20
Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine Dans le cadre de l’Hommage à Henri Dutilleux du 24 au 27 mai Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine | Mardi 27 mai 2014

Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

Roch-Olivier Maistre,Président du Conseil d’administrationLaurent Bayle,Directeur général

Mardi 27 mai 2014La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

Dans le cadre de l’Hommage à Henri Dutilleux du 24 au 27 mai

Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse

suivante : www.citedelamusique.fr

La C

ham

bre

Philh

arm

oniq

ue |

Emm

anue

l Kri

vine

| M

ardi

27

mai

201

4

Page 2: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

2

Stravinski ironisait sur Stockhausen et Wagner en disant qu’ils rendaient nécessaire l’instauration d’un équivalent musical du parcmètre. C’est qu’il faut du temps pour que se déploient naturellement ces univers sonores volontiers conçus sous la forme de vastes cycles.

Wagner n’a que très peu écrit pour le piano (quelques sonates, une fantaisie…), alors que ses opéras, en particulier ceux qui forment la tétralogie du Ring, n’ont cessé d’être transcrits pour le clavier, par lui-même ou par des pianistes virtuoses comme Liszt autrefois et Kocsis aujourd’hui.

Les leitmotive de Wagner sont comme une matière mélodique infiniment plastique qui se cristallise en formes définies pour caractériser un personnage, un affect, un objet… On reconnaîtra nombre d’entre eux dans le programme proposé par Emmanuel Krivine à la tête de l’Orchestre du Conservatoire de Paris, depuis le thème solennel du Chœur des pèlerins sur lequel s’ouvrait Tannhäuser en 1845 jusqu’aux éclats du motif des Walkyries qui accompagnaient en 1876 la bouleversante scène finale du Crépuscule des dieux, au cours de laquelle Brünnhilde s’immole en se jetant dans un brasier ardent.

Bien plus qu’un simple instant, un « moment », c’était pour Stockhausen une partie d’une œuvre dotée de caractéristiques constantes et remarquables : un peu comme le prélude de L’Or du Rhin de Wagner, dans lequel un accord immuable porte tout le développement orchestral. Momente, dont la première version fut créée en 1962 à Cologne, invente ainsi, entre la soprano solo, les quatre groupes choraux et les treize instrumentistes, des plages musicales où prédomine tantôt la mélodie, tantôt le timbre, tantôt la durée des sons. Entre ces moments, il y a des interludes qui, sans caractéristique particulière, utilisent aussi comme matériau les réactions habituelles du public (cris, applaudissements, murmures, toux…) comme pour effacer symboliquement la frontière entre interprètes et auditeurs.

Un mantra est une formule sacrée à laquelle, dans l’hindouisme, on prête un pouvoir. Avec Mantra – une pièce de 1970 pour deux pianos, percussions et modulateur en anneau –, Stockhausen emploie une nouvelle manière de composer, appelée à se généraliser dans ses œuvres plus tardives et notamment dans son opéra Licht. Tous les aspects de la partition (non seulement les notes, mais aussi les nuances, les articulations et les timbres issus des transformations électroniques du son) sont dérivés d’une unique formule mélodique, contractée ou dilatée de toutes les manières possibles. Et, pour l’auditeur, c’est une expérience sonore d’une rare beauté.

Dans ses Entretiens avec Jonathan Cott, Stockhausen a pu déclarer que « Wagner aurait été le meilleur compositeur de gagaku ou le meilleur auditeur du théâtre nô ». Car, ajoutait-il, Wagner « a allongé de façon incroyable la respiration, la durée, désormais indépendantes de ce que le corps humain peut produire ». Il y a peut-être quelque chose de semblable dans la temporalité de Carré, une œuvre créée en 1960 et faisant appel à quatre orchestres ainsi qu’à quatre chœurs. Comme l’expliquait le compositeur : « Il faut s’abstraire du temps si l’on veut se pénétrer de cette musique. La plupart des changements se produisent très lentement, à l’intérieur des sons. » Stockhausen précisait toutefois que, contrairement à ce qui se passe chez Wagner, « cette pièce ne raconte aucune histoire » : les voix des chœurs n’énoncent qu’un pur matériau phonétique dans lequel surnagent quelques noms ici ou là.

Cycle Wagner /Stockhausen Hommage à Henri Dutilleux

Salué dans le milieu des arts plastiques pour la beauté de ses partitions – la qualité de son graphisme musical lui a valu à plusieurs reprises d’être exposé dans des galeries –, Henri Dutilleux aurait pu tout aussi bien l’être pour d’autres productions. Le compositeur avait la passion de la photographie. Il suscite l’admiration de ses proches dans les années 1970 par ses vues de Belle-Île-en-Mer et des recoins sauvages qu’il arpente un appareil photo en bandoulière. Le précieux outil de prospection, un Voigtländer, lui a été off ert par son père alors qu’il n’avait pas 18 ans. Cadeau aussi emblématique de son parcours personnel que celui constitué par la partition de Pelléas et Mélisande de Debussy, qui ne quitte pas son piano pendant l’adolescence.

Ses succès connaissent un prolongement médiatique qui ne manque pas de l’étonner. D’un naturel discret, il passe toutefois sans rechigner devant les objectifs des professionnels. Mieux, il collectionne avec plaisir les innombrables tirages qui lui sont envoyés. Il y a donc toujours une photo pour donner la mesure d’Henri Dutilleux, acteur autant que témoin de l’histoire culturelle du XXe siècle.

1934. Photo de classe au Conservatoire national de musique et de déclamation. Canne au bras et main gantée, le professeur de composition – Henri Busser – trône parmi ses élèves. Tous ont fi ère allure. Un seul, le plus jeune, affi che un air pensif, à la fois doux et grave. Aucun n’aura droit aux fastes réservés à Henri Dutilleux (le benjamin du groupe) en 1938 dans sa bonne ville de Douai après un succès équivalent au Concours de l’Institut de France. Le roi d’Italie, rendant visite aux pensionnaires de l’Académie de France à Rome, semble par comparaison devoir se contenter du minimum protocolaire. Nous sommes en mai 1939. Henri Dutilleux vient de commencer son séjour à la Villa Médicis.

La pose en quatuor donne lieu à deux clichés mémorables. L’un, en mars 1953, où Henri Dutilleux apparaît en compagnie des trois autres artisans (Jean Carzou, Jean Anouilh, Roland Petit) du Loup, ballet dont il a écrit la musique. L’autre, en septembre 1966, où le compositeur des Métaboles côtoie Charles Munch, Seiji Ozawa et Olivier Messiaen, lors de la présentation de son œuvre au Festival de Besançon.

Les décennies suivantes sont réductibles à une série de duos. Eff usions pimentées par la pratique d’un anglais approximatif, les rencontres entre Henri Dutilleux et Mstislav Rostropovitch brûlent la pellicule associée à l’avènement de Tout un monde lointain… (1970) ou au triomphe de Timbres, Espace, Mouvement (1978).

À l’opposé de ces instantanés d’amitié éruptive, les tableaux de la relation entre Henri Dutilleux et Paul Sacher laissent transparaître une paix bienfaisante. Avec le maître de Schönenberg, le compositeur de Mystère de l’instant (œuvre créée par Paul Sacher et son Collegium Musicum Zürich en 1989) éprouve toujours la sensation de n’être qu’un simple maillon de la chaîne musicale. Comme d’autres « aînés » que l’interprète suisse a défendus avant lui à la tête des diverses formations qu’il a dirigées : Bartók, Honegger, Stravinski…

Un troisième duo permet enfi n d’approcher Henri Dutilleux dans l’intimité de l’acte créateur. Celui, tout en admiration et en complicité, qui l’a associé pendant plus de soixante ans à son épouse Geneviève Joy. Nul mieux que Dom Angelico Surchamp, dans un numéro de la revue Zodiaque, n’a su restituer en un clic la complémentarité du couple. Verve et autorité de la pianiste devant « son » compositeur enclin à l’élévation et au mystère.

Pierre Gervasoni

Page 3: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

DU SAMEDI 24 AU MARDI 27 MAI

SAMEDI 24 MAI 2014 – 15HFORUM

Henri Dutilleux et ses modèles Table-ronde et concert de Vanessa Wagner et Isabelle Druet

Œuvres de Henri Dutilleux, Hector Berlioz, Gabriel Fauré, Claude Debussy et Maurice Ravel

DIMANCHE 25 MAI 2014 – 11HCAFÉ MUSIQUE

Henri DutilleuxAinsi la nuit

Par Arnaud Merlin

DIMANCHE 25 MAI 2014 – 16H30

Henri DutilleuxMystère de l’instant Ainsi la nuitJohannes BrahmsSymphonie n° 1

Les Dissonances Quatuor Les DissonancesDavid Grimal, direction, violon Hans Peter Hofmann, violon David Gaillard, altoXavier Phillips, violoncelle

LUNDI 26 MAI 2014 – 20H

Henri DutilleuxMuss es sein? (création française) Ludwig van BeethovenSymphonie n° 5Henri DutilleuxMétabolesTout un monde lointain... Paul DukasL’Apprenti sorcier

Les Siècles François-Xavier Roth, direction Gautier Capuçon, violoncelle

MARDI 27 MAI 2014– 20H

Henri DutilleuxSlava’s FanfareHector BerliozBéatrice et Bénédict (Ouverture)

Les Nuits d’étéHector BerliozSymphonie fantastique

La Chambre PhilharmoniqueÉlèves du Conservatoire de ParisEmmanuel Krivine, direction Michèle Losier, mezzo-soprano

Page 4: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine
Page 5: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

55

MARDI 27 MAI 2014 – 20HSalle des concerts

Henri DutilleuxSlava’s Fanfare *

Hector BerliozBéatrice et Bénédict (Ouverture)Les Nuits d’été

entracte

Hector BerliozSymphonie fantastique

La Chambre Philharmonique Élèves du Conservatoire de Paris * Emmanuel Krivine, direction Michèle Losier, mezzo-soprano

Coproduction Cité de la musique, La Chambre Philharmonique et Conservatoire de Paris.

Fin du concert vers 22h20.

Page 6: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

6

Henri Dutilleux (1916-2013)Slava’s Fanfare

Composition : 1997.

Création : 27 mars 1997, Théâtre des Champs-Élysées, par les solistes de l’Orchestre National de France sous la direction

de Seiji Ozawa, pour les 70 ans de Mstislav Rostropovitch ; repris le 27 mars 2002 à Londres par le London Symphony

Orchestra sous la direction de Seiji Ozawa pour les 75 ans de Mstislav Rostropovitch.

Effectif : 3 piccolos, 4 trompettes, 4 trombones et percussion.

Durée : environ 2 minutes.

Cette brève Fanfare en hommage à Rostropovitch pour ses soixante-dix ans (Slava étant le diminutif de Mstislav) s’inscrivait dans un programme particulièrement festif, réjouissant et roboratif. Pas moins de trois parties structuraient le concert. Si les solistes de l’Orchestre National de France ont fait résonner les notes de cette fanfare au Théâtre des Champs-Élysées, en ouverture de la première partie, bien d’autres musiciens étaient présents, si nombreux qu’on ne peut tous les nommer (les membres du London Symphony Orchestra, ceux de l’Orchestre de Paris, le chœur des London Sinfonietta Voices, plusieurs chefs d’orchestre invités dont Seiji Ozawa et Semyon Bychkov laissant la baguette également à Yehudi Menuhin et Krzysztof Penderecki, maints solistes, instrumentistes ou chanteurs, et dans des œuvres et extraits d’œuvres en lien avec la carrière polymorphe de Mstislav Rostropovitch, de Haydn à Penderecki en passant par Mozart, Beethoven, Saint-Saëns, Prokofiev, Chostakovitch, Britten, Lutosławski, Bernstein, Chedrine…). L’année 1997 allait voir la création de The Shadows of Time le 10 octobre à Boston, et les retrouvailles de Henri Dutilleux avec Seiji Ozawa.

La Fanfare pour petit ensemble instrumental joue des effets de spatialisation. Elle s’ouvre par les sonorités de cuivres, en imitations, les troisième et quatrième trompettes (« éloignées ») énonçant, comme en écho, un mélisme imbriquant deux dessins pentatoniques avec extensions mélodiques. Ces motifs liminaires, dont on peut souligner les parentés stylistiques avec l’écriture en cuivres divisés de The Shadows of Time, deviennent des cellules étagées en notes répétées, se perdant progressivement. Le discours de la fanfare s’oriente vers un passage aux harmonies modales ascendantes (la partition indique d’« improviser » sur des échelles diatoniques). La première trompette, avec sourdine, cite alors dans l’aigu, comme une réminiscence aérienne, le thème principal du premier mouvement du Concerto pour violoncelle de Dvořák, à la manière d’un fragment venu du « lointain ». Cette allusion fugitive à l’un des célèbres concertos qui ont fait la notoriété de Rostropovitch est suivie de la coda fondée sur les rythmes dynamiques des trois petites flûtes et des trombones.

Maxime Joos

Page 7: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

7

Hector Berlioz (1803-1869)Béatrice et Bénédict (Ouverture)

Composition : 1860-1962 ; opéra achevé le 25 février 1862.

Création : le 9 août 1862 au Théâtre de Baden-Baden.

Durée : environ 8 minutes.

Dans Much ado about nothing (Beaucoup de bruit pour rien), Shakespeare met en scène Béatrice et Bénédict qui croient se détester, qui ne cessent de s’envoyer des railleries jusqu’à ce que, cernés par une amicale conspiration, ils s’avouent leur amour et se marient. Féru du grand dramaturge anglais, Hector Berlioz ne réalise que sur le tard un rêve de jeunesse caressé depuis 1833 sur cette pièce, et achève enfin l’opéra-comique en deux actes qui est sa dernière œuvre importante ; la création allemande remporte un vif succès (Berlioz a généralement été plus apprécié à l’étranger qu’en France).

L’ouverture, qui suit un plan de sonate plutôt libre, se présente surtout comme un alerte mélimélo ; elle annonce les thèmes de l’ouvrage, mais sans choisir forcément les plus importants d’entre eux. Ainsi l’allegretto scherzando initial, tout en motifs fragmentaires et en fugitives pirouettes, ne correspond-il qu’au bref duettino figurant à la fin de l’opéra : c’est pourtant ce thème qui envahit tout le morceau. Il encadre le développement, il est prolongé dans la réexposition, il se transfigure dans la coda où toutes les idées sont amalgamées. Quelques tutti, bien berlioziens, superposent fanfares de cuivres et tourbillons de cordes. Aux côtés de ce mouvement perpétuel, l’amour s’exprime dans un langoureux deuxième thème de clarinette, qui sera chanté par Béatrice au deuxième acte ; une descente chromatique le suit, pleine d’interrogation et d’abandon. Pourtant, cette idée secondaire n’est reprise ultérieurement que dans le tempo bien plus allant de la comédie et du marivaudage. Cette ouverture, injustement délaissée au concert, est une des plus originales de Berlioz.

Page 8: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

8

Les Nuits d’été, six mélodies pour mezzo-soprano et orchestre op. 7

Villanelle

Le Spectre de la rose

Sur les lagunes

Absence

Au cimetière

L’Île inconnue

Composition : vers 1841 pour la version piano, orchestration en 1856 (1843 pour Absence). Dédicace : à la compositrice

Louise Bertin.

Création inconnue, peu d’exécutions avant 1960.

Effectif : 2 flûtes, un hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 3 cors – harpe, cordes – mezzo-soprano solo.

Durée : environ 30 minutes.

Les six poèmes de ce cycle sont extraits d’un recueil de Théophile Gautier, La Comédie de la mort (1838) : le poète pleurait alors la disparition de sa bien-aimée Cydalise, âgée de 23 ans, d’où le ton poignant des chants centraux, Sur les lagunes, Absence et Au cimetière ; mêlés à d’autres textes, gais ou oniriques, ces poèmes ont ouvert au compositeur une grande variété d’expression. Le raffinement artistique de Gautier ne pouvait que s’harmoniser avec l’orfèvrerie instrumentale de Berlioz, qui se montre ici pionnier de la mélodie avec orchestre.

La Villanelle, ou chanson pastorale, chante la promenade d’un jeune couple heureux au printemps ; l’arrière-plan de notes piquées scintille comme la rosée, les trois strophes identiques se suivent avec un entrain léger. Berlioz souligne les rejets humoristiques du poète, sur deux syllabes pimpantes :

Nous irons écouter les merlesSiffler.

Ce chant, conçu dans l’esprit d’une chanson populaire, mais avec des tournures inattendues, est le seul des six où la couleur des bois prédomine ; les cinq autres sont davantage enrobés de cordes.

Le Spectre de la rose déploie une lente magie : forme assez libre, écriture bercée à la tonalité fluctuante, orchestration d’une rare finesse. Le spectre qui visite si subtilement la jeune fille adopte une voix incantatoire, envoûtante ; puis, sur les paroles : Toutes les nuits mon spectre rose… il valse, sur des pizzicati et des pointes de flûtes et de clarinettes, tel un lointain souvenir de la Fantastique et de son second mouvement : Un bal. Ce léger parfum est mon âme fait l’objet d’une envolée lyrique à l’envergure aussi inattendue que majestueuse. En contraste, l’épitaphe Ci-gît une rose est d’une totale simplicité, dans un mince alliage de voix et de clarinette. L’argument a donné lieu à un ballet de Fokine, mais sur L’Invitation à la valse de Weber, orchestrée par Berlioz.

Sur les lagunes, sous-titré Lamento, est une lugubre barcarolle, accompagnée par un remous sourdement douloureux ; il va se soi que « les lagunes », ainsi que le refrain : Ah, sans amour s’en aller sur la mer ! renvoient symboliquement à l’eau noire du deuil. Dans cette pénombre sonore, la voix se profile avec une tragique clarté, et s’enthousiasme parfois de façon désespérée en

Page 9: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

9

évoquant le souvenir. Des harmonies saisissantes assombrissent certains mots, déjà macabres en eux-mêmes. La pièce se termine dans un éloignement de trémolos et reste confrontée au vide.

Par sa structure très régulière, Absence est proche d’une romance. L’invocation de la première strophe, Reviens, reviens, ma bien-aimée, sert de refrain, à l’effet accentué par les arrêts sur des points d’orgue. Les couplets, qui considèrent la distance, l’obstacle entre les amoureux, ressemblent à des récitatifs accablés sur un accompagnement ténu, dont les tonalités se succèdent de façon curieuse.

Le texte d’Au cimetière est d’un romantisme argenté et lunaire, atmosphère qui fascinait Gautier, lequel créa notamment l’argument du ballet Giselle. Son poème s’apparente aux ballades légendaires par son alternance de vers longs et courts :

Passe dans un rayon tremblantEn voile blanc

(Passage qui est entouré de violons et altos en harmoniques, spectraux et délicieux).La soliste attaque dans un aigu difficile, pour donner la sensation d’apesanteur ; les accords tendent à flotter librement. La mélodie se présente en intervalles serrés ; sur On dirait que l’âme éveillée, elle descend en lentes psalmodies, rappelant l’apparition d’Hector dans Les Troyens, et s’accompagne d’émouvants sanglots sur des secondes descendantes. L’envol Sur les ailes de la musique n’en est que plus radieux.

L’Île inconnue commence par un large prélude où les bois et les cors soufflent à pleins poumons l’air du large. De forme rondo, ce chant enjoué, à la fois invitation au voyage et séduction, presse une « belle », sur une ligne vocale déployée comme une voile, de choisir son dépaysement. Le boniment un peu haletant du jeune homme, son catalogue touristique de faramineuses destinations, joue sur les insistances rythmiques, les syncopes. La belle ne s’en laisse pas conter et demande le pays « où l’on aime toujours » : là, l’orchestre rit d’une telle naïveté, les bois gloussent, mais le morceau s’achève sur l’heureuse sensation d’espace qui l’a commencé : Où voulez-vous aller ?

Isabelle Werck

Page 10: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

10

Symphonie fantastique op. 14

Rêveries – Passions. Largo – Allegro agitato e appassionato assai

Un bal. Valse, Allegro non troppo

Scène aux champs. Adagio

Marche au supplice. Allegretto non troppo

Songe d’une nuit de Sabbat – Dies Irae – Ronde du Sabbat. Larghetto - Allegro

Composition : 1830.

Création : le 5 décembre 1830 au Conservatoire de Paris, sous la direction de François-Antoine Habeneck.

Durée : environ 55 minutes.

La Symphonie fantastique, exactement contemporaine de la bataille d’Hernani, ouvre le champ au romantisme musical ; pour une première symphonie, elle est aussi magistralement réussie que suprêmement originale, un but que Berlioz a atteint presque sans le vouloir par son désir d’expression ; en effet, il est amoureux à en faire éclater son orchestre. Son mélodrame, il l’a publié à la veille de la création dans Le Figaro sous un simple titre : Programme. Et le terme « musique à programme » (qui raconte un argument) vient de là ; Liszt sera le premier à en apprécier les ressources. Un peu avant 1830, Berlioz fait des découvertes culturelles qui le bouleversent : Beethoven, Weber et Shakespeare. C’est une troupe anglaise qui lui révèle ce dernier, et le musicien s’enflamme immédiatement pour la jeune actrice Harriet Smithson. Quelque temps après, il réussira à épouser cette Ophélie et il sera très déçu de ne pas retrouver l’esprit de Shakespeare à ses côtés.

La symphonie transpose cet amour dans une version mi-autobiographique, mi-fantasmée, l’histoire « d’un jeune musicien » en délire. L’obsession de la bien-aimée apparaît sous la forme d’un thème cyclique, présent dans les cinq mouvements et surnommé « l’idée fixe » : c’est une mélodie insistante et flottante, difficile à jouer avec précision. Schumann, musicien très littéraire, sera vivement admiratif de ces « libres sinuosités » qui semblent épouser aussi bien les aléas d’une pensée qu’un flux de paroles.

Sur un horizon très berliozien de notes piquées, une introduction lente esquisse quelques mélodies indécises et prémonitoires : rarement le vague à l’âme, le « vague des passions » comme on le nommait alors, aura été si bien traduit en musique. L’allegro commence avec l’énoncé de « l’idée fixe » elle-même, fiévreuse et passionnée, qui est l’unique thème du mouvement. Le développement impose un surcroît d’impatience et d’exaltation ; mieux que tout commentaire, les Mémoires de Berlioz racontent non sans humour cet échauffement pittoresque du cœur et du cerveau. En contraste total, la coda évoque les « consolations religieuses » : sur des harmonies larges, elle élève idéalement le thème de « l’idée fixe » dans les nues.

Le deuxième mouvement tient lieu de scherzo et introduit la valse, danse alors récente, dans le répertoire symphonique. Rappelons par ailleurs que L’Invitation à la valse de Weber sera brillamment orchestrée par Berlioz en 1841. Dans l’introduction, les deux harpes – instruments

Page 11: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

11

nouveaux dans une symphonie – esquissent une succession de chaleureux élans, d’une rare magie. Puis le tempo de valse se déclenche, et quatre idées mélodiques reviennent à tour de rôle dans une orchestration variée, luisante et mousseuse comme un vol de crinolines. En guise de trio, « l’idée fixe » confiée à des bois soli revient clouer sur place le narrateur halluciné à la vue de l’adorée ; le mouvement de valse continue à l’arrière-plan comme une danse d’ombres qu’il perçoit à peine. La coda est remarquable par ses accélérations, ses fantaisies rythmiques, son vertige du bal… que vient encore paralyser, à la clarinette, « l’idée fixe ».

L’adagio de la Scène aux champs se souvient certainement des longues errances de Berlioz dans les campagnes autour de Paris, obnubilé par l’image de la belle Harriet. Le morceau commence par un célèbre paysage sonore, aussi dénudé que novateur : le cor anglais appelle, avec nostalgie, et le hautbois lui répond derrière la scène. Ce duo expressif, que vient rejoindre une montée d’angoisse aux cordes, est le seul passage véritablement champêtre du mouvement. Celui-ci comporte une série de variations sur un thème flou et lyrique, éventuellement orageux, et évidemment troué, comme un ciel pommelé, par deux retours de « l’idée fixe ». La noblesse et l’intériorité du ton reconnaissent l’influence de Beethoven, que Berlioz est un des rares esprits à savoir apprécier en France en ce temps-là. La pièce se termine sur un retour du cor anglais, seul, privé de son compagnon le hautbois, et que cerne un tonnerre approchant aux timbales.

Le quatrième mouvement rentre dans le fantas(ma)tique proprement dit : le jeune amoureux s’imagine qu’il a tué sa bien-aimée et qu’il monte à l’échafaud. Ce volet, qui a été bissé lors de la création, est d’un fatalisme grandiose. Sur les timbales qui avancent comme une machine de guerre, une gamme descendante est présentée sous cinq variantes. Puis éclate une fanfare martelée, au tapage plutôt triomphal. Après un frénétique développement, « l’idée fixe » s’interpose à la clarinette comme une céleste vision ; mais le tutti, véritable couperet, l’abrège.

Le dernier mouvement est un cauchemar goyesque : « Il [le héros] se voit au sabbat, au milieu d’une troupe affreuse d’ombres, de sorciers, de monstres de toute espèce, réunis pour ses funérailles… » L’introduction nous plonge parmi des motifs incohérents et hostiles, miasmes de cordes divisées et en sourdine, cris de chouette aux flûtes… c’est du Moussorgski avant l’heure : les Russes auront pour Berlioz une admiration extrême. Puis la mélodie tant aimée ouvre l’orgie sous une apparence nouvelle et caricaturale, elle sautille à la triviale petite clarinette en mi bémol (autre nouveauté à l’orchestre symphonique). Deux cloches sonnent, dans le vide effrayé du ciel ; au temps de Berlioz, les cloches tubulaires d’orchestre n’existaient pas et il fallait quérir de vraies cloches d’église. Le Dies iræ, vieil épouvantail grégorien de la fin du monde, s’annonce à plusieurs vitesses et à plusieurs étages du grave à l’aigu, de la solennité terrible au saltarello pointu et moqueur. Une fugue se déclenche, version infernale de toutes les fugues qui dans la musique sacrée célèbrent l’ordre cosmique : à trois reprises elle vient satisfaire sa subversion des valeurs, la troisième fois dans un chromatisme perfide. Tous ces éléments se juxtaposent avec une riche imagination qui préfigure ce que l’on appellera bientôt « la musique de l’avenir », celle de Liszt et de Wagner. La fin amalgame le Dies iræ et le sujet de fugue dans un retentissant pandémonium : une nouvelle musique est née.

Isabelle Werck

Page 12: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine
Page 13: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

13

Le Spectre de la rose

Soulève ta paupière closeQu’effleure un songe virginal !Je suis le spectre d’une rose,Que tu portais hier au bal.Tu me pris encore emperlée Des pleurs d’argent de l’arrosoir, Et, parmi la fête étoilée, Tu me promenas tout le soir.

Ô toi, qui de ma mort fus cause,Sans que tu puisses le chasser, Toutes les nuits mon spectre rose À ton chevet viendra danser ; Mais ne crains rien, je ne réclame Ni messe ni De Profundis. Ce léger parfum est mon âme, Et j’arrive, j’arrive du paradis.

Mon destin fut digne d’envie, Et pour avoir un sort si beau Plus d’un aurait donné sa vie ; Car sur ton sein j’ai mon tombeau, Et sur l’albâtre où je repose Un poète avec un baiser Écrivit : « Ci-gît une rose, Que tous les rois vont jalouser. »

Hector BerliozLes Nuits d’étéTextes de Théophile Gautier

Villanelle

Quand viendra la saison nouvelle,Quand auront disparu les froids,Tous les deux nous irons, ma belle,Pour cueillir le muguet aux bois ;Sous nos pieds égrenant les perlesQue l’on voit au matin trembler,Nous irons écouter les merlesSiffler.

Le printemps est venu, ma belle,C’est le mois des amants béni ;Et l’oiseau satinant son aile,Dit ses vers au rebord du nid ;Oh ! Viens donc sur ce banc de moussePour parler de nos beaux amours,Et dis-moi de ta voix si douce :Toujours !

Loin, bien loin, égarant nos courses,Faisant fuir le lapin cachéEt le daim au miroir des sourcesAdmirant son grand bois penché ;Puis chez nous, tout heureux, tout aises,En paniers, enlaçant nos doigts,Revenons, rapportant des fraises,Des bois.

Page 14: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

14

L ’Absence

Reviens, reviens, ma bien-aimée ! Comme une fleur loin du soleil, La fleur de ma vie est fermée Loin de ton sourire vermeil.

Entre nos cœurs quelle distance ! Tant d’espace entre nos baisers ! Ô sort amer ! Ô dure absence ! Ô grands désirs inapaisés !

Reviens, reviens, ma bien-aimée ! Comme une fleur loin du soleil, La fleur de ma vie est fermée Loin de ton sourire vermeil.

D’ici là-bas que de campagnes,Que de villes et de hameaux, Que de vallons et de montagnes, À lasser le pied des chevaux !

Reviens, reviens, ma bien-aimée ! Comme une fleur loin du soleil, La fleur de ma vie est fermée Loin de ton sourire vermeil.

Sur les lagunes

Ma belle amie est morte.Je pleurerai toujours ; Sous la tombe elle emporte Mon âme et mes amours. Dans le ciel, sans m’attendre Elle s’en retourna ; L’ange qui l’emmena Ne voulut pas me prendre.Que mon sort est amer ! Ah ! Sans amour s’en aller sur la mer !

La blanche créature Est couchée au cercueil ; Comme dans la nature Tout me paraît en deuil ! La colombe oubliée Pleure et songe à l’absent ; Mon âme pleure et sent Qu’elle est dépareillée.Que mon sort est amer ! Ah ! Sans amour s’en aller sur la mer !

Sur moi la nuit immense S’étend comme un linceul,Je chante ma romance Que le ciel entend seul. Ah ! Comme elle était belle,Et comme je l’aimais ! Je n’aimerai jamais Une femme autant qu’elle. Que mon sort est amer ! Ah ! Sans amour s’en aller sur la mer !

Page 15: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

15

L’Île inconnue

Dites, la jeune belle,Où voulez-vous aller ? La voile enfle son aile, La brise va souffler.

L’aviron est d’ivoire, Le pavillon de moire, Le gouvernail d’or fin ; J’ai pour lest une orange, Pour voile une aile d’ange, Pour mousse un séraphin.

Dites, la jeune belle,Où voulez-vous aller ? La voile enfle son aile, La brise va souffler.

Est-ce dans la Baltique ? Dans la mer Pacifique ? Dans l’île de Java ? Ou bien est-ce en Norvège, Cueillir la fleur de neige, Ou la fleur d’Angsoka ?

Dites, la jeune belle, Où voulez-vous aller ?

Menez-moi, dit la belle, À la rive fidèle Où l’on aime toujours ! Cette rive, ma chère, On ne la connaît guère, Au pays des amours.

Où voulez-vous aller ? La brise va souffler.

Au cimetière (Clair de lune)

Connaissez-vous la blanche tombe,Où flotte avec un son plaintif L’ombre d’un if ?Sur l’if une pale colombeTriste et seule au soleil couchant, Chante son chant :

Un air maladivement tendre, À la fois charmant et fatal, Qui vous fait mal Et qu’on voudrait toujours entendre ; Un air comme en soupire aux cieux L’ange amoureux.

On dirait que l’âme éveillée Pleure sous terre à l’unisson De la chanson, Et du malheur d’être oubliée Se plaint dans un roucoulement Bien doucement.

Sur les ailes de la musiqueOn sent lentement revenir Un souvenir.Une ombre, une forme angélique, Passe dans un rayon tremblant, En voile blanc.

Les belles de nuit demi-closesJettent leur parfum faible et doux Autour de vous, Et le fantôme aux molles poses Murmure en vous tendant les bras : Tu reviendras !

Oh ! Jamais plus, près de la tombe, Je n’irai, quand descend le soir Au manteau noir,Écouter la pale colombe Chanter sur la pointe de l’if Son chant plaintif.

Page 16: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

16

Henri Dutilleux

Henri Dutilleux naît le 22 janvier

1916 à Angers dans une famille

pour le moins artistique : son aïeul

Constant Dutilleux était peintre, ami

de Delacroix et Corot, tandis que son

grand-père paternel, Julien Koszul,

était compositeur et fréquentait Fauré

et Roussel. Dutilleux grandit à Douai,

et c’est au conservatoire municipal

qu’il commence ses études musicales

(piano, harmonie et contrepoint),

auprès de Victor Gallois. En 1933,

Dutilleux intègre le Conservatoire de

Paris. Il se perfectionne au contrepoint

et à la fugue auprès de Noël Gallon,

et étudie la direction dans la classe de

Philippe Gaubert, la composition dans

celle d’Henri Busser et l’histoire de

la musique avec Maurice Emmanuel.

S’il tente deux fois le Grand Prix de

Rome avant de l’obtenir en 1938 avec

la cantate L’Anneau du Roi, Dutilleux

n’est que trop conscient des limites de

la formation académique qu’il a suivie.

Il s’intéresse à l’approche analytique

de la composition de Vincent

d’Indy, et s’imprègne des œuvres de

Stravinski, de Bartók et, plus tard, de

la Seconde École de Vienne. Il gardera

néanmoins fermement ses distances

vis-à-vis de tout dogmatisme

esthétique. Les années de guerre

voient les premières créations de

ses œuvres – comme les Quatre

Mélodies pour chant et piano (1943),

la Sonatine pour flûte (1943) ou Geôle

pour voix et orchestre (1944) sur un

poème du résistant Jean Cassou –

mais c’est sa Sonate pour piano (1946-

1948) que Dutilleux considère comme

son véritable opus 1. Écrite pour la

pianiste Geneviève Joy, devenue

sa femme en 1946, cette partition

très classique dans ses formes, et

d’une veine mélodique généreuse

et raffinée, s’inscrit dans la droite

ligne de la musique impressionniste

française. Continuateur d’un Debussy

ou d’un Ravel, Dutilleux poursuit la

métamorphose de la tonalité que

ses aînés ont esquissée, vers une

forme de polarité atonale. Lente,

minutieuse et colorée, son écriture

évite toute table rase tout en se

plaçant clairement à l’avant-garde.

Le compositeur reconnaît par

exemple l’influence de l’œuvre de

Proust dans sa manière d’aborder

le développement du matériau

thématique. Si son œuvre de

chambre ne manque pas d’attraits

(à commencer par le superbe Ainsi

la nuit pour quatuor à cordes –

1977), c’est surtout pour son génie

symphonique que l’on connaît

Dutilleux. Outre ses deux symphonies

(1951 et 1959), citons les célèbres

Métaboles (1965), Timbres, Espace,

Mouvement (1977-1978), Mystères

de l’instant (1986-1989) ou les cinq

épisodes de Shadows of Time (1995-

1997). Dutilleux entretient des

relations privilégiées avec certains

interprètes : avec son épouse, bien

sûr, mais aussi avec le violoncelliste

Mstislav Rostropovitch, pour lequel il

compose le concerto pour violoncelle

Tout un monde lointain… (1965-1970)

et Trois Strophes sur le nom de Sacher

pour violoncelle seul – donnant

ainsi à l’instrument deux de ses plus

grands chefs-d’œuvre du XXe siècle.

Il écrit Sur un même accord (2002)

pour la violoniste Anne-Sophie

Mutter et Correspondances (2003)

pour la soprano Dawn Upshaw.

Pédagogue recherché, à l’École

Normale de Musique d’abord, puis

au Conservatoire de Paris et dans le

cadre de diverses académies, Henri

Dutilleux atteint à la fin de sa vie le

statut de classique. Cela ne l’empêche

pas de continuer à composer

avec une égale rigueur, jusqu’à sa

disparition le 22 mai 2013 à Paris.

Michèle Losier

La saison 2013/2014 de Michèle

Losier s’est ouverte au Théâtre Royal

de la Monnaie à Bruxelles où elle

interprétait Sesto dans La Clemenza

di Tito de Mozart, rôle qu’elle a repris

au printemps à la Wiener Staatsoper.

Elle a également chanté en concert

avec Louis Langrée à Cincinnati puis

incarné Le Prince Charmant dans

Cendrillon de Massenet au Gran

Teatro del Liceu à Barcelone, avant

d’entreprendre une tournée en France

avec l’ensemble Pygmalion dans une

production de Castor et Pollux de

Rameau. Elle s’est également produite

au Théâtre des Champs-Élysées et a

fait ses débuts au Nederlandse Opera

à Amsterdam. Ces dernières saisons,

on a pu l’entendre notamment dans

les rôles de Médée (Charpentier) au

Théâtre des Champs-Élysées et à

l’Opéra de Lille, du Prince Charmant

(Cendrillon) à l’Opéra-Comique de

Paris, de Nicklausse et de La Muse

(Les Contes d’Hoffmann) en concert à

la Salle Pleyel à Paris ainsi qu’au Teatro

del Liceu, de Dorabella (Così fan tutte)

au Théâtre des Champs-Élysées, au

Royal Opera House de Londres et au

Festival de Salzbourg… Lauréate des

Auditions du Metropolitan Opera en

Page 17: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

17

2005, Michèle Losier a fait ses débuts

dans la prestigieuse maison d’opéra

new-yorkaise en 2007 dans Iphigénie

en Tauride, où elle a chanté Diane

sous la direction de Louis Langrée.

Suite à son succès au Concours

International Reine Élisabeth de

Belgique en 2008, elle a effectué une

tournée de récitals à travers l’Europe

et a enregistré les mélodies de Duparc

avec le pianiste Daniel Blumenthal.

Au concert, elle se distingue dans les

œuvres sacrées de Rossini, Vivaldi,

Haendel, Dvořák et Bach, et donne

des récitals dans un répertoire allant

de la musique ancienne aux créations

contemporaines. Depuis ses débuts

en 2002 à l’Opéra d’Avignon dans le

rôle de Dorabella, elle a travaillé avec

de nombreux chefs prestigieux tels

que Louis Langrée, Patrick Fourmilier,

Emmanuel Plasson… Diplômée de

l’Université McGill, Michèle Losier

a été membre du Merola Opera

Program à San Francisco, de l’Atelier

Lyrique de l’Opéra de Montréal et du

Studio d’Opéra de la Juilliard School à

New York. Elle a reçu de nombreuses

bourses et subventions, notamment

de la Fondation Jacqueline Desmarais,

du Conseil des Arts et des Lettres

du Québec, du Conseil des Arts du

Canada, de la Guilde des musiciens

de Montréal ainsi que de la Fondation

Sylva-Gelber. Elle a remporté le

premier prix au Concours des

Journées de la Musique française

en 2000, le premier prix en chant au

Concours de Musique du Canada en

2001 et a été finaliste au Concours

des Jeunes Ambassadeurs Lyriques

du Canada pendant plusieurs années.

En 2004, on lui a décerné le premier

prix en mélodie française et le

troisième prix en opéra au Concours

International de Chant de Marmande

en France, ainsi que le deuxième prix

au Concours de l’OSM Standard Life

au Canada.

Emmanuel Krivine

D’origine russe par son père et

polonaise par sa mère, Emmanuel

Krivine commence très jeune une

carrière de violoniste. Après s’être

formé au Conservatoire de Paris et à

la Chapelle Musicale Reine Élisabeth,

il étudie avec Henryk Szeryng et

Yehudi Menuhin, puis s’impose

dans les concours internationaux.

Passionné depuis toujours par

l’orgue et la musique symphonique,

Emmanuel Krivine, après une

rencontre décisive avec Karl Bohm

en 1965, se consacre peu à peu à

la direction d’orchestre : il est chef

invité permanent à Radio France de

1976 à 1983 et directeur musical de

l’Orchestre National de Lyon de 1987

à 2000. Depuis 2004, Emmanuel

Krivine est le chef principal de La

Chambre Philharmonique, ensemble

sur instruments d’époque avec lequel

il réalise de nombreux programmes,

en concert comme au disque,

dont une intégrale très remarquée

des symphonies de Beethoven («

Editor’s Choice » de Gramophone).

Depuis 2006, Emmanuel Krivine

est directeur musical de l’Orchestre

Philharmonique du Luxembourg.

En tournée ou à la Philharmonie de

Luxembourg, résidence de l’orchestre,

il met en place des projets très

variés, en collaboration avec les

plus grands solistes. Parallèlement à

ces deux maisons, il est l’invité des

meilleurs orchestres internationaux.

Emmanuel Krivine, très attaché à la

transmission, dirige régulièrement

des orchestres de jeunes musiciens.

Parmi ses enregistrements récents

avec l’Orchestre Philharmonique du

Luxembourg figurent chez Timpani

un disque consacré à Vincent

d’Indy (Poème des rivages, Diptyque

méditerranéen) et deux disques

consacrés à la musique pour orchestre

de Claude Debussy, ainsi que, chez

Zig-Zag Territoires/Outhere, un disque

Ravel (Shéhérazade, Boléro, La Valse)

et un enregistrement Moussorgski

(Tableaux d’une exposition) et Rimski-

Korsakov (Shéhérazade). Avec La

Chambre Philharmonique, il a publié

chez Naïve des disques consacrés

à Felix Mendelssohn (Symphonies

« Italienne » et « Réformation »),

Antonín Dvořák (Symphonie « Du

Nouveau Monde »), Robert Schumann

(Konzertstück op. 86) et Ludwig

van Beethoven (intégrale des

symphonies).

La Chambre Philharmonique

Orchestre sur instruments d’époque

Née sous l’égide d’Emmanuel Krivine,

La Chambre Philharmonique se

veut l’avènement d’une utopie.

Cet orchestre d’un genre nouveau,

constitué de musiciens issus des

meilleures formations européennes

animés d’un même désir musical,

fait du plaisir et de la découverte le

cœur d’une nouvelle aventure en

musique. Doté d’une architecture

inédite (instrumentistes et chef se

côtoient avec les mêmes statuts,

le recrutement par cooptation

Page 18: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

18

privilégie les affinités) et d’un

fonctionnement autour de projets

spécifiques et ponctuels, il est aussi

un lieu de recherches et d’échanges,

retrouvant instruments et techniques

historiques appropriés à chaque

répertoire. Depuis ses débuts en

2004, La Chambre Philharmonique

a connu un engouement partout

renouvelé (Cité de la musique,

MC2 de Grenoble, Alte Oper de

Francfort, Philharmonie d’Essen,

Philharmonie du Luxembourg, Palau

de la Música Catalana de Barcelone,

Arsenal de Metz, théâtres d’Orléans

et Caen, festivals de Montreux, du

Schleswig-Holstein, de La Chaise-

Dieu, de la Côte-Saint-André,

Bonn Beethovenfest, Festival de la

Rheingau, etc.), notamment aux

côtés de Viktoria Mullova, Andreas

Staier, Emanuel Ax, Ronald Brautigam,

Alexander Janiczek, Stéphanie-Marie

Degand, David Guerrier, Renaud

Capuçon, Jean-Guihen Queyras ou

Robert Levin. Elle s’ouvre à la musique

d’aujourd’hui en créant des œuvres

des compositeurs Bruno Mantovani

en 2005 (commande de La Chambre

Philharmonique) et Yan Maresz en

2006 (commande de Mécénat Musical

Société Générale). L’orchestre a fait

ses débuts à l’opéra à l’occasion d’une

production de l’Opéra-Comique de

Béatrice et Bénédict, avec le chœur de

chambre Les Éléments, dans une mise

en scène de Dan Jemmet. Il a débuté

sa collaboration avec Naïve avec la

Messe en ut mineur de Mozart, parue

en 2005. Le premier enregistrement

sur instruments d’époque de la

Symphonie « Du Nouveau Monde » de

Dvořák, couplée avec le Konzertstück

pour 4 cors et orchestre de

Schumann avec David Guerrier, a été

récompensé par un Classique d’or

RTL à sa sortie en 2008. La deuxième

parution discographique, consacrée

à Mendelssohn en 2007, ainsi que la

dernière consacrée à la Symphonie

n° 9 de Beethoven avec le chœur

de chambre Les Éléments ont été

distinguées par la critique. Par ailleurs,

la captation de la Symphonie en ré de

Franck et du Requiem de Fauré à la

Bibliothèque Nationale de France a

donné lieu à la télédiffusion de deux

émissions Maestro sur Arte. L’intégrale

des symphonies de Beethoven,

donnée dans trois lieux partenaires

(Cité de la musique de Paris, MC2

de Grenoble et Théâtre de Caen) et

enregistrée pour Naïve, définit un

moment identitaire fondamental

du projet artistique de l’orchestre.

À ce titre, ce projet reçoit le soutien

exceptionnel de Mécénat Musical

Société Générale qui a permis la

parution discographique du cycle

complet en mars 2011. Le coffret a été

salué par la critique internationale.

La Chambre Philharmonique est

subventionnée par le ministère de la

Culture et de la Communication. Elle

est accueillie en résidence dans la

Communauté d’agglomération Porte

de l’Isère, avec le soutien du Conseil

général de l’Isère. Mécénat Musical

Société Générale est le mécène principal

de La Chambre Philharmonique.

Violons I

Armelle Cuny

Lazslo Paulik

Christophe Robert

Rachel Rowntree

Albrecht Kuehner

Martin Reimann

Catherine Plattner

Françoise Duffaud

Violons II

Meike Augustin-Pichollet

Karine Gillette

Sabine Cormier

Zefira Valova

John Wilson Meyer

Joseph Tan

Evan Few

Béatrice Scaldini

Altos

François Baldassare

Lucia Peralta

Ingrid Lormand

Sophie Cerf

Martine Schnorhk

Serge Raban

Violoncelles

Frédéric Audibert

Emmanuel Girard

Alix Verzier

Valérie Dulac

Séverine Ballon

Thomas Luks

Contrebasses

David Sinclair

Michael Neuhaus

Axel Bouchaux

Christopher Scotney

Page 19: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

19

Flûtes

Alexis Kossenko

Georges Barthel

Hautbois

Jean-Philippe Thiébaut

Taka Kitazato

Clarinettes

Frank Van Den Brink

Vincenzo Casale

Bassons

David Douçot

Laurent Lechenadec

Frédéric Bouteille

Thomas Quinquenel

Cors

Guillaume Tétu

Emmanuel Padieu

Bernard Schirrer

Pierre Turpin

Trompettes

Jean Bollinger

Philippe Genestier

Cédric Dreger

Jean-Charles Denis

Trombones

Julien Dugers

Yvelise Girard

Cédric Vinatier

Ophicléides

Patrick Wibart

Corentin Morvan

Timbales

Aline Potin-Guirao

Emmanuel Curt

Percussions

François-Marie Juskowiak

Andrei Karassenko

Matthieu Chardon

Harpes

Fabrice Pierre

Sophia Steckeler

Camille Roux

Aurélie Bouchard

Page 20: Mardi 27 mai 2014 La Chambre Philharmonique | Emmanuel Krivine

Impr

imeu

r BA

F | L

icen

ces

no 104

1550

-104

1546

-104

1547

Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice en chef adjointe : Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Elza Gibus | Stagiaire : Isabelle Couillens

Et aussi…

> CONCERTS

MARDI 23 SEPTEMBRE 2014, 20H

Maja Solveig Kjelstrup RatkjeConcerto for Voice (moods IIIb)Nina SenkŒuvre nouvelle pour alto et ensemble – créationGustav Mahler / Glen CorteseDas Lied von der Erde

Ensemble intercontemporainMatthias Pintscher, directionMaja Ratkje, voix amplifiéeLilli Paasikivi, mezzo-sopranoSteve Davislim, ténorOdile Auboin, alto

MERCREDI 8 OCTOBRE 2014, 20H

Ludwig van BeethovenLeonore III (Ouverture)Michel TabachnikLe livre de Job – créationRobert SchumannConcerto pour pianoArnold SchönbergUn survivant de Varsovie

Brussels PhilharmonicLes Cris de ParisChœur de l’Armée françaiseMichel Tabachnik, directionIvo Pogorelich, pianoGeoffroy Jourdain, chef de chœurAurore Tillac, chef de chœur

> MÉDIATHÈQUE

En écho à ce concert, nous vous proposons…

> Sur le site Internet http://mediatheque.cite-musique.fr

… d’écouter un extrait audio dans les « Concerts » :Hommage à Henri Dutilleux par l’Orchestre du Conservatoire de Paris, Dominique My, (direction), le Quatuor Sine Nomine, Raphaël Oleg (violon) concert enregistré à la Salle Pleyel en 2006 • Les Nuits d’été d’Hector Berlioz par La Chambre Philharmonique, Emmanuel Krivine (direction), Karine Deshayes (soprano) enregistré à la Cité de la musique en 2008

(Les concerts sont accessibles dans leur

intégralité à la Médiathèque de la Cité de la

musique.)

… de regarder dans les « Dossiers pédagogiques » :Dutilleux dans « Portraits de compositeurs du XXe siècle » • Berlioz dans « Concerts éducatifs »

> À la médiathèque

… d’écouter avec la partition :Béatrice et Bénédict d’Hector Berlioz par le London Symphony Orchestra, John Alldis Choir, Sir Colin Davis (direction)

… de lire :Henri Dutilleux. Entre le cristal et la nuée, sous la direction de Nicolas Darbon

… de regarder :Symphonie fantastique d’Hector Berlioz, Herbert von Karajan (direction)

> SALLE PLEYEL

VENDREDI 30 MAI 2014, 20H

Claude DebussyNocturnesJeuxEinojuhani RautavaaraSymphonie n° 8 « The Journey »

Orchestre Philharmonique de Radio FranceMaîtrise de Radio FranceMikko Franck, directionSofi Jeannin, chef de chœur

MERCREDI 11 JUIN 2014, 20HJEUDI 12 JUIN 2014, 20H

Emmanuel ChabrierEspañaCamille Saint-SaënsConcerto pour piano n° 5 « Égyptien »Reinhold GlièreConcerto pour harpePiotr Ilitch TchaïkovskiLe Lac des cygnes (Suite)

Orchestre de ParisYutaka Sado, directionJean-Yves Thibaudet, pianoXavier de Maistre, harpe

SAMEDI 18 OCTOBRE 2014, 20H

Wolfgang Amadeus MozartConcerto pour piano n° 27Henri DutilleuxL’Arbre des songesDarius MilhaudCinéma-Fantaisie d’après Le Bœuf sur le toitMaurice RavelLa Valse

Orchestre des Lauréats du Conservatoire de ParisPhilippe Aïche, directionAdam Laloum, pianoEun-Joo Lee, violonIrène Duval, violon

MARDI 21 OCTOBRE 2014, 20H

Arnold SchönbergSymphonie de chambre n° 2Franz SchubertQuatuor à cordes n° 15Johannes BrahmsSymphonie n° 3

Les DissonancesDavid Grimal, direction, violon

MERCREDI 12 NOVEMBRE 2014, 20H

Igor StravinskiL’Histoire du soldatGeorges AperghisLe Soldat inconnu

IctusGeorges-Elie Octors, directionLionel Peintre, récitant, baryton