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MAHAMAN SALISSOU MAMAN
ÉTUDE DES PRATIQUES D’ALIMENTATION DES ENFANTS AGÉS ENTRE
0-6 MOIS ISSUS DE MILIEUX DÉFAVORISÉS DANS LA COMMUNE
URBAINE DE TESSAOUA RÉGION DE MARADI AU NIGER
Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en nutrition
pour l’obtention du grade de Maître ès sciences (M.Sc.)
DÉPARTEMENT DES SCIENCES DES ALIMENTS ET DE NUTRITION
FACULTÉ DES SCIENCES DE L’AGRICULTURE ET DE L’ALIMENTATION
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2012
© Mahaman Salissou MAMAN, 2012
i
RÉSUMÉ
Le taux d’allaitement maternel exclusif à six mois au Niger était de 9,9 % en 2009.
L’OMS et l’UNICEF recommandent que tous les enfants soient nourris exclusivement au
sein pendant les six premiers mois de vie. Le présent document est le résultat d’une
enquête sur l’identification des facteurs qui caractérisent les mères qui ont allaité
exclusivement jusqu’à six mois. Les mères ont été réparties en deux groupes : celles qui
ont allaité exclusivement jusqu’à six mois et celles qui ont allaité, mais avaient introduit
d’autres aliments avant cet âge. Des entrevues individuelles ont été réalisées au Centre de
Santé Intégré de Tessaoua de février à avril 2011. L’étude a porté sur un échantillon de
296 mères. De l’analyse, il ressort qu’au Niger les facteurs de réussite de l’allaitement
maternel exclusif les plus importants sont : le niveau d’instruction, les difficultés pendant
la 1ère semaine d’allaitement, l’opinion favorable des amis et de la famille, l’occupation
de la mère (travail), l’accouchement au centre de santé, l’initiation dans les minutes
suivant l’accouchement et le suivi de grossesse par un professionnel de la santé. Cette
étude n’a porté que sur la seule commune urbaine de Tessaoua et sur 14 variables
principalement de type nominal ou ordinal. Nous pensons néanmoins que, nos résultats
peuvent permettre la mise en œuvre de mesures adéquates pour augmenter le taux
d’allaitement maternel exclusif afin d’améliorer la situation nutritionnelle des enfants
Nigériens.
ii
AVANT-PROPOS
Tout d’abord, je tiens à adresser ma reconnaissance et mes sincères
remerciements au Programme Canadien des Bourses de la Francophonie (PCBF) pour
l’honneur et le privilège que vous nous avez faits en acceptant de nous accompagner dans
la réalisation de ce projet de maîtrise.
Je ne saurai trouver de mots assez forts pour exprimer toute ma gratitude à ma
directrice, madame Thérèse Desrosiers et ma co-directrice, madame Denise Ouellet.
C’est grâce à vous que j’en suis là. Vous avez fait de mon encadrement une priorité. Vous
m’avez soutenu dans tout ce que vous avez jugé bénéfique pour moi. Vos immenses
connaissances théoriques et votre compétence technique sont exceptionnelles et suscitent
en l’étudiant sincère, un désir ardent d’identification. Vous m’avez encouragé dans le
choix de ce sujet et conduit à sa réalisation avec beaucoup d’attention. Malgré vos
multiples occupations, vous avez fait preuve, à la maison comme au service, d’une
disponibilité et d’une patience constante et sans réserve. Ce fut un honneur et un
immense plaisir d’avoir travaillé avec vous. En travaillant avec vous, j’ai apprécié vos
qualités humaines, faites de simplicité et d’humilité. Votre sagesse, votre modestie, votre
probité et surtout vos connaissances scientifiques et techniques remarquables font de
vous un modèle dans le domaine de la nutrition et d’inspiration pour nous les futurs
nutritionnistes-chercheurs. Je ne pourrais jamais vous exprimer en si peu de mots, mes
sentiments de profonde reconnaissance et d’indéfectible attachement.
Je remercie également Monsieur Elhadj Laouan Sidi pour m’avoir apporté une
aide précieuse dans l’analyse de données. Monsieur Sidi, votre souci de venir toujo urs en
aide aux étudiants fait de vous un homme apprécié de tous. Je te remercie très
sincèrement.
Je tiens à remercier aussi le directeur de la nutrition par intérim monsieur
Mamane Batouré, le gestionnaire de la direction départementale de la santé de Tessaoua
(DDSP/T) monsieur Hamani Seyni, ainsi que les deux enquêtrices et l’ensemble du
personnel de CSI de Tessaoua pour leur franche collaboration et leur disponibilité
constante à mon égard.
iii
Je ne terminerai pas sans remercier très sincèrement les mères de la commune
urbaine de Tessaoua et tous ceux qui d’une manière ou d’une autre ont contribué à la
réalisation de ce travail.
iv
TABLE DES MATIÈRES
RÉSUMÉ……………………………………………………………………..…..…….i
AVANT-PROPOS………………………………………………….……………...….ii
TABLE DES MATIÈRES……………………………………...……………..…...…iv
LISTE DES TABLEAUX…………………………………………..………..….…....ix
LISTE DES FIGURES……………………………………………….………..….…..x
LISTE DES SYMBOLES ET ABRÉVIATIONS…………………………...…..…..xi
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION………………………………………,…..…..…..1
Présentation du cadre de l’étude……………………………………………..…......…...5
Présentation du département de Tessaoua…………………………………...…,.…..….9
Présentation du district sanitaire de Tessaoua……………………………....…,….........9
Présentation du centre de santé intégré de Tessaoua…………………………,..…..….10
CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTÉRATURE…………………..…...….........…11
Vertus du lait maternel………………………………………...…………….……..…11
Aliment évolutif……………………………………………….…..….…….….12
Qualité nutritionnelle ………………………………………………………….12
Activité biologique…………………………………………………………….17
Commodité ……………………………………………………………………17
Bienfaits du lait maternel……………….…………………………...……………......17
Pour l’enfant……………………………………………………………….....17
Prévention des infections ………………………………………………...17
Développement psychoaffectif et lien avec l’enfant…………………..…19
Croissance …………………………………………………………...…...20
Prévention de l’obésité……………………………………………....……21
Prévention des allergies……………………………………….……....….22
v
Prévention du risque cardiovasculaire …………..………………..….…..23
Prévention du syndrome de mort subite du nourrisson………….…...…..24
Pour la mère……………………………………………………………....….25
Reprise plus tardive de l’ovulation et diminution du saignement post-
natal………………………………………………………………….…...25
Retour au poids pré-gravide et diminution du risque cardiovasculaire.….25
Diminution du risque de cancer du sein et des ovaires …………….….....26
Pour la famille…………………………………………………………...…..27
Diminution des coûts directs ……………………………………………27
Diminution des coûts indirects…………………………………….…….28
Soins de santé et hospitalisations………………………….…....….28
Diminution de l’absentéisme……………………………………….29
Pour la société………………………………………………………………..29
Diminution des coûts ……………………………………………….…....29
Meilleure productivité………………………………………………,…...29
Environnement ………………………………..…………………….…...30
Précaution lors de l’allaitement maternel………………………..…..............…..…30
Infection par le VIH……………………………………………………...…....30
Médicaments et contaminants…………………………………………...….…32
Dispositifs internationaux en faveur de l’allaitement maternel…………………...33
Recommandations internationales relatives au mode d’alimentation des enfants de
0 à 6 mois…………………………………………………………………..….………40
Les pratiques d’allaitement dans le monde………………………………..…....41
Pays à haut niveau socio-économique………………………………….....…..41
Australie occidentale……………………………………………………..41
France………………………………………………………………….…43
Japon………………………………………………………………….….44
Pays en émergence……………………………………………………...……..45
Inde………………………………………………………………….....…45
vi
Pays d’Afrique…………………………………………………….………..…46
Nigeria………………………………………………………..………..…46
Malawi………………………………………………………..…………..47
Ghana………………………………………………………..….………...49
Niger………………………………..………………………………….....50
Facteurs facilitant l’allaitement maternel exclusif……………………………..…..55
Niveau d’instruction de la mère……………………………………….……...55
Accouchement dans une formation sanitaire…………...…………….….…...57
Soutien de personnes favorables à l’allaitement maternel exclusif…………........57
Obstacles à l’allaitement maternel exclusif…………………………..……..……....59
Jeune âge de la mère………………………………………………………..…59
Perception de production insuffisante de lait…………………………………60
Refus de téter/maladie de l’enfant/faible poids de l’enfant à la naissance.…...62
Douleur au mamelon……………………………………………………….....62
Maladie de la mère ou de l’enfant…………………………………….…...….64
Difficultés liées à l’expression du lait ….……….……………………..….......66
Influence défavorable ou manque de soutien du mari, de la famille, des amies et
autres personnes influentes………………………………………………....…67
Manque de connaissances en allaitement maternel…………………….…..….67
Manque de temps pour allaiter/reprise du travail/retour à l’école………..…....69
Tabagisme………………………………………………………………….….70
Absence de soutien des réseaux……………………………………….….........71
Autres obstacles : fausses croyances, facteurs culturels…………….…........…71
CHAPITRE 3 : HYPOTHÈSE ET OBJECTIFS…………………………..……...74
Hypothèse………………………………………………………………….…..74
Objectifs spécifiques de recherche………………………………..…….……..74
vii
CHAPITRE 4 : MÉTHODOLOGIE………………………………..………...…75
Questionnaire…………………………………………………………………..…..75
Pré-test………………………………………………………………….……..…...76
Approbation………………………………………………………………..………76
Rencontre des autorités et recrutement des enquêtrices…………………..…….....77
Échantillonnage ………………………………………………..…..…………........77
Déroulement de la collecte des données …..…………………………………...….78
Saisie et vérification de l’exactitude de l’entrée des données………………....…..80
Analyse………………………………………………………………………….....81
CHAPITRE 5 : RÉSULTATS……………………………………………………82
Analyses statistiques………………………………………………………….....83
Sélection des variables pour la régression………………………………………87
CHAPITRE 6 : DISCUSSION…………………………..……………………..….89
Échantillon……………………………………………………………….…..….......89
Comparaison de nos résultats avec certaines études menées en Afrique et dans le
monde…………………………………………………………………….……...….91
Le niveau d’instruction……………………………………………………….…….96
La parité……………………………………………………………………….……98
Le lieu d’accouchement et lieu de résidence………………………………….……99
L’occupation de la mère……………………………………………………………102
Le suivi de grossesse……………………………………………………………….103
L’opinion du mari, des amies et de la famille………………………………….......106
Initiation à l’allaitement …………………………………..……………….……....108
viii
Les difficultés rencontrées pendant la première semaine d’allaitement………….....109
Don du colostrum………………………………………..…………………..............111
CHAPITRE 7 : CONCLUSION……………………………………..…………..…113
Limites de l’étude………………………………………………………………….....115
Quelques recommandations………………………………………….…………….....116
BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………….119
ANNEXE A : Attestation d’autorisation de recherche ……….....................................135
ANNEXE B : Approbation de l’éthique de l’Université Laval ……………….….…136
ANNEXE C : Présentation orale ……….............................................................,,........137
ANNEXE D : Formulaire de consentement…………………………………..…...…140
ANNEXE E : Formulaire d’engagement à la confidentialité (Enquêtrices)……....…146
ANNEXE F : Formulaire d’engagement à la confidentialité (Interprète) …................148
ANNEXE G : Guide d’entrevue des mères d’enfants âgés de 6 à 24 mois……....…..150
ix
LISTE DES TABLEAUX
TABLEAU 1 : Teneurs nutritionnelles comparatives du lait de vache, des préparations
commerciales de lait artificiel pour nourrissons et du lait humain mature
………………………………………………………………………..…13
TABLEAU 2 : Situation de l’AME jusqu’à 6 mois en Afrique de l’Ouest ..………53
TABLEAU 3 : Répartition des mères selon le type d’allaitement et le sexe de
l’enfant………………………………………………………………………………...82
TABLEAU 4 : Comparaison entre les groupes AME et AMNE…………………….86
TABLEAU 5 : Régression logistique binaire…………………………………..…….88
TABLEAU 6 : Comparaison entre nos résultats et ceux de certains pays d’Afrique..93
TABLEAU 7 : Comparaison entre nos résultats et ceux de certains pays en
émergence………………………………………………………………………….….94
TABLEAU 8 : Comparaison entre nos résultats et ceux de certains pays riches….…95
x
LISTE DES FIGURES
Figure 1. Situation géographique du Niger en Afrique……………………………..….5
Figure 2. Distribution de l’âge des mères en fonction du pourcentage d’allaitement
maternel exclusif (AME) ou non exclusif (AMNE)……………………………...…….84
xi
LISTE DES SYMBOLES ET ABRÉVIATIONS
ASC : Agents de santé communautaire
OMD : Objectifs du Millénaire pour le développement
MSP : Ministère de la santé publique
DRSP/M : Direction régionale de la santé publique de Maradi
DDSP/T : Direction départementale de la santé publique de Tessaoua
DN : Direction de la nutrition
DS : District sanitaire
CSI : Centre de santé intégré
AME : Allaitement maternel exclusif
AMNE : Allaitement maternel non exclusif
NA : Non allaité
IHAB : Initiative des Hôpitaux Amis des Bébés
OMS : Organisation mondiale de la santé
UNICEF : Fonds des Nations-Unies pour l’enfance
BM : Banque mondiale
ONG : Organisation non gouvernementale
PAM : Programme alimentaire mondial
HKI : Helen Keller International
CRF : Croix rouge française
PCNP : Programme Canadien de la nutrition et de la périnatalité
PCBF : Programme Canadien des Bourses de la Francophonie
1
CHAPITRE 1
INTRODUCTION
L’allaitement maternel est le phénomène bioculturel par excellence. Chez les
humains, l’allaitement n’est pas seulement un processus biologique, mais aussi un
comportement déterminé par la culture. De tout temps ou presque, tous les nouveau-nés
humains tirent l’essentiel de leur alimentation du lait maternel, et l’histoire de
l’allaitement chez les humains en tant que mammifères remonte à un passé encore plus
lointain. Ainsi ont évolué les humains, à la fois entités biologiques et créatures sociales
[1].
De l’avis des experts : « Le meilleur lait pour le nourrisson est celui de sa mère : il
allie trois qualités : le prix de revient le plus bas, la qualité la plus élevée et la
présentation la plus attirante » [2]. Les bienfaits de l’allaitement sont souvent reliés au
fait qu’il constitue le seul mode d’alimentation du nourrisson ainsi qu’à sa durée [2].
Ces bénéfices sont liés, d’une part, à l’allaitement au sein et, d’autre part aux
propriétés très particulières du lait maternel. Dans le slogan anglo-saxon, « Breast is
best » beaucoup de promoteurs de l’allaitement maternel limitent leur soutien à
l’allaitement à cette seule proclamation [2]. Les avantages de l’allaitement maternel
exclusif (AME), non seulement pour la santé de la mère et de l’enfant, mais aussi pour le
revenu familial et l’économie d’une nation, sont multiples et ne sont plus à démontrer.
2
En 1990, l’UNICEF, l’OMS et toutes les institutions œuvrant pour une meilleure
nutrition de l’enfant adoptaient la déclaration solennelle qui stipulait que « des pratiques
nutritionnelles inadaptées, comme l’absence ou l’inadéquation de l’allaitement maternel,
demeurent la plus grande menace contre la survie et la santé de l’enfant dans le monde.
Améliorer l’allaitement au sein peut sauver plus de 3500 vies d’enfant par jour, plus
qu’aucune autre intervention de médecine préventive » [3].
Chez les musulmans, l’islam encourage l’allaitement maternel, et ce, dans trois
versets coraniques, notamment le verset 233 chapitre 2 la Vache : les mères qui veulent
donner un allaitement complet, allaiteront leurs bébés deux ans complets… ; le verset 14
chapitre 31 Luqman : Nous (Dieu) avons commandé à l’homme la bienfaisance envers
ses père et mère ; sa mère l’a porté subissant pour lui peine sur peine ; son sevrage a lieu
à deux ans. Sois reconnaissant envers Moi (Dieu) ainsi qu’envers tes parents. Vers Moi
(Dieu) est la destination et le verset 15 chapitre 46 Al Ahquaf : Nous (Dieu) avons enjoint
à l’homme de la bonté envers ses père et mère : sa mère l’a péniblement porté et en a
péniblement accouché ; et sa gestation et sevrage durent trente mois… [4].
Les institutions internationales recommandent que l’alimentation du nourrisson soit
basée sur un AME jusqu’à l’âge de six mois avec poursuite de l’allaitement maternel
jusqu’à l’âge de deux ans ou plus en introduisant progressivement des aliments de
complément appropriés à partir de l’âge de six mois [3].
L’allaitement exclusif au sein veut dire que l’enfant est nourri avec du lait maternel (y
compris s’il est tiré du sein de sa mère ou de celui d’une nourrice), et qu’on peut
également lui administrer des solutions de réhydratation orale, des gouttes, des s irops
(vitamines, sels minéraux et autres médicaments), mais rien d’autre [5].
3
Cependant, il est constaté que certaines mères, même si elles sont animées de
bonne volonté d'allaiter exclusivement leurs enfants pendant les six premiers mois de vie,
n'y parviennent pas, et finissent par introduire précocement d’autres aliments ou même
par abandonner très tôt l’allaitement au sein à cause des difficultés qu’elles rencontrent.
Au Niger, la pratique de l’allaitement maternel est très courante. Cependant,
l’AME tel que défini par l’OMS et recommandé pendant les six premiers mois de vie
n’est pas une pratique courante. Il est intéressant de signaler qu’au Niger, depuis 1992,
des stratégies intégrées ont permis d’améliorer le taux d’initiation et la continuation de
l’allaitement maternel, mais pour l’AME, on a observé peu de progrès malgré les efforts
consentis. Dans une enquête nationale nutrition et survie de l’enfant réalisée en 2008, le
taux d’AME au Niger demeure encore bas ; 4,4 % seulement des nourrissons de 0-6 mois
étaient nourris exclusivement au sein [6] et 9,9 % en 2009 contre 38,5 % au Togo [7],
13% au Nigéria [8], 38 % au Mali [9] et 43 % au Bénin [10].
A notre connaissance, la littérature sur l’identification des obstacles liés à l’AME
des enfants de 0-6 mois au Niger est quasi inexistante. Des études ailleurs dans le monde
ont rapporté que le niveau d’instruction de la mère, l’expérience de l’allaitement, la
fréquentation des services de santé, les milieux de résidence, le lieu d’accouchement, le
support social, la maîtrise de la technique d’expression du lait, les conseils prénataux,
sont des facteurs qui facilitent l’allaitement et évitent l’introduction précoce d’aliments
de complément qui sont souvent pauvres ou inadéquats du point de vue nutritionnel [11-
15]. Dans certaines études réalisées en Afrique, le faible niveau de scolarité de la mère, la
faible utilisation des services de santé, la pression exercée par les anciens du village, la
perception d’une production de lait insuffisante, une mauvaise technique d’allaitement,
l’absence de connaissances sur l’AME, la non-maîtrise de la technique d’expression du
lait et certaines croyances culturelles constituent les principales raisons d’introduction
trop hâtive des aliments [16-20].
4
Nous nous sommes donc proposés de mener une étude sur les pratiques
d’allaitement des enfants âgés entre 0-6 mois issus de milieux défavorisés dans la
commune urbaine de Tessaoua, afin d’identifier les facteurs qui facilitent la pratique de
l’AME, gage d’une bonne nutrition et d’un meilleur état de santé. Dans un premier
temps, nous décrirons le cadre de l’étude. Ensuite, nous passerons en revue les vertus et
les bienfaits du lait maternel. Nous rappellerons les dispositifs internationaux en faveur
de l’allaitement maternel et énumérerons les recommandations internationales relatives
au mode d’alimentation des enfants de 0 à 6 mois. Nous nous intéresserons ensuite aux
pratiques d’allaitement dans le monde avec un regard particulier sur le Niger. Nous
examinerons dans la littérature, les facteurs pouvant favoriser la pratique de l’AME dans
certains pays et, à l’inverse, ceux qui semblent plutôt constituer des obstacles. Après
quoi, nous définirons les hypothèses et les objectifs de la recherche. Suivront la
méthodologie, puis la présentation des résultats et la discussion. Finalement, nous
conclurons et prendrons soin d’identifier les limites de l’étude et d’émettre quelques
recommandations pour des recherches futures.
5
Figure 1 : Situation géographique du Niger en Afrique
PRÉSENTATION DU CADRE DE L’ÉTUDE : Carte du Niger
(Source : EDS-MICS, 2006)[21].
6
1.1. PRÉSENTATION DU CADRE DE L’ÉTUDE
La population du Niger était estimée à 14.294.798 habitants en 2008. La
croissance démographique demeure encore l’une des plus élevées au monde (le taux
d’accroissement est de 3,3 %) [22]. Le Niger est classé parmi les pays les moins avancés
[21]. La pauvreté est répandue et se traduit par des difficultés d’accès à l’alimentation, à
l’eau potable, à l’hygiène et aux services de santé. Selon le rapport du Programme des
Nations Unies pour le Développement sur le développement humain en 2011 (il y était
classé 186e sur 187 pays) [23]. Pays continental situé au cœur de l'Afrique de l'Ouest, à
mi-chemin entre la Méditerranée et le golfe de Guinée, le Niger a une superficie totale de
1.267.000 km2 et est composé de huit régions administratives et de 42 départements [22].
Près de 80 % du pays est occupé par le désert, et les sécheresses constituent un problème
récurrent dans ce pays où la majorité de la population vit d’une agriculture de
subsistance. Le Niger fait partie des pays sahéliens, avec un climat tropical de type
soudanien, sec, marqué par une pluviométrie dont la moyenne annuelle varie entre 200 à
300 mm au Nord et 300 à 650 mm au sud [21]. Cette pluviométrie est faible et mal
répartie sur l'ensemble du territoire, ce qui influence énormément les disponibilités
alimentaires.
1.1.1 Situation nutritionnelle
En 2009 et 2010, deux enquêtes nutritionnelles à caractère national sur la
morbidité et la mortalité ont été réalisées [24, 25]. Les objectifs visés étaient de produire
des données sur la nutrition des enfants de 6 à 59 mois, afin d’apprécier l’évolution de la
situation nutritionnelle au cours du temps et de réorienter les programmes selon les
circonstances. La malnutrition a été évaluée selon les normes de croissances de l’OMS de
l’enfant, soit l’indice poids-taille (P/T) pour la malnutrition aiguë globale (modérée et
sévère) et l’indice taille-âge (T/A) pour la malnutrition chronique. L’OMS et l’UNICEF
recommandent l’utilisation du seuil de -3 écarts types (ET) des normes OMS pour
identifier les enfants ayant une malnutrition aiguë sévère et -2 pour la malnutrition
7
modérée [26]. Ainsi, en 2009, au Niger le taux de malnutrition aiguë globale était de
12,3 %, dont 0,8 % pour la malnutrition aiguë sévère et 11,5 % pour la malnutrition aigüe
modérée. La prévalence de la malnutrition chronique était de 46,3 %. En 2010, la
situation semble s’être aggravée puisque le taux de malnutrition aigüe globale était de
16,7 %, dont 3,2 % pour la malnutrition aigüe sévère et 13,5 pour la malnutrition aigüe
modérée. Le taux de la malnutrition chronique était de 48,1 %. Cette hausse de
prévalence de la malnutrition serait liée à la mauvaise campagne agricole due à une faible
pluviométrie enregistrée en 2009 [24, 25]. Ce niveau de prévalence place le Niger en
situation nutritionnelle d’urgence en 2010 car, dépassant largement les seuils d’urgence
fixés par l’OMS. En effet, l’OMS fixe les seuils d’alerte à 10 % pour la malnutrition
aiguë globale (modérée et sévère) et à 15 % les seuils d’urgence. Pour la malnutrition
chronique les seuils d’alerte sont fixés à 24 % [27].
La malnutrition saisonnière a toujours existé au Niger et affecte les groupes de
population les plus vulnérables que sont les enfants, les femmes enceintes, les vieillards
et les handicapés. Actuellement elle s’étend de plus en plus à toutes les tranches d’âges,
même aux adultes jeunes jusque- là relativement épargnés. Les raisons de cette
malnutrition sont multiples. Elles sont liées aux conditions économiques,
démographiques, sociologiques, culturelles, politiques, etc. Par ailleurs, on estime que
même en années de bonnes récoltes, les capacités agricoles du pays ne garantissent pas la
sécurité alimentaire de ses habitants [28].
1.1.2 Situation sanitaire
Au plan sanitaire, la situation se traduit par un fort taux de mortalité infantile
(81 ‰ entre 2002-2006) et infanto-juvénile (198 ‰ pour les mêmes années). Le taux de
mortalité maternelle est de 648 pour 100 000. Au Niger, un enfant sur cinq meurt avant
son cinquième anniversaire. L’espérance de vie à la naissance est de 55 ans (2000-2005).
8
La population de moins 15 ans représente 48 % (2005) et celle de 65 ans et plus est de
2,56 % [22]. A cela s’ajoutent des fréquents épisodes d’épidémies et de maladies
infectieuses et parasitaires. La mise en décharge non régulée des déchets favorise la
prolifération des vecteurs de maladies. Le système de santé au Niger connaît une certaine
insuffisance de structures et de personnel. En 2004 par exemple, le Niger ne comptait que
377 médecins, soit un ratio de 0,03 pour 10 000 habitants. Dans les zones rurales pauvres,
ce ratio est pire encore. Plus d’un tiers du personnel de santé exerce à Niamey, capitale
du pays [22].
Face à cette situation de récurrence des problèmes alimentaires et nutritionnels, et
convaincus que la réduction de la mortalité infantile et la réalisation de tous les Objectifs
du Millénaire pour le Développement (OMD) concernant la santé sont largement
tributaires des progrès en matière de nutrition, le Ministère de la Santé publiq ue (MSP)
fait, de l’amélioration de la nutrition, une de ses principales priorités. A cet égard, le
MSP, avec l’appui des partenaires au développement, met en œuvre la politique nationale
en matière de nutrition. Cette politique a pour but de satisfaire les besoins prioritaires
exprimés par toutes les régions du pays en mettant particulièrement l’accent sur les
interventions visant à garantir à la population nigérienne une alimentation suffisante,
variée et de qualité et ainsi permettre au pays d’avoir des citoyens sains et productifs
[29]. L’objectif est de mettre en œuvre les stratégies retenues par la conférence
internationale sur la nutrition à savoir :
- la lutte contre la malnutrition et les carences nutritionnelles ;
- la surveillance de la situation alimentaire et nutritionnelle ;
- la promotion de l’allaitement maternel exclusif ;
- la promotion de l’alimentation de complément ;
- la prise en charge des personnes défavorisées ;
- la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant ;
- la lutte contre les maladies infectieuses et parasitaires ;
- la promotion de la femme dans le processus de développement.
9
1.2. PRÉSENTATION DU DÉPARTEMENT DE TESSAOUA
Le département de Tessaoua a été créé en 1964. Il couvre une superficie de
5471 km2. Il constitue la partie orientale de la région de Maradi avec comme limites à
l’est, les départements de Mirriah et Matamèye ; au nord le département de Tanout ; à
l’ouest les départements de Mayahi et Aguié ; au sud la République fédérale du Nigéria.
Le chef- lieu de département, Tessaoua, est une commune urbaine. Les principaux
groupes ethnolinguistiques sont les haoussas (plus de 90 %), les peuls (8 %) et les
touaregs (moins de 2 %). L’islam prédomine sur les autres religions, car plus de 98 % de
la population se déclare musulmane. On rencontre aussi quelques chrétiens en très faible
proportion parmi les étrangers et des animistes pratiquant l’ancienne religion
traditionnelle ‘’arna’’ et les cultes de possession ‘’bori’’. Le Département de Tessaoua
dispose d’une population estimée à 445 584 habitants avec une densité moyenne de 81,41
habitants au km2, un taux d’accroissement de 3,7 % et un nombre moyen d’enfants par
ménage de 7,56. A l’image de la population du pays, l’une des caractéristiq ues
essentielles du Département reste la jeunesse : 89 % de la population totale est dans la
tranche d’âge 0-44 ans. Au plan administratif, le département compte sept communes,
dont une urbaine (Tessaoua) et six rurales. Le département est dirigé par un Préfet,
secondé par un Secrétaire général. À la tête de chaque commune se trouve un Maire élu
par le conseil communal. En ce qui concerne la chefferie traditionnelle, les chefs de
canton, de groupements et de villages assurent le rôle d’auxiliaires de l’administration.
L’agriculture constitue la principale activité dans le département. Les principales cultures
sont : le mil, le sorgho, l’arachide, le niébé et le sésame [30].
1.3. PRÉSENTATION DU DISTRICT SANITAIRE DE TESSAOUA
Le District sanitaire de Tessaoua est l’un des sept districts que compte la région de
Maradi dont le but est l’amélioration de l’état de santé des populations avec le concours
des autres services du Département. Le District a comme mission de mener des activités
10
curatives, préventives, promotionnelles et éducatives. Il a aussi pour rôle d’organiser et
d’encadrer la participation communautaire [31].
1.4. PRÉSENTATION DU CENTRE DE SANTÉ INTÉGRÉ DE TESSAOUA
Le CSI est implanté dans la ville de Tessaoua à la partie nord-ouest. Il couvre une
population de 76 829 habitants avec 32 villages administratifs et 5 groupements peuls.
Sur le plan du personnel, le CSI compte 26 agents répartis comme suit :
Deux (2) infirmiers diplômés d’État
Quatre (4) infirmiers certifiés
Une (1) sage-femme diplômée d’État
Deux (2) assistants sociaux
Un (1) technicien d’hygiène et assainissement
Un (1) manœuvre
Six (6) matrones
Huit (8) agents de santé communautaire
Un (1) gardien
Concernant la logistique, le CSI dispose de :
Deux (2) motos
Un véhicule 4x4 pour les évacuations sanitaires et les consultations
foraines [30].
11
CHAPITRE 2
REVUE DE LA LITTÉRATURE
2.1 VERTUS DU LAIT MATERNEL
Le lait humain est un modèle inimitable. L’allaitement maternel est reconnu sur la
scène internationale comme la meilleure façon de nourrir un nourrisson étant donné ses
effets bénéfiques sur la croissance, le système immunitaire et le développement cognitif
des nourrissons. On note en outre, chez les mères qui allaitent, des effets bénéfiques tels
que la diminution du saignement post-natal, le retour plus rapide au poids pré-gravide,
l’espacement des naissances, la prévention de certains cancers et, bien sûr, de meilleures
interactions mère-enfant [2, 33]. De plus, la diminution de la morbidité associée à
l'allaitement maternel a des répercussions importantes sur les coûts des services de santé
[34]. Les taux d’allaitement ont un impact puissant sur la famille et sur l’ensemble de la
société en affectant la santé des mères et des bébés, l’économie et l’environnement. En
plus, le lait humain n’utilise pas de ressources naturelles et ne génère aucun déchet
industriel [35]. Ce sont tous ces aspects que nous verrons plus en détail dans le présent
chapitre.
12
2.1.1 Aliment évolutif
La composition du lait maternel s’adapte aux besoins du nourrisson en
développement [2, 33]. En effet, au cours des trois à quatre premiers jours de
l’allaitement, le tout premier lait, appelé colostrum, a une composition qui diffère de celle
du lait mature. Il a une densité énergétique moindre (450-480 kCal/L vs 650-700 kCal/L)
et une teneur moins élevée en lipides et en lactose. Par contre, il est plus riche en cellules
immunocompétentes, en oligosaccharides et en protéines : immunoglobulines, facteurs de
croissance, cytokines. La composition du lait mature est atteinte environ cinq jours après
le début de l’allaitement. La composition du lait s’enrichit même au cours de la tétée
(plus riche en graisses et en micelles de caséine au début de la tétée) [36].
2.1.2 Qualité nutritionnelle
Le Tableau 1 présente les teneurs nutritionnelles comparatives du lait de vache, des
préparations commerciales de lait artificiel pour nourrissons et du lait humain mature
(après 4-5 jours de lactation) [36].
13
Tableau 1. Teneurs nutritionnelles comparatives du lait de vache, des préparations
commerciales de lait artificiel pour nourrissons et du lait humain
mature.
Pour 100 mL
Lait de vache Préparations
commerciales
Lait humain mature
(4-5è jour lactation)
Calories (kCal)
Protéines (g)
Caséine (%)
Lipides (g)
Acide linoléique (mg)
Ac α-linolénique (mg)
Glucides (g)
Lactose (%)
Sels minéraux (mg)
Sodium (mg)
Calcium (mg)
Calcium/Phosphore
Fer (mg)
65
3,7
80
3,5
90
Tr
4,5
100
900
48
125
1,25
0,03
66-73
1,5 -1,9
60-801 44-502
2,6 -3,8
350-740
30-100
6,7 -9,5
47-100
250-500
16-28
43-93
1,2 -1,9
0,7 -1,0
67
1
40
3,5
350
37
7,5
85
210
16
33
2
0,05
1 Préparation à protéines non modifiées
2 Préparation à protéines adaptées
14
2.1.2.1 Énergie
La densité calorique du lait humain est suffisante, même chez une mère en
situation de malnutrition. La quantité de lait produite par la mère couvre généralement les
besoins de l’enfant, même si la mère a donné naissance à des jumeaux et même dans les
populations dont les apports énergétiques sont limités, puisque la mère peut mobiliser les
graisses accumulées durant sa grossesse. La capacité de stockage du sein est fonction de
la demande du nourrisson. Cette quantité diminue dès que les premiers aliments sont
donnés en sus du lait maternel [36].
2.1.2.2 Protéines
La quantité très faible de protéines du lait maternel comparativement à la quantité
de protéines du lait de vache est parfaitement adaptée à l’immaturité rénale du nourrisson.
Ces protéines sont d’excellente qualité : caséines (40 %) et protéines solubles (60 %) dont
l’α- lactalbumine, l’albumine, la lactoferrine, le lysosyme, les immunoglobulines. A la
différence du lait d’animaux, le lait de femme ne contient pas de β- lactoglobuline qui est
à l’origine des allergies aux protéines de lait de vache. La présence de caséine en quantité
inférieure aux protéines solubles permet la bonne digestibilité du lait maternel et la
rapidité de son transit gastro- intestinal. C’est la raison pour laquelle les enfants allaités
réclament à téter plusieurs fois par jour [36, 37].
2.1.2.3 Acides gras essentiels
Les acides gras essentiels (acide linoléique et acide α- linolénique) et les acides
gras polyinsaturés (acide docosahexaénoïque et acide arachidonique) contribuent à la
15
synthèse des membranes cellulaires, en particulier dans le système nerveux central. La
composition des phospholipides du cortex cérébral des enfants allaités au sein est
différente de celle des enfants nourris avec des préparations commerciales [2, 36, 37]. Le
contenu en acide docosahexaénoïque (DHA) du lait maternel varie selon le régime
alimentaire de la mère. De faibles concentrations de DHA résultent en un moins bon
développement visuel et psychomoteur. Le fait de diminuer les apports en lipides chez les
femmes qui allaitent pour réduire le risque d’obésité et de maladies cardiovasculaires
peut avoir un effet sur la quantité et sur le rapport n-6 et n-3 dans le lait humain et nuire
au développement du cerveau et de la rétine [38, 39].
La digestibilité et le coefficient d’absorption des graisses du lait de femme sont
très supérieurs (80-95 %) à ceux des préparations commerciales pour nourrissons (60-
80 %). Cela est dû à la présence, dans le lait de femme, d’une lipase dépendante des
acides biliaires du nouveau-né qui compense, au niveau duodénal, l’insuffisance des
lipases pancréatiques. Cela n’est pas le cas dans le lait de vache [36, 37].
2.1.2.4 Glucides et oligosaccharides
Le lait de femme mature contient 75 g/L de glucides, dont 63 g de lactose et 12 g
d’oligosaccharides. Le lait de vache ne contient que du lactose. Les oligosaccharides
constituent une originalité majeure du lait de femme et favorisent l’implantation de la
flore bifide en jouant le rôle de barrière contre les agents pathogènes dans l’intestin de
l’enfant. La fréquence des infections bactériennes et virales, et de façon générale, la
morbidité et la mortalité, sont beaucoup plus faibles chez les enfants nourris au lait
maternel que chez ceux recevant des laits artificiels [2, 36].
16
2.1.2.5 Eau
Suivant la température, l’humidité, le poids et le niveau d’activité du nourrisson,
la recommandation internationale moyenne de liquides par jour pour un bébé en bonne
santé s’élève dans une fourchette allant de 80-100 mL/kg pendant la première semaine de
la vie à 140-160 mL/kg entre 3 et 6 mois. Cela permet de répondre aux besoins du
nourrisson si l’allaitement est exclusif et sur demande jour et nuit, parce que non
seulement le lait maternel est composé d’une quantité importante d’eau, mais aussi, il a
une faible teneur en solutés [37, 40].
2.1.2.6 Vitamines et minéraux
Les nutriments limitants dans le lait humain sont les vitamines K et D, et plus tard au
cours de la lactation, le fer [39]. Les bébés allaités par des mères végétariennes dont les
apports alimentaires en vitamine B12 sont insuffisants risquent de ne pas couvrir leurs
besoins en cette vitamine. Même si la déficience en zinc et en fer est fréquente chez les
mères pauvres et dénutries, la biodisponibilité de ces minéraux dans le lait maternel est
élevée. Lorsque les réserves de la mère sont adéquates, le fer du lait maternel suffit à
couvrir les besoins de l’enfant né à terme durant 4 à 6 mois. Par la suite, les besoins en
fer de l’enfant seront comblés avec, en plus du lait maternel, des céréales enrichies de fer
et de la viande [39].
La faible teneur en azote et en sels minéraux (2,5 g/L) permet de limiter la charge
osmolaire rénale à des valeurs assez faibles (93 mOsm/L dans le lait humain vs
308 mOsm/L dans le lait de vache). Cela permet de mieux maintenir l’équilibre de la
balance hydrominérale en cas de déshydratation [36].
17
2.1.3 Activité biologique
En plus de sa spécificité et de sa valeur nutritionnelle optimale pour le nourrisson, le
lait maternel est un produit biologique et renferme de nombreux facteurs
immunologiques, des polyamines, des nucléotides, de même que diverses hormones et
facteurs de croissance [2, 32, 41].
2.1.4 Commodité
Le lait maternel est toujours disponible, en quantité suffisante, prêt à boire, à la bonne
température et gratuit, en plus de favoriser un très bon lien entre la mère et l’enfant [2,
33]. Même lorsque la mère extrait son lait, celui-ci, contrairement aux préparations
commerciales, peut être entreposé de façon sécuritaire à 15oC pendant 24 heures et à
25oC pendant quatre heures, car l’activité enzymatique se poursuit pendant ce temps [32].
2.2 BIENFAITS DU LAIT MATERNEL
2.2.1 Pour l’enfant
2.2.1.1 Prévention des infections
Dans les pays en développement ainsi que dans les pays industrialisés, il a été mis
en évidence que la morbidité et la mortalité chez les enfants nourris au lait maternel sont
plus faibles que chez ceux nourris aux laits artificiels : moindre fréquence d’infections
ORL, de méningites à hemophilus influenza, d’entérocolites ulcéronécrosantes, de
18
maladie cœliaque, de dermatite atopique et, de façon générale, d’infections néonatales ou
de diarrhées à rotavirus. Cette protection contre les maladies est due, d’une part, aux
propriétés du lait (anticorps, oligosaccharides) et, d’autre part, à une moindre exposition
aux germes pathogènes de l’environnement [2, 37]. Si l’allaitement n’est pas exclusif,
cette capacité de prévention du lait maternel serait moins marquée [42].
En plus des facteurs de protection contenus dans le lait maternel, la flore
bactérienne intestinale du nourrisson nourri au sein est différente de celle des enfants
nourris au biberon. Elle contient moins de bactéries pathogènes, plus de lactobacilles et
de bifidobactéries. De nombreux facteurs présents dans le lait maternel modulent cet
écosystème microbien (composés protéiques, oligosaccharides, peptides à effet
bifidogène, facteurs antimicrobiens ou de croissance spécifique) mais aussi l’abaissement
du pH intestinal lié à l’ingestion de lait humain [36].
Au-delà des facteurs liés aux composants du lait maternel, il existe des mécanismes
fondamentaux d’échanges de messages biologiques entre la mère et son enfant allaité, le
plus connu étant le transfert de l’immunité passive maternelle (voie entéromammaire
classique) [36].
Kramer et al. [43] ont également observé une forte corrélation inverse entre la
durée de l’allaitement et l’incidence de diarrhées infectieuses. Un AME durant six mois
diminuait, de façon significative, l’incidence de diarrhée aiguë pendant la première année
de vie comparativement à l’AME durant 3 mois. Cela peut aussi retarder la survenue des
maladies ou en diminuer la sévérité [39].
Les taux de mortalité sont 10,5 fois plus faibles chez les nourrissons qui sont
nourris au sein comparativement à ceux qui ne le sont pas [44]. Au Ghana, les
19
nourrissons qui recevaient des préparations à base de lait de vache ou des aliments solides
en plus du lait maternel tôt après la naissance avaient un risque de mortalité quatre fois
plus élevé que les nourrissons allaités exclusivement. L’eau contaminée peut aussi être
responsable du décès de beaucoup d’enfants non allaités dans les pays en développement
[45, 46].
2.2.1.2 Développement psychoaffectif et lien avec l’enfant
L’allaitement maternel constitue un élément majeur de la relation mère-enfant.
Dans cette interaction, à cette étape initiale de la vie, le contact étroit favorisé par
l’allaitement au sein renforce le bien-être psychologique de la mère par celui de son
enfant, et réciproquement [36]. Les processus neuroendocriniens sont activés avant la
naissance. Le comportement stéréotypé des premières minutes favorise la mise en jeu des
canaux sensoriels. La tétée débute, enrichit les échanges sensoriels et stimule les
sécrétions hormonales. Le lien d’attachement est noué et peut évoluer. Le moment de la
naissance est une période sensible au cours de laquelle se noue ce lien d’attachement et
l’allaitement y contribue de façon importante. Toute perturbation de ce processus peut
entraîner des effets délétères sur l’équilibre physiologique et la structuration psychique.
Ce sont la santé et la sécurité de base de l’enfant pris dans sa globalité qui risquent d’être
altérées. Certes, le nouveau-né se trouve d’emblée plongé dans un bain social, culturel et
affectif, mais cette humanisation se construit sur l’attachement physique du nouveau-né à
sa mère [47].
Du côté de la mère, la naissance de l’enfant semble être un moment privilégié au
cours duquel la qualité des interrelations avec la mère peut modifier de façon durable
l’organisation fonctionnelle du système nerveux en construction. Trois mécanismes
interagissent pour former le lien d’attachement : une programmation comportementale
(contact peau à peau, phase de reptation vers le sein, phase de reconnaissance mutuelle),
20
un afflux de substances neuroendocrines (ocytocine, norépinéphrine) et l’activation de la
sensorialité (principalement le toucher et l’odorat). Dans ce processus complexe,
l’allaitement semble occuper une place centrale [47]. L’allaitement maternel semble
augmenter, chez la mère, le sentiment d’estime et de confiance en son potentiel et en ses
capacités [3, 34].
Une méta-analyse a montré que le développement intellectuel était supérieur chez
les enfants nourris au sein par rapport à ceux qui ne l’étaient pas [48]. Cependant, cette
affirmation est très controversée. Certains prétendent que la plupart de ces études
souffrent de biais méthodologiques [49]. La différence pourrait être expliquée, entre
autres, par le fait que les femmes qui allaitent assurent à leur enfant une plus grande
stimulation cognitive [50]. Elle pourrait aussi être due à la richesse du lait maternel en
certains nutriments comme le DHA [51]. Comme le conclut Turck [36], que ce soit pour
des raisons psychoaffectives, nutritionnelles ou environnementales, le lait maternel
apporte un bénéfice sur le plan cognitif, modeste, mais démontré dans la majorité des
études et qui persiste à l’âge adulte.
2.2.1.3 Croissance
Les bienfaits de l’allaitement maternel s’expriment de façon différente selon le
niveau socioéconomique. La croissance des enfants est compromise dans les pays moins
favorisés lorsque les mères n’allaitent pas de façon exclusive jusqu’à l’âge de six mois.
En effet, l’alimentation traditionnelle de sevrage est très souvent inadaptée ou contaminée
par des germes entéropathogènes [36].
L’analyse de l’équipe « Profiles-Niger » montre qu’au Niger, 17,9 % des décès
d’enfants de moins d’un an sont attribuables à la mauvaise pratique de l’allaitement
21
maternel. Par ailleurs, cette pratique inadéquate de l’AME ne favorise pas un espacement
des naissances dans un pays où le taux d’accroissement est le plus élevé au monde
(3,3 %) [52].
Quant au volume de lait produit, il n’est pas sensible à l’état nutritionnel de la
mère. De plus, la teneur en protéines et en lipides du lait est pratiquement constante quel
que soit l’état nutritionnel de la mère allaitante, la sécrétion lactée n’étant compromise
que dans des situations de quasi- famine. Ajouté à tous les autres bienfaits du lait
maternel, il n’y a donc généralement pas de raison d’introduire d’autres aliments avant
l’âge de six mois. L’allaitement maternel peut être poursuivi jusqu’à l’âge de deux ans ou
même davantage [36].
2.2.1.4 Prévention de l’obésité
Plusieurs études épidémiologiques font état d’une augmentation du risque
d’obésité pendant l’enfance et l’adolescence chez les enfants n’ayant pas été nourris au
sein. Bien entendu, il ne s’agit pas d’une relation causale. Cependant, plusieurs
hypothèses ont été proposées pour expliquer cet effet. Les nourrissons qui sont allaités
régulent probablement mieux les quantités de lait qu’ils ingèrent que ceux nourris au
biberon dont les mères peuvent surveiller davantage les quantités bues et solliciter leur
enfant [36]. Lucas et al. [54] ont montré que l’insulinémie était significativement plus
élevée chez les nourrissons recevant des préparations commerciales comparativement à
ceux nourris au sein. Cela pourrait stimuler le développement des adipocytes et
l’adipogenèse. Un AME d’une durée supérieure ou égale à quatre mois permettrait de
diminuer le risque d’obésité chez ces enfants [37]. La poursuite de cet effet bénéfique à
l’âge adulte reste cependant incertaine.
22
2.2.1.5 Prévention des allergies
Le rôle de l’allaitement au sein dans la prévention de l’allergie est controversé
[55]. Cependant, une méta-analyse regroupant 18 études prospectives suggère que,
comparativement à des préparations à base de lait de vache, l’AME durant trois mois
réduit le risque de dermatite atopique chez les enfants présentant une histoire familiale
d’allergie. Aucun effet n’est observé lorsqu’aucun des deux parents ne souffre de
dermatite atopique [56]. Dans une autre méta-analyse regroupant 12 études, l’AME
durant au moins trois mois réduit le risque d’asthme dans la population générale et cet
effet est plus marqué en présence d’atopie familiale [57]. Par contre, Wright et al. [58]
ont observé que l’AME protégeait contre le râle sibilant (wheezing) au cours des deux
premières années de vie mais augmentait le risque d’asthme chez les enfants atopiques
âgés entre 6 et 13 ans nés de mère asthmatique.
Une autre préoccupation est que les allergènes alimentaires pourraient passer dans
le lait de la mère et induire une sensibilisation précoce. On se demande donc si la mère
devrait éliminer de son régime les allergènes les plus courants au cours de l’allaitement
chez les enfants à risque. A cet effet, la European Society of Paediatric Gastroenterology,
Hepatology and Nutrition (ESPGHAN), se basant sur les résultats de plusieurs études,
croit qu’on ne devrait envisager une éviction alimentaire qu’après analyse précise des
circonstances familiales individuelles et avis spécialisé [59].
La diversification alimentaire chez les enfants, retardée après l’âge de six mois,
fait partie des recommandations habituelles de la prévention primaire de l’allergie, avec
selon l’ESPGHAN, introduction de l’œuf, du poisson et de l’arachide après l’âge de un
an. L’association américaine de pédiatrie suggère, pour l’ensemble des nourrissons, une
introduction plus tardive pour certains aliments : protéines du lait de vache à 12 mois,
œuf à 24 mois et arachide, noix et poisson à trois ans [60].
23
2.2.1.6 Prévention du risque cardiovasculaire
Les effets du mode d’allaitement sur le risque cardiovasculaire sont controversés.
Une méta-analyse ayant retenu 24 études, montre une diminution moyenne minime de la
tension artérielle (TA) systolique (-1,1 mm Hg) chez les personnes qui avaient reçu un
allaitement maternel, indépendamment de l’âge auquel la TA a été mesurée et de l’année
de naissance. La TA diastolique était identique, quel que soit le mode d’alimentation
initial [61]. Parmi les explications possibles, notons que la teneur en acides gras
polyinsaturés pourrait être en cause par son effet sur la structure des membranes
cellulaires de l’endothélium vasculaire. La faible teneur en sodium du lait maternel
pourrait aussi avoir un effet modulateur sur la TA. Notons, toutefois que, dans les pays
industrialisés où ont été réalisées ces études, l’allaitement maternel est plus fréquent dans
les classes sociales plus aisées dans lesquelles le risque d’obésité est moindre et
l’alimentation de meilleure qualité [36].
Les effets du mode d’allaitement sur les valeurs de cholestérolémie varient selon
l’âge : la cholestérolémie est plus élevée chez les nourrissons qui ont été allaités au sein à
cause de la concentration élevée du lait maternel en cholestérol. Au cours de l’enfance et
de l’adolescence, il n’existe pas de différence selon le mode d’allaitement initial alors
qu’à l’âge adulte, la cholestérolémie est plus basse chez ceux qui ont été allaités. Il se
pourrait que les apports élevés de cholestérol à la période initia le de la vie constituent un
stimulus nutritionnel qui influencerait la régulation de l’activité de l’HMG-CoA
réductase ou des récepteurs de LDL qui persisterait à long terme [62]. Il se pourrait
également que le mode d’allaitement initial intervienne sur la corpulence et/ou les
préférences alimentaires ultérieures, elles-mêmes susceptibles de moduler la
cholestérolémie [36].
24
2.2.1.7 Prévention du syndrome de mort subite du nourrisson
L’allaitement maternel protège les bébés contre le risque de mort subite du
nourrisson [63]. Récemment, dans une méta-analyse, des chercheurs ont tenté de
connaître les effets de l’allaitement maternel sur le risque de mort subite du nourrisson.
Ce travail a été réalisé à partir de 288 études publiées dans la littérature internationale
entre janvier 1996 et décembre 2009, accessibles par Pubmed. Les résultats démontrent
que l’allaitement maternel protège les nouveau-nés contre ce risque et cet effet est plus
marqué lorsque l’allaitement maternel est exclusif [64].
Les propriétés immunologiques du lait maternel sont le mécanisme explicatif le plus
probable. Des symptômes mineurs d’infections respiratoires sont présents chez plusieurs
nourrissons les jours précédant leur décès. Le syndrome de mort subite serait dû à une
réaction inflammatoire incontrôlée causée par des agents infectieux. La plupart des décès
surviennent entre l’âge de deux et quatre mois. A cet âge, les nourrissons produisent peu
d’immunoglobuline G. Le lait humain contient des immunoglobulines et des cytokines
qui peuvent aider à protéger l’enfant dans les moments vulnérables [65]. De plus, les
enfants allaités sont plus facilement réveillés que ceux qui sont nourris avec des
préparations commerciales, ce qui les protège contre le syndrome de mort subite du
nourrisson [66]. L’allaitement maternel devrait donc être recommandé au moins jusqu’à
l’âge de six mois afin de réduire le risque de syndrome de mort subite du nourrisson [64,
65].
25
2.2.2 Pour la mère
2.2.2.1 Reprise plus tardive de l’ovulation et diminution du saignement post-
natal
Les sécrétions hormonales induites par la mise au sein aident l’utérus à reprendre
plus vite sa taille, sa forme et sa tonicité en plus de diminuer le risque d’infection après
l’accouchement [36]. La sécrétion de prolactine supprime l’ovulation chez plusieurs
femmes, pourvu que l’allaitement soit exclusif et à la demande [34].
2.2.2.2 Retour au poids pré-gravide et diminution du risque cardiovasculaire
L’allaitement maternel entraîne une dépense énergétique substantielle. En effet, la
mère qui allaite de façon exclusive a besoin de 500 kCal/j pour la production de lait.
Cette charge métabolique peut aider à mobiliser le poids gagné au cours de la grossesse
[67]. Cependant, l’apport calorique et le niveau d’activité physique peuvent jouer un rôle
très important dans la perte de poids après l’accouchement et il est important d’en tenir
compte. De plus, le revenu familial, l’indice de masse corporelle avant la grossesse, le
gain de poids gestationnel et l’ethnie sont des facteurs confondants qu’il est important de
considérer [68].
L’allaitement maternel est associé à des niveaux de glucose et de lipides sanguins,
de même qu’à une tension artérielle plus favorables, même à long terme [62, 69]. Le
risque de diabète de type 2 et de syndrome métabolique est plus élevé chez les femmes
qui n’ont jamais allaité comparativement à celles qui ont déjà allaité durant au moins
deux ans au cours de leur vie [69, 70].
26
2.2.2.3 Diminution du risque de cancer du sein et des ovaires
L’allaitement maternel contribue à diminuer le risque de cancer du sein [71]. Dans
une méta-analyse, des chercheurs ont tenté de connaître l’impact précis de la grossesse et
de l’allaitement sur le risque de cancer mammaire, ainsi que les possibilités d’allaitement
après cancer du sein. Ce travail a été réalisé à partir des études publiées dans la littérature
internationale entre 1974 et 2004, accessibles par Pubmed. Les résultats montrent que le
risque relatif de cancer du sein diminue de 4,3 % à tous les 12 mois d’allaitement.
L’importance de la diminution de ce risque relatif ne diffère pas significativement entre
les femmes provenant de pays développés ou non, et ne varie pas non plus selon l’âge, le
statut ménopausique, l’origine ethnique, la parité, l’âge au premier enfant, l’éducation, la
taille, le poids, l’indice de masse corporelle, l’utilisation de contraceptifs oraux et la
consommation d’alcool ou de tabac. En conclusion, les auteurs ont estimé que l’incidence
cumulative du cancer du sein dans les pays développés pourrait être réduite de plus de la
moitié si les femmes avaient le nombre moyen d’enfants et la durée moyenne
d’allaitement des pays en voie de développement. L’allaitement pourrait alors être
responsable des deux tiers de la diminution de l’incidence des cancers du sein [72].
Minami et al. [73] ont émis l’hypothèse selon laquelle les antécédents familiaux
de cancer du sein pourraient avoir un impact sur la pratique de l’allaitement et par là
même, également modifier le risque de cancer du sein. L’étude a été réalisée auprès de
24 769 femmes âgées de 40 à 64 ans, vivant dans la préfecture de Miyagi (Japon). Toutes
les femmes ont répondu aux questionnaires portant sur les facteurs de risque de cancer du
sein. L’existence d’un cancer du sein chez la mère de la femme interrogée est corrélée à
une prévalence plus faible d’allaitement exclusif long [73].
Aguilar-Cordero et al. [74] ont étudié la fréquence du cancer du sein chez les
jeunes femmes dans les pays occidentaux. Les causes et les mesures préventives
27
possibles ont été analysées ainsi que ses répercussions sur la santé et l’âge précoce du
diagnostic. L’étude s’est déroulée entre 2003 et 2008 en Espagne. Au total, 504 dossiers
médicaux de malades de sexe féminin âgées de 19 à 91 ans ont été examinés. Toutes les
patientes ont été diagnostiquées et traitées pour un cancer du sein. L’analyse a montré
qu’il existe une corrélation significative entre l’âge du diagnostic du cancer, la durée de
l’allaitement et l’existence de l’histoire personnelle et familiale du cancer. Les auteurs
ont conclu que l’allaitement maternel durant plus de six mois peut protéger la mère contre
le cancer du sein [74].
Danforth et al. [75] ont rapporté un risque 1,5 fois plus élevé de cancer des
ovaires chez les femmes qui ont été enceintes, mais qui n’ont jamais allaité que chez
celles qui ont allaité au moins durant 18 mois.
2.2.3 Pour la famille
2.2.3.1 Diminution des coûts directs
Le non-allaitement a des conséquences pour la famille en engageant des dépenses
pour l’achat de préparations pour nourrisson, de biberons et autres accessoires reliés à ce
type d’alimentation. En effet, l’allaitement maternel permet d’épargner de l’argent qui
serait autrement consacré à l’achat de ces produits. Ainsi, sur le plan financier,
l’allaitement artificiel d’un enfant de la naissance à cinq mois entraîne une dépense
excessive pour les ménages et constitue le tiers du revenu familial aux Caraïbes et en
Ouganda, 20 % au Chili et 50 % en Tanzanie [35].
28
2.2.3.2 Diminution des coûts indirects
2.2.3.2.1 Soins de santé et hospitalisations
L’allaitement maternel permet de réduire aussi les coûts indirects. En effet, la
diminution de la morbidité associée à l'allaitement maternel a des répercussions
importantes sur les coûts de soins de santé infantile, car les bébés allaités sont moins
souvent hospitalisés et ont moins d’infections [35].
Outre les risques accrus de plusieurs maladies aiguës et chroniques pour l’enfant
et les divers autres effets associés au non-allaitement, les enfants alimentés avec des
préparations commerciales pour nourrissons sont sujets aux risques liés aux erreurs
possibles dans les processus de fabrication et dans la manipulation de ces produits [32].
Chaque année, des rappels de lots de divers substituts du lait maternel sont effectués soit
par l’industrie elle-même, soit par des organismes de santé publique [32]. Il faut ajouter
aux erreurs des fabricants celles qui peuvent être commises par les parents, par exemple
en se trompant dans la dilution (trop ou pas assez concentrée) ou encore en donnant à leur
enfant par inadvertance une préparation concentrée non diluée [32]. A cela s’ajoute la
contamination de certaines préparations en poudre par des microorganismes pathogènes,
particulièrement par la bactérie Enterobacter sakazakii. Divers cas de contamination des
préparations pour nourrissons par cette bactérie ont été rapportés au cours des ans.
Toutefois, c’est en 2002 que, pour la première fois, on a pu établir un lien direct entre
l’infection et un produit pour nourrissons scellé [32].
29
2.2.3.2.2 Diminution de l’absentéisme
L’AME pendant les six premiers mois de vie permet d’éviter l’absentéisme au travail
des parents pour cause de maladie d’un enfant, car l’allaitement améliore la santé et la
nutrition des bébés et réduit le risque de maladies [32].
2.2.4 Pour la société
2.2.4.1 Diminution des coûts
Investir dans l’allaitement c’est investir dans nos enfants, et investir dans nos
enfants c’est investir dans notre présent et dans notre futur. En effet, l’allaitement
maternel n’est pas qu’une affaire personnelle ou familiale. Les taux d’AME ont un
impact puissant sur l’ensemble de la société en affectant la santé des mères et des bébés,
l’économie et l’environnement [53].
L’analyse de Profiles-Niger fait ressortir que chaque année la valeur monétaire du
lait maternel consommé par les enfants au Niger correspond à environ 240 milliards de
FCFA. La faible pratique de l’AME entraîne des pertes économiques annuelles d’environ
56 milliards de FCFA, soit l’équivalent du budge t annuel du Ministère de la Santé
Publique. Les auteurs concluent que, si rien n’est fait pour améliorer la situation actuelle,
tous les investissements en matière d’éducation et de développement seront
dangereusement compromis [52].
2.2.4.2 Meilleure productivité
L’allaitement maternel a des répercussions sur l’économie d’un pays, car il offre
aux bébés le meilleur départ possible dans la vie en apportant la bonne dose de
30
nutriments, de facteurs immunologiques et de facteurs de croissance essentiels [76]. Les
carences nutritionnelles qui risquent de survenir, surtout dans les pays en développement
chez les enfants non allaités font peser de graves menaces sur la survie, la croissance et le
développement des mères et de leurs enfants, problèmes qui vont ensuite amoindrir la
capacité des enfants à apprendre à l’école et, à l’âge adulte, à travailler et à prospérer
[76].
2.2.4.3 Environnement
La lactation est la façon la plus efficiente de transformer les végétaux en un aliment
de haute densité nutritive pour le bébé. Le lait maternel est une ressource naturelle et
renouvelable. Il est prêt en tout temps, en tout lieu et à la bonne température ; il est offert
dans un « contenant » écologique unique et c’est un produit « local ». Le lait humain
n’utilise pas de ressources naturelles et ne génère aucun déchet industriel [35].
2.3 PRÉCAUTIONS LORS DE L’ALLAITEMENT MATERNEL
2.3.1 VIH
Les enfants qui bénéficient d’un AME, même lorsque leur mère est infectée par le
virus du SIDA, sont moins exposés à la contamination que les enfants qui reçoivent un
allaitement « mixte » associant du lait maternel et des laits industriels car ce dernier ne
contient pas d’anticorps et peut augmenter les risques de diarrhées et d’infection [77]. En
effet, Coovadia et al. [78] ont publié une étude comprenant 1372 enfants nés de mères
séropositives en Afrique du Sud. Les enfants ont été classés en deux groupe s : ceux qui
sont nourris exclusivement au sein et ceux qui reçoivent un allaitement mixte. Les
résultats révèlent que le niveau de contamination par le VIH a été deux fois plus élevé
31
chez les enfants qui reçoivent un allaitement mixte. Aussi, en cas d’association
d’aliments solides au lait maternel, le nombre de contaminations a été multiplié par onze
[78].
Les bébés nourris au sein dont les mères sont séropositives ont 10 à 20 % de
risque d’être contaminés. Grâce au lait maternel, ils sont toutefois mieux protégés contre
les maladies que les bébés qui ne sont pas nourris au sein. Pour cette raison, les
nourrissons qui ne sont pas allaités courent six fois plus de risques de succomber à des
infections [60, 79]. L’OMS recommande que les mères infectées par le virus du SIDA
allaitent exclusivement pendant les six premiers mois, à moins que l’alimentation de
remplacement ne soit acceptable, praticable, financièrement abordable, sûre et durable.
Ces recommandations mettent l’accent sur le fait que l’option de l’alimentation infantile
la plus adéquate dépend de circonstances individuelles, incluant les considérations des
services de santé et de l’état de santé de la mère. Si on choisit d’allaiter, il faut que
l’allaitement soit exclusif jusqu’à six mois. Se basant aussi sur les résultats de plusieurs
études et sur les recommandations de l’OMS, l’Academy for Educational Development
[80] soutient que si, les produits de remplacement du lait maternel sont abordables et
sûrs, et que l’eau de boisson est salubre et les soins de santé sont adéquats, alors les
chances de survie du nourrisson sont meilleures s’il est nourri artificiellement.
Cependant, si le risque de contracter les maladies infectieuses est élevé et que les produits
de remplacement sont inabordables en plus de l’insuffisance des mesures d’hygiène et
d’assainissement, alors l’AME sera probablement l’option d’alimentation qui comporte le
moins de risques même si la mère est séropositive. A cet effet, pour illustrer cette
affirmation ils ont rapporté les résultats d’une étude qui a été menée en Afrique du Sud.
Dans cette localité, les mères séropositives qui ont indiqué qu’elles allaitaient
exclusivement pendant au moins trois mois étaient moins susceptibles de transmettre le
virus à leur bébé que les mères qui ont introduit d’autres aliments ou liquides avant trois
mois. De plus, leur risque de transmettre le virus par le lait maternel n’était pas plus
grand que chez les mères qui n’avaient jamais allaité [80].
32
2.3.2 Médicaments et contaminants
Des contaminants et divers produits chimiques environnementaux peuvent être
présents dans le lait de la mère lorsqu’elle y a été exposée [32]. La quantité de
médicament qui passe au bébé à travers le lait maternel dépend de plusieurs facteurs dont
l’état de santé de la mère et celui de l’enfant, l’âge gestationnel à la naissance, l’âge
actuel du bébé, la quantité de médicament consommée, le ratio lait/plasma et les
propriétés du médicament [81]. La plupart des médicaments passent dans le lait maternel.
Toutefois, seule une petite quantité du produit, soit moins de 1 % de la dose maternelle,
est transférée au bébé. Très peu de médicaments sont contre-indiqués pendant la lactation
[32]. C’est pourquoi il existe des systèmes de classement des médicaments dont celui de
l’OMS et l’UNICEF pour ce qui est de leur utilisation pendant l’allaitement [81].
Lorsqu’un médicament est utilisé, la mère devrait être renseignée sur les effets
secondaires possibles chez son enfant, être rassurée en l’informant que ces effets ne
surviennent pas chez tous les enfants et être invitée à consulter de nouveau son médecin
si l’enfant présente un ou des effets indésirables ou simplement si elle est inquiète [82].
Dans le cas où un médicament contre- indiqué est nécessaire au traitement, ou si le
médicament utilisé produit un effet indésirable chez l’enfant et qu’il n’existe aucune
option plus sûre, il pourrait suffire d’interrompre l’allaitement pendant le traitement. Si le
traitement doit se poursuivre sur une longue période, il peut être nécessaire de mettre fin
à l’allaitement. Peu importe que l’arrêt soit temporaire ou définitif, la mère peut donner à
son enfant le lait qu’elle aura exprimé avant d’amorcer le traitement médicamenteux ou
du lait provenant d’une banque de lait. Si cela n’est pas possible, elle utilisera un substitut
du lait maternel. Il ne faudrait surtout pas oublier de veiller à lui assurer un soutien
adéquat lui permettant de maintenir sa production de lait [32, 82].
33
2.4 DISPOSITIFS INTERNATIONAUX EN FAVEUR DE L’ALLAITEMENT
MATERNEL
De récentes études ont démontré que, chez les enfants, la période de plus grande
vulnérabilité aux carences nutritionnelles démarre à la conception et se poursuit jusqu’à
l’âge de deux ans. Tout au long de cette période, les carences nutrit ionnelles ont une forte
incidence adverse sur la survie, la croissance et le développement de l’enfant [83]. Les
effets de ce préjudice précoce sur la santé, le développement du cerveau, l’intelligence,
l’éducation et la productivité sont, dans une large mesure, irréversibles [76]. Les
directives internationales recommandent un AME pendant les six premiers mois grâce
aux données scientifiques qui s’accumulent et qui prouvent les avantages du lait maternel
pour la croissance, le développement et la survie même du nourrisson. En effet, le lait
maternel, de par sa composition, apporte toute l’énergie et tous les nutriments nécessaires
dont l’enfant a besoin pendant les six premiers mois [79]. Le fait de donner de l’eau
avant l’âge de six mois peut entraîner de graves risques pour la santé en augmentant le
risque de malnutrition. En effet, d’une part, la consommation même de petites quantités
d’eau et d’autres liquides peut remplir l’estomac du bébé et diminuer ainsi son appétit
pour le lait maternel riche en nutriments ; d’autre part, les boissons et les aliments solides
sont des véhicules introduisant des agents pathogènes [79]. Les tétines mal lavées
permettent l’introduction des microbes dans l’organisme des bébés. Les enfants courent
un risque plus élevé d’être exposés à des organismes causant la diarrhée, surtout dans les
pays en développement où l’hygiène et l’assainissement laissent à désirer et où l’accès à
une eau de boisson salubre est insuffisant [46]. Donc, grâce au lait maternel, le
nourrisson reçoit une quantité adéquate et facilement disponible d’eau salubre et de
nutriments nécessaires pour sa survie, sa croissance et son développement [79].
C’est pourquoi, l’OMS, l’UNICEF et l’American Academy of Pediatrics
recommandent que l’alimentation du nourrisson soit basée sur l’AME jusqu’à l’âge de six
mois avec poursuite de l’allaitement maternel jusqu’à l’âge de deux ans ou plus en
34
introduisant progressivement des aliments de complément appropriés à partir de l’âge de
six mois [84, 85]. De telles pratiques pourraient, en effet, améliorer de manière
remarquable l’état nutritionnel et sanitaire des enfants.
Par ailleurs, chaque année, la malnutrition est impliquée dans près de 40 % des
11 millions de décès d'enfants de moins de cinq ans dans les pays en voie de
développement, et 1,5 million de ces décès sont imputables à l'absence d'allaitement
maternel immédiat et exclusif pendant la période néonatale. L’AME pendant les six mois
suivant la naissance est à présent considéré comme un objectif mondial de santé publique
lié à la réduction de la morbidité et de la mortalité infantiles, particulièrement dans les
pays en développement [79].
Les mères ont le droit d'allaiter leur enfant, et l'allaitement maternel est un
élément essentiel parmi les mesures devant être prises pour garantir le respect du droit à
la nourriture, à la santé et aux soins de chaque enfant [86]. Sur le plan national,
conformément à l'Article 24 de la Convention internationale des droits de l'enfant, il est
recommandé que les gouvernements et la société civile s’efforcent d'assurer la mise en
œuvre intégrale de ces droits humains. Les pays doivent adopter une législation de
protection de la maternité pour garantir que tous les hôpitaux et toutes les maternités
deviennent des centres de soutien à l'allaitement maternel [3].
Sur le plan international, de nombreuses initiatives ont été mises en œuvre à
grande échelle au cours des vingt dernières années pour promouvoir l'allaitement
maternel. C’est dans ce contexte que divers dispositifs internationaux ont été conçus,
visant à orienter l’élaboration des politiques et des programmes afin de contribuer, d’une
part, à l’actualisation du droit des enfants d’être allaités et celui des mères d’allaiter et
d’autre part, à l’amélioration de l’état nutritionnel et sanitaire des enfants.
35
Les dispositifs internationaux en faveur de l’alimentation des nourrissons sont les
suivants :
- Code international de commercialisation des substituts du lait maternel [5],
- Déclaration conjointe OMS/UNICEF [86],
- Déclaration d’Innocenti [3],
- Initiative des hôpitaux amis des bébés [87],
- Stratégie mondiale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant [79].
La Vingt-septième Assemblée mondiale de la santé a noté le déclin général de
l’allaitement au sein dans de nombreuses parties du monde, du fait de l’action de facteurs
socioculturels et autres, et notamment de la promotion de produits manufacturés de
remplacement du lait maternel ; elle a invité instamment les États membres à prendre des
mesures en matière de publicité relative aux aliments pour bébés, notamment en édictant
des codes de pratiques publicitaires et une législation approp riée [5]. L’Assemblée a
recommandé aux États membres d’accorder la priorité à la prévention de la malnutrition
chez les nourrissons et les jeunes enfants en soutenant et en encourageant l’allaitement
maternel, en menant une action législative et sociale tendant à faciliter l’allaitement au
sein chez les mères qui travaillent et en prohibant la promotion abusive de la vente
d’aliments pour bébés qui peuvent être utilisés pour remplacer le lait maternel [5].
Vu la gravité de la situation alimentaire dans le monde et, en particulier dans les
pays en développement et pour une meilleure nutrition de l’enfant, l’Assemblée
mondiale, de la Santé a adopté le code international de commercialisation des substituts
du lait maternel en mai 1981, en mettant l’accent sur le maintien de la pratique de
l’allaitement au sein et en la revivifiant là où elle est en déclin [5]. Le code s’applique à
la commercialisation des substituts du lait maternel et non pas à leur production ni à leur
utilisation et détermine le rôle de chacun, du gouvernement aux distributeurs via les
agents de santé et les fabricants. Le code se résume pour l’essentiel aux points suivants :
36
1. Procurer aux nourrissons une nutrition sûre et adéquate en protégeant et en
encourageant l’allaitement au sein et en assurant une utilisation correcte des substituts du
lait maternel.
2. Proscrire la promotion des substituts du lait maternel y compris les préparations pour
nourrissons et autres produits lactés, ainsi que les tétines ou biberons auprès du grand
public.
3. Empêcher la distribution d’échantillons gratuits aux femmes enceintes ou aux parents
ainsi qu’aux professionnels de la santé et interdire le recours à du personnel payé par les
fabricants pour donner des conseils aux parents.
4. Veiller à ce qu’une information objective et cohérente sur l’alimentation du nourrisson
et du jeune enfant soit fournie aux familles et à tous ceux qui jouent un rôle dans le
domaine de la nutrition du nourrisson et du jeune enfant.
5. Seuls les travailleurs de la santé, devraient pouvoir faire des démonstrations d’aliments
commerciaux pour bébés aux mères ou aux membres des familles en ayant besoin.
6. Les fabricants et les distributeurs devraient fournir aux travailleurs de la santé une
information scientifique et se limitant aux faits.
7. Interdire toute contribution faite par les sociétés de fabrication aux agents ou en leur
faveur en vue d’une bourse d’études, d’un voyage d’études, d’une bourse de recherche,
de la participation à des conférences professionnelles, ou autres activités analogues.
37
8. Veiller à ce que chaque emballage ou étiquette mentionne clairement la supériorité de
l’allaitement au sein et comporte une mise en garde contre les risques et le coût de
l’alimentation artificielle.
9. Veiller à ce que tous les produits soient de bonne qualité, que la date limite de
consommation y soit indiquée, et que les emballages ne comportent pas des termes
comme “humanisé” ou “maternisé” ou autres images tendant à idéaliser l’utilisation des
préparations pour enfant.
10. Les fabricants et distributeurs des produits ainsi que les organisations non
gouvernementales, les groupements professionnels et les organisations de consommateurs
devraient collaborer avec les gouvernements à cette fin.
En 2005, à la lumière des données probantes sur l’allaitement au sein et pour
harmoniser les pratiques d’alimentation des nourrissons, l’OMS et l’UNICEF ont
conjugué leurs efforts et ont mis le fruit de leur réflexion au service de l’humanité en
faisant une déclaration conjointe sur l’allaitement et les services de maternité. Cette
déclaration énonce, pour la première fois, les dix conditions pour favoriser le succès de
l’allaitement dans le contexte d’une proposition de politique relative au rôle spécial que
pourraient jouer les services de maternité dans la promotion, l’encouragement et le
soutien de l’allaitement [3].
Pour renouveler l’engagement en faveur de l’AME dans tous les pays, la
déclaration d’Innocenti propose une série de mesures préconisées, dont quatre cibles
opérationnelles que devraient viser les gouvernements de chaque pays [3].
38
1. Désigner un coordonnateur national doté de pouvoirs appropriés et créer un comité
national multisectoriel pour la promotion de l’allaitement maternel, composé de
représentants des services gouvernementaux compétents, d’organisations non
gouvernementales et d’associations professionnelles dans le domaine de la santé.
2. Faire en sorte que chaque établissement assurant des prestations de maternité respecte
pleinement les “dix conditions pour le succès de l’allaitement maternel” énoncées dans la
Déclaration conjointe de l’OMS et de l’UNICEF sur l’allaitement maternel et les services
liés à la maternité.
3. Mettre en œuvre les principes et l’objectif du Code international de commercialisation
des substituts du lait maternel et les résolutions pertinentes adoptées ultérieurement par
l’Assemblée mondiale de la santé.
4. Promulguer des lois novatrices protégeant le droit des femmes qui travaillent d’allaiter
leur enfant et adopter des mesures pour assurer leur application.
En 1992, l’OMS et l’UNICEF ont lancé l’Initiative des hôpitaux amis des bébés
(IHAB) dont l’objectif est de faire en sorte que toutes les maternités deviennent des
centres de soutien à l’allaitement maternel. Cette stratégie vise à mettre au point des
mécanismes et des critères appropriés de certification. L’Initiative est fondée sur les dix
conditions pour le succès de l’allaitement énoncées dans la Déclaration conjointe
OMS/UNICEF de 2001[86].
39
Les dix conditions pour le succès de l’allaitement [86] sont :
1. Adopter une politique d'allaitement maternel formulée par écrit et systématiquement
portée à la connaissance de tous les personnels soignants.
2. Donner à tous les personnels soignants les compétences nécessaires pour mettre en
œuvre cette politique.
3. Informer toutes les femmes enceintes des avantages de l'allaitement au sein et de sa
pratique.
4. Aider les mères à commencer d'allaiter leur enfant dans la demi-heure suivant la
naissance.
5. Indiquer aux mères comment pratiquer l'allaitement au sein et co mment entretenir la
lactation même si elles se trouvent séparées de leur nourrisson.
6. Ne donner aux nouveau-nés aucun aliment ni aucune boisson autre que le lait maternel,
sauf indication médicale.
7. Laisser l'enfant avec sa mère 24 heures par jour.
8. Encourager l'allaitement au sein à la demande de l'enfant.
9. Ne donner aux enfants nourris au sein aucune tétine artificielle ou sucette.
10. Encourager la constitution d'associations de soutien à l'allaitement maternel et leur
adresser les mères dès leur sortie de l'hôpital ou de la clinique.
En 2003, l’OMS et l’UNICEF ont développé conjointement la Stratégie mondiale
pour l’Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant (ANJE) afin de rappeler au monde les
effets des pratiques d’alimentation sur l’état nutritionnel, la croissance, le développement, la
santé et la survie même du nourrisson et du jeune enfant [79]. Cette stratégie mondiale
repose sur l’importance avérée de la nutrition dans les premiers mois et les premières
40
années de vie et sur le rôle crucial des pratiques d’alimentation appropriées dans la
réalisation d’un état de santé optimal.
Le défaut d’allaitement maternel et notamment, le défaut d’AME durant les six
premiers mois de la vie, sont des facteurs de risque importants de morbidité et de
mortalité qu’une alimentation complémentaire inadaptée ne fait qu’aggraver, entraînant
irrémédiablement de mauvais résultats scolaires, une productivité réduite et un
développement intellectuel et social déficient [79].
Cette stratégie mondiale est basée sur les conclusions et recommandations de
consultations d’experts qui ont conduit à la recommandation générale de santé publique
demandant de protéger, promouvoir et soutenir l’allaitement exclusif pendant les six
premiers mois, et de donner des aliments de complément sûrs et appropriés tout en
poursuivant l’allaitement jusqu’à deux ans et au-delà [79].
2.5. RECOMMANDATIONS INTERNATIONALES RELATIVES AU MODE
D’ALIMENTATION DES ENFANTS DE 0 À 6 MOIS
L’allaitement maternel est une tradition dans toutes les cultures, et ce, quel que soit le
statut socio-économique de la région [88]. Malheureusement, à la fin des années 1960
jusqu’en 1980, l’allaitement maternel a connu une tendance à la baisse dangereuse et était
menacé par les pratiques agressives de commercialisation des firmes fabriquant des
substituts du lait maternel ; par conséquent, les pratiques traditionnelles d’alimentation du
jeune enfant ont commencé à se réorienter vers les pratiques d’alimentation au biberon
qu’on considère plus modernes d’une part [53]. D’autre part, depuis longtemps, les
bienfaits de l’allaitement maternel pour la santé de la mère et de l’enfant sont bien
41
connus. Dans les étapes de croissance et du développement d’un enfant, selon la culture,
le nourrisson doit passer des seins de sa mère à une alimentation plus diversifiée.
Cependant, cela se fait trop tôt, diminuant la production de lait et augmente
considérablement les risques de malnutrition et conséquemment, de morbidité et de
mortalité infantiles. Déterminer un calendrier des différentes phases de l’alimentation des
nourrissons ainsi que la durée optimale de l’AME constituent des problèmes essentiels de
santé publique que l’OMS cherche à résoudre. C’est ainsi que dans les années 80, l’OMS
recommandait que les nouveau-nés normaux nés à terme soient exclusivement allaités
pendant quatre à six mois [89]. Aussi, le sommet mondial pour les enfants de 1990 et la
déclaration d’Innocenti recommandaient également un AME entre quatre et six mois.
En 1994, la résolution WHA47.5 de l’OMS préconisait d’encourager des pratiques
appropriées d’alimentation complémentaire à partir de l’âge de six mois environ. A partir
de ce moment, l’OMS encourageait toutes les organisations internationales de prêter un
appui aux États membres afin qu’ils puissent définir, appliquer et évaluer des approches
novatrices pour améliorer l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, en privilégiant
l’AME pendant six mois, qui doit être considéré comme une recommandation de santé
publique mondiale compte tenu des constatations de la consultation d’experts de l’OMS
sur la durée optimale de l'AME [84].
2.6 LES PRATIQUES D’ALLAITEMENT DANS LE MONDE
2.6.1 Pays à haut niveau socio-économique
2.6.1.1 Australie Occidentale
L’objectif d’allaiter exclusivement jusqu’à six mois est loin d’être atteint en
Australie [90]. Les arguments développés par les agents de santé lors de l’éducation
42
prénatale sont inefficaces, les réseaux sont informels, les attentes irréalistes bref, les
agents de santé manquent d’arguments pour convaincre les mères d’allaiter
exclusivement leurs nourrissons jusqu’à six mois. Un autre objectif fixant à 60 % le taux
d’AME à trois mois, voire même neuf semaines a été proposé [90]. Le taux d’AME à
neuf semaines après la naissance est de 54 % en milieu urbain et 51,9 % en milieu rural.
Hauck et al. [90] ont tenté d’évaluer les pratiques d’alimentation du nourrisson en
ce qui a trait à l’initiation et au taux d’AME puis d’identifier les raisons pour lesquelles
les mères arrêtent l’allaitement maternel quelques semaines après l’accouchement. Pour
ce faire, ils ont mené une enquête transversale afin d’examiner les pratiques
d’alimentation du nourrisson à la naissance et neuf semaines après l’accouchement. Les
femmes ont été recrutées par l’intermédiaire des agents de santé après l’accouchement,
avant leur sortie de l’hôpital.
Les données ont été obtenues à partir d’un questionnaire portant sur les données
démographiques telles que l’âge, le niveau d’instruction, le revenu familial, la parité,
l’état matrimonial, le lieu d’accouchement, le type d’accouchement et le lieu de
résidence. Aussi des données sur les pratiques d’alimentation du nourrisson ont été
recueillies telles que les habitudes alimentaires, le mode d’alimentation, les problèmes
rencontrés pendant l’allaitement, la durée d’allaitement ainsi que les raisons pour
lesquelles l’allaitement a été arrêté. L’étude comportait 2449 participantes. Les résultats
ont démontré que le taux d’initiation à l’allaitement maternel était de 93 % à la sortie de
l’hôpital. Le taux d’AME à neuf semaines était inférieur à 60 %. À neuf semaines, la
prévalence des mères ayant cessé l’allaitement maternel et offrant une préparation
commerciale de lait pour nourrissons était la suivante : 29,4 % des mères issues du milieu
rural, 23,3 % provenant d’un milieu urbain, 28,1 % des mères ayant accouché dans un
hôpital public, 20,0 % des mères ayant accouché dans un hôpital privé, 26,4 % des mères
primipares et 23,3 % des multipares. Les raisons de cessation étaient les suivantes :
production de lait insuffisante, douleur au mamelon, raisons émotionnelles telles que le
43
stress, le fait de demeurer constamment avec l’enfant, le jeune âge de la mère, la
primiparité, le faible niveau d’instruction, l’accouchement par césarienne et
l’accouchement dans une maternité publique.
Les conclusions de cette étude nous ont montré que, l'objectif fixant à 60 % le
taux d’AME pendant les trois premiers mois et même à neuf semaines de vie est loin
d’être atteint en Australie. Pour rehausser le taux d’AME, les auteurs ont suggéré que ces
informations soient prises en compte et qu’elles ciblent les mères les plus vulnérables
telles que les jeunes, celles qui ont un faible niveau d’instruction et les primipares. Il faut
également la création d’associations pour la promotion et le soutien à l’allaitement
maternel. Aussi, les femmes multipares qui ont tendance à cesser l'allaitement maternel
tôt ne doivent pas être négligées. Enfin, les professionnels de la santé doivent rester
vigilants et s’opposer à toute pratique et politique compromettant l’AME et qui prône la
séparation de la mère et du bébé après la naissance, même dans les cas d’accouchement
par césarienne. La pratique qui consiste à donner à l’enfant des préparations
commerciales pour nourrissons sans raison médicale valable doit être découragée. La
capacité des agents de santé de fournir des informations cohérentes aux mères en
allaitement maternel et la formation des groupes de soutien à l’allaitement maternel
constituent la pierre angulaire de l’amélioration des taux de prévalence de l’AME à long
terme.
2.6.1.2 France
Labarère et al. [91] ont mené une enquête prospective en France. Ils souhaitaient
estimer la durée de l’AME et non exclusif et d’identifier les facteurs associés à son
initiation et au sevrage. L’enquête a été effectuée auprès de 353 femmes ayant accouc hé
dans les maternités de l’agglomération d’Aix-Chambéry. Les résultats ont montré que la
prévalence d’allaitement à la maternité était de 70,8 % dont 39,9 % d’AME et 30,9 %
d’allaitement mixte. La prévalence d’allaitement à un mois atteignait 58,1 % dont 30,7%
44
d’AME et 27,4 % d’allaitement mixte. La prévalence d’allaitement maternel à 6 mois est
de 12,2 % dont 8,3 % d’AME et 3,9 % d’allaitement mixte. Les principaux facteurs
socioculturels associés au sevrage prématuré étaient la mise au sein tardive et la pratique
d’un allaitement à horaire fixe. Le choix tardif du mode d’alimentation était également
défavorable à la poursuite de l’AME. Une telle base d’information peut aider à élaborer
des interventions pour promouvoir les pratiques d’AME dans la population à l’étude [91].
2.6.1.3 Japon
Suite à un faible taux d’AME à jusqu’à l’âge de quatre mois à Nagasaki au Japon,
Nakao et al. [92] ont examiné les facteurs qui influencent l’initiation et la durée de
l’AME. A cet effet, ils ont recruté des femmes ayant des enfants âgés de quatre mois qui
étaient venues en consultation pour leur nourrisson dans les établissements de soins. Les
données ont été obtenues au moyen d’un questionnaire. Au total, les auteurs ont rejoint
391 mères. De ces 391 mères, huit n’ont pas du tout allaité et 65 n’ont pas répondu au
questionnaire d’où leur exclusion. L’étude a donc concerné 318 mères. Les variables
étudiées étaient l’âge de la mère, le type d’accouchement, le lieu d’accouchement, la
parité, le contact peau à peau, le sexe de l’enfant et les pratiques d’alimentation du
nourrisson. Le temps de la première tétée a été réparti en quatre classes comme suit : dans
les 30 minutes après l’accouchement, de 31 à 120 minutes, de 121minutes à 24 heures et
plus de 24 heures. Les résultats de l’étude ont montré que le temps de la première tétée
de 31 à 120 minutes était significativement associé à la durée d’AME à quatre mois. Les
auteurs ont affirmé que l’AME est très rare au Japon. La tradition qui consiste à donner
de l’eau chaude ou sucrée dès la naissance est très répandue. Les auteurs ont identifié
comme obstacles à l’AME la césarienne, l’accouchement d’un bébé prématuré, une
hémorragie grave pendant l'accouchement et les fausses croyances. Les auteurs ont
conclu que leurs résultats peuvent être mis à contribution pour aider à comprendre les
déterminants de l’AME et pour concevoir des stratégies entrant dans le cadre de la
promotion de l’AME dans ce milieu [92].
45
2.6.2 Pays en émergence
2.6.2.1 Inde
Suite à un faible taux d’AME jusqu’à six mois (13 %) à Gwalior en Inde, Tiwari
et al. [15] ont mené une étude pour tenter de comprendre les déterminants de l’AME.
L’étude a eu lieu dans les bidonvilles et un questionnaire semi-structuré avait servi à
recueillir les informations auprès des participantes. L’étude a été réalisée auprès de mères
d’enfants âgés de 6 à 12 mois. Au total 284 mères ont été identifiées, mais 279 ont
accepté de participer à l’étude. Les questions ont porté sur le statut socioéconomique, le
niveau d’instruction des mères, les pratiques d’allaitement telles que l’initiation, le don
du colostrum, l’AME et l’utilisation du lait commercial. Les résultats de cette étude ont
montré que toutes les mères savaient que l’allaitement maternel est important pour la
survie de l’enfant. Cependant, seulement 3,8 % ont répondu que l’AME doit se faire
jusqu’à six mois. Quelques mères ont réussi à allaiter exclusivement leurs enfants jusqu’à
six mois. Moins de 50 % des enfants ont commencé l’initiation à l’alla itement dans les 24
heures suivant la naissance. Plus du quart des mères (26,5 %) affirmaient avoir assisté à
trois visites ou plus d’éducation prénatale.
Les mythes et les préjugés, les pratiques traditionnelles, le faible niveau
d’instruction et le faible taux d’utilisation des services de santé ont été identifiés comme
étant les principaux obstacles à l’AME pendant les six premiers mois. Les auteurs ont
également remarqué que le taux d’AME n’était pas significativement différent entre les
mères allaitantes qui utilisaient les services de santé et celles qui ne les utilisaient pas
pendant le premier mois de vie de l’enfant. L’utilisation des services de santé par les
mères a été identifiée comme facteur facilitateur à l’AME.
Cette étude a suggéré que pour promouvoir les bonnes pratiques en allaitement
maternel et améliorer l’état nutritionnel et sanitaire des enfants, certaines dispositions
devaient être prises rapidement, notamment : les travailleurs de la santé devraient profiter
46
des contacts avec les mères lors des visites pré et postnatales pour promouvoir l’AME.
Les agents de santé communautaire locaux devraient être formés en communication et en
AME afin de disposer des connaissances et compétences nécessaires pour transmettre le
message à la communauté. Aussi, des groupes de soutien à l’AME devraient être formés
et soutenus pour contribuer à rehausser le taux d’AME. Les publicités et les promotions
de préparations commerciales de lait pour nourrissons devraient être découragées. Enfin,
tous les efforts à mettre en œuvre devraient cibler et atteindre les femmes analphabètes
qui accouchent à domicile et qui sont généralement les plus difficiles à atteindre.
2.6.3 Pays d’Afrique
2.6.3.1 Nigéria
Ogunlesi [11] a étudié l’influence des facteurs sociodémographiques sur
l’initiation à l’allaitement et l’AME pendant les six premiers mois de vie des enfants âgés
de 1 à 24 mois. L’étude a été réalisée dans une clinique spécialisée dans les soins
pédiatriques et de maternité en milieu semi-urbain et rural au Nigeria. L’étude a été
réalisée auprès de 262 mères âgées de 18 à 43 ans. Les données ont été recueillies à l’aide
d’un questionnaire et de groupes de discussion. Les informations comprenaient les
caractéristiques sociodémographiques (âge, lieu d’habitation, niveau d’éducation,
occupation de la mère, centre de santé fréquenté, lieu d’accouchement), les données de
l’enfant et les pratiques d’alimentation de l’enfant à savoir l’initiation et l’AME pendant
les six premiers mois de vie de l’enfant. Les résulta ts ont indiqué que toutes les mères ont
pratiqué l’allaitement maternel. De ces mères, 37,4 % mettaient leur bébé au sein au
cours de la première heure suivant la naissance. L’allaitement maternel exclusif durant
les six premiers mois était pratiqué chez 21,4 % des enfants.
47
Le taux d’AME des enfants âgés de 1 à 3 mois était de 33,3 %. Un peu plus des
trois quarts des mères (76,3%) affirmaient avoir reçu des conseils sur l’allaitement
maternel. Par ailleurs, la proportion des mères de moins de 20 ans ayant initié
l’allaitement une heure après la naissance est similaire à celle des mères de plus de 20
ans. Aussi, la proportion des enfants résidant en milieu semi-urbain qui ont été mis au
sein une heure après leur naissance était similaire à celle des enfants résidant en zone
rurale. L’initiation et le taux d’AME sont faibles et varient d’une région à l’autre au
Nigeria. Ces variations sont associées à des facteurs socioéconomiques et culturels. Le
taux d’AME jusqu’à 6 mois est de 23,4 % à Ibadan, 33,3 % à Enugu, 78,7 % à Sokoto et
21 % à Ilesa.
Les facteurs sociodémographiques identifiés et qui sont associés au retard
d’initiation à l’allaitement et à l’échec de l’AME étaient un faible niveau d’éducation et
la non-utilisation des services de santé par les mères pour les soins et les accouchements.
Selon l’auteur, un niveau d’éducation élevé permet aux mères d’avoir un meilleur accès
et une meilleure utilisation de l’information. L’utilisation de services permet d’avoir des
conseils sur les bonnes pratiques d’allaitement maternel.
Cette étude recommande de mettre l’accent sur l’amélioration des séances
d’éducation afin de rehausser le niveau d’initiation et d’AME et de favoriser une
meilleure utilisation des services ainsi que l’éducation des femmes, gage d’une
acquisition de connaissances durables [11].
2.6.3.2 Malawi
Kamudoni et al. [12] ont tenté de déterminer la perception des mères et l’influence
des réseaux sociaux sur les pratiques d’allaitement. Pour ce faire, ils ont réalisé une
48
enquête transversale dans le district de Mangochi au Malawi. La population d’étude était
constituée des mères d’enfants issus de milieux défavorisés. Au total, 349 mères
d’enfants âgés entre zéro et douze mois ont été recrutées dont 157 en milieu rural et 192
en milieu semi-urbain. Les enfants qui n’habitaient pas les zones concernées par l’étude
avant l’âge de six mois ainsi que les jumeaux ont été exclus de l’étude. Des groupes de
discussion et un questionnaire structuré individuel ont été utilisés pour recueillir les
données. Les questions ont porté sur les caractéristiques sociodémographiques des mères,
l’insécurité alimentaire des ménages, le lieu de naissance, les pratiques d’alimentation
des nourrissons et leur influence, ainsi que sur les mesures anthropométriques. L’opinion
des mères sur l’AME et sur sa durée a été évaluée par deux questions principales
notamment, combien de temps après la naissance avez-vous donné un aliment liquide ou
un liquide autre que le lait maternel à votre enfant ; et selon vous, quand doit-on
commencer à donner de l’eau à un nourrisson après la naissance. Les résultats ont indiqué
que le taux d’AME était de 39,1 % de 0 à 2 mois, 27,5 % de 0 à 4 mois et de 7,5 % de 0 à
6 mois. Chez les mères qui ont affirmé que l’AME doit durer jusqu’à 6 mois, 81,3 % ont
déclaré avoir été influencées dans leur décision par les travailleurs de la santé. Aussi,
43,9 % des mères qui pensaient que l’AME devait durer moins de six mois avaient aussi
été influencées par les agents de santé. Les principales raisons pour cesser l’AME étaient
la perception de production insuffisante de lait ou les pleurs du nourrisson.
Bien que l’allaitement maternel soit accepté par les mères, l’AME n’est pas une
pratique courante à Mangochi. Le taux élevé d’AME a été associé à l’accouchement dans
un centre de santé Amis des bébés et l’opinion des agents de santé influence fortement les
mères dans leur décision. Cette étude recommande que les agents de santé soient formés
de manière continue pour accroître et maintenir à jour leurs compétences sur les options
en matière d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant afin qu’ils soient en meilleure
position pour fournir des conseils judicieux aux mères.
49
2.6.3.3 Ghana
Afin de guider les interventions futures et mieux adapter les stratégies pour
améliorer l’état nutritionnel et sanitaire des nourrissons, Otoo et al. [17] ont cherché à
comprendre la perception et les obstacles à l’AME chez les femmes vivant en zone semi-
urbaine des districts sanitaires de Manya et Yilo-Krobo au Ghana. Les données ont été
obtenues à partir de groupes de discussion. Quatre groupes de 7 à 10 femmes chacun ont
été formés. Au total, 35 participantes âgées de 19 à 49 ans ayant un nourrisson de quatre
mois et plus au moment de l’enquête ont été recrutées. La discussion portait sur les
connaissances des mères en AME, les sources d’information, les avantages de l’AME, les
facteurs facilitateurs, les obstacles à l’AME ainsi que les conséquences de la cessation
précoce de l’allaitement maternel.
Les résultats font apparaitre que, bien que l’allaitement maternel soit une norme
culturelle acceptée par toutes les mères et que la plupart des mères soient capables de le
définir théoriquement, l’AME n’est pas couramment pratiqué. Les mères affirmaient
avoir reçu les informations sur l’AME au centre de santé. Les groupes de discussion ont
permis d’identifier plusieurs obstacles à l’AME dont, certaines croyances (ex : l’eau peut
être donnée si elle est propre ; la crainte que le sein ne devienne flasque, gros et tombant ;
l’allaitement maternel jusqu’à six mois rend l’enfant capricieux); les activités
quotidiennes des mères ; les problèmes de mamelon (abcès, inflammation…); la
production insuffisante de lait; les pressions de la famille, des grands-mères et des amies ;
la difficulté d’expression du lait tandis que l’enfant pleure ; le refus ou l’incapacité de
l’enfant de téter ; la non-acceptation de l’allaitement en public ; le manque de soutien des
époux ; les pères trop consciencieux qui veulent tout acheter à leur bébé y compris les
préparations industrielles ; les mères infectées par le VIH ; lorsque la mère a faim et
qu’elle se met en colère : elle perd tout intérêt à allaiter, etc.
50
Les auteurs concluent que toutes les mères qui fréquentent les centres de santé ont
reçu des informations sur l’AME et sont conscientes de ses avantages sur la santé et le
bien-être de l’enfant et de la mère. Toutefois, la capacité des mères à allaiter
exclusivement dépend de certains facteurs tels que : les influences extérieures (famille,
mari, amies, etc.), de son état physique, émotionnel et même financier [17].
2.6.3.4 Niger
Abba et al. [93] ont tenté de documenter les raisons du faible taux d’AME et
d’identifier des pistes d’intervention pouvant être mises en place auprès des
professionnels de la santé pour les aider à promouvoir la pratique optimale d’AME au
Niger. Pour ce faire, les auteures ont d’abord procédé à l’observation des pratiques en
vigueur dans les formations sanitaires de la communauté urbaine de Niamey puis réalisé
des entrevues semi-dirigées avec les agents de santé. L’étude concernait douze
formations sanitaires de première ligne dont des CSI et maternités et comportait 43
participants. Au total, dix groupes de discussion de 3 à 7 personnes ont été organisés par
type de profession (infirmiers, sages-femmes, assistants sociaux, médecins généralistes et
pédiatres). La grille d’observation et le guide d’entretien pour les discussions de groupe
ont été élaborés à partir du cadre conceptuel de Lutter [94]. En effet, selon Lutter
l’alimentation optimale du nourrisson est influencée par des facteurs d’ordre personnel,
familial et sociétal [94]. L’analyse des résultats révèle que la promotion de l’AME n’est
pas faite dans les formations sanitaires de la Communauté urbaine de Niamey et, de plus
ne constitue pas une priorité dans les pratiques des professionnels de la santé.
Les résultats des discussions de groupes ont permis d’identifier des pistes
d’interventions pour pallier les problèmes. Ces propositions de solution se situaient à
divers niveaux. D’abord, sur le plan structurel et organisationnel des services de santé :
pour qu’un professionnel de la santé fasse convenablement son travail, il doit disposer du
temps nécessaire et des ressources. Au plan programmatique ensuite, les solutions
consistaient à l’inclusion du volet promotion de la santé dans le cursus scolaire des agents
51
de santé, organiser des supervisions régulières, le système de formation continue et
recyclage, etc. Sur le plan pratique et comportemental enfin : les agents de santé doivent
donner l’exemple d’abord en pratiquant l’AME puis, encourager et féliciter les mères qui
le pratiquent. Il faut également trouver un moyen de motiver financièrement les femmes
relais qui font la promotion de l’AME et favoriser la création ou la redynamisation des
associations et des comités de soutien à l’AME, etc.
Les conclusions de cette étude ont montré que la promotion de l’AME dans les
formations sanitaires de la communauté urbaine de Niamey est déficiente, mais il est
possible de remédier à cette situation. Pour rehausser le taux d’AME, les auteurs ont
suggéré que ces informations soient prises en compte et que des actions, identifiées par
les participants au cours des discussions, soient entrepr ises afin d’améliorer les attitudes
et les pratiques des professionnels de la santé.
Selon les résultats de l’Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs
Multiples, 98% des enfants du Niger ont été allaités. La durée médiane de l’AME est
comprise entre 0-4 mois et 15,5 % des décès d’enfant de moins d’un an sont attribuables
à une pratique inadéquate de l’allaitement maternel dont le manque de pratique de l’AME
[21]. La pratique de l’allaitement maternel est très courante quelles que soient les
caractéristiques de la mère. Bien que l’allaitement maternel soit une pratique très
répandue, 52 % des enfants ne sont pas allaités dans l’heure qui suit leur naissance et plus
d’un enfant sur trois (36 %) ne reçoivent pas le lait maternel dans le premier jour qui suit
leur naissance. Par ailleurs, les résultats de cette enquête démontrent que 50 % des
enfants sont alimentés avant le début de l’allaitement au sein [21].
Concernant, l’AME, on constate en effet qu’avant l’âge de deux mois, seulement
18 % des enfants reçoivent uniquement le lait maternel. Entre l’âge de quatre et cinq
mois, cette proportion tombe à 8 % [21]. Dans une enquête nationale nutrition et survie
52
de l’enfant réalisée en 2009, l’AME au Niger demeure encore une pratique peu courante ;
9,9 % seulement des nourrissons de six mois étaient nourris exclusivement au sein [24].
En 2005, en réaction à la grave crise alimentaire et nutritionnelle qu’a connue le
Niger, le gouvernement a pris la mesure de la nécessité, au travers de l’Institut National
de la Statistique et du Ministère de la Santé Publique, en mettant en place un système de
suivi régulier de l’évolution de la situation nutritionnelle par le truchement des enq uêtes
nutritionnelles et de survie de l’enfant. Cela se réalise grâce à la collaboration avec les
partenaires techniques et financiers, notamment le Fonds des Nations Unies pour
l’Enfance (UNICEF), le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et certaines ONG
internationales en l’occurrence Helen Keller International (HKI) et la Croix Rouge
Française (CRF) [25].
Ces enquêtes nutritionnelles visent à produire chaque année des données sur la
nutrition des enfants de 0 à 59 mois. Le but ultime recherché est de recueillir des
informations permettant d’apprécier l’évolution de la situation nutritionnelle au cours du
temps afin de réorienter les programmes. La méthodologie SMART a été utilisée pour
recueillir les données. L’échantillonnage a été réalisé en utilisant la méthode de sondage
par tirage aléatoire, stratifié (par région et par milieu urbain/rural) et à deux degrés. Cette
méthodologie a permis d’obtenir des résultats représentatifs pour l’ensemble du pays,
aussi bien pour les milieux urbains que ruraux. L’enquête a été menée sur un échantillon
de 2862 ménages et comprenait 4022 enfants en 2008 [25] et 6299 ménages avec 7494
enfants en 2009 [24]. Les informations ont été obtenues à partir d’un entretien direct avec
chaque participant. Les questionnaires étaient standardisés et comportaient des
caractéristiques sociodémographiques, et des données sur l’allaitement.
Les résultats de l’enquête de 2008 ont démontré un taux d’AME de 4,4 % et de
9,9 % en 2009 [5, 24,]. Le tableau suivant présente la situation de l’AME jusqu’à six
mois du Niger par rapport à certains pays d’Afrique de l’Ouest.
53
Tableau 2. Situation de l’AME jusqu’à 6 mois en Afrique de l’Ouest.
Bien que presque toutes les femmes aient allaité, on a noté une introduction
précoce d’eau et d’autres aliments. Le nouveau-né reçoit de l’eau le plus souvent l’eau du
bain, des décoctions et autres produits traditionnels. En conséquence, celui-ci tombe
fréquemment malade (diarrhées, vomissements, infections respiratoires aiguës). Les
auteurs de ces rapports ont conclu en recommandant aux autorités sanitaires et aux
pouvoirs publics du Niger de s’engager résolument à accorder une priorité élevée à
l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant et particulièrement à l’AME dans leurs
programmes de développement [5, 24, 25].
Un document du Ministère de la Santé Publique intitulé Plan stratégique pour la
protection, la promotion et le soutien de l’allaitement maternel au Niger (2008 —
2012) a fait état d’une étude menée par l'UNICEF en août 2006, dans le département de
Mayahi (dans la région de Maradi) portant sur les connaissances, attitudes et pratiques sur
les déterminants de la nutrition et de l’alimentation du jeune enfant. Cette étude avait
pour but de faire une comparaison entre les comportements constatés sur le terrain en
matière de nutrition et les comportements recommandés. Les informations ont été
Pays AME à 6 mois
Nigeria 13 % (UNICEF Nigeria, 2009) [8]
Mali 38 % (EDS-2006) [9]
Togo 38,5 % (UNICEF Togo, 2008) [7]
Bénin 43 % (EDS-2006) [10]
Niger 9,9 % (Enquête Nationale Niger, 2009) [24]
54
obtenues à partir d’un entretien direct avec chaque participante, entretien guidé par un
questionnaire standardisé. L’analyse des comportements a porté sur l’AME jusqu’à l’âge
de six mois ; l’alimentation de complément après l’âge de six mois, en complément du
lait maternel ; les comportements à adopter pour les enfants de la naissance à l’âge de
cinq ans ainsi que la nutrition des filles âgées de 10 à 15 ans, des femmes enceintes et
allaitantes (mères d’enfants de 0 à 6 mois) [29].
Les résultats de cette étude ont montré l’impact des fausses croyances
traditionnelles, selon lesquelles, le premier lait jaune (colostrum) contient une maladie
mortelle (kaï kaï en haoussa) qui doit être soignée par des remèdes traditionnels jusqu'à
ce que le véritable lait (montée laiteuse) n'arrive. Les auteurs ont enfin conclu que de
fausses croyances traditionnelles, certains rites traditionnels et la mise au sein tardive du
bébé, la durée des tétées, l’introduction des aliments solides, etc. ont un impact important
sur les pratiques d’allaitement et peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé de
l’enfant et de la mère [95].
Les grands-mères et les belles-mères ont une énorme influence sur les pratiques
alimentaires des nouveau-nés et des jeunes enfants dans cette culture, surtout pour les
primipares et les jeunes femmes. Les durées des tétées restent très limitées, car les
femmes croient que le lait en fin d'allaitement est « chaud» et fera vomir l'enfant. L’étude
a fait remarquer qu’un quart de ces nourrissons reçoivent occasionnellement des boissons
diluées à base de mil dès l'âge de trois ou quatre mois [95]. Les auteurs de ce rapport ont
conclu en recommandant qu’un agent de santé motivé et formé sur la pratique
d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant puisse orienter les mères à l'adoption de
nouveaux comportements, même chez les femmes ayant accouché à domicile avec
l'assistance de la grand-mère.
En résumé, le taux d’AME au Niger reste parmi les plus faibles de l’Afrique de
l’Ouest. Les raisons sont multiples et propres aux divers pays et régions.
55
2.7 FACTEURS FACILITANT L’ALLAITEMENT MATERNEL EXCLUSIF
Il existe une multitude de facteurs pouvant influencer le taux d’AME. On notera ceux
qui peuvent influencer la décision d’allaiter de façon exclusive pendant les six premiers
mois ou ceux qui peuvent influencer la durée ou l’initiation. Les raisons qui peuvent
pousser à l’arrêt de l’AME et à l’introduction d’autres aliments sont différentes d’un pays
à un autre. Mais, certaines raisons sont semblables (production insuffisante de lait). Au
Niger, les services de santé qui mènent des activités d’éducation nutritionnelle sont
parvenus à rehausser les taux d’initiation et la durée d’allaitement. Cependant, les taux
d’AME à six mois sont encore beaucoup trop faibles. C’est pourquoi, il est important de
s’intéresser aux obstacles et aux facteurs facilitant l’AME afin d’améliorer sa pratique.
2.7.1 Niveau d’instruction de la mère
L’instruction des mères semble avoir un impact important sur l’AME. Les mères
instruites sont plus susceptibles d’avoir un meilleur accès et une meilleure utilisation de
l’information que les mères ayant un bas niveau d’instruction, ce qui contribue à
améliorer la nutrition des enfants. Cette fréquence de l’AME en lien avec le niveau
d’instruction élevé de la mère a été mise en évidence par plusieurs auteurs, aussi bien
dans les pays à bas et moyens revenus que dans les pays à haut niveau socioéconomique.
Au Nigeria, Ogunlesi fait ressortir que le taux d’AME est plus important lorsque
le niveau d’éducation de la mère est élevé [11].
Dans une étude réalisée au Brésil, Venancio et Monteiro [96] ont montré que
l’AME est une pratique rare (4 % dans la population d’étude et 13,9 % dans 111
municipalités). Les auteurs ont prouvé que les enfants non nourris au sein ont un risque
de mourir de diarrhée et de maladies respiratoires dans la 1ère année de vie,
56
respectivement 14 et 3,6 fois plus élevé que les enfants allaités exclusivement au sein. Ils
affirment que l’un des principaux facteurs favorisant les pratiques d’AME est le haut
niveau d’instruction de la mère [96].
Dans une étude menée en Corée du Sud par Chung et al. [97] sur les facteurs qui
favorisent l’initiation et la durée de l’allaitement maternel, le haut niveau d’instruction de
la mère ressortait parmi les facteurs favorisants. En effet, les auteurs ont montré que les
faibles taux d’AME observés en Corée du Sud sont dus principalement au fort taux de
césariennes. En plus de la douleur ressentie après l’acte chirurgical, les mères pensent
que les antibiotiques utilisés au cours du traitement passent dans le lait maternel. Plus
encore, les mères croient que l’accouchement par voie basse déforme le vagin et que
l’allaitement maternel déforme les seins d’où la forte prévalence de césarienne et de
sevrage précoce. En effet l’étude révèle que la proportion d’AME est plus importante
lorsque le niveau d’instruction de la mère est élevé, car les mères plus instruites ont
moins de fausses croyances [97].
On retrouve également cet état de fait d’une prévalence élevée du taux d’AME
chez les mères ayant un niveau d’instruction élevé dans une étude réalisée par Diagne-
Guèye et al. au Sénégal, même si par ailleurs les auteurs affirmaient que la différence
n’était pas significative [98].
En revanche, certaines études dont celle réalisée par Batal et al. [14] au Liban, ont
mis en évidence des facteurs contraires. Le faible niveau d’instruction de la mère a été
associé à une augmentation du taux d’AME. Ces pratiques semblent être liées au fait que
les femmes qui ont un faible niveau d’instruction en général restent à la maison pour
nourrir les bébés [14].
57
2.7.2 Accouchement dans une formation sanitaire
Au Ghana, le taux de mortalité néonatale est élevé. Les données d’observation
récentes ont suggéré que si les nourrissons de la zone d’étude pouvaient être mis au sein
dans l’heure qui suit la naissance, la mortalité néonatale pourrait être évitée. Tawiah et al.
[99] ont tenté d’étudier l’initiation à l’allaitement maternel, la source d’information sur
l’allaitement et les premiers aliments qui sont donnés au bébé en cas de retard de mise au
sein. A cet effet, ils ont recruté des femmes en âge de procréer appartenant à un groupe
socio-économique homogène. Les données ont été obtenues à partir des questionnaires
semi-structurés et des groupes de discussion. L’entretien a porté sur 52 mères et 13
agents de santé. Huit groupes de discussion ont été formés. Cette étude a révélé que
l’accouchement dans un centre de santé est associé à la précocité de l’initiation et à la
durée de l’AME. Les auteurs ont conclu en recommandant aux autorités politiques et
sanitaires du pays d'insister sur la nécessité de mettre l'accent sur la communication pour
le changement de comportement au sein des hôpitaux, des cliniques et des centres de
santé de manière à assurer une bonne utilisation des services de santé pour rehausser le
taux d’AME. Ils suggèrent aussi que les agents de santé, les comités de soutien à
l’allaitement maternel et les agents de mobilisation communautaire soient formés afin de
mieux accorder de l’importance à la bonne communication [99].
Cette constatation a également été faite dans l’étude récente d’Ogunlesi [11]. Il
soutient que l’utilisation de services de santé par les femmes permet d’avoir des conseils
sur les bonnes pratiques d’allaitement maternel. Le travail d’information sanitaire ne doit
pas seulement se limiter au seul client venu en consultation, mais aussi s’étendre à toutes
les personnes significatives de la famille susceptibles d’influencer le comportement de la
mère [11].
2.7.3 Soutien de personnes favorables à l’allaitement maternel exclusif
En 2002, Siret et al. [100] ont tenté d’identifier les facteurs associés à l’AME
jusqu’à six mois à la maternité de l’hôpital Antoine-Béclère, Clamart. C’est une étude
prospective portant sur les nouveau-nés issus de grossesses uniques nés à la maternité de
l’hôpital concerné par l’étude. Les grands prématurés ont été exclus de l’étude. Trois
58
entretiens ont été réalisés dont le premier à la suite de l’accouchement avant la sortie de
l’hôpital, le second, à un mois de la naissance et le troisième à six mois après
l’accouchement. Les questions ont porté sur les antécédents médicaux, la grossesse,
l’accouchement et le choix du type d’alimentation pour le bébé. Les données sur la santé
de l’enfant, son mode d’alimentation ont également été recueillies. Au total, 562 bébés
ont été recrutés. Les résultats indiquent que le taux d’AME à la sortie de la maternité était
de 73 à 68 %. A un mois, le taux d’AME était de 37 %. Les enfants allaités à un mois
continuent à être allaités à six mois. Les facteurs qui étaient associés à la pratique
d’AME à un mois étaient un niveau d’étude supérieure et une naissance à terme. Les
auteurs estiment que le personnel de la maternité a joué un rôle important dans la
poursuite de l’AME de 1 à 6 mois. Le personnel peut être mis à contribution pour aider à
identifier, au cours du suivi de grossesse, les femmes pouvant être encouragées à
poursuivre l’AME. Les auteurs concluent que les interventions mises en place devraient
impliquer au premier rang le professionnel de la santé [100, 101].
Afin de développer des stratégies pour surmonter les obstacles à l’AME jusqu’à
six mois, Ingram et al. [102] en ont étudié les déterminants chez les groupes ethniques
noirs et minoritaires vivant au Royaume-Uni, notamment, les Indiennes, les
Pakistanaises, les Somaliennes et les Afro-Antillaises. La population à l’étude était
constituée de 22 mères d’enfants âgés de 10-18 mois. L’outil de collecte de données était
une discussion de groupe à partir d’un questionnaire semi-structuré standardisé
comprenant les parties suivantes : les caractéristiques sociodémographiques, l’influence
d’amies, des familles, des maris, des agents de santé et des comités de soutien en lien
avec l’alimentation du nourrisson ; l’influence de la culture, l’allaitement maternel en
dehors du foyer et les pratiques de l’alimentation du nourrisson pendant les six premiers
mois de la vie. Les résultats de cette enquête font apparaître que le taux d’AME jusqu’à
six mois tel que défini par l’OMS est relativement bas. Cette pratique est simila ire pour
toutes les ethnies. Les auteurs ont identifié comme facteurs facilitateurs le soutien et
l’encouragement des mères par leur famille et par les agents de santé. Ils ont aussi relevé
la confiance en soi ainsi que l’expérience personnelle en matière d’allaitement. Les
principales raisons avancées par les mères pour nourrir tôt leur enfant avec d’autres
aliments que le lait maternel sont la d ifficulté d’allaiter en public, la pression de la famille
59
et des amies la croyance selon laquelle une mère en bonne santé devrait avoir un enfant
gros et en bonne santé et enfin la perception de production insuffisante de lait. Toutefois,
les auteurs ont souligné deux limites importantes de l’étude notamment, la réalisation
d’une discussion avec un petit groupe et la non-répétition de discussion. En conclusion,
pour la réussite de l’AME jusqu’à six mois, les maris, les familles, les amies et toutes les
personnes influentes dans l’entourage de la mère devraient être impliqués dans la
sensibilisation. Les auteurs ont aussi recommandé que les mères soient sensibilisées afin
de mieux comprendre l’importance de l’AME pour les nourrissons et pour elles-mêmes,
ensuite créer les conditions pour leur permettre d’allaiter leur bébé même en dehors de
leur domicile [102].
2.8 OBSTACLES À L’ALLAITEMENT MATERNEL EXCLUSIF
Malgré les bienfaits indiscutables de l’AME tant pour l’enfant que pour sa mère,
certaines pratiques et croyances constituent un obstacle à l’AME.
2.8.1 Jeune âge de la mère
En 2009, suite à un faible taux d’AME à Zhejiang en Chine, Qiu et al. [19] ont
documenté les facteurs qui influencent l’initiation et la durée de l’AME. A cet effet, ils
ont recruté des femmes ayant accouché dans des hôpitaux fréquentés par les mères. Les
données ont été obtenues au moyen d’un questionnaire au cours de trois entretiens avec
les mères dont le premier a été réalisé avant sa sortie de l’hôpital ; le second, au cours des
2 à 3 mois suivant la naissance et le troisième entretien, six mois après l’accouchement.
Le suivi a été effectué par téléphone. Au total, les auteurs ont rejoint 1520 mères dans les
quatre hôpitaux des quatre localités. Les critères d’inclusion étaient : les mères résidant
dans la zone d’étude et ayant un enfant né vivant et en santé. Les variables étudiées
étaient l’âge de la mère, le niveau d’instruction, le type d’accouchement, le statut
matrimonial, la parité, les types de soins reçus, le revenu mensuel de la famille et les
pratiques d’alimentation du nourrisson. Tous les hôpitaux concernés par l’étude étaient
accrédités “amis des bébés”.
60
Les résultats de l’étude ont montré que l’initiation à l’allaitement maternel est
quasi universelle dans cet échantillon (96,9 %). Le taux d’AME à la sortie de l’hôpital est
de 50,3 %. Les auteurs ont identifié l’âge de la mère (les mères de plus 25 ans) et le
soutien du mari comme facteurs qui facilitent la réussite de l’AME. Les principaux
obstacles sont : le jeune âge de la mère par manque d’expérience, le faible niveau
d’instruction, un revenu familial bas, la césarienne, la perception de production
insuffisante de lait et enfin la croyance selon laquelle un bébé ne doit pas être mis au sein
immédiatement après la naissance. Les auteurs ont conclu que leurs résultats peuvent être
mis à contribution pour aider à comprendre les déterminants de l’AME et concevoir des
stratégies entrant dans le cadre de la promotion de l’AME dans ces milieux [19].
Hauck et al. [90] ont aussi identifié plusieurs croyances et pratiques culturelles qui
font obstacle à l’AME dont, le jeune âge de la mère.
2.8.2 Perception d’une production insuffisante de lait
L’insuffisance de production de lait est l’une des raisons le plus souvent avancées
par les mères pour introduire d’autres aliments que le lait maternel dans l’alimentation de
leur enfant. Cet état de fait a été souligné par plusieurs auteurs dont Kamudoni et al. [12]
Wijndaele et al. [103] ont publié une méta-analyse sur les déterminants du sevrage
précoce et l’utilisation de lait de vache chez les nourrissons. Les hypothèses ont été que :
l’introduction d’aliments de complément avant quatre à six mois d’âge et l’utilisation de
lait de vache avant 12 mois sont associées à plusieurs risques pour la santé. Les auteurs
avaient répertorié 78 études sur le sujet, publiées entre 1976 et 2008, dont la plupart
menées dans les pays développés. Selon les critères préétablis par les auteurs, plus de
75 % des résultats étaient cohérents et pris en compte, les autres ont été rejetés. Les
résultats de cette méta-analyse proviennent de sept bases de données. Cependant, les
auteurs n’ont pas précisé le nombre de sujets touchés. A l’issue de cette méta-analyse, six
déterminants du sevrage précoce ont été identifiés. Les auteurs concluent qu’à court
terme, les conseils prodigués par les agents de santé sont les plus appropriés pour
améliorer les situations et réduire au minimum les risques pour la santé [103].
61
Les résultats de l’étude de Kong et Lee [104] montrent également plusieurs
facteurs sociaux, culturels, environnementaux et autres qui contribuent à la décision des
mères d’allaiter exclusivement ou non leur enfant. Les auteurs ont procédé à des groupes
de discussion avec 26 mères sélectionnées en fonction de leur disponibilité. Des
entrevues ont également été réalisées. Les auteurs ont recruté des femmes ayant accouché
dans treize centres de santé publics et privés. Au total, ils ont rejoint 230 mères. Les
mères ayant subi des césariennes et les naissances compliquées ont été exclues de l’étude.
Les variables étudiées ont été l’âge de la mère, la situation matrimoniale, le niveau
d’instruction de la mère et les pratiques d’allaitement. Les facteurs identifiés sont de
plusieurs ordres : facteurs personnels (production insuffisante de lait, douleur du
mamelon, inconfort physique, etc.) ; facteurs sociaux (manque de soutien de la famille et
du mari, etc.) ; facteurs culturels (inacceptable d’allaiter en public : le sein est un symbole
sexuel) et les facteurs environnementaux (manque d’intimité) [104].
Wambach et Cohen [13] ont tenté d’examiner l’expérience en matière d’AME
chez les mères adolescentes en vue d’améliorer les pratiques aux États-Unis. Pour ce
faire, 23 mères, âgées de 14 à 18 ans ont été invitées à participer aux discussions. Des
entrevues semi-structurées ont aussi été réalisées. Les auteurs concluent que la production
insuffisante de lait et la douleur du mamelon constituent les principaux obstacles à
l’AME [13]. Cette perception de production insuffisante de lait est également mise en
évidence par plusieurs auteurs aussi bien dans les pays pauvres que riches [17, 105].
Bien que certains auteurs [32] estiment que la capacité de la mère à produire la
quantité de lait requise pour son bébé est peu altérée, même en situation de malnutrition
légère ou modérée, pourvu que le bébé puisse être mis au sein à la demande, le manque
ou l’insuffisance de lait est l’une des principales raisons que les mères avancent pour
nourrir leur bébé avec d’autres aliments que le lait maternel avant six mois.
62
2.8.3 Refus de téter/maladie de l’enfant/faible poids de l’enfant à la naissance
Giashuddin et al. [106] ont procédé à une évaluation de la durée de l’allaitement
maternel et des facteurs socioéconomiques et démographiques qui l’influencent au
Bangladesh. A partir d’un recensement de 1991, un échantillon de 30 ménages a été
sélectionné dans chaque unité de l’échantillon primaire. Les mères qui allaitaient encore
au moment de l’enquête et les enfants de moins de cinq ans décédés avant la fin de
l’enquête ont été exclus de l’étude. Au total, 9854 ménages ont été sélectionnés, 10544
femmes ont été interrogées et 5068 mères d’enfants de moins de cinq ans ont répondu au
questionnaire. Les questions ont porté sur les caractéristiques socioéconomiques et
démographiques, de même que sur la situation de l’allaitement maternel dont sa durée et
son exclusivité. Les résultats ont montré que l’allaitement maternel peut se poursuivre
jusqu’à 48 mois avec une moyenne de 31,3 mois. La durée de l’AME est de 3,67 mois, ce
qui est loin des recommandations internationales. Les raisons liées à la cessation de
l’AME sont : la perception de production insuffisante de lait, la maladie de la mère et le
faible poids de naissance (parce que le bébé est incapable de téter et qu’il faut compléter
l’alimentation souvent dans des milieux spécialisés) [106]. Cet état de fait a aussi été mis
en évidence par Duong et al. [20].
2.8.4 Douleur au mamelon
Plusieurs intervenants en allaitement maternel s’accordent à reconnaitre que la
majorité des problèmes cliniques d’allaitement tels que les gerçures, la douleur aux
mamelons, la mastite, le retard de croissance, etc. sont causés par une prise du sein
inadéquate. La plupart sont d’accord pour dire qu’une bonne prise du sein prévient bon
nombre de problèmes d’allaitement. Pour cela, en renforçant la confiance de la mère en
ses capacités d’allaiter, en veillant à une bonne position et une bonne prise du sein, on
peut parvenir à éviter ces problèmes.
Suite à un taux bas d’AME, Semenic et al. [107] ont tenté de déterminer les
facteurs sociodémographiques, psychologiques et périnataux liés à l’AME jusqu’à six
mois à Montréal au Canada. A cet effet, ils ont recruté des femmes ayant accouché dans
un service de soins obstétricaux ainsi que leurs époux ou partenaires. Les données ont été
63
obtenues à partir d’un questionnaire comportant les caractéristiques
sociodémographiques, les facteurs périnataux, psychologiques et des informations sur les
croyances paternelles en lien avec l’alimentation du bébé. Au total, les auteurs ont rejoint
189 mères primipares et 178 époux ou partenaires. Les cr itères d’inclusion étaient : que la
mère soit âgée de 18 ans ou plus et que l’enfant soit né à terme et en santé. Toutes les
données ont été recueillies de 24 à 72 h après l’accouchement et six mois après
l’accouchement. Les résultats ont montré que le taux d’AME jusqu’à six mois est de 5 %,
ce qui est loin des recommandations internationales actuelles en matière d’AME. La
perception d’une insuffisance de lait, la douleur du mamelon, l’impression que le bébé a
faim, la perception selon laquelle la fréquence d’allaitement fatigue la mère constituent
les principaux obstacles [107].
Alexander et al. [108] ont procédé à une évaluation de connaissances et pratiques
des mères ayant un niveau socioéconomique faible en rapport à l’alimentation des enfants
aux États-Unis. Ils souhaitaient identifier les raisons du choix de méthodes d’alimentation
des nourrissons, les taux et les obstacles à l’AME chez les mères afro-américaines. Il
s’agissait d’une enquête prospective transversale menée par entrevue structurée. A part ir
du centre de soins obstétricaux, les auteurs ont sélectionné 186 femmes ayant satisfait à
leurs critères d’inclusion dont 176 ont accepté de participer à l’étude. Ils ont obtenu
l’information à partir d’un entretien guidé par un questionnaire standardisé avec chacune.
Les résultats de l’étude ont montré que la population afro-américaine concernée par
l’étude connaît bien les bienfaits de l’allaitement maternel. Cependant, certaines
situations telles que la douleur du mamelon, la perception de n’avoir pas assez de lait et
le style de vie constituent un obstacle à l’allaitement maternel [108].
Ingram et al. [109] ont tenté d’évaluer les croyances, les attitudes et les pratiques
culturelles qui entourent l’alimentation du bébé. Ils souhaitaient comprendre les
connaissances des mères sur l’AME et les capacités des grands-mères à soutenir
l’alimentation du nourrisson dans le sud du Royaume-Uni, région où réside un fort taux
d’immigrantes en provenance de l’Asie, soit : des Indiennes, des Pakistanaises et des
Bangladeshies. Les outils de collecte de données étaient un questionnaire semi-structuré
standardisé et un groupe de focus. Les questions portaient sur les caractéristiques
64
sociodémographiques et l’influence des grands-mères sur l’alimentation du
nourrisson. D’autres aspects tels que l’instruction, l’information et la sensibilisation en
lien avec l’AME ont aussi été abordés. Au total, 16 personnes ont répondu au
questionnaire et 14 ont participé au groupe de discussion. Les résultats de cette enquête
ont révélé des différences dans les pratiques culturelles et religieuses.Les principales
barrières à l’allaitement maternel sont : le mamelon douloureux, la maladie de la mère et
la perception de production insuffisante de lait [109].
2.8.5 Maladie de la mère ou de l’enfant
Les contre- indications médicales à l'allaitement maternel sont rares. Très peu de
maladies de la mère ou de l’enfant nécessitent une interruption de l’allaitement. Il y a
contre- indication uniquement dans les cas où l'allaitement peut mettre en danger la santé
du bébé ou celle de la mère, où les inconvénients du lait maternel l'emportent sur ses
avantages et où le lait maternel en tant que produit naturel risque de faire plus de mal que
de bien [110].
Généralement, l'allaitement n'était contre-indiqué que dans quelques cas de
maladie sévère de la mère. Il s’agit entre autres, de l’insuffisance cardiaque, des maladies
graves des reins, du foie ou des poumons. Quelques rares cas de psychose ou de
dépression sévère qui surviennent après l’accouchement, et qui mettaient en danger la vie
du bébé s'il était confié à une mère très perturbée peuvent aussi imposer l’interruption de
l’allaitement [111].Certaines infections bactériennes peuvent également imposer des
sevrages et des séparations temporaires : choc toxique staphylococcique, gonococcie,
listériose, infections à salmonelles, streptocoques. A cela s’ajoute la tuberculose
évolutive. En cas de tuberculose, le lait non infectieux peut être tiré et donné à l'enfant.
Le contact proche avec la mère pouvant contaminer le bébé, une séparation de courte
durée est nécessaire, jusqu'à ce que le traitement commence. La mère cesse alors d'être
contagieuse, et l'allaitement au sein peut démarrer ou reprendre, puisque le risque de
contamination est réduit. Toutes ces contre- indications ne sont pas absolues, mais c’est
65
pour le bien de la mère ou de l’enfant. Selon les cas, l'allaitement au sein pourra
reprendre, soit 24 heures après le traitement, soit après que l'efficacité thérapeutique ait
été obtenue pendant 12 heures, soit lorsque les examens médicaux montrent que le lait
n'est plus contaminé [111].
Chez l’enfant, la seule contre- indication est la galactosémie congénitale. La
galactosémie est une maladie très rare où le bébé manque d'une enzyme nécessaire au
métabolisme du galactose, un composé du lactose du lait maternel. Si le lactose n'est pas
supprimé de son alimentation, il peut en résulter des complications, telles que la
cataracte, la cirrhose du foie et l’arriération mentale. Il en est de même pour la
phénylcétonurie, une maladie qui se caractérise par un défaut du métabolisme d'un acide
aminé, la phénylalanine, pouvant entraîner des dommages cérébraux vers l’âge de deux
ans. En effet, le lait maternel contient peu de phénylalanine. Comme on ne peut apprécier
la quantité de lait absorbée par l'enfant allaité, on déconseille généralement l'allaitement
[111]. En revanche, certaines études montrent que le lait maternel est un bon aliment pour
les enfants souffrant de phénylcétonurie, si leur taux sanguin de phénylalanine est
surveillé. Si ce taux atteint un niveau compromettant l’état de santé de l’enfant,
l'allaitement maternel pourra être complété ou remplacé par une préparation spéciale
pauvre en phénylalanine. Donc, l'expérience montre que les enfants ajustent leur
absorption de lait maternel à partir du volume de lait artificiel reçu, afin de maintenir des
apports nécessaires à une croissance satisfaisante [112].
La leucinose appelée aussi « maladie des urines à odeur de sirop d'érable » est due
à un défaut du métabolisme d'une chaîne d'acides aminés qu'on trouve dans toutes les
protéines naturelles, et, donc dans le lait humain. Là aussi il existe des préparations de
synthèse spéciales contenant une quantité faible de ces acides aminés. Le lait materne l
peut être associé à ces préparations et un allaitement partiel au sein est donc possible.
Enfin, un herpès avec lésions buccales chez le bébé impose un sevrage temporaire du
sein, afin d'éviter une contamination de la mère. Mais le lait peut être tiré et donné au
66
bébé, et l'allaitement peut être repris après guérison des lésions [111].
Duong et al. [20] ont aussi montré que la maladie de la mère ou de l’enfant était
l’une des principales causes d’arrêt précoce d’AME au Viêt-Nam.
2.8.6 Difficultés liées à l’expression du lait
Afin de guider les interventions futures au Népal, Chandrashekhar et al. [113] ont
cherché à déterminer l’influence de certains facteurs sur l’initiation et la durée de l’AME.
Les données ont été obtenues à partir d’un entretien semi-structuré dans 18 centres de
soins aux enfants. Au total, 385 mères d’enfants de moins de deux mois ont été invitées à
participer à l’étude. Les questions ont porté sur l’initiation, la durée de l’AME, les
données sociodémographiques, les croyances et les décisions des mères sur l’alimentation
de leur enfant. Il ressort que bien que l’allaitement maternel soit une norme culturelle,
l’AME n’est pas une pratique courante. L’eau ajoutée et d’autres aliments sont donnés
dès la naissance. Plusieurs croyances poussent les mères dans ce comportement
notamment celles selon lesquelles le nourrisson est fatigué de prendre le sein, les
mamelons douloureux, l’absence de soutien de la famille, le faible niveau
socioéconomique et surtout les difficultés qu’ont les mères à exprimer leur lait. On croit
aussi que le fait de subir une césarienne entrave considérablement la mise en route de
l’allaitement maternel dès la naissance.
Le manque de connaissance sur la technique d’expression du lait a aussi été mis en
évidence par Shirima et al. [16].
67
2.8.7 Influence défavorable ou manque de soutien du mari, de la famille, des
amies et autres personnes influentes
Otoo et al. [17] ont mené une étude au Ghana pour déterminer la perception des
mères et identifier les obstacles à l’AME. Les auteurs ont procédé à des groupes de
discussion avec des mères âgées de 19 à 49 ans ayant au moins un enfant âgé de quatre
mois. Les sujets des discussions ont porté sur les connaissances des mères en AME, les
sources d’information, les avantages perçus de l’allaitement maternel, les motivations et
obstacles ainsi que les conséquences de la cessation précoce de l’allaitement maternel.
Les auteurs soulignent que les obstacles à l’AME les plus fréquemment évoqués sont la
charge de travail quotidienne, l’insuffisance de production de lait, le refus de téter, la
croyance selon laquelle l’eau peut être donnée si elle est propre, etc. Outre ces obstacles
liés à la perception qu’ont les mères de ne pas avoir assez de lait, l’étude fait ressortir que
le manque de soutien des époux, de la famille et des amies constitue également un
obstacle majeur. Les auteurs suggèrent que des groupes de population soient ciblés lors
de programmes d’intervention ou de sensibilisation en matière d’allaitement maternel.
Cependant, une des réalités que les agents de santé rencontrent vient des maris qui ne
répondent pas toujours aux appels [17].
2.8.8 Manque de connaissance en allaitement maternel
Afin de concevoir une intervention visant à améliorer les pratiques d’alimenta tion
des enfants en Zambie, Fjeld et al. [114] ont recueilli les renseignements de base sur les
connaissances, les attitudes et les pratiques liées à l’alimentation du nourrisson et du
jeune enfant. La population à l’étude était constituée des mères, des pères, des grands-
mères, des matrones et des professionnels de la santé vivant en milieu rural et urbain. Les
interviews semi-structurées et les groupes de discussion ont été leurs méthodes de
collecte des données. Pour harmoniser les données et approfondir les investigations, les
auteurs ont constitué neuf groupes de six à dix participantes, dont cinq groupes de mères
de 25 ans et moins et quatre groupes composés des mères âgées de plus de 25 ans. Les
discussions ont porté sur l’initiation à l’allaitement, la durée, les raisons de l’arrêt précoce
de l’allaitement et les obstacles à l’AME. Les résultats de cette étude démontrent que la
68
réussite de l’AME est associée à la motivation des agents de santé et matrones dans leurs
efforts de transmission de message sur l’allaitement. Cette étude a aussi identifié
plusieurs valeurs, croyances et pratiques culturelles qui ne sont pas compatibles avec une
alimentation optimale du nourrisson et qui semblent constituer un obstacle majeur à
l’AME dans ce milieu. La perception selon laquelle un nourrisson a besoin d’eau pour
vivre et l’insuffisance de production de lait constituent les principaux obstacles. Les
auteurs estiment que cela est dû au manque de connaissances des mères sur l’AME. Ils
pensent que le renforcement des capacités des professionnels de santé, la mise en place
des services d’information, éducation et communication et bien d’autres stratégies
couplées avec le soutien des partenaires permettraient de rehausser le taux de prévalence
de l’AME jusqu’à six mois dans ce milieu [114].
Suite à un taux d’AME relativement bas en Inde, Kishore et al. [115] ont procédé
à une évaluation des connaissances et pratiques en matière d’allaitement maternel chez
les mères des enfants âgés de 0-6 mois. Ils souhaitaient identifier les valeurs et les
croyances culturelles liées au mode d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant et
éventuellement déterminer les facteurs qui les influencent. Pour ce faire, ils ont émis
l’hypothèse selon laquelle le faible taux d’AME jusqu’à six mois est corrélé avec le
manque de connaissances des mères en la matière. L’étude a été menée dans six villages
auprès de 85 mères. Les questions ont porté sur les caractéristiques sociales, économiques
et démographiques, l’initiation et la durée de l’AME ainsi que sur la technique
d’allaitement. Les résultats ont montré que le taux d’AME jusqu’à six mois était de 10 %,
ce qui est loin des directives internationales recommandées en matière d’alimentation du
nourrisson et du jeune enfant. Les conseils des agents de santé et le niveau d’instruction
élevé des mères ont été associés à la réussite de l’AME. Cependant, le manque de
connaissances des mères sur l’AME, la perception de production insuffisante de lait et le
non-respect de la technique d’allaitement recommandée ont constitué les principaux
obstacles. Les auteurs ont recommandé que les conseils fournis par les professionnels de
santé mettent l’accent sur le positionnement correct du bébé à téter, de façon à favoriser
l’AME jusqu’à six mois [115].
69
D’autres travaux ont également mis en évidence le manque de connaissances des
mères comme étant un obstacle à l’AME jusqu’à six mois [15, 16, 18, 103].
2.8.9 Manque de temps pour allaiter/reprise de travail/retour à l’école
Glover et al. [116] ont cherché à déterminer les perceptions de femmes maories en
Nouvelle-Zélande, afin d’identifier les obstacles à l’AME jusqu’à six mois et à guider les
interventions futures. Les données ont été obtenues à partir des discussions de groupe
portant sur les connaissances, les pratiques et les sources d’informations sur l’AME. Au
total, les auteurs ont rejoint 59 femmes ayant au moins un enfant de trois ans. La non-
acceptation de l’allaitement en public, la forte prévalence de tabagisme de la mère et le
retour au travail ont constitué les principaux obstacles de l’AME [116].
Sibeko et al. [117] ont tenté de déterminer les facteurs sociodémographiques,
psychologiques et périnataux liés à l’AME jusqu’à six mois en Afrique du Sud. A cet
effet, ils ont recruté des femmes ayant un enfant de moins de six mois. Les données ont
été obtenues à partir d’un questionnaire comportant les caractéristiques
sociodémographiques, des informations sur les croyances, les attitudes et les pratiques en
lien avec l’alimentation du bébé. Au total, les auteurs ont rejoint 126 mères dont 117 ont
pu participer à l’étude. Les résultats ont montré que la durée de l’AME jusqu’à six mois
est de 10,4 %, ce qui est loin de la recommandation internationale actuelle en matière
d’AME. Les facteurs qui facilitent l’AME sont : les bienfaits du lait maternel, les conseils
des agents de santé et le soutien de l’entourage de la mère. Cependant, le retour à l’école
ou au travail, la perception d’une insuffisance de lait, le mamelon douloureux, la
perception selon laquelle la fréquence d’allaitement fatigue la mère constituent les
principaux obstacles [117].
Afin de mettre en place « l’approche de la déviance positive » pour amener les
mères Vietnamiennes à adopter des bonnes attitudes permettant d’améliorer l’état
nutritionnel de leur enfant, Dearden et al. [118] ont mené une étude sur les connaissances,
les attitudes et les pratiques d’alimentation du nourrisson chez les mères d’enfants âgés
70
entre0 et 6 mois. Les données ont été obtenues à partir d’un questionnaire comportant des
renseignements généraux, des renseignements sur les pratiques d’alimentation et sur les
sources d’information ayant trait à l’AME. L’enquête a touché120 mères recrutées dans
deux localités. Il ressort que bien que l’allaitement maternel soit une norme culturelle,
l’AME n’est pas une pratique courante. La perception d’avoir assez de lait, les
connaissances sur l’allaitement et le soutien des membres de la famille ont été associés à
la réussite de l’AME jusqu’à six mois. La reprise du travail et la perception de production
insuffisante de lait en ont été les principaux obstacles [118].
Plusieurs études ont identifié le retour à l’école ou la reprise du travail comme
obstacle à l’AME à cause, non seulement de l’environnement non propice à la pratique de
l’allaitement, mais aussi de la difficulté à extraire le lait et à le conserver jusqu’à ce qu’il
soit temps de le donner à l’enfant [13, 18, 97, 108, 116].
2.8.10 Tabagisme
Simard et al. [119] ont cherché à identifier l’influence des caractéristiques
biologiques, alimentaires, socioéconomiques, les habitudes alimentaires ainsi que le
soutien par les pairs en allaitement maternel chez les femmes Canadiennes à faibles
revenus inscrites au Programme Canadien de Nutrition Prénatale à Québec. Un
questionnaire comportant les caractéristiques sociodémographiques et les données sur les
pratiques d’alimentation du nourrisson leur a été adressé. Au total, les auteurs ont recruté
196 participantes suite à un tirage au sort parmi les 6176 femmes qui avaient accepté de
participer à l’étude. Les femmes ont été suivies du début de la grossesse jusqu’à six mois
après l’accouchement. Les facteurs qui facilitent la poursuite de l’allaitement sont : les
bébés de faible poids de naissance, le niveau élevé d’instruction de la mère, la
multiparité, les mères non-fumeuses, les femmes mariées et les mères plus âgées. Cette
étude a identifié plusieurs pratiques qui font obstacle à l’AME notamment, le tabagisme
chez la mère et le manque de soutien des pairs après l’accouchement [119].
71
2.8.11 Absence de soutien des réseaux
En Tanzanie, Shirima et al. [16] ont identifié comme obstacle à l’AME à six mois
l’absence de soutien des réseaux notamment, les travailleurs volontaires impliqués dans
la promotion, la protection et le soutien à l’AME qui devraient aider les mères dans le ur
allaitement. Cette constatation a également été faite par Kioshore et al. en Inde [115] et
par Fjeld et al. en Zambie [114].
2.8.12 Autres obstacles : fausses croyances, facteurs culturels…
Lee et al. [120] ont procédé à l’évaluation des facteurs qui influencent la décision,
la durée et l’arrêt précoce de l’allaitement maternel à Hong Kong en Chine. Une enquête
nationale a été menée et les données ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire auprès
de 3204 mères d’enfants de moins de six mois. Les questions portaient sur les données
démographiques, le mode d’alimentation du nourrisson et les facteurs qui influencent la
mère sur son choix d’allaitement. Les critères d’inclusion étaient : un enfant dont les
deux parents étaient Chinois de souche, né à terme et en santé. Les résultats ont montré
un taux d’AME de 9,6 %. Parmi les principales difficultés à l’AME, certains auteurs ont
noté les croyances et le manque d’intimité (non acceptation de l’allaitement en public).
Aussi, l’administration d’eau et de préparations pour nourrissons semble être une
mauvaise pratique provenant du monde médical [120]. Cette constatation a aussi été faite
par Batal [14] et Kong [104].
Kakute et al. [121] ont tenté de comprendre les barrières culturelles à l’AME dans
quatre villages en zone rurale du Cameroun. Un questionnaire et des groupes de
discussion ont constitué leurs méthodes de collecte de données. Les auteurs ont formé un
groupe de discussion de 10 femmes dans chaque village. Au total, 40 femmes avaient pris
part aux discussions et 320 personnes avaient répondu au questionnaire. Les questions
portaient sur les données démographiques, le mode d’alimentation du nourrisson et les
facteurs qui influencent l’AME. Au final, certaines croyances et traditions ont été
identifiées comme obstacles à l’AME notamment, la croyance selon laquelle le lait
72
maternel est un aliment incomplet, l’interdiction des relations sexuelles durant
l’allaitement et la pression des anciens du village et de la famille, soucieux du respect de
certaines règles de la tradition [121].
D’autres travaux ont également mis en évidence l’influence de facteurs
(tabagisme, l’absence d’intimité due à la promiscuité, etc.) sur l’initiation et la
continuation de l’allaitement maternel [17, 18, 100, 103, 122].
Conclusion des études sur la pratique d’AME
Cette revue de la littérature nous a permis de décrire la situation de l’AME en Afrique et
dans le monde. La situation ainsi trouvée met en évidence l’existence d’écart entre ce qui
est réellement pratiqué et les recommandations internationales. De toutes ces études,
l’initiation à l’allaitement est presque générale. Cependant, l’AME tel que défini par
l’OMS et réalisé pendant les six premiers mois n’est pas une pratique courante. Les taux
d’AME sont en général faibles et varient d’un pays à l’autre. Les facteurs qui constituent
des obstacles dans une région n’en constituent pas nécessairement dans une autre et
inversement. Les raisons de l’arrêt d’AME et l’introduction des aliments sont aussi
différentes selon les connaissances, les perceptions, les attitudes, les croyances,
l’influence de l’entourage, de même que selon l’état de santé de la mère et de l’enfant et
les difficultés rencontrées. De ces obstacles, la perception qu’ont les mères de n’avoir pas
assez de lait et la douleur au mamelon sont presque universels. Les facteurs les plus
importants identifiés qui sont associés à l’échec de l’AME sont : le faible niveau
d’éducation de la mère, le jeune âge de la mère, la maladie de la mère, la difficulté
d’exprimer le lait, le manque de soutien de l’entourage de la mère, le tabagisme, etc.
Dans les pays défavorisés, les conditions socio-économiques précaires contribuent aussi à
l’augmentation des échecs de l’AME. C’est dans ce contexte que nous souhaitons étudier
la pratique d’AME à Tessaoua région de Maradi au Niger. Jusqu’à présent aucune de ces
études n’a été réalisée à Tessaoua. Les quelques études qui ont été réalisées, ont été
73
menées dans le cadre des enquêtes nationales et démographiques qui visaient à recueillir
les informations sur le taux d’AME et non d’identifier les obstacles.
74
CHAPITRE 3
HYPOTESE ET OBJECTIFS
Les taux d’AME sont très faibles au Niger. Seulement, 9,9 % des enfants Nigériens
sont nourris exclusivement au sein à l’âge de six mois, comparativement à certains pays
d’Afrique voisins du Niger (38 % au Mali, 38,5 % au Togo 43 % au Bénin). Ces faibles
taux sont d’autant plus préoccupants que la mauvaise pratique d’AME a été associée à
une mauvaise nutrition chez les nourrissons au Niger [29]. C’est devant ce tableau peu
réjouissant que nous avons décidé d’approcher les mères d’enfants de 0 à 6 mois issues
de milieux défavorisés de la commune urbaine de Tessaoua région de Maradi au Niger
pour les écouter et dialoguer avec elles en vue d’apporter notre contribution à la
recherche des solutions pour l’amélioration des taux de réussite de l’AME.
3.1. Hypothèse
Il est possible d’identifier des facteurs qui favorisent l’AME dans la commune urbaine de
Tessaoua au Niger.
3.2. Objectif spécifique de recherche
Recueillir les caractéristiques sociodémographiques, les données de l’enfant et les
expériences des mères de cette région du Niger en allaitement maternel.
Identifier les facteurs qui caractérisent les mères de la commune urbaine de
Tessaoua au Niger qui ont allaité exclusivement jusqu’à six mois.
75
CHAPITRE 4
MÉTHODOLOGIE
La population à l’étude était constituée des mères de la commune urbaine de
Tessaoua qui avaient pris soin de leur enfant entre 0-6 mois et qui avaient, lors de notre
enquête, un enfant âgé entre 6 et 24 mois. Étaient exclus de l’étude les enfants décédés
avant leur sixième mois de vie, les enfants adoptés et les enfants nés de mères âgées de
moins de 18 ans.
4.1. Questionnaire
Notre outil de collecte de données est un questionnaire. Il constitue l’élément
central de notre enquête. Il était conçu à partir des études publiées à l’échelle
internationale et comportait les parties suivantes : les caractéristiques
sociodémographiques, les données de l’enfant et les expériences des mères en allaitement
maternel. La section sur les caractéristiques sociodémographiques a porté sur l’âge de la
mère, son lieu de résidence, le lieu d’accouchement, le niveau d’instruction de la mère,
l’ethnie, etc. La section sur les données de l’enfant a permis de recueillir les informations
sur son poids à la naissance, sa date de naissance, son âge en mois et son sexe. Les
expériences des mères en allaitement maternel ont servi à recueillir des informations sur
leurs connaissances, leurs aptitudes et les pratiques d’alimentation du nourrisson et à
déterminer les facteurs facilitateurs ainsi que les obstacles associés à l’AME. Le
questionnaire a été rédigé en français et comportait 52 questions. Tout le questionnaire a
été traduit dans la langue locale (le haoussa) par le chercheur principal avec l’aide d’un
journaliste. Le chercheur principal a ensuite vérifié la fidélité de la traduction grâce à un
pré-test.
76
4.2. Pré-test
Au mois de février 2011, les questionnaires ont été testés. Cette pré-enquête a
duré un (1) jour. Le questionnaire en langue haoussa a été pré-testé dans une ville non
concernée par l’étude auprès de 20 mères d’enfants âgés de 6-24 mois afin de vérifier la
compréhension des questions et la facilité d’y répondre. La réponse aux 52 questions a
pris entre30 minutes et une heure. Le questionnaire a été corrigé selon les résultats
obtenus du pré-test avant d’être utilisé pour l’enquête principale.
Après le pré-test, il y a eu le test de standardisation entre les trois enquêteurs
pendant la première semaine de l’enquête qui a concerné quelques mères. Avant
d'effectuer l'exercice de standardisation, le chercheur principal avait dû soigneusement
interviewer chaque mère, et enregistrer les réponses sans qu’aucune des enquêtrices ne
voie les résultats. L’exercice est répété, de sorte que chaque enquêtrice ait interviewé la
même mère une fois, mais sans avoir accès aux réponses enregistrées par le chercheur
principal. Les différences entre ces entretiens répétés étaient utilisées pour évaluer avec
précision la manière avec laquelle chaque personne pose les questions. Les entretiens
individuels de chaque personne étaient aussi comparés à l’entrevue du chercheur
principal afin d'évaluer l’exactitude des entrevues. Chaque enquêtrice recevait alors un
score reflétant son niveau de compétence quant à la manière de conduire les entre vues.
Tous les malentendus ou erreurs dans la technique étaient corrigés par le chercheur
principal. A la fin de l'exercice, les fiches de données des enquêtrices ressemblaient à
celle du chercheur principal.
4.3. Approbation
Avant le début de l’étude, une correspondance d’information et d’autorisation de
recherche a été adressée à la Direction de la Nutrition du Ministère de la Santé Publique
du Niger. L’autorisation de recherche écrite a été obtenue du directeur de la nutrition
(Annexe A).
Ensuite le projet de recherche a été présenté au comité d’éthique et de déontologie
de la recherche de l’Université Laval qui l’a approuvé (numéro d’approbation 2010-
77
266/05-01-2011) (Annexe B) ainsi que la présentation orale (Annexe C), le formulaire de
consentement des participantes(Annexe D) et le formulaire d’engagement à la
confidentialité à l’égard des enquêtrices (Annexe E) et du journaliste qui nous a aidés à
traduire le questionnaire dans la langue locale (Annexe F). Avant chaque interview, le
consentement de chaque participante a d’abord été demandé tout en garantissant la
confidentialité des entretiens, et le formulaire a été signé par la participante après une
explication suffisante du contenu.
4.4. Rencontre des autorités et recrutement des enquêtrices
D’abord, nous avons eu des rencontres avec les autorités sanitaires de Tessaoua,
puis avec le chef du quartier où le CSI est implanté et le chef du CSI afin de leur
expliquer les objectifs de l’étude et le déroulement de l’enquête dans leur CSI. La
collecte de l’information a été assurée par le chercheur principal dans la langue locale
(haoussa) aidé par deux enquêtrices, agentes de santé communautaire, qui ont été
engagées et formées par lui. Le chef du CSI ayant une bonne connaissance du milieu
nous a proposé deux enquêtrices, un choix qui a été entériné par le chercheur principal.
Certains critères nous ont guidés dans ce choix. Les enquêtrices sont des agentes de santé
communautaire qui sont en bonne condition physique et qui ont un niveau d'éducation
secondaire. Elles sont capables de lire et écrire couramment en français et de parler la
langue locale. Les femmes ayant généralement plus d'expérience avec les jeunes enfants
et en raison de certaines cultures musulmanes, nous avons recruté des enquêtrices plutôt
que des enquêteurs. Pour assurer l'uniformisation des méthodes, toutes les enquêtrices ont
suivi la même formation en même temps, sans tenir compte de leurs expériences passées.
4.5. Échantillonnage
Notre modèle a été élaboré selon les recherches faites dans d’autres pays dont, la
finalité est la compréhension ou la description d’un phénomène peu connu. Nous nous
sommes attendus à analyser approximativement 15 variables explicatives. La sélection
des variables a été faite suite à une revue exhaustive de la littérature et en portant une
attention particulière aux recherches effectuées en Afrique. Toutes les variables
78
identifiées correspondent aux éléments du modèle théorique de Lutter [94]. Pour élaborer
notre modèle, deux groupes ont été constitués : les mères qui ont allaité exclusivement
jusqu’à six mois et celles qui ont allaité mais, qui avaient introduit d’autres aliments
solides ou liquides avant six mois. Selon Peduzzi [123], il nous fallait au moins 10
répondantes par groupe et par variable explicative soit un total de 150 participantes dans
chaque groupe, pour un grand total de 300 répondantes. La méthode d’échantillonnage
par strate a été retenue afin de respecter la proportion de participantes de groupes AME et
AMNE.
Compte tenu des faibles taux d’AME, et puisque nous voulions autant de mères
qui allaitaient de façon exclusive que de mères qui allaitaient de façon non exclusive,
toutes les mères qui ont fait de l’AME ont été sollicitées. Dès qu’une mère allaitait de
façon exclusive, une mère qui n’allaitait pas de façon exclusive a été sollicitée. C’est
donc de la sollicitation systématique qui a été faite en maintenant égal, d’une journée à
l’autre, le nombre de mères pratiquant l’AME et celles qui allaitaient de façon non
exclusive. Nous nous étions présentés au CSI pendant les activités de vaccination et le
suivi de croissance.
En somme, notre échantillon est composé de 150 mères qui ont allaité
exclusivement leur enfant jusqu’à l’âge de s ix mois et de 150 mères ayant introduit
d’autres aliments solides ou liquides en dehors du lait maternel avant l’âge de six mois.
4.6. Déroulement de la collecte des données
La collecte des données s’est déroulée du 1er février au 03 avril 2011. L’étude
s’est déroulée au Centre de Santé intégré (CSI) de Tessaoua sise dans la commune.
L’entrevue s’est déroulée dans une salle qui comportait trois bureaux. La salle est munie
d’une clé. Chaque enquêteur occupait un bureau. Donc, l’entrevue s’est déroulée dans
ladite salle, un endroit calme, propice au dialogue, favorisant une relation enquêteur-
79
participant de qualité. Pour nous assurer du respect du droit des répondantes sur leur
opinion qui devrait être un secret entre la répondante et l’enquêteur, aussi, pour éviter
tout ce qui peut entraver sa réalisation, nous nous sommes organisés de manière à ce que
seule l’intéressée puisse avoir accès. Donc, ni les proches de la mère, ni le personnel de
CSI ne pouvaient y entrer. Après les salutations d’usage et après avoir établi une relation
de confiance avec la mère, on débute l’interrogatoire. Toutes les réponses aux questions
posées étaient consignées par écrit. Avant de conclure l’entrevue, chaque enquêteur
vérifiait si le questionnaire avait été complètement rempli et si les renseignements
consignés étaient corrects.
Nous avons choisi de faire la présente étude à Tessaoua pour plusieurs raisons :
d’abord, le CSI de Tessaoua est le seul centre qui reçoit toutes les mères de la co mmune
urbaine pour les soins, les activités de suivi de croissance, de vaccination, etc. Donc, il
s’agissait d’un centre connu et très fréquenté. Ensuite, compte tenu des ressources
limitées dont nous disposions, des contraintes de temps, et pour des raisons de facilité,
nous avons mené notre étude dans la commune urbaine de Tessaoua. Aussi, le CSI de
Tessaoua reçoit aussi bien les résidentes de la commune urbaine que les mères du milieu
rural.
Puis, la population vit dans des conditions socioéconomiques semblables et les groupes
ethniques sont homogènes, ce qui favorise la réalisation des entrevues. Enfin, certaines
études réalisées en Afrique ont montré que les mères des milieux défavorisés ne réalisent
pas l’AME jusqu’à six mois à cause du faible niveau d’éducation, car elles sont moins
ouvertes au changement ou la charge du travail trop lourde, ce qui fait qu’elles n’ont pas
le temps de s’occuper de leurs enfants ou encore en raison des problèmes qu’elles
rencontrent pendant les premiers jours d’allaitement.
Étant donné que même les mères qui accouchent à domicile fréquentent par la
suite le service de santé, les entrevues avec ces dernières se sont déroulées dans
l’enceinte du CSI. Avant de commencer l’enquête, des contacts ont été faits avec les
80
acteurs impliqués dans la recherche. L’un des points sur lesquels la réunion a mis l’accent
est le libre consentement de chaque participante pour qu'aucune influence ne soit exercée
sur elle et pour que ce libre consentement soit respecté en tout temps par chaque
intervenant. Aussi, une rencontre à la fin de chaque journée était faite entre le chercheur
principal et les enquêtrices pour faire la synthèse et programmer les activités de la
journée suivante. Au cours de cette réunion, nous discutions de certains points tels que la
date du début et de la fin des entrevues, le nombre de personnes rencontrées, les
difficultés rencontrées et les solutions utilisées pour y remédier, ainsi que de tous les faits
marquants tels que les émotions ou autres situations particulières pouvant être ressenties
par les mères au cours de l’entretien. Du lundi au vendredi, nous nous présentions au CSI
munis de notre questionnaire. Si le nombre de sujets requis au cours de la journée n’était
pas atteint, nous étions obligés de travailler le samedi et le dimanche pour compléter
parce que le CSI était ouvert les fins de semaine. L’entrevue était réalisée après avoir
obtenu le consentement des participantes. Chaque entretien durait de 35 à 40 minutes
pour le questionnaire AME et de 45 à 50 minutes pour les AMNE. Les entretiens étaient
plus longs pendant les deux premières semaines (de 50min à 1 h), avant de se familiariser
avec les questions.
4.7. Saisie et vérification de l’exactitude de l’entrée des données
Chaque soir après le travail sur le terrain, le chercheur principal et les deux
enquêtrices étaient chargés de la vérification des questionnaires avant de procéder à la
saisie. Tous les questionnaires ont fait l’objet d’une double vérification par les
enquêtrices d’abord, puis par le chercheur principal afin d’éviter les données manquantes
et les incohérences. Cela nous a permis de détecter, pour chaque enquêtrice, certaines
erreurs de collecte et en interpeller aussitôt la responsable afin d'améliorer la qualité des
données. La saisie des données a été effectuée par le chercheur principal en collaboration
avec un agent de saisie du Ministère de la Santé du Niger en utilisant le logiciel Épi- info
[TM] version 3.5.2. Puis, les données ont été examinées question par question par le
statisticien du Ministère de la Santé en vue de vérifier la cohérence des réponses et
éventuellement les données manquantes. En cas d’incohérence ou lorsque certaines
81
erreurs étaient constatées, ce dernier nous communiquait le numéro du questionnaire que
nous cherchions immédiatement pour procéder à la vérification. La vérification finale a
été réalisée par l’informaticien et le chercheur principal.
4.8. Analyse
Les données ont d’abord été saisies sur ordinateur, en utilisant le logiciel Épi- info
[TM] version 3.5.2, puis transférées dans la version 2007 de Microsoft Office Excel. Les
données ont été codifiées à l’aide du logiciel Excel, et ensuite transférées dans SAS
version 9.04 pour l’analyse. En fonction du nombre de sujets dans chacun des groupes
(150 AME et 146 AMNE) et du nombre de degrés de liberté autorisé par la régression
logistique (au moins dix sujets par facteur par groupe) nous avons retenu 14 variables
pour les analyses. La variable « poids de l’enfant » qui comportait beaucoup de données
manquantes a été rejetée.
La sélection des variables a été faite en fonction des études réalisées dans le
monde en mettant l’accès particulièrement sur les études menées en Afrique. Les
variables qui ont été retenues sont : le niveau d'instruction de la mère ; son occupation ;
son milieu de résidence ; son âge ; le lieu d’accouchement ; la parité ; le suivi de
grossesse ; les croyances du père, des amies et de la famille par rapport à l'alimentation
de l’enfant ; les problèmes liés à l'allaitement pendant la première semaine et durant les 6
premiers mois ; la prise du colostrum et l’initiation à l’allaitement maternel. La
description de l’échantillon a été faite par des distributions de fréquence. Les tests
univariés ont été utilisés pour vérifier l’existence des différences significatives dans la
distribution. La régression logistique a servi à déterminer les variables prédictrices de
l’AME. Pour toutes les analyses, les résultats ont été jugés significatifs au niveau de
confiance de 95 % (P ≤ 0,05).
82
CHAPITRE 5
RÉSULTATS
Trois cents mères d’enfants de 6 à 24 mois ont été interrogées dont 298 ont été
interviewées avec succès. Il y a eu deux cas de refus de participation à l’étude. Cela nous
a amenés à recruter deux mères de plus pour compléter notre échantillon. Parmi les mères
qui ont répondu au questionnaire, 150 ont fait un AME pendant les six premiers mois
après l’accouchement, 146 mères ont allaité, mais ont introduit d’autres aliments solides
ou liquides avant six mois et quatre mères n’ont pas du tout allaité.
L’âge des enfants varie de 6 à 24 mois, avec une moyenne de 11,7 mois. L’âge
médian des enfants est de 15,0 mois et l’étendue est de 18 mois. Ce tableau nous indique
que 157 enfants sont de sexe féminin dont 82 ont été allaitées exclusivement et 143 de
sexe masculin dont 68 ont été allaités exclusivement pendant les six premiers mois. Ces
résultats sont présentés dans le Tableau 3.
Tableau 3. Répartition des mères selon le type d’allaitement et le sexe de l’enfant
AME1 : allaitement maternel exclusif NA3 : non allaité
AMNE2 : allaitement maternel non exclusif
Type
d’allaitement
Sexe de l’enfant
Mères Féminin Masculin
AME1 150 82 68
AMNE2
NA3
146
4
72
3
74
1
Total 300 157 143
83
5.1 Analyses statistiques
Avant l’analyse statistique, les quatre mères qui n’ont pas du tout allaité ont été
retirées de l’échantillon ; c’est ce qui fait qu’on est autorisé à 14 variables au lieu de 15
pour réaliser la régression logistique.
La variable « poids de l’enfant » a été retirée des analyses à cause d’un nombre
important de données manquantes. Lors de la collecte de données, nous avons enregistré
beaucoup de cas d’accouchement à domicile. Or, une mère qui accouche à domicile n’a
pas le matériel nécessaire pour la pesée. C’est ce qui explique ces données manquantes.
La distribution de l’âge des mères en fonction du pourcentage d’AME ou non
exclusif (AME ou AMNE) (Fig. 1) montre un pic des effectifs entre 20 et 30 ans. Cette
distribution reflète la situation démographique des mères d’enfants de 6 à 24 mois du
Niger [21]. Cela s’explique par la plus grande éligibilité de cette catégorie de femmes, se
trouvant au pic de leurs années reproductives et productives.
84
Figure 2. Distribution de l’âge des mères en fonction du pourcentage d’allaitement
maternel exclusif (AME) ou non exclusif (AMNE)
Nos échantillons ne comportent pas de données manquantes pour les autres
variables et aucune transformation n’a été faite. Une analyse de la distribution des âges
des mères a démontré que cette variable ne comportait aucune donnée extrême.
Selon cette figure, l’âge des mères varie de 18 à 50 ans avec une moyenne de 27
ans. L’âge médian est de 26 ans, l’étendue est de 32 ans. Les moyennes d’âge des mères
pour les deux groupes ont été comparées à l’aide d’un test t de Student. Ce test nous
indique qu’il n’y a pas de différence significative entre l’âge des mères des groupes AME
et AMNE.
85
Le Tableau 4 présente la comparaison des groupes AME et AMNE. Pour les
variables ordinales et nominales, nous avons fait un khi-deux, afin de voir s’il y a une
différence entre les groupes AME et AMNE. Une analyse (khi-deux) montre qu’il existe
des différences significatives pour toutes les variables retenues pour cette analyse. Le
nombre de données pour trois variables était trop petit dans certains groupes pour
effectuer des comparaisons de groupes. C’est la raison pour laquelle, des regroupements
ont été faits. Ainsi, pour la variable « niveau d’instruction » on a regroupé le niveau
secondaire et supérieur ; pour les variables « opinion du mari et opinion de la famille »,
les cellules défavorables et pas d’opinion ont été regroupées.
86
Tableau 4. Comparaison entre les groupes AME et AMNE
Variables Niveaux Type d’allaitement n (%) P-value
AME1 AMNE2
Age Moyenne 25,8 ans 26,5 ans NS3
Niveau
d’instruction
Aucun 87 (58.0) 130 (89.0) ***
Primaire 32 (21.3) 14 (9.6)
Secondaire et sup 31 (20.7) 2 (1.4)
Parité Primipare 24 (16.0) 10 (6.8) *
Multipare 126 (84.0) 136 (93.2)
Lieu
d’accouchement
Centre de santé 122 (81.3) 66 (45.2) ***
Hors centre santé 28 (18.7) 80 (54.8)
Occupation Ménagère 144 (96.0) 121 (82.9) ***
Travail 6 (4.0) 25 (17.1)
Résidence Semi-urbain 102 (68.0) 45 (30.8) ***
Rural 48 (32.0) 101 (69.2)
Suivi de grossesse Non professionnel 10 (6.7) 39 (26.7) ***
Professionnel santé 140 (93.3) 107 (73.3)
Opinion mari Défavorable ou pas d’opinion
1 (0.7) 82 (56.2) ***
Favorable 149 (99.3) 64 (43.8)
Opinion amies Défavorable 4 (2.8) 18 (12.3) ***
Pas d’opinion 62 (41.2) 86 (58.9)
Favorable 84 (56.0) 42 (28.8)
Opinion famille Défavorable ou pas
d’opinion
55 (36.7) 100 (68.5) ***
Favorable 95 (63.3) 46 (31.5)
Initiation à
l’allaitement
Quelques minutes
après la naissance
133 (88.7) 115 (78.8) *
Quelques heures
après la naissance
17 (11.3) 31 (21.2)
Difficultés
première semaine
Pas de problème 130 (86.7) 86 (58.9) ***
Existence problème 20 (13.3) 60 (41.1)
Difficultés pendant
les 6 premiers mois
Pas de problème 146 (97.3) 91 (62.3) ***
Existence problème 4 (2.7) 55 (37.7)
Don du colostrum Non 0 (0) 6 (4.1) *
Oui 150 (100.0) 140 (95.9)
AME1 : allaitement maternel exclusif NS3 : non significatif
AMNE2 : allaitement maternel non exclusif
*, p < 0,05 ; **, p < 0,01 ; ***, p < 0,001 selon le test t de Student.
87
Pour rechercher avec le plus de précision possible les facteurs associés à l’AME,
une régression logistique binaire a été réalisée. Cependant, trois cas de colinéarité ont été
identifiés (vérifiés par corrélation tétrachorique). Ainsi, il y a colinéarité entre le lieu
d’accouchement et le lieu de résidence (r=0,76) ; entre l’opinion du mari et celle de la
famille (r=0,71) et entre les difficultés rencontrées pendant la première semaine de
l’allaitement et les difficultés de la première semaine à l’âge de six mois (r=0,71). Donc,
pour pallier les problèmes de colinéarité, on doit retirer une des variables, en l’occurrence
la moins significative. C’est ce qui nous a amenés à retirer les variables lieu de résidence
et difficultés de la première semaine à six mois. Concernant la corrélation entre l’opinion
du mari et l’opinion de la famille, la même situation se présente et pis, on a une cellule
« opinion du mari» avec un seul cas, ce qui rend le coefficient estimé trop instable
(vérifié par le test de Hosmer Lemeshow). Donc, pour des raisons statistiques, nous
n’avons pas pu analyser la variable « opinion du mari». Pour ce qui est de la variable
« don du colostrum», une des cellules est vide rendant l’insertion de cette variable
impossible dans la régression.
5.1.1 Sélection des variables pour la régression
Suite à la comparaison des groupes, plusieurs variables ont été retirées. D’abord,
la variable âge de la mère a été retirée parce qu’il n’y avait pas de différence significative
entre les groupes. Ensuite, les variables opinion du mari et don du colostrum ont été
retirées par manque de données dans certains groupes. Enfin, un choix a été fait pour les
variables en colinéarité. C’est ainsi que la variable lieu de résidence et difficultés de la
première semaine à six mois ont été retirées. Des 14 variables, après le retrait de ces cinq
variables, il nous est resté neuf variables pour la régression logistique. Ce sont donc les
résultats de cette régression logistique binaire qui sont présentés au Tableau 5. A noter
que le modèle a été validé par le test de Hosmer Lemeshow.
88
Tableau 5. Régression logistique binaire
Variables
indépendantes Niveaux RC1 IC2
(95 %) P
Instruction Secondaire et
supérieure
12.334 2.45-62.05 ***
Primaire 2.344 1.01-5.43 **
Difficulté 1ère
semaine Pas de problème 6.851 3.04-15.39 ***
Opinion amies Favorable 5.784 1.43-23.31 *
Occupation Ménagère 4.948 1.32-18.52 *
Opinion famille Favorable 4.439 2.12-9.26 ***
Lieu accouchement Au centre de santé 4.376 2.19-8.71 ***
Suivi grossesse Professionnel de santé 3.196 1.21-8.38 **
Initiation Quelques minutes
après la naissance
3.174 1.24-8.08 *
Parité Multiparité 0.5 0.16 -1.46 NS3
RC1 : rapport de cote (odd ratio)
IC2 : intervalle de confiance
NS3 : non significatif
*, p < 0,05 ; **, p < 0,01 ; ***, p < 0,001 selon la régression logistique binaire
Toutes les variables entrées dans la régression sont significatives sauf une : la parité.
89
CHAPITRE 6
DISCUSSION
Ce chapitre fera la synthèse des résultats en fonction des objectifs visés par
rapport à l’étude tout en les comparant aux résultats d’autres études similaires. Ce travail
a pour but d’étudier les pratiques d’allaitement des nourrissons de 0-6 mois en vue
d’identifier les facteurs qui caractérisent les mères qui ont allaité exclusivement leur
enfant jusqu'à six mois. En effet, il faut noter qu’il y a dans un même milieu et vivant
dans des conditions apparemment semblables, des mères qui pratiquent bien l’AME
jusqu’à six mois et qui ont des enfants bien nourris et en bonne santé et d’autres qui
allaitent, mais, ajoutent des aliments solides ou liquides avant six mois et ayant le plus
souvent des enfants malnutris et malades.
6.1 Échantillon
Au total, 300 mères ont été recrutées. De ces trois cents mères, 298 ont accepté
de participer à l’étude, ce qui constitue un taux de réponse de 99,3 %. En effet, cette forte
représentation des mères d’accepter de participer directement à ce projet de recherche
s’explique non seulement par le fait que nous avions pris le temps nécessaire de lire et de
faire comprendre le contenu de notre formulaire de consentement, mais aussi grâce à
l’implication des enquêtrices professionnelles et agentes de santé communautaire qui sont
90
bien connues du milieu et se sont pleinement investies. Deux cas seulement de refus ont
été notés. La première femme a justifié son refus par le fait que son mari est un
musulman extrémiste qui refuse toute fréquentation des services de santé sauf en cas de
maladie grave. Son enfant était bien portant, mais elle voulait l’amener au centre de santé
pour le suivi de croissance. Elle était sortie sans la permission de son mari et craignait
que ce dernier ne revienne à la maison et qu’il ne la trouve pas. Donc, elle était pressée de
rentrer. La seconde quant à elle, croyait qu’à la fin de l’entretien on lui donnerait en
contrepartie quelque chose (argent, sucre, farine de blé ou de la moustiquaire imprégnée)
à l’instar de certaines ONG qui travaillent sur place, et ce, malgré notre insistance sur le
fait qu’on ne donne rien. Quand cette femme a constaté que celles qui l’ont devancée sont
sorties sans recevoir quoi que ce soit, elle a abandonné l’entretien. Ces deux cas de refus
nous ont amenés à recruter immédiatement deux autres mères pour compléter notre
échantillon.
La description de notre échantillon illustre bien que les mères de différents âges et
de toutes les catégories socioprofessionnelles de la localité ont été touchées par l’étude.
La distribution des enfants selon le sexe est équitablement répartie, quoique le sexe de
l’enfant ne soit pas un critère de sélection de l’échantillon. Selon la constitution de notre
échantillon, nous n’avons pas constaté de différences entre l’âge de la mère et la pratique
d’AME. Cela est possiblement dû au fait qu’au Niger, presque toutes les mères allaitent
quelles que soient leurs caractéristiques socioprofessionnelles.
Dans cette étude, nous n’avons pas cherché à mettre en évidence l’existence des
difficultés des pratiques d’allaitement chez les mères âgées de moins de 18 ans. Les
mères de moins de 18 ans ont été exclues [11]. Elles n’ont pas été considérées pour
l’étude parce qu’elles sont généralement prises en charge par leur grand-mère ou par une
femme plus âgée ayant de l’expérience en alimentation du nourrisson pour les aider et
leur apprendre à nourrir et au-delà, à prendre soin du bébé. Donc, nous estimons qu’elles
ont peu de pouvoir de décision quant aux soins des enfants.
91
6.2 Comparaison de nos résultats avec certaines études menées en Afrique et dans le
monde
Les tableaux 6, 7 et 8 présentent la comparaison des rapports de cote entre nos
résultats à ceux de certains pays d’Afrique d’abord, ensuite à ceux des pays en émergence
et enfin par rapport aux pays riches. La régression logistique binaire permet de chercher
les facteurs qui sont associés à l’AME. La régression logistique donne les rapports de
cote. Par exemple, dans cette étude, les mères qui ont une éducation supérieure ou
secondaire ont 12 fois plus de chances de réaliser un AME que les mères qui n’ont pas ce
niveau d’éducation (Tableau 5). C’est donc le facteur qui a le plus de poids. Cependant,
bien que le rapport de cote soit élevé, nous remarquons que l’intervalle de confiance est
très large. En effet, plus l’intervalle de confiance est grand, plus l’estimation devient
imprécise. En comparant nos résultats avec ceux de certains pays africains, on constate
qu’il y a des facteurs qui sont similaires, mais il y a aussi des facteurs qui sont différents.
Le niveau d’éducation est un facteur important dans notre étude. Ce facteur est également
très important au Nigéria et au Malawi (Tableau 6). Donc, en Afrique, le niveau élevé
d’éducation est un facteur important associé à l’AME. Dans certains pays à revenus
intermédiaires comme le Brésil, on voit bien que le niveau élevé d’éducation est aussi un
facteur important, mais avec un rapport de cote moins élevé qu’en Afrique (Tableau 7).
Dans certains pays riches comme l’Australie, le niveau élevé d’éducation est aussi un
facteur important associé à l’AME, mais les rapports de cote sont très faibles par rapport
à l’Afrique (Tableau 8). Par contre, en Chine (Tableau 7) et au Canada (Tableau 8), ce
facteur est non significatif. Ces résultats seront expliqués à la section 6.3.
Si on prend les difficultés d’allaitement, on constate que c’est un facteur très
important dans notre étude (Tableau 5) de même qu’au Malawi (Tableau 6). Cependant,
ce facteur est non significatif en Chine (Tableau 7) et au Canada (Tableau 8). Cela est
possiblement en lien avec le fait qu’il existe des comités de soutien à l’AME qui aident
les mères à surmonter les difficultés pendant la première semaine d’allaitement. Par
contre, la césarienne est un facteur important en Australie et au Canada (Tableau 8), alors
que dans notre étude, nous n’avons pas touché cet aspect, parce que la césarienne, en
Afrique en général est considérée comme une urgence gynéco-obstétricale. En effet, on
92
pratique la césarienne, lorsque la femme éprouve des difficultés pour accoucher par voie
vaginale.
Dans la présente étude, les femmes qui avaient un suivi de grossesse par un
professionnel de la santé avaient trois fois plus de chance de pratiquer l’AME que celles
qui n’étaient pas suivies (Tableau 5). Un effet semblable a aussi été observé au Nigeria
(Tableau 6), en Chine (Tableau 7) et au Canada (Tableau 8), mais avec des rapports de
cote parfois beaucoup plus faibles que dans notre étude. Dans la présente étude et dans
celle du Nigeria, de la Chine et du Canada, les professionnels de la santé constituaient les
principales sources d’information sur l’AME, alors qu’au Malawi, l’information
provenait de la radio (Tableau 6). Au Brésil, les chercheurs n’ont pas touché cet aspect.
Par contre, on voit bien que le facteur « faible poids à la naissance » est important au
Brésil avec un rapport de cote élevé (Tableau 7). Donc, un bébé plus gros a plus tendance
à être allaité exclusivement qu’un bébé de petit poids. Cela est possiblement dû au fait
qu’un bébé plus gros a plus de force de sucer le sein plus vigoureusement qu’un enfant de
petit poids de naissance.
Si on prend la résidence, on remarque que, c’est un facteur très important au
Malawi avec un rapport de cote très élevé (Tableau 6). Ce facteur est également
important en Chine (Tableau 7) et en Australie (Tableau 8). Dans cette étude, nous
l’avons enlevé en raison de la colinéarité avec le lieu d’accouchement (Tableau 5). Le
lieu d’accouchement est un facteur associé à l’AME dans la présente étude, tout comme
au Nigéria et au Malawi avec des rapports de cote souvent très élevés (Tableau 6). Par
contre, au Brésil, en Chine, en Australie et au Canada, les auteurs n’ont pas touché cet
aspect. Cela est probablement en lien avec le fait que le lieu d’accouchement est un
facteur non significatif dans ces régions.
Pour ce qui est de la parité, ce facteur est non significatif dans notre étude. La
parité n’est pas non plus significative au Nigéria et au Malawi. En revanche, ce facteur
est associé à l’AME au Brésil et en Chine avec des rapports de cote faibles (Tableau 7).
Cette relation est aussi trouvée en Australie (Tableau 8).
93
Tableau 6. Comparaison entre nos résultats et ceux de certains pays d’Afrique
Radio1 : Dans la présente étude et dans celle du Nigeria, les professionnels de la
santé constituaient les principales sources d’information sur l’AME, alors qu’au Malawi,
c’est la radio qui est sortie.
Régression
Résultats de
la présente
étude
Ogunlesi, 2010
Nigeria
Kamudoni, 2010
Malawi
Rapports de cote
Instruction sec/sup 12.334 4.715 8.1
Instruction (primaire) 2.344 1.8
Difficulté 1ière
semaine 6.851 7.8
Opinion amies 5.784
Opinion famille 4.439
Occupation 4.948 2.7
Lieu d'accouchement 4.376 2.616 8.6
Initiation 3.174
Suivi de grossesse 3.196 2.829 Radio1=2.1
État matrimonial (mariée) 1.9
Résidence (semi-urbain) 6.7
Soin après accouchement 7.1
94
Tableau 7. Comparaison entre nos résultats et ceux de certains pays en émergence
Régression
Résultats
de la
présente
étude Venancio, 2006 Brésil Qiu, 2009 Chine
Rapports de cote
Instruction s/sup 12.334 Secondaire = 1.58
Supérieur = 1.91 NS
Instruction primaire 2.344
Difficulté 6.851
NS
Opinion amies 5.784
NS
Opinion famille 4.439
Occupation 4.948
Lieu accouchement 4.376
Initiation 3.174
Suivi de grossesse 3.196
1.53
Sexe enfant (F)
1.13
Age des mères - 1.17 à 1.52 (30-34ans)
Parité NS 1.41 1.87
Soutien comité 1.1
Résidence
2.82-2.55 (semi-rural)
Age gestationnel>37
1.51
Poids de naissance 1.73 (3000g et plus)
95
Tableau 8. Comparaison entre nos résultats et ceux de certains pays riches
Régression
Résultats de
la présente
étude
Hauck, 2010
Australie
Semenic, 2008
Canada
Rapports de cote
Instruction s/sup 12.334 S/sup = 2,50-1.70 NS
Instruction primaire 2.344 2.78
Difficulté 6.851
NS
Opinion amies 5.784
Opinion famille 4.439
NS
Occupation 4.948
Lieu d'accouchement 4.376
Initiation 3.174
Suivi de grossesse 3.196
1.7
Type accouchement
(Césarienne)
1.5 1.5
Résidence - 1.35
Parité (primipare) NS 1.49
Faible poids
naissance
1500-1999g=3.79
Type Hôpital (public) 1.31 NS
1er
aliment donné
(autre)
2.73 NS
96
6.3 Le niveau d’instruction
Dans cette étude, le facteur le plus important associé à la réussite de l’AME est le
niveau d’instruction de la mère. Plus de 80 % des mères interrogées étaient analphabètes
et parmi elles, 89 % n’ont pas allaité exclusivement pendant les six premiers mois. Cela
s’explique par le fait qu’au Niger, aussi bien en milieu rural qu’urbain, une femme qui a
un niveau secondaire ou supérieur est généralement fonctionnaire de l’état. Être
fonctionnaire de l’état suppose qu’on a un niveau d’éducation élevé qui permette d’avoir
un esprit plus ouvert à de nouveaux concepts, qu’on connaît l’importance des soins de
santé et qu’on y a davantage accès surtout quand les soins ne sont pas gratuits. Le niveau
d’instruction élevé permet à la mère d’être capable de lire et de comprendre les messages
affichés dans les formations sanitaires et d’en faire une meilleure utilisation. Il permet
également à la femme d’être plus autonome. L’autonomie permet à la femme de
fréquenter les services de santé au besoin. L’utilisation des services de santé permet
d’avoir des conseils sur les bonnes pratiques nutritionnelles et sanitaires. Cependant,
malgré l’importance de ce facteur, nous remarquons un énorme écart quant à l’intervalle
de confiance (Tableau 4).Le niveau d’instruction comme variable pouvant affecter de
façon significative la pratique de l’AME jusqu’à l’âge de six mois laisse entendre que
cette pratique est d’autant plus réalisée que le niveau d’éducation de la mère est élevé.
Plusieurs études réalisées en Afrique et dans le monde ont révélé que le niveau
d’éducation élevé de la mère est un facteur important associé à la réussite de l’AME
jusqu’à six mois et que le faible niveau d’éducation est vu comme un obstacle à l’AME.
C’est ce qu’ont observé Shirima et al. en Tanzanie [16]. Aussi, dans une méta-analyse,
Wijndaele et al. ont déterminé comme obstacle à l’AME le faible niveau d’instruction de
la mère [103]. Au Bangladesh, Giashuddin et al. ont aussi trouvé des différences très
significatives entre le niveau d’instruction élevé de la mère et la pratique de l’AME
[106].
Nos résultats sont compatibles avec ceux de certaines études réalisées en Afrique
notamment au Nigeria [11] et au Malawi [12]. Cela est possiblement dû au fait que nos
97
populations vivent dans des conditions semblables. Dans certains pays à revenus
intermédiaires, des chercheurs ont aussi trouvé des différences significatives, mais avec
des rapports de cote très faibles (Tableau 7). C’est le cas de Venancio et al. au Brésil [96]
qui expliquent cette différence par l’existence des comités de soutien à l’allaitement
maternel qui aident les mères à allaiter exclusivement. Par contre en Chine, Qiu et al. [19]
n’ont pas trouvé de différence significative entre l’AME et le niveau d’instruction de la
mère, parce qu’en Chine, le fait de ne pas allaiter quelque temps après la naissance est
une tradition courante. Donc, quel que soit le niveau d’éducation de la mère, elle est
tenue à respecter cette tradition. C’est pourquoi le premier aliment d’un bébé doit être du
lait artificiel. Cependant, selon les auteurs, cette tradition tend à diminuer avec
l’acceptation de l’IHAB dans certaines localités.
Dans certains pays riches, le niveau d’instruction est aussi associé à la réussite de
l’AME. C’est le cas de Hauck et al. en Australie-Occidentale [90], qui ont trouvé des
différences significatives mêmes si les rapports de cote sont faibles (Tableau 8). En
revanche, dans une étude réalisée à Montréal, Semenic et al. [107], n’ont pas trouvé de
différence significative. Cela s’explique par le fait qu’au Canada presque toutes les mères
sont instruites. Donc, le niveau d’éducation n’est pas un facteur important dans la réussite
de l’AME.
En somme, au vu de tout ce qui précède et en termes de comparaison entre les
régions, les résultats obtenus indiquent bien que le niveau d’instruction de la mère est un
facteur important dans la réalisation de l’AME jusqu’à l’âge de six mois dans les pays
défavorisés. En effet, en Afrique en général et au Niger en particulier, la sensibilisation à
l’AME se fait généralement dans les centres de santé et une partie de l’information se fait
par des feuillets d’information. Or, le taux d’analphabétisme est très élevé. La
sensibilisation se fait aussi à la radio. Seuls ceux qui ont les moyens peuvent se la
procurer. Le niveau d’instruction de la mère est aussi un facteur important dans la
réalisation de l’AME dans certains pays à revenus intermédiaires et à haut niveau
socioéconomique. Dans ces pays, s’il n’y a pas de comité de soutien à l’allaitement, les
98
mères vont facilement abandonner l’AME à la première difficulté [104, 119]. Par contre,
certaines études réalisées dans des pays riches et à revenus intermédiaires ne confirment
pas cela. En effet, le niveau d’éducation ne suffirait pas à lui seul. Il faudrait en plus des
Comités de soutien à l’allaitement. En effet, le fait de donner des préparations lactées
industrielles, dans les pays industrialisés, n’entraîne pas de décès. Dans les pays
défavorisés, cela entraîne des décès et la survenue de pathologies graves en raison
notamment des conditions inappropriées de reconstitution de ces formules. Cela influence
probablement l’attitude de certains professionnels [120].
6.4 La parité
Une analyse de nos résultats nous indique qu’il n’y a pas de différence
significative (P = 0,05), mais une tendance entre les primipares et les multipares. Les
primipares semblent avoir davantage tendance à allaiter leur enfant de façon exclusive
jusqu’à six mois que les multipares (Tableau 4). L’AME tel que recommandé par l’OMS
est considéré comme une « méthode moderne» de nourrir un nourrisson qui reste
l’apanage des mères qui sont disponibles et ouvertes aux changements sans tenir compte
du niveau d’expérience en allaitement.
De nombreux travaux réalisés en Afrique et ailleurs ont montré l’absence de
différence significative entre les primipares et les multipares en ce qui concerne la
pratique de l’AME [12, 15, 113].
Par contre, les résultats de certaines études ont montré que les mères multipares
allaitent exclusivement plus que ne le font les primipares. Dans une étude menée au
Brésil, Venancio et al. ont tenté d’identifier les facteurs individuels et contextuels
associés à l’AME. Les mères multipares allaitaient significativement plus que les
primipares [96]. Aussi, dans une étude d’évaluation des facteurs qui influencent la
décision, la durée et l’arrêt précoces de l’allaitement maternel à Hong Kong, Lee et al.
ont aussi obtenu des taux d’AME plus élevés et une durée plus longue chez les multipares
que chez les primipares [120]. Qiu et al. en Chine, ont aussi observé des différences
99
significatives c'est-à-dire que les multipares allaitent en plus grande proportion que les
primipares [19]. Cela peut être mis en relation avec le fait que chez eux, les mères
multipares ont plus d’expérience en allaitement maternel. Cette différence significative
s’explique par des difficultés d’ordre pratique que rencontrent les primipares. En effet, les
jeunes mamans qui sont à leur premier accouchement, n’ont pas d’expérience en
allaitement et se trouvent confrontées à des obstacles qui les obligent à abandonner très
tôt l’allaitement [124]. Les difficultés pourraient aussi être d’ordre physiologique.
Certaines primipares sont incapables de produire suffisamment de lait pour nourrir leur
enfant au premier accouchement, mais au second la production du lait devient plus
importante [124].
6.5 Le lieu d’accouchement et lieu de résidence
Dans ce travail, l’accouchement dans un centre de santé est un facteur important
(P<0,001) associé à la réussite de l’AME pendant les six premiers mois. En effet, de
l’effectif total, 63,5 % des mères ont accouché dans un centre de santé. Parmi les 188
mères qui ont accouché dans un centre de santé, 64,9% ont réalisé un AME jusqu’à six
mois, les autres ayant allaité de façon non exclusive ; parmi les 108 mères ayant accouché
hors d’un centre de santé, seulement 25,9% des mères ont allaité de façon exclusive. Cela
traduit une pratique d’AME beaucoup plus fréquente chez les mères qui accouchent dans
les centres de santé que chez celles qui accouchent ailleurs. Il est probable que cela soit
en rapport avec le fait que les contacts avec les mères dans les services de santé aient été
mis à profit pour promouvoir l’AME. Cette relation est aussi trouvée au Nigeria [11], au
Viêt-Nam [20], et surtout au Malawi [12], avec un rapport de cote très élevé (Tableau 6).
Cependant, au Liban [14], et au Népal [113], les auteurs n’ont pas observé de différence
significative, probablement en lien avec l’insuffisance de fréquentation des services de
santé pour les accouchements ou à cause du manque de sensibilisation par les
professionnels de la santé.
Contrairement à ce qui a été trouvé dans de nombreuses études, Tiwari et al. [15]
n’ont pas trouvé de relation entre les mères allaitantes qui utilisent les services de santé et
100
celles qui ne les utilisent pas pendant le premier mois après l’accouchement. Ils estiment
que les contacts des mères avec les services de santé n’ont pas été mis à profit pour
sensibiliser les mères. En effet, l’utilisation des services de santé pour les accouchements
et les soins, reste un moment privilégié d'apport d'informations et d'éducation pour la
santé en raison de la disponibilité des professionnels de la santé à écouter et à mieux
cerner le ressenti des mères et à les aider, au besoin, à surmonter les difficultés et à
poursuivre l’AME jusqu’à six mois.
Le Tableau 5 montre que les femmes qui ont accouché dans un Centre de santé
ont quatre fois plus de chances d’allaiter leur enfant de façon exclusive que celles qui ont
accouché hors d’un Centre de santé. Les centres de santé sont situés en milieu semi-
urbain. Les femmes qui vivent en milieu semi-urbain se trouvent plus près des centres de
santé et il est plus facile pour elles de s’y rendre que pour les femmes qui vivent en
milieu rural. En raison de la colinéarité entre le lieu de résidence et le lieu
d’accouchement, nous avons retiré la variable « lieu de résidence». En revanche, la
résidence est un facteur important dans certaines études. Ainsi, l’association entre la
courte durée d’AME et le milieu de résidence a été rapportée par certains auteurs. En
effet, Kamudoni et al. au Malawi ont observé des différences significatives [12]. Cela
laisse entendre que les femmes résidant en milieu semi-urbain allaitent exclusivement
leurs enfants plus que les femmes des milieux ruraux. Cela pourrait être dû à l’existence
des comités de soutien à l’allaitement qui aident les mères vivant en milieu urbain à
réaliser un AME. Il est aussi possible que les femmes des milieux ruraux soient accablées
par les activités lourdes (travail au champ) pour assurer l’alimentation de la famille, ce
qui les amène à abandonner très tôt l’allaitement exclusif par manque de disponibilité et
de soutien pour nourrir le bébé [12].
Selon les contrées, certains auteurs ont trouvé le contraire. C’est le cas de Batal et
al. au Liban qui ont trouvé que les femmes résidant en milieu rural allaitent
exclusivement leur enfant plus que celles qui résident en milieu urbain. Cela s’explique
par le fait qu’en milieu rural, généralement, les mères ne travaillent pas à l’extérieur de la
maison et qu’elles sont davantage disponibles pour nourrir les bébés à la demande. Par
101
contre dans les milieux urbains, les mères n’allaitent pas exclusivement leur enfant parce
que non seulement elles travaillent beaucoup à l’extérieur mais aussi, elles ont les
moyens de faire l’alimentation artificielle et d’engager des bonnes. Ce qui implique que
le respect des règles d’hygiène n’est pas toujours garanti [14]. Il en est de même en Chine
[19]. Cet état de fait est possiblement dû au fait qu’en milieu urbain, les femmes
travaillent non seulement à temps complet, mais aussi à l’insuffisance ou à l’inexistence
des comités de soutien à l’allaitement. En effet, le comité de soutien à l’allaitement est un
groupe de travail composé selon les localités de trois à cinq personnes ou plus de sexe
féminin ou masculin qui s’engagent de façon temporaire et/ou permanente dans la mise
en œuvre des activités de soutien à l’AME dans leur communauté. Les membres du
comité sont choisis au sein de la communauté sur la base de certains critères (volontaire,
motivé, intègre, etc.) reçoivent une formation sur l’importance de l’AME et sur la
technique de communication et de transmission de message. Le comité de soutien à
l’AME travaille sous la supervision et la responsabilité des professionnels de la santé. Il
donne des conseils par le biais de séances d’éducation nutritionnelle qui sont aussi bien
individuelles que collectives et concernent les thèmes : l’AME (sans eau ni décoction)
jusqu’à six mois, aliments de compléments adéquats, hygiène, etc. Le comité assure le
suivi régulier des mères accouchées dans les ménages en vue de les motiver à poursuivre
l’AME et de les amener à pouvoir apprécier l’état nutritionnel de leurs enfants, à dépister
et à référer les malnutris vers les structures sanitaires et à promouvoir auprès des mères,
des familles et des communautés, de bonnes pratiques nutritionnelles et sanitaires.
D’autres chercheurs par contre n’ont pas observé de différence significative.
C’est le cas de Giashuddin et al. au Bangladesh [106]. Aussi, Hauck et al. en Australie-
Occidentale n’ont pas observé de différence significative quant à l’effet d u lieu de
résidence sur les pratiques d’allaitement maternel [90].
102
6.6 L’occupation de la mère
L’occupation de la mère est une variable fondamentale dans l’analyse des
problèmes liés à l’AME, mais est l’une des informations difficiles à obtenir dans une ville
comme Tessaoua où la plupart des femmes vivent en union maritale et sont soumises à
leur mari. De ce fait, un soin particulier a été accordé à sa définition au moment de
l’enquête. En effet nous avons demandé aux enquêtrices de bien définir l’occ upation afin
que cela soit clair dans la compréhension de chacun. En effet, l’occupation de la mère est
l’activité principale qui lui procure le plus de revenus ou utilise le plus de temps. Il peut
s’agir d’une activité lucrative généralement dans le secteur informel ou travailler la terre
de quelqu’un moyennant une rémunération ou encore être fonctionnaire de l’État, bref,
une activité rémunérée. La ménagère est quelqu’un qui fait un travail domestique ou sur
les terres de la famille ; c’est généralement un travail pour lequel la femme n’a pas de
salaire. Dans l’ensemble on constate que 89,5 % des mères sont ménagères et seulement
10,5 % ont déclaré avoir une activité rémunérée. La prédominance des mères ménagères
n’est pas surprenante. A Tessaoua comme dans la plupart des localités du Niger, ce sont
généralement les femmes libres ou en rupture d’union qui étaient proportionnellement les
plus nombreuses à exercer une activité lucrative pour se nourrir et nourrir leurs enfants.
Ce fait a été démontré par le rapport d’enquête démographique et de santé de 2006 au
Niger [21]. Des 31 mères qui travaillent contre rémunération, 25 ont fait un allaitement
maternel mixte. La proportion des femmes ayant déclaré une activité agricole est plus
élevée en milieu rural qu’en milieu semi-urbain. La majorité des mères ont travaillé de
manière saisonnière. Les quelques mères qui exerçaient un emploi-cadre ou une activité
professionnelle ou technique sont des enseignantes ou des infirmières qui résident le plus
souvent en milieu semi-urbain. Presque toutes les femmes de Tessaoua sont ménagères.
Elles sont sous la responsabilité totale de leur mari et n’ont presque pas de pouvoir
décisionnel. C’est le mari, par son travail et sa puissance économique qui assure le plus
souvent les moyens matériels notamment de vie ou de survie de la famille.
103
Dans cette étude, l’occupation de la mère est un facteur important associé à
l’AME. En effet, la mère ménagère est presque cinq fois plus susceptible d’allaiter
exclusivement son enfant que la femme qui a une activité rémunérée. Cela n’est pas au-
delà de l’imagination parce que la femme ménagère, bien qu’elle travaille souvent sur les
terres de la famille sans rémunération, est quand même plus disponible pour s’occuper
des enfants. Cette relation est aussi trouvée par Kamudoni au Malawi [12] (Tableau 6) et
au Viêt-Nam dans les travaux de Dearden et al. [118]. Cependant, à Hong-Kong, Lee et
al. [120] n’ont pas observé de différence significative entre l’occupation de la mère et le
taux d’AME jusqu’à l’âge de six mois, possiblement dû au fait qu’à Hong-Kong, presque
toutes les mères travaillent à l’extérieur du foyer.
Plusieurs recherches menées en Afrique et dans le monde ont identifié
l’occupation de la mère comme obstacle à l’AME. Au Kenya, suite à un taux très bas
d’AME à six mois, Cherop et al. ont identifié comme l’un des principaux obstacles à
l’AME la reprise du travail [125]. Au Ghana, Otoo et al. ont aussi observé des différences
significatives [17]. En Afrique du Sud, Sibeko et al. ont déterminé comme principal
obstacle à l’AME le retour au travail [117]. Dans une enquête nationale évaluant la
prévalence de l’AME au Liban, Batal et al. ont identifié comme obstacle le manque de
disponibilité pour nourrir le bébé [14]. Dans certains pays à revenus intermédiaires ou à
haut niveau socioéconomique, plusieurs chercheurs ont identifié comme obstacle à
l’AME la reprise du travail. C’est le cas de Chung et al. en Corée du Sud [97], de
Wambach et al. et Alexander et al aux USA [13, 108], Lee et al. en Chine [120]. Glover
et al. en Nouvelle-Zélande [116] et Gijsbers et al. aux Pays-Bas [18]. Dans une méta-
analyse, Wijndaele et al. ont également identifié comme obstacle à l’AME le retour au
travail [103].
6.7 Le suivi de grossesse
Le suivi de grossesse fournit des informations concernant les soins pré et
postnatals, de même que les conditions d’accouchement. Cela a pour buts de déterminer
104
le type de soins et d’informations que les femmes doivent recevoir ainsi que les
principaux problèmes auxquels elles sont confrontées durant leur grossesse et les
personnes qui les aident à les surmonter. En effet, le suivi des femmes enceintes au cours
des consultations prénatales permet de prévenir les risques et les complications lors de
l’accouchement et permet également d’initier l’AME durant six mois.
Au moment de l’enquête, toutes les catégories de personnes consultées par les
mères pendant la grossesse ont été notées. Cependant, lorsque plusieurs personnes
avaient été consultées, seule la personne la plus qualifiée a été retenue. Il est intéressant
de noter, pour ce qui est des professionnels de la santé, que ces consultations ont été
principalement effectuées par les sages-femmes ou les infirmières et, dans une proportion
beaucoup plus faible, elles ont été menées par des médecins. Ces consultations ont aussi
été réalisées par des non-professionnels de la santé notamment des matrones et ou des
accoucheuses traditionnelles, des marabouts, des tradi-praticiens ou dans certains cas par
des parents. L’efficacité du suivi de grossesse dépend non seulement du type d’examen
effectué pendant les consultations, mais aussi des conseils qui sont prodigués aux
femmes. Pour cette raison, lors de la collecte de données sur cet aspect important de suivi
prénatal, nous avons demandé aux femmes si, au cours des visites de suivi de grossesse,
elles avaient reçu de l’information sur les soins à donner au bébé et sur l’AME pendant
les six premiers mois de vie. En effet, pour être efficace, l’OMS recommande un suivi
régulier (au moins quatre fois avant la naissance) et effectué par un personnel formé.
Les résultats selon les personnes consultées montrent qu’au total, 83,4 % des
mères ont été suivies par des professionnels de la santé, 15,6 % par des non-
professionnels de la santé et 1% des mères n’ont pas été suivies durant leur grossesse.
Des 150 mères ayant réussi à allaiter exclusivement, 93,3% ont été suivies par des
professionnels de la santé pendant leur grossesse contre seulement 6,7% par des non-
professionnels. Du côté des mères du groupe AMNE, on constate que le nombre de
105
femmes ayant bénéficié de suivi de grossesse par un agent de santé est de 73,3% contre
26,7% qui ont été suivies par des non-professionnels (P<0,001).
Le suivi de grossesse par un professionnel de la santé est un facteur important
dans notre étude (P<0,01). On constate que les femmes ayant bénéficié du suivi de
grossesse par un professionnel de la santé allaitent exclusivement trois fois plus que les
femmes qui ont été suivies par un non-professionnel de santé (Tableau 5). Il est possible
que cela soit dû au fait que le professionnel de la santé impliqué dans cette activité joue
un rôle important dans la promotion, la protection et le soutien de l’AME. Cette relation
est aussi confirmée par les conclusions de certaines études réalisées en Afrique et dans le
monde. En effet, Dearden et al. [111] au Viêt-Nam et Ogunlesi au Nigeria [11], avaient
observé des différences significatives avec des rapports de cote respectivement de 10,1 et
2,8 entre les femmes qui utilisent les services de santé pour les accouchements et les
soins et celles qui ne les utilisent pas. Cette relation est aussi trouvée en Chine, dans les
travaux de Qiu et al. [19] et au Canada par ceux de Semenic et al. [107]. En revanche,
dans une étude cherchant à identifier des pistes d’intervention pouvant être mises en
place auprès des professionnels de la santé pour les aider à promouvoir la pratique
optimale d’AME au Niger, Abba et al. ont trouvé que la promotion de l’AME n’est pas
faite dans les formations sanitaires de la Communauté urbaine de Niamey [93]. Cela est
probablement dû à la surcharge de travail et de manière générale au manque de
ressources et de motivation dans la capitale du Niger. Cependant dans notre étude, selon
les données recueillies, nous avons constaté que les mères qui accouchaient au CSI
allaitaient de façon exclusive trois fois plus que les autres qui avaient accouché à
domicile. Donc, nous avons pensé que les agents de santé avaient eu une influence
positive dans cette localité défavorisée. Cependant, il faut préciser que nous n’avons pas
été en contact direct avec les professionnels de la santé. Toutes les informations
recueillies sur ces sujets ne sont que la perception de la mère.
106
6.8 L’opinion du mari, des amies et de la famille
Au cours de l’enquête, on a demandé aux femmes l’opinion de leur mari sur
l’AME pendant les six premiers mois de vie de l’enfant. Les résultats présentés au
Tableau 4 montrent que la majorité des femmes (72 %) ont déclaré que leur mari avait
une opinion favorable à l’AME. Chez les mères du groupe AME, il est frappant de
constater que, 149 des 150 mères avaient un mari favorable à l’AME contre seulement un
mari qui était défavorable. En revanche, dans le groupe AMNE, on remarque que 44%
des mères avaient un mari favorable à la pratique d’AME. Par ailleurs, on remarque que
si l’opinion de la famille est défavorable, les taux d’AME sont de 36 % ; si l’opinion des
amies est défavorable ou qu’elles n’ont pas d’opinion, le taux est de 44 % ; mais si
l’opinion du mari est défavorable, le taux d’AME est de 1 % seulement.
Bien que l’opinion du mari soit un facteur important dans cette étude, pour des
raisons statistiques, nous ne pouvons l’analyser. Toutefois, au Niger, les maris ont encore
un fort pouvoir sur leurs épouses. En effet, traditionnellement, c’est l’homme qui incarne
l’autorité au sein du ménage ; il fixe les règles et les codes de bonne conduite ; il assure le
contrôle et la gestion des biens familiaux ; il prend les décisions capitales et fournit les
moyens de subsistance aux membres de la famille ; il est le seul, selon la coutume à avoir
l’autorité parentale [22].
Dans une étude réalisée au Viêt-Nam, l’opinion du mari s’est avérée un facteur
important. En effet, Duong et al. ont observé des différences significatives entre les
opinions favorables et défavorables du mari (avec un rapport de côte égal à 5,37) [20].
Au Népal, Chandrashekhar et al. ont également observé des différences significatives
(avec un rapport de côte égal à 1,19) [113]. Ces différences laissent entendre que l’AME
est davantage réalisé lorsque les maris collaborent et soutiennent activement les mères.
Plusieurs résultats de recherches menées en Afrique et dans le monde ont identifié
comme obstacles à l’AME à six mois le manque de soutien des époux [16, 17, 18, 104].
Cependant, malgré l’importance du soutien des maris dans la réussite de l’AME, l’une
des difficultés majeures à laquelle les professionnels de la santé sont souvent confrontés,
107
c’est la non- implication des maris dans les activités prénatales et la sensibilisation pour la
promotion, la protection et le soutien à l’AME parce qu’ils sont difficiles à atteindre.
Signalons en outre qu’il existe une forte corrélation entre l’opinion du mari et
celle de la famille. En effet, l’examen de données de l’opinion du mari met en évidence la
même tendance observée à propos de l’opinion de la famille. Selon toute vraisemblance,
cette corrélation trouve sa source dans le lien étroit qui existe entre le mari et la famille
(le mari faisant partie intégrante de la famille).
Dans cette étude, l’opinion favorable des amies et de la famille est un facteur
significatif (respectivement P<0,05 et P<0,001) associé à la réussite de l’AME. Il est
possible que cela soit dû à ce qu’au Niger en particulier et en Afrique en général,
l’individu subit l’influence du groupe. Cette relation est aussi trouvée au Viêt-Nam [20]
et au Népal [113]. En effet, l’opinion de l’entourage qu’il soit familial, amical ou autre,
peut avoir des influences positives ou négatives sur la femme qui allaite. Lors de la
collecte des données, certaines mamans nous ont fait part de certaines critiques formulées
à l’égard du lait maternel. Certaines critiques sont favorables à l’AME : le lait maternel
est adapté aux besoins de l'enfant ; il ne contient pas d’éléments nuisibles pour la santé du
nourrisson, il est riche en éléments nutritifs, il protège l’enfant contre les maladies et le
lait maternel favorise moins la constipation que les laits artificiels, etc. Par contre,
certains propos ne font que décourager les mères dans leur projet d’AME : "Ton bébé
n'est pas rassasié ; il ne grossit pas assez ; il n'a pas bonne mine ; ou, tu n'as pas assez de
lait ; ton lait n’est pas bon ; il faut que ton fils fasse au moins deux selles par jour ; ou
carrément certaines personnes brandissent les arguments traditionnels pour donner à boire
à l’enfant (par exemple, le dawri dans la langue locale le haoussa : ce sont des racines et
feuilles d’arbres qu’on chauffe et qu’on donne à boire à l’enfant dans le but de stimuler
l’appétit afin de favoriser la prise du poids). Donc, ces propos combinés à l’inexpérience
ou le manque de connaissance de la mère en alimentation du nourrisson contribuent à
inciter la mère à abandonner très tôt l’AME.
Par ailleurs, le tableau 8 montre que, dans notre étude, si la famille est favorable à
l’AME, la femme a 4 fois plus de chances d’allaiter de façon exclusive que si la famille
108
n’est pas favorable. Cela est dû au fait qu’au Niger la mère subit souvent la dictature du
groupe. C'est-à-dire que la famille, les amies et le mari peuvent imposer leur volonté à la
mère et l’obliger à accepter leur décision même si cela ne lui plaît pas. En revanche, dans
l’étude Canadienne, ce facteur n’était pas significatif parce qu’au Canada, la famille
n’influence pas la mère sur sa décision d’allaiter. Les gens sont libres, égaux et
indépendants. En ce qui concerne l’opinion des amies, lorsqu’elles sont favorables, la
mère nigérienne a 5,7 fois plus de chances d’allaiter de façon exclusive que lorsque ses
amies ne sont pas favorables. Par contre en Chine, l’opinion des amies n’agissait pas de
façon significative sur la décision des mères d’allaiter de façon exclusive. Il est possible
que cela soit dû au fait que la société chinoise tend à se moderniser et les rapports entre
les humains tendent vers l’individualisme.
Plusieurs études réalisées en Afrique et dans le monde ont identifié l’opinion
favorable des amies et de la famille comme facteurs facilitateurs à l’AME à 6 mois [17,
18, 102, 103, 104, 117].
La résolution de ces problèmes incombe de prime abord aux professionnels de la
santé qui devraient avoir des compétences nécessaires en allaitement maternel, afin de
jouer un rôle dans la promotion, la protection et le soutien à l’AME à Tessaoua. C’est la
raison pour laquelle le travail de sensibilisation ne doit pas seulement se limiter à la seule
femme venue en consultation, mais doit s’étendre à toutes les personnes significatives de
la mère notamment le mari, les amies et la famille, susceptibles de l’influencer
positivement dans son comportement.
6.9 Initiation à l’allaitement
Selon les recommandations de l’UNICEF et de l’OMS, tous les enfants devraient
être mis au sein dans les 30 minutes à une heure qui suivent l’accouchement parce que la
tétée précoce procure le colostrum au bébé, apprend au nourrisson à téter de manière
efficace, optimise le développement et la croissance du nouveau-né et augmente la durée
de l’allaitement [83]. En effet, la quasi-totalité des enfants de notre étude (83,8%) ont été
mis au sein dès les premières minutes de leur vie et cette pratique est très courante quelles
109
que soient les caractéristiques de la mère. Parmi les mères du groupe AME, la proportion
de celles qui avaient allaité dans les quelques minutes qui ont suivi immédiatement la
naissance est de 88,7 %. Du côté des mères du groupe AMNE, cette proportion était de
78,8 % (Tableau 4). L’initiation à l’allaitement est donc un facteur important assoc ié à
l’AME dans notre étude. Donc, la proportion des mères qui ont initié l’allaitement
maternel dans les premières minutes suivant la naissance de l’enfant était
significativement plus grande (P < 0,05) parmi celles qui ont allaité de façon exclusive
jusqu’à six mois que chez celles qui ont allaité mais de façon non exclusive jusqu’à cet
âge. Les mères qui ont initié l’allaitement quelques minutes après la naissance de l’enfant
étaient trois fois plus enclines à allaiter de façon exclusive jusqu’à six mois que celles qui
l’ont initié plus tard, c’est-à-dire quelques heures après la naissance (Tableau 5). Cette
relation est aussi trouvée par Duong et al. au Viêt-Nam [20]. Cependant, ce facteur n’est
pas significatif au Liban [14] et en Chine [19]. Dans ces régions, il est possible que le
premier aliment de l’enfant soit autre chose que le lait maternel en l’absence de comités
de soutien. Nos résultats montrent que beaucoup a été fait, mais qu’il reste encore des
efforts importants à déployer pour convaincre les mères de l’importance et des bienfaits
de l’allaitement dès les premières minutes de la vie de l’enfant et surtout de sa continuité
et de son exclusivité jusqu’à l’âge de six mois.
6.10 Les difficultés rencontrées pendant la première semaine d’allaitement
Dans la présente étude, un des facteurs importants qui influence l’AME est : « les
difficultés rencontrées pendant la première semaine d’allaitement». On peut voir, au
Tableau 5, que les mères qui ont éprouvé des difficultés à allaiter au cours de la première
semaine suivant la naissance du bébé ont presque sept fois plus de chances de ne pas
allaiter leur enfant de façon exclusive durant les six premiers mois que celles qui n’ont
pas rencontré de difficulté. Il est probable que cela soit dû à l’insuffisance de
sensibilisation ou à l’inadaptation du cadre d’échange en rapport avec le nombre
pléthorique de clients que doivent recevoir chaque jour les agents de santé. Cela pourrait
être dû à l’absence ou l’insuffisance des comités de soutien à l’AME qui devraient
effectuer des visites à domicile pendant au moins la première semaine pour aider les
110
mères ayant accouché récemment à prévenir et à surmonter les difficultés. Cette relation a
aussi été trouvée au Malawi [12] (Tableau 6), au Viêt-Nam [20] et au Népal [113].
Cependant, au Canada, ce facteur était non significatif [107] (Tableau 8). Il est possible
que cela soit lié au fait que les femmes veulent retourner sur le marché du travail et
cessent l’allaitement de façon prématurée. L’analyse de nos résultats nous montre que
l’AME est davantage réalisé lorsque la mère ne rencontre pas de difficultés.
Aussi bien dans les pays riches que dans les pays pauvres, les principales raisons
évoquées par les mères pour justifier l’introduction d’eau ou d’autres aliments solides ou
liquides que le lait maternel sont : l’insuffisance de production du lait, la douleur au
mamelon et l’impression que le bébé a soif. Ces difficultés ont aussi été identifiées par
plusieurs études en Afrique et dans le monde [12, 15, 16, 17, 18, 99, 105, 107, 118, 121].
Les maladies de la mère et la maladie de l’enfant représentent aussi un motif important
d’ajouts d’autres aliments. Ce phénomène est également observé dans beaucoup de
recherches [14, 16, 17, 20, 102, 103, 105, 108, 114]. Les problèmes relatifs au manque de
conseils sur l’AME constituent aussi une raison d’introduction d’autres aliments avant
l’âge de six mois [15, 16, 18, 97, 103, 114, 115,116]. Certaines mères, malgré leur
réticence à donner à boire ou à manger à l’enfant se trouvent confrontées à d’autres
difficultés d’ordre psychologique ou social qui les obligent à ajouter d’autres aliments dès
le premier jour après la naissance (dattes, eau bénite) en raison de la représentation
socioculturelle. Dans une étude menée au Sénégal, Diagne-Guèye et al. ont aussi observé
des différences significatives entre une durée courte d’AME et l’administration d’un
aliment dès le premier jour suivant l’accouchement (représentation socioculturelle) [98].
D’autres par contre justifient l’arrêt de l’allaitement exclusif en raison d’une nouvelle
grossesse survenue avant le sixième mois [121].
Dans notre étude, il existe une forte corrélation entre les difficultés de la première
semaine et celles de la première semaine à six mois. Selon toute vraisemblance, les deux
variables varient de la même façon : les mères qui ont des difficultés pendant la première
semaine en ont plus tard.
111
6.11 Don du colostrum
La plupart des mères (98 %) ont donné du colostrum (Tableau 4). Aucun cas de
rejet du colostrum n’a été signalé contrairement aux rapports de l’enquête démographique
de 2006, où souvent le premier lait était considéré par certaines mères comme du pus. Il
est probable que le don du colostrum par la presque totalité des mères soit dû au soutien
des autorités sanitaires du Niger qui ont, depuis un certain temps, validé la stratégie
nationale pour l’alimentation et la nutrition du jeune enfant, notamment l’AME jusqu’à
l’âge de six mois, comme ligne directrice d’une politique de nutrition infantile selon les
recommandations de l’OMS. L’intégration de cette pratique bénéfique se vérifie aisément
à travers la question 28 du questionnaire où l’on demandait aux mères pourquoi elles
croyaient qu’elles devaient donner le colostrum. Les réponses se résumaient pour
l’essentiel à : le colostrum protège le bébé contre la diarrhée, tonifie et stimule
l’organisme du nourrisson, favorise la prise du poids, permet au bébé de téter de manière
efficace, etc.
Un accent particulier a aussi été mis sur le partenariat avec tous les acteurs
concernés (notamment les professionnels de la santé et les ONG engagés dans le
domaine). Ces acteurs proposent des axes stratégiques appropriés pour redresser de
manière efficace la faiblesse de l’allaitement maternel au Niger, tout en veillant à la
cohérence des initiatives et en renforçant l’information et la sensibilisation des différents
publics cibles.
L’allaitement maternel exclusif tel que défini par l’OMS, recommandé pendant
les six premiers mois de vie de l’enfant, semble limité par des obstacles. Selon les
résultats de notre étude, les obstacles significatifs à l’AME les plus importants sont : le
faible niveau d’instruction de la mère, la présence des difficultés pendant la 1ère semaine
d’allaitement, l’opinion défavorable des amis et de la famille sur l’AME, le manque de
temps pour nourrir le nourrisson (travail), l’accouchement hors du centre de sa nté, la
mise au sein tardive suivant l’accouchement (au-delà d’une heure) et le suivi de grossesse
112
par un non-professionnel de la santé. Par conséquent, pour améliorer la pratique d’AME
durant six mois, il serait primordial d’assurer un suivi auprès des mères pendant la
1èresemaine pour surmonter les difficultés, de sensibiliser l’entourage des mères (mari,
amies, famille) à l’importance de l’AME, de minimiser l’impact du travail des mères sur
l’AME, de favoriser la fréquentation des centres de santé par les mères des milieux
ruraux, d’assurer le suivi de grossesse par un professionnel de la santé et enfin de
promouvoir l’alphabétisation et l’éducation des jeunes filles.
113
CHAPITRE 7
CONCLUSION
Le but de cette recherche était d’étudier les pratiques d’allaitement des
nourrissons de 0-6 mois par les mères issues de milieux défavorisés de la commune
urbaine de Tessaoua, région de Maradi au Niger. Elle visait non seulement à recueillir les
caractéristiques sociodémographiques, les données de l’enfant et les expériences des
mères en allaitement maternel, mais aussi, à identifier les facteurs qui caractérisent les
mères qui ont allaité exclusivement leur enfant jusqu’à l’âge de six mois. Selon les
rapports d’enquêtes nationales réalisées au Niger, presque toutes les mères allaitent.
Cependant, l’AME tel que défini par l’OMS et recommandé pendant les six premiers
mois est une pratique très peu répandue. Le taux d’AME n’était que de 9,9% au Niger en
2009 [10].
Nous avons donc tenté de mener une étude sur les pratiques d’allaitement des
enfants âgés entre 0-6 mois issus de milieux défavorisés afin de mieux comprendre les
facteurs facilitateurs et les obstacles à l’AME pendant les six premiers mois. De plus,
nous voulions faire des propositions en vue d’augmenter le taux d’AME jusqu’à l’âge de
six mois et d’améliorer ainsi l’état nutritionnel et sanitaire des enfants nigériens. Aux
termes de la présentation des résultats, on peut confirmer la possibilité d’identifier les
114
facteurs qui favorisent l’AME au Niger. En effet, cette enquête révèle qu’au Niger, les
facteurs de réussite de l’AME les plus importants sont :
Le niveau d’instruction de la mère
Les difficultés rencontrées pendant la 1ère semaine d’allaitement
L’opinion favorable des amis et de la famille
L’occupation de la mère (travail)
L’accouchement au centre de santé
L’initiation de l’allaitement maternel dans les quelques minutes suivant
l’accouchement
Le suivi de grossesse par un professionnel de la santé
Bien que l’opinion du mari n’ait pas été analysée, les résultats de cette étude
soulignent aussi l’importance du rôle des maris, pour encourager leurs épouses à allaiter
exclusivement leur enfant jusqu’à l’âge de six mois. L’âge de la mère et la parité ne
semblent pas avoir d’impact sur l’AME pendant les six premiers mois de vie dans la
commune urbaine de Tessaoua. Quant au don du colostrum, nous n’avons pu tirer de
conclusion statistique puisque la presque totalité des mères le donnaient. Cependant, il
ne fait aucun doute que cette pratique est bénéfique [86] et qu’il est nécessaire
d’encourager les mères à la maintenir.
115
Limites de l’étude
L’une des principales limites de l’étude à laquelle nous avons été confrontés est
l’insuffisance de ressources (financières, temporelles) ayant limité la capacité de l’étude à
15 variables alors que la recension des écrits nous a permis d’en identifier beaucoup plus.
La sélection des variables a été faite suite à une revue exhaustive de la littérature et en
portant une attention particulière aux recherches effectuées en Afrique. Nous avons
retenu pour notre étude les variables qui nous semblaient les plus susceptibles d’être
significatives dans le contexte du Niger. Malgré tout, nous pensons avoir pu amasser
l’essentiel des informations nécessaires à la réalisation de ce travail.
Nous avons aussi été confrontés à d’autres situations qui méritent d’être
signalées : la variable “opinion du mari” avait des données insuffisantes dans l’une de ses
cellules qu’au demeurant, en raison de ce faible effectif, nous n’avons pu analyser. En
effet, au Niger les maris ont encore un fort pouvoir sur les femmes ; ils incarnent
l’autorité au sein du ménage ; ils gèrent les biens familiaux et assurent les moyens de
subsistance à tous les membres de la famille ; ils fixent les règles de bonne conduite.
Selon la coutume nigérienne, l’homme est le seul à avoir l’autorité parentale. Alors, pour
toutes ces raisons, nous pensons que les maris pourraient influencer leurs épouses dans
leur décision d’allaiter exclusivement leur enfant. Malheureusement, la variable “opinion
du mari” a été exclue de l’étude malgré son importance dans cette recherche.
Aussi compte tenu de nos ressources limitées, le recrutement des participantes a
été limité seulement à la communauté urbaine de Tessaoua, ce qui nous amène à
souligner que nous ne prétendons pas que les résultats de cette étude soient généralisables
à toute la population du Niger. En outre, il faut également souligner que nous n’avons pas
été en contact direct avec les maris, les familles et les amies de la mère. Toutes les
informations recueillies sur ces sujets ne sont que la perception de la mère. C’est
pourquoi nous estimons que des études de plus grande envergure intéressant plusieurs
régions du Niger et impliquant directement les maris, les familles, les amies, avec des
moyens financiers, logistiques et temporels suffisants doivent être menées.
116
Quelques recommandations
La pratique d’AME pendant les six premiers mois de la vie est reconnue comme
étant la stratégie la plus importante pour atteindre certains Objectifs du Millénaire pour le
Développement en rapport notamment avec la réduction de la mortalité infanto-juvénile,
particulièrement dans les pays en développement. Dans le contexte actuel du Niger, où
les conditions d’hygiène et d’assainissement sont précaires, avec un faible accès à l’eau
potable, de fréquentes épidémies de maladies infectieuses et parasitaires ainsi que des
problèmes de conservation d’aliments solides ou liquides, les autorités sanitaires doivent
être en mesure de garantir un suivi régulier auprès des mères afin de les aider à prévenir
et à surmonter les difficultés qu’elles rencontrent pendant la première semaine d’AME.
Pour cela, il serait nécessaire d’adapter des stratégies qui impliquent directement les
mères en tenant compte de leurs croyances et difficultés. Il serait important de créer ou de
redynamiser les comités communautaires de soutien à l’AME afin d’assurer
quotidiennement la visite à domicile des professionnels de la santé durant la première
semaine suivant l’accouchement. Cela leur permettrait d’échanger avec les mères et de
leur fournir l’aide nécessaire afin de les accompagner et de les motiver dans la poursuite
de l’AME.
Cette étude fait apparaître que l’entourage de la mère joue un rôle déterminant
dans la réussite de l’AME. Malheureusement, peu de gens ont accès à l’information en
dehors des services de santé. Très souvent, l'agent de santé n’est pas disponible à cette
activité d'information sanitaire au regard du nombre élevé de clients à recevoir
quotidiennement ou de l'inadaptation du cadre de la rencontre. Pour cela, nous
recommandons la mise en place, dans les centres de santé, d’un bureau de sensibilisation
et d’information en nutrition infantile. Cependant, ces activités ne devraient pas
seulement se limiter à la seule femme venue en consultation, mais s’étendre à toutes les
personnes significatives notamment, les maris, les amies, la famille, susceptibles
d’influencer son comportement en matière d’allaitement. Pour mieux s’acquitter de cette
117
tâche, les services de santé, en associant toutes les ressources locales disponibles (ONG,
groupements féminins, radios communautaires), devraient conjuguer leurs efforts pour
fournir des informations plus accessibles et mieux ciblées afin d’assurer une bonne
communication sur l’AME.
Il semble que plusieurs femmes vivant en milieu rural sont souvent animées de
cette volonté d'allaiter exclusivement leurs enfants pendant les six premiers mois de vie,
mais n'y parviennent pas parce qu'elles doivent reprendre le travail le plus souvent une
semaine après l’accouchement. Elles doivent aller travailler aux champs, chercher de
l’eau, préparer à manger, bref assurer le quotidien. La charge de travail est tellement
lourde qu’elles finissent par abandonner très tôt l’allaitement. Les taux d’AME sont en
général faibles et varient d’un pays à un autre. Les facteurs qui constituent des obstacles
dans une région n’en constituent pas nécessairement dans une autre et vis versa. Les
raisons de l’arrêt d’AME et l’introduction des aliments sont aussi différentes selon les
connaissances, les perceptions, les attitudes, les croyances, l’influence de l’entourage, de
même que selon l’état de santé de la mère et de l’enfant et les difficultés rencontrées.
C’est pourquoi, pour le cas de la commune urbaine de Tessaoua il serait important de
mettre en place une ONG communautaire en mettant l’accent sur les effets bénéfiques de
la minimisation du travail des mères sur l’AME. Pour ce faire, des visites à domicile
devraient être instituées durant les six premiers mois, en fournissant, dans la mesure du
possible, des appuis nécessaires (alimentaires, matériels ou autres) aux mères qui en ont
besoin afin de les accompagner dans la poursuite de l’AME.
Les visites dans les centres de santé semblent être un moment privilégié d'apport
d'informations et d'éducation pour la santé en raison de la disponibilité des professionnels
de la santé à écouter et à mieux cerner le ressenti des mères. Pour amener à un
changement de comportement, il serait alors important que les responsables du CSI, les
ONG locales impliquées dans la promotion, la protection et le soutien à l’allaitement
maternel puissent s’organiser avec les médias communautaires pour rejoindre les mères
118
des milieux ruraux dans le but de les sensibiliser afin de les amener à augmenter la
fréquentation des centres de santé.
Le niveau d’éducation est un facteur associé à la réussite de l’AME jusqu’à l’âge
de six mois au Niger et, au-delà, à l’amélioration de l’état nutritionnel et sanitaire des
enfants. Une femme instruite a un esprit plus ouvert et favorable à toute nouveauté, peut
lire et comprendre facilement les messages affichés dans les centres sanitaires et peut
avoir un meilleur accès aux services de santé et une meilleure utilisation de l’information.
Pour cela, nous recommandons la promotion de l’alphabétisation des mères et l’éducation
des jeunes filles afin d’améliorer le niveau d’instruction et l’autonomisation des femmes.
119
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135
ANNEXE A :
136
ANNEXE B :
137
ANNEXE C :
PRÉSENTATION ORALE
Étude des pratiques d'alimentation des enfants âgés entre 0-6 mois issus de milieux
défavorisés dans la commune urbaine de Tessaoua (CUT) région de Maradi au
Niger
Madame,
Nous sollicitons votre participation aux fins d’une étude menée dans le cadre du projet de
maîtrise de Monsieur Mahaman Salissou Maman sous la direction de Madame Thérèse
Desrosiers, Ph. D. et la codirection de Madame Denise Ouellet Ph. D. en collaboration
avec M. Batouré Mamane, directeur de la nutrition par intérim. La présente étude vise à
identifier les facteurs qui influencent les pratiques alimentaires des nourrissons pendant
les 6 premiers mois après la naissance, chez les mères qui ont pris soin de leur enfant
entre 0-6 mois et ayant lors de notre enquête un enfant âgé entre 6 et 24 mois dans la
commune urbaine de Tessaoua (CUT). Les enfants ayant été adoptés, ne feront pas partie
de notre étude. Ce projet a été approuvé par le Comité d’éthique de la recherche de
l’Université Laval : No d’approbation 2010-266 / 05-01-2011.
Votre participation implique une seule rencontre avec l’agent de recherche. La durée
d’entretien est d’environ 45 minutes.
En participant à cette étude, vous ne tirerez aucun bénéfice direct. Néanmoins, les
chercheurs espèrent que les résultats de cette étude aideront à mieux comprendre les
pratiques d’alimentation des jeunes enfants. De plus, les résultats de cette étude seront
d’importantes sources d’informations pour le gouvernement du Niger et ses partenaires
œuvrant dans le cadre de la prévention et de la lutte contre la malnutrition chez les jeunes
enfants.
138
Ce projet de recherche pour lequel votre participation est sollicitée ne comporte aucun
risque sur le plan médical. Les données seront recueillies par le chercheur principal aidé
par deux enquêtrices professionnelles. Seul, l’étudiant-chercheur mentionné dans ce
document pourra avoir accès aux informations personnelles reliées à l’identité des
répondantes. Une rencontre avec les acteurs impliqués dans la recherche est prévue avant
de commencer l’enquête. L’un des points sur lesquels la réunion portera est le libre
consentement de chaque participante et le respect de ce libre consentement en tout temps
par chaque intervenant. Aussi, dans la mesure du possible, chaque soirée, le chercheur
principal organisera une session de conclusion avec toutes les équipes afin de passer en
revue tous les problèmes qui ont surgi au cours de la journée. Le chercheur principal doit
bien sûr superviser les acteurs sur le terrain régulièrement afin d’éviter toute influence.
Vous êtes libre de participer à ce projet de recherche. Vous pouvez refuser de participer
ou cesser votre participation en tout temps, pendant toute la durée de l’étude, et ce, sans
conséquence négative ou préjudice et sans avoir à justifier votre décision. Tous les
renseignements recueillis seront traités de façon confidentielle. Des numéros seront
utilisés pour identifier chaque participante. En aucun cas, les résultats individuels des
participantes ne seront communiqués à qui que ce soit. Les matériaux de la recherche,
incluant les données et les enregistrements, seront conservés sur ordinateur protégés par
un mot de passe. Ils seront détruits deux ans après la fin de la recherche, soit en avril
2013.
Si vous désirez discuter de certains aspects de ce projet ou si vous voulez obtenir des
informations supplémentaires concernant cette étude, vous pouvez joindre l’un des
responsables du projet.
M. Batouré Mamane, Directeur de la Nutrition par intérim au Ministère de la Santé
Publique (MSP) au (+227) 96 88 28 64 ou par courriel au [email protected]
139
Aichatou Salha, Sage-femme à la maternité du Centre de Santé Intégré (CSI) de
Tessaoua au (+227) 97 35 48 58.
MonsieurMahaman Salissou Maman, candidat à la maîtrise en nutrition et agent de
recherche au (+227) 96 89 97 41 ou par courriel [email protected]
Votre collaboration est précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude et nous vous
remercions d’y participer.
Signature ___________________________________
140
ANNEXE D :
Formulaire de consentement
Présentation du chercheur
Cette recherche est réalisée dans le cadre du projet de maîtrise de Mahaman Salissou
Maman,dirigé par Mme Thérèse Desrosiers, Professeure titulaire au Département des
Sciences des Aliments et de Nutrition à la Faculté des Sciences de l’Agriculture et de
l’Alimentation de l’Université Laval.
Avant d’accepter de participer à ce projet de recherche, veuillez prendre le temps de lire
et de comprendre les renseignements qui suivent. Ce document vous explique le but de ce
projet de recherche, ses procédures, avantages, risques et inconvénients. Nous vous
invitons à poser toutes les questions que vous jugerez utiles à la personne qui vous
présente ce document.
Nature de l’étude
Ce projet de recherche entend connaître les pratiques d’alimentation des enfants pendant
les 6 premiers mois de vie chez les mères d’enfants âgés entre 6-24 mois dans la
commune urbaine de Tessaoua (CUT) en vue de formuler des recommandations de santé
publique dans le but d’améliorer la situation nutritionnelle et sanitaire des enfants
Nigériens.
141
Déroulement de la participation
Votre participation à cette recherche consiste à participer à une entrevue, d’une durée
d’environ 45 minutes, qui portera sur les éléments suivants :
- Les caractéristiques générales des mères (âge, nombre d’enfants, etc.) ;
- Les données de l’enfant (âge, sexe, poids etc.) ;
- Les expériences des mères en allaitement maternel ;
- Les facteurs qui influencent l’âge d’introduction des aliments et de boissons.
Avantages, risques ou inconvénients possibles liés à votre participation
(compensation, le cas échéant)
Ce projet de recherche pour lequel votre participation est sollicitée ne comporte aucun
risque sur le plan médical. Les données seront recueillies par le chercheur principal aidé
par deux enquêtrices professionnelles. Seul, l’étudiant-chercheur mentionné dans ce
document pourra avoir accès aux informations personnelles reliées à l’identité des
répondantes.
En participant à cette étude, vous ne tirerez aucun bénéfice direct. Néanmoins, les
chercheurs espèrent que les résultats de cette étude aideront à mieux comprendre les
pratiques d’alimentation des jeunes enfants. De plus, les résultats de cette étude seront
d’importantes sources d’informations pour le gouvernement du Niger et ses partenaires
œuvrant dans le cadre de la prévention et de la lutte contre la malnutrition chez les jeunes
enfants.
Il est possible que le fait de raconter votre expérience suscite des réflexions ou des
souvenirs émouvants ou désagréables. Si cela se produit, n’hésitez pas à en parler avec la
142
personne qui mène l’entrevue. Celle-ci pourra vous mentionner le nom d’une ressource
en mesure de vous aider, au besoin.
Participation volontaire et droit de retrait
Vous êtes libre de participer à ce projet de recherche et ni le chercheur, ni les enquêtrices,
ni les agents de santé n’exerceront de pression sur vous pour participer à cette étude.
Vous pouvez aussi mettre fin à votre participation sans conséquence négative ou
préjudice et sans avoir à justifier votre décision. Si vous décidez de mettre fin à votre
participation, il est important d’en prévenir le chercheur dont les coordonnées sont
incluses dans ce document. Tous les renseignements personnels vous concernant seront
alors détruits.
Confidentialité et gestion des données
Les mesures suivantes seront appliquées pour assurer la confidentialité des
renseignements fournis par les participantes :
les noms des participantes ne paraîtront dans aucun rapport ;
les divers documents de la recherche seront codifiés et seul le chercheur aura
accès à la liste des noms et des codes ;
les résultats individuels des participants ne seront jamais communiqués ;
les matériaux de la recherche, incluant les données et les enregistrements, seront
conservés sur ordinateur, protégés par un mot de passe. Ils seront détruits deux
ans après la fin de la recherche, soit en avril 2013 ;
la recherche fera l'objet de publications dans des revues scientifiques, et aucun
participant ne pourra y être identifié ou reconnu ;
143
un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participantes qui en
feront la demande en indiquant l’adresse où elles aimeraient recevoir le document,
juste après l’espace prévu pour leur signature.
Dans un souci de protection, le ministère de la Santé et des Services sociaux demande à
tous les comités d’éthique désignés d’exiger que le chercheur conserve, pendant au moins
un an après la fin du projet, la liste des participantes de la recherche ainsi que leurs
coordonnées, de manière à ce que, en cas de nécessité, ceux-ci puissent être rejoints
rapidement ;
Renseignements supplémentaires
Si vous avez des questions sur la recherche ou sur les implications de votre participation,
veuillez communiquer avec M. Batouré Mamane, Directeur de la Nutrition par intérim au
Ministère de la Santé Publique (MSP) au 00227 96 88 28 64 ou par courriel au
[email protected] ou avec Aichatou Salha, Sage-femme à la maternité du Centre de
Santé Intégré (CSI) de Tessaoua au 00227 97 35 48 58.
Remerciements
Votre collaboration est précieuse pour nous permettre de réaliser cette étude et no us vous
remercions d’y participer.
Signatures
Je soussigné (e) ______________________________ consens librement à participer à la
recherche intitulée : « Étude des pratiques d'alimentation des enfants âgés entre 0-6 mois
issus de milieux défavorisés dans la commune urbaine de Tessaoua (CUT) région de
Maradi au Niger ». J’ai pris connaissance du formulaire et j’ai compris le but, la nature,
144
les avantages, les risques et les inconvénients du projet de recherche. Je suis satisfait (e)
des explications, précisions et réponses que le chercheur m’a fournies, le cas échéant,
quant à ma participation à ce projet.
_________________________________ ______________________
Signature du participant, de la participante Date
__________________________________ ______________________
Nom du témoin en lettres majuscules et signature (si analphabète) Date
Un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participantes qui en feront
la demande en indiquant l’adresse où elles aimeraient recevoir le document. Les
résultats ne seront pas disponibles avant le 31 août 2011. Si cette adresse changeait
d’ici cette date, vous êtes invité (e) à informer le chercheur de la nouvelle adresse où
vous souhaitez recevoir ce document.
L’adresse à laquelle je souhaite recevoir un court résumé des résultats de la recherche est
la suivante :
_________________________________________________________________
_________________________________________________________________
_________________________________________________________________
J’ai expliqué le but, la nature, les avantages, les risques et les inconvénients du projet de
recherche à la participante. J’ai répondu au meilleur de ma connaissance aux questions
posées et j’ai vérifié la compréhension du participant.
145
__________________________________________ _______________________
Signature du chercheur Date
Plaintes ou critiques
Toute plainte ou critique sur ce projet de recherche pourra être adressée à M. Batouré
Mamane, Directeur de la Nutrition par intérim au Ministère de la Santé Publique (MSP)
au (+227) 96 88 28 64 ou par courriel au [email protected]
ou
Bureau de l'Ombudsman de l'Université Laval :
Pavillon Alphonse-Desjardins, bureau 3320
2325, rue de l’Université
Université Laval
Québec (Québec) G1V 0A6
Renseignements - Secrétariat : (418) 656-3081
Télécopieur : (418) 656-3846
Courriel : [email protected]
Copie du participant
146
ANNEXE E :
FORMULAIRE D’ENGAGEMENT À LA CONFIDENTIALITÉ
(Enquêtrices)
Titre de l’étude : Étude des pratiques d'alimentation des enfants âgés entre 0-6 mois issus
de milieux défavorisés dans la commune urbaine de Tessaoua (CUT) région de Maradi au
Niger.
Cette recherche est sous la direction de Mme Thérèse Desrosiers, Professeur titulaire au
Département des Sciences des Aliments et de Nutrition à la Faculté des Sciences de
l’Agriculture et de l’Alimentation de l’Université Laval.
Il m’a été expliqué que :
1. Le but de la recherche est d’identifier les facteurs qui influencent les pratiques
alimentaires des mères envers leur enfant pendant les 6 premiers mois après la
naissance.
2. Pour réaliser cette recherche, l’équipe de recherche mène des entrevues semi-dirigées
avec des mères de la commune urbaine de Tessaoua (CUT) qui ont pris soin de leur
enfant entre 0-6 mois et ayant lors de notre enquête un enfant âgé entre 6 et 24 mois
qui se présenteront au Centre de santé intégré (CSI) de Tessaoua. Par la signature
d’un formulaire de consentement écrit, un représentant de l’équipe de recherche
s’engage auprès des participantes à assurer la confidentialité des données recueillies.
3. Dans l’exercice de mes fonctions d’enquêtrice de recherche, j’aurai accès à des
données qui sont confidentielles. En signant ce formulaire, je reconnais avoir pris
connaissance du formulaire de consentement écrit signé avec les participantes et je
m’engage à :
- À assurer la confidentialité des données recueillies, soit à ne pas divulguer l’identité
des participants ou toute autre donnée permettant d’identifier une participante, un
organisme ou des intervenants des organismes collaborateurs ;
147
- À assurer la sécurité physique et informatique des données recueillies ;
- À ne pas conserver de copie des documents contenant des données confidentielles.
Je, soussigné, ________________________________, m’engage à assurer la
confidentialité des données auxquelles j’aurai accès.
_________________________________________ Date : __________________
Enquêtrice de recherche
_________________________________________ Date : __________________
Chercheur
Numéro d'approbation du comité d’éthique à la recherche de l’Université Laval : 2010-
266/ 05-01-2011.
Si j’ai des questions à propos de la recherche, je peux contacter le chercheur principal,
Mahaman Salissou Maman au (+227) 96899741 ou M. Batouré Mamane, Directeur de
la Nutrition par intérim au Ministère de la Santé Publique au (+227) 96 88 28 64 ou par
courriel au [email protected] ou Aichatou Salha, Sage-femme à la maternité du
Centre de Santé Intégré (CSI) de Tessaoua au (+227) 97 35 48 58.
Pour toute plainte ou critique concernant le projet, je peux entrer en communication avec
l’Ombudsman de l’Université Laval au (418) 656-3081 ou par courriel au
148
ANNEXE F :
FORMULAIRE D’ENGAGEMENT À LA CONFIDENTIALITÉ
(Interprète)
Titre de l’étude : Étude des pratiques d'alimentation des enfants âgés entre 0-6 mois issus
de milieux défavorisés dans la commune urbaine de Tessaoua (CUT) région de Maradi au
Niger.
Cette recherche est sous la direction de Mme Thérèse Desrosiers, Professeur titulaire au
Département des Sciences des Aliments et de Nutrition à la Faculté des Sciences de
l’Agriculture et de l’Alimentation de l’Université Laval.
Il m’a été expliqué que :
1. Le but de la recherche est d’identifier les facteurs qui influencent les pratiques
alimentaires des mères envers leur enfant pendant les 6 premiers mois après la
naissance.
2. Pour réaliser cette recherche, l’équipe de recherche mène des entrevues semi-dirigées
avec des mères de la commune urbaine de Tessaoua (CUT) qui ont pris soin de leur
enfant entre 0-6 mois et ayant lors de notre enquête un enfant âgé entre 6 et 24 mois
qui se présenteront au Centre de santé intégré (CSI) de Tessaoua. Par la signa ture
d’un formulaire de consentement écrit, un représentant de l’équipe de recherche
s’engage auprès des participantes à assurer la confidentialité des données recueillies.
3. Dans l’exercice de mes fonctions d’interprète de questionnaire, j’aurai accès à des
données qui sont confidentielles. En signant ce formulaire, je reconnais avoir pris
connaissance du formulaire de consentement écrit signé avec les participantes et je
m’engage à :
149
— A assurer la confidentialité des données recueillies, soit à ne pas divulguer
l’identité des participants ou toute autre donnée permettant d’identifier un
participant, un organisme ou des intervenants des organismes collaborateurs ;
— A assurer la sécurité physique et informatique des données recueillies ;
— A ne pas conserver de copie des documents contenant des données confidentielles.
Je, soussigné, ________________________________, m’engage à assurer la
confidentialité des données auxquelles j’aurai accès.
_______________________________________ Date : ________________________
Interprète du questionnaire
_______________________________________ Date : ________________________
Chercheur
Numéro d'approbation du comité d’éthique à la recherche de l’Université Laval : 2010-
266/ 05-01-2011.
Si j’ai des questions à propos de la recherche, je peux contacter le chercheur principal,
Mahaman Salissou Maman au (+227)96899741, ou M. Batouré Mamane, Directeur de la
Nutrition par intérim au Ministère de la Santé Publique au (+227) 96 88 28 64 ou par
courriel au [email protected]. Pour toute plainte ou critique concernant le projet, je
peux entrer en communication avec l’Ombudsman de l’Université Laval au (418) 656-
3081 ou par courriel au [email protected].
150
ANNEXE G :
Guide d’entrevue des mères d’enfants âgés de 6 à 24 mois
Heure du début de l’entretien---- -- -- -
Date de l’entrevue : --------/----------/2011
Numéro du questionnaire : ----------- /
Données de l’enfant
1. Date de naissance : --------/ ---------/ ---------- Âge(en mois) ------------
2. Sexe : Féminin Masculin
3. Rang de naissance : ---- -- -- --
4. Poids de naissance : ---- -- -- -kg
Pratiques d’allaitement
5. Avez-vous allaité ce bébé ? (si oui, allez à la question no 6)
Oui Non
a) Pourquoi avez-vous pris la décision de ne pas allaiter votre bébé
Problème de santé/mère
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
Problème de santé/enfant
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
Pour être en bonne santé
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
Pour être plus fort
-------------------------------------------------------------------------------------------- ----------------
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
Culturel
151
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
Autre
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
b) Quand avez-vous pris cette décision ?
Avant la grossesse
Pendant la grossesse
Après la naissance du bébé
c) Expliquez-nous comment vous êtes arrivée à cette décision ?
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
----------------------------------------------------------------------------------------------------------
6. Comment avez-vous nourri votre bébé à la naissance ?
Lait maternel seulement
Combinaison lait maternel+préparation enfant
Préparation pour enfant seulement
Lait d’animaux
Autre ________________
7. Existe-t-il des rituels qui entourent la naissance d’un bébé ? (Sinon allez à la question
8)
Oui Non
a) À quel moment après la naissance ces cérémonies ont-elles lieu ?
Le jour même de l’accouchement
1 semaine après la naissance
Autre à préciser_________________
b) Est-ce qu’on donne à boire ou à manger à l’enfant ?
Oui Non
152
c) Si oui, décrire ce qui est donné
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
----------------------------------------------------------------------------------------------------------
8. Durant la 1ère semaine de vie de l’enfant :
a) Quand l’enfant a-t-il fait sa première tétée après la naissance ?
Quelques minutes après la naissance
Quelques heures après la naissance
Quelques jours après la naissance
Autre : ---- -- -- -- -- -- --------------------------------------------------
b) Comment se décidait le moment de la tétée ?
Lorsque l’enfant pleure
Selon/ horaire
Je décide de mon propre chef
Autre à préciser___________________
c) Où dormait votre enfant pendant la première semaine ?
Seul
Nous dormions ensemble
Dormait avec sa grand-mère
Autre à préciser____________
d) Que donniez-vous à l’enfant la nuit ?
Lait maternel seulement
Combinaison lait maternel+préparation enfant
Lait d’animaux
Préparation pour enfant seulement
Autre à préciser________________
153
e) Comment saviez-vous que l’enfant avait besoin de s’alimenter au cours de cette
première semaine ?
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
f) Quelles ont été les difficultés rencontrées au cours de cette 1ère semaine
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
g) Quelles sont les personnes qui vous ont aidée à surmonter ces difficultés ?
Personnes Comment ? Utile :
Oui/Non
Commentaires
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--------------------------
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---------------
154
9. Pendant l’allaitement jusqu’à 6 mois, quelles ont été les difficultés que vous avez
rencontrées ? -------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
10. Quelles sont les personnes qui vous ont aidée à surmonter ces difficultés ?
Personnes Comment ? Utile :
Oui/Non
Commentaires
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-------------------------
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155
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-------------------------
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11. Concernant l’eau :
a) Quand avez-vous donné de l’eau pour la première fois à votre enfant ?
Quelques heures après la naissance
24 h après la naissance
48 h après la naissance
Entre 3 et 6 jours après la naissance
A 1 semaine après la naissance
A 1 mois après la naissance
Autre à préciser_____________________
b) Quel type d’eau a été donné ?
Eau du robinet
Eau de puits
Eau bouillie/refroidie
Eau/forage
Autre à préciser_______________________
c) Pour quelles raisons ?
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
156
12. Concernant les liquides autres que l’eau :
a) Quand avez-vous donné pour la première fois un liquide autre que de l’eau ou du lait
maternel ?
Quelques heures après la naissance
24 h après la naissance
48 h après la naissance
Entre 3 et 6 jours après la naissance
A 1 semaine après la naissance
A 1 mois après la naissance
Autre à préciser_____________________
b) De quel type de liquide s’agissait- il ?
Eau sucrée
Jus
Tisane
Autre à préciser__________________
c) Pour quelles raisons ?
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
13. Concernant les aliments solides :
a) Quand avez-vous donné pour la première fois un aliment solide ?
Quelques heures après la naissance
24 h après la naissance
48 h après la naissance
Entre 3 et 6 jours après la naissance
À 1 semaine après la naissance
157
A 1 mois après la naissance
Autre à préciser_____________________
b) De quel aliment s’agissait- il ?
Céréales
Fruits/légumes
Viande/poisson
Autre à préciser___________________
c) Pour quelles raisons ?
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
14. Entre 0-6 mois, s’il vous arrivait de vous absenter, comment l’enfant était- il
alimenté ?
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
15. Au cours de cette période, avez-vous extrait votre lait à certains moments ?
Oui Non
a) Si non pourquoi ?
----------------------------------------------------------------------- -------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
b) Si oui, à quelle occasion ?
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
c) Comment cela s’est-il passé ?
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
158
d) Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
---------------------------------------------------------------------------------------------------------
16. Quelles sont les personnes qui vous ont aidée à surmonter ces difficultés ?
Personnes Comment ? Utile :
Oui/Non
Commentaires
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-------------------------
--------
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--------------------------
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-------------------------
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--------------------------
--------------------------
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---------------------------
---------------------------
---------------------------
---------------------------
--------------------
17. Qui vous a suivie pendant votre grossesse ?
Médecin
Sage-femme
159
Infirmier
Matrone
Autre à préciser_______________
18. Quels soins avez-vous reçus de cette personne ? ---------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
19. Quel type d’informations avez-vous reçu pendant votre grossesse ?
Informations relatives aux soins du bébé
Informations relatives à l’allaitement
Informations relatives à l’alimentation du bébé autre que l’allaitement
Autre à préciser_________________________
20. De ces informations, lesquelles vous ont été utiles et pourquoi ?
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
21. Quelles informations vous ont été inutiles et pourquoi ?
-------------------------------------------------------------------------------------------- ----------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
22. Existe-t-il un système de suivi après la naissance ?
Oui Non
a) Si oui, qui fait le suivi ?
Réseau public
Réseau privé
Autre--------------------------------------------------------------------------
160
b) Si oui, où se fait le suivi ?
A domicile
Au centre de santé
Autre
23. Avant la naissance, aviez-vous l’intention d’allaiter ?
Oui Non
24. Si oui, combien de temps aviez-vous l’intention d’allaiter exclusivement votre
bébé (c'est-à-dire ne donner que du lait maternel) ?
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
25. Selon vous, quels sont les bienfaits de l’allaitement maternel ? ---------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------- -----------------------------------------------------
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
26. Selon vous, quels sont les désavantages de l’allaitement maternel ? ----------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
27. Selon vous, jusqu’à quel âge le lait maternel seul est- il suffisant pour la santé et le
bien-être de l’enfant (c'est-à-dire jusqu’à quel âge ne donneriez-vous que du lait
maternel) ?
Pas plus de 1 mois 3 mois 6 mois 9 mois autre : -----
28. À votre avis devrait-on donner le colostrum (c’est-à-dire le premier lait de couleur
jaune, sécrété durant les premiers jours après l’accouchement).
et pourquoi ?
161
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-----------------------------------------------------------------------------------------------------
29. Dans votre milieu, quelles sont les personnes (ou groupes de personnes) qui
encouragent l’allaitement exclusif (reprendre la question pour chaque personne citée) ?
Personnes qui
encouragent l’AME
AME est bien vu
jusqu’à quel âge
Commentaires
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-------------------------------
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162
30. Dans votre milieu, quelles sont les personnes qui découragent l’allaitement exclusif
(reprendre la question pour chaque personne citée) ?
Personnes qui
découragent l’AME
AME est mal vu
jusqu’à quel âge
Commentaires
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---------------------------------
---------
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163
31. Quelles opinions de -------------------- ont influencé l’alimentation de votre enfant
entre 0-6 mois.
Personnes
Opinion Commentaires
Votre mari
--------------------------------------------
--------------------------------------------
--------------------------------------------
-------------------
----------------------------
----------------------------
----------------------------
---------
----------------------------
---
Votre famille
--------------------------------------------
--------------------------------------------
--------------------------------------------
--------------------
----------------------------
----------------------------
----------------------------
----------------------------
-------
Des anciens du village
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--------------------------------------------
--------------------------------------------
--------------------
----------------------------
----------------------------
----------------------------
----------------------------
-----------
De vos amies
--------------------------------------------
--------------------------------------------
--------------------------------------------
---------------------
----------------------------
----------------------------
----------------------------
----------------------------
----------------------------
--------------
164
Des agents de santé
--------------------------------------------
--------------------------------------------
--------------------------------------------
--------------------
----------------------------
----------------------------
----------------------------
----------------------------
----------------------------
---------------
Autre à préciser
--------------------------------------------
--------------------------------------------
--------------------------------------------
--
----------------------------
----------------------------
----------------------------
----------------------------
--
32. Si un agent de santé ou une autre personne vous avait conseillé d’allaiter
exclusivement au sein votre enfant jusqu’à 6 mois sans lui donner quoi que ce soit d’autre
(sans eau ni tisanes ni aucun autre aliment). Selon vous est-ce :
Réalisable Pas réalisable Ne sais pas
Pourquoi (expliquez) ?
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
33. Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous auriez été confrontée si vous
aviez allaité exclusivement jusqu’à 6 mois ?
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
----------------------------------------------------------------------------------------------------------
34. Qu'est-ce qui vous aurait aidée à allaiter exclusivement votre enfant jusqu’à 6 mois ?
------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
165
Caractéristiques de la mère
35. Date de naissance de la mère : -----------
36. Occupation/Profession de la mère : ---- -- -- -- -- -- -- -----------------------------------
37. Niveau d’instruction de la mère : ---- -- -- -- ----------------------------------------------
Aucun :
Primaire :
Secondaire :
Supérieur :
Autre : ---- -- -- ---------------------------------------------
38. Combien d’enfants vivants avez-vous ?
1
2
3
≥ 4
39. Quel est le type d’accouchement pour l’enfant dont il est question dans cette étude ?
Par voie basse
Césarienne
40. Quel est le lieu d’accouchement pour cet enfant ?
Accouchement au centre de santé
Accouchement hors centre de santé
41. Quel est votre lieu de résidence ?
Rural
Semi-urbain
42. Quelle est votre ethnie ?
Haoussa
166
Touareg
Peulh
Djerma
Autre ------------------------------------------------------------------------------
43. Quel est le rang de cet enfant dans la famille ? ---- -- -- -- ------------------------------
44. À combien de semaines de grossesse avez-vous accouché ?
< 37 semaines
> ou = 37 semaines
45. Etat matrimonial :
Mariée
Célibataire
Veuve
Divorcée
Autre : ------ -- -------------------------------------------------------------
Merci d’avoir accepté de nous fournir ces informations.
Heure de fin de l’entretien---- -- -- -- -- -- ----------------------------------------------------
Nom de l’enquêteur : ----------------------------------------------------------------------------