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Le virtueL très réeL L’éco n°61 / du 1 er au 15 mars 2013 Marché du e-commerce en Algérie ENQUETE Enquête Bimensuel de l’économie et de la finance 27 A près un énorme retard pris sur les offres du web, l’Algérie s’ouvre enfin aux opportunités indéniables du e- commerce, à ne pas confondre toutefois avec le e-business. La règlementation législative n’étant pas encore au point, le paiement électronique est jusqu’à présent confiné dans l’agenda des pouvoirs publics. Mais il n’en demeure pas moins que des opérateurs économiques se lancent dans cette nouvelle aventure commerciale avec beaucoup d’entrain, boostés par les expériences d’ailleurs. En moins d’un mois, 64 sites marchands viennent meubler la Toile algérienne, portant ainsi leur nombre à 250. A ce rythme, plus de 800 boutiques virtuelles verront le jour d’ici la fin de l’année en cours, soit quatre fois le nombre de sites créés durant ces quatre dernières années. Une croissance appréciable, qui reste toutefois éloignée de tout optimiste béat. La vente en ligne en Algérie en est encore à ses premiers balbutiements, au regard des progrès accomplis par les pays avancés ou encore les pays voisins. Beaucoup reste à faire. D’ailleurs, certains l’ont située «au stade de l’imagination, le e-commerce ne représente rien en termes d’activité réelle». Ils estiment que les obstacles sont encore coriaces pour pouvoir parler d’un réel commerce en ligne algérien du moment où aucune loi le régissant n’existe à ce jour. Le seul texte réglementaire concernant cette activité est la codification d’inscription au registre du commerce (CNRC). Des manques à combler au plus vite par les pouvoirs publics afin d’accompagner une dynamique déjà amorcée et qui annonce d’ores et déjà des perspectives prometteuses, préconisent les intervenants dans le dossier que leur a consacré l’Eco. Encore une fois, c’est la vie économique qui prend de l’avance sur la réglementation et c’est tant mieux n L’Eco

Marché du e-commerce en Algérie Le virtueL très réeL A · PDF fileLe virtueL très réeL L’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013 Marché du e-commerce en Algérie ENQUETE Enquête

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Le virtueL très réeL

L’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

Marché du e-commerce en Algérie

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Bimensuel de l’économie et de la finance27

Après un énorme retard pris sur les

offres du web, l’Algérie s’ouvre enfin

aux opportunités indéniables du e-

commerce, à ne pas confondre toutefois

avec le e-business. La règlementation législative

n’étant pas encore au point, le paiement électronique

est jusqu’à présent confiné dans l’agenda des

pouvoirs publics. Mais il n’en demeure pas moins

que des opérateurs économiques se lancent dans cette

nouvelle aventure commerciale avec beaucoup

d’entrain, boostés par les expériences d’ailleurs. En

moins d’un mois, 64 sites marchands viennent

meubler la Toile algérienne, portant ainsi leur

nombre à 250. A ce rythme, plus de 800 boutiques

virtuelles verront le jour d’ici la fin de l’année en

cours, soit quatre fois le nombre de sites créés durant

ces quatre dernières années.

Une croissance appréciable, qui reste toutefois

éloignée de tout optimiste béat. La vente en ligne en

Algérie en est encore à ses premiers balbutiements,

au regard des progrès accomplis par les pays avancés

ou encore les pays voisins. Beaucoup reste à faire.

D’ailleurs, certains l’ont située «au stade de

l’imagination, le e-commerce ne représente rien en

termes d’activité réelle». Ils estiment que les obstacles

sont encore coriaces pour pouvoir parler d’un réel

commerce en ligne algérien du moment où aucune loi

le régissant n’existe à ce jour. Le seul texte

réglementaire concernant cette activité est la

codification d’inscription au registre du commerce

(CNRC). Des manques à combler au plus vite par

les pouvoirs publics afin d’accompagner une

dynamique déjà amorcée et qui annonce d’ores et

déjà des perspectives prometteuses, préconisent les

intervenants dans le dossier que leur a consacré

l’Eco. Encore une fois, c’est la vie économique qui

prend de l’avance sur la réglementation et c’est tant

mieux n L’Eco

Bimensuel de l’économie et de la finance28

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Développement du e-commerce

La promotion des ventes en ligneest fortement corrélée au tauxde pénétration de l’internet à

haut débit. Le processus de modernisa-tion et de développement de l’infra-structure des télécommunications parla densification du réseau de fibreoptique sont aussi des facteurs signifi-catifs. Aussi, le développement desréseaux sans fil wi-fi serait à mêmed’élargir les possibilités d’accès àinternet dans les zones publiquescomme les centres commerciaux, lesaérogares et autres.

Un autre facteur mérite d’être prisen ligne de compte : l’équipement desménages en matériel informatique, unemission que mène le ministère de laPoste et des Technologies de l’infor-mation et de la communication(MPTIC) dans le cadre de l’opérationOusratic. En Algérie, les sites de ventetardent à faire leur entrée sur le mar-ché, ainsi que les achats faits à l'étran-ger et autres réservations d'hôtel ou detitres de transport, mais seule l'intro-duction de la certification électro-nique peut amorcer ce commerce. Ace propos, une source proche duMPTIC nous a confié que «la certifica-tion électronique est une nécessitévitale pour notre pays afin d’assurer laprotection des   échanges et des tran-sactions dans le réseau numérique des

différentes menaces,  telles que lesattaques informatiques, l’accès à desinformations confidentielles  ou le volde données». Pour ce faire, deuxavant-projets de loi sont en coursd’élaboration par le MPTIC. Le pre-mier concerne les règles généralesrelatives aux transactions électro-niques et à la définition des aspectsliés à la signature électronique et à lacertification et l’authentification. Cetavant-projet prend en charge la sécuri-té dans les entreprises, la certificationélectronique, le  e-service, la certifica-tion électronique appliquée au réseau

monétique interbancaire, le cadre juri-

dique de la signature électronique en

Algérie, etc. Le second avant-projet de

loi est consacré au traitement des don-

nées à caractère personnel. Il est clair

que la mise en place d’un cadre légal

de la signature électronique et de la

certification électronique permettront

d’effectuer tout type d’opération ban-

caire, notamment à l’international, en

vue d’améliorer les transactions com-

merciales  et de promouvoir le com-

merce électronique. Cette même sour-

ce a souligné, cependant, que «l’opé-

ration à l’international est tributaire du

processus national de convertibilité du

dinar».

A noter aussi que la nouvelle loi sur

la poste et les technolologies de l’in-

formation et de la communication,

approuvée récemment par le Conseil

des ministres, est à même non seule-

ment d’ouvrir la porte au e-commer-

ce, voire au e-paiement et au paiement

mobile, mais également permettra à

des investisseurs privés d'entrer dans

des offres internet dans des zones non

couvertes, notamment des services de

réseau mobile virtuel (MVNO). Cette

loi a le mérite de définir les conditions

d’accès au commerce virtuel, notam-

ment celles liées à la régulation du e-

commerce de façon à favoriser préala-

blement un environnement stable,

équilibré et responsabilisant n R. K.

Par Ranya Khaldi

C’est indéniable. Les spécialistes algériens s’accordent à dire que le développement du e-commerce estfortement lié à plusieurs facteurs, notamment socioculturels, en raison des comportements et autres

habitudes du consommateur. Le commerce, en Algérie, a encore tendance à se jouer dans lacomplémentarité entre le virtuel et le physique. La certification électronique est une nécessité vitale pournotre pays afin d’assurer la protection des échanges et des transactions dans le réseau numérique des

différentes menaces telles que les attaques informatiques, l’accès à des informations confidentielles ou levol de données. Pour ce faire, deux avant-projets de loi sont en cours d’élaboration par le ministère de

la Poste et des Technologies de l’information et de la communication.

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EL’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

La signature éLectronique est un préaLabLe

Moussa Benhamadi

Dr Ali Kahlane, président de l’AAFSI

«Il faut Instaurer les mécanIsmes de la certIfIcatIon électronIque»

L’Eco : bien que le marché du e-commerce en Algérie soit encore austade embryonnaire, peut-on parler deson évolution ? A-t-il un avenir ?  Ali Kahlane  : oui, bien sûr qu’il a un

avenir. Avec un chiffre d’affaires mondialde plus 1100 milliards de dollars, l’Algériene peut pas se permettre de rester en marge.Pour y arriver, il nous faut, par dessus tout,instaurer la confiance entre les clients et lesvendeurs.

Dit simplement, il est nécessaire demettre à jour la loi sur la monnaie et le cré-dit laquelle doit inclure le commerce élec-tronique et en particulier définir le rôlepayant (l’intermédiaire qui paiera le ven-deur) et, surtout, instaurer les mécanismesde certification électronique qui garantirontet sécuriseront la transaction commercialeen termes d’authentification, d’intégrité etde confidentialité des données.

Malgré l’approbation d’un projet decréation d’une instance indépendante desupervision des paiements électroniques etd’un Groupement d’intérêt économique(GIE) regroupant toutes les banques de laplace publique et la Banque d’Algérie pourprendre en charge l’aspect monétique du e-commerce, pour le moment, nous n’avonsni l’une ni l’autre et, par conséquent, pas dee-commerce au sens générique du terme.Les sites actuels existent et «fonctionnent»en dehors des deux éléments que j’ai évo-

qués plus haut. Non seulement ils ne peu-vent malheureusement pas offrir tout leconfort et la sécurité d’un site e-commerceclassique, mais ils ne pourront pas aussifacilement atteindre les volumes que cetype de commerce peut engranger si toutesles conditions étaient réunies.

Malgré tout cela, je pense que les sitesde e-commerce qui existent actuellementdoivent évoluer et accumuler plus d’ex-périence et ceux qui sont en cours demontage devront investir dans les nou-veaux créneaux, être inventifs et inno-vants pour prouver encore une fois que lanature n’aime pas le vide, même dans lemonde virtuel.

Que demande cette activité en termes de

logistique et d’installation de réseaux

internet ? Le marché algérien est-il prêt

à se lancer sérieusement dans ce

créneau ?

Il faut un débit élevé avec une large

bande passante. La connexion ne doit abso-

lument pas souffrir de coupure, notamment

lors du lancement d’une requête, de l’au-

thentification et surtout de la validation de la

transaction financière. Il n’y a aucun doute

que le marché algérien est prêt pour se lancer

dans le créneau du commerce électronique.

Les nombreux sites existants et leur succès

auprès des internautes nous le démontrent

tous les jours. Le problème reste que le e-

commerce algérien est en train de se com-

porter comme une grande belle kermesse, un

joli bazar virtuel où la débrouillardise et le

bricolage priment, pour pallier à l’absence

d’un relais financier fiable et d’une sécurisa-

tion des affaires.

Selon certains professionnels, le

problème du paiement électronique est

la contrainte majeure dans notre pays

pour exercer cette activité. Que faut-il

faire, à votre avis, pour y remédier ?

Effectivement le problème majeur est le

paiement et son mode. Comme déjà déve-

loppé ci-dessus, il suffit d’une banque pour

assurer la partie monétique et d’un tiers

garant pour sécuriser et garantir la transac-

tion. Ce que les autorités tentent de mettre en

place depuis plusieurs années sans trop de

succès pour le moment.

Les professionnels se plaignent d’un

énorme vide juridique, notamment

concernant les procédures de garantie

pour les clients. Selon vous, comment

peut-on le combler ?

Une législation doit évidemment être

mise en place avant de se lancer dans cette

aventure. Il semblerait que la nouvelle loi sur

les télécommunications, qui est actuellement

entre les mains des députés, le prévoit. En

attendant que les textes soient rendus

publics, nous n’en savons malheureusement

pas plus n F. B.

Réalisé par Fatima Bouhaci

L’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

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ESelon Ali Kahlane, président

de l’Association algérienne

des fournisseurs de services

internet (AAFSI), le

marché du e-commerce en

Algérie a un avenir.

Néanmoins, un nombre de

manquements comme le

paiement électronique et le

vide juridique doivent être

comblés.

Ali Kahlane

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Nawel Benkritli, directrice générale de la Satim 

L’Eco : le paiement électronique tarde àdécoller en Algérie alors que 2013 est ladate fixée pour la finalisation de cesystème qu’elle a commencé à mettre enœuvre en 2006. Pouvez-vous nousexpliquer les raisons de ce retard ?Nawel Benkritli  : le paiement électro-

nique par carte bancaire est opérationneldepuis 2005  ; au jour d’aujourd'hui nouscomptabilisons environ 5 000 TPE installés etun million de cartes CIB émises par toutes lesbanques de la place adhérentes au réseaumonétique interbancaire. Effectivement, lepaiement par carte bancaire a enregistré uncertain retard, mais nous constatons un élan,particulièrement ces deux dernières annéesdurant lesquelles l’Algérie a vu naître desgrandes surfaces et des supermarchés quidrainent un flux de transactions de paie-ment considérable.

Pour soutenir cet élan, il a été décidéd’équiper particulièrement des entre-prises de service public (gaz, électricité,eau…) ainsi que certains opérateurs éco-nomiques (téléphonie mobile, télé-coms…) ; viendront ensuite les petitscommerces.

Nous envisageons dans un futur trèsproche la mise en production de nou-veaux services sur les automates ban-caires tels que le paiement e-voucher(achat de crédits téléphoniques) et lepaiement de factures.

Concernant le paiement en ligne aumoyen de la carte CIB, une plateforme sécu-risée a été mise en place au niveau de la Satimen 2010. Cette plateforme est interbancaire.Le projet, est totalement opérationnel et unpilote a même été réalisé en collaborationavec une banque et une entreprise de trans-port aérien. Les aspects techniques du servicede paiement en ligne sont complètement maî-trisés. Les éléments ayant empêché la mise enproduction de ce service sont liées aux videsjuridiques et réglementaires encadrant lavente sur internet. Il n’y a dans les codes algé-riens aucune disposition pour la vente à dis-tance en général et la vente sur internet enparticulier, donc la protection du consomma-teur lors d’un acte d’achat en ligne n’est pasassurée en cas de litige commercial entre unweb-marchand et un web-acheteur.

Quels sont les moyens consentis jusqu'àmaintenant pour le lancement dupaiement électronique ?Au démarrage du système interbancaire

de paiement par carte, un long travail prépa-ratif de normalisation et de définition de spé-cifications propres au système algérien a étéréalisé. De plus, de lourds investissements ontété consentis tant par la Satim que par lesbanques adhérentes au réseau monétiqueinterbancaire en termes d’équipements (GABet TPE), de logiciels (solutions monétiques,front office, back office, logiciel de gestion derisques et d’impayé), de consommables(cartes à puce, EMV).

La communauté bancaire a aussi investien termes de formation sur les aspects tech-niques propres au métier de la monétiquemais aussi du marketing (techniques de vente

de produits monétiques). Concernant le paiement en ligne, la

Satim a mis en place une plateformelogicielle et matérielle pour assurer ce

service. La Satim a pris pour option des’équiper d’une solution sécurisée grâceau protocole 3D-secure, utilisée etimposée par Visa pour les transactionsen ligne. Ce protocole permet d’authen-

tifier, au moment de la transaction depaiement, la personne qui procède au

paiement (on s’assure, via ce dispositif,que c’est bien le propriétaire de la carte quifait le paiement). Grâce à cette authentifi-

cation, la banque peut assurer la garantie dupaiement au commerçant.

Réalisé par Nassima Benarab

Nawel Benkritli, directrice généralede la Société d'automatisation destransactions interbancaires et demonétique (Satim) nous apprend qu’àl’heure actuelle, tous les sites de venteen ligne actifs sur le marché algérienutilisent des moyens alternatifs aupaiement électronique. La Satim,filiale de 8 banques (BADR, BDL,

BEA, BNA, CPA, CNEP,CNMA et El Baraka) est en chargede la gestion de la monétique enAlgérie. En collaboration avec lacommunauté bancaire, elle travaillesur les aspects réglementaires pour queles web-acheteurs puissent procéder aupaiement en ligne de leur achats parcarte CIB avant la fin 2013.

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EL’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

«Le paiement en Ligne opérationneL avant fin 2013»

Le projet est totalementopérationnel et un pilote a mêmeété réalisé en collaboration avecune banque et une entreprise de

transport aérien.

Par ailleurs, un travail portant sur la régle-mentation a aussi été réalisé par la Satim encollaboration avec les banques pour définirles règles de gestion du paiement en ligne afind’enrichir les dispositions légales existantesrelatives à la vente, au paiement via internet età la protection du consommateur.

Des amendements aux contrats quesignent habituellement les banques avec leursclients (commerçants ou porteurs de carte)dans le cadre de l’ouverture du service depaiement par carte ont été proposés, incluantles spécificités de la vente et du paiementligne. Certaines dispositions concernent

notamment l’obligation

de publier les conditions générales de vente,d’afficher clairement les délais de livraison, ledroit de rétractation, les modalités de réclama-tion, etc.

Ya-t-il aujourd’hui des délais relatifs aulancement réel du e-commerce enAlgérie ?D’abord, nous tenons à préciser que le e-

commerce est l’action d’acheter et de vendresur internet ; il faut le dissocier du paiementen ligne qui est l’action de payer un achat enligne.

Aujourd’hui, nous constatons la proliféra-tion de sites de e-commerce, mais les modesde paiement proposés par ces web-marchands

sont le cash à la livraison, le mandat postal,le virement bancaire, donc des paiements aposteriori. Aucun ne propose aujourd’hui un

paiement en ligne. Nous travaillons en colla-boration avec la communauté bancaire,notamment sur les aspects réglementaires,pour que les web-acheteurs puissent procéderau paiement en ligne de leur achats par carteCIB avant la fin de l’année 2013.

Pour certains, les banques seraient àl’origine de ce blocage. Confirmez-vousces propos ?Le blocage dont vous faites mention est dû

à l’environnement légal,sans réglementa-

tion appro-priée  ;

tout service ou activité ne peut être pratiquésereinement. La question est : en l’absence deréglementation qui délimite les responsabili-tés des acteurs et en cas de litige, qui assumele risque : la banque du porteur de carte, labanque du commerçant, la Satim, le commer-çant, ou l’acheteur/consommateur ?

Cette problématique sera résolue par cesdispositions contractuelles entre les différentsintervenants dans un acte de vente en ligne etde paiement en ligne, en l’occurrence : labanque du client, la banque du commerçant,le client, le commerçant et le gestionnaire dela plateforme de paiement en ligne. C’est parle biais de ces obligations et engagementscontractuels que les risques seront maitrisés etque l’activité de commerce en ligne sera enca-drée.

La Satim existe depuis 1995. Quel bilanfaites-vous de son activité ?Satim a été conçu comme outil d’aide au

développement des moyens de paiement élec-tronique.

Rôle qu’elle a assuré, avec sérieux etabnégation, tout au long des 15  dernièresannées en mettant en place : en 1997, le pre-mier système interbancaire de retrait sur DABpar carte bancaire à piste magnétique (inter-bancaire incluant Algérie Poste) ; en 2005, lepremier système de paiement par carte ban-caire à puce EMV, le premier système dans larégion Afrique du Nord totalement interban-caire et complètement conforme aux normesde sécurité EMV (interbancaire incluant

Algérie Poste) ; en 2010, la premiè-re plateforme de paiement en lignedestinée au paiement sur le web  ;en 2013, le paiement de crédits télé-phoniques et de factures via le parcGAB ; dans un futur proche : le paie-ment mobile, les cartes prépayées,les paiements internationaux (Visa etMasterCard).

Le bilan de la Satim, en tantqu’opérateur technique, est largementpositif. Satim se devant d’être à

l’avant-garde de la monétique algérien-ne et des nouvelles technologies de paiement

et force de proposition aux banques adhé-rentes au réseau monétique interbancaireen matière de services et de produitsmonétiques n

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«Le paiement en Ligne opérationneL avant fin 2013»

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Selon les derniers chiffres du CNRC

L’année 2013, s’annonceexceptionnelle puisque lenombre de sites de vente en

ligne continue à croitre très rapide-ment. Pour preuve, en un mois seule-ment, 64 sites marchands, dont 40activités de vente en ligne (par inter-net ou par mobile) ont été créés auniveau d’Alger, 6 à Boumerdès, 4 àConstantine et 2 à Béjaia.

Si cette tendance se confirme, lenombre de sites e-commerce devraitatteindre les 800 fin 2013. Soit quatrefois que durant les quatre dernièresannées.

Il est utile de noter qu’à l’heureactuelle, aucune loi ne permet cegenre d’activité. Au CNRC, une seuleactivité est reconnue  : la  «vente enligne».

Par ailleurs, les tableaux du CNRCrévèlent également qu’en 2010, lemarché algérien comptait 16 sitesmarchands. C’est légèrement mieuxqu’en 2009, avec une croissance de14%. A fin 2011, ce nombre a aug-menté à 30 sites marchands, soit prati-quement le double comparativement àl’année précédente.

Cadre juridique : un grand vide àcombler

Comme la plupart des activitéséconomiques dans notre pays, le com-merce électronique est face à un grandvide juridique. Aucune loi le régissantn’existe. Selon les professionnels dudomaine, le seule texte réglementaire

Par Nassima Benarab et Fatima Bouhaci

Les sites marchands inscrits au Centre national du registre de commerce (CNRC) sont aunombre de 186 (163 personnes physiques et 23 personnes morales) de 2009 à fin janvier2013, a appris L’Eco auprès de cet organisme. Les sites de e-commerce, qui étaient aunombre de 14 en 2009, sont passé à 62 durant l’exercice 2012, ce qui représente une

hausse de 77,4% en quatre ans.

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64 nouveaux sites marchands en janvier 2013

concernant cette activité est bien lacodification d’inscription au registredu commerce, pour laquelle rien despécifique n’est exigé. Mis à partl’obligation de présenter une copie dela carte grise du véhicule utilisé pourla livraison des produits vendus, lesconditions d’immatriculation pourexercer le e-commerce sont les mêmesque pour les autres types de commerceambulant.

Selon une responsable du CNRC,«on ne peut pas répondre sur le pro-blème du vide juridique, cela ne relèvepas de nos prérogatives. On exécuteles règles édictées par le législateur».De l’avis des professionnels que nousavons interrogé dans le cadre de notreenquête, «un grand vide juridiquenous contraint dans l’exercice de notre

activité». Il est question notamment,selon eux, de l’absence des règles degarantie concernant le paiement et lalivraison.

Les acheteurs et vendeurs sontconfrontés aux mêmes risques à causede l’absence de garanties. Et pour pal-lier à ces carences, les vendeurs enligne émettent volontairement desrègles dans l’exercice de leur l’activi-té dans l’objectif de fidéliser leursclients. Selon des spécialistes dans ledomaine juridique, la nouvelle loi surles télécommunications, en attented’examen par l’Assemblée populairenationale (APN) prévoit un texte surle commerce électronique, qui devraitapporter quelques éléments de régiepour cette activité n

N. B. / F. B.

Michel Perrinet, président-directeur général d’Octave.Biz

«Le paiement éLectronique fait défaut»

L’entrée en service d’un systè-me fiable de paiement élec-tronique «facilitera certaine-

ment le travail et multipliera probable-ment les opportunités du marché», a-t-il encore précisé. Toutefois, l’absencede ce mode de paiement n’a pas empê-ché certains pionniers à se lancer danse-commerce en Algérie.   Même s’iltarde à être opérationnel, «il existe denombreuses solutions alternatives à lacarte de crédit, comme le paiement parcheque ou encore les cartes pré-payées», a affirmé Michel Perrinet.«Nous sommes en train de réfléchir àd’autres solutions de paiement complé-mentaires», ajoute t-il.

Très confiant dans les opportunitésdu marché algérien, le P-DG de cettesociété française spécialisée dans lacréation de sites e-commerce avec ges-tion commerciale intégrée a par ailleurssouligné que  «la taille géographique etl’apparition d'infrastructures de trans-port, ainsi que la naissance d'un consu-mérisme dans la population du payssont des raisons qui nous laissent ima-giner que le e- commerce a de l’aveniren Algérie». D’ailleurs, la même socié-té a élaboré l’année dernière une étudesur les perspectives du e-commerce enAlgérie. Il ressort qu’à l’horizon2016/2017, notre pays aura 4  000 à5  000 sites de e-commerce avec uneactivité significative et 400 à 500 sitesà forte activité, a souligné M. Perrinet,qui prévoit qu’«on devrait avoir dansles mois et les années avenir une péné-tration assez importante. En 2017, 50%de la population algérienne seraconnectée à internet. Avec ce taux-là,on peut imaginer que l’activité du e-commerce sera très encourageante».

Installée officiellement en sep-tembre 2011 en Algérie, Octave.Bizvise à apporter des services et desconseils pour accompagner les com-merçants algériens à aller dans le e-commerce. «Nous envisageons accom-

pagner la mutation vers le e-commerceen Algérie», souhaite M.  Perrinet.«Notre rôle n’est pas de choisir quelssont les marchés que les commerçantsdoivent atteindre. Moi, j’invite lescommerçants à avoir leurs idées etleurs perspectives et les traduire avecleur culture et leurs connaissances desconsommateurs algériens. Ce qui estsûr, c’est qu’en observant les marchésen dehors de l’Algérie, nous remar-quons très vite de ce qui marche et dece qui ne marche pas», nous a-t-ilexpliqué.

Après plus d’une année de travail,Octave.Biz lance, avec son partenaire

algérien Djamel Bendjaber, le siteNechrifinet.com, qui vient s’ajouteraux autres portails algériens d’achat enligne. Un site qui propose actuellementenviron 500  produits d’équipement(électroménager, téléphonie et infor-matique). Ces produits sont livrés dansles 24 heures dans la capitale et72  heures dans les autres régions dupays. Et ce, par l’intermédiaire depoints de relais. A l’heure actuelle, ilexiste 56 points à travers 24 wilayas.Les deux partenaires ont égalementlancé un autre site spécialisé dans lavente de livres, Kitabi.dz n

N. B.

Par Nassima Benarab Michel Perrinet

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L’un des maillons essentiel dans le développement du e-commerce,le paiement électronique, tarde à voir le jour. C’est une procédure

qui «serait une avancée importante pour amorcer la vente àdistance en Algérie», nous a expliqué Michel Perrinet, président-directeur général d’Octave.Biz, partenaire de la société algérienneCyberMarket qui a lancé le mois dernier son premier site de vente

en ligne Nechrifinet.

Bimensuel de l’économie et de la finance34

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Bien que le marché mondial dépasse les 1 000 milliards de dollars

Rien ne bouge ou tout se fait len-tement en Algérie au momentoù des pays peu gratifiés finan-

cièrement se lancent dans des courseseffrénées ayant pour corolaire l’amélio-ration constante du quotidien de leurcitoyens. Ces pays s’efforcent à suivrescrupuleusement le cap des pays déve-loppés en termes d’utilisation des TICau profit du développement écono-mique et social. Un pari qui paraît trèsdifficile, mais qui n’est point impos-sible au regard des remarquables pro-grès accomplis jusque-là. Il suffitd’ailleurs de mesurer le degré du déve-loppement de leur commerceélectronique pourjauger les retardsaccumulés parl’Algérie en lamatière. Lesefforts consentispar les pou-voirs publicsen termes degénéralisationdes TIC au coursde la dernière décennie tardent àtransformer le web en une opportunitéindéniable pour faire du business. LaToile algérienne se borne à son staderudimentaire. Elle se contente d’offriraux internautes le strict minimum, bienque le e-commerce recèle des potentia-lités indéniables avec à la clé 10 mil-lions d’utilisateurs d’internet, 5000cybers connectés et un taux depénétration de 14%. Mais à l’évi-dence, le constat établi pourl’Algérie quant à cette nouvelleforme de négoce n’est guèrereluisant. Il ne reflète nullementses capacités à dompter cet outilextraordinaire qui laisse entrevoirdes perspectives quasi-infinies encréation d’emploi, de richesse etd’amélioration de la qualité desservices. Il ne donne pas non plus de

crédit aux pouvoirs publics qui ont poséles jalons du développement des ser-vices en ligne en 2000 avec le lance-

ment de l’e-Algérie. Treize annéessont passées, cette stratégie restetoujours à quai et peu de choses se

sont concrétisées. Pis encore, lesdispositifs juridiques, censés être lepoint de départ, la base sur laquelle

devrait s’arcboutertoute initia-tive entre-prise dansce créneau,

ne sont pasc l a i r e m e n t

définis. Mais comme la nature a horreur du

vide, des initiatives audacieuses ont étélancées par de jeunes entrepreneurs,

précédant ainsi les textes législatifsencadrant cette activité et l’avènementdu paiement électronique.

Des sites tels que eChrily.com,Tbeznyss.com, Nechrifenet.com ouencore guiddini.com viennent alorspiocher dans un marché encore viergeet jonché d’obstacles. Des obstacles quise manifestent par la faiblesse du tauxde bancarisation, les lenteurs de lagénéralisation de l’accès à internet hautdébit, l’absence de concurrence et lesréticences des opérateurs économiquesà s’aventurer dans une activité nonréglementée et des consommateurs àfaire leurs emplettes sur des boutiquesvirtuelles. Beaucoup reste à faire pourconsommer en ligne en Algérie.

Un commerce vulgarisé chez nos voisins

Bien qu’il ne soit, dans sa globa-lité, qu’à son stade embryonnaire,

le e-commerce au Maroc et enTunisie a atteint des niveaux appré-ciables par rapport à l’Algérie quidemeure collée à ses starting-blocks. La différence est ostensi-blement considérable à telle

enseigne que la comparaisondevient alors impossible. Au Maroc,le commerce en ligne est devenu uneréalité. Il constitue aujourd’hui l’un

des rares créneaux qui génèrent unecroissance régulière à deux chiffres.

Par Hamid Mohandi Treize ans après le lancement de e-Algérie 2013, une stratégie sectorielle du ministère des Postes et des Télécommunicationsvisant à conduire le pays vers la société del'information et l'économie numérique, l’Algériepeine à s’engager dans le commerce électroniquequi continue de révolutionner, sous d’autres cieux,l’acte de vente et d’achat.

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EL’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

L’ALgérie tArde à

En Algérie en termesd'utilisation des TIC rienne bouge ou tout se fait

lentement.

Avec une assise juridique qui remonte à1999 et un paiement en ligne opération-nel depuis 2006, le e-commerce bénéfi-cie actuellement de l’apport de 200sites actifs. Le chiffre d’affaires est del’ordre de 743 millions de dirhams en2012, soit une augmentation de 72%par rapport à 2011 où le nombre detransactions effectuées atteignait les714 000, dont 31% dans le secteur dushopping.

Si au Maroc, le e-commerce semble

atteindre sa vitesse de croisière, la

Tunisie n’est pas en reste, quoiqu'à un

degré moindre. Son encadrement juri-

dique a été mis en place en 2000, une

année après avoir installé une commis-

sion nationale et la tenue d’un conseil

interministériel portant sur l’économie

numérique. Concrètement, le e-com-

merce prend forme en 2005 avec le lan-

cement du paiement électronique  ; la

Tunisie dispose actuellement de deux

systèmes : la plateforme e-dinar et le

système de paiement sécurisé.

Selon des chiffres récents, le com-

merce électronique a enregistré un

chiffre d'affaires d’environ 26 millions

de dollars au cours des huit premiers

mois de l'année 2012, soit une hausse

de 55% par rapport à la même période

de 2011. Caractérisé par une qualité

appréciable, l’e-commerce tunisien

L’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

Bimensuel de l’économie et de la finance35

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La Toile algérienne en est encore au stade rudimentaire

réalise environ 5% du chiffre d’affaires

à l’export.

Afrique et Moyen-Orient : des marchés en progression

Plusieurs pays africains et duMoyen-Orient sont déjà dans le sillondu commerce électronique. Ils se sontarrimés rapidement aux pays les plusavancés en termes d’utilisation des TICau service des échanges commerciaux.Pour preuve, 33% des internautes duGolfe utiliseraient internet pour fairedes achats, soit 19 points de plus qu’enAfrique du Nord (14%). Les Emiratsarabes unis seraient le plus grand mar-ché du commerce électronique avec destransactions estimées à 2 milliards dedollars, suivis par l’Arabie Saouditeavec 520 millions de dollars, le Qatar(375 millions), le Koweït (280 mil-lions), Bahreïn (175 millions) et Oman(70 millions).

Dans certains pays africains, le e-commerce est désormais dans lesmœurs des populations, bien qu’il soittoujours confronté à de sérieuses bar-rières en termes de connectivité, devolonté d’acheter en ligne et de posses-sion de carte de crédit. A titred’exemple, la valeur totale de l'écono-mie numérique sud-africaine était de7 milliards de dollars en 2011 dont 308millions de dollars représentaient les

ventes de détail en ligne.Le Cameroun a mis en ligne en 2009

sa première boutique virtuelle avecpossibilité de payer immédiatementsur internet par compte bancaire oucompte marchand. La Côte d’Ivoire nemanque pas aussi d’ambition. A défautd’existence de véritables sites de ventelocaux, elle a depuis quelques annéesdoté sa poste d’une plateforme inno-vante et sécurisée qui permet auxIvoiriens de commander un article enligne à travers le monde ou mêmedepuis la Côte d’Ivoire et le réception-ner grâce à la poste.

Bilan record des ventes en 2012C’est un nouveau cap. Les ventes

en ligne de produits et services à tra-vers le monde ont dépassé le trillion dedollars en 2012, soit mille milliards dedollars, une augmentation de 21,1%par rapport à 2011. Cette forte crois-sance s’appuie particulièrement surl’explosion des ventes en Amérique duNord et dans la région Asie-Pacifique.L’Europe de l’Ouest ne compte quepour 26,9% dans ce résultat. A titreillustratif, les ventes en ligne se sontélevées à 186,2 milliards de dollars en2012 aux Etats-Unis, en croissance de15% par rapport à 2011.

En France, les ventes ont atteint 45milliards d’euros, en hausse de 19%sur un an, selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance(Fevad). Le nombre de paiements enligne a maintenu un rythme de crois-sance élevé au 4e trimestre (+25%) etsur l’ensemble de l’année 2012(+28%). Ainsi, malgré la baisse dumontant moyen de la transaction, quis’est poursuivie au 4e  trimestre, lemontant des paiements en ligne acontinué de progresser de 24% en2012, précise la Fevad, qui comptabili-se jusqu’à l’heure 109  800 sites mar-chands actifs. C'est 23% de plus qu'unan auparavant, soit 20  000 e-bou-tiques, c'est-à-dire environ une bou-tique toutes les demi-heures.

De forts indicateurs qui rappellentle bug de l’Algérie et son incapacité àtirer son épingle du jeu d’un outil aussirévolutionnaire et salutaire que celuide l’internet. Une réinstallation, unredémarrage et des mises à jour s’avè-rent très opportuns n

H. M.

Bimensuel de l’économie et de la finance36

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Ouedkniss, premier site de transactions commerciales en Algérie

C’était juste une idée aventurièrede cinq jeunes étudiants sou-haitant marquer leur parcours

estudiantin par la réalisation d’un projet«virtuel». En 2006, la rumeur faisait étatde la fermeture du marché parallèle deOuedkniss, au Ruisseau, dans la banlieued’Alger. C’est alors qu’Amine et Ahmed,étudiants à l’ex-Institut national de l’infor-matique (INI), Mehdi à l’université dessciences et de la technologie HouariBoumediène, Djamel Eddine à l’Ecolenationale supérieure polytechnique(ENSP) et Hichem, étudiant en pharmacie,concrétisent leur idée. Un simple projet delancer un site web d’annonces pour tran-sactions commerciales pour tout type deproduits. Même si le projet n’était pas ren-table dans ses premières années d’existen-ce, cela ne dérangeait pas du tout lesjeunes ingénieurs fondateurs du fait qu’ilsétaient encore étudiants. D’ailleurs, toutesles annonces étaient gratuites au début ; cen’est qu’après deux années d’exercice queles annonces sont devenues payantes pourles entreprises, mais juste à un prix symbo-lique. Avant cela, les jeunes passionnés devirtuel n’engageaient que leur expériencequ’ils capitalisent au fil des jours.

De fil en aguille, Ouedkniss devient lesite n°1 des internautes algériens dans ledomaine du e-commerce. SelonAlexa.com, spécialisé dans le classement

des sites web à travers le monde,Ouedkniss est le 19e site internet consultépar les Algériens, le sixième parmi les sitesalgériens et le premier dans le domaine desannonces commerciales et de commerceélectronique. C’est ainsi qu’est né et gran-di Ouedkniss.

Une idée capitale : zéroinvestissement

La notoriété du site, aujourd’hui, laissecroire que le projet était détenu par unegrande entreprise à forts capitaux ayantinvesti de grosses sommes d’argent pour ledévelopper et surtout le promouvoir. Maisla réalité est tout à fait différente.

Les jeunes fondateurs, qui nous ontaccueillis dans leurs bureaux dans uneambiance conviviale, nous racontent.Interrogés sur le montant de l’investisse-ment pour lancer le site, Hichem nousrépond en toute spontanéité  : «nousn’avons rien investi comme argent audébut. Notre seul et unique capital étaitl’idée.», Et d’expliquer  : «Nous étions lestous premiers dans le domaine. Le fait quenous étions tous étudiants était un facteurde succès parce que nous n’avions pasd’autre engagement dans nos vies. On tra-vaillait à perte, mais cela ne nous a pasempêchés de continuer et surtout de nousprojeter dans l’avenir.»

Même pour promouvoir leur site, lesjeunes fondateurs n’avaient pas les moyensde financer des actions de communicationet de publicité. Leur seul support de pub,

au début, était le bouche-à-oreille. A laphase de démarrage, le site ne comptaitque 1 000 visiteurs par jour. Ce chiffre estallé crescendo. Grâce à la participationd’Ouedkniss en tant qu’entreprise dans unsalon dédié aux supports de la communica-tion à Alger, puis à un article de pressequ’un confrère a réalisé, le site commenceà gagner en audience. Actuellement, envi-ron 100 000 à 120 000 visiteurs consultentOuedkniss quotidiennement, soit au moins3 millions d’internautes par mois, selon sesfondateurs.

Depuis quelques mois, les jeunes fansdu web ont pensé développer leur projet.Ce qui nécessite un modeste investisse-ment comprenant le prix du loyer du localpour en faire le siège de l’entreprise. Ainsi,deux postes d’emploi directs et permanentsont été générés, outre des postes de com-merciaux créés selon les besoins du sitepour la prospection publicitaire.

Plus de 50% du chiffre d’affairesproviennent de la pub

Il est certain que cette réussite, tout aulong de ces années, n’est pas fortuite. Lesjeunes ingénieurs, qui nous parlaient sansréserve ni formalité au début de notreentretien, sont devenus un peu moinsbavards dès que nous avons abordé laquestion du chiffre d’affaires. «Cela relèvedu secret professionnel», nous répondentAmine et Hichem, qui se contentent denous dire que «50% de notre chiffre d’af-faires proviennent de la publicité». Pour

Par Fatima Bouhaci

Bien qu’il ne soit pas réellement un site de vente enligne, Ouedkniss est aujourd’hui leader en matièred’annonces sur la Toile en Algérie. Ouedkniss est enfait une interface où des annonces d’achat, de vente et delocation sont publiées de particulier à particulier et deprofessionnels à professionnels/particuliers. Cependant,le site n’effectue pas lui-même les transactionscommerciales. Il sert d’intermédiaire entre demandeur etoffreur de tout type de produits (immobilier, formation,

automobile, prêt-à-porter …). Sa notoriété et sa longueexpérience font d’Ouedkniss une référence dans ledomaine. Néanmoins, le passage à un site de vente enligne n’est pas à l’ordre du jour, selon ses fondateurspuisque «le commerce électronique a des limites. On nepeut pas acheter directement en passant commande parmail, il faut vérifier le produit commandé ». Raisonpour laquelle Ouedkniss «veut rester loin destransactions».

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100 000 à 120 000consultations quotidiennes

celle-ci aussi, les fondateurs d’Ouedknissne veulent pas communiquer grand-chose.

En fait, les espaces publicitaires sur lesite sont de deux types : espaces exclusive-ment dédiés à la pub en haut et bas depage. Les emplacements et les tarificationsde ces bannières sont gérés par une agencede communication externe  ; Les proprié-taires du site ne s’occupent que des petitespublicités affichées sur les côtés de la paged’accueil. Les abonnements pour les pro-fessionnels pour ce deuxième type sontproposés en hebdomadaire, en mensuel, ensemestriel et annuel avec remises.L’insertion d’un top annonce sur la Une dusite coûte 2 000 DA par semaine. Ce prixest réduit à 500 DA pour une semaine pourles concessionnaires automobiles dans larubrique qui leur est dédiée. Ceux-ci génè-rent dans leur ensemble 50% des recettespublicitaires d’Ouedkniss.

Mais les tendances des annonceurschangent en fonction de leurs besoins decommunication qui, elle, varie selon la sai-sonnalité et les offres de vente proposées,selon les gérants d’Ouedkniss. A titred’exemple, à la veille du Salon de l’auto-mobile d’Alger, presque la quasi-totalitédes pubs sont automobiles. En revanche, àla veille du mois de Ramadhan, les pro-duits agroalimentaires sont affichés en pre-mière position. Aussi, une publicité sousforme de compte «store» est suggérée pourles entreprises voulant promouvoir lavente de leurs produits. Un store estune boutique en ligne permettant àson unique utilisateur (entreprise oumarque) de proposer tous ses pro-duits avec une indication de prix. Lestarifs des stores varient en fonctiondu nombre d’annonces que l’on peutafficher et stocker dans le compteainsi que de sa visibilité. Les prix desabonnements mensuels sont de 1 000DA, 2 000 DA et 5 000 DA respecti-vement pour un store basic (100annonces, stockage limité à cenombre), un store Silver (200annonces, stockage illimité, cataloguedesign) et un store Gold (300annonces, stockage illimité, nom dudomaine offert) n

F. B.

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Bimensuel de l’économie et de la finance37

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Le succès du site Ouedkniss, qui propose tout type de produits, apoussé ses fondateurs et gérants à envisager de créer d’autres

projets. Ainsi, ils s’apprêtent à lancer très bientôt deux nouveaux sitesspécialisés. Le premier, baptisé Autobip, est actuellement en versionBeta ; il sera dédié au marché algérien de l’automobile. Sur ce site, levisiteur trouvera tous les produits automobiles proposés sur le marchélocal avec les prix du neuf et d’occasion. Mais il n’y a pas d’annoncesd’achat ni de vente. Le site veille uniquement à répercuter l’informationdu marché. Le choix de ce secteur est dicté, selon les fondateursd’Oudkniss, par les fortes demandes et offres de ce type de produits.«On a remarqué que sur Ouedkniss, les annonces les plus attractivessont celles de voitures, d’où notre idée de créer ce site de marché del’automobile», expliquent-ils. Le deuxième site est spécialisé dans l’emploi (recrutementélectronique). Sous le nom de Cvite, celui-ci sera la future interface despostulants algériens d’un côté et des recruteurs de l’autre.Actuellement, le site n’est pas encore en ligne mais les fondateurscommencent à recevoir les CV des demandeurs d’emploi pourconstituer une base de données. Une fois celle-ci finie, le site seralancé n

F. B.

Autobip et Cvite pour bientôt

Des sites spécialisés dans l’automobile et l’emploi

100 000 à 120 000consultations quotidiennes

Bimensuel de l’économie et de la finance38

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Abderazak Boudjerda, responsable du site eChrily.com

La première idée du jeune Abderazakn’était pas la création d’un site devente en ligne. L’idée a germé dans

son esprit alors qu’il éprouvait des difficul-tés à faire ses courses, comme la plupart desAlgériens. Abderazak a acquis, grâce à sonexpérience en tant qu’ingénieur en informa-tique au sein de plusieurs entreprises, unsavoir-faire qui lui a permis de lancer sonpropre projet. Père de famille et travailleurà plein temps, il ne pouvait faire sescourses. Il s’était toujours posé la questionqui suit  : pourquoi quelqu’un ne pourraitpas faire ses courses au cours de la semai-ne ? Il s’est inspiré de la richesse du Netafin de solutionner cette problématique.Alors, il a conçu un premier site statiquevisant à prospecter le marché et la demandedu consommateur en ligne  ; il l’a appelé«mon voisin». C’était un site vitrine où leclient pouvait juste consulter, voir les pro-duits et les prix, mais il ne pouvait paseffectuer d’achat. Cette première page-vitrine était un pré-test et un hameçon pouraccrocher les internautes à ce nouveau typede commerce en ligne. La conception dusite «mon voisin» n’a pas marché. C’étaittrop compliqué pour le client de passercommande. Du coup, Abderazak a puisédans la Toile afin de développer le conceptde manière à ce qu’il soit efficace et acces-sible.

Lors de la première conception

Abderazak ignorait l’existence d’un systè-me de paiement en ligne en Algérie. Bienque la première version n’ait pas marché,les indicateurs de performance qu’il avaitnotés lui ont permis d’évaluer le marché,notamment les prix des produits, la qualitéainsi que la demande.

Premier site algérien de vente deproduits agroalimentaires

Abderazak a exploité toutes les informa-tions recueillies et stockées dans unebanque de données clients lors de sa pre-mière expérience. En collaboration avecdes amis, notamment ingénieurs en infor-matique, il a créé un autre site plus dyna-mique. Echrily.com, le nouveau site decommercialisation de produits agroalimen-taires, voit le jour le 5  juillet 2012. Sesconcepteurs ont pris en compte l’originalitéde la première idée avec les appoints de lanouvelle conception. Abderazak a étéconforté dans sa position par le responsabledu système de paiement en ligne ePay.Concernant le moyen de paiement, cettesolution était précaire mais complète pourdéterminer les types de produits et leur tari-fication. Sur la page d’accueil du site,quatre rubriques proposent des produits dedifférentes marques et catégories : agroali-mentaire, produits d’hygiène et cosmé-tiques. L’étude du projet, sa concrétisationet sa mise en ligne a nécessité du temps etde la patience. Les quatre concepteurs ontréalisé une base de données pour les

contacts, les clients et les fournisseurs afinde faciliter les opérations de vente. De nou-velles défaillances techniques ont été détec-tées et corrigées. Parmi les difficultés quiresurgissent, l’instabilité de ceux révisés àchaque mise à jour de la liste des produits.

En plus des produits déjà en vente enligne, Abderazak souhaite intégrer dans sonsite la rubrique fruits et légumes. Une nou-veauté conditionnée par l’inflation et l’in-stabilité des prix.

Le e-commerce est propulsé par desjeunes qui voient en lui plusieurs avan-tages  ; générateur d’emplois, caractérisépar la rapidité de livraison en plus de sonimpact positif sur l’environnement et l’éco-nomie nationale. Sans oublier les avantagesque cela représente pour les femmes qui tra-vaillent et les handicapés.

Commerce virtuel, une activitéréglementée

Après la conception du projet, un passa-ge obligatoire au centre national du registredu commerce afin d’enregistrer l’activité.Le responsable du site inscrit son activitédans la catégorie «commerce de détail detous produits». «Notre activité est couvertepar la loi et l’entreprise active de manièrelégale. Notre commerce n’a aucune simili-tude avec l’informel. Nous exerçons dansles normes», appuie le responsabled’eChrily.

81% des visiteurs d’eChrily sont d’Alger Le montant de l’investissement n’est pas

si important par rapport à l’envergure et aupotentiel du projet. Cependant, la sommedépensée est importante pour le jeuneAbderazak étant donné qu’il débutait dansle domaine. Le site est, selon son respon-sable, le premier spécialisé dans la com-mercialisation en ligne de produits agroali-mentaires. Sur la page d’accueil, un plandétaillé du canal de distribution qui sché-matise et indique les destinations de livrai-son dans la région d’Alger. Le choix de lacapitale comme échantillon est bien réflé-chi, selon l’indicateur de la connectivité etl’accessibilité du Net. 81% des visiteurs dusite eChrily sont d’Alger. «En moyenne,nous enregistrons 100 visiteurs par jour.Notre clientèle est estimée à plus de400 clients inscrits dans notre réseau de dis-

Par Bourbia Samira

Malgré la faiblesse du réseautage et le manque de moyens,eChrily.com constitue un levier important reliant réalité etvirtualité dans le monde du commerce. Un travail delongue haleine pour que l’Algérie puisse se positionner,d’ici quelques années, dans le e-commerce qui n’est qu’à sesprémices faute de réglementation et d’ouverture sur lesnouvelles technologies. eChrily.com permet, en un clic, defaire les courses, une formule presque magique du net sansmême dire abracadabrante.

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Des livraisons à Domicile en

tribution. Nous effectuons en moyenne unetransaction par jour et 5 à 6 par semaine»,explique le responsable du site. Il indiqueen outre que «les femmes sont plus intéres-sées par l’achat en ligne de nos produits.Peut-être c’est en raison de la liste que nousproposons qui est constituée plus de pro-duits domestiques. Nous avons égalementun autre moyen de fidéliser notre clientèle :la création d’une page facebook, qui a enre-gistré 842 fans».

Afin de faciliter les transactions enligne, plusieurs systèmes ont été élaboréspour coordonner les opérations de livraisonet d’achat. Livraison, achat et système depaiement sont intégrés dans la gestion glo-bale. Les produits proposés sur le site sontachetés et stockés afin de les revendre.«Nous appliquons les prix pratiqués sur lemarché. Notre site propose et commerciali-se plusieurs produits et marques. Nousvisons la vente, désormais, aux entre-prises», ajoute Abderazak, optimiste pourl’avenir de ce type de commerce en Algérie.

Ce qui est évident, actuellement, est queles entreprises algériennes ne sont pas enco-

re prêtes à faire confiance à la vente enligne. Parce qu’elles ne savent pas que lamise en ligne de leur produit est gratuite surle site eChrily. «Nous assurons la livraisonen 24 heures. Les commandes prennent finà 21h. Une équipe prépare les commandespour la livraison à domicile. Jusqu’alors,nous n’avons pas enregistré de retard dansnos livraisons», explique Abderazak.

Six mois après son lancement, le siten’est pas encore rentable. Les jeunesconcepteurs visent le positionnement sur lemarché. C’est un projet à long terme vu lanouveauté de cette pratique. «Notre bénéfi-ce est quasi nul. Le coût de livraison est cal-culé par rapport à la quantité (poids). Nousfacturons 200 DA pour 15 kg. En moyenne,un client achète entre 12 à 13 kg. Nous pro-posons un bon rapport qualité/prix»,indique le responsable d’eChrily.

Le moyen de paiement reste àdévelopper

Le paiement des produits livrés à domi-cile par les agents de distribution d’eChrilys’effectue soit par le paiement électronique

soit à la livraison. Le paiement électroniqueest réalisé via ePay. Les avantages de cemode de paiement est l’instantanéité. Leclient valide le produit et le prix. L’argentpasse du compte du client au solde d’ePay.Ce dernier, ensuite, transfère l’argent sur lecompte de l’entreprise eChrily.

Cependant, pour effectuer cette opéra-tion, le client d’eChrily doit avoir un comp-te ePay valide, qui contienne un solde deplus de 1 000 DA. Le choix des produits sefait selon la capacité de paiement.

Il faut reconnaître que le paiement élec-tronique malgré ses avantages, a encore desinconvénients en Algérie. Il prend beaucoupde temps par rapport au paiement à la livrai-son en raison de la lenteur des démarches auniveau des banques. «Quelle que soit la dif-ficulté, il faut savoir que ces jeunes créa-teurs de sites de vente sont en train de boos-ter le e-commerce en Algérie.

Nous ne pouvons pas, actuellement, par-ler de concurrence car nous sommes tousnouveaux sur ce marché», conclutAbderazak n

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Des livraisons à Domicile enAbderazak Boudjerda

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Mohamed Hamza, directeur général d’ePay.dz

L’Eco : qu’est-ce qui vous a motivépour contribuer à la promotion et audéveloppement du e-commerce, unmodèle économique qui tarde àdécoller dans notre pays ? Mohamed Hamza : le constat de base

réside dans le fait qu’avec 37  millionsd’habitants, l’Algérie connaît un retardretentissant dès lors que l’on aborde lesquestions liées à la monétique en général.Les chiffres sont éloquents. Outre les

réseaux privatifs tel celui d’Algérie Poste,le réseau bancaire ne compte aujourd’huique 900  000 porteurs de cartes interban-caires de retrait et de paiement, un réseaude 800 DAB/GAB, 700 terminaux de paie-ment et une activité globale liée à l’utilisa-tion des cartes bancaires faible. Nul besoinégalement de mentionner l’inexistencetotale de moyens de traitement et de paie-ment d’une réservation de billet d’avion oud’une facture d’électricité ou encore d’unecommande de pizza sur internet ou mobile.Le e-commerce mérite donc, pour nous,une attention particulière au regard des

retombées positives qu’ilimplique, notamment en ce qui

concerne le développement du paiementélectronique dans notre pays et la simplifi-cation des tâches du quotidien. L’idée doncde créer ma startup du nom ePay.dz s’estimposée tout naturellement. C’est unesociété à responsabilité limitée (SARL)créée en mars 2011, domiciliée au cyber-parc Sidi Abdallah. La création du premiersite algérien de e–paiement est avant tout lefruit de mon parcours universitaire et demes diverses expériences professionnelles.Informaticien de formation, j’ai tout natu-rellement été intéressé par les récents déve-loppements liés aux TIC et leurs applica-tions concrètes.

Pouvez-vous nous expliquer le principede fonctionnement d’ePay.dz ? Il faut savoir déjà qu’il s’agit de la pre-

mière plateforme de traitement des don-nées liées au paiement sur internet enAlgérie. Et nous sommes les seuls actuelle-ment à nous être lancés dans ce genre d’ac-tivité. L’e-paiement est une prestation deservice en ligne qui repose sur une solutionélectronique sécurisée via internet et quiassure de manière instantanée, 24h/24 et 7jours sur 7, le paiement à partir d’un télé-phone portable ou via internet. Ce systèmepermet à tous nos clients de bénéficierd’une carte prépayée pour acheter et vendreen ligne ou encore payer leurs factures sansse déplacer.

Cette carte via internet a été mise en ser-vice en mois avril 2012. Le principe estdonc est simple. Il consiste en le paiementélectronique, non pas par carte bleue

comme cela se fait dans les paysdéveloppés, mais grâce au téléphoneportable ou via internet. Il suffit de

créer un compte chez ePay.dz, de le chargeren achetant des cartes prépayées qui sontdisponibles sur tout le territoire national, etde payer ses achats sur le Net. Nous avonsdéveloppé des solutions propres à la culturealgérienne et nous sommes fiers, aujour-d’hui, d’avoir donné naissance au premiersystème de paiement électronique multica-nal (internet et mobile) en Algérie. Notre

Réalisé par Nassima Benarab

Premier site de paiement électronique en Algérie,ePay.dz propose un service qui repose sur une solutionélectronique «très sécurisée». Il assure de manièreinstantanée le paiement à partir d’un téléphone portableou via internet. Après deux ans d’expérience, cette start-up dirigée par 4 personnes compte environ 15 millionsd’abonnés. Elle ambitionne d’atteindre les 100 000 clientsen 2013, indique dans cet entretien son directeur général,Mohamed Hamza.

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«objectif : abonnés d’ici fin 2013»

Mohamed Hamza

site est disponible en deux langues (arabe etfrançais), et ce dans le but de toucher unplus grand nombre de clients.

L’absence d’un cadre juridiquealgérien réglementant le commerceélectronique empêche-t-il ledéveloppement de ce secteur ? A ce jour, il n’ya aucune loi spécifique

qui réglemente le e-commerce en Algérie.Seul le registre du commerce algérien l’en-cadre et le classe dans l’activité du com-merce de détail. Le e-commerce est soumisau code du commercealgérien.

Moi j’encouraged’abord les jeunes à participer au le déve-loppement de ce genre de commerce enligne. Parce que le e-commerce est uneactivité de l’utilisation des nouvelles tech-nologies pour la vente. Et la création d’uneactivité dans le e-commerce est beaucoupplus simple que de créer autre chose. Onn’a pas besoin d’investir des gros montants.

Cependant, l’absence d’une loi spéci-fique qui réglemente le e-commerce posebeaucoup de contraintes. Actuellement, laresponsabilité de vendeur et de marchandn’est pas définie. Ce qui nous a obligés àrédiger nous-mêmes une charte et les ven-deurs sont tenus de la respecter. Au lieu quece soit la loi qui définisse les engagementset les garanties, c’est nous qui encadrons letout pour satisfaire nos clients. Mais jeconfirme qu’il ne faut pas attendre les loisspécifiques pour se lancer dans le e-com-merce. Parce que notre pays dispose detous les moyens nécessaires. Nous avonsdes sociétés de livraison, les ressourceshumaines, donc il ne faut pas attendre la loiqui devrait sécuriser les investissementsdes opérateurs et les consommateurs dansce domaine.

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L’e-paiement est une prestation de service en ligne qui reposesur le paiement à partir d’un téléphone portable ou via internet.

abonnés d’ici fin 2013»

Page d’accueil du site web ePay

Près de deux ans d’expérience dans lepaiement électronique. Quel bilantirez-vous aujourd’hui ?D’une équipe de 4 personnes, notre

entreprise compte aujourd’hui 15 000abonnés dont 2 208 à Alger, 821 à Sétif,623 à Oran et 558 à Tlemcen. Noussommes présents dans les 48 wilayas. Nouscomptons même des abonnées dans le Sud,nous avons une douzaine d’abonnés àIllizi, 13 à Tindouf et 50 à Tamanrasset. Etplus de 200 abonnés résidant à l’étranger.La majorité de nos clients sont des particu-liers, mais nous avons aussi quelques pro-fessionnels.

Nous disposons également de 30 sitesmarchands. Nous envisageons de lancerquelques nouveaux services dans le e-com-merce à travers la création de plusieurs sitesweb d’achat en ligne. Nous nous sommesfixé comme objectif d’atteindre les 100 000abonnés d’ici la fin de l’année en cours.

Comment prévoyez-vous l'avenir du e-commerce en Algérie ? Le e-commerce en Algérie a un grand

avenir. Actuellement, on compte 4 millions

d’abonnés sur facebook, 10 millions d’in-

ternautes en Algérie. Et avec l’arrivée de la

3G, dont les autorités ont annoncé le lance-

ment durant le premier trimestre 2013, je

crois que le secteur va exploser en très peu

temps.

Avec le système de paiement électro-

nique que nous sommes en train de déve-

lopper avec divers partenaires nationaux et

étrangers, le e-commerce peut largement

combler le vide qui existe actuellement.

Avec 300 milliards d’euros de chiffre d’af-

faires du e-commerce en Europe en 2012,

l’Algérie est vraiment loin, même compa-

rativement au Maroc. Mais on ne doit pas

rester les bras croisés parce que cela ne

nous fera pas avancer. Actuellement, je

crois que l’Algérie compte environ 50 sites

de vente en ligne. Et avec le développement

du e-paiement, cela va encore élargir le e-

commerce en Algérie. Si on ne développe

pas cette activité, ce sera une grande perte

pour notre pays n

N. B.

Bimensuel de l’économie et de la finance42

Enqu

ête

Mourad Mechta, general manager de Guiddini.com

L’Eco : pouvez-vous vousprésentez et présenterguiddini.com ?Mourad Mechta : Je suis jeune por-

teur de projet guiddini. J’ai débuté avecune formation de soutien initié par leministère des Postes et TIC. Guiddini

est parmi les premiers sites de e-com-merce en Algérie. Créé fin 2009, il a étémis en service suite à la création d’uneagence de communication et d’unbureau d’affaires avec le programme del’Ansej. Sur le plan juridique, le sitefonctionne comme l’une des activitésde notre agence. Nous avons participé àplusieurs événements nationaux et nousavons eu le premier prix pour le profil

du premier site e-commerce algérien en2012. Le matériel nous a couté 400 mil-lions centimes. Et nous avons actuelle-ment 12 fournisseurs, environ 500 visi-teurs par jour ainsi que 213  produitsvendus.

Comment les achats sont-ilsorganisés sur le site guiddini.com ?Tous les produits affichés sur le site

sont disponibles dans nos stocks. Leclient peut consulter le catalogue.Chaque produit a son prix en marge.Les quantités disponibles sont égale-ment mentionnées. La livraison desarticles est classée selon la région. Lepaiement se fait via ePay pour le natio-nal et via Paypal pour l’étranger. Lerèglement peut également être effectuépar virement bancaire ou mandat CCP(avant la livraison du produit). Leclient peut recevoir son produit à domi-cile. Ce mode de paiement exige que leclient ait une carte d’abonnement. Il a

Réalisé par Lynda Mellak

Guiddini.com est un espace de transactions commerciales viainternet. Dédié aux professionnels et aux particuliers, le siteassure l’interface entre fournisseurs et acheteurs. En 2012,guiddini.com a décroché le premier prix pour le profil du meilleursite de e-commerce en Algérie. Il offre des promotions en continu,permet des commandes par internet et assure la livraison àdomicile. Guiddini.com compte actuellement 12 fournisseurs,300 abonnés, 500 visiteurs/jour et 213 produits vendus.

ENQ

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EL’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

«Nous prévoyoNs le laNcemeNt d’uN Nouveau mode d’achat»Mourad Mechta

1 000 DA de frais à payer pour l’ouver-ture de son compte électronique. Par lasuite, il peut commander et acheter surinternet en introduisant le numéro deréférence inscrit sur la carte (son numé-ro client). A travers ce mode de paie-ment, l’abonné règle la totalité de sesachats le jour même de la livraison àdomicile. Pour cette option,guiddini.com dispose de 300 abonnés.Le nombre augmentera une fois que lepaiement électronique sera réellementintroduit. Nous acceptons également lepaiement par chèque. Nous prévoyonsaussi le lancement de quick réponse(QR)  ; il s’agit d’un nouveau moded’achat via téléphone portable. Leclient peut accéder facilement au pro-duit à travers le QR affiché sur le pro-duit. La livraison gratuite est assuréeseulement pour quelques régions oùnous disposons de points relais. Cesrégions sont désignées sur le catalogueen rouge. Si le client revient sur sadécision d’achat (après le remplissagedu formulaire), en cas de retard ou d’er-reur de livraison, nous assurons le rem-boursement à 100%.

Avez-vous rencontré des obstacles àvos débuts ?Oui, nous avons eu quelques diffi-

cultés du côté financement. Bien quenous bénéficiions d’une commissionsur chaque produit vendu ou commer-cialisé (à partir de 15 millions et plus),ceci reste insuffisant. C’est que notrebudget ne nous permet pas d’achetersuffisamment de produits à garder enstock. Donc il nous faut davantage defournisseurs pour nous mettre à niveauavec les catégories disponibles sur lesite.

Quel est l’avantage pour vosutilisateurs ?Nous proposons un large choix de

produits disponibles 24h/24 et 7j/7. Desprix moins élevés pour les acheteurs etmoins coûteux pour les vendeurs, des

promotions en continu ainsi que descommandes par internet et la livraison àdomicile.

Pour les vendeurs, un nouveaucontact avec leurs clients. Un canal dedistribution de qualité. Et des solutionsde e-marketing. Nous procédons, grâceà l’option  «echrili» à l’achat de pro-duits vendus à étranger pour des per-sonnes n’ayant pas la possibilité depayer en euros.

Quelle est votre stratégiemarketing ?Nous sommes présents sur la plupart

des réseaux sociaux  : Facebook,Tweeter, Linkedin, Viadeo. Et beau-

coup de nos ventes sont réalisées viaces réseaux.

Quels sont vos objectifs pour cetteannée ?Nous souhaitons élargir nos points

de relais. Nous avons programmé cinqrégions en plus. Nous prévoyons égale-ment de développer notre plan commer-cial et d’atteindre 20 employés d’ici fin2013. Nous avons récemment signé uncontrat de vente et de sponsoring avecCondor électroménager et nous pré-voyons la signature de plusieurscontrats avec d’autres entreprises d’icila fin de l’année en cours n

L. M.

L’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

Bimensuel de l’économie et de la finance43

Enqu

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Nous optons en particulier pour le produit local toutes catégoriesconfondues (produits de tendance, de fin de série, promotion, solde).

Nous commercialisons tout ce qui est :

accessoires de cuisson, entretien du linge, matériaux, outils de bricolage...

Quel type de produits commercialiseGuiddini.com ?

«Nous prévoyoNs le laNcemeNt d’uN Nouveau mode d’achat»

Maison

DVD, film, livres, PlayStation, Ps3...

Multimédia

Accessoires de beauté, jouets, vêtements, lingerie...

Mode

Billet concert, billet d’avion, billet de stade, fitness,musculation...

Loisir

Bimensuel de l’économie et de la finance44

Enqu

ête

Lamine Ghemati, fondateur de Tbeznyss.com

L’Eco : pouvez-vous nous donnerplus de détails sur le cheminementde la création de tbeznyss.com,notamment en l’absence d’un cadrejuridique régissant une telleactivité ?Lamine Ghemati  : l’envie de créer

un site de commerce électronique m’estvenue naturellement à l’obtention demon master en e-business. Il fallaitcependant faire face à différents pro-blèmes dus au retard que connaîtl’Algérie dans ce domaine, notammentpour le paiement en ligne et l’absenced’un cadre juridique régissant cetteactivité. Nous avons donc commen-cé à étudier la faisabilité d’un telprojet tout en débutant en parallèlele développement du site tbez-nyss.com, croyant fermement àl’avènement, tôt ou tard, de cecanal de vente dans notre pays. Etc’est grâce à cette longue réflexionque nous avons réussi à concréti-ser notre projet, avec une existen-ce tout à fait légale. Notreapproche a été de prendre encompte que dans beaucoup de payseuropéens, le commerce en ligneest tout simplement considérécomme de la vente à distance oupar correspondance. Cela signifieque les transactions se font sans laprésence physique du profession-nel et du consommateur et pas for-cément sur un site internet (surcatalogue, par téléphone, téléa-chat, etc.). Nous avons alorsdécouvert que la vente par corres-pondance existait dans la nomen-clature des activités proposées parle Centre national du registre decommerce. Cette institution nous aégalement assuré qu’en l’absencede code activité spécifique aucommerce en ligne, l’option de lavente par correspondance nous

convenait parfaitement etnous permettait de tra-vailler en toute légalité.

Pourquoi avez-vouschoisi les nouvellestechnologies ?

Nous avons choisi cetype de produits car lasociété algérienne est enpleine mutation et l’uti-lisation de ces produitsse généralise très rapide-ment. La jeune généra-tion est née avec des PCet des téléphones dansles mains ; ces personnesdévelopperont rapide-ment d’autres usagesque ceux qui existentactuellement dès l’arri-vée de la 3G et des sitesde vente en ligne. C’estégalement une décisionprise suite à un sondageque nous avons réalisé,qui a classé ce type deproduits sur le podiumdes achats en ligne enAlgérie (hypothétiques),confortant ainsi notre

conviction.

Réalisé par Hamid Mohandi Acheter en ligne des équipements informatiques et technologiques ne

relève plus de l’utopie en Algérie depuis le lancement, en 2012, de

Tbeznyss.com. Pionnier de la vente sur la Toile, le site propose une

gamme de produits : lecteurs MP3, téléphones, appareils photo,

ordinateurs, imprimantes et tablettes. Lamine Ghemati, fondateur du

site, évoque dans l’interview qui suit son expérience dans ce canal de

vente qui en est encore à ses balbutiements en Algérie. Une

opportunité pour rassurer les clients quant à la sécurité des

transactions et la qualité irréprochable des services offerts. Des

éléments qu’il estime fondamentaux et irréversibles, sur lesquels

s’arcboutent les performances du e-commerce en Algérie.

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EL’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

Il n’y a aucun soucI

de sécurIté des transactIons

Quelssont les délaisde livraison et les modes de paiementutilisés, sachant que le dispositifjuridique devant sécuriser lestransactions en ligne n’est pas encoremis en place ?Le délai moyen de livraison est actuel-

lement de trois jours à Alger et sa périphé-rie. Celui-ci peut-être supérieur si desproblèmes surgissent ; nous en informonsnéanmoins l’acheteur en lui donnant lapossibilité de se rétracter. Pour l’instant,le plus grand retard constaté pour unecommande est de cinq jours, ce qui estdéplorable bien évidemment mais resteraisonnable.

Pour les modes de paiement, si l’inter-naute ne veut pas se déplacer, il pourrarégler en espèces à la livraison, qui estgratuite à Alger. Il peut aussi choisir d’en-voyer un chèque libellé au nom de lasociété par courrier. Enfin, il a la possibi-lité d’utiliser un nouveau mode de paie-ment appelé ePay, qui est une plateformede transactions nécessitant la créationd’un compte virtuel alimenté par descartes de prépaiement ou via un virementbancaire. Son utilisation est gratuite pourles acheteurs. Il n’y a donc aucun souci desécurité des transactions pour l’instantpour nos deux premiers modes de paie-ment ; quand au dernier mode évoqué, lasécurité est assurée par notre partenaireePay.dz  ; ce n’est pas de notre ressort,étant aussi nous-mêmes clients de la pla-teforme tout comme les acheteurs.

Tbeznyss propose-t-il uniquement desproduits importés et neufs ou fait-ilaussi dans les produits locaux oud’occasion ?Nous ne commercialisons que des pro-

duits neufs pour l’instant. Presque tout ceque nous proposons est en effet importé,mais nous sommes tout de même en dis-

cussion avec des producteursalgériens pour suggérerleurs produits sur notre site.Ces fabricants se comptenthélas sur les doigts d’unemain, mais nous ferons lemaximum pour les mettreen évidence et les avantagersur leurs segments.

Généralement, les prixproposés en ligne sont plus

bas que ceux affichés enmagasin pour des marchandises

identiques. Tbeznyss est-ilcompétitif en termes de prix par

rapport aux commerces classiques ?Absolument, c’est le cas pour beau-

coup de références que nous proposons.Etre compétitifs par les prix que nous affi-chons est un élément majeur de notre stra-tégie de positionnement. Ajouter à cela lagratuité de la livraison et les économiesréalisées par l’acheteur qui évite lesdéplacements. Pour certains produits, il sepeut qu’on trouve des prix plus avanta-geux au marché noir. Cependant, il fautimpérativement savoir que ces individusne règlent pas d’impôts, ne reversent pasla TVA et n’accordent aucune garantie àleurs acheteurs. Personne n’est sûrde la provenance desm a r c h a n d i s e squ’ils mettentsur le marché etdes conséquencesque peut avoir lamise en vente deproduits potentiel-lement contrefaits.

Selon vous, quedoit faire l’Algériepour développer lee-commerce ?Pour pouvoir acheter

sur internet, il fautd’abord disposer d’uneconnexion fiable et d’un débit important.Nous n’en sommes pas encore là et nosconcitoyens ont le droit, avant toutechose, de disposer d’un service de qualitéde la part des fournisseurs d’accès.L’activité est en outre liée à la présencedu paiement par carte bancaire. Son suc-cès est donc conditionné par la générali-sation du paiement électronique dans uncadre juridique stable, avec une sécurisa-tion optimale des transactions sur les

sites. Ces problèmes sont connus par touset les solutions existent, il ne manque quela volonté d’accélérer le processus.

Ensuite, le principal enjeu à mon avissera d’organiser les acteurs qui intervien-dront dans le commerce électroniquenational pour créer une concurrence saineet dans l’intérêt des consommateurs. Lessujets sont nombreux : informations àafficher obligatoirement sur le site devente, délais de livraison, service après-vente, droit de rétractation, sanctions encas de fraude ou de non-respect des lois,etc. Enfin, il incombe aussi aux e-mar-chands de s’organiser et de se fédérerautour d’une institution, à l’image de laFEVAD en France (Fédération du e-com-merce et de la vente à distance). Celanous permettrait d’être unis pour défendrenos intérêts et nos revendications, d’êtrereprésentés auprès des autorités et desorganismes officiels, d’informer et depromouvoir le secteur auprès des profes-sionnels et des particuliers et d’être égale-ment l’interlocuteur unique en cas deplaintes ou de litiges avec les consomma-teurs. L’union des différents acteurs de lavente à distance permettra en outre d’ins-taurer des réflexions et des études pourl’amélioration du commerce électroniquealgérien sur le long terme et d’encouragerles grandes entreprises à investir ce cré-

neau.

Quels sont vosprojets ?

Nous nous focali-sons pour l’instant à

faire connaîtrenotre site internetet à bâtir uneentreprise péren-ne, qui offre unservice d’unequalité irré-prochable àses clients.Nous étu-

dions la possibilité decréer d’autres entités spéciali-

sées dans la logistique et la livraisonexpress, complémentaires à notre activité,qui renforceraient notre présence. Nousmilitons pour le développement de lafilière du e-commerce et l’instaurationd’un climat de confiance pour les ache-teurs en ligne. En dernier lieu, il noustient à cœur d’offrir le même service à nosconcitoyens aux quatre coins de l’Algérieet nous tâcherons d’y arriver le plus tôtpossible n

H. M.

L’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

Bimensuel de l’économie et de la finance45

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Il y a un nouveau mode de

paiement appelé ePay, qui

est une plateforme de

transactions nécessitant la

création d’un compte virtuel

alimenté par des cartes de

prépaiement ou via un

virement bancaire.

L’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

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Djamel Bendjaber, propriétaire du site Nechrifenet 

Enqu

ête

L’Eco : vous vous lancez dans le e-commerce en l’absence d’un cadrejuridique approprié. Commentl’expliquez-vous ?Djamel Bendjaber : en vérité, ce n’est

pas du e-commerce que l’on fait à partir dumoment où il n’y a aucune transactionélectronique. Il s’agit d’un catalogue élec-tronique. En fait, nous sommes en train denous positionner. Et l’on se prépare enattendant la législation. De plus ce n’estpas tant la législation qui nous importe. Ce

sont plutôt les moyens de paiement.D’ailleurs, nous nous sommes rapprochésde la Satim qui nous a affirmé qu’il n’yaura pas de moyens de paiement sanstextes juridiques. Maintenant pour la défi-nition, on dit que c’est du e-commerceparce que c’est in, c’est en vogue, c’est à lamode. En attendant mieux, nous avons crééce site, nous essayons de l’alimenter. Nousapprovisionnons des boutiques pour que leclient n’attende pas la marchandise.

C’est-à-dire ?Il y a une commande sur le Net, nous

livrons le client et nous établissons la fac-

ture avec le nom du magasin où il va récu-pérer son produit. Notre but est de créerune certaine dynamique, de vulgariser ledomaine.

Nous employons des femmes et deshommes qui s’habituent à ce nouveau cré-neau, qui répondent aux gens, à toutessortes de critiques, fondées ou pas. Ils sen-tent qu’ils sont pris en charge. Deplus, nous avons décidé de diffuser le siteen langue nationale.

On se met en place. Mais il ne faut pascroire que c’est cela qui nous fera vivre, onn’y est pas encore arrivés. Jusqu’à aujour-d’hui, nous n’avons pas vendu plus de 10

Réalisé par Faouzia Ababsa

Rien ne prédestinait ce médecin de formationà se lancer dans le commerce et encore moinsdans le commerce électronique. Pourtant, c’estce qu’il a fait, estimant que l’exercice de la

médecine ne lui permettait pas de répondre àson ambition et à ses besoins de vivreconfortablement. Il nous en dit plus dans cetentretien.

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Bimensuel de l’économie et de la finance

«Nous ambitioNNoNs la créatioN d’uN label»

produits. Peut-être que le mois prochain onen vendra 20. Sur le site, nous avons peut-être 20  000 visites par jour. Le siteOuedkniss estime qu’il a 100 000 visiteurspar jour. En ce qui nous concerne, nousn’avons pas encore fait de publicité, hormisla petite rencontre avec la presse qu’il y aeu la dernière fois. Parce que nous avonspeur d’être dépassés. Et dans ce cas, nousperdrons toute crédibilité. On y va donclentement.

Vous faites dans la modestie ?La question n’est pas là. Nous craignons

de ne pas tenir nos promesses. Et dans cecas, les gens vont perdre confiance. Rienne presse. Nous gagnons notre vie parailleurs. On peut se laisser emmener par lavague comme on peut la contrôler. Maisaujourd’hui, il n’y en a pas encore.

Avec toutes les compétences que recèlele pays, vous avez fait appel à uneentreprise étrangère pour la conceptiondu site. Pour quelles raisons ?Quelqu’un qui veut ouvrir un site se

rabat en général sur les solutions opensource. Lesquelles sont à la portée de n’im-porte qui. Moi-même je ne connaissais pastout cela. Je ne suis pas informaticien, maismédecin de formation. J’ai, par contre,grandi dans une boutique.

A la fin de mes études, en dépit del’amour que je portais à la médecine, je mesuis rendu compte que cela ne me permet-tait pas de subvenir aux besoins auxquelsj’aspirais. J’ai donc travaillé dans la bou-tique de mon père. Puis, je me suis intéres-sé à ce nouveau domaine, de fil en aiguille.En fait, il n’y a rien à inventer. Les modèleséconomiques existent, il suffit juste de lescopier.

De plus, nous avons l’opportunité d’êtredans un marché vierge, pourquoi ne pasessayer d’occuper le terrain? Et pourrépondre à votre question, je vous assureque nous cherché des compétences locales.Il y a même une entreprise avec laquellema collaboratrice a travaillé mais elle n’apas pu suivre bien qu’il existe des solutionsopen source. C’est-à-dire que vous confec-tionnez votre site toute seule.

Cependant, ce sont des solutions qui nepermettent pas d’avoir derrière des RP

qu’il faut. En plus clair, une gestion com-merciale du site. Avec tout ce que celaimplique comme gestion, fiscalité, etc.Nous nous sommes dit qu’il n’était pasquestion de créer un site vitrine. Mais unsite d’avenir. Loin de moi l’idée de mépri-ser les compétences locales. Mais il setrouve qu’elles n’ont pas cette tradition decréation de sites.

Et puis, j’ai l’impression qu’elles onttellement de choses à faire ! A chaque foisqu’on a sollicité l’un d’entre eux, ilinvoque soit un plan de charge volumineux,soit il nous impose des délais qui ne nousconviennent pas. Il y a des compétences entermes de technique mais pas en termesd’arithmétique. Il n’y a pas assez de per-sonnes pour ce faire.

C’est donc un problème de ressourceshumaines ?L’Algérie a un grand problème de res-

sources humaines. Jusqu’aux photographesprofessionnels. Les annonces que l’on apubliées pour en recruter n’ont pas donnéles résultats escomptés. Nous avons fait duporte-à-porte.

Je me suis même déplacé dans une écolequi forme des photographes d’art. En vain.Nous avons décidé de prendre nous-mêmesdes photos, mais des gens de l’autre côté dela Méditerranée nous en ont dissuadés carles photos n’étaient pas belles.

Aujourd’hui, on travaille avec des pho-tographes de mannequins. Mais seulementlorsqu’ils sont libres. Ils nous considèrentcertainement comme des clients de secondezone. On ne représente pas des contratsjuteux. Cela dit, nous insistons sur la vitri-ne du site et l’écho qui nous vient du client.

Les produits que vous présentez sur lesite sont tous importés ? Est-ce que laproduction nationale n’est pas dequalité ?Non, pas du tout. Nous avons un problè-

me de sourcing. C’est-à-dire de fournis-seurs. Nous sommes une structure de taillemoyenne. Nous démarchons les gens qu’onconnaît. Nous leur disons que nous voulonsmettre leurs produits sur notre site.Souvent, ces fournisseurs ne nous croientpas parce qu’ils pensent que nous nesommes pas fiables ou encore que notrelongévité est incertaine.

De plus, nous sommes obligés d’acheterces produits. Nous les photographions etnous rédigeons le texte. Nous avons plus defacilités avec les importateurs que leslocaux. Parce qu’en premier lieu, ils nousfournissent les bases à travers les cata-logues électroniques et des caractéristiquestechniques. Nous avons mis en ligne desjouets qui ne sont pas fabriqués en Algérie.Pas plus qu’il n’y a de fabricants locauxd’appareils photo.

Pour l’électroménager, les deux grandsleaders en Algérie sont LG et Samsung.Nous nous approvisionnons chez les deux.Pour nous, Samsung est une entreprisenationale qui génère une plus-value algé-rienne. Il y a également Bya Electronic,Santrax. Bientôt, nous mettrons en lignel’icône alimentation. Et ce sera des pro-duits algériens.

Par ailleurs, nous avons remarqué qu’ily a des créneaux où il n’y a pas de margedu tout ou alors elles sont dérisoires et necouvrent même pas les frais d’exploitation.Or, nous sommes aussi des commerçants.Par conséquent, nous sommes à larecherche de produits niches où il y a de lamarge. J’ai fait un sondage sur des produitsagroalimentaires, il se trouve qu’il y abeaucoup de travail à faire dans ce sens. Enplus, ce sont des produits locaux qui per-mettent aux gens de vivre à travers juste-

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Enqu

êteL’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

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«Nous ambitioNNoNs la créatioN d’uN label»

Nous sommes en train de

nous positionner. Et l’on se

prépare en attendant la législation.

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ête

Bimensuel de l’économie et de la finance

ment les marges qu’ils offrent. Mieux, cesfournisseurs respectent parfaitement lachaîne qui part de l’importation vers legrossiste pour aboutir au détaillant. Ce quin’est pas le cas des autres. Or, il se trouveque nous payons 2% de taxe sur l’activitéprofessionnelle, une plus-value de TVA, ladéclaration à la CNAS de nos employés.

Est-ce que vos produits sont garantis ?En tout cas, cela n’apparaît pas sur lesite…Si. C’est précisé dans les conditions

générales de vente. Nous sommes tenus, entant que commerçants algériens, de res-pecter cela. Sinon, on peut se retrouverdevant le procureur de la République.Nous accordons une garantie allant jusqu’à18 mois. Chez LG, par exemple, la garan-tie va jusqu’à 10  ans sur les machines àlaver. Je précise que nous avons nous-mêmes créé le texte des conditions géné-rales de vente.

Nous avons remarqué que les prix desproduits sont assez élevés par rapportà ceux pratiqués dans les magasins, àl’image, pour ne prendre que cetexemple, de l’aspirateur Kenwood …Nous les avons achetés chez un impor-

tateur de cette marque qui en a l’exclusivi-té. Et il nous a fait payer très cher. Est-ceparce qu’il craignait qu’on les vende moinscher pour couvrir ses autres clients  ? Onn’a pas pris une marge symbolique, comp-te tenu des charges qui nous incombent. Cen’est pas le cas de ceux qui vendent à ElHamiz qui font des marges de 2%. Mais jevous assure que les prochains produitsseront moins chers parce que nous avonstrouvé une meilleure source. C’est de ceproblème que je vous parlais tout à l’heure.C’est-à-dire le sourcing, qui va en s’amé-liorant. Cette nouvelle source que nousavons trouvée nous propose sur les robotsdes prix de 4 000 DA moins chers.

Est-ce que le coût du transport estinclus dans le prix du produit ?Au jour d’aujourd’hui, le transport est

gratuit jusqu’au point relais. Nous comp-tons dans très peu de temps mettre en placela livraison à domicile. Avec le système demarge on fait de la gymnastique pourinclure le coût de la livraison dans le prixdu produit pour inciter les gens à achetersur le Net.

Les livres que vous proposez sontvieux et plus chers que dans leslibrairies…Nous les avons achetés il y a un une

année. On voulait d’abord remplir le site.On nous avait exigé 500 références pourque le site soit pourvu. Ce n’est que main-

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tenant qu’on a commencé à faire de laprospection auprès des éditeurs et desimportateurs.

Nous ambitionnons de devenir la pre-mière librairie en ligne. On va essayer detrouver un arrangement pour mettre leslivres sur notre catalogue et qu’il y ait unecélérité dans les échanges pour que leclient soit tout de suite servi. Il y a descaractéristiques qui sont prêtes. EnEurope, on scanne, on « douche » le livreet on a tout. Nous allons créer une base dedonnées. Cela servira pour les autres sites.Il faut qu’il y ait de la concurrence. Et là,on pourra séparer le bon grain de l’ivraie.On ne peut pas se permettre d’acheter desproduits sans facture.

Nous voulons des fournisseurs sérieux,qui nous délivrent des factures et on payepar chèque certifié.. Chez Chiheb, un bou-quin de chaque, c’est 5 millions de dinars.On ne peut se permettre de demander uneligne de crédit de cette valeur, parce quenous pensons que l’argent appartient auxgens et on ne se joue pas d’eux. Beaucoupd’éditeurs possèdent L’ISBN (numérointernational normalisé du livre, ndlr) maisils ne sont pas organisés. Nous espéronsles fédérer, créer une base de données.Comme nous souhaitons qu’il y ait plu-sieurs sites. Quand on est nombreux, il y ade la concurrence.

Pourquoi le concept «remboursé ousatisfait» n’existe pas pour les produitsque vous mettez sur le site ?Est-ce que cela existe pour sur le mar-

ché algérien ?

Pourtant, il faut bien commencer…On ne peut pas le faire quand on a des

marges de 6 et 9%. Sinon on serait obligésde les augmenter. De plus, le «satisfait ouremboursé» coûte de l’argent. Le fournis-seur ne nous reprendra pas le produit. Dèslors nous serons contraints à le revendre en2e ou 3e choix. Cela va coûter de l’argentet nous serions obligés de répercuter sur leprix des autres produits. Ceci dit, rien n’estexclu. On peut le prévoir, à conditiond’avoir assez de marge de manœuvre pourle faire. Et demain, s’il y a beaucoup desites comme le nôtre, on pourrait éventuel-lement nous regrouper et créer un label.Lequel coûtera de l’argent. Ce dernier ser-vira à rembourser et dédommager lesclients qui ont été escroqués par d’autressites. Parce qu’il ne faut pas oublier qu’il ya beaucoup d’abus. Mais aussi des habi-tudes de consommation qui n’existent paschez nous. Tout est nouveau. L’Algérie n’aque 50  ans d’indépendance. Dans les 50ans, il faut compter près de 20  ans desocialisme, 15  ans de terrorisme... Laconclusion qu’on peut tirer c’est quel’Algérie n’a que 15  ans d’âge. C’est unpays très jeune.

En attendant que fassiez la livraison àdomicile, est-ce que le client qui seprésente au point relais pourrécupérer son produit a le droit de letester sur place ?On ne l’a pas prévu. Ceci dit, c’est pos-

sible tout en sachant que le produit est sousgarantie n

F. A.

Absence de législation sur le commerce électronique

Djamel BenDjaBer ne se l’explique pas

«En l’absence de registre ducommerce et de législa-tion en la matière com-

ment voulez-vous que l’on procède  ?Attendre que les choses démarrent  ?Nous avons des compétences à exploi-ter. Et puis si ça se trouve, la législa-tion est entrain de dor-mir au fondd’un tiroir,peut-être pourêtre enrichie.Cependant, nousn’allons pas inven-ter le fil à couper lebeurre. Nous allonssimplement copier desmodèles qui exis-tent...» Notre hôte nousindique qu’il s’était rap-proché de la Satim, qui luia précisé que pour ce qui laconcernait, «elle étaitprête». Toutefois, elle nesaurait mettre en place lepaiement électronique en l’ab-sence de législation. «C’estl’œuf avant la poule ou la pouleavant l’œuf. Donc du jour au lende-main, on peut nous dire que la législa-tion est là, les cartes de crédit aussi. Ilspeuvent parfaitement les paramétrerpour en faire des moyens de paiement.Ils sont capables du meilleur et non dupire. Parce qu’il y a tellement de

potentialités non mises en œuvre, tel-lement de choses qui n’ont pas étéfaites que l’avenir ne peut être queprometteur.» M.  Bendjaber estimequ’il n’a pas beaucoup de sites de e-commerce en Algérie. Il fait d’ailleursla comparaison avec l’Hexagone, quicompte… 100  000 sites. «8  000 tra-vaillent réellement. 800 sites carton-nent. Tout cela pour une population de66  millions d’habitants. En revanche,

l’Algérie compte 36 millionsd’habitants. Il y a

une dizai-

ne de sites. Et chacun essaie de vivotercomme il peut.»

Le propriétaire de Nechrifenet réfu-te toute idée selon laquelle les pou-voirs publics seraient injustes au pointde briser ce genre d’initiative. «Cesont des start-up qui essayent d’émer-ger, qui ont du savoir-faire.  Il n’y apas de grands groupes qui se sont ins-tallés. Même nous, nous ne sommespas un grand groupe. Nous, nousavons de l’ambition. Parce que c’est

un domaine quiest promet-teur. Il y a despays où lac r o i s s a n c edans le e-c o m m e r c eatteint les 150à 170% paran. C’estd’ailleurs l’undes domainesoù la crois-sance est laplus impor-tante. LeMaroc, à titred’exemple, adécidé delibérer lacarte de cré-dit prépaid.Eh bien, celamarche trèsbien !» n

F. A.

Par Faouzia Ababsa

L’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

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Le créateur du site Nechrifenet n’a pas attendu la promulgation de textesjuridiques pour se lancer dans le e-commerce. Tout comme d’autres start-upd’ailleurs. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il affirme en quelque sorte

que c’est aux pouvoir publics de s’adapter à cette nouvelle activité enmettant en place l’arsenal juridique.

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Mohamed Hadj Sahraoui, spécialiste IT, développeur informaticien

L’Eco : le e-commerce, notamment lepaiement via mobile ou autre,peuvent-ils simplifier lestransactions quotidiennes ?Comment ?Mohamed Hadj Sahraoui : le

e-commerce est devenu acces-sible à toutes les personnes béné-ficiaires d'un accès internet.Ainsi, tout est réalisable et à por-tée de main en quelques clics :des achats, des règlements defacture en ligne ou encore lagestion de comptes. Si vousvoulez acheter un livre, parexemple, de nombreuses librai-

ries sont

en ligne. Encomparant

les coûtsd’expédition

de l’ouvrage etles délais de livrai-

son, vous pouvez sélec-tionner la librairie qui

vous le livre rapidement auprix le plus bas. C’est une

manière d’éviter plu-sieurs obstacles. De

même pour lep a i e m e n t

par télé-phone,qui ests o u -v e n t

uti-

lisé pour régler de petits montants, ce quireprésente un gain de tempsincontestable. Plus besoin de porte-monnaie,vous réglez vos petites dépenses en quelquessecondes en ligne comme au niveau des com-merce. Il est à déplorer l’absence du e-bankingen Algérie, une solution de paiement fiablequi rendrait le web plus intéressant pour lesAlgériens. Le web a une vocation économiquevia une technologie mobile. Il est important denoter que plus de 37 millions de lignes télé-phoniques fonctionnent en Algérie, pourmoins de 9  millions de comptes bancaires(hors CCP)  ; une solution de e-paiement enliaison avec un compte bancaire restreindraitl’utilisation de la solution à un nombre trèslimité d’utilisateurs.

D’où vous est venue l’idée de créer unsite pour le paiement via mobile ? Depuis plus de deux ans, je travaille sur

des projets d’intégration et de mise en placede moyens de paiement, notamment enNamibie et au Sénégal, où je suis responsabledu projet «Mobile paiement» pour un groupesuisse spécialisé dans les finances. Cela m’apermis de découvrir le potentiel du système depaiement mobile et l’opportunité que celareprésente dans un pays comme le nôtre.Depuis, je me suis exercé à contacter les e-commerçants pour voir dans quelle mesure età quelles conditions ils seraient d’accord pourutiliser une telle solution. Ils ont tous réclaméla sécurité, la fiabilité, la rapidité de rapatrie-ment des recettes.

Réalisé par Samira Bourbia En raison de l’absence de e-banking en Algérie, MohamedHadj Sahraoui, responsable du projet

d’intégration de solution mobile paiement auniveau d’une institution financière auSénégal, souhaite révolutionner le marchééconomique via une solution de paiementélectronique. Un système qui rendra leweb plus intéressant pour les Algériens.

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EL’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

Les sites de e-commerce aLgérien

vont s'organiser en association

Mon projet en Algérie porte sur une

plateforme pour le e-paiement via une technologie

mobile avec une contrainte majeure.

En quoi consiste votre projet de paiementvia mobile ? Je me base dans mon travail sur l’expérien-

ce sur le terrain. Mon projet en Algérie portesur une plateforme pour le e-paiement via unetechnologie mobile avec une contraintemajeure. C’est-à-dire qu’il faudrait uneauthentification forte et l’utilisation d’un ter-minal mobile simple et non un smartphone. Lepaiement mobile s’organise mondialementautour de la technologie NFC, mais il existed’autres possibilités qui ne nécessitent ni ter-minaux spécifiques ni accords complexesentre acteurs. Et pour cela, nous avons choisila solution «sonore», plus connue sous le nomde NSDT (Near Sound Data Transfer). LeNSDT permet d’utiliser tous les téléphonesmobiles existants comme moyen de paiementou comme outil d’authentification sur internet.En effet, le NSDT utilise le canal audio desmobiles pour transmettre des données transac-tionnelles sécurisées. Il existe un tableau decomparaison entre les technologies utiliséespour le mobile paiement dans le monde ; nousavons choisi la technologie la plus sécurisée etla mieux adaptée à notre contexte, à savoir leNSDT. Et cela, pour ne pascontraindre ou exclureles clients. Maisaussi pour unephase avancée duprojet on comptebien mettre à ladisposition descommerçantsdes TPENSDT quicoûtent beaucoupmoins cher queles TPE standard,mais qui sontaussi beaucoup plus

adaptés du fait de l’utilisation de deux cartesSIM pour le GPRS et le wifi, intégrant uneimprimante avec une batterie d’une autonomiede 8h, tous cela à moins de 18 000 DA.

Quels sont les démarches, les risques, lesavantages, les contraintes du marchéalgérien dans ce domaine ? Les démarches pour ce genre de projet pas-

sent obligatoirement par la création d’uneentreprise et la mise en ligne de la plateforme.Les avantages sont clairs : le marché est ouvertet la concurrence et faible dans le domaine due-paiement. Le e-commerce en Algérie a debeaux jours devant lui ; nous sommes juste audébut de l’ère du e-commerce en Algérie. Lescontraintes sont souvent hors de portée etimpossibles à résoudre à un niveau individuel.Il y a, cependant, le vide juridique encadrantles activités du e-commerce et la méconnais-sance de ses activités par les services desimpôts. De ce fait, nous avons constitué ungroupement légalisé, l’«Association algérien-ne pour l'économie numérique», et cela pourparler d’une seule voix, faire avancer la légis-lation et les conditions-cadre de notre activité.

Le paiementvia mobile est

un commerce.Commentfaites-vousles calculs derentabilité etde viabilité

dans unmarché encore

vierge en lamatière ?

Dans le casd’une opérationmobile paiement, il

faut compter l’appel vocal et le SMS, ainsi queles coûts liés à l’exploitation de la technologieNSDT. Cela dit, si le montant facturé au clientpour une transaction est de 20 DA, l’entreprisene sera rentable qu’avec un volume importantde transactions.

Quelle sera votre cible ? Comment sedéroulerait le mécanisme de paiement quiest encore méconnu du consommateuralgérien ?Dans une première phase, nous ciblons

tous les Algériens qui souhaitent faire des opé-rations sur internet sur des sites de e-commer-ce algériens  ; dans une deuxième phase, cesont les fonctionnaires et employés à pleintemps, ainsi que les commerçants soucieuxd’un paiement sûr de la marchandise vendue.

Nous avons tous un téléphone mobile ànotre disposition et il n’est pas utile de le chan-ger ni de le modifier. Il est compatible dans lamesure où il sait téléphoner ! Il y a le e-com-merce et le commerce réel.

Je vous explique comment cela va se pas-ser avec les commerçants  ; quand le client achoisi sa marchandise, il passe à la caisse pourle paiement ; il présente son mobile devant leterminal. Le commerçant tape le numérod’identification de l’acheteur et ce dernierreçoit, dans la minute qui suit, un appel télé-phonique. Il n’a qu’à décrocher et placer sontéléphone devant la caisse. Il est automatique-ment identifié et le transfert de son compte vas’exécuter pour payer le fournisseur. En résu-mé, il y a émission d’une modulation spéci-fique via le haut-parleur du mobile, qui peutfaire office de mot de passe, de signature élec-tronique ou de certificat  ; cela fonctionnecomme un système d’authentification capablede sécuriser une transaction. Au besoin, onpeut y ajouter un niveau supplémentaire desécurité par un code PIN et l’acheteur reçoitun SMS de la transaction. Contrairement àd’autres solutions, n’importe quel mobile peutêtre utilisé, le numéro de téléphone servantd’identifiant, tandis que l’utilisateur entre, deson côté, un code personnel.

La technologie NSDT est annoncéecomme offrant une sécurité équivalente à celled’une carte à puce. De plus, cette solution nefait pas intervenir les opérateurs de téléphoniemobile ni les fabricants de terminaux. Il suffittout simplement de relier la plateforme auxsystèmes d’information des institutions ban-caires.

J’ajoute que les terminaux de paiement ducommerçant sont des dispositifs dix foismoins onéreux que les systèmes traditionnels.L’attractivité du  m-paiement s’expliquenotamment par la simplicité des usages et l’ac-cès permanent aux services financiers, quelsque soient l’heure et le jour. Ce qui est suscep-tible, pour le client, de renforcer la consulta-tion et de contrôle de ses finances n S. B.

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ELes contraintes sont

souvent hors deportée et impossibles

à résoudre à unniveau individuel.

Paiement via mobile

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Yacine Ould Moussa, économiste et consultant en finance

Selon M. Ould Moussa, le e-com-merce «est encore au stade del’imagination en Algérie. Il ne

représente rien en terme d’activité réel-le». Pour cet économiste, «on ne peutpas exercer du commerce électroniquedans un marché informel, envahi parl’anarchie et en l’absence de transparen-ce», dans un environnement «qui nefavorise pas, voire empêche l’émergen-ce de ce type de commerce». C’est ences termes que résume M. Ould Moussason point de vue par rapport au marchédu commerce électronique et son évolu-tion dans notre pays. Pour cet expert, «ilest encore trop tôt pour parler de l’évo-lution de ce marché puisqu’il n’est pasencore sérieusement lancé».

Aux yeux de M. Ould Moussa, lessites qui naissent comme des champi-gnons sur le web «n’exercent pas le e-commerce, mais pratiquent une formede commerce informel ; ce sont des sitesd’information et de publicité pour lestransactions commerciales grâce à inter-net». Il justifie son avis par l’absence de

Par Fatima Bouhaci

Pour exercer le commerceélectronique ou e-commerce,il faut beaucoup de moyenstechnologiques et logistiques.Ce qui n’est pas disponibleen Algérie. C’est le constatque dresse l’économiste etconsultant en banque etfinance, , sur cette activitédans notre pays.

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EL’éco n°61 / du 1er au 15 mars 2013

«Le e-commerce, teL qu’iL est exercéen ALgérie, est une forme d’informeL»

Yacine Ould Moussa

transparence et d’encadrement juridiquede ces transactions. M. Ould Moussa vaplus loin pour appuyer ses propos : «Lee-commerce ne peut être exercé dans unmarché débancarisé. Dans notre pays, sile chèque n’est pas encore généralisé,qu’en est-il alors pour les autres moyensde paiement électronique ?» Un élémentde base, indispensable pour exercer lecommerce électronique.

Etablir une plateforme électronique et juridique

Un deuxième type de contraintesbloque, selon M. Ould Moussa, l’activi-té du e-commerce en Algérie : l’absencede traçabilité des produits. «Déjà dans lecommerce classique, la traçabilité desproduits n’est pas garantie. Une chosequi ne peut être tolérée dans le commer-ce électronique», résume-t-il. Pour selancer sérieusement dans ce type detransactions, l’expert en finance etbanque préconise de «lutter contre l’in-formel tout d’abord, parce que dans un

environnement pareil, nous ne pourronspas évoluer». En outre, il est nécessaired’établir une plateforme électronique etjuridique pour encadrer cette activitéqui, actuellement, est pratiquée avec de«l’à-peu-près». Pour M. Ould Moussa,il n’est pas question de parler de e-com-merce en Algérie sans «instaurerd’abord toute une plate-forme fiscale etbancaire pouvant permettre l’exercicede cette pratique». En outre, «un systè-me informatique sécurisé devant gérerla relation interactive entre acheteur etvendeur sur internet doit être préparéeen amont».

En résumé, M. Ould Moussa estimeque «le commerce électronique enAlgérie fait face aux mêmes problèmesque le commerce classique : l’informelet l’absence de transparence». Raisonpour laquelle il insiste sur l’urgence decombattre l’informel et de passer à lamodernisation de l’économie nationale,ce qui commence inéluctablement par lesystème bancaire et financier n F. B.