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ALBIANA Jean Chiorboli PROVA Langue corse et noms de lieux La grammaire des toponymes

noms de lieux

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livre, corse

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ALBIANA

Jean Chiorboli

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cor

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es n

oms

de li

eux

Jean

Chi

orbo

liAL

BIAN

A

C’EST UN JEU SIMPLE et chacun s’y prête volontiers :retrouver le sens des noms de lieux sur les cartes deCorse. Ses difficultés : multiples, dues aux erreurs, auxgraphies, aux interprétations, aux approximations descartographes. Difficulté supplémentaire : aucun diction-

naire étymologique de langue corse à disposition…Misant sur la méthode – description minutieuse des types d’erreurs

possibles, usage raisonné et efficace du comparatisme, de la linguistique,de la sociolinguistique – et sur l’accumulation et la confluence des don-nées historiques et culturelles de la langue corse et de ses emprunts, l’au-teur propose cette sorte de guide pour l’interprétation correcte desnoms de lieux. Il tente donc d’aider le lecteur à y voir clair et appelle, parle présent ouvrage – première ébauche d’une grammaire corse des nomsde lieux –, à l’élaboration finale d’un dictionnaire de toponymie corse.

JEAN CHIORBOLI est chercheur et linguiste, professeur à l’université de Corse.

PROVA

Langue corse et noms de lieux

La grammaire des toponymes

15 €

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1.Un guide linguistiquede la toponymie corse

Comme l’anthroponymie (étude des noms de personnes), la toponymie(étude des noms de lieux) fait partie de l’onomastique qui traite des noms pro-pres d’une langue. Ces disciplines adoptent le plus souvent une perspectivehistorique.

Le présent ouvrage se veut avant tout un guide pour l’interprétation correctedes noms de lieux qui figurent sous une forme souvent problématique dans lesdivers documents officiels.

La perspective adoptée, essentiellement linguistique, consiste à mettre enrelief les principales caractéristiques de la langue corse et de son évolution histo-rique telles qu’on peut les déduire des toponymes. C’est donc en quelque sorteune ébauche de grammaire corse des noms de lieux que nous entendonsprésenter ici, étape nécessaire vers l’élaboration d’un dictionnaire de topony-mie corse qui, à notre sens, fait partie des équipements linguistiques indispen-sables.

LE CORPUS, LES SOURCES

L’Institut géographique national (IGN)

Notre corpus de base est constitué par le répertoire des noms portés sur lescartes de l’Institut géographique national (IGN) à l’échelle de 1/25 000. La basede données comprend au total 1 700 000 toponymes géoréférencés pour l’en-semble du territoire français (cf www.ign.fr).

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Corpus de base : plus de 20 000 toponymes (IGN) en Corse

Pour la région Corse, nous en avons extrait plus de 20 000 toponymes dedivers types (pour chaque exemple, nous citons dans l’ordre le toponyme, lacommune, le département et le « code nature » attribué par l’I.G.N1), par exem-ple :

Sapara (Castiglione) 2B, cavPunta Di Petra Bianca (Conca) 2A, mont

Lorsque le nom de la commune (entre parenthèses) n’est pas mentionné, ilest remplacé par un point-virgule. Par exemple Monte est un nom de commune(il est alors suivi par un point-virgule) et également un nom d’écart (communede Linguizzetta). Le code IGN ne comporte pas de nom de commune pour lestoponymes du domaine maritime (baie, golfe, anse, crique, calanque) :

Monte ; 2B, commMonte (Linguizzetta) 2B, ecarBaie de Giunchetu ; 2B, baie

Toponymes simples et composés : près de 12 000 mots

Un toponyme peut être simple ou composé. Le premier exemple cité ci-dessus comprend un seul mot (Sapara), le deuxième comprend quatre mots(constituants) : Punta, Di, Petra, Bianca).

L’analyse quantitative des quelque 20 000 toponymes (simples ou compo-sés) de notre corpus permet de les réduire à environ 12 000 constituants dont lafréquence dans le corpus est variable.

Parmi les constituants (la plupart du temps présents dans le lexique corsecourant), environ 2 000 ont une fréquence au moins égale à 3. Par exemple, leterme Punta (« sommet ») apparaît plus de 1 000 fois, alors qu’on ne trouvequ’une vingtaine de Sapara (et quelques dérivés) que nous listons dans letableau ci-dessous (sous la forme graphique donnée par l’IGN).

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Constituant Toponyme Commune Département Code IGNRuisseau de Sapara AlbertuSapara Di U PorcuSapara Di VaccaSapara MurataValdo a la SaparaSapara MariaMonte Sapara Porcaja

Sapara ChisaSainte-Lucie-de-Tallano

FigariMonacia-d’Aullène

CastiglioneCoti-ChiavariCoti-Chiavari

2B2A2A2A2B2A2A

rivld

cavldldld

mont

1. http://www.ign.fr/telechargement/MPro/produit/BDNYME/code_nature.pdf

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Le code nature IGN

L’indication de la nature du toponyme, par exemple « Aven, gouffre, grotte,habitation troglodytique, cave », codé cav peut donner des informations précieu-ses : (sapara signifie « grotte » en corse ; => voir plus loin). Les « codesnature » sont classés par l’IGN en cinq grandes catégories (lieux-dits habités ;lieux-dits non-habités ; hydrographie ; orographie ; communication ; divers).

Le tableau ci-dessous indique les correspondances entre « codes nature » et« codes écriture » (pour plus de détails, voir le site de l’IGN)

aero COMMUNICATION Aéroport, héliport, terrain d’aviationamer HYDROGRAPHIE Amer, bouée, balise, tourelle, pharearch DIVERS Vestige archéologiquebaie HYDROGRAPHIE Baie, golfe, anse, crique, calanquebarr COMMUNICATION Barrage, vanne, éclusebois LIEUX-DITS NON-HABITÉS Bois, forêtcanl HYDROGRAPHIE Canal, ancien canal, aqueduc, fossé, rigole

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Sapara AltagnaCrête de Sapara MartinuSapara RugnosaSapara VentosaPunta Di Sapara MartinaPunta Di Sapara Di PiazzaSapara MaioRuisseau de Sapara PorcajaRocher de Sapara d'AntolliSapara TelajjiaSapara Fissaa SaparacciaSaparella Sopranaa SaparellaSources de SaparellaSaparella SottanaTraggietu di SaparelliBergeries de SaparelluCrête de SaparghionuU SaparghionuSapera BonaSapera Longa

SaparacciaSaparella

SaparelliSaparelluSaparghionu

Sapera

ChisaSari-Solenzara

SartèneSartène

OlmicciaPetreto-Bicchisano

San-Gavino-Di-CarbiniCoti-Chiavari

OlmetoCargiacaQuenzaZonza

Coti-ChiavariQuasquara

D’Azilone-AmpazaCoti-Chiavari

BastelicaQuenzaOliveseChisa

SartèneMonacia-d’Aullène

2B2A2A2A2A2A2A2A2A2A2A2A2A2A2A2A2A2A2A2B2A2A

ldcretrnesecarmontmontecarriv

rocsld

ecarecarrnesld

eauecarpontelevcretcavecarld

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cap OROGRAPHIE Cap, pointe, promontoirecasc HYDROGRAPHIE Cascade, chute d’eaucav OROGRAPHIE Aven, gouffre, grotte, habitation

troglodytique, cavechat LIEUX-DITS HABITÉS Château, tourchem COMMUNICATION Chemin, sentier, laie forestière, alléecirq OROGRAPHIE Cirquecol OROGRAPHIE Col, passage, clusecomm LIEUX-DITS HABITÉS Chef-lieu de communecret OROGRAPHIE Crête, arête, ligne de faîtecrfr COMMUNICATION Carrefour, nœud routier, rond-point,

étoile, échangeurcrx DIVERS Croix, calvaire, viergecstr LIEUX-DITS HABITÉS Constructions diverses, mairie, halle,

marchéct LIEUX-DITS HABITÉS Chef-lieu de cantonctau OROGRAPHIE Coteau, versantcult LIEUX-DITS NON-HABITÉS Plantation, pépinière, verger, vigne, culturecuv OROGRAPHIE Cuvette, bassin fermé, doline, dépressiondfil OROGRAPHIE Défilé, gorge, canyondig DIVERS Digue, môle, jetéeeau HYDROGRAPHIE Tout point d’eau naturel ou artificiel :

source, citerneecar LIEUX-DITS HABITÉS Hameau, groupe d’habitations,

habitation isolée, maison forestièreelev DIVERS Élevage, porcherie, écurie, bergerieemb HYDROGRAPHIE Embouchure, estuaire, deltaener DIVERS Oléoduc, gazoduc, pipeline, centrale et

poste électriqueetan HYDROGRAPHIE Étang, lac, bassin, mareexpo LIEUX-DITS HABITÉS Parc des expositions, centre culturel,

muséefal OROGRAPHIE Falaisegare COMMUNICATION Gare, arrêt, station de voyageursgrge DIVERS Abri, grange, hangar, cabane, baraqueile OROGRAPHIE Île, îlot, presqu’îleindu DIVERS Zone industrielle, usine, entrepôt, silold LIEUX-DITS NON-HABITÉS Lieu-dit non habitélsir DIVERS Terrain de camping, colonie

de vacances centre et parc de loisirs

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mar HYDROGRAPHIE Marais, marécage, salinemega DIVERS Dolmen, menhir, tumulusmer HYDROGRAPHIE Mer, océan, espaces divers en mermgne OROGRAPHIE Chaîne de montagne, montagne, massif

rocheuxmili DIVERS Ouvrage et installation militairemin LIEUX-DITS HABITÉS Moulin et ancien moulinmine DIVERS Exploitation minière, entrée de mine,

crassier, terrilmont OROGRAPHIE Mont, colline, mamelon, sommetmonu DIVERS Monument, stèle, statuenoco LIEUX-DITS HABITÉS Nom de commune, nom administratifparc LIEUX-DITS NON-HABITÉS Parc naturel, réserve, jardin zoologique,

parc municipauxpf LIEUX-DITS HABITÉS Préfecturepfr LIEUX-DITS HABITÉS Préfecturepic OROGRAPHIE Pic, aiguille, pitonpla OROGRAPHIE Plaine, plateauplge OROGRAPHIE Plage, grèvepont COMMUNICATION Pont, viaduc, gué, passerelleport COMMUNICATION Port, installations portuairesquar LIEUX-DITS HABITÉS Quartier, faubourg, cité, lotissementrecf OROGRAPHIE Récif, brisant, rocherrefg LIEUX-DITS HABITÉS Refuge ou abri de montagnereli LIEUX-DITS HABITÉS Mosquée, synagogue, temple, abbaye,

église, chapelle, oratoireriv HYDROGRAPHIE Rivière, fleuve, ruisseau, torrentrnes DIVERS Ruinesrocs OROGRAPHIE Pierrier, éboulis, chaos, rocher,

escarpement rocheuxrout COMMUNICATION Route, autoroute, aire de repos…sant LIEUX-DITS HABITÉS Établissement de santésp LIEUX-DITS HABITÉS Sous-préfecturespor DIVERS Tout lieu où se pratique un sport :

stade, hippodrome, golf…tomb DIVERS Tombe, tombeau, cimetière, ossuairetunn COMMUNICATION Tunnelval OROGRAPHIE Val, vallée, vallon, ravin, talweg, combezmil DIVERS Zone militaire

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Le Plan terrier (XVIIIe siècle)

« Quelle que soit leur origine, les toponymes ont été transcrits sous uneforme toscane au XVIIIe siècle par les géomètres français du Plan terrier 2. Aussiles noms qu’on lit sur les cartes ou au croisement des routes ne correspondent-ils pas toujours à prononciation locale3 ».

En effet, l’État français en Corse a eu comme principe de conserver lagraphie toscanisée des toponymes et anthroponymes. Plusieurs mesures plus oumoins récentes sont intervenues au plan national ou régional. L’assemblée deCorse a voté le 8-7-1983 une délibération qui prévoit notamment que « l’usagede la langue corse sera généralisé dans la toponymie ». Les effets concrets sontencore aujourd’hui limités.

L’INSEE : « Lochi spapersi » (1987)

La forme actuelle des toponymes IGN représente – théoriquement – l’inté-gration de plusieurs sources, par exemple les publications de l’Institut nationalde la statistique et des études économiques (INSEE) pour le nom des communes(dernière édition du « Dénombrement des communes ») ou encore pour lesécarts (hameaux ou lieux-dits : Nomi di i lochi spapersi4.)

Cette dernière publication fait correspondre à la forme « officielle » destoponymes (1) les mêmes noms transcrits « en langue corse ».(2). Par exemple :

L’opération n’est pas toujours aisée ; de nombreux toponymes sont trans-crits de manière approximative, de l’aveu même des transcripteurs, qui signalentles doutes et les lacunes de l’enquête par l’astérisque et la mention « communeou hameau dont le nom en corse n’est pas arrêté » (par exemple CAMPO-D’UNICO = *CAMPU D’UNICU, pour ce toponyme voir plus loin =>).

Le nom des communes corses

En 1976 (Kyrn n° 70) puis en 1984 (Coti-Graziani 1984) avait été dresséeune liste des 360 communes insulaires en orthographe corse. Rien ne s’opposeaujourd’hui – en droit – à l’emploi officiel des toponymes sous leur forme corsi-sée. Dans la publication citée de l’INSEE, F. Ettori notait que la transcription enlangue corse est simplement « un problème d’exactitude et de graphie. La

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2. Sur le Plan terrier voir notamment Serpentini 2006 (= Serpentini A. L. [Dir.] 2006 :Dictionnaire historique de la Corse, Ajaccio, Albiana).

3. Ettori 1979 : 179.4. INSEE 1987.

(1) (2)CANALE-DI-VERDE CANALE DI VERDE

AJE-VECHJE AGHJE VECHJECASA-AL-CAVALLO CASA A’ U CAVALLU

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graphie. Est utilisée celle qui se trouve le plus communément admise aujour-d’hui ». En effet, « la grande majorité de ceux qui font profession d’écrire enlangue corse utilisent, à quelques nuances près, la même graphie dite tradition-nelle5 ».

Toutefois, l’usage public ou privé est encore fluctuant, et l’emploi desformes locales est loin d’être généralisé.

Les études sur la toponymie

La recherche toponymique n’a acquis son caractère scientifique que dans laseconde moitié du XIXe siècle en France. De ce point de vue, la situation n’est pasmeilleure dans les pays comme l’Italie, plus proche de la Corse au plan linguis-tique, mais où les diverses régions et langues locales n’ont pas toutes bénéficiédu même intérêt de la part des chercheurs. Si la Toscane est privilégiée6, lesétudes systématiques manquent pour les autres aires comme la Sardaigne et engénéral pour les aires qui ne sont pas de type « panitalien » et relèvent de situa-tions linguistiques particulières. Les mêmes exclusions s’appliquent au domaineanthroponymique, y compris dans des ouvrages de référence (De Felice7 qui faitle choix de ne relever que de manière épisodique des types appartenant aux aires« alloglottes » du territoire italien.)

Les contributions les plus utiles pour la toponymie corse émanent soit d’au-teurs italiens8, soit d’auteurs français qui se sont largement inspirés de cesderniers. Malgré ses lacunes et son caractère sommaire, la seule synthèse topo-nymique fonctionnelle du domaine corse reste le Petit Dictionnaire des noms delieux corses de Rodié, publié dans les années 19309 et fondé notamment sur lestravaux de Dauzat sur la toponymie française et ceux de Bottiglioni10 sur lesubstrat prélatin dans la toponymie corse.

ORAL ET ÉCRIT

Notre corpus de base étant un corpus écrit hétérogène par définition (plus de20 000 toponymes corses extraits de la cartographie de l’IGN, à comparer auxvariantes attestées dans divers documents plus ou moins anciens, et bien entenduà la prononciation locale), il s’agira notamment d’établir (quand c’est possible)des règles de correspondance entre la graphie IGN (en majorité toscane ou

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5. Ettori in INSEE 1987 : 3-4.6. Pellegrini 1990 : 25.7. De Felice 1978 : 14.8. Pour l’ensemble italien, Pellegrini 1990 et Gasca 1990 ; pour la Sardaigne, Paulis 1987.9. Rodié 1936.10. Bottiglioni 1929.

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toscanisée avec plus ou moins de cohérence) et le système graphique du corsemoderne.

Notre approche sera donc ici contrastive et accordera une attention particu-lière aux anomalies engendrées par les différences entre les systèmes phonolo-giques et graphiques entre toscan et corse. Nous emploierons une transcriptionsimplifiée pour ne pas dérouter le lecteur non spécialiste.

Conventions

Les toponymes « officiels » (IGN) sont cités de la manière suivante :Ghiuncheto (Rapale) 2B, ecar

Le cas échéant, la graphie corse « restituée » est indiquée à côté de la formeIGN : Ghiuncheto (Ghjunchetu).

Les mots corses (et romans en général) sont cités en italique, le sens desmots est « entre guillemets ».

Les mots (étymons) latins sont en lettres capitales, sans indication de lalongueur des voyelles par les symboles suscrits ( et ) utilisés d’ordinaire.Nous utilisons cependant la mention « voyelle longue » ou « voyelle brève » dulatin pour les cas particuliers où il y a une répercussion sur le résultat corse ouroman (place de l’accent tonique, évolution différenciée ; par exemple pour lesvariantes bucca/bocca).

Le symbole « > » signifie « a donné », « a évolué en » ; le symbole « < »signifie « provient de » :

Latin PETRA « pierre » > corse petra, italien pietra, français pierreLa plupart des mots corses venant du cas accusatif latin (vulgaire), c’est

cette forme que nous donnons comme étymon. Pour trouver par exemple le motlatin pour « paix » dans un dictionnaire du latin classique, on devra chercher àl’entrée PAX ; il est évident cependant que les résultats corses ou italiens(notamment) viennent de la forme accusative PACEM qui, en raison de la chutedes consonnes finales devient PACE :

Latin PACE « paix » > corse pace, paciCette présentation couramment adoptée dans les manuels de linguistique

romane est basée sur l’existence probable d’un stade intermédiaire entre le latinclassique et les variétés romanes. Le système complexe des 6 cas s’est simplifiéet réduit en latin parlé à 2 : nominatif (par exemple PAX) pour le cas sujet et« oblique » pour tous les autres cas (qui aboutissent à PACE).

Sons et lettres, phonèmes et graphèmes

Phonèmes (entre barres obliques) /f/ dans filu « fil ».Sons (entre crochets droits) [v] dans prufilu « profil ».Graphèmes (entre crochets pointus) <z> dans pinzu « pointe ».Les symboles cités seront utilisés notamment pour indiquer les correspon-

dances entre sons, phonèmes et graphèmes. Par exemple le phonème /f/, toujours

¯˘

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transcrit par le même graphème <f>, est prononcé [f] dans un filu « un fil » mais[v] dans dui fili « deux fils ».

La transcription phonétique (simplifiée) ne sera employée qu’en cas denécessité, notamment pour lever les ambiguïtés éventuelles. Par exemple, ausujet de la graphie française fils citée plus haut, on pourra préciser qu’il faut lire[fil] et non pas [fis]. Comme on le voit, la correspondance entre oral et écrit estplus ou moins complexe selon les langues, et tous les systèmes orthographiquescomportent des « zones floues » (la palme revenant à cet égard au français).

Les symboles phonétiques que nous employons sont d’ordinaire ceux del’Association phonétique internationale11. L’emploi éventuel de symboles parti-culiers sera élucidé au fil de l’exposé.

FONCTION ET STRUCTURE DES NOMS DE LIEUX : GÉNÉRALITÉS

« La consultation d’un cadastre, d’une carte, d’un guide touristique ou d’unpanneau indicateur place l’utilisateur en présence de nombreux noms de lieuxdont la signification lui échappe, et dont peut-être même ne soupçonne-t-il pasqu’ils puissent en avoir une. Or, si un toponyme doit permettre d’identifier trèsprécisément un détail géographique localisé, il n’a pas été attribué par l’hommede façon arbitraire, mais dans un souci de description du paysage et d’évocationdes activités que les habitants y exerçaient12 ».

Donner un nom aux lieux : l’onomaturgie

« La nomination est un acte métaphysique d’une valeur absolue ; elle estl’union solide et définitive de l’homme et de la chose, parce que la raison d’êtrede la chose est de requérir un nom et que la fonction de l’homme est de parlerpour lui en donner un » (J.-P. Sartre, Situation I)13.

Il convient d’introduire une nuance quant au caractère « définitif » de lanomination, car les lieux aussi peuvent changer de nom.

Si la situation corse a ses spécificités, il convient de rappeler qu’on a, à tousles niveaux linguistiques, des fonctionnements observables dans toutes leslangues naturelles. Parmi les « universaux du langage », on doit compter lesmécanismes nombreux et divers qui président à ce que l’on appelle « l’onoma-turgie ». L’onomastique étant, selon l’étymologie, l’art de donner un nom (auxlieux : toponymie, aux personnes : anthroponymie…), elle est un thème centralde la linguistique générale. Chaque langue constitue une vision et une représen-tation de la réalité, un découpage du monde, une catégorisation, un étiquetage

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11. http://pages.infinit.net/cltr/api.html12. www.ign.fr/telechargement/education/fiches/toponymie/dialecte.pdf13. Citation de M. de Brébisson :

http://www.centcols.org/toponymie/comment_appeler_un_col_en_france.htm

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des « choses ». On ne s’étonnera donc pas de la complexité des implications(symboliques, philosophiques, idéologiques, mystiques). « La Bible elle-mêmemet régulièrement en scène le langage lui-même pour en montrer le pouvoircréateur. C’est en parlant que Dieu crée le monde. C’est par le Verbe (donc laparole) que s’inaugure l’Évangile selon saint Jean, c’est par la parole que Jésusfait des miracles, c’est parce que le langage humain devient trop efficace queDieu punit les hommes trop unis autour de la tour de Babel. Ainsi montre-t-onen permanence dans la Bible que le langage n’est pas qu’un outil pratique pourse comprendre mais bien le principe sur lequel ce monde existe14 ». Ce « dépas-sement de la fonction de communication » est sans doute un universel dulangage. La citation du philosophe Cioran (« On n’habite pas un pays, on habiteune langue ») est souvent utilisée avec les motivations les plus diverses. Ladistinction du linguiste E. Coseriu entre nommer et dire est à la fois subtile etéclairante : « Les deux fonctions fondamentales du langage sont l’onomazein etle legein (Platon) : nommer et dire, ce qui correspond à peu près à la distinctionentre lexique et grammaire. Mais, tandis que dans le nommer (primaire) toutest langage (puisqu’il s’agit de l’organisation du monde en catégories et espè-ces), dans le dire (où il s’agit d’établir des relations dans ce monde et avec cemonde), ce n’est que la forme générique – la modalité sémantique – de ces rela-tions qui est, proprement langage car, quant à sa substance, le dire est aussiscience, activité pratique, sentiment, art (poésie), etc.15 »

Noms « propres » et noms « communs »

Dans la littérature, la poésie, la chanson corses, la valence poétique(magique) des noms de lieux est manifeste. On peut citer de nombreux textesconstitués presque exclusivement de noms de lieux, employés exclusivementpour leur pouvoir évocateur. En ce qui concerne les catégories grammaticales,on dit du nom propre qu’il n’a aucune signification, contrairement au nomcommun. La distinction n’est cependant pas toujours facile, et les frontières trèsfloues comme dans le domaine des figures de style : « L’antonomase est la figurepermettant de passer du nom propre au nom commun et réciproquement. Eneffet, les deux groupes distincts, comprenant les noms communs d’une part, etles noms propres d’autre part, ne sont pas tout à fait étanches : des figures destyle comme la métonymie, la synecdoque ou la métaphore peuvent faire passerun nom d’un groupe à l’autre16 ». S’agissant des études toponymiques, on peutmême dire que le cloisonnement est presque impossible :

« Un nom propre est, sans exception, formé d’éléments lexicaux, principa-lement des noms communs et des adjectifs, qui appartiennent à la langue dans

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14. http://www.harrystaut.net/archive/2006/06/entry_118.html15. http://www.revue-texto.net/Inedits/Coseriu_Theses.html#3.16. fr.wikipedia.org/wiki/Nom_propre

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laquelle il a pris naissance. Il est toujours, au départ, descriptif ou qualificatif enquelque façon ; ce n’est qu’à la longue qu’il se fixe comme “nom propre”17 ».

La motivation : l’aigle et le lion

Les toponymes étant tous motivés, du moins à l’origine, ils sont doncsouvent également présents dans le lexique corse courant. On dit que le topo-nyme est motivé ou transparent. On peut citer par exemple les nombreux nomsde lieux (et de personne) du type alivu, aliva « olivier » :

Aliva (Bilzese) 2A, ld

L’étymon latin (en majuscules dans l’exemple ci-dessous) donne commerésultat en corse un nom commun, qui constitue à son tour la motivation d’unnom de lieu et/ou de personne :

OLIVA > oliva/aliva, « olive » ; « olivier » > Oliva/Aliva (toponyme) >Oliva (anthroponyme).

Les cartes de l’IGN permettent d’attester la même base sous forme deconstituants divers et variés quant à leur graphie :

Aliva ; Alive ; Alivella ; Alivellu ; Alivetu ; Alivi ; Oliva ; Olivacce ;Olivaio ; Olive ; Olivella ; Olivese ; Oliveto ; Olivetto ; Olivetu ; Olivo ; Olivu.

Le rapport entre le toponyme et le référent peut être direct, par exemple avecun arbre, qui peut d’ailleurs disparaître : à Cardo (Cardu près de Bastia) oncontinue à parler du Liccione (« le grand chêne » servait régulièrement deperchoir à l’arrivée des pigeons migrateurs) même si celui-ci a été entièrementdétruit par la foudre, il y a quelques dizaines d’années (nous avons personnelle-ment assisté à son embrasement). Le rapport peut être indirect comme dans lecas du fameux Lion di Roccapina :

Lion de Roccapina (Sartène) 2A, rocs

Falcucci nous indique que le lieu est ainsi appelé « per la figura di gigantescoleone che assume il profilo del monte presso il golfo di Bonifacio ». En corse, onparle du Lion di Roccapina où lionu (lioni, lione « lion ») est abrégé devantconsonne (voir plus loin => « apocope sudiste »). Si la référence au lion en Corsene peut être qu’indirecte, il n’en va pas de même des nombreux toponymes se réfé-rant à l’aigle. Le rapport avec le rapace peut être direct (le plus souvent) ou indi-rect. Les deux possibilités existent pour Aculaghja, traduction corse de « nidd’aigle », appellation suggestive de la citadelle de Corte (Corti) : « un nid d’aigle,encore appelé nid de vautour, est un bâtiment construit en montagne, en un lieuescarpé » (Wikipedia). Nous ne citerons ici que deux toponymes IGN :

Punta Di L’Acula (Figari) 2A, montPunta Di L’Aculaja (Azzana) 2A, cret

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17. J. Loicq in bcs.fltr.ucl.ac.be/fe/05/toponymie.html

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Le deuxième exemple est formé avec le suffixe -aghja (issu du latin-ARIA) : punta aculaghja « pointe des aigles », « sommet où les aigles abon-dent ».

Termes génériques et spécifiques

On distingue les termes génériques (qui désignent par exemple des particu-larités topographiques que l’on retrouve dans beaucoup de toponymes : monte« mont », bocca « col ») et les termes spécifiques qui caractérisent le toponymeconsidéré (morta « myrte », stazzona « forge ») :

Monte di Morta (Santo-Pietro-di-Tenda) 2B, montBocca Di a Stazzona (Bastelica) 2A, col

Le terme spécifique peut être un nom ou un déterminant (par exemple niellu« noir ») :

Monte Niellu (Brando) 2B, mont

Toponymes pléonastiques

« La toponymie la plus ancienne concerne les principales singularités topo-graphiques : les monts et les cours d’eau. Et la façon la plus évidente de lesnommer était de les appeler par leur nom générique : “mont”, “vallée”… Aucours du temps, les langues changent, elles évoluent ou sont remplacées pard’autres. Les noms de lieux, eux, ont tendance à se maintenir, perdant ainsi toutesignification. Ils deviennent des noms propres. […] On s’aperçoit qu’un grandnombre d’oronymes (noms de montagne) sont en fait des redoublements “montmont” : […] Montcuq : Mont Kukk18 ».

Des phénomènes analogues sont relevables dans la toponymie corse : legénérique (en français ou en corse) est suivi d’un autre terme de même sens oude sens voisin (cf. corse ghjargalu « ravin, torrent », foce/foci, fuata « col » ;alpa, elpa « hauteur rocheuse, escarpement » :

Ravin de Ghiargalone (Serriera) 2A, valCol de Foata (Polveroso) 2B, colCol de Foata (Scolca) 2B, colCol de Foce d’Eria (Rospigliani) 2B, colCol de Foce (Vezzani) 2B, colCima d’Alpa (Gavignano) 2B, mont

Les normes de l’IGN

La charte de l’IGN prévoit qu’en règle générale les termes génériques sontdonnés en langue locale :

L a n g u e c o r s e e t n o m s d e l i e u x22

18. Wikipedia « toponymie ».

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« À l’échelle du 1/25 000, la plupart des toponymes ont une valeur descrip-tive, exprimée par un terme générique accompagné d’un élément spécifique. Leterme générique est l’élément du toponyme qui identifie de façon générale lanature de l’entité géographique dénommée ; il peut être français, mais la plupartdes termes génériques appartiennent aux langues régionales. Exemples : Mont-Blanc et Monte Cinto, où le même terme générique “mont” est exprimé dansdeux langues différentes ».

Toponymes mixtes

Toutefois, il arrive fréquemment que ce principe soit contredit dans les faits,et cela n’est pas particulier à la Corse. « La tradition française était d’une grandelimpidité. C’était trop beau. Elle s’est progressivement dégradée, au point dedevenir déconcertante, quasi inexplicable ». J.-P. Lacroux19 pointe les responsa-bilités des « greffiers de l’usage [qui] sont d’une incohérence (interne et externe)assez troublante (pour l’usager) ».

Dans la toponymie corse de l’IGN, on a par exemple 394 occurrences demonte mais aussi 25 occurrences de mont, par exemple (acula « aigle », falcu« faucon ») :

Monte Aculone (Ucciani) 2A, montMont Falcone (Matra) 2B, mont

On relève également de nombreuses expressions hybrides avec un géné-rique en français (fontaine, ruisseau) et un terme spécifique corse, formé dansles toponymes ci-dessous à partir de novu « neuf », tafunatu « percé », fica« figuier », piralzu « aulne cordé » :

Fontaine Nova (Talasani) 2B, eauFontaine Tafunata (Sari-Solenzara) 2A, eauRuisseau des Peralzi (Asco) 2B, rivRuisseau Delle Fighe (Pietricaggio) 2B, riv

On notera dans les deux derniers exemples l’emploi de l’article contractédes (français) ou delle (italien) ; on aurait eu en corse di i piralzi ou di e fiche(nous revenons plus loin sur le genre féminin caractéristique du corse ; cf. italieni fichi).

On peut relever également parmi les toponymes hybrides des formules pléo-nastiques déjà évoquées plus haut. Dans les exemples suivants, on a un termegénérique en français suivi du même terme générique sous sa forme corse, éven-tuellement modifiée par un suffixe (par exemple guadellu signifie « ruisseau »,ghjargalu « ravin », valdu « forêt ») :

Ruisseau du Guadellu (Ventiseri) 2B, rivRavin de Ghiargalone (Serriera) 2A, val

U n g u i d e l i n g u i s t i q u e d e l a t o p o n o m y e c o r s e 23

19. J.-P. Lacroux in Wikipedia « toponymie ».

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Forêt de Valdu (Conca) 2A, ldFontaine Fontanone (Piedicroce) 2B, eau

L’hybridation peut aller jusqu’à des adaptations françaises plus ou moinsréussies de formes corses, comme c’est le cas pour Les Cannes (pour e canne/icanni « les roseaux ») ou Les Padules (pour e padule/i paduli « les marais ») quidésignent des quartiers d’Ajaccio.

« Traduction » française

Dans les documents de l’IGN, il est rare que les toponymes soient traduitsen français, hormis quelques exemples peu nombreux (on cite souvent lescommunes comme Saint-Florent, L’Île-Rousse). Par exemple pour l’adjectif« neuf » très employé en toponymie, on le trouve une seule fois en français, laplupart du temps en toscan (ou en italien : novo ou nuovo), quelquefois en corse(novu) ou bien sous une forme hybride (dans nuovu, on a une finale corse maisla diphtongue est impossible dans l’île) :

Moulins Neufs (Crocicchia) 2B, minChioso Novo (Piève) 2B, ldChioso Nuovo (Tavera) 2A, ctauChiosu Nuovu (Santa-Maria-Siché) 2A, ldChiosu Novu (Olmeta-Di-Tuda) 2B, ld

La néotoponymie

Les noms de lieux récents peuvent constituer une imitation des toponymesplus anciens :

Paese Novu (Calenzana) 2B, ecarPaese Novu (Bastia) 2B, quar

Cependant, les nouvelles créations font la part belle à la langue officielle.Parmi les exemples que nous citons ci-dessous, certains (ponts, fontaines) sontvraisemblablement des adaptations en français de toponymes corses plusanciens) :

les Trois Ponts (Cristinacce) 2A, pontles Trois Fontaines (Tavera) 2A, eaules Moines Écueils (Monacia-d’Aullène) 2A, recfles Roches Bleues (Piana) 2A, ecarles Prairies (Porto-Vecchio) 2A, ecarles Chênes (Borgo) 2B, ecarles Arbousiers (Oletta) 2B, ecarles Marines du Soleil (Patrimonio) 2B, ecarles Cigales (Ventiseri) 2B, ecarles Salines (Furiani) 2B, ldles Deux Moulins (Taglio-Isolaccio) 2B, ld

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les Genévriers (Porto-Vecchio) 2A, boisles Grands Mulets (Asco) 2B, cretles Quatre Chemins (Porto-Vecchio) 2A, crfrles Trois Fontaines (Bocognano) 2A, eaules Lièges (Porto-Vecchio) 2A, ecarles Moulins Blancs (Ajaccio) 2A, ecarles Hauts de la Résidence du Golfe (Grosseto-Prugna) 2A, ecarles Cannes (Ajaccio) 2A, quarles Salines (Ajaccio) 2A, quarles Collines (Sartène) 2A, quarles Trois Chapelles (Sartène) 2A, quar

Si les toponymes nouveaux conservent une certaine poésie, c’est au détri-ment de la couleur locale. Le phénomène est particulièrement fréquent dans ladénomination des parcs de loisir :

les Mimosas (Ajaccio) 2A, lsirles Îles (Bonifacio) 2A, lsirles Eaux Vives (Carbuccia) 2A, lsirles Couchants (Casaglione) 2A, lsirles Marines (Grosseto-Prugna) 2A, lsirles Oliviers (Ota) 2A, lsirles Anophèles (Porto-Vecchio) 2A, lsirles Chênes (Porto-Vecchio) 2A, lsirles Îlots d’Or (Porto-Vecchio) 2A, lsirles Arbousiers (Serra-Di-Ferro) 2A, lsirles Amis de la Nature (San-Gavino-Di-Carbini) 2A, lsirTikiti-les-Campeoles (Viggianello) 2A, lsirles Sables Rouges (Bastia) 2B, lsirles Castors (Calvi) 2B, lsirles Tamaris (Calvi) 2B, lsirles Deux Torrents (Galéria) 2B, lsirles Oliviers (Monticello) 2B, lsirles Cascades (Pruno) 2B, lsirles Eucalyptus (Solaro) 2B, lsirles Orangers (Santa-Maria-Di-Lota) 2B, lsir

Diacritiques

Les interférences graphiques entre français et corse concernent notammentcertains signes diacritiques qui sont parfois employés de manière incohérente, encontradiction avec le système toscan autant qu’avec le corse qui exclut parexemple le tréma ou le trait d’union :

Santa-Maria ; 2B, comm

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Piève ; 2B, commPunta Kyrie-Eleïson (Ghisoni) 2B, mont

Dans les exemples cités, on note l’emploi non systématique de l’accent ou dutrait d’union à la française (Piève/Pieve ; Santa-Maria/Santa Maria), ou mêmedu tréma y compris dans des expressions notoires où son emploi serait incongrumême dans un texte français (Kyrie-Eleïson pour Kyrie Eleison).

Mots fonctionnels

La description doit aussi prendre en compte les articles (u) ou les préposi-tions (di), très présents dans la toponymie (voir plus loin notre paragraphe sur lamorphologie des noms de lieux =>) ; l’exemple ci-dessous fait référence à la« fontaine du houx » :

Funtana Di U Caracutu (Moltifao) 2B, riv

Catégorisation et découpage du monde

On sait que chaque langue découpe le réel à sa façon même si « toutes lessociétés connues classent les entités en 4 grandes catégories ontologiques : leshumains, les animaux, les plantes et les objets inanimés (Atran, 1984)20 ». Leclassement des toponymes pose les mêmes difficultés que celui des plantes : lescatégories « scientifiques » et les catégories « populaires » sont parfois incom-patibles comme il est indiqué dans l’ouvrage sur les « savoirs populaires »publié par le Parc naturel régional de Corse21.

Concernant la « structure thématique de la toponymie » de telle ou tellezone, surtout si elle est limitée à une commune, il n’y a pas grand intérêt àcalculer des pourcentages concernant par exemple « les accidents de terrain »,« les animaux » ou « les végétaux ». Les « accidents de terrain » en Corse sontune catégorie nombreuse, nul ne s’en étonnera, d’autant qu’il y a souventconfusion entre terme générique et terme spécifique : le Ravin de Ghiargalone(Serriera, 2A), c’est le « Ravin du Grand Ravin ». En outre, il arrive souventqu’un nom de lieu puisse être classé dans plusieurs catégories, pour plusieursraisons : polysémie, motivation ou étymologie incertaines. C’est le cas parexemple pour Giacharellu (Casarimacciu, 2A) : en corse ghjacarellu (ghjaca-reddu) peut désigner un animal (« petit chien »), une plante (« bardane ») oumême une sorte de « gâteau sec » (=>). On peut aussi être embarrassé face àtassu ou stazzona.

L a n g u e c o r s e e t n o m s d e l i e u x26

20. edutice.archives-ouvertes.fr/docs/00/00/17/89/PDF/Tiberghien.pdf21. Simonpoli 1985.

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L’if entre l’enclume et le blaireau (Tassu)

Les toponymes du type Tassu (et dérivés) sont très fréquents dans toute laCorse, avec toujours la même fluctuation quant à la voyelle finale (16 occurren-ces de Tasso contre 8 pour Tassu) :

Tassu (Tolla) 2A, ldTassu (Cristinacce) 2A, ecarTassu (Isolaccio-Di-Fiumorbo) 2B, ecarTassu (Frasseto) 2A, ld

Au sujet du toponyme Tasso (Tassu), Rodié hésite entre les trois explica-tions : « if » (arbre), « blaireau » (animal), « tas » (enclume). Le référent phyto-nymique est plus probable, d’autant que la présence du blaireau est exclue enCorse. C’est sans doute sur le modèle de l’italien que quelques dictionnairescorses (récents) donnent tassu pour « blaireau » (ou faina pour « fouine », autremammifère absent de Corse et de la plupart des dictionnaires).

Cependant, on ne peut exclure que certains toponymes corses renvoient à unautre carnivore de la même famille. Le latin TAXO, TAXONE « blaireau » adonné (notamment) tasso en italien ou taisson en ancien français, ainsi queassili, nom sarde de la martre (en Corse, la présence de cet autre mustélidé est« hypothétique » mais pas impossible22).

Les toponymes du type Tassu renvoient donc vraisemblablement à l’arbre ;mais peuvent – théoriquement – référer à un animal ou même à un objet, tassuétant aussi présent dans les dictionnaires avec le sens de « tas », « enclume ». Cedernier emploi, qui n’est pas attesté par tous les dictionnaires, semble lié à l’ita-lien tasso (« incudine quadrata ») dont l’étymon prête à discussion23, de mêmed’ailleurs que le français tas « petit parallélépipède de métal servant d’enclume,dans certains métiers ». Contre l’étymologie francique, Guiraud évoque l’ancienfrançais férir a tas « frapper fort », en « tassant » et le latin TAXARE « toucherplusieurs fois et fortement24 ». La discussion mérite d’être reprise dans le cadredes particularités sémantiques du corse (=>) : tazzà, tazzu (polysémiques, du« jeu de mains » aux « coups » et au « massacre »), stazzunà « forger » ainsi questazzona (« forge » et « dolmen ») qui a des reflets dans la toponymie.

Répartition thématique, pourcentages, fréquence

Les obstacles sont donc nombreux dès qu’on tente une classification théma-tique des toponymes, qu’on a tout intérêt à renvoyer à la phase finale de l’étude,même si on peut se risquer à indiquer (comme hypothèse de travail) des tendan-ces pour des catégories générales, par exemple « la terre, l’homme, les plantes,

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22. P. Franceschi in http://adecec.net/adecec-net/parutions/pdf/lafaune.pdf23. Devoto 2002.24. Robert.

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l’eau et les animaux » comme dans le tableau ci-dessous où nous avons donnédes pourcentages pour la douzaine de milliers de mots différents (constituants)extraits de notre corpus (près de 21 000 toponymes au total).

Nos « catégories générales » sont évidemment très vagues, autant que les« accidents de terrain » qui ont des définitions très diverses comme dans« Glossaire de la terminologie toponymique25 » qui « précise » :

« Accident géographique » : Entité topographique naturelle ou artificiellesituée sur la surface de la Terre. Exemples : un mont ; une vallée ; un champ ; unbarrage.

« Accident topographique » : Portion de la surface de la Terre, de toute autreplanète ou de tout satellite présentant localement une certaine particularité.Exemples : un mont ; un canyon ; un rocher.

Les 100 mots les plus fréquents

Pour être dès à présent (un peu) plus concret, nous citerons ici les 100premiers termes les plus fréquents de notre corpus de toponymes (IGN) parmilesquels on trouvera des termes génériques et spécifiques, en corse, en français,en toscan, ou dans une langue indéterminée.

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Catégories PourcentageLa terre 35L’homme 26Les plantes 21L’eau 17Les animaux 2

Total 100

25. http://www.divisionfrancophone.org/kadmon.htm

123456789101112

131415161718192021222324

373839404142434445464748

252627282930313233343536

DeRuisseauDiPuntaDABoccaFuntanaFontaineSanURavin

MonteLPontCapuLaBergeriePetraSourceVallePointeEDu

calacostalecampufoceajapietrabergeriesdesserralongapoggio

Cimacolcrêteacquasantasantiforêtcampopianarossasaint

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On notera la présence dans le tableau de « mots-forts » (noms, adjectifs…en caractères gras) et de « mots-outils » (articles, prépositions). Les 100 mots lesplus fréquents représentent à eux seuls environ 50 % du corpus total. Cela est dûen partie au poids des mots-outils : les prépositions de et di (17 % du corpus) ;l’article u (1 %). Les termes génériques reviennent aussi très souvent : punta(2 %), pointe (0,5 %). Le premier terme spécifique corse est san (ex. SanGiovanni, en corse San Ghjuvanni) ; il faut y ajouter les autres formes contex-tuelles du même mot en corse (Santu), en toscan (Santo), ou en français (Saint,Sainte), Santa et Sant’ ont la même graphie en corse et en toscan. Certainstermes peuvent appartenir à plusieurs catégories : pianu peut être un terme géné-rique (« plaine, plateau ») ou un terme spécifique (substantif ou déterminant).

Pianu Di Campotile (Corte) 2B, plaBocca Di U Pianu (Lama) 2B, colCampu Pianu (Guagno) 2A, ld

Un classement par grandes catégories des 100 termes les plus fréquents quenous venons de citer donne les résultats suivants :Les pourcentages par catégorie sont résumés dans le tableau ci-dessous :

Catégories Occurrences % o Mots-Outils 10692 23,65T La terre 4833 10,69E L’eau 4393 9,72H L’homme 2142 4,74D Déterminants 622 1,38P Les plantes 335 0,74

Total 23017 50,91

U n g u i d e l i n g u i s t i q u e d e l a t o p o n o m y e c o r s e 29

49505152535455565758596061

62636465666768697071727374

888990919293949596979899100

75767778798081828384858687

leschapellerochercrocebiancamariaplagemaisonvecchiapentatourpontevaldu

alcasarossucastellucanalepianulecciaruinéegiovanniarjamelaparatapiano

prunoteppamichelealtamarinaÉtangÎleansepozzorossosaintetrevignola

vecchiomaregrottacapomoulinpisciapozzivignalebonacommunalepinzutamaiopadule

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Page 22: noms de lieux

Par rapport aux pourcentages obtenus (après un comptage grossier) sur l’en-semble du corpus, les résultats sont évidemment différents, notamment car nousavons inclus les mots-outils et les déterminants. En tout état de cause, uneanalyse beaucoup plus fine est nécessaire s’agissant ici encore de résultats bruts.Par exemple foce se réfère la plupart du temps à un col (notre catégorie « laterre ») mais peut aussi désigner une embouchure de fleuve et se rapporter àl’hydrographie (notre catégorie « l’eau ») :

Foce Alta (Porto-Vecchio) 2A, colFoce Di Croce (Sartène) 2A, colRuisseau de Foce (Bocognano) 2A, rivÉtang de Foce (Palasca) 2B, etanFoce de Fierascuti (Ghisonaccia) 2B, emba Foce (Calvi) 2B, emb

Comment appeler un col ?

Comme le montre notamment le dernier exemple cité, la distinction entrenom spécifique et nom générique s’estompe. La polyvalence, voire la polysémiede certains génériques (éventuellement « traduits » en toscan ou en français)constituent un obstacle pour la catégorisation des toponymes. La topographiedes lieux (par exemple un nom de lieu foce à proximité d’un col et d’une rivière)ne permet pas toujours de trancher. À propos du toponyme Alerata, Falcucci(grâce à la forme Petr’Allerata attestée par l’historien Filippini) le rattache àellera (ellara « lierre ») mais se demande « foce o bocca ? ». Un excellentdictionnaire toponymique italien note que l’appellatif géographique bocca(italien et corse) a des sens variés mais n’a aucune difficulté à préciser que dansBocche di Bonifacio, il signifie « étroit passage de mer entre deux terres ».Malgré les distinctions savantes de Rodié (foce « col principal », bocca « colsecondaire »), la distinction est souvent aléatoire. De nombreux termes (entre 50et 100 en français26) sont employés pour désigner la notion de « col » (passageentre deux sommets montagneux). Beaucoup dérivent par métonymie d’unepartie du corps humain ; en corse, on a bocca/bucca (BUCCA) qui est le plusfréquent (586 occurrences IGN sans compter les dérivés), foce (FAUCE ouFOCE « passage étroit » notamment en latin) qui désigne aussi l’embouchured’un fleuve, et bien d’autres termes qui ont en commun la notion d’ouverture, depassage, d’entrée (ou de sortie !) : fuata (fugata), collu, forca : la liste n’est pasexhaustive et mérite un développement particulier (voir « les mots de la monta-gne : métaphores » =>).

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26. M. de Brébisson in :http://www.centcols.org/toponymie/comment_appeler_un_col_en_france.htm

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Les mots et les choses (source, fontaine, fontenette et fontanon)

Il existe plusieurs types de « dictionnaires », notamment : dictionnaireétymologique, dictionnaire des toponymes, dictionnaire de langue, dictionnairedes synonymes, dictionnaire thématique (des appellatifs géographiques parexemple)… Même si, à terme, de telles réalisations restent des objectifs à pour-suivre, le présent ouvrage n’est pas un dictionnaire. Les informations qu’ilapporte ne visent donc pas à l’exhaustivité. On met plutôt l’accent sur lesméthodes d’exploration et d’analyse, sur l’illustration par des exemples concretsd’une sorte de parcours initiatique à travers la jungle des noms de lieux.

Idéalement, l’équipement indispensable est constitué d’outils nombreux etdivers, rudimentaires ou spécialisés, propres à des « corps de métiers » égale-ment très divers. On se contente ici de partir en reconnaissance, en espérantramener un échantillon suffisamment représentatif pour ouvrir la voie à denouvelles explorations.

Les indications (étymologiques, sémantiques, historiques, comparatives…),parfois superflues, pourront être réduites à leur plus simple expression.

À propos d’un toponyme comme Funtana Vecchia (il y en a plusieurs en Corse)la mention du contenu sémantique (en français « fontaine vieille ») ou de donnéescomparatives n’est pas forcément indispensable, le toponyme étant fréquent un peupartout notamment en France ou en Italie (Fontaine Vieille, Fontana Vecchia).

L’indication de l’étymon latin n’est pas non plus nécessaire : un dictionnaire(français ou italien notamment) mentionnera l’adjectif FONTANUS dérivé deFONS, FONTIS (étymologie inconnue).

Les informations pourront la plupart du temps se réduire à la forme offi-cielle (IGN : Funtana Vecchia), et à la graphie corse moderne (Funtana Vechja).

Cependant, on pourra le cas échéant donner plus de détails, par exemple surla polysémie du terme : en latin comme dans les résultats romans, on a« source » et « fontaine ». En Corse on a le type fonte (seulement quatre exem-ples IGN) et le type funtana (extrêmement fréquent). Plutôt que la source (d’au-tres formes corses comme ochju sont utilisées), les formes dérivées désignent la« fontaine » : Funtana, Funtanella (l’IGN mentionne même La Fontenette àPiazze, 2B, traduction plaisante qui renvoie peut-être à funtaneta où le suffixeest plutôt collectif que diminutif). Dans Funtanone, le suffixe (-one, -onu) peutêtre un simple augmentatif mais peut aussi renvoyer à des caractéristiques tech-niques, architecturales, décoratives, etc., qui pourront varier selon les pays oumême selon les régions de Corse. Le Fontanone (Vignale) visible sur la routenationale 193 a un aspect monumental (même s’il ne soutient pas la comparai-son avec la « simple » Fontana di Trevi à Rome…).

Cet exemple montre bien que les informations données peuvent être selonle cas plus ou moins détaillées, aussi bien du point de vue des « mots » que des« choses », comme dans un article de dictionnaire qui comprend une partielinguistique mais aussi une partie encyclopédique. Le présent exposé privilégie

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Table des matières

Cardu, Casevechje, Ville…e trè cunchiglie – Santa Lucia .................... 7Sommaire ................................................................................................ 9

1. UN GUIDE LINGUISTIQUEDE LA TOPONYMIE CORSE .................................................. 11

Le corpus, les sources ........................................................................ 11L’Institut géographique national (IGN) ............................................ 11

Corpus de base : plus de 20 000 toponymes(IGN) en Corse ............................................................................ 12Toponymes simples et composés : près de 12 000 mots .............. 12Le code nature IGN .................................................................... 13

Le Plan Terrier (XVIIIe siècle) ............................................................ 16L’INSEE : « Lochi spapersi » (1987) .............................................. 16Le nom des communes corses .......................................................... 16Les études sur la toponymie ............................................................ 17

Oral et écrit ........................................................................................ 17Conventions ...................................................................................... 18Sons et lettres, phonèmes et graphèmes .......................................... 18

Fonction et Structure des noms de lieux : généralités .................... 19Donner un nom aux lieux : l’onomaturgie ...................................... 19Noms « propres » et noms « communs » ........................................ 20La motivation : l’aigle et le lion ...................................................... 21Termes génériques et spécifiques .................................................... 22Toponymes pléonastiques ................................................................ 22Les normes de l’IGN ........................................................................ 22

Toponymes mixtes ........................................................................ 23« Traduction » française .............................................................. 24La néotoponymie .......................................................................... 24Diacritiques ................................................................................ 25Mots fonctionnels ........................................................................ 26

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Catégorisation et découpage du monde ............................................ 26L’if entre l’enclume et le blaireau (Tassu) .................................. 27Répartition thématique, pourcentages, fréquence ...................... 27Les 100 mots les plus fréquents .................................................. 28Comment appeler un col ? .......................................................... 30Les mots et les choses (source, fontaine,fontenette et fontanon) ................................................................ 31

La complexité de la recherche .......................................................... 32La (mé)connaissance des « langues régionales » ............................ 33Toponymie et quiproquo .................................................................. 33

En Sardaigne : des crabes sur les orangers (Golfo Aranci) ...... 33En Corse (Cacao, Bolero) .......................................................... 34Références anatomiques surprenantes (Bocca Culaghia) .......... 35Métaphores scatologiques ? : (Lava Culo) ................................ 36

Toponymes « opaques » : « ne tirez pas sur le toponymiste » ........ 37La Mer Morte et le myrte (Mare e Morte) .................................. 37Le champ du maître (Campo d’Unico ?) .................................... 37Un mot ou deux ? ........................................................................ 38La propriété d’Anselme (Sermano) ............................................ 39Le tour des propriétaires (Ampugnani) ...................................... 40Chercher sur la toile (Ampriani) ................................................ 40Provinces franciscaines (Venzolasca) .......................................... 41La porte de Gênes ? (Monte Genova) ........................................ 42

L’éclairage (relatif) des textes anciens .............................................. 43Linguistique, histoire, toponymie .................................................... 44

Langues officielles et toponymie locale ............................................ 46Le contact linguistique ...................................................................... 46

Le corse, « langue dominée » ...................................................... 46Les élites et la masse .................................................................. 47Distance entre langues ................................................................ 48

La variation des formes .................................................................... 49L’aulnaie (alzetu) .............................................................................. 49Le sapin (ghjallicu) .......................................................................... 50Les cerises de Blaise (chjarasgia, Biasgiu) ...................................... 52Le gland et le genêt (ghjanda, ghjinestra) ........................................ 54L’aire corse et ses métamorphoses (aghja) ...................................... 54Un jonc très flexible (ghjuncu) ........................................................ 55Yod, la lettre bonne à tout faire ........................................................ 56

Variante forte de .................................................................... 56Variante faible de .................................................................. 57

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Yod de transition (fau, faiu) ........................................................ 57Le bœuf et la forêt obscure (boiu, bughju) .................................. 57

Corsisation graphique ...................................................................... 58L’algue et le nombril du renard (Algaghjola ; Vulpaghjola) ...... 58Le repos du berger (Aghjacciu) .................................................. 60Saint Nicolas (Santu Niculaiu) .................................................... 60Développements atypiques (aiutu, vechjaia, maiò) .................... 61

Corse, toscan ancien, ou italien moderne ? ...................................... 62

2. L’HISTOIRE : ENTRE CONSERVATION ET INNOVATION .... 65Théorie de la continuité (TC) ............................................................ 66

Out-of-Africa : nous avons tous « appris à parler en Afrique » ...... 67Des affirmations « scandaleuses » ? ................................................ 68

Un cochon voyageur toscan (porcu) .......................................... 69Haro sur la jument (française) : ghjumenta ................................ 69

La linguistique scientifiquement (et politiquement) correcte .......... 72Les langues « nationales » et les autres ............................................ 73Le nom des langues de nos ancêtres (les gaulois) :« africain » ? « italique » ? ................................................................ 74Un conservatoire de la langue .......................................................... 75L’espace et le temps .......................................................................... 76

Des Corses troglodytes (les noms de la caverne) ...................... 76Des Corses cultivateurs (a(r)ghja) .............................................. 81Myhtes et mégalithes ; la pierre et le fer, la mortet l’(agri)culture (orriu) .............................................................. 81

Vous avez dit « prélatin » ? .............................................................. 83Nom d’un chien (ghjacaru) .............................................................. 84Histoires d’eau et de trous ................................................................ 85

Gargarismes (Ghjargalu ; Guargualè : GARGALA) .................. 85Le glaive et le glaïeul (ghjarghjolu : GLADIUS) ........................ 88La glaire et le gravier (Ghjarghja : GLAREA) .......................... 89La grave et la grève (Gravona, Bravona : GRAVA) .................. 89Galet et pierres qui roulent (cota : COTE) ................................ 90Un dragon dans le torrent (tracone, tragone,travone : DRACONE) .................................................................. 92

Les mots de la montagne et du relief ................................................ 94La contrée d’en face (contra) ...................................................... 97

Métaphores ........................................................................................ 99Les dents de scie (serra) .............................................................. 99La bouche et la queue (bocca, coda) .......................................... 99

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Le hibou, la mère poule et le petit chien (ciocciu, cioccia,ghjacarellu) .................................................................................. 101

Le latin de Corse ................................................................................ 102Archaïsmes, particularités sémantiques, et mots venus de la mer .. 104

Des cochons incarcérés (carcera) .............................................. 104Le contenant, pas le contenu (mandria) ...................................... 104Le grand et le majeur (maiò) ...................................................... 105Le petit (minò, minutu) ................................................................ 107La sentinelle au guet veille au grain (Scolca) ............................ 108Le baron garde-champêtre (barone/barrone) .............................. 109L’aulne venu d’Espagne (alisu, alzu) .......................................... 112

Qui est le père ? .................................................................................. 114La retraite et la condamnation du jury(a ritirata di u ghjuratu) .................................................................... 115L’odyssée des mots : voyages sans frontières .................................. 116

3. LA GRAMMAIRE DES NOMS DE LIEUX CORSES ................ 119Des consonnes et des voyelles ............................................................ 119

La « règle de la balançoire » et la lénition corse .............................. 119Sonorisation des sourdes ............................................................ 120Spirantisation des sonores .......................................................... 123

Un Astérix Corse : des rétroflexes (dd, tr) ........................................ 124Le pressoir de l’Ange : palatalisation : <gn>/<nghj> ...................... 125Barnabé et le Carnaval : assimilation <nr>/<rr> .............................. 125Le Pont de l’Enfer (Infaru) .............................................................. 126Le Rho des aulnes (alzetu/arzetu) .................................................... 127Le mûrier élevé (chjalsu/chjalzu) :affricatisation de /s/ après consonne ................................................ 127Variations nordistes dans le Sud ...................................................... 128

La Corse bétaciste (barcaghju) .................................................. 128Des sonorisations pas très sudistes (Piobetu) ............................ 130Une lénition ancienne pancorse ? (cacciadori) .......................... 131

Diphtongaison romane, mais pas corse (petra) ................................ 132Voyelles finales atones (campu, niellu, pinzu) ................................ 133Alternance vocalique (petra pitrosa) ................................................ 134Vocalisme « archaïque » (cruci) ...................................................... 134Variation <a>/<e> ............................................................................ 135

Voyelles toniques devant /r/+ consonne (termini/tarmini) .......... 135Voyelles prétoniques devant /r/+ consonne (pertusu/partusu) .... 135Voyelles posttoniques dans les proparoxytons(suvera/suvara) ............................................................................ 135

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Facteurs du changement linguistique .............................................. 135Mécanismes généraux, la loi du moindre effort .............................. 135

Métaplasmes ................................................................................ 136Phénomènes de frontière (contextuels) ........................................ 140Aphérèse contextuelle (a ‘nzecca) .............................................. 148

Aspects psychologiques et sociaux de l’évolution .......................... 150Fausses coupes : agglutination et déglutination ........................ 151Fausses reconstructions .............................................................. 153Analogie, étymologie populaire, hypercorrection ...................... 159

Toponymie et polynomie .................................................................. 165L’orthographe restituée .................................................................... 166

Conflits de règles ........................................................................ 166La route ou le torrent ? Ne pas se mouiller ................................ 167Fluctuat nec mergitur : pericoloso sporgersi .............................. 167

Des mots : morpho-syntaxe .............................................................. 168Noms et adjectifs .............................................................................. 168

Les classes de noms : le singulier .............................................. 169Le pluriel ...................................................................................... 170Genre des noms ............................................................................ 172

L’article ............................................................................................ 176Généralités .................................................................................. 176L’article dans le nom des communes corses .............................. 176Un indicateur d’identité ? ............................................................ 177Morphologie de l’article corse .................................................... 177Appellation française (les Trois Fontaines) ................................ 179Appellation mixte (Guagno Les Bains) ........................................ 179Majuscules/minuscules ................................................................ 180

Préposition + article .......................................................................... 180Séquences corses .............................................................................. 180

Contractions italiennes ou françaises ........................................ 180« Articles contractés » en corse .................................................. 181Préposition sans article .............................................................. 183Article sans (?) préposition (Punta ‘llu Casteddu) .................... 183

Toponymes simples et toponymes construits .................................. 184Fréquence des toponymes composés .......................................... 186Nom commun ou nom propre ? .................................................. 187Nom et verbe ................................................................................ 188

Des textes : la poésie des noms de lieux .......................................... 191Les toponymes de l’évêque (O cara musa,chi stà in Ceppuniédhu) .................................................................... 192Le chant de la fougère (da Montestremu à u mare) ........................ 194

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4. CE QU’ON APPELLE UNE LANGUE… ...................................... 197L’histoire sans fin .............................................................................. 198Le chantier reste ouvert .................................................................... 199

Index des formes (IGN) ............................................................................ 201Abréviations bibliographiques ................................................................ 215

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