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[] Un magazine réalisé par les étudiants en journalisme du cégep andré- laurendeau MOT SAÏQUE MULTIVISIONS DE L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE EDITORIAUX CRITIQUES CHRONIQUES Berlusconi Le système de santé américain Le musée de l’holocauste Le film irlandais Eamon La crise économique Le journalisme international

MOT SAÏQUE

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Dans le cadre du cours Critiques journalistiques, les étudiants apprennent à rédiger des textes journalistiques d’opinion en explorant quatre grands domaines : la société, l’environnement, la culture et l’international. Ce dernier domaine a permis de mettre au monde cettepremière édition du magazine MOT SAÏQUE. première édition du magazine MOT SAÏQUE.

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Page 1: MOT SAÏQUE

[]

Un magazine réalisé par les

étudiants en journalisme du

cégep andré-laurendeau

MOT SAÏQUEMULTIVISIONS DE L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE

EDITORIAUX CRITIQUES CHRONIQUESBerlusconi

Le système de santé américain

Le musée de l’holocauste

Le film irlandais Eamon

La crise économique

Le journalisme international

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1111, rue Lapierre LaSalle, QC

H8N 2J4

Les élèves de

journalisme au

travail

MOT SAÏQUE

Éditrice Sonia Blouin

Comité rédactionnelSamuel BérubéDavid BigonnesseRaphaëlle MercierGuillaume MorinDavid PayetteMaude PrévostMyriam Tougas Dumesnil

CorrectionCassandre AllardDavid BigonnesseLaurie VanhoorneAriane Vincent

Directrice artistiqueAndrea Zoellner

Mise en pageVincent BrunetRaphaëlle Mercier

TitreAlain Lessard

ImagesSamuel BérubéPierick LafleurGuillaume MorinDavid Payette

CaricaturesCassandre Allard

M o t s a ï q u e de l’enseignantePARTAGER LEURS VISIONS DU MONDE

Ils ont des mots à dire, ils ont différentes façons de voir le monde, ils vous proposent de lire quelques portions de leurs visions. Les étudiants en journalisme du Cégep André-Laurendeau vous présentent ici une mosaïque de leurs apprentissages et de leurs talents.

Dans le cadre du cours Critiques journalistiques, les étudiants apprennent à rédiger des textes journalistiques d’opinion en explorant quatre grands domaines : la société, l’environnement, la culture et l’international. Ce dernier domaine a permis de mettre au monde cette

première édition du magazine MOT SAÏQUE.

De la réforme de la santé du président Obama en passant par le film irlandais Eamon, de la crise économique jusqu’aux frasques de Berlusconi en Italie, les étudiants explorent l’actualité planétaire et livrent leur point de vue.

Chaque étape du magazine a été réalisée par les étudiants du groupe. Tous ont contribué à la qualité de cette publication. Ils ont relevé leurs manches, ils ont parfois passé par-dessus leur ego, ils ont quelques fois ravalé quelques frustrations, ils ont toujours travaillé avec énergie

pour vous offrir leurs mots, leur MOT SAÏQUE.

Bienvenue dans leurs visions du monde!

Sonia Bl!in

Enseignant au département de CommunicationCégep André-Laurendeau

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Propriétaire de la société financière Fininvest, qui inclut trois chaînes de télévision, un club de soccer et une compagnie d’assurance, il emploie ind i rectement près de 20 000 employés. Au fil des trente dernières années, il a su, grâce à son sens des affaires aiguisé, se hisser au sommet de l’élite italienne. Durant toutes ces années, il a toujours été apprécié du peuple italien. Plusieurs raisons expliquent sa popularité. D’abord, son o m n i p r é s e n c e s u r l a s c è n e économique et son puissant contrôle des médias lui ont valu u n e p o p u l a r i t é g r a n d i s s a n t e , accompagnée d’une richesse abondante. C’est aussi sa vision moderne de l’Italie qui a fait de lui une figure emblématique du progrès politique e t soc i a l . Se lon Franco Pavoncello, politologue et recteur de l’Université John Cabot à Rome, « Berlusconi demeure une figure de modernité dans ce pays. C’est lui qui est responsable de l’introduction de la télévision commerciale en Italie, voire même en Europe. » Bref, il a su trouver

les moyens adéquats pour s’assurer le soutien des Italiens.

Jusqu’à tout récemment, s e s n o m b r e u s e s manipulations du système j u d i c i a i r e i t a l i e n l u i accordaient l’ immunité pénale, des avantages fiscaux et une puissance insurpassable. Indétrônable, son statut lui donnait tous les droits. Toutefois, le 7 octobre dernier, la Cour constitutionnelle lui a retiré son

immunité pénale et l’a, du coup, plongé dans une s i t u a t i o n embarrassante. Sur la défensive, il n’a pas su réagir avec beaucoup de tact. Il semblerait que les Italiens n’aient pas appréc ié son attitude, puisque les sondages pub l i é s quelques jours après

l’évènement démontrent une baisse de confiance de 2% envers le premier ministre. Malgré tout, près d’un Italien sur deux supporte toujours Berlusconi.

Selon les valeurs de notre société québécoise, on se demande comment

un homme au passé si controversé puisse encore être un

pilier du monde politique. Ici, un politicien associé à des histoires de f emmes e t de f r a u d e s n e survivrait pas au j u g e m e n t d e

l’opinion publique. Pourquoi Berlusconi réussit-il à s’en tirer indemne? Peut-être parce que les scandales auxquels on l’associe paraissent moins déshonorants dans une société où les valeurs reposent sur le prestige et le pouvoir.

Même si les pays extérieurs critiquent beaucoup la façon dont Berlusconi dirige son pays, ce dernier ne paraît pas du tout déstabilisé par ces j u g e m e n t s . L e r e g a r d d e l a communauté internationale, souvent influent dans d’autres circonstances, semble impuissant dans cet te situation. Comme l’Italie est un pays bien développé où les mentalités sont homogènes et tenaces, le changement ne viendra pas de sitôt. Nous entendrons encore longtemps parler d e B e r l u s c o n i e t d e s e s « Berlusconneries ».

Indétrônable Berlusconi

Depuis sa dernière élection en mai 2008, Silvio Berlusconi, premier ministre italien, a été l’objet de plusieurs

scandales. Le 70e homme le plus riche en 2009 selon Forbes Magazine a été accusé de fraude, de corruption et

d’avoir eu des rapports inappropriés avec des jeunes

femmes. En Amérique du Nord, il aurait disparu du paysage politique il y a longtemps. Pourtant, il gouverne

toujours l’Italie.

[...] les scandales auxquels on l’associe paraissent moins déshonorants dans une société où les valeurs reposent sur le prestige et le pouvoir.

Nous entendrons encore longtemps parler de Berlusconi et de ses «Berlusconneries».

Ariane Vincent et Andrea Zoellner

Silvio Berlusconi, premier ministre italien, s’est fait retiré son immunité pénale le 7 octobre dernier.

EDITORIAUX

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À la une de son édition européenne de lundi dernier, l’hebdomadaire américain soulignait l’impact de l’implication de Berlusconi dans une longue suite de scandales politiques et financiers, voire moraux. Évaluant les déboires du premier ministre i tal ien comme un frein à l’émancipation de son pays, le Newsweek rappelait que il Cavaliere bloque les réformes nécessaires dans un pays qui vit difficilement la crise économique.

Une situation qui ne semble en rien inquiéter les Italiens eux-mêmes, puisque celui que le magazine Forbes classe au deuxième rang des plus r iches hommes de son pays en 2009, n’en est pas à son premier mandat. Init ié au monde politique italien dès 1994, Berlusconi est élu président du Conseil en 2001. Il occupe ce titre pour une période de cinq ans et est réélu en mai 2008, alors qu’il représente le Peuple de la Liberté, un parti de centre-droite dont il est le fondateur et unique leader. Et malgré une réputation entachée maintes fois, il maintient encore aujourd’hui une cote de popularité impressionnante de 63% qui l’encourage à rester au pouvoir.

Les déclarations misogynes de l’homme politique ne constituent pourtant qu’une part minime de la liste des reproches faits à Berlusconi de part et d’autre de la planète. Poursuivi en tout dans près de dix affaires judiciaires, il a notamment été impliqué dans une histoire de rachat d’un groupe italien agro-alimentaire semi-public. D’importantes sommes du compte

personnel d’une compagnie qu’il dirige auraient été versées sur celui du juge chargé de l’affaire, par le biais de son avocat. Sur un plan plus personnel, Silvio Berlusconi s’est attiré les foudres de sa femme suite à un cadeau qu’il avait fait à une jeune fille de dix-huit ans. Plus récemment, une enquête qui avait été ouverte en juin dernier sur l’utilisation abusive du premier ministre d’un avion gouvernemental à des fins personnelles vient d’être abandonnée par le Tribunal des ministres. Au-delà des scandales dont il parvient toujours presque miraculeusement à

s’échapper, Ber lusconi étonne aussi par sa

personnalité et ses propos. L’homme

d’affaires à la tête d u g r o u p e familial Fininvest et du club de soccer du Milan AC se comporte aussi exubérant

en public comme en privé, n’hésitant

surtout pas à traiter s e s o p p o s a n t s

politiques de «!couillons!». Il accumule également nombre

de surnoms pas tout-à-fait affectueux.

Qualifié tour à tour de démagogue, d’arriviste ou encore de fasciste, Silvio Ber lusconi n’échappera pas aussi facilement à l’opinion publique qu’aux s c a n d a l e s d a n s l e s q u e l s i l e s t régulièrement impliqué. À part peut-être en Italie où, si tout va bien pour lui, il sera encore à la tête du Conseil pour quatre ans.

Berlusconi!: il Cavaliere contourne les obstacles

Maude Prévost et laurie vanhoorne

Berlusconi en bref

Berlusconi n’en est pas à s a p r e m i è r e expérience au pouvoir. Il avait par deux fois dirigé l ’ Italie avant d’être de nouveau élu en 2008, soit de 1994 à 1995 et de 2001 à 2006.

La Loi Alfano, déclarée anticonstitutionnelle e n o c t o b r e 2 0 0 9 , g a r a n t i s s a i t u n e immunité pénale aux q u a t r e p o s t e s p o l i t i q u e s l e s p l u s importants d’Italie, soit a u P r é s i d e n t d e l a R é p u b l i q u e , a u Président du Sénat, au P r é s i d e n t d e l a Chambre des Députés e t a u P r é s i d e n t d u Conseil.

Silvio Berlusconi est a s s o c i é à p l u s i e u r s scandales concernant d e s j e u n e s f e m m e s , dont la jeune Noemi Letizia, 18 ans, avec qui i l a u r a i t e u d e s affinités.

Si l’affaire David Mills ne vous évoque pas plus que les cas de la loge de la Propaganda, vous avez peut-être quand même entendu le nom de Silvio Berlusconi associé à des histoires d’escort-girls et

autres scandales sexuels. L’actuel président du Conseil italien a effectivement foulé à plusieurs reprises le sol des tribunaux en raison d’actes que le Newsweek qualifiait récemment de

bouffonneries.

Photo UPI

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Le système de santé américain pour les nuls

Le plan: maintenir l'assurance privée et instaurer un r é g i m e alternatif afin de faciliter le c o n t r ô l e b u d g é t a i r e . S ign ificat ion: de nouvel les assurances à prix modiques seraient mises à la disposition des quelques 50 millions de citoyens sans couverture et de tous les autres qui sont sous-assurés par des régimes bidons d'assureurs privés accordés par leur employeur. Le tout géré par une organisation coopérative à but non lucratif, pour l'intérêt le plus général des politiciens et des citoyens.!

Logique, non?!

Mais pourquoi Obama a-t-il toutes les difficultés du monde à faire passer la pilule?

Une opposition pour l'appât du gain

Qui dit opposants à l'idéologie d’Obama du système santé, dit

inévitablement les R é p u b l i c a i n s . Ceux-ci profèrent l e u r f a m e u x m e s s a g e c a p i t a l i s t e e n é v o q u a n t q u e mille milliards de dollars investis dans la santé sur dix ans entraînera une hausse trop importante des impô ts e t une

diminution des soins. D'ailleurs, cette réforme dite «socialiste» rassemble le parti de John McCain, divisé après la défaite du 4 novembre dernier. La chère gouverneure de l'Alaska, Sarah Palin, a cerné le vrai problème en cause: elle avise les citoyens contre la mise en place de «commissions de la mort» dirigées par des fonctionnaires qui auraient à choisir qui recevrait des soins contre qui n'en recevrait pas.!

B r a v o m a d a m e P a l i n , v o t r e nomination comme vice-présidente

du Parti républicain était vraiment justifiée!

Également, les assureurs privés ont peur de perdre leur part du gâteau. C e r t e s , e n t a n t q u e b o n s entrepreneurs, ceux-ci craignent la concurrence. Le meilleur moyen qu'ont ces assureurs de s'enrichir sur le dos des citoyens américains est de leur refuser plusieurs traitements. Par con t re , comment pou r ron t - i l s poursuivre cette pratique si quelqu'un d'autre peut prodiguer les soins à moindre coût? La compétition qu'ils redoutent est celle d'un organisme public.

Pour un pays en santé

Souhaitons qu'Obama réussisse là où Hillary et Bill Clinton ont échoué il y a de cela quinze ans. Il ne manquait plus qu'un démocrate qui porte son coeur au bon endroit et pour les bonnes raisons pour raviver le débat. Heureusement, Barack Obama peut compter sur de nombreux appuis qui, espérons-le, lui prêteront main-forte dans afin de mettre à terme un projet digne d'être réalisé. Levons donc notre verre à Obama et à sa réforme!!Tchin-tchin!

Avant même d'être élu, le candidat démocrate Barack Obama proposait aux Américains un plan

de réforme du système de santé, ce qui soulevait déjà la moquerie du camp républicain. Maintenant

qu'il est au pouvoir, le premier président afro-

américain s'y met de tout cœur, non sans recevoir les critiques de plusieurs têtes politiques et

financières. Comme les États-Unis, un des pays du G8, est le seul pays industrialisé qui ne

bénéficie pas d'un système de santé publique, il

faut se poser la question: qui est dans l'erreur? Nous ou quelqu'un qui serait prêt à sacrifier 60

000 dollars pour se faire rattacher un doigt?

À votre santé, monsieur Obama!

Samuel Bérubé et David Payette

Cassandre Allard

Des Américains protestent le système de santé médiocre lors d’un rally.

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L’exposition va bientôt commencer, mais juste avant de nous faire monter d a n s d e s a s c e n s e u r s q u i ressemblent étrangement à des cages, on doit piger le passeport d’un Juif, d’un homme ou d’une femme, qui a vécu l’Holocauste. Dedans!: une photo, une description, une histoire. Rifka Fass. C’est le nom d’une des victimes de ce massacre. Déjà, pas moyen d’être insensible.

Il faut attendre la fin de l’exposition pour voir si madame Fass survivra ou non. Morbide? Oui, ils y sont allés un peu fort pour ça. Mais qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour aller chercher la fibre sensible des gens?

Le début de l’exposition n’a rien d’extraordinaire. On y retrouve des films, des textes, des photos qui expliquent comment Hitler est arrivé au pouvoir. Pourtant, il ne faut pas se décourager. Une fois cette partie du musée traversée, le tout devient beaucoup plus intéressant.

En effet, le trajet qu’on nous propose nous fait passer dans un wagon qui amenait les Juifs dans les camps de concentration, puis sous l’arche originale de l’entrée du camp d’Auschwitz sur laquelle était écrit! : «Le travail vous rendra libre». Plus ironique que ça, tu meurs (et c’est le cas de le dire…). Finalement, on

nous offre même une reconstitution des maisons dans lesquelles vivaient les prisonniers.

Plus on avance dans l’exposition, plus notre cœur devient gros. Ce sont les dernières salles qui nous achèvent. Un plancher couvert de souliers de ceux qui ont été brûlés et une odeur de caoutchouc à peine supportable. Une photo avec les cheveux de toutes les femmes et de tous les hommes qui ont été rasés à leur arrivée dans les camps. Enfin, des dessins d’enfants victimes de l’Holocauste.

Quand on pense avoir atteint la fin, on se retrouve dans une grande pièce éclairée, qui est, en soi, un contraste évident avec le reste du musée. On peut y allumer des lampions en mémoire des victimes.

Certains diront que c’est trop, que ça va trop loin. Peut-être, mais le but principal de cette exposition, c’est que personne n’oublie ce qui s’est passé. Et en sortant de là, il est impossible d’oublier.

C’est touchant, troublant même. À ne pas manquer si on va à Washington.

En passant, Rifka Fass a survécu…

On entre. Silencieusement. Il y a comme une ambiance de recueillement qui flotte dans l’air. C’est la première sensation que

laisse le United States Holocaust Memorial Museum à ses arrivants. On avance. On suit la foule. L’architecture est froide,

glaciale. Une fois à l’intérieur, on est transporté très loin de

Washington. Il n’est plus question de la Maison Blanche, plus question de Barack Obama. On est en pleine Deuxième Guerre

mondiale avec Adolph Hitler et toutes ses victimes.

Impossible d’oublierRaphaëlle Mercier

CRITIQUES

Unites States Holocaust memorial

museum

100 Raoul Wallenberg Place, SW

Washington, DC

www.ushmm.org

Centre commémoratif de l’Holocauste à Montréal

P a s b e s o i n d ’ a l l e r j u s q u ’ à Washington pour profiter de t é m o i g n a g e s a u t o u r d e l’Holocauste. Ici-même à Montréal, l e C e n t r e c o m m é m o r a t i f d e l ’ h o l o c a u s t e e x p o s e d e s documents historiques, des objets personnels et autres souvenirs de survivants qui ont trouvé refuge au Québec.

HoraireLundi, mardi et jeudi de 10h à 17hMercredi de 10h à 21hVendredi de 10h à 15h Dimanche de 10h à 16h

Adresse5151, chemin de la Côte-Sainte-Catherine, MontréalMétro Sainte-Catherine

Site internetwww.mhmc.ca

PrixEnfants,étudiants et Âge d’or: 5 $Adultes: 8 $

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Eamon. C’est le titre du tout premier film de Margaret Corkery, réalisatrice irlandaise. Présenté dernièrement au Festival du film de

Toronto et au Festival du Nouveau Cinéma, le long métrage s’est d’ailleurs mérité un prix lors de sa présentation au festival de

Karlovy Vary. Gros plan sur une œuvre réussie.

E A M O N : D I S F O N C T I O N N E M E N T FAMILIAL, VERSION 2.0ARIANE VINCENT

L’idée de départ est géniale. La réalisatrice a beau avoir choisi un sujet des plus exploités au cinéma, soit les relations familiales, elle le présente de façon complètement marginale. Ici, on ne nous sert pas la fameuse famil le reconst i tuée, r a v a g é e p a r l e s c r i s e s d’adolescence et l’ infidélité conjugale. Corkery se tourne plutôt vers la f a m i l l e d e b a s e , composée d’un père, d’une mère et d’un fi l s de s i x ans , qu’elle transforme e n u n p u i s s a n t triangle amoureux. Tous deux pâmés d e v a n t u n e m è r e blasée, Daniel, le père, et Eamon, l’enfant, sont en constante confrontation. Eamon gruge toute l’attention de sa mère, alors que son père est habité par u n e f r u s t r a t i o n profonde, causée par un manque d’affection et un s e n t i m e n t d’ infér ior i té par r a p p o r t à s o n p r o p r e fi l s . L e c o n c e p t e s t nouveau et frais, et permet à Corkery d’explorer tous les aspects d’une famille tordue.

L e s r e l a t i o n s particulières qui lient les trois membres de la famille sont donc au centre de l’histoire et la cinéaste ut i l ise brillamment la mise en scène pour les mettre en valeur. Dans le film,

ce ne sont pas les dialogues

qui racontent l’histoire, mais plutôt les plans qui parlent. Souvent fixes et frontaux, ils suffisent à positionner les membres de la famille entre eux. La

plupart du temps, Eamon et sa mère sont regroupés

ensemble dans l’image, alors que le père reste en retrait. En

tournant ces plans à la fois simples et révélateurs, Corkery a pu se permettre de délaisser les dialogues complexes qui peuvent parfois

gâcher une bonne idée cinématographique.

L e s p e r s o n n a g e s contribuent eux aussi à bien développer l’idée d u fi l m . M ê m e s i l’existence d’une famille à ce point différente puisse paraître irréaliste, ils réussissent à rendre

la chose plausible. D’un naturel étonnant, les trois acteurs arrivent à nous plonger en plein cœur d’un univers qu’ils ont su créer grâce à la chimie qui règne entre

eux. Déjà au tout début du film, on devine aisément quels sont les problèmes qui hantent la famille, grâce aux fortes énergies qui transpirent du trio. Amy Kirman joue

le rôle de la mère indifférente avec une nonchalance posée. Robert Donnelly a le profil parfait du petit g a r ç o n a g i t é q u i comprend beaucoup plus de choses qu’on le pense. Et Darren Healy surprend avec sa façon de personnifier l’immaturité enfantine, même si son jeu est

parfois à la limite de l’exagération.

Avec une belle mise en scène et des personnages naturels, Corkery réussit à créer une trame réaliste qui perdure pendant une bonne partie du long métrage. Hélas, le dernier tiers du film est brisé par des scènes qui ne concordent pas avec l’ensemble. Peut-être sont-elles s u p p o s é e s ê t re d e s s c è n e s symboliques, mais leur présence est plutôt difficile à justifier, en plus de laisser une impression de malaise.

Dans l’ensemble, le premier long métrage de Margaret Corkery est réussi. Innovateur et original, il change notre perception de l’enfant, qui devient dans le film un être perverti dépourvu d’innocence. En plus de laisser dans le ventre une agréable sensation de nouveauté, le concept d’inversion des rôles permet de donner un caractère plus chaotique à la famille de base, qu’on dépeint trop souvent comme étant le modèle familial idéal.

[...] le concept d’inversion des rôles permet de donner un caractère plus chaotique à la famille de base, qu’on dépeint trop souvent comme étant le modèle familial idéal.

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1. Margaret Corkery, réalisatrice du film Eamon2. Grace et Eamon

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LE COMPLEXE D’EAMON

LAURIE VANHOORNE

Parce qu’il faut le préciser, la cinéaste irlandaise Margaret Corkery orchestre pour son premier film un complexe d’Œdipe doublé

d ’ u n t r i a n g l e p s y c h o l o g i q u e très complexe. Alternant entre d e s p l a n s

l a r g e s e t p o é t i q u e s d ’ u n e m e r a g i t é e e t d e s situations tordues

entre Eamon et s e s p a r e n t s , Corkery incite à la r é fl e x i o n s u r l’éducation. C’est

aussi la moralité de toute une génération qui en prend pour son grade sous la direction de cette réalisatrice débutante.

Dès les premières minutes de ce film transparaît le culte d’un enfant voué à sa mère. Plus encore, on note la façon dont il écarte par tous les moyens son père de la relation

exclusive qu’il entretient avec celle qui l’a mis au monde. Seulement, entre les décors de la côte irlandaise et d’un petit chalet, la confrontation est imminente. La cinéaste illustre

parfaitement cette atmosphère avec des longs plans fixes et rapprochés de ses trois personnages principaux. Se manifestent alors, à la lumière d ’ é c h a n g e s a u x l i m i t e s d e

l’improbable, des parents qui se révèlent au moins aussi enfantins que leur progéniture. On finit par s’habituer à voir la mère tirer la

langue à son fils et l’affubler de surnoms

d a n s l a p l u s s i n g u l i è r e d é m o n s t r a t i o n

d’espièglerie. On ne s’étonne

m ê m e plus de

voir le

père multiplier les t en ta t i ves pou r déva lor iser son propre fils aux yeux de sa femme.

Les parents, au fond, ne seraient-ils pas les

véritables enfants? Et si Eamon apparaît comme un

enfant gâté de la pire espèce, au su de l’ambiance familiale dans laquelle il baigne, peut-on vraiment l’en blâmer? Une ambiance, il faut dire, br i l l amment por tée à

l’écran par la couleur grisâtre des plans, dont la fi x i t é e t l ’ é c h e l l e rapprochée invitent à se c o n c e n t r e r s u r l e s

personnages.

A u t a n t d i r e q u e c e premier film de la jeune Margaret Corkery est à la

fois lourd par son contenu, par sa réflexion, et empreint de fraîcheur par sa forme et sa mise en scène minimaliste. La remise en question

qu’il propose du rôle des p a r e n t s e s t t r è s significative de la société occidentale. Rappelons qu’après la Seconde

Guerre mondiale, la s o c i é t é d e c o n s o m m a t i o n a ins tauré un modè le d’éducation prônant le

laisser-aller et ainsi engendré le phénomène de «!l’enfant-roi!».

En dépit d’un maigre budget de 500 dol lars, Eamon séduit par la

contr ibut ion d’acteurs au jeu impeccable, notamment celui du tout jeune Robert Donnelly qui étonne par sa crédibilité. Le sujet du triangle amoureux interfamil ial

confère son originalité à ce film indépendant primé au festival de Karlovy Vary et qui, à n’en pas douter, suscitera de vives réactions.

Puisqu’Eamon, six ans – et la turbulence qui vient avec – , est en vacances scolaires, ses parents l’emmènent à la mer aussi longtemps que leur budget le leur permet. Une escapade qui profite aussi à

une mère égoïste dont les nerfs sont à vif. Parallèlement, une occasion pour un père sexuellement frustré de se rapprocher de sa femme.

[ . . . ] la société de c o n s o m m a t i o n a instauré un modèle d’éducation prônant le laisser-aller et ainsi engendré le p h é n o m è n e d e «!l’enfant-roi!».

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Par définition, le capitalisme est une idéologie politique qui profite à l'économie et la société. Voici un aspect de celle-ci que notre cher Bush a pris au pied de la lettre: «! l'importance du capital, les p o s s i b i l i t é s d e l ' é c h a n g e r (spécialement en b o u r s e ) , d e l'accumuler et de spéculer.!»

Pourtant depuis son instauration, l e s p a u v r e s s'appauvrissent e t l e s r i c h e s s ' e n r i c h i s s e n t . P l u s i e u r s circonstances de la crise restent inconnues du public, toutefois ce q u e n o u s s a v o n s d é c o u l e directement des décisions de l'ex-président américain. Plusieurs sociétés financières américaines ont été mises en liquidation. Cette chute des cours boursiers a d'ailleurs entraîné une baisse de 26% des t i t res de Bank of

Amer ica , pr inc ipa le banque américaine, qui d'ailleurs est pointée du doigt dans le dernier documentaire de Michael Moore; Capitalism!: A Love Story.

Si je peux me permettre un aparté; tous, sans exception, devraient se réserver un 10$ pour voir ce film et ainsi comprendre comment cette

idéologie de capitalisme a détruit le secteur financier de ce pays.!

Alors, à partir du sombre 11 septembre 2001, le président de l'époque a joué avec le feu et le

t o u t e x p l o s e sept ans plus tard dans la f a c e d u m o n d e entier. Les Éta ts-Un is d'Amérique, é t a n t l ' e m p i r e mondial, ont d é c l e n c h é

une série de perte financière à l'échelle mondiale. !

Ce qui est inconcevable, c’est que pendant que l'Irak se fait mitrailler, que les exportations des industries chinoises du textile, du jouet et de la chaussure diminuent et que les pays du Moyen-Orient voient leur indice boursier chuter en flèche, Bush est probablement assis sur ses millions à son fameux ranch du Texas en train de siroter une Bud

Light.

L i v e t h e A m e r i c a n D re a m .

Insultant, non?

Connaissez-vous la cause réelle de la crise financière actuelle? Savez-vous pourquoi les taux de chômage augmentent de façon ahurissante? Savez-vous qui est à l'origine de cette dégringolade

monstre? Avez-vous réellement conscience des convictions politiques de George Bush fils? Si oui, vous savez, comme moi, que son système capitaliste instauré au tout début de son premier mandat

présidentiel est à l'origine même des catastrophes que vivent les américains depuis 2001.

Bush a volé le spectacle et la planète paie la noteSamuel Bérubé

« 2010 devrait être l'année de la reprise, mais la crise économique mondiale devrait encore durer cette année!» -Jean-Claude Trichet,!! porte-parole des dix grandes banques centrales mondiales (G-10)

CHRONIQUES

LES CHIFFRES

Le revenu réel moyen des ménages aux États-Unis a subi la

plus forte baisse, diminuant de 3,6% entre 2007 et 2008, passant

de 52.163 à 50.303$.!

- Le taux de pauvreté officiel de la nation a!considérablement

augmenté, à 39,8 millions, soit 12,5% de moins qu'en 2007, et

13,2%, en 2008, dont plus de 14 millions d'enfants.

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Savez-vous qui est à l 'origine de cette dégringolade monstre?

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Les fixeurs, ces hommes et femmes à tout faire qui accompagnent les journalistes envoyés à l’étranger, risquent chaque jour leur vie pour protéger leur client, livrer de l’information et défendre la

liberté de presse. Certains y passent, journalistes ou fixeurs. Sont-ils les victimes d’un système archaïque de contrôle de l’information?

NOS JOURNALISTES-SOLDATS

Myriam Tougas-Dumesnil

Le 19 septembre dernier, Laura-Julie Perreault, journaliste à La Presse, relatait la mort de Sultan Munadi, un fixeur de trente-quatre ans décédé quelques jours p lus tôt en Afghanistan. Accompagnant un journaliste du New York Times qui souhaitait enquêter sur un bombardement, Munadi a trouvé la mort lors d’une fusillade entre un commando de soldats britanniques et un groupe de talibans.

Voilà qui nous pousse à réfléchir. À l’heure actuelle, jusqu’où les travailleurs des médias sont-ils prêts à aller pour pouvoir dévoiler de l’information? Doit-on les voir comme des victimes d’une situation de travail trop délicate ou comme de petits soldats morts au combat? Pour moi, la réponse est simple.

Il est certain que la liberté de presse est un droit fondamental que l’on se doit de faire respecter. Mais il faut comprendre que nous ne sommes pas chez nous partout. Certains peuples se battent encore contre la censure et le contrôle de l’information. En débarquant chez eux, on ne peut s’attendre à pouvoir tout raconter facilement.

Les journalistes qui partent à l’étranger, tout comme les fixeurs qui les accompagnent, sont conscients de cette réalité. Oui, ce sont des hommes et des femmes qui se battent pour que des sociétés acquièrent la liberté de parole que nous avons depuis longtemps déjà. Oui, pour ça, nous leur devons des félicitations.

Mais quand ils ne reviennent pas de leur mission, que doit-on faire? Les plaindre en maudissant le pays en guerre, qui est cruel envers les journalistes étrangers? Certainement pas. Dénonce-t-on la trop grande violence des champs de bataille, quand un soldat d’ici décède? Non, on préfère l’honorer et se rappeler qu’il est mort en faisant ce qu’il voulait faire, servir son pays.Arrêtons donc de plaindre inutilement les journalistes et fixeurs qui s’exilent en terre maudite et qui y laissent leur peau. Saluons-les plutôt pour leur travail humanitaire extraordinaire, pour le combat qu’ils mènent jour après jour et pour l’espoir qu’ils entretiennent.

Cassandre Allard

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Le président fondateur d’Attac-Québec (mouvement militant pour la justice sociale), Robert Jasmin, laisse sous entendre que dans un monde idéal, l’économie devrait s’axer sur «!le bien commun des humains et la protection

de l’environnement plutôt que sur l’enrichissement d’une élite!». Moi aussi, j’aimerais en croire autant que lui, mais je doute que ça puisse se réaliser. Je m’avance tout de même en affirmant que les corporations et les citoyens ne tireront aucune leçon de cette crise du capitalisme. Un peu pessimiste, non?

Seriez-vous surpris chers lecteurs, si je vous disais qu’exactement 18, 4 milliards ont été versés en primes à des hauts salariés de banques américaines, alors qu’elles sont toujours subventionnées de 700 milliards par Obama? Vous avez raison de fulminer… La récession actuelle n’a donc pas changé la mentalité de Wall Street, puisque celle-ci continue à jouer au Monopoly avec l’argent qui provient des poches des contribuables états-uniens.

Un système de prêts illogique

Rappelons-nous que ce sont ces mêmes banques qui ont offert des prêts hypothécaires alléchants à des citoyens qui n’avaient aucun moyen de les rembourser. Le résultat, vous le connaissez! : les propriétaires étant dans l’incapacité de payer, se sont fait saisir leur demeure et les banques se sont retrouvées avec un nombre incalculable de propriétés non-vendues. Pourtant, elles ne semblent pas avoir plus compris aujourd’hui.

Les citoyens tout aussi coupables

Et nous, quelles leçons tirerons-nous de cette conjoncture économique? Parce qu’un récent sondage du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) souligne que 89% des ménages reprennent goût à la c o n s o m m a t i o n . R e c o m m e n c e r o n s - n o u s à surconsommer ? Sûrement, même si la récession nous

indique clairement que nous devons cesser l’achat inutile et souvent compulsif. Dans une entrevue accordée au Devoir, Daniel Tanguay, professeur de philosophie politique de l'Université d'Ottawa, va dans le même sens au sujet de cette crise!: « […] Des gens en souffrent, bien sûr. Mais on sent que la

surconsommation se poursuit et que la machine roule

encore. » Oserons-nous tous nous élever contre les compagnies en leur démontrant que la surconsommation c’est du passé? Pas si sûr. La simplicité volontaire, c’est p a s p o u r t o u t d e s u i t e ! E t n o u s n ’ a u r o n s malheureusement encore rien compris.

David Bigonnesse

Les leçons de la crise

économique dans les poubelles

«! le bien commun des humains et la

protection de l’environnement plutôt

que sur l’enrichissement d’une élite!»

- Robert Jasmin

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Les propos que j’ai énoncés ci-haut sont bien entendu fictifs, mais ils sont à l’image de la frustration qu’on peut sentir chez les médias actuellement. Ceux-ci voient, jour après jour, leurs ressources financières et, du coup, leurs ressources matérielles diminuer. L a c o u v e r t u re d e l ’ a c t u a l i t é internationale est assurément la plus à plaindre.

Durant les dernières années, on nous avait habitués à de grands reportages réalisés à l’étranger, de façon minutieuse et fouillée. Cette époque est révolue. Nos journaux n’envoient plus de reporters à l’étranger, sauf lors d’événements de la plus haute importance, parce qu’ils ne peuvent plus se le permettre.

Les médias se tournent donc vers les dépêches des agences de presse, auxquelles ils ont accès en un

simple clic. D’accord, ils ont la possibilité de nous offrir du contenu provenant de l’étranger, mais qui sera toujours, à la base, le travail d’un journaliste anonyme. Anonyme, oui, mais aussi humain, donc incapable d’être objectif dans sa collecte d’informations sur le terrain et lors de la rédaction de ses articles. C’est sans compter que les nouvelles qu’il rédige sont ensuite triées par un desk, une sorte de secrétaire, qui laisse lui aussi des marques de subjectivité en éliminant certains textes.

Au bout du compte, on nous sert des nouvelles très factuelles, avec très peu de contenu analytique. En plus d’être appauvri par un manque d’analyse, le journalisme international p e r d u n e d e s e s f o n c t i o n s primordiales! : celle de montrer un

évènement international

selon notre idéologie et nos valeurs québécoises. Derrière le travail des agences, notre point de vue de Québécois s’efface complètement. Sans travai l sur le terrain, le journalisme international n’est plus le même. Plus neutre, il en devient moins intéressant. Et tout ça à cause d’un manque d’argent. Ah, maudite crise des médias!

«!Ah je te dis, elle, elle est mieux de ne pas me croiser sur son chemin!!» De qui parle-t-on ici? Je vous donne quelques indices. Un!: «!elle!» ne désigne pas une personne. Deux!: «!elle!» met en rogne de nombreux journalistes.

Trois!: «!elle!» est la cause du déclin actuel de certaines entreprises médiatiques. Maintenant, avez-vous déterminé l’identité de cette mystérieuse «!elle!»? Vous l’aurez deviné, il s’agit bel et bien de la crise des médias, qui prend un malin plaisir à affaiblir graduellement les journaux et les chaînes de télévision du monde entier.

Maudite crise

ariane Vincent

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Il suffit de regarder un peu autour de soi pour s’en rendre compte. On connaît tous un parent ou un ami qui a eu, et qui a toujours, de la difficulté à traverser la dépression. Quoi? Qu’est-ce que j’entends? Ah! Pas vous. Tout le monde dans votre entourage s’en sort très bien!

Alors laissez-moi vous éclairez un peu sur le sujet.

M a m è r e t r a v a i l l e d a n s u n e Commission scolaire de la Rive-Sud. Depuis que la crise économique a éclaté (et pour d’autres raisons qui n’ont aucun lien avec ce texte), elle est complètement surchargée. On ne l’a pas coupée, on n’a pas r é d u i t s o n salaire. C’est v r a i . Pourtant, ma mère voit ses c o l l è g u e s p a r t i r l e s unes après l es au t res . Qui récupère la charge de travail, vous pensez?

Mon grand-père est retraité. Il doit, depuis plusieurs années, de l’argent au gouvernement (je ne m’aventurerai pas

sur ce qui a causé ceci). Cependant, le fait est que, bizarrement, le montant qu ’on l u i r éc lama i t a augmenté de plus de 20% m a i n t e n a n t q u e n o u s sommes entrés en crise é c o n o m i q u e . C ’ e s t l’inflation, qu’on lui dit. Il est peut-être vieux, mon grand-père, mais ce n’est pas un con quand même!

Mon père est fonctionnaire. Lui, il gagne toujours 100 000$ par année. Lui, il ne perd pas ses collègues à vu

d’œil. Lui, il p a s s e à travers la

d é p r e s s i o n e n v e s t o n - c r a v a t e dans son «char» sport rouge.

C’est ça, la crise financière. C’est un fossé ent re les

c l a s s e s économiques, qui était déjà vaste, qui s’élargit de plus en plus.

D’un côté, les bien nantis se plaisent à clamer que c’est fini. De l’autre, des

milliers de travailleurs (et de chômeurs) tentent de se faire entendre.

Qu’est-ce qu’ils disent? «Ce n’est pas parce que vous n’entendez plus parler de la crise économique qu’elle n’existe plus! Agissez, mobilisez-vous!».

L e g e n r e d e p a r o l e s q u i s e transforment beaucoup trop vite en murmures. Le genre de paroles qu’on oublie. Le genre de paroles…

Qu’est-ce que je disais déjà? Ça ne devait pas être important…

«C’est drôle, vous vous dites, pourquoi dont un texte

sur la crise économique? C’est pas fini c’t’affaire-là?

C’est la grippe H1N1 qui est d’actualité, pas la

situation financière. C’est du vieux, du recyclé!» Je

suis désolée de vous décevoir ainsi, mais on est

encore dans le trou. Et de beaucoup, en plus. C’est

vrai, on dirait qu’il n’y a plus de crise économique, on

dirait qu’on s’en est bien sorti. Pourtant, c’est faux.

Trois visions de la dépression

Raphaëlle Mercier

Ce n’est pas parce que vous n’entendez plus p a r l e r d e l a c r i s e é c o n o m i q u e q u e l l e n’existe plus!

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Même si cela ne semble pas être le cas, le fardeau fiscal des citoyens s’allourdit de jours en jours.

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Tout le monde se sent concerné par la crise économique, et pas rien que les banques, contrairement à ce que bon nombre de gens s’imaginent. Il faut dire qu’au départ, la crise économique mondiale qui frappe aujourd’hui le commun des mortels ne s’étalait pas au-delà des murs des institutions bancaires américaines.

C h e z n o s vo is ins du Sud, des dirigeants de banques peu scrupu leux o n t j u g é a p p r o p r i é d ’e ffectuer d e s p r ê t s t o t a l e m e n t inconsidérés à, autant le dire, n’importe qui. Des prêts qui s’étalaient sur de longues périodes pouvant aller jusqu’à soixante ans et ce, sans dépôt de garantie.

Tout allait pour le mieux pour les banques! Depuis des années, les grands patrons de ces mêmes banques ont pu s’offrir de multiples bonis tout en accordant des prêts hypothécaires à des gens qui n’avaient pour ainsi dire aucun moyen de se payer une maison.

Peut-être se sont-ils crus dans un film hollywoodien ou dans un dessin animé de Disney où tout finit toujours bien. Peut-être qu’un instant, ils se sont pris pour l’oncle Picsou en voulant eux

aussi nager littéralement dans leur fortune.

Une chose est sûre! : les banques américaines se sont cassé la gueule, et pas qu’un peu. Il fallait s’y attendre; leurs clients n’ont tout bonnement plus

été capables de payer. Et puisque si les banques se cassent la gueule tout le monde en fait a u t a n t , l e gouvernement des États-Unis a bien été obligé d’intervenir. Comme par tou t dans le monde, d’ailleurs.

Grâce à l’élan de g é n é r o s i t é d e Washington, les banques américaines ne feront pas faillite. On rapporte q u e d e u x d e s p l u s grandes sociétés de l’immobilier aux États-Unis, dont les titres en bourse qui avaient chuté de 50% en à peine deux semaines, viennent de se voir accorder une ligne de crédit temporaire par les autorités américaines.

C’est une bonne nouvelle, c’est certain. Ombre au tableau, cependant!: qui donc fera les frais de ces mesures? La classe moyenne, bien sûr, cette population qui continue inlassablement

de se faire entubée par le capitalisme sans pouvoir y faire quoi que ce soit. E t é v i d e m m e n t , l e s b a n q u e s poursuivent leur pet i t manège.

L'Organisation de coopération et de déve loppement é c o n o m i q u e s (OCDE) rapporte q u e c e l l e s - c i c o n t i n u e n t d’ invest i r dans d e s p r o d u i t s

financiers à risque tout en profitant de taux d’intérêt minimes.

Bien sûr que non, nous ne sommes pas dans un dessin animé de Disney où ce sont toujours les bons qui l’emportent.

Robin des Bois n’ira pas dépouiller les banques au profit des petites gens.

Désenchantement à l’américaine

On n’en a décidément pas fini avec la crise

économique. Il semblerait que l’espace réservé dans

les médias québécois à l’économie aurait augmenté

de 65% en à peine un an. Est-ce qu’il y a vraiment

quelqu’un quelque part qui s’en étonne?

[...] des dirigeants de b a n q u e s p e u scrupuleux ont jugé approprié d’effectuer des prêts totalement inconsidérés à [...] n’importe qui.

Une chose est sûre: l e s b a n q u e s américaines se sont cassé la gueule, et pas qu’un peu.

Laurie Vanhoorne

C’est la classe moyenne qui, après tous ces prêts des banques, se retrouvera avec un gros zéro dans son compte.

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L’environnement

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Un magazine des étudiants en journalisme du cégep andré-laurendeau

MOT SAÏQUEMULTIVISIONS DE L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE

EDITORIAUX CRITIQUES CHRONIQUESBerlusconi

Le système de santé américain

Le musée de l’holocauste Le film irlandais Eamon

La crise économique

Le journalisme international