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Rires japonais Dominique Rivolier-Ruspoli, spécialiste d’art japonais Directeur de la publication Sawako Takeuchi Rédaction Chisato Sugita Pascale Takahashi Racha Abazied Cécile Collardey Tony Sanchez Conception graphique et maquette La Graphisterie Impression Imprimerie Moutot Dépôt légal : 4 e trimestre 2012 ISSN 1291-2441 Bibliothèque Maison de la culture du Japon à Paris 101 bis, quai Branly 75740 Paris cedex 15 Tél. 01 44 37 95 50 Fax 01 44 37 95 58 www.mcjp.fr Ouverture Du mardi au samedi de 13h à 18h Nocturne le jeudi jusqu’à 20h Fermeture Les dimanches, lundis et jours fériés Fermeture annuelle du 23 décembre 2012 au 3 janvier 2013 inclus 4 n° 40 - Automne, octobre 2012 La lettre de la bibliothèque 1 Zoom sur... Chers amis lecteurs, afin de mieux vous servir, votre bibliothèque se dote d’un tout nouveau catalogue ! Outre son agréable interface, ce catalogue Aleph – conçu par la société Ex-Libris spécialiste des systèmes multilingues – offre de nombreuses fonctionnalités. En premier lieu, davantage d’options sont désormais disponibles et permettent de faire une recherche au plus près de vos attentes, que celles-ci soient très précises ou plus générales : en plus des champs auteur, titre, mot-clé, d’autres champs sont également interrogeables (éditeur, année, ISBN, cote...) ; de même, il est possible de parcourir des listes d’au- teurs, de titres ou autres. Une fonction « Historique des recherches » vous permet de retrouver facilement vos listes de documents, de les croiser éventuellement afin de les affiner et de supprimer les doublons, de même qu’un « panier » sauvegarde les documents que vous sélectionnez le temps de votre connexion. En plus des fonctions de recherche, chaque lecteur adhérent (munis d’une carte B) dispose d’un compte personnel donnant accès à ses prêts en cours, permettant de prolon- ger ceux-ci, de consulter son historique, d’opérer un suivi de ses réservations. Ce catalo- gue sera bien entendu accessible sous peu en ligne : vous pourrez alors effectuer toutes ces opérations depuis les postes de consultation de la bibliothèque, ou directement depuis chez vous. Il va sans dire que ces recherches seront possibles en japonais également. Par ailleurs, pour les lecteurs qui l’ignoraient encore, le fonds audiovisuel est à nouveau consultable à la bibliothèque, grâce à votre soutien. Trois postes vous permet- tent de visionner des films, des documentaires et des méthodes de langue, et un poste est dédié à l’écoute des documents audio : un fonds unique régulièrement enrichi comp- tant plus de 2 000 documents s’offre ainsi de nouveau à vous. L’équipe de la bibliothèque est à votre disposition pour vous orienter et répondre à toutes vos questions concernant l’utilisation de ces nouveaux services. P. T. Du nouveau à la bibliothèque pour la rentrée N ombreux sont les Oc- cidentaux qui croient que les Japonais ne rient pas. Et pourtant, le sourire que décou- vre le voyageur qui arrive au Pays du Soleil Levant, c’est le rire de la poli- tesse ; il marque la distance néces- saire à l’équilibre des relations humaines. Montrer trop de colère, de tristesse ou de joie, c’est pour un Japonais prendre le risque de faire perdre la face à autrui, et par là même lui manquer de respect. Ce fut au cours des siècles une façon de se protéger des envahisseurs de tout acabit qui ont convoité l’archipel que les Chinois appelaient Cipango, pen- sant y trouver de l’or et que les Occidentaux n’eurent de cesse de vouloir s’approprier. Au Japon comme en Occident les dieux rient. Ainsi, dans le Kojiki (VIII e siècle), « le récit des temps anciens », on raconte qu’Izanagi, le premier homme, et Izanami la pre- mière femme, engendrèrent quator- ze îles peuplées de trente-cinq dieux. Amaterasu, déesse du soleil, n’ac- ceptant pas la violence de son jeune frère Susanoo, dieu des mers et des tempêtes, se réfugia dans une grotte, plongeant ainsi l’archipel dans le noir. Okame, divinité de la gaîté se mit à danser devant l’entrée de la caverne ; tous les dieux accoururent en riant ; Amaterasu, intriguée, sortit et on lui présenta un miroir : elle crut apercevoir une autre déesse du soleil et éclata de rire. Le soleil se mit à briller de nouveau. Le Japon serait alors né d’un éclat de rire. Depuis la préhistoire, le sourire est présent : dans l’art japonais, entre le III e et le IV e siècle, durant l’époque Jômon, de nombreuses haniwa, peti- tes figurines funéraires en terre cuite, semblent rire. C’est de cette époque que date le shintoïsme, reli- gion animiste qui vénère par dessus tout la nature – une mythologie peu- plée de kamis, esprits d’essences variées et sources de nombreuses légendes comiques. Dans un pays où éruptions volcaniques, incendies, typhons ou tsunamis rythment le temps qui passe, les plaisanteries fusent – une façon de calmer, même provisoirement, les angoisses de tout un peuple. On voit apparaître alors les emaki, ces grands rouleaux peints qui se lisent de haut en bas et de droite à gauche ; ils avaient parfois pour vocation d’illustrer les contes populaires. Au XII e siècle, c’est le moine Toba Sôjô qui réalisa le plus célèbre d’entre eux en mettant en scène des grenouilles, des singes ou des lapins pour caricaturer les prêtres, la noblesse ou les gens du peuple. Au XVII e siècle, les shoguns Tokugawa s’installent à Edo (Tôkyô) et vont régner sur le Japon durant deux siècles et demi. C’est une époque où l’archipel vit replié sur lui-même mais où, loin de la cour, et en dépit de la censure shogunale, les gens des villes s’amusent : c’est la naissance du kabuki, des spectacles comiques en tout genre, des images populaires bon marché, des estampes des plus grands artistes que l’on s’ar- rache, des poésies qui se moquent des haïkus classiques. Tout à Edo est prétexte à se distraire. Il existe toutefois un rire dans l’art japonais qui échappe au temps et qui prend également son essor à cette époque, c’est celui des moines zen. Les maîtres zen se servent de l’absur- de pour éveiller l’esprit de leurs dis- ciples. Apparaissent alors quelques génies du pinceau et de l’encre qui au lieu de se mettre au service du shôgun ou de l’empereur préfèrent le rire intérieur, celui qui permet de ne rien fixer dans le temps. Ce sont tous ces rires mêlés qui vont être présentés cet automne à la MCJP, nous permettant ainsi de mieux comprendre cette partie si riche de l’art japonais, et si peu connue en Occident. Pour un Japonais, il vaut mieux rire plutôt que de ne plus pouvoir vivre. Image d’Ôtsu. « Démon poursuivi par un rat avec une feuille de houx » Époque Edo (XVII e - XVIII e siècle) - Otsu City Museum of History

N°40

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Lettre de la bibliothèque

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Page 1: N°40

Rires japonaisDominique Rivolier-Ruspoli,

spécialiste d’art japonais

Directeur de la publicationSawako Takeuchi

RédactionChisato Sugita

Pascale TakahashiRacha Abazied

Cécile CollardeyTony Sanchez

Conception graphique et maquette

La GraphisterieImpression

Imprimerie MoutotDépôt légal : 4e trimestre 2012

ISSN 1291-2441

BibliothèqueMaison de la culture

du Japon à Paris101 bis, quai Branly

75740 Paris cedex 15Tél. 01 44 37 95 50Fax 01 44 37 95 58

www.mcjp.fr

OuvertureDu mardi au samedi

de 13h à 18hNocturne le jeudi jusqu’à 20h

FermetureLes dimanches,

lundis et jours fériés

Fermeture annuelle du 23 décembre 2012

au 3 janvier 2013 inclus

4

n° 40 - Automne, octobre 2012

La lettre de la bibliothèque

1

Zoomsur...

Chers amis lecteurs, afin de mieux vous servir, votre bibliothèque se dote d’un toutnouveau catalogue ! Outre son agréable interface, ce catalogue Aleph – conçu par la sociétéEx-Libris spécialiste des systèmes multilingues – offre de nombreuses fonctionnalités.

En premier lieu, davantage d’options sont désormais disponibles et permettent defaire une recherche au plus près de vos attentes, que celles-ci soient très précises ou plusgénérales : en plus des champs auteur, titre, mot-clé, d’autres champs sont également

interrogeables (éditeur, année, ISBN, cote...) ; demême, il est possible de parcourir des listes d’au-teurs, de titres ou autres. Une fonction« Historique des recherches » vous permet deretrouver facilement vos listes de documents, deles croiser éventuellement afin de les affiner et desupprimer les doublons, de même qu’un « panier »sauvegarde les documents que vous sélectionnezle temps de votre connexion.

En plus des fonctions de recherche, chaque lecteur adhérent (munis d’une carte B)dispose d’un compte personnel donnant accès à ses prêts en cours, permettant de prolon-ger ceux-ci, de consulter son historique, d’opérer un suivi de ses réservations. Ce catalo-gue sera bien entendu accessible sous peu en ligne : vous pourrez alors effectuer toutesces opérations depuis les postes de consultation de la bibliothèque, ou directement depuischez vous. Il va sans dire que ces recherches seront possibles en japonais également.

Par ailleurs, pour les lecteurs qui l’ignoraient encore, le fonds audiovisuel est ànouveau consultable à la bibliothèque, grâce à votre soutien. Trois postes vous permet-tent de visionner des films, des documentaires et des méthodes de langue, et un posteest dédié à l’écoute des documents audio : un fonds unique régulièrement enrichi comp-tant plus de 2 000 documents s’offre ainsi de nouveau à vous.

L’équipe de la bibliothèque est à votre disposition pour vous orienter et répondre àtoutes vos questions concernant l’utilisation de ces nouveaux services.

P. T.

Du nouveau à la bibliothèquepour la rentrée

Nombreux sont les Oc-cidentaux qui croientque les Japonais nerient pas. Et pourtant,le sourire que décou-

vre le voyageur qui arrive au Pays duSoleil Levant, c’est le rire de la poli-tesse ; il marque la distance néces-saire à l’équilibre des relationshumaines. Montrer trop de colère,de tristesse ou de joie, c’est pour unJaponais prendre le risque de faireperdre la face à autrui, et par làmême lui manquer de respect. Cefut au cours des siècles une façon dese protéger des envahisseurs de toutacabit qui ont convoité l’archipel queles Chinois appelaient Cipango, pen-sant y trouver de l’or et que lesOccidentaux n’eurent de cesse devouloir s’approprier.Au Japon comme en Occident lesdieux rient. Ainsi, dans le Kojiki(VIIIe siècle), « le récit des tempsanciens », on raconte qu’Izanagi, lepremier homme, et Izanami la pre-mière femme, engendrèrent quator-ze îles peuplées de trente-cinq dieux.Amaterasu, déesse du soleil, n’ac-ceptant pas la violence de son jeunefrère Susanoo, dieu des mers et destempêtes, se réfugia dans une grotte,plongeant ainsi l’archipel dans lenoir. Okame, divinité de la gaîté semit à danser devant l’entrée de lacaverne ; tous les dieux accoururenten riant ; Amaterasu, intriguée, sortitet on lui présenta un miroir : ellecrut apercevoir une autre déesse dusoleil et éclata de rire. Le soleil semit à briller de nouveau. Le Japonserait alors né d’un éclat de rire.

Depuis la préhistoire, le sourire estprésent : dans l’art japonais, entre leIIIe et le IVe siècle, durant l’époqueJômon, de nombreuses haniwa, peti-tes figurines funéraires en terrecuite, semblent rire. C’est de cetteépoque que date le shintoïsme, reli-gion animiste qui vénère par dessustout la nature – une mythologie peu-plée de kamis, esprits d’essencesvariées et sources de nombreuseslégendes comiques. Dans un pays oùéruptions volcaniques, incendies,typhons ou tsunamis rythment letemps qui passe, les plaisanteriesfusent – une façon de calmer, mêmeprovisoirement, les angoisses de toutun peuple. On voit apparaître alorsles emaki, ces grands rouleaux peintsqui se lisent de haut en bas et dedroite à gauche ; ils avaient parfois

pour vocation d’illustrer les contespopulaires. Au XIIe siècle, c’est lemoine Toba Sôjô qui réalisa le pluscélèbre d’entre eux en mettant enscène des grenouilles, des singes oudes lapins pour caricaturer les prêtres,la noblesse ou les gens du peuple. Au XVIIe siècle, les shogunsTokugawa s’installent à Edo (Tôkyô)et vont régner sur le Japon durantdeux siècles et demi. C’est uneépoque où l’archipel vit replié surlui-même mais où, loin de la cour, eten dépit de la censure shogunale, lesgens des villes s’amusent : c’est lanaissance du kabuki, des spectaclescomiques en tout genre, des imagespopulaires bon marché, des estampesdes plus grands artistes que l’on s’ar-rache, des poésies qui se moquentdes haïkus classiques. Tout à Edo estprétexte à se distraire.Il existe toutefois un rire dans l’artjaponais qui échappe au temps et quiprend également son essor à cetteépoque, c’est celui des moines zen.Les maîtres zen se servent de l’absur-de pour éveiller l’esprit de leurs dis-ciples. Apparaissent alors quelquesgénies du pinceau et de l’encre quiau lieu de se mettre au service dushôgun ou de l’empereur préfèrent lerire intérieur, celui qui permet de nerien fixer dans le temps. Ce sont tous ces rires mêlés qui vontêtre présentés cet automne à laMCJP, nous permettant ainsi demieux comprendre cette partie siriche de l’art japonais, et si peuconnue en Occident. Pour unJaponais, il vaut mieux rire plutôtque de ne plus pouvoir vivre. ■

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angles politique, identitaire, linguistique et esthétique. Ilssont complétés par les témoignages d’auteurs tels quePhilippe Forest ou Tawada Yôko, qui apportent l’éclairage deleur propre expérience. Cette somme de textes abondamment documentés montreque le déracinement, loin d’être stérile, est surtout source de création.

Histoire

TAKAHASHI TetsuyaMorts pour l’empereur : la question du YasukuniTrad. par Arnaud Nanta. Préf. par Stéphane Audoin-Rouzeau

Paris : Les Belles Lettres, Collection Japon, 2012. 170p.

Le sanctuaire shintô Yasukuni, situé aucentre de Tokyo depuis 1869, célèbre lesouvenir de 2 500 000 personnes,essentiellement des soldats japonaistombés au combat pendant la SecondeGuerre mondiale, parmi lesquels setrouvent plus d’un millier de criminels deguerre. Professeur de philosophie,Takahashi Tetsuya explore dans cet

ouvrage la nature et les contradictions de ce site, pomme dediscorde entre le Japon et ses voisins chinois et coréens.Questionnant la relation entre religion et politique, et pluslargement le nationalisme moderne, l’auteur pointe le problèmemoral, civil, politique et géopolitique qu’est la persistance ence lieu de l’idéologie du temps de l’empire colonial.

Botanique

Cédric BASSETCultiver les plantes de Chine et du JaponParis : Éditions Ulmer, 2012. 360p.

Sans équivalent pour les amoureuxdes jardins japonais toujours plusnombreux, cet ouvrage présente plusde 1 300 plantes, dont 760 en photo.La plupart, encore méconnues cheznous, apportent leur lot de floraisons,feuillages, fruits attrayants ourameaux insolites, susceptibles

d’agrémenter les jardins sous nos climats. Conifères,arbres et arbustes, vivaces et bulbeuses, etc., chaqueespèce y est décrite avec les clés pour réussir leurculture, le tout formant un répertoire agréable àparcourir qui conviendra aussi bien aux amateurs deplantes extrême-orientales qu’aux curieux.L’auteur, Cédric Basset, a séjourné plusieurs foisen Chine, en Corée et au Japon, et cultiveactuellement près de 5 000 espèces originaires deces pays dans sa pépinière en Bourgogne.

Alimentation

KAI MinoriWagashi : petite encyclopédie de gâteaux etfriandises traditionnels japonaisTokyo : Éd. de Tokyo, 2012. 118p.

Ce magnifique livre illustré tient del’encyclopédie dans sa volonté deprésenter sous tous ses aspects le mondesans pareil des délices sucrés japonais. Aufil d’un voyage dans les différentes régionsdu Japon, cette remarquable introductionnous plonge dans l’histoire des wagashi,

explicite le rapport étroit qu’entretiennent ces gâteaux avecl’art du thé, nous renseigne sur les différentes catégories dedouceurs et certains établissements prestigieux perpétuantdes traditions parfois plusieurs fois centenaires… Surtout,l’ouvrage laisse entrevoir, à travers des exemples de gâteauxou sucreries réputés, la richesse culturelle et esthétique deces quelques bouchées aux évocations multiples.

Manga

NISHI Jean-PaulÀ nous deux, Paris !Trad. par Corinne Quentin

Arles : Éditions Philippe Picquier, 2012. 187p.

Il était une fois, un jeune Japonais attirépar la France… mais quand celui-ci

découvre à ses risques etpérils la capitale

française afin d’ypasser une annéed’études, il n’estpas au bout deses surprises... Nishi Jean-Paulraconte cette fabuleuse expériencedans ce manga où il livre une

multitude d’anecdotes toutes aussicroustillantes les unes que les autres

avec un humour sobre et irrésistible. Lesdessins et le scénario volontairementdépouillés exposent les difficultés, ou les

menus ravissements du quotidien, àtravers le filtre de son regard tour àtour admiratif, perplexe, jouant toutautant de l’autodérision que de lacritique vis-à-vis de ces étonnantsParisiens. Beaucoup d’étudiantsétrangers cherchant leursrepères dans la jungleparisienne s’y retrouveront, etles autochtones y auront sans

doute quelques petites leçons àprendre.

Musique

Julian COPEJaprocksampler : l’incroyable explosion de la scène rock japonaiseTrad. par Claire Cuisinier

Marseille : Éd. Le mot et le reste, coll. Attitudes, 2012. 395p.

Voici un ouvrage qui traite d’un aspectparticulier et méconnu, mais néanmoinsfascinant de la musique japonaise : lerock progressif, la musique undergroundet révolutionnaire des années 1970 ànos jours. Héritiers à la fois du rockoccidental et de la musique concrètejaponaise qui puise elle-même sesracines dans les traditions musicales

d’Extrême-Orient, certains groupes tels que Satori, lesFlowers Travellin Band, les Acid Mothers Temple, et tantd’autres pourtant méconnus dans leur pays, auront inspirénombre de musiciens occidentaux. Julian Cope, musicien rock,critique musical et poète a mené l’enquête sur leursingularité. Il livre une analyse enjouée et passionnante sur lavitalité de la scène rock nippone qu’il connaît bien pour avoirlui-même partagé des scènes avec certains groupes.

Art

OBARA KazumaReset, beyond Fukushima : will the nuclearcatastrophe bring humanity to its senses ?Zürich : Lars Müller publishers, 2012. [n.p.]

L’ouvrage est certes très beau, mais estloin d’être un simple album dephotographies. Ce recueil d’images et detextes est le fruit du travail acharné d’unphotojournaliste japonais qui a suaffronter les difficultés pour rendrecompte de la réalité d’une catastrophe à lafois naturelle et humaine.

Tout de suite après le 11 mars 2011, Obara Kazuma s’est renduà Fukushima où il a rencontré des sinistrés, des secouristes,des bénévoles, des responsables, et, chose extraordinaire, il a pu approcher la centrale dévastée. Là, il a rencontré destravailleurs intérimaires du nucléaire, qui travaillent sur le terrain. En leur donnant la parole, il nous offre destémoignages touchants, uniques qui posent la vraie question,celle de la responsabilité, celle qui dérange…Cet ouvrage bilingue anglais-japonais a accompagné uneexposition de photographies qui a eu lieu à l’Hôtel de Ville deParis du 21 juin au 27 juillet dernier.

Littérature

YAMAMOTO KenichiLe secret du maître de théTrad. par Yoko Kawada-Sim et Silvain Chupin

Paris : Mercure de France, coll. Bibliothèque étrangère, 2012. 369p.

Le 28 février 1591, le shôgun ToyotomiHideyoshi ordonna à Sen no Rikyû, leplus grand maître de cérémonie du théde l’époque de se suicider. Quel pouvaitêtre le crime de cet esthète sans égal,dans sa quête perpétuelle de la beautéabsolue entre ciel et terre ? De quoiHideyoshi, maître tout puissant du Japonaurait-il pu prendre ombrage ? L’art du

thé recèlerait-il un sortilège pouvant rendre fou le cœur deshommes ? S’emparant avec brio d’un mystère non résoluayant inspiré maints écrivains et réalisateurs, YamamotoKenichi – romancier très populaire en son pays mais traduitpour la première fois en français – retrace les dernières heuresprécédant l’aube fatale. On découvre ainsi comment la beautéa guidé de bout en bout la vie de Sen no Rikyû…

Laurent ZIMMERMANN (dir.)D’après le JaponNantes : Éd. nouvelles Cécile Defaut, 2012. 188p.

Comment le Japon se reflète-t-il dansl’art et la pensée en France au XXe siècle ?De quelle manière les hommes deslettres et des arts comme RolandBarthes, Jacques Roubaud ou AndréMalraux ont-ils décrit ce pays ? Cet ouvrage collectif rassemble lescontributions d’auteurs qui se sontinterrogés sur la réception du Japon en

puisant directement dans la littérature et les arts japonais, ouencore, en rapportant et en analysant les expériences depersonnalités marquantes telles que Dany Laferrière ou Léonde Rosny, et leur rapport au Japon. Un rapport parfoissynonyme de malentendus, de contresens ou d’efforts pourtenter de comprendre la culture de l’Autre. Ces réceptions diverses, issues de parcours individuels et derencontres singulières, qu’elles soient justes ou biaisées,donnent naissance à des points de vues à la fois riches etvariés, auxquels il est nécessaire de laisser une plaged’expression à part entière.

Chantal CHEN-ANDRO, Cécile SAKAIet Xu SHUANG (dir.)Imaginaires de l’exil dans les littératurescontemporaines de Chine et du JaponArles : Éditions Philippe Picquier, 2012. 328p.

Quelles ont été les évolutions de la notiond’« exil » dans la littérature chinoise etjaponaise du vingtième siècle ? C’est l’unedes questions que cet ouvrage collectif sepropose d’aborder : les différents articlesqui composent le recueil explorent ainsi lesnombreuses facettes de l’exil sous des

Regards sur le fonds

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