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Mohandas Karamchand Gandhi Vous lisez un « article de qualité ». Pour les articles homonymes, voir Mohandas, Gandhi (homonymie), MKG et Bapu. Mahatma Gandhi Mohandas Karamchand Gandhi, en août 1942 Mohandas Karamchand Gandhi (en gujarati મોહ- નદાસ કરમચંદ ગાંધી (mohandās karamcad gāndhī), API [ˈmoː.ɦən.d̪aːsˈkə.rəm.t ͡ ʃənd̪ ˈɡaːn.d̪ʱi ] Écouter ), né à Porbandar (Gujarat) le 2 octobre 1869 et mort assassi- né à Delhi le 30 janvier 1948, est un dirigeant politique, important guide spirituel de l'Inde et du mouvement pour l'indépendance de ce pays. Il est communément connu et appelé en Inde et dans le monde comme le Mahatma Gandhi (du sanskrit, mahatma : « grande âme ») – « Ma- hatma » étant toutefois un titre qu'il refusa toute sa vie d'associer à sa personne [1] –, voire simplement Gandhi, Gandhiji ou Bapu (« père » dans plusieurs des langues en Inde). Il a été un pionnier et un théoricien du satyagraha, de la résistance à l'oppression par la désobéissance civile de masse, le tout fondé sur l'ahimsa non-violence »), qui a contribué à conduire l'Inde à l'indépendance. Gandhi a inspiré de nombreux mouvements de libérations et de droits civiques dans le monde et de nombreuses autres personnalités comme Albert Schweitzer, Martin Luther King, Nelson Mandela, Steve Biko, le dalaï lama, Aung San Suu Kyi, Moncef Marzouki et Malala Yousafzai [2] . Ses critiques importantes de la modernité occidentale, les formes d'autorité et d'oppression (dont l'État), lui valurent aussi la réputation de critique du développement dont les idées ont influencé beaucoup de penseurs politiques. Avocat ayant fait ses études de droit en Angleterre, Gand- hi développa, au fil de ses actions pour la dignité humaine et la justice sociale, une méthode de désobéissance civile non-violente en Afrique du Sud, en organisant la lutte de la communauté indienne pour ses droits civiques. À son retour en Inde, Gandhi incita les fermiers et les tra- vailleurs pauvres à protester contre les taxes jugées trop élevées et la discrimination étendue et porta sur la scène nationale la lutte contre les lois coloniales créées par les Britanniques. Devenu le dirigeant du Congrès national in- dien, Gandhi mena une campagne nationale pour l'aide aux pauvres, pour la libération des femmes indiennes, pour la fraternité entre les communautés de différentes religions ou ethnies, pour une fin de l'intouchabilité et de la discrimination des castes, et pour l'autosuffisance économique de la nation, mais surtout pour le Swaraj l'indépendance de l'Inde de toute domination étrangère. Gandhi conduisit la marche du sel, célèbre opposition à la taxe sur le sel. C'est lui qui lança également l'appel au mouvement Quit India le 8 août 1942. Il fut emprison- né plusieurs fois en Afrique du Sud et en Inde pour ses activités; il passa en tout six ans de sa vie en prison. Profondément religieux et adepte de la philosophie in- dienne, Gandhi vivait simplement, organisant un ashram qui était autosuffisant. Il faisait et lavait ses propres vê- tements — le traditionnel dhoti indien et le châle, avec du coton filé avec un charkha (rouet) — et était un mi- litant végétarien. Il pratiquait de rigoureux jeûnes sur de longues périodes, pour s’auto-purifier mais aussi comme moyen de protestation, d'influence et de réforme chez autrui [3] . Gandhi est reconnu comme le Père de la Nation en Inde, où son anniversaire est une fête nationale. Cette date a également été déclarée « Journée internationale de la non- violence » par l'Assemblée générale des Nations unies en 2007 [4] . 1 Biographie 1.1 Jeunesse en Inde (1869-1888) Mohandas Karamchand Gandhi est né le 2 octobre 1869 à Porbandar, dans l'actuel État du Gujarat, en Inde. Gandhi est né et a vécu toute sa vie en tant qu'hindou [5] , mais dans une famille ouverte aux autres communautés religieuses, qu'elles soient jaïne, musulmane, ou parsie [6] . Il fait preuve de beaucoup d'attachement et de respect pour ses parents. Son père, Karamchand Gandhi, est em- ployé du tribunal du Rajasthan, puis Premier ministre de la petite principauté de Rajkot, ainsi que l'étaient les Gandhi depuis six générations. Gandhi le décrit comme un homme qui, malgré une éducation limitée, est ca- pable de résoudre les problèmes grâce à son expérience. Sa mère, Poutlibai, est la quatrième et dernière femme de son père, dont elle a quatre enfants, Gandhi étant le plus jeune d'entre eux. Il garde surtout d'elle le souve- nir d'une femme d'une grande piété, observant de ma- nière stricte ses vœux religieux, notamment le jeûne, et les rites vishnouites. Ainsi, Gandhi naît dans une famille jointe hindoue aisée. Même si son père, qui portait des bijoux d'or, put par exemple offrir à son dernier fils un accordéon, la tradition voulait que la maison des Gandhi abrite plusieurs familles nucléaires de même souche. Cela 1

Mohandas Karamchand Gandhi

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Mohandas Karamchand Gandhi

Vous lisez un « article de qualité ».Pour les articles homonymes, voir Mohandas,

Gandhi (homonymie), MKG et Bapu.Mahatma Gandhi

Mohandas Karamchand Gandhi, en août 1942Mohandas Karamchand Gandhi (en gujarati મોહ-નદાસ કરમચંદ ગાંધી (mohandās karamca d gāndhī),API [ˈmoː.ɦən.d̪aːsˈkə.rəm.tʃ͡ənd̪ ˈɡaːn.d̪ʱi ] Écouter), né àPorbandar (Gujarat) le 2 octobre 1869 et mort assassi-né à Delhi le 30 janvier 1948, est un dirigeant politique,important guide spirituel de l'Inde et du mouvement pourl'indépendance de ce pays. Il est communément connu etappelé en Inde et dans le monde comme le MahatmaGandhi (du sanskrit, mahatma : « grande âme ») – « Ma-hatma » étant toutefois un titre qu'il refusa toute sa vied'associer à sa personne[1] –, voire simplement Gandhi,Gandhiji ou Bapu (« père » dans plusieurs des languesen Inde).Il a été un pionnier et un théoricien du satyagraha, dela résistance à l'oppression par la désobéissance civile demasse, le tout fondé sur l'ahimsa (« non-violence »), quia contribué à conduire l'Inde à l'indépendance. Gandhia inspiré de nombreux mouvements de libérations et dedroits civiques dans le monde et de nombreuses autrespersonnalités comme Albert Schweitzer, Martin LutherKing, Nelson Mandela, Steve Biko, le dalaï lama, AungSan Suu Kyi, Moncef Marzouki et Malala Yousafzai[2].Ses critiques importantes de la modernité occidentale, lesformes d'autorité et d'oppression (dont l'État), lui valurentaussi la réputation de critique du développement dont lesidées ont influencé beaucoup de penseurs politiques.Avocat ayant fait ses études de droit en Angleterre, Gand-hi développa, au fil de ses actions pour la dignité humaineet la justice sociale, une méthode de désobéissance civilenon-violente en Afrique du Sud, en organisant la luttede la communauté indienne pour ses droits civiques. Àson retour en Inde, Gandhi incita les fermiers et les tra-vailleurs pauvres à protester contre les taxes jugées tropélevées et la discrimination étendue et porta sur la scènenationale la lutte contre les lois coloniales créées par lesBritanniques. Devenu le dirigeant du Congrès national in-dien, Gandhi mena une campagne nationale pour l'aideaux pauvres, pour la libération des femmes indiennes,pour la fraternité entre les communautés de différentesreligions ou ethnies, pour une fin de l'intouchabilité etde la discrimination des castes, et pour l'autosuffisanceéconomique de la nation, mais surtout pour le Swaraj —

l'indépendance de l'Inde de toute domination étrangère.Gandhi conduisit la marche du sel, célèbre opposition àla taxe sur le sel. C'est lui qui lança également l'appel aumouvement Quit India le 8 août 1942. Il fut emprison-né plusieurs fois en Afrique du Sud et en Inde pour sesactivités ; il passa en tout six ans de sa vie en prison.Profondément religieux et adepte de la philosophie in-dienne, Gandhi vivait simplement, organisant un ashramqui était autosuffisant. Il faisait et lavait ses propres vê-tements — le traditionnel dhoti indien et le châle, avecdu coton filé avec un charkha (rouet) — et était un mi-litant végétarien. Il pratiquait de rigoureux jeûnes sur delongues périodes, pour s’auto-purifier mais aussi commemoyen de protestation, d'influence et de réforme chezautrui[3].Gandhi est reconnu comme le Père de la Nation en Inde,où son anniversaire est une fête nationale. Cette date aégalement été déclarée « Journée internationale de la non-violence » par l'Assemblée générale des Nations unies en2007[4].

1 Biographie

1.1 Jeunesse en Inde (1869-1888)

Mohandas Karamchand Gandhi est né le 2 octobre 1869 àPorbandar, dans l'actuel État du Gujarat, en Inde. Gandhiest né et a vécu toute sa vie en tant qu'hindou[5], mais dansune famille ouverte aux autres communautés religieuses,qu'elles soient jaïne, musulmane, ou parsie[6].Il fait preuve de beaucoup d'attachement et de respectpour ses parents. Son père, Karamchand Gandhi, est em-ployé du tribunal du Rajasthan, puis Premier ministrede la petite principauté de Rajkot, ainsi que l'étaient lesGandhi depuis six générations. Gandhi le décrit commeun homme qui, malgré une éducation limitée, est ca-pable de résoudre les problèmes grâce à son expérience.Sa mère, Poutlibai, est la quatrième et dernière femmede son père, dont elle a quatre enfants, Gandhi étant leplus jeune d'entre eux. Il garde surtout d'elle le souve-nir d'une femme d'une grande piété, observant de ma-nière stricte ses vœux religieux, notamment le jeûne, etles rites vishnouites. Ainsi, Gandhi naît dans une famillejointe hindoue aisée. Même si son père, qui portait desbijoux d'or, put par exemple offrir à son dernier fils unaccordéon, la tradition voulait que la maison des Gandhiabrite plusieurs familles nucléaires de même souche. Cela

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2 1 BIOGRAPHIE

Gandhi, 13 ans, l'année de son mariage, en photo avec son ca-marade de classe Sheikh Mehtab (à droite) à Rajkot.

dit, sa famille, issue de la caste des vaishyas (marchands),n'appartient pas aux castes supérieures des brahmanes(lettrés, religieux) et des kshatriyas (guerriers), supériori-té qui est d'ordre sacré et cosmique, et non économique[7].Gandhi est selon ses propres termes un élève médiocreà l'école primaire de Porbandar, devenu ensuite studieuxquoique très timide et sensible au collège à Rajkot[8].En mai 1883, à l'âge de 13 ans, Gandhi est marié parses parents à Kasturba Makhanji (aussi épelé « Kastur-bai » ou connue comme « Ba »), qui a le même âge. Ilsauront quatre fils : Harilal Gandhi, né en 1888 ; ManilalGandhi, né en 1892 ; Ramdas Gandhi, né en 1897 etDevdas Gandhi, né en 1900. À la suite de ce mariage, sesétudes sont retardées d'une année mais étant bon élève,on l'autorise à sauter une classe, ce qui ne sera pas sanslui poser des problèmes dans sa scolarité[9].Son père, malade depuis longtemps et qu'il vénère, meurtalors que Gandhi a 16 ans. Il restera marqué par le faitqu'il n'ait pu assister à ses derniers instants parce qu'ilpassait la nuit avec sa femme. Gandhi pensera toute savie que c'est à cause de ce qu'il considérait comme unmanque de piété filiale que le bébé qu'ils eurent peu aprèsne survécut que quelques jours[10].Gandhi forge pendant cette partie de sa vie des aspectstrès importants de son éthique et de sa personnalité telsque l'honnêteté, la tolérance, le respect de ses aînés, levégétarisme et surtout le rejet du mensonge et la re-cherche de la vérité[11].Il passe l'examen d'entrée à l'université de Samaldas si-tuée à Bhavanaga au Gujarat en 1887 mais est complète-

ment dépassé par des exigences qui lui semblent hors deportée[12].

1.2 Études en Angleterre (1888-1891)

Gandhi étudiant à Londres

Sur le conseil d'un vieil ami de la famille, il décide de par-tir faire des études de droit en Angleterre, une opportunitéqui le remplit d'enthousiasme. Il promet à sa mère en pré-sence de Becharji Svâmi, un moine jaïn et autre conseillerde la famille, de suivre les préceptes hindous et « de netoucher ni au vin, ni à la femme, ni à la viande »[13]. Sacaste s’oppose à son départ, considérant que la vie dansce pays ne peut aboutir qu'à une perte de la foi. Gandhi,mettant en avant le vœu fait à sa mère et soutenu par safamille, décide de partir malgré tout et est condamné àêtre hors caste par le chef de sa communauté[14].Gandhi entre donc à l'University College de Londres le4 septembre 1888 à l'âge de 18 ans pour devenir avocat.Il tente dans une certaine mesure de s’adapter aux cou-tumes anglaises, en s’habillant comme un gentleman eten prenant des cours de danse, mais il se refuse à mangerde la viande chez ses hôtes. Il fréquente par la suite lesrestaurants végétariens londoniens. Au lieu de s’en tenirsimplement à la promesse faite à sa mère, il va au-delàen s’intéressant à la diététique et plus particulièrementau végétarisme. Il rejoint la Vegetarian Society et devientmembre du comité exécutif pendant un temps. Gandhidéclara plus tard que cela lui donna une première expé-rience de l'organisation d'une institution[15].Certains des végétariens qu'il rencontre sont membres de

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1.3 Retour en Inde (1891-1893) 3

la société théosophique, fondée en 1875 et dévouée àl'étude des littératures bouddhistes et brahmaniques dansl'espoir de renforcer la fraternité universelle[16].Grâce à eux, Gandhi étudie plus attentivement laBhagavad-Gîtâ, qui le marque profondément, notammentà travers l'idée que le désir est source d'agitation de l'espritet de souffrance. À cette occasion, il rencontre en 1890Madame Blavatsky et Annie Besant (dont l'adhésion àla société théosophique vient de susciter la polémique).Invité à les rejoindre, il décline, par humilité, considé-rant comme il l'écrit dans son autobiographie, « qu'il neconnaît pas assez bien sa propre religion pour appartenirà un mouvement spirituel »[16]. Il développe dès lors unintérêt pour la religion, qui ne se limite pas à l'hindouismemais s’étend également aux autres religions comme leJaïnisme, le bouddhisme, l'islam et le christianisme, dontil retient entre autres l'incitation à réagir par la non-violence ; « si quelqu'un vous frappe sur la joue droite,présentez-lui la joue gauche ».

1.3 Retour en Inde (1891-1893)

1.3.1 Rédacteur juridique

Il reprend le bateau pour l'Inde le 12 juin 1891, deux joursaprès avoir été facilement admis au barreau d'Angleterreet du pays de Galles. Il a en revanche beaucoup plus demal à exercer son métier : ses études sont restées théo-riques ; il n'a encore aucune connaissance du droit indienet sa timidité fait qu'il éprouve des difficultés à s’expri-mer en public. Il tente d'abord de s’installer à Bombay oùil est admis au barreau mais doit renoncer au bout de sixmois, faute de rentrées d'argent suffisantes[17].Gandhi retourne ensuite à Râjkot travailler auprès de sonfrère, avocat lui aussi. Il y rédige des requêtes et des mé-moires en profitant de la clientèle de son frère.

1.3.2 Premier conflit avec l'autorité britannique

À cette époque se produit un incident qu'on connaît parl'Autobiographie de Gandhi[18] et qui jouera un rôle dé-cisif dans sa vie. Son frère Laxmidas, qui avait été secré-taire et conseiller du chef de l'État princier de Porbandar,est accusé, selon les termes de Gandhi, d'avoir don-né au prince un « mauvais conseil ». Selon le petit-filsde Gandhi[19], on reprochait à Laxmidas d'avoir ferméles yeux sur un vol de bijoux de la couronne commispar l'héritier du trône, encore mineur. Selon une autresource[20], Laxmidas Gandhi était accusé d'avoir lui-même suggéré ce vol. L'affaire était instruite par l'agentpolitique du Raj au Kathiawar, Charles Ollivant (en)[19],un fonctionnaire britannique que Mohandas avait rencon-tré à Londres et qui s’était montré aimable avec lui. Lax-midas, qui professe que seule l'influence compte au Ka-thiawar, demande à Mohandas d'intervenir en sa faveurauprès d'Ollivant. Mohandas objecte que Laxmidas a des

moyens légaux de défense, mais il cède à contrecœur àl'insistance de son frère et se fait recevoir par Ollivant,tout en étant conscient de n'y avoir aucun droit. Il rap-pelle à Ollivant leur rencontre à Londres et parle en fa-veur de son frère. Ollivant montre très vite qu'il n'appréciepas cette démarche : « Votre frère est un intrigant. Jene souhaite pas vous écouter plus avant. Je n'ai pas letemps. Si votre frère a quelque chose à dire, qu'il fasseune demande par la voie appropriée. » Dans son autobio-graphie, Gandhi reconnaît que cette réponse était peut-être méritée « mais l'attachement à nos intérêts nous rendaveugles. Je continuai à parler. » Ollivant dit à Gandhiqu'il doit maintenant s’en aller. Gandhi demande à êtreécouté jusqu'au bout et Ollivant le fait expulser par sondomestique. Gandhi, « pleurant et fumant de rage » selonses propres termes, envoie une lettre à Ollivant, exigeantdes excuses sous peine de poursuites. Ollivant répond queGandhi avait été impoli et que le domestique, en le pous-sant dehors par les épaules après l'avoir vainement invité àsortir, n'a pas abusé de la force. Il ajoute que Gandhi peutprocéder contre lui s’il le désire. Gandhi demande l'avisd'un juriste indien réputé, qui estime que « l'avocat ausang chaud débarqué d'Angleterre »[21] n'aurait pas gainde cause en justice et lui déconseille d'engager des pour-suites.Dans son autobiographie, Gandhi reconnaît qu'il étaiten faute, mais il soutient que la réaction impatiented'Ollivant était excessive et que celui-ci était intoxiquépar le pouvoir. Pour le petit-fils de Gandhi[22], la conduited'Ollivant est de l'arrogance raciale : « Le choc s’avé-ra toutefois salutaire. Gandhi avait été confronté à uneforme d'arrogance raciale qu'il n'avait jamais connue du-rant ses trois années passées en Angleterre (...) son renvoipar Ollivant avait déclenché un processus qui conduirait,cinquante ans plus tard, à la campagne Quit India. »

1.3.3 Désir de fuir l'Inde

Exercer le métier d'avocat au Kathiawar aurait demandéà Gandhi de saluer Ollivant après l'avoir vainement me-nacé de poursuites judiciaires, idée que Gandhi trouvaitinsupportable[23].De plus, il est écœuré par le climat de lutte pour le pou-voir qui règne autour de lui et par l'obligation de devoirs’attirer les bonnes faveurs de la hiérarchie, indienne oubritannique. Non seulement sa querelle avec le « sahib »Ollivant le détourne d'une carrière d'avocat au Kathiawar,mais il se heurte à un fonctionnaire indien qui surclassele sahib en arrogance[23].Il saute donc sur l'occasion lorsqu'une société indiennelui propose un contrat d'un an au plus en Afrique du Sud.Il voit là l'occasion à la fois de quitter l'Inde, de voya-ger et d'acquérir de l'expérience, et s’embarque donc pourl'Afrique en avril 1893.

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4 1 BIOGRAPHIE

1.4 Gandhi enAfrique du Sud (1893-1915)

Gandhi en Afrique du Sud (1895)

À cette période de sa vie, Gandhi est un individu doux, ti-mide et politiquement indifférent. Il lit son premier jour-nal à 18 ans, ne dispose en droit que d'une culture li-vresque, dont il ignore les aspects commerciaux intéres-sant les milieux commerçants indiens qui formeront saprincipale clientèle[24]. Sans facilités particulières dansl'exercice de sa profession, il est sujet au trac lorsqu'il doitparler au tribunal[25]. L'Afrique du Sud le change de ma-nière spectaculaire, d'une part en lui donnant, par sa réus-site professionnelle, l'assurance qui lui manquait jusque-là[24], d'autre part en éveillant sa conscience politique parles témoignages de discrimination envers les Noirs et lesIndiens auxquelles il sera confronté dans ce pays.Diverses anecdotes, rapportées d'abord par Gandhi autitre d'« expériences de vérité », peuvent expliquerl'évolution du positionnement de Gandhi à cette périodede sa vie.

1.4.1 L'incident du turban

Le journal The Natal Mercury rapporte le 26 mai 1893que la veille, un Indien est entré dans le palais de jus-tice et a pris place dans la partie du tribunal réservéeaux avocats. « Il est entré dans le tribunal sans ôter soncouvre-chef ni saluer (salaaming) et le magistrat l'a re-gardé avec désapprobation. On demanda courtoisementau nouvel arrivant quelles étaient ses occupations et il ré-pondit qu'il était un avocat anglais. Il ne chercha pas àprésenter ses références et quand il retourna au banc desavocats, on lui dit calmement que la façon correcte de pro-céder, avant d'occuper sa position au barreau, était de sefaire admettre par la Cour suprême[26]. » Gandhi répondimmédiatement à cet article que s’il s’est attiré un regardréprobateur du magistrat en gardant son turban, il en esttrès peiné et qu'il n'a agi comme il l'a fait que par igno-rance des usages en vigueur au Natal. Il ajoute que s’il estretourné au banc des avocats après que le greffier l'avait

pris à part pour l'avertir de la nécessité de produire sesréférences, c'est parce que, le greffier ayant cru pouvoirdéroger à la règle pour cette fois, il ne s’attendait pas à ceque le magistrat se montrât moins conciliant[27].Dans son Autobiographie de 1927, Gandhi dira que, lemagistrat lui ayant demandé d'enlever son turban, il avaitrefusé de le faire et quitté le tribunal. Dans ce récit, Gand-hi ne dit pas qu'il avait dû quitter le banc des avocats parcequ'il ne s’était pas accrédité comme tel[28].N. Sanghavi relève que la version tardive de Gandhi n'estpas en harmonie avec les deux documents d'époque, quine permettent pas de conclure à un incident racial[29]. G.B. Singh et T. Watson, auteurs hostiles à Gandhi, font lamême remarque[30].

1.4.2 L'incident du train

Gandhi a également raconté avoir été victime d'un inci-dent racial dans le train qui le conduisit de Durban (Natal)à Pretoria (Transvaal), quelques jours après son arrivée enAfrique du Sud, et donc fin mai ou début juin 1893. Cetincident semble[31] n'être connu que par les récits qu'en afaits Gandhi. Selon son Autobiographie de 1927[32], Ab-dulla Sheth, un des Indiens établis en Afrique du Sud pourqui Gandhi va travailler, lui achète un billet de train depremière classe pour la première partie du voyage, qui sefera au Natal, et l'avertit qu'au Transvaal, contrairement àce qui est le cas au Natal, les Indiens ne sont pas autorisésà voyager en première ou en seconde classe. « L'usage,raconte Gandhi, était de payer cinq shillings supplémen-taires si on avait besoin d'une literie. Abdulla Sheth insistapour que je commande une literie, mais par obstinationet fierté, ainsi que pour épargner cinq shillings, je refu-sai. » À la gare de Pietermaritzburg (capitale du Natal,et donc toujours dans la partie du trajet où les Indienspeuvent voyager en première classe), un employé du che-min de fer distribue les literies. Gandhi n'en prend pas,disant qu'il a la sienne. Après que l'employé a quitté lecompartiment, un passager arrive et toise Gandhi. Gand-hi, dans son récit, ne prête aucune parole à ce passager,mais affirme : « Il vit que j'étais un homme de couleur.Cela le dérangeait. » Le passager va alerter des employésde la compagnie et un de ceux-ci dit à Gandhi d'aller dansle fourgon à bagages. Le récit de Gandhi n'indique pasquel motif l'employé alléguait et ne lui fait exprimer au-cun propos racial. Gandhi refuse de quitter le comparti-ment et un policier le fait descendre de force à la garede Pietermaritzburg. Gandhi passe la nuit à la gare et, lelendemain matin, il envoie des télégrammes au directeurgénéral de la compagnie du chemin de fer et à AbdullaSheth, qui intervient auprès du directeur général. Celui-ci justifie la conduite des employés (Gandhi ne dit paspar quels arguments), mais donne des instructions pourque Gandhi puisse poursuivre son voyage avec un jour deretard. Cette fois, Gandhi achète le ticket de literie qu'ilavait refusé de commander à Durban. G. B. Singh et T.Watson, dans un livre consacré principalement à mettre

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1.4 Gandhi en Afrique du Sud (1893-1915) 5

en doute l'incident du train tel que raconté par Gandhi, sedemandent si ses ennuis, au lieu d'avoir la cause racialeque Gandhi prétend, ne provenaient pas en réalité de cequ'il était en infraction au règlement sur la literie[33].La suite du voyage, telle que nous la connaissons parGandhi, est marquée par d'autres incidents analogues.Les incidents du turban et du train ont été décrits parplusieurs biographes comme un tournant de sa vie et ilslui servirent ensuite de catalyseur pour son militantisme.C'est en étant témoin direct de l'intolérance, du racisme,des préjugés et de l'injustice contre les Indiens d'Afriquedu Sud que Gandhi commence à réfléchir au statut de sonpeuple et à sa propre place dans la société. Gandhi réagitpar de premières protestations. Ainsi, il écrit une lettre àla direction des chemins de fer du Transvaal et obtient queles Indiens « convenablement habillés » puissent voyageren première et en seconde classe[34],[35].

Gandhi durant la guerre des Boers (2e rang, 3e en partant de ladroite).

1.4.3 Lutte légaliste contre des projets de loi défa-vorables aux Indiens

À la fin de son contrat, Gandhi se prépare à rentrer enInde. Cependant, lors d'une fête d'adieu en son honneur, ilremarque un article de journal selon lequel des membresde l'assemblée du Natal préparent une loi (FranchiseAmendment Bill) retirant le droit de vote aux Indiens (voirIndiens d'Afrique du Sud (en)). Selon le récit que Gand-hi donnera plus tard dans son Autobiographie[36], c'estlui qui alerte ses hôtes, car les Indiens, même aisés, seconsidèrent comme incompétents en politique. MaureenSwan note cependant que l'autobiographie de Gandhi esttrès romancée et qu'en réalité, tout indique que, dès avantl'arrivée de Gandhi en Afrique du Sud, les Indiens de laclasse aisée étaient conscients de leurs intérêts politiquesen tant qu'Indiens[37]. Les hôtes de Gandhi lui demandentde rester pour les aider comme juriste à combattre ce pro-jet de loi. Il fait circuler plusieurs pétitions, adressées augouvernement du Natal et au gouvernement britannique.Bien qu'incapable d'empêcher le vote de la loi, sa cam-pagne permet d'attirer l'attention sur les difficultés desIndiens en Afrique du Sud.À la prière de ses partisans, il accepte de rester dans la

région pour continuer à défendre les droits des Indiens,mais, pour garder son indépendance, il refuse que ses ac-tions politiques soient rémunérées. Il demande donc qu'onlui assure des revenus à titre d'honoraires pour des causesprivées, ce que font une vingtaine de marchands. Il loueune maison de deux étages au bord de la mer à Durban :c'est pour lui une question de prestige et il veut luttercontre un préjugé selon lequel les Indiens sont avares[38].Il fonde en 1894 le Natal Indian Congress, prenant lui-même le poste de secrétaire. Cette organisation trans-forme la communauté indienne en une force politique ho-mogène, publiant des preuves de la ségrégation britan-nique en Afrique du Sud : limitation de l'immigrationindienne au Natal (Immigration Law Amendment Bill,Immigration Restriction Act de 1897[39]) et plus tard auTransvaal[40], loi imposant aux Indiens de donner leursempreintes digitales pour obtenir un permis de circuler(Black Act)[41].Pendant plus de dix ans, les actions de Gandhi contre leslois de discrimination envers les Indiens seront menéespar des moyens traditionnels et tout à fait légaux : pétitionsau pouvoir et appels à l'opinion par voie de presse[42].

1.4.4 Émeute organisée contre Gandhi etl'immigration indienne

En juin 1896, Gandhi séjourne quelques mois en Inde,d'une part pour amener sa femme et ses enfants vivre aveclui au Natal et d'autre part pour inciter des avocats indiensà venir y exercer leur profession. Il est en outre mandatépar des dirigeants de la communauté indienne du Natalpour faire connaître en Inde les griefs des Indiens vivanten Afrique du Sud. Son voyage est payé par le Natal In-dian Congress[43].En Inde, il publie une brochure exprimant les doléancesdes Indiens d'Afrique du Sud ; il y dit notamment qu'auNatal, les employés du chemin de fer peuvent traiter lesIndiens comme des bêtes[44]. La brochure fait du bruit enInde[45], ce qu'on apprend au Natal par une dépêche del'agence Reuters en date du 14 septembre 1896. Au vu durésumé de la brochure donné par cette dépêche, la pressedu Natal s’indigne contre Gandhi, mais concède très tôtque le résumé caricature la brochure[46].Un second ordre de faits contribue à tourner certains es-prits contre Gandhi. À cette époque, quatre lignes mari-times dont les propriétaires sont indiens apportent cha-cune, quatre fois par an, 300 ou 400 Indiens en Afriquedu Sud, ce qui donne à des Blancs le sentiment d'êtreenvahis[47]. Le bateau qui ramène Gandhi en décembre1896, et qui appartient à son ami Abdullah, est accompa-gné d'un autre bateau qui, lui, appartient à une compagniedont la firme d'Abdullah est l'agent. Ces bateaux trans-portent à eux deux environ huit cents passagers[48]. Gand-hi est vu comme organisant l'invasion[49]. À cela s’ajoutequ'au mois d'août, la Tongaat Sugar Company avait essayéde faire venir au Natal des ouvriers qualifiés indiens qui

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recevraient des salaires très inférieurs au cours du marchédu travail. Des ouvriers blancs s’y étaient opposés par desmeetings massifs, dénonçant la rapacité des capitalisteset la concurrence déloyale des ouvriers indiens qui, se-lon eux, acceptaient de vivre dans des conditions indignespour supplanter les Blancs. Le projet avait été abandonné,mais la colère se rallume maintenant contre Gandhi[50].Pendant que les deux bateaux sont en quarantaine, uneréunion publique est tenue à l'hôtel de ville de Durban.Devant un auditoire de 2.000 personnes, formé principa-lement d'artisans, des agitateurs exigent le renvoi en Indede tous les passagers candidats à l'immigration[51]. Lesautorités sympathisent avec les mécontents et cherchentà faire pression sur les arrivants en prolongeant leur qua-rantaine et en les invitant à retourner chez eux aux fraisdu Natal, mais, encouragés par Gandhi, les passagers res-tent fermes. Les autorités, n'ayant aucun moyen légal derefuser l'entrée à des sujets britanniques, décident de leslaisser accoster[52].Quand Gandhi débarque le 13 janvier 1897, il est atta-qué par une foule de Blancs et de Noirs. La presse sud-africaine, selon laquelle ces Noirs ont été amenés parles meneurs blancs, dénonce l'irresponsabilité de ces der-niers, compte tenu notamment des sentiments mutuelspeu amicaux des Noirs et des Indiens[53]. Les émeutiersmenacent de lyncher Gandhi, mais il est protégé par lesautorités[54],[55]. Une première indication des valeurs quidonneront forme à ses futures campagnes est son refusde porter plainte contre ses assaillants, en précisant quec'était un de ses principes de ne pas résoudre des pro-blèmes personnels devant une cour de justice[56].

1.4.5 Participation à la deuxième Guerre des Boers

Au début de la deuxième Guerre des Boers, en 1899,Gandhi déclare que les Indiens doivent soutenir l'effortde guerre s’ils veulent légitimer leur demande de citoyen-neté. Il organise un corps d'ambulanciers volontaires de300 Indiens libres et de 800 coolies indiens, appelé le In-dian Ambulance Corps, une des rares unités médicales quisecouraient les Sud-africains noirs. Gandhi lui-même estporteur de civière à la bataille de Spion Kop[57]. Il est dé-coré à cette occasion. Malgré tout, à la fin de la guerre, lasituation des Indiens ne s’améliore pas, et continue mêmeà se détériorer.

1.4.6 Loi d'enregistrement

En 1906, le gouvernement du Transvaal vote une nou-velle loi demandant l'enregistrement de toute la po-pulation indienne. Lors d'une rencontre de protesta-tion à Johannesburg le 11 septembre 1906, Gandhi meten pratique pour la première fois sa méthodologie dusatyagraha (attachement à la vérité), ou protestation nonviolente, dont il avait exposé la théorie en 1904[58]. Il ap-pelle ses compagnons indiens à défier la nouvelle loi et

Gandhi et sa femme Kasturba (1902).

à subir les punitions qui en résulteraient au lieu de ré-sister par la violence. Il s’inspire en cela des préceptes,de son ami indien Shrimad Rajchandra, un ascète jaïnavec lequel il correspond jusqu'à la mort de celui-ci, etque l'on[Qui ?] considère comme son gourou en matière denon-violence[59].Ce plan est adopté, ce qui mène à une lutte de sept ansau cours de laquelle des milliers d'Indiens et de Chi-nois sont emprisonnés (incluant Gandhi lui-même en denombreuses occasions), fouettés ou même abattus pouravoir fait grève, refusé de s’enregistrer, brûlé leur carted'enregistrement ou avoir résisté de manière non violente.C'est durant cette période que Gandhi entame une corres-pondance avec Léon Tolstoï, où ils échangent leurs vuessur la non-violence et la politique globale jusqu’à la mortde l’écrivain russe[60]. La désobéissance civile culmine en1913 avec une grève des mineurs et la marche des femmesindiennes.Bien que le gouvernement sud-africain réprime les ma-nifestants indiens avec succès, l'opinion publique réagitviolemment aux méthodes extrêmement dures employéescontre les manifestants asiatiques pacifiques. Finalementle général Jan Christiaan Smuts est forcé de négocier uncompromis avec Gandhi. Les mariages non chrétiens re-deviennent légaux et une taxe de trois livres qui représen-tait six mois de salaire, imposée aux indiens qui voulaientdevenir des travailleurs libres (c'est-à-dire les coolies), estabolie[35].

1.4.7 Participation à la guerre contre les Zoulousrebelles

En 1905, le gouvernement du Natal est confronté à degrosses difficultés financières et décide d'augmenter lesimpôts, aussi bien ceux des Blancs et des Asiatiques queceux des Noirs (Zoulous)[61]. En janvier et février 1906,quand la nouvelle taxe est collectée à travers tout le pays,des Noirs se rebellent : c'est la rébellion zouloue, appe-lée aussi rébellion de Bambatha. Après que les troublesont causé la mort de trois Blancs (un fermier et deuxpoliciers)[62], le gouvernement décrète la loi martiale le10 février 1906[63]. Les révoltés sont bientôt des milliers.

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1.4 Gandhi en Afrique du Sud (1893-1915) 7

Article détaillé : Rébellion de Bambatha.

Un bon nombre de Noirs, toutefois, désapprouvent la ré-bellion. C'est par exemple le cas du leader zoulou JohnDube, qui estime que les Noirs doivent provisoirementfaire abstraction de leurs griefs (légitimes, selon lui) pouraider le gouvernement à réprimer la révolte[64].Gandhi, qui en novembre 1905 avait réclamé pour les In-diens du Natal « un entraînement complet à un véritableservice militaire[65] », plaide en mars 1906 pour que legouvernement permette une participation indienne à larépression de la révolte zouloue[66]. Puisque les Indiensn'ont pas reçu d'instruction militaire, ils feraient un ser-vice non armé[67].En avril, s’adressant aux Indiens pour les exhorter à for-mer un corps d'ambulanciers, Gandhi insiste pour quetoute considération de justice soit écartée : « Ce n'estpas à nous de dire si la révolte des Cafres est justifiée ounon. (...) Comme nous le montre le cas des douze Cafres[exécutés comme coupables du meurtre de deux poli-ciers], toute justice que nous pourrions chercher ne nousviendrait finalement que du gouvernement local[68]. »Le Natal Indian Congress offre les services des Indiensau gouvernement[68]. En mai, Gandhi décrit la rébellioncomme menaçant l'Afrique du Sud tout entière et argueque si les Indiens restent à l'écart dans un tel danger, ilsferont mauvaise impression[69]. En réponse à certainescritiques auxquelles la presse a fait écho, Gandhi recon-naît que les Indiens ne sont pas indifférents à l'estimeque peut leur valoir le fait de se tenir « épaule contreépaule avec leurs compagnons colons » et à l'améliorationde leur statut légal qui peut en résulter, mais il protesteque leur offre de soutien au gouvernement est incondi-tionnelle et inspirée par le seul sentiment du devoir[70].Fin mai, le gouvernement accepte la formation d'un corpsde vingt brancardiers indiens[71]. Gandhi fait campagnepour que les Indiens qui ne vont pas au front aidentfinancièrement les soldats gouvernementaux[72]. Il sou-tient aussi qu'à l'avenir, il ne faudra pas en rester à uncorps de brancardiers, mais obtenir la constitution d'uncorps permanent de volontaires indiens armés, qui rece-vront chaque année un entraînement militaire. Il y aurapeu de risques de se battre, car les guerres sont rares :la dernière rébellion des Cafres date de plus de vingtans. L'entraînement sera une sorte de pique-nique annuel,qui rapportera aux Indiens santé, perfectionnement mo-ral (comme d'apprendre à obéir sans discuter), respect dela part des Blancs et, vraisemblablement, avantages poli-tiques. De toute façon, avantages politiques ou non, c'estun devoir[73]

Le corps de bancardiers entre en fonctions le 26 juin1906[74]. Il est dirigé par Gandhi, qui a le titre de sergent-major[75]. Dans un récit des activités du corps qu'il publieà cette époque, Gandhi mentionne les diverses tâches as-signées à ses hommes : approvisionnement en eau à par-tir d'un ruisseau voisin, désinfection du camp, tenue du

Le Corps d'Ambulanciers de Gandhi, lors de la rébellion zouloue.

registre d'infirmerie, transport des soldats britanniquesblessés et, en deux circonstances, soins à des Noirs : toutd'abord, trois ou quatre Indiens sont requis pour panserdes Noirs rebelles qui ont été fouettés et, plus tard, lesbrancardiers sont chargés de transporter un Noir loyalistesur qui un soldat a tiré par erreur. Dans ce dernier cas,une vingtaine de Noirs loyalistes sont désignés pour aideret guider les brancardiers ; c'est à ce sujet que Gandhi ex-prime la seule appréciation morale sur des Noirs qu'ontrouve dans ce récit : « Les Noirs dont nous disposionsse révélèrent très indignes de confiance et très obstinés.Sans une attention constante, ils auraient tout de suite lâ-ché le blessé, et ils semblaient n'avoir aucun souci de leurcompatriote souffrant[76]. »Les chefs rebelles se rendent le 14 juillet 1906[77] et lecorps de brancardiers est dissous le 19[78].Dans une lettre du 31 juillet 1906, Gandhi prône de nou-veau la formation d'un corps permanent de volontairesindiens. Il précise cette fois que le service qui sembleconvenir le mieux aux Indiens est celui de brancardiers etd'infirmiers. Il ajoute qu'en accomplissant ce service, lesIndiens devraient être armés pour leur propre défense[79].En juillet 1906, le Gaelic American (en)et l'IndianSociologist (en) qualifient la conduite de Gandhi deméprisable[80].Le 4 août 1906, Gandhi répond à des protestations qui sesont élevées en Angleterre contre la dureté avec laquelle larébellion zouloue a été réprimée. Il mentionne les peinestrès sévères infligées par les Britanniques aux Égyptiensqui se sont révoltés lors de l'incident de Denshawai (en) etconclut qu'en comparaison, il n'y a pas de quoi s’indignercontre les autorités du Natal[81].Plus tard, Gandhi expliquera son engagement dans lecamp gouvernemental par la certitude qu'il avait alorsdu caractère bienfaisant de l'Empire britannique[82]. Plu-sieurs auteurs[83] ont d'ailleurs noté que, dans ses récitsultérieurs de sa participation à la répression de la rébel-lion, Gandhi donnera de sa conduite et de la conduite dessoldats blancs envers les Noirs rebelles une descriptionque ses textes contemporains de la révolte ne confirmentpas. Ainsi, il dira dans son Autobiographie de 1927 que« de toute façon, j’étais de tout cœur avec les Zoulous etje fus ravi d’apprendre (...) que l’essentiel de notre travailserait de soigner des blessés zoulous[84] ». Alors qu'avant

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8 1 BIOGRAPHIE

la constitution du corps de brancardiers, il avait presséles Indiens de réagir face à l'extension de la révolte[69],il affirmera qu'en arrivant au front, il n'avait rien vu quipût justifier le mot de « rébellion »[85]. Et lui qui, en1906, n'avait pas exprimé la moindre sympathie pour lesZoulous rebelles et avait déclaré les Zoulous loyalistes in-dignes de confiance, peindra dans son Autobiographie untouchant tableau de l'affection mutuelle entre Noirs et In-diens, mise en contraste avec l'odieux racisme des Blancs :

« [L'officier de santé] nous dit que lesBlancs ne voulaient pas servir d'infirmiers auxZoulous blessés, que les plaies de ceux-ci sup-puraient et qu'il était à bout de ressources. Ilsalua notre arrivée comme un don du ciel à cesgens innocents (...). Les Zoulous furent ravisde nous voir. Les soldats blancs regardaient àtravers la clôture qui nous séparait d'eux et es-sayaient de nous dissuader de soigner les plaies.Et comme nous refusions de les écouter, ils de-vinrent enragés et lancèrent des flots d'injuresindescriptibles aux Zoulous[86]. »

1.4.8 Hermann Kallenbach

En 1906, Gandhi fait à Johannesburg la connais-sance d'Hermann Kallenbach (en), riche architecte juifallemand[87] passionné de culturisme, qui sera un de sesplus fidèles amis et compagnons de combat. À cetteépoque, qui est aussi celle où Gandhi oppose son vœu dechasteté à son épouse, les deux hommes cohabitent[88].En 1995, dans une communication non publiée, JamesD. Hunt signala que la correspondance entretenue parles deux hommes dans leur jeunesse manifestait la na-ture, selon lui, clairement homoérotique mais non ho-mosexuelle de leurs relations. Thomas Weber, dans unlivre de 2004[89], fit écho à la communication de Hunt.Cette question vint à la connaissance du grand public en2011, quand Joseph Lelyveld, dans une biographie deGandhi intitulée Great Soul : Mahatma Gandhi and HisStruggle with India, publia des extraits de la correspon-dance privée[90] de Gandhi avec Kallenbach. Plusieursmédias ou historiens[91] ont interprété ces lettres commerévélatrices d'une histoire d’amour homophile ou homo-sexuelle entre les deux hommes de 1908 à 1915, histoirepoursuivie par correspondance après le retour de Gandhien Inde. Lelyveld rejette cette interprétation, considérantque les mots d'amour échangés relèvent plutôt du mys-ticisme et qu'à cette époque Gandhi avait déjà prononcéson vœu de chasteté du brahmacharya. Graham Smith,dans un article du Mail Online, signale que Gandhi, sansqu'on sache bien ce qu'il entendait par là, écrivit danscette correspondance que la vaseline et le coton lui rappe-laient constamment Kallenbach[92]. Cette polémique esttelle que deux États de l'Inde (dont le Gujarat, son Étatnatal) ont interdit la publication de ce livre[93] mais legouvernement indien qui préparait une loi punissant de

prison les insultes envers le « père de la Nation » a fina-lement renoncé à cette mesure[94].

1.5 Combat pour l'indépendance de l'Inde(1915-1945)

Gandhi et Kasturba en janvier 1915 après leur retour en Inde.

Article détaillé : Empire britannique.

Lors de son retour en Inde, Gandhi découvre qu’il neconnaît pas son propre pays. Il décide alors de le par-courir de long en large, allant de village en village, afinde rencontrer l’âme indienne et connaître ses vrais be-soins. En mai 1915, Gandhi fonde un âshram dans la ban-lieue d'Ahmedabad en Inde et l'appelle Satyagrah Ash-ram (aussi connu comme l'Ashram de Sabarmati). Làlogent 25 hommes et femmes qui font vœux de vérité,de célibat, d'ahimsa, de pauvreté, et de servir le peupleindien[95].Comme il l'avait fait en Afrique du Sud, Gandhi demandeaux Indiens de s’engager dans l'armée pour aider les Bri-tanniques dans la Première Guerre mondiale. Son raison-nement, rejeté par beaucoup, était là aussi que si l'on dé-sirait la citoyenneté, la liberté et la paix dans l'Empire, ilserait bon de participer à sa défense.Il fait des discours lors de réunions du Congrès national

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1.5 Combat pour l'indépendance de l'Inde (1915-1945) 9

indien, et il est introduit en politique par Gopal KrishnaGokhale, qui est un des dirigeants les plus respectés duparti à cette époque.Il précipite en 1917 l'abolition de l'engagisme des coolies,émigrés indiens qui travaillaient dans des conditionsproches de l'esclavage dans les colonies anglaises et fran-çaises. Gandhi avait rencontré pour la première fois descoolies en Afrique du Sud et avait lancé sa première pé-tition contre l'engagisme en 1894[96].

1.5.1 Champaran et Kheda

Gandhi en 1918, au moment des satyagrahas du Champaran etdu Kheda.

La première réussite majeure de Gandhi vient en 1918avec les satyagrahas du Champaran et du Kheda, bien quepour cette dernière, il était impliqué de pair avec SardarVallabhbhai Patel, qui agit comme son bras droit et dirigedes rebelles.Au Champaran, un district de l'État du Bihar, il organisela résistance civique pour les dizaines de milliers de fer-miers sans terres, pour les serfs et pour les petits proprié-taires pauvres qui sont forcés de cultiver l'indigo et autresproduits d'exportation au lieu de cultiver la nourriture né-cessaire à leur subsistance. Opprimés par les milices desgrands propriétaires britanniques pour la plupart, ils nereçoivent que de maigres compensations, les laissant dans

une pauvreté extrême. Les villages subissent des condi-tions d'hygiène déplorables et l'alcoolisme, la discrimi-nation envers les intouchables et la purdah sont très ré-pandus. Au cours d'une terrible famine, les Britanniquesveulent encore augmenter l'une de leurs taxes, ce qui rendla situation désespérée.À Kheda, au Gujarat, le problème est identique. Gandhi yétablit un ashram, regroupant un grand nombre de parti-sans et de volontaires de la région. Il y mène une étude dé-taillée sur les villages, rendant compte des atrocités et desterribles conditions de vie. Gagnant la confiance des vil-lageois, il dirige le nettoyage des villages, la constructiond'écoles et d'hôpitaux et encourage les dirigeants locaux àcondamner et éliminer les problèmes sociaux décrits plushaut.Le pic de la crise vient quand il est arrêté par la policepour « trouble à l'ordre public », et il lui est demandé dequitter la province. Des centaines de milliers de personnesmanifestent autour de la prison, des commissariats et despalais de justice demandant sa libération, ce que la justiceaccorde à contrecœur.Gandhi mène des grèves et des manifestations contre lesgrands propriétaires qui, sous la direction du gouverne-ment britannique, signent un accord donnant plus de com-pensations et plus de contrôle sur la production aux fer-miers pauvres, ainsi qu'une annulation de la taxe jusqu'àla fin de la famine. Si pour Gandhi les gains matériels dela victoire sont minimes, le fait que les paysans aient ac-quis une conscience politique est inestimable[97].C'est à partir de cette époque que Gandhi est baptisé parle peuple Bapu (père) et Mahatma (Grande âme). La pre-mière à employer ce dernier terme fut Annie Besant :chez les théosophes qu'elle dirigeait, le mahatma est la« grande âme » qui guide l'humanité[98]. Au Kheda, Patelreprésenta les fermiers et obtint la même victoire.La célébrité de Gandhi s’étend alors à l'Inde entière.

1.5.2 Non-coopération

En mars et avril 1919, Gandhi organise un Satyagrahapour protester contre le Rowlatt Act. Des heurts ont lieuentre les troupes de Gandhi et les autorités. Du 10 au 12avril, des Indiens qui ont répondu à l'appel de Gandhicommettent des meurtres, des incendies et des pillagesau détriment de civils européens dans la ville d'Amritsar,au Pendjab[99]. Le 13 avril, les autorités britanniquesfont tirer, après sommations[réf. souhaitée], sur des Indiensqui, bravant l'interdiction des rassemblements de plus decinq personnes, se sont amassés par milliers dans cettemême ville d'Amristar. C'est ce qu'on appelle le massacred'Amritsar.Article détaillé : massacre d'Amritsar.

Gandhi critique à la fois les violences du Royaume-Uniet celles des Indiens. Il écrit une résolution où il pré-

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sente ses condoléances aux victimes civiles britanniqueset condamne les émeutes. Elle est acceptée malgré undébut d'opposition du parti, après que Gandhi exposesa position lors d’un discours émouvant où il met enavant son principe que toute violence est maléfique etinjustifiable[100].En 1921, Édouard VIII, qui était alors Prince de Galles,visite l'Inde. D'après ses souvenirs, publiés en 1947,Gandhi et ses suiveurs usèrent d'intimidation et de sou-doiement pour dissuader la population d'assister aux ap-paritions publiques du prince ; ils répandirent le bruit quela police avait ordre de tirer sur les indigènes et quela nourriture traditionnellement offerte aux pauvres lorsdes visites princières serait empoisonnée[101]. Le 19 no-vembre 1921, à Bombay, des Parsis, des Chrétiens et desJuifs qui reviennent d'avoir salué le prince, sont attaquéspar des non-coopérants[102]. Ceux-ci tuent deux Euro-péens, un Américain (William Francis Doherty) et deuxParsis. Parmi les émeutiers, cinquante-trois sont tués[103].Le nom de Doherty nous est connu notamment par HarryHubert Field, selon qui Gandhi essaya de payer la veuvede Doherty pour qu'elle ne publie pas le fait aux États-Unis[104].C’est après ces massacres que Gandhi se concentre surl'indépendance, ce qui devient la Swaraj, c'est-à-dire uneindépendance complète, aussi bien individuelle, spiri-tuelle que politique en devenant le dirigeant exécutif pourle Parti du Congrès en décembre 1921. Sous sa direction,le congrès est réorganisé avec une nouvelle constitution,mentionnant le but de la Swaraj. L'adhésion au parti estouverte à tous ceux qui sont prêts à payer une partici-pation symbolique. Une hiérarchie de comité est établiepour améliorer la discipline, transformant un parti élitisteen une organisation de masse, de dimension et de repré-sentativité nationale.

Gandhi jeûnant en 1924, et la jeune Indira Gandhi, fille deNehru, qui devient Premier ministre de l'Inde.

Gandhi étend son principe de non-violence aumouvement Swadeshi et sa politique de boycottaux marchandises étrangères, spécialement les produitsanglais. Lié à cette politique, il demande que le khadi(vêtement fait maison) soit porté par tous les Indiensau lieu des textiles britanniques. Riches ou pauvres,

hommes ou femmes, doivent filer chaque jour afind'aider le mouvement d'indépendance[105].Cette stratégie inculque discipline et attachement, afind'éliminer les moins motivés ou les plus ambitieux. Ellepermet aussi d'inclure les femmes au mouvement, à uneépoque où ce genre d'activité n'était pas considéré comme« respectable » pour les femmes. Gandhi appelle de plusau boycott des institutions judiciaires et scolaires, à la dé-mission des postes gouvernementaux et au rejet des titreset honneurs britanniques.La « Non-coopération » bénéficie d'un grand succès, aug-mentant l'enthousiasme et la participation de toutes lescouches de la société indienne. Au moment où le mouve-ment atteint son apogée, il s’arrête brusquement à la suitede violents affrontements dans la ville de Chauri Chaura,dans l'Uttar Pradesh, en février 1922. Craignant que lemouvement ne tourne à la violence, et convaincu que ce-la ruinerait toute son œuvre, Gandhi arrête la campagnede désobéissance civile[106].Gandhi est arrêté le 10 mars 1922, sous l'inculpationde subversion. Le 12 mars, il prononce un discours de-vant le tribunal. Selon le texte de ce discours publié dansYoung India (23 mars 1922), il déclare : « Il m'est impos-sible de me dissocier des crimes diaboliques de ChauriChaura ou des atrocités insensées de Bombay et de Ma-dras. [L'Avocat général] a tout à fait raison de dire qu'entant qu'homme tenu à une conduite responsable, en tantqu'homme bien pourvu d'instruction et d'expérience dece monde, j'aurais dû connaître les conséquences de cha-cun de mes actes. Je savais que je jouais avec le feu. J'aicouru le risque et si j'étais libéré, je referais la mêmechose »[107]. C. Sankaran Nair[108], dans son livre Gandhiand Anarchy, publié en cette même année 1922, fait cecommentaire : « Un homme qui dit que s’il était libéré,il se conduirait de même tout en connaissant les consé-quences de ses actes, n'est pas un chef sûr[109] ». Gand-hi est condamné à 6 ans de prison. Il ne fait que deuxans et est libéré en février 1924 après une opération del'appendicite. Sans la personnalité unificatrice de Gand-hi, le parti commence à se diviser pendant qu'il est enprison. Deux factions apparaissent, une menée par ChittaRanjan Das et Motilal Nehru favorise la participation duparti aux organes législatifs, l'autre mené par ChakravartiRâjagopâlâchâri et Sardar Vallabhbhai Patel s’y oppose.De plus la coopération entre hindous et musulmans, quiavait été forte pendant la campagne de non-violence com-mence à s’étioler. Gandhi essaye bien d'atténuer ces dif-férences à travers divers moyens, incluant un jeûne detrois semaines en automne 1924, mais avec un succèslimité[110].

1.5.3 Le Swaraj et la marche du sel (satyagraha)

Article détaillé : Marche du sel.Gandhi reste en dehors de toute agitation durant la plus

grande partie des années 1920, préférant résoudre les dif-

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1.5 Combat pour l'indépendance de l'Inde (1915-1945) 11

Gandhi pendant la marche du sel.

férends entre le parti Swaraj et le Congrès national indien,et multipliant les initiatives contre la ségrégation des in-touchables, l'alcoolisme, l'ignorance et la pauvreté.Il retourne sur le devant de la scène en 1928. L'année pré-cédente le gouvernement britannique a nommé une nou-velle commission pour la réforme de la constitution quine comptait pas un seul Indien dans ses rangs. Le résultatest un boycott de la commission par tous les partis in-diens. Gandhi appuie une résolution lors du congrès deCalcutta en décembre 1928 demandant au gouvernementbritannique à choisir entre l'octroi du statut de protectoratà l'Inde ou faire face à une nouvelle campagne de non-violence pour une indépendance complète.Gandhi atténue les opinions de plus jeunes commeSubhash Chandra Bose et Jawaharlal Nehru, qui veulentdemander l'indépendance immédiate, mais il doit donnerun délai d'un an aux britanniques au lieu de deux commeil l'envisageait en compensation[111].Comme les Britanniques ne répondent pas, le 31décembre 1929 le drapeau indien est déployé à Lahore.Le 26 janvier 1930 est célébré par le parti du Congrèset par presque toutes les organisations indiennes commejour de l'indépendance.Tenant sa parole, Gandhi lance en mars 1930 une nou-velle campagne contre la taxe sur le sel, d'abord par lacélèbre marche du sel depuis Ahmedabad vers Dandi du12 mars au 6 avril 1930. Longue de 400 km, des mil-liers d'Indiens se joignent à la marche vers la mer afin deramasser leur propre sel. Les Indiens investissent ensuitepacifiquement les dépôts de sel. Cette campagne est l'unedes plus réussie mais l'empire britannique réagit en em-prisonnant plus de 60 000 personnes[112].Le gouvernement, représenté par Lord Edward Irwin,décide de négocier avec Gandhi. Le Gandhi-Irwin Pactest signé en mars 1931. Le gouvernement britanniqueaccepte de libérer tous les prisonniers politiques contreune suspension du mouvement de désobéissance civile.De plus, Gandhi est invité à une table ronde à Londrescomme seul représentant du parti du Congrès. Il séjournetrois mois en Europe. Cette conférence est décevante

Gandhi et Nehru en 1929.

pour Gandhi et les nationalistes car elle se concentre surles princes et les minorités indiennes plutôt que sur untransfert de pouvoirs.De plus le successeur de Lord Irwin, Lord Willingdon,commence une nouvelle campagne de répression contreles nationalistes. Gandhi est à nouveau arrêté, et le gou-vernement essaie de détruire son influence en l'isolantcomplètement de ses partisans.Cette stratégie est un échec, car en 1932, à la suite de lacampagne du dirigeant intouchable Bhimrao Ramji Am-bedkar, le gouvernement accorde aux intouchables un sta-tut électoral séparé selon la nouvelle constitution. En pro-testation, Gandhi fait un jeûne de six jours en septembre1932, obligeant le gouvernement à adopter un accord pluséquitable au travers de négociations avec Palwankar Ba-loo, le champion de cricket intouchable devenu dirigeantpolitique.Cela marque le début d'une nouvelle campagne de Gand-hi pour améliorer la vie des intouchables, qu'il appelaitHarijans, les enfants de Hari (un des noms de Dieu). Le 8mai 1933 Gandhi entame un jeûne de 21 jours pour aiderle mouvement Harijan[113].Pendant l'été 1934, trois tentatives d'assassinat ont lieucontre lui.Quand le parti du Congrès choisit de contester les élec-tions et d’accepter le pouvoir en échange d’un statut defédération pour l’Inde, Gandhi décide de quitter le parti.Il n'est pas en désaccord avec cette action du parti mais

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il pensait que s’il démissionnait, sa popularité cesseraitd'étouffer les membres du parti, qui comprenait alors aus-si bien des communistes, des socialistes, des syndicalistes,des étudiants, que des conservateurs religieux ou des li-béraux.Gandhi ne veut pas non plus devenir une cible pourla propagande britannique en menant un parti qui avaittemporairement accepté un accord politique avec lecolonisateur[114].Gandhi retourne à la tête du parti en 1936 avec la prési-dence de Nehru. Bien qu’il veuille une concentration to-tale sur la réalisation de l'indépendance plutôt que de spé-culer sur le futur de l'Inde, il n’empêche pas le congrèsd'adopter le socialisme comme son but.Gandhi a une confrontation avec Subhas Bose, qui estélu président en 1938. Les problèmes que Bose posait àGandhi étaient son manque d'implication dans la démo-cratie et son manque de foi en la non-violence.Bose gagne un deuxième mandat en dépit de l'oppositionde Gandhi mais quitte le Congrès quand les dirigeants dé-missionnent en masse pour protester contre son abandondes réformes introduites par Gandhi[115].

1.5.4 La Seconde Guerre mondiale et la résolutionQuit India

Article détaillé : Quit India.Quand la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939,

Mahadev Desai (à gauche) lisant une lettre à Gandhi de la partdu vice-roi, à Birla House, Mumbai, le 7 avril 1939.

Gandhi favorise l'offre d'un « appui moral non violent »

à l'effort de guerre britannique, mais les autres dirigeantsdu Congrès sont offensés par l'implication unilatérale del'Inde dans la guerre, sans la consultation des représen-tants du peuple. Tous les membres du congrès démis-sionnent en masse[116].Après de longues délibérations, Gandhi déclare que l'Indene peut pas participer à une guerre ayant pour but la li-berté démocratique, alors que cette liberté est refusée àl'Inde elle-même.Comme la guerre progresse, Gandhi augmente ses de-mandes pour l'indépendance, écrivant une résolution ap-pelant les Britanniques à quitter l'Inde : Quit India. C’estpour Gandhi et le parti du Congrès la révolte la plus ra-dicale destinée à rejeter les Britanniques hors des terresindiennes[117].Gandhi est critiqué par certains membres du Congrèset d'autres groupes politiques aussi bien pour ou contreles Britanniques. Certains pensent que s’opposer auRoyaume-Uni au moment de cette guerre totale est im-moral, d'autres trouvent que Gandhi ne va pas assezloin. Quit India devient le mouvement le plus fort dansl'histoire de la lutte pour l'indépendance[118].

Gandhi et Kasturba à l'Ashram de Sevagram, janvier 1942.

Gandhi et ses partisans disent clairement qu'ils ne par-ticiperont pas à l'effort de guerre à moins que l'Inde nedevienne immédiatement indépendante. Dans l'été 1942,Gandhi appelle à une grève générale pour forcer les Bri-tanniques à quitter l'Inde. Il précise que le mouvement nes’arrêtera pas même si des actes de violence individuelssont commis[119], disant que « l'anarchie ordonnée » au-tour de lui était « pire que la vraie anarchie ». Il appelletous les Indiens et membres du Congrès à maintenir ladiscipline de l'ahimsa, et Karo Ya Maro (faire ou mou-rir) pour la cause de la liberté ultime. Gandhi et toutle comité dirigeant du Congrès sont arrêtés à Bombaypar les Britanniques le 9 août 1942. Des indépendan-tistes, membres et non-membres du Congrès, lancent unevague de violences contre les Britanniques, détruisent ouendommagent des centaines de bâtiments gouvernemen-taux, rompent des voies de communication et tuent desemployés du Raj. Deux mille cinq cents indépendantistes

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1.6 La libération et la partition de l'Inde (1945-1947) 13

sont tués ou blessés par la police, plus de soixante-sixmille autres sont arrêtés[120].Gandhi est détenu deux ans dans le palais de l'Aga Khan àPune. C’est là qu'il subit les deux coups les plus terriblesde sa vie personnelle. D'abord son conseiller de 42 ansMahadev Desai meurt d'un arrêt cardiaque six jours aprèssa détention. Puis sa femme Kasturba, qui avait toujoursété solidaire et engagée auprès de lui, meurt après 18 moisd'emprisonnement d'une crise cardiaque à la suite d'unepneumonie.Gandhi est relâché le 6 mai 1944 parce qu'il doit subir uneopération à cause de sa santé déclinante. Les Britanniquesne veulent pas qu'il meure en prison et soulève ainsi l'Indeentière. Bien que la répression violente du mouvement parles forces britanniques ait amené un calme relatif en Indeà la fin de 1943, Quit India réussit tous ses objectifs. Àla fin de la guerre, le Royaume-Uni donne des indicationsclaires annonçant que le pouvoir sera transféré aux mainsdes Indiens. Gandhi demande alors d'arrêter la lutte à ladirection du Congrès et environ 100 000 prisonniers po-litiques sont relâchés.

1.6 La libération et la partition de l'Inde(1945-1947)

Article détaillé : Partition des Indes.Nommé le 24 mars 1947 vice-roi et Gouverneur général

Gandhi et Lord et Lady Mountbatten, 1947.

des Indes, Lord Mountbatten a la lourde tâche de préparerl'indépendance. Gandhi conseille au Congrès de rejeterles propositions offertes par le British Cabinet Missionen 1946, car il se méfie du regroupement proposé pourles États à majorité musulmane qu'il considère commeun début de partition. Cependant, c’est l’une des rares foisoù le Congrès rejette son avis (mais pas son autorité), carNehru et Patel savent que si le Congrès n'approuve pas leplan, le contrôle du gouvernement passerait aux mains dela Ligue musulmane.Entre 1946 et 1947, plus de 5 000 personnes sont tuéesdans des violences intercommunautaires. Des millions de

Khan Abdul Ghaffar Khan avec le Mahatma Gandhi en 1930.Très proche de Gandhi, Khan conduisit l'opposition non-violentecontre le Raj britannique et fut un musulman fortement opposé àla Partition de l'Inde.

gens sont déplacés de force afin d’homogénéiser l’implan-tation des populations selon leurs croyances. Gandhi estviscéralement opposé aux plans qui sépareraient l'Inde endeux pays différents. Beaucoup de musulmans en Inde vi-vaient aux côtés d'Hindous ou de Sikhs et étaient en faveurd'une Inde unie. Mais Muhammad Ali Jinnah, le dirigeantde la Ligue musulmane, est très populaire dans les Étatsdu Pendjab, Sind, NWFP et Bengale Est.La partition est approuvée par la direction du Congrèscomme le seul moyen d'éviter une guerre civile à grandeéchelle entre musulmans et hindous. Ils savent que Gand-hi rejettera catégoriquement cette partition, et il est im-possible pour le Congrès d'avancer sans son accord car lapopularité de Gandhi dans le parti et dans toute l'Inde estimmense. Les collègues les plus proches de Gandhi ontaccepté la partition comme meilleure solution et SardarPatel entreprend de l'en convaincre. C'est un Gandhi dé-vasté qui donne son accord pour éviter la guerre civile.Le jour de l'indépendance, le 15 août 1947, Gandhi neparticipe pas aux festivités avec le reste de l'Inde maisreste seul à Calcutta, portant le deuil de la partition ettravaillant à l'arrêt des violences. Après l'indépendance,Gandhi se concentre sur l'unité entre hindous et musul-mans. Il construit un dialogue avec les dirigeants des deuxcommunautés, travaillant à atténuer les tensions dans lenord de l'Inde et le Bengale.Malgré la guerre indopakistanaise de 1947, il est trou-blé quand le gouvernement décide de refuser aux pakis-tanais les 550 millions de roupies prévus dans les négocia-tions de la partition. Des dirigeants comme Sardar Patelcraignent que le Pakistan n'utilise l'argent pour financer

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14 2 LA PENSÉE DE GANDHI

Gandhi et Nehru avec des réfugiés de la partition, 1947.

la guerre contre l'Inde.Gandhi est aussi choqué quand des demandes sont faitesde déporter tous les musulmans au Pakistan, et quandles dirigeants de chaque communauté expriment leurfrustration et l’inaptitude à s’entendre entre eux[121].Dans une allocution du 12 janvier 1948, il exprime cesmotifs de préoccupation et déplore aussi que, depuisl'indépendance, la nouvelle classe politique se montre ex-trêmement corrompue, au point que la population com-mence à dire que le gouvernement britannique valaitmieux[122]. Il lance son dernier jeûne à Delhi le 13 jan-vier 1948 à l'âge de 78 ans, demandant que toute violencecommunautaire cesse définitivement, que le Pakistan etl'Inde garantissent l'égalité dans la sécurité et les droitspour les pratiquants de toutes les religions[123], et que lepaiement de 550 millions de roupies soit fait au Pakistan.Gandhi craint que l'instabilité et l'insécurité au Pakistann’augmente leur colère envers l'Inde, que la violence nepasse la frontière et qu'une guerre civile éclate en Inde àcause de nouvelles tensions.

« La mort serait une glorieuse délivrance pourmoi plutôt que d'être le témoin impuissant dela destruction de l'Inde, de l'hindouisme, du si-khisme et de l'islam[123]. »

Après de longs débats passionnés avec ses collègues lesplus proches, Gandhi refuse de céder, et le gouverne-ment doit faire volte face et payer la somme au Pakis-tan. Les dirigeants de chaque communauté, incluant leRashtriya Swayamsevak Sangh et le Hindu Mahasabha luiassurent qu'ils renonceront à toute violence et demande-ront la paix. Gandhi rompt alors son jeûne en buvant unjus d'orange[124].

1.7 Assassinat (1948)

Le 30 janvier 1948, en chemin vers une réunion de prière,Gandhi est abattu par balles près de Birla House, à NewDelhi, par Nathuram Godse, un hindou nationaliste quia des liens avec le groupe fascisant Hindu Mahasabha.

Monument commémoratif à New Delhi, capitale de l'Inde.

Godse tenait Gandhi pour responsable de la partition del'Inde et par là de son affaiblissement[125].Jawaharlal Nehru s’adresse en ces termes à la nation à laradio :

« Amis et camarades, la lumière a quitténos vies, l'obscurité est partout, et je ne sais pastrop quoi vous dire et comment vous le racon-ter. Notre dirigeant bien aimé, Bapu commenous l'appelions, le père de la nation, n'est plus.Peut-être ai-je tort de dire cela ; néanmoins,nous ne le verrons plus comme nous l'avons vutoutes ces années, nous ne pourrons plus lui de-mander conseil ou consolation, et c'est un coupterrible, pas seulement pour moi, mais pour desmillions et des millions dans ce pays. »

Selon sa volonté, la plupart de ses cendres furent disper-sées dans plusieurs grands fleuves du monde tels que leNil, la Volga et la Tamise. Deux millions d’Indiens assis-tèrent à ses funérailles[35].Le mémorial de Gandhi (ou Samādhi) à Rāj Ghāt à NewDelhi, porte l'épitaphe (Devanagari : ! ou, HéRām), qui peut être traduit par « Oh Dieu ». Il est large-ment accepté que ce furent les derniers mots de Gandhi,bien que certains le contestent[126].Godse et son complice Narayan Apte sont jugés etcondamnés à mort, puis exécutés le 15 novembre 1949.En mars 2009, des objets ayant appartenu à Gandhi sontvendus en un seul lot aux enchères au prix de 1,8 millionde dollars, lors d'une vente controversée et adjugée à unmilliardaire indien, Vijay Mallya. Le vendeur, James Otis,a fait savoir qu'il utiliserait le profit de cette vente pourpromouvoir la non-violence et le pacifisme[127].

2 La pensée de Gandhi

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2.1 Influences de Tolstoï et Ruskin 15

2.1 Influences de Tolstoï et Ruskin

L'opinion courante de l'influence de Tolstoï sur Gandhiest que le premier a « seulement dénoncé » alors que lesecond a « agi et construit, » et que pour ce faire celui-cia dû corriger la pensée de celui-là parce qu'il « ignoraittous les enjeux de la démocratie et de l'État de droit »[128].Mais, au contraire, ce que Gandhi admirait le plus de lavie de Tolstoï était qu'il « mettait en pratique ce qu'il prê-chait » - disait-il dans les pages qu'il lui a consacré[129] ;pour les deux hommes la démocratie était un idéal sansvaleur comparée à la vérité, « qui reste la vérité même sivous êtes une minorité de un »[130],[131] et Tolstoï s’oppo-sait « seulement à la violence et à l’opinion que la forcefait le droit »[132], comme Gandhi. Selon l'opinion banale,l'influence de Tolstoï consiste en idées politiques : il a fus-tigé les lois qui ne sont pas l'expression de « la volonté dupeuple », et revendiqué (en critiquant l'Église) la « libertéde penser »[133] ; on dit qu'il était un « anarchiste chré-tien » et que, « contrairement à ce que le titre à connota-tion religieuse indique, Le Royaume des cieux vous appar-tient (sic) est avant tout un pamphlet contre l'État, l'arméeet la guerre et tous les pouvoirs politiques ou religieux quicautionnent et entretiennent la violence »[134] ; et la consé-quence de cette opinion est que Gandhi a été surtout, voireseulement, un leader politique charismatique.Mais l'opinion courante escamote l'essentiel, et y tendplus ou moins fortement selon les auteurs, car au cœurde l'influence de Tolstoï sur Gandhi il y a la conceptionde l'individu, comme le dit celui-ci : « le remarquable dé-veloppement qu’il a su donner à la doctrine fait honte àl’interprétation étroite et sans nuance qu’en donnent au-jourd’hui, dans notre pays, les adeptes de la non-violence(une « parodie » de la non-violence). Le véritable ahimsâdevrait signifier que l’homme se trouve totalement libéréde son mauvais vouloir, de la colère et de la haine, afin delaisser la place a un amour débordant pour tous les êtres.Pour nous avoir inculqué cet ahimsâ sous sa forme la plusvraie et la plus élevée, Tolstoï... »[135].« Alors que [Gandhi] traversais une grave crise de scep-ticisme et de doute, [il] tomba sur le livre de Tolstoï LeRoyaume de Dieu est en vous[136], qui fit sur [lui] une pro-fonde impression. À cette époque-là, [il] croyais à la vio-lence. Après avoir lu cet ouvrage [il] fut guéri de [son]scepticisme et crut fermement à l’ahimsâ, » écrit-il à pro-pos de lui-même[137]. Gandhi a donc acquis au contactde Tolstoï sa compréhension du caractère vital de la non-violence (et celle aussi du « véritable christianisme » se-lon Tolstoï), la conviction que « la loi de l'amour est laloi fondamentale de la vie, » comme il l'a exprimé toutesa vie : « La loi de l'amour est la loi de notre espèce » ;elle « gouverne le monde »[138] ; « les forces morales sontsupérieures à la force brute »[139] ; comme Tolstoï l'avaitprêché dans le désert au début de la révolution bolché-vique[140] et avant la Grande Guerre[141], et qu'il lui aécrit personnellement dans sa dernière lettre : « La loi del'amour est la loi supérieure, unique de la vie humaine » ;

« sans la loi de l'amour il ne pouvait y avoir que celle dela violence, c'est-à-dire du droit du plus fort »[142].Gandhi a dit que Tolstoï a été « l'homme le plus véridiquede son temps » ; « Personne en Occident, avant lui oudepuis n'a parlé de la non-violence d'une manière si ma-gistrale, et avec autant d'insistance, de pénétration et deperspicacité »[143]. Converti du nihilisme au christianismeen 1880[144], Tolstoï a exprimé jusqu'à sa mort en 1910l'opposition absolue, la « contradiction, » entre la loi del'amour (« l'aspiration des âmes vers l'harmonie et l'actionqui en résulte ») et la loi de la violence[145], et ce danstous les domaines de la vie humaine (économie, relationsinternationales, gouvernements, tribunaux, etc. - aussi àl'occasion dans des portraits littéraires, propres à évoquerde manière plus sensible et moins abstraite le sujet), enmettant de l'avant les notions de non-résistance[146], denon-coopération[147] et d'objection de conscience[148]. Le« commandement de non-résistance du Christ, » « Vousavez entendu qu'il a été dit : Œil pour œil... Et moi jevous dis de ne pas résister à celui qui est méchant », aété la clé de sa conversion. Tolstoï a démontré dans lelivre qui a marqué Gandhi que cette « nouvelle concep-tion de la vie », 1) répond aux exigences de la consciencehumaine, 2) satisfait la raison et le sentiment de l'amour,qui est pour l'être humain naturel, 3) montre la directionde la vie dans toute l'histoire de l'humanité, et 4) « changetout le système social »[149]. « Aime ton prochain commetoi-même » est la loi suprême, et n'admet à ce titre au-cune exception, la règle permettant de ne jamais reculer,et donc de toujours avancer étant : « si tu n'es pas capablede faire aux autres ce que tu voudrais qu'ils te fassent, aumoins ne leur fait pas ce que tu ne voudrais pas qu'ils tefassent »[150]. Ainsi, l'influence de Tolstoï sur Gandhi aété celle de la foi en la vérité de la loi de l'amour.Selon Gandhi, « en respectant cette loi de notre être [la“non-violence"], » un homme « [sauve] sa religion, sonâme et son honneur, » et même seul il « peut arriver àébranler la puissance d'un empire fondé sur l'injustice »« ou promouvoir sa renaissance »[151] ; cependant, « lanon-violence n'était pas simplement une tactique » mais un« système de valeurs basé sur l'amour, » dont la source estDieu[152] ; de manière tout à fait similaire selon Tolstoï, lanon-résistance est pour tout homme une question de fairela volonté de Dieu, « sauver son âme » et « remplir sa des-tinée »[153] ; et la non-résistance, l'ahimsa véritable, n'étaitpas simplement un positionnement politique mais, en vertud'une force spirituelle issu de Dieu qui rend l'homme ca-pable de répondre au mal par le bien[154], c'était, commechez Adin Ballou, « une guerre contre l'ignorance, la vo-lonté aveugle et l'immoralité »[155]. De fait, Gandhi disaitmener une lutte contre « l'irréligion, la haine et le men-songe. »[156]

Tolstoï avais repris les notions formulées au sujet des gou-vernements par Ballou[157] ; « La non-résistance ne peutpas être pour la guerre, la peine capitale, l'esclavage ettoutes sortes de blessures pénales ; « ses adhérents nepeuvent [donc] pas être pour un gouvernement qui est

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16 2 LA PENSÉE DE GANDHI

fondamentalement pour ces chose » ; « ni prendre partaux gouvernements, non pas parce qu'ils sont opposé auxgouvernements comme telles, mais parce qu'il sont op-posés à ses maux fondamentaux » (la doctrine est « irré-conciliable » avec de telles actions) ; c'est « la méthode[de « participation »] par laquelle le vrai christianismeenseigne à ses disciples à réformer les gouvernements, »avait-il appris de Ballou[158]. Considérant la pensée deTolstoï sous cet angle, il apparait que Gandhi a largementadhéré à ses idées, même en ce qui concerne les gouver-nements : A) en ne collaborant pas avec l'impérialismeanglais, B) en refusant d'appuyer l'Angleterre durant laSeconde Guerre mondiale, C) en excluant le recours auxarmes s’il advenait que l'Inde soit envahi par des étran-gers, D) en n'assistant pas à la cérémonie de levée desdrapeaux et de partition du territoire entre l'Inde et le Pa-kistan, et E) en ne devenant jamais un membre du gou-vernement.Gandhi a eu une brève correspondance avec Tolstoï en1909-1910, qui a pris fin avec la mort de ce dernier àl'âge de 81 ans. Gandhi lui avait écrit pour lui demanderson avis sur la « moralité » de la « résistance passive »dans le conflit au Transvaal (1 octobre 1909) ; puis, parceque sa « sympathie lui tenait fort à cœur, » il le pria d'userde son influence pour que son mouvement soit connu (10novembre 1909) ; et enfin il lui demanda (4 avril 1910)une critique de son livre Hind Swaraï or India Home Rule(Leur civilisation et notre délivrance). À ces occasions,Gandhi a reçu de Tolstoï la permission de traduire et dedistribuer sa Lettre à un hindou[159], et d’agir selon son dé-sir s’il voulait y omettre le mot « réincarnation, » - commeil en avait exprimé le souhait ; son accord spirituel (« Nousmenons ici, la même lutte que vous là-bas... » - 1re lettre) ;l'expression de son enthousiasme (« la résistance passiveest d'une importance capitale, non seulement pour l'Indemais pour le monde entier » - 2e lettre) et de sa confiance(« tôt ou tard la contradiction [entre l'usage de la violenceet la loi de la vie] sera reconnue de tous, »), un résuméde sa pensée sur la loi fondamentale de la vie et la si-tuation occidentale, et pour finir une mise en garde à pro-pos des gouvernements, qui « connaissent cette contradic-tion - aussi bien le vôtre, l'anglais, que le nôtre. - Mais ils’agit de l'instinct de conservation. C'est pourquoi la luttecontre la violence est poursuivie plus énergiquement quetout autre activité antigouvernementale par les Pouvoirs,russe et anglais.... » ; avec sa « très profonde estime » (3e

et dernière lettre, 7 septembre 1910)[160].Troyat rapporte que Tolstoï admirait Gandhi, « sauf pourson patriotisme hindou qui gâche l'ensemble, »[161] maiscela, il ne lui a jamais exprimé personnellement dans seslettres, lui laissant tout le soin de décider personnellementpour lui-même ce qu’il ferait. Cependant, à la questionfondamentale posée par Gandhi, « Est‑ce mal agir que desolliciter des aides ? »[162], alors qu'il cherchait à Londrel'appui des « autorités impériales, » Tolstoï répond avecune anecdote sur une étudiante, qui dit en fait, suivant leconseil de Jésus, d'être rusé comme un serpent et innocent

comme une colombe, mais qui exprime également deuxde ses convictions personnelles, comme il l'a dit ailleursen 1909, à 80 ans : 1) « je crois au libre jeu de la naturepsychologique de l’homme, » et 2) « je ne crois pas en unparlement comme but final de leadership social... »[163]

Les deux hommes ont souvent exprimé leur accordcomplet, jusque dans les mots utilisés, sur la foi,la raison, la religion, la morale, le progrès véritable,l'histoire, etc[164] ; ils accordaient tous deux la plusgrande priorité au perfectionnement de soi-même, envue de l'accroissement de l'amour, par l'abnégation etl'avancement de la vérité ; la vie a pu les mener elle-mêmetout autant à des expériences et des affirmations sem-blables (par exemple sur l'abstinence et le végétarisme),qu'à des expériences différentes et uniques, chacun se-lon son temps et son lieu ; ils se rejoignent jusque dansleurs différences, alors que leurs vies démontrent claire-ment que pour eux « la vraie moralité » consiste [aussi] à« trouver [sa] propre voie... »[165].Tolstoï a donc fourni à Gandhi l'essentiel de ses armesspirituelles, ainsi que des notions à appliquer et à appro-fondir pour instruire et élever son peuple et le monde, encommençant par lui-même, selon sa foi et sa raison, ycompris par son exemple personnel, car Gandhi admiraitde Tolstoï son humilité, sa « doctrine du pain par le tra-vail, » et qu'il « a su peu à peu limiter ses besoins »[166].L'influence de Tolstoï sur Gandhi a été si profonde etdurable qu'elle a été transmise par ce dernier à son« fils spirituel, » Vinoba Bhave, qui s’est « voué [aprèsl'indépendance de l'Inde] à la réalisation des conceptionsmorales et sociales de Gandhi, avec ses méthodes » ; eneffet, son programme, sa « triple révolution » (« purifierles esprits et les cœurs », « transformer les existences »en faisant disparaître les haines entre riches et pauvres,et « changer et révolutionner la société ») reprenait les« trois idées principales » de Tolstoï dans Le Royaume deDieu est en vous (« effort de sincérité de la part de chaqueindividu, » transformer les existences en faisant dispa-raître les haines qui s’expriment « dans l’armement uni-versel et la conscription, » et « changer tout le système so-cial » En effet, les haines se rapportant aux possessions etau lieu habité, issues de sentiments comme l'égoïsme et lacupidité, sont reliées entre elles dans toute l'organisationsociale selon Gandhi[167] et Tolstoï[168] ; « la propriété dusol doit prendre fin. Voilà soixante ans Tolstoï la procla-mait immorale » dira Vinoba[169].En 1904, après avoir fondé le journal Indian opinion,la lecture de Unto This Last de John Ruskin l'influenceprofondément et pousse Gandhi à changer radicalementde vie dans les années qui suivent. Il rachète peu aprèsl'établissement Phoenix, qui devient la Tolstoï farm, enmémoire de Tolstoï, où tous les rédacteurs du journal par-ticipent aux travaux agricoles et reçoivent le même sa-laire sans distinction de métier, de nationalité ou de cou-leur de peau. Il commence la pratique du jeûne, arrête deconsommer du lait, coupe ses cheveux lui-même et net-

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2.2 Foi 17

toie ses latrines (travail réservé aux intouchables en Inde)et incite sa femme et ses amis à faire de même[170]. En1905-1906, la réputation de compétence et d'intégrité deGandhi en font l'homme de loi privilégié des marchandsgujarati, ce qui assure une activité soutenue au prospèrecabinet d'avocat qu'il dirige. Cela lui permet de disposerde confortables revenus de l'ordre de 5 000 livres par an,et démontre que son mépris ultérieur du confort matériel,« plus qu'une attitude « naturelle », est chez Gandhi unchoix délibéré »[24].

2.2 Foi

Pendant une prière à Bombay, septembre 1944.

Gandhi était né Vaishnava et pratiqua l'hindouisme toutesa vie, qui inspira la plupart de ses principes. Comme touthindou traditionnel, il voyait dans toutes les religions au-tant de chemins possibles pour atteindre la Vérité[171], etrefusait de se convertir à une autre foi. Gandhi écrivit uncommentaire sur la Bhagavad Gita en Gujarati[172].Dans son Autobiographie ou mes expériences de vérité,Gandhi confia qu'à partir de 1887, il choisit comme pre-mier « principe directeur » de rendre le bien pour le mal –qu'il considère comme « à l’origine de plus d’une de [ses]expériences », précepte éthique et religieux tiré d'un six-tain gujarati composé par le poète et brâhmane ShamalBhatt (en) :

« As-tu de l’eau, donne un bon re-pas ;

Pour une inclination de tête, fais unerévérence zélée ;Pour la valeur d’une poignéed’herbe, rends un écu d’or ;Pour qui te sauve la vie, donne latienne dans son malheur ;Pour un bienfait, comptes-en-dix ;en esprit, en parole et en acte ;Celui qui rend le bien pour le mal,c’est comme s’il avait conquis lemonde[173]. »

Gandhi était avide de connaissances théologiques et il lutbeaucoup sur toutes les grandes religions. Il déclara sur sapropre religion :

« L'hindouisme tel que je le connais satis-fait complètement mon âme, remplit mon êtreentier... Quand le doute m'assaille, quand le dé-couragement me regarde en face, quand je nevois plus aucune lueur d'espoir à l'horizon, jeme tourne vers la Bhagavad Gita, et je trouveun vers pour me consoler ; et je commence àsourire immédiatement au milieu d'un écrasantchagrin. Ma vie a été remplie de tragédies et sielles n'ont pas laissé d'effet indélébile sur moi,je le dois aux enseignements de la BhagavadGita. »

Gandhi croyait que le cœur de toutes les religions était lavérité et l'amour (compassion, non-violence et éthique deréciprocité). Il critiquait l'hypocrisie, les mauvaises pra-tiques et les dogmes de toutes les religions et fut un réfor-mateur social infatigable. Ses commentaires sur les diffé-rentes religions furent :

« Ainsi, si je ne pourrais pas accepterle christianisme comme parfait ou comme laplus grande des religions, je ne pourrais pasnon plus considérer l'hindouisme comme tel.Les défauts de l'hindouisme me sont bien vi-sibles. Si l'intouchabilité pouvait être une par-tie de l'hindouisme, ce serait une partie pourrieou une excroissance. Je ne pourrais pas com-prendre la raison d'être[174] d'une multitude desectes ou de castes. Quel serait le sens de direque les Vedas sont des textes sacrés inspiréspar Dieu ? S'ils ont été inspirés par Dieu, pour-quoi pas la Bible ou le Coran également ? Mesamis chrétiens ont été aussi entreprenants pourme convertir que mes amis musulmans. Abdul-lah Sheth m'a continuellement incité à étudierl'islam, et évidemment avait toujours quelquechose à dire concernant sa beauté[175]. »

« Dès que nous perdons la base morale,nous cessons d'être religieux. Il n'y a pas de

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18 2 LA PENSÉE DE GANDHI

Gandhi et Kasturba visitant Rabindranath Tagore à Shantinike-tan en 1940.

choses telle qu'une religion effaçant la morali-té. L'homme donc, ne peut être menteur, cruelou dépravé et clamer qu'il a Dieu de son côté. »

« Les paroles de Mahomet sont un trésorde sagesse, pas seulement pour les musulmansmais pour l'humanité entière. »

Plus tard dans sa vie, quand on lui demandait s’il étaithindouiste, il répondait :

« Oui je le suis. Je suis aussi un chrétien,un musulman, un bouddhiste et un juif. »

Son hymne religieux préféré était le morceau chrétienAbide with me[176] ou le chant hindou Vaishnava Jana To(« Celui qui est Vishnouïte »)[177].En dépit de leur profond respect mutuel, Gandhi etRabindranath Tagore furent impliqués dans des débatsprolongés à plusieurs reprises. Ces débats illustraient lesdifférences philosophiques entre les deux plus célèbresIndiens de ce temps. Gandhi s’est consacré à améliorer lesconditions de vie des intouchables, les appelant Harijans,le peuple de Krishna. Le 15 janvier 1934, un tremble-ment de terre toucha le Bihar et causa de nombreuses vic-times et dégâts. Gandhi maintint que cela était dû au pé-ché commis par les castes hindoues supérieures de ne paslaisser les intouchables accéder à leurs temples. Tagores’opposa diamétralement au point de vue de Gandhi, sou-tenant qu'un tremblement de terre pouvait être seule-ment créé par des forces naturelles, pas par des raisonsmorales, aussi répugnante que puisse être la pratique del'intouchabilité.

2.3 Vérité

Gandhi a dédié toute sa vie à la découverte de la vérité ousatya. Il essaya de l'atteindre en apprenant de ses propreserreurs et en pratiquant des expériences sur lui-même.C'est notamment le thème de son livre Autobiographie oumes expériences de vérité.

Gandhi établissait que la plus importante bataille à rem-porter était vaincre ses propres démons, peurs et insécuri-tés. Il résuma ses croyances quand il dit d'abord « Dieu estvérité ». Il changea ensuite cette déclaration en « la véritéest Dieu ». Ainsi satya (la vérité) dans la philosophie deGandhi est « Dieu ».C'est en Afrique du Sud, en luttant pour les droits des In-diens que Gandhi découvrit l'importance du respect de lavérité. « Tel un arbre immense, elle donne d’autant plus defruits qu’on en prend soin. À l’image d’une mine où pluson creuse en profondeur, plus précieux sont les diamantsqu’on y découvre, il est remarquable que plus on explorela vérité, plus nombreux et variés sont les services qu’ellenous fait assumer. »[178]

2.4 Simplicité

Gandhi filant avec un chapeau de Noakhali, à Birla House, NewDelhi, novembre 1947.

Gandhi croyait sincèrement qu'une personne impliquéedans le service social devait mener une vie simple quil'amènerait au brahmacharya. Sa pratique de l'ascétismes’inspire de la pensée du philosophe et poète américainHenry David Thoreau[179]. Cette simplicité commençapar le renoncement au style de vie occidental qu'il menaiten Afrique du Sud. Il appela cela « se réduire soi-mêmeà zéro » ; « vivre simplement pour que tous puissent sim-plement vivre » tels étaient ses valeurs, son mode de vie,ce qui voulait dire abandonner toute dépense superflue,mener une vie simple et laver ses propres vêtements[180].

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2.6 Brahmacharya 19

En une occasion il renvoya les cadeaux offerts par les in-digènes pour son aide à la communauté[181].Gandhi passait un jour de chaque semaine en silence. Ilcroyait que s’abstenir de parler lui amenait la paix inté-rieure. Ceci venait des principes hindous du mauna (ensanskrit, मौन - silence) et shanti (paix). Ces jours-là ilcommuniquait avec les autres en écrivant sur un papier.Pendant 3 ans et demi, à l'âge de 37 ans, Gandhi refusa delire les journaux, clamant que les nouvelles tumultueusesdu monde lui causaient plus de confusion que son propretrouble intérieur.Revenant en Inde après son séjour en Afrique du Sud, ilabandonna le port de vêtements occidentaux, qu'il asso-ciait à la richesse et au succès. Il s’habilla pour être accep-té par les plus pauvres en Inde, et il promut l'utilisation devêtements tissés à la maison (khadi). Gandhi et ses parti-sans fabriquaient donc les vêtements qu'ils portaient ; ilsencourageaient les autres à faire de même dans le but deredonner une certaine autonomie économique à l'Inde ru-rale, autonomie laminée par la domination de l'industriebritannique qui détenait alors les filatures industrielles. Lerouet fut bientôt incorporé au drapeau du parti du congrèsindien.Gandhi porta le dhotî (équivalent masculin du sari) tout lereste de sa vie, non seulement en signe de simplicité maisaussi parce que cet habit, filé de ses mains, constituaitpour lui une garantie de ne pas cautionner l'exploitationd'ouvriers britanniques ou indiens dans des filatures in-dustrielles.

2.5 Végétarisme

« Jamais je ne consentirais à sacrifier au corps humain la vied’un agneau. J’estime que, moins une créature peut se défendre,plus elle a droit à la protection de l’homme contre la cruautéhumaine[182]. » – Mahatma Gandhi ; sur la photo, avec un veau.

La pratique du végétarisme est fortement ancrée dans lestraditions hindoues et jaïnes, et dans sa terre natale duGujarat la plupart des hindous et sa famille étaient vé-gétariens. Avant de partir étudier pour Londres, Gandhiavait promis à sa mère qu'il ne mangerait pas de viande.Il tint sa promesse et son végétarisme devint une partie

intégrante de sa philosophie politique de non-violence. Ilécrivit le livre La Base morale du végétarianisme[183] etplusieurs articles sur le sujet, certains furent publiés parla London Vegetarian Society dont Gandhi fit partie, et oùil se fit de nombreux amis, tel le président Dr. Josiah Old-field. Ayant lu et admiré les œuvres de Henry StephensSalt, le jeune Mohandas le rencontra et correspondit long-temps avec le militant végétarien.Gandhi passa beaucoup de temps à promouvoir le végé-tarisme pendant et après son séjour à Londres, voyant sapropagation comme une mission à réaliser[182] ; il en vintainsi à déclarer « que l'on reconnaît la grandeur d'une na-tion à la manière dont elle traite ses animaux »[182]. Enplus de la dimension éthique du végétarisme il considé-rait la dimension économique, étant donné que la viandeétait (et est toujours) plus chère que les céréales, les lé-gumes et les fruits, et aidait ainsi les Indiens qui avaientde faibles revenus. Enfin, la production de viande de-mande une grande disponibilité de terres et d'eau pourl'engraissement des animaux, et instaure une monoculturequi favorise l'industrie alimentaire et les grands proprié-taires terriens plutôt que les productions locales et variéesdes paysans indiens possédant de petites parcelles de terrecultivable.Il nota dans son autobiographie que le végétarisme était ledébut de son profond engagement pour le brahmacharya ;sans un contrôle total sur ses besoins alimentaires iln'aurait pas pu réussir le brahmacharya.Gandhi avait aussi une très nette tendance au végétalisme,par compassion pour les vaches, déclarant au sujet deson abandon de tout laitage (faisant de lui un végéta-lien, puisque le « végétarisme indien » exclut les œufs) :« Les considérations religieuses avaient été les plus fortes,quand il s’était agi d'abjurer le lait. L'image des pro-cédés barbares que les govâls de Calcutta employaientpour traire leurs vaches et leurs buffles jusqu'à la dernièregoutte de lait, m'avait hanté alors. J'avais eu aussi le sen-timent que, de même que la viande n'était pas nourriturehumaine, le lait non plus ne pouvait l'être[182]... » ; et, cefaisant : « je me refuse à prendre du lait, les produits danslesquels entre du lait, et aucune viande. Si ce refus devaitsigner mon arrêt de mort, mon sentiment est que je n'ydevrais rien changer[182]. »

2.6 Brahmacharya

Le brahmacharya (pureté spirituelle et pratique) est lar-gement associé avec le célibat et l'ascétisme. Le brahma-charya, qui correspond à l'une des quatre périodes de lavie humaine telle que le théorise l'hindouisme, est à rap-procher d'une forme de discipline du corps dont la vi-sée, spirituelle ou religieuse, est le détachement des sens(lesquels entraveraient la libération (moksha) de l'âme).Gandhi concevait le brahmacharya comme un moyen dese rapprocher de Dieu et comme la pierre de fondationde sa réalisation personnelle. Pour Gandhi, brahmacha-

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20 2 LA PENSÉE DE GANDHI

rya signifiait « contrôle des sens en pensée, en mots eten actions »[184]. Ce contrôle passe par l'arrachement àla racine des passions que l'on veut détruire : donc, toutd'abord par la pensée même ; Gandhi considérait – dansla ligne droite de la sagesse hindoue – que celui qui étaitun vrai pratiquant du brahmacharya ne concevait mêmeplus les passions, non seulement dans son esprit éveillé,mais aussi dans ses rêves, – ces pensées que l'on formuledans le sommeil et que l'on croit incontrôlables[185] : lecontrôle de soi conscient passe donc en premier lieu parune maîtrise même de son inconscient, chose qui est ex-plicitée dans la philosophie classique hindoue du Yoga-sûtra de Patañjali.Dans son autobiographie, il raconte sa lutte contre sesbesoins sexuels et les accès de jalousie envers sa femmeKasturba. Il sentait comme une obligation personnellede rester abstinent afin, d'une part, de pouvoir apprendreà aimer plutôt qu'à rechercher le plaisir, et d'autre part,de cantonner le corps — et plus largement le monde dela matière — au service des aspirations et de la volontéde l'esprit. Cette lutte, d'après ce qu'il expose dans sonautobiographie, fut sans relâche, puisqu'à la fin de savie, devenu veuf, il partageait régulièrement la couchede sa nièce préférée, Manu, ceci afin d'éprouver lasolidité de son vœu passé (ceci fit d'ailleurs scandale àl'époque). Par ailleurs, Gandhi n'eut de cesse toute savie d'étendre et d'approfondir les domaines d'applicationde sa recherche de maîtrise des sens. Outre la maîtrisedu désir sexuel, il rechercha également à se détacher duplaisir gustatif : formant régulièrement des « vœux »,Gandhi supprimait progressivement tel condiment, telaliment, ou réduisait toujours plus le nombre d'alimentsqu'il pouvait ingurgiter.

[réf. nécessaire]

2.7 Non-violence (Ahimsâ)

Article détaillé : Ahimsâ.

« Alors qu'une bonne action doit appelerl'approbation, et une mauvaise, la réprobation,le fauteur de l'acte, qu'il soit bon ou mauvais,mérite toujours respect ou pitié, selon le cas.« Hais le péché, non le pécheur » – c'est làun précepte que l'on applique rarement, s’il estaisé à comprendre ; et c'est pourquoi le ve-nin de haine se répand si vite dans le monde.L'ahimsâ est le fondement de la quête de vé-rité. Il n'est pas de jour où je ne m'aperçoive,en réalité, que cette quête est vaine, si elle ne sefonde pas sur l'ahimsâ. S'opposer à un système,l'attaquer, c'est bien ; mais s’opposer à son au-teur, et l'attaquer, cela revient à s’opposer à soi-même, à devenir son propre assaillant. Car lamême brosse nous a peints ; nous avons pour

père le même et unique Créateur, et de ce faitles facultés divines que nous recélons en noussont infinies. Manquer à un seul être humain,c'est manquer à ces facultés divines, et par làmême faire tort non seulement à cet être, mais,avec lui, au monde entier. »

— Mahatma Gandhi, Autobiographie ou mes expériencesde vérité[186].Le concept de non-violence (ahimsa) et Résistance non-violente a une longue histoire dans la pensée religieuseindienne et a eu de nombreuses occurrences dans descontextes hindouistes, bouddhistes, jaïnistes et judéo-chrétiens. Le concept de non-violence lui-même est unetraduction, forgée par Gandhi, du mot sanscrit ahimsa (a :privatif et himsa : nuisance, violence), présent dans lestraditions religieuses de l’Inde. Gandhi explique cette phi-losophie et ce mode de vie dans son autobiographie[187].

« Quelle différence cela fait-il aux morts,aux orphelins et aux sans-abri, que la destruc-tion aveugle ait été amenée au nom du totali-tarisme ou au nom sacré de la liberté et de ladémocratie ? »

« Il y a beaucoup de causes pour lesquellesje suis prêt à mourir mais aucune cause pourlaquelle je suis prêt à tuer. »

Lettre de Gandhi à Hitler, dans laquelle il le conjure de ne pas dé-clencher la guerre et d’atteindre ses objectifs par la non-violence,23 juillet 1939.

En appliquant ces principes, Gandhi n’hésita pas à les em-mener aux extrêmes de sa logique. En 1940, quand l’in-vasion des îles britanniques par l’Allemagne nazie sem-

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2.8 Euthanasie 21

blait imminente, Gandhi donna l’avis suivant au peupleanglais[188].

« J’aimerais que vous déposiez les armesque vous possédez comme étant inutiles pourvous sauver, vous ou l’humanité. Vous invite-rez Herr Hitler et Signor Mussolini à prendrece qu’ils veulent des pays que vous appelezvos possessions… Si ces gentlemen choisissentd’occuper vos foyers, vous les leurs laisserez.S’ils ne vous laissent pas partir, vous vous lais-serez massacrer, hommes, femmes et enfants,mais vous refuserez de leur prêter allégeance. »

Néanmoins, Gandhi se rendait compte que ce niveau denon-violence requérait une foi et un courage incroyableque peu de monde possédait. Il conseillait donc qu’iln’était pas nécessaire que tous restent non-violents si laviolence était poussée à l’extrême :

« Je crois que s’il y a seulement le choixentre la violence et la lâcheté, je conseille laviolence[189]. »

« J'aimerais mille fois mieux risquer la vio-lence que risquer l'émasculation de toute unerace[190]. »

« Marcher sur le tranchant effilé de l'ahimsân'est pas chose facile dans ce monde plein dehimsâ. La richesse ne nous y aide pas ; la colèreest un ennemi de l'ahimsâ ; et l'orgueil est unmonstre qui la dévore. Dans cette observanceferme et acérée de la religion de l'ahimsâ, il fautsouvent reconnaître la prétendue himsâ commela forme la plus vraie de l'ahimsâ[191]. »

« Je répétais à chaque réunion l’avertisse-ment qu’à moins qu’ils sentent qu’avec la non-violence ils avaient une force infiniment supé-rieure à celle qu’ils possédaient avant, ils nedevaient pas appliquer la non-violence et re-prendre les armes[192]. »

Gandhi pensait que la violence était inefficace et ne pou-vait qu’initier une chaîne continue de vengeance. Il disaitde la loi du Talion :

« Œil pour œil et le monde finira aveugle. »

Gandhi rattachait également la non-violence auféminisme. Il l’explique lors d’un discours pendantla marche du sel : « Appeler les femmes le sexe faible estun mensonge. C’est une injustice des hommes faite auxfemmes. Si la non-violence est la loi de nos êtres, le futurest avec les femmes[112]. »

Gandhi puisa une partie de son inspiration dans lesécrits de Léon Tolstoï, qui s’est converti au christia-nisme en 1880[144], et a exprimé jusqu'à sa mort en 1910l'opposition absolue entre la loi de l'amour du Christ etla loi de la violence[193], en s’opposant à « la notion quela force fait le droit »[194], ce dans tous les domaines dela vie humaine (relations internationales, politique, tribu-naux, économie, etc.), et en mettant de l'avant les notionsde non-résistance, de non-coopération[147] et d'objectionde conscience[148]. Gandhi a écrit à Tolstoï en 1909 pourlui demander conseil sur la moralité de sa lutte en Afriquedu Sud, et ils eurent une brève correspondance qui s’arrê-ta l'année suivante avec son décès à l'âge de 81 ans. Dansune de ces lettres Gandhi a demandé a Tolstoï de confir-mer l'authenticité d'une copie qu'il avait de sa Lettre à unHindou, écrite en réponse à la violence des nationalistesindiens, avec l'intention de la traduire dans une langue del'Inde et la publier. Tolstoï était très célèbre, et il entre-tenait une très abondante correspondance en Europe, enAmérique, et également avec des bouddhistes, hindous etbaha'is[195].

2.8 Euthanasie

Gandhi envisageait l'euthanasie comme une forme de lanon-violence, de sacrifice, signifiant que la Vie ne peutêtre valable que si elle est « vivable » :

« On ne commet pas de péché de himsâ[violence] par le seul fait de tuer, mais lors-qu'on tue pour le bien de son propre corps pé-rissable. Toute destruction de vie provoquéepar le fait de manger, de boire, etc., est égoïste,et par conséquent himsâ. Mais des hommesla considèrent inévitable et s’y résignent. Dé-truire, pour donner la paix à des créatures quisouffrent atrocement dans leur corps, ne peutpas être considéré comme himsâ, pas plus quela violence inévitable à laquelle on est contraintpour assurer la protection de ce qui nous estconfié[196]. »

« Beaucoup d'hommes en Inde ont acquisune horreur instinctive de tuer des êtres vivantsdans quelque circonstance que ce soit. On amême proposé d'enfermer les chiens enragéset de les laisser mourir d'une mort lente. L'idéeque je me fais de la charité me rend cette so-lution absolument inacceptable. Je ne pourraissouffrir un seul instant de voir un chien, oud'ailleurs n'importe quelle autre créature, aban-donné sans secours à la torture d'une longueagonie. Si dans les mêmes circonstances je nedonne pas la mort à un être humain, c'est parceque je dispose de remèdes moins désespérés.Mais si je tue un chien qui se trouve dans lemême cas, c'est parce que je n'ai pas de re-

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22 2 LA PENSÉE DE GANDHI

mède pour le guérir. Si mon enfant était at-teint de rage et qu'il n'existât aucun remède per-mettant d'alléger ses souffrances, je considé-rerais comme de mon devoir de lui donner lamort. Le fatalisme a des limites. Nous devonsnous en remettre au sort uniquement lorsquenous avons épuisé tous les remèdes. L'un desmoyens, qui est définitif, de soulager un enfantdans les affres d'une atroce souffrance, est delui donner la mort[197]. »

2.9 Satyagraha

Face à face d'un policier et de Gandhi alors qu'il mène la grèvedes mineurs indiens en Afrique du Sud, 1913.

Le satyagraha (« la force née de la vérité et de l'amourou non-violence »[198]) est l'aboutissement de cette véritécontre des lois ou des systèmes injustes au travers d'unelutte non violente. Gandhi considère même le satyagrahasupérieur à la désobéissance civile ou à la résistance non-violente car le terme implique de servir une cause juste etdevenait de ce fait l'arme des forts et non plus l'arme desfaibles[199].Pour lui cette lutte ne doit engendrer aucune souffranceà l'adversaire, s’il y a souffrance c'est au défenseur de lavérité de la subir :

« La recherche de la vérité ne doit ad-mettre qu'aucune violence ne soit infligée àun adversaire, mais qu'il doit sortir de l'erreurpar la patience et la sympathie. Parce que cequi apparaît comme la vérité à l'un peut ap-paraître comme erreur à l'autre. Et patiencesignifie auto-souffrance. Donc la doctrine estrevendication de la vérité, pas en infligeantdes souffrances à son adversaire, mais à soi-même[200]. »

En août 1947, le pasteur noir américain William StuartNelson demanda à Gandhi comment il se faisait queles Indiens, qui avaient « plus ou moins réussi à obte-nir l'indépendance par des moyens pacifiques », ne par-venaient pas à endiguer les violences intercommunau-taires. Gandhi répondit qu'il avait fini par comprendre

que, comme beaucoup de ses amis anglais lui en avaientfait la remarque, les satyagrahas dirigés contre le gouver-nement britannique n'étaient pas de véritables satyagra-has, mais une simple résistance passive ; les Indiens, alorsqu'ils prétendaient résister de façon non-violente, avaientla violence dans le cœur ; leur résistance passive n'étaitqu'une arme de faibles, ce qui apparut quand, le pouvoirbritannique ayant pris fin, les Indiens se sautèrent mutuel-lement à la gorge. Toutefois, Gandhi déclarait ne rien re-gretter, car si sa vision n'avait pas été obscurcie par sonillusion sur les satyagrahas, l'Inde ne serait jamais arrivéeau point où elle en était[201]. (Dans une lettre du 21 juillet1947, Gandhi avait même dit que c'était Dieu qui l'avaitaveuglé au profit de la bonne cause[202].)William Borman a noté que l'affirmation de Gandhi surson absence de regrets revient à dire que la violencepeut être une bonne chose, ce qui contredit d'autres dé-clarations de Gandhi proscrivant la violence de façonabsolue[203].

2.10 Critique du développement occidentalet de son modèle économique

Gandhi pouvait admirer les avancées technologiques et leconfort économique que donnait la civilisation occiden-tale moderne, mais pointait également ses lacunes et lesnouveaux risques et besoins qu'elle apportait à l'individu.Dans son livre Hind Swaraj or Indian home rule (LeurCivilisation et notre délivrance) où il fait la critique du dé-veloppement et de la notion même de civilisation tellequ'idéalisée par la Grande-Bretagne et les Occidentaux,Gandhi montre que chaque progrès réalisé d'une partcorrespond à une aggravation des conditions de vie del'autre, que la civilisation occidentale a laissé de côtéla moralité et la religion, qu'elle crée de nouveaux be-soins liés à l'argent et impossibles à satisfaire, qu'elle ac-croît les inégalités et voue à l'esclavage une grande par-tie de l'humanité. Pour lui ce type de civilisation est sansissue[204] :

« Cette civilisation est telle que l'on a justeà être patient et elle s’autodétruira. »

La mécanisation et la mondialisation des échangesest pour lui un désastre pour l'Inde (les filatures deManchester avaient fait disparaître l'artisanat indien)[205].Il prend comme exemple des avancées ressenties de ma-nière globalement positive comme le train, les méde-cins ou les avocats, qui peuvent être selon lui tout aussinéfastes. Le train parce qu'il peut transporter les mala-dies aussi rapidement que les passagers et peut entraî-ner la spéculation et les famines[206]. Les avocats parcequ'ils préfèrent trouver une solution juridique à une solu-tion morale à un conflit, prétendent sans raison aucune àdes salaires supérieurs aux travailleurs communs, et ren-forcent la puissance britannique en Inde[207]. Les méde-cins parce qu'en accordant des soins ils encouragent la né-

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2.10 Critique du développement occidental et de son modèle économique 23

Gandhi avec des ouvrières du textile à Darwen, Lancashire, An-gleterre, le 26 septembre 1931.

gligence et le manque de prévention individuelle, brisentdes tabous religieux et font d'énormes profits avec des mé-dicaments hors de prix[208].Pour Gandhi la civilisation indienne n'a rien à envier àl'occidentale avec sa course au développement écono-mique. L'accès à la richesse pour tous est pour lui im-possible et l'individu doit lui-même contrôler ses besoins,ainsi que l'avaient compris les anciens sages indiens :

« L'esprit est un oiseau sans repos ; plusil obtient et plus il désire ; il n'est jamais sa-tisfait. Plus nous satisfaisons nos passions etplus elles deviennent débridées. Nos ancêtresavaient compris cela et placé une limite à nosindulgences. Ils avaient remarqué que le bon-heur était surtout une condition mentale[209]. »

« La justification de la pauvreté volontaireétait l'impossibilité que tous fussent riches.Tous pourraient avoir part à la non-possession ;moins on possède, moins on désire. Je neprêche pas la pauvreté volontaire à un peuplequi souffre de pauvreté involontaire, mais legrave problème économique national pourraitêtre résolu facilement si tous ceux qui sontriches voulaient bien se soumettre à la pauvretévolontaire[210]. »

Gandhi comprenait les processus économiques commeune force que l'on doit régler par des lois basées avanttout sur la morale et surtout l'harmonie générale entre tousles êtres, et non la laisser « s’auto-régler » par elle-mêmecomme cela se veut dans l'économie de marché, le capi-talisme, économie liée à l'offre et à la demande, car, ensoi, toute réussite économique est immorale :

« L’art de devenir riche, dans le sens com-mun du terme, n’est pas seulement l’art d’ac-cumuler beaucoup d’argent pour nous-mêmes,mais aussi celui de découvrir comment notre

voisin peut en obtenir le moins possible. Entermes exacts, c’est l’art d’établir le maximumd’inégalités en notre faveur[211]. »

Critiquant vivement la « logique » de l'économie de mar-ché, économie réduite à elle-même et comme un pilierincontournable dans les relations internationales (com-merciales ou non), Gandhi voyait le refus de bâtir unesociété équitable mondiale, refus venant de l'Occident et– du fait de la colonisation héritée – du reste du monde,comme une fuite en avant, qui amènerait toujours les plusfaibles et démunis dans le gouffre[212], gouffre symbolisépar Gandhi par les famines, ces dernières étant liées soit àla guerre, soit à ce mécanisme économique toujours dé-fectueux, car toujours se refusant à se soumettre à desprincipes moraux de bien-être universel :

« Si tous les hommes comprenaientl'éternelle loi morale du service à autrui, ilsconsidéreraient comme un péché d'amasserdes richesses ; alors il n'y aurait plus d'inégalitéde fortune, et par conséquent plus de famine,plus de gens qui meurent de faim[213]. »

On peut donc comprendre que Gandhi se révèleainsi un grand défenseur des quatre castes sacréeshindous[214], qui pour lui représentent l'essence cosmiquede toute société humaine au niveau universel[215] (Brâh-manes/Savants ; Kshatriya/Défenseurs ; Vaïshya/Paysans-Artisans ; Shûdra/Serviteurs) :

« Chacun de nous a des occupations qui luisont propres. Ces occupations ne sont pas descastes [Jati, litt. « Naissance »] ; elles sont ceque l’hindouisme désigne sous le nom de var-na [litt. « Couleur »]. Varna n’a rien de com-mun avec la caste telle que nous la connaissonsaujourd’hui. Les castes sont une institution hu-maine, tout juste bonne à être détruite, maisvarna est une loi divine. Nous pouvons la négli-ger et subir les conséquences de cette attitude,mais si nous l’observons nous en tirerons pro-fit. Un menuisier, un forgeron, un maçon, unbalayeur, un professeur, un soldat, ont chacundes occupations différentes, mais aucun d’euxn’est supérieur ou inférieur aux autres. Si nouscommençons à empiéter les uns sur les autres,nous créons une confusion (sankar) de toutesles varnas. C’est pourquoi, dès que vous en-levez à la loi de varna les cuisants sentimentsd’infériorité qu’on y a mis, non seulement elleagit comme loi, mais encore elle fournit une oc-casion de faire ce pour quoi nous avons le plusd’aptitudes[216]. »

Son attaque des abus dont sont victimes les plus démunis– éboueurs d'Inde ou sans-droits d'ailleurs – ne se diri-gea jamais contre la tradition hindoue, ni contre une quel-conque sagesse métaphysique d'un peuple, mais contre un

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24 2 LA PENSÉE DE GANDHI

type d'injustice qui s’affirme spécialement dans un sys-tème où c'est le pouvoir économique qui règne en maître,alors qu'en bon Hindou il pense que c'est le pouvoir mo-ral et spirituel (incarné en Inde par les brâhmanes ortho-doxes) qui doit toujours avoir le dernier mot, du moins,dans l'organisation de la société humaine :

« Voler le pauvre parce qu’il est pauvreest spécialement la forme mercantile du vol,consistant à prendre l’avantage des besoins del’homme pour obtenir son travail ou sa pro-priété à un prix réduit. Le voleur ordinaire desgrands chemins vole le riche, mais le commer-çant vole le pauvre[211]. »

Il pensait que le développement des villes ne saurait per-mettre la vie autonome et non-violente du peuple in-dien : seule la consolidation de l'autonomie économiqueet politique des villages pouvait, à ses yeux, contribuerà l'édification d'une société non-violente ; idéal que l'onpourrait voir comme inspiré par la mythologie hindoue,puisque la Déesse Ahimsâ – Non-violence – est l'épousedu Dieu Dharma – Ordre sociocosmique[217]. L'Occidentrestait pour lui un vecteur de « méchanceté » qui abusadu monde entier, mais il n'en demeurait pas moins cer-tain qu'un jour ou l'autre la Justice triompherait sur laTerre[218].

2.11 Projet d'une société non-violente sansÉtat

Membres de la ferme Tolstoï en Afrique du Sud, 1910.

Bien que Gandhi se soit essentiellement consacré, dans lesfaits, à la lutte pour l'Indépendance puis l'unité de l'Inde,il ne sépara jamais, dans sa pensée, les actions de luttedes actions constructives pour préparer l'organisation du-rable d'une société non-violente. Il pensait même que lesactions constructives constituaient un préalable indispen-sable à la lutte pour l'indépendance[219]. Sa crainte, en ef-fet était que, une fois arrivée à l'Indépendance, l'Inde soitun pays qui continue à dominer et oppresser son peuple.Selon lui,

« Si, en définitive, le seul changement at-tendu ne touche qu'à la couleur de l'uniforme

militaire, nous n'avons vraiment pas besoin defaire toutes ces histoires. De toute façon, dansce cas-là, on ne tient pas compte du peuple. Onl'exploitera tout autant, sinon plus, qu'en l'étatactuel des choses[220]. »

Ainsi, la lutte pacifique de Gandhi s’attaquait aux fonde-ments même du système des castes, en considérant quel'hindouisme, s’il devait survivre, devait se transformeren système sans castes[221]. Il refusait l'objectif de don-ner aux intouchables un statut politique, pensant qu'il fal-lait, selon le mot de Nehru à son propos, “dynamiter”le système en s’attaquant à son maillon faible[221]. Danssa lutte contre les castes, il se distingue ainsi fortementde Bhimrao Ramji Ambedkar, un des leaders des intou-chables et Premier ministre de la Justice de l'Inde indé-pendante, qui ne s’opposait pas seulement au système decastes, mais à l'hindouisme comme philosophie religieuseet sociale[221].Pétri des écrits de Tolstoï, Gandhi a développé sonanalyse une critique radicale de l'État. La nature del'État, selon lui, est essentiellement violente et oppressive ;l'existence d'un État est incompatible avec les principesde vie non-violents[222] :

« L'État représente la violence sous uneforme intensifiée et organisée. L'individu a uneâme, mais l'État qui est une machine sans âmene peut être soustrait à la violence puisque c'està elle qu'il doit son existence. »

Ashram de Sabarmati, Ahmedabad, Inde.

C'est pourquoi il développa l'idée d'élaborer, en parallèledes actions de lutte et de désobéissance civile pour ob-tenir l'Indépendance, un « programme constructif[223] ».C'est à travers la recherche de l'autonomie de chaque vil-lage, en dehors de (et contre) toute organisation centrali-sée qu'une Inde réellement démocratique et non-violentepourrait perdurer après l'Indépendance.

« La véritable indépendance ne viendra pasde la prise du pouvoir par quelques-uns, mais

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2.12 Synthèse 25

du pouvoir que tous auront de s’opposer auxabus de l'autorité. En d'autres termes, on de-vra arriver à l'indépendance en inculquant auxmasses la conviction qu'elles ont la possibilitéde contrôler l'exercice de l'autorité et de la teniren respect. »

L'échelon retenu pour exercer un tel contrôle est le vil-lage, qui exercerait une forme de souveraineté dans uncadre fédéral[224].

« L'indépendance doit commencer à labase. Ainsi chaque village sera une répu-blique. »

Gandhi, qui avait conscience de la difficulté de parvenirà une telle organisation de la société, rapprochait cet ob-jectif d'une société anarchiste[225] :

« Ce serait un état d'anarchie éclairée. Dansun tel pays, chacun serait son propre maître. Ilse dirigerait lui-même de façon à ne jamais gê-ner son voisin. Par conséquent, l'État idéal estcelui où il n'y a aucun pouvoir politique en rai-son même de la disparition de l'État. »

Du fait de sa critique de l'autorité, des formesd'oppression et d'exploitation ; du fait de sa critique del'État ; du fait même que Gandhi lui-même reliait fré-quemment et explicitement sa philosophie politique àl'anarchisme, certains se sont demandé si Gandhi ne pou-vait pas être qualifié d'anarchiste[226]. À la question desavoir s’il était réaliste de vouloir parvenir à une sociétédémocratique non-violente formée de villages fédérés —situation que Gandhi qualifiait d'anarchie — il rétorquait,en 1940[227] :

« Elle [cette société] est réalisable dans lamesure où la non-violence est réalisable [...].Le stade le plus proche de l'anarchie pure seraitune démocratie basée sur la non-violence. »

Cet aspect important de la pensée de Gandhi, avec ce-lui de la critique du mode de développement occidental,fut laissé en friche puisque la question de la partition del'Inde a occupé en pratique les dernières années de la viede Gandhi. Pourtant, ces deux dimensions, complémen-taires, ne sont pas restées pure théorie.Le programme constructif que Gandhi avait appelé de sesvœux a été approfondi par Vinobâ, un de ses plus prochesdisciples. Dans une optique résolument critique et oppo-sée au mode de développement occidental, Vinobâ en-treprit de résoudre la question agraire en recherchant, parl'ouverture de fronts inédits de lutte non-violente, à susci-ter l'autonomie des villages, bases d'une société indiennenon-violente.

2.12 Synthèse

Pour Gandhi, chacun par ses actions devait être le chan-gement qu'il souhaitait voir dans le monde, souvent citécomme :

« Soyez le changement que vous voulez voirdans le monde[228]. »

La vérité, la non-violence et la lutte pour leur succèsétaient un tout indissociable et trahir un aspect de cet en-semble était trahir son idéal tout entier.

« C'est une erreur de croire qu'il n'y ait pasde rapport entre la fin et les moyens, et cette er-reur a entraîné des hommes considérés commecroyants à commettre de terribles crimes. C'estcomme si vous disiez qu'en plantant des mau-vaises herbes on peut récolter des roses[229]. »

En menant une vie simple et proche de la tradition in-dienne, il appliquait à lui-même l'idéal de vie qui étaitpour lui le plus bénéfique à l'humanité, très éloigné descritères de développement occidentaux. Hindou profon-dément croyant, il respectait autant les autres religions quiétaient pour lui des chemins différents vers l'amour et lavérité. Même si le parcours qui menait à cette vérité étaitlong et rempli d'embûches, pour Gandhi, la justice devaittoujours triompher :

« Quand je désespère, je me souviens qu'àtravers toute l'histoire, les chemins de la véritéet de l'amour ont toujours triomphé. Il y a eudes tyrans et des meurtriers, et parfois ils ontsemblé invincibles, mais à la fin, ils sont tou-jours tombés. Pensez toujours à cela[187]. »

Comme il le notait lui-même non sans humour, main-tenir cet idéal était même pour ses amis « l'œuvre d'unfou »[230].

3 Héritage

3.1 Hommages

3.1.1 Dans le monde

L'anniversaire de Gandhi, déjà fête nationale en Inde, estdevenu « Journée internationale de la non-violence » parun vote à l'unanimité de l'Assemblée générale des Nationsunies le 15 juin 2007[231].Time Magazine a nommé Gandhi la Personnalité del'année en 1930 et Gandhi fut 2e derrière Albert Ein-stein comme Personnalité du siècle en 1999. Le maga-zine a désigné le Dalai Lama, Lech Wałęsa, Dr Mar-tin Luther King, Jr., Cesar Chavez, Aung San Suu Kyi,

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26 3 HÉRITAGE

Statue de Gandhi à Pietermaritzburg, Afrique du Sud.

Statue de Mahatma Gandhi à São Paulo, Brésil, Sculpture deGautam Pal

Benigno Aquino, Jr., Desmond Tutu et Nelson Mande-la comme enfants de Gandhi et héritiers spirituels de lanon-violence[232].Le 30 janvier de chaque année, anniversaire de la mortdu Mahatma Gandhi, on pratique la Journée Scolaire dela Non-violence et de la Paix (DENIP), fondée en Espagneen 1964.Gandhi a été nommé en 1937, 1938, 1939, 1947 et 1948au Prix Nobel de la paix, mais sans jamais l'obtenir. Plustard, certains membres du comité regretteront publique-ment que le prix ne lui ait jamais été accordé. Le présidentdu comité dira, au cours de la remise du prix au Dalaï la-ma en 1989, que le prix est remis en partie à la mémoiredu Mahatma Gandhi. En 1937, Ole Colbjørnsen, dépu-té du parlement norvégien, propose le nom de Gandhi àla candidature. La motivation pour cette nomination estrédigée par les membres de la branche norvégienne des« Amis de l'Inde ». Un examinateur du comité, le profes-seur Jacob Worm-Müller, émet un avis négatif : « C'est uncombattant de la liberté et un dictateur, un idéaliste et unnationaliste. C'est souvent un Christ, puis, soudain, un po-liticien ordinaire. » Jacob Worm-Müller de la Société desNations ajoutait : « On peut dire qu'il est significatif queson combat bien connu en Afrique du Sud n'était qu'en

faveur des Indiens, et non des Noirs, dont les conditionsd'existence étaient encore pires. » Le comité Nobel priten compte les critiques de Worm-Müller et n'attribua pasle prix à Gandhi cette année. Les deux années suivantes,Ole Colbjørnsen propose de nouveau Gandhi, sans plusde succès. En 1947, les tensions dues à la partition del'Inde ne permettent pas de dégager une majorité de votespour Gandhi, et en 1948 le comité considère accorder leprix Nobel à Gandhi à titre posthume puis décide finale-ment de ne pas accorder de prix cette année-là car « il n'yavait de candidats vivants adéquats »[233].

3.1.2 En Inde

Gandhi est célébré comme Père de la Nation et son anni-versaire le 2 octobre y est commémoré comme le GandhiJayanti et est un jour férié.Le Gouvernement indien accorde chaque année le Ma-hatma Gandhi Peace Prize à des personnalités ou des ci-toyens qui se sont distingués. Nelson Mandela, a été l'undes non-Indiens célèbres à le recevoir.Depuis 1996, le gouvernement imprime sur tous les billetsde banque le portrait de Gandhi, ce qui est considéré pa-radoxal par certains, compte tenu des opinions négativesde Gandhi sur l'accumulation des richesses et le pouvoirde l'argent.À New Delhi, le Birla Bhavan (ou « Birla House »), oùGandhi a été assassiné est devenu ouvert au public depuis1973 et est connu comme le Gandhi Smriti (« Souvenirde Gandhi »). Il préserve la pièce où le Mahatma Gandhivécut les quatre derniers mois de sa vie et une colonne depierre symbolisant son martyre marque l'endroit exact oùil a été abattu.

3.2 Partisans et influence

Gandhi influença d'importants dirigeants et mouvementspolitiques.Le premier fut bien sûr Nehru lui-même qui disait : « Ilétait clair que ce petit homme compensait son piètre phy-sique par une âme d'acier ou de roc qui refusait de ployerdevant la force brute. Malgré son visage peu impression-nant, son pagne, sa nudité, il y avait en lui quelque chosede royal qui forçait à lui rendre obédience... »[234]

Aux États-Unis, Martin Luther King s’est référé spéciale-ment à Gandhi dans sa lutte pour le mouvement des droitsciviques américains, et de l'inspiration qu'il lui a appor-té pour ses propres théories sur la non-violence[235]. Lemilitant anti-apartheid et ancien président d'Afrique duSud, Nelson Mandela, dit lui aussi avoir été inspiré parGandhi[236] comme l'avait été Steve Biko. D'autres per-sonnalités comme Khan Abdul Ghaffar Khan[237] au Pa-kistan et Aung San Suu Kyi en Birmanie[238] ont été dé-clarés héritiers des méthodes de Gandhi.

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3.3 Critiques 27

Plusieurs personnes et organisations ont dédié leur vieà répandre ses idées. Madeleine Slade, fille d'un amiralbritannique, décida de tout quitter pour vivre en Indeavec Gandhi. Romain Rolland fut le premier à faireconnaître la vie de Gandhi avec son livre Mahatma Gand-hi. Lanza del Vasto alla en Inde en 1936 dans le butde vivre avec Gandhi. À son retour en Europe, il déci-da de propager la philosophie de Gandhi. En 1948, ce-lui que Gandhi avait appelé Shantidas (Serviteur de laPaix) a fondé, dans une optique résolument chrétienne,les Communautés de l'Arche sur le modèle des ashramsgandhiens. Jean-Baptiste Libouban, membre des Com-munautés de l'Arche, est un des initiateurs du mouve-ment des Faucheurs volontaires, lequel inscrit ses luttescontre les OGM en plein champs dans une perspectivenon-violente. José Bové fut également un des disciples deLanza del Vasto. La création en 1966 du Centre pour laCommunication Non-Violente (dont le siège est à Alber-queque, Etas Unis - www.cnvc.org) par le psychologueMarshall Rosenberg s’est faite en référence à Gandhi etau Pasteur Martin Luther-King.En Inde, un disciple de Gandhi, Vinoba Bhave, entrepritd'approfondir et d'étendre le processus d'émancipationnon violente du peuple indien : il se consacra, non sans uncertain succès dans certaines régions, à résoudre la ques-tion agraire, puis s’employa à promouvoir l'autonomiedes villages. En Inde aujourd'hui, Narayan Desai, fils deMahadev Desai, secrétaire personnel de Gandhi, est peut-être la personnalité dont l'œuvre et la pratique sont les plusproches de celles de Gandhi.Le magazine pour l'égalité raciale américain The Crisiscompara même Gandhi à Jésus en 1922[239]. En Europeaussi des voix se sont élevées pour revendiquer ce doublehéritage, notamment celle du Dr Albert Schweitzer :

« Quand on me demande quels penseursmodernes ont influencé ma vie et ma philo-sophie, je réponds invariablement, ces deuxnoms : le grand auteur Allemand Goethe etl'humble saint hindou Mohandas Gandhi. (...)De même, Gandhi, qui était l'hindou le pluschrétien du siècle, a reconnu qu'il avait eu l'idéed'Ahimsa et de non-violence des commande-ments de Jésus (...) Chez eux deux, l'éthique deperfection intérieure est gouvernée par le prin-cipe de l'amour[240]. »

Gandhi a eu de très nombreux admirateurs, outre ceux quiont prôné la non-violence, on peut citer la photographeMargaret Bourke-White, le général George Marshall. Lemusicien britannique, John Lennon, se référait aussi àGandhi quand il parlait de la non-violence[241]. En 2007,l'ancien vice-président américain et écologiste Al Gore,révéla l'influence que Gandhi avait eu sur lui[242]. Le phy-sicien Albert Einstein disait à propos de Gandhi : « Lesgénérations à venir auront peine à croire qu'un tel hommeait existé en chair et en os sur cette terre »[243].

3.3 Critiques

3.3.1 Opinions des Dalits

Gandhi dans les années 1940.

Certains dalits (ou « intouchables ») et notammentBhimrao Ramji Ambedkar, ont critiqué la position deGandhi comme étant « paternaliste », notamment en lesappelant harijan, enfants de Dieu. Ambedkar reprochaità Gandhi de ne pas s’attaquer à la racine du problème, quiétait selon lui le système des castes dans son ensemble. SiGandhi adopta une position ambiguë sur cette questioncomplexe[réf. nécessaire], il entreprit à plusieurs reprises desjeûnes pour la défense des intouchables, et tint égalementsur cette question des positions claires : ainsi, dans unelettre adressée à son ami C.F. Andrews (datée du 29 dé-cembre 1921), il déclara notamment : « Je ne pourraisplus me considérer comme Hindou si l'intouchabilité res-tait incluse dans l'hindouisme ». Gandhi demeure néan-moins un « héros » pour la grande majorité des dalits[244].

3.3.2 Désobéissance civile et partition des Indes

Winston Churchill, qui se réjouira de la partition desIndes (entraînant des millions de morts) en déclarant« finalement nous avons eu le dernier mot »[réf. nécessaire],Churchill qui participa en tant que soldat (en même tempsque Gandhi, mais ce dernier en tant que brancardier occu-pé au soin des Sud-africains noirs laissés pour compte) à

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28 3 HÉRITAGE

la bataille de Spion Kop, avait déclaré en 1931 qu'il consi-dérait « alarmant de voir monsieur Gandhi, un avocat sé-ditieux, qui se fait passer pour un fakir d'un genre bienconnu en Orient, grimpant à mi-nu les marches du pa-lais du vice-roi alors qu'il est encore en train d'organiseret conduire une campagne de désobéissance civile, parlerd'égal à égal avec le représentant de l'empereur-roi »[245].Plusieurs membres du mouvement pacifiste internationallui reprochent d'avoir feint d'ignorer selon eux que sonmouvement de non-violence devait nécessairement dé-boucher sur des actions violentes et du terrorisme, commepar exemple au cours de l'épisode où la foule de ChauriChaura tua plusieurs policiers britanniques et mit le feuau commissariat de police.[réf. nécessaire]

Le livre de Katherine Mayo, Mother India, publié en1927, déclencha une controverse qui servit de catalyseurà un changement de mentalité en Inde.Article détaillé : Mother India (livre).

Katherine Mayo s’y exprimait comme suit sur l'action deGandhi : « La doctrine mystique de la guerre spirituelle,de la guerre par la 'force d'âme', qui use d'un langage dehaine tout en affichant des théories d'amour, s’était, entoute logique et avec persistance, matérialisée sous formede boucheries d'êtres humains[246]. »Dans un livre de 1987, l'écrivain indien Nirad C. Chaud-huri, que Gandhi, à une certaine époque, séduisit par sesbelles apparences (« Il n'y avait pas trace, sur son visage,de la répugnante arrogance qui défigure les traits de toutsaint homme hindou »), discerne chez lui un « goût in-satiable du pouvoir » et une « simplicité de caractère quile rendait plus tortueux que le pire des escrocs ». PourChaudhuri, le culte que les Britanniques vouent à Gandhiest « une imbécillité sans nom et une preuve certaine dela dégénérescence du caractère britannique ». Selon unerecension de Geoff Wisner, Chaudhuri estime qu'en fai-sant appel au nationalisme primitif des masses, Gandhia nié tout ce que l'Empire britannique a fait pour uni-fier et civiliser l'Inde et qu'il a ainsi préparé la voie auxémeutes sanglantes et à la partition de l'Inde qui suivirentl'indépendance[247].L'auteur controversé Koenraad Elst résume dans unlivre[248] certaines critiques selon lui formulées encore au-jourd'hui contre Gandhi par une partie de l'opinion in-dienne.

• Gandhi n'utilisait l'agitation non violente que contredes gens avec qui il partageait certains principesmoraux, c'est-à-dire les hindous et les britanniqueslibéraux. Envers les musulmans, il ne procédaitpas par action non violente mais par concessionset démissions, sans jamais négocier une contre-partie équitable. Il trompait ainsi les attentes deses électeurs[réf. nécessaire] hindous et ne parvenaitd'ailleurs qu'à rendre les musulmans plus arrogants.Incapable de tirer la leçon des effets en retour et de

la réalité politique, il persévéra dans ces concessionsalors qu'elles ne causaient visiblement pas un rap-prochement entre hindous et musulmans.

• Des facteurs, internes et externes, autres que l'actionnon-violente de Gandhi ont contribué à la libérationde l'Inde, tel que les pressions anticoloniales exer-cées par les États-Unis et l'Union soviétique sur laGrande-Bretagne[249].

Concernant la lettre de Gandhi à Hitler, dans laquelle ille conjure de ne pas déclencher la guerre et d’atteindreses objectifs par la non-violence, Koenraad Elst consi-dère que le gandhisme ne signifie pas forcément efficaci-té. Selon lui, les méthodes de Gandhi réussirent à mener àl'indépendance, mais pas à empêcher de diviser l’Empirebritannique des Indes avec la création du Pakistan ; la phi-losophie de Gandhi justifiait cette lettre, et donc soit lesdeux sont une alternative éthique aux politiques conven-tionnelles, soit les deux sont inefficaces et ridicules[250].Pourtant, concernant la non-violence conçue commearme politique face à des tyrannies basées uniquementsur la force et la violence faisant Droit, Gandhi n'en étaitpas moins réaliste : devant l'imminence de l'invasion ja-ponaise, il s’effaça de lui-même devant les partisans dela résistance armée, limitant son action à une éventuelledésobéissance dirigée, non contre les envahisseurs, maiscontre les maîtres de l'Inde[251].L'argument qui vise à critiquer Gandhi (qui n'était qu'unmembre du Congrès parmi d'autres) avec la partition desIndes (un immense échec pour Gandhi), est tempéré parle prêtre jésuite et spécialiste de l'Inde, Guy Deleury,qui reconnaît que la partition est essentiellement le fruitconjugué de la précipitation (inconséquente et partisane)du britannique Lord Mountbatten (qui décida de la parti-tion et était de toute façon le seul à avoir le pouvoir ou lalégitimité politique de l'Empire britannique pour prendrela décision finale sur cette question) et de l'opportunismepolitique de la Ligue Musulmane d'Ali Jinnah (parti mi-noritaire trahissant la confiance que Gandhi leur avait ac-cordé).Mais avec ou sans Gandhi, la partition aurait eu lieu,puisque Lord Mountbatten ne prit finalement en consi-dération que la volonté de la Ligue Musulmane (créa-tion d'un État islamique, Pakistan, et d'un État hindou,Hindustan, État hindou qui ne verra jamais le jour :l'Union indienne est « laïque » mais sans code civiluniforme)[252] ; la Ligue Musulmane (faction minoritairenon représentative des musulmans des Indes qui souhai-taient une Union indienne[244]) avait en effet pour idéolo-gie la conception d'un État islamique[244]. Lord Mount-batten se rangea à la volonté de partition du groupus-cule qu'était la Ligue Musulmane pour des raisons quidemeurent encore aujourd'hui inconnues, soit pour « sevenger » de la perte de cette colonie britannique qu'étaitl'Inde, pour mettre à mal le désir du nouvel État laïc tantdésiré par les Indiens et le Congrès et leur infliger ainsi un

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4.1 Œuvres 29

échec idéologique, soit par manque total de discernementpolitique et d'absence de considération sur les possibili-tés de guerres civiles et d’embrasements communautairesqu'entraîneraient la création d'un État islamique réservéaux Musulmans et d'un État hindou réservé aux Hindous,alors que les communautés religieuses sont éparpillées surtout le sous-continent[252].

4 Écrits

Gandhi écrivant à Birla House, Bombay, août 1942.

Gandhi a été un auteur prolifique. Pendant des décennies,il a été le rédacteur principal de plusieurs journaux, deshebdomadaires ou mensuels, dont Harijan en gujarati, enhindi et en anglais ; Indian Opinion, un hebdomadaire enanglais, lorsqu'il était en Afrique du Sud, et Young India(en), un hebdomadaire en anglais, et Navajivan, un men-suel en gujarati, après son retour en Inde. Navajivan futaussi publié plus tard en hindi[253]. Il écrivait aussi quoti-diennement de nombreuses lettres à des personnalités etdes journaux pour défendre sa cause.Gandhi a aussi écrit plusieurs livres, dont son autobiogra-phie, Une autobiographie ou mes expériences avec la véri-té, Satyagraha en Afrique du Sud[254] à propos de la cam-pagne pour les droits des Indiens dans ce pays, Hind Swa-raj or Indian Home Rule[255], un pamphlet politique, etune paraphrase en gujarati du livre de John Ruskin UntoThis Last[256]. Ce dernier essai peut être considéré commeson programme économique. Il a aussi écrit de nombreuxarticles sur le végétarisme, les régimes alimentaires et lasanté, la religion, les réformes sociales, etc. Gandhi écri-vait habituellement en gujarati, mais il révisait lui-même

la traduction de ses livres en hindi et en anglais. Seule unepetite partie de ses écrits ont été traduits en français[257].Les œuvres complètes de Gandhi ont été publiées par legouvernement indien sous le nom The Collected Worksof Mahatma Gandhi[258] dans les années 1960. Ses écritsfont environ 50 000 pages publiées dans un total de 100volumes. En 2000, une édition remaniée de ses œuvrescomplètes a déclenché une vive controverse, les parti-sans de Gandhi accusant le gouvernement de modifica-tions pour des raisons politiques[259].

4.1 Œuvres

Journaux de Gandhi

: document utilisé comme source pour la rédactionde cet article.

• Autobiographie ou mes expériences de vérité (1929),Presses universitaires de France, 2003. (ISBN 2-130536387), disponible sur wikisource en anglais.

• The Collected Works of Mahatma Gandhi. New Del-hi : Publications Division, Ministry of Informationand Broadcasting, Govt. of India, 1994.

• Le Guide de la santé, trad. et préface Henri Delmas,Éditions Figuière, sans date (1932 ?).

• Hind Swaraj or Indian Home Rule, Navijan Publi-shing House, Ahmedabad, 1909, Ouvrage en ligneen anglais. trad. franç. : Leur civilisation etnotre délivrance, intr. Lanza del Vasto, Paris, De-noël, 1957

• La Jeune Inde (1919-1922), traduit de l'anglaispar Hélène Hart. Introduction de Romain Rolland.Stock, 1924, rééd. 1948.

• Lettres à l'ashram, Albin Michel, 1948. (ISBN 2-226037039)

• Méditations, Éditions du Rocher, 2002. (ISBN 2-268043274)

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30 5 GANDHI DANS LA CULTURE POPULAIRE

• Résistance non violente, Buchet Chastel, 1994. (ISBN2-702014763)

• Satyagraha in South Africa, 1928.

• Tous les hommes sont frères, Gallimard, 1990. (ISBN2-070325709)

• Gandhi. La voie de la non-violence, Gallimard,2004. Extraits de Tous les hommes sont frères. (ISBN2-07-0305535-X) édité erroné

• Vie de M. K Gandhi, écrite par lui-même, éditionpréparée par Charlie Andrews, trad. de GeorgetteCamille. Préf. de R. Rolland, Rieder, 1931, rééd.1934.

• M. K. Gandhi à l'œuvre. Suite de sa vie écrite par lui-même, édition préparée par Charlie Andrews, trad.A. Bernard, Rieder, 1934.

• Zionism and Antisemitism. The Gandhi Reader : ASourcebook of His Life and Writings. Homer Jack(ed.) Grove Press, New York : 1956.

5 Gandhi dans la culture populaire

Gandhi, monument à Québec.

5.1 Films

• La vie de Gandhi a fait l'objet d'une adaptationcinématographique par le réalisateur britannique

Richard Attenborough en 1982, récompensée parhuit Oscars et trois Golden Globe Awards.

• Dans Lage Raho Munna Bhai, comédie indienne de2006 son fantôme aide un jeune Indien qui adoptesa philosophie dans la vie moderne.

• Gandhi apparaît également dans le film Water,drame de 2005 de la réalisatrice canadienne(d'origine indienne) Deepa Mehta, nommé auxOscars du cinéma 2007, dans la catégorie « Meilleurfilm en langue étrangère ». L'action de ce film sedéroule en 1938 et traite du statut des femmes deve-nues veuves, parfois très jeunes, que la tradition del'époque n'autorise pas à se remarier, sinon avec lejeune frère du défunt, et qui ne peuvent que vivrele restant de leurs jours recluses et désœuvrées àprier dans des monastères et ne servent qu'à assou-vir les désirs sexuels des hindous nantis vivant dansles alentours. Gandhi et le Parti du Congrès sou-haitaient, à la même époque, réformer ces pratiquesd'un autre âge et permettre aux veuves de se rema-rier et son personnage apparait donc à la fin de cefilm pour un discours sur un quai de gare.

• La relation conflictuelle que son fils aîné Harilal eutavec lui est dépeinte dans le film Gandhi, mon père,sorti en 2007.

• La « philosophie » satyagraha de Gandhi est souventcitée vers la fin du film The Great Debaters, réalisépar Denzel Washington.

5.2 Littérature

• Le Grand Roman indien de Shashi Tharoor, uneœuvre qui mêle le Mahâbhârata et l'histoire de l'Indedepuis le début du siècle, ainsi qu'une descriptionloufoque et critique de Gandhi sous le nom de Gan-ga Datta.

• Une référence à Gandhi est faite dans le romandystopique 1984 de George Orwell (1948). Il men-tionne dans Le Livre de Goldstein que « retourner aupassé agricole comme le rêvaient certains penseursdu début du XXe siècle n'était pas une solution pos-sible ». Selon le Livre, le progrès et la richesse par-tagés par tous signifiait la fin d'une société hiérar-chique.

• Gandhi est l'un des principaux personnages du livreCette nuit la liberté, de Dominique Lapierre et LarryCollins.

• Dans le conte Le Jour du Jugement Dernier, dansle recueil Les Mémoires de Satan et autres contesloufoques, de Pierre Cormon, Dieu essaie de jugerGandhi lors du jugement dernier mais s’aperçoit quele personnage est plus complexe qu'il n'y paraît.

Page 31: Mohandas Karamchand Gandhi

6.2 Bibliographie 31

5.3 Musique

• Homage to Mahatma Gandhi (raga Mohan Kauns,1948), de Ravi Shankar, 1979-1980.

• Satyagraha, opéra de Philip Glass, 1980.

• Au pays de Gandhi par MC Solaar, album Mach 6,2003.

• Gandhi par Patti Smith, album Trampin', 2004.

• Les hommes de paix par Danakil, album Micro Cli-mat, 2006.

• Soulman par Ben l'Oncle Soul, album Ben l'OncleSoul (album), 2010.

• Mahatma par Danakil, album Entre Les Lignes,2014.

5.4 Jeux vidéo

• Dans la série des Civilization Gandhi est le dirigeantde la civilisation indienne.

6 Voir aussi

6.1 Homonymes : Indira et Rajiv Gandhi

Le nom de Gandhi, que l'on retrouve à la tête de l'Indedans les décennies suivantes, est dû au hasard : le premierPremier ministre après l'indépendance, Nehru, avait unefille, Indira, qui épousa Feroze Gandhi (1912-1960), unjournaliste et homme politique de religion parsi, sans liende parenté avec le Mahatma. Elle succéda à son père aumême poste. Plus tard, le fils d'Indira, Rajiv, lui succédapuis, à la suite de son assassinat, fut remplacé à la tête duparti du Congrès par son épouse Sonia.

6.2 Bibliographie

Plusieurs biographes ont entrepris la tâche de décrire lavie de Gandhi. Parmi eux, deux œuvres les plus com-plètes : D. G. Tendulkar avec son Mahatma. Life of Mo-handas Karamchand Gandhi en 8 volumes, et Pyarelal etSushila Nayar avec leur Mahatma Gandhi en 10 volumes.

: document utilisé comme source pour la rédactionde cet article.

6.2.1 Biographies en français

• Bovy, Marie-Pierre (sous la dir. de). Gandhi :L'héritage, Siloë, 2001. (ISBN 2-84231-171-X)

• Fisher, Louis. La Vie du Mahatma Gandhi, Belfond,1983.

• Frèches, José. Gandhi. Je suis un soldat de la paix,XO Éditions, 2007. (ISBN 978-2-84563-342-1)

• Jordis, Christine. Gandhi, Gallimard, Folio Biogra-phies, 2006, 372 pages. (ISBN 2-07-030673-9)

• Lassier, Suzanne. Gandhi et la non-violence, Seuil,1975.

• Markovits, Claude, Gandhi, Paris, Presses deScience-Po, 2000, 279 p.

• Muller, Jean-Marie. Gandhi l'insurgé, Albin Michel,1997. (ISBN 2-226-09408-3)

• Payne, Robert. Gandhi : biographie politique, Seuil,1972.

• Rolland, Romain. Gandhi, 1924.

• Jacques Attali. Gandhi ou l'éveil des humiliés - Édi-tions Fayard, 2007. (ISBN 2213631980)

• Tagore, Soumyendranath, Gandhi, Clichy (Seine),Gallimard, 1934, 252 p.

6.2.2 Biographies en anglais

• Bhana, Surendra and Goolam Vahed. The Making ofa Political Reformer : Gandhi in South Africa, 1893–1914. New Delhi : Manohar, 2005.

• (en) Joan V. Bondurant, Conquest of Violence : TheGandhian Philosophy of Conflict, Princeton UP, 1988 (ISBN 0-691-02281-X)

• Chadha, Yogesh. Gandhi : A Life. (ISBN 0-471-35062-1)

• Chernus, Ira. American Nonviolence : The History ofan Idea, chapter 7. (ISBN 1-57075-547-7)

• Dutta, Krishna and Andrew Robinson, Rabin-dranath Tagore : An Anthology, Londres, Pica-dor/Macmillan, 1997 (ISBN 0-330-34962-7)

• Easwaran, Eknath. Gandhi The Man. (ISBN 0-915132-96-6)

• Rajmohan Gandhi, Patel : A Life, Navajivan Publi-shing House, 1990 (ISBN 81-7229-138-8)

• Hunt, James D. Gandhi in London, New Delhi, Pro-milla & Co., 1978.

• Lelyveld, Joseph, Great Soul : Mahatma Gandhi andHis Struggle with India, 2011

• Mann, Bernhard. “The Pedagogical and PoliticalConcepts of Mahatma Gandhi and Paulo Freire”.In : Claußen, B. (Ed.) International Studies in Poli-tical Socialization and Education, Bd. 8, Hambourg,1996. (ISBN 3-926952-97-0)

Page 32: Mohandas Karamchand Gandhi

32 6 VOIR AUSSI

• Rühe, Peter. Gandhi : A Photo biography., 2002.(ISBN 0-7148-9279-3)

• Sharp, Gene. Gandhi as a Political Strategist, withEssays on Ethics and Politics, Boston, Extending Ho-rizon Books, 1979.

• Sofri, Gianni. Gandhi and India : A Century in Fo-cus, 1995. (ISBN 1-900624-12-5)

6.2.3 Études sur Gandhi

• Manuel Cervera-Marzal, Gandhi. Politique de lanon-violence, éditions Michalon, 2014.

• Catherine Clément, Gandhi, athlète de la liberté, Dé-couvertes Gallimard, Gallimard, 1989. (ISBN 2-07-053071-X)

• Alexandre Kaplan, Gandhi et Tolstoï (Les sourcesd'une filiation spirituelle), Imprimerie L. Stoquert,1949.

• Milan T. Markovitch, Tolstoï et Gandhi, Librairieancienne H. Champion, 1928.

• Mashrouwala Krishôrlâl, Gandhi et Marx, introduc-tion de Vinobâ, préface de Lanza del Vasto, coll.Pensée gandhienne, Denoël, 1957.

• Jean-Marie Muller, « Gandhi était-il anarchiste ? »,Alternative non violente, no 117, hiver 2000/2001, p.48–53.

• Marc Semenoff, Tolstoï et Gandhi, coll. Penséegandhienne, Denoël, 1958.

6.2.4 Ouvrages complémentaires

• (fr) Muriel Pécastaing-Boissière, Annie Besant(1847-1933) : La lutte et la quête, Éditions Adyar, juillet 2015, 276 p. (ISBN 978-2850003059)

6.3 Notes et références

[1] ''Autobiographie, ou mes expériences de vérité ; M. K.Gandhi.

[2] (en) « Malala Yousafzai invokes Mahatma Gandhi in herUN speech », New Delhi Television (NDTV), 13 juillet2013.

[3] “Autobiographie ou expériences de vérité", MohandasKaramchand Gandhi, note de bas de page de Pierre Meile,p. 436, ISBN 2-13-037201-5

[4] (en) « General Assembly adopts texts on day of non-violence,... », un.org, ONU, 15 juin 2007 (lire en ligne)

[5] « Les Gandhi étaient des Hindous Vishnouïtes. Mes pa-rents, notamment, étaient enracinés dans leur foi. Ils serendaient régulièrement au Haveli – le temple (vish-nouïte). Ma famille avait même ses temples particuliers. »Autobiographie ou expériences de vérité, Mohandas Ka-ramchand Gandhi, ISBN 81-7234-016-8

[6] « A Râjkot (...), j’acquis certaines notions fondamentalesde tolérance envers toutes les branches de l’hindouisme etdes religions sœurs. Car mon père et ma mère faisaientune habitude de fréquenter le Havéli comme les templesde Shiva et de Râma, et de nous y emmener ou nous en-voyer, tout jeunes encore. Des moines jaïns rendaient aus-si souvent visite à mon père, et s’écartaient même de leurchemin pour accepter de manger à notre table – bien quenous fussions non-jaïns. Ils s’entretenaient avec mon pèretant de religions que de sujets séculiers. Mon père avait,d’ailleurs, des amis musulmans et parsis qui lui parlaientde leur religion. Il les écoutait toujours respectueusement,souvent avec intérêt. Les soins que je lui donnais me per-mettaient d’assister fréquemment à ces entretiens. Ces di-vers éléments concourent à m’inculquer une large tolé-rance religieuse. » Autobiographie ou expériences de vérité,Mohandas Karamchand Gandhi, ISBN 81-7234-016-8

[7] Frédéric Lenoir, « Gandhi », émission Les racines du cielavec Christine Jordis, France Culture, 6 janvier 2013

[8] (en) M.K. Gandhi, Autobiographie ou mes expériences devérité, Première partie, Chapitres II & V.

[9] (en) M.K. Gandhi, Autobiographie ou mes expériences devérité, Première partie, Chapitre V.

[10] (en) M.K. Gandhi, Autobiographie ou mes expériences devérité, Première partie, Chapitre IX.

[11] (en) M.K. Gandhi, Autobiographie ou mes expériences devérité, Première partie, Chapitre V à X.

[12] (en) M.K. Gandhi, Autobiographie ou mes expériences devérité, Première partie, Chapitre V à XI.

[13] (en) M.K. Gandhi, Autobiographie ou mes expériences devérité, 7e édition Quadrige, p. 54

[14] (en) M.K. Gandhi, Autobiographie ou mes expériences devérité, Première partie, Chapitre XII.

[15] (en) M.K. Gandhi, Autobiographie ou mes expériences devérité, Première partie, Chapitre XVII.

[16] Pécastaing-Boissière 2015, p. 224-225.

[17] (en) Judith Margaret Brown, Gandhi : Prisoner of Hope,Yale University Press, 1991, p. 27

[18] M. K. Gandhi, An autobiography or the story of my expe-riments with truth, ouvrage publié par livraisons de 1925à 1929 ; édition Internet des Collected Works, vol. 44, p.163-164.

[19] Rajmohan Gandhi, Gandhi, sa véritable histoire par sonpetit-fils, traduction française, Buchet/Chastel, 2008, p.87.

[20] « The man who knew he was Mahatma », article du jour-nal indien The Pioneer, 29 janvier 2006, consultable surle site Hindu Vivek Kendra.

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6.3 Notes et références 33

[21] fresh from England, and hot-blooded. Paul Duchesne,traduction française de B.R. Nanda, Ghandi, MaraboutUniversité, 1968, p. 21, rend hot-blooded par « têtechaude ». Françoise Jaouën, traduction française de Ra-jmohan Gandhi, Gandhi, Buchet-Chastel, 2008, p. 89, lerend par « le sang chaud ».

[22] Rajmohan Gandhi, Gandhi, sa véritable histoire par sonpetit-fils, traduction française, Buchet/Chastel, 2008, p. 89et 90.

[23] M. K. Gandhi, An autobiography or the story of my expe-riments with truth, ouvrage publié par livraisons de 1925à 1929 ; édition Internet des Collected Works, vol. 44, p.165, en ligne.

[24] Markovits 2000, p. 126

[25] Markovits 2000, p. 125-126

[26] « An Unwelcome Visitor », The Natal Mercury, 26 mai1893, reproduit dans l'édition Internet des Œuvres com-plètes de Gandhi, vol. 1, p. 56, note 2, en ligne.

[27] Gandhi, Lettre du 26 mai 1893 au Natal Adviser, pu-bliée par le Natal Adviser le 29 mai 1893, reproduite dansl'édition Internet des Œuvres complètes de Gandhi, vol. 1,p. 56-57, en ligne.

[28] Mohandas K. Gandhi, An Autobiography or The Story ofMy Experiments With Truth, 1927 et 1929, réimpr. Bos-ton, Beacon Press, 1957, p. 106. Édition Internet des uvrescomplètes de Gandhi, vol. 44, p. 170-171, en ligne.

[29] Nagindas Sanghavi, The Agony of Arrival, Gandhi : TheSouth African Years, Rupa Publications, 2006, tirage de2008, p. 106, partiellement consultable sur Google Livres.

[30] G.B. Singh et Tim Watson, Gandhi under Cross-examination, Sovereign Star, 2009, p. 124-125

[31] John S. Hoyland, They saw Gandhi, New York, 1947, 2e

éd. 1953, p. 15, a publié un témoignage de l'employé duchemin de fer qui intima à Gandhi l'ordre d'aller dans lefourgon. G.B. Singh et Tim Watson, Gandhi under Cross-examination, Sovereign Star, 2009, p. 131-133, repro-duisent ce témoignage. Ils observent que le Révérend Hoy-land n'indique pas le nom de l'employé ni la date de sonattestation et en concluent que ce document, qui n'est ap-paru que plus de cinquante ans après les faits, est suspect.

[32] Édition Internet des Œuvres complètes de Gandhi, vol. 44,p. 173-178, en ligne.

[33] G.B. Singh et Tim Watson, Gandhi under Cross-examination, Sovereign Star, 2009, p. 114.

[34] Rajmohan Gandhi, Gandhi, tr. fr., Buchet/Chastel, 2008,p. 110.

[35] Documents audiovisuels et biographie de l'INA sur Gand-hi

[36] Partie II, chapitre XVI, intitulé « Man proposes, God dis-poses », édition Internet des Œuvres complètes de Gandhi,vol. 44, p. 193-194, en ligne.

[37] Maureen Swan, Gandhi, The South African Experience,Ravan Press, Johannesburg, 1985, p. 48. Même opi-nion chez Jad Adams, Gandhi, Naked Ambition, Quercus,Londres, 2010, p. 50-51.

[38] Rajmohan Gandhi, Gandhi, Sa véritable histoire par sonpetit-fils, tr. fr., 2008, Buchet/Chastel, p. 114.

[39] Ashwin Desai et Goolam Vahed, Inside Indian Indenture,A South African Story 1860-1914, HSRC Press, 2010, p.357.

[40] Maureen Swan, Gandhi, The South African Experience,Ravan Press, Johannesburg, 1985, notamment p. 142-143.

[41] (en) Bidyut Chakrabarty, Confluence of Thought : Mo-handas Karamchand Gandhi and Martin Luther King, Jr.,Oxford University Press, 2013, p. 126-127

[42] Nagindas Sanghavi, The Agony of Arrival, Gandhi : TheSouth Africa Years, Rupa Publications, 2006, tirage de2008, p. 296.

[43] Nagindas Sanghavi, The Agony of Arrival, Gandhi : TheSouth Africa Years, Rupa Publications, 2006, tirage de2008, p. 169. Interview de Gandhi dans le Natal Advertiserdu 14 janvier 1897, édition Internet des Œuvres complètesde Gandhi, vol. 2, p. 3, en ligne.

[44] M. Gandhi, The Grievances of the British Indians in SouthAfrica : an Appeal to the Indian Public, édition Internetdes Œuvres complètes de Gandhi, vol. 1, p. 360, en ligne.

[45] Nagindas Sanghavi, The Agony of Arrival, Gandhi : TheSouth Africa Years, Rupa Publications, 2006, tirage de2008, p. 172.

[46] Gandhi, Memorial to Secretary of State for the Colonies (15mars 1897), reproduit dans l'édition Inernet des Œuvrescomplètes de Gandhi, vol. 2, p. 25-26, en ligne. Voir aus-si Nagindas Sanghavi, The Agony of Arrival, Gandhi :The South Africa Years, Rupa Publications, 2006, tiragede 2008, p. 177.

[47] Nagindas Sanghavi, The Agony of Arrival, Gandhi : TheSouth Africa Years, Rupa Publications, 2006, tirage de2008, p. 176-177.

[48] Rajmohan Gandhi, Gandhi, traduction française, Bu-chet/Chastel, 2008, p. 123.

[49] Rajmohan Gandhi, Gandhi, traduction française, Bu-chet/Chastel, 2008, p. 124.

[50] Maureen Swan, Gandhi, The South African Experience,Johannesburg, 1985, p. 65-66.

[51] Gandhi, Memorial to Secretary of State for the Colonies (15mars 1897), reproduit dans l'édition Inernet des Œuvrescomplètes de Gandhi, vol. 2, p. 33, en ligne.

[52] Nagindas Sanghavi, The Agony of Arrival, Gandhi : TheSouth Africa Years, Rupa Publications, 2006, tirage de2008, p. 181 et 183.

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34 6 VOIR AUSSI

[53] Pour la présence de Noirs parmi les émeutiers et les ré-flexions de la presse à ce sujet, voir Gandhi, Memorialto Secretary of State for the Colonies (15 mars 1897), re-produit dans l'édition Internet des Œuvres complètes deGandhi, vol. 2, p. 65-67, en ligne

[54] (en) Wikisource:March 1897 Memorial (Gandhi) : cor-respondance et articles de journaux relatent l'incident

[55] Maureen Swan, Gandhi, The South African Experience,Johannesburg, 1985, p. 66 ; Nagindas Sanghavi, The Ago-ny of Arrival, Gandhi : The South Africa Years, Rupa Pu-blications, 2006, tirage de 2008, p. 181 et 183.

[56] Lettre de Gandhi au procureur général du Natal HarryEscombe, en date du 20 janvier 1897, reproduite dansl'édition Internet des Œuvres complètes de Gandhi, vol.2, p. 9-10, en ligne.

[57] Bataille à laquelle Winston Churchill participe par ailleurscomme soldat mais aussi correspondant de guerre, demême que Louis Botha, futur Premier ministre sud-africain, ici en tant que général boer

[58] Article « A New Year’s Gift », dans Indian Opinion, 14janvier 1904 ; reproduit dans l'édition Internet des Collec-ted Woks of Mahatma Gandhi, vol. 3, p. 396-398. Mau-reen Swan, Gandhi : The South African Experience, Johan-nesburg, 1983, p. 117, a attiré l'attention sur ce texte de1904, qui montre que, contrairement à une idée répandue,l'idée du satyagraha ne germa pas dans l'esprit de Gand-hi à l'occasion de la guerre contre les Zoulous (février -juillet 1906).

[59] (en) Arun Kumar Jain, Faith And Philosophy Of Jainism, 2009 (ISBN 8178357232, lire en ligne), p. 149

[60] (en) Correspondance entre Gandhi et Tolstoï dans Wiki-source

[61] James Stuart, A History of the Zulu Rebellion 1906 And ofDinuzulu’s Arrest, Trial and Expatriation, Londres, 1913,p. 98-100, consultable sur le site Internet Archive.

[62] James Stuart, A History of the Zulu Rebellion 1906 And ofDinuzulu’s Arrest, Trial and Expatriation, Londres, 1913,p. 120-125, consultable sur le site Internet Archive.

[63] James Stuart, A History of the Zulu Rebellion 1906 And ofDinuzulu’s Arrest, Trial and Expatriation, Londres, 1913,p. 130, consultable sur le site Internet Archive.

[64] Rajmohan Gandhi, Gandhi, tr. fr., Buchet/Chastel, 1908,p. 160-161 et p. 890, note 12, qui renvoie à E.S. Red-di, Gandhiji : Vision of a Free South Africa, New Delhi,Sanchar, 1995, p. 21, lequel renvoie à André Odendaal,Vukani Bantu, 1984, p. 70.

[65] Gandhi, « An Indian Volunteer Corps », Indian Opinion,18 novembre 1905, reproduit dans l'édition Internet desŒuvres complètes de Gandhi, vol. 5, p. 11, en ligne.

[66] Gandhi, « A Plea for Indian Volunteering », Indian Opi-nion, 17 mars 1906, reproduit dans l'édition Internet desŒuvres complètes de Gandhi, vol. 5, p. 124-125, en ligne.

[67] Gandhi, « Indian Volunteering », Indian Opinion, 31 mars1906, reproduit dans l'édition Internet des Œuvres com-plètes de Gandhi, vol. 5, p. 146, en ligne.

[68] Gandhi, « The Natal Rebellion », Indian Opinion, 14 avril1906, reproduit dans l'édition Internet des Œuvres com-plètes de Gandhi, vol. 5, p. 178-180, en ligne.

[69] Gandhi, « Our Duty », Indian Opinion, 5 mai 1906, re-produit dans l'édition Internet des Œuvres complètes deGandhi, vol. 5, p. 202, en ligne.

[70] Gandhi, « Indian Volunteering », Indian Opinion, 12 mai1906, reproduit dans l'édition Internet des Œuvres com-plètes de Gandhi, vol. 5, p. 210-212, en ligne.

[71] Gandhi, « Letter to Colonial Secretary » et « Indiansand the Native Unrest », Indian Opinion, 9 juin 1906,re-produits dans l'édition Internet des Œuvres complètes deGandhi, vol. 5, p. 253 et 258, en ligne.

[72] Gandhi, « The Natal Rebellion », Indian Opinion, 2 juin1906, et « Soldiers’ Fund », reproduit dans l'édition In-ternet des Œuvres complètes de Gandhi, vol. 5, p. 251 et258-259, en ligne.

[73] Gandhi, « Indian Volunteers », Indian Opinion, 23 juin1906, et « Should Indians volunteer or not ? », Indian Opi-nion, 30 juin 1906, édition Internet des Œuvres complètesde Gandhi, vol. 5, p. 268-269 et 273-274, en ligne.

[74] Gandhi, « Indian Stretcher-bearer corps », Indian Opi-nion, 28 juillet 1906, édition Internet des Œuvres com-plètes de Gandhi, vol. 5, p. 277, en ligne.

[75] Gandhi, « Indian Stretcher-bearer corps », Indian Opi-nion, 21 juillet 1906, édition Internet des Œuvres com-plètes de Gandhi, vol. 5, p. 275, en ligne.

[76] Gandhi, « Indian Stretcher-bearer corps », Indian Opi-nion, 28 juillet 1906, édition Internet des Œuvres com-plètes de Gandhi, vol. 5, p. 277-281, en ligne.

[77] James Stuart, A History of the Zulu Rebellion 1906 And ofDinuzulu’s Arrest, Trial and Expatriation, Londres, 1913,p. 394, consultable sur archive.org, réédité en 2013 par lesPresses universitaires de Cambridge.

[78] Gandhi, « Letter to Principal Medical Officer », IndianOpinion, 11 août 1906, édition Internet des Œuvres com-plètes de Gandhi, vol. 5, p. 285, en ligne.

[79] Gandhi, « Letter to Principal Medical Officer », IndianOpinion, 11 août 1906, édition Internet des Œuvres com-plètes de Gandhi, vol. 5, p. 285-286, en ligne.

[80] G.B. Singh, Gandhi, Behind the Mask of Divinity, Prome-theus Books, 2004, p. 108 et p. 115, note 6, qui renvoie àPyarelal, Mahatma Gandhi, vol. 3, Ahmedabad, 1986, p.592, ref. 50. Voir aussi Nagindas Sanghavi, The Agony ofArrival, Gandhi : The South Africa Years, Rupa Publica-tions, 2006, réimpr. 2008, p. 270.

[81] Gandhi, « Egypt and Natal — a comparison », Indian Opi-nion, 4 août 1906, édition Internet des Œuvres complètesde Gandhi, vol. 5, p. 290, en ligne.

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6.3 Notes et références 35

[82] Gandhi, An Autobiography...., 1927, Partie IV, chap.XXIV, éd. Internet des Œuvres complètes de Gandhi, vol.44, p. 323-324, en ligne.

[83] G.B. Singh, Gandhi, Behind the Mask of Divinity, Pro-metheus Books, 2004, p. 124-131 ; G.B. Singh et TimWatson, Gandhi under Cross-examination, Sovereign Star,2009, p. 167-204 ; Kathryn Tidrick, Gandhi, A Politi-cal and Spiritual Life, I.B. Tauris, Londres et New York,2006, p. 72-73.

[84] Gandhi, An Autobiography...., 1927, Partie IV, chap.XXIV, éd. Internet des Œuvres complètes de Gandhi, vol.44, p. 324, en ligne.

[85] Autobiographie, ou mes expériences de vérité, MohandasKaramchand Gandhi : « Notre Corps fut en service actifdurant près de six semaines. À mon arrivée sur le théâtrede la « révolte », je m’aperçus que rien, absolument, nejustifiait ce terme. Il n’y avait pas de résistance visible. Laraison pour laquelle on avait grossi les troubles jusqu’à lesqualifier de révolte, était qu’un chef zoulou, avait prêchéle refus de payer un nouvel impôt dont on avait frappéses gens, et avait percé d’un coup de sagaie un sergent quis’était présenté pour percevoir cet impôt. »

[86] Gandhi, An Autobiography...., 1927, Partie IV, chap.XXIV, éd. Internet des Œuvres complètes de Gandhi, vol.44, p. 324-325, en ligne.

[87] Rajmohan Gandhi, Gandhi, tr. f. 2008, p. 158.

[88] Gandhi, Autobiographie, partie IV, ch. XXX, édition In-ternet des Œuvres complètes de Gandhi, vol. 44, p. 336, enligne. Voir aussi Rajmohan Gandhi, Gandhi, tr. f. 2008,p. 166.

[89] Thomas Weber, Gandhi as Disciple and Mentor, Cam-bridge University Press, 2004, p. 74.

[90] Correspondance vendue aux enchères par les descendantsde Kallenbach.

[91] (en) « Among the Hagiographers - Early on Gandhi wasdubbed a 'mortal demi-god' — and he has been regardedthat way ever since », 26 mars 2011

[92] Graham Smith, « Indian government spends £700,000 tobuy letters which 'prove national hero Gandhi was gay' »,Mail Online, 13 juillet 2012, en ligne.

[93] (en) « US author slams Gandhi gay claim », The Aus-tralian, 29 mars 2011 (lire en ligne)

[94] (en) « Moily Rules Out Ban on Lelyveld’s Gandhi Book »,sur outlookindia.com, 4 avril 2011

[95] (en) Claude Markovits, A History of Modern India, 1480-1950, Anthem Press, 2002 (lire en ligne), p. 367-368

[96] (en) M.K. Gandhi, Autobiographie ou mes expériences devérité, Cinquième partie, Chapitre XI.

[97] (en) M.K. Gandhi, Autobiographie ou mes expériences devérité, deuxième partie, chapitre XXV.

[98] Pécastaing-Boissière 2015, p. 247.

[99] Michael O' Dwyer, India as I Knew It, Londres, 1925, p.273-274. Rééd. Mittal Publications, 1988. Cité par G.B.Singh, Gandhi : Behind the Mask of Diviniy, PromeheusBooks, 2004, p. 281-282.

[100] (en) R. Gandhi, Patel : A Life, p. 82

[101] A King’s Story : The Memoirs of the Duke of Windsor, NewYork 1947, p. 171-172.

[102] Selon Harry Hubert Field (H. H. Field, After Mother India,Londres, 1929, p. 39, consultable sur le site archive.org),Gandhi reconnut que ces violences furent commises pardes gens que ses paroles avaient échauffés. Field renvoieau livre Gandhi’s Letters on Indian Affairs, V. Narayananand Company, Madras, 1923, p. 104-105.

[103] C. Sakaran Nair, Gandhi and Anarchy, Madras, 1922,p. 240-241, consultable sur le site achive.org ; GetrudeEmerson, « 'Non-violent Non-cooperation' in India »,Asia, 1922, réimprimé dans The Americanization ofGandhi : Images of the Mahatma, New York, 1976, p. 197.

[104] Harry Hubert Field, After Mother India, Londres, 1929,p. 39-46 et 263-265, consultable sur le site archive.org.Selon un récit de Lord Norhcliffe (Daily Mail, Londres, 25janvier 1922 ; The Overseas Daily Mail, 28 janvier 1922 ;cité dans le livre de Field, p. 263-265), les agresseurs deDoherty étaient apparemment tous musulmans.

[105] (en) R. Gandhi, Patel : A Life, p. 89

[106] (en) R. Gandhi, Patel : A Life, p. 105

[107] Young India, 23 mars 1922, reproduit dans l'édition Inter-net des Œuvres complètes de Gandhi, vol. 26, p. 380, enligne. Après les mots « je referais la même chose », unenote de cette édition dit : « Ces phrases ne figurent pasdans la transcription officielle »

[108] Magisrat et homme politique indien qui réclamait pourl'Inde le statut de dominion.

[109] C. Sankaran Nair, Gandhi and Anarchy, 2e éd., Madras,1922, en ligne sur le site archive.org.

[110] (en) R. Gandhi, Patel : A Life, p. 131

[111] (en) R. Gandhi, Patel : A Life, p. 172

[112] (en) Mahatma Gandhi : Film : MAHATMA - Life ofGandhi, The Gandhi National Memorial Fund, Gandhi-Serve Foundation (1928-1931, Part 05 of 14)

[113] (en) R. Gandhi, Patel : A Life, p. 230-32

[114] (en) R. Gandhi, Patel : A Life, p. 246

[115] (en) R. Gandhi, Patel : A Life, p. 277-81

[116] (en) R. Gandhi, Patel : A Life, p. 283-86

[117] (en) R. Gandhi, Patel : A Life, p. 309

[118] (en) R. Gandhi, Patel : A Life, p. 318

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36 6 VOIR AUSSI

[119] Lettre du vice-roi Linlithgow à Amery, résumant un en-tretien du 17 juillet 1942 entre une envoyée de Gandhiet le secrétaire du vice-roi, dans The Transfer of Power,Londres, Her Majesty’s Stationary Office, 1971, vol. II, p.407-408. Voir Édition Internet des Œuvres complètes deGandhi, vol. 83, p. 128, note 1, en ligne.

[120] Richard L. Johnson, Gandhi’s Experiments with Truth : Es-sential Writings by and about Mahatma Gandhi, LexingtonBooks, 2006, p. 42. Partiellement consultable sur GoogleLives ; Rajmohan Gandhi, Gandhi, r. fr., Buchet/Chastel,2008, p. 640-641.

[121] (en) R. Gandhi, Patel : A Life, p. 462

[122] Édition Internet des Œuvres complètes de Gandhi, vol.98, p. 220-222, en ligne. Cité par Rajmohan Gandhi, TheGood Boatman, Penguin Books India, 1997, partiellementconsultable sur Google Livres, p. 423, et par RajmohanGandhi, Gandhi, tr. fr., Buchet/Chastel, 2008, p. 853.

[123] (en) Mohandas K. Gandhi, 'Speech on The Eve of TheLast Fast', 12 janvier 1948, Harijan, 18-1-1948, p. 523.

[124] (en) R. Gandhi, Patel : A Life, p. 464-66

[125] (en) R. Gandhi, Patel : A Life, p. 472

[126] (en) Vinay Lal.‘Hey Ram’ : The Politics of Gandhi’s LastWords. Humanscape 8, no. 1 (January 2001) :34-38

[127] Les objets de Gandhi adjugés à 1,8 million de dollars, Lefigaro.fr, 6/3/2009.

[128] Alain Refalo. « Tolstoï l'insoumis » in Le Royaume deDieu est en vous, par Léon Tolstoï. Éd. Le Passager Clan-destin, 2010. p. 29 et 44

[129] Gandhi, Tous les hommes sont frères ; sur des sujets divers.UNESCO, 1958, p. 291-296

[130] L. Tolstoï. La loi de la violence et la loi de l'amour, chapIV sur wikisource

[131] Gandhi. Lettres à l’Ashram. Paris ; Éd. Albin Michel,1971, p. 125

[132] L. Tolstoï, Une comparaison entre l'Amérique et l'Europesur wikisource

[133] Alain Refalo. Ibid. p. 28 et 22

[134] Alain Refalo. Ibid. p. 10)

[135] Gandhi, Tous les hommes sont frères. Ibid. p. 292

[136] L. Tolstoï, Royaume de Dieu est en vous sur wikisource

[137] Gandhi. Tous les hommes sont frères. Ibid.

[138] Gandhi. Lettres à l’Ashram. Ibid. p. 132 et 138

[139] M. K. Gandhi. Leur Civilisation et notre délivrance. Paris ;Denoël. 1957, p. 133

[140] L. Tolstoï. Où est l'issu ?, chap. VI

[141] L. Tolstoï, Patriotisme et christianisme, Chap. XVII

[142] M. Semenoff. Tolstoï et Gandhi ; correspondance. Paris ;Denoël, 1958, p. 42 et 44 ;

[143] Gandhi. Tous les hommes sont frères. Ibid. p. 292

[144] L. Tolstoï. Ma Religion sur wikisource

[145] Voir par exemple : L. Tolstoï. La loi de la violence et la loide l'amour sur wikisource

[146] Le thème de la “non-résistance” a été développé par Tol-stoï à partir de sa conversion dans ses œuvres ultérieures,et aussi longuement mûri et réfléchi dans Ma Confessionet Ma Religion.

[147] L. Tolstoï. Le non-agir sur wikisource

[148] L. Tolstoï. Deux guerres sur wikisource

[149] L. Tolstoï. Le Royaume de Dieu est en vous, Ibid.

[150] L. Tolstoï. Réponse aux critiques

[151] Gandhi. Tous les hommes sont frères. Ibid. p. 185.

[152] Radhika Rao. What made them choose nonviolence ? Com-paring the case of Gandhi, King, and Mandela. May 2004.Harvard Graduate School of education.

[153] L. Tolstoï. Lettre à Ernest Crosby

[154] L. Tolstoï. La Loi de la violence et la loi de l'amour. Ap-pendice au chap. XVII

[155] Adin Ballou. Christian non-resistance (1846). Providence(Rhode Island) ; Blackstone Ed., 2003, p. 80,

[156] Correspondance entre Tolstoï et Gandhi ; 2eme Lettre deGandhi à Tolstoï (10 nov. 1909)

[157] L. Tolstoï. Le Royaume de Dieu est en vous. chap. I. La[non-résistance] professée par la minorité des hommes de-puis le Christ

[158] Adin Ballou. La Non-Résistance chrétienne, chap. 7 ; Lanon-Résistance par rapport au gouvernement .

[159] L. Tolstoy. A Letter to a Hindu.

[160] M. Semenoff. Tolstoï et Gandhi. Ibid. p. 25-49 ; ; Corres-pondance entre Tolstoï et Gandhi

[161] Henri Troyat, Tolstoï. Fayard, 1965, p. 766

[162] Correspondance entre Tolstoï et Gandhi

[163] L. Tolstoï. Une comparaison entre l'Amérique et l'Europe

[164] Voir : Gandhi. Tous les hommes sont frères. Ibid, et Lettresà l'Ashram. Ibid. ; et les œuvres de Tolstoï citées précé-demment

[165] Gandhi. Lettres à l’Ashram. Ibid. p. 125

[166] Gandhi. Tous les hommes sont frères. Ibid. p. 295

[167] Gandhi. Tous Les hommes sont frères. Ibid. p. 212

[168] L. Tolstoï. L'Esclavage de notre temps

[169] Achâria Vinobâ. La révolution de la non-violence (actes etparoles). Paris ; Albin Michel, 1958. p. 39, 64 et 269

[170] (en) M.K. Gandhi, Autobiographie ou mes expériences devérité, 4e partie, chapitre XVIII-XX.

Page 37: Mohandas Karamchand Gandhi

6.3 Notes et références 37

[171] « Ekam sat anekâ panthâ » : « La vérité est une, les sen-tiers sont multiples. » ; c'est un verset (sûtra) que l'ontrouve dans le Véda (« Savoir » en sanskrit), Révéla-tion sacrée faisant autorité pour tout Hindou. http://www.templeganesh.fr/hindouisme.htm

[172] (en) Desai, Mahadev. The Gospel of Selfless Action, or,The Gita According To Gandhi ; Navajivan PublishingHouse, Ahmedabad, 1946, 1948, 1951, 1956.

[173] Rajmohan Gandhi, Gandhi, Sa véritable histoire par sonpetit-fils, tr. fr., Buchet-Chastel, 2008, p. 29, qui renvoieà M. K. Gandhi, Autobiographie..., tr. fr., Paris, 1982, p.49.

[174] En français dans le texte, NDT

[175] (en) The Story of My Experiments with Truth

[176] « Beating Retreat weaves soul-stirring musical evening »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), consulté le 2013-03-26

[177] Gandhi’s Favourite Hymns, Gandhi Information Website

[178] An Autobiography or the story of my experiments withTruth, M.K. Gandhi, Navajivan Publishing House, p. 268)

[179] François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique duSud, Paris, Seuil, 2006, (ISBN 2020480034), p. 355

[180] (en) The Story of My Experiments with Truth — An Au-tobiography, p. 177.

[181] (en) The Story of My Experiments with Truth — An Au-tobiography, p. 183.

[182] Autobiographie, ou mes expériences de vérité. MohandasKaramchand Gandhi

[183] (en) memoware.com

[184] (en) The Story of My Experiments with Truth — An Au-tobiography, p. 176.

[185] Autobiographie, ou mes expériences de vérité ; M. K. Gand-hi.

[186] Autobiographie ou mes expériences de vérité, M.-K. Gand-hi, traduit de la version anglaise par George BELMONT,présentation et notes de Pierre MEILE, édition revue parOlivier LACOMBE, éditions Prakash Books, ISBN 81-7234-016-8

[187] (en) M.K. Gandhi, Autobiographie ou mes expériences devérité, 1927-1929.

[188] (en) Mahatma Gandhi, Non-violence in peace and war,1942-[1949], Garland Pub, 1972, (ISBN 0-8240-0375-6)

[189] (en) Bondurant, Joan V. (1988). Conquest of Violence :The Gandhian Philosophy of Conflict. Princeton UP.(ISBN 0-691-02281-X), p. 28

[190] Ganesh, p. 9.

[191] Young India, 21 octobre 1926.

[192] (en) Bondurant, Joan V. (1988). Conquest of Violence :The Gandhian Philosophy of Conflict. Princeton UP.(ISBN 0-691-02281-X), p. 139

[193] L. Tolstoï. La loi de la violence et la loi de l'amour surwikisource

[194] L. Tolstoï. Une comparaison entre l'Amérique et l'Europesur wikisource

[195] Sur la relation de Tolstoï avec le baha'isme, qu'il voyaitcomme un courant prônant la non-violence, voir les réfé-rences suivantes : (en) Tolstoy and the Bahá’í Faith ; et (en)Luigi Stendardo, « “Leo Tolstoy and the Bahá’í Faith” »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), consulté le 2013-03-26, (Oxford : George Ronald, 1985), (ISBN 978-0-85398-215-9)

[196] Young India, 4 novembre 1926.

[197] Young India, 18 novembre 1926.

[198] (en) Gandhi, M.K. The Advent of Satyagraha (chapitre 12of Satyagraha in South Africa, 1926)

[199] (en) Gandhi, M.K. Letter to Mr — 25 janvier 1920 (TheCollected Works of Mahatma Gandhi vol. 19, p. 350)

[200] (en) Gandhi, M.K. Statement to Disorders Inquiry Com-mittee January 5, 1920 (The Collected Works of MahatmaGandhi vol. 19, p. 206)

[201] Gandhi, « Talk with Stuart Nelson », Harijan, 31 août1947 ; édition Internet des Œuvres complètes de Gandhi,vol. 96, p. 250-251, en ligne.

[202] Gandhi, « Letter to Kishorelal G. Mashruwala », 21 juillet1947 ; éd. Internet des Œuvres complètes de Gandhi, vol.96, p. 97, en ligne.

[203] William Borman, Gandhi and Non-violence, SUNY Press(= State University of New York Press), 1986, partielle-ment consultable sur Google Livres, p. 239.

[204] (en) Matmah Gandhi, Hind Swaraj or Indian home rule,Navjivan publishing house, Ahemdabas-380014, chap VI

[205] (en) Matmah Gandhi, Hind Swaraj or Indian home rule,Navjivan publishing house, Ahemdabas-380014, chapXIX

[206] (en) Matmah Gandhi, Hind Swaraj or Indian home rule,Navjivan publishing house, Ahemdabas-380014, chap IX

[207] (en) Matmah Gandhi, Hind Swaraj or Indian home rule,Navjivan publishing house, Ahemdabas-380014, chap XI

[208] (en) Matmah Gandhi, Hind Swaraj or Indian home rule,Navjivan publishing house, Ahemdabas-380014, chapXII

[209] (en) Matmah Gandhi, Hind Swaraj or Indian home rule,Navjivan publishing house, Ahemdabas-380014, chapXIII

[210] Mahatma Gandhi and India’s Swarâj, (Modern BookAgency, Calcutta), p. 85.

[211] Unto this Last Gandhi.

Page 38: Mohandas Karamchand Gandhi

38 6 VOIR AUSSI

[212] « http://www.unesco.org/courier/2001_01/fr/doss24.htm » (Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), consulté le2013-03-26

[213] Ethical Religion, M. K. Gandhi (Ganesan, Madras), p. 60.

[214] Le Modèle Indou, Guy Déleury, édition Kailash

[215] Lettres à l'Ashram, de M. K. Gandhi : il faut sa-voir que les castes sacrées, socio-cosmiques ou brahma-niques/védiques, sont les Varna, « Couleurs » en sans-krit, tandis que les « castes » (professionnelles ou autres)sont les Jati, « Naissance » : Gandhi donna toujours saconfiance en cet ordre « métaphysique » des Varna, tan-dis qu'il voulait que les Jati, (système des jati non-védiquequi est apparu tardivement, sous l'Empire Moghol, pourêtre finalement « officialisé » par l'Empire britanniquequi découvrait pendant ce temps l'eugénisme positiviste)soient relativisées dans leur sens premier et philosophiquede stricte « Naissance », et non de ségrégationnisme « phy-sique ».

[216] M. K. Gandhi (Discours fait par Gandhi à Travancore etrapporté dans The Epic of Travancore, de Mahadev Desai,Ahmedabad, 1937)

[217] Mythes et Dieux de l'Inde, le Polythéisme Hindou, AlainDaniélou, Flammarion

[218] Lettres à l'Ashram ; M. K. Gandhi.

[219] « L'indépendance, c'est d'apprendre à se diriger soi-même : par conséquent, cela dépend de nous. [...] Main-tenant, vous aurez sans doute compris pourquoi notre butne doit pas être avant tout l'expulsion des Anglais », Leurcivilisation et notre délivrance, Denoël, 1957, p. 116-117.

[220] Tous les hommes sont frères, Paris, Gallimard, 1969, p.240.

[221] Bipan Chandra, Gandhi et Ambedkar : attitudes concer-nant le système des castes, The Times of India, 13 avril1994 (fr)

[222] Tous les hommes sont frères, Paris, Gallimard, 1969, p.246.

[223] cité par S. Lassier dans Gandhi et la non-violence, Paris,Le Seuil, 1970, p. 170.

[224] Democracy : Real and DeceptiveAhmedabad, NavajivanPublishing House, 1961, p. 72.

[225] Tous les hommes sont frères, Paris, Gallimard, 1969, p.238.

[226] J. Nehru (dans An Autobiography, éd. L'Harmattan) écri-vit de Gandhi qu'« il y a en lui quelque chose del'anarchisme philosophique ». Jean-Marie Muller, dansson article « Gandhi était-il anarchiste ? » paru dans Al-ternative non-violente, no 117 (les citations de Gandhique l'on peut lire ici sont extraites de cet article) déve-loppe également cette analyse. De même, J. V. Bondurant,dans Conquest of violence, The Gandhian Philosophie ofConflict, Berkeley and Los Angeles, University of Califor-nia Press, 1969, consacre à la question un chapitre intituléConservateur ou anarchiste ?

[227] De Harijan, 13 janvier 1940.

[228] (en) Michel W. Potts, Arun Gandhi Shares the Mahatma’sMessage, India - West [San Leandro, California] Vol. XX-VII, No. 13 (1er février 2002) p. A34

[229] Leur Civilisation et notre délivrance, I. Le Congrès et sesmembres - La Force brutale, Mohandas K. Gandhi, 1910

[230] Leur Civilisation et notre délivrance, Note préliminairejuillet 1938, Mohandas K. Gandhi, 1910

[231] (en) Nilova Chaudhury, « October 2 is global non-violenceday » (Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), consulté le2013-03-26, Hindustan Times, 15 juin 2007.

[232] (en) The Children Of Gandhi. Time (magazine).

[233] (en) Mahatma Gandhi, the Missing Laureate, nobel-prize.org, 1/12/1999.

[234] J. Nehru Ma vie et mes prisons, Denoël, Paris, 1952.

[235] (en) COMMEMORATING MARTIN LUTHER KINGJR. : Gandhi’s influence on King

[236] (en) The Sacred Warrior : The liberator of South Africalooks at the seminal work of the liberator of India

[237] (en) A pacifist uncovered - Abdul Ghaffar Khan, Pakistanipacifist

[238] (en) An alternative Gandhi

[239] (en) How Far the Promised Land ?, Jonathan SethRosenberg, 2005, Princeton University Press, (ISBN0691007063), p. 262

[240] (en) Schweitzer’s Struggle to Find Life’s Meaning

[241] (en) Lennon Lives Forever.rollingstone.com.

[242] (en) Of Gandhigiri and Green Lion, Al Gore wins heartsat Cannes. exchange4media.com

[243] (en) Albert Einstein, « Albert Einstein> Quotes> Quo-table Quote - On the occasion of Mahatma Gandhi’s70th birthday », sur http://www.goodreads.com'', 1970(consulté le 8 février 2014)

[244] L'Inde, un million de révoltes, V.S. Naipaul, éditions10/18.

[245] (en) The Hindu, Churchill and Gandhi, Ramachandra Gu-ha, 19 juin 2005

[246] Katherine Mayo, Mother India, New York, Harcourt,Brace and Co, 1927, p. 353-354.

[247] Nirad C. Chaudhuri, Thy hand, Great Anarch ! India1921-1952, Londres, 1987. Cité d'après une recension deGeoff Wisner dans Harvard Post, 16 décembre 1988, enligne.

[248] Pourquoi j'ai tué Gandhi ; Examen et critique de la défensede Nathuram Godse, Paris, Les Belles Lettres, 2007, p.225-6 et passim

[249] « Pourquoi j'ai tué Gandhi » ; Examen et critique de ladéfense de Nathuram Godse (p. 162)

Page 39: Mohandas Karamchand Gandhi

6.5 Liens externes 39

[250] Les lettres du Mahatma Gandhi à Adolf Hitler, KoenraadElst, 15/6/2006

[251] Gandhi et la non-violence, Suzanne Lassier, Maîtres spi-rituels, Seuil.

[252] Le Modèle Indou, Guy Déleury, éditions Kailash.

[253] (en) http://www.lifepositive.com/Spirit/masters/mahatma-gandhi/journalist.asp

[254] (en) Satyagrapha in South Africa, jamais traduit en fran-çais.

[255] Traduit en 1957 chez Denoël sous le titre Leur Civilisationet notre délivrance.

[256] Texte intégral en français sur Wikisource

[257] Voir notamment une Bibliographie de Gandhi sur Wiki-books.

[258] En cours de publication sur Wikisource : s :en:The Col-lected Works of Mahatma Gandhi

[259] (en) « gandhiserve.org »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), consulté le2013-03-26

6.4 Articles connexes

• Vinoba Bhave

• Goparaju Ramachandra Rao

• Non-violence | Assertivité | Communication nonviolente | Mode alternatif de résolution des conflits |Médiation interculturelle

• Psychologie humaniste | Psychologie sociale

• Raoni, surnommé le “Gandhi de la forêt amazo-nienne”

6.5 Liens externes

• Notices d’autorité : Fichier d’autorité internationalvirtuel • International Standard Name Identifier •CiNii • Bibliothèque nationale de France • Systèmeuniversitaire de documentation • Bibliothèque duCongrès • Gemeinsame Normdatei • Bibliothèquenationale de la Diète • Bibliothèque nationaled'Espagne • WorldCat

• Les lettres du Mahatma Gandhi à Adolf Hitler

• 12 mars 1930 Gandhi entame la « marche du sel »

• Les Indiens revivent « la marche du sel » de Gandhi

• Compilation de citations de Gandhi

• Site sur l'influence de Gandhi dans la rupture del'Empire Britannique et sa colonie l'Inde.

Bibliographies

• (fr) (en) Œuvres de Mohandas K. Gandhi

• Bibliographie et documentation concernant « Gand-hi (biographie) » dans le catalogue du Centre pourl'action non-violente

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40 7 SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE

7 Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image

7.1 Texte• Mohandas Karamchand Gandhi Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mohandas_Karamchand_Gandhi?oldid=117763663 Contribu-

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• Fichier:Gandhi_South-Africa.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5d/Gandhi_South-Africa.jpg Licence :Public domain Contributeurs : http://www.resurgence.org/resurgence/pictures/Gandhi214.jpg Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Gandhi_Tolstoy_Farm.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/75/Gandhi_Tolstoy_Farm.jpg Li-cence : Public domain Contributeurs : gandhiserve.org Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Gandhi_Zulu_war.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9e/Gandhi_Zulu_war.jpg Licence : Publicdomain Contributeurs : http://web.mahatma.org.in/pictures/images/piccat0007/sa_1024_0014.jpg Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Gandhi_and_Indira_1924.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/24/Gandhi_and_Indira_1924.jpgLicence : Public domain Contributeurs : Scan by Yann from a picture given by Gujarat Vidyapith, Ahmedabad. Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Gandhi_and_Kasturbhai.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8e/Gandhi_and_Kasturbhai.jpg Li-cence : Public domain Contributeurs : http://rena.wao.com/gandhi/jpg/PWHHTW26.jpg Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Gandhi_and_Kasturbhai_1902.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/79/Gandhi_and_Kasturbhai_1902.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.mahatma.org.in/books/images/io0002/pg0002_1.jpg Artiste d’origine : Incon-nu

• Fichier:Gandhi_and_Nehru_and_refugees.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b1/Gandhi_and_Nehru_and_refugees.jpg Licence : Public domain Contributeurs : scanned by Yann. See File:Film Gandhi Smarak Sangrahalaya Samiti.jpg. Artisted’origine : Inconnu

• Fichier:Gandhi_and_Sheikh_Mehtab.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/98/Gandhi_and_Sheikh_Mehtab.jpg Licence : Public domain Contributeurs : gandhiserve.org Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Gandhi_and_policeman_1913.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c9/Gandhi_and_policeman_1913.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.dinodia.com/photos/MKG-32948.jpg Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Gandhi_closed_eyes.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/79/Gandhi_closed_eyes.jpg Licence : Pu-blic domain Contributeurs : gandhiserve.org Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Gandhi_spinning_Noakhali_1946.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/bf/Gandhi_spinning_Noakhali_1946.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.dinodia.com/photos/MKG-33576.jpg Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Gandhi_student.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/dc/Gandhi_student.jpg Licence : Public do-main Contributeurs : http://rena.wao.com/gandhi/jpg/MG26.jpg Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Gandhi_to_Hitler.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a3/Gandhi_to_Hitler.jpg Licence : Publicdomain Contributeurs : http://www.dinodia.com/photos/MKG-33207.jpg Artiste d’origine : Mohandas K. Gandhi

• Fichier:Gandhi_with_calf.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/99/Gandhi_with_calf.jpg Licence : Publicdomain Contributeurs : scanned by Yann. See File:Film Gandhi Smarak Sangrahalaya Samiti.jpg. Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Gandhi_writing_1942.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6f/Gandhi_writing_1942.jpg Licence :Public domain Contributeurs : gandhiserve.org Artiste d’origine : Kanu Gandhi

• Fichier:Gtk-dialog-info.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b4/Gtk-dialog-info.svg Licence : LGPLContributeurs : http://ftp.gnome.org/pub/GNOME/sources/gnome-themes-extras/0.9/gnome-themes-extras-0.9.0.tar.gz Artiste d’origine :David Vignoni

• Fichier:Hannover_Gehry-Tower.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/15/Hannover_Gehry-Tower.jpg Li-cence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Lieu_de_la_crémation_de_Gandhi.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/56/Lieu_de_la_cr%C3%A9mation_de_Gandhi.jpg Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:MKGandhi.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d1/Portrait_Gandhi.jpg Licence : Public domainContributeurs : http://flickr.com/photos/55638925@N00/255569844/ Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Mahadev_Desai_and_Gandhi_2_1939.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/98/Mahadev_Desai_and_Gandhi_2_1939.jpg Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

Page 42: Mohandas Karamchand Gandhi

42 7 SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE

• Fichier:Marche_sel.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7c/Marche_sel.jpg Licence : Public domain Contri-buteurs : Scanned by Yann (<a href='//commons.wikimedia.org/wiki/User_talk:Yann' title='User talk:Yann'>talk</a>). Artiste d’origine :Yann (<a href='//commons.wikimedia.org/wiki/User_talk:Yann' title='User talk:Yann'>talk</a>)

• Fichier:Mountbattens_with_Gandhi_(IND_5298).jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/29/Mountbattens_with_Gandhi_%28IND_5298%29.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Through My Eyes Artiste d’origine :No 9 Army Film & Photographic Unit

• Fichier:Nuvola_apps_ksig_horizonta.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/58/Nuvola_apps_ksig_horizonta.png Licence : LGPL Contributeurs : http://www.icon-king.com Artiste d’origine : David Vignoni

• Fichier:PMBGandhistatue.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d0/PMBGandhistatue.jpg Licence : Publicdomain Contributeurs : I took this picture personally in July 2004 ; there are no copyright issues. Feel free to use it.Elefuntboy 21 :10, 14July 2005 (UTC) Artiste d’origine : Elefuntboy

• Fichier:Sabarmati-Ashram-8.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d7/Sabarmati-Ashram-8.jpg Licence :CC BY-SA 2.5 Contributeurs : No machine readable source provided. Own work assumed (based on copyright claims). Artiste d’origine :No machine readable author provided. Nichalp assumed (based on copyright claims).

• Fichier:Society.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5b/Society.svg Licence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs :own work based on Image:Society.png by MisterMatt originally from English Wikipedia (en:Image:Society.png) Artiste d’origine :MesserWoland

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