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N° 25 - mars 2008 prix : 2,00 Notre Terre vers un développement durable sélection d’articles de Down To Earth revue indienne écologiste et scientifique Environnement, alimentation et pauvreté Dans les pays du Sud, la pauvreté de masse, la misère est d’abord liée à la crise du monde rural. C’est pour y échapper que des millions de ruraux se précipitent vers les villes où ils survivent souvent aussi dans des taudis ou des bidonvilles, avec souvent l’espoir secret d’émigrer par tous les moyens. La crise du monde rural est largement une crise environnementale. C’est donc en s’attachant à résoudre cette crise que l’on peut lutter le plus efficacement contre la misère. Mais il faut clairement lier les deux objectifs : accroître les ressources des plus pauvres et pas seulement préserver la biodiversité. C’est l’amélioration de la production du milieu naturel qui permet de dédier des espaces à la conservation des espèces. Si l’on veut protéger les tigres, il faut améliorer les revenus des paysans pour limiter leur pression sur les zones de réserves. Les exemples analysés par le CSE montrent que l’on peut très rapidement améliorer la production et les revenus en s’appuyant sur l’organisation collective des paysans. Face à la menace de pénuries qui font flamber les prix agricoles, il existe des solutions qui permettent d’assurer à la fois un environnement de qualité et une production importante. Dans les pays du Sud, il existe assurément des réserves de productivité des terres si l’on parvient à une bonne gestion collective de l’eau. L’Inde est devenu le premier producteur mondial de lait. Les progrès ont été tels que ce pays peut aujourd’hui exporter des produits laitiers. Qui l’eut imaginé dans les années 1970 lorsque l’Europe finançait le programme indien de modernisation (Opération Flood) en lui fournissant notamment d’énormes quantités de poudre de lait ? Alain Le Sann Avant-propos Le diable se cache souvent dans les détails Page 2 Pas simple la cogestion ! Sukhomajri était un village très pauvre Sur le long chemin, surgissent des problèmes Bunga s’y met aussi ; les choses se passent autrement Que retenir de ces deux cas ? Page 4 Le prix du lait Page 6 SOMMAIRE publiée par CSE à New Delhi

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00€ Notre Terre

vers un développement durablesélection d’articles de

Down To Earthrevue indienne écologiste et scientifique

Environnement, alimentation et pauvreté

Dans les pays du Sud, la pauvreté de masse, la misère estd’abord liée à la crise du monde rural. C’est pour y échapperque des millions de ruraux se précipitent vers les villes où ilssurvivent souvent aussi dans des taudis ou des bidonvilles, avecsouvent l’espoir secret d’émigrer par tous les moyens. La crisedu monde rural est largement une crise environnementale.C’est donc en s’attachant à résoudre cette crise que l’on peutlutter le plus efficacement contre la misère. Mais il fautclairement lier les deux objectifs : accroître les ressources desplus pauvres et pas seulement préserver la biodiversité. C’estl’amélioration de la production du milieu naturel qui permet dedédier des espaces à la conservation des espèces. Si l’on veutprotéger les tigres, il faut améliorer les revenus des paysanspour limiter leur pression sur les zones de réserves.

Les exemples analysés par le CSE montrent que l’on peut trèsrapidement améliorer la production et les revenus ens’appuyant sur l’organisation collective des paysans. Face à lamenace de pénuries qui font flamber les prix agricoles, il existedes solutions qui permettent d’assurer à la fois unenvironnement de qualité et une production importante. Dansles pays du Sud, il existe assurément des réserves deproductivité des terres si l’on parvient à une bonne gestioncollective de l’eau.

L’Inde est devenu le premier producteur mondial de lait. Lesprogrès ont été tels que ce pays peut aujourd’hui exporter desproduits laitiers. Qui l’eut imaginé dans les années 1970 lorsquel’Europe finançait le programme indien de modernisation(Opération Flood) en lui fournissant notamment d’énormesquantités de poudre de lait ?

Alain Le Sann

Avant-propos

LLee ddiiaabbllee ssee ccaacchheessoouuvveenntt ddaannss lleess ddééttaaiillss

Page 2

PPaass ssiimmppllee llaa ccooggeessttiioonn !!

SSuukkhhoommaajjrrii ééttaaiitt uunn vviillllaaggee ttrrèèssppaauuvvrree

SSuurr llee lloonngg cchheemmiinn,,ssuurrggiisssseenntt ddeess pprroobbllèèmmeess

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Page 4

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Page 6

SOMMAIRE

publiée par CSE à New Delhi

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LLEE DDIIAABBLLEE SSEE CCAACCHHEE SSOOUUVVEENNTT DDAANNSS LLEESS DDÉÉTTAAIILLSS..

C’était au milieu des années 1980.Notre directeur, Anil Agarwal,éminent écologiste, était sur lapiste de la personne qui avaitconçu et expérimenté, quelquesannées plus tôt, le programmed’emplois aidés du Maharashtra.J’étais aussi de la partie. Nousétions arrivés dans un bureaurempli de dossiers, et passa-blement poussiéreux, au Secréta-riat du gouvernement local. M.Page était là, petit homme à la voixdouce qui nous expliqua que, en1972, alors qu’une grossesécheresse frappait le Maharashtraet obligeait une multitude de gensà quitter la région, on préleva unetaxe sur ceux qui gagnaient bienleur vie afin de financer desemplois dans les campagnes.C’était dans la loi et celaempêchait ceux qui souffraient desombrer dans la misère, et derester sur place au lieu de venirs’agglutiner dans les villes.

Anil était à son affaire : on donnaitune occupation aux gens enpériode de crise et, en mêmetemps, il y avait à coup sûr là-dedans des possibilités detravailler sur l’environnement.Nous venions de visiter le villagede Ralegan Siddhi où Ana Hazare,un ancien chauffeur de l’Armée,avait pris les choses en main etfaisait creuser des tranchées dansles pentes pour piéger l’eau etrecharger les nappes phréatiques.Grâce à l’irrigation, il y avait déjà làdes rangées d’oignons enabondance. M. Page concevait quele système pouvait être égalementintéressant d’un point de vueécologique, mais nous fit remarquerqu’il s’agissait d’un programmepour temps de crise et quel’Administration locale optait pourdes solutions simples : le plussouvent, casser des cailloux,construire des chemins ou autresinfrastructures publiques.

Dans les années qui ont suivi, l’idées’est répandue au Maharashtrad’utiliser aussi cette main-d’oeuvrepour créer ou réhabiliter desressources naturelles, en particulieren protégeant les sols, enrécupérant l’eau par des barragesde retenue, des levées de terredans les pentes, en plantant desarbres. Les programmes d’emploisaidés du gouvernement central,qui s’inspiraient de l’expérience du

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Chantier d’emplois aidés au Gujarat lors de la sécheresse de 2001

Maharashtra, fixaient même parfoisun montant devant être réservéspécifiquement à la plantationd’arbres. C’était l’époque où lepays apprenait à planter desarbres qui n’allaient pas crever età construire des retenues qui neseraient pas remplies de sédimentsà la prochaine saison. Un hautfonctionnaire, M. Saxena, calculaitle nombre d’arbres qu’il y auraitdans les villages indiens si tout cequi était planté restait en vie. Celadonnait une vaste forêt, quin’existait que sur le papier. Anilécrivait dans ses articles que cesprogrammes revenaient à perpétuerdes emplois improductifs : creuserun trou, y déposer un jeune plantqui allait être bientôt dévoré ou qu’onlaisserait mourir précocement, etl’année suivante recreuser le trouet y positionner un nouveau jeuneplant. Opération à renouvelerchaque année…

De tout ce remue-ménage estressortie une évidence : il estindispensable que les commu-nautés villageoises aient un droitde regard et même de propriétésur leur fragile patrimoine naturel.Il faut que les gens aient leur mot

à dire dans les prises de décision,et surtout qu’ils aient leur part dugâteau lorsque l’herbe repousse,lorsque les arbres grandissent etqu’il y a de l’eau. Ces programmesfaisaient intervenir tout un éventailde services administratifs(Direction des forêts, Direction del’agriculture, Direction del’irrigation…), ce qui ne favorisaitpas une vision d’ensemble sur leterrain. Ici et là fleurissaient unevariété de projets de dévelop-pement. Le Madhya Pradeshinstaurait un service unique pours’occuper des bassins versantsdes villages. Des études mettaientaussi en évidence les énormesavantages économiques généréspar les populations qui s’attachaientà remettre en état leur environ-nement.

Pourquoi est-ce que je parle deces choses ? Tout simplementparce que les activités mises enoeuvre dans le cadre de la Loinationale sur la garantie del’emploi en zones rurales (NREG)reposent sur les même idées.C’est un progrès par rapport aupassé car on insiste maintenantsur la nécessité d’investir dans le

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patrimoine naturel (protection dessols et de l’eau), d’élaborer desplans de développement à l’échelledes villages, de confier la respon-sabilité des travaux d’intérêt publicaux panchayats élus (= conseilsmunicipaux), et pas seulement àtoute une série de bureauxadministratifs. Deux ans après lelancement du NREG, je posecependant la question suivante :ces nouveaux aspects positifstiennent-ils compte des leçons dupassé ?

Je passais par le Rajasthan aucoeur de l’été, et je voyais desescouades de femmes occupées àdiverses activités organisées dansle cadre du NREG (qu’on appelleaussi « les 100 jours » parce qu’ilprévoit 100 journées de travailrémunéré dans l’année). Sous unsoleil brûlant, elles creusaientl’étang défunt du village. Chaquefemme creusait, me semblait-il, uncarré. Pourquoi ? Le contremaîtredit que c’était les ordres, motivéspar une estimation « scientifique »de ce que peut faire une personnedans une journée. Ce carré servaità mesurer le travail accompli etdonc le montant de la rémunération.Les femmes à qui j’ai parlédisaient qu’elles ne savaient pascombien elles auraient pour lasemaine ou la quinzaine car lescalculs étaient faits individuel-lement. Les autorités de Delhivoulaient sans doute lutter contrel’inefficacité et la corruption. Ducoup, la nature même del’opération passait au second plan.Personne ne pouvait dire si lescarrés creusés chaque jourallaient effectivement augmenterles capacités de la retenue quandelle serait en service. Personne nesemblait se préoccuper desconduites qui amèneraient l’eaujusqu’au bassin : étaient-ellesbouchées aussi ? Le chantierserait-il terminé dans « les 100jours » statutaires ?

A l’autre bout du pays, dans laréserve de tigres des Sunderbans,j’ai vu une canalisation, alimentéepar l’eau de pluie, qui avait étéconstruite dans le cadre du NREG.Cette installation transformaittoute l’économie villageoise, tantet si bien que les gens n’ont plusbesoin d’aller pêcher en fraude.Avec cette canalisation, ils peuventirriguer les sols et produire une

Un homme heureux à Ralegan Siddhi

récolte supplémentaire. Cetteréalisation ouvrait donc denouveaux horizons. Je demandaisi tout cela avait été pensé aupréalable par le panchayat. Laréponse fut Non : « Si on travailledans un projet municipal, on n'estpas payé parce que le panchayatdoit soumettre toutes les piècescomptables à l’Administration, quiréclame des preuves du travailaccompli ». Les procédures sontcompliquées et il se produitinvariablement que les gens ne sont

pas payés ou bien ne reçoivent pasleur dû. Les principes du NREGsont définis. Il reste à préciser lesdétails, le plus tôt possible. Car sile diable se cache souvent dansles détails, du soin apporté auxdétails peut aussi sortir de bonneschoses pour la remise en état del’environnement.

Sunita Narain15 mars 2008

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Lors de la partition de l’Inde britannique en 1947, une partie du Punjab,avec la capitale Lahore, se trouve au Pakistan. La partie indienne n’ayantplus de chef-lieu, le gouvernement central décide de créer de toutespièces une ville appelée Chandigarh. Au cours des années 1950,l’architecte franco-suisse Le Corbusier dirige la mise en oeuvre du pland’ensemble. En 1958, il fait construire une retenue sur une rivièresaisonnière qui descend des piémonts de l’Himalaya tout proche. Cescollines (les Shivaliks) ont un sol instable, fait de grès et d’argile.L’envasement du lac, qui est aussi la principale réserve d’eau de la ville,devient vite un problème.

En 1966, le gouvernement central taille à l’est du Punjab un nouvel Etat,l’Haryana. Chandigarh, qui a le statut de Territoire de l’Union indiennecomme Pondicherry, sert de capitale pour ces deux Etats. Au tout débutdes années 1970, M. Mishra, un scientifique de l’Institut national de laprotection des sols et de l’eau de Chandigarh, explore le bassin versantet constate que l’origine du problème se situe dans les collines auxalentours du village de Sukhomajri, distant d’une dizaine de kilomètresà vol d’oiseau. Les premiers contacts avec les habitants, marqués parl’incompréhension, sont difficiles : « Les gens de Chandigarh sontassez riches pour faire enlever la vase de leur lac ! »

(Pour obtenir une image satellite de la région, taper Chandigarh dans Google Maps.Au-dessus de l’agglomération, à l’est des collines et sous l’extrémité sud de la pisted’aviation de Pinjaur, se trouve Sukhomajri, repérable par ses petits barrages).

Sukhomajri était un villagetrès pauvre

Sukhomajri était un village trèspauvre de l’Haryana, district dePanchkula, dans le nord-est del’Inde. Il a commencé à sortir deson trou en 1976. A partir de cettedate, reconstituant obstinémentson environnement naturel, ilpoursuit pendant une décennieune ascension constante vers laprospérité. Sukhomajri a réussiparce qu’il y avait dans ce villageune structure autonome qui avaitle pouvoir de prendre desdécisions. Tout cela a commencé às’écrouler lorsque la Direction desforêts est intervenue pour enleveraux villageois leurs ressources,déstabilisant, ce faisant, leur belleinitiative. Cette situation est, parcontraste, bien mise en évidencepar le succès de Bunga, un villagesitué 30 km plus au sud et qui avaitvoulu imiter Sukhomajri, enprenant soin de tenir à l’écart uneAdministration prédatrice. Laleçon de tout ça : l’autonomiedonne une certaine liberté demanoeuvre propice au progrès. Aucours des années 1980, Sukhomajridevient un modèle de dévelop-pement autogéré. Son chemine-ment pour sortir de la pauvreté,jusqu’à atteindre un bon niveau deprospérité (ce fut le premiervillage indien à être imposé sur lesrevenus provenant de ses ressourcesnaturelles) a inspiré la réflexion enmaints endroits du monde.Derrière cette histoire assezexceptionnelle, il y a eu la capacitédes habitants à prendre en chargela gestion de leur environnementen créant une structure villageoiseunie et solide, la HTMS (Associationgestionnaire des collines).

Notre revue Down To Earth suit leparcours de Sukhomajri depuisprès de quinze ans. Lors de ladernière visite sur le terrain, onremarquait des changements, paspour le mieux. Gurmel Singh, leprésident de l’Associationgestionnaire, confie que lasituation au village n’est plusidyllique : « J’ai hérité du lustred’anciens lauriers ». Les débatssur la gestion des ressources quidynamisaient la communauté sontmorts. Depuis cinq ans, la HRMSne s’est pas réunie une seule fois.La réussite reposait sur la forêt et

PPAASS SSIIMMPPLLEE LLAA CCOOGGEESSTTIIOONN !!

Collines érodées

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l’eau, l’Association s’occupant desdeux. Mais les éléments del’équation ont changé : laDirection des forêts a fait mainbasse sur la forêt que lesvillageois avaient fait pousser, etles ressources en eau sontmaintenant contrôlées par desintérêts privés. Gurmel Singhconclut : « L’Association n’apratiquement plus de raisond’exister ».

Sur le long chemin…

Le parcours de Sukhomajri acommencé avec l’arrivée desscientifiques venus de l’Institutnational de protection des sols etde l’eau de Chandigarh. Ilscherchaient un moyen de luttercontre l’envasement du lac deSukhna qui était la seule granderéserve d’eau de la ville. Cesspécialistes ont établi que leproblème venait des collinesdénudées du secteur deSukhomajri. La solution pour euxparaissait donc d’empêcher lesvillageois de faire pâturer leursbêtes dans les bois afin dereconstituer le couvert végétal.Ceux-ci estimaient n’avoir aucuneraison pratique de les suivre sur ceterrain, mais changèrent d’avis àpartir du moment où les scien-tifiques acceptèrent de construire

Paysage en repousse

des retenues d’eau (la première en1976) qui profiteraient aussi auxhabitants du lieu. L’intérêt biencompris a éclairé les esprits : lesvillageois ont eu de l’eau, ils ontprotégé la forêt, et ils ont euencore plus d’eau et plus defourrage. Le lac de Chandigarhéchappait pour le moment àl’envasement.

S. P. Mittal est l’un des spécialistesayant participé au lancement duprojet aux côtés de P. R. Mishra,son inspirateur maintenant décédé.Il se souvient : « A bien deségards, le projet de Sukhomajriétait une première tentative de

remise en cause des modèles dedéveloppement pilotés du hautvers le bas ». Trois nouvellesretenues ont été construites encinq ans et en 1983 a été crééel’Association gestionnaire descollines, à laquelle participait unreprésentant de chaque foyer. Parla suite, tous les habitants adultespouvaient y apparaître, et tout lemonde avait un droit identiquepour l’eau. Afin de responsabiliserles gens par rapport à la ressourcedisponible, le tarif était basé sur lapériode de consommation au lieudu volume consommé. Lesrevenus venant à l’Association pardivers moyens servaient àl’entretien des retenues et descanalisations et à la protection desespaces forestiers. Bientôt sontapparus des résultats. Laproduction de blé et de maïs, lesdeux cultures habituelles, aprogressé de plus de 50 pour cententre 1977 et 1986. La productiond’herbages (l’indispensable fourrage)est passée de 40 kg à l’hectare en1976 à 3 tonnes en 1992. Dans cequ’on appelait la forêt, le nombred’arbres est passé de 13 àl’hectare à 1 292. Comme les gensdisposaient de plus grandesquantités de fourrage, les chèvresqui étaient 246 en 1977 n’étaientplus que 10 en 1986. Dans lemême temps, les buffles sontpassés de 79 à 291, et laproduction de lait a suivi, bienévidemment. Sukhomajri esttoujours dans l’aisance. Le revenupar habitant y est deux fois plusélevé que le revenu rural moyenpour le reste de l’Haryana.Presque chaque famille possèdeune voiture. Les vaches et bufflessessont au nombre de 560, qui donnent

L’Administration veille au grain

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entre 3 000 et 4 000 litres de laitpar jour. Le litre se vend ici 12roupies (0,18 €). « Les revenusannuels ont doublé depuis lesannées 1990, triplé par rapportaux années 1970 », préciseGurmel Singh.

Du bien au soleil

Sukhomajri est devenu prospère grâce à la renaissance des espacesboisés. Ses habitants ont protégé et remis en état une superficie de400 ha, avec surtout des acacias catechu. Dans les années 1980, laDirection des forêts a accepté un arrangement amiable par lequel lesvillageois recevraient 50 pour cent du produit de la vente de cesarbres. A partir de la mise en oeuvre d’un programme de cogestiondes forêts en 1997, cette Administration a réduit la part à 30 pourcent. Les plantations ont maintenant plus de trente ans et presque tousles arbres sont parvenus à maturité ; mais il n’y a pas eu de coupe.Pourtant cela aurait renfloué immédiatement les finances del’Association gestionnaire et offert d’autres avantages. Selon laDirection des forêts, environ 8 400 pieds sont bons pour l’abattage, cequi représente une valeur de 1,68 crore de roupies (252 000 €). Il y aune autre façon de calculer la valeur de ces arbres : 100 kg d’acaciacatechu produit 6 kg de katha (catéchine) qui vaut 700 Rs (10 €) le kilo,ce qui donne une nouvelle valeur au tout : 5,88 crores (882 000 €).

Le précieux fourrage

… surgissent desproblèmes.

« L’Association gestionnaire perdde sa force ; la forêt et l’eau nouséchappent », dit Abhay Ram, 60ans, qui faisait partie despionniers. Les premières marquesdu changement sont les puitsqu’ont fait forer certains au lieud’utiliser l’eau des retenues pourl’irrigation. En 1985, l’eau desretenues irriguait 33 ha, 10,2 haseulement en 2001 ; environ 17 haétaient irrigués par l’eau des puits,le reste n’étant pas irrigué du tout.Maintenant l’eau des retenues nesert que pour 5 ha. Le pompagedans la nappe phréatique n’est passans conséquence : le niveaubaisse. Abhay Ram continue : « Avantla construction des barrages, ontrouvait de l’eau à environ 120 m.Quand le premier nouveau foragea été effectué en 1981-1982, on atrouvé l’eau à 40 m ». Peu à peuon revient au point de départ : 56m en 1996, 90 m en 2006. Lesarpanch (= maire) croit que,grâce aux infiltrations enprovenance des barrages, l’eausouterraine ne va pas s’épuiser. Letémoignage de Abhay Ram laissepeu d’espoir en ce sens.

La distribution de l’eau s’estdétériorée parce que les conduitessont en mauvais état et que lesretenues se sont envasées.Comme elle n’a pas de sous pourl’entretien, l’Association ne peutguère agir. « Je craignais deperdre des récoltes à cause de labaisse du niveau dans lesbarrages ; moi aussi je me suiséquipé d’un puits », confie son

président, Gurmel Singh.Maintenant nous irriguons seule-ment pour sauver des cultures. Dutemps de mon père, il y avait pleind’eau. Maintenant c’est pluspareil. C’est grâce à la forêt queles sols gardent une certainehumidité. Autrement il y aurait unebaisse sérieuse des rendements ».

Sukhomajri avait construit saprospérité sur les revenus tirés del’eau des retenues, du fourrage, dela bhabbar (Eulaliopsis binata),une herbe fibreuse utilisée alorspar des papeteries. En 1996-1997,sa meilleure année, l’Associationgestionnaire a encaissé plus de170 000 roupies (2 692 €), àcomparer aux 43 800 roupies (693 €)de 1986-1987, la première foisqu’elle dégageait des recettes.Depuis 2002, elle a du mal àatteindre 4 000 roupies (63 €) dansl’année. Au début, tout allait bien.Grâce à l’eau récupérée et à laréhabilitation des espaces boisés,il y avait abondance de fourrage etde bhabbar. Comme ces espacesappartenaient à la Direction desforêts, l’Association gestionnaire anégocié avec elle et obtenul’autorisation de récolter et vendrela bhabbar aux papeteries et dufourrage aux villageois.Malheureusement ce système aété modifié en 1990. En plus depayer un fermage, l’Associationdevait verser 25 pour cent desrecettes en taxes fiscales. Elle aencaissé le coup parce que lafourniture d’eau pour l’irrigationfaisait encore rentrer de l’argent et

que le village avait déjà acquis unecertaine aisance.

Le vrai coup dur est arrivé en 1998.Dans le cadre des directives sur lacogestion (Join Forest Manage-ment), la Direction des forêts acommencé à prélever 25 pour centdes revenus que l’Associationobtenait de la vente de fourrage etde la bhabbar. Elle perdait en tout55 pour cent de ce que luirapportait la forêt. Dans ces nou-veaux arrangements, les villageoisn’avaient plus le droit de récolterdu mungri (jeune bhabbar). Lecontexte général aussi était bienmauvais : les papeteries se tournant

Recueillir l’eau du ciel

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désormais vers la pâte de bois, lemarché de la bhabbar s’effondrait.Actuellement, une fois payésimpôts et taxes, l’Association negagne plus rien avec cela et ellen’afferme pas ses droits. « Laplupart des agriculteursproduisent leur propre fourrage oul’achètent sur le marché. Seuls lespauvres se fournissent encoredans la forêt », dit Ram Kishan, unhabitant du village.

L’intervention de la Direction desforêts a enfermé Sukhomajri dansun cercle vicieux. Les fonds dontdispose l’Association gestionnaire,maintenant à 5 pour cent de leurniveau de 1997-1998, ne peuventplus subvenir à l’entretien desretenues et des canalisations.Actuellement, seul le plus grandbarrage construit en 1978 sertencore habituellement à l’irriga-tion, ce qui n’arrange pas lesfinances. Les recettes généréespar la fourniture d’eau d’irrigationsont passées de 4 000 roupies (63 €)en 1994-1995 à pratiquement riende 2000 à 2005. Après la répara-tion de deux retenues, elles sontremontées à 3 300 roupies (52 €)en 2006-2007. Le moins qu’onpuisse dire, c’est que la Directiondes forêts s’est conduite enprédateur. A cause de sa politiqued’obstruction, Sukhomajri a perdubeaucoup d’argent. Selon l’accordde cogestion de la forêt, la part debois d’oeuvre (khair, Acaciacatechu) revenant au village, si onfaisait des coupes, rapporterait unbon paquet, ce qui rétablirait d’uncoup les finances (voir encadré Dubien au soleil). Mais l’Adminis-tration ne bouge pas.

« C’est au gouvernement deréparer les barrages parce quenous n’avons pas d’argent », ditKishan. Mais Rakesh Kumar,agent de la Direction des forêts,intervient : « Un barrage a été réparécette année, un autre en 2005. Lesberges d’un autre ont été relevéesde 2 m. Les canalisations bouchéesont été nettoyées. Bientôt lesvillageois pourront se resservir eneau ». La retenue réparée cetteannée était hors service depuis1992. Toujours est-il que, avec uneAssociation en perte de vitesse etdes ressources qui fondent, lesdeux causes se nourrissantmutuellement, le cycle dudéveloppement est bloqué.

M. Mishra, le pionnier venu del’Institut de Chandigarh, parlait deDéveloppement cyclique, c’est-à-dire que les résultats d’un cycled’investissements constituent lecapital qui servira au cycle suivant,et ainsi de suite.

Bunga s’y met aussi

Le premier village à vouloir imiterSukhomajri a été Bunga, distantde 30 km vers le sud (voir imagesatellite sur: http://wikimapia.org/5017162/lv/Bunga_Tehsil_Panchkula).Sa réussite est plus assurée parcequ’il ne dépend pas du bon vouloirde la Direction des forêts, mêmes’il aurait besoin, pour le longterme, d’une aide publique qui nevient pas. Les collines qui entou-rent Bunga étaient dénudées.Périodes de sécheresse etsoudaines inondations forçaientles villageois, qui élevaient deschèvres et pratiquaient uneagriculture de subsistance, àdevenir nomades huit mois dansl’année. Les 160 familles sontessentiellement des propriétairesmarginaux ou des sans-terre etvivent surtout de la vente de lait,les cultures ne représentant que35 pour cent des revenus globauxdes gens du lieu, qui sont à 90pour cent des Gujjars, comme àSukhomajri. Il y a 20 familles dalits(Intouchables), dont cinq possédantde petits lopins. En 1983, lorsqueles spécialistes de l’Institut deChandigargh ont amené des gensde Bunga voir les nouvellesinfrastructures de Sukhomajri en

promettant de les aider à en faireautant, le village a sauté surl’occasion.

Cet établissement fournissait doncl’expertise technique et laDirection de l’agriculture del’Haryana se chargeait de la miseen oeuvre du projet. Décidé en1983, le premier barrage, avec sonréseau de distribution, était réalisél’année suivante, pour un coût de25 lakhs (38 750 €). Deux autresbarrages ont été construits, en1988 et en 1990. L’Associationgestionnaire, constituée en 1984, ainterdit le pâturage et la collectesur les espaces communautaireset lancé un programme dereboisement pour permettre larécolte de l’eau de pluie. La zonede captage du premier barragecomprenait 74,6 ha possédés par laDirection des forêts et 79,9 ha deshamlat (terres communautairesdu village).

Les premiers signes duchangement n’ont pas tardé àapparaître. Il y a en tout 250 ha deterres cultivables à Bunga. Un anaprès le début de l’irrigation en1985, 122 ha ont reçu de l’eau.Actuellement, 170 ha sont irriguéspar l’eau du barrage et 40 par desforages. A la place du maïs et del’arhar (Cajanus cajan, poispigeon), on voit maintenant dansles champs le blé et le trèfled’Alexandrie (burseem), uneplante fourragère qui a besoin debeaucoup d’eau. Des variétéshybrides ont été expérimentéessur 40 ha. Les rendements ont

Le travail fait, la Direction des forêts favorisera le village voisin, Dhamala.

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beaucoup augmenté : de 900 kg à3 000 kg pour le blé, de 800 à 2 200 kgpour le maïs, cela donc avec dessemences hybrides et de l’irriga-tion. Certains se sont lancés dansdes cultures nouvelles : riz, canneà sucre, coton…

La composition des troupeaux aégalement évolué. Il y avait 800vaches dans le village, mais peu àpeu il y a eu davantage de bufflesqui mangent plus et produisentplus de lait. Pour les buffles,l’augmentation a été de 320 pourcent, pour les vaches de 47 pourcent, pour les boeufs de 33 pourcent. Le rendement moyen globalpour le lait est passé de 1 000litres/jour à 4 000-5 000 litres/jour.Le surplus est vendu à 12 Rs(0,18 €) le litre. Bhikha Ram, unancien président de l’Associationgestionnaire, propriétaire de 1,6ha, déclare : « Notre revenumoyen annuel par habitant, quiétait pratiquement nul avant laconstruction du barrage et laremise en état des espacescommunautaires, atteint mainte-nant les 10 000 roupies » (158 €).

L’Association a engagé quelqu’unpour s’occuper de la distributionde l’eau. Il touche 4 000 Rs (63 €)par mois, ce qui est plus que lesrecettes de l’Association deSukhomajri pour l’eau. Quatreconduites souterraines ont étéposées, deux de 13 cm, une de 10cm, une de 7,5 cm. Le prix variesuivant le diamètre du tuyau et ladurée d’utilisation. Pour une heured’utilisation, c'est 6 Rs, ou 4 Rs ou3,5 Rs respectivement. Afind’assurer l’équité et l’efficacité, untarif progressif est appliqué et desmesures appropriées sont prisespour adapter les types de culturesaux quantités d’eau disponibles.Les champs de riz ne reçoivent pasd’eau du barrage.

Il existe des problèmes malgrétout. Les recettes venant de lavente de l’eau sont passées de 28975 Rs en 1998-1999 à 7 300 Rs en2007 à cause de l’envasement dela retenue. Et il y a la question deseaux souterraines. « Les interdic-tions, les restrictions en matièrede cultures ne sont pas stricte-ment appliquées, mais la plupartdes agriculteurs tiennent comptedes avis de l’Association gestion-naire. Certains ont les moyens Enfants de Sukhomajri

d’irriguer leurs champs par desforages », dit Gurnam Singh, sonprésident actuel. On ne s’eninquiète pas outre mesure. « Lecourant électrique n’est pas fournirégulièrement, ce qui limite lespompages dans la nappephréatique. De toute façon, l’eausouterraine sert surtout en casd’urgence ou pour les champs deriz », commente Bhikha Ram.Dans le village, il y a 9 forages qui,dans 80 pour cent des cas, serventà irriguer les parcelles de leurpropriétaire. Le reste est vendu, etl’investissement récupéré en deuxans. Mais on sait heureusementqu’il est plus intéressant de seservir dans la retenue, et que lanappe est quand même à - 90 m.

Les choses se passent autrement

A Bunga, l’Association gestion-naire est plus dynamique et desréunions ont lieu une fois parmois. Les habitants respectent

généralement ses recomman-dations pour les cultures et l’eau.Cela est rendu possible parce queplus de la moitié de la zone decaptage est constituée de terrescommunautaires. L’Associationcontinue à vendre l’herbe bhabbarqui pousse sur ces terrains à descourtiers même depuis que lespapeteries se sont mises àtravailler avec la pâte de bois. Etdes villageois achètent toujours dufourrage, ce qui rapporte entre60 000 Rs et 70 000 Rs (949 €-1 107 €) dans une année. A celas’ajoutent 10 000 Rs (158 €) pourl’eau et 12 000 Rs (189 €) pour lepoisson provenant de la retenue.Depuis les sept dernières années,l’Association, qui ne paie pasd’impôts, a pu compter sur desrentrées annuelles de 90 000 Rs(1 424 €). Elle a dépensé 12 lakhs(18 600 €) pour le développement,l’action sociale et l’entretien. Lesrésultats sont là : le réseau dedistribution est mieux géré qu’àSukhomajri et la comptabilité estrégulière et bien tenue.

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L’Administration de l’Haryana atenté de prélever des taxes maisça n’a pas marché. En 1992, elleavait fait passer un amendementqui transférait aux panchayats lesrevenus générés par les terrescommunautaires. Le barrage deBunga étant construit sur unespace communautaire, ilapparaissait que les recettesprovenant de cet équipement etaussi de la vente d’autresressources collectives entreraientdans la comptabilité municipale.L’Association gestionnaire a alorsentamé une procédure judiciaire etobtenu gain de cause. Bunga abien géré son eau mais ne peutpas se lancer non plus dans desopérations de désenvasement.Avant la construction du barrage,Bhikha Ram plantait du maïs, despois chiche, de l’arachide, de lamoutarde. Grâce aux nouveauxrendements, le revenu tiré de sonmaïs de mousson et du blé d’hiver(rabi) a doublé. Et pourtant lesvillageois sont préoccupés :"Nous n’avons pas de quoidésenvaser le barrage. Nousavons contacté le Collector (=préfet) et la Direction del’agriculture, en vain. M. Arya, lespécialiste de l’Institut, déploreaussi le manque d’intérêt pour cevillage : « Dès qu’on remet unprojet entre les mains d’un village,tout le monde oublie la suite.Pourtant la pratique démontrequ’un appui extérieur restenécessaire pour la technique et lalogistique ». L’aide espéréen’arrive pas. Jag Pal Singh,fonctionnaire de la Direction del’agriculture de l’Haryana, précisequ’il n’existe pas de budgetparticulier pour la réparation,l’entretien de ces infrastructures :« La Direction apporterait unfinancement en cas de nouveauprojet dans ce secteur, sinon nousne pouvons rien ! »

Certaines interventions ont étésource de problèmes. Pour éviterdes inondations, la Direction desforêts avait augmenté la hauteurdu premier barrage en 2001 puisen 2006. De ce fait, il y a eu moinsd’eau pour les cultures d’hiver.Pour freiner l’envasement, unsecond barrage en terre, financépar l’Union européenne, a étéconstruit en aval en 2006. Il s’esteffondré cette même année, ce quia encore aggravé l’envasement dans

la première retenue. Les chosessont restées en l’état.

Que retenir de ces deuxcas ?

Si, à l’extérieur et à l’intérieur, lesconditions sont réunies, lesvillages peuvent parvenir àl’autosuffisance. Des remèdes quiseront apportés aux problèmes del’heure dépend le succès desquelque 2 000 programmes dedéveloppement rural de notre pays.Pour juger sur pièce, observons lamise en oeuvre de la Loi nationalesur la garantie de l’emploi enmilieu rural (NREG, 2005) quiconcerne 300 000 villages répartisdans 330 districts, avec un budgetde 13 000 crores de roupies et plus(environ 2 milliards d’euros). Cetteloi vise essentiellement à généreret gérer des ressources naturellescomme l’eau et les forêts. Dans cebut, elle incite aussi à élaborer auniveau des villages des plans dedéveloppement. Sukhomajri etBunga constituent deux modèlespouvant servir de repères poureffectuer les réglages indispen-sables. Ils montrent que le cyclede développement préconisé parP. R. Mishra (le pionnier venu del’Institut de Chandigargh) est toutà fait réaliste dans la mesure oùles populations conservent leurdroit de regard sur les ressources,la gestion des choses et lesavantages que cela procure. Pourparvenir à un judicieux équilibreentre toutes les ressources duvillage (bois, eau, pâturages,cultures et élevage), il faut abso-lument mettre en place une structurelocale de gestion communautaire.Sukhomajri protégeait son espaceforestier, ce qui assurait unremplissage constant des retenues.Il a interdit le pâturage libre et, enéchange, s’est approvisionné enfourrage et herbes intéressantesdans la forêt reconstituée. ABunga, la société coopérative aimposé une réglementation strictepour empêcher une extractionirraisonnée de l’eau.

A Sukhomajri comme à Bunga, leshabitants se sont organisés, ils ontconstitué une coopérative parcequ’ils pouvaient compter sur desdroits (l’eau, les produits de laforêt). « Le développement localc’est une préoccupation locale.Pour solutionner des préoccupations

locales, il faut un plan de dévelop-pement local », dit M. Mittal. Avecla garantie d’avoir des droits surles ressources, les gens acceptentde se mobiliser dans le cadred’une structure gestionnaire locale.Au début, Sukhomajri n’avait passa HRMS. Pendant quatre ans, lesgens ont expérimenté, cherchécomment gérer la situation.L’assemblée du village (gramsabah) a joué un rôle essentieldans l’évolution et le réglage desprocédures communautaires.« Quand la collectivité contrôle lesressources, cela débouche sur desprocédures innovantes, et il enrésulte une bonne gestion », ditMadhu Sarin, le militant bienconnu des droits des gens sur lesressources forestières. Lorsque lademande pour la bhabbar a chuté,le village de Bunga a trouvé desdébouchés parce qu’il était maîtrede cette ressource et de ce qu’ellepouvait rapporter. Le village deSukhomajri n’avait rien à en tirer,donc il a cessé d’en prendre laconcession.

Le lac Sukhna se rapetisse sous l’effet de l’envasementet des constructions quigrignotent son pourtour

Au début, il y avait un ruisseausaisonnier venant des premièrescollines de l’Himalaya. En 1958, on ya construit un barrage. La retenue acouvert jusqu’à 230 hectares, maison est maintenant à 154 haseulement. La profondeur est passéede 5 m au début à 2 m en 2004. Entre1958 et 1962, sous l’effet de l’érosiondes sols dans la bassin versant(4 200 ha), sa superficie a diminué de20 pour cent. L’Administration a alorsacquis 3 400 ha dans cette zone pourlimiter le phénomène. En 1988, 2 600 haont été transformés en réservenaturelle où l’on a construit 186retenues pour contenir le problème.On est ainsi passé de 1 600 kg dedépôts à l’hectare en 1988 à 560kg/ha en 2004. Mais le lac n’est passorti d’affaire. En avril-juin, il est enpartie asséché, et fait pendant cettepériode l’objet de travaux dedragage. Un nouveau programme desix ans, doté d’un budget de 73crores (10,9 millions d’euros), estprévu pour enlever 2,5 millions detonnes de sédiments qui serviront àremblayer des parties basses au sudde la ville...

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Par contraste, les deux villagesfont bien apparaître toute ladifférence qu’il y a entre droitslégaux et gestion concédée deschoses. L’Association gestionnairede Sukhomajri était prisonnière dela Direction des forêts parce que,juridiquement, c’était elle lapropriétaire de la forêt et de sesressources. Si la forêt existait ànouveau grâce aux efforts desvillageois, elle n’en devenait paspour autant leur propriété. ABunga, par contre, une bonnepartie de la zone de captageappartenait aux villageois. Quandl’Administration a essayé d’empié-ter sur leurs droits, les habitantsont fait appel à la justice et obtenugain de cause. De toute évidence, ilfaut que les pouvoirs publicsaccordent officiellement auxstructures locales des droits clairssur la ressource afin d’éviter defâcheuses interférences extérieures.

Pour autant la gestion commu-nautaire ne doit pas mener à unisolement. Pour qu’il y ait desinstitutions démocratiques etdynamiques, il ne suffit pas d’unebonne entente, d’une solidarité ausein du village. Il faut aussi debonnes relations (c’est absolumentindispensable) avec les interve-nants extérieurs, tout particuliè-rement l’Administration. A Sukhomajri,lorsque la Direction des forêts avoulu sa part de gâteau, l’équilibreprécaire qui avait été soigneu-sement établi s’est effondré. ABunga même, il y a déjà desviolations de droits qui pourraientmettre à mal l’esprit de solidaritéqui prévalait. Par ailleurs, même siles structures locales sont solides,elles ont malgré tout besoin d’unappui technique et financier pourmaintenir à flot le projet en courslorsqu’il prend une certainedimension. Les deux villages sont,à des degrés divers, confrontés àdes problèmes de ressourcesfinancières et de connaissancestechniques. Pour surmonter lesdifficultés, il faut un environ-nement propice plus large, et passeulement compter sur la micro-gestion comme a tendance à lefaire le gouvernement.

En plus, il ne s’agit pas seulementde problèmes techniques etfinanciers. Si le gouvernementsouhaite que le développementlocal passe par une démocratie

participative et une gestioncommunautaire, il doit impérative-ment renforcer les fondations dela gestion des biens communau-taires, surtout lorsque les villagessont marqués par de profondesdivisions sociales (ce qui, à vraidire, n’est pas le cas pourSukhomajri et Bunga). Pour instaurerune croissance communautaire etéquitable, il est essentiel derenforcer la démocratie locale viales gram sabah (assembléesvillageoises) et de donner auxinstitutions locales de vraispouvoirs de gestion.

Les pouvoirs publics doiventanalyser dans leur globalité lesréalités d’aujourd’hui à Sukho-majri et Bunga pour en tirer unenseignement. Quand on fait lebilan des programmes dedéveloppement rural, on constateque la plupart ont échoué, fauted’un plan d’ensemble bien intégré.En moyenne, chaque village de cepays peut avoir affaire à unedouzaine de programmes, chacunsuivant sa propre trajectoirelinéaire. La conséquence de cetteapproche fragmentée c’est que lesobjectifs n’ont pas été atteints. Lesdestins divergents de Sukhomajriet de Bunga préfigurent peut-êtrele devenir des campagnesindiennes.

... Les « Edits de Chandigarh »rédigés par l’architecte franco-suisse Le Corbusier, disaient :« Aucune exploitation commercialedu lac et de son environnementne sera autorisée, et satranquillité sera assurée parl’interdiction de faire du bruit ».Aujourd’hui, sur le pourtour dulac, on voit des comptoirs àcasse-croûte, des boutiques, desbateaux à moteur, des projecteurs,des pylônes de télécommu-nication, une tour de guet, unefontaine musicale, et autreschoses. Une partie des oiseauxmigrateurs sont allés voirailleurs. Il existe bien un arrêt dela Cour Suprême interdisanttoute construction à proximité dulac, mais il n’est pas respecté.Même s’il s’agit officiellementd’une zone verte non construc-tible, les autorités localesaccordent des permis. Le Parctechnologique Rajiv Gandhi vas’établir dans cet endroit ; et unebonne partie du terrain a étécédée au Groupe Parsvnath (grospromoteur immobilier) pour laréalisation d’un complexerésidentiel haut de gamme.Certains disent que ces projetsont été « facilités », maisl’Administration parle d’insinua-tions minables.

Supriya Singh15 novembre 2007

Pour une analyse des tensions sociales entre Sukhomajri et Dhamala, le village voisin, voir lechapitre 6 de Actions of the voiceless: the challenge of addressing subterranean conflictsrelated to marginalized groups and women in community forestry, Madhu Sarin, 1996. Textedisponible sur Internet.

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Pour les producteurs laitiersindiens, la conjoncture est aupremier abord favorable. Legouvernement vient de supprimerl’interdiction d’exporter du lait enpoudre au moment oùl’augmentation de la demande surles produits laitiers entraîne uneenvolée des prix à l’échellemondiale. Si le marché fonction-nait tout simplement selon le jeude l’offre et de la demande, lesproducteurs indiens (de petitsproducteurs en grande majorité)seraient en train de se réjouir.Mais ce n’est pas le cas : malgrédes conditions favorables au planmondial, leur marge bénéficiairese réduit, et nombreux sont ceuxqui ferment boutique.

Il y a deux ans, Ajay Pal, éleveurdans le district de Ghaziabad enUttar Pradesh, faisait 15 000roupies (235 €) dans le mois avecses 25 buffles. « Parce que lefourrage est plus cher, que lesproduits sanitaires indispensablescoûtent cher également, mesgains ont été divisés par deux. J’aidu mal à tenir ». Cette année, ilvend son lait une roupie de plus,soit 20 Rs (0,30 €) le litre.Pourtant, d’après les données dela FAO (Organisation des Nationsunies pour l’alimentation etl’agriculture), les prix des produitslaitiers sur le marché internationalont augmenté de 46 % entrenovembre 2006 et avril 2007. Dansdes pays émergents comme laChine, le niveau de vie s’amélioreet les gens consomment de plusen plus ces produits. Sur lemarché international, auquelpeuvent donc maintenant accéderles producteurs indiens, laconcurrence se fait moins forte.Deux gros producteurs mondiaux,la Nouvelle-Zélande et l’Australie,ont connu des difficultés à causede la sécheresse, et l’Unioneuropéenne commence à réduireses subventions massives ausecteur laitier. Il y a là desopportunités à saisir pour notrepays, qui reste le premierproducteur mondial de lait.

C’est pour assurer l’approvision-nement du marché intérieur etcontenir les prix que le gouverne-ment avait, en février 2007, interditl’exportation de poudre de lait.Voici ce que pense de la levée decette interdiction M. Sharma, res-

ponsable du programme Agro-industrie à l’Ecole d’administrationd’Ahmedabad : « Les opérateursprivés vont maintenant se tournervers l’exportation et proposer plusaux producteurs de sorte qu’ilarrivera moins de lait dans lescoopératives. Sous l’effet de cetteconcurrence, le consommateurindien devra donc payer plus ». Ennovembre dernier, tous les grosopérateurs ont augmenté le prix dulait de 1 R seulement (0,015 €). Etc’est bien là le problème pour lespetits producteurs, car en Inde leprix du lait reste très tributaire duconsommateur. Les coopérativesvoudraient bien faire monter leurprix, mais il faut aller doucement àla manoeuvre, et les petitsfournisseurs attendront. « Le prixest contrôlé indirectement par lesgouvernements des Etats et pardes organismes locaux. Bien qu’iln’existe aucune dispositionofficielle en ce sens (sauf auMaharashtra), les coopérativesconsultent toujours l’Adminis-tration avant de donner un coup depouce à leurs tarifs », note unresponsable qui a travaillé long-temps avec une grosse coopéra-tive laitière.

De son côté, un ancien directeurdu marketing dans une solidecoopérative fait remarquer qu’onne se préoccupe guère des intérêtsdes producteurs. « Presque chaqueEtat a sa propre coopérative, etelles se font une vive concurrence,ce qui freine les prix. AuMaharashtra, le prix du lait estréglementé par le gouvernement.Dans l’Etat voisin du Gujarat, Amul(une fédération de coopérativeslaitières, 2,6 millions d’adhérents,2,38 milliards de litres collectésl’an dernier) doit en tenir compte.« Comme les stratégies commer-ciales ne peuvent faire l’impassesur les attentes des consomma-teurs, et que le président et ledirecteur général sont générale-ment des bureaucrates ou deshommes politiques qui veillent augrain, il s’ensuit un contrôleindirect des prix », fait remarquerM. Sharma, lequel estime que, dufait de la libéralisation desexportations, les prix vont partir àla hausse.

M. Sodhi, directeur général deAmul, n’est pas d’accord : « Nousn’avons pas l’impression que les

prix s’envolent… Les coûts deproduction ont par contreaugmenté de 50 pour cent. Si onne répercute pas cela dans lesprix, ce sera la même chose quepour le blé. Quand il y aura moinsde lait pour nous et qu’ils serontobligés d’acheter les produitsd’opérateurs privés, les consom-mateurs seront certainementpénalisés ». Depuis un an et demi,le prix du lait a augmenté de 2 à 4 Rs,mais ces hausses arrivent aprèsune longue période de stabilité etelles sont loin de refléterl’augmentation des coûts deproduction. « Comme il y a deplus en plus de bétail et que lespâturages n’y suffisent plus,environ 70 pour cent des exploita-tions souffrent d’une pénurie defourrage », précise M. Sahoo,professeur à l’Ecole vétérinaire deNaitinal en Uttaranchal. La dégra-dation des herbages a intensifié lacrise.

D’autres produits sont égalementpartis à la hausse. Le kilo de gram(lentilles) coûte 20 Rs, le kilo defenugrec 25 Rs, soit 5 ou 6 Rs deplus qu’il y a deux ans.Augmentation également sur letourteau de moutarde, le foin et lesgraines de coton à cause d’unepluviométrie irrégulière et del’inflation. Le fourrage pour25 buffles çà coûte entre 1 500 et2 000 Rs par jour (23-31 €). AjayPal s’exprime à nouveau : « Lesgens comme moi qui fontessentiellement du lait et qui n’ontpas de terres pour cultiver doiventacheter le fourrage nécessaire auprix du marché. L’an dernier, j’aiaugmenté mon prix d’une roupieseulement. Si je demande plus, lesclients achèteront du lait MotherDairy » (du nom d’une grossecoopérative dépendant de l’Agencenationale pour le développementde l’industrie laitière).

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est une sélection d’articlespubliés dans Down to Earth, larevue bimensuelle du Centre forScience and Environment deNew Delhi, Inde.

Directeur de Publication :Alain Le Sann

Traduction, édition en français :CRISLA, Lorient

Mise en page :Nuances Graphiques, Lorient

Impression Objectif Numérique, Lorient

Dépôt légal 1er trimestre 2008

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LLEE PPRRIIXX DDUU LLAAIITT

Les exploitations agricoles en Inde

EExxppooiittaattiioonnss ccaattééggoorriieess ssuuppeerrffiicciieemmooyyeennnnee

%%eexxppllooiittaattiioonnss

%% ssuuppeerrffiicciieettoottaallee

Marginale < 1 ha 0,40 ha 59 % 14,9 %Petite 1-2 ha 1,44ha 19 % 17,3 %Petite + 2-4 ha 2,76 ha 13,2 % 23,2 %Moyenne 4-10 ha 5,90 ha 7,20 % 27,2 %Grande > 10 ha 17,33 ha 1,60 % 17,4 %

Sur les 20 Rs (0,30 €) du prix devente d’un litre de lait, entre 6 et10 Rs (0,9-0,15 €) représentent leprix du fourrage. Des produitsqu’on jugeait sans intérêtauparavant atteignent maintenantun bon prix. « Le son de blé,intéressant pour la lactation, coûte8 Rs le kilo, alors qu’il était à 2 ou3 Rs il y a deux ans », note M.Singhal, chef de la sectionNutrition des laitières à l’Institutnational de recherche pour laproduction laitière de Karnal dansl’Haryana. A cause de la pénuriealimentaire, certaines bêtesmanquent de calcium et le lait setarit. Et il y a les problèmes desanté, en particulier chez les racesexotiques ou croisées qui ont sansdoute des rendements supérieursmais sont plus sensibles auxmaladies, et qui exigent unemeilleure alimentation. Selon M.Singhal, les soins vétérinairescoûtent, en moyenne quotidienne,10 Rs par tête. Les praticiens ontaussi augmenté leurs honoraires.

A cela il faut ajouter le problèmede l’approvisionnement en eau.Pour ceux qui élèvent des laitièressans disposer de terres, il devientdifficile et coûteux de s’en procurer.

Source : Ministry of agriculture

Pourraient-ils espérer une aidegouvernementale ? De ce côté,l’appui reste minimal. Le bétailreprésente 180 000 crores deroupies, soit 7 pour cent du PIB,les cultures 480 000 crores, soit13 pour cent du PIB. Pour lescultures, l’aide publique en termesde crédits et de subventions c’est200 000 crores, pour l’élevage3 000 crores. Dans ces conditions,beaucoup de petits producteurslaitiers, notamment au Punjab,préfèrent se tourner vers descultures de rapport. Certainstiennent encore le coup, plus oumoins, comme Ajay Pal.

Ravleen Kaur31 décembre 2007