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PUBLIÉE SOUS LA DlRECTIO:-/ Docteur PAPUS ERIA DU Revue Mensnelle Illustrée d'Études Initiatiques 4 e VOLUME - 1 re A 1 YS Admimstrati/l/l de <. M,l'stena ,. i4, Rue RlJdier, Paris (IX-). - Téléphone: Trudaine 58-87 RÉDACTION, AD.\Ul 1. TRATION, .-\BON EM8NT8 PARTIE ÉXOTÉRIQUE la /tla/1l heu1ef,lse:' (p. 195). .. Papus. PARTIE PHILOSOPHIQUE Les Facultés occultes 1e fhomme(av. gr. Il p. IH?).. Papus. Les Ami.SI p. 210 1. Sédlf. Les .Vombres (p. 215) ......... .. F.-Ch. Barlet. Lfs Plantes (p 230) ................. C. B. Saillt-Y7.e d'Alvl1),dre (p. 2ii) , Les Amis de Saint-Yvel. PARTIE INITIATIQUE Lt's Rapports de la K,zbbale Ip X. G. R. N. R. PARTIR LITTÉRAIIOE : Ordre Martiniste. - Les 'Prédictions des Voyantes pour 1911. - Société des Conférences spiritualistes. - Le Mois confe· rencier. - Une Conférence du Dr Encausse. - Comme le Chien du Berger.· Principaux articles parus dans Myste-rlu.. - Principales gra- vures parue. dans Jfysteria. - A la recherche du Bonheur SOMMAIRE DU J 2 (DÉCEMBRE 1913) Le numél'O : 1 fI'. 25 Un AN \ 10 francs pour III !,'rallce. 1 12 francs pour l'Etranger'. (Tous les Abonnements parteni de Janvier)

Mysteria décembre 1913

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Mysteria. Revue mensuelle illustrée d'études initiatiques

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  • PUBLIE SOUS LA DlRECTIO:-/

    Docteur PAPUS

    ERIADU

    Revue Mensnelle Illustred'tudes Initiatiques

    4 e VOLUME - 1 re A 1 ~

    YS

    Admimstrati/l/l de

  • PROGRAMME

    Il existe notre poque beaucoup de Revues con-sacres la diffusion, soit du Spiritualisme, soit desfaits psychiques. et chacune de ces l'il blicati0!1s r-pond un 'besoin intellectuel spcial.

    /1 y a des hommes de science et des esprits mdi-tatifs et srieux pour lesquels les faits et leur con-trle minutieux priment tout. A cette clientle r-pondent les Revues psychiques.

    Il existe, au contraire, des tres tout de sentimentpour qui les ides leves et les aspirations de d-vouement priment touLPourcette classe de lectrices,les Revues spirites et mystiques trouvent leur raisond'tre.

    Enfin, il ne faut pas oublier les diverses coles.Q!Iand un poussin est devenu cgq, il fonde une fa-mille. ou une nouvelle cole. Q!Ielque nom qu/ilprenne, l'ancien poussin reste toutde mme un gal-linac )} et ne diffre des autres que par ... la cou-leur du plumage. Mais'qumporte! Une nouvelleEcoles'accompagnegnralementd'un nouvel organe.Et c'est justice !

    Mais le domaine de l'occultisme est considrable.Pendant vingt-deux ans. sans interruption, nousavons dirig la Revue t'Initiation qui constitue lerpertoire le plus complet dr. l'occultisme contem-porain. et qui a aid d'une manire remarquablel'expansion .de ce mouvement.

  • Mysteria )) est, de plus, documentaire au premierchef. Elle publie d'anciens textes introuvables et destudes de fonds, qui la caractrisent tout particuli-rement.

    Enfin une section spciale est consacre auxArts divinatoires qui sont "'introduction auxtudes plus techniques. Le Bateleur ouvre le Livred'Herms.

    Mysteria est aussi l'organe officiel de nom-breuses fraternits initiatiques rattaches diversestraditions.

    Voil pourquoi Mysteria compte au nombrede ses lecteurs et abonns les esprits ls plussrieux parmi ceux qui s'intressent au problme dela haute science.

    Avec ce nl"Jmro finissent les abonnement&de 1913. Nous prions rnstamment nos abonnsde nous envoyer directement le renouvellementde leur abonnement par mandat ou bon de posteadress l'administration de Mysteria ,14, rue Hodier, Paris.

    Ceux de' nos abonns qui ne voudraient pasprendre la peine d'envoyer un mandat, recevront,par la poste, le renouvellement de leur abonne-ment, augment de 0 fr. 50 pour frais de recou-vrement.

  • l\lIYSTERIA (~ensetgnementsutiles)DIRIWTION:

    i4, rue Radier, i4Tlph. : 'l'rndaine 56-67

    PARIS (IX)DIRECTEUR

    PAPUSSec1'tai1'e de la Rdaction

    COMBES Lon

    ADMINISTRA'rION :Abonnements

    PublicitVente au numro

    14, rue Radier, i4

    PARIS

    Mamlsc1'S. - Les manuscrits doivent tre adresss la Rdaction. Ceux qui ne po.urronL tre insrs netieronL pas rendus, moins d'avis spcial. Un .numrode la Revue est toujours compos d'a~ance : les manus-crits reus ne peuvent donc passer au plus tt que lemois suivant.

    Pril'e d'adresser tous les changes: 14, rue Radier,Paris.

    MYSTERIA e L, en France, l'organe oflkiel desformaLions suivanLes :

    ORDRE MARTIi'iIS'rE, Dlgu et Loge:s dans !.ouLes lesparties du monde.

    ORDRE KABBALfS'rlQUE DE LA ROSE * CROIX, rserv au~anciens MarLinisLes.

    COLE SUPRIEURE LIBRE DES SQ[ENC~S HERMTlQUES.UNLON IDALlS'rE UNIVERSELLE.RITE ANCIEN ET PRIMITIF DE LA FRANC-MAONNERIE (Cha-

    piLre et Temple INRI).RlTE NATLONAL ESPAGNOL (Loge symb. Humanidad).GLISE GNOSTIQUE UNIVERSELLE (sige central, Lyon).ACADEMIA SYMBOLICA (Paris).ORIEN'l'AL TEMPLAR ORDER (o. T. o.) (Londres et Berlin).COLE SUPRIEURE LIBRE DES SCIENCES MDIOALES APPLI-

    QUES (PARIS).PROPAGANDE I.'lTIvrRlCE DU FMINISME SPIRITUALISTITI.

  • L'UNIT DES RI!:LIGlONS

  • '/

    Mysteria entre bientt dans une nouvelle anned'existence.

    A cette occasion, diverses modifications vont treintroduites dans notre publication.

    Tout d'abord, disons que l'administration de laRevue a t transfre, 14, rue Rodier, Paris:

    Les bureaux de la Rdaction ont t, pour caused'agrandissement, aussi transfrs au 14 de la rueRodier, a Paris (Tlph. Trudaine 56-67).

    C'est l que nous prions nos rdacteurs de nousenvoyer dsormais leurs articles et leurs projets con-cernant la rdaction de la Revue.

    Ces questions matrielles rgles, parlons un peude nos efforts pour rendre Mysteria aussi intres-sante que possible pour ses lecteurs.

    Tout d'abord, nous donnerons une extension sp-ciale la section exotrique de la Revue en repre-nant dans chaque numro l'tude lmentaire des arts divinatoires:,) et en publiant de nombreux

  • '19l MYSTERIA.

    extraits illustrs d'un petit ouvrage en compositionsur l'A Bede l'occultisme .

    Dans la section philosophiqlle, Mus nous propo-sons de publier, a la demande de nombreux lec-teurs, d'anciens 1rt ides de l'Initiation, devenus in-trouvables, surtout dans les premires annes decette Revue dont Mysteria est la continuation.

    Ainsi nous donnerons nos lecteurs une vritablerevue complmentaire de toutes les publicationspsychiques et nous ouvrirons un nouveau champd'activit pour l'tude de l'occultisme et de l'sot-risme sans distinction d'coles.

    La Direction.

  • ~~I~~~~~~~PARTIE EXOTERIQUE

    Avez-vous une main heureuse ?

    Si votre main ne porte pas les signes du bonheuril ne faut pas, bien entendu, desesperer pour celacar la volonte unie la demande d'assistance des,forces spirituelles peuvent tout modifier.

    Mais cette modiHcation est plus facile pour ceuxqui sont proteges du Destin.

    Comment voit-on cette protection? Par les signesque tout le monde peut trouver dans sa main gauche,sans avoir pour cela etudier de gros traites dechiromancie.

    Regardez si vous avez une fourche plus ou moinsbien dessinee la naissance de l'annulaire de lamain gauche. Ce doigt, qui pl'ecJe immediatementle petit doigt ou auriculaire, est celui sur lequel onporte de preference les anneaux d'or (ou de simili).De l son nom d'annulaire Les chiromanciers l'ap-pellent doigt d'Apollon.

    Si vous avez une fourche la racin de ce doigtvous aurez toujours l'argent necessaire une exis-tence large et vous parviendrez la fortune matrielle.

    Si, en plus, vous avez une croix sous t'index

  • 196 MY5TERIA

    l'amour unira ses bienfaits la fortune, et je souhaitecette main toutes mes lectrices.

    t.

    Une croix sous Jupiter. Une fourche sous Apol-lon.

  • ~ \QJ \.B) ~PARTIE PHILOSOPHIQUE ET SCIENTIFIQUE

    Cette parlie est OU'IJerte aux cri'IJains de toutes coles sansaucune distinction, et chacun d'eux conserve la responsabilit6xclusi'11e de ses ides.

    hes faeults oeeultes de l'aommeL'tre humain est en somme une machine pro-

    duire de la force nerveuse. En effet, ce qui est int-Te ssant dans une usine, c'est de voir ce qui entrecomme matires premires et ce qui sort comme ma-tires transformes.

    Dans l'tre humain, il entre des aliments solideset des boissons liquides, de l'air atmosphrique,puis des sensations. Tout cela se transforme, donnedes sous-produits (excrments, urine, air expir) etproduit en dfinitive la force nerveuse qui met toutela machine humaine en mouvement, depuis la plustnue des artres ou des veines, jusqu'aux membreseux-mmes de l'tre humain.

    Or, de multiples expriences dont on trouvera ledtail dans les auteurs spciaux, il rsulte que cetteforce nerveuse, qui prside aux mouvements dansl'tre humain et la vie consciente, peut s'irradierhors de l'tre humain et produire des faits tudissous le nom de magntisme, de faits psychiques oude spiritisme.

    Quelques mots sur les facults occultes del'homme nous semblent donc ici indispensables.

  • 198 MYSTERIA

    ** *

    Tout d'abord, il faut bien se rappeler que dansl'tre humain, il y a plusieurs tres, plusieurs ap-partements, plusieurs dieux ou plusieurs anges,selon les coles et les traditions. Nous rptons qu'ilne faut jamais avoir peur des mots qui sont seule-ment des pouvantails pour les ignorants.

    Il y a, dans tout tre humain, deux tres princi-paux, avec plusieurs sous-ordres.

    ,0 Un tre conscient, incarnation et manifestationde l'esprit immortel, qui agit pendant la veille etqui commande directement les organes suivants:

    a) le cerveau et le systme crbro-~pinal ;b) tous les muscles. fibres stries, c'est--dire

    dpendant de la volont; muscles des bras et desjambes, quelques muscles du thorax, muscles dela vessie' et du gros intestin, ainsi que les diverssystmes qui se rattachent l'appareil de la gn-ration;

    ,20 Mais, dans cet homme qui veille, existe unautre tre, obscurci pendant la veille et qui reprendtoute son autorit pendant le sommeil. Ce secondtre, c'est l'homme des astres, celui qui est en rela-tion constante avec la force universelle, celui parlequel l'tre humain communique directement avectoutes les puissances secrteS' de la nature. Cet tre .a reu, on le pense bien, des noms multiples, Para-celse l'appelait la mnagre de )'organisme ou lecorps astral. C'est ce nom qui lui est rest chez les

  • 1LES FACCLTS OCCULTES DE L'HOMME 199

    occultistes. Les spirites l'appellent le perisprit ,Ollelque soit le nom qu'on lui donne, cet treexiste.

    Pour les physiologistes, il est localis dans le sys-tme nerveux du grand sympathique, ou de la vieorganique. Ce systmt; nerveux commande tousles organes qui chappent l'action directe de lavolont. Il prside aux fonctions de tous les organessplanchniques, cur et poumons, estomac, foie,rate, intestins j il prside la circulation tout en-tire de l'organisme, en agissant sur les artres etles veines par les nerfs vasa-moteurs; il commandetoutes les glandes de l'organisme, qu'il dfend aumoyen des scrtions glandulaires d'une part, 'et dela mise en marche des phagocytes, d'autre part. Ilagit direct/(ment sur les muscles fibres lisses. Lafigure ci-jointe mentre schmatiquement ces deuxtres, qui sont en nous. Dans la figure de gauche, enregardant le dessin, on voit l'homme l'tat de veille;l'tre conscient est blanc. et l'tre astral est noir. Aucontraire, dans la figure de droite, l'tre conscientest noir et l'tre astral est blanc. On remarqueraque l'intelligence de l'tre astral est localise dansle plexus cardiaque. Ceci a une grande importancepour l'tude des faits magntiques et des faits spi-rites.

    ....

    Il y a encore, dans chaque tre humain conscient,un homme droit et un homme gauche, ayant cha-

  • 200 JlYSTERIA

  • LES FACULTS OCCULTES DE L'HOMME '201

    cun leur cerveau dtermin, hmisphre droit pourl'homme gauche, et hmisphre gauche pourl'hom me droit. Stanislas de Guaita a merveilleuse-ment dcrit la double polarit de ces deux tres,dans l'homme et dans la femme.

    L'hmiplgie, ou paralysie de la moiti du corps,se charge de montrer que la sparation de ces deuxtres est possible, sans a mener la mort. Chacune deces moitis de l'tre humain correspond aux hmi-sphres de chaque plante qui sont clairsa!ternati-vement par le soleil et par la 1une, et aux deux so-leils de chaque systme solaire, le soleil blanc, ou allum , qui est dans un des foyers de l'ellipse,et le soleil noir, ou astralis , qui est l'autrefoyer, Nous aurons sans doute l'occasion de revenirsur ce point, que nous illustrons par quelques fi-gures.

    ...

    Pour produire hors de l'tre humain la manifes-tation des facults occultes, on comprend qu'il suf-fit d'tablir un quilibre, souvent instable, danslequel l'tre astral dominera les phnomnes, alorsque l'tre conscient servira simplement de con-trle. C'est l ce qui se produit dans l'extase reli-gieuse, ou autre, pendant laquelle l'homme astralentre directement en relation avec son lieu d'origine,et prsente la sensibilit de l'tre conscient desimages se rapportant ce nouveau plan d'existence.

    C'tait l le but de toutes les crmonies initia

  • LES FACULTS OCCULTES DE L'HOMME 203-

    tiques de l'antiquit, et, aprs un entranement pro-gressif, l'initi tait capable de se transporter direc-tement et par ses propres moyens, dans le plan as-tral, puis dans le plan divin, et d'en rapporter lesenseignements positifs les plus levs.

    La certitude de l'immortalit aprs la mort physi-EJue devenait alors un fait si positif que cette mortn'tait considre que comme une dlivrance et nonpas comme une souffrance. Cette action directe del'tre incarn dans le plan invisible demande l'assis-tance de beaucoup d'tres de ce plan. Aussi, dansles premiers entranements qui se faisaient dans lestemples gyptiens, l'aspirant tait-il compltementendormi; l'etre conscient ne se souvenait au r-veil des phnomnes ressentis, que comme un dor-meur se souvient en s'veillant des songes lucidesqu'il a pu avoir.

    En effet, le rve peut avoir trois origines: d'abordune origine seulement organique, rves dus aumouvement du sang dans le cerveau, ou aux effetsde la digestion ou de la vie purement organique;ensuite, rves directemeut astraux, dans lesquels onsemble voler en l'air, flotter dans la lumire et quiindiquent seulement le renouvellement des forcesastrales en nous j enfin, songes vritable.", danslesquels l'tre conscient est mis en relation par lestres invisibles avec les plans suprieurs d~existence. C'est le seul moyen qui reste ces tres invi-sibles pour faire communiquer l'tre humain incarnavec les mondes su prieu l'S, et tau t tre humain, depuis

  • MYSTERIA

    le dernier des charretiers, jusqu'au plus grand dessavants, peut participer cette communion myst-rieuse, tant il est vrai que les tres sont classs, dansl'au-del, bicnautrement quesur terre; un hommepeut en effet avoir beaucoup ici-bas et n'tre rienl-bas, un autre peut tre beaucoup dans l'invisible,et n'avoir rien ici-bas. Aussi, les songes de lu-mire sont-ils envoys ceux qui sont quelquechose, et n'existent-ils souvent pas pour ceux quiont beaucoup et ne sont rien .

    .. ..

    A ct de ces manifestations, les plus leves desplans suprieurs, il existe beaucoup de facultsplus faciles vrifier. Ainsi, la force astrale s'irra-die sous l'influence de la prire ou de l'entrane-ment volontaire, hors de l'tre humain l'tat deveille.

    On pe ut donc produire trs facilement des guri-sons dans les cas o la transfusion de force nerveuse suffit pour remettre en tat un tre humaindsquilibr, physiquement ou psychiquement;telle est la cl de cures obtenues par les m'agnti-seurs, les gurisseurs, les thurges. et tous ceux quiont compris que la thophanie est toujours unescience vivante, alors que la thosophie est unescience purement mentale et morte quant ses rsultats pratiques.

  • LES FACULTS OCCULTES DE L'HOMltfE 205-

    A ct d.e ces cas, o l'tre humain garde sa cons-cience dans la production des faits psychiques, il ya une foule d'autres cas o l'on agit en se servantd'tres endormis, sujets ou mdi:Jms. Nous allonsmaintenant nous occuper de ces cas.

    Les phnomnes o l'on emploie des sujets en-dormis suivent une progression qu'il est faciled'analyser. Les faits les plus simples sont ceux quise produisent la suite de la congestion brusquedes centres nerveux sensitifs et qui sont COl1I1USsous le nom d'hypnose.

    La suggestion qui agit simplement comme unepassion et qui, souvent, n'arrive pas dominer lespassions habituelles, est un des plus connus desfaits de l'hypnose, qui intressent davantage lesmdecins que les oCltistes.

    Avec le magntisme, nous entrons dans un do-maine plus intressant. La force astrale de l'trehumain se dgage et, comme l'a montr le docteurBaraduc, comme le prouvent les expriences ducommandant Darget, cette' force est susceptibled'tre enregistre par les appareils (biomtre deLouis Lucas, de l'abb Fortin, du docteur Joire, deBaraduc et de M. de Tromelin), soit photographi-quement (expriences de Darget, de de Ro-chas, etc ... ).

    Dans ces faits de magntisme, l'astral du sujetendormi peut se transporter dans le cerveau du ma-

  • 206 MYSTERIA

    gntiseur pour y lire des penses, il peut aussi setransporter rellement distance et manifester la sortie de corps astral inconsciente mais dirigepar le magntiseur.

    Ce sont l des phnomnes des plus intressantset qui demandent une tude attentive et des lec-tures nom breuses.

    On peut rattacher cette tude les pratiques decertaines sectes orientales, comme les f:lkirs, dansllnde, les derviches, en Perse, et les aisaouahs dans l'Islam; sous l'influence du ddoublEment as-tral, les sujets deviennent insensibles au fer et aufeu. Ils s'enfoncent des clous dans la tte, mchentDes verres boire, ou se sortent 1il de l'orbitesans aucune lsion par la suite. Ils marchent aussisur le feu: ce sont l des consquences d'un vri-table bain astral .

    ..

    Nous arri vons maintenant aux phnomnes dits{( spirites.

    Les anciens et surtout les gyptiens connaissaientadmirablement l'emploi des forces astrales mises la dispositiol2 des entits invisibles qui devaient semanifester.

    Mais alors que nous demandons cette force astraleen petite quantit et avec beaucoup d peine untre humain endormi ou mdium, les anciensEgyptiens prenaient cette force des animaux sacri-

  • FLES FACULTS OCCULTES DE L'HOMME 207

    fis. Homre nous dcrit le rituel complet de ce ph-nomne dans l'vocation de l'ombre de Tyrsiaspar Ulysse, au moyen de l'astral issu du sang d'un{;hevreau gorg.

    Dans le fond des temples gyptiens se trouvaitune salle place derrire le sanctuaire et qui taitremplie des corps des animaux sacrifis et desplantes offertes l'esprit invisible qui protgeaitle temple. C'tait la sallede l'offertoire Oupnek-Hat , dans laquelle taient concentrs les fluides as-traux qui taient ensuite capts et condenss dansl'arche place au milieu du sanctuaire.

    A l'poque actuelle, ces fluides sont, commenous l'avons dit, emprunts un sujet endormi oumdium . Ce sujet, suivant l'expression de M. deRochas, extriorise de la motricit -;>, il peutmettre en mouvement, distance et sans contact,de menus objets (expriences photographies dudocteur Ochorowitch) ou mme des objets assezlourds, comme des tables (expriences d'EusapiaPaladino).

    Cette force extriorise hors du mdium peut al-ler se modeler distance dans de la cire, du masticou de la paraffine fondue (empreintes matrialises).Enfin, cette force peut servir de noyau des appa-ritions, visibles pour plusieurs assistants et photo-graphiables. Ce sont l les phnomnes dits de matrialisation les plus intressants qu'onpuisse tudier en utilisant les mdiums, mais aussiplus difficiles a obtenir dans des conditions de con-

  • 208 MYSTERIA

    trle vritablement efficace. On trouvera dans nosPremiers Elments d'Exp~rimentation des faitspsychiques , ainsi que dans notre volume la Ma-gie et l'Hypmose ou dans le travail si intressant deGabriel Delanne Sl,lr les matrialisations, une foulede faits se rapportant ces expriences.

    ..

    .. ..

    Le grand agent de direction de la force astralesoit dans l'homme, soit hors de lui, c'est la volont,. Dans ces dernires annes, une foule de volumesont paru, concernant la dynamisation de la volontet son application la direction de la vie pour pro-voquer la chance. Ce qu'on oublie de dire dans cesvolumes, c'est que la volont seule ne peut pasgrand'chose; il faut d'abord que cette volont ait sa disposition des fluides astraux trs purs, obtenussoit par le jene et le vgtarisme au point de vue phy-sique, soit par la mditation, le silence et l'absencede haine ou de mdisance au point de vue astral etmental, soit surtout par l'assistance de l'invisiblequand cette volont est mise en action. Cettea3sistance de l'invisible ne peut tre obtenue '-luepar la prire et la demande consciente d'interventiondes plans de haute spiritalit. C'est l ce qui dis-tingue la thosophie ou voie purement mentale detravail, de la thophanie, ou voie vritablement divined'action, aboutissant l'autopsie.

    Ce sont l des mystres qui taient pratiqus

  • LES FACULTS OCCULTES DE L'HOMME 209

    dans tous les temp.les de l'antiquit et ce serait leurfaire injure que d'appeler thosophes ceux qui, enutilisant l'assistance divine, l'absence d'orgueil men-tal et la prire, arrivaient aux sublimes rvlationsde la thophanie.

    La pratique des forces occultes demande donc unetude de l'hygine du corps physique et des rgi-mes, puis une tude de l'hygine du corps astral etde l'tre mental par des entranements psychiques;enfin, une hygine des centres spirituels par la cha-rit, la prire et le sacrifice de toute attraction ter-restre. Dans ce court rsum, nous ne pouvonsqu'indiquer ces lments qui seront tudis avecfruit dans les ouvrages spciaux.

    PAPUS.

    2

  • Les AmisLe Pre a voulu que les trsors nous soient acces-

    sibles en proportion de leur ralit. La route de laPuissance ne s'ouvre que devant un petit nombred'hommes. Les chemins de l'Intelligence se rencon-trent assez frquemment. Les voies de la Richesses'offrent un plus grand nombre encore. MaisJsusouvre devant tout homme une traverse conduisant l'troite coursire qui monte aux seuls rels tr-sors du sentiment.

    Le sentiment est ce fil rattachant tout tre chacundes autres tres, rsistant toute rupture, et aveclequel les anges tissent le dcor immense, o la Tri-nit sainte retrouve l'image rduite de ses infiniesperfections. Les besoins conduisent les hommes se runir, les opinions aussi' mais par des liensartificiels et fragiles. Le sentiment seul tresse les

    -liens solides et rend la fraternit vivante parce qu'ilest lui mme la vie.

    Les sages ont dit la beaut du sentiment, pu rentre tous, par lequel un homme s'attache unautre homme, son ami. Le Christ reprend cette affec-tion, la traite par des ractifs inconnus jusqu' Lui,etla transforme. Il demande l'amiti d'admettre untroisime convive ses intimes banquets: Lui-

  • LES AMIS 211

    mme. Il s'invite, Lui, le m31tre des dieux et desmondes nos maigres festins' il les magnifie, il yapporte l'atmosphre de sa joie parfaite, et l'amitise :lgage de ces ineffables conversations sous lafigure divine de l'Amour vrai.

    L'Evangile ne parle pas de l'amiti; il ne parlegue d'Amis et que d'Amour. Dans les paysagesternels o il nous entrane, les demi-ferveurss'tiolent, les sentiments raisonnables s'anmient encore. Jsus s'efforce nous inspirer le gotde l'Amour; il nous en donne l'exemple admirable,il nous presse de le suivre; il s'offre avec toute lagrce persuasive de sa dilection.

    Pour nous convaincre, il numre ses bienfaits,il explique sa tendresse. Je vous aime, dit-il, comme mon Ptre m'aime' demeurez dans mon amour; que ma joie devienne votre joie; comme je vous aime, aimez-vous les uns les autres; nul amour n'est plus grand que celui qui donne sa vie pour ses amis; n'ai-je pas donn ma vie pour vous? Donnez-moi d(lnc la vtre, ne craignez rien, puisque j'ai promis de vous la rendre au cen- tuple. Je vous appelle mes Amis parce que je vous accueille dans mon intimit. "Je vous dirai tous mes secrets. J'ai tout organis de faon que,

    ~ en vous aimant les uns les autres, c'est moi qui vous aimerez; car ce n'est que si vous m'aimez que je puis faire votre bonheur.

    Les Amis vritables sont donc ceux-l seuls quis'aiment en Jsus, qui retrouveo.t Jsus dans les

  • 212 MYSTERIA

    curs les uns des autres, qui l'aperoivent sanscesse dans leurs idals mutuels et mme dans leursmutuelles laideurs. Ils savent ne vivre que par lavertu de son sang divin qui goutte sur leurs espritsdu haut de la croix mystique. Ils ne comprennentque par le reflet de son omnisciente sagesse. Ils nevoient que ce qu'ils aperoivent de Lui; ils n'igno-rent que ce qui reste inconnaissable en Lui: leursensibilit vient de la Sienne, leur force du contactde sa main. Leur endurance, c'est de suivre ce P-lerin jamais las parmi les nbuleuses et les galaxies.Leur piti sur les misrables, c'est la splendeur duTrs Compatissant, penche sur leurs haillons. Leurs.soins aux malades, c'est le regard thaumaturgiquedu Thrapeute infaillible. Leur science c'est unephrase entrevue sur les pages immuables du Livrevident .. Leur art, enfin, c'est encore Lui: musi-cien qui harmonise toutes les voix depuis le hurle-ment du dmon jusqu'au murmure mlodieux duSeraph; c'est Lui le peintre des fresques universelles;c'est Lui le sculpteur des montagnes et des abmes.

    Les amisdoivent tout l'Ami; et ils ne peuventrien lui rendre qu'en s'offrant les uns aux autres cequ'II leur a donn chacun personnellement. Ceseigneur, Us l'osent appeler leur Ami, leur Bien-Aim; car l'Amour est en eux; ils sont en l'Amour;et l'Amour est tout entier. Celui-l mme qu'ilsaiment, ils l'adorent. et ils se dtestent: car ils;iavent maintenant comme ils l'ont fait souffrir; desmilliers de fois, ils l'auraient tu, si le Dieu qu'est

  • LES AMIS 213

    Jsus ne ressuscitait chaque instant l'Homme im-mol qu'Il est aussi.

    Jsus, source inpuisable de l'Impossible, del'Indicible, de l'lrrvl - Jsus, nom- qui couledans le cur des Amis comme l'eau dliciese desfontaines ternelles; nom en qui, la fin des temps,les astres flamberont comme dans un brasier; -Jsus qui porte dans la main gauche les cendresdes mondes disparus, et dans la droite, les semencesdes mondes futurs; - Toi que sollicitent et l'ado-ration des cohortes angliques et' la douleur desfoules humaines; Toi qui soutiens tout le ciel, etqui soulves toute la terre; Toi, si parfaitement bonque tu ignores ta bont, - Tu sais garder tesAmis des minutes o tu t'offres chacun d'euxaussi totalement qu'il est possible de Te recevoir:donne-leur donc tout, donne-leur Toi.

    A ce moment, ceux-ci se jettent sur Ton cur,se perdent dans ce cur, pour y mourir, pour yrenatre sans relche; leurs extases spares par debrefs regards des uns vers les autres, o ils se don-nent tout entiers les uns aux autres. Ils aiment detout leur cur, de toutes leurs forces, de toute leurme. Et leurs soupirs, leurs prires, leurs plaintes,ils comprennent que tout cela est vain. Ils se taisentalors; le monde achve de les oublier; le silence1es recouvre et les protge; et ils n'exhalent plusdsormais leurs ardeurs que dans l'action.

    Les voici au bout du chemin. Maintenant, ils font

  • 214 lI1Y TERI'>'

    vit pour toujours en eux; maintenant, ils sont nets,parce qu'ils savent s'oublier eux-mmes; l'inqui-tude de leur propre bonheur s'est vanouie. Ils peu-vent en vrit recevoir le titre d'Amis.

    SDIR.

  • ~'~IL'J(l~LES NOMBRES

    Le Nombre est un langage; celui propre ce quela philosophie nomme l'Ontologie, ou Science del'Eire.

    Son alphabet est la srie des neuf premiersNombres complte par le zro. Pour comprendrecette dfinition et cet alphabet lui-mme, il faut re-monter jusqu' la notion de l'Etre que le Nombredoit raconter.

    L'Etre, en soi, , ni forme ni limite, il est l'In-fini.

    Pour la conception de notre monde rel, l'Infiniest doublp : Infiniment grand comme l'Espace c-leste qui s'tend autour de nous; - Infinimentpetit comme le point mathmatIque que nous rali-sons par nos pointes parfaites. c't"st--dire par l'in-tersection de trois plans concl1r r t'nts.

    Nous pouvons donc nous 1 l'prsenter matriel-Ifment e rellement, dans il double conception,comme un point mathmatiqu dan's l'espace infini;c'est l'image qu'en donnait Pylh.lgore et que Pascala rpte dans sa formule cel brL.

    Seulement il faut y ajouter '-li' ce pint mathma-tique n'est pa.s le Nallt; nous Jevons nous le figu-

  • 216 MYSTERIA

    rer comme la condensation extrme de tout l'Uni-vers, rassemblant en soi, par consquent, toutel'nergie qui y est attache, de quelque nature qu'ellesoit. Il est la Potentialit totale, la Toute-Puissanced'agir.

    L'espace non plus n'est pas le Nant, il est bienune ralit et, peut-tre, la plus certaine et la plusindniable pour nous: il est la Toute-Impuissancede faire; il est le vide, l'Etre rduit la seuiefacuItde contenir, de recevoir; il est la Puissance d:tre.

    Le point et l'espace sont insparables: il faut bienque le point soit quelque part, sous peine de ne pastre.

    Il est vrai que nous pouvons, l'inverse, conce-voir, comme une ralit aussi tangible, la' Toute-Puissance expanse dans l'Espace infi Di et par cons-quent annule au profit de celui-ci; les rles sontalors renverss : la Toute-Puissance est devenuetoute Impuissance avec la seule facult d'tre con-dense et l'Espace est devenu la Toute-Puissance decondenser, de rduire, d'annuler le Tout qu'il con-tient de revenir au Vide, d'anantir la manifestationdePuissance, en un 111ot, la Toute Rsistance.

    Mais quelle que soit celle des deux conceptions (1)que l'on adopte, elle nous dfinit toujours l'EtreAbsolu comm~ la dualitde l'Infiniment petit plong

    (1) Non seulement ce sont des conceptions possibles; mais il esttrs probable que ce sont des ralits qui se succdent par pliodesalternatives, comme l'affirment toutes les traditions (pralceya. findu Monde, etc.).

  • LES NOMBRES 217

    dans l'Infiniment grand. C'est la seule conceptionpossible pour nous parce que nous sommes enfer-ms dans le monde rel o tout est duel; et chacundes deux infipis nous y apparat double: infini enPuissance s'il est nul en espace, et rciproquement(ou l'inverse si la Puissance remplit l'espace).

    Aussi l'Absolu n'est-il pas ce que nous nom-mons l'Etre; l'Absolu ne nous est concevable que parses deux ples, nous ne savons de lui rien de plus;ce que nous appelons ordinairement Un Et1'e, c'estla combinaison de ces deux ples: zro et l'Infini.

    Tout le monde connat en effet la dmonstrationmathmatique que rsume la formule 0 X 00 -M.Un nombre quelconque, une ralit quelconque,-individ uelle, est le produit de zro par l'Infini.

    Etendant cette notion jusqu' ses limites extrmes,nous appelons l'Eire par excellence, le maximumde cet individu, et Non-Eire, son minimum, c'est---dire les deux valeurs de la quantit relle qui ar-rivent au contact des ples de l'Absolu.

    L'expression Non-Etre ne signifie pas Nant, ouimpossible, mais, au contraire, ce qui, n'tant pasencore, est en puissance d'Etre. Q!.Iant au Nant pro-prement dit c'est pour nous une conception aussiimpossible que celle de l'Absolu, si non plus impos-sible encore.

    Il y a donc au-dessus de tout trois Nomb1'es es-sentiels : l'Infini, Zro et Un, leur produit.

    Nous laissons de ct les deux premiers, le der-miel' seul doit nous occuper; nous allons trouver en ,/

  • 218 ilfYSTER1A

    lui la source de tous les Nombres, ou tres indivi-duels.

    L'UNOn appelle Un tout tre rel consider en soi,

    dans son essence, dans ce qui le distingue de toutautre tre, dans ce qui fait de lui une in-dividu-alit,quelque chose que l'intelligence ne peut plus ana-lyser, mme si ce quelque chose est revtu d'uneforme multiple, ce qui est l'ordinaire.

    L'Un peut avoir une infinit de varits, qui lerapprochent plus ou moins, comme on l'a dit tout l'heure, de l'un ou l'autre ples de l'Absolu, jus-qu'au contact avec ces ples.

    On aperoit donc trois sortes d'Un: les deuxextrmes, et tous les intermdiaires, en nombreinfini.

    Les deux extrmes sont: d'une part, celui qui,sans cesser d'tre rel, peut remplir tout l'inter-valle, toute la diffrence entre les deux ples, etd'autre part, celui qui, au contraire, est assez petitpour laisser vacant tout cet intervalle; autrementdit, ce sont le Tout et le Rien.

    On les appelle encore, bien que par un abus delangage, du reste, sans inconvnient une fois quela dfinition en est faite: l'tre et le Nant (ou Non-tre). En fait, ils diffrent des ples de l'Absoluauxquels on a donn tout l'heure les mmesnoms, en ce que ces Un extrmes peuvent engen-dr.er le rel et lui appartiennent; ils sont, pour nous,

  • LES NO;\IHRES 219

    comme l'endroit de ces ples, dont l'envers est duct de l~Absolu.

    On les nomme aussi, plus correctement, l'Ullabsolu, et le zro absolu (c'est--dire qui attei-gnent les limites du rel.

    Pythagore distinguait soigneusement cet Un ab-solu de l'Un rel, ou essence de tout individu.Par dfinition mme, il a deux ples: l'un Infini,('autre nul.

    Le Ple Tout-Puissant de l'Un absolu est l'treque nous nommons Dieu.

    Le Ple non-tre de l'Un absolu est ce que nousnommons Rien, ou, souvent, le Nant.

    Tout tre fini est une combinaison de ces deuxples de l'Un absolu, et comme le Rien est essen-tiellement incapable de donner-l'tre, c'est lui quile reoit pour former l'Un individuel.

    Il est donc vrai que Dieu a cr toutes choses deRien comme le dit la Bible; elle ne pouvait mmepas donner d'autre dfinition de la naissance de lacrature sans tomber dans les systmes contradic-toires de l'manation, du Panthisme ou du Natu-ralisme.

    Dans tout tre fini, l'lment de nature infinie quil'anime est, par rapport nous, ce que nous nommans l'Esfrrit,. par rapport Dieu, nous le nom-mons le Verbe, parce qu'il est la pense particulireque Dieu ralise jJar la cration; la forme est l'ex-pression, l'extriorisation de cette pense.

    Tous les tres sont donc faits par le Verbe, et

  • 220 MYSTERIA

    -sans lui, tout ce qui a t fait ne serait pas (Saint-Jean, Evangile, ch. 1). .

    Le premier acte de cration est l'extension duPle-tre jusqu'au Ple Non-tre, pour se combineravec lui; c'est la manifestation de l'Un Absolu.Cettecombinaison, nous la nommons la Vierge C-leste, avec la Tradition de tous les temps': LaVierge est une Crature et la premire desCratures.

    Le Verbe qui l'anime est la Pense divine totale,puisqu'il remplit tout l'intervalle entre les deuxples. Cet esprit de la Vierge nous le nommons laSagesse; c'est cette Sagesse absolue qui assista toute la formation cratrice ds J'aurore du premierjour. Elle rgit la Vierge dans sa fonction informa-trice, nourricire et protectrice des tres secondaires,fonction dans laquelle nous la nommons LaNature.

    LE DEUX

    Pas d'Un sans Deux est un adage bien connu.En effet ['Un individuel; quel qu'il soit, produit del'infini par zro, est diffrent de l'un et de l'autre;il ne remplit qu'une portion de leur intervalle; sonexistence suppose donc un surplus de cette quantit;ce surplus est son Deux. Autrement dit, tout in-dividu n'existe qu' la condition de se diffrencierde tout ce qui n'est pas lui.

    Nous avons le plus ordinairement une autre no-tion du Nombre Deux; nous le comprenons comme

  • LES 'OMBRES 221

    l'tre compos par l'adjonction d'une Unit uneautre semblable pour en faire un nouveau Tout.

    En fait, cette notion est encore celle de l'Un,c'est--dire de l'extension partielle de l'un des deuxples vers l'autre, seulement le mouvement en estdcompos en parties gales, qui sont comme autantde pas distincts, le rsultat est toujours un Un(onj>ourrait le formuler M=oXoo +OXoo). La notionacquise par cette disticti0n est plutt celle de com-plexit et de succession; autrement dit, celle deMeS1t1'e et de Temps; elle tombe dans le domainede l'arithmtiqu.e, tandis que nous sommes dans celuide l'Aritbmologie.

    Cette remarque s'applique toute espce denombre autre que l'Unit, elle est le principe detoutes les oprations arithmtiques additives (addition, multiplication, puissance, etc.).

    Cependant, cette considration arithmtique uDeux suppose et comprend une autre dfinitinarithmologique de ce Nombre:

    Pour apercevoir deux ou plusieurs parties dans unnombre complexe, nous devons commencer par ledcomposer: c est ce que nous faisons par l'opra-tion arith-mlique de la soustraction, et de ses dri-vs (soustraction. division. racine, etc.). Or cettesparation se fait par la puissance du Nombre nga-tif (cette terreur de l'algbriste dbutant), et avecce Nombre nous rentrons dans l'Arithmologie: LeNombre ngatif est celui qui, par nature, a la pro-prit soustractive; par exemple: une quantit de

  • 222 ~[YSTER)A

    glace ajoute l'eau chaude est une quantit nga-tive; elle refroidit.

    Plus nettement, on peut :lire: Le Nombre ngatifest celui qui, ajout une Unit quelconque, yfait apparatre le Deux. ou augmente le Deux arith-mologique dfini tout I"heure.

    On en doit conclure que l'Unit ngative est unDeux et un Deux inverse de celui dfini plus haut(On peut l'crire M = ~ X 0, au lieu de M = 0X co), parce qu'il tend vers le zro au lieu de se di-riger vers ~.

    II est le principe d'analyse, de dcomposition, dengation; il est aussi celui de l'opposition, par dis-jonction, et, par suite, celui du Mal, de la discor-dance.

    Q!Jand il s'oppose lui-mme l'Un positif, il de-vient le type de l'impossible (dont l'expression ma-thmatique est yi- n2J. On le nomme alors leDiable ( U7.o),oa) , le diviseur, la lettre D et ses ana-logues (f, t{., {. .. .) t

  • LES NOMBHE' 2B

    plment relatif de l'Un: que cet Un soit l'Un ab-solu ou une Unit individuelle.

    LE TROIS\

    Pas d'Un sans Deux n'est pas l'adage complet, onajoute: Pas de Deux salis Trois.

    Et ainsi nonc, cet adage est la dfinition mmedu Trois:

    L'Un et le Deux n'ont t spars dans la pensedivine, ainsi du reste que les deux ples de l'Ab-solu, qu'afin de donner lieu l'Amour, consenti et as-senti qui les rassemble en une Unit nouvelle ochacun devient la vie de l'autre. C'est ce qu'exprimele Christianisme en nous disant que Dieu a cr leMonde' pour le faire participer sa propre Batitude, condition qu'il l'accepte et autaI:it qu'il-I'accepte.

    Le Trois est le trait d'Union qui ;:t'itablit l'Unitetd1'e l'Un et le Deux complementaire, 'ell les rassem-biO/llt en soi et les pntrant l'itli et l'autre de sonEssence, qui est l'indivisibilit invincible.

    Il diffre de l'un et de l'autre en ce qu'il n'a au-cun complmentaire, aucun oppos possible; ilchappe toute mesure, toute variation, touteextriorisation formelle: il e.st ~pur'-Esprit; il estl'essence mme d~ l't1e-. Seulement l'individu,l'Un fini, peut l'accepter ou le refuser dans des pro-portions diverses; sa perception. est. pour la cratureune subjectivit variable, sinon l'amour deviendraitpour elle une tyrannie.

  • 224, MYSTERIA

    L est la source du mal, ct de celle de la Li-bert; la rvolte contre l'Esprit saint (qui est letrois) est la seule que, par dfinition, Dieu 1Ie puisse-pardonner, puisqu'elle est le refus libre de sonamour.

    En pntrant l'Un et le Deux pour les unir, ils'identifie en quelque sorte avec chacun d'eux pourles rassembler en soi; aussi Pythagore le nomme-t-il une Unit hermapbrodite.

    Pour l'Un et le Deux absolus, l'union ainsi for-me est une Tri-unit. Telle est celle chrtienne:Pre. Fils et Saint-Esprit, qui exprime que le Verbedans sa descente cratrice et multiplicatrice est ins-parable du Pre.

    Comme l'Un et le Deux sont susceptibles de quan-tit, leur union tri-unitaire l'est aussi, mais, dansleur qualit absolue, cette union partielle est tou-jours une; elle correspond l'tat actuel de ('Unionternelle et progressive des deux ples extrmes;elle est toujDurs harmonieuse: telles sont la gn-ration des puissances clestes (thogonie, gnra-tion des dieux, des anges, etc.) et les formationsde la Nature.

    Mais quand il s'agit de cratures pourvues devolont et d'initiative ou d'tres primordiaux, quine sont accessibles que partiellement l'Espritd'Unit,ces tres ne peuvent rien produire de completsans emprunter l'Unit la Nature en dcomposantdes individualits antrieures (ou les leurs propres,ou d'autres trangres eux.mmes), et leurs for-

  • LES NO~lBRES 225

    mations plus ou moins discordantes sont sujettes la Mort. Alors leur union est exprime par uneTrinit spciale, celle gnratrice parfaitement ca-ractrise par la Trinit populaire de l'Inde: Brabma,le crateur' Shiva, le destructeur. agent de la divi-sion et de la dcomposition ncessaire la formationnouvelle, comme la rduction de ses imperfections;ViclJllolt qui prserve ce qu'elle a d'harmonie. Telleest aussi notre trinit: Pre, Mre, Enfant.

    Elle n'est jamais une Tri-Unit.

    Transition aux autres Nombres

    Non seulement le Trois est triple pour l'accom-plissement de la fonction unifiante, comme il vientd'tre dit, mais il accomplit aussi dans chacun desdeux autres Nombres une disposition ternaire; ildoit, en effet: 1 0 disposer l'Un s'unir au Deux parune sorte de polarisation vers lui; 20 le prendre enson unit essentielle, comme terme intermdiaire;3 le faire pntrer dans le Deux avec lui pour y ac-complir l'union dfinitive. Il accomplit la mmesrie de dispositions au sein du Deux, et c'est ainsique l'union s'effectue par pntration rciproque.

    Ainsi pour I"union cratrice de l'Un absolu auDeux, du Crateur la Vierge cleste, l'Espritd'Unit l'Amour, source premire de toute cra-tion, fait tout d'abord de l'Un une Cause de rali-sation : sa pense premire, son Verbe en lui; il enfait ensuite un Moyen, une Possibilit, le plan de la

    3

  • 226 3IYSTERIA

    cration propre raliser la pense; et en troisimelieu, la source d'efficacit, ou fin, la Pnissallce surl'inertie du Non-tre. Ce sont autant de degrs dedescente du Verbe dans son sacrifice d'amour.

    D'autre part, au sein de la Nature, il dispose l'In-telligence, capable de recevoir la pense divine;il donne l'Ide de la forme qui peut rpondreau plan du Verbe; et l'nergie qui accomplira etconservera cette forme.

    C'est pourquoi saint Jean dit encore dans sonptre: II y en a trois, qui rendent tmoignage auciel : le Pre, le Fils et le Saint-Esprit; et trois qui

    rend~nt tmoignage sur la Terre, l'Esprit (intelli-gence), l'Eau (ide de la forme), et le Sang (l'ner-gie). C'est aussi ce que symbolise le Sceau de Sa-lomon.

    De l plusieurs consquences:En premier lieu, il y aura trois phases dans la

    cration, et par consquenttrois classes de cratures:le plan divin ou rgion divine de la Pense, celuide l'Un; le plan moyen, de transition, ou rgionmoyenne, celui Intelligible, et de la loi; et le Pland'effectualite, de possibilit d'tre rel, c'est--diretri-unitaire, la rgion des formes.

    En second lieu, l'existence ou plutt le fonction-nement du Trois entrane immdiatement l'existenceet le fonctionnement du Six : ils sont concomitants cause de la polarisation primitive et de son but,de sorte que ron peut dire: Pas d'un sans deux,pas de deux sans trois, pas de trois sans six.

  • LES NOMBRES 227

    Enfin, non seulement 1'exi.:itence de l'Esprit d'uni-te emporte celle du Six, mais la fin realisatrice quiest sa raison d'tre et celle de la creation, emporte.une troisime Trinite. Il ne suffit pas, en effet, quele Deux ait ete mis en etat d'accomplir la ralisationou union finale, il faut qu'il l'execute, son tour,par son effort propre. A chacune des facuIts enu-merees tout l'heure, comme reues parle Deux del'Esprit d'unit, s'ajoute une facult active propre,qui s'veille: l'Intelligence rpond l'Amour, l'At-traction, le Dsir, source de toute evolution.

    A Ide se superpose la Volont, la dcision deproduire la farm' adquate celle sentie.

    A l'nergie s'ajoute le Mouvement, produit dudsir et du vouloIr, occupation relle de l'espace parl'tendue.

    Il y a donc Trois trinits necessaires la Cration,et non pas seulement Deux.

    Ainsi la seule existence de l'Un qui entrane celledu Deux necessite aussi celle de Neuf Nombres autotal. C'est pourquoi Pythagore et les ARCiens di-saient il n'y a qu'un Nombre, celui qui s'crit: 0,1,2, ), 4, 5, 6, 7,8, 9; tout autre n'est pas unNombre proprement dit, c'est un compos fait duNombre rpt plus ou moins: Cette srie st:ule estLe Nombre.

    On y distinguait seulement deux sections:10 La Trinit, lment fondamental de cette srie'2 0 Et les six nombres suivants, duplicata de la

    Trinit.

  • 228 MYS'l'ERIA

    La premire comprenait les Nombres dits Idaux(1,2, 3), la seconde srie (4, 5,6, 7,8,9) taitcelle des Nombres Matbmatiques)' quant tous lesautres Nombres possibles, ils taient runis sous lenom de Nombres complexes. Le dix, qui l.es rsu-mait en exprimant ['union acheve des deux ples,tait le Nombre parfait.

    Voil la raison du systme de numration d-cimale.

    Voil les grands traits de la Cration que symbo-lise l'Arbre des Sphiroth.

    Les Nombres autres que l'Un, le 2, le), le 6 etle 9, se distribuentdans les trois trinits pour y jouerle rle correspondant leur rang, par analogie latrirrtt primitive, selon le tableau:

    f 2 34. 5 6789

    l: est la clef de leurs significations respectives.Ceux de la premire colonne, faisant fonction d'Un

    ou d'tre, sont dits divins)' ceux de Ja troisime,fa'isant fonction du Deux n du Non-tre, sont ditsNaturels)' quant aux autres, ils sont dits Volon-taires ou psychiques, parce que c'est eux qu'ilappartient de se prononcer sur l'acceptation ou lerefus de l'Union d'amour et, par consquent, del'Esprit Saint. C'est en eux qu'est la racine duMal; on l'a vu dj en Deux; elle est bien plusdans le Cinq, centre de ce tableau.

  • LES NOMBRES 229

    Il va suffire de passer rapidement en vue cesNombres arithmtiques pour en donner une ide.

    Le Q.uatre, chef de la seconde Trinit, second Un,est la seconde hypostase du Verbe: Deus de Dea,Lumen de Lumine, Deus verus de Dea Vero, exPatre natus, atlte amnia secula, le rvlateur de laPense divine.

    Le Cinq, Verbe de cette Trinit, est la Source detoute Puissance ralisatrice, libre et responsable:Elohim, Adam Kadmon.

    Le Six, esprit d'unit de cette seconde TrinH, estsurtout la Nature-Naturante, la Beaut de la Porme.

    Le Sept est le chef de la Troisime Trinit, cellede la premire ralisation; il est la Puissance Spiri-tuelle vivifiante, le Conseil de Dieu (selon Samt-Yves), l'Olympe payen spcialis en sept Prindpesdirecteurs.

    Le Huit (troisime Deux) est le Nombre quirgle les Volonts, Nombre de la loi, donc'du Des-tin et de la Mort.

    Le Neuf> enfin, haTmonie de cette Trini1', est laPuissance de la Vertu, la Bndiction des formesharmoniques.

    Ce 'ne sont l, toutefois, que des indicatio'As trssommaires, car chaque Nombre demande une tuded'autant plus dtaille qu'il est plus fort, car cha-cun a autant de significations diffrentes qued'units.

    P.-Ch. BAI\LET.

  • oLes Plantes Magiques

    L~OPIUMUn vice-roi chinois publia l'dit suivant dans la

    louable intention d'empcher l'usage de l'opiumdans sa province :

    Wang, gouverneur imprial, fait savoir ce quisuit: Un avis nous est parvenu que dans la capi-tale du Q\Jang-Tung et contres environnantes, desE-jen (barbares occidentaux) aIlaient distribuant aupeuple des drogues sous forme de pilules, pilulesfaites par les fes et les gnies malfaisants. II a tconstat que les personnes qui en avaient absorbsuaient affreusement par tout le corps jusqu' enmourir.

    ~ j'ordonne donc aux autorits civiles et mili-taires de rechercher les distributeurs de ces me-cines diaboliques, de les arrter et de les conduire la prfecture o je les punirai svrement. Q!.loiqu'iln'y ait pas de preuves que dans mon district lesE- jen se soient permis de vendre les pilules enquestion, on m'a pourtant affirm que des gteauxdangereux pour la sant avaient t distribus aupeuple. Analyss l'aide d'un blanc d'uf, les g-teaux ont donn un rsidu compos de vers ... J'ai

  • LES PLANTES :llAGlQliES 231

    ordonn aussitt l'arrestation de ces marchandspleins d'audace, mais ils s'taient dj enfuis horsde ma juridiction. Cinquante coups de bambous surla plante des pieds, c'et t leur chtiment. Jecrains beaucoup, en vrit, que ces bandits nesoient alls dans d'autres provinces porter leur com-merce et faire le mal.

    Un autre rapport me fait savoir que, tous lesjours, des E-jen jettent sur les routes des poudresmortelles; la pluie ne peut faire disparatre leurproprit malfaisante; lorsq u' on marche sur cespoudres, elles produisent une lgre fume quiasphyxie; il Y :il des E-jen qui portent cette subs-tance malfaisante au bout des doigts, et il suffitqu'ils en flattent la tte d'une personne pour quecette personne meure en voyant son corps se cou-vrir de taches rouges.

    Ayez donc soin de ne pas vous laisser duper;je vous prviens qu'aux portes de la ville o jerside, j'ai plac des hommes de la police qui sur-veillent les trangers.

    En 1 578, le clbre savant Li-Shi-Shen publia sonlivre des matires mdicales, livre auquel il avaitconsacr toute son existence. Il y fit l'historique dupavot, le divisant en trois phases: celle o ses proprits furent peu connues, soit du VllJe au XIe si-cle; celles o furent dcouvertes les fillrations desa capsule, et rusage qui en fut fait dans les affec-tions abdominales; enfin, Li-Shi Shen dit bien quec'est sur l'enveloppe extrieure du pavot que

    1

  • 232 MYSTERIA

    l'opium se ,trouve, et il en recommande l'usagesous forme d'une dcoction mlange avec du miel.Il fait mention, en le raillant tort. d'un mdecin

    , qui, avant lui, avait soutenu que la scrtion depavot p~vait tuer aussi srement qu'un coupd'pe. Il s'tend sur le grand usage qu'en font lesrhumatisants et les asthmatiques. Il ajoute qu'Pkin on se sert de pilules d'opium pour obtenir deseffets aphrodisiaques (1).

    En 1624, les Hollandais, matres de Formose, ydbarqurent des Javanais, qui firent connatre auxhabitants de l'le les mlanges aux effets terrifiantsde chanvre et d'opium, qu'on fumait dans une pipeordinaire, et qui, d'ailleurs, dcimrent rapidementla population. Au diredes historiens chinois, lorsqueles Clestes s'tablirent dans Formose, abandonnepar les HolJandais, 1habitude de l'opium pntrad;Jns J'Empire du Milieu. Longtemps le commercefut aux mains des Portugais, mais, en 177 3, la Com-pagnie des Indes orientales s'en rserva le monopole;elle introduisait, par exemple, en 1800, 4.000 cais-ses de 70 kilos. Mais, bientt, moins peut-tre par.souci d'hygine que par haine de l'tranger quel'opium enrichissait, le Gouvernement chinois inter-dit compltement ce commerce sous les peines lesplus svres: amendes, prison, cangue, baston-nade, banissement et mme mort. Les chtimentsles plus durs ont t dicts chez les Corens; lesJaponais seuls semblent avoir rsist au flau, et

    (1) E. Placchut, les Races jaunes, Les Clestes.

  • LES PLA "TES :\l.-\GIQ ES 233

    peut-tre faut-il voir dans leur nergie sur ce pointune des causes de leur supriorit: le Japon veille,tandis que la Chine dort. Mais un jour nouveause lve; le rveil de la Chine semble s'affirmer dejour en jour, et, bientt, triomphante, elle prendraplace parmi les nations civilises, secouant jamaisle flau qui l'treint.

    L'interdition en Chine amena naturellement unecontrebande rgulire, organise par les Anglaisavec .la complicit des fonctionnaires chinois. En1817, on importe 6.000 caisses; en 1827, 10.000;en 1837,4.000; cette fois, la Chine se fche; elleconfisque et dtruit en 1839 plus de 2.000 caissesdes magasins anglais de Canton. On connat lasuite de cette triste histoire: C'est la guerre del'opium faite par les Anglais dsireux d'coulerleur poison et qui se termine en 1841 par le Traitde Nankin.

    En Indo-Chine, o nous avons malheureusementsuivi les errements de l'Angleterre et favorIs parmesure fiscale l'empoisonnement des populations,on cherche aussi enr:.lyer le mouvement qu'on adchan. Depuis trois ans, il est interdit d'ouvrirdes fumeries nouvelles; mals les anciennes conti-nuent fonctionner (1).

    L'opium brut du commerce ne peut tre fum;mme l'tat d'extrait; les Chinois n'en voudraient aucun prix, le trouvant, juste titre, trop fort,cre, portant la tte, et, de plus, ayant le dfaut

    (1) L. Planchon, 8ouilleJ'ies et Fumeries d'opium.

  • 2:.,4 MYSTERIA

    capital d'obstruer les pipes. Il est cependant vraiqu'en Europe la difficult de se procurer du cbandoofait souvent consommer directement notre extrait,ce qui est pire que de fumer la drogue classique.

    La prparation ncessaire est co'mplique, exigetout un outillage, des ouvriers mticuleux ethabiles, et renchrit, fort heureusement, d'ailleurs.la substance en en diminuant, par consquent, laconsommation: La prparation ncessite, pour tremene bonne fin, trois jours de travail et au moinsquatre oprations, que l'on peut ainsi rsumer:

    1 Transformation de l'opium brut en un premierextrait;

    2 Crpage par demi-torrfaction;.30 Reprise des crpes par l'eau; __4 Filtration et vtlporation en extrait dfinitif ou

    chal/doo.Suivons jour par jour ces oprations:On commence par couper en deux, au couteau,

    les grosses boules d'opium entoures de leur corcede feuilles et de ptales, Avec les doigts toujoursmouills, l'ouvrier dtache facilement la partie cen-trale de la calotte extrieure C'est une masse molle,collante, trs odorante, ayant un peu l'aspect etla couleur de pulpe de pruneaux. On la place dansdes b;lssines o elle sjourne jusqu'au lendemain,et comme rien ne se perd, moins encore peut-tredans les bouilleries d'opium que dans l'ensemblede la nature, tous les rsidus sont utiliss. sur-tout la couche interne de la ca1C\,tte hmisph-

  • LE PLANTES MAGIQUE

    rique vide par l'ouvrier, et qu'on nomme l'nb1'io.Les eaux de lavage ont chacune leur emploi, et iln'est pas jusqu'aux feuilles extrieures sches qui nesoient vendues aux pauvres gens comme mastica-toire.

    La seconde journe est mieux remplie que lapremire. Les oprations y sont multiples et dli-cates. C'est d'abord la premire cuisson de l'opiumappele souvent emptage. Dans de grandes bas-..sines de cuivre, deux ou trois kilos d'opium avecquatre ou cinq litres d'eau d'imbrio, sont placs surun feu vif et constamment remu. Depuis douzeans, .$agon, on a remplac le feu nu par le chau-fage la vapeur, qui donne lieu moins d'acci-dents. La masse devient d'abord trs liquide, puiss'paissit peu peu. Un ouvrier suffit d'abord pourdeux bassines; arm d'une spatule, il agite la masse,et mouille d'un chiffon imbib d'eau la ligne decontact de l'opium et de la bassine.

    Gare, en effet, au moindre coup de feu! La pluspetite parcelle d'opium brl imprgnerait la massed'une odeur que le fumeur jugerait dtestable. Rap-pelez-vous le parfum que quelques malheureuxgrains brls donnent au meilleur riz au lait. Maisvoici que la consistance augmente; de nouveauxouvriers viennent la rescousse. Il en faut dsor-mais un par bassine, et la fin il doit tenir sa spa-tule deux mains. II est vrai qu' ce moment lefeu, beaucoup moins v.if, est aussi moins dange-reux.

  • -236 MYSTERIA

    L'extrait est fait; il convient. comme pour le fer,de le battre pendant qu'il est chaud, et, par cons-quent, mou. C'est J'opration du refoulage, parlaquelle, au moyen d'une sorte de cuiller en cuivre,on le malaxe, on le ptrit pendant une heure. Im-portante opration, qui permet la temprature des'abaisser lentement et galement dans toute lamasse. A la fin, on peut rouler l'extrait sans qu'iladhre aux doigts. II est alors prt pour la fabrica-tion des crpes, ou crpage, prparation originalequi le transforme en feuillets minces et friables,torrfis, caractres tout diffrents.

    Pour obtenir les crpes, l'ouvrier tale la massesur toute la paroi intrieure de la bassine, sur unepaisseur uniforme de deux ou trois centimtres,presque jusqu'au bord; encore une opration dli-{:ate : trop froid, l'extrait s'tale mal; trop chaud, iladhre aux doigts et aux outils et tend couler aufond. Divers tours de main permettent d'assurerl'adhrence la paroi. C'est maintenant qu'il fautouvrir l'il. Notre homme saisit la bassine et laretourne au-dessus de la braise qu'on a recouverte,de cendre et dont la chaleur est trs gale. Sousl'influence de la chaleur rayonnante qu'elle reoitdirectement, la surface de l'opium se dshy.dratevite, s'altre, dgage d'abondantes vapeurs blanches,et se ramollit sur trois ou quatre millimtres, aubout d'une deux minutes. Vivement, avec unepince, on retire la bassine du feu; l'air extrieurdurcit aussitt la surface de l'extrait, laissant un

  • LES PLAN,TES MAGIQUES 237

    instant fluide la zone sous-jacente. C'est le momentpsychologique. L'ouvrier dtache d'un coup d'ongleun point de la fine pellicule durcie, la saisit etarrache par simple traction une lame d'environ deuX'millimtres sur toute la surface de la masse tale;telle la matresse de maison enlve avec dlicatesseet dcision la feuille de papier adhrente la surfacede son pot de confiture. C'est une crpe, qui, aus-sitt dtache, devient dure et cassante. Elle estnoire. aromatique, d'odeur opiace, mais nonvireuse, trs poreuse, trs lgre, comme charbon-ne. On recommence cette opration tant qu'il restede l'opium, et chaque bassine peut fournir de vingt--cinq trente crpes. L'opiu m est ainsi grill; il aperdu son odeur primitive pour prendre un aromeagrable; bien des substances qui gnaient la filtra-tion ont t carbonises. Les crpes, poreuses etlgres, sont dessches, brises et mises aussittdans de grandes bassines comena nt trente-cinqlitres d'eau froide (eau seconde d'imbrio), o ellesmacrent jusqu' la troisime journe. Leur lgret,qui leur permet de flotter, leul' fait cder facilement l'eau toutes les parties solubles.

    Ds le dbut de la troisime journe, on dcante,ou plutt on soutire cette macration par un procdorigin

  • 238 MYSl'ERIA

    nagent les crpes. Les bouts libres de cette moelle,tals en nappe, retombent en dehors du vase sousforme de gros vermicelle. Cette moelle ;lgit parcapillarit comme un vritable syphon. qui vide enune demi-heure la bassine de plus en plus incline.Le liquide achve de se filtrer en retombant sur despaniers recouverts de vingt-cinq ou trente feuillesd'un papier spcial non coll. Tous les rsidus sont,cela va sans dire, utiliss. Puis, la liqueur filtreest concentre, d'abord dans une cuve rectangulaire,chauffe la vapeur d'eau par un serpentin, plustard dans de vastes bassin~s, un feu trs vif, ame-nant une vaporation rapide gros bouillons, qu'ilfaut parfois calmer avec quelques gouttes d'eaufroide. Cette rapidit d'action rduit au minimum lecontact de l'air, qui donnerait naissance des corpsinsolubles, comme il arrive pour tous les extraits.On amne la concentration 26 1/2 Bau m, en vi-tant de brler, et l'on obtient un sirop pais, d'unnoir rougetre, coulant en nappe de la spatule; c'estdj du chandoo.

    Est-ce donc fini? Pas encore; il s'agit maintenantde battre ce sirop, soit la main, avec des spatulesen bois larges et lgres, comme on le f:tisait jus-qu'en 1897, soit avec les batteuses mcaniquesaujourd'hui en usage. Ce battage hte et rgularisele refroidissement, donne. de l'homognit lamasse et y introduit de l'air. qui augmente le vo-lume, comme il arrive quand on bat des blancs,d'ufs. Cetle opration est d'importance capitale

    /

  • LES PLANTES MAGIQUES 239

    pour les Chinois; d'aprs eux, l'oxygne introduitdveloppe l'arome et la saveur, opinion d'ailleurstrs discute. Il semble que l'opium battu deviennerellement meilieur au bout de deux ou trois moisde conservation. Il est probable qu'on enferme dansla masse, avec l'oxygne, des germes amenant unevritable fermentation; ces germes sont, en effet,visibles au microscope; de plus, il se dgage desgaz, ce.. qui n'a pas lieu si l'on strilise par la cha-leur; enfin, l'odeur change et le bouquet se dve-loppe. Le battage est donc utile en favorisant l'actiondes microbes.

    Le chandoo prt tre fum est un extrait demi-fluide, ayant l'aspect de notre extrait d'opium, maisplus liquide et d'une odeur diffrente rappelantcelle de la mlasse ou des arachides grilles et, aprslongue conservation, celle des pruneaux. Il estamer, hoir, de composition complexe.

    Environ quarante-cinq pour cent du chandoo em-ploy n'est point brl, mais reste l'intrieur dufourneau de la pipe sous forme d'un rsidu qu'ondtache au racloir aprs chaque sance, masse noi-.rtre, friable, d'odeur forte, encore riche en mor-phine; c'est le dross, dont la valeur marchande estencore de 125 francs le kilo, tandis que le chandooen vaut 220. De ce dross, en effet, on peut retirerun extrait plus accessible aux petites bourses et quefument les pauvres di~bles, soit seul, soit mlangau chandoo de la rgie, bien qu'il soit cre, d'odeurspciale et qu'il porte beaucoup la tte. Il' est au

  • 2!O MYSTERIA

    chandoo ce qu'un vin falsifi et additionn d'alcooTinfrieur est ::lU bon vin naturel. Q!Ielques-unscependant le fument par got, mais il est des gensqui prfrent l tordboyaux aux liqueurs de mar-que!! Le dross peut mme donner son tour undeuxime et un troisime dross l'us3ge des coolies.besogneux. On fait ce qu'on peut, et l'on s'empoi-sonne s,uivant ses moyens: nous avons bien en Eu-rope nos ramasseurs de bouts de cigares.

    Le Dr Richard Millant va nous conduire dans lesmystres des fumeries parisiennes: Pntronsdans un des temples parisiens consacrs Notre-Dame des Tnbres, C'est ici un opium den, commedisent les Amricains, un nid de fumeurs d'opium.Oh! il ne s'agit pas d'une fumerie publique, mais.(pur hasard sans doute) de nombreux opiomanesont lu domicile dans cette impersonnelle demeure.Engageonsnous maintenant sous la vote, et gravis-sons un tage.,. Deux coups d'un inJex rapide surle timbre: C'est le signal auquel le matre du lieu,un dilettante son aise, reconnat les initis. Lui-mme nous accueille dans la pnombre d'une anti-chambre qu'claire la lueur tamise d'un lampa-daire de bronze. Et tout de suite, nous voici dans la fumerie, dans le sanctuaire.

    Il y rgne une demi-obscurit propice. Aucun bruitne pntre du dehors et de lourds tapis a~sourdissent le bruit des pas. Nul miroir o pourrait se re-flter quelque figure trangre: seule doit se per-cevoir, invisible la fois et prsente, celle de la

  • LES PLANTES MAGIQUES 2~1.

    redoutable divinit. Tout est chinois dans cet int-rieur, depuis les soieries des tentures o se tordentles chimres, jusqu' l'autel Bouddha, dont lesors s'attnuent dans ce coiPl sombre, derrire les b-tonnets d'encens.

    Mais une odeur trange. indfinissable, flotteparmi la pice. Est-ce agrable? Oui, sans nul doute,et l'odeur du tabac, auprs de celle-ci, est une abo-mination. Le parfum pntrant de l'opium est d'unepu'issance, d'une subtilit, d'un arme incontes-tables. L'homme n'est pas seul en apprcier la s-

    . curit; nous avons encore dans l'oreille les joyeusesroulades qui partaient de la volire installe dans lachambre d'un opiomane aussitt que celui-ci com-menait fumer; en mme temps un petit fox-ter-rier accourait se blottir auprs de son matre, respi-rant avec dlice la fume blanche qu'il lui soufflaitau travers des narines. Une fois habitues l'opiumles btes, comme les gens, ne peuvent plus s'en d-tacher; un colonial qui s'tait absent pendant plusd'une semaine, trouva au retour son chien, un su-perbe Saint-Bernard, compagnon habituel de ses fu_meries, devenu aux trois quarts fou. La pauvre btene se cal:-na qu'en percevant de nouveau le parfumde la boulette d'opium.

    H. Jammes, dans le Bulletin de la Socit destudes indo-chinoises, a signal autrefois la pr-sence encombrante de tous les chats des environsdans les fumeries du Tonkin, l'heure de l'ouver-ture de ces tablissemer.ts j et le com'11andant C ...

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  • 242 lIfYSTERIA

    nous a parl des :Jraignes familires qui venaientrder aux alentours de sa petite lampe l'heure oil avait coutume de fumer quelques pipes.

    Le marJ[ouillat, ce joli petit lzard qui court lelong des murs, se rapproche, lui aussi, du plateauenchanteur, et tmoigne de sa satisfaction par undoux claquement de sa langue chancre. Si lefumeur vient partir, on trouvera la bestiole allon-ge sur la natte solitaire, l'exemple de ces ratsqui se laissrent mourir de faim dans une bouillerieabandonne, o ils venaient chaque soir humer lesvapeurs d'opium. La fume divine suffirait, dureste, au dire des Cambodgiens, domestiquer lesanimaux les plus rebelles.

    A quoi donc son parfum se peut-il comparer? Al'odeur de noisette grille, peut-tre, ou, selonl'heureuse image du Dr Hocquard, l'odeur ducaramel la fois et de l'encens. Mais, sacrilge,de Prjewalski n'a-t il pas os dire que cela rappelaitl'odeur de la plume brle? Plus irrvrencieuxencore, d'autres ont crit que le parfum de l'opiumtenait la fois de l'huile brle et de l'arnica!

    ... Drap dans un souple kimono, le fumeurs'est tendu sur la natte brode qui constitue leplancher de son paradis. De temps autre, il calesa tte au petit traversin qui lui enchsse le cou lamanire du kego , de l'oreiller de cuir bouilliou de bambou tress dont font usage les Chinois.

    Et les pipes succdent aux: pipes; l'aiguille plon-ge dans le rcipient opium,' ramenant il son

  • LES PLANTES MAGIQUES 243

    extrmit effile une minime quantit de drogue(25 centigrammes environ) que le fumeur prsente la flamme de la lampe. Sous l'action de la chaleur,l'eau s'vapore, la goutte se gonfle, se boursoufleen une bulle dore, dont le parfum violent vous p-ntre; en mme temps, les doigts agiles impriment l'aiguille un mouvement rotatif qui limite et tem-pre le mouvement convulsif de la boulette. Sur leverre de la lampe, sur la plate-forme du fourneau.cercl d'argent, le fumeur la malaxe, l'assouplit.Preste, la longue tige d'acier accentue entre l'indexet le pouce son mouvement de va-et-vient; de nou-veau, elle puise dans le pot d'ivoire un peu d'opiumqui bientt crpite au-dessus de la lampe. Enfin, laboulette est amene la grosseur voulue, la voicitransforme en un cne lisse et brillant. Un dernierpassage au-dessus de la flamme pour l'amollir, et,d'un coup sec, le fumeur l'assujettit sur le fourneaude la pipe, poussant fond son aiguille afin demnager le passage de rair, la retirant ensuite avecd'infinies prcautions, crainte de la dcoller. La pipeest prte.

    Toute cette prparation, qui demande peinequelques minutes, le fumeur l'effectue couch sur lect gauche, la pipe reposant sur la main de cect, l'autre main libre tenant l'aiguille. Sans chan-ger de position, il approche la pipe de la lampe, et,d'une seule aspiration lente, profonde, savammentconduite. il attire dans ses poumons la fume dou-cereuse la fois et un peu cre de la boulette cr

  • 2H MYSTERlA

    pitante qui grne dans le calme de la fumerie sachanson de cigale nocturne. Cette fume, il lagarde longuement, pour la rejeter ensuite petitesbouffes par la bouche et par les narines. Tout enprparant une nouvelle pipe, il parle avec une len-teur placide, d'une voix monotone, au timbre voil.

    4< Vous le voyez, il est de toute premire impor-tance de ne pas brler l'opium en le passant au-des-sus de la flamme, sinon il dgagerai t des vapeurson ne peut plus dangereuses. La transformation decette jolie bulle ambre, qui grsille l'extrmitde mon aiguille, en un petit disque noir prt trefum, cela vous semble tout simple; encore faut-ilun long apprentissage avant de parvenir l'excu-ter proprement... On commence toujours par gcherun peu d'opium ... et c'est fcheux, car l'opium estune bonne chose, mais qui cote cher. .. Seule lapratique vous permet de triompher des ttonnements,des hsitations du dbut ... Voyez, si je chauffe uneseconde de trop ma boulette, si je ne prends pasgarde la mobiliser incessamment, elle s'entlam me,ou bien elle crve en laissant chapper une fumenoirtre qui communiquera la pipe un affreux gotde recuit. .. Il faut viter cela...

    Matgio (A. de Pouvourville) publiait, en 1902,ici mme, dans cette revue, un travail des pluscomplets sur l'Opium et sapratiqtte; nous reprodui-sons, d'aprs cet auteur, pour complter notre ar-ticle, les adjuvants employs pour dvelopper etfaciliter les effets de la drogue.

  • LES, PLANTES MAGIQUES 245

    Voici les adjuvants qui peuvent faciliter cetravail et en hter les rsultats: absorption, d'abord,de caf par grands verres (deux ou trois par fume-rie, au moment du malaise, pour le faire dispa-ratre); puis, absorption de th trs chaud, partoutes petites gorges, sans sucre (th de Chine oude Ceylan, vert, bouilli avec l'eau); usage des par-fums lose moyenne, pendant la fumerie, jusqu'demi-saturation; parfums ordinaires (papier d'Ar-mnie, pastille du srail, encens); parfums mdians(cannelle, benjoin, gingembre, badiane, thym, mico-coulier) ; parfums suprieurs (santal, musc animal);parfums spciaux (verveine, granium indien. datu-ras). Cet usage est avantageux dans la priode d'ac-coutumance; il est peu prs indispensable dansla priode exprimentale; la dsignation des par-fums et leur dosage sont soumis des prescriptionsstrictes, qui seront dtermines ailleurs.

    Q!Je ce soit sous les moustiquaires de soie, etsur les peaux rares, au fond d'un logis sombre etmuet. dans une salle dalle de marbre et remplied'ivoire et de bois prcieux; que ce soit sur la nattefine et simple, dans la maison isole et frache, aumilieu des plantes de la campagne rase, ou que cesoit sur le lit de bois dur et grossier ,de la maisonde th, au carrefour des chemins poussireux, sousun toit dlabr par o passent les rayons ardentsdu soleil. parmi les cris des coolies et le grouille-ment des marchs populaires, la drogue joue sonrle prpondrant et continuel; et dans la pipe

  • 2i6 lI1YSTERIA

    d'ivoire ou d'caille cercle d'or, o se complat leluxe artistique du mandarin, ou dans le bambounoirci de .l'amateur, ou dans le tube infect du ma-landrin, l'opium verse tous, avec la force du

    - corps, la piti gnrale du cur et l'acuit de l'es-prit, le triple don qui seul peut rendre l'humanitheureuse: l'oubli du pass, le ddain du prsent etl'indiffrence du futur.

    Est-ce bien l, en vrit, la formule gnrale dubonheur? nous dit le Dr R. Millant: Il est permisd'en douter. Mais, quand bien mrpe J'opium poss-derait le pouvoir de suppler les eaux du Lth, iln'en demeure pas moins que son action, dans l'en-semble, est plus restreinte qu'on ne se l'ima-gine ..

    (A suivre.) C. B.

  • Saint....Yves d'Alveydre

    Saint-Yves d'AIVydre est une des figures les plusminentes des tudes de haute philosophie danstoutes leurs modalits. Admirable crivain, sociolo-gue de grande envergure historien puissant, orienta-liste possdant compltement le maniement de l'h-breu et du sanscrit, musicien sans rival. Saint-Yves a abord avec bonheur toutes les adaptationsde l'sotrisme. Cet auteur n'est pas encore d-couvert par la critique, et nul doute que, dansquelques annes, cette dcouverte ne soit consid-re comme un grand vnement tout l'honneur dela France.

    Nous ne voulons pas ici parler de la biographieordinaire de notre Matre, nous voulons seulementrappeler l'auteur et son uvre, renvoyant pour lereste au travail de Barlet sur ce sujet.

    Les littrateurs et les artistes seront mus parJ'tude des uvres potiques de Saint-Yves : l~Testament Lyrique, aujourd'hui introuvable, ses di-

    'vers pomes la Reine d'Angleterre ou aux souve-rains de Russie et surtout son admirable Jeanned' Arc victorieuse que nous ne saurions trop recom-mander aux artistes dignes de ce nom.

    Comme sociologue, Saint-Yves a consacr la plus

  • 248 MYSTERIA

    grande partie de sa vie la dfense et la diffusiond'une nouvelle forme d'organisation sociale, lasynarchje .

    La synarchie n'est pas une forme sociale nou-velle. Elle a t en fonction dans l'humanit pen-dant des milliers d'annes, et la Mission des juifs deSaint-Yves consacre ses neuf cents pages la d-monstration de cette thse travers l'Histoire universelle.

    I.a Mission des Souverains et la France vraie d-montrent quels immdiats, progrs seraient accom-plis par l'application de la synarchie il nos formessociales actuelles, dans tous les pays.

    Un immense malheur a soudain frapp Saint-Yves. La compagne laquelle il avait vou toute savie esttout coup prise par la Mort impitoyable, mal-gr les nuits de veille et les mois de luttes de Saint-Yves qui s'est rvl ce moment comme un maridig-ne de ce nom et de ce titre dans le sens chrtiendu terme.

    Cette mort, qui devait tout anantir, a tout sauv.Du plus profond du dsespoir, la voix de la chredisparue a rsonn, et c'est un ange de l haut quiaccompagne dsormais, dans tous ses efforts. lepauvre exil d'ici-bas.

    Sous la direction et l'inspiration de la disparue. denouvelles uvres d'un caractre tout nouveau pren-nent naissance L'Archomtre et ses applicationsvont voir le jour.

    Q!J'est-ce que l'Archomtre? Nous en publierons

  • SAI~T-YVES n'ALVEYDTlE 249

  • 250 MYSTERIA

    une analyse. mais nous allons tout de suite en direquelques mots. 1

    L'Archomtre c'est l'instru ment dont se sontservis les Anciens pour la constitution de tous les.mythes exotriques des religions. C'est le canon de1Art antique dans ses diverses manifestations archi-tecturales, musicales, potiques ou thogoniques.

    C'est le Ciel qui parle : chaque toile, chaqueconstellation, devient une lettre ou une phrase ouun nom divin clairant d'un jour nouveau les an-ciennes traditions de tous les peuples.

    Ce sont les clefs archomtriques que Saint-Yvesa appliques une nouvelle traduction de la Gense-de Mose, dans un ouvrage trop peu connu, laThogonie des Patriarcbes. Rapproche de la Vulgate,de la traduction de Fabre d'Olivet et d'autres essaisantrieurs, la nouvelle adaptation des paroles deMose, par la. -prose rythme de Saint-Yves, est duplus haut intrt pour les membres, pasteurs oulacs, de toutes les glises de la' chrtient.

    Entre temps, Saint-Yves, initi directement pardes Brahmes indous. avait crit sa Mission de l'!'fIde,.o la question du Mahatma est rsolue dfinitive-ment et -clairement. Ses amis ont pieusementrimprim cet ouvrage dont tous les exemplaires,sauf un, avaient t dtruits.

    Il Y a donc l un, ou mieux plusieurs sujets.d'tude pour les critiques futurs, et nous ne savonsce qui frappera le plus la postrit, de l'immenserudition de l'auteur, de son style si personnel et si

  • SAIN'f-YVES D'ALVEYDRE 251

    brillant ou des rvlations si leves de l'initi et del'historien. .

    Saint-Yves d'Alveydre a eu beaucoup d'ennemis.Certains ont outrageusement copi ses uvres enJ'insultant encore en de petites notes perfides. Choseremarquable et preuve de l'immanente justice, laseule uvre copie et dcalque dans les ides dumatre a frapp le public et a pu atteindre de nom-breuses ditions. Toutes les uvres vraiment tiresde leur propre fonds par [es plagiaires n'ont obtenuque l'insuccs qu'elles mritaient si largement.

    Saint-Yves ignorait les anciens lves flons, ses. amis ne peuvent tre plus royalistes que ce Roiintellectuel.

    Laissons les lecteurs juger la question en touteindpendance et engageons-les vivement tudieret commenter notre auteur.

    Ils feront ainsi uvre utile et pour eux et poursa:mmoire.

    LES AMIS DE SAINT-YvES.

  • .~.~!ti ~ ~~~~ 'PARTIE INITIATIQUE

    Iles Rapports de la l{abba1eavec les Gr. '. Aropagiques de la

    Fr.', Ma.'. Ecoss..

    Si l'on tudie attentivement les divers enseigne-ments donns au rcipiendaire au cours des diff-rents grades maonniques, on constate que la lgendesymbolique de certains degrs cache souvent unehaute vrit initiatique. Le fait n'a rien d'tonnant etil rsulte de la faon mme dont fut cre laF.. M. .. Dans l'antiquit, l'enseignement donndans les temples d'gypte reposait tout entier surla tradition occulte dont les bases remontent auxAtl antes. Ces enseignements portaient sur l'Univers,l'homme et Dieu, Mose, runissant la tradition qui1ui fut lgue par son beau-pre, prtre d'Isral, etles enseignements que lui confirent les prtres gyp-tiens', amalgama le tout l'aide des dveloppementsprofonds que lui permettait sa prodigieuse puissanced'adaptation allie la mditation. Il fit un toutcomplet et homogne dsign sous le nom de Kab-bale. Cette Kabbale constituait l'intgralit de la pos-sibilit du savoir humain. Prvoyant sans doute lesort rserv son uvre, Mose eut le soin de voilerses enseignements sous une forme symbolique quincessitait la possession de la clef pour en saisir le

  • LES RAPPORTS DE LA KABBALE 253

    vritable sens. Malheureusement le peuple dsignpour conserver pieusement cette clef ne tarda pas l'garer. Les gr~nds centres initiatiques disparurent leur tour, et seuls quelques rares initis conser-vrent la tradition dans les collges occultes desFraternits transcendantes, entre autres la Rose t.

    En 1648, Elie Asmale, kabbaliste et R t, opra lafusion entre les maons matriels et les maons del'esprit. Les enseignements des trois grades, App..,Comp.., M.'., ne roulaient que sur l'histoire del'homme. Asmale n'avait d'ailleurs song qu' crerun centre de slection pour faciliter le recrulementdes membres pour les LL.. Illumines.

    En 17)8, le chevalier de Ramsay fit mieux: ilaugmenta de trois autres degrs b Ma.. existanteet dans les grades d'Ecoss.. Novice et Chev.'. duTemple, il n'hsita pas exposer, voiles par unsymbolisme appropri. quelques-unes des gigan-tesques conceptions kabbalistiques. Bien entendu, ilne pouvait enfermer dans le rituel dt quelquesgrades toute la tradition. II n'y condensa que leprincipal en ce qui concerne les relations possiblesde l'homme avec les plans suprieurs de la Nature,du Monde des Orbes et du plan divin. Les enseigne-ments donns au cours de ces trois grades taientun peu complexes. On y trouva habilement mlsdes enseignements sur la destruction du Temple deSalomon, du temple deJ.-B. Molay, sur la vengeance tirer des destructeurs en mme temps qu'on y ren-contre des lments de haute Kabbale; mais plus

  • 254 MYSTERIA

    tard le rite de Perfection, puis le rite Ecoss.., aug-mentant chacun leur tour encore le nombre desgrades, constiturent une srie de grades dits: aro.pagiques et dont certains sont nettement kabbalis-tiques.

    Les grades aropagiques comportent dans laMa.. Ecoss.. onze degrs. Ils s'tendent du dix-neuvime au vingt-neuvime; quoiqu'on puisseretrouver dans tous ces degrs quelques lmentsde Kabbale dans leurs mots de passe ou dans leursmots sacrs, on constate qu'ils comportent pluttdes enseignements templiers, et deux seulementse prsentent comme compltement hermtiques.

    Ces deux grades aropagiques, essentiellementkabbalistiques, sont le :

    Vingt-deuxime D.. Prince Royal Hache;Vingt-huitime D. Prince Adepte.Dans ces deux degrs, la lgende et le symbolisme

    ne viseront qu'un but, enseigner l'homme la pos-sibilit du dveloppement de ses facults supra-physiques pour lui permettre d'entrer en rapportavec les plans suprieurs. Voyons donc la signifi

    .cation du symbolisme de ces deux grades.

    Vingt-deuxime D.. Prince Royal Hache

    L'enseignement du ving-dcuxime D.. est conte-nu dans une lgende qui s'occupe de la coupe desarbres du Mont Liban et dont le bois doit servir la construction du Temple de Salomon. Pour cam.

    . prendre le sens occulte de cette lgende, nous de-

  • LES RAPPORTS DE LA KABBALE 255

    vons nous souvenir, ce qui a t dit au dbut, quela lgende de Salomon, des donnes sur l'ordre dutemple et des thories hermtiques furent intime-.ment mlanges. Nous devons donc savoir retrouver

  • 256 MYSTERIA

    10 Sur la Nature;2 0 Sur lui-mme;.3 0 Envers Dieu.Dans le premier cas il pratiquera l'Alchimie;

    dans le deuxime cas, agissant sur lui-mme, ildveloppera sa personnalit, ce qui lui permettra lespratiques magiques en astral; dans le troisime cas,il s'identifiera il Dieu, ce sera la christification, lapratique de la thurgie. M:ds nous ne devons pasoublier le principe essentiel d'Herms: Ce qui esten haut est comme ce qui. est en bas: tout s'en-chane. Dans chaque plan existe un reflet des deuxautres; donc, pour oprer l'uvre sur un plan, ilfaut en manier l'excution facilement sur les deuxautres, accomplir le G... O.". dans son intgralit.

    Par quel moyen l'homme, qui connat maintenantl'existence de ces forces, va-t-il pouvoir les manier,commander ces puissances terribles et les faireobir docilement? Telle estla question trs naturellequi se pose. Ce moyen est dvoil dans le deuximegrade hermtique, le vingthuitime D.. Princeadepte.

    Ving-huitime D .'. Prince AdepteLe rcipiendaire que l'on initie ce grade se

    trouve transport dans ie paradis lerresil e. II est en-tour par les Chrubins et Adam prside l'Assemble.Le postulant s'appelle Hiram et son dsir est de con-natre le secret qui amnera sur la terre le rgne dela Raison.

  • LES RAPPORTS DE LA KABBALE 257

    L'initiation ce degr permettra au maon des'lever encore d'un chelon dans la connaissance desgrands secrets de la Nature. Il apprendra la force dela Volont et comprendra toute la valeur de la Raison;on lui apprendra aussi que le visible est propor-tionnel l'invisible et que l'harmonie universelle estla rsultante de la sympathie des contraires.

    Si nous examinons de plus prs l'expos un peusec du Rituel, nous trouvons de suite sujet pourd'intressants dveloppements.

    Le rcipiendaire s'appelle Hiram; or il a dj re-prsent ce personnage, ce grand Initi. D:ms lachambre du milieu, Hiram, mort la vue physique,tratreusement assassin par trois mauvais compa-gnons indignes de connatre le mot qu'ils convoitaient,s'est un certain moment brusquement 1 rinca"!"ndans le nouveau matre. Une fois de plus, la Veritimmortelle triomphait de l'erreur et tous les matresassembls se rjouirent l'heureuse nouvelJe. Hiramavait triomph de l'ignorance, de la superstition, dufanatisme, mais sa victoire tait incomplte. Hiramest un homme libre, il en a pleine conscience; maispourquoi est-il libre ; qu'est-ce qui motive ce pouvoirde libert? Tel est le grand secret dont il ne possdepas la connaissance. Puisque c'est le grand secret dela nature, qui mieux qu'Adam, qui a got au fruitde l'arbre de la science du bien et du mal, pourraitJ'instruire? La possession de ce secret est redoutable,elle enlve toute quitude, toute tranquillit. Peuimporte, il veut savoir!

    5

  • ~58 MYSTERTA

    La Raison est le seul Dieu sur terre! Rvlationterrible! Cette raison exalte permet de comprendreles formes inconnues de la nature. Alors le miraclen'existe pas? Non, il s'explique. Mais moi qui suis-je ? Un atome infini, rien. Alors ce dieu misricor-dieux ne peut m'entendre, il ne peut prter uneoreille bienveillante ma supplique dsespre. Jesuis seul dans l'tendue immense 1 Non, erreur, tun'es rien, mais tu peux tre beaucoup, il faut com-prendre la puissance formidable dont tu disposes, te servir de ta Volont. Le Destin nous est fatal, laProvidence nous laisse libre , notre volont dis-pose . Lafatalitnenousdirigepas, car nous pouvonsla combattre; les astres nous signent, mais ne nouscommandent pas. Voil b solution du problme quese posait le royal Hache concernant sa possibilit dedirection sur les forces de la Nature pour raliserle G ... O.. complet. C'est la Volont humaine quisera la sublime matresse. Elle pourra commanderau corps et faire taire les instincts; dans la deuximesphre, elle orientera les sentiments et les dsirs;dans le troisime centre, elle dirige~a les penses:c'estgrce elle que l'homme sera tout-puissant.

    Puisque le visible est proportionnel l'invisible, ilexiste ncessairement dans la cration des forces quenous ne connaissons pas. Lorsque l'une d'entre ellesse manifeste et produit un effet inconnu pour nous,ne crions pas au miracle: tudions et mditons. Toutpeut s'expliq~er dans la nature, condition d'enconnatre les lois, rien ne doit nous tonner, car nous

  • LES RAPPORTS DE LA KABBALE 239

    sommes mme de tout savoir si nous nous enrendons dignes.

    Le visible est proportionnel l'invisible; nousvoyons beaucop de choses; par consquent, quede choses caches dont nous ne nous doutons pas.Pour tudier ces choses caches, pour les com-prendre, comment faire? tudions l'invisible par levisible en nous servant judicieusement de l'analogie.Sachons dans des faits diffrents retrouver des loissemblables, cela nous permettra de remonter auprincipe unique. L'enseignement du vingt-huitimeD.. apprend aussi au Maon que l':-Iarmonie uni-verselle rsulte de la sympathie des contraires .Cette loi, bien connue des occultistes, est es-sentiellement kabbalistique. L'auteur de la SephraD{emonta l'a dvoile dans la deuxime strophe dupremier verset de son uvre: ,( Avant que la balance ft, la face ne regardait pas la face. ~ En-d'autres termes, dans n'importe quel milieu, sid-rai, social, familial, l'quilibre n'existe que lorsqueles polarits contraires se sont harmonieusementunies. L'attraction se manifeste partout dans l'uni-vers: l'acide recherche la base, l'homme actifrecherche l'pouse passive, le flau de la balrnce nesera en parfait repos que lorsque les deux rlateauxse seront contrebalancs rciproquement. Chaquepolarit attire la polarit de signe contraire. L'attrac-tion universelle est ~ne forme de l'amour.

    Voil les merveilleux enseignements qui sonttrs succinctement exposs dans les deux grades kah-

  • 260 )4YSTERJA

    balistiques. de la Fr.. Ma. .. L'initi parvenu auvingt-huitime D. '. est dopc au courant de quelquesgrandes thories hermtiques. Cela veut-il dire qu'ilsoit devenu kabbalistl'? Loin de l ... La vritableinitiation ne se communique pas, il faut l'acqurirpar soi-mme; mais quelque trs rudimentaires quesoient les enseignements dvelopps dans les vingt-deuxime et vingt-huitime O.'. ils sont nanmoinssuffisants pour qu'une fois bien compris et mdits,le rcipie~daire soit mme d'aborder une tudeplus complte de la Kabbale, si sa curiosit et sondsir de connatre l poussent jusque-l. Il connatbien peu de chose, mais ce peu de chose aura suffipour dchirer le voile et lui permettre d'entrevoirdes horizons infinis. On lui a enseign que le vi-sible est proportionnel l'invisible, donc il est mme de concevoir une infinie partie du rapportqui existe entre la forme appartenant au planphysique et l'ide qui dpend du plan invisible. S'ilaborde le Sepher, il ne sera point tonn de voirexpliquer la cration du monde par l'exposde la cration des lettres. Elle lui paratra toutenaturelle, la grande loi qui, se manifestant parle rveil d'Eusoph, se transforme dans chacune dessphiroth en s'y teintant de qualits spciales; dansMalchut il verra un reflet d'Eusoph; dans les lai-deurs de la terre il reconnatra les beauts de Dieu;il saura comprendre le pourquoi de l'existence ter-restre, cu il aura entrevu les splendeurs du ciel. Larflexion et la mditation feront du nouvel initi unautre homme.

  • ~iYSTERIA 261

    Bien souvent, l'adepte ne fait pas un tel travail ;tous ces enseignements restent lettre morte pourlui, surtout de nos jou,rs o le plus souvent lesgrades aropagiques sont confrs en bloc. Le butpoursuivi par Ramsay parat donc ne pas tre a1teint :il n'en est rien pourtant car, mme sans les com-prendre, sans en connatre toute la porte, le maondevient son insu dtenteur de hautes vrits etconservateur d'une partie de la grande tradition. Ason tour, il enseignera sans comprendre, d'autres'fpteront sar.s comprendre encore; puis un jour,dans la foule, on saisira, comprendra, approfondirale mystre, le but sera atteint.

    X. G. R. N. R.

  • PARTIE LITTERAIREOrdre Martiniste.

    Nous sommes heun:ux d'annoncer que le F.. WalterRecoquillon, de Toul.JUse, a reu une charte d'honneur pourson dvouement l'Ordre, dans ses fonctions de dlgugnral.

    Une nouvelle Loge Martiniste vient d'lre fonde Londres: sous le titre, Te.ople d'Essnie, Branche deLondres.

    Iles Prdictions des Voyantespour 1914

    L'anne 1013 va finir, et nos lecteurs sont peut-tre cu-rieux de savoir ce qu'ils ont craindre ou esprerde l!lf4.

    Que doit-il advenir de la crise politique actuelle P Aquoi aboutiront les sacrifice, d'hommes et d'argent de-mands au pays P Quels seront enfin les grands vnementsde l'anne venir?

    Voil ce que Je suis allee demander, titre de curiositet d'amusement intellectuel, nos devineresses les plus la mode.

    r-,J" Albane de Siva, trs connue dans les milieux mon-dains et psychiques, o choque hiver elle fait de fortintressantes confrences, sollicite par moi de nous don-ner ses prdictions astrologiques pour l'anne 1914, m'afail tenir l'article suivant:

  • PARTIE LITTRAIRE 2631

    Prdictions de Mme Albane de Sivapo.ur 1914

    L'une des priodes les plus difficiles et les plus critiquesde cette anne particulirement trouble sera la fin del'hiver; le 3 mars est une date menaante ..

    Tant l'intrieur qu' J'extrieur, les esprits sont surex-cits et des attentats auront lieu contre de hauts digni-taires.

    En France, le vote de nouvelles lois soulvera de grandsmcontentements, provoquera des dsordres. de J'indisci-pline.

    Nos colonies, notamment l'Algrie et le Maroc, reven-diquent certains droits. et rclamenL d'importants chan-gements.

    La mer est souleve par les temptes j les eaux causentdes ravages; la terre tremble, les explosions sont fr-quentes.

    Mauvaise anne d'agriculture i difficults pour l'a limen -tation.

    Le commencement de novembre est une priode impor.tante. Llo ethef de l'tat prendra la parole en public, mais;1sera mal compris. Pour lui les voyages ne seront pas heureux.

    Les hommes politiques et les serviteurs de l'tat serontimpulsifs et turbulents.

    La crise financire s'accentue, et il en\ rsult ~ra degrosses pertes pecuniaires pour la Fra'nce, des krach snombreux. et des suicides dans le monde de la financ~.

    De nouveaux armements seront ncessaires, ,urtout lafrontire de j'Est, et engloberont des sommes consid-

    rabes.Marins et soldats manqueront parfois de l'esprit de

    Eubordination.Continuation des difficults dans les Dalkans.Les possessions transmditerranen:1es C'lusent des dif'

    frends avec l'Italie.

  • 264 MYSTERIA

    Nous ~urons des ennuis avec les Etats- Unis, notammentau sujet du Mexique et du canal de Panama.

    ConAit entre les Alsaciens-Lorrains et les Pru

  • PARTIE LITTRAIRE 265