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1 RESSOURCES PÉDAGOGIQUES MYSTÈRE DE NOËL 2012

MYSTÈRE DE NOËL 2012 - ere-oca.com31 Tèrah prit son fils Abram, son petit-fils Loth, fils de Harân, et sa bru Saraï, femme de son fils Abram, qui sortirent avec eux d'Our des

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RESSOURCES PÉDAGOGIQUES

MYSTÈRE DE NOËL 2012

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SOMMAIRE

INTRODUCTION : Présentation du Mystère de Noël 2012

1. Sujet du spectacle 2012 «Nomades de l’Alliance» 2. Plan du spectacle 2012 3. Quelques éléments de la mise en scène 2012 4. L’équipe du Mystère de Noël 2012

PREMIÈRE PARTIE : Sources bibliques du Mystère de Noël 2012

1. Abraham dans les Écritures, par Elodie Verdun 2. Monothéisme, alliance et nomadisme, par Frédéric Libaud, abbé

3. Abraham : réalité ou fiction ? par Martine Jacquemin 4. Un lieu ressource : Das BibelHaus in Frankfurt

DEUXIÈME PARTIE : Le thème d’Abraham dans l’histoire de l’art

1. La rencontre au chêne de Mambré chez Chagall, par Myriam Odeau 2. Quelques représentations du sacrifice d’Isaac. 3. Les thèmes représentés dans la statuaire strasbourgeoise.

TROISIÈME PARTIE : Sources théâtrales du Mystère de Noël

1. Les mystères, un genre théâtral du Moyen Âge, par Michel Jermann 2. L’aventure du « Mystère de Noël » en la cathédrale de Strasbourg, par

Martine Jacquemin

BIBLIOGRAPHIE ET RESSOURCES

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INTRODUCTION

1. SUJET DU SPECTACLE « NOMADES DE L’ALLIANCE»

L’argument du Mystère de Noël 2012

Nomades de l’Alliance présente l'histoire des origines de la foi des peuples juif, chrétien et

musulman. A Noël, comme Abraham et Sara, Joseph et Marie se mettent en route. Nomades

de Dieu, les uns et les autres ont suivi le long chemin de la foi. Aujourd’hui comme hier, des

hommes et des femmes sillonnent la terre, lèvent les yeux vers les étoiles dans l’attente d’une

rencontre, d’un signe de Dieu pour tous. À Noël, la multitude des croyants prie et partage son

espérance de lumière et de paix.

2. Plan du spectacle

1. Ouverture

Des bergers, nomades du désert, se redisent la généalogie de leurs ancêtres jusqu’à Abraham…

2. Lieux d'enfance

D’une terre à une autre, des idoles au Dieu de la rencontre, Abram répond à l’appel, loin des chemins tracés par son père.

3. La promesse

Abram et les siens trouvent une nouvelle terre ; les hommes trouvent une manière de faire la paix. Dieu tiendra-t-il ses promesses ?

4. La vie en héritage

Abram va devenir Abraham, Saraï va devenir Sarah : leur vie change car leur Dieu est fidèle. Isaac voit le jour.

5. L'épreuve et la foi

Abraham accepte de répondre à l’appel de son Dieu, malgré la cruauté de l’épreuve à laquelle il doit faire face.

6. La promesse de Noël

Rien n'est impossible à Dieu : de Sarah à Marie, les générations redisent les merveilles de Dieu qui vient à la rencontre des hommes.

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3. Quelques éléments de la mise en scène 2012 - Scène : un plateau qui se démultiplie… Le monde des nomades et le monde des villes… Le mont Morrya, lieu de la rencontre avec Dieu, et la tente, lieu de la rencontre des hommes, la quête solitaire d’une rencontre avec le tout autre et la vie en communauté. - Musique : du vent du désert au souffle de Dieu, en passant par le choc des luttes humaines… Voilà les sensations, impressions, dimensions qui seront données à entendre par les talentueuses musiciennes réunies autour de Cyprien Sadek. Les sonorités seront orientales, évoquant tour à tour les vastes terres d’Egypte ou l’errance du peuple arménien, à l’aide d’instruments méconnus tels le Kaval ou le Duduk (classé au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco !), diverses flûtes égyptiennes et percussions allant du Zarb au bol de prière tibétain. Une belle diversité pour une création inédite où se mêleront aussi les voix des chanteurs aux influences coptes.

4. L’Association MYSTERES DES CATHEDRALES remercie pour la création du Mystère de Noël 2012 « Nomades de l’Alliance »

Texte : Martine Jacquemin - Michel Jermann – Myriam Odeau - Robert Riber

Mise en scène : Michel Jermann

Assistante à la mise en scène : Myriam Odeau

Direction d’acteurs : Martine Jacquemin

Création musicale : Cyprien Sadek, Camille Emaille, Xavière Fertin

Création affiche : Bruno Boulala, Francis Durner

Création décors : Yves Christmann, François Wimmer

Costumes : Myriam Ricotier, Martine Jacquemin

Régie plateau : Myriam Odeau, David Schoch, François Wimmer

Régie son et lumière : Alpha Sono

Accueil du public : Myriam Ricotier, Elisabeth Pernot, Joseph Reinbolt,

Eric Fischer et les élèves de l’aumônerie du Lycée Alexandre Dumas

Dossier pédagogique : M. Jacquemin, F. Libaud, M. Odeau, Elodie Verdun,

Coordination générale : Martine Jacquemin, Myriam Odeau

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PREMIÈRE PARTIE

Sources bibliques du Mystère de Noël 2012

1. Abraham dans les Écritures

L’histoire d’Abraham couvre les chapitres 12 à 26 du livre de la Genèse. De l’appel à quitter son pays à sa mort, l’Ancien Testament nous partage quelques textes qui nous montrent sa vie de foi. Dieu a un projet pour cet homme du nom d’« Abram » qui deviendra « Abraham ». Avec sa réponse à l’appel de Dieu, il part pour une aventure de foi. Abraham est un modèle de foi et d’obéissance, à la fois pour les juifs, les musulmans et les chrétiens. Toute la vie d’Abraham se déroule sous le signe de la libre initiative de Dieu. Dieu intervient et Abraham se laisse guider dans la confiance. Abraham vient d’une famille qui servait d’autres dieux (Jos 24,2), il quitte d’abord Ur, puis Harrân sur des chemins inconnus et « d’étapes en étapes » il verra les paroles de Dieu se réaliser. Les promesses réitérées de Dieu rythment l’histoire d’Abraham dans ces chapitres du livre de la Genèse avec l’expression « je te donnerai » (Gn 12, 7 ; 13, 15 ; 15, 18 ; 17,8). Des promesses qui semblent en contradiction avec Abraham. Dieu lui promet une terre alors qu’il est nomade. Il lui promet une descendance alors que son épouse, Sarah est stérile.

Ci-après quelques textes de l’histoire d’Abraham (Traduction de la TOB). Ils sont précédés d’une courte introduction. Les paroles de Dieu à Abraham sont mises en relief.

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* La famille d’Abraham (Gn 11, 27-32)

Première mention d’Abram. Les évènements de sa vie et de sa relation avec le Dieu unique qui nous sont relatés dans les chapitres suivants ne viennent pas s’insérer dans le livre de la Genèse de manière abrupte. Abram s’inscrit dans une histoire, dans une famille. Ce texte fait aussi mention, déjà, d’un premier déplacement de la famille de Terah, père d’Abram. 27 Voici la famille de Terah : Tèrah engendra Abram, Nahor et Harân. Harân engendra Loth. 28 Harân mourut avant son père Tèrah dans le pays de sa famille, à Our des Chaldéens. 29 Abram et Nahor prirent femme ; l'épouse d'Abram s'appelait Saraï et celle de Nahor Milka,

fille de Harân, père de Milka et de Yiska. 30

Saraï était stérile, elle n'avait pas d'enfant. 31

Tèrah prit son fils Abram, son petit-fils Loth, fils de Harân, et sa bru Saraï, femme de son

fils Abram, qui sortirent avec eux d'Our des Chaldéens pour aller au pays de Canaan. Ils gagnèrent Harrân où ils habitèrent. 32 Tèrah vécut deux cent cinq ans et il mourut à Harrân.

* La demande de Dieu (Gn 12, 1-9) Première parole de Dieu à Abram. Par elle, sa relation avec Dieu se noue. Nous n’avons pas beaucoup d’informations sur Abraham, cette parole de Dieu va le guider durant toute sa vie. Dieu demande à Abram de tout quitter : pays, maison, famille. Abram, obéissant répond positivement à l’appel de Dieu, se met alors en route avec quelques biens et ses proches. Abram part tel qu’il est, avec ce qu’il a mais également avec ce qui lui manque. Et nous, sommes-nous capables de répondre à l’appel de Dieu ? Savons-nous quitter nos habitudes pour l’aventure de la foi ? 1 Le Seigneur dit à Abram : " Pars de ton pays, de ta

famille et de la maison de ton père vers le pays que je

te ferai voir. 2 Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom.

Sois en bénédiction. 3 Je bénirai ceux qui te béniront, qui te bafouera je le maudirai ; en toi

seront bénies toutes les familles de la terre… " * La séparation de Loth (Gn 13, 1-18) Les nomades se déplaçaient avec leurs tentes et tout le bétail qui constituait leur richesse. Une grande quantité de bétail demandait beaucoup de place pour les bergers qu’étaient ces nomades. Loth et Abraham sont contraints de prendre une décision. L’accroissement engendre des querelles et des jalousies. Dans ce cas, la séparation apaise le conflit. Abraham lui présente les possibilités et laisse choisir Loth. Bien que Loth choisisse en apparence la terre la plus fertile, elle se révèlera plus tard dangereuse pour lui et sa famille.

Dieu ordonne à Sarah et Abraham de

partir pour Canaan. Saint Georges de

Boscherville, chapiteau de la salle

capitulaire.

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… 6 Le pays n'assura pas les besoins de leur vie commune, car leurs biens étaient trop considérables pour qu'ils puissent vivre ensemble. 7 Une querelle éclata entre les bergers des troupeaux d'Abram et les bergers des troupeaux de Loth-Cananéens et Perizzites habitaient alors le pays- 8 et Abram dit à Loth : " Qu'il n'y ait pas de querelle entre moi et toi, mes bergers et les tiens : nous sommes frères. 9 Tout le pays n'est-il pas devant toi ? Sépare-toi donc de moi. Si tu prends le nord, j'irai au sud ; si c'est le sud, j'irai au nord. " 10 Loth leva les yeux et regarda tout le district du Jourdain : il était tout entier irrigué. Avant que le Seigneur n'eût détruit Sodome et Gomorrhe, il était jusqu'à Çoar comme le jardin du Seigneur, comme le pays d'Égypte. 11 Loth choisit pour lui tout le district du Jourdain et se déplaça vers l'orient. Ils se séparèrent l'un de l'autre, 12 Abram habita dans le pays de Canaan et Loth dans les villes du District. Celui-ci vint camper jusqu'à Sodome 13 dont les gens étaient des scélérats qui péchaient gravement contre le Seigneur. 14 Le Seigneur dit à Abram après que Loth se fut séparé de lui : " Lève donc les yeux et, du lieu où tu es, regarde au nord, au sud, à l'est et à

l'ouest. 15

Oui, tout le pays que tu vois, je te le donne ainsi qu'à ta descendance, pour

toujours. 16

Je multiplierai ta descendance comme la poussière de la terre au point que, si

l'on pouvait compter la poussière de la terre, on pourrait aussi compter ta descendance. 17

Lève-toi, parcours le pays en long et en large, car je te le donne. " 18 Abram vint avec ses tentes habiter aux chênes de Mambré qui sont à Hébron ; il y éleva un autel pour le

Seigneur.

Antennes relais « Depuis qu’il s’est mis en route, Abram construit des autels, là où Dieu s’est manifesté à lui. A Sichem (12,7), à l’est de Béthel (12,8), à Mambré. Trois autels, trois expériences, trois rendez-vous. Lieu où Dieu se révèle, lieu où l’on s’adresse à Dieu, lieu-étape de vie. » (Ze Bible p. 21).

* La campagne des quatre rois (Gn 14, 1-24) Au milieu de la liste des peuples et des rois nous est rapportée la figure de Melkisédeq (nom signifiant : « le roi juste »). Le personnage de Melkisédeq apparaissant dans ce récit est bien plus important qu’il n’y paraît. Son rayonnement s’étend jusque dans la littérature néotestamentaire en lien avec la figure du Christ (dans l’épître aux Hébreux, chap. 7). Ce roi de Salem reconnaît la puissance du Dieu d’Abraham et le bénit.

… 11 On prit tous les biens de Sodome et de Gomorrhe, tous leurs vivres, et on partit. 12 On

prit Loth, le neveu d'Abram, avec ses biens, et on partit. Loth habitait à Sodome, 13 et un fuyard s'en vint porter la nouvelle à Abram l'Hébreu, qui demeurait aux chênes de Mamré l'Amorite, frère d'Eshkol et de Aner ; ils étaient les alliés d'Abram. 14 Dès que celui-ci apprit la capture de son frère, il mit sur pied trois cent dix-huit de ses vassaux, liés de naissance à sa maison. Il mena la poursuite jusqu'à Dan. 15 Il répartit ses hommes pour assaillir de nuit les ennemis. Il les battit et les poursuivit jusqu'à Hova qui est au nord de Damas. 16 Il ramena tous les biens, il ramena aussi son frère Loth et ses biens, ainsi que les femmes et les parents. 17 Le roi de Sodome s'avança vers la vallée de Shawé, c'est-à-dire la vallée du roi, à la

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rencontre d'Abram qui revenait victorieux de Kedorlaomer et des rois qui l'accompagnaient. 18 C'est Melkisédeq, roi de Salem, qui fournit du pain et du vin. Il était prêtre de Dieu, le

Très-Haut, 19

et il bénit Abram en disant : " Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut qui crée

ciel et terre ! 20

Béni soit le Dieu Très-Haut qui a livré tes adversaires entre tes mains ! "…

* L’Alliance du Seigneur avec Abraham (Gn 17, 1-20)

Un changement d’identité, aujourd’hui une procédure bien compliquée. Le texte suivant présente le changement de nom d’Abram. D’Abram il devient Abraham. La promesse de la descendance est réitérée, il ne reste plus qu’à attendre son accomplissement. Elle devient de plus en plus précise, apportant à présent le nom de l’enfant au v. 19 : Isaac. Ce changement de nom est un nouveau départ. Saraï change également de nom, soulignant son importance à la participation de la promesse d’alliance, c’est elle qui portera le fils tant attendu.

Abram « père élevé » � Abraham « père d’une foule » L’alliance entre Dieu et Abraham ainsi que son peuple se matérialise également par la circoncision. Par elle, l’appartenance à Dieu est marquée dans la chair.

1 Il avait quatre-vingt-dix-neuf ans quand le Seigneur lui apparut et lui dit : " C'est moi le Dieu

Puissant. Marche en ma présence et sois intègre. 2 Je veux te faire don de mon alliance

entre toi et moi, je te ferai proliférer à l'extrême. " 3

Abram se jeta face contre terre, Dieu parla avec lui et dit : 4 " Pour moi, voici mon

alliance avec toi : tu deviendras le père d'une multitude de nations. 5 On ne t'appellera plus

du nom d'Abram, mais ton nom sera Abraham car je te donnerai de devenir le père d'une

multitude de nations 6 et je te rendrai fécond à l'extrême : je ferai que tu donnes naissance

à des nations, et des rois sortiront de toi. 7 J'établirai mon alliance entre moi, toi, et après

toi les générations qui descendront de toi ; cette alliance perpétuelle fera de moi ton Dieu

et Celui de ta descendance après toi. 8 …

Voici mon alliance que vous garderez entre moi et vous, c'est-à-dire ta descendance

après toi : tous vos mâles seront circoncis : 11

vous aurez la chair de votre prépuce

circoncise, ce qui deviendra le signe de l'alliance entre moi et vous. 12

Seront circoncis à

l'âge de huit jours tous vos mâles de chaque génération ainsi que les esclaves nés dans la

maison ou acquis à prix d'argent d'origine étrangère quelle qu'elle soit, qui ne sont pas de

ta descendance. 13

" Tu n'appelleras plus ta femme Saraï du nom de Saraï, car elle aura pour nom Sara. 16

Je la bénirai et même je te donnerai par elle un fils. Je la bénirai, elle donnera naissance

à des nations ; des rois de peuples sortiront d'elle. " 17

Abraham se jeta face contre terre et il rit ; il se dit en lui-même : " Un enfant naîtrait-il à un homme de cent ans ? Ou Sara avec ses quatre-vingt-dix ans pourrait-elle enfanter ? " 18 Abraham dit à Dieu : " Puisse Ismaël vivre en ta présence ! " 19 Dieu dit : " Mais

non ! Ta femme Sara va t'enfanter un fils et tu lui donneras le nom d'Isaac. J'établirai mon

alliance avec lui comme une alliance perpétuelle pour sa descendance après lui. 20

Pour

Ismaël, je t'exauce. Vois, je le bénis, je le rends fécond, prolifique à l'extrême ; il

engendrera douze princes et je ferai sortir de lui une grande nation. 21

Mais j'établirai mon

alliance avec Isaac, que Sara te donnera l'année prochaine à cette date. "…

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* Rencontre à Mambré et annonce de la naissance d’Isaac (Gn 18, 1-19) L’annonce de la descendance retentit encore une fois dans le texte ci-dessous, mais elle se fait plus concrète. Après Abraham qui a ri en Gn 17,17 Sarah rit également à l’annonce de la naissance prochaine de l’enfant. Cependant elle ne le reconnaît pas car elle a peur.

1 Le Seigneur apparut à Abraham aux chênes de Mambré alors qu'il était assis à l'entrée de la tente dans la pleine chaleur du jour. 2 Il leva les yeux et aperçut trois hommes debout près de lui. A leur vue il courut de l'entrée de la tente à leur rencontre, se prosterna à terre 3 et dit : " Mon Seigneur, si j'ai pu trouver grâce à tes yeux, veuille ne pas passer loin de ton serviteur. 4 Qu'on apporte un peu d'eau pour vous laver les pieds, et reposez-vous sous cet arbre. 5 Je vais apporter un morceau de pain pour vous réconforter avant que vous alliez plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur. " Ils répondirent : " Fais comme tu l'as dit. " 6 … Ils mangèrent 9 et lui dirent : " Où est Sara ta femme ? " Il répondit : " Là, dans la tente. " 10 Le Seigneur reprit : " Je dois revenir au temps du renouveau et voici que Sara ta femme

aura un fils. " Or Sara écoutait à l'entrée de la tente, derrière lui. 11 Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d'avoir ce qu'ont les femmes. 12 Sara se mit à rire

en elle-même et dit : " Tout usée comme je suis, pourrais-je encore jouir ? Et mon maître est si vieux ! " 13 Le Seigneur dit à Abraham : " Pourquoi ce rire de Sara ? Et cette question : "

Pourrais-je vraiment enfanter, moi qui suis si vieille ? " 14

Y a-t-il une chose trop

prodigieuse pour le Seigneur ? A la date où je reviendrai vers toi, au temps du renouveau,

Sara aura un fils. " 15 Sara nia en disant : " Je n'ai pas ri ", car elle avait peur. " Si ! reprit-il, tu

as bel et bien ri. "…

* Sodome et Gomorrhe (Gn 19, 20-33)

Nous retrouvons dans ce récit le neveu d’Abraham, Loth. Il avait choisi la terre fertile et appétissante. Il sera à présent contraint de tout quitter pour échapper à la mort. Abraham sauve Loth en négociant avec Dieu. C’est le seul texte de l’Ancien Testament où un homme se permet de marchander aussi longtemps avec Dieu. S’étalant sur le chapitre 19, la destruction des villes de Sodome et Gomorrhe marque également une étape dans la relation entre Dieu et Abraham.

20 Le Seigneur dit : « La plainte contre Sodome et Gomorrhe est si forte, leur péché est si

lourd 21

que je dois descendre pour voir s’ils ont agi en tout comme la plainte en est venue

jusqu’à moi. Oui ou non, je le saurai. « 22 Les hommes se dirigèrent de là vers Sodome.

Abraham se tenait encore devant le Seigneur, 23 il s’approcha et dit : « Vas-tu vraiment supprimer le juste avec le coupable ? 24 Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville ! Vas-tu

Abraham et les trois anges. 4e quart 12e

siècle, chapiteau de cloître catalan.

Paris, musée national du Moyen Age,

Thermes de Cluny.

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vraiment supprimer cette cité, sans lui pardonner à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ? 25 Ce serait abominable que tu agisses ainsi ! Faire mourir le juste avec le coupable ? Il en serait du juste comme du coupable ? Quelle abomination ! Le juge de toute la terre n’appliquerait-il pas le droit ? « 26 Le Seigneur dit : « Si je trouve à Sodome cinquante

justes au sein de la ville, à cause d’eux je pardonnerai à toute la cité. « 27 … Il reprit : « Que mon Seigneur ne s’irrite pas si je parle une dernière fois : peut-être là s’en trouvera-t-il dix ! « – « Je ne détruirai pas à cause de ces dix. « 33 Le Seigneur partit lorsqu’il eut achevé de parler à Abraham et Abraham retourna chez lui. * Le sacrifice d’Isaac (Gn 22, 1-18)

Abraham est vieux, il a enfin son fils tant espéré, promesse de sa descendance. À présent Dieu lui demande de le sacrifier dans une holocauste (c’est-à-dire dans un sacrifice où l’offrande – normalement un animal – est entièrement brûlée). Sans aucune réaction de la part d’Abraham, celui-ci part confiant. Plus que dans la première demande de tout quitter, ici aucune récompense n’est promise. Sa foi est mise à rude épreuve. Les sacrifices humains étaient courants à cette époque dans les autres nations habitant en Terre promise. La grande nouveauté c’est que Dieu ne veut plus de ces sacrifices humains mais une fidélité et une obéissance sans faille. La primauté de l’obéissance dans la relation avec Dieu se retrouve par la suite dans les alliances entre Dieu et les hommes (Isaac, Jacob, Moïse, Josué, David…).

1 Or, après ces événements, Dieu mit Abraham à l'épreuve et lui dit : " Abraham " ; il répondit : "

Me voici ". 2 Il reprit : " Prends ton fils, ton unique, Isaac, que tu aimes. Pars pour le pays de

Moriyya et là, tu l'offriras en holocauste sur celle des montagnes que je t'indiquerai. " 3

Abraham se leva de bon matin, sangla son âne, prit avec lui deux de ses jeunes gens et son fils Isaac. … Isaac parla à son père Abraham : " Mon père ", dit-il, et Abraham répondit : " Me voici, mon fils. " Il reprit : " Voici le feu et les bûches ; où est l'agneau pour l'holocauste ? " 8 Abraham répondit : " Dieu saura voir l'agneau pour l'holocauste, mon fils. " Tous deux continuèrent à aller ensemble. 9 Lorsqu'ils furent arrivés au lieu que Dieu lui avait indiqué, Abraham y éleva un autel et disposa les bûches. Il lia son fils Isaac et le mit sur l'autel au-dessus des bûches. 10 Abraham tendit la main pour prendre le couteau et immoler son fils. 11 Alors l'ange du Seigneur l'appela du ciel et cria : " Abraham ! Abraham ! " Il répondit : " Me voici. " 12 Il reprit : " N'étends pas la main sur le jeune homme. Ne lui fais rien, car maintenant je sais que tu

crains Dieu, toi qui n'as pas épargné ton fils unique pour moi. " 13 Abraham leva les yeux, il regarda, et voici qu'un bélier était pris par les cornes dans un fourré. Il alla le prendre pour

Abraham. Portail méridional,

Cathédrale de Chartres

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l'offrir en holocauste à la place de son fils. 14 Abraham nomma ce lieu " le Seigneur voit " ; aussi dit-on aujourd'hui : " C'est sur la montagne que le Seigneur est vu. " 15 L'ange du Seigneur appela Abraham du ciel une seconde fois 16 et dit : " Je le jure par moi-même,

oracle du Seigneur. Parce que tu as fait cela et n'as pas épargné ton fils unique, 17

je

m'engage à te bénir, et à faire proliférer ta descendance autant que les étoiles du ciel et le

sable au bord de la mer. Ta descendance occupera la Porte de ses ennemis ; 18

c'est en elle

que se béniront toutes les nations de la terre parce que tu as écouté ma voix. "

Autres pistes de réflexions

Des chapitres 12 à 23 du livre de la Genèse d’autres textes nous partagent la vie du premier des patriarches. Ils se penchent sur d’autres thèmes et aspects de la vie d’Abraham et de sa relation avec Dieu.

� Passage en Egypte (Gn 12, 10-20) : En raison d’une famine, Abram et sa famille partent pour

l’Egypte. Il a peur et demande à sa femme de mentir en disant qu’elle est sa sœur.

� La difficulté de l’attente : Sarah propose à Abraham d’avoir un enfant avec sa servante Agar

(coutume répandue dans le Proche-Orient ancien, notamment en cas de stérilité). Ainsi

naîtra Ismaël, mais la descendance promise depuis l’appel de Dieu en Gn 12,2 viendra de

Sarah. Il est dur de faire confiance et d’attendre, l’histoire de Sarah en est tout un exemple.

� La mort de Sarah et la poursuite de l’alliance avec le mariage d’Isaac (Gn 23).

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2. MONOTHÉISME, ALLIANCE ET NOMADISME

La figure d’Abraham est considérée dans notre culture comme « le père des croyants ». Par lui, l’humanité a fait connaissance avec le Dieu unique, avec lequel elle entretient une relation privilégiée tout au long de son pèlerinage sur la terre. * Monothéisme Pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, Abraham est le père de tous les croyants. Il est le premier homme à qui Dieu s’est révélé en tant que Dieu unique. Avec Abraham, nous assistons au début de la révélation, c’est-à-dire de ce lent et long processus par lequel Dieu se dévoile, se révèle, se manifeste à l’humanité tout entière. Le monothéisme, comme son nom l’indique (monos : seul, unique ; Théos : Dieu), est la croyance en un seul Dieu, par opposition avec le polythéisme qui est la croyance en plusieurs dieux. Les dieux du panthéon étaient nombreux tant chez les Egyptiens, que chez les Grecs ou encore chez les Romains. Bien que l’on fasse remonter le monothéisme à Abraham, il ne faudrait pas croire que l’idée du Dieu unique se soit définitivement imposée à partir de lui. Au contraire, dans la Bible, même après la révélation faite à Abraham, nombreux sont les passages où il est question d’une pluralité de dieux ; c’est ce qui explique le fait que Dieu ne cesse de se présenter comme le Dieu unique et que la grande prière juive du « Shema Israël » affirme la foi en un Dieu unique : « Écoute, Israël ! Le Seigneur notre Dieu est le Seigneur UN. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force. Les paroles des commandements que je te donne aujourd’hui seront présentes à ton cœur ; tu les répéteras à tes fils ; tu les leur diras quand tu resteras chez toi et quand tu marcheras sur la route, quand tu seras couché et quand tu seras debout ; tu en feras un signe attaché à ta main, une marque placée entre tes yeux ; tu les inscriras sur les montants de porte de ta maison et à l’entrée de ta ville. » (Dt 6, 4-9) Nous retrouvons dans le Nouveau Testament cette même idée réaffirmée à plusieurs reprises. Le monothéisme est représenté par le judaïsme, le christianisme et l’islam. Pour chacune de ces religions, il n’existe qu’un seul Être suprême, absolu, infini, spirituel et personnel que tout homme peut rencontrer. La foi en ce Dieu unique est fondée sur la Révélation divine. Toutefois, le monothéisme chrétien revêt une forme particulière par rapport à celui des juifs ou à celui des musulmans. En effet, depuis l’Incarnation du Christ, depuis la révélation de sa mission au nom du Père et l’envoi de l’Esprit Saint, Dieu s’est révélé un mais en trois personnes : « Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1,35). « Ils dirent tous : ‘C’est donc toi le Fils de Dieu !’ Alors il leur déclara : ‘Vous le dites vous-mêmes : c’est moi.’ » (Lc 22, 70) « Le Père et moi, nous sommes UN. » (Jn 10, 30) Et ce qui constitue l’unité entre ces personnes c’est l’amour qu’elles se portent mutuellement. Pourtant cela ne fait pas du christianisme un polythéisme. Bien au contraire. Ces trois

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personnes de la Trinité (Père, Fils et Saint-Esprit) ne constituent qu’un seul et unique Dieu. Le Père est Dieu, le Fils est Dieu et le Saint-Esprit est Dieu, mais le Père n’est pas un Dieu, le Fils un autre Dieu et le Saint-Esprit un troisième Dieu. Les chrétiens croient en un seul Dieu en trois personnes. * Alliance La Bible s’ouvre sur une alliance rompue : celle de la trahison d’Adam et Ève au jardin d’Eden. Par ce premier pacte de Dieu avec l’humanité, nos premiers parents disposaient de la jouissance de tous les arbres du jardin, excepté « l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir. » (Gn 2, 17) Ayant rompu l’alliance, ils sont chassés du paradis. Dans cette succession d’alliances entre Dieu et l’espèce humaine, un nouvel épisode important surgit : celui du Déluge et de l’arche de Noé dans laquelle un couple de chaque espèce animale trouve refuge. Comme symbole de cette nouvelle alliance conclue entre Dieu et les hommes, Dieu affirme : « Voici le signe de l’alliance que je mets entre moi, vous et tout être vivant avec vous, pour toutes les générations futures. J’ai mis mon arc dans la nuée pour qu’il devienne un signe d’alliance entre moi et la terre. Quand je ferai apparaître des nuages sur la terre et qu’on verra l’arc dans la nuée, je me souviendrai de mon alliance entre moi, vous et tout être vivant quel qu’il soit ; les eaux ne deviendront plus jamais un Déluge qui détruirait toute chair… » (Gn 9, 12-16) Au cœur de la rencontre entre Dieu et Abraham se trouve l’alliance conclue par le premier avec le second : « C’est moi le Dieu Puissant. Marche en ma présence et sois intègre. Je veux te faire don de mon alliance entre toi et moi, je te ferai proliférer à l’extrême. » (Gn 17, 1-2) En raison de cette alliance nouée entre eux (Gn 15, 18 : « en ce jour, le Seigneur conclut une alliance avec Abram ») et afin qu’il ne l’oublie pas, Dieu change le nom d’Abram en Abraham (Gn 17, 4-6 : « Pour moi, voici mon alliance avec toi : tu deviendras le père d’une multitude de nations. On ne t’appellera plus du nom d’Abram, mais ton nom sera Abraham car je te donnerai de devenir le père d’une multitude de nations et je te rendrai fécond à l’extrême : je ferai que tu donnes naissance à des nations, et des rois sortiront de toi. ») et instaure le rite de la circoncision comme signe de cette nouvelle alliance (Gn 17, 10-12 : « Voici mon alliance que vous garderez entre moi et vous, c’est-à-dire ta descendance après toi : tous vos mâles seront circoncis : vous aurez la chair de votre prépuce circoncise, ce qui deviendra le signe de l’alliance entre moi et vous. ») Il ne faudrait pas croire que l’alliance nouée avec Abraham est acquise définitivement. Dieu ne cessera au fil des siècles de proposer à nouveau cette alliance : de Moïse et les tables de l’Alliance jusqu’à Jésus, le Fils de Dieu, venu proposer une alliance nouvelle nouée dans le sang de la croix. Nous aussi, pèlerins du XXIème siècle, nous sommes invités à contracter une alliance avec Dieu. Cette alliance n’est plus marquée en nos corps comme c’est le cas avec la circoncision ; elle est spirituelle et n’en demeure pas moins essentielle à notre quête de sainteté, c’est-à-dire à notre vie intime avec Dieu. Et cette alliance est ancrée en chacune de nos vies

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quotidiennes ; cela signifie que notre vie de tous les jours est le lieu de notre réponse à l’amour de Dieu. Au cœur de cette alliance se trouve la notion-clef de confiance : Abraham a confiance en Dieu. Nous aussi, nous sommes invités à faire confiance au Seigneur, à lâcher prise pour avancer sur le chemin que Dieu nous indique. C’est ce que rappelle notamment l’évangile de Jean (15, 18) : « En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas. » Est-ce que cela signifie alors que faire alliance avec Dieu c’est renoncer à sa liberté ? La réponse est en demi-teinte : aucun croyant n’a jamais perdu sa liberté face à Dieu, que l’on pense par exemple à Jonas ou à St Pierre à qui la sentence précédente était adressée. Et en même temps, comme dans toute relation d’amour, aimer Dieu sous-entend de l’aimer suffisamment pour découvrir avec lui de nouveaux horizons, comme un homme et une femme qui s’aiment acceptent de se faire mutuellement des concessions et de découvrir de nouvelles perspectives avec l’être aimé. Mais concevoir l’alliance avec Dieu comme une mise en esclavage serait avoir une conception erronée de Dieu et de l’alliance qu’il essaie de nouer avec chacun de nous. Au contraire, en réalité, l’alliance, comme tout contrat, détermine le cadre dans lequel peuvent se développer les relations entre Dieu et l’homme, et partant l’alliance définit un véritable espace de liberté.

* Nomadisme « Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir. » (Gn 12, 1) La vie d’Abraham (Gn 12-25) est une vie de nomade ; il se déplace en continu à la suite de Dieu jusqu’au pays promis par ce dernier. Cette pérégrination lui fait quitter Harrân, traverser Canaan, le Néguev, l’Egypte, en passant par Béthel, Mambré et Béer-Shéva, jusqu’à la caverne de Makpéla où il est enterré aux côtés de Sarah. Par définition, le nomade vit de l’élevage et du commerce et se déplace traditionnellement à la recherche de nourriture. Toutefois, le nomadisme d’Abraham, tout en s’inscrivant dans ce schéma classique du nomadisme, est original dans la mesure où c’est Dieu lui-même qui guide la caravane d’Abraham en direction de la Terre Promise, « bon et vaste pays, pays ruisselant de lait et de miel. » (Ex 3, 8) Ce qui motive la marche d’Abraham ce n’est pas tant la recherche d’un lieu où trouver des ressources qu’un lieu où s’établir : « c’est à ta descendance que je donnerai ce pays. » (Gn 12, 7) Derrière l’alliance entre Dieu et Abraham se trouve donc le passage de l’état de nomade à celui de sédentaire. Tout au long de ses pérégrinations, dans chaque lieu de rencontre avec le Seigneur, Abraham élève des autels (Gn 12,7.8 ; 13, 18) pour faire mémoire de ces lieux de rencontre avec Dieu.

Abraham et Sarah visités par trois anges au

chêne de Mambré.

Enluminure du XIIIème siècle

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Cette idée de nomadisme se retrouve dans le Nouveau Testament. Le Christ est toujours en déplacement, « le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. » (Mt 8, 20) Rares sont les moments où il se pose en un lieu. Lorsque tel est le cas, c’est bien souvent pour y prier dans la solitude. D’un point de vue spirituel, le nomadisme est incontournable pour chacun de nous. Il nous faut apprendre à bouger, à nous déplacer, à quitter nos certitudes pour avancer confiants à la rencontre du Seigneur et à sa suite. Pour devenir disciples du Seigneur, nous devons renoncer à toute stabilité spirituelle pour nous ancrer en Dieu seul, « lui seul est mon rocher, mon salut, ma citadelle : je suis inébranlable. » (Ps 61) Cela est souvent difficile car cela suppose un renoncement à nous-mêmes, à ce qui parfois constitue à nos yeux notre identité. C’est la conséquence du combat de l’ange contre Jacob : Jacob est touché dans sa chair mais aussi dans son identité propre puisque Dieu lui donne Israël comme nouveau nom. (Gn 32, 23-33) Accepter de suivre le Seigneur, c’est accepter d’être bouleversé, de perdre ses repères pour avoir Dieu seul comme appui : « Le Seigneur est mon appui : il m’a dégagé, m’a donné du large, il m’a libéré car il m’aime. » (Ps 17) Abraham, parce qu’il a vécu une rencontre fondatrice avec Dieu, a accepté de quitter son pays pour se diriger vers celui que Dieu voulait lui donner. Au cœur même du nomadisme d’Abraham se trouve donc une rencontre de personne à personne, rencontre fondatrice non seulement pour Abraham et pour sa descendance mais aussi pour chacun de nous. Il nous fait apprendre à faire confiance au Seigneur pour avancer à sa suite.

Les nations se rassemblent dans le

sein d'Abraham.

Enluminure, bible du XIIe s.

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3. Abraham : réalité ou fiction ?

« Parler, ce n’est pas seulement nommer, rendre compte du réel : c’est aussi, toujours, le façonner, l’interpréter et l’inventer. »

« Dieu ne peut pas être ailleurs que dans nos histoires.

Pour être Dieu, il faut parler et pour parler, il faut une langue et pour avoir une langue, il faut déjà faire partie de l’histoire humaine. »

Nancy Huston, L’espèce fabulatrice,

Babel, Actes Sud, 2010

Quand je suis née, on m’a donné un prénom, on m’a appris les mots français « papa » et « maman », on m’a appelée « maidele », on m’a raconté l’histoire du Chaperon rouge, de Hans un Gretel, de Boucle d’or, on m’a appris à dire des prières. Plus tard, j’ai découvert Sainte Odile, Frère François et tous les personnages de la Bible en collectionnant les images des chocolats Suchard. On m’a aussi parlé de mes ancêtres les Gaulois, même si mes gaulois à moi avaient plutôt l’accent celte …J’ai chanté des comptines, récité des poèmes, bien avant de faire la rencontre de Mary Poppins et Sissi, bien avant de chanter les chansons de Mannick, Barbara et Anne Sylvestre. Tout cela, c’était bien avant et aussi pendant les années d’école … Réels ou non, vrais ou faux, tous ces « personnages » ont participé à mon éducation, à la construction de mon identité, à l’élaboration de ma culture propre ; même si elles n’apparaissent pas dans mon CV, ces « fables » m’ont façonnée aussi sûrement que mes études universitaires ! Vraies ou fausses, elles m’ont permis d’affiner mon regard sur le monde et de donner du sens à mes choix de vie. J’en ai sans doute gardé aussi mon goût pour la Bible et le chocolat… Ce qui se passe pour un individu se vérifie aussi au niveau d’une collectivité : le mythe d’Adam et Eve, le mythe d’Œdipe, la vie de héros comme Ulysse, Hélène de Troie, Icare ou Antigone appartiennent à la culture du bassin méditerranéen et marquent la pensée et l’art de la civilisation occidentale. Ainsi les constructions imaginaires participent à la réalité. Quand ils ont ressenti le besoin de fonder l’unité du peuple juif et de la nommer pour les générations à venir, les auteurs de la Bible ont dû collecter à leur tour les récits, les histoires, les mythes, les personnages qui hantaient la mémoire de leurs prédécesseurs pour créer leur identité. Et c’est en disant « Il était une fois, dans un pays lointain, un homme dont le père fabriquait des idoles. Il entendit une voix qui lui dit : Va, quitte ton pays, va vers la terre que je te montrerai » qu’ils ont peu à peu transmis leur héritage multiple de fils d’Abraham à leurs descendants. Vint ensuite le temps de l’écriture de ces récits et de ces fictions : la langue écrite elle-même produit une narration littéraire, liée à langue et à la culture de l’époque de la rédaction. Motivés par des exigences politiques, théologiques, historiques, littéraires, les auteurs de la Bible eurent fort à faire avec la construction du récit ! Mais ce récit a façonné la construction de l’identité juive.

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Aujourd’hui, les savants, les biblistes, les historiens, les archéologues, les exégètes scrutent avec les outils du XXIème siècle le long récit biblique, tant il est vrai que ce récit fondateur de toute une civilisation continue d’irriguer la vie de nombreux croyants juifs, chrétiens et musulmans. Qu’est-ce qui est vrai ou faux ? Qu’est-ce qui est réel ou inventé dans la Bible ? Les spécialistes bataillent pour décider de la vérité historique du récit, c’est leur rôle. Mais le croyant se laisse interpeller en profondeur par la véracité du texte, sa force de vie, sa puissance fondatrice. Car le récit biblique traduit la profonde relation des hommes avec le sacré. Et aujourd’hui comme hier, il donne à vivre et à croire aux hommes ; il accomplit son œuvre de nourriture religieuse et spirituelle, relate des rencontres inédites, provoque et enrichit la quête de Dieu. (Pour approfondir ces questions passionnantes, quelques ouvrages récents à parcourir, dans la bibliographie à la fin de ce dossier.)

Abraham. Fresque, Mont Athos.

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4. Un lieu ressource : Das BibelHaus in Frankfurt

Dans le contexte de la préparation de ce dossier, l’équipe du Mystère de Noël s’est rendue à Francfort pour découvrir la Maison de la Bible.

Ce musée interactif vous entraîne dans un voyage passionnant à la découverte du monde de la Bible. Depuis 2003, doté des moyens muséographiques les plus récents et riche d’un fond documentaire de très haute qualité, il propose aux visiteurs et aux groupes de tous âges et tous niveaux de vivre une expérience hors du commun. En effet, après la visite des trois espaces consacrés respectivement à la découverte du texte biblique, du monde de Jésus et de celui d’Abraham, le rapport à la Bible des grands et des petits ne peut qu’évoluer ! N’hésitez pas à proposer cette visite à vos élèves ou groupes paroissiaux : elle sera l’occasion d’une agréable et instructive activité pédagogique. Le site qui environne le musée, le « quai aux muséesq de Francfort, est parfaitement aménagé pour accueillir les groupes de façon détendue et sécurisée. Un conseil : une visite guidée en français est possible, mais, si vous comprenez l’allemand, n’hésitez pas à contacter de notre part pour une Expertenführung le théologien catholique, historien des religions, qui nous a reçus, Sven Lichtenecker. Contact : [email protected] Enfin, cette année, le musée prépare une exposition de Noël qui aura lieu du 09 octobre 2012 au 13 janvier 2013 et qui s’intitule « „Weihnachten – Krippenkind und Kaiserkult“. Tout un programme ! Vous trouverez bien sûr tous les renseignements nécessaires sur www.bibelhaus-frankfurt.de. Bonne découverte !

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DEUXIÈME PARTIE

Le thème d’Abraham dans l’histoire de l’art

« À l’heure où la Bible est plus que jamais lue par une multitude de femmes et d’hommes, croyants ou incroyants, il s’agit de réapprendre, aussi, à la regarder. En regard de l’Écriture, l’image se découvre, à part entière, comme une mystique vibrante, plus enseignante que nombre d’essais doctrinaux.» Jean-François Colosimo, postface à La Bible de Jérusalem. 20 siècles d’art.

1. La rencontre au chêne de Mambré chez Chagall La théophanie aux chênes de Mambré, en Genèse 18, a été interprétée par de nombreux artistes. L’épisode de l’hospitalité d’Abraham est à l’origine de l’iconographie la plus courante de la Trinité dans l’art paléochrétien et byzantin.

Abraham et les trois anges, 1960-1966 - Huile sur toile

Musée national Marc Chagall - Nice

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Marc Chagall (1887 – 1985) aborde la Bible avec une absolue liberté, imposant une lecture juive de la Bible, même dans les décorations d’église. L’artiste se voit tel un nouveau prophète, un voyant, un ange peintre, un apôtre de la paix entre les hommes. Le texte biblique prend sous le pinceau de Chagall, des formes visuelles nouvelles. L’œuvre de Chagall est l’aboutissement d’une longue tradition de commentaires et d’illustrations de la Bible qui prend naissance dans les premiers siècles de notre ère et se développe dans l’Occident médiéval. (Musée d’Art et d’histoire du Judaïsme – Exposition « Chagall et la Bible »). Il a souvent traité les thèmes théophaniques de l’Ancien Testament – dont l’hospitalité d’Abraham (une vingtaine de fois). Chagall a aussi été imprégné de culture orthodoxe russe et connaît bien la tradition iconographique orientale. Le thème, de l’hospitalité y était très populaire. ROUGE On retrouve dans ce tableau les couleurs des icônes : le rouge profond, l’or. Ce rouge du fond est communion. Avec lui, le spectateur reçoit de plein fouet toute la chaleur du désert, l'ardente émotion d'Abraham et l'extraordinaire rayonnement de la Présence trinitaire. Il envahit l'espace du tableau jusque dans les moindres détails, supprimant tous les contrastes et les distances. Dans ses études préparatoires, Chagall avait choisi un fond de terre brune, mais le jugeant sans double trop réaliste, il opta en fin de compte pour un rouge qui « éclate ici comme pour donner à la scène une grandeur byzantine ». LES ANGES Conformément à l’interprétation juive de Gn 18, les trois visiteurs sont rendus par des figures d’anges. Ceux-ci nous tournent le dos (cf. Ex 33, 20-23 : le Seigneur se fait dialogue et sa face, on ne peut la voir). Les ailes des trois anges se détachent sur un fond rouge éclatant. Elles traduisent leur fonction de messagers entre ciel et terre, entre Dieu et Abraham, mais aussi avec nous qui contemplons la scène à travers l’œuvre. Par leur posture et leurs regards qui se croisent, les anges paraissent à l’unisson. Dans les contes hassidiques, les mendiants errants, vagabonds anonymes, visiteurs inconnus, jouent un rôle important : ils peuvent cacher un prophète, un Juste. Qui sait ? Ils servent de lien entre les hommes et Dieu. D’après le Talmud, les anges Mickaël, Raphaël et Gabriel ont pris une forme humaine pour accomplir chacun une mission. Mickaël vient pour annoncer la bonne nouvelle à Sarah, Raphaël pour aider Abraham à cicatriser de sa circoncision, et Gabriel pour détruire Sodome et Gomorrhe. Les créatures célestes sont le sujet de l'œuvre, elles sont au premier plan, véritables effusions lumineuses, impalpables.

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Un détail peut encore retenir notre attention : l'Ange du centre a un pied chaussé, l'autre non. Ce thème connu dès l'Antiquité se poursuit dans l'art byzantin, puis l'art roman. Sur un bas-relief de St Sernin de Toulouse, deux personnages « monosandalos » interprètent ainsi les attributs du Christ, force et tendresse. Un pied sur terre, l'autre au ciel, amour et purification, vie et mort, le monde divin est un, c'est en nous que sont les divisions. ABRAHAM Sur la gauche du tableau, Abraham et Sarah se tiennent debout près de leurs hôtes. Chagall, marqué par l'univers religieux de sa jeunesse, campe Abraham debout, à quelques pas des visiteurs. Les bras ballants, cette attitude si caractéristique des pauvres prêts à servir, il est l'hôte qui reçoit. La verticale de son corps relie les épisodes de son appel à la visite mystérieuse d'aujourd'hui. La maison, avec le coq qui picore dans la cour, est celle de son père, l'univers familier qu'il a dû quitter. Mémoire du Juste qui reconnaît dans sa pérégrination la fidélité de son Seigneur. La main de Dieu - symbole biblique par excellence - est là qui l'a guidé et conduit dans un ailleurs plein de promesses et d'amour « Je ferai de toi un grand peuple ». Avec ces trois visiteurs, la Bénédiction est arrivée : « Ta femme Sara aura un fils ». L'amour devient fertile. Le regard d’Abraham semble se porter au-delà. « Y a-t-il une chose trop prodigieuse pour le Seigneur ? A la date où je reviendrai vers toi, au temps du renouveau, Sara aura un fils.» Le fond rouge du tableau fait résonner avec éclat la promesse de Dieu de revenir « au temps de la vie ». C’est le temps de la vie quand Dieu vient chez Abraham et Sara comme chez tous ceux qui le reçoivent. Le visage du serviteur devient visage souverain. Le bleu lointain des souvenirs se laisse envahir par le rouge lumineux de l'amour. Poésie et audace de Chagall : le visage d'Abraham reflète la hardiesse d'une liberté retrouvée, une joue rouge, l'autre verte, les couleurs se jouent de la forme et sur le front bleu, des taches jaunes et oranges comme les joyaux d'une couronne royale que sa confiance a méritée. La partie supérieure du tableau évoque la vocation d’Abraham (Gn 12,1). Abraham chevauche une monture. La main de Dieu le précède et l’accompagne. Ce temps de la vie se poursuit avec la suite de l’histoire qu’évoque la bulle en haut à droite. Abraham reconduit les trois anges. Soutenu par deux d’entre eux, il discute pied à pied avec Dieu pour trouver au moins « dix justes » capables de sauver Sodome et Gomorrhe. Le chameau est celui qui servira à aller chercher Rebecca, la femme d'Isaac.

* * *

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Cet autre tableau de Chagall représentant Abraham et les trois anges a la même composition que la planche 7 de la Bible (Illustration de la Bible hébraïque, 105 planches gravées par Chagall), car il est peint d’après la gouache préparatoire qui servit de point de départ à la gravure. Il est antérieur au précédent. Comme dans le premier, Chagall ne se limite pas à la simple illustration de l’hospitalité d’Abraham puisqu’il y évoque la relation qui va lier Abraham et Dieu : l’artiste propose au spectateur une réflexion plus globale. On y retrouve l'attitude humble d'Abraham, qui exprime l'acceptation de la volonté divine, un éclairage sur la suite de l’histoire avec à la fois de la naissance d’Isaac et de son sacrifice.

* * *

Dans la Tradition chrétienne L’icône de La Trinité de l’Ancien Testament est l’œuvre la plus célèbre d’Andréï Roublev. La scène représente de façon symbolique l’apparition à Abraham des trois anges messagers, symboles des trois personnes de la Sainte Trinité. Les trois personnages et leur mystérieux repas tiennent la place centrale. Abraham, Sarah, le chêne de Mambré et la tente du patriarche ont disparu. Cette icône est parlante en elle-même et aide souvent à prendre conscience qu’il y a vraiment trois « quelqu’un » dans la Trinité. Plusieurs lectures de l’icône sont possibles. La plus suggestive, sinon la plus traditionnelle, y voit une sorte de colloque divin, dont nous serions déjà l’enjeu. L’hospitalité d’Abraham devient

l’hospitalité de la Trinité. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit, qui se sont en quelque sorte invités ce jour-là à la table du patriarche, nous invitent aujourd’hui au banquet de l’amour divin. En Isaac annoncé et dans le repas partagé, Dieu promettait et en même temps préfigurait l’Incarnation du Fils Unique. Aujourd’hui, dans l’Incarnation réalisée et dans la coupe eucharistique qui l’actualise, c’est nous désormais que le Père attend comme un fils unique et qu’il accueille dans la communion trinitaire.

Abraham et les trois anges, 1940-1950

Huile sur toile, Collection particulière.

La Trinité de l’Ancien

Testament. Andreï Roublev

(Vers 1410)

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2. Quelques représentations du sacrifice d’Isaac

La « ligature d'Isaac » (en hébreu aqeda) est l'épisode le plus fréquemment représenté par les artistes juifs. En général, la présence active de dieu (sa voix) est représentée par une main. Isaac est passif, immobile, lié. Ses traits personnels ne sont pas figurés, contrairement aux représentations chrétiennes qui préfigurent la Crucifixion, dans lesquelles Isaac a un rôle actif. Juifs ou chrétiens, le sacrifice d'Abraham ou ligature d'Isaac a été illustré par les plus grands maîtres.

Le Caravage Le Caravage (1573–1610) a peint deux tableaux de la scène : le premier vers 1596, et le second, le plus célèbre, en 1603.

Ce tableau est beaucoup plus réaliste, plus en mouvement. On perçoit la terreur d’Isaac, l’ange intervient plus vigoureusement, arrêtant le bras d’Abraham tandis que dans la première version Isaac ne semble pas se douter de ce qui va lui arriver et l’ange semble juste en conversation avec Abraham.

Il s’agit de l’un des grands chefs d'œuvre de Caravage. On a l'impression d'être témoin de la scène terrible qui se joue devant nous. En opposition au drame, le

Le Sacrifice d’Isaac, vers 1596,

Michelangelo Merisi dit Caravage - Huile sur toile

Collection Barbara Piasecka-Johnson - Princeton, New Jersey

Le Sacrifice d’Isaac, vers 1603, Le Caravage

Huile sur toile - Florence, Galerie des Offices

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magnifique paysage paisible au fond à droite, l'un des rares de Caravage ! Caravage bouleverse tous les codes établis et resserre considérablement l'action sur les trois protagonistes formant une frise monumentale tout près du rebord de la toile. La force de la composition réside essentiellement dans l'enchaînement des gestes et les échanges de regards. La sombre détermination du patriarche qui se retourne, étonné, vers l'ange, et la protestation désespérée d'Isaac, sont une innovation de la part de Caravage, tout comme son intuition du geste fort (le saisissement du bras) qui instaure un dialogue direct et immédiat avec le spectateur.

Rembrandt

En 1635, le tableau de Rembrandt propose la même vision d’une intervention vigoureuse de l’ange qui provoque la chute du couteau tenu par Abraham. Le peintre s’est inspiré des tableaux du Caravage, mais a peint l'étape suivante: Abraham a lâché le couteau. C'est un des rares sujets que Rembrandt et Le Caravage aient peints à un moment à peu près similaire de leur évolution artistique - des formats à grande échelle ; l'une et l'autre peinture sont considérées comme des chefs-d'œuvre. Avec le personnage d'Isaac, Rembrandt a saisi la possibilité de peindre l'un des nus les plus subtils du début de sa carrière. Il est surprenant que Rembrandt qui travaillait beaucoup les expressions du visage, ait préféré masquer le visage d'Isaac sous la main d'Abraham.

Le Sacrifice d’Isaac, Rembrandt, 1635,

Huile sur toile, Musée de l’Hermitage, Saint Petersbourg.

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Chagall Abraham est sur le point de sacrifier son fils quand l’ange arrête son bras. La composition, caractérisée par la séparation du dessin et de la couleur, présente deux registres. Au registre supérieur, l’ange, manifestation du Verbe divin, est dessiné en transparence sur le ciel bleu. Mais à droite y figure également l'évocation des malheurs de la descendance d'Abraham, que Chagall n'hésite pas à rappeler à travers la représentation d'une maternité et d'une scène du martyr du Christ, symbole de la souffrance des Juifs dans sa peinture. Au registre inférieur, le groupe d’Abraham et de son fils est coloré par la flamme de l’holocauste. Le corps d’Isaac, abandonné comme celui d’Adam dans La création de l’homme, témoigne également de la soumission de l’homme à Dieu. (source : Musée national Marc Chagall).

Le Sacrifice d’Isaac, Chagall, 1960-1966

Huile sur toile - Musée national Marc Chagall - Nice

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3. Les thèmes représentés dans la statuaire strasbourgeoise

À la cathédrale, sur le portail central : la deuxième voussure raconte la vie des patriarches et des rois : Abraham demande grâce pour les habitants de Sodome ; le sacrifice d’Abraham ; l’arche de Noé ; Cham outrage son père Noé pris de vin ; le songe de Jacob; le buisson ardent ; le serpent d’airain ; Moïse fait jaillir l’eau du rocher…

Au musée de l’œuvre Notre-Dame : Le sacrifice d'Isaac, haut-relief, du 2e quart 13e siècle (vers 1240) en grès gris sculpté en haut-relief. Il comporte des traces d'ancienne polychromie. Cette œuvre provient de l’ancien Jubé de la cathédrale. Abraham se détourne d'Isaac, qu'il maintient de la main gauche accroupi sur un monticule, au moment où l'ange (en haut à gauche pour le spectateur) arrive. Au pied du talus de sacrifice, un bélier

Abraham demande grâce pour les sodomites,

Portail central, voussure, détail,

Cathédrale Notre-Dame, Strasbourg.

Le sacrifice d’Abraham, revers du jubé

de la cathédrale. 3è quart du XIIIè.

musée de l'Oeuvre Notre-Dame

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TROISIÈME PARTIE

Sources théâtrales du Mystère de Noël

1. Les mystères, un genre théâtral du Moyen Âge

Le mystère est un genre dramatique qui nous vient du Moyen - Age. Le théâtre médiéval entretient à l'origine des rapports étroits avec l'Église et son rituel. La messe, centre de la liturgie chrétienne, a donné naissance au drame liturgique par le développement progressif de passages dialogués : les tropes. Les premiers tropes remontent sans doute au Xe siècle. Ils s'inscrivent dans les grandes célébrations : Pâques, Épiphanie, Nativité. Au début, il s'agit d'une liturgie théâtralisée, plutôt que de théâtre proprement dit. Toutes ces "dramatisations" se déroulent dans l'église, la langue utilisée est le latin, les acteurs sont des membres du clergé et les thèmes sont liés au culte.

Dès le XIIe siècle se développent des processions plus élaborées dramatiquement qui vont progressivement conduire à un véritable théâtre religieux dans la langue du peuple. Dans toute l'Europe, ces expressions théâtralisées passeront du chœur à la nef des églises, pour gagner le parvis et la rue.

Pour compléter l'enseignement des bas-reliefs et des vitraux, les jeux du XIIIe siècle présenteront l'histoire sainte de façon divertissante.

Au XIVe siècle, les porches et les parvis des églises, les places des cités de France, d'Italie, d'Angleterre ou d'Espagne vont accueillir les miracles.

Ces manifestations dramatiques deviendront les mystères au XVe siècle et à la première moitié du XVIe siècle. Clercs et magistrats municipaux ont mis en commun leurs ressources pour donner aux fêtes, tant civiles que religieuses, un éclat qui rehausse le prestige de la cité. Les drames liturgiques laisseront place à des tableaux vivants, qui s'animaient, se mêlaient aux processions, s'ordonnaient en jeux scéniques, s'enrichissaient d'un dialogue, d'une musique, d'un décor.

Une fresque pour l'éveil des consciences

Ce théâtre vise à reporter les acteurs et les spectateurs à l'origine du monde et de la création. Devant la représentation d'un mystère, chaque homme peut se sentir interpellé. Il est question de son âme, de la préparation de sa mort, de son salut personnel. Enraciné aux sources de la sensibilité, ce christianisme du Moyen Âge invitait à une prise de conscience et à la responsabilité. À l'opposé du théâtre moderne dit de la "distanciation", le mystère est un théâtre de "communion" dans lequel le spectateur cesse d'être un assistant pour devenir un participant. Dans ce théâtre symbolique se sont développés des éléments de réalisme : on passait ainsi d'un système évocatif à un système illustratif tel qu'on a pu comparer la scène médiévale à un "grand livre d'images" ou à une "fresque".

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La fin des Mystères

Par le jeu de la représentation, les conditions sociales et les réalités de la vie quotidienne sont recréées et condensées dans la perspective d'une histoire de la Création et de l'humanité. Pendant deux siècles, des confréries planteront ainsi, dans les bourgs et les cités, la Croix de la Rédemption au centre du mystère joué en rond. Devant l'ampleur et le succès de ces manifestations dramatiques, les autorités religieuses vont passer de la méfiance à la sanction. Un arrêt du Parlement de Paris de 1548 s'insurgea contre les confréries de la Passion.

Depuis 1565, il n'y a plus eu de mystère joué à l'intérieur des cathédrales. Suite au concile de Trente, les autorités ecclésiastiques avaient mis fin, dans le cadre de la réforme catholique des fêtes, aux anciens jeux para liturgiques de Nativité et de Résurrection représentés dans les cathédrales.

Encyclopaedia Universalis ; Le Moyen Âge (G. Duby) ; Histoire du théâtre (A. Degaine)

Le « Mystère » dans le théâtre contemporain

« Depuis la création du Martyre de Saint – Sébastien, de d’Annunzio, au Châtelet en 1911, de l’Annonce faite à Marie, de Claudel, à l’oeuvre en 1912, du Pauvre sous l’escalier, de Ghéon, au Vieux Colombier en 1921, du Mystère du Dieu mort et ressuscité de Dujardin, au Théâtre Antoine en 1923, on assistait sur la scène à l’expansion des pièces à sujet religieux. Les représentations du Soulier de Satin, à la Comédie française en 1943, puis, au lendemain de la guerre, une succession de drames à sujets religieux de Claudel, Montherlant, Gabriel Marcel, Thierry Maulnier, Sartre, Obey, Bernanos, Cocteau, Julien Green, Ghelderode, Anouilh, manifestent, selon A - M Carré, la permanente « actualité de Dieu au théâtre ». De grands metteurs en scène aspiraient également à recréer la ferveur et la solennité sacrées des cérémonies théâtrales antiques et médiévales …Renouant avec la tradition des mystères et des jeux médiévaux, des dramaturges et des comédiens se dévouèrent à la représentation d’un répertoire essentiellement religieux. Grâce à eux, le public, en province et à Paris, reprenait goût à la représentation des mystères. Ainsi dramaturges et metteurs en scène, acteurs et spectateurs s’accordaient – ils pour promouvoir un théâtre illustrant l’idéologie religieuse et tourmentée d’un siècle hanté par la tragédie antique et le drame chrétien, la tentation de l’athéisme et l’obsession de l’absurde.»

Le théâtre religieux en France, Michel Lioure, « Que sais – je ? », PUF, 1983

« Mais le mystère moderne ne conserve du genre ancien que le caractère religieux du sujet. Il emprunte sa forme au drame du XIXème siècle. »

Le théâtre, (M-C Hubert), Armand Colin, 1988

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2. L’aventure du mystère de Noël en la cathédrale de Strasbourg

Une aventure collective

Depuis 1995, à l’initiative de Michel Jermann et de Robert Riber, le Mystère de Noël en la cathédrale de Strasbourg propose une aventure théâtrale qui renoue avec la tradition des mystères tout en mettant en œuvre pour un large public les arts du spectacle contemporain. Comme toute représentation scénique, le spectacle propose une approche sensible et émotionnelle des récits dont il s’inspire et repose sur une adaptation libre des textes bibliques. Chaque mystère entre ainsi en résonance avec la perception actuelle des textes et s’attache à faire connaître la spécificité du Dieu des chrétiens. Ainsi, la forme de la fiction théâtrale ouvre le dialogue avec les convictions et les spiritualités de ce temps. Mis en œuvre par une cinquantaine de collégiens, lycéens et étudiants de toutes convictions, le spectacle offre la parole aux jeunes à la cathédrale, leur permet de valoriser leurs capacités et de poser la question du sens. Il leur permet de découvrir la richesse du patrimoine culturel et religieux de Strasbourg.

L’organisation du Mystère de Noël, fondé dans le contexte de l’Aumônerie de l’Enseignement Public, est assurée depuis 2007 par l’association Mystères des cathédrales présidée par le père Etienne Uberall.

Tous, auteurs, musiciens, chanteurs, comédiens, figurants, équipes logistiques et organisateurs sont bénévoles.

Ne sont rémunérés que les intervenants professionnels.

Une aventure artistique

L’écriture du « Mystère de Noël » est une écriture plurielle qui, inspirée par la riche tradition biblique, traduit les défis posés par la société contemporaine dans les termes où le dialogue entre les différentes générations les nomme. Le texte du spectacle est ainsi l’aboutissement d’un montage d’expressions et de sensibilités différentes. Il ordonne dialogues, textes poétiques, chants, monologues, jeux d’acteurs et actions scéniques autour du sujet. C’est la répétition avec les jeunes comédiens qui fixe définitivement la forme écrite du spectacle. Ce texte est écrit pour être joué et représenté dans une cathédrale : c’est aussi une de ses exigences.

Les comédiens sont de jeunes amateurs initiés au jeu théâtral dans le cadre d’un atelier de théâtre spécifique. Tous les talents, confirmés ou non, sont accueillis. Cet atelier de formation – production a lieu de septembre à décembre. Dans les dernières semaines avant le spectacle, la troupe est renforcée par les figurants indispensables pour le développement du spectacle dans la cathédrale. L’expérience montre que, souvent, après avoir été figurants, les jeunes rejoignent la troupe pour un engagement dans la préparation et le spectacle plus conséquent. Pour certains rôles, des professionnels sont parfois sollicités. Tous les arts du spectacle et du mouvement sont sollicités : projections, danse, arts du cirque, GRS, théâtre de rue, arts martiaux …

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La dramaturgie est conditionnée de façon directe par l’espace scénique de la cathédrale. Musique, jeux d’acteurs, lumières, chorégraphies, mouvements d’ensemble, expressions scéniques diverses actualisent l’utilisation médiévale de la cathédrale par le peuple.

La scénographie met en valeur, grâce à une régie son et lumière performante, l’espace symbolique et spirituel de la cathédrale de Strasbourg et permet de redécouvrir un site prestigieux du patrimoine religieux de France. Les allées sont également investies par le jeu pour impliquer davantage les spectateurs dans le rythme du mystère.

Un plateau nu au centre de la cathédrale facilite la visibilité des spectateurs et impose aux comédiens un jeu bi – frontal. Point de coulisses ou de rideau de scène : les entrées et sorties des comédiens et des figurants, le jeu des musiciens, des lecteurs et des chanteurs, les changements de décor sur le plateau, la régie : tout « joue » et manifeste l’engagement de chacun dans le spectacle: silence, rapidité, rigueur, concentration - voire recueillement – de tous sont indispensables pour assurer le bon rythme du spectacle.

Les éléments du décor du plateau sont légers, stylisés, mobiles : le cadre de la cathédrale ne tolère aucune surcharge ; le placement des accessoires de scène, les accrochages de tentures font partie du « spectacle », permettant aussi de prendre conscience des dimensions de l’espace sacré. Les jeux de lumière dessinent également des décors.

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BIBLIOGRAPHIE

• APPROCHE BIBLIQUE ET ARTISTIQUE

La Bible dévoilée, les nouvelles révélations de l’archéologie, I. Finkelstein, N.A. Silbermann, Bayard, 2002.

Introduction à l’Ancien Testament, T. Römer, Labor et Fides, 2004.

La première histoire d’Israël, T. Römer, Labor et Fides, 2007.

Écrire l’histoire à l’époque du Nouveau Testament MF. Baslez, Cerf, (Cahiers Evangile, Supplément au n° 142), 2007.

Abraham ou la recréation du monde R. Draï, Fayard, 2008.

L’espèce fabulatrice N. Huston, Babel, Actes Sud, 2010.

Ze Bible, Bibli’O, 2011

Sarah, La Bible au féminin, Tome 1, Marek Halter, Pocket, 2004

La confession d'Abraham, récit-théâtre, Mohamed Kacimi, L'arbalète, Gallimard, 2000 (également en Poche)

Le sacrifice d’Abraham dans les trois monothéismes, exposition virtuelle de la BNF « Livres de parole : Torah, Bible, Coran », fiches pédagogiques : http://expositions.bnf.fr/parole/pedago/fiche_4.pdf

Dix fiches d’œuvres à exploiter en classe - Chagall et la Bible, Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, www.mahj.org.

Ces yeux qui ont vu le salut, dossier édité par le service de la Parole du diocèse de Lille, www.enviedeparole.org

La gloire de l'éternelle Trinité, revue Vie Chrétienne, mars 2010.

La Bible de Jérusalem - Vingt siècles d’art, sous la direction de Jean-François Colosimo, Réunion des Musées Nationaux, octobre 2009.

• APPROCHE THÉÂTRALE

Le théâtre religieux en France, Michel Lioure, PUF, 1983

Histoire du théâtre dessinée : de la préhistoire à nos jours, André Degaine, Nizet, 1992

Le Moyen Âge, Georges Duby, Seuil, 1995

Le théâtre, M-C. Hubert, Armand Colin, 1988

Mystères des cathédrales 27 rue des juifs 67000 STRASBOURG - [email protected]

Contact: Myriam Odeau 03 88 21 29 77 [email protected]