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> Oscar Niemeyer Oscar Ribe i ro de Almeida de Niemeyer Soa res (né le 15 décembre 1907 à Rio de Janeiro, où il est mort le 5 d é c e m b re 2012) Arch i tecte et un designer brésilien. Son œuvre, qui s'inscrit étro i tement dans le mouvement du style international , tient une place majeure dans l'histoire de l'arch i tecture mod ern e. Il est surtout connu pour la construction de Brasilia au Bré s i l a vec l'urba n i s te Lucio Costa , inaugurée en 1960. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sa carrière a démarré en 1935 pour ne s'arrê ter qu'à sa mort. O s car Niemeyer s'est distingué par la liberté de ses formes, dessinées d'un trait linéaire. Il a exalté la courbe, "libre et sensuelle", ce l le qu'il disait rencontrer dans les montagnes du Brésil, ses rivières, ses plages et "le corps de la femme". L'angle droit ne l'attirait pas, pas plus que "la ligne dro i te, dure, inflexible, inventée par l'homme", selon lui. Un point de litige a vec Le Corbusier, avec lequel il avait tra vaillé dans sa jeunesse et dont il avait reconnu l'in- f l u e n ce sur lui. "Je l'ai influencé aussi", tenait-il à souligner. "Au sein des modernes, Niemeyer est assez atypique. Son architecture n'est pas sava n te mais très intuitive ". L ' excelle n ce des ingénieurs brésiliens qui ento u raient Niemeyer permettait au bâtiment de béton de prendre la forme voulue par le maître. Quand je dessine, seul le béton me permet de maîtriser une courbe d'une portée aussi ampl e. Le béton suggère des formes soupl e s , des contrastes de formes, par une modulation continue de l'espace qui s'oppose à l'unifor- misation des systèmes répétitifs du fonctionnalisme international UNE CA PACITÉ D'INNOVER HORS DU COMMUN En 1929, l’année même où Oscar Niemeyer s’inscrit à l’école d’architecture de Rio de Janeiro, l’architecte franco-suisse y donne une série de conférences. Quelques années plus tard, sous la direction de Lucio Costa, tête de file de la nouvelle génération d’architectes brésiliens, Niemeyer et Le Corbusier travailleront ensemble sur le pro- jet du nouveau ministère de l’éducation et de la santé du Brésil, bâtiment qui deviendra une icône du « style interna- tional » caractérisant les grandes réalisations des Trente Glorieuses. Ils se retrouveront en 1947 pour la conception du bâtiment de l’ONU à New York. Si un univers culturel sépare les deux architectes, ils ont en commun une capacité d’inno- ver hors du commun et une audace constructive – notamment dans l’usage du béton – encore rare à l’époque. Début de carrière au Brésil En 1936, il participe avec Lucio Costa, Le Corbusier et d'autres architectes à la conception du nouveau siège du ministère de l'éducation et de la santé à Rio de Janeiro. > La première grande commande publique que re çoit Oscar Niemeyer, en 1940, et qui lance véritablement sa carrière, vient de Juscelino Kubitschek, alors maire de Belo Horizonte, ca p i- tale de l’ É tat du Minas Gerais. Sur les bords d’un lac artificiel, dans le quartier de Pa m p u l h a , l’arc h i te c te co n çoit un yacht-club, une salle de bal, un casino et la merveilleuse église Saint- Fra n ço i s - d ’A ssise aux volumes rythmés comme une succe ssion de vagues habillées d’azu- lejos bleus. Un monument hardi, aux courbes déliées, dont la réussite et le sentiment de plé- nitude qui s’en dégage expriment l’une des convictions de l’arc h i te c te : « Je suis pour les choses innova n tes et belles dont l’audace et l’eémouvoir. » l’Eglise St François d’Assise 1940 Pampulha 70

O s c ar Niemeye r - IMAGEURSPUBLICimageurspublic.fr/assets/niemeyer.pdfO s c ar Niemeye r O s c ar Ribe i ro de Almeida de Niemeyer Soa re s (né le 15 d é c e m b r e 1907 à Rio

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  • >O s car Niemeye r

    O s car Ribe i ro de Almeida de Niemeyer Soa re s(né le 15 d é c e m b re 1907 à Rio de Janeiro, où il est mort le 5

    d é c e m b re 2 0 1 2 )Arch i te c te et un designer bré s i l i e n .

    Son œuvre, qui s ' i n s c rit étro i tement dansle mouvement du style intern a t i o n a l,

    tient une place majeure dans l'histo i re de l'arch i te c tu re mod ern e.Il est surtout connu pour la construction de Brasilia au Bré s i l

    a vec l'urba n i s te Lucio Costa , i n a u g u rée en 1960.

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Sa ca r r i è re a démarré en 1935 pour ne s'arrê ter qu'à sa mort.O s car Niemeyer s'est distingué par la liberté de ses formes, dessinées d'un trait linéaire. Il aexalté la courbe, "libre et sensuelle", ce l le qu'il disait re n co n t rer dans les montagnes duB résil, ses rivières, ses plages et "le corps de la fe m m e ". L ' a n g le droit ne l'attirait pas, pasplus que "la ligne dro i te, dure, inflex i b le, inventée par l'homme", selon lui. Un point de litigea vec Le Corbusier, avec lequel il avait tra vaillé dans sa jeunesse et dont il avait re connu l'in-f l u e n ce sur lui. "Je l'ai influencé aussi", tenait-il à souligner."Au sein des modernes, Niemeyer est assez atypique. Son arc h i te c t u re n'est pas sava n te maist rès intuitive ". L ' exce l le n ce des ingénieurs brésiliens qui ento u raient Niemeyer permettait aubâtiment de béton de pre n d re la forme voulue par le maître .

    Quand je dessine, seul le bé ton me permet de maîtri s er une courbe d'unepo rtée aussi ampl e. Le bé ton suggère des fo rmes soupl e s , des contra s tes defo rm e s , par une modulation continue de l'espace qui s'oppose à l'unifo r-misation des sy s tèmes ré pé t i t i fs du fonctionnalisme intern a t i o n a lUNE CA PACITÉ D'INNOVER HORS DU COMMUNEn 1929, l’année même où Oscar Niemeyer s’inscrit à l’école d’architecture de Rio de Janeiro,l’architecte franco-suisse y donne une série de conférences.Quelques années plus tard, sous la direction de Lucio Costa,tête de file de la nouvelle génération d’architectes brésiliens,Niemeyer et Le Corbusier travailleront ensemble sur le pro-jet du nouveau ministère de l’éducation et de la santé duBrésil, bâtiment qui deviendra une icône du « style interna-tional » caractérisant les grandes réalisations des TrenteGlorieuses. Ils se retrouveront en 1947 pour la conception dubâtiment de l’ONU à New York. Si un univers culturel sépareles deux architectes, ils ont en commun une capacité d’inno-ver hors du commun et une audace constructive – notammentdans l’usage du béton – encore rare à l’époque.

    Début de carrière au BrésilEn 1936, il participe avec Lucio Costa, Le Corbusier et d'autresarchitectes à la conception du nouveau siège du ministère del'éducation et de la santé à Rio de Janeiro. >

    La pre m i è re grande commande publique que re çoit Oscar Niemeyer, en 1 9 4 0, et qui lancevé r i ta b lement sa ca r r i è re, vient de Juscelino Kubitschek, alo rs maire de Belo Horizonte, ca p i-ta le de l’ É tat du Minas Gerais. Sur les bords d’un lac artificiel, dans le quartier de Pa m p u l h a ,l’ a rc h i te c te co n çoit un yacht-club, une salle de bal, un casino et la merve i l leuse église Saint-Fra n ço i s - d ’A ssise aux volumes rythmés comme une succe ssion de vagues habillées d’azu-lejos ble u s . Un monument hardi, aux courbes déliées, dont la ré u ss i te et le sentiment de plé-nitude qui s’en dégage expriment l’une des convictions de l’ a rc h i te c te : « Je suis pour leschoses innova n tes et belles dont l ’audace et l ’e é m o u vo i r. »

    l ’Eglise St François d ’ As s i s e

    1 9 4 0 Pa m p u l h a

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  • En 1 9 4 4 , il est la star de l'exposition co n s a c rée à l'ar-c h i te c t u re brésilienne au musée d'art moderne deN ew York et est ensuite invité à participer à la co n ce p-tion du siège des Nations unies a vec Le Corbusier etHarrison & Abra m ov i t z .

    B ra s i l i aDans les années 1950, Juscelino Kubitschek, devenu président de la République, décide deco n st r u i re une nouve l le ca p i ta le au cœur du Planalto Centra l. Lucio Costa co n çoit le plan dela ville et Oscar Niemeyer réalise les principaux bâtiments publics.Avec sa participation à la création de la nouve l le ca p i ta le administ ra t i ve du Brésil, B ra s i l i a,i n a u g u rée le 21 avril 1960, la notoriété de l'arc h i te c te brésilien devient mondiale.

    le ca s i n o

    la Maisonde la danse

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  • LA SENSUALITÉ DES COURBESÉlu président de la République en 1956, Kubitschek se to u r n e ra de nouveau ve rs Niemeye rpour la création ex - n i h i lo de la future ca p i ta le du pays au cœur des te r res. Niemeyer y prit sapart, sans doute la meille u re, en posant quelques grandioses sculptures (la ca t h é d ra le, lePa r lement, le Palais des Congrès, la Cour suprê m e … ) sans subir les co n t ra i n tes d’un pland’urbanisme autrement ardu à mettre en place et dont se chargea son co n f rè re, Lucio Costa .S c u l p ter l’ e s p a ce à la manière d’un artiste. C’est ainsi qu’Oscar Niemeyer aimait pré s e n te rson tra va i l : par les traits amples et libres d’un dessin jeté sur le papier. Louant la sensualitédes courbes, la liberté des espaces vides, l’ i m p o r ta n ce vita le de la lumière, Niemeyer l’ h é d o-n i ste arrime l’ a rc h i te c t u re au bonheur des sensations pre m i è re s .« Ma mère m’a ra c o n té que, tout pe t i t , je dessinais dans le ciel avec mon index . ( … )C o n te m pl er les nuages a toujours constitué ma distraction favo ri te. »

    la Cathédra l e

    le Palais des Congrè s

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  • Musée National de Bra s i l i a

    Palais de l ’ Al vo ra d a , résidence du Président de la ré p u bl i q u e

    Palais de l ’ I ta m a ra ty( M i n i s tère desAf f a i res étra n gère s )

    1957-1966 L ' E d i fício Copan São Pa u l o

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  • UN HOMME ENGAGÉ DANS LE COMMUNISMECes évo cations délibérément aériennes, vo i re asce n s i o n n e l les, expriment également le ca ra c-t è re idéaliste d’un homme ré p é tant inlass a b lement que le combat co n t re la pauvreté et l’ o p-p re ssion sont la priorité politique absolue. Enfant de la bourgeoisie ca r i o ca, il s’engagea dansle communisme (il reçut le prix Lénine en 1963 et fut l’ami de Fidel Cast ro, Pa b lo Neruda,S a lvador Allende), ce qui lui valut quelques années d’exil en Fra n ce grâce au soutien d’A n d réM a l raux, après la prise de pouvoir des milita i res dans son pays.Ses convictions politiques re st è rent cependant en re t rait de son tra va i l : Niemeyer ?uvra peupour les pauvres ou le recul des fa velas même si, en 2 0 0 9, fut inauguré un ce n t re culture l p o u rles jeunes dans la fa vela de Nite ró i, dessiné « sans honora i re s » par l’ a rc h i te c te. Tra va i l le u ri n fa t i g a b le, avouant, le jour de ses 100 ans, son étonnement « d ’ ê t re to u j o u rs là » , O s ca rN i e m eyer, qui surprenait ses visite u rs par sa vitalité, disait aussi vo lo n t i e rs : « Je me sens enpaix avec moi-même pa rce que je crois en ce que je pro po s e. »

    Exil en Fra n ceAvec l'arrivée au pouvoir de la dicta t u re milita i re au Brésil, Oscar Niemeyer part en Fra n ce oùil devient le co n ce p teur de plusieurs édifices, tels que le siège du Parti co m m u n i ste fra n ça i s ,p l a ce du Colo n e l - Fa b i e n à Paris (1 9 6 5 - 1 9 8 0), le siège du journal L'Humanité à Saint-Denis(1989), ou enco re la Bourse du tra vail à Bobigny.Les lignes de ce dernier bâtiment re p rennent le st y le de la Maison de la culture au Havre e nde nombreux points. Construit entre 1976 et 1978, il se compose de deux ensembles dist i n c t s .On tro u ve un auditorium de 465 places ento u ré de salles de réunions et un bâtiment élevé surp i lotis co m p renant quatre étages accueillant dive rses organisations syndica les. Inaugurée le 2mai 1978, ce t te st r u c t u re co m p te en fait deux bâtiments différents qui ne font qu'un bloc quel ' i m p re ssion d'élévation et de légèreté soude dura b lement. La courbe, partie intégra n te desœ u v res de Niemeyer, est une fois de plus à l'honneur. Tantôt vague, tantôt montagne, ellet ro u ve une finesse que seul le béton pouvait lui fo u r n i r.À ce t te époque, il est aussi designer de meubles et tra va i l le notamment en co l l a b o ration ave csa fille Anna Maria Niemeye r.

    1965-1980 le siège du Pa rti communiste fra n ça i s , place du Col o n el - Fa b i e n

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  • 1978 - 1982 Maison de la cultu re le Ha vre 1980 la Bourse du tra vail à Bobigny

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  • Réalisations dans le mondeAlgerie, années 70

    +-1970 Salle Omnispo rt Al ger

    1975 S i ège social de Arn oldo Mondadori Edito re près de Milan

    1966 Casino à Fu n ch a l, M a d ère

    1971-1977 U n iver s i té Mento u ri de Consta n t i n e

    1974 U n iver s i té des sciences et de la te ch n ologie Ho u a ri - B o u m e d i e n e

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  • R e tour au Bré s i lA p rès un long exil, il revient au Brésil en 1985.E n t re 1991 et 1996, Niemeyer réalise le musée d'art co n te m p o rain de Nite ró i (Museu de ArteC o n temporânea de Nite ró i ) .Il co n çoit en 2003 l'auditorium de São Pa u lo, inauguré en 2005 et re co u vert d'une to i t u re ondu-l a n te en béton de près de 27 0 0 0 m2. Peu satisfait de ce t te dernière, il a demandé la dest r u c-tion d'un fragment, ce qui a été refusé par la municipalité. La même année, il co n çoit le pavil-lon prov i s o i re de la Serpentine Gallery à Londre s .Début janvier 2 0 0 7, après avoir re n co n t ré Hugo Chávez à Rio de Janeiro, il décide de fa i re le splans d'un monument en hommage à Simón Bolívar, qui sera érigé à Cara cas et mesure ra 100m è t res de haut.Le 12 déce m b re 2007, il est élevé au grade de commandeur de la Légion d'honneur à l’ o cca-sion de ses 100 ans, par Antoine Po u i l l i e u te, ambassadeur de Fra n ce au Bré s i l .O s car Niemeyer meurt le 5 déce m b re 2012, soit dix jours avant ses 105 ans.

    2011 C e n tre cultu rel international Osca rN i e m eyer à Avilés dans les As tu ries en Espa g n e

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  • 2002 Musée Oscar Niemeyer Curi t i ba , dans l'État du Pa raná , au Bré s i l

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