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ב''הMagazine Judaïsme Nord Chabbath Tazria – ‘Ha’Hodech 28/03/2014 26 Adar II 5774

Magazine Judaïsme Nord · 2014. 3. 28. · Le Tabernacle témoigne, alors, du miracle quotidien de la Présence Divine. Ce mois-ci, chacun de nous se doit de vivre à l¶heure de

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ב''ה

Magazine Judaïsme Nord Chabbath Tazria – ‘Ha’Hodech

28/03/2014 26 Adar II 5774

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Magazine Edité par Judaïsme Nord Recueil d’articles publiés

sur Daf-Hagueoula.org et sur la version française de Chabad.org Tous les textes sont protégés par le copyright

Composition par Rav Eliahou Dahan Tous nos remerciements à Rav Emmanuel Mergui

rédacteur de la version française de Chabad.org

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Table des matières

Editorial ............................................................................................................................................... 5

Nissan – L’Heure du Miracle ............................................................................................................. 5

Il était une Fois ................................................................................................................................. 7

Penser D.ieu dans Ses Affaires .......................................................................................................... 7

La Paracha en Bref .......................................................................................................................... 8

Réflexions sur la Paracha de la Semaine ............................................................................... 9

La Valeur de l’Homme – Dernie re Cre ation ..................................................................................... 9

Pi et le Temps Comment la Torah a libe re l’humanite de l’entrave du destin ............................. 11

Aimer Comme Un Cohen ................................................................................................................. 15

Le Midrash Raconte la Guéoula ............................................................................................... 17

Naissance sans Souffrance .............................................................................................................. 17

Quatre Affections – Quatre Exils ..................................................................................................... 17

Spiritualité ....................................................................................................................................... 18

Connectivite High-Tech La Synergie de votre Vie .......................................................................... 18

Le Mariage Juif ............................................................................................................................... 20

Baigner dans l’Amour Il y a-t-il plus beau que l’amour de jeunesse ? ......................................... 20

Cycles de la Vie................................................................................................................................ 22

La Bar Mitsva – Devenir un Homme ............................................................................................... 22

Mémoires de Rabbi Yossef Yits’hak de Loubavitch ......................................................... 27

Le savant qui se fit savetier ............................................................................................................. 27

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Editorial

Nissan – L’Heure du Miracle

Nous rentrons, cette semaine, dans le mois de Nissan.

Ce mois est bien connu pour la fête de Pessa’h dont les

préparatifs battent leur plein. Pourtant, ce mois a bien

d’autres qualités qui sont moins connues.

Nissan est le premier mois du calendrier biblique. C’est

dans ce mois que naquit Yits’hak fils d’Avraham, le

Patriarche. Le mois de Nissan vit naître le peuple Juif à

sa libération de l’esclavage Egyptien. Un an plus tard, le premier Nissan 2449, fut

inauguré le Michkan – le Tabernacle. C’est Na’hchon Ben Aminadav – chef de la tribu

de Yéhouda – qui fut honoré à offrir, le premier, les offrandes du Temple.

Tous ces événements ont un facteur commun : ils prirent place au mois de Nissan.

« Nissan » découle du mot « Ness » qui signifie « miracle ». Or, nous constatons que

tous ces événements sont effectivement le fruit et l’expression du miracle.

Yits’hak, le premier enfant Juif, ne serait jamais né sans l’intervention miraculeuse de

D.ieu dans la vie de ses parents, Avraham et Sarah, bientôt centenaires. Depuis cette

naissance, le destin d’Israël ne dépend plus des lois de la nature.

Nul n’aurait pu envisager qu’un groupe d’hommes et de femmes, esclaves du plus

puissant des empires pendant plus de deux cents ans, puisse devenir une nation libre

qui dictera l’histoire de l’humanité et lui inspirera les valeurs universelles.

Le Michkan représente la Résidence de D.ieu sur terre. A présent, Il ne reste plus dans

les sphères célestes, mais, à travers ce Sanctuaire, Il se manifeste parmi les hommes.

Le Tabernacle témoigne, alors, du miracle quotidien de la Présence Divine.

Ce mois-ci, chacun de nous se doit de vivre à l’heure de Nissan, à l’heure du miracle.

Nous devons être conscients que le destin et l’avenir du peuple d’Israël ne dépendent

d’aucune prédiction ni d’aucune statistique de spécialiste averti.

Néanmoins, nous devons aussi avoir à l’esprit que le miracle n’est pas gratuit ; c’est

l’action de l’homme qui l’appelle et qui invite D.ieu à intervenir. Le miracle de D.ieu

fait écho au miracle que l’homme entreprend dans sa propre vie.

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Na’hchon Ben Aminadav fut honoré le jour de l’inauguration du Sanctuaire,

précisément parce qu’il avait, par une action intrépide, invité D.ieu à procéder au

miracle le plus merveilleux jamais réalisé dans l’histoire : l’ouverture de la Mer Rouge.

En effet, au moment où tout Israël était pris de panique – prisonnier entre les

Égyptiens et la Mer Rouge – à l’heure où personne n’aurait misé sur l’avenir du peuple

Juif, un homme se jeta à la mer pour poursuivre sa route vers le Mont Sinaï. Le miracle

se produisit et la mer se fendit, grâce à lui pour tout le peuple. Cet homme était

Na’hchon, il venait de procéder lui-même à un miracle en exprimant la confiance

inconditionnelle qu’il avait en D.ieu. Face à cet homme, Hachem ne pouvait que suivre

le pas.

En cette fin de Galouth, d’exil, nous devons, nous aussi, être des Na’hchon. Nous

devons avoir confiance dans le message de la Guéoulah qui approche ; ne nous arrêtons

pas face aux épreuves et aux difficultés ; poursuivons notre élan ; entreprenons un

miracle quotidien en ajoutant chaque jour une Mitsva et un acte de bienfaisance ; alors,

bientôt, nous mériterons de voir, nous aussi, la Présence Divine au quotidien par la

venue de Machia’h.

Rav Eliahou DAHAN

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Il était une Fois

Penser D.ieu dans Ses Affaires

Reb Binyamin Kletsker – un ‘Hassid de Rabbi

Chnéour-Zalman de Liadi – était un marchand de

bois. Une fois, alors qu’il terminait de dresser le bilan

annuel de son affaire, il remplit – comme par

étourderie – la case réservée au total de ses gains par

les mots : Eïn Od Milvado – Il n’y a rien à part Lui !

Un de ses amis le réprimanda pour sa distraction et sa

conduite de fanatisme ‘Habad : « Tu sais bien, Reb Binyamin, que chaque chose doit

avoir son temps et sa place ? » dit-il. « Il y a un temps pour méditer aux idées

philosophiques du ‘Hassidisme, et il y a un moment pour les affaires. Le travail fait

aussi partie du service de D.ieu et il faut donc s’y engager correctement. »

Reb Binyamin répondit alors : « Tout le monde trouve naturel que notre esprit puisse

s’égarer et se promener dans la foire de Leipzig, alors que nous sommes en pleine

prière. Il n’y a donc rien de si terrible lorsque j’ai, réciproquement, au moment de

mon travail une Ma’hchava Zara - une pensée étrangère - et qu’une pensée déplacée

envahisse mon esprit pour que je pense à l’Unité de D.ieu ! »

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La Paracha en Bref

Tazria Lévitique 12, 1 – 13, 59

La Paracha Tazria poursuit l’exposé des lois relatives à la

toumah et à la tahara, à l’impureté et la pureté rituelle.

Après son accouchement, une femme doit accomplir un

processus de purification qui comprend l’immersion dans

un mikvé (bain rituel) et des offrandes au Temple. Les

garçons doivent être circoncis le huitième jour de leur vie.

Tsaraat (la « lèpre » biblique) est une plaie d’ordre

surnaturel qui peut aussi affecter des vêtements. Si des

tâches blanches ou roses apparaissent sur la peau d’un

individu (rouge foncé ou verdâtre sur des vêtements) le Cohen (prêtre) est consulté.

Par l’application de différents critères, tel que l'expansion de la plaie après une mise en

quarantaine de sept jours, il déclare tahor (pur) ou tameh (impur) le phénomène

constaté.

Une personne atteinte de cette tsaraat doit demeurer hors du camp (ou de la cité)

jusqu’à sa guérison. La partie touchée d’un vêtement doit en être retirée et, si la tsaraat

s'étend ou réapparaît, le vêtement tout entier doit être brûlé.

© Copyright 2014, all rights reserved.

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Réflexions sur la Paracha de la Semaine

La Valeur de l’Homme – Dernière Création

Lazer Gurkow

La Paracha de cette semaine énumère les

lois d’impureté rituelle qui se rapportent

aux êtres humains. Le Midrash note que la

Paracha précédente énumérait les lois

d’impureté relatives aux animaux et affirme

que les lois de l’homme ont été mentionnées

après celles de l’animal pour la même raison

que l’homme fut créé après l’animal.

Deux raisons sont données à cela :

1. Il convient que le roi ne pénètre dans la salle de banquet qu’après que les tables

aient été entièrement dressées. L’homme, le roi de toute la création, n’apparut

donc qu’après que l’univers fut entièrement créé.

2. Au cas où nous deviendrions arrogants, nous devrions nous rappeler que nous

fûmes précédés dans la création par le plus insignifiant des insectes.

À première vue, ces raisons semblent contradictoires. La première raison postule que

l’homme est roi, la créature la plus élevée, tandis que la seconde suggère que l’homme

est inférieur à toutes les autres créatures.

Le meilleur et le pire

En vérité, les deux raisons sont correctes, car l’homme est un amalgame d’un corps et

d’une âme. L’âme est un fragment du Créateur tandis que le corps fait partie de la

création. L’âme est noble et transcendante tandis que le corps est inférieur et terrestre.

Nous ne pouvons pas nous attribuer le mérite de notre spiritualité, car notre esprit

afflue de notre âme qui nous est accordée d’en haut. Nous pouvons cependant

revendiquer le mérite de notre discipline personnelle et du raffinement de notre

caractère, car ils sont le fruit de nos propres efforts.

Un enfant est par nature sauvage, recherchant l’assouvissement de ses désirs égoïstes.

Sans instruction ni discipline, l’enfant se trouve en contradiction avec les lois

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rigoureuses de notre Torah. Même l’insecte le plus bas considère avec mépris l’homme

sauvage et clame sa supériorité sur lui, car l’insecte ne pourrait pas et ne voudrait pas

contrevenir à la volonté du Créateur.

Pourtant, nous, les humains sommes capables de façonner notre caractère, pour brut

qu’il soit à la base, à l’image du divin et, quand nous le faisons, nous nous tenons à

l’apogée de la morale et de l’accomplissement, au sommet de la pyramide de la

création. Quand nous nous maîtrisons nous-mêmes, nous sommes supérieurs à tous.

Réflexion

Cette pensée nous rappelle la maxime de la Michna : « Qui est puissant ? Celui qui se

maîtrise soi-même » (Éthique 4:1).

© Copyright 2014, all rights reserved.

Le Rav Lazer Gurkov est le guide spirituel de la communauté Beth Tefilah de la ville de London,

Ontario au Canada. Conférencier émérite, il a disserté sur de nombreux sujets du Judaïsme et

ses articles ont paru dans de nombreuses publications.

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Pi et le Temps

Comment la Torah a-t-elle libéré

l’humanité de l’entrave du destin

Tsvi Freeman

Jadis, le temps était rond. Et puis un jour, nous

l’avons redressé et étiré, nous lui avons collé une

pointe de flèche à son extrémité et nous nous

sommes mis à surfer dessus. Cependant,

n’importe quel élève de collège sait que pour

aplatir un cercle, il faut produire un calcul infini

du nombre irrationnel pi. Il en ressort que,

lorsque l’on aplatit un cercle, quelque chose

d’infini apparaît.

Laissez-moi vous raconter ce qui s’est passé.

Voyez-vous, nos ancêtres comptaient leurs jours

en commençant par l’automne. Pourquoi

l’automne ? Parce que, disaient-ils, c’est à ce

moment que le cycle de la nature a commencé.

D.ieu a mis le monde en rotation le premier jour du mois d’automne de Tichri et il

continue depuis lors de tournoyer selon son cycle annuel.

Puis, vint l’Exode et avec lui un nouveau départ. C’est quand D.ieu dit à Moïse : « Moïse,

J’ai une Mitsva pour toi. La toute première Mitsva que Je vais commander aux Enfants

d’Israël. À partir d’aujourd’hui, vous commencerez l’année en ce mois du printemps, le

mois dans lequel Je vais vous libérer d’Égypte. »

Dès lors, si le premier jour de Tichri demeura la tête de tous les jours de l’année,

Nissan, au printemps, devint la tête de tous les mois de l’année.

Cela paraît simple. Mais il y eut une légère complication :

« Et puis, Moïse, tu devras aligner ton calendrier sur les phases de la lune. La

réapparition de la nouvelle lune dans le ciel marquera le début de chaque mois. »

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Le problème est que les années lunaires ne correspondent pas aux années solaires.

Elles ont vis-à-vis d’elles un déficit de onze jours et quelques. Pourtant, D.ieu ne fournit

aucune indication supplémentaire.

Le choix de mesurer les années d’après le cycle de la lune plutôt que celui du soleil,

écrivait Rabbi Avraham Ibn Ezra au 12ème siècle, ne touche pas seulement au choix d’un

cycle différent. Les musulmans suivent aussi un cycle lunaire, de sorte que 34 années

lunaires s’effectuent en 33 années solaires. Mais il nous a été également prescrit de

veiller à ce que le premier mois, dans lequel tombe Pessa’h, demeure toujours au

printemps. Dès lors, il ne s’agit pas pour nous seulement de suivre un cycle. Nous

devons le déterminer. »1

En d’autres termes, d’après Rabbi Ibn Ezra, si Moïse avait demandé à D.ieu comment

exactement nous devons résoudre cette énigme, D.ieu aurait répondu : « Là est

justement Mon intention : Je m’en remets à vous. »

Alors nous avons décidé qu’une fois de temps en temps nous ajouterions un mois à

l’année, pour repousser Pessa’h vers sa place, au printemps. Que signifie ce « de temps

en temps » ? C’est quand nous – c’est-à-dire la Cour Suprême juive qui représente le

peuple – le déterminons.2

« La cour céleste tout entière se présente devant le Saint béni soit-Il, et demande

“Quand tombe Roch ‘Hodech ? Quand tombe Yom Kippour ?” Et Il leur répond :

“Pourquoi vous adressez-vous à Moi, alors que j’ai mis cela entre les mains des Enfants

d’Israël. Rendons-nous ensemble au tribunal terrestre et voyons ce qu’ils ont tranché.”3

Si cela vous semble trivial, considérez le contexte : vous êtes en Égypte Ancienne. Et

comme tout le monde le faisait dans ce monde-là, vous levez vos yeux vers les étoiles

et ce sont elles qui dictent votre destin. Les cycles de la nature, la crue du Nil, la pousse

de vos cultures, la fécondité de votre ventre, tout est déterminé par les mouvements

prédictibles des constellations. Ainsi en allait-il en Égypte, ainsi était-ce dans la

civilisation de Summer de laquelle provenait notre père Abraham, ainsi était-ce pour

les sages de l’Inde, pour ceux du Tao, du I Ching, et de tout système de sagesse

antérieur à la Torah. Chaque homme est né dans sa caste, son statut et son sort dans la

vie sont scellés par le karma/matta/cosmos depuis l’aube des temps. Les dieux eux-

mêmes sont soumis à ce grand cycle de l’existence dans la pyramide du temps. La

Grande Roue de la Vie tourne et tourne, indifférente aux efforts de l’homme ou à ses

aspirations, déclamant : « ... la vie de l’homme est un cycle de l’enfance à l’enfance et il

1 Ibn Ezra sur Exode 12,2 2 Voir Maïmonide, Michné Torah, Kidouch Ha’hodech 2:8, “Ce n’est pas la vision de la nouvelle lune qui établit le nouveau mois, mais le fait que le Beth Din le déclare ‘mékoudach’.” 3 Yalkout Chimoni sur Psaumes 81

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en est de même pour toute chose dans laquelle s’imprime un mouvement. »4 « Tout ce

qui fut sera, et tout ce qui sera a déjà été, car il n’est rien de nouveau sous le soleil. »5

Et dans ce cas, « ...quel bénéfice peut-il y avoir à tous les efforts de l’homme ? »6

Mais désormais, bam ! : Hors du cercle et dans le siège du pilote. Le Cycle du Temps

n’a plus d’emprise sur nous. Maintenant nous sommes libres. Maintenant, c’est nous

qui allons déterminer le Temps.

C’est là notre première Mitsva. La proto-Mitsva de toutes les autres. Non pas le

commandement d’obéir comme des robots, mais de prendre en charge notre propre

monde. Un commandement qui libère et qui investit de pouvoir. Un commandement

pour briser les chaines du sort et prendre le Destin lui-même entre nos mains.

Ce qui éclaire une nuance fascinante de la langue hébraïque que beaucoup ne

remarquent pas : une année se dit en hébreu Chana. Un mois est un ‘Hodech. Chana

désigne quelque chose qui se répète indéfiniment, un cycle. ‘Hodech signifie

« nouveau ». Le soleil passe et repasse sans fin, mais la lune se renouvelle.

Voilà deux descriptions du temps diamétralement opposées : Chana est le temps en

tant que cycle, la prison décrite plus haut. Mais le temps peut également être décrit

comme ‘Hodech, comme nouveauté, comme réel changement. Un temps dans lequel

nous allons quelque part, où le futur réserve quelque chose dont le passé était

dépourvu. Un temps dans lequel la vie a un sens et une finalité. Le temps dans le sens

de ce mot tellement puissant qui a érigé la société moderne en une anomalie de

l’histoire : le Temps comme Progrès.

Lorsque Celui qui transcende tout temps et tout espace nous a arrachés aux entraves

de la servitude égyptienne, jetant à bas sa pyramide des castes sociales et faisant voler

en éclats son concept de déterminisme naturaliste, ce fut le moment où la liberté fit son

entrée dans le monde pour la première fois. Quand aujourd’hui des êtres humains

luttent quelque part pour un monde meilleur, leur histoire débute avec cet Exode. Pas

seulement parce que des esclaves furent alors libérés. Pas seulement parce qu’un

simple serf put appeler à l’aide le Maître de l’Univers, comme s’il s’agissait de son

propre père, et que les lois de la nature furent brisées pour lui. Mais parce que

l’humanité fut élevée en dehors et au-delà du cercle, détachée de la meule tyrannique

des dieux de la Nature, du Temps et du Sort. C’est à ce moment que la vie humaine prit

tout son sens et qu’Il nous dit : « Prenez votre destin en mains. Allez de l’avant. Si ce

n’est pas un monde dans lequel vous pouvez faire régner la paix, changez-le, faites-le

4 Attribué à l’homme-médecine sioux Black Elk 5 Ecclésiaste 1,9 6 Ecclésiaste ibid,3

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devenir ainsi. Si vous rencontrez de la souffrance, supprimez-la. Si votre karma sent

mauvais, dépassez-le. Ne soyez jamais satisfaits. Ne soyez pas les prisonniers du sort,

mais ses maîtres. »

« Ce monde est celui des fiançailles, mais le monde futur sera un mariage. Dans ce

monde, Il nous a donné la lune. Dans le monde futur, Il nous donnera le soleil, les

étoiles et tous les cycles de la nature. »7

Nous avons reçu une Torah avec une boite d’outils pour diriger le monde, pour le mener

vers son destin, pour révéler l’intention profonde pour laquelle il fut originellement

créé. Jusqu’à ce que, en fin de compte, la liberté pénétrera le monde entier, et le cercle

sera révélé dans sa véritable nature : l’infinité dissimulée.

© Copyright 2014, all rights reserved.

Rav Tzvi Freeman dirige l'équipe de "Questions au Rabbin" de Chabad.org. Il vit à Toronto,

Canada et est l’auteur de nombreuses traductions et synthèses de la pensée kabbalistique et

‘hassidique, parmi lesquels « Bringing Heaven Down to Earth. »

7 Midrache Chir HaChirim Rabba

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Aimer Comme Un Cohen

« S’il se forme sur la peau d’un homme une tumeur de

Tsaraath… il sera présenté à Aaron le Cohen. Le Cohen

examinera cette affection de la peau… et il le proclamera

impur. »

(Lévitique 13)

La Paracha de cette semaine, Tazria, nous parle

d’une des formes les plus graves d’impureté rituelle,

la maladie de Tsaraath. La personne qui en était

touchée, le Métsora, était envoyée en dehors du

camp d’Israël et vivait dans la solitude jusqu’à son

rétablissement.

La seule autorité qualifiée à déterminer si un individu avait le statut de Métsora et lui

imposé à quitter le camp était le Cohen.

Même un membre du Sanhédrin, la plus grande autorité dans l’enseignement de la

Torah, ne pouvait établir et proclamer une Tsaraath, s’il n’était pas Cohen. La seule

prise de position qui avait du poids était celle du Cohen et sa décision avait force de loi.

Pourquoi les autorités de la Torah, du savoir et de la sagesse, comme le Sanhédrin, ne

pouvaient-elles pas porter de jugement dans le cas de Tsaraath ? Pourquoi cela

dépendait-il du Cohen ?

Un Métsora subissait une punition particulièrement sévère : il était banni et mis à

l’écart du reste de la société. Le Métsora devait quitter le camp d’Israël. Il se trouvait

donc entièrement retranché de tout le peuple Juif.

Les Cohanim sont, par nature, des hommes de bonté. Leur cœur était empli d’amour

pour leurs frères Juifs. C’est pourquoi ils furent choisis pour bénir le peuple d’Israël.

D’ailleurs, ceci est confirmé dans les termes de la bénédiction qui précède la Birkath

Cohanim : « qui nous a sanctifiés par ses Mitsvoth et nous a ordonné de bénir Israël

avec amour ! »

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C’est pour cette raison que la Torah reconnaît en le Cohen, le seul être qui ne se

pressera pas de proclamer que son prochain est impur. Le Cohen est naturellement peu

disposé à déclarer qu’un autre Juif est Métsora, car ainsi il le sanctionnerait d’une

punition sévère. Le Cohen fera toutes sortes d’efforts pour éviter que son prochain ne

souffre.

La Torah se soumet au seul jugement du Cohen, sachant qu’il déclarera une Tsaraath

que lorsqu’il ne restera plus d’autre alternative. C’est pour cette raison que le pouvoir

d’établir la Tsaraath et la responsabilité, qui en dépend, à condamner son prochain à

l’isolement social, n’a été donné qu’aux Cohanim.

Ceci peut nous servir de leçon :

Nous ne devons jamais estimer qu’une personne mérite d’être à l’écart et de ce fait fuir

sa compagnie, et cela même si son comportement est incorrect. Aucune faute ne peut

justifier le rejet de notre prochain.

Au lieu de le juger, nous ferions mieux d’examiner, d’abord, si notre motivation est

juste. Voyons-nous le mal en l’autre uniquement parce que nous l’aimons ou peut-être

reconnaissons-nous en l’autre les défauts que nous portons en nous-mêmes ? C’est

seulement une fois que nous nous sommes assurés d’agir par un sentiment authentique

d’amour que nous pouvons lui parler et l’aider à corriger sa conduite.

Likouté Si’hoth Vol XXVII

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Le Midrash Raconte la Guéoula

Naissance sans Souffrance

« Lorsqu’une femme enfantera… »

(Lévitique 12-2)

Aujourd’hui, l’expérience d’avoir un enfant, de donner la vie est

accompagnée de moments très difficiles, neuf mois de gestation

et les douleurs de l’accouchement.

Mais bientôt, lorsque Machia’h viendra, ces souffrances

disparaîtront et la femme donnera la vie dans la joie. Ainsi qu’il

est écrit (Isaïe 66-7) : « Avant d’être en travail, elle enfantera ; avant d’être assaillie

de douleur, elle donnera la vie. »

Midrash Rabba

Quatre Affections – Quatre Exils

« S’il se forme sur la peau d’un homme une tumeur, une dartre

ou une tache, pouvant dégénérer en affection de Tsaraath, il

sera présenté à Aaron le Cohen... »

(Lévitique 13-2)

Notre Paracha traite des lois relatives à l’impureté

de la Tsaraath. La Torah dénombre quatre types

de plaies qui devaient être soumises au jugement

du Cohen qui était le seul habilité à purifier

l’homme impur.

Ces quatre termes symbolisent les quatre exils de

notre peuple. Notre Cohen c’est D.ieu Lui-même

qui nous purifiera à la venue de Machia’h, ainsi qu’il est dit (Yé’hezkiel 36-25) :

« J’aspergerai sur vous des eaux pures et vous serez purs. »

Midrash Rabba

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Spiritualité

Connectivité High-Tech

La Synergie de votre Vie

Tzvi Freeman

C’était au début des années soixante, lorsque les

premiers ordinateurs centraux – les fameux

« mainframes » – firent leur apparition. Le

professeur Abraham Polichenco qui était l’un des

pionniers de la technologie informatique rendit

visite au Rabbi de Loubavitch et lui posa cette

question :

« Je sais que tout ce qui existe dans le monde, y

compris quelque chose que l’on découvre plus tard

dans l’histoire, a sa source quelque part dans la

Torah. Alors, où voit-on des ordinateurs dans la

Torah ? »

Sans hésitation, le Rabbi répondit : « Les Téfilines. » Le professeur était déconcerté.

« Qu’y a-t-il de nouveau dans un ordinateur ?, continua le Rabbi. Vous entrez dans une

pièce et vous avez devant vous beaucoup de machines familières : une machine à écrire,

un grand magnétophone, un téléviseur, une perforatrice, une calculatrice. Qu’y a-t-il

de nouveau ?

« Mais, sous le plancher, des câbles relient toutes ces machines entre elles de sorte

qu’elles constituent un système unifié. »

Le professeur hocha la tête avec enthousiasme. Il n’avait pas réalisé cela avant, mais

oui, voilà exactement ce qu’était un ordinateur : une synthèse de connecteurs et de

dispositifs de traitement.

« Maintenant, considérez votre propre personne, dit le Rabbi. Vous avez un cerveau. Il

se trouve dans un monde. Votre cœur est, lui, dans un autre monde. Et vos mains se

retrouvent souvent à s’occuper de choses totalement étrangères à votre cerveau et votre

cœur. Ce sont trois machines bien différentes.

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« Alors, vous mettez les Téfilines. Au début de la journée, vous reliez votre tête, votre

cœur et votre main avec ces liens de cuir de sorte qu’ils fonctionnent ensemble, avec la

même intention. Et ensuite, lorsque vous sortez à la rencontre du monde, toutes vos

actions sont en harmonie en partageant une même finalité. »

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Rav Tzvi Freeman dirige l'équipe de "Questions au Rabbin" de Chabad.org. Il vit à Toronto,

Canada et est l’auteur de nombreuses traductions et synthèses de la pensée kabbalistique et

‘hassidique, parmi lesquels « Bringing Heaven Down to Earth. »

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Le Mariage Juif

Baigner dans l’Amour

Il y a-t-il plus beau que l’amour de jeunesse ?

Its’hak Shochet

Le comique américain Rodney Dangerfield a dit :

« Ma femme et moi avons eu 25 années

merveilleuses. Et puis on s’est rencontrés. »

L’un des plus grands défis de la vie conjugale est la

notion que la familiarité engendre le mépris. Si les

choses peuvent être idylliques au départ, la routine

engendre l’ennui, la lassitude et, finalement,

l’indifférence. Et nous savons tous où cela mène,

comme le montrent les statistiques nationales.

La première des sept bénédictions nuptiales

récitées sous la ‘houppa est « ...tout est créé pour

Sa gloire ». Ni la mariée ni le marié ne sont

mentionnés dans cette bénédiction. Ce que cela suggère, c’est que le ciment qui

maintient le dynamisme de toute relation est la conscience que D.ieu Lui-même est un

partenaire au sein de cette relation. C’est précisément cette dynamique spirituelle qui

fait que chaque union est beaucoup plus grande que la somme de ses parties.

La dimension intime dans le mariage compte parmi les forces les plus puissantes de la

vie, de celles qui peuvent nous élever aux plus hauts sommets de l’engagement ou nous

faire sombrer dans le désespoir. La sexualité est un feu. Si vous pensez que vous allez

l’étancher en vous y jetant à corps perdu, vous vous rendrez vite compte que c’est de

l’essence que vous versez sur le feu, et non de l’eau. Toutefois, lorsqu’elle abordée avec

discipline, dans le cadre d’une union bénie, elle devient un feu qui réchauffe les deux

partenaires et illumine leur vie.

C’est pourquoi nous avons les lois de la pureté familiale. La pureté ne doit pas être

confondue avec la propreté, car elle reflète un état spirituel. Les lois de la pureté

familiale amènent cette dynamique spirituelle dans le mariage tout en exigeant une

période d’abstinence chaque mois, ce qui nécessite que la relation soit nourrie à

d’autres niveaux. Cela permet alors également un rajeunissement de l’intimité chaque

mois.

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Alors que le mikvé était autrefois perçu par certains thérapeutes comme quelque chose

d’anachronique, beaucoup en sont venus au fil du temps à reconnaître la manière dont

il entretient concrètement la relation. Aujourd’hui, les couples en crise se voient

conseiller de « réserver du temps pour des moments romantiques ». Mais le judaïsme

a toujours inclus un système divin de « contrôle qualité » du mariage, qui prescrit des

mesures proactives pour empêcher l’ennui de miner une bonne relation.

La question est : peut-il exister quelque chose de plus beau dans la vie qu’un jeune

homme et une jeune femme qui joignent « des mains propres et un cœur pur » sur le

chemin du mariage ? Est-il rien de plus beau que l’amour des jeunes ? La réponse est

oui. C’est le spectacle d’un vieil homme et d’une vieille femme terminant leur voyage

ensemble sur ce même chemin. Leurs mains sont noueuses, mais toujours jointes ;

leurs visages sont ridés, mais toujours rayonnants ; leur cœurs sont fatigués, mais

toujours aussi forts dans l’amour et le dévouement qu’ils ont l’un pour l’autre. La seule

chose qui soit plus belle que l’amour des jeunes, c’est l’amour des vieux.

Ceci est accompli de la manière la plus gratifiante qui soit dans l’entreprise

d’harmonisation du corps et de l’âme à travers le lien profond que crée la pratique du

mikvé et de ses lois connexes, comme tous ceux qui s’y engagent peuvent en témoigner.

Le terme « âme sœur » n’est pas un cliché. C’est précisément ce que mari et femme

s’efforcent de devenir à mesure que leur amour est pénétré de divinité, lorsqu’un baiser

mortel est transformé en un baiser immortel, et qu’ils connaissent une joie authentique

et un épanouissement durable dans leur vie.

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Le Rav Its'hak Shochet est le rabbin de la Mill Hill Synagogue de Londres. Il est membre du

cabinet du grand rabbin de Grande-Bretagne et président du Conseil Rabbinique.

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Cycles de la Vie

La Bar Mitsva – Devenir un Homme

Aryeh Citron

À partir de l’âge de treize ans, un garçon est considéré

comme un homme et est astreint à la pratique de

l’ensemble des mitsvot.1 Le jour de son treizième

anniversaire, le jeune homme est appelé un « Bar-

Mitsva », ce qui se traduit littéralement par : Fils de la

Mitsva.2

Ceci est déduit du verset3 biblique qui relate que

Chimone et Levi prirent leurs épées pour tuer les

habitants de la ville de Sichem (pour les punir de

l’enlèvement et du viol de leur sœur Dinah). En

décrivant cet événement, la Torah dit ich ‘harbo,

« chaque homme prit son épée », ce qui signifie qu’ils

étaient considérés comme des hommes4 à ce moment5.

Or, à ce moment-là, Levi venait d’avoir treize ans.6

Certains disent que l’âge de bar et bat-mitsva est une

tradition transmise par Moïse au Sinaï.7

1 Éthique des Pères 5:21 (22 dans le Sidour de l’Admour Hazakène). 2 Selon la loi juive, un enfant ne devient un adulte que lorsqu’il atteint l’âge de bar-mitsva et qu’il présente des signes de maturité physique (Choul’hane Aroukh Harav, Ora’h ‘Haïm 55:12 ; voir Maïmonide, lois de Ichout ch. 2 sur la nature de ces signes). Pour les questions de nature rabbinique (être le ‘hazane, etc, énumérées ci-dessous), nous considérons un garçon de treize ans comme un adulte sur la présomption que la plupart des garçons de cet âge ont mûri physiquement (Choul’hane Aroukh Harav, ibid. 55:6). Pour les obligations de la Torah, cependant, il est nécessaire de s’assurer que le garçon a atteint la puberté. Certaines de ces obligations de la Torah sont : a) Servir comme témoin pour un mariage, un divorce ou une transaction monétaire (Code de Loi juive, ‘Hochène Michpat 35:1) ; b ) L’abattage rituel sans la supervision d’un adulte (Ibid. Yoreh Deah 1, Pit’hei Téchouva 11 [mais voir Rama, ibid 5, que, selon certaines opinions, un enfant ne doit pas être nommé abatteur rituel jusqu’à l’âge de 18 ans.]) ; c ) Être un sofer (scribe) (Choul’hane Aroukh Harav, ibid 39:1) ; d) Faire le Kiddouche pour un autre adulte (Ibid. 271:7), e) Lire la haftara du Chabbat Zakhor (Mikraei Kodech Pourim s. 1 note finale ; selon certains cela s’applique aussi à la haftara de Parachat Parah, basé sur le Code de Loi juive, Ora’h ‘Haïm 685:7 – mais voir Halikhot Shlomo 12, note 100). 3Genèse 34,25 4 Le mot “ich” connote que l’on n’est plus un enfant. Voir Exode 2,14 et Rachi ad loc 5 Le fait que nous déduisions l’âge de Bar-Mitsva de cet acte nous enseigne que lorsqu’un enfant devient Bar-Mitsva, il doit se consacrer à D.ieu et à son prochain avec la même abnégation qu’eurent Chimone et Levi pour protéger leur sœur (Likoutei Si’hot vol 10. p. 70) 6 Rachi (d.h. Verabi Yossi, Nazir 29b) ; et voir Tossafot Yom Tov et Rabbi Akiva Eiger sur Éthique ibid 7 Responsa du Roch, début du Klal 16 ; Responsa du Maharil n° 51, pour plusieurs autres allusions à la Torah pour la signification de cet âge.

Cette question – si nous apprenons l’âge de la maturité de Chimone et Levi ou si c’est une tradition mosaïque – a une forte incidence concernant l’âge de la responsabilité pour les non-Juifs (l’âge où ils sont tenus responsables d’observer les Sept lois de Noé). Si l’âge de Bar-Mitsva est appris de Chimone et Levi, nous pouvons déduire que treize ans est l’âge de maturité universel, avant même que la Torah fut donnée, c’est à dire, avant même l’existence du concept de Juif. Mais si c’est une tradition du Sinaï, alors nous l’acceptons comme une loi qui est au-delà de la compréhension, et nous ne pouvons pas

extrapoler d’elle la loi des non-Juifs. Ceux-ci sont alors considérés comme adultes lorsqu’ils deviennent matures émotionnellement,

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Calcul de la date de Bar-Mitsva

On devient Bar-Mitsva au début (à la tombée de la nuit8) de son treizième anniversaire (juif),

quel que soit le moment de la journée où l’on est né.9

Si un enfant est né pendant beïn hachmachot, la période entre le coucher du soleil et l’apparition

de trois étoiles lors de laquelle nous ne savons pas s’il s’agit encore du jour précédent ou s’il

l’on est déjà dans la nuit suivante, il devient tenu d’observer toutes les mitsvot le jour

précédent,10 et c’est alors qu’il célèbre sa Bar-Mitsva11

Questions liées au calendrier :

Un garçon né au mois d’Adar d’une année non embolismique célèbre sa Bar-Mitsva lors

du deuxième Adar si l’année de sa Bar-Mitsva est une année embolismique.12

Néanmoins, certaines autorités halakhiques soutiennent que la Bar-Mitsva doit être

célébrée le premier Adar. Afin de satisfaire à cette opinion, le garçon doit mettre les

Téfilines à partir de la date de son anniversaire du premier Adar.13

Si un garçon est né en Adar d’une année embolismique et que sa Bar-Mitsva tombe

également une année embolismique, la Bar-Mitsva est célébrée à la date à laquelle il est

effectivement né.

Si un garçon est né le 30 ‘Hechvan ou le 30 Kislev et que cette date n’existe pas l’année

de sa Bar-Mitsva, il devient Bar-Mitsva le 1er Kislev ou le 1er Tevet respectivement.14

Les nouveaux droits du Bar-Mitsva

Du fait qu’il est désormais considéré comme un adulte, le garçon Bar-Mitsva est habilité à

accomplir et/ou à participer aux rites suivants :

Diriger les offices de prière (en tant que ‘hazane).15

indépendamment de leur âge. (Voir Responsa du ‘Hatam Sofer YD. 317 ; Chaarei Halakha Ouminhag vol. 3, p. 51 ; Likoutei Si’hot vol. 5 p. 421 ; vol. 10 p. 70.) 8 Dans le calendrier juif, la date calendaire commence à la tombée de la nuit. 9 Bien que l’expression commune (par exemple, dans Talmud, Nidda 45b) concernant la Bar-Mitsva soit : “treize ans et un jour”, cela signifie seulement que le garçon doit avoir achevé sa treizième année et être entré dans le premier jour de sa quatorzième année, car s’il est encore dans sa treizième année, il a encore douze ans (Choul’hane Aroukh Harav, Ora’h ‘Haïm 53:13 ; Michna Beroura 53:33). Voir Baer Heitev 53:13 au nom du Mahari Bruna et Responsa de Rabbi Akiva Eiger Mahadourah Tinyanah n° 22 selon lesquels un garçon devient Bar-Mitsva à l’heure précise à laquelle il est né treize ans auparavant. Mais ce n’est pas la halakha acceptée. 10Conformément à la règle de safek deorayta le’houmra : en cas de doute au sujet d’une obligation de la Torah, il faut privilégier la prudence (Michna Beroura 55:42). 11 Responsa de Chevet Halevi vol. 4 n° 26. Il peut également être compté dans le minyane le jour précédent (Piskei Techouvot 55:16) ; certains, cependant, disent qu’il ne doit pas mener les Grâces après le Repas ce jour-là (Chevet Halevi ibid.). 12 Rama sur le Code de Loi juive, Ora’h ‘Haïm 55:10. 13 Chevet Halevi 6:9. 14 Choul’hane Aroukh Harav, Ora’h ‘Haïm 53:13. 15 Ibid. 53:9, 55:6. Mais voir ibid. 53:9 qu’il ne devrait pas être désigné comme ‘hazane permanent jusqu’à ce qu’il ait une barbe ou qu’il ait

atteint l’âge de vingt ans.

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Être compté comme membre d’un minyane.16

Bénir l’assemblée par la bénédiction sacerdotale s’il est kohen.17

Être le lecteur de la Torah lors de la lecture publique de la Torah.18

Recevoir une aliyah (« monter à la Torah »).19

Conduire les Grâces après le Repas (« birkat hamazone ») en prononçant l’invitation

appelée zimoun et compter comme l’une des trois personnes nécessaires pour faire le

zimoun.20

Les responsabilités du Bar-Mitsva

À partir du jour de sa Bar-Mitsva, le jeune homme est assujetti à la pratique de toutes les mitsvot

de la Torah. Notamment : mettre les téfilines21 et jeûner les jours de jeûne public.22

En outre, en tant qu’adulte, le jeune homme devient responsable non seulement de ses propres

actions, mais aussi de celles de tous ses prochains juifs.23 Ce concept est appelé arevout, ou

responsabilité partagée.

La Aliyah – montée à la Torah

Le garçon Bar-Mitsva est honoré d’une aliyah à la première occasion, ce qui témoigne de son

accession à l’âge adulte.24 La coutume ‘Habad veut que cette aliyah n’ait pas lieu le Chabbat

matin.25

Après cette aliyah, le père récite une bénédiction pour remercier D.ieu de l’avoir exempté de

châtiment pour les mauvaises actions de son fils.26 Il n’est désormais plus obligé d’éduquer le

16 Ibid. 55:6.

17 Ibid. 128:49. Un enfant peut participer à la bénédiction s’il est accompagné d’un adulte ; un garçon Bar-Mitsva peut la faire seul. 18 Ibid. 288:5. 19Ibid. 282:7. D’après la lettre de la loi, un enfant peut recevoir certaines aliyot (Ibid. 5), mais dans la plupart des communautés, il est d’usage que les enfants ne soient pas appelés à la Torah. L’exception à cette règle est la aliyah de maftir, qui est encore accordée aux enfants dans certaines communautés. Cela peut être une raison supplémentaire pour la coutume ‘Habad, qui provient du Baal Chem Tov, de donner à un garçon bar-mitsva sa première aliyah à la lecture de la Torah d’un lundi, d’un jeudi ou d’un Chabbat après-midi, mais pas le Chabbat matin (Chevach Yakar p. 104, citant le Sefer Haminhagim ‘Habad). Ces lectures de la Tora sont celles lors desquelles un enfant ne peut pas recevoir de aliyah (Michna Beroura 288:11), alors que le Chabbat matin, un enfant peut recevoir une aliyah selon la loi stricte. Ainsi, nous rendons hommage au Bar-Mitsva avec une aliyah qu’il n’aurait pu recevoir auparavant. (Mais voir Chevach Yakar, Ibid. selon qui la principale raison de cette coutume est que ce sont des moments propices en haut.) 20 Choul’hane Aroukh Harav, ibid. 199:9. 21Ibid. 37:3. Dans de nombreuses communautés, un enfant commence à mettre les Téfilines – pour s’entrainer – plusieurs mois avant sa Bar-Mitsva. Chez ‘Habad, la coutume est de commencer deux mois avant. 22 Ibid. 616. 23 Voir Maguen Avraham 199:7 24 Chaarei Ephraïm 4:25.

25 Voir la raison note 18 26 Code de Loi juive, Ora’h ‘Haïm 225:2 dans le Rama

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garçon à faire les mitsvot, celui-ci étant dorénavant responsable de lui-même.27 Dans la plupart

des communautés (y compris ‘Habad), cette bénédiction est récitée sans mention explicite du

nom de D.ieu, car elle n’est pas mentionnée dans le Talmud.28 le texte de la bénédiction est

Baroukh chépetarani mé’onèch halazeh. (« Béni soit Celui qui m’a libéré ברוך שפטרני מענש הלזה

d’être puni pour ce [garçon] »).

Dans de nombreuses communautés, il est de coutume que le garçon Bar-Mitsva lise

publiquement la Torah. J’ai entendu au nom du Rav Nevenzohl, rabbin de la Vieille Ville de

Jérusalem, que ceci est pour former le jeune homme à la Mitsva de lire la Torah. Certains disent

que cette coutume n’a pas de source et qu’il n’est pas nécessaire de la suivre.29 Le Rabbi de

Loubavitch écrit30 que, dans sa préparation à accepter « le joug des mitsvot », il convient que

le futur Bar-Mitsva passe du temps à étudier les principes fondamentaux du judaïsme, parmi

lesquels les lois qui régissent la vie quotidienne. Apprendre à lire la Torah prend beaucoup de

temps et est bien moins important. Il est donc préférable que le garçon investisse son temps à

l’étude la plus importante plutôt qu’à la préparation de la lecture de la Torah.

La célébration de la Bar-Mitsva

C’est une Mitsva d’organiser une fête le jour de la Bar-Mitsva pour célébrer la nouvelle

obligation du garçon d’accomplir toutes les mitsvot.31 À l’époque talmudique, Rabbi Chimone

bar Yo’haï avait déjà tenu un banquet en l’honneur de son fils, Rabbi Eléazar, le jour de sa Bar-

Mitsva.32 Bien que l’idéal soit de faire la fête le jour (ou la nuit33) même de la Bar-Mitsva, si la

fête est tenue un autre jour mais que le garçon récite une pensée de Torah, elle a néanmoins le

statut de séoudat-Mitsva, « célébration de Mitsva ».34

Lorsque l’on n’est pas en mesure de faire une célébration complète le jour même de la Bar-

Mitsva et qu’on la fera quelques jours plus tard, il convient tout de même de faire une petite

fête le jour de la Bar-Mitsva.35

Il est d’usage que le garçon Bar-Mitsva dise un mot de Torah lors de la célébration.36 J’ai appris

de mon maître, le Rav ‘Haïm Chalom Deutch, doyen du Kolel Tsemah Tsedek à Jérusalem, que

le but de ce discours est d’éduquer le garçon nouvellement Bar-Mitsva à l’importante Mitsva

27 Michna Beroura, ibid. 7.

28 Ibid 29 Halikhot Chlomo, ibid. 34. 30 Chaarei Halakha Ouminhag, vol. 2 p. 311. 31 Michna Beroura 225:6 du Maguen Avraham. 32 Zohar ‘Hadach, Parachat Béréchit. 33 Responsa Maharam Brisk, vol 2 n° 68. 34 Michna Beroura, ibid. 35 Chaarei Halakha Ouminhag, ibid. p. 310. 36 Voir Responsa de ‘Havot Yair, s. 124 (123 dans certaines éditions).

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d’enseigner la Torah à la communauté. Il est courant que le Bar-Mitsva s’adresse à l’assemblée

après la lecture de la Torah à la synagogue.37

La coutume ‘Habad est que le Bar-Mitsva récite un maamar (discours ‘hassidique) ayant pour

thème la Mitsva de mettre les Téfilines. Le Maamar habituellement récité commence par les

mots « Ita beMidrach Tilim » et fut à l’origine récité par le cinquième Rabbi de Habad-

Loubavitch, le Rabbi Rachab, à l’occasion de sa propre Bar-Mitsva.

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Le Rav Aryeh Citron fut étudiant des Yéchivas 'Habad à Los Angeles, à New York, en Israël et

en Australie. Il fut Roch Kollel de The Shul of Bal Harbour, en Floride, et enseigne actuellement

le Talmud, le 'Hassidisme, l'histoire juive et la loi juive contemporaine à Surfside, en Floride.

37 Selon certains, il peut faire ce discours entre les aliyot (responsa Ye’haveh Daat 5:17) ; d’autres s’interrogent sur la validité de cette

pratique (Igrot Moché vol. 6 O.’H. 40:21).

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Mémoires de Rabbi Yossef Yits’hak de Loubavitch

Le savant qui se fit savetier

Abraham-Isaac était né à Vitebsk où son père, dont

le nom était David-Leïb, gagnait sa vie comme

savetier.

Pendant longtemps Abraham-Isaac crut que son

père n’était qu’un simple savetier, mais plus tard

il découvrit qu’il était en fait un Mystique qui,

intentionnellement, menait une vie simple afin de

montrer aux autres, par l’exemple, qu’ils pouvaient

eux aussi vivre de cette façon.

David-Leïb était originaire de Minsk et c’était le fils du dayane1 de Minsk, Rabbi Tzvi-

Aryéh, renommé de tous côtés pour l’étendue de son savoir et sa sagesse.

Par conséquent, on ne pouvait que s’attendre à ce que le fils d’un aussi grand

personnage ne soit pas un homme ordinaire. Et David-Leïb était en réalité un savant

accompli.

David-Leïb vit que son père, le fameux dayane, consacrait une grande partie de son

temps à l’étude de la métaphysique et souhaitait ardemment suivre son exemple.

Cependant, son père le découragea en lui disant qu’il était encore beaucoup trop jeune

pour se livrer à de telles études et qu’il ferait beaucoup mieux d’étudier Chass2 et

Poskim3.

David-Leïb allait dans une Yéchiva et son père observait ses progrès avec satisfaction,

car, pour respecter les désirs paternels, David-Leïb se consacrait surtout à l’étude de la

Guémara4 et avançait de façon fort satisfaisante.

Rabbi Tzvi-Aryéh surveilla les études de son fils jusqu’à son mariage avec la fille du

riche ‘Haïm de Vitebsk. Celui-ci promit à David-Leïb de subvenir à ses besoins pendant

huit ans, afin qu’il puisse poursuivre ses études.

1 Juge du Tribunal Rabbinique 2 L’ensemble du Talmud 3 Les ouvrages des rabbins décisionnaires postérieurs au Talmud ayant tranché la loi. 4 Synonyme de Talmud.

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Se sentant maintenant mûr pour pénétrer dans le vaste champ de la métaphysique,

David-Leïb était impatient de commencer cette étude. Cependant, bien qu’âgé de vingt-

deux ans, il avait encore le sentiment qu’il devait en discuter avec son père qui avait

toujours supervisé ses études. Mais Vitebsk était loin de Minsk et il ne semblait pas

qu’il y eût une chance de ménager cette rencontre dans un proche avenir.

Finalement, David-Leïb décida qu’il ne pouvait plus attendre et se plongea dans l’étude

de la métaphysique avec un grand zèle.

Il trouva cette étude si captivante qu’il réalisa soudain qu’il en négligeait son étude du

Talmud et se le reprocha, décidant qu’il devrait plutôt se tourner vers des études qui

amélioreraient sa personnalité.

Cela le conduisit à l’étude de l’éthique et il se trouva dans un monde nouveau ! Ces

livres sur l’éthique firent sur lui une telle impression qu’il sentit qu’il devait consacrer

chacune de ses minutes à leur étude et abandonner tout le reste !

Il se mit à vivre différemment, plus ardemment, cherchant seulement ce qui, selon lui,

l’élèverait à un niveau supérieur. Mais il ne voulait pas qu’on le remarque, aussi devint-

il très réservé et cacha ses nouvelles idées et son nouveau mode de vie dans toute la

mesure du possible, même à ses beaux-parents !

De leur côté, ils se mirent à lui demander pourquoi il ne manifestait aucun désir de

devenir rabbin, car, pensant que ce serait le résultat de ses années d’étude, ils s’en

étaient fait gloire auprès de leurs amis, disant que leur gendre deviendrait

certainement un grand rabbin.

David-Leïb se contenta de hausser les épaules et répondit qu’il regrettait de les

décevoir, mais qu’il n’avait pas l’intention d’accepter un poste de rabbin.

Ses beaux-parents furent complètement déconcertés.

– Ne pas devenir rabbin ? s’écria sa belle-mère en colère. À quoi d’autre penses-tu donc

être bon ? N’est-ce pas pour cela que tu as étudié toute ta vie ?

– Bon, comme il reste encore trois ans avant d’arriver au terme des huit ans pendant

lesquels vous avez promis d’assurer mon existence, est-ce la peine de discuter de la

question maintenant ? répondit tranquillement David-Leïb.

À partir de ce moment-là, sa belle-mère fit tout pour lui rendre la vie insupportable et,

sentant que la déception de ses beaux-parents était compréhensible, David-Leïb décida

d’avoir un entretien avec eux.

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Quand une occasion propice se présenta, il leur expliqua que, en ce qui le concernait

personnellement, il avait parfaitement choisi le genre de vie qu’il voulait mener. Mais

comme il ne serait pas juste pour sa femme ni pour eux qu’il continue à encourir leur

mécontentement par sa manière de vivre, contraire à leurs propres idées, il était prêt à

rendre la liberté à sa femme en demandant le divorce. Et, comme ils n’avaient pas eu

d’enfants, elle pourrait facilement se remarier et choisir quelqu’un qui la rendrait plus

heureuse.

Quand sa femme apprit sa suggestion, elle en fut bouleversée et opposa qu’elle ne

pouvait songer à un divorce, car elle aimait tendrement son mari et approuvait tout ce

qu’il faisait.

David-Leïb ne se sentait pas à son aise chez ses beaux-parents depuis que, à chaque

occasion, ils le sermonnaient parce qu’il semblait se désintéresser de son avenir. Il en

fut amené à se replier sur lui-même encore plus qu’auparavant.

Six ans après son mariage, sa femme donna naissance à une fille, et l’année suivante à

un fils qu’ils nommèrent Abraham-Isaac. Les beaux-parents de David-Leïb perdirent

alors toute patience envers leur gendre.

– Écoute David Leïb, lui dirent-ils, tu es maintenant père de deux enfants. Tu vas

sûrement accepter un poste de rabbin pour faire vivre ta famille ! Nous avons rempli

notre rôle comme convenu et t’avons entretenu pendant huit ans.

– Je suis navré de vous décevoir, leur répondit-il, mais je suis toujours décidé à ne pas

devenir rabbin. Et, à leur grande surprise, il continua : Vous n’avez pas à vous

inquiéter, cependant, car j’ai appris le métier de savetier. J’ai déjà loué, dans les

faubourgs de la ville, une maison adéquate qui comporte un atelier, je vais y emmener

ma famille et ne vous dérangerai plus.

Sa belle-mère eut du mal à retrouver la parole et lui hurla :

– Ainsi, tu veux faire de nous la risée de tous, n’est-ce pas ? Si nous avions voulu d’un

savetier comme gendre, nous n’aurions pas fait les frais de ton entretien pendant huit

ans ! Nous aurions pu commencer par marier notre fille à un savetier et nous nous

serions épargné des crève-cœur et de l’argent !

– Il faut que tu divorces d’avec notre fille afin que notre honte soit effacée, rugit le beau-

père.

– Et n’ai-je rien à dire dans l’affaire ? interrompit leur fille. En ce qui me concerne, quoi

que fasse David-Leïb, je suis à ses côtés !

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Voyant qu’ils ne pouvaient arriver à rien avec leur gendre ni avec leur propre fille, ils

décidèrent que l’affaire était assez grave pour mander leur « mé’houtane », le dayane

de Minsk, Rabbi Tzvi-Aryéh, et de voir s’il pouvait user de son influence pour persuader

son fils d’abandonner sa « folle » décision de se faire savetier et d’adopter à la place la

profession plus honorable de rabbin.

Ils tremblaient à la pensée que Rabbi Tzvi-Aryéh pourrait lui-même être incapable de

persuader son fils d’abandonner son métier de savetier. Comment feraient-ils pour

regarder leurs amis en face à l’avenir !

NOTES Juge au tribunal rabbinique.L’ensemble du Talmud.Les ouvrages des rabbins

décisionnaires postérieurs au Talmud ayant tranché la loi.Synonyme de Talmud.

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