, ce qui leur permet de se débarrasser de leurs préjugés», indique Jürg Frei.

«encore beaucoup à faire»Nedim Iamanovic, 21 ans, a déjà parti-cipé à plusieurs camps. Il y a quatre ans, encouragé par un professeur, il assistait à son premier cours Croix-Rouge. «Je lui suis très reconnaissant, s’enthousiasme Nedim. Depuis que je suis à la Croix-Rouge, ma vie a complètement changé. Je me suis fait de nouveaux amis, j’ai une mission et un objectif: inciter un maximum de jeunes à s’engager pour la Croix-Rouge. Parce qu’il reste encore beaucoup à faire.»➥redcross.ch/bosnie-herzegovine

«Les camps Jeunesse des bénévoles Croix-Rouge contribuent à faire disparaître certains préjugés.»

Des jeunes de la Croix-Rouge de Bosnie-Herzégovine mesurent gratuitement la tension et la glycémie des passants.

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Une femme s’approvisionne en eau à un puits restauré par la CRS.

60 m. Mais c’était là un impératif dans cette région en proie à la désertification, où pénurie d’eau et sous-alimentation sont le lot de la population. Naguère, on trouvait des puits traditionnels au cœur du village. Mais au fil des ans, ils se sont taris ou affaissés, contraignant les femmes à parcourir des distances de plus en plus longues pour remplir leurs seaux.

«C’était harassant. Nous partions à l’aube et n’étions de retour que vers midi, au plus fort de la chaleur. Les fillettes aussi étaient réquisitionnées. Le ravitaillement du village nécessitait la mobilisation de toutes», se souvient Kadija.Dans certains villages, les anciens puits ont pu être remis en service. Mais là où le niveau de la nappe phréatique était

Avant, les enfants étaient souvent ma-lades. Ils avaient des diarrhées et

la peau couverte d’eczéma. Pour nous, c’est une nouvelle vie qui a commencé», sourit Kadija, mère de trois filles et un garçon. Depuis un an et demi, son vil-lage, Bintagoungou, est desservi par un puits fonctionnant à l’énergie solaire aménagé par la CRS. Pour atteindre la nappe phréatique, il a fallu forer à

«Comme une nouvelle vie»parrainage pour un accès à l’eau

Dans le nord du Mali, en bordure du Sahara, les populations souffrent du manque d’eau. En installant des systèmes de pompage à énergie solaire, la Croix-Rouge suisse (CRS) a considérablement amélioré les condi-tions de vie de 10 000 personnes. Une réussite qu’elle doit avant tout à ses marraines et parrains.

TExTE: KATHARINA SCHINDLER

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Sans source d’eau potable à proximité, les habitants doivent couvrir des distances considérables à pied et sous un soleil de plomb – quand ils ne sont pas obligés de boire une eau souillée.

trop bas, la CRS a construit des puits pourvus de pompes photovoltaïques extrayant l’eau à une profondeur de 60 m. L’intensité du rayonnement so-laire, si éprouvante, est ainsi tournée à l’avantage des hommes.

Une alimentation saine grâce à l’eau Désormais, la jeune mère a suffisamment d’eau et de temps pour entretenir un potager avec les autres femmes du vil-lage. Grâce aux semences reçues de

la Croix-Rouge, elles peuvent offrir une alimentation saine à leurs familles, le reste de la récolte étant vendu sur le marché.Bintagoungou est situé dans la région particulièrement hostile de Tombouc-tou, dans le nord du Mali. Pour peu que les précipitations à la saison des

pluies soient insuffisantes, le spectre de la famine a tôt fait de resurgir. La CRS intervient dans une dizaine de villages pour améliorer les conditions de vie des habitants, ce qui passe par la sécurisa-tion de l’accès à l’eau.

Merci aux parrainsPour Kamilou Wahabou, délégué de la CRS au Mali, l’investissement a porté ses fruits: «Les villages sont mécon-naissables. Femmes et enfants, surtout, se portent beaucoup mieux. Chaque installation a fait renaître l’espoir chez des centaines de personnes.» Une belle réussite, dont le mérite revient notamment à tous ceux qui ont donné au moins un franc par jour dans le cadre d’un parrainage pour un accès à l’eau.➥Rendez-vous en page 24 ou sur

redcross.ch/parrainage pour

savoir comment souscrire à un

parrainage

«Chaque puits a redonné espoir à des centaines de personnes.»

eliane BossChargée depuis 2006 de la coordination des parrainages CRS en Suisse et à l’étranger, elle conseille marraines et parrains.

Quelle est la différence entre un don et un parrainage? Les parrains choisissent un thème qui leur tient à cœur et soutiennent à long terme et de façon régulière les projets menés par la CRS dans ce domaine. Deux fois par an, ils sont informés des progrès que leur contribution (et celles des autres parrains) a permis de réali-ser. La plupart des parrainages portent sur un montant mensuel de 30 CHF.

pourquoi n’est-il pas possible de parrainer un enfant en par-ticulier?La CRS gère six parrainages de projets en Suisse et à l’étranger. Tous ont pour ambition de constituer un soutien effi-cient dans un domaine bien précis, et donc de bénéficier à de nombreuses fa-milles, voire à des villages entiers ou à des communautés. Des parrainages in-dividuels seraient forcément synonymes d’inégalités de traitement. Les directives de la ZEWO interdisent d’ailleurs elles aussi ce type de parrainages.

Comment choisir un parrai-nage?Souvent, le choix de nos parrains trouve son origine dans leur propre vécu. Il en est par exemple qui viennent de devenir parents ou grands-parents et ont envie de contribuer à donner un avenir à d’autres enfants. Ils décident alors de soutenir le parrainage pour les enfants en détresse. De même, certains ont pu se rendre compte lors d’un voyage de ce que signifie vrai-ment une pénurie d’eau et souhaitent donner un franc par jour en faveur du parrainage pour un accès à l’eau de la CRS.

trois questioNs

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CoNViCtioN

le pari fou d’odette Micheliles femmes et la Croix-rouge

Les femmes qui soignèrent les blessés à Solférino ont durablement impressionné Henry Dunant. Déléguée Croix-Rouge, Odette Micheli a elle aussi marqué l’histoire. Par sa force de conviction, cette femme hors normes a même réussi à faire plier le général Eisenhower.

TExTE: PHILIPPE BENDER

L’élection d’une première femme à la tête de la Croix-Rouge suisse (page

22) fournit l’occasion de souligner le rôle des femmes dans l’action humani-taire. De relever qu’à Solférino, le 24 juin 1859, où l’idée de la Croix-Rouge prit naissance, Henry Dunant put comp-ter déjà sur le dévouement de dizaines de femmes, ralliées spontanément à sa cause, au cri de Tutti fratelli! Formule qui exprimait leur volonté de soigner tous les

blessés sur le champ de bataille, sans discrimination.

Dès le début, la Croix-Rouge saura mobi-liser des millions de femmes: «La femme dans le monde de la Croix-Rouge est une

réalité aux multiples facettes. Ce sont des femmes aux personnalités très diverses qui œuvrent, sous toutes les latitudes, au service d’un idéal humanitaire, refusant à juste titre d’être stéréotypées.» (Cornelio Sommaruga, ancien président du CICR)Un exemple pour illustrer cet engage-ment: Odette Micheli.Issue d’une vieille famille genevoise – le père, Horace, fut conseiller national et membre du CICR –, Odette Micheli travailla

Dunkerque, grand port sur l‘Atlantique

A l’Agence des prison-niers de guerre:Gustave Ador (président du CICR et conseiller fédéral), Paul des Gouttes (debout), Frédéric Barbey, Odette Micheli et son père, le conseiller national Horace Micheli

odette Micheli était déléguée de la CRS pour le Secours aux enfants pendant la Seconde guerre mondiale.

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CoNViCtioN

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Odette Micheli organisa le Secours aux enfants de la CRS pour la zone Nord.

la Suisse, le problème le plus aigu était la sous-alimentation et la malnutrition de mil-liers d’enfants, qui ne disposaient que de 1200 à 1600 calories par jour. Ainsi, à titre d’aide d’urgence, la délégation de Pa-ris organisa, en 1944 et en 1945, près de 700000 goûters. Durant le conflit et l’immé-diat après-guerre, plus de 2200 tonnes de denrées furent distribuées dans des camps, des cantines, des écoles ou des crèches.

Dunkerque, une extraordinaire aventure humanitaire Le 6 juin 1944, les Alliés débarquent en Normandie. Le 25 août, Paris se soulève. Puis ce sera la bataille des Ardennes, en décembre, et la progression vers l’Allemagne, avec l’effondrement du front Ouest au printemps 1945.En été et en automne 1944, toute la France n’a pas été libérée. Il reste des poches ennemies, comme ces grands ports sur l’Atlantique: Lorient, Saint-Na-zaire, Dunkerque, Royan, que les Alliés se contentent de bloquer ou de réduire par des bombardements aériens.

Odette Micheli, qui a ses entrées dans les milieux militaires et politiques, ap-prend que les Américains prévoient de bombarder Dunkerque. Elle prend aus-sitôt contact avec les généraux français Chaban-Delmas, futur premier ministre, et König, qui l’orientent vers le général amé-ricain Redman. Ensemble, ils demandent au commandant en chef des Forces Al-liées, le général Eisenhower, de surseoir aux bombardements.Convaincu par leurs arguments, Eisen-hower ordonne de suspendre les opé-rations de guerre, le temps d’évacuer la population civile. Odette Micheli organise le transport avec la Croix-Rouge française et le consul de Suisse à Lille, Fred Huber. Du 3 au 6 octobre, 18000 habitants, dont des milliers d’enfants, sont ramenés à l’intérieur du pays. Finalement, la ville sera épargnée. Mais la garnison allemande ne se rendra que… le 9 mai 1945. Pour les services rendus, Odette Micheli sera faite citoyenne d’honneur de Dunkerque. Elle est morte en 1962 à l’âge de 64 ans.➥redcross.ch/historique

d’abord comme bénévole à l’Agence des prisonniers de guerre pendant la Guerre 1914–1918. Puis, durant la Seconde Guerre mondiale, elle devint cheffe de délégation du Secours aux enfants à Paris. En France, le Secours aux enfants comptait une délégation dans la capitale pour la zone Nord, occupée par la Wehrmacht, et une délégation à Toulouse pour la zone Sud, dite «libre», soumise à l’autorité de Vichy. Outre l’organisation de convois vers

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tenu du climat, la terrasse couverte tient une place importante. Pour tout projet de reconstruction, la CRS prend en considé-ration le mode de vie local.Les maisons sorties de terre grâce à la CRS ne passent pas inaperçues: depuis la ville côtière de Léogane, si l’on prend la route sinueuse qui mène à Palmiste-à-Vin, on peut voir de partout les constructions en acier revêtues de contreplaqué clair, qui s’accrochent parfois seules, parfois en

groupes, aux flancs de la montagne. Ces maisons préfabriquées proviennent du Vietnam; elles sont renforcées par du bois acheté localement puis livrées par camions au chantier de tri du village. Comme toutes les autres familles de cet habitat dispersé, celle de Marie-Sélide a dû y chercher elle-même le matériel de construction et rapporter sur son terrain les quelque 900 kilos d’acier et de bois sur près de deux kilomètres, aidée de proches et d’amis. Pleins de curiosité, ils regardent mainte-nant l’équipe de construction formée par la CRS monter leur maison en trois jours à peine.

Pour que les maisons puissent tenir sur le long terme, leurs murs extérieurs seront bientôt renforcés de plaques de béton fibré. Il faudra encore intégrer la terrasse

couverte et installer un collecteur d’eau de pluie. Des latrines et des lavabos seront également aménagés pour amé-liorer l’hygiène et la santé. «Toutes les nouveautés ont été élaborées en accord avec la communauté villageoise. Les habitants se réjouissent de ces améliora-tions», souligne Olivier Le Gall, délégué à la construction de la CRS en Haïti.

Une ambiance moroseMalgré toute la gratitude qu’ils té-moignent, les habitants sont marqués par cette expérience traumatisante, par l’ab-sence de perspectives, par les préoccu-pations économiques qui pèsent sur eux. L’ambiance est morose. Même le visage des enfants est inhabituellement grave. «La situation est tout sauf simple, insiste Olivier Le Gall, qui travaille sur place de-puis 10 mois. Les maisons permettent aux habitants de se protéger des intempéries et de vivre dans des conditions dignes. C’est très important, mais ce n’est qu’un début. Il reste encore beaucoup à faire.»➥redcross.ch/haiti

Olivier Le Gall (à droite), délégué à la construction de la CRS, en pleine conversation avec le fils de Guirlène Jean-Louis

Les familles transportent elles-mêmes le matériel de construction depuis le chantier de tri du village jusqu’à leur propre terrain.

Les pilotis doivent empêcher l’eau d’entrer, même par fortes pluies.

rÉalitÉs

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eN BreF

Un an après les violentes inondations au Pakistan, la CRS s’engage activement dans la reconstruction des villages dévastés. C’est ainsi que dans la province méridio-nale du Sindh, des habitations sortent de terre pour 700 familles, qui prennent elles-mêmes part aux travaux sous la direction de professionnels. Les personnes délogées par les intempéries n’ont pu retrouver leurs villages du district de Dadu qu’en février dernier. Aussi bien ici au sud du Pakistan

des logements pour les victimes des inondations au pakistan

Du 16 au 25 septembre, la Croix-Rouge suisse sera présente au Comptoir Suisse à Lausanne. Venez découvrir l’une des plus grandes foires du pays et visitez notre stand à l’espace Promotion de la santé, où de nombreuses activités et at-tractions vous attendent. Faites connais-sance avec les chiens de sauvetage de REDOG, assistez aux démonstrations des samaritains et entrez dans une tente de secours pendant que vos enfants participent au concours de dessin. Le comptoir est ouvert tous les jours de 10h

la Croix-rouge au Comptoir suisse

que dans la région septentrionale de Char-sadda, la Croix-Rouge continue de fournir des denrées alimentaires aux sans-abri.Des mesures sanitaires sont également primordiales, et aux côtés de bénévoles formés du Croissant-Rouge pakistanais, la CRS propose à la population une offre de soins. Approvisionnement en eau potable et sensibilisation à l’hygiène sont en effet essentiels pour éviter les maladies. ➥redcross.ch/pakistan

à 19h. Entrée libre le jour de l’inaugu-ration. Nous nous réjouissons de vous retrouver à Lausanne!➥comptoir.ch

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livie

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thys

Ils aident les enfants issus de la migration à faire leurs devoirs, trient les paquets de l’action «2 5 Noël» et font preuve d’une grande solidarité à l’occasion de catas-trophes dévastatrices. Les collaborateurs du Credit Suisse s’engagent depuis des années dans des activités sociales. Aussi l’institut financier est-il partenaire officiel de la CRS depuis 2008 dans le domaine

le Credit suisse poursuit son engagementdu volontariat d’entreprise, un domaine sous la responsabilité de Zahra Darvishi: «Nous nous réjouissons que ce partena-riat fructueux et passionnant avec la CRS nous permette de concevoir et de mettre en œuvre de nouveaux projets. Et l’inté-rêt manifeste de nos collaborateurs nous motive à poursuivre dans cette voie en 2011.»

Dans le cadre du camp d’été de Swiss-cor, 16 bénévoles de la Croix-Rouge Jeunesse ont organisé le programme des loisirs pour des enfants originaires d’anciennes zones de guerre ou de conflit, que la fondation Swisscor invite chaque année en Suisse. Deux semaines durant, ces enfants peuvent oublier leur quotidien et bénéficier de soins médi-caux. Cette année, ce sont 80 petits Ma-cédoniens qui ont profité de cette initia-tive. Malgré la barrière de la langue, les jeunes de la CRS ont rapidement mis les enfants à l’aise et leur ont préparé un pro-gramme inoubliable. Six bénévoles de la Croix-Rouge Jeunesse macédonienne ont prêté main-forte à leurs collègues suisses.

la Croix-rouge Jeunesse soutient le camp d’été de swisscor

Dans le cadre d’une action bénévole, une quinzaine d’employés de Google Suisse ont apporté leur aide trois jours durant à la boutique seconde main La Trouvaille de Berne.➥latrouvaille-bern.ch

google suisse emballe

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Comme bien des femmes, elle cumule les rôles, passant de l’un à l’autre

avec une aisance déconcertante. Sa nouvelle mission comme présidente de la CRS la réjouit tout particulièrement: «J’ai toujours su que je voulais un jour travail-ler pour la Croix-Rouge, qui est à mes yeux l’organisation humanitaire par ex-cellence.» A 63 ans, Annemarie Huber-Hotz est la première femme à accéder au sommet de la CRS, fondée il y a près

une fine stratègeannemarie Huber-Hotz

Entrée en fonction le 1er juillet 2011, Annemarie Huber-Hotz est la première femme à présider aux destinées de la Croix-Rouge suisse (CRS). Celle qui fut déjà la première chancelière de la Confédération a appris très tôt à concilier travail et famille. Un atout précieux à l’heure de relever un nouveau défi.

d’un siècle et demi. De par cette fonction, elle devient également vice-présidente de la Fédération internationale des Sociétés

de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Le fait d’être élue à une fonction presti-gieuse, de mener d’importants effectifs et d’assumer de lourdes responsabilités n’a

pour elle rien de nouveau. Car en sa qua-lité de chancelière de la Confédération, elle a, dès 1999, dirigé huit années l’état-major du Conseil fédéral, évoluant ainsi dans les plus hautes sphères politiques. Elle l’a fait avec brio, même par temps orageux. Sa modestie et sa spontanéité n’en sont que plus appréciables. Est-ce le fait d’avoir réussi le grand écart entre carrière et famille, à une époque où de tels exercices étaient encore l’exception?

«J’ai toujours voulu travailler pour la Croix-Rouge.»

TExTE: TANJA PAULI PHOTOS: SANDRO HUBER

Fascinée depuis longtemps par les sept Principes fondamentaux de la Croix-Rouge, la présidente y adhère totalement.

22 Humanité 3/2011

Page 23: Magazine Humanité 7 3/2011: Vieillir en s'épanouissant

tÉMoigNage

Une répartition des rôles moderneAnnemarie Huber-Hotz et son mari ont élevé trois enfants adoptifs. La réparti-tion des rôles entre les époux s’écartait du modèle traditionnel qui avait cours dans les années 1980, lui s’occupant du ménage et des enfants, elle lui donnant un coup de main le soir en rentrant du travail. Elle trouvait ainsi un sain équi-libre entre famille et bureau. L’aide de voisinage a également facilité l’organi-sation du quotidien durant ces années intenses. Annemarie Huber-Hotz le sait: tous les parents n’ont pas cette chance, raison pour laquelle le service de garde d’enfants à domicile est, à ses yeux, une prestation importante de la CRS. Aux jeunes mères désireuses de concilier pro-fession et famille, elle donne ce conseil: «Si on y aspire vraiment, il faut persévé-rer. Même si c’est dur par moments. On apprend, et avec le temps, tout devient plus simple.»Meuniers, ses parents avaient eux aussi combiné travail et vie de famille. Comme ceux de l’ancien temps, leur moulin était muni d’une roue hydraulique et situé

au bord d’une rivière. A l’opposé du lent travail des meules, tout est allé très vite pour la jeune femme. Pendant ses études à Genève, elle côtoie déjà la Croix-Rouge. En 1978, elle entre au Palais fédéral comme collaboratrice du secrétaire général de l’Assemblée fédérale. Sans se douter un instant que le siège du gouvernement sera son lieu de travail pour les trente années à venir. Elle gravit les échelons des Services du Parlement pour se hisser au poste de secrétaire générale. Puis vient l’heure d’écrire une page de l’histoire suisse. En 2007, elle décide de ne plus se repré-senter à l’élection au poste de chance-lière. Cette même année, elle brigue un siège au Conseil de la Croix-Rouge, où elle contribuera à façonner la stratégie du groupe.

Un quotidien aux multiples facettesEn tant que présidente, Annemarie Hu-ber-Hotz sera encore davantage impli-quée dans tous les secteurs d’activité de la CRS. Les 50 000 bénévoles de l’orga-nisation lui tiennent particulièrement à

cœur. Elle qui, récemment encore, pré-sidait la Société suisse d’utilité publique, sait d’expérience la valeur du bénévolat, qu’elle a longtemps pratiqué elle-même et dans lequel elle continue de s’inves-tir: «J’ai toujours tenu à m’engager en dehors de ma profession et de ma famille. Cela permet aussi de tisser un vaste réseau.» A l’avenir, elle suivra également de plus près les activités déployées par la CRS dans 28 pays au titre de la coopération au développement. Son message à ceux qui prétendent que de tels projets ne sont qu’une goutte d’eau dans la mer? «Je leur dis qu’il faut bien commencer quelque part. Que chaque goutte d’eau est précieuse et que l’apport de la Croix-Rouge est multiple et universel.»La présidente fraîchement élue a toujours mené une vie riche et variée. Depuis sep-tembre 2010, elle assume un rôle sup-plémentaire, et pas des moindres: deve-nue grand-mère, elle s’occupe un jour par semaine de sa petite-fille.➥redcross.ch/organisation

Annemarie Huber-Hotz dirige le Conseil de la Croix-Rouge, dont les neuf membres définissent la stratégie pour l’ensemble de la CRS.

Biographie succincteNée le 16 août 1948 à Baar/ZG, Annemarie Huber-Hotz étudie la socio-logie, l’ethnologie et les sciences poli-tiques à Berne, à Uppsala (Suède) et à Genève. Elle a siégé dans les orga-nismes suivants: Association Suisse de Science Politique, Société Suisse pour des études prospectives, Acadé-mie suisse des sciences humaines et sociales, Société suisse des sciences administratives, Société suisse d’uti-lité publique, Aide suisse aux monta-gnards. Actuellement, elle siège au conseil de la HES de Suisse centrale, de la Fondation Suisse pour le Prix Do-ron et de la Kuoni und Hugetobler-Stif-tung, et préside le Conseil de fondation de l’Ombudsman des banques suisses et la Commission des prix de la Fon-dation Dr. J. E. Brandenberger. Outre l’allemand, sa langue maternelle, elle parle l’anglais, le français et le sué-dois. Elle vit à Berne avec son mari.

à propos

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RK/C

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Avec le parrainage pour un accès à l’eau, vous aidez des enfants comme Nian dans les régions les plus pauvres du monde.

Opter pour un parrainage, c’est choisir d’aider durablement. Vos contributions régulières autorisent l’élaboration de projets à long terme, comme la mise en place d’un accès à l’eau dans une région en crise ou la construction d’un puits au Mali. Si vous souhaitez souscrire à un parrainage, veuillez compléter le coupon-réponse ci-dessous et l’envoyer à: Croix-Rouge suisse, Rainmattstrasse 10, case postale, 3001 Berne, ou vous rendre sur www.redcross.ch/eau

Oui, je souhaite parrainer les projets pour un accès à l’eau en faisant un don de 30 CHF par mois. Veuillez me faire parvenir des bulletins de versement.

Je souhaite encore réfléchir. Veuillez m’envoyer de la documentation.

Prénom/nom

Rue/n°

NPA/localité

Tél. Date de naissance

Courriel

Signature

DeveNez pArrAiN!

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Elle pourrait être ma fille», c’est ce qu’a pensé Joséphine Flüeler lors

de sa première rencontre avec sa nou-velle cliente au printemps dernier. San-dra Hadorn, quant à elle, a eu du mal à croire que Joséphine, si sympathique et pleine d’énergie, avait déjà 71 ans. Malgré cette différence d’âge de 28 ans, les deux femmes ont beaucoup en commun. L’imprévu a marqué leur vie à toutes deux.

Une vie jalonnée de défisAprès la naissance de son fils il y a 22 ans, Sandra Hadorn a appris qu’elle souffrait d’une maladie musculaire congénitale, qui évolue certes lentement, mais continuellement. «Avec un enfant à charge, il était hors de question que je tombe en dépression, dit-elle avec certitude. Je me suis toujours fixé des objectifs par étape, pour mon fils et pour moi.» Vingt ans durant, elle a dû porter un corset de soutien, avant d’opter il y a trois ans pour un fauteuil roulant, ce que d’ailleurs le médecin lui avait conseillé dès l’établissement du diagnostic. Au-jourd’hui âgée de 43 ans, Sandra Ha-dorn est restée créative et flexible. Afin de soulager sa famille, elle a demandé à la CRS du canton d’Argovie si quelqu’un pouvait l’accompagner pour acheter des vêtements. Seule, elle n’a pas la force de

manœuvrer le fauteuil roulant dans le dé-dale des rayons. Elle reçut une réponse pleine de promesses: la CRS connaîtrait la personne idéale. Sandra Hadorn se souvient à quel point elle s’était alors réjouie: «J’ai été étonnée que la Croix-Rouge puisse proposer une aide aussi rapide. J’ai téléphoné en tant que per-sonne privée, et tout a fonctionné sans paperasserie contraignante!» Demander de l’aide ne lui a pas été aisé. Mais elle ne l’a jamais regretté: «Au contraire! J’aurais aimé l’avoir su plus tôt!»En choisissant Joséphine Flüeler pour aider Sandra Hadorn, la CRS d’Argovie a mis en plein dans le mille. L’attitude positive et rafraîchissante de l’accompa-

gnatrice bénévole a convaincu Sandra Hadorn dès leur première rencontre, à tel point qu’elle avait envoyé un SMS à son mari: «Cette femme est fantastique!»Régulièrement, elles se rendent ensemble dans un centre commercial, elles qui très vite ont formé une équipe qui gagne. En fauteuil roulant, Sandra Hadorn ne peut pas essayer les vêtements. Elle tente donc de trouver la bonne taille à l’aide d’un mètre à ruban. «Joséphine me conseille.

Elle a d’ailleurs un goût très sûr en la matière. Je suis plus classique dans mon habillement, et ce qui me manque, elle le complète, se félicite Sandra Hadorn. Elle va volontiers vers les gens et insiste caté-goriquement pour que les vendeuses se donnent un peu plus de mal avec nous.» Elle fait un clin d’œil, en sous-entendant par là que son accompagnatrice béné-vole est dynamique et directe, ce qu’elle admire et estime.

«J’ai été étonnée que la Croix-Rouge puisse proposer une aide aussi rapide.»

eNgageMeNt

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Une vie qui marqueJoséphine Flüeler elle-même pense qu’elle a gagné en patience au fil des ans. Mais ce qu’elle ne peut tolérer, c’est l’irrespect, surtout à l’encontre des personnes handi-capées. Et ce qu’elle entreprend de faire, elle le fait. Elle veut passer du bon temps avec ses clientes. Selon ses propres dires, c’est d’ailleurs toujours le cas. «En fait, je ne suis pas

une grande fan des activités sociales», se définit-elle. Elle raconte sa vie: «Jusqu’à ma retraite, j’étais commerçante dans le secteur de la cosmétique. J’avais tou-jours une vie très stressante». Et tragique aussi. Elle a dû surmonter la mort de sa fille et a perdu son mari assez tôt. Des

revers de fortune que l’on ne soupçon-nerait pas chez cette femme solide et en-jouée. «Je suis tombée dans un gouffre duquel j’ai dû me tirer moi-même. Je vou-lais agir et j’ai trouvé l’engagement qui me convenait. Autrefois, je n’avais pas remarqué que de nombreuses personnes

dans mon entourage ne se préoccupent que d’elles-mêmes. Moi aussi, je vivais dans ce monde glamour, où tout n’était qu’apparence et où il s’agissait surtout de jouer des coudes. Du jour au lende-main, j’en ai eu assez. Il était temps de changer de vie.»Ses connaissances admirent son travail bénévole. Quant à elle, elle apprécie de pouvoir parler de tout et de rien avec Sandra Hadorn. Toutes deux pensent que trop souvent, les lamentations des uns et des autres portent sur des préoccu-pations superficielles. Elles s’accordent pour dire que chacun doit trouver son chemin, contre vents et marées. «Dans la vie, c’est la qualité qui compte, non la quantité», estime Sandra Hadorn, jetant ainsi la base de la prochaine discussion avec sa nouvelle amie.➥redcross.ch/servicesociaux

«en tant que bénévole du service de visite, je veux passer du bon temps avec mes clients. et c’est d’ailleurs toujours le cas.»

Sandra Hadorn (à gauche) et Joséphine Flüeler ne manquent jamais de sujets de conversation et parlent de l’actualité ou de la mode aussi bien que de leur état de santé.

Grâce à sa relation toute naturelle avec son accompagnatrice, elle ne se sent ni désemparée ni dépendante.

eNgageMeNt

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Page 28: Magazine Humanité 7 3/2011: Vieillir en s'épanouissant

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2012

Dans les médias, les catastrophes se suivent et se ressemblent, et la misère d’aujourd’hui sera oubliée dès demain. La Croix-Rouge s’en-gage dans des régions dont per-sonne ne parle et où personne ne se rend. Comme au Sud-Soudan, où un enfant sur cinq meurt avant l’âge de cinq ans, et où la morta-lité maternelle est 400 fois plus élevée qu’en Suisse. En formant les sages-femmes traditionnelles et en construisant des centres de santé, la CRS contribue à la baisse de la mortalité infantile.

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Calendrier CRS 2012pour les «victimes des catastrophes oubliées»Le photographe lucernois Fabian Biasio, lauréat de plusieurs prix, s’est rendu de Khartoum à Bentiu au Sud-Soudan, un voyage au cours duquel il a pris des clichés d’une beauté à couper le souffl e pour le calendrier 2012 de la CRS.Chaque page du calendrier, consa-cré à la promotion de la santé, pré-sente une facette de ce thème, chaque image accompagne une his-toire, pour témoigner du travail de la Croix-Rouge. Pour chaque calendrier acheté, 25 CHF sont reversés aux victimes des catastrophes oubliées. Merci!(Calendrier livrable début novembre 2011)

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Dans les médias, les catastrophes se suivent et se ressemblent, et la misère d’aujourd’hui sera oubliée dès demain. La Croix-Rouge s’en-gage dans des régions dont per-sonne ne parle et où personne ne se rend. Comme au Sud-Soudan, où un enfant sur cinq meurt avant l’âge de cinq ans, et où la morta-lité maternelle est 400 fois plus élevée qu’en Suisse. En formant les sages-femmes traditionnelles et en construisant des centres de santé, la CRS contribue à la baisse de la mortalité infantile.

Plus d’informations sur: www.redcross.ch/catastrophes-oubliees

Bouteille SIGG originale de 0,6 l en aluminium, conçue en exclusi-vité pour la CRS. Pour chaque bouteille achetée, 10 CHF sont reversés à des pro-jets de la CRS en faveur d’un meilleur accès à l’eau.

«L’eau, c’est la vie»

Soutenez les personnes qui, en Suisse, ont besoin d’aide. Sur leprix de vente, 10 CHF sont rever-sés aux personnes démunies en Suisse.

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pour un plaisir d’offrir multiplié

par deux

L1939-11 Inserat Humanité fr 3-11.indd 1 14.07.2011 10:39:02

gnocchis de semoule avec sauce au chou-rave et au basilicPour 4 personnes

IngrédientsGnocchis: 400 ml de lait, 40 g de beurre, ¼ de cc de sel, 150 g de se-moule de blé dur, 3 œufs, 5 cs de Sbrinz râpé, sel, poivre, 1 pincée de muscadeSauce: 1 oignon, 150 g de chou-rave (épluché), 25 g de beurre, 150 ml de bouillon de légumes et 150 ml de crème, 1 bouquet de basilic, sel et poivre

préparationGnocchis: Mettez le lait, le beurre et le sel à chauffer. Versez doucement la se-moule en remuant. Laissez mijoter à feu doux 5 min., puis laissez refroidir. Battez les œufs en omelette et ajoutez-les à la préparation avec le Sbrinz. Mélangez et assaisonnez. Formez les gnocchis avec deux cuillères à soupe. Plongez-les par portions dans de l’eau salée frémissante jusqu’à ce qu’ils remontent à la surface. Egouttez et réservez au chaud.Sauce: Coupez l’oignon et le chou-rave en petits dés. Faites-les revenir dans le beurre, puis versez le bouillon et la crème. Couvrez et laissez mijo-ter jusqu’à ce que les légumes soient tendres. Ajoutez les feuilles de basilic et réduisez en purée. Assaisonnez. Ver-sez un peu de sauce dans une assiette creuse, disposez par-dessus les gnoc-chis et décorez avec du basilic.

La fatigue du service de midi tout juste terminé n’empêche pas Abas Moha-

med, actuellement en stage au restau-rant Fomaz, d’arborer un large sourire: «Avant de venir ici, j’étais abattu, rési-gné. Aujourd’hui, je suis heureux, car on m’a donné l’occasion de me lancer sur le marché du travail.» Chaque année au Fomaz, six jeunes gens se voient offrir une passerelle vers l’avenir. Le restaurant fait en effet partie d’un pro-jet d’intégration de la Croix-Rouge suisse (CRS), qui offre à des réfugiés reconnus et à des personnes admises à titre provi-soire des places de préapprentissage dans la restauration. Ceux-ci bénéficient ainsi d’une expérience pratique d’un an dans différents domaines (buffet, service, bureau et cuisine), à laquelle s’ajoutent les cours théoriques suivis chaque après-midi. Après avoir fait trois mois durant la découverte du service, Abas Mohamed apprend mainte-

nant le travail en cuisine. Désormais, il en est sûr: à l’issue de ce stage, il entamera un apprentissage de cuisinier. «C’est un travail qui me plaît. Le soir à la maison, je refais souvent les plats que nous avons préparés à midi pour les clients.» Et pour lui, cela ne fait aucun doute, apprentissage ou emploi, il trouvera une place: «A la fin de cette année, j’aurai une bonne expérience de la restauration. Et puis, je suis très motivé.»Les habitués du Fomaz, comme Madeleine Burri et ses collègues de l’EMS Rosenberg, louent tout autant les menus que le per-sonnel: «Les plats sont variés, le service est attentionné et l’ambiance familiale. On sent que les gens prennent du plaisir à travailler ici.»Le plat végétarien ci-contre a été servi cet été au Fomaz. Nous avons été particu-lièrement séduits par la sauce, mariage réussi de chou-rave et de basilic.➥magazine-humanite.ch/recettes

reCette

Faim d’avenirPour le Somalien Abas Mohamed, 24 ans, le restaurant Fomaz, à Altdorf (UR), est en quelque sorte la clé du bonheur: le stage d’un an qu’il effec-tue dans cet établissement lui permet d’envisager l’avenir avec optimisme.

restaurant Fomaz, altdorf

TExTE: ISABEL RUTSCHMANN PHOTOS: ANGEL SANCHEZ

Les clients du Fomaz apprécient tant l’atmosphère du restaurant que la qualité du service.

Fomaz, la grande faimLe mot «Fomaz» vient du romanche et si-gnifie «grande faim». A travers ce nom, le restaurant fait non seulement allusion à son offre culinaire, mais exprime aussi symboliquement la volonté des stagiaires de relever les défis qui se dressent sur leur route et de se battre pour leur avenir. Langue typiquement suisse, le romanche est étranger à une majeure partie de la population. Aussi le Fomaz doit-il se concevoir comme un trait d’union.

à propos

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Karma, alias Marco Ratschiller, est caricaturiste et rédacteur en chef du magazine satirique «Nebelspalter».

labyrintheTracez le chemin qui va de l’entrée à la sortie de ce labyrinthe tortueux. Si vous le faites correctement, une figure apparaîtra.

pêle-Mêle

HUMANITé 2/2011Solution des derniers mots croi-sés: eaU potaBLe

Bravo aux heureux gagnants:Esther Demuth, RapperswilJean-Louis Girardin, GenèveJean-Michel Mérier, EcublensUrsula Rosin, GrosshöchstettenKäthi Schaad, Grenchen

Solutions des autres jeux de la dernière édition:

Vous trouverez les solutions du sudoku, des mots cachés et du labyrinthe dans la prochaine édition et sur la page Internet.➥ magazine-humanite.ch

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Mots cachés Découvrez les 20 mots qui se cachent dans cette grille, que ce soit à l’horizontale, à la verticale ou en diagonale. Les lettres peuvent servir à créer plusieurs mots.

Parmi toutes les solutions correctes envoyées du mot croisé, nous offrons cinq bouteilles SIGG «L’eau, c’est la vie» par tirage au sort. Cette bouteille solide en aluminium de 0,6 l est idéale pour le sport ou la randonnée. Envoyez-nous la solution correcte et votre adresse par courriel à [email protected] ou sur une carte postale à:

Croix-Rouge suisseMagazine «Humanité»Case postale, 3001 Berne

Délai d’envoi des réponses: 30 septembre 2011

sudoku

Remplissez la grille de sudoku de manière à ce que chaque chiffre de 1 à 9 ne se trouve qu‘une seule fois sur chaque ligne, dans chaque colonne et dans chaque petit carré de trois cases sur trois.

À GAGNER

Pour d’autres articles: ➥ redcross.ch/shop

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