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Rose Dufour Avec la collaboration de Brigitte Garneau Préface de Bernard Arcand Naître rien Naître rien DES ORPHELINS DE DUPLESSIS, DE LA CRÈCHE À L’ASILE Extrait de la publication

Naître rien Rose Dufour Naître rien

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Page 1: Naître rien Rose Dufour Naître rien

Rose DufourAvec la collaboration deBrigitte Garneau

Préface de

Bernard Arcand

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ISBN 2-89544-027-1

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Naître rienDES ORPHELINS DE DUPLESSIS, DE LA CRÈCHE À L’ASILE

I l arrive que par amour une mère soit obligée d’abandonner son enfant.Elle n’est pas mauvaise pour autant, bien que ce soit ainsi qu’elle est le

plus souvent jugée, mais elle n’a rien à lui donner. Si elle garde sonenfant, il n’a aucune chance ; par amour, elle l’abandonne. À quel destincet enfant sera-t-il voué? Voilà le début de l’histoire des enfants deDuplessis, enfants laissés à l’État et élevés par l’Église. On a beaucoupentendu parler d’eux, mais que sait-on vraiment des enfants de Duplessis?Parce que très peu de recherches scientifiques leur ont été consacrées, celivre comble le vide ainsi créé.

Qu’est-ce qu’un orphelin? Qui sont les orphelins de Duplessis?Comment ont-ils été élevés? Quelqu’un leur a-t-il servi de parent?Pourquoi est-ce arrivé au Québec et non en Ontario? Qu’est-ce que cegroupe d’enfants avait de particulier?

Désireuse de documenter les mécanismes de l’insertion et de l’exclu-sion sociale, Rose Dufour a recueilli l’émouvant témoignage de quinze deces enfants de Duplessis, des hommes dépourvus de tout lien de parentéou presque. Elle retrace leur cheminement, d’institution en institution, etanalyse, avec la collaboration de BRIGITTE GARNEAU, spécialiste de l’anthro-pologie de la parenté, leur identité et leur exclusion sociale.

Les thèmes abordés dans ce livre, à travers le phénomène social desorphelins de Duplessis, permettent d’approfondir de nombreux aspectsinconnus de la culture québécoise, en particulier le poids des noms et pré-noms dans l’identité personnelle, l’influence des changements résidentielssur l’insertion sociale et l’importance de l’alliance entre un homme et unefemme dans l’éducation d’un garçon.

ROSE DUFOUR est anthropologue spécialisée en santé publique. Tous ses travaux de recherche portent sur le lien entre la culture, la santé et lamaladie et sur l’articulation entre l’individuel et le collectif. Après vingt ansde recherche chez les Inuits, elle s’intéresse depuis une dizaine d’années, à la culture québécoise francophone. Elle est chercheure associée auCollectif de recherche sur l’itinérance, la pauvreté et l’exclusion sociale.

Naître rienNaître rienDES ORPHELINS DE DUPLESSIS,

DE LA CRÈCHE À L’ASILE

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Naître rienDES ORPHELINS DE DUPLESSIS,

DE LA CRÈCHE À L’ASILE

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Données de catalogage avant publication (Canada)

Dufour, Rose, 1943-Naître rien : des orphelins de Duplessis, de la crèche à l’asileComprend des réf. bibliogr.ISBN 2-89544-027-1

1. Orphelins – Soins en institutions – Québec (Province) – Histoire. 2. Enfants naturels – Québec (Province) – Biographies. 3. Orphelins – Intégration – Québec(Province). 4. Orphelinats – Québec (Province) – Histoire. 5. Internement (Psychiatrie)– Québec (Province) – Histoire. 6. Adoption – Québec (Province) – Histoire. I.Garneau, Brigitte, 1948- . II. Titre.HV1009.Q8D83 2002 362.73’2’09714 C2002-940644-7

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Rose DufourAvec la collaboration deBrigitte Garneau

Préface deBernard Arcand

Naître rienDES ORPHELINS DE DUPLESSIS,

DE LA CRÈCHE À L’ASILE

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Révision linguistique : Robert ParéConception de la couverture et de la maquette : Gérard BeaudryImpression : AGMV Marquis Imprimeur inc.

© Éditions MultiMondes 2002ISBN 2-89544-027-1Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Québec, 2002Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Canada, 2002

ÉDITIONS MULTIMONDES930, rue PouliotSainte-Foy (Québec) G1V 3N9CANADATéléphone : (418) 651-3885Téléphone sans frais depuis l’Amérique du Nord : 1 800 840-3029Télécopie : (418) 651-6822Télécopie sans frais depuis l’Amérique du Nord : 1 888 [email protected]://www.multim.com

DISTRIBUTION EN LIBRAIRIE AU CANADADiffusion Dimedia539, boulevard LebeauSaint-Laurent (Québec) H4N 1S2CANADATéléphone : (514) 336-3941Télécopie : (514) [email protected]

DISTRIBUTION EN FRANCELibrairie du Québec30, rue Gay-Lussac 75005 ParisFRANCETéléphone : 01 43 54 49 02Télécopie : 01 43 54 39 [email protected]

DISTRIBUTION EN BELGIQUELibrairie Océan139, avenue de Tervuren1150 BruxellesBELGIQUETéléphone : 02 732 35 32Télécopie : 02 732 35 [email protected]

DISTRIBUTION EN SUISSESERVIDIS SARue de l’Etraz, 2CH-1027 LONAYSUISSETéléphone : (021) 803 26 26Télécopie : (021) 803 26 [email protected]://www.servidis.ch

Les Éditions MultiMondes reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour leurs activités d’édition. Elles remercient la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour son aide à l’édition et à la promotion.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – gestion SODEC.

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Pour donner la parole à ceux qui ne l’ont pas et parler à la place de ceux qui ne le peuvent pas.

Rose Dufour

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Le fonds Compassion

La compassion n’a d’autre but que l’amour désintéressé et spontané. C’estdans cet esprit que j’ai créé, à la Fondation communautaire du Grand Québec, lefonds Compassion dans lequel je dépose le premier don, constitué des droitsd’auteur (10% du prix de vente de ce livre), pour contribuer à fournir aux orphe-lins de Duplessis, hommes et femmes, des conditions de vie leur apportant latranquillité, la sécurité et les soins appropriés dans leur vieillesse, une mort dansla dignité et une inhumation respectable. Ce fonds leur est exclusif et nes’applique pas à leurs conjoints ou conjointes ni à leurs descendants.

Le fonds Compassion reçoit toute forme de don, à savoir des dons enespèces, des legs, des promesses de don, des fonds commémoratifs, des donsd’assurance vie, des immeubles et autres, et émet en échange un reçu pour don. Ilest administré par la Fondation communautaire du Grand Québec.

Objectif de remplacementAprès le décès du dernier orphelin de Duplessis, l’argent du fonds

Compassion sera consacré à la cause des prostituées. Il ne faut pas voir de lienentre les orphelins de Duplessis et les prostituées, si ce n’est que ces dernièresappartiennent aussi à un monde de grande misère humaine. L’objectif de rempla-cement est de contribuer à l’intégration sociale des prostituées et à la préventionde la prostitution par la recherche et l’intervention qualitative.

Toute personne désireuse de contribuer au fonds Compassion peut le faire ens’adressant à la :Fondation communautaire du Grand Québec333, Grande Allée Est, bureau 230Québec (Québec) G1R 2H8Téléphone : 418-521-6664Site Internet : www.fcommunautaire.comCourriel : [email protected]

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Préface

C omment peut-on venir au monde et vivre en société sans parents ? On arrivemal à l’imaginer. Qui surveillera notre habillement quand l’hiver sera là, qui

emballera nos cadeaux la veille de Noël, qui nous racontera les exploits héroïquesde son enfance, qui excusera nos gaffes et qui faudra-t-il pleurer quand viendra lejour des funérailles ? Les parents offrent tout cela et bien davantage. Noussommes d’abord l’enfant d’au moins deux personnes qui nous ont précédé et quiont déjà une histoire et des relations sociales. Nous devenons membre de lasociété premièrement à titre de fils ou de fille de quelqu’un.

Ceux et celles que l’on a baptisés « Les orphelins de Duplessis » n’ont jamaisconnu ce que les gens ordinaires tiennent pour acquis. Leur vie a commencé parun abandon. Qu’une mère délaisse son enfant s’explique par les mœurs et cou-tumes de l’époque, certes, mais c’est un geste qu’un bambin n’a aucun moyen decomprendre.

Sans hésitation, la société a déclaré indignes ces mères qui avaient succombé àla tentation sans connaître la contraception. Notre société a oublié les pères incon-nus. Du coup, les enfants sont alors devenus de regrettables accidents, les fruits dequelque erreur de jeunesse. Ils étaient ceux qui ne devaient pas venir au monde.Des enfants qui, loin d’être désirés, représentaient souvent un embarras et unehonte. Et pourtant, comme tous les bébés du monde, ces enfants n’avaient riendemandé à personne et auraient pu naître ailleurs, dans un autre contexte. Mais ilsfurent victimes de la plus élémentaire des injustices, celle d’être déclarés illégitimes.

Ils furent pris en charge par des communautés religieuses convaincues que lavolonté divine leur avait confié la tâche d’apporter des soins à ces rebuts de lasociété. Pour être ensuite traités conformément au préjugé qui les classait commedéfavorisés, en quelque sorte inférieurs et donc sous-doués. Jugés aptes à une édu-cation qui ne pouvait être que minimale, ils étaient voués aux travaux serviles.Certains, disait-on, ne comprenaient que le langage de la violence. D’autresétaient dirigés vers l’asile.

Rose Dufour nous raconte ici l’histoire d’une quinzaine de ces enfants, deshommes qui ont grandi sans parents. Des récits de vie tristes et parfois tragiques,mais qui témoignent de la remarquable vitalité d’êtres humains qui s’obstinentcontre le malheur pour simplement prouver qu’ils existent de plein droit et que leurexistence restera toujours respectable. De fait, en plus de laisser parler ceux quin’ont jamais eu droit de parole, Rose Dufour nous invite à restituer à ces gens ce quileur a été volé il y a longtemps : la dignité humaine, et même une certaine noblesse.

Bernard ArcandAnthropologue

Université Laval

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Remerciements

C’est aux orphelins de Duplessis que s’adressent mes premiers remerciements.Vous avez si généreusement accepté de participer à cette recherche en don-

nant, pour plusieurs d’entre vous, la seule chose que vous possédez: votre histoire devie. Je vous remercie pour la grandeur et la cordialité de votre confiance. Mon pluscher désir est d’être fidèle à votre parole et à votre mémoire. Si des erreurs s’étaientglissées dans l’utilisation que j’en fais, j’en assume seule l’entière responsabilité.

Je remercie plus particulièrement Théonas Gaudry qui dès les premières ren-contres, alors que je n’avais aucune intention d’écrire un livre, parlait lui du livreque j’écrirais. Merci, Théonas, ta conviction m’a incitée à l’écrire, ce livre. Jeremercie aussi Bruno Roy, président du Comité des orphelins et orphelines institu-tionnalisés de Duplessis (COOID) et Vincent de Villiers, directeur général de laCorporation Compagnons de Montréal, qui se sont toujours montrés disponibleset qui ont mis toutes leurs connaissances au service de cette recherche. Je remercietrès sincèrement Danielle Laberge et Shirley Roy du Collectif de recherche sur l’iti-nérance, la pauvreté et l’exclusion sociale (CRI) du Département de sociologie del’Université du Québec à Montréal pour leur confiance et leur appui. Sans l’aidefinancière du CRI, cette recherche aurait difficilement pu se réaliser.

Le projet a également profité du financement par le ministère de l’Emploi etde la Solidarité sociale, dans le cadre des Projets locaux de développement descompétences (PLDC), du salaire d’une personne pendant six mois. Je suis égale-ment redevable au CLSC Haute-Ville-des-Rivières de Québec, plus particulière-ment à Henriette Jacques, adjointe au directeur, et à Marlène Imbeault, respon-sable du programme en santé mentale, pour m’avoir fait bénéficier des avantageshumains, matériels et bureautiques de leur institution de février 1999 à mai 2001.Puisse cet ouvrage contribuer à l’objectif d’insertion sociale que poursuit cetteorganisation.

Je suis très reconnaissante à Marie Ève Simard pour sa contribution à larecension des journaux et au repérage des thèses de maîtrise en service social et àma fille Lydia Bouchard pour sa recension des écrits sur l’histoire de l’aide àl’enfance abandonnée au Québec, de la Nouvelle-France jusqu’aux années 1960,mais en approfondissant les liens culturels en Europe et plus particulièrementavec l’Angleterre et la France. Je tiens également à remercier les religieuses qui ontcontribué de différentes manières en m’indiquant et me prêtant des mémoires demaîtrise, des références bibliographiques, un document d’archives, en me logeantlorsque j’ai dû séjourner à Montréal pour la collecte des récits de vie, en m’encou-rageant à poursuivre mes travaux en dépit d’une inquiétude explicable et tangible,à l’égard d’une recherche qui touchait intimement à l’œuvre de leur vie. Dans lemême sens, je remercie les quatre travailleuses sociales, dont une éducatrice, quiont accepté de me rencontrer et de répondre à mes questions. Que toutes sesachent individuellement remerciées ici.

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Je remercie tout particulièrement mon amie et collègue Brigitte Garneau àqui revient le mérite de l’analyse selon le cadre particulier de l’anthropologie de laparenté. Sa science et sa créativité m’ont été particulièrement précieuses. Elle n’apas compté ses heures et ses efforts qu’elle a offerts bénévolement à la recherche.Qu’elle trouve ici le témoignage de ma totale gratitude. Enfin, je remercie monmari, Laurent Bouchard, dont la foi indéfectible et la disponibilité entière ontfacilité la réalisation de cette recherche qui s’est étalée sur trois années.

Sans éditeur, il n’y a pas de livre. Je veux exprimer ma profonde gratitude àJean-Marc Gagnon et Lise Morin des Éditions MultiMondes. À Jean-Marc poursa précieuse confiance à mon égard ; à Lise pour son enthousiasme communicatifet son exceptionnel souci du travail bien fait ; aux deux pour leur complicité, leurssages conseils et leur grande expérience. À travers eux, j’entretiens une dette dereconnaissance à l’égard de Robert Paré pour la méticulosité et la compétence desa révision linguistique.

Enfin, je tiens à mentionner la part de ma mère et de mes deux pères,Alphonse Dufour et Pierre Rioux, qui ont ouvert, sans le vouloir ni le savoir, lavoie de cette recherche. Puissent-ils maintenant tous les trois reposer dans la paix.

Rose Dufour

xiv

Naître rien. Des orphelins de Duplessis, de la crèche à l’asile

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Table des matières

Introduction .................................................................................................... 1

CHAPITRE 1Qu’est-ce qu’un orphelin de Duplessis ? .......................................................... 13Être orphelin ................................................................................................... 14Être un enfant de Duplessis ............................................................................. 18Être un orphelin de Duplessis .......................................................................... 20«Raconte-moi ton histoire. » ............................................................................ 21

Encadré : À l’Hôpital Sainte-Anne de Baie-Saint-Paul....................................... 23Cinq hommes ont vécu à l’Hôpital Sainte-Anne de Baie-Saint-Paul................. 24

Dollard – Le premier et le plus jeune........................................................ 24Théonas – Le goût du beau ...................................................................... 32Osmond – Le plus âgé et le plus longtemps institutionnalisé .................... 37René – «Moi, j’aime mieux faire mes affaires moi-même.» ....................... 40Valier – L’ordre et la propreté ................................................................... 43

Encadré : À l’Hôpital Saint-Michel-Archange de Québec.................................. 47Un homme fut interné à l’Hôpital Saint-Michel-Archange de Québec............. 49

Joseph – L’histoire d’un homme trahi ....................................................... 49

Encadré : De l’Institut médico-pédagogique Mont-Providence à l’Hôpital psychiatrique Mont-Providence et à l’Hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu de Montréal ............................................................... 65Jean-Claude et Jean-Guy – Jumeaux pour la vie........................................ 68Prendre sa liberté : Le récit de Jean-Guy.................................................... 70Prendre sa liberté : Le récit de Jean-Claude ............................................... 71Passer par la ferme puis prendre sa liberté : Le récit de Jean-Guy............... 73

Encadré : Au Foyer Sainte-Luce et à l’Hôpital psychiatrique de Bordeaux ......... 75Étienne – «On est des coquilles vides. » .................................................... 76

Encadré : À la Retraite Saint-Benoît.................................................................. 87Philippe – L’expérience de tous les types d’institutions ............................. 87René-Noël – Un musicien-né ................................................................... 89

Trois hommes échappent à l’asile psychiatrique................................................ 93Édouard – Un écorché vif......................................................................... 93Jean-Noël, un homme de mémoire – L’orphelin agricole ........................ 103

Deux hommes estiment avoir réussi leur vie .................................................. 111Vincent – Un financier-né...................................................................... 111Bruno – Aimé et protégé ........................................................................ 113

Conclusion .................................................................................................... 122

xvExtrait de la publication

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CHAPITRE 2Dis-moi comment tu t’appelles et je te dirai qui tu es .................................. 127La connaissance que les individus ont de leurs noms ..................................... 129Les patronymes.............................................................................................. 132

Un patronyme paternel .......................................................................... 132Un patronyme maternel ......................................................................... 132Un patronyme qui n’est pas familial ....................................................... 133

Les prénoms .................................................................................................. 136Le premier prénom................................................................................. 136Le deuxième prénom.............................................................................. 137Le troisième prénom .............................................................................. 139Le quatrième prénom ............................................................................. 140

L’origine des noms donnés aux enfants illégitimes.......................................... 140Le changement de nom ................................................................................. 142Conclusion .................................................................................................... 145

CHAPITRE 3Circuit résidentiel et éducation de garçons illégitimes.................................. 151Naître à l’extérieur du domicile...................................................................... 156Être placé à la crèche à la naissance et risquer d’y demeurer jusqu’à 9 ans ...... 158

L’adoption n’a pas lieu ............................................................................ 159Le sentiment d’enfermement s’installe rapidement ................................. 168L’affection maternelle est présente .......................................................... 171La propreté, l’ordre, les manières de table et la retenue sont acquis ......... 173La stimulation intellectuelle laisse à désirer ............................................. 175On apprend tôt à rendre service ............................................................. 175

Continuer la vie en institution dans un orphelinat......................................... 176Des souvenirs d’orphelinats tenus par des laïcs et des religieuses ............. 178

La vie en groupe domine toutes les activités....................................... 179Le sentiment de ne pas être comme les autres se développe ................ 183Les premiers contacts avec les hommes se vivent dans la violence....... 184La violence physique sévit dans les classes laïques et religieuses .......... 185L’apprentissage au travail occupationnel se fait à la ferme et à l’église ......................................................................... 187Les religieuses reconnaissent les talents, mais ils doivent être mis au service des autres.............................................................. 188Presque tous les garçons se sentent aimés personnellement par une religieuse............................................................................... 189

Être transféré d’un orphelinat à un asile psychiatrique ................................... 194Les enfants de la région de Montréal qui étaient à Mont-Providence ...... 194

À Montréal, à l’Hôpital Mont-Providence ......................................... 195À Disraëli, au Foyer Sainte-Luce........................................................ 198À Montréal, à l’Hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu ................. 201

xviExtrait de la publication

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À Montréal, à la prison de Bordeaux.................................................. 206À Montréal, dans des familles ............................................................ 207

Les enfants du Saguenay et de la région de Québec, à l’Hôpital Sainte-Anne de Baie-Saint-Paul ....................................... 210L’instruction scolaire ne se rend pas jusqu’aux enfants de l’asile.......... 211Ils vivent « en jaquette », nu-pieds ...................................................... 213Ils n’ont pas d’intimité ni dans le dortoir, ni dans la salle de bain,

ni aux toilettes............................................................................. 213Des employés de la communauté les utilisent comme objets sexuels .. 215Des religieuses les violentent en s’alliant avec leurs employés ............. 216Ils sont enchaînés et frappés, comme s’ils n’étaient pas

des êtres humains ........................................................................ 219Ils doivent rendre service aux autres malades

et à la communauté religieuse ..................................................... 221Des employés les font travailler avec eux............................................ 223

L’adolescent qui a fui les Frères de la Miséricorde au nord de Montréal pour retrouver les Sœurs du Bon-Pasteur à Québec ........................... 226À Québec, à l’Hôpital Saint-Michel Archange ................................... 227

Être déplacé d’un orphelinat dirigé par des femmes à une institution dirigée par des hommes .......................................................................... 232

L’éducation à Lac-Sergent est virile .................................................... 233L’éducation à Huberdeau est tout aussi virile ..................................... 236L’école d’industrie d’Huberdeau n’est pas une véritable école

de métier..................................................................................... 244Le travail occupationnel à Huberdeau assure davantage la survie

de l’orphelinat qu’elle ne favorise l’apprentissage d’un métier ...... 246La reconnaissance des talents à Huberdeau ne passe pas

par les religieux, mais par un homme marié, responsable de la ferme ............................................................... 249

Passer d’une institution religieuse à une ferme ............................................... 250Les difficultés d’insertion familiale et sociale d’un jeune garçon

de ferme sont liées au manque d’instruction...................................... 251Les jeunes garçons sont pris comme élèves pour travailler à la ferme ....... 258Les garçons isolés dans les fermes ne sont pas traités comme

des membres de la famille.................................................................. 264Conclusion .................................................................................................... 270Leur circuit résidentiel ................................................................................... 270Leurs relations sociales ................................................................................... 280

En institution .................................................................................... 280Leur destin collectif d’enfants illégitimes institutionnalisés ................ 283Dans des fermes................................................................................. 285Leur destin collectif d’enfants illégitimes placés dans des fermes ........ 286

xvii

Table des matières

Extrait de la publication

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CHAPITRE 4 Naître illégitime, n’être qu’illégitime ............................................................ 289Nos origines françaises et catholiques............................................................. 289Notre analyse anthropologique ...................................................................... 294Notre division des chapitres ........................................................................... 295Les lois que nous dégageons sur l’insertion familiale et sociale........................ 301

Concernant l’insertion familiale en milieu familial ................................. 302Concernant le lien entre l’insertion familiale et l’insertion sociale ........... 303Concernant l’insertion sociale en milieu institutionnel ........................... 303

ÉPILOGUE .................................................................................................. 305Bibliographie .................................................................................................. 307Annexes

Annexe 1. Consentement à l’entrevue..................................................... 317Annexe 2. Préférence pour l’utilisation du nom personnel ...................... 319Annexe 3. Schéma d’entrevue ................................................................. 321

Liste des figuresModélisation des noms........................................................................... 131Histogramme du nombre de prénoms .................................................... 137L’homme transparent.............................................................................. 149Schéma linéaire du circuit résidentiel...................................................... 155Schéma des forces concentriques du circuit résidentiel............................ 279

xviiiExtrait de la publication

Page 19: Naître rien Rose Dufour Naître rien

Introduction

I l arrive que, par amour, une mère soit obligée d’abandonner son enfant. Ellen’est pas méchante, bien que ce soit ainsi qu’elle est le plus souvent jugée, mais

elle n’a rien à donner. Si elle garde son enfant, celui-ci n’a aucune chance. Alors,par amour, elle l’abandonne. À quel destin son enfant est-il voué?

Moïse est probablement le plus célèbre enfant abandonné de l’histoire reli-gieuse occidentale (Boswell, 1993). Le nouveau pharaon arrivé au pouvoir enÉgypte s’inquiétait de la multiplication et de la prolifération des fils d’Israël. Pourassurer son pouvoir et protéger son règne, il voulut contrôler leur croissance endonnant l’ordre de tuer tous les enfants hébreux mâles et de n’épargner que lesfilles. «Un homme de la tribu de Lévi avait épousé une femme de la même tribuqui conçut et donna naissance à un fils. Voyant qu’il était beau, elle le cachadurant trois mois. Lorsqu’il lui fut impossible de le tenir caché plus longtemps,elle prit une corbeille de jonc qu’elle enduisit de bitume et de résine» (Prions enl’Église, juillet 2001, p. 102) et pour le soustraire à une mort certaine, elle y plaçason bébé et déposa la corbeille au bord du Nil, au milieu des roseaux. La corbeillene tarda pas à être découverte par la fille du pharaon qui éleva l’enfant dans laplus grande tendresse. Moïse devint une figure centrale de l’histoire juive (Bible deJérusalem, Exode 2 1-10, p. 76). Boswell, à qui cet exemple est emprunté, citeplusieurs autres grandes figures de l’histoire de l’humanité qui trouvent dansl’abandon l’origine de leur destin exceptionnel.

Dans les mythes fondateurs de tradition non chrétienne, par exemple celuide l’origine du pays de Galles, le fils abandonné par la sorcière Ariancod estrecueilli par son frère Guwydion et devient le seigneur du mur Castell1. Un autreexemple, puisé celui-là dans la légende, est celui de Rémus et Romulus, les fonda-teurs de Rome, des enfants trouvés qui ont été nourris par une louve. Ils incar-nent, aux yeux des Romains et de plusieurs autres, la possibilité de perspectivesexceptionnelles pour les enfants abandonnés.

1. Cet exemple est intéressant parce qu’il montre qu’on peut être abandonné par samère et recueilli par le frère de la mère, qu’on peut s’en sortir sans sa mère et devenirquelqu’un d’important, pour autant qu’on soit protégé par une figure paternellepuissante. L’exemple montre aussi que la tradition non chrétienne n’épuise pas lesujet de l’abandon et de l’ascension sociale.

Extrait de la publication

Page 20: Naître rien Rose Dufour Naître rien

S’il pose la question du destin des enfants, le thème de l’abandon soulèveégalement le problème du dilemme des parents qui se sentent obligés de se défairede leurs enfants. Le roi Salomon (Bible de Jérusalem, Livres des Rois, 16-28), quipropose de couper en deux, d’un coup de sabre, un bébé que se disputent deuxfemmes, symbolise ce dilemme. En fait, Salomon use d’un stratagème visant àfaire apparaître la vraie mère. En effet, des deux femmes seule la vraie mèrepourra consentir à abandonner son enfant pour qu’il ait la vie sauve.

Un autre exemple, qui tranche sur tous les autres cas parce que c’est l’épousequi oblige le père à se défaire de son enfant, est celui d’Ismaël, le fils d’Abraham etd’Agar, esclave égyptienne de Sarah (Livre de la Genèse 21 8-21 ; Prions en l’Église,juillet 2001, p. 45-46). Jalouse, celle-ci demande à son mari de chasser la mère etl’enfant. Abraham acquiesce au désir de Sarah. Dans le désert de Bershéba, man-quant d’eau, Agar ne supporte pas de voir mourir son enfant. Elle le dépose sousun buisson, s’éloigne et se met à gémir et à pleurer. Il est écrit que Dieu entenditles cris de l’enfant et demanda à Agar de reprendre son enfant. Après qu’il lui eutouvert les yeux, Agar aperçut un puits. Ismaël fut élevé dans le désert de Parane etd’enfant abandonné qu’il était, il devint le fondateur d’une dynastie, alors que lestraditions juive, islamique et chrétienne l’associent aux origines de l’islam. Sondestin se trouva ainsi réalisé selon la promesse de Dieu qu’il avait faite de l’élever àsa grandeur. L’histoire d’Abraham est frappante à plus d’un égard car après avoirdû abandonner son fils Ismaël, voilà qu’il doit se soumettre à la volonté de Dieul’enjoignant de sacrifier son autre fils, Isaac. Un bélier prendra finalement la placede son fils, mais cela n’efface en rien le geste d’Abraham (Boswell, 1993; Livre dela Genèse, 22 ; Prions en l’Église, juillet 2001, p. 45-46). Dans ces derniersexemples, ce sont des impératifs religieux qui ont justifié l’abandon ou le sacrificede l’enfant.

Le thème de l’abandon est aussi bien présent dans les grands contes de laTradition qui, à leur façon, racontent l’obligation dans laquelle se retrouvent desparents d’éloigner leurs enfants à qui ils n’ont plus rien à offrir, situation que meten scène le conte du Petit Poucet. Hansel et Gretel est une variation sur le mêmethème, où la mère est morte et le père voyage. On trouve également plusieurséquivalents de ces contes dans la tradition orale québécoise. Ainsi dans Ti-Jean lamisère, le protagoniste, par la ruse, arrive à vaincre les périls de la vie. Le voleur degéants est un autre conte qui met en scène Ti-Jean, alors que celui-ci doit faireface à l’ogre pour survivre et poursuivre son chemin (Gosselin, 1990). Lesexemples ne manquent pas. Le destin singulier des enfants abandonnés et l’infor-tune des parents sont des motifs récurrents de la littérature sur l’abandon.

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Naître rien. Des orphelins de Duplessis, de la crèche à l’asile

Extrait de la publication

Page 21: Naître rien Rose Dufour Naître rien

Rose DufourAvec la collaboration deBrigitte Garneau

Préface de

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Naître rienDES ORPHELINS DE DUPLESSIS, DE LA CRÈCHE À L’ASILE

I l arrive que par amour une mère soit obligée d’abandonner son enfant.Elle n’est pas mauvaise pour autant, bien que ce soit ainsi qu’elle est le

plus souvent jugée, mais elle n’a rien à lui donner. Si elle garde sonenfant, il n’a aucune chance ; par amour, elle l’abandonne. À quel destincet enfant sera-t-il voué? Voilà le début de l’histoire des enfants deDuplessis, enfants laissés à l’État et élevés par l’Église. On a beaucoupentendu parler d’eux, mais que sait-on vraiment des enfants de Duplessis?Parce que très peu de recherches scientifiques leur ont été consacrées, celivre comble le vide ainsi créé.

Qu’est-ce qu’un orphelin? Qui sont les orphelins de Duplessis?Comment ont-ils été élevés? Quelqu’un leur a-t-il servi de parent?Pourquoi est-ce arrivé au Québec et non en Ontario? Qu’est-ce que cegroupe d’enfants avait de particulier?

Désireuse de documenter les mécanismes de l’insertion et de l’exclu-sion sociale, Rose Dufour a recueilli l’émouvant témoignage de quinze deces enfants de Duplessis, des hommes dépourvus de tout lien de parentéou presque. Elle retrace leur cheminement, d’institution en institution, etanalyse, avec la collaboration de BRIGITTE GARNEAU, spécialiste de l’anthro-pologie de la parenté, leur identité et leur exclusion sociale.

Les thèmes abordés dans ce livre, à travers le phénomène social desorphelins de Duplessis, permettent d’approfondir de nombreux aspectsinconnus de la culture québécoise, en particulier le poids des noms et pré-noms dans l’identité personnelle, l’influence des changements résidentielssur l’insertion sociale et l’importance de l’alliance entre un homme et unefemme dans l’éducation d’un garçon.

ROSE DUFOUR est anthropologue spécialisée en santé publique. Tous ses travaux de recherche portent sur le lien entre la culture, la santé et lamaladie et sur l’articulation entre l’individuel et le collectif. Après vingt ansde recherche chez les Inuits, elle s’intéresse depuis une dizaine d’années, à la culture québécoise francophone. Elle est chercheure associée auCollectif de recherche sur l’itinérance, la pauvreté et l’exclusion sociale.

Naître rienNaître rienDES ORPHELINS DE DUPLESSIS,

DE LA CRÈCHE À L’ASILE

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