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MON COMPAGNON DE CARÊME Du 1 er Dimanche de Carême, 5 Mars Au 2 er Dimanche de Carême, 12 Mars

MON COMPAGNON DE CARÊME - lechantier.asso.fr · Ce que tu veux que je fasse, Donne-moi de l'accomplir comme il faut Et comme il est utile à mon salut. ... nous dispenser d'imiter

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MON COMPAGNON DE CARÊME

Du 1er

Dimanche de Carême, 5 Mars

Au 2er

Dimanche de Carême, 12 Mars

DIMANCHE 5 MARS 2017 À MÉDITER

PRIER À GENOUX

Prier à genoux, c'est le corps qui se prosterne et le cœur qui s'abandonne. Cette attitude de prière, très

appropriée pour le temps du Carême, exprime la soumission à Dieu, l'obéissance à sa volonté, l'adoration,

l'humilité et la pénitence. C'est l'attitude de foi par excellence. Ce qui faisait dire au regretté Raymond

Devos dans l'un de ses sketches : "Quand je me suis retrouvé à genoux, j'ai compris que j'avais la foi".

Charles de Foucauld se mettra à genoux avant de se confesser et de retrouver la foi. Que de

méditations n'a-t-il pas écrites ensuite après avoir adoré à genoux le Saint-Sacrement;

Edith Piaf, persuadée d'avoir été guérie par Thérèse de Lisieux lorsqu'elle était enfant, la priera

chaque jour. "La Môme" insistait pour prier à genoux et demandait qu'on l'aide à s'agenouiller lorsqu'elle

était trop épuisée.

ADORATION ET HUMILITE

Prier à genoux, comme toute autre attitude corporelle, n'est pas neutre. C'est un geste d'adoration et

de pénitence qui demande une certaine humilité. L'humilité est cette attitude fondamentale dans la prière

où nous acceptons notre condition de créature en nous plaçant devant Dieu et en attendant tout de lui.

Nous devenons plus libres, car nous sommes dans la vérité de notre finitude humaine. Nous

reconnaissons que Dieu est tout pour nous et que nous ne sommes rien sans son amour miséricordieux. La

station à genoux, proche de la terre, favorise cette attitude d'humilité (humus) et d'intériorité, si essentielle

à l'adoration.

Adorer, proskynein en grec, évoque l'agenouillement et le prosternement. Ployer les genoux devant

Dieu, c'est reconnaître humblement que nous attendons tout de lui. C'était la prière du prophète Daniel :

"Trois fois par jour, il se mettait à genoux, s'adonnant à l'intercession et à la louange en présence de son

Dieu, comme il l'avait toujours fait" (Dn, 6, 11).

À GENOUX DEVANT LE MYSTERE

L'agenouillement est une attitude de prière si humaine qu'elle s'impose instinctivement lorsqu'on est

en présence du mystère. Bernadette Soubirous se mit spontanément à genoux lorsqu'elle vit la Dame à

Lourdes. La jeune juive Etty Hillesum a vécu aussi une sorte de visitation divine qui la mit à genoux dans

sa maison alors qu'elle n'avait reçu aucune éducation religieuse. "Histoire de la fille qui ne savait pas

s'agenouiller", écrit-elle dans son Journal, où elle parle de l'agenouillement comme d'un geste intime de

l'amour. Elle meurt à Auschwitz le 30 novembre 1943, à l'âge de 29 ans.

Jésus lui-même nous donne l'exemple de la prière à genoux. Conduit par l'Esprit Saint, il livre un

combat terrible à Gethsémani. Humilié et brisé, il s'agenouille et s'en remet à la volonté de son Père.

"Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la

tienne" (Lc 22, 42).

Avant cet abaissement du Dieu fait homme qui nous relève par sa croix, Jésus s'était agenouillé pour

laver les pieds de ses disciples. Dieu, devant qui on se prosterne, devient quelqu'un qui s'agenouille

devant nous. Ce Dieu très-bas qui nous place à la hauteur de son regard de Ressuscité séduit Paul de

Tarse qui s'écrie : "Qu'au Nom de Jésus tout genou fléchisse" (Ph 2, 10).

Dans la liturgie chrétienne, nous reprenons la louange liturgique céleste en nous mettant à genoux

devant le Dieu trois fois saint, tels les vingt-quatre anciens qui se "prosternent face à celui qui vit pour les

siècles des siècles" (Ap 4, 10).

L'INCLINATION PROFONDE

Une posture proche de l'agenouillement est l'inclination qui exprime aussi l'intention profonde

d'adoration et d'humilité. "Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits"

(Ps 94, 6).

Les premiers frères dominicains ont été fascinés par la manière dont leur fondateur vivait la prière.

Saint Dominique priait avec tout son corps, de jour comme" de nuit, il s'inclinait, s'agenouillait, se

prosternait, pleurait. Sa prière était un long désir fait d'inclinations, d'agenouillement et de larmes.

Ce geste d'inclination profonde, qui se rapproche de l'agenouillement, est encore pratiqué dans les

monastères. Il devrait l'être aussi dans nos églises lorsque nous passons devant le tabernacle qui renferme

le pain eucharistique. C'est une marque de respect envers le Christ qui s'est donné à nous par amour. C'est

aussi une marque d'action de grâces, puisque toute prière chrétienne part du Christ et aboutit à lui.

Père Jacques Gauthier

PRIERE DU SOIR DES ENFANTS DU "CHANTEIR"

Remercions Dieu des bienfaits de la journée, demandons-lui pardon des fautes commises,

recommandons-lui le repos de la nuit.

UNE PAROLE DE REMERCIEMENT : Mon Dieu vous m'avez donné cette journée avec ses joies, ses

peines, son poids de grâce et de responsabilités. Je la dépose à vos pieds avec action de grâce, mon Dieu,

bénissez-moi.

NOTRE PERE QUI ES AUX CIEUX.....

UNE PAROLE DE CONTRITION : Mon Dieu je vous arrive chargé de la poussière du chemin avec au

cœur le remords des fautes commises, mon Dieu, purifiez-moi.

UNE PAROLE DE SUPPLICATION : Voici l'heure du sommeil, il est le frère de la mort. Je remets mon

âme et mon corps entre vos mains divines, mon Dieu assistez-moi, défendez-moi. Bénissez, ô mon Dieu,

ce repos que je vais prendre pour réparer mes forces afin de vous mieux servir. Vierge Sainte, Mère de

mon Dieu, après lui mon unique espérance, mon bon ange, mon saint patron, intercédez pour moi,

protégez-moi pendant cette nuit, tout le temps de ma vie et à l'heure de ma mort.

Répandez Seigneur vos bénédictions sur mes parents, mes bienfaiteurs, mes amis, notre cher

"Chantier". Protégez toux ceux qui se dévouent pour moi. Secourez les pauvres, les affligés, les malades,

les agonisants. Convertissez et éclairez les infidèles. Dieu de bonté ayez aussi pitié des âmes des fidèles

trépassés. Donnez-leur le repos et la lumière éternelle.

Souvenez-vous, ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu'on n'a jamais entendu dire qu'aucun de

ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre assistance et réclamé votre secours, ait été

abandonné. Animé d'une pareille confiance, ô Vierge des Vierges, ma Mère, je me tourne vers vous et

gémissant sous le poids de mes péchés je me prosterne à vos pieds. O Mère du Verbe incarné, ne

méprisez pas mes prières mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer. Amen.

LUNDI 6 MARS 2017 COMPRENDRE LA LITURGIE DU JOUR

En Carême nous devons vivre d'une manière plus attentive "les yeux fixés sur Jésus" (He 12,2),

"comme l'esclave suit des yeux la main de son maître" (a. d'ouverture). Or, nous dit Jésus dans l'Évangile,

si vous souhaitez me voir regardez "l'un de ces plus petits de mes frères". Telle était déjà la loi de sainteté

de l'Ancien Testament : "Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. (…) Tu aimeras ton

prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur" (1ère

lecture). L'identification des deux amours constitue

comme la trame de la révélation judéo-chrétienne.

Bernadette Mélois

À MÉDITER Pourquoi prier ? Pour rien, tout simplement parce que Dieu est Dieu. Et si le désir de Dieu est que

j'accède à la gratuité la plus pure, j'exerce cette gratuité en coupant le courant de l'activité humaine et en

offrant à Dieu du temps, un temps qui est la trame même sur laquelle se brodent toutes mes activités (le

temps est ce qu'il y a de plus foncier dans l'existence humaine).

Je coupe le courant, j'éteins la lampe et je dis à Dieu : je te donne du temps car je ne peux rien te

donner d'autre, finalement.

Et je te donne un peu de temps comme la pécheresse de l'Évangile qui aurait pu verser quelques

gouttes de parfum sur les pieds de Jésus mais qui a brisé le flacon. Moi, je brise aussi le flacon,

gratuitement, pour rien.

Là, il n'y a plus d'objection contre la prière. Ça ne vous dit rien ? Tant pis, donnez du temps ! Mais

je n'ai rien à dire à Dieu ! Ne lui dites rien, donnez-lui du temps !

Extraits de "Joie de croire, joie de vivre" François Varillon, Jésuite.

UNE PRIÈRE Accorde-moi, Dieu miséricordieux

De désirer avec ardeur ce que tu approuves,

De le rechercher avec vérité

De l'accomplir avec perfection,

A la louange et à la gloire de ton nom.

Mets de l'ordre en ma vie

Et donne-moi de connaître

Ce que tu veux que je fasse,

Donne-moi de l'accomplir comme il faut

Et comme il est utile à mon salut.

Accorde-moi, Seigneur mon Dieu,

Une intelligence qui te connaisse,

Un empressement qui te cherche,

Une sagesse qui te trouve,

Une vie qui te plaise,

Une persévérance qui t'attende avec confiance

Et une confiance qui te possède à la fin.

Thomas d'Aquin

MARDI 7 MARS 2017

COMPRENDRE LA LITURGIE DU JOUR L'Évangile dans lequel Jésus nous enseigne à prier, illumine la liturgie du jour. Il jette une semence

qui doit germer au plus profond de nous-mêmes durant tout le Carême. La collecte et la prière après la

communion soulignent, pour leur part, combien la maîtrise de nos sens doit en ces jours "affiner notre

esprit" et y susciter un ardent désir de Dieu. En nous libérant de l'égoïsme, la pénitence nous rend plus

attentifs au Seigneur, elle nous ouvre à la grâce "que Dieu réserve à ses fils" (Préface 1).

Bernadette Melois

A MÉDITER La vie avec Dieu est un échange de prière. Elle est de part et d'autre l'expression d'un désir. Dieu

nous dit son désir de nous voir pleinement hommes, de nous voir accéder au plus haut niveau possible

d'existence, à la plus pure qualité d'être. Ce qu'il y a de plus terrible dans une vie humaine, c'est de

devenir médiocre sans s'en apercevoir. Dieu ne nous dit précisément qu'une chose : sors de ta médiocrité,

ne te dégrade pas, accède au plus haut niveau humain ! Tel est son désir et c'est tout l'Évangile.

En retour, nous lui exprimons notre désir qu'il soit glorifié et que notre propre sanctification soit sa

gloire et sa joie. Saint Paul nous dit que nous devons imiter Dieu, voilà un point où nous ne pouvons pas

nous dispenser d'imiter le Dieu qui éternellement est en prière devant l'homme.

Extraits de "Joie de croire, joie de vivre" François Varillon, Jésuite.

UNE PRIÈRE Seigneur, accorde-moi aujourd'hui cette grâce

Que tien ne puisse troubler ma paix en profondeur

Mais que j'arrive à parler santé, joie, prospérité,

À chaque personne que je vais rencontrer

Pour l'aider à découvrir les richesses qui sont en elle.

Aide-moi surtout, Seigneur, à savoir regarder

La face ensoleillée de chacun de ceux avec qui je vis.

Il m'est parfois si difficile, Seigneur,

De dépasser les défauts qui m'irritent en eux,

Plutôt que de m'arrêter à leurs qualités vivantes,

Dont je jouis sans y prendre garde.

Aide-moi aussi, Seigneur,

À regarder Ta face ensoleillée

Même en face des pires événements.

Il n'en est pas un qui ne puisse

Être source d'un bien qui m'est encore caché,

Surtout si je m'appuie sur Marie.

Accorde-moi, Seigneur, la grâce

De ne travailler que pour le bien, le beau et le vrai,

De chercher sans me lasser, dans chaque homme,

L'étincelle que Tu y as déposée

En le créant à ton image.

Accorde-moi encore d'avoir autant d'enthousiasme

Pour le succès des autres que pour le mien

Et de faire un tel effort pour me réformer moi-même

Que je n'aie pas le temps de critiquer les autres.

Je voudrais aussi, Seigneur, que tu me donnes

La sagesse de ne me rappeler les erreurs du passé

Que pour me hâter vers un avenir meilleur.

Donne-moi à toute heure de ce jour d'offrir

Un visage joyeux et un sourire d'ami

À chaque homme, ton fils et mon frère.

Donne-moi un cœur

Trop large pour ruminer mes peines,

Trop noble pour garder rancune,

Trop fort pour trembler,

Trop ouvert pour le refermer sur qui que ce soit.

Seigneur, mon Dieu, je te demande ces grâces

Pour tous les hommes qui luttent aujourd'hui

Comme moi,

Afin que diminue la haine et que croisse l'Amour

Car, depuis ta résurrection, la haine et la mort

Ont été vaincues par l'amour et par la vie.

Ouvre mes yeux à l'invisible

Pour rien n'arrive à ébranler l'optimisme

De ceux qui croient en Toi

Et qui croient en l'Homme,

Qui espèrent en Toi

Et qui espèrent en l'Homme.

Amen.

Sœur Emmanuelle

MERCREDI 8 MARS 2017

COMPRENDRE LA LITURGIE DU JOUR Les deux lectures nous disent l'universalisme de la rédemption en Jésus Christ : Ninive, la ville

païenne, est appelée à faire pénitence ; à la suite de la reine de Saba, tous les hommes sont invités à

écouter la Sagesse infinie qui leur parle par la bouche de Jésus. Au terme, il y a la vie (p. après la

communion) et la joie, "une joie éternelle en présence de Dieu" (a. de la communion). C'est à travers la

vie des baptisés que l'appel du Seigneur continue de retentir. Chacun de nous est le prophète envoyé à son

frère.

Bernadette Mélois

A MÉDITER Au fond, bien qu'il y ait quatre béatitudes chez Luc et huit chez Matthieu, il n'y en a qu'une :

bienheureux ceux qui font l'expérience de l'existence vraie. Faire cette expérience, c'est à la fois et

indivisiblement le bonheur et la croix, les deux ensemble. Car le christianisme est la liaison étroite entre

le bonheur et la croix.

Pour accéder en effet au bonheur le plus haut, il faut renoncer au bonheur trop facile, au bonheur

léger. Ce que nous appelons le bonheur du ciel c'est le bonheur d'aimer, c'est-à-dire de sortir de soi, de ne

plus penser à soi, de ne plus du tout être recourbé sur soi.

Extraits de "Joie de croire, joie de vivre" François Varillon, Jésuite.

UNE PRIÈRE Et alors, Seigneur, c'est pour toujours ?

Ça va durer longtemps que tu m'oublies et que tu détournes de moi la figure ?

C'est fini que tu m'abandonnes à mes réflexions et mon cœur à cette pointe incessante ?

Ça va durer toujours qu'on me marche dessus ?

Regarde-moi, écoute-moi tout de même un petit peu, Seigneur mon Dieu !

Eclaire-moi que je n'aille pas comme un "dort-debout" à ma perte

Et que mes bons amis ne disent pas en se frottant les mains : "On l'a eu !"

Qui est-ce qui sera bien content, si je viens à chopper ?

Mais je n'ai pas perdu espoir dans cette chose qu'on appelle ta miséricorde.

À l'idée de ton salut mon cœur a comme pris des ailes !

Ce seigneur Dieu qui m'a fait du bien, vers lui il est sorti un chant,

Il est sorti de moi une espèce de chant et de poème vers le Très Elevé !

Paul Claudel

JEUDI 9 MARS 2017

COMPRENDRE LA LITURGIE DU JOUR Lectures et antiennes de la messe mettent en lumière la toute-puissance de la prière, tandis que la

collecte rappelle que nous sommes, au plus profond de notre être, dans la main de Dieu. Seul le Seigneur

peut nous faire "concevoir ce qui est juste" et nous permettre de "l'accomplir avec empressement" (p.

d'ouverture). Cette antique prière, née au temps de la controverse sur le jeu de la liberté et de la grâce,

vient fort utilement nous aider à découvrir la dépendance radicale de l'homme par rapport à son Créateur.

Bernadette Mélois

A MÉDITER Qu'y a-t-il dans la prière de si grand et de si terrible pour que cela nous fasse tellement peur ? Nous

l'avons oublié. Nous nous sommes tellement éloignés de la prière que nous sommes arrivés à croire que

c'est une activité purement humaine, un appel, un discours à Dieu. Nous se savons plus que c'est Dieu qui

prie en nous;

Prier, c'est se mettre sous l'influence de l'Esprit Saint, se calmer, se recueillir pour laisser sourdre,

filtrer, jaillir ce qu'il y a de plus profond en nous pour se rendre docile à un autre qui prie en nous.

Prier, c'est consentir à plus grand que soi, c'est laisser éveiller en nous, laisser déborder en nous la

joie, l'amour du Fils pour son Père. Il n'y a qu'une prière que le Père aime, il n'y a qu'une prière que le

Père écoute avec ravissement, avec infiniment de joie et de complaisance : c'est le murmure incessant

d'amour, de désir, de révérence, d'admiration, de respect, d'action de grâces, qui jaillit du cœur du Fils

vers le Père. Toute vraie prière est union à cette prière. Prier, c'est laisser monter de notre cœur jusqu'à

nos lèvres l'amour du Fils pour le Père : l'Esprit !

Père François-Louis Dupire

UNE PRIÈRE Seigneur, nous sommes les serviteurs d'une parole

Qui ne vient pas de nous

Et nous croyons à son efficacité.

Seigneur, nous sommes les serviteurs d'une vie

Qui ne dépend ni de la chair, ni du sang,

Mais de la fidélité à ton Esprit

Et nous croyons que cet Esprit est à l'œuvre

Dans le cœur de tous les hommes.

Seigneur, dans ton Église

Parfois un peu trop rationnelle

Et technicienne

Aide-nous à basculer dans la foi,

À plonger dans les eaux fraîches de ton Évangile.

Seigneur, nous sommes les serviteurs d'un projet

Dont nous ne sommes pas les maîtres

Et que nous découvrons jour après jour, pas à pas,

Mais nous croyons que tu es surtout

Le maître de l'imprévisible.

Seigneur, apprends-nous

À ne pas nous encombrer de questions

Sur notre crédibilité, nos priorités, notre identité

Mais à goûter tout simplement

La saveur de ta Bonne Nouvelle

Prêchée sur la margelle d'un puits

Où viennent de plus en plus d'assoiffés.

Seigneur, apprends-nous à vivre notre ministère

Non comme une fonction essoufflante

Et exposée à l'échec

Mais comme un signe, pauvre et humble,

Qui se contente de te montrer du doigt

Pour que le peuple chrétien n'oublie pas

De quel amour il est habité,

De quelle mission il est investi.

Seigneur, prends pitié de nous

Que tu appelles tes amis.

Nous sommes à toi,

Nous sommes ta part d'héritage. Amen.

Cardinal Roger Etchegaray

VENDREDI 10 MARS 2017 COMPRENDRE LA LITURGIE DU JOUR

Le carême est une montée vers Pâques. La collecte rappelle explicitement aux chrétiens qu'il s'agit

pour eux de "s'appliquer de toute leur âme à la préparation de Pâques" (p. d'ouverture) et la prière après

la communion évoque ce qui constituera la grâce de Pâques par excellence, "le renouveau de nos cœurs,

arrachés à leur vieillissement". Les lectures nous disent par quels chemins passe ce renouveau : la

conversion du cœur (1ère

lecture), l'ouverture à la charité du Christ (Évangile).

Bernadette Mélois

A MÉDITER Pécher, c'est manquer sa vocation

Toutes les fois que je prends une décision pour la vérité, pour la justice, pour la liberté, bref pour ce

qu'on appelle les valeurs, le Christ ressuscité donne à ma décision une dimension proprement divine. Il ne

peut diviniser que mes décisions humanisantes. Le péché est ce que le Christ ne peut pas diviniser parce

que ce n'et pas humanisant ; le péché, c'est toujours de renoncer à humaniser, c'est ce qui est "dés-

humanisant". On ne peut bien comprendre ce qu'est le péché que si l'on comprend d'abord de qu'est notre

vocation. Car le péché consiste à manquer à notre vocation.

Il est le refus de notre divinisation et cela se traduit par l'égoïsme sous toutes ses formes, c'est-à-dire

le contraire de ce qu'est Dieu.

Telle est la pâque de l'histoire et il y a autant de pâques dans l'histoire qu'il y a de décisions

humaines humanisantes.

Extraits de "Joie de croire, joie de vivre" François Varillon, Jésuite.

UNE PRIÈRE Âme du Christ, sanctifie-moi,

Corps du Christ, sauve-moi,

Sang du Christ, enivre-moi,

Eau du côté du Christ, lave-moi,

Passion du Christ, fortifie-moi.

Ô bon Jésus, exauce-moi.

Dans tes blessures, cache-moi.

Ne permets pas que je sois séparé de toi.

De l’ennemi défends-moi.

À ma mort appelle-moi.

Ordonne-moi de venir à toi,

Pour qu’avec tes saints je te loue,

Dans les siècles des siècles, amen

Ignace de Loyola

SAMEDI 11 MARS 2017

COMPRENDRE LA LITURGIE DU JOUR L'objectif que nous propose le Christ n'est autre que la perfection : "vous serez parfaits comme votre

Père céleste est parfait" (Évangile, a. de la communion). C'est que nous appartenons à "un peuple

consacré au Seigneur" (1ère

lecture), nous sommes le peuple de Dieu. Mais la loi de perfection n'est pas

une contrainte extérieure : inscrite en nous, elle nous donne vie (a. d'ouverture). La collecte fait passer cet

enseignement dans une prière aussi lumineuse que dense : daigne le Seigneur nous donner de progresser

"dans la recherche de l'unique nécessaire, et une vie remplie de charité" (p. d'ouverture).

Bernadette Mélois

A MÉDITER Pardonner c'est recréer.

Le pardon n'est pas l'indulgence mas une "re-création". C'est la "re-création" de la liberté de celui

qui a laissé dépérir sa liberté par le péché. Il faut plus de puissance à Dieu pour pardonner que pour créer.

Car recréer, c'est plus que créer. La puissance de "re-création" est au cœur de la puissance créatrice,

comme une "sur-puissance". En créant des libertés, Dieu s'engage dans un redoublement d'amour à leur

restituer ce pouvoir qu'il leur donne de se créer elles-mêmes.

Or l'acte créateur est en Dieu acte d'humilité et de renoncement : c'et Dieu qui est Tout et qui

renonce à être Tout. Car, quand on est Amour on ne tolère pas d'être Tout ; on ne peut pas être amour et

être Tout.

Il ouvre alors un espace à la liberté et, comme le dit le poète allemand Hölderlin, "Dieu fait

l'homme comme la mer fait les continents : en se retirant.

Extraits de "Joie de croire, joie de vivre" François Varillon, Jésuite.

UNE PRIÈRE Seigneur, Toi qui as partagé la vie de l'homme

Et ses étapes,

Toi qui as fait la vieillesse,

Ne permets pas que je devienne

Un de ces vieux grognons,

Toujours en train de dénigrer, de rouspéter

Et de ronchonner,

Attristants pour eux-mêmes

Insupportables aux autres.

Garde-moi le sens de l'humour :

Il remet les choses, les gens et moi-même

A leur juste place,

Il nous permet de rire de nos propres maux

Et il transforme nos peines

En objets de bonnes plaisanteries;

Fais de moi, Seigneur, une personne souriante

Qui, ne pouvant plus donner grand-chose à ses frères,

Leur donne du moins un peu de joie;

Seigneur, Toi qui as planté dans ma poitrine

Un cœur' de chair pour aimer et être aimé,

Un cœur semblable au cœur transpercé de ton Fils,

Ne permets pas que je devienne quelqu'un d'égoïste,

Enfermé dans ses limites comme entre quatre murs,

Sans cesse travaillé par la crainte du manque

Et des courants d'air.

Fais de moi quelqu'un de généreux

Qui partage ses quatre sous

Avec ceux qui n'en ont qu'un

Et les fleurs de son jardin

Avec ceux qui n'ont point de terre,

Qui caresse au passage les chiens et les chats

Qui sourit aux petits-enfants

Et émiette du pain aux moineaux

Dans les jardins publics.

Seigneur, éternel présent, ne permets pas

Que je ressasse le passé,

Parlant toujours du bon vieux temps

Où il ne faisait jamais froid

Et méprisant le temps des jeunes

Où il pleut sans cesse.

Fais de moi, Seigneur,

Un vieillard qui n'a pas oublié sa jeunesse

Et que rajeunit la jeunesse des autres.

Seigneur, Toi qui as fixé les saisons de l'année

Et celles de la vie,

Fais que je sois de toutes les saisons.

Je ne te demande pas le bonheur

Car je sais trop que nulle saison ne l'apporte,

Pas même le printemps.

Je te demande simplement

Que mon arrière-saison soit belle,

Afin qu'elle porte témoignage de ta bonté.

Joseph Folliet

DIMANCHE 12 MARS 2017 2

ème Dimanche de Carême

COMPRENDRE LA LITURGIE DU JOUR La réalité n'est pas seulement ce qui se laisse détecter à première vue. La réalité est aussi ce qui

apparaît lentement, péniblement. Pour les croyants, elle est un don de Dieu. C'est une percée sur des

horizons humains élargis par sa présence enfin reconnue. Elle est la force de l'expérience vécue par

Pierre, Jacques et Jean. En évoquant ce moment de transfiguration, nous comprenons que le Carême nous

invite à percevoir Jésus autrement. Son visage éclatant est trop souvent empoussiéré par nos tiédeurs et

nos oublis. Son message vivifiant est trop souvent assourdi par la rumeur du temps présent. La foi vécue

dans le silence du quotidien s'alimente de la révélation du Tout-Autre, désormais perceptible.

Le carême est donc un moment privilégié pour proclamer les initiatives de Dieu. Dans la Bible,

Dieu élargit les horizons. Sa pensée embrasse l'univers. Cela est mis en scène lorsque Dieu lance

Abraham sur les routes du monde : "Quitte (…), va" (Gn 12.1). Dieu est la source de transformations

bénéfiques : "Je ferai (…), je te bénirai, je rendrai grand" (v 2). Le psaume renchérit sur ce visage

universaliste de Dieu : "La terre est remplie de son amour" (Ps 32, 5).

Confirmés par les promesses initiales de Dieu, nous voilà prêts, avec Jésus, à prendre notre "part de

souffrances liées à l'annonce de l'Évangile" (2 Tim 1, 8). Ne faisons pas l'erreur de nous attribuer la

responsabilité des péripéties qui l'entourent : "Il nous a appelés à une vocation sainte, (…) à cause de son

projet à lui" v. 9). Nous vivons la grâce de rendre visibles la vie et l'immortalité. Voici venu le temps

d'aller au-delà de la peur !

Père Alain Faucher

UNE PRIÈRE O Marie, il se fait tard, tout s'endort sur la terre,

C'est l'heure du repos, couvre-moi de ton manteau,

Protège-moi, ne m'abandonne pas !

Mets ta main sur mes yeux, ferme-les doucement aux choses d'ici-bas.

De soucis, de chagrins, mon corps et mon âme sont fatigués,

Mets ta main sur mon front, arrête ma pensée ;

Doux sera mon repos s'il est béni par toi.

Pour que demain, plus fort, ton humble enfant s'éveille

Et reprenne gaiement l'ouvrage d'un nouveau jour,

Mets ta main sur mon cœur !

Que lui seul, toujours, veille et redise à son Dieu un éternel amour !

Claude Wittock