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8/2/2019 Memoire de l'Eau Pour Les Nuls
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Afin de rsumer louvrage ci-dessus, nous avons opt pour un dialogue (fictif)
entre lauteur et un certain Monsieur X. Cest en quelque sorte lhistoire de
la Mmoire de lEau pour les Nuls !
Nous renvoyons aux diffrents chapitres des deux parties de louvrage.
Nous esprons que ce survol incitera le lecteur lire LAme des Molcules
dans son intgralit.
L invention des hautes dilutions (1982-1985)
Monsieur X. Mais tout dabord, dites-moi, qui a eu cette ide saugrenue dans le laboratoire de
Benveniste qui consistait tester des solutions de substances biologiques dans lesquelles lasubstance initiale avait disparu ?
Lauteur. En fait ces dilutions ces hautes dilutions qui sont pousses au-del de ce
quautorisent les lois de la physico-chimie nont pas t inventes par Benveniste. Au
dpart ce sont des contrats de recherche entre des laboratoires homopathiques et le
laboratoire de J. Benveniste [Chapitre 2, partie 1]. Le but est de tester des produits
homopathiques sur des systmes biologiques. Et comme chacun sait lhomopathie consiste
administrer des substances qui ont t trs trs dilues.
X. Tellement dilues que la substance active a disparu
A. Oui, forcment, la matire tant constitue de molcules, elle nest par consquent pas
divisible linfini et il arrive un moment o on ne dilue plus que de leau dans de leau ! Cette
limite, les prparations homopathiques la franchissent allgrement. Et cest pourquoi pour de
nombreux scientifiques, pour ne pas dire la plupart, les produits homopathiques ne sont que
de parfaits placebos.
X. Et pourtant certaines recherches, depuis de nombreuses annes, bien avant que Benveniste
sy intresse dailleurs, semblaient avoir mis en vidence des effets biologiques avec ces
dilutions extrmes daprs ce que je lis dans votre livre.
Lme des Molcules Une histoire de la "mmoire de leau" par Francis Beauvais(Lulu Press, Collection Mille Mondes).Broch - 630 pages ; Format : 22,5 x 15 cm
ISBN : 978-1-4116-6875-1
Ce texte peut tre lu intgralement sur le site www.mille-mondes.fr
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A. Effectivement. Et en 1982 deux laboratoires homopathiques (les Laboratoires Boiron et
les Laboratoires Homopathiques de France) avaient propos J. Benveniste de reproduire ce
type dexpriences [Chapitres 2 et 3, partie 1].
X. Par consquent si Benveniste retrouvait ces rsultats, ctait extrmement important en
termes de crdibilit scientifique pour lhomopathie.
A. Cest certain.
X. Oui mais comment cela serait-il possible puisque prcisment il ny a plus rien ?
A. Cest l o le deus ex machina de la mmoire de leau entre en scne ! Si le solut a
disparu, il reste le solvant leau qui a pu stocker l information correspondante
X. Bon sang mais cest bien sr !
A. Jajoute que pour les homopathes, lagitation de la solution aprs chacune des dilutions est
ncessaire permettant ce quils appellent la dynamisation de la dilution. Ces expriences
initiales conduiront Benveniste parler deau ayant conserv le souvenir des substances
avec lesquelles elle a t en contact . Ce que Libration titrera le 30 mai 1988 par :
Homopathie : le Pr J. Benveniste vrifie la mmoire de leau . Ce titre est historique
car ma connaissance cest la premire fois que lexpression mmoire de leau est
utilise. On connat son succs ultrieur [Chapitre 1, partie 1].
X. Le fait que des expriences positives aient t obtenues a d ravir les homopathes ?
A. Oui au dbut. Mais rapidement des tensions vont natre car le programme initial qui tait
de tester des produits homopathiques va driver.
X. De quelle manire ?
A. Dans les expriences initiales, un modle simplifi de la raction allergique tait utilis,
savoir la dgranulation des basophiles
X. On reproduit donc dans des tubes in vitro comme disent les scientifiques ce qui se
passe dans lorganisme ?
A. Cest cela. Des cellules sanguines sont mises en prsence de diffrentes substances, en
particulier par des anticorps (appels anti-IgE), ce qui permet de mimer en quelque sorte
leffet de lallergne.
X. Lallergne tant la substance laquelle est sensible un sujet allergique, par exemple le
pollen, les poils de chat, cest bien cela ?
A. Tout fait. Lanti-IgE se conduit comme ne sorte dallergne universel. Cest un outil
trs commode pour les chercheurs qui travaillent dans ce domaine.
X. Et le produit homopathique, o est-il ?
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A. Le produit homopathique quant lui est cens diminuer cette activation cellulaire
provoque par lanti-IgE lorsquon lajoute dans les tubes contenant les cellules.
X. Et quest-ce qui permet de dire quil a t efficace ou non ?
A. Lactivation cellulaire tait valu grce un colorant qui permet de dnombrer les
basophiles. Ceux qui ont t activs perdent la capacit dtre colors.
X. Si je rsume votre livre grand trait : au dbut et au grand tonnement de Benveniste lui-
mme des solutions de substances utilises en homopathie paraissent avoir un effet sur
cette activation des basophiles [Chapitre 2, partie 1].
A. Oui, mais ensuite on se rendra compte que lanticorps anti-IgE lui-mme paraissait
galement capable de produire des effets hautes dilutions ! [Chapitre 3, partie 1] Pour lestenants de lhomopathie, ce type de rsultats, cest--dire dclencher une raction allergique
avec des hautes dilutions, cadrait mal avec les principes de lhomopathie.
X. Mais tout cela cest le lot de la recherche scientifique. On tombe parfois sur des rsultats
inattendus. Dautant plus que ces principes de lhomopathie datent de quelques sicles
A. Ctait aussi lavis de Benveniste. Mais un autre aspect nest pas ngligeable. Cest la
propension quil avait de laisser parfois entendre quil tait lorigine de ce champ de
recherche. Ce qui forcment ne pouvait quagacer les homopathes . Dautant plus que
Benveniste insistait lourdement que lui seul du fait de sa position et de son pass scientifique
tait capable de faire reconnatre par la communaut scientifique la validit de ce nouveau champ de recherche. Dailleurs il naura de cesse de donner laudience la plus large possible
ces rsultats. Pour lui il tait impensable de continuer publier les rsultats sur les hautes
dilutions dans des revues de faible audience et cantonnes au milieu de lhomopathie.
[Chapitre 22, partie 1]
X. Do laffaireNature ! Mais on y viendra aprs Vous parlez du pass scientifique de
J. Benveniste et justement propos du paf quil a dcouvert, ce que ne sait pas forcment le
grand public, cest une dcouverte importante, non ? On dit mme quil tait une poque
noblisable pour cette dcouverte ?
A. En 1982 le prix Nobel de physiologie et de mdecine est dcern pour des travaux sur lesprostaglandines. Il naurait pas t dplac de rcompenser la dcouverte du paf (platelet-
activating factor) dans le mme mouvement. Cest en cela que lhistoire de la mmoire de
leau est exemplaire. Ce nest pas un obscur chercheur ou un farfelu qui propose une
nouvelle thorie rvolutionnaire. Cest quelquun de reconnu, la tte dun gros labo avec
une production scientifique consquente et qui a donc tout perdre avec cette histoire. Cest
dailleurs ce qui se produira.
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L affaire Nature : les premires ngociations
(1986-1987)
X. Venons-en l Affaire , celle qui a fait couler tant dencre ! Dabord pourquoi
Benveniste voulait-il absolument publier dans Nature ? Ce ne sont pas les revues
scientifiques, mme de bon niveau, qui manquent.
A. Effectivement. Les chercheurs ne passent pas leur temps publier dans Nature ou dans
Science. Mais lorsquils pensent avoir pch un gros poisson , ils essayent de rdiger un
manuscrit le plus convaincant possible et de lui donner une visibilit maximale. Nature a de
plus aux yeux de Benveniste un autre intrt en plus de sa large audience, cest sa
multidisciplinarit. Benveniste comprend en effet que cest avec une coopration avec lesphysiciens quil pourra avancer dans la comprhension de la nature des hautes dilutions.
X. Mais pourquoi John Maddox, le directeur de Nature, va-t-il finir par avoir recours des
mthodes aussi inhabituelles ?
A. En ralit, progressivement, Nature va formuler de nouvelles demandes lui permettant
ainsi de diffrer la dcision finale. Nature esprait manifestement que Benveniste allait se
lasser ou finirait par chuter. Pas de chance pour la revue londonienne, Benveniste saccroche
et finit toujours par triompher des obstacles. De plus comme il nest pas un obscur
scientifique, lquipe ditoriale de Nature est place devant un cas indit. Et dans le mme
temps il faut bien dire que Benveniste ne fait pas mystre du scandale quil est prt dclencher si on refuse de publier ce quil considre comme la dcouverte du sicle .
X. Reprenons donc dans lordre. Tout dabord larticle est envoy Nature [Chapitre 4,
partie 1].
A. En fait ce premier article est trs diffrent de celui qui sera finalement publi. Il est encore
trs proche dune conception de type homopathique mme si le mot napparat pas : les
expriences rapportes dcrivent linhibition de la dgranulation des basophiles par des hautes
dilutions dhistamine.
X. Pourquoi dites-vous que lon est encore proche dune conception de typehomopathique ?
A. Eh bien, on tudie une raction biologique classique (lanticorps anti-IgE ici nest pas dilu
de faon outrancire ) et la substance extrmement dilue cense diminuer lactivation des
cellules est lhistamine. Lhistamine fait dailleurs partie des mdicaments homopathiques
vendus en pharmacie, sous le nom dHistaminum. Cest une exprience qui reste donc dans
lorthodoxie homopathique.
A. Et quelle est la raction de J. Maddox lorsquil reoit ce manuscrit ?
A. En fait au dbut cest Peter Newmark, directeur associ de Nature, qui prend en charge lemanuscrit. Il rpond fin novembre 1986 :
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Jai bien peur, peut-tre de faon invitable, que les experts qui ont lu votre manuscrit
ne soient extrmement sceptiques vis--vis des rsultats ; un seul a accept de faire des
commentaires par crit que nous vous joignons. Nous trouvons galement que cesrsultats sont difficiles croire, comme cela la t pour vous jen suis sr, et impossibles
comprendre.
X. Cest donc un refus.
A. Oui, mais cest ce qui se passe le plus frquemment avec les revues exigeantes. De plus la
tonalit gnrale de la rponse nest pas compltement ngative. P. Newmark propose ainsi
des expriences destines sassurer quil ne sagit pas dun simple artefact, c'est--dire dune
erreur exprimentale. Et il fait mme Benveniste la proposition suivante :
Ma seconde suggestion est que vous convainquiez un autre laboratoire dessayer dereproduire vos rsultats avantpublication. Cest une demande inhabituelle, mais je pense
que les circonstances le mritent.
Remarquez bien que cest P. Newmark lui-mme qui souligne avant dans sa lettre. Par
consquent ce moment-l il parat naturel lquipe deNature quil faut vrifier les rsultats
avant de les publier.
X. a me parait logique moi aussi !
A. Bien entendu. Sauf que cette logique sera quelque peu malmene lorsquil faudra justifier
pourquoi la fameuse enqute sera faite aprs la publication !
X. Benveniste demande donc des laboratoires de refaire les expriences ?
A. Oui. Et il peut donc annoncer Peter Newmark peu de temps aprs en janvier 1987 quil
suit les directives de Nature et que les expriences sont en cours de reproduction dans des
laboratoires de rputation internationale. Cest lui-mme qui propose P. Newmark de venir
Clamart pour juger sur place de la ralit du phnomne observ :
Je serais heureux de vous inviter visiter le laboratoire pendant une journe ou plus,
consulter nos cahiers de laboratoire et mme, si vous le dsirez, participer une
vritable exprience. Ceci est tout fait indpendant de la dcision finale que lquipe
ditoriale que Nature prendra mais il est clair que concernant un sujet aussi controvers, ilest important de voir les choses dans la vie relle. Sinon, je pourrais vous montrer nos
cahiers de laboratoire ma prochaine venue Londres.
X. Benveniste se montre donc trs coopratif et trs ouvert. Ils devaient tre sacrment
embarrasss Nature !
A. En fait jusque l tout va plutt bien, on reste dans le cadre des rapports habituels entre
responsables de revues scientifiques et chercheurs. Et P. Newmark rpond ainsi fort
courtoisement J. Benveniste :
Je suis heureux dapprendre que deux autres laboratoires vont essayer de reproduire vosexpriences et jattends les rsultats avec intrt. Je suis sr que cest le meilleur moyen
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de confirmer le phnomne plutt quen inspectant vos cahiers de laboratoire ou en
participant une exprience (mais merci pour cette offre).
X. Une attitude qui tranche avec le traitement que Maddox rservera Benveniste par la
suite Et les labos trangers, ils ont reproduit les rsultats ?
A. J. Benveniste avait trouv trois laboratoires qui acceptaient de raliser les mmes
expriences hautes dilutions. Deux laboratoires (italien et isralien) obtiendront des rsultats
positifs. Le troisime, un laboratoire canadien, peinera mettre sur pied la technique.
X. Mais en Isral, il y a eu une embrouille, non ?
A. Oui. Elisabeth Davenas qui tait investie plein temps dans cette recherche sur les hautes
dilutions stait rendue en Isral un moment o lquipe isralienne rencontrait desproblmes techniques avec les expriences hautes dilutions. Le but tait de remettre la
technique sur les rails puis de rentrer en France afin de laisser les chercheurs israliens faire
seuls les expriences. Malheureusement lorsquelle est sur place ces expriences dclenchent
une telle passion dans linstitut o sont elles sont ralises quelle se retrouve entrane dans
une srie dexpriences laveugle sous contrle trs strict. [Chapitre 5, partie 1]
X. Et elle russit un sans faute !
A. Oui, les rsultats sont absolument clairs et nets. Et mme particulirement impressionnants
de reproductibilit et de prcision. Le problme cest que quelques semaines aprs son retour
une accusation de fraude prend naissance lance par certains qui voyaient ces expriencesdun il hostile.
X. Cest tonnant tout de mme la passion quentranent quelques dilutions de trop
A. Le rsultat est que J. Benveniste doit organiser des exprimentations similaires dans son
laboratoire de Clamart avec huissiers de justice, doyen de la facult et contrle troit du
contenu des tubes de dilutions. Le but est de dmontrer que ces rsultats ne sont pas le fruit
dune tricherie ou dune contamination [Chapitre 6, partie 1].
X. Et cest nouveau une russite.
A. Oui. Les rsultats nouveau sont trs impressionnants et sans ambigut. Et J. Benveniste
bien entendu tientNature au courant de la russite de ces expriences.
X. Quelle est la raction deNature ?
A. Pour des raisons de commodits techniques, les expriences dites en activation (c'est--
dire avec lanticorps anti-IgE hautes dilutions) taient plus simples raliser et par
consquent ce sont ces dernires que Benveniste avait demand aux quipes trangres de
reproduire ; ce sont galement celles-ci qui ont t ralises pour les expriences laveugle
sous contrle dhuissier. En revanche, comme je lai dit, le premier manuscrit portait sur des
expriences en inhibition avec de lhistamine hautes dilutions. P. Newmark demandedonc J. Benveniste sil ne serait pas plus judicieux de btir un nouvel article plus en
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cohrence avec les dernires dmonstrations en particulier avec les rsultats des chercheurs
israliens. [Chapitre 7, partie 1]
X. Une faon de diffrer la dcision ?
A. Oui, peut-tre. Mais la remarque est pertinente et Benveniste la prend bien, dautant plus
quil dispose de tous les rsultats ncessaires pour lcriture dun nouveau manuscrit. En fait
larticle est mme dj crit en grande partie car il prvoyait, dans lhypothse o le premier
manuscrit aurait t accept parNature, denvoyer dans la foule le second Science, la revue
amricaine concurrente deNature.
Laffaire Nature : la publication (1987-1988)
X. Et donc ce manuscrit n2 est envoy Nature. [Chapitre 7, partie 1]
A. Oui. Nous sommes alors en aot 1987. Cest ce manuscrit qui sera publi un an plus tard
avec seulement des modifications mineures. Et partir de maintenant cest J. Maddox lui-
mme qui va prendre en charge le manuscrit.
X. De quelle faon ?
A. Tout dabord par un long silence ! Entre temps, lquipe italienne adresse ses propres
rsultats qui confirment aussi un effet des anticorps anti-IgE hautes dilutions sur lesbasophiles. J. Benveniste tente dobtenir des nouvelles du sort du manuscrit et J. Maddox finit
par rpondre dbut novembre. Cest un refus catgorique.
X. Sur quels motifs ? Car Benveniste sest apparemment pli de bonne grce aux demandes
successives deNature, il a fait reproduire avec succs les expriences.
A. La raison du refus mrite dtre cite selon les termes mmes de J. Maddox :
[] Lexplication la plus simple en est que ceux qui mettent des allgations
extraordinaires doivent prendre un temps extraordinairement long pour les dmontrer. Il
serait plus franc, ce propos, de dire que je suis sceptique pour des raisons littraires.
Vous affirmez avoir fait une srie dobservations tonnantes, mais vous ne cherchezpratiquement pas discuter de possibles explications. Nous pouvons concevoir bien
entendu que Galile tait pour le moins excit par les consquences de ses observations
surprenantes.
Je suis dsol de vous adresser ces nouvelles dcevantes.
X. Des raisons littraires ??? Galile ! Et Benveniste comment ragit-il ?
A. Il fulmine bien videmment car cest un retour la case dpart. En plus il semble que
J. Maddox na mme pas jug bon dadresser le manuscrit de nouveaux experts !
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X. Dans votre livre vous publiez les changes de lettres entre J. Maddox et J. Benveniste qui
ont lieu durant cette priode. Quest-ce qui va conduire J. Maddox finalement publier
larticle ?
A. Il faut reprendre alors la chronologie, car tout va se nouer au cours du printemps 1988.
Rappelons que larticle sera publi en juin de la mme anne. Tout commence avec une
proposition de J. Maddox en mars :
Merci beaucoup pour votre manuscrit rvis mais jai bien peur que mes collgues et
moi-mme soyons toujours plutt sceptique son propos. Par exemple, je ne suis pas
convaincu que la procdure de dilution permette de prserver de faon absolue dune
possible contamination.
Mais jai nanmoins cette proposition vous faire. Nous pourrions envoyer votre
article au Dr Walter Stewart qui a expertis une version antrieure. Je pense que vousnavez pas eu connaissance de ses commentaires du 15 juillet, cest pourquoi ils sont
inclus ici. Il est vident que certaines de ces critiques sont dpasses, mais elles vous
donneront une ide de ce que vous pourriez envisager pour un ventuel nouveau
manuscrit. Nous pourrions vous communiquer alors son rapport et ensuite discuter avec
vous de la possibilit de publier une version amende de votre manuscrit en mme temps
quune version sans doute modifie galement du rapport de Stewart.
Si cela vous convient, je vous propose que nous en discutions au tlphone. Sinon, je
crains que nous ne puissions publier votre manuscrit.
X. Il propose par consquent de publier larticle et la suite sa critique. Cest plutt
inhabituel, non ?
A. Oui, mais pourquoi pas. Ces rsultats posent un problme scientifique de taille, Benveniste
est dailleurs le premier reconnatre que ces rsultats ne vont pas de soi et cest la raison
pour laquelle il souhaite les porter la connaissance de la communaut scientifique. La revue
resterait alors dans son rle qui est dorganise le dbat mais elle ne descendrait pas elle-mme
dans larne.
X. Pourquoi ce scnario, somme toute plutt acceptable pour les deux parties, na-t-il pas eu
lieu ?
A. Fin mai un congrs dhomopathie a lieu Strasbourg et Benveniste prsente ses rsultats.
Le journal Le Monde titre alors : Une base scientifique pour une discipline conteste ? ainsi que Les "molcules fantmes" de lhomopathie . Larticle est lavenant, plutt
favorable aux thses de Benveniste, paraissant ainsi offrir un dbut de reconnaissance
lhomopathie qui est associe cette dcouverte . [Chapitre 1, partie 1]
X. Et cela aurait prcipit la publication parNature ?
A. Cela a pu contribuer. Mais officiellement les raisons que donne J. Maddox sont diffrentes
[Chapitre 1, partie 1]. Il raconte en effet que lorsquil a annonc J. Benveniste quil ne
publierait pas le manuscrit en dpit de la reproduction des rsultats dans dautres laboratoires,
ce dernier lui a tlphon pour lui dire :
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Cest scandaleux, vous touffez la dcouverte du sicle. Vous faites comme lEglise
avec Galile . Il ma accus dtre contre la vrit. Jai rpondu pourquoi ne proposez-
vous pas une explication pour ces rsultats contraires la science normale ? Et deux outrois jours plus tard, il ma envoy la thorie de la mmoire de leau. Jai t surpris
quun directeur dune unit Inserm puisse btir une telle thorie aussi vite ! Et jtais
exaspr. Jai dcid de publier le papier.
X. Benveniste la nerv et il a publi, cest a ? Un peu court non ?
A. Benveniste y voit effectivement le dbut dune manuvre :
[] peut-tre sagissait-il pour John Maddox de laisser dcoller ce qu'il considrait
comme une thorie pseudoscientifique justifiant l'hrtique homopathie, pour mieux la
faire exploser en plein vol. Je me suis toujours demand si Maddox n'a pas souhait livrerle combat de sa vie, soutenu par l'establishment scientifique, contre la "fausse science".
ou encore :
[] Jai vraiment le sentiment quil a identifi notre recherche des enjeux lis
lhomopathie et quil est venu dans notre laboratoire comme un crois, afin dextirper
cette pseudo-science.
X. Mais la fameuse enqute ? Il en est question ce moment-l ?
A. Prcisment, on y arrive. Car partir de l, les choses vont aller trs vite et la pice va se
jouer en quelques semaines ! Ainsi dbut juin, soit peine un mois avant la publication,P. Newmark crit J. Benveniste [Chapitre 1, partie 1] :
[] John Maddox ma demand de vous contacter afin de savoir sil serait possible que
Walter Stewart passe un jour ou deux dans votre laboratoire afin dobserver la procdure
exprimentale grce laquelle vos rsultats ont t obtenus. Il sagit de Walter Stewart du
NIH qui nous avons demand de rdiger un commentaire sur votre manuscrit au cas o
il serait publi. Il sera probablement accompagn de James Rondi (sic) qui a une certaine
expertise dans lexamen des phnomnes extraordinaires.
Il faut bien noter quil sagit ici dune visite sur site qui aurait lieu avant la publication Par
ailleurs lorsque J. Benveniste comprend que ce Randi (et non pas Rondi) expert en
phnomnes extraordinaires nest rien dautre quun magicien de music-hall, il demande
des explications J. Maddox qui lui rpond benotement :
Maddox me rpond que nos expriences exigeant de nombreuses manipulations, un
prestidigitateur serait mme de dtecter une ventuelle erreur durant les manipulations.
Pas un moment, je tiens le souligner, il nvoque, comme il le fera plus tard, la
possibilit dune tricherie car l, je me serais videmment fch.
Les choses sacclrent et la mi-juin, J. Maddox annonce que tout est prt pour publier
larticle :
Courant juin 1988, jappelle plusieurs fois Maddox. Et le 13 juin, il mapprend quil estprt publier larticle. Je me souviens dun change assez vif sur la date de publication. Il
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me proposait le 30 juin, ce qui nous mettait dans limpossibilit dorganiser la diffusion
de linformation, afin que la presse ne raconte pas nimporte quoi. Je prfrais septembre
mais Maddox refusa.
Cest assez drle car jusqu prsent ctait Benveniste qui pressait Maddox de publier son
manuscrit et maintenant cest lui qui freine les ardeurs de Maddox qui parat press den
finir !
X. Maddox veut publier larticle sans y mettre de conditions ?
A. Si, bien entendu. Cette fois cest aprs la publication quaura lieu lenqute. Comme le dit
Benveniste [Chapitre 1, partie 1] :
[] Il propose de publier l'article la fin du mois, mais impose une conditionsupplmentaire : je dois accepter le principe d'une mission d'expertise charge de vrifier
la qualit des exprimentations. Elle serait dlgue ds le mois de juillet Clamart. Je
suis de nouveau surpris par cette exigence inoue, mais, pris de court et ne voulant pas
renoncer alors que je touche au but, je l'accepte.
X. Mais pourquoi enquter aprs la publication ?
A. a cest la question que tout le monde se posera et reprochera Nature. La raison en est
simple : J. Maddox saitque les rsultats ne peuvent tre que faux.
X. Comment le sait-il ?
A. Ce que je veux dire cest quil est persuad que les rsultats ne peuvent tre que faux car
selon lui ils sont impossibles. Dailleurs aujourdhui il est vident la lecture de diverses
dclarations faites la presse que les responsables deNature et lquipe denquteurs cela ne
faisait aucun doute avant mme le dbut de lenqute.
X. Lide, comme le disait Benveniste propos de Maddox, de faire dcoller ce quil
considrait comme une thorie pseudoscientifique pour mieux labattre en plein vol serait
donc proche de la vrit ?
A. Il suffit de considrer ces quelques dclarations qui dailleurs seront confirmes par la suite
des vnements :
Nous avons publi les travaux de J. Benveniste pour plusieurs raisons. Dabord, nous
tions srs quil avait tort, mais cest aussi un exemple intressant de la manire dont les
chercheurs pouvaient se tromper.
ou encore :
Les principaux chercheurs de cette tude sont des scientifiques rputs et leurs rsultats
ont t confirms indpendamment par plusieurs laboratoires. Nous sommes certains que
ces rsultats sont errons, mais nous avons t incapables de les rfuter.
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Ces dclarations ont t faites par J. Maddox et P. Newmark, respectivement. La
deuxime citation est dautant plus remarquable quelle est faite le 30 juin 1988 le jour
de la publication de larticle et par consquent une semaine avant que les enquteurs se
rendent Clamart !
X. La messe tait dj dite !
A. Oui. Des citations de ce type jen ai relev foison. En voici dautres de
J. Maddox [Chapitres 13, partie 1] :
Nous pensions que le plus probable tait que quelquun du laboratoire de Benveniste lui
jouait des tours dans son dos.
Ou encore :
Nous avons envisag la possibilit dune blague, dun canular mont par quelquun
dautre que Benveniste, ou un membre de son quipe. Evidemment nous avons pens
une escroquerie, mais je dois prciser que nous navons trouv aucune preuve allant dans
ce sens. Mais, face des donnes exprimentales aussi bizarres que celles que nous avait
envoyes Benveniste, ntait-il pas normal de souponner le pire ?
Enfin :
Nous pensions trouver un poltergeist ou plus srieusement, quelques erreurs
videntes.
Et il prcise :
Mais, avant de venir Paris, il y a un an, nous souponnions que quelquun ait pu lui
jouer un mauvais tour. Cest pourquoi nous avons inclus un illusionniste professionnel
dans notre quipe, James Randi.
Lenqute de Nature (juillet 1988)
X. Donc larticle parat et peine une semaine aprs, les enquteurs dbarquent Clamartavec une ide prconue : il y a un tricheur dans lquipe [Chapitre 9, partie 1].
A. Cest cela. Au dbut, les trois enquteurs J. Maddox, J. Randi et W. Stewart observent la
vie du laboratoire, discutent de faon trs ouverte, consultent les cahiers dexpriences sans
contraintes particulires. Elisabeth Davenas fait des expriences devant eux. Elle rclame
mme de faire des expriences laveugle mais ils refusent ! Ils semblent ntre l que
pour observer . Ils consultent galement les cahiers dexpriences, un peu trop bien tenus
au got de W. Stewart qui trouve cela suspect !
X. Un comble !
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A. A la fin du deuxime jour ils comprennent quils ont suivi une fausse piste. Il ny a pas de
tricheur et personne ne joue de tours dans le dos de Benveniste. Cest ce que Maddox lui-
mme avouera dailleurs ingnument par la suite :
Les expriences marchaient bien. Jtais trs soucieux de voir quils obtenaient des
expriences aussi parfaites de leur point de vue. Je me suis demand ce que nous allions
faire si, en fin de compte, tout ce que nous avions dire ctait que Benveniste avait
raison. Je mtais engag publier le rapport de lenqute. Je risquais de me trouver dans
la situation de rdiger un rapport dont la conclusion serait : la magie est vraie.
X. Que font-ils alors ?
A. Eh bien au mpris de toutes les rgles de lexpertise scientifique qui exige de lobservateur
quil reste au dessus de la mle, de spectateurs les enquteurs vont devenir acteurs, imposerleur vision de la vraie science et participer activement aux expriences.
X. Comme si larbitre se mettait jouer ?
A. Exactement.
X. Et Benveniste na jamais song les mettre la porte ? Ce ntait pas proprement parler
quelquun de timide !
A. Ctait dlicat Comme la dit Benveniste lui-mme :
Javais dans mon laboratoire lun des hommes qui avait la position la plus leve dans
le domaine scientifique. Jtais dans la position de quelquun qui rencontre le pape et
voil que le pape lui demande son portefeuille ; que devais-je faire ? Ce nest pas facile
de dire non.
J. Maddox va donc profiter de lautorit que lui confre sa position et il va tenter de faire
concider les vnements quitte les provoquer quelque peu avec ce quil considre tre la
vraie ralit scientifique.
X. Dans votre livre vous rapportez presque heure par heure le droulement de lenqute. On
sy croirait. Vous donnez mme tous les rsultats bruts des expriences. Le lecteur peut sil le
souhaite refaire les analyses. Il y a aussi lpisode grand-guignolesque de lenveloppe colleau plafond.
A. Oui a fait partie des clichs attachs l affaire . Il fallait dramatiser, le but tant de
dstabiliser. J. Randi lavoue a posteriori, il sagissait dun pige :
Normalement, il aurait fallu la remettre un huissier. Ou mieux la poster ladresse du
labo, de sorte quelle nous serait revenue le lendemain sans que personne nait pu y
toucher. Mais javais t appel en ces lieux dans un but prcis : valuer toutes les
personnalits.
Jai donc dcid que lenveloppe serait colle au plafond du laboratoire. Ainsi personne
ne pourrait lire le code sans laisser de traces videntes. Si quelquun voulait tricher, je lesaurais. Pour atteindre lenveloppe, il fallait utiliser une chelle qui se trouvait contre un
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mur. A linsu de tous, jai fait des marques par terre au crayon pour reprer la position
exacte de lchelle.
X. Que contient cette enveloppe ?
A. Il sagit du code qui identifie quoi correspondent les diffrentes solutions testes. Voyant
quils risquaient de rentrer bredouilles ( la magie est vraie ), ils ont dcid de jouer le tout
pour le tout. Deux personnes ont t affectes aux comptages de basophiles, E. Davenas et
moi-mme, et des expriences trs lourdes qui demandent des temps de comptage trs longs
pendant des journes entires ont t mises en place.
X. Mais vous racontez quil y a un problme technique au moment du dnombrement des
basophiles dune exprience.
A. En effet, cest lexprience F dans le livre. Pour cette prparation il y a eu manifestement
un problme technique au moment de la prparation des cellules. La densit des cellules est
extrmement variable dun chantillon lautre.
X. Et vous le signalez ?
A. Bien entendu. J. Maddox et W. Stewart viennent alors jeter un il au microscope et
reconnaissent le problme. Lexprience dans son ensemble est inexploitable. Ils me
proposent de lindiquer sur la feuille de rsultats.
X. Pourquoi continuer alors ?
A. Effectivement. Dans des circonstances normales , lexprience aurait t jete et on
aurait ralis une nouvelle exprience sur des bases plus saines. Les enquteurs me disent
quil faut quand mme finir de compter cette srie et que ces rsultats seront nanmoins utiles
pour les statistiques . Le temps presse et il nest plus temps de faire une nouvelle
exprience avec toute la mise en scne du codage.
X. Bon. Vous racontez ensuite la fin de lenqute et le dcodage qui ne permet pas de mettre
en vidence deffets des hautes dilutions. Cest videmment une dception pour lquipe.
Mais en mme temps tant donn les interfrences quont produites les enquteurs, a ne
prouve rien.
A. Bien entendu. Dautant plus que ces dernires expriences ne portaient que sur une unique
srie de hautes dilutions qui navait pas t valide au pralable. Ces expriences laveugle
nont certes pas prouv quil y avait un effet des hautes dilutions. Elle na pas prouv non plus
quil ny en avait pas. Dautant plus que les enquteurs refuseront de prendre en compte les
expriences faites en ouvert au cours de cette semaine et qui confirmaient bien un effet
des hautes dilutions. Comme le dira J. Benveniste [Chapitre 12, partie 1] :
[] Tout ce qui semble avoir intress les gens de Nature, cest que lexprience
pouvait, une fois, ne pas russir. Mais cela, nous le savions ! Nous navions pas besoin
deux pour le savoir ! Et jai limpression que leur but a t de pousser le systme salimite, de crer des conditions de travail et deffectuation invraisemblables pour parvenir,
enfin, une exprience rate !
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Le rapport de lenqute et la polmique dans les
colonnes de Nature (juillet-octobre 1988)
X. Mais venons en au rapport que fit Nature sur son enqute [Chapitre 10, partie 1]. Car l
vous rvlez un scoop !
A. Tout dabord il faut dire que ce rapport nest pas un article scientifique. Ses auteurs
nindiquent pas quelle mthodologie ils ont suivi, ils ne dcrivent pas non plus quelles
donnes ont fait lobjet de leur analyse. Comme ils nont pas trouv ce quils cherchaient,
savoir des malversations, le rapport va insister lourdement sur des arguments dordre
statistique. En substance les enquteurs vont essayer de dmontrer que les comptes des
basophiles dans les cahiers dE. Davenas ne sont pas aussi disperss que le souhaiterait lehasard.
X. En dautres termes que les rsultats sont biaiss.
A. Cest cela. Leur but est de montrer que les expriences ralises avant leur venue sont
entachs de subjectivit. Les comptes de basophiles seraient selon eux trop beaux pour
tre vrais. Et lappui de leurs dires ils produisent la figure suivante qui sera frquemment
reproduite.
X. Essayez dexpliquer sans trop rentrer dans les dtails techniques. De toute faon les frus
de statistiques pourront refaire les calculs avec les donnes fournies dans le livre. [Chapitre
11, partie 1]
A. W. Stewart a relev dans les cahiers dexpriences dE. Davenas des comptes de basophiles
faits en double. Dans les expriences releves, lexprimentateur connat le premier rsultat
du premier chantillon lorsquil compte le deuxime. On peut donc penser quil est influenc
lors du deuxime comptage et que les deux comptes ne sont donc pas indpendants. Bref quilexiste un biais exprimental. W. Stewart a donc calcul les diffrences dune srie de comptes
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en double. Cela lui permet de tracer une courbe de distribution de la diffrence des comptes. Il
sagit de la courbe nomme pooled data sur la figure. Or selon les enquteurs cette courbe
a une variance qui ne peut tre plus faible de celle de la courbe nomme theoretical best.
Pour eux cette variance plus faible est la preuve que les donnes sont biaises .
X. Sous-entendu, les diffrences des comptes en double sont trop serres pour tre
sincres ?
A. Cest cela. Dailleurs prcisent les enquteurs dans le rapport, lorsque les comptes sont
faits laveugle on observe bien une concidence entre la courbe thorique et la courbe
exprimentale :
Les comptes en double au cours de nos expriences ralises strictement laveugle
taient particulirement importants. Tout dabord, ces comptes montrent que lerreurdchantillonnage existe bien et quil ne sagit pas d" objections thoriques". Ensuite, ils
montrent que les deux exprimentateurs comptaient aussi prcisment que lon pouvait
sattendre, ce qui dtruit la critique a posteriori que les rsultats des expriences en
double-aveugle ne seraient pas fiables parce que les exprimentateurs avaient t puiss
par nos demandes.
A. Et pour tracer cette courbe ils utilisent les rsultats de lexprience F qui est la seule au
cours de lenqute dont tous les points exprimentaux ont t compts systmatiquement en
double.
X. Lexprience F ? Vous voulez dire lexprience qui tait inexploitable ?
A. Celle-l mme.
X. Attendez, je reprends mon souffle. Vous tes en train de me dire que cette exprience
bonne pour la poubelle a nanmoins servi btir un raisonnement destin dmontrer les
supposes mauvaises pratiques de lquipe de Benveniste. Cest incroyable !
A. On comprend mieux ainsi le sens des paroles de Maddox et Stewart lorsquils mont ditque cette exprience illisible pourrait nanmoins servir pour les statistiques .
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X. Il y a tout de mme quelque chose que je ne comprends pas. La courbe thorique qui est
reprsente sur cette dernire figure, cest ce que lon obtient au mieux , c'est--dire dans
des conditions idales, sans bruit de fond . Par exemple lorsquon tire des boules noires et
blanches dans une urne. Lorsquon fait un comptage dans la vraie vie , par exemple
lorsquon compte des cellules je suppose quil y a un bruit de fond surajout li, par exemple,
aux petites erreurs de pipetage. Or vous disiez prcisment que pour cette exprience
poubelle , les densits cellulaires taient extrmement variables dun chantillon lautre.
On est donc dans une situation avec un bruit de fond lev et pas dans une situation idale. La
courbe avec les rsultats observs ne devrait-elle pas tre plus large que la courbe
thorique ?
A. Cest une remarque capitale ! Prcisment cette trop bonne conformit de la courbe
thorique avec la courbe exprimentale est paradoxalement tout fait suspecte lorsquonconnat les donnes qui ont permis de construire la figure du rapport !
X. Que voulez-vous dire ?
A. Tout simplement les enquteurs W. Stewart trs probablement se sont tromps dans la
formule mathmatique permettant de calculer ce que lon appelle la variable rduite qui a
permis de tracer la distribution reprsente.
X. Mais enfin cest dingue, non contents de baser un raisonnement sur une exprience
inexploitable les enquteurs auraient fait en plus une grossire erreur mathmatique !
A. Cest l o leur erreur confine involontairement au gnie car cette erreur de formuleminimise la variance. Du coup la variance trop importante de la distribution exprimentale est
ramene proximit de celle de la courbe thorique. Et cette superposition de la distribution
des comptes laveugle avec la courbe thorique a alors pour elle la force de lvidence.
X. Mais cette formule qui minimise la variance de la distribution ne peut-elle pas sappliquer
aussi la premire courbe qui selon les enquteurs tait trop troite et tmoignait selon eux
dun biais subjectif ?
A. Si, en partie. Et il faut galement tenir compte dun autre phnomne. Un article publi en
1981 rapportait des sries de comptes de basophiles obtenus dans la vraie vie . Cet article
comparait la variance de ces comptes la variance attendue pour un dnombrement.
X. Et quobservaient-ils ?
A. Pour dire les choses simplement, les auteurs constataient que la variance des comptes
observs scartait dautant plus de la variance attendue (dans le sens dune diminution de la
variance observe) que la concentration des basophiles tait plus leve. Les raisons en restent
mal comprises, mais ctait un rsultat exprimental qui dailleurs tait connu des
compteurs de basophiles .
X. Cest donc une raison supplmentaire pour expliquer les variances plus faibles que ce qui
tait attendu.
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A. Exactement. Et par consquent si on fait une modlisation des comptes de basophiles avec
des paramtres tirs de cet article de 1981 et que lon trace la distribution des diffrences de
comptes en double en utilisant la formule errone des enquteurs on obtient une courbe de
distribution trs voisine de la fameuse courbe litigieuse !
X. Et vous en concluez ?
A. Cest simple, les comptes de basophiles dans les cahiers dE. Davenas navaient
absolument rien dextraordinaire ! Ils ntaient pas trop beaux contrairement ce que les
enquteurs ont martel lenvi. Ces comptes taient ce quils devaient tre.
X. Mais une question me tracasse. Ctait un argument massue si Benveniste lavait eu sa
disposition lpoque. Car cest finalement le seul argument du rapport denqute. Pourquoi
lerreur de formule qui flanque en lair toute la dmonstration du rapport na-t-elle pas t
dtecte plus tt ?
A. Dabord la dmarche qui animait les enquteurs ntait pas scientifique, ils ne cherchaient
pas se placer dans le cadre dune controverse scientifique. Ils ne considrent pas lquipe de
Clamart comme des partenaires mais rellement comme des cobayes grce auxquels ils
vont conforter leurs a priori sur les scientifiques qui sauto-illusionnent . Leur rapport
nest donc pas un article scientifique comme je lai dj dit. Nulle trace de tableau synthtique
des donnes recueillies ou de la description de la mthodologie suivie.
X. Mais quest-ce qui vous a mis la puce loreille ?
A. Cest pour les besoins de la rdaction de ce livre que jai repris les donnes brutes
originales (non publies par Nature). Et je me suis alors demand comme vous comment il
tait possible dobtenir une courbe exprimentale et une courbe thorique idale aussi
proches lune de lautre sachant que les donnes exprimentales avaient t obtenues dans des
conditions aussi dplorables. Jai alors tent de suivre pas pas la dmarche de W. Stewart et
cela ma permis de comprendre prcisment quel moment il stait tromp.
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X. Mme si cette erreur ntait pas connue lpoque, il y a tout de mme eu un retour de
bton pourNature.
A. Oui tout fait. Mme si les rdactions des autres journaux scientifiques ntaient pas non
plus convaincues par les rsultats sur les hautes dilutions, les critiques sur le comportement de
Nature et de son directeur se sont nanmoins abattues sur la revue. On a reproch Nature
dtre sorti du rle traditionnel des revues scientifiques, davoir inclus un magicien dans
lquipe, davoir publi des rsultats qui taient demble considrs comme faux et on a
galement reproch aux enquteurs de stre auto-proclams experts. [Chapitre 13, partie 1]
X. Je lis dailleurs que Benveniste ne sest pas priv pour critiquer lamateurisme des
enquteurs .
A. Oui. Et Maddox a eu ce propos cette justification tonnante :
La rponse immdiate cette question est que si un groupe de simples amateurs peut
dcouvrir aussi rapidement des erreurs exprimentales dune telle importance, alors cest
une justification suffisante.
X. Oui la rponse est fabuleuse ! On peut tout justifier avec ce genre de raisonnement. Bon
avanons un peu dans lhistoire car on ne peut pas tout raconter dans ce survol de lhistoire
des hautes dilutions.
Les basophiles aprs l affaire (1991, 1993, 2004)X. On en vient aux diverses tentatives de reproduction de larticle de Nature de 1988. Tout
dabord celle ralise par lquipe de J. Benveniste et celle du statisticien Albert Spira, lui
aussi directeur dun laboratoire de lInserm.
A. Les rsultats sont positifs en ce sens que statistiquement il y a globalement un effet sur le
nombre de basophiles. Toutefois les jolies oscillations visibles dans larticle deNature ne sont
plus quun souvenir. Cest toutefois un rsultat trs important pour J. Benveniste car il signifie
que les effets des hautes dilutions sont une ralit sur un plan statistique [Chapitres 16 et 17,
partie 1].
X. Ce que vous rapportez est que lune des deux exprimentatrices ne retrouve pas les
rsultats.
A. Oui. Sur la figure ci-dessous on constate que le nuage de points des rsultats
exprimentaux est dplac vers les valeurs positives. Ceci suggre donc que les hautes
dilutions ont globalement un effet sur les comptes de basophiles. Ce sont les expriences
ralises par E. Davenas (ED). En revanche pour lautre exprimentatrice (SG) les hautes
dilutions nont pas deffet statistiquement significatif et le nuage reste centr sur la ligne 0%.
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-60
-40
-20
0
20
40
60
(%)Dgranulation
Hautesdilutionsant-IgE/moyennedescontrlesanti-Ig
G
ED
-60
-40
-20
0
20
40
60
SG
X. Comment peut-on interprter ce fait ?
A. Sur le moment Benveniste estime que ceci est li la moindre exprience de la deuxime
exprimentatrice qui a t recrute pour pauler E. Davenas dans cette tude. On ne peut
carter une interprtation de ce type mais comme on le verra dans la suite, lexprimentateur
semble jouer un rle primordial dans ces expriences.
X. Nanticipons pas !
A. J. Benveniste tente nouveau de faire publier ces rsultats par Nature puis Science maissans succs [Chapitre 18, partie 1].
X. Oui et vous citez nouveau des changes savoureux entre Maddox et Benveniste. Vous
racontez galement dans quelles circonstances rocambolesques ils seront finalement publis
en 1991 dans les Comptes rendus de lacadmie des sciences ! [Chapitre 19, partie 1] Et en
1993, contre toute attente, bien quayant refus larticle de Benveniste et Spira, Nature
accepte nanmoins un article sur le mme sujet !
A. Oui. Cest un pisode trs tonnant [Chapitre 20, partie 1]. Bien videmment Benveniste
est furieux. Cet article sign par des chercheurs anglais a pour but de reproduire les rsultats
sur les hautes dilutions de 1988. Bien entendu ces chercheurs nont jamais cherch prendrecontact avec Benveniste qui aurait pu leur donner des conseils sur les cueils viter. Le titre
de larticle indique quil ny a pas deffet aux hautes dilutions danticorps anti-IgE. Mais le
plus surprenant est que si on lit le texte attentivement, en fait il existe bien une diffrence
statistiquement significative en prsence de hautes dilutions danticorps anti-IgE ! Les auteurs
prcisent ainsi : Nos rsultats contiennent une source de variation que nous ne pouvons pas
expliquer. Mais plutt que de reconnatre que cette source de variation pourrait bien tre
lie un effet des hautes dilutions, ils vont semployer noyer ce rsultat. Le statisticien qui a
analys les rsultats a posteriori critique lui-mme dailleurs le plan dexprience dans un
rapport interne de son dpartement de statistiques que je me suis procur.
X. Oui, vous citez de larges extraits de ce rapport dans le livre. Cest assez difiant ![Chapitre 21, partie 1]
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A. Bien entendu ses critiques ne sont pas intgres dans larticle. Et inutile de se demander sil
y eut une visite sur site pour vrifier que les expriences avaient t faites correctement.
Ctait bien entendu inutile puisque la conclusion allait dans le sens attendu .
Effectivement il tait tout fait possible que cette tude souffre de dfauts de conception,
mais dans ce cas pourquoi la publier dansNature ?
X. Pas trs scientifique tout a !
A. Mais tait-ce le but ? Est-on encore dans une logique scientifique ?
X. Et puis il y a ces expriences menes par quatre laboratoires europens.
A. Larticle qui rapporte cette large exprimentation a t publi en 2004 dans une revue de
spcialistes et na eu que peu dchos mdiatiques. Ici galement on note labsenced oscillations selon la hauteur des dilutions et des disparits trs importantes selon les
laboratoires. Mais, insistons nouveau, dun point de vue statistique, cest globalement
significatif[Chapitre 23, partie 1].
X. On peut donc dire que Benveniste avait raison ! [Chapitre 24, partie 1]
A. Je ne suis pas sr que cette faon de voir les choses ferait plaisir aux auteurs de larticle car
ils ont toujours pris soin de se dmarquer de Benveniste et de ses travaux. Ltude est en effet
finance par les Laboratoires Boiron. Et puis il faut dire quentre la mise en route des
exprimentations et la publication des rsultats, dix ans se sont couls. A lpoque o ces
travaux ont t publis, il y a belle lurette que Benveniste a abandonn ce modle qui avaitcristallis sur lui tort ou raison beaucoup de critiques.
X. Et nous passons donc la deuxime partie de votre ouvrage.
La naissance de la biologie lectromagntique
(1992)
A. Depuis 1991, J. Benveniste obtient des rsultats spectaculaires sur un montage
physiologique appel systme de Langendorff [Chapitre 3, partie 2]. Il sagit dun systmeo le cur dun petit mammifre (rat ou cobaye) est maintenu en survie. On peut ainsi faire
diverses mesures et lquipe de J. Benveniste constatera que le dbit des artres coronaire (ce
sont les artres qui irriguent le cur) est trs sensible aux hautes dilutions.
X. Pourquoi spectaculaires ?
A. Lintrt de ce systme cest que contrairement la dgranulation des basophiles, on peut
voir en direct leffet des hautes dilutions sur le cur. On voit leffet dans les tubes qui
recueille minute aprs minute le liquide physiologique qui perfuse le cur et qui scoule plus
ou moins selon le degr de contraction des artres coronaires
X. Mais il sagit toujours de hautes dilutions, cest bien cela ?
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A. Oui.
X. Et cest peu de temps aprs quil fait ses fameuses expriences de transmission. Comment
lui est venue cette ide pas banale ? [Chapitres 1 et 2, partie 2]
A. Comme on le verra dans le livre il en existe deux versions [Chapitres 3 et 26, partie 2].
Tenons-nous en ici la version officielle . Selon cette dernire ce sont les rsultats
dexpriences qui montraient un effacement de la mmoire lorsquelle tait soumis des
champs magntiques qui avaient suggr J. Benveniste que lon pouvait peut-tre amplifier
un ventuel rayonnement mis par les solutions contenant des molcules actives sur des
systmes biologiques [Chapitre 3, partie 2].
X. Et devant la russite de ce type dexpriences, il organise rapidement des dmonstrations
publiques, dautant plus que le systme de cur isol se prte bien ce genre de
dmonstrations [Chapitre 4, partie 2].
A. Oui mais un phnomne curieux va se manifester et empoisonner ces expriences.
X. Ah oui, les transferts sauvages !
A. Cest cela. Pour dire les choses simplement, il y a bien un effet biologique qui se manifeste
la suite de ces transmissions lectromagntiques , mais il nest pas toujours l o on
lattend. On observe parfois une inversion : le suppos contrle produit un effet
biologique et leau imprgne par le signal cens tre actif na pas deffet ! Cest dautant
plus ennuyeux que ce phnomne se manifeste plus volontiers lorsque les expriences sont
faites laveugle. On a en fait limpression que lon ne retrouve dans les rsultats que
linformation que lquipe possdait dj.
X. Oui, cest gnant, cest la porte ouverte tous les soupons. Bon, on ne va pas passer
toutes les expriences en revue qui occupent plusieurs chapitres de votre livre mais prenons
un seul exemple lexprience du 13 mai 1993 organise par Michel Schiff [Chapitre 8,
partie 2].
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A. Je vais essayer de la dcrire simplement. Cette exprience est constitue de 4 sous-
expriences et dans chacune des sous-expriences il faut deviner la place dun chantillon
actif parmi 10. Il sagit dune exprience faite laveugle. Aucun des participants ne
connat le code attribu chacun des chantillons tester.
X. On a donc une chance sur 10 de trouver le bon chantillon (c'est--dire celui qui a un effet
biologique) dans chaque srie. Bon, voyons les rsultats : dans chacune des 4 sries, un
chantillon donne un effet significatif. Ce sont les chantillons 8, 17, 21 et 34. Cest donc
encourageant.
A Oui. Mais par prcaution, M. Schiff a dcid de recoder les chantillons au sein de chaque
sous-exprience et de permuter les sries au hasard. Les quatre sries sont nouveau donnes
sous un nouveau nom lexprimentateur qui ne pourra donc pas relier les nouveaux rsultats
ceux quil a obtenus prcdemment.
X. Et nouveau dans chacune des quatre sries, un chantillon sort du lot : E, AC, P et AK.
A. M. Schiff procde alors au dcodage intermdiaire et on ne peut que constater la cohrence
des rsultats puisque : 8 = E ; 17 = AC ; 21 = P ; 34 = AK
X. Cest dont extrmement encourageant ! Le dcodage a lieu ensuite. Et alors ?
A. Eh bien cest mitig. Deux des couples sont corrects mais pour les deux autres, le systme
biologique a boug sur un chantillon qui ntait quun contrle.
X. Oui, cest trs trange.
A. Surtout que ce nest pas anecdotique.
X. Effectivement vous dcrivez dans le dtail dautres expriences. En particulier ces erreurs
dattribution ne faciliteront pas les expriences ralises avec G. Charpak [Chapitre 10,
partie 2].
A. Oui dautant plus qu cette poque, pour des raisons mal comprises, le systme biologique
ragit plus faiblement et par consquent un ventuel effet se distingue plus difficilement du
bruit de fond .
Linvention de la biologie numrique (1995)
X. Puis J. Benveniste se dit que sil peut transmettre une information de type
lectromagntique de bobine bobine, il peut tout aussi bien lenregistrer avant de la restituer.
Ce serait en quelque sorte une reproduction diffre. Et lenregistrement se fait de faon
numrique, une sorte de mp3 pharmacologique ! [Chapitre 12, partie 2]
A. Cest cela. Il se trouve en effet que par chance , les frquences des signaux
hypothtiques paraissent se situer dans la gamme des frquences audibles et par consquentJ. Benveniste peut utiliser de simples cartes-son pour ordinateurs.
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X. Pourquoi dites-vous que les signaux sont hypothtiques ?
A. Jusqu prsent ils nont pas t caractriss, cest toujours par le truchement du systme
biologique quils sont mis en vidence.
X. Cest vrai, cest un point important comme on le verra.
A. Et puis J. Benveniste espre que ce nouveau systme va lui permettre de se dbarrasser de
ces transferts sauvages qui nuisent la fiabilit des expriences.
X. Daprs ce que jai lu, ces anomalies vont continuer malgr tout se produire. On ne va
pas dcrire toutes les expriences car je voudrais arriver un pisode qui est pour moi un des
nuds du livre
A. Je vous vois arriver
X. Oui, cest lorsque vous rvlez cette fameuse exprience de radionique [Chapitre 25,
partie 2]. Je dois dire que l jai mieux compris comment J. Benveniste sest enferr dans
cette qute. Il y a donc cet adepte de la radionique qui vient dans le laboratoire de Clamart
pour raliser une exprience sur le cur isol. Mais dabord la radionique, quest-ce que cest
au juste ?
A. Une thorie compltement fumeuse. Le visiteur venait avec un appareil cens produire
lquivalent dune dilution homopathique par le simple fait dapprocher dun chantillon
deau un petit carton o tait imprime une reprsentation gomtrique de la substance transmettre . Un dlire total.
X. Mais pourquoi Benveniste la-t-il autoris faire perdre du temps son quipe ?
A. Ce nest pas trs clair. Je pense quau dbut il na pas bien ralis de quoi il sagissait et il
a laiss les membres de son quipe prendre en charge le visiteur.
X. A quels rsultats devait-on sattendre ?
A. A rien. A une absence deffet. Ce ne pouvait tre quun contrle inactif, ctait un vritable
simulacre dexprience, car a ou la magie ctait la mme chose. Ctait considrer en effetque le mot actylcholine avait le mme effet que la molcule quelle dsigne. On peut
avoir les ides larges et lesprit ouvert mais tout de mme !
X. Et limpensable se produit, le systme biologique bouge nanmoins.
A. Oui et pas quune fois. Il y a mme des expriences o leffet observ est bloqu avec
de latropine comme sil sagissait rellement dactylcholine Bref on nage alors en plein
irrationalit.
X. Cest alors que vous en discutez avec Benveniste. Plus exactement vous lobligez aborder
la question car le moins que lon puisse dire est quil y a un malaise. Dans votre livre vousrapportez dans le dtail cette conversation tonnante. Je la cite en entier car je pense que cela
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permet de comprendre comment Benveniste stait mis lui-mme dans une situation
impossible :
Peu de temps aprs cette exprience, jai la conversation suivante avec
J. Benveniste. Intrigu au plus haut point, je cherche aborder la question de cette
exprience dstabilisante laquelle je nai pas assist mais dont jai eu des chos.
Je ne parviens dabord qu lui arracher des bribes de rponses car manifestement il
ne tient gure aborder le sujet. Je lui demande :
Plutt tonnante, la manip de lautre jour, non ?
Oui, tu las dit.
Un silence.
Mais, tu es bien daccord que la radionique , cest du vent ?
(signe dacquiescement)
Et que par consquent a ou de la magie cest la mme chose. Cest penser quele mot ou le signe est aussi efficace que lobjet quil dsigne.
(signe dacquiescement)
Si ce que lon considre comme un parfait contrle donne nanmoins un
rsultat positif, cest plutt ennuyeux, non ?
On est daccord.
Manifestement J. Benveniste, qui sait tout cela mieux que moi, ne dsire gure
poursuivre la conversation sur ce sujet. Comme il ne peut me tourner les talons sur le
champ, car il est alors en train de se savonner les mains, je ne peux rsister lui poser
la question suivante :
Mais maintenant que tu sais a, dans la pratique quest-ce que vous allez faire
chez Digibio ?
Ce que lon va faire ? Cest simple Dabord, on ferme sa gueule. Euh oui bien sr, cela va sans dire On ne va pas aller raconter cela
partout. Mais est-ce que cela va modifier ta faon denvisager les expriences
futures ? Est-ce que tu vas continuer comme si de rien ntait ?
Aprs un silence pendant lequel il sessuie les mains, il me rpond :
Tu sais, il y a beaucoup de choses bizarres que lon ne comprend pas. Mais une
chose est sre, dans la position o je me trouve actuellement, cest le genre dide
quil mest impossible de faire passer. Plus tard, peut-tre, lorsque jaurai retrouv de
mon pouvoir, alors on verra si on peut le faire. Mais pour le moment, la seule chose
faire cest de continuer travailler pour faire passer la biologie numrique.
X. On sy croirait ! Cest extraordinaire, on le voit senferrer lui-mme. Vous rvlez donc
une sorte de secret de famille . Quelle est votre attitude partir de ce moment ?
A. Pour moi cest une rvolution culturelle. La vrit (si vrit il y a) nest donc pas
chercher dans une chimrique mmoire de leau et dans dventuelles transmissions
lectromagntiques . Je comprends alors quil faut observer le systme dans son ensemble si
on veut parvenir comprendre ce quil se passe, car il se passe manifestement quelque chose :
les systmes biologiques ragissent de faon cohrente ! Quand je dis systme jy inclus
bien videmment non seulement le systme biologique lui-mme mais lexprimentateur qui
est charg de le manipuler et lquipe dans son ensemble. Comme cette poque je ne suis
pas impliqu dans ces recherches et observe en spectateur cest certainement plus facile. Mais
pour Benveniste, sa rponse peut en partie se comprendre mme si un drame se noue. Il
cherche alors des partenaires industriels pour soutenir ses recherches et la socit Digibio
quil commence mettre sur pied. Sil reconnat le caractre anormal (pour dire les choses
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avec modration.) de ces rsultats, il perd tout, y compris les quelques soutiens qui lui
restent. Et il perd du mme coup la paternit de la biologie numrique qui ne devient plus
quune sorte de cache-sexe dexpriences de parapsychologie !
X. Que fait-il alors ? Et son quipe ?
A. Comme cela est arriv plusieurs fois au cours de cette histoire, par une fuite en avant
technologique. Le mot dordre est d amliorer la reproductibilit de ces expriences. Or
justement, fin 1996, Didier Guillonnet rejoint lquipe de J. Benveniste. D. Guillonnet est un
ingnieur qui va aider J. Benveniste monter la structure prive Digibio. Les expriences
radioniques sont alors refoules [Chapitre 17, partie 2].
X. Guillonnet nest donc pas mis au courant de ces expriences plutt dstabilisantes ?
A. Si. Mais pas par Benveniste. Par les autres membres de lquipe.
X. Comment ragit-il ?
A. Eh bien, il considre que les rsultats obtenus avant sa venue ne sont gure fiables Par
consquent lexprience radionique ne lmeut gure
X. Mais dites-moi, si ce fameux signal existait, sil tait rellement mis par les molcules en
solution, on aurait pu lanalyser. Il existe des mthodes dautocorrlation qui permettent
dextraire le signal du bruit de fond. On peut ensuite utiliser lanalyse de Fourier ou dautres
mthodes.
A. Prcisment. Et avec la venue de D. Guillonnet, Benveniste esprait avancer sur cette
question. Mais les quelques approches qui sont alors ralises ne permettent pas de distinguer
les signaux actifs des signaux inactifs . Cest un bruit blanc dans tous les cas. Il est
alors dcid de faire appel des spcialistes de lanalyse du signal de lEcole Polytechnique
Fdrale de Lausanne (EPFL) [Chapitre 18, partie 2]. Dans un premier temps, ces
spcialistes souhaitent sassurer du bien fond de ces expriences avant de sinvestir plus.
X. On peut les comprendre, effectivement.
A. Ils demandent donc que soit ralise sous leur supervision une exprience de numrisation du signal. Les disquettes informatiques seront ensuite codes par leurs soins
et lefficacit de ces diffrents signaux sera value Clamart sur le systme biologique. Je
dcris cette exprience en dtail dans le livre car elle a fait lobjet de protocoles valids par les
deux parties et une description dtaille des procdures.
X. Le rsultat ?
A. Au petit bonheur ! Mais encore une fois si les codes ne recouvrent pas les effets
biologiques, il y a une cohrence des rsultats du point de vue de lquipe de Clamart. De plus
cest particulirement dstabilisant car les universitaires suisses ont eu lide simple mais
dvastatrice de dupliquer certains enregistrements et de les coder sous des noms diffrents.Et on constate alors quun mme fichier peut trs bien conduire de faon cohrente et
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reproductible un rsultat donn tandis que sa simple copie informatique donne un autre
rsultat, lui aussi tout aussi cohrent et reproductible !
XQuelles sont les ractions de Benveniste et de Guillonnet ?
A. Cest en substance : Il faut amliorer la reproductibilit . Ce ne sont pas les hypothses
sous-jacentes lexprience qui sont remises en cause mais une suppose dfaillance du
systme exprimental. Et nouveau cest une amlioration exprimentale inattendue qui
endort pour un temps les ventuelles rserves que lon pouvait mettre quant au bien fond
de ces expriences. En fait il y a mme deux amliorations.
X. Quelles sont-elles ?
A. De nouvelles molcules actives sur le systme biologique ont t enregistres , enloccurrence il sagit de cafine et dune substance appele ionophore. Lintrt est que la
cafine diminue le dbit coronaire alors que le ionophore laugmente.
X. Et la deuxime amlioration
A. Une modification importante du systme exprimental a t ralise. L irradiation de
leau par le rayonnement lectromagntique se fait dornavant directement sur la colonne
deau qui irrigue le cur. Il ny a donc plus dchantillons deau intermdiaires.
X. Ceci permettait par consquent de saffranchir de la question des transferts qui paraissaient
se faire de tube tube, les fameux transferts sauvages qui ont empoisonn les expriencesantrieures. Les expriences pouvaient tre pilotes directement depuis lordinateur.
A. Cest cela. Et l je dois dire jai t bluff quand jai assist ces expriences. Jai t
quelque peu branl : et si ctait vrai finalement ? Car on a beau dire, la spcificit pour
un biologiste, cest quelque chose dimportant ! Et l on la voyait se manifester en direct avec
ces signaux sortis de nulle part. Celui qui nprouve pas un frisson devant de telles
courbes (jen reproduis toute une page dans le bouquin) na dfinitivement pas la fibre
exprimentale ! Le signal cafine diminuait le dbit, le signal ionophore laugmentait et le
signal eau navait pas deffet. Ctait beau comme lantique [Chapitre 20, partie 2].
X. Mais apparemment, lquipe est prudente et Benveniste ne convoque pas le ban et larrireban comme il aimait le faire pour communiquer sur ses nouvelles dcouvertes et faire des
dmonstrations publiques !
A. Effectivement. Par consquent une srie dexpriences codes est ralise dans des
laboratoires amis durant lt 1998.
X. Avec quels rsultats ?
A. Pas mieux que le hasard.
X. Cest donc nimporte quoi.
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A. Encore une fois, oui et non. Car ici encore cest extrmement cohrent. Si la srie code
devait comporter 2 signaux cafine, 2 signaux ionophore et 2 signaux eau, on retrouvait bien
les rsultats attendus et ceci plusieurs reprises. Par ailleurs les signaux non cods donnaient
les rsultats attendus.
X. Comment ragit Benveniste ?
A. Il encaisse. Il comprend galement que quel que soit le phnomne rvl par ces
expriences, il faut convaincre les sceptiques en faisant en sorte quils puissent raliser eux-
mmes les expriences. Il faut donc un systme plus simple. Et cela tombe bien, car un
nouveau modle exprimental simple et facilement automatisable semble rpondre de bonne
grce aux transmissions lectromagntique . Il sagit dun modle de coagulation
plasmatique.
La coagulation plasmatique et lexpertise de la
DARPA (1999-2001)
X. Donc au dbut, si je rsume, tout parat bien se passer avec ce nouveau systme
exprimental que lquipe de Benveniste a valu dans le cadre de la biologie numrique .
Le systme est simple et il peut tre facilement exportable dans dautres laboratoires car
contrairement aux basophiles ou au cur isol il ne ncessite pas une longue exprience
[Chapitre 21, partie 2].
A. Cest cela. Tout semble aller pour le mieux et les expriences senchanent confirmant
apparemment le bien-fond de la biologie numrique avec un signal hparine (c'est--
dire un anticoagulant) qui inhibe la coagulation plasmatique.
X. Et puis les ennuis commencent
A. Oui. Tant que les expriences sont ralises par J. Assa, tout va bien. En revanche avec les
autres membres de lquipe, on observe des effets plus ou moins importants, parfois des
inversions deffet comme au temps du systme de cur isol. Et lorsquune collaboratrice
de J. Benveniste, S. Lim, qui a rcemment rejoint lquipe ralise lexprience, leffet li la
biologie numrique ou aux hautes dilutions est systmatiquement absent. Pourtant
comme je lai dit lexprience est trs simple et ne ncessite pas dentranement particulier
[Chapitre 22, partie 2].
X. Vous dcrivez dans le dtail certaines expriences qui ont permis de caractriser cet
effet effaceur
A. Oui, mais surtout je voudrais signaler que Benveniste et son quipe ne remettent pas en
cause leur grille de lecture pour interprter ces rsultats. On pourrait en effet considrer que
S. Lim est un parfait contrle et que ce sont les effets obtenus par J. Assa qui sont une
anomalie dont il faut chercher la source. Mais ce serait alors remettre en cause le bien-fond
de la biologie numrique et saper les bases fragiles de ce programme de recherche qui est
la raison dtre du laboratoire.
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X. Benveniste dcide donc dautomatiser lexprience.
A. Oui. Pour viter une possible influence de lexprimentateur, J. Benveniste dcide de
construire un robot automatique de faon ce que lexprimentateur interagisse le moins
possible avec le matriel exprimental.
X. Et a marche !
A. Oui, un robot analyseur est mis au point de faon ce que lexprience dans son ensemble
puisse tre ralise de faon automatique : depuis l imprgnation de lchantillon deau
par le signal numrique issu de la bobine lectrique jusqu la mesure de la coagulation.
Lexprimentateur a juste appuyer sur un bouton pour dclencher lexprience. Les
diffrents signaux sont choisis au hasard par lordinateur et ne sont pas connus de
lexprimentateur. Ce nest qu la fin que lexprimentateur prend connaissance de lordre
dans lequel les signaux ont t administrs et de leur effet sur la coagulation. Ctait
impressionnant [Chapitre 22, partie 2].
X. Et puis, il y a cette expertise extraordinaire avec la DARPA !
A. Oui. Dailleurs on considre que cest le point dorgue de la biologie numrique . Que
cette manation du Dpartement de la dfense du gouvernement amricain sintresse la
biologie numrique est pour le moins tonnant ! [Chapitre 23, partie 2]
X. Et donc une quipe dexperts est mise sur pied.
A. Oui. Et l on est aux antipodes de l enqute deNature . Ce sont rellement des experts.
Chacun a son domaine de comptence bien dfini en rapport avec un aspect de
lexprimentation. Il y a ainsi des spcialistes en hmatologie, en statistiques, en ingnierie,
en biologie, etc. les expriences ont lieu Bethesda dans un laboratoire du NIH pendant lt
2001.
X. Et les rsultats sont probants ?
A. Eh bien disons que les rsultats sont en faveur de la biologie numrique tant que lquipe
de Clamart, c'est--dire J. Assa, D. Guillonnet et J. Benveniste lui-mme sont l [Chapitre
24 et 25, partie 2]. Les experts notent toutefois que les expriences sont ngatives les jours oJ. Assa sabsente. Lorsque lquipe revient en France, les experts qui ont pourtant eu le
temps de se familiariser avec le robot ne parviennent plus obtenir les effets lis la
biologie numrique
X. Les conclusions de cette expertise ont fait lobjet dune publication, je crois ?
A. Oui. Un article est publi en 2006. Les conclusions sont dailleurs assez inhabituelles pour
un article scientifique [Chapitre 26, partie 2]:
Nous avons observ linhibition manifeste de la coagulation thrombine/fibrinogne par
un signal numrique quand lun des membres de lquipe de Benveniste conduisait lesexpriences dans notre laboratoire. Nous navons pas constat dinfluences systmatiques
telles que des diffrences de pipetage, une contamination ou des violations de laveugle
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ou de la randomisation qui pourraient expliquer que ces effets soient lis
lexprimentateur de lquipe Benveniste.
Et ils rappellent que J. Benveniste leur avait fait part de telles variations selon les
exprimentateurs :
[J. Benveniste] postulait lexistence dinteractions inconnues avec les signaux
numriques qui seraient responsables de ces effets et il affirme quil a observ une
variabilit semblable en fonction de lexprimentateur dans son laboratoire
(communication personnelle). Il a dclar que certains individus obtenaient
systmatiquement des effets numriques alors que dautres ne les observaient pas ou
mme les empchaient .
Et pour conclure ils font des hypothses sur le mcanisme possible de tels effets :
Bien quil soit possible que dautres facteurs inconnus lis lexprimentateur puissent
tre une explication ces observations, tels que linfluence de composs chimiques ou
dmanations nergtiques ou encore lintentionnalit des exprimentateurs, nous navons
pas test ces hypothses, ni tent de dvelopper un cadre conceptuel qui nous permettrait
de contrler de tels facteurs. Sans ce cadre, continuer tudier la biologie numrique en
gardant la mme approche serait au pire une recherche sans fin et au mieux serait
prmatur.
X. Lintentionnalit des exprimentateurs ???
A. Oui. Et relisez galement la dernire phrase qui conclut bien je trouve lhistoire de la mmoire de leau dans son ensemble : continuer tudier la biologie numrique en
gardant la mme approche serait au pire une recherche sans fin et au mieux serait
prmatur.
X. Les experts semblent donc penser que des effets ont bien t observs mais que nous ne
pouvons les apprhender pour le moment du fait dun manque de cadre conceptuel ! On
sloigne donc dune mmoire de leau
A. Oui. Le fait que les experts nexcluent pas des facteurs lis lexprimentateur ouvre la
possibilit de nouvelles recherches. Ces dernires auraient leur source dans les expriences
controverses de J. Benveniste mais elles prendraient leur indpendance vis--vis de cestravaux fondateurs qui postulaient une mmoire de leau ou lexistence de signaux
lectromagntiques .
X. Peut-on tout de mme dire alors que Benveniste avait raison ?
A. Ce qui est certain cest quil avait raison de saccrocher ces rsultats car il savait que dans
ltat actuel de la science on ne pouvait pas les expliquer. Et tant quon ne les avait pas
expliqus on navait pas fait son travail de chercheur.
X. Si on est daccord avec la conclusion des experts amricains de la DARPA et votre livre
va en quelque sorte dans ce sens il faut bien tre conscient que cest faire le deuil de la mmoire de leau et de la biologie numrique .
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A. Cest vrai. Mais ces concepts auraient nanmoins jou un rle important. Ils auraient
permis de cristalliser autour deux des expriences bien conduites sur lesquelles on pourrait
esprer construire dautres hypothses. Et on voit ainsi en quoi les expriences de
J. Benveniste mritaient quon sy attarde et quon leur laisse vivre leur vie. Cest la science
telle quelle va ou plus exactement telle quelle devrait aller.
X. Cest tout fait passionnant et javoue que de larges pisodes de cette histoire mtaient
inconnus.
A. Oui, et cest une des raisons dtre de ce livre, car pour beaucoup de personnes laffaire de
la mmoire de leau se rsume l affaire Nature . Il est ainsi tonnant dentendre en 2004
P. Lazar, directeur de lInserm au moment de laffaire, dclarer lors de la mort de
J. Benveniste [Chapitre 14, partie 2] :
Philippe Lazar [] voit, avant tout, en Jacques Benveniste un savant de premier
plan qui est rest honnte mais qui a t victime dune tnbreuse affaire. Il
estime aussi que lhomme "a fait preuve dune insuffisance manifeste desprit
critique dans linterprtation de ses rsultats." "Le phnomne quil avait constat,
juge-t-il, pouvait rsulter dune autre cause que dune dilution des substances
tudies, par exemple dune contamination rptitive de tube tube."
X. Les tnbres ne sont pas forcment l o il le pense !
A. Oui. Et ce qui est vraiment tonnant, cest que dans cette dclaration, P. Lazar continue de
ressasser lide dune possible contamination de tube tube pour expliquer les rsultats. Cettehypothse est alors compltement dpasse.
X. Donc pour les lecteurs qui souhaitent approfondir cette histoire, elle est lisible
intgralement sur votre site www.mille-mondes.fr et on peut galement se procurer un vrai
livre cest bien cela ?
A. Oui. Tout est expliqu sur le site.
F. Beauvais (2009)www.mille-mondes.fr
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