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Montréal, le 13 avril 2012. M. Alexandre Chabot Secrétaire général Le 4 avril 2012, le SGPUM a pris connaissance d’un projet de modification de l’article 17.04 des statuts de l’Université de Montréal concernant la composition du comité de discipline pour le personnel enseignant et les étudiants. Ce projet de modification est soumis à l’Assemblée universitaire en vertu de l’article 35 de la Charte de l’Université énonçant qu’une modification aux statuts doive être préalablement approuvée par l’assemblée universitaire. Le SGPUM considère que ce projet de modification aux statuts va à l’encontre de la convention collective et de la réglementation de l’Université de Montréal. Le SGPUM entend contester ledit projet. Notamment, nous désirons rappeler à l’AU la clause DG 1.02 de la convention collective UdeM/SGPUM précisant que pour la durée de la convention collective, toute modification, ajout ou toute addition aux règlements de l’Assemblée universitaire lorsqu’elle touche les professeurs visés par la convention doit, avant d’être mise en vigueur, faire l’objet d’un consentement écrit du SGPUM. Avant que les membres de l’AU se prononcent sur la question, il importe de rappeler certains faits : A) Compétence exclusive de l’AU sur la discipline concernant les étudiants et le personnel enseignant : Dans la documentation soumise au soutien de cette demande de modification, le SGPUM apprend par le fait même que le Conseil aurait confié à la direction de l’Université le mandat de lui soumettre un plan d’action d’ici la fin de l’année académique 2011-2012, afin d’actualiser les façons de faire en matière disciplinaire. Ce plan n’est pas déposé au soutien de la demande de modification alors que l’article 20.01 d) des statuts de l’Université confère à l’AU la responsabilité « de faire les règlements concernant le statut des professeurs et la discipline universitaire, et en surveille l’application. » C’est d’ailleurs en vertu de l’article 20.01 d) que fut adopté par l’AU le Règlement disciplinaire concernant les membres du personnel enseignant et les étudiants (Numéro 20.4). B) Demande de modification des statuts de l’Université fondée sur des perceptions d’iniquité alléguées dans le rapport du Bureau d’intervention en matière d’harcèlement (BIMH) La demande de modification s’appuie sur le rapport annuel 2009-2010 du Bureau d’intervention lequel n’a jamais fait l’objet de discussions au sein de l’AU. Il est écrit au document soumis à l’AU : « Le tout vise à respecter les obligations légales de

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Montréal, le 13 avril 2012.

M. Alexandre Chabot

Secrétaire général

Le 4 avril 2012, le SGPUM a pris connaissance d’un projet de modification de l’article 17.04 des statuts de l’Université de Montréal concernant la composition du comité de discipline pour le personnel enseignant et les étudiants. Ce projet de modification est soumis à l’Assemblée universitaire en vertu de l’article 35 de la Charte de l’Université énonçant qu’une modification aux statuts doive être préalablement approuvée par l’assemblée universitaire. Le SGPUM considère que ce projet de modification aux statuts va à l’encontre de la convention collective et de la réglementation de l’Université de Montréal. Le SGPUM entend contester ledit projet. Notamment, nous désirons rappeler à l’AU la clause DG 1.02 de la convention collective UdeM/SGPUM précisant que pour la durée de la convention collective, toute modification, ajout ou toute addition aux règlements de l’Assemblée universitaire lorsqu’elle touche les professeurs visés par la convention doit, avant d’être mise en vigueur, faire l’objet d’un consentement écrit du SGPUM.

Avant que les membres de l’AU se prononcent sur la question, il importe de rappeler certains faits :

A) Compétence exclusive de l’AU sur la discipline concernant les étudiants et le

personnel enseignant : Dans la documentation soumise au soutien de cette demande de modification, le SGPUM apprend par le fait même que le Conseil aurait confié à la direction de l’Université le mandat de lui soumettre un plan d’action d’ici la fin de l’année académique 2011-2012, afin d’actualiser les façons de faire en matière disciplinaire. Ce plan n’est pas déposé au soutien de la demande de modification alors que l’article 20.01 d) des statuts de l’Université confère à l’AU la responsabilité « de faire les règlements concernant le statut des professeurs et la discipline universitaire, et en surveille l’application. » C’est d’ailleurs en vertu de l’article 20.01 d) que fut adopté par l’AU le Règlement disciplinaire concernant les membres du personnel enseignant et les étudiants (Numéro 20.4).

B) Demande de modification des statuts de l’Université fondée sur des perceptions d’iniquité alléguées dans le rapport du Bureau d’intervention en matière d’harcèlement (BIMH)

La demande de modification s’appuie sur le rapport annuel 2009-2010 du Bureau d’intervention lequel n’a jamais fait l’objet de discussions au sein de l’AU. Il est écrit au document soumis à l’AU : « Le tout vise à respecter les obligations légales de

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A-21/539e/875
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l’Université, notamment en matière de harcèlement, et à éliminer la perception d’iniquité dans le traitement des plaintes conduisant à une procédure disciplinaire. » On demande donc aux membres de l’AU de modifier la composition du comité de discipline sur la base de ce rapport, sans que les membres de l’AU aient été en mesure de vérifier les faits et les motifs sur lesquels les perceptions reposent, en autant qu’il soit possible de s’appuyer sur des perceptions, ce que nous contestons fermement. Il importe de rappeler des extraits du document soumis le 4 avril dernier pour justifier les modifications : « Cette demande du Conseil était une réponse directe à la recommandation du Comité de prévention en matière de harcèlement qui indiquait : Le dépôt de ces plaintes dans le cadre de la Politique contre le harcèlement a permis de constater plusieurs lacunes dans le traitement des plaintes formelles. Parmi ces lacunes, soulignons les délais de traitement trop longs, ainsi que l’iniquité induite par le processus de traitement des plaintes, différent selon la catégorie d’employés. » (P. 36. du rapport du BIMH) et recommandait que « Les processus internes de traitement des plaintes formelles doivent être revus afin de conduire à la mise en application de pratiques équitables et efficaces. (p. 40 du rapport du BIMH). » (Nous soulignons) Le SGPUM avait pourtant mentionné dans une lettre adressée au Recteur en 2009 qu’il était en désaccord avec les perceptions véhiculées par le Bureau d’intervention en matière de harcèlement et s’en expliquait. Cette lettre est produite au soutien des présentes de même que la lettre de la directrice du BIMH. Examinons les chiffres. Depuis environ huit ans, le comité de discipline responsable de l’étude des dossiers des professeurs en matière disciplinaire a rendu huit décisions (pour 1300 professeurs) dont quatre concernent des allégations de harcèlement. Les perceptions sont donc fondées sur quatre décisions du comité de discipline sur une période de huit ans. De plus, le Règlement disciplinaire prévoit la possibilité pour un doyen de prendre des mesures provisoires dans l’attente de la décision du comité de discipline. Il ressort clairement tant du rapport du BIMH que du document soumis à l’AU, que ce Bureau souhaite abolir le comité de discipline en matière d’harcèlement. Il est évident par ailleurs que le Comité exécutif utilise ce Bureau et ses allégations afin de rapatrier au Comité exécutif tout ce qui concerne la discipline pour le personnel enseignant. Comme nous l’avions mentionné dans notre lettre de 2009 au Recteur, il importe de rappeler que le comité de discipline, en vertu des statuts actuels, est présidé par un juriste. Le comité a pour mandat d’appliquer, à la lumière des faits et témoignages qui lui sont soumis, la définition de harcèlement longuement documentée par la jurisprudence. En fait, parmi les quatre décisions rendues en huit ans, deux des divisions du comité de discipline appelées à entendre des dossiers portant sur des allégations de harcèlement étaient composés de deux juristes. Par ailleurs, on notera que le projet de modification proposé par le Comité exécutif enlève toute exigence qu’au moins trois membres du comité détiennent une formation juridique.

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C) Historique des modifications depuis 1995 : Dans le rapport du Bureau d’intervention, on invoque également que le personnel enseignant est traité différemment des autres salariés à l’Université de Montréal en raison de l’existence de ce comité de discipline. Mais il en a toujours été ainsi. Le comité de discipline s’intègre à toute l’architecture des statuts et règlements de l’Université pour les étudiants et le personnel enseignant. À l’instar de la procédure de nomination et de promotion pour les professeurs, la discipline universitaire pour les étudiants et les professeurs est fondée sur l’existence de droits procéduraux leur assurant un mécanisme disciplinaire propre à la finalité universitaire à savoir l’enseignement et la recherche. C’est cette finalité qui distingue les étudiants et les professeurs des autres membres de la communauté universitaire comme le personnel non enseignant. Si l’on devait accepter l’argument d’une perception d’iniquité, alors il faudrait revoir l’existence même de tout ce qui différencie les professeurs dans leurs conditions de travail : procédure de nomination, de promotion, etc. par rapport aux autres employés de l’UdeM.

En 2003, la Politique contre le harcèlement a été modifiée dans le contexte de l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions sur la Loi sur les normes du travail. Comme le mentionne cette Politique, l’interdiction d’harcèlement était et est toujours protégée par toutes les conventions collectives de travail. Le concept d’harcèlement n’est pas une nouvelle forme d’inconduite. L’obligation de prévenir et de faire cesser le harcèlement par l’employeur n’empêche pas ce dernier de déléguer à un comité de pairs la décision d’évaluer le bien fondé d’une plainte et le cas échéant, d’imposer des sanctions. Au surplus, le Règlement disciplinaire prévoit la possibilité pour un doyen de prendre des mesures d’urgence dans l’attente d’une décision du comité de discipline.

Depuis 17 ans, les professeurs sont jugés par des pairs qui ne sont pas des officiers universitaires ni facultaires. Le comité ad hoc de l’AU ayant recommandé qu’il en soit ainsi souhaitait que le comité soit distinct des officiers de l’Université notamment en raison de l’un de ses mandats consistant à déterminer le bien-fondé d’une mesure d’urgence prise par un doyen. Le rôle de ces pairs s’assimile à celui des membres du Comité d’évaluation prévu à la convention collective SGPUM et celle de l’AMCEM dont le mandat est d’entendre de novo les refus de promotion, de permanence ou de renouvellement d’engagement. Cette distance envers l’institution contribue à garantir la crédibilité du système à l’égard des professeurs et de l’Université et s’intègre au compromis historique entre le SGPUM et l’Université de Montréal. Des dispositions de la convention collective SGPUM-Université de Montréal reprennent ce compromis historique : RC 3.01, DG 1.01 et DG 1.02. De plus, la convention collective fait directement référence au Comité de discipline tel qu’il existe actuellement (Voir la clause RC 8.05).

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Depuis plus de 15 ans, l’Assemblée universitaire a décidé de déléguer à un comité de discipline composé de membres du personnel enseignant et selon le cas, d’un étudiant, l’étude des allégations d’inconduite pour le personnel enseignant. On souhaitait « une instance la plus habilitée pour discuter des aspects qui se retrouvent dans le Règlement disciplinaire ».1 Selon les Règlements de l’Université, le Comité de discipline doit traiter toute plainte soumise par le Recteur dans le respect de l’équité procédurale. Cela implique notamment la tenue d’une audience où la personne visée par la plainte a le droit d’entendre les allégations portées contre elle, y compris les personnes impliquées dans ces allégations, de recevoir copie de tous documents en relation avec les allégations, de faire entendre des témoins et d’y exprimer son point de vue. Le Règlement disciplinaire précise que le Comité rend une décision écrite et motivée. C’est toute cette structure et ce fonctionnement institutionnels qu’on souhaite remettre en question. En nommant des membres du personnel enseignant par opposition aux cadres académiques, on s’assure une étanchéité entre le comité de discipline et la Direction afin d’éviter que les personnes membres du comité soient juges et parties.2 !

La création, la composition et le fonctionnement du comité de discipline sont donc

des questions exigeant le consentement du SGPUM. La proposition de modification

des statuts en vigueur depuis plus de quinze ans, implique de grands enjeux sur la

discipline concernant les professeurs. Avant de prendre une décision sur des

décisions qui existent depuis plus de quinze ans et qui s’inscrivent dans le cadre

d’une tradition universitaire reconnaissant des droits procéduraux aux étudiants et

aux professeurs, l’Assemblée universitaire doit être informée du portrait global de

la situation avant d’envisager quelque modification que ce soit.

Jean Portugais

Membre de l’Assemblée universitaire et Président du SGPUM

P.J. : Lettre au recteur de 2009 et Lettre de la directrice du BIMH de 2009.

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!1!AU%357%11%!Séance!février!1995.!Le!procès%verbal!mentionne!que!l’Université!souhaitait!mettre!en!place!un!mécanisme!plus!adapté!dans!le!contexte!entre!autre,!de!l’adoption!d’une!Politique!contre!le!harcèlement!sexuel!et!celle!sur!la!Probité!intellectuelle.!2!Voir!les!pages!513!et!514!:!Droit!de!l’enseignement!supérieur,!Andrée!Lajoie!et!Michel!Gamache.!

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