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Université Jean Moulin Lyon 3 Ecole doctorale : Lettres, langues, linguistique et arts (LLLA) MIYAMOTO Tsunéichi 宮宮宮宮, un ethnographe folkloriste, infatigable marcheur à la recherche de l’identité japonaise par Alexandre MANGIN Thèse de doctorat d’Etudes de l’Asie et ses diasporas sous la direction de Jean-Pierre GIRAUD présentée et soutenue publiquement le 11 septembre 2008 devant un jury composé de : Jean-Pierre GIRAUD, professeur à l’université Jean Moulin Lyon 3 Yves-Marie ALLIOUX, maître de conférences à l’université Toulouse Le Mirail Gregory B. LEE, professeur à l’université Jean Moulin Lyon 3 Philippe PELLETIER, professeur à l’université Lumière Lyon 2 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 「「「「「「「「「「「「「「 「「「「 (« Si l’on marquait les traces de pas de MIYAMOTO-kun sur une carte blanche à l’encre rouge

MIYAMOTO Tsunéichi 宮宮宮宮, un ethnographe … · 3 Tristes Tropiques, Plon, Paris ... , ni des homographes, à cause de la ... Dans nos exemples, nous figurerons l’intonation

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Université Jean Moulin Lyon 3

Ecole doctorale : Lettres, langues, linguistique et arts (LLLA)

MIYAMOTO Tsunéichi 宮宮宮宮, un

ethnographe folkloriste, infatigable

marcheur à la recherche de l’identité

japonaise

par Alexandre MANGIN

Thèse de doctorat d’Etudes de l’Asie et ses diasporas

sous la direction de Jean­Pierre GIRAUD

présentée et soutenue publiquement le 11 septembre 2008

devant un jury composé de :

Jean­Pierre GIRAUD, professeur à l’université Jean Moulin Lyon 3

Yves­Marie ALLIOUX, maître de conférences à l’université Toulouse Le Mirail

Gregory B. LEE, professeur à l’université Jean Moulin Lyon 3

Philippe PELLETIER, professeur à l’université Lumière Lyon 2

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「

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(« Si l’on marquait les traces de pas de MIYAMOTO­kun sur une carte blanche à l’encre 

rouge

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c’en serait au point qu’elle en deviendrait toute rouge. »

SHIBUSAWA Keizô1)

« Anthropologie et comparatisme apparaissent (…)  comme les deux faces d’une même 

réalité. »

Gilbert DURAND2

« L’aventure n’a pas sa place dans la profession d’ethnographe ; elle en est seulement une 

servitude (…) Qu’il faille tant d’efforts et de vaines dépenses pour atteindre l’objet de nos 

études ne confère aucun prix à ce qu’il faudrait plutôt considérer comme l’aspect négatif de 

notre métier. »

Claude LEVI­STRAUSS3

« Un Allemand cultivé me dit un jour : “Comment ! vous venez du folklore ? ” Cela dénote un 

manque de culture. Comme si un homme sur qui le soleil brille, la lune répand sa clarté,  

comme si tout ce qui nous entoure, comme si tout cela n’était pas le support  et une part de 

culture ? J’ai tourné les talons et l’ai planté là ! »

Leos JANACEK4

1 « Waga shokkaku ha Nippon ichi – Doryoku no minzokugakusha Miyamoto Tsuneichi­kun no koto » 「「「「「「「「「「 「「「「「「 「「「「「「 「「「「 (« Mon pique­assiette est le premier du Japon / A propos d’un grand travailleur : l’ethnographe folkloriste Miyamoto Tsuneichi­kun »), publié dans Bungei shunjû  「「「「「「 (Printemps et automne (ou Annales) littéraires), numéro d’août 1961. Cité dans Miyamoto Tsuneichi  Tabi suru minzokugakusha  「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (Miyamoto Tsunéichi / Un ethnographe folkloriste qui  voyageait), ouvrage collectif sous la direction de SANO Shin’ichi 「「「「, Kawade shobô shinsha 「「「「「「, Tôkyô, 1ère éd. Avril 2005, rééd. Juin 2005, p. 84.2 Structures / Eranos I, La Table ronde, Contretemps, Paris, 2003, « Dualismes et dramatisation », p. 131.3 Tristes Tropiques, Plon, Paris, 2004, 1ère éd. 1955, « I Départ », p. 9.4 Guy Erismann, Janáček ou la passion de la vérité, Paris, éditions du Seuil, 1979, rééd. 2007, 350 p., p. 247.

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[Avertissement]

L’université Jean Moulin Lyon III n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions 

émises dans les thèses. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.

A la mémoire de mon grand père Louis­Jean RIOU

et du professeur Jean CHOLLEY,

disparus tous deux en mars 2007 

pendant la rédaction de cette thèse.

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Remerciements

J’aimerais remercier ici :

En premier lieu M. Jean­Pierre GIRAUD, (Professeur des universités en littérature et culture du Japon 

à   l'Université  LYON III ­ Jean MOULIN, Directeur du Département des Études Japonaises),  mon 

directeur de recherches, à qui je dois tout d’abord de m’avoir suggéré, avec beaucoup de clairvoyance, 

le sujet même de cette thèse, m’ouvrant ainsi l’accès à un monde dont je ne soupçonnais pas alors la 

prodigieuse richesse. Je lui dois également de m’avoir donné à plusieurs reprises l’opportunité de faire 

de longs séjours au Japon, séjours sans lesquels je n’aurais jamais pu mener à bien mes recherches. En 

outre, la pertinence de ses conseils et le soutien attentif que j’ai toujours trouvé en lui m’ont été plus 

que précieux : inestimables. Qu’il trouve ici l’expression de ma très sincère et absolue gratitude. 

M. Jean CHOLLEY†, (professeur à l’Université Jean Moulin Lyon III), à qui ce travail est dédié, mon 

directeur de recherches en maîtrise (La mélancolie dans le Sarashina nikki, chez KAMO no Chômei et  

KAWABATA   Yasunari)   et   DEA   (De   quelques   influences   de   l’étranger   et   de   leur   rapport   avec  

l’identité japonaise), qui a bien voulu assurer un suivi quant aux problèmes de langue (notamment 

classique)  et  donc,  de  traduction,  et  m’a fait  bénéficier  de ses  observations  érudites  sur   le  Japon 

d’autrefois. Merci aussi à Mme CHOLLEY Natsuko pour ses encouragements.

M.  Gregory  B.  LEE,   (professeur  à   l’Université   Jean  Moulin  Lyon  III,  Premier  vice­président  de 

l’Université Lyon III, Directeur du département des études chinoises et Directeur de l’IETT), qui a 

stimulé ma réflexion théorique (notamment par des conseils de lectures qui ont agrandi mon champ de 

vision concernant l’Asie et même les sciences humaines en général) et m’a régulièrement poussé à me 

remettre en question et à rejeter toute facilité. 

M.  SUMITANI Hirobumi   住 住 住 住 (professeur  à   l’Université  d’éducation d’Osaka  /  Oosaka kyôiku 

daigaku  住住住住住住 ) qui m’a fait connaître MIYAMOTO Tsunéichi, à l’occasion de mes recherches de 

DEA et a suivi  l’avancement de mes travaux tout  au long de ma scolarité  de troisième cycle,  ne 

ménageant pas son temps pour m’aider dans mes recherches sur place. 

Mme MIYAMOTO Asako 住住住住住 (veuve de MIYAMOTO Tsunéichi), M. MIYAMOTO Hikaru 住住住 (fils 

cadet de MIYAMOTO Tsunéichi) et son épouse qui ont bien voulu m’accueillir chez eux et me parler 

de leur regretté Tsunéichi.

M. MIYAMOTO Kesao 住住住住住 (non apparenté à MIYAMOTO Tsunéichi) (professeur à l’Université de 

Musashi 住住住住), qui m’a orienté et conseillé pendant ma première année de thèse au Japon ;

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M. KOJIMA Takao   住 住 住 住 (enseignant à l’Université de Musashi), dernier disciple de MIYAMOTO 

Tsunéichi, qui m’a laissé l’interviewer et m’a fourni de nombreux et précieux articles concernant son 

défunt maître ;

M.  YAMAGUCHI  Kôichi   住 住 住 住 (chargé   d’enseignement  à   l’Université  Lyon   III),  mon premier 

professeur de japonais, qui m’a donné l’envie de persévérer dans mon apprentissage du japonais et de 

la culture japonaise ;

M. TSUKUDA Tomonori 住住住 (chercheur en industrie halieutique), pour son aide appréciée, sur place, 

concernant le monde de la mer et ses travailleurs ;

M. FURUHASHI Nobuyoshi 住住住住 (professeur à l’Université de Musashi), mon professeur responsable 

au Japon pendant ma première année de thèse, qui m’a fait beaucoup lire ;

M. NAKAHIRA Ryûjirô  住住住住住 (chercheur en Histoire des toponymes et cartographe), pour son aide 

savante, en particulier en ce qui concerne l’Histoire des routes et des toponymes japonais ;

M. NAKAJIMA Hiroji 住住住住. (professeur à l’Université Rikkyô 住住住住) pour ses conseils ;

M.   Jean­Michel   BUTEL,   (maître   de   conférence   à   l’Université   Toulouse   Le   Mirail)   pour   ses 

encouragements ;

M. Nicolas RENAHY, (chercheur à l’INRA et au Laboratoire de sciences sociales) pour ses marques 

d’intérêt ;

Mes amis Mme SHIMA Misako 住住住住, Laurent, Kiyoko, Yukako, Mizuho, Vincent, Sato, Tomoko…

Et bien sûr ma famille, pour son soutien permanent et indéfectible.

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Note liminaire sur la transcription des mots japonais et la présentation

Le système utilisé ici pour la transcription du japonais est celui dit de Hepburn modifié, tel qu’il figure 

dans le Nelson5 (avec basculement du « n » au « m » avant b, m et p). Pour un compte­rendu détaillé 

des différents systèmes de transcription du japonais, nous renvoyons à l’article de Laurence Labrune6.

Selon ce système, les consonnes se prononcent comme en français, sauf que :

Le « r » est très doux, entre le r et le l français.

Le « g » est toujours dur, comme dans « guerre » ou « gare » et légèrement nasalisé en milieu de mot 

lorsque le japonais est parlé avec élégance.

Ex. : 住住 sera transcrit negi et se prononcera « négui » [negi].

Le « s » est toujours sifflant, comme dans « samedi ».

Ex. :住 sera transcrit asa et se prononcera « aça » / « assa » [asa].

Et les voyelles se prononcent comme en italien, ou en français :

« u » se prononce entre le ou de « où » et le eu de « peur ». En fin de phrase, il est très peu marqué, 

sauf dans le langage féminin affecté ou dans le langage formel, notamment au téléphone.

« e » se prononce tantôt comme  é, tantôt  è.  Par convention, nous transcrivons « e » dans les noms 

communs   où   qu’ils   figurent   et   les   noms   propres   figurant   dans   une   phrase   ou   un   titre   japonais  

transcrit(e), et « é » dans un nom propre figurant dans une phrase française.

Ex. :  MIYAMOTO Tsuneichi ha hon wo nihyaku­satsu kakimashita.

MIYAMOTO Tsunéichi a écrit deux cents livres.

Un accent circonflexe (ou un macron) sert à noter une voyelle longue. Nous distinguerons cependant 

entre 住住 transcrit « oo » et 住住 transcrit « ô », de même 住住 « ei », 住住 « ê » et 住住 « ee ».

Ex. : 住住 kenkô se prononcera donc « kennkoo » [k nko:]ε

住住住 ookii se prononcera donc « ookii » [o:ki:]

Quant à la prononciation des sons transcrits avec un « w » :

Le 住 wo se prononce « ouo » [wo] en japonais ancien et « ô » [o] en japonais moderne.

Le 住 wi se prononcera de même « oui » [wi] en japonais ancien et « i » [i] en japonais moderne.

Le 住 we se prononcera « oué » [we] en japonais ancien et é [e] en japonais moderne.

5 The New Nelson, par Andrew Nathaniel NELSON, révisé et mis à jour par John H. HAIG, Tuttle, Tôkyô, 1997.6 Article (« Fiche de grammaire / Transcrire le japonais ») paru dans le numéro 6/7 du printemps 2000 de la revue Daruma, Editions Philippe Piquier, Arles, 2000, p.339­356.

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Les syllabes 住住 kwa, 住住 kwi, 住住 kwe et 住住 kwo se prononceront donc respectivement en japonais ancien 

« kwa » [kwa], « kwi » [kwi], « kwé » [kwe] et « kouo » [kwo] et se prononceront ka [ka], ki [ki],  ké 

[ke] et ko [ko] en japonais moderne.

Par convention, nous transcrivons zu le japonais 住 qui se prononce « zou » [zu] en japonais classique et 

dzou [dzu] en japonais moderne et dzu le kana 住 qui se prononce « dzou » [dzu] en japonais classique 

tout comme en japonais moderne, notant le même son que 住. De même pour 住 dji et 住 ji.

En outre, à chaque mot est affecté une intonation (akusento  住住住住住) qui permet de distinguer des mots 

dont la transcription en kana serait la même, donc des quasi­homonymes, mais non des homophones 

purs (à cause de cette intonation), ni des homographes, à cause de la différence de caractères chinois 

ou d’origine (cas de mot d’origine étrangère non chinoise (gairaigo 住住住), transcrit en katakana). Il n’y 

a que deux hauteurs en japonais : une intonation haute et une intonation basse. L’intonation haute est 

constante, ou descendante.

Dans nos exemples, nous figurerons l’intonation basse par un soulignement, l’intonation haute ne sera 

pas figurée et une intonation haute descendante sera figurée par un accent grave. 

Ainsi par exemple, on distinguera, en langue standard7 : trois hashi 住住 : 1/ hashi 住, le bord ; 2/ hàshi 住, 

les baguettes et 3/ hashì 住, le pont. 

Autre exemple avec des gairaigo : mejâ  住住住住 : 1/ mèjâ (de l’anglais measure : mesure) ; 2/ mejâ (de 

l’anglais major : majeur, de première importance).

Notons également que les mots d’origine chinoise employés en composés avec d’autres mots de même 

type voient la plupart du temps leur intonation changer par cette « agglutination ».

Ainsi,  kippu  住 住 (ticket),  devient,  en  composé  avec  uriba  住 住 住 (machine à  vendre,  distributeur), 

kippuùriba 住住住住住.

Toutefois, les hauteurs ne distingueront pas toujours les homonymes, et nous aurons parfois de purs 

homophones, que seul le contexte permettra de distinguer.

Ainsi par exemple : kyôkai, l’église 住住 et l’association 住住, auront la même hauteur « kyookai » et donc 

rigoureusement   la   même   prononciation.   On   notera   que   le   mot   signifiant   « association »   est   peu 

employé à l’oral, et lorsqu’on le fait, on doit toujours préciser de quoi on parle.

Autre exemple avec des gairaigo : buranchi 住住住住 qui signifiera, avec la même prononciation burànchi, 

et en plus la même orthographe, selon le contexte,  brunch  (brunch, goûter de 10 heures) ou branch 

(branche [économique]).

7  Les  accents  et  dialectes   régionaux ont   leurs  propres   intonations  qui  sont  parfois   l’inverse de  la prononciation standard de Tôkyô.

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Pour des raisons de commodité informatique, nous ne transcrirons pas ces intonations, bien qu’elles 

soient essentielles pour éviter tout malentendu8.

La transcription des noms et mots chinois est faite selon le système pīnyīn 住住, pure convention qui a le 

mérite d’être utilisée partout, à défaut de refléter pour des Européens la prononciation réelle du chinois 

(contrairement au système Wade, ou à la transcription de l’Ecole française d’Extrême Orient). Les 

tons sont notés au moyen d’accents. 

Pour plus de précisions sur la prononciation du chinois, nous renvoyons aux ouvrages spécialisés (cf. 

bibliographie).

Par convention, les ouvrages écrits en langue classique verront leur titre et les extraits cités reproduits 

dans  la  mesure du possible  en caractères classiques  (ou « non simplifiés »)  (kyûji  住 住 ).  Ainsi  par 

exemple le Man’yô­shû sera noté 住住住住住 et non 住住住住住. 

Enfin,   les  noms de personnes sont  donnés  dans  l’ordre   japonais,   le  patronyme en premier   (et  en 

majuscule  par  convention),   sauf  cas  particulier   (par  exemple  personne  américaine  ou  européenne 

d’origine japonaise). Il en est de même pour les Coréens et les Chinois, la transcription de leur nom 

suivant la prononciation de leur pays, et non la prononciation japonaise. 

Ex. :  SHIBUSAWA Keizô et non « Keizô Shibusawa ».

TAWADA Yôko (essayiste japonaise) mais « Yôko TAWADA » (lorsqu’elle choisit 

d’apparaître en tant qu’écrivain d’expression allemande)

LĬ Bái et non « Bai Li » ni « Ri Haku » (prononciation japonaise)

Les mots suivis d’un astérisque * renvoient au lexique approprié situé en fin de volume.

Par convention, les titres des ouvrages de MIYAMOTO Tsunéichi sont donnés dans le corps du texte 

en transcription non traduite.  Les titres complets en écriture originale et avec leur traduction et les 

références sont   indiqués dans  la bibliographie en fin de volume.  Notons aussi  que  les Œuvres de 

MIYAMOTO Tsunéichi Miyamoto Tsuneichi Chosaku­shû 住住住住住住住住住publiées aux éditions Miraisha 住住住, 

sont abrégées en OM, suivies du numéro du volume, et de la page. OMB1 et OMB2 désignent les 

volumes annexes des Œuvres (besshû 住住). 

Ex. :   le   chapitre   II  de  Sanson  to  kokuyû­rin  住 住 住 住 住 住 住 住 (Villages  de  montagne  et   forêts  

domaniales) sera situé dans : OM14, 22 (ch. II) (soit page 22, deuxième chapitre, du tome 14 des 

Miyamoto Tsuneichi Chosaku­shû).

Les nombres et mots placés entre crochets [ ] sont rajoutés par nous pour plus de commodité.

Sauf mention particulière, nous avons utilisé nos propres traductions.

8  Pour plus de renseignements, on se reportera au dictionnaire japonais de référence, le  Shinmeikai  nihongo akusento jiten 「「「「「「「「「「「「「「「, sous la direction de KINDA’ICHI Haruhiko 「「「「「 et AKINAGA Kazué 「「「「, Sanseidô 「「「, Tôkyô, 4ème éd. nov.2002.

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Enfin, la encore sauf mention contraire, les photographies insérées ont été prises par nous et sont donc 

libres de droit.

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Introduction

La distance, due aujourd’hui davantage à la langue qu’à l’éloignement géographique fait que certaines 

œuvres et certains grands hommes du Japon, connus dans leur pays, nous sont présentés en Occident 

avec un retard pouvant aller jusqu’à plusieurs siècles. La réciproque est vraie, bien entendu. En 1950, 

voici   ce   qu’écrivait   YANAGITA   Kunio   住 住 住 住 (1875­1962),   considéré   comme   le   fondateur   de 

l’ethnologie au Japon, et plus précisément de l’ethnologie des contes populaires, à propos d’un de ses 

disciples : 

C’« était le voyageur qui, longtemps, et jusqu’à maintenant, a le plus parcouru le Japon, en tous sens et 

dans ses moindres recoins, justement dans des terres du genre où personne n’allait. Peu sont ceux qui, 

à ce point, ont réfléchi avec attention aux histoires qu’il serait intéressant pour nous d’écouter, ou que 

nous voudrions écouter et que, par ailleurs, nous retenons. Il est difficile de discerner et de classer les  

sujets (kotogara) que nous voudrions que le peuple japonais porteur des temps futurs connaisse en 

priorité, mais pour cela aussi, [lui] qui est un grand lecteur, ne s’y est pas trompé et n’a pas fait fausse 

route. »9. 

Ce jugement élogieux est destiné au plus humble d’entre les humbles, au plus faible des hommes, et en 

même temps au plus volontaire, à un travailleur qui fit passer le terrain et l’écriture avant sa santé 

fragile, le concret avant la théorisation, le respect avant la remise en question, « l’amour » du petit 

peuple avant tout, un certain MIYAMOTO Tsunéichi 「「「「(1907­1981). 

En 1995, date qui marque le début des études miyamotiennes, NAGAHAMA Isao   住 住 住 s’étonnait 

qu’une œuvre de cette importance quantitative et qualitative n’ait jamais été présentée et analysée de 

façon sérieuse et soit boudée par les universitaires. Que l’œuvre soit foisonnante, raison de plus pour 

l’étudier, réplique­t­il10. Aujourd’hui de moins en moins inconnu au Japon11 – ceux qui en ont entendu 

parler, sans le lire, ont au moins vu une ou deux de ses photographies12 – connu, souvent reconnu et 

9 Préface à l’édition Kôdansha gakujutsu bunko de Furusato no seikatsu, 1986, rééd. 2002, p. 10­11. Un extrait plus long précédé du texte original figure en annexe.10 NAGAHAMA Isao, Hôkô no manazashi : Miyamoto Tsuneichi no tabi to gakumon「「「「「「「「「「「「「「「「「「「(Regard d’errance : Voyages et science de Miyamoto Tsunéichi), Tôkyô, Akashi shoten  「「「「 , 1995, 249 p., Introduction, p. 17.11 Dernière en date, l’exposition magistrale et très complète « Miyamoto Tsuneichi no ashiato »「「「「「「「「「 (Sur les traces de MIYAMOTO Tsunéichi »), qui se tint en avril et mai 2007,  au Kyôdo no mori hakubutsukan 「「「「「「「 (Musée du bois du terroir) de Fuchû 「「, ville où résida MIYAMOTO de 1961 à sa mort en 1981.12 Que ce soit dans un quotidien national, à la rubrique « nostalgie », où lors d’une exposition, telle celle de  la galerie Place M de Tôkyô  du 11 au 17 juillet 2005,  Place M, Kindai Bldg. 3F, 1­2­11 Shinjuku,  Shinjuku­ku,  Tokyo 160­0022 ;   site :  http://www.tokyoartbeat.com/event/2005/23B7.en  ; http://www.placem.com/schedule/2005/pastschedule_2005.html

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commençant tout juste à être étudié dans le milieu universitaire, il n’a pas encore eu la chance d’être 

traduit en langue européenne (une traduction française de Wasurerareta Nihonjin 住住住住住住住住住住 par Jean­

Michel BUTEL est en cours à ce jour, en 2008), aucune publication francophone ne parle de lui13, à 

commencer  notamment  par   les  ouvrages  de   référence  que   sont,  par  exemple,   le  Dictionnaire  de  

l’ethnologie   et   de   l’anthropologie,   de  Pierre  BONTE  et  Michel   IZARD14  ou   le  Dictionnaire  de 

littérature japonaise  de Jean­Jacques ORIGAS15.  Pourtant c’était un intellectuel exigeant qui laissa 

une œuvre écrite considérable (l’édition sérieuse de ses Œuvres (Chosaku­shû 住住住住住) ne comportant pas 

moins   de   cinquante­deux   volumes).   Cette   œuvre   se   trouve   d’ailleurs   en   librairie   au   rayon 

ethnographie, son nom en grands caractères et servant parfois d’argument de vente à lui seul. Son 

intérêt non seulement scientifique, mais aussi littéraire, semble de plus être réévalué depuis quelques 

années, notamment le livre considéré comme son chef­d’œuvre, Wasurerareta Nihonjin (Les Japonais 

oubliés).

Mais d’abord, qui était MIYAMOTO Tsunéichi ? Quand et comment vécut­il ? Comment le situer au 

milieu   des   intellectuels   de   sa   génération,   de   la   précédente,   de   la   suivante ?   Quelle   est   sa  place 

aujourd’hui  (ou quelle  devrait  être  sa  place) ? Qu’a­t­il  dit,  ou cherché  à  nous dire ?  C’est  à  ces 

questions, et à beaucoup d’autres, que cette étude tentera d’apporter des éléments de réponse. Mais 

avant cela, la présente introduction s’organisera selon deux axes : une présentation du fond, avant un 

bref exposé des conditions matérielles de sa réalisation.

I Présentation de l’homme et définition des termes employés

Nous  présenterons  brièvement   l’homme,  avant  de  nous  interroger   sur   les  concepts  et   les  champs 

d’études que nous serons amenés à utiliser. 

13 Nous verrons plus loin que certains spécialistes occidentaux le citent cependant, en bibliographie la  plupart du temps.14  Pierre   Bonte   et   Michel   Izard,  Dictionnaire   de   l’ethnologie   et   de   l’anthropologie,   Paris, PUF/Quadrige, 1ère éd. 1991, rééd. 2002, 842 p.. Les notices respectives de Laurence Caillet et Patrick Beillevaire (p. 397­399) évoquent Yanagita Kunio, Orikuchi Shinobu, Nakane Chié, et Seki Keigo, mais ni Miyamoto Tsunéichi, ni Shibusawa Keizô, ni même Minakata Gumagusu, considéré pourtant comme le précurseur de la discipline.15 Jean­Jacques Origas, Dictionnaire de littérature japonaise, Paris, PUF/Quadrige, 1ère éd. 1994, rééd. 2000, 366 p.. On y trouve un article Orikuchi Shinobu (p. 236­237) et un article Yanagita Kunio (p. 340­342). L’absence de Miyamoto Tsunéichi et de Minakata Kumagusu y est moins gênante, compte tenu du sujet, ni l’un, ni l’autre n’étant romancier.

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A/ Quelques repères sur la vie et l’œuvre de MIYAMOTO Tsunéichi16

MIYAMOTO Tsunéichi est né le 1er août 1907 (Meiji XL) à Ooaza Nishigata 住住住住, commune d’Oki­

Kamuro Nishigata 住住住住住住 , district d’Ooshima  住住住 , (futur district de Tôwa (Tôwa­chô   住住住 )) sur Suô 

Ooshima 住住住住, département de Yamaguchi (Yamaguchi­ken 住住住), fils aîné de MIYAMOTO Zenjûrô 住住住

住住 et de sa femme Machi 住住, tous deux agriculteurs. La famille MIYAMOTO appartient à la classe des 

paysans, hyakushô 住住, même si elle compte aussi quelques prêtres shintô (kannushi 住住) à l’origine selon 

Tsunéichi du nom de famille « MIYAMOTO » (« Au pied (moto) des temples (miya) »). 

Dans sa petite enfance, son père est absent,  expatrié aux îles Fidji. Son grand père, homme d’une 

grande sagesse, prend son éducation à cœur. Il lui inculque les valeurs traditionnelles.

16 Pour plus de détails et de dates, voir les repères biographiques figurant en annexe.

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Suô  Ooshima17  est  une  île de  taille moyenne (d’une superficie de 129,7 km²)18,  à   fort   relief,   tout 

comme les autres îles du Japon, dépourvue de fleuve ou de rivière, peuplée d’agriculteurs et, dans une 

moindre mesure, de pêcheurs, qui a globalement su se tenir à distance de la plupart des conflits et 

destructions provoqués par les bushi 住住, la classe des guerriers. Le fait d’être né sur une terre de paix19, 

loin du monde des « samouraïs », jouera un rôle structurant dans la personnalité foncièrement pacifiste 

de MIYAMOTO qui tentera toute sa vie de montrer que le Japon est loin de n’être peuplé que de 

guerriers (ces derniers ne représentant que 7 % de la population20 à l’époque des TOKUGAWA, au 

XVIIème siècle, cette proportion ayant peu varié par la suite jusqu’à Meiji). Au XVIIIème siècle, l’île se 

met à produire des Satsuma imo 住住住住住 [住住住] (sorte de patates douces, encore produites aujourd’hui), ce 

qui a pour effet une augmentation importante de la population (jusqu’à environ 50 000 habitants à la 

fin   de   l’époque   d’Edo   –   début   XIXème  s.)21.   Jusqu’à   la   fin   du   XIXème  siècle,   l’île   est 

démographiquement prospère, ou en tout cas capable de s’auto­suffire. Réputée pour ses sculpteurs sur 

bois22  employés   dans   tout   l’archipel,   l’île   est   cependant   une   terre   que   l’on   quitte.   En   effet,   de  

17  Nous   tirons  nos   informations  de   la  monographie  de  Tôwa­chô   quasi­exhaustive   corédigée  par Miyamoto Tsuéinchi et Okamoto Sadamé  「「「 ,  Tôwa­chô­shi  「「「「「「 , Tôkyô, Kinki Nippon tsurisuto kabushikigaisha 「「「「「「「「「「「「 Nihon kankô bunka kenkyû­sho 「「「「「「「「「, Shôwa LII (1982), 933+34 p.18  SANO Shin’ichi   「 「 「 「 ,  Miyamoto Tsuneichi no manazashi 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (Le regard de Miyamoto Tsunéichi), Kôbé, Mizunowa shuppan, 2003, 207 p.,  chap. I p. 19. 19「「「「「「「「「「「「「(« Les populations paysannes aimaient la paix. ») In MinZokugaku he no michi, chap. 1, p. 75.20 Selon Edwin O. Reischauer, Japan, the Story of a Nation (1re éd. Japan, Past and Present (1946)), New York, Alfred A. Knopf, traduction française (Histoire du Japon et des Japonais) et mise à jour de Richard Dubreuil, Paris, Seuil, Points Histoire, 2 vol., 1973, rééd. et mise à jour 1997, 255 et 320 p., t. I p.110.21 Tôwa­chô­shi, p. 73 et s..22 Un exemple local de leur travail peut être vu au temple de Shitata, le Shitata Hachiman­gû   「「「「「 , avec son fronton en bois évidé et peint.

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nombreux habitants partent émigrer à Hawai23, en Corée ou à Taiwan, et beaucoup reviennent déçus. 

Avec   l’industrialisation  de  Meiji,   l’exode   rural   commence  et   se  poursuit   aujourd’hui.  Aussi,  une 

grande partie des terres autrefois cultivées sur les pentes des collines est­elle redevenue sauvage et 

couverte de forêt, les routes qui mènent en haut de celles­ci ne sont plus toutes entretenues, certains 

ports  de pêche sont  à   l’abandon,  pollués par des décharges à  ciel  ouvert.  En 1995,   la population 

comptait 28 750 habitants24  et si l’on n’observe que les chiffres concernant le district de Tôwa, où 

vivait la famille MIYAMOTO, on constate que sa population était de 17 000 habitants en 1955, 8 000 

en 1980 et 5 200 en 200725. L’île reste majoritairement peuplée d’agriculteurs, malgré des tentatives 

d’en faire un lieu de villégiature (c’est un échec) et un pôle local de culture (on y trouve de nombreux 

musées,   des   centres   de   recherches   en   Histoire   locale   et   une   université   populaire   créée   par 

MIYAMOTO et perpétuant son œuvre26)27.

Ci dessus, la vue en direction de l’ouest depuis la colline située au centre de l’île de Suô

Et ci­dessous, la vue en direction du sud.

23 Un musée leur est d’ailleurs consacré à Suô. 24 SANO Shin’ichi, Miyamoto Tsuneichi no manazashi, chap. I, p. 19.25 NIIYAMA Norio, « Kyôdo daigaku funsen­ki »「「「「「「「「「「 (« Chroniques du courageux combat de l’Université du terroir »), in Miyamoto Tsuneichi no messêji, annexe, p. 105.26 Suô Ooshima kyôdo daigaku  「「「「「「「「 (Université du terroir de Suô Ooshima). Cf. Première partie, chapitre I, et annexe.27 Pour plus de détails sur Suô Ooshima, on se reportera à SANO Shin’ichi, Dai­ôjô no shima「「「「「「「(Une île en fin de vie), Tôkyô, Bunshun bunko 「「「「, Bungei shunjû, mai 2006, 291 p.

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MIYAMOTO,  né   dans   une  maison   sans   eau   courante   ni   électricité,   dans   une   famille  portant   le 

costume traditionnel, aura eu le temps de voir la modernisation technologique de son pays (jusqu’aux 

premiers ordinateurs). La frugalité du mode de vie de sa famille et, plus généralement de son milieu, 

ne semble pas lui avoir pesé, bien au contraire. Toujours il en fera l’éloge car elle seule permet de 

connaître la vraie valeur des choses et de respecter le travail de chacun. L’éducation traditionnelle que 

lui prodigue son grand père, fondée sur l’exemple et l’explication des choses avec bienveillance plutôt 

que sur l’apprentissage par cœur, vient compléter celle de l’école primaire et compenser les rapports 

un peu plus distants qu’il semble avoir eu avec son père, ancien ouvrier agricole de retour des  îles 

Fidji après une expérience désastreuse28. 

La famille MIYAMOTO n’est pas riche, mais elle est connue pour son hospitalité : on appelle leur 

maison un zenkon yado 住住住 (une auberge du bon vouloir), c’est à dire un refuge pour les voyageurs de 

passage29. 

MIYAMOTO fait donc partie de cette génération qui, née sous Meiji, ayant grandi sous Taishô et 

s’éteignant sous Shôwa, comptait les derniers représentant d’une éducation « à la Meiji » qui, selon 

28 Cet épisode douloureux sera relaté à plusieurs reprises, notamment dans Kakyô no oshie (1947).29 FUJIMOTO Kiyohiko, « Bukkyô to iryô : " Miyamoto Tsuneichi no ikikata to kotoba " ni manabu »「「「「「「「「「「「「"「「「「「「「"「「「「(« Bouddhisme et traitement médical : étudier "la manière de vivre et les mots" de Miyamoto Tsunéichi »), in Miyamoto Tsuneichi no messêji, chap. II, p. 26. 

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TAKEDA Atsushi   住 住 住 住 30, était marquée par l’unité et assumait les contradictions (mujun  住 住 ), les 

interruptions (kireme  住住住) et les contrastes (Est­Ouest, nouveau­ancien, occidental­japonais)31 qu’elle 

faisait fusionner, produisant de l’intelligence (chisei 住住), une puissance d’observation (kansatsu­ryoku 

住住住) et de lecture (dokusho­ryoku 住住住) qui fera défaut aux générations suivantes32.

Il s’intéresse un temps à la composition de poèmes mais s’arrête assez vite. Il lit beaucoup. Après des 

études secondaires assez brillantes, il fait l’Ecole des postes et communications à Osaka. Il étudie trop 

intensément, se nourrit mal et contracte le béribéri. Toute sa vie, il tombera malade et frôlera le pire 

(1930, 1939, 1942, 1949). Il fait ensuite le cursus de l’Ecole normale en une année et trouve assez 

rapidement   un   poste   d’instituteur.   Dès   lors,   il   passera   d’un   poste   à   un   autre   sans   se   fixer   très 

longtemps. Dans ses cours, il introduit des séances en plein air, lui permettant d’initier les enfants au 

patrimoine naturel et aux objets du passé. 

Il fonde la revue Kôshô bungaku 住住住住住住(Littérature orale) où YANAGITA Kunio publiera des articles. 

Dès 1932, il se consacre à l’étude de terrain dans les villages qu’il rejoint toujours à pied. Deux années 

plus tard, il est l’initiateur de réunions de recherches et de rencontres ayant pour thème le terroir. Il 

intègre plus ou moins le milieu officiel des chercheurs. Lors d’une de ces rencontres, en 1935, il fait la  

connaissance de SHIBUZAWA Keizô  住 住 住 住 * (1896­1963), petit fils de SHIBUSAWA Eiichi   住 住 住 住

(1840­1931)  qui  s’était   illustré  comme homme d’affaires  ainsi  que  comme ministre  des  Finances 

pendant la Restauration. Keizô deviendra son maître à penser, presque un gourou. Il l’invite à intégrer 

l’Achikku myûzeamu 住住住住住住住住住住住* (Le musée des greniers) qu’il a fondé. La même année MIYAMOTO 

épouse TAMADA Asako 住住住住住 . Il poursuit ses recherches de terrain, s’entretenant avec des vieillards 

souvent truculents (SAKON Kumata 住住住住). Deux ans plus tard, naît son fils aîné Chiharu 住住. En 1939, il 

renonce à l’opportunité de partir travailler en Mandchourie à cause de l’opposition de SHIBUSAWA. 

La même année, il quitte sa famille pour s’installer à Tôkyô,  mais c’est pour mieux reprendre ses 

études   de   terrain.   Dès   1940,   il   commence   à   photographier   les   gens   et   les   lieux   qu’il   visite.   Il  

s’intéresse   à   l’étude,   à   la   classification   et   à   la   conservation   des  mingu  住 住 *  (objets   populaires 

traditionnels). Il multiplie les publications (articles, livres, participations à des ouvrages collectifs de 

référence). En 1943, naissance de sa fille Keiko 住住.

Pendant la guerre,  on ne sait presque rien de ses activités. On sait par exemple que sa maison est 

incendiée en 1945 lors d’un bombardement. Il perd sa bibliothèque et ses manuscrits irremplaçables. 

L’année suivante, il retourne à la terre tout en étudiant les autres agriculteurs, puis il inaugure une 

30  Professeur de philosophie française à l’Université Meiji (Meiji daigaku  「 「 「 「 )  et essayiste (né en 1934).31 TAKEDA reprend en partie les mots du biologiste IIJIMA Mamoru 「「「.32 Meijijin no kyôyô  「「「「「「「「 (L’instruction des Hommes de Meiji), Tôkyô, Bunshun shinsho, Heisei XIV (2002), 198 p.. Cf. en particulier les chapitres I et II p. 1 à 22. A noter que le second (p. 18) évoque brièvement une anecdote concernant YANAGITA Kunio dont nous reparlerons plus loin.

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série de conférences d’agronomie auprès des exploitants, dans la mouvance du Shin­seikatsu undô 住住住住

住 (Mouvement pour une nouvelle vie quotidienne), ce qui lui permet de financer ses voyages d’étude. 

Sa femme donne naissance à un second fils qui meurt nourrisson. 

Il   poursuit   ses   études   de   terrain,   certaines   pour   le   compte   d’organismes   publics   (Ministère   de 

l’agriculture notamment). En 1952 naît son troisième fils,  Hikaru   住 . Il continue de participer à des 

groupes d’études et est membre d’un grand nombre de sociétés savantes. 

En 1959, on lui diagnostique un ulcère du duodénum. La même année, il entreprend la rédaction d’une 

thèse de doctorat,  Seto naikai tôsho no kaihatsu to sono shakai keisei  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Le 

développement des îles de la mer intérieure de Séto et la formation de leur société), qui deviendra Seto 

naikai no kenkyû 住住住住住住住住住 (Recherches sur la Mer intérieure de Séto). En même temps, il fait d’autres 

publications. 

A partir de 1960, son œuvre reçoit des prix (Prix du Club des essayistes (Esseisuto kurabu­shô 住住住住住住住住

住住) ; Prix du Chûgoku pour la culture (Chûgoku bunka­shô  住住住住住 )). En 1961, il obtient son doctorat 

(Université Tôyô 住 住 住 住 ) et quitte la résidence de SHIBUSAWA. Il travaille ensuite brièvement à  la 

Faculté d’études halieutiques de l’Université de la mer de Tôkyô (Tôkyô suisan daigaku 住住住住住住) et fait 

venir   sa   famille  auprès  de   lui.  En  1962  et  63,  décèdent   son  maître  YANAGITA et   son  mentor 

SHIBUSAWA. En 1964, il trouve un poste d’enseignant à l’Université des Beaux­Arts de Musashino 

(Musashino bijutsu daigaku  住住住住住住住 ). L’année suivante, il commence à travailler à la réalisation de 

documentaires télévisés en tant que consultant. En 1967, il enseigne à l’Université Waseda 住住住住住. 

En 1975, à 67 ans, il fait sa première étude de terrain à l’étranger, au Kenya et en Tanzanie. Deux ans  

plus tard, il effectuera un deuxième voyage à l’étranger, cette fois à Chéju­dô 「「「 [住住住]33 (Corée). En 

1979, il partira pour Taiwan et l’année suivante son dernier voyage à l’étranger sera en Chine, où il 

part accompagné de sa femme pour la première fois. 

Sa dernière grande œuvre sera la fondation de  l’Université du terroir de l’arrondissement de Tôwa 

(Tôwa­chô kyôdo daigaku 住住住住住住住).

A la fin de 1980, sa santé se dégrade. Il fait plusieurs séjours à l’hôpital où il décède le 30 janvier 

1981, à   l’âge de 73 ans. Il  laisse une œuvre (publiée et posthume) titanesque (plus de deux­cents 

livres34 ou trois mille textes si l’on ajoute les articles35) couvrant les sujets les plus divers. 

33 Cheju­do : lu en japonais indifféremment Saishû­tô 「「「「「「「 ou Cheju­do 「「「「「.34 Selon notre recension personnelle. 35 D’après SANADA Yukitaka 「「「 「「「「, in Miyamoto Tsuneichi no densetsu 「「「「「「「「「(La légende de MIYAMOTO Tsunéichi), Kyôto, A’un­sha 「「「, août 2002, 330 p., préface p. ii.

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B/ Explication des termes employés et présentation de la méthode retenue

Avant toute chose, il nous semble nécessaire de donner au lecteur le sens de termes que nous allons  

employer au cours de cette étude, afin d’éviter l’ambiguïté et prévenir tout malentendu.

1) Ethnographie, ethnologie et anthropologieAvant de parler des mots japonais (b), prenons le temps de définir les notions françaises (a).

- a. Notions françaises :

Selon le Trésor de la langue française informatisé (TLFI)36 du CNRS,

Le même dictionnaire définit ainsi logiquement l’ethnographie : 

De l’ethnologie à l’anthropologie, la distance se creuse avec l’ethnographie.

36  Consultable   en   ligne   gratuitement   à   l’adresse   suivante : http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv4/showps.exe?p=combi.htm;java=no;   Sa   description   est disponible à cette adresse : http://www.tlfi.fr/

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On   notera   la   différence   extrême   entre   l’« anthropologie   culturelle »   (de   l’anglais  cultural  

anthropology), terme mondialisé au sens proche de celui d’ethnologie ou d’anthropologie (I A 1) et 

l’anthropologie   physique   (sens   I   A   2)   (physical   anthopology)   proche   de   l’anthropométrie   et   de 

l’expertise légale.

Un peu à part, la sociologie explique sa position davantage par son Histoire et la personnalité de son 

fondateur (Auguste COMTE (1798­1857)) que par un objet qui serait fermé à l’ethnologie. Le TLFI 

explique que la sociologie est la :

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Pour résumer, ethnographie, ethnologie et anthropologie sont à la fois trois phases successives, trois 

métiers cumulables et trois branches de l’anthropologie au sens général37, elle­même une des sciences 

humaines. Même si historiquement l’ethnologie et l’ethnographie institutionnalisées furent créées avec 

pour vocation l’étude des  populations  primitives et/ou « exotiques »,   le  critère géographique n’est 

aujourd’hui plus valable, l’ethnologie et l’ethnographie de son propre pays étant chose courante, et 

majoritaire dans certains pays, par exemple en Suisse. Ainsi ce qui aurait pu être et rester une science 

de   l’altérité   géographique   et   absolue   devient   une   science   de   l’altérité   relative   des   populations 

(compatriotes ou non) étrangères au milieu des chercheurs en ethnologie (c’est le seul critère exclusif 

aujourd’hui). Ce qui ne nous empêche pas de distinguer, de fait, les deux tendances de l’ethnographie 

et de l’ethnologie : l’ethnologie de soi (de son propre pays, de sa région, voire de sa ville ou de son 

quartier), et l’ethnologie de l’autre (de pays étrangers), l’un n’empêchant pas nécessairement l’autre. 

En allemand on distingue d’ailleurs entre deux termes : Volkskunde ­ « étude de son propre peuple » ­ 

et  Völkerkunde  ­ « description des peuples étrangers ». Ces deux tendances remontent à l’Antiquité, 

avec d’un côté  Pausanias  (grec, Lydie 115 ­ Rome 180) et la description de ses compatriotes et de 

leurs us et coutumes, et de l’autre Hérodote  (­484 ou ­482 à ­425) qui décrivit la guerre entre cités 

grecques et empire perse en ­490, les coutumes des peuples et fournit de nombreuses anecdotes et 

37 Marc AUGE synthétise ainsi l’anthropologie, y incluant plusieurs phases : la « combinaison d’une triple exigence :  le choix d’un terrain, l’application d’une méthode et la construction d’un objet ». Marc Augé,  Pour une anthropologie des mondes contemporains, Paris, Aubier 1994, rééd. Champs Flammarion, 1997, 2003, chap. I, p. 9.

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analyses   concernant   les   mœurs,   religions   etc.   Thucydide   (­471   à   ­400)   appartient   à   la   nouvelle 

génération. Il se préoccupe peu d’anecdotes et cherche les raisons des choses. Il enquête auprès des 

intéressés.   Il  aimerait   fournir  des éléments d’interprétation pour  les générations futures.  Face à   la 

guerre (entre Athènes et Spartes), il applique des catégories d’analyses proches de celles des médecins.

Quant à la  sociologie, traitant  historiquement des phénomènes urbains des sociétés d’où était issu le 

sociologue,  elle  a   trois  objets  principaux :  1/   les   rapports   individu­société   (les   références  sociales 

internes) ; 2/ la différenciation sociale (la stratification sociale) ; 3/ le changement social (l’évolution, 

les conflits sociaux).

La  différence   entre   ethnographe   et   ethnologue­anthropologue  recouvre   souvent   celle   entre   le 

chercheur de terrain et l’intellectuel de cabinet38. L’ethnographie seule concerne le terrain, ethnologie 

et anthropologie étant des phases et des disciplines d’intérieur. Mais ces deux disciplines sont elles­

mêmes à distinguer l’une de l’autre. Il s’agit d’abord d’une différence d’échelle, mais aussi d’une 

différence de point de vue. L’ethnologie est encore assez concrète, mais l’anthropologie, par l’analyse 

des  mythes  et  une   réflexion   souvent  philosophique,  peut   s’élever  haut  dans   l’abstraction.  Gilbert 

DURAND en est un bel exemple. MIYAMOTO, pour sa part, ne prétend pas être un anthropologue, 

encore   moins   un   penseur.   Il   ne   propose   pas   un   paradigme,   un   système   explicatif.   Il   se   définit 

simplement (et agit) comme un  minZokugakusha  (nous expliquerons ce terme un peu plus loin), un 

chercheur de terrain. Il a tenté de rassembler des informations et de les présenter, tout en recensant les 

questions qui se posaient à lui au cours de son travail.

La  différence   entre   sociologie   et   ethnologie  tient   avant   tout   à   leur   Histoire   (ce   qui   inclut   la 

personnalité de leurs fondateurs respectifs), laquelle entraîna une différence de sensibilité, d’approche. 

La sociologie s’intéresse ainsi à la société urbaine du pays du chercheur alors que l’ethnologie n’a plus  

de terrain de prédilection (que ce soit  dans le pays du chercheur ou non,  la seule condition  étant 

l’extériorité au milieu des chercheurs en ethnologie).

Bien sûr, le travail du sociologue peut être précédé d’une recherche sur le terrain comparable à celle de 

l’ethnographie,   et   certains   jeunes  chercheurs   revendiquent   les  deux appellations   (voire   les   trois) : 

d’ethnologue et de sociologue voire d’ethnographe39.

Peut   enfin   se   poser,   à   titre   théorique,   la  différence   entre   sociologie   et   journalisme  ou  entre 

ethnographie et journalisme. Sans revenir sur les différences entre ethnographie et sociologie, on 

pourra s’en tenir aux trois remarques suivantes :

38 Ainsi par exemple au XVIIIème siècle le navigateur Bougainville réalisant un travail ethnographique repris   et   analysé   chez   eux  par  Voltaire,  Rousseau  ou  Diderot.  En   revanche,   le  voyage  du   jeune Voltaire en Angleterre (1726) comporte quelques éléments ethnographiques.39 Comme par exemple Nicolas RENAHY (Les gars du coin : Enquête sur une jeunesse rurale, Paris, La Découverte, 2005, 288 p.).

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1° le journalisme recherche généralement l’événement : une situation qui se répète quotidiennement 

l’intéresse moins qu’un bouleversement ;

2° le journalisme travaille plutôt sur le court terme, à la différence des sciences humaines ;

3°   le journalisme s’intéresse essentiellement au présent (mais paradoxalement il  devient de ce fait 

rapidement   du   passé,   donc   une   source   pour   l’Histoire),   alors   que   les   sciences   humaines   citées 

concernent aussi bien le passé, le présent que l’avenir.

- b. Notions japonaises :

A l’occasion d’une  mise  au point40  épistémologique  contre  une  certaine   tendance  de   la   sinologie 

française,   incarnée par  François  JULLIEN,  à  exagérer  « l’altérité   [absolue]  de   la  Chine »41,   Jean­

François BILLETER, cite l’exemple de la traduction française du mot chinois dào 「 : 

« le traducteur a toujours plusieurs possibilités. Dans le cas présent, le choix qu’il doit faire en premier

lieu est de conserver dans sa traduction le mot « Tao » ou « Voie », pour signaler la présence d’une

notion qu’il estime importante, quitte à proposer à son lecteur une phrase difficilement intelligible, ou

bien de chercher à traduire d’abord la phrase où ce mot apparaît et à la rendre par une phrase

française aussi simple et claire que la phrase chinoise. Le second procédé me paraît préférable. (…)42

»La langue chinoise n’est-elle pas caractérisée par une extraordinaire43 polysémie ? Point du tout. Le

passage inverse, du français au chinois, pose les mêmes problèmes. (…)44 La polysémie est la règle

et non l’exception, dans quelque langue que ce soit45. Un mot n’a de sens que dans une phrase, et ce

sens se détermine négativement, par élimination des significations qu’il ne peut avoir dans le contexte

donné. En matière de traduction, la difficulté vient de ce que les mots que l’on met en rapport, d’une

langue à l’autre, ont des champs de signification qui ont des extensions différentes et qui ne se

40 Jean François Billeter, Contre François Jullien, Paris, Allia, 2006, 122 p..41 Serait­ce là une accusation d’« orientalisme » tel que le définit et présente Edward Said, à savoir une généralisation  pseudo­savante,   condescendante,   visant   à   dominer   tous   les  pays  non  occidentaux ? (Orientalism, London, Penguin Books, 1978, paru en français sous le titre : L’Orientalisme, Catherine Malamoud (trad.), Paris, Seuil, La couleur des idées, 1980, rééd. 2003, 2005, 426 p.).42 Le texte continue ainsi : « Trop de sinologues continuent à poser a priori que la pensée chinoise est différente  de   la   nôtre,   puisqu’elle  est   fondée   sur  des  notions   telles  que   le  Tao,   et  à   traduire  en conséquence, prouvant par leurs traductions ce qu’ils ont posé au départ. Mais le mot tao ne possède­t­il pas une richesse de sens particulière ? »43 Nous soulignons.44 Jean François Billeter cite ensuite l’exemple du mot « grâce » en français, rendu différemment en chinois selon le contexte.45 Nous soulignons.

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recouvrent qu’en partie. C’est pourquoi l’on fait violence aux textes en traduisant toujours un mot

chinois de la même façon en français, sans égard pour le contexte (…)46.

»En vertu de la croyance naïve que chaque mot renvoie à une chose, nous partons à la recherche de

la chose à laquelle ils correspondent. C’est de ce genre d’interrogation que naît la philosophie, selon

Paul Valéry : “Presque toute la philosophie, note-t-il, consiste dans la recherche du sens absolu isolé

des mots”47. »48

Pour résumer, il en résulte qu’« un choix de traduction suffit à créer le mirage d’un univers intellectuel 

entièrement séparé du nôtre »49.

C’est conscient de ces difficultés que nous avons essayé de définir et de traduire les notions suivantes 

en les distinguant le cas échéant.

Le terme (bunka) jinruigaku (宮宮)宮宮宮, tout d’abord, ne pose pas de problème. Il fut créé pour traduire 

l’anglais  anthropology.  Le  bunka  (culturelle)   fut  ajouté  plus   tard,   suivant  en  cela   la   tendance  du 

monde   anglophone   distinguant   entre  physical   anthropology  (anthropologie   physique,   morpho­

anthropologie)   et  cultural   anthropology  (anthropologie   culturelle),   plus   proche   de   la   conception 

européenne de l’anthropologie, bien que moins abstraite que cette dernière.

Les termes minZokugaku 宮宮宮 et minzokugaku 宮宮宮, en revanche, appellent davantage de remarques. Le 

premier  minZokugaku  住 住 住 (du chinois  mínsúxué), que  par convention, nous transcrirons avec un Z 

majuscule en son milieu – pour le distinguer du second  minzokugaku  住 住 住 (du chinois  mínzúxué), 

46 Jean François Billeter prévoit la riposte : « Mais, m’objectera­t­on, n’y a­t­il pas tout de même, en chinois,  comme dans nos  langues,  certaines  notions  philosophiques  que  le   traducteur  ne peut  pas  escamoter ? Si – mais, sur ce point aussi, faisons preuve d’esprit critique. On rencontre dans toutes les  langues des mots désignant un  tout  que l’on serait bien en peine de définir, qu’on se représente de manière  vague et  dont  on a  cependant  besoin pour  s’exprimer  –  tels   la  “nature”,   le  “monde”,   la “réalité”, le “réel”, l’“existence”, la “vie”, l’“esprit”, la “matière”, l’“espace”, le “temps”. Ces mots n’ont de sens défini que dans telle ou telle phrase, en liaison avec d’autres mots. Parfois cependant, pris d’un soudain vertige, nous nous demandons quel est leur sens propre. » Contre François Jullien, p. 54.47  Paul  Valéry,  Cahiers  I.  Bibliothèque  de   la  Pléiade,  1973,  p.  649.  Référence   fournie  par   Jean­François Billeter.48  Jean   François   Billeter   ajoute   que :   « Wittgenstein   remarque,   lui   aussi,   que   les   problèmes philosophiques apparaissent quand, au lieu de nous servir du langage, nous [nous] mettons à raisonner à partir de lui. (voir «“Philosophie”, extrait du  Big Typescript  publié dans  Revue internationale de  philosophie  n°   169,  Bruxelles,  1989,  p.  197 ;   référence  de   Jean  François  Billeter).   Ils  paraissent profonds, observe­t­il, parce que “les problèmes qui naissent de notre incompréhension des formes de notre langage nous donnent le sentiment de notre profondeur” (Recherches philosophiques, I, § 111, référence Jean François Billeter). Selon lui, la tâche unique du philosophe est de dissiper au contraire “l’ensorcellement de notre esprit par les moyens propres à notre langue” (Ibid., I, §109, référence de Jean François Billeter) ». Contre François Jullien, p. 55.49 Contre François Jullien, p. 57.

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exactement homophone (住住住住住 住 住 /minzokùgaku/)50 – désigne l’étude du folklore, des arts et traditions 

populaires  et   leur  ethnographie,   alors  que  le   second désigne   l’ethnologie,   l’étude  des  ethnies.  Le 

Seisen minZokugaku jiten 住住住住住住住住住51 donne du mot minZoku la définition suivante :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「52

(« En général, est employé dans le sens de coutumes (narawashi) des gens ordinaires (minshû) ou 

mœurs (fûzoku) et usages (shûkan) du peuple (minkan). Comme mots de la même famille, on trouve 

les mots d’origine chinoise  dozoku  [tŭsú] (coutumes du terroir),  shûzoku  [xísú] (us),  fûzoku  [fēngsú] 

(mœurs),  kanshû  [guànxí] (coutumes) et  shûkan  [xíguàn] (habitude), et les mots d’origine japonaise 

fûshû (usages du temps), kankô (pratiques), kanrei (précédents) etc.. Dans chacune de ces acceptions il 

y a de subtiles nuances, mais elles ont un point commun : la coutume (narawashi). Le mot minZoku 

fut importé [de Chine] dans l’Antiquité, mais sa diffusion n’a été observée que récemment (…) Jusque 

là,  plutôt  que  le  mot  minZoku,  on employait   les  termes  techniques  minkan denshô  (transmissions 

populaires) ou encore  fôkuroa  (folklore) et à une époque, sous Meiji [1868­1912] et Taishô [1912­

1926], il y avait aussi des chercheurs qui proposèrent dozoku (terroir) et dozokugaku (étude du terroir) 

et on trouvait même des partisans qui considéraient  dozoku  (terroir) et  minZoku  comme un même 

concept. »)

L’article continue avec de nombreuses précisions et distinctions53, mais nous nous en tiendrons là pour 

le moment. Quant à la minZokugaku – l’étude de la minZoku – elle est définie de la façon suivante par 

le même ouvrage54 :

50 Les mots, homophones en japonais, se prononcent de façon différente en chinois, ce que montre leur transcription en pīnyīn. Cf. Kinda’ichi Haruhiko 「「「「「 (dir.), Shinmeikai Nihongo akusento jiten 「「「「「「「「「「「「(Nouveau dictionnaire Meikai des intonations du japonais), Tôkyô, Sanseidô, 2002, 931+110 p., p. 822, II.51 FUKUDA Ajio 「「「「「, KANDA Yoriko 「「「「「, SHINTANI Takanori 「「「「, NAKAGOMI Mutsuko 「「「「, YUKAWA Yôji   「 「 「 「 et WATANABE Yoshio   「 「 「 「 (dir.),  Seisen Nippon minZoku jiten  「 「 「 「 「 「 「 「 (Dictionnaire raisonné d’ethnographie du folklore du Japon), Tôkyô, Yoshikawa kôbunkan, 2006, 692 p. 52 Article de HIRAYAMA Kazuhiko 「「「「.53  On comparera cette définition avec celle du  Daijisen  「 「 「 「 「 (Tôkyô,  Shôgakukan), dictionnaire généraliste : 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「(« Mœurs (fûzoku) et usages (shûkan) transmis depuis longtemps dans le peuple (minkan) »).54 Définition du Daijisen : 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「(« Science qui,  par une étude des transmissions populaires (minkan denshô), étudie principalement l’Histoire du développement de la vie quotidienne et des cultures des gens ordinaires. Apparue en Angleterre, elle fut systématisée au Japon par des gens comme YANAGITA Kunio ou ORIKUCHI Shinobu. Folklore »).

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「55

(« Discipline qui, à partir des phénomènes collectifs humains transmis de génération en génération, 

met en lumière le déroulement historique des cultures de la vie quotidienne et, par ce faire, étudie les 

cultures  de  la  vie  quotidienne contemporaine.  Terme qui  correspond aux mots  anglais  folklore  et 

allemand Volkskunde. A la base, la  minZokugaku  est une méthode qui vise à comprendre le monde 

dans sa dimension historique (rekishi­teki sekai)  [et qui y parvient, d’une part], en enquêtant et en 

analysant   « les   phénomènes   selon   lesquels   (dans   une   unité   ou   un   groupe­échantillon   d’étude 

déterminé), les gens d’aujourd’hui observent des pratiques, détiennent des connaissances transmises 

par les générations précédentes et les conservent comme concepts » ­ ce qui correspond proprement à 

la minZoku – et [d’autre part], en mettant en lumière les cultures de la vie quotidienne passées d’une 

génération à une autre, ainsi que leurs processus de changement. »)

Là encore, l’article continue en établissant des distinctions et en précisant des points de détails.

MIYAMOTO Tsunéichi, toute sa vie, se définit comme un minZokugakusha  住住住住 , et non comme un 

shakaigakusha  住住住住 (sociologue) ni comme un rekishigakusha  住住住住 (historien), alors que certaines de 

ses   œuvres   comportent   des   aspects   historiques.   Dans   ces   cas­là,   il   se   désignera   comme   un 

minZokugakusha faisant une digression historique en se basant sur le travail des historiens.

MIYAMOTO, selon nous, plutôt qu’un « ethnographe du folklore », est davantage un « folklographe » 

–  qu’on   nous   pardonne   ce   néologisme   –   bien  que   le   mot   français   « folklore »   inclut   un   champ 

d’investigation plus limité que le japonais minZoku 住住.

Pour  synthétiser,  nous pourrions  donner   la  définition  suivante  de  la  minZokugaku.  C’est   l’étude 

systématique,  à   partir   d’un   recensement  d’information   recueillies   sur   le   terrain,   des   informations 

géographiques, historiques et humaines ayant trait à la vie des gens ordinaires, essentiellement à la 

campagne,  et  portant  notamment sur  les arts  et   traditions populaires,   les coutumes (y compris  les 

pratiques religieuses) et les métiers traditionnels.

2) Le folklore et l’identité

- a. Le folklore :

La définition du Trésor de la langue française informatisé rend parfaitement compte de la polysémie 

et du changement radical de nuance du sens premier aux sens dérivés :

55 Article de FUKUDA Ajio 「「「「「.

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On constate ici que la minZokugaku, si elle englobe totalement la définition du folklore (A) et est elle­

même un folklore (sens B), ne s’y limite pas puisque, comme nous l’avons dit plus haut, elle englobe 

les éléments historique, géographique et économique.

– b. L’identité :

Pour l’identité, nous reprenons la définition de LABURTHE­TOLRA et WARNIER (1993) qui voient 

dans l’identité un « principe de cohésion intériorisé par une personne ou un groupe. Elle consiste en un 

ensemble de caractéristiques partagées par les membres du groupe, qui les identifie au sein du groupe, 

et les différencie des membres des autres groupes.

C’est un processus inscrit dans le temps, de sorte qu’il  serait  préférable de parler d’identifications 

(variables) plutôt  que d’identité  (donnée une fois pour tous) »56.  Cette définition a le mérite de se 

prêter particulièrement bien au contexte de la description miyamotienne, qui insiste justement sur les 

caractères de cohésion au sein du groupe, de différence avec les autres groupes, de variabilité (hensen 

住住, transition, évolution) et de temporalité (car MIYAMOTO fait œuvre d’historien pour chaque objet 

ou  pratique   qu’il   présente).  Car   l’identité   est,   sinon  une   illusion,   du   moins   une  construction,   et 

susceptible à ce titre d’évolutions à l’échelle même d’un simple individu.

56 Philippe Laburthe­Tolra & Jean­Pierre Warnier,  Ethnologie / Anthropologie, Paris, puf, Quadrige, 1ère éd. 1993, rééd. 2003, 428 p., p. 366.

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II Approche matérielle de cette étudePas plus que notre sujet – et modèle – nous ne tenons à négliger l’évocation, pour brève qu’elle soit, 

de l’aspect concret de cette recherche.

Nous   avons   procédé   au   recensement   des   œuvres   de   MIYAMOTO   Tsunéichi,   nous   aidant   des 

bibliographies déjà un peu anciennes, de TAMURA Zenjirô57. Sont venus ensuite différents entretiens 

avec des personnalités au premier rang desquelles il convient de citer le professeur KOJIMA Takao 住住住

住 de Tôkyô, l’un des derniers disciples de  MIYAMOTO. Nous avons  aussi interrogé M. HIMEDA 

Tadayoshi 住住住住, réalisateur de documentaires ethnographiques, notamment sur les Aïnous, et directeur 

du Minzoku bunka eizô kenkyûsho   住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Centre de recherche sur la documentation visuelle 

ethnographique), qui travailla avec MIYAMOTO lui­même, ainsi qu’avec de nombreux chercheurs en 

minZokugaku  (MIYAMOTO Kesao   住 住 住 住 住 58) comme dans d’autres domaines (par ex. NAKAHIRA 

Ryûjirô 住 住 住 住 住 , chercheur en Histoire des toponymes). Les autres entretiens, plus informels, se sont 

déroulés   sur   les   lieux  de  notre   étude  de   terrain,  à   savoir   d’une  part   l’ouest   de  Honshû,   et   plus 

particulièrement Suô Ooshima, et le Tôhoku d’autre part, où nous sommes partis, sur les traces de 

MIYAMOTO, à la recherche des matagi  住住住 [住住]*, les chasseurs d’autrefois. Nous avons visité des 

centres de recherches (dont les deux consacrés à MIYAMOTO Tsunéichi) et des musées de mingu 住住* 

(objets traditionnels populaires) dont nous avons établi le catalogue photographique des collections. 

Rencontrer   la   famille   MIYAMOTO,   à   Shitata   (sur   Suô   Ooshima)   fut   une   expérience   des   plus 

enrichissantes. Connaître cette famille nous permit en effet  d’avoir  accès à  des documents privés, 

comme des photos personnelles et des textes inédits (dont le Byôkan­roku 住住住住住(« Notes de maladie ») 

que nous reproduisons en annexe)59.

Notre corpus, dont le lecteur trouvera la liste complète en annexe, se compose donc non seulement des 

œuvres de MIYAMOTO, publiées et inédites, mais aussi évidemment des  ouvrages publiés sur lui 

depuis quelques années, en faible mais constante augmentation, de l’ordre d’une dizaine d’ouvrages 

par an. Pour ce qui est des œuvres de MIYAMOTO, on remarque deux choses : leur publication n’a 

jamais cessé et a toujours trouvé son public. Les rééditions sont donc fréquentes, en particulier depuis 

les cinq dernières années, et l’on voit apparaître,  en particulier chez l’éditeur Iwanami   住 住 dans la 

collection   Iwanami   gendai   bunko   住 住 住 住 住 住 60,  des   recueils   posthumes   d’articles   tirés   de   revues 

57 Notamment celle figurant à la fin d’Emakimono ni miru Nihon shomin seikatsu­shi (1981, 2003), p. 232.58 Le professeur MIYAMOTO Kesao n’est pas de la famille de MIYAMOTO Tsunéichi.59 Avec l’accord de la famille Miyamoto.60 Collection que l’on reconnaît à sa bande verte, qui la différencie de la collection Iwanami bunko 「「「「 (tout court) à tranche saumon (et bande de couleur selon le pays de l’auteur et le genre de l’ouvrage) dans laquelle sont publiés les « livres » tels que les avait conçus leur auteur.

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scientifiques ou de livres non encore réédités,  et  organisés autour d’un thème, ou d’une approche 

particulière.  Ainsi  par  exemple   les  quatre  voyages de MIYAMOTO  à   l’étranger,  dans  Miyamoto 

Tsuneichi, Afurika to Ajia wo aruku 住住住住住住住住住住住住住住住住住住61 (Miyamoto Tsunéichi va marcher en Afrique et 

en Asie)62.

De toutes les œuvres de MIYAMOTO, y compris sa monumentale thèse de doctorat (Seto­naikai no  

kenkyû  住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Recherches sur la Mer intérieure de Seto)63,  720 pages, plus les cartes), c’est 

certainement son journal64 qui constitue la masse la plus dense65. 

Ces points étant précisés, il nous semble alors adéquat d’annoncer la question centrale qui parcourt 

notre réflexion, à savoir celle de l’identité  rurale telle qu’étudiée par une discipline en train de se 

constituer et l’inscription active de celle­ci dans l’Histoire, avec les limites qu’une telle entreprise  

suppose.   En   effet,   qu’est­ce   que   la  minZokugaku  miyamotienne   et   comment   en   est­il   arrivé   à 

l’élaborer ?  La présente  thèse n’étant  pas une étude ethnologique,  ce  à  quoi  nous n’avons  jamais 

prétendu, notre approche sera à la fois biographique, épistémologique et « japonologique ».

Cela nous amènera à organiser cette étude selon une structure binaire par laquelle nous présenterons la 

formation   et   la   méthode   de   MIYAMOTO   (première   partie),   avant   de   nous   demander   comment 

l’Histoire   et   la   notion   de   patrimoine   constituent   un   renouveau   dans   les   études   sur   la   japonité 

(Nihonjin­ron 住住住住) (seconde partie).

On aura compris les raisons qui nous poussèrent à choisir MIYAMOTO Tsunéichi comme sujet de 

thèse.   Sans   compter   la   réserve  quasi­inépuisable   d’informations   (dont  de  nombreux   témoignages 

aujourd’hui irremplaçables) et d’objets recueillis qu’il présenta dans son œuvre (comportant quelques 

chefs­d’œuvre66) et qui fera longtemps le bonheur des chercheurs tant japonais qu’étrangers, il fut un 

de ceux qui, selon nous, sut le mieux questionner l’identité de son peuple (comme nous tenterons de le 

montrer),  ne  prenant   rien  pour  acquis  qu’il  ne   l’ait  expérimenté  par   lui­même.   Il   le   fit  avec  une 

simplicité   de   cœur   tout   autant   que   d’expression.  Son   approche,   pourrait­on   dire,   inscrit   (en   la 

sauvegardant par écrit) la tradition au sein de la Modernité, voire de l’« hyper­modernité ».

61 Tôkyô, Iwanami gendai bunko, 1ère éd. 2001, rééd. 2003, 346 p..62 On pourrait encore citer Sora kara no minZokugaku  「「「「「「「「「 (L’ethnographie du folklore vue du ciel) (2001) ou Onna no minZoku­shi  「「「「「「「(Articles sur le folklore des femmes) (2001), tous deux chez le même éditeur.63 Tôkyô, Miraisha, 1ère éd. 1965, rééd. 2001, 32 000 Y(HT).64 Shashin.nikki shûsei 「「「「「「「「「(Recueil des photographies et du journal), Tôkyô, Asahi shimbun­sha, 2005.65 … et la plus chère (60 000 Y(TTC)), notamment en raison de son format (trois volumes A4 de 230, 480 et 500 pages avec textes sur quatre colonnes), du luxe de sa présentation (papier glacé, pages en couleur   abondamment   illustrées  de   toutes   les  photographies  professionnelles  de   l’auteur,   coffrets cartonnés dans un grand coffret de carton).66  Qu’il   nous   suffise   de   citer  Wasurerareta   Nihonjin,  Shio   no   michi,  Minkan­reki…   dont   nous reparlerons plus loin.

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Sa notoriété parmi les spécialistes, de son vivant, et l’admiration de ses disciples ne le rendirent pas 

plus  orgueilleux.  Au  contraire,   il  ne   se  montra  que  plus   exigeant  avec   lui­même,   sans  doute   au 

détriment de sa santé.

Notons enfin que cette étude se veut aussi un hommage à l’occasion du centième anniversaire de cet 

auteur.

Note : Exemples d’auteurs citant MIYAMOTO Tsunéichi

I Auteurs français et occidentaux citant MIYAMOTO :

MIYAMOTO Tsunéichi n’a pas fait  jusqu’à présent l’objet d’une étude particulière. Toutefois,  on 

trouve son nom parfois cité dans des travaux de japonologie et/ou de minZokugaku occidentaux. Ainsi 

avons­nous pu trouver mention de son nom :

­ Dans des travaux universitaires sur l’ethnographie japonaise :

En   français :   Jean­Michel   BUTEL67  (traduit   actuellement  Wasurerareta   Nihonjin),   qui 

travaille avec l’Université de Toulouse­Le Mirail et son pôle « ethnologie du Japon » fondé par Anne 

Bouchy ;

­ Dans des livres et des articles, mais en bibliographie : 

En français : Yves BOUGON68, Nathalie KOUAME69, Jacqueline PIGEOT70, 

En anglais : Jeffrey IRISH71

­ Dans des travaux universitaires :

Ex. : mémoire de master de David C. MORETON (University of British Columbia)72

67  Son site :  http://cf.geocities.com/jmbutel3/  Son projet  de recherche où   il  évoque MIYAMOTO : http://inalco­front1.heb.fr.colt.net/IMG/doc/butel_recherche.doc.68 Yves Bougon, « Réapprendre la Chine », Critique internationale, n°1, automne 1998, Paris, Presses de Sciences Po, 8 p..69 Nathalie Kouamé,  Pèlerinage et société dans le Japon des Tokugawa : Le pèlerinage de Shikoku entre 1598 et 1868, Monographie 188, Paris, Ecole française d’Extrême­Orient, 2001, 317 p..70 Jacqueline Pigeot, Michiyuki­bun : Politique de l’itinéraire dans la poétique du Japon ancien, Paris, Editions G. P. Maisonneuve et Larose, 1982, 400 p..71  Jeffrey   Irish   (trad.),   « Chasing   Folksongs  –   Miyamoto   Tsuneichi »   (« A   la   chasse   aux   chants folkloriques »), Kyoto journal : Perspectives from Asia, KJ 63, New York, 2006.72  David   C.   Moreton,  The   History   of   Charitable   Giving   Along   the   Shikoku   Pilgrimage   Route (L’Histoire   de   la   charité   sur   la   route   du   pèlerinage   à   Shikoku),   A   Thesis   Submitted   in   Partial 

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II Exemples d’auteurs japonais :

Dans cette catégorie,   les auteurs  sont  considérablement plus  nombreux,  et   les  citer   tous   ici   ferait  

double emploi avec la bibliographie finale. Voici seulement quelques exemples :

Dans des conférences : par ex. : ­ OOSHIMA Hideki   住 住 住 住 73 (maître de conférence à l’Université de 

Risshô 住住住住)74 qui parle de « topophilie » (topophilia) de MIYAMOTO.

­ TANIGAWA Ken’ichi   住 住 住 住 (ethnographe des traditions) s’entretient avec SANO Shin’ichi   住 住 住 住 , 

grand spécialiste de MIYAMOTO (avec TAMURA Zenjirô 住住住住住)75.

On   peut   trouver   à   l’heure   actuelle   (2007)   quatre   types   d’ouvrages   concernant   spécifiquement 

MIYAMOTO Tsunéichi : 

1. les récits de disciples qui s’attachent à l’aspect biographique (les auteurs du Miyamoto Tsuneichi  

tsuitô bunshû/ Dô­jidai no shôgen 住住住住住住住住住住住住住住住 (Témoignages d’une époque : Recueil de textes en 

hommage à Miyamoto Tsunéichi)) ;

2. les récits de voyageurs sur les traces du grand marcheur (KIMURA Tetsuya 住住住住, MÔRI Jimpachi 住住

住住 etc.) ; 

3. les études sur la vie et l’œuvre (deux partisans : SANO Shin’ichi 住住住住, NAGAHAMA Isao 住住住, et un 

adversaire : SANADA Yukitaka 住住住 住住住住). 

4. les recueils d’articles de journaux (SATAO Shinsaku 住住住住住, l’équipe du Yomiuri shimbun etc.)

Il est à espérer que des chercheurs étrangers produiront à l’avenir une analyse poussée et objective de 

cette œuvre que la présente étude entend présenter.

Fulfillment of the Requirement ofr the Degree of Master of Arts in the Faculty of Graduate Studies,  The University of British Columbia, mai 2001.  Miyamoto y est cité p. 99, de même que Nathalie Kouamé.73 (1er nove. 2006) http://shinri.rissho.jp/teacher/t_020.html.74 « Seeking 'Topophilia' – Learning through walking, watching and hearing » (« A la recherche de la “topophilie” : Apprendre en marchant, observant et écoutant »), intervention à l’International Congress on Environmental Ethics and Environmental Education in Thailand: Environmental Enducation for Environmental   Ethics   (Congrès   international   sur   l’Ethique   environnementale   et   l’éducation   à l’environnement   en   Thaïlande :   Education   à   l’environnement   et   éthique   environnementale),   3rd Congress of the International Association of Earth Environment and Global Citizen, 20 août 2000. http://www.nk.rim.or.jp/~fumiaki/eng/thai/thaienglish.html75 Sano Shin’ichi  (sekinin henshû  「 「「 「 (sous la responsabilité de 「 )),  Miyamoto Tsuneichi  tabi suru minzokugakusha 「「「「「「「「「「「 (Miyamoto Tsunéichi, ethnographe folkloriste qui voyageait), Kawade Michi no techô KAWADE 「「「「, Kawade shobô shinsha 「「「「「「, Tôkyô, avril 2005, rééd. juin 2005, 200 p. (en deux ou trois colonnes)

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Première partie. Une méthode à la 

recherche de l’identité

La présentation matérielle des livres de MIYAMOTO Tsunéichi :

Parler de la forme matérielle des livres eux­mêmes peut paraître anecdotique au premier abord, 

toutefois c’est un des éléments qui permettent d’avoir une idée du public auquel l’éditeur, et parfois 

l’auteur lui­même, les destinent.

La première chose qui frappe, c’est le contraste absolu entre ses livres publiés individuellement, et 

l’édition des Oeuvres (Mirai­sha). Les livres sont publiés chez différents éditeurs, le plus souvent des 

éditeurs spécialisés dans les sciences humaines comme Mirai­sha 「「「, ou Kawade shobô 「「「「 – lequel 

soigne   particulièrement   la   présentation   matérielle   de   ses   publications   miyamotiennes,   avec   des 

couvertures cartonnées sous jaquette, des illustrations adéquatement choisies et du beau papier – mais 

aussi  chez de grands éditeurs « polyvalents » comme Iwanami,  Kôdansha et  Heibonsha.  Chez  ces 

derniers, les livres bénéficient généralement d’une couverture illustrée, et les photographies, cartes et 

dessins des éditions originales sont reproduits, sauf exception76, non sans jouer parfois sur la vague de 

la nostalgie de Shôwa, assez porteuse, compte tenu du vieillissement à la fois de la population et du 

type de lecteurs susceptibles de s’intéresser aux ouvrages traitant des coutumes d’autrefois. 

Souvent l’orthographe a été modernisée pour suivre les règles en vigueur depuis l’après­guerre : 

passage de l’ancienne orthographe syllabique (kyû­kanadzukai 「「「「「)77 à la nouvelle (shin­kanadzukai 「

「 「 「 「 「 [ 「 「 「 「 「 ]),  diminution  du  nombre  de  kanji  utilisés  pour  écrire   les  articles,   adverbes  etc., 

normalisation  des   terminaisons  en  kana   (okurigana  「 「 「 「 )  des  mots  dont   la   racine  est  écrite  en 

sinogramme etc. Mais nous n’avons trouvé  aucun cas de censure ou de modification du texte lui­

même. L’éditeur Iwanami, dans un souci tout américain de correction politique, insère cependant à la 

fin de chacun des livres de MIYAMOTO Tsunéichi qu’il publie la phrase suivante : 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (« Dans ces textes, il y a des expressions discriminatoires etc., mais, 

76 Les photographies sont généralement de MIYAMOTO Tsunéichi lui même, mais il arrive qu’elles aient été prises pas ses collaborateurs ou des photographes professionnels, dans ce cas, leur nom est bien sûr mentionné quand il a été retrouvé (ex. :  Sora kara no minZokugaku, 2001 avec des photos notamment de SUTÔ Isao 「「「).77 Le kyû­kanadzukai est surtout présent dans les œuvres de jeunesse, MIYAMOTO Tsunéichi n’étant pas contrariant et adaptant son orthographe assez facilement à la mode du temps.

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considérant  l’époque du texte et  le fait  que [leur] auteur est  [aujourd’hui] décédé,  nous les avons 

laissés tels quels »). Voir de la discrimination dans les textes de MIYAMOTO Tsunéichi ne peut être 

dû qu’à une méconnaissance du sens des mots dans le contexte de l’époque. En effet, cet avertissement 

doit probablement viser des termes comme :

– « Shina 「「 [「「] » ([le royaume des] QÍNG [「] déformé avec l’accent japonais, et par extension « la 

Chine ») qui n’a rien de péjoratif pour un francophone à cause de la ressemblance phonétique avec le 

mot français mais qui aujourd’hui a pris une connotation si négative en japonais qu’on a renoncé à 

l’employer, au profit du seul Chûgoku 「「 (la Chine, le « pays du milieu »).

– « Nisshi jihen 「「「「 » (« l’incident nippo­chinois ») pour évoquer la guerre sino­japonaise Nisshin 

sensô 「「「「 (« la guerre nippo­QĪNG »).

– « buraku 「「 » (village, localité, ghetto) utilisé aussi bien pour désigner un village qu’un ghetto de 

« burakumin 「「「 », les hors classes du Japon, les paria. Ce terme, neutre en soi, évoque des situations 

de discriminations dont le Japon a aujourd’hui encore peine à parler, malgré les tentatives timides de 

certaines municipalités78  de faire appliquer l’égalité protégée par la loi depuis Meiji. MIYAMOTO, 

par l’entreprise révolutionnaire de  Nihon zankoku monogatari  「 「 「 「 「 「 「 「 (Contes cruels du Japon) 

(1960), entrera clairement dans la lutte visant à faire la lumière, objectivement et scientifiquement79, 

sur ce tabou du Japon, afin de  mettre fin à  cette situation.  Cet  ouvrage collectif  dont  il  assura la 

direction fit d’ailleurs date en lançant (involontairement) la mode des études, mais aussi des fictions80, 

sur la cruauté. 

Une lecture attentive des textes de MIYAMOTO nous montre sans ambiguïté   le respect,  voire 

l’affection, que portait  MIYAMOTO Tsunéichi à ses sujets d’étude et son respect de l’humain en 

général. 

Quant à l’édition des Œuvres, comme nous l’annoncions, l’aspect matériel est tout autre. Dans un 

souci de respectabilité, afin sans doute de lever les derniers doutes qui demeureraient sur le sérieux du 

travail de MIYAMOTO Tsunéichi,  l’éditeur Mirai­sha81  a opté pour une présentation à l’ancienne, 

avec des volumes à couverture non illustrée sous cartonnage beige peu attrayants. D’ailleurs MM. 

SANO Shin’ichi 「「「「 (biographe et spécialiste de MIYAMOTO Tsunéichi) et TANIGAWA Ken’ichi 「

78 Par exemple celle de Nara, (ville où la ségrégation est la plus vivace et la plus violente), avec des affichages à proximité des universités notamment.79  Rappelons que cet ouvrage est paru en 1960. Avec les critères d’aujourd’hui, on le jugerait plus sévèrement. Les textes qui sont comparés sont par exemple d’époques différentes et mis sur un même pied de comparaison. (remarque de l’ethnologue spécialiste en cultures comparées UMESAO Tadao 「「「「 cité par SANADA Yukitaka 「「「「「「「 in Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 11, p. 261.80 Au nombre desquelles le film éponyme d’OOSHIMA Nagisa 「「「 : Seishun zankoku monogatari 「「「「「「「「 (Contes cruels de la jeunesse)81 Bien que l’édition eût débuté du vivant de MIYAMOTO Tsunéichi, on peut déduire de ce qui suit que ce choix fut celui de l’éditeur seul.

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「「「 (anthropologue et essayiste)82 déplorent cette présentation trop austère et inaccessible à un large 

public. MIYAMOTO semble être du même avis, au moins pour ce qui est de la réédition, dans ses 

Œuvres,   en   1968,   d’un   de   ses   ouvrages   destinés   à   la   jeunesse83.   Il   parle   d’une   reliure   un   peu 

prétentieuse dans son austérité (« shikatsume­rashii 「「「「「「「 »). On peut enfin remarquer à leur propos 

l’absence de notes explicatives et la présence non systématique d’une simple postface, le plus souvent 

due à TAMURA Zenjirô 「「「「「, bien seul pour réaliser une tâche aussi monumentale. 

Comme nous l’évoquions dans l’introduction, si la tendance est à la republication d’ouvrages de 

MIYAMOTO Tsunéichi indisponibles depuis des décennies, on a vu quelques exemples d’ouvrages 

thématiques conçus après la mort de MIYAMOTO Tsunéichi à partir d’articles divers et de textes de 

conférence :   ainsi  Sora   kara   no   minZokugaku  (2001),  Josei   no   miZoku­shi  (2001)   et  Miyamoto 

Tsuneichi, Afurika to Ajia wo aruku  (2001) chez Iwanami gendai bunko (collection verte), et  Nihon 

bunka no keisei (2005), chez Kôdansha gakujutsu bunko84. Le cas de ce dernier livre récent est assez 

particulier. Il reprend en effet le titre d’un ouvrage en trois volumes aujourd’hui épuisé85 (dont nous 

traiterons dans la seconde partie) et le contenu complet de son troisième volume, lequel est un texte 

posthume retrouvé à l’état manuscrit (ikô  「 「 ). Il faut donc rester prudent avant de parler de choix 

posthume ou de  recueil  conçu par   l’auteur.  Dans ce dernier  cas  une analyse,  même brève,  de  la 

structure  du   livre  peut   être   faite,   alors  qu’elle  n’a  pas   autant   lieu  d’être   concernant   un  ouvrage 

thématique réalisé par d’autres à titre posthume, pour excellent que soit le choix en question (jusqu’à 

présent   ce   fut   toujours   le  cas),   c’est   à   dire   reprenant   le   texte   intégral  de  chacun des  articles  ou 

interventions en tâchant d’être le plus complet possible (voire exhaustif,  dans le cas de  Miyamoto 

Tsuneichi, Afurika to Ajia wo aruku). 

On voit également paraître,   toujours chez les mêmes éditeurs, des recueils d’entretiens, le plus 

souvent des rééditions d’entretiens parus dans des revues aujourd’hui non disponibles pour les non 

82 Dans « Tabi suru minzokugakusha / Ima naze Miyamoto Tsuneichi na noka » 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (« Un   ethnographe   folkloriste   qui   voyage   –   Pourquoi   MIYAMOTO   Tsunéichi   aujourd’hui ? »), entretien inédit dans SANO (2005), p. 56 à 71, en particulier p. 70.83 OM7, 300. Postface à la réédition (Shimpan kôki 「「「「) de Nihon no mura (1948) dans le cadre d’OM (p. 297­300).84 Chacun de ces trois ouvrage porte la phrase suivante en fin de volume : 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「(« Le présent ouvrage a été compilé sous une forme nouvelle pour Gendai Iwanami bunko »).85 Publié dans la collection Chikuma gakugei bunko 「「「「「「「 chez Chikuma shobô 「「「「, 1994.

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chercheurs. C’est le cas par exemple de Nihonjin wo kangaeru 「「「「「「「「「86 (Penser les Japonais) (2006) 

et de Tabi no minZokugaku 住住住住住住住87 (Ethnographie du voyage) (2006). 

Afin d’étudier la méthode de MIYAMOTO Tsunéichi, il convient de s’interroger sur la formation 

intellectuelle de cet auteur (I), ce qui nous amènera ensuite à présenter concrètement sa manière de 

travailler (II).

I (Chapitre I) : La formation de MIYAMOTO Tsunéichi

MIYAMOTO Tsunéichi eut une formation atypique : il fut successivement élève de l’école des 

postes (Teishin gakkô 「「「「), puis de l’école normale de Tennôji (Tennôji shihan gakkô 「「「「「「「), et reçut 

enfin l’enseignement de maîtres, à l’ancienne, YANGITA Kunio au premier plan.

A/ La formation intellectuelle de MIYAMOTO Tsunéichi

MIYAMOTO, dès son enfance, à défaut de beaux habits, disposa chez lui de livres et put continuer 

de s’en procurer jusqu’à ce qu’il quittât le domicile parental, situation assez rare à Suô Ooshima88. 

Par la suite, enseignant dans le primaire, il continua d’acquérir des livres. Son professeur MORI 

Shinzô, venu lui rendre visite chez lui, s’étonne :

86  Tôkyô,   Kawade   shobô   shinsha,   1ère  éd.   mars   2006,   237p..   On   y   trouve   sept   entretiens   avec : MUKA’I   Junkichi   「 「 「 「 (1901­1995)   (ethnologue  du   Japon),  OOYA Sôichi   「 「 「 「 (1900­1970) (essayiste), URAYAMA Kirio 「「「「 (1930­1985) (réalisateur), KUSAYANAGI Daizô 「「「「 (1924­2002) (critique) & USU’I Yoshimi   「 「 「 「 (1905­1987) (écrivain et critique littéraire), HAYAMI Akira   「 「 「 (1929­) (historien de l’économie et de la démographie), NOMA Hiroshi 「「「 (1915­1991) (écrivain) & YASUOKA Shôtarô 「「「「「 (1920­) (écrivain) et avec AOKI Hajimé 「「「 (1911­2003) (pédagogiste).87  Tôkyô,  Kawade   shobô   shinsha,   1ère  éd.   août   2006,   211  p..  Onze   entretiens   avec :  TSUKUBA Hisaharu 「「「「 (1930­) (historien de l’agriculture, des sciences et technique), AKIMOTO Matsuyo 「「「「 (1911­2001) (dramaturge), MARUYA Saiichi 「「「「 (1925­) (écrivain) & KINO Kazuyoshi 「「「「 (1922­) (spécialiste du bouddhisme), EGAMI Namio 「「「「 (1906­2002) (archéologue) & KOKUBU Nao’ichi 「「「 「 (1908­2005)  (archéologue),  MIZUKAMI Tsutomu   「 「 「 (1919­2004)  (écrivain),  MATSUTANI Miyoko 「「「「「 (1926­) (écrivain(e)) & Matsunaga Go’ichi 「「「「 (1930­) (poète), SUGIMOTO Sonoko 「「「「 (1925­)   (écrivain(e)),  NAKANISHI  Chikashi   「 「 「 (1929­)   (spécialiste  des   transports),  KÔNO Michihiro   「 「 「 「 (1919­) (spécialiste de géographie humaine), YAMAZAKI Tomoko   「 「 「 「 (1932­) (essayiste, chercheuse en études féminines) & MOZAI Torao 「「「「 (1914­) (archéologue de la mer) et avec ARAGAKI Hidéo 「「「「 (1903­1989) (critique social).88  YONEYASU Akira   「 「 「 , « Miyamoto sensei to nôgyô » 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (« Le professeur Miyamoto et l’agriculture »), in Miyamoto Tsuneichi / Dô­jidai no shôgen  「「「「「「「「「「「「「(MIYAMOYO Tsunéichi, témoignages contemporains),  Nihon kankô bunka kenkyûsho , Tôkyô, 1981, rééd.  augm.  Heisei 16 (2004).

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「89

(« Je  me demande si  c’était  peut­être  son cabinet  de   travail  ou  son salon  de  réception des 

visiteurs,   mais,   introduit   dans   cette   pièce,   je   fus   étonné.   Je   m’explique :   c’est   parce   que   la 

collection de livres et de documents qu’il stockait, tout en faisant le professeur des écoles à cette 

époque­là, était ce qu’on devrait appeler une grande et vraiment dense bibliothèque (raiburarî) ».)

Cela est d’autant plus admirable qu’à cette époque, le salaire des instituteurs était minime et que 

MIYAMOTO ne mangeait pas à sa faim tous les jours. Les nourritures de l’esprit lui étaient donc aussi 

nécessaires que celles du corps. 

Malheureusement, cette bibliothèque devait disparaître avec sa maison lors d’un bombardement 

aérien.  La   bibliothèque   de   MIYAMOTO,   telle   qu’elle   nous   est   parvenue   est   donc   sa   deuxième 

bibliothèque.  Elle  comptait  quelques  ouvrages  en   langue  anglaise90,   langue  que  MIYAMOTO ne 

parlait pas (il le dit explicitement dans plusieurs de ses textes, notamment celui sur son voyage en  

Afrique91) mais dont il avait dû acquérir des rudiments à l’école normale, rudiments suffisants en tout 

cas pour permettre la lecture d’ouvrages littéraires. Ce qui frappe lorsqu’on établit la liste des ouvrages 

composant la bibliothèque personnelle de MIYAMOTO Tsunéichi telle qu’elle nous est parvenue92, 

c’est, parmi les traductions d’ouvrages étrangers, non pas la présence de Jean Henry FABRE93 (1823­

1915) (plus connu au Japon que dans sa propre patrie) ou d’auteurs ayant  vécu au Japon comme 

Lafcadio HEARN (1850­1904), le japonologue Basil Hall CHAMBERLAIN (1850­1935), le zoologue 

et archéologue Edward Sylvester MORSE (1838­1925) ou le diplomate Ernest SATOW (1843­1929) 

(Un diplomate au Japon), mais la présence d’ouvrages de penseurs européens d’extrême gauche 

(Pyotr  KROPOTKINE,  Max  STIRNER   (1806­1856),  August  BEBEL  (1840­1913)).  Ce  genre  de 

livres était effectivement jusqu’au début des années 1970 l’objet d’une intense activité de traduction, 

et il était à la mode parmi les jeunes intellectuels japonais du début du XXème siècle de (prétendre) s’en 

89 MORI Shinzô, « Oshieta hito futari – MinZokugakusha Miyamoto Tsuneichi­shi »「「「「「「「「――「「「「「「「「「「(« Deux personnes à qui j’ai enseigné – Miyamoto Tsunéichi »), in Zenshû「「「「(Œuvres complètes), tome XXIII, cité par SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 5, p. 110. 90  De  STEINBECK par exemple. On sait aussi que MIYAMOTO aidait le professeur MORI (dont nous reparlerons plus bas) à traduire en japonais un ouvrage de critique littéraire en langue anglaise, Recherches  modernes   sur   la   littérature,  d’un  certain  MORTON.    SANADA Yukitaka,  Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 3, p. 49.91 Miyamoto Tsuneichi, Afurika to Ajia wo aruku, Tôkyô, Iwanami gendai bunko, p. 3 :「「「「「「「「「「「「(« je ne parle pas suffisamment les langues étrangères »).92 La grande majorité de ces ouvrages est stockée au Suô Ooshima bunka kôryû sentâ  「「「「「「「「「「「「 (Centre  des  relations culturelles de Suô  Ooshima)  (cf.  annexe) dans un  kura  「 / 「 (silo de  forme traditionnelle) dont l’accès est réservé aux chercheurs. Une petite partie restante est détenue par son fils cadet Hikaru.93 Auteur cité par exemple dans : MinZokugaku no tabi, chap. 6, éd. Kôdansha gakujutsu bunko, p. 65.

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inspirer. Le concept de lutte des classes devait probablement être très stimulant pour l’imagination des 

intellectuels japonais. 

MIYAMOTO   possédait   également   dans   sa   première   bibliothèque   une   traduction   d’un   essai 

historique d’André MAUROIS exposant les causes de la défaite française.

De  Pyotr   Alexevitch   KROPOTKINE  (1842­1921),   il   parle   avec   admiration,   même   si   la 

connaissance de son œuvre fut indirecte et masquée par l’ombre de son génial traducteur OOSUGI 

Sakaé (1885­1923) :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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「「「「「「「「「「94

(« J’ai pensé que j’avais tout oublié des circonstances dans lesquelles je le lus pour la première 

fois, mais je découvris que la suggestion [que je reçus] selon laquelle, afin de survivre, tous les 

animaux forment des groupes (mure) ; tous, au sein de ce groupe, en collaborant et en s’entraidant, 

forment une coopération (kyôdô­tai) (le texte original utilise le terme communauté (kyôsan)), [cette 

suggestion, dis­je,] ne s’était pas effacée le moins du monde de ma tête. Depuis que j’avais lu ce 

livre, pendant les quarante et une années et les mois jusqu’aujourd’hui, j’ai en fait vu les choses  

exclusivement avec une attitude du genre de celle de cet auteur et j’ai poursuivi la vérité des faits, 

pourrais­je même dire. »)

Mais voici ce qu’en dit MIYAMOTO en 1964 (à l’âge de 57 ans) :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「……「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「……「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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「「「「「95

(« La première fois que j’ai lu la Théorie de l’entraide, je n’avais pas encore atteint vingt ans… 

J’en éprouvai une profonde émotion ; c’était comme si je lisais une grandiose épopée… Elle resta 

gravée dans mon for intérieur. Et bien que l’auteur de ce livre devait être KROPOTKINE, en moi 

c’était comme OOSUGI Sakaé et dans ma tête, je ne faisais pas la distinction. Depuis ce moment,  

je lus plusieurs volumes d’OOSUGI et je connus KROPOTKINE par l’intermédiaire d’OOSUGI 

Sakaé, mais par la suite, je pris bientôt mes distances avec ce genre de livres »)

Et les distances, comme nous l’allons voir un peu plus bas, furent prises assez vite.

94 Cité dans SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 9, p. 195.95 « Oosugi Sakae­yaku Sôgo fujo­ron wo yonde »「「「「「「「「「「「「「「「「「 (« En lisant Théorie de l’entraide dans la traduction d’OOSUGI Sakaé »), in Tosho shimbun 「「「「「「, 1er sept. Shôwa XXXIX (1964), cité par SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 3, p. 57.

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C’est par l’intermédiaire de son ami HIGAKI Tsukimi 桧桧桧桧 que MIYAMOTO découvrit Théorie  

de l’entraide, mais aussi des œuvres d’Alexandre POUCHKINE (1799­1837) et de Sergeï ESENINE 

(1895­1925)96.   HIGAKI   était   un   idéaliste   romantique   dans   son   socialisme   révolutionnaire,   allant 

parfois jusqu’à l’intransigeance, notamment à l’égard de SHIMAZAKI Tôson 「「「「 (1872­1943) et de 

KURIYAGAWA Hakuson 「「「「 (1880­1923) dont MIYAMOTO appréciait la lecture97. 

Toujours est­il que l’allégeance inconditionnelle de MIYAMOTO à SHIBUSAWA Keizô, homme 

d’affaires et magnat de la banque, petit­fils du chevalier d’industrie et homme politique SHIBUSAWA 

Eiichi 「「「「 (1840­1931) a de quoi étonner par son évidente contradiction avec les lectures sus­citées98. 

Une nuance est à apporter : les SHIBUSAWA, bien que shishaku 住住 (sortes de vicomte) depuis Meiji, 

étaient à l’origine de riches paysans propriétaires (gônô 住住), mais des paysans tout de même, comme la 

famille MIYAMOTO. Rappelons que jusqu’à   l’ère Meiji  existait  une stricte hiérarchie des classes 

sociales héritée du néo­confucianisme, avec au sommet la noblesse de Cour (les kuge 住住) et la noblesse 

d’épée (les bushi 住住, l’aristocratie de fait), puis, curieusement, la paysannerie, ensuite les artisans, puis 

les commerçants, enfin les comédiens, les prostituées, et en dernier les parias (eta 住住[住住]99 ou hinin 住住, 

non­humains). Les religieux, absents de la classification confucéenne, étaient rangés dans la catégorie 

de leur famille d’origine, un peu comme en France où, à la veille de la Révolution, l’origine sociale 

des   membres   du   Clergé   comptait   peut­être   davantage   que   l’appartenance   à   celui­ci.   La   riche 

paysannerie jouissait donc d’une assez haute considération, bien plus, « en principe », que les riches 

commerçants   qui   à   la   fin   de   l’époque   d’Edo   possédaient   finalement   l’essentiel   du   pouvoir 

économique.   YANAGITA   Kunio,   lui,   était   en   revanche   d’une   authentique   famille   noble. 

SHIBUSAWA joua­t­il de ses origines paysannes pour attendrir MIYAMOTO Tsunéichi et créer avec 

lui   une   ébauche   de   complicité   ou   n’en   eut­il   pas   besoin ?   Charisme   ou   persuasion ?   Sympathie 

réciproque ? Profita­t­il de la trop grande gentillesse de MIYAMOTO Tsunéichi pour se l’accaparer et 

en faire son envoyé dans les provinces,  son  junken­shi, son dénicheur d’objets (mingu) ? SANADA 

96 SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 3, p. 56.97  Ainsi   reprochait­il   par   exemple   à   SHIMAZAKI   ses   « dissimulations »   (tôkai  「 「 )   et   ses « tromperies » (gomakashi 「「「「) et à KURIYAGAWA son sentimentalisme « mielleux » (amattarui 「「「「「), et défendait­il le double suicide amoureux d’ARISHIMA Takéo 「「「「 (1878­1923) parce que c’était selon lui la seule façon d’aimer vraiment. Les débats des deux amis, originaires de la même région, étaient souvent vifs et passionnés. SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 3, p. 58.98 USU’I Takumi (professeur à la Hiroshima bunkyô joshi daigaku 「「「「「「「「) cite SANO Shin’ichi qui avait écrit que MIYAMOTO était considéré comme étant de droite par les gens de gauche, comme un anarchiste de gauche par ceux de droite et qu’il ne donne pas prise. USU’I ajoute : 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (« Mais « vivre », c’est un champ qu’on ne saurait diviser entre « c’est de droite » et « c’est   de   gauche ». »)   Interview   de   SATAO   Shinsaku,   in  Miyamoto   Tsuneichi   to   iu   sekai,   5ème 

interview, p. 100.99 Ces caractères sont des ateji  「「「 , des caractères rajoutés après coup d’abord pour leur son, ensuite pour leur sens. Ils signifient « plein de souillure ».

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Yukitaka100  avance  une  hypothèse   assez   extrême  selon   laquelle  MIYAMOTO  opéra  un  véritable 

revirement à droite, par le biais de réseaux très développés avant­guerre. Nous reviendrons sur cette 

question de « controverse » lorsque nous évoquerons le rôle joué par les professeurs de MIYAMOTO.

S’il  est  indéniable que la lecture des auteurs européens d’extrême gauche semble avoir eu une 

petite   influence   théorique   sur  MIYAMOTO,  on  peut   se  demander   si   cette   influence  n’a  pas   été 

possible  parce  que   le   jeune  homme était  avant   tout  un   idéaliste,  plutôt  que  par   imprégnation  du 

contexte intellectuel de l’époque. MIYAMOTO, comme nous le verrons dans la deuxième partie, n’a 

jamais séparé l’action de la théorie ni de la science en général, et n’a d’ailleurs pas ménagé ses efforts 

pour tenter de sauver ou de faire vivre, voire revivre, ce qu’il estimait devoir l’être. La façon dont ses 

disciples   (et   tous   ceux   qui   ont   reçu   son   influence,   même   posthume)   parlent   de   lui   est   toujours 

affectueuse et rend compte de la place que tenait le cœur (kokoro  「) dans la vie et les recherches de 

MIYAMOYO101.

Une autre influence, et pas des moindres, fut celle qu’exerça la littérature classique.  A l’époque 

du volume à  un yen (embon  「 「 ),  se procurer les classiques en collection  économique était  chose 

réalisable. C’est ainsi que MIYAMOTO acquit les Nippon bungaku zenshû 「「「「「「 (Collection complète 

de littérature japonaise), Meiji Taishô bungaku zenshû  住住住住住住住住 (Collection complète de littérature de 

Meiji et Taishô), Sekai bungaku zenshû 「「「「「「 (Collection complète des littératures du monde), Sekai  

gikyoku zenshû   「 「 「 「 「 「 (Collection complète des  théâtres du monde),  Kindai geki zenshû  「 「 「 「 「

(Collection complète de théâtre moderne), Sekai shisô zenshû 「「「「「「 (Œuvres complètes de la pensée 

du monde) etc.102 dont il lut paraît­il chaque volume.

MIYAMOTO, comme tous les Japonais, avait étudié les classiques à l’école, des  classiques  de 

Cour de l’époque Heian : Genji monogatari 「「「「「「 (Le dit du Genji) de Murasaki Shikibu 住住住, Makura 

no sôshi  「「「「「 (Notes de chevet) de SEI Shônagon 住住住住 etc. aux gestes guerrières comme le Heike  

monogatari  「 「 「 「 「 「 (Le dit des Heike) ou l’Ookagami  「 「 「 「 (Le grand miroir [des évènements]) en 

passant par les antiques  fudoki*   「 「 「 (sortes de chroniques de géographie et d’Histoire matinée de 

mythologie et de topographie). On raconte103 qu’il pouvait citer de mémoire des passages entiers du 

100 SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 4, p. 64­88.101 C’est d’ailleurs dans un paradoxal parallèle avec l’aide apportée par les habitants de Tsushima aux soldats russes pendant la guerre russo­japonaise (qui avait donné lieu au livre Tsushima no kokoro 「「「「 (Le(s) cœur(s) de Tsushima) qu’un chercheur (KOMATSU Tsuyoshi 「「「「「) écrivant sur les recherches de MIYAMOTO sur Tsushima intitula la collection dans laquelle s’insère son ouvrage Tsushima no kokoro II 「「「「「「「 II「(Le(s) cœur(s) de Tsushima II).102  Liste  confirmée  par   le  « Miyamoto  Tsuneichi  nempu » 「 「 「 「 「 「 「 「 (« Chronologie  de  Miyamoto Tsuneichi ») figurant en annexe de Nihon bunka no keisei (version courte), Kôdansha, 2005, 2007, p. 196.103 WATANABE Takeshi   「「「 , professeur à l’Université Tôkai (de la Mer orientale)   「「「「 , dans son commentaire à Nihon bunka no keisei, éd. Kôdansha, p. 245 : 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (« A propos   du  Recueil   des   dix­mille   feuilles,   ne   nous   le   citait­il   pas   de   mémoire   presque   dans   sa 

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Man’yô­shû 「「「「「 (Recueil de dix­mille feuilles/générations)104, ce dont bien peu de spécialistes de la 

littérature sont capables. 

Si MIYAMOTO parle peu de ses lectures non ethnographiques ou historiques dans ses livres, les  

ouvrages de littérature classique, ou plus précisément en langue classique, qu’ils soient littéraires ou 

non (et ce point n’est peut­être pas sans importance), sont en bonne place. Dans ses travaux sur les  

rouleaux peints, notamment, il dit justement que ce qui l’intéresse n’est pas de faire une étude littéraire 

mais  de chercher ce qui  dans  les œuvres du passé,  même les  plus  mineures,  peut   l’aider  dans  la 

connaissance de la façon de vivre concrète des gens. Sans nier la valeur des chefs d’œuvre du passé, 

MIYAMOTO se met à les comparer avec des opuscules anecdotiques mais tout aussi riches, sinon 

plus, en détails sur cette vie concrète des petites gens, et les illustrations l’intéressent tout autant, sinon 

plus, que le texte, qu’il lit sans la moindre difficulté. L’aspect historique est par ailleurs très poussé 

dans   l’œuvre   miyamotienne,   et   MIYAMOTO   recourt   souvent   à   des   archives   (vieux   documents 

(komonjo 「「「, cf. illustration), inscriptions dans la pierre, épîtres tracées au pinceau sur des planchettes 

(mokkan  「 「 ),  pierres gravées (ishibumi  「 ) etc.) rédigées en japonais ancien ou en  kambun* deux 

langues qu’il maîtrise parfaitement.

Lorsque MIYAMOTO choisit de faire son doctorat, la minZokugaku n’étant pas encore entrée dans 

les universités, il ne le présenta pas comme un doctorat d’Histoire ou de géographie, mais comme un 

doctorat es lettres (bungaku hakushi 「「「「), même si le contenu de sa thèse105 n’a rien de littéraire. Au 

totalité ? »).104  Le  Man’yô­shû  est   la   plus   ancienne   anthologie   de   poèmes   en   langue   japonaise   transcrite entièrement   en   sinogrammes,   certains  pris   pour   leur   sens   (idéogrammes),   d’autres  pour   leur   son (phonogrammes),   écrits   dans   un   deuxième   temps   légèrement   plus   petits,   ancêtres   des   caractères syllabiques   transcrivant   des   mores   (kana  「 「 ).   L’ensemble   est   très   difficile   à   déchiffrer   et   les spécialistes ne sont pas tous d’accord sur la prononciation de certains passages. Cette langue écrite hybride sera appelée par la suite man’yôgana 「「「「 (caractères (chinois) syllabiques « Man’yô »).105 Seto naikai no kenkyû ichi「「「「「「「「「「 (Recherches sur la mer intérieure de Seto I), republiée ensuite sans ce numéro I qui ne vit pas de suite.

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contraire, il s’agit d’une sérieuse étude de terrain, abondant en tableaux présentant des chiffres et en 

cartes établies par MIYAMOTO lui même et comportant un solide socle historique. Cela pourrait  

sembler anecdotique, mais nous verrons qu’il n’en est rien. 

La  littérature   japonaise   moderne   et   contemporaine  est   certes   peu   évoquée   dans   l’œuvre 

ethnographique de MIYAMOTO Tsunéichi, mais elle n’en fut pas moins importante par l’influence 

intellectuelle qu’elle exerça sur lui, ce qu’il reconnaît dans ses textes  partiellement106  ou totalement 

autobiographiques107. L’année de ses dix­neuf ans fut fondamentale à ce titre. C’est celle où il entra à 

l’école   normale   Tennô­ji   d’Osaka.   Là,   il   connut   des   maîtres   charismatiques   qui   l’initièrent   aux 

disciplines de base de la  minZokugaku  (cf. plus bas). C’est l’année où il commence une activité de 

lecteur acharné et qui durera trois ans. Il se fixe 10 000 pages par mois, et pour cela réduit son temps 

de   sommeil   au   minimum   biologique.   Parmi   les   auteurs   qui   eurent   sa   préférence,   on   notera 

particulièrement   ARISHIMA   Takéo108,   ISHIKAWA   Takuboku109,   KUNIKIDA   Doppo110  et 

SHIMAZAKI   Tôson111.   C’est   aussi   l’année   où   il   fréquente   les   cinémathèques,   presque   aussi 

boulimique de  cinéma, notamment américain, que de lecture.  Cette suractivité  pédagogique ne  lui 

106 Notamment MinZokugaku he no michi, OM 1.107 Principalement MinZokugaku no tabi, Bungei shunjû­sha 「「「「「 , Shôwa 53 (1978), rééd. Kôdansha gakujutsu bunko n°1104 (édition annotée et non illustrée), Tôkyô, 1ère éd. 1993, réimpr. 2004, rééd. Nihon tosho sentâ 「「「「「「「「 (Centre japonais du livre) (édition non annotée mais illustrée), Tôkyô, 1ère 

éd. 2000.108 ARISHIMA Takéo 「「「「 (1878­1923) : romancier né à Tôkyô. Son frère Ikuma 「「 (1882­1974) était peintre et romancier. Takéo est connu pour avoir notamment participé avec son frère à la fondation de la revue littéraire Shirakaba「「「「(Le bouleau) (1910­1923) aux côtés de MUSHANOKÔJI Sanéatsu 「「「「「「 (1885­1976), SHIGA Naoya 「「「「 (1883­1971), SATOMI Ton 「「「 (1888­1983) et NAGAYO Yoshirô 「「「「 (1888­1961). Les œuvres qui y étaient publiées décrivaient souvent des conflits de personnalités fortes.  Parmi  les  œuvres  d’ARISHIMA, on peut  citer  sa  confession,  Sengen hitotsu  「 「 「 「 「 「 (Une déclaration),  écrite peu avant son suicide avec sa compagne, ou ses romans  Aru onna 「 「 「 「 「 (Une femme), Umareidzuru nayami「「「「「「「「「(Les tourments qui apparaissent), Kain no matsuei「「「「「「「「(Le descendant de Caïn) ou encore Oshimi naku ai ha ubafu「「「「「「「「「「(L’amour sans regret vous enlève).109  ISHIKAWA Takuboku  「「「「 (1886­1912) : écrivain mort jeune, élève du poète réputé YOSANO Tekkan   「 「 「 「 「 (1873­1935), il est  resté célèbre pour son  Romazi nikki  (Journal en alphabet latin), première   œuvre   japonaise   écrite,   comme   son   titre   l’indique,   directement   en   alphabet   latin, essentiellement selon le kunrei­siki romazi 「「「「「「「 (système officiel de transcription en alphabet latin) qui est une convention de linguistes japonais qui sera officialisée en 1937 ne tenant pas compte de la prononciation des lettres dans leur pays d’origine (ex. :   le « s » lu « sh » devant un « i »,   le « z » prononcé « dj » ;   「 「 [ o:gun] (généralissime, shogoun) sera donc transcrit  ∫ syougun  et non  shôgun), tout comme le  pīnyīn   「 「 chinois.  Par la suite,  ISHIKAWA se laisse par moments pénétrer par le système   Hepburn,   respectueux   de   la   prononciation   d’origine   de   notre   alphabet.   ISHIKAWA   est  également l’auteur de poèmes, notamment en trois lignes et en langue parlée (au lieu d’une seule en langue classique selon les règles classiques) (recueil Ichi­aku no suna「「「「「「(Une poignée de sable)), d’un essai (Jidai heisoku no genjô「「「「「「「「「(Etat présent de la fermeture de notre époque)), de romans (Kumo ha tensai dearu「「「「「「「「「(Un nuage, c’est génial)).110 KUNIKIDA Doppo 「「「「「 (1871­1908) : poète et romancier né à Chiba. Prônant une poésie de forme nouvelle,   il   fut  un des pionniers du naturalisme au Japon.  Ouvrages célèbres :  Musashino  「 「 「 「 「(Musashino) ; Mimamoto oji「「「「「(L’oncle Minamoto) ; Gyûniku to barei­sho「「「「「「「「(Viande de bœuf et patates) ; Ummei­ron­sha「「「「「「(Le théoricien du Destin).

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permet cependant pas de réussir l’examen de professeur des lycées (ou l’en empêche, selon qu’on 

prend ou non en compte la santé, le manque de sommeil, ou même la trop grande profondeur de vue 

de ce candidat pour des épreuves certainement assez scolaires et qui ne recherchaient pas l’originalité 

ni les références trop exotiques ou trop subversives). 

Parmi   les  auteurs  que  nous venons de citer,   il  nous  paraît   intéressant  de développer  quelques 

exemples.

Durant la convalescence de MIYAMOTO après la maladie qui l’affecta durant l’année 1930, trois 

œuvres   ont   joué   un   rôle   prépondérant   de   soutien   moral   et   psychologique :   le  Man’yô­shû,   les 

Souvenirs entomologiques de Jean­Henri FABRE (1923­1915) et les journaux poétiques de voyage de 

MATSUO Bashô (1644­1694), en particulier Oku no hosomichi 住住住住住住(La sente étroite des provinces  

de l’Est) (1694). Il consacra d’ailleurs à ce dernier auteur un court essai, « Bashô oboe­sho » 住住住住住住住

(« Souvenirs concernant Bashô »), qu’il fait suivre d’un choix de poèmes de son cru (des haikai et des 

poèmes de forme moderne en prose)112.

A propos du Man’yô­shû, tout d’abord, il écrit : 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「113

(« Ce qui, en lisant le Recueil des dix­mille feuilles (/générations) m’avait profondément touché, plutôt 

que les poèmes des Dix­mille feuilles, c’était plutôt l’image sérieuse des Antiques. »)

Et nous n’en saurons pas plus, MIYAMOTO n’ayant pas jugé nécessaire de s’étendre davantage.

FABRE a droit a un peu plus de détails :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「114

(« Les Souvenirs entomologiques, je les lus par paquets de cent pages par jour, petit à petit. C’est de 

cette façon qu’ils me touchèrent. Toutefois, ce qui toucha mon cœur, ce ne fut pas la vie des insectes, 

que je considère comme un prodige. Ce fut la silhouette de FABRE observant lesdits insectes. »)

111 SHIMAZAKI Tôson 「「「「 (1872­1943) : poète et romancier né à Nagano. Participe à la création de Bungaku­kai「「「「「 , revue du poète et critique KITAMURA Tôkoku  「「「「 (1868­1894). Il commence comme poète romanesque (rômanshugi shijin  「 「 「 「 「 「 ) et obtient la reconnaissance avec son roman Hakai 「 「 「 「 (Transgression des ordres) et s’oriente vers le naturalisme. Parmi ses œuvres, citons son recueil de poèmes Rakubai­shû「「「「「(Recueil des prunes tombées) et ses romans Haru「「「(Printemps), Ie「「「(Maison), Shinsei「「「「(Nouvelle vie) et Yoake mae「「「「「「(Avant l’aube).112 L’ensemble, Nitsubo 「「 (Le vase rouge), figure dans le recueil de textes de jeunesse intitulé Inochi  no yurameki 「「「「「「「「「(Le brasillement de la vie) (1981).113 Inochi no yurameki, p. 99.114 Inochi no yurameki, p. 99.

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On voit déjà se dessiner une des préoccupations de MIYAMOTO : chercher l’Homme le plus vrai 

possible, où qu’il soit. Et FABRE, s’il n’est pas l’Homme à lui tout seul, représente bien le premier 

modèle de chercheur de terrain que MIYAMOTO s’appliquera à devenir.

Bashô,   pour   sa   part,   constitue   un   modèle   plus   ambigu :   à   la   fois   un   modèle   de   voyageur   et 

d’observateur, de poète aussi évidemment, mais également un double mythifié, un alter ego du passé 

qui aurait pu comprendre les pensées du jeune MIYAMOTO Tsunéichi en souffrance psychologique 

et affaibli par la maladie : 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

(« Alors qu’il  était  chétif,   il  malmenait  son corps,  poursuivant  ses voyages :   j’éprouvais un grand 

respect pour son attitude et son moral. Voilà pourquoi naquit en moi un fort engouement à l’égard de 

Bashô. 

De plus – et [là] s’agit­il de compassion pour une personne atteinte de la même maladie que moi, ou 

de mon cœur à la recherche d’un ami ? – moi qui souffrais, je me mis à avoir de l’attachement pour 

Bashô qui souffrait [lui aussi]. A cela [s’ajoute] le [fait suivant] : c’était aussi parce que Bashô allait 

m’indiquer la voie que doit suivre – à pieds – une personne souffrante. Par conséquent, je cherchai à 

découvrir, dans la prose de Bashô, sa poésie ou bien encore dans ses traces de pas, des choses qui me 

fussent proches. 

Voilà   le   genre   de   cœur   [qui   bat]   en   [tout]   malade.   Ou   alors   peut­être   est­ce   moi   qui   suis 

particulièrement   fort.   […]   [Là,   MIYAMOTO   évoque   des   poètes   que   la   maladie   a   rendus   plus  

sympathiques à ses yeux] Parmi ces hommes, je me mis à vouloir retrouver ma propre image. Bashô 

aussi, en fait, était l’un d’eux. Et pourtant, ce fut celui qui me toucha le plus (au cœur).

Donc, dans le fait que, pour épancher mon cœur, je faisais parfois appel à Bashô, et que je dissertais 

sur lui, il était fréquent, à certains moments, que c’était mon propre moi [que je cherchais]. Je crois 

que ce simple texte, tout en cherchant finalement à raconter Bashô, finit par mettre à jour ma vraie 

nature (propre). »)

On comprendra, dès lors, l’annonce initiale de l’essai :

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「115

(« Le Bashô que je cherche à présent à traiter est un Bashô “pour moi”. C’est à dire que le Bashô dont 

je parle  est un Bashô pour moi. Ce qui veut dire que le Bashô dont je parle a peut­être pris mon 

apparence.

Il ne s’agit pas pour moi de chercher à faire une étude de Bashô. »)

Quant à ses lectures ethnographiques et ethnologiques, nous en reparlerons tout au long de cette 

étude, mais l’on peut déjà supposer que son maître YANAGITA lui avait fait connaître ses auteurs de 

prédilection (découverts pendant son séjour en Suisse)116, à savoir : les anthropologues anglais Edward 

Burnett TYLOR (1832­1917), James George FRAZER117 (1854­1941), les folkloristes européens plus 

tardifs   Kaarle   KROHN   (1863­1933),   George   Laurence   GOMME   (1853­1916),   Charlotte   Sophia 

BURNE   (1850­1923),   les   ethnologues   diffusionnistes   Wilhelm   SCHIMDT   (1868­1954),   William 

Halse RIVERS (1864­1922), les  anthropologues fonctionnalistes de l’Ecole britannique : Bronislaw 

MALINOWSKI (1884­1942) et Alfred Reginald RADCLIFFE­BROWN118 (1881­1955), la sociologie 

française et son approche anthropologique avec Emile DURKHEIM (1858­1917) et Marcel MAUSS 

(1872­1950), enfin l’anthropologie américaine avec Franz BOAS119 (1858­1942) (allemand).

Du côté des auteurs japonais, l’influence de HIRATA Atsutané  住住住住 (1776­1843) et de NITOBE 

Inazô 住住住住住 (1862­1933) avait été déterminante pour YANAGITA. Pour MIYAMOTO, on ajoutera les 

ouvrages de ses maîtres, ainsi que ceux du précurseur MINAKATA Kumagusu 「「「「 (1867­1941) (sur 

lequel nous reviendrons un peu plus loin), ainsi que ceux des écrivains voyageurs à qui MIYAMOTO 

consacrera des études : NODA Senkôin 住住住住住, FURUKAWA Koshôken 「「「「「 (1726­1807) et SUGAE 

Masumi 「「「「 (1754­1829).

115 Inochi no yurameki, p. 97.116 KAWADA Minoru, Yanagita Kunio no shisô shi­teki kenkyû,「「「「「「「「「「「「「 (Recherches historiques sur la pensée de Yanagita Kunio), 1992, traduit en anglais par Toshiko KISHIDA­ELLIS sous le titre The Origin of Ethnography in Japan : Yanagita Kunio and his Times, Kegan Paul International, 1993, 185 p. Cf. en l’occurrence le chap. 5, p. 109.117 Ces deux « intellectuels de cabinet », fort admirés de leur vivant, travaillaient à partir de sources hétérogènes d’époques différentes  et  n’avaient   jamais mis  les pieds  dans  les  pays sur   lesquels  ils écrivaient.YANAGITA prendra par la suite une grande distance par rapport à ces auteurs et ira même jusqu’à faire l’auto­critique de ses propres œuvres de jeunesse, écrites selon la même méthode. KAWADA Minoru, Yanagita Kunio no shisô shi­teki kenkyû, chap. 5, p. 114­115.118  Pour  RADCLIFFE­BROWN, ce n’est  qu’une supposition de KAWADA Minoru,  YANAGITA n’ayant jamais fait aucune mention de cet auteur dont aucun livre ne figurait dans sa bibliothèque. KAWADA Minoru, Yanagita Kunio no shisô shi­teki kenkyû, chap. 5, p. 119.119  YANAGITA connaissait  BOAS personnellement. KAWADA Minoru,  Yanagita Kunio no shisô  shi­teki kenkyû, chap. 5, p. 119.

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Parler des lectures ne saurait nous faire oublier les maîtres qui lui fournirent conseils et orientations 

de recherche. MIYAMOTO Tsunéichi, s’il fut un chercheur indépendant, n’en fut pas pour autant un 

homme seul. 

B/ MIYAMOTO Tsunéichi, ses maîtres et ses confrères

MIYAMOTO   fut   l’élève   de   plusieurs   institutions   et   connut   toutes   les   différentes   sortes 

d’enseignement que peut offrir le Japon (1). Par ailleurs, sa coopération avec d’autres chercheurs (2) 

ne saurait être négligée, tant il est vrai que la carrière de MIYAMOTO alterne les phases de recherche 

et rédaction solitaires et celles de collaborations.

1) ses maîtresMIYAMOTO connut deux périodes de formation : avant (a) et après (b) l’entrée dans la minZokugaku.

-a. Les non minZokugakusha :

Comme nous  venons  de   le  dire,   l’année  de   ses  19   ans  passée  à   l’école  normale  de  Tennôji   fut 

essentielle dans  le formation de MIYAMOTO Tsunéichi.  Cinq professeurs semblent  avoir  eu une 

influence particulière : KANEKO Sanéhidé 住住住住 , YAMAGIWA Jirô 住住住住 , SATÔ Tasuku 住住住, MORI 

Shinzô 住住住 et ASHIDA Enosuké 住住住住住. Il évoquera leur apport dans plusieurs textes120, essentiellement 

autobiographiques, de la maturité.

α. KANEKO Sanéhidé

Diplômé de l’Université de Kyôto, ce fut lui qui initia MIYAMOTO à la pensée moderne. 

KANEKO eut une influence non seulement directe, mais aussi indirecte, sur MIYAMOTO puisqu’il  

lui présenta son ami le critique et essayiste OOYA Sôichi 住住住住 (1900­1970). Cette rencontre suscita, 

semble­t­il, chez le jeune homme, une intense stimulation intellectuelle.

β. YAMAGIWA Jirô

YAMAGIWA se chargea, lui, d’enseigner les rapports entre la nature et la culture. On n’en sait guère 

plus, mais si MIYAMOTO a cru bon de le citer, c’est que son enseignement lui a forcément apporté 

quelque chose.

120 Inochi no yurameki (Le brasillement de la vie), p. 11 : recueil de textes de jeunesse.

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γ. SATÔ Yoshi

Il enseigna à MIYAMOTO l’Histoire de l’architecture. Sans lui, il n’aurait peut­être jamais pensé à 

écrire  Nihonjin   no   sumai121  (L’habitat   des   Japonais),   aujourd'hui   réédité,   ouvrage   de   référence 

synthétique abondamment illustré.

δ. MORI Shinzô 

Sorti de l’Université de Kyôto tout comme KANEKO, MORI fut un disciple du philosophe NISHIDA 

Kitarô 住住住住住. MIYAMOTO en parle ainsi :

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「122

(« Avoir  pu suivre   le  cours  magistral  de philosophie  du professeur  MORI Shinzô   fut  une grande 

chance. […] Il avait l’air d’un philosophe, c’était quelqu’un dont on pouvait dire qu’il avait l’élocution 

solennelle,  il  avait une espèce de difficulté  d’accès,  mais  il  avait  [aussi]  un charme qui  attirait  et 

nombreux  étaient   les  étudiants  qui,   bien  qu’ils   peinassent   devant   la   difficulté   de   la   philosophie, 

suivaient son cours. J’en faisais partie moi aussi. »)

C’est lui qui présenta la pensée de Max STIRNER123 à ses étudiants dans le cadre de son cours sans 

manuel124, une originalité à l’époque qui dut marquer favorablement MIYAMOTO qui fit de même 

lorsqu’il enseigna à l’université.

C’est encore lui qui le premier évoqua la possibilité pour son ancien élève de partir le rejoindre à sa 

nouvelle affectation, l’Université de Mandchourie pour l’édification du pays (Mănzhōu jiànguó dàxué  

住住住住住住) lors d’une visite au chevet de MIYAMOTO, malade.

L’honnêteté nous oblige à mentionner le fait suivant qu’il faut se garder de régler par un jugement 

hâtif. Le professeur MORI avait à Osaka une activité de direction de recherche qui se déroulait lors 

des Shidô­kai 住住住 (Réunions de cette voie)125. Il publiait aussi des articles dans la revue du professeur 

121 Nihonjin no sumai 「「「「「「「「「, s.l., Nôbunkyô 「「「, 2007, 170 p..122 MinZokugaku no tabi, éd. Kôdansha gakujustu bunko, chap. 7, p. 73.123 SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 3, p. 49.124 SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 3, p. 53.125  Shidô, « cette voie », fait référence à l’origine à la voie du confucianisme et des sages de cette école. On sait qu’au Japon, le néo­confucianisme fut, du XVIIème siècle jusqu’à 1945, très prisé par les intellectuels d’extrême­droite qui voyaient là  une base philosophique qui, avec des aménagements, pouvait   justifier   la   stratification   sociale   et   la   docilité   du   peuple.   L’impérialisme   (le   dogme   de l’infaillibilité   impériale),   la  sous­éducation politique  de  la   jeunesse et   l’absence  de cours  où   l’on apprend à construire un raisonnement, la société d’hyper­consommation et la démocratie manipulée avec l’aide des média, phénomènes qu’on les observe aujourd’hui sont en un sens les conséquences engendrées, non pas par la philosophie de l’antique maître chinois (­552 à ­479), mais bien par la logique   du   néo­confucianisme   japonais   poussé   jusqu’au   bout.     MIYAMOTO   explique   cette étymologie de la manière suivante : 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (« Ce que l’on appelle 

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ASHIDA, Dôshi dôkô (cf. plus bas) des articles où il exaltait la psychologie japonaise et la mission du 

Japon, unique au monde, consistant à ramener la paix en Asie – ce qui assurerait par là la stabilité 

mondiale – par l’intervention militaire, en chassant du sol asiatique les Européens et les Américains 

selon lui responsables uniques de la situation. Il va de soi que du côté des Asiatiques, ni les Chinois, ni 

les Coréens, ni les Taiwanais ne souhaitaient une intervention militaire du Japon sur leur sol.

On sait que MIYAMOTO invita les professeurs NISHIO Minoru 宮宮宮 (1889­1979) et KANEHARA 

Shôgo 宮宮宮宮 (1888­1935) à venir faire à Osaka une conférence sur la didactique du japonais, conférence 

à laquelle le professeur ASHIDA fut également convié à assister. La conférence ne concernait que la 

didactique126, discipline qui intéressait alors l’instituteur qu’était MIYAMOTO, mais tant NISHIO que 

KANEHARA étaient membres du groupe de réflexion du professeur ASHIDA127.

Et c’est ce quatrième enseignant qui devait avoir, non pas la plus grande influence, mais la plus grande 

incidence sur la vie de MIYAMOTO. 

ε. ASHIDA Enosuké

(1873­1951)   De   tous   les   noms   cités,   il   est   le   seul   à   figurer   dans   le   dictionnaire128.   Il   fut   un 

« didacticien » réputé, spécialiste de l’enseignement de la langue nationale. Il s’intéressa notamment à 

la question de la lecture et de l’orthographe. Contemporain de YANAGITA, il fut aussi et surtout le 

professeur   de   SHIBUSAWA   Keizô,   avant   d’être   celui   de   MIYAMOTO.   Celui­ce   le   considérait 

comme un père spirituel auquel il n’hésitait pas à se confier. Le vieux professeur prenait toujours le 

parti de son jeune élève maladif mais à l’esprit prometteur. Il n’hésita pas à faire valoir l’opportunité 

que  représentait   le  poste  en Mandchourie  auprès  de SHIBUSAWA lequel,  à   la   surprise  générale, 

refusa (et fut d’ailleurs obéi). 

Ce   qu’on   ignore   aujourd’hui,   et   qui   ne   figure   pas   dans   le   dictionnaire,   c’est   qu’ASHIDA   était 

officiellement chargé de diriger l’élaboration des manuels scolaires de japonais destinés aux peuples 

colonisés.  Cela  ne   signifierait  pas  nécessairement  un  cautionnement  du  colonialisme  si  ASHIDA 

n’avait été le membre d’un puissant groupe de réflexion savante dont les membres ne faisaient pas 

mystère de leurs opinions d’extrême droite : le Seikatsu tsudzurikata undô 住住住住住住住 (Mouvement pour 

l’orthographe   de   la   vie   quotidienne),   qui   organisait   les   Keiu­kai   住 住 住 129 (Réunions   de   la   pluie 

« Shidô » fait référence à « Cette Voie » telle qu’elle figure dans les rescrits impériaux sur l’éducation, et elle signifie « la Voie du peuple japonais » ».) In « Mori Shinzô­sensei no yokogao (ichi) »「「「「「「「「「「「「「(« Le profil du professeur MORI Shinzô (I) »), Dôshi dôkô, 8ème numéro du 8ème vol., nov. Shôwa XIV (1939).126 Et aucun dérapage idéologique ne s’y produisit, il faut le souligner à la décharge de MIYAMOTO.127 SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chapitre 5, p. 91.128 Daijisen 「「「「「, Tôkyô, Shôgakukan, éd. 2007. 129 Keiu­kai signifie aussi « Réunions de Keiu », Keiu étant le pseudonyme d’ASHIDA. 

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bienfaisante / de la pluie en pleine sécheresse) auxquelles assistaient des personnalités aujourd’hui 

complètement oubliées au Japon, mais aussi SHIBUSAWA Keizô et l’écrivain WATSUJI Tetsurô 住住住住

(1889­1960)… Les noms des personnes ayant assisté à ces réunions sont mentionnés dans les rapports 

que rédigeait   le professeur MORI Shinzô.  Celui  de MIYAMOTO y figure.  Le mouvement éditait 

depuis 1930 une revue, Dôshi dôkô住住住住住住130 (Volonté commune, route commune), qui servit de surnom 

au mouvement lui­même. Il semble que les thèmes traités lors de ces réunions n’étaient pas politiques, 

ce  qui  ne veut  pas   forcément  dire  qu’ils  étaient  dénués  de  toute  signification politique.  Mais   les 

discussions ouvertement politiques se déroulaient en coulisse, et tout porte à penser que MIYAMOTO 

n’en   était   pas.   Ce   qui   est   sûr,   en   revanche,   c’est   que   YANAGITA   était   un   sympathisant   en 

connaissance   de   cause   et   qu’il   se   fit   le   relais   de   ces   hommes   de   l’ombre   pour   agir   auprès   de 

MIYAMOTO afin de le « rectifier » idéologiquement. Nous reviendrons sur ce sujet un peu plus bas 

lorsque nous  traiterons de YANAGITA. Parmi ces hommes de l’ombre,  nous trouvons un certain 

YASUOKA Masahiro   宮 宮 宮 宮 (1898­1983).  Diplômé  de   l’Université   impériale  de  Tôkyô,   il  était 

spécialiste   de  néo­confucianisme131.   S’il   n’assista   jamais   aux  Keiu­kai,   il   était   en   revanche   actif 

comme idéologue anti­marxiste et membre du Gakusei shisô mondai iinkai 住住住住住住住住住 (Comité pour les 

problèmes idéologiques des élèves) mis en place par le Ministère de l’éducation, alors impérialiste et 

physiocrate132. Son opposition à toute action terroriste alors pratiquée par certains groupes d’extrême­

droite et son action idéologique au sein de cette instance lui valaient d’être soutenu par des hommes 

riches   et/ou   puissants   du   monde   de   l’entreprise,   de   la   finance,   de   la   politique,   de   la   haute  

Administration et de l’armée133… Son nom était cité avec admiration lors des Keiu­kai. Et c’était une 

des relations (un ami ?) de YANAGITA.

Ce que l’on peut dire aujourd’hui, compte tenu des informations à notre disposition, c’est qu’il y a de 

fortes chances pour que le jeune MIYAMOTO ait été abusé et qu’on ait profité de sa naïveté. 

Mais refermons la parenthèse.

130 L’expression même Dôshi dôkô semble venir du Dôhô dôkô「「「「「「(Une même route avec des amis) de Shinran 「「 (1173­1262), le fondateur du Jôdo shinshû (l’Ecole véritable de la Terre pure).131  Plus précisément de  Yômeigaku  「 「 「 (« Yángmíng­ologie » : la discipline japonaise analysant la pensée du philosophe chinois WÁNG Yángmíng 「「「 (1472­1528).132 La physiocratie, au Japon, évoque d’autres images que la physiocratie française créée au XVIIIème 

siècle par l’économiste François QUESNAY (1694­1774), prônant la primauté du secteur primaire, seul   créateur   de   richesses   indéfiniment   multipliables,   par   opposition   aux   secteurs   secondaire   et  tertiaire, « stériles » car fondés sur l’utilisation de matériaux préexistants, et sur les services. Malgré l’envie, sous l’Etat français de Vichy, de renvoyer les Français à la terre, cette doctrine resta chez nous plus   liée   au   pré­libéralisme   (la   formule   « laisser   faire,   laisser   aller »   est   de   QUESNAY)   qu’à l’extrême­droite   nationaliste.   Au   Japon,   elle   fut   l’argument   quasi­constamment   utilisé   par   les impérialistes pour conserver de fait le système des classes (shi­nô­kô­shô 「「「「) supprimé officiellement sous Meiji   (en 1872),  et  maintenir   le  peuple dans une  frugalité  utile  à   l’ordre public autant  qu’à l’autarcie.133 On sait aussi que MISHIMA Yukio fut un de ses sympathisants.

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Après   ce   solide   bagage   en   culture   générale,   littérature,   Histoire   et   géographie   japonaises, 

MIYAMOTO reçut une formation d’un type nouveau, l’enseignement d’une discipline en train de se 

former, la minZokugaku, et passa ainsi progressivement du statut d’étudiant passif à celui de chercheur 

actif, de plus en plus indépendant. 

- b. Les minZokugakusha :

α. YANAGITA Kunio 「「「「 (1875­1962)

MIYAMOTO a autant travaillé seul que dans des groupes, pourtant il ne s’est fixé dans aucun, et le 

nombre incroyable de ses affiliations à des sociétés savantes ou de recherche nous amènerait plutôt à 

penser que son implication en leur sein fut brève, ou tout du moins épisodique. Même sa participation 

aux réunions du grand maître YANAGITA Kunio pour qui il fit toujours montre d’un grand respect, 

n’eut qu’un temps, et la brouille discrète qui en marqua la fin n’eut peut­être pas pour seule cause celle 

que MIYAMOTO veut bien donner. 

Avant d’en détailler les circonstances, revenons sur l’origine de sa relation avec YANAGITA.

MIYAMOTO Tsunéichi avait  découvert l’œuvre de YANAGITA et participé à l’appel lancé par le 

maître dans sa revue Tabi to densetsu  住住住住住住 (Voyage et légendes) visant à recueillir le maximum de 

témoignages ethnographiques sur  les contes populaires des campagnes. Il  envoya  à  cette occasion 

quelques extraits des témoignages qu’il avait recueillis pour son propre compte auprès de personnes 

âgées au cours de ses promenades champêtres et, à sa grande surprise, le maître lui répondit par une 

lettre très bienveillante. Il avait su discerner chez son correspondant l’étoffe d’un disciple prometteur. 

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Mais  il   faudra attendre  trois  ans  avant  que MIYAMOTO rencontre YANAGITA en personne,  en 

octobre 1934. L’été de cette année­là, celui­ci l’avait invité à venir le voir à Kyôto et MIYAMOTO 

s’y était rendu seul134. Puis il avait été convié à participer aux réunions du chercheur qui se tenaient à 

son domicile pour plus de commodité. YANAGITA avait ensuite apporté quelques contributions à une 

revue   lancée  par  MIYAMOTO Tsunéichi   avec  des  moyens  de   fortune,  Kôshô   bungaku   住 住 住 住 住 住

(Littérature orale). 

Si l’influence intellectuelle fut incontestable, que ce soit notamment dans le domaine de l’étude des 

contes populaires ou de celui de l’étymologie des toponymes, on ne peut pas dire que YANAGITA ait 

cherché à entraîner MIYAMOTO Tsunéichi dans une direction précise en termes de folklore. Il lui 

conseilla   seulement   d’écrire   un   livre   par   département,   proposition   que   MIYAMOTO   accepta135 

l’incitant, semble­t­il, à y consacrer sa vie136. 

MIYAMOTO   Tsunéichi   se   retrouvait   dans   un   groupe   de   disciples   réunis   autour   du   maître,   à 

l’ancienne mode, quasiment « féodale »137, (et l’on peut d’ailleurs noter de manière anecdotique que 

les réunions se faisaient toujours dans une pièce japonaise à tatami et que YANAGITA était vêtu d’un 

kimono). SANADA Yukitaka y note138 une forte ressemblance avec le cercle d’études nationales de 

HIRATA Atsutané   住 住 住 住 (1776­1843), à la fin du Bakufu. Ce genre d’enseignement, extrêmement 

enrichissant et formateur pour un étudiant  ou un  jeune chercheur, peut s’avérer au contraire être un 

frein à  une carrière individuelle passée la trentaine et cela,  MIYAMOTO Tsunéichi l’a  forcément 

senti. Qui sait s’il n’a pas éprouvé de la lassitude à faire partie d’une Cour (dont le centre était un 

authentique aristocrate)… lui si libre et si proche des petites gens dont il appréciait la simplicité et le 

naturel.

SANADA Yukitaka (2002), dans son essai violemment anti­miyamottien139, présente un YANAGITA 

idéologiquement engagé à l’extrême­droite (bien que politiquement, il ne soutint jamais aucun parti), 

et   insiste  sur  sa  sympathie pour   le  nazisme et   les publications des scientifiques  nazis.  Alors que, 

134 MinZokugaku no tabi, chap. 8, p. 84.135 MinZokugaku no tabi, chap. 9, p. 102.136 SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 4, p. 84 :「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (« Il semble que MIYAMOTO ait reçu de YANGITA Kunio l’encouragement suivant : « Consacre [à la MinZokugaku] toute ta vie ! »).137  Pour reprendre le mot de SANADA Yukitaka à la suite de MASUDA Katsumi (directrice de la réédition de Meiji Taishô­shi Sesô­ron「「「「「「「「「「「(Histoire de Meiji et Taishô / Théorie des mœurs) de YANAGITA, dans son « Kaisetsu » 「「 「「 (« Commentaire »)) qui parle de « système féodal » (hôken seido 「「「「) in Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 6, p. 124­125.138 Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 6, p. 124.139 Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 7.

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paradoxalement,   YANAGITA   n’adhéra   pas   du   tout   à   l’idéologie   mussolinienne   qu’il   dénonça 

explicitement140.

Pour résumer « objectivement » la pensée idéologique de YANAGITA, nous pourrions dire que, pour 

lui :

1/ la minZokugaku doit être nationale (« nashiyonaru »住住住住住住住)141 et doit se distinguer complètement de 

l’ethnographie  de   l’étranger142,   science  de   l’altérité.  Par  conséquent,   l’ethnographe  ne   saurait  être 

d’une autre nationalité que celle du pays qu’il étudie.

2/   elle   doit   donc   rejeter   tout   système   interprétatif   venu   de   l’étranger   (comme   le   marxisme 

notamment) ; 

3/   la  minZokugaku  doit   se  défier  de   l’écrit,   car   elle   se  distingue  de   la   science  officielle  qui   l’a  

précédée, l’Histoire (des puissants), contre laquelle elle s’est constituée ;

4/  afin  de  cerner  au  mieux  l’âme,   la  psychologie  et   le   cœur   japonais,   il   faut   se  pencher   sur   les 

traditions immuables143,  rejetant l’idée que l’évolution permanente de la société  va nécessairement 

dans le bon sens.

YANAGITA, très critique envers les partis politiques de son époque, appelait de ses vœux la création 

d’un   parti   réellement   populaire   (et   non   corrompu)   amené   au   pouvoir   par   le   suffrage   universel 

140 Ainsi écrit­il qu’« « il est douteux qu’il y ait quoi que ce soit à apprendre de l’Italie » et, de façon plus   emphatique,   « j’affirme   avec   force  qu’il   n’y   a   rien   à   apprendre  de   l’Italie. »   Il   dénonce   le fascisme, l’appelant le produit d’esprits « étroits », et dit que « ceux qui aiment leur pays ne devraient pas être étroits d’esprit. » Pour Yanagita, le fascisme était entièrement hors de la portée des mesures admissibles et était donc hors du champ de son intérêt ».   KAWADA Minoru,  Yanagita Kunio no shisô shi­teki kenkyû, 1993, chap. 4, p. 86.141「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (On notera la terminaison   en  –te   yaru  qui   indique  qu'on  parle  d'agir   à   l'égard  d'une  personne  que   l'on   estime inférieure) 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「(« Comme un de mes buts, je réfléchis à ce que l'on appelle le pays et les races. Dans quelque pays que ce   soit,   la  minZokugaku  est   nationale,   elle   cherche   en  profondeur   et   avec   rationalité   (tôkyû   shi) principalement   la   culture   de   ses   propres   compatriotes   et   [plus]   rarement   elle   interroge   la   vie  quotidienne du passé des races sous­développées. A l'inverse, la chose que j'appelle l'ethnologie de son propre et seul pays, il n'y a eu jusqu'à présent personne pour la proposer. Aussi, pour peu que l'on parle de  minZokugaku du Japon, point n'est besoin de se préoccuper de faire répéter la question : « Avec quel caractère écrit­on Zoku ? » ».)142「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「(« Dans le monde scientifique japonais, il y a actuellement deux choses qu’on nomme minzokugaku. Quel qu’en soit le pourquoi, nous sommes proches  de   la  nécessité   de  devoir  mettre   la  différence  entre   les  deux. »),   in  Nihon minZokugaku kenkyû「「「「「「「「「 (Recherches en minZokugaku  japonaise), repris par SANADA Yukitaka,  Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 6, p. 118.143「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

(« On ignore pourquoi, mais depuis les temps anciens, jusqu’à récemment, la génération de mon grand père  ou de mes parents,  on  trouve des  manières  de vivre  qui  continuent  sans   interruption depuis plusieurs centaines d’années ou davantage, et c’est ce sur quoi nous aimerions réfléchir. »)Repris dans Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 6, p. 119.

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masculin. Il s’agissait de réformer en profondeur sur le long terme la structure de la société japonaise 

en   privilégiant   l’équilibre   entre   les   trois   secteurs  d’activité   et   en   instaurant   concomitamment  un 

sentiment  d’appartenance  à   la   fois  micro­local,   régional   et  national,   seul   capable  de  mobiliser   la 

population en faveur d’un projet de développement qui permettrait au pays de résister à l’hégémonie 

des Européens et  des Américains.  Pour  cela,   le  ciment  est   le  shintô  des campagnes que décrit   la 

minZokugaku. Nous reviendrons sur ce projet dans la deuxième partie.

OOMACHI Atsuzô 住住住住住, disciple de YANAGITA, n’est pas dupe et qualifie ainsi la minZokugaku du 

maître :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「144

(« Même si cette discipline est subjectivement une minZokugaku (un folklore) du Japon, objectivement 

c’est une minzokugaku (ethnologie) ».)

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「145

(« Le   mot   « minZoku »   évoque   le   folklore   (fôkuroa),   mais   la   discipline   de   YANAGITA   n’est 

nullement l’étude du simple folklore ; elle est plutôt proche en substance de la Volskunde. »)

Toutefois, le projet longuement mûri par YANAGITA allait encore plus loin : il s’agissait de former 

des   ethnologues   japonais   pour   ensuite   les   envoyer   en   Asie   afin   de   créer   une   constellation   de 

« minZokugaku de la sphère de la Grande Asie orientale » (Dai­tô­A­ken minZokugaku 住住住住住住住), sous le 

contrôle idéologique des sociétés savantes sises au Japon, donc sous celui de YANAGITA lui­même. 

Ce   projet   commença   d’être   mis   à   exécution   avec   la   création   de   la   Société   d’ethnologie   de 

Mandchourie (Manshû minzokugakkai  住住住住住住 ) en 1942. Au même moment était créée au Japon une 

société savante qui unifiait la minZokugaku : le Centre de recherche en ethnologie (Minzoku kenyûsho 

住住住住住). Il faut cependant ajouter que YANAGITA désapprouvait les actions armées du Japon en Asie et 

la façon ouvertement arrogante qu’avait son pays de traiter la Chine : tout cela était contre productif et 

n’était dans l’intérêt de personne146.

YANAGITA, sympathisant assez actif des groupes de réflexion d’extrême droite, notamment ceux 

dont nous avons parlé plus haut, semble avoir remarqué assez tôt les lectures d’extrême gauche de son 

disciple. Il entreprit donc de rééduquer idéologiquement le naïf campagnard. Peut­être est­ce la cause 

du « par la suite, je pris bientôt mes distances avec ce genre de livres » que nous avons déjà cité. 

YANAGITA   était   un   esprit   brillant   possédant   un   charisme   lui   permettant   de   persuader   assez 

facilement les gens de faire ce qu’il voulait, point sur lequel nous reviendrons un peu plus bas. A une  

époque où tout le monde s’enflammait d’amour pour l’empereur et où l’impérialisme était la seule 

144 Cité par SANADA Yukitaka, in Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 7, p. 139.145 Idem, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 7, p. 139.146 KAWADA Minoru, Yanagita Kunio no shisô shi­teki kenkyû, chap. 4, p. 84.

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voie pour réussir dans l’école, l’université, ou l’administration en général, (que l’adhésion fut pleine et 

consciente, ou le fruit d’un malentendu, voire d’une manipulation, ou bien tout simplement forcée), il 

n’est pas étonnant que MIYAMOTO se soit retrouvé mêlé à des réunions où était chanté l’hymne 

impérial et où les discours sur la grandeur du pays faisaient vibrer l’idéalisme de chacun. Les aspects 

sombres du régime militaire étaient inconnus du jeune MIYAMOTO, ou du moins en minimisait­il de 

bonne foi l’importance. YANAGITA dut probablement lui expliquer que la voie nationaliste était plus 

à même de profiter au petit peuple (qui importait avant tout à MIYAMOTO) que le socialisme147, car 

celui­ci  était   fait  de   ruptures,   et  que   les   ruptures  détruisaient   l’harmonie  dont   le  maintien  par   la 

tradition assurait la stabilité du pays et son « art de vivre ». Selon nous, ce sont les élans altruistes de 

MIYAMOTO, canalisés par  YANAGITA,  qui   l’orientèrent  vers un conservatisme nationaliste,  du 

moins dans un premier temps. Tous les  minZokugakusha  de l’époque étaient issus du même moule 

idéologique et personne n’aurait un instant songé à le remettre en question. Peut­être les idéologues 

d’extrême­droite japonais tentaient­ils de relier l’ethnographie à une certaine anthropologie, mais les 

(jeunes) chercheurs de terrain se détachaient complètement de cette théorisation qui n’était souvent là 

que comme un prétexte à faire des discours (et autres politesses avant un bon repas bien arrosé), sans 

compter qu’à l’époque le peuple japonais (y compris la plupart des intellectuels) était complètement 

sous­informé voire désinformé par la propagande quant à ce qui se passait à l’étranger, et notamment 

du côté de son allié allemand148. Pour l’essentiel, les oppositions étaient donc davantage portées contre 

l’idéologie du régime que contre des (ex)actions qui n’étaient pas encore connues.

Quand MIYAMOTO évoque ses maîtres, son admiration se porte soit sur leur comportement en tant 

que personnes à son égard, soit en tant qu’enseignants ou érudits, jamais sur leur action politique. 

Alors une phrase telle que : « YANAGITA Kunio et YASUOKA Masahiro sont des digues contre le 

marxisme »149 attribuée à MIYAMOTO, nous amène à dire deux choses : soit elle est authentique, et 

elle est le fruit de cette manipulation exercée par YANAGITA, soit c’est une mystification destinée à 

jeter le doute sur les opinions de MIYAMOTO150. De toute façon, l’importance de YANAGITA dans 

147 Pour un aperçu récent sur la question, voir :OOTSUKA Eiji 「「「「, Gishi toshite no miZokugaku : Yangita Kunio to itan no shisô「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「(La minZokugaku en tant qu’Histoire mensongère : YANAGITA Kunio et les pensées hétérodoxes), Tôkyô, Kwai 「 BOOKS, Kadokawa shoten, 2007, 270 p.. 148 A titre d’exception, on trouve un article de l’essayiste et critique MUROFUSE Kôshin 「「「「 (1892­1970), « Nachizumu ha doko he »「「「「「「「「「「 (« Où va le nazisme ? »), revue Serupan「「「「「「(Serpent), sept. Shôwa XIV (1939). 149「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「, in SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 4, p. 87.150 Et SANADA Yukitaka 「「「 「「「「 (sans doute un pseudonyme – et la graphie en hiragana irait en ce sens), malgré son apparente objectivité, son travail de recherche prodigieux et sa réelle érudition, est un   bon   exemple   de   parti   pris.   Tout   est   orienté   chez   lui   de   façon   à   ce   que   chaque   citation   de MIYAMOTO, sortie de son contexte, lui soit défavorable. Il faut donc chez SANADA faire le tri entre les informations brutes et leur interprétation qui ne laisse de nous porter à croire qu’une telle étude de longue haleine n’a pu être réalisée sans une forte motivation,  et  cette motivation est  malveillante 

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cet anti­marxisme est probablement exagérée. Toute la vie et l’œuvre de MIYAMOTO démontreront 

que ni sa pensée ni son action n’ont partie liée avec l’impérialisme, le militarisme ou le colonialisme. 

Il fut un peu conservateur dans sa façon de penser en général, mais en même temps il déploya une 

grande activité dans les campagnes pour changer les conditions de vie des populations. Politiquement, 

nous affirmons, et nous tenterons de montrer, qu’il était, avant tout, un humaniste (au delà de toute 

appartenance politique précise). 

Les ouvrages de MIYAMOTO ne suivront pas le cahier des charges rigide voulu par YANAGITA : 

1/ certes, sa minZokugaku sera nationale, mais elle n’aura rien de nationaliste ; d’autre part, une fois 

son dernier maître (SHIBUSAWA) disparu, MIYAMOTO entreprendra des voyages à l’étranger afin 

de nourrir sa réflexion et sa dernière œuvre,  Nihon bunka no keisei  住住 住住 住住 住住 住 (La formation de la 

culture   japonaise),   dont   nous   reparlerons   plus   tard,   sera   une   véritable   étude   des   mouvements 

internationaux de biens et de personnes ;

2/ la pensée d’extrême­gauche rejetée sous l’influence de YANAGITA et des autres sera réintégrée en 

partie et l’importance des œuvres ethnologiques étrangères ne sera jamais remise en question ;

3/ la  minZokugaku  miyamotienne étudiera les deux sources, l’orale et l’écrite, à égalité.  Elles sont 

complémentaires et se passer de l’une serait considérablement réducteur ;

4/ même si c’est douloureux pour notre auteur, il est le premier à reconnaître que les faits et les objets 

qu’il étudie sont en voie de disparition rapide. Il ne s’agit plus tant de savoir pourquoi les choses ont 

duré jusqu’à présent, que de les décrire avant qu’elles ne sombrent tout à fait dans l’oubli : choses 

oubliées, mais aussi Japonais oubliés…

Les différences étaient trop nombreuses, certes, pour que le disciple restât éternellement dans le cercle 

rapproché du maître.

La brouille est évoquée très elliptiquement dans  MinZokugaku no tabi  住 住 住 住 住 住 住 (Le voyage de la 

minZokugaku))151. Voici comment il relate l’incident :

Au départ, la coexistence était tout ce qu’il y a de pacifique : 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「152

(« faire tomber la statue » dirait­on). Nous pensons effectivement qu’il y a de fortes probabilités que SANADA connût personnellement MAYAMOTO et que celui­ci eût pu le contrarier ou le traiter de haut,   d’où   une   rancœur   tenace.   Le   ton   en   apparence   détaché   de   SANADA   masque   mal,   sur   la longueur, une ironie mordante. 151 Minzokugaku no tabi, éd. Kôdansha gakujutsu bunko, 1993, 2004, p. 105 et 183.152 Op. cit., p. 105.

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(« A cette époque, il n’y avait pas de relations entre les gens de l’Institut de recherches sur la vie du  

terroir (Kyôdo seikatsu kenkyû­sho) dont le centre était le professeur YANAGITA, et le Musée des 

greniers  (Achikku myûzeamu) »)  que dirigeait   le  professeur  SHIBUSAWA. Tant  M. SAKURATA 

employé   au   Musée   des   greniers   que   M.   HAYAKAWA   qui   recevait   l’aide   du   professeur 

SHIBUSAWA étaient  des gens qui  avaient  reçu l’enseignement du professeur YANAGITA,  mais 

depuis  qu’ils   avaient   noué   des   relations   avec   le  Musée,   il   s’étaient  mis  à   ne  quasiment  plus   se 

présenter chez le professeur YANAGITA. Il y avait quelque chose de différent dans l’air qui y flottait  

et cela enrayait les relations153. Cependant, pour moi, les deux professeurs étaient importants, aussi 

avais­je même décidé de rendre visite au professeur chez lui quand je rentrais de voyage, mais au  

début, mes impressions étaient mêlées. Me disant que cela ne devait pas être, qu’il fallait qu’il y eût 

d’étroites   relations   entre   les   deux,   il   m’arriva   de   me   rendre   chez   le   professeur   YANAGITA 

accompagné de M. IWAKURA Ichirô qui était entré au Musée des greniers avant moi »). 

MIYAMOTO Tsunéichi   ajoute  ensuite  qu’il   faisait   l’intermédiaire  entre   les  deux cercles  et  qu’il 

ramenait  certains  des  chercheurs  auprès  du  vieux maître   le   temps  d’une visite  comme  le  montre 

l’exemple ci­dessus. 

Mais un jour : 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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「「「「「「「「「「「155

(« J’eus beau entendre que le professeur YANAGITA lui aussi s’était réjoui du fond du cœur de ce 

que j’avais eu mon doctorat, je n’allai pas lui faire mes civilités. Ayant entendu dire qu’un de mes  

amis atteint d’une maladie de poitrine s’était vu pour cette raison interdire l’entrée [chez lui], je finis 

par m’abstenir moi aussi [d’y aller]. 

Il se trouva quelques personnes pour me dire : « M. MIYAMOTO, c’est parce que dans votre cas, 

c’est différent », mais moi tout seul, je ne pouvais devenir le petit enfant sage [qu’on attendait]. De 

nouveau,   lorsque  mon   aîné  était   entré  à   la   faculté   d’anthropologie   sociale  de   l’Université   de   la 

Communauté  urbaine de Tôkyô  (Tôkyô­toritsu daigaku), le professeur YANAGITA avait dit  qu’il  

s’en réjouissait comme si c’était lui. Là, comme il y avait quelqu’un qui m’avait conseillé d’aller avec 

153 Nous soulignons.154 Nous soulignons.155 MinZokugaku no tabi, p.183.

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mon fils lui faire mes salutations, je lui avais dit :  « Et si nous y allions, hein ? » et lui de faire : 

« [Dis], vieux, moi j’ai rien à voir avec le professeur YANAGITA ! ». Peut­être était­ce par timidité, 

toujours est­il que moi non plus je n’allai pas le voir. Lorsque j’avais eu mon doctorat aussi, je pensais  

aller lui faire mes remerciements, mais, je ne sais pourquoi, les jambes me pesaient. C’est qu’[en fait]  

le fait que mon ami s’était vu refuser l’entrée m’était resté en travers de la gorge . Aussi, je ne revis 

plus le professeur jusqu’à la célébration de son quatre­vingt­huitième anniversaire (beiju) ».)

L’exclusion de ce  jeune chercheur  est  étrange parce qu’en comparaison,  MIYAMOTO Tsunéichi, 

plusieurs fois très malade, ne fut jamais mis à l’écart. 

C’est là que nous émettons une hypothèse156 selon laquelle il y aurait une seconde cause, qui viendrait 

non pas remplacer celle alléguée dans MinZokugaku no tabi, mais s’y ajouter : c’est la désapprobation 

tacite de MIYAMOTO Tsunéichi à l’égard des méthodes de travail de YANAGITA. 

KANZAKI Noritaké 住住住住, dans sa Postface à MinZokugaku no tabi, s’exprime de la façon suivante :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「―「「

「「「「「「「「、 、

「「 「「「「

(« Il était à la fois sceptique et critique devant des recherches ethnographiques qui s’éloignaient de 

« l’expérience et la pratique » qu’il avait pour principe et où prévalait l’idéalisme (kannen). Même 

avec YANAGITA Kunio qu’il regardait d’en bas comme un mentor, conscient de cette différence dans 

la nature de la science, il y eut un moment où il posa une distance. Voilà à l’heure actuelle un point 

qu’on peut envisager. »)157

INNAMI Toshihidé 158, ancien disciple de MIYAMOTO, va dans le même sens, et ce sans émettre le 

moindre doute :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「159

(« Ce que YANAGITA avait  pris  comme sujet  d’étude de  terrain,  c’était   les  villages  en  tant  que 

matrice de transmission, et son intérêt ne se portait pas vers les individus. Même s’il écoutait ce qui 

avait trait aux villages, il n’écoutait pas ce qui avait rapport au locuteur. 

156 Le cartographe et géographe NAKAHIRA Ryûjirô, chercheur en Histoire des toponymes et fils du dernier disciple de YANAGITA qu’il rencontra même à quelques reprises en personne, est du même avis.157 MinZokugaku no tabi, chap. 9, éd. Kôdansha gakujutsu bunko,  Kaisetsu (Postface explicative), p. 242.158 INNAMI Toshihidé 「「「「 (né en 1952) : ethnographe et professeur à l’Université d’Aichi 「「「「.159 Dans un entretien avec SATAO Shinsaku repris dans Miyamoto Tsuneichi to iu sekai (Un monde nommé Miyamoto Tsunéichi), Kôbé, 2004, 319 p., 6ème interview, p. 130.

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Seulement voilà, si l’on ne sait pas ce qui a trait au locuteur, j’ignore ce que l’on peut entendre des  

« villages ». En fait, il devait écouter, mais comme cela s’éloignait de son point d’étude de terrain 

(chôsa kômoku), il n’a pas écrit là­dessus. 

Cependant, dans les œuvres du professeur MIYAMOTO, très tôt est mentionné ce qui concerne le 

narrateur. »)

Et   INNAMI cite   l’exemple de  la  série  d’entretiens  avec  le  vieux SAKON Kumata   住 住 住 住 réalisés 

successivement par YANAGITA et MIYAMOTO. Il aboutit à la conclusion suivante : 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「160

(« L’étude  sur  SAKON Kumata,   le  professeur   [MIYAMOTO]  y  participe  aussi  au  sein  du  cadre 

ethnographique de YANAGITA. Toutefois,  concernant   la posture que l’on peut  observer dans  les 

notes de terrain, on y voit l’influence de SHIBUSAWA Keizô qui fixait son regard sur les modes de 

vie des gens qui ne se posent pas trop de questions (nanige nai hito). Le professeur avait des doutes 

concernant   les   études   de   terrain   « rubriquistes »   (kômoku­shugi­teki   na)161  de   l’ethnographie   de 

YANAGITA. »)

Pour notre part, nous allons plus loin : contrairement à MIYAMOTO Tsunéichi qui a toujours réalisé 

ses propres enquêtes de terrain et ne s’est jamais basé sur un texte qu’il n’en citât l’auteur, il est de 

notoriété publique aujourd’hui que YANAGITA Kunio a réalisé ses études de terrain dans sa jeunesse, 

dans l’appareil que l’on sait et qu’il se sédentarisa assez tôt, prenant l’habitude d’envoyer ses disciples 

réaliser des études de terrain à sa place, et d’oublier de citer leur nom dans ses ouvrages… Ceci est 

confirmé par l’historien KITAYAMA Shigéo 住住住住, qui souligne même le rôle coercitif des réseaux de 

sociétés savantes – la Minkan denshô no kai de YANAGITA était la société savante qui comptait le 

plus de membres de tout le Japon162 – pilotées à leur sommet par un YANAGITA tout puissant, ses 

amis et ses protégés : 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「163

160 Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, p. 130­131.161  Il n’existe pas de terme français propre à rendre le sens de ce mot (kômoku  「「 : article, rubrique, point ;  shugi­teki na  「「「「 : ­ique).  L’auteur veut dire que YANAGITA a des rubriques, des points à étudier en tête, préalablement à l’étude de terrain, en somme des présupposés de détail. Il s’attache trop au sujet qu’il a défini au départ sans s’en écarter, au risque de négliger des tenants et aboutissants et de perdre une partie du sens des phénomènes qu’il observe (ou qui se déroulent devant lui et qu’il néglige de relever).162 La Minkan denshô no kai 「「「「「「 (Réunion sur les transmissions populaires) comptait 937 membres en 1937. Source : KURIYAMA Kazuo cité par SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 6, p. 123.163  Cité   par  SANADA  Yukitaka,  Miyamoto  Tsuneichi   no  densetsu,   chap.   6,   p.   123.  Le   texte  de KURIYAMA figure dans MinZokugaku「「「「「d’AKAMATSU Keisuké 「「「「).

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(« « La mise en ordre et le contrôle des institutions de recherche de province » se poursuivent, les 

membres   de   province   « sont   utilisés,   comme   aspirés   pour   recueillir   leurs   documents »,   « sont 

renversés par de simples rassembleurs de documents » et on peut parler de « sujétion inévitable aux 

chercheurs du centre ». »)

SANADA Yukitaka est explicite : 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「164

(« [Ces documents] deve[naient] ceux du professeur ».)

MIYAMOTO, exempt de toute malveillance, n’a jamais voulu dire quoi que ce soit qui pût causer du 

tort à celui qu’il considéra toute sa vie comme le grand maître de la discipline et préféra se taire et 

évoquer un autre motif, tout aussi vrai et légitime selon nous, à sa prise de distance définitive. 

Pour schématiser, si l’on s’en tient à l’aspect épistémologique, YANAGITA représente l’école de la 

fin du XIXe siècle privilégiant la compilation et l’analyse au fatigant et salissant travail de terrain,  

autrement   dit   l’« intellectuel   de   cabinet »,   l’ethnologue   compilateur,   alors   que   MIYAMOTO, 

l’ethnographe collecteur d’information, s’inscrit  à  la fois dans la modernité  des sciences humaines 

expérimentales et dans une tradition plus ancienne qui remonte au Moyen­Age et se poursuit jusqu’à 

la fin de la période d’Edo, avec les écrivains voyageurs et les junken­shi 住住住 (envoyés du shôgun dans 

les   provinces)   dont   le   plus   illustre   est   FURUKAWA   Koshôken   住 住 住 住 住 *   (1726­1807),   à   qui 

MIYAMOTO Tsunéichi consacra un livre et des chapitres dans d’autres publication. Grande fut aussi  

l’influence  de   l’œuvre  de  SUGAE Masumi   住 住 住 住 (1754­1829)   (cf.   image),  écrivain  voyageur  et 

minZokugakusha avant la lettre qui revient régulièrement dans l’œuvre miyamotienne. 

164 Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 6, p. 124.

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Enfin, le dessein idéologique explicite de YANAGITA ne doit pas être écarté non plus des hypothèses 

tentant d’expliquer la prise de distance de MIYAMOTO.

Pourtant, force est d’admettre pragmatiquement que si MIYAMOTO n’avait pas été officiellement 

adoubé  par le vieux mandarin,   il  n’aurait  probablement  jamais réussi  à  percer dans ce milieu.  Sa 

« compromission », toutefois, ne se fit pas au prix d’un revirement dans son œuvre qui sut s’en tenir à 

son sujet, suscitant peut­être par là l’estime du vieil intellectuel. 

Il est temps à présent d’évoquer la figure la plus importante dans la vie et l’œuvre de MIYAMOTO, 

son véritable maître, SHIBUSAWA Keizô.

β. SHIBUSAWA Keizô 、、、、 (1896­1963)

Nul être n’eut une influence aussi grande que SHIBUSAWA Keizô sur la vie professionnelle et la 

pensée de MIYAMOTO Tsunéichi qui écrivit sur lui le plus long de ses ouvrages consacrés à l’étude 

d’une personne (485 pages)165, devant SUGAE Masumi et NODA Senkôin. Petit fils de SHIBUSAWA 

Eiichi 住住住住(1840­1931) (le fondateur du capitalisme moderne au Japon), directeur de banque166, homme 

d’affaire, un temps Ministre des finances du gouvernement de SHIDEHARA Kijûrô 住住住住住 (1872­1951) 

dans l’immédiat après­guerre, chercheur occasionnel et fondateur de l’Achikku myûzeamu (Le musée 

des greniers), SHIBUSAWA Keizô connut aussi la gêne sur ses derniers jours, après son licenciement 

165 Shibusawa Keizô, Tôkyô, Kôdansha, Nihon minZoku bunka taikei 3, juin 1978, rééd. Dans OM L à paraître.166 Les Dai­chi ginkô 「「「「, Tôkyô chochiku ginkô 「「「「 et Shibusawa sôko 「「「「.

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de la fonction publique. Dans l’opulence, il utilisait son argent pour aider ses amis 167 et procurer du 

travail à de jeunes chercheurs qu’il employait dans son musée. Les avis sont unanimes qui saluent sa 

prodigalité et son train de vie assez simple et nullement ostentatoire. 

Pour MIYAMOTO,  SHIBUSAWA fut tout à la fois un  sempai  住 住 (aîné  travaillant dans la même 

branche), un sensei 住住 (professeur), un oyabun 住住 (homme ayant l’âge de votre père et se chargeant de 

vous   former  et  de  vous  conseiller)  et  un  patoron  住 住 住 住 (patron  paternaliste),  voire  une sorte  de 

« gourou » personnel. Depuis leur rencontre jusqu’à la mort de SHIBUSAWA, celui­ci ne cessa, non 

seulement de former et de conseiller MIYAMOTO Tsunéichi, mais aussi de le diriger, lui donnant des 

missions et des « devoirs »168 et de le financer, de le loger, le traitant à la fois comme un disciple, un 

enfant et un employé, n’hésitant pas à le morigéner, non sans humour si l’on considère la scène d’un 

point de vue extérieur, bien que ce dut être douloureux pour le chercheur. Dans MinZokugaku no tabi 

(Le voyage ethnographique), MIYAMOTO Tsunéichi évoque la grande colère du maître et donne des 

exemples de son caractère à la fois bienveillant et un peu autoritaire. 

En 1953, après être sorti de maladie (la tuberculose), MIYAMOTO se voit proposer par le Ministère 

au plan économique une place au  Zenkoku ritô shinkô taisaku shingi iinkai  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Comité 

délibératif pour des mesures de développement économique des îles éloignées. 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「169

(« Sans refuser complètement, par précaution je réservai ma réponse et lorsque je demandai conseil au 

professeur, « Ta santé ne t’est donc pas précieuse ?! » fit­il, pris de fureur. Que ce soit avant ou par la 

suite, ce fut la seule fois où je me vis admonesté en criant. Puis, je m’entendis dire : « Je t’assigne à 

résidence.   Je   t’interdis   de   voyager   sans   mon   autorisation,   et   t’interdis   d’accepter   un   travail   de 

l’extérieur ». »)

Les autres chercheurs se moquèrent gentiment de lui, le qualifiant de hako­iri musuko 住住住住住170 (fils bien 

gardé, comme dans une boite). 

167 Certains se montrèrent même ingrats, notamment son ami l’économiste OOUCHI Hyôe 「「「「 (1888­1980) pour qui il avait créé un poste après qu’OOUCHI s’était retrouvé impliqué dans un scandale. SHIBUSAWA   ne   s’en   plaignit   jamais.   NAGAHAMA   Isao,  Hôkô   no   manazashi :   Miyamoto Tsunieichi no tabio to gakumon, chap. II, 5, p. 62.168 Comme le rapporte le libraire ISHIODORI Kazunori 「「「「, ancien disciple de MIYAMOTO dans une interview avec SATAO Shinsaku 「「「「「 publiée dans Miyamoto Tsuneichi to iu sekai  「「「「「「「「「「「 (Un monde appelé Miyamoto Tsunéichi), Kôbé, Mizunowa shuppan, 2004, Interview 4 du chapitre II, p. 92 : 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (« Il m’a dit aussi, je crois, qu’il avait des sortes de devoirs que lui donnait SHIBUSAWA Keizô et qu’il devait faire des recherches dans l’immédiat »).169 MinZokugaku no tabi, chap. 9, éd. Kôdansha gakujutsu bunko, p. 101.170 MinZokugaku no tabi, chap. 9, éd. Kôdansha gakujutsu bunko, p. 101.

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MIYAMOTO   relève   même  ensuite  la   leçon   que   son   maître   lui   donnait   dans   ses   fréquents 

emportements ou pour se moquer de lui. 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「171

(« « Je serai ta digue172. Toi, si tu n’avais pas de digue, tu te briserais tout de suite », voilà ce que je me 

fis dire jusqu’à sa mort ».)

SHIBUSAWA, pour sa défense, ne fut pas le seul à donner des surnoms à son protégé. D’autres avant 

lui l’avaient habitué à cet usage : un professeur de littérature qui l’appelait l’« homme sans freins » 

(burêki no nai otoko 住住住住住住住住), un autre le « tonneau non cerclé » (taga no shimaranai oke 住住住住住住住住住) et 

un professeur de philosophie qui allait jusqu’à le surnommer « l’homme­caramel » (kyarameru no yô  

na otoko 住住住住住住住住住住). 

Tous ceux qui ont connu MIYAMOTO Tsunéichi évoquent sa volubilité passionnée. Il pouvait passer 

une journée et la nuit entière à parler. A ce propos, il évoque comment son maître manifesta un jour 

son agacement à cet égard :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「173

(« Je rentrai de mon premier voyage, et après en avoir fait rapport pendant trois nuits d’affilée, « Tu as 

enfin fini ? », me dit le professeur ; je fus alors à la fois déçu, et je me dis que j’avais beaucoup causé. 

Cependant, c’était parce qu’il ne m’avait pas interrompu, m’écoutant tout en opinant du chef comme 

un marteau. Et je pensai que je devrais parler avec un peu plus de concision ».)

Ce fut SHIBUSAWA qui, en 1935 vraisemblablement, enjoignit MIYAMOTO Tsunéichi de partir 

étudier les villages : 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「174

(« A   l’Achikku,   nombreux   sont   ceux   qui   font   des   recherches   sur   l’Histoire   de   la   pêche,   mais 

concrètement ce qu’on appelle les villages de pêcheurs, quel genre de chose est­ce ? Quel genre de 

structures ont­ils ? Quel genre de vie y mène­t­on ? Ceux qui connaissent concrètement ces choses 

171 MinZokugaku no tabi, chap. 9, éd. Kôdansha gakujutsu bunko, p. 101.172  « Revanche   de   l’Histoire »,   si   l’on   veut,   l’un   des   disciples   de   MIYAMOTO,   TAKAMATSU Yoshikichi  「「「「 (professeur à la Sagami joshi daigaku  「「「「「「 (Université pour filles de Sagami) et Directeur du Nihon kankô bukna kenkyûjo) verra en son maître une « digue » des cultures des îles menacées par l’exode rural et l’homogénéisation consumériste.  « Bôhatei »「「「「「 ,  Shima「「「「 (Ile(s)), n°106, recueilli dans Miyamoto Tsuneichi / Dô­jidai no shôgen 「「「「「「「「「「「「「「 (Miyamoto Tsunéichi : Témoignages d’époque), Miyamoto Tsuneichi tsuitô bunshû (coll.), 2ème tome (zoku 「), p. 18.173 MinZokugaku no tabi, chap. 9, éd. Kôdansha gakujutsu bunko, p. 101­102.174 MinZokugaku no tabi, chap. 8, éd. Kôdansha gakujutsu bunko, p. 92.

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sont rares. Vu que tu as grandi au bord de la mer, ne m’écrirais­tu pas une étude sur la vie quotidienne 

concrète des villages de pêcheurs ? »)

Il  faut  préciser que SHIBUSAWA, avant de s’intéresser à   la vie des campagnes,  se destinait  à   la 

zoologie, particulièrement aux poissons, d’où son surnom de « Saigyodô 住住住 » (Grotte des poissons de 

la fête). Il n’abandonnera pas tout à fait l’étude des poissons puisque, comme nous y reviendrons, il en 

étudia les noms (gyomei 住住, ichtyonymes, noms de poissons).

MIYAMOTO suivit le conseil et rentra dans son village pour l’étudier, ainsi que les autres localités de 

Suô  Ooshima et  des   îles  environnantes.  Une   fois   son   travail  de   terrain  accompli,   il   s’attela   à   la 

rédaction de ce qui allait être son premier livre, publié par l’Achikku myûzeamu,  Suô Ooshima wo 

chûshin to shitaru umi no seikatsu­shi住住住住住住住住住住住住住住住住住住(Passage en revue de la vie quotidienne à la mer 

autour de Suô Ooshima).

L’instant où SHIBUSAWA prononça les paroles sus­citées fut donc capital : il décida de la suite de la 

carrière de MIYAMOTO. Ce fut  ainsi  qu’il  commença d’établir  des bases sur lesquelles le jeune 

homme allait bâtir une carrière de chercheur.

Dans son article consacré à MIYAMOTO et insolemment intitulé « Mon parasite est le premier du 

Japon » (« Waga shokkaku ha Nippon­ichi » 住住住住住住住住住住 )175, SHIBUSAWA place MIYAMOTO parmi 

ses trois meilleurs élèves aux côtés de SAKURADA Katsutoku 住住住住 et d’IWAKURA Ichirô 住住住住. 

Mais   ce   fut   aussi   lui   qui   lui   interdit   d’accepter   un   poste   de   professeur   dans   une   université   de 

Mandchourie,   empêchant   son   protégé   d’étendre   ses   investigations   à   l’étranger176.   Il   voulait 

premièrement  que MIYAMOTO finisse préalablement l’étude du Japon avant d’étendre son champ 

d’investigation à l’étranger (et ainsi prévenir toute dispersion dans le travail de son disciple à l’étendue 

déjà extrêmement large), mais aussi, deuxièmement, éviter à son naïf élève d’être mis en présence 

d’une institution coloniale comme l’Université pour la construction du pays en Mandchourie et de 

fréquenter des personnes peu recommandables, ce qui aurait pu lui être reproché par la suite177. Car 

SHIBUSAWA, considérant froidement la situation, prévoyait la défaite178 et avait réussi à convaincre 

MIYAMOTO179  qui   n’hésitait   pas  à  évoquer   en   classe   cette  perspective   ainsi   que   la  période  de 

175 Republié in SANO Shin’ichi (dir.), Miyamoto Tsuneichi Tabi suru minZokugakusha, p. 78.176 MinZokugaku no tabi, chap. 9, Kôdansha gakujutsu bunko, p. 96. Episode également évoqué dans son Shibusawa Keizô.177 NAGAHAMA Isao, Hôkô no manazashi : Miyamoto Tsunieichi no tabio to gakumon, chap. III, 3, p. 86.178 NAGAHAMA Isao, Hôkô no manazashi : Miyamoto Tsunieichi no tabio to gakumon, chap. III, 3, p. 87.179 « Shomin no negai »「「「「「「「(« La requête du petit peuple »), 1955, OM 21, cité par NAGAHAMA Isao, Hôkô no manazashi : Miyamoto Tsunieichi no tabio to gakumon, chap. III, 5, p. 97.

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reconstruction,   insistant   sur   la   dignité   dans   la   défaite   et   l’attitude   constructive   à   avoir,   sans 

ressentiment180.

Si l’on fait le bilan de la relation entre les deux hommes, elle est très positive. Le grand organisateur a  

su tirer du jeune chercheur le maximum, non dans son intérêt ni celui de l’Achikku, mais dans celui du 

savoir, d’une façon désintéressée. Un même amour de la science et une relation amicale proche de la 

relation père­fils les lia jusqu’à la fin.

MIYAMOTO   Tsunéichi,   jusqu’au   bout   d’une   obéissance   et   d’une   loyauté   qui   pourraient   laisser 

perplexe si l’on ne connaissait pas la vie des deux hommes, n’entreprit rien à l’étranger du vivant de 

son maître et ce ne fut qu’en 1975, à l’âge de 67 ans, et sur sollicitation des jeunes chercheurs de 

l’Ecole d’expédition Amukasu181 qu’il accomplit le premier de ses quatre voyages hors du Japon, en 

l’occurrence au Kenya et en Tanzanie. 

De SHIBUSAWA en tant  que chercheur  il  nous  reste  cinq  épais volumes d’œuvres complètes et 

surtout une activité de créateur et d’« organisateur », qui faisait l’admiration de MIYAMOTO. Ainsi 

résume­t­il l’œuvre de son maître à l’occasion d’un bilan, rendu possible par sa disparition, ainsi que 

celles de YANAGITA, et d’ORIKUCHI Shinobu :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「182

(« Le   professeur   SHIBUSAWA   instaura   plutôt,   en   tant   qu’organisateur,   des   conditions   qui 

permettaient la recherche à de nombreux étudiants­chercheurs. Pourtant, tout en occupant ses jours en 

tant qu’homme d’affaires183, il utilisait son temps libre et versait toute son énergie dans des recherches 

sur les objets traditionnels du peuple (les mingu), le nom des poissons ainsi que sur les rouleaux peints 

(emakimono).   En  particulier,   grande   était   la   ferveur   qu’il   dépensait   pour   l’épanouissement  de   la 

science voisine de la minZokugaku qu’était l’ethnologie. En tant que président de la Société japonaise 

d’ethnologie, il se consacra à la coopération au sein des Rencontres des neuf disciplines (Kyû gakkai), 

conseilla pour les travaux de groupe et s’employa à la formation d’étudiants dont la vision était aussi 

large que le cœur. »)

180 « Shomin no negai », cité par NAGAHAMA Isao,  Hôkô no manazashi : Miyamoto Tsunieichi no  tabio to gakumon, chap. III, 3, p. 88 et le témoignage d’un ancien élève, IWAI Hiroshi 「「「, p. 90.181  Amukasu :   anagramme  japonais   (A.M.K.A.S.)  d’« Aruku  Miru  Kiku  Amêba  Shûdan »   (Groupe amiboïde d’Aruku miru kiku (Marcher, regarder, écouter)).182 MinZokugaku he no michi, p. 135.183 Chaque matin, SHIBUSAWA lisait et faisait ses recherches deux heures avant de partir au travail. Il  rentrait tard le soir. Il passait ensuite au musée pour y travailler et ne retournait dans ses quartiers que  vers les 2 ou 3 heures du matin. SHIBUSAWA Masahidé 「「「「, Chichi Shibusawa Keizô「「「「「「「「(Mon père Shibusawa Keizô), Jitsugyô no Nipponsha, Shôwa XLI (1966).

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Que ce soit  à  la lecture de témoignages le concernant ou de l’œuvre même de SHIBUSAWA, on 

s’aperçoit que sa conception de la minZokugaku s’opposait à celle de YANAGITA plus qu’elle ne la 

complétait. On peut résumer ces minZokugaku en trois points : 

Premièrement,  YANAGITA a  fait   la  minZokugaku  du cœur  (kokoro no minZokugaku  住 住 住 住 住 )  et 

SHIBUSAWA celle des choses (mono no minZokugaku  住住住住住). Le vieil intellectuel identitaire partait 

de postulats (la mission du Japon, l’âme japonaise supérieure) et orientait ses recherches en tentant  

non de le vérifier, mais de le confirmer, alors que SHIBUSAWA l’homme d’affaires pragmatique 

partait  des objets matériels  qu’on lui  rapportait  et s’interrogeait  sur  leur raison d’être et  ce qu’ils 

révélaient de la vie quotidienne sans laisser ses opinions politiques interférer. 

Deuxièmement,   SHIBUSAWA   a   été   un   pionnier   de   l’interdisciplinarité,   favorisant   le   dialogue 

scientifique   avec   les   disciplines   voisines   que   sont   l’ethnologie   de   l’extérieur,   l’anthropologie, 

l’archéologie,   la   linguistique,   l’étude   des   religions   etc.184  alors   que   YANAGITA   a   maintenu   sa 

minZokugaku dans un dédaigneux isolationnisme scientifique.

Troisièmement, SHIBUSAWA aspirait à une minZokugaku internationale, comprenant à la fois l’étude 

du Japon et l’étude de l’étranger185 dont s’occupait déjà l’ethnologie. Mais à toutes fins pédagogiques, 

et non idéologiques, l’étude du Japon devait précéder l’étude des autres pays.

SHIBUSAWA rencontra YANAGITA pour la première fois dans un train, et ce de manière fortuite. 

YANAGITA (40 ans) était déjà assez célèbre et le jeune SHIBUSAWA (17 ans) lui fit ses salutations 

émerveillées186.   Par   la   suite,   lorsque   l’Achikku   commença   a   faire   parler   dans   le   monde   de   la 

minZokugaku,   YANAGITA   ne   cacha   pas   son   léger   mépris   pour   cette   structure   qu’il   taxait 

implicitement d’amateurisme. 

MIYAMOTO jouait un peu le rôle de « pont », de « relais » (hashiwatashi  住 住 住 187) entre les deux 

hommes et leurs institutions respectives. Il était en effet le seul à être membre des deux sans chercher 

à attiser les tensions, mais bien plutôt à les concilier. Malgré ses efforts, ils n’y parvint pas et il lui  

fallut faire son choix. Comme on le devine, ce fut SHIBUSAWA. Le pragmatisme l’emportait sur 

l’idéologie. 

A propos de SHIBUSAWA, se pose la question du financement des recherches de MIYAMOTO. 

Le financement des recherches de MIYAMOTO Tsunéichi

184 SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 9, p. 190­191.185 NAGAHAMA Isao, Hôkô no manazashi : Miyamoto Tsunieichi no tabio to gakumon, chap. III, 4, p. 95.186 NAGAHAMA Isao, Hôkô no manazashi : Miyamoto Tsunieichi no tabio to gakumon, chap. II, 5, p. 61.187 Expression de YAMADA Takao  「「「「 , membre de la Kinki minZoku gakkai   「「「「「「 (Société des études en minZokugaku du Kinki), in « Shidô ichinyo »「「「「「「(« L’identique dans la voie la loyauté ») et « An’etsu junro »「「「「「「(« Sincérité sans artifices d’une joie paisible »).

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Même si la minZokugaku est loin d’être la science la plus onéreuse, elle requiert comme toute 

recherche de terrain des fonds pour le transport, l’hébergement et la nourriture, l’acquisition et le 

transport de matériel et d’objets, sans compter le salaire des chercheurs bien entendu. Or 

MIYAMOTO, s’il fut loin d’avoir bénéficié des crédits suffisants pour ses recherches, réussit 

cependant à les mener bon an mal an. Pour cela il sut varier les financements et surtout prendre sur lui 

pour faire « avec les moyens du bord », faisant notamment appel à la générosité des populations 

locales. C’est ainsi qu’il fut hébergé par de nombreuses familles qu’il rencontrait lors de ses études de 

terrain. Les frais de logement étaient économisés, car sauf climat particulièrement rude, et à défaut 

d’un futon chez l’habitant, il savait se contenter du bivouac à la belle étoile. Quid de sa famille ? 

MIYAMOTO la laissa à plusieurs reprises à Osaka, puis à Suô, et à cette deuxième époque, elle 

s’occupa d’activités agricoles qui assurèrent son autonomie alimentaire. Même dans le pire des cas, les 

MIYAMOTO ne mourraient pas de faim. 

On sait aussi que l’essentiel des revenus de MIYAMOTO étaient assurés par ses livres. Il écrivait donc 

poussé à la fois par le désir de diffuser son savoir et par la nécessité économique. Il ne jugeait pas tous 

ses ouvrages de la même valeur, mais nous ignorons le détail de ceux qui trouvaient ou non grâce à ses 

yeux. L’anecdote est parfois racontée selon laquelle lors de la remise du « Prix Kon Wajirô » en 1977, 

MIYAMOTO reprocha inexplicablement à ceux qui le décoraient d’accorder trop d’importance à ses 

œuvres alimentaires, « du caca » selon lui188, sans préciser lesquelles.

En outre la collecte et le transport des objets destinés à constituer un fond d’objets ethnographiques 

(sur lesquels nous reviendrons dans la seconde partie) furent assurés bénévolement avec le concours 

des habitants (de Kuka notamment). 

Du côté des financements extérieurs, le premier à citer est celui de son mentor SHIBUSAWA. 

Disposant d’une importante fortune personnelle, il donnait ses directives et une enveloppe à son 

protégé qu’il envoyait faire son terrain pour le compte de l’Achikku myûzeamu.

Par la suite, MIYAMOTO fut membre de sociétés savantes publiques. Elles financèrent certaines de 

ses recherches.

Enfin, des sociétés privées firent appel à ses talents pour des missions ponctuelles rémunérées. (ex. : 

188「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (« Dans son allocution lors de la réception du Prix Kon Wajirô,  MIYAMOTO Tsunéichi  eut  les mots suivants :  que s’il  avait écrit beaucoup de phrases, c’était pour manger, et que celles­ci étaient quelque chose comme sa crotte ».) « Miyamoto Tsuneichi chosaku mokuroku »「「「「「「「「「「 , (Nihon kankô bunka kenkyûjo 「「「「「「「「「 , 1988), cité dans SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 13, p. 309. Citation originale :「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (« Moi, pour bouffer, j’ai écrit des livres. C’est comme si vous, Mesdames et Messieurs, vous étiez en train de lécher la crotte qui s’est accumulée dans mon ventre. Dans la mesure du possible, j’aimerais que vous ne lisiez pas ce genre de  choses »). Postface de KADZUKI Yôichirô   「 「 「 「 「 à  Sora kara no minZokugaku  de MIYAMOTO Tsunéichi, 2001, p. 233.

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participation comme consultant à une série de documentaires pour la télévision sus­citée). 

Au final, il semble que MIYAMOTO ait essentiellement vécu de ses livres, les financements qu’il 

recevait servant surtout à équilibrer les comptes à l’occasion de ses études de terrain. 

2) les confrères et les groupes de recherchesMIYAMOTO, revenu de ses voyages le plus souvent solitaires, au moins jusqu’à   la cinquantaine, 

fréquentait de nombreux collègues et participait à un nombre surprenant de sociétés savantes.

- a. Les confrères :

Dans  MinZokugaku he no michi  (La voie vers  la  minZokugaku),  qui  fait  un peu office de grande 

introduction à son œuvre189, MIYAMOTO consacre un sous­chapitre aux prédécesseurs et confrères : 

« Kenkyûsha   to   sono   shuyô   chosho »   「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (« Les   chercheurs   et   leurs   principales 

publications »)190.   Il   y  distingue   trente­deux  personnes191,   dont   il   se   contente  de   citer   les  œuvres 

principales en listes brèves. Seul YANAGITA Kunio a droit à un traitement de faveur et au lieu des 

deux ou trois lignes allouées à ses confrères, voit ses œuvres citées sur trois pages. 

189 Ce n’est pas un hasard si cette œuvre fut choisie pour figurer dans le premier tome des Œuvres de MIYAMOTO aux éditions Miraisha (cf. Bibliographie en fin de volume).190 MinZokugaku he no michi, IIIe partie, chapitre I (« Nihon minZokugaku kankei ichiran »「「「「「「「「「「「(« Aperçu en rapport avec la minZokugaku »)) éd. Miraisha p. 143.191 Pour mémoire, voici la liste dans l(e dés)ordre de MIYAMOTO. Nous faisons figurer en gras les noms qui nous apparaissent comme importants : 1. ARUGAKI Saémon 「「「「「「 ; 2. INAMI Fuyû 「「「「 ; 3. Iwakura Ichirô 「「「「 ; 4. ORIKUCHI Shinobu 桧桧桧桧 ; 5. KODERA ?Yûkichi ? 「「「「 ;  6. OOMACHI Atsuzô 「「「「「 ; 7. GOTÔ Kôkichi 「「「「 ; 8. KON Wajirô 桧桧桧桧 ; 9. SAKURADA Katsutoku 「「「「 ; 10. SASAKI Kizen 「「「「「 ; 11. SAWADA Shirôsaku 「「「「「 ; 12. SEKI Keigo 桧桧桧 ; 13. SEGAWA Kiyoko 「「「「 ; 14. TAKAGI Toshio 「「「「 ; 15. TAKAHASHI Buntarô 「「「「「 ; 16. TAKEUCHI Toshimi 「「「「 ; 17. DEGUCHI Yonékichi 「「「「 ; 18. NAKAYAMA Tarô 「「「「 ; 19. NISHITSUNO’I Masayoshi 「「「「「 ; 20. NODA Tayoko 「「「「「 ; 21. HASHIRUA Yasuo 「「「「 ; 22. HAYAKAWA Kôtarô  桧桧桧桧桧 ; 23. HORI Ichirô 「「「 ; 24. MINAKATA Kumagusu 桧桧桧桧 ; 25. MIYANAGA Masamori 「「「「 ; 26. MIYAMOTO Seisuké 「「「「 ; 27. MATSUMURA Takéo 「「「「 ; 28. MOTOYAMA Keisen 「「「「 ; 29. YAMAMOTO Shô 「「「 ; 30. YAMAGUCHI Asatarô 「「「「「 ; 31. YANAGITA Kunio 桧桧桧桧 ; 32. WAKAMORI Tarô 「「「「「. Dans les sous­chapitres suivants, MIYAMOTO fera la liste des revues et des publications collectives. 

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Le nom de  MINAKATA Kumagusu   宮 宮 宮 宮 (1867­1941)192  est  heureusement  cité.  On attribue à 

YANAGITA la  création de  la  minZokugaku  à  partir  des  kokugaku  住 住 (études  nationales)  et  des 

ethnologies occidentales. Mais on oublie le rôle de précurseur que joua MINAKATA de huit ans son 

aîné. MINAKATA avait commencé par étudier la biologie et avait fait des études en Angleterre et aux 

Etats­Unis. Puis il avait étudié l’allemand, la botanique et la zoologie. Employé au British Museum, il 

rédige de nombreux essais en anglais et en japonais. De retour au Japon, il étudie en même temps les 

myxomycètes   (sortes  de  moisissures)  et  ce  qui  allait  devenir   la  minZokugaku193.  Ses  œuvres   (par 

exemple Jûni­shi kô「「「「「「(Pensées sur les douze signes chinois), Minakata kanwa「「「「「「Conversations 

familières  de  Minakata)   furent   assez   lues  de   son  vivant  et  marquèrent  YANAGITA  tout  comme 

SHIBUSAWA qui créa même en 1947 la Minakata sosaeti 「「「「「「「「「「 (Société Minakata) dont il fut le 

président et qui organisa en 1951 la première exposition consacrée à MINAKATA.

En l’état actuel des recherches, on ignore si MIYAMOTO l’a rencontré,  et  toujours est­il que son 

influence  est   tangible,  bien  que  probablement   livresque,  ne   serait­ce  que  grâce  à  SHIBUSAWA. 

Rencontre manquée, qui sait ? Et c’est dommage, car que de points communs entre le jeune chercheur  

et le vieux défricheur, plus qu’avec le pontifiant YANAGITA et l’autoritaire SHIBUSAWA. Trop 

semblables peut­être… Qui sait si MIYAMOTO en aurait été aussi stimulé qu’il le fut par les deux 

personnalités sus­citées, probablement plus fortes. Peut­être avait­il justement besoin de ces hommes 

forts pour lui fournir un cadre, des règles, quitte à les transgresser dans la maturité (interdiction du 

voyage à l’étranger notamment).

α. ORIKUCHI Shinobu 、、、、194 : 

(1887­1953)  Cet  auteur,  qui  lui  non plus n’a guère fait   l’objet  d’études en  langue française, s’est 

intéressé  à   l’étude   des   contes   tout   autant   qu’à   celle   de   la   langue   elle­même   et   de   la   littérature 

classique, dans le droit fil des kokugakusha 「「「 (spécialistes des études nationales). 

MIYAMOTO divise son œuvre en six parties :

1/ les transmissions périodiques (shûki denshô  住 住 住 住 ) : évènements saisonniers cérémoniels (nenchû  

gyôji 住住住住) ;

192 Pour plus de précisions, nous renvoyons à TSURUMI Kazuko 「「「「 , Minakata Kumagusu, Chikyû  shikô no hikaku­gaku「「「「「「「「「「「「「「「 (Minakata Kumagusu : Comparatisme des tendances du globe), Tôkyô, Kôdansha gakujutsu bunko, 1981, rééd. 2004, 318 p..193 Il noua même de cordiales relations avec SUN Yatsen 「「「 (vrai nom : SŪN Wén 「「) (1866­1925) alors en exil au Japon. Ils correspondaient en anglais.NAKASE Hisaharu 「「「「 & HASEGAWA Kôzô 「「「「「, Minakata Kumagusu arubamu「「「「「「「「「「(Album Minakata Kumagusu), Tôkyô, Yasaka shobô, 2004, 200 p.. Voir en particulier les p. 68­69.194 Qu’on veillera à ne pas confondre avec HORIGUCHI Daigaku 「「「「 (1892­1981) (poète, spécialiste de   littérature   française   et   traducteur),   comme   l’avait   fait   un   jour   une   interprète   à   cause   de   la ressemblance phonétique des deux noms de famille.

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2/ les transmissions d’évènements cérémoniels de la vie (gyôji denshô  住住住住) : cérémonie de majorité, 

mariage et funérailles (kan­kon­sô­sai 住住住住) ;

3/ les transmissions de mots (gengo denshô 住住住住) : chants (kayô 住住), incantations (tonaegoto 住住住住), récits 

(katarimono 住住住) ;

4/ les transmissions de comportement (kôdô denshô  住 住 住 住 ) : actes dus au hasard, comportements de 

réaction (gûzen­teki.handô­teki kôi 住住住住住住住住住) ;

5/   les   transmissions  plastiques   (zôkei   denshô  住 住 住 住 ) :   qui   concernent   l’architecture   et   les  objets 

subordonnées (teshita mono 住住住) etc. ; 

6/ les transmissions artistiques (geijutsu denshô 住住住住) : musique, danse (buyô 住住).195

MIYAMOTO ne manque jamais de le citer parmi les auteurs qu’il estime importants, pourtant, il est 

un de ceux qu’il commente le moins. Peut­être n’a­t­il simplement rien à rajouter aux recherches sur la 

foi populaire et les contes dans lesquelles son contemporain s’est illustré, domaines et approche plus 

abstraits que ceux que traitait MIYAMOTO, davantage liés à la vie matérielle et sociale. Lorsqu’il 

arrivait   à   MIYAMOTO   de   parler   de   religion196,   ce   n’était   jamais   pour   se   livrer   à   des   analyses 

anthropologiques, mais davantage pour décrire le phénomène dans sa matérialité (Histoire du culte, 

manifestations matérielles, objets du culte, étymologie des termes utilisés etc.). 

Les   recherches   d’ORIKUCHI   sur   la   mythologie197  sont   aujourd’hui   encore   estimées   par   des 

ethnologues et anthropologues de renom comme TANIGAWA Ken’ichi qui étudia aussi l’œuvre de 

YANAGITA, notamment dans le cadre de ses recherches sur l’Autre monde198. 

Quant à son œuvre de poète, elle fascine toujours au point qu’un poète contemporain, YOSHIMASU 

Gôzô 住住住住 (né en 1939), organisa même une série de conférences199 pour présenter sa pensée. 

β. HIMEDA Tadayoshi 、、、、 : 

(Né en 1928) La collaboration avec le jeune documentariste nécessite une réflexion particulière. Nous 

en parlerons donc dans la partie consacrée à MIYAMOTO Tsunéichi et l’image.

γ. AMINO Yoshihiko 、、、、 : 

195 MinZokugaku he no michi, p. 57.196 Et, à l’échelle de l’œuvre de MIYAMOTO, un thème secondaire représente tout de même plusieurs centaines de pages. 197 Par exemple dans Kodai kenkyû 「「「「「「 (Recherches sur l’Antiquité).198 TANIGAWA Ken’ichi   「 「 「 「 ,  Tokoyo­ron 「 「 「 「 「 (De l’Autre monde), Tôkyô, Kôdansha gakujutsu bunko, 1ère éd. 1989, 286 p..199 YOSHIMASU Gôzô fit d’ailleurs deux interventions à l’Université Jean Moulin Lyon III.

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(1928­2004) Encore inédit en français, l’historien ayant réalisé et porté presque seul la rénovation de 

l’Histoire était une personnalité de premier plan qui comprit très vite que MIYAMOTO Tsunéichi 

n’était pas un folkloriste comme les autres et que son parcours non académique n’entravait en rien sa 

crédibilité   de   chercheur.   Il   fut   particulièrement   sensible   à   sa   manière   sincère   de   présenter   ses 

recherches, à la transparence avec laquelle elles étaient conduites et à ses illuminations scientifiques 

tardives sur l’origine des Japonais, telles qu’elles figurent dans son œuvre inachevée : Nihon bunka no 

keisei et qui seront présentées en détail dans la deuxième partie de cette étude. 

Mais reprenons depuis le début. AMINO Yoshihiko part d’un constat : les historiens ne font l’Histoire 

que des  forts,  c’est  à  dire  les guerriers,   les  nobles de Cour et   les  dignitaires  religieux.  La masse  

restante des Japonais n’a jamais fait l’objet d’études historiques spécifiques. Devant l’énormité de la 

tâche, car c’est avec lui que tout commence, il décide de cibler son domaine de recherches : ce sera la 

ville. 

Les deux hommes se rencontrèrent au Nihon jômin bunka kenkyûsho (Centre de recherches sur les 

cultures populaires du Japon)200 après­guerre, mais leurs échanges n’avaient rien à voir avec le contenu 

de leurs recherches et AMINO, de vingt­et­un ans le cadet de MIYAMOTO, ne chercha pas  à s’y 

intéresser à  ce moment­là,  malgré  les bons échos qu’il  en avait par des collègues communs201.  Sa 

découverte de l’univers intellectuel miyamotien fut donc entièrement livresque, comme il l’écrit lui 

même, non sans regret202. Mais une fois entré dans cette œuvre, AMINO n’en ressortira plus. Il fut 

particulièrement   influencé   par   l’importance   que   MIYAMOTO   accordait   aux  mingu  (objets 

ethnographiques   populaires   traditionnels)203  sur   lesquels   nous   reviendrons   plus   en   détail   dans   la 

seconde partie et intégra l’étude des mingu à son Histoire, confirmant ainsi l’existence d’un pont entre 

les deux disciplines.

MIYAMOTO, de son côté, lisait les publications de l’historien et le cita à quelques reprises dans ses 

oeuvres avec un grand respect. 

200 Nihon jômin bunka kenkyûsho 「「「「「「「「「 : ancien Achikku myûzeamu  「「「「「「「「「「「 (Musée des greniers) fondé par SHIBUSAWA Keizô.201 AMINO Yoshihiko, « Shitadzumi no sekai ni sosogareta me »「「「「「「「「「「「「「「(« Un regard jeté sur un monde subalterne »),  in Asahi shimbun, Tôkyô,  3 février 1981, éd. du soir,  repris dans  Miyamoto Tsuneichi – Dô­jidai no shôgen, mai 1981, rééd. Matsuno shoten, jan. 2004 et dans SANO Shin’ichi (dir.), Miyamoto Tsuneichi : Tabi suru minZokugakusha, Tôkyô, 2005, p. 28.202 AMINO Yoshihiko, « Shitadzumi no sekai ni sosogareta me », p. 28.203「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「(« TANIGAWA :   SHIBUSAWA,   MIYAMOTO   et   AMINO   dont   je   parle   estimaient   les  mingu  (objets ethnographiques populaires) et ce genre d’« objets » et les étudiaient par ailleurs, mais YANAGITA et ORIKUCHI, sans se préoccuper d’une quelconque façon des  mingu,  traitaient alors de l’anima, de l’âme etc.,  de ce que l’œil  ne peut  voir  et  des mots. »)  TANIGAWA Ken’ichi  s’entretenant  avec SANO Shin’ichi, in SANO Shin’ichi (dir.), Miyamoto Tsuneichi / Tabi suru minZokugakusha, p. 69.

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Ce ne sera pas sans satisfaction qu’AMINO verra MIYAMOTO s’intéresser à la campagne et la traiter 

en partie en historien. A elles deux, leurs œuvres se complètent admirablement et offrent un panorama 

quasiment exhaustif de l’Histoire japonaise, qui plus est presque contemporain. 

Survivant  vingt­ans  à  MIYAMOTO,  AMINO aura   le   temps  d’écrire  un   livre204  consacré   au  chef 

d’œuvre de MIYAMOTO, Wasurerareta Nihonjin205 (dont le chapitre sur le « Tosa Genji » 住住住住住住(« Le 

Genji206  de Tosa »)  lui avait fait une forte impression). Il lui avait déjà consacré un chapitre de son 

ouvrage  Chûsei saikô207  (Repenser le Moyen­Age) résumant sans ambiguïté la place essentielle que 

l’œuvre de MIYAMOTO occupa dans son choix de carrière : 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「208

(« Concernant mes théories méthodologiques en Histoire, si je n’avais pas rencontré M. MIYAMOTO, 

je n’aurais absolument pas pu les bâtir. »)

- b. Les groupes de recherche et de réflexion et autres sociétés savantes.

Il est difficile de faire le compte de toutes les sociétés savantes dont MIYAMOTO fut membre209. Leur 

grand  nombre   laisse  penser  qu’il   ne  pouvait  nécessairement  pas   assister  à   toutes   leurs   réunions. 

Certaines   semblent   cependant   se   dégager   des   autres :   celles   où   MIYAMOTO   se   signala,   voire 

s’illustra,   lorsqu’il  ne   fut  pas  carrément   leur   fondateur.  Nous  y   reviendrons par   la   suite,  mais   la 

carrière de MIYAMOTO peut être divisée en trois activités : le terrain, la rédaction, et la participation 

à   des   sociétés   ayant   pour  but   de   faire   avancer   les   choses.  C’est   en   effet   ce  qui   peut   gêner  ou 

enthousiasmer chez lui : sa participation, en tant qu’enquêteur sur place (observation participante) ou 

en tant que membre d’une société savante, à des activités ayant une incidence volontaire sur le milieu 

étudié. Lui même l’écrit ainsi :

204 AMINO Yoshihiko, « Wasurerareta Nihonjin » wo yomu 「「「「「「「「「「「「「 (Lire Les Japonais oubliés), Iwanami shobô 「「「「, Tôkyô, 2003, 229 p..205 Ouvrage sur lequel nous reviendrons en détail plus loin.206  Genji   fait   bien   sûr   référence   au   héros   éponyme   de   Murasaki­Shikibu   dans   son   roman  Genji  monogatari  「「「「「「 (Le dit du Genji), publié aux puf dans la traduction de René SIEFFERT. Dans ce contexte, ce surnom signie « séducteur », « Don juan ».207  Chûsei saikô  「 「 「 「 「 「 (Repenser le Moyen­Age), Tôkyô, 1ère éd. en volume, Kôdansha gakujutsu bunko, 2000, rééd. 2004. MIYAMOTO est traité au quatrième et dernier chapitre, p. 224­259.208 Cité par SANO Shin’ichi dans un entretien avec TANIGAWA Ken’ichi, in SANO Shin’ichi (dir.),  Miyamoto Tsuneichi / Tabi suru minZokugakusha, p. 69. 209  Nous en citons la plupart  au fur et  à  mesure dans notre chronologie bibliographique en fin de volume dans les annexes..

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「210

(« Si l’on marche parmi les paysans, qu’on vit avec eux, on en vient à utiliser des méthodes différentes 

de celles des études de terrain que réalisent les savants. Et, on ne laisse, d’une part, de se dire qu’on va 

être leur porte­parole et, d’autre part, qu’on va prêter l’oreille à leurs propos. »)

Nous reviendrons précisément sur cette question dans le chapitre suivant.

Il serait fastidieux et de peu d’intérêt de traiter en détail de chacune des sociétés211. Aussi avons­nous 

choisi quelques exemples qui nous ont paru manifestement plus importants.

­ α Les associations fondées par MIYAMOTO :

La Kôshô bungaku no kai 桧桧桧桧桧桧 (Société de littérature orale) que fonde MIYAMOTO rencontre un 

petit succès local. MIYAMOTO y publie presque seul et avec des moyens de fortunes sa revue Kôshô  

bungaku  (Littérature   orale),   expression   qui   sera   reprise   par   YANAGITA   et   ensuite   par   toute   la 

minZokugaku.

On citera aussi  le  Deku no bô kurabu   宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 (Club des poupées de bois et, par extension, des 

nigauds) (1963), la Société de découverte du Japon (Nihon hakken no kai 宮宮宮宮宮宮) (même année) et la 

Société d’étude des objets populaires traditionnels du Japon (Nihon mingu gakkai 宮宮宮宮宮宮) (1975).

Par ailleurs, rappelons qu'avec l’« Association des montreurs de singes de Suô » (Suô saru­mawashi 

no kai 住住住住住住住住) et l’Ondeko­za 宮宮宮宮 [宮宮宮] 宮, toujours actif de nos jours, il redonne vie à deux activités, 

l’une disparue (les montreurs de singes) et l’autre sur le point de l’être (les concerts de tambours 

traditionnels).

Avec l’aide de deux autres chercheurs (ASANO­YAMASHINA Yoshimasa 住住住住住住 et TAKEDA Akira 

住住住 de la Tôsho shakai kenkyûkai  住住住住住住住 (Société de recherches sur la société des îles grandes et 

petites)), il fonde enfin la Zenkoku ritô shinkô kyôgi­kai 宮宮宮宮宮宮宮宮宮 (Commission de concertation pour 

le développement des îles éloignées dans tout le pays) dont il est le chef de bureau bénévole (bien 

qu’on lui ait proposé un salaire)212.

Enfin, nous ne saurions passer sous silence la création en 1980, sur la base du bénévolat, de la Tôwa­

chô kyôdo daigaku 宮宮宮宮宮宮宮 (Université du terroir du district de Tôwa) destinée à l’édification du grand 

public de province, et ce à Suô Ooshima, l’île natale de MIYAMOTO. Celui­ci résume ainsi les buts 

de cet établissement :

210 MinZokugaku no tabi, chap. 12, p. 154. 211  Pour trouver une mention presque exhaustive de ces sociétés, nous renvoyons à   la chronologie biographique figurant en annexe.212 SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 12, p. 298.

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「[「「「「]「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「[「「「「]「213

(« [L’Université du terroir était] l’occasion et l’établissement où, en vivant dans le terroir (kyôdo), en 

apprenant du terroir, et en étudiant là en même temps, on aurait des idées profondes et un champ de 

vision élargi, et l’on étudierait comment devrait être à l’avenir le terroir, ce que nous devrions faire, [et  

c’était] quelque chose dont le but était de rechercher les formes que devrait avoir le terroir de demain,  

et de tenter de les réaliser ».)

Fermée un an après la mort de son créateur, elle rouvrira ses portes en 2003 (cf. annexes) et continue 

son activité de nos jours (en 2007).

­ β Les groupements des maîtres :

La Minkan denshô no kai   桧 桧 桧 桧 桧 桧 de YANAGITA Kunio à ses débuts ne comptait que quatorze 

membres (dont notamment OKA Masao, HASHIURA Yasuo et SAKURADA Katsutoku), mais elle  

grandit très vite pour prendre des proportions et une influence importantes. Très active, elle organise 

cours et conférences. Son organe est Minkan denshô, qui sert de tremplin à de nombreux disciples de 

YANAGITA pour faire connaître leurs travaux, mais aussi de tribune idéologique patriotique pour 

YANAGITA   lui­même,   où   il   peut   affirmer   sous   une   pluie   d’éloges   que   le   peuple   japonais   est 

ethniquement homogène et est investi d’une mission unique etc.. D’abord de format journal, la revue 

passe en 1943 à un format plus petit, de type magazine qui en permet la conservation et revoit sa  

politique pour plus de sérieux. 

213  SANO Shin’ichi,  FUJIMOTO Kiyohiko   「 「 「 「 ,  USU’I  Takumi   「 「 「 ,  KO’IZUMI Bon   「 「 「 et TATEMATSU Wahei 「「「「, Miyamoto Tsuneichi no messêji : Suô Ooshima kyôdo daigaku kôgi­roku「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (Le message de Miyamoto Tsunéichi : Cours de l’Université du terroir de Suô Ooshima), Kôbé, Mizunowa shuppan, 2007, 116 p., texte de NIIYAMA Norio 「「「「 en annexe « Kyôdo daigaku funsen­ki »「「「「「「「「「(« Chronique du courageux combat de l’Université du terroir ») , p. 104, et plus particulièrement p. 105.

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L’Achikku myûzeamu 宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮214 (Musée des greniers) renommé pendant la guerre le Nihon jômin 

bunka kenkyû­sho 住住住住住住住住住 (Institut de recherches sur les cultures populaires du Japon) à cause de 

pressions   de   l’administration   et   des   militaires   pour   supprimer   ce   nom   d’origine   anglaise   (Attic  

Museum) : fondé par SHIBUSAWA en 1921 dans une aile de sa maison et pour son seul plaisir, il  

commença réellement à servir de lieu d’étude à partir de 1925 avec un projet de recherches sur les  

vieux jouets. Il continua d’être un lieu d’études où le riche homme d’affaires et sponsor accueillait et 

guidait de jeunes chercheurs (FUJIKI Yoshihisamaro 住住住住住 ; HAYAKAWA Kôtarô 住住住住住), le plus jeune 

n’ayant que dix­huit ans, chercheurs de tous horizons (puisqu’on trouvait même parmi eux un jeune 

Aïnou, CHIRI Mashiho 住住住住住 (1909­1961) qui devait plus tard faire parler de lui par l’excellence de 

son travail sur la langue de ses ancêtres) (cf. photo suivante. MIYAMOTO est au premier rang, au 

centre). Les recherches qui suivirent furent consacrées aux villages de pêcheurs, d’où le conseil de 

SHIBUSAWA lorsqu’il proposa à MIYAMOTO de travailler pour lui. MIYAMOTO intégra le musée 

en octobre 1939 et en resta membre jusqu’à la fin 1943. 

Les objets recueillis au cours des études de terrain étaient stockés, classés, ainsi que les documents 

écrits recueillis ou rédigés par les ethnographes. Enfin, le musée faisait aussi office de petite maison 214 Dans les tous premiers temps, le musée s’appelait « Atikku myûzeamu sosaeti » 「「「「「「「「「「「「「「「「 (Société du Musée des greniers). SANADA Yukitaka,  Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 9, p. 184.

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d’édition qui publiait au fur et à mesure brochures et livres, fruits de ses activités. C’est par ce biais 

que furent publiés les cinq premiers livres215  de MIYAMOTO tirés à 300 exemplaires et qui ne se 

vendirent quasiment pas216.  Quelques uns furent  distribués à  d’autres chercheurs (SEKI Keigo par 

exemple), le reste stocké. MIYAMOTO reconnaît volontiers que tous les textes publiés par le musée 

n’étaient pas tous de la même valeur217, que certains n’étaient pas achevés, mais c’était cette activité 

sans contrainte qui permettait une recherche plus libre qu’ailleurs. Du reste, il donne ensuite une liste 

des ouvrages les plus réussis. 

A partir de 1932, le musée édite ses revues, Dorumen 住住住住住住 (Dolmen) et Shima 住住住住 (Iles). C’était trois 

ans avant que ne soit lancée la revue des disciples de YANAGITA, Minkan denshô 住住住住住住, à l’occasion 

du soixantième anniversaire du maître, revue qui connaîtra une longue carrière. Dorumen n’aura pas 

cette chance et ne durera pas plus de quatre ans. 

Ces associations des deux maîtres de MIYAMOTO ne sauraient faire oublier la multitude de sociétés 

savantes qui sont créées avant, pendant et après la guerre, prenant les formes et les dimensions les plus 

diverses. 

­ γ Les sociétés associatives de recherche :

Ces sociétés de recherche, sans doute les plus nombreuses, peuvent s’inscrire soit dans un programme 

officiel, soit dans le cadre d’un projet local universitaire ou simplement associatif. Dans certains cas,  

la   frontière   est   floue   entre   association   locale   de   chercheurs   et   amateurisme   bien   intentionné 

(ethnographes dilettantes).

Parmi   elles,   citons   par   exemple   le  Comité   du   Ministère   de   l’agriculture   et   des   forêts   pour   la 

sauvegarde des documents sur l’eau (Nôrin­shô suisan shiryô hozon iinkai 住住住住住住住住住住住住), le Groupe de 

recherches synthétiques sur les relations humaines (Ningen kankei sôgô kenkyû­dan  住 住 住 住 住 住 住 住 住 )  de 

l’Université de Nagoya 住住住住住 , la Commission d’études de terrain du Comité pour la conservation des 

biens culturels (Bunka­zai hogo iin­kai Chôsa iin 住住住住住住住住住住住…

Mais de toutes les sociétés, la plus puissante était sans conteste la Tokunô kyôkai  住住住住 (Association 

d’agronomie)   (1933­1945)  de  YASUOKA Masahiro*.  Forte  en  membres  et   en  argent,   c’était   un 

important   réseau   de   solidarité   et   surtout   un   vecteur   d’informations   qui   répertoriait   tous   les 

propriétaires terriens pour les faire participer à l’effort de guerre avec le maximum de productivité. 

Dissoute en 1945, elle est remplacée par la  Shin­jichi kyôkai  「「「「「 (Association pour une nouvelle 

autonomie)   qui   œuvre   à   la   reconstruction   des   campagnes   (où   elle   organise   des   conférences 

215  Suô Ooshima wo chûshin to shitaru umi no minZoku­shi  (1936),  Kawachi­koku Takihata Sakon  Kumata   okina   kyûjidan  (1937),  Izumo   Yataba­gun   Kataku­ura   minZoku   bunsho  (1942),  Yoshino Nishi­oku minZoku saihô­roku (1942) et Yakushima minZoku­shi (1943). 216 SANADA Yukitaka, Miyamoto Tuneichi no densetsu, chap. 1, p. 12­13.217 MinZokugaku he no michi, [chap. II], 4, p. 109.

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d’agronomie patriotiques) et à l’approvisionnement des villes en denrées alimentaires de base. Ces 

deux sociétés ont fourni à MIYAMOTO les noms et coordonnées de nombreux propriétaires terriens et 

chefs de village qui sont devenus ses informateurs privilégiés et les relais nécessaires pour annoncer et 

concourir à l’organisation de ses conférences d’agronomie dans l’immédiat après guerre. 

­ δ Les sociétés savantes concourant aussi à un but commercial : 

Sous   cette   appellation   barbare,   nous   réunissons   tous   les   groupes,   associations   ou   sociétés 

commerciales   pratiquant   la   recherche   afin   de   servir   les   intérêts   financiers   de   groupes   ou 

d’administrations, qu’ils en en dépendent ou qu’ils les aient comme clients. Ce rôle, qui peut alors se 

rapprocher de l’expertise privée (et l’on peut supposer que le fait d’en être membre supposait une 

petite rémunération218), n’est pas nécessairement incompatible avec l’exigence scientifique. Parmi eux, 

citons par exemple le Laboratoire de recherches sur les villages agraires (Nôson kenkyû­shitsu 住住住住住), 

la Société d’études de terrain du crédit de la sylviculture (Ringyô kin’yû chôsa­kai 住住住住住住住), ou encore 

la Société d’études de terrain du crédit sylvain (Ringyô kin’yû chôsa­kai 住住住住住住住).

­ ε Bilan : les rapports des sociétés savantes entre elles : 

C’est un petit monde où, même si l’on ne s’est pas rencontré, on se connaît. Les savants forment grâce 

à elles des réseaux qui s’entrecroisent et s’échangent informations, publications et chercheurs. Très 

politisées dans les années 1933 à 1946, au point qu’aucune ne peut survivre sans faire la preuve (par le  

verbe tout au moins) de son dévouement au régime, ces sociétés ne sont guère différentes dans leur 

fonctionnement concret de celles d’aujourd’hui, l’informatique en moins, bien sûr. Le mandarinat s’y 

pratique le plus souvent, avec un maître fondateur qui dicte la ligne idéologique, méthodologique et 

épistémologique,   des   administrateurs   et   des   chercheurs,   organisés   en   un   modèle   pyramidal   aussi 

hiérarchisé qu’une entreprise ou que l’armée. En dehors des structures dépendant des universités, les 

diplômes n’y sont pas exigés, même s’ils jouent un rôle dans la hiérarchie et la crédibilité de la société 

savante face aux autres sociétés. C’est aussi ce qui fait que de nombreux  minZokugakusha  de cette 

époque sont, encore aujourd’hui, méprisés par les chercheurs universitaires.

Bref,  c’est  dans cette période d’effervescence intellectuelle,  où  une science nouvelle se formait et 

s’affirmait, que MIYAMOTO va évoluer, tour à tour homme de terrain exhaustif et auteur prolifique, 

mais exigeant. 

218  A l’inverse de l’association qui  comporte peu d’employés rémunérés,  voire aucun, et demande plutôt à ses membres une cotisation, même modique. 

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II (Chapitre II) : Le travail de MIYAMOTO

Tout   travail   ethnologique   suppose   plusieurs   phases,   comme   nous   l’avons   annoncé   dans 

l’introduction : une phase ethnographique de travail de terrain, de prise de notes, et de rédaction, et 

éventuellement une phase ethnologique d’analyse plus poussée et conceptuelle. Après avoir présenté 

la méthode et les principes qui la guidaient (A), nous tenterons de cerner les intentions de fond de 

MIYAMOTO (B) en rapport avec son sujet d’études, lequel fera l’objet de la deuxième partie de ce 

travail.

A/ Le travail de terrain et le travail de rédaction

La vie de MIYAMOTO fut toute entière consacrée au travail de terrain (1) ainsi qu’à la rédaction de 

ses articles et de ses livres. A la différence de ses maîtres YANAGITA et SHIBUSAWA qui ne firent 

ce travail de terrain que dans leur jeunesse, MIYAMOTO y consacra sa vie entière, observant par lui 

même les changements rapides que connut le Japon après la guerre. La rédaction (2) fut quasiment 

concomitante à cette activité ethnographique de base.

1) le travail de terrain (firudo.wâku)Le travail de terrain suppose un certain « attirail » (a) et se fonde sur des principes et une méthode 

(b).

– a. La tenue et le matériel

Afin de mieux comprendre l’apport de MIYAMOTO au travail de terrain, nous allons tenter une 

comparaison de sa tenue avec celle de son prédécesseur YANAGITA (α). Dans un deuxième temps 

nous parlerons de l’œuvre photographique de MIYAMOTO (β). 

α. La tenue de MIYAMOTO Tsunéichi comparée à celle de YANAGITA Kunio

En 1978, MIYAMOTO se décrit ainsi à 28 ans (1935) :

、、、、、、、、「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「219

219 MinZokugaku no tabi, chap. 9, p. 104 de l’éd. Kôdansha gakujutsu bunko.

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(« Avec mon blouson noir, je portais des rangers, un chapeau sportif bleu marine à bord tout autour et 

un sac à  dos.  A mon sac était   ficelé  un parapluie  à   l’occidentale.  Cette  allure  évoquait  celle des 

apothicaires ambulants de Toyama, aussi s’y méprenait­on. »)

En 1960, il donnait une définition plus précise de lui en 1940 (33 ans). La encore, son interlocuteur le 

prend pour un apothicaire de Toyama. Voici comment il décrit sa « bimbô­kusai shitaku »住住住住住住住住住

(tenue qui sentait la pauvreté) :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「220

(« Je portais  mon blouson en synthétique,  un pantalon en velours  côtelé,  avec des   jambières,  des 

espadrilles, un chapeau de feutre noir et un sac à dos sale, aux lanières duquel j’avais suspendu un 

parapluie à l’occidentale. Assurément, c’était une mise d’apothicaire, mais pour un apothicaire, mes 

vêtements étaient un peu trop fatigués. Si je continuais à marcher encore deux mois environ, mes 

espadrilles allaient se déchirer. C’est dans ce genre de tenue qui empestait la pauvreté que j’étais à 

mon aise »).

En 1978, il décrit le jeune (33 ans) YANAGITA Kunio de 1908 :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「221

(« Le   maître   portait   un  hakama  (jupe­culotte   traditionnelle)  Sendai­hira222  à   blason   et,   dans   cet 

équipage, avec ses socquettes (tabi) blanches, il passa le col de Nakayama et entra dans Shiiba. Le 

maire NAKASE qui était allé l’accueillir jusqu’au sommet du col s’étonna de cette tenue du maître, 

alors qu’il était courant que, comme tenue de voyage, un fonctionnaire portât des guêtres sur un habit 

occidental. »)

L’année suivante, il  évoque à nouveau le jeune YANAGITA en citant cette fois textuellement les 

paroles de NAKASE :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「223

220  Wasurerareta Nihonjin,  chap.  [13] (« Moji  wo motsu denshôsha (ni) »   「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (« Les transmetteurs de traditions (II) »)), p. 284 de l’éd. Iwanami bunko.221 Minzokugaku no tabi, chap. 10, p. 111­112.222 Type de hakama haut de gamme.223  « Yanagita Kunio no tabi »   「 「 「 「 「 「 「 「 (« Les voyages de YANAGITA Kunio »), essai extrait de l’ouvrage collectif sous la direction de BOKUDA Shigeru   「 「 「 :  Hyôden Yanagita Kunio  「 「 「 「 「 「 「 「 (Yanagita Kunio, un biographie critique), Nihon shoseki   「「 「「 , juill. 1979, repris dans l’ouvrage de SANO Shin’ichi Miyamoto Tsuneichi Tabi suru minzokugakusha (cf. bibliographie), 2005, p. 93.

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(« A cette époque, il n’y avait presque pas de bureaucrate du centre à venir visiter la montagne. Mais, 

ayant reçu de la préfecture un télégramme nous annonçant la venue d’un conseiller du Bureau de 

législation, les gens du village s’étonnèrent. Jusque là, lorsqu’un petit fonctionnaire du département 

arrivait, il était fréquent qu’il portât des 

jambières sur un habit occidental et des sandales de paille. Dans quel genre de tenue le conseiller  

viendrait­il ? : la question se posa, mais quoi qu’il en fût, il fut décidé qu’on couperait les herbes qui 

bordaient le chemin et que des employés subalternes et toute personne intéressée iraient à sa rencontre 

jusqu’en haut du col de Nakayama à l’entrée du village, en  haori  (vêtement traditionnel de dessus 

« habillé ») et hakama.

Lorsqu’ils virent la personne qui, parti d’en bas, venait de gravir le col et attendait là, c’était 

un jeune homme de qualité (kikôshi), qui pourtant portait un hakama Sendai­hira à blason, avec des 

socquettes blanches : ce n’était pas une tenue de voyage. Nous en étions complètement stupéfaits. »)

Puis MIYAMOTO ajoute, en ses propres termes, mais toujours d’après témoignage :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「224

(« Généralement,   il   était   flanqué   de   porteur(s)   de   bagages   et   une   ou   deux   personnes 

l’accompagnaient : ce n’était pas un voyageur ordinaire ».)

224 SANO (2005), p. 94.

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On voit bien à quel point MIYAMOTO Tsunéichi se distingue de son prédécesseur par la modestie de 

sa mise (due en partie à sa pauvreté réelle)225, ce qui ne l’empêchait pas, bien sûr, de porter le costume 

une fois rentré  de voyage,   lorsqu’il  pratiquait  son métier  d’enseignant ou de conférencier.  SANO 

Shin’ichi résume la comparaison en parlant de voyage en « socquettes blanches » (shiro­tabi 住住住) pour 

YANAGITA et en « espadrilles de chantier » (jika­tabi 住住住住) pour MIYAMOTO226.

Plus important est le matériel photographique, ce qui nous amènera par voie de conséquence à évoquer 

les relations de MIYAMOTO avec la vidéo.

β. Le matériel – MIYAMOTO Tsunéichi et la photographie – MIYAMOTO Tsunéichi et la vidéo

MIYAMOTO fut, pour les besoins de ses études de terrain, photographe occasionnel (au sens de non 

professionnel)   mais,   s’il   entretint   des   relations   professionnelles   avec   le   réalisateur   HIMEDA 

Tadayoshi, il ne fut pas lui même réalisateur. 

L’appareil photo, les carnets.      Le matériel de MIYAMOTO Tsunéichi est visible au Bunka kôryû sentâ qui se charge de conserver les 

documents relatifs à son œuvre. 

225 SANO Shin’inchi a pu consulter ses livrets de dépôt et confirme la pauvreté de celui qui disait ne pas avoir eu (suffisamment) à manger avant cinquante ans. (SANO Shin’ichi, Miyamoto Tsuneichi no  manazashi「「「「「「「「「「「 (Le regard de Miyamoto Tsunéichi), Kôbé, Mizunowa shuppan, 2003, 207 p., chap. I, 4, p. 38.)226 SANO Shin’ichi, Miyamoto Tsuneichi no manazashi, chap. II, 4, p. 85.

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C’est   avec   un   appareil   Olympus,   modèle   Pen   S  half   size,   et   avec   un   reflex   Canon   à   objectif 

monoculaire (cf. photo) que MIYAMOTO Tsunéichi prit toutes ses photographies, que le même centre 

conserve et met en grande partie à disposition sur Internet grâce à son site des plus complets227. La 

plupart de ces photographies ont servi a illustrer la monumentale édition du Journal de MIYAMOTO 

Tsunéichi (2005). Elles couvrent sans interruption une période qui s’étend de 1945 à 1981 (année de la 

mort de l’ethnographe). De plus,elles représentent un témoignage historique irremplaçable sur tous les 

thèmes qui ont occupé MIYAMOTO Tsunéichi (habitat, métiers, objets, transports, jeux, foi populaire, 

paysage agricole etc.), et si de son vivant elles furent loin d’être toutes publiées, leur auteur ne doutait  

pas qu’elles deviendraient un jour de précieuses archives.

Du point de vue esthétique, aucune recherche ne semble avoir guidé l’ethnographe, ni pour ce qui est 

de l’angle ou du cadrage, ni pour ce qui est de l’éclairage ou de la recherche de l’émotion ou du 

pittoresque. MIYAMOTO Tsunéichi prenait autant de clichés que lui permettait son budget, tout au 

long de ses études de terrain, sans faire poser ses « modèles », les photographiant souvent à leur insu 

pendant leurs occupation du moment228. Cette attitude contraste fortement avec une certaine tendance 

du photo­journalisme (de l’époque tout du moins) recherchant justement le côté « photogénique » des 

scènes, ce à quoi MIYAMOTO Tsunéichi était plutôt indifférent, voire réticent. Dans son travail de 

terrain, il ne se voyait pas comme un créateur, encore moins comme un artiste, et ne se serait pas 

permis de rechercher un « point de vue » : c’eût été par trop s’impliquer et courir le risque d’une une 

vision trop subjective. En fait, il chercha simplement et uniquement à rendre compte de ce qu’il avait 

immédiatement sous les yeux. Ainsi écrit­il :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「229

(« Je n’ai fait que prendre ce qu’on ne doit pas oublier. Mais si elle prend trente mille clichés, on 

devrait comprendre ce qu’une personne a vu de la nature et de la culture, et ce qu’elle a cherché à 

ressentir. »)

Si de la beauté se dégage de ces photos, elle vient de leur sujet brut, et donc certainement pas d’une 

quelconque intention de leur auteur de mettre quoi que ce soit en valeur. La minZokugaku n’a aucune 

finalité esthétique, ce qui ne l’empêche pas d’étudier l’évolution des conceptions esthétiques elles­

mêmes, ou d’utiliser des objets d’Art à des fins ethnologiques, comme les rouleaux peints (emakimono 

住住住) pour y dénicher les éléments populaires qu’ils recèlent (Emakimono ni miru minZokugaku).

227 « Miyamoto Tsuneichi dêtabêsu » 「「「「「「「「「「「「(« Banque de données MIYAMOTO Tsunéichi »), cf. Annexes.228  SANO Shin’ichi parle de « photos datées » (hidzuke ga aru shashin  「 「 「 「 「 「 「 ) non pas au sens péjoratif, mais pour dire qu’elles représentent un moment historique précis de la vie des gens.SANO Shin’ichi, Miyamoto Tsuneichi no manazashi, chap. II, (3), p. 78­79.229 D’après une postface citée par SATAO Shinsaku, op. cit., p. 200.

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ITÔ  Kôji,  photographe qui  participa au voyage en Afrique aux cotés de MIYAMOTO, et  qui fut 

employé à classer les nombreuses photos prises par MIYAMOTO, dispose d’un recul qui lui permet à 

la fois de les inventorier, de les situer dans le temps et de décrire les conditions dans lesquelles elles 

ont été prises. Ainsi remarque­t­il une tendance à prendre les photos d’assez loin et à photographier les 

gens de dos230 de même qu’il observe une importante différence entre les clichés pris avant la guerre, 

et ceux pris après. Ceux d’avant­guerre sont plus souvent lisibles. Ils représentent les vieillards, les 

villages etc. alors qu’après la guerre apparaissent des clichés souvent pris à bord d’un train en marche 

et de ce fait flous et inexploitables231. Les premiers, ainsi que ceux pris après­guerre, mais de la même 

manière, étaient réalisés en sachant qu’ils pouvaient éventuellement être publiés, alors que les seconds 

ne devaient servir que d’aide mémoire, de document de travail et n’étaient pas destinés du tout à la 

publication. 

MIYAMOTO ne nous a laissé qu’un seul texte (et très court qui plus est) présentant ses réflexions sur 

sa manière de faire de la photographie ethnographique. Alors qu’on aurait pu s’attendre à ce qu’il 

figure dans une de ses œuvres majeures – son ouvrage introductif (MinZokugaku he no michi), sa 

biographie   (MinZokugaku no   tabi)  ou   son  essai   théorique   (Mingugaku ne   teishô)  –  c’est  dans   la 

postface du premier  tome de  Watashi  no Nihon chizu,  Tenryû­gawa ni  sotte232,  qu’il   le  fait.  Si  à 

première vue ce choix peut sembler étrange, il est en réalité tout à fait explicable : en effet, la série 

230 ITÔ Kôji, interviewé par SATAO Shinsaku, in Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, chap. 5, p. 207.231  SANO Shin’ichi  remarque d’ailleurs une augmentation croissante de  la vitesse des moyens de transports desquels étaient prises les photographies : d’abord bateau dans les années 1945­54, puis train (1955­64), voiture (1965­74), enfin avion (1975­81).SANO Shin’ichi, Miyamoto Tsuneichi no manazashi, chap. II, (3), p. 79.232 Tôkyô, Dôyû­kan 「「「, 1967. L’ouvrage est à l’heure actuelle indisponible, en attente d’une réédition dans les Œuvres. 

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Watashi no Nihon chizu (cf. photo) est à l’époque une entreprise unique dans la minZokugaku et qui 

aujourd’hui encore n’a pas été répétée avec autant de brio. Après l’établissement de sa propre carte, il  

s’agissait de combiner à chaque page le texte et la photographie dans des ouvrages de format maniable 

et   ne   visant   pas  nécessairement   la   facilité   ni   le   pittoresque.   MIYAMOTO   dit   s’être   inspiré   des 

rouleaux peints (emakimono) où le texte côtoyait l’image sans qu’ils soient toujours synchrones233. 

SANO Shin’ichi remarque d’ailleurs que, de façon générale, MIYAMOTO prenait beaucoup moins de 

clichés d’évènements traditionnellement photographiés par les ethnographes de son temps, à savoir les 

matsuri 住住 (fêtes populaires religieuses) ou les danses en costume, mais préférait au contraire saisir des 

instants   fugaces   de   la   vie   quotidienne,   les   « petits   riens »   qui   nous   apparaissent   aujourd’hui   si 

pittoresques234.  Conscient  ou non de la portée de son travail  photographique, il  faisait  simplement 

entrer la photographie du quotidien de plain­pied dans le domaine des sciences humaines japonaises et  

élargissait le champ d’investigation de l’ethnologie de soi. 

Dans cette entreprise éditoriale, MIYAMOTO travaillait en collaboration avec de jeunes photographes 

(comme par exemple SUTÔ  Isawo   住 住 住 ) et lui aussi prenait des photographies. Les photographies 

étaient prises avant la rédaction du texte et sans références à lui. MIYAMOTO triait le tout à son 

retour   et   choisissait   souverainement,   cherchant  des   correspondances  avec   le   texte   en   train  d’être 

rédigé. 

Tout  autre  fut   la   façon de procéder  pour   les   textes  aujourd'hui  réunis  sous  le   titre  Sora kara no  

minZokugaku (L’ethnographie depuis le ciel). MIYAMOTO part d’une photo prise par lui ou par un 

autre et en fait le commentaire. L’explication du contexte déborde bien souvent et ce qui n’est pas 

montré prend autant d’importance que ce qui nous est donné à voir. L’ouvrage comporte un certain 

nombre de photographies aériennes. La  minZokugaku, science du minime, du détail, prend ici de la 

distance et montre une ampleur nouvelle, à mi­chemin de la géographie et de l’économie.

Les  clichés  publiés,  ne   serait­ce  que  dans   les  deux œuvres  que  nous  venons  de  citer  constituent 

aujourd’hui   un   fond   conséquent   de   documents   historiques   sur   les   régions   rurales   du   Japon. 

L’entreprise   de  Watashi   no   Nihon   chizu  devait   au   départ   couvrir   un   grand   nombre   de   zones 

géographiques   japonaises235,  mais  elle  prit   fin  avec  le   tome 15236  consacré  à   Iki  et  Tsushima,   île 

« éloignée » proche de la Corée.

Pour conclure, d’après SANO Shin’ichi, il ne fait aucun doute que :

233 Watashi no Nihon chizu, t. I : Tenryûgawa ni sotte, Tôkyô, Dôyûkan, 1967, 245 p., Postface, p. 242.234 SANO Shin’ichi 「「「「 ,  Miyamoto Tsuneichi no manazashi「「「「「「「「「「「 (Le regard de MIYAMOTO Tsunéichi), Kôbe, Mizunowa shuppan, 2003, 207 p., chap. I, 8, p. 51.235 Voir la bibliographie finale pour le détail du contenu de chaque tome.236 L’obi (bandeau promotionnel) du quinzième et dernier volume précisait encore que les volumes 1 à 15 constituaient la « première période » (dai­ikki 「「「), une seconde étant donc à venir.

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「237「「「「

(« les photos de MIYAMOTO Tsunéichi [représentent] un patrimoine intellectuel national qui permet

de comprendre comment le Japon a changé de visage en passant par la période de haute

croissance ».)

MIYAMOTO, conscient à la fois de l’importance de la révolution qui s’opère avec le cinéma et la 

télévision, et de l’urgence de préserver ses objets d’études de la disparition, accueillit très tôt avec 

enthousiasme les travaux des documentaristes, bien qu’il ne le fût jamais lui­même. 

MIYAMOTO    Tsunéichi    et la vidéo      :  Au cours  d’une étude de  terrain de  la Kyû  gakkai  rengô,  MIYAMOTO rencontre  celui  qui  allait 

devenir son disciple vidéaste, HIMEDA Tadayoshi 桧桧桧桧 (né en 1928) ou plutôt est­ce celui­ci qui se 

présente à lui après avoir été enthousiasmé par la lecture d’un article de MIYAMOTO consacré aux 

pirates de la mer intérieure de Séto. C’est alors son premier travail en tant que cameraman, il a vingt­

six ans. Ils se retrouveront lorsque MIYAMOTO contribuera comme directeur (kanshû) à une série de 

documentaires   sur   le   Japon,  « Nihon no   shijô »   「 「 「 「 「 「 「 238 (« La  poésie  du   Japon »).  Après   sa 

collaboration auprès de MIYAMOTO, qui n’hésitait pas à critiquer durement son travail bien qu’il 

n’ait jamais manié de caméra, HIMEDA, qui se désigne lui­même comme « le plus vieux et le plus 

négligent des disciples de MIYAMOTO Tsunéichi »239, continuera son œuvre de son côté, tentant de 

préserver lui aussi de l’oubli, dans l’urgence, et par la vidéo, des coutumes ou des métiers anciens en 

train de disparaître. Parfois même, la vidéo est l’occasion pour les anciens de renouer une dernière fois 

avec une activité qu’ils avaient abandonnée pour prendre leur retraite (c’est le cas, par exemple, de la 

fabrication des vêtements à  partir d’écorce de  tilleul240).  Parfois,  elle permet à  un groupe de faire 

revivre au delà du projet de vidéo une activité perdue (comme la fabrication du charbon de bois selon 

les   méthodes   traditionnelles241).   Au   total,   cent­cinquante   vidéos   ethnographiques   seront   tournées, 

d’une durée moyenne d’une demi­heure, puis diffusées régulièrement et vendues aux bibliothèques par 

237  SANO  Shin’ichi,   lors   d’une   conférence   en  2002,  à  Tôwa­chô,   cité   par  SATAO  Shinsaku,   in Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, p. 44.238  Documentaire  hebdomadaire   dont   il   n’avait   probablement   pas   choisi   le   titre.  En   revanche,   la citation en exergue au début de chaque numéro est bien de lui : 「「「「「「「 (« La nature est triste,「「「「「「「「「「「「「「(Mais si l’homme y met la main) 「「「「「「「「「 (Elle se réchauffe.) 「「「「「「「「「「「「「「「(A la recherche de cette chaleur,) 「「「「「「「「「(Je pars voir à pieds.  »)239「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「, in SATAO Shinsaku, Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, chap. 4, p. 159.240 HIMEDA Tadayoshi, Moniwa no shinada­ori 「「「「「「「「「(Le tissage du tilleul à Moniwa), vidéo n°85, 1991, 31 min., Minzoku bunka eizô kenkyûjo. Shinada 「「「 est un mot dialectal qui signifie shinanoki 「「「「 [「「「], tilia cordata, un tilleul à feuilles cordiformes.241 HIMEDA Tadayoshi, Moniwa no sumi­yaki  「「「「「「「「 (La fabrication du charbon à Moniwa), vidéo n°69, 1989, 32 min., Minzoku bunka eizô kenkyûjo.

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le  Minzoku bunka eizô  kenkyûjo   住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Centre de recherches sur la documentation visuelle 

ethnographico­culturelle)* fondé en 1961 par HIMEDA et sis actuellement à Kawasaki242. 

Ces   remarques  matérielles  préliminaires  étant   faites,   il   est   temps  à  présent  de   s’interroger  sur   la 

méthode mise en œuvre sur le terrain.

– b. La méthode d’investigation

MIYAMOTO a consacré à la présentation de la discipline deux livres majeurs évoquant par endroits la 

question   du   travail   de   terrain :  MinZokugaku   he   no   michi  (1955,   version   complète :   1968)   et 

Mingugaku no teishô (1979). Le premier est un ouvrage global qui contient même un historique de la 

discipline alors que le second est consacré comme son nom l’indique aux mingu 「「 (objets populaires 

faits   main)   sur   lesquels   nous   reviendrons   dans   la   deuxième   partie,   et   où   les   exemples   concrets 

abondent (ex. : matériel d’élevage des vers à soie, outils agricoles). 

Dans le premier, MIYAMOTO va très loin et affirme que :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「243

(« Plutôt que de dire que la formation de la  minZokugaku  est dans l’objet traité,   住 ’ ai le sentiment 

profond qu’elle réside au sein même de la façon de le traiter. »)

Cette affirmation peut sembler étrange s’agissant d’une discipline qui se définit d’ordinaire davantage 

par ses thèmes que par sa méthode, mais il n’est pas interdit d’y voir ici une autre particularité de la 

minZokugaku  miyamotienne.  En effet,   les   thèmes traités  par  MIYAMOTO ressortissent  autant  du 

folklore tel que nous le connaissons notamment en France (coutumes, fêtes populaires etc.) que de 

l’Histoire,   Histoire   économique,   Histoire   des   techniques,   de   la   géographie,   de   la   sociologie   des 

groupes, de la psychologie ou encore de l’architecture. Le lien est donc aussi bien dans la forme que  

dans le fond (l’étude en général des gens ordinaires).

Avant de présenter en détail la méthode en question, il importe d’évoquer deux moments clefs dans 

l’apprentissage de MIYAMOTO : les dernières recommandations de son père, Zenjûrô, avant le départ 

de son fils de la maison en 1923, et les préceptes de SHIBUSAWA.

Les derniers conseils paternels :

242 Le centre a même réalisé un documentaire sur l’œuvre de son fondateur : Haruka naru kirokusha he  no michi – Himeda Tadayoshi to Eizô minZokugaku   「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (La route vers un documentariste   éloigné :   HIMEDA   Tadayoshi   et   l’ethnographie   du   folklore   en   images),   Tôkyô, Kinokuniya shoten, 2007, DVD, 3150 ¥. 243 MinZokugaku he no michi, p. 118.

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MIYAMOTO évoque à plusieurs reprises cette scène qui eut une influence déterminante selon lui sur 

sa méthode, mais c’est essentiellement à travers deux textes qu’il le fait avec le plus de précisions : en 

1943 (il à 36 ans) dans Kakyô no oshie, un ouvrage en grande partie autobiographique consacré aux 

particularités   de   l’éducation   rurale,   et   en   1978   (trois   ans   avant   sa   mort,   il   a   71   ans)   dans   son 

autobiographie MinZokugaku no tabi. Bien qu’il s’agisse de conseils de bon sens d’un père inquiet à 

son fils, il nous paraît nécessaire de les citer, ne serait qu’en raison de l’importance que celui­ci leur 

accorda. (Pour plus de commodité, nous avons souligné les conseils dont le fond ne diffère pas d’une 

version à l’autre).

Dans le premier de ces textes, il énumère les cinq préceptes suivants244 :

(« I Je n’ai pas moi­même assez d’argent, alors je ne peux pas te faire étudier comme je l’aurais pensé. 

Aussi je te laisse faire selon ta volonté jusqu’à trente ans. Moi aussi je suis d’humeur de te chasser de  

la maison. Toutefois, quand tu auras atteint trente ans, songe que tu as des parents. De plus, en cas  

d’embarras, en cas de maladie, tu pourras toujours rentrer chez eux. Nous t’attendrons toujours. 

II L’alcool et le tabac, n’y touche pas avant trente ans. Passé trente ans, fais à ta guise !

III L’argent, en gagner, c’est facile. C’est l’utiliser qui est difficile.

IV Ménage ta santé, et en même temps ménage les autres. 

V Fais ce que tu estimes être juste. »)

Dans MinZokugaku no tabi, voici quels sont alors les préceptes. La liste est plus longue, les phrases 

plus fournies245 : 

(« 1. Lorsque tu prendras le train, regarde par la fenêtre : les rizières et les champs sont­ils plantés ? La 

croissance est­elle bonne ? mauvaise ? Les maisons du village sont­elles grandes ou petites ? Leur 

toiture de tuiles ou de chaume ? Il s’agit de bien observer ce genre de choses. Quand tu arrives dans 

une gare,   fais  attention aux montées et  descentes des gens,  et  porte  ton attention sur  le genre de 

vêtements qu’ils portent. De plus, là où on pose les bagages à la gare, regarde bien quels genres de 

244 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 「「「「「「「「「「「「「「「「「Kakyô no oshie, chap. 8, éd. Iwanami bunko, p. 117­118.245 Le texte original étant un peu long, nous le faisons figurer ci­dessous. 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 MinZokugaku no tabi, chap. 3, éd. Kôdansha gakujutsu bunko p. 36­38.

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bagages y sont posés. De cette façon, tu sauras bien si cette région est riche ou pauvre et si l’on y 

travaille bien ou pas. 

2. Que ce soit un village, une ville, un endroit que tu visites pour la première fois, ne manque pas de 

monter au sommet d’un lieu élevé et tu en sauras l’orientation géographique ; vois [alors] ce qui attire 

ton regard. S’il t’arrive, depuis un sommet, d’observer un village en contrebas, regarde d’abord le bois 

du temple, le bâtiment lui­même et ce qui frappe le regard, regarde comment sont les maisons, les  

rizières et les champs, regarde préalablement les montagnes environnantes et ensuite, s’il y a sur la 

montagne des choses remarquables, il  faut absolument y aller voir de plus près. Si tu regardes d’un 

lieu élevé, il ne t’arrivera quasiment pas de perdre ton chemin. 

3. Si tu as de l’argent, il est bon de goûter aux spécialités et à la cuisine locale. C’est [ainsi] que tu 

connaîtras le niveau de vie de cette région.

4. Si tu as du temps devant toi, il s’agira, dans la mesure du possible, d’essayer de marcher. Tu en  

apprendras diverses choses.

5.  Il n’est pas si difficile de gagner ce qu’on appelle de l’argent. Cependant, c’est l’utiliser qui est  

difficile. Cela seulement, fais en sorte de ne pas l’oublier.

6. Je ne peux te faire étudier comme je l’aurais pensé. Aussi, je ne te donne pas de consigne. Fais à ta 

guise. Toutefois, prends soin de ta santé. Jusqu’à trente ans, j’ai l’intention de [toujours] t’expulser de 

la maison. Cependant, passé trente ans, rappelle­toi que tu as des parents. 

7. Mais si tu tombes malade, ou s’il a quelque chose que tu ne peux pas résoudre par toi­même, rentre 

au village      : tes parents t’attendrons toujours.   

8. Désormais et à l’avenir, ce ne sera plus une époque où l’enfant prend soin de ses parents. Ce sera un 

temps où ce seront les parents qui exerceront leur piété parentale envers l’enfant. Si l’on ne fait pas 

ainsi, le monde ne donnera rien de bon. 

9. Fais ce que tu estimes être bien, et tes parents ne te puniront pas en disant que tu as échoué.

10. Fais en sorte de voir ce que les autres n’ont pas su voir. Parmi ces choses, il doit toujours y en  

avoir d’importantes. Rien ne disparaît. Il s’agit de suivre son chemin avec fermeté, la voie qu’on s’est 

soi­même choisie. »)

Les conseils 1, 2, 3, 4, 8 et 10 sont nouveaux et on remarque que le conseil concernant la sobriété a 

disparu. Les conseils de bon sens prennent moins d’importance (en terme de lignes et de numéro) que 

ce qui apparaît comme des conseils d’étude de terrain ethnographique. C’est à se demander, comme 

l’insinue  SANADA Yukitaka246,   si  MIYAMOTO n’a pas   rédigé   les  nouveaux conseils   lui­même. 

Cependant ce serait faire trop bon marché de l’honnêteté foncière de MIYAMOTO : peut­être s’est­il 

246  SANADA Yukitaka   「 「 「 「 「 「 「 ,  Miyamoto Tsuneichi  no densetsu  「 「 「 「 「 「 「 「 「 (La légende de MIYAMOTO Tsunéichi), Kyôto, Aunsha, chap. 1, p. 10.

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borné ici à une re­formulation ? Quoi qu’il en soit, ces mots sonnent de bien insolite façon dans la 

bouche de ce père distant et colérique. 

Les conseils de SHIBUSAWA (dont on peut penser avec quasi certitude qu’ils sont bien sortis de la  

bouche de SHIBUSAWA) ne sont pas à négliger non plus.

Les conseils de SHIBUSAWA

En 1935, lorsque SHIBUSAWA refuse de laisser partir son protégé en Mandchourie, il assortit son 

refus d’une petite explication dépassant le simple énoncé des motifs du refus.

En effet, d’après ce que rapporte MIYAMOTO, SHIBUSAWA s’exprima ainsi :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「247

(« Comme tu n’es allé  qu’à   l’école normale, même si tu allais en Mandchourie,  les conditions ne 

seraient pas bonnes. Jusqu’à ce que tu ailles à l’université là­bas, je t’ai fait monter à la capitale parce 

que si tu arpentes à pieds et observe le Japon dans son ensemble, je me demande s’il y n’aura pas des 

résultats et si en plus ça ne te servira pas personnellement. Seulement, je ne veux pas que tu deviennes 

un savant. Des savants, il y en a énormément. Mais pour que de vrais savants émergent, il faut de bons 

matériaux (shiryô) scientifiques. Ces documents – en particulier en minZokugaku – sont rares. Je veux 

que toi, tu deviennes ce déterreur. Ce genre d’activité est pénible à souhait et peu gratifiant. Toutefois, 

toi, tu es celui qui pourra le supporter. »)

Ce texte comporte deux points essentiels : la marche comme moyen de déplacement, indissociable de 

l’observation,   et   la   recherche   inlassable   de  matériaux,   de   documents   ethnographiques   (shiryô). 

SHIBUSAWA   les   dit   rares,   pauvres   (toboshii).   Il   entend   ici   que   rares   sont   les   matériaux   qui 

permettent  d’établir   les   faits  passés  avec  exactitude.  En d’autres   termes,   les  documents  datables, 

essentiellement   écrits,   sont   peu   nombreux.   MIYAMOTO   élargira   la   notion   de   documents 

ethnographiques, reprenant là une intuition de SHIBUSAWA lui­même. En effet, ce dernier n’avait­il 

pas créé  l’Achikku qui regorgeait de matériaux non écrits et ne s’intéressait­il pas notamment aux 

outils  de pêche,  ou aux demi­sandales248,  étude dont  le sérieux et   la profondeur enthousiasmèrent 

MIYAMOTO249 ?

Mais étudier   la méthode de MIYAMOTO, c’est  aussi  se demander en quoi cette méthode lui  est 

spécifique. 

247 MinZokugaku no tabi, chap. 9, p. 97.248 Les demi­sandales (ashinaka 「「), n’allaient pas jusqu’au talon, afin de faciliter, paraît­il, la course.249 MinZokugaku no tabi, chap. 8, p. 86.

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- Description de la méthode.

Avant guerre, MIYAMOTO laissait sa fantaisie le guider dans le choix de ses destinations250, mais 

après­guerre il effectua des enquêtes à la demande des nombreuses institutions dont il était membre. 

Lorsqu’il était enseignant, ce furent les localités de la proche région qui pour des raisons pratiques 

eurent sa préférence, mais plus il avançait en âge, et plus il allait loin. A chaque fois, la marche était 

son principal moyen de locomotion. Pour financer une partie de ses frais, il donnait des conférences et 

le lieu de conférence était comme un centre, un point de chute à partir duquel il partait, à pied, visiter 

les localités suivantes251. 

On a calculé que MIYAMOTO avait parcouru à pied, à raison de 40 km. par jour en moyenne252, 160 

000 km., soit quatre fois la circonférence de la terre253, ce qui en fait le plus grand marcheur connu 

de l’Histoire du Japon254,  et  peut­être même du monde. Son mérite est d’autant plus grand qu’il 

n’était   pas   spécialement   sportif,   avait   des   problèmes   de   poumons   et   fut   à   plusieurs   reprises 

extrêmement malade. Arrivé à pieds ou en train local, MIYAMOTO effectuait un séjour bref (de un 

jour à une semaine par village)255 et reprenait sa route, toujours à pieds, visitant ainsi dans le détail des 

zones culturelles complètes de façon quasi­exhaustive.

SHIBUSAWA commente ainsi l’activité de son disciple :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「256

(« Les voyages de MIYAMOTO-kun n’étaient pas communs, ni par leur étendue, ni par leur

programme, ni par leur tracé. Pour les trois mille et quelques villages qu’il [a visité], il utilisa

aussi le train, mais comme la plupart du temps il les parcourut à pieds, j’ai l’impression, pour

250 Watashi no Nihon chizu, t. I : Tenryûgawa ni sotte, Tôkyô, Dôyûkan, 1967, 245 p., Postface, p. 241.251 Watashi no Nihon chizu, t. I : Tenryûgawa ni sotte, p. 241.252 NAGAHAMA Isao, Hôkô no manazashi : Miyamoto Tsunieichi no tabio to gakumon, chap. IV, 1, p. 105.253 SANO Shin’ichi, Tabi suru kyojin / Miyamoto Tsuneichi to Shibusawa Keizô, chap. 1, p. 8.254  MIYAMOTO est parfois comparé au grand moine voyageur Ippen Shônin   「 「 「 「 (Le Vénérable Ippen) (1239­1289), moine de formation Jôdo­shû 「「「 (l’Ecole de la Terre pure), fondateur de l’Ecole Ji­shû   「「 et grand voyageur.  Ou à MATSUO Bashô   「「「「 (1644­1694), le poète voyageur.   Cf. par exemple NAGAHAMA Isao, Hôkô no manazashi : Miyamoto Tsunieichi no tabio to gakumon, chap. IV, 2, p. 107 et 109.255 Les séjours brefs pouvaient aussi s’enchaîner et les absences de MIYAMOTO du domicile familial se  prolonger.  Dans  Kakyô  no  oshie  (1943),   chap.  8,  éd.   Iwanami  p.  101.,   il   raconte  comment   il retrouve un fils qui a grandi et qui ne le reconnaît pas.256 « Waga shokkaku ha Nippon ichi »「「「「「「「「「「(« Mon pique­assiette est le premier du Japon »), rééd. intégrale in SANO Shin’ichi (dir.), Miyamoto Tsuneichi tabi suru minZokugakusha, 2005, p. 78, cf. p. 80.

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parler de façon un peu exagérée, qu’il arpenta tout le Japon à pied, aimanté au sol

(betabeta) ».)

Cette façon de se déplacer à vitesse humaine lui vient non seulement des conseils paternels cités plus 

haut et de ceux de SHIBUSAWA Keizô257,  mais aussi et surtout d’un désir  rationalisé  de ne rien 

perdre de ce que le voyage peut offrir. Il n’est donc pas étonnant que l’œuvre miyamotienne fasse la 

part belle aux routes et aux déplacements (donc aux cartes), au lieu d’avoir une vision fragmentée de 

lieux mis successivement en lumière. Qui dit routes, dit déplacements de personnes et de biens, de 

marchandises   et   de   matières   premières,   mais   aussi   mouvements   de   populations :   migrations 

économiques, politiques, fuite d’une catastrophe (guerre, infertilité de la terre etc.). 

MIYAMOTO choisissait la marche de préférence à tout autre moyen de transport, mais cela ne veut 

pas dire qu’il les répudiait. Il prenait aussi souvent le train, local de préférence, plus lent et s’arrêtant 

plus fréquemment, rendant possible la prise de photographies et de notes. Il prit même quelques fois 

l’avion,  ce qui donna lieu à  des articles sur la  minZokugaku  pratiquée du ciel258,  en  liens avec  la 

cartographie et les flux de matières premières, les voies d’eaux, les routes etc.. Durant son séjour en 

Afrique, il monta même comme passager sur une vieille moto Kawasaki 90 cm³ qu’il  surnommait 

pikipiki  住 住 住 住 ,   pilotée  par   ITÔ  Kôji259.  MIYAMOTO ne  critiquait  pas   les  moyens  de   transports 

modernes, plus rapides, seulement il  les trouvait souvent inappropriés à son travail de terrain, et fort 

coûteux (rappelons que malgré   l’aide de SHIBUSAWA, ses  recherches  étaient   financées  pour  un 

montant fort peu élevé). Il lui arriva même d’écrire que :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「260

(Dans le cas où l’on fait une étude de terrain sur le même lieu durant plusieurs jours, je ne veux pas 

qu’on utilise uniquement la voiture. Il s’agit de marcher et d’observer. »)

Pressentait­il qu’avec leur généralisation, ce sont d’autres rapports au temps, à l’espace, au voyage et 

aux « gens » qui sont induits ? (Tendance partagée dans la plupart des pays du monde). MIYAMOTO 

fut   aussi   le  pionnier  des   recherches   sur   le   tourisme et   le  voyage.  Ses   recherches   sur   l’évolution 

historique des manières de voyager, de la durée des séjours et des motifs du voyage donnèrent lieu à 

de multiples ouvrages, dont sa série « Tabi no minZoku to rekishi » (« Ethnographie et Histoire des 

257「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (« Vu que ton corps n’est pas robuste, il serait bon que tu rentres au bout d’une vingtaine de jours [que nous prendrions] comme unité, tu te reposerais un mois et ensuite, tu te remettrais en marche ».) Cité par NAGAHAMA Isao,  in Hôkô no manazashi, chap. IV, 1, p. 103.258 Articles réunis dans Sora kara no minZokugaku, éd. Iwanami gendai bunko.259 ITÔ Kôji 「「「「, « Miyamoto­sensei to aruita yonjûyokkakan »「「「「「「「「「「「「「「「(« Quarante­quatre jours à marcher avec le professeur Miyamoto »), in Miyamoto Tsuneichi, Afurika to Ajia wo aruku, p. 58­59.260 Mingugaku no teishô, 1979, 1999, chap. V, p. 249 éd. Miraisha.

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voyages ») avec des volumes notamment sur les auberges261 ou encore la spécificité des voyages des 

gens du peuple262.

L’originalité de MIYAMOTO Tsunéichi par rapport aux autres ethnographes japonais de son temps, 

tient aussi à son rapport aux cartes. Se déplaçant essentiellement à pieds, il était forcé d’emporter avec 

lui des cartes des régions qu’il traversait. Mais il ne s’en tenait pas là : il vérifiait l’exactitude des 

cartes en question et établissait les siennes propres, ces cartes qui figurent par exemple et notamment 

dans sa série en 15 volumes Watashi no Nihon chizu dont nous avons parlé plus haut à propos de la 

riche et irremplaçable documentation iconographique qu’elle procure. L’établissement de ces cartes 

allait parfois de pair avec une recherche sur l’étymologie, ou du moins la présence des toponymes 

dans les rares sources écrites qui  pouvaient   lui  être présentées.  Mais,  comme l’écrit  NAKAHIRA 

Ryûjirô263, les toponymes ne sont­ils pas les plus vieux mots de la langue japonaise qui nous soient  

parvenus, les plus vieilles archives ?

S’il  était   le   seul   de   son   temps   à   travailler   ainsi   avec  des   cartes  de   façon  aussi   systématique,   il 

s’inscrivait   en   revanche  dans   le   droit   fil   des   écrivains  voyageurs   et   des  géographes  du  passé,  à 

commencer par FURUKAWA Koshôken (1726­1807) et SUGAE Masumi (1754­1829) (du auxquels 

il consacra, rappelons­le, deux ouvrages).

Le séjour chez l’habitant. 

Au cours de ses voyages, au budget modique – il les appelle ses « voyages de mendiant » (kojiki ryokô 

「「「「)264 – MIYAMOTO réussit à trouver l’hospitalité auprès de mille familles265. Bien que ce fût dans 

une minorité de cas, lui arrivait à de séjourner chez des notables locaux (propriétaires terriens (jinushi 

「「), chefs de village (shôya 「「))266. Chacun y gagnait : le notable en prestige local, et l’ethnographe en 

informations.  En   effet,   cet   informateur  privilégié   (que  SATAO  Shinsaku   appelle   la   personne­clé 

(kîpâson 「「「「「「)267) disposait souvent d’archives familiales, écrites bien entendu, base non négligeable 

pour des récits assez détaillés et constituait une bonne « antenne » (antena 「「「「)268 pour des excursions 

261 Nihon no yado, 1er   tome de Tabi no minZoku to rekishi, 1965, rééd. Tôkyô, Yasaka shobô, 1987, 2006. 262 Shomin no tabi, 4ème tome de Tabi no minZoku to rekishi, 1970, rééd. Tôkyô, Yasaka shobô, 1987, 2006.263  « Shin.chizu to chimei (I) – Chimei ha kuni no rirekicho » 「 「 「 「 「 「 「 「 「 I 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (« Nouveaux toponymes et cartes (I) – Les toponymes sont le curriculum vitae du Japon »), in Chizu Journal 「「「「「「「「「(Journal des cartes), 1995, n°107, p. 4.264 On trouvera un exemple de budget dans MinZokugaku he no michi, OM 1, Avant­propos, p. 2­3.265 SANO Shin’ichi, Tabi suru kyojin / Miyamoto Tsuneichi to Shibusawa Keizô, chap. 1, p. 8.266 Source : USU’I Takumi, s’entretenant avec SATAO Shinsaku, in Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, p. 96.267 In Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, p. 57.268 In Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, p. 57.

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dans les environs. Bien que dans la plupart des cas MIYAMOTO trouvât ces interlocuteurs privilégiés 

au cours de ses enquêtes sur le terrain, il semble qu’à une certaine époque (à partir de 1945 et pendant 

quelques années) il en ait obtenu les noms avant même de partir, grâce à l’aide de tierces personnes. 

Un collègue de la Section agriculture auprès de la Communauté urbaine d’Osaka (Oosaka­fu nômu­ka 

「「「「「「 ), ANDÔ  Senzô  「「「「 , ancien directeur de l’école Matsumoto d’agronomie du département de 

Nagano 「「「「「「「「 qui était membre de la puissante Tokunô kyôkai 「「「「* (Association d’agronomie), 

organisation implantée sur tout le territoire, aurait fourni à MIYAMOTO des noms d’agronomes et 

agriculteurs modèles locaux sur toute la région (d’Osaka), qui le recevaient le dimanche lors de ses 

déplacements sur le terrain269.

Bien sûr, malgré l’hospitalité, il arrivait à l’ethnographe de coucher à la belle étoile. Et il devait faire 

face à une méfiance croissante à mesure que les études ethnographiques intérieures se multipliaient, 

non sans certains abus parfois que dénonce d’ailleurs MIYAMOTO. Ainsi par exemple à Iriomotejima 

「「「, dans le département d’Okinawa :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「270

(« Quoi ? Une étude ? Des docteurs à la noix (qui ne sont pas docteurs), il nous en arrive chaque année 

des dizaines. »)

Et MIYAMOTO commente ainsi en 1972 :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「271

(« Concernant  les « études de  terrain »,  il  est  fréquent qu’elles agissent non pas dans  l’intérêt  des 

populations locales, mais au contraire qu’elles renforcent un peu le pouvoir de la métropole, et de 

surcroît   ceux   qui   utilisent   la   bonne   volonté   des   autochtones   pour   les   piller   sont   étonnamment 

nombreux. »)

Il déplore ainsi le comportement de confrères qui par leur attitude méprisante et l’envie d’aller vite, 

nuisent à l’image de la profession et à la déontologie qui s’impose.

Mais pour de nombreux confrères et collègues, MIYAMOTO était par son activité plus qu’un simple 

ethnographe folkloriste.

MIYAMOTO Tsunéichi, archétype du sekenshi

Dans sa postface explicative272  à  Shio no michi,  TAMURA Zenjirô  explique comment son maître 

MIYAMOTO Tsunéichi représente pour lui, de même que pour certains vieillards rencontrés au cours 

269 MinZokugaku no tabi, chap. 11, p. 125.270 Cité par SATAO Shinsaku, in Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, p. 155.271 « Chôsa­chi higai » 「「「「「「「(« Des dommages sur le terrain d’étude »), 1972, in Tabi ni manabu 「「「「「「「(Etudier le voyage), OM 31.272 « Kaisetsu » 「「「「, éd. Kôdansha, 1985, rééd. 2004, p. 206 à 220.

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d’un des voyages du maître273,  l’archétype du  seken­shi  et, à cette occasion, définit ce terme de la 

façon suivante :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「274

(« “Seken­shi” est un mot qu’on entend souvent dans l’Ouest du Japon, en particulier dans les environs 

du pays du maître, qui se trouve dans le département de Yamaguchi. On l’emploie avec une nuance du 

genre :  personne  qui,   ayant   largement  voyagé,   non   seulement  possède  une  grande  expérience,   et 

connaît bien les choses du monde, mais a aussi de la perspicacité, constitue en cas de besoin un bon 

interlocuteur à qui demander conseil, et rend service aux personnes de son entourage ».)

Pour dire les choses autrement, le seken­shi possède, selon cette définition, cinq attributs essentiels : 

1° le goût du travail de terrain (voyage) ;

2° la connaissance (expérience) des choses et des hommes ;

3° la clairvoyance (perspicacité) pour orienter son observation et ensuite sa réflexion vers des axes 

pertinents ;

4° la sagesse (conseil) qui fait de lui un transmetteur (denshôsha), un maître ;

5° l’altruisme (service).

Ces qualités ne sont pas sans rappeler l’image traditionnelle du philosophe voyageur présente dans de 

nombreuses civilisations, des aristotéliciens aux confucianistes.

Ce qui fait aussi un bon seken­shi, et à plus forte raison un bon ethnographe, c’est la façon de conduire 

un entretien,  le but  étant d’obtenir  le maximum d’informations sincères. Là  encore,  MIYAMOTO 

possède la juste manière, en sachant mettre les gens à l’aise :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「275

(« Le professeur MIYAMOTO était un travailleur de terrain exceptionnel. [Ce qui suit] concerne, dit­

on, la fois où il était allé faire une étude de terrain à Tobi­shima qui est située au large de Sakata, dans 

273  Anecdote rapportée par MURASAKI Shûji   「 「 「 「 dans  Miyamoto Tsuneichi – Dô­jidai no kigen, 1981, tome I, p. 450­452 : « Shônen no yume wo wasureruna » 「「「「「「「「「「「 (« N’oublie pas tes rêves de jeune homme »).274 Op. cit. p. 207­208.275 Op. cit. p. 212­213.

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le département de Yamagata. Lorsqu’il repartait, ayant effectué un séjour de plusieurs jours et réalisé 

son  étude  de   terrain,   il  paraît  que   la  personne de cette   île  qui   le   raccompagnait   au port   lui  dit : 

« Professeur, alors que vous aviez dit que vous veniez pour une étude de terrain, vous n’avez pas 

réalisé la plus petite étude ; est­ce ça ira tout de même ?

– Moi, les choses à voir, je les ai vues, les choses à entendre, je les ai entendues et je suis content de 

rentrer [après] avoir pu faire une bonne étude de terrain, ça faisait longtemps… », fit­il en souriant, 

mais   il   semble qu’il   s’agissait  d’une étude du genre à  ne  pas  être   ressentie  comme  telle  par  ses 

interlocuteurs.

A cette époque, ce devait être le cas, mais du matin jusqu’à tard dans la soirée, faisant en sorte d’y 

accorder toute l’importance requise, même pendant les repas, il écoutait, prenait des notes très précises 

et, d’ailleurs, comme il ne donnait pas l’impression à ses interlocuteurs de les examiner ou de pouvoir 

le faire, c’était quelque chose qui confinait justement au prodige surnaturel. Il m’arriva plusieurs fois 

d’avoir l’honneur qu’il me prît avec lui pour ses voyages d’études, me laissant écouter à ses côtés les 

histoires [des personnes qu’il faisait parler], mais si, au départ, elles duraient bien trente minutes, ils 

finissaient par parler extrêmement naturellement, sans qu’on pût dire que l’interlocuteur parlait  ou 

répondait   parce   qu’il   était   questionné,   et   les   histoires   se   poursuivaient   sans   temps   mort,   juste 

ponctuées de hochements de tête ».)

L’entretien est une des étapes essentielles de l’étude de terrain qui sans cela se résumerait à la simple 

observation. Or, contrairement à l’historien et à l’archéologue, l’ethnographe travaille au contact de 

personnes vivantes,   tout  comme le journaliste.   Il  convient  donc de s’interroger sur  la question de 

l’entretien.

Le type d’entretien : 

Dans   leur   ouvrage   consacré   à   ce   problème,   Alain   BLANCHET   et   Anne   GOTMAN   (1992)276 

soulignent l’importance de l’enquête par entretiens de la façon suivante : 

« L’enquête par entretiens est (…) particulièrement pertinente lorsque l’on veut analyser le sens que

les acteurs donnent à leurs pratiques, aux événements dont ils ont pu être les témoins actifs ; lorsque

l’on veut mettre en évidence les systèmes de valeur et les repères normatifs à partir desquels ils

s’orientent et se déterminent. Elle aura pour spécificité de rapporter les idées à l’expérience du sujet.

Elle donne accès à des idées incarnées, et non pas préfabriquées, à ce qui constitue les idées en

croyance et qui, pour cette raison, sera doté d’une certaine stabilité »277.

276  L’enquête   et   ses   méthodes :   l’entretien,   Paris,   Nathan   Université,   1992,   rééd.   2001   coll.   128 sociologie n°19, 125 p..277 L’enquête et ses méthodes : l’entretien, chap. 1er, p. 27.

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Ils dressent également une typologie des entretiens et des méthodes d’analyse qu suivent le travail de 

terrain.  Tous   les  entretiens  découlent  d’une  démarche  plus  ou  moins  participative,   certains  ayant 

même lieu au sein de l’observation participante. 

A cet  égard,  si  MIYAMOTO ne participait  pas forcément aux travaux des champs aux côtés des 

personnes qu’il interrogeait, le fait qu’il était lui­même descendant de paysans l’aidait non seulement à 

comprendre de quoi ils parlaient, et à se faire comprendre d’eux, utilisant le même langage, voire le 

même dialecte, mais aussi à les mettre en confiance, suscitant la confidence. Il ne chercha jamais à se 

faire passer pour ce qu’il n’était pas, à se faire plus ou moins influent qu’il n’était, n’ayant du reste pas 

de raison de mentir pour attirer la confiance des personnes qu’il interrogeait278.

On remarquera que les questions soulevées par la réflexion sur l’entretien se posent tout aussi bien à 

l’ethnographe qu’au journaliste. La principale différence entre les deux types d’entretiens tient à la 

différence   entre   les   deux   disciplines   elles   mêmes,   soit,   comme   nous   l’avons   dit   dans   notre 

introduction, à la durée de l’enquête et à l’absence ou non d’« événement »279. 

Pour   résumer,   BLANCHET   et   GOTMAN   distinguent   trois   types   d’enquêtes :   l’enquête   sur   les 

représentations,   l’enquête   sur   les   pratiques,   et   l’enquête   sur   les   représentations   et   les   pratiques. 

L’enquête peut être couplée avec un questionnaire, que l’ethnographe suivra plus ou moins fidèlement. 

On sait que MIYAMOTO n’avait pas recours au questionnaire. Il préférait les longues conversations. 

Il faut ensuite définir l’échantillon représentatif de l’enquête280, et décider si l’on recourra ou non à un 

informateur privilégié281.  MIYAMOTO, comme on l’a vu, travaillait  plus particulièrement avec les 

vieillards282, dépositaires des traditions et du savoir rural, ce qui ne l’empêchait pas de s’entretenir 

avec   toute   personne   intéressée   bien   évidemment,   et,   ainsi   que   nous   l’avons   dit   plus   haut,  

particulièrement les notables dépositaires de notes écrites, voire d’archives professionnelles (komonjo 

住住住). Les auteurs sus­cités accordent une importance particulière au lieu de l’entretien283 (un bureau, 

celui de l’ethnographe, un café, le domicile de l’interviewé, son lieu de travail etc.), à la présence ou 

non d’autres personnes  (parents,  collègues,  voisins,  badauds etc.)  qui  ont  une influence certaine 

presque quantifiable sur l’attitude de l’interviewé et la véracité de ses réponses : ainsi un interviewé 

278  Contrairement par exemple à Jeanne FAVRET­SAADA qui se fit passer pour une ensorceleuse pour qu’on la laissât assister à des séances de sorcellerie et de désenvoûtement.279 Sur la question de l’événement appréhendé par les sciences sociales, cf. :A. BENSA et E. FASSIN, « Les sciences sociales face à l’événement », Terrain, 38, 2002. 280 L’enquête et ses méthodes : l’entretien, chap. 2, p. 53.281 L’enquête et ses méthodes : l’entretien, chap. 2, p. 58.282 MIYAMOTO n’avait d’ailleurs rien contre la jeunesse, à qui il destina trois de ses livres et à qui il consacra notamment Mura no wakamonotachi「「「「「「「「 (Les jeunes des villages), Tôkyô, Ie no hikari kyôkai, 2004, 225 p..283 L’enquête et ses méthodes : l’entretien, chap. 3, p. 69.

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patron   recevant   l’enquêteur  dans   son  bureau  aura­t­il  plus  d’assurance,  voire  de  condescendance, 

qu’un ouvrier répondant dans la cour de l’usine qui l’emploie ou qu’un employé  « convoqué » au 

centre de recherche de l’ethnographe pour y participer à une expérience. De même, un père de famille 

n’aura­t­il pas la même attitude et ne fera­t­il pas les mêmes réponses s’il est interrogé seul chez lui ou 

en présence de sa famille.  La présence de  tierces  personnes peut  à   la  fois  pousser  l’interviewé  à 

travestir la vérité afin de se valoriser, et à la fois permettre qu’une des tierces personnes rectifie une 

information de bonne foi, ou pour taquiner l’interviewé. 

La croyance en de réels ou supposés pouvoirs de l’ethnographe peut aussi  jouer: est­il indépendant 

comme il le prétend, ou la structure publique qui l’emploie n’a­t­elle pas son mot à dire et dans ce cas 

il n’est pas loin de l’espion qui vient s’enquérir de qui a été un bon citoyen et de qui ne l’a pas été ? 

Au contraire, ce lien à une institution peut aussi être une garantie de qualité, d’objectivité. Et peut­être 

l’enquêteur, en expliquant auprès des autorités centrales ce qui ne va pas dans les campagnes, aidera­t­

il à ce que les revendications locales soient davantage prises en compte : en gros permettra­t­il de faire 

bouger les choses ? Ainsi la neutralité absolue de l’ethnographe peut­elle ne pas être souhaitée. Une 

étude savante qui ne donnerait lieu qu’à des publications dans des revues savantes ne changerait rien à 

la situation, or certains interviewés veulent justement que les choses changent. Pour savoir s’il peut  

faire   confiance   et   répondre   à   l’enquêteur,   l’interviewé   a   donc   besoin   de  garanties   préalables. 

(Garantie que l’enquêteur interviendra, n’interviendra pas, sera seul, sera accompagné, qu’il respectera 

l’anonymat ou qu’il citera nommément son informateur…), la réponse à l’une de ces questions, ou, de 

façon encore plus incertaine, la façon qu’aura l’ethnographe de se présenter auprès des interviewés 

potentiels,   sera   déterminante !   D’autant   qu’un   rien   peut   tout   gâcher   et   priver   l’ethnographe   de 

précieuses informations. Ainsi pour la personne­même de l’ethnographe : ses vêtements (baroudeur 

« terreux », « crotté » ou monsieur de la ville en costume aux chaussures cirées ?), sa façon de parler 

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(qui en impose, ou est « sans façons ») son appartenance ethnique ou religieuse affichée ou supposée, 

son sexe (importance des interdits religieux, du jeu implicite de séduction/répulsion, identification : 

« vous êtes mère, vous me comprenez »),  son âge (celui d’un père de famille,  d’un jeune homme 

inexpérimenté,   donc   attachant   (effet   « prise   sous   l’aile »   de   l’informateur)   ou   agaçant   selon 

l’informateur (syndrome du « blanc bec »), celui d’un vieux (trop vieux) savant à qui il est impossible, 

par exemple, de pénétrer un groupe de jeunes gens, mais qui peut facilement se faire admettre dans un  

groupe de personnes âgées, son équipe (et les questions précédentes s’appliquent alors à chacun des 

membres de l’équipe, sans compter les interrogations sur la hiérarchie, les relations personnelles – qui 

est   avec  qui  –  et   le  budget  d’une   telle  « mission  expéditionnaire  chez  nous »),   son  matériel   (un 

outillage perfectionné peut impressionner, effrayer, susciter la convoitise)… Bref : tout peut influer 

sur la réussite de ce type d’enquête. Un ethnographe considéré comme du même groupe géographique, 

ethnique ou religieux sera parfois traité, tantôt avec une confiance particulière (« Tu nous comprends, 

tu es un gars du coin284 »), tantôt avec une méfiance particulière (« Il est vendu au pouvoir central, il a 

trahi la cause du village »). Dans le cas d’un ethnographe considéré comme totalement extérieur, c’est 

le même genre d’attitude qui survient : il est étranger, donc neutre, voire bienveillant (« effet Casques 

bleus­Médecins sans frontières ») ou au contraire, « il est étranger, donc forcément différent de nous ; 

il ne peut nous comprendre et au final, son activité nous dépossèdera de nos traditions, de nos biens, 

de nos terres ; il insufflera des idées subversives »…

Une fois l’entretien décidé,  comment se déroulera­t­il ? L’enquêteur lira­t­il ses questions ? Si oui, 

dans quel style seront­elles rédigées ? Un jargon scientifique mal ou pas compris du tout engendrera 

des malentendus, voire un malaise ne débouchant que sur du silence ou des réponses évasives, voire 

absurdes. L’enquêteur improvisera­t­il toutes ses questions ? Prendra­t­il des notes pendant l’entretien 

ou après ? Si c’est pendant, laissera­t­il un  assistant  le faire pour lui afin d’être plus libre dans la 

conduite de l’entretien ? La présence de l’assistant peut encore compliquer les choses : l’interviewé 

pourra se sentir mal à l’aise devant ce personnage le plus souvent plus jeune, voire d’un autre sexe. 

Jusqu’en 1955, MIYAMOTO voyagea presque toujours seul et effectua seul ses enquêtes285. Il semble 

que lorsque par la suite il travailla en équipe, il se chargeait des entretiens seul le plus souvent (prenant 

lui­même ses notes – cf. image) et laissait les jeunes chercheurs qui l’accompagnaient s’occuper des 

mesures (arpentage etc.), de la prise de photographies, de vidéos etc. Il ne relate à notre connaissance 

aucun incident concernant un assistant.

284 Certains en ont joué, tel par exemple Nicolas RENAHY, parti enquêter dans un village de sa région natale sur les équipes de football non professionnelles.  Les gars du coin, enquête sur une jeunesse  rurale, Paris, La découverte, 2005, 285 p..285 Watashi no Nihon chizu, t. I : Tenryûgawa ni sotte, Tôkyô, Dôyûkan, 1967, 245 p., p. 241.

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Qui mène le jeu lors de l’entretien ? Un enquêteur qui à tout moment remet son informateur sur les 

rails  pour  éviter  de  perdre   son   temps  en  discours  hors   sujet  ou   l’interviewé   qui   s’adresse  à   son 

enquêteur tout ouï, ce dernier se contentant d’opiner de temps en temps ?

Si l’enquêteur intervient, il dispose de trois techniques :

« – la contradiction, qui est une intervention s’opposant au point de vue développé précédemment par 

l’interviewé ;

– la consigne ou question externe, qui est une intervention directrice introduisant un thème nouveau ;

– la relance, sorte de paraphrase plus ou moins déductive et plus ou moins fidèle, qui est une question 

subordonnées, s’inscrivant dans la thématique développée par l’interviewé »286.

En outre,  l’intervention de l’enquêteur,  quelle qu’elle soit,  peut  aussi  bien relancer  le dialogue, 

l’animer joyeusement, que perturber l’interviewé (lui faisant « perdre le fil » de ce qu’il disait), ou 

même l’offenser, volontairement ou non (le plus souvent involontairement bien sûr), que ce soit à 

cause d’un malentendu attaché au vocabulaire ou d’une insistance sur un détail qui peut être gênant 

pour l’interviewé, et sur lequel celui­ci aurait préféré ne pas s’appesantir, cette insistance étant vécue 

comme une indélicatesse, voire une provocation. 

MIYAMOTO ne signale aucun incident de cette nature survenu durant un entretien. 

Nous supposons que dans la mesure où ses interlocuteurs se laissaient interroger, ils étaient plutôt en 

confiance et de bonne composition, d’autant plus que MIYAMOTO ne cherchait probablement jamais  

à mettre qui ce fût mal à l’aise. Il était conscient d’avoir à faire à des personnes souvent taciturnes.  

286 L’enquête et ses méthodes : l’entretien, chap. 3, p. 80.

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Certes, comme l’explique NAGAHAMA Isao287, les Japonais se ménagent particulièrement dans un 

dialogue (aun no kokyû 住住住住住), et ne cherchent pas forcément à résoudre les problèmes d’impossibilité 

à s’exprimer qui pourraient se poser. MIYAMOTO explique le côté taciturne de certains paysans de la 

manière suivante :

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(« A l’origine, ceux qui avaient beaucoup de mots pour raconter et transmettre n’étaient pas rares dans 

les  villages.  Les  personnes  du  genre   à   parler   pendant  deux   jours,   pendant   trois   jours,   sans   tarir 

d’histoires n’étaient pas rares au sein des villages, mais tous les autres habitants n’étaient pas comme 

ça. Globalement, comparé au débordement (hanran) actuel de mots, je pense qu’on peut dire que ce 

n’était pas à cause du nombre de choses. Mais alors, pourquoi les mots étaient­ils si peu nombreux ? 

Ce   à   quoi   on   peut   tout   de   suite   penser,   c’est   au   fait   qu’au   Japon,   le   système   productif   basé 

principalement   sur   l’agriculture   et   la   pêche   a   longtemps   perduré.   Si   l’on   fait   de   la   Nature   son 

interlocuteur, entre les deux, il n’y a pratiquement pas lieu d’utiliser des mots. [Alors que] pour les  

activités  de   commerce   et   de   services  qui   font   des  hommes   leurs   interlocuteurs,   c’est   tout   à   fait 

différent. Mais il y avait là un monde où dès lors qu’on estimait qu’on n’allait pas faire usage de sa  

bouche, alors ça allait [effectivement] même si on n’ouvrait pas la bouche. Et il n’arrivait pas qu’on 

refusât  de reconnaître l’existence à  quelqu’un au prétexte qu’il  était   taciturne. L’important,  c’était 

d’agir, aussi, du moment que votre conduite était admirable, même si vous vous taisiez, les gens vous 

reconnaissaient et estimaient par là votre valeur. ») 

En outre, les conditions de l’entretien dépendent de plusieurs facteurs qui ne sont pas toujours tous 

prévisibles : météo qui fait qu’une fête en plein air est annulée au dernier moment, une dispute qui 

survient pendant l’entretien qui doit être déplacé, reporté voire annulé, protestations de l’entourage, 

pressions   professionnelles   pour   répondre   dans   un   certain   sens   aux   questions,   voire   refus   de 

l’interviewé   lui­même de répondre aux questions  pour   telle  ou telle raison (malentendu,  peur des 

représailles,   absence   d’intérêt,   de   temps   etc.),   antipathie   unilatérale   ou   réciproque   d’un   ou   des 

participants   à   l’entretien,   manque   de   confiance,   décès,   hospitalisation,   déménagement   ou   simple 

absence de l’interviewé avant ou pendant l’étude de terrain etc. 

MIYAMOTO évoque relativement peu ce genre de questions, toutefois on trouve quelques questions 

de principe dans MinZokugaku he no michi (1955) qui fait un peu office d’introduction à son œuvre et 

287 NAGAHAMA Isao, Hôkô no manazashi : Miyamoto Tsunieichi no tabio to gakumon, chap. IV, 3, p. 115.

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dans MinZokugaku no tabi  (1978), ouvrages qui fourmillent de définitions et d’exemples. Il raconte 

par exemple dans ce dernier288 que les personnes ayant connu l’éducation d’avant Meiji ont une façon 

différente de s’exprimer, davantage marquée par le contenu émotionnel et les inflexions de la voix, et 

s’expriment   généralement   en   dialecte,   différents   éléments   rendant   assez   difficiles   le   travail   de 

réécriture de l’ethnographe. Les gens d’après Meiji, en revanche, et en grande partie influencés par la 

langue standard écrite, ont un vocabulaire différent, moins émotionnel et surtout plus « explicatif » et 

« prosaïque », et moins on est âgé, plus cette façon de parler s’affirme.

MIYAMOTO pratiquait l’entretien sur place  (et non dans son bureau), c’est à dire sur le lieu de 

travail de l’intéressé, puis, une fois l’interviewé en confiance, l’entretien se poursuivait chez ce dernier 

jusqu’à  une heure indue.  MIYAMOTO, très loquace, savait aussi écouter et fournissait une oreille 

attentive, ce à quoi les interviewés n’étaient pas toujours habitués.

Le cadre géographique des recherches de MIYAMOTO Tsunéichi

Nous venons d’évoquer la technique de l’entretien, mais il reste à délimiter son cadre. Quel fut le 

domaine géographique étudié par MIYAMOTO ?

A part les essais consacrés à ses quatre voyages à l’étranger (et celui sur son voyage en Afrique est 

plus un reportage qu’un essai), la  minZokugaku  de MIYAMOTO Tsunéichi a pour cadre le Japon. 

Cela paraît évident, mais  de quel Japon parle­t­on ? Celui du diplomate japonais ? si oui, à quelle 

époque ? car on sait  que  le Japon a connu un temps où  sa domination impérialiste s’exerçait  sur 

d’assez vastes espaces (Mandchourie etc.) ? S’agit­il  du Japon reconnu par les grandes puissances 

étrangères ? du Japon tel que se le figure le paysan moyen de Suô Ooshima ? MIYAMOTO Tsunéichi 

s’exprime clairement sur ce point chaque fois que l’occasion se présente. 

Il s’agit du Japon tel qu’il est officiellement reconnu aujourd’hui, mais auquel s’ajoutent certains des  

territoires annexés par son voisin la Russie (les territoires du Nord). Cela ne veut pas dire qu’il prétend 

que toutes les parties du Japon ont toujours été japonaises et ethniquement uniformes, loin de là.

Qu’il   traite par exemple d’une  île (autre que les grandes  îles Honshû,  Kyûshû  ou Shikoku),  il  en 

raconte l’Histoire, même si celle­ci peut heurter le discours officiel, énonce les particularités qui la 

distinguent des grandes îles principales sus­citées et propose sa conclusion. Ainsi pour l’archipel des 

Ryûkyû, MIYAMOTO Tsunéichi n’hésite pas à écrire qu’il s’agissait d’un royaume à part de l’empire 

japonais,   ayant   fait  double   allégeance,  à   la   fois  à   l’empire  chinois   et   au   Japon.   Il   reconnaît   ses 

particularités (langue, culture etc.) et le rôle actif des autorités japonaises dans sa japonisation forcée. 

288 MinZokugaku no tabi, chap. 10, p. 108­109 éd. Kôdansha gakujutsu bunko.

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Ce genre de démarche est encore plus développé s’agissant de Tsushima 住住, île tampon entre la Corée 

et le Japon, où il réalisa plusieurs voyages d’études et sur laquelle il fit de nombreux travaux289.

A cet égard, l’ouvrage290 (1979) qu’il consacra à l’analyse du journal épistolaire de voyage d’Isabella 

Lucy   BIRD*291  porte   une   remarque   intéressante   concernant   l’importance   des   toponymes   et   leur 

reconnaissance par les puissances étrangères, en l’occurrence les Etats­Unis. Il part de la constatation 

suivante : BIRD utilise des noms anglais pour désigner des  îles japonaises : Perry Island, Webster 

Island etc. Cela évoque à l’auteur la mention d’Ogasawara­shima   住 住 住 住 par le Commodore PERRY 

(1794­1858) sous le nom de « Bunan Island ». Or « Bunan » est une déformation du nom originel de 

l’île, Bunin­tô  住住住 (aujourd’hui lu « Mujin­tô »), « l’Ile peu (ou pas) peuplée292 », qui fut abandonné 

pour le patronyme de son découvreur, le général OGASAWARA Sadayori   住 住住 住住 (dates inconnues, 

XVIème s.). Et MIYAMOTO Tsunéichi d’émettre l’hypothèse selon laquelle si PERRY n’avait pas noté 

ainsi le nom de l’île dans son journal de bord, peut­être la communauté internationale aurait­elle eu 

plus de mal à reconnaître qu’elle était sous souveraineté japonaise293. 

Enfin, il évoque de façon brève la question des deux territoires du nord, les îles Kunashiri(­tô) 住住住 et 

Etorofu(­tô) 住住住, affirmant qu’elles sont toutes deux aïnoues (donc japonaises294) et que leur nom, écrit 

en sinogrammes, a été reconnu par tous les pays. « Il ne s’agit pas, dit­il, d’un nom donné par les 

Russes » (住住住住住住住住住住住住住住住住住住 )295. S’il ne fait guère de doutes que Kunashiri vient de l’aïnou, pour 

Etorofu, on n’en est pas absolument sûr. MIYAMOTO Tsunéichi finit par conclure que : « lorsqu’on 

décide de dire que c’est un nom qu’ont donné les Aïnous de Hokkaidô, on évolue vers le problème du 

droit de propriété territoriale, et on finira par dire clairement qu’il s’agit d’une terre japonaise (Nihon 

289 Comme par exemple Tsushima gyogyô­shi 「「「「「「「(Histoire de la pêche professionnelle à Tsushima), 1983, OM18, 383 p..290 Le recueil des ses conférences prononcées de 1974 à 1979 au Nihon kankô bunka kenkyû­sho 「「「「「「「「 「 (Institut de recherches sur la culture du tourisme japonais)  qu’il  dirigeait,  sur « L’Histoire des voyageurs » (Tabibitotachi no rekishi  「「「「「「「), publié en trois tomes : 1. NODA Senkôin  「「「「「「「 ; 2. SUGAE Masumi 「「「「「「 ; 3. FURUKAWA Koshôken / Isabella BIRD 「「「「「「「「「「「「「「「「 , publiés à Tôkyô chez Miraisha   「 「 「 en 1984. La deuxième partie du dernier tome a fait l’objet d’une republication posthume en un volume sous le titre Isabera Bâdo no « Nihon okuchi kikô » wo yomu 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (Lire Unbeaten Tracks in Japan d’Isabella Bird), Tôkyô, Heibonsha, 1re éd. 2002, rééd. 2004, 285 p.. Nos références renvoient à cette dernière édition.291  Isabella Lucy Bird,  Unbeaten Tracks in Japan  (1880), San Francisco, Traveller’s Classics, 2000, 349 p.. (inédit en français).292 La lecture ancienne (« bunin ») suggère, selon le Kôjien  「「「「「 (dictionnaire unilingue japonais), le sens de « peu peuplé », alors que la lecture actuelle (« mujin ») signifie « non peuplé ».293 Isabera Bâdo no « Nihon okuchi kikô » wo yomu, p. 20.294 Tant les Aïnous (Áynu / 「「「), ethnie autochtone du Japon, que les Wajin 「「 / 「「 (ethnie majoritaire de l’archipel   ayant   produit   les   « Japonais »   que   l’on   connaît)   se   définissent   comme   japonais, puisqu’habitants de l’archipel depuis la préhistoire.295 Isabera Bâdo no « Nihon okuchi kikô » wo yomu, p. 21.

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no mono) » (住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 )296. A coup sûr, jamais BIRD 

ne se serait doutée que son récit d’aventures donnerait lieu à un début de réflexion sur les « territoires 

du nord ».

On   aura   donc   compris   que   le   Japon   de   MIYAMOTO   est   un   territoire   à   la   fois   complexe   et 

explicitement délimité (dans l’espace, mais aussi à chaque fois, dans le temps). 

Il est  tentant d’essayer d’imaginer ce qu’aurait  pu être l’œuvre de MIYAMOTO si SHIBUSAWA 

l’avait laissé partir en Mandchourie, et s’il avait pu faire plus tôt des séjours à l’étranger. Peut­être 

aurait­il été un ethnographe de l’Afrique et de l’Asie mais, en se dispersant ainsi, n’aurait­il pas perdu 

en qualité ? Pour le Japon, il avait déjà beaucoup à découvrir et à transmettre. Cela ne nous empêchera 

pas de revenir dans notre seconde partie sur le séjour en Afrique, événement unique dans la vie de 

MIYAMOTO.

La tentation du japonologue français

La tentation du japonologue non ethnologue serait de croire, impressionné par l’ampleur de l’œuvre 

miyamotienne, à  une supériorité  numérique et qualitative de la  minZokugaku  interne au Japon sur 

l’ethnographie de son propre pays réalisée par les Français. Or une petite recherche permet de dissiper 

tout sentiment d’infériorité, les Français ayant été dès le dix­huitième siècle jusqu’à aujourd’hui des 

férus d’observation et de classification des arts,  coutumes et traditions populaires297.  La principale 

différence, selon nous, tient plutôt à la diffusion des publications. En France, elles restent très peu 

longtemps en magasin, pour celles qui peuvent intéresser le grand public, les autres étant cantonnées à 

un réseau de diffusion par souscription,  dans  les universités,   leurs bibliothèques et   les  centres de 

recherche. En France, un rayon ethnographie de la taille de ceux que l’on trouve dans les librairies 

japonaises,   avec  des  ouvrages   savants  en  grand  nombre,   est   chose   impensable  de  nos   jours.  On 

imagine mal le rayon ethnologie française afficher une pancarte portant le nom, voire la photographie 

d’Arnold  Van GENNEP en  grand,  comme c’est   le   cas  pour  MIYAMOTO ou YANAGITA298,   et 

encore moins son Folklore français en livre de poche ; il le mériterait pourtant, et ne serait pas le seul. 

On pourrait donc tenter des parallèles entre MIYAMOTO et nos auteurs nationaux. Considérant le 

strict   point   de   vue  quantitatif   et   la   diversité   des   thèmes  d’étude,   pour  un   MIYAMOTO   (ou   un 296 Isabera Bâdo no « Nihon okuchi kikô » wo yomu, p. 21.297 Il n’est que de lire le manuel de Michel VALIERE (2002) pour s’en convaincre. Michel VALIERE,  Ethnographie de la France, Paris, Armand Colin Cursus, 2002, 214 p.. Cet ouvrage fait donc œuvre utile   en   ce   qu’il   permet   de   renverser   une   idée   préconçue,   un   malentendu   profond   à   propos   de l’ethnographie et du folklore français, terme ambivalent s’il en est dans la langue d’aujourd’hui. (Nous renvoyons à l’introduction pour un rappel des définitions de ces deux termes.)298 La découverte d’une discipline comme l’ethnologie au hasard d’une déambulation dans une librairie est   chose  possible   au   Japon.  Les   couvertures  des   livres  de  MIYAMOTO,  notamment   celles  des éditions  Kawade  shobô   et  Yasaka  shobô,   jouent  aussi  un  rôle  pour   faire  connaître  MIYAMOTO auprès du grand public.

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YANAGITA, un MINAKATA), il faudrait plusieurs auteurs français. Ainsi pourrait­on avancer pêle­

mêle, toutes époques confondues, et à titre d’exemples, les noms d’Arnold Van GENNEP (son œuvre 

fut une des plus complètes), Théodore HERSART de LA VILLEMARQUE (1815­1895)299  (chants 

populaires), Hippolyte FORTOUL300 (poésies populaires), mais aussi de Jeanne FAVRET­SAADA301 

(sorcellerie  dans  les  campagnes),  Nicolas  RENAHY302  (vie  des  ouvriers  de  la  campagne),  Marie­

Louise TENEZE303  (littérature orale et conteurs), E. SOUFFRIN (peuplement et historique d’une  île 

lointaine)… Et nous pourrions citer encore de nombreux noms, un pour chaque domaine auquel s’est  

intéressé MIYAMOTO.

Une fois réunis les matériaux ethnographiques, il ne reste plus qu’à passer au travail de rédaction. 

2) le travail de rédactionMIYAMOTO a beaucoup écrit. Comme nous l’avons dit, il est difficile d’évaluer le nombre de 

livres qu’il a écrit, mais on peut les estimer à deux­cents. Les Œuvres (actuellement 50 volumes), dont 

la  publication  commença  du  vivant­mème de  MIYAMOTO,  prévoient   environ  cent  volumes.  On 

pourrait croire que cette prolixité avait pour conséquence un certain relâchement dans l’écriture. Il 

n’en est rien. MIYAMOTO, s’il écrivait vite et longtemps, revoyait fréquemment sa copie et d’une 

édition de ses livres à l’autre, d’importants changements pouvaient être effectués.

-a. Le style de MIYAMOTO Tsunéichi :

Ce qui impressionne à la première lecture du style de MIYAMOTO Tsunéichi, c’est sa clarté et sa 

simplicité. Il ne cherche jamais à en imposer par un jargon savant, et lorsqu’il utilise des termes qui 

sortent du vocabulaire courant, il les définit toujours au début, généralement à la deuxième phrase. 

Pourquoi la deuxième phrase ? Sans doute, d’après nous, pour susciter notre réflexion dans le contexte 

(car MIYAMOTO Tsunéichi fait toujours confiance à l’intelligence du lecteur). La première phrase 

interroge, et la seconde permet de vérifier si l’on avait estimé juste. 

Comme souvent dans la langue japonaise, les entretiens rapportés sont un mélange de style direct et 

de style semi­direct (sans guillemets). Les interventions, les questions de MIYAMOTO Tsunéichi sont 

peu retranscrites, et le tout donne l’impression d’un long monologue, étalé parfois jusqu’à former un 

299 Théodore HERSART de LA VILLEMARQUE, Barzaz­Breiz, Paris, 1939.300 Hippolyte FORTOUL, Recueil général de poésies populaires de la France.301 Jeanne FAVRET­SAADA, Les mots, la mort, les sorts, Gallimard Folio/Essais, Paris, 1994.302 Nicolas RENAHY, Les gars du coin, enquête sur une jeunesse rurale, Paris, La découverte, 2005, 285 p..303 Marie­Louise TENEZE, Nanette Lévesque, conteuse et chanteuse du pays des sources de la Loire :  la collecte de Victor Smith 1871­1876, Paris, Gallimard, 2000.

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chapitre entier à la première ou à la troisième personne du singulier. Le plus célèbre exemple en est 

Wasurerareta Nihonjin (1960) avec le récit du vieux KAJITA Tomigorô 「「「「「304 qui commence par un 

long tiret : « – » après une courte conversation avec MIYAMOTO Tsunéichi. 

On sait que MIYAMOTO Tsunéichi prenait des notes pendant et juste après ses entretiens, pour 

conserver « à chaud » le style et les informations de ses interlocuteurs. Les tournures dialectales sont 

donc légions, et il est parfois difficile de les décrypter, même pour un lecteur japonais, MIYAMOTO 

Tsunéichi ne fournissant pas de traduction pour des formes  grammaticales qui étaient parfaitement 

compréhensibles   à   l’époque.   En   revanche,   pour   les   noms   communs,   il   fournit   très   souvent   une 

traduction   en   japonais,   ce   qui   donne   lieu   à   une   explication   étymologique   et   ethnographico­

historique305.

Si  une version électronique de  l’œuvre miyamotienne existait,   il  serait   intéressant  de faire une 

analyse hypertextuelle de son vocabulaire. Sans avoir de chiffres, il nous apparaît que certains termes 

spécifiques reviennent plus que d’autres dans sa prose. 

Ainsi parmi les termes récurrents trouve­t­on wakaru  「「「 (comprendre, savoir [mot japonais]) et 

non rikai suru 「「「「 (comprendre [mot d’origine chinoise]) ; hensen 「「 (mutation, transformation). 

Dans son commentaire de Nihon no mura et d’Umi wo hiraita hitobito306, MATSUYAMA Iwao 「「「

insiste sur trois termes : tôtoi 「「「「 [「「] (respectable), shitashimu 「「「「 [「「「] (se familiariser avec) et yûki 「

「 (bravoure)   qui   apparaissent   de   façon   notable   dans   ces   deux   essais   et   permettent   de   voir   où 

MIYAMOTO Tsunéichi a porté son attention. Que les trois termes aient à voir avec l’humain, que ce 

soit  un jugement moral  (tôtoi),  un acte (shitashimu) ou un trait  de caractère (yûki) n’est pas sans 

signification. MIYAMOTO comme nous le verrons tout au long de cette étude, attachait en effet une 

importance particulière à la fois à une certaine morale (assez confucéenne) et aux émotions. De même, 

il   s’attacha autant  à   la  description de phénomènes sociaux de groupe  (les  yoriai  「 「 「 「 ,   réunions 

solennelles de village, les cérémonies agraires comme le  taue  「「「 (repiquage) etc.) qu’aux parcours 

individuels les plus atypiques (le Genji de Tosa, FURUKAWA Koshôken ou SUGAE Masumi). 

Mais ce foisonnement d’informations au sein de l’œuvre ne fut pas incompatible avec la reprise 

d’informations d’une œuvre à l’autre.

304 Wasurerareta Nihonjin, éd. Iwanami bunko, p ? 171 : « Kajita Tomigorô okina »  「「「「「「「「 (« Le vieux KAJITA Tomigorô »).305 Un exemple parmi des milliers : la différence entre kugai 「「「 [「「「「「] (relation de couple officielle) et shingai  「「「「 [「「「「「] (1/ relation de couple secrète ; 「ko  「 [du Hokuriku 「「 au Yamakage 「「] 2/enfant naturel) et la présentation des différents noms pour désigner un enfant naturel, ex. hotta  「「「 [「「 ?] en Akita, Aomori, Shizuoka et Aichi, matsuborigo 「「「「「 [「「「「 ?] en Okayama, dans l’Ouest, à Kyûshû et Shikoku etc. (Onna no minzoku­shi, « Onna no sôzoku » 「「「「「「 (« La succession des femmes ») (1969), éd. Iwanami gendai bunko, 2004, p. 173).306 Ed. Chikuma bunko, 2005, p. 274 et s.

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- b. La réutilisation d’informations :

MIYAMOTO ne fut jamais paresseux. Il écrivit des centaines de textes, et cela ne le dérangeait 

pas, semble­t­il, de revenir, pour les besoins d’un texte nouveau, sur quelque chose dont il avait déjà 

traité   dans   un   texte   précédent.   La   réutilisation   de   thèmes   et   d’informations   par   MIYAMOTO 

Tsunéichi est donc fréquente avec une variété de reformulations et, au besoin, une tonalité différente, 

car MIYAMOTO Tsunéichi ne se contentait pas de recopier ce qu’il avait déjà écrit mais réécrivait en 

respectant la tonalité générale de son texte. Le même fait n’était donc pas traité de la même manière 

selon que le texte devait être publié  en volume ou s’il s’agissait d’un article isolé.  La quantité  de 

détails donnés, la tonalité du texte (qui peut être détachée ou au contraire d’une subjectivité assumée) 

et le vocabulaire diffèrent. Citons trois exemples : 

Ex. : 

1. Les denshôsha : 

a. SAKON Kumata okina 「「「「「, dans Kawachi no kuni Takihata SAKON Kumata okina kyûji­

dan 「「「「「「「「「「「「「「「1937, qui réapparaît dans Wasurerareta Nihonjin307, etc.308.

b.  TANAKA  Umesada  「 「 「 「 dans  Wasurerareta  Nihonjin309  et  Sonri  wo  iku  (Aller  dans   les 

villages)310.

2. L’éducation de sa mère : qui apparaît notamment dans « Haha no omoide » 「「「「「「「 et « Haha no 

ki » 「「「「「 (les deux repris dans Onna no minZoku­shi311) et Kakyô no oshie (L’enseignement du 

village natal)312.  Il  y parle du journal de sa mère, écrit quasi­entièrement en  hiragana313  et 

détruit dans un incendie avant transcription.

307 Wasurerareta Nihonjin, chap. XI (Sekenshi (ni) 「「「「「「), p. 238 & s. éd. Iwanami bunko.308 On trouve de simples références à SAKON Kumata dans Minzokugaku he no michi, chap. IV, 20, p. 260, OM 1 et dans  Minzokugaku no tabi, chap. 8, p. 92 éd. Kôdansha gakujutsu bunko.309 Wasurerareta Nihonjin, chap.  XII (Moji wo motsu denshôsha (ichi)  「「「「「「「「「「「), p. 261 & s. éd. Iwanami bunko.310 Sonri wo iku, chap. V, (9), p. 175­178, OM 25.311 Onna no minZoku­shi, p. 300 et 305.312 Kakyô no oshie, chap. 7 p. 81.313 Les kana 「「 sont les caractères phonétiques japonais correspondant à des mores (intermédiaire entre le phonème et la syllabe). La langue japonaise est écrite dans un mélange de  kanji  (idéogrammes d’origine chinoise) et de  kana  (qui comprennent les  hiragana   「 「 「 「 [ 「 「 「 ], de forme ronde et les katakana   「 「 「 「 [ 「 「 「 ], plus anguleux, employés dans des cas différents). La mère de MIYAMOTO n’ayant pas eu l’occasion d’aller à l’école, se contenta de suivre de l’extérieur (par la fenêtre) les cours d’école maternelle et primaire des enfants qu’elle gardait pour gagner sa vie. Son fils n’apprit qu’elle  savait lire et écrire (les kana) que tardivement. Ils échangèrent quelques lettres et c’est lui qui l’incita à écrire son journal.

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Dans le premier cas, nous passons d’un ouvrage de description d’entretiens à usage professionnel à 

un livre destiné à un public plus vaste sans pour autant renier l’objectivité ethnographique. Seulement 

SAKON n’est plus le sujet unique de livre mais un cas parmi d’autres, et son récit de vie à la première 

personne  voisine  avec  des  descriptions  d’institutions   (Ière  partie,   cf.   encadré)   et   la  description  de 

rencontres avec des personnages locaux de transmetteurs (denshôsha 「「「). Dans le second exemple, le 

cas de TANAKA est traité en détail (vingt­et­une pages et demi) dans Wasurerareta Nihonjin (1960) 

avec des anecdotes et remarques qui viennent apporter des digressions au récit, mais très brièvement 

(deux pages et quelques lignes) dans Sonri wo iku (éd. défin. 1977). Le troisième exemple remplit une 

fonction différente selon l’œuvre dans laquelle il a été inséré : illustrer le système de la garde des 

enfants ; souligner le problème de l’illettrisme des jeunes filles de la campagne avant­guerre ; donner, 

enfin,  un exemple d’amour maternel  avec  le  récit  de  leur  échange de  lettres.  Et  dans chaque cas 

l’évocation de la destruction du journal vient conclure l’histoire en montrant la fragilité des documents 

ethnographiques et l’impérieuse nécessité de les dupliquer pour en assurer la transmission. 

MIYAMOTO avait conscience que son lectorat était émietté et que tous ses lecteurs n’avaient pas 

accès à l’ensemble de ses textes. Nombre de ceux­ci étaient en effet publiés dans des revues à tirage 

parfois confidentiel ou à circuit de diffusion quasi­limité à des professionnels. La parution en volume 

ne touchait pas le même public selon l’éditeur et selon la collection. Ainsi par exemple dans sa trilogie 

destinée à la jeunesse : Nihon no mura (1948), Furusato no seikatsu (1950) et Umi wo hiraita hitobito 

(1955), il recourt au style « poli » (réservé normalement à l’oral ou la correspondance) et limite le 

nombre d’idéogrammes qu’il utilise afin d’être mieux compris. Toutefois il semble bien vite oublier à 

qui il s’adresse et peu de changements sont à noter au niveau de son style même. On sait que les trois 

livres eurent un petit succès de librairie, mais on peut se demander qui les acheta : les enfants, ou les 

parents ? Qu’on nous permette de retenir la seconde hypothèse. Ces ouvrages sont passionnants pour 

un lectorat adulte, mais ne sont­ils pas d’un profond ennui pour des enfants en quête d’aventure ou des 

adolescents  peu   intéressés  par   les  descriptions  des  objets  du  passé  qui  doivent   leur  paraître  bien 

arides ?

Cependant, il reste vrai que MIYAMOTO vise des publics différents dans ses ouvrages et au cours 

de   ses   activités :   conférences   auprès  d’agriculteurs,   essais   spécialisés,   livres  de  grande  diffusion, 

ouvrages de vulgarisation destinés à la jeunesse. C’est le fond qui va déterminer la forme, que nous 

détaillerons dans la partie qui va suivre.

Enfin, qu’on nous permette une dernière hypothèse, plus psychologique et littéraire : la réutilisation 

d’informations par MIYAMOTO pourrait très bien être un moyen parmi d’autres d’insister sur des 

points qu’il  estime importants en marquant la mémoire du lecteur. Il  poserait  ainsi des jalons qui 

seraient, pour certains, des informations clés et pour d’autres des « épisodes » incontournables de sa 

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biographie, ou mieux, de sa propre légende qu’il aurait ainsi cherché à créer de son vivant, un peu à la 

manière des contes bouddhiques repris sous différentes formes, avec des variantes… 

La présentation et l’ordre des chapitre :

Les   ouvrages   de   MIYAMOTO   Tsunéichi   ne   sont   certes   pas   construits   selon   un   plan   « à   la 

française », élaboré préalablement à la rédaction, et en deux ou trois parties, pourtant, ils ne sont pas 

qu’une simple succession de chapitres sans  liens  les uns avec  les autres.  MIYAMOTO Tsunéichi 

procède à un classement par thèmes et sous thèmes (Wasurerareta Nihonjin), ou département (Toshi  

no matsuri to minzoku  (OM27)). Les nombres qui reviennent le plus, statistiquement, sont le sept 

(chapitres) et le deux (parties). On peut émettre l’hypothèse que MIYAMOTO Tsunéichi eut peut­être 

été intéressé par l’habitude des juristes français à raisonner selon une logique binaire et à produire une 

arborescence binaire symétrique dans la structure de leurs textes. On trouve aussi beaucoup de livres 

sans grandes parties, constitués d’une douzaine de chapitres indépendants (ex. :  Kakyô no oshié  ou 

Emakimono ni miru Nihon shomin seikatsu­shi, 13 chapitres).

Par  ailleurs,  dans  un  ouvrage  comme  Wasurerareta  Nihonjin,   sorte  de   florilège  de   la   science 

miyamotienne, on trouve des chapitres narratifs, d’autres qui présentent un entretien. L’image illustre 

le texte, accompagnée par une carte élaborée par MIYAMOTO lui­même. Les chapitres narratifs ne 

sont pas tous consacrés au même genre de sujet : certains sont plus folkloriques, d’autres historiques, 

certains sont autobiographiques et laissent la place au « je », les autres pas et leur ton est plus détaché. 

Un exemple de plan de livre : La structure de Wasurerareta Nihonjin 住住住住住住住住住住 (Les Japonais

oubliés)314 :

Aucune introduction, 13 chapitres et une conclusion : 

[Ière Partie : Organisations du groupe]

[1] Tsushima nite 住住住住 (A Tsushima)

[2] Mura no yoriai 住住住住住住 (Les assemblées de village)

[3] Nagura dangi 住住住住 (Leçons de Nagura)

[5] Onna no sekai 住住住住 (Le monde des femmes)

[IIème Partie Chapitres autobiographiques]

[4] Kodomo wo sagasu 住住住住住住 (A la recherche de l’enfant)

[9] Watashi no sofu 住住住住 (Mon grand père)

[IIIème Partie : Entretiens divers]

314 La numérotation est de nous et vise à révéler la structure implicite de l’œuvre. 

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[6] Tosa Genji 住住住住 (Le Genji315 de Tosa) : personnage qui réapparaît dans d’autres ouvrages

[7] Tosaderagawa yawa 住住住住住住 (Histoires nocturnes de la rivière Tosadera)

[8] Kajita Tomigorô okina 住住住住住住 (Le vieux KAJITA Tomigorô)

[10] Seken­shi (ichi) 住住住 (住) (Les maîtres du monde (I)) : 6 sous­parties

[11] Seken­shi (ni) 住住住 (住) (Les maîtres du monde (II)) : en particulier SAKON Kumata 住住住住, p. 238 & 

s., personnage qui réapparaît dans Kawachi no kuni Takihata Sakon Kumata okina kyûji­dan (OM37).

[IVème Partie : Les transmetteurs de traditions lettrés]

[12] Moji wo motsu denshôsha (ichi) 住住住住住住住住 (住) (Les transmetteurs de traditions qui savent lire et 

écrire (I)) : en particulier TANAKA Umesada ( ?) 住住住住 qui réapparaît dans Sonri wo aruku (OM25).

[13] Moji wo motsu denshôsha (ni) 住住住住住住住住 (住) (Les transmetteurs de traditions qui savent lire et écrire 

(II)) : en particulier TAKAKI Seiichi 住住住住

Conclusion (Atogaki 住住住住)

On remarquera que : 1° cette œuvre est structurée. Les chapitres ne sont pas mis à la suite les uns des 

autres sans logique ; 2° la structure de cette œuvre est caractéristique de la façon qu’ont les Japonais 

de classer les thèmes de réflexion. En effet, MIYAMOTO part de la description de phénomènes de 

groupe et d’instances collectives avant de nous parler d’individus isolés : de lui d’abord, puis des 

transmetteurs. Le livre aurait donc pu être divisé en deux parties apparentes : le groupe ; l’individu.

Les travaux de MIYAMOTO, pour rigoureux et honnêtes qu’ils soient, n’en suscitèrent pas moins 

des critiques dans le monde des sciences humaines japonaises.

La critique du manque de théorisation :

Les détracteurs de MIYAMOTO relèvent toujours le même point : le manque de théorisation. Or, 

cette critique ne saurait être qu’hors sujet,  dans la mesure MIYAMOTO ne s’est jamais considéré 

comme un anthropologue, mais plutôt comme l’ethnographe de la ruralité, réunissant des matériaux 

que les autres après lui seront libres d’analyser comme bon leur semble. A cet égard, USU’I Takumi 

fait la réflexion suivante :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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315 Ce surnom de « Genji » renvoie ici au héros du Genji monogatari 「「「「「「 (Le dit du Genji), célèbre roman de Murasaki Shikibu  「「「 (milieu de l’époque de Heian), personnage de (prince) séducteur et sentimental. 

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「316

(« La science est un travail qui consiste à recueillir des objets concrets (gushô), pour ensuite 

théoriser et en faire quelque chose d’abstrait, ou bien à revérifier des hypothèses rendues abstraites. 

Dans   le  cas  de  M.  MIYAMOTO,   il   a   reçu des  critiques   selon   lesquelles   sa   théorisation  était 

insuffisante. Mais moi, je pense que c’est différent. Que ce sont les recherches en  minZoku  qui 

semblent hâter la théorisation, non ? D’abord, on se consacre entièrement à la prise de notes en 

entretien. Les chercheurs universitaires aussi, ces dix dernières années317, introduisent pas mal de 

procédés d’études de terrain ethnographique sous la forme de « travail de terrain ». […] Utiliser des 

mots  comme abstraction ou  théorisation comme des  atouts  déterminants  est  mesquin  (kyôryô). 

Critiquer une personne qui travaille dans une situation où les moyens sont différents est un peu 

erroné,  non ? Certes,  les résultats du travail de terrain énorme de M. MIYAMOTO au sein du 

[Comité  pour le] Développement des îles éloignées sont aussi liés à la politisation sous certains 

aspects, mais si l’on dit que c’est à cause de cela, et qu’on demande s’il a eu ou non des résultats, 

n’est­ce pas parce qu’on utilise des critères différents ? »)

L’accusation étant hors sujet, elle n’est pas de nature à entamer, selon nous, les mérites de l’œuvre 

miyamotienne.

Maintenant, avant d’en venir à la présentation du fond de l’œuvre, on peut se demander quel a été le 

but de MIYAMOTO, car on ne saurait, selon nous, tout réduire à sa formation et ses influences, pour 

importantes qu’elles furent. 

B/ Les raisons de fond qui guidèrent MIYAMOTO

Chaque   œuvre   de   MIYAMOTO   semble   répondre   à   une   motivation   intellectuelle   particulière. 

Toutefois,   cela   ne   nous   empêche   pas   de   rechercher,   à   travers   des   exemples   concrets,   quelques 

constantes qu’il s’agit de présenter ici, avant d’en venir véritablement au fond.

Le « vœu prédictif » de SHIBUSAWA » :En pleine guerre, MIYAMOTO passe mettre de l’ordre dans les collections du musée avant d’aller 

rejoindre   femme et   enfants  à  Osaka.   Il  va  donc   faire   ses  adieux   à   son  patron  qui   s’exprime  en 

substance (ainsi MIYAMOTO résume) :

316 Interrogé par SATAO Shinsaku, in Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, 5ème entretien, p. 100.317 L’entretien fut réalisé en 2002.

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「318

(« Tu marches et tu vois la situation des populations rurales. Cela aussi, tu le prends sous l’angle de la 

minZokugaku, tu connais même bien les publications qui ont trait au folklore et tu es celui qui a la  

meilleure compréhension des objets traditionnels populaires (mingu). Ce que j’estime qu’il te faut faire 

est ceci : quoi qu’il advienne par la suite, préserve ta vie ; je veux que tu vives jusqu’après la fin de la 

guerre.  Avec  la  défaite,  de grands désordres  risquent  certainement  de se produire.  A ce moment, 

j’ignore ce que deviendront les cultures et l’ordre qui avaient été conservés jusqu’à aujourd’hui. Mais 

si tu es en forme [à ce moment­là] tu pourras devenir un « canal » (paipu) reliant l’après­guerre à ce 

que tu as vu et entendu avant­guerre ».)

Dès   lors,   tout  prend sens dans  les grandes  lignes :  MIYAMOTO sera  un passeur,  voire  même le 

sauveur d’un monde en voie de disparition, un historien de l’urgence. 

MIYAMOTO ajoute :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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(« Je sus [ainsi] (pour la première fois) que c’était cela que le professeur attendait de moi depuis ces 

quatre dernières années. Traiter de la vie quotidienne des gens qui vivent dans la vraie vie, et pas dans  

les   livres,   et   savoir   concrètement   ce   que   sont   les   Japonais   jouera   nécessairement   un   rôle   dans 

l’orientation du Japon d’après­guerre, enfin c’est un devoir urgent que de former ce genre de personne, 

ne serait­ce qu’une seul, pensait­il. Pourtant, il le réclamait de nous avec une froideur extrême. »)

A la lecture de ces lignes, on voit bien le lien entre le passé et la formation de la génération suivante. 

A aucun moment, la minZokugaku ne s’est vue comme une science pure sans incidence sur le monde. 

Il s’agit pour SHIBUSAWA et MIYAMOTO d’accompagner un changement inévitable et d’essayer 

de transmettre ce qui aura pu être sauvegardé en urgence. 

Dans  Minshu no  chie  wo  tazunete  (En  interrogeant   la  sagesse  populaire)   (1962)320,  MIYAMOTO 

écrit :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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(« Mes voyages ne sont pas quelque chose que j’ai réalisé uniquement pour me faire plaisir. A mesure 

que le monde avance et que les vieillards vont vers la mort, ce sont les anciennes traditions qui vont 

318 MinZokugaku no tabi, chap. 10, p. 121.319 MinZokugaku no tabi, chap. 10, p. 121.320 OM 26.

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disparaître. Une fois qu’elles auront disparu, on dira : « Qu’est­ce que ça peut bien être, ça ? » et on 

aura beau scruter, il sera déjà trop tard. Il y a lieu alors de procéder dans la mesure du possible à de 

nombreux entretiens  avec   les  anciens :  voilà   ce  que   je  me suis  vu  conseiller  par   les  professeurs 

YANAGITA Kunio et SHIBUSAWA Keizô et tels étaient les voyages que j’entrepris. »)

Et réapparaît alors la question de l’identité des Japonais… 

Déjà  YANAGITA liait   la formation de la  minZokugaku  à   la  politique (cf.  plus haut)  et  en faisait 

l’indispensable accessoire de l’éducation future des consciences à la solidarité locale, puis nationale, et 

cherchait l’amélioration des conditions économiques d’existence des classes pauvres321.

Mais  MIYAMOTO a  des  motifs  supplémentaires  d’accomplir   la   tâche  titanesque  qu’il   s’est   fixé, 

comme nous le verrons dans la seconde partie (chapitre IV)

1) Extrait de la postface de MIYAMOTO Tsunéichi à son Furusato no seikatsu

Cette postface contient quelques éléments qui résument assez bien la démarche de MIYAMOTO et sa 

vision de la discipline en train de se constituer.

322(« J’aimerais, dans la mesure du possible, essayer de mettre en lumière de quoi sont composés les 

villages où nous vivons (et/) ou nos villages d’origine. Mais, des choses d’autrefois (de ces villages), il 

ne nous reste pas grand chose par écrit, aussi ne pouvons­nous rien savoir à l’aide de ces seules traces 

écrites. De plus, si l’on se contente de déterrer des villages abandonnés, comme le fait l’archéologie, 

aucune résolution du problème ne pointe non plus à l’horizon. En fin de compte, vu qu’aujourd’hui il 

reste effectivement, assurément, des vieilles choses parmi ce qui nous a été   transmis oralement et 

parmi les usages actuels des villages, il nous faut bien examiner celui où nous vivons, observer aussi 

ceux des environs et les comparer.

321  « Une discipline académique est   requise,  qui  nous  fournira  davantage de  réponses utiles  à  des questions  concrètes   telles  que :   comment   les  gens  d’une   certaine   région  peuvent­ils   s’unir  d’une manière   plus   harmonieuse,   ou   comment   pouvons­nous   minimiser   le   nombre   de   gens   qui   sont malheureux ou dont le comportement est indésirable pour la société ? » YANAGITA Kunio, Teihon, Bekkan 3,  « Kokyô  nanajû­nen » 「 「 「 「 「 「 「 (« Soixante­dix ans  de village natal »),  p.  333,  cité  par KAWADA Minoru, op. cit., chap. 5, p. 111.322 Texte original : 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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En même temps, il faut lire les écrits qui se rapportent à cela. Toutefois, ce qui est plus important,  

c’est de marcher et de regarder. Si l’on ne marche pas et qu’on ne regarde pas, aucune sensation réelle 

n’est à attendre. Les sensations réelles (jikkan) jouent un grand rôle dans l’examen des choses. Ce 

genre  de   science  qui   examine   l’Histoire  de   la  vie  quotidienne  des  populations  ordinaires   ( ippan 

heimin) s’appelle la « minZokugaku du Japon », mais tant celui qui fonda cette discipline, le professeur 

YANAGITA Kunio, que celui qui reçut son enseignement et travaille actuellement sur la littérature 

nationale, le docteur323 ORIKUCHI Shinobu, sont en même temps de grands voyageurs. En outre, de 

nombreuses personnes qui participent à des recherches de ce genre ont toutes étudié les voyages [de 

jadis], ou encore les manifestations de la vraie vie dans les villages et approfondi ces recherches et ces  

réflexions. Là survient la comparaison grâce aux sensations réelles.

De plus, sur ce genre d’enquêtes et de recherches, beaucoup de livres sortent, mais c’est quelque chose 

sur quoi j’aimerais encore écrire, à l’occasion. 

Comme la  minZokugaku  – contrairement à [cette attitude] qui, comme l’Histoire ordinaire, se base 

pour ses investigations sur les traces écrites – cherche à observer les choses anciennes qui existent au 

sein de la vie de tous les jours, même si l’on fait assez attention, les omissions sont, de fait, assez 

nombreuses. De surcroît, il est assez difficile de fixer la frontière entre ce qui est récent et ce qui est 

ancien. Cependant, nous désirons connaître l’Histoire exacte de la vie quotidienne de nos ancêtres.

J’aimerais que de nombreuses personnes – au moins une – prennent part à cette science. 

Bref, ce livre fut écrit grâce aux bons soins de personnes assez nombreuses : c’est moi qui ai pris le 

stylo pour écrire ces phrases, mais au cours de mon voyage, j’ai fait l’objet d’attentions, et ceux qui 

ont bien voulu m’apprendre par ailleurs les choses les plus diverses sont en vérité  fort nombreux. 

Même si ça fait peu, ils dépassent les mille. J’ai également appris grâce à de nombreuses lectures. 

(…) »)

Ce texte expose quelques uns des axes de recherche de MIYAMOTO. Il cherche ainsi à étudier la 

structure  (« de quoi [ils] sont composés ») des villages actuels tout autant que celle des villages du 

passé (« villages d’origine »). Ensuite, par l’étude des éléments légués par le passé (les  matériaux – 

shiryô – que nous évoquions plus haut) et l’observation directe et participante, il s’agit de parvenir à 

une compréhension permettant le  comparatisme. Cette compréhension ne peut venir que si l’on fait 

appel aux « sensations réelles ». Elles sont l’atout de l’ethnographe, par rapport à l’archéologue ou à 

l’historien. Cette empathie est donc nécessaire et ne saurait se limiter à la subjectivité personnelle du 

travailleur  de   terrain.  Histoire  et   empirisme vont  donc  de  pair,   afin  de   saisir   ce   triple  but  de   la 

minZokugaku : qui étaient nos pères ? Que nous ont­ils légué ? Et qui sommes­nous ?

Mais un autre exemple peut être fourni avec Kakyô no oshie.

323 Docteur en lettres.

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2) Les deux buts de Kakyô no oshieKakyô no oshie, comme l’indique son titre, traite de l’éducation de l’enfant au sein de la famille rurale,  

et ce à partir de la propre expérience de MIYAMOTO. Le rôle de l’expérience vécue, à une époque où 

le futur ethnographe ne se savait pas observateur, est assez particulier et rare, sans  être tout à fait 

unique (qu’on songe par exemple à Pascal DIBIE ou Nicolas RENAHY).

Parmi les buts revendiqués par MIYAMOTO, on lit ceci :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「324

(« Pour ce qui est du premier, j’ai cherché à éclaircir ceci : comment les traditions (denshô) de vieille 

date nous ont­elles été léguées, et de quelle façon les choses nouvelles (/ innovations / nouveautés) 

sont­elles introduites ? J’ai par ailleurs aussi cherché à mettre en lumière les relations de la position 

[sociale] – considérant [la question de] l’éducation et de la discipline domestiques par rapport aux 

grands  parents,   aux  parents,   leurs   femmes  et   enfants  –  avec   les  co­villageois.  Ensuite,   j’ai   aussi 

cherché à voir avec quels genre de buts et de quelle manière la vie quotidienne dans les villages avait 

été organiquement constituée. »)

MIYAMOTO énonce ici, outre le sujet de son livre (les questions de l’éducation et de la discipline 

domestiques),  les axes qui l’ont guidés (et qui ne sont pas propres, selon nous, au seul  Kakyô  no 

oshie) : la question de la transmission (denshô) des traditions, celle de la naissance (sui generis ou 

importée) de nouvelles pratiques coutumières, en d’autres termes les mutations (hensen) que nous 

évoquions   plus   haut,   enfin   la   question   de   l’organisation   institutionnelle   de   la   société   rurale, 

organisation au cœur de ces constants processus de mutation.

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「

(« Quant à l’autre [but], j’ai cherché à voir, en dehors de l’instruction à l’école populaire, et alors 

même qu’on insistait [alors] sur ce qui relève des recherches sur le terroir (kyôdo) ou de l’éducation 

rurale (kyôdo kyôiku) (rares étant [en ces matières] les retours sur le passé jusqu’à maintenant), quelle 

place et quelle superficie occupait, dans la vie quotidienne des villages, l’éducation pour devenir de 

bons membres de la famille et de bons villageois. »)

Le dernier objectif peut sembler anecdotique (et peut­être l’est­il vraiment), mais il est représentatif 

d’une époque où la morale était encore présente au sein des sciences humaines au même titre que 

l’idéologie : il s’agit de comprendre comment l’éducation peut concourir à la vertu et à l’harmonie (le 

wa  住 si   important   pour   les   Japonais325),   pour   ensuite   l’encourager   (même   si   ce   n’est   pas   dit 

324 Introduction, p. 11 éd. Iwanami

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explicitement dans ces lignes). En MIYAMOTO, il faut le reconnaître, se cache aussi un moraliste qui 

s’ignore. 

Suit une petite explication : 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「326

(« Je me disais en substance que ce qui avait un sens c’était plutôt, dans la mesure du possible, de 

traiter en  détail  et exhaustivement d’un seul village. Les choses ici rapportées sont manifestement 

toutes  différentes   les  unes  des  autres,   en   fonction  des   régions,  ou  de  ce  qui  diffère  de  mon cas 

personnel, mais je me demande [aussi] si les idées et les aspirations de mon grand père concernant les 

femmes et les enfants [ne] sont [pas] communes [à tous]. Ce sont [précisément] ces choses communes 

qui viennent nous montrer les différences d’expression suivant l’environnement ou les traditions. »

Ce   court   extrait   montre   de   manière   peut­être   un   peu   confuse   la   dichotomie   au   fond   de   la 

minZokugaku miyamotienne et, peut­être même par extension, au sein même de la pensée japonaise, 

entre le différent et  le même. MIYAMOTO veut étudier un seul village, le sien, car il lui semble 

particulier,  unique.  Il  est  conscient  des différences entre   les  régions,  et,  à  plus  forte raison,  entre 

l’Ouest et l’Est, vieille différence culturelle que MIYAMOTO ne cessera de traiter dans ses livres 

comme pour l’exorciser. 

Dans un deuxième temps, MIYAMOTO prend conscience des similitudes entre les valeurs morales 

de son grand­père et celles des gens des autres régions. Le Japon, divisé par les faits culturels, se 

trouve unifié  par  les valeurs morales des gens de  la campagne.  Et   les  Nihonjinron  (études sur  la 

japonité) devraient montrer qu’à la base, la structure de la pensée des Japonais par rapport au reste du 

monde est inversée, tout comme l’est la structure grammaticale de la langue, avec le verbe à la fin. En 

Occident (tout du moins), nous partons du général pour aller au particulier, alors que les Japonais font 

l’inverse.   D’où   le   petit  nombre   de   mots   de   la   langue   française,   langue   exceptionnellement 

universaliste et universelle, avec laquelle la combinaison de noms génériques et d’adjectifs permet de 

tout dire avec une liberté rare. En Japonais, chaque changement infime dans la forme ou l’usage d’un 

objet ou d’un fait oblige à trouver un nouveau nom pour le désigner, de préférence à un nom plus 

générique qualifié par un adjectif.327. Ce ne sont donc pas des synonymes, car le propre du synonyme 

325 L’ethnie aujourd’hui majoritaire au Japon est l’ethnie des Wajin  「「, que ces derniers écrivent avec l’idéogramme signifiant « harmonie », délaissant le caractère utilisé par les Chinois de l’Antiquité, Wō 「, un peu péjoratif (il signifiait : « petits hommes au dos rond ») (Kanjigen). 326 op. cit. p11­12.327 Ainsi n’existe pas de mot pour dire par exemple « eau », « riz », « temps », « frère » ou « couteau », mais une multitude de mots à l’usage strictement défini Ainsi la mizu  「 (eau froide) se transforme en o­yu 「「 (eau chaude) à partir d’une température indéterminée et devient uôtâ 「「「「「 dès lors qu’elle est minérale. Nul ne peut dire avec certitude ce que devient la uôtâ portée à ébullition, sans doute de l’o­yu. De même, le riz sur pied est l’ine 「, récolté et sec, du (o­)kome (「­)「 ; cuit, blanc et dans un bol, du 

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est de pouvoir remplacer un autre terme, ce qui ne veut pourtant pas dire que les synonymes n’existent 

pas dans la langue japonaise. Ce fait de langue rend ainsi difficile la réflexion philosophique, chaque 

concept  étant  renvoyé  à  sa  langue d’origine comme intraduisible  et  propre à   la  culture  d’origine, 

malgré  des   tentatives  de   traduction qui  ont   tendance  à   s’effacer  derrière   le  phénomène  actuel  de 

transcription phonétique du terme conceptuel étranger328. 

C’est selon nous cette tendance à tout voir comme différent sans percevoir l’universalité du genre 

humain  qui   en  grande  partie   a   conduit   le   Japon   au   racisme   à   l’époque  du   jeune  MIYAMOTO. 

L’irréductible   différence   entre   « les   Japonais »   et   les   autres   –   les   Japonais   se   trouvant   du   coup 

paradoxalement unifiés – a été le leitmotiv de YANAGITA dans sa justification du rôle central du 

Japon en Asie, avec la minZokugaku comme fondement scientifique. Heureusement, MIYAMOTO est 

venu apporter un peu de mesure et de bon sens en remettant la minZokugaku à sa place, qui est celle 

d’une science, et non d’une idéologie, sans se sentir obligé de répondre à toutes les questions qu’en 

intellectuel, il était amené à se poser.

La dichotomie entre nous et autrui,  ressemblance et différence est universelle et l’ethnographie 

comme l’ethnologie sont des sciences d’une totale honnêteté, puisqu’elles assument parfaitement ce 

passage constant du différent au semblable, et réciproquement. 

En France, l’ethnologie était censé être, au départ, la science de l’altérité par excellence, pourtant 

elle trouve aujourd’hui ses plus fertiles terrains d’étude dans le pays même de l’ethnographe. Peur de 

faire du colonialisme malgré  soi ? D’être taxé  de raciste en classant ? De chercher à maintenir les 

populations étudiées dans un état artificiel de « sauvagerie » exotique ? Manque de moyens ou passion 

pour son pays (même si le mot « patriotisme » est devenu rare, voire « tabou » ces dernières années) ? 

On ne  saura  jamais.   Inversement,  au Japon,   la  minZokugaku  a  précédé   (de   très  peu)   les  grandes 

réalisations ethnologiques à l’étranger, assez en retard sur l’Europe, les pays arabes, et la Chine (mais 

en  avance  institutionnelle  sur  cette  dernière),  peuples  qui  ont  vu  fleurir   les   récits  et   les  analyses 

d’écrivains voyageurs. Il semble bien qu’à chaque fois dans le monde l’ethnologie de l’autre soit allée 

de pair avec les facilités matérielles qu’offrait pour le ressortissant ethnographe d’un pays colonisateur 

go­han  「 「 ,  enfin blanc mais sur assiette,  et éventuellement recouvert de sauce, du  raisu  「 「 「 .  Le problème se pose des grains de riz cuit sur assiette tombés par terre ou tombés d’un bol, vers une assiette   (et   réciproquement) :   deviennent­ils   du  go­han  (ennoblis   au  passage  par   le  go­   「 ­   [ 「 ­] honorifique)  – dans  le  premier  cas,   fiction  toute   juridique dans  l’esprit  qui  suppose  qu’ils   soient  tombés d’un bol imaginaire – ou restent­ils du raisu ? Personne n’est d’accord et les débats sont plus vifs depuis l’apparition du raisu. Dernier exemple, le temps sera toki 「 lorsque conceptualisé, jikan 「「 lorsqu’exprimant la durée et  taimu  「 「 「 (par ailleurs le même mot que pour exprimer le « thym ») lorsque complet (furu 「「) ou partiel (pâto 「「「), ou le mi­temps (hâfu 「「「).328 Cela n’est pas dû à l’usage de l’écriture idéographique, puisque le chinois est (avec l’anglais) une des langues où les traductions de termes étrangers sont les plus nombreuses et les plus inventives (il  n’est   qu’à   voir   le   vocabulaire   de   l’informatique,   alors   qu’en   japonais   80   %   du   vocabulaire informatique est constitué de transcriptions phonétiques de mots anglais). 

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l’état du pays colonisé. Le Japon n’échappe pas à la règle et ce n’est pas YANAGITA qui viendrait 

nous contredire. 

MIYAMOTO   a   prouvé   dans   son   œuvre   qu’il   n’avait   aucune   sympathie   particulière   pour   la 

colonisation   en   général329  par   ses   choix  de  voyages   à   l’étranger.   Il   choisit   ainsi   le  Kenya   et   la 

Tanzanie, parce qu’il voulait visiter des pays libres et en paix330. 

On pourrait enfin citer d’autres intentions qui guidèrent MIYAMOTO, notamment celle longtemps 

affichée de faire l’Histoire et la description des populations japonaises sans écriture.

Et l’on terminera cette première partie sur cette définition programme de la minZokugaku.

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「――「「「「「――「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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(« On peut  dire que la « minZokugaku » est  ce qui cherche à  étudier les traces (kiroku) des 

répétitions –  la  vie  quotidienne coutumière  – des mots  et  des  actes qui  étaient   les  moyens de 

transmission (denshô) de la culture utilisés au sein de sociétés populaires qui autrefois n’avaient 

pas d’écriture ; et, se basant la­dessus, les sources des prototypes culturels, les types de cultures et 

le(ur)s fonctions (kinô), mais, vu que les sociétés [japonaises] sans écriture sont aujourd’hui déjà 

disparues,  c’est  une science qui  étudie   les  cultures  conservées  par   l’usage au sein de sociétés 

possédant des traditions de société sans écriture ».)

Pour   synthétiser,   la  minZokugaku  s’intéresse   à   la   recherche   ethnographique   (parfois   même 

archéologique) des  traces  (ou enregistrements) (recherche matérielle), aux origines historiques des 

prototypes culturels (recherche d’Histoire ethnologique) et à la  classification  des cultures par types 

(typologie   ethnographique)   et   fonctions   (typologie   fonctionnelle   ethnologique),   mais   elle   peut 

également partir de la fin et étudier les  sociétés actuelles, héritières d’une société jadis sans écriture 

(ethnographie et ethnologie du folklore contemporain). 

Cette définition­programme de 1955 n’est pas fausse, mais MIYAMOTO ira beaucoup plus loin. Il 

sera le premier à le faire et aujourd’hui encore semble n’avoir pas trouvé de successeur à sa mesure. 

329 Au contraire, il adhère même à la proposition du critique et essayiste OOYA Sôichi   「「「「 (1900­1970) consistant à autoriser l’immigration de populations latino­américaines dans les îles en voie de dépeuplement (du fait du déficit des naissances et du dépeuplement). Nihonjin wo kangaeru, deuxième entretien, p. 22.330「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「(« Ce qui m’attira le plus, sentimentalement, vers l’Afrique orientale, serait­ce le fait qu’il  n’y avait pas eu là  de si grande guerre que cela, qu’il  y avait eu relativement peu de domination exercée ou subie par la force armée ou la puissance économique ; [aussi] quelles pouvaient êtres, dans ce genre de société, le type de relations humaines, et celles entre les humains et la terre ? » « Higashi  Afurika wo aruku »   「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (« Marcher à travers l’Afrique orientale »), in  Miyamoto Tsuneichi,  Afurika to Ajia wo aruku, p. 3.

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Deuxième partie. Voyage au cœur de 

l’œuvre miyamotienne : d’une réflexion 

sur le folklore, l’histoire et le patrimoine 

à la naissance d’une nouvelle nihonjin­ron

L’œuvre de MIYAMOTO n’étant pas théorique ni doctrinale, il peut paraître  relativement  difficile 

d’en fournir un résumé ou d’en exprimer l’esprit. Elle semble n’avoir pas de centre, et ne manque  

cependant  pas  de   cohérence.  Essentiellement  descriptive,   elle   cherche   à   apporter   une   explication 

rationnelle aux phénomènes qu’elle décrit sans renier l’aspect émotionnel inhérent à la rencontre de 

l’ethnographe avec ses sujets d’étude. En fait, il s’agit davantage d’une expérience humaine globale, 

complète,  que d’un simple recensement mécanique d’informations. L’ethnographe, en cherchant la 

raison d’être des faits et des choses, va aussi interroger le cœur des hommes qu’il étudie. Le voyage 

fait   sens   à   plusieurs   niveaux :   il   est   d’abord   le   passage   obligé   d’un   travail   de   terrain   mené 

scientifiquement,  ou tout  du moins rigoureusement.   Il  est  ensuite un voyage initiatique :  en allant 

toujours plus loin dans le Japon profond ou, pour reprendre un mot de MIYAMOTO, dans les  îles 

éloignées (ritô), l’ethnographe avance en profondeur dans sa connaissance du peuple en question, en 

l’occurrence le sien, et dans sa connaissance de lui­même. Cela n’est pas nouveau : dès Pausanias il en 

est question et il n’est qu’à lire le Journal d’ethnographe de Bronislaw MALINOWSKI pour avoir un 

exemple plus proche de nous. Seulement, chez MIYAMOTO, l’aspect personnel s’inscrit dans l’œuvre 

même et sert à l’illustrer. Dans Wasurerareta Nihonjin (Les Japonais oubliés) qui fait un peu office de 

vitrine   ou   d’échantillon   de   l’œuvre   miyamotienne   avec   ses   chapitres   représentatifs   des   diverses 

facettes  du   travail  de   leur  auteur,  deux chapitres   (sur   treize)  concernent  sa  vie  personnelle :   l’un 

évoquant la fugue de son fils cadet, et l’autre la figure de son grand père, modèle à suivre pour toute 

éducation traditionnelle. Ce rapport de 2/13 pourrait être étendu sans trop d’erreur à l’ensemble de 

l’œuvre,   avec   des   ouvrages   comme  Kakyô   no   oshie  (L’enseignement   du   foyer)   qui   découlent 

entièrement de l’expérience de vie personnelle de MIYAMOTO. 

De là, partent de grands axes de recherche, des thèmes et quelques concepts.

Parmi   les   axes   de   recherche,   citons   les   mouvements   de   populations,   l’Histoire   des   activités 

économiques et des voies de communication, l’étude de la chaîne alimentaire de la graine au plat, 

l’Histoire des voyages, l’éducation, l’origine des Japonais et de leur culture…

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Pour les sujets d’étude, ils sont innombrables. Donnons quelques exemples : Oshira­sama cité plus 

haut, la fabrication des jarres, des sandales, des maisons, des vêtements, les différents bateaux et filets 

de pêche, les paroles de chansons folkloriques, les loisirs populaires (artistes ambulants), l’étude de tel 

ou tel groupe social etc. 

Enfin,   pour   ce  qui   est   des   concepts,   ils   ne   sont   pas   toujours   explicitement   formulés,  mais  nous 

pourrions  parler  de  ceux  de  patrimoine,  d’Histoire,  de peuple,  de  petit  peuple,  de  seken­shi*,  de 

transmission…

Il nous apparaît que la voie tracée par l’œuvre miyamotienne semble chronologiquement se diriger 

vers son aboutissement théorique. A partir d’une réflexion sur la ruralité, le folklore et l’identité (I), 

MIYAMOTO en arrive à poser, notamment (mais pas seulement) par le recours à l’Histoire, les bases 

d’un renouveau de l’étude de la japonité (Nihonjin­ron) : d’où viennent donc les Japonais et leur(s) 

culture(s) ? (II)

I (Chapitre III) : Ruralité, folklore et identité

L’œuvre de MIYAMOTO, comme nous l’avons dit, couvre tous les domaines possibles et imaginables 

au   sein   de   la  minZokugaku,   de   la   vie   quotidienne   dans   les   campagnes,   leurs   coutumes   et   leur 

« folklore » (au sens courant d’aujourd’hui), en passant par les techniques agricoles, l’économie des 

villages, l’Histoire du commerce du sel, de la pêche, l’archéologie, jusqu’aux Nihonjin­ron. Seule la 

ville n’a pas été traitée, sauf dans Toshi no matsuri to minzoku 「「「「「「「 (Fêtes traditionnelles et folklore 

urbains), qui demeure une exception, et dans quelques courts articles331.

Deux axes, selon nous, parcourent la plus grande partie de l’œuvre miyamotienne :  ruralité  (A) et 

patrimoine (B). C’est le lien entre ces axes qui constitue la problématique d’une œuvre tout entière 

consacrée à une recherche constante de l’identité japonaise. MIYAMOTO en effet, s’il ne prétendit 

pas   avoir   compris   ou   défini   l’identité   japonaise,   reconnut   cependant  s’être   toujours   efforcé   de 

rechercher des traits particuliers au sein des cultures pouvant s’observer sur l’archipel du Japon. Il est  

intéressant à cet égard de souligner qu’il n’existe pas en japonais de mot pour traduire le français 

« identité »332, les termes dokujisei  住住住 ,  kosei  住住 ,  jibun­rashisa  住住住住住 ne recouvrant qu’une partie du 

champ sémantique du mot français, et sans sa force émotionnelle. On trouve bien le mot aidentitî 住住住住住

住住住住 venu de l’anglais, mais il tend à prendre une connotation « identitaire », entachée d’extrémisme 

politique,  aussi  n’est­il  n’est  pas accepté  par   la  majorité  des  Japonais.  SANO Shin’ichi   l’emploie 

331 Dont certains par exemple figurent dans  Sora kara no minZokugaku  (L’ethnographie du folklore vue du ciel), recueil posthume rappelons­le.332 Pour le sens précis que nous donnons à ce mot, nous renvoyons à l’introduction.

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cependant dans le sens où nous l’entendons en français en émettant l’hypothèse que l’intérêt actuel 

pour l’œuvre de MIYAMOTO s’inscrit dans une tentative visant à redonner le sens de l’identité à la 

jeune génération en danger de se perdre à cause du nouveau système de valeurs utra­consumériste :

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「「「「「「「「「「「「「「「333

(« (…) dans l’avalanche de ces circonstances, une tendance à chercher à retrouver d’une certaine façon 

une identité –pour dire les choses avec un mot difficile – est enfin apparue chez certaines personnes de 

cœur, me semble­t­il. C’était cela, je pense, la plus grande raison qui a fait qu’on a porté le regard sur 

un certain MIYAMOTO Tsunéichi. ») 

MIYAMOTO ne nomme cependant pas  la chose en ces  termes trop récents mais parle plutôt  par 

périphrases   et   par   questions :   Qu’est­ce   qu’être   Japonais ?   Qu’est­ce   qui   fait   la   particularité   des 

Japonais ? Quand se sont­ils sentis Japonais ? etc.

A/ La ruralité remise à sa juste place et son importance

La première question qu’on est en droit de se poser est, tout simplement : Pourquoi la ruralité ? Il n’est 

pas besoin de revenir en détail sur les origines rurales de MIYAMOTO (par contraste avec les origines  

aristocratiques de YANAGITA) ni  sur  la direction scientifique de ses  travaux par SHIBUSAWA. 

Supposons   plutôt   que   MIYAMOTO   avait   choisi   librement   et  souverainement   ses   thèmes   de 

recherches. Pour lui, la ruralité n’est pas un choix restrictif, elle est l’ouverture sur une globalité : le 

Japon des petites gens, qui constituait de son temps l’essentiel de la population, malgré la mutation 

accélérée, du vivant­même de MIYAMOTO, de la structure de la société japonaise. Dans le contexte 

d’avant la Seconde guerre mondiale, le Japon était un pays essentiellement rural et c’est la ville qui 

était l’exception, tout comme les guerriers (bushi) étaient l’exception (numérique) au plan social avant 

Meiji. En effet, MIYAMOTO dénombre, au Bakumatsu 「「 (la fin du shôgunat), sur une population de 

33 millions d’habitants au Japon, 30 millions de paysans (91%), 1,5 millions de bushi (4,5%), 1,2 

millions de citadins (3,6%), 300 000 pêcheurs et autres (0,9%)334. Dans MinZokugaku he no michi, il 

écrit :

333  SANO Shin’ichi   「 「 「 「 ,  Miyamoto Tsuneichi no manazashi 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (Le regard de Miyamoto Tsunéichi), Kôbé, Mizunowa shuppan, 207 p., Chapitre I, 1, p. 27­28.334 Nihonjin wo kangaeru, troisième entretien, p. 42. Voir aussi notre Introduction, I, A/, p. 14.

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「335

(« La culture japonaise est apparue sur la base d’une accumulation de transmissions folkloriques de 

l’ethnie (ou des ethnies) du Japon, et  il  ne s’agit pas de quelque chose réalisé  simplement par  le 

développement  de  la culture des classes supérieures.  A Nara,  Kyôto ou encore Edo,   il  y  eut  une 

floraison culturelle remarquable grâce aux temples shintô et bouddhiques, à la noblesse de Cour et aux 

guerriers. Cependant le Japon dans son ensemble ne menait pas cette vie­là : ça n’était qu’une façon 

tout à fait minoritaire de vivre. »)

Aujourd’hui   encore   ce   sont   les  bushi  qui   sont   les   plus   médiatisés,   le   « samouraï »336  étant   le 

personnage  principal   du   cinéma  en   costume,  des  documentaires   avec   reconstitutions,   des  bandes 

dessinées et des romans populaires, le paysan étant réduit au rôle de figurant ou de personnage mineur. 

Une autre raison pour étudier les populations de la campagne est le rôle indispensable que les paysans 

jouent   en   tant   que   « nourriciers »   du  peuple,   et   ce   quelle  que   soit   l’époque.  Même  pauvres   et 

exploités, ils assurent ainsi une fonction symbolique qui, aujourd’hui encore, permet la valorisation de 

la profession d’agriculteur, au Japon tout comme en France337. Cette importance de la survie s’exprime 

aussi  dans les rites agraires et dans la religion populaire, d’où  une interconnection des thèmes de 

recherches338.

YANAGITA déjà, et ce dans la première période de son œuvre, traitant en particulier de politique 

agricole, soulignait le rôle essentiel de l’agriculture dans la structure passée, présente et, sinon à venir, 

du  moins  à   souhaiter,  de   l’économie.  Pour  qu’un pays  montagneux à   faible  superficie  cultivable 

comme le Japon puisse survivre face aux nations occidentales en limitant autant que faire se peut sa  

dépendance  alimentaire,   il   faut   assurer   les  bases  d’une  agriculture  prospère,   c’est  à   dire  à   haute 

productivité (technologie et formation des agriculteurs) et viable pour le cultivateur (ce qui suppose 

l’émancipation des fermiers du joug féodal des propriétaires terriens). Agriculture à grande échelle et 

petites exploitations (qu’il faut aider à s’organiser en coopératives et syndicats, que ce soit au niveau 

local, départemental – encore à créer à cette époque – ou national), doivent se compléter, à l’image des 

335 MinZokugaku he no michi, Ière partie, chap. VIII, p. 50 éd. Miraisha, OM 1.336  Notons qu’en japonais contemporain,  le  terme de  samurai  「 「 「 「 ,  écrit  en  katakana,   tend, sous l’influence de l’anglais, à être utilisé dans les  media de masse parallèlement à  bushi  「「 , comme un synonyme, renvoyant plus à un idéal chevaleresque (voire à l’image d’un cowboy solitaire) qu’à son sens d’origine (guerrier serviteur en bas de l’échelle hiérarchique de la classe des guerriers) venant du verbe saburafu 「「「「 [「「], « servir », qui a donné samurau 「「「「 [「「] et sa nominalisation samurai 「「「「 [「]. 337 Surtout depuis ces cinq dernières années avec la fin de la surproduction agricole et des prix trop bas payés aux producteurs. Sur le rôle nourricier comme élément valorisant de la profession, cf.DIBIE Pascal,  Le village retrouvé : Essai d’ethnologie de l’intérieur, sl., Editions de l’Aube, 1979, 1995, rééd. 2005, 257p..338 MinZokugaku he no michi, Ière partie, chap. XII, p. 71, OM 1.

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trois   secteurs   d’activité   (primaire,   secondaire   et   tertiaire).   Contrairement   aux   physiocrates,  

YANAGITA   ne   préconise   pas   la   primauté   du   secteur   primaire   sur   les   autres,   et   face   aux 

conservateurs339,   il  proclame la nécessité  de dé­féodaliser   l’agriculture et  d’en limiter   les  effectifs 

surabondants (nous sommes dans les années 1900­1910) par un exode agricole limité dans le temps, 

favorisé   par   la   création   d’une   économie   locale   ou   départementale   (secteur   secondaire   de 

transformation  des  matières  premières  agricoles  et   tertiaire  pour   écouler   la   production   locale   sur 

place), évitant au maximum les intermédiaires qui réalisaient au passage un fort bénéfice. Enfin, face 

aux tenants de l’industrialisation et  du commerce comme seule voie340,   il  rappelle,  à  défaut  d’être 

autosuffisant, la nécessité de limiter la dépendance alimentaire du pays. Mais l’économie n’était pas le 

seul horizon du fondateur de la minZokugaku. Il souligne aussi l’aspect psychologique, ethnologique 

et symbolique de l’agriculture en ces termes :

« Une nation consiste en une terre et son peuple. (…) Afin de créer un lien entre la terre et le peuple, il

est nécessaire pour le peuple de rester sur sa terre. Vivre de façon permanente sur la terre est un

facteur [essentiel] pour faire une nation (…) Et c’est l’agriculture qui fait que le peuple reste sur sa

terre (…) c’est l’agriculture qui lie la terre à son peuple. La proportion de population flottante

augmentera conformément au déclin de l’agriculture. L’agriculture est l’ancre d’une nation »341.

MIYAMOTO reçut donc cet enseignement dont il admirait la cohérence et la rationalité, mais avec 

lequel   il  devait  cependant  prendre   ses  distances   sur   certains  points   (les   relations  avec   le  monde 

politique notamment).

Dans le sillage de YANAGITA, l’œuvre de MIYAMOTO dépasse la ruralité et s’intéresse au petit 

peuple dans son ensemble (petits métiers, petits employés (ex. employés d’auberges)), et utilise sa 

méthode d’« hyper proximité  culturelle » (MIYAMOTO mettant  à  profit  son capital  social  de fils 

d’agriculteurs)   pour   le   décrire   avec   une   acuité   et   une   précision   encore   jamais   vues.   Dire   que 

MIYAMOTO s’intéresse à la ruralité ne veut donc pas dire qu’il n’étudie que les paysans (hyakushô 住

住) car il traite de toutes les classes de la société rurale : artisans, commerçants, guerriers, religieux, et 

même les « hors castes » : comédiens, prostituées, Aïnous et parias (hinin 住住 et eta 住住) et il insiste sur le 

fait qu’il n’existe pas « une haute classe et uns basse classe » (jôsô  住住 et kasô  住住), mais « une haute 

classe et une classe de base », kisô 住住, cette dernière étant majoritaire (95% de la population face à 5% 

339  On  trouve  parmi  eux,  au  premier  plan,  YOKO’I  Tokiyoshi   「 「 「 「 (1860­1927),  professeur  au Département d’agriculture de l’Université impériale de Tôkyô, et SAKÔ Tsuneaki 「「「「 (1861­1909), haut fonctionnaire au Ministère de l’agriculture et du commerce.340 C’est le cas notamment d’ITÔ Hirobumi 「「「「 (1841­1909), homme politique de premier plan sous Meiji, de KANEKO Kentarô 「「「「「 (1853­1942), ancien ministre de l’agriculture et du commerce, de SAKATANI Yoshirô 「「「「 (1863­1941), haut fonctionnaire au Ministère des Finances et de KANA’I Noburu 「「「 (1875­1933), professeur de Droit à l’Université impériale de Tôkyô. 341 Teihon, vol. 28, « Nôgyô seisakugaku »「「「「「「「, p. 302, cité par KAWADA Minoru, Yanagita Kunio no shisô shi­teki kenkyû「「「「「「「「「「「「, chap. 1, p. 38 de l’éd. Kegan Paul.

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de  guerriers   et   de  nobles)   et   ses   sous­catégories  n’étant   pas   imperméables,   au   contraire,   chacun 

pouvant monter ou descendre dans la hiérarchie sociale au cours de sa vie dans la « classe de base »342.

SANO Shin’ichi parle343 à ce propos de « mots en minuscules » (komoji kotoba 住住住住住) pour distinguer 

le discours de MIYAMOTO de celui de la plupart des autres chercheurs et des hommes politiques, fort 

avides quant à eux de « mots en majuscules » (oomoji kotoba  住 住 住 住 住 ). Lorsqu’on parle de « petites 

gens » (et cela sans intention de les minorer), les mots doivent eux aussi rester modestes. 

Quels   sont,   du   reste,   exactement   les   mots   de   MIYMOTO ?   NAGAHAMA   Isao   relève344  que 

curieusement, MIYAMOTO n’utilise presque pas le terme « jômin 宮宮 » (peuple ordinaire) inventé par 

son  maître  SHIBUSAWA  Keizô   (MIYAMOTO  l’attribue  par   erreur   à  YANAGITA dans  « Son­

kyôdôtai »345). Il apparaît seulement dans le titre de trois de ses livres (ce qui est infime au regard de sa 

production) et à  l’intérieur, on en relève uniquement dix occurrences. Plus tard, dans  Minkan­reki 

(1942),   on  en   trouve  encore  quatre  occurrences :   c’est   le   nombre   le  plus  élevé   dans   l’œuvre   en 

volumes de MIYAMOTO. Les mots  jimmin  住 住 (le peuple ; le peuple dominé),  shomin  住 住 (le petit 

peuple, les gens ordinaires) et taishû 住住 (le peuple, les gens ordinaires, la foule) sont également utilisés 

de temps en temps. Mais les termes les plus employés sont hitobito  住住 (les gens) et minshû  住住 (1/ le 

peuple, la nation ; 2/ le petit peuple, les masses). L’anthropologue TANIGAWA Ken’ichi explique 

cette   faible   utilisation   du   mot  jômin  par   le   côté   « abstrait »   (nous   dirions   « conceptuel »)   qu’il 

véhicule346.  Shomin,  pour SHIBUSAWA, est  un terme condescendant347,  et  c’est  pour cela qu’il  a 

inventé jômin, exempt d’une telle connotation à cette époque. Ce terme suscita ensuite une controverse 

qui dura un peu trop longtemps au goût de MIYAMOTO, ce qui expliquerait, d’après NAGAHAMA, 

son manque d’empressement à   l’utiliser  d’autant  plus qu’il  était  allergique à   toutes les formes de 

modes. Mais, plus encore, semble­t­il, c’est son peu d’intérêt pour la réflexion théorique sur les mots 

qui  explique que cet  homme de  terrain préféra  employer  un  terme plus  ancien et  moins  abstrait, 

laissant ces controverses et le soin de leur conclusion, aux « intellectuels de cabinet ». 

A propos de ruralité, il pourrait être intéressant de tenter, sinon un véritable parallèle avec la Chine, du 

moins une comparaison. En effet, la Chine moderne est partie elle aussi de la ruralité. 

342 Nihonjin wo kangaeru, troisième entretien, p. 41.343  Dans   sa   leçon   inaugurale   à   l’occasion   de   la   réouverture   de   la   Suô   Ooshima   kyôdo   daigaku (Université  du terroir  de Suô  Ooshima) le 30 janvier 2003.  Le texte a été  publié  dans  Miyamoto Tsuneichi no messêji – Suô Ooshima kyôdo daigaku kôgi­roku「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「(Le message de MIYAMOTO   Tsunéichi :   Cours   de   l’Université   du   terroir   de   Suô   Ooshima),   Kôbé,   Mizunowa shuppan, 2007, 116 p., chap. I, p. 12.344 Hôkô no manazashi : Miyamoto Tsuneichi no tabi to gakumon, chap. 6, II, p. 161.345 « Son­kyôdôtai » 「「「「「「(« Communauté villageoise »), 1950 in OM 13.346 Cité dans Hôkô no manazashi : Miyamoto Tsuneichi no tabi to gakumon, chap. 6, II, p. 159.347 NAGAHAMA Isao, Hôkô no manazashi : Miyamoto Tsuneichi no tabi to gakumon, chap. 6, II, p. 164.

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Dès l’Antiquité, la situation et le statut de la paysannerie japonaise étaient en effet très différents de 

ceux de la paysannerie chinoise. Les royaumes chinois, qui pratiquaient la  mobilisation générale et 

envoyaient à la guerre leurs populations paysannes « esclaves » (car attachées à leur terre348), rendaient 

de ce fait impossible la culture des terres, donc l’approvisionnement en nourriture des troupes et du 

reste du pays qui connaissait de ravageuses famines, et ce jusqu’à l’empire des Míng 住 (1368­1644). 

MIYAMOTO note qu’avant de tomber (en 220), le royaume des Hàn postérieurs   住 住 comptait  50 

millions de sujets. A la scission du royaume entre Wèi 住 (220­265) (futur Jìn 住), Wú 住 (222­280) et Shŭ 

住 (221­263), il ne comptait plus que 7 millions d’habitants, et sous les Wèi, elle tombe à 4 400 000349. 

Comme le dit MIYAMOTO, « c’est impensable au Japon ».

Au Japon, à l’origine, les seigneurs ne possédaient pas de terre. Par la suite, ils en vinrent à posséder 

des terres – mais pas les serfs qui y vivaient – terres sur lesquelles ils prélevaient un impôt en céréales. 

Aussi   les  paysans  (sauf  exception)  ne faisaient­ils  pas   la guerre.  Le pays ne connut  donc pas  de 

famines spécifiquement liées à la guerre350, à quoi s’ajoute un système de stockage en greniers (kura 住

/ 住) très efficace. Le rôle nourricier des paysans au Japon était donc dès l’Antiquité (voire Avant) jugé 

suffisamment   important   pour  qu’on   estimât   qu’il   ne  devait   pas   être   entravé   par   la   guerre.  Cette 

division  fonctionnelle  des classes sociales devait perdurer jusqu’à Meiji, époque où fut instaurée la 

conscription sur le modèle occidental. Notons en outre que, d’une part, certains paysans possédaient 

leur propre terre et que l’on vit même dans la plupart des villages des familles de propriétaires terriens 

aisés de la classe de paysans, les gônô 住住, qui fournissaient le plus souvent des chefs de villages et que, 

d’autre part, il était possible d’acquérir, dès l’Antiquité, des terres par défrichage volontaire des terres 

sans maître. C’est ce que l’on appelle les shiden 「

住「「

住, ou watakushida 「「「「

住「

住 en langue ancienne (champs 

appropriés ou champs privatifs)351. Pour MIYAMOTO, cet élément historique est fondamental pour 

comprendre la psychologie des kaitakusha  住住住 (les défricheurs)352, au sens figuré. Par ailleurs, notons 

aussi que les guerriers ayant déserté après la déroute de leur chef lors d’une des guerres civiles qui 

ensanglantèrent le pays jusqu’à l’époque d’Edo, le plus souvent des samurai (serviteurs guerriers, ou 

guerriers en bas de la hiérarchie), et qu’on appelait les ochiudo  住住 , ou ochûdo, pouvaient choisir de 

348 Phénomène du 「「 fēngjiàn (fuko en japonais). Les seigneurs chinois, hóu  「, possédaient des terres avec les familles qui s’y trouvaient et pouvaient en disposer, c’est à dire les emmener à la guerre ou non selon leur bon plaisir.Nihon bunka no keisei, chap. X (conférence du 3 juillet 1980), p. 202 éd. Chikuma gakugei bunko.349 Nihon bunka no keisei, chap. X (conférence du 3 juillet 1980), p. 203 éd. Chikuma gakugei bunko.350 Nihon bunka no keisei, chap. X (conférence du 3 juillet 1980), p. 202 éd. Chikuma gakugei bunko.351  Nihon bunka no  keisei,   chap.  XI   (conférence  du  4  septembre  1980),  p.  222­223 éd.  Chikuma gakugei bunko.352  Parmi les nombreux textes consacrés par MIYAMOTO à la question des  kaitakusha, citons son livre :  Minami no shima wo kaitaku shita hitobito (Ceux qui défrichèrent les îles du Sud), s.d., rééd. Kawade shobô shinsha, 2006.

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quitter leur état  et  de devenir  paysans,  renonçant à   leur privilèges353  mais sûrs de rester en vie et 

d’échapper à la misère354. D’après les investigations de MIYAMOTO à Suô, de nombreuses familles 

de l’île étaient en partie d’ascendance ochiudo (à l’époque de Muromachi 住1336­1573住)355. Le fait que 

ces guerriers n’aient pas été poursuivis parce qu’il intégraient la classe des paysans, la seconde dans la 

hiérarchie des classes selon le néo­confucianisme japonais,  est,  nous dit  MIYAMOTO, unique au 

monde. La fonction nourricière de cette classe était  donc déjà   jugée presque comme l’égale de la 

fonction guerrière. 

Revenons à notre comparaison. En Chine, aujourd’hui, la ruralité n’est pas encore un archaïsme. Ce 

pays reste très agricole et était presque autosuffisant en matière alimentaire jusqu’à une date récente. 

Toutefois   la  situation  change  avec   l’augmentation massive de   la  consommation  de viande  depuis 

quelques années. Le Japon, de son côté,  fait  chaque année un pas de plus dans la direction d’une 

dépendance alimentaire majeure, abandonnant ses terres cultivées à la ville, au secteur tertiaire et à la 

forêt,   avec   des   régions   qui   redeviennent   sauvages,   comme   les   collines   de   Suô   Ooshima   (cf. 

introduction). Si la Chine, surtout depuis la Révolution culturelle,  a développé   toute une imagerie 

représentant la paysannerie réelle,  supposée ou idéale, au Japon la représentation de la ruralité est 

beaucoup   moins   présente.   Aujourd’hui,   l’image   qu’en   montrent   les   documentaires   est   celle   de 

vieillards sans continuateurs, d’activités sur le point de disparaître dans l’indifférence des pouvoirs 

publics  centraux (malgré   les   initiatives  de certaines  municipalités :  exemptions des   impôts   locaux 

pendant un an pour les nouveaux exploitants par exemple) et le désintérêt du grand public en général, 

assez mal informé (croyance fataliste que rien n’est possible à cause du « manque de place »). 

Par rapport à  la Chine, la paysannerie japonaise reste un minuscule groupe humain, qui,  sans  être 

riche, vit néanmoins hors de la misère, faute de concurrence : son petit nombre permet une meilleure 

répartition des richesses. Dans la Chine d’aujourd’hui, la misère des campagnes et l’exode rural pour 

causes strictement économiques et alimentaires sont des faits établis. La tendance actuelle à importer 

toujours plus de produits alimentaires à cause d’une agriculture en déclin et insuffisante pour nourrir la 

population se  heurte  à   la   sensible  question de   la  sécurité  alimentaire  aux  répercutions  aussi  bien 

sanitaires que politiques et symboliques. En effet, outre la multiplication des scandales impliquant des 

produits importés de Chine et impropres à la consommation, se dessine l’image d’un pays incapable 

353 Parmi les privilèges de guerriers, outre celui du port d’armes et de certains vêtements (et certaines coiffures), et l’usage de certains objets (tatami, grand futon etc.), il y avait le droit de tuer tout membre des classes inférieures pour un point d’honneur. Certains samurai aimaient assez tester le tranchant de leur sabre sur d’innocents passants (pratique appelée « tsujigiri  「「「 »). Cela fut interdit au début de l’époque d’Edo [1603­1867].354 Nihon bunka no keisei, chap.  XI (conférence du 4 septembre 1980), p. 247 éd.  Chikuma gakugei bunko.355 Nihon bunka no keisei, chap.  XI (conférence du 4 septembre 1980), p. 248 éd.  Chikuma gakugei bunko.

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d’opérer la fonction la plus fondamentale qui soit : nourrir sa population avec les produits de son sol. 

MIYAMOTO l’avait pressenti et cherchait déjà à mobiliser les agriculteurs afin qu’ils trouvent un 

compromis entre un revenu décent, une production suffisante et leur mission nécessaire au pays, afin 

d’éviter  à   tout  pris  qu’ils  quittent   la   terre,   ce  qui  n’a  hélas  pas  manqué  de   se  produire.  Nous  y 

reviendrons dans le chapitre suivant. 

L’une de nos études de terrains nous a entraîné à la lisière356  de deux localités, Yuda­machi   住住 住 et 

Sawauchi­mura 住住住357 à la recherche des descendants des matagi  住住住 [住住], les chasseurs pêcheurs des 

montagnes décrits par MIYAMOTO notamment dans Yama ni ikiru hitobito (1964). La première est 

un village d’onsen  住 住 (sources thermales) dont toute l’économie tourne autour de cette activité. En 

l’absence de touristes, la fréquentation des habitants du village voisin suffit à la survie de Yuda­machi. 

Les   agriculteurs   de   Sawauchi­mura   ne   fréquentent   pas   nécessairement   les   bains   par   seul   plaisir 

balnéaire, n’étant en général pas équipés de salles de bains chez eux. Ils l’ont promis aux habitants de 

Yuda­machi qui, en échange, pratiquent des tarifs extrêmement bas et achètent les produits de leurs 

voisins de Sawauchi­mura. Si jamais les prix des thermes de Yuda­machi venaient à augmenter de 

façon déraisonnable, les habitants de Sawauchi­mura cesseraient d’aller s’y baigner et s’équiperaient 

en salles de bain. De même, si ceux de Yuda­machi cessaient immédiatement de leur acheter leurs 

fruits et légumes, ceux de Sawauchi­mura pourraient  toujours vivre en autarcie avec leurs cultures 

vivrières jusqu’à ce qu’ils aient trouvé de nouveaux débouchés, ce qui n’est pas si difficile dans un 

pays en sous­production permanente. Nous avons là un exemple de société où l’harmonie entre deux 

communautés, nécessaire à la survie de l’une et au confort de l’autre, ne peut exister que si les deux 

s’abstiennent de se nuire par égoïsme. C’est le genre d’exemple que MIYAMOTO aurait pu fournir 

afin   de   montrer   la   cohérence   des   organisations   traditionnelles,   mais   aussi   leur   fragile   équilibre 

dépendant  de plusieurs  facteurs,  au nombre desquels,  et  au premier plan,   la baisse de  la natalité, 

l’exode rural et la perte du sens d’appartenance locale. 

Harmonie ?   Complémentarité ?   Qu’est­ce   qui   fonde   l’identité   et   serait   au   cœur   de   l’œuvre   de 

MIYAMOTO ? L’identité japonaise telle que la dégage MIYAMOTO repose selon nous sur deux axes 

que   la   ruralité   exprime   pleinement,   tout   autant   sinon  davantage   que   les   classes   urbaines   (élites, 

marchands et artisans), à savoir  un « axe moteur »  d’évolution (les mutations,  hensen) et  un « axe 

ralentisseur », facteur de cohésion identitaire (les traditions, shûkan), aussi importants l’un que l’autre 

et dont l’équilibre est requis par leur complémentarité. Les axes peuvent par ailleurs s’incarner dans 

des personnes : l’axe moteur dans les kaitakusha 住住住 (défricheurs) ou les sekenshi (maîtres de l’espace) 

356 Au sens propre, puisque nous logions au Sasow­kan 「「「「, une ancienne école primaire transformée en camp de vacances, et située à équidistance des deux localités et fréquentée par des familles des deux communautés.357  Pour   un   aperçu   ethnographique   vu   de   l’intérieur,   cf.   TAKAHASHI   Kihei,  Sawauchi­mura monogatari「「「「「「「(Récits de Sawauchi­mura), Morioka, Iwate nippô­sha, 1998, 107 p..

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et l’axe ralentisseur dans les denshôsha (transmetteurs) ou les religieux. Les premiers expérimentent et 

cherchent l’efficacité, les seconds conservent et transmettent le sens.

Dans cette  perspective,   le  cœur  de  la  pensée de MIYAMOTO pourrait  être   résumé  comme étant 

l’articulation entre le folklore et l’identité. Toute identité suppose un  terroir358  (kyôdo)  dans lequel 

s’inscrivent les transmetteurs et les défricheurs. Le terroir peut être habité  ou intériorisé.  L’exil et 

l’errance peuvent tout à fait nourrir une représentation mentale du terroir, du village natal (le furusato 

住住住住 [住住] ou kokyô  住住 si cher à la sensibilité de MIYAMOTO et de nombreux Japonais). Ce terroir 

fournit  Histoire,  patrimoine   (notamment   les  « produits  du  cru »359)   et  valeurs   (qui,  dans  un   sens, 

intègrent une forme de patrimoine immatériel, notion que nous préciserons un peu plus loin). Il peut 

être   tentant,   lorsqu’on quitte   le   terroir,  de   l’idéaliser.  S’opère  alors  ce  que nous appellerions  une 

cristallisation identitaire  autour du lieu d’origine. L’exemple concret des émigrés de Suô partis à 

Hawai mais revenus assez vite, et auxquels l’île a consacré un musée, peut être avancé, de même que 

le cas individuel du propre père de MIYAMOTO.

Tout dans  l’œuvre miyamotienne entre dans ce schéma binaire.  Ainsi,  par exemple, son étude du 

commerce du sel (Shio no michi (1979­1981)) montre­t­elle à la fois les mouvements incessants des 

marchands et transporteurs à travers le pays, et avec eux ceux des biens et des connaissances, mais  

également, compte tenu de la longue durée sur laquelle s’étale ce commerce, l’établissement de routes 

durables ainsi que les coutumes de voyage et modes d’alimentation qu’il entraîne, sans compter la 

sédentarisation des producteurs de sel, qui, à l’origine, étaient des pêcheurs. En effet, MIYAMOTO a 

montré que la fabrication du sel est une activité hautement sédentarisante360, à l’inverse de la pêche, 

qui contraint à de fréquents déménagements, ou à des voyages toujours plus lointains361.

Cette pensée est donc tout à fait à la base d’un « folklore » au sens savant du terme, à savoir une étude 

de faits présents étayée par une connaissance du passé dans son aspect dynamique, et non pas un 

358 L’UNESCO définit ainsi le terroir (2005) : « Un terroir est un espace géographique délimité, défini à partir d’une communauté humaine qui a construit au cours de son Histoire un ensemble de traits culturels distinctifs, de savoirs, et de pratiques fondés sur un système d’interactions entre le milieu naturel et  les facteurs humains. Les savoir­faire mis en jeu révèlent une originalité,  confèrent une typicité et permettent une reconnaissance pour les produits ou services originaires de cet espace, donc pour les hommes qui y vivent. Les terroirs sont des espaces vivants et innovants qui ne peuvent être assimilés à la seule tradition. »359 Sur la question particulière des « terroirs du saké », voir la thèse de doctorat de Nicolas BAUMERT (Paris IV, Université Waseda) qui souligne par ailleurs la polysémie du substantif français rendu selon le contexte par trois termes japonais : kyôdo 「「 (aspect identitaire), nôsan­chi 「「「 (aspect productif), et chihô  「 「 (aspect géographique). Pour traduire le mot dans toute sa polysémie, la langue japonaise utilise aujourd’hui le mot teroâru  「「「「「 (transcription phonétique « à la japonaise » du mot français). Nous rappelons que nous travaillons ici d’abord à partir du concept japonais de kyôdo, et ensuite en considérant le terme français « terroir ».360 Nihon bunka no keisei, t. II, annexe, p. 272 éd. Chikuma gakugei bunko.361 Nihon bunka no keisei, t. II, annexe, p. 262 éd. Chikuma gakugei bunko.

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« folklore » dans le sens moderne courant, à savoir une compilation des coutumes et vêtements du 

XIXème  siècle  muséïfiés,  ou  pire,  « fossilisés »,  dans  ce  qui  nous  apparaît   comme une  survivance 

désuète sur laquelle nous portons un regard attendri mais condescendant.

L’identité   suppose   ensuite   la   conscience   d’être   unique,   donc   différent   des   autres.   Il   n’y   a   pas 

d’identités nationales exactement semblables, et au sein de chaque identité nationale (dans la mesure 

où  celle­ci  existe),   chaque   individu  a   sa  propre construction   identitaire.  Pour  MIYAMOTO,  sans 

autonomie, donc sans identité, il n’y a pas de  minZokugaku. Dans un entretien avec ses disciples362 

(HIMEDA et al.), il s’exprime ainsi :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「363

(« Lorsque   les  gens  des   sociétés   locales  auront  perdu   leur  autonomie   (jishusei),   [la  minZoku]  ne 

constituera plus l’objet de nos recherches. »)

MIYAMOTO n’était pas encore parvenu à une mise en forme complète de la question de l’identité, 

pourtant   ce   sont   des   phrases   comme  celle­ci   qui   montrent,   selon  nous   le   rôle   de   précurseur  de 

MIYAMOTO   dans   l’étude   anthropologique   de   l’identité,   que   problématiseront   et   développeront 

ensuite   de   nombreux   chercheurs   dans   tous   les   pays   (Claude   LEVY­STRAUSS,   ou  CHŎNG 

Yŏnghai364 par exemple). 

Comme nous l’avons dit plus haut, AMINO Yoshihiko entreprendra la révision de l’Histoire d’avant 

Meiji365, qui était bien nécessaire, en redonnant aux petites gens (des villes essentiellement) la place 

importante qu’elles méritent, trop longtemps éclipsées par la seule noblesse de Cour et d’épée. Et ce 

fut un conseil de MIYAMOTO qui s’avéra décisif :

「「「「「「「「「「「「「「「「「

(« Que se passerait­il si l’on observait le Japon depuis les îles éloignées ? »)

En   effet,   pour   commencer   à   étudier   un   autre   objet,   il   faut   d’abord   commencer   par   adopter  

physiquement et intellectuellement un autre point de vue.

Cette évolution de l’Histoire n’est pas sans rappeler celle opérée en France par l’Ecole des Annales 

avec des auteurs  comme Georges  DUBY et  plus   tard Jacques LE GOFF,  Pierre NORA,  Philippe 

ARIES   ou   Michel   VOVELLE.   MIYAMOTO   ne   prétendait   sûrement   pas   être   historien,   mais   il 

362 Toyomatsu saiji­ki 「「「「「「「(Etude des fêtes religieuses de Toyomatsu), 1974.363 Cité par SATAO Shinsaku dans une interview de HIMEDA Tadayoshi publiée dans son ouvrage suscité Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, p. 162.364 Collectif, CHŎNG Yŏnghai (JUNG Yeong­hae) 「 「「 [「「「] et UENO Chidzuko 「「「「「, Datsu aidentitî 「「「「「「「「「「「 (L’Identité mise à nu), Tôkyô, Keisô shobô 「「「「, 2005, 334 p. ;365 Ce qui donnera le titre de son plus célèbre ouvrage : Nihon no rekishi wo yominaosu「「「「「「「「「「「「「(Relecture de l’Histoire du Japon), Tôkyô ; Chikuma bungei bunko, 1995, rééd. 2005, 2007.

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recourait cependant à l’Histoire dans la plupart de ses travaux, non systématiquement mais avec un 

sérieux qui n’avait rien à envier aux spécialistes, ainsi que nous le verrons dans le chapitre suivant. 

Nous venons de voir que pour établir une identité, il faut au moins  trois éléments : une population 

ayant  un sentiment d’appartenance,  des  transmetteurs et  un terroir  (un territoire).  Dernier   élément 

indispensable : un patrimoine, que pourront tenter de créer ou modifier les défricheurs.

B/ La naissance de la notion de patrimoine au Japon

Ce   que   nous   entendons   ici   par   « patrimoine »   revêt   plusieurs   sens.   On   distingue   d’une   part   le 

patrimoine individuel, qui, selon sa définition juridique, est l’ensemble des biens que possède une 

personne   (de  son vêtement  au plus  minime de ses  ustensiles).  Ce  qui   fait  que  tout  homme a un 

patrimoine,  même le plus pauvre.  D’autre part,  on doit  considérer  aussi  la notion plus récente de 

patrimoine collectif, soit l’ensemble des biens d’une collectivité. Lorsque certains de ces biens ont 

une  valeur  marchande,   esthétique,   symbolique   et/ou   culturelle,   on   aura   à   faire  à   un  patrimoine 

historique. Et si ce patrimoine est en partie lié à l’Histoire et s’il est en même temps investi d’une 

charge émotionnelle et symbolique particulière, identitaire voire communautaire, il peut alors dans 

certains cas prétendre au titre de « lieu de mémoire366 ». Le Dôme de la paix d’Hiroshima en est le 

meilleur   exemple.   Ces   qualifications   peuvent   venir   de   l’appareil   étatique   ou   administratif   (les 

« monuments   historiques »  à   la   française   depuis   MERIMEE   au   XIXème  siècle)   ou   n’être   qu’une 

qualification spontanée et changeante de la part de la population locale. De plus, le patrimoine ne se 

limite  pas   aux  biens   matériels.   Il   peut  être   aussi   constitué   par   des  biens   immatériels   comme  la 

musique, la danse ou la langue, par exemple. 

Il semble que la notion de patrimoine (isan 住住) soit apparue un peu plus tard au Japon qu’en Europe, et 

que   ce   soit   sous   l’influence  de   cette   même  Europe  que   les   Japonais   purent   prendre   pleinement 

conscience de  son   importance.   Il  n’est  pas   impossible,   en  effet,  que  ceux­ci,  mus par  un  « désir 

mimétique » (tel qu’il fut théorisé en son temps par René GIRARD367), aient considéré d’un œil neuf, 

moins   blasé   et   plus   fier,   leur   art,   notamment   leurs   estampes,   à   mesure   que   les   collectionneurs 

européens les acquéraient : car rien n’est plus désirable que ce qui est désiré par un autre.

Jusqu’à l’époque de Meiji, il n’y avait pas de musée au Japon. Les objets d’art et d’artisanat étaient 

conservés   dans   des   collections   privées,   dont   celle   de   la   famille   impériale.   Seuls   les   invités   des 

366 Pour une revue complète de la question en France, on se reportera à l’ouvrage de référence : Pierre NORA, Les lieux de mémoire, Paris, Quarto, Gallimard, 1997, 3 tomes, 4751 p. au total.367 René GIRARD, Mensonge romantique et vérité romanesque, Paris, Grasset,1961 ; La violence et le  sacré, Paris, Grasset, 1972.

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collectionneurs étaient autorisés à voir les pièces en question. Par ailleurs, cette portion du patrimoine 

du collectionneur (patrimoine culturel et matériel), n’était composé que d’objets d’Art ou d’artisanat 

de haute qualité et de prix élevé. 

MIYAMOTO estime que la culture (bunka), et par conséquent le patrimoine (car l’un ne va pas sans 

l’autre),  doivent être dotés de significations élargies (comme c’est  le cas en français,  où   le  terme 

« culture » est extrêmement polysémique, à la différence de l’allemand où  Kultur  désigne la haute 

culture, les Arts et Lettres). Face à une culture (des pratiques et des objets) en voie de disparition sous 

les yeux de l’ethnographe, il faut certes tenter de la décrire, d’en faire l’inventaire et de la conserver, 

mais il s’agit aussi d’en « patrimonialiser la représentation », et pour cela prendre conscience que le 

patrimoine populaire a sa place, sinon dans les musées des Beaux­Arts, du moins dans les musées 

historiques et les musées ethnographiques, à l’instar des objets exotiques venant de l’étranger. Il ne 

s’agit pas pour autant de rendre « artistique » ce qui ne l’est pas et n’a jamais prétendu l’être, mais de 

faire accéder à la dignité de « sujet d’étude » tout ce qui a concerné de près la vie de la population, 

afin de mieux la comprendre. En un mot,  il   faut donner droit  de cité  aux pratiques et  aux objets 

courants.

MIYAMOYO, élève de SHIBUSAWA, avait reçu de lui la méthode permettant d’étudier les objets 

ethnographiques, et de YANAGITA l’esprit de synthèse pour réfléchir sur la culture. De ces deux 

pôles, le matériel et l’immatériel, il saura tirer la notion de patrimoine et en présenter des fleurons 

auxquels, à l’époque, les Japonais n’auraient jamais songé. 

Cela débouchera sur la création à la fois d’une classification et de la terminologie qui s’y rapporte. 

Distinguons donc pour commencer le patrimoine immatériel (1) et le patrimoine matériel (2).

1) Patrimoine immatériel)

- La distinction de YANAGITA :

Dans son ouvrage théorique de base  Kyôdo­seikatsu no kenkyû­hô,  YANAGITA Kunio divisait   le 

champ d’investigation de l’ethnographie en trois domaines : 

« 1. La culture matérielle (yûkei bunka 住住住住), ce qui se voit à l’œil nu (me ni mieru mono 住住住住住住住) ;

2. les arts du langage (gengo geijutsu  住住住住 ), ce qui est transmis de la bouche à l’oreille (kuchi kara 

mimi he tsutaerareru mono 住住住住住住住住住住住住) ;

3. les phénomènes psycho­émotionnels (shin’i genshô 住住住住), ce qui fait qu’on peut se comprendre « de 

cœur à cœur » (ishin denshin no sekai 住住住住住住住) » 368

368 Mingugaku no teishô, p 78, d’après YANAGITA Kunio, Kyôdo seikatsu no kenkyû­hô「「「「「「「「「「(Méthodes de recherches sur la vie quotidienne du terroir), 1935.

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Ces trois domaines constituent en fait deux « champs » au sens de MIYAMOTO : le premier est celui 

de la « culture matérielle » seule et le second celui de la « culture immatérielle » comprenant les deux 

autres domaines, à savoir les « arts du langage » et les « phénomènes psycho­émotionnels ». Les « arts 

du   langage »   se   divisent   en   huit   catégories :   la   fabrication   des   mots   nouveaux,   les   nouvelles 

expressions, les proverbes, les « mystères » (notion non explicitée, peut­être la façon de concevoir 

l’indicible), les prières, le langage des enfants, les paroles des chansons et les traditions orales, contes  

et   légendes   anciens,   alors  que   les  « phénomènes  psycho­émotionnels »  ne   comprennent  que   trois 

catégories : la connaissance (ce à quoi on peut faire référence sous le nom de sagesse, par exemple la 

distinction du bien et du mal, la compréhension des causes et des effets de phénomènes variés), les 

aptitudes  de   la   vie  quotidienne   (« comment  mener   sa  vie »,  une  « façon  de  vivre  en  utilisant   sa 

connaissance en parallèle avec un but implicitement reconnu ») et le sens de la vie (« les réponses à la 

question : « pour quoi vit un être humain ? », le « but ultime de la vie »)369.

Une culture ne saurait se perpétuer naturellement puisque par définition la culture est le contraire de la 

nature. Elle a besoin de ce que MIYAMOTO appelle des denshôsha 「「「 (transmetteurs, passeurs). 

– Transmetteurs lettrés et transmetteurs analphabètes :

Dans Wasurerareta Nihonjin, MIYAMOTO distingue (selon le plan que nous avons présenté dans la 

première partie) les transmetteurs lettrés et les transmetteurs analphabètes. Les deux sont les garants 

du patrimoine immatériel du village. Les premiers peuvent laisser une trace presque inaltérable, alors 

que les seconds pourront dans le meilleur des cas transmettre une partie de leur savoir de bouche à 

oreille avec les risques de déperdition et de transformation inhérents à l’oralité. 

L’intérêt   d’étudier   les   transmetteurs   lettrés,   comme   le   font   les   historiens,   est   d’accéder   à   une 

information  fixe,  mais  qui   a  pu aussi  être  vecteur  de  transmission  et  non simple constatation  de 

transmission après coup. C’est l’écriture qui permet la plus grande transmission possible avec la plus 

petite déperdition d’information, car il est toujours possible de recourir au texte, et ce beaucoup plus 

simplement qu’avec n’importe quel autre mode de transmission.  De plus, transmettre par écrit ne se 

limite pas à la transmission interne. Ces érudits de village servaient aussi de vecteurs pour introduire 

des bribes de cultures extérieures au village, voire au Japon­même. 

Comme exemple de transmetteur lettré, MIYAMOTO présente TANAKA Uméharu   住 住 住 住 370 (1867­

1940), ancien camarade des poètes MASAOKA Shiki   住 住 住 住 (1867­1902) et NAITÔ Meisetsu   住 住 住 住

369 YANAGITA Kunio, Kyôdo seikatsu no kenkyû­hô, cité par KAWADA Minoru, Yanagita Kunio no shisô shi­teki kenkyû, chap. 5, p. 123.370  Wasurerareta Nihonjin,  chap. 12 « Moji wo motu denshôsha » 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (« Les transmetteurs lettrés »), éd. Iwanami p. 260 à 281.

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(1847­1926) à la revue Hotogisu 住住住住住住住 (Le coucou), et auteur d’un lexique aujourd’hui introuvable de 

termes agricoles employés dans le district d’Ôchi du département de Shimané : le Ryûryû shinku 住住住住住住

(Mille et un maux), et de contribution à  des revues de recherches locales. Autre exemple cité  par 

MIYAMOTO : TAKAGI Seiichi 住住住住 371 (1887­1955), auteur notamment d’un posthume Iwaki Kita­

Kabeya no hanashi  住住住住住住住住住 (Histoires de Kita­Kabéya (la Vallée aux esprits) en Iwaki).  Bien sûr, 

transmettre par l’écrit n’empêche nullement d’être par ailleurs un authentique conteur : on sait que 

TANAKA pouvait passer des nuits entières à raconter des histoires à ses covillageois372. 

Quant aux transmetteurs illettrés, ou plus largement ayant choisi de ne pas consigner leur savoir par  

écrit (pensant peut­être que personne ne pourrait s’intéresser à des « anecdotes »), il est certes plus 

difficile de les (re)trouver. En outre, recueillir leurs histoires prend plus de temps, l’ethnographe ne 

pouvant se reporter à aucun document écrit qui lui servirait de base de travail ou d’aide­mémoire. 

Certains de ceux que MIYAMOTO a identifié comme des transmetteurs de tout premier plan, comme 

le « Tosa Genji » par exemple, n’ont jamais été ni des conteurs, ni des enseignants, ni des sortes de 

griots. C’est au fil des entretiens avec les habitants d’un territoire étudié qu’ils se sont distingués des 

autres par la richesse de leur discours et leur personnalité sortant de l’ordinaire.

Pour   MIYAMOTO,   il   s’agit   de  sauvegarder   ce   patrimoine   oral  avant   qu’il   ne   disparaisse 

irrémédiablement. En conséquence, il faut que l’ethnographe en personne se rende sur les lieux, de  

préférence ceux justement où il pense que la transmission ne peut être assurée, ou qu’elle est limitée à 

un trop petit nombre de personnes. Il ne faut pas laisser moisir les archives, les papiers de famille dans  

des greniers, d’où la collecte (en parallèle des récits oraux) des komonjo (archives privées) écrits. On a 

vu plus haut que c’est par là que MIYAMOTO avait d’ailleurs commencé, répondant à l’appel lancé 

par YANAGITA. 

- La présentation des étymologies et des dialectes ( hôgen 「「 ) :

la sauvegarde du patrimoine oral suppose aussi concomitamment celle du patrimoine dialectal, qu’il 

repose ou non sur l’écrit. Il ne s’agit pas seulement de faire le lexique des expressions dialectales de 

telle   ou   telle   zone   géographique   concernant   telle   ou   telle   pratique   (l’agriculture   et   la   pêche 

notamment),  mais aussi  de  transcrire  l’oralité  dialectale dans ses phrases et  ses discours.  C’est   là 

qu’interviennent à la fois le  récit de vie  (raifu hisutorî   「 「 「 「 「 「 「 「 「 )  et la transcription des chants 

populaires   (min’yô  「 「 ),   futurs  matériaux  pour   l’ethnologue   (ORIKUCHI  Shinobu en  est  un  bon 

exemple) ou le linguiste (voire l’ethnolinguiste). 

371 Wasurerareta Nihonjin, chap. 12 « Moji wo motu denshôsha », éd. Iwanami p. 282 à 303.372 Wasurerareta Nihonjin, chap. 12 « Moji wo motu denshôsha », éd. Iwanami p. 266.

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Dans   son   ouvrage   introductif  MinZokugaku   he   no   michi,   une   réflexion   sur   les   dialectes   amène 

MIYAMOTO à poser la question de l’ancien et du nouveau dans la ruralité :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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「「「「「「「「「「373

(« Selon la théorie des aires dialectales, lorsque des mots nouveaux apparaissent dans la métropole 

[litt. au centre], ils se répandent comme des rides sur l’eau en effaçant les mots anciens, et si des 

choses nouvelles apparaissent, elles se répandent en effaçant les choses d’avant. Par conséquent, on dit 

qu’on observe des choses anciennes aux marges du pays. Que ce genre de phénomène ait lieu est un 

fait, toutefois il peut arriver aussi que par la culture, prenant comme matrice ce qui était fait autrefois, 

des pratiques (gyôji) nouvelles s’agrègent en composé, progressivement. Et les cas ne sont pas rares de 

choses anciennes qui demeurent dans des endroits proches du centre. »)

Le folklore, ou en tout cas le champ d’investigation de la  minZokugaku, n’est donc pas un simple 

reflet du passé, mais le résultat de mutations (hensen) et de confrontations culturelles permanentes et 

variées selon les régions. MIYAMOTO ne croit pas à une immuabilité des coutumes, au contraire. 

C’est  parce qu’elles sont muables qu’elles sont  aussi mortelles.  Et,  selon MIYAMOTO, toutes ne  

méritent pas de mourir.

Le  récit de vie  est peut­être un des genres les plus appréciés du travail de MIYAMOTO, bien que 

dans Wasurerareta Nihonjin, qui en représente la quintessence sous une forme quasiment littéraire, il 

n’occupe pas la totalité de l’ouvrage. L’exemple le plus célèbre est le récit du Tosa Genji (le Genji de 

Tosa) (cité  dans notre première partie) qui fut adapté  en monologue théâtral374  (cf.  photo) dont le 

succès fut immédiat et s’avéra constant. Ce « personnage » (à tous les sens du terme) intéressait à la 

fois pour ce qu’il nous apprenait de son cadre de vie, des époques qu’il avait traversées et aussi pour 

lui­même (l’histoire de sa vie privée étant racontée avec franchise et sans voiles, mais toujours avec 

une grande modestie).

373 MinZokugaku he no michi, OM 1, chap. I, 11, p. 64.374 Il est interprété par l’acteur SAKAMOTO Nagatoshi 「「「「.

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On pourra toujours s’interroger sur la représentativité de tel ou tel individu interrogé et étudié. Mais on 

citera ici Nicolas RENAHY (à propos de son étude portant sur les jeunes ouvriers et chômeurs d’un 

village de Bourgogne) :

« Bien sûr, ce type d’enquête se verra toujours reprocher sa faible « représentativité » par les tenants

d’une sociologie purement quantitative. Or nous considérons que c’est parce que l’auteur entre à fond

dans la singularité de la trajectoire de ses copains, qu’il « fouille » scrupuleusement cette singularité,

qu’il peut arriver à des conclusions très générales, parfaitement valides sur le plan scientifique. »375

MIYAMOTO, passa beaucoup de temps avec les anciens, c’est un fait. Longues étaient leurs histoires, 

libre leur parole, et riche leur expérience. Aussi MIYAMOTO ne cachait­il pas l’intérêt et le grand 

respect qu’il portait aux personnes âgées. L’ethnologue, de façon générale, doit cependant éviter de se 

laisser aller à la nostalgie ou à l’idéalisation d’une période ou d’une catégorie d’individus. On pourrait 

citer Pascal DIBIE parlant ici de la campagne française :

« L’ethnologue a la manie de vouloir découvrir par qui et comment se transmet le « savoir ». Il dit

qu’aujourd’hui, tout est fini, que ce n’est plus comme jadis où chaque fonction, chaque personne

avaient une place et un sens, dans un univers donné, etc. Bref, il assure qu’il n’y a plus de traditions et

il se déguise en historien pour montrer ce qui existait avant la civilisation, la culture et je ne sais quoi

encore. (…) L’ethnologue veut toujours s’en rapporter aux vieux mais il oublie que toute vieillesse

sécrète par nature un sentiment de décadence du temps, de corruption du monde, de dérèglement

des saisons. Et cela, d’autant plus qu’aujourd’hui le prestige de l’ancêtre régresse. Celui-ci n’est plus

comme dans l’ancien temps obéi, écouté, vénéré comme un patriarche. Et voilà que subitement, au

seuil des années quatre-vingt, alors qu’il n’est plus perçu ni considéré par ses enfants et ses petits-

enfants comme un puits de sagesse et d’expérience, les ethnologues le redécouvrent, boivent ce qu’il

dit comme paroles d’Evangile et le font devenir Livre. Je ne nie pas que ses propos, ses discussions,

ses blagues, sa malice sont des trésors de philosophie sauvage, mais ce que je constate, c’est que

l’ethnologue, lorsqu’il fait la monographie d’un village, parle toujours du village d’autrefois avec une

facilité déconcertante. Ce qui m’amène à me demander si celui qui a pour tâche de raconter, de

témoigner n’oublie pas parfois de vivre dans son temps. »376

Heureusement, MIYAMOTO saura toujours se ressaisir (n’en déplaise à ses détracteurs de mauvaise 

foi) et son étude de la jeunesse rurale (cf. plus bas Chap. IV, B/) apportera dès 1963 le contrepoint 

nécessaire qui pouvait partiellement faire défaut à son œuvre jusque là. 

375  Nicolas   RENAHY,  Les   gars   du   coin :   enquête   sur   une   jeunesse   rurale,   Paris,   Edition   La Découverte, Textes à l’appui, 2005, rééd. 2007, préface p. 11.376 Pascal DIBIE, Le village retrouvé : Essai d’ethnologie de l’intérieur, sl., Editions de l’Aube, 1995, rééd. 2005, 257 p., « Les voyous de la terre », p. 30.

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­ Sauvegarder l’oralité ne se limite pas aux récits individuels. Il peut aussi s’agir de récits destinés à 

tous, même si d’inévitables variantes viennent révéler la personnalité  du conteur ou certains traits 

propres à la communauté à laquelle il appartient. L’Analyse des contes populaires, leur transcription et  

la   recension  des  variantes   révèlent  ainsi   les  points  de divergence  et  de convergence des  cultures 

villageoises. Là  encore, les noms de YANAGITA Kunio, ORIKUCHI Shinobu  (ici en photo avec 

YANAGITA)  et SEKI Keigo  住住住 viennent les premiers. Leur approche, légèrement différente, peut 

être   grossièrement   résumée   ainsi :  YANAGITA   s’est   intéressé   à   l’aspect   national   du   conte, 

recherchant les points communs « japonais » aux contes des différentes régions, alors qu’ORIKUCHI 

a mis l’accent  sur  leur potentialité   littéraire brute,   inspiratrice des écrivains classiques,  tandis que 

SEKI   en   faisait   une   analyse   plus   anthropologique,   mythologique,   attentive   aux   symboles. 

MIYAMOTO peu intéressé par les symboles ou le monde de l’imaginaire, aborde quant à lui l’analyse 

des contes sous l’angle historico­ethnographique et cherche à y voir des manières de vivres anciennes, 

ou à y déceler des influences extérieures et des filiations de thèmes, tentant ainsi d’établir une sorte de 

« traçabilité   thématique ».   Dans   ses   conférences,   il   renvoie   le   plus   souvent,   pour   l’analyse 

mythologique,   aux   travaux   d’OOBAYASHI   Taryô 住 住 住 住 ,   par   exemple   pour   son   analyse   des 

représentations de dragon377.

­ Les modes de vie : MIYAMOTO, très attentif aux différents modes de vie et cultures des groupes de 

l’archipel, y consacra une série d’ouvrages thématiques fort instructifs : Nihon minshû­shi (Histoire du 

peuple   au   Japon),   comportant   sept   volumes   sur :   le   défrichage   des   terres,   les   populations   de   la 

montagne,   celles  du  bord   de   mer   (ama  et   pêcheurs),   la   formation  des   villages,   celle  des   villes, 

l’Histoire les métiers et celle… de la patate douce (kansho 住住). Il faut ici souligner la différence entre 

pratique et usage (us). La pratique est « ce qui est fait par une ou plusieurs personnes », alors que 

l’usage   est   « ce   qui   se   fait   suffisamment   généralement   ou   systématiquement   pour   présenter   un 

caractère de norme sociale ». Lorsqu’une pratique est unique et présente un avantage, comparé aux 

usages existants, elle peut être appelée à être reproduite par imitation spontanée ou réclamée et devenir 

377 Nihon bunka no keisei, t. II, chap. IX (conférence du 5 juin 1980), questions, p. 178 éd. Chikuma gakugei bunko.

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un nouvel usage. Son premier auteur sera lors considéré comme un « défricheur » (kaitakusha). Et si 

l’usage antérieur en vient à péricliter, voire à disparaître, nous serons en présence d’un phénomène de 

hensen. 

Les us et coutumes (shûkan 桧桧, kanshû 桧桧, narawashi 桧桧桧桧 [桧桧桧], shikitari 桧桧桧桧 [桧桧桧]), qui s’inscrivent 

dans   les  modes  de  vie,   sont  présents  dans  chaque  ouvrage  de  MIYAMOTO,  et  notamment  dans 

Minkan­reki et Furusato no seikatsu. Cette omniprésence ne doit cependant pas nous amener à croire 

qu’il s’agirait du thème unique traité dans l’œuvre. Au contraire, les coutumes ne sont pas vraiment un 

thème, mais une sorte de moyen « horizontal » permettant d’appréhender l’un des aspects du thème 

spécifiquement  étudié.  Ainsi   par   exemple   les  coutumes  agraires,   que  nous  pourrions  diviser  en 

usages agraires (semailles, récoltes etc.) et usages agro­rituels (chants et prières à l’occasion du taue 「

「 「 ,   le   repiquage  ritualisé  du  riz),  méritent  d’être  décrites  davantage pour  ce  qu’elles   révèlent  de 

l’organisation sociale et  culturelle – hiérarchie sociale (propriétaire,  parents et  voisins,  ouvrier(e)s 

agricoles, travailleurs saisonniers, apprenti(e)s), hiérarchie des ages, rôles différents selon les genres 

(sexes), appartenance ou non au groupe « village » de longue date ou non, reconnaissance de ce statut 

etc. – plutôt que par simple souci du détail visuel. Le laconisme conceptuel de MIYAMOTO à ce 

moment­là ne doit pas nous faire penser qu’il s’en tiendrait à une simple description pittoresque de 

l’aspect des choses. A nous de lire entre les lignes et de comprendre tout le sens qui demeure dans le  

texte et que révèlent sa structure et les rapprochements et explications qui y figurent. Et là encore nous 

rappelons la méthode miyamotienne consistant  à  décrire,  préciser l’origine du mot représentant  le 

phénomène, son histoire (pour autant qu’on puisse la reconstituer), ses origines probables, et enfin les 

comparaisons avec des phénomènes similaires pouvant être observés ou ayant été observés dans le 

passé et dans un autre espace géographique. 

Afin de maintenir ces pratiques et ces usages, les transmetteurs (individus isolés) sont nécessaires, 

mais pas suffisants. C’est là qu’interviennent les institutions.

­ Les institutions rurales :  MIYAMOTO est la premier à reconnaître dans toute société humaine, 

notamment celle qu’il étudie (la sienne en l’occurrence), une tendance, sans doute même un besoin, et 

parfois une fatalité, consistant à se rassembler et s’organiser de façon plus ou moins institutionnalisée. 

Ainsi étudie­t­il les associations de prévoyance et d’entraide (tanomoshi­kô 住住住住住 [住住住住]), les réunions 

et conseils de village (yoriai 住住住住), les groupes de jeunes institutionnalisés (wakamonogumi 住住住住)… 

Au premier chapitre de  Wasurerareta Nihonjin  qui commence par un récit à la première personne, 

MIYAMOTO décrit ses efforts pour se faire admettre dans un de ces yoriai de village. Il en décrit la 

durée – plusieurs   jours  –  jusqu’à  ce  qu’on parvienne à   l’unanimité,  et   la   façon de participer  des 

villageois.   Cette   instance   délibérative,   sorte   de   démocratie   directe   à   la   japonaise,   présente   les 

caractéristiques que nous avons pu observer à de nombreuses reprises lors des innombrables réunions 

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(souvent nocturnes) que produit la vie en société au Japon : à savoir que le consensus requis pour 

maintenir l’harmonie s’obtient davantage par l’« usure », c’est à dire la fatigue, l’exténuation, voire le 

sommeil des participants (ou plutôt des « personnes présentes »), plutôt qu’en les convainquant par 

une argumentation rationnelle, une rhétorique huilée ou un charisme mobilisateur. Lors d’un yoriai, on 

n’est pas à l’agora, on est assis tous ensemble autour du feu et on partage au besoin une collation. Il  

fait   nuit,   certains   rentrent   du   travail,   fourbus…   Il   faut   être   présent.   Vous   pouvez   dormir,   vous 

contenter de grommeler « je suis d’accord avec ce qui vient d’être dit » quand vient votre tour de 

parole et vous (r)endormir. Au final et dans les faits, si tout le monde peut être amené à prendre la 

parole, ce sont toujours les mêmes qui font les questions et les réponses nécessaires à l’avancement 

d’un projet qui a tout l’air d’être décidé d’avance par les mêmes personnes entreprenantes (souvent les 

plus riches ou les plus engagées), projet qu’il s’agit de faire avaliser par les autres villageois en leur 

faisant prendre part, ne serait­ce que pour la forme, au processus d’entérinement. 

L’une des nombreuses fonctions des yoriai est l’organisation d’évènements annuels, les nenchû gyôji 住

住 住住*, que MIYAMOTO décrit dans la plupart de ses livres. Parmi ce vaste ensemble, on pourra se  

reporter à Minkan­reki (Les calendriers populaires) qui offre un large répertoire des fêtes religieuses et 

agraires. 

­  La   foi  populaire  revient  dans  plusieurs  des  ouvrages  de  MIYAMOTO,   le  plus   souvent  parmi 

d’autres thèmes, mais il arrive qu’à l’occasion d’articles, il en fasse son sujet principal. C’est le cas  

notamment de son étude (faisant suite à celle effectuée par YANAGITA378) des différentes formes 

prises dans le Nord­Est du pays par le culte d’Oshira­sama 住住住住 (le Seigneur Oshira), divinité (shintô) 

de l’agriculture et de l’élevage des vers à soie, aussi connue sous le nom d’Oshimme­sama  住住住住住 ou 

encore d’Oshirabotoke 住住住住 (bouddha Oshira) lorsque le bouddhisme tenta de se le réapproprier. Ce 

thème de recherche réapparaîtra dans plusieurs œuvres379  sous la forme d’exemple. Notons toutefois 

que  MIYAMOTO ne s’intéresse guère au contenu religieux ou dogmatique, mais préfère porter son 

regard sur l’aspect visuel du phénomène (motifs représentés, forme des  hokora  住 (petites chapelles­

autels),  des statuettes  représentant   le kami etc.).  Les pèlerinages,   tout  comme les  fêtes de village 

(matsuri) l’ont intéressé comme phénomène de groupe, mais aussi et surtout par ce qu’elles révélaient 

à côté : aspects économiques, liens avec les pratiques agraires etc.

378 Après qu’il eut achevé terminé Toono monogatari  「「「「「「 . Ce thème d’études mobilise à l’époque presque une dizaine de chercheurs dans des zones géographiques différentes que MIYAMOTO citera dans MinZokugaku he no michi, chap. IV, 12, p. 216, OM 1 .379 MinZokugaku he no michi, chap. IV, 12, p. 216, OM 1. Dans Mingugaku no teishô (1979), il ne sert que d’illustration à un passage concernant les tissus : chap. I, p. 42.

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­ Les métiers ; les techniques agricoles ont aussi occupé MIYAMOTO. Dans la mesure du possible, 

il tâcha de les étudier au plus près, et en maniant lui­même les outils qu’il prenait soin de répertorier 

de façon exhaustive (cf. gravure), avant de les récupérer pour son musée, lorsque dans la deuxième 

moitié de sa vie il reprit en l’élargissant, le projet de SHIBUSAWA. L’idée du Musée des greniers 

donna   ainsi   naissance   au   musée   ethnographique   du   terroir   de   Kuka.   Là   encore,   les   recherches 

s’attachaient  à  retracer l’Histoire économique de la pratique en question et  s’étendaient  à   toute la 

région, voire davantage. Ainsi son étude des forges l’entraîna­t­elle à faire l’historique des métaux au 

Japon et de leur approvisionnement380. 

­  Cet   intérêt   constant  porté   aux   routes  et   aux  mouvements  de  biens   et   de  personnes  ne  pouvait 

qu’amener MIYAMOTO à  l’étude des  voyages.  MIYAMOTO, on l’ignore même au Japon, est le 

fondateur de l’étude ethnologique des voyages touristiques et, à ce titre, le fondateur du Nihon kankô 

bunka kenkyûjo 住住住住住住住住住 (Institut de recherches sur les cultures du tourisme). Plus généralement, il 

s’intéresse à tout type de déplacement, individuel ou collectif, sur le court terme ou le long terme, pour  

motifs économiques, politiques, alimentaires, de sécurité, religieux ou d’agrément, d’où son étude des 

routes  (ce  sur quoi nous allons encore revenir un peu plus loin) et son recours systématique à   la 

cartographie (cf. 1ère partie). L’étude du voyage est triple : c’est celle des conditions de voyage, celle 

du type de lieux parcourus et enfin du voyageur dans sa subjectivité (ce que celui­ci a pensé, ressenti, 

et comment le voyage l’a transformé). Là, les figures des écrivains voyageurs auxquels s’est intéressé 

MIYAMOTO, NODA Senkôin et  FURUKAWA Kôshôken (1726­1807) annoncent les précurseurs 

SUGAE   Masumi   (1792­1829)   et   MINAKATA   Kumagusu   (1867­1941).   Ce   sont   les   sources 

historiques essentielles de MIYAMOTO dans ce champ d’investigation. On peut y ajouter l’essayiste 

anglaise et aventurière Isabella Lucy BIRD (1831­1904) à laquelle il consacra pour moitié un livre, 

380 Nihon bunka no keisei, t. II, VIème conférence (25 janvier 1980), « Nôgu toshite no tetsu »「「「「「「「「「(« Le fer comme outil agricole »), p. 20 à 39 éd. Chikuma gakugei bunko.

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ainsi que, dans une certaine mesure, le zoologue américain Edward Sylvester MORSE (1838­1925), 

tous deux ayant voyagé ou séjourné au Japon. 

A   côté   de   ces   « monographies »   personnelles   de   voyageurs   (nous   n’y   incluons   pas   son   essai 

biographique sur SHIBUSAWA Keizô qui tient une place particulière dans son œuvre) figurent des 

essais sur les voyageurs anonymes, certains illettrés, qui effectuaient des voyages que l’on peut ranger 

dans   deux   grandes   catégories :   les   voyages   d’agrément   et   les   voyages   à   motifs   économiques. 

Soulignons déjà que l’un autant que l’autre pouvait faire du voyageur un  seken­shi* (un maître de 

l’espace). 

1.   Les   voyages   d’agrément   sont   étudiés   notamment   dans   la   série  Tabi   no   minZoku   to   rekishi 

(Ethnographie du folklore et Histoire du voyage), particulièrement dans les tomes 1  Nihon no yado 

(Les auberges du Japon) et 4  Shomin no tabi  (Les voyages du petit peuple). Il faut noter qu’avant 

MIYAMOTO,   on   étudiait   la   vie   des  voyageurs  ou   les   temples   auxquels   menaient   les   routes   de 

pèlerinage, ou les vêtements des voyageurs de l’époque d’Edo, mais pas le phénomène du voyage 

d’agrément dans sa globalité et dans une perspective synthétique. 

2. Les  dekasegi  (déplacement à finalité économique) et  hôkô  (apprentissage) sont traités notamment 

dans Kakyô no oshie381 et  Onna no minZoku­shi382. La présentation des rôles différents attribués aux 

hommes et aux femmes préfigure en un sens les études de genres (gender studies  américaines) (cf. 

chapitre IV, B). 

Enfin, on citera le cas particulier de sa découverte d’un chemin des lépreux (kattai michi 住住住住[住住]住) et 

sa rencontre avec l’un d’eux, mentionnée dans Yama ni ikiru hitobito383 (1964), exemple rarissime de 

chemin établi pour des raisons sanitaires.

Parmi   les  voyages  de  MIYAMOTO,  on  ne   saurait  passer   sous   silence  les  quatre  voyages  qu’il 

effectua à l’étranger, non parce qu’ils lui donnèrent l’occasion de réunir des matériaux exceptionnels 

lui permettant d’écrire des œuvres majeures, mais pour l’importance subjective qu’ils eurent :

1. 1975 (18 juillet­30 août : 44 jours) : voyage en Afrique orientale (Tanzanie et Kenya)384 ;

2. 1977 (13­20 septembre : 8 jours) : voyage à Cheju­do 「「「 [住住住]385 (Corée)386 ;

381 Kakyô no oshie, chap. 2 « Jochû hôkô »「「「「「「(« L’apprentissage des bonnes »), p. 22 et s..382 Onna no minYoku­shi, « Iede »「「「「(« Quitter la maison »), p. 178.383 Yama ni ikiru hitobito (Les gens qui vivent dans la montagne), chap. II, 17 éd. en volume séparé Miraisha­kan.384 « Higashi Afurika wo aruku » 「「「「「「「「「「 (« Marcher en Afrique orientale »), in Aruku miru kiku 「「「「「「「「「, numéro de janvier Shôwa LI (1976), s.l., Nihon kankô bunka kenkyû­sho­kan 「「「「「「「「「「.385 Cheju­do : lu en japonais Saishû­tô 「「「「「「「 ou Cheju­do 「「「「「.386 « Shimpan Kaijin monogatari » 「「「「「「「「「「「「 (« Nouvelle version d’Histoires des gens de la mer »), in Ama : Nakamura Yoshinobu shashin­shû 「「「「「「「「「「「「 (Plongeuses­pêcheuses de perles : recueil de photographies de Nakamura Yoshinobu), s.l., Marin keikaku­kan 「「「「「「, décembre Shôwa LIII (1978).

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3. 1979 (10­20 septembre : 11 jours) : voyage à Taiwan387 ;

4. 1980 (14­24 septembre : 11 jours) : voyage en Chine populaire388

Trois voyages en Asie,  et  un en Afrique.  On peut  s’étonner que MIYAMOTO n’ait  pas été   tenté 

d’aller visiter la Russie, l’Europe ou le continent américain. Peut­être choisit­il d’aller à la rencontre 

de sociétés plus proches de la ruralité traditionnelle, ce qui s’inscrit dans la logique de ses recherches.

MIYAMOTO choisit d’abord le Kenya car il souhaitait visiter un pays d’Afrique en paix et qui avait 

subi moins d’occupation coloniale que les autres. Là, il découvrit une société vivant plus simplement 

que la société japonaise de son temps, mais lui rappelant celle de son enfance. Le Kenya et la Tanzanie 

lui apparurent moralement idéalisés, sortes d’image renversée du Japon moderne et censée lui faire 

honte de ce qu’il était devenu en perdant ses valeurs traditionnelles et le goût des choses simples. 

L’article racontant son périple appartient au domaine du journalisme plus qu’à celui de l’ethnographie. 

Le problème de la langue peut avoir joué, MIYAMOTO ne parlant pas l’anglais.

Le   voyage   à   Cheju­dô   visait,   quant   à   lui,   un   point   bien   précis :   l’origine   des  ama  (pêcheuses 

plongeuses) tout comme celui effectué en Chine populaire avait pour thème les bateaux. 

Celui   qu’il   réalisa   à   Taiwan   fut   peut­être   le   plus   intéressant   et   le   plus   productif.   En   effet, 

MIYAMOTO, échappant à ses guides officiels, parcourut la campagne et les villages de pêcheurs à la 

recherche  des  ethnies  minoritaires  et   en  dressa   l’inventaire  et   l’état.   Il   fut   ainsi  un  des  premiers 

ethnographes japonais à   le  faire à  cette époque,  même si  l’on sait  par ailleurs que l’ethnographie 

taiwanaise   trouve   son   origine   et   son   inspiration   dans   le   travail   des   ethnographes   japonais.  

MIYAMOTO lui­même nous révèle que :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「389

(« Ce sont  des personnes  inattendues qui  émergent des endroits   inattendus.  Par exemple,  c’est  un 

savant comme INÔ Yoshinori qui apparut à Toono dans le département d’Iwaté. Cet homme se rendit 

à Taiwan dans son adolescence et il fut le premier Japonais à y effectuer une étude de terrain sur les 

387 « Taiwan kikô » 「「「「「「 (« Journal de voyage à Taiwan »), in Aruku miru kiku, numéro de juin Shôwa LV (1980). « Taiwan no Takasago­zoku » 「「「「「「「「 (« Les Ethnies des hauteurs ensablées (Gāoshā­zú) de Taiwan »), 1ère éd. in Getsurei kôkai kenkyû­kai  「「「「「「「「「(Mensuel de l’ouverture des réunions de recherches), s.l., Nihon kankô bunka kenkyû­sho 「「「「「「「「「 , 17 novembre Shôwa LIV (1979) republié in Nihon kankô bunka kenkyû­sho Kenkyû kiyô 「「「「「「「「「「「「「「「「 (Annales de recherches de l’Institut de recherches sur les cultures du tourisme japonais), n°6 (décembre Shôwa LX (1985)), s.l.. Ce texte est le texte d’une communication (approuvé par Miyamoto), plutôt qu’un article à proprement parler.388  « Chûgoku no fune »   「「「「「「 (« Les bateaux chinois »), in  Aruku miru kiku : Miyamoto Tsuneichi  tsuitô­gô (Numéro de commémoration de Miyamoto Tsuneichi), s.l., août Shôwa LVI (1981). Ce texte est la transcription, d’après enregistrement, d’une communication de Miyamoto.389 Izabera.Bâdo no « Nihon okuchi kikô » wo yomu (Lire Unbeaten tracks in Japan d’Isabella Bird), 1977, p. 200.

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aborigènes. Il nous en reste [seulement] une « Taiwan bunka­shi (Histoire des cultures de Taiwan) », 

mais c’est un livre absolument excellent ».)

Comme nous l’écrivions ci­dessus, l’étude du voyage et des mouvements de personnes occupe une 

place majeure dans l’œuvre de MIYAMOTO. Mais l’étude des routes dont nous parlions plus haut et 

l’utilisation nécessaire des cartes qui s’y rapportent, ne suffisent pas à fournir une analyse complète du 

monde rural. Pour cela, il faut étudier également la topographie dans son ensemble, c’est à dire non 

seulement les routes, mais aussi les rizières et les champs, les bois, les zones habitées et les ouvrages 

d’art390. L’étude des éléments séparés les uns des autres ne saurait donc dispenser d’une étude plus 

large, en contexte, qui seule permet de comprendre le comment et le pourquoi de la présence de telle 

culture,   telle   route,  ou   telle   forme  de   rizière.  Ainsi   en   est­il   des  quelques  pages   consacrées  aux 

« Champs de Kumejima391 défrichés à la gâche »392, admirable exemple à la fois concis393 et complet, 

touchant tous les aspects du problème, des cultures à la forme des champs, en passant par les outils 

dont un dessin est d’ailleurs reproduit.

MIYAMOTO,   nous   venons   de   le   voir,   a   donc   une   approche   tout   autant   macroscopique   que 

microscopique,   s’intéressant   à   la   fois   aux   territoires   à   l’échelle   départementale,   nationale   et 

internationale, et à l’études des gens à l’échelon local du village, de la famille, et enfin de l’individu. 

Il pourrait être intéressant, pour terminer cette présentation des thèmes de recherche du patrimoine 

immatériel,  d’évoquer  un de ceux généralement  considérés  comme « mineurs » :  les   loisirs  et   les 

spectacles. L’étude des pauses ludiques est en effet pour MIYAMOTO aussi importante que celle des 

pauses religieuses ou rituelles dans la vie quotidienne et révèle le Japonais rural sous un autre angle.  

Sans doute avait­il l’intention de montrer que la vie à la campagne, pour pénible qu’elle soit, comporte 

aussi ses petites joies et ses moments de détente. Cette étude se trouve donc dans le prolongement de 

celle des voyages de loisir.

Il est surprenant mais significatif de voir à quel point l’ethnographe s’est engagé afin de faire revivre 

dans le département de Yamaguchi une activité disparue : le dressage de singes de spectacles394. Les 

spectacles de singes parfois diffusés à la télévision aujourd’hui sont, dans une large mesure, visibles 

grâce aux efforts de MIYAMOTO. Il entra en effet en contact avec les derniers dresseurs de singes  

390 Cf. notamment Sora kara no minZokugaku.391  Kumejima est une île de l’archipel des Ryûkyû,  département d’Okinawa, et qui fut pendant des siècles une plaque tournante des échanges commerciaux et culturels avec la Chine.392 « Hera de hiraita Kumejima no taha »「「「「「「「「「「「「「「, in Sora kara no minZokugaku, p. 3.393 C’était aussi semble­t­il une des contraintes de la revue dans laquelle l’article fut d’abord publié, Tsubasa no ôkoku「「「「「「(Le royaume ailé), revu d’une compagnie aérienne.394 Pour plus de détails, voir par exemple SATAO Shinsaku, Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, chap. 6, « Kirimusubu otokotachi – Saru­mawashi fukkatsu he moetsukiru »  「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (« Des hommes en lutte – qui brûlent de faire revivre le dressage de singes »), p. 270­274 et interview 13 p286 et s..

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(pour la plupart des burakumins comme les MURAZAKI 住住 dont certains engagés dans la lutte contre 

les discriminations395) et leurs descendants puis parvint à convaincre ces derniers ainsi que certains 

jeunes  intéressés à  se lancer dans cette activité  à   la  fois  technique et de spectacle.  Parallèlement, 

MIYAMOTO observait les processus de transmission mais aussi de récupération du savoir. Au cours 

de son étude, il fut même un moment tenté par l’éthologie. Après avoir remarqué que les singes étaient 

la première espèce animale à avoir été domestiquée au Japon396, il arrive à la conclusion suivante : 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

(« Jusqu’à présent, on pensait que la « culture » (bunka) n’existait que chez l’Homme. Cependant, il 

existe une culture dans la société des singes. »)

En effet, ajoute­t­il, on a pu apprendre aux singes à courir à la manière des humains, ce qui jusqu’ici 

leur était impossible.

住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「397

(« Ca n’est alors pas quelque chose d’inné,  n’est­ce pas ? C’est ce qui  est acquis qui  constitue la 

culture. 

Ensuite, ce qu’on appelle la culture (bunka), serait quelque chose née dans le fait de posséder une 

conscience commune (kyôtsû ishiki), posséder la même conscience que l’autre. En découvrant cela, et 

en pratiquant des séances d’entrainement, on en arrive à leur faire mener une vie davantage semblable 

à celle des humains. A ce propos, voyez­vous, il y a une admirable « culture » dans la « société des 

singes ». C’est juste qu’ils n’ont ni langue (ou mots :  kotoba), ni écriture, d’accord. Il paraît qu’on 

commence à le comprendre. Et en leur faisant faire ce genre de choses [=les entrainements], ne va­t­on  

pas leur permettre de développer (litt. « se voir donner » ataerareru) ce que j’appelle la culture sous 

une quelconque forme ? »)

Bref,  MIYAMOTO voit   là  un bel  exemple d’évolutionnisme, qui  plus  est  suscité  et  accéléré  par 

l’Homme. Il  préconise ensuite l’enseignement du langage humain le plus simple, espérant que les 

singes finiront par l’utiliser verbalement. Nul doute qu’il eut été enchanté d’apprendre qu’on parvient 

aujourd’hui à enseigner la langue des signes aux singes qui l’utilisent entre eux, même sans qu’un 

humain soit présent.

395 SATAO Shinsaku, Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, interview 13, p. 288.396 Nihon bunka no keisei, t. II, chap. VIII, questions, p. 137 éd. Chikuma gakugei bunko.397 Nihon bunka no keisei, t. II, chap. VIII, questions, p. 138 éd. Chikuma gakugei bunko.

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Tout comme pour les singes et leur dressage, les tambours de Kodô  住住 et d’Ondekoza 住住住住 (fondé à 

Sado­ga­shima  住住住 ), ensembles toujours en activité dont les membres se renouvellent régulièrement 

par cooptation, occupèrent une partie du temps de MIYAMOTO. Le concert de tambour n’est pas 

qu’un spectacle au Japon. Il est aussi le produit d’une tradition religieuse dont certaines des dernières 

manifestations peuvent être observées aujourd’hui lors du On­matsuri 住住住 (Auguste fête religieuse) de 

Nara,   une   fête   shinto­bouddhique   se   déroulant   le   17   décembre   sur   deux   jours   en   continu,   avec 

notamment des tambours monumentaux montés sur estrade. Par ailleurs, des tambours accompagnent 

généralement les palanquins shinto­bouddhiques (omi­koshi  住住住[住住住住住住住] ou shin’yo  住住) lors des fêtes 

religieuses.

Quel sens peut­on attribuer à cette étude des coutumes ? YANAGITA Kunio, comme nous l’avons vu 

plus   haut,   partait   d’un   projet   politique   que   la  minZokugaku  devait   étayer.   L’ethnographe,   de 

l’extérieur, réunissait des matériaux pour illustrer une construction intellectuelle de type ethnologique 

mais à visées politiques. Pour MIYAMOTO, contrairement à YANAGITA, le projet ethnographique, 

partant de la base et réalisé par un fils du peuple, n’a pas pour finalité de gérer par le haut, mais de 

décrire les structures par le bas, même si les deux auteurs valorisent l’un et l’autre la connaissance. Il  

s’agit de décrire et comprendre le sens des coutumes et des pratiques, ainsi que leur permanence, leur 

disparition   ou   leur   réintroduction   (réactivation)   s’il   y   a   lieu.  Jusqu’où   la   coutume   doit­elle   être 

conservée, si tant est qu’elle doive l’être ? Rappelons incidemment que le Droit français définit  la 

coutume   comme   une   règle   de   Droit   non   écrite   acceptée   comme   telle   par   les   membres   de   la 

communauté ou elle s’applique. En cela, elle se distingue de l’habitude qui n’a pas le caractère de 

généralité,   ni  celui  de  règle  de Droit.  La  coutume,  à   ce   titre,  peut  être  modifiée,   sinon par  vote 

démocratique, du moins par consensus populaire. Sa finalité est le plus souvent concrète, rarement 

idéologique, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne puisse pas s’appliquer à des choses qui relèvent du 

domaine de la religion ou des rites. Dès lors que la coutume cesse d’être utile ou même de faire sens 

(perte de la « raison d’être ») pour telle ou telle raison, on peut en proposer la modification ou la 

suppression   (il   peut   aussi   s’agir   d’un   changement   tacite   de   pratiques   à   l’échelon   individuel   ou 

collectif), à moins tout simplement qu’elle ne tombe en désuétude : c’est le phénomène de la caducité. 

Or toute chose caduque que l’on cherche à conserver « à toute force » est soit un archaïsme (si on 

l’utilise), soit un objet de musée (si on ne l’utilise plus). La minZokugaku court donc à tout moment le 

risque de la « muséification », et l’étude historique qu’elle réclame participe dans une certaine mesure 

de ce risque tendant à devenir elle­même de l’Histoire. 

Elle   devrait   donc,   comme   le   faisait   MIYAMOTO,   à   l’esprit   universellement   ouvert   et   curieux, 

s’inspirer de la sociologie ou même du journalisme qui nous donnent à voir et à comprendre avec 

peu de temps de retard l’impermanence des modes de vie, de production et de consommation, en 

particulier depuis la fin de la seconde Guerre Mondiale, avec principalement d’une part le passage de  

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la production­consommation à la simple consommation (et à l’ultra­consommation depuis les années 

1980), et d’autre part, la tertiairisation du travail (d’où l’abandon de l’agriculture au Japon).

Toute la difficulté consiste à concilier les deux forces opposées, la force de conservation, et la force de 

changement.

Et l’étude des pratiques ne pouvant en  minZokugaku  se passer de celle du patrimoine matériel des 

populations étudiées, il convient à présent de circonscrire plus précisément ce domaine.

2) Patrimoine matérielLa distinction qu’opère le Droit français entre biens immeubles (tous les biens attachés au sol) et biens 

meubles (tous les autres biens)398 pourrait ici être reprise. Nous nous limiterons dans notre étude à un 

certain   type   de   bien   meuble   restrictivement   défini   par   MIYAMOTO,   les  mingu  (a),   puis   nous 

évoquerons les biens immeubles (b).

- a. Les mingu

On   ne   saurait   comprendre   l’œuvre,   la   pensée   et   l’action   de   MIYAMOTO   sans   passer   par   une 

présentation de son travail sur les mingu.

MIYAMOTO a  consacré   un  ouvrage  entier,  de  grande   importance   selon  nous,   à   la  question  des 

mingu : Mingugaku no teishô 住住住住住住住住399 (Propositions pour l’étude des objets populaires courants). Il y 

définit les mingu et en énumère les critères. Enfin, il évoque la question de leur prélèvement et de leur 

stockage.

Définition et critères

Les mingu 「「 s’inscrivent dans ce que les minZokugakusha appellent la « culture matérielle populaire » 

yûkei minzoku bunka 「「「「「「 et font partie des yûkei minZoku shiryô 「「「「「「 (documents ethnographiques 

concernant le peuple), par opposition à la culture immatérielle, en l’occurrence la transmission orale, 

les us et coutumes (shûkan 「「, fûshû 「「), les contes (minwa 「「) et chants populaires (min’yô 「「). Notons 

que les termes yûkei minZoku shiryô et  yûkei minZoku bunka ont été consacrés dans l’usage officiel 

sur décision du Ministère de la culture (Bunka­chô 「「「)400.

398 Les biens immeubles sont toutes les choses attachées au sol, comme les bâtiments, les puits, les ponts, mais aussi les arbres et les carrières. Les biens meubles, à l’inverse, sont donc tous les autres biens   (y   compris   les   animaux,   toujours   pour   le   Droit,   mais   avec   bien   sûr   quelques   conditions particulières qui trouvent leur origine dans l’éthique).399 Mingugaku no teishô, Tôkyô, Miraisha, 1ère éd. 1979, rééd. 1999, 255 p..400 Mingugaku no teishô, p. 64.

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Déjà nous avons vu plus haut que YANAGITA divisait les champs de recherche en  yûkei minZoku 

shiryô en trois grands groupes : 

1. La culture matérielle ; 

2. les arts du langage ;

3. les phénomènes psycho­émotionnels

La   culture   matérielle,   qui   nous   intéresse   ici,   était   divisée   en   dix­neuf   catégories :   l’habitat, 

l’habillement, la nourriture, la méthode de collecte des données de la vie quotidienne, les transports, le 

travail,   le   village,   les   associations   (groupes   du   village),   la   famille   et   la   parenté,   le   mariage,   la 

naissance, la malchance, les funérailles, les évènements annuels, les fêtes religieuses, la divination et 

la sorcellerie, les danses, les concours et les jeux et jouets des enfants401. 

Et  MIYAMOTO de  préciser  que   le   terme de  yûkei  minZoku  shiryô  (document   402     ethnographique 

matériel)   a  été   remplacé   dans   la  Loi   sur   la  protection  des  biens  culturels  par   l’expression  yûkei  

minZoku   bunka­zai  住 住 住 住 住 住 住 (matériau   culturel403  ethnographique   populaire).   Ce   changement 

terminologique n’est pas anodin. On peut en effet émettre l’idée qu’il s’inscrit dans un processus plus 

vaste dont MIYAMOTO a été en grande partie à l’origine : la construction et la reconnaissance de la 

notion  de  patrimoine  au   Japon,   sur   lesquelles  quoi  nous   reviendrons  plus   loin.  Mais  avant   cela, 

examinons ce que MIYAMOTO entend exactement par mingu.

Le terroir et les mingu : définition et critères

Dans  Mingugaku no teishô,  MIYAMOTO reprend une définition de YANAGITA qui figure dans 

Kokushi to minZokugaku 「「「「「「「「 (Histoire du pays et ethnologie du folklore). Synthétisant deux pages 

de son maître sans rien perdre de l’essentiel, en y ajoutant de surcroît une grande clarté, il la résule 

admirablement ainsi :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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(« En d’autres termes, il [YANAGITA] nous dit que la « recherche sur le terroir » (kyôdo kenkyû) ne 

consiste pas à faire simplement des recherches sur le terroir, mais que c’est faire des recherches sur 

certaines choses qui sont le terroir qui constitue la recherche sur le terroir. Je me demande si ces mots 

ne pourraient pas s’appliquer tels quels aux recherches sur les mingu. Autrement dit, je me demande si 

401 YANAGITA Kunio,  Kyôdo seikatsu no kenkyû­hô「「「「「「「「「「 (Méthodes de recherches sur la vie quotidienne du terroir), 1935, cité par KAWADA Minoru,  Yangita Kunio no shisô shi­teki kenkyû, chap. 5, p. 122.402 Nous soulignons.403 Nous soulignons.404 Mingugaku no teishô, I, p. 10.

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la recherche sur les mingu ne consiste pas non seulement à faire des recherches sur les  mingu, mais 

plutôt à faire des recherches sur des choses (mono) par l’intermédiaire (wo tooshite) des  mingu.  Il 

s’agit pour ces « choses » de mettre en lumière tantôt la culture, tantôt les techniques, et on peut dire 

que connaître les mingu individuellement est un moyen. »)

Ces   « choses »   peuvent   donc   être   des   notions   qui   dépassent   les  mingu  eux­mêmes.   Après   cette 

définition, il précise ainsi sa pensée :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「405

« Bref, je pense que les questions fondamentales des recherches sur les mingu ne s’arrêtent pas à des 

recherches sur  la forme des  mingu,  et  qu’il  y a du sens à  poursuivre  jusqu’à  des recherches non 

seulement sur les biens et les techniques de la vie quotidienne, mais aussi sur la vie des mingu (mingu 

no seitai­teki na kenkyû). Ces recherches ont en même temps de profonds liens avec les recherches sur 

les modes de vie humains. »)

Et il fait part des principaux doutes qui se sont élevés dans le monde savant :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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(« Ces derniers temps, je me vois souvent demander par des personnes de mon entourage dans quel but 

je   fais  des   recherches  sur   les  mingu.   « Il  ne  s’agit  pas  de   revendiquer  [la   reconnaissance  d’]une 

quelconque valeur artistique des mingu, seulement, on aura beau essayer de recenser les matériaux, la 

forme, les modes d’utilisation des  mingu  etc., ce ne sera qu’accumulation de connaissances sur ce 

point et les  mingu continueront à devenir  [peu à peu] des objets du passé. Si on les maniait en tant 

qu’outils, on trouverait même encore de nos jours des choses en rapport (tsunagari), mais quand on 

chercherait à observer les  mingu au sein du concept délimité de « mingu », cela n’aurait pas tant de 

valeur que ça, non ? ». Ou encore : « Y a­t­il une telle nécessité à séparer [ainsi] la recherche sur les 

mingu  du reste de la  minZokugaku ? Cette recherche peut­elle s’établir comme une science à  part 

entière ? ». Voilà le genre de voix que j’entends aussi. Ces doutes, tels quels, sont, je pense, quelque 

chose qui possède un contenu important qui mérite qu’on s’y arrête. »)

Et MIYAMOTO conclut donc logiquement que la  mingugaku  住住住 , la science des  mingu, fait partie 

intégrante de la minZokugaku et doit aussi faire l’objet d’études et de publications, ce qui est encore (à 

son époque) chose rare407. 

405 Mingugaku no teishô, I, p. 11.406 Mingugaku no teishô, I, p. 11.407 Mingugaku no teishô, I, p. 11.

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Mais pour cela, il est nécessaire d’avoir une méthode, laquelle ne saurait être exactement la même que 

celle de l’archéologie408, science qui se rapproche pourtant le plus de la mingugaku, ne serait­ce que 

parce que les mingu peuvent tout à fait être contemporains et ne sont pas nécessairement enterrés. Le 

comparatisme des documents (écrits ou dessinés), entre autres peut aussi nous aider à déterminer des 

dates et des changements409. 

Voyons à présent comment MIYAMOTO définit un mingu.

­ a. Définition : d’après MIYAMOTO (mais il est difficile de le vérifier), le mot  mingu  fut créé par 

SHIBUSAWA  Keizô*  en  1934  ou  1935410.   Il   s’agissait   de   l’abréviation  de  « minshû  no  nichijô  

seikatsu­yôgu  住 住 住 住 住 住 住 住 住 » (ustensiles  pour   la  vie  pratique quotidienne du peuple).  Ce   terme a 

pratiquement remplacé  minzoku­hin  住住住 (objet populaire)  et  dozoku­hin  住住住 (produit du terroir). On 

pourrait le définir dans un premier temps comme un objet (populaire) courant, un objet de la vie de 

tous les jours. Cette définition pourrait sembler trop vaste si elle n’était complétée de conditions qui 

ont varié au fur et à mesure que la recherche et la réflexion de MIYAMOTO et de ses contemporains 

s’affinaient.

­ b. Critères : Suivant l’enseignement de SHIBUSAWA, MIYAMOTO en recense d’abord trois411 :

1/ une fabrication à la main ; 

2/ la non utilisation par la noblesse ; 

3/ un objet mobilier déplaçable par une personne. 

De ces premiers critères, il découle donc que les objets immeubles (maisons, greniers à grains, puits, 

appareils divers attachés au sol etc.) ne sont pas des mingu ; qu’un mingu, dès lors qu’il est utilisé par 

la noblesse, perd sa qualification de mingu. Enfin, un objet mobilier non déplaçable par une personne 

(ex. : les cuves à sauce de soja du musée de Kuka) ne serait donc pas un mingu.

Ces critères seront redéfinis p. 76 de Mingugaku no teishô, reprenant ce que MIYAMOTO avait écrit 

dans  Mingu shiron ichi  住 住 住 住 住 住 住 (Essais sur les objets populaires traditionnels, I). Les critères sont 

désormais au nombre de sept :

1.   Les  mingu  représentent   une   partie   des  yûkei   minZoku   shiryô  (documents   ethnographiques 

concernant le peuple) ;

2. Les mingu sont fabriqués à la main ; 

408 Mingugaku no teishô, I, p. 13.409 Mingugaku no teishô, I, p. 14.410 Source : Miyamoto Tsuneichi, Mingugaku no teishô, p.44. Le mot fait sa première apparition dans le premier numéro de juillet Shôwa X (1935) d’Achikku mansurî 「「「「「「「「「「「 (Greniers, le mensuel).411 Mingugaku no teishô, p. 75.

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3. Seuls les objets utilisés par le peuple sont des mingu (les objets utilisés par la noblesse sont donc 

exclus) ;

4. Ces objets ne sont pas fabriqués par des maîtres artisans mais par les travailleurs en fonction de leur 

besoin ;

5. Les mingu sont actionnés par la main de l’homme ; 

6. Les mingu sont fabriqués avec des matériaux simples (bois, animaux, pierre, minéraux) et non avec 

des produits chimiques ;

7.  Dans  le  cas  d’un  façonnage complexe,  ceux qui  assurent   la  finition doivent  être  des  amateurs 

(shirôto 住住) ou des semi­professionnels (han­kurôto 住住住).

Il faut aussi faire la différence entre les mingu et les kottô­hin 住住住 (curiosités, vieilleries) qui au départ 

ont une prétention esthétique et un « pedigree » d’ancienneté, entre mingu et kôgei­hin  住住住 (objet de 

maître)   et  bijutsu­hin  住 住 住 (objet   esthétique,   objet   d’Art)   qui   tous  deux   supposent   une  maîtrise 

particulière   qui   n’est   pas   à   la   portée   du   travailleur   et   ne   supposent   pas   nécessairement   d’usage 

pratique, contrairement au mingu qui n’est conçu que dans une fonction utilitaire. 

Ainsi,  cette définition exclut aussi, par exemple, tous les objets de fabrication industrielle, même si 

leur utilisation suit  une tradition (décorations  shintô  du Nouvel  An en plastique,  par exemple) ou 

même s’ils sont majoritairement utilisés par le peuple (le seau en plastique, le rasoir jetable etc.). Ceci  

implique donc qu’avec la raréfaction et, à terme, la disparition de l’artisanat traditionnel et populaire,  

les  mingu sont voués à disparaître par voie de conséquence, ou en tout cas à suivre le chemin de la 

muséification dans une certaine  idée d’un « folklore » à   jamais figé.  Si  MIYAMOTO était  vivant 

aujourd’hui, poserait­il des conditions aussi strictes à la qualification de mingu ? Quand bien même ce 

serait le cas, rien n’interdit de penser qu’il pourrait aussi s’intéresser à tous ces objets de fabrication 

industrielle et d’usage de masse qui nous sont devenus indispensables. Il aurait peut­être trouvé de 

l’intérêt aux travaux de Jean­Claude KAUFMANN et des sociologues du quotidien (sur l’usage de la 

machine à laver, par exemple) ou aux descriptions que fait Nigel BARLEY de l’usage des véhicules 

en Afrique et en Indonésie. 

Sans aller jusqu’à la reconnaissance des objets industriels comme mingu, qu’en est­il des objets dont la 

fabrication a demandé un ou plusieurs éléments produits industriellement ? Ainsi quid par exemple de 

l’artisan qui croit fabriquer des objets dans le respect de la tradition, s’il emploie un pinceau fabriqué 

en série ou une peinture achetée dans un magasin de bricolage ? Et quid des objets fabriqués par des 

artisans professionnels, désormais seuls à disposer de l’outillage et de la connaissance des techniques, 

même   simples,   nécessaires   à   la  fabrication   des  mingu ?   Et   qu’en   serait­il   des   poteries   de   style 

populaire traditionnel faites au tour électrique ?

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En étant plus critique, on pourrait se demander si pour fabriquer des mingu, il ne faut pas alors se vêtir 

à l’ancienne, à la façon des paysans de jadis et s’il n’est pas interdit de fabriquer un mingu d’une autre 

région,  ou  de   le   fabriquer  en  ville   (même dans   le   respect  des   techniques   traditionnelles).  Même 

reproduits à l’identique et par des moyens soit modernes, soit d’époque, les objets reconstitués par des 

équipes de chercheurs, à seule fin pédagogique ou de recherche, ne seraient donc pas des mingu.

On l’aura compris, les critères choisis par MIYAMOTO sont extrêmement limitatifs et condamnent la 

qualification de mingu ainsi définie à disparaître comme son auteur dans les années 80 pour finir par 

n’être qu’un terme historique.

Les mingu étant définis, qu’en faire ? N’étant plus utilisés ni produits, faut­il les laisser moisir dans les 

greniers ou aux mains des seuls brocanteurs dans le meilleur des cas  ? SHIBUSAWA avait choisi de 

les recueillir pour les classer, les décrire, les analyser, les conserver et les montrer, avec la création de 

l’Achikku myûzeamu (le Musée des greniers) (cf. photo). 

MIYAMOTO s’y associera et ira plus loin, élargissant le choix de mingu qu’avait réalisé son maître et 

en créant lui aussi un musée sur son île, Suô Ooshima, à Kuka 住住, le Kuka rekishi minzoku shiryô­kan 住

住住住住住住住住 (Conservatoire de l’Histoire et du folklore de Kuka),  avec l’aide active des habitants de la 

ville. En effet, ce musée est un des rares au monde à posséder une collection de plus de vingt cuves 

(oo­oke  住住) en bois servant à la fabrication de la sauce de soja412 en parfait état de conservation. Ces 

cuves furent toutes transportées par les habitants de Kuka, souvent avec des moyens de fortune.  Le 

Centre, fondé en 1976, voué à l’étude et à la conservation des mingu et des outils, réunit 15 000 objets 

412 La production de sauce de soja fut longtemps une des spécialités de l’île et la sauce de Suô était réputée dans la proche région.

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rassemblés par MIYAMOTO à partir de 1972. Il se situe en outre en face d’un ishiburo  住住住 (bain de 

pierre) datant de 1186 (le plus vieux de la région), dans le Hachiman shôgai gakushû no mura 住住住住住住住住住

(Village de la formation continue de Hachiman) qui fut construit derrière, dans le cadre d’un projet 

municipal récent de sensibilisation de la jeunesse au patrimoine local.

Ce musée existe toujours et, probablement selon la volonté de son créateur, ni sa personne, ni son 

œuvre n’y sont mis en vedette. Seuls une petite photo à l’entrée et un bref texte d’accompagnement 

témoignent de son rôle dans la création du musée, sans en donner aucunement l’exacte mesure.

Voici une « carte de document ethnographique » telle que MIYAMOTO en remplissait pour chaque 

objet qu’il recueillait. On remarque parmi les rubriques à remplir les « périodes de fabrication et de 

vente »,  qui  montrent  que MIYAMOTO accordait  une attention particulière  aux saisons agricoles 

s’inscrivant dans un calendrier, donc, par voie de conséquence, à certains des objets produits pour 

cette occasion. Est aussi à noter la distinction entre le lieu de production, le lieu de réception et le lieu 

de découverte de l’objet en question. A ce propos, MIYAMOTO fut l’un des premiers, à présenter les 

routes commerciales intérieures au Japon, et notamment « les routes du sel » (shio no michi  住住住), qui 

donneront   matière  à   des   essais   et   des   conférences,   textes   réunis  dans   l’ouvrage   de   ce  nom.   Le 

commerce du sel suivait en effet ses propres voies, pas toujours les plus aménagées (cf. photo ci­

contre   prise   par   MIYAMOTO),   et   permettait   au   passage   les   échanges   commerciaux,   culturels, 

humains et linguistiques les plus divers : c’était, en somme, une sorte de « route(s) de la soie » en 

miniature.

Après la définition et la description physique des  mingu, il reste à en déterminer le classement afin 

d’une part de faciliter leur étude (notamment leur comparaison) et leur stockage, et d’autre part de  

retrouver facilement ce que l’on cherche. 

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住住住住住住住 Carte de document ethnographique413

住 住 住 住

Numéro   de 

classement

住住住住住住住 Carte de document ethnographique414

住住住住 Numéro 

de réception

1818

     n°302

住 住

Appellation

住住住 Nom de 

la région住 住

住 住

Lieu…

­   de 

découverte

­ d’enquête

France  住

département 

de… (/Pays)

district

de…

Lyon   住

ville 

de… 

Perrache 

quartier 

de…

village 

de…

住住 Usage, emploi

住 住 住

Lieu   de 

réception

département 

de…

district

de…

ville 

de…

quartier 

de…

village 

de…

住住住住住住住 Périodes de 

fabrication   et   de 

vente

住 住 住 住 Type 

d’acquisition

住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住

Collecte ;   excavation ;   don ;   échange ; 

fabriqué exprès

住住住住住 Configuration ; particularités 住 住 住 住 Date 

d’acquisition

住住 1971 住

Année

3   住

Mois

6   住

Jour

住 住 住 住 N°

Pellicule n°

住 住 住

Jour de la 

prise   de 

vue

住 住 Qualité 

des 

matériaux

住住住住住住 Accessoires ; étui

413 D’après Mingugaku no teishô, 1979, p. 234.414 D’après Mingugaku no teishô, 1979, p. 234.

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住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 Remarques   (état   de 

conservation etc.)

  [dessin   de   l’objet   selon   plusieurs   types   de   vue :

vue de dessus, de face, de côté…]

Musashino bijutsu daigaku 「「「「「「「 (Université des Beaux­Arts de Musashino)

La classification des mingu au regard des rouleaux peints (emakimono 、、、). 

MIYAMOTO est le premier à reconnaître la difficulté qu’il y a à fournir un classement des mingu et, 

de façon plus large, des objets que la  minZokugaku  se fixera d’étudier.  Il s’attache tout d’abord à 

observer   les  classifications  existantes  proposées  par   ses  contemporains,   concernant   les  objets  qui 

apparaissent dans les anciens rouleaux peints,   l’idéal étant de parvenir par la suite à  des concepts 

unifiés415.

Il commence donc par présenter la classification du peintre TAMURA Deigyû 住住住住 établie en Shôwa 

XXXI (1956). Elle compte quinze catégories :

1. l’habitat (jûkyo 住住) ;

2. l’habillement (ifuku 住住) ;

3. l’alimentation (shokuji 住住) ;

4. les meubles, installations et techniques (chôdo 住住, shisetsu 住住, gijutsu 住住) ;

5. l’acquisition de matériaux (sic), les professions (shiryô shutoku 住住住住, seigyô 住住) ;

6. les transports de personnes et de biens (kôtsû 住住, umpan 住住) ;

7. le commerce et les bien commercialisés (kôeki 住住, kôeki­hin 住住住) ;

8. les silhouettes, les mouvements (les gestes) et les travaux (yôshi 住住, dôsa 住住 (shigusa 住住住 [住住]), rôdô 住

住) ;

9. la vie, le rang et la maladie (jinsei, 住住, mibun, 住住, yamai 住) ;

10. la mort et les enterrements (shi 住, maisô 住住) ;

11. la vie quotidienne des enfants (jidô seikatsu 住住住住) ;

12. les loisirs, les jeux et les relations [amoureuses et sexuelles] (goraku 住住, yûgi 住住, kôsai 住住) ;

13. les évènements périodiques du calendrier lunaire (nenchû gyôji 住住住住) ;

14. les esprits et les bouddhas, les fêtes religieuses et la foi (shimbutsu 住住, matsuri 住住, shinkô 住住) ;

15. les animaux, les végétaux et la nature (dôbutsu 住住, shokubutu 住住, shizen 住住)416.

415 Mingugaku no teishô, p. 160.416 Mingugaku no teishô, p. 162.

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Ce qui saute immédiatement aux yeux du lecteur de cette liste hétéroclite, c’est son apparente absence 

de « rigueur scientifique », du moins au regard des critères qui la définissent habituellement en Europe 

et, peut­être, plus particulièrement en France. Autre trait marquant : le manque de hiérarchisation de 

l’information. Les Japonais sont, en effet, de façon générale peu enclins à hiérarchiser l’information et 

ont tendance à faire de longues  listes quasi exhaustives qui noient quelque fois le lecteur sous les 

informations inutiles (dans l’immédiat) et le troublent plus qu’elles ne l’éclairent. Etrange aussi que 

dans cet inventaire à la Prévert les objets (par ex. : les meubles) soient mélangés avec des actes (les 

techniques),   la   vie   (terme   flou   s’il   en   est   –   mais   au   sens   plutôt   philosophique   au   regard   des 

sinogrammes avec  lesquels on écrit   le  mot)  avec  le  rang (notion sociologique et  historique)  et   la 

maladie (notion médicale autant qu’ethnologique et anthropologique), les animaux et végétaux (deux 

notions définissables avec exactitude) avec la nature (notion plus vague) et que les enfants soient mis à 

part (pourquoi pas les vieillards, ou les moines, ou les femmes ?).

A   titre   de   comparaison,   et   sans   autre   prétention   que   celle   de   mettre   en   relief   les   différences 

structurelles des deux approches, qu’on nous permette de présenter à notre tour ce que pourrait être un 

essai  de classification des  sujets  ethnographiques (parmi  lesquels  les  mingu).   (On pourra  aussi  se 

reporter à la classification du folkloriste français Paul SEBILLOT (1843 –1918), dont on trouvera en 

annexe un exemple détaillé) :

I Sujets et objets

A/ Etres vivants

1) humains

­ a. Une catégorie d’âge ou de genre particulièrement représentée

­ b. Les autres catégories (moins représentées)

2) non­humains

­ a. Animaux et végétaux

­ b. Minéraux

B/ Objets

1) biens immeubles

­ a. Bâtiments profanes

­ b. Bâtiments religieux ou à fonction temporairement religieuse

2) biens meubles : les mingu

II Evènements

A/ Vie profane

1) les métiers

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2) la vie quotidienne publique et privée

­ a. Evènements qui se répètent dans l’année

­ b. Evènements uniques dans l’année

B/ Vie religieuse

1) fêtes religieuses

2) activités liturgiques

Ici, on le voit bien, l’information est hiérarchisée en catégories et sous catégories, à la manière des 

poupées gigognes. Ce qui peut apparaître comme le legs d’une longue tradition scolastique et juridique 

nationale (on se rappelle en effet que la distinction entre biens meubles et biens immeubles nous vient 

directement du Droit).

MIYAMOTO,   très  conscient  des  problèmes que  posait   sa  classification   initiale   (sans   toutefois   le 

formuler explicitement) eut bientôt recours à une seconde liste, figurant dans le MinZoku shiryô chôsa 

shûshû no tebiki 住住住住住住住住住住住住住住 (Guide pour la collecte de matériaux ethnographiques lors d’une étude 

de terrain) du Comité de rédaction du Ministère de la culture (Bunka­chô  住住住) (s.d.) ; et comportant 

cette fois onze catégories. La voici :

I. Les vêtements, la nourriture et l’habitat (i 住, shoku 住, jû 住)

1. Les vêtements ;

2. La nourriture ;

3. L’habitat ;

II. La production et les métiers (seisan 住住, seigyô 住住)

1. L’agriculture (nôkô 住住) ;

2. Les bucherons (yama­kikori 住住) ;

3. La pêche (gyorô 住住) ;

4. La chasse (shuryô 住住) ;

5. L’élevage des vers à soie (yôsan 住住) ;

6. L’élevage (chikusan 住住) ;

7. La teinturerie et le tissage (senshoku 住住) ;

8. Les arts et métiers manuels (shukô 住住) ;

9. Les autres métiers (shoshoku 住住) ;

III. Les transports de personnes et de biens et les communications (kôtsû 住住, un’yu 住住, tsûshin 住住)

IV. Le commerce (kôeki 住住)

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V. La vie quotidienne en société (shakai seikatsu 住住住住)

VI. La foi (shinkô 住住)

VII. Les connaissances populaires (minZoku chishiki 住住住住)

VIII. Les arts populaires du spectacle, les loisirs et les jeux (minZoku geinô 住住住住, goraku 住住, yûgi 住住)

IX. La vie humaine (hito no isshô 住住住住)

X. Les évènements périodiques du calendrier lunaire (nenchû gyôji 住住住住) ;

XI. La transmission orale (kôtô denshô 住住住住)417.

Comme on le voit, les catégories et les sous­catégories sont plus cohérentes et l’on pourrait encore les 

réunir en groupes plus vastes : les objets ; les métiers ; l’immatériel (la foi, la transmission orale etc.).

Pas encore totalement satisfait, MIYAMOTO fournit alors sa classification des mingu (et non plus des 

thèmes ethnographiques qui  apparaissent  dans  les rouleaux peints)  qui  comporte maintenant  vingt  

catégories, à la japonaise :

1. Les outils de la pêche et de la chasse (gyoryô yôgu 住住住住) ;

2. Les outils de l’élevage (chikusan yôgu 住住住住) ;

3. Les outils de l’élevage des vers à soie (yôsan yôgu 住住住住) ;

4. Les outils de l’agriculture (nôkô yôgu 住住住住) ;

5. Les outils de la transformation des céréales et du traitement des aliments (dakkoku chôsei  住 住 住 住 , 

shokuryô kakô yôgu 住住住住住住) ;

6. Les ustensiles de cuisson (ni­yaki­mushi yôgu 住住住住住) ;

7. Les ustensiles de la préparation et de la présentation des aliments (shokuryô chôri 住住住住, shoku­yôgu 住

住住) ;

8. Les récipients et emballages (yôki 住住, hôsô yôgu 住住住住) ;

9. Les transports et les outils de communication (umpan 住住, kôtsû yôgu 住住住住) ;

10. Les éléments mobiles de la maison (jû­yôgu 住住住) ;

11. Les ustensiles pour s’éclairer et se chauffer (tomoshibi 住住, dambô yôgu 住住住住) ;

12. L’habillement (chaku­yôgu 住住住) ;

13. Les produits de beauté (yôshi yôgu 住住住住) ;

14. Les outils du filage et du tissage (bôshoku­hen­yôgu 住住住住住) ;

15. Les outils pour couper et trancher (kiritatsu yôgu 住住住住) ;

16. Les outils pour fabriquer (kakô yôgu 住住住住) ;

417 Mingugaku no teishô, p. 163­164.

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17. Les outils de mesure (keisoku yôgu 住住住住) ;

18. Les instruments de transmission de la volonté [=les inscriptions écrites ou dessinées aussi bien que 

les tambours ou les signaux de fumée] (ishi dentatsu yôgu 住住住住住住) ;

19. Les jouets, les jeux et les ustensiles de divertissement (omocha 住住, yûgi 住住, goraku yôgu 住住住住) ;

20. Les ustensiles de la foi et de la magie (shinkô 住住, jujutsu yôgu 住住住住)418.

Dans cette liste, on pourrait distinguer trois grands groupes selon les étapes du processus économique : 

1. Les outils de la production ;

2. Les outils du traitement et les transports ;

3. Les outils de la consommation (les produits finis).

Avec en annexe la question des étranges « instruments de transmission de la volonté ». Il convient de 

ne   pas   confondre   ce   concept   avec   celui   de   la   « volonté   des   objets »,   qui   semble   être   propre   à 

MIYAMOTO. Les « instruments de transmission de la volonté » se rapprochent le plus souvent de la 

simple transmission d’un message au moyen d’un texte écrit ou dessiné : simple dessin ou narration 

dessinée  à   la  manière  d’une  bande  dessinée   (c’est   le   cas  des   rouleaux  peints).  Le   signal   auditif 

(tambour,   cor   de   chasse)   ou   visuel   (signaux   de   fumée,   voire   messages   de   fumée   des   Indiens 

d’Amérique), est toutefois également pris en compte.

Dans un autre ouvrage, postérieur, Emakimono ni miru Nihon shomin seikatsu­shi (La vie quotidienne 

passée en revue d’après ce que l’on observe dans les rouleaux peints) (1981)419, MIYAMOTO donne 

dans sa table des matières treize catégories pour classer les motifs qui ornent les rouleaux peints :

1. Les joyeux Japonais (yôki na Nihonjin 住住住住住住) ;

2. La vie (jinsei 住住) ;

3. L’agriculture (nôkô 住住) ;

4. Les humains et les animaux (ningen to dôbutsu 住住住住住) ;

5. La vie au bord de la mer (umi no seikatsu 住住住住) ;

6. Les maîtres artisans et leurs outils (kôshô to mingu 住住住住住) ;

7. Le voyage et le commerce (tabi to kôeki 住住住住) ;

8. La vie quotidienne des guerriers (bushi no seikatsu 住住住住住) ;

9. L’habitat (jûkyo 住住) ;

10. Le feu et la vie quotidienne (hi to seikatsu 住住住住) ;

418 Mingugaku no teishô, p. 168 et s..419 Emakimono ni miru Nihon shomin seikatsu­shi 「「「「「「「「「「「「「「「 , Tôkyô, Chûô kôron shinsha, 1ère éd. 1981, rééd. 2003 ; 225 p..

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11. L’habillement (i­seikatsu 住住住) ;

12. L’alimentation et la vie quotidienne (inshoku to seikatsu 住住住住住) ;

13. La foi et la vie quotidienne (shinkô to seikatsu 住住住住住).

Aucun ordre particulier ne semble régir cette liste. Peut­être s’agissait­il au contraire de mélanger les 

thèmes le plus possible pour permettre une lecture distrayante, à moins que les catégories n’aient été 

que les titres des chapitres et non une proposition de classification. 

La question de la datation et de l’Histoire des mingu

Si la  minZokugaku  est parfois appelée par certains une « Histoire sans périodes » (« nendai no nai  

rekishigaku » 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 420),   cela   n’empêche  pas   les  mingu  d’avoir   une   Histoire  globalement 

reconstituable. MIYAMOTO écrit :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「421

(« Les mingu sont nombreux dont on peut mettre en lumière les périodes. Même si l’origine n’est pas 

claire,   il   est   fréquent   que   l’époque   de   leur   diffusion   et   les   chemins   qu’elle   a   empruntés   soient 

établis. »)

Les  mingu,  en retrouvant  une Histoire,   retrouvent aussi  une raison d’être et  gagnent une certaine 

légitimité à être étudiés, alors que les savants japonais les avaient plutôt dédaignés jusque là (nous 

reviendrons plus loin sur le rôle de l’Histoire dans l’œuvre miyamotienne). 

Le patrimoine populaire étant loin de se limiter aux seuls mingu, abordons maintenant la question des 

biens « immeubles » et de l’architecture.

- b. Les biens immeubles et l’architecture

En 1968,  MIYAMOTO rédige  la  première  des  deux parties  de  Nihonjin no sumai  (L’habitat  des 

Japonais) (posth., 2007). Il souhaitait faire de cet ouvrage inachevé422 un volume de Nihon minshû­shi 

(Histoire du peuple du Japon)423, très justement sous­titré « Ikiru ba no katachi to sono hensen 「「「「「「「「「

「「「「「「 (« Formes des lieux de vie et leurs mutations ») qui s’est arrêté au septième volume. C’est dire 

l’importance qu’il accordait à l’architecture  comme partie du patrimoine et révélateur des modes de 

vie de ses concepteurs, bâtisseurs et utilisateurs (ainsi que de leurs transformations). 

420 Mingugaku no teishô, p. 96.421 Mingugaku no teishô, p. 96.422  On   soulignera   le   soin   avec   lequel   TAMURA   Zenjirô   s’est   chargé   de   cette   première   édition complète, richement illustrée de dessins de MIYAMOTO et de photographies en majeure partie de YUEKAWAJIMA Chûji 「「「「「. Nihonjin no sumai, Tôkyô, Nôbun­kyô 「「「, 2007, 162 p..423 Cf. la bibliographie pour le détail des volumes de cette œuvre. 

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Cet ouvrage (orné de nombreuses photographies d’archives), est aujourd’hui encore un des seuls à 

recenser des styles architecturaux populaires à présent presque entièrement disparus et témoigne d’une 

diversité  régionale elle aussi en voie d’extinction dans l’indifférence générale. Pour MIYAMOTO, 

l’étude de l’habitat, là encore, ne consiste pas seulement à recenser et à décrire : il cherche aussi à 

comprendre la raison d’être des choses, donc l’utilisation qui était faite des habitations, ainsi que les 

méthodes  de   transmission  des   techniques  pratiquées  par   les  artisans  à   l’origine  des  constructions 

étudiées. 

Parmi   les   nombreuses   questions   qu’il   soulève,   on   pourrait   citer   celle   de   la   différence   entre   les 

immeubles laïcs et les immeubles à fonction religieuse (temples, hokora 住), ainsi que celle des habitats 

destinés à telle ou telle population (grandes fermes à plusieurs bâtiments ou habitat provisoire des 

populations nomades Sanka). Par suite, il est conduit à s’intéresser aux différences architecturales en 

fonction de la région, de l’origine ou de la classe sociale présente.

Prenons l’exemple des  tate­ana jûkyo  宮 宮 宮 宮 (habitations à fondations souterraines) des populations 

appelées Tsuchigumo 住住住住 [住住住] (cf. plus bas chap. IV, A/, 2), b.). MIYAMOTO a retrouvé de vieux 

rouleaux illustrés (cf. gravure et photo424) ainsi que des textes décrivant ces maisons dont le toit très 

pentu partait du sol alors que le fond était creusé dans la terre, les fenêtres donnant au niveau du sol, le 

tout sans pilier. Bien que rectangulaire, ce type de construction ne pouvait donc posséder que deux 

424  Il s’agit d’une reconstitution à partir des ruines de Toro   「 「 「 「 dans le département de Shizuoka. (Photo Shizuoka kyôiku iinkai).

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façades, triangulaires de surcroît sur lesquelles étaient peints des motifs semblables à des cibles de tir à 

l’arc, et dont on ignore la fonction : simple décoration, repère visuel afin de rendre l’habitation visible 

de loin, ou rôle de talisman ? Bref, à voir la maison et son habitant hirsute représentés sur la gravure, 

on comprend pourquoi ces populations ont été surnommées « tsuchigumo » (araignées de terres) et 

leur habitation « tateana jûkyo » (littéralement « habitations en trou vertical »), surtout quand on sait 

que la moitié des gens qui les surnommaient ainsi habitaient au contraire des maisons au plancher 

surélevé par rapport au sol, dites  yukazumai  住 住 住 住 (habitation à plancher), particularité héritée des 

maisons des   îles  du sud asiatique  (Indonésie  notamment,  cf.  1ère  photo)  et  présente  également  au 

Vietnam (cf. 2ème photo). 

Plus encore que l’opposition que l’on peut faire entre tateana jûkyo (peu répandue et disparue depuis 

plusieurs siècles à l’époque de MIYAMOTO) et yukazumai, c’est celle entre yukazumai et domazumai 

住住住住住 (habitation au sol en terre battue) qui intéresse MIYAMOTO comme préambule indispensable à 

son étude de l’habitat japonais traditionnel. Il part d’une remarque : les temples et les demeures de la 

famille impériale (miya 住 [住住]*) tout comme celles de la noblesse sont tous de construction yukazumai. 

Serait­ce parce que l’on considère que ce type de construction doit être réservé aux personnes d’un 

rang supérieur ? Non, répond­il, car on ne peut ignorer que de prestigieux temples comme le Hôryû­ji 

住住住 (Temple de la tradition de la Loi [bouddhique]) (construit en 607), le Yakushi­ji  住住住 (Temple du 

guérisseur) (construit en 730), le Tô­daiji 住住住 (Grand temple oriental) (fondé en 745) et le Tô­shôdai­ji 

住住住住 (Temple du dortoir de moines des Táng) (bâti en 759) sont de type domazumai. Les statues du 

bouddha y figurent sur une estrade (shumi­dan 住住住) posée sur le sol. Les deux types de construction ont 

coexisté à égalité pendant des siècles et la tendance distinctive semble être plus géographique qu’autre 

chose. Dans le sud c’est le yukazumai qui domine (comme c’est le cas dans les pays chauds et humides 

dont il est originaire), alors que dans le nord, c’est le domazumai. Il existait même autrefois dans la 

région de l’actuel département de Kumamoto 住住住 des maisons d’un type mixte qui mélangeait les deux 

styles et dont MIYAMOTO put voir un exemplaire en 1946425. Cette demeure était celle d’un gôshi 住住, 

ou  guerrier  paysan   (proche  de  nos  chevaliers  paysans  que   le  Lac  de  Paladru  a   rendus  célèbres), 

425 Nihonjin no sumai, Ière partie, chap. I, p. 12­13.

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personnage de rang intermédiaire entre le paysan ( 住住 hyakushô) et le guerrier (住住 bushi). On trouve 

effectivement des maisons possédant deux ailes, l’une réservée à l’habitation (pièce avec des nattes, le 

zashiki 住住), le plus souvent surélevée et appelée moya 住住 [住住] (maison mère) et une réservée aux travaux 

domestique (cuisine et atelier) appelée kamaya  住住住 [住住] (maison au four). Le domazumai étant plus 

pratique pour l’artisanat et les travaux divers de la ferme, il est normal que les demeures des nobles de  

Cour en soient souvent dépourvues. MIYAMOTO rappelle aussi que le mot  niwa  住 住 ,  qui signifie 

aujourd’hui « jardin » [ 住 ] désignait aussi autrefois l’espace du  doma  utilisé  effectivement pour un 

travail  manuel.   Ainsi   les  maisons   des  nobles   étaient­elles   dépourvues  de   « niwa »,   bien   qu’elles 

fussent agrémentées de jardins. Bref, la distinction entre domazumai et yukazumai ne trouve donc pas 

sa source dans l’idéologie, mais dans la façon concrète d’utiliser les pièces, d’où très vite le mélange 

des deux styles, avec domination (en termes de superficie) du yukazumai. Aujourd’hui, le domazumai 

tel   qu’il   était   autrefois   n’existe   plus,   cependant   ne   pourrait­on   pas   en   trouver   une   survivance 

symbolique dans le genkan 住住 (l’entrée), si petit soit­il, des maisons et appartements contemporains ? 

En effet,   il  est   surbaissé  par   rapport  au niveau du sol  du  reste  de  l’habitat)  et  on a  souvent   fait 

remarquer qu’il marque l’entre­deux qui sépare symboliquement le monde de l’intérieur (uchi 住住 [住]), 

propre et confortable (où l’on se déchausse) et l’extérieur (soto 住住 [住]), salissant, où l’on conserve ses 

chaussures. Il ne faut pas oublier non plus que de nombreuses fermes ne possédaient pas d’écurie et 

que le cheval demeurait dans la maison aux côtés des humains dans une pièce semi­ouverte de type 

domazumai. En règle générale, la maison wajin, par opposition à la maison tsuchigumo (donc la tate­

ana  jûkyo)  ou  aïnou  (sol   en  terre,  vaste  genkan  qui   sert  de  sas   thermique,  murs   épais  et  petites 

fenêtres), est une maison très ouverte sur l’extérieur, « ouverte aux quatre vents » ou le toit est soutenu 

par des piliers et des poutres sans que les murs jouent un grand rôle. Ils peuvent d’ailleurs être de 

superficie fort réduite, laissant de grandes surfaces aux cloisons mobiles.

MIYAMOTO remarque que l’habitat est ce qui change le plus lentement dans une culture426, et force 

est de lui donner raison. En effet, bien que les matériaux nouveaux succèdent aux anciens (pour des 

raisons autant pratiques – rapidité, résistance – qu’économiques) et que la technologie permette des 

aménagements de confort, ils mettent incontestablement plus de temps à être adoptés que la majeure 

partie   des   autres   changements   (alimentaires,   musicaux   et   vestimentaires   par   exemple).   De   plus,  

certains éléments demeurent, alors même que leur raison d’être a disparu, ainsi du genkan surbaissé ou 

des grandes fenêtres coulissantes n’assurant aucune isolation thermique. MIYAMOTO, de son vivant, 

a assisté à la transformation architecturale majeure au Japon depuis l’introduction du yukazumai : le 

passage d’une maison ouverte (kaihô­teki  住住住) laissant passer les courants d’air, à une maison fermée 

(heisa­teki 住住住) dont la température est régulée par la climatisation (l’électricité). Et cette fermeture se 

traduit aussi par la disparition de l’espace de sociabilité intermédiaire entre l’intérieur et l’extérieur : 

426 Nihon bunka no keisei, t. I, chap. III, (3), p. 189 éd. Soshiete (conférence du 5 octobre 1979).

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l’engawa 住住 (sorte de véranda ou de plate­forme en coursive qui suit un mur long donnant sur le jardin.  

Cf. photo de MIYAMOTO). L’ethnographe raconte que grâce à cet espace transitoire, il a pu entrer en 

contact avec de nombreuses personnes en s’immisçant dans les conversations qui s’y tenaient427. 

La disparition progressive des tatami 住 (dont la généralisation au peuple est tardive (Meiji)428) n’est, à 

notre sens, peut­être pas d’une importance aussi grande429 : les Japonais continuent de s’asseoir par 

terre, que ce soit sur des tatami, des nattes mobiles (komo 住, mi 住 ou mushiro 住) ou un tapis (en fibre 

végétales, go­za 住住 [住住] ou à l’occidentale, jûtan 住住, kâpetto 住住住住住), et c’est bien là, pour MIYAMOTO, 

la donnée essentielle concernant le rapport des Japonais à l’habitat430. Ce qui demeure aussi et surtout, 

c’est  le rapport  à   la  température :   le chaud est  combattu par tous les moyens (moyen ancien :   les 

courants d’air et l’ombre ; moyens modernes : la climatisation) alors que le froid, dont on valorise 

ceux qui le supportent stoïquement, n’est pas traité de manière globale (le chauffage au sol existe 

depuis l’Antiquité en Chine et il commence tout juste à être adopté par la bourgeoisie japonaise). Par 

ailleurs,   les   escaliers   et   les   paliers   des   immeubles,   systématiquement   extérieurs,   montrent   la 

conception japonaise de l’intérieur et de l’extérieur. En France, ce qui compte, c’est la résolution d’un 

problème (le froid), et tous les moyens sont bons. Le pallier est donc intérieur à la maison, ce qui 

permet d’isoler du froid et du chaud extérieurs et des intempéries. Au Japon, seul l’appartement est 

« l’intérieur », et le pallier comme l’escalier sont des éléments certes indispensables, mais qui, bien 

qu’il   s’agisse  de parties  communes,  constituent  « l’extérieur »,  aussi  ne se  soucie­t­on guère  d’en 

427  Nihonjin  no   sumai,   Ière  partie,   (9)   « Kieteyuku   engawa » 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (« L’engawa  en   train  de disparaître »), p. 32.428 Auparavant, les tatami, tout comme les tuiles (kawara  「), étaient réservés à la noblesse, le peuple devant de contenter des mi, mushiro et komo. L’empereur Meiji, rappelons­le, abolit les privilèges et décréta l’égalité entre tous les sujets de l’Empire. Nihonjin no sumai, Ière partie, (4) « Kawara yane no shutsugen »「「「「「「「「(« Apparition des toitures en tuiles »), p. 21 et (7) « Suwaru shûkan to tatami »「「「「「「「「「(« Façons coutumières de s’asseoir et tatami »), p. 28.429 Pour MIYAMOTO, avec la disparition de l’irori  「「「 [「「「] (foyer central du salon), disparaissaient des formes de sociabilités intergénérationnelles : assis autour du feu, tous âges confondus, on écoutait les histoires des plus âgés. La télévision, sans avoir pris la place géographique de l’irori, a attiré à elle l’attention des membres de la famille et les conversations ont moins de suivi. 430 Nihonjin no sumai, Ière partie, (7) « Suwaru shûkan to tatami », p. 27. 

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soigner l’aspect (cages d’escalier en béton ou en fer rajoutées au bâti), le confort, parfois même la 

sécurité. C’est ainsi que les portes des  appartements, en métal, laissent passer l’air froid qui bat les 

balcons japonais et que les murs sont toujours aussi fins et non isolés.

Sans même avoir accédé au confort occidental, les Japonais ont d’eux­mêmes renoncé à un certain 

« confort social », voire à une certaine chaleur humaine, que MIYAMOTO résume ainsi :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

(« L’habitat­même est  fermé  et   il  n’y a pas  [plus]  cette ouverture  du genre de celle  des maisons 

d’agriculteurs [d’autrefois]. De plus, cela commence à fermer le cœur de ceux qui y grandissent ».)

MIYAMOTO va plus   loin et  émet  l’hypothèse  que  le phénomène des  enfants   inadaptés  dans  les 

écoles, qui se retirent dans leurs pensées (hikkomi shian no kodomo 住住住住住住住住住), serait dû à deux causes : 

d’une part le déracinement régional de leurs parents (le père salaryman ayant quitté sa campagne pour 

travailler dans le tertiaire dans la grande ville), d’où leur manque de repères et un déficit d’autochtonie 

et d’autre part le fait d’habiter dans des HLM (danchi 住住431) (cf. photo de MIYAMOTO) qui cumulent 

les handicaps (surconcentration humaine, absence des éléments traditionnels de la maison favorisant la 

sociabilié : engawa, irori ; absence de confort dans un espace réduit)432. Même s’il s’efforce de ne pas 

être   trop   pessimiste,   MIYAMOTO   ne   peut   s’empêcher   de   considérer   que   ces   « villes   dortoirs » 

(beddotaun 住住住住住住) que constituent les banlieues japonaises en train de se construire à toute allure dans 

les années soixante433 n’augurent pas grand chose de bon, et notamment que la proximité de toutes ces 

familles ne crée par forcément de cohésion sociale, ni de « désir de vivre ensemble ». 

431  Notons que les  danchi  japonais  bénéficient  d’un confort  bien moindre que celui  de nos HLM français   pour   les   raison   que   nous   avons   cité   plus   haut,   les   pire   inconvénients   étant   les   paliers extérieurs, l’absence d’isolation thermique, de volets et de chauffage. 432 Nihonjin no sumai, Ière partie, (11) « Sengo shakai to danchi »「「「「「「「「「(« La société d’après­guerre et les HLM »), p. 38.433 Rappelons que ce texte, écrit en 1968, est étonnamment visionnaire. Peut­être MIYAMOTO est­il le seul auteur à ne pas participer à la ferveur collective pour les nouveaux habitats d’après­guerre pour des raisons sociologiques (et non pas nationalistes). 

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En  bref,   le  patrimoine  matériel  qui  nous   renvoie  à   la   culture   (donc  à   l’Histoire),   ne   saurait  par 

conséquent être absent des éléments constitutifs de la construction identitaire. 

II (Chapitre IV) : La naissance d’une nouvelle Nihonjin­ron : celle de la contextualisation

Dans le premier chapitre de MinZokugaku he no michi (dont nous avons dit qu’il servait, en quelque 

sorte,   d’introduction   à   toute   son   œuvre),   MIYAMOTO   propose   une   nouvelle   définition, 

particulièrement éclairante quant à sa démarche, de la minZokugaku434 :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「435

(« La « minZokugaku » est [I,  1°] l’enregistrement de la répétition des paroles et des actes (la vie 

quotidienne  coutumière)  qui  étaient   les  moyens  de   transmission  de  cultures  produites  au   sein  de 

sociétés autrefois sans écriture et [2°], se basant là­dessus, [elle est également] ce qui cherche à étudier 

les sources des formes primitives, les types de cultures et les fonctions ; cependant, les sociétés sans 

écritures étant à présent en train de disparaître, on peut dire que c’est [II aussi] la science qui étudie les 

cultures qui ont été conservées jusqu’à maintenant par les coutumes (shûkan) au sein de sociétés ayant 

des traditions (dentô) de sociétés sans écritures ».)

Cette définition est intéressante à plus d’un titre. D’abord, elle est double, ensuite, elle se dédouble 

dans son premier objet. Une définition « à la française » dans sa présentation pourrait se formuler ainsi 

en synthétisant celle de MIYAMOTO : c’est une ethnographie (« enregistrement ») et une ethnologie 

historique des origines avec analyse des types et fonctions et, dans un deuxième temps chronologique 

tout autant qu’épistémologique, une recherche sur les cultures présentes en tant qu’elles reprennent ces 

éléments passés des sociétés sans écriture. 

On peut voir dans cette définition un reliquat évolutionniste (de la non écriture à l’écriture) propre à 

l’ethnologie traditionnelle quoique dénué du moindre aspect péjoratif ou de sentiment de supériorité. 

Tout   au   contraire  pourrait­on   noter   parfois   chez   MIYAMOTO  une   tendance   à   surestimer   (voire 

idéaliser) la culture antérieure (celle des sociétés sans écriture). 

L’Histoire est donc présente au sein même de la  minZokugaku, comme composante essentielle, et il 

n’est pas une œuvre où MIYAMOTO n’en fasse plus ou moins usage (A), jusqu’à ce qu’elle soit enfin 

434 Pour plus de clarté, nous introduisons une numérotation.435 MinZokugaku he no michi, chap. I « Nihon minZokugaku no mokuteki to hôhô »「「「「「「「「「「「「「(« Buts et méthodes de la minZokugaku japonaise »), OM 1, p. 15.

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portée à son point de plus optimale utilisation dans son livre ultime (à tous les sens du terme) : Nihon 

bunka no keisei  (La Formation des cultures du Japon). De cet ouvrage naîtra un renouveau dans les 

Nihonjin­ron  住 住 住 住 (études   sur   la   « japonité »)   de   plus   en   plus   reconnu   dans   le   milieu   des 

minZokugakusha  autant   que   dans   celui   des  Nihonjin­ron,   et   qui   témoigne   aussi   de   l’intérêt   de 

MIYAMOTO pour les groupes humains divers qui composent la société japonaise (B). 

A/ Les origines du peuple japonais et l’Histoire au sein de la minZokugaku

1) l’Histoire, une composante à part entière de la minZokugaku

­ Rôle de l’Histoire comme lien décisif pour donner de la cohérence à l’ensemble ; L’Histoire fait 

partie   intégrante  de   la  minZokugaku  et   en   constitue  même  la   colonne  vertébrale.  En   effet,   c’est 

l’Histoire qui permet la recherche des points de départ des phénomènes que l’ethnographe observe, 

même si elle n’y parvient pas toujours. C’est elle qui est en mesure de dire si le discours explicatif que  

peuvent être amenés à produire les sujets  étudiés (le cas échéant sur sollicitation de l’ethnographe) 

reflète   la   réalité   ou   n’est   qu’une   reconstruction   volontairement   mensongère   ou   involontairement 

erronée, faute de support de transmission ou suite à un malentendu voire à un manque d’information. 

Souvent, le minZokugakusha se trouve être de fait le substitut sans rival de l’historien, plus occupé par 

les  champs  « traditionnels »  de   sa  discipline,   à   l’exception  bien   sûr   de   l’Ecole  d’AMINO.  Ainsi 

l’Histoire du sel,  celle de  la patate douce ou celle des montreurs de singe est­elle le fait  du seul  

MIYAMOTO.   Ses   continuateurs   ont   poursuivi   son   travail   avec   l’étude   de   l’Histoire   dans   ses 

« marges », toujours pour appuyer leurs recherches sur des phénomènes bien présents. 

On est   en droit  de  voir  un grand progrès  dans cette  contextualisation historico­géographique  des 

identités   japonaises   (car   elles   sont   diverses   et   mouvantes).   MIYAMOTO   avait   lui   aussi   lu  The 

Chrysanthemum and the Sword  (Le Chrysanthème et le sabre) de Ruth BENEDICT et en admirait 

certains points,   toutefois  il  sentait  bien  les  limites de  l’ouvrage,  dues en partie au contexte de sa  

réalisation (ouvrage de commande en période de guerre auprès d’une anthropologue ne connaissant 

pas le japonais et dans l’impossibilité de se rendre sur place). Cet ouvrage a en effet tendance à parler 

de Japonais homogènes et atemporels, au caractère immuable et à la solidarité indéfectible. Comme le 

souligne l’anthropologue Jennifer ROBERTSON :

« In most recent years, the Japanese social critic and philisopher Tamotsu Aoki (1990) has suggested

that The Crysanthemum and the Sword “helped invent a new tradition for postwar Japan” (see also

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Doak 1996). Benedict’s homogenizing and timeless portrait of “the Japanese” added momentum to the

growing interest in “ethnic nationalism” in Japan, evident in the hundreds of ethnocentric nihonjinron –

treatises on Japaneseness – published since the postwar period. »436

(« Ces dernières années, le critique social et philosophe japonais AOKI Tamotsu (1990) suggéra que 

Le Chrysanthème et le sabre  « avait aidé  à   inventer une nouvelle tradition pour le Japon d’après­

guerre »   (cf.   aussi   Doak   1996).   Le   portrait   homogène   et   atemporel   que   fait   BENEDICT   « des 

Japonais »   apporta   un   élan   à   l’intérêt   grandissant   au   Japon   pour   le  « nationalisme   ethnique », 

manifeste dans les centaines de Nihonjin­ron – traités de la japonité – ethnocentriques publiés depuis 

la période de l’après­guerre »)437

Rappelons que MIYAMOTO, mort en 1981, avait pu voir depuis les années 1970 la naissance d’une 

Nihonjin­ron qui « relevait la tête », encouragée par la réussite économique internationale des groupes 

industriels japonais. C’est l’époque où les néo­nationalistes commençaient à parler d’un « Japon qui 

peut dire nom » (ISHIHARA Shintarô).

ROBERTSON poursuit :

« despite criticisms of Benedict’s failure to discriminate among historical developments and “differing

institutionel contexts of data” (Benedict and Nagai 1953:408), Japanese culture critics were especially

interested in her attempt to portray the whole or total structure (zentai kôzô) of Japanese – a goal

which, Benett and Nagai note, had been “common enough in certain branches of Japanese

humanitistic studies” (1953:406). In short, Benedict’s bricolage – her totalizing ensemble of fragments

– reinforced and was reinforced by similar efforts on the part of her Japanese counterparts, for whom

the widest and thickest line of difference has been drawn between a unique Japan and the rest of the

world (basically, “the West”) as if both entitie were internally coherent ».438

(« malgré les critiques de l’échec de BENEDICT à discerner entre les développements historiques et 

« différents contextes institutionnels de données » (Benedict et Nagai 1953 : 408), les critiques de la 

culture   japonaise   étaient   particulièrement   intéressés   par   sa   tentative   de   portraiturer   la   structure 

complète ou totale (zentai kôzô) des Japonais – un but qui, ainsi que le notent BENETT et NAGA’I, 

436 Le texte continue ainsi :  "As I have argued elsezhere (Robertson 1997, 1998), the obsession today  in Japan with cultural distinction mirrors a similar obsession with internationalization; in fact, the  two   obsessions   can   be   understood   as   enantiomorphic:   that   is,   the   same   impulse   the   other   way  around”. (op. cit., p. 7) (« Ainsi que nous l’avons soulevé ailleurs (Robertson 1997, 1998), l’obsession aujourd’hui   au   Japon   de   la   distinction   culturelle   reflète   une   obsession   similaire   de l’internationalisation : en fait, ces deux obsessions peuvent être entendues comme énantiomorphiques, c’est à dire relevant d’une même impulsion des deux côtés ».)437  ROBERTSON Jennifer   (dir.),  A Companion   to   the  Anthropology  of   Japan,  Oxford,  Blackzell Publishing, 2005, 501 p., “Putting and Keeping Japan in Anthropology” (« Mettre et garder le Japon dans l’anthropologie »), p. 7.438 ROBERTSON Jennifer (dir.), A Companion to the Anthropology of Japan, p. 7.

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avait été suffisamment commun dans certaines branches des études japonaises en sciences humaines 

(1953 : 406). En bref, le bricolage de BENEDICT – son ensemble totalisant de fragments – renforça et 

fut renforcé  par des efforts similaires de la part de ses homologues japonais,  pour qui la ligne de 

différence la plus large et épaisse a été tracée entre un Japon unique et le reste du monde (en gros, 

« l’Occident ») comme si les deux entités étaient intrinsèquement cohérentes ».)

Cet extrait montre bien que la généralisation visant « les Japonais » intemporels s’est poursuivie après 

BENEDICT aussi bien à l’étranger qu’au Japon, au sein de « certaines branches des études japonaises 

en sciences humaines ». Pour MIYAMOTO, pas plus le Japon (et surtout pas les Japonais) que le reste  

du monde ne sont uniformes, ni dans l’espace, ni dans le temps. Plutôt que de raisonner en termes de 

pays et de nations, il préfère les unités plus petites, souvent mobiles, et s’intéresse aux populations qui 

les composent, où qu’elles soient,  même si elles trouvent leur origine à  l’étranger comme nous le 

verrons   plus   loin.   Pour   lui,   un   des   meilleurs   moyens   de   connaître   ces   mouvements   et   ces 

transformations géographiques humaines est d’étudier l’Histoire des toponymes.

­ L’Histoire des toponymes et leur étymologie. Comme nous le disions plus haut (1ère partie, chap. 

1er), MIYAMOTO reçut de YANAGITA un enseignement touchant l’étymologie des toponymes439. 

Après MIYAMOTO, des auteurs comme son continuateur TANIGAWA Ken’ichi440 ou le cartographe 

et topographe NAKAHIRA Ryûjirô reprendront ses recherches sur les toponymes et leur étymologie 

et   confirmeront   nombre   des   hypothèses   avancées   par   MIYAMOTO,   notamment   la   primauté   du 

phonétique sur l’idéographique dans l’étymologie du toponyme, les  ateji* étant les plus nombreux. 

Ceux­ci masquent en effet, et souvent à dessein, une étymologie coréenne « dérangeante », notamment 

lorsqu’elle concerne des lieux proches de la Cour impériale441. Or quel meilleur moyen de supprimer 

ces mots que de les écrire en ateji, dont le sens fait oublier l’origine ? A moins, tout simplement, de les 

supprimer par des fusions (gappei 住住) de communes, comme c’est le cas actuellement. 

Les étymologies de noms d’objets ou d’évènement sont aussi l’occasion de soins systématiques dès la 

première occurrence du nom en question, qu’il s’agisse d’un objet tangible, d’une pratique, d’un art ou  

d’un concept.  Voici  quelques exemples d’étymologies présentées par MIYAMOTO. Prenons pour 

commencer le cas du mot « hata 住住 » : MIYAMOTO le distingue tout d’abord de hatake 住, les deux 

kanji étant considérés à tort comme interchangeables et de même lecture dans le langage courant à 

cause de leur sens aujourd’hui identique. C’est un mot très ancien dont la présence est attestés dans 

439  L’ouvrage de YANAGITA,  Chimei no kenkyû  「 「 「 「 「 「 「 (Recherches  toponymiques) (Shôwa X (1935)), fait figure de classique, avec des textes dont le plus ancien date de 1926.440  Notamment  dans  son   recueil  d’essais  MinZoku.chimei   soshite  Nihon 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (Folklore, toponymes et Japon), Tôkyô, Dôseisha, 1989, rééd. 1999, 254 p.. 441  Une théorie, à notre sens plus que vraisemblable, explique que Nara   「 「 (l’ancienne capitale du Japon) est écrit avec des ateji (un nom de plante, na (du chinois nài) et « bien », ra (du chinois liáng)) et   vient   en   réalité   du   coréen  nara  「「 (pays),   ce   qui   fait   davantage   sens,   Nara   étant   une   ville d’importance symbolique majeure. 

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plusieurs écrits de l’Antiquité. Comme aujourd’hui, le mot désigne des champs (住) qui ne sont pas des 

rizières (ta 住 ou suiden 住住), mais distincts des hatake en cela qu’ils étaient compatibles avec la culture 

sur brûlis (yakibata  住住), car moins fertiles. Ils deviendront ensuite des champs fixes, jôbata  住住 [住住], 

alors que les yakibata continueront de ne pas l’être. Au départ, hata coexistait avec des termes comme 

sashi 住住 et sasu 住住 dans l’est et koba 住住 dans l’ouest442. Il fut ensuite donné comme nom à une famille 

(un clan) coréenne venue du continent, les QÍN 住, d’origine chinoise, qui succédaient aux Zhōu 住. Le 

roi QÍN Yungthong 住住住[住住住], surnommé Yudzuki no Kimi 住住住 (Sire du croissant de lune), fut le premier 

à s’établir en Corée et à faire le voyage au Japon pour rencontrer l’empereur Ôjin   住 住 住 住 (première 

moitié du Vème siècle). Ses descendants qui vinrent s’installer au Japon furent renommés « HATA », 

(outre parce que la prononciation de leur nom d’origine est  difficile  à   reproduire par une bouche 

japonaise),   parce   qu’il   amenaient   avec   eux   des   techniques   agricoles   performantes   et   modernes.  

C’étaient bien des shidôsha 住住住 (des guides formateurs). On suppose que la culture des vers à dont ils 

furent les initiateurs au Japon, ainsi que de précieux vêtements dont ils firent cadeau à l’empereur – ce 

qui fut de leur part fort inspiré car l’empereur se montra des plus généreux en retour443  – furent à 

l’origine du fait qu’on appela le métier à tisser « hata »   住 444. Par la suite, les HATA, très féconds, 

fournirent de nombreux notables au Japon et on ne compte plus les toponymes qui comportent la 

racine « hata »445.

Comme on peut le constater, même si les idéogrammes chinois sont différents pour écrire 1/ le champ, 

2/ un nom de famille et 3/ le métier à tisser, il s’agit bien d’une même racine. Et l’étude d’un simple 

mot nous aura fait voyager de la Cour impériale aux champs brûlés en passant par la Chine pour finir 

par étudier l’Histoire de l’élevage des vers à soie.

Parallèlement à ces traces involontaires, les transmetteurs lettrés, notamment les écrivains voyageurs 

que nous évoquions plus haut, ont laissé des écrits et parfois même des dessins qui fournissent de 

précieux   renseignements   à   l’ethnographe­historien.   Lorsque   les   écrits   émanent   des   religieux,   il 

peuvent évoquer non seulement les cérémonies et événements qui rythment la vie quotidienne, mais 

aussi les instruments du culte ou encore les comportement du peuple qu’il s’agit d’instruire (façon de 

s’asseoir, processions etc.). L’étude des rouleaux peints (emakimono 住住住)446 en est un bon exemple. (cf. 

gravure représentant des moines et des laïcs devant des hashira taimatsu 住住住 (flambeaux en colonne)). 

Le minZokugakusha, s’il n’est pas (uniquement) historien, n’hésite cependant pas à consulter ce genre 

de documents. 

442 Nihon bunka no keisei, tome I, IV (conférence du 2 novembre 1979), (2), p. 234.443  Et   ordonna   qu’on   répande   cette   activité   dans   son   pays.  Nihon   bunka   no   keisei,   tome   I,   IV (conférence du 2 novembre 1979), (2), p. 232 éd. Soshiete.444 Nihon bunka no keisei, tome I, IV (conférence du 2 novembre 1979), (2), p. 233 éd. Soshiete.445 Nihon bunka no keisei, tome I, IV (conférence du 2 novembre 1979), (2), p. 242 éd. Soshiete.446 Emakimono ni miru Nihon shomin seikatsu­shi, 1980.

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Enfin, il est un point à noter dans la méthodologie historique de MIYAMOTO, c’est la prudence et la 

défiance envers les théories reçues :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「447

(« Les ‘théories reçues’ sont des superstitions, et non de réelles théories scientifiques. Si elle se laisse 

ficeler avec des théories admises, la science va stagner ».)

La participation à des colloques ou symposiums était d’ailleurs pour lui un bon moyen de confronter 

rationnellement théorie et recherche de la plus grande probabilité, voire de la vérité.

Ces considérations sur l’Histoire nous amènent à présent, et tout naturellement à nous interroger sur 

les choix de MIYAMOTO en la matière. En effet, plutôt que de prétendre fournir une Histoire de la 

Nation japonaise (si tant est que ce concept soit la réalité), MIYAMOTO s’attache à chercher quels 

processus historiques sont à l’œuvre dans l’apparition, la transformation et la disparition des différents 

groupes humains qui composent la société japonaise, et plus principalement ceux n’appartenant pas à 

la noblesse urbaine ou à la noblesse de Cour. 

2) l’Histoire du peuple japonais et des groupes qui le constituent) :

Comme nous l’avons dit précédemment, Nihon bunka no keisei (La formation des cultures du Japon) 

constitue le pivot de la réflexion historique de MIYAMOTO. Avant de se pencher sur le fond de cette 

étude qui tient, pour des raisons biographiques, une place à part dans son œuvre, revenons d’abord sur 

sa genèse.  En 1979 et 1980, MIYAMOTO prononça au Nihon kankô  bunka kenkyûjo   「 「 「 「 「 「 「 「 「

(Institut de recherches sur les cultures du tourisme au Japon) une série de conférences déterminantes 

qui représentent à la fois un tournant dans sa pensée et une innovation majeure apportée à la discipline. 

Reprenant le contenu de ces conférences, il prépare alors un monumental essai prévu en vingt volumes 

(à raison d’un volume par an448), essai qu’il veut offrir au monde comme son grand œuvre449, et le 

point culminant de ses recherches. Il  s’agit ni plus ni moins que de plonger au sources du peuple  

447 Nihon bunka no keisei, t. II, chap. IX (conférence du 5 juin 1980), questions, p. 186 éd. Chikuma gakugei bunko.

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japonais, à la recherche tout autant de son identité que de ses racines. Malheureusement, la maladie 

vient frapper MIYAMOTO une dernière fois. Sans se décourager, il emporte son manuscrit avec lui à 

l’hôpital. La mort le surprend alors qu’il vient de terminer une ébauche du livre. Devant l’importance 

du texte, l’éditeur Soshiete (maison d’édition éphémère) demande à YONEYAMA Yoshinao   「 「 「 「

(1930­2006), un disciple spécialiste d’anthropologie culturelle, de se charger de le mettre en forme 

pour le publier, TAMURA Zenjirô assurant la postface. YONEYAMA se borne à terminer les phrases 

incomplètes mais ne touche pas à la structure ni ne coupe ou rajoute quoi que ce soit au texte. Celui­ci 

fait   donc   suite   aux   conférences   avec   lesquelles   il   forme   une   sorte   de   tout   foisonnant   mais 

étonnamment cohérent, la transcription des conférences d’après enregistrement fournissant la matière 

des deux premiers volumes et l’essai constituant le troisième dit  ikô  「 「 (brouillon posthume). La 

dernière conférence,  que MIYAMOTO n’aura pas  eu  le  temps de donner au Nihon kankô  bunka 

kenkyûjo, devait porter sur les travailleurs de la mer, pêcheurs et autres ama. YONEYAMA Yoshinao 

retrouve alors les enregistrement d’une conférence donnée par MIYAMOTO en 1977 à l’université 

d’Ehimé ayant justement pour thème le monde de la mer, et plus précisément « Seto naikai bunka no 

keifu »  「「「「「「「「「「「 (« Les filiations de la culture de la Mer intérieure de Seto »). YONEYAMA la 

transcrit donc, et lorsque MIYAMOTO évoque un point qui mérite développement, la question des 

ama (ou kaijin), YONEYAMA retrouve un passage d’un texte de MIYAMOTO, « Ama monogatari » 

「「「「「「「「「450 (« Récits des gens de la mer ») qui vient préciser les choses. Le livre est publié assez vite, 

en 1981, l’année même de la mort de MIYAMOTO. En 1984, Chikuma shobô sort dans sa collection 

de poche Bungei bunko une édition revue et corrigée du livre par TAMURA Zenjirô et KADZUKI 

Yôichirô. C’est aujourd’hui encore l’édition de référence pour les conférences (tomes 1 et 2). Quant à 

l’essai,   il  a été  réédité  à  part dans une version presque identique à   la précédente, avec de légères 

précisions, chez Kôdansha gakujutsu bunko (référence actuelle pour le tome 3). Malheureusement, les 

éditions Soshiete ont fait faillite très vite et l’édition Chikuma de Nihon bunka no keisei, épuisée, n’a 

pas été rééditée.451

448 Nihonjin wo kangaeru, deuxième entretien, p. 27. L’enquête de terrain aurait porté sur cent lieux, explorés chacun en cinq jours, soit au total 2000 jours de travail terrain.449「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 ……「 (« Et quand j’aurai fini, devenant comme une mue de cigale, je mourrai… ») Nihonjin wo kangaeru, deuxième entretien, p. 27.450  Ce   texte   aujourd’hui   introuvable   figura   d’abord   dans   un   ouvrage   de   photographies   de NAKAMURA Yoshinobu 「「「「 , Nihon no ama「「「「「「「(Les pêcheuses plongeuses du Japon), puis fut republié en volume séparé sous le titre d’Ama「「「「(Marin kikaku hakkô 「「「「「「「, 1978).451 Les deux éditions étant quasiment impossibles à trouver, même chez les meilleurs bouquinistes de la capitale (aucun exemplaire dans tout Kanda   「 「 en 2007), il faut se tourner soit vers les sites de ventes sur Internet, soit vers les bibliothèques pour en obtenir un exemplaire. Seul le tome 3 est donc aujourd’hui disponible à la vente. Toutefois, nous supposons qu’il n’est pas impossible que Miraisha, l’éditeur des Œuvres de MIYAMOTO Tsunéichi, en rachète les droits pour publier l’ouvrage dans lesdites Œuvres, ce qui sauverait les conférences de l’oubli et les porterait à la connaissance du public d’aujourd’hui. 

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Le   propos   de  Nihon   bunka   no   keisei  est   le   suivant :   il   s’agit,   à   partir   d’une   rénovation   de   la 

minZokugaku  par   l’incorporation   des   travaux   des   disciplines   connexes   que   sont   l’archéologie, 

l’Histoire,   l’ethnologie   extérieure   et   l’Histoire  de   la   langue,   de   remonter   aux   sources   du   peuple 

japonais pour mieux en comprendre la psychologie et les cultures, car on doit en parler au pluriel en 

français,  même si   la  langue  japonaise   ignore presque le nombre.  Outre  le  contenu du  livre,  c’est  

d’ailleurs l’ancien titre du projet qui nous donne une clé pour aller dans le sens du pluriel que nous 

proposons : Higashi to nishi no kataru Nihon no rekishi 住住住住住住住住住住住住住 (L’Histoire du Japon racontée par 

l’Est et l’Ouest)452. 

Quant à la structure même de l’ouvrage, malgré  l’inachèvement du projet initial,  elle n’en est pas 

moins   fort   révélatrice   de   la   pensée   de   MIYAMOTO   dans   la   dernière   partie   de   sa   vie.   L’essai 

comprend trois chapitres. Ils évoquent : « les gens qui habitaient l’archipel du Japon » (Nihon rettô ni  

sunda hitobito 住住住住住住住住住住住), « le caractère océanique qui s’observe dans les cultures du Japon » (Nihon 

bunka ni miru kaiyô­teki seikaku  住住住住住住住住住住住 住) et « les origines et le développement du travail des 

champs au Japon » (Nihon ni okeru hata­saku no kigen to hatten  住住住住住住住住住住住住住住 ). Ces trois chapitres 

révèlent toute la diversité de l’approche de la minZokugaku selon MIYAMOTO : géo­historique dans 

le premier, historico­psychologique de groupe dans le second et agro­historique dans le troisième. Les 

trois   sont   intimement   liés   et   pourraient   être   présentés   dans   n’importe   quel   ordre   sans   grand 

changement pour le propos. 

Nous parlerons tout d’abord de l’Histoire des céréales (a), qui fait le lien avec ce que nous évoquions 

dans   le  chapitre  précédent   (l’Histoire  et   l’identité),   puis   nous  évoquerons   le  volet   humain  de   sa 

présentation (b).

- a. Les origines des céréales et des autres aliments

Avant tout, rappelons que YANAGITA considérait que la naissance la culture japonaise suivait de 

près l’introduction de la riziculture sur l’archipel. Il était suivi en cela par l’anthropologue culturel 

ISHIDA Eiichirô 「「「「「 (1903­1968) qui datait de l’époque de Yayoi 「「「「 (v. ­2300 ou –2400 à –1700) 

la naissance de la culture japonaise453.

MIYAMOTO choisit dans son essai de partir à la recherche des céréales préhistoriques et antiques, à 

l’aides des découvertes les plus récentes de l’archéologie et de l’archéo­agronomie de son temps dont 

452 Nihon bunka no keisei, éd. Soshiete, t. III, Postface de TAMURA Zenjirô, p. 207.453  Nihon bunka no keisei, t. II, VII (conférence du 7 mars 1980), (1), p. 46 éd. Chikuma gakugei bunko.

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il opère la synthèse, entreprise inédite à cette époque454. En effet, si des traces de céréales, voire des 

graines entières peuvent se retrouver en assez grande quantité dans des vestiges de ce qui pouvait être 

des silos à grains ou des greniers, on en constate aussi la présence dans les ruines de maisons elle­

mêmes, dans les murs en torchis (shikkui 住住) lequel est constitué de paille et de terre, et dans le chaume 

des toits. Ce dernier peut en effet être de paille (warabuki 住住住) ou de pâturin (kayabuki 住住住). De même, 

le riz servait aussi parfois à colmater les fissures dans les briques des murs455.

La datation au carbone 14 des fragments en question permet de retracer la route des personnes qui les  

ont cultivés et d’esquisser, grâce aux céréales, une Histoire des déplacements humains. 

MIYAMOTO rejoint sur un point son prédécesseurs YANGITA et son contemporain ISHIDA : les 

céréales, sont liées non seulement aux déplacements, mais aussi à la culture sous tous ses aspects. 

Etudier la nourriture, c’est une clé pour étudier l’homme. Ainsi explique­t­il que la plupart Japonais 

ont la « mémoire courte » : Ils ne savent plus ce que mangeaient leurs ancêtres et croient que, de tout 

temps, on a mangé du riz. Or les recherches de MIYAMOTO montrent clairement que si la riziculture 

a été accompagnée d’une nouvelle culture (=civilisation), cela ne veut pas dire que toute la population 

s’est mise à manger du riz à tous les repas. Longtemps, le riz fut réservé aux plus riches, ou tout au 

moins aux membres d’une classe privilégiée. Le peuple consommait, à titre d’aliment de base, d’autres 

céréales comme l’awa  住住 [住] (qui permettait deux récoltes par an) ou le hie  住住 [住] (toutes deux des 

sortes de millet), des tubercules (patate douce de type yama­imo 住住住住 [住住], naga­imo 住住住住 [住住] etc., du 

konnyaku  住住住住住 [住住] sous forme de gélatine), des aubergines (nasu  住住 [住住]) etc.… ou même du blé 

(komugi  住住住 [ 住住 ]), sous forme de nouilles. MIYAMOTO fournit quelques chiffres456 : au Japon, en 

1903, on cultivait 240 000 ha d’awa sur 2 500 000 à 3 000 000 d’ha de terres cultivées au plus, soit 

près   de   10   %,   ce   qui   est   un   assez   gros   chiffre.   Pendant   la   guerre,   le   gouvernement   encourage  

autoritairement la production de Satsuma imo 住住住住住 [住住住] (sorte de patate douce), et malgré les efforts 

des agriculteurs, on n’atteint que les 170 000 ha pour finir en 1946 par 120 000 ha. En 1978, le  hie 

représente 100 000 ha. Ces chiffres montrent la baisse constante de la surface occupée par les céréales 

autres que le riz ou le blé et la rapidité avec laquelle des siècles de traditions agricoles peuvent être 

effacés pour des raisons d’opportunité. 

Ainsi, aux chercheurs qui s’étonnaient de l’introduction de telle plante à tel endroit, par exemple l’ito­

bashô  住住住住住住 [住住住] (le bananier à fils) d’Okinawa à Takarajima, MIYAMOTO, allant dans le sens de 

454 Notamment les recherches de SASAKI Takaaki  「「「「「 (sur les champs), d’ONO Takeo  「「「「 (sur l’origine de l’agriculture),  de YAMAGUCHI Sadao   「 「 「 「 et SASAKI Gen’ichirô   「 「 「 「 「 「 (sur la géograhie) ou encore YAMAGUCHI Ya’ichirô 「「「「「 (sur les cultures sur brûlis dans le nord­est) ; cf. Nihon bunka no keisei, t. 3, chap. III, 1, p. 108.455 Nihon bunka no keisei, t. I, conférence du 6 juillet 1979, (2) p. 37 éd. Soshiete.456 Nihon bunka no keisei, t. II, VII (conférence du 7 mars 1980), (1) « Konsai shokubutsu to zakkoku to Nihon bunka » 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (« Tubercules et céréales autres que le riz et le blé,  et  culture japonaise »), p. 60.

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NAKAO Sasuke   住 住 住 住 et de sa théorie des « cultures ( 住 civilisations) des forêts de grands arbres à 

feuillage persistant » (shôyô jurin bunka  住住住住住住), explique ce que l’adage juridique résume avec une 

admirable concision457 : « l’accessoire suit le principal ». Ce qui signifie que la production de biens 

nécessaires à la riziculture (ou la facilitant) suit généralement cette dernière lorsqu’elle est introduite 

ailleurs.   Dans   notre   exemple,   l’ito­bashô,   avec   ses   fibres   extrêmement   résistantes,   permet   la 

fabrication de vêtements de travail que l’on peut porter longtemps sans craindre de les abîmer. Le fait 

d’amener l’accessoire concomitamment avec le principal est ce que MIYAMOTO appelle un setto  住住

住458 (un ensemble, un tout en un) ou une kombi 住住住459 (une combinaison indivisible). Les personnes qui 

apportent   (les   introducteurs)   la   technique  de  base   (le  principal)  ne   sauraient   se  passer  de  ce  qui  

l’accompagne (l’accessoire) d’une part parce qu’ils y sont « culturellement » habitués, d’autre part 

parce que la pratique accessoire  a sa « raison d’être ».  D’autres exemples pourraient  être  donnés, 

notamment les techniques de fabrications d’alcools accompagnant l’arrivée de certaines variétés de 

céréales. Ainsi en est­il du tambachan (orthographe incertaine) venu d’Inde (Sikkim) avec le kôji  住住住

[住] (riz malté) et donnant, avec très peu de modifications, le tsubuzake  住住 (« alcool de grains ») puis, 

par suite, le kayuzake 住住 (« alcool en gruau ») qui se fabrique avec du Shikokubie (cf. plus haut), du blé 

et/ou du soja460. 

Parallèlement à l’apport volontaire des accessoires par l’homme, MIYAMOTO tient aussi à attirer 

l’attention sur les plantes plus ou moins parasites qui vivent nécessairement à proximité des céréales. 

Il les désigne sous le terme de zassô  住住 (qui dans le langage courant désigne une « mauvaise herbe » 

mais prend ici un sens plus restreint) et il les distingue justement des « vraies » mauvaises herbes, 

yasô  住住 , qui poussent qu’il y ait des céréales ou non, de préférence dans une plaine (d’où leur nom, 

« herbes de plaine »). C’est ainsi, par exemple, le cas du  hakobe  住住住 [ 住住 ] (plante de la famille des 

œillets) qui ne pousse que dans les champs de céréales461.

Cette culture alimentaire a donné à certaines régions des identités très fortes qui se sont beaucoup 

estompées   depuis   la   fin   de   la   seconde   Guerre   mondiale   avec   l’uniformisation   des   pratiques 

alimentaires, due en partie à la multiplication des chaînes de distribution proposant les mêmes produits 

et la hausse du niveau de vie, permettant de remplacer l’aliment de base par du riz, meilleur au goût. 

Au départ, un écart était même fortement marqué entre la konsai nôgyô 住住住住 (agriculture des tubercules 

457 Certes dans un autre contexte, mais la concordance ici est totale !458 Nihon bunka no keisei, t. II, VIII (conférence du 3 avril 1980), (2) « Nôkô no okeru minami to kita  ‘bunka no   fukugô’ » 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (« Le   ‘complexe   (/composé)   culturel’   sud­nord  dans l’agriculture »), p. 109.459 Nihon bunka no keisei, t. II, VIII (conférence du 3 avril 1980), (2), p. 113.460 Nihon bunka no keisei, t. II, VIII (conférence du 3 avril 1980), (2), p. 110­111.461 Nihon bunka no keisei, t. II, VIII (conférence du 3 avril 1980), (2), p. 116.

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et  des bananes)  au Sud et   la  shushi  nôgyô  住 住 住 住 (agriculture des grain(e)s)  à   l’Ouest462.  D’après 

MIYAMOTO, et contrairement cette fois­ci à NAKAO Sasuke, la culture des grains ne serait  pas 

venue   par   la   route   de   la   soie,   mais   par   le   nord,   la   Sibérie,   avec   l’introduction   du   seigle   en 

Mandchourie, puis au nord de la péninsule coréenne (à Puyŏ  「「 [ 住 住 ], capitale du Paikch’é)463. Il en 

serait allé de même, à peu de choses près, pour le blé464 et le chanvre465.

Il est intéressant de noter qu’il existe en japonais un terme regroupant toutes les céréales, à l’exception 

des deux ingrédients principaux de la cuisine en Asie orientale et au Japon en particulier : le riz et le 

blé (avec lequel on fabrique les nouilles) : zakkoku  住住, qui signifie « céréales diverses  Notons que le 

mot date de l’époque pré­moderne (kinsei 住住, soit Azuchi­Momoyama [1568­1600])466.

MIYAMOTO   en   profite   pour   battre   en   brèche   un   préjugé   fermement   ancré,   celui   la   prétendue 

infériorité culturelle des Aïnous dans la préhistoire. On les croit essentiellement chasseurs. C’est faux : 

ils étaient chasseurs, certes, mais essentiellement agriculteurs et cultivaient l’awa, le  hie et même le 

sarrasin (ce dernier dès l’époque de la culture Satsumon467). L’awa était révéré comme un dieu et le 

hie comme une déesse. Par ailleurs, des fouilles contemporaines de l’ethnographe ont mis à jour du 

Morokoshi kibi 住住住住住住 [住住] (sorte de sorgho ou de millet) à Nemuro 住住, Hokkaidô, dans des ruines de 

l’époque Jômon468. La thèse selon laquelle  toutes  les céréales seraient venues du sud uniquement ne 

tient donc plus. Il y a bien sûr aussi une introduction d’awa  par le sud selon deux origines : 1/ par 

Taiwan et le royaume des Ryûkyû, 2/ par la Corée, depuis la Chine469. Mais il faut désormais ajouter la 

route du nord. 

MIYAMOTO   note   qu’en   arrivant   à   Hokkaidô   pour   y   faire   une   conférence,   il   observe   chez   les 

habitants   une   sorte   de   complexe,   du   fait   de   leur   résidence   dans   un   territoire   depuis   longtemps 

462 Nihon bunka no keisei, t. II, VIII (conférence du 3 avril 1980), (2), p. 113 et s..463 Nihon bunka no keisei, t. II, VIII (conférence du 3 avril 1980), (2), p. 114.464 Nihon bunka no keisei, t. II, VIII (conférence du 3 avril 1980), (2), p. 116.465 Nihon bunka no keisei, t. II, VIII (conférence du 3 avril 1980), (2), p. 117. MIYAMOTO estime que le chanvre a commencé à être cultivé au Japon dès l’époque Jômon* alors que le blé est arrivé plus tardivement.466  Seisen Nihon minZoku jiten 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (Dictionnaire raisonné  du folklore du Japon), Tôkyô, Yoshikawa kôbunkan, 2006, 692 p., article « Zakkoku », p. 225.467 La culture Satsumon (Satsumon bunka 「「「「) : culture qui se développa à Hokkaidô chez les Aïnous après Jômon parallèlement à la culture wajin des époques de Nara et Heian et qui précède la culture aïnoue prémoderne (kinsei ainu bunka 「「「「「「「). Nihon bunka no keisei, t. II, chap. VIII, (2), p. 125 éd. Chikuma gakujutsu bunko.468 Nihon bunka no keisei, t. II, VII (conférence du 7 mars 1980), (2) « Kita no bunka beruto »「「「「「「「「「(« Ceinture culturelle du Nord »), p. 70.469 Nihon bunka no keisei, t. II, VII (conférence du 7 mars 1980), (1) « Konsai shokubutsu to zakkoku to Nihon bunka », p. 65.

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considéré  comme « en retard » sur le reste du pays. Il   les détrompe par l’explication ci­dessus, et 

constate avec joie que le complexe disparaît. La honte s’est changée en fierté470.

L’ethnographe est loin de ne s’intéresser qu’au Japon, à la Chine et la Corée. Son voyage au Kenya et 

en   Tanzanie,   qui   n’avait   pas   donné   lieu,   à   l’époque,   à   un   écrit   d’érudition   mais   à   un   simple 

« reportage », lui permet dans ses conférences de faire la remarque suivante : on cultive le Shikokubie 

住住住住住 [住住住] (le hie de Shikoku) sur le Mont Appo près d’Arroucha en Tanzanie. Le lieu d’origine du 

Shikokubie est bien l’Afrique et c’est une des céréales les plus transplantées et répandues du monde471. 

Se  pose   donc   la  question   de   la   route   empruntée   pour   en  permettre   l’implantation   au   Japon.   Le 

Shikokubie (ou en tout cas le millet) part d’Afrique orientale. De là, il est introduit en Inde 2000 ans 

avant J.C. Le début de l’agriculture des céréales en Afrique remonte encore plus loin. 

Toujours à la recherche de l’origine des choses, MIYAMOTO va même enfin jusqu’à s’interroger sur 

l’origine du mot awa. L’hypothèse d’une racine commune avec le mot indonésien dawa avait de quoi 

séduire, mais elle est réfutée par OOBAYASHI Taryô 住住住住. En effet, autrefois, awa s’écrivait aha 住住 et 

se prononçait « apa  住 住 ». Plus rien de commun alors avec  dawa.  MIYAMOTO ne trouvera hélas 

jamais la réponse à cette question.

Etudier   cette   culture   alimentaire   et   ses   origines   amène,   comme   on   le   voit,   à   s’interroger   tout 

naturellement sur ceux qui sont à l’origine de son introduction et de sa production.

- b L’aspect humain

Par une multitude de faisceaux d’exemples, MIYAMOTO trace peu à peu un portrait des Japonais, ou 

plus précisément des habitants de ce qui est l’actuel archipel du Japon, en remontant progressivement 

dans   le   temps,   qu’il   s’agisse   des   ancêtres   des   Japonais   de   façon   générale   ou   de   catégories   de 

populations spécifiques comme les sanka ou les ama, par exemple.

­ L’Histoire des peuples et les mouvements de population.  Parler de Japonais est déjà  ambigu. 

Qu’entend­on en effet par là ? Les habitants actuels de l’archipel ? Doit­on y inclure ceux qui l’ont 

quitté, les expatriés ? Par le passé, les choses se compliquent encore : tous les habitants de l’archipel 

du   Japon   tel   qu’il   est   officiellement   reconnu   par   l’ONU   peuvent­ils   être   considérés   comme 

véritablement Japonais ? Les Ainous du XIXème siècle, par exemple, étaient­ils Japonais ? Oui et non. 

Oui, d’après eux, sans être Wajin 住住472, l’ethnie dominante de l’archipel. Non, pour les Wajin pour qui 

470  Nihon bunka no keisei,   t.  II,  VIII (conférence du 3 avril  1980), questions, p. 136 éd. Chikuma gakugei bunko.471 Nihon bunka no keisei, t. II, VII (conférence du 7 mars 1980), (1) « Konsai shokubutsu to zakkoku to Nihon bunka », p. 58. 472  Rappelons que  Wajin  signifie  par   les  caractères  chinois  « gens harmonieux »,  Wa,   l’harmonie, désignant le premier royaume­Etat du Japon, nommé Yamato (écrit avec les caractères de « grande 

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l’ethnie   wajin   est   la   seule   à   mériter   le   nom   de   Japonais.   Reste   à   déterminer   les   conditions   de 

l’appartenance à l’ethnie wajin… Car celle­ci telle qu’elle est constituée aujourd’hui est déjà le fruit 

de métissages dont l’origine n’est pas encore complètement établie scientifiquement.  YANAGITA 

tenait  ferme à   l’idée selon laquelle les Japonais viendraient du Nord.  MIYAMOTO pensait  qu’ils 

venaient  du nord  et  du sud.  Aujourd’hui,   les   recherches   les  plus   récentes   tendent  à  montrer  une 

multitude de flux venant de tous côtés et étalées sur plusieurs périodes. Sans rentrer dans des questions 

morphologiques ou physiologiques que nous ne saurions traiter avec la compétence requise473, nous 

nous bornerons à relever par exemple que certains traits culturels des Japonais se retrouvent dans la 

culture inuit (la valorisation de la résistance physique au froid, réputé « bon pour la santé », l’habitude 

de « la moquerie » (à l’égard des personnes présentes) voire de l’ijime 住住住 [住住] (persécution d’un bouc 

émissaire). Certains mots étrangement similaires comme o­kayu 住住住 [住住] (gruau de riz) et kayok etc.), 

alors que d’autres (l’habitat notamment) rappellent les peuples du sud (mélano­polynésiens pour ce 

qui   est   de   l’habitat474).   Les   recherches   menées   actuellement   par   Fabienne   MIZOKUCHI   住 住 de 

l’Université de Rikkyô soulèvent toutes ces questions475. 

­ Les Tsuchigumo, les Ezo, Emishi… Le premier mot à ouvrir l’essai posthume de MIYAMOTO est 

Ebisu 住住住 [住], mot polysémique qui désigne de façon péjorative différents peuples ayant la principale 

harmonie »   「 「 mais mot d’origine  japonaise signifiant  d’après  le  Daigenkai  「 「 「 「 「 d’OOTSUKI Fumihiko « porte de la montagne » yama 「「 [「] to 「 [「]). MIYAMOTO interprète le –to 「 de Yamato comme relié à tokoro  「「「 [「] (lieu) (Nihon bunka no keisei, t. I, chap. I, (3) « Seifuku ôchô to saishi  ôchô »「「「「「「「「「「「 (Cour conquérante et Cour officiante »), p. 55 éd. Soshiete (conférence du 6 juillet 1979).   「Parallèlement, le nom des habitants, Wajin, vient du mot homophone  「「 Wajin, du chinois Wōrén  ou  Wēirén  (gens  de  Wō   ou  de  Wēi),  pays  dont   le  nom signifie  « petits  hommes  au  dos courbe ». L’emplacement du Yamato est encore discuté aujourd’hui. Une école le situe autour de Nara dans le Kansai ou Kinki, une autre au Nord de Kyûshû (des fouilles récentes y ont fait apparaître de nombreux vestiges  de  bâtiments  assez  évolués  d’influence  continentale),  une   troisième en  Corée. Certains chercheurs l’assimilent au Yamatai­koku   「 「 「 「 , d’autres non qui voient dans ce dernier un autre pays.473 Ainsi par exemple MIYAMOTO relevait­il un étrange point commun entre les actuels Japonais et les Péruviens : la présence très fréquente de tâches bleues aux fesses (o­shiri no aoi aza  「「「「「

「「

「). Cf. Nihon bunka no keisei, t. I, chap. I, (1), p. 30 éd. Soshiete (conférence du 6 juillet 1979).474 Le Japon est un des rares pays du monde à avoir un habitat  a priori  inadapté à son climat et aux contraintes environnementales : fenêtres trop grandes très rarement pourvues de volets dans un pays aux étés chauds, absence de chauffage central dans un pays aux hivers rigoureux (à de rares exceptions près à Hokkaidô et dans le Tôhoku), fenêtres à flanc de mur non protégées des traînées de pluie, murs fins,   escaliers   extérieurs   et   absence   d’isolation   thermique,   ce   qu’aggrave   l’utilisation   de   fenêtres coulissantes   qui   ne   sont   pas  du   tout   isolantes.   Ainsi,   la   consommation   d’électricité   allouée  à   la régulation de la température (climatiseur l’été, chauffage électrique l’hiver) est­elle la plus élevée du monde. La maison traditionnelle japonaise, venue du sud, était adaptée à l’été,  mais pas du tout à l’hiver.  L’habitat  actuel   (apâto  (appartement  économique),  manshon  (appartement  de  standing)  et maison individuelle) semble n’être adapté ni à l’un, ni à l’autre. Cf. aussi le chapitre précédent, B/ 2).475 Pour l’aspect comparatif des langues, on se repportera avec profit aux ouvrages d’OONO Susumu  「「「 comme Nihongo no keitô「「「「「「「「(La filiation du japonais) ou Nihongo no kigen「「「「「「「「(Les origines du japonais), Tôkyô, Iwanami shinsho, Shôwa XXXII (1957), rééd. Shôwa XLIX (1974) 

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caractéristique commune d’avoir  résidé  dans le Nord de  l’archipel  en zone rurale.  Il   relie  le nom 

d’Ebisu à Ezo   住 住 [ 住 住 ] et Emishi   住 住 住 [ 住 住 ], qui s’écrivent de façon identique en sinogrammes mais 

différemment en caractères japonais. Dès cet incipit, MIYAMOTO fait un intéressant rapprochement : 

Emishi fut aussi le nom personnel476 d’un certain SOGA no Emishi 住住住住 : 

「「「「「「「「「「、、、、、

「「 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「、、、、、、、、、、

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「

(« SOGA   no   Emishi,   chef   du   clan   des   SOGA   à   Asuka   dans   le   Yamato,   possédait   une   grande 

puissance ; en l’an 645 de notre ère, il fut attaqué par le Prince de NAKANOOE et NAKATOMI no 

Katamari  et  se suicida dans sa résidence,  mais  jusque là   il  possédait   la plus grande puissance du 

Yamato. Pourquoi diable cet homme était il prénommé Emishi ? »)

MIYAMOTO fait ensuite une seconde découverte tout aussi troublante :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「、、、、、、、

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「、、、、、、、、、

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(« Dans la famille des SOGA, il y a une autre personne nommée Emishi. C’est SOGA Toyura no 

Emishi  et chez  lui,  Emishi  s’écrit  « 住 住 » (Homme poilu).  Parmi ceux qui  écrivent  leur nom avec 

« Homme poilu », on trouve SAEKI no Ima­Emishi. Cet homme accomplit des prouesses à l’occasion 

de la construction de la capitale de Heian477  On trouve également ONO no Emishi parmi ceux qui 

laissèrent une épitaphe. Tous étaient des gens à position élevée et le fait de s’appeler Emishi (écrit Ezo 

ou Homme poilu) n’était nullement une appellation méprisante. Je me demande si au début ce n’était 

pas plutôt des gens qui étaient regardés avec un sentiment de crainte révérencielle. N’était­ce pas qu’à 

l’origine les habitants de ce territoire étaient très poilus ? Et n’était­ce pas non plus que les personnes 

du genre à avoir une épaisse pilosité étaient vigoureux, forts, craints et respectés par un grand nombre 

de gens, et jouissaient de leur confiance ? »)

476 Le « prénom » des Japonais, en fait un « post­nom ».477 La Capitale de Heian (Heian­kyô) désigne Kyôto. Elle succède à Heijô­kyô (la Capitale de la cité paisible), Nara.

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Ces Emishi sont donc à distinguer des peuples venus ensuite sur l’archipel,  par l’Ouest,  depuis la 

Corée. MIYAMOTO s’interroge sur ceux que l’on appellera les Wajin 住住 (cf. plus haut et note). Avec 

les précautions d’usage, il formule l’hypothèse, bien étayée par la recherche archéologique, que les 

Wajin (cf. gravure478), future ethnie dominante de l’archipel du Japon, descendraient d’habitants du 

pays de Yuè 住 (dans la Chine actuelle) – dont un frère jumeau, au Sud comme son nom l’indique, Yuè­

nán   住 住 , allait devenir le Viet­nam479  – ayant fui la guerre avec le royaume de Wú   住 480. Toutefois, 

MIYAMOTO tient à préciser que les Wajin d’il y a deux­mille ans ne sont pas les Wajin de son temps, 

ni même ceux de l’époque d’Edo. MIYAMOTO montre très bien d’ailleurs les incessants flux de 

personnes, et même les diasporas qui ont traversé le Japon, y sont arrivés ou en sont partis. 

C’est   dans   le   Sud   de   la   péninsule   coréenne,   cependant,   que   les   Wajin   ont   développé   leurs 

caractéristiques culturelles : poterie raffinée, tatouages élaborés etc..  Avec ces Wajin, c’est  rien de 

moins que la riziculture, et tout ce qu’elle véhicule de techniques, de modes de travail et donc de vie, 

qui  pénétrai(en)t  dans  l’archipel.  Au départ,   le « pays » (« kuni  住 »)  wajin comprenait   le  Sud de 

l’actuelle Corée, mais très vite il s’étendit au Nord de l’île de Kyûshû. C’était une sorte de colonie de 

478 La gravure représente un serviteur Wajin.479 Nihon bunka no keisei, t. I, chap. I, (2), p. 39 éd. Soshiete (conférence du 6 juillet 1979).480 Nihon bunka no keisei, t. I, chap. II, (5), p. 118 éd. Soshiete (conférence du 7 septembre 1979).

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peuplement dans une zone vraisemblablement plus (pas ?) ou peu peuplée. L’ensemble, dont le détroit 

de Corée coupait à la fois ce « pays » en deux et en formait le centre symbolique, était culturellement 

et linguistiquement homogène481. Les déplacements d’une moitié à l’autre et vers les îles de Tsushima 

住住 et Cheju­dô 住住住 s’effectuaient sur des sortes de radeaux évolués (ikadabune 住住) dont quelques rares 

exemplaires y ont été retrouvés, ce qui est d’autant plus surprenant que les radeaux, par nature, ne  

laissent pas de traces une fois que les cordes qui les liaient ont été détruites. En outre, les radeaux,  

faciles à construire et entièrement recyclables (matériaux de construction ou le plus souvent bois pour 

se chauffer), permettaient de transporter des bêtes, car ils étaient souvent assez larges482. Le voyage 

d’étude de MIYAMOTO à Cheju­dô et surtout en Chine lui donnera l’occasion d’observer des formes 

contemporaines de ces radeaux.

Lorsqu’on étudie la question des Wajin, on ne peut faire l’impasse sur celle du Yamato et du Yamatai.  

Pour   Miyamoto,   il   semble   très   probable   que   le   Yamato   et   le   Yamatai   aient   constitué   le   même 

royaume483. Les sinogrammes utilisés pour écrire Yamatai   住住住 sont des  ateji  (des caractères utilisés 

pour transcrire phonétiquement un mot) et ceux utilisés pour écrire Yamato sont l’idéogramme de Wa 

住 pour l’ancienne orthographe et deux idéogrammes pour la nouvelle 住住 signifiant comme nous l’avons 

dit plus haut « Grande harmonie ». Lorsqu’on écrit le mot en alphabet latin ou en caractères japonais 

(kana), la ressemblance est évidente : Yamatai 住住住住 semble être une déformation purement phonétique 

de Yamato   住住住 . Les opinions des spécialistes sont encore divisées aujourd’hui sur ces questions. Si 

Yamato et Yamatai semblent être la même chose, les pays de Wa et de Yamato étaient bien deux 

entités distinctes484. Plus précisément, leurs racines sont les mêmes, mais les Wajin seraient à l’origine 

des Yuèrén (gens de Yuè) de petite taille, d’où leur sobriquet « Wēirén 住住 » (« petits hommes au dos 

courbe »)485. 

Au cours de son exposé,  MIYAMOTO en vient aussi à traiter la question des  kiba minzoku  住 住 住 住

(ethnies cavalières)486 encore discutée aujourd’hui487. Contrairement à ce qu’en disent certains auteurs, 

ils  sont  bien venus au Japon (à   l’époque de  l’empereur Sujin   住 住 住 住 – milieu du IVème  siècle488), 

481 Nihon bunka no keisei, t. I, chap. I, (2), p. 42 éd. Soshiete (conférence du 6 juillet 1979).482 Nihon bunka no keisei, t. II, annexe : « Seto naikai bunka no keifu »「「「「「「「「「「「 (« La lignée de la culture de la Mer intérieure de Seto »), p. 262­263 éd. Chikuma gakugei bunko.483 Nihon bunka no keisei, t. I, chap. II, (5), p. 126 éd. Soshiete (conférence du 7 septembre 1979).484 Nihon bunka no keisei, t. I, chap. II, (5), p. 129 éd. Soshiete (conférence du 7 septembre 1979).485 Nihon bunka no keisei, t. I, chap. III, (1), p. 154­155 éd. Soshiete (conférence du 5 octobre 1979).486 Pour un aperçu synthétique de la question, cf. EGAMI Namio 「「「「 ,  Kiba minzoku kokka : Nihon kodai­shi he no apurôchi「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (L’Etat des ethnies cavalières : Approche tendant à une Histoire antique du Japon), Tôkyô, Chûkô shinsho, n°147, Shôwa XLII (1967), plusieurs fois rééd..487 En France, Philippe PELLETIER (Japon – Crise d’une autre modernité, Paris, Belin, Coll. Asie plurielle, 2003, 208 p., p. 13 et s.) y souscrit sans toutefois en exagérer l’importance, tout comme MIYAMOTO.488 Nihon bunka no keisei, t. I, chap. III, (3), p. 189 éd. Soshiete (conférence du 5 octobre 1979).

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seulement leur nombre était très faible : entre un millier489 et une dizaine de milliers d’hommes490. Cela 

expliquerait la faible présence du cheval dans la culture japonaise et la quasi­absence de chevaux de  

grande taille jusqu’aux échanges avec les Européens. Apparus au Nord de la Chine à l’époque des Qín 

住, époque où l’on commence à bâtir la Grande muraille, ils gagnent rapidement en puissance. Wŭ­dì 住住

(­141, ­156 ~ ­87) (empereur de l’époque des Hàn antérieurs) décide d’envoyer à leur poursuite des 

« alliés » des Chinois non­Hàn, les Xiōngnú 住住 (Funnu ou Kyôdo en japonais), préalablement soumis. 

Ces Xiōngnú seraient selon MIYAMOTO les ancêtres des Finlandais491. Ce qui fera la différence entre 

les cavaliers et leurs poursuivants, ce sont les chevaux, des purs­sans arabes, que ne possèdent pas 

encore les peuples du nord comme les Xiōngnú, les Qīang 住 ou les Dĭ 住. 

Quelles qu’aient été leurs intentions (la fuite ou la conquête) vis­à­vis de l’archipel, ils étaient obligés 

de faire appel aux Wajin pour franchir la mer, ne possédant pas d’embarcations suffisamment grandes 

et solides pour leur expédition ni une grande expertise des voyages en mer. Peu nombreux mais bien 

équipés (armes et armures),   ils se déplacèrent vers le Nord.  MIYAMOTO compare d’ailleurs leur 

efficacité   à   celle   de   PIZARRO   (v.   1475­1541)   parvenu   à   écraser   l’empire   inca   avec   très   peu 

d’hommes en comparaison, grâce en grande partie à son armement et à l’usage de leurs chevaux, plus 

grands et résistants que ceux de leurs adversaires. C’est ainsi que ces cavaliers arrivés par la Corée 

écrasent violemment les populations de Honshû de type Jômon­jin (Aïnous, Hayatos, Tsuchigumos), 

permettant  de   fait  de   faciliter,   sinon une  unification  dans   l’archipel,  du  moins   l’homogénéisation 

culturelle.   Alors   que   ces   populations   autochtones   avaient   un   habitat   de   type  tate­ana   jûkyo* 

(habitation à fondations surbaissées), les hommes du continent habitaient des maisons construites de 

plain­pied (domazumai*)492. Ils apportent avec eux de nouveaux objets et pratiques du continent, mais 

c’est surtout après leur installation que d’autres immigrés viendront s’installer sur l’archipel,  mais 

cette fois­ce, ce seront des artisans et des commerçants. 

Revenons   à   présent   aux  Aïnous   dont   nous   parlions   plus   haut :   MIYAMOTO   remet   leur   culture 

agricole à la place qu’elle devrait occuper et leur suppose des origines qui expliqueraient leur avance  

dans ce domaine à cette époque ancienne. S’appuyant sur le Wèi­zhì 住住住住 (Notes sur les Wèi) (IIIème s.) 

de CHÉN Shòu 住住 (233­297)493, chapitre sur les peuples du Nord, et sur le Jiù­Táng­shū 住住住住住 (Ancien 

livre des Táng ou Livre des anciens Táng) (945) de LIÚ Xū 住住 (887­946), il découvre un « pays », ou 

plutôt une ethnie, de culture élaborée, les Sùshèn 住住, située à l’est de la Mandchourie. 

489 Nihon bunka no keisei, t. I, chap. III, (3), p. 189 éd. Soshiete (conférence du 5 octobre 1979).490 Nihon bunka no keisei, t. I, chap. III, (3), p. 187 éd. Soshiete (conférence du 5 octobre 1979).491 MIYAMOTO émet l’hypothèse que le Fun­ de Funnu aurait donné Fin­ (Fin­landais), celui­ci ayant une   racine   altaïque.  Nihon   bunka   no   keisei,   t.   II,   IX,   (2),   p.   154   éd.   Chikuma   gakugei   bunko (conférence du 5 juin 1980).492 Cf. chap. 3, B/, 2), b.493 Ce livre revient fréquemment, cité comme source majeure, dans les livres de MIYAMOTO, et en particulier dans Nihon bunka no keisei.

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住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

住住住住住住住住住住住住住住住494

(« On dit qu’à l’est également on trouvait un pays possédant le même genre de culture. J’ai beau y 

réfléchir,   je   ne   peux   que   penser   à   Karafuto   (=Sakhaline)495  et   Hokkaidô.   Ainsi,   n’est­il   pas 

[vraisemblable] qu’apparaissait déjà à cette époque, celle des cours du Sud et du Nord  des Wèijìn 

(Wèijìn nánbĕi­zhāo)  [220­589]  suivant   l’époque des  Hàn [­202 à  220],  au Sud­Est  de  la  Sibérie 

(Enkai­shû), ce qu’on appellerait une immense zone culturelle à l’agriculture stabilisée (antei nôkô  

bunka chitai) ».)

Quelle est la raison d’un tel phénomène ? Elle tient à la présence d’animaux que l’on peut pêcher et 

chasser (notamment des rennes, d’où toute la culture (ou le folklore) qui s’y rapporte). De plus, la 

situation   géographique   rendait   les   échanges   plus   pratiques   en   hiver   grâce   aux   déplacements   en 

traîneau. Pour résumer, on peut dire que MIYAMOTO relie ainsi la culture aïnoue à celle du continent 

et lui donne un prestige qu’elle n’avait jamais eue jusqu’alors au Japon. Il est conscient qu’une telle 

prise   de   position   n’ira   pas   sans   poser   de   nouvelles   questions496  et   qu’elle   suppose   aussi,   par 

conséquent, une nouvelle réflexion sur toute la période Jômon497. De la même façon, avec son étude de 

l’origine des céréales, il avait mis en lumière la route du Nord partant de Sibérie, par laquelle céréales, 

pratiques et populations avaient pu pénétrer dans l’archipel.

Le mythe du peuple unique écorné. Nous pourrions encore fournir de nombreux exemples, mais on 

perçoit déjà que par cette étude, MIYAMOTO écorne ainsi le mythe officiel d’une origine unique du 

peuple japonais, qu’elle vienne du Nord ou du Sud. En réalité, les afflux de populations proviendraient 

donc   de   multiples   points,   parfois   au   même   moment,   parfois   à   des   époques   différentes.   Et 

MIYAMOTO le dit aussi :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「498

(« Ces gens n’ont pas constitué des mouvement de foule pour ensuite traverser la mer ; je pense qu’il 

faudrait considérer qu’ils sont arrivés petit à petit, à des occasions renouvelées ».)

Et  MIYAMOTO  de   conclure  que   sans   ces   immigrés,   le   pays   serait   resté   dans  un  état   de   sous­

développement fermé (« mikai no katachi 住住住住住住 »).

494 Nihon bunka no keisei, t. II, chap. VII, (2) « Kita no bunka beruto », p. 73 éd. Chikuma gakugei bunko (conférence du 7 mars 1980).495 Un des territoires du Nord annexés par la Russie pendant la Seconde Guerre mondiale. Karafuto est  le nom japonais de Sakhaline.496 Nihon bunka no keisei, t. II, chap. VIII, (2), p. 123 éd. Chikuma gakujutsu bunko (conférence du 3 avril 1980).497  L’ethnologie   miyamotienne   rejoint   ici   la   façon   de   procéder   d’André   LEROI­GOURHAN, considérant comme nécessaire l’étude couplée de la préhistoire et de l’ethnologie.498 Nihon bunka no keisei, t. I, chap. V, (1), p. 261 éd. Soshiete (conférence du 5 octobre 1979).

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Lorsqu’on sait que les manuels scolaires officiels d’aujourd’hui commencent en guise d’introduction 

par une longue présentation des mythes shintô de création figurant dans le Kojiki (Chronique des faits 

anciens) (une chronique historico­mythologique « officielle » destinée à légitimer la lignée impériale 

par   une   ascendance   « kamique »),   on   comprend   que   le   positionnement   de   MIYAMOTO   garde 

aujourd’hui encore toute sa force et son originalité. 

Cette Histoire du Japon et de ses populations disparues ne pouvait que révéler des correspondances 

avec des  groupes humains  du  Japon contemporain,   (même si  ces  groupes étaient  sur   le  point  de 

disparaître,  en tant que groupes, lorsque MIYAMOTO les étudia) ; c’est donc à eux qu’il convient 

maintenant de s’intéresser.

B/ L’étude des groupes au présent

L’étude de l’Histoire des groupes était  le préalable nécessaire à   l’étude de ces mêmes groupes au 

présent.  Ce fut d’ailleurs un des plus beaux pans du travail de sauvetage ethnographique réalisé par 

MIYAMOTO : les matagi 「「「 (cf. gravure), les sanka 「「「, les voyageurs, les Aïnous, les burakumin 「「「

etc. ont ainsi trouvé un fervent défenseur de leur culture, et, ce qui est encore plus remarquable, il ont 

été traités avec une parfaite égalité par l’ethnographe. 

Nul  avant  MIYAMOTO,  à  notre  connaissance,  n’avait   fourni  une étude spécifique et  globale des 

matagi  et   des  sanka  fondée   sur   un   travail   de   terrain   systématique.   Aujourd’hui,   les   efforts   de 

MIYAMOTO paraissent  couronnés  de succès,  car  à  présent  plusieurs  chercheurs   reprennent  cette 

étude et les descendants de ces populations utilisent parfois même ses ouvrages pour retrouver une 

information perdue. 

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L’étude des  matagi,  ces populations de chasseurs (kariudo  「 「 )  pêcheurs (en rivière)  du nord de 

Honshû (région du Tôhoku, en particulier dans l’actuel département d’Iwate) et de Hokkaidô, permet 

de soulever plusieurs questions, à commencer par celle de l’origine de leur nom. MIYAMOTO retient 

l’hypothèse selon laquelle matagi désignerait au tout début la « fourche d’un arbre » [「「] utilisée dans 

plusieurs objets servant à la chasse499  par ces populations, aussi à l’aise dans la plaine que dans la 

montagne   et   /   ou   la   forêt.   Il   pourrait   être   intéressant   de   relever   ici   quelques   autres   exemples 

d’étymologie de noms de groupes humains ou de « pays » découvertes, soutenues ou confirmées par 

MIYAMOTO (on se souvient qu’il interprétait le –to de Yamato comme apparenté à tokoro (lieu)). On 

s’interrogera ensuite sur leurs origines et les processus qui ont entraîné, sinon la disparition de leur 

culture, du moins son affaiblissement500, en les comparant au groupe humain suivant. 

Dans Yama ni ikiru hitobito (1964), MIYAMOTO nous présente une deuxième communauté liée à la 

précédente,  les sanka, aujourd’hui disparus en tant que groupe (mais qui n’en ont pas moins eu une 

descendance). Au départ subdivision des matagi dont ils se séparèrent pour se consacrer aux travaux 

d’artisanat (fabrication d’outils et d’ustensiles), les  sanka, vivaient et travaillaient dans la montagne 

« à l’écart de la civilisation », alors que les matagi tendaient à s’établir dans les plaines (ce que nous 

avons personnellement pu constater lors de notre étude de terrain en Iwaté). De ce fait, ils sont bientôt 

considérés comme des hinin 「「 (non­humains), ce qui en fait les camarades d’infortune des burakumin 

「「「 (populations des hameaux), c’est à dire la classe sociale la plus basse, sorte de classe « paria » ou 

499 Yama ni ikiru hitobito, chap. IV, p. 46.500 Pour une étude récente sur les Matagi, voir notamment : NOZOE Kenji 「「「「, Matagi wo nariwai ni  shita hitotachi 「「「「「

「「「「

「「「「「「「「「, Tôkyô, Shakai hyôron­sha 「「「「「, 2006, 246 p..

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« hors classe ». Avec l’introduction de l’industrie, ils perdent le monopole de fait de la fabrication de 

certains objets et, de fait, leur « raison d’être » autant que leur prestige d’artisan. Aussi c’est pourquoi 

ils descendent alors de leur montagne pour chercher du travail en ville où le préjugé populaire les 

précède. En 1926, lors d’une de ses études de terrain portant sur les  sanka, MIYAMOTO en trouve 

une communauté à Osaka dans de grands quartiers ou ghettos (shûraku 「「) miséreux (ils se lavent dans 

le fleuve sans avoir forcément de savon, certains mendient). En 1935, il retourne dans un autre quartier 

sanka,   toujours en bordure d’un fleuve (le Yamatogawa   「 「 「 ),  et  y constate une amélioration des 

conditions d’hygiène et d’habillement : plus rien ne distingue visuellement ces populations du reste de 

la population de la région. 

La culture des  sanka,   liée d’abord à   l’artisanat de montagne, est  ensuite une culture de chasseurs  

(restes de leurs souvenirs d’anciens  matagi). Là encore, l’étymologie du nom n’est pas absolument 

certaine. Au regard des sinogrammes, Sanka 住住 signifie « demeure en trou dans la montagne ». Or cela 

ne rappelle­t­il  pas étrangement  les  tateana jûkyo  (habitations en  trou vertical  ou habitation à  sol 

creusé dans la terre) vues plus haut ? MIYAMOTO émet une hypothèse alternative, d’une origine plus 

simple :  Sanka  s’écrirait  avec  les   idéogrammes signifiant  maison –ka  住 de  la  montagne  san­   住 . 

« Sanka » est­il donc un mot réalisé à partir de caractères chinois idéographiques, ou au contraire un 

mot purement indigène sur lequel on aurait plaqué ces caractères en en altérant de fait le sens original 

(et dans ce cas, quel serait­il) ? Malheureusement, rien ne permet encore de trancher cette question.

Aujourd’hui501 (en 2008), personne ne prétend plus être « sanka » (alors qu’on peut encore trouver des 

gens évoquant avec simplicité leurs ancêtres matagi et leur pratique de la chasse « moderne »), aussi le 

terme est­il tombé en désuétude. Est­ce à dire que les Sanka sont tous morts ? Qu’on nous permette de 

nuancer une telle hypothèse. Certes, il n’existe plus de villages de montagne exclusivement composés 

d’artisans fabriquant des ustensiles et les grands regroupements de sans abris ont été disloqués et leurs 

membres disséminés502. Quelques uns de leurs descendants ont pu intégrer la société et entrer dans le 

monde du travail, certains constituant un prolétariat plus ou moins qualifié, d’autres une main d’œuvre 

pour les marchands des villes. Mais le flou persiste dans l’ensemble, personne n’osant aujourd’hui  

avouer   des   origines  sanka,   ce   serait   assimilé   par   l’homme   de   la   rue   aux  burakumin  (pourtant 

pratiquant   à   l’origine   des   métiers   différents)   et   deviendrait   source   potentielle   de   discriminations 

professionnelles.   Aucun   chiffre   fiable   ne   saurait   donc   être   avancé.   Cet   exemple   présenté   par 

MIYAMOTO montre à   la  fois un cas de déplacement de population pour cause économique, une 

501 Pour une étude actuelle de la situation des Sanka, voir notamment : YAGIRI Tomeo 「「「「 ,  Sanka minZokugaku「「「「「「「「(Ethnographie des Sanka), Tôkyô, Sakuhinsha 「「「, 2003, 302 p..502 Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas des regroupements de sans logis dans les parcs publics de  Tôkyô   ou   le   centre   ville   de   Nagoya,   notamment.   Toutefois,   on   ne   doit   pas   confondre   tous   ces individus avec  les  sanka.  La plupart  des sans­logis sont  des  individus  isolés (le plus souvent des chômeurs victimes de restructurations et abandonnés par leur famille) réunis (géographiquement) de fait, et non une communauté préexistante (cas des sanka).

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ethno­nécrologie (le récit  de la mort  de  la culture d’une ethnie),  enfin une mutation (hensen) qui 

ramène à un équilibre permettant à la communauté de survivre. 

Conscient   des   conditions   difficiles   dans   lesquelles   vivent   les   populations   en   grande   précarité, 

MIYAMOTO commence à accumuler des matériaux sur cette question, et il se trouve fin prêt pour 

répondre à l’offre qu’un éditeur vient un jour lui proposer.

­ Le Nihon zankoku monogatari (Contes cruels du Japon) est une entreprise éditoriale sans précédent 

à laquelle MIYAMOTO participe de 1959 à 1961 : la direction de la rédaction collective d’un ouvrage 

historique sur la cruauté au Japon. Difficile de dire si l’éditeur avait en tête de réaliser un « coup » 

éditorial, toujours est­il que l’ouvrage, malgré son épaisseur (cinq gros volumes), connaît un succès 

durable et lance (malgré ses auteurs semble­t­il, ou en tout cas malgré MIYAMOTO, c’est certain) la 

mode des œuvres ou la cruauté est le thème central. Les titres de livres et de films contenant le mot  

« zankoku 「「 » (cruauté) se multiplient en effet dès cette époque, OOSHIMA Nagisa 「「「 (né en 1932) 

reprenant pratiquement le titre de l’ouvrage de MIYAMOTO pour son film. 

Le livre est extrêmement critiqué aujourd’hui pour son manque de rigueur scientifique : très peu de 

références sont en effet données et on ne sait pas qui a écrit quoi parmi les rédacteurs. Les raccourcis 

historiques sont nombreux et la mise en contexte insuffisante. D’une part,   il  faut bien reconnaître 

qu’on ignore les conditions dans lesquellles s’est déroulée la rédaction de l’ouvrage et la part prise par 

chacun ainsi, par conséquent,  que le rôle exact de MIYAMOTO ; d’autre part,  il demeure que cet 

ouvrage collectif continue d’exercer un certain attrait, peut­être dû d’abord à son titre qui accroche le 

regard, évoquant un recueil de nouvelles à la manière du Konjaku monogatari­shû  住住住住住住住 (Recueil  

d’histoires qui sont maintenant du passé) ou de l’Uji shûi monogatari 住住住住住住住住 (Supplément aux contes 

d’Uji) pour citer les deux plus célèbres (qui d’ailleurs se font suite). L’ambition de MIYAMOTO était 

néanmoins à l’opposé d’une description complaisante du sadisme. Il s’agissait au contraire et, avant 

tout,   de   présenter   des   exemples   de   groupes   sociaux   « oubliés »   par   l’Histoire,   notamment   les 

burakumins503 (cf. plus haut). 

Enfin, malgré ses faiblesses indéniables, cet ouvrage continue d’être le seul consacré à la question 

d’une manière globale. 

Parmi les types de personnages étudiés dans le  Nihon zankoku monogatari, les femmes sont assez 

représentées : prostituées, bien évidemment, mais aussi ouvrières du textile, des mines, employées ou 

tout simplement jeunes épouses.

­  L’étude des femmes. A la suite de YANAGITA (Imo no chikara  住住住住住 (Le pouvoir de la sœur), 

Mainichi no kotoba  住 住 住 住 住 住 住 (Les mots de tous les jours),  Kon’in no hanashi  住 住 住 住 住 住 (Histoires 

503 Pour une étude récente des Burakumin, voir : KITA Sadakichi 「「「「 ,  Hi­sabetsu buraku toha nani  ka ?「「「「「「「「「「「(Qu’est­ce que les « Hameaux discriminés » ?), Tôkyô, Kawade shobô shinsha, 2008, 262 p..

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conjugales) etc.), MIYAMOTO apparaît aujourd’hui, sinon comme un pionnier, du moins comme un 

précurseur  des  études   féministes.  NAGAHAMA Isao   lui   reproche  de  ne  pas   leur  avoir   consacré 

suffisamment de pages504. MIYAMOTO lui­même le regrette505. Cependant, si au regard de l’œuvre 

prise dans sa globalité les essais réunis à titre posthume dans  Onna no minZoku­shi  (2001) peuvent 

paraître   marginaux,   ils   sont   néanmoins   de   la   plus   haute   importance   historique,   sociologique   et 

ethnographique. MIYAMOTO y évoque la place sociale de la femme dans le village et la famille, les  

manifestations féminines de la foi populaire, la question de la mobilité économique (dekasegi  住住住) et 

de l’apprentissage (hôkô 住住), le mariage, bien sûr, les rapports belle­fille­belle­mère et la question de la 

maltraitance non seulement des brus, mais aussi des belles­mères. Enfin, il donne des exemples de 

trajectoires individuelles (notamment un cas d’ostracisme d’une jeune femme chassée du village pour 

manque d’hygiène dans son restaurant familial) et finit par l’évocation de sa propre mère. 

Dans   ses   textes   sur   les   femmes,   MIYAMOTO   pratique   tantôt   la   classification   thématique   (les 

servantes d’auberges, les apprenties), tantôt la classification régionale (dans l’Est, dans l’Ouest, dans 

les  Ryûkyû   etc.)   et  pour  chaque  cas,   la   classification  qui  n’a  pas   été   retenue   sert   alors  de   sous 

classification.   Lorsqu’il   s’agit   de   définir   des   tendances   régionales,   MIYAMOTO   détermine   des 

ensembles régionaux culturellement cohérents (dont il n’est pas l’inventeur, mais dont il questionne et 

vérifie la pertinence) : essentiellement le Kantô, le Kansai, les Ryûkyû, Tsushima, la zone particulière 

de   la  mer   intérieure  de  Seto,  Hokkaidô.  La  plus  grande  division  en  ensembles  qu’il   reprend est 

traditionnelle : d’un côté l’ouest, marqué par une plus grande égalité hommes­femmes, avec même des 

éléments matriarcaux, et de l’autre l’est,  plus machiste, marqué  par la culture des guerriers.  Dans 

l’ouest, la femme disposait de son autonomie patrimoniale et gérait même souvent l’argent du foyer 

alors que dans l’est, le mari était le mandataire imposé de ses biens (d’où le phénomène des économies 

cachées de la femme, hesokuri(gane) 住住住住(住住) [住住住(住)]). Dans l’ouest, il était fréquent que le mari allât 

vivre dans la famille de sa femme (phénomène du muko­iri  住住住) alors que dans l’est c’était l’inverse 

(yome­iri  住 住 住 ).  De même, dans  l’ouest,   la société  paysanne autorisait  des  licences en matière de 

relations   amoureuses   impensables   dans   le   Kantô   (à   l’Est)   où   les   relations   sexuelles   n’étaient 

véritablement concevables que dans le cas du mariage ou de la prostitution. Ainsi, par exemple, la Fête 

d’Atago (Atago­sai ou Atago matsuri 住住住506) (près de Kyôto), sorte de fête des amours (libres) (rankô  

jiyû no hi 住住住住住住) où toutes les relations amoureuses étaient permises entre jeunes gens célibataires sans 

que la population y trouvât à redire507. Citons encore ce club de jeunes de Himejima  住住 dont le local 

504 NAGAHAMA Isao, Hôkô no manazashi / Miyamoto Tsuneichi no tabi to gakumon, chap. VI, 7, p. 184­188.505 Shomin no hakken (1960), « Hajime ni »「「「「「「(Avant propos), p. 3 éd. Kôdansha gakujutsu bunko.506 On notera que les sinogrammes utilisés pour transcrire ce toponyme (qui probablement à l’origine avait une autre étymplogie) signifient en japonais : « l’amour (ai 「) à sa guise (hoshii mama 「) » !507 Nihonjin wo kangaeru, deuxième entretien, p. 28.

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possédait   un   futon  géant   (de  12  jô  (nattes)  de   surface)  dans   lequel   les  membres  dormaient   tous 

ensemble, garçons et filles, également nus…

Enfin,  nous ne saurions clore  cette  présentation du   travail  de  MIYAMOTO sur   les   femmes  sans 

présenter un exemple un peu plus détaillé.

­ Les deux souches des  ama  桧 桧 .  Parmi les femmes, il est une catégorie socioprofessionnelle qui a 

retenu tout particulièrement l’attention de notre auteur. Il s’agit des ama, les pêcheuses plongeuses. Au 

départ, le mot japonais ama 「「 est unisexe et s’écrit avec les idéogrammes des gens de la mer, kaijin ama

「「

ou parfois, mais bien plus rarement dans certains textes anciens, avec le caractère chinois dàn ama

「 qui 

désignait une population du littoral des provinces du Fújiàn 「「「 et du Guăngdōng 「「「 , habitant des 

bateaux et pratiquant la pêche, victime de discrimination jusqu’à son installation à terre. En outre, on 

distingue entre les ama hommes que l’on écrit kaishi ama

「「 (hommes de la mer) et les ama femmes, ama

「「

(femmes de  la mer).  On n’est  pas sûr  de  l’origine du mot,  mais  MIYAMOTO,  avec raison nous 

semble­t­il, lui donne comme sens original « la mer » 「 qui se dit aujourd’hui umi 「「. Par la suite, vers 

la fin du Moyen Age, le mot prend le sens de « pêcheur », puis de pêcheurs plongeurs des deux sexes. 

Aujourd’hui,   les  ama  sont   exclusivement   des   femmes.   Certains   Japonais   savent   qu’autrefois, 

jusqu’avant la Seconde guerre mondiale, les  ama, hommes comme femmes, plongeaient vêtus d’un 

simple fundoshi 「「「「 [「] (sorte de pagne en tissu) appelé spécifiquement heko 「「, d’où l’apparition de 

toute  une  imagerie  érotique  pseudo­ethnographique  ou pseudo­artistique,   représentant  ces   femmes 

dénudées en Vénus des mers chasseresses… A l’époque où MIYAMOTO les observe, les temps ont 

déjà changé et les ama portent des combinaisons de plongée avec masque et tuba. Notons enfin que 

MIYAMOTO se demande si le mot « ama » n’a pas constitué la racine de toponymes en ama, comme 

Amakusa 「「 (écrit « herbes (kusa) du ciel (ama, aujourd’hui ame) »). Difficile d’avancer que le ciel et 

la mer ont la même racine, mais le rapprochement méritait d’être fait. Le Wamyô ruiju­shô  「「「「「「「

(Compendium des noms Wa selon leur famille) (934), un des premiers, sinon le premier dictionnaire 

japonais  de  mots  écrits   en   sinogrammes,   relève  de  nombreux   toponymes   comprenant  « ama »508, 

essentiellement dans la partie ouest du pays, exactement là où étaient pêchés les ormeaux (awabi  「「「

[「]), par exemple : Ama­gô 「「 (dans le département de Hiroshima), Ama­gô 「「「 sur Awaji (Hyôgo), 

Ama­gô 「「「 (en Chiba, Fukuoka, Oki, Kyôto­fu), Amata­gô 「「「 (à Tôkyô), Ooshiama­gô 「「「 (en Kyôto­

fu), Amambe­gô 「「「 (Fukui) etc..

Les ama, hommes comme femmes, ne jouaient pas qu’un rôle culinaire. Certes, les produits qu’ils ou 

elles rapportaient étaient nombreux et appréciés pour leur goût : algues diverses, poissons, mollusques 

508 Miyamoto Tsuneichi, Afurika to Ajia wo aruku, « Chejudo wo aruku : Shimpan Ama monogatari »「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「(« Marcher à Chejudo : Histoires d’ama, nouvelle édition »), p. 132.

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et   crustacés   (voire  même baleines).   Ils   tiraient   aussi   une   importance   supplémentaire  du   fait   que 

certains de ces produits  pouvaient  servir  d’intermédiaire dans les échanges,  ce qui  arrivait  encore 

jusqu’au dix­neuvième siècle, la monnaie n’ayant pas toujours été frappée en quantité suffisante pour 

permettre tous les types de transactions en usage à la campagne. Ces intermédiaires étaient appelés 

tawaramono 住住住住住 [住住] (« choses du sac »).

Ainsi, l’ormeau séché (hoshi­awabi 住住住住住 [住住住]), le concombre de mer (vidé, bouilli et séché) (iriko 住住住

[ 住 住 /   住 住 住 ]509  ou  l’aileron de requin (fuka no hire  住 住 住 住 住 [ 住 住 住 ]),  essentiellement,   furent­ils  des 

intermédiaires   fongibles   des   échanges   commerciaux   remplaçant   l’argent,   non   fongible.   Pour 

« pêcher » le concombre de mer (namako 住住住 [住住]) et les autres produits de la mer, il faut soulever les 

rochers   du   fond   marin   avant   de   harponner.   Seuls   les   professionnels   comme   les  ama  avaient   la 

connaissance et la technique nécessaires à  ce travail dangereux (nécessité  de retenir sa respiration 

longtemps et de remonter vers la surface avec les bras chargés). 

Le Livre des Wèi (Dans L’Histoire des Trois royaumes) (IIIème siècle) mentionne la présence d’ama à 

Tsushima et à Iki 住住 et le Hòu­Hàn­shū 住住住住住 (Livre des Hàn postérieurs) de FÀN Yè 住住 (398­445) va 

lui  aussi  dans ce  sens,   situant   les  ama  parmi   les  Wajin510.  Enfin,  on en  trouvait   encore  sur   l’île 

coréenne de Cheju­do où MIYAMOTO, nous l’avons dit, réalisa une étude de terrain sur ce thème. Par 

ses recherches, MIYAMOTO découvre deux souches d’ama. Une souche ancienne, nomade et mixte 

(les hommes et les femmes vivent ensemble sur le bateau, y travaillent et plongent. Et une souche plus 

récente, d’origine continentale (asiatique), introduisant la riziculture et pratiquant la division sexuelle 

du travail : les hommes à la pêche et les femmes aux champs (dan­gyo jo­kô 住住住住)511. 

Partout où les ama, à l’origine nomades, vivant sur des bateaux (ebune 住住) pour passer plus rapidement 

d’une zone de bonne pêche à une autre, s’installent à terre, ils conservent à leurs  maisons certaines 

caractéristiques de leurs bateaux d’origine : notamment une forme rectangulaire et non carrée ainsi que 

des volets s’ouvrant à la verticale (shitomido 住住) et non pas volets coulissants à l’horizontale (hikido 住住

住)512. Ces caractéristiques ont perduré sur plusieurs générations et il reste encore aujourd’hui quelques 

maisons de ce type dans les départements de Hiroshima et Yamaguchi notamment, même si à partir de 

l’époque d’Edo, de nombreuses familles d’origine  ama  sont passé à un habitat de type paysan. Ces 

reliquats d’une origine alliés à des changements inévitables dus au climat, à la sédentarisation et aux 

évolutions technologiques et de mode sont, nous apprend MIYAMOTO un trait caractéristique de la 

culture propre à la Mer intérieure de Séto513.509 MIYAMOTO orthographie le mot avec les sinogrammes suivants : 

ir iko

「「「, peut­être de façon fautive.510 Miyamoto Tsuneichi, Afurika to Ajia wo aruku, « Chejudo wo aruku : Shimpan Ama monogatari », p. 137.511 Nihon bunka no keisei, t. II, annexe, p. 266 éd. Chikuma gakugei bunko.512 Nihon bunka no keisei, t. II, annexe, p. 273­274 éd. Chikuma gakugei bunko.513 Nihon bunka no keisei, t. II, annexe, p. 274 éd. Chikuma gakugei bunko.

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MIYAMOTO   constate   aussi,   de   son   temps,   l’apparition   d’un   tourisme   du   pittoresque   littoral 

notamment à Tôjimbô 住住住 (département de Fukui) et Onjuku 住住 (département de Chiba) présentant les 

rares  ama  restantes au Japon comme d’exotiques survivances du passé.  Ces  ama  devenaient donc, 

qu’elles le veuillent ou non, des kankô ama 住住住住 (ama touristiques)514. Il observe le même phénomène à 

Cheju­do515.  Ainsi  découvre­t­on   comment  on  passe  d’une   classe   sociale   aventureuse   et   porteuse 

d’innovation (ce que permettaient notamment ses fréquents déplacements à finalité économique) à une 

profession se fixant à une tradition, qui finit par perdre sa « raison d’être » (à cause de la concurrence 

de  la  pêche  industrielle,   intensive et  massive)  pour  devenir  un archaïsme « muséifié »,  quasiment 

l’attraction d’un parc à thème.

En bref, pour MIYAMOTO, le rôle économique, alimentaire et historique joué par les  ama est bien 

plus important que ce que les sciences humaines de l’époque ont bien voulu admettre et mériterait sans 

doute que lui soit consacré un volume. Ce volume, MIYAMOTO n’aura pas le temps de l’écrire, mais 

la réunion de tous ses articles sur le sujet pourrait en tenir aisément lieu. De plus, travailler sur le 

monde des  ama,  et  sur   le  monde des  « travailleurs  de  la mer » plus généralement,  aura  permis à 

MIYAMOTO,   parallèlement   à   ses   études   concernant   les   populations   des   montagnes,   donc   des 

populations culturellement les plus « à la marge » de « la culture japonaise », de s’apercevoir de 

leur rôle historique :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「516

(« Jusqu’à   présent,   on   considérait   l’Histoire   du   strict   point   de   vue   du   continent517.   Cependant, 

l’influence de la mer étant extrêmement grande, ne devrions­nous pas nous y intéresser davantage et 

revoir l’Histoire du Japon depuis la mer ? En outre, si l’on prétend observer la Mer intérieure de Séto, 

je pense qu’on devrait tourner son regard vers la haute mer. »)

Ce changement de point de vue épistémologique tant en Histoire qu’en ethnologie constitue pour nous, 

mais aussi  pour des auteurs  japonais (notamment SASAKI Takaaki518) un des  apports majeurs de 

MIYAMOTO   à   sa   discipline,   la  minZokugaku,   ainsi   qu’à   l’ensemble   des   sciences   humaines   de 

manière générale. L’étude de la mer ne saurait se passer d’une étude des relations d’échanges avec 

l’étranger, ce qui, dans le cas de la  minZokugaku  traditionnelle depuis YANAGITA, n’avait pas été 

514 Miyamoto Tsuneichi, Afurika to Ajia wo aruku, « Chejudo wo aruku : Shimpan Ama monogatari », p. 190.515 Miyamoto Tsuneichi, Afurika to Ajia wo aruku, « Chejudo wo aruku : Shimpan Ama monogatari », p. 191.516 Nihon bunka no keisei, annexe, p. 274­275 éd. Chikuma gakugei bunko.517 Le « continent » désigne aussi bien le continent eurasiatique (Chine et Corée surtout) que l’île de Honshû, la plus grande du Japon.518 Nihon bunka no keisei, postface, p. 278 & s. éd. Chikuma gakugei bunko.

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appuyé. C’est là précisément ce que fit MIYAMOTO dans la dernière partie de sa vie de chercheur, 

consacrée presqu’entièrement à cette question de flux internationaux (d’où les voyages à l’étranger, 

enfin entrepris après un longue période de manque de confiance en lui à ce niveau, due à l’influence 

de SHIBUSAWA). 

Pour conclure, nous aimerions revenir à la question des femmes et à celle de la transmission (qui avait, 

elle, mobilisé l’énergie du jeune MIYAMOTO) en relevant que dans Nihon wo omou, MIYAMOTO 

insiste sur le fait que, statistiquement, les  denshôsha  sont le plus souvent des femmes, et là encore 

NAGAHAMA Isao déplore que MIYAMOTO n’ait justement pas présenté de  denshôsha* féminin. 

Un exemple de « transmetteuse », il faut le reconnaître, eut certainement fait  bonne figure dans la 

dernière partie de Wasurerareta Nihonjin. 

Ceci étant, tout transmetteur suppose nécessairement un interlocuteur qui reçoit la transmission, et 

parmi ces récipiendaires, ce sont les jeunes qui en ont le plus besoin, même s’ils ne sont pas forcément 

investis du devoir de la recevoir. 

La jeunesse apparaît donc logiquement elle aussi au sein des œuvres les plus diverses, et MIYAMOTO 

lui a également consacré un ouvrage spécifique, longtemps introuvable (on parlait même d’« ouvrage 

mythique ») : Mura no wakamonotachi (Les jeunes du village) (1963). Dans ce livre, il évoque aussi 

bien  la situation de baisse de moral  chronique de  la jeunesse rurale (un constat similaire que fait  

aujourd’hui Nicolas RENAHY en France à propos des jeunes ouvriers et chômeurs de la campagne) 

ou encore la place des femmes. Parti étudier la jeunesse avec enthousiasme, MIYAMOTO prend vite 

conscience de la réalité préoccupante de l’exode rural brutal et du déficit des naissances entamé dans 

les années soixante.  Ainsi   le nombre de  jeunes ruraux ayant  fait  des  études secondaires avant  de 

devenir agriculteurs passe­t­il de 450 000 en 1952 à 130 000 en 1961519. La jeunesse de la campagne, 

de retour de la guerre avec des projets pleins la tête déchante très vite devant la difficulté de la tâche, 

les dures conditions de travail et le faible niveau de vie comparés à ceux de la ville ou tout paraît plus 

facile   et   plus   attrayant.   Comme   dirait   Nicolas   RENAHY520,   il   assiste   à   « un   mouvement   de 

dévalorisation du « capital d’autochtonie »521 » chez les jeunes agriculteurs,  c’est à dire à une perte 

progressive de leur patrimoine rural comme moyen de vivre sa vie et composante identitaire. Selon 

l’analyse renahyste, que nous transposons à  la situation qui nous intéresse, en restant au pays, les 

jeunes   agriculteurs   seraient   paradoxalement   « déracinés »   chez   eux   (terminologie   de   Pierre 

519 Mura no wakamonotachi, chap. I, 7 p. 40 et postface, p. 221.520  Nicolas   RENAHY,  Les   gars   du   coin :   enquête   sur   une   jeunesse   rurale,   Paris,   Edition   La Découverte, Textes à l’appui, 2005, rééd. 2007, II, p. 108.521  « Notion   introduite  par   M.   BOZON   et   J.­C.   CHAMBOREDON   à   partir   de   l’étude   la   chasse populaire :   « L’organisation   sociale   de   la   chasse   en   France   et   la   signification   de   la   pratique », Ethnologie française, X­I, p. 65­88, 1980 » (Note de N. RENAHY).

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BOURDIEU   et   Abdelmalek   SAYAD)522,   du   fait   même   qu’ils   ne   se   sentent   plus   « chez   eux », 

justement, mais déplacés.

MIYAMOTO aura beau multiplier   les conférence d’agronomie et  prodiguer   tous  ses  conseils  aux 

jeunes exploitants et ouvriers agricoles, il ne parviendra pas à les retenir sur leurs terres. Ce sera pour 

lui l’occasion d’observer les limites de son métier et de son rôle. Dès lors, ne pouvant enrayer un 

phénomène  qui  s’inscrit  plus  généralement  dans  une  tendance  mondiale,   il  devra  se  contenter  de 

l’observer, de le décrire et tenter de l’analyser.  YANAGITA en son temps l’avait prédit et s’était 

efforcé d’y apporter des solutions (cf. plus haut chap. III, A/), mais sans succès lui aussi, faute de 

représentant politique partageant ses idées.

Mura  no  wakamonotachi  est,   avec  Mura  no  hôkai523  (L’effondrement  des  villages)   (1966­1971), 

l’ouvrage que se doivent de lire tous ceux qui accusent MIYAMOTO d’avoir une image idéalisée de la 

vie traditionnelle à la campagne. En 219 pages y sont concentrées toutes les souffrances de la jeunesse, 

qui n’ont rien à  envier à  celles du  Nihon zankoku monogatari.  Des témoignages de jeunes y sont 

fournis et commentés avec finesse, précision et compassion. 

Que ce soit   le désespoir du fils aîné  d’une famille nombreuse obligé  de reprendre la direction de 

l’exploitation   familiale   alors   que   ses   frères   et   sœurs   ont   librement   pu   choisir   leur   orientation 

professionnelle et quitter le village pour la ville524, ou le désarroi d’une jeune fille brimée elle aussi 

dans ses aspirations pour les mêmes raisons, c’est le même constat qui est fait : le jeune n’accepte plus 

les règles traditionnelles, excessivement contraignantes, qui restreignent sa liberté de choix, et ne se 

sent pas lié au village au point qu’il doive nécessairement y travailler et y résider. L’intégration dans le 

lieu d’origine n’étant plus assortie d’avantages jugés valorisants (argent, reconnaissance sociale de ses 

pairs), le jeune rural, peut­être aussi sous l’influence des images qui lui parviennent de l’extérieur, 

cherche à redéfinir son autochtonie en passant d’une autochtonie d’origine, subie, à une autochtonie de 

résidence et professionnelle, choisie. Son identité est assumée comme une construction à  laquelle il 

participe consciemment et non comme un simple héritage qu’on ne peut refuser sans se couper à la 

fois de l’histoire et du patrimoine symbolique de la famille.

Il cite aussi le cas d’un jeune homme menaçant de quitter le village si ses parents ne lui achetaient pas 

de moto525. S’engage alors tout un débat qui ne tarde par à dépasser le cadre familial et prend une 

dimension communale. La question se situe plus au niveau de la relation de la moto au village que de  

la conduite du jeune homme en tant que pilote. La moto renvoie une image différente aux villageois et 

522  Nicolas   RENAHY,  Les   gars   du   coin :   enquête   sur   une   jeunesse   rurale,   Paris,   Edition   La Découverte, Textes à l’appui, 2005, rééd. 2007, introduction p. 23.523 Mura no hôkai, OM 12, 1972, 2002.524 Mura no wakamonotachi, chap. I, 6, p. 34­36.525 Mura no hôkai, chap. I, 5, p. 49, OM 12.

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au jeune homme. Pour le jeune homme, c’est un loisir de détente véhiculant une image sportive et 

moderne,   mais   aussi   un   moyen   de   s’évader   temporairement   du   village,   géographiquement   et 

symboliquement, d’oublier pour un temps que le village n’a « pas d’avenir ». Ou plutôt, c’est la seule 

« soupape » lui permettant de décompresser et d’ainsi supporter une vie qu’il n’a pas choisie. Pour les 

villageois, au contraire, dont un certain nombre n’a jamais vu « en vrai » une telle machine (mais 

seulement en photo ou à la télévision) la moto représente une source potentielle de nuisance sonore, et 

plus encore ce qui est vécu comme la possibilité de transgresser l’une des valeurs traditionnelles du 

métier de paysan : l’assiduité au travail. L’héritier ne risque­t­il pas en effet de passer plus de temps 

sur sa moto que de raison ? Par ailleurs, dans des cas similaires, pour la sécurité de tous (des habitants, 

des pilotes et des conducteurs), il faut souvent réaménager la route, qui n’est pas faite pour des engins 

rapides, et la majorité s’oppose fermement à ce genre de dépense, sans en voir les retombées positives 

à long terme (faciliter l’accès et le transit de camions de transport de marchandises, permettant ainsi 

un développement du commerce). Face à cette réticence (qui n’est pas sans raisons) à se moderniser, 

comment s’étonner que « personne ne vienne » évaluer la situation du village ? 

OOYA Sôichi évoque, lors d’un entretien avec MIYAMOTO526, un mouvement populaire de jeunes 

qui avait pour slogan « Yobai wo yamete ôtobai 住住住住住住住住住住住住 » (« On arrête d’aller retrouver les filles la 

nuit en cachette, en échange d’une moto »). Derrière le côté comique et euphonique (rime en « ­bai »), 

ce sont plusieurs problèmes qui sont sous­jacents. La moto n’est pas souhaitée seulement pour elle­

même. Elle est à la fois instrument de libération (nous l’avons dit plus haut), objet d’échange (« nous 

arrêtons d’aller voir nos copines la nuit en échange d’une moto ») et indemnité compensatoire (du 

préjudice consistant à ne plus avoir de plaisir amoureux). Pour comprendre cela, revenons un instant  

sur la notion de « yobai  住住住 » (aller retrouver sa copine en secret, la nuit). En effet, (en dehors de la 

société   des  guerriers,  beaucoup plus   stricte   sur  ces  choses­là   en  dehors  des   relations  « licites  ou 

tolérées » : mariage, prostitution et amours homosexuelles entre gens de la classe des guerriers) il était 

de coutume de fermer les yeux sur les visites nocturnes et secrètes des jeunes gens à leur dulcinée dans 

la  mesure  où   ils   respectaient   en   retour  certaines  précautions  de  discrétion.  L’absence  d’éclairage 

électrique   (qui   faisait  qu’on  se  couchait  plus   tôt)   et   de   sécurité   dans   les  maison  explique  qu’en 

déployant un certain savoir faire, on arrivait bien souvent à ses fins. Ainsi, notamment – qu’on nous 

pardonne ce détail trivial – le jeune homme urinait­il sur la rainure de la cloison mobile (shôji 住住) pour 

la lubrifier afin d’éviter un crissement intempestif, ou encore déroulait­il sa ceinture (kaku­obi  住住) et 

s’en servait dans le couloir comme d’un tapis amortissant les éventuels grincements527 qui n’eussent 

pas   manqué   de   réveiller   le   père.   Les   jeunes   filles   qui   expérimentaient   des   relations   successives 

distinguaient parfois leurs prétendants par la couleur des chaussettes qu’elles leur offraient. Le galant 

526 Nihonjin wo kangaeru, deuxième entretien, p. 28.527 Nihonjin wo kangaeru, deuxième entretien, p. 28.

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aux   chaussettes   azur   (kon   no   kabi  住 住 住 住 )   était   sûr   d’être   jalousé…   Bref,   le  yobai  permettait 

d’expérimenter   en   secret   des   relations   amoureuses   avant   le   mariage,   et   évitait   ainsi   les   unions 

manquées.   Cela   explique   que   la   plupart   des   personnes   de   la   génération   âgée   à   l’époque   de 

MIYAMOTO avaient fait des mariages d’amour (ren’ai kekkon  住 住 住 住 ) (avec une personne qu’elles 

connaissaient déjà avant et avec laquelle elles avaient des affinités)528 plutôt que des mariages arrangés 

(miai kekkon 住住住住住) ou un mariage librement choisi, mais avec une personne qu’elles ne connaissaient  

pas suffisamment bien. Comme nous l’avons dit, avec l’électricité et le renforcement de la sécurité des 

maisons, ce genre d’expéditions nocturnes disparut, et avec lui une forme de moment privilégié de la 

sociabilité amoureuse pré­conjugale. 

Par ailleurs, tout comme aujourd’hui en France, les femmes furent statistiquement plus nombreuses à 

quitter   leur village que les hommes d’où  une masculinisation de  la profession d’agriculteur et  un 

célibat prolongé, voire permanent, et non désiré, dès les années 1970, ce qui venait encore accroître le 

désarroi d’une jeunesse rurale désormais bien solitaire529. 

Mais la ville n’est pas toujours le monde à la vie facile rêvé par ces jeunes gens, et en particulier les 

jeunes filles, dont bon nombre échouent dans le milieu du divertissement, hôtesses ou serveuses de bar 

pour celles ayant le plus de chance. MIYAMOTO put ainsi observer de son vivant un retour dans la 

région d’origine de ces  déçus de  l’exode  rural.  Nous  disons bien « dans  la  région »,  et  non « au 

village » :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

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(« Toutefois, ils ne rentrent pas directement dans le quartier de leur village natal. Ils vont dans une  

ville ou un quartier des environs. Chose intéressante, tous les six mois, un an, ils se rapprochent un peu 

plus de leur village natal. Malgré cela, ils ne rentrent pas au village­même. Quand est­ce que cela a 

commencé ? Si l’on parle du village natal, y a­t­il eu nostalgie ? besoin de se rassurer ? C’est dans cet 

état d’esprit qu’ils ont involontairement engagé leur marche [du retour], mais ce disant, une fois partis,  

ils ne devaient pas revenir facilement. »)

Comment  expliquer  ce   retour  graduel  vers   le  centre  d’où   ils   sont  partis ?  MIYAMOTO nous dit 

pourquoi, selon lui, ils reviennent, mais il n’explique pas pourquoi ce retour n’est pas direct. Le retour  

s’explique par la « mélancolie du pays natal », kyôshû 住住, ou la « nostalgie du pays natal », kaikyô 住住531, 

528 Exemple d’Arikawa 「「, dans l’Ouest, archipel des Cinq îles (Gotô rettô 「「「「). Nihonjin wo kangaeru, deuxième entretien, p. 29.529  Il  arriva même à  MIYAMOTO,  une fois  entré  dans  une  relation de confiance avec de  jeunes agriculteurs   d’une   île   éloignée,   de   se   voir   demander   s’il   ne   connaîtrait   pas   des   jeunes   filles disponibles, étant un homme de la ville.530 Nihonjin wo kangaeru, troisième entretien, p. 47­48.531 Plus prosaïquement, on pourrait parler de « mal du pays » (hômushikku 「「「「「「).

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deux notions voisines particulièrement évoquées en littérature et dans les Nihonjin­ron. Mais quant à 

cette réticence à un retour direct au lieu d’origine, on peut s’interroger. Ne s’agirait­il pas d’une lutte 

de ces jeunes avec eux­mêmes, tiraillés entre d’une part le besoin de revoir leur village et leur famille 

(à cause de leur mélancolie), de se « ressourcer », et d’autre part la honte d’avoir « échoué » (ou en 

tout cas d’avoir vécu leur expérience comme un échec) tout en devant subir le regard de ceux qui sont 

restés ainsi que les réflexions culpabilisantes des parents : « Je te l’avais dit, mais tu n’as pas voulu 

m’écouter. Il faut toujours que tu en fasses à ta tête » ? 

Quoi   qu’il   en   soit,   MIYAMOTO   voit   dans   la   souffrance   des   jeunes   ruraux   de   son   époque   un 

phénomène collectif qui dépasse les trajectoires individuelles :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「532

(« Les jeunes ont une fixation [dans l’espace local] faible, pourtant ils sont d’une sensibilité des plus 

extrêmes aux mouvements des temps, et l’on peut dire que la souffrance angoissée (kumon) des jeunes 

est en même temps celle du village. »)

L’ethnographe comprend et soutient ces jeunes prêts à quitter leur village natal à la recherche d’un 

« mieux vivre » ailleurs, où ils seraient davantage « à leur place ». Il estime qu’il faut parfois savoir 

leur accorder une certaine marge de manœuvre – un « quant à soi », comme dirait Nicolas RENAHY – 

et tolérer certaines pratiques festives qui pourraient un peu embarrasser les adultes 533. C’est le prix à 

payer pour les retenir. Et peut­être les générations de leurs grands­parents et les précédentes en ont­

elles   bénéficié   davantage,   grâce   aux   coutumes   que   leurs   petits   enfants   n’ont   pas   connu,   et   qui 

accordait aux jeunes de cette époque une marge de liberté tolérée car inscrite dans un schéma précis, 

accepté de tous, délimité et encadré (fêtes traditionnelles, groupes formalisés et officiels de jeunes, 

yobai etc.).

Mura no wakamonotachi, bien qu’il commence par un message d’espoir qui a tout l’air d’un vœu 

pieux, est le livre du doute. L’ethnographe en vient à se demander si l’ordre rural si longtemps en 

vigueur au Japon, une fois menacé de l’extérieur par la ville dévorante et attirante en même temps, ne 

s’avérera pas, au final, incapable de résister et n’aura, de ce fait, plus lieu d’être. MIYAMOTO ne peut 

se résoudre à l’accepter et clôt  l’ouvrage en renouvelant son espoir de voir les choses s’améliorer 

grâce à l’énergie de la jeunesse. Il est trop tard, pourtant, dans l’esprit du lecteur attentif. L’équilibre a 

été rompu et le hensen l’a temporairement emporté jusqu’à la création de nouvelles coutumes de vie. 

L’interprétation miyamotienne, et japonaise en général, est que toute rupture d’un équilibre entraîne 

une souffrance (probable résurgence du bouddhisme). La logique de la « table rase » est tout à fait à 

l’opposé de ce que MIYAMOTO considère comme le bien, le bon et le juste. 

532 Mura no wakamonotachi, chap. I, 7, p. 42.533 Mura no hôkai, chap. I, 5, p. 50, OM 12.

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Pour finir, il reprendra la question de l’échec des politiques économiques agricoles et de l’exode rural 

dans   les  articles   formant  Mura  no hôkai  qui   s’adressent  avant   tout   aux   jeunes  agriculteurs  qu’il 

interpelle et appelle « shokun  住住 (Messieurs, jeunes gens) ». Et la conclusion du livre ne feindra plus 

l’optimisme : 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「534

(« Quoi qu’il en soit, l’agriculture et les villages ruraux dont je rêvais ne sont pas nés. (…) Au final, 

on  peut  prévoir  que  n’ayant  pu  sortir  d’une agriculture  assujettie,   les  villages   ruraux eux­mêmes 

devraient perdre complètement leur fonction (de corps) communautaire (kyôdô­tai) ».)

Mais les villages ne perdent pas seulement « leur fonction de corps communautaire », ils perdent aussi, 

comme on l’a vu, leur population, ce qui est très préoccupant dans les petites îles dont certaines se 

retrouvent   peuplées   d’une   poignée   de   personnes   âgées   voire   complètement   inhabitées   (ainsi   à 

Okikamurojima 住住住住 – ville voisine de Suô Ooshima – où il n’y a qu’un seul jeune, de 35 ans, et où la 

moyenne d’âge de la population est de 70 ans). MIYAMOTO envisage plusieurs expérimentations à 

tenter, certaines avec le soutien de l’Etat. Il souscrit par exemple à la proposition de l’essayiste OOYA 

Sôichi 住住住住 (1900­1970) consistant à donner leur indépendance à ces îles, qui deviendraient alors des 

micro­Etats, sur le modèle européen (Monaco, San Marino, Lichtenstein etc.)535  et pourraient attirer 

des migrants par une gestion originale de leurs ressources ou leur fiscalité.  Mais cette proposition 

suscite   le   rejet   des   populations   autochtones,   craignant   alors   une   invasion   (armée)   japonaise536. 

Pourtant, OOYA et MIYAMOTO estiment au contraire que cela contribuerait durablement à instaurer 

la paix dans la région, surtout si la Corée faisait de même avec Cheju­do537. Peut­être les deux auteurs 

oubliaient­ils l’aspect géo­politique fondamental que représente la possession d’eaux territoriales, que 

les  îles qu’elles entourent  soient peuplées ou non : simples zones de pêche exclusives, mais aussi 

forages pétroliers, voire installation de batteries de missiles pointées vers la Corée du Nord… 

La capacité d’anticipation de MIYAMOTO, que les événements n’ont pas démentie, lui vient de la 

qualité de ses observations et d’une logique pleine de bon sens. Toutefois, cette objectivité, souvent 

pessimiste,  entre  en contradiction avec ses aspirations profondes et  son désir  d’empêcher  un plus 

grand mal, désir qui trouve nécessairement son point d’application dans l’enseignement et à travers la 

grande question de l’éducation.

C’est   dès   l’enfance   que   l’éducation   doit   se   faire.   MIYAMOTO   émet   de   sérieuses   réserves 

concernant l’éducation laxiste qu’il voit se mettre en place après la guerre dans un pays en adoration 

534 Mura no hôkai, Atogaki 「「「「 (Postface), OM 12, p. 333.535 Nihonjin wo kangaeru, deuxième entretien (« "Yobai" koso saikô no kekkon kyôiku » 「 「「「「 「「「「「≪ ≫「「「「「), p. 24.536 Nihonjin wo kangaeru, deuxième entretien, p. 25.537 Nihonjin wo kangaeru, deuxième entretien, p. 26.

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devant ses enfants, moins nombreux et plus gâtés qu’autrefois. Rappelons qu’il connut l’éducation 

traditionnelle   (à   laquelle   il   consacra  Kakyô   no  oshie  (1943))   que   lui   prodiguèrent   un  grand­père 

affectueux   et   savant   qu’il   respectait   profondément   (détenteur   d’un   capital   de   connaissances 

professionnelles, mais aussi folkloriques et d’une compétence en kendô, ce qui en faisait une sorte de 

membre de l’« élite paysanne ») et un père qu’il respectait tout autant mais craignait (possédant, lui, 

une expérience de voyageur et d’expatrié tout aussi valorisante, bien que n’ayant pas rapporté l’argent 

escompté et ayant été vécue par l’intéressé comme un échec). Ce qu’il faut, c’est certes transmettre 

aux enfants des informations, mais c’est aussi leur expliquer le pourquoi de la façon de fonctionner de 

la société, tout en leur inculquant par la discipline538 le respect des aînés sans pour autant éliminer les 

affrontements (tôsô  住住) et les luttes (tatakai  住住住住 [住住]) intra­familiaux. Il ne s’agit pas de laisser les 

enfants vitupérer contre leurs parents qui essaieraient de crier plus fort, mais de permettre un échange 

d’idées auxquelles on ne renoncerait pas par simple faiblesse. Le culte de l’enfant roi, gâté dès son 

plus   jeune   âge,   est   pour   MIYAMOTO   une   catastrophe   autant   morale   qu’intellectuelle,   car   elle 

dispense l’enfant d’avoir à former un raisonnement argumenté pour obtenir ce qu’il veut. Il n’a qu’à 

exiger, et sa mère le satisfera ou tentera de l’apaiser en l’amadouant, le père (rarement présent au 

foyer)   ayant   le   plus   souvent   renoncé  à   son   rôle  d’autorité   de   référence   au  profit  d’une   fonction 

purement économique, du moins dans les villes. 

Pour MIYAMOTO, la famille est la clé  de tout.  Elle est même la clef de voûte de l’organisation 

économique du pays. Cette théorie de MIYAMOTO, unique, explique que le fait pour les grandes 

entreprises de recourir pour des commandes ponctuelles à la sous­traitance auprès de PME prend sa 

source directement dans l’organisation des exploitations agricoles autour d’une famille539, avant d’être 

un  groupement   d’étrangers.  Le   Japon,   du   fait   de   sa  géographie   et   de   son  Histoire   (les   surfaces 

cultivables sont étroites et morcelées) a vu apparaître peu de grandes exploitations agricoles. Rien de 

comparable avec ce qui se voit aux Etats­Unis ou en Europe. Cette structure familiale des petites  

exploitations   agricoles   fut   ensuite   naturellement   adaptée   aux   secteurs   secondaire   et   tertiaire   des 

marchands.   C’est   un  cas   unique   parmi   les   pays   développés,   remarque   MIYAMOTO540,   et   cela 

constitue  un   trait   important   de   l’identité   professionnelle  des   Japonais.  Parmi   ses   caractéristiques, 

notons   que   cette   forme   d’organisation   permet   de   juguler   tout   mouvement   de   grève   efficace   et 

d’empêcher un syndicalisme puissant, car il suffit à l’entreprise cliente de taille supérieure de menacer 

son   sous­traitant  de  ne  plus   faire  appel  à   lui  pour  exercer  une  pression   suffisante   lui  permettant 

d’obtenir des tarifs plus bas. MIYAMOTO n’aura pas eu le temps de voir le problème grave posé à la 

538 MIYAMOTO indique qu’il n’a jamais été frappé au visage, mais qu’il a reçu quelques fessées qui lui ont été profitables. Nihon bunka no keisei, t. II, chap. VIII, questions, p. 140 éd. Chikuma gakugei bunko (conférence du 3 avril 1980).539 Nihon bunka no keisei, t. II, annexe, p. 245 éd. Chikuma gakugei bunko.540 Nihon bunka no keisei, t. II, annexe, p. 244 éd. Chikuma gakugei bunko.

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sécurité de l’emploi des travailleurs aussi bien au Japon qu’en France : les délocalisations industrielles 

et agricoles… 

­ Nous parlions de l’éducation des enfants mais nous ne saurions terminer cette étude sans évoquer la 

question,  qui nous semble liée, de  la morale de la  minZokugaku  (ou en tout cas de la morale que 

tente  de   fournir   la  minZokugaku) :  Comme MIYAMOTO vient   de   l’avouer  dans   les  phrases  qui 

précèdent,   il   a(vait)   un   rêve,   et   c’est   cet   idéal   qui   le   poussait   à   pratiquer  une   science   active   et 

impliquée  dans   la  vie  de  la  société   rurale.  SANO Shin’ichi  dit  bien  que  les  dernières  années  de 

MYAMOTO furent   consacrées  à   son  activité   de  pédagogue   social   (shakai  kyôikusha  住 住 住 住 住 )541. 

MIYAMOTO va donc aussi loin que le pragmatique YANAGITA qui avait compris que pour que le 

peuple soit psychologiquement stable542, respecte la loi et soit productif, il lui faut une morale que seul 

le  shintô  du  lieu d’origine cautionne543.  La peur  de mal  faire  lorsqu’on est   épié  par   l’ujigami  (la 

divinité tutélaire) qui nous connaît nous et toute notre famille depuis la nuit des temps est plus efficace  

que   la   morale   des   causes   et   des   effets   du   bouddhisme,   plus   intellectuelle   et   renvoyant   à   la 

responsabilité  de chacun dans son karma544.  La différence à  ce niveau entre MIYAMOTO et  son 

maître   est   le   champ   d’action   choisi   par   chacun   pour   œuvrer :   les   essais   d’agro­politique   pour 

YANAGITA (qui   finit  par  abandonner  ce  domaine)  et   la   formation  des  populations   rurales  pour 

MIYAMOTO.   Et   sans   aller   jusqu’à   dire   que   la   fin   justifie   les   moyens,   on   peut   tout   de   même 

remarquer la passion avec laquelle MIYAMOTO instruisait ses auditeurs, allant parfois jusqu’à les 

bousculer (verbalement) sans doute pour les pousser à (ré)agir545, car l’heure était à l’action urgente (et 

l’est   toujours,   d’autant   plus   que   la   situation   semble   s’être   aggravée,   économiquement   et 

démographiquement) :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

(« Si c’est comme ça, ce village va finir par s’effondrer ! »)

disait­il parfois dans ses emportements contre les villageois défaitistes qu’il rencontrait lors de ses 

conférences ou de ses études et qui le sollicitaient comme un dernier espoir pour les sauver de la pente  

qui les menait tout droit à la faillite et à la reconversion dans un autre secteur d’activité. Il ne supporte 

pas le fatalisme de ceux qui se plaignent sans avoir tout tenté pour changer les choses :

541 SANO Shin’ichi, Miyamoto Tsuneichi no manazashi, chap. I, 4, p. 39.542 Et évite ainsi d’attenter à ses jours par simple « mal être », problème qui n’a jamais été aussi grave qu’actuellement.543 KAWADA Minoru 「「「, Yanagita Kunio no shisô­teki kenkyû, Tôkyô, 1997.544  C’est d’ailleurs parce que cette dernière était  d’ailleurs tellement angoissante pour les Japonais qu’une doctrine comme celle du Jôdo­shû 「「「 et plus encore du Jôdo­shinshû 「「「「, l’amidisme, a pu se développer, d’après laquelle il suffit de s’en remettre au bodhisattva Amitabha par la récitation d’une phrase transcrite du sanscrit (nembutsu 「「), pour être sauvé et aller au « paradis de l’Ouest ».545 SANO Shin’ichi, Miyamoto Tsuneichi no manazashi, chap. I, 9, p. 55.

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「546

(« Savoir se résoudre [à la fatalité] en début d’année est également important, mais élaborer un projet 

d’entreprise,   se   préparer   en   début   d’année   à   ce   projet   pour   l’année   civile   et   faire   son   examen 

rétrospectif d’année en année et se jurer de surmonter les difficultés du projet ne devient­il pas plus 

important ? »)

Il faut aussi savoir demander de l’aide aux bonnes personnes :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「547

(« Dans le cas où ce projet ne concerne pas seulement son propre groupe, ne peuvent­ils pas demander 

la participation et l’assistance de camarades de l’extérieur et faire circuler les informations dans les 

deux sens ? »)

Il s’agit donc de réhabiliter ou de créer, le cas échéant, une solidarité, une entraide (sôgo fujo  住住住住 ) 

seule à même de venir à bout des difficultés qui paraissent insurmontable. Les groupes voisins sont 

donc   à   privilégier   dans   ce   mouvement   que   nous   pourrions   appeler   un   « élargissement 

d’autochtonie ». Et il donne un exemple de réussite avec les îles au large d’Onomichi   住 住 dont les 

groupes   sont   parvenus   à   s’entendre   pour   créer   ensemble   un   projet   agricole   intégrant   plusieurs 

communes et tournant autour de l’exploitation de la mandarine548.

Pour parvenir à réactiver l’autochtonie, on peut avec profit s’appuyer sur des structures et institutions 

existantes ou disparues mais à   réhabiliter,  ou bien en créer de toute pièce.  A titre d’exemple,   les 

anciennes maisons des jeunes (wakamono yado   住 住 住 ) qui peuvent servir à renforcer des solidarités 

générationnelles et organiser les rites de passage autour de réunions à la fois ritualisées et festives. En 

cas de problème quelconque, la maison en question peut aussi servir de refuge à un jeune membre du 

groupe ou d’un groupe ami549.

L’idéal d’édification auquel doit aboutir la discipline – et auquel concourt l’activité d’enseignant et 

de conférencier de MIYAMOTO, notamment avec la Kyôdo daigaku (Université du terroir) – semble 

résider dans un dépassement de la rationalité qui, archétypique de la « pensée japonaise » (catégorie 

culturellement construite, nous en sommes conscient), chercherait les fondements d’une psychologie 

collective   (émotionnelle)   reposant   sur  des  codes   culturels   hérités  d’une  Histoire   commune.  Et   là 

encore, le but est moral. 

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「550

546 Mura no hôkai, chap. I, (2,1), p. 24, OM 12.547 Mura no hôkai, chap. I, (2,1), p. 25, OM 12.548 Mura no hôkai, chap. I, (2,2), p. 26, OM 12.549 Mura no hôkai, chap. I, (2), p. 28, OM 12.

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(« Nous aimerions découvrir une psychologie commune de ce genre qui nous convienne et, suivant 

cette psychologie, essayer de construire un « lieu de vie (yo no naka) » qui irait de l’avant, voilà ce 

que je pense ».)

Car   c’est   la   compréhension  de   ces  mécanismes  psychologiques   sociaux  qui,   pour  MIYAMOTO, 

permettrait d’accompagner une recherche plus générale du sens des choses qui nous entourent, dans 

une quête d’amélioration morale collective. Ainsi, nous dit MIYAMOTO :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「551

(« L’excellence   des   Japonais   est   notre   excellence.   Il   faut   que   mon   excellence   soit   celle   de   la 

psychologie de la vie quotidienne qui nous entoure. Si l’on observe notre entourage à partir de cette 

prise de conscience, il n’y a rien d’anodin dans une maison, un vêtement ou même, à plus forte raison, 

une pâture (esa ichi­wan). Fournir une objectivité à ces choses et chercher à mettre en lumière la vie 

psychologique passée du petit peuple japonais, voilà ce qu’est la minZokugaku du Japon. »)

Ce texte a le mérite de parler à la fois « des Japonais » (aspect identitaire et représentation de soi), de 

leur « excellence » (aspect moral et idéal), de leur « vie quotidienne » (aspect ethnographique), et de 

leur environnement matériel (les mingu), mais aussi d’énoncer deux des disciplines mises à disposition 

de   l’ethnologue   dans   sa   démarche   explicative :   l’Histoire   et   la   psychologie   sociale.   Cela   rejoint 

complètement les Nihonjin­ron, la contextualisation poussée en plus (cf. plus haut). 

Connaître les choses et les hommes, ce qui nous concerne, mais aussi les autres. Connaître son village, 

mais aussi connaître le village voisin, la ville voisine, la région voisine, etc., jusqu’au pays lointain,  

voilà qui  permet à la fois de se respecter, et de respecter les autres :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「552

(« Pour nous, la chose la plus importante réside d’abord dans la nécessité de connaître l’Homme. Si 

l’Homme ignore  l’Homme,  le « respect  humain » disparaît.  Plus  important  encore,  en comprenant 

l’autre, on doit [pouvoir] se connaître « soi­même ». Lorsqu’on comprend ce que l’on appelle « soi­

550 « Sado no seinen ni nozomu »「「「「「「「「「「(« Espérer dans les jeunes gens de Sado »), in « Seikatsu wo yoku suru tame no doryoku »「「「「「「「「「「「「「「(« Efforts afin d’améliorer la vie quotidienne), in Mura no Hôkai, OM 12, p. 16.551 « Nihon minZokugaku no hanashi »「「「「「「「「「 , in  Dôshi dôkô  「「「「「「 , 8ème vol., n°4, Shôwa XIV (1939),  cité  dans  Minyamoto Tsuneichi  no densetsu,  chap.  9,  p.  216.  Attention toutefois à  ne pas surévaluer l’importance de ce court texte de 1939 que MIYAMOTO a jugé bon de ne pas republier.  Mais derrière son lyrisme patriotique peut­être un peu « daté » se révèle la sensibilité de l’homme de lettre tout autant que du moraliste.552 « Sado no seinen ni nozomu », in « Seikatsu wo yoku suru tame no doryoku », in Mura no Hôkai, OM 12, p. 14.

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même »,   se   fait   jour   un   sentiment   d’amour   propre   (jibun  wo  daiji   ni   suru).   Quant   au   « respect 

humain », il faut qu’il s’agisse en même temps d’un respect de soi ».)

C’est sur ces mots que nous clôturerons cette présentation de l’œuvre de MIYAMOTO Tsunéichi, qui 

rappellent   que   l’ethnographie  du   folklore,   à   l’origine  étude  du  microcosme,   est   aussi,   sinon  une 

philosophie,  du moins  une  sagesse en quête  permanente  de sens  et  à   la   recherche d’une morale, 

premier pas vers une conscience humaniste de l’universel. 

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Conclusion : « Un monde nommé MIYAMOTO 

Tsunéichi »553

On  l’aura  compris,  de   la  nation  de  YANAGITA au  peuple  de  MIYAMOTO (pour   reprendre 

l’expression de KOMINO Shunsuké 住住住住 554), c’est un regard nouveau qui pénètre dans l’univers des 

sciences  humaines  au   Japon  (I).   Il   sera   suivi   peu   de   temps   après  par  AMINO  qui  opèrera   une 

révolution   comparable   en   Histoire.   SANO   Shin’ichi   avait   raison   de   qualifier   MIYOMOTO   de 

« géant »555, car ce qu’il a réalisé était proprement surhumain, à la fois en termes de travail de terrain 

(les   longues   marches…)   et   de   rédaction   (les   deux­cents   volumes).   Ses   continuateurs   font   vivre 

aujourd’hui la science qu’il contribua à élargir (II).

I De l’étude du folklore à l’appel pour un réveil des consciences

MIYAMOTO était  parti,   rappelons­le,   recueillir  des   témoignages  de  personnes  âgées  dans   les 

villages ruraux de son île. Il en est venu rapidement à questionner le « folklore » et, à partir de cette 

étude,   à   rayonner   géographiquement   et   épistémologiquement   afin   de   trouver   un   point   de   vue 

globalisant,   un   « système »,   mais  assez  peu   conceptuel,   historique   autant   qu’ethnographique, 

permettant de poser les questions les plus à même de cerner ce que d’autres après lui appelleront 

« l’identité japonaise ». 

Nous  avons  par  ailleurs  essayé   de  montrer  que   les   intentions  qui   le  guidaient  plus  ou  moins 

consciemment dans son œuvre n’étaient pas dépourvues de visées morales, voire édifiantes. Peut­on 

alors aller jusqu’à dire que MIYAMOTO était aussi un moraliste ? La lecture des écrits tardifs, par 

exemple de ses journaux de voyage, peut laisser entrevoir (mais entrevoir seulement) un tournant dans 

son approche, plus marquée ici par l’aspect international et le comparatisme. Pourtant le passage des 

553 Nous reprenons ici le titre du l’ouvrage de SATAO Shinsaku 「「「「「, 2004.554 Cité par NAGAHAMA Isao 「「「, Hôkô no manazashi – Miyamoto Tsuneichi no tabi to gakumon「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (Regard d’errance – Les yoyages et la science de Miyamoto Tsunéichi), Tôkyô, Akashi shobô, 1995, 249 p., préface p. 14. 555 Dans ses deux ouvrages :  Tabi suru kyojin : Miyamoto Tsuneichi to Shibusawa Keizô「「「「「「「「「「「「「「「「「(Des géants qui voyageaient : Miyamoto Tsunéichi et Shibusawa Keizô), Tôkyô, NHK shuppan, 2001, rééd. 2002 ; et  Tabi suru kyojin Miyamoto Tsuneichi : Nippon no kioku 「「「「「「「「「「 「「「「「「 「「「(Miyamoto Tsunéichi, le géant qui voyageait : souvenirs du Japon), Kôbé, Mizunowa shuppan, 2006, 265 p..

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frontières (ekkyô  「「) n’a pas effacé les frontières. L’autre reste autre, mais cet autre est plus proche 

qu’avant. L’œuvre miyamotienne nous apprend que les frontières sont mobiles, qu’elles suivent les 

peuples   qui   les   créent,   les   déplacent   et   les   suppriment   au   fil   de   l’Histoire   et   des   évolutions 

géophysiques   tout   autant   que   culturelles.   Les   constructions   identitaires   et   les   discours   qu’elles 

produisent  sont  autant  éclairés  de   l’intérieur   (par   leurs  concepteurs)  que  de   l’extérieur   (par   leurs 

commentateurs). On peut noter que ce comparatisme n’est pas sans provoquer des chocs, voire un 

certain désenchantement (passager dans le cas de MIYAMOTO). Sans sombrer le moins du monde 

dans   l’amertume   et   la   raillerie   quelquefois   perceptible   chez   l’auteur   de  Tristes   tropiques, 

MIYAMOTO prend néanmoins conscience que quelque chose s’est passé dans son pays depuis la fin 

de la guerre, un processus qui était en marche auparavant, mais que la guerre et la reconstruction ont 

hâté :   le   passage   d’une   société   d’auto­producteurs   à   une   société   d’économie   tertiaire   fondée   sur 

l’hyper­consommation de masse. Avec la perte de la terre, les Japonais perdaient leurs coutumes et  

une grande part de leur système de valeurs qui donnait sens au shintô, lequel cautionnait la morale 

(MIYAMOTO est d’accord avec YANAGITA sur ce point). En d’autres termes, les Japonais sont dans 

un processus d’« amoralisation » matérialiste.   Il  est   trop tard pour MIYAMOTO : il  n’aura pas  le 

temps  de   formuler   ce  qu’il   n’aura   fait   que  pressentir   de   façon  encore   floue.  Ses  découvertes   et 

l’embryon   de   synthèse   entrepris   par   son   dernier   essai   (Nihon   bunka   no   keisei)   devront   attendre 

d’hypothétiques continuateurs. Conscient de l’immensité de la tâche qu’il s’était fixée, et – c’est peut­

être plus admirable encore – conscient du fait qu’elle ne pourrait pas être menée à bien par lui seul, 

MIYAMOTO s’était, dès la seconde moitié de sa vie, attaché à former des « continuateurs » plutôt que 

des  disciples.  Des   esprits   libres   à   qui   il   apprenait  à   privilégier   l’expérimentation  et   l’expérience 

directe, dans la mesure du possible bien entendu, plutôt que les livres des autres. Cette formation se fit 

d’abord dans un cadre non institutionnel au cours des recherches de terrain menées en équipe, puis à 

l’Université des beaux arts de Musashino dans le cadre de son cours d’ethnologie. La fondation de 

l’Université du terroir (Kyôdo daigaku 「「「「) sera le pont jeté vers l’avenir par MIYAMOTO puisqu’il 

décèdera après seulement huit séances de cours magistraux. 

Nous avons aussi vu que les pseudo­polémiques touchant à l’aspect méthodologique de son œuvre 

ou   à   son   prétendu   engagement   politique   du   côté   des   impérialistes   relevaient   soit   d’attaques 

personnelles, soit de critiques qui étaient disqualifiées puisqu’elles mettaient en cause MIYAMOTO 

en   tant  qu’anthropologue,   ce  qu’il  n’était  ni  ne  prétendait  être.  La   seule  critique  qui  puisse  être 

retenue, encore qu’elle dépende de la conception que chacun se fait d’un savant de façon générale, 

concerne   l’engagement   de   MIYAMOTO   en   faveur   des   populations   rurales   qu’il   étudiait. 

L’engagement suppose­t­il nécessairement un manque de neutralité, voire un aveuglement quant aux 

réalités à observer ? Pas nécessairement selon nous. MIYAMOTO n’a jamais cherché à traverstir les 

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faits, et les a présentés avec la même sincérité que ses impressions ou ses souhaits. Du reste, malgré 

son activitée engagée, il était lui­même bien conscient des limites de son action en tant qu’individu. 

Par ses activités de conférencier  (et  de formateur en agronomie et en entreprenariat rural) tout 

autant que d’auteur (pour des revues spécialisées ou pour des articles touchant le grand public), le 

message  qu’il   cherchait  à   transmettre  était   clair   et   simple :  observer   les  choses  et   les  gens  avec 

attention, du plus proche au plus éloigné, chercher à les comprendre et se faire son opinion par soi­

même, afin d’agir dans son intérêt, mais aussi celui de la communauté, en connaissant et respectant les 

prédécesseurs.

MIYAMOTO était ainsi un précurseur de la lutte contre la désertification, mais il était aussi un 

pionnier de  la conscience écologique,  connaissant  parfaitement  les écosystèmes et  cherchant à   les 

préserver. Aujourd’hui, de nombreux scientifiques, procédant des « sciences dures » autant que des 

sciences humaines  n’hésitent  pas à   s’engager  pour des  causes  auxquelles  leurs  recherches  les  ont 

sensibilisés ou leur ont donné les informations nécessaires pour faire des choix plus éclairés dans le 

domaine de la vie sociale et politique. Dans le cas de MIYAMOTO, c’est ce que Pascal DIBIE appelle 

l’« ethnologie d’intervention »556, discipline qu’il pratique d’ailleurs lui­même. 

II La relève et la postérité

A/ MIYAMOTO et la relève

1) MIYAMOTO pédagogueMIYAMOTO, tout comme les philosophes grecs, enseignait par le dialogue. Un de ses disciples, le  

minZokugakusha et poète KANDA Mikio 「「「「「 raconte que :

「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「557

(« Ce   professeur   n’avait   pas   du   tout   une   attitude   du   genre :   « Je   vais   enseigner,   je   vais   vous 

apprendre » ; c’était une personne qui nous instruisait tout en nous faisant une sorte de conversation 

ordinaire ».)

D’ailleurs, il appelait ses disciples les « jeunes camarades » (wakai nakamatachi 住住住住住住)558.

556  Pascal DIBIE, « Le retour à soi », Postface à la réédition de  Le village retrouvé  (Paris, Bernard Grasset, 1979) en poche chez L’aube, s.l., 1995 (réimp. 2005), p. 252.557 In SATO Shinsaku, Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, 3ème entretien, p. 86­87.558 Propos de MORIMOTO Takashi 「「「, professeur à la Suisan daigakkô 「「「「「 (Université des produits halieutiques), in SATAO Shinsaku, op. cit., p. 30­31.

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「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「559

(« « Ecris d’abord ce que tu as vu et entendu ! », disait­il souvent ».)

C’était en effet son mot d’ordre. Il défendait aussi à ses disciples les solutions de facilité comme les 

expressions toutes faites empruntées à la « littérature grise »560 ou à leurs professeurs. Enfin, en toute 

circonstance il leur recommandait d’écrire avec leurs mots561  et  la plus grande honnêteté (toujours 

nommer   son   informateur562,   sauf   refus   de   sa   part),   quitte   à   avouer   leur   incompréhension   des 

phénomènes et objets observés.

Nombreux sont  aujourd’hui  les  minZokugakusha  à  assumer cet héritage. Citons  les auteurs qui 

nous apparaissent comme les plus marquants.

2) Les continuateurs de MIYAMOTO

S’il ne fut pas son élève, TANIGAWA Ken’ichi  宮宮宮宮 (né en 1921) n’en reçut pas moins la forte 

influence de MIYAMOTO avec qui il eut même la chance de s’entretenir. Son œuvre, certes moins 

monumentale, comporte cependant de nombreux et forts volumes qui n’ont rien à envier à ceux de 

SUGAE Masumi ou SHIBUSAWA Keizô. Comme ORIKUCHI Shinobu dont il peut évoquer plus ou 

moins la manière, cet auteur est autant essayiste qu’ethnologue – voire anthropologue, et s’intéresse 

davantage à l’abstraction que son maître. Il est connu pour avoir offert la première étude globale sur la 

notion traditionnelle d’« autre monde » (tokoyo 住住)563 au Japon. Ses sujets d’études sont notamment la 

mythologie et les femmes. En simplifiant à l’excès, on pourrait dire qu’il s’agit d’un mélange moderne 

de MIYAMOTO et d’ORIKUCHI.

559 In SATO Shinsaku, Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, 3ème entretien, p. 87.560  「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (« N’utilise pas les mots des gens que tu as entendu dire bureaucratiquement : « On dit ceci et cela » ! »), cité par SUZUKI Yûji  「「「「 (Chef de la section de recherche du Nihon ritô sentâ 「「「「「「「「 (Centre des Iles éloignées), in SATAO Shinsaku, op cit., 10ème 

entretien, p. 236.561 「「「「「「「「「「「「「「「「「(« Parlez avec vos propres mots ! »), cité par SUZUKI Yûji in SATAO, Miyamoto Tsuniechi to iu sekai, p. 236.562 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (« Le professeur, lorsqu’il voyait qu’on avait écrit « l’informateur »   (washa)   se   mettait   en   colère :   « Qu’est­ce   que   c’est   que   ça ?!   C’est irrespectueux ! » »), cité par SUTÔ Mamoru in SATAO Shinsaku, Miyamoto Tsuneichi to iu sekai, p. 230.563 Tokoyo­ron – Nihonjin no tamashii no yukue 「「「「「「「「「「「「「「「「「 (De l’autre monde – Là où vont les âmes des Japonais), Tôkyô, Heibonsha, 1983, rééd. Kôdansha gakujutsu bunko, 1989, 286 p..

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Plus proches des thèmes de MIYAMOTO mais moins « hommes de terrain » que lui,  FUKUDA 

Ajio 宮宮宮宮宮 (né en 1941) (image de gauche) et MIYATA Noboru 宮宮宮564 (1936­2000) (image de droite) 

dominent la minZokugaku actuelle par un nombre impressionnant de publications rédigées ou dirigées 

et couvrant tous les aspects de la discipline, dans l’esprit universaliste de MIYAMOTO. Le premier a  

notamment participé à la rédaction d’un dictionnaire de minZokugaku de référence565.

KOJIMA Takao   宮 宮 宮 宮 (né  en 1955), moins connu, faisait  pourtant partie d’une des dernières 

promotions de MIYAMOTO à l’Université des Beaux­Arts de Musashino et fut membre du Nihon 

kankô bunka kenkyûjô* où il cotoya le maître. Il travaille actuellement sur le monde des villages de 

pêcheurs et notamment sur les formes populaires de vénération du  kami­tortue (représenté  par des 

statues ou des peintures) ou sur la pratique de la pêche à la baleine. 

Difficile d’innover après MIYAMOTO. Pourtant, si l’on reste fidèle à son esprit, plutôt qu’à sa 

lettre,  le message est clair : c’est à  partir des phénomènes observables ici et maintenant qu’il  faut 

travailler. Une fois le phénomène choisi, on l’observe et on pourra ensuite le décrire, l’analyser et en 

faire   l’historique.   La  minZokugaku  miyamotienne,   en   ce   sens,   est,   comme   toute   science,   source 

inépuisable de sujets d’étude. 

564 Le spécialiste français de YANAGITA Kunio, Frédéric LESIGNE, fut lui­même élève de MIYATA Noboru.565 FUKUDA Ajio 「「「「「, KANDA Yoriko 「「「「「, SHINTANI Takanori 「「「「, NAKAGOMI Mutsuko 「「「「, YUKAWA Yôji   「 「 「 「 et WATANABE Yoshio   「 「 「 「 (dir.),  Seisen Nippon minZoku jiten  「 「 「 「 「 「 「 「 (Dictionnaire raisonné d’ethnographie du folklore du Japon), Tôkyô, Yoshikawa kôbunkan, 2006, 692 p. 

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B/ L’avenir de la « miyamotologie »

Pour terminer,   la question qui  se pose ici  est  de savoir  si   la  minZokugaku  miyamotienne et  la 

« miyamotologie » (miyamotogaku  住 住 住 )  sont la même chose.  En fait,  même si elles se recoupent 

nécessairement, elles ne coïncident cependant pas exactement. Au sens strict, la miyamotologie est 

l’étude exclusive de la vie et de l’œuvre de MIYAMOTO. Il  y a donc des  études miyamotiennes 

comme il y a des études « yanagitiennes » ou « orikuchiques ».

Les études  sur  ou d’après  MIYAMOTO (la  miyamotologie  donc)  connaissent  actuellement  un 

véritable « boom ». Quel intérêt trouve­t­on à étudier cet auteur aujourd’hui ? La difficile frontière 

entre identité et nationalisme pourrait éventuellement se poser un jour, avec, qui sait ?, le problème 

d’une   éventuelle   récupération   par   des   nationalistes   en   quête   d’éléments   fédérateurs   nationaux, 

susceptibles de privilégier seulement ce qui les arrange. Pourtant, MIYAMOTO fut la preuve vivante 

que l’on peut être un « conservateur » modéré sans pour autant être ni fasciste, ni rétrograde, et s’en 

tenir aux faits dans ses livres.

Par ailleurs, si de telles études permettent de remettre les œuvres dans leur contexte, ce qui est 

toujours nécessaire, elles courent aussi le risque du fétichisme, ou tout au moins celui de tomber assez 

rapidement en désuétude. Comme nous le faisait remarquer un employé du Kôryû bunka sentâ de Suô 

Ooshima   alors   que   nous   nous   sentions   obligé   de   prendre   une   mine   recueillie   devant   le   bureau 

pieusement  conservé  par  le centre comme une relique :  « au  lieu de regarder MIYAMOTO,  vous 

feriez mieux d’essayer de comprendre ce qu’il a cherché à nous dire ».

Bref,   il  y a désormais un avant  et un après MIYAMOTO Tsunéichi.  Grace à   lui,   les sciences 

humaines japonaises ont pu faire un pas de plus dans la modernité.  Non seulement il a fait entrer  

l’ethnographie du folklore parmi les sciences au sein des institutions en poursuivant l’œuvre de son  

maître YANAGITA, mais il a également ouvert la voie à une nouvelle génération de chercheurs, peut­

être  moins  innovante (encore que l’avenir  puisse nous apporter  une heureuse contradiction),  mais  

profitant de l’expérience des deux maîtres et de leur méthode.

MIYAMOTO avait vu juste dans ses pronostics sur la disparition accélérée des coutumes rurales et 

des   institutions   traditionnelles,   sur   l’industrialisation   etc..   Malgré   son   pessimisme,   il   restait 

profondément  humaniste,  modeste  et  généreux  et   il  aurait  pu   faire   sienne  cette  phrase  de  Pascal 

DIBIE :  « n'oubliez  jamais  que nous sommes tous des  êtres  futurs  du folklore et  que notre   tâche 

primordiale est de témoigner de notre époque »566.

Les études sur MIYAMOTO (« Miyamoto­gaku 住住住 ») qui fleurissent aujourd’hui témoignent d’un 

champ de recherche en expansion, et ceux qui se réclament de lui sont de plus en plus nombreux. Nous 

566 « Le retour à soi », Postface à la réédition de Le village retrouvé en poche, 1995, p. 252.

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espérons  que   l’étude  de   son  œuvre   contribuera   sinon   à   une  meilleure   connaissance  de   l’identité 

japonaise passée, présente et à venir, du moins à un questionnement renouvelé,  cette identité étant 

protéiforme et évolutive comme toutes les identités. Ainsi sont donc posées à la fois l’ambition et les 

limites de nos propres recherches ; ainsi est défini le « cadre » que nous leur avons voulu donner.

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Bibliographie

I Sources primaires

Section I Liste des œuvres de MIYAMOTO 

Tsunéichi

La liste suivante reprend l’édition Miraisha   住 住住 (Tôkyô, 1968 – en cours), en 52 tomes,  Miyamoto 

Tsuneichi Chosaku­shû  住 住 住 住 住 住 住 , édition qui est loin d’être complète (il manque encore plus d’une 

trentaine de volumes) et qui ne dispose d’aucun appareil critique, pas même d’une simple préface. Les 

ouvrages y ont été publiés sans souci d’ordre ni chronologique, ni thématique. La « première période » 

fait référence aux ouvrages publiés dans ce cadre du vivant de MIYAMOTO, et la deuxième, par 

conséquent, aux œuvres publiées après sa mort.

L’astérisque après un numéro indique que ce numéro a été rajouté par nous à des ouvrages publiés par 

Miraisha ou par d’autres éditeurs, pour la clarté de la numérotation. 

Pour   établir   cette   bibliographie,   nous   avons   eu   recours   notamment   à   celle   qui   figure   à   la   fin 

d’Emakimono ni miru Nihon shomin seikatsu­shi  住住住住住住住住住住住住住住住 (édition de NAKAMURA Jin 住住住), 

établie par TAMURA Zenjirô 住住住住住. 

Légende :

Der. vol. = dernier volume

Hen. = henshû 住住 : rédaction

Hencho = 住住 : rédaction, compilation

Kan. = kanshû 住住 : direction

Publ. ach. = publication achevée

Publ. inter. = publication interrompue

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Shôwa = ère567 Shôwa 住住 : 1926­1989

O.I = figure dans le tome I des Œuvres de MIYAMOTO Tsunéichi, édition Miraisha.

I Œuvres individuelles (CHOSAKU­SHÛ 住住住)

A/ Œuvres en plusieurs volumes (Shirîzu.sô-shorui 「「「「「「「「)

1/   Miyamoto   Tsuneichi   Chosaku­shû     (Les   Œuvres   de   Miyamoto 

Tsunéichi) (édition Miraisha) 5 6 8

Œuvres, 1 è r e  période (Saku­shû  (dai­ikki) 住住住住住住住)

I Minzokugaku he no michi 住住住住住住 (Le Chemin vers les études folkloriques)

II Nihon no chûô to chihô 住住住住住住住住 (Le Centre et la campagne au Japon)

III Fûdo to bunka 住住住住住 (Climat, culture et civilisation)

IV Nihon no ritô dai 1 shû 住住住住住住住住 (Les Iles japonaises lointaines 1)

V Nihon no ritô dai 2 shû 住住住住住住住住 (Les Iles japonaises lointaines 2)

567  Rappelons  qu’au  Japon,   toutes   les  ères  commencent  par  un  an  un :   comme par  conséquent   il n’existe pas d’an zéro, pour calculer l’année grégorienne, il faut additionner l’an de départ de l’ère et le numéro de l’année à l’intérieur de cette ère, et soustraire un.568 Au départ, l’édition Miraisha des  Œuvres  devait comprendre 53 tomes dont la liste figurait dans certains des volumes parus, comme les tomes 25 et 26. Jusqu’au volume 33, aucun changement ; en revanche, les volumes 34 et 36 à 44 divergent. Des volumes 45 à 50 étaient annoncés, ainsi qu’un troisième volume d’œuvres en annexe. Les volumes annoncés 44, 45, 46, 47 et 48 se sont retrouvés finalement publiés respectivement sous les numéros 38, 34, 34 (deux tomes réunis en un seul), 37 et 36.  La   séparation  entre  première  et  deuxième période   se   situait  après   le  25ème  tome.  Voici,  pour mémoire, la liste des volumes présentant des différences avec la liste définitive, d’après celle qui figue au volume 26 : XXXIV Mingugaku­ron­shû 「「「「「 (Recueil de théories sur les objets courants) XXXV [pas de changement] XXXVI Ritô­ron­shû  「「「「 (Recueil de théories sur les îles lointaines) XXXVII Umi to Nihonjin 「「「「「 (Les Japonais et la mer) XXXVIII Mura no wakamonotachi 「「「「「「 (Les jeunes des   villages)  XXXIX  Sanson  shakai   keizai­shi  I  「 「 「 「 「 「 「 I  (Revue  de   l’économie  des   sociétés  villageoises I) XL Sanson shakai keizai­shi II 「「「「「「「 (Revue de l’économie des sociétés villageoises II) XLI Nihon no yado  「「「「 (Les auberges japonaises) XLII Michi no bunka  「「「「 (Cultures de la route) XLIII  Shibusawa Keizô  「「「「 (Shibusawa Keizô) XLIV Suô Ooshima wo chûshin to shitaru umi no  seikatsu­shi  [actuel tome 38]   XLV Yoshino Nishi­oku minzoku saihô­roku I  [actuel tome 34] XLVI Yoshino Nishi­oku minzoku saihô­roku II [actuel tome 34] XLVII Kawachi no kuni – Takihata Sakon  Kumata okina kyû­jidan [actuel tome 37] XLVIII Echizen Itoshiro minzoku­shi [actuel tome 36] XLIX Izumo Yakka­gun Kataku­ura minzoku kikigaki 「「「「「「「「「「「「 (Choses entendues dans la baie de Kataku,  arrondissement de Yataba, Izumo) L Minzokugaku no tabi 「「「「「 (Voyages d’ethnographie du folklore) (Besshû) 1 [pas de changement] 2 [pas de changement] 3 Tedzukuri no chiiki bunka 「「「「「「「「 (Cultures  locales du fait­main).

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VI Kakyô no oshie . Aijô ha kodomo to tomo ni 住住住住住住住住住住住住住 (L’Enseignement dans le village / 

L’Affection et les enfants)

VII Furusato no seikatsu . Nihon no mura 住住住住住住住住住住住住 (La Vie quotidienne dans les villages / 

Les Villages japonais)

VIII Nihon no kodomotachi . Umi wo hiraita hitobito 住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Les Enfants au Japon / 

Les Gens qui élargirent l’océan)

IX Minkan­reki 住住住 (Le Calendrier populaire)

X Wasurerareta Nihonjin 住住住住住住住住 (Les Japonais oubliés)

XI Chûsei shakai no zanson 住住住住住住住 (Les Restes de la société médiévale)

XII Mura no hôkai 住住住住 (La Désertification des villages)

XIII Minshû no bunka 住住住住住 (Culture(s) populaire(s))

XIV Sanson to kokuyû­rin 住住住住住住 (Villages de montagne et forêts domaniales)

XV Nihon wo omou 住住住住住 (Penser le Japon)

XVI Yaku­shima minzoku­shi 住住住住住住 (Notes sur le peuple de l’île de Yaku)

XVII Takarajima minzoku­shi . Mishima no gyoson 住住住住住住住住住住住 (Notes sur le folklore de l’Ile au 

trésor / Le Village de pêcheurs de Mishima)

XVIII Tabi to kankô 住住住住 (Voyage et tourisme)

XIX Nôgyô gijutsu to keiei no shiteki sokumen 住住住住住住住住住住住住 (Aspect historique des techniques 

agricoles et d’exploitation)

XX Umi no tami 住住住 (Les peuples de la mer)

XXI Shomin no hakken 住住住住住 (A la découverte des petites gens)

XXII Sangyô­shi sampen 住住住住住 (Trois essais sur l’Histoire de l’industrie)

XXIII  Chûgoku sanchi minzoku saihô­roku  住住住住住住住住住住 (Chûgoku : Notes de voyage d’étude 

chez le peuple montagnard)

XXIV Shoku­seikatsu zakkô 住住住住住 (Diverses réflexions sur la vie alimentaire)

XXV Murazato wo iku 住住住住住 (Aller dans les villages)

Œuvres, 2 èm e  période (Sakushû  (dai­ni­ki) 住住住住住住住)

XXVI Minshû no chié wo tazunete 住住住住住住住住住 (Rendant visite à la sagesse populaire)

XXVII Toshi no matsuri to minzoku 住住住住住住住 (Fêtes traditionnelles urbaines et folklore)

XXVIII Tsushima gyogyô­shi 住住住住住 (Histoire de la pêche à Tsushima)

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XXIX Chûgoku fudoki 住住住住住 (Les Chroniques des terres du Chûgoku)

XXX Minzoku no furusato 住住住住住住住 (Le village d’origine : un folklore)

XXXI Tabi ni manabu 住住住住住 (Apprendre en voyage)

XXXII Mura no kyûka to sonraku soshiki 1  住住住住住住住住住住 (Les vieilles familles et les institutions 

villageoises 1)

XXXIII Mura no kyûka to sonraku soshiki 2 住住住住住住住住住住 (Les vieilles familles et les institutions 

villageoises 2)

XXXIV Yoshino Nishi­Oku minzoku saihô­roku 住住住住住住住住住 (Notes de voyage d’étude du folklore 

dans l’Ouest profond, à Yoshino)

XXXV Ritô no tabi 住住住住 (Voyage aux îles lointaines)

XXXVI Echizen Itoshiro minzoku­shi . sono ta  住住住住住住住住住住住住 (Notes sur le folklore d’Itoshiro à 

Echizen et autres oeuvres)

XXXVII Kawachi koku Takihata Sakon Kumata­ô kyûji­dan  住住住住住住住住住住住住住 (Entretiens sur les 

faits du passé avec le vieux SAKON Kumata de Takihata dans la province de Kawachi)

XXXVIII Suô Ooshima wo chûshin to shitaru umi no seikatsu­shi 住住住住住住住住住住住住住住住住 (Notes sur la 

vie quotidienne au bord de la mer de la grande île de Suô)

XXXIX Oosumi­hantô minzoku saihô­roku Izumo Yatsuka­gun Kataku­ura minzoku monjo 住住住

住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Ecrits de voyage d’études folkloriques sur la péninsule d’Oosumi / Ecrits 

sur le folklore d’Izumo, du district de Yatsuka et de labaie de Kataku)

XL Suô Ooshima minzoku­shi 住住住住住住住 (Ecrits sur le folklore de la grande île de Suô)

XLI Kyôdo no rekishi 住住住住住 (Histoire du terroir)

XLII Fubo no ki / jiden shô 住住住住 / 住住住 (Chronique de mes parents / Notes autobiographiques)

XLIII Shizen to Nihonjin 住住住住住住 (Les Japonais et la Nature)

XLIV Minshû bunka to zôkei 住住住住住住住 (La culture populaire et la plastique)

XLV Mingugaku shiron 住住住住住 (Essai sur la science des objets courants), août 2005

XLVI Shin­nôson he no teigen I 住住住住住住住住 (Propositions pour de nouveaux villages agraires I), 

mai 2006

XLVII Shin­nôson he no teigen II 住住住住住住住住 (Propositions pour de nouveaux villages agraires II), 

juillet 2006

XLVIII  Rindô   to  sanson shakai  住 住 住 住 住 住 住 (Chemins de  forêts  et  société  des villages  de 

montagne), nov. 2006

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XLIX Shio no minZoku to seikatsu  住住住住住住住 (Etude ethnographique du sel et vie quotidienne), 

2007

L Shibusawa Keizô 住住住住 (SHIBUSAWA Keizô), à paraître en 2008

Œuvres (œuvres en annexe) (Sakushû  (besshû) 住住住住住住)

LI* 1 Toroshi Oosaka­fu Semboku­gun Tori­ishi mura seikatsu­shi  住住住住住住住住住住住住住住住 (Toroshi, 

revue de la vie quotidienne dans le village de Toriishi, canton de Semboku, disctrict d’Osaka)

LII* 2 Minwa to kotowaza 住住住住住住住 (Contes populaires et dictons)

2/ Autres œuvres (Sono ta 宮宮宮)

Miyamoto Tsuneichi shashin . nikki shûsei 住住住住住住住住住住住 (Recueil des photos et du journal intime 

de Miyamoto Tsunéichi), 3 vol. sous coffret, Mainichi shimbun­kan   住 住 住 住 住 , 2005 : ouvrage 

monumental coûteux, richement illustré (60 000 Y569) ;

Nihon minshû­shi 住住住住住 (Histoire du peuple japonais), Miraisha

1 Kaitaku no rekishi 住住住住住 (Histoire du défrichage)

2 Yama ni ikiru hitobito 住住住住住住住住 (Les Gens qui vivent dans la montagne)

3 Umi ni ikiru hitobito 住住住住住住住住 (Les Gens qui vivent au bord de la mer)

4 Mura no naritachi 住住住住住住 (La Formation des villages)

5 Machi no naritachi 住住住住住住 (La Formation des villes)

6 Seigyô no rekishi 住住住住住 (Histoire des métiers)

7 Kansho no rekishi 住住住住住 (Histoire de la patate douce)

[Nihonjin no sumai 住住住住住住住 (L’Habitat des Japonais), posthume]

Tabi no minzoku to rekishi 住住住住住住住 (Folklore et Histoire du voyage) (anciennement570 : Tabi no 

rekishi kenkyû shirîzu 住住住住住住住住住住 (Série : « Recherches sur l’Histoire du voyage)) (éd. Yasaka 

shobô 住住住住)

1 Nihon no yado 住住住住 (Les Auberges du Japon), 1987, rééd. 2006 ;

2 Daimyô no tabi – Honjin wo tazunete (hencho)  住住住住住住住住住住住 (Les Voyages des daimyôs – 

Interroger les résidences de fonctionnaires)

3 Tabi no hakken – Nihon bunka wo kangaeru  (hencho)   住住住住住住住住住住 住住住 (La Découverte du 

voyage – Penser la civilisation japonaise)

569 Soit un peu moins de 600 €.570 Tel que figurant dans la liste établie par TAMURA Zenjirô.

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4 Shomin no tabi (hencho) 住住住住 (Les Voyages du petit peuple), 1987, rééd. 2006 ;

5 Ise sangû (hencho) 住住住住 (Le Pèlerinage à Isé), 1971, rééd. 1987, 1991 :

6 Tabi no minzoku – Hakimono to norimono (hencho) 住住住住住住住住住住住住住住 (Folklore du voyage – 

Choses chaussées et portées)

7 Umi to Nihonjin (hencho) 住住住住住 (Les Japonais et la mer)

8 Yama no michi (hencho) 住住住 (Les Chemins de montagne), rééd. 2006 ;

9 Kawa no michi (hencho) 住住住 (Les Voies fluviales)

10 Umi no michi 住住住 (Les Voies maritimes)

Tabibito no rekishi 住住住住住 (Histoire de voyageurs), Miraisha571

1 Noda Senkôin 住住住住住 (Noda Senkôin)

2 Sugae Masumi 住住住住 (Sugaé Masumi), 1980, rééd. 2005 ;

3 Furukawa Koshôken . Isabera Bâdo 住住住住住住住住住住住住住住 (Furukawa Koshôken / Isabella Bird), 2ème 

partie rééditée sous le titre : Isabera Bâdo no « Nihon ichi kikô » wo yomu 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

(Lire Unbeaten Tracks in Japan d’Isabella Bird), Heibonsha 住住住, 1984 ;

Watashi no Nihon chizu 住住住住住住 (Mes cartes du Japon), Dôyûkan 住住住, Shôwa XLII (1967) – LI 

(1976)

1 Tenryû­gawa ni sotte 住住住住住住住 (Au bord du Tenryû) ;

2 Kami­Kôchi fukin 住住住住住 (Les environs de Kami­Kôchi) ;

3 Shimokita hantô 住住住住 (La presqu’île de Shimokita) ;

4 Seto­naikai I Hiroshima­wan fukin 住住住住 I 住住住住住 (La mer intérieure de Séto I Les environs de la 

bais de Hiroshima) ;

5 Gotô rettô 住住住住 (L’archipel des Cinq Iles) ;

6 Seto naikai II Geiko no umi 住住住住 II 住住住住 (La Mer intérieure de Séto II La Mer des artistes / de 

Geiko) ;

7 Sado 住住 (Sado) ;

8 Okinawa 住住 (Okinawa) ;

9 Seto naikai III Suô Ooshima  住住住住 III 住住住住 (La mer intérieure de Séto III / La grande île de 

Suô), rééd. Miraisha, 2008 ;

571  * Ancienne édition :  Tabibitotachi no rekishi 1­10  「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 「 (Histoire de voyageurs 1­10), [Amukasu tabi no memo shirîzu] 「「「「「「「「「「「「「「 ([Série de carnets de voyage Amukasu]), Kambunken Amukasu jimukyoku 「「「「「「「「「「, Shôwa 48 – 55 (1973­1980) ;

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10 Musashino . Ôme 住住住住住住 (Musashino / Ômé) , rééd. Miraisha 2008

11 Aso . Kuma 住住住住住 (Aso / Kuma) ;

12 Seto naikai IV Bisan no Seto fukin 住住住住 IV 住住住住住住住(La Mer intérieure de Séto IV Les Environs 

de Séto en Bisan) ;

13 Hagi fukin 住住住 (Les Environs de Hagi) ;

14 Kyôto 住住 (Kyôto) ;

15 Iki . Tsushima 住住住住住 (Iki / Tsushima), rééd. Miraisha 2008

B / Œuvres en un volume

* Aijô ha kodomo to tomo ni 住住住住住住住住 (L’Affection et les enfants), Baba shoten 住住住住, Shôwa 23 

(1948) (O.VI) ;

* Akita­ken Kami­Koani­mura 住住住住住 (Le Village de Kami­Koani, département d’Akita), [Sanson 

keizai jittai chôsa hôkoku] 住住住住住住住住住住住住 ([Rapport d’enquête sur la situation économique réelle 

des villages de montagne]), Rin’ya­chô chôsa­ka 住住住住住住 (Section d’enquête de la Direction 

générale des Eaux et Forêts), Shôwa 31 (1956) ;

* Chikuma Nihon bungaku zenshû 53 Miyamoto Tsuneichi 住住住住住住住住住 53 住住住住 (Œuvres complètes 

Chikuma de la littérature japonaise, t. 53 : Miyamoto Tsunéichi), Chikuma shobô 住住住住, Tôkyô, 

mai 1993 : recueil d’inédits ;

*  Chûgoku fudoki  住 住住 住住 (Les chroniques des terres du Chûgoku), Hiroshima nôson jimbun 

kyôkai 住住住住住住住住 (Association humaniste des villages ruraux de Hiroshima), Shôwa 33 (1958) 

(O.XXIX) ;

* Echizen Itoshiro minzoku­shi 住住住住住住住住 (Notes sur le folklore d’Itoshiro à Echizen), [Zenkoku 

minzoku­shi sôsho 2]  住 住 住 住 住 住 住 住 住 ([Collection des revues du folklore à  l’échelle nationale]), 

Sanseidô 住住住, Shôwa 24 (1949) (O.XXXVI) ;

*  Emakimono ni miru Nihon shomin seikatsu­shi  住住住住住住住住住住住住住 (Images de la vie populaire 

japonaise telle qu’on l’observe dans les rouleaux illustrés), Chûkô shinsho 住住住住 n°605, 1ère éd. 

1981, rééd. 2003 ;

* Furusato no seikatsu 住住住住住住住 (La vie quotidienne dans les villages), Asahi shimbun­sha 住住住住住, 

Shôwa 25 (1950), rééd. Kôdansha gakujutsu bunko n°761, 1986, réimpr.  2002 (O.VII) : un 

des trois ouvrages (avec Nihon no mura et Umi wo hiraita hitobito) destinés à la jeunesse et 

résumant l’œuvre de MIYAMOTO ;

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*  Hiroshima­ken Ooasa­chô  住住住住住住 (Quartier d’Ooasa, département de Hiroshima),  [Ringyô  

kin’yû kiso chôsa hôkoku]  住住住住住住住住住住住住 ([Rapport d’enquête sur les bases financières de la 

sylviculture]),  Ringyô  kin’yû  chôsa­kai   住 住 住 住 住 住 住 (Société  d’enquêtes  sur   les   finances de 

l’industrie du bois), Shôwa 30 (1955) ;

*Inochi no yurameki  住住住住住住住 (L’ondoiement de la vie), recueil de poèmes (kashû  住住), Gensô 

shinsho 住住住住, rééd. Gendai sôzô­sha 住住住住住, 2, jan. Shôwa 56 (1981) ;

* Izumisano ni okeru sangyô no hatten katei no gaiyô 住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Aperçu du processus 

de développement  de  l’industrie  à   Izumisano),  Oosaka­fu  Izumisano­shi   住 住 住 住 住 住 住 (Ville 

d’Izumisano, Communauté urbaine d’Osaka), Shôwa 26 (1951) ;

* Izumo Yakka­gun Kataku­ura minzoku kikigaki 住住住住住住住住住住住住 (Choses entendues dans la baie 

de Kataku, arrondissement de Yataba, Izumo), [Achikku myûzeamu ihô 22  住住住住住住住住住住住住住 22 

(Exposé 22 du Musée des greniers)], Shôwa 12 (1937) ;

*  Jinbunkagaku he no michi  住 住 住 住 住 住 住 (Le chemin vers  les sciences humaines), Miraisha 

henshû­bu 住住住住住住, Miraisha, mai 1972, épuisé ;

* Juin 住住 (Ombres d’arbres), 住住住住住 Kô­han shikaban, Shôwa 8 (1933) : recueil de poèmes ;

* Kakyô no oshie 住住住住 (L’enseignement dans le village), [Josei sôsho] 住住住住住住([Bibliothèque des 

femmes]), Sansgoku shobô   住 住 住 住 , Shôwa 18 (1943), rééd. Iwanami bunko, n°164­2, 1984, 

réimpr. 2004 (O.VI) ;

* Kankô jichi to kyôiku 住住住住住住住 (Autonomie des coutumes et éducation), Oosaka­fu Semboku­

gun Toriishi shôgakkô 住住住住住住住住住住住 (Ecole primaire Toriishi ), Shôwa 11 (1936) ;

* Kawachi koku Takihata Sakon Kumata­ô kyûji­dan 住住住住住住住住住住住住住 (Entretiens sur les faits du 

passé avec le vieux SAKON Kumata de Takihata dans la province de Kawachi),  [Achikku 

myûzeamu ihô  23]  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 23 住 ([Exposé  23 du Musée des greniers]),  Achikku 

myûzeamu, Shôwa 12 (1937) (O.XXXVII) ;

* Maruki­sensei no ta­shûkaku ikubyô­hô 住住住住住住住住住住住, [Shin­nôson sôsho 5] 住住住住住住住住 ([Nouvelle 

collection des villages agricoles 5]), Shiin­jichi kyôkai  住住住住住 (Association pour une nouvelle 

autnomie), Shôwa 23 (1947) ;

* Matsuura bunka keizai­shi  住住住住住住住 (Histoire économique de la culture de Matsuura), Taipu 

shika­han 住住住住住住, Shôwa 36 (1961) ;

* Minami no shima wo kaitaku shita hitobito 住住住住住住住住住住 (Ceux qui exploitèrent les îles du Sud), 

Sarae shobô 住住住住住, fév. 1968, épuisé ;

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* Mingugaku no teishô 住住住住住住 (Propositions pour l’étude des objets courants), Miraisha, 1ère éd. 

Shôwa 55 (1979), rééd. 1999 ;

*  Minkan­reki  住住住 (Le calendrier populaire),  [Minzoku sensho]  住住住住住住 ([Choix de livres sur le 

folklore]), Rokuninsha 住住住, Shôwa 17 (1942), rééd. Kôdansha gakujutsu bunko n°715, 1985, 

réimpr. 2003 (O.IX) ;

*  Minshû no chié wo tazunete  住住住住住住住住住 (Rendant visite à la sagesse populaire), Miraisha, 

Shôwa 38 (1963), (O.XXVI) ;

* Minzokugaku he no michi 住住住住住住 (Le chemin vers les études folkloriques), Iwasaki shoten 住住住

住, Shôwa 30 (1955) (O.I) ;

* Minzoku no furusato 住住住住住住住 (Le village d’origine : un folklore), [Nihon no minzoku 1] 住住住住住住住住

([Folklore japonais 1]), Kawade shobô 住住住住, Shôwa 39 (1964) (O.XXX) ;

* Minzokugaku no tabi 住住住住住 (Le voyage de l’ethnographie du folklore), Bungei shunjû­sha 住住住住

住 ,  Shôwa  53   (1978),   rééd.  Kôdansha  gakujutsu  bunko  n°1104   (édition  annotée et  non 

illustrée),  Tôkyô,  1ère  éd. 1993, réimpr. 2004, rééd. Nihon tosho sentâ   住 住 住 住 住 住 住 住 (Centre 

japonais du livre) (édition non annotée mais illustrée), Tôkyô, 1ère éd. 2000 ;

* Miyagi­ken Kurikoma­mura 住住住住住住, [Sanson keizai jittai chôsa hôkoku] 住住住住住住住住住住住住 ([Rapport 

d’enquête sur la situation économique réelle des villages de montagne]), Rin’ya­chô chôsa­

ka 住住住住住住 (Section d’enquête de la Direction générale des Eaux et Forêts), Shôwa 31 (1956) ;

* Miyamoto Tsuneichi, Afurika to Ajia wo aruku 住住住住住住住住住住住住住住住住 (Miyamoto Tsunéichi, marcher 

en Afrique et en Asie), Iwanami gendai bunko, Iwanami shoten, Tôkyô, 1ère éd. 2001, rééd. 

2003 ;

*  Mura  no  seikatsu   to   komyunitisukûru  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Vie  quotidienne  et  écoles 

communautaires   dans   les   villages),   Oosaka­fu   Naka­Kawachi­gun   Nagayoshi­mura 

shôgakkô PTA  住住住住住住住住住住住住 PTA (Groupe scolaire élémentaire PTA, village de Nagayoshi, 

district de Naka­Kawachi, communauté urbaine d’Osaka), Sôwa 25 (1950) ;

*  Mura no shakai­ka  住住住住住 (Sociologie des villages), Shôwa shoin   住住住住 , Shôwa 24 (1949), 

réédité chez Katanaé shoin 住住住住, Shôwa 26 (1951) ;

* Mura no wakamonotachi 住住住住住住 (Les jeunes des villages), [Reinbô.bukkusu] 住住住住住住住住住住 (Livres 

arc­en­ciel), Ie no hikari kyôkai 住住住住住 (Association « Lumière des maisons »), Tôkyô, Shôwa 

38 (1963), rééd. 2004 ; 

*  Murazato wo iku  住 住 住 住 住 (Aller dans les villages),  [Josei sôsho] 住 住 住 住 住 住 ([Bibliothèque des 

femmes]), Sangoku shobô 住住住住, Shôwa 18 (1943) (O.XXV) ;

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*  Nihon bunka no keisei  住 住 住 住 住 住 住 (Formation de la culture japonaise),  3 tomes, Chikuma 

gakugei bunko   住 住 住 住 住 住 住 , Chikuma shobô   住 住 住 住 ,  Tôkyô,  fév.­ avril 1994 (épuisé), rééd. du 

troisième tome (uniquement), juillet 2005, Kôdansha gakujutsu bunko   住 住 住 住 住 住 住 , Tôkyô, 924 

YTTC : recueil de transcriptions d’enregistrements de conférences données par Miyamoto 

(tomes I et II) et impression d’un texte inachevé (tome III) ;

* Nihon no kodomotachi 住住住住住住 (Les enfants au Japon), [Nihonjin no seikatsu zenshû] 住住住住住住住住住

住住 ([Œuvres complètes sur la vie quotidienne des Japonais]), Iwasaki shoten 住住住住, Shôwa 32 

(1957) (O.VIII) ;

*  Nihon no mura . Umi wo hiraita hitobito  住住住住住住住住住住 住住住 (Villages du Japon / Les gens qui 

ouvrirent la mer), Chikuma shobô   住住住 [住住 ]住住 , 1ère  éd. [Chûgakusei zenshû]  住住住住住住住 ([Œuvres 

complètes pour les collégiens]), Shôwa 28 (1953) pour Nihon no mura, rééd. Chikuma bunko 

n°17­1, 1995, réimpr.  2004 (O.VII et O.VIII) : deux des trois ouvrages (avec  Furusato no 

seikatsu) destinés à la jeunesse et résumant l’œuvre de MIYAMOTO ;

* Nihon no mura wo kangaeru 住住住住住住住住住 (Penser le village japonais), Hoshô jitsumu kôshû­kai 

tekisuto 住住住住住住住住住住住 (Textes des Conférences sur les pratiques d’indemnisation), Shôwa 47 

(1972) ;

*  Nihon no ritô dai­1­shû  住 住 住 住 住 住 住 住 (Les îles japonaises lointaines, 1), Miraisha, Shôwa 35 

(1960) (O.IV) ;

*  Nihon no ritô dai­2­shû  住 住 住 住 住 住 住 住 (Les îles japonaises lointaines, 2), Miraisha, Shôwa 41 

(1966) (O.V) ;

* Nihonjin no keisei 住住住住住住 (La formation des Japonais), 3 tomes, Chikuma gakujutsu bunko 住住住

住住住住, Tôkyô (non réédité) ;

*  Okayama­ken Enjô­mura  住住住住住住 (Le village d’Enjô, département d’Okayama), [Kokuyû­rin 

jimoto riyô jôkyô jittai chôsa hôkoku] 住住住住住住住住住住住住住住住住住 ([Rapport d’enquête sur les conditions 

réelles de l’usage local des forêts domaniales]), Rin’ya­chô chôsa­ka  住 住住 住住 住 (Département 

d’enquêtes de la Direction générale des Eaux et Forêts), Shôwa 28 (1953) ;

* Onna no minzoku­shi 住住住住住 (Passage en revue du folklore féminin), rééd. Iawanami shoten, 

2001 ;

* Ookuni­tama jinja taiko chôsa hôkokusho 住住住住住住住住住住住住 (Rapport d’enquête sur les tambours 

du  temple shintô  Ookuni­tama (Ame du grand pays)),  Fuchû­shi  kyôiku  iinkai   住 住 住 住 住 住 住 住

(Commission pour l’éducation de la ville de Fuchû), Shôwa 49 (1974) ;

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*  Oosaka no Mukashibanashi : Yume no shirase  住住住住住住住住住住住 (Contes d’autrefois d’Osaka : 

Annonces de rêves), Gensô shinsho 住住住住, 1, 1981 ;

* Oosumi­hantô minzoku saihô­roku  住住住住住住住住住 (Ecrits de voyage d’études folkloriques sur la 

péninsule d’Oosumi), [Jômin bunka sôsho 1] 住住住住住住住住 ([Collection « Cultures populaires », 1]), 

Keiyûsha 住住住, Shôwa 43 (1968) (O.XXXIX) ;

*  Rindô  住住 (Chemins forestiers),  [Ringyô kin’yû kiso chôsa hôkoku]  住住住住住住住住住住 住住 ([Rapport 

d’enquête sur  les bases financières de  la sylviculture]),  Ringyô  kin’yû  chôsa­kai   住 住 住 住 住 住 住

(Société d’enquêtes sur les finances de l’industrie du bois), Shôwa 32 (1957) ;

* Ritô hekichi shin­seikatsu undô no kompon mondai  住住住住住住住住住住住住住住 (Problèmes de base du 

Mouvement pour une nouvelle vie dans les îles éloignées et les localités reculées), Shin­

seikatsu undô kyôkai 住住住住住住住 (Association « Mouvement pour une nouvelle vie »), Shôwa 36 

(1961) ;

*  Ritô no tabi  住住住住 (Voyage aux îles lointaines), Jimbutsu ôrai­sha  住住住住住 , Shôwa 39 (1964) 

(O.XXXV) ;

* Ritô shinkô jittai chôsa hôkoku­sho – Ehime . Hiroshima . Yamaguchi – 住住住住住住住住住住住―住住住住住住住住

― (Rapport  d’enquête  sur   les  conditions   réelles  de développement  des  îles  éloignées : 

Ehimé, Hiroshima, Yamaguchi), Zenkoku ritô shinkô kyôgi­kai 住住住住住住住住住 (Conseil consultatif sur 

le développement des îles éloignées à l’échelle nationale), Shôwa 35 (1960) ;

* Seigyô no suii 住住住住住 (Evolution des métiers), [Nihon no minzoku 3] 「住住住住住住「([Folklore japonais 

3]), Kawade shobô 住住住住, Shôwa 40 (1965) ;

* Seimei no yurameki : cf. Inochi no yurameki ;

* Seto­naikai no kenkyû 住住住住住住住 (Recherches sur la mer intérieure de Séto), Miraisha, 1ère éd. 

Shôwa   40   (1965),   rééd.   2001 :   la   thèse   de   MIYAMOTO   revue   et   augmentée   pour   la 

publication en volume ;

*  Shibusawa Keizô  住 住 住 住 (Shibusawa Keizô),  [Nihon minzoku bunka taikei 3]  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住

([Bibliothèque « Cultures folkloriques du Japon »]), Kôdansha, juin Shôwa 53 (1978) ;

*  Shimane­ken Nichihara­mura  住住 住住 住住 (Le village de Nichihara, département de Shimané), 

[Ringyô kin’yû kiso chôsa hôkoku] 住住住住住住住住住住住住 ([Rapport d’enquête sur les bases financières 

de la sylviculture]), Ringyô kin’yû chôsa­kai 住住住住住住住 (Société d’enquêtes sur les finances de 

l’industrie du bois), Shôwa 30 (1955) ;

*  Shio no michi  住住住 (Les routes du sel), Kôdansha gakujutsu bunko n°677, Tôkyô, 1ère éd. 

1985, rééd. 2004 ;

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* Shohô Aoki­ichizoku . Age­ura yawa 住住住住住住住住住住住住 (Une famille ici et là : les Aoki / Histoires du 

soir de la baie d’Agé), Ooshima mimpô­sha 住住住住住 (Société de la Gazette d’Ooshima), Shôwa 

30 (1955) ;

*  Shoku seikatsu no kôzô  住 住 住 住 住 住 (Structures de la vie alimentaire) : Shibata shobô   住 住 住 住 , 

2100Y ;

*  Shomin no hakken  住住住住住 (A la découverte des petites gens), Miraisha, Shôwa 36 (1961), 

rééd. Kôdansha gakujutsu bunko 住住住住住住住 n°810, Tôkyô, 1987, réimpr. 2004 (O.XXI) ;

*  Shomin no sekai  住 住 住 住 住 (Le monde du petit peuple),  [Nihon bunka kenkyû 3]  住 住 住 住 住 住 住 住 住

([Recherches sur les cultures du Japon, 3]), Shinchôsha 住住住, Shôwa 34 (1959) ;

* Sora kara no minzokugaku  住住住住住住住 (L’ethnographie du folklore vue du ciel) (rééd. Iwanami 

gendai bunko, Iwanami shoten, Tôkyô, 2001, 2003)

* Suô Ooshima mukashibanashi­shû 住住住住住住住 (Recueil de contes d’autrefois de Suô ooshima), 

Ooshima bunka kenkyû remmei 住住住住住住住住 (Union pour la recherche sur la culture d’Ooshima), 

Shôwa 31 (1956) ;

* Suô Ooshima wo chûshin to shitaru umi no seikatsu­shi  住住住住住住住住住住住住住住住住 (Notes sur la vie 

quotidienne au bord de la mer de la grande île de Suô), [Achikku myûzeamu ihô 11] 住住住住住住住住住住

住 住 住 住 11 住 ([Exposé   11  du  Musée des  greniers]),  Achikku  myûzeamu,  Shôwa 11,  1936 

(O.XXXVIII) ;

* Tabi no minzoku 住住住住 (Folklore du voyage), Shakai shisô­sha 住住住住住, jan. 1972, épuisé ;

* Toshi no matsuri to minzoku 住住住住住住住 (Fêtes traditionnelles urbaines et folklore), Keiyûsha 住住住, 

Shôwa 36 (1961) (O.XXVII) ;

* Umi wo hiraita hitobito 住住住住住住住住住 (Les gens qui défrichèrent l’océan), [Shôgakusei zenshû] 住住住

住住住住 ([Œuvres complètes pour les écoliers]), Chikuma shobô 住住住住, Shôwa 30 (1955) (O.VIII) ;

* Wasurerareta Nihonjin  住住住住住住住住 (Les Japonais oubliés), Miraisha, Shôwa 35 (1960), rééd. 

Iwanami bunko, n°164­1, 1984 (O.X) ;

* Yaku­shima minzoku­shi  住住住住住住 (Notes sur le peuple de l’île de Yaku), [Nihon jômin bunka 

kenkyûsho nôto 26]  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 ([Note 26 de l’Institut de recherche sur les cultures 

populaires]), Nihon jômin bunka kenkyûsho 住住住住住住住住住 (Institut de recherche sur les cultures 

populaires), Shôwa 18 (1943) (O.XVI) ;

* Yoshino Nishi­Oku minzoku saihô­roku 住住住住住住住住住 (Notes de voyage d’étude du folklore dans 

l’Ouest profond, à Yoshino), [Nihon jômin bunka kenkyûsho nôto 20] 住住住住住住住住住住住住住住住住([Note 20 

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de l’Institut de recherche sur les cultures populaires]), Nihon jômin bunka kenkyûsho 住住住住住住住住住

(Institut de recherche sur les cultures populaires), Shôwa 17 (1942) (O.XXXIV) ;

II Œuvres ecrites en collaboration, participation à des 

œuvres collectives et œuvres dirigées ou supervisées

A/ Œuvres écrites en collaboration et participation à des

œuvres collectives (kyô.hencho-rui 「「「「「)

* Aichi­ken Nagura­mura [Ringyô kin’yû kiso chôsa hôkoku] 住住住住住住 <住住住住住住住住住住> (Le village de 

Nagura, département d’Aichi [Rapport d’enquête sur les bases financières de l’industrie du 

bois]), Ringyô kin’yû chôsa­kai   住 住 住 住 住 住 住 (Association pour l’enquête sur le financement de 

l’industrie du bois), Shôwa 32 (1957) ;

* Chôsa sareru to iu meiwaku 住住住住住住住住住住 (La nuisance d’être enquêté), (avec ANKEI Yûji 住住住住), 

Kôbé, Mizunowa shuppan, 2008, 118 p. ;

*  Emakimono ni  yoru Nihon jômin seikatsu  e­in  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Index des documents 

iconographiques sur rouleaux concernant  la vie quotidienne du petit  peuple Japonais)   (5 

vol.), Kadokawa shoten, Shôwa 40­43 (1965­1968) ;

* Hekichi no tabi 住住住住 (Voyage en terres éloignées), Shûdôsha 住住住, Shôwa 35 (1960) ;

* Henkyô wo aruita hitobito [Saera denki raiburarî 14]  住住住住住住住住住 <住住住住住住住住住住住住住> (Ceux qui  

arpentèrent les frontières reculées [Biographies Saéra n°14]), Saera shobô 住住住住住, Shôwa 41 

(1966), rééd. Kawade shobô­sha 住住住住住住, déc. 2005, 1 890 Y, ISBN4­309­22438­5

* Higashi Nippon to Nishi Nippon 住住住住住住住 (Japons de l’Est et de l’Ouest) (en collaboration avec 

OONO Susumu 住住住 ), Nippon editâsukûru shuppambu 住住住住住住住住住住住住住住 (Section éditoriale de 

l’Ecole des éditeurs du Japon), Tôkyô, 1981 (non réédité) ; 

*  Himejima keizai  jittai  chôsa hôkoku  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Rapport  d’enquête  sur  les conditions 

économiques réelles à Himéjima), Keizai kikaku­chô   住 住 住 住 住 (Bureau du Plan économique), 

Shôwa 42 (1967) ;

* Jiden­shô IX (Ni­no­hashi kaiwai) 住住住 IX住住住住住住住 (Notes autobiographiques IX (Quartier de Ni­

no­hashi)), Yomiuri shimbunsha 住住住住住, Shôwa 55 (1980) ;

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* Keizai jittai chôsa hôkoku [Sado . Akadomari­mura] 住住住住住住住住 <住住住住住住> (Rapport d’enquête sur  

les conditions économiques réelles [Akadomari, Sado]), Niigata­ken Akadomari­mura  住 住住 住住

(Village d’Akadomari, Département de Niigata), Shôwa 39 (1964) ;

* Kokuyû­rin jimoto riyô jôkyô chôsa no sôkatsu bunseki 住住住住住住住住住住住住住住住住 (Analyse globale des  

enquêtes sur les conditions d’utilisation locale des forêts domaniales), Rin’ya­chô (Direction 

générale des eaux et forêts), Shôwa 30 (1955) ;

* Kuka no min’yô  住住住住住 (Les chants populaires de Kuka), avec la collaboration du Kuka­chô 

minzoku  shiryô  hozon­kai   住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (hen.)  (Société  de  conservation  des documents 

d’ethnographie du folklore de la commune de Kuka), Kuka, 1979 ; 

* Michi no bunka (Shio no michi) 住住住住住住住住住(Culture de la route (Les routes du sel)), Kôdansha, 

Shôwa 54 (1979) ;

* Mikkyô 住住 (Le bouddhisme ésotérique), Yûki shobô 住住住住, Shôwa 36 (1961) ;

*  Mingu to seikatsu [Seikatsugaku­ron­shû I]  住 住 住 住 住 < 住 住 住 住 住 I>  (Les objets usuels et la vie  

quotidienne [Recueil de théories sur la vie quotidienne]) (Mingu­ron 住住住 (« Théorie des objets  

usuels »)), Domesu shuppan 住住住住住, Shôwa 51 (1976) ;

* Minami no shima wo kaitaku shita hitobito [Saera­denki raiburarî 28]  住住住住住住住住住住住 (Ceux qui  

défrichèrent   les   îles   méridionales   [Biographies   Saéra   n°28]),   Saera   shobô,   Shôwa   43 

(1968), rééd. Kawade shobô shinsha, Tôkyô, jan. 2006, 1 890 YTTC, ISBN4­309­22445­8 ;

* Minshû no seikatsu to bunka 住住住住住住住住 (Vie quotidienne et culture du peuple) (en collaboration 

avec YONEYAMA Toshinao 住住住住 ; TAMURA Zenjirô 住住住住住 ; MIYATA Noboru 住住住), Miraisha ;

* Minzokugaku no susume [Nihon no minzoku 11] 住住住住住住住 <住住住住住住住> (Conseils en ethnographie  

du folklore [Folklore japonais 11]), Kawade shobô, Shôwa 40 (1965) ;

* Mura no rekishi to kurashi 1­5 住住住住住住住住住­住 (Histoire et vie dans les villages 1­55), Nôsangyo­

ke seikatsu kaizen kenkyû­kai 住住住住住住住住住住住 (Groupe de recherche sur l’amélioration de la vie 

dans les familles d’agriculteurs, de montagnards et de pêcheurs), Shôwa 50 (1975), 55­nen 

kanketsu 住住住住住 achevé en Shôwa 55 (1980) ;

* Nihon no ama  住住住住住 (Les pêcheuses de perles japonaises) (Recueil de photographies de 

NAKAMURA Yoshinobu   住住住住 < shashin­shû   住住住>), Tôkyô Chû­Nichi shimbun­sha  住住住住住住住 , 

Shôwa 37 (1962), rééd. revue, corrigée et augmentée, Marin 住住住, Shôwa 53 (1978) ;

* Nihon no kaiyô­min 住住住住住住 (Le Japon, peuple de l’océan) (en collaboration avec KAWAZOE 

Noboru 住住住), Miraisha, 1ère éd. Shôwa 49 (1974), rééd. 1989 ;

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* Nihon no mingu 2 Nôson 住住住住住住住住住 (Objets courants japonais 2 / Villages ruraux), Keiyûsha 住住

住, Shôwa 40 (1965) ;

*  Nihon no minzoku  住住住住住 (Folklore japonais) (articles « Ie »  住住住 (Maison) et « Mura » 住住住住

(Village)), Asahi shimbunsha, Shôwa 49 (1974) ;

* Nihon no minzoku 35 Yamaguchi 住住住住住住住住住住 (Folklore du Japon 35 / Yamaguchi), Dai­ippô­ki 

住住住住, Shôwa 49 (1974) ;

* Nihon no rekishi . bekkan 2 (Minshû seikatsu yôshiki no hensen) 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Histoire  

du Japon / Volume annexe 2 (Evolution des formes d’activités du peuple)), Iwanami shobô, 

Shôwa 39 (1964) ;

* Nihon zankoku monogatari 住住住住住住 (Contes cruels du Japon), 5 vol., Heibonsha raiburarî 住住住住住

住住住住, Tôkyô, avril ­ août 1995 ;

*  Oshira­sama zuroku  住 住 住 住 住 住 住 (Recueil  de documents  iconographiques sur  le Seigneur  

Oshira), Jômin bunka kenkyû­sho 住 住 住 住 住 住 住 (Institut de recherche sur la culture populaire), 

Shôwa 18 (1943) ;

* Seto­nai no hitobito 住住住住住住住 (Les gens de Séto) (Recueil de photographies de NAKAMURA 

Yoshinobu 住住住住 < shashin­shû 住住住>), Shakai shisô­sha 住住住住住, Shôwa 40 (1965) ;

* Shima 住 (Iles), Yûki shobô, Shôwa 36 (1961) ;

* Shin­Nihon fudoki 住住住住住住 (Nouvelles descriptions des provinces du Japon), Kokudosha 住住住, 

20 vol., jan. 1977, épuisé.

* Shoku no bunka (Nihonjin to tabemono)  住住住住住住住住住住住住住 (Culture de l’aliment (Les nourritures  

des Japonais)), Kôdansha, Shôwa 55 (1980) ;

* Shoku seikatsu no kôzô [Shoku­bunka hakken shirîzu 3] 住住住住住住 <住住住住住住住住住住> (Structures de la  

vie alimentaire [Série : Découverte de la culture alimentaire, 3]), Shibata shoten 住住住住, Shôwa 

52 (1977) ;

* Tanegashima keizai jittai chôsa hôkoku  住住住住住住住住住住住 (Rapport d’enquête sur les conditions  

économiques réelles de Tanégashima), Keizai kikaku­chô, Shôwa 42 (1967) ;

* Tô­A ni okeru i to shoku  住住住住住住住住住 (Vêtement et alimentation en Asie orientale), (henshû), 

Tôhô gakujutsu kyôkai hen 住住住住住住住 (Association scientifique orientale), Zenkoku shobô 住住住住 , 

Oosaka, Shôwa 21 (1946) ;

*  Tôwa­chô­shi  住 住 住 住 (Revues   de   l’arrondissement   de   Tôwa),   (en   collaboration   avec 

OKAMOTO Sadamu 住住住 et avec le concours de Kinki Nippon tsûrisuto kabushikigaisha 住住住住住住住

住住住住住住 (Kinki Japon Touriste, S.A.) et du Nippon kankô bunka kenkyûsho 住住住住住住住住住 (Institut de 

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recherche sur les cultures du tourisme japonais)), Yamaguchi­ken Ooshima­gun Tôwa­chô 住住

住住住住住住住 (Département de Yamaguchi, District d’Ooshima, Arrondissement de Tôwa), 1982 ;

* Tekiô­ryoku – Atarashii Nihonjin no jôken  住住住住住住住住住住住住住 (Force d’adaptation – La condition  

des nouveaux Japonais), du Nihon bunka kaigi 住住住住住住 (hen.), (un texte), Sanshûsha ;

* Yume no shirase 住住住住住 (Le récit de rêves), Gendai sôzô­sha 住住住住住, jan. 1981, épuisé ;

B/ Œuvres dirigées ou supervisées (henshû . kanshû-rui 「

「「「「「)

(kan.) Aruku . miru . kiku  住住住住住住住住住 (Marcher, voir, entendre) (publication mensuelle), Nihon 

kankô bunka kenkyûsho 住住住住住住住住住 (Institut japonais de recherche sur la culture du tourisme), 

Shôwa 39 (1964) ; 

(kan.) Fuchû­shi­shi 住住住住 (Histoire de la ville de Fuchû) (ge 住 der. vol. : Minzoku­hen 住住住 (vol. 

« folklore »)), Tôkyô­to fuchû­shi   住 住 住 住 住 住 (Ville de Fuchû, Communauté urbaine de Tôkyô), 

mars Shôwa 49 (1974) ;

(hen.)  Fudoki Nihon  住 住 住 住 住 (Description des provinces du Japon) (7 vol.), publ. ach. déc. 

Shôwa 33 (1958), Heibonsha, mai Shôwa 32 (1957) ; 

(hen.) Hayakawa Kôtarô zenshû 住住住住住住住 (Œuvres complètes de HAYAKAWA Kôtarô) (10 vol. 

& 1 vol. d’annexes), Miraisha, sept. Shôwa 46 (1971), rééd. juil. 2003 en 12 vol. ;

(kan.)  Hiroshima­ken­shi / Minzoku­hen  住 住 住 住 住 住 住 住 (Histoire du département de Hiroshima /  

Volume « Folklore »), Hiroshima­ken 住住住 (Département de Hiroshima), jan. Shôwa 53 (1978) ;

(hen.) Jômin seikatsu shiryô sôsho 住住住住住住住住 (Corpus de documents sur la vie quotidienne du 

petit peuple) (24 vol.) publ. ach. oct. Shôwa 48, San’ichi shobô, sept. Shôwa 47 (1972) ;

(kan.)  Kôshô bungaku / Kôhan  住 住 住 住 住 住 住 (Littératures orales / Imprimerie),  publ. inter.  jan. 

Shôwa 11 (1936), 12 vol., sept. Shôwa 8 (1933) ;

(kan.)  Mihara­shi­shi   /  Minzoku­hen  住 住 住 住 住 住 住 住 (Histoire  de  la  ville  de Mihara   /  Volume 

« Folklore »), Mihara­shi 住住住 (Ville de Mihara), sept. Shôwa 54 (1979) ;

(kan.) Minami Sado no gyorô shûzoku 住住住住住住住住 (Coutumes de pêche de Minami­Sado (Sado  

du sud)), Sado­gun Kôgi­chô 住住住住住住 (Quartier de Kôgi, arrondissement de Sado), mai Shôwa 

50 (1975) ;

(kan.) Minzoku bunka sôsho  住住住住住住 (Collection « Culture folklorique ») (4 vol.) : supervision ; 

une préface ;

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(hen.) Nihon engyô taikei / Tokuron / minzoku 住住住住住住住住住住住住 (Corpus de l’industrie japonaise du 

sel / Théories spéciales / Folklore), Nihon sembai kôsha 住住住住住住 (Régie du monopole japonais), 

juillet Shôwa 52 (1977) ;

(hen.) Nihon minzoku bunka taikei 住住住住住住住住 (住住住住) (Corpus sur la cluture folklorique du Japon)  

(12 vol.)), publ. ach. jan. Shôwa 54 (1979), Kôdansha, fév. Shôwa 52 (1977)

(kan.)  Nihon ni ikiru  住 住 住 住 住 住 (Vivre au Japon) (20 vol.), publ. ach. avril Shôwa 52 (1977), 

Kokudosha, nov. Shôwa 49­52 (1974­77) (en particulier les vol. 7 & 8 de YAMAZAKI Zen’yû 住

住住住), Kôtoku­sha 住住住 ;

(kan.)  Nihon no meisan jiten  住 住 住 住 住 住 住 (Dictionnaire des spécialités du Japon), Tôyô keizai 

shimpôsha 住住住住住住住 (Société de presse économique d’Orient), oct. Shôwa 52 (1977) ;

(hen.) Nihon no mingu 住住住住住 (Les objets courants du Japon) (4 vol.) [Shibusawa Keizô sensei 

tsuitô kinen shuppan 住住住住住住住住住住住住 (Publications commémoratives du souvenir du professeur 

Shibusawa)] publ. ach. déc. Shôwa 42 (1967), Keiyûsha, nov. Shôwa 39 (1964) ;

(hen.) Nihon no minzoku 住住住住住 (Le folklore japonais) (11 vol.) publ. ach. juin Shôwa 40 (1965), 

Kawade shobô, juillet Shôwa 39 (1964) ;

(hen.) Nihon sairei chizu 4 Fuyu . Shinshû­hen  住住住住住住住住住住住住住 (Atlas des fêtes religieuses du  

Japon 4  /  Vol.  « L’hiver  –  le  commencement de  l’année »),  Kokudo chiri  kyôkai   住 住 住 住 住 住

(Association de géographie du territoire), mars Shôwa 52 (1977) ;

(hen.) Nihon sairei fudoki  住住住住住住住 (Description des fêtes populaires religieuses du Japon) (3 

vol.) publ. ach. fév. Shôwa 38, Keiyûsha, oct. Shôwa 37 (1962) ;

(hen.)  Nihon shomin seikatsu­shiryô shûsei  住住住住住住住住住住 (20 vol.), publ. ach. nov. Shôwa 52 

(1977), San’ichi shobô 住住住住, juill. Shôwa 43 (1968) ;

(kan.)  Nihon zankoku monogatari  住住 住住 住住 (Contes cruels japonais)  (5 vol.), publ. ach. juillet 

Shôwa 35, Heibonsha, nov. Shôwa 34 (1959) ;

(kan.)  Nihon zankoku monogatari (gendai­hen ni kan) 住住住住住住住住住住住住住 (Contes cruels japonais  

(Volume contemporain, 2 vol.)) publ. ach. jan. Shôwa 36, Heibonsha, nov. Shôwa 35 (1960) ; 

(hen.) Sakurada Katsutoku chosakushû  住住住住住住住 (Œuvres de SAKURADA Katsutoku) (7 vol.), 

Meicho shuppan 住住住住, mars Shôwa 55 (1980)

(kan.) Sanson no chiiki bunka hozon ni tsuite I 住住住住住住住住住住住住住 I (De la préservation de la culture  

locale des villages de montagne I),  Sanson shinkô chôsa­kai   住住住住住住住 (Société d’études de 

terrain sur le développement des villages de montagne), Shôwa 50 (1975) ;

Page 221: MIYAMOTO Tsunéichi 宮宮宮宮, un ethnographe … · 3 Tristes Tropiques, Plon, Paris ... , ni des homographes, à cause de la ... Dans nos exemples, nous figurerons l’intonation

(kan.) Sanson no chiiki bunka hozon ni tsuite II 住住住住住住住住住住住住住 II 住De la préservation de la culture  

locale des villages de montagne II住, Zenkoku nôgyô kaizen kyôkai 住住住住住住住住 (Association pour 

l’amélioration de l’agriculture à l’échelle nationale), Shôwa 51 (1976) ;

(kan.)  Sanson shakai keizai­shi sôsho   住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Collection de revues d’économie des 

sociétés villageoises de montagne) (20 vol., publ. inter.), Kokudosha   住 住 住 , déc. Shôwa 48 

(1973) ;

(kan.) Senjafuda 住住住 (Etiquettes votives), Tankôsha 住住住, fév. Shôwa 50 (1975) ;

(hen.)  Sugae Masumi yûran­ki  住住住住住住住 (Les Notes de pérégrination de SUGAE Masumi)  (5 

vol.) [Tôyô bunko], Heibonsha, nov. Shôwa 40 (1965) ;

(hen.) Sugae Masumi zenshû 住住住住住住 (Œuvres complètes de SUGAE Masumi) (12 vol. & 2 vol. 

d’annexes), Miraisha, mars Shôwa 46 (1971) ;

(hen.) Suô Ooshima Tempô nendo nôgyô mondô / Kaei­do nenchû gyôji  住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

(Les questionnaires agricoles des années Tempô (1830­1844) / Les évènements annuels de  

l’époque Kaei (1848­1954)), Nihon jômin bunka kenkyûjo 住住住住住住住住住 (Institut de recherche sur la 

culture populaire japonaise), juin Shôwa 30, 1955) ;

(hen.) Yamaguchi­ken Kuka­chô­shi 住住住住住住住 (Revue de Kuka­chô, en Yamaguchi), Ooshima­

gun Kuka­chô 住住住住住住 (Arrondissement de Kuka, Canton d’Ooshima), mars Shôwa 29 (1954).

Enfin,   trois   volumes   composés   exclusivement   d’entretiens  jusque   là   introuvables   sont   parus 

séparément aux éditions Kawade shobô, Tôkyô :

Nihonjin wo kangaeru / Rekishi.minZoku.bunka 住住住住住住住住住住住住住住 (Penser les Japonais : Histoire, 

folklore et cultures), mars 2006, 2100 Y, ISBN4­309­22449­0 ;

Tabi no minZokugaku 住住住住住 (Ethnographie du voyage), août 2006 ;

Natsukashii hanashi / Rekishi to fûdo no minZokugaku 住住住住住住住住住住住住住住住住 (Histoires du bon vieux 

temps : Ethnographie du milieu et Histoire), septembre 2007.

Section II Bibliographie d’ouvrages sur 

MIYAMOTO Tsunéichi 「「「「「「「「「「

I Ouvrages traitant principalement de MIYAMOTO 

Tsunéichi 住住住住住住住住住住住住住

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AMINO Yoshihiko 住住住住, « Wasurerareta Nihonjin » wo yomu  住住住住住住住住住住住住住 (Lire Les Japonais 

oubliés), Iwanami shobô 住住住住, Tôkyô, 2003, 229 p. ;

Fuchû Bunka shinkô zaidan 住住住住住住住住, Fuchû­shi Kyôdo no mori hakubutsukan bukkuretto 9 :  

Miyamoto Tsuneichi no mita Fuchû  住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Livrets du Musée du bois du 

terroir de la ville de Fuchû : Fuchû vu par Miyamoto Tsunéichi), Fuchû, Fuchû­shi Kyôdo no 

mori hakubutsukan, 127 p. ;

HAMAMURA Atsushi 住住住, « The Retrospective Gaze & the Basis of Nostalgic Feelings » (« Le 

Regard  rétrospectif  et   les bases du sentiment  de nostalgie »),   in  Yoseba Annual  No.14, 

SPECIAL FEATURE: GLOBALIZATION / GENDER / ETHNICITY, Tôkyô,  Gendai shokan, 

2001 ;

IRISH  Jeffrey   (trad.),   « Chasing  Folksongs  –  Miyamoto   Tsuneichi »   (« A   la   chasse  aux 

chants folkloriques »), Kyoto journal : Perspectives from Asia, KJ 63, New York, 2006 ;

KIMURA Tetsuya 住住住住, Wasurerareta Nihonjin no butai wo tabi suru 住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Voyager 

sur la scène des Japonais oubliés), Kawade shobô shinsha 住住住住住 , Tôkyô, 1ère éd. fév. 2006, 

1890 Y, ISBN4­309­22444­X ;

Kinokuniya shoten 住住住住住住, Miyamoto Tsuneichi 住住住住 (Miyamoto Tsunéichi), Kinokuniya shoten­

han, Tôkyô, juin 1999, 26 250 YTTC ;

KOTANI Hômei   住 住 住 住 , « Miyamoto Tsuneichi­sensei nempyô » 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Chronologie du 

professeur Miyamoto Tsunéichi),  in  revue  Kinki minZoku  住 住 住 住 住 住 (Ethnographie des arts et 

traditions populaires du Kinki), n°88 et éd. privée Kotani­jô kyôdo­kan­kan 住住住住住住住 ;

Miyamoto Tsuneichi Tsuitô bunshû henshû iinkai 住住住住住住住住住住住住住 (Comité rédacteur de Mélanges 

commémoratifs pour  le professeur Miyamoto Tsunéichi,  Miyamoto Tsuneichi / Dô­jidai  no  

shôgen  住住住住住住住住住住住 (Témoignages d’une époque aux côtés de Miyamoto Tsunéichi), tome I 

(voir à TAMURA pour le tome II), Nihon kankô bunka kenkyûsho , Tôkyô, 1981, rééd. augm. 

Heisei 16 (2004) ;

MÔRI Jimpachi   住 住 住 住 ,  Miyamoto Tsuneichi  wo aruku  住 住 住 住 住 住 住 (Marcher avec Miyamoto 

Tsunéichi), 2 vol., Shôgakkan, Tôkyô, 1998

NAGAHAMA Isao 住住住 : Hôkô no manazashi / Miyamoto Tsuneichi no tabi to gakumon 住住住住住住住住住

住 住 住 住 住 住 住 住 (Regard d’errance : Les voyages et  la science de Miyamoto Tsunéichi), Akashi 

shoten 住住住住, Tôkyô, 1995 ;

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NAGAHAMA Isao, Nihon minshû no bunka to jitsuzô / Miyamoto Tsuneichi no sekai 住住住住住住住住住住

住 住 住 住 住 住 住 (Culture et  image réelle du peuple japonais :  le monde de Miyamoto Tsunéichi), 

Meiseki shoten, déc. 1995, 2 548 YTTC, ISBN 4­7503­0766­1 ;

SANADA Yukitaka 住住住 住住住住, Miyamoto Tsuneichi no densetsu 住住住住住住住 (La légende de Miyamoto 

Tsunéichi), Aunsha 住住住, Kyôto, 2002 ;

SANO Shin’ichi 住住住住, Miyamoto Tsuneichi ga mita Nihon 住住住住住住住住住 (Le Japon que vit Miyamoto 

Tsunéichi), (fascicule broché), NHK Ningen kôza 住住住住住住住 , NHK Shuppan 住住住住住 , Tôkyô, jan. ­ 

mars 2000 ;

SANO Shin’ichi,  Miyamoto Tsuneichi ga mita Nihon  住住住住住住住住住 (Le Japon que vit Miyamoto 

Tsunéichi), (ouvrage en volume cartonné), NHK Shuppan 住住住住住, Tôkyô, 1ère éd. 2001, 4ème éd. 

2002 ; 

SANO Shin’ichi :  Miyamoto Tsuneichi  no manazashi  住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Le regard de Miyamoto 

Tsunéichi), Mizunowa shuppan 住住住住住住, Kôbé, 2003 ;

SANO Shin’ichi, FUJIMOTO Kiyohiko 住住住住, USU’I Takumi 住住住, KOIZUMI Bon 住住住, TATEMATSU 

Wahei 住住住住 : Miyamoto Tsuneichi no messêji : Suô Ooshima kyôdo daigaku kôgi­roku 住住住住住住住住住

住住住住住住住住住住住住住 (Le message de MIYAMOTO Tsunéichi : Cours de l’Université du terroir de Suô 

Ooshima), Kôbé, Mizunowa shuppan, 2007, 116 p., 15OO YHT. ;

SANO Shin’ichi, Miyamoto Tsuneichi no shashin ni yomu ushinawareta Shôwa 住住住住住住住住住住住住住住住住

(L’ère Shôwa disparue lue dans les photos de Miyamoto Tsunéichi), Heibonsha  住住住 , Tôkyô 

2004.

SANO Shin’ichi (sekinin henshû  住住住住 (sous la responsabilité de住)), Miyamoto Tsuneichi tabi  

suru minzokugakusha 住住住住住住住住住住住 (Miyamoto Tsunéichi, ethnographe folkloriste qui voyageait), 

Kawade Michi ne techô KAWADE 住住住住, Kawade shobô shinsha 住住住住住住, Tôkyô, avril 2005, rééd. 

juin 2005, 200 p. (en deux ou trois colonnes)  ;

SANO Shin’ichi,  Tabi suru kyojin / Miyamoto Tsuneichi to Shibusawa Keizô  住住住住住住住住住住住住住住住

(Des géants qui voyageaient : Miyamoto Tsunéichi et Shibusawa Keizô), Bungei shunjû­kan 

住住住住住, Tôkyô, 1996 ;

SATAO Shinsaku   住 住 住 住 住 :  Kaze no hito : Miyamoto Tsuneichi  住 住 住 住 住 住 住 住 (L’homme du vent : 

MIYAMOTO Tsunéichi), Kôbé, Mizunowa shuppan, 2008, 196 p. ;

SATAO Shinsaku,  Miyamoto Tsuneichi / tabi no genkei  住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Miyamoto Tsunéichi / 

Paysages d’origine de ses voyages), photos de TANAKA Shinji   住住住住 et ARAKI Hajime  住住住 , 

Mizunowa shuppan 住住住住住住, Kôbé, juillet 2005, 94p. ;

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 SATAO Shinsaku,  Miyamoto Tsuneichi to iu sekai  住住住住住住住住住 (Un monde nommé Miyamoto 

Tsunéichi), Mizunowa shuppan, Kôbé, 2004 ;

Suô  Ooshima Kyôdo daigaku   住 住 住 住 住 住 住 住 (Université  du  monde  rural  de Suô  Ooshima), 

Miyamoto Tsuneichi nooto Suô Ooshima Kyôdo daigaku kôgi­roku 住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Notes de 

cours   de   l’Université   du   monde   rural   de   Suô   Ooshima   sur   Miyamoto   Tsunéichi)   (titre 

provisoire), Mizunowa shuppan 住住住住住住, Kôbé, à paraître ;

SUTÔ Isawo, Shashin de tsudzuru Miyamoto Tsuneichi  住住住住住住住住住住 (Miyamoto Tsunéichi en 

photos), Miraisha, Tôkyô, 2004 ;

TAMURA Zenjirô 住住住住住 (sous la direction de), Miyamoto Tsuneichi tsuitô bunshû/ Dô­jidai no  

shôgen  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Témoignages d’une époque : Recueil de  textes en hommage à 

Miyamoto  Tsunéichi),   tome  II   (zoku  住 )   (tome  I  par   le  Miyamoto  Tsuneichi­sensei   tsuitô 

bunshû henshû iinkai 住住住住住住住住住住住住住住住 (Comité pour le recueil commémoratif de textes sur le 

professeur Miyamoto Tsunéichi)), Matsuno shoten 住住住住住, Shûnan 住住, Heisei 16 (2004) ;

Tôhoku geijutsu kôka daigaku Tôhoku bunka sentâ 住住住住住住住住住住住住住住住住 (Centre culturel du Tôhoku 

de l’Université d’Art et technologie du Tôhoku),  Kikan Tôhoku­gaku dai­yon­gô : Miyamoto 

Tsuneichi : Eizô to minZoku no hazama  住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住(Numéro 4, trimestriel, de la 

revue   Etudes   sur   le  Tôhoku :  Miyamoto  Tsunéichi,   entre   image  et   folklore),  Yamagata, 

Kashiwa shobô 住住住, août 2005, 250 p. ;

II Ouvrages traitant incidemment de MIYAMOTO 

Tsunéichi 住住住住住住住住住住住住住住住

La revue Mirai  住住住住(Futur), publiée par l’éditeur Miraisha, où l’on trouve parfois des articles 

sur MIYAMOTO. 

AMINO Yoshihiko 住住住住 ,  Chûsei saikô / Rettô no chiiki to shakai  住住住住住住住住住住住住住 (Repenser le 

Moyen Age : Régions et sociétés de l’archipel), Kôdansha gakujutsu bunko, Tôkyô, 1ère éd. 

2000, rééd. 2004 ;

Collectif (MORIMOTO Takashi 住住住 & SUDÔ Mamoru 住住住 (dir.), NIIYAMA Shizuo 住住住住 & Suô 

Ooshima kyôdo daigaku 住住住住住住住住), Oki­kamuro Seto­naikai no chôgyo no shima 住住住住住住住住住住住住住住住, 

rééd. Du n°195 d’Aruku miru kiku 住住住住住住住住住(Marcher, regarder, écouter) de mai 1983, Kôbe, 

Mizunowa shuppan, août 2006, 102 p. ;

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FUJITA Shôzô   住住住住 ,  Tenkô  住住 (Revirements), Tôkyô, Heibonsha, 1960, 2ème  tome (chû  住 ), 

Chapitre « Hoshu shugi­teki yokusan riron – Hasegawa Nyozekan . Miyamoto Tsuneichi »住住住住

住 住 住 住 住 住 ― 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (« Théories du soutien au conservatisme – HASEGAWA Jozekan / 

MIYAMOTO Tsunéichi ») ;

HIMEDA Tadayoshi 住住住住 ,  Wasurerareta Nihon no bunka  住住住住住住住住住住 (Les cultures du Japon 

oublié), Tôkyô, DVD, Iwanami shoten, Iwanami bukkuretto 住住住住住住住住 n°193, 1ère éd. avril 1991, 

rééd. Juin 2006, 63 p. ;

KASORI Takashi 住住住住, 50 cc baiku de shima no onsen Nihon isshû 住住住住住住住住住住住住住住住住 (Le tour du 

Japon par les sources chaudes des îles en 50 cm³), Shôgakkan bunko 住住住住住, Shôgakkan­han 

住住住 住, août 2005, 650 YHT, ISBN4­09­411102­6, 

KOMATSU Tsuyoshi 住住住住住, Miyamoto Tsuneichi no ashiato Tsushima . Iki wo meguru 住住住住住住住住住

住 住 住 住 住 住 住 (Sur les traces de Miyamoto Tsunéichi : Autour de Tsushima et Iki), s.l., Komatsu 

Tsuyoshi insatsu, Tsushima no kokoro II 住住住住住住 II, mai Heisei XIX (2007), 112 p. ;

SANO Shin’ichi 住住住住, Dai­ôjô no shima 住住住住住 (L’île de la grande réincarnation), Bungei shunjû, 

Tôkyô, mai 2006, 650 YHT ;

SANO Shin’ichi, Watashi no taiken­teki nonfikushon­jutsu 「「「「「「「「「「「「「「 (Mes techniques pour 

le récit de faits vécus), Shûeisha, nov. 2001, 714 YTTC, ISBN 4­08­720117­1

SUTÔ Isao 住住住, Yamakoshi mura 住住住住 (Le village de Yamakoshi), Nôsangyoson bunka kyôkai 

住住住住住住住住 (Association culturelle des villages agraires, montagnards et de pêcheurs), oct. 2005, 

ISBN4­540­05252­7, 158 p. : ouvrage illustré de photographies

Yamakoshi­mura shashin­shû seisaku iinkai 住住住住住住住住住住住住 (Comité de réalisation d’un recueil de 

photographies du village de Yamakoshi), Furusato Yamakoshi ni ikiru – Mura no zaisan wo  

ikasu Miyamoto Tsuneichi no teian 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Vivre dans notre bon vieux village 

de Yamakoshi ­ Propositions de Miyamoto Tsunéichi pour faire vivre les biens du village), 

Tôkyô, Nôbunkyô 住住住, 2007, 160 p. illustrées.

A noter la publication d’un recueil de calligraphies de MIYAMOTO Junko 住住住住 d’après des citations 

de MIYAMOTO Tsunéichi :

NAGAOKA Hidétoshi 住住住住 (dir.), Shisaku suru tabibito Miyamoto Tsuneichi : Meigen shigen 

gengo­roku 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住(Un voyageur qui pense : Recueil de phrases célèbres, bon mots 

et mots choisis de Miyamoto Tsunéichi), Fukuoka, Nagaoka Hidetoshi, 1ère éd. mars 2007, 32 

p..

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II Sources secondaires et ternaires

I Sources secondaires

A/ Bibliographie sur l’ethnographie du folklore 

(minzokugaku 住住住) japonais 住住住住住住住住住

1) Ouvrages de et sur les minzokugaku dans leurs divers

aspects :

a. Auteurs japonais

AERA   Mook   (Asahi   Shimbun   Extra   Report   &   Analysis   Special   Number   32,   1997)   /  

Minzokugaku ga wakaru 住住住住住住住 (AERA Mook (Rapport extraordinaire et analyse spéciale de 

l’Asahi   shimbun,   n°33,   1997)   Comprendre   l’ethnographie   du   folklore),  Tôkyô,  Asahi 

shimbun­sha 住住住住住, 1997, rééd. 2003 ;

Collectif (AKIYAMA Takashi   住 住住 住 , KITAMI Toshio   住 住住 住 , MAEMURA Matsuo  住 住住 住 , WAKAO 

Shumpei 住住住住, MIYAMOTO Kesao 住住住住住 et WADA Masakuni 住住住住), Zuroku nômin seikatsu­shi  

jiten 住住住住住住住住住住 (Encyclopédie illustrée d’Histoire de la vie quotidienne des populations rurales), 

Tôkyô, Kashiwa shobô 住住住, 1991, 278 p. ;

Collectif, MinZoku tambô jiten 住住住住住住, Tôkyô, Yamakawa shuppansha 住住住住住, 1983, rééd. 2002, 

465 p. ;

EGAMI Namio,  ­  Kiba minzoku kokka  住 住 住 住 住 住 (L’Etat des ethnies cavalières), Tôkyô, 

Chûô kôron­sha, Shôwa XLII (1967), rééd. Shôwa XLV (1970) ;

­ (dir.), Kiba minzoku to ha nani ka ? 住住住住住住住住 (Qu’est­ce que les ethnies cavalières ?), Tôkyô, 

Shôwa L (1975), Mainichi shimbun­sha, 242 p. ;

FUKUDA Ajio 住住住住住, KANDA Yoriko 住住住住住, SHINTANI Takanori 住住住住, NAKAGOMI Mutsuko 住住住住, 

YUKAWA Yôji  住住住住 et WATANABE Yoshio 住住住住 (dir.), Seisen Nippon minZoku jiten  住住住住住住住住

(Dictionnaire raisonné  d’ethnographie du folklore du Japon), Tôkyô, Yoshikawa kôbunkan, 

2006, 692 p. ;

Page 227: MIYAMOTO Tsunéichi 宮宮宮宮, un ethnographe … · 3 Tristes Tropiques, Plon, Paris ... , ni des homographes, à cause de la ... Dans nos exemples, nous figurerons l’intonation

HIMEDA Tadayoshi 住住住住 (dir.),  Haruka naru kirokusha he no michi – Himeda Tadayoshi to  

Eizô minZokugaku 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (La route vers un documentariste éloigné : HIMEDA 

Tadayoshi et l’ethnographie du folklore en images), Tôkyô, Kinokuniya shoten, 2007, DVD, 

3150 ¥

KITA Sadakichi 住住住住, Hi­sabetsu buraku toha nani ka ? 住住住住住住住住住 (Qu’est­ce que les « Hameaux 

discriminés » ?), Tôkyô, Kawade shobô shinsha, 2008, 262 p. ;

KOMATSU Kazuhiko 住住住住 & SEKI Kazutoshi 住住住, Atarashii minZokugaku he : No no gakumon 

no tame no ressun 26 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Vers un nouveau folklore : Leçon 26 pour l’étude 

de la science de la campagne), Tôkyô, Serika shobô 住住住住住, 2002, 334 p. ;

MINAKATA Kumagusu 住住住住, Zenshû 住住 (Œuvres complètes), Tôkyô, Heibonsha, 12 vol. + un 

vol. d’essais tranduits de l’anglais + la correspondance + le journal, 1975 ;

NAKAGAWA Roppei 住住住住 , « Aruku gakumon » no tatsujin  住住住住住住住 (Les experts de « la de la 

marche »), Tôkyô, Shôbunsha 住住住, 2000, 235 p. ;

NOZOE Kenji 住住住住, Matagi wo nariwai ni shita hitotachi 住住住住「「「「

住住住住住住住住, Tôkyô, Shakai hyôron­sha 

住住住住住, 2006, 246 p. ;

ORIKUCHI Shinobu 住住住住, Zenshû 住住 (Œuvres complètes), Tôkyô, Chûô kôron shinsha, 1995­

2002 ;

OTO Tokihiko,  Folklore   in   Japanese  Life   and  Customs  (Le  Folklore  dans   la   vie   et   les 

coutumes   japonaises),   Tôkyô,   Kokusai   bunka   shinkokai   (The   Society   for   International 

Cultural Relations), Series on Japanese Life and Culture, Vol. VI, 1963, 140 p. ;

SAKUARA’I Tokutarô   住 住 住 住 住 ,  Kisetsu no minzoku  住 住 住 住 住 (Arts et traditions populaires des 

saisons), Tôkyô, Shûei shuppan 住住住住, 1ère éd. Nov. Shôwa 44 (1969), 266 p. ;

SHIBUSAWA Keizô 住住住住, Chosaku­shû 住住住 (Œuvres), éd. établie par AMINO Yoshihiko 住住住住, 5 

tomes, Tôkyô, Heibonsha 住住住, 1992­1993 ;

SHINTANI Takanori 住住住住, NAMIHIRA Emiko 住住住住住 & YUKAWA Yôji 住住住住, Kurashi no naka no 

minzokugaku 住住住住住住住住住 (Ethnographie des arts et traditions populaires au cœur de la vie), t. 1 : 

Ichi­nichi 住住 (La journée), 258 p. ; t. 2 : Ichi­nen 住住 (L’année), 240 p. ; t. 3 : Isshô 住住 (La vie), 

252 p., Yoshikawa kôbunkan 住住住住住, Tôkyô, mai 2003 ;

SUGAE Masumi 住住住住, Minzoku go’i 住住住住 (Vocabulaire du folklore), éd. établie par INE Yûji 住住住, 

Tôkyô, Iwata shoin 住住住住, 1ère éd. 1995, rééd. 2002 ;

TAKAHASHI Kihei   住 住 住 住 住 ,  Sawauchi­mura monogatari 住 住 住 住 住 住 住 (Récits de Sawauchi­mura), 

Morioka, Iwate nippô­sha, 1998, 107 p. ;

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TANIGAWA Ken’ichi   住 住 住 住 ,  Zenshû  住 住 (Œuvres   complètes),   24   vol.,   Tôkyô,   Fuzanbô 

International 住住住住住住住住住住住住, 2006 ;

MinZoku.chimei soshite Nippon 住住住住住住住住住住 (Folklore, toponymes et Japon), Tôkyô, Dohsei­sha­

kan 住住住住, 1989, rééd. 1999, 254 p.;

Tokoyo­ron 住住住 (De l’autre monde), Tôkyô, Kôdansha gakujutsu bunko, 1ère éd. 1989, 286 p. ;

YAGIRI  Tomeo   住 住 住 住 ,  Sanka  minZokugaku   住 住 住 住 住 住 (Ethnographie  des Sanka),  Tôkyô, 

Sakuhinsha 住住住, 2003, 302 p. ;

YANAGITA Kunio   住 住 住 住 , Yanagita Kunio Zenshû  住 住 住 住 住 住 (Œuvres complètes), 32 volumes, 

Tôkyô, Chikuma bunko 住住住住住, Chikuma shobô 住住住住, 1989­1991 ;

Contes du Japon d’autrefois, traduit du japonais par Geneviève SIEFFERT, Paris, Littérature 

d’étranges pays, POF, 1983, 183 p. ;

Les yeux précieux du serpent,   trad.  Geneviève SIEFFERT,  Le Serpent  à  plumes,  Paris, 

1999, 193 p. ;

Chimei   no   kenkyû  住 住 住 住 住 (Recherches   sur   les   toponymes),  Tôkyô,  Kadokawa  bunko, 

Kadokawa shoten, Shôwa XLIII (1968), rééd. Shôwa XLIX (1974), 316 p. ;

Tôno monogatari 住住住住(Contes de Tôno) ; traduction anglaise : The Legends of Tôno, traduit et 

présenté par Ronald A. MORSE, Tôkyô, The Japan Foundation, 1975, 90 p. ;

« Le Rappel du soleil », dans Cahiers d'études et de documents sur les religions du Japon  

IV,  Paris  Centre   d'Etudes   sur   les  Religions   et  Traditions   du   Japon,   Ecole   Pratique   des   Hautes 

Etudes ;

« Le Pouvoir de la sœur (Imō no chikara) », dans Cent ans de pensée au Japon, ALLIOUX 

Yves­Marie (dir.), tome II, Arles, Philippe Picquier, 1996 ;

b. Auteurs occidentaux

BERTHIER­CAILLET L., Fêtes et rites des quatre saisons au Japon, Cergy, POF, 1981 ;

BOUCHY Anne,  Shashin gyôja Jitsukaga no shugendô  (Le shugendô de Jitsukaga, ascète 

de l'abandon du corps), Tôkyô, Kadokawa shoten, 1977, 80 p. ;

Tokuhon  ascète  du  nenbutsu   ­  Dans   le   cadre  d'une   étude  sur   les   religieux  errants  de  

l'époque d'Edo,  Cahiers  d'Etudes et  de Documents sur   les Religions  du Japon 5,  Paris, 

Centre d'Etudes sur les Religions et Traditions du Japon, Ecole Pratique des Hautes Etudes, 

Ve Section, 1983, 216 p. ;

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Les   oracles   de   Shirataka,   ou   la   sibylle   d'Ôsaka.   Vie   d'une   femme   spécialiste   de   la  

possession dans le Japon du XXe siècle, Arles, Editions Philippe Picquier, 283 p., 8 plans et 

cartes, 23  illustrations,  31 photographies.  Prix Alexandra David­Neel,  1ère  éd. 1992, rééd. 

1993, nouvelle éd. 2005, texte augmenté, 60 photos et illustrations, 7plans et cartes ; ;

CHAMBERLAIN Basil Hall, Mœurs et coutumes du Japon, Paris, Payot, 1931 ;

COURQUET C., Le chat dans le folklore du Japon, Alfort, Th. Méd. Vét., 1986, 152 p. ;

COYAUD   Maurice,  De   fête   en   fête   (folklore   du   Japon,   haïku,   proverbes,   itako,   sumo,  

namazue), Paris, PAF, 2000 ;

EMBREE John,  Suye Mura:  A  Japanese  Village,  Chicago,  University  of  Chicago  Press, 

1939 ;

HAGUENAUER Charles,  Origines de la civilisation japonaise / Introduction à l’étude de la  

Préhistoire du Japon, t. 1, Lille, Imprimerie nationale, Librairie Klingsieck, 1956, 640 p. ;

LEROI­GOURHAN André, Pages oubliées sur le Japon, Paris, éd. Jérôme Millon, 2004, 500 

p. ;

ROBERTSON Jennifer (dir.),  A Companion to the Anthropology of Japan, Oxford, Blackzell 

Publishing, 2005, 501 p. ;

ROTERMUND   Hartmunt   O.   (sous   la   direction   de),  Religions,   croyances   et   traditions  

populaires du Japon, Paris, Maisonneuve et Larose, 1988, 2000, 540 p. ;

2) Sur MINAKATA Kumagusu :

TSURUMI Kazuko 住住住住 ,  Minakata Kumagusu  住住住住 , Tôkyô, Kôdansha, Kôdansha gakujutsu 

bunko, 1ère éd. janvier 1981, rééd. décembre 2004, 318 p..

3) Sur YANAGITA Kunio572 :

BOKUDA Shigeru   住 住 住 ,  Hyôden Yanagita Kunio  住 住 住 住 住 住 (Yanagita Kunio,  une biographie 

critique), Tôkyô, Nihon shoseki 住住住住, juill. 1979 ;

KAWADA Minoru   住 住 住 ,  Yanagita Kunio no shisô­teki kenkyû  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Les recherches 

idéologiques  de Yanagita  Kunio),  Yoshikawa kôbunkan   住 住 住 住 住 ,  Tôkyô,  1997 ;   traduction 

anglaise, The Origin of Ethnography in Japan : Yanagita Kunio and his Time (Les origines de 

572 Pour les ouvrages de YANAGITA Kunio, cf. plus haut. 

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l’ethnographie au Japon : Yanagita Kunio et son temps), traduit par Toshiko Kishida­Ellis, 

London & New York, Kegan Paul International, 1993 ;

MATSUMOTO Mikio 住住住住住, Yanagita Kunio to minZoku no tabi 住住住住住住住住住 (Yanagita Kunio et le 

voyage ethnographique), Tôkyô, Yoshikawa kôbunkan 住住住住住, Heisei IV (1992), 254 p. ;

MATSUMOTO Mikio, Yanagita « minZokugaku » he no teiryû 住住住住住住住住住住住 (Le courant de fond 

vers la « minZokugaku » de Yanagita), Tôkyô, Seikyûsha 住住住, 1994, 212 p. ;

NAKAMURA Akira   住 住 住 ,  Yanagita Kunio no shisô  住 住 住 住 住 住 住 (La pensée de Yanagita Kunio), 

Tôkyô, Kôdansha gakujutsu bunko, Shôwa LII (1977), 2 vol., 174 et 205 p. ;

OOTSUKA Eiji 住住住住, Gishi toshite no miZokugaku : Yangita Kunio to itan no shisô 住住住住住住住住住住住住住住

住住住住住住 (La minZokugaku en tant qu’Histoire mensongère : YANAGITA Kunio et les pensées 

hétérodoxes), Tôkyô, Kwai 住 BOOKS, Kadokawa shoten, 2007, 270 p.

4) Ethnographie et ethnologie de la Chine et de l’Asie

rurales :

a. En langue chinoise

FÈI  Xiàotōng   住 住 住 (1910­2005),  (anthropologie  historique et  sociologie),  Wèn­jí  住 住 住 住 住 住 住

(Œuvres), Bĕijīng, Qúnyán chūbănshè 住住住住住, 1999 ; (par ex. : Peasant Life in China住1939住住住住住住

住住住住 ; 住住住住住住住1943住 ; Earthbound China 1945) ; 住住住住住1945住 ; 住住住住住住住1946住 ; 住住住住住住住1947住 ; 住住住住住住

住1948 住 ;   住 住 住 住 住 住 住 1948 住 ;  Toward a Peoples Anthropology 住1981 住 ;  Chinese Village Close­

up住1983住 ; 住住住住住住住住住住住1983住 ; 住住住住住住住住1985住 ; 住住住住住住住住住住住住1985住 ; 住住住住住住住住住住住1985住 ; Small Towns in  

China住1986住 ; 住住住住住住住住住住1986住 ; 住住住住住住住住住住住住1987住 ; 住住住住住住住住住住住住1988住 ; 住住住住住住住住1989住) ;

b. En langues occidentales

MYRDAL Jan,  Un village  de  la  Chine populaire,   trad.  de C.G.  BJURNSTRÖM et  André 

MATTHIEU, Paris, L’Espèce humaine, nrf, Gallimard, éd. orig. 1963, trad. 1964, 419 p. ;

THIREAU Isabelle et WANG Hansheng (dir.), Disputes au village chinois : Formes du juste  

et recompositions locales des espaces normatifs, Paris, Editions de la Maison des sciences 

des l’homme, 2001, 342 p. ;

B/ Bibliographie d’ouvrages sur l’ethnographie, 

l’ethnologie et l’anthropologie 住住住住住住住住住住住住住住住

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La présente bibliographie se veut simplement indicative. Pour plus de référence, le lecteur voudra bien 

se reporter aux ouvrages spécialisés, et notamment à  la bibliographie figurant dans  Introduction à  

l’ethnologie et à l’anthropologie, de Jean COPANS.

1) Divers ethnographie / ethnologie / anthropologie en

général :

AOKI Eriko 住住住住住 :  Sei wo orinasu poetikkusu / Indoneshia.Furôresu­tô  ni okeru shi­teki  

katari no jinruigaku  住住住住住住住住住住住住 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Une poétique qui tisse la vie / 

Anthropologie  culturelle  des  récits  poétiques de  l’île  de Flores,   Indonésie),  Kyôto,  Sekai 

shisô­sha kyôgakusha 住住住住住住住住, avril 2005, 556 p., 4,410 Y.TTC, ISBN 4­7907­1115­3 ;

Tedzukuri zakkaten CLOUDY 住住住住住住住住住住住住 (CLOUDY, un grand magasin de produits fait­main), 

Tôkyô, Ondori­sha 住住住, octobre 2005, 103 p., 住住, 1 365 Y TTC, ISBN 4­277­43063­5 ;

AUGE Marc : Pour une anthropologie des mondes contemporains, Paris, Aubier ; 1994, rééd.

Champs Flammarion, 1997, 2003 ;

BENSA A. et FASSIN E., « Les sciences sociales face à l’événement », Terrain, 38, 2002 ;

BERGER Laurent, Les nouvelles ethnologies, Enjeux et perspectives, Paris, Sociologie 128 

n°298, Nathan Université 2004, 127 p. ;

BLANCHET Alain et GOTMAN Anne, L’enquête et ses méthodes : l’entretien, Paris, Nathan 

Université, 1992, rééd. 2001 coll. 128 sociologie n°19, 125 p..

BONTE Pierre & IZARD Michel, Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie, Paris,

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BOZON M. et CHAMBOREDON Jean-Claude, « L’organisation sociale de la chasse en

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CAROLL Raymonde : Evidences invisibles – Américains et Français au quotidien, Paris,

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CHALMIN Pierre (dir.), Terre Humaine, une anthologie, Paris, Pocket, Plon, 2005, 538 p. ;

CLIFFORD James,  Malaise dans  la  culture:  L’ethnographie,   la  litérature et   l’Art  au Xxe  

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Literature and Art), Paris, 1998, 388p. ; 

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mthodes, Sciences sociales 128 n°124, Nathan 1996, 2è éd. refondue Armand Colin, 2005, 

127 p. ;

L’enquête ethnographique de terrain,  Paris,  L’enquête et ses mthodes, Sciences sociales 

128 n°210, Nathan 1999, rééd. Armand Colin, 2005, 126 p. ;

FRAZER James George, The Golden Bough, 13 vol., Hongkong, 1980, trad. française : Le 

rameau d’or, Bouquins, Robert Laffond ;

GIRARD René,  Mensonge romantique et vérité romanesque, Paris, Grasset,1961 ;

La violence et le sacré, Paris, Grasset, 1972 ;

KILANI   Mondher,  Introduction   à   l’anthropologie,   Lausannes,   Sciences   humaines   Payot, 

1992, réimp. 1996, 337 p. + annexes et index ;

LABURTE­TOLRA   Philippe   &   WARNIER   Jean­Philippe,  Etnologie,   Anthropologie,   Paris, 

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LEVI­STRAUSS Claude, Tristes Tropiques, Paris, Terre Humaine Pocket, Plon, 1955, rééd. 

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Pausanias, Description de la Grêce ;

PITT­RIVERS Julian : « Un rite de passage dans la société moderne : le voyage aérien », in 

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SEGALEN Martine (dir.), Ethnologie : Concepts et aires culturelles, Paris, Armand Colin,

2001, 320 p. ;

SERVIER Jean, L’ethnologie, Paris, Que sais-je, puf, 1986, rééd. 1997, 128 p. ;

VALIERE Michel, Ethnographie de la France, Paris, Armand Colin Cursus, 2002, 214 p. ;

VAN GENNEP Arnold, Les rites de passage, Paris, A. et J. Picard, 2000, 288 p. ;

WEBER Florence, Guide de l’enquête de terrain, Paris, La Découverte, 2003.

2) Sur le folklore :

FORTOUL Hippolyte, Recueil général de poésies populaires de la France ;

GIRAUD (J.), PAMART (P.), RIVERAIN (J.), « Mots dans le vent »,  Vie Lang. 1970, p. 50, 

QUEM. DDL t. 2. ;

HERSART de LA VILLEMARQUE Théodore, Barzaz­Breiz, Paris, 1939 ;

SEBILLOT Paul, Le folklore de France, Paris, Librairie Orientale et Américaine, 1940, 4 vol. ;

TENEZE Marie­Louis, Nanette Lévesque, conteuse et chanteuse du pays des sources de la  

Loire : la collecte de Victor Smith 1871­1876, Paris, Gallimard, 2000 ;

VAN GENNEP Arnold,  Manuel  de  folklore   français  contemporain,  Paris,  1939,   rééd.  Le 

folklore   français,  Paris,  Robert  Laffont,  Bouquins,  1998­1999,  4 volumes (trois   tomes de 

1200, 1140 et 810 p. et un tome bibliographique de 1110 p.) ;

3) Divers

Ruralité  en français

CHAMPAGNE   Patrick,  L'héritage   refusé.   La   crise   de   la   reproduction   sociale   de   la  

paysannerie française 1950­2000, Paris, Seuil, 2002 ;

DIBIE Pascal,  Le village retrouvé : Essai d’ethnologie de l’intérieur, s.l., Editions de l’Aube, 

1979, 1995, rééd. 2005, 257p. ;

DIBIE Pascal,  Le village métamorphosé : révolution dans la France profonde, Paris, Plon, 

mars 2006, 405 p. ;

DUBY Georges, L’Économie rurale et la vie des campagnes dans l’Occident médiéval. Essai  

de synthèse, perspectives de recherches, 2 vol, Paris, Aubier, 1962, 285 et 368 p. ;

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DUBY Georges, Histoire De La France Rurale ­ Tome 1, des Origines à 1340, Paris, Seuil, 

Point Histoire, 1997, 714 p. ; Tome 2, L'âge Classique des Paysans de 1340 à 1789, 1997, 

658 p. ; Tome 3, De 1789 À 1914, Apogée et Crise de la civilisation paysanne, 1997, 560 p. ; 

Tome 4, La Fin de la France paysanne, de 1914 à nos jours, 1997, 667 p. ;

FAVRET­SAADA Jeanne, Les mots, la mort, les sorts, Gallimard Folio/Essais, Paris, 1994 ;

RENAHY Nicolas,  Les gars du coin : enquête sur une jeunesse rurale, Paris, Editions La 

Découverte, Textes à l’appui, 2005, rééd. 2007, 285 p. ;

II Sources ternaires

A/ Ouvrages sur le Japon

- a. Auteurs japonais (et coréens)

Divers

AMINO Yoshihiko   「 「 「 「 ,  Chûsei saikô  「 「 「 「 「 「 (Repenser le Moyen­Age), Tôkyô, 1ère éd. en 

volume, Kôdansha gakujutsu bunko, 2000, rééd. 2004 ;

Collectif, CHŎNG Yŏnghai (JUNG Yeong­hae)  「 「「 [ 住 住 住 ] et UENO Chidzuko   住 住 住 住 住 ,  Datsu 

aidentitî 住住住住住住住住住 (L’Identité mise à nu), Tôkyô, Keisô shobô 住住住住, 2005, 334 p. ;

Collectif, Daijisen 住住住, Tôkyô, Shôgakukan, 1998, 2864 p. ;

KINDA’ICHI Haruhiko 住住住住住 (dir.), Shinmeikai Nihongo akusento jiten  住住住住住住住住住住住住 (Nouveau 

dictionnaire Meikai des intonations du japonais), Tôkyô, Sanseidô, 2002, 931+110 p. ;

KOUAME Nathalie,  Pèlerinage et société dans le Japon des Tokugawa : Le pèlerinage de 

Shikoku  entre 1598  et  1868,  Monographie  188,  Paris,  Ecole   française d’Extrême­Orient, 

2001, 317 p. ;

NAKAHIRA Ryûjirô   住 住 住 住 住 ,  Honto ni aruku Ooyama kaidô  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (La route d’Ooyama 

réellement empruntée à pieds), Tôkyô, Fûjin­sha 住住住, 2007, 221 p. ;

NISHIMURA Tooru, Shirarezaru Genji monogatari 住住住住住住住住住 (Le Dit du Genji qu’on ne connaît 

pas), Tôkyô, Kôdansha gakujutsu bunko, 2005, 324 p. ;

OONO Susumu  住 住 住 ,  Nihongo no kigen  住 住 住 住 住 住 (Les origines du japonais), Tôkyô, Iwanami 

shinsho, Shôwa XXXII (1957), rééd. Shôwa XLIX (1974) ;

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SAKURADA Katsutoku 住住住住 (1903­1979), Sakurada Katsutoku chosakushû 住住住住住住住 (Œuvres de 

SAKURADA Katsutoku) (7 vol.), Tôkyô, Meicho shuppan 住住住住, mars Shôwa 55 (1980) ;

TOYODA Takeshi, A History of Pre­Meiji Commerce in Japan (Une Histoire du commerce au 

Japon d’avant Meiji), Kokusai bunka shinkokai (Japan Cultural Society), Japanese Life and 

Culture Series, Tôkyô, 1969, 130 p. ;

Nihonjin­ron (études sur la japonité)5 7 3 :

KARATANI Kôjin 住住住住, Nihon seishin bunseki 住住住住住住 (Analyse psychologique du Japon), Tôkyô, 

Kôdansha gakujutsu bunko, 2007, 291 p. ;

KAWAMOTO Yoshikazu 住住住住 : Wajin­bunka­ron : Sono kijiku no hakken 住住住住住住住住住住住住住 (Théorie 

de la culture des Wajin : La découverte de cet axe), Tôkyô, Ochanomizu shobô 住住住住住住, 1ère éd. 

2005, 306 p..

- b. Auteurs non japonais

BERTHIER François, Genèse de la sculpture japonaise, POF, s.l., 1979 ;

Collectif   (édité   par   FUKUI   Fumimasa   et   FUSSMAN,   Gérard) :  Bouddhisme   et   cultures 

locales / Actes du colloque franco­japonais de septembre 1991, Ecole française d’Extrême­

Orient, Paris, 1994, 305 p. ;

GIRARD   Frédéric,   HORIUCHI   Annick,   MACE   Mieko   (dir.) :  Repenser   l’ordre,   repenser  

l’héritage : Paysage intellectuel du Japon (XVIIè  XIX 7è  siècles), Paris, Ecole pratique des 

Hautes   études,   Sciences   historiques   et   philologiques   II,   Hautes   études   orientales   336, 

Extrême Orient 2, Genève, DROZ, 2002, XXIV, 528 p. ;

LABRUNE Laurence, « Fiche de grammaire / Transcrire le japonais », Daruma, numéro 6/7 

du printemps 2000, Editions Philippe Piquier, Arles, 2000, p.339­356 ;

MACE   François,  La   mort   et   les   funérailles   dans   le   Japon   ancien,   Paris,   Publications 

orientalistes de France, 1986 ;

MORETON David C., The History of Charitable Giving Along the Shikoku Pilgrimage Route 

(L’Histoire de la charité sur la route du pèlerinage à Shikoku), A Thesis Submitted in Partial 

Fulfillment of the Requirement ofr the Degree of Master of Arts in the Faculty of Graduate 

Studies, The University of British Columbia, mai 2001 ;

573 Pour des références supplémentaires, voir notre mémoire de DEA­Master « De quelques influences de l’étranger sur l’identité japonaise », Lyon, Unviversité Jean Moulin Lyon III, 2004.

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NELSON Andrew Nathaniel, The New Nelson, éd. révisée et mise à jour par John H. HAIG, 

Tôkyô, Tuttle, 1997 ;

ORIGAS Jean­Jacques (dir.), Dictionnaire de littérature japonaise, Paris, PUF/Quadrige, 1ère 

éd. 1994, rééd. 2000, 366 p. ;

PARVULESCO Marguerite­Marie, Ecriture, lecture et poésie, Paris, P.O.F., 1991, 288 p. ;

PELLETIER Philippe,  Géographie historique de la suinsularité au Japon, Paris, Espaces et 

milieux, Ed. CNRS, 1998, 391 p. ;

— Japon – Crise d’une autre modernité, Paris, Belin, Coll. Asie plurielle, 2003, 208 p. ;

PERRONY Claude, Les Plantes du Man.yô­shû, Paris, Collège de France, Université Paris 

7, Maisonneuve et Larose, 1993, 250 p. ;

PIGEOT   Jacqueline,  Michiyuki­bun :   Politique   de   l’itinéraire   dans   la   poétique   du   Japon  

ancien, Paris, Editions G. P. Maisonneuve et Larose, 1982, 400 p. ;

PLANISEK Joëlle,  Techniques  et  société  au  Japon   /  Histoire  sociale  de  l’enseignement  

technique 1945­1985, I.N.R.P. L’Harmattan, Paris, 1989, 188 p. ;

REISCHAUER Edwin O.,  Japan,   the Story of  a Nation  (1re  éd.  Japan, Past  and Present 

(1946)), New York, Alfred A. Knopf, traduction française (Histoire du Japon et des Japonais) 

et mise à jour de Richard Dubreuil, Paris, Seuil, Points Histoire, 2 vol., 1973, rééd. et mise à 

jour 1997, 255 et 320 p. ;

RICHIE Donald,  The Honorable Visitors  (Les Honorables visiteurs), ICG Muse, Inc., Tuttle, 

Tôkyô, 1994, rééd. 2001, 207 p. ;

RIEUX Alain Marc,  Savoir et pouvoir dans la modernisation du Japon, Paris, P.U.F., 2001, 

336 p.

ROCHER Alain, « La fonction heuristique de l'histoire des religions japonaises »,  Actes du 

colloque de Tokyo 2001"La France et l'Asie de l'est". Pub. 2003 ;

ROCHER Alain, Mythe et souveraineté au Japon, P.U.F., Paris, 1997.

SIGANOS   André,   VIERNE   Simon,  Montagnes   imaginées,   montagnes   représentées :  

Nouveaux  discours  sur   la  montagne  de   l’Europe  au   Japon,  Grenoble,  Ellug,  Atelier  de 

l’Imaginaire, juin 2000, 435 p. ;

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Documents plus anciens (antérieurs à  1950) :

­ Les trois auteurs étudiés par MIYAMOTO :

BIRD Isabella Lucy (1831­1904), ­  Unbeaten tracks in Japan  (Le Japon hors des sentiers 

battus), 1ère éd. G.P. Putnam’s Sons, New York, 1880, rééd. Travellers’Tales Classics, San 

Francisco, 2000, 349 p. ; 

­ Collected Travel Writings (Ecrits de voyages rassemblés), With a new Introduction by Olive 

Checkland,  Fellow   (Overseas),   Fukuzawa   Memorial   Centre,   Keio   University,   Tokyo, 

Ganesha Publishing Ltd., 1998 ;

­ Sur Isabella Bird, on pourra lire la biographie qu’a rédigé Evelyn KAYE, Amazing Traveler  

Isabella Bird  (Une étonnante voyageuse : Isabella Bird), Blue Panda Publications; 2ème éd. 

sept.  1999,  250 p.,   ISBN:  0962623148.  La même essayiste est  elle  aussi  partie  sur  les 

traces de son sujet d’études, et ce au Japon, et en a tiré  le sujet d’Adventures in Japan 

(Aventures au Japon), Blue Panda Publications, août 2000, 250 p. ISBN: 1929315007 ;

­ Plus ancien, l’ouvrage de Pat BARR, A Curious Life for a Lady : The story is Isabella Bird,  

Traveller   Extraordinary  (Une   drôle   de   vie   pour   une   dame :   L’histoire   d’Isabella   Bird, 

extraordinaire voyageuse), John Murray, Londres, 1970 ;

FURUKAWA Koshôken, Tô­yû zakki 住住住住 (Notes éparses de pérégrinations dans l’Est), 住住住住住住住

住住, Tôkyô, Tôyô bunko 27 住住住住住住住, 1964, 305 p. ;

SUGAE Masumi 住住住住 (1754­1829), Sugae Masumi yûran­ki 住住住住住住住 (Notes de pérégrination) (5 

vol.), Tôkyô, [Tôyô bunko], Heibonsha, nov. Shôwa 40 (1965) ;

­ Autres auteurs :

MORSE Edward  Sylvester,  Japan Day by  Day,  Boston and New York:  Houghton  Mifflin 

Company, 1917, 450 p. ;

SATOW Ernest, sir,  Un diplomate au Japon,  New York & Tôkyô,   IGC Muse, 2000, rééd. 

2003 (éd. orig. Londres, Seeeley, Service et co., 1921), 424 p. ;

B/ Divers

BILLETER, Jean­François, Contre François Jullien, Paris, Allia, 2006, 122 p ;

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BRAUDEL Fernand, (dir.)  La Méditerranée. L’espace et les hommes, Paris, Arts et métiers 

graphiques, 1977.

— (dir.) La Méditerranée. Les hommes et l’héritage, Paris, Arts et métiers graphiques, 1978

— L’identité de la France, Paris, Arthaud, 3 volumes, 1986 ;

DURAND   Gilbert,  Structures   /   Eranos   I,   Paris,   La   Table   ronde,   Contretemps,   2003, 

« Dualismes et dramatisation » ;

ERISMANN Guy,  Janáček ou la passion de la vérité, Paris, éditions du Seuil, 1979, rééd. 

2007, 350 p ;

GAUCHET Marcel,  Le désenchantement du monde :  une histoire politique de  la  religion, 

Paris, Gallimard, 1985 ;

LYOTARD Jean­François, La condition post­moderne, Paris, Editions de Minuit, 1979 ;

LYOTARD Jean­François, Le différend, Paris, Editions de Minuit, 1983 ;

NORA Pierre,  Les lieux de mémoire,  Paris, Quarto, Gallimard, 1997, 3 tomes, 4751 p. au 

total ;

RIEUX Alain Marc, Les visiteurs et leurs musées, Paris, La documentation française, 1988, 

225 p.

SAID Edward W. : L’orientalisme : L’Orient créé par l’Occident, Paris, Seuil, La couleur des 

idées, 2005, 422 p..

VALERY Paul, Cahiers I. , Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1973.

Prononciation du chinois :

On citera par exemple les ouvrages suivants, destinés aux débutants :

BELLASSEN Joël,  Méthode d'initiation à la langue et écriture chinoise  (tome 1), Paris, La 

Compagnie, 1990 ; 

— Perfectionnement  à   la   langue et  à   l'écriture  chinoise  (tome 2),  Paris,  La  Compagnie, 

1991 ;

HOA Monique, C'est du Chinois, 2 vol., Paris, Librairie You Feng, 2001 ;

DESIRAT Michel, Parlez chinois en 40 leçons, Paris, Les Langues pour tous, 2003 ;

MEUWESE Catherine : Ping et Pang Chinois pour débutants, Paris, ellipses, 2001.

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Annexes

Annexe I : Textes originaux inédits et traduction

I Textes de MIYAMOTO Tsunéichi : « Byôkan­

roku              » («              Carnet de maladie        »)

1) Texte original

住住住住574

5.14.住(1) 住住住「「「「

住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住「 「

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住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

574 1930.

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住(7) 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

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住住住住住住住住住住住

住(17) 住住住住住住住住住住住住住住住住住「「「

住 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

5.17.住(18) 住住住住住住住住住住住住住「「

住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住「「

住住住住住住住住住住住住住住住住「「

住「

住住住住住住住住住住住住住住住

住(19) 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

住(20) 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住「「

住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

住(21) 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

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住(22) 住住住住住住住住住住住住住住住住住住「「

住「

住住住住住

住(23) 住住住住住住住住住住住住住「「

住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住「 「

住住住住住住住住住住住住住住住住住「「

住「「

住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

5.18. 住(24) 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

「「「「

住住住住住住住住住住住住住

2) Traduction française

Carnet de maladie 

Shôwa V (1930)

14 mai 

1.  Ayant  toujours  conscience de ma propre maladie  et  cherchant   à   la  vaincre,   (mais  comment ?), 

croyant par ailleurs que je ne peux que guérir d’une façon ou d’une autre, pour la première fois je 

parviendrai à atteindre ce but.

2. C’est à se demander si mon inquiétude va finir à ma mort.

Vraiment, je ne comprends toujours pas que l’on dise que les hommes sont des êtres qui doivent [tous] 

mourir. Pourquoi ? Eh bien parce que je n’ai pas encore fait l’expérience de la mort.

3. Les illusions (gen’ei) des malades sont généralement morbides. Un esprit sain réside dans un corps 

sain.

4. Cela fait même déjà cinquante jours que je suis rentré à la maison. Lorsque je réfléchis [au temps 

passé]  depuis  que  je  suis   tombé  malade,  cela   représente  en  fait  cent   trente   jours.  La semaine de 

l’équinoxe n’étant pourtant plus qu’à un pas, elle est encore hors de ma portée.

Au regard de sa santé, l’Homme est faible.

5. Les trois frères X…naka sont morts d’une maladie pulmonaire. Il semble qu’ils pensaient qu’ils  

mourraient de maladie. Chacun en était arrivé à ce sentiment. Mais, on avait l’impression que quelle 

que soit la maladie la confiance dans le traitement la guérirait.

15 mai

6. Hier, ma température est montée jusqu’à 37°. Il aura fallu à peu près une heure pour cela, mais 

décidément ça m’a fait battre le cœur.

Je ne laisse d’être étonné par la force de l’attachement à la vie.

Il faut que je terrasse cette maladie à tout prix.

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7. La première chose qui compte c’est de se soigner avec courage. Etre mesuré est une grande force 

qui affaiblit la maladie.

Quoi que l’on rencontre, la maladie sera vaincue à la fois par le courage de la supporter patiemment et  

par les soins.

8. Je vais lire le Manuel d’Epictète.

9. La témérité [ne sert à rien], elle n’aggrave ni n’allège la maladie. Mais jusqu’à un certain point, il 

est nécessaire de faire le brave.

10. Il  ne faut  pas que j’éprouve de la répugnance pour cette maladie.  Je dois la regarder en face  

patiemment.

Il me faut être celui qui, sans chercher ni à tromper son sentiment de souffrance, ni à se sauver, endure 

avec patience. Ainsi pourrai­je reconstruire un nouvel état d’esprit. Ensuite, il me faudra grâce à cela 

quitter ce sentiment de solitude et cette affliction (hammon). En d’autres termes, même si je ne puis 

quitter l’affliction même, l’affliction étant ce qu’elle est, il me faudra avoir en moi un monde plus 

élevé. 

11. Si je cherchais à me sauver de cette affliction, au contraire je me tracasserais. Quel que soit le  

monde dans lequel je me trouve, il faut que je le supporte. Je devrais, à l’égard de la souffrance de 

mon corps, répandre des larmes, et, toujours pour la même raison, me tourmenter. Mais même si je 

souffre, il me faut désormais avoir le courage de m’en sortir. 

Il s’agit de demeurer patiemment dans l’affliction.

12. Maladie venue du ciel. Jusqu’à ce qu’elle sorte de moi, je l’endurerai patiemment. 

13. Dans le passé que j’ai arpenté à pieds de toutes mes forces, les choses que j’ai faites, elles me sont  

trop pitoyables. 

Cependant, il ne faut pas que je prenne cela pour un malheur. Ce fut la voie qui m’était échue, aussi 

j’ai eu beau batailler, je l’ai attrapée. Il ne faut pas non plus que j’en conçoive du ressentiment, ni que 

cette maladie me répugne. Même si je me dis que cette maladie était la [seule] rétribution de tous mes 

efforts, il faut que je la reçoive.

Ce que je me suis vu octroyé est à moi. 

16 mai

14. J’ai un léger accès de fièvre. Il y a des gens qui vont jusqu’à nier ce genre de choses. 

Il est des personnes qui, comme moi, s’effraient d’une simple fièvre.

Si l’on songeait à toutes ces bagatelles avant d’arriver aux choses vraiment importantes (subete daiji  

ni itaru mae no saji to omoeba)…

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15. Le fait de dire qu’on se divertit est plus difficile que de dire qu’on travaille tant soit peu. Parce 

qu’au milieu du divertissement, on ne doit pas oublier le soin de sa santé ni la discipline, disait mon 

père.

Et « si l’on se divertit habilement, on se guérit ».

16. Pour les choses du corps, on a beau s’interroger, on ne peut même rien faire tout seul par soi­

même. Il faut que je ne compte que sur mon moral (seishin).

17. En toute angoisse et en toute affliction, je me vois cherchant patiemment à (re)trouver une lueur. 

Ce  Moi   (onore)  est   faible.  Mais   je  ne peux nier  qu’il   s’agit  de  moi.   Je  ne peux fuir  de ce  moi  

(watashi). Le nier reviendrait à me nier moi­même. Quoi que je fasse, il me faudra vivre sous cette 

forme.

17 mai

18.  Ce mois­ci, mes camarades doivent se réunir à la Société des chemins de fer. Les thèmes que 

j’avais soumis sont bien passés et la revue a pu se faire. A quel point SHIGETA a­t­il travaillé à cela ?

19. Ce sont les billets successifs des professeurs MORI et KANEKO, les lettres de mes maîtres, qui 

me revigorent le plus.

20. Il m’arrive par moment d’être d’extrêmement bonne humeur. D’autres fois, il m’arrive sans doute 

d’être mélancolique. Pourtant, c’est pour moi quelque chose qui ne changera pas (dô ni mo naranai).

21.   Je   lis   la   thèse   du   docteur   NISHI,   où   on   trouve :   « L’impossible  ne  passe  pas »   (« Muri   ha 

tooranainodearu »).

22. La guerre continue. Mais dans mon combat, il n’y aura de mon vivant aucun chant de la victoire.

23. Il s’est mis subitement à faire bon. Les jours radieux vont se succéder. Mais je sens mon corps 

lourd. Echapper à cette lourdeur, plutôt que de rechercher l’ombre des arbres (ju­in)575, c’est s’habituer 

à rester immobile dans cette chaleur.

18 mai

24. J’ai promis de donner au temple syncrétique (jingûji) une lecture sur le Recueil des dix­mille 

feuilles/générations (Man’yô­shû). La question est : jusqu’à quel point y parviendrai­je effectivement ?

Je m’interromps à cause de l’apparition d’une catarrhe pulmonaire.

575 Juin  「「「「 (Ombrages d’arbres) est le titre d’un recueil de poèmes de jeunesse de MIYAMOTO de style assez maladroit. On le trouve dans  Inochi no yurameki  「 「 「 「 「 「 「 「 「 (Le brasillement de la vie), recueil  de   textes  de   jeunesse  comprenant  aussi   l’ébauche  d’un essai   sur  Bashô   assez   intéressant. Osaka, Gendai sôzô­sha 「「「「「, Shôwa LVI (1981), 231 p., p.7.

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II Jugement de YANAGITA Kunio (1875­1962) sur 

MIYAMOTO Tsunéichi (mars Shôwa XXV (1950) : 

MIYAMOTO avait 43 ans)576 :

住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

(« Le dénommé MIYAMOTO Tsunéichi était le voyageur qui, longtemps, et jusqu’à maintenant, a le 

plus parcouru le Japon, en tous sens et dans ses moindres recoins, justement dans des terres du genre  

où personne n’allait. Peu sont ceux qui, à ce point, ont réfléchi avec attention aux histoires qu’il serait 

intéressant pour nous d’écouter, ou que nous voudrions écouter et que, par ailleurs, nous retenons. Il  

est difficile de discerner et de classer les sujets (kotogara) que nous voudrions que le peuple japonais 

porteur des temps futurs connaisse en priorité, mais pour cela aussi, M. MIYAMOTO, qui est un grand 

lecteur, ne s’y est pas trompé et n’a pas fait fausse route. Et s’il a peut­être avec trop d’ardeur et un 

peu vite aligné   les mots,  ceux qui  n’ont  pas  l’habitude de  lire vite,  au contraire,  y  trouveront  de  

nombreuses choses auxquelles réfléchir et ce devrait même être un plaisir. Quant aux passages qui 

vous font vous dire : « Mais oui, ça a du sens ! », pliez le coin de la page, et lorsque vous les relirez, ce 

dont vous pourrez vous souvenir plus tard sera assez conséquent. Si vous possédez une bonne carte 

géographique, emportez­le [=ce livre] avec et, lorsque vous comparerez [ce que vous lisez] avec ce  

que   vous   voyez,   la   compréhension   en   sera   aisée,   et   s’accompagnera   d’un   intérêt   toujours 

[renouvelé]. »)

III   Classification   des   thèmes   ethnographiques   du   folklore 

français par Paul SEBILLOT

Paul SEBILLOT (1843­1918),  folkloriste traditionaliste de premier plan et  fondateur des premiers 

musées cantonaux consacrés à l’ethnographie de la France, proposait la classification suivante en onze 

catégories577 :

I Le ciel : les astres, les météores ;

II La nuit et les esprits de l’air

576 Préface à l’édition Kôdansha gakujutsu bunko de Furusato no seikatsu, 1986, rééd. 2002, p. 10­11.577 Cité par Michel VALERE (Ethnographie de la France, Paris, Armand Colin, 2002, 214 p., chap. III, p. 55). La numérotation est de nous.

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A/ La nuit, 

B/ Les chasses aériennes 

C/ Les bruits de l’air ;

III La terre

A/ La terre

B/ Les montagnes

C/ Les forêts

D/ Les rochers et les pierres

E/ Les empreintes merveilleuses

IV Le monde souterrain

A/ Les dessous de la terre

B/ Les grottes

V La mer

A/ La surface et le fond de la mer

B/ Les envahissements de la mer

C/ Les îles et les rochers de la mer

D/ La ceinture du rivage

E/ Les grottes marines

F/ Le bord de l’eau

G/ Les navires légendaires

H/ Observances et vestiges de culte

VI Les eaux douces

A/ Les fontaines, la puissance des fontaines

B/ Les puits

C/ Les rivières

D/ Les eaux dormantes

VII La faune

A/ Les mammifères sauvages

B/ Les mammifères domestiques

C/ Les oiseaux sauvages

D/ Les oiseaux domestiques 

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E/ Les reptiles

F/ Les insectes

G/ Les poissons

VIII La flore

A/ Les arbres

B/ Les plantes

IX La préhistoire

A/ Les dolmens

B./ Les tumuli

C/ Pierres diverses

D/ Cultes et observances mégalithiques

X Les monuments

A/ Les rites de construction

B/ les monuments antiques

C/ Les églises

D/ Les châteaux

E/ Les villes

XI Le peuple et l’Histoire

A/ Les gens d’Eglise, la noblesse et le Tiers­état

B/ Les guerres

C/ L’Histoire de France dans la tradition populaire

Annexe II : Eléments biographiques (d’après TAMURA Zenjirô578) :

Meiji 宮宮 XL (1907), 1er août : naissance au n°1962, Ooaza Nishigata 住住住住 , commune d’Oki­Kamuro 

Nishigata 住住住住住住, district d’Ooshima 住住住, département de Yamaguchi 住住住, de MIYAMOTO Tsunéichi, 

fils aîné de MIYAMOTO Zenjûrô 住住住住住 et de sa femme Machi 住住. 

578 MIYAMOTO Tsuneichi database  「「「「「「「「「「 : http://www.towatown.jp/database/, rubrique Chosha jôhô 「「「「, Nempu 「「 (page vérifiée au 31 août 2006).

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Meiji XLV (1912)  (4­5 ans), 31 août : naissance de TAMADA  Asako   住 住 住 住 住 , la future femme de 

MIYAMOTO Tsunéichi, à Hebiana (/Saragi) 住住, commune d’Akitsu 住住住, district de Minami Katsuragi 

住住住住, département de Nara 住住住. 

Taishô 宮宮 III (1914) (6­7 ans), avril : entre à l’Ecole élémentaire supérieure ordinaire de Nishigata 住住住住

住住住住住 . Il n’apprécie par beaucoup la lecture, mais en 5ème année, sous l’influence d’un enseignant il se 

met à l’aimer.

Taishô V (1916) (8­9 ans) : attrape une otite moyenne et perd presque l’usage de son oreille gauche. A 

partir de cette époque, il part en mer à l’automne pécher la sardine à la seine (un filet de grayage). 

Tout en attendant le bateau à la belle étoile, il aime à écouter autour d’une feu de plage le récit des 

adultes. On lui raconte beaucoup d’histoires de monstres et fantômes (yôkai  住住) marins, d’âmes, des 

légendes etc. 

Taishô X (1921)  (13­14 ans), avril : il commence à utiliser des manuels du collège populaire. Avec 

ses capacités aiguës de lecture, il lit divers ouvrages, mais ce qui est dommage, c’est qu’il n’avait à sa 

disposition aucun bon livre de littérature. 

Juin : change de professeur (professeur M. KANEDA 住住). Ne s’entendant pas avec celui­ci, il gravit en 

octobre (c’est l’automne)579 le Mont Shiro 住住 situé en face de l’école, faisant l’école buissonnière. Le 

professeur, pour cette raison, donne sa démission. A partir de novembre, il n’y a plus de professeur 

responsable : c’est alors MIYAMOTO qui enseigne et note la classe.

Taishô  XI (1922)  (14­15 ans),  20 mars580 :   il   termine ses études à   l’Ecole élémentaire supérieure 

ordinaire de Nishigata.  De ses condisciples,   il  est  le seul   à   rester  dans  le village.  Il  participe aux 

travaux agricoles dans sa famille. 

Août : il assiste à une conférence pour la jeunesse active du district, donnée à Age­no­shô 住住住住 et lors 

d’un concours d’éloquence, sa prestation lui attire les applaudissement du public. Il est le plus jeune 

participant. 

Automne : il cesse de suivre des conférences. A cette époque, il commence à composer des waka581, 

qu’il envoie notamment à la revue Shin­kokumin 住住住住住 (Nouveau peuple).

Taishô XII (1923) (15­16 ans), février : il est élu secrétaire de L’association des jeunes. Un secrétaire 

de 17 ans était quelque chose d’inédit, même dans un village. 

27 mars : mort de sa grand­mère d’une hémorragie cérébrale.

Avril : à l’occasion de l’admission de sa sœur aînée dans une école de filles, MIYAMOTO annonce à 

son père sa décision de monter à Osaka, et obtient l’autorisation paternelle. Il quitte le village un jour  

579 C’est alors la saison la plus favorable de l’année.580 L’année scolaire japonaise suit globalement le rythme des saisons : elle commence au printemps.581 Waka 「「 : poème japonais de type classique en 5­7­5­7­7 mores. 

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de pluie printanière, accompagné par son père jusqu’à la gare d’Oobatake582. A Osaka, il est aidé par 

son oncle MIYAMOTO /Otogorô Negorô ( ?) 住住住住住. 

Fin mai : entre à l’Ecole des Postes et communications (Teishin kôshû­sho 住住住住住)

Taishô XIII (1924)  (16­17 ans), mai : il sort diplômé de l’Ecole des Postes et communications et 

trouve du travail au bureau de Poste de Kôraibashi 住住住.

Juillet : il quitte la maison de son grand père et prend une chambre à Sakuramiya 住住. 

Août : déménage à Tsurigané 住住. Son salaire journalier est d’un yen, et son loyer de 10 yen, ses frais  

d’éclairage électrique de 50 sen, ses frais de petit déjeuner de 15 sen, de déjeuner de 20 sen et de dîner 

de 20 sen. Il lit pendant deux des trois repas, étudie pendant sept heures et dort cinq heures par nuit.  

Afin d’économiser sur son budget loyer, il emménage en colocation avec un ami. 

Taishô XIV (1925)  (17­18 ans), été : à vouloir en faire trop, il attrape le béribéri. En novembre, il 

rentre une dizaine de jours dans son village pour se reposer. 

Taishô XV (1926)  (18­19 ans), février : il réussit l’examen d’entrée à l’Ecole normale de Tennô­ji 

(Tennô­ji shihan gakkô 住住住住住住住) où il fait sa rentrée le neuf avril. 

Normalement, les étudiants, ayant réussies leurs études au collège (ou équivalent), font leur études à 

l’école normale en deux ans, mais à l’époque de MIYAMOTO, le cursus n’était que d’une année.

Août : il  lit le  Kinkai  waka­shû  住 住 住 住 住 住 住 (Recueil de poèmes japonais du ministre de Kama583) de 

MINAMOTO no Sanétomo (1192­1219) et brûle de composer lui aussi des tanka 住住 (poèmes courts de 

forme classique).  Il   rédige  l’essai « Minamoto no Sanetomo no uta »   住 住 住 住 住 住 住 (« Les poèmes de 

MINAMOTO no Sanétomo ») et est reconnu par le professeur KANEKO Sanéhidé 住住住住 et commence 

à vouloir devenir écrivain.

23 décembre : il monte à la capitale pour tenter de passer l’examen de professeur des lycées de Tôkyô 

(Tôkyô kôshi juken 住住住住住住), y passe le réveillon et rentre à Osaka le 19 janvier.

Shôwa 宮宮 II (1926) (19­20 ans) : il échoue à l’examen de professeur des lycées, mais pendant qu’il est 

dans la capitale, il rend visite à l’ami de son mentor KANEKO, le critique OOYA Sôichi 住住住住 (1900­

1970) chez Shinchô­sha584 et, plein de respect pour son esprit aiguisé, en ressent une forte stimulation 

et il forme le projet de lire 10 000 pages par mois, ce qu’il réalise en trois ans. C’est à cette époque 

qu’il s’intéresse aux films occidentaux et essaie de voir tous les classiques.

582 Oobatake 「「 : petite ville côtière située sur Honshû, en face de Suô Ooshima, aujourd’hui reliée à cette dernière par un pont. 583 « Kin 「 » est l’abréviation de Kamakura 「「, la ville du Bakufu (gouvernement militaire du pays).584 Shinchô­sha 「「「 est un des grands éditeurs du pays.

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24 mars : il termine ses études à l’Ecole normale de Tennô­ji et trouve un poste d’instituteur à l’Ecole 

primaire Shûsai d’Arimaka, district de Sennan, communauté urbaine d’Osaka (Oosaka­fu Sennan­gun 

Arimaka­son Shûsai jinjô shôgakkô 住住住住住住住住住住住住住住住住住). 

Août : il fait son service militaire dans le huitième régiment d’infanterie d’Osaka. Là, il se lie avec un 

ancien élève, ARIMATSU Sa’ichirô 住住住住住, qui lui fait connaître l’œuvre de Jean Henri FABRE (1823­

1915) et le nom de YANAGITA Kunio 住住住住* (1875­1962).

Septembre : décès de son grand père Ichigorô.

12 septembre : libéré de ses obligations militaires, il reprend son poste à l’Ecole primaire de Shûsai. Il 

enseigne aux élèves de 5e année. Un jour sur deux, il leur fait cours en plein air, et le dimanche, il part  

généralement en excursion. Les élèves le prennent en affection. 

Shôwa III (1928) (20­21 ans) : janvier : il fonde la revue Tabi to densetsu 住住住住住住 (Voyage et légendes) 

et à partir du huitième numéro, YANAGITA Kunio y publie « Mokushi sekigo » 住住住住住住(« Pensée de 

bois, paroles d’airain »)  en plusieurs fois. Fortement attiré par ces thèmes, il entre progressivement 

dans la recherche en légendes populaires.

Avril : grâce à l’aide de son ami SHIGETA Ken’ichi 住住住住, il passe l’examen d’entrée dans la section 

spécialisée de l’Ecole normale de Tennô­ji, et réussit. Il se spécialise en géographie. Il suit pourtant 

particulièrement les cours de philosophie de MORI Shinzô   住 住 住 . Il dévore sans frein les classiques 

japonais de l’Antiquité et du Moyen­Age.

Juillet :   invité,   il   se   rend  à   la   réunion  du   cercle  de  tanka  « Yakô­no­tama »  (« Perle  de   lumière 

nocturne ») (« Yakô­no­tama » tanka­kai 住住住住住住住住) et y présente des tanka et de petites études. 

Shôwa IV (1929) (21­22 ans) : 24 mars : il sort diplômé de l’école. 

31  mars :   il   trouve  un  poste  de   titulaire  à   l’Ecole  primaire  de  Tajiri,  dans   le  district  de  Sennan 

(Sennan­gun Tajiri jinjô shôgakkô 住住住住住住住住住住) ; il a en charge les 5e année.

Shôwa V (1930) (22­23 ans) : 1er janvier : il rend visite à Tokushima 住住 à un professeur qu’il apprécie 

particulièrement, MATSUMOTO Han’ichirô   住 住 住 住 住 et le 3, rentre à Osaka. Le 4, il est pris d’une 

violente fièvre (40°) : atteint de pleurésie, il est au plus mal. 

Mars : il quitte enfin le lit.

Avril :   face au refus  du directeur  de  l’école  de  le voir  réintégrer ses  fonctions,   il  démissionne et 

retourne chez ses parents.

Mai : reprise des accès de fièvre, catarrhe pulmonaire.

Octobre : jusqu’à l’automne, il est dans un état léthargique. 

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Pendant sa maladie, il compose à nouveau des poèmes et rédige le « Byôkan­roku » 住住住住住 (« Notes de 

maladie »)585 Les jours où il est d’humeur, il lit une centaine de pages. Une fois remis sur pieds, il  

fréquente la bibliothèque du temple et commence à en effectuer le rangement. Il lui faut un mois pour 

ranger cinq mille rouleaux d’œuvres bouddhiques. 

« Suô Ooshima (ichi) » 住住住住住住住住住(« Suô Ooshima (I) ») est publié dans le numéro de janvier Shôwa V 

de Tabi to densetsu. Puis, jusqu’au numéro de janvier Shôwa XI (1936), il fait paraître tous les deux 

mois des articles sur les contes et légendes populaires de Suô Ooshima.

Suite à la postface de YANAGITA Kunio du numéro d’avril Shôwa V (1930) de Tabi to densetsu, qui 

appelle tout intéressé à lui fournir des contes d’autrefois (avant la fin de novembre), MIYAMOTO 

interroge sa grand­mère, sa mère et les gens des environs, met en ordre ces souvenirs et rédige deux 

cahiers (de format B5586). Il les envoie, mais avec du retard, et ils ne sont pas publiés. Toutefois, il 

reçoit une lettre courtoise de YANAGITA, accompagnée de Kita­Akumo­gun kyôdo­shi­kô ichi­nen­

chû gyôji­hen住住住住住住住住住住住住住住住住(Recueil des fêtes de l’année selon les relations historiques du terroir du 

district de Kita Akumo), Minkan­reki shôkô 住住住住住住住(Petites réflexions sur le calendrier populaire) et de 

la revue Kyôdo kenkyû 住住住住住住(Recherches sur le terroir). A partir de là, il se met à recueillir activement 

les témoignages des personnes âgées et part faire ses collectes aussi dans les villages environnants

Shôwa VI (1931) (23­24 ans) : 24 mars : Il démissionne et se repose dans son village.

Shôwa VII (1932) (24­25 ans) : 7 mars : recommandé par son ancien professeur M. YONE’I 住住, il va à 

Osaka   où   il   se   fait   engager   comme   remplaçant   dans   l’Ecole   primaire   de   Kita­Ikeda,   district   de 

Semboku (Semboku­gun Kita­Ikeda jinjô shôgakkô  住住住住住住住住住住 住 )  (en janvier de l’année suivante, il 

deviendra enseignant titulaire). Son salaire est de 60 yen.

Juin : il déménage au Myôô­in 住住住 de Kita­Ikeda (monastère) où il loue une chambre. Au premier étage 

de ce pavillon tranquille, il peut mener une vie paisible. Quand son contrat arrive à expiration, il se 

consacre essentiellement à la marche dans les villages d’Ikeda­tani 住住住. Il visite notamment Shinoda­

yama 住住住 en trois jours. Par ailleurs, il commence à cette époque le pèlerinage dans les anciens temples 

de Nara 住住 et Kyôto 住住 dont il rêvait depuis quelques temps.

Shôwa VIII (1933) (25­26 ans) : 11 août, 4h du matin : décès de son père.

25 septembre : il fonde la revue (polycopiée) Kôshô bungaku  住住住住住住 (Littérature orale) et publie son 

premier numéro. Elle durera jusqu’au numéro 12 de mars 1936. De la polycopie à l’impression et à la 

distribution, il fera presque tout tout seul.

Décembre : il parcourt les routes de Kyûshû 住住 à pied et au retour, rend visite au professeur MISONÔ 

Ôho 住住住住住 à Yamaguchi.

585 Cf. en annexe.586 B5 : format japonais : 257mm×182mm.

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Shôwa IX (1934) (26­27 ans) : 31 mars : il est engagé comme instituteur à l’Ecole primaire supérieure 

de Yôtoku ? , district d’Izumikita (Izumikita­gun Yôtoku jinjô shôgakkô 住住住住住住住住住住住住). 

Mai : avec KOTANI Hômei, 住住住住 et SUGIURA Hisago 住住住 il inaugure les Entretiens du terroir d’Izumi 

(Izumi kyôdo danwa­kai 住住住住住住住). 

21 septembre : l’Ecole primaire de Yôtoku est détruite par un typhon. 

Septembre : ORIDO Kenzô 住住住住, YAMAGUCHI Yasuo 住住住住, SUGIURA Hisago 住住住, SUZUKI Tôichi 住

住住住 et MIYAMOTO Tsunéichi fondent à cinq les Réunions du jeudi de Sakai (Sakai mokuyô­kai 住住住住). 

Ils font de Kôshô bungaku leur moyen d’expression.

21 octobre : chez KOTANI Hômei, il fait la connaissance SAWADA Shirosaku 住住住住住 (1889­1971)587. 

28 octobre :   invité  par YANAGITA Kunio à  venir assister à  un cours magistral  à   l’Université  de 

Kyôto,  il  le rencontre au  ryokan  Ishida de Shimogamo   住 住 et SAWADA Shirosaku, SAKURADA 

Katsunori 住住住住 (1903­1979)588, IWAKURA Ichirô 住住住住 (1904­1943)589 MIZUKI Naoya ( ?) 住住住住 etc. lui 

apprennent beaucoup. 

14 novembre : de concert avec SUGIURA Hisago, KOTANI Hômei etc., il inaugure les premières 

Rencontres d’Osaka des Arts, techniques et traditions populaires (Oosaka minZoku danwa­kai 住住住住住住住) 

à Hamadera­kai  住住住 dans la ville de Sakai. MIYAMOTO est désigné comme secrétaire et publie les 

« Danwa­kai tsûchi »   住 住 住 住 住 住 住 (« Nouvelles des Rencontres »)  et le « Danwa­kai hôkoku »   住 住 住 住 住 住 住

(« Rapport   des  Rencontres »),   distribués   en  polycopiés.  De   ce   jour,   ils  décident   de   fusionner   les 

Entretiens du terroir d’Izumi et les Rencontres d’Osaka.

Shôwa X (1935)  (27­28 ans) : 11 février : l’école de Yôtoku étant détruite, il change pour celle de 

Toriishi dans le district d’Izumi­kita (Izumi­kita­gun Toriishi shôgakkô 住住住住住住住住).

14 avril :  SHIBUSAWA Keizô   住 住 住 住 * (1896­1963)  vient  à  Osaka pour  participer  aux Huitièmes 

rencontres  d’Osaka.   Il  y   rencontre  MIYAMOTO.  Cette  année­là,  SAKURADA et   IWAKURA se 

rendent à Tôkyô où ils intègrent l’Achikku myûzeamu 住住住住住住住住住住住 (Le musée des greniers)*.

31 juillet au 6 août :  participe au « Stage de  minZokugaku  du Japon en l’honneur du Soixantième 

anniversaire de YANAGITA Kunio » (« Yanagita Kunio kanreki kinen Nihon minZoku­gaku kôshû­

kai » 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住). Le dernier jour, on propose de faire une « Société des traditions populaires » 

(« Minkan denshô no kai »住住住住住住住住 ) ; la décision est entérinée. Il séjourne à l’Achikku myûzeamu où 

SHIBUSAWA lui conseille de travailler à un volume synthétique sur les villages de pêcheurs.

Septembre : publication de Minkan denshô 住住住住住住(Traditions populaires), la revue organe de la Société 

des traditions populaires. 

587 Historien, pédiatre et folkloriste, disciple de YANAGITA Kunio.588 Folkloriste, disciple de YANAGITA.589 Folkloriste, spécialiste des contes et membres de l’Achikku myûzeamu.

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28 octobre : ouverture des « Conférences en l’honneur du Soixantième anniversaire de YANAGITA 

Kunio » (« Yanagita Kunio kanreki kinen kôen­kai »住住住住住住住住住住住住住).

20 décembre : il épouse TAMADA Asako 住住住住住.

Shôwa XI (1936)  (28­29 ans) : 1er  février : fondation de la revue  Kinki minZoku   住 住 住 住 住 住 (Arts et 

techniques populaires et traditions du Kinki).

Cette année­là, il profite de ses week­ends pour se rendre à Kawachi Takihata où il écoute les histoires 

du vieux SAKON Kumata 住住住住.

En juin, aoûte et octobre, il réalise des études de terrain dans des villages de montagne de Yoashino 

Nishi­Okuchi 住住住住住.

Juillet : publication à l’Achikku myûzeamu de Suô Ooshima wo chûshin to shitaru umi no seikatsu­shi 

住住住住住住住住住住住住住住住住住住(Notes sur la vie marine autour de Suô Ooshima).

14 août : mort de sa grand­mère.

19 septembre au 20 mars XII (1937) : à vingt­cinq reprises il anime au Kaitoku­dô  住住住 d’Osaka les 

Réunions périodiques d’études en minZokugaku (Renzoku minZokugaku kôshû­kai 住住住住住住住) organisées 

par la Société des études folkloriques du Kinki (Kinki minZoku­kai shusai 住住住住住住住).

Shôwa XII (1937) (29­30 ans) : mars : Etude de terrain dans le village d’Itoshiro 住住住, en Echizen 住住.

Mai :   il  se  joint  à   l’équipe de  l’Achikku myûzeamu  pour une croisière d’étude des  îles de  la mer 

intérieure de Seto.

Décembre : naissance de son fils aîné Chiharu 住住.

Shôwa XIII (1938) (30­31 ans) : il parcourt à pied les villages du Kohoku 住住 dans le département de 

Shiga 住住住. 

Shôwa XIV (1939) (31­32 ans) : février : il fait un crise de stomatite qui l’oblige à garder le lit. MORI 

Shinzô,   son   professeur   du   temps   de   l’Ecole   normale   de   Tennô­ji,   lui   conseille   de   partir   en 

Mandchourie à l’Université de Mandchourie pour la construction du pays (Manshû kenkoku daigaku 住住

住住住住) en qualité d’assistant. Il envoie à son ami intime IWAKURA Ichirô – qui se trouve alors à Tôkyô 

– une lettre pour lui demander conseil. 

Avril : il reçoit un télégramme de SHIBUSAWA Keizô lui demandant de venir à Tôkyô sans tarder. 

Une fois auprès de son mentor, celui­ci l’enjoint de parcourir à pied tout le pays et d’observer, et le 

persuade d’arrêter immédiatement l’enseignement. Il renonce à ses projets et rentre à Osaka. 

30 septembre : il reçoit encore un long télégramme de SHIBUSAWA Keizô qui lui demande d’arrêter 

l’enseignement  et   de  monter  à   la   capitale.  MIYAMOTO se   résigne,   démissionne   et  déménage  à 

Tôkyô.

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24 octobre : il entre à l’Achikku myûzeamu, mais laisse femme et enfants à Osaka.

17 novembre au 4 décembre : étude de terrain dans les monts de la région Chûgoku. 

Shôwa XV (1940) (32­33 ans) : 23 janvier à fin février : étude de terrain au sud de Kyûshû.

Avril : réalise une étude de terrain avec SAKURADA Katsunori sur la côte ouest d’Izu 住住. 

Mai : étude de terrain avec le même SAKURADA à Takarajima 住住.

Septembre : il sillonne à pied Izumo 住住 et Yamaguchi 住住 avec SHIBUSAWA.

Novembre : à pied, il visite le nord du mont Budô 住住住 dans le département de Niigata 住住住, puis passe 

Ootori   住 住 (département de Yamagata   住 住 住 ) et visite Yamagata, Akita   住 住 , Aomori   住 住 , Iwate   住 住 et 

Fukushima 住住. Il étudie principalement Oshira­sama 住住住住住 [住住住住] (le Seigneur Oshira)590. A partir de 

cette époque, il commence à prendre des photos (6 × 9 cm).

Shôwa XVI (1941) (33­34 ans) : janvier : étude de terrain dans son village sur les outils agricoles.

Février : fait de la marche à Ehimé 住住, Kôchi 住住 et Tokushima 住住

Avril : étude de terrain à Numatori 住住 sur l’île d’Awaji 住住住.

Juillet : études de terrain à Kawakura 住住 en Tsugaru 住住 et Kodomari 住住. Ses recherches portent toujours 

principalement sur Oshira­sama.

Août : il arpente les montages de Mino 住住 et Ômi 住住.

Septembre : enquête de terrain sur les noms de poissons de la mer intérieure de Séto. 

Octobre : études de terrain à Ooshirakawa 住住住 (Echigo 住住), Itoshiro (Echizen), Oono 住住 et Ashida 住住. 

Décembre : études de terrain à Tosaderagawa 住住住住 , Oosugi 住住 , Iya­yama 住住住 . A Oosugi, il étudie la 

pêche au cormoran.

Shôwa XVII (1942) (34­35 ans) : il prend le lit suite à un ulcère gastrique.

Juin : rentré au village, il travaille pendant deux mois environ comme paysan et fait une  étude de 

terrain sur les parcelles à Hashirajima 住住. 

Septembre : étude de terrain sur les ateliers de soierie à Yura 住住, sur l’île d’Awaji. Avec SHIBUSAWA 

Keizô, il réalise des études de terrain à Takino­chô 住住住 (Katô­gun 住住住, département de Hyôgo 住住住) et 

dans le village de Naka­Tôjô   住 住 住 sur les hameçons, le fil synthétique ou encore la fabrication des 

coupes à saké (uki 住住 [住]). Il réalise une autre étude de terrain à Okubu­machi 住住住(Nishi­ku 住住 d’Osaka) 

sur les grossistes en fil de soie. 

Octobre : études de terrain dans le département de Hyôgo à Miki 住住, Shimo­Tôjô­machi 住住住住, Komeda­

mura 住住住 et Hiéshô­mura 住住住住 (Taka­gun 住住住) (hameçons etc.).

590 Seigneur Oshira : divinité du Nord­est du Japon.

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L’Achikku  myûzeamu  change  de  nom –  en   raison  des  désagréments  que   lui   attire  sa  consonance 

anglaise (« Attic museum ») en pleine guerre mondiale – et devient le « Nihon jômin bunka kenkyû­

sho » 住住住住住住住住住住住 (Institut de recherches sur les cultures populaires du Japon).

Shôwa XVIII (1943)  (35­36 ans) :  février : naissance de sa fille Keiko   住 住 .  SHIBUSAWA lui dit 

d’arrêter ses études de terrain à cause de l’intensification de la guerre. Avec MIYAMOTO Keitarô 住住住住

住 et  YOSHIDA Saburô   住 住 住 住 ,   il   range  les collections d’objets populaires  (mingu  住 住 )  du musée 

d’ethnologie de Hôya (Hôya minzoku hakubutsukan 住住住住住住住) (environ entre 8 000 et 12 000 pièces).

1er  avril :  chef du  Nihon  jômin bunka kenkyû­sho.  A  la  demande de  l’Institut  d’études  impériales 

(Teikokugakuin  住住住住 ), il aide à la rédaction d’une Histoire des sciences de la mer au Japon (Nihon 

suisan kagaku­shi 住住住住住住住).

31 décembre : il rentre à Osaka où grâce à son ami IWATA Sadao  住住住住 il devient professeur attaché 

(kyôju shokutaku 住住住住) au collège Yama 住住住住 (Taté­gun 住住, département de Nara 住住住) où il enseignera 

l’Histoire jusqu’en avril Shôwa XX (1945).

Publication de Kakyô no oshie 住住住住住住(L’enseignement du village natal).

Shôwa  XIX  (1944)  (36­37   ans) :  à   peine   rentré  à   Osaka,   il   inaugure,   à   l’initiative  de   TAOKA 

Yoshimasa   住 住 住 住 une réunion de bienvenue dans les locaux du  Nishinomiya jinja  住 住 住 住 . Il fait tout 

d’abord la connaissance du responsable du temple, YOSHII Yoshihidé 住住住住, puis, outre celle d’autres 

personnes cultivées de Nishinomiya, celle de UOZUMI Sôgorô   住 住 住 住 住 , de MIZUNO Sei’ichi   住 住 住 住 , 

KOBAYASHI Yukio 住住住住 etc. et, par leur intermédiaire, il peut rencontrer des chercheurs en sciences 

humaines de l’Université de Tôkyô (Tôkyô daigaku 住住住住) tels qu’IMANISHI Kinji 住住住住 (1902­1992)591, 

MORI Shikazô 住住住, HIBINO Takéo 住住住住住 ou encore YOSHIDA Mitsukuni 住住住住 (1921­1991).

Shôwa XX (1945) (37­38 ans) : 23 avril : employé par le district d’Osaka (Oosaka­fu 住住住) et dont il 

parcourt à pied les villages à la recherche de mesures à prendre concernant l’offre en légumes frais. 

27 décembre : il démissionne.

10 juillet : sa maison à Ootori 住 prend feu suite a bombardement aérien de Sakai  住. Ses meubles, sa 

bibliothèque, ses matériaux d’étude, tout est détruit. 

15 août : le rescrit impérial proclame la fin de la guerre.

11 septembre : sa femme Asako rentre à Ooshima.

20 octobre au 9 novembre : il emmène avec lui à Hokkaidô des gens revenus à l’agriculture à cause de 

pertes dues à la guerre.

591 Anthropologue, spécialiste des modes de vie.

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Shôwa XXI (1946) (38­39 ans) : janvier : rentre à Ooshima et décide de devenir agriculteur, et entre 

les phases d’activité agricole, il voyage, sur demande du Ministère de l’agriculture, des eaux et forêts, 

dans les grandes exploitations agricoles pour y étudier les propriétaires terriens. 

15 mars : nommé administrateur central de l’Association pour une nouvelle autonomie des sociétés 

civiles (Shadan hôjin shin­jichi kyôkai 住住住住住住住住住).

Avril :  entrée en fonction.  En tant  que chef du Laboratoire de recherches sur les villages agraires 

(Nôson kenkyû­shitsu 住住住住住), il parcourt tout le pays à pied, donnant des conférences et prodiguant des 

conseils aux exploitants agricoles.

25 août : naissance de son deuxième fils, Michio 住住住, qui meurt le 14 octobre.

Shôwa XXII (1947) (39­40 ans) : il profite des périodes de repos entre les travaux agricoles pour aller 

marcher dans toutes les régions, principalement le Tôhoku 住住 . Pour payer ses frais de voyage, il fait 

des   conférences   sur   les   techniques   et   la   gestion   agricoles.   Il   fréquente   les   cultivateurs   modèles 

(tokunôka 住住住). 

Juillet : il se retire de la Shin­jichi kyôkai.

Shôwa XXIII (1948) (40­41 ans) : 29 octobre : sollicité par le directeur du Département agriculture du 

district d’Osaka (Oosaka­fu nôchi­bu 住住住住住住), HIRANO Katsuji 住住住住, il intègre la Section des sociétés 

coopératives du Département agriculture (Nôchi­bu nôgyô kyôdô kumiai­ka  住住住住住住住住住住 ) et s’attache à 

l’émancipation agricole (nôchi kaihô 住住住住), au conseil en matière d’agriculture après défrichement et à 

la formation des coopératives agricoles. Toutefois, il est tenu de rentrer périodiquement à Osaka. 

Shôwa XXIV (1949) (41­42 ans) : juin : à cause d’un abcès des glandes lymphatiques, il tombe dans 

un état critique. La pénicilline l’aide à se rétablir.

Octobre : Réintègre le Nihon jômin bunka kenkyû­sho.

23 octobre : intégré comme membre chercheur de terrain (chôsa­in  住住住) du Comité du Ministère de 

l’agriculture et des forêts pour la sauvegarde des documents sur l’eau (Nôrin­shô suisan shiryô hozon 

iinkai 住住住住住住住住住住住住 ), il s’attache à faire des études de terrain dans les villages de pêcheurs de la Mer 

intérieure de Séto et à recueillir des documents historiques.

Shôwa XXV (1950)  (42­43 ans) :   il   réalise  activement  ses  études  de   terrain  centrées  sur   la  Mer 

intérieure et ses recueils de documents historiques. 

Juin :   inauguration  des  Tôshô   shakai  kenkyû­kai  (Réunions  d’études  sociales  des   îles   住 住 住 住 住 住 住 ). 

Représentant : TSUJI Muratarô 住住住住 ; secrétaires : YAMASHINA Yoshimasa 住住住住, SONOIKE Tomoki 

住住住住, OOMURA Hajimé 住住住, TAKEDA Akira 住住住, FUTAGAMI Hiroshi 住住住. MIYAMOTO est membre 

dès les débuts.

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Juillet : il participe à l’étude de terrain à Tsushima 住住 menée par la Hachi gakkai rengô 住住住住住 (Union 

des huit congrès) dans l’« équipe des ethnies » (minzoku­han 住住住) et réalise une étude de terrain portant 

principalement  sur   l’activité  halieutique.  Tout en recevant  grâce à  cette  étude commune avec des 

personnes spécialisées dans d’autres domaines une grande stimulation, il approfondit sa confiance en 

lui quant à ses méthodes de terrain et de recherche.

Shôwa XXVI (1951) (43­44 ans) : juillet : Etude de terrain à Tsushima da la Kyû gakkai rengô 住住住住住

(Union des neuf congrès). 

Août : étude synthétique de terrain (sôgô chôsa 住住住住) sur les matériaux culturels (bunka­zai 住住住) dans le 

département de Nara 住住住 et étude de terrain dans le secteur de Tsugeno 住住住.

Automne : étude de terrain auprès de la famille Tokikuni 住住 de Noto 住住.

Shôwa XXVII (1952) (44­45 ans) : mars : naissance de son troisième fils, Hikaru 住. 

21 mai au 24 juin : étude de terrain sur les techniques de l’archipel des cinq îles (Go­tô rettô 住住住住)592 du 

département de Nagasaki 住住住. Il dirige la partie consacrée à l’Histoire économique. 

Août : étude de terrain de la Kyû gakkai rengô à Noto. Il est dans l’équipe « sociologie ».

Shôwa XXVIII (1953)  (45­46 ans) : mai : il a une nouvelle crise de tuberculose et est hospitalisé à 

l’hôpital Akasaka Maeda 住住住住住住. Il est soigné à la streptomycine.

25 juin : Ouverture de l’Assemblée de protestation nationale des représentants des populations des îles 

éloignées (Zenkoku ritô daihyô kekki taikai  住住住住住住住住住住住 ) à laquelle il assiste. Il décide de créer une 

Assemblée  délibérative  nationale  pour   le   développement  des   îles  éloignées   (Zenkoku   ritô   shinkô  

kyôgi­kai 住住住住住住住住住).

22 juillet : adoption de la loi sur le développement des îles éloignées. 

3   août :   MIYAMOTO   est   secrétaire   général   de   l’Assemblée   délibérative   nationale   pour   le 

développement des îles éloignées. 

10 décembre : parution de  Shima  住 住住 住 (Îles), l’organe de l’Assemblée délibérative nationale pour le 

développement des îles éloignées. 

Shôwa XXIX (1954) (46­47 ans) : mai : nommé secrétaire général de l’Assemblée délibérative pour le 

développement des îles éloignées. 

Décembre :  création de  la  Société  d’études  de  terrain du crédit  de  la  sylviculture   (Ringyô  kin’yû  

chôsa­kai  住住住住住住住 ). MIYAMOTO s’y associe comme administrateur et dirige des recherches sur les 

études  de  terrain  tout  en réalisant  pour  lui­même des études  de  terrain sur   l’état  économique des 

villages de montagne. La Société sera dissoute en mars Shôwa XLIII (1968).

Dès cette année, et jusqu’en Shôwa XXXIV (1959), SHIBUSAWA Keizô lui fait arrêter ses voyages.

592 Les cinq îles en question sont : Fukué 「「, Naru 「「, Wakamatsu 「「, Nakadoori 「「 et Uku 「「 / Hisaka 「「.

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Shôwa XXX (1955) (47­48 ans) : décembre : ouverture de la Société de recherche sur les « images de 

la vie quotidienne populaire apparaissant dans les rouleaux peints (emakimono  住 住 住 ) ».Elle se tient 

jusque vers août XLI (1966), et donne lieu à la publication de cinq volumes chez Kadokawa shoten 住住住

住. MIYAMOTO rédige la plus grande partie du brouillon de plan détaillé. 

Publication de Umi wo hiraita hitobito 住住住住住住住住住住 (Ceux qui ouvrirent la mer) et de Minzokugaku he no  

michi 住住住住住住住住 (Le chemin vers la minZokugaku), un essai qui mélange autobiographie et Histoire de la 

minZokugaku.

Shôwa XXXI (1956)  (48­49 ans) :  juillet :  il  participe en tant que collaborateur spécial à  l’équipe 

« anthropologie culturelle et  minZokugaku » du Groupe de recherches synthétiques sur les relations 

humaines (Ningen kankei sôgô kenkyû­dan  住住住住住住住住住) de l’Université de Nagoya 住住住住住 et réalise des 

études de terrain à Nagura 住住 dans le département d’Aichi 住住住 et à Sakushima 住住住.

Shôwa   XXXII   (1957)  (49­50   ans) :   31   mai :   il   quitte   ses   fonctions   de   secrétaire   général   de 

l’Assemblée   délibérative   nationale   pour   le   développement   des   îles   éloignées   et   devient   simple 

secrétaire organisateur.

Mai : Début de la publication de  Fudoki Nihon  住 住 住 住 住 住 住 (Le Japon des Chroniques antiques) (éd. 

Heibonsha). Bien que cet ouvrage soit signé OOTÔ Tokihiko 住住住住593, KAMATA Hisako 住住住住 (née en 

1939) et MIYAMOTO Tsunéichi, ce dernier s’associa dès le début à l’élaboration du plan de ce projet 

et s’investit activement dans sa rédaction. 

Novembre : nommé membre de la Commission d’études de terrain du Comité pour la conservation des 

biens culturels (Bunka­zai hogo iin­kai Chôsa iin 住住住住住住住住住住住) et y œuvre jusqu’en mars Shôwa XXXIII 

(1958). 

Shôwa XXXIII (1958)  (50­51 ans) : mars : il est engagé comme consultant auprès de l’Assemblée 

délibérative nationale pour le développement des îles éloignées.

Juin :   engagé   comme   membre   du   Comité   spécialisé   dans   les   biens   culturels   du   département   de 

Hiroshima (Hiroshima­ken bunka­zai senmon iinkai 住住住住住住住住住住住) dont il démissionnera en juillet XLVII 

(1972).

Octobre : fondation de la revue Minwa  住住住住 (Contes folkloriques). Il y participe comme rédacteur en 

publiant tous les deux mois jusqu’à l’arrêt de la revue au vingt­quatrième numéro en XXXIX (1964) 

une série d’articles : « Toshiyoritachi » 住住住住住住住 (« Les personnes âgées »).

Shôwa XXXIV (1959) (51­52 ans) : juillet : il participe à l’étude de terrain à Sado 住住 de la Kyû gakkai  

rengô en s’occupant du Congrès d’ethnologie (Minzoku gakkai 住住住住). 

593 Disciple préféré de YANAGITA Kunio.

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Atteint d’un ulcère du duodénum, il se voit prescrire un traitement de longue durée par les docteurs 

TAZAKI 住住 et MIDORIKAWA 住住 du CHU de cancérologie. 

De septembre à la fin de l’année : sous traitement et interdit de sortie, il commence à rédiger une thèse 

provisoirement intitulée Seto naikai tôsho no kaihatsu to sono shakai keisei  住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Le 

développement des îles de la mer intérieure de Séto et la formation de leur société).

Novembre : la publication de Nihon zankoku monogatari 住住住住住住 (Contes cruels du Japon) débute, sous 

la direction de MIYAMOTO, YAMAMOTO Shûgorô 住住住住住 (1903­1967)594, YAMASHIRO Tomoé 住住住

(née en 1912) et KAJINISHI Kôsoku   住 住 住 住 , toutefois l’enthousiasme avec lequel MIYAMOTO s’y 

investit ne le cède en rien à Fudoki Nihon.

Shôwa XXXV (1960)  (52­53 ans) : publication de Wasurerareta Nihonjin  住住住住住住住住住住 (Les Japonais 

oubliés), considéré comme son chef d’œuvre.

Shôwa XXXVI (1961) (53­54 ans) : 5 juin : il reçoit le Prix du Club des essayistes (Esseisuto kurabu­

shô  住住住住住住住住住住 ) pour Nihon no ritô  住住住住住住住(Les îles japonaises éloignées) (septembre Shôwa XXXV 

(1960)).

3 novembre : il reçoit le Prix du Chûgoku pour la culture (Chûgoku bunka­shô 住住住住住) (de la Chûgoku 

shimbun­sha) pour ses succès dans le développement culturel et industriel autour de la mer intérieure 

de Séto.

Décembre : il obtient son doctorat auprès de l’Université Tôyô 住住住住 pour sa thèse intitulée Seto naikai  

tôsho no kaihatsu to sono shakai keisei – Kaijin no teijû wo chûshin ni 住住住住住住住住住住住住住住住住住―住住住住住住住住住住 (Le 

développement  des   îles  de  la  mer   intérieure  de Séto  et   la  formation de  leur  société  –  Autour  de 

l’implantation des gens de la mer).

Cette année­là, il acquiert une maison au 3­9­12 Shin­machi  住住 dans la ville de Fuchû 住住 et quitte la 

résidence SHIBUSAWA*.

Shôwa XXXVII (1962)  (54­55 ans) : janvier : il est nommé maître de cours à la Faculté d’études 

halieutiques de l’Université de la mer de Tôkyô (Tôkyô suisan daigaku  住住住住住住) ; il y restera jusqu’en 

mars.

Mars : décès de sa mère Machi 住住 à Ooshima.

Avril : il décide de faire venir sa famille à Tôkyô et de vivre avec elle.

8 août : décès de YANAGITA Kunio* à l’âge de 88 ans.

Shôwa XXXVIII (1963) (55­56 ans) : juin : lancement de la revue Deku no bô 住住住住住住住595 (Poupée de 

bois). Avec des jeunes qui se réunissent à la Société d’études de terrain du crédit sylvain (Ringyô  

594 Ecrivain, auteur de littérature populaire de qualité.595 Deku no bô : étymologie : [「「「].

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kin’yû chôsa­kai 住住住住住住住), il fonde le Deku no bô kurabu 住住住住住住住住 (Club des poupées de bois) et publie 

Deku no bô mensuellement, tapé à la machine.

Juillet :   lancement  de   la   revue  Nihon  hakken  住 住 住 住 住 住 (Découverte  du   Japon).  De   concert   avec 

HASEGAWA Tatsuo 住住住住住 et TAKEUCHI Minoru 住住住 , il fonde la Société de découverte du Japon 

(Nihon hakken no kai  住住住住住住 ) et la revue Nihon hakken mais celle­ci s’arrête au cinquième numéro. 

MIYAMOTO commence la publication d’une série d’articles sur « Les tenants et les aboutissants de la 

Restauration » (« Go­isshin no atosaki »住住住住住住住住住住) mais elle est interrompue.

Juillet : il est nommé président de la Société d’études sur l’industrie japonaise du sel (Nihon engyô  

kenkyû­kai 住住住住住住住).

Août : Il participe à l’étude de terrain sur la presqu’île de Shimokita (Shimokita­hantô 住住住住) de la Kyû  

gakkai rengô au sein de la conférence de minZokugaku.

25 octobre : décès de SHIBUSAWA Keizô, à l’âge de 67 ans.

Shôwa  XXXIX  (1964)   (56­57  ans) :   avril :   il   est   embauché   comme chargé   de  cours  vacataire  à 

l’Université des Beaux­Arts de Musashino (Musashino bijutsu daigaku 住住住住住住住).

Août : Nouvelle étude de terrain à Shimokita hantô pour la Kyû gakkai rengô.

Shôwa XL (1965)  (57­58 ans) : avril : nommé professeur des universités à  l’Université des Beaux­

Arts  de  Musashino,   il  y  enseigne   la  minZokugaku,   l’Histoire  de   la  vie  quotidienne  etc..  Puisque 

nombreux sont les étudiants (de cette université comme de l’extérieur) qui viennent le consulter à son 

bureau   entre   ses   cours,   il   crée   en   avril   XLI   (1966)   les   Réunions   de   recherches   sur   la   culture 

quotidienne (Seikatsu bunka kenkyû­kai  住住住住住住住 ) et ils conviennent d’un jour pour se réunir chaque 

semaine. C’est à cette époque qu’il aborde sérieusement la « culture matérielle » (yûkei bunka  住住住住), 

principalement les objets courants traditionnels (mingu).

30 août : publication de Nippon no yado 住住住住住住住住住(Les auberges du Japon). Par ailleurs, il commence à 

cette époque la direction de documentaires télévisés, « Nihon no shijô »   住 住 住 住 住 住 住 (« La poésie du 

Japon ») (pour Nikkei eiga­sha 住住住住住). C’est en même temps une réalisation à l’occasion du dixième 

anniversaire du Kinki Nihon tsûrisuto . dô­kyôtei ryokan remmei 住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Union du tourisme 

du Kinki en convention avec la fédération de l’hôtellerie traditionnelle).

Shôwa XLI (1966)  (58­59 ans) : janvier : fondation du  Nihon kankô bunka kenkyû­sho  住 住 住 住 住 住 住 住 住

(Institut   japonais   des   cultures   du   tourisme).   Jusqu’à   sa   mort   en   janvier   Shôwa   LVI   (1981),   il 

s’emploiera en tant que directeur à former ses futurs successeurs. Son fils Chiharu prend sa fonction 

de secrétaire général très au sérieux.

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Shôwa XLII (1967) (59­60 ans) : janvier : président de la Commission spécialisée en biens culturels 

de la ville de Fuchû, Communauté urbaine de Tôkyô (Tôkyô­to Fuchû­shi Bunka­zai semmon iinkai 住住

住住住住住住住住住住住住) jusqu’en Shôwa LIV (1979).

Mars : lancement de la revue Aruku miru kiku 住住住住住住住住住 (Marcher, regarder, écouter).

Avril : maître de cours à la Faculté des sciences de l’Université de Waseda   住 住 住 住 住 . Jusqu’en XLVI 

(1974), il y enseigne la minZokugaku.

Shôwa XLIII (1968) (60­61 ans) : décembre : membre du Conseil­fondation pour la conservation des 

ressources touristiques (Kankô shigen hogo zaidan hyôgi 住住住住住住住住住住).

Shôwa XLV (1970) (62­63 ans) : août : collabore à la fondation de l’Ondeko­za 住住住住 [住住住] 住596 (groupe 

de tambours traditionnels) de Tasuki 住住. 

Septembre :   il   est   intronisé  membre  de   l’Assemblée  délibérative  pour   le   développement  des   îles 

éloignées (Ritô shinkô shingi 住住住住住住). Il y restera jusqu’en juin LIV (1979).

Shôwa XLVI (1971)  (63­64 ans) : 29 juin : administrateur de la Société d’études de terrain pour le 

développement des villages de montagne (Sanson shinkô chôsa­kai  住住住住住住住). Il le restera jusqu’au 28 

juin   Shôwa   XLVIII   (1973).   Cette   Société   fut   créée   en   Shôwa   XL   (1965)   mais   on   ignore   si 

MIYAMOTO en fut l’administrateur dès les débuts. 

Octobre :   membre   du   Comité   spécialisé   dans   les   biens   culturels   du   département   de   Yamaguchi 

(Yamaguchi­ken bunka­zai semmon iinkai 住住住住住住住住住住住).

Shôwa   XLVII   (1972)  (64­65   ans) :   avril :   maître   de   cours   à   la   Faculté   de   Droit   et   Lettres   de 

l’Université d’Okayama 住住住住.

Septembre : administrateur du Nihon seikatsu gakkai 住住住住住住 (Congrès sur la vie quotidienne japonaise).

Shôwa XLVIII (1973) (65­66 ans) : avril : membre de la Commission du Ministère de l’agriculture et 

des forêts pour la réunion de documents permettant l’amélioration de la vie quotidienne (Nôrin­shô  

seikatsu kaizen shiryô shûshû iinkai 住住住住住住住住住住住住住住 ). Membre du Comité consultatif de la bibliothèque 

de biens culturels de la radiodiffusion (Hôsô bunka­zai raiburarî shimon iinkai 住住住住住住住住住住住住住住住住).

Mai : Directeur du Nihon bunka kenkyû­sho 住住住住住住住 (Institut des cultures japonaises).

Juin : il donne un cours magistral en tant que directeur du Nihon kankô bunka kenkyû­sho en plusieurs 

cessions :  « Tabibitotachi no rekishi »   住 住 住 住 住 住 住 住 住 (« Histoire des voyageurs »).  Conformément au 

règlement, il fait son cours une fois par mois.

596 En 1993, le groupe Ondeko­za 「「「「 est rené de ses cendres avec de nouveaux membres. Ses disques sont édités au Japon, chez Victor Entertainment 「「「「「「「「「「「「「「, Tôkyô. Pour plus d’informations, voir la discographie sur le site de la compagnie de disques :http://www.jvcmusic.co.jp/­/Discographylist/A000541.html

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Shôwa  XLIX  (1974)  (66­67   ans) :   octobre :   lancement  de   la   première  « Communication   sur   les 

recherches sur les objets traditionnels populaires » (« Mingu kenkyû kôza » 住住住住住住住住) organisée Nihon 

jômin bunka kenkyû­sho. C’est MIYAMOTO qui propose la création d’une Société d’étude des objets 

populaires traditionnels japonais (Nihon mingu­gakkai  住住住住住住 ), proposition adoptée à l’unanimité. Il 

devient l’ordonnateur de la Commission préparatoire à la création de la Société d’étude des objets 

populaires traditionnels (Mingu­gakkai setsuritsu jumbi iinkai 住住住住住住住住住住住).

Shôwa L (1975) (67­68 ans) : juillet : il participe à l’« Ecole d’expédition AMKAS (Aruku miru kiku  

amêba  shûdan)  du  Nihon kankô   bunka kenkyû­sho »   (« Nihon kankô   bunka kenkyû­sho  Amukasu 

tanken gakkô »住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 ) et réalise une étude de terrain sur les cultures des ethnies du Kenya 

et de Tanzanie. C’est sa première étude de terrain à l’étranger, et il en retire une grande stimulation.

Novembre : Fondation de la Nihon mingu gakkai dont il est nommé ordonnateur (directeur).

Shôwa LII (1977) (69­70 ans) : mars : démissionne de l’Université des Beaux­Arts de Musashino.

Avril :  ­ il écoute le témoignage du montreur de singes MURASAKI Shûji 住住住住 de la ville de Hikari 住住

dans le département de Yamaguchi et lui conseille de faire revivre cette activité. L’« Association des 

montreurs de singes de Suô » (« Suô saru­mawashi no kai »   住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 )597  est fondée, autour de 

MURASAKI Yoshimasa   住 住 住 住 (1933­1990),  pour contribuer activement à   la  renaissance de cette 

activité.

­ il devient chercheur membre collaborateur de l’Institut des langues et civilisations 

d’Asie et d’Afrique de l’Université des langues de Tôkyô (Tôkyô gaikokugo daigaku Ajia . Afurika  

gengo bunka kenkyû­sho 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 ) pour des « Recherches de terrain sur l’islamisation et la 

modernisation en Asie et en Afrique » (« Ajia . Afurika ni okeru Isuramu­ka to kindai­ka ni kan suru  

chôsa kenkyû » 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 ) (représentant : MIKI Wataru 住住住 (né en 1925)) (et ce 

jusqu’en Shôwa LV (1980)).

Mai : il reçoit le titre de « professeur honoraire » (meiyo kyôju 住住住住) de l’Université des Beaux­Arts de 

Musashino.

Septembre : étude de terrain à Chéju­dô 「「「 [住住住 ]598  (Corée). Il y recherche une possible origine des 

ama 住住 (pêcheuses plongeuses) japonaises.

Décembre : Il reçoit le Prix KON Wajirô 住住住住 (1881­1973) (Congrès des études sur la vie quotidienne). 

Publication du 25ème tome des Œuvres de MIYAMOTO Tsunéichi (Chosaku­shû 住住住).

Publication de  Minzokugaku no tabi  住 住 住 住 住 住 住 (Le voyage de la  minZokugaku), son autobiographie 

professionnelle.

597 Site : http://www.suo.co.jp/598 Cheju­do : lu en japonais indifféremment Saishû­tô 「「「「「「「 ou Cheju­do 「「「「「.

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Shôwa LIV (1979)  (71­72 ans) : mars à mai : alors qu’il participe à une étude de terrain du  Nihon 

kankô bunka kenkyû­sho sur la remise en valeur des sources chaudes d’Iizaka  住住住住 , il dépérit à vue 

d’œil.

1er avril : il est chargé d’une collaboration de recherche avec le Kokuritsu minzoku hakubutsukan 住住住住住住

住 (Musée national  d’ethnologie).  Elle durera  jusqu’au 31 mars LVII (1982).  Du 28 au 31 janvier 

Shôwa LV (1980),   il  participe pendant  quatre   jours au premier Symposium sur   la culture agraire 

(Shimpojiumu.nôkô bunka 住住住住住住住住住住住) « Recherches comparées sur les origines des cultures ethniques 

du Japon » (« Nihon minzoku bunka no genryû no hikaku kenkyû » 住住住住住住住住住住住住住住住住) et en retire une 

grande stimulation.

Juin : devient membre et président suppléant du Comité spécial pour des mesures de développement 

des   îles  éloignées  de   l’Assemblée  délibérante   territoriale   (Kokudo   shingi­kai  Ritô   shinkô   taisaku 

tokubetsu iinkai 住住住住住住住住住住住住住住住住). 

6 juillet­… : après l’« Histoire des voyageurs » qu’il exposait lors de son cours magistral en tant que 

directeur du kankô bunka kenkyû­sho, il passe à l’« Histoire de la formation des cultures du Japon » 

(« Nihon bunka keisei­shi »住住住住住住住住住). 

Septembre : étude de terrain à Taiwan.

Publication de Mingugaku no teishô 住住住住住住住住(Propositions pour l’étude des objets populaires courants), 

essai majeur sur les mingu.

Shôwa LV (1980) (72­73 ans) : 25 mars : fondation de l’Université du terroir de l’arrondissement de 

Tôwa (Tôwa­chô kyôdo daigaku  住住住住住住住 ). Elle a pour vocation d’organiser des réunions d’études à 

destination des jeunes de Tôwa­chô, d’où son nom. Le cours inaugural et le premier cours magistral 

ont lieu ce jour­là. Il s’agissait à la fois pour MIYAMOTO de donner un cours sur l’« Histoire du 

terroir » (« Kyôdo no rekishi »住住住住住住住) et de recueillir les témoignages et les voix de nombreux amis et 

connaissances. L’Histoire du terroir s’arrêta au bout de huit séances.

Octobre : à l’invitation du Kinki Nihon tsûrisuto, il effectue un voyage en Chine qui l’épuise.

22 novembre : Rapport provisoire d’étude de terrain d’urgence en zone destinée à être inondée pour la 

construction du barrage de Yashiro  住住 (district d’Ootori 住住住 , département de Yamaguchi 住住住). Cette 

étude  de   terrain  d’urgence  durera  de  Shôwa  LV (1980)  à  LVI   (1981).  MIYAMOTO  menait   les 

recherches en tant que chef, mais il s’arrêta après avoir présenté le rapport provisoire et passé encore 

une journée sur le terrain. 

23 décembre : hospitalisé à l’Hôpital métropolitain de Fuchû (Toritsu Fuchû byôin  住住住住住住 ). Voulant 

passer le nouvel An chez lui, il rentre pour le réveillon.

Shôwa LVI (1981) (73 ans) : 4 janvier : il est réhospitalisé à l’Hôpital métropolitain de Fuchû. 

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30 janvier : il décède tôt dans la matinée d’un cancer de l’estomac.

Annexe III : L’Université du terroir de Suô Ooshima

En 1980, un an avant sa mort, MIYAMOTO fonda la Tôwa­chô Kyôdo daigaku 住住住住住住住 (l’Université 

du terroir du District de Tôwa), qui dispensait des cours magistraux à tous pour un prix modique. Ce 

genre d’institution fait un peu penser aux « universités populaires » ou à « l’Université tous âge » au 

sein de l’Université Lyon III. 

Le public est majoritairement composé d’habitants de l’île, majoritairement des actifs et des retraités, 

non du fait  du manque d’intérêt  de la jeunesse de Suô,  mais plutôt  à  cause de la dénatalité  et  de 

l’exode rural qui frappent très durement cette île. Les inscrits sont une centaine. Les cours ont lieu en 

soirée, de 19 à 21 heures, sauf le dimanche où ils sont donnés dans l’après­midi. L’inscription coûte 

6000 ¥ par an ou 500 ¥ par cours pour les non inscrits. 

En 1980 et 1981 sont donnés vingt­quatre séances ordinaires et cinq cours magistraux (dont huit par 

MIYAMOTO lui­même),  puis  l’université   ferme ses portes en novembre.  Grâce aux efforts  de  la 

population locale et des chercheurs, l’université est réouverte en 2003 sous le nom de Suô Ooshima 

Kyôdo daigaku 住住住住住住住住 (Université du terroir de Suô Ooshima). Les tarifs sont à peine modifiés : 4000 

¥ l’inscription annuelle et 1000 ¥ le cours pour les non inscrits. En juin 2007, elle avait déjà dispensé 

38 cours magistraux.

Les cours donnés par MIYAMOTO figurent retranscrits dans le tome 41 de ses Œuvres sous

le titre Kyôdo no rekishi住住住住住住住(Histoire du terroir) et cinq des cours donnés à la réouverture

de l’université (par SANO Shin’ichi 住住住住 , FUJIMOTO Kiyohiko 住住住住 , USU’I Takumi 住住住 ,

KO’IZUMI Bon 住住住 et TATEMATSU Wahei 住住住住) ont été publiés sous le titre, Miyamoto

Tsuneichi no messêji : Suô Ooshima kyôdo daigaku kôgi-roku 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Le

message de Miyamoto Tsunéichi : Cours de l’Université du terroir de Suô Ooshima)599,

ouvrage qui nous a servi à établir la liste suivante.

I Cours600 donnés du vivant de MIYAMOTO

599 Kôbé, Mizunowa shuppan, 2007, 116 p.. Nous indiquons les cours en question par une astérisque.600  SANO   Shin’ichi,  FUJIMOTO  Kiyohiko   「 「 「 「 ,  USU’I  Takumi   「 「 「 ,   KOIZUMI   Bon   「 「 「 , TATEMATSU Wahei 「「「「 : Miyamoto Tsuneichi no messêji : Suô Ooshima kyôdo daigaku kôgi­roku 「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「「 (Le message de MIYAMOTO Tsunéichi : Cours de l’Université du terroir de Suô Ooshima), Kôbé, Mizunowa shuppan, 2007, 116 p., documents annexes, p. 110.

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Année601 1980

1. 25 mars : Tôwa­chô kyôdo­shi 住住住住住住 (Histoire du terroir du District de Tôwa) (1), par MIYAMOTO 

Tsunéichi (Président de l’Université) ;

2. 25 mars : Tôwa­chô kyôdo­shi (2), par MIYAMOTO Tsunéichi ;

3. 27 mars : Tôwa­chô kyôdo­shi (3), par MIYAMOTO Tsunéichi ;

4. 7 avril : Nôgyô ni tsuite 住住住住住住 (De l’activité agricole) (1), par YONEYASU Akira 住住住 (Professeur à 

la Tôkyô nôgyô daigaku 住住住住住住 (Université d’agronomie de Tôkyô)) ;

5. 8 avril : Nôgyô ni tsuite (2), par YONEYASU Akira ;

6. 27 juin : Tôwa­chô kyôdo­shi (4), par MIYAMOTO Tsunéichi ;

7. 28 juin : Tôwa­chô kyôdo­shi (5), par MIYAMOTO Tsunéichi ;

8. 6 juillet :  Sesô dangi  住住住住 (Explication sur les mœurs), par EI Rokusuke  住住住 (Ecrivain de radio­

télédiffusion) ;

9. 29 juillet : Tôwa­chô kyôdo­shi (6), par MIYAMOTO Tsunéichi ;

Chônai shisatsu shimpojiumu  住住住住住住住住住住 (Symposium d’inspection infra­district). 17 août : avec la 

participation de MIYAMOTO Tsunéichi, DO’I Yatarô  住住住住住 (professeur honoraire à l’Université de 

Yamaguchi 住住住住), YONEYASU Akira, MASUSHIGE Shôichi 住住住住 (maître de conférence à la Tôkyô 

nôgyô daigaku) et WADA Norihisa 住住住住 (membre du Nihon kankô bunka kenkyûjo 住住住住住住住住住 (Institut 

de recherches sur les cultures du tourisme japonais) ;

10. 18 août : Nôgyô ni tsuite (3), par YONEYASU Akira ;

11. 19 août : Eiyô no hanashi 住住住住住住 (Histoires de nutrition), par MASUSHIGE Shôichi ;

12. 18 septembre : Ijô kishô 住住住住 (Anormalités climatiques), par DO’I Yatarô ;

13. 15 octobre : Saru­mawashi no kiroku 住住住住住住住 (Notes sur les dresseurs de singes), par MURASAKI 

Shûji 住住住住 (chercheur associé au Kyôto daigaku Reichôrui kenkyûjo 住住住住住住住住住住 (Institut de recherche en 

primatologie de l’Université de Kyôto)) ;

14. 24 octobre :  Gesshô shônin to Meiji ishin  住住住住住住住住住 (Le vénérable Gesshô et la Restauration de 

Meiji), par KODAMA Satoshi 住住住 (professeur à l’Université Ryûkoku 住住住住) ;

Première fête de l’université : 23 décembre : avec la participation de la Suô Ooshima Saru­mawashi no 

kai 住住住住住住住住住住 (Société des montreurs de singes de Suô Ooshima) et le groupe de tambours Ondekoza 住住

住住 ;

15. 1er novembre : Nôgyô ni tsuite (4), par YONEYASU Akira ;

16. 25 novembre : Tôwa­chô kyôdo­shi (7), par MIYAMOTO Tsunéichi ;

601 Rappelons qu’au Japon, l’année scolaire commence en mars ou en avril selon les établissements.

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17. 26 novembre : Tôwa­chô kyôdo­shi (8), par MIYAMOTO Tsunéichi ;

18. 30 novembre : Eiyô no hanashi (2), par MASUSHIGE Shôichi ;

19. 19 février : Tôwa­chô no yakimono no hanashi 住住住住住住住住住 (Histoires de poteries du district de Tôwa) 

(1), par KANZAKI Noritaké 住住住住 (membre du Nihon kankô bunka kenkyûjo) ;

20. 20 février : Tôwa­chô no yakimono no hanashi (2), par KANZAKI Noritaké ;

21. 22 février : Sekiyu jijô to shokuryô mondai – Shomin no tachiba kara 住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Situation du 

pétrole et problème des vivres – du point de vue du petit peuple), par YAMAMOTO Jirô 住住住住 (Chef de 

l’édition du Yamaguchi du journal du Chûgoku 住住住住住住住住住住) ;

22. 11 mars : Yakibata nôgyô to seikatsu  住住住住住住住住 (L’agriculture sur brûlis et la vie quotidienne), par 

HIMEDA Tadayoshi   住住住住 (Directeur du Minzoku eizô kenkyûjo   住住住住住住住 (Institut de recherches en 

images ethnographiques)) ; 

23. 15 mars : Cours anniversaire de la fondation de la Kyôdo daigaku, par TAKAMATSU住Yoshikichi 

住住住住 (professeur à la Sagami joshi daigaku 住住住住住住 (Université pour filles de Sagami)) et MASUSHIGE 

Shôichi ;

24. 21 mars : Nôgyô ni tsuite (5), par YONEYASU Akira ;

II Cours donnés après la mort de MIYAMOTO (4 

janvier 1981)

Année 1981

1. 4 mai : Daigaku un’ei ni tsuite   住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Sur la gestion des universités), par TAKAMATSU 

Yoshikichi et et MASUSHIGE Shôichi ;

2. 10 mai : Nôgyô ni tsuite (6), par YONEYASU Akira ;

3. 13 juillet : Nôgyô ni tsuite (7), par YONEYASU Akira ;

4. 28 avril : Tôwa­chô no yakimono no hanashi (3), par KANZAKI Noritaké ;

Nihon seikatsu gakkai samâ seminâr 住住住住住住住住住住住住住 (Séminaire d’été de la société d’études sur le la vie 

quotidienne japonaise),  organisé par la Nihon seikatsu gakkai et avec le concours de la Tôwa­chô 

Kyôdo daigaku :

Genchi kôza 住住住住 (cours sur place) : 29 août

Genchi kôza.kôen 住住住住住住住 (cours et conférence sur place) : 30 août : 

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Seikatsu­gaku   toha nani   ka ?  住 住 住 住 住 住 住 (Qu’est­ce  que  « l’étude  de   la  vie  quotidienne » ?),   par 

KAWAZOE Noboru 住住住 (critique d’architecture) ; 

Shakaigaku no  me kara Miyamoto­sensei  no  kokyô  wo miru  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 ,  par 

MATSUDAIRA Makoto 住住住 (professeur à l’Université Rikkyô 住住住住) ;

Nôgyô to tochi mondai 住住住住住住住, par TAKAMATSU Yoshikichi ;

Genchi kôza.kagai kôza 住住住住住住住住住 (cours sur place et cours hors programme (kagai 住住)) ;

5. 31 août : Chiiki shakai no shoku­seikatsu to sangyô  住住住住住住住住住住住 (Vie alimentaire dans les sociétés 

locales et inductrie),  par MORI Masao   住 住 住 (professeur au Shokuryô gakuin   住 住 住 住 (Académie des 

vivres)) ;

Donné en parallèle avec les cours hors programme du Nihon seikatsu gakkai samâ  

seminâ ;

Deuxième fête de l’université. 1er novembre : sur le thème « Tomo ni katarô kyôdo no yume wo / Tomo 

ni kizukô kyôdo no mirai wo »住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住(« Racontons ensemble le rêve [de l’Université 

( ?)] du terroir / Construisons ensemble le futur [de l’Université ( ?)] du terroir »), avec la participation 

de SAKAMOTO Nagatoshi   住 住 住 住 (compagnie théâtrale Hikari shiba’i   住 住 住 住 住 ),  et les membres de 

l’Ondeko­za devenu « Kodô 住住 » (groupe de tambours japonais).

[Fermeture de l’Université jusqu’en 2003.]

Année 2003

*Cours magistral spécial. 30 janvier :  Miyamoto Tsuneichi no messêji  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Le message de 

MIYAMOTO Tsunéichi), par SANO Shin’ichi (essayiste)602 ;

1. 31 mai : Seimei no kyôzon to chiiki I 住住住住住住住住 I (Coexistence des vies, et régions I), (avec projection 

de Suô saru mawashi no kiroku 住住住住住住住住住 (Garder trace des montreurs de singe de Suô)), par HIMEDA 

Tadayoshi ;

2. 21 juin : Seimei no kyôzon to chiiki II, (avec projection de Neyako – Umikara umareta kazoku 住住住住住住

住住住住住住住 (Neyako : Une famille née de la mer)), par HIMEDA Tadayoshi ;

3. 26 juillet :  Miyamoto minZokugaku to ha nani ka ?  住住住住住住住住住 (Qu’est­ce que l’« ethnographie du 

folklore » de MIYAMOTO ?), par TAMURA Zenjirô 住住住住住 (professeur à l’Université des Beaux­Arts 

de Musashino 住住住住住住住) ;

4. 23 août : Kaigyô no susume 住住住住住住 (Conseils pour l’industrie de la mer), par YONEMURA Yôichi 住住

住住 (Administrateur représentant de projet au Chiiki kôryû sentâ   住住住住住住住住 (Centre pour les échanges 

régionaux)) ;

602 Miyamoto Tsuneichi no messêji : Suô Ooshima kyôdo daigaku kôgi­roku, chap. I, p. 8.

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*5. 6 septembre : Bukkyô to iryô – Ikikata ni manabô 住住住住住住住住住住住住 (Bouddhisme et traîtement médical : 

Apprenons des manières de vivre)603, par FUJIMOTO Kiyohiko (Professeur à la Bukkyô daigaku 住住住住

(Université du bouddhisme et Moine responsable du Sairenji   住住住 (Temple du Lotus occidental) (de 

l’Ecole de la Terre pure)) ;

6. 25 octobre : Genki rôjin no yûtopia 住住住住住住住住住住 (L’utopie des vieillards en bonne santé), par ENAMI 

Etsuko 住住住住 (photographe) ;

7. 22 novembre : Monokaki kara mita Suô Ooshima  住住住住住住住住住住住住 (Suô Ooshima vue dans les textes), 

par MORIFUKU Miyako 住住住 (écrivain) ;

8. 13 décembre :  Gyoson wo « Aruku miru kiku »  住住住住住住住住住住住住 (« Arpenter, regarder et écouter » les 

villages de pêcheurs), par MORIMOTO Takashi 住住住 (ancien rédacteur en chef de la revue Aruku miru 

kiku住住住住住住住住住) ;

9. 30 janvier : Première réouverture du forum :  Ima ni ikasu Miyamoto­gaku – Suô Ooshima bunka 

kôryû sentâ no yakuwari wo kangaeru  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Faire vivre maintenant la 

miyamotologie :  Penser   le   rôle  du  Centre  pour   les  échanges  culturels  de  Suô  Ooshima),   avec   la 

participation de :

MASUSHIGE Shôichi (cours introductif), SANO Shin’ichi, MAJIMA Shun’ichi   住 住住 住 (directeur de 

l’Institut de recherche TEM), MORIMOTO Takashi, YANA’I Shungaku 住住住住 (député du département 

du Yamaguchi et maire de l’ancien district de Tôwa) et NIIYAMA Shizuo  住住住住 (Chef de la section 

projet de l’Université du terroir et assurant ici la coordination) ;

10. 28 février : San’ya wo ikasu – Soma no kai 23­nen no katsudô wo tooshite  住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

(Faire vivre les montagnes et les plaines : A travers 23 ans d’activité de l’Association des bucherons), 

par IMAKITA Tetsuya 住住住住 (exploitant forestier) ;

Année 2004

11. 10 avril : Sora kara mita mura no ayumi – Nishi Seto naikai no shimajima wo jirei ni 住住住住住住住住住住住住住住

住住住住住住住住 (L’évolution des villages vue du ciel – Le cas des îles de l’ouest de la Mer intérieure de Seto), 

par KADZUKI Yôichirô 住住住住住 (professeur à l’Université de Kanagawa 住住住住住). 

*12. 12 juin : « Seto naikai » « Chûgoku sanchi » shuzai to Miyamoto Tsuneichi  住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

(MIYAMOTO Tsunéichi et la collecte d’informations sur « La mer intérieure de Seto » et « Les zones 

montagneuses du Chûgoku »)604, par USU’I Takumi (professeur à la Hiroshima bunkyô joshi daigaku 住

住住住住住住住 (Université pour filles pour l’enseignement des lettres de Hiroshima) et ancien journaliste au 

Chûgoku shimbun 住住住住住住(Journal du Chûgoku)) ;

603 Miyamoto Tsuneichi no messêji : Suô Ooshima kyôdo daigaku kôgi­roku, chap. II, p. 22.604 Miyamoto Tsuneichi no messêji : Suô Ooshima kyôdo daigaku kôgi­roku, chap. III, p. 40.

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13. 31 juillet : Mori kara mita 21 seiki – Yama no kurashi wo tsunagu to iu koto 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

(Le XXIème siècle vu du ciel – Relier les vies montagnardes), par SHIBUSAWA Shûichi / Hisakazu 住住住

住 (Directeur administratif de la NPO Hôjin Jumoku . kankyô nettowâku kyôkai NPO 住住住住住住住住住住住住住住住

(l’Association NPO des réseaux du boir et de l’environnement)) ;

14. 28 août : Shokubutsu kara mita Suô Ooshima  住住住住住住住住住住 (Suô Ooshima vue par les plantes), par 

MINAMI Atsushi 住住 (Président de la Yamaguchi­ken shokubutsu gakkai (Société départementale du 

Yamaguchi de botanique)) ;

15. 11 septembre : Ushinawareta Shôwa – Miyamoto Tsuneichi no shashin wo yomu 住住住住住住住住住住住住住住住住住

(L’ère   Shôwa   perdue   –   Une   lecture   des   photographies   de   MIYAMOTO   Tsunéichi),   par   SANO 

Shin’ichi ;

16. 25 septembre :  Ikiru chikara wo hagukumu tame ni – MinZokugaku de sodaterareta watashi no  

bijutsu kyôiku  住住住住住住住住住住住住住 住住住住住住 住住住住住住 住 (Pour développer une force de vivre – Mon éducation 

artistique, à moi qui fus élevé à la minZokugaku), par HAYAMA Noboru 住住住 (Directeur du Shikisai 

zôkei kenkyûjo 住住住住住住住 (Institut de recherche sur la plastique des couleurs)) ;

17. 23 octobre : Suô Ooshima to Tsushima – Mô hitotsu no Hawai 住住住住住住住住住住住住住住住住 (Suô Ooshima et 

Tsushima – Un autre Hawaï), par MIHARA Yoshinori   住 住 住 住 (professeur à l’Ooshima shôsen kôtô 

senmon gakkô 住住住住住住住住住住 (Ecole supérieure spécialisée des navires de commerce d’Ooshima) ;

18. 27 novembre : Uta ha umi wo wataru – Kataritsugitai furusato no minyô 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Les 

chants   traversent   la   mer   –   Chants   populaires   du   village   natal   qu’on   voudrait   transmettre),   par  

EBISUTANI Kazunobu 住住住住 (Directeur de l’Ecole primaire de Morino du district de Suô Ooshima 住住住住

住住住住住住住) ;

19. 18 décembre :  Miyamoto Tsuneichi to « Nihon bunka no keisei »  住住住住住住住住住住住住住住 (MIYAMOTO 

Tsunéichi et  Nihon bunka no keisei  (La formation de la culture japonaise)), par SUTÔ Mamoru  住住住

(professeur à l’Université Ryûkoku 住住住住) ;

20. 30 janvier : Tanada to « MinZoku gijutsu » – MIYAMOTO Tsunéichi to aruita Suô Ooshima Kuka 

住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Rizières en terrasses et « techniques traditionnelles » – Kuka, sur Suô 

Ooshima,   arpenté   avec   MIYAMOTO   Tsunéichi),   par   INNAMI   Toshihidé   住 住 住 住 (professeur   à 

l’Université d’Aichi 住住住住) ; 

Année 2005

21. 2 avril : Miyamoto Tsuneichi no jû­man­mai no shashin wo yomu 住住住住住住住住住住住住住住 (Lire les cent mille 

photographie des Miyamoto Ysunéichi), par ITÔ Kôji 住住住住 (dir. de l’édition critique du Shashin nikki  

shûsei 住住住住住住住住住 (Journal et photographies) de MIYAMOTO) ;

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22. 28 mai : Chûgoku sanchi to Miymoto Tsuneichi 住住住住住住住住住 (Les zones montagneuses du Chûgoku et 

Miyamoto Tsunéichi), par KANDA Mikio 住住住住住 (poète et minZokugakusha) ;

*23. 16 juillet : Koizumi Yakumo to Miyamoto Tsuneichi – Tabibito ga nokoshita mono 住住住住住住住住住住住住住住住住

住 住 (Koizumi   Yakumo   (Lafcadio   Hearn)   et   Miyamoto   Tsunéichi   –   Ce   que   nous   ont   laissé   ces 

voyageurs), par KOIZUMI Bon (maître de conférence à la Shimane­ken joshi tanki daigaku 住住住住住住住住住

(Ecole supérieure pour fille du département de Shimané) et conseiller du Koizumi Yakumo kinenkan 住

住住住住住住 (Memorial de Lafcadio Hearn)) ;

24. 1er  octobre :  Shashin no satogaeri shien – Têma­ten « Miyamoto Tsuneichi no mita Fuchû » no 

jitsugen kara  住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Aide au retour au village natal par la réalisation d’une 

exposition   de   photographies   sur   le   thème   « Fuchû   vu   par   Miyamoto   Tsunéichi »),   par   SATÔ 

Tomotaka 住住住住 (conservateur du Kyôdo no mori hakubutsukan 住住住住住住住 (Musée du bois du terroir) de la 

ville de Fuchû, communauté urbaine de Tôkyô) ;

25. 29 octobre : Tokara rettô kara mita Miyamoto Tsuneichi – Soshite watashi no ritô kurashi 住住住住住住住住住

住住住住住住住住住住住住住住住 (Miyamoto Tsunéichi vu de l’archipel Tokara et ma vie sur une  île éloignée), par 

INAGAKI Naotomo 住住住住 (Artisan sur bambou et écrivain) ;

26. 3 décembre : Nagisa no kioku – Miyamoto Tsuneichi Tabi no genkei 住住住住住住住住住住住住住住住住 (Souvenirs du 

rivage   –   Voyages   et   archétypes   miyamotiens),   par   SATAO   Shinsaku   (Journaliste   au  Chûgoku 

shimbun 住住住住) ;

27. 28 janvier : Hyaku­man­nin no furusato kaiki  住住住住住住住住住住住住 (Retour au village pour un million de 

personnes), par TAKAHASHI Hiroshi 住住住 (chef du bureau du NPO hôjin Furusato kaiki shien sentâ 

NPO 住住住住住住住住住住住住住住 (Centre d’aide au retour au village, ONG)) ;

28. 11 mars : Shikoku henro to Miyamoto Tsuneichi ga sodatta Suô Ooshima no henro 住住住住住住住住住住住住住住住住住

住 住 住 住 (Le  pèlerinage  de  Shikoku et   celui   suscité   par  Miyamoto  Tsunéichi  à  Suô  Ooshima),  par 

NAKANO Ichi 住住住 (administrateur de la Suô Ooshima Kyôdo daigaku) ;

Année 2006

29.  Yorimono no hanashi  住住住住住住住 (Histoires sur ce qui nous arrive), par ISHII Tadashi/Atsushi   住住住

(Directeur  du Rekishi  shiryô­kan   住 住 住 住 住 (Musée historique) de  la  ville  de Koga,  département de 

Fukuoka et chercheur en objets échoués (hyôchakubutsu 住住住) sur les côtes) ;

30.  13 mai :  Miyamoto Tsuneichi   to kujira  住 住 住 住 住 住 住 住 (Miyamoto Tsunéichi  et   les  baleines),  par 

KOMATSU Masayuki   住 住 住 住 (administrateur du Suisan sôgô kenkyû sentâ   住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Centre de 

recherches synthétiques sur les produits de la mer)) ;

31. 24 juin : E­no­gawa monogatari – Kawa ryôshi kikigaki  住住住住住住住住住住住 (Histoire de l’E­no­gawa – 

Verbatim des pêcheurs en rivière), par KURODA Akinori 住住住住 (Président de l’E­no­gawa suikei gyorô 

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bunka kenkyû­kai 住住住住住住住住住住住住 (Société de recherches culturelles sur la pêche en rivière dans l’E­no­

gawa)) ;

*32. 5 août :  Waga kokoro no tabi   住 住 住 住 住 住 住 (Le voyage de mon cœur), par TATEMATSU Wahei 

(écrivain et Administrateur général du NPO hôjin Furusato kaiki shien sentâ) ;

Organisation conjointe avec l’Oki­Kamuro kaitô 400­nen kinen jigyô jikkô iinkai 住住住

住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Comité  pour   la réalisation d’évènements  commémoratifs  du quatre­centième 

anniversaire de l’ouverture de l’île) ;

33. 19 août : Shokuhin no anzen to anshin 住住住住住住住住 (Confiance et sécurité alimentaire), par HOMMA 

Seiichi   住 住 住 住 (professeur à la Tôkyô nôgyô daigaku   住 住 住 住 住 住 (Université d’agronomie de Tôkyô) et 

membre du Naikaku­fu shokuhin anzen iinkai   住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Comité  ministériel  pour   la  sécurité 

alimentaire)) ;

34. 30 septembre : Kisô wo mitsumeru manazashi – Min’ei­ken no keiken kara 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Le 

regard pour observer les couches profondes – A partir de l’expérience du Min’ei­ken (L’institut de 

recherche   sur   la  documentation  culturelle  visuelle  ethnologique)),   par  AOHARA Satoshi   住 住 住 住 住

(réalisateur de documentaires et ancien membre du personnel du Minzoku bunka eizô kenkyûjo 住住住住住住住

住住 (dit « Min’ei­ken »)) ;

35. 25 novembre : Shôwa wo ikinuita nikkitachi 住住住住住住住住住住住住 (Les journaux qui ont survécu à Shôwa), 

par SHIMA Rieko 住住住住 (écrivain, représentante de la Josei no nikki kara manabu kai 住住住住住住住住住住 (Société 

d’étude des journaux intimes féminins) ;

Projet spécial. 30 janvier : Seitan 100­nen kinen fôramu / Miyamoto Tsuneichi wo manabu 住住住住住住住住住住住住住

(Forum   de   commémoration   du   centenaire   de   la   naissance   de   Miyamoto :   Etudier   Miyamoto 

Tsunéichi), avec la participation de : 

KOMATSU Masayuki (administrateur du Suisan sôgô kenkyû sentâ)) ;

SUZUKI Yûji 住住住住 (professeur à la Nagasaki Uesureyan daigaku 住住住住住住住住住住 (Université 

wesleyenne de Nagasaki) ;

NAGAOKA Shûsei 住住住住 (représentant actif de la Miyamoto Tsuneichi wo kataru kai 住住

住住住住住住 (Association pour raconter Miyamoto Tsunéichi)) ;

YANA’I Shûngaku 住住住住 (conseiller du Miyamoto Tsuneichi seitan 100­nen kinen jigyô 

jikkô iinkai 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Comité pour la rélisation de l’entreprise de la commémoration du 

centième anniversaire de MIYAMOTO Tsuneichi)) ;

NIIYAMA Shizuo (administrateur de la NPO Hôjin Suô Ooshima kyôdo daigaku) qui 

assurait la coordination.

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Organisé en collaboration avec le Miyamoto Tsuneichi seitan 100­nen kinen 

jigyô jikkô iinkai ;

36. 24 février : Wataobi hashi­kakekae – Shô no kokoro wo tsutaeru 住住住住住住住住住住住住住住住 (Le remplacement 

du pont de Wataobi – Transmettre le cœur des artisans), par EBISAKI Kumehide / Kumetsugu  住住住住住

(ancien chef administrateur du Syndicat du bâtiment traditionnel d’Iwakuni 住住住住住住住住住住) ;

Année 2007

37. 12 mai :  Chiiki no ashita no tame ni ase wo nagasu – Supein Nabara­shû to Yamaguchi­ken no  

gurîn tsûrizumu kôkan kara 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Suer pour l’avenir des régions, à 

partir d’un échange avec la région de la Navarre en Espagne), par ANKEI Yûji 住住住住 (professeur à la 

Yamaguchi­kenritsu daigaku 住住住住住住 (Université départementale du Yamaguchi)) ;

38. 9 juin :  Hiroshima­ken Toyomatsu­mura to Miyamoto Tsuneichi  住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Le village de 

Toyomatsu dans le département de Hiroshima et Miyamoto Tsunéichi), par YAMAZAKI Masaru 住住住

(ancien  directeur  de  diffusion  dans   le  Chûgoku)   et  MORIOKA Mie   住 住 住 住 (ancien  présentateur 

d’information du Chûgoku) ;

39. 8 septembre : Hawai ni watatta kaizokutachi – Suô Ooshima no imin­shi 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住 (Les 

pirates partis pour Hawai, une Histoire de l’émigration de Suô Ooshima), par HORI Masaaki   住 住 住

(ancien chercheur en pharmaceutique, écrivain et chercheur en Histoire de l’émigration) ;

40. [Malgré nos recherches, le titre du cours demeure introuvable] ;

41. 1er  décembre :  Shibusawa : sono eikyô to keishô  住 住住 住住 住住 住住 住 住住 (Shibusawa Keizô : influence et 

postérité), par AMINO Satoru 住住住 (chercheur en ethnographie).

Année 2008

42. 16 février : Seto naikai tôsho­bu wo motomerareru jin­teki shigen no katsuyô 住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住住

(L’exploitation   de   ressources   humaines   réclamées   par   les   îles   de   la   Mer   intérieure   de   Séto), 

parYAMADA Toshiko 住住住住 住maître de conférence à l’Université Hiji 住住住住住住住住住

Annexe IV : Tableau comparatif des poids et mesures occidentaux et japonais standards anciens (shakkan­hô 宮宮宮)

I Longueur (nagasa 「「)

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SYSTEME 

METRIQUE

SYSTEME JAPONAIS TRADITIONNEL

mètre Shaku605 住 ken 住 ri 住

        1                3.3                  0.55 0.00025

        0.30303                1                  0.16667 0.00008

        1.81818                6                  1 0.00046

 3 927.27       12 960           2 160 1

Note :

1 chô 住606 (/住)= 60 ken = 109 mètres

1 sun 住 = 0.1 shaku = 3.03 centimètres

II Masse (omosa 「「 / shitsuryô 「「)

SYSTEME METRIQUE SYSTEME JAPONAIS TRADITIONNEL

kilogramme Gramme kan 住 momme 住 kin 住

1 1 000 0.26667 266.667 1.66666

0.001        1 0.00027     0.26667 0.00167

3.75        3 750 1     1 000 6.25

0.00375        3.75 0.001     1 0.00625

0.6    600 0.016 160 1

Note :

1 momme = 10 bu607 住 = 3.75 grammes

1 bu = 10 ri 住 = 0.375 grammes

III Volume / capacité (taiseki 「「 / yôseki 「「)

SYSTEME METRIQUE SYSTEME JAPONAIS TRADITIONNEL SYSTEME   JAPONAIS 

MODERNE

litre mètre cube gô 住 shô 住 koku 住 shaku cube 住住住

605 Ne pas confondre shakù  「 [mesure de longueur] et shàku  「 [mesure de capacité] : l’intonation est différente.606 Il existe deux chô 「 strictement homophones et homographes : le premier est une unité de longueur et peut également s’écrire 「 ; le second une unité de superficie et n’a pas d’autre orthographe.607 Ne pas confondre bu 「 [unité de masse] et bu 「 [unité de superficie], strictement homophones.

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       1 0.001        5.54352     0.55435 0.00554   0.03594

1 000 1 5 543.52 554.352 5.54352 35.937

       0.18039 0.00018        1     0.1 0.001   0.00648

       1.80386 0.0018      10     1 0.01   0.06483

   180.386 0.18039 1 000 100 1   6.48251

     27.8265 0.02783    154.261   15.4261 0.15426   1

Note :

1 gô = 10 shaku608 住 = 180.39 centimètres cube

1 to 住 = 10 shô = 18.039 litres

IV Superficie (menseki 「「)

SYSTEME METRIQUE SYSTEME JAPONAIS TRADITIONNEL

mètre carré are hectare tsubo 住 / bu 住609 tan 住 (/住) chô 住610

         1     0.01 0.0001        0.3025   0.00101 0.0001

     100     1 0.01      30.25   0.10083 0.01008

10 000 100 1 3 025 10.0833 1.00833

         3.30579     0.03306 0.00033        1   0.00333 0.00033

     991.736     9.91736 0.09917    300   1 0.1

  9 917.36   99.1736 0.99174 3 000 10 1

Note :

1 tsubo = 10 gô = 36 shaku carré 住住住 = 3.30579 mètres carré

1 se 住 = 30 tsubo = 0.992 ares

1 tan = 10 se = 991.736 mètres carré.

Annexe V : Index des noms de personnes

AMINO   Yoshihiko 「 「 「 「 (1928­2004) :   historien   médiéviste   de   la   ville   et   ancien   collègue   de 

MIYAMOTO.

608 Voir note 10.609 Voir note 12.610 Voir note 11.

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ASHIDA  Enosuke   住 住 住 住 住 (1873­1951) : « didacticien », spécialiste de l’enseignement de la langue 

nationale, il s’intéressa notamment à la question de la lecture et de l’orthographe.  Contemporain de 

YANAGITA, il fut aussi le professeur de SHIBUSAWA Keizô, avant d’être celui de MIYAMOTO.

BIRD, Isabella  Lucy (1831­1904) :  exploratrice,   femme de lettres  et   féministe  anglaise,  auteur  de 

nombreux récits de voyage en Australie, à Hawai, au Colorado, en Chine, au Vietnam, à Singapour et 

au Japon (1878) où elle voyage seule. Ses souvenirs épistolaires (Unbeaten Tracks in Japan) (1880) 

constituent un des documents historiques favoris de MIYAMOTO, permettant de voir des aspects de 

la vie japonaise, disparus depuis, et que les auteurs  Japonais de l’époque n’avaient pas cru bon de 

signaler (maladies, hygiène, traitement des animaux, éducation des enfants… ).

FURUKAWA Koshôken 住住住住住(1726­1807) (vrai prénom : Tatsu 住) : au départ médecin spécialisé en 

médecine occidentale (ran’i  住住), il est engagé par le Bakufu comme envoyé (junken­shi  住住住) dans les 

provinces où il doit observer et consigner la situation économique, sociale, démographique…

HIMEDA Tadayoshi   住 住 住 住 (né en 1928 à Kôbé) : réalisateur de documentaires ethnographiques au 

Japon,  portant  sur   les  coutumes des  Wajin et  des  Ainous  (Iyómante  住 住 住 住 住 住 住 611(« La cérémonie 

sacrificielle de l’ours »)). En 1954, il fait la connaissance de MIYAMOTO dont il devient le disciple. 

Il réalise, sous son influence, de nombreux documentaires. Son travail est reconnu au Japon et en 

France, où le Collège de France l’a invité à intervenir à plusieurs reprises.612

MINAKATA Kumagusu   住 住 住 住 (1867­1941) :  précurseur principal de la  minZokugaku*. Après des 

études en Amérique, il part pour l’Angleterre (1892) où il trouve une place au British Museum. Il 

étudie   les   micro­organismes,   les   langues   étrangères,   les   coutumes,   l’archéologie.   Son   œuvre   est 

monumentale.

MIYAMOTO Ichigorô 住住住住住 : grand­père de Tsunéichi, qui lui enseigna la morale des paysans et ses 

premiers contes.

MIYAMOTO Otogorô (/ou Négorô ?)  住住住住住 : oncle paternel de MIYAMOTO Tsunéichi, résidant à 

Osaka.

MIYAMOTO Zenjûrô 住住住住住 : père de MIYAMOTO Tsunéichi. 

MORI Shinzô 住 住 住 : ancien professeur de MIYAMOTO et de SHIBUSAWA Keizô,  spécialiste de 

philosophie de l’éducation ;

MORSE, Edward Sylvester (1838­1925) : zoologiste américain venu au Japon en 1877 pour enseigner, 

il   découvre   des  kaidzuka  (amas   de   coquillages)   à   Oomori.   Il   est   le   premier   à   avoir  introduit 

l’évolutionnisme au Japon. Il a aussi contribué à l’archéologie et à l’anthropologie de ce pays ;

611 Page officielle du film : http://www31.ocn.ne.jp/~minneiken/library/library.html612 Source : Le site du Minzoku bunka eizô kenkyû­sho 「「「「「「「「「 (Minneiken 「「「)http://www31.ocn.ne.jp/~minneiken/outline/himeda.html

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ORIKUCHI Shinobu   住 住 住 住 (1887­1953) : spécialiste de littérature japonaise et poète (surtout  tanka 

(poème court)   et  chôka  (poème  long)),   il   fut   aussi  un  pionnier  de   la  minZokugaku,   s’intéressant 

particulièrement aux liens entre les contes populaires et la littérature classique. Il définit son champ 

d’études comme les « Nouvelles études nationales » (Shin­kokugaku 住住住).

SANO  Shin’ichi   住 住 住 住 (né   en  1947) :   essayiste   et   spécialiste  de  MIYAMOTO  Tsunéichi   et   de 

SHIBUSAWA Keizô* ;

SHIBUSAWA Keizô   住住 住住 (1896­1963) : petit fils de SHIBUSAWA Eiichi, entrepreneur, un temps 

gouverneur de la Banque du Japon, fondateur de l’Achikku myûzeamu* de la science des mingu* et à 

la fois « sempai » (aîné) et  « sensei » (maître) de MIYAMOTO Tsunéichi  qu’il  hébergea chez  lui 

plusieurs années ;

SUGAE  Masumi   住 住 住 住 (1754­1829)   (vrai   nom :  SHIRA’I  Hideo   住 住 住 住 ) :  écrivain  voyageur   et 

cosmographe (spécialiste de géographie humaine) de la fin de l’époque d’Edo. Auteur d’une œuvre 

fournie, notamment d’un Masumi yûran­ki  住住住住住住住 (Notes d’excursion de Masumi) dont MT a assuré 

l’édition de référence.

TAMADA Asako 住住住住住 (née en 1912) : épouse de MIYAMOTO Tsunéichi.

YANAGI Munéyoshi 住住住 (1889住1961) : spécialiste de philosophie religieuse, des mingu* et fondateur 

du Nihon mingei­kan*.

YANAGITA Kunio 住住住住 (1875­1962) : d’abord poète avant­gardiste de « style nouveau » (shintai­shi 住

住住), puis haut fonctionnaire au Ministère de l’agriculture et du commerce, il devient le fondateur de 

l’ethnologie japonaise, avec la Minkan denshô no kai   住住住住住住 (Société des transmissions populaires) 

(1932), spécialiste des contes et légendes populaires (« l’art littéraire oral »,  kôshô bungei  住住住住 ). Sa 

période d’études sur le terrain fut brève, mais son œuvre est colossale. Elle cherche à mettre le petit 

peuple (jômin 住住) à la place importante qui est la sienne.

YASUOKA Masahiro 住住住住 (1898­1983) : penseur, Diplômé de l’Université impériale de Tôkyô, il était 

spécialiste   de   néo­confucianisme613.   Il   était   actif   comme   idéologue   anti­marxiste   et   membre   du 

Gakusei shisô mondai iinkai  住住住住住住住住住 (Comité pour les problèmes idéologiques des élèves) mis en 

place par le Ministère de l’éducation, alors impérialiste et physiocrate et fut à l’origine de la création 

de   la  Tokunô   kyôkai*   (Association   d’agronomie).   Son   opposition   à   toute   action   terroriste   alors 

pratiquée par certains groupes d’extrême­droite et son action idéologique au sein de cette instance lui 

valaient d’être soutenu par des hommes riches et/ou puissants du monde de l’entreprise, de la finance, 

de la politique, de la haute Administration et de l’armée614… Et c’était une des relations (un ami ?) de 

YANAGITA

613  Plus précisément de  Yômeigaku  「 「 「 (« Yángmíng­ologie » : la discipline japonaise analysant la pensée du philosophe chinois WÁNG Yángmíng 「「「 (1472­1528).614 On sait aussi que MISHIMA Yukio fut un de ses sympathisants.

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Annexe VI :Index des toponymes

Bôchô 住住 : abréviation de Suô 住住 et Nagato 住住 ;

Cheju­dô 「「「 [住住住] (lu en japonais Saishû­tô  住住住住住住住 ou Cheju­do  住住住住住) : île coréenne située entre la 

Corée et le Japon et célèbre pour ses ama* ;

Ooaza Nishigata 住住住住, commune d’Oki­Kamuro Nishigata 住住住住住住, district d’Ooshima 住住住, département 

de Yamaguchi 住住住 : lieu de naissance de MIYAMOTO Tsunéichi.

Oobatake 住住 : petite ville côtière de Honshû, située en face de Suô Ooshima, et reliée à cette dernière 

par un pont.

Shitata 住住 (et non « Shimoda ») : village de Suô Ooshima* où réside la famille MIYAMOTO depuis 

trois générations au moins ;

Suô Ooshima 住住住住 : île du département de Yamaguchi dont MIYAMOTO était originaire ;

Tsushima 住住 : île du département de Nagasaki située entre le Japon (Kyûshû) et la Corée. Longtemps 

elle a dispos » d’un statut de relative autonomie et a été un lieu décisif des échanges commerciaux 

avec la Corée et la Chine ;

Annexe VII : Lexique des mots japonais

Les indications entre crochets suivant le mot japonais sont d’ordre étymologique.

Achikku.fôramu 住住住住住住住住住住 (de l’anglais Attic Forum, « Forum des greniers ») : cf. Minzoku bunka eizô  

kenkyûjo*

Achikku.myûzeamu 住住住住住住住住住住住 (de l’anglais Attic Museum, « Musée des greniers ») (devenu le Nihon 

jômin bunka kenkyû­sho  住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Institut de recherches sur les cultures populaires du Japon)615 

appartenant à l’Université de Kanagawa  住住住住住 ) : musée et institut créé par SHIBUSAWA Keizô* et 

s’intéressant à l’étude des mingu* ;

akishi  住住 [住住 dans l’orthographe de MIYAMOTO] : [mot employé dans l’Ouest] ouvrier saisonnier 

employé à la moisson du riz ;

ama 住住 : cf. kaijin* ;

ama 住住 : plongeuse pêcheuse de fruits de mer, d’awabi (ormeau) en particulier ;

Amukasu   tanken   gakkô   住 住 住 住 住 住 住 住 :   [Forme   japonaise   de   l’anagramme   « A.M.K.A.S. »]   Ecole 

d’expédition de l’AMKAS (Aruku Miru Kiku Amêba Shûdan 住住住住住住住住住住住住住 : Groupe amiboïde d’Aruku 

615 Sur ce changement de nom, voir Miyamoto Tsuneichi, Mingugaku no teishô, Tôkyô, Miraisha, 1ère 

éd. 1979, rééd. 1999, p. 243.

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miru kiku (Marcher, regarder et écouter)) : société japonaise de recherche ethnographique à l’échelle 

nationale et internationale, organisatrice du premier voyage à l’étranger de MIYAMOTO Tsunéichi.

arashiko 住住住住 [住住] : employé (agricole) (du bas de l’échelle) ;

ateji 住住住 : caractères chinois (kanji) utilisés pour transcrire phonétiquement (phonogrammes) des mots 

japonais (wago) et  non pas pris pour  leur sens (idéogrammes).  (Ex. :   le caractère  byô  住 (māo  en 

chinois) signifiant « chat », lu « neko » et utilisé pour transcrire le mot antique nekoya 住住住 [住住住] (riche 

demeure « enracinée » sur les pentes d’une colline) dans les toponymes).

bunka jinruigaku 住住住住住 : anthropologie culturelle ;

chôsa 住住 : étude de terrain, enquête ethnographique ; 住ryokô 住住 : voyage d’étude (ethnographique) ;

denshôsha 住住住 : transmetteurs de patrimoine écrit ou non écrit (oral ou de savoir­faire). 

dozoku­hin 住住住 : produit du terroir

Ebisu 住住住 [住] : 1/ plus ancienne population connue de la préhistoire du sud ouest616 de Honshû, faisant 

partie des Jômonjin*. 2/ Au sens large, désigne les Jômonjin* en général.

Emishi  住 住 住 [ 住 住 ] : 1/ plus ancienne population connue de la préhistoire du nord617  de Honshû et de 

Hokkaidô, faisant partie des Jômonjin*. 2/ Au sens large, désigne les Jômonjin* en général ; 

Syn. : Ezo 住住 [住住] ;

Ezo 住住 [住住] : cf. Emishi* ;

firudo.nôto 住住住住住住住住 (de l’anglais field notes) : notes de terrain ;

firudo.wâkâ 住住住住住住住住住 (de l’anglais field worker, « travailleur de terrain ») : homme de terrain

firudo.wâku 住住住住住住住住 (de l’anglais field work) : travail de terrain ; cf. chôsa* ;

gyôji 住住 : cf. nenchû gyôji* ;

hata  住 住 : 1/ [ 住 ] champ sec (permettant la culture sur brûlis,  yakibata*) ; 2/ [ 住 ] nom japonais de la 

famille QÍN ; 3/ [「] métier à tisser ;

Hayato  住住 : population antique faisant partie des Tsuchigumo* et située à Shikoku et dans sa proche 

région ;

hensen 住住 : mutation, transformation, passage d’un usage ancien à un usage nouveau ou d’une situation 

ancienne à une situation nouvelle ;

hôgen 住住 : dialecte, patois ;

irori 住住住 [住住住] : foyer central de la maison où l’on faisait bouillir l’eau et où l’on faisait un feu pour se 

réchauffer, haut lieu de socialisation inter­générationnelle ;

616 Commentaire de MIYAMOTO Chiharu  「「「「 dans Nihon bunka no keisei, t. I, I (conférence du 6 juillet 1979), séance de question, p. 64 éd. Soshiete, 1981.617 Commentaire de MIYAMOTO Chiharu, op. cit., p. 64 éd. Soshiete, 1981.

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ishiburo 住住住 : bain de pierre ;

jinruigaku 住住住 : anthropologie. Voir bunka jinruigaku*;

jôbata 住住 [住住] : champ fixe suffisamment fertile pour se passer de la culture sur brûlis ; cf. hata* ;

Jômon jidai 住住住住 : (« époque des motifs cordés », du nom de motifs réalisés en creu avec des cordes sur 

des poteries) période de la préhistoire japonaise s’étalant de 12000 ou 13000 avt. J.C. à 2300 ou 2400 

avt.J.C. ;

Jômonjin 住住住 : habitants du Japon à l’époque préhistorique de Jômon* ;

kaijin 住住 (lecture de MIYAMOTO, lu autrement ama 住住) : pêcheurs­plongeurs des deux sexes, vivant 

dans des villages dits « nôji* » ;

kaikyô 住住 : nostalgie (mélancolique) du village natal ; cf. kyôshû* ;

kaitakusha 住住住 : 1/ défricheur (au sens propre : personne qui défriche une terre) : 2/ défricheur (au sens 

figuré), inventeur, précurseur, entrepreneur, personne industrieuse ;

kajiya 住住住 : forge ; forgeron ; réparateur d’outils ;

kambun  住 住 :   langue de synthèse  inventée au Japon dans l’Antiquité.  Il  s’agit  à   l’écrit  de chinois 

classique matiné d’expressions japonaises traduites littéralement en chinois, sur lequel ont été rajoutés 

de petits signes diacritiques destinés à la lecture en japonais ancien, c’est à dire les mots mis dans un 

autre ordre, celui du japonais, avec restitution des particules et des terminaisons. C’est la seule langue 

au monde dans laquelle on ne lit pas les mots dans l’ordre où ils figurent dans la phrase, mais selon 

une reconstitution mentale. Cette langue était celle des hommes lettrés, et elle était utilisée aussi bien 

dans l’Administration que pour les textes religieux. 

kijiya 住住住 : fabricants d’objets en bois au tour ; syn. : kijishi 住住住, rokuroshi 住住住 ;

kura 住 (/住/住) : silo, remise, entrepôt traditionnel où sont stockés par exemple des objets de valeur ;

kyôdo 住住 : terroir (sens identitaire) ;

kyôshû 住住 : mélancolie nostalgique du village natal ; cf. kaikyô* ;

matagi  住住住 [住住住 , étymologie proposée par MIYAMOTO :  住住 (arbre fourchu)] : chasseurs [selon les 

méthodes traditionnelles] ; syn. : matogi 住住住, yamadachi 住住, kariudo 住住 ;

mingu 住住 [étym. : mot créé par SHIBUSAWA Keizô* en 1934 ou 1935618, abréviation de « minshû no 

nichijô seikatsu­yôgu  住住住住住住住住住 » (ustensiles pour la vie pratique quotidienne du peuple). Ce terme a 

pratiquement remplacé minzoku­hin 住住住 (objet populaire) et dozoku­hin 住住住 (produit du terroir)] : objets 

(populaires) courants, objets de la vie de tous les jours ; [les mingu font partie de l’ensemble plus vaste 

des yûkei minZoku shiryô*]

618 Source : Miyamoto Tsuneichi, Mingugaku no teishô, p.44. Le mot fait sa première apparition dans le premier numéro de juillet Shôwa X (1935) d’Achikku mansurî 「「「「「「「「「「「 (Greniers, le mensuel).

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mingugaku 住住住 : étude des mingu*.

min’yô 住住 : chants populaires, folkloriques ;

Minzoku bunka eizô kenkyûjo  住住住住住住住住住 (Centre de recherches sur la documentation visuelle culturo­

ethnographique) : centre fondé par HIMEDA Tadayoshi* en 1961 (et situé actuellement à Kawasaki), 

visant   à   la   réalisation,   la   projection,   la   diffusion   et   l’étude   de   documentaires   ethnographiques 

concernant majoritairement le Japon rural.

minZokugaku 住住住 : étude du folklore ; ethnographie du folklore, des arts et techniques traditionnels et 

des coutumes populaires ;

minzokugaku 住住住 : ethnologie ; étude des ethnies ;

miya  住 (étymologiquement mi­ya [「「], « auguste demeure ») : 1/ temple shintô (jinja) ou bouddhique 

(o­tera) ; 2/ demeure appartenant à la famille impériale ;

nenchû gyôji  住住住住 : ensemble des pratiques coutumières présentant des aspects cérémoniels auquelles 

on procède annuellement, au rythme des saisons et du calendrier agricole et/ou religieux ;

Nihon jômin bunka kenkyû­sho 住住住住住住住住住 : cf. Achikku myûzeamu*

Nihon jankô bunka kenkyûjo  住住住住住住住住住 : Institut de recherches sur les cultures du tourisme, institut 

fondé en 1965 par MIYAMOTO Tsunéichi ;

Nihonjin­ron 住住住住 : étude de la japonité, de l’identité culturelle japonaise ; 

nôji 住住 : 1/ village ou hameau de kaijin* et d’ama* ; 2/ pêcheur ;

ochiudo 住住 : guerriers ayant fui à la défaite de leur armée pendant les guerres civiles ;

ochûdo : cf. ochiudo*.

raifu hisutorî 住住住住住住住住 (de l’anglais life history) : récit de vie.

ritô 住住 : île(s) éloignée(s) ;

sanka 住住住 [住住] : populations nomades des montagnes ;

seken­shi 住住住 : (littéralement, « maître du monde profane ») voyageur expérimenté et curieux à l’esprit 

ouvert

shikkui 住住 : torchis qui remplit les murs des maisons traditionnelles à structure en bois ;

so 住 [住] [ancien et dialectal] : chanvre ; lin

sobutsu 住住住 [住住] : offrande à la future mariée avec des vœux de bonheur [sur Suô, souvent préparée par 

les amies de la jeune femme] ;

soma 住 : 1/ montagne boisée exploitée ; 2/ bûcheron ;

tanomoshi(­kô)  住住住住(住) [住住住(住)] [de ta no mu  住住住 (fruits des champs)] : association locale d’entraide 

financière ;

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tate­ana jûkyo  住 住 住 住 (« habitation en trou vertical ») : habitations des Tsuchigumo*  construites en 

dessous du niveau du sol ;

tawaramono 住住住住住 [住住] : étymologiquement « chose du sac », désigne tout objet parallèle à la monnaie 

et servant d’intermédiaire dans les échanges économiques. Il s’agissait à l’origine de concombre de 

mer grillé (iri­namako ou iriko 住住住住住 / 住住住 [住住住]) et d’ormeau séché (hoshi­awabi 住住住住住 [住住]), puis vint s’y 

ajouter l’aileron de requin (fuka­no­hire 住住住住住 [住住]). Très répandu jusqu’à la fin de l’époque d’Edo dans 

les villages des kaijin* et d’ama*.

Teishin kôshû­sho 住住住住住 : Ecole des Postes et communications ;

Tokunô  kyôkai  「 「 「 「 (Association  d’agronomie) :   fondée en  1933619  sous   l’impulsion  du penseur 

YASUOKA Masahiro*,  puissante  association physiocratique et   impérialiste  active avant  guerre  et 

dissoute en 1945, remplacée par la Shin­jichi kyôkai 「「「「「 (Association pour une nouvelle autonomie).

Tsuchigmo  「「「 (« araignée de terre ») : ancien peuple de l’Antiquité japonaise surnommé ainsi pour 

vivre dans des habitations creusées dans le sol (tate­ana jûkyo*). Assimilés aux Wajin* au même titre 

que les habitants du Yamato*. Les Hayato* font partie des Tsuchigumo ;

tsujigiri 「「「 : pratique des guerriers consistant à éprouver leur force, leur dextérité, ou simplement le 

tranchant  de   leur  arme,  en   tuant  un  passant  d’une  classe   inférieure.  Officiellement,   seul   le  point 

d’honneur autorisait à tuer en dehors des ordres ;

yakibata 「(「)「 : champ (pas nécessairement fixe) cultivé selon la technique du brûlis ; cf. hata*.

yôkai 住住 : monstres et fantômes ;

yobai 住住住 : visite nocturne secrète à sa belle ;

yo­nige  住住住 : fuite nocturne [pratique consistant à tout abandonner et à prendre la fuite, de nuit, pour 

échapper à ses créanciers et/ou à la police]

yûkei minZoku shiryô  住住住住住住 : « matériaux ethnographiques concrets », bien mobiliers et immobiliers 

faisant   objet   de   documentation   non   écrite   nécessaire   à   la  minZokugaku*,   et,   en   son   sein,   à   la 

mingugaku* (pour les objets mobiliers). Ce terme, plus vaste que mingu*, l’englobe620.

Annexe VIII : Les centres de recherches, bibliothèques, musées et cercles d’étude japonais

619 SANADA Yukitaka, Miyamoto Tsuneichi no densetsu, chap. 10n p. 227.620 Cf. Miyamoto Tsuneichi, Mingugaku no teishô, Tôkyô, Miraisha, 1ère éd. 1979, rééd. 1999, 255 p., p. 64.

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Section I : Les centres de recherche, 

bibliothèques et musées

Tous les sites ont été vérifiés au 1er septembre 2008.

I Les institutions directement liées au sujet : 

I-A/ Les deux centres consacrés à l’œuvre de MIYAMOTO :

Suô Ooshima bunka kôkyû sentâ  住住住住住住住住住住住住 (Centre des relations culturelles de Suô Ooshima) : 

Centre  voué  à   l’étude   et  à   la   conservation  des  documents   écrits   de   et   concernant  MIYAMOTO 

Tsunéichi, avec un kura* contenant sa bibliothèque personnelle (accessible aux chercheurs) ;

Adresse : 住742­2512 住住住住住住住住住住住住住 417­11

Tel. : (0820) 78­2514

Adresse Internet : [email protected]­oshima.lg.jp

Site Internet : http://www.towatown.jp/koryu­center/koryu.html

Tarifs : de 120 à 300 Y. 

Kuka rekishi minzoku shiryô­kan  住住住住住住住住住 (Conservatoire de l’Histoire et du folklore de Kuka) : 

Centre   (fondé   en  1976)  voué  à   l’étude  et  à   la   conservation  des  mingu,   réunissant  15 000 objets 

rassemblés par MIYAMOTO à partir de 1972. Il se situe en outre en face d’un ishiburo  住住住 (bain de 

pierre) datant de 1186, dans le Hachiman shôgai gakushû no mura 住住住住住住住住住 (Village de la formation 

continue de Hachiman), commune de Kuka.

Adresse : 住住住住住住住住住住住住住

Tel. : 0820­72­1875

Fax : 0820­72­2655

Page Internet : 

http://www.town.kuka.yamaguchi.jp/shougaigakushuu/shougaigakushuu.asp

Tarifs : 200 à 400Y.

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I-B/ Les universités où est étudiée la minzokugaku

Suô Ooshima kyôdo daigaku 住住住住住住住住 (Université du terroir de Suô Ooshima), spécialisée dans les 

études miyamotiennes :

Adresse Internet : [email protected]

Site Internet : 

http://www.h3.dion.ne.jp/~kamuro/miyamoto.htm

Nihon bunka kenkyûsho (ou kenkyûjo) 住住住住住住住住住 (Institut de recherches sur les cultures populaires du 

Japon), département de minzokugaku de l’Université de Kanagawa 住住住住住 (ancien Achikku myûzeamu 住住

住住住住住住住住住) spécialisé dans l’études des mingu et l’œuvre de SHIBUSAWA Keizô :

Adresse : 住221­8686 住住住住住住住住住住 3­27­1 住住住住住

Tel. : 045­481­5661 (ligne intérieure 4358住

Fax : 045­413­4151

Site Internet : http://jominken.kanagawa­u.ac.jp/

II Autres institutions

II-A/ Institutions situées à Suô Ooshima

Ooshima  rekishi  minzoku   shiryô­kan  住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Conservatoire  de   l’Histoire  et  du   folklore 

d’Ooshima) :   institution   fondée  en  1983 et   réunissant  des  pièces  ayant   trait   aux  quatre  domaines 

suivants : le monde marin ; l’éducation ; la production du sel ; les mingu.

Adresse : 住住住住住住住住住住住住住住住 1648

Tel. : 0820­74­2200

Adresse Internet :

Site :

Tarifs : de 30 à 100Y.

Nihon Hawai imin shiryô­kan 住住住住住住住住住住 (Musée de l’émigration japonaise à Hawai) : 

Adresse : 住742­2103 住住住住住住住住住住住住住住住住 2144 住住

Tel. : 0820­74­4082

Adresse Internet :

Site : http://www.town.oshima.yamaguchi.jp/hawaii/

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Tarifs : 160 à 400Y.

II-B/ Institutions situées en dehors de Suô Ooshima

Shima minZoku shiryô­kan  住住住住住住住 (Conservatoire de documentation ethnographique de Shima), 

fondé par MIYAMOTO en 1980 avec l’aide du Nihon kankô bunka lenkyûjo*.

Adresse : 住517­0501 住住住住住住住住住住住 4058­1

Tel. : 0599­43­1711

Kokuritsu   minzokugaku   hakubutsukan   住 住 住 住 住 住 住 住 (Musée   national   d’ethnologie)   (abrégé   en 

« Mimpaku  住 住 住 住 ») à Osaka : musée qui réunit des objets « ethniques » du monde entier. Le Japon 

occupe environ un cinquième des collections.

Adresse : 住565­8511 住住住住住住住住住住住住 10­1

Tel. : 06­6876­2151

Adresse Internet :

Site : http://www.minpaku.ac.jp/

Tarifs : 90 à 420 Y.

Minzoku bunka eizô kenkyû­sho  住 住 住 住 住 住 住 住 住 (Institut de recherches sur les images de la culture 

ethnologique) :   institut   fondé   en   1961   et   dirigé   par   HIMEDA   Tadayoshi   住 住 住 住 *,   disciple   de 

MIYAMOTO, et qui a permis la réalisation de 150 films ethnographiques sur le Japon. Il organise 

également des conférences, dont l’Achikku fôramu 住住住住住住住住住 (Forum des greniers)621.

Adresse : 住215­0027住住住住住住住住住住住住住 85住1住住住住住住住住 1住103

Tel. : 044­986­6461

Fax : 044­986­6462

Adresse Internet : [email protected]

Site : http://www31.ocn.ne.jp/~minneiken/index.html

Miyajima (chôritsu) rekishi minZoku shiryô­kan  住 住 ( 住 住 ) 住 住 住 住 住 住 住 (Conservatoire (municipal) de 

l’Histoire et du folklore de Miyajima) : musée fondé en 1974, situé dans une ancienne riche demeure 

de marchands de l’époque d’Edo et réunissant une importante collection de mingu.

Adresse : 住739­0533 住住住住住住住住住 57

Tel. : (0829) 44­2019

Fax: (0829) 44­0631

621 Par référence à l’Achikku myûzeamu 「「「「「「「「「「「 (Musée des greniers), fondé par SHIBUSAWA Keizô*, et dont MIYAMOTO Tsunéichi était membre.

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Adresse Internet:

Site : 

(en japonais : ) 

http://www.hiroshima­cdas.or.jp/miyajima/kanko_to/minzoku/minzoku1.htm

(en anglais :)

http://www.hiroshima­cdas.or.jp/miyajima/english/kanko_to/minzoku/minzoku1.htm

Nihon mingei­kan 住住住住住 / Japan Folk Crafts Museum (Musée des arts populaires du Japon) : situé à 

Tôkyô, ce musée fondé par YANAGI Munéyoshi 住住住* (1889住1961) et ouvert en 1936 compte plus de 

17 000 pièces.

Adresse : 住153­0041 住住住住住住 住住 4 住住 3 住 33 住

Tel : 03­3467­4527

Fax : 03­3467­4537

Adresse Internet : ­

Site (en japonais et en anglais)  : 

http://www.mingeikan.or.jp/

Tarifs : de 150 à 1000 Y.

Section II : Les cercles d’études 「「「「

« Miyamoto Tsuneichi sensei no hon wo yomu kai »宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮 (« Société de lecture des livres du 

professeur Miyamoto Tsunéichi »), président : TAKADA Yoshitarô 住住住住住.

Adresse : 住742­2921 住住住住住住住住住住住住住住 1971­1

Tel. / fax : 0820 78 0358

« Miyamoto Tsuneichi.Aruku miru kiku no kai »宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮 宮宮宮 (« Société Miyamoto Tsunéichi 

d’Aruku miru kiku (Marcher, regarder, écouter) »), représentant : FUJIKAWA Masahiro 住住住住.

Adresse : 住731­0135 住住住住住住住住住 3­38­2

Tel. : 082 239 1819 ; fax : 082 239 2142

« MinZokugakusha Miyamoto Tsuneichi no ashiato wo meguru kai » 宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮(« Société qui 

marche   sur   les   traces   de   l’ethnographe  Miyamoto  Tsunéichi »),   représentant :   KOMATSU 

Tsuyoshi 住住住住住.

Adresse : 住817­0032 住住住住住住住住住住住 528­14

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Tel. / fax : 0920 52 5383

« Miyamoto Tsuneichi wo kataru kai » 宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮 (« Société pour raconter Miyamoto Tsunéichi »), 

représentant et responsable : NAGAOKA Hidetoshi 住住住住.

Adresse : 住819­1642 住住住住住住住住住住住 1409

Tel. / fax : 092­326­5336

Annexe IX : Sites Internet plus ou moins en rapport avec MIYAMOTO Tsunéichi et/ou les minZokugaku

Ces sites ont été vérifiés au 1er septembre 2008.

I Sur MIYAMOTO Tsunéichi et Suô Ooshima

Miyamoto Tsuneichi dêtabêsu 宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮 (Banque de données Miyamoto Tsunéichi) : le site de

référence contenant la grande majorité des photographies prises par MIYAMOTO Tsunéichi, deux

biographies, des cartes et un bibliographie sélective :

http://www.towatown.jp/database/

Suô Ooshima-chô kôshiki hômupêji 宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮 (Site officiel des communes de Suô Ooshima) :

http://www.town.suo-oshima.lg.jp/

Suô Ooshima-chô kankô kyôkai 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 (Association de tourisme des communes de Suô

Ooshima) :

http://www.suo-oshima-kanko.net/

II Sur l’ethnographie

A/ En japonais

1) sites général istes

Nihon minzoku gakkai 宮宮宮宮宮宮 / The Folklore Society of Japan (la Société du folklore japonais) :

http://wwwsoc.nii.ac.jp/fsj/index.html

et notamment sa page de liens :

http://wwwsoc.nii.ac.jp/fsj/index.html

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Nihon mingu gakkai 宮宮宮宮宮宮 / The Society of MINGU of Japan (La société d’étude des objets

courants traditionnels) :

http://wwwsoc.nii.ac.jp/nmg/

« Bunka jinruigaku » « Minzokugaku kenkyû » dêtabêsu 宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮 宮宮宮宮宮宮 宮宮宮宮 (Banque de

données d’« Anthropologie culturelle » et de « Recherches ethnologiques ») de la Nihon bunka

jinruigakkai 「「「「「「「「 (Société d’anthropologie culturelle du Japon) :

http://www.jasca.org/database/jjca/index.html

2) sites consacrés à une personne en particulier

- a. Sur YANAGITA Kunio* :

YANAGITA Kunio Matsuoka-ke kenshô-kai (fondation) 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 宮 (Société en

l’honneur de YANAGITA Kunio et de la Maison MATSUOKA) :

Adresse : 「「「「「「「「「「「

TEL 0790-22-1000

http://www.town.fukusaki.hyogo.jp/sight-seeing/04/index.html

Yanagita Kunio no kai 宮宮宮宮宮宮 (Société YANAGITA Kunio) :

http://homepage1.nifty.com/yanagita/

Yanagita Kunio no tabi 宮宮宮宮宮宮 (Les voyages de YANAGITA Kunio) :

http://www.bungaku.pref.hyogo.jp/kikaku/yanagida/index2.html

- b. Sur SHIBUSAWA Keizô* et sa famille :

Sur le site de Hokkaidô daigaku sôgô hakubutsukan 宮宮宮宮宮宮宮宮宮宮 / The Hokkaido University

Museum (Musée général de l’Université de Hokkaidô)622, un article de KARITA Tamotsu 住 住 住

(Yokohama­shi  rekishi  hakubutsukan  住 住 住 住 住 住 住 住 623)  sur SHIBUSAWA Keizô* et le fond SUZUKI,

« Shibusawa keizô to Hoku-dai Suzuki Jun korekushon »「「「「「「「「「「 「「「「「「「「(« SHIBUSAWA Keizô et la

collection SUZUKI Jun de Hoku-dai (l’Université de Hokkaidô) ») :

http://www.museum.hokudai.ac.jp/newsletter/07/news07-02.html

Shibusawa Eiichi kinen zaidan 宮宮宮宮宮宮宮宮 / Shibusawa Ei’ichi Memorial Foundation (Fondation

à la mémoire de SHIBUSAWA Eiichi) : fondation consacrée au grand père de SHIBUSAWA Keizô*,

SHIBUSAWA Eiichi (1840-1931), entrepreneur et homme politique.

http://www.shibusawa.or.jp/

622 Site officiel : http://www.museum.hokudai.ac.jp/623 Cf. plus bas.

Page 287: MIYAMOTO Tsunéichi 宮宮宮宮, un ethnographe … · 3 Tristes Tropiques, Plon, Paris ... , ni des homographes, à cause de la ... Dans nos exemples, nous figurerons l’intonation

La page de Tokyo Cinema on the web consacrée à SHIBUSAWA Keizô* : « Shibusawa firumu »

「「「「「「「「(« Les films de SHIBUSAWA ») :

http://tokyocinema.net/shibusawa-film.htm

L’exposition consacrée à l’Achikku myûzeamu par le Yokohama-shi rekishi hakubutsukan 「「「「「「

「「 (Musée d’Histoire de la ville de Yokohama)624 : « Kurashi wo atsumeru / Kurashi wo saguru / Attic

Museum Yane-ura no hakubutsukan / Jitsugyôka Shibusawa Keizô ga sodateta tami no gakumon » 「住住

住住住住住住住住住住住住 / Attic Museum住住住住住住住住 / 住住住住住住住住住住住「「

住住住住住(« Réunir la vie / Chercher la vie : Le Musée des 

greniers / La science du peuple qu’a formée SHIBUSAWA Keizô ») :

http://www.rekihaku.city.yokohama.jp/special/special50.html

Une intervention en anglais (KUSUMOTO Wakako) :

http://www.shibusawa.or.jp/english/center/pdf/Keizo.pdf

- c. Sur MINAKATA Kumagusu :

Le Minakata Kumagusu hakubutsukan 宮宮宮宮宮宮宮 (Musée MINAKATA Kumagusu) :

http://www.minakatakumagusu-kinenkan.jp/

Une page bien documentée sur MINAKATA :

http://kajipon.sakura.ne.jp/kt/haka-topic32.html

MINAKATA Kumagusu Archives 宮宮宮宮宮宮宮

Adresse : 「646-0035 「「「「「「「「「「「 36 「「

Tel. : 0739-26-9909「Fax : 0739-26-9913

http://kajipon.sakura.ne.jp/kt/haka-topic32.html

MINAKATA Kumagusu shiryô kenkyû-kai 宮宮宮宮宮宮宮宮宮 (Société de recherches sur les documents de

MINAKATA Kumagusu) :

http://www.aikis.or.jp/~kumagusu/

- d. Sur ORIKUCHI Shinobu :

Oeuvres d'ORIKUCHI en ligne :

http://www.aozora.gr.jp/index_pages/person933.html

Un site sur lui :

http://uraaozora.jpn.org/orikuchi.html

B/ En langue occidentale

624 Site officiel : http://www.rekihaku.city.yokohama.jp/

Page 288: MIYAMOTO Tsunéichi 宮宮宮宮, un ethnographe … · 3 Tristes Tropiques, Plon, Paris ... , ni des homographes, à cause de la ... Dans nos exemples, nous figurerons l’intonation

Le Folklore japonais ; Nihon no tomodachi : nihon.fr.st. Tout sur le Japon :

http://spip5.free.fr/pages/folklore/folklore.htm

Etnographiques (revue en ligne de sciences humaines et sociales) :

http://www.ethnographiques.org/

et en particulier ses pages de liens commentés (auxquelles nous renvoyons) :

http://www.ethnographiques.org/Liens.html

http://www.ethnographiques.org/Enseignement-Recherche.html

Encyclopedia Mythhica’s Japanese Section :

http://www.pantheon.org/areas/mythology/asia/japanese/articles.html

La faune du Japon :

http://japanfan.free.fr/faune.html