Nanomatériaux (Anses)

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    dition scientifiqueAvril 2014

    valuation des risques lis aux nanomatriauxEnjeux et mise jour des connaissancesAvis de lAnsesRapport dexpertise collective

  • valuation des risques lis aux nanomatriauxEnjeux et mise jour des connaissancesAvis de lAnsesRapport dexpertise collective

    dition scientifiqueAvril 2014

  • Auto-

    Agence nationale de scurit sanitaire de lalimentation, de lenvironnement et du travail, 27-31 av. du Gnral Leclerc, 94701 Maisons-Alfort Cedex Tlphone : + 33 (0)1 49 77 13 50 - Tlcopie : + 33 (0)1 49 77 26 26 - www.anses.fr

    ANSES/PR1/9/01-06 [version b]

    Avis de lAnses

    Autosaisine n2012-SA-0273

    Le Directeur gnral Maisons-Alfort, le 15 avril 2014

    AVIS de lAgence nationale de scurit sanitaire de lalimentation,

    de lenvironnement et du travail

    relatif lvaluation des risques lis aux nanomatriaux - enjeux et mise jour des connaissances

    LAnses met en uvre une expertise scientifique indpendante et pluraliste. LAnses contribue principalement assurer la scurit sanitaire dans les domaines de lenvironnement, du travail et de lalimentation et valuer les risques sanitaires quils peuvent comporter. Elle contribue galement assurer dune part la protection de la sant et du bien-tre des animaux et de la sant des vgtaux et dautre part lvaluation des proprits nutritionnelles des aliments.

    Elle fournit aux autorits comptentes toutes les informations sur ces risques ainsi que lexpertise et lappui scientifique technique ncessaires llaboration des dispositions lgislatives et rglementaires et la mise en uvre des mesures de gestion du risque (article L.1313-1 du code de la sant publique).

    Ses avis sont rendus publics.

    LAnses sest autosaisie le 11 janvier 2012 pour mettre jour les connaissances et les enjeux relatifs lvaluation des risques lis aux nanomatriaux pour la sant humaine et lenvironnement. Cette autosaisine faisait suite plusieurs rapports publis par lAnses en 2006, 2008, 2010 et 2013 portant sur lvaluation des risques sanitaires et les enjeux sanitaires associs aux nanomatriaux.

    1. CONTEXTE ET OBJET DE LA SAISINE

    Les enjeux sanitaires et environnementaux lis au dveloppement et aux usages potentiels des nanomatriaux manufacturs occupent une place importante dans lespace public au niveau international et en France. Cest pourquoi, loccasion de la 5me confrence ministrielle sur lenvironnement et la sant organise par le Bureau Europe de lOrganisation mondiale de la sant, 53 ministres de la sant des pays membres ont demand que les enjeux sanitaires et environnementaux lis aux nanomatriaux et aux nanotechnologies figurent comme lun des dfis clefs de la dclaration de Parme 2010 sur l'environnement et la sant. Dans ce contexte, des travaux ayant pour objectif de dvelopper de nouvelles mthodologies dvaluation des risques, notamment pour les personnes en milieu de travail, ou la dfinition de tests de scurit sanitaires et environnementaux, ont t initis par diverses institutions telles que lOrganisation internationale de normalisation (ISO), lOrganisation de coopration et de dveloppement conomiques (OCDE) et la Commission europenne. En France, cette proccupation est illustre notamment :

    par les plans nationaux sant-environnement et sant-travail qui ont mis laccent sur la ncessit de conduire des travaux de recherche et dexpertise pour caractriser les dangers, les expositions et les risques pour la sant humaine et lenvironnement,

    par lentre en vigueur de la dclaration obligatoire des usages des substances ltat nanoparticulaire ainsi que des quantits annuelles produites, importes et distribues sur le territoire franais conformment aux articles L. 523-1 L. 523-8 du Code de lenvironnement (loi Grenelle II du 12 juillet 2010).

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    Dans ce contexte, lAnses a publi diffrents rapports dexpertise relatifs aux enjeux sanitaires associs lexposition aux nanomatriaux, tant pour la population gnrale que professionnelle (en 2006, 2008 et 2010). Ces rapports ont en particulier soulign les difficults valuer les risques associs ces expositions et ont dtaill les besoins de connaissances et doutils nouveaux permettant de caractriser tant les dangers que les expositions aux nanomatriaux rsultant de leurs proprits spcifiques. Plus rcemment, lAgence a publi un rapport sur un outil dvaluation et de gestion des risques lis lexposition professionnelle aux nanomatriaux1 (2010) ainsi quun tat de lart des connaissances sur la toxicit et lcotoxicit des nanotubes de carbone (2012), ou encore une valuation des risques associs un programme de dveloppement industriel de nanotubes de carbone (2013). Enfin, depuis 2013, lAgence gre pour le ministre en charge de lcologie la dclaration obligatoire des substances ltat nanoparticulaire.

    LAnses contribue par ailleurs diffrents travaux europens et internationaux relatifs lvaluation de la toxicit et de lcotoxicit des nanomatriaux. LAgence a ainsi coordonn laction conjointe europenne Nanogenotox, cofinance par la Commission europenne, dont les rsultats publis en 2013 ont notamment permis de mettre en vidence la ncessit dadapter la spcificit des nanomatriaux les lignes directrices de lOCDE pour les tests de gnotoxicit des substances chimiques.

    Compte tenu de lvolution rapide des connaissances sur cette thmatique, lAgence sest autosaisie en janvier 2012 pour produire une synthse actualise des connaissances et des enjeux sanitaires et environnementaux lis lexposition aux nanomatriaux manufacturs.

    2. ORGANISATION DE LEXPERTISE

    Lexpertise a t ralise dans le respect de la norme NF X 50-110 Qualit en expertise Prescriptions gnrales de comptence pour une expertise (Mai 2003) .

    la suite dun appel public candidatures, un groupe de travail Nanomatriaux et sant alimentation, environnement, travail a t constitu en mai 2012 et install le 9 juillet 2012. Les experts ont t recruts pour leurs comptences scientifiques et techniques dans les domaines de la caractrisation des nanomatriaux, de la toxicologie, de lcotoxicologie, de lvaluation et de la prvention des risques, de lhistoire des sciences, de la philosophie, de lconomie et de la rglementation dans le champ des nouvelles technologies notamment.

    La prsente expertise collective relve du domaine de comptence du Comit dexperts spcialis (CES) valuation des risques lis aux agents physiques, aux grands amnagements et aux nouvelles technologies . Les travaux du groupe de travail ont t prsents au CES pour discussions tant sur les aspects mthodologiques que scientifiques les 26 octobre 2012, 31 janvier, 24 septembre et 7 novembre 2013. Ils ont t adopts par le CES le 17 dcembre 2013.

    LAnses analyse les liens dintrts dclars par les experts avant leur nomination et tout au long des travaux, afin dviter les risques de conflits dintrts au regard des points traits dans le cadre de lexpertise. Les dclarations dintrts des experts sont rendues publiques via le site internet de lAnses (www.anses.fr).

    3. ANALYSE ET CONCLUSIONS DU CES

    Le Comit dexperts spcialis valuation des risques lis aux agents physiques, aux grands amnagements et aux nouvelles technologies a adopt les travaux dexpertise collective, objets du rapport et du prsent avis lors de sa sance du 17 dcembre 2013 et a fait part de cette adoption la direction gnrale de lAnses.

    1 Rapport control banding : http://www.anses.fr/sites/default/files/documents/AP2008sa0407Ra.pdf

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    Les nanomatriaux manufacturs : des substances prsentes sur le march dont les risques doivent tre valus

    Les nanomatriaux manufacturs entrent dans la composition dune grande varit de produits de la vie courante dores et dj prsents sur le march (crmes solaires, textiles, aliments, peintures, etc.) et concernent un grand nombre de secteurs industriels tels que, notamment, le btiment, lautomobile, lemballage, la chimie, lenvironnement, lagro-alimentaire, lnergie, les produits cosmtiques et les produits de sant. La prsence de nanomatriaux dans ces produits soulve des questions, mais galement des controverses portant sur ltat des connaissances disponibles, les effets ventuels de ces matriaux sur la sant et lenvironnement, lexposition de la population gnrale et professionnelle et, in fine, sur les risques associs ces substances.

    Lapport des tudes antrieures sur des substances naturelles ou non intentionnellement produites lchelle nanomtrique

    Les nanomatriaux manufacturs prsentent des caractristiques physico-chimiques souvent trs diffrentes des substances de taille nanomtrique prsentes dans le milieu ambiant naturel ou produites non intentionnellement par divers processus industriels ou domestiques. Pour autant, les connaissances produites dans le domaine des nanomatriaux non intentionnels ne doivent pas tre ignores (par exemple les particules ultrafines issues de la pollution atmosphrique ou encore dincendies de forts). En effet, pour mieux caractriser les risques lis aux nanomatriaux manufacturs, il pourrait savrer trs utile de sinspirer des mthodologies exprimentales dveloppes notamment pour les particules atmosphriques (caractrisation, modles exprimentaux, niveaux de doses ralistes, etc.) et de tirer profit des nombreuses tudes (pidmiologiques et exprimentales) qui ont t menes sur ces particules prsentant, certains gards, des comportements similaires aux nanomatriaux manufacturs. Ainsi, un partage des approches mthodologiques entre les spcialistes de la pollution atmosphrique et ceux des nanomatriaux manufacturs est souhaitable. Ce constat vaut lchelle internationale.

    Les difficults rencontres pour valuer les risques spcifiquement lis aux nanomatriaux manufacturs

    Il savre difficile dtablir une synthse des connaissances en matire de toxicologie et dcotoxicologie des nanomatriaux, pour les raisons suivantes :

    les recherches menes mettent gnralement en vidence le fait que chaque cas est un cas particulier : les comportements de toxicit et dcotoxicit dpendent en effet de diffrents paramtres physico-chimiques essentiels (solubilit, potentiel zta, agrgation / agglomration, taille, forme, etc.). Lvolution de ces matriaux tout au long de leur cycle de vie (volution du degr doxydation, associe ou non une dissolution et prcipitation sous une forme minralogique diffrente de linitiale, homo et htro-agrgation, adsorption, etc.) constitue une source de complexit supplmentaire qui ne doit pas tre nglige a priori ;

    la qualit des tudes scientifiques, abondantes dans le domaine des nanomatriaux, est htrogne. La littrature consacre aux aspects toxiques ou cotoxiques des nanomatriaux doit donc tre analyse avec rigueur en intgrant lensemble des donnes disponibles. Lvaluation des risques lis aux nanomatriaux ncessite ainsi de mettre en uvre une approche pluridisciplinaire, indispensable pour arriver une meilleure connaissance des risques ;

    mme sil existe dsormais une dfinition institutionnelle des nanomatriaux, recommande par la Commission europenne2, son contenu scientifique fait toujours dbat.

    2 Communication de la commission au parlement europen, au conseil et au comit conomique et social europen.

    Deuxime examen rglementaire relatif aux nanomatriaux, 3.10.2012

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    Des progrs mthodologiques en cours

    La mthodologie dvaluation des risques lis aux nanomatriaux bnficie davances, concernant notamment :

    des caractrisations physico-chimiques plus compltes pour les nanomatriaux manufacturs tests :

    o augmentation du nombre de paramtres physico-chimiques mesurs ; o pour un mme paramtre, plusieurs mthodes de mesure sont parfois disponibles ; o caractrisation in-situ correspondant au milieu in-vitro ;

    la mise au point ou ladaptation de tests toxicologiques et cotoxicologiques utilisant des expositions plus ralistes (outre des essais dexposition aigu, exploration dessais dexposition chronique, adaptation des concentrations testes, dveloppement dtudes en msocosmes aquatiques et terrestres) ;

    des tentatives dharmonisation et de normalisation dans le domaine de la caractrisation physicochimique et des tests toxicologiques et cotoxicologiques ;

    des publications plus nombreuses en cotoxicologie ;

    une meilleure documentation des conditions dexposition dans les publications scientifiques ;

    des travaux de normalisation en cours de la mesure de lexposition.

    Des volutions en matire de gestion et matrise des risques

    Lobligation prescrite par la loi de dclaration des substances ltat nanoparticulaire a t mise en place en France depuis le 1er janvier 2013. Cette dmarche est suivie (selon des modalits spcifiques) dans dautres pays tels que la Belgique3, lItalie et le Danemark et suscite lintrt dautres pays comme lAllemagne ou le Royaume-Uni. Elle a pour objectif de mieux connaitre les nanomatriaux diffuss sur le march national, leurs volumes et leurs usages et de disposer dune traabilit des filires dutilisation. Les lments de la dclaration exigs pour dfinir lidentit des nanomatriaux (caractrisation physico-chimique) devront certainement voluer, compte-tenu des modifications prvisibles des mthodes de caractrisation. La mise en uvre de lobligation de dclaration permet nanmoins, dans un premier temps, de contribuer fournir une vision de la production et de limportation des nanomatriaux sur le territoire franais, dans lobjectif dobtenir une meilleure connaissance de lexposition potentielle des publics et de lenvironnement ces substances. Des publications concernant les moyens de prvention associs lexposition professionnelle aux nanomatriaux ainsi que des guides de bonnes pratiques au travail ont t diffuss, ds 2008. Enfin, des outils dvaluation et / ou de gestion gradue des risques, comme par exemple le control banding4,(Anses 2010) ont t labors.

    Des volutions en matire de dbats entre parties prenantes

    La tenue de dbats, dont le Nanoforum5 (2007-2009) et le dbat public national (2009-2010), doit, enfin, galement tre mentionne comme une ouverture la mise en discussion des nanomatriaux manufacturs.

    La ritration du constat de lacunes dans le domaine des connaissances des risques lis aux nanomatriaux

    En dpit des avances indiques ci-dessus, il nen demeure pas moins que les connaissances concernant la toxicit, lcotoxicit et lexposition aux nanomatriaux restent parcellaires et quil est

    3 projet darrt royal relatif la mise sur le march des substances manufactures l'tat nanoparticulaire (novembre

    2013) 4 http://www.anses.fr/sites/default/files/documents/AP2008sa0407Ra.pdf

    5 Nanoformum, organis par le Conservatoire des Arts et mtiers (Cnam) : http://securite-sanitaire.cnam.fr/nanoforum/

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    encore trs difficile dvaluer le risque sanitaire li lutilisation de tel ou tel nanomatriau dans tel ou tel produit de la vie courante. Les incertitudes persistantes touchent tout la fois :

    les proprits physico-chimiques des nanomatriaux manufacturs tudis et leurs ventuelles modifications en fonction de lenvironnement ;

    les mthodes et techniques disponibles ou non pour caractriser ces proprits (physico-chimiques et (co)toxicologiques) ; il nexiste ainsi toujours pas de protocoles de rfrence malgr les tentatives portes par plusieurs programmes de recherche nationaux et internationaux ;

    la connaissance de lexposition des populations et de leur environnement aux nanomatriaux manufacturs ;

    les effets biologiques et (co)toxicologiques des nanomatriaux manufacturs tudis.

    Recommandations du CES

    Le CES, considrant les lments exposs ci-dessus et les recommandations du groupe de travail exposes dans son rapport dexpertise, formule les recommandations suivantes. En matire de recherche, le CES recommande :

    le rapprochement entre spcialistes de la pollution atmosphrique et des nanomatriaux manufacturs, dans lobjectif de partager dfinitions et mthodes de mesures ou de caractrisations ;

    que les organismes scientifiques publics et les industriels du secteur continuent dvelopper des concepts innovants et des mthodes efficientes (chantillonnage et caractrisation) pour amliorer lvaluation des risques lis aux nanomatriaux manufacturs. Il est ncessaire dobtenir une description fidle de lexposition aux nanomatriaux des travailleurs, des consommateurs, mais galement de la population en gnral et de lenvironnement ;

    la poursuite de leffort dharmonisation dans les protocoles danalyse, en premier lieu pour systmatiser la caractrisation fine (paramtres physico-chimiques) des nanomatriaux dont on veut tudier les effets, et en second lieu pour caractriser les nanomatriaux in situ, afin de pouvoir comparer entre elles des tudes (co) toxicologiques sur ces nanomatriaux. Il apparat donc essentiel que les organismes scientifiques tels que les instituts nationaux de mtrologie et les commissions de normalisation orientent leurs efforts afin damliorer la traabilit mtrologique des caractrisations physico-chimiques des nanomatriaux. Ceci peut tre effectu au travers, notamment, du dveloppement de nouveaux matriaux de rfrence lchelle nanomtrique, certifis ou non, et de la mise en place de procdures normalises valides et consensuelles assurant une estimation fiable des incertitudes de mesures ;

    la poursuite des efforts de recherche en toxicologie, pour adapter les modles actuels et / ou dvelopper puis valider de nouveaux modles, tests ou mthodes pour valuer la toxicit des nanomatriaux (modles cellulaires plus reprsentatifs des organes cibles, dveloppement de nouveaux tests de toxicit, de nouvelles mthodes pour mimer lexposition, de systmes haut dbit pour augmenter la rapidit dinvestigation, etc.) en travaillant avec des doses maitrises et ralistes afin dessayer dtablir une stratgie globale dvaluation de la toxicit des nanomatriaux. La mise disposition de nanomatriaux pouvant tre utiliss en tant que contrles positifs et de tmoins ngatifs apparat ncessaire pour permettre la validation de ces diffrents modles, tests ou mthodes ;

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    la ncessit de consolider les connaissances issues des tudes spcifiques concernant laffinit des protines pour les nanomatriaux (la corona) afin den dterminer une signature ;

    la poursuite des efforts pour permettre de renseigner chaque tape du cycle de vie, en particulier avec le dveloppement des travaux en msocosmes.

    En matire dvaluation des risques :

    Etant donn le nombre considrable de nanomatriaux, une valuation de risque au cas par cas apparat difficile appliquer. Une telle analyse systmatique nest pas envisageable pour la prise en charge court ou moyen terme de la situation actuelle, compte tenu des dlais quelle impliquerait et de lutilisation extensive danimaux de laboratoires quelle supposerait. Afin de rduire le nombre de cas, il est souhaitable de constituer des catgories de nanomatriaux, mme si leur pertinence au regard des donnes actuellement disponibles pour lvaluation des risques fait encore dbat. Le CES souligne ainsi la ncessit de poursuivre des travaux dans le but de :

    parvenir rassembler les nanomatriaux par famille en fonction de leurs effets .Ces efforts, au-del du secteur industriel porteur de cette approche, doivent continuer tre entrepris dans ce sens, en particulier par les acteurs publics de la recherche ;

    dvelopper et valuer la pertinence de nouvelles approches alternatives permettant une valuation des risques (safer by design, QNAR, arbre dcisionnel en fonction des tapes du cycle de vie, etc.).

    En matire de rglementation, le CES prconise :

    la mise disposition des informations recueillies dans le cadre de la dclaration obligatoire qui ne relvent pas du secret industriel et commercial ou du secret dfense, conformment larticle L. 521-7 du Code de lenvironnement ;

    de caractriser lapport des donnes issues de la dclaration obligatoire en matire de connaissance des expositions et de traabilit des nanomatriaux et, le cas chant, de faire voluer les textes rglementaires afin damliorer lefficacit du dispositif ;

    concernant la mise en place de procdures de dclarations similaires dans diffrents pays, dharmoniser les outils et la mthode de recueil des informations, afin de pouvoir recueillir des informations dans une ventuelle base commune accessible tous ;

    dabaisser les seuils de dclenchement pour lenregistrement des nanomatriaux dans le rglement REACh. En effet, en ltat, le rglement REACh nest que trs partiellement applicable aux nanomatriaux, notamment en raison des seuils de dclenchement levs en quantit produite prvus par la procdure. Ceci nexclut pas quune autre forme de rglementation puisse tre mise en uvre pour tenir compte de la spcificit des nanomatriaux ;

    que des fiches de donnes de scurit spcifiques aux nanomatriaux soient labores et accompagnent les substances concernes tout au long du cycle de vie des produits ;

    la mise en place dune rflexion sur la pertinence dun tiquetage des produits contenant des nanomatriaux (forme, information associe, etc.) ;

    En matire de dialogue public, le CES recommande que :

    dans le processus de gouvernance des risques des nanomatriaux, la transparence et une participation accrue des publics concerns (associations de citoyens, partenaires sociaux, professionnels de sant, etc.), en particulier sur les suggestions formules ci-dessus, devraient tre poursuivies.

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    4. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS DE LAGENCE

    LAgence nationale de scurit sanitaire de lalimentation, de lenvironnement et du travail reprend les conclusions et recommandations formules par le CES Agents physiques, nouvelles technologies et grands amnagements ci-dessus. Par ailleurs, prenant particulirement en compte lensemble des travaux ports par lAgence sur la thmatique des nanomatriaux et dtaills en introduction du prsent avis (tat de lart et valuation des risques lis aux nanotubes de carbone, action conjointe europenne Nanogenotox, avis sur la modification des annexes du rglement REACh, ), elle les complte ci-aprs.

    Depuis la fin des annes 90, les nanomatriaux manufacturs ne relvent plus seulement du domaine de la recherche et du laboratoire mais font lobjet de nombreuses applications industrielles. Ils entrent dsormais dans la composition dune grande varit de produits de la vie courante (produits cosmtiques, produits alimentaires, produits de construction, textiles, produits de sant, articles de sports et de loisirs, etc.). Cette disponibilit sur le march saccompagne de questionnements quant ltat des connaissances concernant lvaluation des risques associs ces substances, tant pour la population gnrale que professionnelle ou encore pour lenvironnement.

    Les travaux de recherche publis ce jour mettent en vidence le fait que chaque nanomatriau prsente des caractristiques physico-chimiques particulires pouvant dpendre de son environnement. De fait, leur toxicit et cotoxicit varient, non seulement selon les familles de nanomatriaux, mais au sein mme de ces familles, ainsi quau cours de leur cycle de vie en fonction de leur environnement. Les travaux de recherche ne peuvent, ce jour, toujours pas sappuyer sur une dfinition rglementaire univoque et intersectorielle des nanomatriaux.

    Dans le mme temps, on note un progrs des connaissances portant sur une meilleure caractrisation physico-chimique des nanomatriaux, sur ladaptation et lharmonisation de certains tests (co)toxicologiques, etc. En matire de caractrisation des dangers, depuis le dernier tat des connaissances publi par lAgence en 2010, diffrentes publications scientifiques ont observ, pour certains nanomatriaux, des effets sur certains organismes vivants. Ces effets mis en vidence sur des modles exprimentaux concernent :

    la persistance de nanomatriaux dans des organismes vivants animaux ou des vgtaux ;

    des retards de croissance, des anomalies ou malformations dans le dveloppement ou la reproduction chez des espces modles des compartiments environnementaux ;

    le passage de certaines barrires physiologiques (hmato-placentaire, testiculaire, intestinale, cutane, alvolo-capillaire) ;

    des effets gnotoxiques et de cancrogense de certains nanomatriaux ;

    des effets sur le systme nerveux central chez lanimal ; des phnomnes dimmunosuppression ; des ractions dhypersensibilit et dallergie.

    Les interrogations associes la diffusion des nanomatriaux manufacturs se nourrissent galement des doutes sur la suffisance et la pertinence de lencadrement rglementaire en vigueur. Certaines rglementations sectorielles ont adopt des dfinitions non harmonises des nanomatriaux (cosmtiques, nouveaux aliments, biocides). Cependant, elles peinent toutes ce jour prendre en compte les enjeux spcifiques didentit et de caractrisation physicochimique et (co)toxicologique des nanomatriaux. Concernant la rglementation REACh, les tonnages associs la mcanique denregistrement des substances chimiques sont de plus peu adapts la problmatique des nanomatriaux. Lentre en vigueur, conformment aux articles L. 523-1 L. 523-8 du Code de lenvironnement (loi Grenelle II du 12 juillet 2010), de la dclaration obligatoire des substances ltat

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    nanoparticulaire a permis de dresser un premier tat des connaissances de lidentit, des usages et des quantits de nanomatriaux produits, imports et distribus en France6. Il souligne la prsence de tonnages importants de nanomatriaux prsents sur le march franais.

    Dans ce contexte, et prenant en compte la mise jour des connaissances ralise par le groupe de travail Nanomatriaux et sant et le CES Agents physiques et les enjeux concernant lvaluation des risques lis aux nanomatriaux, lAnses formule les recommandations ci-aprs :

    Recommandations de recherche

    Concernant la connaissance des dangers, lAgence recommande la mise en uvre de projets de recherche pluridisciplinaire permettant de dvelopper la connaissance des caractristiques des nanomatriaux et de leurs dangers, afin notamment de favoriser le dveloppement dessais de scurit pertinents pour valuer les risques sanitaires des produits contenant des nanomatriaux (bonne caractrisation physico-chimique, protocole dtaill et reproductible, participation des sciences humaines et sociales, etc.). Concernant les voies dexposition, lAnses souligne que la voie orale, peu tudie jusqu aujourdhui, devrait faire lobjet defforts de recherche spcifiques. LAnses considre par ailleurs que, compte-tenu des rsultats scientifiques dj publis sur les voies dabsorption et de translocation induisant un risque systmique potentiel, lvaluation biocintique est indispensable. Une attention particulire devrait tre porte sur les organes cibles potentiels riches en cellules du systme rticulo-endothlial (macrophages et cellules des organes hmatopotiques rticulaires qui jouent un grand rle dans la phagocytose) tels que le foie, la rate, la moelle osseuse, les poumons, etc. Enfin, la connaissance du comportement particulier dun nanomatriau dans un organisme entier permettrait galement de raliser des tests in vitro pour la recherche des effets ou des mcanismes daction des nanomatriaux. LAgence considre que ces tudes de biocintique doivent tre accompagnes de travaux de recherche dans le domaine de la caractrisation physico-chimique intrinsque des nanomateriaux mais aussi dans leur environnement de test (milieu physiologique, naturels, organe, etc.). Concernant les expositions de faibles doses, lAnses appelle la poursuite du dveloppement de tests toxicologiques raliss avec de faibles doses, plus particulirement dans le cas dtudes dexposition chronique. Concernant les effets sur le dveloppement du systme nerveux, compte tenu des rsultats de la revue des effets neurotoxiques sur le dveloppement ainsi que des passages de barrires physiologiques, lAnses souligne la ncessit de raliser des tudes approfondies sur le potentiel toxique pour le dveloppement du systme nerveux et sur le franchissement des barrires biologiques. Concernant les effets cotoxicologiques, et bien que le nombre de publications dtudes cotoxicologiques augmente, lAgence recommande la poursuite defforts de recherche notamment sur le transfert des nanomatriaux dans les diffrents maillons de la chane alimentaire et sur le recyclage des produits en fin de vie et des dchets. Ces recommandations de recherche sont prendre en compte en particulier dans le cadre du plan national de recherche environnement-sant-travail (PNR-EST). Au-del, dans un contexte de connaissances lacunaires, lAnses dplore toujours la part toujours faible de publications relatives aux effets sanitaires des nanomatriaux (infrieure 8 %), au

    6 http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_public_format_final_20131125.pdf.

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    regard du grand nombre de publications sur des travaux relatifs leurs intrts technologiques. Aussi, lAgence appelle la mise en place de mcanismes dincitations financires similaires ceux mis en uvre pour dautres thmatiques (champs lectromagntiques par exemple) afin de combler ces lacunes.

    Recommandations sur lexposition des travailleurs aux nanomatriaux manufacturs ou aux produits en contenant

    LAnses rappelle et ritre les recommandations formules prcdemment (Afsset, 2008), en particulier :

    dclarer les nanomatriaux manufacturs comme niveau de danger inconnu et les manipuler avec la mme prudence que les matires dangereuses, c'est--dire appliquer les procdures de scurit sanitaire qui sont utilises pour diminuer lexposition aux matires dangereuses. Dans ce contexte, lAgence demande que la mise en uvre en milieu de travail de nanomatriaux soit subordonne la ralisation dvaluations de risques prenant spcifiquement en compte les enjeux sanitaires lis ces nanomatriaux ;

    utiliser des principes de nano-scurit : principe STOP (Substitution, Technologie, Organisation, Protection), signalisation des risques nano-objets , archivage et traabilit, valuation de lexposition des expositions de travail, mesurage dambiance, suivi mdical et formation.

    LAnses recommande par ailleurs dengager sans attendre des tudes de faisabilit de classification rglementaire de familles de nanomatriaux manufacturs pour lesquelles il existe suffisamment de donnes sur les proprits toxicologiques, par exemple dans le cadre du rglement europen n 1272/2008 dit CLP7.

    Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a ainsi class, en 2006, le dioxyde de titane dans le groupe des substances cancrognes possible chez lhomme (2B), sans prcision sur la nature du dioxyde de titane considr ni sur sa taille, incluant de fait la taille nanomtrique. Ltat de lart bibliographique publi par lAgence en novembre 2012 sur la toxicit des nanotubes de carbone a mis en vidence un certain nombre deffets dltres pour la sant humaine lis lexposition ces objets. Les nanotubes de carbone devraient ainsi, en toute premire priorit, faire lobjet dune demande de classement dans le cadre du rglement CLP. Dautres nanomatriaux tels que largent, le dioxyde de titane, le dioxyde de silice, loxyde de zinc, loxyde de crium, loxyde daluminium, lor, etc. sont eux aussi suffisamment documents pour envisager une classification. Enfin, lAgence rappelle la publication doutils qualitatifs dvaluation des risques dans lobjectif dorienter la maitrise des risques professionnels (publi par Anses en 2010).

    Recommandations concernant lexposition aux produits contenant des nanomatriaux manufacturs Sagissant de la population gnrale, lAgence appelle au renforcement de la traabilit des produits de consommation contenant des nanomatriaux, en vue de mieux caractriser les expositions des personnes ; cette traabilit ne peut tre atteinte par la seule mcanique de dclaration mise en uvre au niveau national. LAgence rappelle que la mise sur le march des produits susceptibles de librer des nanomatriaux toxiques pour lenvironnement au cours de leur usage normal ou en fin de vie doit tre limite ou encadre travers des analyses de cycles de vie.

    7 Classification, Labelling and Packaging - Classification, tiquetage et emballage des substances et des mlanges.

  • Page 10 / 10

    Avis de lAnses

    Auto-saisine n 2012-SA-0273

    Concernant les nano-produits, ds lors que des dangers sont identifis pour la sant humaine ou pour lenvironnement, lAgence recommande de peser lutilit, pour le consommateur ou pour la collectivit, et denvisager les conditions appropries de la mise sur le march de tels produits contenant des nanomatriaux. Par ailleurs, lAnses rappelle son avis relatif la modification des annexes de REACh en vue de la prise en compte des nanoparticules, publi en avril 2014. Cet avis porte sur un projet de texte rglementaire, soumis consultation publique par la Commission europenne et sur son site internet8. Enfin, lAgence souligne lexistence doutils qualitatifs dvaluation des risques pragmatiques dvelopps dans lobjectif dorienter la maitrise des risques pour la population gnrale (en cours de dveloppement) et professionnelle (publi en 2010).

    Marc Mortureux

    8 http://ec.europa.eu/environment/consultations/nanomaterials_2013_en.htm.

  • Agence nationale de scurit sanitaire de lalimentation, de lenvironnement et du travail, 27-31 av. du Gnral Leclerc, 94701 Maisons-Alfort Cedex Tlphone : + 33 (0)1 49 77 13 50 - Tlcopie : + 33 (0)1 49 77 26 26 - www.anses.fr

    valuation des risques lis aux nanomatriaux

    Enjeux et mise jour des connaissances

    Autosaisine n 2012-SA-0273

    RAPPORT

    dexpertise collective

    Comit dexperts spcialis

    Agents physiques, nouvelles technologies et grands amnagements

    Groupe de travail

    Nanomatriaux et sant alimentation, environnement, travail

    Avril 2014

  • Anses rapport dexpertise collective Autosaisine n 2012-SA-0273 Nanomatriaux et sant

    page 2 / 180 Avril 2014

    Mots cls

    Nanomatriaux, valuation des risques, exposition, danger, thique, socit, rglementation, recherche.

  • Anses rapport dexpertise collective Autosaisine n 2012-SA-0273 Nanomatriaux et sant

    Avril 2014 page 3 / 180

    Prsentation des intervenants

    PREAMBULE : Les experts externes, membres de comits dexperts spcialiss, de groupes de travail ou dsigns rapporteurs sont tous nomms titre personnel, intuitu personae, et ne reprsentent pas leur organisme dappartenance.

    GROUPE DE TRAVAIL

    Prsident

    M. ric GAFFET Directeur de lInstitut Jean Lamour, Directeur de recherche lUMR 7198 Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Universit de Lorraine Physico-chimie, Caractrisation

    Vice-prsident

    M. Fabrice NESSLANY Chef du service de toxicologie lInstitut Pasteur de Lille (IPL) Toxicologie, gnotoxicit

    Membres

    M. Jean-Yves BOTTERO Directeur de recherche au Centre de Recherche et dEnseignement de Gosciences de lEnvironnement (CEREGE) cotoxicologue

    M. Patrick CHASKIEL Enseignant-chercheur lUniversit Paul Sabatier-Toulouse III conomie, Sciences de la communication

    M. Fernand DORIDOT Enseignant-chercheur l'Institut Catholique dArts et Mtiers (ICAM) de Lille Histoire et philosophie des sciences, gouvernance des technologies

    Mme Valrie FESSARD Chef d'unit Toxicologie des Contaminants lAgence nationale de scurit sanitaire de lalimentation, de lenvironnement et du travail (Anses) Toxicologie in vivo

    M. Emmanuel FLAHAUT Directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Physico-chimie, cotoxicologie

    Mme Stphanie LACOUR Charge de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Rglementation et rgulation des nouvelles technologies

    M. Stphane MALARD Conseiller mdical en toxicologie professionnelle lInstitut national de recherche et de scurit pour la prvention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) Mdecine du travail

    M. Charles MOTZKUS Chef de projet au Laboratoire National de mtrologie et dEssais (LNE) Mtrologie, Physico-chimie

    Mme Catherine MOUNEYRAC Professeur, Directrice de lInstitut de Biologie et dEcologie Applique de lUniversit catholique de louest (UCO) cotoxicologie.

    Mme Myriam RICAUD Expert lInstitut national de recherche et de scurit pour la prvention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) Prvention des risques chimiques, nanotechnologies

    M. Didier ROUXEL Enseignant-chercheur lUniversit de Lorraine Physico-chimie, Surfaces et interfaces

    M. Alan SANH valuateur lAgence nationale de scurit du mdicament et des produits de sant (ANSM) Toxicologie

    Mme Anne VAN DER MEEREN Chercheur (CEA Arpajon) Toxicologie.

  • Anses rapport dexpertise collective Autosaisine n 2012-SA-0273 Nanomatriaux et sant

    page 4 / 180 Avril 2014

    COMITE DEXPERTS SPECIALISE

    Les travaux objets du prsent rapport ont t suivis et adopts par le Comit dexperts spcialis (CES) Agents Physiques, nouvelles technologies et grands amnagements .

    Prsidente

    Martine HOURS Mdecin pidmiologiste, Directeur de recherche lInstitut franais des sciences et technologies des transports, de l'amnagement et des rseaux (Ifsttar).

    Membres

    Francine BHAR-COHEN Ophtalmologiste praticienne, Directeur de recherche lInstitut national de la sant et de la recherche mdicale (Inserm).

    Jean-Marc BERTHO Chercheur / Expert en radiobiologie au laboratoire de radiotoxicologie exprimentale de lInstitut de Radioprotection et de Sret Nuclaire (IRSN).

    Jean-Pierre CSARINI Retrait (Directeur du laboratoire de recherche sur les tumeurs de la peau humaine, fondation A. de Rothschild et Inserm).

    Frdric COUTURIER Ingnieur, responsable du dpartement tudes lAgence nationale des frquences (ANFR).

    Jean-Franois DOR Directeur de recherche mrite lInstitut national de la sant et de la recherche mdicale (Inserm).

    Pierre DUCIMETIRE Directeur de recherche honoraire lInstitut national de la sant et de la recherche mdicale (Inserm).

    Acha EL KHATIB Charge de mission lAssistance publique des Hpitaux de Paris - Hpital Avicenne.

    Nicolas FELTIN Responsable de mission au Laboratoire national de mtrologie et dessais (LNE).

    Emmanuel FLAHAUT Directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

    Eric GAFFET Directeur de lInstitut Jean Lamour, UMR 7198 CNRS Universit de Lorraine

    Murielle LAFAYE Ingnieur, coordinatrice applications au Centre national d'tudes spatiales (Cnes).

    Philippe LEPOUTRE Ingnieur acousticien, responsable du ple technique de lAutorit de contrle des nuisances sonores aroportuaires (Acnusa).

    Christophe MARTINSONS Docteur en physique, chef de ple au Centre scientifique et technique du btiment (CSTB).

    Catherine MOUNEYRAC Directrice de lInstitut de biologie et d'cologie applique et Professeur en cotoxicologie aquatique lUniversit catholique de louest (UCO).

    Alain MUZET Retrait Centre national de la recherche scientifique (CNRS), mdecin, spcialiste du sommeil et de la vigilance.

    Yves SICARD Matre de confrences lUniversit Joseph Fourier, conseiller scientifique au Commissariat lnergie atomique et aux nergies alternatives (CEA).

    Alain SOYEZ Responsable de laboratoires, Ingnieur conseil, Caisse dassurance retraite et de sant au travail Nord-Picardie.

    Esko TOPPILA Professeur, Directeur de recherche lInstitut finlandais de sant au travail.

    Catherine YARDIN Professeur, Chef de service, mdecin biologiste lHpital Dupuytren, CHU de Limoges.

  • Anses rapport dexpertise collective Autosaisine n 2012-SA-0273 Nanomatriaux et sant

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    PARTICIPATION ANSES

    Coordination scientifique

    Nathalie THIERIET Chef de projet scientifique Anses

    Contribution scientifique

    Anthony CADNE Chef de projet scientifique - Anses

    Olivier MERCKEL Chef dunit - Anses

    Benoit VERGRIETTE Chef dunit - Anses

    Secrtariat administratif

    Sophia SADDOKI Anses

    AUDITION DE PERSONNALITES EXTERIEURES

    Inserm le 12 septembre 2012

    M. Claude LAMBR Directeur de recherche honoraire

    Universit de Paris Dauphine le 13 mai 2013

    Mme Claire AUPLAT Directeur de recherche

  • Anses rapport dexpertise collective Autosaisine n 2012-SA-0273 Nanomatriaux et sant

    page 6 / 180 Avril 2014

    SOMMAIRE

    Prsentation des intervenants .................................................................................................... 3

    Sigles et abrviations .................................................................................................................. 8

    Liste des tableaux ...................................................................................................................... 10

    Liste des figures ........................................................................................................................ 10

    1 Contexte, objet et modalits de traitement de la saisine.......................... 11

    1.1 Contexte ............................................................................................................................. 11

    1.2 Objet de lexpertise ........................................................................................................... 12

    1.3 Modalits de traitement : moyens mis en uvre et organisation .................................. 12

    2 Introduction ................................................................................................ 13

    3 Environnement socio-conomique et rglementaire ................................. 16

    3.1 Usages et tat du march des nanomatriaux manufacturs ........................................ 16

    3.1.1 Nanomatriaux : usages et utilits revendiqus ................................................................................... 16

    3.1.2 tat des lieux du march franais ......................................................................................................... 17

    3.1.3 Situation du march international ......................................................................................................... 20

    3.2 thique et socit civile .................................................................................................... 22

    3.2.1 tat des lieux en matire de questions thiques associes aux nanomatriaux manufacturs .......... 22

    3.2.2 Identification des points daccords et de dsaccords ........................................................................... 25

    3.3 Rglementation applicable aux nanomatriaux manufacturs ...................................... 28

    3.3.1 Un durcissement progressif du cadre normatif spcifique aux nanomatriaux .............................. 28

    3.3.2 Une construction normative en pointills .............................................................................................. 29

    3.3.3 REACh et les nanomatriaux ............................................................................................................... 30

    4 tat des lieux des connaissances scientifiques sur les risques lis aux

    nanomatriaux ............................................................................................ 32

    4.1 valuation de lexposition ................................................................................................ 32

    4.2 Identification et caractrisation du danger des nanomatriaux .................................... 34

    4.2.1 Caractrisation physico-chimique ......................................................................................................... 35

    4.2.2 valuation de la toxicit des nanomatriaux ........................................................................................ 39

    4.2.3 Ecotoxicit ............................................................................................................................................. 47

    5 Mthodes dvaluation des risques ............................................................ 49

    5.1 Limites des mthodes classiques dvaluation des risques sanitaires et environnementaux ............................................................................................................ 49

    5.2 Mthodes alternatives dvaluation des risques sanitaires pour les nanomatriaux .. 50

    6 Rduction de lexposition aux nanomatriaux ........................................... 53

    7 Axes de progrs pour une valuation des risques sanitaires et

    environnementaux lis aux nanomatriaux manufacturs ........................ 55

  • Anses rapport dexpertise collective Autosaisine n 2012-SA-0273 Nanomatriaux et sant

    Avril 2014 page 7 / 180

    7.1 Analyse des incertitudes .................................................................................................. 55

    7.2 Perspectives pour les recherches en SHS sur la question des risques sanitaires lis aux nanomatriaux ..................................................................................................... 57

    7.3 valuation de lexposition et cycle de vie ....................................................................... 58

    7.3.1 valuation de lexposition par la biomtrologie .................................................................................... 58

    7.3.2 Cycle de vie .......................................................................................................................................... 58

    7.4 Identification du danger .................................................................................................... 60

    7.4.1 Caractrisation des nanomatriaux ...................................................................................................... 60

    7.4.2 Toxicologie ............................................................................................................................................ 62

    7.4.3 cotoxicologie ....................................................................................................................................... 63

    8 Conclusions du groupe de travail et perspectives de recherche............... 67

    8.1 Les conclusions du groupe de travail ............................................................................. 67

    8.2 Les recommandations du groupe de travail .................................................................... 70

    9 Bibliographie ............................................................................................... 73

    ANNEXES ........................................................................................................... 85

    Annexe 1 : Lettre de saisine ...................................................................................................... 86

    Annexe 2 : Revue des dfinitions des nanomatriaux existantes .......................................... 89

    Annexe 3 : Enqute DGCIS ....................................................................................................... 98

    Annexe 4 : Questions thiques des nanotechnologies et nanomatriaux .......................... 100

    Annexe 5 : Rglementation ..................................................................................................... 113

    Annexe 6 : Toxicit .................................................................................................................. 121

    Annexe 7: Safety by design / by process ............................................................................... 123

    Annexe 8 : Revue comparative des mthodes existantes dvaluation des risques adaptes aux nanomatriaux ou nano-produits ........................................................... 126

    Annexe 9 : valuation de lexposition .................................................................................... 158

    Annexe 10 : Surveillance mdicale des travailleurs .............................................................. 162

    Annexe 11 : Proposition franaise pour le projet europen NANoREG ............................... 163

    Annexe 12 : Liste de plateformes danalyses ddies aux nanomatriaux dveloppes actuellement en France................................................................................................... 173

    Annexe 13 : Revue des normes ISO publies sous la responsabilit directe du ISO/TC 229 (mars2014) ................................................................................................................ 174

    Annexe 14 : Revue des publications disponibles de lOCDE (mars 2014) ........................... 177

    Annexe 15 : Nanogenotox revue des rapports ................................................................... 180

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    Sigles et abrviations

    ADN : Acide dsoxyribonuclique

    AFM : Atomic Force Microscopy - Microscopie force atomique

    Afnor : Association franaise de normalisation

    Afssaps : Agence franaise de scurit sanitaire des produits de sant devenue l'Agence nationale de scurit du mdicament et des produits de sant (ANSM)

    Afsset : Agence franaise de scurit sanitaire de l'environnement et du travail

    Anec : European Association for the Co-ordination of Consumer Representation in Standardisation AISBL - Association europenne pour la coordination de la reprsentation des consommateurs auprs de la normalisation

    APS : Spectromtre de mesure de la taille arodynamiques de particules (Aerodynamic Particle Sizer) -

    Avicenn : Association de veille et d'information civique sur les enjeux des nanosciences et des nanotechnologies

    BET : Brnauer, Emmett and Teller gas adsorption - Mthode Brunauer, Emmett and Teller

    Beuc : Bureau europen des unions de consommateurs

    BMBF : Bundesministerium fr Bildung und Forschung - Ministre fdral allemand de l'ducation et de la recherche

    BUND : Bund fr Umwelt und Naturschutz Deutschland - Amis de la terre Allemagne

    BTP : Btiment et travaux publics

    CCNE : Comit consultatif national dthique

    CEN : Comit europen de normalisation

    CES : Comit d'experts spcialis

    CIEL : Center for International Environmental Law - Centre pour le dveloppement du droit international de l'environnement

    Cnam : Conservatoire national des arts et mtiers

    CNDP : Commission nationale du dbat public

    CNRS : Centre national de la recherche scientifique

    Comets : Comit dthique du CNRS

    COV : Composs organiques volatils

    DGCIS : Direction gnrale de la comptitivit, de l'industrie et des services

    DLS : Dynamic Light Scattering - Diffusion dynamique de la lumire

    DTA : Differential Thermal Analysis - Analyse thermodiffrentielle

    Efsa : European Food Safety Authority - Autorit europenne de scurit des aliments

    ELPI : Electrical Low-Pressure Impactor - Impacteur lectrique basse pression

    ERO : Espces ractives de loxygne

    FDS : Fiches de donnes de scurit

    FMPS : Fast Mobility Particle Sizer - Spectromtre de mesure de la taille des particules mobilit rapide

    FNE : France Nature Environnement

    FP7 : EUs Seventh Framework Programme for Research - 7me programme cadre de recherche de l'Union europenne

    GC : Gas Chromatography - Chromatographie gazeuse

  • Anses rapport dexpertise collective Autosaisine n 2012-SA-0273 Nanomatriaux et sant

    Avril 2014 page 9 / 180

    GT : Groupe de travail

    HAP : Hydrocarbures aromatiques polycycliques

    HPLC : High Performance Liquid Chromatography - Chromatographie liquide haute performance

    ICP-MS : Inductively Coupled Plasma Mass Spectrometry - Spectromtrie de masse par torche plasma

    Ineris : Institut national de l'environnement industriel et des risques

    INRS : Institut national de recherche et de scurit

    InVS : Institut de veille sanitaire

    ISO : International Organization for Standardization - Organisation internationale de normalisation

    NNI : National Nanotechnology Initiative - Initiative nationale sur les nanotechnologies (tats-Unis)

    NR : Nanomatriaux de rfrence

    NRC : Nanomatriaux de rfrence certifis

    OCDE : Organisation de Coopration et de Dveloppement Economiques

    OGM : Organisme gntiquement modifi

    ONG : Organisation non gouvernementale

    PCB : Polychlorobiphnyle

    PME : Petites et Moyennes Entreprises

    QNAR : Quantitative Nanostructure-Activity Relationship - Relation quantitative nanostructure-activit

    QSAR : Quantitative structureactivity relationship - Relation quantitative nanostructure-activit

    R&D : Recherche et Dveloppement

    Raman : Spectroscopie Raman - Raman Spectroscopy

    REACh : Registration, Evaluation, Authorization and restriction of CHemicals - Enregistrement, valuation, autorisation et restriction des produits chimiques

    RIVM : Rijksinstituut voor Volksgezondheid en Milieu - Institut national pour la sant publique et lenvironnement des Pays-Bas

    SAXS and u SAXS : Small Angle X-ray Scattering and ultrafine SAXS - Diffusion de Rayons X aux petits angles et diffusion ultrafine de Rayons X aux petits angles

    SHS : Sciences humaines et sociales

    SNC : Systme nerveux central

    SOP : Standard operating procedures - Procdure oprationnelle permanente

    SSA : Specific surface area - Surface spcifique

    STEP : Station d'puration des eaux uses

    STOP : Substitution, Technologie, Organisation, Protection

    TEM : Transmission Electron Microscopy - Microscopie Electronique Transmission

    TGA : Thermo gravitometric analysis - Analyse thermogravimtrique

    TOF-SIMS : Time-of-Flight Secondary Ion Mass Spectrometry - Spectromtrie de masse d'ions secondaires temps de vol

    UIC : Union des industries chimiques

    UV : Ultraviolet

    VSSA : Volume Specific Surface Area - Surface spcifique en volume

    XRD : X-ray diffraction - Diffraction des Rayons X

  • Anses rapport dexpertise collective Autosaisine n 2012-SA-0273 Nanomatriaux et sant

    page 10 / 180 Avril 2014

    Liste des tableaux

    Tableau 1 : Domaines dapplications par type de nanomatriaux .................................................................. 16

    Tableau 2 : rsultats des 3 enqutes sur la filire des nanomatriaux en France .......................................... 18

    Tableau 3 : catgories de substances produites et/ou importes en plus grande quantits (plus de 100 tonnes) ............................................................................................................................................. 19

    Tableau 4 : travaux et rapports franais sur lthique et les nanomatriaux ................................................... 24

    Tableau 5 : autres travaux et rapports canadiens sur lthique et les nanomatriaux .................................... 25

    Tableau 6 : rsum des avantages et inconvnients dune slection de mthodes dvaluation des risques et dun outil de gestion adapts aux nanomatriaux .................................................................................. 50

    Tableau 7 : groupes cibles considrer en fonction du type de processus tudi ................................ 127

    Tableau 8 : facteurs pris en compte pour les calculs de scores de svrit et de probabilit dexposition et tendue cibles considrer en fonction du type de processus tudi. .......................................... 132

    Tableau 9 : catgories deffets analyss par substance chimique dans le cadre de la mthode Green Screen

    TM. .............................................................................................................................................. 149

    Tableau 10 : rsum des avantages et inconvnients dune slection de mthodes dvaluation des risques et outils daide la gestion adapts aux nanomatriaux ...................................................................... 156

    Liste des figures

    Figure 1 : volution du nombre de publications scientifiques (mot cl : nanomaterial sur le site internet PubMed spcialis en mdecine et sciences du vivant) ........................................................................ 13

    Figure 2: Financement capital-risque (venture capital - VC) pour les nanos dans le monde entier, en

    capital investi et en proportion des investissements .............................................................................. 14

    Figure 3 : Liste rsume des paramtres physicochimiques et techniques de mesures employs dans Nanogenotox. .......................................................................................................................................... 38

    Figure 4 : Paramtres physico-chimiques influenant labsorption cellulaire des nanomatriaux .................. 39

    Figure 5 : dtermination des scores du niveau de risque (RL) en fonction du score de svrit (en ordonne) et du score de probabilit (en abscisse) pour Nanotool 2.0. ................................................................ 131

    Figure 6 : bandes de danger considres pour le matriau parent bas sur lattribution des groupes de danger de loutil e-COSSH Essentials. ................................................................................................. 134

    Figure 7 : schma de fonctionnement de lattribution dune bande de danger au nanomatriau pour loutil de gestion gradu des risques de lAnses. ................................................................................................ 135

    Figure 8 : attribution des bandes dexposition pour loutil de gestion gradu des risques de lAnses. ......... 136

    Figure 9 : matrice des classes de matrise mettre en place au regard de la combinaison du niveau de danger et du potentiel dmission pour loutil de gestion gradu des risques de lAnses .................... 136

    Figure 10 : expression simplifie des rsultats pour NanoRiskCat. .............................................................. 139

    Figure 11 : catgorisation de la matrice du produit pour NanoRiskCat. ........................................................ 140

    Figure 12 : arbre dcisionnel de NanoRiskCat de dtermination du potentiel de danger pour lHomme. .... 141

    Figure 13 : arbre dcisionnel de NanoRiskCat de dtermination du potentiel de danger pour lenvironnement. .............................................................................................................................................................. 143

    Figure 14 : positionnement dune dmarche danalyse multicritres au sein dun processus de dcision. .. 147

    Figure 15 : exemple de reprsentation de classification et de comparaison des dangers de substance chimique pour Green Screen

    TM............................................................................................................. 149

    Figure 16 : recommandations de gestion en fonction des catgories de dangers dans le cadre de Green Screen

    TM. .............................................................................................................................................. 150

    Figure 17 : schma explicatif du modle de gestion des risques Nano Risk Framework ............................. 152

    Figure 18 : schma du cycle-de-vie ............................................................................................................... 153

  • Anses rapport dexpertise collective Autosaisine n 2012-SA-0273 Nanomatriaux et sant

    Avril 2014 page 11 / 180

    1 Contexte, objet et modalits de traitement de la

    saisine

    1.1 Contexte

    Les enjeux sanitaires et environnementaux lis au dveloppement et aux usages des nanomatriaux manufacturs occupent une place importante dans lespace public comme dans les travaux de lAnses1. Depuis 2006, plusieurs rapports dexpertise publis par lAgence ont tudi les risques sanitaires lis aux expositions alimentaires, environnementales et en milieu de travail. Ils soulignent les besoins de connaissances, de veille et de recherche sur les dangers et les expositions ces matriaux aux proprits bien souvent spcifiques (Afsset 2006; Afsset 2008; Afsset 2010).

    Paralllement ces activits dexpertise, lAgence a contribu aux actions de dveloppement de nouvelles mthodologies dvaluation des risques, notamment en direction des professionnels, ainsi qu la dfinition de tests de scurit sanitaires et environnementaux, aussi bien sur la scne nationale quinternationale (Afnor, ISO, OCDE, Commission europenne, etc.).

    Les travaux dexpertise de lAnses sur les nanomatriaux manufacturs incluent une veille scientifique permanente, lvaluation des risques sanitaires et environnementaux, des dveloppements mthodologiques ainsi que la dfinition dtudes visant connatre lexposition de populations spcifiques aux nanomatriaux. Lappel projets de recherche en sant-environnement et sant-travail permet par ailleurs lAnses de soutenir des projets de recherche dans le domaine de lvaluation des risques sanitaires lis aux nanomatriaux.

    Pour conduire de manire cohrente ces diffrents travaux dexpertise, lAgence a install, le 9 juillet 2012, un groupe de travail (GT) prenne Nanomatriaux et sant alimentation, environnement, travail (il a vocation tre renouvel tous les 3 ans), plac sous lgide de son comit dexperts spcialis (CES) Agents physiques, nouvelles technologies et grands amnagements . Ce groupe de travail a notamment pour mission de :

    raliser rgulirement un tat des connaissances relatives aux risques sanitaires et environnementaux ventuels associs aux nanomatriaux manufacturs pour lensemble de leurs usages ;

    mettre en vidence les signaux mergents de dangers et de risques associs aux nanomatriaux manufacturs pour lensemble de leurs usages ;

    contribuer linstruction des demandes dexpertises adresses lAgence ; proposer annuellement des recommandations dorientations de recherche notamment

    destines alimenter lappel projet de recherche sant environnement travail de lAgence.

    Par ailleurs, lAgence a mis en place un comit de dialogue nanomatriaux et sant , lieu dchanges, de rflexion et dinformation sur les questions scientifiques relatives aux effets potentiels sur la sant des nanomatriaux et leur valuation mene par lAnses. Install le 21 novembre 2012, il runit, dans un souci dquilibre des groupes dintrts, des reprsentants

    1 Au 1er juillet 2010, lAgence nationale charge de la scurit sanitaire de lalimentation, de lenvironnement et du travail (Anses) a repris les missions de lAgence franaise de scurit sanitaire des aliments (Afssa) et de lAgence franaise de scurit sanitaire de lenvironnement et du travail (Afsset). Elle a galement repris les acquis et les valeurs - comptence scientifique, indpendance dans lvaluation des risques, ouverture de lexpertise - pour les mettre au service dune lecture plus globale et transversale des questions sanitaires.

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    dassociations et de syndicats, des fdrations dindustriels et des institutions, ainsi que les experts du groupe de travail prenne Nanomatriaux et sant .

    1.2 Objet de lexpertise

    Dans un domaine en volution rapide et constante, la veille scientifique et technique sur les risques ventuels lis lexposition aux nanomatriaux manufacturs est essentielle pour conduire et actualiser les travaux dexpertise. ce titre, le groupe de travail prenne Nanomatriaux et sant alimentation, environnement, travail a notamment pour objet de produire rgulirement un tat des connaissances et des enjeux relatifs aux dangers, aux expositions et aux risques sanitaires et environnementaux associs aux nanomatriaux pour lensemble des usages entrant dans le champ des missions de lAnses. Les travaux du groupe sont mens en bonne coordination avec les CES comptents en matire de produits rglements aux niveaux europen (REACh, etc.) et national, en particulier concernant les caractristiques physico-chimiques des nanomatriaux, et avec les CES comptents en matire de risques lis lalimentation, au milieu arien, et leau.

    1.3 Modalits de traitement : moyens mis en uvre et organisation

    LAnses a confi au groupe de travail Nanomatriaux et sant alimentation, environnement, travail , rattach au comit dexperts spcialiss agents physiques, nouvelles technologies et grands amnagements linstruction de cette expertise.

    Le rapport produit par le groupe de travail tient compte des observations et lments complmentaires transmis par les membres du CES tout au long de lexpertise. Ces travaux sont ainsi issus dun collectif dexperts aux comptences complmentaires. Lexpertise a t ralise dans le respect de la norme NF X 50-110 Qualit en expertise prescriptions gnrales de comptence pour une expertise (Mai 2003) .

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    2 Introduction

    Les risques sanitaires lis au dveloppement, lutilisation et la dispersion environnementale des nanomatriaux manufacturs occupent une place importante dans la littrature actuelle consacre aux risques mergents (World Economic Forum, Marsh et al. 2011).

    Dans la continuit des travaux antrieurs de lAgence sur ce sujet, le document prsent se propose dexposer ltat des connaissances scientifiques et des enjeux actuels relatifs aux dangers, aux expositions et aux risques sanitaires et environnementaux associs aux nanomatriaux manufacturs, ainsi que les environnements socio-conomique et rglementaire.

    Ce rapport de synthse adopte un format volontairement concis. Il est complt par des annexes qui documentent les principaux points abords. Il sappuie essentiellement sur la littrature acadmique disponible, mme si dautres types de travaux ont ponctuellement t pris en compte, avec les rserves, vis--vis de la qualit de linformation que cela implique (prise en compte de la littrature grise : articles scientifiques issus de journaux sans comit de lecture, rapports dassociations, textes publis sur internet, etc.). Compte tenu du nombre croissant des publications sur les nanomatriaux recenses dans les bases bibliographiques spcialises en mdecine et sciences du vivant et de la diversit des publications scientifiques traitant du thme des nanomatriaux (cf. Figure 1), les experts du groupe de travail ont slectionn les sources dinformations scientifiques qui sont apparues, selon eux, les plus reprsentatives et pertinentes pour raliser ce travail de synthse.

    Le groupe de travail sest plus spcifiquement intress aux nanomatriaux manufacturs intentionnellement, et non lensemble des nanomatriaux prsents naturellement dans latmosphre ou produits de manire non intentionnelle. Dans la suite du document, le terme abrg nanomatriau sera la plupart du temps utilis en lieu et place de nanomatriau manufactur .

    Figure 1 : volution du nombre de publications scientifiques (mot cl : nanomaterial sur le site internet PubMed spcialis en mdecine et sciences du vivant)

    La dfinition du terme nanomatriau pose, en elle-mme, de nombreuses questions et suscite des controverses. Les dfinitions proposes font encore lobjet de nombreuses discussions

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    2012 2010 2008 2006 2004 2002 2000 1998 1996 1994 1992 1990 1986

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    scientifiques, rglementaires, institutionnelles ainsi quau sein de la socit civile et ne sont, selon le groupe de travail, pas totalement satisfaisantes en ltat. Aucune dfinition actuelle ne prend en compte certains paramtres importants comme la solubilisation (amener une substance l'tat de solution ou de suspension collodale) ou la taille moyenne des agglomrats et agrgats). La connaissance de ces paramtres participe pourtant la comprhension des mcanismes daction sur le vivant des nanomatriaux manufacturs. Le groupe de travail a choisi de ne pas privilgier une dfinition particulire des nanomatriaux parmi lensemble de celles dj publies qui sont fournies en annexe 2.

    Aux nanomatriaux manufacturs et aux risques qui leur sont associs rpondent des enjeux conomiques et politiques au niveau international, comme lont soulign deux reprises les rapports du Forum conomique mondial de Davos (World Economic Forum 2009; World Economic Forum, Marsh et al. 2011)2. Pour exemple, la figure 2 illustre limpact de la prise de conscience des risques sanitaires et environnementaux ventuels sur les investissements dans le domaine nano par les socits de capital-risque.

    Source : Hullmand et al.(Hullmann 2006)

    Figure 2: Financement capital-risque (venture capital - VC) pour les nanos dans le monde entier, en capital investi et en proportion des investissements

    Pour quun risque li lutilisation dun objet (produit) puisse tre valu, il est ncessaire dune part de caractriser le danger intrinsque cest--dire la toxicit et lcotoxicit de lobjet (produit) et dautre part de connatre lexposition humaine et environnementale cet objet (produit).

    Compte tenu du trs grand nombre de nanomatriaux prsentant des proprits diffrentes non seulement de celles des matriaux lchelle macroscopique mais encore dun nanomatriau lautre, et de lextrme variabilit des applications envisages ou dj mises en uvre pour ces

    2 Extrait du rapport World Economic, Marsh et al. 2011 : A final outlier is threats from new technologies unintended consequences for human, animal or plant life from the release of agents into the biosphere created by genetic engineering, synthetic biology or nanotechnology. Stakeholders rated this threat as of low impact and likelihood. However while experts interviewed concurred that numerous regulatory authorities in this area lower the risks likelihood, it was being underestimated in terms of impact. ()

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    diffrents nanomatriaux, il nest pas pertinent dvaluer les risques en considrant les nanomatriaux comme une seule et mme substance.

    En consquence, lvaluation des risques lis aux nanomatriaux manufacturs reste, lheure actuelle, principalement de nature qualitative et privilgie une approche au cas par cas. Nanmoins, labsence de certitude scientifique relative aux risques, loin de paralyser leur valuation, doit au contraire stimuler la mise en uvre de procdures innovantes pour cette dernire, qui prennent appui sur les connaissances scientifiques disponibles.

    Cette revue de synthse prsente un tat des lieux de lenvironnement conomique et rglementaire des nanomatriaux manufacturs, des principales connaissances scientifiques sur leurs effets sanitaires et des diffrentes mthodologies dvaluation des risques disponibles. Elle propose galement des axes de progrs pour lvaluation des risques sanitaires et environnementaux ainsi que des pistes de rflexion pour la gestion de ces risques. Le groupe de travail a dcid de considrer les sujets ci-aprs hors du champ de lexpertise :

    lvaluation des risques lis lensemble des nanomatriaux manufacturs et leurs usages ;

    les nanomatriaux naturels ou produits non intentionnellement, ainsi que lensemble des nanotechnologies ;

    les risques lis aux dispositifs mdicaux, mdicaments usage humain et cosmtiques contenant des nanomatriaux ne sont pas tudis spcifiquement ;

    le calcul de type balance bnfices/risques , qui serait, en toute hypothse, trop peu document aujourdhui.

    En outre, la contribution des sciences humaines et sociales (SHS) dans cette revue est d'clairer certaines des conditions rendant difficile la tenue d'un dbat constructif, voire d'un dbat tout court3, sur les nanomatriaux , en lien avec la complexit du domaine considr, l'histoire de la thmatique des risques environnement-sant et les enjeux socio-industriels qui se profilent. Il ne s'agit donc pas pour les SHS de construire une expertise de l'acceptabilit sociale des nanomatriaux, mais bien au contraire de mettre le dveloppement des nanosciences, nanotechnologies et nanomatriaux lpreuve de mthodologies et connaissances robustes issues des recherches menes dans diffrents champs des sciences humaines et sociales.

    3 De tels dbats publics font partie intgrante, depuis le milieu des annes 1990, du droit franais et europen et sont, dans certains domaines, mme obligatoires en application de la Loi Barnier. Le 25 juin 1998, la quatrime Confrence ministrielle Environment for Europe a ainsi approuv Aarhus, au Danemark, la Convention sur laccs linformation, la participation du public au processus dcisionnel et laccs la justice en matire denvironnement , appele Convention dAarhus, selon laquelle (article premier) Afin de contribuer protger le droit de chacun, dans les gnrations prsentes et futures, de vivre dans un environnement propre assurer sa sant et son bien-tre, chaque Partie garantit les droits d'accs l'information sur l'environnement, de participation du public au processus dcisionnel et d'accs la justice en matire d'environnement conformment aux dispositions de la prsente Convention . La France a ratifi la convention dAarhus le 8 juillet 2002. Elle est entre en vigueur en France le 6 octobre 2002, par le biais de la loi n 2002-285 du 28 fvrier 2002 autorisant lapprobation de la Convention dAarhus et du dcret n 2002-1187 du 12 septembre 2002 portant publication de la Convention dAarhus.

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    3 Environnement socio-conomique et

    rglementaire

    3.1 Usages et tat du march des nanomatriaux manufacturs

    Le recueil dinformations prsent ci-aprs est considrer la lumire du nombre restreint de sources existantes, offrant des donnes par ailleurs trs htrognes.

    3.1.1 Nanomatriaux : usages et utilits revendiqus

    Les usages et applications des nanomatriaux sont multiples et concernent de nombreux domaines industriels, quil est difficile aujourdhui de dterminer avec prcision. Les difficults daccs aux sources ainsi que la variabilit des mthodologies utilises par les inventaires disponibles, publics et privs, rendent en effet la fiabilit des donnes complique estimer. Parmi les initiatives de la part dorganisations non-gouvernementales (ONG) qui ont tent de remdier labsence dinventaire officiel des nanoproduits mis sur le march, il est possible de citer notamment celles du Bureau europen des unions de consommateurs (Beuc) et de lAssociation europenne pour la coordination de la reprsentation des consommateurs pour la normalisation (Anec), inities en 2010 (Anec and Beuc 2010; Anec and Beuc 2012)

    Parmi divers exemples dapplications ou dusages revendiqus lheure actuelle, on peut citer :

    en informatique et lectronique : systmes silicium/nanotubes de carbone pour les processeurs, nano-argent comme agent antibactrien pour les claviers et les souris dordinateur ;

    en mdecine : transport cibl de substances actives (vectorisation), imagerie mdicale, table dopration antibactrienne ;

    les cosmtiques et produits dhygine : crmes solaires filtre anti-ultraviolet, dentifrice contenant des nanoparticules de dioxyde de silicium abrasives, sche-cheveux ou sparadrap contenant du nano-argent comme agent antibactrien ;

    dans lalimentation : les nanoparticules de dioxyde de silicium utilises comme anti-mottant par exemple dans le sel de cuisine, les emballages dits intelligents ;

    dans les btiments et travaux publics : peintures et lasures, vitres autonettoyantes ;

    dans les sports et loisirs : raquettes de tennis contenant des nanotubes de carbone pour la rsistance mcanique, peluches contenant du nano-argent comme agent antibactrien ;

    dans le secteur de la scurit et de la dfense explosifs, revtements spcifiques dobjets, etc.).

    Le Tableau 1 donne une indication des domaines dapplication possibles selon la nature des nanomatriaux ainsi que des exemples de produits finis, issus des diffrents inventaires disponibles.

    Tableau 1 : Domaines dapplications par type de nanomatriaux

    Nanomatriaux Domaines dapplications Exemples de produits finis*

    Nano-oxydes Matriaux composites structuraux Composants anti-UV Polissage mcanochimique des substrats dans la microlectronique Applications photocatalytiques, BTP

    Additifs alimentaires, peintures, cosmtiques, encres, pneumatiques

    Matriaux nanomtalliques Secteurs antimicrobiens et/ou de la catalyse Couches conductrices des crans, les capteurs ou encore les

    Pansements, films alimentaires, revtements (rfrigrateur), plans de travail, vitres ou murs autonettoyant,

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    matriaux nergtiques vtements, matriaux en contact de denres alimentaires, emballages alimentaires ingrables

    Noirs de carbone Transports, BTP, imprimerie Pneumatiques, encres, peintures

    Matriaux nanoporeux Arogels pour isolation thermique dans les domaines de llectronique, de loptique et de la catalyse Domaine bio-mdical pour des applications de type vectorisation ou encore implants

    Membranes de filtration de leau, peintures, colles, fertilisants,

    Nanotubes de carbone Nanocomposites conducteurs lectriques Matriaux structuraux nanolectronique, biomdical

    Raquette de tennis, cran souple, pare-chocs, phares, batteries, pneumatiques

    Nanomatriaux massifs Transports, BTP, quipements sportifs Revtements durs Composants structuraux pour lindustrie aronautique, lautomobile, les conduites pour les industries ptrolires et gazires, le domaine sportif ou encore le secteur anticorrosion

    Dendrimres Domaine mdical Domaine cosmtique

    administration de mdicaments, dtection rapide

    Quantum dots Applications optolectroniques (crans)

    Cellules photovoltaques, encres et peintures pour applications de type marquage anti-contrefaon

    Fullernes Secteurs du sport (nanocomposites) et des cosmtiques

    Mascaras, crmes de beaut, balles de golf

    Nanofils lectronique, opto-lectronique, photo-voltaque

    Applications dans les couches conductrices des crans ou encore les cellules solaires ainsi que les dispositifs lectroniques

    *Cette liste de produits finis est issue de linventaire non-exhaustif effectu par lAnses pour son rapport publi en 2010 (Afsset 2010) sur les nanomatriaux ainsi que du projet dinventaire publi par le gouvernement belge en 2013 (FPS 2013).

    Dans le domaine de lagroalimentaire, une tude rcente ralise par lInstitut national pour la sant publique et lenvironnement des Pays-Bas (collaboration RIVM, Rikilt et Philips), confirme une large utilisation de nanoparticules de silice (SiO2) comme additifs dans les produits alimentaires pour des applications de type anti-mottant, antiagglomrant ou encore comme modificateur de viscosit (sauces, assaisonnement, poudres alimentaires, etc.) (Dekkers, Krystek et al. 2011). Plus rcemment, la prsence de nanoparticules manufactures de dioxyde de titane (TiO2) dans des produits alimentaires trs varis a t dtecte (Weir, Westerhoff et al. 2012).

    3.1.2 tat des lieux du march franais

    Depuis 2007, diverses enqutes ont t effectues en France afin de raliser une cartographie des acteurs concerns par les nanomatriaux (producteurs, intgrateurs, chercheurs, utilisateurs), afin de renseigner les expositions professionnelles, de riverains ou celles de la population gnrale (Tableau 2).

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    Tableau 2 : rsultats des 3 enqutes sur la filire des nanomatriaux en France

    Source Anne Critres de slection tablissements concerns Nombre total de contacts

    Nombre total de

    rponses

    Nombre dacteurs nano

    Acteurs concerns

    Afsset (Afsset 2008)

    2008

    adhsion sur www.nanomateriaux.org participation, colloques,

    confrences

    industries et laboratoires de recherche

    219 99 33 13 laboratoires

    26 tablissements, pas de distinction entre production et utilisation

    INRS (Honnert and

    Grzebyk 2011; Honnert and Mater 2012; Honnert and

    Vincent 2007)

    2007

    2011

    2012

    Ralisation dune bibliographie, consultation de bases de donnes (douanes, Insee), participation des confrences et visites de site en concertation avec la commission nanomatriaux et nanotechnologie du Comit technique national de la chimie, de la plasturgie et du caoutchouc (CTN E). Ralisation dune bibliographie : articles scientifiques et techniques, brevets, synthses de colloques, notes de syndicats professionnels, etc.

    Production industrielle de nanopoudres, hors laboratoires de recherche publics et privs Utilisations des codes pour 5 secteurs dactivits : colorants et pigments, produits chimiques inorganiques plastiques de base, peintures, vernis, encres et mastics, fabrication de plaques, feuilles, tubes et profils en matires plastiques. Entreprises du BTP utilisatrices de dioxyde de titane nanomtrique

    1047

    465

    20

    88

    22

    Producteurs de noirs de carbone, silices amorphes, alumines, terres rares, dioxydes de titane, argiles, etc. 11 producteurs 75 utilisateurs (tablissement industriel qui met en uvre des matriaux contenant des nanomatriaux), 2 producteurs & utilisateurs Producteurs de ciments, de vitrages, de peintures, de lasures, de produits dtanchit, etc.

    DGCIS (DGCIS 2012)

    2012

    Plus de 50 sources documentaires scientifiques, conomiques, industrielles et

    institutionnelles ont t utilises par D&Consultants

    10 secteurs d'activits industrielles retenus : BTP, Transport, Industrie de la sant (hors mdicament),

    Luxe (cosmtique et textile), agro-industrie-nergie, industries des biens de

    consommations et d'quipements de la maison, Technologies et services de l'information, dfense, co-

    industrie)

    350 260 130-180

    40-50 producteurs 30-40 intgrateurs/transformateurs de

    nanomatriaux 60-90 utilisateurs de nanomatriaux

    (utilisation finale)

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    La Direction gnrale de la comptitivit, de l'industrie et des services (DGCIS) du Ministre du redressement productif a publi en juin 2012 lintgralit de ltude intitule Les ralits industrielles dans le domaine des nanomatriaux en France (DGCIS 2012). Cette tude prsente la chane de valeur depuis la production de nanomatriaux jusqu'aux diffrents marchs d'application. Elle renseigne ainsi davantage les aspects conomiques (chiffre daffaire, quantits, etc.) que les effectifs impliqus dans les filires des nanomatriaux. Cette tude identifie 40 50 producteurs franais dont 80 % sont des PME. La production annuelle de nanomatriaux atteint un total de 135 000 tonnes dont 90 % sont des nanoparticules (principalement de dioxyde de titane, de silice et de dioxyde de crium). Les nanofibres et les nanotubes reprsentent quant eux plusieurs dizaines de tonnes produites par an.

    Il convient de souligner que le bilan des productions annuelles au niveau national cit dans cette tude (DGCIS 2012) diffre de celui issu des tudes publies en 2007 par lInstitut national de recherche et de scurit (INRS (Honnert and Vincent 2007) et cites dans le rapport de lAgence (Afsset 2008) selon lesquelles sont produites :

    485 000 tonnes de silice par environ 1 300 oprateurs ;

    469 000 tonnes dalumine par prs de 1 000 oprateurs ; 300 000 tonnes de carbonate de calcium ;

    240 000 tonnes de noir de carbone par 280 oprateurs ;

    250 000 tonnes de dioxyde de titane sous forme sub-micronique et 10 000 tonnes sous forme de nanoparticules impliquant 270 oprateurs ;

    10 tonnes de nanotubes de carbone par an correspondant la capacit de production franaise impliquant un oprateur.

    Depuis le 1er janvier 2013 la dclaration obligatoire des usages des substances ltat nanoparticulaire ainsi que des quantits annuelles produites, importes et distribues sur le territoire franais est entre en vigueur, conformment aux articles L. 523-1 L. 523-8 du Code de lenvironnement.

    Un rapport public concernant cette dclaration a t publi sur le site du Ministre du dveloppement durable (Ministre du Dveloppement durable 2013). Les principaux rsultats de la dclaration annuelle 2013 qui concernent les substances ltat nanoparticulaire produites, importes et distribues en 2012, sont les suivants :

    670 entits franaises ont soumis au moins une dclaration ;

    les acteurs franais ayant soumis une dclaration sont : pour 22 % des importateurs, pour 6 % des producteurs, pour 68 % des distributeurs, et pour 4 % des acteurs autres ;

    280 000 tonnes de substances ltat nanoparticulaire produites et 220 000 tonnes de substances ltat nanoparticulaire importes en France en 2012 ont t dclares, soit un total de 500 000 tonnes de substances ltat nanoparticulaire mises sur le march en France en 2012.

    Le Tableau 3 prsente les plus grandes quantits de nanomatriaux manufacturs sur le territoire franais (suprieures 100 t).

    Tableau 3 : catgories de substances produites et/ou importes en plus grande quantits (plus de 100 tonnes)

    Masse produite et / ou importe (en kg)

    Nom chimique

    274 837 135 noir de carbone

    155 071 912 dioxyde de silicium / silice amorphe

    34 501 525 carbonate de calcium

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    14 321 436 dioxyde de titane

    2 193 565 oxyde d'aluminium

    1 568 000 copolymre de chlorure de vinylidne

    538 473 jaune d'oxyde magntique de fer

    492 000 acide silicique, sel d'aluminium et de sodium

    287 695 oxyde de zinc

    242 188 jaune d'oxyde magntique de fer

    208 979 2,2'-[(3,3'-dichloro[1,1'-biphnyl]-4,4'-diyl)bis(azo)]bis[n-(2,4-dimthylphnyl)-3-oxobutyramide]

    173 641 trioxyde de di-fer

    150 975 acide silicique, sel d'aluminium, de magnesium et de sodium

    150 584 pyrrolo(3,4-c)pyrrole-1,4-dione, 2,5-dihydro-3,6-diphenyl

    141 232 2-[(2-methoxy-4-nitrophenyl)azo]-n-(2-methoxyphenyl)-3-oxobutyramide

    138 100 2-propenoic acid, 2-methyl-methyl ester, polymer with 1,3-butadiene, butyl 2-propenoate and ethenylbenzene)

    138 000 pyrrolo[3,4-c]pyrrol-1,4-dione, 3,6-bis([1,1'-biphenyl]-4-yl)-2,5-dihydro-a)

    136 500 hydroxyde d'aluminium

    134 740 4,4'-diamino[1,1'-bianthracne]-9,9',10,10'-ttraone

    107 796