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Mesures de soutien aux entreprises et aux particuliers dans le cadre de la crise de la covid-19 Mesures de soutien de la Communauté française Rapport de la Cour des comptes transmis au Parlement de la Communauté française Bruxelles, novembre 2021

Mesures de soutien aux entreprises et aux particuliers

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Mesures de soutien aux entreprises et aux particuliers dans le cadre de la crise de la covid-19 Mesures de soutien de la Communauté française

Rapport de la Cour des comptes transmis au Parlement de la Communauté françaiseBruxelles, novembre 2021

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Rapport adoptĂ© le 17 novembre 2021 par l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la Cour des comptes

Mesures de soutien aux entreprises et aux particuliers dans le cadre de la crise de la covid-19Mesures de soutien de la Communauté française

Cour des comptes

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 3

Chiffres clés

MESURES DE SOUTIENCOVID-19

EXPLORER LES MESURES DE SOUTIEN VIA COVID19.COURDESCOMPTES.BE

TOP 3 DES DOMAINES D’INTERVENTION

433MESURES

24MILLIARDS D’EUROS

112MILLIARDS

COMMUNAUTÉ FRANÇAISE

121MILLIONSD’EUROS

5MILLIONSD’EUROSPRÊTS ET

GARANTIES

5MILLIONSD’EUROS

16

MESURES

10

16

88

0 20 40 60 80 100

SPORT

AIDE À LA JEUNESSE ETENFANCE

CULTURE

MONTANT TOTAL DES ESTIMATIONS, EN MILLIONS D'EUROS

DE DÉPENSESESTIMÉES

DE PRÊTS ETGARANTIES

DE DÉPENSESESTIMÉES

DE PRÊTS ETGARANTIES

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SYNTHÈSE / 5

Mesures de soutien aux entreprises et aux particuliers dans le cadre de la crise de la covid-19Mesures de soutien de la Communauté française

À la suite de la pandĂ©mie de coronavirus en Belgique, le Conseil national de sĂ©curitĂ© a enclenchĂ© le 12 mars 2020 la phase fĂ©dĂ©rale du plan d’urgence en vue d’instaurer une stratĂ©gie sanitaire visant Ă  freiner la propagation de la maladie et Ă  protĂ©ger la population. Vu les multiples rĂ©percussions de cette stratĂ©gie, celle-ci a immĂ©diatement Ă©tĂ© assortie de mesures de soutien socio-Ă©conomique pour les entreprises touchĂ©es (y compris les indĂ©pendants) et les particuliers. La Cour des comptes a examinĂ© la mise en place de ces mesures de soutien socio-Ă©conomique tant par les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales que par les autoritĂ©s rĂ©gionales et communautaires, l’organisation du cadre rĂ©glementaire et du contrĂŽle de l’octroi correct de l’aide ainsi que le suivi et l’évaluation des mesures.

Les constatations, conclusions et recommandations ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es dans cinq rapports distincts Ă  l’intention des assemblĂ©es parlementaires respectives. Ce rapport est consacrĂ© Ă  la CommunautĂ© française.

InventaireLa Cour des comptes a constatĂ© l’absence de publication, par les pouvoirs publics, d’un inventaire transversal et dĂ©taillĂ© des mesures de soutien socio-Ă©conomique. La Cour a dĂšs lors Ă©laborĂ© un inventaire des mesures prises en 2020, qui est consultable sur https://covid19.courdescomptes.be. Pour l’ensemble des pouvoirs publics examinĂ©s, la Cour a identifiĂ© 433 mesures dont le montant est estimĂ© Ă  24,12 milliards d’euros. Les principales mesures prises au premier semestre 2021 sont Ă©valuĂ©es Ă  3,22 milliards d’euros.

Ce rapport analyse les principales mesures adoptĂ©es, en 2020, par la CommunautĂ© française en dehors du cadre de l’organisation des Ă©tudes. Elles consistent en seize mesures de soutien aux particuliers et aux entreprises prises dans les matiĂšres culturelles et personnalisables pour un montant estimĂ© de 121 millions d’euros.

Les entreprises soutenues par la Communauté française sont des associations de droit privé des secteurs marchand et non marchand, notamment actives dans les domaines de la culture, de la jeunesse, de la petite enfance et du sport.

Les particuliers ont bĂ©nĂ©ficiĂ© des mesures de la CommunautĂ© française en tant que destinataires finaux des prestations d’opĂ©rateurs privĂ©s. En outre, une mesure a Ă©tĂ© dĂ©diĂ©e aux Ă©tudiants de l’enseignement supĂ©rieur exposĂ©s Ă  une baisse de revenus par la crise sanitaire.

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Coordination et Ă©laboration des mesures de soutienCoordinationContrairement Ă  la gestion de la crise sanitaire, aucune structure de concertation et de coordination n’a Ă©tĂ© mise en place pour gĂ©rer les aspects socio-Ă©conomiques de la pandĂ©mie. Chaque gouvernement a pris des mesures de soutien dans son domaine de compĂ©tence, sans coordination systĂ©matique avec les autres niveaux de pouvoir. La mission initiale de l’Economic Risk Management Group (ERMG) de proposer des mesures et d’assumer un rĂŽle de coordination dans ce cadre a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©e au niveau politique. Elle a dĂšs lors consistĂ© Ă  assurer la surveillance des retombĂ©es Ă©conomiques de la crise, Ă  Ă©changer des informations entre ses membres et Ă  rĂ©aliser des analyses. L’absence de concertation et de coordination systĂ©matiques a notamment entraĂźnĂ© un manque de cohĂ©rence entre des mesures de soutien des diffĂ©rents niveaux de pouvoir et un risque accru de subventionnement excessif ou insuffisant.

Procédure décisionnelleMalgré le contexte de crise sanitaire, le caractÚre collégial de la délibération gouvernementale a été maintenu. Les rÚgles de fonctionnement du gouvernement, établies au début de la législature, ont été respectées.

En autorisant un recours étendu à la communication électronique, le décret du 17 mars 2020 octroyant des pouvoirs spéciaux au gouvernement a assuré la fluidité de la procédure décisionnelle.

La cohĂ©rence du financement des mesures a reposĂ© sur la mise en place, dĂšs avril 2020, d’un fonds budgĂ©taire dĂ©diĂ© Ă  la crise sanitaire et la mise en place, en dĂ©cembre 2020, de la Cellule Urgence et RedĂ©ploiement dont le gouvernement est l’ordonnateur.

MalgrĂ© la qualitĂ© des procĂ©dures dĂ©cisionnelles, le contenu des arrĂȘtĂ©s et des dossiers Ă©laborĂ©s en amont de la dĂ©cision gouvernementale n’apporte pas une justification systĂ©matique du choix des interventions, de l’état de besoin du public cible ainsi que du budget prĂ©vu.

La CommunautĂ© française n’a pas Ă©tĂ© en mesure d’établir un ordre de prioritĂ© pour ses interventions, ni entre les secteurs de la dĂ©pense, ni entre les destinataires d’une mĂȘme mesure.

Cadre rĂ©glementaire et contrĂŽlesCadre rĂ©glementaireLa qualitĂ© du cadre rĂ©glementaire constitue une garantie d’une utilisation lĂ©gitime de l’argent public.

L’examen des mesures de soutien prises par la CommunautĂ© française montre que la dĂ©termination des critĂšres d’attribution de l’aide n’est pas caractĂ©risĂ©e par une sĂ©curitĂ© juridique identique dans chaque dispositif rĂ©glementaire.

En effet, dans certains cas, le gouvernement n’a pas rĂ©servĂ© l’aide Ă  des opĂ©rateurs reconnus par la CommunautĂ© française ou dĂ©fini lui-mĂȘme les conditions auxquelles le demandeur d’une aide doit satisfaire. Il a alors externalisĂ© l’administration des mesures en confiant Ă  des tiers la responsabilitĂ© de dĂ©terminer les critĂšres d’attribution de l’aide, d’en dĂ©finir le contenu et d’en

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SYNTHÈSE / 7

fixer le montant. Ce choix opĂ©rationnel ponctuel expose le rĂ©gime d’aide au risque d’une rupture dans l’égalitĂ© de traitement des bĂ©nĂ©ficiaires.

L’examen du cadre rĂ©glementaire montre Ă©galement que les dispositifs rĂ©glementaires ne conditionnent pas l’aide Ă  une urgence Ă©conomique dĂ©montrĂ©e Ă  partir de critĂšres vĂ©rifiables et incontestables tels qu’un Ă©puisement de ressources financiĂšres qui existeraient sous la forme de rĂ©serves, d’une capacitĂ© d’emprunt ou de la capacitĂ© contributive de parties prenantes.

ContrĂŽle et partage de donnĂ©esLa Cour des comptes a constatĂ© que la prĂ©vention du risque de double subventionnement repose sur la seule dĂ©claration des bĂ©nĂ©ficiaires et non sur une circulation de l’information entre les pouvoirs publics.

La CommunautĂ© française ne dispose notamment pas d’une information relative aux aides attribuĂ©es par les communes, en ce compris les CPAS, alors que bon nombre d’opĂ©rateurs qu’elle subventionne sont intĂ©grĂ©s dans le tissu local et/ou que des formes d’aide ont un caractĂšre d’aide sociale.

L’absence de coordination des mesures dĂ©cidĂ©es par les diffĂ©rents niveaux de pouvoir signifie que, lorsque la CommunautĂ© française dĂ©cide d’octroyer une aide Ă  un opĂ©rateur et est informĂ©e par celui-ci de l’introduction d’une demande comparable auprĂšs d’autres niveaux de pouvoir, ceux-ci n’ont Ă©ventuellement pas encore statuĂ©.

Le contrÎle des subventions présente également plusieurs limites :

‱ Le contexte de crise sanitaire n’a pas permis aux administrations de rĂ©aliser des contrĂŽles sur piĂšces et sur place.

‱ Le tĂ©lĂ©travail et l’introduction Ă©lectronique de demandes d’aide n’ont pas permis un contrĂŽlesur la base de piĂšces justificatives authentiques.

‱ Lorsque la CommunautĂ© française intervient dans des dĂ©penses de personnel rĂ©siduelles, elle n’a pas la possibilitĂ© d’évaluer les justifications d’un non-recours – ou d’un recours partiel – par les bĂ©nĂ©ficiaires aux dispositifs fĂ©dĂ©raux de chĂŽmage temporaire.

Suivi et Ă©valuationLa Cour des comptes a constatĂ© que le suivi des mesures a permis, dĂšs l’annĂ©e 2020, d’adapter certains dispositifs rĂ©glementaires.

La mise en place d’un fonds budgĂ©taire et d’un Saca dĂ©diĂ©s sont de nature Ă  permettre un suivi financier. Toutefois, les donnĂ©es Ă  disposition du Saca Cellule Urgence et RedĂ©ploiement ne permettaient pas encore un tel suivi lorsque les travaux d’audit ont Ă©tĂ© clĂŽturĂ©s.

Mieux outillĂ©, ce nouveau service est de nature Ă  contribuer Ă  une Ă©valuation de l’efficience des principales mesures d’aide socio-Ă©conomique octroyĂ©es aux entreprises et aux particuliers.

Sur la base des constations ci-dessus, la Cour des comptes a formulĂ© des recommandations relatives Ă  la gestion de crise coordonnĂ©e, Ă  l’élaboration, l’encadrement ainsi qu’au suivi et Ă  l’évaluation des mesures de soutien.

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Table des matiĂšres

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 11

Chapitre 1Introduction 15

1.1 Contexte 151.2 Domaine et questions d’audit 15

1.2.1 Domaine d’audit 151.2.2 Questions d’audit 17

1.3 Approche de l’audit et normes appliquĂ©es 171.3.1 Approche de l’audit 171.3.2 Normes d’audit 181.3.3 Calendrier de l’audit 18

1.4 Grille de lecture 18

Chapitre 2Inventaire 19

2.1 Objectif 192.2 Inventaire global 19

2.2.1 Incidence financiùre des mesures de soutien 192.2.2 Évolution chronologique du nombre de mesures de soutien 21

2.3 Mesures de la Communauté française 232.4 Conclusion partielle 24

Chapitre 3Coordination et Ă©laboration des mesures de soutien 27

3.1 Approche globale 273.1.1 Organisation et coordination de la gestion de crise 273.1.2 ConsĂ©quences de l’absence de coordination gĂ©nĂ©rale 303.1.3 Absence de feuille de route 34

3.2 Processus décisionnel en Communauté française 343.2.1 Contexte juridique et budgétaire 343.2.2 Contexte organisationnel 36

3.3 Cohérence de la procédure décisionnelle 363.3.1 Fonctionnement collégial du gouvernement 363.3.2 Motivation des mesures 37

3.4 Analyse des besoins et des risques 413.4.1 Intervention de l’Inspection des finances 413.4.2 Documentation variable des besoins 42

3.5 MaĂźtrise de risques 433.6 Conclusion partielle 45

Chapitre 4Cadre réglementaire et contrÎles 47

4.1 Cadre rĂ©glementaire 474.1.1 DĂ©termination des critĂšres d’attribution 474.1.2 DĂ©finition des critĂšres d’attribution 49

4.2 Contrîles 504.2.3 Contrîles de l’administration 504.2.4 Analyse de dossiers par la Cour des comptes 50

4.3 Conclusion partielle 55

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Chapitre 5Suivi et Ă©valuation 57

5.1 Suivi financier des mesures 575.2 Évaluation des mesures 585.3 Conclusion partielle 60

Chapitre 6Conclusions et recommandations 61

6.1 Conclusions 616.2 Recommandations 64

Annexes

Annexe 1 Inventaire des principales mesures adoptées par le gouvernement de la Communauté française entre le 1er janvier 2021 et le 30 juin 2021 69

Annexe 2 Glossaire de paramùtres de l’inventaire 70

Annexe 3 OCDE – Phases schĂ©matiques de l’action publique pendant et aprĂšs la pandĂ©mie 72

Annexe 4 Acteurs de la gestion de la crise du coronavirus 73

Annexe 6 Dossiers examinĂ©s dans le cadre de l’audit 78

Annexe 7 RĂ©ponses

RĂ©ponse du vice-prĂ©sident et ministre du Budget, de la Fonction publique, de l’ÉgalitĂ© des chances et de la tutelle sur Wallonie-Bruxelles Enseignement 80

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Chapitre 1

Introduction1.1 Contexte

Une fois que l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) a, le 12 mars 2020, qualifiĂ© officiellement de « pandĂ©mie » la propagation du nouveau coronavirus SARS-CoV-2, le Conseil national de sĂ©curitĂ© (CNS) a dĂ©cidĂ© le jour mĂȘme, en la prĂ©sence des ministres-prĂ©sidents des rĂ©gions et communautĂ©s et en concertation avec ceux-ci, d’enclencher la phase fĂ©dĂ©rale du plan d’urgence pour les situations de crise et d’ instaurer plusieurs mesures sanitaires afin de freiner la propagation du virus et de protĂ©ger les personnes les plus vulnĂ©rables de la sociĂ©tĂ©.

Ces mesures sanitaires ont immĂ©diatement Ă©tĂ© assorties de mesures de soutien socio-Ă©conomique Ă  l’ intention des entreprises touchĂ©es, y compris les indĂ©pendants, et des mĂ©nages. Ainsi, le conseil des ministres fĂ©dĂ©ral a approuvĂ© dĂšs le 6 mars 2020 une dizaine de mesures visant Ă  soutenir l’économie1. Dans le prolongement, les gouvernements des rĂ©gions et des communautĂ©s ont Ă©galement promulguĂ© toute une sĂ©rie de mesures de soutien.

Au cours des semaines et mois qui ont suivi, tous les niveaux de pouvoir ont continué à prendre de nouvelles mesures de soutien ou ont prolongé les mesures antérieures, dont la plupart se poursuivent en 2021, voire aprÚs.

1.2 Domaine et questions d’audit

1.2.1 Domaine d’auditLa Cour des comptes a examinĂ© la rĂ©action de diffĂ©rents niveaux de pouvoir (État fĂ©dĂ©ral, communautĂ©s et rĂ©gions2) face aux consĂ©quences du choc Ă©conomique qui a touchĂ© les entreprises et les particuliers Ă  la suite de la mise en place des mesures sanitaires contre la covid-19.

Constatant que ces mesures Ă©taient trĂšs nombreuses, la Cour des comptes a posĂ© un certain nombre de choix. L’audit se limite Ă  analyser les mesures de soutien socio-Ă©conomique accordĂ©es aux entreprises et aux particuliers, lesquelles visaient surtout Ă  prĂ©server la

1 Il s’agit de mesures telles que le chĂŽmage temporaire pour force majeure ou pour raisons Ă©conomiques, un plan de paiement des cotisations patronales, de la TVA, du prĂ©compte professionnel et de l’impĂŽt des personnes physiques/des sociĂ©tĂ©s, une rĂ©duction des versements anticipĂ©s pour les indĂ©pendants, le report ou la dispense de paiement des cotisations sociales pour les indĂ©pendants, l’obtention d’un revenu de remplacement pour les indĂ©pendants (« droit passerelle ») et la flexibilitĂ© dans l’exĂ©cution des marchĂ©s publics fĂ©dĂ©raux.

2 La Commission communautaire française (Cocof) et la Commission communautaire commune (Cocom) sont Ă©galement reprises dans le pĂ©rimĂštre d’audit dans la mesure oĂč ces entitĂ©s ont en charge des matiĂšres transfĂ©rĂ©es aux communautĂ©s qui, par accord intra-francophones, ont ensuite fait l’objet d’un transfert aux rĂ©gions, Ă  la Cocof et Ă  la Cocom. La Commission communautaire flamande n’a pas de compĂ©tences similaires.

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continuitĂ© des activitĂ©s Ă©conomiques, fortement menacĂ©es par les pertes de revenus et les problĂšmes de liquiditĂ©s. Les mesures sanitaires ont Ă©tĂ© laissĂ©es en dehors du domaine d’audit. L’aide sur mesure apportĂ©e aux entreprises ou aux organisations individuelles n’a pas non plus Ă©tĂ© prise en considĂ©ration. Les mesures des administrations locales n’ont Ă©tĂ© examinĂ©es que si ces administrations jouaient un simple rĂŽle d’ intermĂ©diaire. En principe, les mesures de relance n’ont pas non plus fait partie de l’audit, mais la ligne de dĂ©marcation avec les mesures de soutien socio-Ă©conomique n’est pas toujours facile Ă  Ă©tablir. Afin que l’audit reste gĂ©rable, la Cour des comptes s’est en outre limitĂ©e aux mesures de soutien prises de mars Ă  dĂ©cembre 2020.

Lorsque la Cour des comptes a dressĂ© l’ inventaire des mesures de soutien socio-Ă©conomique, elle n’avait pas pour objectif de donner une image complĂšte du coĂ»t total de l’ intervention publique, d’abord parce que cette intervention n’est pas encore totalement achevĂ©e, mais aussi parce que c’est seulement lors du contrĂŽle de l’exĂ©cution du budget que les montants peuvent ĂȘtre dĂ©terminĂ©s avec certitude.

En entreprenant son audit, la Cour des comptes entendait rĂ©aliser une premiĂšre analyse gĂ©nĂ©rale d’un Ă©ventail de mesures prises au plus fort de la crise par les diffĂ©rentes autoritĂ©s publiques. Il n’entrait pas dans ses intentions de fournir une analyse exhaustive de toutes les mesures. La multiplicitĂ© et la diversitĂ© de ces mesures ne le permettaient d’ailleurs pas. La Cour des comptes a cependant essayĂ© de dĂ©tecter les points problĂ©matiques et les risques au niveau organisationnel. Au travers des conclusions et recommandations qu’elle en a tirĂ©es, elle souhaite contribuer Ă  la rĂ©solution de ces problĂšmes et Ă  la maĂźtrise des risques. L’objectif ultime est de permettre Ă  une autoritĂ© publique d’ĂȘtre Ă  la fois mieux armĂ©e pour affronter une crise future et de renforcer structurellement par la mĂȘme occasion son fonctionnement.

Dans le cadre de cet audit, la Cour des comptes a dĂšs lors examinĂ© et Ă©valuĂ© le processus dĂ©cisionnel qui sous-tend les mesures ainsi que le cadre rĂ©glementaire et l’organisation du contrĂŽle de leur utilisation lĂ©gitime. Enfin, elle a aussi vĂ©rifiĂ© si les mesures ont dĂ©jĂ  fait ou feront l’objet d’un suivi et Ă©ventuellement d’une Ă©valuation.

L’audit n’a pas pour vocation d’évaluer l’effet (rĂ©sultats) ou l’ incidence des mesures d’aide, par exemple, en vĂ©rifiant si une mesure dĂ©finie a conduit Ă  moins de faillites ou de pauvretĂ©. Il est encore trop tĂŽt pour cela puisque de nombreuses mesures sont encore en cours d’exĂ©cution. Pour pouvoir se prononcer de maniĂšre fondĂ©e sur les rĂ©sultats de ces mesures, il faut en outre pouvoir disposer de donnĂ©es suffisamment fiables, ce qui n’est pas le cas Ă  l’heure actuelle.

L’audit a Ă©tĂ© conçu de maniĂšre transversale, c’est-Ă -dire qu’ il analyse l’ensemble des mesures de soutien socio-Ă©conomique adoptĂ©es Ă  la fois par le pouvoir fĂ©dĂ©ral et les rĂ©gions et communautĂ©s de mĂȘme que la cohĂ©rence entre les diffĂ©rentes mesures. Les constatations, conclusions et recommandations ont Ă©tĂ© reprises dans cinq rapports distincts adressĂ©s aux diffĂ©rentes assemblĂ©es parlementaires : Chambre des reprĂ©sentants, Parlement flamand, Parlement wallon, Parlement de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale (ainsi que l’AssemblĂ©e rĂ©unie de la Commission communautaire commune et l'AssemblĂ©e de la Commission communautaire française) et Parlement de la CommunautĂ© française. En juillet 2021, le Parlement de la CommunautĂ© germanophone a chargĂ© la Cour des comptes d’effectuer

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 17

un audit des dĂ©penses engagĂ©es par la CommunautĂ© germanophone dans le cadre de la pandĂ©mie de la covid-19 en 2020 et 2021. Cet audit fera donc l’objet d’un rapport distinct.

1.2.2 Questions d’auditLa Cour des comptes a cherchĂ© une rĂ©ponse aux questions suivantes :

1 Quelles sont les mesures de soutien socio-économique destinées aux entreprises et aux particuliers qui ont été prises par les autorités en réponse à la crise du coronavirus ?

2 Dans quelle mesure le processus dĂ©cisionnel garantit-il, compte tenu de l’extrĂȘme urgence, l’élaboration de mesures de soutien cohĂ©rentes et Ă©tayĂ©es pour les entreprises et les particuliers ?

3 Le cadre rĂ©glementaire et l’organisation du contrĂŽle offrent-ils des garanties quant Ă  une utilisation lĂ©gitime des mesures de soutien ?

4 Quelles sont les procĂ©dures prĂ©vues pour le suivi et l’évaluation de chaque mesure de soutien ?

1.3 Approche de l’audit et normes appliquĂ©es

1.3.1 Approche de l’auditLa Cour des comptes n’a pas seulement opĂ©rĂ© des choix quant aux mesures susceptibles de faire partie du champ de l’audit, elle a aussi appliquĂ© une approche diffĂ©renciĂ©e en fonction des mesures qu’elle a finalement sĂ©lectionnĂ©es. Pour ce qui concerne l’audit de la CommunautĂ© française, elle a tout d’abord rĂ©alisĂ© une analyse de risques portant sur l’ensemble des mesures adoptĂ©es par le gouvernement de la CommunautĂ© française avant le 31 dĂ©cembre 2020. Cette Ă©valuation a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e sur une base documentaire3 et repose sur des critĂšres relatifs notamment Ă  l’ impact budgĂ©taire de la mesure et aux risques inhĂ©rents aux processus d’octroi et de contrĂŽle des aides.

La Cour des comptes a ainsi examinĂ© des mesures dans les domaines de la culture, du sport, de la petite enfance et de l’aide sociale Ă  destination des Ă©tudiants dans l’enseignement supĂ©rieur. L’organisation des Ă©tudes n’a quant Ă  elle pas Ă©tĂ© incluse dans le champ de l’audit.

Pour rĂ©pondre aux questions de l’audit, la Cour des comptes a utilisĂ© des documents Ă©manant des pouvoirs publics librement accessibles ou fournis par les administrations et organismes. Elle a Ă©galement adressĂ© des questionnaires et menĂ© des entretiens avec des membres de ces administrations et organismes ainsi que des cabinets et autres intervenants concernĂ©s, analysĂ© des processus et procĂ©dĂ© Ă  des tests de corroboration sur Ă©chantillon lorsque c’était pertinent et possible. L’ inventaire qui figure sur le site web de la Cour des comptes contient de plus amples informations concernant toutes les instances publiques qui font l’objet de cet audit transversal4.

Au moment oĂč la Cour des comptes a entamĂ© l’audit, la pandĂ©mie et les mesures de soutien semblaient tirer Ă  leur fin. Elle est dĂšs lors partie du principe qu’une Ă©valuation a posteriori serait dĂ©jĂ  possible dĂšs la fin de l’annĂ©e 2020. La pandĂ©mie a cependant connu une nouvelle

3 Les principales sources documentaires consultĂ©es sont les notes au gouvernement de la CommunautĂ© française et les textes rĂ©glementaires et arrĂȘtĂ©s de subventions qui rĂ©gissent l’octroi et le contrĂŽle des aides.

4 Cet inventaire comprend également les mesures prises par la Communauté germanophone.

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recrudescence, qui a conduit les pouvoirs publics Ă  prolonger de nombreuses mesures de soutien et Ă  en prendre de nouvelles. Diverses mesures sont donc encore en pleine mise en Ɠuvre et certains travaux de contrĂŽle n’ont pas encore Ă©tĂ© finalisĂ©s ou viennent seulement de dĂ©buter. L’approche d’audit s’en est ressentie : en raison de l’ importante charge de travail Ă  laquelle les administrations ont Ă©tĂ© confrontĂ©es (pendant la deuxiĂšme vague de la pandĂ©mie), il a fallu limiter le nombre d’entretiens et des questions dĂ©taillĂ©es et approfondies n’ont pas pu ĂȘtre posĂ©es pour la plupart des mesures5.

Il est rendu compte de l’audit transversal dans des rapports distincts adressĂ©s aux diffĂ©rentes assemblĂ©es parlementaires (voir le point 1.2.1). Ce rapport est consacrĂ© aux mesures de la CommunautĂ© française. La mise en parallĂšle des mesures entre les niveaux de pouvoir Ă©tant cependant importante pour l’analyse des mesures de soutien, il s’intĂ©resse aussi Ă  cette harmonisation et Ă  la coordination entre les diffĂ©rents niveaux de pouvoir.

1.3.2 Normes d’auditLe cadre normatif de cet audit se compose tout d’abord des normes gĂ©nĂ©ralement admises en matiĂšre de bonne gouvernance. Celles-ci ont Ă©tĂ© complĂ©tĂ©es par des documents stratĂ©giques et la rĂ©glementation. Pour interprĂ©ter et appliquer ces normes, la Cour des comptes a toutefois aussi tenu compte explicitement du contexte d’extrĂȘme urgence dans lequel de nombreuses mesures de soutien ont dĂ» ĂȘtre Ă©laborĂ©es et instaurĂ©es, en particulier au cours du premier semestre de 2020.

1.3.3 Calendrier de l’audit

21 octobre 2020 Annonce de l’audit au ministre-prĂ©sident, aux ministres des dĂ©partements concernĂ©s et aux fonctionnaires dirigeants des administrations et organismes concernĂ©s

Octobre 2020 à juin 2021 Travaux d’audit et rapportage

1er septembre 2021 Envoi du projet de rapport d’audit au ministre-prĂ©sident, aux ministres concernĂ©s et aux fonctionnaires dirigeants des administrations et organismes concernĂ©s

Septembre-octobre 2021 RĂ©ception des rĂ©ponses des ministres et fonctionnaires dirigeants des administrations et organismes concernĂ©s. Les rĂ©ponses sont intĂ©grĂ©es Ă  ce rapport. Un aperçu en est proposĂ© Ă  l’annexe 7.

1.4 Grille de lecture

Le rapport ne contient qu’un minimum de descriptions et vise surtout Ă  prĂ©senter les problĂšmes constatĂ©s. Toutes les mesures faisant partie du champ de l’audit figurent en outre dans l’ inventaire interactif en ligne.

Les chapitres 3 Ă  5 abordent successivement la prĂ©paration (question d’audit 2), l’exĂ©cution (question d’audit 3) et l’évaluation (question d’audit 4) des mesures.

5 AprĂšs l’annonce de l’audit et au cours de la deuxiĂšme vague de contaminations, plusieurs administrations et organismes ont demandĂ© Ă  la Cour des comptes de reporter l’audit jusqu’aprĂšs la crise sanitaire..

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 19

Chapitre 2

Inventaire 2.1 Objectif

La Cour des comptes constate l’absence de publication, par les pouvoirs publics, d’un inventaire transversal et dĂ©taillĂ© des mesures de soutien socio-Ă©conomique6. Il en rĂ©sulte une situation peu propice au dĂ©bat parlementaire sur la façon d’aborder la pandĂ©mie de la covid-19. Dans le cadre de cet audit, la Cour a dĂšs lors Ă©laborĂ© et publiĂ© un tel inventaire pour les mesures prises par le pouvoir fĂ©dĂ©ral, les rĂ©gions, les communautĂ©s et les commissions communautaires. L’objectif est de fournir aux assemblĂ©es parlementaires, ainsi qu’aux tiers intĂ©ressĂ©s, un relevĂ© le plus complet possible des mesures de soutien socio-Ă©conomique prises en 2020 en faveur des entreprises et des particuliers. Sont notamment repris dans cet inventaire, lorsqu’ ils sont disponibles, le coĂ»t de ces mesures (y compris leurs prolongations en 2021), le nombre de leurs bĂ©nĂ©ficiaires et leurs cadres normatifs. Les montants les plus rĂ©cents estimĂ©s et rĂ©alisĂ©s sont les montants disponibles au 30 juin 2021 (sauf exception7). Il s’agit d’un inventaire interactif en ligne disponible Ă  l’adresse https://covid19.courdescomptes.be. L’utilisateur peut filtrer les donnĂ©es selon certaines catĂ©gories proposĂ©es et crĂ©er certains graphiques sur mesure.

L’ inventaire dressĂ© par la Cour des comptes comporte plusieurs limites qui affectent Ă©galement les figures et tableaux de ce chapitre :

‱ L’inventaire est limitĂ© aux mesures de soutien socio-Ă©conomique accordĂ©es auxentreprises et particuliers (voir le point 1.2.1).

‱ L’inventaire recense uniquement les mesures prises en 2020 (ainsi que leursprolongations). Les principales mesures nouvelles dĂ©cidĂ©es durant le premier semestre2021 par la CommunautĂ© française n’y figurent pas, mais sont listĂ©es en annexe 1 de cerapport.

‱ L’inventaire comporte toutes les mesures identifiĂ©es par la Cour, mais n’est pas exhaustif8.

2.2 Inventaire global

2.2.1 IncidencefinanciĂšredesmesuresdesoutien La Cour des compte a recensĂ© 433 mesures de soutien socio-Ă©conomique adoptĂ©es en 2020 par le gouvernement fĂ©dĂ©ral et les entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es en rĂ©ponse Ă  la pandĂ©mie de la covid-19 pour un montant total estimĂ© de 24,12 milliards d’euros (estimation au 30 juin 2021 du coĂ»t pour

6 Plusieurs organisations ont toutefois Ă©laborĂ© des inventaires en se basant sur leur propre champ d’action (Banque nationale de Belgique – ERMG, SPF Économie, SPF Finances, SPF Emploi, Travail et Concertation sociale, Conseil socio-Ă©conomique de Flandre).

7 L’inventaire en ligne contient plus de dĂ©tails sur les sources de donnĂ©es financiĂšres et la pĂ©riode Ă  laquelle elles sont relatives.

8 Le recensement des mesures effectuĂ© par la Cour des comptes se veut le plus complet possible. Dans cette optique, de nombreuses sources de donnĂ©es ont Ă©tĂ© consultĂ©es afin de rĂ©colter un maximum d’informations.

Page 22: Mesures de soutien aux entreprises et aux particuliers

20

toute la pĂ©riode d’application, y compris leurs prolongations). Ce montant reprĂ©sente 5,4 % du PIB de 2020 (451,18 milliards d’euros9). Les dĂ©penses rĂ©alisĂ©es pour les mesures prises en 2020 atteignaient 16,15 milliards d’euros au 30 juin 2021.

Le tableau qui suit présente les principaux montants pour les différents niveaux de pouvoir.

Tableau 1 – Incidence financiĂšre des mesures de soutien socio-Ă©conomique par niveau de pouvoir (en millions d’euros)10

Niveau de pouvoirEstimation

au 30 juin 2021

Réalisation au 31 décembre 2020

RĂ©alisation au 30 juin 2021

Montant total rĂ©servĂ© pour prĂȘts et garanties (1)

Fédéral 19.401 9.942 11.913 109.000

RĂ©gion flamande – CommunautĂ© flamande

3.054 2.587 2.840 2.072

RĂ©gion wallonne 1.143 917 1.018 454

RĂ©gion de Bruxelles-Capitale

284 243 249 59

Communauté française

121 45 60 5

Commission communautaire commune

90 46 50 -

Commission communautaire française

20 9 16 -

Communauté germanophone

10 3 1 10

Total(2) 24.124 13.791 16.146 111.599(1) Le coût définitif pour les autorités de ces instruments est encore inconnu à ce stade. Les garanties effectivement

octroyées sont cependant nettement inférieures aux montants réservés mentionnés dans le tableau.

(2) Les totaux ne correspondent pas Ă  la somme des Ă©lĂ©ments du tableau en raison des arrondis. Ces montants sonttoutefois conservĂ©s tels quels afin de garder une cohĂ©rence avec les montants de l ’ inventaire.

Source : inventaire de la Cour des comptes

Le coĂ»t des principales mesures adoptĂ©es au premier semestre de l’annĂ©e 2021 est estimĂ© Ă  3,22 milliards d’euros11.

Le graphique ci-aprÚs détaille le coût des mesures de soutien de 2020 (montants estimés au 30 juin 2021) par niveau de pouvoir et par groupe cible des mesures, à savoir entreprises, particuliers et une catégorie mixte reprenant les entreprises et les particuliers12.

9 Source : Eurostat.10 Pour plus d’informations sur les paramĂštres financiers, voir leur description dans l’annexe 2. 11 FĂ©dĂ©ral : 1.148,8 millions d’euros, RĂ©gion flamande : 687,5 millions d’euros, RĂ©gion wallonne : 959,4 millions

d’euros, RĂ©gion de Bruxelles-Capitale/Cocof/Cocom : 413,8 millions d’euros, CommunautĂ© française : 8,7 millions d’euros. Ces montants sont repris dans les annexes aux rapports des niveaux de pouvoir respectifs.

12 Pour plus d’informations sur ces groupes cibles, voir l’annexe 2.

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 21

Graphique 1 – CoĂ»t des mesures de soutien par groupe cible et par niveau de pouvoir (montants), estimĂ©s au 30 juin 2021, en millions d’euros, hors garanties publiques pour les crĂ©dits bancaires et prĂȘts)

MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE COVID-19

(COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 16

Graphique 1 CoĂ»t des mesures de soutien par groupe cible et par niveau de pouvoir (montants), estimĂ©s au 30 juin 2021, en millions d’euros, hors garanties publiques pour les crĂ©dits bancaires et emprunts)

Source : inventaire de la Cour des comptes

Il ressort de ce graphique que :

‱ Le pouvoir fĂ©dĂ©ral a dĂ©gagĂ© les moyens financiers les plus importants pour chaque groupe cible (80,4 % du total) ;

‱ Les mesures bĂ©nĂ©ficiant tant aux entreprises qu’aux particuliers reprĂ©sentent la part la plus importante (11,92 milliards d’euros, 49,4%). Ce montant inclut 4,65 milliards d’euros consacrĂ©s au droit passerelle de crise et 4,72 milliards d’euros au chĂŽmage temporaire (conditions assouplies) accordĂ©s par le pouvoir fĂ©dĂ©ral.

‱ Les rĂ©gions ont principalement orientĂ© leur soutien vers les entreprises (2,67 milliards pour la RĂ©gion flamande, 911 millions pour la RĂ©gion wallonne et 260 millions d’euros pour la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale).

‱ Les particuliers ont principalement Ă©tĂ© soutenus par le gouvernement fĂ©dĂ©ral. Ce soutien provient en majoritĂ© de la sĂ©curitĂ© sociale.

2.2.2 Évolution chronologique du nombre de mesures de soutien

L’histogramme ci-aprĂšs contient une rĂ©partition par mois et par type de mesures des 429 mesures prises par l’ensemble des niveaux de pouvoir et entrĂ©es en vigueur en 202013

13 Sans compter les prolongations et adaptations de mesures en 2020 ; quatre des 433 mesures prises en 2020 ne sont entrĂ©es en vigueur qu’en 2021 et ne sont pas reprises dans ce graphique.

Entreprises etparticuliers Entreprises Particuliers

Fédéral 11.531,4 5.826,6 2.043,3Région flamande - Communautéflamande 179,6 2.669,3 204,6

Région wallonne 100,8 911,2 130,9Communauté française 98,0 15,8 7,5Région de Bruxelles-Capitale 7,2 260,3 16,7Commission communautairecommune (Cocom) 0,0 60,7 29,4

Commission communautairefrançaise (Cocof) 0,0 11,2 8,7

Communauté germanophone 1,5 6,0 2,8Total 11.918,6 9.761,1 2.444,0

01.0002.0003.0004.0005.0006.0007.0008.0009.000

10.00011.00012.000

Source : inventaire de la Cour des comptes

Il ressort de ce graphique que :

‱ Le pouvoir fĂ©dĂ©ral a dĂ©gagĂ© les moyens financiers les plus importants pour chaque groupe cible (80,4 % du total) ;

‱ Les mesures bĂ©nĂ©ficiant tant aux entreprises qu’aux particuliers reprĂ©sentent la part la plus importante (11,92 milliards d’euros, 49,4 %). Ce montant inclut 4,65 milliards d’euros consacrĂ©s au droit passerelle de crise et 4,72 milliards d’euros au chĂŽmage temporaire (conditions assouplies) accordĂ©s par le pouvoir fĂ©dĂ©ral.

‱ Les rĂ©gions ont principalement orientĂ© leur soutien vers les entreprises (2,67 milliards pour la RĂ©gion flamande, 911 millions pour la RĂ©gion wallonne et 260 millions d’euros pour la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale).

‱ Les particuliers ont principalement Ă©tĂ© soutenus par le gouvernement fĂ©dĂ©ral. Ce soutien provient en majoritĂ© de la sĂ©curitĂ© sociale.

2.2.2 Évolution chronologique du nombre de mesures de soutienLe graphique ci-aprĂšs contient une rĂ©partition par mois et par type de mesures des 429 mesures prises par l’ensemble des niveaux de pouvoir et entrĂ©es en vigueur en 202013.

13 Sans compter les prolongations et adaptations de mesures en 2020 ; quatre des 433 mesures prises en 2020 ne sont entrĂ©es en vigueur qu’en 2021 et ne sont pas reprises dans ce graphique.

Page 24: Mesures de soutien aux entreprises et aux particuliers

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Graphique 2 – Évolution chronologique du nombre de mesures entrĂ©es en vigueur en 2020, par type de mesures

Source : inventaire de la Cour des comptes

Il ressort de ce graphique que :

‱ Plus d’un quart des mesures sont entrĂ©es en vigueur en mars 2020 et plus de deux tiers entre mars et juillet 202014. Des dizaines de nouvelles mesures ont Ă©galement Ă©tĂ© prises durant l’automne (deuxiĂšme vague de contaminations Ă  la covid-19) en plus des prolongations de mesures dĂ©jĂ  entrĂ©es en vigueur auparavant. L’entrĂ©e en vigueur des mesures est donc en lien direct avec l’évolution de la pandĂ©mie.

‱ Les primes et subsides constituent le plus grand nombre de mesures des pouvoirs publics en vue de lutter contre cette crise Ă©conomique (46 % de l’ensemble). Les allocations reprĂ©sentent le plus grand volume financier (51 % du total des dĂ©penses).

L’OCDE recommande de procĂ©der Ă  un phasage spĂ©cifique des mesures dans le cadre de la crise de la covid-19 pour ainsi Ă©viter les dommages persistants au tissu Ă©conomique. Les premiĂšres mesures doivent viser Ă  prĂ©server les liquiditĂ©s et les revenus des entreprises et des mĂ©nages et, aprĂšs un certain temps, Ă  soutenir la solvabilitĂ©. Des incitants fiscaux

14 Certaines mesures sont entrĂ©es en vigueur rĂ©troactivement. Cela explique qu’elles soient dĂ©jĂ  en vigueur en janvier et fĂ©vrier, donc avant la crise de la covid-19. D’autres mesures existaient dĂ©jĂ  et ont Ă©tĂ© activĂ©es (ou renforcĂ©es) dans le cadre de cette crise.

0

20

40

60

80

100

120

140

janv/20 févr/20 mars/20 avr/20 mai/20 juin/20 juil/20 aout/20 sept/20 oct/20 nov/20 déc/20

Baisse ou exemption d'impÎts et de cotisations sociales, exemption ouexonération d'amendes ou de sanctionsReport de paiements (impÎts, cotisations sociales, autres)

Allocation

Primes et subsides

PrĂȘt

Garantie

Soutien Ă  la consommation

Autres

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 23

peuvent Ă©galement ĂȘtre dĂ©cidĂ©s15. Par la suite, dĂšs que des mesures de relance sont possibles, elles doivent viser Ă  redynamiser l’activitĂ© Ă©conomique en stimulant la consommation.

Dans la pratique, la Belgique a tenu compte de ce phasage au dĂ©but de la crise. Ainsi, dĂšs le 6 mars 2020, elle a en effet pris les premiĂšres mesures afin de prĂ©server les liquiditĂ©s et les revenus. Ayant considĂ©rĂ© au dĂ©part que la crise serait terminĂ©e pour l’étĂ© 2020, les autoritĂ©s ont dĂ©jĂ  pris quelques mesures lorsque les contaminations ont Ă©tĂ© mieux maĂźtrisĂ©es, afin de renforcer la solvabilitĂ©. De mĂȘme, elles ont pris des mesures de relance visant Ă  soutenir le chiffre d’affaires des entreprises les plus lourdement touchĂ©es. Vu l’évolution imprĂ©visible de la crise sanitaire, il n’a pas Ă©tĂ© possible de suivre prĂ©cisĂ©ment le dĂ©roulement de la gestion de crise proposĂ©e par l’OCDE. En effet, dĂšs le dĂ©but de la deuxiĂšme vague de contaminations en octobre 2020, les gouvernements ont en effet dĂ» de nouveau prendre des mesures pour soutenir les liquiditĂ©s et les revenus.

2.3 Mesures de la Communauté française

Les principales mesures adoptĂ©es par la CommunautĂ© française ont eu pour objet d’assurer l’organisation des Ă©tudes. Elles ont notamment compris un investissement accru dans l’ infrastructure numĂ©rique de l’enseignement. Ces mesures ne relĂšvent pas du pĂ©rimĂštre de l’ inventaire et du prĂ©sent audit.

Bien que les compĂ©tences institutionnelles de la CommunautĂ© française ne comprennent pas la politique Ă©conomique, celle-ci a Ă©galement adoptĂ© des mesures de soutien en faveur d’entreprises comme de particuliers. Dans la pratique, particuliers et entreprises se confondent en tant que bĂ©nĂ©ficiaires des interventions de la CommunautĂ© française : ceci tient Ă  la spĂ©cificitĂ© des compĂ©tences institutionnelles de celle-ci qui comprennent outre l’enseignement, les matiĂšres culturelles et personnalisables.

La notion d’entreprise est large : elle recouvre des associations de droit privĂ© des secteurs marchand et non marchand dans diffĂ©rents domaines. Ces associations sont principalement actives dans les domaines de la culture, de la jeunesse et du sport et ce, tant dans le secteur marchand que non-marchand.

Ces interventions de la CommunautĂ© française en faveur des entreprises ont complĂ©tĂ© le financement par l’État fĂ©dĂ©ral de mesures de chĂŽmage Ă©conomique.

Le soutien aux entreprises du secteur culturel figure parmi les efforts financiers les plus importants. Il vise principalement Ă  compenser les pertes de revenus subies et Ă  soutenir la liquiditĂ© et la solvabilitĂ© des entreprises notamment par l’octroi d’ indemnitĂ©s, d’une garantie de la CommunautĂ© française ou par l’achat de livres et de places de cinĂ©ma.

Les mesures en faveur des entreprises visent Ă©galement le secteur de la petite enfance qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un subventionnement complĂ©mentaire destinĂ© Ă  compenser la rĂ©duction de la frĂ©quentation des structures d’accueil par les jeunes enfants.

15 OCDE, Les rĂ©ponses de politiques fiscale et budgĂ©taire Ă  la crise du coronavirus : AccroĂźtre la confiance et la rĂ©silience, mai 2020, www.oecd.org. Voir Ă©galement l’annexe 3.

Page 26: Mesures de soutien aux entreprises et aux particuliers

24

À destination de la jeunesse, l’ intervention de la CommunautĂ© française comprend deux volets. D’une part, les centres de rencontres et d’hĂ©bergement ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de subventions exceptionnelles visant Ă  compenser les pertes de revenus dĂ©coulant de la rĂ©duction de leurs activitĂ©s ; d’autre part, les associations spĂ©cialisĂ©es dans l’aide Ă  la jeunesse ont reçu des aides leur permettant de rencontrer les dĂ©penses additionnelles induites par le recrutement de personnel supplĂ©mentaire permettant de garantir l’accueil des mineurs en difficultĂ©s ou en danger.

L’aide en faveur des particuliers prend diffĂ©rentes formes.

D’abord, des particuliers ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de l’ intervention de la CommunautĂ© française en tant que destinataires finaux des prestations d’opĂ©rateurs des secteurs de la culture et du sport.

Ensuite, les Ă©tudiants de l’enseignement supĂ©rieur ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une aide sociale lorsqu’ ils subissaient une baisse de leurs revenus par le fait de la crise sanitaire.

Enfin, les agents des services publics ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une extension du rĂ©gime dit « du congĂ© corona » initialement conçu au sein de la fonction publique fĂ©dĂ©rale.

La Communauté française a publié, au fur et à mesure de la crise sanitaire, des listes de ces mesures sur différentes pages de son site internet.

Elles ne constituent pas pour autant un inventaire.

D’autre part, les donnĂ©es budgĂ©taires et financiĂšres nĂ©cessaires Ă  la lisibilitĂ© de chaque dĂ©pense gĂ©nĂ©rĂ©e par la crise sanitaire et Ă  la traçabilitĂ© du coĂ»t de chaque mesure Ă  destination des particuliers et des entreprises n’étaient pas disponibles lorsque les travaux d’audit ont pris fin.

Fin aoĂ»t 2020, le cabinet du ministre du Budget a communiquĂ© des donnĂ©es qui ont permis de complĂ©ter l’ inventaire. Elles n’ont pas pu ĂȘtre auditĂ©es.

L’ annexe 1 reprend les mesures de soutien socio-Ă©conomique adoptĂ©es en 2021 par la CommunautĂ© française Ă  destination des entreprises et des particuliers.

2.4 Conclusion partielle

La Cour des comptes constate qu’aucun inventaire transversal et dĂ©taillĂ© des mesures de soutien socio-Ă©conomique n’a Ă©tĂ© publiĂ© par les pouvoirs publics. La Cour a dĂšs lors Ă©laborĂ© et publiĂ© un tel inventaire pour les mesures prises par le niveau fĂ©dĂ©ral, les rĂ©gions et les communautĂ©s en 2020. Au total, 433 mesures ont Ă©tĂ© recensĂ©es et dĂ©crites dans l’ inventaire interactif en ligne.

Au total, le coĂ»t estimĂ© des mesures recensĂ©es dans l’ inventaire est de 24,12 milliards d’euros : 9,76 milliards d’euros pour les entreprises, 2,44 milliards d’euros pour les particuliers et 11,92 milliards d’euros pour des mesures Ă  la fois en faveur des entreprises et des particuliers.

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 25

La prise de mesures a Ă©tĂ© fonction de l’évolution de la crise sanitaire et des confinements successifs.

Les mesures liées à la sécurité sociale, en particulier le chÎmage temporaire et le droit passerelle des indépendants représentent la majeure partie des dépenses du pouvoir fédéral. Les régions ont, quant à elles, consacré la majeure partie de leurs moyens au financement des mécanismes de soutien aux entreprises.

En CommunautĂ© française, des listes rĂ©capitulatives des aides octroyĂ©es par celle-ci comme par d’autres niveaux de pouvoir ont Ă©tĂ© progressivement mises en ligne sur son site internet.

L’ information reste cependant partielle et fragmentaire. Ces listes ne permettent pas d’assurer une lisibilitĂ© suffisante de la dĂ©pense.

Dans le secteur de la culture, ces listes englobent des mesures octroyĂ©es par l’État fĂ©dĂ©ral et les autres entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es. Toutefois, l’ information recueillie et diffusĂ©e ne comprend pas les aides qui ont pu ĂȘtre mises en place par des communes.

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 27

Chapitre 3

Coordination et Ă©laboration des mesures de soutien En fĂ©vrier 2020, la Belgique s’est retrouvĂ©e confrontĂ©e Ă  une premiĂšre vague d’ infection au coronavirus, qui a vĂ©ritablement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© en pandĂ©mie au mois de mars. TrĂšs rapidement, des structures de crise ont Ă©tĂ© mises en place aux diffĂ©rents niveaux de pouvoir afin de pouvoir prendre les mesures sanitaires qui s’ imposaient16. Ce chapitre examine dans un premier temps plus en profondeur l’approche globale de la gestion socio-Ă©conomique de la crise par les autoritĂ©s belges, en s’ intĂ©ressant plus particuliĂšrement Ă  la coordination entre les niveaux de pouvoir.

On entend par coordination la maniĂšre dont diffĂ©rents niveaux de pouvoir dĂ©cident de mesures de soutien socio-Ă©conomique dans leur propre domaine de compĂ©tence en tenant compte des mesures dĂ©jĂ  prises ou prĂ©vues par les autres niveaux et/ou relevant d’autres domaines politiques. Le processus de coordination a pour but d’éviter les chevauchements, hiatus et contradictions entre les mesures, mais aussi de promouvoir la cohĂ©rence des politiques.

3.1 Approche globale

3.1.1 Organisation et coordination de la gestion de criseBien que les diffĂ©rents pouvoirs publics aient avant tout souhaitĂ© lutter contre les consĂ©quences de la pandĂ©mie sur la santĂ© publique, il s’est avĂ©rĂ© que, dĂšs le dĂ©part, ils ont accordĂ© une attention particuliĂšre aux dommages pour le tissu Ă©conomique. Les mesures sanitaires ont dĂšs lors immĂ©diatement Ă©tĂ© assorties de mesures de soutien socio-Ă©conomique Ă  l’attention des entreprises (y compris les indĂ©pendants), et des mĂ©nages. Ainsi, le conseil des ministres fĂ©dĂ©ral a approuvĂ© dĂšs le 6 mars 2020 une dizaine de mesures visant Ă  soutenir l’économie. Les gouvernements rĂ©gionaux et communautaires ont ensuite aussi rapidement pris des mesures propres. Les mesures de soutien visaient toutes Ă  compenser les premiĂšres consĂ©quences, telles que la perte de revenus et les Ă©ventuels problĂšmes de liquiditĂ©s (voir le point 2.2.2).

Le 19 mars 2020, le cabinet ministĂ©riel restreint du gouvernement fĂ©dĂ©ral a, Ă  l’ initiative de la PremiĂšre ministre, crĂ©Ă© l’Economic Risk Management Group (ERMG. Cet organe se composait, d’une part, d’une cellule de suivi Ă©conomique et, d’autre part, d’un groupe

16 Voir l’annexe 4 pour un aperçu des structures mises en place pour gĂ©rer l’organisation des aspects sanitaires de la pandĂ©mie (mais qui n’ont pas Ă©tĂ© Ă©valuĂ©es par la Cour des comptes dans le cadre du prĂ©sent audit).

Page 30: Mesures de soutien aux entreprises et aux particuliers

28

central (cellule Kern), avec des représentants des gouvernements fédéral, régionaux et communautaires17.

Initialement, l’ERMG s’est vu confier trois missions, qu’ il a rĂ©alisĂ©es dans le cadre de deux groupes opĂ©rationnels, Ă  savoir Business continuity et Financement et soutien Ă  l’économie :

1. veiller Ă  ce que les entreprises et les infrastructures particuliĂšrement critiques pour le pays continuent de fonctionner ;

2. mesurer l’ incidence de la pandĂ©mie de coronavirus sur les entreprises, les secteurs et les marchĂ©s financiers ;

3. proposer des mesures au gouvernement18 pour lutter contre la crise et jouer un rĂŽle de coordination.

AprĂšs avoir Ă©tĂ© examinĂ©es au sein de la cellule de suivi Ă©conomique de l’ERMG, les analyses des deux groupes ont finalement Ă©tĂ© traitĂ©es par la cellule Kern de l’ERMG.

Il est toutefois apparu rapidement que la troisiĂšme mission Ă©tait entravĂ©e, d’une part, par l’ interaction complexe entre la Banque nationale de Belgique, le Bureau fĂ©dĂ©ral du plan et les partenaires sociaux et, d’autre part, par la situation politique complexe avec le cabinet ministĂ©riel restreint, le CNS Ă©largi et les dix partis politiques qui soutenaient le gouvernement19. Dans ce contexte, les propositions politiques concrĂštes pouvaient difficilement faire l’unanimitĂ©. Par ailleurs, certaines propositions de l’ERMG visant l’adoption de mesures au niveau fĂ©dĂ©ral se sont heurtĂ©es Ă  la rĂ©alitĂ© institutionnelle lorsque les communautĂ©s et rĂ©gions ont fait part de leur prĂ©fĂ©rence pour des instruments spĂ©cifiquement adaptĂ©s aux matiĂšres pour lesquelles elles sont elles-mĂȘmes compĂ©tentes.

Bien que tous les gouvernements soient reprĂ©sentĂ©s au sein de la cellule Kern, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© sur cette base de confier la troisiĂšme mission de l’ERMG au niveau politique et de redĂ©finir son rĂŽle de coordination en le chargeant de dresser la liste des mesures de soutien Ă©conomique prises. Cet inventaire pouvait ĂȘtre consultĂ© par toutes les autoritĂ©s du pays. L’ERMG est parvenu Ă  trouver un consensus concernant l’analyse de la crise (deuxiĂšme mission), qui pourrait servir de base pour dĂ©velopper des propositions stratĂ©giques, au niveau tant fĂ©dĂ©ral que rĂ©gional et communautaire. Les enquĂȘtes de l’ERMG, via lesquelles des milliers d’entreprises belges ont Ă©tĂ© interrogĂ©es pĂ©riodiquement quant Ă  l’ incidence de la

17 La cellule de suivi Ă©conomique Ă©tait composĂ©e de reprĂ©sentants de la Banque nationale de Belgique, du Bureau fĂ©dĂ©ral du plan et de la SociĂ©tĂ© fĂ©dĂ©rale de participations et d’investissement, de la secrĂ©taire d’État Ă  la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale chargĂ©e de la Transition Ă©conomique et de la Recherche scientifique, des principales organisations d’employeurs et de travailleurs (FEB, Unizo, Union wallonne des entreprises, Voka, Febelfin, Boerenbond, trois grands syndicats, etc.) et du monde acadĂ©mique. Le groupe central (cellule Kern) Ă©tait composĂ© de reprĂ©sentants de la PremiĂšre ministre, des trois vice-Premiers ministres, du ministre-prĂ©sident et des vice-ministres-prĂ©sidents de l’autoritĂ© flamande, des ministres-prĂ©sidents de la RĂ©gion wallonne, de la CommunautĂ© française, de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale et de la CommunautĂ© germanophone, ainsi que de reprĂ©sentants des administrations chargĂ©es des matiĂšres Ă©conomiques.

18 En ce qui concerne cette mission, il n’a pas Ă©tĂ© prĂ©cisĂ© si les propositions doivent ĂȘtre adressĂ©es au gouvernement fĂ©dĂ©ral seul ou Ă©galement aux gouvernements des entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es, ce qui n’est pas Ă  exclure compte tenu de la composition du groupe central de l’ERMG (Chambre, 27 novembre 2020, DOC 55 1672/001, La lutte contre les consĂ©quences Ă©conomiques de la pandĂ©mie du coronavirus, p. 17-24, www.lachambre.be).

19 Chambre, 27 novembre 2020, DOC 55 1672/001, op. cit.

Page 31: Mesures de soutien aux entreprises et aux particuliers

MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 29

covid-19 sur leur activitĂ© et sur leur santĂ© financiĂšre, ont constituĂ© un instrument important dans le cadre de ces analyses. La BNB a par ailleurs publiĂ©, avec ses partenaires de l’ERMG, un tableau de bord des indicateurs d’ incidence de la crise de la covid-19 sur l’économie belge et internationale. Ce tableau prĂȘtait attention Ă  la situation des entreprises, du secteur financier et des mĂ©nages. La Cour des comptes ne dispose cependant pas des informations nĂ©cessaires pour pouvoir Ă©valuer dans quelle mesure les analyses socio-Ă©conomiques de l’ERMG et la concertation au sein des cellules prĂ©citĂ©es, qui ne s’est finalement tenue qu’au premier semestre de 202020, ont influencĂ© la prise de dĂ©cisions au sujet des mesures de soutien Ă©conomique.

Le ComitĂ© fĂ©dĂ©ral de coordination, un organe de mise en Ɠuvre et de coordination du Conseil national de sĂ©curitĂ©, a aussi crĂ©Ă© une cellule socio-Ă©conomique (Ecosoc) qui a analysĂ© l’ incidence socio-Ă©conomique des mesures de soutien prises ou Ă  prendre. Les entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es n’y Ă©taient toutefois pas reprĂ©sentĂ©es21.

Une task force commune Groupes vulnĂ©rables devait Ă©galement examiner l’ incidence de l’épidĂ©mie et des mesures sanitaires et Ă©conomiques sur ces groupes, identifier les problĂšmes et proposer de nouvelles mesures22. Cette task force a dressĂ© la liste notamment de toutes les mesures axĂ©es sur les groupes vulnĂ©rables et a suivi les situations sur le terrain23.

Les entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es ont pour la plupart Ă©galement crĂ©Ă© elles-mĂȘmes des taskforces pour identifier les consĂ©quences socio-Ă©conomiques du coronavirus pour les entreprises Ă©tablies sur leur territoire. À l’exception de celle de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale, ces task forces rĂ©gionales ne se sont pas souvent rĂ©unies.

Enfin, quelques mesures de soutien socio-Ă©conomique ont Ă©tĂ© abordĂ©es Ă  l’occasion de certaines confĂ©rences interministĂ©rielles (CIM), comme la CIM Économie, PME, IndĂ©pendants et Énergie ou la CIM Politique scientifique et Culture qui se sont tenues Ă  plusieurs reprises en 2020. Les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales, rĂ©gionales et communautaires y ont surtout exposĂ© les mesures prĂ©vues ou prises. En matiĂšre de culture, les ministres des communautĂ©s française et flamande se sont aussi concertĂ©s au sujet de leur demande commune au pouvoir fĂ©dĂ©ral d’adapter les instruments fĂ©dĂ©raux existants, tels que le statut social des personnes actives dans le secteur culturel et la dĂ©ductibilitĂ© fiscale de dons/affiliations Ă  des organisations (socio-)culturelles. Au cours des CIM, les interlocuteurs fĂ©dĂ©raux n’ont cependant rien promis, mais ont signalĂ© qu’ ils transmettraient les demandes. Ensuite, le statut d’artiste a Ă©tĂ© temporairement Ă©tendu dans le cadre de la rĂ©glementation

20 La derniĂšre rĂ©union de la cellule de suivi Ă©conomique a eu lieu le 24 juin 2020, et a Ă©tĂ© suivie par une rĂ©union de la cellule Kern le 25 juin 2020. Par la suite cependant, l’inventaire a Ă©tĂ© maintenu Ă  jour, les enquĂȘtes prĂ©citĂ©es ont Ă©tĂ© organisĂ©es et un tableau de bord a Ă©tĂ© publiĂ©.

21 L’Ecosoc Ă©tait elle-mĂȘme Ă©paulĂ©e par le groupe de travail interdĂ©partemental (fĂ©dĂ©ral Ă©galement) Social Impact Covid-19 Crisis , qui Ă©valuait et suivait les mesures au niveau de leur incidence sociale et de leurs implications sur le marchĂ© du travail.

22 Elle Ă©tait composĂ©e non seulement de reprĂ©sentants du groupe de travail SIC et d’un groupe de consultation reprenant des experts de la sociĂ©tĂ© civile, mais Ă©galement de reprĂ©sentants politiques des diffĂ©rents niveaux de pouvoir.

23 Les fiches que la task force a élaborées au sujet des différentes mesures (tant lors de la premiÚre que lors de la deuxiÚme vague de contaminations) et les informations relatives aux travaux réalisés se trouvent sur le site web du SPP Intégration sociale (https://www.mi-is.be/fr/outils-cpas/task-force-groupes-vulnerables).

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fĂ©dĂ©rale en matiĂšre de chĂŽmage afin que davantage de personnes du secteur culturel puissent bĂ©nĂ©ficier d’allocations de chĂŽmage.

La Cour des comptes constate qu’au dĂ©but de la deuxiĂšme vague et aprĂšs l’entrĂ©e en fonction du nouveau gouvernement fĂ©dĂ©ral, aucun nouvel organe n’a Ă©tĂ© mis en place pour faciliter la coordination des mesures de soutien socio-Ă©conomique. La concertation au sein de l’ERMG n’a pas repris non plus. Des changements importants sont toutefois intervenus dans la gestion de la crise sanitaire24.

La Cour des comptes dĂ©duit de ce qui prĂ©cĂšde que tous ces organes ont davantage jouĂ© en 202025, tant lors de la premiĂšre vague de contaminations que lors de la deuxiĂšme, un rĂŽle d’encadrement et qu’ il n’y a pas, voire guĂšre, eu de coordination et d’harmonisation systĂ©matique entre les niveaux de pouvoir lors de la prĂ©paration et de la mise au point des mesures de soutien. L’urgence des mesures de soutien peut avoir jouĂ© un rĂŽle Ă  cet Ă©gard et les intervenants concernĂ©s n’ont peut-ĂȘtre pas toujours estimĂ© nĂ©cessaire d’agir de façon coordonnĂ©e en raison de la scission des compĂ©tences en matiĂšre de politique socio-Ă©conomique et de la possibilitĂ© d’octroyer diverses formes de soutien financier26.

3.1.2 ConsĂ©quences de l’absence de coordination gĂ©nĂ©raleL’absence d’une structure de coordination et de concertation entre les niveaux de pouvoir pendant la crise a toutefois eu pour effet de laisser une place trop importante Ă  l’ initiative individuelle d’une administration, d’une institution, d’un cabinet ou d’un secteur et Ă  la nature de la mesure. Cette situation a engendrĂ© plusieurs consĂ©quences27 :

Manque de cohérence entre des mesures de soutien socio-économique au niveau fédéral, régional et communautaire

On peut citer Ă  titre d’exemple concret les rĂ©gimes de garantie fĂ©dĂ©raux et rĂ©gionaux. Ainsi, les deux niveaux de pouvoir ne se sont pas accordĂ©s quant au fait de savoir quelles garanties il Ă©tait prĂ©fĂ©rable d’offrir au niveau fĂ©dĂ©ral ou rĂ©gional. Lors de contacts informels et formels (par exemple, via le groupe central de l’ERMG et les CIM), une prĂ©occupation commune est toutefois apparue, Ă  savoir ne pas empiĂ©ter sur leur domaine de compĂ©tence respectif. Le pouvoir fĂ©dĂ©ral a ensuite intĂ©grĂ© dans l’arrĂȘtĂ© royal du 14 avril 202028 une clause pari passu29 visant Ă  sauvegarder ses intĂ©rĂȘts au cas oĂč un emprunteur ferait encore aussi appel Ă  une garantie rĂ©gionale. Cette clause, au sujet de laquelle un avis juridique

24 Voir l’annexe 4 pour un aperçu des structures mises en place pour gĂ©rer l’organisation des aspects sanitaires de la pandĂ©mie.

25 Voir la note de bas de page 32.26 Au niveau fĂ©dĂ©ral, une grande partie des mesures relĂšvent de la sĂ©curitĂ© sociale (oĂč, historiquement, la contribution

des partenaires sociaux est importante) et de la fiscalité, tandis que les entités fédérées se sont surtout concentrées sur les primes et les subventions aux entreprises ou à des secteurs spécifiques.

27 Les exemples par catégorie mentionnés ci-aprÚs ne sont pas exhaustifs et sont déterminés par la sélection des mesures de soutien économique analysées en détail par la Cour des comptes.

28 ArrĂȘtĂ© royal du 14 avril 2020 portant octroi d’une garantie d’état pour certains crĂ©dits dans la lutte contre les consĂ©quences du coronavirus.

29 Il s’agit d’une dĂ©claration dans le contrat de crĂ©dit en vertu de laquelle l’emprunteur promet qu’aucun actif n’a Ă©tĂ© fourni en garantie Ă  d’autres crĂ©anciers (autres que ceux explicitement mentionnĂ©s) et qu’aucune nouvelle garantie ne sera fournie Ă  des tiers Ă  l’avenir jusqu’au remboursement du crĂ©dit. Si l’emprunteur ne respecte pas cet engagement, le prĂȘteur peut rĂ©silier le contrat et l’emprunteur sera traitĂ© sur un pied d’égalitĂ© avec les autres crĂ©anciers.

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payant avait Ă©tĂ© demandĂ© au prĂ©alable, s'avĂ©rera finalement inutile parce que les rĂ©gimes rĂ©gionaux ont Ă©tĂ© conçus de façon complĂ©mentaire : une entreprise ne pouvait faire appel au rĂ©gime rĂ©gional que si elle n’entrait pas en considĂ©ration pour une garantie fĂ©dĂ©rale.

En raison de l’absence de concertation et de coordination, la cohĂ©rence de contenu des diffĂ©rents rĂ©gimes et leurs adaptations n’ont en outre pas Ă©tĂ© suffisamment Ă©valuĂ©es, Ainsi, un nouveau prĂȘt d’une durĂ©e de deux ans accordĂ© Ă  une PME avant le 24 juillet 2020 ne pouvait faire l’objet que d’une garantie rĂ©gionale, alors que cette mĂȘme PME aurait dĂ» obligatoirement rejoindre le rĂ©gime fĂ©dĂ©ral si elle avait conclu le crĂ©dit aprĂšs le 24 juillet 2020. Cette diffĂ©rence n’est pas insignifiante pour la PME parce que la prime de garantie est calculĂ©e diffĂ©remment. Elle ne l’est pas non plus pour l’ Ă©tablissement de crĂ©dit, puisque, si une perte se produit par la suite, les rĂšgles de rĂ©partition des pertes sont diffĂ©rentes selon le rĂ©gime. Contrairement aux rĂ©gimes rĂ©gionaux, le rĂ©gime de garantie fĂ©dĂ©ral couvre Ă©galement les intĂ©rĂȘts sur l’emprunt ainsi que la prime de garantie.

Un autre exemple concerne une mesure fiscale qui a Ă©tĂ© introduite au niveau fĂ©dĂ©ral et rĂ©gional sans concertation. La mesure fĂ©dĂ©rale, connue sous le nom de « tax shelter covid-19 »30, accorde une rĂ©duction d’ impĂŽt pour l’acquisition directe d’actions d’entreprises accusant une baisse de leur chiffre d’affaires en 2020. Par ailleurs, l’extension de la mesure flamande « Vriendenaandeel » permet Ă©galement d’investir dans des PME en 2021 via des actions et d’obtenir ainsi un crĂ©dit d’impĂŽt, sauf si une rĂ©duction ou un crĂ©dit d’impĂŽt a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© accordĂ© pour cet investissement au niveau fĂ©dĂ©ral (par exemple, via le tax shelter covid-19)31. Les contribuables peuvent en principe choisir le rĂ©gime le plus favorable dans leur situation. La coexistence de rĂ©gimes fiscaux concurrents et qui s’excluent mutuellement entre les niveaux de pouvoir mine toutefois la cohĂ©rence de la politique gĂ©nĂ©rale, accroĂźt la complexitĂ© fiscale (en raison de conditions d’application comparables tout en Ă©tant diffĂ©rentes) et alourdit aussi les contrĂŽles, parce qu’ il convient de vĂ©rifier si la mesure appliquĂ©e Ă  une dĂ©pense particuliĂšre n’a pas aussi Ă©tĂ© invoquĂ©e Ă  un autre niveau de pouvoir (puisque les deux rĂ©gimes peuvent ĂȘtre combinĂ©s, mais pas pour un mĂȘme investissement).

Un dernier exemple est le soutien accordĂ© au secteur des titres-services oĂč le manque de concertation entre la RĂ©gion wallonne et le pouvoir fĂ©dĂ©ral a rĂ©duit l’efficacitĂ© du premier rĂ©gime de compensation rĂ©gional pour les heures non prestĂ©es. En effet, le gouvernement wallon avait fixĂ© le montant versĂ© en compensation d’une heure non prestĂ©e en partant d’une dispense des cotisations sociales pour ces heures au niveau fĂ©dĂ©ral. Le pouvoir fĂ©dĂ©ral n’a finalement pas accordĂ© cette dispense. D’aprĂšs des reprĂ©sentants du secteur, le montant de l’ indemnitĂ© rĂ©gionale Ă©tait donc insuffisant pour couvrir les coĂ»ts totaux (y compris les cotisations sociales) du travailleur. Plusieurs entreprises ont dĂšs lors dĂ©cidĂ© de placer leurs travailleurs en chĂŽmage temporaire, de sorte que l’efficacitĂ© de la mesure rĂ©gionale a Ă©tĂ© rĂ©duite.

30 Voir SPF Finances, Circulaire 2020/C/140 concernant la rĂ©duction d’impĂŽt tax shelter ‘Covid-19’ pour les entreprises accusant une forte baisse de leur chiffre d’affaires. Le tax shelter covid a Ă©tĂ© instaurĂ© par l’article 15 de la loi du 15 juillet 2020 portant diverses mesures fiscales urgentes en raison de la pandĂ©mie du Covid-19 (corona III), et prolongĂ© par l’article 12 de la loi du 2 avril 2021 portant des mesures de soutien temporaires en raison de la pandĂ©mie du covid-19.

31 Tant la RĂ©gion flamande que la RĂ©gion wallonne ont aussi Ă©largi leurs incitants fiscaux pour prĂȘter de l’argent aux entreprises (respectivement le prĂȘt Gagnant-gagnant et le prĂȘt Coup de pouce) Ă  la suite de la pandĂ©mie, en augmentant les montants et les dĂ©lais ainsi que la garantie publique et les avantages fiscaux.

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D’autres mesures rĂ©gionales et communautaires se sont aussi finalement avĂ©rĂ©es moins fructueuses que prĂ©vu initialement parce que le pouvoir fĂ©dĂ©ral a lancĂ© des mesures en mĂȘme temps, parfois Ă  des conditions plus favorables.

On peut citer, Ă  titre d’exemple concret, la prime d’ incitation flamande Ă  la rĂ©duction du temps de travail, pour laquelle la Flandre avait prĂ©vu un budget initial de 14 millions d’euros. Comme la prime ne pouvait pas ĂȘtre combinĂ©e avec la mesure fĂ©dĂ©rale relative au chĂŽmage temporaire, aucune demande n’a finalement Ă©tĂ© introduite. Il en va de mĂȘme de la prime culturelle flamande Corona, pour laquelle un budget de 29,3 millions d’euros avait Ă©tĂ© prĂ©vu, dont seulement 3,1 millions d’euros ont Ă©tĂ© dĂ©pensĂ©s parce que le pouvoir fĂ©dĂ©ral a Ă©tendu le statut d’artiste et a assoupli l’application du chĂŽmage temporaire aux artistes32.

Risque accru d’un subventionnement excessif ou insuffisantL’aide fĂ©dĂ©rale, rĂ©gionale et communautaire combinĂ©e augmente le risque d’un subventionnement excessif (parfois temporaire) de certains secteurs et/ou entreprises. L’absence d’approche globale pour l’aide publique en faveur de certains (certaines catĂ©gories de) bĂ©nĂ©ficiaires peut conduire Ă  un subventionnement excessif Ă  la suite de cumuls qui n’avaient pas Ă©tĂ© pris en compte lors de la conception des mesures de soutien ou qui ont mĂȘme Ă©tĂ© autorisĂ©s explicitement.

On peut citer, Ă  titre d’exemple concret, le mĂ©canisme de protection flamand, qui a accordĂ© une subvention aux entreprises qui ont dĂ» fermer en raison des mesures sanitaires ou ont enregistrĂ© une baisse du chiffre d’affaires d’au moins 60 %, Ă  condition toutefois que l’entreprise ait au moins un siĂšge d’exploitation en RĂ©gion flamande. Cependant, la totalitĂ© du chiffre d’affaires, y compris celui des siĂšges d’exploitation situĂ©s dans les autres rĂ©gions, servait de base pour le calcul de la subvention, qui reprĂ©sentait un pourcentage du chiffre d’affaires au cours d’une pĂ©riode de rĂ©fĂ©rence. Comme les RĂ©gions wallonne et bruxelloise33 accordaient aussi des subventions aux entreprises touchĂ©es par les mesures sanitaires, les entreprises ayant des siĂšges d’exploitation dans plusieurs rĂ©gions pouvaient ĂȘtre doublement subventionnĂ©es. Au niveau fĂ©dĂ©ral, des primes rĂ©gionales pour entreprises pouvaient ĂȘtre combinĂ©es avec d’autres mesures de soutien, telles que le « droit passerelle ».

Le cas inverse peut Ă©galement se prĂ©senter : selon la Cour des comptes, l’absence d’une structure de coordination et de concertation augmente le risque que les entreprises et les particuliers (mĂ©nages) qui ont Ă©tĂ© les plus gravement touchĂ©s par les mesures sanitaires ne soient pas les plus aidĂ©s, parce que les autoritĂ©s n’ont pas une vue d’ensemble de la façon dont chaque groupe cible bĂ©nĂ©ficie ou non au final d’une aide34. La rĂ©alisation d’un

32 Cette extension était souhaitée par les entités fédérées.33 Le risque était moins important pour la Région wallonne parce que la réglementation de cette région dispose que

les entreprises qui reçoivent une intervention financiĂšre d’une autre instance ne peuvent pas recevoir de prime en RĂ©gion wallonne. Le contrĂŽle de cette condition n’est toutefois pas Ă©vident parce qu’aucun Ă©change de donnĂ©es n’a Ă©tĂ© mis en place entre les rĂ©gions.

34 La BNB a ainsi constatĂ©, depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie du coronavirus, que les petites entreprises ont Ă©tĂ© plus sĂ©vĂšrement touchĂ©es par le confinement que les grandes entreprises. L’incidence sur les petites entreprises a encore Ă©tĂ© plus importante dans la rĂ©gion bruxelloise en raison de la baisse du nombre de navetteurs (due Ă  la gĂ©nĂ©ralisation du tĂ©lĂ©travail), de touristes et de voyageurs d’affaires. Le gouverneur de la BNB s’est dĂšs lors clairement exprimĂ© en faveur de mesures de soutien temporaires ciblant certains secteurs (Chambre, 27 novembre 2020, DOC 55 1672/001, op. cit., p. 17-24, www.lachambre.be). Faute de donnĂ©es micro-Ă©conomiques dĂ©taillĂ©es, il n’est toutefois pas possible d’établir si les mesures ont Ă©tĂ© suffisamment sĂ©lectives et ciblĂ©es.

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inventaire transversal de toutes les mesures de soutien aurait pu contribuer Ă  mieux cerner la situation en l’occurrence. IdĂ©alement, cet inventaire devrait ĂȘtre liĂ© Ă  une base de donnĂ©es reprenant Ă©galement des informations relatives Ă  l’utilisation des mesures de soutien. Cela permettrait d’ensuite analyser le subventionnement excessif ou insuffisant des entreprises individuelles.

Absence de concertation et d’échange concernant les informations disponibles Ă  un autre niveau de pouvoirDans la pratique, l’absence d’ informations au sein du propre niveau de pouvoir a souvent dĂ» ĂȘtre rĂ©solue en faisant signer une dĂ©claration sur l’honneur aux demandeurs de l’aide35. Une concertation prĂ©alable aurait conduit Ă  des mesures dont les conditions Ă©taient mieux formulĂ©es et contrĂŽlables et des accords auraient Ă©ventuellement pu ĂȘtre conclus pour Ă©changer certaines donnĂ©es nĂ©cessaires. Cela aurait pu rĂ©duire les difficultĂ©s lors de l’octroi des mesures de soutien et de leur contrĂŽle.

On peut citer, Ă  titre d’exemple concret, les mesures de soutien Ă©conomique relevant de la rĂšgle « de minimis »36. Comme les montants des aides sont en principe limitĂ©s dans le cadre de cette rĂšgle37, cette aide d’État n’est pas considĂ©rĂ©e comme faussant la concurrence. Les pouvoirs publics ne doivent dĂšs lors pas dĂ©clarer ces mesures de soutien Ă  la Commission europĂ©enne, mais ils doivent veiller Ă  ce que l’aide soit conforme Ă  la rĂ©glementation en vigueur. Comme il n’existe pour le moment pas de registre central des aides de minimis38, les pouvoirs publics de notre pays demandent aux entreprises, lorsqu’elles demandent une mesure de soutien dĂ©terminĂ©e, de dĂ©clarer sur l’ honneur qu’elles n’ont pas reçu plus de 200.000 euros d’aides de minimis au cours des trois derniers exercices fiscaux. Une telle dĂ©claration sur l’ honneur requiert toutefois que les entreprises sachent quelles mesures sont considĂ©rĂ©es ou non comme aide d’État par la Commission europĂ©enne, ainsi que quelles mesures relĂšvent de l’exception concernant la rĂšgle « de minimis ». En outre, les entreprises doivent aussi tenir compte du fait que, bien qu’elles puissent cumuler l’aide de

35 La Cour des comptes reconnaĂźt toutefois que des contrĂŽles a posteriori peuvent toujours ĂȘtre mis en place Ă  cet Ă©gard lorsque cela s’avĂšre possible.

36 Il s’agit en l’espĂšce des aides limitĂ©es, d’oĂč le nom « de minimis », que l’Europe permet aux pouvoirs publics d’octroyer sans le communiquer ou sans demander l’approbation de la Commission europĂ©enne. Le dispositif est repris dans le rĂšglement (UE) n° 1407/2013 de la Commission du 18 dĂ©cembre 2013 relatif Ă  l’application des articles 107 et 108 du traitĂ© sur le fonctionnement de l’Union europĂ©enne aux aides de minimis (Journal officiel de l’Union europĂ©enne du 24 dĂ©cembre 2013, L 352/1) Ă©tait d’application du 1er janvier 2014 au 31 dĂ©cembre 2020. Il a Ă©tĂ© prolongĂ© jusque fin 2023 par le rĂšglement (UE) n° 2020/972 de la Commission du 2 juillet 2020.

37 D’aprĂšs le rĂšglement (UE) n° 1407/2013, une entreprise ne peut pas recevoir plus de 200.000 euros d’aide de minimis sur une pĂ©riode de trois ans (100.000 euros pour une entreprise dans le secteur des transports). Dans le cas d’entreprises liĂ©es, ces plafonds s’appliquent au niveau du groupe, de sorte qu’ils sont plus vite atteints. Les plafonds s’appliquent toutefois par État membre, de sorte que les aides de minimis octroyĂ©es dans un autre État membre Ă  une filiale par exemple ne doivent pas ĂȘtre prises en compte.

38 Si une autoritĂ© publique a accordĂ© une aide Ă  une entreprise individuelle, elle est tenue de publier, en fonction des plafonds ci-aprĂšs, les informations s’y rapportant sur une plate-forme informatique de la Commission europĂ©enne, appelĂ©e « State Aid Transparancy Award Module » (TAM). Le seuil de l’aide accordĂ©e en vertu du rĂ©gime-cadre temporaire s’élĂšve Ă  100.000 euros et celui prĂ©vu par le rĂšglement gĂ©nĂ©ral d’exemption par catĂ©gorie Ă  500.000 euros. Le mĂȘme problĂšme se pose Ă  ce niveau.

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minimis avec, par exemple, l’aide accordĂ©e en vertu de l’encadrement temporaire39, elles ne peuvent pas dĂ©passer les plafonds fixĂ©s par ce dernier rĂ©gime. Il va de soi qu’ Ă  dĂ©faut d’une banque de donnĂ©es centrale reprenant toutes les aides accordĂ©es au niveau national, il n’est pas Ă©vident de suivre et de contrĂŽler ces rĂšgles de façon adĂ©quate.

Suivi et Ă©valuation difficiles des mesures de soutien socio- Ă©conomiqueLes informations relatives Ă  l’utilisation des diffĂ©rentes mesures de soutien socio-Ă©conomique sont pour le moment trĂšs Ă©parpillĂ©es et ne sont pas toujours actualisĂ©es (voir aussi le chapitre 5), ce qui a aussi entravĂ© l’ajustement des mesures lorsque c’était nĂ©cessaire. Par ailleurs, il existe peu de visibilitĂ© sur la maniĂšre dont les dispositifs de soutien socio-Ă©conomique ont rĂ©pondu aux besoins.

3.1.3 Absence de feuille de routeAu dĂ©but de la pandĂ©mie, on ne disposait pas d’une feuille de route qui aurait repris notamment les critĂšres permettant d’évaluer les mesures de soutien socio-Ă©conomique proposĂ©es. Compte tenu du degrĂ© d’autonomie des rĂ©gions et des communautĂ©s, peu d’ informations prĂ©cises permettaient de dĂ©terminer les aspects de la crise Ă  prendre en considĂ©ration au sein d’une structure de concertation et de coordination. Les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales, rĂ©gionales et communautaires auraient pu trouver dans une feuille de route rĂ©pondant aux points prĂ©cĂ©dents un outil utile qui leur aurait permis d’élaborer un Ă©ventail de mesures de soutien Ă©conomique plus efficaces et efficientes et ainsi de maximaliser le retour sur investissement des fonds publics employĂ©s.

Une distinction pourrait ĂȘtre faite Ă  cet Ă©gard entre les secteurs qui ont dĂ» faire face Ă  une consommation diffĂ©rĂ©e (par exemple, les magasins de mobilier) et ceux oĂč la consommation a Ă©tĂ© dĂ©finitivement perdue (par exemple, l’horeca ou les mĂ©tiers de contact). ConfrontĂ©es Ă  des demandes de secteurs divers et Ă  la nĂ©cessitĂ© d’y rĂ©agir rapidement, les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales, rĂ©gionales et communautaires ont souvent choisi d’élaborer des mesures univoques rĂ©pondant Ă  une sĂ©rie de principes simples et relativement faciles Ă  mettre en Ɠuvre.

3.2 Processus décisionnel en Communauté française

3.2.1 Contexte juridique et budgĂ©taireÀ partir du mois de mars 2020, la CommunautĂ© française a mobilisĂ© des ressources budgĂ©taires pour contribuer Ă  la gestion de la crise de la covid-19 dans des domaines de compĂ©tences qui lui ont Ă©tĂ© attribuĂ©s par les articles 127, § 1er, et 128, § 1er, de la Constitution et les lois de rĂ©formes institutionnelles. Une succession de dĂ©libĂ©rations budgĂ©taires a permis de rĂ©unir un montant global de 239,8 millions d’euros en 202040.

39 L’encadrement temporaire pour les aides d’État est un mĂ©canisme europĂ©en temporaire qui doit permettre aux États membres de soutenir les entreprises dans le contexte de la crise du coronavirus. La Commission europĂ©enne a adoptĂ© ce mĂ©canisme temporaire le 19 mars 2020 et l’a ensuite prolongĂ© et adaptĂ© Ă  plusieurs reprises (par exemple, en augmentant les plafonds de soutien). Sur le plan procĂ©dural, la Commission europĂ©enne applique une procĂ©dure d’approbation accĂ©lĂ©rĂ©e.

40 Rapport de la Cour des comptes relatif aux projets de dĂ©crets contenant l’ajustement des budgets pour l’annĂ©e 2020 et les budgets pour l’annĂ©e 2021 de la CommunautĂ© française, Doc. Parl., session 2020-2021, 20 novembre 2020, n° 144, annexe 8.

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Comme le prĂ©cise le rapport au gouvernement qui justifie la mise en place d’un fonds d’urgence et de soutien41 Ă  la suite de «la crise sanitaire liĂ©e Ă  l’ Ă©pidĂ©mie de covid-19 et aux mesures de confinement adoptĂ©es consĂ©cutivement par le Conseil national de sĂ©curitĂ©, le Gouvernement a dĂ©cidĂ© d’adopter des mesures de soutien aux diffĂ©rents secteurs relevant de la compĂ©tence de la CommunautĂ© française. En effet, en raison de la crise, ces secteurs font face Ă  des pertes de recettes propres ou Ă  des hausses imprĂ©vues de dĂ©penses, qui sont de nature Ă  mettre en danger la viabilitĂ© d’un certain nombre d’acteurs ou Ă  empĂȘcher la mise en oeuvre d’actions destinĂ©es Ă  lutter contre la crise. Le Gouvernement entend Ă©galement venir en soutien et en aide aux familles et aux enfants. »

Par décret du 17 mars 202042, le Parlement de la Communauté française a habilité le gouvernement à « prendre toutes les mesures utiles pour :

a) suspendre les activités de services agréés, subventionnés ou organisés par la Communauté française ;

b) dĂ©finir les modalitĂ©s par lesquelles des activitĂ©s peuvent ĂȘtre dispensĂ©es en vue de rĂ©duire les contacts sociaux ;

c) limiter l’accĂšs aux bĂątiments ;d) tenir compte de l’ impact des mesures de confinement sur les activitĂ©s des opĂ©rateurs et

organisateurs d’ Ă©vĂšnements dans le financement desquels la CommunautĂ© intervient ;e) modifier les conditions d’octroi, de justification et de contrĂŽle des subventions ;f) adapter les exigences en matiĂšre de prĂ©sence, d’ Ă©valuation et de sanction des Ă©tudes Ă  la

suspension des cours et des activitĂ©s d’apprentissage ;g) prĂ©venir et traiter toute situation qui pose problĂšme dans le cadre strict de la pandĂ©mie

covid-19 et de ses consĂ©quences et qui doit ĂȘtre rĂ©glĂ©e en urgence sous peine de pĂ©ril grave ».

ConformĂ©ment au dispositif de pouvoirs spĂ©ciaux, cette habilitation permettait, sur la base d’arrĂȘtĂ©s, « [d’]abroger, complĂ©ter, modifier ou remplacer les dispositions dĂ©crĂ©tales en vigueur, mĂȘme dans les matiĂšres qui sont expressĂ©ment rĂ©servĂ©es au dĂ©cret par ou en vertu de la Constitution ». L’habilitation confĂ©rĂ©e au gouvernement par ledit dĂ©cret n’a pas fait l’objet d’une prorogation telle que prĂ©vue par son article 5 et est donc venue Ă  Ă©chĂ©ance le 20 juin 2020. Entre le 7 avril et le 20 juin 2020, 39 arrĂȘtĂ©s de pouvoirs spĂ©ciaux ont Ă©tĂ© pris sur cette base.

Compte tenu d’une rĂ©surgence de la pandĂ©mie Ă  l’automne 2020, un dĂ©cret du 14 novembre 202043 a fourni une nouvelle base juridique Ă  la capacitĂ© confĂ©rĂ©e au gouvernement de la CommunautĂ© française de recourir aux pouvoirs spĂ©ciaux. Au 31 dĂ©cembre 2020, deux arrĂȘtĂ©s de pouvoirs spĂ©ciaux ont Ă©tĂ© pris sur cette nouvelle base dĂ©crĂ©tale.

41 ArrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 2 du 7 avril 2020 pris en exĂ©cution du dĂ©cret du 17 mars 2020 octroyant des pouvoirs spĂ©ciaux au gouvernement dans le cadre de la crise sanitaire du covid-19 relatif Ă  la crĂ©ation d’un fonds d’urgence et de soutien, Moniteur belge, 10 avril 2020.

42 Article 1er, § 1, du décret du 17 mars 2020 octroyant des pouvoirs spéciaux au gouvernement dans le cadre de la crise sanitaire de la covid-19, Moniteur belge, 20 mars 2020.

43 Décret du 14 novembre 2020 octroyant des pouvoirs spéciaux au gouvernement en vue de réagir à la deuxiÚme vague de la crise sanitaire du covid-19, Moniteur belge, 18 novembre 2020.

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36

Lorsque l’ intervention de l’exĂ©cutif ne requĂ©rait aucune modification dĂ©crĂ©tale, le gouvernement a Ă©galement adoptĂ© des arrĂȘtĂ©s ordinaires.

Dans son rapport relatif aux projets de dĂ©crets contenant l’ajustement des budgets pour l’annĂ©e 2020 et les budgets pour l’annĂ©e 2021 de la CommunautĂ© française44, la Cour des comptes a livrĂ© un premier commentaire des dĂ©libĂ©rations budgĂ©taires qui ont permis Ă  la CommunautĂ© française de mobiliser des ressources pour faire face Ă  la crise sanitaire.

Elle a constatĂ© qu’à « la date du 3 novembre 2020, 45,4 millions d’euros ont Ă©tĂ© engagĂ©s (dont 89 % ont Ă©tĂ© liquidĂ©s) sur les 239,8 millions de moyens affectĂ©s » Ă  l’urgence sanitaire45.

3.2.2 Contexte organisationnelMalgrĂ© le recours au procĂ©dĂ© des pouvoirs spĂ©ciaux et le contexte d’urgence, les dĂ©cisions adoptĂ©es par la CommunautĂ© française dans le cadre de la crise sanitaire ont Ă©tĂ© prises dans un contexte organisationnel classique.

Ce contexte a Ă©tĂ© celui du cadre constituĂ© par les services du gouvernement et les cabinets ministĂ©riels, complĂ©tĂ© par les services publics qui disposent d’une personnalitĂ© juridique distincte de la CommunautĂ© française, tels que l’Office de la naissance et de l’enfance ou le Centre du cinĂ©ma et de l’audiovisuel.

Le dĂ©cret-programme du 9 dĂ©cembre 2020 a ajoutĂ© Ă  ce cadre organisationnel un nouveau service administratif Ă  comptabilitĂ© autonome (Saca), la Cellule Urgence et RedĂ©ploiement (CUR), rattachĂ©e au secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral du ministĂšre de la CommunautĂ© française. Sa mission est d’encadrer les aspects budgĂ©taires, comptables et financiers des mesures d’urgence et de redĂ©ploiement dĂ©cidĂ©es par le gouvernement46.

Cette organisation a été complétée par la participation de ministres de la Communauté française au Comité de concertation.

3.3 Cohérence de la procédure décisionnelle

3.3.1 Fonctionnement collĂ©gial du gouvernementL’arrĂȘtĂ© du gouvernement du 20 septembre 2019 de la CommunautĂ© française portant rĂšglement du fonctionnement du gouvernement Ă©tablit des rĂšgles et des procĂ©dures auxquelles les dĂ©cisions de l’exĂ©cutif doivent satisfaire, parmi lesquelles figurent :

‱ la collĂ©gialitĂ© de la dĂ©cision ;‱ les seuils financiers qui imposent la dĂ©libĂ©ration gouvernementale ;‱ l’obligation de prĂ©senter au gouvernement l’avis remis par l’Inspection des finances ainsi

que, lorsqu’il y a lieu, l’accord du ministre du Budget ou de la Fonction publique sur leprojet de dĂ©cision.

44 Rapport de la Cour des comptes relatif aux projets de dĂ©crets contenant l’ajustement des budgets pour l’annĂ©e 2020 et les budgets pour l’annĂ©e 2021 de la CommunautĂ© française, Doc. Parl., session 2020-2021, 20 novembre 2020, n° 144, annexe 8.

45 Cour des comptes, ibid., p. 54.46 Voir les observations de la Cour des comptes portant sur la CUR dans le cadre du projet de décret contenant

l’ajustement du budget des dĂ©penses pour l’annĂ©e budgĂ©taire 2021, Rapport de Commission, 30 juin 2021, p.9.

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Le contexte de la crise sanitaire n’a pas altĂ©rĂ© ce mode de fonctionnement.

De mĂȘme, les lois sur le Conseil d’État, coordonnĂ©es le 12 janvier 1973, ont Ă©tĂ© observĂ©es.

Le contenu du dĂ©cret du 17 mars 2020 octroyant des pouvoirs spĂ©ciaux au gouvernement dans le cadre de la crise sanitaire de la covid-19 a assurĂ© la fluiditĂ© de la procĂ©dure dĂ©cisionnelle. L’article 3 du dĂ©cret a en effet permis le recours Ă  la voie Ă©lectronique pour « solliciter un avis, ou organiser une concertation ou une nĂ©gociation ».

La collĂ©gialitĂ© de la dĂ©cision a contribuĂ© Ă  la cohĂ©rence du financement des mesures Ă  partir de la mise en place, par un arrĂȘtĂ© du 7 avril 202047, d’un fonds budgĂ©taire dĂ©diĂ© Ă  la crise sanitaire.

Des ressources de diffĂ©rents dĂ©partements, incluant des rĂ©serves de l’Office de la naissance et de l'enfance (ONE) et de l’Etnic, ont Ă©tĂ© mutualisĂ©es et attribuĂ©es collĂ©gialement Ă  partir de nouveaux instruments.

De la sorte, la rĂ©partition par le budget initial 2020 des crĂ©dits entre les diffĂ©rents ministres, agissant en tant qu’ordonnateurs primaires, n’a pas constituĂ© le cadre de gestion de la crise sanitaire.

Le caractĂšre collĂ©gial du processus dĂ©cisionnel adaptĂ© Ă  la gestion de la crise a Ă©tĂ© maintenu par l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française du 17 dĂ©cembre 2020 crĂ©ant la Cellule Urgence et RedĂ©ploiement, au budget de laquelle le solde du fonds budgĂ©taire prĂ©citĂ© a Ă©tĂ© versĂ©. En effet, en vertu de cet arrĂȘtĂ©, le gouvernement est l’ordonnateur de la Cellule, au sens de l’article 2, 6°, du dĂ©cret du 20 dĂ©cembre 201148, mais il peut dĂ©lĂ©guer cette compĂ©tence dans ses notifications.

3.3.2 Motivation des mesuresMalgrĂ© le contexte d’urgence, les mesures adoptĂ©es par le gouvernement dans le contexte de la crise sanitaire satisfont au principe de motivation formelle des actes administratifs.

Le prĂ©ambule des arrĂȘtĂ©s du gouvernement permet d’ identifier, en termes gĂ©nĂ©raux, les destinataires des mesures ainsi que le lien entre ces mesures et les dĂ©cisions prises dans le cadre du ComitĂ© de concertation.

Cependant, lorsque les mesures ont pour objet d’apporter un soutien financier aux entreprises et aux particuliers, le contenu des arrĂȘtĂ©s et des dossiers Ă©laborĂ©s en amont de la dĂ©cision gouvernementale n’apporte pas une justification systĂ©matique du choix des interventions, de l’état de besoin du public cible ainsi que du budget prĂ©vu.

47 ArrĂȘtĂ© du 7 avril 2020 du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n°2 pris en exĂ©cution du dĂ©cret du 17 mars 2020 octroyant des pouvoirs spĂ©ciaux au gouvernement dans le cadre de la crise sanitaire du Covid-19 relatif Ă  la crĂ©ation d’un fonds d’urgence et de soutien.

48 Décret du 20 décembre 2011 portant organisation du budget et de la comptabilité des Services du gouvernement de la Communauté française, Moniteur belge, 17 janvier 2012.

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38

Ce dĂ©ficit dans la motivation substantielle des interventions financiĂšres est liĂ© aux limites de l’ information disponible au sein de la CommunautĂ© française (voir infra).

3.3.2.1 Publics ciblesPour la détermination des destinataires des mesures de soutien dans le cadre de la crise sanitaire de la covid-19, le gouvernement a eu recours à trois méthodes. Selon le cas :

1) les destinataires sont nommĂ©ment identifiĂ©s par le dispositif rĂ©glementaire d’ intervention ;

2) la qualité de destinataire est emportée par le statut juridique ;

3) la qualité de destinataire dépend de la rencontre de critÚres ponctuels.

Les trois exemples suivants illustrent les hypothÚses citées ci-avant :

‱ L’article 2 de l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 8 du 7 mai 2020 relatif au soutien des hĂŽpitaux universitaires dans le cadre de la crise sanitaire de la covid-19, qui est en dehors du pĂ©rimĂštre du prĂ©sent audit, identifie nommĂ©ment les hĂŽpitaux universitaires auxquels des subventions exceptionnelles sont destinĂ©es.

‱ L’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 14 du 20 mai 2021 relatif au soutien des opĂ©rateurs actifs reconnus dans le secteur du sport par la CommunautĂ© française se rĂ©fĂšre au statut juridique des opĂ©rateurs du secteur du sport. C’est ainsi que, conformĂ©ment Ă  l’article 2 dudit arrĂȘtĂ©, les destinataires de la mesure sont : « 1° les fĂ©dĂ©rations et associations sportives reconnues par la CommunautĂ© française en vertu des articles 30 Ă  37 du dĂ©cret du 8 dĂ©cembre 2006 visant l’organisation et le subventionnement du sport en CommunautĂ© française ; 2° les cercles affiliĂ©s, depuis au moins une annĂ©e civile accomplie, Ă  une fĂ©dĂ©ration ou association sportive reconnue par la CommunautĂ© française. »

‱ L’article 2 de l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 4 du 23 avril 2020 relatif au soutien du secteur culturel et du cinĂ©ma dans le cadre de la crise sanitaire de la covid-19 dĂ©termine le pĂ©rimĂštre des bĂ©nĂ©ficiaires de la mesure en renvoyant au respect de conditions en ce qu’il Ă©nonce que le gouvernement « peut octroyer une indemnitĂ© Ă  un opĂ©rateur culturel bĂ©nĂ©ficiant d’un soutien de la CommunautĂ© française afin d’indemniser une perte de recettes propres, pour autant que les conditions visĂ©es Ă  l’article 5 soient respectĂ©es ».

Cette derniĂšre hypothĂšse, Ă  savoir la dĂ©termination large des destinataires potentiels de la mesure, a retenu l’attention du Conseil d’État lors de l’analyse d’un projet d’arrĂȘtĂ©. En effet, dans son avis n° 67.225/4 remis au gouvernement de la CommunautĂ© française en date du 16 avril 2020 et portant sur ce qui deviendra l’arrĂȘtĂ© de pouvoirs spĂ©ciaux n°4, le Conseil d’État s’est rĂ©fĂ©rĂ© Ă  l’article 23 de la Constitution, pour demander une plus grande prĂ©cision dans la dĂ©termination des bĂ©nĂ©ficiaires du montant des indemnitĂ©s prĂ©vues. Le gouvernement a toutefois choisi de ne pas suivre le Conseil d’État « au motif que les indemnitĂ©s envisagĂ©es s’ inscrivent dans le cadre d’une intervention d’urgence pour laquelle il est nĂ©cessaire de disposer d’un cadre juridique souple et flexible qui, par nature, n’est pas compatible avec un degrĂ© de prĂ©cision excessif ». Le gouvernement s’est reposĂ© sur la

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jurisprudence constante de la Cour constitutionnelle, suivant laquelle « une exigence de lĂ©galitĂ© assouplie s’applique en pareille circonstance, pour autant que l’objet des mesures soit dĂ©fini, ce qui est le cas en l’espĂšce, afin que le cadre normatif puisse couvrir « la diversitĂ© des situations » (C.C., arrĂȘt n° 77/2018 du 21 juin 2018). L’article 23 de la Constitution n’ impose pas au lĂ©gislateur de rĂ©gler tous les Ă©lĂ©ments essentiels des droits qu’ il consacre et ne lui interdit pas d’ habiliter le pouvoir exĂ©cutif Ă  rĂ©gler ceux-ci (C.C., arrĂȘt n° 71/2017 du 15 juin 2017) ».

Il rĂ©sulte donc de ce qui prĂ©cĂšde que, dans la dĂ©termination des destinataires des mesures, le gouvernement a assumĂ© une prise de risques juridiques justifiĂ©e par l’urgence.

Par un dĂ©cret du 12 novembre 2020, le Parlement de la CommunautĂ© française a confirmĂ© l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 4 du 23 avril 2020.

3.3.2.2 Budget des mesuresLa motivation formelle et le dispositif rĂ©glementaire des arrĂȘtĂ©s organisant l’ intervention financiĂšre de la CommunautĂ© française Ă  destination de personnes morales et privĂ©es rĂ©fĂšrent aux difficultĂ©s qu’engendre la crise sanitaire pour la CommunautĂ© française. D’une part, l’état de besoin et l’urgence Ă©conomique sont prĂ©sumĂ©s ĂȘtre les consĂ©quences des mesures de confinement. D’autre part, les montants financiers nĂ©cessaires aux publics cibles ne sont pas connus avec prĂ©cision. Il en ressort notamment que la CommunautĂ© française n’est pas en mesure d’établir un ordre de prioritĂ© pour ses interventions, et ce ni entre les secteurs de la dĂ©pense, ni entre les destinataires d’une mĂȘme mesure.

Ainsi, l’article 4 de l’arrĂȘtĂ© qui dĂ©finit le financement exceptionnel des centres de rencontres et d’hĂ©bergement (CRH), organisĂ©s en association de droit privĂ©, prĂ©voit la rĂ©partition des montants allouĂ©s dans les termes suivants49 :

« Les indemnitĂ©s financiĂšres visĂ©es par le prĂ©sent arrĂȘtĂ© sont octroyĂ©es dans la limite des crĂ©dits budgĂ©taires prĂ©vus Ă  cet effet dans le cadre du fonds d’urgence et de soutien face Ă  l’ Ă©pidĂ©mie covid-19 (division organique 11 - article de base 01.05.02 du budget des dĂ©penses de la CommunautĂ© française pour l’annĂ©e 2020). À dĂ©faut de crĂ©dits suffisants, et lorsqu’un ensemble de demandes satisfaisant aux conditions prĂ©vues par le prĂ©sent arrĂȘtĂ© ont Ă©tĂ© introduites, les indemnitĂ©s sont octroyĂ©es au prorata des budgets restants ».

Ce dispositif se fonde sur l’hypothĂšse d’un Ă©tat de besoin dans des structures dont le financement dĂ©pend de recettes locatives. Il ne repose pas sur une estimation prĂ©cise de ce besoin dans un contexte d’ interruption des activitĂ©s des CRH et de possibilitĂ© d’une prise en charge de leurs frais de personnel par l’État fĂ©dĂ©ral.

L’ intervention financiĂšre Ă  destination du secteur du sport fournit une autre illustration50 de cet Ă©lĂ©ment. Le texte de l’arrĂȘtĂ© de pouvoirs spĂ©ciaux n° 14 contient en effet une disposition

49 ArrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 17 du 28 mai 2020 relatif au soutien des centres de rencontres et d’hĂ©bergement dans le cadre de la crise sanitaire du Covid-19, Moniteur belge, 8 juin 2020.

50 ArrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 14 du 20 mai 2020 relatif au soutien des opĂ©rateurs actifs reconnus dans le secteur du sport par la CommunautĂ© française, Moniteur belge, 2 juin 2020.

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similaire Ă  celle qui figure dans l’arrĂȘtĂ© prĂ©citĂ© de pouvoirs spĂ©ciaux n° 17. Cette disposition admet la plausibilitĂ© d’une insuffisance de crĂ©dits et, en Ă©tablissant un mĂ©canisme de rĂ©partition entre les bĂ©nĂ©ficiaires au prorata du solde disponible, l’ insuffisance de l’ information dĂ©tenue par la CommunautĂ© française quant aux besoins respectifs des diffĂ©rents opĂ©rateurs du secteur.

De façon plus gĂ©nĂ©rale, le dĂ©tail de la rĂ©partition des moyens financiers successivement rassemblĂ©s dans le fonds d’urgence et le budget du Saca CUR a Ă©tĂ© publiĂ©51. En revanche, la justification de la rĂ©partition de ces moyens entre les secteurs de la dĂ©pense et le mode d’évaluation des besoins ne l’ont pas Ă©tĂ©.

3.3.2.3 Modes d’intervention La CommunautĂ© française a envisagĂ© et mis en Ɠuvre diffĂ©rents procĂ©dĂ©s de dĂ©pense pour assurer une aide aux entreprises et aux particuliers.

Parmi les procĂ©dĂ©s de dĂ©pense effectivement mis en Ɠuvre, figurent, Ă  titre principal, l’octroi d’une subvention et, Ă  titre subsidiaire, l’octroi d’une garantie financiĂšre ou d’une avance sur recettes.

L’octroi d’une subvention constitue une dĂ©pense certaine. Elle implique un contrĂŽle a posteriori de la conformitĂ© de son utilisation Ă  sa destination, qui constitue Ă©galement un coĂ»t pour la CommunautĂ© française. Ce contrĂŽle est prĂ©vu par l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française du 18 janvier 2017 relatif Ă  l’organisation et la coordination des contrĂŽles de l’octroi et de l’emploi des subventions, pris en exĂ©cution de l’article 61 du dĂ©cret du 20 dĂ©cembre 2011 portant organisation du budget et de la comptabilitĂ© des services du gouvernement de la CommunautĂ© française. L’article 5, § 1er, de cet arrĂȘtĂ© attribue aux services du gouvernement de la CommunautĂ© française des pouvoirs d’ investigation les plus larges : ils « peuvent notamment consulter sans dĂ©placement tous Ă©tats, piĂšces comptables, documents et piĂšces justificatives, se faire communiquer tous Ă©lĂ©ments qui prĂ©sentent un intĂ©rĂȘt pour leurs investigations et entendre toute personne qualifiĂ©e susceptible de leur fournir des Ă©claircissements ».

L’octroi d’une garantie financiĂšre limitĂ©e ou d’une avance sur recettes constitue une bonne pratique au regard du principe d’économie. Cette pratique a Ă©tĂ© rĂ©servĂ©e au secteur de la culture et plus particuliĂšrement au secteur du cinĂ©ma. DestinĂ© Ă  l’ indemnisation des tournages interrompus en raison de la crise sanitaire de la covid-19, le mĂ©canisme, instaurĂ© d’abord pour trois mois et ensuite prolongĂ©, prĂ©voyait une intervention de la sociĂ©tĂ© anonyme de droit public St’art ainsi que des balises financiĂšres dont un montant maximal d’ intervention par film au prorata du budget de celui-ci, une franchise et un montant maximum de cinq millions d’euros pour l’ indemnisation du total des sinistres couverts.

51 ArrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 47 du 28 janvier 2021 approuvant le budget initial 2021 du Service Administratif Ă  ComptabilitĂ© Autonome « Urgence et RedĂ©ploiement » en vue de soutenir les secteurs touchĂ©s par la crise et de permettre le redĂ©ploiement de ceux-ci dans le cadre de la crise du covid-19, Moniteur belge, 5 fĂ©vrier 2021.

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L’octroi d’une garantie a permis non seulement d’assurer des risques que le secteur privĂ© ne prenait pas en charge, mais aussi de limiter la dĂ©pense publique. En effet une premiĂšre Ă©valuation du mĂ©canisme a permis au cabinet de la ministre d’apporter, en dĂ©cembre 2020, l’ information suivante : avant sa prolongation pour trois mois Ă  compter d’octobre, le « mĂ©canisme a Ă©tĂ© utilisĂ© pleinement, avec plus de 17 films qui ont pu bĂ©nĂ©ficier du Fonds de Garantie, pour un total couvert de 4.978.379,02 € (20 % du budget total des films) » et « aucun tournage n’a dĂ» activer le Fonds de Garantie ». La mĂȘme rĂ©ponse fournie par le cabinet a prĂ©cisĂ© qu’à la suite de la prolongation du fonds de garantie en octobre 2020, « 5 dossiers de sinistres ont Ă©tĂ© ouvert auprĂšs de ST’ART. Un seul a Ă©tĂ© expertisĂ© Ă  ce jour, pour un montant de 200.000 euros (dĂ©duction faite de la franchise du producteur). Les autres sinistres semblent plus limitĂ©s et n’amĂšneront peut-ĂȘtre pas de dĂ©dommagement au regard du montant de la franchise pour le producteur »52.

Un mĂ©canisme similaire a Ă©tĂ© prĂ©vu Ă  destination des arts de la scĂšne, mais n’a pas Ă©tĂ© activĂ© en 2020 dĂšs lors que les salles de spectacle sont restĂ©es fermĂ©es.

L’augmentation des avances sur recettes53, fondĂ©e sur l’arrĂȘtĂ© du 11 juin 2020 du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 21 portant le budget ajustĂ© du Centre du cinĂ©ma et de l’audiovisuel en vue de soutenir le redĂ©ploiement du cinĂ©ma dans le cadre de la crise de la covid-19, n’était pas fondĂ©e sur la certitude d’une rĂ©duction des moyens financiers Ă  disposition des opĂ©rateurs du secteur, notamment dans le cadre du dispositif dit du « tax shelter ». La dĂ©pense consentie est nĂ©anmoins assortie de la perspective, pour le budget de la CommunautĂ© française, de recettes au terme de la diffusion des films.

3.4 Analyse des besoins et des risques

3.4.1 Interventiondel’InspectiondesfinancesEn vertu de l’article 39 de l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française du 28 novembre 2013 portant organisation des contrĂŽles et audit internes budgĂ©taires et comptables ainsi que du contrĂŽle administratif et budgĂ©taire, les inspecteurs des finances sont compĂ©tents pour adresser « au ministre auprĂšs duquel ils sont accrĂ©ditĂ©s toutes suggestions susceptibles d’accroĂźtre l’efficacitĂ© et l’efficience des moyens engagĂ©s, d’amĂ©liorer le fonctionnement des services du dĂ©partement et de rĂ©aliser des Ă©conomies ».

Le gouvernement n’a pas sollicitĂ© l’Inspection des finances pour dĂ©terminer les besoins des entreprises et des particuliers Ă  l’égard desquels la CommunautĂ© française est compĂ©tente. Il a toutefois consultĂ© l’Inspection des finances sur ses projets de dĂ©cision. Cette consultation a souvent eu lieu dans l’urgence, mais elle a contribuĂ© Ă  une certaine maĂźtrise des risques, tout en permettant d’adapter l’aspect technique de ces projets.

52 Courriel du 4 dĂ©cembre 2020 adressĂ© par le cabinet de la ministre de la Culture. 53 L’aide est allouĂ©e sous forme d’avance, remboursable au premier rang et au premier euro sur les recettes nettes

provenant de toute exploitation du film concĂ©dĂ©e Ă  des tiers sur l’ensemble des territoires du monde entier et ce, jusqu’à rĂ©cupĂ©ration de 200 % de l’apport de la FWB.Voir https://audiovisuel.cfwb.be/fileadmin/sites/sgam/uploads/Aides/Commission_de_Selection_des_Films/CSF_ Dispositions_generales.pdf, p.21 .

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À titre d’exemple, le cabinet de la ministre de la Culture a indiquĂ© que l’avis de l’Inspection des finances avait contribuĂ© Ă  l’élaboration du dispositif de l’arrĂȘtĂ© de pouvoirs spĂ©ciaux n° 39 du 20 juin 2020 visant Ă  relancer les tournages en garantissant les risques liĂ©s Ă  la crise de la covid-19. Cet avis de l’Inspection des finances a incitĂ© la CommunautĂ© française Ă  examiner la compatibilitĂ© du projet de fonds de garantie avec le rĂ©gime des aides d’État.

3.4.2 Documentation variable des besoins Dans les secteurs dont, Ă  la diffĂ©rence de l’enseignement, la CommunautĂ© française n’assure pas l’essentiel du financement, elle dispose d’une information limitĂ©e sur l’état des besoins.

L’ information utilisĂ©e dans le cadre de l’élaboration des mesures Ă  destination des particuliers et des entreprises provient de diffĂ©rents types de sources.

Trois situations, susceptibles de se superposer, peuvent ĂȘtre distinguĂ©es. Il s’agit des situations dans lesquelles :

1) Le besoin a Ă©tĂ© identifiĂ© par les services de la CommunautĂ© française sur la base d’une information interne Ă  l’administration.

2) Le besoin a Ă©tĂ© exprimĂ© par des entreprises ou des particuliers.3) Le besoin a Ă©tĂ© identifiĂ© Ă  partir des sources externes Ă  l’administration et distinctes des

destinataires de l’aide.

La premiĂšre situation correspond Ă  l’aide dĂ©ployĂ©e dans le secteur du cinĂ©ma. Si la CommunautĂ© française a consultĂ© les organisations du secteur, elle disposait Ă©galement en interne de l’expertise du Centre du cinĂ©ma et de l’audiovisuel et, notamment, de la Commission d’aide aux opĂ©rateurs de l’audiovisuel. En dehors de tout contexte de crise, cette commission remet un avis sur les demandes d’aides dĂ©posĂ©es par les ateliers, les festivals, les structures de diffusion, les distributeurs, les exploitants de salles et les plateformes de diffusion numĂ©rique, conformĂ©ment aux dispositions du dĂ©cret du 10 novembre 2011 relatif au soutien au cinĂ©ma et Ă  la crĂ©ation audiovisuelle.

La deuxiĂšme situation correspond au soutien accordĂ© Ă  la chaĂźne du livre. À ce sujet, le cabinet de la ministre en charge de ce secteur a fourni l’ information suivante Ă  la Cour : « AprĂšs de multiples contacts avec les FĂ©dĂ©rations professionnelles, la ministre de la Culture a rĂ©uni le Partenariat Interprofessionnel du Livre et de l’Edition NumĂ©rique (PILEN) en date des 8 avril 2020, 17 avril 2020 et 24 avril 2020 afin d’ identifier les besoins du secteur liĂ©s Ă  la crise du covid-19 »54. Le PILEN est composĂ© des reprĂ©sentants des auteurs, Ă©diteurs/distributeurs, libraires et bibliothĂ©caires.

La troisiĂšme situation est illustrĂ©e par le secteur du sport. À ce sujet, le cabinet de la ministre en charge du secteur a en effet fourni les informations suivantes Ă  la Cour : « l’enveloppe de 4 millions d’euros a Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©e Ă  la suite d’une enquĂȘte, en 3 questionnaires, menĂ©e entre le 4 et le 8 avril 2020 par l’Association InterfĂ©dĂ©rale du Sport Francophone – AISF – et l’Association des Établissements Sportifs – AES –, qui sont reconnues toutes les deux par la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles pour leur fonction de reprĂ©sentation et d’expertise auprĂšs du

54 RĂ©ponse fournie par courriel le 4 dĂ©cembre par le cabinet de la ministre Ă  un questionnaire adressĂ© en cours d’audit.

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 43

mouvement sportif. Cette enquĂȘte chiffrait la perte nette totale pour le mouvement sportif Ă  64.250.000 euros ». Le cabinet a Ă©galement prĂ©cisĂ© : « La mesure de soutien a en effet Ă©tĂ© mise en place Ă  la demande du secteur sportif et le modĂšle de rĂ©partition a Ă©tĂ© dĂ©terminĂ© avec les reprĂ©sentants du secteur Ă  savoir l’AISF »55.

La diversitĂ© des sources d’ information constitue un obstacle Ă  une apprĂ©ciation uniforme des risques, parmi lesquels un manque d’efficience dans l’allocation des aides, voire un effet d’aubaine pour des bĂ©nĂ©ficiaires de celles-ci. Cependant, le recours Ă  la co-construction pour dĂ©finir les aides a constituĂ© une solution pragmatique dans un contexte d’urgence.

3.5 MaĂźtrise de risques

Compte tenu de la diversitĂ© des pouvoirs publics – fĂ©dĂ©raux, rĂ©gionaux et locaux – susceptibles d’octroyer une aide aux particuliers et aux entreprises qui sont dans son pĂ©rimĂštre de subvention, la CommunautĂ© française a mis en place trois procĂ©dĂ©s afin de tenter de maĂźtriser les risques d’une allocation inefficiente des ressources pouvant aller jusqu’au versement de montants supĂ©rieurs au prĂ©judice subi.

Ces procédés consistent à :

‱ prĂ©voir dans la rĂ©glementation l’obligation, dans le chef du bĂ©nĂ©ficiaire, de dĂ©clarer l’ensemble des interventions financiĂšres en sa faveur dans le cadre de la crise ;

‱ inventorier les mesures d’aide dĂ©cidĂ©es par d’autres niveaux de pouvoir Ă  destination des entreprises et des particuliers ;

‱ prendre des contacts avec les autres niveaux de pouvoir.

Ils ont Ă©tĂ© mis en place Ă  des degrĂ©s divers selon les secteurs ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une aide.

3.5.2.1 PrĂ©vention rĂ©glementaire du risqueLa prĂ©vention rĂ©glementaire du risque de l’attribution indue ou inefficiente d’une aide financiĂšre revĂȘt la forme de dispositions qui, dans les arrĂȘtĂ©s du gouvernement, prĂ©voient l’obligation, dans le chef du bĂ©nĂ©ficiaire, de dĂ©clarer les aides reçues de tiers.

Le libellĂ© et les contenus de cette obligation ne sont toutefois pas identiques dans tous les arrĂȘtĂ©s.

Il convient en effet d’opĂ©rer une distinction entre :

‱ L’obligation faite au bĂ©nĂ©ficiaire de solliciter auprĂšs de toutes les autoritĂ©s compĂ©tentes, en ce compris celles des autres niveaux de pouvoir, l’octroi des aides auxquelles il est Ă©ligibleCette obligation est illustrĂ©e par l’article 2, § 2, 8°, de l’arrĂȘtĂ© de pouvoirs spĂ©ciaux n° 13 du 20 mai 2020 relatif au soutien du secteur des mĂ©dias dans le cadre de la crise sanitaire de la covid-19 qui impose aux services de mĂ©dias audiovisuels et de la presse Ă©crite de la CommunautĂ© française dont la viabilitĂ© est menacĂ©e de solliciter « auprĂšs

55 RĂ©ponse fournie par courriel du 3 dĂ©cembre 2020 par le cabinet de la ministre Ă  un questionnaire adressĂ© en cours d’audit.

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de toutes les autoritĂ©s compĂ©tentes, en ce compris celles des autres niveaux de pouvoirs, l’octroi de toutes les aides auxquelles il est Ă©ligible ».

‱ L’obligation faite au bĂ©nĂ©ficiaire de fournir le dĂ©tail des subventions et facilitĂ©s obtenues auprĂšs d’autres niveaux de pouvoirCette obligation est illustrĂ©e par l’article 3, § 1, 3°, de l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 17 du 28 mai 2020 relatif au soutien des centres de rencontres et d’hĂ©bergement dans le cadre de la crise sanitaire de la covid-19 qui dispose que « si l’opĂ©rateur reçoit des subventions ou facilitĂ©s Ă©manant d’autres niveaux de pouvoirs, ces montants sont pris en compte dans le calcul du montant de la subvention pour Ă©viter un double subventionnement portant sur le mĂȘme objet ».

Il ressort de l’analyse des textes rĂ©glementaires que, d’une part, le conditionnement d’une aide de la CommunautĂ© française Ă  la recherche prĂ©alable par le bĂ©nĂ©ficiaire d’autres ressources auprĂšs d’autres pouvoirs publics constitue, Ă  l’aune du principe d’économie, une bonne pratique qui n’a pas Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e. D’autre part, il apparaĂźt que les diffĂ©rents dispositifs de prĂ©vention du double subventionnement reposent sur la dĂ©claration des bĂ©nĂ©ficiaires. DĂšs lors, le contrĂŽle de l’administration est limitĂ© et la rĂ©gularitĂ© des paiements repose sur la bonne foi des demandeurs.

3.5.2.2 RĂ©capitulation des aides par la CommunautĂ© françaiseLa rĂ©capitulation, sous la forme d’un cadastre, des aides octroyĂ©es par les diffĂ©rents niveaux de pouvoir aux entreprises et aux particuliers en faveur desquels la CommunautĂ© française intervient ne constitue pas une obligation rĂ©glementaire. Elle est toutefois de nature Ă  contribuer Ă  la maĂźtrise du risque d’un double subventionnement.

La Communauté française dresse progressivement des listes récapitulatives, à un rythme qui dépend des contraintes et des ressources des différentes administrations.

Dans le secteur du sport, une liste a Ă©tĂ© Ă©tablie au cours de l’annĂ©e 2020 et publiĂ©e sur le site internet de la CommunautĂ© française56.

Dans le secteur de la culture, un « cadastre des aides octroyées par le Pouvoir fédéral et les entités fédérées au secteur culturel et créatif » a également été mis en ligne sur ce site et est daté du mois de mars 202157.

Ces listes rĂ©capitulatives sont destinĂ©es aux demandeurs d’une aide des pouvoirs publics et leur existence n’ implique pas leur utilisation par les services de la CommunautĂ© française dans le cadre du traitement des demandes ou du contrĂŽle des piĂšces justificatives de la dĂ©pense faisant l’objet d’un subventionnement.

3.5.2.3 ContactsaveclesdiffĂ©rentsniveauxdepouvoirDans un contexte de dĂ©ficit de coordination nationale, des contacts ont nĂ©anmoins eu lieu entre la CommunautĂ© française et les autres niveaux de pouvoir. Ces contacts diffĂšrent selon les secteurs et les matiĂšres et n’ont pas Ă©tĂ© coordonnĂ©s par le gouvernement. L’ information recueillie par la Cour des comptes illustre la diversitĂ© des pratiques.

56 L’inventaire est consultable à l’adresse http://www.sport-adeps.be/index.php?id=8818.57 Ce document est accessible en ligne à l’adresse http://www.culture.be/index.php?id=18473.

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 45

Dans le secteur du livre, il n’y a pas eu de consultation formelle en amont de la dĂ©cision. Par contre, le cabinet a prĂ©cisĂ© que le « PILEN et l’administration suivent avec attention les divers dispositifs mis en Ɠuvre par les diffĂ©rents niveaux de pouvoirs ».

Dans le secteur de l’enseignement supĂ©rieur, il n’y a pas eu non plus de consultation du gouvernement d’un autre niveau de pouvoir en amont de la prise de dĂ©cision. Le cabinet a cependant prĂ©cisĂ© que « des contacts ont Ă©tĂ© pris avec les fĂ©dĂ©rations des CPAS, les ministres rĂ©gionaux du Logement et les rĂ©seaux de lutte contre la pauvretĂ© afin de mieux coordonner les initiatives et de voir ce que chacun pouvait faire dans le cadre de ses compĂ©tences propres ».

Dans les secteurs de la jeunesse et du sport, l’ intervention financiĂšre dĂ©cidĂ©e en faveur de centres d’hĂ©bergement, des fĂ©dĂ©rations, centres et clubs sportifs ne s’est pas non plus accompagnĂ©e d’une consultation d’autres autoritĂ©s publiques.

En revanche, dans le secteur du cinĂ©ma, le cabinet de la ministre de la Culture a expliquĂ© que « plusieurs consultations ont eu lieu avec les rĂ©gions, via les fonds rĂ©gionaux spĂ©cialisĂ©s dans l’audiovisuel Ă  savoir Wallimage pour la RĂ©gion wallonne et screen.brussels pour la RĂ©gion bruxelloise ». En outre, « des consultations ont Ă©galement eu lieu avec le SPF Finances, concernant des demandes d’adaptations temporaires du mĂ©canisme du Tax Shelter (notamment rĂ©troactivitĂ© des dĂ©penses et augmentation du plafond absolu d’ investissement), ainsi qu’avec le SPF SĂ©curitĂ© sociale pour les demandes concernant le statut d’artiste et le gel des pĂ©riodes de comptabilisation des contrats ».

Dans ce mĂȘme secteur, le Parlement de la CommunautĂ© française a dĂ©diĂ© l’agenda de plusieurs sĂ©ances de la commission de l’Enfance, de la SantĂ©, de la Culture, des MĂ©dias et des Droits des femmes Ă  la problĂ©matique de l’ intĂ©gration des politiques de la CommunautĂ© française Ă  destination du secteur du cinĂ©ma et du dispositif de tax shelter de l’État fĂ©dĂ©ral58.

3.6 Conclusion partielle

Il n’a pas Ă©tĂ© prĂ©vu de structure de consultation et de coordination entre niveaux de pouvoir pour prĂ©parer, Ă©laborarer et suivre les mesures de soutien socio-Ă©conomique. Le choix des mesures de soutien a donc Ă©tĂ© exclusivement opĂ©rĂ© au niveau politique, tandis que la tĂąche d’autres acteurs, tels que l’ERMG, s’est limitĂ©e pour l’essentiel Ă  suivre l’ incidence Ă©conomique de la crise, Ă  Ă©changer des informations entre leurs membres et Ă  rĂ©aliser des analyses. Par ailleurs, une feuille de route prĂ©sentant des pistes de solution ou des critĂšres directeurs n’a pas Ă©tĂ© mise Ă  disposition. La Cour des comptes constate dans le mĂȘme temps que les diffĂ©rents gouvernements ont rĂ©ussi Ă  prendre trĂšs rapidement les premiĂšres mesures de soutien socio-Ă©conomique, parallĂšlement aux premiĂšres mesures sanitaires. Ces premiĂšres mesures visaient Ă©galement Ă  faire face aux Ă©ventuels problĂšmes de liquiditĂ©s et de pertes de revenus, conformĂ©ment aux recommandations internationales.

L’absence de structure de concertation et de coordination a eu plusieurs consĂ©quences : un manque de cohĂ©rence entre des mesures de soutien au niveau fĂ©dĂ©ral, rĂ©gional et communautaire, un risque accru de subventionnement excessif ou insuffisant, l’absence

58 Voir Doc. Parl. 119, session 2020-2021, auditions relatives au Tax Shelter du 17 septembre 2020 et du 8 octobre 2020, Rapport de commission.

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de concertation et d’échange concernant les informations disponibles Ă  un autre niveau de pouvoir ainsi qu’un suivi et une Ă©valuation difficiles des mesures de soutien.

Au niveau de la CommunautĂ© française, l’analyse des garanties apportĂ©es, dans un contexte d’extrĂȘme urgence, par son processus dĂ©cisionnel Ă  l’adoption de mesures de soutien cohĂ©rentes et Ă©tayĂ©es pour les entreprises et les particuliers aboutit Ă  des constats contrastĂ©s.

La collĂ©gialitĂ© de la dĂ©cision gouvernementale a contribuĂ© Ă  la cohĂ©rence du financement des mesures Ă  partir de la mise en place, dĂšs avril 2020, d’un fonds budgĂ©taire dĂ©diĂ© Ă  la crise sanitaire.

De mĂȘme, le respect de l’exigence de motivation formelle des actes administratifs et des procĂ©dures de contrĂŽle ex ante, auxquelles l’Inspection des finances a contribuĂ©, a garanti la sĂ©curitĂ© juridique des dispositifs d’aide adoptĂ©s par le gouvernement malgrĂ© le contexte d’urgence sanitaire.

En revanche, les arrĂȘtĂ©s du gouvernement ne permettent souvent d’ identifier qu’en des termes gĂ©nĂ©raux les destinataires des mesures ainsi que le lien entre ces mesures et les dĂ©cisions prises dans le cadre du CNS. DĂšs lors, le choix des interventions, l’état de besoin du public cible ainsi que le budget prĂ©vu ne reposent pas sur une justification explicite systĂ©matique.

Cet Ă©tat de fait tient aux limites de l’ information disponible au sein de la CommunautĂ© française dans le contexte de la crise sanitaire, particuliĂšrement lorsqu’ il s’agit de secteurs dont elle n’assure pas, Ă  la diffĂ©rence de l’aide Ă  la jeunesse et de l’enseignement, le financement d’une grande partie des dĂ©penses de fonctionnement.

La difficultĂ© de la CommunautĂ© française Ă  optimaliser l’aide versĂ©e Ă  partir d’une information pertinente trouve Ă©galement son origine dans le dĂ©ficit de coordination entre les diffĂ©rents niveaux de pouvoir.

La CommunautĂ© française a palliĂ© ces difficultĂ©s en recourant Ă  des pratiques de coordination avec les acteurs des secteurs en difficultĂ©s et en cherchant Ă  minorer le risque de double subventionnement par les dispositifs rĂ©glementaires d’octroi des aides.

Toutefois, la prĂ©fĂ©rence donnĂ©e Ă  la subvention pour octroyer une aide aux personnes morales, plutĂŽt qu’à l’avance sur recettes ou Ă  une garantie financiĂšre limitĂ©e, n’a pas permis de satisfaire pleinement au principe d’économie. À l’avenir, en cas de crise, le recours Ă  l’avance sur recettes et Ă  l’octroi de garanties financiĂšres limitĂ©es gagnerait Ă  ĂȘtre dĂ©veloppĂ©.

Enfin, la Cour des comptes relĂšve que le gouvernement a pu gĂ©rer, Ă  partir du printemps 2020, une situation inĂ©dite alors que ses services subissaient eux-mĂȘmes les consĂ©quences de la crise sanitaire.

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 47

Chapitre 4

Cadre rĂ©glementaire et contrĂŽles La prĂ©cision du cadre rĂ©glementaire et l’organisation de contrĂŽles constituent des garanties de la conformitĂ© des mesures aux besoins. Elles contribuent Ă©galement Ă  une utilisation conforme de l’aide Ă  son objet.

Afin d’obtenir une assurance raisonnable de la mise en place par la CommunautĂ© française du cadre requis pour garantir l’utilisation lĂ©gitime des mesures de soutien socio-Ă©conomique apportĂ©es aux entreprises et aux particuliers, la Cour des comptes a examinĂ© les critĂšres d’éligibilitĂ© de l’aide fixĂ©s par la rĂ©glementation ainsi que l’organisation des contrĂŽles par les services de l’administration.

4.1 Cadre réglementaire

Pour garantir l’utilisation lĂ©gitime des mesures de soutien socio-Ă©conomique aux entreprises et aux particuliers, le cadre rĂ©glementaire des interventions financiĂšres des pouvoirs publics doit assortir les mesures de conditions vĂ©rifiables d’éligibilitĂ©.

L’audit a examinĂ© ces conditions sous l’angle de leur dĂ©termination et de leur dĂ©finition.

4.1.1 DĂ©terminationdescritĂšresd’attributionL’examen des mesures de soutien aux entreprises et aux particuliers prises par la CommunautĂ© française met en Ă©vidence que la dĂ©termination des critĂšres d’attribution de l’aide n’est pas caractĂ©risĂ©e par une sĂ©curitĂ© juridique identique dans chaque dispositif rĂ©glementaire.

Deux cas de figure peuvent ĂȘtre distinguĂ©s.

Dans le premier cas, le cadre rĂ©glementaire est Ă©tabli par le gouvernement de maniĂšre exhaustive. Il fixe les critĂšres d’attribution des aides et dĂ©termine les documents que les candidats au bĂ©nĂ©fice d’une intervention financiĂšre doivent produire.

Cette situation est illustrĂ©e par l’arrĂȘtĂ© de pouvoirs spĂ©ciaux n° 14 du 20 mai 2020 relatif au soutien des opĂ©rateurs actifs reconnus dans le secteur du sport par la CommunautĂ© française.

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L’arrĂȘtĂ© prĂ©voit en effet les bonnes pratiques suivantes :

‱ Les bĂ©nĂ©ficiaires d’une aide sont identifiĂ©s comme des opĂ©rateurs reconnus par la CommunautĂ© française sur la base de dispositions dĂ©crĂ©tales.

‱ L’ aide n’est pas automatique, mais soumise au respect de conditions que le demandeur doit prouver, selon des modalitĂ©s dĂ©finies par la CommunautĂ© française.

‱ La justification de l’aide est objectivĂ©e par la rĂ©fĂ©rence Ă  une situation financiĂšre prĂ©cise Ă  un moment donnĂ©.

‱ Les interventions de la CommunautĂ© française sont priorisĂ©es sur la base de l’information financiĂšre que le demandeur est invitĂ© Ă  produire.

‱ Les demandes sont introduites au moyen d’un formulaire dont le modĂšle est Ă©tabli par la CommunautĂ© française.

Cette situation est Ă©galement illustrĂ©e par l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 15 relatif au soutien des services agrĂ©Ă©s en aide Ă  la jeunesse dans le cadre de la crise sanitaire de la covid-19.

Le dispositif de cet arrĂȘtĂ© prĂ©voit en effet la possibilitĂ© d’un subventionnement complĂ©mentaire de dĂ©penses de personnel Ă  destination de structures d’accueil dans des circonstances dĂ©finies de façon restrictive et assorties de critĂšres quantitatifs d’apprĂ©ciation de nature Ă  permettre la vĂ©rification de leur respect par l’administration.

Dans le second cas de figure, le gouvernement de la CommunautĂ© française ne fixe pas les critĂšres d’attribution de façon exhaustive, mais externalise l’administration des aides.

Cette situation est illustrĂ©e par l’arrĂȘtĂ© de pouvoirs spĂ©ciaux n° 11. Dans ce dispositif, le gouvernement a Ă©tabli le principe d’une attribution d’aides directes aux Ă©tudiants lorsque « les pertes et les coĂ»ts subis [
] sont la consĂ©quence directe ou indirecte des mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus covid-19 ». Il a en revanche laissĂ© aux conseils sociaux des Ă©tablissements de l’enseignement supĂ©rieur la responsabilitĂ© de dĂ©terminer les critĂšres, de dĂ©finir le contenu des aides et de fixer le montant de celles-ci.

Les termes du rapport au gouvernement indiquent qu’ il s’agit d’un choix stratĂ©gique justifiĂ© par l’opĂ©rationnalisation de l’aide. L’externalisation a Ă©tĂ© pensĂ©e en tant qu’alternative Ă  une subvention linĂ©aire, car celle-ci « se basant uniquement sur le nombre d’ Ă©tudiants de l’ institution concernĂ©e, est aisĂ©e Ă  mettre en place, mais ne rĂ©pond qu’ imparfaitement aux rĂ©alitĂ©s diffĂ©rentes vĂ©cues sur le terrain : publics Ă©tudiants qui ne sont pas identiques selon l’ Ă©tablissement envisagĂ©, situation budgĂ©taire variable d’un Conseil social Ă  l’autre ». Le rapport au gouvernement ajoute : « Chaque Conseil social a une vision claire des spĂ©cificitĂ©s du public accueilli par l’ Ă©tablissement. Une gestion locale de ces demandes permet souplesse, rapiditĂ© et adĂ©quation avec les besoins rĂ©els du jeune ».

Dans le systĂšme choisi, la maĂźtrise du risque de rupture dans l’égalitĂ© de traitement des bĂ©nĂ©ficiaires est confiĂ©e aux commissaires et dĂ©lĂ©guĂ©s du gouvernement.

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4.1.2 DĂ©finitiondescritĂšresd’attributionLa dĂ©finition des critĂšres de l’ intervention financiĂšre de la CommunautĂ© française n’est pas identique dans les diffĂ©rents dispositifs.

Leur examen met au jour une distinction entre :

‱ l’octroi d’une aide en raison de l’exposition Ă  des dĂ©penses supplĂ©mentaires ;‱ l’octroi d’une aide en raison d’une perte de revenus ;‱ l’octroi d’une aide en raison de l’exposition Ă  un risque de la viabilitĂ© financiĂšre d’un

opĂ©rateur ou d’un projet.

La premiĂšre situation est illustrĂ©e par l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 15 du 20 mai 2020 relatif au soutien des services agrĂ©Ă©s en aide Ă  la jeunesse dans le cadre de la crise sanitaire de la covid-19. En effet, suivant cet arrĂȘtĂ© de pouvoirs spĂ©ciaux, la ministre de l’Aide Ă  la jeunesse est chargĂ©e d’octroyer des subventions exceptionnelles aux services agrĂ©Ă©s devant engager du personnel supplĂ©mentaire pour garantir l’accueil et l’hĂ©bergement des mineurs en difficultĂ©s ou en danger durant et aprĂšs la crise de la covid-19.

La deuxiĂšme situation est illustrĂ©e par l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 17 du 28 mai 2020 relatif au soutien des centres de rencontres et d’hĂ©bergement dans le cadre de la crise sanitaire de la covid-19 qui Ă©nonce, en son article 3 que la subvention exceptionnelle sera accordĂ©e sous rĂ©serve notamment des conditions suivantes : « l’opĂ©rateur a dĂ» annuler une ou plusieurs de ses activitĂ©s entre le 13 mars et le 28 mai 2020 et que l’opĂ©rateur est confrontĂ© Ă  une perte de revenus gĂ©nĂ©rĂ©e par les mesures de confinement prises dans le cadre de la lutte contre le covid-19. »

Enfin, la troisiĂšme situation est illustrĂ©e par l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 13 du 20 mai 2020 relatif au soutien du secteur des mĂ©dias dans le cadre de la crise sanitaire de la covid-19. L’article 2 , § 2, 2°, dudit arrĂȘtĂ© prĂ©voit en effet une intervention financiĂšre lorsque « le montant de la perte de recettes ou de revenus menace la viabilitĂ© de son entreprise en produisant des piĂšces justificatives Ă©tablissant qu’ il n’est plus en mesure, sur base de sa trĂ©sorerie, de faire face Ă  certains frais de fonctionnement essentiels Ă  la poursuite de ses activitĂ©s ».

En d’autres termes, les interventions de la CommunautĂ© française contribuent Ă  la sĂ©curitĂ© financiĂšre des bĂ©nĂ©ficiaires, mais les dispositifs rĂ©glementaires ne conditionnent pas l’aide Ă  une urgence Ă©conomique dĂ©montrĂ©e Ă  partir de critĂšres vĂ©rifiables et incontestables tels qu’un Ă©puisement de ressources financiĂšres qui existeraient sous la forme de rĂ©serves, d’une capacitĂ© d’emprunt ou de la capacitĂ© contributive de parties prenantes parmi lesquelles les membres des associations du secteur non marchand et les communes.

Lorsque des arrĂȘtĂ©s mettent directement en lien l’ intervention de la CommunautĂ© française et la viabilitĂ© financiĂšre de l’opĂ©rateur, ce sont Ă©ventuellement des difficultĂ©s de trĂ©sorerie qui sont prises en considĂ©ration. C’est le cas de l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 13 prĂ©citĂ© comme de l’arrĂȘtĂ© de pouvoirs spĂ©ciaux n° 14 du

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20 mai, qui se rĂ©fĂšre au « montant des liquiditĂ©s disponibles sur le(s) compte(s) courant(s) de la fĂ©dĂ©ration, de l’association ou du cercle demandeur en date du 12 mars 2020 »59.

De mĂȘme, les arrĂȘtĂ©s ne prĂ©voient pas l’hypothĂšse d’un remboursement de la subvention accordĂ©e Ă  hauteur de recettes supplĂ©mentaires qui seraient enregistrĂ©es plus tard dans la mĂȘme annĂ©e budgĂ©taire et qui permettraient aux personnes physiques ou morales concernĂ©es de retrouver un niveau de revenu similaire Ă  celui de l’annĂ©e 2019. Dans le cas d’une majoration de l’avance sur recettes, la rĂ©cupĂ©ration est prĂ©vue, mais seulement au terme de l’exploitation commerciale des films et donc dans une perspective pluriannuelle.

Autrement dit, les critĂšres d’attribution de l’aide sont vĂ©rifiables Ă  court terme mais insuffisants pour assurer la conformitĂ© de l’aide Ă  sa destination. ConcrĂštement, ils ne permettent pas systĂ©matiquement Ă  la CommunautĂ© française de vĂ©rifier l’ampleur de la perte de revenus en base annuelle.

4.2 ContrĂŽles

4.2.3 ContrĂŽles de l’administrationLors de l’audit de la Cour des comptes, des contrĂŽles de la conformitĂ© de l’utilisation des subventions Ă  leur destination Ă©taient Ă©galement en cours ou prĂ©vus Ă  moyen terme.

Il n’existe cependant pas de stratĂ©gie de contrĂŽle unique et uniforme d’application aux mesures mises en Ɠuvre au cours de l’annĂ©e 2020 Ă  l’ initiative du gouvernement de la CommunautĂ© française.

La rĂ©alisation de contrĂŽles a posteriori sur l’utilisation des moyens allouĂ©s aux entreprises et aux particuliers dĂ©pend des secteurs, c’est-Ă -dire Ă  la fois de ce que prĂ©voit la rĂ©glementation spĂ©cifique Ă  chaque mesure et des pratiques de chaque administration.

L’existence, au sein des diffĂ©rentes administrations, d’un service d’ inspection offre la possibilitĂ© d’ intĂ©grer l’objectif d’une analyse a posteriori des mesures justifiĂ©es par la crise sanitaire Ă  un programme de contrĂŽle annuel. Elle ne garantit pas cependant que ce contrĂŽle soit rĂ©alisĂ©.

4.2.4 Analyse de dossiers par la Cour des comptes

4.2.4.1 SĂ©lection de dossiersDans le cadre de l’audit, la Cour des comptes a rĂ©alisĂ© une sĂ©lection de dossiers comportant les piĂšces justificatives de l’attribution d’une aide Ă  des personnes morales ou privĂ©es dans les secteurs suivants : le sport, l’enseignement supĂ©rieur, la petite enfance, le livre, le cinĂ©ma et les centres de rencontres et d’hĂ©bergement Ă  destination de la jeunesse.

La liste de ces dossiers est présentée en annexe 6.

59 Voir l’article 3 de l’arrĂȘtĂ© de pouvoirs spĂ©ciaux du gouvernement de la CommunautĂ© française n° 14 du 20 mai 2020. relatif au soutien des opĂ©rateurs actifs reconnus dans le secteur du sport par la CommunautĂ© française.

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4.2.4.2 ConstatsgĂ©nĂ©rauxLes dossiers examinĂ©s, en particulier dans les secteurs de l’enseignement supĂ©rieur et des centres de rencontres et d’hĂ©bergement, illustrent la matĂ©rialitĂ© des risques mis au jour dans le cadre de l’analyse de la rĂ©glementation. Tout d’abord, la Cour des comptes a constatĂ© que la prĂ©vention du risque de double subventionnement repose sur la seule dĂ©claration des bĂ©nĂ©ficiaires et non sur une circulation de l’ information entre les pouvoirs publics.

La CommunautĂ© française ne dispose notamment pas d’une information relative aux aides attribuĂ©es par les communes, en ce compris les CPAS, alors que bon nombre d’opĂ©rateurs qu’elle subventionne sont intĂ©grĂ©s dans le tissu local et/ou que des formes d’aides ont un caractĂšre d’aide sociale. L’absence de coordination des mesures dĂ©cidĂ©es par les diffĂ©rents niveaux de pouvoir augmente le risque de double subventionnement.

Ce dĂ©faut de coordination signifie notamment que, lorsque la CommunautĂ© française dĂ©cide d’octroyer une aide Ă  un opĂ©rateur et est informĂ©e par celui-ci de l’ introduction d’une demande comparable auprĂšs d’autres niveaux de pouvoir, ceux-ci n’ont Ă©ventuellement pas encore statuĂ©.

Le contrÎle des subventions présente également plusieurs limites.

D’une part, le contexte de crise sanitaire n’a pas permis aux administrations de rĂ©aliser des contrĂŽles sur piĂšces et sur place.

D’autre part, le contexte de tĂ©lĂ©travail et la gĂ©nĂ©ralisation du logiciel « Subsides » pour l’ introduction de demandes d’aides n’ont pas permis un contrĂŽle sur la base de piĂšces justificatives authentiques.

Enfin, le contrĂŽle de l’éligibilitĂ© Ă  une aide et de la justification du montant allouĂ© rencontre les difficultĂ©s suivantes.

PremiĂšrement, la CommunautĂ© française intervient dans des dĂ©penses de personnel rĂ©siduelles sans pouvoir Ă©valuer les justifications d’un non-recours – ou d’un recours partiel – par les bĂ©nĂ©ficiaires aux dispositifs fĂ©dĂ©raux de chĂŽmage temporaire pour cause de force majeure, et de droit passerelle.

DeuxiĂšmement, si la baisse du chiffre d’affaires d’opĂ©rateurs est avĂ©rĂ©e, l’ incapacitĂ© financiĂšre des opĂ©rateurs Ă  rencontrer les coĂ»ts de fonctionnement rĂ©siduels lorsque tout ou partie de leurs activitĂ©s sont annulĂ©es n’est pas toujours suffisamment Ă©tablie.

TroisiĂšmement, lorsque la baisse des revenus d’une personne morale ou physique est avĂ©rĂ©e, la responsabilitĂ© de la crise sanitaire Ă  hauteur du montant de cette diminution est prĂ©sumĂ©e.

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4.2.4.3 Constats particuliersSecteur du sport Le contrĂŽle sur piĂšces a portĂ© sur vingt dossiers d’octroi d’une aide exceptionnelle aux clubs sportifs sur la base de l’arrĂȘtĂ© de pouvoirs spĂ©ciaux n° 14 du gouvernement de la CommunautĂ© française du 20 mai 2020 relatif au soutien des opĂ©rateurs actifs reconnus dans le secteur du sport.

La Cour des comptes pose plusieurs constats.

PremiĂšrement, deux associations ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une aide sans satisfaire Ă  la condition d’affiliation Ă  une fĂ©dĂ©ration sportive, qui constitue un critĂšre d’éligibilitĂ© au regard de l’article 1er de l’arrĂȘtĂ©.

DeuxiĂšmement, les dossiers ne permettent pas systĂ©matiquement d’établir que les bĂ©nĂ©ficiaires de l’ intervention de la CommunautĂ© française sont exposĂ©s Ă  des difficultĂ©s financiĂšres conformes Ă  la dĂ©finition qu’en donne le dispositif rĂ©glementaire. D’une part, les piĂšces dĂ©montrent une rĂ©duction des recettes, mais non une impossibilitĂ©, pour l’opĂ©rateur, de faire « face Ă  ses engagements au cours de la pĂ©riode allant du 13 mars au 14 juin 2020 ». D’autre part, « le montant des liquiditĂ©s disponibles sur le(s) compte(s) courant(s) de la fĂ©dĂ©ration, de l’association ou du cercle demandeur en date du 12 mars 2020 » est variable et ne confirme pas systĂ©matiquement l’existence de difficultĂ©s financiĂšres.

TroisiĂšmement, le contrĂŽle interne mis en place par l’administration a permis de rĂ©duire le montant de certaines demandes des associations sportives Ă  une intervention financiĂšre de la CommunautĂ© française. Il a toutefois tolĂ©rĂ© des pratiques qui restent critiquables mĂȘme dans un contexte de crise :

‱ Tout d’abord, une interprĂ©tation extensive de la notion de « frais dus liĂ©s Ă  des frais de transport collectifs » est donnĂ©e dĂšs lors que des dĂ©penses de leasing de voitures individuelles ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme admissibles. Il en est de mĂȘme de la notion de « frais dus d’hĂ©bergement » dĂšs lors que des dĂ©penses relatives Ă  la location de longue durĂ©e d’appartements ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme admissibles.

‱ Ensuite, les factures intermĂ©diaires de gaz, d’eau et d’électricitĂ© ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme admissibles alors qu’il s’agit d’avances et qu’elles ne correspondent pas Ă  la consommation rĂ©elle d’opĂ©rateurs ayant suspendu ou rĂ©duit leurs activitĂ©s.

‱ Par ailleurs, lorsque l’existence de liens entre un club sportif organisĂ© en ASBL et une sociĂ©tĂ© commerciale ne permettait pas d’avoir une assurance raisonnable de l’origine des frais prĂ©sentĂ©s Ă  titre de justification d’une intervention de la CommunautĂ© française, aucun contrĂŽle approfondi, notamment Ă  l’occasion de la liquidation de la deuxiĂšme tranche de la subvention, n’a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©.

‱ La Cour a enfin constatĂ© des erreurs matĂ©rielles dans la gestion de dossiers qui ont pu gĂ©nĂ©rer des paiements indus.

L’administration n’a pas remis en question la pertinence de ces constats. Elle a toutefois fait valoir des contrĂŽles qui ont conclu au rejet de demandes de la part d’associations qui n’étaient pas affiliĂ©es Ă  des fĂ©dĂ©rations. Elle a Ă©galement expliquĂ© qu’elle a fondĂ© ses interventions sur le principe de confiance et les dĂ©clarations sur l’honneur des bĂ©nĂ©ficiaires, et qu’elle a interprĂ©tĂ© de façon extensive les normes rĂ©glementaires, notamment lorsqu’ il s’agit du

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financement de voitures individuelles, en tenant compte d’élĂ©ments de contexte et de l’avis du cabinet. L’administration a aussi soulignĂ© que les ressources humaines disponibles dans ses services n’étaient pas adaptĂ©es Ă  la gestion de l’aide d’urgence et que des rĂ©cupĂ©rations d’ indus auront lieu sur la base des constats rĂ©alisĂ©s dans le cadre de l’audit.

Secteur des centres de rencontres et d’hĂ©bergement (ci-aprĂšs CRH)L’audit a portĂ© sur les 24 dossiers d’ intervention financiĂšre en faveur de ces centres.

Le premier constat a trait Ă  la maĂźtrise du risque de double subventionnement. Celui-ci a Ă©tĂ© pris en considĂ©ration dans le cadre de la procĂ©dure d’octroi de l’aide par l’ introduction d’une obligation de dĂ©claration. Cependant, la maĂźtrise par la CommunautĂ© française de ce risque de double subventionnement repose sur la bonne foi des demandeurs, car il n’y a pas de cadastre des aides octroyĂ©es par d’autres niveaux de pouvoir. En outre, lorsqu’un demandeur dĂ©clare l’existence d’une demande d’aide en cours auprĂšs d’une autre entitĂ© que la CommunautĂ© française, la maĂźtrise du risque Ă©chappe Ă  court terme Ă  l’administration. Il n’existe pas de procĂ©dure de suivi.

Le second constat tient Ă  ce que l’administration n’a pas appliquĂ© strictement le dispositif rĂ©glementaire, et plus particuliĂšrement l’article 3, § 2, qui dĂ©finit les dĂ©penses admissibles de CRH. En outre, l’article 3, § 2, 4°, n’a pas Ă©tĂ© mis en Ɠuvre. Cette disposition introduit, parmi les dĂ©penses admissibles, « le remboursement des rĂ©servations dĂ©jĂ  payĂ©es entiĂšrement ou partiellement par le bĂ©nĂ©ficiaire lorsqu’elles concernent une location qui a Ă©tĂ© annulĂ©e Ă  condition qu’elles n’aient pas dĂ©jĂ  Ă©tĂ© indemnisĂ©es via une assurance annulation ». L’administration n’a pas calculĂ© les droits des CRH Ă  une intervention financiĂšre de la CommunautĂ© française sur la base des remboursements Ă  leurs clients de montants dĂ©jĂ  versĂ©s par ceux-ci, mais sur la base des piĂšces attestant une perte de revenus et des dĂ©penses supplĂ©mentaires. Elle justifie sa position du fait que l’utilisation du critĂšre de l’arrĂȘtĂ© relatif Ă  la prise en considĂ©ration des montants remboursĂ©s aurait introduit une inĂ©galitĂ© de traitement entre les bĂ©nĂ©ficiaires de l’aide puisque tous n’avaient pas demandĂ© des acomptes.

Secteur du livre L’audit a notamment portĂ© sur les projets de redĂ©ploiement financĂ©s par la CommunautĂ© française afin de venir en aide aux personnes morales et physiques exposĂ©es Ă  des pertes financiĂšres en raison de la crise sanitaire.

FondĂ© sur l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 4 du 23 avril 2020 relatif au soutien du secteur culturel dans le cadre de la crise sanitaire de la covid-19 et pris Ă  la suite d’un appel Ă  projets, l’arrĂȘtĂ© ministĂ©riel du 14 dĂ©cembre 2020 a allouĂ© des subventions pour 130 projets rĂ©partis entre 91 personnes physiques et 39 personnes morales.

La Cour des comptes formule les constatations suivantes qui portent sur les aides octroyées aux personnes physiques.

Tout d’abord, les documents attestent l’annulation ou le report d’évĂšnements, sans justifier toutefois les montants demandĂ©s et attribuĂ©s. L’administration a fait valoir qu’elle avait demandĂ©, sans succĂšs, aux fĂ©dĂ©rations professionnelles de communiquer des grilles tarifaires

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forfaitaires pour objectiver les montants attribuĂ©s. DĂšs lors, selon celle-ci, « compte tenu de la situation des opĂ©rateurs, de l’urgence Ă  mettre en Ɠuvre les mesures dĂ©cidĂ©es et de la nĂ©cessitĂ© de dĂ©penser dans les dĂ©lais impartis les montants allouĂ©s Ă  ces aides exceptionnelles, le dĂ©claratif et les attestations sur l’ honneur Ă©taient les seules solutions pour ne pas retarder davantage encore le processus d’octroi ».

Ensuite, si les documents communiquĂ©s peuvent attester une perte de revenus dans le cadre de l’exercice d’une activitĂ© littĂ©raire, ils ne permettent toutefois pas d’établir systĂ©matiquement si le demandeur dispose d’autres revenus professionnels. L’administration s’est fondĂ©e sur la dĂ©claration des demandeurs.

Enfin, la motivation administrative des interventions financiĂšres de la CommunautĂ© française est insuffisante. Si ces interventions sont fondĂ©es sur une rĂ©glementation, les montants octroyĂ©s ne sont pas justifiĂ©s par la rĂ©fĂ©rence Ă  un objet prĂ©cis, notamment lorsque le montant octroyĂ© est infĂ©rieur Ă  celui initialement demandĂ© par le bĂ©nĂ©ficiaire. Ceci reprĂ©sente un obstacle au contrĂŽle interne et, plus particuliĂšrement au contrĂŽle ex post, de l’utilisation des subventions.

Secteur de l’enseignement supĂ©rieurL’audit a inclus l’examen des rapports consacrĂ©s par les commissaires et dĂ©lĂ©guĂ©s du gouvernement Ă  l’utilisation des moyens octroyĂ©s par la CommunautĂ© française aux conseils sociaux des Ă©tablissements afin de rĂ©partir une aide sociale exceptionnelle entre les Ă©tudiants.

La Cour des comptes pose les constats suivants.

Tout d’abord, l’octroi d’une aide aux Ă©tudiants n’a pas Ă©tĂ© basĂ© sur une interprĂ©tation commune aux conseils sociaux des critĂšres d’attribution de l’aide et, plus particuliĂšrement, de la notion de « pertes et coĂ»ts subis par l’ Ă©tudiant liĂ©s directement ou indirectement aux mesures covid » utilisĂ©e Ă  l’article 3 de l’arrĂȘtĂ© de pouvoirs spĂ©ciaux n° 11.

Ensuite, Ă©tant donnĂ© que certains conseils sociaux ne disposaient pas de rĂ©serves financiĂšres ou avaient dĂ©jĂ  affectĂ© leurs rĂ©serves, ils ne satisfaisaient pas formellement Ă  la disposition rĂ©glementaire liant l’ intervention de la CommunautĂ© française Ă  une utilisation par les conseils de 20 % du montant de ces rĂ©serves (voir l’article 4). Les commissaires ont acceptĂ© de considĂ©rer comme rĂ©guliĂšre une dĂ©pense sociale, justifiĂ©e par le contexte de la crise sanitaire, effectuĂ©e sur la base de la subvention annuelle.

Enfin, les rapports des commissaires du gouvernement permettent de considĂ©rer que, dans deux Ă©tablissements, la rĂ©glementation de la mesure d’aide sociale n’a pas Ă©tĂ© respectĂ©e. Au cours du mois d’avril, l’administration envisageait une rĂ©cupĂ©ration d’ indus.

Secteur de la petite enfanceL’audit a inclus les rapports issus des contrĂŽles effectuĂ©s par les services de l’ONE sur l’ implĂ©mentation des mesures dans le secteur relevant des compĂ©tences de l’organisme.

La Cour des comptes pose le constat suivant.

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Au 1er mars 2021, le contrĂŽle par les services de l’ONE des aides allouĂ©es a Ă©tĂ© limitĂ© Ă  l’ intervention financiĂšre en faveur d’accueillantes conventionnĂ©es, en raison du contexte sanitaire. L’ implĂ©mentation des mesures introduites par les arrĂȘtĂ©s du gouvernement des 7 avril, 23 avril, 30 avril et 4 juin 2020 fera l’objet de contrĂŽles Ă  venir par l’ inspection comptable de l’ONE.

4.3 Conclusion partielle

En CommunautĂ© française, le cadre rĂ©glementaire des mesures et l’organisation du contrĂŽle de celles-ci offrent des garanties d’une utilisation lĂ©gitime des mesures de soutien. Ces garanties prĂ©sentent toutefois des limites et ne sont pas identiques dans chaque dispositif rĂ©glementaire.

Ainsi, la sĂ©curitĂ© juridique de la dĂ©termination des critĂšres d’attribution de l’aide est variable dĂšs lors que la situation optimale, dans laquelle les critĂšres et procĂ©dures d’attribution sont dĂ©finis par le gouvernement, n’est pas systĂ©matiquement rencontrĂ©e. En effet, dans certains cas, les arrĂȘtĂ©s adoptĂ©s par le gouvernement de la CommunautĂ© française ne fixent pas les critĂšres d’attribution de façon exhaustive, mais externalisent la gestion des aides, ce qui peut gĂ©nĂ©rer un risque de rupture dans l’égalitĂ© de traitement des bĂ©nĂ©ficiaires.

De mĂȘme, si les interventions de la CommunautĂ© française contribuent Ă  la sĂ©curitĂ© financiĂšre des bĂ©nĂ©ficiaires, les dispositifs rĂ©glementaires ne conditionnent toutefois pas l’aide Ă  une urgence Ă©conomique dĂ©montrĂ©e par des critĂšres vĂ©rifiables et incontestables, tels qu’un Ă©puisement de ressources financiĂšres qui existeraient sous la forme de rĂ©serves, d’une capacitĂ© d’emprunt ou de la capacitĂ© contributive de parties prenantes parmi lesquelles les membres des associations du secteur non marchand et les communes. La dĂ©monstration de l’exposition de l’opĂ©rateur Ă  des dĂ©penses supplĂ©mentaires ou Ă  une perte de revenus est considĂ©rĂ©e suffisante. Dans le cadre de la gestion de certains dossiers, l’administration se satisfait de la dĂ©claration sur l’honneur remise par les candidats au bĂ©nĂ©fice d’une intervention.

En ce qui concerne l’organisation des contrĂŽles, la Cour des comptes a constatĂ© leur existence, mais elle n’est pas en mesure de conclure Ă  leur propos puisque ceux-ci Ă©taient encore en cours lors de l’audit.

Elle a toutefois relevĂ© que la CommunautĂ© française intervenait dans des dĂ©penses rĂ©siduelles de personnel de personnes morales sans pouvoir Ă©valuer les justifications d’un non-recours – ou d’un recours partiel – par les bĂ©nĂ©ficiaires aux dispositifs fĂ©dĂ©raux de chĂŽmage temporaire pour cause de force majeure et de droit passerelle. De mĂȘme, lorsque la baisse des revenus d’une personne morale ou physique est constatĂ©e par les contrĂŽleurs de la CommunautĂ© française, le montant de cette diminution est prĂ©sumĂ© rĂ©sulter directement de la crise sanitaire.

Nombre de dossiers, particuliĂšrement dans le secteur du sport, ne permettent pas d’établir que les bĂ©nĂ©ficiaires de l’ intervention de la CommunautĂ© française ont Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  des difficultĂ©s financiĂšres conformes Ă  la dĂ©finition qu’en donne le dispositif rĂ©glementaire. Lors des travaux d’audit, une rĂ©cupĂ©ration d’ indus Ă©tait envisagĂ©e par l’administration.

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 57

Chapitre 5

Suivi et Ă©valuation 5.1 Suivifinancierdesmesures

La CommunautĂ© française a introduit dans son mode d’organisation un dispositif en vertu duquel « les services fonctionnels du secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral ou des administrations gĂ©nĂ©rales du ministĂšre prĂ©parent les dossiers Ă  charge des financements pour l’urgence et le redĂ©ploiement dĂ©cidĂ©s par le Gouvernement. Avant leur envoi Ă  la cellule pour imputation budgĂ©taire, les dossiers font l’objet d’un contrĂŽle et d’une validation par les fonctionnaires gĂ©nĂ©raux dont les services dĂ©pendent. Ces contrĂŽles et validations attestent de la conformitĂ© de la dĂ©pense proposĂ©e par rapport aux dĂ©crets, arrĂȘtĂ©s et dĂ©cisions du Gouvernement pris dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire covid-19 »60. Ce dispositif devrait permettre un suivi financier des diffĂ©rentes mesures.

Dans le cadre de son rapport Ă©tabli en vue des dĂ©bats parlementaires qui ont eu lieu prĂ©alablement Ă  l’adoption des dĂ©crets budgĂ©taires contenant les ajustements des budgets de la CommunautĂ© française pour l’annĂ©e 2021, la Cour des comptes a Ă©mis les remarques suivantes :

« La crĂ©ation du Saca “Cellule d’urgence et de redĂ©ploiement” (Saca “CUR”) avait pour objectif de centraliser et d’ isoler dans un budget distinct les dĂ©penses consenties en rĂ©ponse Ă  la crise sanitaire. Lors de l’examen du budget des dĂ©penses ajustĂ© 2021 de la CommunautĂ© française, la Cour constate que certaines dĂ©penses liĂ©es Ă  la crise sont rĂ©alisĂ©es en dehors de ce Saca, ce qui empĂȘche leur traçabilitĂ© et nuit Ă  leur lisibilitĂ©.

Afin de clarifier l’affectation des moyens liĂ©s Ă  la crise sanitaire, la Cour a tentĂ© de reconstituer, sur la base des diffĂ©rents exposĂ©s particuliers, la liste des principaux ajustements en lien avec celle-ci. L’ information Ă©tant dispersĂ©e au sein des diffĂ©rents documents budgĂ©taires, son exhaustivitĂ© ne peut pas ĂȘtre garantie. Au total, l’ impact des ajustements liĂ©s Ă  la crise sanitaire sur le budget des dĂ©penses de la CommunautĂ© française est estimĂ© Ă  183,6 millions d’euros tandis que le total des dĂ©penses 2021 estimĂ©es en vue de rĂ©pondre Ă  la crise s’ Ă©lĂšve Ă  271,3 millions d’euros (dĂ©penses imputĂ©es au budget gĂ©nĂ©ral des dĂ©penses de la CommunautĂ© et au budget du Saca “CUR”). »

En conclusion, la Cour des comptes recommande au gouvernement d’établir un cadastre prĂ©cis des impacts liĂ©s Ă  la crise sanitaire afin de prĂ©senter une information centralisĂ©e, lisible et pertinente au Parlement. En outre, la mise en place de cet outil permettrait de faciliter le suivi des mesures et dĂ©cisions prises par le gouvernement. Elle recommande en outre une centralisation des dĂ©penses liĂ©es Ă  la crise sanitaire au sein du Saca CUR, tel qu’ initialement envisagĂ©. En effet, en l’absence d’une telle centralisation, la traçabilitĂ©

60 Voir l’article 5 de l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française du 17 dĂ©cembre 2020 crĂ©ant la Cellule Urgence et RedĂ©ploiement du secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral.

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des dĂ©penses liĂ©es Ă  la crise sanitaire est compromise. Seules des dĂ©penses spĂ©cifiques, Ă  l’ instar des traitements, devraient pouvoir Ă©chapper Ă  cette centralisation »61.

Enfin, la Cour des comptes a relevĂ© la prĂ©sence, dans le budget du nouveau Saca CUR, de postes de dĂ©penses qui ne prĂ©sentent pas de lien direct avec la crise sanitaire. Il s’agit notamment de dĂ©penses prĂ©vues Ă  hauteur de 1,3 million d’euros pour l’octroi anticipatif d’un poste de directeur adjoint dans les Ă©coles secondaires ordinaires en pĂ©riode de crĂ©ation, Ă  partir du 1er janvier 202162 et de 1,6 million d’euros pour le prolongement des conseillers acadĂ©miques (mesure prĂ©vue dans le cadre de la rĂ©forme de la formation initiale des enseignants). AprĂšs la clĂŽture des travaux d’audit, en aoĂ»t , le cabinet du ministre du Budget a produit une information relative au suivi financier, qui a Ă©tĂ© amorcĂ©, des mesures adoptĂ©es dans le cadre de la crise sanitaire.

L’ information disponible a Ă©tĂ© incorporĂ©e Ă  l’ inventaire en ligne Ă©tabli par la Cour des comptes. Elle n’a pas Ă©tĂ© auditĂ©e.

Dans sa réponse, le ministre du Budget a fait valoir les potentialités du Saca CUR pour le suivi financier des mesures.

5.2 Évaluation des mesures

Lors de la clĂŽture des travaux d’audit, les services du Parlement avaient dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© une Ă©tude de l’ impact de la crise sanitaire sur l’organisation des sĂ©ances et l’exercice d’un contrĂŽle sur le travail gouvernemental63.

Par contre, aucune Ă©valuation globale des mesures mises en Ɠuvre Ă  partir du printemps 2020 Ă  destination des entreprises et des particuliers n’avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par le gouvernement et les services de l’administration de la CommunautĂ© française. Des Ă©valuations sectorielles ont en revanche Ă©tĂ© effectuĂ©es Ă  l’ initiative de plusieurs dĂ©partements. Des adaptations aux dispositifs d’ intervention ont, le cas Ă©chĂ©ant, rĂ©sultĂ© de ces Ă©valuations.

Lorsque de telles adaptations, souhaitĂ©es par l’administration, ont Ă©tĂ© adoptĂ©es par le gouvernement, elles tendent Ă  une simplification administrative et Ă  la fluidification des processus d’attribution d’une aide financiĂšre. Elles ne contribuent nĂ©anmoins pas Ă  un renforcement de la justification du montant de l’aide par rapport Ă  l’état de besoin des destinataires de celle-ci.

Les contenus des Ă©valuations rĂ©alisĂ©es par l’administration peuvent ĂȘtre illustrĂ©s par l’expĂ©rience de diffĂ©rents secteurs.

61 Voir p. 9 du document accessible Ă  l’adresse http://archive.pfwb.be/1000000020ce007.62 Selon les explications reçues par courriel du 20 mai 2021 des services de l’administration gĂ©nĂ©rale de l’enseignement. 63 https://www.pfwb.be/infos-pratiques/actualites/le-parlement-de-la-federation-wallonie-bruxelles-face-a-la-

crise-de-la-covid-19-1.

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‱ Dans le secteur du livre, une note interne rend compte d’un besoin de simplification administrative. Elle fait Ă©tat d’une charge de travail excessive, de l’« Ă©troitesse des enveloppes compte tenu des besoins exprimĂ©s » ; d’un « problĂšme d’adĂ©quation aux besoins des acteurs : plusieurs dossiers mettent en Ă©vidence des situations rĂ©ellement difficiles mais non Ă©ligibles eu Ă©gard aux critĂšres » ; et d’un « problĂšme de lisibilitĂ© du dispositif ». Elle comprend aussi la manifestation d’une satisfaction par rapport Ă  l’atteinte de l’objectif d’assurer un soutien aux opĂ©rateurs de la chaĂźne du livre64.

‱ Dans le secteur de la jeunesse, l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 59 du 11 fĂ©vrier 2021 relatif au soutien des centres de rencontres et d’hĂ©bergement dans le cadre de la seconde vague de la crise sanitaire de la covid-19 est inspirĂ© par une note interne65 qui soulignait la complexitĂ© de la mise en Ɠuvre du premier train de mesures Ă  destination du secteur. Ce nouveau texte Ă©tablit les modalitĂ©s de rĂ©partition d’une intervention financiĂšre publique entre les CRH Ă  partir de critĂšres administratifs et du nombre de nuitĂ©es dans chaque Ă©tablissement en 2019. Plus simple Ă  mettre en Ɠuvre, il ne garantit pas l’adĂ©quation aux besoins des montants allouĂ©s.

‱ Dans le secteur du sport, l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 49 du 11 fĂ©vrier 2021 relatif au soutien des fĂ©dĂ©rations et associations sportives reconnues dans le cadre de la crise sanitaire de la covid-19 se distingue en deux points de l’arrĂȘtĂ© prĂ©cĂ©dent du 20 mai 2020. D’une part, selon les termes de la note au gouvernement, il Ă©tablit un « octroi des subventions exceptionnelles non pas aux clubs mais aux fĂ©dĂ©rations et associations reconnues par la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles et ce, afin qu’elles puissent, de maniĂšre autonome et en tenant compte de leur spĂ©cificitĂ©, venir soutenir leurs cercles affiliĂ©s. Ledit arrĂȘtĂ© contient Ă©galement une formule permettant de dĂ©terminer le montant de la subvention exceptionnelle allouĂ© au bĂ©nĂ©ficiaire ». D’autre part, il substitue une formule de calcul fondant l’établissement d’un forfait Ă  la liste prĂ©cĂ©demment Ă©tablie de dĂ©penses admissibles Ă  une prise en charge par la CommunautĂ© française.

Si le nouveau dispositif rĂ©duit l’exposition de l’administration aux risques dont la matĂ©rialitĂ© a Ă©tĂ© constatĂ©e par l’audit, il induit une perte, dans le chef de la CommunautĂ© française, de la maĂźtrise de l’allocation des ressources aux destinataires finaux des mesures. Le nouvel arrĂȘtĂ© est issu d’une Ă©valuation de la mesure d’aide qui s’est dĂ©roulĂ©e entre l’Association interfĂ©dĂ©rale du sport francophone, l’administration et le cabinet.

‱ Dans le secteur de l’enseignement supĂ©rieur, une Ă©valuation de la mesure est prĂ©vue courant 2021, aprĂšs l’adoption d’un nouveau dispositif introduit par l’arrĂȘtĂ© du gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 58 du 11 fĂ©vrier 2021 relatif au soutien du secteur de l’enseignement supĂ©rieur dans le cadre de la crise sanitaire de la covid-19. Ce nouvel arrĂȘtĂ© se distingue du prĂ©cĂ©dent par l’abandon de la rĂ©fĂ©rence Ă  la notion de rĂ©serve disponible (voir supra).

64 Note interne du service gĂ©nĂ©ral des lettres et du livres, intitulĂ©e « Évaluation du dispositif covid 2020 pour le secteur “Lettres et Livre” – Premiers Ă©lĂ©ments d’information », communiquĂ©e Ă  la Cour des comptes par un courriel du 22 avril 2021.

65 Note interne Ă©tablie par l’administrateur gĂ©nĂ©ral de la culture Ă  l’attention de la ministre en charge du secteur des CRH et datĂ©e du 22 juillet 2020.

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60

5.3 Conclusion partielle

L’analyse par la Cour des comptes des procĂ©dures prĂ©vues pour le suivi et l’évaluation des mesures de soutien socio-Ă©conomique aux entreprises et aux particuliers conduit Ă  opĂ©rer une distinction entre le suivi administratif et le suivi financier.

En ce qui concerne le suivi administratif, les Ă©valuations par les diffĂ©rentes administrations concernĂ©es par l’ implĂ©mentation des mesures dĂ©cidĂ©es par le gouvernement ont permis, dĂšs l’annĂ©e 2020, d’adapter les dispositifs rĂ©glementaires.

En ce qui concerne le suivi financier, la mise en place d’un fonds budgĂ©taire et d’un Saca dĂ©diĂ©s est de nature Ă  y contribuer. Toutefois, les donnĂ©es Ă  disposition du Saca CUR ne permettaient pas encore un tel suivi lorsque les travaux d’audit ont Ă©tĂ© clĂŽturĂ©s. Cette nouvelle structure, dĂ©diĂ©e Ă  la gestion des moyens budgĂ©taires destinĂ©s Ă  l’aide Ă©conomique et Ă  la relance, devrait disposer de telles donnĂ©es, nĂ©cessaires Ă  un suivi financier au service d’une Ă©valuation des mesures adoptĂ©es par le gouvernement.

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 61

Chapitre 6

Conclusions et recommandations6.1 Conclusions

La Cour des comptes a examinĂ© la maniĂšre dont les autoritĂ©s tant fĂ©dĂ©rales que rĂ©gionales et communautaires ont mis en Ɠuvre les mesures de soutien socio-Ă©conomique aux entreprises et aux particuliers touchĂ©s par la pandĂ©mie de la covid-19. Elle a analysĂ© le cadre rĂ©glementaire, l’organisation du contrĂŽle de l’octroi de l’aide de mĂȘme que le suivi et l’évaluation des mesures de soutien. Ses constats, conclusions et recommandations sont repris dans cinq publications spĂ©ciales destinĂ©es aux assemblĂ©es parlementaires respectives. Ce rapport porte sur le niveau de pouvoir de la CommunautĂ© française.

NĂ©cessitĂ© d’un inventaire public À dĂ©faut de vue d’ensemble de toutes les mesures de soutien socio-Ă©conomique prises par le pouvoir fĂ©dĂ©ral et par les rĂ©gions et communautĂ©s, la Cour a dressĂ© elle-mĂȘme un inventaire pour les besoins de son audit. Cet inventaire est disponible sur son site web et fait partie intĂ©grante de ce rapport.

La CommunautĂ© française a rĂ©agi rapidement Ă  la pandĂ©mie de la covid-19 en prenant un certain nombre de mesures de soutien socio-Ă©conomique dans la foulĂ©e de l’adoption par le gouvernement fĂ©dĂ©ral des mesures sanitaires.

Bien que ni la politique Ă©conomique, ni l’aide sociale ne figurent parmi les attributions institutionnelles de la CommunautĂ© française, celle-ci a contribuĂ©, dans ses domaines de compĂ©tence, au soutien apportĂ© par les pouvoirs publics aux entreprises et aux particuliers dans le cadre de la crise sanitaire. Au fur et Ă  mesure de la crise, les cabinets ministĂ©riels de la CommunautĂ© française et les services de ses administrations centrales ont rĂ©alisĂ© des inventaires des mesures prises par les diffĂ©rents gouvernements et dĂ©veloppĂ© des contacts.

Un recours privilĂ©giĂ© Ă  la subvention pour dĂ©livrer une aide aux entreprises et aux particuliers a Ă©tĂ© constatĂ©. Le recours, plus conforme au principe d’économie, Ă  l’octroi d’une garantie financiĂšre limitĂ©e et d’avances sur recettes a Ă©tĂ© limitĂ© au secteur du cinĂ©ma.

NĂ©cessitĂ© de coordinationLes consĂ©quences des mesures sanitaires qui ont touchĂ© tout le pays exigeaient une rĂ©ponse coordonnĂ©e et adĂ©quate des diffĂ©rentes autoritĂ©s compte tenu de la rĂ©partition des compĂ©tences. Contrairement Ă  la gestion de la crise sanitaire, aucune structure de concertation et de coordination n’a en effet Ă©tĂ© mise en place pour gĂ©rer les aspects socio-Ă©conomiques de la crise. La mission initiale de l’Economic Risk Management Group (ERMG) de proposer des mesures et d’assumer un rĂŽle de coordination a en effet Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©e au niveau politique et son rĂŽle de coordination a Ă©tĂ© rĂ©orientĂ© sur le suivi de l’ incidence

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Ă©conomique de la crise, l’échange d’ informations entre ses membres et la rĂ©alisation d’analyses. Selon la Cour des comptes, cette mission initiale aurait pu constituer un premier pas vers une action coordonnĂ©e, Ă©tant donnĂ© qu’ il n’existait pas de feuille de route, de lignes directrices ou de scĂ©narios pour guider les gouvernements dans leurs choix. Finalement, chaque gouvernement a pris des mesures de soutien dans son domaine de compĂ©tence, sans coordination systĂ©matique et structurĂ©e avec les autres niveaux de pouvoir.

L’absence de concertation et de coordination systĂ©matiques a entraĂźnĂ© diverses consĂ©quences :

‱ un manque de cohĂ©rence entre des mesures de soutien socio-Ă©conomique au niveau fĂ©dĂ©ral, rĂ©gional et communautaire ;

‱ un risque accru d’un subventionnement excessif ou insuffisant ;‱ un manque de concertation et d’échange concernant les informations disponibles Ă  un

autre niveau de pouvoir ;‱ un suivi et une Ă©valuation difficiles des mesures de soutien Ă©conomique.

Un inventaire global des mesures de soutien socio-économique, associé à une base de données permettant également de suivre leur utilisation, permettrait de cerner plusieurs des problÚmes précités et de les traiter.

NĂ©cessitĂ© d’amĂ©liorer le processus de dĂ©cisionLa Cour des comptes constate que la qualitĂ© de la procĂ©dure dĂ©cisionnelle n’a pas Ă©tĂ© affectĂ©e par la crise. Le fonctionnement collĂ©gial du gouvernement a permis de centraliser l’adoption de mesures sur la base, autorisĂ©e par le Parlement, d’arrĂȘtĂ©s de pouvoirs spĂ©ciaux et la rĂ©union de moyens financiers dans un fonds budgĂ©taire auquel a succĂ©dĂ©, en dĂ©cembre 2020, le budget d’un service administratif Ă  comptabilitĂ© autonome.

Le processus qui a menĂ© Ă  l’adoption de ces mesures est toutefois caractĂ©risĂ© par la faiblesse de la capacitĂ© de la plupart des services de la CommunautĂ© française Ă  objectiver, Ă  partir de leur expertise, les besoins prĂ©cis des entreprises et des particuliers. De nombreuses mesures ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©es sur la base de l’ impact financier prĂ©sumĂ© des dĂ©cisions du Conseil national de sĂ©curitĂ©, en particulier lorsque celles-ci induisaient la fermeture d’établissements ou une rĂ©duction d’activitĂ©s sociales et professionnelles. Les reprĂ©sentants des secteurs et les candidats au bĂ©nĂ©fice d’une aide ont Ă©galement contribuĂ© Ă  la co-construction de mesures Ă©laborĂ©es au sein des administrations et des cabinets ministĂ©riels. En d’autres termes, les interventions financiĂšres de la CommunautĂ© française ont compensĂ© des pertes de revenus dans le chef d’entreprises et de particuliers, mais le montant de ces interventions n’a pas Ă©tĂ© dĂ©terminĂ© Ă  partir d’une insuffisance avĂ©rĂ©e des moyens Ă©conomiques des opĂ©rateurs pour traverser la crise.

Cette caractĂ©ristique de la dĂ©pense se doit au contexte de la crise de la covid-19, mais Ă©galement au fait que des administrations gĂ©nĂ©rales, telles que celles de la culture ou du sport, ne rĂ©alisent pas un monitoring des besoins d’opĂ©rateurs dont elles n’assurent, en pĂ©riode ordinaire, que partiellement ou indirectement le financement.

Le mode de dĂ©termination des montants allouĂ©s par les diffĂ©rents rĂ©gimes rĂ©glementaires de subventionnement offre d’une part une illustration de l’ insuffisance de l’ information

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 63

dĂ©tenue par la CommunautĂ© française quant aux besoins individuels des entreprises et des particuliers. D’autre part, si le contenu des diffĂ©rentes rĂ©glementations montre une prise en considĂ©ration du risque d’un effet d’aubaine reprĂ©sentĂ© a minima par celui du double subventionnement d’un mĂȘme besoin ou d’une mĂȘme dĂ©pense, ce risque est nĂ©anmoins le plus souvent Ă©cartĂ© sur la base de la seule dĂ©claration des bĂ©nĂ©ficiaires.

ContrĂŽle des mesures adoptĂ©esLa Cour des comptes a Ă©galement constatĂ© qu’au cours de l’audit, des contrĂŽles administratifs Ă©taient en cours dans les limites autorisĂ©es par la crise sanitaire ou prĂ©vus dans les mois Ă  venir.

Ces contrĂŽles sont d’autant plus justifiĂ©s que la Cour tire comme conclusion principale de l’examen de dossiers qu’elle a rĂ©alisĂ© que tous les dossiers individuels, particuliĂšrement dans le secteur du sport, ne permettent pas d’établir que les bĂ©nĂ©ficiaires de l’ intervention de la CommunautĂ© française ont Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  des difficultĂ©s financiĂšres conformes Ă  la dĂ©finition qu’en donnent les diffĂ©rents dispositifs rĂ©glementaires. Une interprĂ©tation extensive de la rĂ©glementation a notamment Ă©tĂ© relevĂ©e et le risque d’un double subventionnement n’est que partiellement maĂźtrisĂ©.

NĂ©cessitĂ© d’un suivi et d’une Ă©valuationLa Cour des comptes observe l’ insuffisance d’une Ă©valuation, sous un angle administratif et financier, des mesures dĂ©cidĂ©es depuis le printemps 2020 et recommande de rĂ©cupĂ©rer les Ă©ventuels indus Ă  l’ issue des contrĂŽles a posteriori assurĂ©s par les administrations.

La mise en place d’un Saca dĂ©diĂ© Ă  la gestion des crĂ©dits destinĂ©s Ă  la crise sanitaire et Ă  la relance est de nature Ă  contribuer au suivi financier des diffĂ©rentes mesures qui ont Ă©tĂ© adoptĂ©es depuis mars 2020. Toutefois, les donnĂ©es Ă  disposition du Saca CUR ne permettaient pas encore un tel suivi lorsque les travaux d’audit ont Ă©tĂ© clĂŽturĂ©s.

Mieux outillĂ©, ce nouveau service est de nature Ă  contribuer Ă  une Ă©valuation de l’efficience des principales mesures d’aide socio-Ă©conomique octroyĂ©es aux entreprises et aux particuliers.

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64

6.2 Recommandations

Face à ces constats, la Cour des comptes a formulé douze recommandations présentées dans le tableau récapitulatif suivant, dont quatre sont adressées à tous les niveaux de pouvoir.

Recommandations Destinataire(s) Point dans le rapport

Inventaire et mesures examinées

1 En cas de crise nationale, centraliser les informations relatives à toutes les mesures de soutien socio-économique sur un site web unique accessible au public en prévoyant, si nécessaire, des liens vers les administrations et organismes qui octroient ces aides.

Tous les niveaux de pouvoir66

2.4

Coordination et Ă©laboration des mesures de soutien

2 DĂ©velopper une stratĂ©gie (ou feuille de route) comprenant les Ă©lĂ©ments fondamentaux permettant de faire face Ă  toute crise aux rĂ©percussions soudaines et importantes sur le plan Ă©conomique. À cet Ă©gard, prĂȘter suffisamment attention Ă  la coordination avec les autres pouvoirs publics.

Tous les niveaux de pouvoir

3.6

3 Étudier quelle approche, Ă  l’occasion de crises futures, permettrait une politique d’aide socio-Ă©conomique plus coordonnĂ©e.

Tous les niveaux de pouvoir

3.6

4 CrĂ©er une banque de donnĂ©es ou banque-carrefour de donnĂ©es commune en tenant compte de la rĂ©glementation en matiĂšre de protection de la vie privĂ©e, dans laquelle les pouvoirs publics peuvent enregistrer l’aide octroyĂ©e aux entreprises en vue de faciliter le respect de la rĂ©glementation (y compris les obligations au niveau europĂ©en, les interdictions de cumul, etc.), ainsi que la prĂ©paration, l’harmonisation et l’évaluation de la politique. Cette banque de donnĂ©es doit ĂȘtre publiquement consultable, dans la mesure oĂč la rĂ©glementation en matiĂšre de protection de la vie privĂ©e le permet et compte tenu du caractĂšre confidentiel de certaines aides octroyĂ©es Ă  des entreprises (cotĂ©es en bourse) et de la position concurrentielle sur le marchĂ© international.

Tous les niveaux de pouvoir

3.6

5 Lorsque de nouvelles mesures sont prises ou que des mesures existantes sont prolongĂ©es, analyser les besoins du groupe cible et tenir compte dans ce cadre de l’incidence des mesures de soutien dĂ©jĂ  en vigueur, y compris Ă  d’autres niveaux de pouvoir.

Communauté française

3.6

6 Mettre en place des mĂ©canismes d’indemnitĂ©s proportionnels aux besoins.

Communauté française

3.6

7 Étendre le recours, dans le contexte de crises, Ă  l’avance sur recettes et l’octroi de garanties financiĂšres limitĂ©es.

Communauté française

3.6

Cadre réglementaire et contrÎle

8 Renforcer l’efficience des contrĂŽles en insĂ©rant dans les dispositifs rĂ©glementaires des critĂšres permettant d’attester et de vĂ©rifier l’importance des difficultĂ©s financiĂšres des demandeurs d’une intervention publique.

Communauté française

4.3

66 Recommandation adressée à tous les niveaux de pouvoir concernés par le présent audit : Autorité fédérale, Région flamande, Région wallonne, Communauté française, Région de Bruxelles-Capitale, Commission communautaire commune (Cocom) et Commission communautaire française (Cocof).

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 65

Recommandations Destinataire(s) Point dans le rapport

9 Systématiser le contrÎle ex post sur les dossiers des aides aux entreprises et aux particuliers.

Communauté française

4.3.

10 Organiser la récupération des paiements indus. Communauté française

4.3

Suivi et Ă©valuation

11 Mettre Ă  disposition du Saca CUR l’ensemble des donnĂ©es permettant d’assurer le suivi financier des mesures adoptĂ©es par le gouvernement.

Communauté française

5.3

12 Évaluer l’efficience des principales mesures d’aide socio-Ă©conomique octroyĂ©es aux entreprises et aux particuliers.

Communauté française

5.3

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Annexes

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 69

Annexe 1

Inventaire des principales mesures adoptées par le gouvernement de la Communauté française entre le 1er janvier 2021 et le 30 juin 2021

Tableau 2 – Principales mesures adoptĂ©es par le gouvernement de la CommunautĂ© française entre le 1er janvier 2021 et le 30 juin 2021 (en euros)

Domaine politique Mesures Date d’entrĂ©e

en vigueur Montant estimé

Fonction publique

Organisation des services administratifs 01/07/2021 169.000 euros (voir exposé

général budget initial 2021)

Aide Ă  la jeunesse

Financement des services non rĂ©sidentiels et de formation de l’aide Ă  la jeunesse

01/12/2020 Non connu

Enfance Financement des milieux d’accueil 01/03/2021 Non connu

Culture Soutien financier au cinéma 17/03/2021 260.000 euros (voir exposé général du

budget ajusté 2021)

Sport Soutien au secteur du sport 12/03/2021 6 millions d’euros (voir texte arrĂȘtĂ©)

Enseignement Aide sociale aux Ă©tudiants 11/02/2021 2, 285 millions d’euros (voir

exposé général budget initial)

Culture Soutien financier Ă  des organisations de jeunesse

10/03/2021 Non connu

Culture Indemnisation des opérateurs culturels 29/01/2021 Non connu

Source : Moniteur belge et budget 2021 de la Communauté française

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70

Annexe 2

Glossaire de paramùtres de l’inventaire

ParamĂštres financiers

Le tableau ci-dessous explique les montants retenus dans l’ inventaire. Les montants les plus rĂ©cents, estimĂ©s et rĂ©alisĂ©s, sont les montants disponibles au 30 juin 2021 (sauf exception).

Estimation initiale Toute premiĂšre estimation du coĂ»t de la mesure, sans actualisation dans le cadre des prolongations ou suite au changement des conditions d’accĂšs Ă  la mesure d’aide (par exemple, Ă  la suite de la deuxiĂšme vague).

Estimation pour l’annĂ©e 2020

Estimation la plus complĂšte disponible pour la pĂ©riode jusqu’au 31 dĂ©cembre 2020.

Estimation au 30 juin 2021 du coût total de la mesure

Estimation la plus récente du coût total de la mesure :

‱ l’estimation pour l’annĂ©e 2020 + l’estimation pourl’annĂ©e 2021 + l’estimation pour des annĂ©es ultĂ©rieures(si possible/pertinent) ;

ou

‱ le montant rĂ©alisĂ© jusqu’au 31 dĂ©cembre 2020 +l’estimation du montant dĂ©pensĂ© en 2021 + l’estimationpour les annĂ©es ultĂ©rieures (si possible/pertinent).

Si la mesure n’est plus appliquĂ©e et que le montant final rĂ©alisĂ© est connu, ce dernier est repris sous cette mention.

Montant rĂ©alisĂ© jusqu’au 31 dĂ©cembre 2020

Le montant dĂ©pensĂ© jusqu’au 31 dĂ©cembre 2020.

Montant réalisé au 30 juin 2021

Le montant dĂ©pensĂ© le plus rĂ©cent disponible (jusqu’au 30 juin 2021, sauf exception [voir fiche par mesure]).

ParamÚtresspécifiquespourlesgaranties

Montant total affectĂ© Ă  des prĂȘts et garanties

Le montant total affectĂ© Ă  des prĂȘts et garanties.

Montant total accordĂ© de prĂȘts ou garanties jusqu’au 31 dĂ©cembre 2020

Le montant total accordĂ© de prĂȘts ou garanties jusqu’au 31 dĂ©cembre 2020.

Montant total au 30 juin 2021 des prĂȘts ou garanties

Le montant total le plus rĂ©cent des prĂȘts ou garanties (2020 + une partie jusqu’au 30 juin 2021).

Perte rĂ©alisĂ©e Perte rĂ©alisĂ©e (Ă  la suite de prĂȘts non remboursĂ©s ou de garanties invoquĂ©es). Un montant net est indiquĂ©. Si ce montant est nĂ©gatif, il s’agit d’un bĂ©nĂ©fice rĂ©alisĂ© (par exemple, en cas de perception de primes).

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 71

ParamĂštre groupes cibles

La catégorie Groupe cible classe les mesures en fonction du bénéficiaire de la mesure. Trois options sont possibles : entreprises, particuliers, ou entreprises et particuliers.

Quelles mesures ciblent Ă  la fois les entreprises et les particuliers ?

Cette catégorie mixte comprend plusieurs variantes :

‱ Une mesure qui comporte Ă  la fois un volet pour les entreprises et un volet pour lesparticuliers. Par exemple, la compensation pour les personnes handicapĂ©es est unemesure qui comporte la possibilitĂ© de dĂ©passement du budget pour les personneshandicapĂ©es (bĂ©nĂ©ficiaires d’un budget personnalisĂ© et bĂ©nĂ©ficiaires d’un budgetd’assistance personnelle) mais Ă©galement une compensation pour la perte del’allocation de logement pour les Ă©tablissements et une compensation financiĂšre pourles organisations d’assistance.

‱ Une mesure axĂ©e sur une seule catĂ©gorie (par exemple, les travailleurs salariĂ©s) maisdont l’autre catĂ©gorie (les entreprises) bĂ©nĂ©ficie Ă©galement : par exemple, le chĂŽmagetemporaire.

‱ Une mesure dont le groupe cible/la catĂ©gorie possĂšde une double qualitĂ© en raisonde la nature de la mesure : par exemple, le droit passerelle en faveur des travailleursindĂ©pendants. Cette mesure vise Ă  limiter la perte de revenus (qualitĂ© de particulier)afin de maintenir l’activitĂ© indĂ©pendante (qualitĂ© d’entreprise). En pareil cas, lesindĂ©pendants sont considĂ©rĂ©s Ă  la fois comme des entreprises et des particuliers. Ce n’estpas le cas des primes corona en faveur des travailleurs indĂ©pendants, par exemple, dansle cadre desquelles ces derniers sont uniquement considĂ©rĂ©s comme des entreprises.

CommentontétéclasséeslesmesuresquibénéficientdemaniÚreindirecteàdesparticuliers ?

Plusieurs mesures de soutien ont donné lieu à des versements à des entreprises (ASBL, opérateurs publics ou privé, etc.) mais bénéficient de maniÚre indirecte à des particuliers.

Toutes les mesures qui visent Ă  apporter un soutien financier Ă  des particuliers ont Ă©tĂ© classĂ©es dans le groupe cible des particuliers, mĂȘme lorsque le soutien financier transite par un intermĂ©diaire. Il s’agit par exemple des aides de la RĂ©gion wallonne en matiĂšre d’eau et d’électricitĂ©, qui ont Ă©tĂ© versĂ©es par l’ intermĂ©diaire des fournisseurs ou d’aides financiĂšres octroyĂ©es par l’ intermĂ©diaire des CPAS.

Par convention, les aides octroyĂ©es Ă  des entreprises pour financer des services qu’elles offrent Ă  des particuliers ont Ă©tĂ© classĂ©es dans le groupe cible des entreprises. Il s’agit par exemple des aides dans le domaine des soins de santĂ©, de l’accueil et de l’hĂ©bergement, de l’aide Ă  domicile, etc. Les aides qui visent Ă  rĂ©duire le montant facturĂ© aux particuliers pour ces services sont toutefois considĂ©rĂ©es comme des aides en faveur des particuliers.

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Annexe 3

OCDE – Phases schĂ©matiques de l’action publique pendant et aprĂšs la pandĂ©mie

Source : OCDE, Les réponses de politiques iscale et budgétaire à la crise du coronavirus : Accroßtre la confiance et la résilience, mai 2020, www.oecd.org.

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 73

Annexe 4

Acteurs de la gestion de la crise du coronavirus

DĂšs le 12 mars 2020, le Conseil national de sĂ©curitĂ© (CNS)67 a activĂ© la phase fĂ©dĂ©rale du plan d’urgence pour les situations de crise et des structures ont Ă©tĂ© mises en place pour instaurer des mesures sanitaires visant Ă  ralentir la propagation du coronavirus et Ă  protĂ©ger les personnes les plus vulnĂ©rables de la sociĂ©tĂ©.

SchĂ©ma 1 – Acteurs du processus dĂ©cisionnel dans le cadre de la crise du coronavirus en Belgique, mars-avril 2020

MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE COVID-19

(COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 58

ANNEXE 4

Acteurs de la gestion de la crise ducoronavirusDĂšs le 12 mars 2020, le Conseil national de sĂ©curitĂ© (CNS)67 a activĂ© la phase fĂ©dĂ©rale du pland’urgence pour les situations de crise et des structures ont Ă©tĂ© mises en place pour instaurerdes mesures sanitaires visant Ă  ralentir la propagation du coronavirus et Ă  protĂ©ger lespersonnes les plus vulnĂ©rables de la sociĂ©tĂ©.

Schéma 1 : Acteurs du processus décisionnel dans le cadre de la crise du coronavirus en Belgique, mars-avril 2020

Source : Cour des comptes Ă  partir d’un schĂ©ma du centre de crise68

Le schĂ©ma montre la maniĂšre dont le CNS Ă©largi a pu compter sur la contribution de groupesd’experts pour l’élaboration des mesures sanitaires. Il s’agit plus particuliĂšrement desgroupes suivants : le Risk Assessment Group (RAG), le Risk Management Group (RMG) et leComitĂ© scientifique Coronavirus, qui suivaient dĂ©jĂ  la situation sanitaire depuis janvier

67 Au sein du CNS siĂšgent le premier ministre, les vice-premiers ministres et les ministres de l’IntĂ©rieur, des AffairesĂ©trangĂšres, de la Justice et de la DĂ©fense. Le premier ministre invite les membres du gouvernement ne faisant pas partiedu CNS Ă  examiner les dossiers qui les concernent, en l’occurrence les ministres de la SantĂ© publique et de la MobilitĂ©.68 Le site web du centre de crise contient davantage d’informations au sujet des diffĂ©rentes cellules temporaires : https://centredecrise.be/fr/news/gestion-de-crise/covid-19-une-gestion-de-crise-collegiale-et-complexe.

Conseil national de sécurité élargi

(CNS)

Comité fédéral de coordination

(Cofeco)

Cellule opérationnelle

Cellule Frequently

Asked Questions

Task force Police intégrée

CelluleEcosoc

Cellulle juridique

Cellule Traduction

Cellule ArrĂȘtĂ©s

ministériels

Cellule internationale

Cellule informatique

Gouverneurs / Haut fonctionnaire de Bruxelles / Ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale

Celeval

RMG

RAG

Comité scientifique

GEES

ERMG

Représentants des cabinets fédéraux/régionaux

Groupe de travailSIC

Source : Cour des comptes Ă  partir d’un schĂ©ma du Centre de crise national68

Le schĂ©ma montre la maniĂšre dont le CNS Ă©largi a pu compter sur la contribution de groupes d’experts pour l’élaboration des mesures sanitaires. Il s’agit plus particuliĂšrement des groupes suivants : le Risk Assessment Group (RAG), le Risk Management Group (RMG) et le ComitĂ© scientifique Coronavirus, qui suivaient dĂ©jĂ  la situation sanitaire depuis janvier 202069. Toutes les informations scientifiques Ă©taient ensuite transmises

67 Au sein du CNS siĂšgent le Premier ministre, les vice-Premiers ministres et les ministres de l’IntĂ©rieur, des Affaires Ă©trangĂšres, de la Justice et de la DĂ©fense. Le Premier ministre invite les membres du gouvernement ne faisant pas partie du CNS Ă  examiner les dossiers qui les concernent, en l’occurrence les ministres de la SantĂ© publique et de la MobilitĂ©.

68 Le site web du Centre de crise national contient davantage d’informations au sujet des diffĂ©rentes cellules temporaires.

69 Tant le RAG que le RMG ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s en vertu d’un protocole du 5 novembre 2018. Le RAG analyse le risque pour la population Ă  partir de donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques et scientifiques. Il est prĂ©sidĂ© par Sciensano et est composĂ© d’experts de Sciensano et des autoritĂ©s sanitaires. Le RMG propose ensuite des mesures de protection de la santĂ© publique Ă  partir de l’avis du RAG. Il est prĂ©sidĂ© par le SPF SantĂ© publique et est composĂ© de reprĂ©sentants des autoritĂ©s sanitaires fĂ©dĂ©rales et rĂ©gionales.

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via un avis de la cellule d’évaluation Celeval70 au CNS Ă©largi, afin qu’ il puisse prendre les dĂ©cisions stratĂ©giques pour lutter contre la pandĂ©mie.

La prĂ©paration et la mise en Ɠuvre des dĂ©cisions ont Ă©tĂ© confiĂ©es au ComitĂ© fĂ©dĂ©ral de coordination (Cofeco), qui coordonnait Ă©galement les diffĂ©rentes cellules de crise interdĂ©partementales et parfois aussi interrĂ©gionales chargĂ©es de concrĂ©tiser les mesures. Afin d’opĂ©rationnaliser les dĂ©cisions stratĂ©giques et politiques, des concertations ont Ă©tĂ© organisĂ©es avec les gouverneurs de province, le haut fonctionnaire de Bruxelles et le ministre-prĂ©sident de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale, afin qu’ ils puissent coordonner Ă  leur tour les actions au niveau communal.

Vu l’ incidence de la pandĂ©mie de la covid-19 sur la vie socio-Ă©conomique, le Cofeco a crĂ©Ă© diverses cellules temporaires pour opĂ©rationnaliser sa gestion de la crise. L’une d’entre elles, la cellule socio-Ă©conomique (Ecosoc)71, analysait l’ incidence socio-Ă©conomique des mesures prises ou Ă  prendre avec l’aide du groupe de travail Social Impact Covid-19 (SIC)72, responsable du suivi et de l’évaluation des mesures au niveau de leur incidence sociale et de leurs implications sur le marchĂ© du travail.

L’Economic Risk Management Group (ERMG) crĂ©Ă© le 19 mars 2020 s’est vu confier trois missions, dont un rĂŽle d’avis et de coordination concernant les mesures d’aide Ă©conomique, qui a finalement Ă©tĂ© transformĂ© en une mission d’ inventaire. Les cellules mises en place dans le cadre de cet organe, Ă  savoir la cellule de suivi Ă©conomique et la cellule Kern, ainsi que la plupart des groupes de travail sous-jacents, ont Ă©tĂ© principalement actifs au cours du premier semestre 2020. Ensuite, l’accent a Ă©tĂ© mis principalement sur la mise Ă  jour de l’ inventaire et sur l’organisation d’enquĂȘtes visant Ă  dĂ©terminer l’ impact de la crise du coronavirus sur l’activitĂ© Ă©conomique en Belgique et sur la santĂ© financiĂšre des entreprises belges interrogĂ©es.

Le 6 avril 2020, les experts du groupe d’experts en charge de l’exit strategy (GEES) nouvellement crĂ©Ă© ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s. Ce groupe de travail devait dĂ©velopper une vision stratĂ©gique en vue du dĂ©confinement graduel du pays et fournir des analyses et des recommandations au CNS Ă©largi pour la pĂ©riode d’assouplissement des mesures sanitaires. Le GEES a aussi pu compter Ă  cet effet sur l’appui de l’ERMG. Le GEES a toutefois Ă©tĂ© supprimĂ© fin aoĂ»t 2020 et ses tĂąches ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es Ă  la cellule d’évaluation Celeval.

70 La Celeval était présidée par le SPF Santé publique et était composée de représentants de Sciensano, du comité mis en place pour la covid-19, du Conseil supérieur de la santé, des administrations compétentes en matiÚre de santé publique au niveau des régions et des communautés, ainsi que des SPF Intérieur et Mobilité.

71 L’Ecosoc Ă©tait composĂ©e de reprĂ©sentants des cabinets des ministres fĂ©dĂ©raux de l’Économie, des PME, de la SantĂ© publique et de l’Emploi, ainsi que du SPF Économie, du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale, du SPF MobilitĂ©, du SPF SĂ©curitĂ© sociale et du SPP IntĂ©gration sociale.

72 Le groupe de travail interdĂ©partemental SIC Ă©tait composĂ© de reprĂ©sentants du SPF SĂ©curitĂ© sociale, du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale et du SPP IntĂ©gration sociale, ainsi que de reprĂ©sentants des institutions publiques belges de sĂ©curitĂ© sociale, de Sigedis, de Statbel, de la Banque nationale de Belgique et du Bureau fĂ©dĂ©ral du plan. La principale production de ce groupe consistait en une note de suivi actualisĂ©e pĂ©riodiquement de l’incidence de la pandĂ©mie de coronavirus sur l’emploi et la protection sociale en Belgique. Outre des constatations, le SIC formulait aussi des recommandations gĂ©nĂ©rales, qui ne visaient toutefois pas spĂ©cifiquement Ă  proposer de nouvelles mesures ou des mesures adaptĂ©es. Il tenait aussi un tableau de bord reprenant des donnĂ©es en matiĂšre d’emploi et sur l’utilisation des mesures de protection sociale. Par ailleurs, il traitait quelques thĂšmes spĂ©cifiques, parfois sur demande.

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 75

À la suite de l’entrĂ©e en fonction du nouveau gouvernement fĂ©dĂ©ral, les tĂąches du CNS Ă©largi ont Ă©tĂ© reprises Ă  partir du 6 octobre 2020 par le ComitĂ© de concertation, un organe composĂ© de reprĂ©sentants des six gouvernements existant en Belgique73 afin d’éviter ou de trancher les conflits grĂące Ă  la concertation et de veiller Ă  la cohĂ©rence de la politique. Fin novembre 2020, la cellule d’évaluation Celeval a Ă©tĂ© suspendue aprĂšs avoir Ă©tĂ© paralysĂ©e en raison de divergences d’opinions en interne. Le 15 dĂ©cembre 2020, un nouveau groupe consultatif composĂ© de 24 experts mĂ©dicaux a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© pour assister le ComitĂ© de concertation en ce qui concerne les mesures visant Ă  maĂźtriser la crise sanitaire et pour concrĂ©tiser la stratĂ©gie de sortie : le groupe d’experts StratĂ©gie de gestion (GEMS).

73 Une double paritĂ© est respectĂ©e dans la composition du ComitĂ© de concertation : un nombre Ă©gal de francophones et de nĂ©erlandophones et un nombre Ă©gal de membres du gouvernement fĂ©dĂ©ral et de membres des gouvernements des entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es : le Premier ministre, qui prĂ©side les rĂ©unions, et cinq membres du gouvernement fĂ©dĂ©ral, le ministre-prĂ©sident et un ministre du gouvernement flamand, le ministre-prĂ©sident du gouvernement de la RĂ©gion wallonne, le ministre-prĂ©sident du gouvernement de la CommunautĂ© française, le ministre-prĂ©sident et un ministre du gouvernement de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale. Lorsqu’une matiĂšre concerne la CommunautĂ© germanophone, le ministre-prĂ©sident du gouvernement de la CommunautĂ© germanophone assiste Ă©galement Ă  la rĂ©union du ComitĂ© de concertation. Ce comitĂ© peut aussi instituer une confĂ©rence interministĂ©rielle spĂ©cifique pour organiser une concertation entre les ministres fĂ©dĂ©raux et rĂ©gionaux d’un domaine politique. Dans la pratique, cette concertation a aussi Ă©tĂ© organisĂ©e via des task forces, par exemple la task force Groupes vulnĂ©rables, qui se compose de ministres fĂ©dĂ©raux et rĂ©gionaux compĂ©tents pour la Lutte contre la pauvretĂ©, l’IntĂ©gration sociale et les Affaires sociales.

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Annexe 5

Mesures Ă  destination des entreprises et des particuliers

Les 21 mesures Ă  destination des entreprises et des particuliers prises sur la base d’arrĂȘtĂ©s dĂ©libĂ©rĂ©s par le gouvernement de la CommunautĂ© française et relevant de l’objet du prĂ©sent audit sont les suivantes :

1) arrĂȘtĂ© du 7 avril 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n°1 permettant de dĂ©roger aux rĂšgles et conditions de liquidations des soldes de subventions et des dĂ©lais de recours dans le cadre de la crise sanitaire du covid-19 ;

2) arrĂȘtĂ© du 23 avril 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 4 relatif au soutien du secteur culturel et du cinĂ©ma dans le cadre de la crise sanitaire du covid-19 ;

3) arrĂȘtĂ© du 14 mai 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 11 relatif au soutien du secteur de l’enseignement supĂ©rieur dans le cadre de la crise sanitaire du covid-19 ;

4) arrĂȘtĂ© du 20 mai 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 13 relatif au soutien du secteur des mĂ©dias dans le cadre de la crise sanitaire du covid-19 ;

5) arrĂȘtĂ© du 20 mai 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 14 relatif au soutien des opĂ©rateurs actifs reconnus dans le secteur du sport par la CommunautĂ© française ;

6) arrĂȘtĂ© du 20 mai 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 15 relatif au soutien des services agrĂ©Ă©s en aide Ă  la jeunesse dans le cadre de la crise sanitaire du covid-19 ;

7) arrĂȘtĂ© du 28 mai 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 17 relatif au soutien des centres de rencontres et d’ hĂ©bergement dans le cadre de la crise sanitaire du covid-19 ;

8) arrĂȘtĂ© du 11 juin 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 21 portant le budget ajustĂ© du Centre du CinĂ©ma et de l’Audiovisuel en vue de soutenir le redĂ©ploiement du cinĂ©ma dans le cadre de la crise du covid-19 ;

9) arrĂȘtĂ© du 18 juin 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 29 rendant applicable le congĂ© parental corona aux membres du personnel de l’enseignement et des centres psycho-mĂ©dicosociaux organisĂ©s ou subventionnĂ©s par la CommunautĂ© française ;

10) arrĂȘtĂ© du 20 juin du Gouvernement de la CommunautĂ© française de pouvoirs spĂ©ciaux n° 39 visant Ă  relancer les tournages en garantissant les risques liĂ©s Ă  la crise du covid-19 ;

11) arrĂȘtĂ© du 7 avril 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française relatif au soutien des milieux d’accueil dans le cadre de la crise sanitaire du covid-19 ;

12) arrĂȘtĂ© du 23 avril 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française visant Ă  prolonger et Ă©largir le soutien au milieu d’accueil dans le cadre de la crise du covid-19 ;

13) arrĂȘtĂ© du 30 avril 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française visant Ă  prolonger le soutien au milieu d’accueil dans le cadre du dĂ©confinement progressif ;

14) arrĂȘtĂ© du 7 mai 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française portant des dispositions diverses de fonction publique dans le contexte de la pandĂ©mie du covid-19 ;

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 77

15) arrĂȘtĂ© du 20 mai 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française pris en exĂ©cutionde l’article 3 de l’ArrĂȘtĂ© du 7 avril 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© françaisede pouvoirs spĂ©ciaux n° 1 permettant de dĂ©roger aux rĂšgles et conditions de liquidationsdes soldes de subventions et des dĂ©lais de recours dans le cadre de la crise sanitaire ducovid-19 ;

16) arrĂȘtĂ© du 28 mai 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française portant prolongationdes mesures reprises dans ArrĂȘtĂ© du 7 mai 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ©française portant des dispositions diverses de fonction publique dans le contexte de lapandĂ©mie du covid-19 ;

17) arrĂȘtĂ© du 4 juin 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française adaptant les motifsd’absence des enfants et de rĂ©vision de la participation financiĂšre parentale aux milieuxd’accueil dans le cadre de la crise du covid-19 ;

18) arrĂȘtĂ© du 18 juin 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française rendant applicablele congĂ© parental corona aux agents des services du gouvernement de la CommunautĂ©française, du Conseil supĂ©rieur de l’audiovisuel, de Wallonie-Bruxelles Enseignement etdes organismes d’ intĂ©rĂȘt public qui relĂšvent du comitĂ© de secteur 17 ;

19) arrĂȘtĂ© du 2 juillet 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française relatif au congĂ©parental corona dans le contexte de la pandĂ©mie du covid-19 pour le personnel deWallonie-Bruxelles International ;

20) arrĂȘtĂ© du 12 novembre 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française prolongeant lesmesures d’adaptation des motifs d’absence des enfants et de rĂ©visions de la participationfinanciĂšre parentale aux milieux d’accueil dans le cadre du covid-19 ;

21) arrĂȘtĂ© du 17 dĂ©cembre 2020 du Gouvernement de la CommunautĂ© française Ă©largissantla pĂ©riode de validitĂ© des mesures d’adaptation des motifs d’absence des enfants et derĂ©visions de la participation financiĂšre parentale aux milieux d’accueil dans le cadre ducovid-19.

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Annexe 6

Dossiers examinĂ©s dans le cadre de l’audit

Domaines Mesures Nature des dossiers examinés

Nombre des

dossiers examinés

Nombre total des dossiers gérés par

l’administration

Enseignement supérieur

APS 11 Tableaux de synthÚse des aides validés par les commissaires du

gouvernement & rapports des commissaires

41 41

Sport APS 14 Dossiers individuels de subventionnement des associations sportives

20 521

Audiovisuel et médias

APS 4 & 21 Dossiers d’interventions en faveur des opĂ©rateurs

du secteur du cinéma

72 182

Lettres et livres APS 4 Dossiers d’interventions en faveur de personnes

physiques et morales du secteur du livre

36 158

Jeunesse APS 17 Dossiers de subventionnement des

CRH

24 24

Enfance ArrĂȘtĂ©s du gouvernement

des 7 avril, 23 avril,

30 avril et 4 juin 2020.

Rapports de contrîle de l’inspection de l’ONE

44 44

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Annexe 7

RĂ©ponses

La Cour des comptes a reçu les réponses suivantes à son projet de rapport.

Répondant Date de la réponse

Vice-prĂ©sident et ministre du Budget, de la Fonction publique, de l’ÉgalitĂ© des chances et de la tutelle sur Wallonie-Bruxelles Enseignement

04/10/2021

Directeur faisant fonction de la direction Budget et Analyse financiùre de l’ONE

30/09/2021(courriel)

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RĂ©ponse du vice-prĂ©sident et ministre du Budget, de la Fonction publique, de l’ÉgalitĂ© des chances et de la tutelle sur Wallonie-Bruxelles Enseignement

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MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS DANS LE CADRE DE LA PANDÉMIE DE LA COVID-19 (COMMUNAUTÉ FRANÇAISE) / 81

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dépÎt légalD/2021/1128/45

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