Upload
others
View
1
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Mémoire présenté le :
pour l’obtention du diplôme
de Statisticien Mention Actuariat
et l’admission à l’Institut des Actuaires
Par : DOPIERRE Léa
Titre du mémoire :
La reprise de risques en prévoyance collective
Confidentialité : NON OUI (Durée : 1 an 2 ans)
Les signataires s’engagent à respecter la confidentialité indiquée ci-dessus
Membres présents du jury de
l’Institut des Actuaires
signature
Entreprise :
Nom : ALLIANZ France
Signature :
Membres présents du jury de la
filière
Directeur de mémoire en entreprise :
Nom : Mme Nathalie CALDEIRA
Signature :
Invité :
Nom :
Signature :
Autorisation de publication et de mise en
ligne sur un site de diffusion de documents
actuariels (après expiration de l’éventuel
délai de confidentialité)
Signature du responsable entreprise
Signature du candidat
RESUME
Mots-clés : Prévoyance collective, reprise de risque, provisions mathématiques, antisélection, modèles
linéaires généralisés
En prévoyance collective, de réelles questions se posent aujourd’hui lorsqu’une entreprise désire
changer d’organisme assureur. Lorsque le nouvel assureur accepte de reprendre le risque et que des
assurés sont en arrêt de travail au moment du changement d’assureur, le nouvel assureur doit prendre
en charge la revalorisation des prestations en cours ainsi que le maintien de leurs garanties décès. Pour
cela, il doit alors tarifer la reprise de risque et réclame généralement une prime unique à l’entreprise.
Le coût de cette reprise peut souvent s’avérer pénalisant et coûteux, notamment pour les petites
entreprises qui, du fait de leur petite taille, ont une mutualisation plus restreinte.
Ce mémoire nous amène donc à réfléchir à une tarification alternative de la reprise de risque,
principalement pour les petites entreprises qui désirent changer d’assureur.
Dans une première partie, nous étudierons le coût de la reprise de risque pour le nouvel assureur. Cette
partie consistera tout d’abord à modéliser la revalorisation des rentes en cours de service au moment
du changement d’assureur. Pour cela, nous effectuerons une régression linéaire afin de prédire
l’évolution du point AGIRC selon les prévisions de l’inflation. Nous étudierons ensuite la mortalité
des assurés en arrêt de travail afin d’évaluer le coût de la prime unique de reprise de risque.
Afin de fluidifier le marché et favoriser le changement d’assureur, une première solution serait
d’élargir la mutualisation de ces micro-entreprises. En procédant ainsi, nous verrons qu’une légère
hausse de l’ensemble des leurs cotisations permettrait de couvrir la charge supplémentaire aujourd’hui
réclamée à l’entreprise. En revanche, cet élargissement de la mutualisation impliquerait à l’assureur de
supprimer la sélection médicale aujourd’hui réalisée pour les entreprises inférieures à 6 têtes, ce qui
augmenterait considérablement le risque d’antisélection.
C’est pourquoi la dernière étape de ce mémoire est consacrée au traitement de l’antisélection. Pour
mesurer cette antisélection, nous nous baserons sur les contrats complémentaire santé souscrits par les
petites entreprises. En effet, aucune sélection médicale n’est effectuée à la souscription sur la santé, et
nous supposons que le comportement de l’assuré vis-à-vis de l’antisélection est similaire en santé et en
prévoyance. A l’aide des modèles linéaires généralisés, nous modéliserons la fréquence des sinistres
afin d’obtenir un barème de coefficients de majoration à appliquer au tarif.
ABSTRACT
Key-words: Social coverage, risk transfer, mathematical reserves, adverse selection, linear
generalized models
In group life insurance, many questions are asked today when a company wants to change insurer.
When the new insurer agrees to take the risk and when people are in short or long term disability
during the transition, the new insurer has to take care of the revaluation of their benefits and maintain
their death guarantees. To do this, he claims an additional premium to the company. The cost of this
premium can often be penalizing and expensive for the company, especially for small businesses
which have a limited pooling because of their small size.
Therefore, the aim of this report is to think about an alternative pricing of risk transfer, especially for
small companies who want to change insurer.
On the one hand, we will study the cost of risk transfer for the new insurer. In this part, we will begin
with modeling the revaluation of benefits by doing a linear regression in order to predict the evolution
of the AGIRC point, according to inflation forecasts. We will then study the mortality of people in
disability in order to evaluate the cost of the additional premium claimed to the company.
To make the market more fluid and encourage the change of insurer, a first solution would be to widen
the pooling of small companies. By doing this, we will see that a slight increase of their premium
would cover the additional cost that is today claimed to the company. But, this widening would
eliminate the medical selection that is made for companies with less than 6 employees, and this would
considerably increase the risk of adverse selection.
This is why the last step of this report consists on measuring the adverse selection. To measure the
adverse selection, we will concentrate on health contracts subscribed by small companies. Indeed,
there is no medical selection in group health insurance and we suppose that the behavior of insured
people with adverse selection is similar in both group health and life insurance. By using the
generalized linear models, we will model the frequency of claims in order to have a list of coefficients
to apply for adverse selection.
REMERCIEMENTS
Je tiens tout particulièrement à remercier Nathalie CALDEIRA, responsable du service des techniques
collectives, pour ses précieux conseils, son soutien et pour m’avoir encadrée tout au long de ce
mémoire.
Je remercie également Nathalie THOOL, directrice du département Santé, Prévoyance, Emprunteur, et
Dépendance, pour son aide, sa disponibilité et pour m’avoir fait bénéficier de son expérience en
assurances collectives.
Je souhaite également remercier Khaled AMRAT, ancien responsable du service Résultats et Comptes
Clients, pour m’avoir accueilli dans son service et pour m’avoir accordé toute sa confiance.
Je tiens aussi à remercier toute l’équipe du service des techniques collectives pour leur aide précieuse
et leur sympathie tout au long de mon alternance.
Enfin, je remercie Olivier LOPEZ, directeur de l’Institut de Statistiques de l’Université de Paris, pour
ses conseils avisés.
5
SOMMAIRE
Liste des tableaux .................................................................................................................................................. 7
Table des figures ................................................................................................................................................... 9
INTRODUCTION .................................................................................................................. 11
CHAPITRE 1 : CONTEXTE ................................................................................................ 13
I. Présentation de la prévoyance collective ....................................................................................................13
1. Le marché de la prévoyance ......................................................................................................................13
1.1. La Sécurité Sociale ............................................................................................................................13
1.2. Les organismes assureurs ..................................................................................................................14
1.3. Les obligations légales et conventionnelles en matière de protection sociale ...................................15
2. Le contrat d’assurance de groupe ..............................................................................................................17
3. Les risques couverts ..................................................................................................................................18
3.1. Risque Décès .....................................................................................................................................18
3.2. Risque arrêt de travail .......................................................................................................................19
II. Provisionnement du risque arrêt de travail ...............................................................................................21
1. Les provisions mathématiques ...................................................................................................................21
1.1. Calcul de la PM invalidite .................................................................................................................22
1.2. Calcul de la PM incapacité ................................................................................................................22
1.3. Calcul de la PM exonération décès ...................................................................................................23
2. Les provisions pour sinistres tardifs (PSAP) .............................................................................................25
III. La reprise de risques ...................................................................................................................................26
1. Aspects réglementaires ..............................................................................................................................26
1.1. La loi EVIN .......................................................................................................................................26
1.2. Le transfert des engagements et la réforme des retraites ...................................................................27
2. Tarification ................................................................................................................................................29
2.1. Revalorisation des prestations en cours de service ............................................................................29
2.2. Maintien et aménagement des garanties décès ..................................................................................30
CHAPITRE 2 : LE COUT DE LA REPRISE DE RISQUE .............................................. 35
I. Modélisation de la revalorisation des rentes..............................................................................................35
1. Evolution de l’inflation et des points AGIRC ARRCO .............................................................................35
2. Etude de la corrélation ...............................................................................................................................37
3. Prévision de l’évolution du point AGIRC .................................................................................................40
II. Tarification du maintien des garanties décès ............................................................................................41
1. Etude de la mortalité des assurés en arrêt de travail ..................................................................................41
1.1. Présentation de la base de données....................................................................................................41
1.2. Estimation des taux bruts ..................................................................................................................43
1.3. Lissage des taux par la méthode de Whittaker-Henderson ................................................................45
1.4. Etude de la surmortalité par rapport à la population générale ...........................................................48
2. Calcul de la prime unique de reprise de risque ..........................................................................................54
2.1. Définition des garanties décès ...........................................................................................................54
6
2.2. Calcul d’une prime unique moyenne .................................................................................................54
2.3. Mutualisation des petites entreprises .................................................................................................56
3. Conclusion .................................................................................................................................................58
CHAPITRE 3 : MESURE DE L’ANTISELECTION ........................................................ 59
I. Présentation des données ............................................................................................................................59
1. Constitution de la base de données ............................................................................................................59
1.1. Les cotisations ...................................................................................................................................59
1.2. Les prestations ...................................................................................................................................60
1.3. Retraitement des données ..................................................................................................................60
1.4. Création de nouvelles variables .........................................................................................................61
2. Statistiques descriptives du portefeuille ....................................................................................................62
2.1. Population assurée .............................................................................................................................62
2.2. Répartition des salariés selon l’âge et le sexe ...................................................................................63
2.3. Répartition des salariés selon les niveaux de garanties .....................................................................63
II. Modélisation de la fréquence des sinistres .................................................................................................65
1. L’antisélection et la fréquence de consommation ......................................................................................65
1.1. Généralités ........................................................................................................................................65
1.2. Analyse de la fréquence de consommation .......................................................................................66
2. Détermination des variables significatives par le test du Khi-Deux ..........................................................70
3. Les modèles linéaires généralisés ..............................................................................................................73
3.1. La composante aléatoire ....................................................................................................................73
3.2. La composante déterministe ..............................................................................................................74
3.3. La fonction de lien ............................................................................................................................75
4. Paramétrage des variables tarifaires ..........................................................................................................76
4.1. Segmentation de la variable « Région » ............................................................................................76
4.2. Calibrage des variables .....................................................................................................................77
5. Loi statistique pour la fréquence................................................................................................................79
5.1. La loi de Poisson ...............................................................................................................................79
5.2. La loi Binomiale Négative ................................................................................................................79
5.3. Ajustement des lois et comparaison ..................................................................................................80
6. Détermination des variables significatives par le test du rapport de vraisemblance ..................................82
7. Résultats et interprétation ..........................................................................................................................83
8. Validation du modèle ................................................................................................................................85
8.1. Déviance............................................................................................................................................85
8.2. Etude des résidus ...............................................................................................................................85
III. Application des coefficients de majoration ................................................................................................87
CONCLUSION ....................................................................................................................... 89
LISTE DES ABREVIATIONS ............................................................................................. 91
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 93
ANNEXES ............................................................................................................................... 95
7
LISTE DES TABLEAUX
TABLEAU 1 : ETALEMENT DU PROVISIONNEMENT SUITE A LA REFORME DES RETRAITES ........................................27
TABLEAU 2 : VALEURS DES POINTS AGIRC ARRCO ENTRE 2000 ET 2016 ............................................................35
TABLEAU 3 : PREVISIONS DE L’INFLATION ET DE L’EVOLUTION DU POINT AGIRC .................................................40
TABLEAU 4 : TAUX DE MORTALITE DES ASSURES EN INCAPACITE ...........................................................................48
TABLEAU 5 : TAUX DE MORTALITE DE LA POPULATION GENERALE (TABLE ALLIANZ) ............................................48
TABLEAU 6 : COEFFICIENTS DE SURMORTALITE POUR L’INCAPACITE .....................................................................49
TABLEAU 7 : TAUX DE MORTALITE DE LA POPULATION EN INCAPACITE (TABLE BCAC) ........................................49
TABLEAU 8 : COMPARAISON DU TAUX DE MORTALITE D’EXPERIENCE AVEC LA LOI DE MORTALITE INCAPACITE DU
BCAC ............................................................................................................................................................49
TABLEAU 9 : TAUX DE MORTALITE DES ASSURES EN INVALIDITE ...........................................................................51
TABLEAU 10 : TAUX DE MORTALITE DE LA POPULATION GENERALE (TABLE ALLIANZ) ..........................................51
TABLEAU 11 : COEFFICIENTS DE SURMORTALITE POUR L’INVALIDITE ....................................................................51
TABLEAU 12 : TAUX DE MORTALITE DE LA POPULATION EN INVALIDITE (BCAC) ..................................................52
TABLEAU 13 : COMPARAISON DES QX AVEC LA LOI DE MORTALITE INVALIDITE DU BCAC ...................................52
TABLEAU 14 : DEFINITION DES GARANTIES DECES SELON LA CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE ......................54
TABLEAU 15 : REPARTITION DES ASSURES SELON LA FORMULE SOUSCRITE ............................................................62
TABLEAU 16 : TABLE DE CONTINGENCE POUR LA VARIABLE "SEXE" ......................................................................71
TABLEAU 17 : RESULTATS DU TEST D’INDEPENDANCE DU KHI-DEUX POUR LA FREQUENCE...................................71
TABLEAU 18 : DISTRIBUTIONS APPARTENANT A LA FAMILLE EXPONENTIELLE .......................................................74
TABLEAU 19 : DEFINITION DES VARIABLES DE REFERENCE .....................................................................................77
TABLEAU 20 : RESULTATS DU TEST DU RAPPORT DE VRAISEMBLANCE POUR LA FREQUENCE .................................82
TABLEAU 21 : RESULTATS DU GLM POUR LA FREQUENCE .....................................................................................83
TABLEAU 22 : BAREME DE COEFFICIENTS D’ANTISELECTION..................................................................................87
TABLEAU 23 : COEFFICIENTS DE MAJORATION DU TARIF EN CAS DE MUTUALISATION ............................................87
8
9
TABLE DES FIGURES
FIGURE 1 : LA HIERARCHIE DES NORMES APPLICABLES A L’ENTREPRISE ................................................................15
FIGURE 2 : FONCTIONNEMENT D'UN CONTRAT COLLECTIF ......................................................................................17
FIGURE 3 : EVOLUTION DU POINT AGIRC ET DU TAUX D'INFLATION ......................................................................36
FIGURE 4 : AJUSTEMENT DES RESIDUS A UNE LOI NORMALE ...................................................................................39
FIGURE 5 : REPARTITION DES ARRETS DE TRAVAIL SELON L’AGE A LA SURVENANCE .............................................42
FIGURE 6 : REPARTITION DES SINISTRES SELON LE MOTIF DE L’ARRET DE TRAVAIL ................................................43
FIGURE 7 : LOI BRUTE DE MORTALITE DES ASSURES EN INCAPACITE ......................................................................44
FIGURE 8 : LOI BRUTE DE MORTALITE DES ASSURES EN INVALIDITE .......................................................................45
FIGURE 9 : LISSAGE DES TAUX BRUTS POUR L’INCAPACITE (TRANCHE 25-40 ANS) .................................................46
FIGURE 10 : LISSAGE DES TAUX BRUTS POUR L’INCAPACITE (TRANCHE 41-50 ANS) ...............................................46
FIGURE 11 : LISSAGE DES TAUX BRUTS POUR L’INCAPACITE (TRANCHE 51-60 ANS) ...............................................46
FIGURE 12 : LISSAGE DES TAUX BRUTS POUR L’INVALIDITE (TRANCHE 25-40 ANS) ................................................47
FIGURE 13 : LISSAGE DES TAUX BRUTS POUR L’INVALIDITE (TRANCHE 41-50 ANS) ................................................47
FIGURE 14 : LISSAGE DES TAUX BRUTS POUR L’INVALIDITE (TRANCHE 51-60 ANS) ................................................47
FIGURE 15 : COMPARAISON DES TAUX LISSES POUR L’INCAPACITE (TRANCHE 25-40 ANS) .....................................50
FIGURE 16 : COMPARAISON DES TAUX LISSES POUR L’INCAPACITE (TRANCHE 41-50 ANS) .....................................50
FIGURE 17 : COMPARAISON DES TAUX LISSES POUR L’INCAPACITE (TRANCHE 51-60 ANS) .....................................50
FIGURE 18 : COMPARAISON DES TAUX LISSES POUR L’INVALIDITE (TRANCHE 25-40 ANS) ......................................52
FIGURE 19 : COMPARAISON DES TAUX LISSES POUR L’INVALIDITE (TRANCHE 41-50 ANS) ......................................53
FIGURE 20 : COMPARAISON DES TAUX LISSES POUR L’INVALIDITE (TRANCHE 51-60 ANS) ......................................53
FIGURE 21 : REPARTITION DE LA POPULATION ASSUREE .........................................................................................62
FIGURE 22 : REPARTITION DES SALARIES SELON L'AGE ET LE SEXE .........................................................................63
FIGURE 23 : NIVEAU DE GARANTIE MOYEN SOUSCRIT PAR TRANCHE D'AGE ............................................................63
FIGURE 24 : NOMBRE MOYEN DE RENFORTS SOUSCRITS SELON LA CLASSE D'AGE ..................................................64
FIGURE 25 : REPARTITION DES ENTREPRISES SELON LE NOMBRE DE SALARIES .......................................................66
FIGURE 26 : NOMBRE D'ASSURES RENFORCES SELON LA TAILLE DE L'ENTREPRISE ..................................................66
FIGURE 27 : FREQUENCE DE CONSOMMATION SELON LE NIVEAU MOYEN DES GARANTIES ......................................67
FIGURE 28 : FREQUENCE DE CONSOMMATION PAR POSTES ET NIVEAUX DE GARANTIES ..........................................68
FIGURE 29 : EVOLUTION DE LA FREQUENCE DES SINISTRES SELON L'AGE ...............................................................69
FIGURE 30 : EVOLUTION DE LA FREQUENCE SELON LA FORMULE SOUSCRITE ..........................................................69
FIGURE 31 : EVOLUTION DU COUT MOYEN SELON LA REGION .................................................................................76
FIGURE 32 : AJUSTEMENT DE LA FREQUENCE PAR LES LOIS DE POISSON ET BINOMIALE NEGATIVE .......................80
FIGURE 33 : FONCTIONS DE REPARTITION POUR LA FREQUENCE .............................................................................80
FIGURE 34 : QQ-PLOT DE LA DISTRIBUTION EMPIRIQUE DES FREQUENCES PAR RAPPORT AUX LOIS DE POISSON ET
BINOMIALE NEGATIVE ...................................................................................................................................81
FIGURE 35 : REPRESENTATION DES RESIDUS DE LA DEVIANCE POUR LA FREQUENCE ..............................................86
10
11
INTRODUCTION
La prévoyance collective est un secteur assurantiel en perpétuel mouvement, où la réglementation ne
cesse d’évoluer depuis ces dernières années. Une des réformes majeures fut la remise en cause des
clauses de désignation par le Conseil Constitutionnel en juin 2013. Ces clauses permettaient
d’accorder le monopole à un organisme assureur pour couvrir l’ensemble des entreprises d’une
branche professionnelle en santé et prévoyance. Cela permettait notamment aux petites entreprises
d’accéder à l’assurance plus facilement, selon les mêmes conditions et aux mêmes tarifs que les
grandes entreprises. Ces clauses de désignation ont été remplacées par des clauses de recommandation,
qui ont pour but de recommander un organisme assureur aux entreprises de la branche. Les entreprises
ne sont pas obligées de rejoindre l’organisme recommandé, mais ce dernier est contraint d’accepter
toutes les entreprises de la branche souhaitant le rejoindre.
Les clauses de recommandation permettent aux entreprises de s’assurer ailleurs afin de bénéficier de
tarifs plus intéressants. En revanche, cela crée un vrai problème pour les entreprises ayant un profil
plus risqué (salarié handicapé ou atteint d’une maladie grave), notamment pour les petites entreprises
qui peinent à s’assurer, du fait de leur mutualisation plus restreinte. Ces entreprises, qui ne trouvent
pas à s’assurer ailleurs, rejoignent généralement l’organisme assureur recommandé. Cela crée alors un
éclatement des couvertures qui étaient jusqu’ici mutualisées.
Un réel débat se pose ainsi aujourd’hui en cas de changement d’assureur. Lorsqu’une entreprise
souhaite changer d’assureur et que l’un de ses salariés est en arrêt de travail, si le nouvel assureur
accepte de reprendre le risque, l’ancien assureur transfère ses provisions au nouvel assureur. Ce
dernier doit alors prendre en charge les revalorisations des prestations en cours et tarifer une prime
unique à l’entreprise afin de couvrir le maintien et l’aménagement des garanties décès des personnes
en arrêt de travail. Pour les petites entreprises qui incluent un risque aggravé, ce transfert s’avère
souvent bloquant : du fait de leur petite taille, la mutualisation est plus restreinte sur ces compagnies,
le coût de la reprise est alors particulièrement onéreux.
Ce mémoire consiste à réfléchir à une solution alternative pour la reprise des petites entreprises,
lorsque celles-ci désirent changer d’assureur.
Après avoir présenté les caractéristiques de la prévoyance collective, nous étudierons le coût du
changement d’assureur pour les petites entreprises afin de proposer une autre forme de tarification de
la reprise de risque. Nous verrons que cette alternative que nous proposerons pourra néanmoins avoir
des effets antisélectifs pour l’assureur, c’est pourquoi nous terminerons par une étude sur le traitement
de l’antisélection.
12
13
CHAPITRE 1 : CONTEXTE
I. PRESENTATION DE LA PREVOYANCE COLLECTIVE
La loi EVIN de 1989 définit la prévoyance comme étant : « une opération ayant pour objet la
prévention et la couverture du risque décès, des risques portant à l’intégrité physique de la personne
ou liés à la maternité ou des risques incapacité de travail ou d’invalidité ou du risque chômage ».
Cette partie a pour but de définir les principes fondamentaux de la prévoyance collective. Après avoir
présenté le marché, nous étudierons le contrat de prévoyance collective ainsi que les risques qu’il
couvre.
1. LE MARCHE DE LA PREVOYANCE
Les risques relevant de la prévoyance (incapacité, invalidité, décès) sont couverts par le régime
obligatoire de la Sécurité Sociale et les organismes assureurs complémentaires.
1.1. LA SECURITE SOCIALE
Créée en 1945 sous le gouvernement du Général de Gaulle, le régime général de la Sécurité Sociale a
pour but de protéger les individus contre divers risques associés à la personne (maladie, accident) ou
diverses situations (retraite, famille). Ce régime est financé par répartition, c’est à dire que les
ressources de l’année (cotisations) permettent de verser les prestations de l’année.
En prévoyance, les prestations de base versées par la Sécurité Sociale sont les suivantes :
Incapacité : l’assuré perçoit des indemnités journalières qui dépendent de son salaire et de la
cause de l’arrêt de travail. Si l’arrêt ne résulte ni d’un accident du travail ni d’une maladie
professionnelle, les prestations sont versées selon un délai de carence de 3 jours.
Invalidité : la rente versée par la Sécurité Sociale dépend de la catégorie d’invalidité.
Décès : le capital versé aux ayants-droits est limité à la tranche A et correspond à 3 mois de
salaire.
14
1.2. LES ORGANISMES ASSUREURS
Suite à la création de la Sécurité Sociale, les organismes complémentaires se sont considérablement
développés afin de réduire les charges des assurés. Ces organismes sont divisés en trois catégories : les
mutuelles, les institutions de prévoyance et les sociétés d’assurance.
1.2.1. LES MUTUELLES
Régies par le Code de la Mutualité, les mutuelles sont des groupements à but non lucratif qui,
essentiellement grâce aux cotisations des membres, mènent des actions de prévoyance. L’essentiel de
leur activité réside dans la couverture des frais de santé, elles interviennent plus rarement sur les
garanties de prévoyance lourdes (décès et arrêt de travail). Elles sont contrôlées par les adhérents qui
disposent chacun d’une voix dans le cadre des élections en Assemblée Générale.
1.2.2. LES INSTITUTIONS DE PREVOYANCE
Régies par le livre IX du Code de la Sécurité Sociale, les institutions de prévoyance sont des personnes
morales à but non lucratif. Elles sont administrées paritairement par des membres adhérents (i.e. les
entreprises souscrivant aux contrats) et des membres participants (les salariés bénéficiaires).
L’essentiel de leur activité relève de la prévoyance collective. Elles ont une forte implication dans ce
secteur notamment grâce aux clauses présentes dans les Conventions Collectives.
1.2.3. LES SOCIETES D’ASSURANCE
Régies par le Code des Assurances, les sociétés d’assurance interviennent dans tous les domaines de
l’assurance : Prévoyance, Santé, Assurance de Biens ou encore Retraite. Elles peuvent prendre deux
formes juridiques :
Société Anonyme
Société d’Assurance Mutuelle : elles sont gérées par leur sociétaires par le biais d’élections, et
qui revendiquent des valeurs mutualistes
Parmi plus de 300 sociétés d’assurance, seules une vingtaine interviennent régulièrement sur le marché
de la Prévoyance.
15
1.3. LES OBLIGATIONS LEGALES ET CONVENTIONNELLES EN MATIERE DE
PROTECTION SOCIALE
Pour mettre en place un régime collectif de prévoyance, l’organisme assureur doit tenir compte de la
convention collective de la branche professionnelle.
Une convention collective est un accord conclu entre les partenaires sociaux (organisations syndicales
des employeurs et des salariés), qui vise à instaurer un régime collectif pour les salariés d’une même
branche ou d’un même secteur d’activité. Elle permet de traiter de façon égalitaire les entreprises et les
salariés d’une même branche professionnelle.
En matière de prévoyance, les conventions collectives fixent les montants minimum des cotisations et
des prestations, préalablement négociées auprès d’un organisme assureur. Pour toute négociation ou
modification d’un régime de prévoyance, il est nécessaire pour l’organisme assureur de passer par ces
conventions collectives.
Par ailleurs, il existe des accords interprofessionnels qui imposent une même réglementation à
plusieurs secteurs d’activités. Par exemple, par l’accord du 14 mars 1947, la CCN des Cadres
(Convention Collective Nationale des Cadres) impose l’obligation pour les salariés cadres et assimilés
cadres de cotiser à un régime de prévoyance pour lequel l’employeur doit verser une cotisation égale à
1,50% de la tranche A du salaire (plafond fixé pour les cotisations de la Sécurité Sociale).
La hiérarchie des normes peut se résumer de la manière suivante :
Figure 1 : La hiérarchie des normes applicables à l’entreprise
Loi
Accord interprofessionnel
Convention collective et accord collectif
Accord d'entreprise ou d'établissement
Règlement intérieur
Contrat de travail individuel des salariés
16
Aujourd’hui, la diversité des conventions collectives complique la mise en place des régimes de
prévoyance pour les organismes assureurs. En effet, l’organisme assureur est limité car il n’est pas le
seul décideur de la modification du régime et il ne peut refuser d’assurer les entreprises de la branche.
Enfin, suite au remplacement des clauses de désignation par des clauses de recommandation en juin
2013 par le Conseil Constitutionnel, les entreprises d’une même branche professionnelle ne sont plus
obligées de rejoindre l’organisme assureur prévu par l’accord de branches et peuvent choisir de
s’assureur ailleurs. En revanche, l’organisme assureur est tenu d’assurer toute entreprise de la branche
désirant le rejoindre. Cela permet aux entreprises les moins risquées de s’assureur ailleurs afin de
bénéficier de tarifs plus intéressants. En revanche, cela pose un vrai problème pour l’organisme
assureur recommandé car il se retrouve à couvrir les mauvais risques qui peinent à s’assureur ailleurs.
17
2. LE CONTRAT D’ASSURANCE DE GROUPE
Selon l’article L. 141-1 du Code des Assurances, un contrat d’assurance de groupe est un contrat
souscrit par une personne morale ou un chef d’entreprise, qui permet de couvrir l’ensemble des
membres d’un groupe. En prévoyance, le contrat collectif permet ainsi à un employeur de faire
bénéficier à l’ensemble de ses salariés d’une couverture complémentaire en cas d’arrêt de travail ou de
décès. Il fait intervenir quatre parties :
La compagnie d’assurance : organisme auprès duquel est souscrit le contrat d’assurance, il
perçoit les cotisations et verse les prestations
Le souscripteur (l’employeur) : personne morale qui signe le contrat auprès de l’assureur et verse
une partie des cotisations
L’adhérent (le salarié) : il appartient au groupe assurable, verse une partie des cotisations et
bénéficie des garanties du contrat
Le bénéficiaire : il perçoit les prestations, il peut être le salarié assuré, l’un de ses ayants droits
(enfants, conjoint) ou un tiers désigné (en cas de décès)
En assurance collective, l’adhésion au contrat peut être :
Obligatoire : tous les individus appartenant au groupe sont dans l’obligation d’adhérer au contrat
d’assurance
Facultative : les individus du groupe ont le libre choix d’adhérer ou non au contrat d’assurance
Le fonctionnement d’un contrat groupe peut se résumer de la manière suivante :
Figure 2 : Fonctionnement d'un contrat collectif
Organisme assureur
Salarié (assuré et bénéficiaire)
Employeur
Versement des
prestations
Règlement d’une
partie des cotisations
Souscription
du contrat
18
3. LES RISQUES COUVERTS
3.1. RISQUE DECES
La couverture du risque décès consiste à verser des prestations aux bénéficiaires du contrat en cas de
décès de l’assuré. Il existe deux formes de prestations : les prestations en capital (capital décès) et les
prestations en rentes (rentes de conjoint et rentes éducation).
3.1.1. CAPITAL DECES
Le capital décès est versé - sous forme d’un versement unique - aux bénéficiaires du contrat en cas de
décès de l’assuré. Le montant de ce capital est exprimé selon un pourcentage du salaire annuel brut de
l’assuré.
Ce capital peut être accompagné de garanties annexes :
Garantie frais d’obsèques : versement d’un capital afin de couvrir les frais d’obsèques en cas
de décès de l’assuré ou d’un membre de sa famille ;
Majoration en cas de décès accidentel : versement de capitaux annexes en cas de décès par
accident ou en cas de décès simultané de l’assuré et de son conjoint ;
Garantie « double-effet » : versement d’un capital aux enfants à charge en cas de décès du
conjoint survivant ;
Capital « prédécès » du conjoint.
3.1.2. RENTE DE CONJOINT
La rente de conjoint est une rente versée au conjoint survivant du salarié décédé, afin de compenser la
disparition de revenu immédiat et/ou différé au sein de la famille. Cette rente peut être versée en
complément du capital décès, sous forme viagère et/ou temporaire.
La rente de conjoint viagère complète les droits effectivement acquis par l’assuré avant son décès
par ceux qu’il aurait dû obtenir au terme de sa carrière. Elle est généralement calculée en fonction du
salaire annuel brut de l’assuré décédé, et d’un pourcentage de la différence entre l’âge de la retraite et
l’âge de l’assuré au moment du décès.
19
La rente de conjoint temporaire (ou rente relais) est versée afin de compenser la perte de revenu à
partir du moment du décès de l’assuré, jusqu’au versement de la pension de réversion des régimes de
retraite obligatoires (Sécurité Sociale, AGIRC, ARRCO). Elle est généralement calculée en fonction
du salaire annuel brut de l’assuré décédé, et d’un pourcentage de la différence entre l’âge de l’assuré
au moment du décès et l’âge par défaut d’entrée en activité (25 ans).
3.1.3. RENTE EDUCATION
La rente éducation est une rente temporaire versée aux enfants à charge de l’assuré décédé. Cette rente
est généralement calculée au prorata du dernier salaire de l’assuré. A partir d’un certain âge, elle peut
dépendre de la poursuite d’études du bénéficiaire.
Le montant de la rente peut être constant ou exprimé par paliers en fonction de l’âge du bénéficiaire.
Par exemple, la rente versée peut être égale à :
12% du salaire jusqu’à 11 ans ;
18% du salaire de 12 à 17 ans ;
24% du salaire de 18 à 21 ans ou 26 ans (si poursuite d’études).
3.2. RISQUE ARRET DE TRAVAIL
L’arrêt de travail comprend deux types de risques : l’incapacité temporaire et l’invalidité permanente
de travail.
3.2.1. INCAPACITE TEMPORAIRE DE TRAVAIL
Un assuré est considéré en état d’incapacité s’il est totalement incapable d’exercer son activité
professionnelle, suite à une maladie ou un accident (privé ou professionnel). Cet état d’incapacité est
constaté par le médecin traitant.
En complément des prestations versées par le régime général de la Sécurité Sociale, les organismes
complémentaires versent des indemnités journalières, calculées selon un pourcentage du salaire de
l’assuré.
20
Les motifs de sortie de l’état d’incapacité sont le rétablissement, le passage en invalidité, et le décès.
La durée maximale de l’état d’incapacité est de 3 ans. Au terme de ces 3 ans, si l’assuré est toujours en
incapacité, il passe automatiquement en invalidité.
3.2.2. INVALIDITE PERMANENTE DE TRAVAIL
Pour être considéré en état d’invalidité, l’assuré doit présenter une réduction d’au moins 2/3 de sa
capacité de travail ou de gain.
Selon l’article L. 341-4 du Code de la Sécurité Sociale, l’invalidité est divisée en trois catégories :
1ère
catégorie : invalides capables d’exercer une activité rémunérée ;
2ème
catégorie : invalides incapables d’exercer une activité quelconque ;
3ème
catégorie : invalides incapables d’exercer une profession quelconque, et qui sont dans
l’obligation d’avoir recours à l’assistance d’une tierce personne pour effectuer les actes
ordinaires de la vie.
Le montant de la rente d’invalidité est calculé en fonction de la catégorie d’invalidité définie par la
Sécurité Sociale.
21
II. PROVISIONNEMENT DU RISQUE ARRET DE TRAVAIL
1. LES PROVISIONS MATHEMATIQUES
La provision mathématique est une réserve financière permettant à la compagnie d’assurance
d’assumer ses engagements contractuels à long terme vis-à-vis de ses clients. Elle est définie dans le
l’article R331-3 du Code des Assurances comme étant « la différence entre les valeurs actuelles des
engagements respectivement pris par l’assureur et par les assurés ».
Les engagements de l’assureur correspondent au montant qui va lui permettre, en tenant compte du
placement financier, de régler mensuellement ou trimestriellement toutes les échéances futures d’une
prestation périodique garantie en cas de réalisation d’un évènement. En prévoyance collective, le seul
engagement des assurés consiste à régler - par l’intermédiaire de leur employeur - les cotisations les
concernant.
En cas d’arrêt de travail d’un assuré, l’assureur doit provisionner le montant qui, placé chaque année
au taux d’intérêt technique réglementaire, lui permettra de verser à chaque échéance les indemnités
quotidiennes et/ou la rente d’invalidité qui sont dues jusqu’à la reprise d’activité, l’attribution par la
sécurité sociale de la pension vieillesse ou d’une pension pour inaptitude, ou le décès de l’assuré.
Les provisions sont calculées selon des méthodes actuarielles, en faisant intervenir le calcul des
probabilités (tables de mortalité) et les mathématiques financières (taux technique). Elles sont
calculées tête par tête, pour chaque bénéficiaire de prestations et prennent en compte les
revalorisations contractuelles prévues pour ces prestations.
Ces provisions sont très encadrées règlementairement, le taux d’intérêt technique et les lois de
maintien à utiliser sont fixés par l’arrêté du 28 mars 1996 :
Le taux d’intérêt technique correspond à 75% de la moyenne des 24 derniers taux moyens des
emprunts d’état (TME), avec un maximum de 4,5%.
Les lois de maintien utilisées en incapacité et invalidité sont celles établies par le BCAC
(Bureau Commun des Assurances Collectives). Ces tables sont établies en fonction de l’âge de
l’assuré et de l’ancienneté de l’arrêt de travail.
22
La provision appliquée à un assuré en arrêt de travail est composée de deux types de provisions :
La provision mathématique incapacité ou invalidité, qui correspond au provisionnement
des prestations périodiques (indemnités quotidiennes et/ou rente d’invalidité)
La provision mathématique dite « d’exonération », qui permet de provisionner le coût du
maintien des garanties décès (c’est-à-dire le montant des garanties exonérées) accordée à
l’assuré y compris après la résiliation du contrat.
1.1. CALCUL DE LA PM INVALIDITE
La PM de maintien en invalidité permet de couvrir l’assuré en arrêt de travail, pour la durée qu’il
risque de passer en invalidité. La formule de calcul de cette provision pour 1€ de rente est la suivante :
( )
∑ (
( )
( ) )
Avec :
« x » : âge de l’assuré au moment de l’entrée en invalidité
« anc » : ancienneté de l’arrêt de travail exprimée en années
« A » : âge maximum de versement de la rente d’invalidité
« i » : taux technique annuel
« » : nombre d’individus d’âge x en invalidité depuis j années (loi de maintien en invalidité
du BCAC)
1.2. CALCUL DE LA PM INCAPACITE
Lorsqu’un assuré est en incapacité, deux types de provisions sont à calculer : la provision de maintien
en incapacité et la provision de passage en invalidité. Les formules qui vont suivre font intervenir les
paramètres suivants :
« x » : âge de l’assuré au moment de l’entrée en incapacité
« anc » : ancienneté de l’arrêt de travail exprimée en mois
« D » : durée maximale de l’incapacité exprimée en mois (soit 36 mois)
« i » : taux technique annuel
« » : nombre d’individus d’âge x en incapacité depuis j mois (loi de maintien en
incapacité du BCAC)
«
» : nombre d’individus d’âge x en incapacité depuis j mois (loi de passage d’incapacité en
invalidité du BCAC)
23
1.2.1. PM DE MAINTIEN EN INCAPACITE POUR 1€ DE RENTE
La provision de maintien en incapacité permet de couvrir l’assuré en arrêt de travail pour la durée qu’il
risque de passer en incapacité. Elle est calculée selon la formule suivante :
( )
∑ (
( )(
)
( )(
))
1.2.2. PM DE PASSAGE EN INVALIDITE POUR 1€ DE RENTE
La provision de passage en invalidité (ou provision d’invalidité en attente) est constituée afin de
couvrir le risque que l’assuré en incapacité devienne invalide. Cette provision est calculée de la façon
suivante :
( )
∑ (
( )
( )
)
(
)
Où le terme (
) est calculé en effectuant une interpolation linéaire
entre ( [
] ) et ( [
] ).
1.3. CALCUL DE LA PM EXONERATION DECES
La provision d’exonération des garanties décès est constituée afin de couvrir le risque de décès des
assurés en arrêt de travail (incapacité et invalidité).
1.3.1. PM EXONERATION DECES POUR LES ASSURES EN INVALIDITE
Elle correspond à la provision du maintien des garanties décès pour la période que l’assuré risque de
passer en invalidité. La formule de calcul de cette provision pour 1€ de rente est la suivante :
( ) ∑ (
( )
)
24
Avec :
« x » : âge de l’assuré au moment de l’entrée en invalidité
« anc » : ancienneté de l’arrêt de travail exprimée en années
« A » : âge maximum de versement de la rente d’invalidité
« i » : taux technique
« » : nombre d’individus d’âge x en invalidité depuis j années (loi de maintien en invalidité
du BCAC)
« » : taux de mortalité d’un individu d’âge x en invalidité depuis j mois
1.3.2. PM EXONERATION DECES POUR LES ASSURES EN INCAPACITE
Pour provisionner le maintien des garanties décès des assurés en incapacité, comme vu précédemment,
nous distinguons l’incapacité en cours et l’invalidité en attente. Cette provision est calculée grâce à la
formule suivante :
( ) ∑ (
(
))
( )
Avec :
« x » : âge de l’assuré au moment de l’entrée en incapacité
« anc » : ancienneté de l’arrêt de travail exprimée en mois
« D » : durée maximale de l’incapacité exprimée en mois (soit 36 mois)
« i » : taux technique
« » : nombre d’individus d’âge x en incapacité depuis j mois (loi de maintien en
incapacité du BCAC)
« » : taux de mortalité d’un individu d’âge x en incapacité depuis j mois
25
2. LES PROVISIONS POUR SINISTRES TARDIFS (PSAP)
La Provision pour Sinistres A Payer est une provision constituée afin de matérialiser le montant des
prestations au titre des sinistres survenus au cours des exercices antérieurs et non encore versés à la
date d’inventaire (IBNR : Incurred But Not Reported). Elle est calculée par exercice de survenance.
La méthode couramment utilisée pour modéliser la PSAP consiste à étudier les triangles historiques de
liquidation (méthode Chain Ladder).
26
III. LA REPRISE DE RISQUES
En prévoyance, on parle de reprise de risques en cours lorsqu’il existe une prestation en cours de
versement ou susceptible d’être versée au moment de la date d’effet d’un contrat ou de sa
transformation, avec ou sans amélioration des garanties existantes.
Cette partie a pour but de présenter les principes de reprises de sinistres en cours, lorsque l’entreprise
souhaite changer d’organisme assureur. Nous commencerons par nous concentrer sur les aspects
réglementaires de la reprise de risques et du transfert des provisions, puis nous présenterons les
principes de tarification de cette reprise.
1. ASPECTS REGLEMENTAIRES
1.1. LA LOI EVIN
Selon la loi EVIN du 08/08/1994 (article L912-3 du code de la Sécurité Sociale) : « Lorsque la
convention, l’accord ou la décision unilatérale constatée par un écrit relevant de l’article L. 911.1
prévoient la couverture, sous forme de rente, du décès, de l’incapacité de travail ou de l’invalidité,
ils organisent également, en cas de changement d’organisme d’assurance (…), la poursuite de la
revalorisation des rentes en cours de service. »
En cas de changement d’assureur, cette législation impose à l’employeur d’organiser la poursuite des
revalorisations des prestations en cours de service à la date de résiliation du contrat, soit auprès de
l’ancien assureur, soit auprès du nouveau. Par prestations en en cours nous entendons : les rentes de
conjoint, les rentes éducation, les indemnités journalières et les rentes d’invalidité. L’assureur, au titre
de la loi EVIN, n’est engagé à poursuivre le versement des prestations périodiques qu’à leur niveau
atteint au moment de la résiliation du contrat d’assurance.
Cette loi impose également à l’employeur de veiller à la revalorisation du traitement de référence en ce
qui concerne le maintien des garanties en cas de décès pour les assurés en arrêt de travail.
La loi du 14 juillet 2001 complète la loi EVIN en précisant que le risque décès doit inclure une clause
de maintien de la garantie décès en cas d’incapacité ou d’invalidité, même après la résiliation ou le
non-renouvellement du contrat.
27
1.2. LE TRANSFERT DES ENGAGEMENTS ET LA REFORME DES RETRAITES
La loi n° 2010-1330 du 9 novembre 2010 portant sur la réforme des retraites évoque un prolongement
de 2 ans de l’âge légal de départ à la retraite. Cette loi oblige les assureurs à verser des prestations, au
titre des garanties incapacité et invalidité, deux années en plus. A partir des comptes de résultats
établis au titre de l’exercice 2010, les assureurs disposent d’une période transitoire de 6 ans maximum
pour constituer les provisions manquantes.
1.2.1. ETALEMENT DU PROVISIONNEMENT NECESSAIRE
L’étalement des provisions nécessaires tient compte de l’évolution des taux selon la règlementation en
vigueur.
Au 31/12/2010 les provisions sont calculées selon un âge de départ à la retraite à 60 ans, sauf pour la
génération 1951, pour laquelle l’âge de départ à la retraite est de 60 ans et 4 mois.
A partir de 2011, le montant de l’engagement supplémentaire provisionné doit être égal au montant
résultant d’un étalement linéaire :
Période Engagement supplémentaire
Fin 2011 20% * (PM62ans – PM60ans)
Fin 2012 40% * (PM62ans – PM60ans)
Fin 2013 60% * (PM62ans – PM60ans)
Fin 2014 80% * (PM62ans – PM60ans)
Fin 2015 100% * (PM62ans – PM60ans)
Tableau 1 : Etalement du provisionnement suite à la réforme des retraites
1.2.2. L’INDEMNITE DE RESILIATION
En cas de résiliation pendant la période transitoire, le souscripteur (l’entreprise) doit verser une
indemnité de résiliation à son ancien assureur afin de couvrir la hausse des engagements induite par le
prolongement de 2 ans.
L’indemnité de résiliation correspond à la différence entre le montant des provisions techniques
permettant de couvrir intégralement les engagements en application des articles 7 et 7.1 de la loi EVIN,
et le montant des provisions techniques effectivement constitué au titre des arrêts en cours, à la date de
rupture du contrat.
28
Prenons l’exemple d’une entreprise dans laquelle 3 assurés, nés en 1951, 1955 et 1960, sont en arrêt de
travail. L’indemnité de résiliation (IR) au 31/12/2010 est calculée de la façon suivante :
Génération 1951 : IR = 0
Génération 1955 : IR = (engagement à 61 ans et 8 mois) – (engagement à 60 ans)
Génération 1960 : IR = (engagement à 62 ans) – (engagement à 60 ans)
Pour les reprises de contrats entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2015, l’ancien assureur peut
également transférer les provisions mathématiques au nouvel assureur, si ce dernier accepte le transfert.
Dans ce cas, l’entreprise ne paie pas d’indemnité de résiliation. Dès la prise d’effet du contrat, le
nouvel assureur doit alors constituer les provisions mathématiques avec le nouvel âge de départ à la
retraite en vigueur.
La différence de provisions mathématiques nécessaires est réclamée sous forme d’une prime unique à
la date d’effet du contrat. Cette prime peut être lissée sur plusieurs exercices avec une clause spéciale
au contrat en cas de résiliation avant la fin de la période d’étalement. Dans ce cas, la prime est
exprimée sous forme de pourcentage de la masse salariale du contrat de référence.
29
2. TARIFICATION
Cette partie a pour but de présenter les méthodes de tarification lorsque le nouvel assureur accepte de
reprendre la charge des sinistres en cours de l’ancien assureur.
Lors de la reprise de risques, il convient de tarifer :
les revalorisations des prestations et rentes en cours de service
le maintien des garanties décès et l’éventuel aménagement des garanties des personnes en arrêt
de travail
Afin que le nouvel assureur puisse tarifer cette reprise, il doit réclamer à l’entreprise les éléments
suivants concernant les sinistres en cours :
La date de naissance de l’assuré en arrêt de travail
La date de l’arrêt initial
Le motif de l’arrêt (arrêt de travail, maladie, maternité,…)
La date de passage en invalidité et la catégorie d’invalidité
Le montant du salaire
Le montant de la prestation et/ou de la rente en cours
La masse salariale de l’entreprise
La situation familiale (situation matrimoniale et nombre d’enfants)
La catégorie socio-professionnelle
La date de naissance du conjoint et des enfants
Le niveau des garanties concernées par le calcul de reprise
2.1. REVALORISATION DES PRESTATIONS EN COURS DE SERVICE
Le coût des revalorisations des prestations en cours de service à la date de reprise (indemnités
journalières, rentes d’invalidité, rentes de conjoint, rentes éducation) correspond à la provision
mathématique nécessaire pour garantir la revalorisation de l’année. Cette charge est évaluée par une
prime annuelle incluse dans le tarif sous forme de taux de cotisation, en tenant compte de la masse
salariale.
30
Elle est calculée tête par tête, et correspond au coût moyen des revalorisations des cinq années qui
suivent la reprise du contrat :
( )
( ) ( ) ( )
( ) ( ) ( )
( ) ( ) ( )
( ) ( ) ( )
Les formules de tarification font intervenir :
le taux de revalorisation (t) : les revalorisations correspondent à la moyenne des évolutions
des points AGIRC et ARRCO sur les 5 dernières années.
le coefficient de PM, qui correspond à la provision mathématique pour 1 € de prestation
annuelle en incapacité/invalidité ou rente de conjoint/éducation. Le calcul du coefficient tient
compte du taux technique en vigueur au moment de la reprise et des chargements de gestion.
Le coefficient de PM est donné pour une ancienneté de travail en années (et non en mois). Pour les
personnes en incapacité depuis moins de 6 mois, ceci induit une surestimation du coefficient de PM (et
donc de la durée probable de versement de la prestation). Pour palier cela, nous faisons appel à des
abattements qui vont dépendre de l’ancienneté de l’arrêt de travail :
( )
Le taux d’abattement appliqué est de 14% pour les personnes en arrêt de travail depuis moins d’un an,
et nul dans les autres cas.
2.2. MAINTIEN ET AMENAGEMENT DES GARANTIES DECES
Lors de la reprise, le nouvel assureur réclame généralement une prime unique à l’entreprise. Cette
prime lui permet de financer l’engagement du maintien des garanties décès pour les personnes en arrêt
31
de travail, mais aussi le différentiel de leurs prestations en cas de proposition d’un nouveau régime
comprenant des aménagements de garanties.
La prime unique correspond ainsi au montant de la provision mathématique nécessaire afin de couvrir,
pour les personnes en arrêt de travail, la cotisation de leurs garanties décès ainsi que la hausse de leurs
prestations en cas d’aménagement des garanties. Elle est évaluée en prenant la somme des coûts
individuels. Si son montant est trop important, elle peut être étalée sur 2 ou 3 ans (elle est dans ce cas
exprimée en fonction du salaire).
Exemple :
Prenons le cas d’une entreprise dans laquelle un salarié né le 01/01/1970 est en arrêt de travail depuis
le 01/01/2014. Il a une femme née le 01/01/1973 et une fille née le 01/01/2000. L’entreprise souhaite
changer d’assureur. Le nouvel assureur qui reprend le risque au 01/01/2016 propose un nouveau
régime qui comprend :
Une amélioration de la garantie arrêt de travail qui passe de 70% à 80% du salaire, qui
représente une prestation supplémentaire de 5 000 €/an
La mise en place d’une rente éducation fixe de 5 000 €/an
La mise en place d’une rente de conjoint viagère de 5 000 €/an
Le nouvel assureur doit calculer les engagements nécessaires afin de couvrir ces prestations et
garanties supplémentaires. Pour cet assuré en arrêt de travail, il calcule ainsi la PM incapacité et la PM
exonération de chaque garantie décès. L’assureur doit procéder ainsi pour l’ensemble des arrêts en
cours. Cela lui permettra de déterminer la prime unique à réclamer à l’entreprise
La prime unique peut alors se définir selon la formule suivante :
Avec :
: provision de l’incapacité ou de l’invalidité
: provision de maintien de la garantie capital décès
: provision de maintien de la garantie rente éducation
: provision de maintien de la garantie rente de conjoint viagère
: provision de maintien de la garantie rente de conjoint temporaire
32
Un outil permet de calculer les engagements au 1er euro des garanties incapacité et invalidité, ainsi que
du maintien des garanties décès, selon les formules décrites dans la partie II.1.
Le montant total des engagements des garanties incapacité et invalidité correspond au montant de la
PM incapacité/invalidité au 1er euro multiplié par le montant de la rente versée.
Pour obtenir le montant total des engagements du maintien de chaque garantie décès, il convient de
multiplier le montant de la PM exonération décès au 1er euro par le capital sous risque. Pour la garantie
décès en capital, le capital sous risque équivaut au capital décès garanti. Pour les garanties rentes
éducation et rentes de conjoint, il correspond au capital constitutif de la rente, soit à la valeur actuelle
probable de verser la rente tant que le bénéficiaire est en vie et que la garantie est acquise.
Les formules ci-dessous permettent de calculer le capital sous risque d’une rente de conjoint.
Cas d’une rente de conjoint viagère :
∑ (
( ) )
Cas d’une rente de conjoint temporaire :
∑ (
( ) )
Avec :
: montant de la rente de conjoint temporaire ou viagère
: âge du bénéficiaire (conjoint)
: âge limite de la garantie
: taux technique
: nombre d’individus d’âge x dans les tables TGH05 (hommes) et TGF05 (femmes) du
BCAC
33
Le capital sous risque d’une rente éducation est défini par la formule suivante :
∑ (
( ) )
Avec :
: montant de la rente éducation
: âge des bénéficiaires (enfants)
: taux technique
: âge limite de versement de la rente éducation
: nombre d’individus d’âge x dans les tables TGH05 (hommes) et TGF05 (femmes) du
BCAC
: nombre d’individus d’âge x dans la loi de poursuite d’études
34
35
CHAPITRE 2 : LE COUT DE LA REPRISE DE RISQUE
I. MODELISATION DE LA REVALORISATION DES RENTES
Les revalorisations des rentes versées en cas d’arrêt de travail tiennent compte de certains paramètres
économiques comme l’inflation des prix à la consommation et l’évolution des points AGIRC et
ARRCO. Dans cette partie, nous allons étudier ces facteurs économiques afin d’évaluer le coût des
revalorisations futures.
1. EVOLUTION DE L’INFLATION ET DES POINTS AGIRC ARRCO
Les prestations des arrêts en cours au moment de la reprise sont revalorisées selon un coefficient
calculé par rapport à l’évolution des points de retraite AGIRC et ARRCO.
L’ARRCO (Association pour le Régime de Retraite Complémentaire des salariés) pilote le régime de
retraite complémentaire de l’ensemble des salariés du secteur privé, peu importe leur statut (cadres,
ouvriers, techniciens, employés, agents de maîtrise). L’AGIRC (Association Générale des Institutions
de Retraite Complémentaire des cadres) pilote le régime de retraite complémentaire des salariés cadres.
Le tableau ci-dessous représente les valeurs des points AGIRC et ARRCO de entre 2000 et 2016.
Année Valeur du point ARRCO Valeur du point AGIRC
2000 1,0171 0,3596
2001 1,0364 0,3678
2002 1,0530 0,3737
2003 1,0698 0,3796
2004 1,0886 0,3862
2005 1,1104 0,3940
2006 1,1287 0,4005
2007 1,1480 0,4073
2008 1,1648 0,4132
2009 1,1799 0,4186
2010 1,1884 0,4216
2011 1,2135 0,4233
2012 1,2414 0,4330
2013 1,2513 0,4352
2014 1,2513 0,4352
2015 1,2513 0,4352
2016 1,2513 0,4352
Tableau 2 : Valeurs des points AGIRC ARRCO entre 2000 et 2016
36
Nous pouvons remarquer que les points de retraite n’ont pas évolué depuis 2013.
Afin de tenir compte du pouvoir d’achat, les points AGIRC et ARRCO sont généralement indexés
selon l’inflation des prix à la consommation. Le graphique ci-dessous présente l’évolution de la valeur
du point AGIRC ainsi que l’inflation, de 1980 à 2015 :
Figure 3 : Evolution du point AGIRC et du taux d'inflation
Nous pouvons remarquer que le taux d’inflation de l’indice des prix à la consommation et le taux de
croissance du point AGIRC évoluent de manière similaire. Nous pouvons alors supposer qu’il existe
une relation linéaire entre ces deux facteurs économiques. La partie suivante consistera à étudier la
corrélation de ces deux paramètres.
0,0%
2,0%
4,0%
6,0%
8,0%
10,0%
12,0%
14,0%
16,0%
Tau
x
Années
Taux d'inflation Point AGIRC
37
2. ETUDE DE LA CORRELATION
Nous décidons d’étudier le lien entre l’inflation des prix à la consommation et les points AGIRC.
Soit Y la variable correspondant à l’évolution du point AGIRC et X la variable au taux d’inflation. Il
nous faut trouver et tel que . Pour cela, nous allons minimiser la somme des carrés
des écarts entre les observations et le modèle estimé (méthode des moindres carrés).
La formule suivante décrit le critère des moindres carrés :
∑( )
∑( )
En posant ∑ et ∑
les solutions sont déterminées par :
∑
∑
Nous effectuons la régression linéaire grâce au logiciel R et nous obtenons et
. La régression obtenue est alors la suivante :
Afin de vérifier la pertinence de ce modèle, nous allons procéder à l’analyse de la variance. Pour n
observations, on pose :
la variance des définie par √
∑ ( )
la variance des définie par √
∑ ( )
la covariance entre X et Y définie par
∑ ( )( )
Le coefficient de corrélation linéaire entre X et Y est compris entre -1 et 1 et est défini par :
Le coefficient de corrélation obtenu est égal à . Ce coefficient est très proche de 1,
ce qui confirme qu’il existe une forte corrélation entre les taux d’inflation et l’évolution du point
AGIRC.
38
L’équation d’analyse de la variance s’écrit sous la forme suivante :
Avec :
SCE (Somme des Carrés Expliquée) : ∑ ( ) ∑
SCR (Somme des Carrés Résiduelle) : ∑ ( )
SCT (Somme des Carrés Totale) : ∑ ( )
Nous pouvons alors calculer le :
Nous obtenons .
Nous allons maintenant étudier la pertinence du modèle à l’aide du test de Fischer. La statistique de
Fischer est définie de la manière suivante :
( )
( ) ( )
On pose les hypothèses suivantes :
H0 : la variance expliquée est à peu près égale à la variance résiduelle, ce qui signifie que le
facteur explicatif n’a aucun effet ;
H1 : la variance expliquée est supérieure à la variance résiduelle.
La statistique de Fischer est ensuite comparée à la loi de Fischer :
Si ( ) alors on ne rejette pas H0 ;
Si ( ) on rejette H0, ce qui signifie que le facteur explicatif a un impact, le
modèle est donc pertinent.
Nous obtenons . Cette valeur est supérieure au quantile à 95% de la loi de Fischer, ce qui
signifie que le modèle est pertinent.
39
Il nous reste à vérifier les hypothèses suivantes :
La variable explicative a une variance empirique non nulle ;
Les résidus sont homoscédastiques, non auto-corrélés et d’espérance nulle ;
D’après les données, la première hypothèse semble évidente.
Le graphique ci-dessous permet de valider l’hypothèse de normalité des résidus. La 2ème
hypothèse est
alors vérifiée.
Figure 4 : Ajustement des résidus à une loi normale
40
3. PREVISION DE L’EVOLUTION DU POINT AGIRC
Nous rappelons la fonction déterminée dans la partie précédente qui lie l’inflation à l’évolution du
point AGIRC, où représente le taux d’inflation et l’évolution du point AGIRC :
En octobre 2016, la Banque Centrale Européenne a publié une enquête menée auprès de
prévisionnistes professionnels mettant en avant les prévisions de l’inflation jusqu’à 2021. A l’aide de
ces prévisions, la fonction que nous avons déterminée va nous permettre de prédire l’évolution du
point AGIRC pour les prochaines années. Ces prévisions sont illustrées dans le graphique ci-dessous :
Tableau 3 : Prévisions de l’inflation et de l’évolution du point AGIRC
Ces prévisions nous permettent d’anticiper les revalorisations des prestations à tarifer pour les reprises
de risques des années à venir. Jusqu’à aujourd’hui (2016), le taux d’inflation était relativement bas,
l’évolution du point AGIRC était donc nulle, ce qui impliquait que les prestations en cours de service
lors des reprises de risques n’étaient alors pas revalorisées. A compter de 2017, les prévisions nous
montrent que le taux d’inflation tend à remonter. Il en est donc de même pour l’évolution du point
AGIRC. Nous pouvons en déduire que pour les prochaines années, il faudra s’attendre à inclure la
revalorisation des prestations en cours dans le tarif.
0,00%
0,50%
1,00%
1,50%
2,00%
2,50%
3,00%
Taux d'inflation Point AGIRC
41
II. TARIFICATION DU MAINTIEN DES GARANTIES DECES
Le principal enjeu qui intervient lors d’une reprise de risque est la prime unique réclamée à
l’entreprise afin de maintenir les garanties décès des assurés en arrêt de travail. Elle représente un coût
important, surtout pour les petites entreprises pour lesquelles la reprise peut être pénalisante. Dans
cette partie, nous analyserons les modalités de calcul de cette prime en étudiant la mortalité des assurés
en arrêt de travail, puis nous réfléchirons à une solution alternative de financement de cette prime pour
les petites entreprises.
1. ETUDE DE LA MORTALITE DES ASSURES EN ARRET DE TRAVAIL
Lorsque le nouvel assureur accepte le transfert des engagements, la prime unique de reprise de risque
correspond à la provision de maintien de chaque garantie décès. Cette provision est calculée en tenant
compte de la mortalité des personnes en arrêt de travail. En 2002, le BCAC a établi des tables
spécifiques pour les assurés en arrêt de travail (incapacité et invalidité). Nous allons donc, dans cette
partie, étudier la mortalité des assurés en arrêt de travail de notre portefeuille, afin de la comparer avec
la mortalité classique et les tables du BCAC.
1.1. PRESENTATION DE LA BASE DE DONNEES
1.1.1. PERIMETRE DE L’ETUDE
La base de données comprend l’ensemble des arrêts de travail en gestion interne Allianz (incapacité et
invalidité) pour lesquels des prestations ont été réglées entre le 01/01/2005 et le 31/12/2015.
Pour chaque arrêt de travail, les variables retenues sont les suivantes :
La date de naissance de l’assuré,
Le type d’arrêt de travail (incapacité ou invalidité),
La date d’entrée en arrêt de travail (elle correspond à la date de survenance du sinistre pour
l’incapacité, et à la date d’entrée en invalidité pour l’invalidité),
La date de la dernière indemnisation,
La date du décès, s’il a lieu,
42
La date de passage en retraite, si elle a lieu
Le motif de l’arrêt de travail,
L’état du sinistre (clos ou en cours).
A partir de ces paramètres, on définit les variables suivantes :
L’âge à l’entrée en arrêt de travail :
o Pour l’incapacité, on retient l’âge de l’assuré à la date de survenance de l’arrêt de travail
o Pour l’invalidité, on retient l’âge de l’assuré à la date d’entrée en invalidité
L’ancienneté de l’arrêt de travail : temps écoulé en arrêt de travail, qui correspond à la
période entre la date d’entrée en arrêt de travail et la date de la dernière indemnisation.
1.1.2. STATISTIQUES DESCRIPTIVES
La base de données comprend 57 509 arrêts de travail, composés de 43 072 incapacités et 14 437
invalidités. Parmi ces arrêts, on comptabilise au total 1 721 décès.
Risque Nombre d’arrêts Nombre de décès
Incapacité temporaire 43 072 876
Invalidité permanente 14 437 845
TOTAL 57 509 1 721
L’ancienneté moyenne passée en incapacité est de 6,2 mois et l’ancienneté moyenne passée en
invalidité est de 7,2 ans. L’âge moyen d’entrée en arrêt de travail est de 44,3 ans, avec un âge moyen
d’entrée en incapacité de 43,2 ans et un âge moyen d’entrée en invalidité de 49,8 ans.
Figure 5 : Répartition des arrêts de travail selon l’âge à la survenance
0
500
1000
1500
2000
2500
Age
43
Nous décidons de classer les arrêts de travail selon trois classes d’âges d’entrée dans le risque : 25-40
ans, 41-50 ans et 51-60 ans.
Sur le diagramme suivant, nous pouvons remarquer que l’arrêt maladie est le motif le plus fréquent
des arrêts de travail.
Figure 6 : Répartition des sinistres selon le motif de l’arrêt de travail
1.2. ESTIMATION DES TAUX BRUTS
1.2.1. ESTIMATEUR DE KAPLAN-MEIER
L’estimateur de Kaplan-Meier permet d’estimer la probabilité de survie dans un état. L’avantage de
cet estimateur est qu’il permet de tenir compte des données censurées. En effet, au 31/12/2015 (date
d’arrêté des données de notre portefeuille), il se trouve que des assurés sont encore en arrêt de travail,
nous ne disposons donc pas des informations les concernant à compter de cet instant : on parle alors de
données censurées à droite.
Nous définissons les notations suivantes :
- : nombre d’assurés en arrêt de travail au moment .
- : nombre de décès des personnes en arrêt de travail au moment .
- : nombre de sorties de l’arrêt de travail pour une raison autre que le décès.
- : nombre de données censurées sur l’intervalle ] ]
La probabilité de décès suite à un arrêt de travail au moment est estimée par :
90%
9%
1%
Maladie
Accident du travail
Autre
44
L’estimateur de Kaplan Meier s’écrit sous la forme suivante :
( ) ∏
Avec .
Cela nous permet ainsi de déterminer les taux de mortalité bruts selon l’âge et l’ancienneté de l’arrêt
de travail :
( ) ∑
∏
1.2.2. LOI DE MORTALITE POUR L’INCAPACITE
Pour chaque tranche d’âge, nous pouvons construire la loi brute de mortalité des personnes en
incapacité en fonction de la période passée dans l’arrêt.
Figure 7 : Loi brute de mortalité des assurés en incapacité
La mortalité des personnes en incapacité de travail varie en fonction de l’âge de l’assuré et de
l’ancienneté de l’arrêt de travail.
0,9700
0,9750
0,9800
0,9850
0,9900
0,9950
1,0000
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36
Ancienneté (mois)
25-40 ans 41-50 ans 51-60 ans
45
1.2.3. LOI DE MORTALITE POUR L’INVALIDITE
Comme pour l’incapacité, nous construisons la loi brute de mortalité des invalides pour chaque
tranche d’âge, selon l’ancienneté de l’invalidité (en années).
Figure 8 : Loi brute de mortalité des assurés en invalidité
1.3. LISSAGE DES TAUX PAR LA METHODE DE WHITTAKER-HENDERSON
Le principe du lissage par la méthode de Whittaker-Henderson est de pénaliser les écarts importants
entre deux points tout en restant fidèle aux observations. Cela nécessite de combiner deux critères, un
critère de fidélité et un critère de régularité, puis de déterminer les ajustements qui minimisent la
somme de ces deux critères.
L’écart entre deux points (critère de régularité) est estimé de la façon suivante :
∑ ( ( ))
Où est un paramètre du modèle et ( )
L’adéquation aux observations (critère de fidélité) est assurée par le terme suivant :
∑ ( )
Où est le poids donné au point .
Le lissage optimum est donné par les qui minimisent , où est le poids que l’on
donne au lissage.
0,8800
0,9000
0,9200
0,9400
0,9600
0,9800
1,0000
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
Ancienneté (années)
25-40 ans 41-50 ans 51-60 ans
46
1.3.1. INCAPACITE
Les résultats du lissage par tranche d’âge sont présentés dans les graphiques ci-dessous.
Figure 9 : Lissage des taux bruts pour l’incapacité (tranche 25-40 ans)
Figure 10 : Lissage des taux bruts pour l’incapacité (tranche 41-50 ans)
Figure 11 : Lissage des taux bruts pour l’incapacité (tranche 51-60 ans)
0,00%
0,02%
0,04%
0,06%
0,08%
0,10%
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34
Ancienneté (mois)
Taux bruts Taux lissés
0,00%
0,02%
0,04%
0,06%
0,08%
0,10%
0,12%
0,14%
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34
Ancienneté (mois)
Taux bruts Taux lissés
0,00%
0,05%
0,10%
0,15%
0,20%
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34
Ancienneté (mois)
Taux bruts Taux lissés
47
1.3.2. INVALIDITE
Nous effectuons le lissage des taux bruts de la même manière que pour l’incapacité et nous obtenons
les résultats suivants pour chaque tranche d’âge :
Figure 12 : Lissage des taux bruts pour l’invalidité (tranche 25-40 ans)
Figure 13 : Lissage des taux bruts pour l’invalidité (tranche 41-50 ans)
Figure 14 : Lissage des taux bruts pour l’invalidité (tranche 51-60 ans)
0,0%
0,2%
0,4%
0,6%
0,8%
1,0%
1,2%
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
Ancienneté (années)
Taux bruts Taux lissés
0,0%
0,2%
0,4%
0,6%
0,8%
1,0%
1,2%
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
Ancienneté (années)
Taux bruts Taux lissés
0,0%
0,2%
0,4%
0,6%
0,8%
1,0%
1,2%
1,4%
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Ancienneté (années)
Taux bruts Taux lissés
48
1.4. ETUDE DE LA SURMORTALITE PAR RAPPORT A LA POPULATION
GENERALE
Pour étudier la surmortalité, la table de mortalité prise en compte pour la population générale est la
table d’expérience construite par Allianz. Cette table dépend de l’âge des assurés et ne tient pas
compte d’une quelconque ancienneté. Pour pouvoir comparer la mortalité des assurés en arrêt de
travail par rapport à la population générale, il nous faut alors adapter cette table de mortalité. Pour cela,
nous recalculons les en prenant en compte une ancienneté, selon la formule suivante :
{
Où « » représente l’âge et « » la période d’ancienneté en années. Pour étudier la surmortalité à
l’incapacité, nous réalisons une extrapolation linéaire afin d’obtenir des anciennetés en mois.
1.4.1. SURMORTALITE DES ASSURES EN INCAPACITE
Détermination de coefficients de surmortalité
La surmortalité des assurés en incapacité est calculée en faisant le rapport du taux de mortalité des
personnes en incapacité sur le taux de mortalité de la population classique, pour chaque tranche d’âge
et année d’ancienneté.
Les résultats sont présentés dans les tableaux ci-dessous :
Tranche d’âge
Ancienneté 25-40 ans 41-50 ans 51-60 ans
0-1 0,240% 0,782% 1,350%
1-2 0,186% 0,785% 0,968%
2-3 0,203% 0,233% 0,584%
Tableau 4 : Taux de mortalité des assurés en incapacité
Tranche d’âge
Ancienneté 25-40 ans 41-50 ans 51-60 ans
0-1 0,046% 0,108% 0,250%
1-2 0,049% 0,117% 0,273%
2-3 0,051% 0,128% 0,296%
Tableau 5 : Taux de mortalité de la population générale (table Allianz)
49
Tranche d’âge
Ancienneté 25-40 ans 41-50 ans 51-60 ans
0-1 5,20 7,26 5,40
1-2 3,82 6,72 3,55
2-3 3,97 1,83 1,97
Tableau 6 : Coefficients de surmortalité pour l’incapacité
Nous pouvons constater que la surmortalité des assurés en incapacité de travail dépend non seulement
de l’âge mais aussi de l’ancienneté passée en arrêt de travail. Elle est très élevée pendant la première
année de l’arrêt de travail, cela s’explique notamment par les maladies graves (cancer). Puis, au bout
de plusieurs mois passés en arrêt de travail, la mortalité de l’assuré tend à rejoindre celle de la
population générale.
Comparaison avec les tables de référence
Pour tenir compte de cette surmortalité, le BCAC a publié en 2002 une table de mortalité spécifique
pour les assurés en incapacité. Cette table tient compte de l’âge au moment de l’entrée en arrêt de
travail et de l’ancienneté en mois. Le tableau ci-dessous présente ces taux de mortalité, regroupés par
tranches d’âge et années d’ancienneté :
Tranche d’âge
Ancienneté 25-40 ans 41-50 ans 51-60 ans
0-1 1,399% 4,218% 6,286%
1-2 0,432% 1,387% 2,356%
2-3 0,142% 0,555% 0,881%
Tableau 7 : Taux de mortalité de la population en incapacité (table BCAC)
Cette table de mortalité est aujourd’hui utilisée pour calculer la provision d’exonération décès des
assurés en incapacité. Nous décidons donc de comparer nos taux de mortalité avec ceux de la table du
BCAC.
Tranche d’âge
Ancienneté 25-40 ans 41-50 ans 51-60 ans
0-1 0,17 0,19 0,21
1-2 0,43 0,57 0,41
2-3 1,43 0,42 0,66
Tableau 8 : Comparaison du taux de mortalité d’expérience avec la loi de mortalité incapacité du BCAC
Nous pouvons remarquer que nos taux de mortalité se trouvent largement en dessous de ceux de la
table du BCAC principalement au début de l’arrêt de travail. Par exemple, le taux de mortalité observé
sur la tranche 41-50 ans durant la seconde année passée en incapacité correspond à 57% de celui du
BCAC. Comme le montrent les graphiques ci-dessous, nos taux de mortalités tendent à rejoindre ceux
du BCAC à partir de 18 mois d’ancienneté en incapacité.
50
Figure 15 : Comparaison des taux lissés pour l’incapacité (tranche 25-40 ans)
Figure 16 : Comparaison des taux lissés pour l’incapacité (tranche 41-50 ans)
Figure 17 : Comparaison des taux lissés pour l’incapacité (tranche 51-60 ans)
0,000%
0,050%
0,100%
0,150%
0,200%
0,250%
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34
Ancienneté (mois)
Population classique
(table Allianz)
Taux lissés Population en incapacité
(Table BCAC)
0,000%
0,200%
0,400%
0,600%
0,800%
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34
Ancienneté (mois)
Population classique
(table Allianz)
Taux lissés Population en incapacité
(Table BCAC)
0,000%
0,200%
0,400%
0,600%
0,800%
1,000%
1,200%
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34
Ancienneté (mois)
Population classique
(table Allianz)
Taux lissés Population en incapacité
(Table BCAC)
51
1.4.2. SURMORTALITE DES ASSURES EN INVALIDITE
Détermination de coefficients de surmortalité
De la même manière que pour l’incapacité, nous déterminons les coefficients de surmortalité selon
l’âge et l’ancienneté de l’invalidité. Les résultats sont présentés dans les tableaux ci-dessous :
Tranche d’âge
Ancienneté 25-40 ans 41-50 ans 51-60 ans
0-3 0,250% 0,724% 1,094%
4-9 0,216% 0,610% 0,313%
10-20 0,395% 0,307% -
Tableau 9 : Taux de mortalité des assurés en invalidité
Tranche d’âge
Ancienneté 25-40 ans 41-50 ans 51-60 ans
0-3 0,050% 0,123% 0,285%
4-9 0,070% 0,188% 0,386%
10-20 0,139% 0,354% -
Tableau 10 : Taux de mortalité de la population générale (table Allianz)
Tranche d’âge
Ancienneté 25-40 ans 41-50 ans 51-60 ans
0-3 4,99 5,90 3,83
4-9 3,10 3,25 0,81
10-20 2,85 0,87 -
Tableau 11 : Coefficients de surmortalité pour l’invalidité
Comme pour l’incapacité, nous remarquons que la mortalité d’un assuré en invalidité dépend de l’âge
et de l’ancienneté passée dans le risque. La surmortalité est plus élevée à l’entrée en invalidité. Puis,
au bout de 5 à 10 ans passés en arrêt de travail, la mortalité se rapproche de celle de la population
générale.
Comparaison avec les tables de référence
Pour tenir compte de cette surmortalité, le BCAC a également publié une table de mortalité spécifique
pour les assurés en invalidité, qui tient compte de l’âge d’entrée en invalidité et de l’ancienneté en
années.
52
Le tableau ci-dessous présente ces taux de mortalité, regroupés par tranches d’âge et d’ancienneté en
années :
Tranche d’âge
Ancienneté 25-40 ans 41-50 ans 51-60 ans
0-3 0,989% 1,363% 1,501%
4-9 0,697% 1,246% 1,873%
10-20 0,891% 2,037% -
Tableau 12 : Taux de mortalité de la population en invalidité (BCAC)
Comme pour l’incapacité, nous décidons donc de comparer nos taux de mortalité avec ceux de la table
du BCAC.
Tranche d’âge
Ancienneté 25-40 ans 41-50 ans 51-60 ans
0-1 0,25 0,53 0,73
1-2 0,31 0,49 0,17
2-3 0,44 0,15 -
Tableau 13 : Comparaison des Qx avec la loi de mortalité invalidité du BCAC
Comme pour l’incapacité, nous pouvons remarquer que les taux de mortalité obtenus se trouvent
largement en dessous de ceux de la table du BCAC.
Figure 18 : Comparaison des taux lissés pour l’invalidité (tranche 25-40 ans)
0,000%
0,200%
0,400%
0,600%
0,800%
1,000%
1,200%
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Ancienneté (années)
Population classique
(table Allianz)
Taux lissés Population en invalidité
(Table BCAC)
53
Figure 19 : Comparaison des taux lissés pour l’invalidité (tranche 41-50 ans)
Figure 20 : Comparaison des taux lissés pour l’invalidité (tranche 51-60 ans)
0,000%
0,500%
1,000%
1,500%
2,000%
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Ancienneté (années)
Population classique
(table Allianz)
Taux lissés Population en invalidité
(Table BCAC)
0,000%
0,500%
1,000%
1,500%
2,000%
2,500%
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Ancienneté (années)
Population classique
(table Allianz)
Taux lissés Population en invalidité
(Table BCAC)
54
2. CALCUL DE LA PRIME UNIQUE DE REPRISE DE RISQUE
2.1. DEFINITION DES GARANTIES DECES
Soit un régime de prévoyance proposant des garanties en cas de décès et d’arrêt de travail. Ce régime
est financé moyennant un taux de cotisation de 1,5% du salaire pour les salariés cadres et 0,96% pour
les salariés non-cadres.
Les garanties décès, exprimées en pourcentage du salaire de référence et selon la catégorie socio-
professionnelle du salarié, sont définies dans le tableau ci-dessous :
CADRES NON CADRES
Capital Décès – PTIA 400% 150%
Capital Décès Accidentel 400% 150%
Rente Education 15% 7%
Tableau 14 : Définition des garanties décès selon la catégorie socio-professionnelle
2.2. CALCUL D’UNE PRIME UNIQUE MOYENNE
2.2.1. HYPOTHESES DE CALCUL
Age moyen et ancienneté de l’arrêt de travail
Lors de notre étude sur la mortalité des assurés en arrêt de travail, nous avons vu que l’âge moyen
d’entrée en incapacité était de 43,2 ans et l’âge moyen d’entrée en invalidité était de 49,8 ans. Nous
avons également vu que l’ancienneté moyenne d’un assuré en incapacité était de 6,2 mois et
l’ancienneté moyenne d’un assuré en invalidité était de 7,2 ans.
Nous décidons de retenir ces âges et anciennetés pour calculer une prime unique moyenne pour un
assuré en incapacité et un assuré en invalidité.
Salaire de référence
Nous supposons un salaire moyen de 40 000 € pour les cadres et 27 000 € pour les non-cadres.
Situation de famille
On suppose que l’assuré est marié et a un enfant.
55
Limite des garanties
Les garanties sont valables jusqu’à ce que l’assuré bénéficie de la pension retraite, soit 62 ans. L’âge
limite de l’enfant pour le versement de la rente éducation est fixé à 26 ans.
Franchise
La franchise retenue est de 90 jours pour les cadres et 60 jours pour les non cadres.
Taux technique
Le taux technique utilisé pour le calcul est fixé à 0,95% pour les garanties incapacité/invalidité et à
0,5% pour la rente éducation.
Taux de chargement
Le taux de chargement pour les frais de gestion est fixé à 4%.
2.2.2. RESULTATS
La prime unique est calculée selon les formules énoncées dans le chapitre I, partie II.1.3, en utilisant
les tables de mortalité du BCAC. Les résultats sont présentés dans le tableau ci-dessous :
CADRES NON CADRES
Garantie Incapacité Invalidité Incapacité Invalidité
Prime unique 16 490 € 18 489 € 4 460 € 4 777 €
Prenons l’exemple d’une entreprise composée de 5 salariés cadres, dont l’un des salariés perçoit des
indemnités journalières pour incapacité temporaire. Si l’entreprise souhaite changer d’assureur, elle
devrait payer en moyenne 16 490 € au nouvel assureur afin que ce dernier puisse maintenir les
garanties du salarié en arrêt de travail. Il est donc préférable pour l’entreprise de ne pas changer
d’assureur car cela représente un coût beaucoup trop important. Un réel problème se pose alors pour
les petites entreprises qui peinent à changer d’assureur, ce qui freine le marché.
Afin de favoriser la reprise de risques pour les petites entreprises, une solution serait d’élargir la
mutualisation entre les petites entreprises. Cela permettrait d’étaler le financement du maintien des
garanties des assurés en arrêt de travail sur plusieurs entreprises, et donc de réduire le coût de la
reprise de risque pour l’entreprise qui souhaite changer d’assureur. Dans la partie suivante, nous
évaluerons le coût de la reprise de risque en cas d’élargissement de la mutualisation.
56
2.3. MUTUALISATION DES PETITES ENTREPRISES
2.3.1. CONSTRUCTION DU PORTEFEUILLE
Soit un portefeuille composé de 52 070 assurés, dont 14 609 cadres et 37 461 non cadres. Nous
calculons une prime globale annuelle sur l’ensemble de ce portefeuille de la manière suivante :
La prime annuelle d’un salarié cadre est égale à 600 €, ce qui correspond donc sur l’ensemble du
portefeuille des cadres à une prime de 8 765 400 €. Quant à la prime annuelle d’un salarié non cadre,
elle est égale à 259,20 €, ce qui correspond, sur l’ensemble du portefeuille des non cadres à une prime
totale de 9 709 891,20 €.
La prime totale annuelle de l’ensemble de ce portefeuille est donc de 18 475 291 €.
2.3.2. CALCUL DE LA PRIME UNIQUE DE REPRISE DE RISQUE
Le coût global de la reprise de risque correspond au nombre d’assurés en arrêt de travail multiplié par
la prime moyenne de reprise. Le nombre de personnes en arrêt de travail équivaut au nombre de têtes
total multiplié par le taux d’incidence (taux d’entrée en arrêt de travail).
Ainsi, la prime globale de reprise est calculée de la manière suivante :
CADRES NON CADRES
Effectif 14 609 37 461
Franchise 90 jours 60 jours
Probabilité d’entrée en arrêt de travail 0,32% 0,88%
Nombre d’assurés en arrêt de travail 47 331
Proportion incapacité/invalidité Incapacité Invalidité Incapacité Invalidité
35 12 246 85
PU moyenne par tête 16 490 € 18 489 € 4 460 € 4 777 €
PU globale 804 277 € 1 503 305 €
57
2.3.3. COMPARAISON
Si l’on rapporte le coût de la prime unique au chiffre d’affaires, nous pouvons voir que la prime
unique de reprise représente 12,5% de la prime totale. Pour les cadres, elle équivaut à 9,2% de la
prime totale tandis que pour les non-cadres, elle correspond à 15,5% de la prime totale.
CADRES NON CADRES Total
Chiffre d’affaires 8 765 400 € 9 709 891 € 18 475 291 €
Prime unique de reprise 804 277 € 1 503 305 € 2 307 582 €
RAPPORT 9,2% 15,5% 12,5 %
En revanche, si l’on calcule la prime unique en tenant compte de nos taux de mortalité d’expérience,
nous obtenons les résultats suivants :
CADRES NON CADRES Total
Chiffre d’affaire 8 765 400 € 9 709 891 € 18 475 291 €
Prime unique de reprise 646 264 € 1 199 217 € 1 846 181 €
RAPPORT 7,4% 12,4% 10,0 %
Ainsi, si l’on décide d’élargir la mutualisation des petites entreprises, cela signifie que nous devons
majorer sur l’ensemble du portefeuille, la cotisation de 7,4% pour les cadres et 12,4% pour les non-
cadres, soit une majoration globale du tarif de 10% sur l’ensemble de notre portefeuille.
58
3. CONCLUSION
Afin de fluidifier le marché lors d’une reprise de risques et de faciliter le changement d’assureur pour
les petites entreprises, la solution serait de mutualiser les petites entreprises entre elles.
En prévoyance, lorsque l’effectif de l’entreprise est inférieur à six salariés, il est courant pour
l’organisme assureur de faire remplir un questionnaire d’état de santé au moment de l’adhésion, puis
pour toute nouvelle embauche tant que l’effectif du groupe ne dépasse pas 6 salariés. Lorsque l’un des
salariés est atteint d’une maladie grave, cela peut augmenter sa probabilité d’être en arrêt de travail ou
de décéder. Si le médecin conseil de l’assureur constate un tel cas, l’assureur peut refuser de couvrir
l’entreprise.
Le questionnaire médical permet ainsi à l’assureur d’évaluer au mieux le risque de l’entreprise, mais
aussi de réduire certains phénomènes d’antisélection ou d’aléa moral : une entreprise pourrait être
amenée à s’assurer lorsqu’elle sait qu’un de ses salariés est porteur d’une maladie, ou embaucher un
proche malade afin qu’il puisse bénéficier de l’assurance. Ce questionnaire sert également à vérifier
lors de la déclaration du sinistre s’il n’y a pas eu de fraude au moment de la déclaration du risque. S’il
s’avère que la déclaration est fausse et intentionnelle, l’assuré perd tout droit d’indemnisation et
l’assureur conserve les cotisations perçues.
Si l’on choisit d’élargir la mutualisation pour les petites entreprises, il faudrait alors supprimer cette
sélection des risques. Cela serait bénéfique pour les petites entreprises car elles n’auraient pas le
« frein » du questionnaire médical et pourraient ainsi s’assurer plus facilement, à un prix plus
abordable. En revanche, du côté de l’assureur, cela augmenterait considérablement le risque
d’antisélection. Le prochain chapitre nous amène donc à mesurer le risque d’antisélection.
59
CHAPITRE 3 : MESURE DE L’ANTISELECTION
I. PRESENTATION DES DONNEES
Pour cette étude, nous allons nous concentrer sur les données du produit complémentaire santé
« Allianz Composio Entreprise », spécifique pour les petites et moyennes entreprises. L’antisélection
est un phénomène très présent en santé collective car l’assureur n’effectue aucune sélection médicale à
l’adhésion, c’est pourquoi nous choisissons de réaliser notre étude sur un tel portefeuille. Puis, nous
supposons que le comportement de l’assuré vis-à-vis de l’antisélection est similaire en santé et en
prévoyance : un salarié ayant des problèmes de santé aura non seulement d’avantage de dépenses en
frais de santé, mais aussi une probabilité plus importante de tomber en arrêt de travail.
Les salariés d’une même entreprises sont couverts par cette complémentaire santé en étant rattachés à
un même contrat obligatoire dit « contrat socle ». Ce contrat comporte les garanties obligatoires
définies par l’entreprise, identiques pour tous les salariés de cette entreprise. Par ailleurs, chaque
salarié peut se renforcer sur les garanties de son choix en souscrivant un contrat facultatif dit « contrat
renfort ».
Nous disposons de deux types de données : les données concernant les assurés (caractéristiques des
assurés et montant de leurs cotisations) et celles concernant les prestations réglées. La période de
l’étude s’étend du 01/01/2014 au 31/05/2016.
1. CONSTITUTION DE LA BASE DE DONNEES
1.1. LES COTISATIONS
Cette base de données comporte les informations sur les salariés assurés par l’intermédiaire de leur
entreprise et les montants de leurs cotisations. Les variables retenues pour l’étude sont les suivantes :
Les numéros des contrats « socle » et « renfort » ;
Les niveaux de garanties des contrats « socle » et « renfort » ;
Le montant des cotisations ;
Le numéro du département ;
Le sexe ;
60
La date de naissance ;
La date d’effet et la date de résiliation du contrat renfort.
Les niveaux de garanties du contrat renfort correspondent aux niveaux de celles du contrat socle
auxquelles on ajoute les niveaux de renfort que l’assuré a choisi.
1.2. LES PRESTATIONS
La base des prestations renseigne tous les remboursements des frais de soins de santé effectués par
poste de garanties, pour chaque assuré. Nous nous intéressons aux variables suivantes :
Numéro de contrat renfort ;
Date de soin ;
Date de règlement ;
Montant des frais remboursés par l’assureur (qui correspond au montant des frais réels auquel
on soustrait les frais remboursés par la sécurité sociale).
1.3. RETRAITEMENT DES DONNEES
Pour construire la base de données finale, les bases des cotisations et des prestations ont été
regroupées en prenant pour clé le numéro du contrat renfort. La base obtenue, composée de 109 082
lignes, comportait quelques anomalies. Il a donc fallu procéder à un retraitement de cette base.
Tout d’abord, certaines prestations étaient rattachées à des contrats inexistants de la base des
cotisations. Etant inexploitables, nous avons supprimé ces données.
Ensuite, certaines données étaient erronées, du fait d’une mauvaise saisie au niveau de la gestion.
Nous avons donc supprimé les lignes pour lesquelles :
La date de naissance était erronée ;
L’assuré avait plusieurs conjoints ou concubins ;
La date de début du contrat était supérieure à la date de fin du contrat.
Enfin, au vu de leur faible effectif, nous avons supprimé les assurés ayant plus de 70 ans, pour ne pas
biaiser les résultats.
61
Pour mesurer l’antisélection, nous allons nous nous concentrer sur la consommation des frais de santé
des assurés. Ainsi, nous choisissons de garder dans notre base seulement les assurés pour lesquels des
prestations ont été versées.
Après retraitement des données, la base finale se compose de 65 900 lignes.
1.4. CREATION DE NOUVELLES VARIABLES
Pour notre étude, nous avons rajouté des variables suivantes :
Nombre de têtes de l’entreprise
Il correspond au nombre de contrats renforts rattachés à chaque contrat socle.
Région
La classification des assurés par région est effectuée selon le numéro de département.
Age
Le calcul de l’âge est réalisé en effectuant la différence entre la date de naissance et la date de
résiliation du contrat (ou le 31/05/2016 si le contrat est toujours en cours).
Calcul de la fréquence des sinistres par tête
L’exposition au risque correspond à la différence entre la date d’effet du contrat renfort et la date de
résiliation (ou le 31/05/2016 si le contrat est toujours en cours). Le nombre de sinistres est calculé en
prenant le nombre de dates de soins rattachées au salarié assuré.
Calcul du coût moyen des sinistres par tête
Le montant total des sinistres correspond à la somme des frais de santé remboursés par Allianz, après
remboursement de la Sécurité Sociale.
62
2. STATISTIQUES DESCRIPTIVES DU PORTEFEUILLE
2.1. POPULATION ASSUREE
La majeure partie de la population assurée est représentée par les salariés, car chaque contrat est
automatiquement rattaché à un salarié. Ce dernier peut, s’il le souhaite, faire bénéficier des garanties
aux membres de sa famille (conjoint, concubin, enfants, ascendants).
Figure 21 : Répartition de la population assurée
La variable « formule » nous permet d’identifier les contrats couvrant les bénéficiaires des salariés.
Cette variable est divisée en 4 modalités.
La formule « 123B+ » permet au salarié de faire bénéficier des garanties aux membres de sa famille.
Si le salarié souhaite couvrir l’ensemble de sa famille, il est alors rattaché à la formule « Famille ».
Lorsque le salarié est le seul bénéficiaire des garanties, il est rattaché à la formule « Assuré isolé ».
Puis, la formule « Assuré seul » est appliquée au salarié « isolé » lorsqu’il décide de faire couvrir les
membres de sa famille en souscrivant un contrat facultatif dit contrat « renfort ».
Formule du contrat Effectif
« Assuré isolé » 25 696
« Assuré seul » 20 745
« Famille » 13 785
« 123B+ » 5 709
Tableau 15 : Répartition des assurés selon la formule souscrite
Pour notre étude, nous ne tiendrons pas compte des caractéristiques des bénéficiaires des salariés.
Salariés
Conjoints
Concubins
Ascendants
Enfants
63
2.2. REPARTITION DES SALARIES SELON L’AGE ET LE SEXE
Le portefeuille des salariés assurés est composé de 46,7% de femmes et de 53,3% d’hommes. La
majeure partie de la population se situe entre 25 et 60 ans.
Figure 22 : Répartition des salariés selon l'âge et le sexe
2.3. REPARTITION DES SALARIES SELON LES NIVEAUX DE GARANTIES
Les salariés sont couverts par cinq garanties : hospitalisation, soins courants, optique, dentaire et
médecine douce.
Figure 23 : Niveau de garantie moyen souscrit par tranche d'âge
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
16 21 26 31 36 41 46 51 56 61 66
No
mbre
de
sala
riés
Age
Hommes Femmes
2
2,5
3
3,5
4
4,5
15-30 31-45 46-60 60+
Niv
eau
mo
yen
de
gara
nti
e
Tranche d'âge
Hospitalisation
Soins courants
Optique
Dentaire
Médecine douce
64
Les garanties pour lesquelles le niveau est le plus élevé sont les garanties « optique » et « dentaire ».
Nous pouvons constater que le niveau de garanties souscrit augmente avec l’âge. En effet, plus
l’assuré est âgé, plus il risque d’être confronté à des problèmes de santé. Un salarié âgé sait qu’il va
consommer davantage, il aura alors tendance à renforcer ses garanties par rapport à un salarié plus
jeune. Sur le graphique suivant, nous pouvons en effet constater qu’un salarié âge souscrit en moyenne
un niveau de renfort plus important qu’un salarié plus jeune.
Figure 24 : Nombre moyen de renforts souscrits selon la classe d'âge
-
0,50
1,00
1,50
2,00
15-30 31-40 41-50 50+
Niv
eau
mo
yen
de
ren
fort
Tranche d'âge
65
II. MODELISATION DE LA FREQUENCE DES SINISTRES
1. L’ANTISELECTION ET LA FREQUENCE DE CONSOMMATION
1.1.GENERALITES
L’assureur est victime de phénomènes d’antisélection (ou de sélection adverse) lorsque les entreprises
qui souscrivent au régime présentent des risques plus élevés que la population générale. Il y a une
asymétrie d’information entre l’assureur et les assurés car l’assureur ne détient pas toutes les
informations concernant l’état de santé des assurés : les « mauvais risques » se font alors passer pour
des « bons risques ». Notre objectif est de déterminer des coefficients de majoration à appliquer au
tarif afin de prendre en compte cette antisélection.
Pour mesurer ce risque d’antisélection, nous allons chercher les facteurs qui seraient liés à une forte
consommation des frais de soins de santé. Nous allons alors modéliser la fréquence des sinistres à
l’aide de ces facteurs en utilisant les modèles linéaires généralisés.
Lorsque l’assuré a un profil plus risqué, il aura tendance à dépenser d’avantage de frais de santé par
rapport à un autre assuré dont le profil serait moins risqué. Lorsque l’assuré sait qu’il devra dépenser
des frais en matière de santé, il aura généralement tendance à renforcer ses garanties en souscrivant un
contrat facultatif, afin d’être mieux remboursé. Par exemple, nous avons vu précédemment qu’un
salarié âgé a tendance à choisir un niveau de garantie plus élevé car il sait qu’il sera sujet à davantage
de problèmes de santé qu’un salarié plus jeune.
Ainsi, nous pouvons supposer que plus l’assuré va choisir une garantie élevée, plus il aura
tendance à consommer des frais de soin de santé. Pour traiter l’antisélection, nous allons alors
nous concentrer sur les niveaux de garanties choisis par les salariés.
66
1.2. ANALYSE DE LA FREQUENCE DE CONSOMMATION
1.2.1. FREQUENCE DE CONSOMMATION SELON L’EFFECTIF DE L’ENTREPRISE
Le comportement du salarié vis-à-vis des renforts de garanties qu’il souscrit peut être différent selon le
l’effectif de l’entreprise. La majorité de notre portefeuille est constitué de petites entreprises, parmi
lesquelles nous comptons 38% d’entreprises 1 tête.
Figure 25 : Répartition des entreprises selon le nombre de salariés
Comme nous pouvons le constater sur les diagrammes suivants, lorsque le dirigeant de l’entreprise est
le seul et unique salarié (entreprises 1 tête), il est moins susceptible de renforcer ses garanties que les
salariés des autres entreprises.
Figure 26 : Nombre d'assurés renforcés selon la taille de l'entreprise
En effet, pour les entreprises d’une tête, le dirigeant de l’entreprise étant son seul et unique salarié, il
va choisir lui-même le niveau des garanties du contrat « socle », dans son propre intérêt. Ainsi, il
-
2 000
4 000
6 000
8 000
10 000
12 000
1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29
No
mbre
d'e
ntr
epri
ses
Nombre de salariés
79%
21%
Entreprises 1 tête
Non renforcé Renforcé
69%
31%
Entreprises ≥ 2 têtes
Non renforcé Renforcé
67
n’aura pas nécessairement intérêt à renforcer ses garanties. Nous pouvons donc supposer que le contrat
d’une entreprise 1 tête est assimilable à un contrat facultatif.
Au contraire, pour les autres entreprises, le niveau des garanties souscrites sur le contrat « socle » ne
dépend pas du choix du salarié. Etant donné qu’il n’est possible de se renforcer que sur 3 niveaux de
garanties au maximum, les salariés des entreprises comportant plusieurs têtes disposent donc de moins
de choix dans leurs niveaux de garanties. L’antisélection sera alors probablement plus élevée chez les
entreprises une tête qu’au sein des autres entreprises.
Si l’on étudie la fréquence de consommation selon le niveau moyen des garanties et le nombre de têtes
de l’entreprise, nous pouvons constater qu’elle est plus élevée chez les entreprises 1 tête que chez les
autres entreprises. L’antisélection est alors plus élevé au sein des entreprises une tête, ce qui confirme
notre hypothèse.
Figure 27 : Fréquence de consommation selon le niveau moyen des garanties
0
5
10
15
20
25
30
35
1 2 3 4 5 6 7
Niveau moyen des garanties
1 tête
2 têtes
3 têtes
4 têtes
5 têtes
6 têtes
7 têtes
8 têtes
68
0
10
20
30
1 2 3 4 5 6 7
Fréquence de consommation
(Soins courants)
Obligatoire Facultatif
1.2.2. FREQUENCE DE CONSOMMATION PAR POSTE DE GARANTIES
Les graphiques ci-dessous nous permettent de comparer les fréquences de consommation entre les
contrats obligatoires et les contrats facultatifs pour chaque poste de garantie, selon le niveau de la
garantie. Nous pouvons remarquer que l’écart est le plus important sur l’hospitalisation, l’optique et la
médecine douce. Ces écarts de fréquence nous confirment bien la présence d’antisélection sur notre
portefeuille.
Figure 28 : Fréquence de consommation par postes et niveaux de garanties
-
0,5
1,0
1,5
2,0
1 2 3 4 5 6 7
Fréquence de consommation
(Hospitalisation)
Obligatoire Facultatif
-
0,5
1,0
1,5
2,0
1 2 3 4 5 6 7
Fréquence de consommation
(Médecine Douce)
Obligatoire Facultatif
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
1 2 3 4 5 6 7
Fréquence de consommation
(Optique)
Obligatoire Facultatif
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
1 2 3 4 5 6 7
Fréquence de consommation
(Dentaire)
Obligatoire Facultatif
69
1.2.3. FREQUENCE DE CONSOMMATION SELON L’AGE ET LA FORMULE SOUSCRITE
Nous avons vu dans la partie précédente que le mode d’adhésion au contrat (obligatoire ou facultatif)
et le niveau de garanties ont de réels effets sur la fréquence des sinistres. D’autre part, nous pouvons
constater sur le graphique ci-dessous que la fréquence des sinistres augmente avec l’âge.
Figure 29 : Evolution de la fréquence des sinistres selon l'âge
A partir de 30 ans, les sinistres sont généralement plus fréquents car ils comptent les dépenses de santé
des enfants et des conjoints des salariés. Ainsi, comme nous pouvons constater dans le graphique
suivant, la fréquence des sinistres est plus importante pour les formules « Famille ».
Figure 30 : Evolution de la fréquence selon la formule souscrite
-
5
10
15
20
25
30
16 21 26 31 36 41 46 51 56 61 66
Fré
qu
ence
mo
yen
ne
Age
Hommes Femmes
-
5
10
15
20
25
123B+ Aseul Famille isole
Fré
qu
ence
mo
yen
ne
Formule du contrat
70
2. DETERMINATION DES VARIABLES SIGNIFICATIVES PAR LE TEST DU
KHI-DEUX
Notre but est de sélectionner les facteurs permettant d’expliquer le comportement de consommation
des frais de soins de santé des assurés, afin de pouvoir les intégrer dans notre modélisation. Dans la
partie précédente, nous avons vu que la fréquence des sinistres évoluait selon divers paramètres
comme l’âge, le sexe, le niveau de garanties, le caractère obligatoire ou facultatif du contrat, ou la
formule souscrite. Afin de déterminer si ces variables ont une réelle influence sur la fréquence, nous
allons effectuer le test d’indépendance du Khi-Deux.
Le test d’indépendance du Khi-Deux est un test qui permet d’étudier la corrélation entre deux
variables A et B ayant respectivement p et q modalités. Il permet de tester les hypothèses suivantes :
H0 : les deux variables sont indépendantes
H1 : les deux variables ne sont pas indépendantes
Nous allons tester l’indépendance des variables « Sexe », « Age », « Formule », « Region »,
« Niveau_garanties » et « Type_contrat » par rapport à la variable « FREQ ». Cette dernière prend la
valeur 1 si, pour la variable étudiée, la fréquence observée est supérieure ou égale à 15 (fréquence
moyenne du portefeuille), et 0 sinon.
Pour les variables A et B que l’on veut tester, il conviendra tout d’abord de recenser les effectifs
observés en dressant les tableaux de contingence de la façon suivante :
Total
Total
Avec :
: effectif pour lequel les variables A et B prennent les modalités i et j
∑
∑
∑ ∑
71
Par exemple, pour la variable « Sexe », nous obtenons les effectifs suivants :
Sexe FREQ < 15 FREQ ≥ 15 Total
F 20 254 10 504 30 758
M 23 347 11 795 35 142
Total 43 601 22 299 65 900
Tableau 16 : Table de contingence pour la variable "sexe"
La statistique du Khi-Deux observé est ensuite calculée selon la formule suivante :
( )
∑∑
(
)
Sous H0, suit une loi du Khi-Deux à (p-1)(q-1) degrés de liberté :
( )( )
Pour conclure sur le test, la statistique est comparée à sa valeur seuil dans la table du Khi-Deux,
selon le nombre de degrés de liberté et un risque d’erreur . Si ( )( )
, l’hypothèse H0
d’indépendance des variables est rejetée au risque d’erreur .
Sous le logiciel R, nous étudions les résultats du test en analysant la p-value : elle correspond à la
probabilité que le soit supérieur ou égal au . En choisissant un risque d’erreur , il
conviendra de rejeter l’hypothèse d’indépendance des variables si la p-value est inférieure à 5%.
Pour la variable « Sexe », où le nombre de degrés de liberté est de 1, la statistique du Khi-Deux est
égale à 2,50 et la p-value est égale à 0,1142. La p-value étant trop élevée, nous ne pouvons pas rejeter
l’hypothèse d’indépendance des variables. Il semblerait donc que la fréquence ne dépende pas du sexe.
Nous procédons de la même manière pour les autres variables et obtenons les résultats suivants :
Variable Valeur du Degrés de liberté P-value
Sexe 2,50 1 0,1142
Age 2676,98 3 < 2,2e-16
Region 265,88 13 < 2,2e-16
Niveau_garanties 1750,94 6 < 2,2e-16
Formule 3528,36 3 < 2,2e-16
Type_contrat 82,43 1 < 2,2e-16
Tableau 17 : Résultats du test d’indépendance du Khi-Deux pour la fréquence
72
Pour les quatre autres variables, les p-values sont très faibles : nous pouvons alors rejeter H0 et
conserver ces variables. La variable « Sexe » est la seule variable qui n’est pas significative, elle
n’aurait donc pas d’influence sur la fréquence des sinistres. Cependant, nous décidons pour l’instant de
conserver cette variable, nous verrons par la suite par différents tests si nous la retirons ou non.
73
3. LES MODELES LINEAIRES GENERALISES
Pour modéliser la fréquence des sinistres à l’aide des variables explicatives que nous avons
sélectionnées, nous allons utiliser les modèles linéaires généralisés.
Les modèles linéaires généralisés ont été introduits en 1972 par Nelder et Wedderburn. Ils généralisent
les modèles de régression linéaire lorsque la réponse est une variable discrète ou que le modèle diffère
par rapport aux modèles standards.
Le modèle linéaire généralisé vérifie la relation suivante :
( ( | )) ∑
Avec :
: la variable aléatoire à expliquer ;
: les variables explicatives ;
: la fonction de lien.
Ainsi, le modèle se divise en trois composantes principales : la composante aléatoire, la composante
explicative et la fonction de lien.
3.1. LA COMPOSANTE ALEATOIRE
La composante aléatoire correspond à la variable réponse qui n’est autre que la variable à expliquer.
Dans notre cas, elle correspond à la fréquence des sinistres. En considérant un échantillon composé de
variables aléatoires { } la loi de probabilité de la variable réponse est déterminée par
la fonction suivante :
( ) ( ( )
( ) ( ))
Avec :
: paramètre naturel de la famille exponentielle ;
: paramètre de dispersion ;
() : fonction non nulle définie sur
() : fonction définie sur deux fois dérivable dont la dérivée première est injective ;
() : fonction définie sur
74
La fonction () s’exprime généralement sous la forme suivante :
( )
Où correspond aux poids des observations Pour simplifier, nous décidons de fixer les à 1.
La loi de probabilité de la variable fait partie de la famille exponentielle. Le tableau suivant expose
les différentes distributions appartenant à la famille exponentielle :
Distribution ( ) ( ) ( )
Normale
Bernoulli (
) ( ) 1
Poisson ( ) 1
Gamma
( )
Gauss inverse
( )
Tableau 18 : Distributions appartenant à la famille exponentielle
La moyenne et la variance de la variable réponse sont définies par les formules suivantes :
( ) ( ) ( )
( ) ( ) ( ) ( )
( )
3.2. LA COMPOSANTE DETERMINISTE
La deuxième composante du modèle est la composante déterministe. Elle correspond au prédicteur
linéaire et s’exprime de la manière suivante :
Avec :
: matrice des variables explicatives ;
: vecteur des paramètres.
75
Sous forme vectorielle, cela donne :
(
) (
) (
)
3.3. LA FONCTION DE LIEN
La fonction de lien permet de relier le prédicteur linéaire et la composante aléatoire. En posant
{ ( ) } cette fonction, strictement monotone et différentiable, s’exprime sous la
forme suivante :
( )
Cela revient à écrire :
( )
Soit :
( )
Pour modéliser la fréquence des sinistres, la fonction de lien généralement utilisée est la fonction de
lien logarithme :
( ) ( )
∑
Cela implique :
( ∑
)
( )∏ ( )
Cette fonction de lien se base sur un modèle multiplicatif. Elle permet ainsi d’appliquer des
coefficients multiplicatifs à la fréquence moyenne, selon les caractéristiques de l’individu. La
fréquence de consommation d’un individu sera donc exprimée comme un pourcentage de la fréquence
d’un individu de référence, ce qui permettra de distinguer facilement les écarts de fréquences selon les
profils d’individus, et donc de déterminer des coefficients d’antisélection.
76
4. PARAMETRAGE DES VARIABLES TARIFAIRES
4.1. SEGMENTATION DE LA VARIABLE « REGION »
Afin de diminuer le nombre de modalités de la variable « région », nous décidons de regrouper les
régions en 3 catégories, en fonction du coût moyen des sinistres :
Région A : régions où le coût moyen est élevé par rapport à la moyenne du portefeuille
(Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d'Azur) ;
Région B : régions où le coût moyen se rapproche le plus du coût moyen de l’ensemble du
portefeuille (Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées,
Nord-Pas-de-Calais-Picardie) ;
Région C : régions où le coût moyen est bas par rapport à la moyenne du portefeuille
(Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Centre-Val de
Loire, Corse, Normandie, Pays de la Loire, DROM).
Figure 31 : Evolution du coût moyen selon la région
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
A B C
Co
ût
Mo
yen
Région
77
4.2. CALIBRAGE DES VARIABLES
En tarification, les variables explicatives sont généralement toutes catégorielles. Pour effectuer notre
modélisation, il faut alors procéder à un paramétrage de ces variables.
Pour rappel, nous avons six variables explicatives : le sexe, l’âge, la région, le niveau de garanties, la
formule souscrite, et le type de contrat. Pour chaque variable, nous définissons une modalité de
référence : elle correspond à la modalité dont l’effectif est le plus important dans le portefeuille.
L’individu de référence correspond ainsi à un homme âgé entre 41 et 50 ans, résidant dans une région
où le coût moyen des frais de santé est élevé, rattaché à un niveau de garanties minimum, qui est
assuré seulement par le contrat obligatoire, et dont les membres de sa famille ne sont pas rattachés au
contrat.
Variable Nombre de modalités Modalité de référence
Sexe 2 Homme
Age 4 41-50
Region 3 A
Niveau garanties 7 1
Formule 4 isole
Type 2 obligatoire
Tableau 19 : Définition des variables de référence
Chaque variable comportant k modalités est divisée en k-1 variables binaires dont les valeurs sont
égales à 0 si la modalité correspond à la référence, et 1 sinon.
Par exemple, une femme de 45 ans résidant dans la région où le coût des sinistres se situe dans la
moyenne, avec un niveau moyen de garanties à 2, rattachée à la formule « famille », et qui est assurée
seulement par le contrat obligatoire, sera modélisée de la manière suivante :
Pour la variable « Sexe » : vecteur (1)
Pour la variable « Age » : vecteur (0,0,0)
Pour la variable « Region » : vecteur (1,0)
Pour la variable « Niveau garanties » : vecteur (1,0,0,0,0,0)
Pour la variable « Formule » : vecteur (0,1,0)
Pour la variable « Type » : vecteur (0)
Le vecteur modélisant cet individu correspond à la concaténation des vecteurs de chaque variable,
soit :
( )
L’individu de référence sera modélisé par un vecteur essentiellement composé de 0.
78
Le prédicteur linéaire est défini de la manière suivante :
( ) ∑
Où correspond à l’intercept (individu de référence) pour lequel tous les sont nuls.
Il peut également s’écrire sous la forme avec :
(
) le vecteur des paramètres ;
(( ) ( ) ( )) la matrice des variables explicatives composée de l’intercept et
des 5 variables du modèle (sexe, âge, région, antisélection, formule).
Le prédicteur linéaire peut également être décomposé de la manière suivante :
( )
Avec :
{
{
{
{
{
{
On note ( ) l’espérance de la variable aléatoire .
79
5. LOI STATISTIQUE POUR LA FREQUENCE
Pour modéliser la fréquence des sinistres, nous allons d’abord déterminer la loi selon laquelle nos
observations s’ajustent le mieux. Les lois généralement utilisées pour modéliser la fréquence sont la
loi de Poisson et la loi Binomiale Négative. Nous allons étudier ces deux lois puis nous déterminerons
celle qui s’ajuste le mieux à nos données.
5.1. LA LOI DE POISSON
Lorsqu’une variable aléatoire X suit une loi de Poisson de paramètre , autrement dit lorsque ( ),
elle vérifie la fonction suivante, pour tout :
( )
Pour ajuster les fréquences observées à la loi de Poisson, ce paramètre est estimé par la méthode du
maximum de vraisemblance selon la formule suivante :
∑
L’estimateur obtenu correspond à la moyenne empirique de l’échantillon. Nous estimons ce
paramètre à l’aide du logiciel R et nous obtenons :
5.2. LA LOI BINOMIALE NEGATIVE
Lorsqu’une variable aléatoire X suit une loi Binomiale Négative de paramètres et , autrement dit
lorsque ( ), elle vérifie, pour tout , la fonction suivante :
( ) (
) ( )
La loi Binomiale Négative correspond au nombre d’échecs nécessaires avant d’obtenir n succès. Le
paramètre correspond à la probabilité d’obtenir un succès et le nombre de succès. En assurance, le
succès est obtenu lorsque le coût de la sinistralité est nul : le paramètre est donc égal à 1 (le succès
n’est atteint qu’une seule fois).
80
Le paramètre est estimé par la méthode du maximum de vraisemblance selon la formule suivante :
5.3. AJUSTEMENT DES LOIS ET COMPARAISON
Après avoir estimé les paramètres des lois de Poisson et Binomiale Négative par le maximum de
vraisemblance, nous obtenons les courbes d’ajustement suivantes :
Figure 32 : Ajustement de la fréquence par les lois de Poisson et Binomiale Négative
Figure 33 : Fonctions de répartition pour la fréquence
81
Nous pouvons constater que l’écart entre les fréquences observées et la loi de Poisson est important.
Au contraire, la loi Binomiale Négative s’ajuste mieux aux observations, elle semble donc être la
mieux adaptée.
Pour analyser de manière plus précise la qualité de ces ajustements, nous pouvons étudier le graphique
Quantile-Quantile (« QQ-Plot ») des fréquences par rapport à l’ajustement des deux lois :
Figure 34 : QQ-Plot de la distribution empirique des fréquences par rapport aux lois de Poisson et Binomiale
Négative
Le QQ-Plot représente les quantiles d’une distribution empirique en fonction des quantiles d’une
distribution théorique (référence). Si la distribution empirique et la distribution théorique suivent la
même loi, leurs quantiles sont alignés. Ainsi, plus les quantiles sont alignés, meilleur est l’ajustement.
Sur ce graphique, il paraît clair que la loi Binomiale Négative est celle qui s’ajuste le mieux aux
observations. Nous décidons donc de retenir cette loi pour modéliser la fréquence.
82
6. DETERMINATION DES VARIABLES SIGNIFICATIVES PAR LE TEST DU
RAPPORT DE VRAISEMBLANCE
Afin de déterminer les variables ayant une influence sur le modèle, nous effectuons le test du rapport
de vraisemblance. Ce test est un test d’hypothèses qui compare deux modèles : un modèle non
contraint où tous les paramètres sont libres et un modèle contraint réduit, avec moins de paramètres. Il
permet ainsi d’analyser l’impact que peut avoir la suppression d’une variable sur la vraisemblance du
modèle.
Les hypothèses à émettre sont les suivantes :
H0 : la variable testée n’influe pas sur le modèle ;
H1 : la variable testée influe sur le modèle.
La statistique du rapport de vraisemblance est définie par la formule suivante :
(
)
Sous l’hypothèse H0, cette statistique suit asymptotiquement une loi de Khi-Deux à n degrés de liberté
où :
Pour la fréquence, le logiciel R nous fournit les résultats suivants :
Variables Degrés de liberté Pr (>Chi)
Sexe 1 < 0,6450
Age 3 < 0,0001
Region 2 < 0,0001
Niveau_garanties 6 < 0,0001
Formule 3 < 0,0001
Type_contrat 1 < 0,0001
Tableau 20 : Résultats du test du rapport de vraisemblance pour la fréquence
Nous constatons que la p-value de la variable « Sexe » est très élevée, nous ne pouvons donc pas
rejeter H0. Cette variable n’étant pas significative, nous décidons de ne pas la prendre en compte dans
notre modélisation. Les p-values des cinq autres variables étant très faibles, nous pouvons rejeter H0 et
conserver les variables car elles ont toutes une influence sur le modèle.
83
7. RESULTATS ET INTERPRETATION
Le tableau suivant présente les résultats du GLM obtenus grâce au logiciel R :
Variables Modalités ( ) Pr (> lZl)
(Intercept) 2,54 12,68 < 0,0001
Age
15_30 -0,53 59% < 0,0001
31_40 -0,08 92% < 0,0001
50+ -0,07 93% < 0,0001
Region B 0,04 104% < 0,0001
C 0,02 102% 0,00367
Niveau_garanties
Niv2 0,12 113% < 0,0001
Niv3 0,20 122% < 0,0001
Niv4 0,28 132% < 0,0001
Niv5 0,31 136% < 0,0001
Niv6 0,35 142% < 0,0001
Niv7 0,50 165% < 0,0001
Formule
Aseul -0,19 83% < 0,0001
Famille 0,31 136% < 0,0001
X123B. -0,05 95% < 0,0001
Type_contrat Facultatif 0,09 109% < 0,0001
Tableau 21 : Résultats du GLM pour la fréquence
correspond à l’estimation des coefficients associés à chaque modalité. Un estimateur négatif est
synonyme d’une amélioration de la sinistralité par rapport à la référence. Au contraire, lorsque
l’estimateur est positif, cela correspond à une aggravation de la sinistralité. Si nous regardons les
modalités de la variable correspondant au niveau de garanties, nous constatons que l’estimateur est
positif et augmente avec le niveau des garanties. Cela signifie que plus le niveau de garanties est élevé,
plus la fréquence des sinistres sera importante. Cela est cohérent par rapport aux analyses statistiques
précédemment effectuées.
Pr (> lZl) correspond à la probabilité que l’estimateur ne soit pas dans l’intervalle de confiance. Plus
la probabilité est faible, plus la variable est significative. Nous pouvons remarquer que la plupart des
variables ont une probabilité < 0,0001, elles sont donc significatives. La région « C » est la moins
significative avec une probabilité de 0,00367 : cela signifie que le coefficient estimé ne se situe pas
dans l’intervalle de confiance. Cependant, cette probabilité est relativement faible, nous pouvons donc
conserver la modalité.
Nous avons effectué notre modélisation selon la fonction de lien « log », ce qui implique que les
coefficients à appliquer sont donnés par ( ).
84
Nous rappelons la formule énoncée dans la partie 3.3, qui permet d’estimer la fréquence des sinistres :
( ∑
)
( )∏ ( )
Ainsi, pour une femme de 45 ans résidant dans une région où le coût moyen des sinistres se situe en
dessous de la moyenne (« région C »), avec un niveau moyen de garanties à 2, assurée par la formule
« famille », seulement par le contrat obligatoire, la fréquence moyenne des sinistres sera égale à :
.
Pour cet individu, la majoration à appliquer au tarif afin de tenir compte de l’antisélection sera de 13%.
85
8. VALIDATION DU MODELE
La dernière étape de la modélisation consiste à tester la qualité d’ajustement du modèle afin de le
valider. Pour cela, nous décidons d’étudier les résidus de la déviance. Après avoir présenté le principe
de déviance, nous calculerons les résidus afin de conclure sur le modèle.
8.1. DEVIANCE
La déviance permet de tester l’adéquation au modèle obtenu par rapport au modèle initial. Elle
correspond à la variation de la vraisemblance.
Le rapport de vraisemblance s’écrit sous la forme suivante :
( )
( )
Avec :
( ) : estimation du maximum de vraisemblance du modèle saturé ;
( ) : estimation du maximum de vraisemblance du modèle étudié.
La déviance normalisée est définie par l’équation ci-dessous :
( ( )
( ))
( ( ( )) ( ( )))
Lorsque le modèle étudié est exact, la déviance normalisée suit approximativement une loi de Khi-
Deux à (n-k) degrés de liberté. Plus la déviance est faible, meilleur est le modèle.
8.2. ETUDE DES RESIDUS
Pour valider le modèle, nous avons besoin d’étudier les résidus. Ils correspondent à l’écart entre les
valeurs réelles et les valeurs estimées :
( )
86
La déviance est définie par :
∑
Où correspond à la contribution des observations à la déviance D.
Les résidus de la déviance sont déterminés par la formule suivante :
( )√
Cette statistique suit asymptotiquement une loi du Khi-Deux à n-p-1 degrés de liberté.
Les résidus de Pearson permettent également de tester l’ajustement du modèle. Ils sont calculés selon
la formule suivante :
(
√ ( ))
Nous calculons les résidus de la déviance avec le logiciel R et nous obtenons le graphique suivant :
Figure 35 : Représentation des résidus de la déviance pour la fréquence
Plus les résidus sont centrés autour de 0, plus le modèle est fiable. Sur le graphique, nous pouvons
constater que la plupart des résidus sont uniformément répartis autour de 0. Il existe cependant une
sous-estimation pour les individus dont les résidus sont compris entre 2 et 8. Ces individus ne
représentant qu’une infime partie de notre échantillon, nous pouvons en conclure que le modèle est
acceptable.
87
III. APPLICATION DES COEFFICIENTS DE MAJORATION
Notre modélisation de la fréquence des sinistres nous a permis d’obtenir une grille de coefficients qui
minorent ou majorent la fréquence des sinistres selon certaines variables. Pour prendre en compte le
risque d’antisélection, nous nous basons sur les coefficients correspondants aux différents niveaux des
garanties.
Les coefficients de majoration à appliquer au tarif pour tenir compte de l’antisélection sont donc les
suivants :
Coefficient d’antisélection
Souscription d’une garantie
supérieure niveau 2 13%
Souscription d’une garantie
supérieure niveau 3 21%
Souscription d’une garantie
supérieure niveau 4 32%
Souscription d’une garantie
supérieure niveau 5 36%
Souscription d’une garantie
supérieure niveau 6 42%
Souscription d’une garantie
supérieure niveau 7 65%
Tableau 22 : Barème de coefficients d’antisélection
En prenant en compte la majoration du tarif dû à la mutualisation de la reprise de risques (soit une
majoration de 7% pour les cadres et 12% pour les non cadres), la majoration globale à appliquer sera
la suivante :
Cadres Non Cadres
Souscription d’une garantie
supérieure niveau 2 20% 25%
Souscription d’une garantie
supérieure niveau 3 28% 33%
Souscription d’une garantie
supérieure niveau 4 39% 43%
Souscription d’une garantie
supérieure niveau 5 43% 47%
Souscription d’une garantie
supérieure niveau 6 49% 54%
Souscription d’une garantie
supérieure niveau 7 72% 77%
Tableau 23 : Coefficients de majoration du tarif en cas de mutualisation
88
89
CONCLUSION
Ce mémoire nous a amené à réfléchir à une tarification alternative de la reprise de risques en cours en
prévoyance collective.
Pour fluidifier le marché et faciliter la reprise de risque lors du changement d’assureur, nous avons vu
que la solution serait d’élargir la mutualisation entre les entreprises. Cette technique permettrait :
Pour l’entreprise de réduire le coût de la prime unique de reprise de risque qui lui est réclamée
Pour le nouvel assureur d’élargir la mutualisation des résultats.
L’élargissement de la mutualisation et la suppression de la prime unique de reprise de risque
impliquerait à l’assureur de majorer son tarif de 10% sur l’ensemble des petites entreprises et de
supprimer toute sélection des risques en retirant le questionnaire médical à l’adhésion. En procédant
ainsi, cela attirerait les micro-entreprises présentant un risque élevé car elles n’auraient plus le
« frein » du questionnaire médical. Néanmoins, l’assureur se retrouverait à couvrir un fort taux de
mauvais risques, ce qui entrainerait un risque élevé d’antisélection.
Pour mesurer cette antisélection nous nous sommes basés sur les contrats santé collectifs souscrits par
les petites entreprises. Nous avons vu que la fréquence des sinistres augmentait fortement avec le
niveau des garanties souscrits par les salariés. Nous avons donc modélisé la fréquence des sinistres à
l’aide des modèles linéaires généralisés, ce qui nous a permis d’obtenir un barème de coefficients
d’antisélection à appliquer au tarif, variant de 13% à 65% selon les niveaux de garanties souscrits.
Cette technique de tarification pourrait cependant constituer un frein de souscription pour les petites
entreprises dans le sens où la suppression de la prime de reprise de risque et notamment la prise en
compte de l’antisélection nécessiteraient une importante majoration du tarif.
Une autre manière de limiter cette antisélection serait de continuer à faire remplir le questionnaire
médical tout en ne le prenant pas en compte au niveau de la tarification. Cela revient à ne pas tarifer la
reprise en fonction de l’état de santé. Le fait de garder le questionnaire médical permettrait de limiter
les cas de souscription des entreprises présentant un risque aggravé. Il servirait également, en cas
d’éventuelle fraude, à rompre le contrat.
90
91
LISTE DES ABREVIATIONS
AGIRC : Association Générale des Institution de Retraite Complémentaire des Cadres
ANI : Accord National Interprofessionnel
ARRCO : Association pour le Régime de Retraite Complémentaire des Salariés
BCAC : Bureau Commun des Assurances Collectives
CCN : Convention Collective Nationale
GLM : Modèle Linéaire Généralisé
PM : Provision Mathématique
PSAP : Provision pour Sinistres à Payer
92
93
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages :
BELLOCQ G., « La protection sociale dans l’entreprise », Editions l’Argus de l’Assurance, 2004.
PLANCHET F., WINTER J., « Les provisions techniques des contrats de prévoyance collective »,
Economica, 2006.
PLANCHET F., THEROND P., « Modèles de durée - Applications actuarielles », Economica, 2006.
Note technique du BCAC, « Provisionnement de la couverture décès des personnes en arrêt de
travail », 2002.
Cours :
SOULARD C., « Prévoyance sociale et assurance de groupe », cours ISUP, 2015.
WAJNBERG E., « Introduction au Modèle Linéaire Généralisé », cours de l’Université de Nice-
Sophia-Antipolis, 2011.
Mémoires :
MERCIER P.A., « Le maintien des garanties décès aux personnes en arrêt de travail », mémoire
ISFA, 2002.
WANG J., « Tarification santé : Mesure des risques associés aux produits modulaires », mémoire
EURIA, 2014.
Sites internet :
www.argusdelassurance.com
www.ameli.fr
www.ffa-assurance.fr
www.legifrance.gouv.fr
94
95
ANNEXES
96
97
Annexe 1 : Résultats de la régression linéaire entre l’inflation et l’évolution du
point AGIRC
Estimation des coefficients :
Variable Estimation Erreur Std t Pr(>|t|)
(Intercept) -0,001732 0,001738 -0,997 0,326
inflation 0,922547 0,036607 25,201 < 2e-16
R-squared 0,9492
Adjusted R-squared 0,9477
Analyse de la variance :
Df Somme des carrés Carré moyen F Pr(>F)
inflation 1 0,036736 0,036736 635,1 < 2,2e-16
Résidus 34 0,001967 0,000058 - -
98
Annexe 2 : Tables de mortalité des personnes en arrêt de travail issues du BCAC
Loi de mortalité des personnes en incapacité :
An
cien
net
é
(an
née
s)2
52
62
72
82
93
03
13
23
33
43
53
63
73
83
94
04
14
24
34
44
54
64
74
84
95
05
15
25
35
45
55
65
75
85
96
0
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
0
19
98
59
98
59
98
59
98
59
98
49
98
49
98
39
98
39
98
29
98
19
98
09
97
59
97
09
96
49
95
99
95
49
94
99
94
49
93
99
93
49
92
99
92
79
92
59
92
39
92
19
919
99
179
915
99
139
911
99
09
99
02
98
95
98
86
98
77
98
66
29
97
49
97
49
97
49
97
49
97
39
97
29
97
19
97
09
96
89
96
79
96
59
95
79
94
89
94
09
93
19
92
39
914
99
06
98
97
98
89
98
80
98
76
98
73
98
69
98
66
98
62
98
59
98
55
98
51
98
48
98
44
98
32
98
20
98
03
97
88
97
70
39
96
59
96
59
96
59
96
59
96
49
96
39
96
19
96
09
95
79
95
59
95
39
94
29
93
19
919
99
08
98
97
98
86
98
75
98
64
98
52
98
41
98
36
98
31
98
26
98
21
98
169
811
98
07
98
02
97
97
97
92
97
76
97
59
97
37
97
179
69
3
49
95
79
95
79
95
79
95
69
95
59
95
39
95
29
95
09
94
79
94
49
94
19
92
89
914
99
00
98
87
98
73
98
59
98
45
98
32
98
189
80
59
79
89
79
29
78
69
78
09
77
49
76
89
76
29
75
69
75
09
74
49
72
49
70
49
67
79
65
39
62
4
59
94
99
94
99
94
89
94
89
94
69
94
59
94
39
94
09
93
79
93
49
93
09
914
98
98
98
82
98
65
98
49
98
33
98
179
80
19
78
59
76
89
76
19
75
49
74
79
74
09
73
39
72
69
719
97
129
70
59
69
89
67
59
65
19
619
95
90
95
56
69
94
19
94
19
94
19
94
09
93
89
93
69
93
49
93
19
92
79
92
49
92
09
90
19
88
39
86
49
84
59
82
69
80
89
78
99
77
19
75
29
73
49
72
69
717
97
09
97
01
96
93
96
85
96
77
96
69
96
60
96
52
96
26
95
99
95
62
95
29
94
90
79
93
49
93
49
93
39
93
29
93
19
92
99
92
69
92
39
918
99
149
910
98
89
98
68
98
47
98
26
98
05
97
84
97
63
97
43
97
22
97
01
96
92
96
82
96
73
96
64
96
54
96
45
96
36
96
27
96
179
60
89
57
89
54
89
50
79
47
09
42
6
89
92
79
92
79
92
79
92
59
92
49
92
19
918
99
159
910
99
06
99
01
98
78
98
55
98
31
98
08
97
85
97
62
97
39
97
169
69
39
67
09
66
09
64
99
63
99
62
89
618
96
07
95
97
95
86
95
76
95
65
95
32
94
99
94
54
94
129
36
4
99
92
19
92
19
92
09
919
99
189
915
99
119
90
89
90
39
89
89
89
39
86
79
84
29
817
97
92
97
66
97
41
97
169
69
19
66
69
64
19
63
09
618
96
06
95
95
95
83
95
72
95
60
95
48
95
37
95
25
94
89
94
53
94
04
93
59
93
06
109
916
99
169
915
99
149
912
99
09
99
06
99
02
98
96
98
91
98
86
98
58
98
31
98
04
97
76
97
49
97
22
96
95
96
68
96
41
96
149
60
29
58
99
57
79
56
49
55
29
53
99
52
79
514
95
02
94
89
94
51
94
129
35
99
310
92
54
119
911
99
119
911
99
09
99
07
99
04
99
01
98
97
98
91
98
85
98
80
98
50
98
21
97
92
97
63
97
34
97
05
96
76
96
48
96
199
59
09
57
79
56
49
55
09
53
79
52
49
511
94
98
94
84
94
71
94
58
94
179
37
69
32
09
26
99
20
9
129
90
79
90
79
90
69
90
59
90
39
90
09
89
69
89
29
88
59
88
09
87
49
84
39
812
97
81
97
51
97
20
96
90
96
59
96
29
95
99
95
69
95
55
95
41
95
27
95
139
50
09
48
69
47
29
45
89
44
59
43
19
38
89
34
59
28
69
23
39
170
139
90
39
90
39
90
29
90
19
89
99
89
59
89
19
88
79
88
19
87
59
86
89
83
69
80
49
77
29
74
09
70
89
67
69
64
49
613
95
81
95
50
95
35
95
21
95
06
94
92
94
78
94
63
94
49
94
35
94
20
94
06
93
61
93
169
25
59
199
913
4
149
90
09
89
99
89
99
89
79
89
59
89
19
88
79
88
39
87
69
87
09
86
49
83
09
79
79
76
49
73
09
69
79
66
49
63
29
59
99
56
69
53
49
518
95
03
94
88
94
73
94
57
94
42
94
27
94
129
39
79
38
29
33
59
28
89
22
59
167
90
99
159
89
69
89
69
89
59
89
49
89
29
88
89
88
49
87
99
87
29
86
69
85
99
82
59
79
19
75
69
72
29
68
89
65
49
62
19
58
79
55
39
52
09
50
49
48
79
47
19
45
59
43
99
42
39
40
79
39
19
37
49
35
89
310
92
62
919
69
136
90
66
169
89
49
89
49
89
39
89
19
88
99
88
59
88
19
87
79
86
99
86
39
85
69
82
19
78
59
75
09
715
96
80
96
45
96
119
57
69
54
29
50
79
49
09
47
39
45
69
43
99
42
29
40
59
38
89
37
19
35
49
33
79
28
79
23
79
169
910
79
03
5
179
89
29
89
29
89
19
88
99
88
79
88
39
87
99
87
49
86
79
86
09
85
39
817
97
81
97
45
97
08
96
73
96
37
96
01
95
66
95
30
94
95
94
77
94
59
94
42
94
24
94
06
93
88
93
71
93
53
93
36
93
189
26
79
215
914
69
08
29
00
8
189
89
09
89
09
88
99
88
79
88
59
88
19
87
79
87
29
86
49
85
89
85
19
813
97
76
97
39
97
02
96
65
96
29
95
92
95
56
95
20
94
83
94
65
94
47
94
29
94
109
39
29
37
49
35
69
33
89
32
09
30
19
24
99
196
912
59
06
08
98
5
199
88
89
88
89
88
79
88
59
88
39
87
99
87
49
87
09
86
29
85
59
84
89
810
97
72
97
34
96
96
96
59
96
22
95
84
95
47
95
109
47
39
45
59
43
69
417
93
99
93
80
93
61
93
43
93
24
93
06
92
87
92
34
918
09
107
90
42
89
64
20
98
86
98
86
98
85
98
83
98
81
98
77
98
72
98
67
98
59
98
52
98
45
98
06
97
68
97
30
96
91
96
53
96
159
57
89
54
09
50
29
46
59
44
69
42
79
40
89
38
99
37
09
35
19
33
29
313
92
94
92
75
92
21
916
79
09
39
02
68
94
7
21
98
84
98
84
98
83
98
81
98
78
98
74
98
70
98
65
98
57
98
49
98
42
98
03
97
64
97
25
96
87
96
48
96
109
57
29
53
49
49
69
45
89
43
89
419
94
00
93
80
93
61
93
41
93
22
93
03
92
84
92
64
92
109
154
90
79
90
118
93
2
22
98
82
98
82
98
81
98
79
98
76
98
72
98
67
98
63
98
54
98
47
98
40
98
00
97
61
97
22
96
83
96
44
96
05
95
66
95
28
94
90
94
52
94
32
94
129
39
29
37
29
35
29
33
29
312
92
93
92
73
92
53
919
89
141
90
65
89
96
89
16
23
98
80
98
80
98
79
98
77
98
75
98
71
98
66
98
61
98
53
98
45
98
38
97
98
97
58
97
189
67
99
63
99
60
09
56
19
52
29
48
39
44
59
42
49
40
49
38
39
36
39
34
29
32
29
30
29
28
19
26
19
24
19
185
912
79
05
08
98
08
89
8
24
98
79
98
79
98
78
98
76
98
74
98
69
98
64
98
59
98
51
98
43
98
36
97
95
97
55
97
159
67
59
63
59
59
59
55
69
516
94
77
94
38
94
179
39
69
37
59
35
39
33
29
312
92
91
92
70
92
49
92
28
917
19
113
90
34
89
63
88
80
25
98
78
98
78
98
77
98
75
98
72
98
68
98
63
98
58
98
50
98
42
98
34
97
93
97
53
97
129
67
19
63
19
59
19
55
19
511
94
71
94
32
94
109
38
89
36
69
34
59
32
39
30
19
28
09
25
89
23
79
216
915
79
09
89
019
89
47
88
62
26
98
77
98
77
98
76
98
74
98
71
98
67
98
62
98
57
98
48
98
41
98
33
97
92
97
50
97
09
96
68
96
28
95
87
95
46
95
06
94
66
94
26
94
04
93
81
93
59
93
37
93
159
29
39
27
19
24
99
22
79
20
59
146
90
86
90
05
89
32
88
47
27
98
76
98
76
98
75
98
73
98
71
98
66
98
61
98
56
98
47
98
40
98
32
97
90
97
48
97
07
96
66
96
25
95
84
95
43
95
02
94
62
94
21
93
99
93
76
93
53
93
31
93
08
92
86
92
63
92
41
92
199
197
913
79
07
78
99
58
92
28
83
5
28
98
76
98
75
98
74
98
72
98
70
98
65
98
60
98
55
98
47
98
39
98
31
97
89
97
47
97
05
96
63
96
22
95
80
95
39
94
98
94
57
94
179
39
49
37
19
34
89
32
69
30
39
28
09
25
89
23
59
213
919
09
130
90
69
89
87
89
138
82
6
29
98
75
98
75
98
74
98
72
98
69
98
65
98
60
98
54
98
46
98
38
98
30
97
88
97
45
97
03
96
61
96
199
57
89
53
69
49
59
45
39
412
93
89
93
66
93
43
93
21
92
98
92
75
92
52
92
30
92
07
918
49
124
90
63
89
80
89
06
88
18
30
98
74
98
74
98
73
98
71
98
69
98
64
98
59
98
54
98
45
98
37
98
29
97
86
97
44
97
01
96
59
96
179
57
59
53
39
49
19
45
09
40
89
38
59
36
29
33
99
316
92
93
92
70
92
47
92
24
92
01
917
99
118
90
56
89
73
88
98
88
10
31
98
74
98
73
98
72
98
70
98
68
98
63
98
58
98
53
98
44
98
36
98
28
97
85
97
42
96
99
96
57
96
149
57
29
53
09
48
89
44
69
40
59
38
19
35
89
33
59
311
92
88
92
65
92
42
92
199
196
917
39
112
90
50
89
67
88
91
88
02
32
98
73
98
73
98
71
98
70
98
67
98
62
98
57
98
52
98
43
98
35
98
27
97
84
97
41
96
98
96
55
96
129
56
99
52
79
48
59
44
39
40
19
37
89
35
49
33
19
30
89
28
49
26
19
23
89
215
919
29
169
910
79
04
58
96
18
88
58
79
6
33
98
72
98
72
98
71
98
69
98
66
98
62
98
56
98
51
98
42
98
34
98
26
97
83
97
39
96
96
96
53
96
109
56
79
52
49
48
29
44
09
39
89
37
49
35
19
32
79
30
49
28
19
25
79
23
49
211
918
89
165
910
39
04
18
95
68
88
08
79
1
34
98
71
98
71
98
70
98
68
98
66
98
61
98
56
98
50
98
42
98
34
98
25
97
81
97
38
96
94
96
51
96
07
95
64
95
21
94
79
94
36
93
94
93
70
93
47
93
24
93
00
92
77
92
54
92
31
92
08
918
59
162
910
09
03
78
95
28
87
68
78
6
35
98
71
98
71
98
70
98
68
98
65
98
61
98
55
98
50
98
41
98
33
98
25
97
81
97
36
96
92
96
49
96
05
95
61
95
189
47
59
43
29
38
99
36
69
34
39
319
92
96
92
73
92
50
92
27
92
04
918
19
158
90
96
90
33
89
48
88
71
87
81
Age
à la
surv
enan
ce
99
Loi de mortalité des personnes en invalidité :
Anci
ennet
é
(année
s)2
52
62
72
82
93
03
13
23
33
43
53
63
73
83
94
04
14
24
34
44
54
64
74
84
95
05
15
25
35
45
55
65
75
85
96
0
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
010
00
0
19
918
99
139
90
99
90
49
89
99
89
59
89
19
88
79
88
39
88
09
87
69
87
39
87
09
86
79
86
59
86
29
86
09
85
89
85
69
85
49
85
29
85
19
85
09
84
99
84
89
84
79
84
79
84
69
84
69
84
69
84
69
84
79
84
79
84
89
84
99
85
0
29
84
69
83
69
82
79
818
98
109
80
19
79
39
78
69
77
99
77
29
76
59
75
99
75
39
74
79
74
29
73
69
73
29
72
79
72
39
719
97
169
713
97
109
70
79
70
59
70
39
70
19
70
09
69
99
69
89
69
89
69
89
69
89
69
99
70
09
70
1
39
78
19
76
79
75
49
74
19
72
99
717
97
06
96
95
96
84
96
74
96
64
96
55
96
46
96
37
96
29
96
21
96
149
60
79
60
09
59
49
58
89
58
39
57
89
57
49
56
99
56
69
56
29
55
99
55
79
55
59
55
39
55
29
55
19
55
09
55
09
55
0
49
72
29
70
59
68
99
67
29
65
79
64
29
62
79
612
95
99
95
85
95
72
95
60
95
48
95
36
95
25
95
149
50
49
49
59
48
59
47
69
46
89
46
09
45
39
44
69
43
99
43
39
42
79
42
29
417
94
139
40
99
40
59
40
29
40
09
39
89
39
6
59
67
09
65
09
63
09
611
95
92
95
73
95
55
95
38
95
21
95
04
94
88
94
72
94
57
94
42
94
28
94
159
40
19
38
99
37
69
36
49
35
39
34
29
33
19
32
19
312
93
03
92
94
92
86
92
78
92
71
92
64
92
58
92
52
92
46
92
41
92
36
69
62
49
60
09
57
79
55
59
53
29
511
94
90
94
69
94
49
94
29
94
109
39
19
37
29
35
49
33
79
32
09
30
39
28
79
27
19
25
69
24
19
22
79
213
919
99
186
917
39
161
914
99
138
912
79
116
910
69
09
69
08
79
07
8
79
58
19
55
59
52
99
50
39
47
89
45
49
42
99
40
59
38
29
35
99
33
69
314
92
92
92
71
92
50
92
29
92
09
918
99
169
915
09
131
911
39
09
59
07
79
06
09
04
39
02
79
011
89
95
89
80
89
65
89
50
89
36
89
22
89
54
29
513
94
84
94
56
94
28
94
00
93
73
93
46
93
199
29
29
26
69
24
09
215
919
09
165
914
09
116
90
92
90
68
90
45
90
22
89
99
89
76
89
54
89
32
89
118
88
98
86
88
84
78
82
78
80
78
78
78
76
7
99
50
69
47
59
44
39
412
93
81
93
50
93
199
28
89
25
89
22
89
198
916
99
139
911
09
08
19
05
29
02
38
99
58
96
78
93
88
911
88
83
88
55
88
28
88
01
87
74
87
47
87
21
86
94
86
68
86
42
86
16
109
47
29
43
89
40
49
36
99
33
59
30
19
26
79
23
39
199
916
59
131
90
98
90
64
90
30
89
97
89
63
89
30
88
96
88
63
88
30
87
97
87
64
87
30
86
97
86
65
86
32
85
99
85
66
85
33
85
01
84
68
119
44
09
40
39
36
69
32
89
29
19
25
39
216
917
89
140
910
29
06
49
02
68
98
88
94
98
911
88
72
88
34
87
95
87
56
87
178
67
88
63
98
60
08
56
18
52
28
48
38
44
38
40
48
36
48
32
5
129
40
89
36
89
32
89
28
79
24
69
20
59
164
912
29
08
09
03
88
99
58
95
38
90
98
86
68
82
28
77
88
73
48
69
08
64
58
60
08
55
58
50
98
46
48
418
83
72
83
26
82
79
82
32
818
5
139
37
59
33
39
29
09
24
69
20
19
156
911
19
06
59
019
89
72
89
24
88
76
88
28
87
79
87
30
86
80
86
30
85
79
85
28
84
76
84
25
83
72
83
20
82
67
82
138
159
810
58
05
1
149
34
29
29
79
25
09
20
39
154
910
59
05
69
00
58
95
48
90
28
84
98
79
68
74
28
68
78
63
28
57
68
519
84
62
84
04
83
45
82
86
82
27
816
78
106
80
45
79
83
79
21
159
30
89
25
99
20
89
157
910
59
05
28
99
78
94
28
88
58
82
88
77
08
710
86
50
85
89
85
27
84
65
84
01
83
37
82
72
82
06
813
98
07
28
00
47
93
67
86
67
79
7
169
27
19
218
916
49
109
90
52
89
94
89
34
88
74
88
128
74
98
68
48
619
85
52
84
85
84
168
34
68
27
58
20
48
131
80
57
79
83
79
08
78
31
77
55
76
77
179
23
19
174
911
69
05
68
99
58
93
18
86
78
80
08
73
28
66
38
59
28
52
08
44
78
37
28
29
68
219
814
08
06
17
98
07
89
97
816
77
32
76
48
75
62
189
187
912
79
06
48
99
98
93
28
86
38
79
38
72
18
64
68
57
08
49
38
414
83
33
82
51
816
78
08
27
99
67
90
87
819
78
99
76
38
75
46
74
52
199
140
90
74
90
06
89
36
88
64
87
89
87
128
63
48
55
38
47
08
38
58
29
98
210
812
08
02
97
93
57
84
17
74
57
819
77
147
44
97
34
8
20
90
87
90
168
94
38
86
78
78
98
70
88
62
58
53
98
45
18
36
18
26
88
174
80
77
79
79
78
79
77
78
76
74
77
45
76
32
75
177
24
7
21
90
29
89
53
88
74
87
92
87
07
86
198
52
88
43
58
34
08
24
28
141
80
39
79
34
78
28
77
197
60
97
67
47
55
47
43
27
30
9
22
89
64
88
82
87
97
87
08
86
168
52
18
42
38
32
38
219
811
38
00
47
89
37
78
07
66
57
54
87
60
97
48
17
35
17
22
0
23
88
93
88
05
87
138
617
85
188
415
83
09
82
00
80
88
79
74
78
56
77
37
76
157
49
17
54
87
412
72
75
713
7
24
88
158
72
08
62
08
517
84
108
29
98
185
80
67
79
47
78
23
76
97
75
69
74
38
74
91
73
48
72
03
70
57
25
87
29
86
26
85
198
40
78
29
28
173
80
50
79
24
77
94
76
62
75
27
73
89
74
38
72
88
713
66
98
3
26
86
35
85
24
84
09
82
89
816
48
03
67
90
57
76
97
63
17
48
97
34
57
38
97
23
37
07
46
913
27
85
33
84
138
28
98
160
80
27
78
89
77
48
76
04
74
56
73
05
73
45
718
17
016
68
48
28
84
21
82
93
815
98
02
17
87
87
73
17
58
17
42
77
27
07
109
713
56
96
26
78
7
29
83
01
816
38
02
07
87
27
719
75
63
74
02
72
39
70
72
69
03
69
136
73
2
30
817
18
02
37
87
07
712
75
50
73
83
72
137
04
06
86
46
68
66
416
31
80
32
78
74
77
107
54
27
36
97
193
70
136
83
16
64
56
45
8
32
78
83
77
147
54
07
36
17
179
69
92
68
03
66
116
417
33
77
25
75
45
73
60
717
16
97
86
78
26
58
36
38
2
34
75
57
73
66
717
06
97
06
76
76
56
26
35
4
35
73
80
717
76
97
16
76
16
54
86
33
2
Age
à la
surv
enan
ce
100
Annexe 3 : Lois de mortalité d’expérience des assurés en arrêt de travail
Incapacité :
Invalidité :
0
5 10 1
5 20 2
5 30 3
5
0,000%
0,050%
0,100%
0,150%
0,200%
0,250%
303
5404
5505
560
Ancienneté (mois) Age à la survenance
Mortalité d'expérience pour l'incapacité
0 2 4 6 8 10 12 14
0,000%
0,200%
0,400%
0,600%
0,800%
1,000%
1,200%
1,400%
30
35
4045
5055
60
Ancienneté (années)
Age à la survenance
Mortalité d'expérience pour l'invalidité
101