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JAB 1630 BULLE INFORMATIONS N° 69 / Août 2016 Editorial SOMMAIRE AMG et vastes horizons pages 2 et 3 Les 100 ans du cinéma Lux 4 Bulle, un soldat reconnu 5 Visites inédites et petit concert à Gruyères 5 Tü ta too… la grande expo 5 Bibliothèque 6 Commission jeunesse 6 L’oreille en voyage «Mais c’est ici que l’S en serpentant s’avance…» (de Piis, Harmonie imitative de la langue française) «Les paroles s’envolent, les écrits restent.» Pourtant, expo- ser du son, tel est le défi relevé par la Phonothèque natio- nale suisse, au Musée gruérien, du 27 août 2016 au 29 janvier 2017. Les lecteurs de François Rabe- lais se souviennent des chapitres 55 et 56 du Quart-Livre publié en 1552. L’auteur y raconte l’épiso- de des «paroles gelées». Navi- guant aux confins de la mer gla- ciale, Panurge et ses compa- gnons entendent des bruits, des sons, des syllabes, puis des mots entiers. Face à ses compa- gnons inquiets, Pantagruel leur explique qu’il s’agit de paroles figées au contact de l’air froid et qui, au printemps, sont libérées. Est-on en présence d’une métaphore de l’imprimerie – invention alors récente – ou de la prémonition du jour où l’enregistrement sonore serait possible? Et l’humaniste facétieux de s’en donner à cœur joie dans une leçon de français en liberté:« Ces paroles ayant fondu ensemble, nous entendîmes: hin, hin, hin, hin, his, ticque torche, lorgne, brededin, brededac, frr, frrr, frrr, bou, bou, bou, bou, bou, bou, bou, bou, traccc, trac, trr, trr, trr, trrr, trrrrrr, on, on, on, on ououououon: goth, mathagoth et bien d’autres mots barbares.» Toute archive sonore res- semble aux paroles gelées de Rabelais. Sans la chaleur d’une mise en valeur, ce conserva- toire du patrimoine demeure muet. Pire même, laissé sans sauvegarde, il s’anéantit. «Aboli bibelot d’inanité sonore» (Mallarmé, Sonnet en X). L’exposition sera aussi l’occasion de faire connaissance avec la Phonothèque nationale dont vous ignoriez, peut- être, jusqu’à l’existence? C’est assez normal: les institu- tions fédérales liées à la culture ont toujours quelque peine à trouver leur place dans l’imaginaire populaire helvétique, si «cantonalisé». D’ailleurs la Phonothèque nationale a toutes les qualités d’une institution culturelle confédérale: reconnue comme un centre international de compétences, elle est cependant discrète, installée «par-delà les monts» – ah! ce souci bien helvétique d’éviter toute centralisation géographique des institutions – à Lugano. Intégrée à la Bibliothèque nationale en 2016, elle est dirigée par Pio Pellizzari, professionnel du son et amoureux du pays de Fribourg. De son côté, le Musée gruérien peut se targuer d’être en phase avec l’audio- visuel: un CD d’extraits so- nores dans La Radio en Gruyère en 2003, deux DVD – Le patois dans le vent du français et Le regard des médias en 2011 – moult archives photographiques, sonores et cinématographiques dans sa collection permanente. Grâce à cette exposition, de nouvelles raretés sonores vous seront temporairement pro- posées (voir page 5). Bulle est à 161 km à vol d’oiseau de Lugano. L’exposition tü ta too. L’oreille en voyage est une façon de se rapprocher du Tessin. Et de permettre ainsi un accès di- rect aux trésors étonnants d’une jeune institution «en fleur» puisque, cette année, la Fonote- ca nazionale svizzera a 25 ans. www.fonoteca.ch Serge Rossier Flons-flons de St-Nicolas. © Photo Alphonse Derungs, Musée gruérien Le Kiosque à Musiques à la Poya 2013, Estavannens. Photo Nicolas Repond Jeudi 1 er septembre, 19h Concert au Musée gruérien De la tradition chorale au rap C'est un mariage insolite et inédit, dans le cadre des Fran- comanias. Le chœur de la Confrérie du Gruyère interprète des chants traditionnels, associé au poète lausannois qui se nomme Abstral Compost sur la scène du rap. En seconde partie, l’Ensemble vocal Utopie cultive un réper- toire diversifié et dynamique. Son directeur Gonzague Monney a composé une harmonisation du Ranz des vaches teintée de jazz… Prélocation: www.francomanias.ch Jeudi 27 octobre, 18h30 Des sons, des voix, des films Le patrimoine audio-visuel et les débuts du cinéma en Gruyère. Conférence de Serge Rossier et Charles Grandjean.

N° 69 / Août 2016 IN FORM ATIONS N°69 / Août 2016 ... · (Mallarmé, Sonnet en X). ... Cette belle villa aristocratique, ... Jason à la recherche de la Toison d’or. Devenue

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JAB 1630 BULLE

INFORMATIONS

N° 69 / Août 2016

N°69 / Août 2016

JAB 1630 BULLE

INFORMATIONS

Editorial

SOMMAIRE

AMG et vastes horizons pages 2 et 3Les 100 ans du cinéma Lux 4Bulle, un soldat reconnu 5Visites inédites et petit concert à Gruyères 5Tü ta too… la grande expo 5Bibliothèque 6Commission jeunesse 6

L’oreille en voyage «Mais c’est ici que l’S en serpentant s’avance…» (de Piis, Harmonie imitative de la langue française)

«Les paroles s’envolent, les écrits restent.» Pourtant, expo-ser du son, tel est le défi relevé par la Phonothèque natio-nale suisse, au Musée gruérien, du 27 août 2016 au 29 janvier 2017.

Les lecteurs de François Rabe-lais se souviennent des chapitres 55 et 56 du Quart-Livre publié en 1552. L’auteur y raconte l’épiso-de des «paroles gelées». Navi-guant aux confins de la mer gla-ciale, Panurge et ses compa-gnons entendent des bruits, des sons, des syllabes, puis des mots entiers. Face à ses compa-gnons inquiets, Pantagruel leur explique qu’il s’agit de paroles figées au contact de l’air froid et qui, au printemps, sont libérées. Est-on en présence d’une métaphore de l’imprimerie – invention alors récente – ou de la prémonition du jour où l’enregistrement sonore serait possible?

Et l’humaniste facétieux de s’en donner à cœur joie dans une leçon de français en liberté:« Ces paroles ayant fondu ensemble, nous entendîmes: hin, hin, hin, hin, his, ticque torche, lorgne, brededin, brededac, frr, frrr, frrr, bou, bou, bou, bou, bou, bou, bou, bou, traccc, trac, trr, trr, trr, trrr, trrrrrr, on, on, on, on ououououon: goth, mathagoth et bien d’autres mots barbares.»

Toute archive sonore res-semble aux paroles gelées de Rabelais. Sans la chaleur d’une mise en valeur, ce conserva-toire du patrimoine demeure muet. Pire même, laissé sans

sauvegarde, il s’anéantit. «Aboli bibelot d’inanité sonore» (Mallarmé, Sonnet en X).

L’exposition sera aussi l’occasion de faire connaissance avec la Phonothèque nationale dont vous ignoriez, peut-être, jusqu’à l’existence? C’est assez normal: les institu-tions fédérales liées à la culture ont toujours quelque peine à trouver leur place dans l’imaginaire populaire helvétique, si «cantonalisé».

D’ailleurs la Phonothèque nationale a toutes les qualités d’une institution culturelle confédérale: reconnue comme un centre international de compétences, elle est cependant discrète, installée «par-delà les monts» – ah! ce souci bien helvétique d’éviter toute centralisation géographique des institutions – à Lugano. Intégrée à la Bibliothèque nationale en 2016, elle est dirigée par Pio Pellizzari, professionnel du son et amoureux du pays de Fribourg.

De son côté, le Musée gruérien peut se targuer d’être en phase avec l’audio-visuel: un CD d’extraits so-nores dans La Radio en Gruyère en 2003, deux DVD – Le patois dans le vent du français et Le regard des médias en 2011 – moult archives photographiques, sonores et cinématographiques dans sa collection permanente. Grâce à cette exposition, de nouvelles raretés sonores vous seront temporairement pro-posées (voir page 5).

Bulle est à 161 km à vol d’oiseau de Lugano. L’exposition tü ta too. L’oreille en voyage est une façon de se rapprocher du Tessin. Et de permettre ainsi un accès di-rect aux trésors étonnants d’une jeune institution «en fleur» puisque, cette année, la Fonote-ca nazionale svizzera a 25 ans.

www.fonoteca.ch Serge Rossier

Flons-flons de St-Nicolas. © Photo Alphonse Derungs, Musée gruérien

Le Kiosque à Musiques à la Poya 2013, Estavannens. Photo Nicolas Repond

Jeudi 1er septembre, 19h Concert au Musée gruérien

De la tradition chorale au rap C'est un mariage insolite et inédit, dans le cadre des Fran-comanias. Le chœur de la Confrérie du Gruyère interprète des chants traditionnels, associé au poète lausannois qui se nomme Abstral Compost sur la scène du rap. En seconde partie, l’Ensemble vocal Utopie cultive un réper-toire diversifié et dynamique. Son directeur Gonzague Monney a composé une harmonisation du Ranz des vaches teintée de jazz… Prélocation: www.francomanias.ch Jeudi 27 octobre, 18h30

Des sons, des voix, des films Le patrimoine audio-visuel et les débuts du cinéma en Gruyère. Conférence de Serge Rossier et Charles Grandjean.

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N° 69 / Août 2016

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Salon rouge du château de Blumenstein. Photo François Rime

Les Amis du musée sur Soleure!

Rassurez-vous, ils n’ont pas abusé des fruits de la vigne! Si cette expression trouve son origine dans l’état peu frais des bateliers qui transportaient le vin (et surtout s’en servaient!) à Soleure par le canal de l’Aar, les Amis ont été invités à dé-couvrir cette belle ville le 4 juin dernier.

Francophile, puisque siège des ambassadeurs de France auprès des cantons pendant 260 ans, Soleure a quelque chose de méridional avec ses agréables rues piétonnes aux maisons à pignons, animées ce samedi par un sympathique marché fort achalandé.

Après un café roboratif dans une confiserie où des pâtisse-ries locales leur faisaient de l’œil, les Amis ont découvert la vieille ville, sous l’experte direction de deux guides passion-nées. Elles leur firent découvrir l’imposante cathédrale Saint-Ours, siège de l’évêché de Bâle depuis 1828. On y accède par trois séries de 11 marches. Le chiffre 11 est présent par-tout à Soleure: 11 musées, 11 fontaines, 11 chapelles, 11 églises et une horloge avec un cadran affichant 11 heures seulement. La cathédrale est tout particulièrement marquée du sceau de ce chiffre: son temps de construction a duré 11 ans (1762-1773), elle compte 11 autels, sa façade est haute de trois fois 11 mètres, la tour mesure six fois 11 mètres et 11 cloches s’y balancent! Cette grande église néo-classique en «marbre de Soleure» (pierre calcaire du Jura), œuvre de la famille Pisoni d’Ascona, récemment nettoyée suite à l’incendie criminel de 2011, présente un intérieur majestueux dans sa blancheur immaculée. L’église des Jésuites, quant à elle, exalte le caractère baroque, présent dans la ville alors que la Tour de l’horloge, de la première moitié du XIIe siècle, est la plus ancienne construction de Soleure.

Après un repas servi dans une maison de corporation, qui témoigne de l’importance économique de Soleure, les Amis ont visité le Kunstmuseum, où ils ont découvert des œuvres des XIXe et XXe siècles suisses (Vallotton, Amiet, Hodler, Giacometti…) et étrangers (Van Gogh, Matisse, Renoir…),

Des AMGistes en grande vadrouille

Quoi de commun entre Soleure, Istanbul, Novossibirsk, François, Michelle et Eduardo? Ils ont bourlingué aux quatre vents et y ont laissé leurs traces… Suivez les guides!

mais aussi des pièces plus anciennes, telle cette délicate Madone aux fraisiers d’un maître rhénan ou la Madone de Soleure de Holbein le Jeune, ainsi que des installations con-temporaines.

Durant l’Ancien Régime, le mercenariat et les pensions royales avaient créé une nouvelle classe patricienne riche. En témoigne notamment la maison des Von Roll, tout près de la cathédrale, ou encore le château de Blumenstein, visité également durant l’après-midi. Cette belle villa aristocratique, résidence d’été d’une famille soleuroise, abrite le musée his-torique de la cité. Il permet de se rendre compte de l’aisance du style de vie des patriciens. Ville élégante et agréable, culturellement très riche, Soleure la méconnue a sans nul doute charmé les Amis! Merci aux organisatrices de ce périple alémanique!

François Rime

Istanbul, c’était Byzance

En des temps immémoriaux que peu d’entre nous peuvent encore situer était Byzance, dont on dit qu’elle fut fondée par une des filles de Zeus. Construite aux confins du Bosphore et de la mer Noire – le Pont Euxin de nos manuels d’histoire – elle vit passer l’équipage des Argonautes accompagnant Jason à la recherche de la Toison d’or. Devenue une orgueil-leuse capitale de l’empire romain, la cité étalait une telle opu-lence (toute relative selon les époques, d’après les faits histo-riques) qu’elle a fait le lit de l’expression populaire «c’est Byzance» et les arcanes de son arsenal juridique celle de «complexité byzantine» ou de «querelle byzantine» pour désigner des discussions alambiquées et embrouillées ou des «disputes» sur le sexe des anges.

Puis vint Constantinople, du nom de son nouveau fondateur l’empereur romain Constantin. Sa réputation a enveloppé l’imaginaire de la vieille Europe. Les sultans et leurs harems, les intrigues de sérail, la splendeur du règne de Soliman le Magnifique, les Turcs aux portes de Vienne… un Orient figé dans le temps dont les images stéréotypées ont abreuvé l’orientalisme du XIXe siècle. Pour toute une élite fortunée, le «Voyage en Orient» s’impose et Constantinople en est l’une des escales favorites. Châteaubriand et Lamartine, entre autres, s’y risquèrent et surtout Pierre Loti. Le récit de ses amours malheureuses avec une jeune esclave de harem régénérera la fascination exercée par la ville sur les Occiden-taux. Il décrit comment, habillé à l’orientale, il recevait sa bien-aimée dans une petite maison au sommet d’une colline dominant la Corne d’Or. On peut encore y voir le modeste salon où les deux amants passaient la nuit grâce à la compli-cité de fidèles domestiques.

Pierre Loti habillé à l’orientale Pierre Loti habillé à l’orientale

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N° 69 / Août 2016

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A l’entre-deux-guerres, Agatha Christie a fait prendre le luxueux Orient-Express à ses nombreux lecteurs. Retenu par la neige durant plusieurs jours au cours desquels les riches voyageuses durent échanger leurs bijoux contre des œufs, attaqué par des pillards qui demandèrent une rançon pour libérer leurs otages, le crime inventé par la romancière, toutes ces aventures ont contribué à en forger l’identité my-thique. Mais aussitôt arrivés à destination, les passagers étaient dirigés vers les palaces construits à leur intention pour les empêcher de découvrir une ville négligée et appauvrie. Le mythe de l’Orient est à son déclin.

Renommée Istanbul au début du XXe siècle – du nom de l’un de ses quartiers – la ville deviendra le point de départ de la célèbre «hippie trail» qui conduisait les routards vers les pa-radis artificiels de Katmandou et de Kaboul. Ils s’y retrouvent au «Pudding Shop», ou paraît-il, le patron compatissant en subventionnait plus d’un. Autre époque, autre mythe!

Istanbul est aujourd’hui une mégapole de 15 millions d’habitants. Son centre historique rénové, ses monuments bien entretenus, ses jardins luxuriants en ont fait, jusqu’aux

En 1935, alors que l'Europe et le monde foncent vers la débâcle, il amène les Etats-Unis et vingt autres membres de l'Union Pan-américaine à signer le Pacte Roerich. Il sera la base, en 1954, de la Convention sur la protection des biens cultu-rels en cas de conflit armé. Hélas, depuis 1947, Nikolaï est allé rejoindre Henri et Ferdinand dans les étoiles. Bâmiyân, Alep, la biblio-thèque de Mossoul et Pal-myre… étaient des pages non encore écrites.

Sous la neige et dans blizzard… j'ai rejoint la gare et la tête pleine de couleurs j'ai filé vers le Baïkal. J'avais rendez-vous avec Mi-chel… Michel Strogoff. Alors, tou-jours d'aiguillage en aiguillage, je me suis laissé bercer en pleine Sibérie mais très proche des rives du Léman.

Eduardo Eguizábal

Dans les steppes russes…

A Novossibirsk, par moins 12…, Hodler, Roerich, Dunant et les couleurs du Léman étaient au rendez-vous. Arrivant de Iekaterinbourg et en partance pour Irkoutsk, je quitte la gare dans mon périple Le Pâquier-Vladivostok. D'ai-guillage en aiguillage, de gare en gare…, la taïga s'étire, mo-notone. Des forêts à perte de vue… sapins et bouleaux. Un tableau pointilliste fait de blancs, de bleus et de bruns sau-poudrés de taches coloristes apportées par les isbas. 11 890 kilomètres entre les rives du lac de la Gruyère et le Pacifique.

Novossibirsk, plus grise que les autres villes russes, plus froide, plus soviétique…, au numéro 38 de la ul. Kommunis-ticheskaya, Ferdinand, Nikolaï et Henri attendaient depuis la nuit des temps mon passage.

C'est en parcourant les murs remplis de tableaux du plancher jusqu'au plafond en rang par cinq du Musée Roerich que les couleurs du Léman, les contours du Mont-Blanc et les den-telles des Dents du Midi sont venus se confondre avec les silhouettes de l'Altaï, les méandres du Brahmapoutre, les cimes de l'Himalaya. Mêmes tons, mêmes couleurs pastel, mêmes brumes. Un voyage initiatique en quête de paix et là… le troisième personnage, Henri, s'est invité à la rencontre. Nikolaï Roerich et Henri Dunant, mêmes idéaux. En 1929, Nikolaï est nominé pour le Prix Nobel de la paix. Il fonde la Pax Cultura, la "Croix-Rouge" de l'art et de la culture.

Ferdinand Hodler, Lac de Genève et Mont Blanc Nikolaï Roerich, Kanchenjunga (Himalaya)

Giulio Rosati, scène de harem

événements dramatiques de ces derniers mois, une destina-tion touristique cosmopolite. Si son aura mythique a disparu, on peut encore y percevoir le souvenir de ce qu’elle a repré-senté dans la mentalité collective occidentale.

Michelle Guigoz

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N° 69 / Août 2016

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DU 17 SEPTEMBRE 2016 AU 8 JANVIER 2017 Lumière sur une salle obscure

A l’occasion des 100 ans du cinéma LUX (actuel Centre culturel Ébullition), de nombreux événements sont orga-nisés à Bulle en 2016: un cycle de projections en ville, une exposition au Musée gruérien, la Nuit des Musées en Gruyère sur le thème du cinéma. L’arrivée du cinéma à Bulle coïncide avec celle du XXe siècle, puisque la plus ancienne mention retrouvée d’un spectacle cinématographique dans la capitale gruérienne remonte à 1900 exactement. Les deux journaux locaux, Le Fribourgeois et La Gruyère, annoncent l’installation d’un cinématographe à la place des Alpes. Du 3 au 8 mai, le «théâtre électrique» de M. Dahlmann-Fassod propose ses représentations, parmi lesquelles «les photographies animées de la guerre sud-africaine et de l’ouverture de l’exposition de Paris méritent une mention spéciale». Les places coûtent de 40 centimes à 1 franc. Le cinéma est alors ambulant. Ce sont les compagnies de cinéma elles-mêmes – Pathé, American Sun, Gaumont … – et surtout les forains, en complément à leurs autres attractions habituelles, qui le propagent. Ils s’installent en différents endroits de la ville: les places du Marché et de la Promenade, l’hôtel Mo-derne, l’hôtel des Alpes, l’Hôtel-de-Ville, les Halles. Ils diffu-sent tant des films de divertissement que des images d’actualité. L’ouverture de salles permanentes Peu à peu, le cinéma se sédentarise, même si les débuts sont laborieux. Des salles permanentes s’ouvrent ici et là, provoquant la disparition des forains. A Bulle, un appareil permanent est déjà installé à l’hôtel Moderne en 1911, mais des problèmes de sécurité provoquent sa fermeture deux ans plus tard. Un certain monsieur Zanetti prend le relais à la Grand-Rue, mais l’affaire qu’il monte change trois fois de mains en deux ans. Le quatrième propriétaire, Marcel Torria-ni, transfère l’entreprise à la rue de Vevey et la rebaptise le «Lux». Le «Closeau», à la rue Victor Tissot, le concurrence brièvement de 1921 à 1926. Dernier venu, mais seul encore en activité, le «Prado» ouvre ses portes en 1950.

Bulle, le cinéma Lux, 10 décembre 1941. © Photo Glasson Musée gruérien

La traite des vaches à la Part-Dieu. Image tirée d’un reportage photogra-

phique consacré au séjour en Gruyère de Ramon Novarro (1899-1968), en 1933. Bien oublié aujourd’hui, l’acteur était de son temps une grande star

hollywoodienne; il était notamment connu pour avoir incarné Ben-Hur à l’écran, en 1925. Le film fut montré au cinéma Lux en présence de Novarro.

© Photo Glasson Musée gruérien. L’exposition au Musée gruérien Vous pourrez y découvrir des histoires de cinéma à Bulle: la traite des vaches par une star hollywoodienne, l’accompagnement de films muets par un pianiste aveugle, une danse lascive qui échappe à la censure de deux curés…, des affiches, photographies, extraits de films et témoignages. L’exposition est organisée en collaboration avec la commis-sion Cinébullition.

François Blanc avec la collaboration de Christophe Mauron

Vernissage: vendredi 16 septembre, 18h30

24 septembre, 10h-12h

A la découverte de Bulle, Cité des Goûts et terroirs Une visite guidée du centre historique de Bulle suivie d’une dégustation commentée des produits du terroir. En compa-gnie d’un-e guide, partez à la découverte de lieux insolites et chargés d’histoire, comme le château épiscopal, les halles à grain, la Grand-Rue commerçante, le café Le Fribourgeois et son orchestrion. En cette période de bénichon, dégustez et apprenez à mieux connaître les produits régionaux, le Gruyère AOP et le Vacherin Fribourgeois AOP, la moutarde de bénichon. Dans le cadre de la Semaine du Goût. En collaboration avec la Gruyère Tourisme et la Société de développement de Bulle et environs. Sur inscription au 026 916 10 10 ou à [email protected] Prix: CHF 20.- par personne, gratuit pour les enfants jusqu’à 12 ans. Rendez-vous: Musée gruérien. Cette visite peut aussi être organisée en tout temps sur de-mande, dès 10 personnes. Bulle, le cinéma Lux, 10 décembre 1941. © Photo Glasson Musée gruérien

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VISITES INÉDITES À GRUYÈRES

Netton Bosson, les saintes Agathe et Manessier

Visite commentée à l'Institut La Gruyère pour y découvrir la fresque de Netton Bosson et visite également commentée de la chapelle et de l'oratoire de Sainte-Agathe qui se terminera par un petit concert du Quatuor des Gueux. Samedi 1er octobre

Rendez-vous: 13h30 devant la Maison du Gruyère à Pringy. Inscription: au moyen de la carte ci-jointe ou à

[email protected]

Commission des excursions

Le soldat reconnu

Ce portrait de soldat a été présenté dans une exposition récente d’œuvres du peintre Louis Vonlanthen (1889-1937) à la galerie l’Espace 25, à Fribourg. Repéré grâce aux efforts conjugués du Musée gruérien et du Musée d’art et d’histoire de Fribourg, il a pu être acquis par le Musée gruérien grâce au soutien de la Société des AMG.

L’identité du personnage représenté sur cette huile sur toile n’était pas encore connue lorsque l’exposition a ouvert ses portes début mai. Nous savons désormais qu’il s’agit de Ra-phaël Radraux (Chalon-sur-Saône, 1881 – Bulle, 1963). Musicien, premier prix du Conservatoire de Paris en 1903, il est engagé comme professeur de chant et directeur des so-ciétés philharmoniques par la ville de Bulle en 1909. En 1910, il dirige la partition de l'opéra Chalamala et en 1930 celle de Grevîre.

Il reste à Bulle durant 39 ans, mais il s'éclipse momentanément entre 1914-18: il part se battre dans l’armée française, incorporé dans les brancardiers. Le 17 février 1917, il est grièvement blessé et doit subir plusieurs opéra-tions. Il témoigne de ces années sombres dans ses Souvenirs de guerre. L’uniforme que porte Ra-phaël Radraux sur ce tableau n’a pas encore été formellement identi-

fié mais pourrait être lié à cet engagement pendant la Pre-mière guerre mondiale.Tout renseignement à ce sujet est évidemment le bienvenu. Un grand merci aux AMG pour avoir permis l’entrée de ce portrait dans les collections du musée.

Christophe Mauron

Actualités de la recherche au musée

Orchestre de jazz à la Tour-de-Trême, 1931. © Photo Glasson Musée gruérien

DU 27 AOÛT 2016 AU 29 JANVIER 2017

tü ta too. L’oreille en voyage

Le titre de l’exposition joue avec le son du car pos-tal qui klaxonne dans les virages sur les routes de montagne! Trois notes ancrées dans les mémoires et qui, pour certains de ses habitants, forment une mélodie caractéristique de la Suisse.

En voyage! Muni d’un casque d’écoute, le visiteur ex-plore les postes de l’exposition. Ici, il s’agit d’associer portraits et voix célèbres de la Suisse. Face à une carte stylisée, on écoute un document par canton. Plus loin, sur la ligne du temps, cent ans de musique permettent de sélectionner le morceau de l’année de son choix. Et le silence? Dans un couloir insonorisé, le visiteur redé-couvre la sensation du silence parfait. Ainsi rafraîchies, nos oreilles sont sensibles aux différences entre plu-sieurs types d’enregistrements alors qu’un film nous emmène dans le labyrinthe complexe de l’ouïe. Les plus petits s’isoleront dans un tunnel confortable pour écouter des légendes, les plus grands se rassembleront autour de la table de jeu pour créer une histoire origi-nale avec des bruitages de cinéma. L’exposition est par-ticulièrement adaptée aux classes dès la 6H et du CO.

Pour l’ultime étape de cette exposition itinérante, la Phonothèque national suisse a sélectionné des mu-siques et voix du canton de Fribourg. Sur un poste in-formatisé des centaines de documents sont regroupés par thèmes: des chœurs et compositeurs aux tubes des Young Gods, de la liturgie classique aux chants des fans à la patinoire de Saint-Léonard, de la poésie et de l’humour en patois, des récits, des interviews et des discours. La sélection inclut également des instruments dont ceux du facteur d’orgues Aloys Mooser. On écoute pour terminer les subtils grincements de la machine de Jean Tinguely… Quels sons composent votre patrie sonore?

Isabelle Raboud-Schüle Vernissage: 26 août, 18h30 En compagnie de la chanteuse valaisanne Laurence Re-vey. Elle y revisitera les chansons du patrimoine alpin.

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IMPRESSUM. L’Ami du Musée – Informations, journal édité par la Société des Amis du Musée gruérien, case postale 66, 1630 Bulle 1. Parution: 4 fois par année. Impression: Glassonprint, 1630 Bulle. Mise en pages: Eduardo Eguizábal, Monchuplyon 48, 1661 Le Pâquier (eeguizabal @hispeed.ch).

Rédaction: Michelle Guigoz, ch. des Ponts 15, 1688 Sommentier ([email protected]) – Michel Gremaud, ch. de la Réche 79, 1630 Bulle (mic.gremaud @bluewin.ch).

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Bibliothèque

Coups de cœur

Le son du silence d’H J Lim Agée de 12 ans, H J Lim convainc ses parents de la laisser quitter la Corée, seule, pour poursuivre des études de mu-sique en France. Un destin incroyable et une force de vie inaltérable puisée dans une quête effrénée de la musique. Magnifique!

Animal: histoires photographiques de Sergueï Gorshkov Des images à couper le souffle! Sergueï Gorshov accom-pagne ses photos du Grand Nord d’anecdotes et de courts récits qui permettent de mieux appréhender sa passion de l’instant qui magnifie l’animal. Superbe!

Des cornflakes dans le porridge: un Américain chez les An-glais de Bill Bryson Après le choc du Brexit, voici une autre manière de faire plus ample connaissance avec les Anglais, du point de vue d’un Américain. Très drôle!

Lise Ruffieux

ANIMATIONS POUR ENFANTS Samedi, ça te dit? Samedi 8 octobre, 10h-11h30 Fabrique ton livre animé pop-up. Dès 6 ans. Prix: CHF 5.- pour le matériel. Inscription recommandée au 026 916 10 10 ou à [email protected]

Histoires du mercredi Mercredi 19 octobre, 14h30-15h15 Faites du bruit! Le rendez-vous préféré des enfants pendant les vacances scolaires. Des histoires à écouter dans le cadre confortable de la bibliothèque suivies d’un petit goûter. Dès 4 ans. Entrée libre sans inscription.

PROCHAINE SORTIE

Mercredi 21 septembre «Flânerie» en ville de Berne

Rendez-vous: gare de Bulle, 13h. Retour: 18h45 au même endroit. Prix: CHF 10.- pour les enfants des AMG, CHF 15.- pour les non-membres. De 8 à 13 ans (maximum 25 participants).

Renseignements et inscriptions par courriel à l’adresse [email protected] ou par téléphone au 079 288 36 33 au plus tard le 14 septembre 2016. «Balade romanesque» du 15 juin à Estavayer-le-Lac

Notre nouvelle formule «Un après-midi une ville» a rencontré un beau succès. Le mercredi 15 juin, douze enfants se sont donné rendez-vous en gare de Bulle pour prendre le train vers Estavayer-le-Lac. Une guide de l’Office du tourisme nous a fait découvrir des quartiers très fleuris, un dédale de ruelles bordées de maisons médievales et une superbe vue sur le lac de Neuchâtel depuis le donjon du château. Notre but – leur faire découvrir une ville près de chez nous – les a enthousiasmés. Le retour en train était animé par le match de la Suisse à l’Euro et nous avons terminé cette excursion de façon tout à fait inattendue.

Nathalie Charrière

Commission jeunesse

Jardins du passé - Avenir des jardins: Journées européennes du patrimoine

Visites guidées des jardins situés dans le périmètre protégé du centre historique, entre le château, le parc du Cabalet, le couvent des Capucins et l’ancien Institut Ste-Croix. Patrimoine Gruyère Veveyse, le Musée gruérien, le Service des Biens culturels, la Croix-Rouge et la Ville de Bulle présen-tent l’historique, les projets actuels et futurs dans ces jardins situés au cœur d’une ville en forte croissance.

Gratuit, sans inscription.

Samedi 10 septembre et dimanche 11 septembre, 10h-12h et 14h-17h

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