Memoire de l'Eau Pour Les Nuls

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    Afin de rsumer louvrage ci-dessus, nous avons opt pour un dialogue (fictif)

    entre lauteur et un certain Monsieur X. Cest en quelque sorte lhistoire de

    la Mmoire de lEau pour les Nuls !

    Nous renvoyons aux diffrents chapitres des deux parties de louvrage.

    Nous esprons que ce survol incitera le lecteur lire LAme des Molcules

    dans son intgralit.

    L invention des hautes dilutions (1982-1985)

    Monsieur X. Mais tout dabord, dites-moi, qui a eu cette ide saugrenue dans le laboratoire de

    Benveniste qui consistait tester des solutions de substances biologiques dans lesquelles lasubstance initiale avait disparu ?

    Lauteur. En fait ces dilutions ces hautes dilutions qui sont pousses au-del de ce

    quautorisent les lois de la physico-chimie nont pas t inventes par Benveniste. Au

    dpart ce sont des contrats de recherche entre des laboratoires homopathiques et le

    laboratoire de J. Benveniste [Chapitre 2, partie 1]. Le but est de tester des produits

    homopathiques sur des systmes biologiques. Et comme chacun sait lhomopathie consiste

    administrer des substances qui ont t trs trs dilues.

    X. Tellement dilues que la substance active a disparu

    A. Oui, forcment, la matire tant constitue de molcules, elle nest par consquent pas

    divisible linfini et il arrive un moment o on ne dilue plus que de leau dans de leau ! Cette

    limite, les prparations homopathiques la franchissent allgrement. Et cest pourquoi pour de

    nombreux scientifiques, pour ne pas dire la plupart, les produits homopathiques ne sont que

    de parfaits placebos.

    X. Et pourtant certaines recherches, depuis de nombreuses annes, bien avant que Benveniste

    sy intresse dailleurs, semblaient avoir mis en vidence des effets biologiques avec ces

    dilutions extrmes daprs ce que je lis dans votre livre.

    Lme des Molcules Une histoire de la "mmoire de leau" par Francis Beauvais(Lulu Press, Collection Mille Mondes).Broch - 630 pages ; Format : 22,5 x 15 cm

    ISBN : 978-1-4116-6875-1

    Ce texte peut tre lu intgralement sur le site www.mille-mondes.fr

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    A. Effectivement. Et en 1982 deux laboratoires homopathiques (les Laboratoires Boiron et

    les Laboratoires Homopathiques de France) avaient propos J. Benveniste de reproduire ce

    type dexpriences [Chapitres 2 et 3, partie 1].

    X. Par consquent si Benveniste retrouvait ces rsultats, ctait extrmement important en

    termes de crdibilit scientifique pour lhomopathie.

    A. Cest certain.

    X. Oui mais comment cela serait-il possible puisque prcisment il ny a plus rien ?

    A. Cest l o le deus ex machina de la mmoire de leau entre en scne ! Si le solut a

    disparu, il reste le solvant leau qui a pu stocker l information correspondante

    X. Bon sang mais cest bien sr !

    A. Jajoute que pour les homopathes, lagitation de la solution aprs chacune des dilutions est

    ncessaire permettant ce quils appellent la dynamisation de la dilution. Ces expriences

    initiales conduiront Benveniste parler deau ayant conserv le souvenir des substances

    avec lesquelles elle a t en contact . Ce que Libration titrera le 30 mai 1988 par :

    Homopathie : le Pr J. Benveniste vrifie la mmoire de leau . Ce titre est historique

    car ma connaissance cest la premire fois que lexpression mmoire de leau est

    utilise. On connat son succs ultrieur [Chapitre 1, partie 1].

    X. Le fait que des expriences positives aient t obtenues a d ravir les homopathes ?

    A. Oui au dbut. Mais rapidement des tensions vont natre car le programme initial qui tait

    de tester des produits homopathiques va driver.

    X. De quelle manire ?

    A. Dans les expriences initiales, un modle simplifi de la raction allergique tait utilis,

    savoir la dgranulation des basophiles

    X. On reproduit donc dans des tubes in vitro comme disent les scientifiques ce qui se

    passe dans lorganisme ?

    A. Cest cela. Des cellules sanguines sont mises en prsence de diffrentes substances, en

    particulier par des anticorps (appels anti-IgE), ce qui permet de mimer en quelque sorte

    leffet de lallergne.

    X. Lallergne tant la substance laquelle est sensible un sujet allergique, par exemple le

    pollen, les poils de chat, cest bien cela ?

    A. Tout fait. Lanti-IgE se conduit comme ne sorte dallergne universel. Cest un outil

    trs commode pour les chercheurs qui travaillent dans ce domaine.

    X. Et le produit homopathique, o est-il ?

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    A. Le produit homopathique quant lui est cens diminuer cette activation cellulaire

    provoque par lanti-IgE lorsquon lajoute dans les tubes contenant les cellules.

    X. Et quest-ce qui permet de dire quil a t efficace ou non ?

    A. Lactivation cellulaire tait valu grce un colorant qui permet de dnombrer les

    basophiles. Ceux qui ont t activs perdent la capacit dtre colors.

    X. Si je rsume votre livre grand trait : au dbut et au grand tonnement de Benveniste lui-

    mme des solutions de substances utilises en homopathie paraissent avoir un effet sur

    cette activation des basophiles [Chapitre 2, partie 1].

    A. Oui, mais ensuite on se rendra compte que lanticorps anti-IgE lui-mme paraissait

    galement capable de produire des effets hautes dilutions ! [Chapitre 3, partie 1] Pour lestenants de lhomopathie, ce type de rsultats, cest--dire dclencher une raction allergique

    avec des hautes dilutions, cadrait mal avec les principes de lhomopathie.

    X. Mais tout cela cest le lot de la recherche scientifique. On tombe parfois sur des rsultats

    inattendus. Dautant plus que ces principes de lhomopathie datent de quelques sicles

    A. Ctait aussi lavis de Benveniste. Mais un autre aspect nest pas ngligeable. Cest la

    propension quil avait de laisser parfois entendre quil tait lorigine de ce champ de

    recherche. Ce qui forcment ne pouvait quagacer les homopathes . Dautant plus que

    Benveniste insistait lourdement que lui seul du fait de sa position et de son pass scientifique

    tait capable de faire reconnatre par la communaut scientifique la validit de ce nouveau champ de recherche. Dailleurs il naura de cesse de donner laudience la plus large possible

    ces rsultats. Pour lui il tait impensable de continuer publier les rsultats sur les hautes

    dilutions dans des revues de faible audience et cantonnes au milieu de lhomopathie.

    [Chapitre 22, partie 1]

    X. Do laffaireNature ! Mais on y viendra aprs Vous parlez du pass scientifique de

    J. Benveniste et justement propos du paf quil a dcouvert, ce que ne sait pas forcment le

    grand public, cest une dcouverte importante, non ? On dit mme quil tait une poque

    noblisable pour cette dcouverte ?

    A. En 1982 le prix Nobel de physiologie et de mdecine est dcern pour des travaux sur lesprostaglandines. Il naurait pas t dplac de rcompenser la dcouverte du paf (platelet-

    activating factor) dans le mme mouvement. Cest en cela que lhistoire de la mmoire de

    leau est exemplaire. Ce nest pas un obscur chercheur ou un farfelu qui propose une

    nouvelle thorie rvolutionnaire. Cest quelquun de reconnu, la tte dun gros labo avec

    une production scientifique consquente et qui a donc tout perdre avec cette histoire. Cest

    dailleurs ce qui se produira.

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    L affaire Nature : les premires ngociations

    (1986-1987)

    X. Venons-en l Affaire , celle qui a fait couler tant dencre ! Dabord pourquoi

    Benveniste voulait-il absolument publier dans Nature ? Ce ne sont pas les revues

    scientifiques, mme de bon niveau, qui manquent.

    A. Effectivement. Les chercheurs ne passent pas leur temps publier dans Nature ou dans

    Science. Mais lorsquils pensent avoir pch un gros poisson , ils essayent de rdiger un

    manuscrit le plus convaincant possible et de lui donner une visibilit maximale. Nature a de

    plus aux yeux de Benveniste un autre intrt en plus de sa large audience, cest sa

    multidisciplinarit. Benveniste comprend en effet que cest avec une coopration avec lesphysiciens quil pourra avancer dans la comprhension de la nature des hautes dilutions.

    X. Mais pourquoi John Maddox, le directeur de Nature, va-t-il finir par avoir recours des

    mthodes aussi inhabituelles ?

    A. En ralit, progressivement, Nature va formuler de nouvelles demandes lui permettant

    ainsi de diffrer la dcision finale. Nature esprait manifestement que Benveniste allait se

    lasser ou finirait par chuter. Pas de chance pour la revue londonienne, Benveniste saccroche

    et finit toujours par triompher des obstacles. De plus comme il nest pas un obscur

    scientifique, lquipe ditoriale de Nature est place devant un cas indit. Et dans le mme

    temps il faut bien dire que Benveniste ne fait pas mystre du scandale quil est prt dclencher si on refuse de publier ce quil considre comme la dcouverte du sicle .

    X. Reprenons donc dans lordre. Tout dabord larticle est envoy Nature [Chapitre 4,

    partie 1].

    A. En fait ce premier article est trs diffrent de celui qui sera finalement publi. Il est encore

    trs proche dune conception de type homopathique mme si le mot napparat pas : les

    expriences rapportes dcrivent linhibition de la dgranulation des basophiles par des hautes

    dilutions dhistamine.

    X. Pourquoi dites-vous que lon est encore proche dune conception de typehomopathique ?

    A. Eh bien, on tudie une raction biologique classique (lanticorps anti-IgE ici nest pas dilu

    de faon outrancire ) et la substance extrmement dilue cense diminuer lactivation des

    cellules est lhistamine. Lhistamine fait dailleurs partie des mdicaments homopathiques

    vendus en pharmacie, sous le nom dHistaminum. Cest une exprience qui reste donc dans

    lorthodoxie homopathique.

    A. Et quelle est la raction de J. Maddox lorsquil reoit ce manuscrit ?

    A. En fait au dbut cest Peter Newmark, directeur associ de Nature, qui prend en charge lemanuscrit. Il rpond fin novembre 1986 :

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    Jai bien peur, peut-tre de faon invitable, que les experts qui ont lu votre manuscrit

    ne soient extrmement sceptiques vis--vis des rsultats ; un seul a accept de faire des

    commentaires par crit que nous vous joignons. Nous trouvons galement que cesrsultats sont difficiles croire, comme cela la t pour vous jen suis sr, et impossibles

    comprendre.

    X. Cest donc un refus.

    A. Oui, mais cest ce qui se passe le plus frquemment avec les revues exigeantes. De plus la

    tonalit gnrale de la rponse nest pas compltement ngative. P. Newmark propose ainsi

    des expriences destines sassurer quil ne sagit pas dun simple artefact, c'est--dire dune

    erreur exprimentale. Et il fait mme Benveniste la proposition suivante :

    Ma seconde suggestion est que vous convainquiez un autre laboratoire dessayer dereproduire vos rsultats avantpublication. Cest une demande inhabituelle, mais je pense

    que les circonstances le mritent.

    Remarquez bien que cest P. Newmark lui-mme qui souligne avant dans sa lettre. Par

    consquent ce moment-l il parat naturel lquipe deNature quil faut vrifier les rsultats

    avant de les publier.

    X. a me parait logique moi aussi !

    A. Bien entendu. Sauf que cette logique sera quelque peu malmene lorsquil faudra justifier

    pourquoi la fameuse enqute sera faite aprs la publication !

    X. Benveniste demande donc des laboratoires de refaire les expriences ?

    A. Oui. Et il peut donc annoncer Peter Newmark peu de temps aprs en janvier 1987 quil

    suit les directives de Nature et que les expriences sont en cours de reproduction dans des

    laboratoires de rputation internationale. Cest lui-mme qui propose P. Newmark de venir

    Clamart pour juger sur place de la ralit du phnomne observ :

    Je serais heureux de vous inviter visiter le laboratoire pendant une journe ou plus,

    consulter nos cahiers de laboratoire et mme, si vous le dsirez, participer une

    vritable exprience. Ceci est tout fait indpendant de la dcision finale que lquipe

    ditoriale que Nature prendra mais il est clair que concernant un sujet aussi controvers, ilest important de voir les choses dans la vie relle. Sinon, je pourrais vous montrer nos

    cahiers de laboratoire ma prochaine venue Londres.

    X. Benveniste se montre donc trs coopratif et trs ouvert. Ils devaient tre sacrment

    embarrasss Nature !

    A. En fait jusque l tout va plutt bien, on reste dans le cadre des rapports habituels entre

    responsables de revues scientifiques et chercheurs. Et P. Newmark rpond ainsi fort

    courtoisement J. Benveniste :

    Je suis heureux dapprendre que deux autres laboratoires vont essayer de reproduire vosexpriences et jattends les rsultats avec intrt. Je suis sr que cest le meilleur moyen

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    de confirmer le phnomne plutt quen inspectant vos cahiers de laboratoire ou en

    participant une exprience (mais merci pour cette offre).

    X. Une attitude qui tranche avec le traitement que Maddox rservera Benveniste par la

    suite Et les labos trangers, ils ont reproduit les rsultats ?

    A. J. Benveniste avait trouv trois laboratoires qui acceptaient de raliser les mmes

    expriences hautes dilutions. Deux laboratoires (italien et isralien) obtiendront des rsultats

    positifs. Le troisime, un laboratoire canadien, peinera mettre sur pied la technique.

    X. Mais en Isral, il y a eu une embrouille, non ?

    A. Oui. Elisabeth Davenas qui tait investie plein temps dans cette recherche sur les hautes

    dilutions stait rendue en Isral un moment o lquipe isralienne rencontrait desproblmes techniques avec les expriences hautes dilutions. Le but tait de remettre la

    technique sur les rails puis de rentrer en France afin de laisser les chercheurs israliens faire

    seuls les expriences. Malheureusement lorsquelle est sur place ces expriences dclenchent

    une telle passion dans linstitut o sont elles sont ralises quelle se retrouve entrane dans

    une srie dexpriences laveugle sous contrle trs strict. [Chapitre 5, partie 1]

    X. Et elle russit un sans faute !

    A. Oui, les rsultats sont absolument clairs et nets. Et mme particulirement impressionnants

    de reproductibilit et de prcision. Le problme cest que quelques semaines aprs son retour

    une accusation de fraude prend naissance lance par certains qui voyaient ces expriencesdun il hostile.

    X. Cest tonnant tout de mme la passion quentranent quelques dilutions de trop

    A. Le rsultat est que J. Benveniste doit organiser des exprimentations similaires dans son

    laboratoire de Clamart avec huissiers de justice, doyen de la facult et contrle troit du

    contenu des tubes de dilutions. Le but est de dmontrer que ces rsultats ne sont pas le fruit

    dune tricherie ou dune contamination [Chapitre 6, partie 1].

    X. Et cest nouveau une russite.

    A. Oui. Les rsultats nouveau sont trs impressionnants et sans ambigut. Et J. Benveniste

    bien entendu tientNature au courant de la russite de ces expriences.

    X. Quelle est la raction deNature ?

    A. Pour des raisons de commodits techniques, les expriences dites en activation (c'est--

    dire avec lanticorps anti-IgE hautes dilutions) taient plus simples raliser et par

    consquent ce sont ces dernires que Benveniste avait demand aux quipes trangres de

    reproduire ; ce sont galement celles-ci qui ont t ralises pour les expriences laveugle

    sous contrle dhuissier. En revanche, comme je lai dit, le premier manuscrit portait sur des

    expriences en inhibition avec de lhistamine hautes dilutions. P. Newmark demandedonc J. Benveniste sil ne serait pas plus judicieux de btir un nouvel article plus en

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    cohrence avec les dernires dmonstrations en particulier avec les rsultats des chercheurs

    israliens. [Chapitre 7, partie 1]

    X. Une faon de diffrer la dcision ?

    A. Oui, peut-tre. Mais la remarque est pertinente et Benveniste la prend bien, dautant plus

    quil dispose de tous les rsultats ncessaires pour lcriture dun nouveau manuscrit. En fait

    larticle est mme dj crit en grande partie car il prvoyait, dans lhypothse o le premier

    manuscrit aurait t accept parNature, denvoyer dans la foule le second Science, la revue

    amricaine concurrente deNature.

    Laffaire Nature : la publication (1987-1988)

    X. Et donc ce manuscrit n2 est envoy Nature. [Chapitre 7, partie 1]

    A. Oui. Nous sommes alors en aot 1987. Cest ce manuscrit qui sera publi un an plus tard

    avec seulement des modifications mineures. Et partir de maintenant cest J. Maddox lui-

    mme qui va prendre en charge le manuscrit.

    X. De quelle faon ?

    A. Tout dabord par un long silence ! Entre temps, lquipe italienne adresse ses propres

    rsultats qui confirment aussi un effet des anticorps anti-IgE hautes dilutions sur lesbasophiles. J. Benveniste tente dobtenir des nouvelles du sort du manuscrit et J. Maddox finit

    par rpondre dbut novembre. Cest un refus catgorique.

    X. Sur quels motifs ? Car Benveniste sest apparemment pli de bonne grce aux demandes

    successives deNature, il a fait reproduire avec succs les expriences.

    A. La raison du refus mrite dtre cite selon les termes mmes de J. Maddox :

    [] Lexplication la plus simple en est que ceux qui mettent des allgations

    extraordinaires doivent prendre un temps extraordinairement long pour les dmontrer. Il

    serait plus franc, ce propos, de dire que je suis sceptique pour des raisons littraires.

    Vous affirmez avoir fait une srie dobservations tonnantes, mais vous ne cherchezpratiquement pas discuter de possibles explications. Nous pouvons concevoir bien

    entendu que Galile tait pour le moins excit par les consquences de ses observations

    surprenantes.

    Je suis dsol de vous adresser ces nouvelles dcevantes.

    X. Des raisons littraires ??? Galile ! Et Benveniste comment ragit-il ?

    A. Il fulmine bien videmment car cest un retour la case dpart. En plus il semble que

    J. Maddox na mme pas jug bon dadresser le manuscrit de nouveaux experts !

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    X. Dans votre livre vous publiez les changes de lettres entre J. Maddox et J. Benveniste qui

    ont lieu durant cette priode. Quest-ce qui va conduire J. Maddox finalement publier

    larticle ?

    A. Il faut reprendre alors la chronologie, car tout va se nouer au cours du printemps 1988.

    Rappelons que larticle sera publi en juin de la mme anne. Tout commence avec une

    proposition de J. Maddox en mars :

    Merci beaucoup pour votre manuscrit rvis mais jai bien peur que mes collgues et

    moi-mme soyons toujours plutt sceptique son propos. Par exemple, je ne suis pas

    convaincu que la procdure de dilution permette de prserver de faon absolue dune

    possible contamination.

    Mais jai nanmoins cette proposition vous faire. Nous pourrions envoyer votre

    article au Dr Walter Stewart qui a expertis une version antrieure. Je pense que vousnavez pas eu connaissance de ses commentaires du 15 juillet, cest pourquoi ils sont

    inclus ici. Il est vident que certaines de ces critiques sont dpasses, mais elles vous

    donneront une ide de ce que vous pourriez envisager pour un ventuel nouveau

    manuscrit. Nous pourrions vous communiquer alors son rapport et ensuite discuter avec

    vous de la possibilit de publier une version amende de votre manuscrit en mme temps

    quune version sans doute modifie galement du rapport de Stewart.

    Si cela vous convient, je vous propose que nous en discutions au tlphone. Sinon, je

    crains que nous ne puissions publier votre manuscrit.

    X. Il propose par consquent de publier larticle et la suite sa critique. Cest plutt

    inhabituel, non ?

    A. Oui, mais pourquoi pas. Ces rsultats posent un problme scientifique de taille, Benveniste

    est dailleurs le premier reconnatre que ces rsultats ne vont pas de soi et cest la raison

    pour laquelle il souhaite les porter la connaissance de la communaut scientifique. La revue

    resterait alors dans son rle qui est dorganise le dbat mais elle ne descendrait pas elle-mme

    dans larne.

    X. Pourquoi ce scnario, somme toute plutt acceptable pour les deux parties, na-t-il pas eu

    lieu ?

    A. Fin mai un congrs dhomopathie a lieu Strasbourg et Benveniste prsente ses rsultats.

    Le journal Le Monde titre alors : Une base scientifique pour une discipline conteste ? ainsi que Les "molcules fantmes" de lhomopathie . Larticle est lavenant, plutt

    favorable aux thses de Benveniste, paraissant ainsi offrir un dbut de reconnaissance

    lhomopathie qui est associe cette dcouverte . [Chapitre 1, partie 1]

    X. Et cela aurait prcipit la publication parNature ?

    A. Cela a pu contribuer. Mais officiellement les raisons que donne J. Maddox sont diffrentes

    [Chapitre 1, partie 1]. Il raconte en effet que lorsquil a annonc J. Benveniste quil ne

    publierait pas le manuscrit en dpit de la reproduction des rsultats dans dautres laboratoires,

    ce dernier lui a tlphon pour lui dire :

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    Cest scandaleux, vous touffez la dcouverte du sicle. Vous faites comme lEglise

    avec Galile . Il ma accus dtre contre la vrit. Jai rpondu pourquoi ne proposez-

    vous pas une explication pour ces rsultats contraires la science normale ? Et deux outrois jours plus tard, il ma envoy la thorie de la mmoire de leau. Jai t surpris

    quun directeur dune unit Inserm puisse btir une telle thorie aussi vite ! Et jtais

    exaspr. Jai dcid de publier le papier.

    X. Benveniste la nerv et il a publi, cest a ? Un peu court non ?

    A. Benveniste y voit effectivement le dbut dune manuvre :

    [] peut-tre sagissait-il pour John Maddox de laisser dcoller ce qu'il considrait

    comme une thorie pseudoscientifique justifiant l'hrtique homopathie, pour mieux la

    faire exploser en plein vol. Je me suis toujours demand si Maddox n'a pas souhait livrerle combat de sa vie, soutenu par l'establishment scientifique, contre la "fausse science".

    ou encore :

    [] Jai vraiment le sentiment quil a identifi notre recherche des enjeux lis

    lhomopathie et quil est venu dans notre laboratoire comme un crois, afin dextirper

    cette pseudo-science.

    X. Mais la fameuse enqute ? Il en est question ce moment-l ?

    A. Prcisment, on y arrive. Car partir de l, les choses vont aller trs vite et la pice va se

    jouer en quelques semaines ! Ainsi dbut juin, soit peine un mois avant la publication,P. Newmark crit J. Benveniste [Chapitre 1, partie 1] :

    [] John Maddox ma demand de vous contacter afin de savoir sil serait possible que

    Walter Stewart passe un jour ou deux dans votre laboratoire afin dobserver la procdure

    exprimentale grce laquelle vos rsultats ont t obtenus. Il sagit de Walter Stewart du

    NIH qui nous avons demand de rdiger un commentaire sur votre manuscrit au cas o

    il serait publi. Il sera probablement accompagn de James Rondi (sic) qui a une certaine

    expertise dans lexamen des phnomnes extraordinaires.

    Il faut bien noter quil sagit ici dune visite sur site qui aurait lieu avant la publication Par

    ailleurs lorsque J. Benveniste comprend que ce Randi (et non pas Rondi) expert en

    phnomnes extraordinaires nest rien dautre quun magicien de music-hall, il demande

    des explications J. Maddox qui lui rpond benotement :

    Maddox me rpond que nos expriences exigeant de nombreuses manipulations, un

    prestidigitateur serait mme de dtecter une ventuelle erreur durant les manipulations.

    Pas un moment, je tiens le souligner, il nvoque, comme il le fera plus tard, la

    possibilit dune tricherie car l, je me serais videmment fch.

    Les choses sacclrent et la mi-juin, J. Maddox annonce que tout est prt pour publier

    larticle :

    Courant juin 1988, jappelle plusieurs fois Maddox. Et le 13 juin, il mapprend quil estprt publier larticle. Je me souviens dun change assez vif sur la date de publication. Il

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    me proposait le 30 juin, ce qui nous mettait dans limpossibilit dorganiser la diffusion

    de linformation, afin que la presse ne raconte pas nimporte quoi. Je prfrais septembre

    mais Maddox refusa.

    Cest assez drle car jusqu prsent ctait Benveniste qui pressait Maddox de publier son

    manuscrit et maintenant cest lui qui freine les ardeurs de Maddox qui parat press den

    finir !

    X. Maddox veut publier larticle sans y mettre de conditions ?

    A. Si, bien entendu. Cette fois cest aprs la publication quaura lieu lenqute. Comme le dit

    Benveniste [Chapitre 1, partie 1] :

    [] Il propose de publier l'article la fin du mois, mais impose une conditionsupplmentaire : je dois accepter le principe d'une mission d'expertise charge de vrifier

    la qualit des exprimentations. Elle serait dlgue ds le mois de juillet Clamart. Je

    suis de nouveau surpris par cette exigence inoue, mais, pris de court et ne voulant pas

    renoncer alors que je touche au but, je l'accepte.

    X. Mais pourquoi enquter aprs la publication ?

    A. a cest la question que tout le monde se posera et reprochera Nature. La raison en est

    simple : J. Maddox saitque les rsultats ne peuvent tre que faux.

    X. Comment le sait-il ?

    A. Ce que je veux dire cest quil est persuad que les rsultats ne peuvent tre que faux car

    selon lui ils sont impossibles. Dailleurs aujourdhui il est vident la lecture de diverses

    dclarations faites la presse que les responsables deNature et lquipe denquteurs cela ne

    faisait aucun doute avant mme le dbut de lenqute.

    X. Lide, comme le disait Benveniste propos de Maddox, de faire dcoller ce quil

    considrait comme une thorie pseudoscientifique pour mieux labattre en plein vol serait

    donc proche de la vrit ?

    A. Il suffit de considrer ces quelques dclarations qui dailleurs seront confirmes par la suite

    des vnements :

    Nous avons publi les travaux de J. Benveniste pour plusieurs raisons. Dabord, nous

    tions srs quil avait tort, mais cest aussi un exemple intressant de la manire dont les

    chercheurs pouvaient se tromper.

    ou encore :

    Les principaux chercheurs de cette tude sont des scientifiques rputs et leurs rsultats

    ont t confirms indpendamment par plusieurs laboratoires. Nous sommes certains que

    ces rsultats sont errons, mais nous avons t incapables de les rfuter.

  • 8/2/2019 Memoire de l'Eau Pour Les Nuls

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    La Mmoire de lEau pour les Nuls

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    11

    Ces dclarations ont t faites par J. Maddox et P. Newmark, respectivement. La

    deuxime citation est dautant plus remarquable quelle est faite le 30 juin 1988 le jour

    de la publication de larticle et par consquent une semaine avant que les enquteurs se

    rendent Clamart !

    X. La messe tait dj dite !

    A. Oui. Des citations de ce type jen ai relev foison. En voici dautres de

    J. Maddox [Chapitres 13, partie 1] :

    Nous pensions que le plus probable tait que quelquun du laboratoire de Benveniste lui

    jouait des tours dans son dos.

    Ou encore :

    Nous avons envisag la possibilit dune blague, dun canular mont par quelquun

    dautre que Benveniste, ou un membre de son quipe. Evidemment nous avons pens

    une escroquerie, mais je dois prciser que nous navons trouv aucune preuve allant dans

    ce sens. Mais, face des donnes exprimentales aussi bizarres que celles que nous avait

    envoyes Benveniste, ntait-il pas normal de souponner le pire ?

    Enfin :

    Nous pensions trouver un poltergeist ou plus srieusement, quelques erreurs

    videntes.

    Et il prcise :

    Mais, avant de venir Paris, il y a un an, nous souponnions que quelquun ait pu lui

    jouer un mauvais tour. Cest pourquoi nous avons inclus un illusionniste professionnel

    dans notre quipe, James Randi.

    Lenqute de Nature (juillet 1988)

    X. Donc larticle parat et peine une semaine aprs, les enquteurs dbarquent Clamartavec une ide prconue : il y a un tricheur dans lquipe [Chapitre 9, partie 1].

    A. Cest cela. Au dbut, les trois enquteurs J. Maddox, J. Randi et W. Stewart observent la

    vie du laboratoire, discutent de faon trs ouverte, consultent les cahiers dexpriences sans

    contraintes particulires. Elisabeth Davenas fait des expriences devant eux. Elle rclame

    mme de faire des expriences laveugle mais ils refusent ! Ils semblent ntre l que

    pour observer . Ils consultent galement les cahiers dexpriences, un peu trop bien tenus

    au got de W. Stewart qui trouve cela suspect !

    X. Un comble !

  • 8/2/2019 Memoire de l'Eau Pour Les Nuls

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    A. A la fin du deuxime jour ils comprennent quils ont suivi une fausse piste. Il ny a pas de

    tricheur et personne ne joue de tours dans le dos de Benveniste. Cest ce que Maddox lui-

    mme avouera dailleurs ingnument par la suite :

    Les expriences marchaient bien. Jtais trs soucieux de voir quils obtenaient des

    expriences aussi parfaites de leur point de vue. Je me suis demand ce que nous allions

    faire si, en fin de compte, tout ce que nous avions dire ctait que Benveniste avait

    raison. Je mtais engag publier le rapport de lenqute. Je risquais de me trouver dans

    la situation de rdiger un rapport dont la conclusion serait : la magie est vraie.

    X. Que font-ils alors ?

    A. Eh bien au mpris de toutes les rgles de lexpertise scientifique qui exige de lobservateur

    quil reste au dessus de la mle, de spectateurs les enquteurs vont devenir acteurs, imposerleur vision de la vraie science et participer activement aux expriences.

    X. Comme si larbitre se mettait jouer ?

    A. Exactement.

    X. Et Benveniste na jamais song les mettre la porte ? Ce ntait pas proprement parler

    quelquun de timide !

    A. Ctait dlicat Comme la dit Benveniste lui-mme :

    Javais dans mon laboratoire lun des hommes qui avait la position la plus leve dans

    le domaine scientifique. Jtais dans la position de quelquun qui rencontre le pape et

    voil que le pape lui demande son portefeuille ; que devais-je faire ? Ce nest pas facile

    de dire non.

    J. Maddox va donc profiter de lautorit que lui confre sa position et il va tenter de faire

    concider les vnements quitte les provoquer quelque peu avec ce quil considre tre la

    vraie ralit scientifique.

    X. Dans votre livre vous rapportez presque heure par heure le droulement de lenqute. On

    sy croirait. Vous donnez mme tous les rsultats bruts des expriences. Le lecteur peut sil le

    souhaite refaire les analyses. Il y a aussi lpisode grand-guignolesque de lenveloppe colleau plafond.

    A. Oui a fait partie des clichs attachs l affaire . Il fallait dramatiser, le but tant de

    dstabiliser. J. Randi lavoue a posteriori, il sagissait dun pige :

    Normalement, il aurait fallu la remettre un huissier. Ou mieux la poster ladresse du

    labo, de sorte quelle nous serait revenue le lendemain sans que personne nait pu y

    toucher. Mais javais t appel en ces lieux dans un but prcis : valuer toutes les

    personnalits.

    Jai donc dcid que lenveloppe serait colle au plafond du laboratoire. Ainsi personne

    ne pourrait lire le code sans laisser de traces videntes. Si quelquun voulait tricher, je lesaurais. Pour atteindre lenveloppe, il fallait utiliser une chelle qui se trouvait contre un

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    mur. A linsu de tous, jai fait des marques par terre au crayon pour reprer la position

    exacte de lchelle.

    X. Que contient cette enveloppe ?

    A. Il sagit du code qui identifie quoi correspondent les diffrentes solutions testes. Voyant

    quils risquaient de rentrer bredouilles ( la magie est vraie ), ils ont dcid de jouer le tout

    pour le tout. Deux personnes ont t affectes aux comptages de basophiles, E. Davenas et

    moi-mme, et des expriences trs lourdes qui demandent des temps de comptage trs longs

    pendant des journes entires ont t mises en place.

    X. Mais vous racontez quil y a un problme technique au moment du dnombrement des

    basophiles dune exprience.

    A. En effet, cest lexprience F dans le livre. Pour cette prparation il y a eu manifestement

    un problme technique au moment de la prparation des cellules. La densit des cellules est

    extrmement variable dun chantillon lautre.

    X. Et vous le signalez ?

    A. Bien entendu. J. Maddox et W. Stewart viennent alors jeter un il au microscope et

    reconnaissent le problme. Lexprience dans son ensemble est inexploitable. Ils me

    proposent de lindiquer sur la feuille de rsultats.

    X. Pourquoi continuer alors ?

    A. Effectivement. Dans des circonstances normales , lexprience aurait t jete et on

    aurait ralis une nouvelle exprience sur des bases plus saines. Les enquteurs me disent

    quil faut quand mme finir de compter cette srie et que ces rsultats seront nanmoins utiles

    pour les statistiques . Le temps presse et il nest plus temps de faire une nouvelle

    exprience avec toute la mise en scne du codage.

    X. Bon. Vous racontez ensuite la fin de lenqute et le dcodage qui ne permet pas de mettre

    en vidence deffets des hautes dilutions. Cest videmment une dception pour lquipe.

    Mais en mme temps tant donn les interfrences quont produites les enquteurs, a ne

    prouve rien.

    A. Bien entendu. Dautant plus que ces dernires expriences ne portaient que sur une unique

    srie de hautes dilutions qui navait pas t valide au pralable. Ces expriences laveugle

    nont certes pas prouv quil y avait un effet des hautes dilutions. Elle na pas prouv non plus

    quil ny en avait pas. Dautant plus que les enquteurs refuseront de prendre en compte les

    expriences faites en ouvert au cours de cette semaine et qui confirmaient bien un effet

    des hautes dilutions. Comme le dira J. Benveniste [Chapitre 12, partie 1] :

    [] Tout ce qui semble avoir intress les gens de Nature, cest que lexprience

    pouvait, une fois, ne pas russir. Mais cela, nous le savions ! Nous navions pas besoin

    deux pour le savoir ! Et jai limpression que leur but a t de pousser le systme salimite, de crer des conditions de travail et deffectuation invraisemblables pour parvenir,

    enfin, une exprience rate !

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    Le rapport de lenqute et la polmique dans les

    colonnes de Nature (juillet-octobre 1988)

    X. Mais venons en au rapport que fit Nature sur son enqute [Chapitre 10, partie 1]. Car l

    vous rvlez un scoop !

    A. Tout dabord il faut dire que ce rapport nest pas un article scientifique. Ses auteurs

    nindiquent pas quelle mthodologie ils ont suivi, ils ne dcrivent pas non plus quelles

    donnes ont fait lobjet de leur analyse. Comme ils nont pas trouv ce quils cherchaient,

    savoir des malversations, le rapport va insister lourdement sur des arguments dordre

    statistique. En substance les enquteurs vont essayer de dmontrer que les comptes des

    basophiles dans les cahiers dE. Davenas ne sont pas aussi disperss que le souhaiterait lehasard.

    X. En dautres termes que les rsultats sont biaiss.

    A. Cest cela. Leur but est de montrer que les expriences ralises avant leur venue sont

    entachs de subjectivit. Les comptes de basophiles seraient selon eux trop beaux pour

    tre vrais. Et lappui de leurs dires ils produisent la figure suivante qui sera frquemment

    reproduite.

    X. Essayez dexpliquer sans trop rentrer dans les dtails techniques. De toute faon les frus

    de statistiques pourront refaire les calculs avec les donnes fournies dans le livre. [Chapitre

    11, partie 1]

    A. W. Stewart a relev dans les cahiers dexpriences dE. Davenas des comptes de basophiles

    faits en double. Dans les expriences releves, lexprimentateur connat le premier rsultat

    du premier chantillon lorsquil compte le deuxime. On peut donc penser quil est influenc

    lors du deuxime comptage et que les deux comptes ne sont donc pas indpendants. Bref quilexiste un biais exprimental. W. Stewart a donc calcul les diffrences dune srie de comptes

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    en double. Cela lui permet de tracer une courbe de distribution de la diffrence des comptes. Il

    sagit de la courbe nomme pooled data sur la figure. Or selon les enquteurs cette courbe

    a une variance qui ne peut tre plus faible de celle de la courbe nomme theoretical best.

    Pour eux cette variance plus faible est la preuve que les donnes sont biaises .

    X. Sous-entendu, les diffrences des comptes en double sont trop serres pour tre

    sincres ?

    A. Cest cela. Dailleurs prcisent les enquteurs dans le rapport, lorsque les comptes sont

    faits laveugle on observe bien une concidence entre la courbe thorique et la courbe

    exprimentale :

    Les comptes en double au cours de nos expriences ralises strictement laveugle

    taient particulirement importants. Tout dabord, ces comptes montrent que lerreurdchantillonnage existe bien et quil ne sagit pas d" objections thoriques". Ensuite, ils

    montrent que les deux exprimentateurs comptaient aussi prcisment que lon pouvait

    sattendre, ce qui dtruit la critique a posteriori que les rsultats des expriences en

    double-aveugle ne seraient pas fiables parce que les exprimentateurs avaient t puiss

    par nos demandes.

    A. Et pour tracer cette courbe ils utilisent les rsultats de lexprience F qui est la seule au

    cours de lenqute dont tous les points exprimentaux ont t compts systmatiquement en

    double.

    X. Lexprience F ? Vous voulez dire lexprience qui tait inexploitable ?

    A. Celle-l mme.

    X. Attendez, je reprends mon souffle. Vous tes en train de me dire que cette exprience

    bonne pour la poubelle a nanmoins servi btir un raisonnement destin dmontrer les

    supposes mauvaises pratiques de lquipe de Benveniste. Cest incroyable !

    A. On comprend mieux ainsi le sens des paroles de Maddox et Stewart lorsquils mont ditque cette exprience illisible pourrait nanmoins servir pour les statistiques .

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    X. Il y a tout de mme quelque chose que je ne comprends pas. La courbe thorique qui est

    reprsente sur cette dernire figure, cest ce que lon obtient au mieux , c'est--dire dans

    des conditions idales, sans bruit de fond . Par exemple lorsquon tire des boules noires et

    blanches dans une urne. Lorsquon fait un comptage dans la vraie vie , par exemple

    lorsquon compte des cellules je suppose quil y a un bruit de fond surajout li, par exemple,

    aux petites erreurs de pipetage. Or vous disiez prcisment que pour cette exprience

    poubelle , les densits cellulaires taient extrmement variables dun chantillon lautre.

    On est donc dans une situation avec un bruit de fond lev et pas dans une situation idale. La

    courbe avec les rsultats observs ne devrait-elle pas tre plus large que la courbe

    thorique ?

    A. Cest une remarque capitale ! Prcisment cette trop bonne conformit de la courbe

    thorique avec la courbe exprimentale est paradoxalement tout fait suspecte lorsquonconnat les donnes qui ont permis de construire la figure du rapport !

    X. Que voulez-vous dire ?

    A. Tout simplement les enquteurs W. Stewart trs probablement se sont tromps dans la

    formule mathmatique permettant de calculer ce que lon appelle la variable rduite qui a

    permis de tracer la distribution reprsente.

    X. Mais enfin cest dingue, non contents de baser un raisonnement sur une exprience

    inexploitable les enquteurs auraient fait en plus une grossire erreur mathmatique !

    A. Cest l o leur erreur confine involontairement au gnie car cette erreur de formuleminimise la variance. Du coup la variance trop importante de la distribution exprimentale est

    ramene proximit de celle de la courbe thorique. Et cette superposition de la distribution

    des comptes laveugle avec la courbe thorique a alors pour elle la force de lvidence.

    X. Mais cette formule qui minimise la variance de la distribution ne peut-elle pas sappliquer

    aussi la premire courbe qui selon les enquteurs tait trop troite et tmoignait selon eux

    dun biais subjectif ?

    A. Si, en partie. Et il faut galement tenir compte dun autre phnomne. Un article publi en

    1981 rapportait des sries de comptes de basophiles obtenus dans la vraie vie . Cet article

    comparait la variance de ces comptes la variance attendue pour un dnombrement.

    X. Et quobservaient-ils ?

    A. Pour dire les choses simplement, les auteurs constataient que la variance des comptes

    observs scartait dautant plus de la variance attendue (dans le sens dune diminution de la

    variance observe) que la concentration des basophiles tait plus leve. Les raisons en restent

    mal comprises, mais ctait un rsultat exprimental qui dailleurs tait connu des

    compteurs de basophiles .

    X. Cest donc une raison supplmentaire pour expliquer les variances plus faibles que ce qui

    tait attendu.

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    A. Exactement. Et par consquent si on fait une modlisation des comptes de basophiles avec

    des paramtres tirs de cet article de 1981 et que lon trace la distribution des diffrences de

    comptes en double en utilisant la formule errone des enquteurs on obtient une courbe de

    distribution trs voisine de la fameuse courbe litigieuse !

    X. Et vous en concluez ?

    A. Cest simple, les comptes de basophiles dans les cahiers dE. Davenas navaient

    absolument rien dextraordinaire ! Ils ntaient pas trop beaux contrairement ce que les

    enquteurs ont martel lenvi. Ces comptes taient ce quils devaient tre.

    X. Mais une question me tracasse. Ctait un argument massue si Benveniste lavait eu sa

    disposition lpoque. Car cest finalement le seul argument du rapport denqute. Pourquoi

    lerreur de formule qui flanque en lair toute la dmonstration du rapport na-t-elle pas t

    dtecte plus tt ?

    A. Dabord la dmarche qui animait les enquteurs ntait pas scientifique, ils ne cherchaient

    pas se placer dans le cadre dune controverse scientifique. Ils ne considrent pas lquipe de

    Clamart comme des partenaires mais rellement comme des cobayes grce auxquels ils

    vont conforter leurs a priori sur les scientifiques qui sauto-illusionnent . Leur rapport

    nest donc pas un article scientifique comme je lai dj dit. Nulle trace de tableau synthtique

    des donnes recueillies ou de la description de la mthodologie suivie.

    X. Mais quest-ce qui vous a mis la puce loreille ?

    A. Cest pour les besoins de la rdaction de ce livre que jai repris les donnes brutes

    originales (non publies par Nature). Et je me suis alors demand comme vous comment il

    tait possible dobtenir une courbe exprimentale et une courbe thorique idale aussi

    proches lune de lautre sachant que les donnes exprimentales avaient t obtenues dans des

    conditions aussi dplorables. Jai alors tent de suivre pas pas la dmarche de W. Stewart et

    cela ma permis de comprendre prcisment quel moment il stait tromp.

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    X. Mme si cette erreur ntait pas connue lpoque, il y a tout de mme eu un retour de

    bton pourNature.

    A. Oui tout fait. Mme si les rdactions des autres journaux scientifiques ntaient pas non

    plus convaincues par les rsultats sur les hautes dilutions, les critiques sur le comportement de

    Nature et de son directeur se sont nanmoins abattues sur la revue. On a reproch Nature

    dtre sorti du rle traditionnel des revues scientifiques, davoir inclus un magicien dans

    lquipe, davoir publi des rsultats qui taient demble considrs comme faux et on a

    galement reproch aux enquteurs de stre auto-proclams experts. [Chapitre 13, partie 1]

    X. Je lis dailleurs que Benveniste ne sest pas priv pour critiquer lamateurisme des

    enquteurs .

    A. Oui. Et Maddox a eu ce propos cette justification tonnante :

    La rponse immdiate cette question est que si un groupe de simples amateurs peut

    dcouvrir aussi rapidement des erreurs exprimentales dune telle importance, alors cest

    une justification suffisante.

    X. Oui la rponse est fabuleuse ! On peut tout justifier avec ce genre de raisonnement. Bon

    avanons un peu dans lhistoire car on ne peut pas tout raconter dans ce survol de lhistoire

    des hautes dilutions.

    Les basophiles aprs l affaire (1991, 1993, 2004)X. On en vient aux diverses tentatives de reproduction de larticle de Nature de 1988. Tout

    dabord celle ralise par lquipe de J. Benveniste et celle du statisticien Albert Spira, lui

    aussi directeur dun laboratoire de lInserm.

    A. Les rsultats sont positifs en ce sens que statistiquement il y a globalement un effet sur le

    nombre de basophiles. Toutefois les jolies oscillations visibles dans larticle deNature ne sont

    plus quun souvenir. Cest toutefois un rsultat trs important pour J. Benveniste car il signifie

    que les effets des hautes dilutions sont une ralit sur un plan statistique [Chapitres 16 et 17,

    partie 1].

    X. Ce que vous rapportez est que lune des deux exprimentatrices ne retrouve pas les

    rsultats.

    A. Oui. Sur la figure ci-dessous on constate que le nuage de points des rsultats

    exprimentaux est dplac vers les valeurs positives. Ceci suggre donc que les hautes

    dilutions ont globalement un effet sur les comptes de basophiles. Ce sont les expriences

    ralises par E. Davenas (ED). En revanche pour lautre exprimentatrice (SG) les hautes

    dilutions nont pas deffet statistiquement significatif et le nuage reste centr sur la ligne 0%.

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    -60

    -40

    -20

    0

    20

    40

    60

    (%)Dgranulation

    Hautesdilutionsant-IgE/moyennedescontrlesanti-Ig

    G

    ED

    -60

    -40

    -20

    0

    20

    40

    60

    SG

    X. Comment peut-on interprter ce fait ?

    A. Sur le moment Benveniste estime que ceci est li la moindre exprience de la deuxime

    exprimentatrice qui a t recrute pour pauler E. Davenas dans cette tude. On ne peut

    carter une interprtation de ce type mais comme on le verra dans la suite, lexprimentateur

    semble jouer un rle primordial dans ces expriences.

    X. Nanticipons pas !

    A. J. Benveniste tente nouveau de faire publier ces rsultats par Nature puis Science maissans succs [Chapitre 18, partie 1].

    X. Oui et vous citez nouveau des changes savoureux entre Maddox et Benveniste. Vous

    racontez galement dans quelles circonstances rocambolesques ils seront finalement publis

    en 1991 dans les Comptes rendus de lacadmie des sciences ! [Chapitre 19, partie 1] Et en

    1993, contre toute attente, bien quayant refus larticle de Benveniste et Spira, Nature

    accepte nanmoins un article sur le mme sujet !

    A. Oui. Cest un pisode trs tonnant [Chapitre 20, partie 1]. Bien videmment Benveniste

    est furieux. Cet article sign par des chercheurs anglais a pour but de reproduire les rsultats

    sur les hautes dilutions de 1988. Bien entendu ces chercheurs nont jamais cherch prendrecontact avec Benveniste qui aurait pu leur donner des conseils sur les cueils viter. Le titre

    de larticle indique quil ny a pas deffet aux hautes dilutions danticorps anti-IgE. Mais le

    plus surprenant est que si on lit le texte attentivement, en fait il existe bien une diffrence

    statistiquement significative en prsence de hautes dilutions danticorps anti-IgE ! Les auteurs

    prcisent ainsi : Nos rsultats contiennent une source de variation que nous ne pouvons pas

    expliquer. Mais plutt que de reconnatre que cette source de variation pourrait bien tre

    lie un effet des hautes dilutions, ils vont semployer noyer ce rsultat. Le statisticien qui a

    analys les rsultats a posteriori critique lui-mme dailleurs le plan dexprience dans un

    rapport interne de son dpartement de statistiques que je me suis procur.

    X. Oui, vous citez de larges extraits de ce rapport dans le livre. Cest assez difiant ![Chapitre 21, partie 1]

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    A. Bien entendu ses critiques ne sont pas intgres dans larticle. Et inutile de se demander sil

    y eut une visite sur site pour vrifier que les expriences avaient t faites correctement.

    Ctait bien entendu inutile puisque la conclusion allait dans le sens attendu .

    Effectivement il tait tout fait possible que cette tude souffre de dfauts de conception,

    mais dans ce cas pourquoi la publier dansNature ?

    X. Pas trs scientifique tout a !

    A. Mais tait-ce le but ? Est-on encore dans une logique scientifique ?

    X. Et puis il y a ces expriences menes par quatre laboratoires europens.

    A. Larticle qui rapporte cette large exprimentation a t publi en 2004 dans une revue de

    spcialistes et na eu que peu dchos mdiatiques. Ici galement on note labsenced oscillations selon la hauteur des dilutions et des disparits trs importantes selon les

    laboratoires. Mais, insistons nouveau, dun point de vue statistique, cest globalement

    significatif[Chapitre 23, partie 1].

    X. On peut donc dire que Benveniste avait raison ! [Chapitre 24, partie 1]

    A. Je ne suis pas sr que cette faon de voir les choses ferait plaisir aux auteurs de larticle car

    ils ont toujours pris soin de se dmarquer de Benveniste et de ses travaux. Ltude est en effet

    finance par les Laboratoires Boiron. Et puis il faut dire quentre la mise en route des

    exprimentations et la publication des rsultats, dix ans se sont couls. A lpoque o ces

    travaux ont t publis, il y a belle lurette que Benveniste a abandonn ce modle qui avaitcristallis sur lui tort ou raison beaucoup de critiques.

    X. Et nous passons donc la deuxime partie de votre ouvrage.

    La naissance de la biologie lectromagntique

    (1992)

    A. Depuis 1991, J. Benveniste obtient des rsultats spectaculaires sur un montage

    physiologique appel systme de Langendorff [Chapitre 3, partie 2]. Il sagit dun systmeo le cur dun petit mammifre (rat ou cobaye) est maintenu en survie. On peut ainsi faire

    diverses mesures et lquipe de J. Benveniste constatera que le dbit des artres coronaire (ce

    sont les artres qui irriguent le cur) est trs sensible aux hautes dilutions.

    X. Pourquoi spectaculaires ?

    A. Lintrt de ce systme cest que contrairement la dgranulation des basophiles, on peut

    voir en direct leffet des hautes dilutions sur le cur. On voit leffet dans les tubes qui

    recueille minute aprs minute le liquide physiologique qui perfuse le cur et qui scoule plus

    ou moins selon le degr de contraction des artres coronaires

    X. Mais il sagit toujours de hautes dilutions, cest bien cela ?

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    A. Oui.

    X. Et cest peu de temps aprs quil fait ses fameuses expriences de transmission. Comment

    lui est venue cette ide pas banale ? [Chapitres 1 et 2, partie 2]

    A. Comme on le verra dans le livre il en existe deux versions [Chapitres 3 et 26, partie 2].

    Tenons-nous en ici la version officielle . Selon cette dernire ce sont les rsultats

    dexpriences qui montraient un effacement de la mmoire lorsquelle tait soumis des

    champs magntiques qui avaient suggr J. Benveniste que lon pouvait peut-tre amplifier

    un ventuel rayonnement mis par les solutions contenant des molcules actives sur des

    systmes biologiques [Chapitre 3, partie 2].

    X. Et devant la russite de ce type dexpriences, il organise rapidement des dmonstrations

    publiques, dautant plus que le systme de cur isol se prte bien ce genre de

    dmonstrations [Chapitre 4, partie 2].

    A. Oui mais un phnomne curieux va se manifester et empoisonner ces expriences.

    X. Ah oui, les transferts sauvages !

    A. Cest cela. Pour dire les choses simplement, il y a bien un effet biologique qui se manifeste

    la suite de ces transmissions lectromagntiques , mais il nest pas toujours l o on

    lattend. On observe parfois une inversion : le suppos contrle produit un effet

    biologique et leau imprgne par le signal cens tre actif na pas deffet ! Cest dautant

    plus ennuyeux que ce phnomne se manifeste plus volontiers lorsque les expriences sont

    faites laveugle. On a en fait limpression que lon ne retrouve dans les rsultats que

    linformation que lquipe possdait dj.

    X. Oui, cest gnant, cest la porte ouverte tous les soupons. Bon, on ne va pas passer

    toutes les expriences en revue qui occupent plusieurs chapitres de votre livre mais prenons

    un seul exemple lexprience du 13 mai 1993 organise par Michel Schiff [Chapitre 8,

    partie 2].

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    A. Je vais essayer de la dcrire simplement. Cette exprience est constitue de 4 sous-

    expriences et dans chacune des sous-expriences il faut deviner la place dun chantillon

    actif parmi 10. Il sagit dune exprience faite laveugle. Aucun des participants ne

    connat le code attribu chacun des chantillons tester.

    X. On a donc une chance sur 10 de trouver le bon chantillon (c'est--dire celui qui a un effet

    biologique) dans chaque srie. Bon, voyons les rsultats : dans chacune des 4 sries, un

    chantillon donne un effet significatif. Ce sont les chantillons 8, 17, 21 et 34. Cest donc

    encourageant.

    A Oui. Mais par prcaution, M. Schiff a dcid de recoder les chantillons au sein de chaque

    sous-exprience et de permuter les sries au hasard. Les quatre sries sont nouveau donnes

    sous un nouveau nom lexprimentateur qui ne pourra donc pas relier les nouveaux rsultats

    ceux quil a obtenus prcdemment.

    X. Et nouveau dans chacune des quatre sries, un chantillon sort du lot : E, AC, P et AK.

    A. M. Schiff procde alors au dcodage intermdiaire et on ne peut que constater la cohrence

    des rsultats puisque : 8 = E ; 17 = AC ; 21 = P ; 34 = AK

    X. Cest dont extrmement encourageant ! Le dcodage a lieu ensuite. Et alors ?

    A. Eh bien cest mitig. Deux des couples sont corrects mais pour les deux autres, le systme

    biologique a boug sur un chantillon qui ntait quun contrle.

    X. Oui, cest trs trange.

    A. Surtout que ce nest pas anecdotique.

    X. Effectivement vous dcrivez dans le dtail dautres expriences. En particulier ces erreurs

    dattribution ne faciliteront pas les expriences ralises avec G. Charpak [Chapitre 10,

    partie 2].

    A. Oui dautant plus qu cette poque, pour des raisons mal comprises, le systme biologique

    ragit plus faiblement et par consquent un ventuel effet se distingue plus difficilement du

    bruit de fond .

    Linvention de la biologie numrique (1995)

    X. Puis J. Benveniste se dit que sil peut transmettre une information de type

    lectromagntique de bobine bobine, il peut tout aussi bien lenregistrer avant de la restituer.

    Ce serait en quelque sorte une reproduction diffre. Et lenregistrement se fait de faon

    numrique, une sorte de mp3 pharmacologique ! [Chapitre 12, partie 2]

    A. Cest cela. Il se trouve en effet que par chance , les frquences des signaux

    hypothtiques paraissent se situer dans la gamme des frquences audibles et par consquentJ. Benveniste peut utiliser de simples cartes-son pour ordinateurs.

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    X. Pourquoi dites-vous que les signaux sont hypothtiques ?

    A. Jusqu prsent ils nont pas t caractriss, cest toujours par le truchement du systme

    biologique quils sont mis en vidence.

    X. Cest vrai, cest un point important comme on le verra.

    A. Et puis J. Benveniste espre que ce nouveau systme va lui permettre de se dbarrasser de

    ces transferts sauvages qui nuisent la fiabilit des expriences.

    X. Daprs ce que jai lu, ces anomalies vont continuer malgr tout se produire. On ne va

    pas dcrire toutes les expriences car je voudrais arriver un pisode qui est pour moi un des

    nuds du livre

    A. Je vous vois arriver

    X. Oui, cest lorsque vous rvlez cette fameuse exprience de radionique [Chapitre 25,

    partie 2]. Je dois dire que l jai mieux compris comment J. Benveniste sest enferr dans

    cette qute. Il y a donc cet adepte de la radionique qui vient dans le laboratoire de Clamart

    pour raliser une exprience sur le cur isol. Mais dabord la radionique, quest-ce que cest

    au juste ?

    A. Une thorie compltement fumeuse. Le visiteur venait avec un appareil cens produire

    lquivalent dune dilution homopathique par le simple fait dapprocher dun chantillon

    deau un petit carton o tait imprime une reprsentation gomtrique de la substance transmettre . Un dlire total.

    X. Mais pourquoi Benveniste la-t-il autoris faire perdre du temps son quipe ?

    A. Ce nest pas trs clair. Je pense quau dbut il na pas bien ralis de quoi il sagissait et il

    a laiss les membres de son quipe prendre en charge le visiteur.

    X. A quels rsultats devait-on sattendre ?

    A. A rien. A une absence deffet. Ce ne pouvait tre quun contrle inactif, ctait un vritable

    simulacre dexprience, car a ou la magie ctait la mme chose. Ctait considrer en effetque le mot actylcholine avait le mme effet que la molcule quelle dsigne. On peut

    avoir les ides larges et lesprit ouvert mais tout de mme !

    X. Et limpensable se produit, le systme biologique bouge nanmoins.

    A. Oui et pas quune fois. Il y a mme des expriences o leffet observ est bloqu avec

    de latropine comme sil sagissait rellement dactylcholine Bref on nage alors en plein

    irrationalit.

    X. Cest alors que vous en discutez avec Benveniste. Plus exactement vous lobligez aborder

    la question car le moins que lon puisse dire est quil y a un malaise. Dans votre livre vousrapportez dans le dtail cette conversation tonnante. Je la cite en entier car je pense que cela

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    permet de comprendre comment Benveniste stait mis lui-mme dans une situation

    impossible :

    Peu de temps aprs cette exprience, jai la conversation suivante avec

    J. Benveniste. Intrigu au plus haut point, je cherche aborder la question de cette

    exprience dstabilisante laquelle je nai pas assist mais dont jai eu des chos.

    Je ne parviens dabord qu lui arracher des bribes de rponses car manifestement il

    ne tient gure aborder le sujet. Je lui demande :

    Plutt tonnante, la manip de lautre jour, non ?

    Oui, tu las dit.

    Un silence.

    Mais, tu es bien daccord que la radionique , cest du vent ?

    (signe dacquiescement)

    Et que par consquent a ou de la magie cest la mme chose. Cest penser quele mot ou le signe est aussi efficace que lobjet quil dsigne.

    (signe dacquiescement)

    Si ce que lon considre comme un parfait contrle donne nanmoins un

    rsultat positif, cest plutt ennuyeux, non ?

    On est daccord.

    Manifestement J. Benveniste, qui sait tout cela mieux que moi, ne dsire gure

    poursuivre la conversation sur ce sujet. Comme il ne peut me tourner les talons sur le

    champ, car il est alors en train de se savonner les mains, je ne peux rsister lui poser

    la question suivante :

    Mais maintenant que tu sais a, dans la pratique quest-ce que vous allez faire

    chez Digibio ?

    Ce que lon va faire ? Cest simple Dabord, on ferme sa gueule. Euh oui bien sr, cela va sans dire On ne va pas aller raconter cela

    partout. Mais est-ce que cela va modifier ta faon denvisager les expriences

    futures ? Est-ce que tu vas continuer comme si de rien ntait ?

    Aprs un silence pendant lequel il sessuie les mains, il me rpond :

    Tu sais, il y a beaucoup de choses bizarres que lon ne comprend pas. Mais une

    chose est sre, dans la position o je me trouve actuellement, cest le genre dide

    quil mest impossible de faire passer. Plus tard, peut-tre, lorsque jaurai retrouv de

    mon pouvoir, alors on verra si on peut le faire. Mais pour le moment, la seule chose

    faire cest de continuer travailler pour faire passer la biologie numrique.

    X. On sy croirait ! Cest extraordinaire, on le voit senferrer lui-mme. Vous rvlez donc

    une sorte de secret de famille . Quelle est votre attitude partir de ce moment ?

    A. Pour moi cest une rvolution culturelle. La vrit (si vrit il y a) nest donc pas

    chercher dans une chimrique mmoire de leau et dans dventuelles transmissions

    lectromagntiques . Je comprends alors quil faut observer le systme dans son ensemble si

    on veut parvenir comprendre ce quil se passe, car il se passe manifestement quelque chose :

    les systmes biologiques ragissent de faon cohrente ! Quand je dis systme jy inclus

    bien videmment non seulement le systme biologique lui-mme mais lexprimentateur qui

    est charg de le manipuler et lquipe dans son ensemble. Comme cette poque je ne suis

    pas impliqu dans ces recherches et observe en spectateur cest certainement plus facile. Mais

    pour Benveniste, sa rponse peut en partie se comprendre mme si un drame se noue. Il

    cherche alors des partenaires industriels pour soutenir ses recherches et la socit Digibio

    quil commence mettre sur pied. Sil reconnat le caractre anormal (pour dire les choses

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    avec modration.) de ces rsultats, il perd tout, y compris les quelques soutiens qui lui

    restent. Et il perd du mme coup la paternit de la biologie numrique qui ne devient plus

    quune sorte de cache-sexe dexpriences de parapsychologie !

    X. Que fait-il alors ? Et son quipe ?

    A. Comme cela est arriv plusieurs fois au cours de cette histoire, par une fuite en avant

    technologique. Le mot dordre est d amliorer la reproductibilit de ces expriences. Or

    justement, fin 1996, Didier Guillonnet rejoint lquipe de J. Benveniste. D. Guillonnet est un

    ingnieur qui va aider J. Benveniste monter la structure prive Digibio. Les expriences

    radioniques sont alors refoules [Chapitre 17, partie 2].

    X. Guillonnet nest donc pas mis au courant de ces expriences plutt dstabilisantes ?

    A. Si. Mais pas par Benveniste. Par les autres membres de lquipe.

    X. Comment ragit-il ?

    A. Eh bien, il considre que les rsultats obtenus avant sa venue ne sont gure fiables Par

    consquent lexprience radionique ne lmeut gure

    X. Mais dites-moi, si ce fameux signal existait, sil tait rellement mis par les molcules en

    solution, on aurait pu lanalyser. Il existe des mthodes dautocorrlation qui permettent

    dextraire le signal du bruit de fond. On peut ensuite utiliser lanalyse de Fourier ou dautres

    mthodes.

    A. Prcisment. Et avec la venue de D. Guillonnet, Benveniste esprait avancer sur cette

    question. Mais les quelques approches qui sont alors ralises ne permettent pas de distinguer

    les signaux actifs des signaux inactifs . Cest un bruit blanc dans tous les cas. Il est

    alors dcid de faire appel des spcialistes de lanalyse du signal de lEcole Polytechnique

    Fdrale de Lausanne (EPFL) [Chapitre 18, partie 2]. Dans un premier temps, ces

    spcialistes souhaitent sassurer du bien fond de ces expriences avant de sinvestir plus.

    X. On peut les comprendre, effectivement.

    A. Ils demandent donc que soit ralise sous leur supervision une exprience de numrisation du signal. Les disquettes informatiques seront ensuite codes par leurs soins

    et lefficacit de ces diffrents signaux sera value Clamart sur le systme biologique. Je

    dcris cette exprience en dtail dans le livre car elle a fait lobjet de protocoles valids par les

    deux parties et une description dtaille des procdures.

    X. Le rsultat ?

    A. Au petit bonheur ! Mais encore une fois si les codes ne recouvrent pas les effets

    biologiques, il y a une cohrence des rsultats du point de vue de lquipe de Clamart. De plus

    cest particulirement dstabilisant car les universitaires suisses ont eu lide simple mais

    dvastatrice de dupliquer certains enregistrements et de les coder sous des noms diffrents.Et on constate alors quun mme fichier peut trs bien conduire de faon cohrente et

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    reproductible un rsultat donn tandis que sa simple copie informatique donne un autre

    rsultat, lui aussi tout aussi cohrent et reproductible !

    XQuelles sont les ractions de Benveniste et de Guillonnet ?

    A. Cest en substance : Il faut amliorer la reproductibilit . Ce ne sont pas les hypothses

    sous-jacentes lexprience qui sont remises en cause mais une suppose dfaillance du

    systme exprimental. Et nouveau cest une amlioration exprimentale inattendue qui

    endort pour un temps les ventuelles rserves que lon pouvait mettre quant au bien fond

    de ces expriences. En fait il y a mme deux amliorations.

    X. Quelles sont-elles ?

    A. De nouvelles molcules actives sur le systme biologique ont t enregistres , enloccurrence il sagit de cafine et dune substance appele ionophore. Lintrt est que la

    cafine diminue le dbit coronaire alors que le ionophore laugmente.

    X. Et la deuxime amlioration

    A. Une modification importante du systme exprimental a t ralise. L irradiation de

    leau par le rayonnement lectromagntique se fait dornavant directement sur la colonne

    deau qui irrigue le cur. Il ny a donc plus dchantillons deau intermdiaires.

    X. Ceci permettait par consquent de saffranchir de la question des transferts qui paraissaient

    se faire de tube tube, les fameux transferts sauvages qui ont empoisonn les expriencesantrieures. Les expriences pouvaient tre pilotes directement depuis lordinateur.

    A. Cest cela. Et l je dois dire jai t bluff quand jai assist ces expriences. Jai t

    quelque peu branl : et si ctait vrai finalement ? Car on a beau dire, la spcificit pour

    un biologiste, cest quelque chose dimportant ! Et l on la voyait se manifester en direct avec

    ces signaux sortis de nulle part. Celui qui nprouve pas un frisson devant de telles

    courbes (jen reproduis toute une page dans le bouquin) na dfinitivement pas la fibre

    exprimentale ! Le signal cafine diminuait le dbit, le signal ionophore laugmentait et le

    signal eau navait pas deffet. Ctait beau comme lantique [Chapitre 20, partie 2].

    X. Mais apparemment, lquipe est prudente et Benveniste ne convoque pas le ban et larrireban comme il aimait le faire pour communiquer sur ses nouvelles dcouvertes et faire des

    dmonstrations publiques !

    A. Effectivement. Par consquent une srie dexpriences codes est ralise dans des

    laboratoires amis durant lt 1998.

    X. Avec quels rsultats ?

    A. Pas mieux que le hasard.

    X. Cest donc nimporte quoi.

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    A. Encore une fois, oui et non. Car ici encore cest extrmement cohrent. Si la srie code

    devait comporter 2 signaux cafine, 2 signaux ionophore et 2 signaux eau, on retrouvait bien

    les rsultats attendus et ceci plusieurs reprises. Par ailleurs les signaux non cods donnaient

    les rsultats attendus.

    X. Comment ragit Benveniste ?

    A. Il encaisse. Il comprend galement que quel que soit le phnomne rvl par ces

    expriences, il faut convaincre les sceptiques en faisant en sorte quils puissent raliser eux-

    mmes les expriences. Il faut donc un systme plus simple. Et cela tombe bien, car un

    nouveau modle exprimental simple et facilement automatisable semble rpondre de bonne

    grce aux transmissions lectromagntique . Il sagit dun modle de coagulation

    plasmatique.

    La coagulation plasmatique et lexpertise de la

    DARPA (1999-2001)

    X. Donc au dbut, si je rsume, tout parat bien se passer avec ce nouveau systme

    exprimental que lquipe de Benveniste a valu dans le cadre de la biologie numrique .

    Le systme est simple et il peut tre facilement exportable dans dautres laboratoires car

    contrairement aux basophiles ou au cur isol il ne ncessite pas une longue exprience

    [Chapitre 21, partie 2].

    A. Cest cela. Tout semble aller pour le mieux et les expriences senchanent confirmant

    apparemment le bien-fond de la biologie numrique avec un signal hparine (c'est--

    dire un anticoagulant) qui inhibe la coagulation plasmatique.

    X. Et puis les ennuis commencent

    A. Oui. Tant que les expriences sont ralises par J. Assa, tout va bien. En revanche avec les

    autres membres de lquipe, on observe des effets plus ou moins importants, parfois des

    inversions deffet comme au temps du systme de cur isol. Et lorsquune collaboratrice

    de J. Benveniste, S. Lim, qui a rcemment rejoint lquipe ralise lexprience, leffet li la

    biologie numrique ou aux hautes dilutions est systmatiquement absent. Pourtant

    comme je lai dit lexprience est trs simple et ne ncessite pas dentranement particulier

    [Chapitre 22, partie 2].

    X. Vous dcrivez dans le dtail certaines expriences qui ont permis de caractriser cet

    effet effaceur

    A. Oui, mais surtout je voudrais signaler que Benveniste et son quipe ne remettent pas en

    cause leur grille de lecture pour interprter ces rsultats. On pourrait en effet considrer que

    S. Lim est un parfait contrle et que ce sont les effets obtenus par J. Assa qui sont une

    anomalie dont il faut chercher la source. Mais ce serait alors remettre en cause le bien-fond

    de la biologie numrique et saper les bases fragiles de ce programme de recherche qui est

    la raison dtre du laboratoire.

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    X. Benveniste dcide donc dautomatiser lexprience.

    A. Oui. Pour viter une possible influence de lexprimentateur, J. Benveniste dcide de

    construire un robot automatique de faon ce que lexprimentateur interagisse le moins

    possible avec le matriel exprimental.

    X. Et a marche !

    A. Oui, un robot analyseur est mis au point de faon ce que lexprience dans son ensemble

    puisse tre ralise de faon automatique : depuis l imprgnation de lchantillon deau

    par le signal numrique issu de la bobine lectrique jusqu la mesure de la coagulation.

    Lexprimentateur a juste appuyer sur un bouton pour dclencher lexprience. Les

    diffrents signaux sont choisis au hasard par lordinateur et ne sont pas connus de

    lexprimentateur. Ce nest qu la fin que lexprimentateur prend connaissance de lordre

    dans lequel les signaux ont t administrs et de leur effet sur la coagulation. Ctait

    impressionnant [Chapitre 22, partie 2].

    X. Et puis, il y a cette expertise extraordinaire avec la DARPA !

    A. Oui. Dailleurs on considre que cest le point dorgue de la biologie numrique . Que

    cette manation du Dpartement de la dfense du gouvernement amricain sintresse la

    biologie numrique est pour le moins tonnant ! [Chapitre 23, partie 2]

    X. Et donc une quipe dexperts est mise sur pied.

    A. Oui. Et l on est aux antipodes de l enqute deNature . Ce sont rellement des experts.

    Chacun a son domaine de comptence bien dfini en rapport avec un aspect de

    lexprimentation. Il y a ainsi des spcialistes en hmatologie, en statistiques, en ingnierie,

    en biologie, etc. les expriences ont lieu Bethesda dans un laboratoire du NIH pendant lt

    2001.

    X. Et les rsultats sont probants ?

    A. Eh bien disons que les rsultats sont en faveur de la biologie numrique tant que lquipe

    de Clamart, c'est--dire J. Assa, D. Guillonnet et J. Benveniste lui-mme sont l [Chapitre

    24 et 25, partie 2]. Les experts notent toutefois que les expriences sont ngatives les jours oJ. Assa sabsente. Lorsque lquipe revient en France, les experts qui ont pourtant eu le

    temps de se familiariser avec le robot ne parviennent plus obtenir les effets lis la

    biologie numrique

    X. Les conclusions de cette expertise ont fait lobjet dune publication, je crois ?

    A. Oui. Un article est publi en 2006. Les conclusions sont dailleurs assez inhabituelles pour

    un article scientifique [Chapitre 26, partie 2]:

    Nous avons observ linhibition manifeste de la coagulation thrombine/fibrinogne par

    un signal numrique quand lun des membres de lquipe de Benveniste conduisait lesexpriences dans notre laboratoire. Nous navons pas constat dinfluences systmatiques

    telles que des diffrences de pipetage, une contamination ou des violations de laveugle

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    ou de la randomisation qui pourraient expliquer que ces effets soient lis

    lexprimentateur de lquipe Benveniste.

    Et ils rappellent que J. Benveniste leur avait fait part de telles variations selon les

    exprimentateurs :

    [J. Benveniste] postulait lexistence dinteractions inconnues avec les signaux

    numriques qui seraient responsables de ces effets et il affirme quil a observ une

    variabilit semblable en fonction de lexprimentateur dans son laboratoire

    (communication personnelle). Il a dclar que certains individus obtenaient

    systmatiquement des effets numriques alors que dautres ne les observaient pas ou

    mme les empchaient .

    Et pour conclure ils font des hypothses sur le mcanisme possible de tels effets :

    Bien quil soit possible que dautres facteurs inconnus lis lexprimentateur puissent

    tre une explication ces observations, tels que linfluence de composs chimiques ou

    dmanations nergtiques ou encore lintentionnalit des exprimentateurs, nous navons

    pas test ces hypothses, ni tent de dvelopper un cadre conceptuel qui nous permettrait

    de contrler de tels facteurs. Sans ce cadre, continuer tudier la biologie numrique en

    gardant la mme approche serait au pire une recherche sans fin et au mieux serait

    prmatur.

    X. Lintentionnalit des exprimentateurs ???

    A. Oui. Et relisez galement la dernire phrase qui conclut bien je trouve lhistoire de la mmoire de leau dans son ensemble : continuer tudier la biologie numrique en

    gardant la mme approche serait au pire une recherche sans fin et au mieux serait

    prmatur.

    X. Les experts semblent donc penser que des effets ont bien t observs mais que nous ne

    pouvons les apprhender pour le moment du fait dun manque de cadre conceptuel ! On

    sloigne donc dune mmoire de leau

    A. Oui. Le fait que les experts nexcluent pas des facteurs lis lexprimentateur ouvre la

    possibilit de nouvelles recherches. Ces dernires auraient leur source dans les expriences

    controverses de J. Benveniste mais elles prendraient leur indpendance vis--vis de cestravaux fondateurs qui postulaient une mmoire de leau ou lexistence de signaux

    lectromagntiques .

    X. Peut-on tout de mme dire alors que Benveniste avait raison ?

    A. Ce qui est certain cest quil avait raison de saccrocher ces rsultats car il savait que dans

    ltat actuel de la science on ne pouvait pas les expliquer. Et tant quon ne les avait pas

    expliqus on navait pas fait son travail de chercheur.

    X. Si on est daccord avec la conclusion des experts amricains de la DARPA et votre livre

    va en quelque sorte dans ce sens il faut bien tre conscient que cest faire le deuil de la mmoire de leau et de la biologie numrique .

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    A. Cest vrai. Mais ces concepts auraient nanmoins jou un rle important. Ils auraient

    permis de cristalliser autour deux des expriences bien conduites sur lesquelles on pourrait

    esprer construire dautres hypothses. Et on voit ainsi en quoi les expriences de

    J. Benveniste mritaient quon sy attarde et quon leur laisse vivre leur vie. Cest la science

    telle quelle va ou plus exactement telle quelle devrait aller.

    X. Cest tout fait passionnant et javoue que de larges pisodes de cette histoire mtaient

    inconnus.

    A. Oui, et cest une des raisons dtre de ce livre, car pour beaucoup de personnes laffaire de

    la mmoire de leau se rsume l affaire Nature . Il est ainsi tonnant dentendre en 2004

    P. Lazar, directeur de lInserm au moment de laffaire, dclarer lors de la mort de

    J. Benveniste [Chapitre 14, partie 2] :

    Philippe Lazar [] voit, avant tout, en Jacques Benveniste un savant de premier

    plan qui est rest honnte mais qui a t victime dune tnbreuse affaire. Il

    estime aussi que lhomme "a fait preuve dune insuffisance manifeste desprit

    critique dans linterprtation de ses rsultats." "Le phnomne quil avait constat,

    juge-t-il, pouvait rsulter dune autre cause que dune dilution des substances

    tudies, par exemple dune contamination rptitive de tube tube."

    X. Les tnbres ne sont pas forcment l o il le pense !

    A. Oui. Et ce qui est vraiment tonnant, cest que dans cette dclaration, P. Lazar continue de

    ressasser lide dune possible contamination de tube tube pour expliquer les rsultats. Cettehypothse est alors compltement dpasse.

    X. Donc pour les lecteurs qui souhaitent approfondir cette histoire, elle est lisible

    intgralement sur votre site www.mille-mondes.fr et on peut galement se procurer un vrai

    livre cest bien cela ?

    A. Oui. Tout est expliqu sur le site.

    F. Beauvais (2009)www.mille-mondes.fr

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