no 19 - Juin 2018www.lecadratin.ch

Organe OffiCiel de l’assOCiatiOndes vrais aMis du Cadratin

Caisse d'Épargne riviera - 1800 vevey le Cadratin - rue de la Madeleine 10 - CH-1800 veveyiBan : CH19 0834 9001 u900 0712 6 BiC : CddvCH21

jLe petit ournal

LE CADRATIN

à sottens

D è s n o v e m b r e 2 0 1 8

2

De Vevey à Sottens,le Cadratin est éternel

Oui, le Cadratin est éternel. etquand on le croit en danger, quand onpense que tout a été tenté en vain, lesvraies amitiés qu’il a su se créer s’animentet se mobilisent pour lui trouver unemaison, un logis, un endroit exception-nel, comme toujours, pour qu’il puissecontinuer d’exister. rappelons-nous : de-puis quelques années, il était clair qu’ilfaudrait quitter la rue de la Madeleine,ce cadre enchanteur et assez envoûtantoù sont nés tant de livres, où les pressesont tant respiré avec bonheur, où tantd’auteurs ont vécu mille fêtes pour la sor-tie de leurs récits, romans, nouvelles,poèmes, confidences, élans littéraires.pour la mise en lumière de leurs tableaux,photographies, créations artistiques.

le Cadratin devait partir, alors ilpart, il quitte vevey. le lieu va changer,mais l’âme va rester la même. Commeelle fut la même il y a quelques décenniesà Clarens, comme elle fut la même sur lequai perdonnet à vevey. d’ici quelquesmois - le temps va passer très vite - c’està sottens qu’il faudra se rendre pourpousser la porte de l’atelier du Cadratin.sottens ? On prend l’autoroute de veveyen direction de lausanne, on sort àvennes, on prend la direction de Berne,puis la route des paysans, puis la route deCorcelles, et on y est presque. Quarantekilomètres, trente-six minutes pour re-trouver le Cadratin dans un cadre certesdifférent mais qui abrite lui-même unehistoire extraordinaire. sottens ? les an-ciens s’en souviennent : sur toutes les ra-dios des années cinquante, soixante, etplus tard encore, le nom du petit villagevaudois était affiché et éclairé, à côtéd’autres grands noms européens. sottens,c’était l’émetteur de la radio romande.un premier pylône s’élevait, depuis 1931,à 125 mètres au-dessus du sol. undeuxième, érigé en 1989, montait à 188 m.pour la suisse francophone, l’émetteur, lecentre porteur des voix de la radio delangue française, c’était là, c’étaitsottens. en suisse allemande, c’étaitBeromünster, et au tessin, MonteCeneri. et puis, les technologies propo-sant d’autres moyens, tout s’est arrêté le5 décembre 2010 à 23h59. Mais commepour bien souligner qu’il s’agissait d’un

au-revoir et pas d’un adieu, 3500 per-sonnes sont venues ce week-end-là pourrépondre à une invitation de la radio ro-mande à une opération portes ouvertes.un succès fou qui en dit long sur l’atta-chement du public à sa radio, à sottens,ce petit nom qui entrait dans tous lesfoyers pour informer, distraire, cultiver. ilreste, de ce temps-là, des bâtiments, dontle Cadratin va occuper une belle partie,et le pylône, qui accueille régulièrementdes grimpeurs de tout le pays.

le Cadratin à sottens, le Cadra-tin qui s’installe sur les traces mythiqueset historiques de la radio. incroyable.Cela s’est pourtant fait comme ça, sim-plement, pendant une discussion, une deplus, autour de l’avenir de l’atelier créépar Jean-renaud dagon il y a près detrente ans. une discussion entre gensbienveillants, attentifs. Quelqu’un quiconnaît quelqu’un qui connaît quelqu’un.et un beau jour les contacts sont établisavec les autorités de la commune deJorat-Menthue. et c’est parti. faire vivreet revivre ce lieu, c’est l’envie de tout lemonde. deux histoires se rejoignent.Comme si l’une attendait l’autre, et viceversa. C’est à coup sûr une histoire d’ami-tié, de respect, de compréhension, quicommence. une histoire fertile, qui vaengendrer plein de projets, de réalisa-tions, de livres, d’expositions. C’est loin,sottens ? pas tant que ça, puisque 3500personnes avaient fait le déplacementjusqu’à l’émetteur pour lui dire au-revoir.pour dire bonjour au Cadratin, et enmême temps pour saluer encore et tou-jours ce lieu de mémoire qui défie letemps, il suffira de se laisser guider par leplaisir de prendre la route de la cam-pagne, de la joie de vivre, comme dans lachanson Nationale 7 de Charles trénet,et à peine parti on y sera déjà. Heureuxd’y respirer la même atmosphèrequ’avant, avec un souffle d’avenir joyeuxet de sérénité en plus. Oui, le Cadratinest éternel, comme la radio.

philippe dubath

3

Mon

tage

pho

to :

Chr

istia

n va

lenz

ano

4

Vendredi 1er et samedi 2 décembre 2017,sorties de presses images : Manu revel, andré Würgler, reine Colin, Michel Balmont et robert Cuénod.

sous la bise noire, les wagons traversent la campagne broyarde et d'une gare àl'autre, la neige mouille davantage les roues. un voyage hésitant entre l'automne et l'hiver.

le paysage se fait de plus en plus blanc jusqu'au train des vignes à puidoux.puidoux, l'arrêt glacial de tous les courants d'air. derrière la vitre, sous les gouttesruisselantes, c'est alors un spectacle extraordinaire qui défile lorsque le convoi se remeten route.

le léman impérial reflète la lumière douce du soleil de décembre, réchauffantnos regards jusqu'à vevey.

Marchant à travers les rues jusqu'à la boutique du Cadratin, je tends le braspour entrer dans le merveilleux atelier, mais six ou sept autres mains se tendent enmême temps vers la poignée.

Chacun fait un geste poli pour laisser passer l'autre, et dès l'entrée de la bou-tique, c'est une forêt de longs manteaux qu'il faut franchir. Mes coudes touchent d'au-tres coudes, mes pieds piétinent des souliers inconnus, mon sac à main s'agrippe sanscesse à d'autres sacoches. il faut rentrer le ventre pour laisser derrière soi quelqu'unglisser péniblement jusqu'au prochain obstacle.

Quel succès... C'est une foule immense qui est venue saluer le travail qui se fait ici.

soudain je marche sur les pattes d'un chien enfoui sous cette garnison dejambes. Je tends la main afin de lui adresser une caresse d'excuse mais il m'accueilleavec un grognement qui m'interdit de le toucher. pauvre toutou. il doit être aussi im-pressionné que moi.

enfin je trouve les joues de Jean-renaud dagon sur lesquelles je peux claquertrois bisous vaudois. très rapidement je le félicite pour ce succès, avant qu'il ne soithappé par d'autres visiteurs.

les machines brillent autant que les flammes du feu. elles sont imposantes etnous font remonter le temps. C'est toute une nostalgie passionnée. seuls les élus saventles faire fonctionner. pour nous, elles sont mystérieuses, elles ne ressemblent à rien quenous connaissons. Où se mettent les feuilles et où donc coule l'encre ? On sent qu'il ya là une science réservée aux artistes de ce savoir.

a l'instant où je me dis que ce doit être douloureux de se coincer un doigt dansces rouleaux métalliques, j'aperçois le visage de Corinne.

nous nous embrassons et commençons à papoter jusqu'aux tasses de vin chaud.il se mérite... On n’y accède pas si facilement. il faut se faufiler, lancer un pardon àgauche, un pardon à droite, un autre derrière et forcer un peu devant.

dulce photographie le titre de mon bouquin suspendu au milieu de nombreusesaffiches au-dessus de nos têtes.

puis c'est la voix de Camus qui fait taire toute l'assemblée. des mots parfaits.Camus, c'est toujours parfait.

M A G I C B E B O P

5le Cadratin est l'univers des mots, de la typographie. C'est le paysage de l'in-temporalité, de la grande qualité. du papier au toucher soyeux et de ces lettres quis'inscrivent sur les pages comme un tatouage sur la peau.

au sortir, en refermant la porte, on sait qu'on laisse derrière soi un lieu surpre-nant qui cueille à chaque fois celui qui y passe.

avant de remonter dans le train, un détour au bord du lac émerveille notre re-gard face aux dents-du-Midi. laissant le noir de l'encre, nous sillonnons à nouveaudes paysages saupoudrés de sucre glace.

et puis chez moi, après le retour, il me vient ce fort sentiment d'avoir mis mesphrases entre les meilleures mains qui soient, pour donner vie à mon livre.

Christine rossier

les incontournables compagnons des rencontres de lure, renaud Caillat, laurent pizzotti, reine Colin,Thierry gouttenègre, ruth dagon, Hugues eynard, Marie-Thérèse pizzotti, pierre-françois Besson, MichelBalmont et Jr en grande forme lors de ces deux jours de fête. (Manque sur la photo, annie Jaquemard.)

Charles-Henri grossen

6

roger dewint gilbert Weber est intéressé Michel voïta nous dit albert Camus

Jr présente roger dewint

laurence voïta et ces dames Magnifique expo de roger dewint Jenny et françoise vuille, les moitiés de sticky songs

les pizzotti sont en place ruth, Marianne et dolorès

Hugues est attentifla composition prend forme laurence et Mumu sont emballées

Vendredi 1er et samedi 2 décembre 2017,sorties de presses

7

Nous avons besoin de vous !Votre aide sera précieuse à l’occasion de la préparation du déménagement…

Cette opération est assez im-portante, 90 palettes de matériel etmeubles divers, et 25 machines, c’estce que nous devons transporter dansnotre nouvel espace.

Si les machines sont prises encharge par des monteurs spécialisés,nous avons besoin d’aide pour la pré-paration et l’emballage du matériel àmettre sur palettes. Ensuite un trans-porteur amènera ce matériel à Sot-tens. Une fois sur place il faudraremettre tout ceci en place.

Vous pouvez nous contacterafin de nous proposer vos disponibi-lités durant les mois de juillet, août etseptembre.

Cuvée spéciale

Thierry gouttenègre est content

Olivier et axel, un régal

la partie internationale laurent et reine

Sti

cky Son

gs

Pour les virements en euros,merci de passer par le sitewww.lecadratin.ch sous la rubrique«Don déménagement» pour un paie-ment par carte de crédit avec le sys-tème PayPal. Le lien heroslocauxindiqué ci-dessus vous permettra toutde même de visionner le film réalisépour cet appel de fonds.

La Fondation Le Cadratin etl’Association Les Vrais Amis du Ca-dratin étant reconnues d’utilité pu-blique, les dons sont déductiblesjusqu’à concurrence de la limite fixéepar les autorités fiscales compétentes.

Un grand merci de votre fidèleet indispensable soutien.

info@lecadratin.ch021 921 50 58

… et pour le financement dece déménagement

Un projet de financement par-ticipatif a été lancé sur le portailheroslocaux.ch. Celui-ci accepte lesdons de parrains domiciliés en Suisse.Toutes les informations se trouvent àcette adresse :www.heroslocaux.ch/le-cadratin-sottens

Bien entendu, les aides peu-vent aussi être versées directement surle compte bancaire de l’associationmentionné en page 1.

8

Les conversations en mille-feuilleÉditions du goudron et des plumes2906 Chevenez | Jura | suisse

Margot comprend peu à peucomment paula perçoit le monde à travers sasurdité atypique. leurs conversations sedécouvrent comme un palimpseste ajouré.l’histoire est une gourmandise, celle d’uneamitié naissante. les pages du livre setournent et s’ouvrent comme un jeud’énigmes en images, qui pourraient faireécho à la bande-son de la vie de paula.

l’aventure de ce livre débute avec lesdécoupages et les collages de francine, quitente de transcrire visuellement ce qu’ellecapte des sons dans sa vie quotidienne.d’abord elle découpe un mot sur deux dansun livre d’occasion avant de s’en prendre auxdéterminants ou aux consonnes sifflantes,bref à tout ce qu’elle n’entend pas. le résultatforme un puzzle aléatoire avec des trous etdes blancs. francine poursuit en creusantdans l’épaisseur des livres, elle empile descouches de textes, elle effile des lignes demots. un lexique apparaît, une grammairedisparaît. On en perd le sens. le textedevient un matériau brut. le livre édité estné dans ce terreau expérimental. francine etpatricia l’ont imaginé à quatre mains. ellessouhaitent un livre ludique, qui permettraitau lecteur de vivre en quelque sorte le mode

opératoire du personnage principal, paula,jeune femme sourde atypique qui regorge de«trucs» pour décoder le monde environnant,avec ses sons brouillés. le livre seraitimprimé dans l’atelier de gravure deChevenez sur la presse typographique. ilfaudrait jouer avec cette contrainte : rendrecompte de l’état d’esprit des collages par lalinogravure. l’image gravée que découvriraitle lecteur serait singulière, insolite. il pourraits’agir d’un détail ou d’une vue segmentée oudécalée. derrière cette image, le lecteurverrait une double-page qui lui donnerait desclés et résoudrait l’énigme. dans le texte enregard de l’image, on suivrait paula etMargot, leur rencontre, leurs voyages, lesquiproquos, les rires, les déconvenues etl’enfance convoquée.

le livre de francine Collet-poffet etpatricia Crelier mesure 16 cm x 20 cm. ilcontient 22 feuilles qui se déplient dans unelargeur de 36 cm. les feuilles sont réuniespar 3 pinces, ce qui permet de les isoler pourles suspendre. l’ouvrage est imprimé en bleuocéan à 240 exemplaires signés et numérotéssur papier Munken 200g/m². il est présentédans un coffret en papier photo couleurchocolat de 300g/m². prix : 120.- CHf

passionnée par l’univers des fa-bles, aussi douée pour le dessin que cap-tivée par la typographie, laurence pernetnous propose aujourd’hui un véritablepetit bijou de sensibilité et de raffine-ment avec un recueil de neuf des fablesde Jean de la fontaine, tout aussi soi-gneusement choisies qu’illustrées. réali-sés à la pointe d’un stylo et d’un pinceautrès fins, ses dessins créent instantané-ment un univers, habité uniquement pardes animaux au cadrage toujours resserré,dont on a toujours l’impression qu’ils

nous regardent. ayant également lon-guement et patiemment travaillé à lamise en page et à la composition de sonouvrage, laurence pernet signe ici untravail touchant de sincérité, d’une pro-fonde authenticité et finesse, éléganthommage à l’œuvre de Jean dela fontaine. un recueil pour petits etgrands, qui ne donne qu’une envie : ap-prendre par cœur chacune de ces fablespour devenir les complices silencieux dulion, du renard, de la cigogne et de biensd’autres encore.

thierry scherrer

Laurence Pernet,un hommage à La Fontaine