73
SCCD: G .G. FONDS AFRICAIN DE DEVELOPPEMENT MAURITANIE PROFIL DE GOUVERNANCE DEPARTEMENT DES OPERATIONS OCCW REGION OUEST DECEMBRE 2004

Mauritanie - Profil Gouvernance

  • Upload
    others

  • View
    7

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Mauritanie - Profil Gouvernance

SCCD: G .G.

FONDS AFRICAIN DE DEVELOPPEMENT

MAURITANIE

PROFIL DE GOUVERNANCE

DEPARTEMENT DES OPERATIONS OCCW REGION OUEST DECEMBRE 2004

Page 2: Mauritanie - Profil Gouvernance

TABLE DES MATIERES

Liste des annexes et tableaux ; sigles et abréviations ; résumé analytique (i-v) I. INTRODUCTION...............................................................................................................1

1.1 Préambule .....................................................................................................................1 1.2 Principaux éléments de la bonne gouvernance .............................................................2

II. DIAGNOSTIC DE LA SITUATION EN MATIERE DE GOUVERNANCE ..............2 2.1 La Responsabilisation ...................................................................................................2 2.2 La transparence ...........................................................................................................12 2.3 Participation des parties prenantes..............................................................................19 2.4 Système juridique et judiciaire....................................................................................27 2.5 Lutte contre la corruption............................................................................................31

III. LE PROGRAMME NATIONAL DE BONNE GOUVERNANCE..............................32 3.1 La vision stratégique de la Mauritanie en matière de bonne gouvernance .................32 3.2 Principales composantes du PNBG ............................................................................33 3.3 Examen de la pertinence de la stratégie à la lumière du diagnostic............................36

IV. DOMAINES PRIORITAIRES DE LA GOUVERNANCE ET IDENTIFICATION DES DOMAINES POTENTIELS D’INTERVENTION DE LA BANQUE .......................37

4.1 Domaines et recommandations d’actions prioritaires pour l’amélioration de la gouvernance ............................................................................................................................37 4.2 Domaines d’intervention des partenaires au développement......................................41 4.3 Recommandations et domaines d’intervention éventuels du Groupe de la BAD.......44

V. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS.............................................................47 5.1 Conclusions.................................................................................................................47 5.2 Recommandations.......................................................................................................47

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Zone des permis pétroliers en Mauritanie Annexe 2 : Résultats des élections présidentielles, législatives et sénatoriales Annexe 3 : Evolution des recettes douanières sur cinq ans Annexe 4 : Cadre institutionnel de coordination et de pilotage du PNBG Annexe 5 Indicateurs comparés de gouvernance en Mauritanie Annexe 6 : Matrice des mesures prioritaires du CSLP en matière de gouvernance

LISTE DES TABLEAUX

Page

Tableau 1 : Effectifs et missions de l’Inspection Générale des Finances 13 Tableau 2 : Organisation administrative et territoriale en Mauritanie 20 Tableau 3 : Synthèse des réformes structurelles entre 1993 et 2002 25 Tableau 4 : Organisation du système judiciaire en Mauritanie 29 Le présent rapport a été rédigé suite aux missions effectuées en Mauritanie, en août 2003 et mars 2004. Ces missions étaient composées de MM. A. MURANGO, Economiste principal, OCCW, et HM. CARIOU, Economiste, OCCW. Toute question afférente à ce profil de gouvernance pourra être posée à M. A. ZEJLY, Directeur p.i.-Pays, OCCW.

Page 3: Mauritanie - Profil Gouvernance

i

SIGLES ET ABREVIATIONS BCI : Budget Consolidé d’Investissement BIC : Bénéfice Industriel et Commercial CC : Cour des Comptes CCIA : Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture CCM : Commission Centrale des Marchés CDMT : Cadre de Dépenses à Moyen Terme CEDEAO : Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest CFAA : Country Financial Accountability Assessment CMAP : Centre Mauritanien d’Analyse des Politiques CMP : Commissions des Marchés Publics CNR : Conseil National de Régulation CPAR : Country Procurement Analytical Report CSLP : Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté DBC : Direction du Budget et des Comptes DD : Direction des Domaines DGE : Direction des Grandes Entreprises DGI : Direction Générale des Imports DTCP : Direction du Trésor et de la Comptabilité Publique FRD : Fonds Régional de Développement IASC : International Accounting Standard Committee IFAC : International Federation of Accountant IGF : Inspection Générale des Finances IMF : Impôt Minimum Forfaitaire ITS : Impôt sur les Traitements et Salaires. MAED : Ministère des Affaires Economiques et du Développement MF : Ministère des Finances OICS : Organe International de Contrôle des Stupéfiants OMVS :Organisation de la Mise en Valeur du fleuve Sénégal ONG : Organisation Non Gouvernementale PDIAR : Projet de Développement Institutionnel Administratif et de la Réforme PG : Profil de Gouvernance PGRPRC : Programme de Gestion des Ressources Publiques et de Renforcement des Capacités PIB : Produit Intérieur Brut PIP : Programme d’Investissements Publics PMA : Pays les Moins Avancés PMR : Pays Membres Régionaux PNBG : Programme National de Bonne Gouvernance PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PPIP : Programme Prioritaire d’Investissements Publics PPTE : Pays Pauvres Très Endettés RIM : République Islamique de Mauritanie SECF : Secrétariat d’Etat à la Condition Féminine SMCP : Société Mauritanienne de Commercialisation de Poissons SNIM : Société Nationale Industrielle et Minière SOMELEC : Société Mauritanienne d’Electricité SONELEC : Société Nationale de l’Eau et de l’Electricité SYDONIA : Système Informatisé des Douanes SYPSIM : Système de Programmation et de Suivi des Investissements Publics en

Mauritanie

Page 4: Mauritanie - Profil Gouvernance

ii

RESUME ANALYTIQUE Contexte 1. La République Islamique de Mauritanie (RIM) est l’un des pays les moins avancés d’Afrique, couvert aux trois quarts par l’espace désertique saharien. Depuis plus d’une décennie, la RIM s’est engagée dans des politiques de réformes ambitieuses, qui ont touché l’ensemble de la vie politique, économique et sociale du pays. La mise en œuvre du programme de réformes économiques a permis un taux moyen de croissance annuelle de plus de 4,5% entre 1992 et 2002 et réduit sensiblement les déséquilibres financiers. Ces bonnes performances se sont accompagnées d’un recul sensible de la pauvreté et d’une nette amélioration des principaux indicateurs du développement humain durable. 2. Une démocratie pluraliste a été mise en place en 1991, avec l’adoption d’une Constitution garantissant les libertés fondamentales et la séparation des différents pouvoirs. Le Gouvernement a adopté, en 1999, une Déclaration d’Orientation sur la bonne gouvernance, suivie de l’élaboration, en 2003, d’un Programme national de bonne gouvernance (PNBG). Ce Programme constitue un des axes prioritaires du Cadre stratégique de lutte de la pauvreté (CSLP) qui a été adopté en 2000 et dont la mise en œuvre fait l’objet des rapports annuels élaborés et approuvés dans un processus largement participatif. Les derniers rapports ont mis en évidence les progrès accomplis, mais encore et surtout les contraintes persistantes et les réformes à entreprendre ou poursuivre notamment en matière de renforcement des capacités institutionnelles et de bonne gouvernance.

Objectif du profil de gouvernance 3. Le présent profil de gouvernance (PG) est un outil d’évaluation générale et de dialogue portant sur les principaux problèmes de gouvernance du pays. Il a pour objectif d’analyser les forces et les faiblesses des mécanismes de gouvernance dans certains domaines, au niveau national, et de mesurer les risques que celles-ci peuvent comporter pour l’utilisation des ressources publiques. Le PG permet également de favoriser, à travers le diagnostic et l’analyse de la stratégie du Gouvernement en matière de bonne gouvernance, une approche commune entre les autorités et les partenaires au développement, dont la Banque, de l’appréhension des contraintes qui freinent l’atteinte des objectifs de développement. En synergie avec les autres initiatives poursuivant le même but, telles que l’évaluation des finances publiques (CFAA) et l’évaluation du système des marchés publics (CPAR), le PG pourrait contribuer à améliorer la coordination des partenaires au développement et ainsi faciliter la mise au point et l’exécution de programmes de renforcement des capacités et de réformes spécifiques dans les domaines de la gouvernance.

Méthodologie 4. Pour faire l’état des lieux de la gouvernance et afin de faire face aux dysfonctionnements constatés, le PG de la Mauritanie s’est basé sur les documents de politique et les directives de la Banque, essentiellement ceux relatifs à la bonne gouvernance. Le PG a été ainsi élaboré après consultation de la documentation disponible et suite aux discussions approfondies avec de nombreux responsables et représentants de l’administration, du secteur privé, de la société civile et des autres partenaires au développement. Les documents élaborés par les autorités mauritaniennes tels que le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et le rapport annuel de sa mise

Page 5: Mauritanie - Profil Gouvernance

iiien œuvre pour l’année 2003 ainsi que le Programme national de bonne gouvernance ont entre autres servi de base à l’élaboration de ce PG. Après une brève description des principales composantes du concept de gouvernance, le rapport procède à un diagnostic de la situation actuelle à travers l’analyse approfondie des éléments essentiels d’obligation de rendre compte, de transparence, de participation des parties prenantes, de réformes juridiques et judiciaires et de lutte contre la corruption. Ensuite, le PG évalue la stratégie de bonne gouvernance du Gouvernement, identifie les domaines prioritaires de la gouvernance, et recommande des orientations et actions de gouvernance.

Diagnostic de la situation en matière de gouvernance 5. Le PG a pu dégager les éléments d’appréciation de la responsabilisation et examiner l’état d’effectivité de l’obligation de rendre compte à plusieurs niveaux. Le diagnostic établi souligne ainsi que malgré l’ensemble des actions engagées par les autorités en matière de modernisation de l’administration plusieurs contraintes significatives demeurent : l’absence d’un organigramme général de l’Etat, la multiplicité des entités poursuivant des objectifs similaires, la faiblesse de la coordination inter et intra-ministérielle ainsi que la déconcentration inachevée constituent des facteurs limitant la responsabilisation administrative. En outre, la gestion des ressources humaines présente des insuffisances notoires eu égard à l’acquisition, à la motivation du personnel, à la formation et à la gestion des effectifs. Au niveau de la gestion des finances publiques, des mesures destinées à accroître la mobilisation et l’efficacité de la gestion des ressources publiques ont été prises. Toutefois, des efforts sont encore nécessaires : la mobilisation des revenus souffre de l’absence de mécanisme de pilotage et des faibles capacités des administrations ; la programmation des ressources demeure limitée, notamment par la faiblesse des capacités de prévision macroéconomique et budgétaire, l’absence de formalisation et de généralisation d’un cadre de programmation par objectif, la faible visibilité de l’action publique et la difficulté de prise en compte des budgets annuels des projets financés sur ressources extérieures dans le cadre du Budget de l’Etat. L’exécution budgétaire souffre, en outre, des lourdeurs administratives et de la longueur des délais de paiement des dépenses, de la dilution de la responsabilité de l’administrateur de crédit résultant de l’existence d’un ordonnateur unique et de la centralisation du contrôle financier. Au niveau de la gestion du système financier, la mise en œuvre des réformes des années 90 a certes permis d’assainir les établissements bancaires, de libéraliser la politique des changes et de renforcer la sécurité du système financier, cependant, la responsabilisation se heurte encore au déficit de concurrence entre établissements financiers et à l’exiguïté des marchés monétaires. Enfin, la responsabilisation dans le secteur privé s’illustre par une meilleure régulation des affaires, notamment dans les secteurs clés de l’économie (mines, pêche, agriculture). Toutefois les activités préparatoires à la phase d’exploitation des hydrocarbures n’ont pas bénéficié dès le départ de structure appropriée pour gérer ce secteur porteur et notamment intégrer à temps les revenus attendus de cette exploitation dans les prévisions des ressources nécessaires pour poursuivre la lutte contre la pauvreté. La création en avril 2004 d’une Direction des Hydrocarbures au sein du Ministère des Mines de l’Industrie et son étoffement progressif ainsi que la désignation des responsables du Groupe du Projet Chinguetti sont appelés à remédier à ces lacunes.

Page 6: Mauritanie - Profil Gouvernance

ivEn matière de transparence, les dysfonctionnements relevés concernent tant la gestion des finances publiques, où le contrôle des dépenses est multiple (administratif, juridictionnel et parlementaire) mais nécessite des moyens humains et techniques importants qui font souvent défaut. La passation des marchés publics qui est régie par une Commission nationale est encore marquée par une centralisation excessive. Par ailleurs, le cadre institutionnel visant à renforcer le respect de la liberté des médias, du pluralisme politique et de l’accès du public à l’information existe. 7. Au niveau de la participation des parties prenantes, et en matière de gouvernance locale, l’impact économique et social des réformes engagées est encore faible. Cela résulte essentiellement du caractère inachevé du dispositif institutionnel et organisationnel et de la faible capacité en matière de mobilisation et de gestion des ressources au niveau décentralisé. Au niveau de la société civile, les associations et ONG, malgré leur dynamisme, demeurent embryonnaires et dépourvues de moyens matériels, humains et financiers propres. De plus, elles sont confrontées au manque de formation requise pour gérer techniquement leur domaine d’intervention. Enfin, en ce qui concerne le secteur privé, plusieurs mesures ont été prises en faveur d’un assainissement et du développement du climat des affaires, parmi lesquelles figurent le désengagement de l’Etat des secteurs productifs et la libéralisation et la restructuration du système bancaire, l’élaboration des codes du commerce et des investissements. Néanmoins, la promotion du secteur privé est encore limitée par l’insuffisance et l’inadéquation des moyens et des modes de financement ainsi que par le manque de compétitivité et d’innovation. 8. Au plan juridique et judiciaire, la promulgation de la Constitution de juillet 1991 ainsi que l’adoption d’une série de lois (loi instituant une Cour des Comptes, loi instituant un Médiateur de la République, loi fixant l’organisation judiciaire, loi portant réforme du statut général de la Fonction publique, etc.) et de codes (code du statut personnel, code de procédure civile, commerciale et administrative, etc.) reflètent la volonté des pouvoirs publics de mettre en place un Etat de droit. Cependant, l’impact des réformes engagées dans le secteur de la justice reste limité par des facteurs ayant trait aux réformes (manque d’efficacité du contrôle du travail des magistrats et de spécialisation des chambres, caractère inachevé des textes) et aux capacités institutionnelles du système judiciaire. Stratégie du Gouvernement 9. Pour impulser des efforts en matière de bonne gouvernance, les autorités ont adopté une Déclaration d’orientation sur la bonne gouvernance en décembre 1999. Celle-ci a permis, en 2003, l’élaboration d’un Programme national de bonne gouvernance (PNBG) qui s’intègre dans le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) et repose sur sept composantes : (i) la promotion du cadre juridique et judiciaire visant à favoriser l’ancrage de l’Etat de droit ; (ii) la modernisation et le renforcement des capacités de l’administration publique ; (iii) l’amélioration des capacités de contrôle et de gestion des ressources publiques et de la Gouvernance économique ; (iv) l’appui au processus de décentralisation ;(v) la promotion du secteur privé et le renforcement du partenariat Etat – secteur privé ; (vi) la promotion des Droits de l’Homme et de la société civile et (vii) l’amélioration de la qualité du travail parlementaire. 10. Il s’avère toutefois que la stratégie nationale de bonne gouvernance en cours d’adoption occupe une place de choix dans la déclaration de politique du Gouvernement qu’a présenté Monsieur le Premier Ministre devant le Parlement en Janvier 2005. Par ailleurs, l’analyse des sept composantes du PNBG laisse constater l’ampleur et la pertinence des objectifs retenus et la nécessité d’une volonté tenace pour opérer les changements requis pour la mise œuvre des réformes envisagées.

Page 7: Mauritanie - Profil Gouvernance

v Domaines prioritaires d’intervention des partenaires et de la Banque 11. Les domaines d’intervention des partenaires au développement résultent des composantes envisagées dans le PNBG et les actions prioritaires s’inscrivent le plus souvent dans le plan d’actions défini en la matière. Plusieurs domaines bénéficient ainsi d’appuis substantiels, notamment pour ce qui à trait à la réforme du système juridique et judiciaire, à la décentralisation, à la réforme administrative, au renforcement parlementaire ou encore à l’appui à la société civile. 12. Au niveau du Groupe de la BAD, la stratégie d’intervention en faveur de la Mauritanie telle que définie dans le DSP pour la période 2002-2004 s’inscrit dans le cadre global du Plan stratégique à l’horizon de 2007. A cet égard, l’objectif global est de contribuer à la réduction de la pauvreté à travers l’amélioration des infrastructures économiques et sociales, la consolidation du cadre macro-économique et de la bonne gouvernance, l’appui au développement du secteur privé, en coordination étroite avec les interventions des autres partenaires. L’intervention de la Banque visera donc à soutenir la stratégie du Gouvernement pour la réduction de la pauvreté dont la gouvernance constitue un des axes fondamentaux. Sur la base des recommandations du présent profil, et eu égard aux appuis déjà entrepris par les partenaires techniques et financiers, les domaines potentiels d’actions de la Banque devraient ainsi s’articuler plus spécifiquement autour de l’amélioration de la gouvernance économique : amélioration de la mobilisation, de la programmation et de l'exécution des ressources publiques ; promotion de la transparence des opérations financières de l'Etat et de la responsabilisation des acteurs du CSLP ; et enfin, promotion du secteur privé et renforcement de la concertation Etat/Secteur privé. Dans cette optique, la Banque se propose de financer un Programme d’appui à la bonne gouvernance (PABG).

Page 8: Mauritanie - Profil Gouvernance

1. INTRODUCTION 1.1 Préambule 1.1.1 Le Groupe de la Banque a adopté en 1999 une politique en matière de gouvernance afin de mieux éclairer ses actions relatives à la promotion de la bonne gouvernance dans les pays membres régionaux (PMR). Cette politique reconnaît que la bonne gouvernance requiert la responsabilité, la transparence, la participation, l’Etat de droit et la lutte contre la corruption en vue d’un environnement favorable au développement durable. Le Plan stratégique du Groupe de la Banque pour la période 2003-2007 perçoit la bonne gouvernance dans les PMR comme un élément essentiel de la lutte contre la pauvreté. Aussi s’avère t-il nécessaire de disposer d’informations pertinentes sur l’état de la gouvernance et d’identifier les axes de réformes permettant d’améliorer les capacités dans les PMR en vue d’améliorer la gouvernance. La réalisation du profil de gouvernance de la Mauritanie s’inscrit dans ce cadre. 1.1.2 La République Islamique de Mauritanie est un pays de 1.030.700 km2 peuplé de 2.600.000 habitants environ, selon le recensement de l’an 2000. L’espace désertique saharien couvre les trois quarts du territoire, le dernier quart appartenant à la zone sahélienne. Les principales ressources nationales proviennent du commerce‚ du secteur minier et de la pêche. La Mauritanie dispose par ailleurs d’un potentiel significatif en matière d’élevage et, dans une moindre mesure, d’agriculture. Toutefois, avec un PIB par habitant de 380 dollars EU et 46,3% de la population vivant avec moins de 1 dollar par jour, la Mauritanie appartient au groupe des Pays les moins avancés (PMA). Elle se situe au 154ème rang sur les 175 pays classés par le rapport mondial sur le développement humain 2003. 1.1.3 Depuis plus d’une décennie, la RIM s’est engagée dans des politiques de réformes diversifiées, qui ont touché l’ensemble de la vie politique, économique et sociale du pays. La mise en œuvre du programme de réformes économiques a permis un taux moyen de croissance annuelle de plus de 4,5% entre 1992 et 2002, permettant d’accroître la richesse intérieure par tête de 2,1% par an en moyenne. L’incidence de la pauvreté est en effet passée de 56,6% en 1990 à 50,5% en 1996 et 46,3% en 2000. Cependant, cette performance en matière de réduction de la pauvreté ne doit pas masquer l’évolution contrastée du PIB (1998 : 3,9% ; 2000 : 5,2% ; 2002 : 3,3% ; 2003 : 4,9%) qui traduit la vulnérabilité de l’économie mauritanienne aux chocs exogènes, notamment en raison de l’étroitesse de sa base productive et d’exportation. Les perspectives macro-économiques pour 2004 et 2005 laissent présager un taux de croissance annuel moyen de 5%. Par la suite, l’accroissement significatif du PIB envisagé à partir de 2006 (9%) reposerait à la fois sur le rebond des secteurs traditionnels (mines, agriculture, élevage), la poursuite de la croissance dans les services (transports, télécommunications, tourisme), et l’exploitation des premiers gisements pétroliers. 1.1.4 En matière de gouvernance, la décentralisation de l’Administration a été engagée depuis 1986, et une démocratie pluraliste mise en place en 1991, avec l’adoption d’une Constitution garantissant les libertés fondamentales et la séparation des différents pouvoirs. Toutefois, des contraintes significatives se heurtent encore au processus de réformes engagé et la marge de progrès demeure importante. A cet effet, le Gouvernement a adopté, en décembre 1999, une Déclaration d’Orientation sur la bonne gouvernance, suivie de l’élaboration, en 2003, d’un Programme national de bonne gouvernance (PNBG).

Page 9: Mauritanie - Profil Gouvernance

2

1.2 Principaux éléments de la bonne gouvernance 1.2.1 La bonne gouvernance est un concept à dimensions multiples, recouvrant un Etat effectif, une société civile mobilisée, ainsi qu’une administration publique et un secteur privé efficaces. En effet, un Etat effectif crée un environnement politique et juridique propice à une croissance économique équitablement répartie. De même, une société civile active et dynamique mobilise les individus, les groupes et les communautés, facilite l’interaction politique et sociale, aide à générer le capital humain et encourage la cohésion et la stabilité au sein de la société. Enfin, un secteur privé productif génère des emplois et des revenus indispensables à toute croissance durable. 1.2.2 Il est par ailleurs admis qu’une bonne gouvernance comporte les éléments clés suivants: (i) la responsabilisation qui se définit comme l’obligation faite à des individus ou des organisations, élus ou nommés, et investis d’un mandat public, de rendre compte aux populations qui les ont investis de ce pouvoir, des actions et activités menées et des décisions prises dans l’exercice de ce mandat ; (ii) la transparence qui suppose que les comptes publics puissent être publiés, que le public soit informé des décisions prises par l’Etat et participe au suivi de leur mise en œuvre, et que celles qui ont un impact sur la vie des citoyens puissent être contestées ; (iii) la participation qui se définit comme un processus par lequel les parties prenantes exercent une influence sur les décisions d’intérêt général et contribuent au contrôle des moyens et des institutions qui influent sur leur vie ; (iv) un système juridique et judiciaire propice à l’Etat de droit et au développement, avec des lois clairement établies uniformément appliquées par un pouvoir juridique objectif et indépendant ; et enfin (v) la lutte contre la corruption qui comprend les pratiques de concussion, l’abus de pouvoir ou l’abus de confiance du public, aussi bien dans le secteur privé que public. 1.2.3 Dans la perspective de contribuer à une meilleure connaissance de la gouvernance en Mauritanie, une mission de la Banque s’est rendue à Nouakchott en août 2003, puis en février 2004, pour la préparation du présent profil de gouvernance pays (PG). Le document présente, en introduction, le contexte et les principaux éléments de la gouvernance (Chap. I). Il établit un diagnostic approfondi de la situation en matière de gouvernance (Chap. II), en examinant les volets mentionnés ci-dessus : responsabilisation, transparence, participation des parties prenantes, réformes juridiques et judiciaires et lutte contre la corruption. Il présente et évalue, ensuite, la stratégie de bonne gouvernance définie par le Gouvernement à travers le PNBG (Chap. III). La démarche suivie permet, enfin, d’identifier les domaines prioritaires de la gouvernance et de faire des recommandations pour des actions futures pouvant contribuer à son amélioration (Chap. IV). 2. DIAGNOSTIC DE LA SITUATION EN MATIERE DE GOUVERNANCE 2.1 La Responsabilisation

• Les institutions démocratiques et la responsabilisation politique 2.1.1 Le processus démocratique mauritanien trouve son fondement dans la nouvelle Constitution qui a été adoptée par référendum le 12 juillet 1991. Cette constitution prévoit en effet trois pouvoirs indépendants (exécutif, législatif et judiciaire), mais consacre la prépondérance du pouvoir exécutif. Le Président de la République, élu pour un mandat de 6 ans, renouvelable détient ce pouvoir exécutif (art.25). Il détermine et conduit la politique extérieure de la Nation, assigne sa politique de défense et de sécurité (art.30). Il nomme

Page 10: Mauritanie - Profil Gouvernance

3

le Premier ministre et ses ministres, dispose du pouvoir réglementaire, promulgue les lois, signe et ratifie les traités. Il a également la possibilité de saisir le peuple par voie de référendum (art. 38), et prononcer la dissolution de l'Assemblée nationale. En cas de vacance du pouvoir, c’est le Président du Sénat qui assure l’intérim du Président de la République. 2.1.2 Les premières élections pluralistes se sont tenues le 17 janvier 1992 et ont été remportées dès le 1er tour par le Président en place, candidat du PRDS (Parti Républicain, démocrate et social) des élections figurent en annexe 1 du document). Au cours des 20 dernières années ce parti a largement dominé la scène politique et contrôlé tant l’exécutif que le législatif. Une réforme des lois organiques relatives à l'élection des députés et sénateurs et visant à introduire une dose de proportionnelle et à financer les partis politiques, a été opérée en 2001. Les dernières élections législatives et municipales qui ont été organisées en octobre 2001 ont eu pour résultats le maintien d’une large domination du parti au pouvoir le PRDS et une percée dans la représentation de l’opposition aussi bien au Parlement que dans les assemblées communales. Les élections présidentielles du 7 novembre 2003 ont confirmé le Président sortant à la tête du pays en le créditant de 67% des suffrages exprimés (contre 19% pour son principal opposant). Le sénat a été en outre renouvelé en 2004 pour un tiers de ses membres, soit 18 des 56 sièges. 2.1.3 Le Parlement, composé de l'Assemblée nationale (81 membres, élus pour 5 ans) et du Sénat (56 membres, élus pour 6 ans), dispose du pouvoir législatif. La Constitution définit en effet les termes de la responsabilité du Gouvernement devant l'Assemblée nationale, laquelle peut voter une motion de censure (art.74). Cependant, si la fonction législative est bien assurée par l’Assemblée nationale et le Sénat, la fonction de contrôle de l’action gouvernementale (par l’intermédiaire des questions écrites ou orales et des pouvoirs d’investigation et d’enquête à travers des commissions permanentes ou ad hoc) est assez peu significative.. 2.1.4 Enfin, l'article 89 de la Constitution stipule que le pouvoir judiciaire est indépendant des pouvoirs législatif et exécutif, et régi par la loi n° 93-10 du 21 janvier 1993. Celle-ci a notamment instauré le Conseil Constitutionnel, garant de la constitutionnalité des lois que le Parlement vote et juge de la régularité des élections. En matière de responsabilisation politique, la Haute Cour de Justice, compétente pour juger le Président de la République et les membres du Gouvernement pour haute trahison (art.93), est l’expression d’un cadre institutionnel contraignant les autorités à rendre compte de leurs actes et comportements.

• La responsabilisation administrative 2.1.5 L’administration publique compte à ce jour environ 28 000 agents, soit une taille importante au regard de celle des pays voisins (la Mauritanie compte 11 fonctionnaires pour 1 000 habitants, contre 7,8 pour le Sénégal1). La fonction publique est régie par l’article 18 de la constitution de 1991, et les emplois civils de l’Etat sont nommés par le Président. Toutefois le pouvoir de nomination et de sanction du Président est relativisé par le principe du contreseing obligatoire (Art. 19). Par ailleurs, le Conseil supérieur de la fonction publique (où le ministre de la fonction publique est représenté) peut être saisi pour avis concernant des problèmes d’intérêt général affectant la fonction publique et les fonctionnaires.

1 Rapport au Comité interministériel de modernisation de l’administration publique, Janvier 2004.

Page 11: Mauritanie - Profil Gouvernance

4

2.1.6 L’administration a le devoir de traduire, au bénéfice des usagers, les grands principes de la bonne gouvernance, notamment l’obligation de rendre compte et le contrôle de l’action publique. A cet égard, le Programme de gestion des ressources publiques et de renforcement des capacités (PGRPRC), mis en œuvre à partir de 1996, visait à améliorer la mobilisation et l’affectation des ressources internes, ainsi que la gestion des dépenses publiques. Il aura contribué à la réorganisation des principaux ministères impliqués dans la gestion économique sur la période 1998-2001, et engagé une stratégie de modernisation de la Fonction publique. Cependant, l’Administration publique souffre encore d’une multiplicité des structures, source de conflits de compétence, et d’une multiplication des entités autonomes (notamment celles gérant les projets sur financement extérieur) qui limitent d’autant leur capacité d’intervention et la coordination intra- et interministérielle. De plus, le cadre organisationnel est souvent flou et la répartition des missions et des fonctions obéit peu au souci de renforcer la cohésion entre les différentes structures. L’Administration centrale peine également à s’adapter au nouveau contexte de décentralisation qui confère aux communes des compétences de plus en plus larges. Ainsi, certaines directions centrales continuent d’assumer des missions d’exécution alors qu’elles devraient se limiter à celles relatives à la planification stratégique, à la définition de réglementation et au suivi et contrôle de la mise en œuvre des politiques publiques. 2.1.7 Par ailleurs, l’administration publique se caractérise par des insuffisances tant du point de vue de la communication interne que de la communication externe. Ces déficiences transparaissent notamment à travers l'absence relative de fluidité dans la circulation de l'information entre les différents services, la propension de certains agents à monopoliser l'information ou encore la méconnaissance par les agents eux-mêmes des dispositions législatives et réglementaires qui les régissent. Quant à la communication entre l’Administration et ses usagers, elle est limitée en raison principalement de l'absence de structures spécialisées dans l'information, la documentation et l'orientation des usagers dans leurs démarches administratives. 2.1.8 Enfin, la gestion des ressources humaines dans l’Administration comporte des faiblesses ayant trait à l’acquisition et à la conservation du capital humain. L’absence dans certains cas de description de poste, la mobilité peu efficiente du personnel ou encore le manque de souplesse dans la gestion des carrières sont autant de facteurs qui entravent une gestion rationnelle des ressources de l’Etat. Par ailleurs, les contre-performances de l’Administration s'expliquent largement par un déficit de motivation à tous les niveaux, encourageant parfois les agents à la corruption : i) les insuffisances matérielles et leur inégale répartition font que certains services fonctionnent difficilement ; ii) mais surtout, le niveau relativement bas des rémunérations et leur non-indexation au coût de la vie placent les agents de l’Etat dans une situation difficile2. A titre indicatif, toutes hiérarchies confondues, le salaire mensuel moyen brut (salaire indiciaire, indemnité de résidence, complément spécial et augmentations diverses) est de vingt mille Ouguiya3. De surcroît, les primes, indemnités et autres avantages attribués sont inégalement répartis entre les différents corps de l’Administration, toutes choses qui ne favorisent pas la conscience professionnelle et la responsabilisation de l’administration publique.

2 Suivant le Comité interministériel chargé de la modernisation de l’administration publique, la baisse du salaire réel sur la période 1993-2000 pour les fonctionnaires de catégorie A est estimée à 28%. 3 Soit environ 75 USD par mois. Ce montrant ne prend pas en compte l’augmentation de 28% des salaires de tous les fonctionnaires au 1er janvier 2004.

Page 12: Mauritanie - Profil Gouvernance

5

• La gestion des finances publiques 2.1.9 La responsabilisation met l’accent sur l’obligation de rendre compte de l’affectation, de l’utilisation et du contrôle des dépenses et des ressources publiques. Dans le cadre des programmes d’ajustement antérieurs, appuyés par la Banque et les institutions de Bretton Woods (Programme d’ajustement structurel en 1988, Programme de gestion des ressources publiques en 1996, Projet d’appui institutionnel multisectoriel en 2000, Programme d’ajustement de la fiscalité en 2001), le Gouvernement a déjà entrepris plusieurs réformes en vue d’atteindre une plus grande efficacité et d’accroître la rigueur dans la gestion des ressources publiques. Toutefois, il convient de reconnaître que la gestion des finances publiques demeure encore perfectible en vue de favoriser l’obligation de rendre compte et la transparence. 2.1.10 La préparation du Budget : Les trois pouvoirs constitutionnels participent directement ou indirectement à la gestion des finances publiques et à la garantie de la sécurité et de la transparence de celles-ci. La législation nationale a adopté les notions et principes fondamentaux hérités du droit budgétaire française : l'unité, l'universalité, l'annualité, la spécialité et l'équilibre budgétaires. A cet égard, la Loi n° 78-011 du 19 janvier 19784 portant loi organique, et l'ordonnance n°89-012 du 23 janvier 1989 portant règlement général de la comptabilité publique, représentent le cadre structurant du droit budgétaire mauritanien. Selon l'article 11 du décret du 10 janvier 2000 portant organisation du Ministère des Finances, "la Direction du Budget et des Comptes a pour mission de préparer et d'établir les projets et lois de finances annuelles". Selon l'article 3 du décret n° 0068-98, la Direction de la Programmation et des Etudes et la Direction des Financements du MAED ont pour mission respective l’élaboration du budget consolidé d'investissement (BCI), et la mobilisation des financements extérieurs. Par ailleurs, la préparation budgétaire intègre, en amont, les travaux de la Direction Générale des Douanes, chargée de l'application de la législation douanière et de la liquidation des droits et taxes inscrits au tarif des douanes (art.14), et ceux de la Direction Générale des Impôts, chargée de l’établissement et du prélèvement des impôts et taxes prévus par le Code des Impôts. 2.1.11 Les programmes d’ajustement antérieurs ont certes permis l’adoption de réformes déterminantes en matière d’obligation de rendre compte dans la gestion des finances publiques. A cet égard, la mise en place d’une nomenclature des pièces justificatives de la dépense publique, l’instauration de budgets-programmes et de cadres des dépenses à moyen terme (CDMT) sectoriels (Education, Développement rural, Energie, Santé et Transports et infrastructures)5 et d’un CDMT global offrent une visibilité accrue du budget et favorisent la responsabilisation et la transparence. De même, la mise en place d'un nouveau Système de programmation et de suivi des investissements publics en Mauritanie (SYPSIM), et d'un service chargé du suivi du Programme d’investissent public (PIP) au sein MAED, ainsi que la création d’un Comité technique de programmation et de suivi des dépenses financées sur ressources PPTE ont sensiblement accru l'efficacité des dépenses publiques. 2.1.12 Cependant, malgré ces initiatives et les efforts entrepris dans le domaine de la programmation des ressources publiques et la préparation budgétaire, certaines faiblesses subsistent : (i) l’absence d’une vision décentralisée de la programmation des

4 Cette loi a été modifiée par la loi n° 78-117 du 28 avril 1978, l’ordonnance n°27 du 31 décembre 1988 et l'ordonnance n° 87 015 du 4 février 1987. 5 L’élaboration de CDMT pour les secteurs du développement urbain, de l’hydraulique et de l’électrification rurale sont actuellement en cours.

Page 13: Mauritanie - Profil Gouvernance

6

besoins qui ne favorise pas l’allocation des ressources de manière équitable entre les régions ; (ii) la faiblesse des capacités institutionnelles et des ressources budgétaires allouées aux structures en charge de la conception et de la programmation du Budget en dépit des opérations d’appui financées par les partenaires au développement (dans le cadre du PAIM, par exemple) ; et enfin,(iii) la présence de budgets de fonctionnement et d’investissement préparés et gérés par des structures différentes (respectivement la DBC du MF et la DPE du MAED) limite une vision globale dans l’allocation des ressources, constitue parfois une source de double programmation et génère des problèmes de coordination interministérielle. Il est à noter que depuis 2001, la préparation et les arbitrages budgétaires de la Loi de Finances se font de manière conjointe entre le Ministère des Finances et le Ministère des Affaires Economiques et du Développement. A cela s’ajoute la loi d’orientation sur la régionalisation du CSLP. 2.1.13 Les recettes budgétaires : L’essentiel des revenus de l’Etat sur lesquels la programmation budgétaire se fonde est généré par les recettes fiscales. Celles-ci, en progression quasi continue depuis dix ans6, représentent environ 51% des recettes de l’Etat sur la période 2000-2003. Néanmoins, les recettes non-fiscales ont progressivement pris une part conséquente dans les revenus de l’Etat, notamment suite à l’accord de pêche conclu avec l’Union européenne et reconduit en 2001. Par ailleurs, les ressources PPTE, le développement de l’exploration minière et la réforme du secteur des télécommunications ont dernièrement contribué à augmenter le poids des recettes non-fiscales qui représentent en moyenne 49% sur la période 2000-2003. 2.1.14 Sur les cinq dernières années, plusieurs réformes appuyées par les partenaires au développement (notamment dans le cadre du PASFI) ont été conduites en matière de fiscalité directe et indirecte visant à libéraliser les échanges, renforcer la compétitivité de l’économie, simplifier et accroître la transparence du système fiscal et améliorer le rendement. Dans le domaine de la fiscalité directe, les principales mesures ont porté sur (i) l’allègement de la fiscalité des entreprises (avec notamment la réduction progressive du taux du bénéfice industriel et commercial de 40% à 20% sur 2001-2003, l’augmentation de la déductibilité de l’impôt minimum forfaitaire du BIC de 25% à 100% en 2002, l’introduction de l’amortissement dégressif sur option, ainsi que l’extension du report du déficit jusqu’à la cinquième année) ; (ii) la simplification et la baisse de la fiscalité aux petits opérateurs7 (le barème a été ramené de 13 à 5 tranches) et aux particuliers (le taux de l’impôt sur les revenus fonciers a été ramené de 8% à 6% en 2002, le barème de l’impôt sur le revenu a été ramené de 11 à 5 tranches, et l’impôt sur les traitements et salaires à 15% pour les bas salaires en 2003) ; et enfin, (iii) l’élargissement de l’assiette fiscale (avec l’élimination des exonérations, la révision du code de l’investissement et la fiscalisation des marchés publics). En outre, les autorités mauritaniennes se sont employées à renforcer l’administration fiscale par la réorganisation de la Direction générale des impôts (DGI) et la mise en place d’une Direction des grandes entreprises (DGE). Dans le domaine de la fiscalité indirecte, les principales réformes ont consisté à introduire la TVA en 1995, en remplacement de la taxe sur le chiffre d’affaires (TCA)8, à réduire les taux sur les biens d’équipement et à éliminer les droits à l’exportation pour le secteur de la pêche en les remplaçant par les droits d’accès à la ressource.

6 Relativement aux ressources budgétaires globales, la part des recettes fiscales tend cependant à diminuer au cours des dernières années. 7 Environ 4000 petites entreprises sont concernées par ce barème fiscal. 8 La TCA a toutefois été maintenue sur les activités de la SNIM, en abaissant son taux de 10% à 9,5%.

Page 14: Mauritanie - Profil Gouvernance

7

2.1.15 Enfin, la Direction générale des douanes (DGD) a fait l’objet d’une réforme en 1999. Celle-ci a notamment entraîné la révision des barèmes tarifaires (réduction de la pression fiscale douanière afin de l’ajuster à celle des pays de l’UEMOA, fixée à 20%, et du nombre de taxes et taux ramené de 31 à 4, l’informatisation des services à l’aide du système SYDONIA, et la révision des procédures de recouvrement avec la prise en charge en temps réel des paiements et de la connexion des services du Trésor au réseau de la DGD. 2.1.16 L’impact de ces réformes a été une baisse significative de la pression fiscale, tombée de 17% du PIB au milieu des années 90 à 14,5% en 2000, et à 14,2% en 2003. Plus précisément, sur la période 1999-2003, on relève une baisse du rendement des impôts sur les revenus et bénéfices (passé de 4,8% du PIB à 4,0%), qui est cependant moins importante que l’allègement des taux sur la période. Dans le même temps, on observe une amélioration de la compétitivité des entreprises à travers la baisse du taux effectif marginal d’imposition (passé de 47,1% à 33,1% pour le secteur industriel et de 33,1% à 19% pour les services9), ce qui traduit un élargissement progressif de l’assiette fiscale. 2.1.17 Malgré cette tendance, il convient de relever que seuls 20% des contribuables acquittent 80% des recettes fiscales. Certes, l’amélioration – en valeur absolue – des recettes fiscales est imputable à l’action de recouvrement et à la rapidité de traitement des dossiers et des contentieux au sein de la DGE. Mais trop d’entreprises échappent encore à l’impôt ou sont gérées sans un suivi régulier exhaustif de la part de l’administration fiscale. Il en est ainsi des petites entreprises dont la gestion a été confiée aux inspections régionales, et non à la DGE, et qui ne font l’objet d’aucun dossier fiscal. En matière de suivi, la Direction du contrôle fiscal (DCI) se heurte par ailleurs à l’absence de fichiers à la Chambre de commerce permettant tout recoupement avec les informations provenant de la Douane, des Commissions des marchés, du Budget, du Trésor et des grandes entreprises. De plus, le manque d’effectifs et les moyens de recensement insuffisants pénalisent le suivi et le rendement de l’administration fiscale. A cet égard, il y a lieu de noter que la DGI est encore démunie de système de gestion informatique intégré et de manuels de procédures, et que seuls les services des douanes de Nouakchott sont informatisés, les centres régionaux de Rosso et Nouadhibou ne disposant même pas du matériel informatique nécessaire à l’enregistrement des documents. Cette faiblesse des capacités de l’administration fiscale et des services douaniers expliquent d’ailleurs le moindre taux de recouvrement de l’ensemble des impôts collectés par les inspections régionales, de l’ordre de 35% (source DGI). Enfin, le système de fiscalité foncière est considéré comme excessivement complexe par rapport aux recettes qui en résultent et l’absence d’une gestion informatique intégrée du cadastre limite d’autant l’identification des contribuables potentiels. 2.1.18 L’exécution du Budget : Le circuit de la dépense publique doit s’effectuer dans le respect des dispositions budgétaires et réglementaires tout en cherchant à assurer l’efficacité et la rentabilité. Chaque dépense courante doit en effet passer par les phases d’engagement, d’ordonnancement, de liquidation et de paiement. La structure de la chaîne des dépenses publiques comprend ainsi (i) les ministères dépensiers qui agissent en tant qu’administrateurs de leurs crédits, (ii) la Direction du Budget et des Comptes qui est l’ordonnateur unique dans la chaîne des dépenses, (iii) le contrôle financier qui assure

9 Country Economic Memorandum, Banque mondiale, 2003.

Page 15: Mauritanie - Profil Gouvernance

8

le contrôle a priori de la dépense conformément à la réglementation, et (iv) le Trésor qui effectue les paiements et la centralisation des comptes. Enfin, outre ces quatre niveaux, les commissions des marchés publics jouent un rôle d’encadrement pour s’assurer du respect des seuils. 2.1.19 Cette procédure, théoriquement simple, s’avère en réalité complexe et comporte de nombreuses faiblesses. Malgré l’existence d’un outil informatique relativement performant, l’exécution budgétaire ne bénéficie pas d’une cohérence suffisante et d’un pilotage en temps réel. Elle souffre en effet de lourdeurs administratives et les délais de paiement des dépenses sont souvent très longs. Cette situation, préjudiciable aux fournisseurs de l’Etat, est source de surfacturation des dépenses payées et de perte de qualité du service rendu. De plus, l’existence d’un ordonnateur unique10 qui engage toutes les dépenses nationales sur le budget de l’Etat (en dehors des ressources extérieures dont l’ordonnateur est le Directeur des financements) ne garantit pas la possibilité d’un contrôle efficace du respect de la spécificité du crédit, le contrôle financier étant lui-même centralisé au niveau du Premier Ministère et n’ayant pas d’accès informatique aux données budgétaires. Enfin, la multiplicité des dépenses exécutées mais non budgétés, à travers le recours – parfois abusif – à des mesures dérogatoires porte atteinte à l’intégrité des opérations, obstrue la visibilité des comptes publics, affaiblit les capacités de gestion budgétaire au niveau régional et entrave la fluidité de l’information entre les différents acteurs. En outre, les difficultés réelles d’arrêt des comptes sur l’exécution du budget en fin d’année et/ou la sortie irrégulière de comptes administratifs incomplets concourent à l’affaiblissement de l’environnement de la gestion des finances publiques. 2.1.20 Trésor et comptabilité publique : L’organisation de la Direction du trésor et de la comptabilité publique (DTCP) est réglementée par un arrêté de novembre 2000. L’existence d’un cadre organisationnel clair et l’utilisation d’une application informatique intégrée concourent à rendre le suivi de la trésorerie efficace et une régulation effective des dépenses au niveau de l’ordonnancement. Deux comités de suivi de la gestion de la trésorerie de l’Etat se réunissent régulièrement : un premier, composé des directeurs du Trésor, des Douanes et des Impôts se réunit chaque semaine pour déterminer le niveau des recettes attendues ; un second comité, regroupant les directeurs du Trésor, du Budget ainsi qu’un représentant de la Banque centrale, a pour objet d’établir un plan prévisionnel mensuel de trésorerie. Le dispositif réglementaire s’est par ailleurs amélioré suite à l’adoption d’un statut des comptables publics, en décembre 1998. Ce texte qui formalise la responsabilité des comptables publics fixe leurs droits et obligations en leur permettant de participer à l’amélioration de l’emploi des fonds publics. L’entière efficacité et impact de ce statut ne seront cependant réels que lorsque les comptes de gestion seront systématiquement produits et jugés par la Cour des Comptes. De plus, un travail d’élaboration d’une nomenclature des pièces justificatives des dépenses a été entamé. L’objectif principal recherché est non seulement de permettre aux comptables publics d’exercer pleinement leur responsabilité, mais également d’améliorer la justification des dépenses, et ainsi faciliter le contrôle de l’effectivité de la dépense. 2.1.21 En dépit de ces dispositions prises par les autorités en faveur de la responsabilisation des comptables publics et d’une meilleure gestion de la dépense, certains dysfonctionnements mineurs sont toujours perceptibles. En premier, il convient de noter que les faiblesses observées dans la régulation des dépenses publiques relèvent essentiellement d’un manque de formation des agents concernés et de l’absence d’une véritable culture de la gestion comptable. Par ailleurs, seule la Trésorerie générale passe 10 Selon l'article 63 de l'ordonnance n° 89-012 du 23 janvier 1989, "le Ministre des Finances a seul qualité d'ordonnateur du budget général et des comptes spéciaux du Trésor ».

Page 16: Mauritanie - Profil Gouvernance

9

des écritures comptables en partie double. L’ensemble des autres postes tient généralement une comptabilité en partie simple, ce qui nuit à la cohérence d’ensemble du système comptable et limite les possibilités d’exploitation des informations. De plus, la gestion des crédits délégués se fait selon la procédure des dépenses sans ordonnancement préalable, mais la régularisation peut prendre plusieurs mois, voire plusieurs années de retard. Enfin, certaines opérations comptables sont passées avant la vérification des pièces justificatives, ce qui entraîne une contre passation d'écriture en cas de problème avec la pièce justificative, et donc un rejet. Plus largement, le contenu du solde des comptes n’est pas justifié et l’outil comptable qui devrait être une source importante d’informations financières devient ainsi sans réelle utilité. Ces situations non conformes sont renforcées par le peu d’efficacité du service d’inspection interne de la DTCP. En effet, les inspecteurs effectuent essentiellement des missions de contrôle de la caisse alors que leur rôle devrait être élargi au contrôle complet de la tenue de la comptabilité et du respect des procédures.

• La gestion du système financier 2.1.22 Créée par la loi du 73-113 du 30 mai 1973, la Banque centrale de Mauritanie (BCM) a pour mission de défendre la valeur de la monnaie et d'exercer le privilège exclusif d’émission des billets et pièces de monnaie. Elle apporte son concours au Trésor pour la gestion du compte courant de l’Etat, et intervient sur le marché monétaire pour réguler le volume du crédit. Enfin, elle assure la supervision du système et la réglementation prudentielle associée sur la base de la loi bancaire de juillet 1995. La stratégie de réforme du système bancaire dans les années 90 a reposé essentiellement sur la libéralisation de la politique monétaire et des changes, et l’amélioration de la sécurité du système financier. 2.1.23 La réforme de la politique monétaire s’est traduite par l’abandon progressif du système de régulation administrative du crédit et des taux d’intérêt. Le contrôle de la masse monétaire s’opère désormais à travers des instruments indirects tels l’adjudication des bons du Trésor ou encore les opérations d’open-market11. Les principales dispositions mises en oeuvre dans le cadre de la réforme de la politique monétaire sont résumées dans la table ci-après.

11 En éliminant le réescompte, la BCM a prévu d’intervenir sur le marché monétaire à travers le système d’appel d’offres.

Page 17: Mauritanie - Profil Gouvernance

10

2.1.24 La politique de changes a été également libéralisée et un système de changes flottants est entré en vigueur en 1996. L'obligation de rapatriement de la totalité des recettes en devises naguère imposée aux exportateurs a été partiellement supprimée. En outre, les transferts des dividendes et des intérêts générés par les investissements directs étrangers sont libres de toutes restrictions. 2.1.25 Enfin, l’impératif de sécurité du système financier en Mauritanie s’est traduit par le renforcement de la structure chargée du contrôle des banques en moyens humains et matériels et par la mise en place de procédures de travail adaptées aux exigences de la supervision bancaire. En juin 2001, conformément aux accords portant sur les conditions d’éligibilité à l’initiative PPTE, de nouvelles dispositions définissant des ratios prudentiels de gestion (ratios bancaires mais également limites en matière de concentration) ont été mises en place à travers des contrats programmes entre les banques commerciales et la BCM. Parmi les règles à respecter figurent notamment des mesures relatives au capital minimum, à la liquidité, à la solvabilité, à la couverture et à la division du risque. 2.1.26 Depuis la mise en œuvre des réformes des années 90, la situation financière des établissements bancaires s’est largement améliorée. Toutes les banques12 disposent de fonds propres nets supérieurs aux normes requises et la majorité d’entre elles respectent l’ensemble des ratios prudentiels de gestion. Toutefois, le capital y est encore détenu par un nombre réduit d’actionnaires, et le risque qu’une banque contrôle d’autres activités non bancaires semble élevé. De plus, il apparaît que la politique monétaire souffre toujours de lacunes. En effet, le manque de transparence dans sa mise en œuvre, l’exiguïté et parfois l’inefficience des marchés monétaires contribuent à la moindre performance du secteur financier et au déficit de concurrence entre établissements financiers, comme en témoigne l’importance de leurs marges et le différentiel significatif entre les taux de rémunération et les taux d’emprunt, estimé à 20%. Par ailleurs, le marché des changes présente des distorsions importantes, pour lesquelles un mécanisme transparent régulier pour l’accès des opérateurs économiques aux devises. Cette mesure vise, entre autres, à diminuer les écarts importants entre les taux de change officiels et les taux de change sur le marché parallèle (le différentiel peut atteindre 20%).

12 A l’issue de la restructuration du système bancaire, les banques commerciales sont au nombre de huit.

Date

1990

1990

1992

19941998

2001

Principales mesures prises dans le cadre de la restructuration bancaire

Abandon du système d'autorisation préalable en vigueur depuis 1974 imposant aux banques de solliciter l'accord préalable de la BCM pour l'octroi de tout crédit direct d'un montant supérieur à deux millions d'Ouguiyas

Lancement des bons du Trésor comme instrument du marché monétaireCréation d'un guichet de réescompte des bons du Trésor

Introduction des opérations de pensions livrées contre bons du Trésor comme support des échanges de liquidités entre banques et mise en place à la BCM d'un guichet de prise de pension livrée contre bons du Trésor

Mesures

Institution d'un marché monétaire interbancaire où les banques ont a possibilité d'échanger leurs liquidités

Institution de réserves obligatoires

Page 18: Mauritanie - Profil Gouvernance

11

• La responsabilisation dans le secteur privé 2.1.27 Parallèlement à la libéralisation du secteur financier, la Mauritanie a engagé une série de réformes visant à réorganiser le rôle de l’Etat et à développer l’investissement privé (cf. § 2.3.11 et suivants). A cet égard, l’environnement institutionnel et la régulation des affaires ont fait l’objet de réformes en profondeur visant à accroître l’obligation de rendre compte du secteur privé et à améliorer la sécurité des affaires. Les autorités mauritaniennes se sont ainsi mises en conformité avec les procédures internationales en matière de contentieux commerciaux et de droit du travail. Par ailleurs, la Mauritanie a établi des relations étroites avec des agences extérieures comme le MIGA ou la Cour d’arbitrage allemande13 et ratifié les conventions de New-York, Vienne et la Haye relatives à l’exécution des sentences arbitrales étrangères. L’utilisation de la main d’œuvre étrangère a fait l’objet d’une réglementation spécifique, le code commercial (modernisé en 2001), et le code des investissements (adopté en 2002) ont renforcé la transparence et la régulation des affaires à travers les dispositions propres à la concurrence et la fiscalité. 2.1.28 Du point de vue de l’obligation de rendre compte dans le domaine sectoriel, le Gouvernement a mis en place une autorité multisectorielle de régulation, le Conseil national de régulation (CNR), afin d’éviter les distorsions de concurrence et la création de marchés oligopolistiques dans les secteurs ouverts aux investissements privés (télécommunications, énergie). La surveillance des marchés libéralisés a donc été renforcée, comme en témoigne les sanctions infligées par le CNR, en avril 2004 à Mattel SA d’un montant de 15,80 millions UM14 et à Mauritel-Mobiles d’un montant de 30,45 millions UM15, la qualité du service des deux opérateurs étant estimée inférieure au minima exigé par le cahier des charges. Cependant, eu égard au développement du secteur des hydrocarbures dans l’économie mauritanienne, il convient de relever que la Mauritanie adopte les principes de l’Initiative de transparence dans la gestion des industries extractives.. 2.1.29 Enfin, en matière de comptabilité et d’audit dans le secteur privé, la Mauritanie s’est dotée d’un Ordre des experts comptables depuis 1983 (www.onecrim.org). Celui-ci regroupe 31 professionnels, dont 20 installés et 11 salariés d’entreprises, soit un effectif très faible par rapport aux besoins de l’économie mauritanienne. En outre, la Mauritanie ne délivre pas encore de diplôme national d'expertise comptable et ne dispose pas de son propre institut de formation. Le pays a mis en place un appui à l’ordre national des experts comptables avec l’appui de l’IDA. Cet appui vise à renforcer les capacités notamment dans l’élaboration des normes, la formation et la mise en place d’un centre de documentation.. Ainsi, si la profession locale est de plus en plus sollicitée par les partenaires au développement pour intervenir dans le cadre d’audits et de travaux financiers peu complexes sur les projets de développement, elle ne peut à ce jour se présenter comme une alternative crédible pour assister l’Etat (l’IGF) dans ses missions de contrôle. Par ailleurs, L’Ordre n’est pas membre de la Fédération Internationale des Comptables (IFAC) et ne dispose pas de normes qui lui sont propres, bien que la plupart des professionnels exerçant au Mauritanie affirment exercer selon les normes édictées par l’IFAC et qui sont celles de l’International Accounting Standard Committee (IASC). Cette pratique informelle dans l’application des normes ne constitue pas une garantie de leur respect, surtout dans un environnement où l’absence d’un conseil de discipline ou de

13 La Cour d‘arbitrage est une institution à compétence générale qui a pour mission de mettre à la disposition des entreprises de toute taille les moyens nécessaires au règlement de leurs litiges par voie d'arbitrage ou par conciliation. 14 Soit environ 50 200 €. 15 Soit environ 96 800 €.

Page 19: Mauritanie - Profil Gouvernance

12

surveillance fiable ne permet pas de suivre la qualité du travail des membres et de prendre les mesures correctives appropriées. 2.2 La transparence

• Transparence politique et institutionnelle 2.2.1 La Constitution consacre son Titre VI au Conseil constitutionnel, institution garante de la constitutionnalité des lois que le Parlement vote et juge de la régularité des élections. Ce Conseil comprend 6 membres, dont le mandat de 9 ans n'est pas renouvelable. Les membres du Conseil sont nommés par le Président de la République (3 membres, dont le Président du conseil), le Président de l'Assemblée nationale (2 membres) et par le Président du Sénat (1 membre). Les membres du Conseil ne peuvent appartenir à aucune instance dirigeante ou parti politique. Les décisions du Conseil ne sont pas susceptibles de recours. La Mauritanie dispose, en outre, de deux institutions consultatives : le Haut Conseil Islamique, composé de 5 membres désignés par le chef de l’Etat et le Conseil Economique et Social. 2.2.2 Le contrôle exercé par le Conseil Constitutionnel est un contrôle a priori, c'est à dire avant la mise en application de la norme contestée. A cet égard, les lois organiques sont obligatoirement examinées avant leur promulgation, alors que les lois ordinaires peuvent être déférées au Conseil constitutionnel par le Président de la République, le Président de l'Assemblée nationale, le Président du Sénat ou un tiers des députés ou sénateurs. Les décisions du Conseil constitutionnel sont revêtues de l'autorité de la chose jugée, c’est-à-dire qu’elles s'imposent à tous les pouvoirs publics. Cependant, si le cadre institutionnel existe, force est de constater que, dans la réalité, le contrôle de constitutionnalité des textes réglementaires est essentiellement formel et ne procède ni d’une démarche citoyenne participative ni d’une approche plus transparente..

• Transparence dans la gestion des finances publiques 2.2.3 Afin de rendre effective la transparence dans la gestion des finances publiques, l’architecture institutionnelle mauritanienne a mis en place un système qui consacre trois niveaux de contrôle budgétaire : administratif, juridictionnel et parlementaire. Le schéma présenté ci-après synthétise les organes de contrôle de la chaîne des dépenses publiques. 2.2.4 Le contrôle administratif. Le contrôle interne de l’administration sur ses agents est effectué, en premier, par le Contrôleur financier et ses services qui exercent un contrôle a priori des dépenses publiques (décrets n°62.043 de 1962 et n°38.087 de 1987). Depuis 1992, le Contrôleur financier est rattaché au Premier Ministre, et intervient essentiellement dans la gestion des opérations de dépenses (contrôle sur pièce des finances de l’Etat, des collectivités et établissements publics ou semi-publics) et la gestion des actes administratifs (régularisation de procédures, avis sur les projets de loi, décrets arrêtés). Par ailleurs, l’Inspection Générale des Finances (IGF), placée sous l'autorité directe du Ministre chargé des Finances (décret n°83.034 de 1983), contrôle la gestion financière de toutes les structures qui reçoivent, détiennent ou gèrent des deniers publics (services financiers, fiscaux et comptables de l'Etat, des Collectivités Territoriales et des Ambassades, administrations publiques, civiles et militaires, projets publics de développement, établissements publics). L’IGF intervient sur requête du Ministre des finances ou à la demande des autres Ministres. En réalité, les services de l’IGF sont utilisés régulièrement depuis 2001, mais doivent de plus en plus faire face à une

Page 20: Mauritanie - Profil Gouvernance

13

contrainte de personnel au regard de l’intensification des missions effectuées (cf. tableau 1). En 2004, plusieurs mesures ont été prises visant à renforcer le rôle et les capacités de l’IGF. ( Voir le nouveau texte sur l’IGF) Tableau 1 – Effectifs et missions de l’Inspection Générale des Finances 2000 2001 2002 2003 2004 Nombre d’inspecteurs 4 5 5 5 6

Nombre de missions effectuées 63 130 140 200 250 (es.)

2.2.5 Le contrôle juridictionnel. Le contrôle externe de la gestion des finances publiques – indépendant du Pouvoir Exécutif – se manifeste à travers le contrôle de la Cour des Comptes. La Mauritanie s'est en effet dotée d'une Cour des Comptes par la loi N° 93.19 du 26 Janvier 1993, qui précise qu’en sa qualité d’«institution suprême de contrôle des finances publiques, la Cour des Comptes contribue, par son action permanente et systématique de vérification, d’information et de conseil, à la sauvegarde des finances publiques, à l’amélioration des méthodes et techniques de gestion et à la rationalisation de l’action administrative». Par ailleurs, il est mentionné que « le contrôle dévolu à la Cour des Comptes vise à déceler tout écart, irrégularité ou infraction par rapport aux normes juridiques et de gestion, de manière à permettre, dans chaque cas, de procéder aux corrections nécessaires, d’engager la responsabilité des personnes en cause, d’obtenir réparation ou prendre des mesures propres à éviter, ou du moins à rendre plus difficile, la perpétration de tels actes à l’avenir ». 2.2.6 Le contrôle parlementaire. Le contrôle parlementaire en matière de finances publiques est régi par la Constitution du 20 juillet 1991 et les dispositions de la loi N° 78-011 du 19 janvier 1978. La Constitution définit en effet la responsabilité du Gouvernement devant le Parlement (art.43), octroie un droit d'amendement au Parlement en complément du vote des lois (art.62) et lui confère le droit de contrôle tant au cours de l'exécution budgétaire qu’à la fin (art.72).

Direction du Contrôle Financier

A priori

Examen des pièces Justificatives (Etat,

collectivités, étab. publics)

Inspection Générale des Finances

A posteriori

Premier Ministère

Ministèredes Finances

Conseil Constitutionnel

A priori

Cour des Comptes

A posteriori

Haute Courde Justice

A priori :

En cours :

A posteriori :

Assemblée Nationale /Sénat

Approb. des lois de finances

Question de confianceMotion de censure

Examen semestriel des dépensesLois de règlement

Contrôle la gestion financières de toutes les structuresContrôle des compta. admin.

Constitutionnalité des loisde finances

Contrôle des comptes pubAssiste Parlt. et Gvt. danscontrôle de l’exécutionVérifie comptes et gestion des EPIC, soc. publiquesPouvoir de sanctions

Juridictions pénales

(Art.168 et alii)

Corruption, concussions par agents publics

Direction du Contrôle Financier

A priori

Examen des pièces Justificatives (Etat,

collectivités, étab. publics)

Inspection Générale des Finances

A posteriori

Premier MinistèrePremier Ministère

Ministèredes Finances

Ministèredes Finances

Conseil Constitutionnel

A priori

Cour des Comptes

A posteriori

Haute Courde Justice

A priori :

En cours :

A posteriori :

Assemblée Nationale /Sénat

Approb. des lois de finances

Question de confianceMotion de censure

Examen semestriel des dépensesLois de règlement

A priori :

En cours :

A posteriori :

Assemblée Nationale /Sénat

Approb. des lois de finances

Question de confianceMotion de censure

Examen semestriel des dépensesLois de règlement

Contrôle la gestion financières de toutes les structuresContrôle des compta. admin.

Constitutionnalité des loisde finances

Contrôle des comptes pubAssiste Parlt. et Gvt. danscontrôle de l’exécutionVérifie comptes et gestion des EPIC, soc. publiquesPouvoir de sanctions

Juridictions pénales

(Art.168 et alii)

Corruption, concussions par agents publics

Page 21: Mauritanie - Profil Gouvernance

14

2.2.7 Le principal constat en matière de contrôle des finances publiques est qu’il reste faible, qu’il soit a priori, comme dans le cas du contrôle financier ou a posteriori, comme dans le cas de l’IGF ou de la Cour des Comptes. Parmi les raisons qui justifient ce déficit d’efficacité en la matière figurent, en premier, la faiblesse des moyens humains et techniques permettant d’entreprendre des contrôles d’envergure au cours de l’année. En effet, bien que la Cour des Comptes comprenne quelques 40 auditeurs on remarque que l’IGF n’est pas étoffée car elle ne dispose que d’un effectif réduit à 6 inspecteurs. Par ailleurs, si les profils du Contrôleur financier et de son adjoint témoignent d’une compétence et d’une expérience certaine en matière de contrôle budgétaire, le risque de se retrouver dans une situation où le contrôle a priori n’existe plus est réel, dès l’instant que les services du Contrôleur financier sont généralement considérés comme ayant été effectués, en amont, par les services de l’Ordonnateur délégué (le Directeur du Budget et des Comptes). De surcroît, dans la pratique, l’action du Contrôleur financier est limitée au contrôle budgétaire et au contrôle des actes administratifs, omettant ainsi les dépenses des établissements publics et celles sur financements extérieurs qui représentent une fraction substantielle du budget d’Etat. 2.2.8 Ensuite, l’absence dans la plupart des services concernés d’outils informatiques permettant de comptabiliser, d’agréger et de transformer les données budgétaires disponibles sous forme de tableaux de bord ou d’indicateurs de suivi d’activité, par exemple, ou encore de signaler d’éventuelles erreurs ou défaillances dans le circuit de la dépense publique contraint fortement l’efficacité du contrôle des finances publiques. Cette faiblesse est d’autant plus préjudiciable que la pluralité des budgets annexes et comptes spéciaux du Trésor ne facilite pas le suivi et le contrôle de la dépense publique. De plus, les procédures de contrôle externe n’engendrent pas toujours un contrôle efficace et transparent des dépenses publiques. Ainsi, la Cour des Comptes n’a pu véritablement assumer son rôle de contrôle juridictionnel des comptes publics en raison de l’absence de production de certains comptes de gestion par le Ministère des Finances (compte de gestion annuel du Trésorier Général et compte administratif de la Direction du Budget et des Comptes). Toutefois, de 2001 à 2003, les lois de règlements ont été préparées et adoptéés. 2.2.9 Par ailleurs, il convient de relever le manque de coordination structurelle entre les autorités de contrôle, et plus particulièrement entre les services de l’Inspection et la Cour des Comptes. Le contrôle administratif permanent de l’Inspection devrait permettre à la Cour des Comptes d’exercer un contrôle juridictionnel complémentaire. Dans la pratique, le manque de communication entre les deux organismes, délibéré ou non, favorise l’émergence de risques de télescopage. 2.2.10 Enfin, si sur le plan légal et réglementaire le contrôle parlementaire est doté de l’autorité nécessaire pour conduire ses missions, l‘expérience insuffisante des membres de l’Assemblée en matière de question budgétaire et de finances publiques ou encore le déficit dans le circuit de l’information entre les commissions parlementaires et les ministères concernés par les dépenses entravent son action en matière de contrôle.

Page 22: Mauritanie - Profil Gouvernance

15

• Transparence dans la passation des marchés 2.2.11 La Mauritanie dispose d’une réglementation et de pratiques reposant sur les principes de concurrence et des marchés publics hérités du système français. Les commissions de marchés ne constituent pas de véritables acteurs dans l'exécution du budget mais leur action contribue à assurer la transparence dans la gestion des deniers publics en garantissant le respect strict des procédures de passation des marchés publics. Le cadre réglementaire distingue deux types de commissions : i) la Commission centrale des marchés (CCM), rattachée au Secrétariat Général du Gouvernement, intervient au niveau de la passation des marchés de l’Etat, des collectivités locales et des établissements publics à caractère administratif dépassant un seuil fixé à 75 millions UM pour les travaux, 30 millions UM pour les fournitures et services courants biens et 25 millions UM pour les prestations intellectuelles16, et d’un seuil de plus de 100 millions UM pour les marchés des établissements publics à caractère industriel et commercial et des sociétés à capitaux publics ; et ii) les commissions départementales, créées au sein de chaque administration centrale et chargées d'assurer la procédure jusqu'à son aboutissement. Toutefois, pour les marchés passés après consultation simplifiée et les marchés de gré à gré, la CCM est compétente pour autoriser le recours à une procédure exceptionnelle pour les marchés d’un montant dépassant 15 millions UM. 2.2.12 Un programme de modernisation de la passation des marchés publics a été initié en 1998 avec le soutien de la Banque mondiale. Ce programme a abouti à la révision des textes de base et au renforcement des capacités institutionnelles en la matière. Cependant, dans le rapport analytique sur la passation des marchés (CPAR) transmis au Gouvernement en juin 2002, il est fait mention que des faiblesses persistantes entravent toujours la qualité et l’efficacité des passations de marchés. En effet, malgré les efforts d’amélioration déjà accomplis, le système de passation des marchés présente encore des insuffisances qui nécessitent la poursuite et la consolidation des réformes engagées. Ces insuffisances sont notamment : (i) la persistance des procédures de passation des marchés peu transparentes, (ii) l’existence d’une chaîne de passation des marchés publics trop lourde et dans laquelle les responsabilités sont peu ou mal définies, (iii) l’insuffisance de spécialistes de passation des marchés publics et (iv) la faiblesse du cadre institutionnel de mise en œuvre de la réforme des marchés publics. En outre au niveau des capacités institutionnelles, le lancement d’un journal sur les marchés publics n’a toujours pas été réalisé faute de moyens techniques pour assurer la diffusion d’une telle publication et par réticence à transférer cette responsabilité à une structure privée. Ce retard dans l’élaboration d’un document officiel est préjudiciable à la transparence des marchés dès l’instant qu’il prive les intéressés d’une information et de statistiques fiables en la matière. En matière de révision des procédures, le nouveau décret portant code des marchés publics (Code institué par le décret N° 02-08 du 12 février 2002) n’a pas établi les fondements d’un système efficace, performant et plus transparent. A cet égard, il est reproché « l’omniprésence de la CCM, le manque de transparence des procédures, l’interprétation inexacte de certains concepts légaux et l’utilisation abondante de provisions discrétionnaires ». Face à ces critiques récurrentes, le Gouvernement a engagé une nouvelle réforme qui devrait faire de la CCM davantage un régulateur qu’un organe de traitement des dossiers (cf. § 4.1.6). Par ailleurs, les mesures actuellement en discussion à ce propos révèlent la volonté de mettre en place une décentralisation progressive de l’activité en faveur des commissions départementales.

16 Arrêté du 15 mai 2002 portant seuils de passation, de contrôle et d’approbation des marchés publics, et seuils de compétence des commissions des marchés.

Page 23: Mauritanie - Profil Gouvernance

16

• Transparence et suivi-évaluation des politiques publiques 2.2.13 Jusqu’à 2001, il n’existait pas de structure ni de cadre institutionnel propre à l’évaluation des politiques publiques. Certaines revues des dépenses publiques avaient été entreprises au cours des années 1992 et 1995, et des revues sectorielles menées pour l’éducation et la santé en 2001, mais leur caractère irrégulier et souvent incomplet privait le Gouvernement d’un instrument efficace de suivi évaluation. La loi d’orientation n° 2001-050 du 19 juillet 2001 relative à la lutte contre la pauvreté est venue donner une assise juridique au processus évaluatif. En effet, elle prévoit que « les plans d’action quadriennaux font l’objet d’un suivi systématique et d’une évaluation exhaustive associant l’ensemble des acteurs et partenaires de la lutte contre la pauvreté » (Art.7). La loi a par ailleurs été complétée par la création, en janvier 2002, du Centre mauritanien d’analyse des politiques (CMAP) qui a pour objet : (i) d’aider à la conception, à l’analyse et à l’évaluation des politiques économiques et sociales, dans le cadre de la stratégie de lutte contre la pauvreté ; (ii) d’organiser des formations en matières d’analyse des politiques ; (iii) d’améliorer la disponibilité et la qualité des informations, et de faciliter des échanges d’expérience entre les différents acteurs de développement, et avec l’extérieur et (iv) de renforcer le dialogue entre le secteur privé et la société civile sur la formulation, la mise en œuvre et le suivi des politiques. La loi n’est cependant applicable qu’aux seules politiques de lutte contre la pauvreté issues du CSLP. Toutefois, la création du CMAP s’avère être un mécanisme effectif de suivi-évaluation de l’action publique. A cela s’ajoute la préparation en cours dans le cadre du programme d’appui à la mise en oeuvre du PNBG financé par le PNUD d’une loi d’obligation de l’évaluation des politiques Publiques.

• Transparence dans la gestion pétrolière 2.2.14 Le Ministère des Mines et de l’Industrie gère le développement des hydrocarbures en Mauritanie. Depuis la première découverte de pétrole par une prospection offshore de Chinguetti en 2001, la prospection d’hydrocarbures a eu un intérêt considérable en Mauritanie, en particulier dans le Bassin Côtier17. La découverte du pétrole a également mis à jour le potentiel significatif des bassins onshore, notamment du Bassin de Taoudeni18. Woodside, Dana, Brimax, IPG et Hardman Resources ont signé des contrats et sont en cours d’effectuer les travaux de prospection, mais c’est du bassin offshore de Chinguetti19 que devraient sortir les premiers barils, au rythme initial de 75 000 barils/jour, soit 4 millions de tonnes /an (la carte des permis d’exploitation est présentée en annexe 1). Ce potentiel pétrolier devrait assurer au secteur des hydrocarbures un des principaux rôles dans l’économie du pays. 2.2.15 Les autorités ont dès lors pris conscience de l’importance du secteur pétrolier qui devrait permettre au taux de croissance du PIB d’atteindre plus de 10% à partir de 2006, suivant les prévisions du FMI, et mis en place le cadre institutionnel s’y afférant. Un coordinateur du projet Chinguetti a été nommé et le Ministère des Mines s’est doté, en avril 2004, d’une nouvelle direction chargée des hydrocarbures qui s’occupera des volets recherche et exploitation du pétrole et du gaz. L’existence de cette structure devra néanmoins s’accompagner de la plus grande vigilance des autorités dans le mode de

17 Le Bassin Côtier mauritanien s’étend des frontières nord aux frontières sud du littoral mauritanien sur une distance de 500 km environ et d'une largeur de 300 km de l’est à l’ouest. Il recouvre plus de 160 000 km2, 100 000 km2 du bassin étant offshore. 18 Le Bassin Taoudeni est un grand bassin intracratonique, qui recouvre une superficie d'environ 500 000 km2 de la Mauritanie sud et est, et s’étend à l’est sur une superficie similaire à l’ouest du Mali. 19 Situé à 800 mètres de profondeur et à 80 kms des côtes, le champ pétrolier Chinguitti est l’objet d’un contrat de partage entre le gouvernement mauritanien et Woodside pour une durée d’exploitation de 8 à 15 ans, pour une quantité de pétrole exploitable évaluée à 120 millions de barils, soit 19 millions de m3.

Page 24: Mauritanie - Profil Gouvernance

17

gestion de ces ressources afin d’éviter le « syndrome hollandais », et surtout de la plus grande transparence de leur répartition en vue de maximiser l’impact en terme de réduction de la pauvreté.

• Libertés d’expression et respect des Droits de l’Homme 2.2.16 La liberté des médias. La Constitution du 12 juillet 1991 reconnaît la liberté d’expression aux citoyens et une ordonnance sur la presse a été promulguée le 25 juillet 1991. La presse écrite est aujourd’hui constituée d'une centaine de titres, de parution intermittente pour la plupart (seule une douzaine paraissent régulièrement sur une base hebdomadaire ou bimensuelle), sans véritable réseau de distribution à l'échelle nationale. Quoique reconnue par la Constitution la liberté d’expression est somme toute limitée par l’application de l’ordonnance du 25 juillet 1991. En effet, l’article 11 de cette ordonnance stipule que "le Ministère de l'Intérieur peut, par arrêté, interdire la circulation, la distribution ou la vente de journaux [...] qui portent atteinte aux principes de l'islam ou à la crédibilité de l'Etat, causent un préjudice à l'intérêt général ou troublent l'ordre et la sécurité publics". Pour la seule année 2003, Amnesty International rapporte que plus d'une dizaine de titres ont été interdits en vertu de l’article 11. La libéralisation du secteur demeure limitée malgré les avancées notoires de la presse écrite et parlée enregistrées au cours des dernières années. 2.2.17 Les conventions sur le travail. Suivant l’Organisation internationale du travail (OIT), la Mauritanie a ratifié 42 conventions internationales, parmi lesquelles 39 sont actuellement en vigueur. Si la Mauritanie fait partie des pays ayant ratifié le plus de conventions dans la sous-région, l’OIT relève qu’en décembre 2001 l’application de la convention concernant l’âge minimum de travail20 a été dénoncée. Par ailleurs, en juin 2003, la Commission de l'application des normes et le Comité d'experts de l’OIT ont relevé avec préoccupation que les organisations de travailleurs continuaient de dénoncer l'existence de pratiques de travail forcé, l'absence de sanctions à l'égard des responsables et l'ambiguïté des dispositions juridiques en matière de réquisition de main-d'œuvre. A cet égard, les autorités mauritaniennes ont pris les dispositions législatives nécessaires pour interdire toute atteinte à la dignité du travail. En juillet 2003, la Loi n°2003-025 portant répression de la traite des personnes et abrogeant celle de 1983. a en effet été adoptée par le Parlement Suivant l’article I de cette loi, l’expression traite des personnes désigne « l’enrôlement, le transport, le transfert de personnes par la force […] ou par d’autres formes de contraintes, par enlèvement, tromperie, abus d’autorité ou l’exploitation d’une situation de vulnérabilité. […] L’exploitation comprend au minimum le travail non rémunéré, le travail ou les services forcés ainsi que les pratiques analogues ». 2.2.18 La Mauritanie a officiellement abolit l’esclavage en juillet 1980 et a érigé cette abolition en loi à travers l'ordonnance n° 81.234 du 9 novembre 1981. Celle-ci proclame en effet que « l’esclavage sous toutes ses formes est aboli définitivement sur toute l’étendue du territoire de la République Islamique de Mauritanie » (article 1er). Les autorités mauritaniennes ont par la suite témoigné de leur volonté à lutter contre toutes les discriminations en la matière en signant et ratifiant la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples (1986), la Convention relative aux droits de l'enfant (1991), la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale et la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (2001). Par ailleurs, si l’ordonnance de 1981 officialise le principe de dédommagement des maîtres conformément à l’article 2 (celui-ci précise que « cette

20 Suivant cette convention (n°138), l’âge minimum spécifié est de 14 ans.

Page 25: Mauritanie - Profil Gouvernance

18

abolition donnera lieu à une compensation au profit des ayants-droit »), elle ne prévoit aucune mesure compensatrice en faveur des affranchis. Les organisations de défense des Droits de l’homme font par ailleurs remarquer que cette loi n’a été suivie ni de décrets d’application ni de dispositions pénales réprimant expressément les pratiques esclavagistes. De plus les recommandations formulées en la matière notamment la mise en place de campagnes d’information et de sensibilisation de l’opinion publique ne semblent pas avoir été suivies de façon exhaustive. Toutefois la création récente d'un Commissariat aux Droits de l'homme, à la Lutte contre la Pauvreté et à l’insertion (CDHLPI) illustre la volonté politique de mettre un terme aux « séquelles de l'esclavage ». Parmi les principales actions initiées en 2003 dans cette voie ont été l’élaboration d’un Programme national d’action de promotion et de protection des Droits de l’Homme (PNADH) et la promulgation de la loi portant répression de la traite des personnes.

• L’accès à la propriété et le régime foncier 2.2.19 Historiquement, en Mauritanie, la régulation du système foncier était régit par le droit musulman suivant lequel la terre morte, inoccupée ou improductive appartenait à celui qui la mettait en valeur et échappait à la reconnaissance d’un droit individuel. Les nouvelles conditions politiques et économiques, ont entraîné une profonde évolution du système foncier pastoral. C’est en 1983, par l’ordonnance n°83 127 modifiant celle de 1960 que l’Etat mauritanien introduit des principes innovants portant réorganisation foncière et domaniale. En vertu de ce texte, dont le décret d’application est pris en 1990, (i) la terre, répartie en concessions urbaines et en concessions rurales appartient à I’État, (ii) tout citoyen peut en devenir propriétaire à condition de la mettre en valeur, (iii) tout système de tenure traditionnelle est aboli, (iv) toute forme d’affermage non conforme à la loi islamique est interdite, ce qui signifie l’abolition des contrats non écrits. 2.2.20 Ces dispositions entraînent ainsi l’abolition des droits collectifs et coutumiers et favorisent le développement de la propriété privée des terres. Jusqu’en 1991, c’est l’État qui préside à la reconnaissance des droits fonciers et qui, par constat de mise en valeur, attribue la propriété. Par la suite, la prise des décrets d’application fixe la hiérarchie des décisions de compétences de l’Etat21. Ces évolutions récentes ont certes contribué à l’affaiblissement des droits locaux au profit d’un accès légal et transparent à la propriété privée. A cet égard, le cadastre apparaît comme la source privilégiée pour l’obtention d’informations pertinentes permettant à la DGI de mieux évaluer le potentiel fiscal foncier (l’information cadastrale est nécessaire à la détermination des montants de l’impôt et à l’identification des redevables). Or, la conservation foncière existe mais le système ne fonctionne pas, non seulement en raison de la faiblesse des effectifs – les services du cadastre ne comprennent que cinq fonctionnaires pour tout le pays – mais également par manque d’équipement approprié (il n’existe aucun équipement informatique pour faciliter l’enregistrement et le contrôle au niveau de la conservation foncière).

21 Les concessions de moins de 10 ha sont de la compétence du Préfet ; de 10 à 30 ha, de celle du Gouverneur ; de 30 à 100 ha, du Ministre des finances ; et plus de 100 ha, du Conseil des ministres.

Page 26: Mauritanie - Profil Gouvernance

19

2.3 Participation des parties prenantes

• La représentativité politique 2.3.1 En matière de pluralisme politique, la nouvelle Constitution garantit que « les partis et groupements politiques concourent à la formation et à l'expression de la volonté politique ». La Mauritanie compte une trentaine de partis politiques, parmi lesquels se trouvent, le Parti républicain démocratique et social (PRDS) qui détient une large majorité sur la scène politique, le Rassemblement pour la démocratie et l'unité nationale (RDU), dans la mouvance présidentielle, et l’Union pour la démocratie et le progrès (UDP). L'opposition est représentée notamment par l'Union des Forces de Progrès (UFP), le Rassemblement des forces démocratiques (UFD) ou encore l'Alliance populaire progressiste (APP), anciennement Action pour le changement (AC). Les tableaux de l’annexe 2 présentent les résultats des dernières élections présidentielles, législatives et sénatoriales en Mauritanie. Les résultats des dernières élections législatives et municipales qui ont été organisées en octobre 2001 illustrent ce pluralisme politique. En effet même si le parti au pouvoir, le PRDS a maintenu une large domination, l’opposition a enregistré une percée réelle dans sa représentation aussi bien au Parlement que dans les assemblées communales. Les élections présidentielles du 7 novembre 2003 ont confirmé le Président sortant à la tête du pays en le créditant de 67% des suffrages exprimés (contre 19% pour son principal opposant). Le sénat a été en outre renouvelé en 2004 pour un tiers de ses membres, soit 18 des 56 sièges. 2.3.2 En matière de mobilisation électorale, le Gouvernement, s’efforce d’encourager la participation des citoyens. A cet égard, et afin d’améliorer la transparence du processus électoral, des mesures anti-fraudes ont été mises en œuvre, dont une carte d’identité informatisée et infalsifiable, conduisant l’opposition et les observateurs internationaux à accepter les résultats depuis 2001.

• La décentralisation 2.3.3 Organisation territoriale. Ce n’est qu’en 1986 qu’une véritable décentralisation est engagée dans le pays, par la création des communes de 1ère génération, les chefs-lieux des Régions ou Wilaya. En 1987 et 1988 suivent, respectivement, la mise en place des communes de 2ème génération, les chefs-lieux de Département ou Moughataa, et de 3ème génération, avec la création des communes dites rurales (l’organisation administrative et territoriale simplifiée de la Mauritanie est présenté dans le tableau 2). La Déclaration de politique municipale, adoptée par le Gouvernement en 1995, a présenté par la suite les grandes orientations en matière de transfert de compétences, de renforcement de l’environnement institutionnel des communes, d’amélioration des ressources communales et de gestion efficiente du patrimoine communal.

Page 27: Mauritanie - Profil Gouvernance

20

Tableau 2 : Organisation administrative et territoriale en Mauritanie

Découpage territorial

Dénomination Nombre Collectivité

locale Circons. Admin.

Organe délibérant

Organe exécutif

Organe déconcentré /de tutelle

Willaya 13 Non Oui Wali

Moughataa 53 Non Oui Hakem

Commune 216 Oui Non Conseil *municipal Maire Ministres de l'Intérieur

et des Finances

2.3.4. Financement des collectivités locales. Les ressources financières des collectivités mauritaniennes comprennent le produit d’une fiscalité locale (contribution foncière, patente, taxe d’habitation / contribution communale et taxe communale), de recettes non fiscales (redevances, droits domaniaux, amandes et recettes des services) et des recettes provenant des subventions de l’Etat (FRD), des dons, legs et fonds de concours. Parallèlement, les charges des collectivités locales sont constituées de manière classique des dépenses de fonctionnement et d’investissement. A cet égard, alors que les dépenses totales des communes (y.c. les financements extérieurs et FRD) représentent environ 5% des dépenses de l’Etat22, les recettes globales générées par les communes ne représentent environ que 2,5% du budget de l’Etat. Par ailleurs, la marge d’autofinancement des collectivités est faible : elle ne représente que 20% dans les deux grandes villes (Nouakchott et Nouadhibou) et est pratiquement nulle dans les communes rurales et la majorité des villes secondaires. Cette situation fait ressortir les difficultés – voire l’impossibilité pour la plupart – d’arriver à l’équilibre budgétaire, l’intégralité des recettes étant consommées par les dépenses de fonctionnement. 2.3.5 Néanmoins, et au-delà de la volonté politique exprimée en faveur de la démocratie locale, une analyse de la décentralisation met en exergue le décalage observé entre décentralisation et déconcentration. L’administration territoriale chargée de mettre en pratique la déconcentration au niveau local souffre en effet de nombreuses contraintes susceptibles de paralyser ses interventions : (i) l’uniformisation du cadre juridique qui ne prend pas en compte les disparités entre

les communes ; (ii) la non-application des dispositions sur le transfert des compétences entre l’Etat et

les communes, celles-ci n’assumant pas la plénitude de leurs compétences du fait d’une certaine dilution des responsabilités et surtout du non transfert par l’Etat des ressources conséquentes ;

(iii) la faiblesse manifeste des moyens financiers des communes due à l’inadaptation

de la fiscalité, particulièrement pour les communes rurales, et à la modestie des transferts financiers de l’Etat, en dépit de dernières améliorations (à travers les dotations globalisées de fonctionnement et d’investissement instituées par la loi des finances 2001 pour les communes rurales) ;

22 Ce taux, bien que voisin des pays de la sous-région ouest-africaine, est environ de 20% sur l’ensemble de l’Afrique.

Page 28: Mauritanie - Profil Gouvernance

21

(iv) l’absence d’une véritable capacité de maîtrise d’ouvrage et de maîtrise d’œuvre communale du fait du manque patent de technicité locale sans doute liée, entre autres, aux conditions de rémunération peu attrayantes ; les difficultés de fonctionnement des conseils municipaux (faible délégation de pouvoirs et non respect des règles de collégialité, voire tendances autocratiques des Maires) ;

(v) le problème du découpage territorial qui manque parfois, particulièrement en milieu

rural, de pertinence géographique, économique et même démographique ; et enfin, (vi) le problème de la formation des élus locaux dont une partie ne dispose même pas

du minimum d’instruction requis.

• Participation de la société civile 2.3.6 Les associations et ONG. Dans le contexte de démocratisation naissante avec l’appui des organisations internationales, l’État a adopté en 1996 un décret permettant la création d’associations de développement, englobant des objectifs d’urgence, d’aide humanitaire et de développement économique et social. Ce décret précise que les associations sont soumises à autorisation et contrôle du ministère de l’Intérieur, les ONG étrangères étant soumises à un avis préalable du Ministère des Affaires étrangères. La coordination des interventions est désormais confiée au Commissariat aux Droits de l’Homme, à la Lutte contre la Pauvreté et à l’Insertion (CDHLPI), véritable tutelle des ONG et principal interlocuteur des programmes concernant l’amélioration des conditions de vie et l’inégalité sociale. A cet égard, on notera l’implication significative de la société civile, aux côtés du secteur privé et des partenaires au développement, dans la conception et la mise en œuvre par les autorités du cadre de référence des politiques de développement (CSLP). Cette approche participative de la société civile s’exprime aussi régulièrement à travers l’élaboration de rapports annuels de suivi de la mise en œuvre du CSLP depuis 2001. 2.3.7 Si la nouvelle législation a permis la naissance de nombreuses ONG, elle n’a cependant pas encore donné lieu à une réelle délégation de maîtrise d’œuvre des projets de développement par les services de l’État à ces structures. Sur la totalité des ONG déclarées (environ 800), une dizaine seulement, pour la plupart étrangères, sont aujourd’hui des structures opérationnelles capables de proposer des projets, d’apporter des idées nouvelles et de mener des actions de développement d’envergure. Il est de plus très difficile, voire impossible, d’adhérer à ces associations, une ou deux personnes, à l’origine de la création, dirigeant seules l’association et prenant toutes les décisions (activités, embauches, salaires). Plus encore, l’inflation du nombre d’ONG ces dernières années a surtout été motivée par l’appât du gain (d’où l’expression « ONG cartables »), sans réel rapport avec les mandats confiés sur le terrain. L’initiative de créer un cyberforum de la société civile (http://www.cyberforum.mr), lancée dernièrement par les pouvoirs publics et réunissant plus de 200 ONG par groupes thématiques (identiques à ceux définis dans le CSLP) devrait cependant renforcer l’efficacité du dialogue Etat / société civile, jusqu’alors limité, et structurer davantage le mouvement associatif. 2.3.8 Les syndicats. Les syndicats ont été regroupés dès 1961 au sein de l'Union des travailleurs mauritaniens (UTM), Avec la libéralisation politique et la reconnaissance constitutionnelle des libertés syndicales, les syndicats se sont multipliés. En dehors de l’UTM, on dénombre aujourd’hui la Confédération générale des travailleurs de Mauritanie (CGTM), la Confédération libre des travailleurs de Mauritanie (CLTM) et l’Union des

Page 29: Mauritanie - Profil Gouvernance

22

syndicats libres de Mauritanie (USLM). Par ailleurs, de nombreux syndicats professionnels existent parmi lesquels le Syndicat Indépendants des Professeurs de l’enseignement secondaire (SIPES) ou encore le Syndicat national des dockers (SND). 2.3.9 Malgré le dispositif juridique qui s’inscrit dans le respect des Droits de l’Homme, la Mauritanie se heurte encore aujourd’hui à des contraintes sociales et culturelles fortes qui entravent l’approche participative. Ainsi, si le taux brut de scolarisation a été porté à 88% en 2002, le taux d’analphabétisme figurait encore à 42% la même année, et le niveau d’instruction général de la population ne permet pas, surtout aux couches sociales vulnérables, de percevoir suffisamment la fonction normative de l’Etat et le sens de la primauté du droit. Un effort intense reste donc à accomplir pour expliquer ces concepts et apprendre aux citoyens leurs droits, leurs obligations et les voies de recours qu’ils peuvent emprunter pour se protéger afin de renforcer la participation collective au processus de démocratisation engagé depuis plus d’une décennie.

• Participation et genre 2.3.10 Bien que la présence des femmes dans le domaine politique, notamment au niveau communal reste encore limitée, des exemples récents témoignent des changements qui commencent à s’opérer au plan social et politique. Ainsi, il convient de souligner l’élection de la première femme maire dans une commune rurale (Bousteilla), puis dans une commune de Nouakchott (Tevragh Zeïna) et, dernièrement, la présentation pour la première fois dans l’histoire constitutionnelle de la Mauritanie d’une femme à l’élection présidentielle de novembre 2003. La prise en compte de la situation des femmes est en réalité le fait d’efforts conjugués des différents acteurs de développement (Gouvernement, ONG, associations, organismes de financement). Au niveau des autorités mauritaniennes, une stratégie nationale de promotion féminine a ainsi été adoptée en 1995, et en juin 1997, une Circulaire du Premier Ministre invitait les départements ministériels à inscrire une composante « Femme » dans les programmes de développement. Plus encore, l’actualisation de la stratégie de promotion féminine en 2002 traduit l’attention portée à la situation de la femme, à la réduction des écarts et des inégalités entre sexes et son implication dans les programmes de développement. Le souci est en effet d’assurer le caractère transversal de l’action du Secrétariat d’Etat à la Condition Féminine (SECF), et de renforcer les capacités d’intervention, particulièrement au niveau régional.

Page 30: Mauritanie - Profil Gouvernance

23

Encadré – La situation de la femme en Mauritanie Une analyse de la situation de la femme a été réalisée en 2003 par le CMAP dans le cadre du processus de finalisation de la stratégie nationale de promotion féminine. Cette réflexion fait ressortir les principaux messages suivants:

Education. Des progrès considérables ont été enregistrés dans le domaine de l’éducation au cours de la dernière décennie et influencent positivement la santé maternelle et infantile, la participation économique et politique ainsi que l’évolution des mentalités. Cependant les écarts par genre restent élevés en matière d'alphabétisation (le taux d’alphabétisation des femmes est de 45,3% contre 60,1% pour les hommes en 2000), de scolarisation dans l’enseignement secondaire (ratio filles/garçons en 2000-01 de 75,5%), technique et professionnelle (le ratio atteint 55,4%) et supérieur (où il n’est que de 27%) alors que dans l’éducation fondamentale la situation actuelle est proche de la parité (avec un ratio de 92,9%).

Santé. La situation sanitaire des femmes et des enfants reste assez préoccupante, même si des progrès ont été accomplis. Le taux de mortalité maternelle de 747 décès pour 100.000 naissances vivantes figure parmi les plus élevés de la sous région.

Pauvreté. Dans l'ensemble, les conditions économiques des ménages dirigés par des femmes (MDF) se sont dégradées au cours des dernières années. Alors que le niveau de vie des ménages s'est amélioré entre 1996 et 2000, l'incidence de la pauvreté pour les ménages dirigés par des femmes augmente de 40,5% à 45,6% sur la même période.

Production. La contribution des femmes au PIB, estimée sur la base de leurs taux de présence dans les principaux secteurs de l'économie nationale, a progressé passant de 23,5% en 1988 à 28,1% en 2000. Cette évolution dénote d'un accroissement de l'activité économique des femmes laisse à penser que l'amélioration de leurs dotations en facteurs de production et de leur productivité permettra d'accélérer la croissance en Mauritanie. Cette tendance se reflète dans leur accès croissant au micro-crédit formel (52% des bénéficiaires sont des femmes), bien qu’elles aient encore des difficultés à accéder au crédit formel et au foncier.

Emploi. La présence des femmes sur le marché de l’emploi demeure faible avec un taux global d’activité de 27,7% en 2000, et un taux de chômage de 27,4%. L’accès des femmes à un emploi salarié reste limité puisqu’elles ne représentent que 15,1% de l’ensemble des salariés, et seulement 12,5% des femmes occupées. Les secteurs qu’elles investissent le plus sont l’agriculture (avec 48 6% des femmes actives) suivi par l’administration (14 6%) et le commerce (13 5%)

Source : Rapport sur la mise en œuvre du CSLP en 2003, mai 2004 2.3.11 Si les mesures mises en œuvre dans le cadre de la stratégie de promotion féminine ont permis d’améliorer la situation de la femme, de la famille et de l’enfant, il convient néanmoins de noter que des faiblesses importantes subsistent, telles l’inégale répartition des ressources allouées aux actions visant à promouvoir la condition féminine, l’inégale couverture de la stratégie nationale dans les zones rurales, l’insuffisante coordination ou l’absence de mécanismes efficaces de suivi-évaluation des actions entreprises. Ces insuffisances se retrouvent dans les écarts et disparités par genre observées dans plusieurs secteurs de l’économie comme en témoigne l’analyse de la situation de la femme réalisée en 2003 par le CMAP et présentée dans l’encadré ci-dessus.

Page 31: Mauritanie - Profil Gouvernance

24

• Participation du secteur privé et climat des affaires 2.3.12 Restructuration des entreprises publiques. L’ouverture des marchés domestiques à l’investissement étranger, l’abolition des monopoles à l’importation, l’adoption de nouvelles réglementations en droit des affaires (code des investissements, code des mines) ou encore la libéralisation des prix des produits agricoles ont contribué à réduire de manière significative la taille et le rôle de l’Etat dans l’économie mauritanienne. A la fin des années 80, les entreprises publiques représentaient en effet plus de la moitié de l’investissement public, bénéficiaient de près d’un cinquième des crédits bancaires et employaient un quart de la main d’œuvre en Mauritanie. A partir des années 90, les efforts de restructuration déployés ont permis l’adoption d’un nouveau cadre juridique et institutionnel et la restructuration des finances des principales entreprises publiques. A la fin des années 90, deux tiers des entreprises publiques ont été liquidées ou cédées à des investisseurs privés. 2.3.13 Développement du secteur privé dans les secteurs clés de l’économie. Le désengagement de l’Etat dans l’économie se poursuit aujourd’hui, mais dans une moindre mesure. La compagnie aérienne Air Mauritanie a été privatisée en 2000. Suite à la mise en place d’un cadre institutionnel et juridique favorable à la concurrence dans le secteur des télécommunications, l’Etat s’est séparé de 51% de l’opérateur Mauritel en 2001. Enfin, dans le cadre de l’amélioration de la qualité des services publics marchands, l’entreprise publique chargée de la production, distribution et commercialisation de l’eau et de l’électricité en Mauritanie (SONELEC) a été scindé en deux sociétés publiques mais indépendantes, en 2001, la partie électrique revenant à la Société mauritanienne d'électricité (SOMELEC). Le processus de privatisation de cette dernière a été engagé en 2002, avec le lancement d'une consultation internationale pour la vente de 51 % de son capital à un opérateur étranger de référence. Cette tentative de privatisation s’est toutefois soldée par un échec, une seule des cinq entreprises retenues (l'Office national d'électricité du Maroc) ayant soumissionné avec une offre financière jugée trop basse par rapport à l'estimation de la valeur de la SOMELEC. Infructueux, l'appel d'offres devait être relancé au cours de l’année 2004. Le nouveau processus de privatisation de la SOMELEC devra être conclu en 2005 ; 2.3.14 La libéralisation du secteur de la pêche a commencé à partir de 1994, suite à l’adoption d’une politique de développement sectoriel. L’objectif recherché par les autorités était alors de mettre en place des mécanismes de marché suscitant l’investissement privé (introduction des licences de pêche dans le cadre des accords avec l’UE, droits d’accès remplaçant le régime des taxes à l’exportation). L’Etat a de surcroît supprimé son monopole sur les activités liées à la pêche, réduit sa participation dans la Société mauritanienne de commercialisation de poissons (SMCP) à 35% et vendu ses participations dans toutes les sociétés en joint-ventures du secteur. Dans le même temps, le contrôle des entreprises et la régulation des activités liées à la pêche ont été renforcées. De même, l’investissement privé dans le secteur des mines a été encouragé par l’adoption d’un nouveau code minier en 1999 et par la Loi 2002/02 instituant un nouveau régime fiscal pour les industries du secteur. Un aperçu de l’ensemble des réformes structurelles depuis dix ans est présentée dans le tableau ci-après :

Page 32: Mauritanie - Profil Gouvernance

25

Tableau 3 : Synthèse des réformes structurelles entre 1993 et 2002

1993-1997

Pêche : Les entreprises publiques du secteur ont été privatisées. Un système de licence pour la pêche industrielle et de droits territoriaux pour la pêche artisanale a été mis en place. Le Centre de recherches océanographiques et l’Unité de surveillance sectorielle ont été renforcés. Les activités de la pêche ont été ouvertes aux opérateurs étrangers. La régulation des activités de marine marchande et un programme de gestion des ressources halieutiques ont été adopté. Mines : La Société nationale industrielle et minière (SNIM) a été restructurée. Transports : Le transport aérien et le transport terrestre ont été libéralisés et les services portuaires privatisés.

Education et Santé : Les centres d’entraînement technique ont été renforcés. Des programmes éducatifs à moyen terme ainsi qu’un plan d’action pour l’éducation de base en milieu rural ont été mis en place. La décentralisation des activités a été renforcée. Une politique de santé publique a été mise en œuvre.

Secteur bancaire : Toutes les banques commerciales ont été privatisées. Une nouvelle loi bancaire a été adoptée. Un marché des bons du Trésor a été créé, la régulation de l’épargne et du crédit mise en place, de même que le cadre institutionnel pour la micro-finance. Les conditions pour une supervision renforcée du secteur bancaire ont été mises en place. Entreprises publiques : Toutes les entreprises publiques, à l’exception de la SNIM, ont été liquidées ou privatisées. Les subventions et exemptions fiscales ont été supprimées.

Secteur des assurances : Le monopole public (GIRM) a été privatisé et le secteur libéralisé.

Secteur privé : Des mesures visant à promouvoir l’investissement privé dans le secteur bancaire et à encourager les échanges extérieurs sont mises en place. Une politique commerciale (tarification, droits de douanes) est définie. Le GIRM se retire de toute activité industrielle et commerciale. Les monopoles publics sont supprimés. La Chambre de Commerce est rénovée et ses fonctions redéfinies. Les conventions de New-York, Vienne et la Haye sont ratifiées.

1998-2002

Gouvernance : Le système judiciaire a été modernisé et de nouvelles réglementations pour les professions juridiques adoptées. La Cour des Comptes a été renforcée. Un nouveau code des marchés publics a été adopté. L’administration des douanes a été renforcée. Une loi de règlement des dépenses publiques a été promulguée. Les autorités ont commencé à publier des rapports trimestriels relatifs aux dépenses engagées pour lutter contre la pauvreté.

Agriculture et développement rural : Le marché des produits agricoles a été libéralisé. Le système de crédit coopératif a été renforcé. Les services vétérinaires ont été ouverts aux investisseurs privés. Un code de développement de l’élevage a été adopté.

Energie : Le processus de privatisation de la société SOMELEC a été engagé.

Transports : La société Air Mauritanie a été privatisée.

Mines : Le secteur minier a été ouvert aux investissements privés. Télécommunications : Les services de télécommunications et les services postaux ont fait l’objet de textes réglementaires (lois sectorielles) et leurs activités commerciales ont été séparées. Les services de télécommunications ont été ouverts à la concurrence et l’opérateur public a été privatisé. Fiscalité : Une réforme de la fiscalité directe et de la TVA a été mise en place. Un nouveau code des investissements a été adopté. Des CDMT sectoriels (éducation, santé, infrastructures, développement urbain) ont été adoptés et une nouvelle nomenclature budgétaire mise en place. La chaîne des dépenses publiques a été informatisée. Administration publique : Les recommandations de l’audit de l’Administration ont été mises en œuvre. Les ministères du Développement rural, des Affaires économiques et du développement, des Finances, de l’Education, des Pêches et du Commerce ont été réorganisés. Les services d’Education et de Santé ont été décentralisés. Le Secrétariat d’Etat aux nouvelles technologies, le CDHLPI, le Bureau du Médiateur de la République ainsi que l’Agence de régulation multisectorielle ont été créés.

Page 33: Mauritanie - Profil Gouvernance

26

2.3.15 Développement du micro-crédit et de l’initiative privée. Le Gouvernement mauritanien a défini une stratégie nationale de micro-finance (2003) et l’adaptation d’un cadre légal pour optimiser l’usage des ressources financières et développer les financements de proximité (Loi 98-008 du 21 janvier 1998). De plus, face aux nouvelles opportunités d’investissements ainsi créées, notamment dans le secteur minier, la pêche et le domaine des petites et moyennes entreprises, une Association des professionnels et opérateurs de la micro-finance en Mauritanie (APROMI) a été créée en 1999. Le développement du micro-crédit a en effet été significatif depuis ces trois dernières années : à la fin de l’année 2002, la micro-finance comptait 40 institutions, contre 25 en 2001 et 4 en 1997, et en 2003, le secteur regroupait 59 301 adhérents, contre 48 421 en 2002. En terme d’enveloppe financière, le volume de crédit s’est situé autour de 4,8 milliards UM en 2003, contre 3,1 milliards en 2002. Les résultats obtenus jusqu’alors montrent que les performances des institutions de micro-finance sont remarquables, malgré leur fragilité structurelle (manque de professionnalisme) et la rareté des sources de financement. 2.3.16 Assainissement des affaires et mesures incitatives. La série de réformes sectorielles initiées par les autorités s’est accompagnée de mesures économiques et financières largement soutenues par les partenaires au développement, comme dans le cadre du Projet d’appui au secteur privé, mis en place avec l’appui du PNUD en 1998 ou du Programme d’ajustement de la fiscalité (PASFI), co-financé par le Groupe de la BAD en 2001. Au niveau du système financier, les dispositions prises ont ainsi permis l’assainissement du portefeuille des banques, leur recapitalisation, la révision de la réglementation et des normes prudentielles, la surveillance et le contrôle des banques. Outre la réforme bancaire, la libéralisation du système de change a été renforcée pour accompagner le développement du commerce extérieur. Dans le domaine du droit des affaires, la réforme du cadre légal a permis une plus grande clarté et une meilleure sécurité des biens. Un nouveau code du commerce adapté à la globalisation des échanges a été adopté, et le nouveau code des investissements, institué par la loi 02-03 du 20 janvier 2002, s’assigne pour objet d’encourager les investissements directs, de les sécuriser et de faciliter les formalités administratives y afférentes. Au plan fiscal, enfin, parmi les mesures prises depuis 1997 pour encourager l’investissement privé, figurent notamment : (i) la déductibilité totale de l’Impôt sur le Minimum Forfaitaire et l’allongement du délai de report des pertes à 5 ans, (ii) la réduction du taux de l’impôt sur les bénéfices industriel et commercial, (iii) l’introduction de l’amortissement dégressif des immobilisations, (iv) l’exonération des plus values à réinvestir et (v) la révision en baisse des taux de l’impôt sur les traitements et salaires. 2.3.17 Malgré ces mesures incitatives à l’investissement, la promotion du secteur privé est encore limitée par l’insuffisance des moyens et l’inadéquation des modes de financement. Le volume des crédits à moyen terme (tous secteurs d'activités confondus) est passé de 4.313 millions UM en 1996 à 3.995 millions UM en 2000 soit une baisse de 8 %. Parallèlement, le volume de crédits à court terme est passé de 12.072 millions UM à 23.894 millions UM, pour la même période, soit une augmentation de 98 %. De plus, le coût élevé du crédit pour le financement des activités d’investissements à long terme (30% environ) pénalise les entreprises décidées à investir dans des projets à long terme. En outre, la Mauritanie souffre de contraintes liées à la compétitivité. Les coûts élevés des facteurs de production (notamment énergie et transports), la lourdeur de la charge fiscale sur les entreprises et parfois sa complexité constituent autant d’éléments de contre performance qui nuisent aux entreprises, particulièrement celles tournées vers l'exportation.

Page 34: Mauritanie - Profil Gouvernance

27

2.3.18 Par ailleurs, la poursuite et le renforcement de la politique de libéralisation entreprise par le Gouvernement nécessitent la mise en place d'un cadre de dialogue permanent avec les opérateurs économiques privés sur toutes les questions relatives aux réformes entreprises. Après le bilan mitigé du dispositif de concertation créé en 1996 (l’Etat et le secteur privé se reprochaient un manque de compréhension de leurs intérêts respectifs), le renforcement du dispositif intervenu en 2000 devrait contribuer à l’amélioration du dialogue, l’espace de concertation étant élargi à 13 membres, dont 7 représentent les départements techniques du secteur public et les 6 autres le secteur privé.

• Intégration régionale 2.3.19 La Mauritanie a quitté la zone franc en 1973, et a depuis maintenu sa monnaie nationale, l’Ouguiya. En décembre 2000, le pays s’est également retiré de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), mais a bénéficié de la coopération régionale à travers d’autres accords comme dans le cadre de l’Organisation de la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), dont la Mauritanie est l’un des membres fondateurs, ou encore de l’Union du Maghreb arabe23 (UMA). L’intégration régionale se limite néanmoins à des joint-ventures entre les entreprises mauritaniennes et celles des pays voisins. Cette difficulté résulte notamment des contraintes qui pèsent sur le marché intérieur du pays. En effet, la coopération des acteurs économiques locaux se heurte non seulement à un déficit d’infrastructures de transport mais également à l’environnement des affaires (services de télécommunications, services bancaires) encore inadapté à toute forme d’intégration économique sur l’ensemble du territoire. 2.4 Système juridique et judiciaire 2.4.1 Institutions et indépendance de la justice. La Constitution du 20 juillet 1991 constitue une étape décisive dans la construction des bases d’un Etat de droit. Elle consacre à la fois dans son préambule et dans le corps du texte les libertés et droits fondamentaux, érige en principe absolu le pluralisme de la démocratie et affirme le principe de séparation des pouvoirs, en transformant la justice en « pouvoir judiciaire » et en ne posant comme limite au libre arbitre du juge que la nécessité d’obéir à la loi, expression de la volonté générale (art.90). Le Président de la République est le garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire. Il est assisté dans cette mission par le Conseil supérieur de la magistrature dont il est le Président. En réalité, le principe constitutionnel d'indépendance est fragilisé dans la mesure où la loi sur l’organisation judiciaire et la loi organique portant statut de la magistrature se traduisent par une prééminence absolue du président de la Cour Suprême et du Procureur général – tous deux nommés directement par le pouvoir exécutif – sur les autres magistrats (les magistrats du siège sont notés par le président de la Cour Suprême, après avis du Procureur général, tandis que ceux du ministère public sont notés par le Procureur général près de la Cour Suprême, après avis du Président de la Cour Suprême). En outre, la règle de l’inamovibilité introduite par la loi organique n°94-012 ne semble pas encore appliquée, tant il est aisé de passer du parquet au siège et réciproquement. 2.4.2 Dans le prolongement de la Constitution, l’adoption d’une série de réformes juridiques et judiciaires dans le courant des années 90 a constitué une avancée significative sur la voie de la bonne gouvernance. L’examen de ces réformes distingue, ci-après, celles qui touchent au droit substantiel, c’est-à-dire qui concernent les textes de

23 Outre la Mauritanie, l’UMA regroupe depuis 1989 le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye.

Page 35: Mauritanie - Profil Gouvernance

28

fond auxquels les tribunaux se réfèrent pour trancher les litiges qui leur sont soumis, des réformes de droit processif, c’est-à-dire qui se rapportent à l’organisation et au fonctionnement de la justice.

• Les réformes du droit substantiel 2.4.3 Réformes liées à l’organisation des relations privées. S’agissant de la famille, la loi n°2001-052 du 19 juillet 2001 portant Code du statut personnel a permis de codifier et clarifier les règles régissant le mariage, le divorce, la filiation et les successions. Toutefois, si cette réforme des textes familiaux a pu moderniser les relations privées entre les mauritaniens, elle requiert encore pour être effective un effort important de vulgarisation et une assistance juridique et judiciaire des femmes vulnérables. En matière d’activité commerciale, le Gouvernement a introduit un code du commerce (loi n°2000-05 du 18 janvier 2000), et modifié certaines dispositions du code des obligations et des contrats (loi n°2001-31 du 7 février 2001). Par ailleurs, une série de textes spécifiques liés à l’activité commerciale ont également été adoptés (code des assurances de 1993, loi sur le recouvrement des créances bancaires de 1993, code de la marine marchande de 1995, code des investissements revu en 2002). 2.4.4 Réformes liées à l’organisation des relations publiques. Plusieurs réformes visant à améliorer le fonctionnement et la transparence des relations publiques ont été adoptées au début des années 90. Parmi celles-ci figurent la réforme relative à la presse (ordonnance n°91-023 de juillet 1991), celle relative aux partis politiques (ordonnance n°91-024 de juillet 1991) et celle relative aux syndicats (loi du 20 juillet 1993) dont l’objet est d’ancrer les libertés publiques fondamentales. Par ailleurs, d’autres dispositions mises en œuvre par les autorités ont eu pour objet d’améliorer le fonctionnement et la gestion de l’administration, comme la réforme du statut de la Fonction Publique (loi du 18 janvier 1993), celle instituant la Cour des Comptes (loi du 26 janvier 1993) ou enfin, celle relative à l’institution d’un Médiateur de la République (loi du 7 juillet 1993). Toutes ces réformes s’inscrivent dans la perspective d’une modernisation du système administratif, et partant, d’une bonne gouvernance.

• Les réformes du droit processuel 2.4.5 Au plan du droit processif, plusieurs réformes ont également été menées. Parmi celles qui ont permis les avancées les plus importantes figurent la loi fixant l’organisation judiciaire (loi n°99-039) et la loi instituant un code de procédure civile, commerciale et administrative (loi n°99-035 du 24 juillet 1999). Ces deux textes législatifs ont en effet rapproché la justice du justiciable en renforçant le rôle des tribunaux de départements. La Loi sur l’organisation judiciaire a, en outre, précisé le rôle des chambres de la Cour Suprême en définissant leurs compétences eu égard à la spécificité matérielle du contentieux (l’organisation du système judiciaire est présentée de manière simplifiée dans le tableau 4). Enfin, la loi portant statut de la magistrature (loi n°94-012 de février 1994) a introduit la règle de l’inamovibilité des magistrats du siège et prévu la participation des magistrats au Conseil Supérieur de la Magistrature. A cela s’ajoute le problème de motivation des juges, l’absence des outils de travail et le manque de perfectionnement.

Page 36: Mauritanie - Profil Gouvernance

29

Tableau 4 : Organisation du système judiciaire en Mauritanie

Institutions Nombre d’institution(s) / Nombre théorique de magistrats Cour Suprême 1 / 18 Cour d’Appel 3 / 45 Tribunaux de Travail 13 / 13 Tribunaux de Région 13 / 107 Tribunaux de Préfecture 53 / 53

Source : Ministère de la Justice

• Contraintes juridiques et judiciaires 2.4.6 Cependant, si l’effectivité et la reconnaissance de ce cadre juridique et judiciaire n’a cesse de se développer depuis Sur le plan juridique et judiciaire, l’impact des réformes engagées reste cependant limité. Le système judiciaire souffre en effet de faiblesses qui concernent tant les institutions judiciaires que les normes juridiques et les acteurs de la justice. 2.4.7 Les faiblesses liées aux institutions judiciaires. Outre l’absence de véritable indépendance du pouvoir judiciaire (cf. § 2.4.1), une faiblesse essentielle des institutions judiciaires est leur moindre efficacité. Ce déficit d’efficacité s’observe tant dans la saisine des juridictions – les juridictions sont peu saisies, réduisant par là-même l’impact de la justice et du droit – que dans les délais assez long de traitement des dossiers et la difficulté d’exécution des décisions judiciaires. A cet égard, l’administration judiciaire souligne elle-même la lenteur dans la rédaction des jugements, l’indisponibilité des pièces d’exécution et la faiblesse du concours des autorités publiques aux agents responsables de l’exécution. D’autre part, s’il est indéniable que les pouvoirs publics ont accompli des efforts en matière de rationalisation du système judiciaire et de spécialisation des structures existantes, des limites persistent concernant la spécialisation des Chambres des tribunaux régionaux (commerciales, civiles, administratives et pénales) et des Cours d’appel : la spécificité matérielle du contentieux dont elles ont à connaître n’est le plus souvent que formelle et les ressources humaines dont elles bénéficient s’avèrent parfois inadaptées au problème juridique posé. Enfin, la contrainte budgétaire représente une limite significative au bon fonctionnement du pouvoir judiciaire et à son évolution. En 2003, le budget alloué à la justice représentait moins de 1% du budget de l’Etat alors même que, suivant le Ministère de la Justice, l’importance des missions qui lui sont confiées et les retombées qui en sont attendues par les pouvoirs publics et les citoyens justifient qu’il soit supérieur à 3% du budget national.

Page 37: Mauritanie - Profil Gouvernance

30

2.4.8 Les faiblesses liées aux normes juridiques. L’effectivité de l’application des normes juridiques se heurte à une contrainte triple. En premier, il y a lieu de relever les difficultés persistantes en matière de connaissance et de diffusion des législations. Certes, des efforts ont été menés pour assurer la production et la diffusion de la documentation législative de base, mais les ressources documentaires dont disposent les juridictions en matière de jurisprudence et de doctrine sont nettement insuffisantes. Ainsi, l’absence régulière de publication des décisions judiciaires implique très fréquemment la méconnaissance par le juge des précédentes judiciaires, induisant par là-même un risque d’appréciation important dans le fondement des décisions. Par ailleurs, ces difficultés dans la connaissance et la cohérence des jurisprudences sont d’autant plus sensibles dans le cas d’une législation nouvelle. En effet, imposer de nouvelles règles suppose un travail de formation, d’éducation et de sensibilisation du personnel de l’administration judiciaire afin de renforcer l’effectivité de cette législation. Or, il est très souvent constaté que nombre de nouvelles lois ne sont pas effectives en raison de l’absence ou de l’insuffisance de ce travail de formation et de sensibilisation. Ceci contribue dès lors à une faible efficacité des juridictions qui trancheront leurs contentieux d’après des règles sur lesquelles les magistrats n’ont pas été formés, ni les auxiliaires de justice préparés. Enfin, il convient de relever que certaines réformes se rapportant à l’organisation de la justice publique ou privée n’ont pas été menées jusqu’à leur terme, ce qui explique que, dans la pratique, les résultats escomptés n’ont pas encore été atteints. Ainsi la loi sur les experts judiciaires prévoit l’adoption d’un décret fixant les barèmes des auxiliaires de justice et des huissiers24. Or, il est regrettable d’observer que cinq ans après l’entrée en vigueur de la loi le décret fixant les différents barèmes n’a toujours pas été signé, alors même que la possibilité d’évaluer de façon objective le coût d’un service judiciaire constitue un aspect important de la qualité d’un système juridique et judiciaire. 2.4.9 Les faiblesses liées aux capacités institutionnelles de la justice. L’analyse des capacités institutionnelles du système judiciaire fait apparaître des lacunes en matière de ressources humaines : le Ministère de la Justice ne recense que 156 magistrats actifs, alors que 236 sont théoriquement prévus par la loi sur l’organisation judiciaire (cf. tableau 4). Un des enjeux majeurs du bon fonctionnement de la justice mauritanienne réside également dans l’amélioration de la formation et le gain d’expérience des magistrats actifs. Le problème de formation se pose d’ailleurs pour tous les auxiliaires de justice (avocats, experts, notaires, huissiers, greffiers). A ces lacunes s’ajoutent les problèmes de motivation, plus particulièrement ceux liés aux niveaux de rémunération peu attractifs et décourageant la conscience professionnelle des experts. Enfin, au-delà des équipements informatiques et bureautiques insignifiants pour les deux tiers des juridictions (plus particulièrement pour les organes décentralisés), le manque d’infrastructures immobilières demeure un handicap notoire. On relèvera certes l’effort entrepris ces dernières années en matière de construction ou de réfection de certains palais de justice, mais il reste en deçà des besoins existants.

24 Ces barèmes sont destinés à introduire un minimum de transparence et à sécuriser les justiciables.

Page 38: Mauritanie - Profil Gouvernance

31

2.5 Lutte contre la corruption 2.5.1 Lutte contre la drogue. La Mauritanie a adhérée à la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 et à la Convention sur les substances psychotropes de 1971. Elle a en outre adopté en 1993 une loi contre la production, la fabrication, le trafic et l’usage illicites de stupéfiants sur son territoire. Par contre, elle n’a pas encore adopté un cadre juridique spécifique pour le contrôle du marché licite de substances placées sous contrôle en vertu des traités internationaux relatifs au contrôle des drogues. 2.5.2 Lutte contre la corruption La Mauritanie a prévu dans le Code pénale, et plus récemment dans la Loi organique relative à l’organisation et au fonctionnement de la Cour des Comptes, des dispositions de nature à décourager les actes de corruption et de malversation sur la gestion des ressources publiques. Parmi celles-ci figure notamment une mesure visant à limiter les comportements de corruption active des fonctionnaires et agents de tout organisme public : l’octroi ou la tentative d’octroi à soi-même ou à autrui d’un avantage injustifié, en argent ou en nature, est ainsi prohibé et passible d’une amende25 (Loi relative à la Cour des Comptes - Art.33). Cependant la corruption est encore présente en particulier dans l’administration (régies financières, marchés publics), où elle est favorisée par l’absence d’un système de sanction efficace et les insuffisances des systèmes de contrôle administratif et juridictionnel. En outre aucune disposition réglementaire n’est prévue en cas de corruption passive. En matière de lutte contre le blanchiment d’argent, une cellule, composée de représentants de la BCM, du Ministère de la Justice, de la Cour des Comptes, de la Police et de la Direction Générale des Douanes a été mise en place à la fin de l’année 2003 au sein de la Banque Centrale de Mauritanie;. Son objectif est de créer les mécanismes de lutte contre le blanchiment d’argent mais à présent cette cellule ne semble pas encore opérationnelle. 2.5.3 Lutte contre la fraude fiscale. La Direction Générale des Douanes joue un rôle déterminant dans la lutte contre la fraude fiscale. La modernisation des procédures douanières à travers l’informatisation des procédures de dédouanement en 2002 (système SYDONIA) à, de ce point de vue, engendré une progression importante du rendement de la douane. En effet, non seulement l’informatisation du bureau de Nouakchott aura permis de compresser de manière significative le temps de traitement d’un dossier (il est passé, en moyenne, d’une journée à 45 minutes), mais elle aura de surcroît permis d’abaisser la fraude de près de 30%, suivant l’administration douanière. Plus précisément, la mise en œuvre du nouveau système de traitement informatisé des procédures douanières permet de mieux maîtriser la fraude documentaire, et plus particulièrement les taux de fiscalité, les valeurs, les régimes d’exonération, les délais de séjour de marchandises en entrepôt sous douane, et le suivi ainsi que l’apurement des manifestes des cargaisons et des enlèvements d’urgence. La maîtrise de ces aspects a généré d’importantes recettes (cf. annexe 3) et permis de canaliser la fraude vers les points de contrôle appropriés. Le renforcement des mesures de contrôle par la Direction Générale des Impôts ont également contribué à la lutte contre la fraude fiscale.

25 Le montant de l’amende ne peut être inférieur à 50 000 UM ni supérieur au double du traitement brut annuel alloué à l’auteur de l’infraction (Art.34).

Page 39: Mauritanie - Profil Gouvernance

32

3. LE PROGRAMME NATIONAL DE BONNE GOUVERNANCE 3.1 La vision stratégique de la Mauritanie en matière de bonne gouvernance 3.1.1 Pour remédier aux contraintes et insuffisances susmentionnées, le Gouvernement a approuvé le 8 décembre 1999 une Déclaration d’orientation sur la bonne gouvernance qui a marqué le lancement d’un processus participatif d’élaboration du programme avec l’appui du PNUD (le cadre de coordination nationale et de pilotage est présenté en annexe 4). Le document du programme, finalisé depuis le 1er semestre 2003, doit être soumis au processus de validation durant l’année 2004. 3.1.2 La mise en œuvre des différents volets du CSLP constitue un vaste programme qui doit compter sur une bonne gouvernance et s’appuyer à la fois sur des institutions solides et des capacités de gestion efficaces. Conscient de ces enjeux, le Gouvernement a inscrit la bonne gouvernance comme une priorité. Dans sa Déclaration d’orientation, il s’est ainsi fixé sept objectifs stratégiques, qui devront être mis en œuvre sur dix ans, et qui constituent les éléments principaux du Programme national de bonne gouvernance (PNBG) : (i) La promotion du cadre juridique et judiciaire visant à favoriser l’ancrage de l’Etat de

droit, notamment par le renforcement des institutions démocratiques ainsi que la mise en place d’un environnement juridique stable et cohérent ;

(ii) La modernisation et le renforcement des capacités de l’Administration publique qui

passe notamment par la redéfinition des missions et du rôle de l’Etat, la rationalisation des structures administratives, la coordination des programmes et décisions des unités administratives, la valorisation des ressources humaines dans la Fonction publique et l’amélioration des relations entre l’Administration et les usagers des services publics ;

(iii) L’amélioration des capacités de gestion des ressources publiques et la

Gouvernance économique à travers le renforcement des institutions impliquées dans la gestion des deniers publics et leur contrôle ;

(iv) L’appui au processus de décentralisation, notamment par la poursuite et la

consolidation des actions menées dans le cadre de la Déclaration de politique municipale ;

(v) La promotion du secteur privé et le renforcement du partenariat Etat – secteur privé

en vue de favoriser un environnement propice au développement économique et social ;

(vi) La promotion de la société civile aux fins de développer le mouvement associatif dans un cadre de concertation avec les pouvoirs publics et le secteur privé ;

(vii) Enfin, le renforcement du pouvoir législatif à travers l’amélioration de la qualité du travail parlementaire.

Page 40: Mauritanie - Profil Gouvernance

33

3.1.3 La stratégie du PNBG est prévue sur un horizon de dix ans et le Gouvernement envisage de mettre en œuvre les différentes mesures proposées sur l’ensemble de la période considérée. Aussi la stratégie comprendra-t-elle trois séquences : la première séquence de 3 ans (2003-2005) est destinée à mettre en place les fondements du PNBG, la deuxième de 4 ans (2006-2009) pour renforcer les acquis et une troisième séquence de 3 ans (2010-2012) pour atteindre les objectifs terminaux. L’ordre de priorité des domaines d’action est défini par les autorités tel que présenté ci-dessus. Le plan d’action du Programme reprend alors les axes stratégiques susmentionnés et les décline sous forme de sept composantes. 3.2 Principales composantes du PNBG 3.2.1 En matière de renforcement du cadre juridique et judiciaire et de consolidation de l’Etat de droit, le PNBG a retenu deux principales orientations, à savoir l’approfondissement des réformes juridiques et judiciaires et le renforcement des capacités institutionnelles du système judiciaire. L’approfondissement de ces réformes vise à améliorer la qualité de la production législative et réglementaire et celle de la jurisprudence, la poursuite de l’acceptabilité du droit par le corps social ainsi que la qualité et la bonne moralité des différentes catégories d’auxiliaires de justice Les actions prévues pour approfondir ces réformes sont les suivantes: (i) l’inventaire des textes classés et publiés à l’intention des professionnels du droit en vue de leur mise en œuvre effective, (ii) le relevé des incompatibilités et des incohérences existant entre les règles de droit en vigueur et leur soumission à l’arbitrage de la Commission permanente de codification après une large concertation avec les catégories professionnelles directement; (iii) la sélection des textes les plus usuels pour leur vulgarisation auprès de la population ainsi que (iv) la publication de la jurisprudence en particulier celles de la Cour Suprême et des Cours d’appels. Au titre du renforcement des capacités institutionnelles du système judiciaire, le PNBG prévoit (i) l’élaboration et la mise en oeuvre d’un plan de formation des magistrats et des auxiliaires de justice, (ii) l’établissement des critères objectifs de leur évaluation et de leur avancement ainsi (iii) qu’une amélioration du niveau de leur formation. Celle-ci nécessiterait dès lors la création d’une école supérieure de la magistrature ou d’un centre spécialisé – éventuellement rattaché à l’ENA – chargé de mettre en oeuvre un plan de formation et de perfectionnement, l’option définitive étant subordonnée aux conclusions d’une étude préalable en la matière. 3.2.2 En matière de modernisation de l’administration publique, le PNBG prévoit, essentiellement le renforcement du cadre institutionnel et organisationnel, l’amélioration de la qualité du service public, le renforcement de l’utilisation des NTIC ainsi que l’amélioration de la gestion et la valorisation des ressources humaines. Le renforcement du cadre institutionnel organisationnel de l’administration vise à assurer sa cohérence et son efficacité, adapter ses missions et ses structures au nouveau rôle de l’Etat, à moderniser le fonctionnement des services publics et à promouvoir un système efficient de gestion des personnels de l’Etat. Les mesures prévues à cet effet comprennent (i) la réorganisation de l’administration publique (en menant au préalable des audits organisationnels et stratégiques des départements ministériels), (ii) la définition d’une Charte de la déconcentration, (iii) le renforcement des capacités institutionnelles de l’administration territoriale (formation, équipements, locaux), et enfin, (iv) la rationalisation des procédures et méthodes de gestion de l’administration publique. Par ailleurs, l’amélioration de la qualité du service public vise à obtenir une meilleure adéquation entre les priorités des services publics et l’allocation des ressources, à satisfaire les besoins de l’administration au moindre coût et à améliorer la qualité des relations entre l’administration et les usagers. Les mesures inscrites dans ce cadre comprennent (i)

Page 41: Mauritanie - Profil Gouvernance

34

l’élaboration d’un plan de renouvellement et d’entretien des équipements de l’administration et l’adaptation du budget d’équipement aux besoins de nouveaux investissements, (ii) la simplification des procédures et formalités administratives (iii) la mise en place des mécanismes de gestion de type managérial, (iv) la création des centres d’écoute des usagers, (v) et l’amélioration de la productivité des services par une meilleure adéquation des missions, des objectifs et des moyens. Pour renforcer l’utilisation des NTIC, le PNBG prévoit les actions suivantes (i) l’informatisation des structures de l’administration, la mise en place d’un réseau administratif et (iii) le développement des compétences informatiques. L’amélioration de la gestion et la valorisation des ressources humaines se fondent sur les principes suivants: la recherche d’une gestion de proximité, le recrutement basé sur des critères professionnels; l’évaluation individuelle des agents, la mobilité du personnel, la formation permanente, la transparence et l’équité. Les actions prévues à cet effet sont entre autres : (i) la mise en œuvre des dispositions relatives à l’harmonisation et à la simplification du système de rémunération des agents de l’Etat par l’adoption des statuts particuliers et la régularisation du personnel non permanent, (ii) l’adoption d’un code de bonne conduite, (iii) l’élaboration d’un manuel des procédures de gestion des ressources humaines et d’un guide d’information sur la réglementation et l’éthique des agents de l’Etat, (iv) la mise en place d’un système de gestion prévisionnelle des emplois et des effectifs, (v) l’élaboration et la mise en place des plans de formation continue (vi) ainsi que la définition et la mise en place d’un système d’évaluation des performances des agents et des services de l’administration publique et son usage pour l’attribution des distinctions et des promotions et des augmentations de rémunération. 3.2.3 Afin d’améliorer la mobilisation et la gestion des ressources publiques et les autorités mauritaniennes envisagent les actions suivantes: (i) l’exploration de nouveaux gisements fiscaux (informels, fiscalisation des ressources épargnées et de nouveaux secteurs, marchés publics sur financements extérieurs, etc); (ii) la refonte de la fiscalité directe pour évoluer vers une fiscalité unique sur les revenus et sur le patrimoine;(iii) la mise en œuvre d’un programme approprié pour le réexamen des exonérations octroyées au titre du Code des Investissements et des conventions particulières ; (iv) la simplification de la fiscalité des petits contribuables; et enfin (vi) le renforcement et la modernisation de l’administration douanière. ) 3.2.4 Parallèlement, et en matière d’amélioration de la programmation des dépenses publiques, les actions définies dans le PNBG sont axées sur les domaines suivants : (i) la mise en place d’une nomenclature fonctionnelle qui permettra une meilleure lisibilité du budget.; (ii) le renforcement des capacités de prévision budgétaire avec la dynamisation du comité en charge de la modélisation et la formation des équipes techniques;(iii) l’extension progressive du système informatisé de programmation et de suivi des dépenses publiques (SYPSlM) aux départements techniques ; (iv) la généralisation des CDMT à tous les secteurs ; (v) l’élaboration des Programmes régionaux de Lutte Contre la pauvreté;(vi) l’unicité budgétaire ; (vii) la préparation d’un programme triennal glissant des dépenses publiques cohérent avec le cadre macro-économique et les stratégies et priorités définies dans le cadre stratégique de lutte contre la Pauvreté ; (viii) la mise en place d’un programme prioritaire d’investissement public triennal glissant;(ix) le renforcement de la capacité d’absorption à travers la réforme des marchés publics, le développement des capacités des structures d’exécution des marchés et la mise en place d’un système d’information permettant d’indiquer à tout moment l’état d’exécution des marchés, les difficultés existantes et les mesures nécessaires pour les pallier ; x) la production et la publication régulière des comptes administratifs et de gestion; et xi) la réforme de la comptabilité et l’amélioration du système de gestion de la trésorerie.

Page 42: Mauritanie - Profil Gouvernance

35

3.2.5 Enfin, Les mesures suivantes sont prévues pour renforcer les organes de contrôle de l’exécution budgétaire : (i) la déconcentration de l’ordonnancement des dépenses publiques (chaque Ministre devenant Ordonnateur de son budget) ; (ii) la décentralisation du contrôle financier au niveau des Ministères dépensiers ; (iii) l’automatisation de la chaîne des dépenses en vue de raccourcir les délais de paiements ; (iv) l’obligation du respect des règles de la comptabilité publique, avec un système de sanctions à édicter ; et (v) l’élaboration de budgets pluriannuels pour les projets, ainsi que l’élaboration de rapports trimestriels sur l’exécution de ceux-ci (vi) le renforcement des moyens de l’Inspection du Trésor et de la Comptabilité Publique afin de leur permettre de procéder, sur toute l’étendue du territoire, aux missions de contrôle des postes comptables; (vii) l’appui au corps des comptables publics, notamment en matière de méthodologie et de décentralisation de la comptabilité publique; (vi) la re-dynamisation des conseils d’administration et de surveillance des établissements publics et des unités de gestion des projets; (viii) le renforcement des inspections internes des ministères pour leur permettre de remplir les missions confiées aux termes de l’article 6 du décret n° 075-93 du 6 janvier 1993 fixant les conditions d’organisation des administrations centrales et définissant les modalités de gestion et de suivi des structures administratives; (ix) le renforcement des services de la Cour des Comptes à travers le développement des capacités de contrôle grâce à une indépendance plus grande; et (x) l'appui à l'Assemblée nationale dans ses fonctions d’exercice de contrôle des finances publiques. 3.2.6 En matière de décentralisation et de renforcement de la démocratie locale, les autorités envisagent de compléter le dispositif institutionnel à travers le PNBG par la mise en oeuvre des modalités réglementaires prévues pour le transfert effectif des compétences communales et l’application du principe de subsidiarité, la mise en place d’un cadre réglementaire pour l’intercommunalité (hormis le cas de Nouakchott) et la révision du découpage territorial des communes en tenant compte de la consistance économique des entités communales. Par ailleurs, l’allégement du système de contrôle de tutelle sur les communes (tendre progressivement vers un contrôle juridictionnel a posteriori) et l’amélioration du statut des élus locaux (plus souple, plus incitatif et tourné vers la performance) devrait contribuer à une plus grande responsabilisation des instances décentralisées. Enfin, en matière de mobilisation des ressources communales, le PNBG prévoit d’accroître l’autonomie comptable et pécuniaire des communes. Ceci se traduirait par la mise en chantier d’une réforme fiscale dans le sens d’une rationalisation des impôts et d’une fiscalité adaptée aux différentes catégories de communes. A cet égard, la mise en place d’un système de péréquation financière entre les collectivités territoriales pourrait être étudiée. 3.2.7 En matière de renforcement du partenariat Etat / secteur privé, et afin de faire du secteur privé le moteur de la croissance, la mise en place d’un cadre juridique favorable aux affaires, l’encouragement aux investissements directs étrangers, l’incitation à l’émergence d’industries tournées vers l’exportation et l’élaboration et l’exécution de stratégies pour la performance et la compétitivité sont désormais nécessaires. A cet effet, le PNBG prévoit les mesures suivantes : i) l’encouragement à la création et à la diversification des PME (vers les secteurs productifs à haute valeur ajoutée) ; ii) la mise à disposition des opérateurs économiques de crédits à l’investissement à des conditions avantageuses (notamment auprès des petites et micro-entreprises) ; iii) l’amélioration des conditions de compétitivité et des normes de qualité des entreprises (réduction des coûts des facteurs entre autres) ; iv) le renforcement des capacités managériales des opérateurs économiques par des formations adaptées ; v) l’encouragement à l’intégration sous-régionale et régionale ; vi) la poursuite des réformes du cadre juridique et judiciaire

Page 43: Mauritanie - Profil Gouvernance

36

des affaires (y compris la simplification du système d’imposition des entreprises) ; et enfin, vii) le renforcement de la concertation Etat / Secteur Privé. 3.2.8 En matière de promotion des Droits de l’Homme, le PNBG prévoit les actions suivantes (i) le renforcement des administrations en charge des Droits de l’Homme à travers la création d’une commission ou d’un observatoire des droits de l’homme ayant en charge la confection des rapports de suivi de la situation avec pour mission notamment, la formation du personnel intervenant dans les domaines des droits de l’Homme; (ii) l’implication de la société civile dans la promotion des Droits de l’Homme par le renforcement des capacités de la société civile (Ordre des avocats, ONG actives et professionnelles en matière des droits de l’homme, Association des Oulémas de Mauritanie); (iii) la promotion de la jouissance des droits économiques et sociaux à travers la promotion des activités productives (micro-crédits et micro-entreprises) et l’accès au logement et à la santé ; (iv) la promotion du statut juridique des femmes à travers des actions de vulgarisation et de formation, la mise en œuvre des actions destinées à combattre les pratiques néfastes et la promotion et la protection des droits des enfants ; (v) l’amélioration de l’accès au droit par l’adoption d’un texte sur l’aide juridique et judiciaire en faveur des pauvres; (vi) l’amélioration du cadre institutionnel et juridique par l’identification des textes pouvant limiter l’application des instruments juridiques nationaux et internationaux en matière des Droits de l’Homme, la promotion de l’éducation aux Droits de l’Homme dans les écoles et les universités, la déconcentration des structures en charge des Droits de l’Homme et leur appui en équipement pour en améliorer le fonctionnement; ainsi que (vii) la vulgarisation des textes et des conventions relatifs aux Droits de l’Homme. 3.2.9 Enfin, une des composantes du PNBG s’attache également à améliorer le travail parlementaire et à pallier les contraintes existantes en la matière. A cet effet, plusieurs dispositions de nature à améliorer les conditions de travail sont mises en avant, parmi lesquelles le renforcement des capacités institutionnelles qui implique (i) une amélioration des infrastructures et des équipements (réfection et extension des locaux, modernisation des moyens de travail, (ii) l’élaboration et la mise en oeuvre d’un plan de formation à l’intention des députés et sénateurs), (iii) l’amélioration du système d’information et de communication du Parlement ; et (iv) l’amélioration de la qualité du travail parlementaire par le renforcement des compétences des commissions parlementaires spécialisées à travers le recrutement des d’assistants parlementaires, la publication régulière du Journal des débats et le perfectionnement des services techniques (système d’enregistrement des débats, traduction, reprographie, saisie des données, service audio-visuel…). 3.3 Examen de la pertinence de la stratégie à la lumière du diagnostic 3.3.1 Le diagnostic de la gouvernance et l’examen de la stratégie des autorités mauritaniennes en la matière permettent d’avancer deux observations : d’une part, il apparaît que le cadre institutionnel structurant la mise en place des actions de bonne gouvernance existe. D’autre part, la volonté politique d’appliquer une stratégie de gouvernance est également clairement exprimée, vis-à-vis des partenaires au développement comme des citoyens mauritaniens. Dès lors, l’enjeu réside dans la traduction concrète de cette vision et de cette politique de bonne gouvernance à travers la mise en place effective des réformes associées au PNBG. 3.3.2 A cet égard, l’analyse des sept composantes du Programme laisse supposer que les objectifs affichés par le Gouvernement sont parfois trop ambitieux ou qu’ils ne prennent pas suffisamment en considération le changement radical, tant du point de vue

Page 44: Mauritanie - Profil Gouvernance

37

culturel qu’organisationnel, que les réformes envisagées impliquent. Il en est ainsi du volet lié à la modernisation de l’administration publique : les difficultés rencontrées ces dernières années dans la mise en place de la réforme de la fonction publique, d’une part, et l’ampleur des dispositions prévues en matière de gestion des ressources humaines, d’autre part, illustrent le caractère ambitieux de la stratégie prévue par les autorités au regard des forces d’inertie qui caractérisent l’administration publique. De même, en matière de décentralisation et/ou de déconcentration, les difficultés rencontrées dans la tentative de transfert de compétences de la Commission centrale des marchés au profit des commissions départementales laissent peser le doute sur la mise en œuvre d’une plus grande responsabilisation des instances décentralisées. En matière de gouvernance économique, les réformes des finances publiques telles que proposées dans le PNBG devrait être parfois plus précises, Cette lacune en matière de précision et de priorités à définir se retrouve également dans le volet « concertation Etat – secteur public» pour lequel aucune disposition spécifique, avec un calendrier de mise en œuvre associé, n’est prévue (en dehors du renforcement de la cellule de coordination). Par ailleurs, pour la composante renforcement du cadre juridique et judiciaire, les autorités mauritaniennes devraient, dans un premier temps, commencer par impulser la mise en vigueur des textes en attente (décrets non publiés) en vue de leur application effective avant de s’engager dans une politique ambitieuse de formation des magistrats et auxiliaires de justice, par exemple. 3.3.3 Enfin, la mise en œuvre des actions définies dans le cadre des composantes du PNBG doit faire face à des risques qui conditionnent ses possibilités de succès. Le premier risque dépend du manque de savoir-faire des gestionnaires des programmes et des capacités institutionnelles des administrations qui auront à réaliser les différentes actions des composantes. Une mauvaise programmation des actions, des erreurs de gestion, un mauvais système de suivi-évaluation pourraient entraîner le non-respect des délais d’exécution, une mauvaise mobilisation des ressources et un manque de prise de conscience des erreurs de pilotage. Le second risque est lié à l’absence d’implication de la société civile et du secteur privé qui sont des partenaires incontournables de la bonne gouvernance. Une telle situation génère un manque d’adhésion, ce qui est de nature à provoquer une instabilité sociale ou un choix délibéré de bloquer le déroulement des opérations. De plus, il convient de relever que l’impact de l’ensemble des réformes envisagées, basées le plus souvent sur une approche participative, sera d’autant plus faible que les lacunes en matière d’éducation seront élevées. A ce titre, une attention particulière devra être portée aux mesures visant à réduire l’analphabétisme (42% en 2002) sur l’ensemble du territoire. L’engagement politique pour la lutte contre l’analphabétisme illustre la volonté des autorités au plus haut niveau sur la voie de son éradication progressive. 4.1 DOMAINES PRIORITAIRES DE LA GOUVERNANCE ET IDENTIFICATION DES

DOMAINES POTENTIELS D’INTERVENTION DE LA BANQUE 4.1 Domaines et recommandations d’actions prioritaires pour l’amélioration de la

gouvernance 4.1.1 Au terme de trois années de mise en œuvre du CSLP (2001 à 2003), le Gouvernement a procédé en mai 2004 à une évaluation dont les résultats permettront d’affiner les objectifs à court terme pour le prochain cycle du CSLP. Le renforcement institutionnel des capacités et de la gouvernance constitue un élément déterminant dans les orientations du CSLP et la politique menée par les autorités afin de réduire l’incidence de la pauvreté et développer durablement la croissance en Mauritanie. Les actions

Page 45: Mauritanie - Profil Gouvernance

38

prioritaires identifiées par les autorités d’ici 2005 en matière de gouvernance sont présentées ci-après. Ces recommandations reprennent bien souvent les recommandations effectuées dans le cadre des opérations précédentes en la matière, notamment du CFAA. Pour plus de précisions, la matrice des mesures prioritaires du CSLP en matière de gouvernance est jointe en annexe 7. 4.1.2 Dans le domaine de la consolidation de l’Etat de Droit, les actions suivantes sont prévues sur la période 2004-2005 : (i) la mise en œuvre des actions prioritaires du Programme national d’action de

promotion et de protection des droits de l’Homme ; (ii) l’élaboration d’un CDMT pour le secteur de la Justice ;

(iii) la formation continue à l’extérieur de magistrats et du personnel de la justice ; (iv) le renforcement des équipements des chambres régionales et de la Cour d’appel

de Nouakchott ; (v) l’équipement des tribunaux du Hodh El Gharbi, du Gorgol, du Brakna et de l’Inchiri ; (vi) l’informatisation effective du casier judiciaire ; (vii) la finalisation et la mise en œuvre du projet de renforcement des capacités du

parlement. 4.1.3 Au-delà de ces réformes, et plus spécifiquement en matière d’organisation judiciaire, il conviendrait d’éviter les mouvements entre le Parquet et le Siège conformément à la règle d’inamovibilité, et prévoir un autre système de notation assurant davantage de transparence et d’équité dans l’appréciation des magistrats. 4.1.4 S’agissant de l’administration publique, des études seront conduites en vue d’élaborer une nouvelle réforme du secteur public visant à l’adapter à ses missions, à le rapprocher de l’usager, à simplifier les procédures, à introduire la gestion de la qualité et à mettre en place un système de gestion des ressources humaines axé sur la performance (recrutement sur la compétence, salaire, formation continue, promotion basée sur le mérite). Dans ce contexte, le Gouvernement prévoit notamment les actions suivantes : (i) la mise en œuvre d’un plan d’action pour la modernisation de l’administration

publique ; (ii) le renforcement de la programmation et du suivi des activités gouvernementales ; (iii) la motivation des agents de l’administration par leur valorisation et leur

responsabilisation. 4.1.5 La bonne gestion des ressources publiques sera recherchée à travers : (i) le renforcement des moyens humains et matériels de la Cour des Comptes et de

l’IGF ;

Page 46: Mauritanie - Profil Gouvernance

39

(ii) la consolidation de la programmation pluriannuelle avec la révision annuelle du CDMT global et la généralisation des CDMTs sectoriels ;

(iii) la déconcentration de l’ordonnancement et du contrôle financier ;

l’informatisation des dépenses des biens et services ; (iv) le renforcement de la comptabilisation des dépenses par la production régulière de

balances, de TOFE et de comptes de gestion en retraçant les flux sur financement extérieur ; et

(v) la présentation régulière de lois de règlement (2002 et 2003). 4.1.6 Au-delà de ces actions prioritaires identifiées, il convient par ailleurs de mentionner que les autorités envisagent de combler les insuffisantes du fonctionnement des marchés publics par l’adoption des mesures suivantes (le financement des actions relatives à ces mesures sera pris en charge par la Banque mondiale dans le cadre de l'appui à la réforme des marchés publics, en cours d'exécution) : (i) la réorganisation de la Commission centrale des marchés ; (ii) la diffusion de la réglementation sur les marchés publics ; (iii) l’édition d'un Journal des marchés publics ; (iv) la mise en place d'un site WEB ; (v) la mise ne place d’un Comité de coordination et de suivi de la réforme des marchés

publics; (vi) la formation des agents et acteurs publics qui permettra de prendre en charge les

différents aspects de marché en vue de garantir leur transparence ; (vii) l’étude et l’introduction dans le Code des marchés publics de dispositions pour

établir un cadre institutionnel de régulation des marchés publics et des procédures indépendantes de gestion des recours des soumissionnaires lors de la passation du marché ;

(viii) l’étude et l’introduction dans le Code des marchés publics de dispositions pour

établir un cadre de contrôle non juridictionnel ainsi que les procédures y afférentes, pour la réalisation des audits techniques annuels indépendants des marchés publics.

4.1.7 Enfin, afin d’améliorer la transparence sur l’impact potentiel des revenus pétroliers sur les besoins de financement nationaux et la réduction de la pauvreté en Mauritanie, il conviendrait de mettre en place un mécanisme de contrôle et un dispositif d’affectation de ces revenus. 4.1.8 La décentralisation sera poursuivie à travers l’amélioration du cadre institutionnel et organisationnel, une meilleure mobilisation des ressources des ressources communales et le renforcement des capacités de gestion municipale et la promotion du partenariat avec les acteurs locaux de la société civile. Les actions spécifiques inscrites dans ce cadre sont les suivantes :

Page 47: Mauritanie - Profil Gouvernance

40

(i) Au titre de l’amélioration du cadre institutionnel et organisationnel

• l’adoption de la loi et du cadre stratégique relatifs à la décentralisation l’harmonisation des textes des ministères sectoriels avec ceux de la décentralisation;

• l’allégement du système de contrôle de tutelle sur les communes des a mise en œuvre des modalités réglementaires prévues pour le transfert effectif des poursuite du processus d’harmonisation des textes;

• le renforcement de la Direction générale des collectivités locales en lieu et place de l’actuelle Direction des collectivités locales et le renforcement de ses capacités de gestion afin de lui permettre d’assumer la plénitude de sa mission.

(ii) la mise en œuvre du programme de formation des élus et du personnel communal ; (iii) le développement des activités du portail de développement communal ; (iv) l’appui à la mise en œuvre des recommandations de l’étude sur la fiscalité locale; (v) la réalisation de l’étude sur la réforme de la régionalisation ; (vi) la mise en œuvre des projets d’appui à la décentralisation; et (vii) l’adoption d’un texte réglementaire sur l’intercommunalité. 4.1.9 En matière de renforcement des capacités de la société civile, les actions suivantes doivent être initiées : (i) le renforcement de la structure chargée de la procédure d’agrément des

Associations de développement ; (ii) la recherche de financement d’un nouveau programme de formation des ONG

nationales ; (ii) la mise en place du Fonds d’appui à la formation des ONG (FAPONG) ; (iii) l’autonomisation du cyberforum de la société civile ; (iv) la création d’une chaîne satellitaire ; (v) le renforcement des capacités de la presse indépendante à travers la formation et

l’équipement. 4.1.10 La régionalisation du CSLP est par ailleurs entrée dans une phase active depuis octobre 2003. Trois wilayas parmi les plus pauvres (Assaba, Guidimagha et Hodh El Gharbi) ont lancé la préparation de programmes régionaux de lutte contre la pauvreté (PRLP). Le diagnostic étant dans sa phase finale, ces PRLP devraient être disponibles à la fin 2004. Ils seront suivis du lancement de la préparation des PRLP de trois autres wilayas (Hodh Echargui, Gorgol et Tagant), qui devraient être finalisés vers la fin mars 2005. Par la suite, les PRLP des wilayas du Brakna, du Trarza et de l’Adrar devraient être disponibles en décembre 2005.

Page 48: Mauritanie - Profil Gouvernance

41

4.2 Domaines d’intervention des partenaires au développement 4.2.1 En raison de son importance le BNBG est appuyé par plusieurs partenaires au Développement de la Mauritanie, en l’occurrence le Système des Nations Unies, la Banque mondiale, le FMI, l’Union européenne, la France, l’Allemagne, l’ACBF, des ssociations et ONG ainsi que le Groupe de la BAD. Les domaines de leurs interventions respectives sont indiqués ci-dessous

• Système Nations Unies 4.2.2 Au-delà de son appui à la conception et à l’élaboration du PNBG à travers le Programme d’appui au Programme national de bonne gouvernance 2003-2005, le PNUD a financé plusieurs projets en matière de bonne gouvernance. En matière de modernisation et de renforcement des capacités de l’Administration, le PNUD a lancé, en octobre 2001, les études organisationnelles de cinq ministères clés et l’actualisation des textes régissant les missions de l’Etat. Ces travaux ont abouti à l’organisation d’un atelier sur « la redéfinition du rôle et des missions de l’Etat » en décembre 2003. D’autres départements ministériels feront l’objet du même exercice en 2004. En matière de renforcement des institutions démocratiques, le PNUD a apporté un appui technique au Ministère de l’Intérieur, des Postes et des Télécommunications (MIPT) pour identifier les mesures et actions nécessaires pour améliorer la fiabilité, la sécurité, l’efficacité et la transparence du processus de conduite des élections législatives et municipales. Par ailleurs, le PNUD a établi un Programme global pour le renforcement parlementaire (2004-2007) et souhaite travailler à renforcer les capacités des membres du Parlement et de son personnel. En 2004, le PNUD apportera ainsi son concours à la réorganisation des services administratifs du Sénat et à la formation des sénateurs en matière budgétaire et juridique. En matière de promotion des Droits de l’Homme et de la société civile, le PNUD a apporté son concours à la Mauritanie à travers le projet Hurist (Human rights strengthening), ayant abouti à l’élaboration d’un Plan national d'action en matière de Droits de l'Homme. En outre, l’appui à la société civile se matérialisera par le renforcement de ses capacités, l’autonomisation du cyberforum et l’élaboration d’un répertoire électronique des ONGs. Enfin, en matière de gouvernance locale, le PNUD accompagnera en 2004 le processus d’élaboration d’un projet de loi, d’un Cadre Stratégique et d’un plan d’action pour l’approfondissement de la décentralisation. 4.2.3 Le Fonds d’Equipement des Nations Unies (FENU) apporte son soutien à la décentralisation dans le cadre de son programme de lutte contre l’abandon des terroirs villageois de l’Assaba. Plusieurs communes de la Wilaya bénéficient de programmes d’investissements financés sur les ressources mises en place par le programme. Après une expérience de 14 ans, le Gouvernement a procédé à une revue du processus de décentralisation avec comme objectif d’en tirer les leçons avec les divers acteurs et de préparer une stratégie à moyen et long termes. Le PNUD a d’ailleurs participé à l’organisation et à la conduite de cette revue qui a associé plusieurs partenaires dont le FIDA, le FENU, des coopérations bilatérales et des ONG actives dans ce domaine.

• UNESCO 4.2.4 L’UNESCO contribue à la promotion de la société civile, notamment la presse, par l’organisation de séminaires nationaux à l’intention des journalistes mauritaniens.

Page 49: Mauritanie - Profil Gouvernance

42

• Banque mondiale 4.2.5 La Banque mondiale a fourni un crédit ciblé sur la création d’un environnement juridique favorable au développement du secteur privé. Le projet a notamment renforcé les structures de la Direction Générale de la Législation et du Journal Officiel à la Primature, a fourni un appui technique pour l’élaboration des textes fondamentaux du Droit des Affaires et a appuyé aussi une formation au sein du Ministère de la Justice pour le volet commercial. Dans le même domaine, le projet IDF (Fonds de Développement Institutionnel ) renforce les associations qui assurent un relais social sur la justice (formation des cadres associatifs et équipements). Le projet a par ailleurs aidé à vulgariser le droit mauritanien, a prêté une assistance juridique gratuite aux femmes les plus démunies et a étudié l’harmonisation du droit national avec les conventions internationales sur les droits de la femme. Par ailleurs, en matière de gouvernance locale, la Banque mondiale a alloué un crédit pour la mise en œuvre du projet DIU (Décentralisation des Infrastructures Urbaines). Plusieurs travaux d’audits municipaux et de formation des élus, des cadres et agents communaux, ont eu lieu dans le cadre de ce crédit. Celui-ci a en outre financé des activités visant à renforcer la capacité de la Direction des Collectivités Locales au sein du Ministère de l’Intérieur, des Postes et Télécommunications. Dernièrement, la Banque mondiale s’est enfin associée au Japon pour appuyer un projet de développement urbain qui porte sur la décentralisation, le renforcement institutionnel, les infrastructures urbaines, l’habitat et la pauvreté urbaine.

• Fonds monétaire international 4.2.6 Le FMI a accordé à la Mauritanie une deuxième facilité pour l’appui à la croissance et à la réduction de la pauvreté (FRPC), qui couvre les années 2003-2006, pour un montant de 8,8 millions de dollars. Le programme appuyé par cette initiative met un accent particulier sur la gouvernance économique (renforcement des capacités de mobilisation des ressources internes, renforcement du suivi de la dépense et meilleure gestion monétaire et financière). Une revue de la mise en œuvre du Programme a été effectuée en janvier 2004. Les objectifs quantitatifs du programme ont été globalement atteints. Cependant, des insuffisances ont été notées au niveau de certaines réformes et, de ce fait, les discussions ne sont pas encore conclues. Les domaines sur lesquels la réaction du Gouvernement est attendue sont : (i) l’application de la politique de change, (ii) la réforme du secteur financier, (iii) la décentralisation des services du Budget et du Trésor, (iv) les négociations sur l’exploitation pétrolière et (v) la réforme des méthodes comptables de la Banque Centrale de Mauritanie.

• Union européenne 4.2.7 L’Union européenne a centré son appui sur la gouvernance économique, notamment à travers une aide à la Direction de la programmation et des études du MAED (développement des capacités des cadres, formation). l’appui budgétaire la mise en oeuvre du CSLPl, le renforcement des capacités institutionnelles du secteur des transports et l’appui à la promotion de la société civile.

• France 4.2.8 La France a appuyé la gouvernance économique à travers des programmes de formation au sein du Ministère des Finances ainsi que l’amélioration du système d’information statistique de l’Office national des statistiques et du suivi financier des projets. La France a par ailleurs apporté une aide conséquente à la Mauritanie en matière

Page 50: Mauritanie - Profil Gouvernance

43

d’appui à la décentralisation, à travers ses différents organes d’appui financier (Agence française de développement, Services de coopération et d’action culturelle, et Fond social de développement). Le Projet d'appui à la déconcentration et à décentralisation en Mauritanie (P.A.D.D.E.M.), doté de 2,3 millions d'Euros, a ainsi pour objectif de renforcer la formation des personnels et l'équipement des services déconcentrés de l'Etat. Dans ce cadre, trois assistants techniques sont affectés à la réalisation de ce projet. Enfin, la France a apporté un soutien dans le cadre du Projet d’accompagnement de la décentralisation et d’appui au développement communal (PADDEC) pour consolider et restructurer les bases réglementaires et juridiques de la décentralisation.

• Allemagne 4.2.9 L’Allemagne apporte également son concours pour le renforcement du processus de décentralisation à travers un projet de Gestion intégrée des ressources naturelles de l’Est de la Mauritanie (GIRNEM). Elle a par ailleurs soutenu les efforts de renforcement de la Cour des comptes pendants les cinq dernières années à travers les programmes de formation, un appui à l’amélioration du cadre juridique de la statistique publique ainsi qu’au développement des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. L’agence de coopération allemande, la GTZ, a également appuyé les travaux parlementaires à travers l'ouverture d'un centre d'information pour les parlementaires. Elle souhaite poursuivre son action pour favoriser notamment l'organisation du travail des commissions et du secrétariat des séances, l'organisation de « cours de perfectionnement » pour les élus, le recrutement et la formation du personnel pour les services administratifs, l'élaboration et l'application du statut du personnel.

• ACBF 4.2.10 La Fondation pour le Renforcement des Capacités en Afrique (ACBF) a apporté son soutien à la mise en place de mécanismes d’analyse, de suivi et d’évaluation des politiques économiques et sociales, la fourniture d’informations fiables susceptibles d’améliorer la conception, la programmation et l’exécution des politiques nationales pour les administrations publiques, le secteur privé et la société civile, le développement des capacités de la société civile à travers l’accès aux outils et aux technologies de l’information.

• Associations et ONG 4.2.11 Plusieurs ONG participent à des projets pilotes en matière de décentralisation. Il s’agit des Cités Unies de Développement (CID), d’Oxfam-UK et de la Fédération Luthérienne Mondiale. Dans le domaine de la promotion du mouvement associatif, plusieurs ONG internationales et partenaires au développement apportent leurs concours pour renforcer les organisations de la société civile. L’objectif visé par ces appuis extérieurs est de promouvoir le professionnalisme, la qualité de la gestion et des services rendus par ces organisations.

• Groupe de la BAD 4.2.12 Le Groupe de la Banque a soutenu depuis 1988 les efforts d’ajustement et de réformes de la Mauritanie en accordant quatre prêts : un Programme d'ajustement structurel, un Programme d'ajustement du secteur des entreprises publiques (PASEP), un Programme de gestion des ressources publiques (PGRP) et un Programme d'ajustement de la fiscalité (PASFI). En accompagnement de l'appui aux réformes, la Banque a

Page 51: Mauritanie - Profil Gouvernance

44

également accordé deux dons de renforcement des capacités institutionnelles : le Projet d’appui aux dimensions sociales de l'ajustement structurel (PDSA) et le Projet d’appui institutionnel multisectoriel (PAIM). 4.2.13 En dehors du PAIM, en cours d'exécution, les prêts et dons susmentionnés, totalisant un montant de plus de 46 millions UC, ont été décaissés entre 1988 et 2003 à la suite de revues conjointes avec les institutions de Bretton Woods. Malgré quelques difficultés enregistrées dans la mise en oeuvre des réformes du secteur bancaire, l’exécution des quatre programmes d’ajustement structurels et sectoriels a donné des résultats globalement satisfaisants. En effet, ces programmes ont permis de réaliser des progrès importants dans les domaines des finances publiques, de l’amélioration du cadre institutionnel des entreprises publiques, du désengagement de l'Etat, du renforcement des fondements d’une économie de marché, d'allégement et de simplification de la fiscalité, de promotion et de diversification du secteur privé ainsi que de formulation de stratégie de réduction de la pauvreté. En outre, la plupart des nouvelles opérations telles que le Projet d’appui au plan décennal du système éducatif et le Projet de route Rosso-Bogué comportent des volets de renforcement des capacités institutionnelles. 4.2.14 Les principales leçons qui se dégagent de la mise en œuvre des opérations de tous les bailleurs de fonds décrites ci-dessus montrent la nécessité de poursuivre et de consolider les réformes axées sur l’amélioration de l'efficacité et de l'effectivité des politiques publiques, afin notamment d'améliorer leur incidence sur la réduction de la pauvreté. En effet, les réformes antérieures ont certes contribué à la réalisation de la stabilité macroéconomique mais des faiblesses, notamment en matière de gouvernance économique, subsistent comme l’a montré le diagnostic de gouvernance établi dans le présent rapport. 4.3 Recommandations et domaines d’intervention éventuels du Groupe de la BAD 4.3.1 La Banque pourra intervenir dans toutes les activités des sept composantes du PNBG. Toutefois, plusieurs raisons justifient la volonté de cibler les interventions de la Banque. D’une part, les interventions précédentes du Groupe de la BAD se sont principalement inscrites dans le cadre d’un soutien à la gestion économique et financière du pays (PGRP, PAIM, PASFI), permettant de développer une bonne expertise en la matière, et ainsi de mieux cerner les faiblesses nécessitant un appui. D’autre part, le diagnostic établi dans le présent profil fait ressortir que les besoins en matière d’appui à la gouvernance économique sont encore significatifs malgré les réformes engagées dernièrement par les autorités. Enfin, le souci de complémentarité avec les interventions des autres bailleurs de fonds (§4.2) justifie encore davantage que la Banque privilégie la gouvernance économique et l’appui au développement du secteur privé comme champ d’intervention. 4.3.2 Ces recommandations et domaines d’intervention éventuels sont précisés ci-dessous et pourront aboutir à l’adoption d’un plan d’actions après validation du présent document par les autorités mauritaniennes.

Page 52: Mauritanie - Profil Gouvernance

45

1 Renforcement des capacités de mobilisation, de programmation et d'exécution des ressources publiques

(i) Améliorer la mobilisation des ressources internes à travers les actions suivantes :

élargissement de l’assiette de la TVA ; reforme de la fiscalité directe pour évoluer vers une fiscalité unique sur les revenus

et sur le patrimoine ; mise en œuvre d’un programme de réduction des exonérations octroyées ; exploration de nouvelles ressources fiscales notamment auprès du secteur

informel ; rénovation du système d’informatisation de la Direction Générale des Impôts ; réorganisation de la Direction des Domaines.

(ii) Moderniser l’administration des douanes à travers les actions suivantes :

révision et mise à niveau de la réglementation douanière; amélioration du système d’information (informatisation des centres de Rosso et

Nouadhibou) ; intensification de la lutte contre la fraude, à travers le renforcement des directions

régionales existantes et la création de nouvelles directions régionales. (iii) Améliorer la programmation et la gestion des ressources publiques à travers les

actions suivantes : adoption et application d’une nomenclature fonctionnelle dans la présentation du

budget; création d’une structure en charge de la prévision budgétaire ; généralisation de l’élaboration des CDMT sectoriels.

(iv) Renforcer l'exécution budgétaire à travers les actions suivantes :

déconcentration de l’ordonnancement des dépenses publiques ; décentralisation du contrôle financier au niveau des ministères dépensiers ; élaboration et mise en application d’une méthodologie de suivi et d’évaluation des

dépenses publiques. 2 Appui au dispositif de contrôle et de transparence des opérations financières de l’Etat (I) Renforcer le contrôle des dépenses publiques à travers les actions suivantes :

la formation des administrateurs de crédits sur les textes réglementaires en matière des finances publiques ;

la dotation des organes de contrôle en outils informatiques ; l’élaboration d’un manuel des procédures sur le contrôle ; le renforcement des effectifs et des moyens matériels de la Cour des Comptes et

de l’IGF ; l’appui à l'Assemblée nationale et au Sénat dans ses fonctions d’exercice de

contrôle des finances publiques.

Page 53: Mauritanie - Profil Gouvernance

46

(ii) Lutter contre la corruption à travers les actions suivantes :

le renforcement des capacités de la Commission de codification en vue d’une réglementation sur le droit réel;

la formation des magistrats et auxiliaires de justice en la matière ; l’élaboration d’une stratégie nationale de la lutte contre la corruption ; la mise en place d’un office national de lutte conter la corruption.

(iii) Améliorer la transparence et la gestion de l’aide extérieure à travers les actions

suivantes :

le renforcement du mécanisme de suivi-évaluation de l’aide extérieure afin d’éviter tout chevauchement entre les actions ;

le renforcement du Ministère des Affaires Economiques et du Développement dans ses missions de coordination intersectorielle et dans ces relations avec les divers bailleurs des fonds,

3 Promotion du secteur privé et renforcement de la concertation Etat - secteur privé (i) Poursuite des réformes en matière de droit des affaires à travers les actions

suivantes : le renforcement des capacités de la commission de codification et l’élargissement de ses compétences aux autres branches du droit ; la vulgarisation de la jurisprudence auprès des professionnels du droit ; l’organisation de campagnes d’information auprès des agents économiques

(publication des textes fondamentaux). (ii) Aide à la création et à la diversification des PME/PMI à travers les actions suivantes :

l’étude sur les créneaux porteurs en Mauritanie et les potentialités d’investissements dans les willaya (régions) ;

l’étude sur les conditions de crédit et de mobilisation des ressources à long terme, notamment pour les secteurs du tourisme et de l’industrie ;

l’étude sur la mise en place d’une fiscalité adaptée à la création des PME/PMI. (iii) Re-dynamisation de la Chambre du commerce, de l’industrie et de l’agriculture (CCIA)

à travers :

l’informatisation de la CCIA et mise en place d’un réseau Internet ; la formation des cadres et création d’un centre d'information et d'orientation des

investisseurs. (iv) Renforcement de la concertation Etat / Secteur privé à travers les mesures suivantes :

le renforcement de l'actuel Secrétariat Permanent de la Concertation Etat/secteur privé ;

l’élargissement du Comité de Concertation à l’ensemble des secteurs économiques ;

l’établissement d’un réseau de concertation avec la création d’un point focal au niveau de chaque ministère.

Page 54: Mauritanie - Profil Gouvernance

47

4.3.3 La Banque pourra appuyer l’ensemble des mesures prioritaires susmentionnées à travers un prêt d’appui aux réformes en matière de bonne gouvernance. 5. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 5.1 Conclusions 5.1.1 Au cours des dernières années, la Mauritanie a mené une politique de promotion active de la bonne gouvernance, comme le démontrent l’élaboration du PNBG et les différentes réformes engagées aux niveaux politiques, de l’administration publique et de la gestion économique. Les résultats enregistrés sont encourageants mais encore insuffisants tant aux niveaux de l’obligation de rendre compte, de la transparence, de la participation, des réformes juridiques judiciaires et de la lutte contre la corruption. 5.1.2 Les faiblesses soulignées dans le présent document sont dues à des contraintes objectives ayant des origines multiples : historiques, politiques, géographiques, économiques et sociales. En effet, la Mauritanie ne dispose pas de toutes les capacités humaines, techniques et financières pour progresser seule vers la bonne gouvernance et doit dès lors bénéficier de l’appui de ses partenaires au développement. Cette assistance doit couvrir tous les domaines de la gouvernance, et en premier les domaines prioritaires qui ont été identifiés. Dans ce contexte, le Groupe de la BAD doit y contribuer en coordination avec les autres partenaires. 5.2 Recommandations 5.2.1 Il est recommandé que le Groupe de la Banque continue à apporter son appui au Gouvernement pour lui permettre de mettre en œuvre sa stratégie en matière de bonne gouvernance. Dans cette optique, le présent profil de gouvernance constitue un instrument privilégié de dialogue entre les autorités mauritaniennes et la Banque, voire plus largement, l’ensemble des partenaires au développement. A cet égard, il est donc recommandé : Pour le Gouvernement : (i) inclure dans le PNBG les actions et initiatives en cours en matière de gouvernance

(CFAA, PGP, CPAR, audits des ministères...) lors de l’évaluation de chacune des phases de sa mise en œuvre ;

(ii) renforcer les mécanismes de suivi de la stratégie en matière de bonne

gouvernance (critères de performance, matrices des actions) ; (iii) adopter formellement le PNBG et le plan d’actions prioritaires pour sa mise en

œuvre ;

(iv) assurer le leadership dans l’application effective des réformes et leur affecter les ressources humaines et financières conséquentes pour leur mise en œuvre.

Page 55: Mauritanie - Profil Gouvernance

48

Pour la Banque (i) s’appuyer sur les recommandations d’actions prioritaires du présent profil dans la

conception du programme d’appui à la bonne gouvernance ; (ii) renforcer la coopération notamment avec le PNUD, la Commission de l’Union

Européenne, la France et l’Allemagne dans les domaines de la bonne gouvernance et du développement durable ;

(iii) renforcer la coordination avec les autres partenaires au développement en vue de

créer une synergie dans la mise en œuvre des différentes initiatives (PG, CFAA, CPAR) ;

(iv) organiser à Nouakchott, en concertation avec le PNUD, un atelier de restitution du

profil de gouvernance en vue de l’adoption d’un plan d’action qui en résultera ; (v) Intégrer dans le PG les conclusions de l’atelier de restitution.

Page 56: Mauritanie - Profil Gouvernance

ANNEXE 1

Zone des permis pétroliers en Mauritanie

Page 57: Mauritanie - Profil Gouvernance

ANNEXE 2

Résultats des élections présidentielles

(% des votes)

Nom des candidats (Partis politiques) 1992 1997 2003 Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya (PRDS) 63,0 90,0 67,0 Ahmed Ould Daddah (UFD) 33,0 - 6,9 Mohamed Mahmoud Ould Mah (Union populaire socialiste et démo.) 1,5 0,7 -

Moulaye El-Hacen Ould Jiyed (Parti mauritanien du renouveau) - 0,9 1,5 Mohamed Lemine Ch’bih Ould Cheikh Melainine (Front populaire) - 7,0 - Kane Amadou Moctar (Parti pour la légalité et la justice) - 0,4 - Messaoud Ould Boulkheir (Alliance populaire progressiste) - - 5,0 Indépendants (dont Mohamed Khouna Ould Haïdallah avec 18,7%, et Aïcha Mint Jeddah avec 0,5% en 2003) 2,5 - 19,2

Autres - - 0,4 Total 100,0 100,0 100,0 Taux de participation (%) 47,7 74,8 60,2

Résultats des élections législatives (nombre de sièges)

Nom des partis politiques 1996 2001 Parti républicain démocratique et social (PRDS) 70 64 Rassemblement pour la démocratie et l’unité (RDU) 1 4 Union pour la démocratie et le progrès (UDP) - 2 Indépendants 7 - Action pour le changement (AC) 1 4 Rassemblement des forces démocratiques (RFD) - 3 Union des forces du progrès (UFP) - 3 Front populaire (FP) - 1 Total 79 81

Taux de participation (%) 30,0 53,8

Résultats des élections sénatoriales (nombre de sièges)

Nom des partis politiques Avril 2002 Parti républicain démocratique et social (PRDS) 47 Rassemblement pour la démocratie et l’unité (RDU) 1 Union pour la démocratie et le progrès (UDP) 1 Rassemblement des forces démocratiques (RFD) 1 Non alignés 4 Total 54 Taux de participation (%) Na Source : Note de présentation sur les élections en République Islamique de Mauritanie, M. Saleck Ould Abdel Jelil, avril 2000, Economist Intelligence Unit

Page 58: Mauritanie - Profil Gouvernance

ANNEXE 3

Evolution des recettes douanières sur cinq ans

Evolution des recettes douanières sur 5 ans (millions d’Ouguiyas)

Année Importations Exportations Total 1999 14 824 837 15 661 2000 15 760 894 16 654 2001 16 867 638 17 505 2002 22 590 448 23 038

Juillet 2003 13 924 245 14 169 Source : Direction Générale des Douanes

Page 59: Mauritanie - Profil Gouvernance

ANNEXE 4

Cadre institutionnel de coordination et de pilotage du PNBG

Le cadre institutionnel de coordination et de pilotage du PNBG est assuré par un dispositif à quatre niveaux : le Comité National d’Orientation et de Suivi, le Comité Technique de Pilotage, la Coordination et les Comités Sectoriels. i. Le Comité National d’Orientation et de Suivi est présidé par le Premier

Ministre et formé des premiers responsables des institutions concernées. Assurant la supervision de tout le processus de mise en œuvre du programme, ce comité travaille en étroite collaboration avec un Comité de Concertation avec les Donateurs présidé par le Ministre des Affaires Economiques et du Développement.

ii. Le Comité de Pilotage est composé de représentants des structures membres

du Comité National ci-dessus. Il assure, notamment, le suivi de la mise en œuvre du programme.

iii. La Coordination du Programme est assurée par le Ministère des Affaires

Economiques et du Développement et a pour mission de superviser et coordonner la préparation et l’exécution de l’ensemble des sous-programmes du PNBG ainsi que d’assurer l’articulation de toutes les activités du Programme.

iv. Les Comités techniques spécialisés dirigent chacune des composantes du Programme. Elles sont composées des principaux responsables des structures concernées et les chefs de file respectifs (points focaux) sont retenus en fonction des missions officielles qui leur sont confiées et de l’importance de leur structure au regard des activités à réaliser

.

Page 60: Mauritanie - Profil Gouvernance

ANNEXE 5

Page 1/5 Indicateurs de Gouvernance pour la Mauritanie

Evolution 1996-2002

Le graphique ci-dessus présente le classement par percentile pour chaque indicateur de gouvernance. Le classement par percentile montre le pourcentage des pays à travers le monde qui sont classés au dessous des pays choisis (possible marge d’erreur). Le comparateur choisi (le cas échéant) est représenté par un tuyau d’orgue inférieur pour chaque indicateur de gouvernance. Dans le diagramme en tuyaux d’orgue, le classement sans doute statistique de l’indicateur de gouvernance est représenté par une fine ligne noire. Par exemple, un tuyau d’orgue, d’une longueur correspondant à 75 %, qui est complété par de fines lignes noires qui vont de 60 % à 85 %, peut être interprété comme suit : environ 75 % des pays ont un plus mauvais classement et près de 25 % des pays sont mieux classés que le pays choisi. Cependant, au niveau de confiance de 90 %, seuls 60 % des pays étaient plus mal classés, tandis que seuls 15 % d’entre eux avaient un meilleur classement. Les valeurs plus élevées impliquent une meilleure note pour la gouvernance. Chaque couleur du diagramme est suivie d’une simple répartition par quartile (aux fins d’illustration) : le meilleur quartile (supérieur au 75e percentile) est en vert (le dixième étant coloré en vert plus foncé), le deuxième (supérieur au 50e) est en jaune, le troisième (supérieur au 25e) est en orange, et le quatrième est en rouge (avec le dixième en rouge). Il convient de retenir que ce simple codage par la couleur ne tient pas compte de l’ampleur des intervalles de confiance. Il est basé uniquement sur les estimations de points pour l’établissement des quartiles.

Stabilité politique

Voix et responsabilité

Efficacité du Gouvernement

Qualité des règlements

Etat de droit

Lutte contre la corruption

Comparaison entre 2002, 2000, 1998, 1996 (ordre décroissant) et le classement en percentile du pays

MAURITANIE

Page 61: Mauritanie - Profil Gouvernance

ANNEXE 5 Page 2/5

Tableau statistique : Indicateurs de gouvernance pour la MAURITANIE

Indicateur de gouvernance Année

Classement en percentile

(0-100)

Estimations(-2,5 à +

2,5)

Ecart standard

Nbre d’enquêtes/

sondages Sources

2002 27,3 -0,67 0,25 4 Liste 2000 28,8 -0,67 0,31 3 Liste 1998 22,0 -0,91 0,30 2 Liste

Voix et responsabilité

1996 24,1 -0,80 0,35 2 Liste 2002 58,9 +0,43 0,39 2 Liste 2000 34,5 -0,45 0,51 2 Liste 1998 66,1 +0,51 0,60 1 Liste

Stabilité politique

1996 68,9 +0,55 0,65 1 Liste 2002 52,6 -0,16 0,29 2 Liste 2000 39,1 -0,36 0,35 2 Liste 1998 44,8 -0,24 0,40 1 Liste

Efficacité du Gouvernement

1996 63,1 0,00 0,41 1 Liste 2002 54,6 +0,01 0,25 3 Liste 2000 36,8 -0,18 0,41 2 Liste 1998 28,8 -0,47 0,42 2 Liste

Qualité des règlements

1996 23,2 -0,62 0,43 2 Liste 2002 47,4 -0,33 0,23 4 Liste 2000 42,7 -0,48 0,28 4 Liste 1998 37,3 -0,48 0,32 3 Liste

Etat de droit

1996 31,3 -0,58 0,47 2 Liste 2002 63,4 +0,23 0,30 2 Liste 2000 26,6 -0,70 0,35 2 Liste 1998 48,6 -0,29 0,37 1 Liste

Lutte contre la corruption

1996 ND ND ND ND ND Source: D. Kaufmann, A. Kraay, and M. Mastruzzi 2003: Governance Matters III: Governance Indicators for 1996-2002. Note: Les indicateurs de gouvernance ici présentés résultent de la compilation statistique des réponses données sur la qualité de la gouvernance par un grand nombre d’entreprises, de citoyens et d’experts ayant participé à l’enquête dans les pays industrialisés ou en développement, comme le rapportent certains instituts de sondage, groupes de réflexion, organisations non gouvernementales, et organisations internationales. Les indicateurs agrégés ne représentent en aucune manière la position officielle de la Banque mondiale, ni celle des administrateurs ou des pays qu’ils représentent. Comme analysé en détail dans les documents d’appui, les positions relatives des pays sur ces indicateurs peuvent présenter des marges d’erreur qui sont clairement indiquées. Par conséquent, le classement précis des pays ne devrait pas être établi sur la base de ces données.

Page 62: Mauritanie - Profil Gouvernance

ANNEXE 5 Page 3/5

Indicateurs de gouvernance comparés

MAROC

Afriq. subsahar.

Moy. Orient & Afr. Nord

Mauritanie

Voix et responsabilité

Comparaison entre 2002, 1996 (ordre décroissant) et le classement en percentile du pays (0-100)

BENIN

MAURITANIE

MALI

Moy. Orient & Afr. du Nord

MAROC

Afrique subsahar.

SENEGAL

Comparaison entre 2002, 1996 (ordre décroissant) et le classement en percentile du pays (0-100)

BENIN

SENEGAL

MALI

AFRIQUE SUB-SAHARIENNE

MOYEN-OR. AFRIQUE NORD

MAURITANIE

MOYEN-OR. AFRIQUE NORD

AFRIQUE SUB-SAHARIENNE

Stabilité politique

Page 63: Mauritanie - Profil Gouvernance

ANNEXE 5 Page 4/5

MAROC

MAURITANIE

SENEGAL

Moy. Orient & Afr. du Nord

BENIN

Afrique subsahar.

MALI

Efficacité du gouvernement

Comparaison entre 2002, 1996 (ordre décroissant) et le classement en percentile du pays (0-100)

Maroc

Mauritanie

Sénégal

Moy. Orient & Afr. du Nord

MALI

BENIN

Afrique subsahar.

Qualité des règlements

Comparaison entre 2002, 1996 (ordre décroissant) et le classement en percentile du pays (0-100)

MOYEN-OR. AFRIQUE NORD

AFRIQUE SUB-SAHARIENNE

MAROC

MAURITANIE

SENEGAL

MOYEN-OR. AFRIQUE NORD

AFRIQUE SUB-SAHARIENNE

Page 64: Mauritanie - Profil Gouvernance

ANNEXE 5 Page 5/5

Maroc

Moy. Orient & Afr. du Nord

Sénégal

Mauritanie

Bénin

Mali

Afrique subsahar.

Etat de droit

Comparaison entre 2002, 1996 (ordre décroissant) et le classement en percentile du pays (0-100)

Mauritanie

Maroc

Moy. Orient & Afr. du Nord

Sénégal

Mali

Bénin

Afrique subsahar.

Lutte contre la corruption

Comparaison entre 2002, 1996 (ordre décroissant) et le classement en percentile du pays (0-100)

MALI

BENIN

MAROC

MAURITANIE

SENEGAL

MOYEN-OR. AFRIQUE NORD

AFRIQUE SUB-SAHARIENNE

MALI

BENIN

SENEGAL

MOYEN-OR. AFRIQUE NORD

MAURITANIE

MAROC

AFRIQUE SUB-SAHARIENNE

Page 65: Mauritanie - Profil Gouvernance

ANNEXE 6 Page 1/9

Matrice des mesures prioritaires du CSLP (2004)

Objectifs sur 2001-2004 Actions prioritaires réalisées 2001-2002 Actions prioritaires prévues 2003

Actions prioritaires réalisées 2003

Actions prioritaires prévues en 2004-2005

AXE 4 : DES CAPACITES INSTITUTIONNELLES RENFORCEES POUR UNE MEILLEURE EFFICACITE DE LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE Justice - Renforcer le système judiciaire

et rapprocher la justice du citoyen :

• Poursuite de la réforme de la justice

• Promulgation et mise en vigueur de la Loi portant Code du statut personnel

• Adoption d’un programme prioritaire

• Mise en œuvre du programme prioritaire

• Etude pour l’élaboration des textes d’application du code du commerce

Elaboration du CDMT Justice

• Mise en œuvre d'un programme de renforcement des capacités et des infrastructures judiciaires

• Équipement de plusieurs chambres des tribunaux à Nouakchott

• Equipement des cours d’appel de Nouakchott, Kiffa, Nouadhibou ; Construction des tribunaux de Moughataa de Teyarett, Arafat et Riyad au stade final ; Travaux autres tribunaux de Moughataa de Nouakchott en cours

• Poursuite des travaux de construction des tribunaux de Moughataa de Nouakchott

• La poursuite de la construction des palais de justice de Nouadhibou et de Kiffa

• Equipement des tribunaux des Moughataa de Nouakchott, d’une partie de la Cour suprême, de la commission de codification du droit judiciaire et des établissements pénitenciers

• la poursuite du programme d’infrastructures des tribunaux des Moughataa de Nouakchott

• renforcement des équipements des chambres de la wilaya et de la cour d’appel de Nouakchott, des tribunaux des wilayas du Hodh el Gharbi, du Gorgol, du Brakna et de l’Inchiri

• Informatisation effective du casier judiciaire

• Décentralisation et appui aux tribunaux régionaux et départementaux

• Formation sur le statut du personnel pour les magistrats

• Recrutement pour formation à l’ENA de 20 magistrats

• Poursuite de la formation des magistrats

• Organisation d’ateliers de formation

• Formation à l’extérieur de magistrats et du personnel de la justice

• Facilitation de l’accès des plus pauvres à la justice (suppression de certains frais,…)

• Elaboration d’un avant-projet de loi sur l’aide judiciaire

• Elaboration de l’avant-projet de la loi organisant l’assistance judiciaire

• Adoption de la loi organisant l’assistance judiciaire

• Adoption de la loi organisant l’assistance judiciaire

Administration publique - Modernisation de

l’administration publique

Renforcement du cadre institutionnel et organisationnel de l’Administration

• Adapter les missions et les structures de l’Administration au nouveau rôle de l’Etat

• Renforcer les fonctions de programmation et de suivi- évaluation

• Moderniser le fonctionnement des services publics

Page 66: Mauritanie - Profil Gouvernance

Page 2/9

Objectifs sur 2001-2004 Actions prioritaires réalisées 2001-2002 Actions prioritaires prévues 2003

Actions prioritaires réalisées 2003

Actions prioritaires prévues en 2004-2005

Amélioration de la qualité du service public

• Améliorer les relations entre l’Administration et les usagers

Modernisation de l’Etat par l’outil numérique

• Renforcer l’informatisation • Améliorer la communication

Modernisation de la gestion des ressources humaines de l’Etat

• Renforcer les capacités des structures de gestion des personnels publics

• Mettre en place des outils modernes de gestion des ressources humaines

• Améliorer les conditions de travail des agents de l’Etat

- Améliorer l'information et

développer les capacités d'analyse sur les questions liées à la pauvreté :

• Réalisation du programme d'enquête prioritaire et amélioration du système d'information et de prévisions du MEN, du MSAS, du MDRE et du CDHLCPI

• Réalisation des enquêtes EPCV 2000, de l'EDS et de l'enquête agricole

• Élaboration du profil de la pauvreté, du rapport de l’EDS

• Traitement des données du RGPH • Mission de la BM pour l’implantation

du modèle 123CSLP et formation de cadres sur ce modèle

• Réalisation de travaux de méthodologie du recensement général de l’agriculture et de l’élevage avec l’appui de la FAO

• Diffusion des résultats provisoires du RGPH

• Préparation et lancement de l’EPCV 2003

• Analyse des données du RGPH et Poursuite des travaux préparatoires du RGAE et Réalisation de l’enquête agricole

• Mise en place d’un comité interministériel, présidé par le Premier Ministre, pour la modernisation de l’administration publique

• Réalisation de l’enquête PDU

• Elaboration d’une base de données sociales (BDS)

Publication du deuxième CSLP pour la période 2005-2008 sur la base de résultats de l’EPCV 2004

• Financement PNBG ; • Démarrage projet PRCSP :

Amélioration de la qualité du service public

• Lancement, élaboration et publication de l’EPCV 2004

• Lancement et publication les résultats du rapport de traçabilité de la dépense dans le secteur de la santé et éducation

• Lancement et analyse de l’enquête sur le marché rural du travail

• Lancement et publication des résultats de l’enquête de base relative à la couverture vaccinale

Page 67: Mauritanie - Profil Gouvernance

Page 3/9

Objectifs sur 2001-2004 Actions prioritaires réalisées 2001-2002 Actions prioritaires prévues 2003

Actions prioritaires réalisées 2003

Actions prioritaires prévues en 2004-2005

• Démarrage du projet ISEPP ;

• Lancement de l’EMIP • Préparation des documents

techniques et suivis du financement de l’enquête PopFam ;

• Organisation d’ateliers de diffusion des données définitives du RGPH

• Réalisation de l’EMSM (l’enquête mondiale sur la santé en Mauritanie)

• Travaux préparatoires de l’édition 2003 de l’ENAE

• Démarrage de la mise en œuvre du programme d’appui au PNBG financé par le PNUD

• Achever et publier les résultats de l’enquête sur la mortalité infantile et le paludisme (EMIP)

• Mise à jour de textes réglementaires d’application du statut général des fonctionnaires;

• Mise en œuvre des dispositions du décret 99-01 et adoption de statuts particuliers ;

• Réalisation de l’ENAE ; • Adoption d’un calendrier d’élaboration

du CSLP • Diffusion des résultats de l’EMSM • Achèvement analyse donnée RGPH • Préparation de l’enquête 1-2-3 (Marche

du travail et secteur informel)

• Consultation pour la mise en place du système de suivi/évaluation des programmes CDHLCPI.

• Mise en place de la restructuration du MEN

• Réalisation dans le cadre de la phase préparatoire du PNBG de cinq études sur l’Administration publique

• Poursuite des travaux pour la mise en place d’un système suivi/évaluation des programmes de CDHLCPI

• Finaliser l’étude sur l’amélioration du système de suivi évaluation du CSLP

• Mise en place du plan d’actions pour l’amélioration du système de S&E du CSLP

Collectivités locales - Renforcer les capacités des

collectivités locales et les doter des moyens nécessaires pour une bonne prise en charge de leurs compétences :

• Mise en œuvre de la réforme de la fiscalité locale

• Élargissement des pouvoirs communaux en matière de fiscalité

• Mise en place des services régionaux de la DCL

• Mise en place des services régionaux de la Direction des Collectivités Locales (DCL) au niveau des capitales régionales

• Renforcement des services régionaux de contrôle de la légalité et d’appui aux communes

Page 68: Mauritanie - Profil Gouvernance

Page 4/9

Objectifs sur 2001-2004 Actions prioritaires réalisées 2001-2002 Actions prioritaires prévues 2003

Actions prioritaires réalisées 2003

Actions prioritaires prévues en 2004-2005

• Adaptation de certains textes à l’environnement institutionnel

• Analyse critique des textes en vue de leur adaptation à l’environnement institutionnel de la décentralisation

• Etude sur le transfert du patrimoine communal

• Harmonisation des textes adoptés avant1986 en vue de leur adaptation au contexte de décentralisation

• Adoption d’un texte réglementaire sur l’intercommunalité

• Démarrage d’un programme deformation

• Démarrage d’un programme de formation

• Mise en œuvre du programme de formation des élus et du personnel communal et son élargissement à l’ensemble des communes

• Contrôle et inspection des communes

• Contrôle et inspection des communes de Nouakchott

• Accroissement du contrôle et inspection de la gestion des communes

• Mise en place d’un portail de développement communal

• Réalisation étude et lancement de la procédure de mise en place du Portail de développement communal

• Création d’une Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL) au lieu et place de l’actuelle DCL

• Approfondissement de la réforme de la fiscalité locale

• Elaboration des Termes de Référence de l’étude sur la fiscalité locale

• Lancement de l’étude sur la fiscalité locale

• Délégation des pouvoirs de tutelle du MIPT aux Wali et Hakem pour renforcer la décentralisation et la déconcentration (arrêtés n°804 du 12.10.2002 et 11.30 du 26.10.2002

• Elaboration d’une circulaire sur le fonctionnement de l’administration communale

• Elaboration d’un rapport sur la stratégie de décentralisation et de Bonne Gouvernance

• Réforme de la nomenclature comptable et financière des communes (arrêté conjoint)

• Mise en œuvre des manuels de gestion et de procédures des communes

• Mise en œuvre des manuels de gestion et de procédures des communes et l’organisation d’un séminaire de formation sur ce manuel

• Vulgarisation et la diffusion des Manuels de gestion communale

• Renforcement des capacités des communes dans la gestion et l’entretien des infrastructures collectives

• Mise en place de programmes d'appui aux communes (PADDEM, PAC)

• Réforme du FRD et mise en place de mécanismes d’action de crédits

• Lancement de la réforme du Fonds Régional de Développement (FRD)

• Parachèvement du PADDEM • Mise en œuvre des contrats municipaux (communes urbaines)

• Mise en œuvre des contrats municipaux pour les communes urbaines

• Evaluation des contrats de ville • Evaluation des capacités des

communes • Mise en œuvre du KFW3 et du PAC

• Augmentation des transferts de l’Etat et augmentation sensible du FRD

• Elaboration et validation d’ un plan de formation sur le développement urbain et municipal

• Etude sur les compétences et responsabilité respectives de l’État et des Communes

• Démarrage d’un projet d’appui à la décentralisation (coopération allemande)

• Démarrage d’un projet d’appui à la décentralisation avec la Coopération allemande

• Démarrage du Projet d’Appui aux communes de l’Assaba (PNUD/FENU)

• Mise en place dans les communes urbaines d’une application informatique des dépenses communales

• Elaboration d’une Stratégie et d’un Plan d’Action de la décentralisation

• Mise en œuvre du Projet d’infrastructures KFW 3

• Elargissement du champ d’intervention du PADDEM

Page 69: Mauritanie - Profil Gouvernance

Page 5/9

Objectifs sur 2001-2004 Actions prioritaires réalisées 2001-2002 Actions prioritaires prévues 2003

Actions prioritaires réalisées 2003

Actions prioritaires prévues en 2004-2005

• Étude sur la régionalisation • Réalisation des TDR et mise en place d’un comité d’experts

• Mise en œuvre de la réforme de la régionalisation

• Réalisation d’une analyse sur la régionale

• Adoption de la réforme régionale

Société civile - Renforcer les capacités de la

société civile et l’impliquer davantage dans le processus de développement économique et développer les échanges sur les meilleures pratiques de lutte contre la pauvreté :

• Appui aux programmes de renforcement des capacités de la société civile

• Promulgation du décret 2002-030 relatif à la procédure d’agrément des associations de développement

• Organisation des journées portes ouvertes sur les ONGs nationales et internationales (3e édition)

• Organisation des journées portes ouvertes sur les ONGs nationales et internationales (3e édition)

• Organisation des journées portes ouvertes sur les ONGs nationales et internationales (4e édition)

• Lancement de la procédure d’agrément des Associations de développement

• Appui à la constitution et à la professionnalisation des ONG nationales aux fonctions de maîtrise d’ouvrage pour les programmes locaux de développement

• Mise en œuvre du programme de formation de 30 ONGs nationales sur les aspects techniques et pratiques

• Recherche de financement d’une nouveau programme de formation des ONG nationales

• Recherche de financement d’une nouveau programme de formation des ONG nationales

• Etude de mise en place d'un répertoire électronique des OSC en Mauritanie

• Mise en place d’un centre de ressources pour l’appui à la réalisation d’actions communes aux OSC

• Finalisation de l’étude sur la mise en place d'un fonds d'appui aux initiatives de base exécutées par les ONGs (FAPONG)

• Mise en place du FAPONG • Mise en place du FAPONG

• Extension du Cyber-forum de la société civile

• Elargissement du local, appui technique et logistique ; Elaboration du statut juridique du cyber-forum

• Elargissement des activités du cyber-forum

• Autonomisation du Cyberforum de la société civile

Secteur privé - Assurer une plus grande

efficacité du secteur privé dans la mise en œuvre des programmes d’investissement (capacité d’absorption), Promouvoir le partenariat opérateurs privés nationaux et internationaux, Faciliter l’accès au crédit pour les entreprises nationales, Améliorer la connaissance du secteur du BTP :

Page 70: Mauritanie - Profil Gouvernance

Page 6/9

Objectifs sur 2001-2004 Actions prioritaires réalisées 2001-2002 Actions prioritaires prévues 2003

Actions prioritaires réalisées 2003

Actions prioritaires prévues en 2004-2005

• Renforcement des capacités du secteur privé

• Elaboration d’un plan de formation, Etude des possibilités de création de mutuelles des entreprises

• Collecte de données sur la sériedes prix unitaires, le coefficientd’éloignement, etc.

• Mise en place de normes techniques applicables au secteur

• Elaboration d’un plan de formation, Etude des possibilités de création de mutuelles des entreprises

• Collecte de données sur la série des prix unitaires, le coefficient d’éloignement, etc.

• Mise en place de normes techniques applicables au secteur

Gestion des ressources publiques - Assurer une gestion efficace et

transparente des biens publics

• Informatisation des dépenses

• Réalisation des études techniques d’informatisation de la solde

• Informatisation des dépenses de biens et services

• Elaboration de draft de l’étude

• Validation Etude informatisation des dépenses de biens et services

• Informatisation des pensions : élaboration d’un programme informatique

• Informatisation des pensions : élaboration d’un programme informatique

• Informatisation des pensions : élaboration d’un programme informatique

• Production d’une balance de comptes mensuelle établie d’une manière informatisée

• Informatisation complète de la Comptabilité Publique au niveau central

• Mise en place d’une comptabilité patrimoniale de l’Etat

• Redéfinir l’organisation de la Direction du Trésor

• Création d’une Direction de la Comptabilité Publique

• Renforcer les capacités du corps de contrôle

• Supprimer les phases redondantes de contrôle dans la procédure normale de la dépense (passage de 14 phases a 6)

• Informatisation de la chaîne de dépense• Intégration dans la loi de

finances 2006 de toutes les recettes qui ne sont pas budgétées

Page 71: Mauritanie - Profil Gouvernance

Page 7/9

Objectifs sur 2001-2004 Actions prioritaires réalisées 2001-2002 Actions prioritaires prévues 2003

Actions prioritaires réalisées 2003

Actions prioritaires prévues en 2004-2005

• Mise en place de nomenclature de pièces justificatives

• Réalisation de la nomenclature des pièces justificatives

• Mettre en place une procédure permettant d’informer la Direction du Trésor des mouvements financiers affectant les divers projets

• Mise en place du projet de rattachement du BCI a la Loi de Finances suivant une procédure spécifique de type budget annexe

• Réforme du cadre légal de la passation des marchés

• Adoption et mise en place d’un cadre des marchés publics et textes d’application

• Production du compte de gestion sur chiffres et sur pièces justificatives (exercices 2002, 03 et 04) et transmission effective a la Cour de Comptes

• Modifier les textes (décret 74-187 [1974])

• Développer et adopter une réglementation portant sur les pièces justificatives et les techniques de l’engagement

• Suppression de l’utilisation des procédures dérogatoires actuellement en cours auprès de certaines institutions avec un statut hybride et mal défini

• Adoption d’un nouveau Code des Marchés Publics

• Adoption des textes portant réorganisation des Commissions Départementales des Marchés (CDM) et Commission Centrale des Marchés (CCM)

• Présentation d’un projet de Loi de règlement au Parlement

• Adoption de la loi d’apurement en 2001 (loi 39-20001) ; Adoption de la loi de règlement définitif du Budget 2001 adoptées en 2002

• Adoption de la loi de règlement du Budget 2002

• Mise en place le premier janvier 2005 de la déconcentration sur de ministères pilotes

• Redéfinition du rôle et des pouvoirs des ordonnateurs régionaux

Page 72: Mauritanie - Profil Gouvernance

Page 8/9

Objectifs sur 2001-2004 Actions prioritaires réalisées 2001-2002 Actions prioritaires prévues 2003

Actions prioritaires réalisées 2003

Actions prioritaires prévues en 2004-2005

• Appui à la Cour des comptes, pour les audits et pour l’élaboration de son rapport annuel

• Doter la Cour de moyens humains et matériels dans le cadre de la LDF 2001

• Appui à la Cour des Comptes pour l’exercice des activités de contrôle.

• Renfoncement des moyens de la cour des comptes ;

• Examen et jugement de comptes de l’Etat et des établissements publics et administratifs (exercices 2001, 02 et 03)

• Mesures d’apurement collectif pour les Etablissements Publics

- Assurer un suivi rigoureux de l’impact des dépenses publiques sur la pauvreté :

• Élaboration d’un Cadre de dépenses à moyen terme

• Démarrage de l’élaboration d’un CDMT global

• Elaboration d’un CMDT global • Elaboration du CDMT global

• Mise à jour du CDMT global pour la période 05-07 sur la base du CSLP 2005 et le CDMT 06-08 en 2006.

• CDMT global attaché à la Circulaire Budgétaire

• Loi de finance basée sur le CDMT global

• Mise en place de budgets programmes pour les secteurs de l’éducation et de la santé et pour les autres secteurs prioritaires

• Mise en place de budgets programmes pour les secteurs de l’éducation, de la santé, du développement urbain et les infrastructures de transport

• Finalisation du CDMT du développement rural ; Elaboration des CMDT des secteurs de l’Hydraulique, de l’Electrification rurale et de la Pêche artisanale

• Finalisation des CDMT du Développement Rural et de l’Hydraulique

• Mise à jour annuelle des CDMT santé, hydraulique et énergie

• Évaluation de l’impact de la dépense publique dans les secteurs prioritaires, des ressources PPTE et du CSLP sur la pauvreté

• Evaluation de l’impact des dépenses dans les secteurs de l’éducation et de la santé

• Elaboration du Draft • Finaliser l’étude sur l’analyse bénéfice incidence du secteur de la santé et de l’éducation (rapport disponible)

• Finaliser l’étude eau et pauvreté (rapport disponible)

• Mise au point d’une codification fonctionnelle permettant le suivi des dépenses sociales et de celle visant à la réduction de la pauvreté

• Adhésion su SGDD

Page 73: Mauritanie - Profil Gouvernance

Page 9/9

Objectifs sur 2001-2004 Actions prioritaires réalisées 2001-2002 Actions prioritaires prévues 2003

Actions prioritaires réalisées 2003

Actions prioritaires prévues en 2004-2005

• Présentation des éléments de la Loi de Finances 2006 dans une annexe établie suivant une codification fonctionnelle àdéfinir

Mise en œuvre, suivi/évaluation, système d’information et réactualisation du CSLP - Assurer un suivi rigoureux et

une mise à jour régulière du CSLP :

• Mise en œuvre du CSLP à travers des programmes régionaux de lutte contre la pauvreté (PRLP)

• Promulgation de la Loi d’orientation sur la lutte contre la pauvreté

• Elaboration de deux outils méthodologiques : «Guide méthodologique», et «Boîte à outils»

• Mise en place progressive des PRLP des 5 premières wilayas

• Lancement effectif des PRLPs dans les wilayas de l’Assaba, du Hodh El Gharbi et du Guidimakha.

• Finalisation des PRLPs des trois premières wilayas et poursuite des autres programmes.

• Reconduction du dispositif institutionnel du CSLP pour assurer un suivi rigoureux

• Reconduction du dispositif institutionnel du CSLP : Réunion des comités et groupes techniques, pour l’élaboration des rapports thématiques

• Élaboration du Rapport sur la mise en œuvre du CSLP en 2001, enrichi sur la base des nouvelles données sur la pauvreté

• Finalisation du Rapport sur la mise en œuvre du CSLP en 2002

• Tenues des ateliers et assises de suivi de la mise en œuvre du CSLP 2003.

• Élaboration du Rapport sur la mise en œuvre du CSLP en 2003

• Poursuite des travaux des comités et groupes techniques thématiques pour la révision du plan d’action 2005-2008.

• Elaboration d’une stratégie de communication concertée sur le CSLP

• Elaboration d’une stratégie de communication concertée sur le CSLP

• Diffusion de documents relatifs au CSLP sur plusieurs supports (CDROM, papier, etc.)

• Validation et mise en œuvre de la stratégie de communication

• Poursuite de diffusion de documents relatifs au CSLP.

• Évaluation participative à mi-parcours du CSLP

• Mise en place d’un système intégré de suivi et d’évaluation du CSLP

• Mise en place d’un système intégré de suivi et d’évaluation du CSLP