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MUSÉE DE LA CIVILISATION CELTIQUE

MUSÉE DE LA CIVILISATION CELTIQUE · et tout spécialement Jean-Paul Guillaumet, directeur de recherche au CNRS, UMR 5594, Dijon livret édité à l’occasion de l’exposition

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Page 1: MUSÉE DE LA CIVILISATION CELTIQUE · et tout spécialement Jean-Paul Guillaumet, directeur de recherche au CNRS, UMR 5594, Dijon livret édité à l’occasion de l’exposition

MUSÉE DE LA CIVILISATION CELTIQUE

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Cette exposition a été produite par BIBRACTEChefs de projet : Vincent Guichard, Françoise PaquelotCoordination technique : Jacques Gorlier, Dominique LacosteScénographie : Patrick Bidot (Beaune)Graphisme : Les Pistoleros (Dijon)Documentation : Gérard BatailleAménagement de l’espace : Gérard Blanchot, Bruno Caré, Bernard Duquy-Nicoud, Noël Doreau, Pascal Guillemoz, Jean-Pierre Mongouachon, Claude SainjonFabrication graphique : Dicolor (Dijon), En Apparence (Villemomble)Création sonore : Pascal Dores et Metalovoice (Nevers) avec la voix de Rudy MoraësLumières : Hérissons Prod. (Blanzy)Photographie des objets : Antoine MaillierDessins : Daniel BeucherLivret de l’exposition : Gérard Bataille, Daniel Beucher, Myriam GiudicelliSerrurerie : Profil Scène (Perreuil)Verrerie : Prior (Montcenis)Secrétariat : Patricia Lepaul

L’exposition a bénéficié des prêts des institutions suivantes :Musée Rolin, AutunMusée Schwab, Bienne, SuisseHerman Ottó Múzeum, Miskolc, HongrieMusée Denon, Chalon-sur-SaôneMusée municipal, Châlons-en-ChampagneService régional de l’Archéologie de Champagne-Ardennes, Châlons-en-ChampagneMusée Vivenel, CompiègneRegionální muzeum, Kolín, République tchèqueNordico-Museum, Linz, AutricheInstitut archéologique, Nitra, SlovaquieAG Vor- und Frühgeschichte Oberursel, Allemagne

BIBRACTE remercie les personnes suivantes pour leur collaboration :Bruno Bell, restaurateur d’objets archéologiquesMadeleine Betschart, conservatrice du musée Schwab, BienneEric Blanchegorge, conservateur du musée Vivenel, CompiègneLouis Bonnamour, conservateur au musée Denon, Chalon-sur-SaôneSophie Desenne, chercheur à l’Institut national de recherches archéologiques préventives, MetzCarole et Georges Diard, Saint-CloudGilbert Kaenel, directeur du musée cantonal, Lausanne (Suisse)Brigitte Maurice-Chabard, conservatrice du musée Rolin, AutunKarol Pieta, chercheur à l’Institut d’archéologie de Nitra (Slovaquie)André Rapin, président de l’Institut de restauration et de recherches archéologiques et paléométallurgiques, CompiègneKarl-F. Rittershofer, chercheur à la Römisch-Germanische Kommission, Francfort (Allemagne)Erwin Ruprechtsberger, conservateur du Nordico-Museum, Linz (Autriche)Alexander Ruttkay, directeur de l’Institut d’archéologie de Nitra (Slovaquie)Pavel Sankot, conservateur au musée de Bohême centrale, Roztoky (République tchèque)Valérie Schidlowsky, conservateur du musée municipal, Châlons-en-ChampagneMiklós Szabó, professeur à l’Université Eötvös Lorand, Budapest (Hongrie)Otto-H. Urban, professeur à l’université de Vienne (Autriche)Jarmila Valentová, conservatrice du musée de Kolín (République tchèque)et tout spécialement Jean-Paul Guillaumet, directeur de recherche au CNRS, UMR 5594, Dijon

l i vret édité à l ’occas ion de l ’expos i t ion temporaire présentée au Musée de la Civ i l i sat ion Celt ique durant la sa ison est iva le 2003

Crédit photo : BIBRACTE A. Maillier, sauf mention contraire :P. 12 bas : K. Pieta (inst. arch. de Nitra) ; p. 17 haut : O.-H. Urban (univ. Vienne) ; p. 17 bas : O. Chrstos (univ. Vienne) ; p. 19, p. 20 : K. Pieta ; p. 21 gauche : O. Nilesse (Inrap) ; p. 25 : Recherches d’archéologie aérienne René Goguey.

Premier élément date et référence bibliographiqueExposition 2003 : Forgerons et ferrailleurs : fer et savoir faire à l’époque celtique, livret accompagnant l’exposition. Glux-en-Glenne : Bibracte, 2003.

Diffusion : BIBRACTE–Centre archéologique européen. F – 58370 Glux-en-Glenne© 2003 : BIBRACTEISBN : 2-909668-34-7

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« Qui plus est, le forgeron crée les armes des héros .Il ne s’agit pas seulement de leur fabrication matérielle

mais de la “magie” dont elles sont investies ;c’est l’ar t mystérieux du forgeron qui les transforme en outils magiques . »

Mircea Eliade

L’époque gauloise ou celtique, qui couvre les cinq derniers siècles avant la naissance du Christ, est aussi appelée second âge du Fer. Cette période voit en effet un grand développement de l’usage du fer, dans le domaine de l’armement, de l’outillage et aussi de la parure vestimentaire.Les objets en fer sont donc une source importante d’information pour l’archéologue qui étudie cette période. Pourtant, ils ont été longtemps négligés en raison de la rouille qui les masque généralement après un séjour de 2 000 ans dans le sol.Aujourd’hui, ces objets sont soumis à des restaurations minutieuses, qui révèlent chaque jour un peu plus la diversité des usages du métal et l’adresse des artisans celtes. Cette exposition veut témoigner de cette diversité et de cette adresse.De son acquisition, à partir de minerai, jusqu’à son rejet ou son dépôt volontaire dans le sol, l’objet en fer passe de mains en mains, du mineur au forgeron, du forgeron à un utilisateur, qui pourra le réparer ou le céder à un ferrailleur… L’exposition essaie de restituer cet itinéraire. Ceci amène à s’interroger sur la valeur économique et symbolique du métal et sur l’échelle de son utilisation par les Celtes.

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Âge du Fer, âge de fer

En l’absence de documents écrits, la chronologie des périodes préhis-toriques doit se fonder sur d’autres bases. L’innovation technologique est la plus évidente de ces bases, ce qui explique qu’elle a servi à bâtir les premières grandes subdi-visions : âge de la Pierre, âge du Bronze, âge du Fer. Logiquement, le fer, dont l’acquisition est plus difficile, apparaît un à deux millé-naires après le travail du cuivre et de ses alliages.Cette théorie des trois Âges fondée sur la typologie des objets, permet, par classement et comparaison, de déterminer une chronologie relative. Ce qui nous paraît aujourd’hui une évidence est une convention vieille de moins de deux siècles. Elle est due à Christian Jurgensen Thomsen (1788-1865), conservateur du musée des Antiquités du Danemark.

Âge du Fer, âge de feu

C’est par l’observation, l’ingéniosité et surtout par l’expérimentation achar-née et méthodique, que les hommes ont peu à peu conquis les métaux. Presque aussi vitaux que les aliments, l’eau et les matières premières éner-gétiques, leur rôle dans l’histoire des peuples, de leurs industries et de leurs cultures n’a cessé de s’amplifier depuis 10 000 ans.Les plus anciennes découvertes d’ob-jets en fer remontent à plus de 5 000 ans, bien avant le début de l’âge du Fer, en Mésopotamie et en Égypte. Il s’agit de perles fabriquées avec du fer natif provenant de météorites et tra-vaillées comme des objets en pierre.La production du métal par fusion d’un minerai marque une étape importante dans le développement des civilisations. Cette découverte provient sans doute de l’observation d’éruptions volcaniques. C’est en tout cas la maîtrise du feu et du four à haute température qui permet aux peuples de l’Antiquité de faire leurs pre-miers pas en métallurgie.La production de fer dont la fusion est beaucoup plus difficile que celles du cuivre ou des métaux précieux corres-pond donc à une étape ultérieure du développement technologique. Les qua-lités métalliques de ce métal (dureté et souplesse) font qu’il s’impose très vite et qu’il produit un très fort impact économique, culturel et environnemental sur les sociétés qui l’adoptent.

Mécaniquement bon,mais chimiquement instableLe fer a des qualités mécaniques meilleures que le cuivre, l’or ou l’argent. Il est en effet plus dur. Il fond à une température nettement plus élevée que ces autres métaux : 1 535°. On le travaille à chaud (forge) par déforma-tion plastique entre 900° et 1 400°, température à laquelle on le soude. Ses qualités peuvent en outre être modifiées par ajout de carbone (ce qui le rend encore plus dur) ou par des traitements mécaniques et ther-miques particuliers (corroyage, trem-pe, cémentation…).C’est l’élément chimique le plus abon-dant de notre planète, mais il s’oxyde bien plus facilement que le cuivre. Ceci explique qu’on le trouve surtout dans la nature associé à l’oxygène (magnétite Fe304, hématite Fe203, Goethite FeO[OH]) ou au soufre (Pyrite FeS, etc.). L’adjonction de nic-kel ou de chrome atténue les effets de la rouille (oxydation), mais ce pro-cédé était inconnu dans l’Antiquité.

Voyage dans le temps

Chronologie comparée de l'apparition de la sidérurgie à travers le monde

Dès le ve millénaire avant J.-C., métallurgie du cuivre en Europe du Sud-Est (mines de Rudna Glava en Yougoslavie).

Aux viie et vie millénaires avant J.-C., début de l'âge du cuivre en Anatolie.

Au milieu du iie millénaire avant J.-C., développement de la sidérurgie en Anatolie (invention hittite ?).

Au xiie siècle avant J.-C., développement de la sidérurgie autour de la mer Egée et en Palestine.

Au début du ier millénaire avant J.-C., production volontaire d'acier par cémentation en Grèce. Développement progressif de la sidérurgie dans toutes les civilisations méditéranéennes.

À la fin du iiie millénaire avant J.-C. généralisation de la métallurgie du bronze dans toute l'Europe.

Au milieu du iie millénaire avant J.-C., débuts de la sidérurgie en Europe orientale.

Métallurgie du cuivre et du bronze

Obtention du fer par le procédé de réduction

directe du minerai dans un four de petite

dimension (bas fourneau)

Obtention du fer par le procédé de réduction

indirecte, à partir de la fonte, dans un grand four

(haut fourneau)

À partir du viiie siècle avant J.-C., civilisation du premier âge du Fer ou de Hallstatt, en Europe centrale et occidentale. Utilisation du fer pour des objets de prestige et des armes.

À partir du ve siècle avant J.-C., civilisation gauloise du second âge du Fer ou de La Tène en Europe centrale et occidentale. Généralisation de l'utilisation du fer dans toutes les activités de la société.

Vers la fin du ve millénaire avant J.-C., début de la métallurgie du cuivre en Iran.

Vers 2 600 avant J.-C., début de la métallurgie du bronze (civilisation de Suse II et III).

Entre les xie et xiiie siècles, apparition des roues hydrauliques, qui permettent d'entraîner de lourdes machines (martinets) pour affiner et mettre en forme le métal. Apparition des hauts fourneaux et de la fonte.

1450 : à Liège, premières coulées de fonte régulières, ce qui marque le début de la sidérurgie moderne.

À partir du début du ier millénaire avant J.-C., généralisation de la sidérurgie en Mésopotamie.

Moyen-OrientBassin méditerranéen orientalEurope

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Un matériau abondantmais difficile à extraireLe fer métallique a des qualités méca-niques (dureté, souplesse) qui per-mettent de fabriquer des outils et des armes bien plus efficaces que le cuivre et ses alliages. Mais il est difficile de l’extraire de ses minerais.

À l’état naturel, il se trouve surtout associé à l’oxygène (oxydes) et au soufre (sulfures). Le fer métallique (ou natif) est bien plus rare : c’est le fer des météorites. Les artisans de Bibracte, par exemple, pouvaient se procurer le minerai en abondance sur les bordures sédimentaires du pour-tour du Morvan, voire au sein même du Massif.

À l’époque celtique, l’extraction est faite sur le lieu d’exploitation du mine-rai, au moyen de bas-fourneaux qui permettent la production de fer métal-lique par le procédé dit direct, qui n’oblige pas à porter le minerai à la température de fusion du fer très éle-vée. Le métal est ensuite commercialisé sous forme de barres de différentes for-mes ou lopins.

Tout redeviendra oxyde

Sitôt abandonné aux intempéries, l’ob-jet en fer commence à se transformer en oxyde, c’est-à-dire à rouiller. Enfoui dans le sol pendant plusieurs siècles, il se recouvre progressivement d’une gangue qui en masque la forme. Sauf lorsque le milieu d’enfouissement est exempt d’oxygène libre, comme dans les dépôts vaseux des fonds de riviè-re, ce qui explique l’état de conserva-tion exceptionnel des objets trouvés dans la Saône et sur le site de La Tène.L’objet en fer extrait sur une fouille archéologique est donc habituellement peu spectaculaire et impossible à identifier sans un minutieux travail de restauration ou sans des radiogra-phies dont les rayons X sont moins facilement absorbés par la gangue d’oxydes que par le métal resté sain.Pour cette raison, les objets en fer ont très longtemps été négligés et relégués dans les réserves des musées où leur oxydation se poursuivait sage-ment.Il n’y a guère plus d’un quart de siècle que l’on a reconnu l’immense potentiel archéologique de ces objets, notam-ment pour l’époque celtique, et que l’on a créé des laboratoires de restau-ration spécialisés.

Tout sur le fer

Au iie millénaire avant J.-C., premières traces de la métallurgie du cuivre et du bronze en Afrique du Nord.

Chronologie comparée de l'apparition de la sidérurgie à travers le monde

Extrême-OrientVers la fin du ve millénaire avant J.-C., début de la métallurgie du cuivre en Iran.

Vers 2 600 avant J.-C., début de la métallurgie du bronze (civilisation de Suse II et III).

Vers 2 700 avant J.-C., début de la métallurgie du cuivre en Égypte (Ancien Empire).

À partir du début du ier millénaire avant J.-C., développement de la sidérurgie en Égypte.

Au viie siècle avant J.-C., apparition de la sidérurgie en Afrique sub-saharienne (Niger).

Au ive millénaire avant J.-C., apparition de la métallurgie du cuivre en Amérique centrale.

Au ier millénaire avant J.-C., généralisation de la métallurgie du cuivre en Amérique centrale et du Sud.

En 1492, la sidérurgie est introduite en Amérique par les conquérants européens.

À partir du début du ier millénaire avant J.-C., généralisation de la sidérurgie en Mésopotamie.

Au début du iie millénaire avant J.-C., début de l'âge du Bronze (dynastie Shang).

Au viiie siècle avant J.-C., premiers objets en fer (poignards à poignée en cuivre).

Au vie siècle avant J.-C., invention de la fonte, ce qui permet l'obtention d'acier par le procédé indirect deux mille ans avant le reste du monde. Très rapidement, cette industrie se voit renforcée par l'invention de mécanismes hydrauliques.

Afrique AmériquesMoyen-Orient

Anneau de suspension d’épée (détail). La Tène, iie siècle avant J.-C.Musée Schwab, Bienne (Suisse).

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La diversité des productions des forgerons celtiquesLe fer est initialement réservé à des utilisations prestigieuses, qu’il s’agisse d’armes ou de parures ves-timentaires.Jusqu’au ier siècle avant J.-C., les objets en fer sont de plus en plus fréquents sur les sites archéologi-ques du monde celtique. Cette omni-présence s’accompagne d’une diversité croissante des usages du métal. C’est le matériau privilégié de l’outillage, qu’il soit agricole ou artisanal, pour le charpentier comme pour le chirurgien.Il est devenu indispensable pour le transport, équipant les chevaux et participant à la construction des chariots. Il apparaît aussi en masse dans le domaine domestique, pour les ustensiles de cuisine et sous forme de petite quincaillerie. Il reste même prisé pour la parure, sous forme d’agrafes de vêtements (fibu-les).Cette diversification des fabrica-tions suppose une spécialisation accrue des forgerons, qui deviennent taillandiers, serruriers, ferronniers, bijoutiers, dinandiers ou cloutiers.

Exploiter les ressources naturellesDeux objets très fréquents dans les dépôts votifs de l’époque celtique sont symptomatiques de l’intensité de l’ex-ploitation des ressources agraires : le soc d’araire et la faux. La faux permet de stocker pour l’hiver le fourrage nécessaire à l’entretien du bétail et, par là, d’entretenir des animaux de trait – surtout des bœufs –, utilisés pour tirer des chariots ou tracter un araire. Armée de son soc en fer, celle-ci permet aux agriculteurs de labourer plus efficacement et plus rapidement.Ces outils permettent une véritable révolution agricole. Celle-ci modèle un nouveau paysage, très ouvert, alter-nant parcelles cultivées et prairies de fauche. Elle rend possible un dévelop-pement démographique important, qui aboutira à la création d’agglomérations aux iie et ier siècles avant J.-C.De la même manière, l’exploitation des ressources minières est fortement dynamisée par la généralisation d’outils en fer qui permettent d’atta-quer la pierre.

Travailler et transformer les matériauxLes Celtes travaillent toutes sortes de matériaux (pierre, métaux, cuir, corne, os, textiles…), mais leur matériau de prédilection reste le bois, comme le montre la grande diversité des outils qui lui sont destinés (haches, hermi-nettes, ciseaux, gouges, scies). Bien souvent, la forme des outils, simple et parfaitement adaptée à une fonction précise, est restée inchangée jusqu’à nos jours.De l'abattage du bois à l'ébénisterie, le bois est travaillé pour une grande diversité d'usages : ossature des rem-parts (aux assemblages rudimentaires), structure porteuse et charpente des édi-fices (aux assemblages plus savants), planches et tuiles pour habiller les murs et les toitures, roues et caisses de chars, vaisselle en bois tourné…Chaque artisan utilise un assemblage d'outils adapté à son travail. Aussi, l'archéologue recherche dans les ate-liers les séries d'outils révélatrices d'une chaîne opératoire et donc d'un métier particulier.

Le grand inventaire

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Dépôt formé de huit faux et d’une pierre à affûter.Oppidum d’Heidetränk, iie-ier siècles avant J.-C.AG Vor- und Frühgeschichte Oberursel, Oberursel (Allemagne).

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Chaudron en tôle de bronze et en fer (détail). La Tène, iie siècle avant J.-C.Musée Schwab, Bienne (Suisse).

Un porte-broche et deux broches à rôtir. Découvertes de la Saône, iie-ier siècles avant J.-C.Musée Denon, Chalon-sur-Saône.

Extrémité de broche en forme de tête d’oiseau (détail).Découverte de la Saône, iie-ier siècles avant J.-C.Musée Denon, Chalon-sur-Saône.

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Landier à décoration en forme de tête de taureau (détail).Découverte de la Saône, iie-ier siècles avant J.-C.

Collection particulière.

Outils de métallurgiste : marteaux, pinces et enclume.Oppidum d’Heidetränk, iie-ier siècles avant J.-C.AG Vor- und Frühgeschichte Oberursel, Oberursel (Allemagne).

Ustensiles culinaires : chaudron, couteau, louche, tisonnier.La Tène, la Saône et Bibracte, iie-ier siècles avant J.-C.Musée Schwab, Bienne (Suisse) ; Musée Denon, Chalon-sur-Saône ; Bibracte, Centre archéologique européen.

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Vivre au quotidien

L’environnement architectural d’une famille celtique est surtout fait de bois. Cependant, le fer s’immisce fortement dans la construction aux iie et ier siècles avant J.-C., sous forme de clous, de crampons, de cornières…, mais aussi de serrures et de clés aux dispositifs variés. La serrure devient en effet un objet d'usage très fréquent, qui sert à verrouiller la porte des mai-sons, les coffres ou encore les entra-ves de prisonniers. La complexité des mécanismes de ces serrures montre l'importance croissante accordée à la protection des biens et l'accroisse-ment des risques de vol dans les gran-des agglomérations qui se dévelop-pent à cette époque.La cuisine bénéficie également du fer. Les landiers, les broches et les grils permettent de rôtir la viande. Les chaudrons en tôle de cuivre renforcés de fer, accrochés à des crémaillères, servent à préparer des ragoûts. Avec de longues fourchettes à dents recour-bées, on pique les morceaux de vian-de dans le chaudron sans le percer. Les seaux de bois cerclés de fer pui-sent et t ransportent l ’eau.

Se parer et s’équiper

Lances et épées du guerrier celte sont toujours de fer, tout comme les four-reaux d’épées et les armatures des boucliers faits de minces planches de bois couvertes de cuir. Au iiie siècle avant J.-C., les forgerons celtes ont recherché le meilleur mode de sus-pension des épées, qui étaient portées à la ceinture, sur le côté droit. Ils ont pour cela inventé différents types de chaînes qui devaient permettre un mou-vement très libre perpendiculairement à la cuisse et au contraire éviter le ballottement. Le système le plus astu-cieux est celui de la chaîne-gourmet-te.Le fer est aussi très utilisé pour la parure, même s’il est concurrencé pour cet usage par les alliages de cui-vre et les métaux précieux. Jusqu’au iie siècle avant J.-C., les Celtes fabri-quent notamment des fibules en fer très ouvragées, œuvres de virtuosité dont la décoration rivalise avec celle obtenue avec des métaux fusibles par la technique de la cire perdue.Rasoir, pince à épiler et paire de for-ces sont les ustensiles de toilette les plus fréquemment rencontrés, généra-lement en association dans les tombes masculines.

Les forgerons celtes, inventeurs de génie ?Beaucoup d’outils fabriqués par les forgerons celtes font toujours partie de notre caisse à outils. Doit-on en conclure que la période celtique est à l’origine d’importantes innovations technologiques ? Ce n’est pas si sûr. Le principal mérite de ces artisans a été de rationaliser l’usage de savoir-faire et d’outils déjà connus. Les métiers se sont différenciés et chacun a disposé d’un outillage spécifique.Par ailleurs, la possession du fer confère une importance sociale à celui qui en possède. En l’absence d’archi-tecture monumentale, le statut de la personne s’affiche d’abord par son équipement individuel : les vêtements, les objets de parure et surtout les armes. Le prestige de l’homme se mesure à la diversité de la panoplie militaire qu’il porte et à la qualité de la décoration de ses armes. Il n’est donc pas surprenant que les principales innovations que l’on prête aux Celtes dans le domaine de la sidérurgie se réfèrent à l’équipement militaire.Ce sont les seuls à être parvenus, au ve siècle avant J.-C., à fabriquer des fourreaux légers en mince tôle de fer pour protéger leurs épées. Ils ont aussi inventé la cotte de mailles et le cas-que de fer, que s’approprieront les armées romaines. La chaîne semi-rigide, qu’ils inventent au iiie siècle avant J.-C. pour suspendre leurs épées, sera quant à elle oubliée et réinventée à l’époque moderne.

Clés et platine de serrure. Oppidum de Bibracte, ier siècle avant J.-C.Bibracte, Centre archéologique européen.

Umbo de bouclier. La Tène, iie siècle avant J.-C.Musée Schwab, Bienne (Suisse).

Fibules. La Tène, iie siècle avant J.-C.Musée Schwab, Bienne (Suisse).

Anneau de suspension d’épée. La Tène, iie siècle avant J.-C.Musée Schwab, Bienne (Suisse).

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Le travail du fer témoigne d’une grande diversité de savoir-faire. Les objets bricolés avec plus ou moins d’adresse ne sont pas rares. Les traces d’activités sidérurgiques sont fréquentes sur les sites d’habi-tat, parce que tout agriculteur doit pouvoir réparer son outillage.Les métiers du fer font appel à des compétences variées, certainement source d’une hiérarchie entre les artisans : le taillandier qui peut fabriquer une lame d’épée tran-chante comme un rasoir et souple comme un roseau est certainement bien plus estimé qu’un simple clou-tier.Sur la place des forgerons dans la société, on est réduit à des conjec-tures qui s’appuient surtout sur des comparaisons ethnographiques. Peut-être étaient-ils organisés en corporations jalouses de leurs savoir-faire et placées sous la pro-tection d’une divinité spéciale, comme Gobanos ou Ucuétis ?Les forgerons celtes signent rare-ment leurs fabrications. Leurs estampilles, presque exclusivement réservées aux lames d’épées, sont très rares. Un seul d’entre eux, Korisios, a gravé son nom sur une épée. Les autres restent anonymes. Cet anonymat est irrémédiable, mais les forgerons celtes nous ont laissé un autre héritage, bien palpable celui-là : celui d’un artisanat très actif et créatif, qui a largement contribué à modeler la société cel-tique et à asseoir sa prospérité.

La forge

Les ateliers de forgeron sont rarement bien conservés. L’oppidum de Bibracte échappe à cette règle. Des dizaines d’ateliers de métallurgistes étaient regroupés à l’abri de ses remparts. L’un des mieux documentés était abri-té par un bâtiment en bois d’une super-ficie réduite à 4,5 x 3,5 m. Son sol était jonché de petits foyers de forge permettant la mise en forme d’objets de taille réduite telles que des fibules.Cet atelier, qui a fonctionné dans la première moitié du ier siècle avant J.-C., fut ensuite remplacé par un autre qui a poursuivi la même production, mais avec une technique radicalement dif-férente (bronze coulé).On est tenté de voir dans cette suc-cession l’évolution d’une famille d’arti-sans qui produisaient en grande série pour un marché régional très organisé et n’hésitèrent pas à abandonner un savoir-faire ancestral pour s’adapter à de nouvelles conditions économiques. Lors du déplacement de la capitale éduenne, leurs descendants ont ins-tallé leurs ateliers à Autun, où la métal-lurgie est restée une activité prépon-dérante pendant l’époque romaine.

Les outils et les matières premières

Deux matières premières sont indis-pensables au forgeron : le fer, mais aussi le combustible. Ce dernier était le charbon de bois, dont le pouvoir calorifique est beaucoup plus élevé que celui du bois sec. Il faut donc imaginer une importante activité de charbonnage – dont on ignore encore tout – à proximité des centres métal-lurgiques comme Bibracte. Le fer était disponible sous formes de lopins de différentes formes : barres minces munies d’une soie ou d’une extrémité en forme de gouge, blocs bipyrami-daux aux pointes effilées. Chaque forme correspondait à une qualité de métal particulière : plus ou moins épuré, plus ou moins aciéré.Les outils les plus massifs utilisés dans les ateliers (enclumes, pinces pour manipuler les objets chauffés), ne sont que rarement retrouvés en place. Les vestiges les plus fréquents sont de petits outils (burins, limes…), des résidus de fabrication (scories de fer, menues chutes de métal) ou les installations de chauffe, sous la forme de taches de terre rougie par le feu et de tuyères en terre.

Forgeron, qui étais-tu ?

8

493494 487

498527

489

532

452453

538

**

meule

Amphore

0 1mfoyers

zones rubéfiées battitures

trous de poteaux

fosses ou creusements

503541

Conduit

*trous de piquets

215,960

729,

870

N

FOSSÉ

480496

Atelier de forgeron (reconstitution) : lopin de fer, pinces, enclume, marteau, tisonnier, tuyère en terre cuite, scories de forge, fond d’amphore contenant des chutes de fer.La Saône, Heidetränk et Bibracte, iie-ier siècles avant J.-C. Musée Denon, Chalon-sur-Saône ; AG Vor- und Frühgeschichte Oberursel ; Bibracte, Centre archéologique européen.

Relevé d’un atelier de forgerons fouillé à Bibracte, près de la Porte du Rebout, en 1990

(d’après M. Pernot et A. Duval).

Vue rapprochée d’un foyer de forge

de l’atelier du Rebout.

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Du bricoleur au maître d’art

L’arme de prestige acquise à grand prix auprès d’un artisan de renom doit être précieusement conservée et entretenue, réparée autant qu’il est possible, voire même adaptée à de nouvelles modes ou de nouvelles tech-niques de combat (ce que l’on observe souvent sur les fourreaux d’épées). En dernier ressort, quand elle est définiti-vement inutilisable, les Celtes s’effor-cent de lui trouver un nouvel usage, parfois au prix d’un bricolage plus ou moins habile.

Fabrication en série

Jusqu’au iie siècle avant J.-C., les objets en fer très décorés, comme les fourreaux d’épées, figurent parmi les plus typiques témoignages de l’art cel-tique. Au ier siècle avant J.-C., ils deviennent bien moins nombreux. Au temps des objets fabriqués à l’unité pour êtres portés par une élite succède un temps où la production se soumet à un marché beaucoup plus large et adopte des rythmes de production net-tement plus importants.Les fibules en fer fabriquées en grand nombre dans la première moitié du ier siècle avant J.-C. sont devenues des objets moins ostentatoires. Elles seront supplantées par des fibules en bronze fabriquées encore plus rapide-ment par une adaptation de la technique de la cire perdue. Désormais, la prouesse technique de l’artisan contri-bue moins au prestige des objets que la matière de ceux-ci, qui, le cas échéant, peut être l’or ou l’argent.Cette période des oppida est donc celle des productions en grande série, qui exigent de l’artisan non plus des prouesses techniques mais des gestes sans cesse répétés au profit de la pro-ductivité.

Épée dans son fourreau, portant de nombreuses marques de réparationsReims, La Neuvillette (Marne), ve siècle avant J.-C. (découverte de 2002).Service régional de l’Archéologie de Champagne-Ardennes, Châlons-en-Champagne.

Louche de fondeur fabriquée à partir d’un casque de type “Port”.Bibracte, fin du ier siècle avant J.-C. (Découverte de 2001).Seule la calotte du cas-que a été conservée. Elle porte les deux arcades sourcilières fai-tes au repoussé qui caractérisent ce type de casque porté par les légionnaires romains.

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Paquet de fibules en cours de fabrication.Bibracte, Ire moitié du ier siècle avant J.-C. (fouille de 1990).Bibracte, Centre archéologique européen.

Ces ébauches ont été abandonnées juste avant la mise en forme du ressort. Elles appartiennent à un type de fibule très simple, qui était fabriqué en fer ou en laiton (comme l’exemplaire ci-dessous).

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Lames d’épées provenant de la Saône.Musée Denon, Chalon-sur-Saône.

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Épées et fourreaux : le sommet de la technologie des forgerons celtesLa longue épée est l’arme la plus pri-sée des Celtes. Sa lame doit être légère, souple et tranchante comme un rasoir. La souplesse est acquise par corroyage, c’est-à-dire par replie-ments et martèlements successifs d’une barre de fer, le tranchant est acquis par l’utilisation d’un fer suffi-samment chargé de carbone. Ces qualités sont exaltées par une finition qui allie souvent polissage des tran-chants et révélation du corroyage par attaque à l’acide.Les fourreaux de ces épées, presque toujours en fer, requièrent un savoir-faire encore plus grand, qu’aucun autre peuple de l’Antiquité n’a maîtrisé. Ils sont fabriqués avec de très fines tôles serties (environ 5/10e de mm d'épaisseur), sur lesquelles sont fixées différentes pièces (bouterolle, pontet…). Leur fabrication relève à la fois d’un travail de forge, de dinande-rie et d’ajustage de haute précision, sans compter la décoration souvent très complexe et différente selon les modèles (pose d’émail, ciselure, travail au repoussé…).

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Vue de détail de lames d’épées provenant de la Saône.Musée Denon, Chalon-sur-Saône.

La forte corrosion de la lame du centre met en valeur le corroyage du métal.

Trois éléments de suspension d’épées montrant différents types de chaînes inventés par les forgerons gaulois.Sanctuaire de Gournay-sur-Aronde (Oise), iiie siècle avant J.-C.Musée Vivenel, Compiègne.

Décoration de la partie supérieure d’un fourreau. La Tène, iie siècle avant J.-C. Musée Schwab, Bienne (Suisse).

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Objets perdus ou objets cachés ?Les archéologues notent que les objets en fer ne se retrouvent pas sur n’importe quel site. Sur les lieux de production et de vie, comme l’oppidum de Bibracte, on ne retrou-ve généralement que des objets de trop petite taille (clous, fragments divers) pour être réutilisables.Les seuls objets complets, particu-lièrement ceux de grande taille, qui ont échappé au recyclage ne se sont conservés qu’à la faveur d’un mode d’enfouissement spécifique. Il s’agit d’objets dissimulés pour leur valeur en vue d’un réemploi futur ou soustraits à leur utilisation premiè-re pour accompagner des défunts dans la tombe ou être offerts à des divinités. L’apparente richesse des productions en fer des Celtes tient pour beaucoup à leur engouement particulier pour ces pratiques de déposition, que l’on ne retrouve pas de façon aussi prononcée auprès des peuples contemporains.

Des objets omniprésents dans la vie quotidienneLes objets en fer sont toujours pré-sents parmi les rejets domestiques trouvés sur les lieux de vie. Leur fré-quence croît fortement à la fin de l’âge du Fer, au moment ou se généralise toute une quincaillerie utilisée pour la fabrication du mobilier et pour la construction. Ces objets innombrables sont cependant peu spectaculaires. Il s’agit surtout de clous tordus, de fibu-les cassées et de fragments divers, trop petits pour être facilement recy-clables, car les objets plus volumineux sont généralement réparés ou recy-clés.

Des objets pour les morts

Le défunt est accompagné pour son dernier voyage par une grande variété d’objets, en relation avec son statut. Les femmes de haut rang sont parées de bracelets, de fibules, de chaînes de ceinture. Les hommes sont équipés d’armes dont la variété traduit la puis-sance de leur propriétaire : lance, épée, bouclier, voire même casque ou cotte de mailles. Parfois, l’équipement du mort est complété par un outil ou un lot d’outils. Ces tombes, très rares, sont une opportunité exceptionnelle d’observer des assemblages qui per-mettent d’identifier un métier bien mieux qu’un outil isolé.

Où trouve-t-on le fer ?

Mobilier d’une tombe, seconde moitié du ve siècle avant J.-C.La Chaussée-sur-Marne (Marne). (Musée municipal, Châlons-en-Champagne).

Cet ensemble fouillé en 1910 contient des objets fréquents dans les tombes celtiques de Champagne : un gobelet à boire en céramique, deux fers de lance et un fragment d’armature de bouclier. Beaucoup plus inhabituelle est la panoplie d’outils qui accompagne le défunt, parmi laquelle on identifie : une scie égoïne, une gouge à emmanchement transversal et une autre à emmanchement à douille, une râpe avec restes d’un manche en os, une lime plate et une lime ronde à denture fine (non visible), un petit couteau courbe et une pierre à aiguiser. La majeure partie de ces outils (scie, gouges, râpe) n’ont pu travailler qu’un matériau tendre, probablement le bois. Les limes et le petit couteau suggèrent quant à eux du travail de précision.

Le dépôt découvert sur l’oppidum de Pohanská en 2001 au moment de sa découverte.

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Des objets pour les dieux

Il n’est pas rare que l’on retrouve des ensembles d’objets métalliques qui avaient été enfouis dans le sol aux âges des métaux. Initialement consi-dérés comme des cachettes d’objets destinés au recyclage, une bonne partie relève en fait de pratiques cultuelles. L’époque celtique offre une diversité de dépôts – tant par les lieux de déposition que par leur composition – inégalée jusque-là. De vastes sanc-tuaires – comme ceux de Gournay-sur-Aronde et Ribemont-sur-Ancre en Picardie – accueillent des armes par milliers. Des lieux naturels remarqua-bles – notamment le lit de rivières à proximité de gués ou de ponts, comme les célèbres dépôts de La Tène en Suisse – en sont souvent le récepta-cle. Enfin, ils apparaissent parfois sur ou à proximité des lieux de vie les plus importants, notamment les oppida des iie et ier siècles avant J.-C.

Qu’ils s’agisse de cachettes votives ou simple thésaurisation de métal en vue d’une réutilisation future, ces dépôts livrent parfois un panorama quasi-complet de la diversité des usages du fer par les Celtes. Certains, comme celui de Kolín, rassemblent en effet des objets d’usage très divers et sou-vent en bon état de fonctionnement : ustensiles domestiques, outillage agri-cole, outillage artisanal, armement, parures et pièces de char et de harna-chement.

Ensemble de lopins, ve-ier siècles avant J.-C.La Saône. (Musée Denon, Chalon-sur-Saône).

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Métal en stock

À l’époque celtique, le fer semble tou-jours séparé de son minerai sur le lieu même d’extraction de ce dernier. Par martelage de la masse poreuse issue du bas-fourneau (l’éponge), il est façonné en barres, que l’on désigne sous le nom de lopins. Ces lopins de quelques kilogrammes, facilement empilables et transportables, sont ensuite commercialisés auprès des artisans. La diversité de leurs formes reflète une longue évolution, des tradi-tions métallurgiques régionales et sans doute aussi des qualités de métal particulières.Ces lopins représentaient une somme importante, à tel point qu’ils ont pu être utilisés comme monnaie d’échan-ge, comme César nous indique l’avoir observé à son époque dans l’île de Bretagne.

Un matériau rare et cher ?

Les accumulations spectaculaires d’armes et d’outils dans des dépôts votifs, les rites funéraires consistant à ensevelir hommes et femmes avec armes et parures, insignes de leur sta-tut social, ont conduit à une consom-mation massive de métal. Elle peut laisser penser que le fer était un maté-riau abondant, que l’on pouvait se permettre de gaspiller au moyen de ces insolites détournements d’usage.

Pourtant, la quantité d’objets en fer que les Celtes nous ont laissé est déri-soire par rapport à l’usage que l’on fait aujourd’hui de ce métal. L’ensemble du fer d’époque celtique conservé dans les musées permettrait à peine de construire quelques centaines de mètres de rails de chemin de fer. Les plus lourds objets celtiques en fer connus, les deux chenets de la tombe aristocratique de Boé (Lot-et-Garonne), pèsent à peine 100 kg chacun.

Il faut donc se rendre à l’évidence : le fer était un matériau très recherché qui ne pouvait être soustrait de son utilisation normale que dans des cir-constances très particulières, rituels religieux ou funéraires, actes destinés à montrer le prestige de leurs auteurs.

Où trouve-t-on le fer ?

Clous de murus gallicusOppidum de Bibracte, ier siècle avant J.-C.

Les remparts qui entourent les grandes villes de la fin de l’époque celtique comme Bibracte sont construits suivant une technique origina-le : un talus armé de poutres de bois horizon-tales entrecroisées. Ces poutres de bois sont parfois assemblées par de longues et massi-ves fiches en fer. A Bibracte, on a pu estimer que le rempart de la ville du ier siècle avant J.-C., long de 5,2 km, utilisait de 10 à 15 fiches de ce type par mètre linéaire. À raison de 0,15 kg par fiche, près de dix ton-nes de fer ont donc été nécessaires à cette construction. Le clouage des poutres des remparts a donc été une des utilisations les plus dispendieuses de fer par les Celtes. Pourtant, on doit s’interroger sur l’efficacité de ce procédé, puisque certains remparts du même type présentent une utilisation bien plus parcimonieuse des grandes fiches de fer. Tout comme le rempart est un ouvrage destiné à impressionner le regard des étrangers plus qu’à se défendre des assaillants, le fer qu’il utilise n’aurait-il pas surtout comme fonction de renforcer le prestige de la construction ?

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SajópetriHerman Ottó Múzeum, Miskolc (Hongrie)iiie siècle avant J.-C.Objets constituant un dépôt découvert en 2002 sur un habitat celtique.

Liptovská MaraInstitut archéologique, Nitra (Slovaquie)iie siècle avant J.-C.Environ 30 objets constitutifs d’un dépôt retrouvé en 1992 sur un habitat fortifié.

Oppidum de PohanskáInstitut archéologique, Nitra (Slovaquie)iie siècle avant J.-C.Environ 100 objets constitutifs d’un dépôt retrouvé en 2001 sur le site de l’oppidum.

KolínRegionální muzeum, Kolín (République tchèque)iie-ier siècles avant J.-C.Environ 68 objets en fer constituant un dépôt trouvé fortuitement en 1936.

GründbergNordico-Museum, Linz (Autriche)iie-ier siècle avant J.-C.Choix d’objets issus de trois dépôts trouvés en 1997 lors de la fouille du rempart d’un habitat fortifié.

Oppidum d’HeidetränkAG Vor- und Frühgeschichte Oberursel, Oberursel (Allemagne)iie-ier siècle avant J.-C.Objets provenant de prospections sur l’oppidum.

La TèneMusée Schwab, Bienne (Suisse)iie siècle avant J.-C.Objets provenant de dépôts retrouvés à l’em-bouchure de la Thielle sur le lac de Neuchâtel. Fouilles du xixe siècle.

Gournay-sur-ArondeMusée Vivenel, Compiègne (France)iiie siècle avant J.-C.Trois chaînes de suspension d’épées issues des riches dépôts du sanctuaire de Gournay-sur-Aronde.

La SaôneMusée Denon, Chalon-sur-Saône (France) et collection particulièreve-ier siècle avant J.-C.Objets provenant de diverses découvertes effectuées dans le fleuve (dragages et prospections).

ReimsService régional de l’Archéologie, Châlons-en-Champagne (France)ve siècle avant J.-C.Épée dans son fourreau issue d’une tombe à inhumation fouillée en 2002 sur le site de la Neuvillette.

La Chaussée-sur-MarneMusée municipal, Châlons-en-Champagne (France)ve siècle avant J.-C.Ensemble du mobilier d’une sépulture fouillée en 1910, comprenant plusieurs outils.

Oppidum de BibracteCentre archéologique européen, Glux-en-Glenne ; musée Rolin, Autun (France)ier siècle avant J.-C.Choix d’objets provenant de fouilles d’habitations et d’ateliers.

F R A N C E

A L L E M A G N E

I T A L I E

S U I S S E A U T R I C H E

R O U M A N I E

B U L G A R I E

P O L O G N E

P A Y S - B A S

B E L G I Q U E

H O N G R I E

S L O V A Q U I E

R É P U B L I Q U E T C H È Q U E

Gournay-sur-Aronde

La Chaussée-sur-Marne Reims

BibracteLa Tène

Heidetränk

Gründberg

Kolín

Liptovská

SajópetriPohanská

La Saône

catalogue des objets exposés

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Plusieurs sites de hauteur fortifiés préhistoriques et protohis-toriques sont connus dans la région de Linz-an-der-Donau, le chef-lieu de la province fédérale de Haute-Autriche (Oberösterreich). Deux de ces sites sont attribués aux Celtes. Au ier siècle avant J.-C. (phase La Tène D1), un rempart datant du Bronze final a été consolidé sur le Freinberg au sud du Danube, sur la rive gauche (Urban 1994). Le Gründberg est, quant à lui, situé au nord du Danube sur un éperon qui s'étend du nord au sud sur une longueur de 1,5 km et une largeur de 400 m. Il est protégé sur trois côtés par des rochers escarpés. Du côté nord, l'accès est défendu par deux remparts successifs (rempart nord et rempart sud). Une description topographique exacte ainsi qu'un plan du site ont été publiés en 1911 par Ludwig Benesch (Benesch 1911).

Historique des recherchesL'accès au rempart nord est possible par une porte à ailes rentrantes bien visible de 6 m de largeur et 12 m de profon-deur. Cette porte a attiré dès 1926 l'attention de Paul Reinecke, un des préhistoriens les plus renommés de son temps.Les premières fouilles archéologiques ont été entreprises en 1937 par Franz Stroh, archéologue provincial à l'épo-que, et Leonhard Franz, titulaire de la chaire d'archéologie de la Karls-Universität (université de langue allemande) à Prague. Pendant la campagne de fouilles de trois semai-nes, des sondages ont été faits à une cinquantaine d'en-droits. La publication de ces fouilles en 1940 a attesté l'existence d'un habitat de hauteur fortifié celtique des iie et ier siècles avant J.-C. (Franz, Stroh 1940).Entre 1994 et 1998, de nouvelles recherches ont eu lieu sous la direction conjointe du Nordico-Museum de la Ville de Linz (Erwin M. Ruprechtsberger) et de l'Institut de Pré- et Protohistoire de l'université de Vienne (Otto-H. Urban). Ces recherches faisaient partie du projet de recherche “Sites de hauteur fortifiés préhistoriques et protohistoriques dans la région de Linz”. Des fouilles systématiques du rem-part sud ont été entamées en 1996. Du mobilier bien strati-fié de La Tène récente, dont de la céramique peinte, a été trouvé à la base du talus du rempart ainsi que dans les déblais du parement. En 1997, on a procédé à une fouille extensive de la façade nord du rempart. Celle-ci a livré trois dépôts d'objets de fer in situ ainsi qu'un autre dans les déblais du rempart. En 1998, la fouille du lieu de la décou-verte et de ses environs a été terminée. Les restes d'un mur en pierres sèches, écroulé pour la plus grande partie, ont été dégagés. À une distance de 2,5 m ont été repérées des alvéoles de 40 cm de largeur pour les poutres d'une construct ion en bois remplie de pierres.

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Le site fortifié du GründbergLinz, Haute-Autriche

Plan du site fortifié du Gründberg.

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Cette construction en bois a probablement étayé le pare-ment et supporté une courtine. Calculé à la base des déblais en pierre, ce mur avait à l'origine une hauteur d'au moins 3 m. Il était placé en façade du talus en terre.

Les dépôts de fer : le trésor des CeltesDans le rempart sud, trois dépôts de fer ont été découverts. Ils étaient placés à l'intérieur du mur en pierres sèches à des distances d'environ 1,5 m (dépôts 1 - 3). Les restes d'un quatrième dépôt avec deux lopins de fer étaient cachés dans les déblais du mur.

Le dépôt 1 comprenait 16 objets d'un poids total de presque 20 kg, dont une grande clé à crochet, quatre frettes de moyeu, cinq marteaux, une enclume bigorne et un autre fragment de lopin. Le dépôt 2, d'un poids total de presque 10 kg de fer, était composé de 12 objets : entre les restes déformés d'un bandage de roue se trouvaient, entre autres, une épée avec son fourreau, une lame d'épée anciennement déformée, des ustensiles domestiques (une broche, une pelle à cendres et une grande fourchette), ainsi qu'un autre marteau et une hache. Le dépôt 3, qui comprend 13 objets, est le plus lourd : il pèse 21,2 kg. Divers objets dont deux crémaillères, une paire de moyeux, une hache, un marteau de forgeron et des tenailles, étaient également placés à l'intérieur d'un bandage de roue plié et anciennement brisé. Une foëne et une broche ont probablement servi à pêcher de grands poissons dans le Danube ou à chasser.

Deux des dépôts du Gründberg découverts en 1997 en cours de dégagement.

Une partie du mobilier des dépôts du Gründberg.

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La composition variée et riche de ces dépôts est remarquable. À côté des armes et des bandages de roue, il convient de mentionner la qualité exceptionnelle des armes. Les outils montrent une gamme très large. La plupart sert au travail des forgerons, comme les tenailles et les fragments de lopins. Une grande variété de formes est représentée, avant tout pour les marteaux : marteaux lourds ou légers, avec de larges plats pour l’emboutissage et parfois une panne longitudinale ou transversale.

Des haches à douille ou à œil sont néanmoins destinées à travailler le bois. En ce qui concerne les pièces de charronnerie, il faut mentionner les deux bandages prévus pour des roues à rayons d'un diamètre d'environ 1 m et les nombreuses frettes de moyeu. Les armes sont représentées par deux épées, l’une d’un type de La Tène moyenne, l’autre de La Tène finale, le talon de lance et la foëne. Les autres objets servaient à des fins culinaires : les crémaillères, la broche et la grande fourchette. On s'est probablement aussi servi de la pelle à cendres autour du foyer. Enfin, nombre de ces objets portent des traces d'utilisation.

Les outils donnent un bon aperçu de la technologie des forgerons celtiques du Gründberg, à la fois par les lopins et les outils et par les produits finis. D'après les analyses techniques, ils maîtrisaient la composition des différentes qualités de fer (Preßlinger, Mayr 2001).

Il faut se contenter de formuler des hypothèses sur les causes de ces dépositions. La position des dépôts à l'intérieur d'un rempart de La Tène finale permet de supposer qu'il pourrait s'agir d'offrandes dans le sens le plus large du terme, dépo-sées à l'occasion de la construction du monument. La proxi-mité d'une source est également remarquable.

Ce sont surtout les riches découvertes d'objets de fer, mais aussi la découverte d'un fragment de situle (seau) en bronze italique sur le Freinberg, qui témoignent de l'importance éco-nomique des habitats de hauteur celtiques pendant La Tène finale, soit comme places commerciales, soit comme lieux de production (Urban, Ruprechtberger 1998). Les monnaies celtiques trouvées dans la région de Linz fournissent la preuve qu'il existait des relations directes avec le territoire des Boïens, au nord, au iie siècle et des contacts avec le sud de l'Allema-gne au ier siècle. On manque pourtant de preuves pour des contacts intensifs vers l’est et le sud, en direction du royaume du Norique, réputé pour son industrie du fer (Urban 2000).

Otto-H. URBAN, institut de Pré- et Protohistoire, université de Vienne (Autriche)Erwin M. RUPRECHTBERGER, Nordico-Museum (Linz)(Traduction : Anneliese Pleyer)

Catalogue des objets exposés Métallurgie- Pinces de forgeron avec manche assez court, pour forger des

lopins et des loupes. L. 47,3 cm. Dépôt 3, Inv. 82.- Enclume bigorne ; le trou pourrait servir à la suspendre ; traces

d'utilisation marquées. L. 15,5 cm, Dépôt 1, Inv. 90.- Petit marteau à planer avec traces d'usure marquées. L. 11,6 cm.

Dépôt 1, Inv. 108.- Petit marteau à planer avec traces d'usure marquées. L. 11,8 cm.

Dépôt 1, Inv. 93.- Marteau à planer moyen avec traces d'usure marquées, asymétrique.

L. 13,1 cm. Dépôt 1, Inv. 86.- Marteau à planer lourd avec traces d'usure marquées ; traces

d'un coin d'un côté de l'œil. L. 16 cm. Dépôt 1, Inv. 98.- Grand marteau de forgeron avec panne mince et plan de frappe

rectangulaire ; avec deux coins dans l'œil destinés à fixer le manche ; traces d'usure marquées. L. 19,4 cm. Dépôt 1, Inv. 87.

- Lopin de fer, en forme de pyramide tronquée, avec traces de découpe. Poids 3,5 kg, L. 9,6 cm, Dépôt 1, Inv. 99.

- Fragment de loupe, presque rectangulaire avec une surface plane et deux surfaces tranchées ; la face inférieure est rugueuse ; les deux faces restantes pourraient correspondre à la surface originale de la loupe. Poids 1,2 kg, L. conservée 0,8 cm. Dépôt 1, Inv. 88.

- Fragment de loupe ou de lopin de fer, avec faces longitudinales travaillées, beaucoup de bulles sur les autres faces ; traces d'outil (?) sur les surfaces supérieure et inférieure. Poids original 6,5 kg, L. 23 cm. Dépôt 4, Inv. 77.

Travail du bois- Hache à douille pour travailler le bois. L. 14,3 cm. Dépôt 3, FNr. 68.- Hache à œil ; les traces d'usure sur la table pourraient avoir été

causées par une utilisation comme marteau. L. 15,1 cm. Dépôt 2, Inv. 61.

- Herminette à douille plate ou ciseau de grande taille pour le travail de charpentier ou pour l'agriculture, avec traces d'usure sur la face inférieure. L. 22,1 cm. Dépôt 3, Inv. 75.

Autres- Foëne en deux parties fixées par un rivet ; appropriée pour chasser

de gros poissons ou du gibier. L. 28,9 cm. Dépôt 3, Inv. 96.- Crémaillère formée de sept tiges tordues reliées par 16 anneaux

et qui pouvait servir à suspendre un chaudron d'environ 60 cm de diamètre. Vu sa position lors de la découverte, cette crémaillère peut être pliée en un paquet d'environ 36 cm de long, de 14 cm de large et de 3 cm de haut. L. 175 cm. Dépôt 3, Inv. 109.

- Cerclage de moyeu de roue (?) serré par une bride, et avec un coin entre la bride et le cerclage. Diamètre 7,4 cm. Dépôt 1, Inv. 89.

Lieu de conservation : Nordico-Museum, Linz (Autriche)

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L’oppidum de Pohanská est situé près de Plavecké Podhradie dans les Petites Carpathes, dans l’ouest de la Slovaquie. Sa fortification enserre deux sommets, pour une superficie de 49 ha. Elle comporte plusieurs portes à ailes rentrantes.L’oppidum s’est développé à l’emplacement d’un site forti-fié de la fin de l’âge du Bronze. Les découvertes montrent que l’occupation celtique culmine au iie siècle avant J.-C. (phase La Tène C2) et s’achève avant que se diffusent les produits qui caractérisent le boom économique que connais-sent les régions du Moyen-Danube au ier siècle avant J.-C. (Paulík 1976). De nombreuses traces attestent une impor-tante activité de forge sur le site, à mettre en relation avec l’existence de gisements de minerai de fer à proximité. Cette industrie est documentée par des objets finis, des outils, des semi-produits et des résidus (scories de fer). Les témoignages du commerce à longue distance sont en revanche rares, de même que l’armement. Des traces d’in-cendie ont été notées, mais elles ne suffisent à montrer que le site a été déserté à la suite d’une destruction violente.Durant les fouilles des années 1968-1971, trois dépôts d’objets de fer ont été dégagés en différents endroits de lapartie sommitale de l’oppidum. Ils étaient probablement enfouis dans de petites fosses creusées dans le sous-sol caillouteux et protégés par des emballages en matériau organique qui n’ont pas survécu. On y a trouvé :- dans le premier, des outils et ustensiles en bon état,

associés à une clé, une clavette d’essieu et un fourreau d’épée incomplet ;

- dans le second, des haches, des anses de récipients et une enclume ;

- dans le troisième, six lopins de type currency bar.D’autres dépôts – vraisemblablement entre trois et cinq – ont été découverts par des prospecteurs amateurs, aussi bien sur l’acropole que dans les autres parties du site. Un recensement partiel de ces objets, conservés dans des collections particulières ou au Musée national slovaque à Bratislava, montre qu’il s’agit encore une fois en priorité d’outils agricoles et artisanaux.

Un nouveau dépôt, nettement plus important, a été découvert et soigneusement fouillé en 2001. Ce dépôt, constitué d’une centaine d’objets, a été retrouvé sur la partie sommitale du site (l’acropole), caché dans un monticule sous de grandes pierres plates. La plus grande partie des objets se rapporte aux activités agricoles (faux, faucilles, socs d’araire). Le travail du bois est également bien représenté. Le reste se compose de nombreuses pièces de char et de harnache-ment, de clés, d’une louche, de garnitures de plusieurs réci-pients en bois (seaux, baquet ?), d’un grand disque percé de fonction indéterminée. Le seul objet non ferreux est un contrepoids de balance en bronze. L’ensemble, encore iné-dit, est montré pour la première fois à Bibracte. Karol PIETA, Institut archéologique, Nitra (Slovaquie)

Catalogue des objets exposésLa grande majorité de la centaine d’objets constitutifs d’un dépôt retrouvé en 2001 est présentée dans l’exposition, soit :un mors de filet, un mors de bride, de nombreux éléments de char et de harnachement (trois clavettes d’essieu, goupille de fonction indéterminée, petit anneau et bélières, frettes de moyeux, cerclages et anneaux divers), un hachoir (?), une serpette, trois croissants, huit faucilles, deux faux, quatre socs d’araire étroits, un soc d’araire large, un coutre, une mèche de tarière à bois, un ciseau, une pointerolle, un outil à emboutir le métal, trois anses de seaux, une paire de suspensions faites de deux maillons reliés à des pitons, une suspension faite d’un anneau triangulaire solidaire de trois pitons, six gros crochets de suspension (anses de baquets ?), deux couteaux, une louche, une douille à usage indéterminé.iie siècle avant J.-C.Lieu de conservation : Institut archéologique, Nitra (Slovaquie)

Un dépôt de l’oppidum de PohanskáPlavecké Podhradie, Malacky, Slovaquie

Plan de l’oppidum de Pohanská (d’après Paulík 1976).

Le dépôt découvert en 2001 à Pohanská en cours de dégagement.

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Le site de Liptovská Mara, dans le nord de la Slovaquie, est un des plus importants centres de la “culture de Púchov”, caractéristique des Carpathes occidentales du iie siècle avant J.-C. au iie siècle après J.-C. Cette culture se déve-loppe au sein d’une population de souche régionale sous l’influence de contacts avec le monde celtique. L’historien romain Tacite, parmi d’autres, signale d’ailleurs dans cette région la tribu celtique des Kotini, réputée pour son indus-trie du fer.Le site comprend une fortification centrale et six villages d’artisans (Pieta 1996). D’après les fouilles qui s’y sont déroulées de 1965 à 1999, on y traitait divers minerais métalliques (fer, or et argent) et on y fabriquait de la poterie peinte de grande qualité. Des objets de prestige y étaient acheminés depuis la Méditerranée et la Celtique occiden-tale. La vivacité des échanges est également attestée par de l’ambre de la Baltique et des monnaies.Les villages, sans défenses, se concentrent autour d’une fortification dont on a étudié les remparts de pierre bien conservés ainsi qu’un espace cultuel où ont été retrouvés des ossements humains, des dépôts d’os animaux brûlés, des poteries, des monnaies et des objets de parure. Les restes les plus importants de ces vestiges ont fait l’objet d’une reconstruction in situ dans le cadre d’un musée de plein air.Un dépôt d’objets en fer a été mis au jour en 1992 à une soixantaine de mètres de l’espace cultuel (Pieta 2000). Il comprend trente objets enfouis dans une petite cavité. La plus grande partie est liée à l’agriculture : des faux, des faucilles, des socs d’araire étroits à douille double, d’un type caractéristique de La Tène finale dans la région du Moyen-Danube, et aussi de probables dents de herse – les plus anciennes connues en fer. Le travail du bois se mani-feste par une hache, un ciseau et un couteau de tourneur. L’assemblage est complété par des ustensiles domestiques (clés, couteau et broche). Les socs représentent le meilleur indice de datation de l’ensemble : ce type apparaît au milieu du iie siècle. Il est remplacé par un type large à douille simple autour du changement d’ère.

La fouille a bien montré que la fortification et l’espace sacré de Liptovská Mara ont été détruits à deux reprises, d’abord dans la première moitié du ier siècle avant J.-C., ensuite à la fin du même siècle. Alors que l’espace sacré n’était pas reconstruit après la deuxième destruction, un rempart de fortune était érigé sur le sommet de la colline au début du ier siècle de notre ère. Celui-ci fut rapidement détruit par le feu, en même temps que les maisons qu’il protégeait. Le dépôt d’objets en fer a pu être enfoui à l’occasion d’un de ces événements catastrophiques, mais la proximité du lieu de culte ne permet pas non plus d’exclure un caractère votif.

Le dépôt de Liptovská MaraLiptovská Sielnica-Liptovská Mara, Slovaquie

Catalogue des objets exposésLa majorité de la trentaine d’objets constitutifs d’un dépôt retrouvé en 1992 est présentée dans l’exposition, soit : une hache, huit dents de herse (?), six faux et faucilles, une mèche de tarière à bois, deux clés, une broche (pliée) avec crochet de suspension.Lieu de conservation : Institut archéologique, Nitra (Slovaquie)iie-ier siècles avant J.-C.

Le dépôt découvert en 1992 à Liptovská Mara en cours de dégagement.

Plan du site fortifié de Liptovská Mara (d’après Pieta 2000).

Vue du site de Liptovská Mara

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K o l í n est situé dans la vallée de l’Elbe, à 50 km env i ron en amont de son confluent avec la Vtlava et à une égale distance de Prague. Aucun site c e l t i - que important, comme un oppidum, n’est e n c o r e connu dans son voisinage.Le dépôt d’objets en fer a été découvert fortuite-ment en 1936 en pleine ville, lors de travaux de construc- tion. Les soixante-huit objets qui le consti-t u e n t représentent un poids d’environ 15 kg. Ils

comportent des ustensiles domesti-ques, des outils destinés au travail du

f e r et du bois et à l’agriculture, enfin des objets liés au transport et à la guerre. L’ensemble est daté de La Tène finale.(D’après Alena RYBOVÁ et Karla MOTYKOVÁ 1983).

Le dépôt de Kolin Bohême, République tchèque

Sajópetri est un village dans le nord de la Grande Plaine hongroise, au bord de la rivière Sajó, affluent en rive droite de la Tisza. Les découvertes présentées ici font partie des résultats d’un vaste programme de fouilles de sauvetage sur le tracé de la nouvelle autoroute destinée à joindre, à terme, Budapest à la frontière ukrainienne. La fouille est effectuée dans le cadre d’un partenariat entre le musée Ottó Herman de Miskolc, l’université Lórand Eötvös de Budapest et le laboratoire Archéologie et histoire de la France orientale (UMR 5594) de Dijon, avec le soutien de l’INRAP et de BIBRACTE.L’habitat de l’âge du Fer est installé sur une faible éminence au bord d’un ancien bras de la rivière, occupée à différentes périodes. Il s’agit d’une véritable agglomération de plusieurs dizaines de maisons, pourvue de plusieurs quartiers artisa-naux spécialisés dans la sidérurgie, la fabrication d’objets en fer et la céramique. Le mobilier, datable dans son ensemble du iiie siècle avant J.-C., montre une très forte composante celtique dans l’armement et la parure, mêlée à du mobilier plus particulièrement en os et en céramique de tradition scythe. Pour cette région, c’est la première fouille d’un habitat contemporain de la vague d’expansion celtique dans le nord-est de la cuvette carpatique.Le mode d’enfouissement des objets présentés dans l’exposition évoque également des pratiques bien connues dans le monde celtique.(D’après Miklós Szabó, Jean-Paul Guillaumet, O. Nilesse)

Le dépôt de Sajópetri Miskolc, Hongrie

Catalogue des objets exposésDépôt d’objets retrouvé en 2002 enfoui dans une fosse : une hache à douille, deux paires de forces, une chaîne, un couteau, une petite lame et un crampon, le tout en fer, un manche en os décoré et deux objets en pierre (une grande meule dormante et poids).Lieu de conservation : Herman Ottó Múzeum, Miskolc (Hongrie)

Catalogue des objets exposésLa grande majorité des soixante-huit objets constitutifs du dépôt est présentée dans l’exposition, soit : une faux, une faucille, deux socs d’araire, une douzaine de haches et herminettes à douille, des ciseaux à douille, un marteau, quatre couteaux, une paire de forces, une clé, une crémaillère de suspension de chaudron, une clavette d’essieu de char, une pointe de lance, des anneaux.Lieu de conservation :Regionální muzeum, Kolín (République tchèque)iie-ier siècles avant J.-C.

Le dépôt d’objets de Sajópetri décou-vert en 2002 en cours de dégagement.

Les objets du dépôt découvert à Sajópetri en 2002.

Crémaillère de suspension de chaudron. Dépôt de Kolin.

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L’oppidum d’Heidetränk est situé sur les premiers contre-forts du massif du Taunus, à quelques kilomètres à l’ouest de la ville de Francfort.La ligne de crête du Taunus a servi d’appui aux fortifica-tions qui limitaient l’Empire romain. De nombreux autres sommets du versant sud-est du massif portent des traces de fortifications protohistoriques. Sur le Bleibeskopf, un habitat et probablement aussi un lieu de culte se sont ins-tallés à la fin de l'âge du Bronze, au viiie siècle avant J.-C. : sept dépôts enfouis contenant des armes en bronze, des bijoux et des outils y ont été mis au jour. Les puissantes murailles de pierre d'Altkönig ont été édifiées du début de la période celtique (ve-ive siècle). Les premières traces d'occupation dans le secteur appelé Goldgrube datent du iiie siècle avant J.-C.L’oppidum qui se développe à la fin du iie siècle avant J.-C. est une vaste agglomération de 130 ha entourée d'un réseau complexe de remparts, long de 10 km, dont la levée de terre est toujours bien visible dans le couvert forestier. Elle s’étend sur deux sommets, l’Altenhöfe et le Goldgrube et englobe une partie du vallon qui les sépare, où coule le ruisseau d’Urselbach qui se déverse dans le Main. Sa posi-tion optimale, sur un lieu de passage de la région Rhin-Main, a sans doute favorisé l'essor remarquable du site. Les gisements de minerais de fer du Taunus – encore exploités sur place à l’époque moderne – et peut-être le sel de Bad Nauheim représentaient d'importantes ressources en matières premières.Parmi le monnayage celtique découvert à Heidetränk, un type particulier – les quinaires d’argent du type de Nauheim – a sans doute été frappé sur place. Sa dispersion dans la plaine de Wetterau, en Hesse moyenne et dans la moyenne vallée du Rhin montre l’étendue de la région sous l’influen-ce de l’oppidum qui jouait donc le rôle de métropole régio-nale.Il semble que l'oppidum ait perdu sa fonction au milieu du ier siècle av. J.-C., probablement sous la pression de popu-lations germaniques, et qu'il était abandonné depuis long-temps déjà lorsque les Romains occupèrent la région à partir de 10 av. J.-C.À la fin du xixe siècle, l'architecte Ch. L. Thomas fit des sondages sur les remparts. D'après ses observations, les façades avant et arrière étaient construites en pierre sèche et consolidées par des poteaux verticaux plantés à interval-les réguliers. Entre ces deux parements, l'espace était colmaté à l'aide de pierres et de terre. Un poutrage interne horizontal permettait de renforcer la solidité de la construc-tion. Ainsi est apparue, sur 4 km, une construction impres-sionnante mesurant environ 4 à 5 m de hauteur et de lar-geur. L'oppidum d'Heidetränk possédait en outre six portes à ailes rentrantes, dont aucune n'a fait l'objet de fouilles archéologiques. Le sommet du Goldgrube est traversé par une fortification intermédiaire qui renforçait le dispositif de défense. Enfin, située à environ 2 km en aval de l'oppidum, une fortification transversale longue de plus de 1 200 m, appelée Heidengraben (le “fossé païen”), barre la vallée de l'Urselbach. De nombreux indices permettent d'interpréter ce rempart comme une fortification avancée de l'oppidum d'Heidetränk. La technique de construction observée en

1912, avec un mur de façade en pierres sèches et un sys-tème de poutrage vertical et horizontal interne, correspond tout à fait à la période celtique. Récemment, des restes d'habitat datés de la fin de la période celtique ont été mis au jour à proximité. Ces différentes observations permet-tent de reconstituer, petit à petit, une image nouvelle d'Hei-detränk, oppidum dont l'infrastructure s'étendait bien au-delà des murs de la ville.Le site n’a néanmoins jamais l’objet de fouille suivie, en dehors des observations déjà mentionnées sur les fortifica-tions. Pourtant, il a livré un très grand nombre d’objets métalliques, malheureusement dispersés dans leur plus grande partie auprès des collectionneurs qui les ont décou-verts lors de prospections. Depuis quelques années, l’asso-ciation archéologique d’Oberursel (AG Vor- und Frühgeschichte Oberursel) s’efforce de rassembler ces témoins archéologiques, dont l’étude systématique reste à faire. Ces objets frappent par leur diversité et leur abon-dance. La plupart se rapportent à des activités artisanales et agricoles. Ceci montre que l’oppidum hébergeait une communauté importante de métallurgistes et qu’il entrete-nait des relations étroites avec les communautés paysan-nes des riches plaines de la vallée du Main et de la Wetterau.(d’après Karl-F. RITTERSHOFER, Römisch-germanische Kommission, Francfort)Bibliographie sommaire d‘Heidetränk : Maier 1980 ; Maier 1985 ; Müller-Karpe, Müller-Karpe 1982 ; Schlott, Spennemann, Weber 1985

L’oppidum d’HeidetränkOberursel, Hesse, Allemagne

Catalogue des objets exposés

Objets provenant de prospections sur l’oppidum, datant probablement des iie et ier siècles avant J.-C.Treize haches et herminettes, deux serpettes, huit faux et une pierre à aiguiser issus d’un même dépôt, cinq socs d’araire, un mors de filet, une gouge, quatre ciseaux, une pointerolle, trois outils à emboutir le métal, quatre marteaux, une paire de pinces de métallurgiste, une enclume, deux tisonniers, un croc à chaudron.Lieu de conservation : AG Vor- und Frühgeschichte Oberursel, Oberursel (Allemagne)

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Goldgrube

Altenhöfe

500

550

600

400

350

450

N

0 500m

Heidetränk1/20 000e

Heidengraben

Plan de l’oppidum d’Heidetränk (doc. AG Vor- und Frühgeschichte Oberursel).

Cinq socs d’araire de l’oppidum d’Heidetränk.

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Le site de La Tène est emblématique de l’histoire de l’ar-chéologie celtique, puisque ce sont les découvertes nom-breuses d’objets métalliques effectuées en ce lieu depuis le milieu du xixe siècle qui ont permis de caractériser la cultu-re matérielle du second âge du Fer. Le lieu des trouvailles est un point de franchissement d’une rivière, la Thielle, à proximité de son embouchure dans le lac de Neuchâtel. Il a livré une quantité très importante d’objets, surtout métalli-ques (environ 800 pièces d’armement, 400 fibules) et en parfait état de fonctionnement. Une telle situation, qui se rencontre sur deux autres sites proches (à Port et à Cornaux), laisse penser à des dépôts volontaires compara-bles à ceux observés sur des sanctuaires bien caractérisés, comme Gournay-sur-Aronde.Les objets de La Tène sont aujourd’hui dispersés entre de nombreuses collections publiques. Ceux présentés dans l’exposition furent découverts par un amateur, le colonel Schwab, un des premiers explorateurs du site, à l’époque où la chasse aux antiquités lacustres battait son plein. Ils sont aujourd’hui conservés à Bienne dans le musée qui porte son nom. Les conditions d’enfouissement, dans la vase du fond de la rivière, expliquent que ces objets soient très peu corrodés.Bibliographie sommaire du site : De Navarro 1972 ; Furger-Gunti 1988, p. 58-70 ; Vouga 1923.

Les dépôts de La TèneMarin-Espagnier, canton de Neuchâtel, Suisse

Environnement archéologique du site de La Tène.1 : La Tène 2 : Cornaux 3 : Port 4 : oppidum du Jensberg 5 : oppidum du Mont-Vully

Catalogue des objets exposés - Trois fibules (LT 2374, 3277, 3291)- Un rasoir (LT 2846)- Deux pinces à épiler (LT 3070, 3072)- Une épée et son fourreau (LT 2758 ; Navarro 1972, n° 48)- Un umbo de bouclier (LT 2906)- Trois anneaux de suspension d’épée décorés (initialement solidaires de lanières de cuir) (LT 3029, 3030, 3031)- Un couteau à manche plat terminé par un enroulement (LT 2847)- Un couteau à emmanchement à soie (LT 2852)- Un chaudron en fer et alliage de cuivre (LT 3293)Tous ces objets sont datables du iie siècle avant J.-C.Lieu de conservation : musée Schwab, Bienne (Suisse)

Vue aérienne du site de La Tène (d’après Furger-Gunti 1988).

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En dehors de la vaisselle métallique, essentiellement en bronze, ainsi que des amphores vinaires qui représentent une part non négligeable des découvertes réalisées dans le lit de la Saône depuis le xixe siècle, les objets en fer consti-tuent une part importante des trouvailles. Assez curieuse-ment, contrairement à d’autres périodes, la céramique domestique est quasiment absente.Encore faut-il observer que les statistiques ont été long-temps faussées, à de très rares exceptions près, par le manque d’intérêt des ouvriers travaillant sur les dragues à l’égard de la plupart des objets en fer considérés, à l’ex-ception de certaines armes en fer, comme dénuées de toute valeur marchande.À cet égard, la seule exception notable est celle des draga-ges de 1869-1870 réalisés à Chalon à l’emplacement de ce que l’on a longtemps considéré comme “le” port antique de Chalon. Il semble que dans ce cas précis, les consignes données aux ouvriers par le collectionneur aient permis la sauvegarde de nombreux objets en fer, épées, pointes de lance, hache à douille, couteau, entraves, broche et fais-ceau de broches, lopin bipyramidal… À l’exception de lopins de type currency bar, tout l’éventail des objets proto-historiques en fer rencontrés sur les sites de la Saône est pratiquement présent dans cette découverte du xixe siècle.Depuis 1963, le suivi régulier des travaux de dragage asso-cié à l’étude des archives du Service de la Saône puis, de 1982 à 2000, la réalisation de prospections et de fouilles subaquatiques, ont montré l’étroite relation existant entre la plupart de ces trouvailles et l’existence des passages à gué. Pour l’époque romaine, la fouille du gué du Port de Varennes nous a apporté la preuve du caractère intentionnel et très nettement votif d’un certain nombre d’objets déposés entre, ou sous les dalles, constituant l’aménagement du passage. Aucun aménagement des gués antérieur à l’époque romaine n’ayant à ce jour été reconnu, des sites d’enfouissement ou de dépôt intentionnel sont difficiles à prouver aux périodes protohistoriques. La spécificité des découvertes et le choix des objets rencontrés constituent toutefois de sérieux indi-ces en ce sens. Sur les gués, trois catégories d’objets en fer se rencontrent : les armes, les éléments liés au foyer et les semi-produits (lopins).Les armes : leur présence est systématique et abondante sur tous les passages. On note le manque d’homogénéité chronologique des séries rencontrées, l’absence de spécimens ployés ou rendus inutilisables et la présence systématique des épées ou poignards à l’intérieur de leur fourreau.Les éléments liés au foyer : bien que moins abondants et souvent peu aisés à dater avec précision, ils se rencontrent couramment à l’emplacement des gués sous forme de bro-ches, supports de broches, chenets, crémaillères et chau-drons.Les lopins de fer : les trouvailles anciennes ne montraient que deux lopins bipyramidaux. En 1977, la découverte fortuite à Seurre de plusieurs dizaines de lingots plats à soie arrondie de type currency bar a attiré l’attention sur ce type d’objets observés depuis à plusieurs reprises, souvent sous forme de séries de lingots soudés en paquet par l’oxydation.Louis BONNAMOUR, musée Denon, Chalon-sur-Saône

La Saône et les trouvailles d’objets en fer d’époque laténienne

Catalogue des objets exposés- Pointe de lance en forme de flamme, inv. 55.5.3

iiie-iie siècles avant J.-C.- Pointe de lance en forme de flamme, inv. 53.11.1

Chalon-sur-Saône, iiie-iie siècles avant J.-C. Bonnamour 1990, cat. 92 Pointe de javelot, inv. 67.2.4

- Pointe de javelot, inv. 55.8.3- Épée avec son fourreau, inv. 74.12.85

La Saône à Ouroux-sur-Saône. iie siècle avant J.-C. Szabó, Guillaumet 2002, ill. 12, n° 1

- Lame d’épée à nervure centrale, à décor chagriné obtenu par martela-ge, avec à croisière campaniforme, inv. 78.17.1 iie siècle avant J.-C.

- Lame d’épée à nervure centrale, uniformément polie, avec croisière campaniforme, inv. 73.5.2 iie siècle avant J.-C. (?)

- Fragment de lame d’épée très corrodée, ce qui met en évidence le corroyage, inv. 78.16.4 ve-ier siècles avant J.-C.

- Lame d’épée lisse à décor chagriné obtenu par martelage, inv. 73.1.30 ier siècle avant J.-C.

- Fragment de lame d’épée à nervure centrale, à décor de stries transversales obtenues par gravure, solidaire de la bouterolle de son fourreau, inv. 55.1.2 La Saône entre Chalon et Mâcon, iiie siècle avant J.-C. Bonnamour 1990, cat. 76

- Casserole à manche, inv. 74.12.21 iie-ier siècles avant J.-C. ?

- Ustensile mixte : louche-fourchette, inv. 81.32.1 La Saône à Montbellet (71), iie-ier siècles avant J.-C. ? Catalogue 1983, p. 35

- Broche à rôtir à tête triangulaire percée, inv. 71.20.67 La Saône à Marnay (71), iie-ier siècles avant J.-C. ? Guillaumet 1996a, pl. 2, n ° 9

- Broche à rôtir ornée d’une tête d’oiseau, inv. 73.69.6 La Saône à Marnay (71), iie-ier siècles avant J.-C. Guillaumet 1996a, pl. 4, n° 15

- Porte-broche orné d’une tête de taureau, inv. 86.3.31 La Saône à Saint-Germain-du-Plain (71), iie-ier siècles avant J.-C. Guillaumet 1996a, pl. 4, n° 14

- Entraves de prisonnier, inv. 01.28.1 Verdun-sur-le-Doubs, Le Petit Chauvort, iie siècle avant J.-C.

- Quatre lopins de type currency bar, inv. 82.7.6, 77.10.11, 77.10.14, 77.10.15 ve-ier siècles avant J.-C.

- Lopin bipyramidal, ve-ier siècles avant J.-C.

- Landier (sans son crochet pour suspendre les chaudrons) La Saône, second âge du Fer. (Collection particulière). Lieu de conservation : musée Denon, Chalon-sur-Saône (à l’exception du landier : collection particulière)

Vue aérienne de la vallée de la Saône.

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Une tombe à outils de La Chaussée-sur-MarneCette tombe appartient à une vaste nécropole de La Tène ancienne explorée en 1910 par le Dr Baffet, célèbre amateur de la région de Châlons. Il s’agit d’une inhumation (masculi-ne, si l’on se fie au témoignage du fouilleur). Elle contient des objets fréquents dans les tombes celtiques de Champagne : un gobelet à boire en céramique, deux fers de lance et un fragment d’armature de bouclier. Beaucoup plus inhabituelle est la panoplie d’outils qui accompagne le défunt, parmi laquelle on identifie une scie égoïne, une gouge à emman-chement transversal, une petite herminette, une râpe avec restes d’un manche en os, une lime plate et une lime ronde à denture fine (non visible), un petit couteau courbe et une pierre à aiguiser. La majeure partie de ces outils (scie, gou-ges, râpe) n’ont pu travailler qu’un matériau tendre, probable-ment le bois. Les limes et le petit couteau suggèrent quant à eux du travail de précision.(d’après Rose-Marie LEGENDRE et Simon PIECHAUD 1985)

Catalogue des objets exposés Est présenté l’ensemble du mobilier de la sépulture soit :- Un gobelet en terre cuite à pied resserré (922.2.757)- deux fers de lance (922.2.517 et 518)- un fragment de spina de bouclier (922.2.517)- un petit couteau (?) à emmanchement à soie (922.2.516)- une scie (922.2.509)- une mèche de tarière (922.2.510)- deux limes fines à emmanchement à soie (922.2.511 et 512)- une râpe (922.2.513) avec de probables restes de son manche en os- une petite herminette (922.2.514)- une pierre à aiguiser (922.2.515)

Seconde moitié du ve siècle avant J.-C.Lieu de conservation : Musée municipal, Châlons-en-Champagne (France)

Une tombe à épée de Reims (Marne)Cette tombe a été dégagée en 2002 au lieu-dit “La Neuvillette” lors d’une fouille de sauvetage. Outre une fibule et trois vases, elle contenait surtout une épée dans son fourreau. Ce dernier peut être considéré comme un objet exceptionnel de par les manipulations qu’il a subi. Appartenant à un type de la fin du ve siècle, il a dû être raccourci pour être adapté à une épée trop courte et trop étroite d’un type plus ancien. II comporte en outre plusieurs réparations très visibles sous forme de petits rectangles de tôle, qui devaient donner bien piètre allure au personnage qui était équipé d’une telle arme !(D’après Sophie Desenne et André Rapin)

Catalogue des objets exposés- Épée dans son fourreau, portant de nombreuses marques de

réparations, ve siècle avant J.-C.Lieu de conservation : Service régional de l’Archéologie, Châlons-en-Champagne (France)

Le sanctuaire de Gournay-sur-Aronde (Oise)La fouille de Gournay-sur-Aronde a révélé, voici environ 25 ans, la physionomie des sanctuaires celtiques. L’espace sacré est un enclos délimité par des fossés et des palissa-des, qui fut maintenu en activité du iiie au ier siècle avant J.-C. Le centre de cet enclos était occupé par une fosse d’exposition, recreusée à de nombreuses reprises et proté-gée par un édicule de bois qui fut ultérieurement remplacé par un temple gallo-romain de plan centré.Les phases d’occupation anciennes du sanctuaire ont livré un nombre très important de restes métalliques et osseux, vestiges de sacrifices et d’offrandes, qui ont surtout été retrouvés dans les fossés. L’ensemble correspond en effet à environ 200 panoplies militaires complètes, comprenant épée, bouclier et lance.Par leur ampleur et leur diversité, ces découvertes ont conduit à une révision radicale de la typologie des armes celtiques. Ainsi, on connaît désormais bien mieux l’évolu-tion du mode de suspension des épées au cours du iiie siè-cle avant J.-C. À cette époque, les Celtes innovent beau-coup dans ce domaine, expérimentant différents types de chaînes qui ne connurent pas d’utilisation prolongée.Bibliographie sommaire du site : Brunaux, Méniel, Poplin 1985 ; Rapin, Brunaux 1988 ; Lejars 1994.

Catalogue des objets exposés Trois éléments de chaînes de suspension d’épées illustrant trois

techniques de fabrication :- Élément de suspension à maillons torsadés (GSA 2689)- Élément de suspension à maillons en échelle (GSA 721)- Élément de suspension à maillons aplatis (chaîne-gourmette)

iiie siècle avant J.-C. (GSA 2286)Lieu de conservation : Musée Vivenel, Compiègne

Plan du sanctuaire de Gournay (phase II)

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Oppidum de BibracteMont Beuvray, Nièvre et Saône-et-Loire

L’oppidum de Bibracte, sur le Mont Beuvray, fait l’objet de recherches importantes depuis le milieu du xixe siècle. Il a livré quantité d’objets métalliques qui témoignent de la vie quotidienne de ses habitants au ier siècle avant J.-C. La construction de ses remparts a aussi mobilisé des quantités importantes de fer (plusieurs tonnes).L’oppidum était un centre économique, où se concentrait la richesse du peuple éduen dont c’était la capitale et où s’échangeaient les denrées issues du grand commerce ou des ateliers des artisans locaux. On observe en effet une forte concentration d’ateliers métallurgiques sur le site, principalement dans le quartier de la Côme Chaudron.Un atelier de forgerons particulièrement bien conservé a pu être entièrement fouillé à proximité de la Porte du Rebout en 1990-1991 (Pernot et al. 1993). C’est une petite construc-tion à ossature de bois de 4 m de côté, qui a livré une dizaine d’emplacements de petits foyers de forge. Les objets collectés comprennent quelques outils (une lime, un marteau), de très nombreux résidus sidérurgiques (scories, battitures) et une poignée de fibules abandonnées en cours de fabrication. Daté de la première moitié du ier siècle avant J.-C., cet atelier fut ensuite reconstruit au même emplacement, toujours pour continuer à fabriquer des fibu-les, mais cette fois selon une technique résolument diffé-rente, celle de la fonte à la cire perdue d’ébauches en bronze, qui permettait sans doute de gagner en productivité.Bibliographie sommaire de Bibracte : Goudineau, Peyre 1993 ; Gruel, Vitali 1999 ; Guide 2001 ; Guillaumet 1996b ; Mölders 2002.

Catalogue des objets exposés- Hache à douille (musée Rolin, BA 3407)- Deux serpettes (musée Rolin, BA 3402)- Spatule à poignée torsadée (estèque de potier ?) (musée Rolin,

BA 3337)- Suspension formée d’un crochet double solidaire d’un piton

(BiBRACTE, B990.9.651.1)- Deux clés (BIBRACTE, B995.9.3016.11 ; B995.24.49.2)- Trois couteaux à manche plat et anneau de suspension

(BiBRACTE, B994.7.5283.10 ; B997.9.4112.135 ; B997.9.4112.178)- Couteau à manche plat (BIBRACTE, B993.9.1932)- Tisonnier (musée Rolin, BA 4156)- Coin (musée Rolin, BA 3396)- Tas à gorge (BIBRACTE, B997.9.4119.9)- Lime (musée Rolin, BA 4163)- Support de lampe (BIBRACTE, B987.6.90.1)- Bloc de grès ayant servi d’enclume (BIBRACTE, B988.6.262.1)- Embout de tuyère en terre (BIBRACTE, B2001.32.264.1)- Fond d’amphore rempli de chutes de métal (BIBRACTE,

B2002.35.3.1)- Scories de forge (BIBRACTE, B2000.31.31.1167, 365, 2359)- Louche de fondeur fabriquée à partir d’un casque de type “Port”.

Fin du ier siècle avant J.-C. (BIBRACTE, B2001.32.258.1). Seule la calotte du casque a été conservée. Elle porte les deux arcades sourcilières faites au repoussé qui caractérise ce type de casque porté par les légionnaires romains.

- Paquet de fibules en cours de fabrication (BIBRACTE, B991.6.457.53)

- Fibule de type Nauheim (BIBRACTE, B991.9.6978.3)- Huit clous de murus gallicus (BIBRACTE)- Ensemble de mobilier métallique d’un dépotoir domestique,

vers 100 avant J.-C. (BIBRACTE, fosse 9.4112). Sur plus de 400 objets et fragments, on identifie, pêle-mêle et souvent à l’état fragmentaire, quatre fibules, une bouterolle de fourreau d’épée, un croc de fourchette à chaudron, un couteau, une serpette, des maillons de chaîne, un anneau, des ferrures plates et surtout un grand nombre de clous. ier siècle avant J.-C.

Lieu de conservation : BIBRACTE, Centre archéologique européen ; musée Rolin, Autun.

Vue aérienne de l’oppidum de Bibracte sur le Mont Beuvray

Plan de l’oppidum de Bibracte, avec l’emplacement de l’atelier de forgerons fouillé en 1990-1991.

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La Chaume du Beuvray

ChapelleSaint-Martin

La Terrasse

Fontaine St-Pierre

Parc auxChevaux

Pâturedu Couvent

Le Porrey

Les Grandes Portes

Le Teureau de La Roche

Fontaine de L'Ecluse

Le Champlain

La Côme Chaudron

La Porte du Rebout La Croix

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FontaineSaint-Martin

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MUSEE

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Le Teureaude la Wivre

Le Champlain

La Côme Chaudron

L’atelier de forgerons

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Bibliographie générale

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Bibliographie des sites présentés

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Petit lexique

AcierAlliage de fer et de carbone contenant moins de 1,8 % de carbone, susceptible d’acquérir, par traitement mécanique et thermique, des propriétés très variées.

AlliageProduit métallique obtenu en mélangeant deux métaux ou en incorporant à un métal un ou plusieurs éléments pour modifier certaines de ses propriétés ou même lui conférer des propriétés nouvelles.

BattitureÉclats de métal qui jaillissent sous le marteau du forgeron. Avec les scories, les battitures sont des résidus qui témoignent de l’activité de forge.

BronzeAlliage de cuivre et d’étain à forte teneur en cuivre (le plus souvent supérieure à 80 %), de couleur jaune, se prêtant facilement à la mise en forme par fonderie. Appellation antique : airain.

Chaudronnerie- Travail de façonnage des métaux en feuilles.- Technique de construction des pièces métalliques, rivées, embouties ou

estampées.Cinglage

Le fer qui sort d’un bas fourneau est poreux et chargé de fragments de charbon de bois, de scories, de minerais… En le battant à chaud, on procède à une opération d’affinage pour faire sortir ces impuretés et le rendre plus compact.

Corroyage- Action de déformer un métal ou un alliage à chaud pour améliorer ses propriétés

en cassant sa structure de solidification.- Soudure ou forgeage à chaud de barres ou tôles métalliques.Creuset

Récipient en céramique résistant à de très hautes températures, servant à fondre ou à calciner certaines substances (fonte du bronze, de l’or, de l’argent, etc.).

CuivreMétal de couleur rouge-brun. Mis à part l’or, c’est le premier métal utilisé par l’homme, d’abord sous sa forme native, c’est-à-dire récolté à l’état pur. Il est martelé à froid pour fabriquer des objets.

Damas(De la ville de Damas). Sorte d’acier dont la surface offre un aspect moiré. Il est constitué d’un feuilletage de différents aciers, plus ou moins riches en carbone, que le forgeron soude, plie, replie, torsade, martèle à la limite de la fusion, puis polit et attaque à l’acide pour révéler les marbrures.

DamasquinageArt et action d’incruster, au marteau, de petits filets d’or, d’argent ou de cuivre formant un décor, dans des entailles préalablement pratiquées sur un objet de fer, d’acier ou de cuivre.

EstampageFaçonnage par déformations plastiques, d'un morceau de métal ou d’une tôle à l'aide d’une matrice, pour lui donner une forme et des dimensions très proches de celles de la pièce finie.

ÉtainMétal d’un blanc d’argent, plus dur et moins dense que le plomb. Employé dès le iiie millénaire avant J.-C., allié avec du cuivre (bronze).

FerLe fer est extrait de divers minerais. Très répandu dans l’écorce terrestre, il constitue le noyau de notre planète. Tenace, ductile, malléable et magnétique, c’est le métal le plus utilisé dans l’industrie. Il est l’ingrédient de base des aciers et des fontes. Symbole chimique : Fe.

Forge- Technique artisanale utilisant la chauffe à l’aide d’un four et le martelage du

métal sur une enclume pour fabriquer des objets en fer ou en acier.- Foyer dans lequel le forgeron chauffe la matière à forger.- Atelier où se déroule la mise en forme du métal.Forger

Travailler un métal pour lui donner une forme bien définie. Fabriquer un objet.Forgeage

Action de déformation à chaud ou à froid du métal. Le forgeage peut se faire à l’aide d’outils simples : marteaux, enclumes, dégorgeoirs…

ForgeronArtisan fabriquant à la main diverses pièces en métal, à l’aide d’outils tels que des marteaux, masses et enclumes.

FerrailleDébris de pièces en fer, en fonte ou en acier ; pièce de métal hors d’usage.

Ferraillage- Ensemble des fers d’une construction en béton armé.- Mise en place des armatures en fer avant bétonnage.Ferrailleur- Personne qui fait le commerce de la ferraille.- Ouvrier chargé de la mise en place du ferraillage d’une construction.- Homme qui aimait se battre à l’épéeFonderie- Procédé de fusion, de purification et de coulée des métaux et des alliages.- Atelier métallurgique dans laquelle les métaux ou les alliages sont fondus et

coulés dans des moules pour leur donner la forme voulue.Fonte

Alliage de fer et de carbone dont la teneur en carbone est comprise entre 2,5 et 4,6 %.

Fourneau (bas)Four de petite dimension, à cuve basse, où l’on réduit le minerai pour obtenir directement le fer. Le minerai de fer est chargé avec un combustible (charbon…) en couches successives. La chaleur et le carbone dégagés permettent une réaction chimique (réduction), dont le résultat est la production d’une loupe de fer pleine d’impuretés. Par affinage (martelage à chaud) de cette loupe, on obtient un fer épuré sous forme de lopin. Il s’agit du procédé direct d’obtention du fer, sans passer par une phase liquide.

Fourneau (haut)Grand four à cuve destiné à fondre le minerai de fer et dans lequel le combustible est en contact avec le minerai. S'y effectuent depuis le xviiie siècle la réduction, puis la fusion réductrice des minerais de fer et l'élaboration de la fonte ou d'autres alliages ferreux.

LopinMorceau de fer destiné à être façonné à chaud par laminage, filage ou forgeage. À l’époque gauloise, le fer est commercialisé auprès des forgerons sous forme de lopins.

Métal- Or, cuivre, bronze, a rgent, fer… Sur les cent douze éléments chimiques connus,

soixante-dix sont des métaux. Ce sont des matériaux qui conduisent bien la chaleur et l’électricité, qui ont une aptitude à la déformation et un éclat particulier dit “métallique”.

- Moyen d’échange, étalon monétaire.Métallurgie

Ensemble des techniques qui permettent d’extraire et de traiter les métaux à partir de leur minerai. La métallurgie a transformé la vie des hommes en permettant la fabrication d’objets plus perfectionnés qui ont généré des échanges commerciaux importants. L’or, le cuivre, l’argent et le fer ont été les premiers métaux utilisés par l’homme.

MineraiTout minéral qui contient, à l’état pur ou sous forme de mélange, une ou plusieurs substances chimiques déterminées, en proportions telles qu’on puisse les isoler industriellement.

SidérurgieEnsemble des techniques qui permettent d’élaborer et de mettre en forme le fer, les fontes et les aciers.

TechniqueOn entend par technique tout procédé, matériel ou non, dont la mise en œuvre conduit à un résultat connu d’avance, permettant de contribuer à la satisfaction directe ou indirecte d’un besoin humain et faisant l’objet d’une utilisation sociale effective.

TrempeImmersion dans un bain froid d'un métal ou d'un alliage chauffé. Le refroidissement rapide permet de “choisir” les qualités plastiques de l'objet forgé : élasticité, souplesse, dureté… en figeant sa structure moléculaire acquise à chaud.

TuyèrePièce d’argile résistant à de très hautes températures placée dans l’épaisseur de la paroi du four et destinée à recevoir l’embouchure d’un soufflet permettant ainsi de concentrer et de diriger l’air vers l’intérieur du four.

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ISBN : 2-909668-34-7 – Prix de vente : 5 f

Musée de Bibracte – Mont Beuvray – 71990 Saint-Léger-sous-Beuvray – Bourgognetél. 03 85 86 52 39 - www.bibracte.fr - [email protected]