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Dès la Préhistoire, les hommes ont réussi, à l'aide de moyens rudimentaires, à broyer les graines de céréales et ont obtenu une farine qui a permis une évolution importante de l'alimentation humaine. Ils furent amenés à perfectionner peu à peu les instruments de broyage, et plusieurs meules préhistoriques ont été répertoriées dans le Cap Sizun. Mais il faut attendre l'occupation romaine pour voir se répandre chez nous les meules à bras, dont de nombreux spécimens ont été découverts dans le Finistère; une seule d'entre elles, à notre connaissance, a été signalée à Fouesnant, au début du siècle, à Coat Veil Mor, mais on ne sait ce qu'elle est devenue. L'invention des moulins à eau, qui date aussi de cette époque, ne gagna que tardivement nos régions, bien après la fin de l'occupation romaine. C'est le Cartulaire de Landévennec qui nous apporte les premiers témoignages de l'existence des moulins à eau ou à vent dans notre région. La Charte 43 concerne le Cap Caval et le Pays de Fouesnant, mais sans indications précises. Le vicomte DILES fait des donations à l'Abbaye et on relève dans le texte latin "molina rorram cum scripulo terrae, du ur Ti, Tref Cunhour in pago Fuenant". Langillière, qui s'est beaucoup penché sur le Cartulaire, a facilement reconnu Trégonnour dans Tref Cunhour, mais n'a pu identifier Molina Corram avec sa petite parcelle de terre. En parcourant un rentier de 1750, nous avons relevé qu'un Jean Caradec devait au Roi une rente de 7 Livres 13 sols sur "Corran Nevez", lieu situé dans le secteur de Mousterlin, non loin de Trégonnour . Plus tard, on indique sur les rentiers Corran Nevez ou Menez ar Roué, et finalement seule la dernière dénomination sera utilisée. La rente sur Corran Nevez est ensuite payée par un fils de Jean, Tanguy Caradec, du Cosquer. Le moulin de Corran - l'un des rares signalés dans la Charte - serait donc probablement le plus ancien de la paroisse de Fouesnant. En se basant sur le Cartulaire, il daterait des environs du X ème siècle, la Charte elle- même ayant été rédigée au XI ème . Le lieu où il se situait plaiderait en faveur d'un moulin à vent. On connaît la base de l'alimentation bretonne depuis le Moyen-Age : pain de seigle ou "pain noir", crêpes et galettes de blé noir, bouillie d'avoine... Aussi comprend-on l'importance des moulins et leur prolifération dans nos campagnes, sur les hauteurs ou tout au long des ruisseaux. Deux moulins ont utilisé les courants de marées, à l'endroit du Port-La-Forêt actuel, et dans l'anse de Penfoulic. Ce dernier avait déjà disparu dès le XVI ème siècle . Jean Le FOLL MOULINS ET MEUNIERS D’AUTREFOIS 1/15

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Moulins & lavoirs au Pays de Fouesnant -

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Dès la Préhistoire, les hommes ontréussi, à l'aide de moyens rudimentaires, àbroyer les graines de céréales et ont obtenuune farine qui a permis une évolutionimportante de l'alimentation humaine. Ilsfurent amenés à perfectionner peu à peu lesinstruments de broyage, et plusieursmeules préhistoriques ont été répertoriéesdans le Cap Sizun.

Mais il faut attendre l'occupationromaine pour voir se répandre chez nousles meules à bras, dont de nombreuxspécimens ont été découverts dans leFinistère; une seule d'entre elles, à notreconnaissance, a été signalée à Fouesnant,au début du siècle, à Coat Veil Mor, maison ne sait ce qu'elle est devenue.

L'invention des moulins à eau, quidate aussi de cette époque, ne gagna quetardivement nos régions, bien après la finde l'occupation romaine. C'est le Cartulairede Landévennec qui nous apporte lespremiers témoignages de l'existence desmoulins à eau ou à vent dans notre région.La Charte 43 concerne le Cap Caval et lePays de Fouesnant, mais sans indicationsprécises. Le vicomte DILES fait desdonations à l'Abbaye et on relève dans letexte latin "molina rorram cum scripuloterrae, du ur Ti, Tref Cunhour in pagoFuenant". Langillière, qui s'est beaucouppenché sur le Cartulaire, a facilement

reconnu Trégonnour dans Tref Cunhour,mais n'a pu identifier Molina Corram avecsa petite parcelle de terre. En parcourant unrentier de 1750, nous avons relevé qu'unJean Caradec devait au Roi une rente de 7Livres 13 sols sur "Corran Nevez", lieusitué dans le secteur de Mousterlin, nonloin de Trégonnour . Plus tard, on indiquesur les rentiers Corran Nevez ou Menez arRoué, et finalement seule la dernièredénomination sera utilisée. La rente surCorran Nevez est ensuite payée par un filsde Jean, Tanguy Caradec, du Cosquer. Lemoulin de Corran - l'un des rares signalésdans la Charte - serait donc probablementle plus ancien de la paroisse de Fouesnant.En se basant sur le Cartulaire, il dateraitdes environs du X ème siècle, la Charte elle-même ayant été rédigée au XI ème. Le lieuoù il se situait plaiderait en faveur d'unmoulin à vent.

On connaît la base de l'alimentationbretonne depuis le Moyen-Age : pain deseigle ou "pain noir", crêpes et galettes deblé noir, bouillie d'avoine... Aussicomprend-on l'importance des moulins etleur prolifération dans nos campagnes, surles hauteurs ou tout au long des ruisseaux.Deux moulins ont utilisé les courants demarées, à l'endroit du Port-La-Forêt actuel,et dans l'anse de Penfoulic. Ce dernieravait déjà disparu dès le XVI ème siècle .

Jean Le FOLL

MOULINS ET MEUNIERS

D’AUTREFOIS

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C'était un moulin royal, dont l'empla-cement seulement fut vendu au Sieur dePenfoulic dans les années 1560 (voir le N°10 de Foen-Izella, page 28). Celui de Port-La Forêt n'est déjà plus mentionné à cetteépoque.

Les moulins à vent ne furent pastrès nombreux. On les situe aisément, carles champs où ils étaient implantés ontgardé le nom de" Parc ar veil aer’. Celuide Kerasploc'h s'élevait sur la colline deCoat Huella; il tournait encore au début duXVIII ème siècle. Celui de Bréhoulou, àl'emplacement de l'actuelle piscine, servaitde refuge aux mendiants à cette époque.Kerelleau eut aussi son moulin à vent surla colline de Kervian, mais il disparut trèstôt. Seuls deux moulins à vent tournaientencore au XIX ème siècle: ceux de CoatClévarec et de Bénodet.

En ce qui concerne Beg Meil,aucun des vieux écrits que nous avons eul’occasion de consulter ne porte la moindreindication de moulin; aucun nom deparcelle ne permet d'en supposer laprésence, et il est probable que le nom deBeg Meil a un autre sens que celui de"Pointe du moulin" qui lui est le plussouvent attribué.

Les moulins à eau furent bien plusnombreux et s'égrenaient le long desrivières. Ceux alimentés par des ruisseauxde trop faible débit tombèrent en ruinesassez rapidement, comme ceux de CoatConan (ruiné en 1600), Bréhoulou, ou desVergers.

Ces moulins dépendaient le plus souventd'une seigneurie, parfois du clergé(Locamand), ou du Roi (les "moulins-mer"). Les paysans étaient tenus defréquenter celui de leur suzerain, et nepouvaient déroger à cette obligation sans

son accord.

Rares étaient les meuniers origi-naires du Pays fouesnantais, où ilsparvenaient après une étape dans la régionde Saint- Yvi ou Beuzec-Conq. Ils sedéplaçaient d'ailleurs souvent, sans doute àla recherche d'un moulin plus rentable.Chaque fois, ils devaient convenir du"renable" avec leur remplaçant, et signerun bail avec la seigneurie. Les bauxsont le plus souvent identiques, maispeuvent cependant présenter des clausesparticulières.

Affermage du moulin du Henvez.

"L'an 1783, an II de la République,le 29 septembre aux environ de midi,devant les sousignés notaires de la ci-devant Sénéchaussée de Concarneau, enprésence du citoyen Gildas MarieCoroller, homme de loi demeurant àCheffontaines paroisse de Cloharsprocurateur de la citoyenne MarieMichelle Nouë veuve donataire de NicolasEon Vieux Chate propriétaire, de la ci-devant seigneurie du Mur Henvez etGuériven d'une part; Jean Pierre Piriou etAnne Quittot sa femme, demeurant au lieude Kerouanquer en la paroisse deFouesnant d'autre part, le citoyen Corollera déclaré bailler céder et délaisser avecpromesse de bonne et valable garantie àtitre de pure et simple ferme aux ditsPiriou et femme le moulin du Henvez avecses tournants, moulance, bief, étang,chaussée, maisons, crèches, terres chaudeset froides, prés et prairies qui endépendent, tels qu'ils se présentent dans lebail actuel dont bénéficient les héritiers defeu Olive Sauveur, bail au rapport deProuhet, notaire, en date du 26 mai 1784 etdont le dit Piriou et sa femme ont déclaréavoir une parfaite connaissance.

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La présente ferme faite et convenueentre les parties pour une durée de cinqannées qui commencent à courir à partir

de la Saint Michel 1794, àl'expiration du bail précédent.

Les preneurs devront biensoigner le dit moulin, manoeuvrer etcultiver les terres et prés en dépendant enbon père de famille, sans pouvoir y faire nicauser aucune dégradation; ils devrontpayer annuellement à la citoyenne Nouëlveuve Vieux Chatel, ou au citoyenCoroller, ou tout autre receveur, pour prixde la ferme la somme de 360 Livres endeux termes égaux, l'un le 1er avril, l'autreà la Saint Michel.

Les preneurs devront bienentretenir les fossés de terre, les toits enpaille" et les toits en ardoise en répara-tions locatives en pierres fait tantesseulement. Ils se feront rendre de même lemoulin par les héritiers de la dite Sauveurà leur sortie. A ce moment, il sera fait, àleurs frais, contradictoirement avec cesderniers et un préposé de la bailleuse, unnouveau renable des ustensiles, tournantset moulance du dit moulin, à l'effet de faireraison aux dits héritiers de l'excédent aumontant du dit renable, après distractionde la souche morte de 278 Livres 18 solsdont ils sont chargés au profit de la damebailleuse, aux fins du dernier renablerapporté par Hervé, notaire, le 22 sep-tembre et contrôlé le 12 octobre 1767.

Il sera de plus fourni auxpreneurs le bois nécessaire pour l'entretiendu dit moulin, les preneurs disposantégalement des bois oouraux et émondésqui se trouvent sur et autour des endroitsaffermés.

Au cas où quelques grosses répa-rations seraient nécessaires, ou autre casfortuit qui rendraient le moulin chômant, il

est convenu que les preneurs ne pourrontprétendre à tout autre dégrèvement qu'unediminution sur le prix du présent, àproportion du temps pendant lequel le ditmoulin sera hors d'état de moudre. Lespreneurs ne pourront en aucun cassubroger personne, pour le tout ni pourpartie, sans le consentement du procureurbailleur. Pour commission gracieuse, lespreneurs s'obligent à payer au procurateurune somme de 200 Livres payables en deuxtermes: 100 Livres le 1er octobre 1794 et100 Livres le 1er octobre 1795."

Ainsi Jean Pierre Piriou etsa femme prenaient la suite de OliveSauveur, veuve d'Yves Gabriel Piriou, quivenait de décéder. Le bail de 1784 avait étéconclu pour la somme de 450 Livres. En1770, Julien Le Dars était meunier auHenvez et payait 460 Livres de loyer;c'était le bail le plus élevé de tout lecanton. Le Henvez devait desservir unsecteur important s'étendant versMousterlin et le bourg de Fouesnant.

En 1786, Le Pelleter, venantdu moulin de Kerguinou en Saint- Yviavait remplacé Yves Bénéat au moulin deChef du Bois. Il devait en plus du loyer de270 Livres, fournir " 12 jeunes canardsmangeables et 12 jeunes forts poulets dansla saison qu'il voudra". Il avait la liberté defaire paître trois vaches sur les"montagnes" et frostages de la métairie deChef du Bois. Le bail indique que lamaison et le moulin étaient couverts depaille, ainsi que les crêches, mais quel'écurie adossée au pignon nord du moulinétait couverte d'ardoises.

En 1791, Turquet de Beauregard,faisant pour Cheffontaines, affermait àJoseph Henry père et fils et leurs épousesles deux moulins du Mur en Saint-Évarzec.

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L'acte spécifie "qu'ils ne pourront laisserpaître ni vaches ni moutons, mais seulementquatre chevaux pour le service de leursmoulins dans la grande taille du Mur; ne pour-ront ni pêcher, ni laisser pêcher avec filet, ni àla ligne sur le grand étang, ni y mettre duchanvre ni du lin à rouir".

Ici aussi on trouve des toits de paille etd'ardoises.

En 1769, au moulin de Créac'h Quétaet métairie de Ros an Glanvez, le bail dut êtrerésilié au bout de six mois, à la demande dumeunier qui ne pouvait payer: il dut céder auseigneur les semences faites, un cheval et uncochon, laisser sur place paille, foin, fumier, letout évalué à 127 Livres 10 sols. Transactionacceptée par le seigneur "par pure charité",selon les indications du notaire.

Quelques années plus tard, ThomasBriant de Les coat, demeurant à Quimperlé,loue à Louis Quittot et Marie Philippot, safemme, le même moulin de Creac'h Quéta etRos an Glanvez. Le meunier devra "aider lafermière de Creac'h Quéta à curer le grandruisseau dévalant du dit moulin au moulin duPont; il réparera la chaussée du dit moulin etpourra pour cela prendre des mottes de prairieà la queue de l'étang; pour le transport, ilpourra passer le bois, mais avec des brouettesseulement; il devra réparer les brèches faitesau cours du transport".

Parfois, comme dans le bail de Pen aLen, de petits détails sont mentionnés: "Les

preneurs s'obligent à ôter les verdures quiseront sur l'étang; la dame bailleuse fournirales engins nécessaires pour aller sur l'étang, etle four pour cuire le plâtre nécessaire pour ledit moulin… "

Le moulin de Bodigneau avait un bailparticulier, les vassaux s'étant groupés pouraffermer le moulin et répartir le montant duloyer, ainsi que l'indique le rôle établi par lenotaire Hervé :

" Rôle des cotisations fait sur lesvassaux et astreignables sujets aux moulins deBodigneau, pour parvenir au paiement du prixde la ferme, passé entre les dits vassaux et leseigneur Marquis de Cheffontaines le 15 etcontrôlé le 21 février dernier à Conarneau parle sieur Leduc auquel a été vaqué par lesoussigné Hervé requis pour le rapport enprésence des dits vassaux, à laquelle cotisationils ont procédé comme il suit, ce jour 1eroctobre 1769, l'après midi :

"Rôle des cotisations fait sur lesvassaux et astreignables sujets aux moulins deBodigneau pourparvenir au paiement du prixde la ferme, passé entre les dits vassaux et lrseigneur Marquis de Cheffontaines le 15 etcontrôlé le 21 février dernier à Concarneaupar le sieur Leduc auquel a été vaqué par lesoussigné Hervé requis pour le rapport enprésence des dits vassaux, à laquelle cotisationils ont procédé comme il suit, ce jour 1 eroctobre 1769, l’après-midi :

Rôle des cotisations sur les vassaux et astreignables des moulins de Bodigneau

En premier, paroisse de Clohars :

Jean Berrou, de Saint-Guénolé : 8 Livres 5 solsJoseph Nédélec, de Kervoac'h : 8 L 5sJean Goarin, de Kergarrec Bras: 8 L 5sFrançois Briec, de Kergarrec Huella : 3 L 10sMadeleine Rannou, de Kercadou : 2 L 5sGuillaume Le Nader, de Kerhal : 6 L Pierre Boloré et son métayer du dit lieu: 3 L 15sHervé Le Garédec, de Kernoac'h Huella : 6 L 15s

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Guillaume Jean, de Kernoac'h Izella : 6 L 10sFrançois Nédélec, de Keranmarec : 8 L 5sJ acob Berrou, de Keranbourdiec : 8 L 5sGuillaume Goarin, de Kerancren : 4 L Louis Daniélou, du bourg: 1 L Qui profite de Brominou Bras: 8 L Jean Hervé, du Cosquer : 8 L 8sGuillaume Nédélec, de Kerjégu : 7 L Toussaint Nédélec, du dit lieu: 8 L 10sJoachim Le Fol, de Pontesguen : 6 L 10sNoël Christien pour Kerandanidou et Kerangouic : 8 L Marie Berrou, du dit Kerandanidou : 2 L 10sGuillaume Caradec, de Minven : 5 L 5s

Paroisse de Perguet François Quilven, de Keramarec :

François Quilven, de Keramarec : 4 LYves Le Leuré, du Poulker : 4LLe métayer du dit lieu : 1 LJacob Clément, de Kerancren : 3 LJean Christien, du dit lieu : 3 LThomas Guillou, de Keranguiader : 8 LGuillaume Lahuec et consorts, de Talavern : 6 LAlain Cosquer, de Kersallé : 8 L

Paroisse de Fouesnant Charles Le Guen, de Lanrivoal :

Charles Le Guen, de Lanrivoal : 8 L 5sYves Le Goardet, du dit lieu : 8 L 5s

Le contenu du présent rôle s'est trouvé monter, sauf erreur au calcul, à la somme de 183Livres que les dits susnommés vassaux se sont obligés et s'obligent de payer tous les anspendant six ans consécutifs au dit seigneur Marquis de Cheffontaines. Ainsi fait et consentiaux issues du château de Bodigneau au rapport du soussigné Hervé". Seul le notaire Hervésigne, les autres ne sachant pas le faire.

Les assujettis du seigneur de Cheffontaines avaient trouvé là un procédé original leurpermettant de choisir leur meunier et sans doute d'éviter les abus.

Avant de prendre possession dumoulin, il fallait convenir du "renable",c'est-à-dire faire l'inventaire et évaluer lesdifférentes pièces du moulin. Ce n'était pastoujours chose facile, comme en témoignele renable ci -dessous :

Renable des moulins de Pen a Len "L'An 1793, An II de la RépubliqueFrançaise, le 2 octobre après midi, devant

les soussignés notaires de la cidevantsénéchausée de Concarneau annexée enpartie au district de Quimper, départementdu Finistère, ont comparu Jean Cogantdemeurant au moulin de Pen a Len en laparoisse de Fouesnant, d'une part, JosephHenry, moulinier entrant au moulin de Pena Len, demeurant au Moulin Blanc en laparoisse de Saint- Évarzec, paroisse dupetit Ergué d’autre part ;

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Petit Ergué, d'autre part; entre lesquellesparties est reconnu que le dit Henry avaitaffermé les moulins de Pen a Len, à lacharge de procéder à l'amiable au renabledes tournants, virators et moulants des ditsdeux moulins, avec tous leurs ustensiles ettout ce qui en dépend. Et pour l'exécutiondes dites conventions le dit Jean Caugantavait nommé comme expert FrançoisPhilippe, charpentier de moulin demeurantà Quimper, et le dit Henry désignantMathurin Nicolas, aussi charpentier de

moulin, demeurant à Fouesnant. Lesquelsont concuremment procédé au renable desdeux moulins. Mais n'ayant pu se conciliersur leurs estimations, les parties ontnommé entre elles, aimablement, pour seulet unique renableur Pierre Joseph Le Don,montageur du moulin de Pont an Cussent,paroisse de Beuzec Conq, qui en présencedes parties le requérant, et de leur consen-tement, a procédé au dit renable, le ditjour, comme suit :

En premier: le Moulin blancL'atrémy (sic, pour la trémie) 9 LivresLa civière et l'auge à grains, la traquette et le chapeau 8 L6 planches servant à couvrir le moulin 6 L4 pièces de cuvage, 4 bridages 36 LL'auge à farine avec son canal 3 LLes deux moulants 6 L5 pièces de plate-forme 10 LLe balancier et la "janan" sèche 4 L 10 SLa "janan" mouillée avec sa quenouille et son oreiller 4 L7 planches pour la cloison et la "sautrelle" 3 LLes 2 poutres de la plate forme, 6 pieds de long et 1 pied carré 12 LLe petit canal, 9 pieds 10 pouces 6 LLe grand canal, ayant 15 pieds de long 45 LLa meule dormante, ayant 8 pouces d'épaisseur,et 4 pieds 7 pouces de diamètre, à 15 L le pouce,après distraction de 4 pouces pour la charge, prisée 60 LLa meule tournante, ayant 11 pouces d'épaisseur,sur 4 pieds 7 lignes, distraction de 4 pouces pour la charge 120 L 10 SLa rue de dedans avec ses ustensiles et cuiller d'acier 72 LLa croix pesant 20 livres, le grand fer pesant 30 livres 130 L

Le moulin roux

L'entrimay estimé 6 LLa civière et l'auge à grain 6 LLes traquettes et chapeaux 1 L 10 S6 planches servant de couverture, 7 autres planches 9 L 10 S4 pièces de cuvage, 4 pièces de bridage et deux montants 30 LL'auge à farine et son canal 3 L23 pièces de plâtre de forme 23 L13 petites planches pour cloison et la cloison 3 L 5 S2 petites poutres de 12 pieds de long sur 1 pied de large 45 L

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La pièce dormante à 4 pieds 7 pouces de diamètre,8 pouces 1/2 d'épaisseur, à 13 livres le pouce, après distraction de 4 pouces pour la charge 58 L 10 SLa pièce tournante, 4 pieds 7 pouces sur 9 pouces, après distraction de 4 pouces pour les charges 65 LLes 2 pelles avec les écluses 24 LUn canal ayant 10 pieds de long 30 LLa croix pesant 24 livres à 2 L 10 s la livre 60 LLe grand fer pesant 48 livres à 2 L l0s la livre 100 LLes marteaux et autres ferrailles pesant 28 livres 56 LLa pirouette du moulin avec ses ustensiles 20 LUn grand câble pesant 48 livres, un petit pesant 34 livres 50 L 8 SLes grandes et petites poulies avec leurs ustensiles 24 LLa grande écluse avec sa cloison 24 L

Le total général des renables des deuxmoulins se monte à la somme de Mil vingtdeux Livres dix sols. Mais comme il setrouve enfin une écurie sur pilotis et autrespetites choses faites par le meunier sortant,qui ne sont point sujet au renable, ont étéd'avis les parties de porter le tout à la foisà la somme de 1.100 Livres pour laisser leschoses en l'état. Sur laquelle somme il aété convenu entre les parties qu'il resterait

celle de 165 Livres 18 sols 9 deniers duspar Joseph Henry, meunier entrant, poursouche mote au profit des héritiers de feuMadame Laxalde, conformément à laquittance du dernier renable du moulin du14 octobre 1777, au rapport de LePrédour, controlé le 17 du même mois...Fait et passé au rapport de Parquer, aubourg de Fouesnant, et qui seul signe, lesmeuniers ne sachant le faire. "

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Le montant des renables était trèsvariable. L'estimation des meules, enparticulier, dépendait de leur usure et desmatériaux : pierre de champagne, ou deRouen, ou silex. En 1807, au Moulin duPont, la meule tournante en pierre deChampagne ayant 152 cm de diamètre étaitévaluée 330 Francs, et la meule dormante495 F. La même année au moulin du Mur,la meule tournante est estimée 216 F etcelle dormante 240 F; à Lespont, la meuletournante est comptée pour 100 F et ladormante 137 F.

Les éléments des différents moulinssont en général identiques. On relèvecependant des particularités: A Lespont etau Mur," le grand et le petit chariot, lalanterne"; à Lespont, "5 marteaux à piquerle moulin, le croc, les ciseaux, la barre defer». Il fallait en effet, de temps en temps,repiquer les meules. C'était un travaildélicat et dangereux, en particulier pour lesmeules en silex: au préalable, on soulevaitla meule, puis on la faisait basculer. Cetravail était à refaire souvent, tous les huit

à quinze jours lorsque le moulin tournaitbeaucoup.

Le "moulin blanc" avait en généraldes meules en silex qui broyaient plus finle froment et le blé noir. Ce dernier, avantsa mouture, était étalé au grenier en couchede 5 cm et piétiné avec des sabots usés, à lasemelle bien plate. Au moulin, on le faisaitpasser dans un cylindre muni de brossespour le décortiquer.

Le réglage des meules se faisait aumoyen d'une vis qui soulevait oudescendait la meule tournante. C'était uneaffaire également délicate, car il ne fallaitpas que le grain passe trop vite, ni que lafarine chauffe, ce qui lui aurait enlevé desa qualité.

Le "moulin roux" avait des meulesen pierre de Champagne ou de Rouen. Onl'utilisait surtout pour moudre les alimentsdu bétail, travail représentant jusqu'à 800/0de l'activité meunière. L'avoine demandaitquelques préparatifs particuliers: elle étaitd'abord grillée au four, puis décortiquée enécartant les meules.

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Lorsque les meules étaient usées,un spécialiste s'installait à demeure pourtailler et assembler les blocs qui allaientformer la nouvelle meule. Ces blocs étaientscellés au plâtre et maintenus solidementpar un cerclage de fer. Au centre, uneouverture creusée dans un carré de granitlaissait passer le grain.

A l'extérieur du moulin, l'eauamenée par un petit canal se déversait dansles godets de la grande roue qui entraînaitles meules. Les godets étaientgénéralement en hêtre, mais le gros axe etles rayons en chêne. Les dents de la roueintérieure actionnant la meule étaient enbois de pommier ou d'acacia, ce dernier s'yprêtant bien par sa souplesse.

Le grain qu'on déversait dans lagrande trémie s'échappait lentement pourparvenir au centre de la meule. Un petitbalai de genêt permettait de régler le débit.Un second balai, fixé sur le pourtour de lameule, dirigeait la farine vers l'orifice parlequel elle se déversait dans un sac ou dansune auge. La mouture obtenue était livréeavec le son: c'est ensuite à la maison, avecdes tamis très fins en crin de cheval, qu'onobtenait la farine pour les usagesdomestiques.

Les meuniers autrefois formaientune corporation un peu particulière,classée, comme celle des tailleurs, dansune catégorie méprisée. Les paysans seplaignaient souvent des abus qu'ilsconstataient dans le prélèvement effectuépour le prix de la moute. Pourtant, dans lecanton de Fouesnant, les inventaires aprèsdécès ne révèlent, dans les meilleurs descas, qu'une situation équivalente à celled'un paysan moyen. Un seul meunier,

Louis Sauveur, de Pen a Len, parvenait àprêter un peu d'argent à ses voisins ou à safamille. Il semble que beaucoup arrivaientpéniblement à payer leur loyer et entretenirleur foyer: ils devaient, tout en tenant lemoulin, exploiter quelques terres auvoisinage, comme à Creac'h Quéta, auPlessix, au Henvez...

Le moulin de Kergador nous paraîtcependant une exception. En 1753, lemeunier Pierre Cozic ayant disparu depuis18 ans, on mit les scellés sur le moulinaprès avoir fait l'inventaire: une petite tableservant à mettre le pain, une équerre de lit"avec son accoutrement", 2 draps, unecouette, traversin et hardes, le tout évalué 6Livres. Après la mort de sa veuveCatherine Bolloré en 1770, la vente s'élevaà 42 Livres. En 1778, le moulin avec sontournant était évalué 167 Livres,l'ensemble avec la maison et 9 cordes deterre 404 Livres, une somme dérisoire.

Le meunier de Kergoat, peut-êtrepour meubler ses moments creux, maissans doute aussi pour arrondir ses revenus,était forgeron à ses heures. A sa mort, sonattirail fut estimé 180 Livres.

Les meuniers veillaient à ce quetous les paysans astreints à leur moulin leursoient fidèles: nous avons exposé dans unprécédent numéro de "Foen Izella" (No 10,p. 13) qu'une vingtaine de paysans avaientété lourdement condamnés pour avoirdéserté le moulin auquel ils étaientassujettis.

Il arrivait qu'un meunier tolère unedérogation à cette obligation contre leversement d'une petite redevance : c'estainsi que Pierre Ledan, de Moulin Coz,autorise Christophe Balnois à faire moudreson grain où bon lui semble, mais il lui encoûtera 15 Livres par an.

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Les moulins à eau ont peu à peudisparu, ne pouvant lutter contre les grandsmonopoles (les Grands Moulins de Paris)et les fabriquants d'aliments pour le bétail.La guerre de 39-45 leur a donné un regaind'activité temporaire, mais dès la fin deshostilités leur tic-tac s'est éteintinexorablement.

Le dernier a avoir tourné dans lecanton est probablement celui de Chef du

Bois. Mathieu Quéméré qui en fut lemeunier jusqu'en 1968 a entrepris de leremettre en état. Nous avons pu, en sacompagnie, visiter le moulin dont une desmeules est déjà en état de marche.

Dès l'ouverture de la vanne, lagrande roue à godets s'est mise à tourner,entraînant la meule: dans un cadre demeuréintact, il nous a semblé plonger dans uneépoque révolue, que le maître des lieuxévoquait avec une certaine nostalgie ...

Au moulin de Chef du Bois, en cours de restauration (1991)On distingue à droite la vis qui permet de régler l'écartement des meules et une partie ducerclage en fer de la meule tournante. La trémie n'est pas encore posée au-dessU8 de celle-ci.Au-dessous, la roue dentée en prise avec la roue extérieure à godets. Tout est en bois, ycompris les engrenages.

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Action entreprise pour lutter contre les abus dont les meuniers

étaient soupçonnés.

Le 4 septembre 1769 était publiéeune ordonnance par laquelle la séné-chaussée de Concarneau semblait décidée àrépondre aux souhaits de la population, quise plaignait de la trop grande liberté laisséeaux meuniers pour se faire payer le prix dela mouture. Il était enjoint, sans exception,aux meuniers de ce ressort de se conformeraux usages, et d'avoir des poids et desbalances réglementaires, "bien en vue, enun lieu éminent de leur moulin". Ceux quine se conformeraient pas au règlementseraient passibles d'une amende.

Le meunier de Kergoat fut lepremier à se mettre en règle :

"Par devant nous écuyer AntoineDulaurens, Sénéchal de Concarneau, etMathieu Joseph Jean Poupon, avocatsubstitut du Procureur général du Roy, a,ce jour 19 septembre 1769, comparu RenéLe Roy, fermier du moulin de Kergoat enla paroisse de Clohars et y demeurant,lequel nous a déclaré que pour seconformer aux arrêts et réglements de lacour et à ses jugements et pour se mettreen règle vis à vis des astreignables sujetsau dit moulin, éviter de leur faire aucunmotif de plainte des pertes qu'ilspourraient alléguer sur leur mouture, cequi pourrait être prétexte à querelle... il adécidé de nous présenter, pour procéder àla vérification, à l'examen et à lacomposition, les poids et balances de sonmoulin.

Attendu que notre greffe se trouvedépourvu de poids et balances jauges, nousnous sommes rendus chez le sieur Bodillio,négociant en cette ville, où à notreconnaissance se trouvent des poids justeset marqués, afin de contrôler les poids etbalances du dit Le Roy, que nous avons faittransporter.

Le dit Le Roy nous a présenté unpoids de fer avec son anneau, duquel ilentend se servir et qui devait peser 50livres. Nous l'avons placé dans l'un desplateaux de la balance et vis à vis un poidsde 50 livres appartenant au sieur Bodillio,et avons constaté qu'au poids présenté parle sieur Le Roy il manquait 10 onces. Nousavons vérifié pareillement deux autrespoids de 50 livres: à l'un il manquait 8onces, et à l'autre 6 onces. Au poids de 25livres il manquait un quarteron, à celui de10 livres en plomb il manquait une once.Le poids de 5 livres fut trouvé juste; àchacun des poids de deux livres ilmanquait une demi once, les deux poidsd'une livre furent trouvés justes. Onprocéda ensuite à une coulée de plombcorrespondant au manque constaté, etaprès vérification tous les poids serévélèrent justes.

Nous avons ensuite examiné lesfléaux en bois de la balance présentée parle dit Le Roy et l'avons trouvée assez juste,attendu leur qualité, et pour plus grandeauthenticité, sur le milieu du balancieravons imprimé au fer chaud une fleur delys et "Sénéchaussée de Conrorneau " enabrégé. Avons dit au sieur Le Royd'exposer en un lieu éminent de son moulinla balance et les poids pour être vus parles sujets destreignables afin de requérir àvolonté l'apprécis de leurs grains etfarines, qui ne pourra leur être refusé.Défense est faite au sieur Le Roy de seservir d'autres poids et balance que ceuxvérifiés.

Pour que les sujets destreignablesne puissent prétendre ignorer l'ordonnancedu dit Le Roy, celui-ci fera juridiquementsavoir un dimanche à la sortie de la messe,l'établissement des poids et balance réglésen son dit moulin."

La vérification a coûté 10 Livres.

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La commission attendit vainementles autres meuniers; René Le Roy fut leseul à se mettre en règle. Devant cettesituation, une information plus rapprochéedes meuniers fut décidée. GuillaumeJoseph Ramon, sergent royal de laSénéchaussée de Concarneau, "à la requêtede Mr le Substitut de Mr le Procureurgénéral du Roy, en vertu de l'ordonnancedu 4 septembre 1769 qui ordonne à toutmeunier d'avoir, dans le mois, des poids etbalances bien et duement réglés etétalonnés, bien exposés dans leur moulin",s'est rendu au bourg de Saint-Évarzec le 19octobre et le 22 du dit mois, les 12 et 19novembre aux bourgs de Gouesnac'h,Perguet et Locamand et après la grand-messe "à haute et intelligible voix, tant enfrançais qu'en breton, a publié et affiché ladite ordonnance, afin que personne sousprétexte d'ignorance ne puisse refuser dedéférer aux sommations et aux peines quien dérouleront. "

Fouesnant et Pleuven furent visitésle 5 novembre par Maître Chacun, huissier.

Mais toutes ces démarches nefurent suivies d'aucun effet, aucun meunierne se déplaça. Aussi la Sénéchausséedécida de réagir énergiquement: la diatribequi suit en est un témoignage (on enremarquera le style particulièrementemphatique).

A Messieurs les juges de la Sénéchausséede Concarneau

" Remontre noble Me Mathieu JeanJacques Poupon, avocat au Parlement deParis et substitut de Mr le Procureurgénéral, s'expédiant d'office, que la misèredes choses actuelles est si grande, la

disette des grains si forte qu'on ne sauraittrop tôt découvrir et approfondir assez lacalamité dont se trouvent accablés tantriches que pauvres. Oui, messieurs, lasituation de tous les habitants desparoisses sous notre ressort est presque àson comble, puisque tous ensemblegémissent sous des pouvoirs terribles, sousdes abus invétérés et inventés même avectoute l'astuce possible. Et comment, mes-sieurs, y pourvoir, comment faut-il y porterremède, comment pourra-t-on remonterjusqu'à la source et déraciner le mal ?

Une chose, messieurs, nous sembleà cet effet unique pour réussir à fairerentrer très efficacement le tout dansl'ordre et cette chose, simple en son espècequoique des plus importantes, est de faireexécuter la loi.

Messieurs, les seuls meuniersdepuis trop longtemps osent fronderimpunément les lois qui leur sontprescrites et sont la plupart d'entre euxsans poids et sans balances et profitent decette irrégularité énorme pour étancherleur soif pour assouvir leur passion infâmeet perpétuer leur scélérate habitude deprendre sans nulle certitude des grains enleur moulin et de les rendre en farine aprèsen avoir pris, sans doute avec leurs deuxmains, ce que bon leur semble et qui porteselon les cris des particuliersordinairement au double de leur dû,quelquefois au triple et au delà.

Avec une prévarication si funeste,messieurs, à toute l'espèce humaine de, cecanton, et à une contraventwn siformelle etqui lui devient tant onéreuse, il nousincombe fort de ne point nous assoupir età ces causes :

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vous plaise, Messieurs, ayant égard à toutce que dessus, de fixer le jour pourdescendre en tous les moulins situés dansles paroisses de Beuzec-Conq, Lanriec,

Saint-Évarzec, Goenac'h, Pleven, Cloar,Perguet, Fouesnant, LocAmand, et yvérifier l'état des poids et balances, et endresser procès-verbal..."

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Le 6 mai 1770, AnthoineDulamens, sénéchal, Mathieu Poupon,substitut du procureur, Mathieu LeTreffou, commissaire juré régisseur ,répondant aux ordres de Maître JeanFrançois Ramon, " considérant que lesmeuniers ont poussé l'opiniâtreté àcontinuer leur réfraction aux réglements etconsidérablement augmenté leur pillage, etne voyant d'autre moyen que de

constater par nous-mêmesl'inobservation des réglements, nousnous sommes transportés premièrement aumoulin du Moros en la paroisse deLanriec, et occupé par Jérôme Ollivier, ledit moulin ayant deux tournants. Parlantau dit Ollivier, lui avons déclaré les motifsde notre mission. En conséquence l'avonsinterpellé de nous faire voir les poids et lesbalances qu'il doit avoir conformément auxréglements, pour peser les différents grainsqui sont moulus au public. A laquelleinterpellation il nous a répondu n'avoirjamais eu de poids ni de balance. Ayantexaminé des yeux le dit moulin, n'avonseffectivement aperçu ni poids ni balance,ni traces qu'il yen eût jamais. Interpellé denous dire comment il peut fixer juste lesdroits de moute à lui attribués, il nous arépondu qu'il est d'usage, comme dans tousles autres moulins, de n'avoir qu'uneécuelle qu'il nous a montrée, avec laquelleil prend le montant de ses droits. Lui avonsreprésenté qu'il est en contravention avecle réglement et qu'il est passible d'uneamende pour une conduite aussiirrégulière. Requis de signer la déclara-tion, a déclaré ne savoir écrire".

La commission va ensuite visitertous les moulins de la sénéchaussée, etdans l'ensemble la réponse des meuniersest la même que celle de Jérôme Ollivier.Le rapport est cependant intéressant, car ilnous indique le nom du meunier, le

nombre de tournants, le montant du bail.

Liste des moulinsdu canton en 1770

De toute cette liste, (voir pagesuivante) les seuls à pouvoir satisfaire à lacuriosité de la commission furent :Mathurin Le Gall du moulin du Buis, quidéclara qu’il avait des poids, mais qu'il lesavait prêtés, et fit voir un fléau de fersuspendu; Yves Piriou, de Pen a Lenmontra de mauvais poids et une mauvaisebalance; René Le Roy, de Kergoat, tenditle certificat qui lui avait été délivré àConcarneau et déclara que ses poidsservaient aussi au moulin d'en-haut : lacommission s’en montra satisfaite.

Ces visites de moulins s'effectuè-rent dans la seconde quinzaine de mai1770, mais les meuniers montrèrent peud’empressement à se mettre en règle. Cen’est qu'en décembre qu'ils jugèrent plusprudent d’obtempérer, sans doute menacésde sanctions plus graves.

Le premier qui se présenta aucontrôle à Concarneau, le 15 décembre, futQuénéhervé, du Moulin du Bois. Il futprocédé au contrôle de la même façon quepour René Le Roy: tous les poids serévélèrent justes, ainsi que la balance quifut donc estampillée d’une fleur de lys etde la marque de la sénéchaussée.

Curieusement, tous les poids etbalances des autres meuniers se révélèrentégalement justes. Les séries de poidsprésentés étaient en général uniformes: 50,25, 12, 3, 2, et 1 livres, ce qui laissesupposer qu'une même série aurait puservir à plusieurs meuniers, lesprésentations n’ayant pas lieu le mêmejour. Joseph Le Gouic, de Trévidiern(Locamand), avait la série la pluscomplète ;

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: 50, 25, 12, 6, 4, 3, 2, 1, et 1/2 livres.Kergador, Le Plessix et Pen an Coatavaient des poids de 6, Pen a Len un poids

de 60. Le moulin à vent de Bénodetprésenta une série particulière : 71, 32, 17,2 et 1 livres.

Les moulins du canton de Fouesnant en 1770

Moulins Meuniers Bail TournantsChef du Bois Jacques Braban 210 L 2Moulin Coz Laurent Coupé 150 L 2Penanster Pierre Poissard 280 L 2Moulin du Stang Guillaume Le Mestre 90 L 1Moulin du Buis Mathurin Le GaI 93 L 1Pen à Len Yves Piriou 220 L 2Penfoulic Eloy Troalen 120 L 1Moulin du Bois François Quénéhervé 154 L 1Henvez Germain Le Dars 460 L 1Kergourant Yves Le Moenner 78 L 2Keraven Jean Le Gac 90 L 1Bodigno (2 moulins) Yves Le Mao 165 L 1+1Kerandraon Jean Perrot 120 L 1Kerguilly Hervé Le Guen 90 L 1Kervransel Alain Ollivier 156 L 1Moustoir Joseph Livinec 156 LMoulin du Mur Gabriel Piriou 200 L 1Moulin Blanc François Piriou 1Moulin du Dréau Jean Guillou 150 L 1Poul an Caret (?) Guy Le Cam 120 L 2Creac'h Quéta Joseph Le Galoudec 210 L 1Moulin du Pont Louis Le Mao 300 L 1Bénodet (Moulin à vent) Henri Le G aro 60 L 1Lespont Jacob Le Dars 120 L 1Kergador Noël Bolloré 1Plessix Guillaume Le Héloret 1Coat Clévarec Jacques Le Guillou 120 L 1Kersaluden Marie PerotCreac'han Duc (Locamand) Gérôme LivinecM. du Prieuré (Locamand) Sylvestre Haré 150 L 2Moulin du Len Henri Perrault 1Trévidiern Joseph Le GouicKergoat d'en bas René Le Roy 400 L 1 d'en haut id 1

Les meuniers se servirent-ilsdavantage de leurs poids et balances ? Onpeut en douter, car vingt ans après, lescahiers de doléances du cantondemandèrent" la suppression du droit demoute de manière que chacun puisse faire

moudre son blé dans les moulins que bonlui semblera, comme étant grevé par lesmeuniers qui emportent jusqu'au quart etmême au tiers du blé qu'on leur porte àmoudre, au lieu du seizième qui leur estdu".

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