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MEMBRES 3396, rue Jean-Talon Est MontrĂ©al (QC) H2A 1W8 TĂ©l. : 514 270-7386 Ligne sans frais: 1-888-830-2833 autisme.qc.ca Inf - L’édito de Luc Chulak Proche aidant
 pour la vie ! SpontanĂ©ment, lorsque l’on entend le terme proche aidant, ou aidant naturel, nous pensons aux enfants ou conjoint d’une personne aĂźnĂ©e qui a besoin de soutien pour accomplir des tĂąches usuelles et quotidiennes. Pourtant, ce terme, ou ce rĂŽle, englobe une multitude d’autres personnes qui prennent soin volontairement d’un proche avec lequel elles ont un lien affectif. Parmi celles-ci, il y a tous les parents, frĂšres, sƓurs, amis et autres proches qui veillent au mieux-ĂȘtre d’une per- sonne autiste vulnĂ©rable. Oui, ces proches sont aussi des proches aidants
 Ă  part entiĂšre. Prendre soin et s’occuper d’une personne qui nĂ©ces- site une contribution externe pour s’épanouir et avoir une qualitĂ© de vie apporte son lot de prĂ©occupations, de rendez-vous, de planiïŹcation supplĂ©mentaire, etc. Octobre 2020 Volume 19 — NumĂ©ro 4 DOSSIER u 15 pages pour (re)dĂ©couvrir qui sont les principaux spĂ©cialistes qui interviennent tout au long du parcours de vie d’une personne autiste Trois questions Ă ... Virginie LaSalle, chercheure et professeure: Concevoir des lieux avec, par et pour les personnes autistes Coup de projecteur... Demi-maradons pour ITSA DOSSIER Sommaire u Interventions Qui sont les spĂ©cialistes qui vous accompagnent? Coordination rĂ©dactionnelle et graphisme : Pascal Franco, coordonnateur de projets

Octobre 2020 Inf

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MEMBRES

3396, rue Jean-Talon EstMontréal (QC) H2A 1W8Tél. : 514 270-7386Ligne sans frais: 1-888-830-2833autisme.qc.ca

Inf -

L’édito de Luc Chulak

Proche aidant
 pour la vie !

SpontanĂ©ment, lorsque l’on entend le terme proche aidant, ou aidant naturel, nous pensons aux enfants ou conjoint d’une personne aĂźnĂ©e qui a besoin de soutien pour accomplir des tĂąches usuelles et quotidiennes. Pourtant, ce terme, ou ce rĂŽle, englobe une multitude d’autres personnes qui prennent soin volontairement d’un proche avec lequel elles ont un lien affectif. Parmi celles-ci, il y a tous les parents, frĂšres, sƓurs, amis et autres proches qui veillent au mieux-ĂȘtre d’une per-sonne autiste vulnĂ©rable. Oui, ces proches sont aussi des proches aidants
 Ă  part entiĂšre.

Prendre soin et s’occuper d’une personne qui nĂ©ces-site une contribution externe pour s’épanouir et avoir une qualitĂ© de vie apporte son lot de prĂ©occupations, de rendez-vous, de planification supplĂ©mentaire, etc.

Octobre 2020

Volume 19 — NumĂ©ro 4

DOSSIERu 15 pages pour (re)découvrir qui

sont les principaux spĂ©cialistes qui interviennent tout au long du parcours de vie d’une personne autiste

Trois questions Ă ...Virginie LaSalle, chercheure et professeure: Concevoir des lieux avec, par et pour les personnes autistesCoup de projecteur...Demi-maradons pour ITSA

DOSSIER

Sommaire

u

Interventions Qui sont les spécialistes qui vous accompagnent?

Coordination rédactionnelle et graphisme : Pascal Franco, coordonnateur de projets

Info-MeMbres, octobre 2020 - voluMe 19 nuMĂ©ro 42

VoilĂ  pourquoi, ĂȘtre proche aidant devient un rĂŽle supplĂ©men-taire. Souvent, par contre, le proche aidant ne s’en rend pas vrai-ment compte, car l’aide apportĂ©e au quotidien devient comme imbriquĂ©e dans le quotidien. Mais, avec un peu de recul, il est possible de rĂ©aliser que cette aide vĂ©cue au quotidien peut devenir source d’anxiĂ©tĂ©, de stress, de difficultĂ©s sociales, familiales et financiĂšres qui permettent de comprendre que le proche aidant peut, lui aussi, avoir besoin d’aide et de soutien.

Que ce soit un besoin de rĂ©pit, d’information sur les diverses ressources, de formation pour mieux connaĂźtre la situation de la personne aidĂ©e, de soutien psychosocial et, surtout, d’aide financiĂšre, les proches aidants ont besoin d’ĂȘtre reconnus, sou-tenus et Ă©paulĂ©s. C’est le noble objectif que s’est donnĂ© le projet de loi 56 actuellement Ă  l’étude Ă  l’AssemblĂ©e nationale. Tous les proches aidants sont inclus dans cette future loi qui donnera les balises Ă  une politique nationale pour les proches aidants.

La FĂ©dĂ©ration quĂ©bĂ©coise de l’autisme tient Ă  lever son cha-peau Ă  toutes les personnes proches aidantes de personnes autistes qui font en sorte, par leur contribution, de rendre leur vie plus belle. Avec la prĂ©paration de cette loi et de cette politique nationale, nous voulons aussi leur dire : prenez soin de vous ! Car ĂȘtre proche aidant pour une personne autiste, c’est souvent l’histoire de toute une vie.

Édito En bref

Bourses de l’étĂ©: bravo aux rĂ©cipiendaires!

Pour aider les associations rĂ©gionales en autisme Ă  recruter des moniteurs pour leurs camps d’étĂ©, la FQA a renouvelĂ© cette annĂ©e son dispositif incitatif de bourses en le boni-fiant ! C’est en effet 5 bourses de 1000 $ (contre 3 en 2019) qui ont Ă©tĂ© remises en septembre, suite Ă  un tirage au sort. Les heureux gagnants sont:u Audrey Chayer (Autisme MontrĂ©al)u Pascale Cyr Martineau (Trait d’Union Outaouais)u Louis Velone-Richard (SociĂ©tĂ© de l’Autisme des Laurentides)u Victoria Quinlan (Autisme Laval)u Dylane Foster (Autisme QuĂ©bec)

FĂ©licitations Ă  toutes et tous et bravo pour votre engagement auprĂšs des personnes autistes et de leur famille !

L’EXPRESS, Ă©dition 2021

Les premiers articles des chercheurs sont arrivés et le sommaire de notre magazine annuel prend forme
 Comme tous les ans, les articles seront illustrés de photos que les familles acceptent de partager avec nous !

u Photos de familles, photos portraits ou clichĂ©s pris sur le vif
 N’hĂ©sitez pas Ă  nous envoyer vos beaux moments qui viendront rythmer nos pages !

Envoyez vos fichiers Ă  :[email protected]

Info-MeMbres, octobre 2020 - voluMe 19 nuMĂ©ro 4 3

DOSSIER

Psychologue, psychoĂ©ducatrice, ergothĂ©ra-peute, orthopĂ©dagogue, travailleuse sociale, massothĂ©rapeute, Ă©ducatrice spĂ©cialisĂ©e
 Ce sont quelques-un.e.s des spĂ©cialistes trĂšs prĂ©-sent. e. s dans le parcours de vie d’une personne autiste, depuis son plus jeune Ăąge jusqu’à sa vie d’adulte. En quoi consistent exactement leurs interventions ?  Pour  quels  bĂ©nĂ©fices ?  Pour  le savoir, nous avons donnĂ© la parole Ă  des pro-

fessionnelles qui exercent tout ou partie de leur mĂ©tier au contact de jeunes et moins jeunes au-tistes. Pour complĂ©ter ce tableau, nous avons Ă©galement sollicitĂ© Isabelle Courcy, Chercheure affiliĂ©e au Centre de recherche et de partage des savoirs InterActions, CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-MontrĂ©al pour qu’elle Ă©voque les premiers spĂ©cialistes qui soient : les parents !

À la (re)dĂ©couverte des spĂ©cialistes de l’autisme...

Info-MeMbres, octobre 2020 - voluMe 19 nuMĂ©ro 44

DOSSIER

En quelques mots, quelle est  la  dĂ©finition  du  mĂ©-tier de psychologue ?Le psychologue a plusieurs fonctions : Ă©valuer les diffĂ©rents besoins et accom-pagner les personnes autistes et leur famille, offrir des services de psychothĂ©-rapie, explorer et poser les diagnostics et collaborer avec les Ă©quipes profes-sionnelles.

Dans le cas d’une per-sonne autiste, quelles sont les valeurs ajoutĂ©es de vos interventions ?Le psychologue offre une lecture exhaustive des besoins parfois com-plexes des personnes. Il peut aus-si coordonner et superviser la mise

en place des interventions (sociales, communautaires, scolaires, profession-nelles, familiales et conjugales) selon la situation de chacun de nos clients.

À quelles Ă©tapes est-il utile/indispensable de faire appel Ă  vous pour une personne autiste ?D’abord, au moment de l’évaluation diagnostique. C’est important pour (1) dĂ©terminer si les difficultĂ©s rencontrĂ©es/vĂ©cues s’expliquent bel et bien par l’au-tisme et/ou autre (diagnostic diffĂ©rentiel et conditions associĂ©es) et (2) proposer et coordonner les services et les plans d’interventions (identification des forces et des dĂ©fis propres Ă  chacun). Ensuite, tout au long de la petite

enfance, l’ICI, le coaching parental et la thĂ©rapie par le jeu sont priorisĂ©s afin d’aider les tout-petits Ă  dĂ©velopper leur plein potentiel (ex. dĂ©velopper leurs habiletĂ©s sociales, encourager les jeux interactifs, etc.).

À l’adolescence, le coaching parental, la participation Ă  des groupes (comprĂ©-hension et appropriation du diagnostic, habiletĂ©s sociales, Ă©ducation sexuelle, etc.) et la psychothĂ©rapie figurent parmi nos recommandations principales. Plus prĂ©cisĂ©ment, la thĂ©rapie cognitivo-com-portementale (TCC) est souvent prio-risĂ©e, car elle entraĂźne des rĂ©sultats forts intĂ©ressants pour les personnes autistes. De plus, nous encourageons l’adaptation des services offerts en

Isabelle Hénault et Marie Verroneau, doctorante en neuropsychologie et psychologues à la Clinique Autisme & Asperger de Montréal.

Psychologue «Établir une lecture exhaustive de besoins parfois complexes»

Pour en savoir plus sur les interventions proposées par la

Clinique Autisme et Asperger de Montréal, consultez son site Internet.

Info-MeMbres, octobre 2020 - voluMe 19 nuMĂ©ro 4 5

DOSSIER

milieu scolaire afin de gĂ©nĂ©raliser les acquis dans cet environnement d’une grande importance.

Enfin, Ă  l’ñge adulte, plusieurs stratĂ©-gies sont mises en pratique comme la rĂ©gulation des Ă©motions, le travail sur l’estime de soi, l’évaluation du potentiel et des intĂ©rĂȘts spĂ©cifiques en emploi, tout cela en lien avec le dĂ©veloppe-ment d’un rĂ©seau social. Nous travail-lons Ă©galement avec les couples (vie amoureuse, sexuelle, habiletĂ©s de com-munication, rĂ©solution de conflits) et

finalement, les services sont égale-ment offerts aux familles sous forme de consultations (liées aux habiletés parentales, etc.)

Est-il utile/indispensable de conjuguer vos inter-ventions avec d’autres spĂ©cialitĂ©s ? Pourquoi et lesquelles ?Absolument, selon les profils et les pro-blĂ©matiques prĂ©sentes, nous encou-rageons le travail en Ă©quipe multi-disciplinaire (ex. ergothĂ©rapeutes,

orthophonistes, psychoĂ©ducateurs, neuropsychologues, orthopĂ©dago-gues, intervenant(e)s au DESS, Ă©du-cateur(trice)s spĂ©cialisĂ©(e)s, conseil-ler(e)s en orientation, sexologues). Notre expĂ©rience dĂ©montre que cela est favorable Ă  tous les niveaux, car ainsi, nous nous assurons que l’en-semble des interventions est adaptĂ© et coordonnĂ© dans l’objectif commun de favoriser l’épanouissement et le bien-ĂȘtre des personnes autistes qui nous sont trĂšs chĂšres.

Travailleuse sociale

Je me considĂšre comme une intervenante de deuxiĂšme ligne. À l’arrivĂ©e dans nos services, le parent a dĂ©jĂ  reçu le diagnostic. L’acceptation de l’enfant diffĂ©rent ne se vit toutefois pas en un seul bloc Ă  cette Ă©tape. Mon rĂŽle au sein de l’équipe multidisciplinaire est d’accompagner les parents lorsque surviennent des difficultĂ©s importantes. Elles sont souvent liĂ©es aux difficultĂ©s que vit l’enfant dans sa famille. J’offre des services en individuel aux parents ou en co-intervention avec l’éducatrice attitrĂ©e. Je peux aussi animer des groupes tels que l’ABC du comportement. Mon apport au sein de l’équipe d’in-tervenant est de ramener une vision systĂ©mique et de suggĂ©rer Ă  mes collĂšgues d’avoir des attentes rĂ©alistes. Comme intervenante, j’ai aussi la mission d’aider les parents Ă  identifier le mieux possible les particularitĂ©s autistiques de leur enfant. L’analyse des causes des comportements est une autre mission que je porte, toujours reliĂ©e Ă  l’idĂ©e de mieux comprendre pour mieux intervenir et mieux vivre avec la diffĂ©rence. Enfin, l’objectif de dĂ©velopper au maximum l’autonomie des personnes autistes est aussi prĂ©sent dans mes interventions afin de favoriser leur intĂ©gration sociale le moment venu.

Line Ouellet, Travailleuse sociale T.S.P. Ă  la Direction des programmes de dĂ©ficience intellectuelle,trouble du spectre de l’autisme et dĂ©ficience physique au Centre intĂ©grĂ© de santĂ© et de services sociaux (CISSS) de l’Abitibi-TĂ©miscamingue«

«

Info-MeMbres, octobre 2020 - voluMe 19 nuMĂ©ro 46

DOSSIER

L’ergothĂ©rapeute est un profes-sionnel qui centre son intervention sur le fonctionnement au quotidien. « Fonctionner », ça veut dire avoir la motivation et les capacitĂ©s (phy-siques, cognitives et affectives), pour faire ce dont j’ai besoin ou l’intĂ©rĂȘt de faire pour ĂȘtre en santĂ© (manger, m’habiller, gestion de mon hygiĂšne, dormir
), me divertir, me dĂ©placer, manipuler des objets et des outils, apprendre, interagir avec les autres, me dĂ©velopper sur le plan person-nel, contribuer Ă  la sociĂ©té  et sur-tout ĂȘtre heureux.

L’ergothĂ©rapeute intervient Ă  tout Ăąge lorsque la personne vit des situations de handicap dans son quotidien. Je n’oublierai jamais le jour oĂč j’ai reçu une demande de service pour une enfant de 5 ans

avec le motif de consultation suivant : « parce qu’il est autiste ». AprĂšs dis-cussion, parce que tout allait bien au quotidien, j’ai rassurĂ© les parents du fait qu’« ĂȘtre autiste » ne veut pas automatiquement dire « ĂȘtre en diffi-cultĂ© ». Je n’avais pas pris l’enfant en charge Ă  ce moment-lĂ , mais plutĂŽt reçu Ă  l’adolescence alors que des situations de handicap Ă©taient plus prĂ©sentes en lien avec la vie sociale. Personnellement, j’ai dĂ©diĂ© ma pratique aux enfants et adoles-cents autistes. J’ai eu la piqure pour l’accompagnement des per-sonnes autistes suite Ă  mon premier emploi d’ergothĂ©rapeute, il y a plus de 20 ans Ă  New York. Croyez-le ou non, Ă©tant la derniĂšre arrivĂ©e Ă  l’agence d’intervention prĂ©coce qui m’employait, on a placĂ© dĂ©libĂ©rĂ©-

Josiane Caron Santha, ergothĂ©rapeute et membre de l’Ordre des ErgothĂ©rapeutes du QuĂ©bec.

Ergothérapeute «Améliorer le fonctionnement quotidien»

Josiane Caron Santha a dĂ©veloppĂ© des formations en ligne pour les professionnels et parents qui souhaitent travailler certains objectifs par eux-mĂȘmes (https://www.josianecaronsantha.com/formation-developpement-et-fonctionnement-de-l-enfant-par-ergotherapeute-strategies-de-l-ergotherapie) et elle contribue Ă  dĂ©mystifier les diffĂ©rences qu’on observe chez la personne autiste par des ouvrages grand public.

Ses plus récents livres sont Autiste et Ado (https://www.miditrente.ca/fr/produit/etre-autiste-et-ado) et 10 questions sur les hypersensibilités sensorielles (https://www.miditrente.ca/fr/produit/10-questions-sur-les-hypersensibilites-sensorielles).

Pour en savoir plus : josianecaronsantha.com

Info-MeMbres, octobre 2020 - voluMe 19 nuMĂ©ro 4 7

DOSSIER

ment les « cas » d’enfants autistes dans mon horaire, car les autres intervenants craignaient cette clientĂšle « difficile » et les refusaient.

Nouvelle graduĂ©e et trĂšs motivĂ©e, j’ai donc multipliĂ© les lectures et les formations continues sur toutes les approches et sujets pertinents Ă  l’au-tisme depuis ce premier emploi avec la ferme intention professionnelle de devenir une rĂ©elle source d’aide pour mes clients avec un TSA et leur famille.

La formation continue est obligatoire pour l’ergothĂ©rapeute, assurant ainsi au public des services qui s’appuient sur des approches Ă  jour et sur les donnĂ©es probantes les plus rĂ©centes.

Un suivi en ergothĂ©rapie peut prendre diffĂ©rentes formes selon l’ñge de mon client, ses besoins et les objectifs des parents. Les possibilitĂ©s sont infinies considĂ©rant que l’ergothĂ©rapie n’est pas une approche en tant que telle, mais davantage une perspective ou un processus d’accompagnement toujours adaptĂ© au client.

Vous retrouverez souvent un ergothĂ©ra-peute dans les Ă©quipes diagnostiques ou d’intervention multidisciplinaire. Les diffĂ©rents professionnels du monde de l’autisme sont souvent intĂ©ressĂ©s Ă 

collaborer avec l’ergothĂ©rapeute pour offrir un accompagnement optimal aux familles.TrĂšs rapidement, Ă  force de cĂŽtoyer des personnes autistes, j’ai dĂ©veloppĂ© un intĂ©rĂȘt fort pour les forces associĂ©es Ă  la personnalitĂ© neurologique « autiste ». Des intĂ©rĂȘts particuliers plus surpre-nants les uns que les autres, mais tou-jours aussi fascinants Ă  dĂ©couvrir. Les personnes autistes m’ont fait voir des merveilles que je n’aurais jamais pris le temps de regarder.

J’aime particuliĂšrement l’authenticitĂ© des autistes. Il n’y a pas de faux sem-blant et, honnĂȘtement, cela apporte un brin de fraicheur dans mes journĂ©es
 bien qu’il y ait des fois oĂč je prĂ©fĂ©rerais qu’on ne me demande pas pourquoi j’ai un bouton rouge sur le nez. Le « toute vĂ©ritĂ© n’est pas bonne Ă  dire » est d’ail-leurs souvent un point que je travaille en sĂ©ance avec mes petits clients ;-)

Au fil des ans, je suis devenue com-plĂštement accro Ă  ma profession que je ne considĂšre pas du tout comme un travail, mais plutĂŽt comme une passion.

Il est un rĂ©el privilĂšge depuis 20 ans d’ĂȘtre impliquĂ©e dans le monde de l’autisme.

QUELQUES EXEMPLES D’INTERVENTIONS

u Marie-AdĂšle, 2 ans, est peu disposĂ©e Ă  apprendre par imitation et s’intĂ©resse peu aux jouets typiques de son Ăąge. L’ergothĂ©rapeute stimule diffĂ©rents apprentissages en mettant Ă  sa disposition du matĂ©riel dans ses intĂ©rĂȘts (chiffres et lettres).

u Mikael, 8 ans, apprend à reconnaitre et à ajuster ses différents états (relaxé vs concentré vs excité) en les comparant à différents véhicules (voilier, vélo, voiture de course).

u Roxane, 5 ans, s’amuse Ă  chercher des animaux dans une pĂąte rĂ©sistante, afin de dĂ©velopper la force dans ses mains pour l’aider Ă  mieux tenir le crayon.

u Pour aider Samuel, 6 ans, Ă  dĂ©velopper une meilleure capacitĂ© de rester assis aux repas et dans la classe, l’ergothĂ©rapeute lui propose diffĂ©rents dĂ©fis pour sa posture sur des Ă©quipements suspendus en clinique. Elle a aussi suggĂ©rĂ© des aides pour la classe (coussin de mouvement et bande rebond pour les pieds).

u Nouri, 9 ans, explore différentes stratégies sensorielles (ex. prendre une pause pour faire des mouvements, sucer des raisins congelés) et équipements (peluche lestée, coquilles, objets à manipuler), pour améliorer sa concentration durant sa période de devoirs.

Info-MeMbres, octobre 2020 - voluMe 19 nuMĂ©ro 48

DOSSIER

En quelques mots, quelle est la dĂ©finition du mĂ©tier de psychoĂ©ducatrice ?Cette discipline utilise les forces de la personne comme levier d’intervention, afin d’arriver Ă  pallier des difficultĂ©s ren-contrĂ©es. Ces nouvelles stratĂ©gies adap-tatives pourront ĂȘtre utilisĂ©es de nouveau dans des situations similaires Ă©ventuelles. Les psychoĂ©ducatrices et psychoĂ©du-cateurs s’appuient sur deux Ă©lĂ©ments fondamentaux qui sont nĂ©cessaires Ă  la rĂ©ussite d’une intervention : la motivation (donc, la personne doit VOULOIR appor-ter des changements Ă  sa vie, entamer ce processus) et la confiance (la personne doit croire en elle, en la relation thĂ©rapeu-tique qui se tisse au fil des rencontres avec le professionnel).

Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice, autrice et conférenciÚre

Psychoéducatrice «Utiliser les forces de la personne comme des leviers de progrÚs»

UN MANDAT, QUATRE ÉTAPES


Les psychoéducateurs et psychoéducatrices ont pour mandat :

d’évaluer les individus afin de


cibler leur potentiel adaptatif (forces, limites, besoins, intĂ©rĂȘts) ainsi que leur potentiel expĂ©rientiel (le rĂ©seau de soutien, les possibilitĂ©s d’apprentissages offertes par l’entourage et l’environnement de la personne) ce qui leur permet


d’élaborer, en collaboration avec l’individu, un plan d’intervention dans lequel on retrouve notamment les objectifs Ă  atteindre ainsi que les moyens pour y parvenir.La mise sur pied de ce plan d’intervention donne


une direction Ă  l’intervention qui sera effectuĂ©e.

Le but ultime de la dĂ©marche en psychoĂ©ducation est d’amener l’individu Ă  surmonter un (ou des) dĂ©fi(s) d’adaptation en retrouvant l’équilibre dans sa vie.

Pour en savoir plus, notamment sur l’actualitĂ© littĂ©raire de SĂ©phanie

Deslauriers, consultez son site Internet: stephaniedeslauriers.com

Info-MeMbres, octobre 2020 - voluMe 19 nuMĂ©ro 4 9

DOSSIER

Dans le cas d’une per-sonne autiste, quelles sont les valeurs ajoutĂ©es de la psychoĂ©ducation ?Le fait de prendre en considĂ©ration la personne autiste dans sa globalitĂ©, de prendre le pouls de ce qui s’offre Ă  elle au tout dĂ©but de la dĂ©marche psy-choĂ©ducative en termes de soutien de son entourage et d’implication de ses proches permet d’offrir une intervention personnalisĂ©e, empathique et collĂ©e Ă  la rĂ©alitĂ© ainsi qu’aux besoins de cette personne et de sa famille.Le psychoĂ©ducateur se mĂ©fie des recettes magiques : il prĂ©fĂšre, et de loin, bien Ă©valuer la personne autiste

et sa famille afin de lui offrir des pistes de rĂ©flexion et des stratĂ©gies d’inter-vention Ă  la hauteur de ses capacitĂ©s. En psychoĂ©ducation, une attention par-ticuliĂšre est portĂ©e au milieu naturel de la personne autiste. Ainsi, on s’as-sure que les recommandations sont collĂ©es sur la rĂ©alitĂ© de la personne et qu’elles tiennent Ă©galement compte des besoins, des forces et des limites de la famille. Souvent, les psychoĂ©ducateurs travaillent de pair avec les profession-nels des disciplines suivantes : ortho-phonie, ergothĂ©rapie, travail social, Ă©ducation spĂ©cialisĂ©e et psychologie. L’objectif de cette collaboration est bien Ă©videmment d’optimiser le bien-ĂȘtre de

la personne qui consulte, de lui offrir l’ensemble des outils dont elle a besoin pour retrouver un Ă©quilibre satisfaisant dans sa vie et affronter les dĂ©fis qui se prĂ©sentent Ă  elle.

En gĂ©nĂ©ral, quelle est la durĂ©e moyenne de prise en charge nĂ©cessaire ?Cela varie grandement en fonction des besoins de la personne et de sa famille, des dĂ©fis rencontrĂ©s et, malheu-reusement, des budgets allouĂ©s dans le rĂ©seau de la santĂ© et des services sociaux. Mais gĂ©nĂ©ralement, on peut dire qu’un Ă©pisode de services dure entre 8 et 12 semaines au public.

UNE INTERVENTION AU FIL DES ÂGES

Diagnostic Petite enfance Parcours scolaire Vie adulte

Les psychoĂ©ducateurs sont souvent prĂ©sents dans les Ă©quipes multidiscipli-naires en clinique du dĂ©veloppement pour Ă©valuer les capacitĂ©s d’adapta-tion de la personne qui participe Ă  l’évaluation diagnostique. Ils effec-tuent l’évaluation via des jeux et des discussions avec l’enfant lui-mĂȘme ainsi que ses parents dans un contexte d’observation.

Dans les centres de rĂ©adaptation (CRDI-TED), les psychoĂ©ducateurs contribuent au programme d’inter-vention comportementale intensive (ICI) en supervisant les Ă©ducateurs spĂ©cialisĂ©s dans la mise en place des moyens d’intervention tels que dĂ©finis au plan d’intervention et ce, en fonction des besoins, des forces et des limites ainsi que des objectifs Ă  atteindre. Le soutien visuel est de mise, tout comme le soutien au dĂ©veloppement des pra-tiques parentales pour que les parents se sentent outillĂ©s pour faire face aux comportements de leur tout-petit avec bienveillance.

À l’ñge scolaire (au primaire et au secondaire), les psychoĂ©ducateurs interviennent auprĂšs des jeunes pour parler d’habiletĂ©s sociales (entrer en contact avec les autres, nouer des amitiĂ©s, conserver les amitiĂ©s, Ă©mettre son opinion, faire des compromis, col-laborer, rĂ©soudre des conflits, etc.), d’estime de soi et d’autonomie, entre autres choses. Les rencontres peuvent avoir lieu en tĂȘte Ă  tĂȘte ou encore, en famille selon les besoins.

Les psychoĂ©ducateurs peuvent sou-tenir les adultes dans la recherche et le maintien d’un emploi, discu-ter avec eux d’enjeux vĂ©cus dans les diffĂ©rentes sphĂšres de leur vie (amoureuse, familiale, profession-nelle, personnelle, etc.) ou encore, les accompagner dans diverses dĂ©marches qui leur sont importantes (recherche d’emploi, recherche de loisirs, etc.).

Info-MeMbres, octobre 2020 - voluMe 19 nuMĂ©ro 410

DOSSIER

u AuprĂšs d’une personne autiste, le rĂŽle de l’orthopĂ©dagogue consiste, entre autres, Ă  Ă©valuer les habiletĂ©s, la nature des difficultĂ©s scolaires, les forces, le niveau de fonctionne-ment, le style d’apprentissage, les intĂ©rĂȘts ainsi que les difficultĂ©s liĂ©es aux apprentissages. Puis, il inter-vient et rĂ©Ă©duque les processus spĂ©-cifiques et non spĂ©cifiques selon les besoins prĂ©alablement identifiĂ©s. Il utilise des mĂ©thodes diversifiĂ©es d’évaluation telles que l’observation tout en se tournant vers des outils standardisĂ©s ou non-standardisĂ©s afin de bonifier sa comprĂ©hension des difficultĂ©s et ainsi dĂ©gager un profil le plus prĂ©cis possible.

u L’intervention peut prendre diffĂ©rentes formes. En gĂ©nĂ©ral, le professionnel procĂšde par remĂ©-diation cognitive et pĂ©dagogique, c’est-Ă -dire qu’il rend plus efficaces

les processus cognitifs comme l’at-tention, la gestion des imprĂ©vus, la rigiditĂ© cognitive et l’auto-rĂ©gulation. Puis, il propose des mĂ©thodes de travail et des stratĂ©gies efficaces pour pallier certaines difficultĂ©s d’ordre scolaire. En fait, il s’intĂ©resse aux processus d’apprentissages, notamment la façon d’apprendre et la façon dont l’autre rĂ©flĂ©chit (mĂ©ta-cognition).

u L’orthopĂ©dagogue spĂ©cialisĂ© en TSA utilise beaucoup le support visuel en appui Ă  la communica-tion. Il priorise l’écrit au verbal afin de ne pas surcharger son interlocu-teur. Ce dernier joue un rĂŽle dans l’accompagnement des parents et d’autres professionnels afin de faciliter les apprentissages et l’intĂ©-gration sociale. Il peut permettre de mieux diffĂ©rencier les manifestations dĂ©coulant directement du TSA, de

Cynthia Couture, orthopĂ©dagogue Ă  la clinique Les TĂȘtes Fortes

Orthopédagogue «Adapter les

apprentissages Ă  des besoins spĂ©cifiques»

PRIVILÉGIER L’INTERDISCIPLINARITÉ

En tant qu’orthopĂ©dagogue, je travaille frĂ©quemment en Ă©troite collaboration avec des ergothĂ©rapeutes pour les particularitĂ©s sensorielles et la proprioception, des orthophonistes pour la sphĂšre pragmatique dont les habiletĂ©s sociales et la rĂ©gie d’échange ainsi que des psychoĂ©ducateurs ou travailleurs sociaux qui interviennent dans la comprĂ©hension et l’acceptation de la diffĂ©rence, mais aussi pour le dĂ©veloppement des habiletĂ©s sociales. Il va sans dire que les enseignants sont des acteurs trĂšs importants, car ils travaillent auprĂšs des jeunes au quotidien.

Info-MeMbres, octobre 2020 - voluMe 19 nuMĂ©ro 4 11

DOSSIER

difficultĂ©s ou de troubles dont l’étiolo-gie est autre. Par ailleurs, l’orthopĂ©da-gogue insiste pour structurer le temps et l’environnement, mais favorise aus-si la gĂ©nĂ©ralisation de concepts (faire des liens entre les connaissances) de mĂȘme qu’une meilleure comprĂ©hension des notions abstraites, etc.

u Il arrive que l’orthopĂ©dagogue puisse intervenir auprĂšs d’un jeune ayant rĂ©cemment obtenu un diagnos-tic de TSA, donc il peut l’accompagner quant Ă  la comprĂ©hension du trouble, mais surtout expliciter certaines rĂ©per-cussions que cela peut avoir sur les sphĂšres scolaire et sociale. Pour ma part, j’accompagne les jeunes dans leur comprĂ©hension du monde et j’explicite des concepts ou des rĂšgles qui n’ont pas de sens Ă  leurs yeux. J’agis sur leur structure autistique, puis sur leurs apprentissages. À noter que certains orthopĂ©dagogues ne se spĂ©cialisant pas en autisme risquent de ne pas se sentir suffisamment outillĂ©s pour faire ce type d’intervention. Il est alors pro-bable qu’un psychologue ou un neu-ropsychologue soit plus indiquĂ©.

u L’orthopĂ©dagogie s’adresse Ă  toute personne en situation d’apprentissage scolaire (prĂ©scolaire, primaire, secon-daire, collĂ©gial, universitaire) bien qu’elle soit plus rĂ©pandue du prĂ©sco-laire au secondaire. L’orthopĂ©dagogue

n’hĂ©site pas Ă  multiplier ses approches afin d’optimiser ses interventions. AuprĂšs d’apprenants ayant un TSA, il est trĂšs important de modĂ©liser ce qui est attendu, mais aussi d’expliquer l’utilitĂ© de l’activitĂ© et d’enseigner avec une variĂ©tĂ© de contextes afin de faci-liter la gĂ©nĂ©ralisation. Pour ma part, j’utilise un petit cartable dans lequel je consigne tous les outils crĂ©Ă©s en direct avec l’apprenant, puis je les rĂ©utilise dans divers contextes. Cet outil permet aux Ă©lĂšves d’y recourir tant en clinique, Ă  la maison qu’à l’école.

u Que ce soit de la petite enfance Ă  l’ñge adulte, l’orthopĂ©dagogue peut intervenir auprĂšs de divers types d’ap-prenants afin qu’ils acquiĂšrent une plus grande autonomie en langage Ă©crit ou en mathĂ©matiques. Il offre des suivis, de la rĂ©Ă©ducation, de la consolidation et du maintien des acquis. La visĂ©e de tous ces moyens est de maximiser le poten-tiel de chaque apprenant en respectant leur profil d’apprentissage. En ce sens, il dĂ©ploie des moyens concrets, prĂ©-cis et personnalisĂ©s, mais aussi Ă©veille chaque apprenant Ă  son propre style cognitif afin qu’il connaisse mieux sa façon personnelle d’apprendre en vue d’actualiser son potentiel. Ces moyens permettent l’adoption de stratĂ©gies plus adaptĂ©es, car il apprend Ă  mieux apprendre en reconfigurant certaines connexions neuronales.

QUELS SONT LES SIGNES DÉNOTANT QU’UN APPRENANT POURRAIT AVOIR BESOIN D’ORTHOPÉDAGOGIE ?

u Il rencontre des difficultés dans ses apprentissages scolaires (lecture, écriture, mathématiques et fonctions exécutives) ;

u Ses rĂ©sultats scolaires sont dĂ©cevants par rapport aux efforts qu’il fournit ;

u Il est dĂ©motivĂ© ou se dĂ©courage lorsqu’il est question d’école ;

u Vous ĂȘtes inquiets concernant son rythme d’apprentissage, son intĂ©gration des nouvelles notions ;

u Son enseignante vous indique qu’il aurait besoin de soutien pour mieux apprendre ;

u Il est Ă  risque d’échec ;

u Il a besoin d’aide afin de dĂ©velopper une mĂ©thode de travail efficace ;

u Il a besoin d’aide afin d’amĂ©liorer ses mĂ©thodes d’organisation et sa gestion du temps ;

u Il manque d’autonomie dans l’utilisation de ses stratĂ©gies ;

u Il ne semble pas en mesure de transfĂ©rer ses acquis d’une situation Ă  une autre ;

u Il nĂ©cessite plus de temps ou d’explications pour bien intĂ©grer ce qui lui est enseignĂ©.

Pour retrouver plusieurs bons conseils de Cynthia Couture, consultez la page Facebook

de la clinique Les TĂȘtes Fortes: facebook.com/tetesfortes

Info-MeMbres, octobre 2020 - voluMe 19 nuMĂ©ro 412

DOSSIER

« Être massothĂ©rapeute, c’est apporter du bonheur aux gens. C’est les soula-ger de leurs tensions musculaires, mais aussi leur offrir un moment de dĂ©tente dans leur quotidien souvent beaucoup trop surchargĂ©. C’est les aider Ă  soula-ger leur stress et diminuer leur niveau d’anxiĂ©tĂ©.

Cependant, ce n’est pas exactement ce que je visais en devenant masso-thĂ©rapeute il y a sept ans. Dans ma lettre de motivation jointe Ă  la demande d’inscription, j’y mentionnais : “Mon plan de carriĂšre est de devenir massothĂ©ra-peute pour enfants Ă  besoins particuliers (autisme, TDAH, etc.)”. C’était dĂ©jĂ  clair dans ma tĂȘte que cette spĂ©cialisation de la massothĂ©rapie Ă©tait essentielle, car ayant deux enfants autistes, mes tenta-tives de les faire masser se sont avĂ©rĂ©es vaines. Le massage de style suĂ©dois ne leur convenait pas ; l’utilisation de l’huile de massage les dĂ©goĂ»tait, le fait d’ĂȘtre sur une table de massage les rendait

inconfortables et les manƓuvres de glissement comme les effleurages les stimulaient au lieu de les apaiser.

AprĂšs une annĂ©e de formation, je suis devenue massothĂ©rapeute. À noter que pour devenir massothĂ©rapeute, il faut un minimum de 400 heures de forma-tion et faire partie d’une association pro-fessionnelle. Au QuĂ©bec, nous n’avons pas encore d’ordre professionnel, mais la FĂ©dĂ©ration quĂ©bĂ©coise des masso-thĂ©rapeutes agrĂ©Ă©s y travaille depuis plusieurs annĂ©es avec l’appui de plu-sieurs organismes, dont le CollĂšge des mĂ©decins du QuĂ©bec.

En 2014, aprĂšs ma formation de mas-sage Shiatsu, mes formations sur l’autisme, le TDAH et plusieurs autres troubles associĂ©s, et dotĂ©e de mon vĂ©cu personnel, j’ai crĂ©Ă© la Technique MEBPÂź, Massage pour enfants Ă  besoins particuliers.

Mélissa Boulanger, massothérapeute

Massothérapeute «Privilégier une technique dédiée aux personnes autistes»

UNE INTERVENTION RECONNUE ET RECOMMANDÉE

Le mĂ©tier de massothĂ©rapeute certifiĂ© de la Technique MEBPÂź est en constante progression. D’une personne certifiĂ©e (l’auteure de ces lignes) Ă  plus de 200 en seulement six ans. Il fait maintenant partie des recommandations de plusieurs psychologues, neuropsychologues, pĂ©dopsychiatres et autres spĂ©cialistes du dĂ©veloppement chez l’enfant.

La Technique MEBPÂź a fait l’objet d’une Ă©tude scientifique dirigĂ©e par la Dre Nathalie Poirier de l’UQAM.

Info-MeMbres, octobre 2020 - voluMe 19 nuMĂ©ro 4 13

DOSSIER

Nous pouvons intervenir dĂšs le dĂ©but du questionnement du parent en lien avec les difficultĂ©s de leur enfant. Nous sommes spĂ©cialisĂ©s pour intervenir auprĂšs des enfants et adolescents ayant un trouble du spectre de l’au-tisme (TSA), un trouble du dĂ©ficit de l’attention avec ou sans hyperactivitĂ© (TDAH), des troubles spĂ©cifiques des apprentissages (TAS), du trouble dĂ©ve-loppemental de la coordination (TDC), des troubles anxieux, des troubles du processus sensoriel et du Syndrome de Gilles de la Tourette (SGT).

Les massothĂ©rapeutes certifiĂ©s de la Technique MEBPÂź sont outillĂ©s autant pour le savoir-ĂȘtre que le savoir-faire. GrĂące un Ă©ventail d’outils propres Ă  la Technique MEBPÂź comme des ques-tionnaires aux parents et des grilles d’observations, le massothĂ©rapeute est capable de reconnaĂźtre les besoins tant Ă©motionnels, physiques et sensoriels

de l’enfant et de fixer des objectifs de travail en massothĂ©rapie afin d’assurer un suivi rigoureux et professionnel.

Nos massothĂ©rapeutes certifiĂ©s peuvent aussi travailler en Ă©troite collaboration avec les autres professionnels impli-quĂ©s dans le quotidien de l’enfant. Un massage planifiĂ© avant une sĂ©ance en orthophonie par exemple rendra l’enfant plus calme et disponible aux apprentis-sages. Nous pouvons aussi travailler de pair avec les ergothĂ©rapeutes afin de bonifier leurs traitements au niveau sensoriel, physique ou cognitif selon leurs recommandations.

Un massage de la Technique MEBPÂź est d’une durĂ©e de 30 minutes. Le parent est toujours prĂ©sent pendant le massage et peut profiter de ce moment pour se dĂ©poser et profiter de voir son enfant recevoir Ă  la place de le voir tra-vailler et/ou performer. »

Pour trouver un.e massothérapeuthe certifié.e MEBPŸ dans votre région,

consultez le site Internet: techniquemebp.com

La Technique MEBPÂź est recommandĂ©e pour les enfants et adolescents de 4 Ă  18 ans et est particuliĂšrement adaptĂ©e aux enfants autistes. Notre environnement de travail est amĂ©nagĂ© selon leurs besoins sensoriels, notre pratique est supportĂ©e par des outils de repĂšres visuels et de temps et notre massage est composĂ© de pressions profondes et de pressions douces effectuĂ©es par-dessus les vĂȘtements et au sol sur un futon de massage.Les bienfaits sont nombreux, car nous travaillons plusieurs aspects psychocorporels en massage. Avec un enfant Ă  besoins particuliers, il faut voir la massothĂ©rapie comme un suivi et non un Ă©vĂ©nement ponctuel. Les bienfaits seront davantage observĂ©s avec un suivi hebdomadaire ou selon la recommandation du massothĂ©rapeute Ă  la suite de l’élaboration du plan de travail.

u Aide Ă  la concentration et amĂ©liore la disponibilitĂ©u Aide Ă  gĂ©rer l’anxiĂ©tĂ© et la colĂšreu AmĂ©liore la digestion et rĂ©duit la constipationu Diminue le niveau de stressu Aide Ă  diminuer la frĂ©quence et l’intensitĂ© des tics nerveux

u AmĂ©liore la qualitĂ© du sommeilu RĂ©duis la frĂ©quence et l’intensitĂ© des migraines et des maux de tĂȘteu Augmente la tolĂ©rance au toucheru Aide Ă  avoir une meilleure conscience de son corps

QUELQUES EXEMPLES DE BIENFAITS RAPPORTÉS PAR NOTRE CLIENTÈLE ET LEURS PARENTS

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Reconnaitre l’expertise parentaleChercheure au Centre de recherche et de partage des savoirs InterActions du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-MontrĂ©al, Isabelle Courcy est Ă©galement professeure au DĂ©partement de sociologie de l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al. Auteure notamment de plusieurs articles sur l’expĂ©rience des pĂšres et des mĂšres dans le contexte de l’autisme, nous avons souhaitĂ© qu’elle clĂŽture notre dossier en rappelant leur rĂŽle fondamental, au cƓur mĂȘme du parcours de vie de leur enfant ou adulte autiste. Entretien


DOSSIER

Info-MeMbres, octobre 2020 - voluMe 19 nuMĂ©ro 4 15

DOSSIER

En autisme comme dans d’autres do-maines, le rĂŽle de la famille est dĂ©sor-mais reconnu, du moins de façon thĂ©o-rique, comme un facteur essentiel dans l’accompagnement de leur enfant. Qu’en est-il dans la rĂ©alitĂ© ?

Depuis plus de dix ans, j’ai eu la chance de participer Ă  plusieurs projets de recherche menĂ©s auprĂšs des familles et des personnes autistes. Comme socio-logue, j’aborde la question du rĂŽle de la famille par le biais des transformations sociales qui ont marquĂ© le QuĂ©bec moderne. Par exemple, les attentes sociales envers les parents n’étaient pas les mĂȘmes au dĂ©but du 19e siĂšcle quand l’autisme a Ă©tĂ© « dĂ©couvert ». À

partir des années 1960, avec le mouvement de désins-titutionalisation, la famille est devenue le principal milieu

de vie de la plupart des enfants autistes. Plus rĂ©cemment, les recherches ont avancĂ© l’importance de l’implication des

parents dans les interventions de l’enfant afin de favoriser ses apprentissages et son intĂ©gration sociale. Les mĂšres, auparavant considĂ©rĂ©es responsables des comportements autistiques de leur enfant, sont plus que jamais encouragĂ©es Ă  participer dans l’accompagnement et les plans d’interven-tion de leur enfant.

Il est d’ailleurs courant d’entendre que les parents sont des « partenaires », « avec lesquels on collabore » et qu’ils sont les « premiers intervenants » dans la vie de l’enfant. Par ail-leurs, en portant attention aux expĂ©riences rapportĂ©es par des parents et des intervenants, je constate que cet idĂ©al de collaboration est rudement mis Ă  l’épreuve, notamment en raison du manque de ressources et des listes d’attente, que ce soit pour accĂ©der Ă  un mĂ©decin de famille, Ă  des services d’intervention spĂ©cialisĂ©e ou de l’accompagnement

psychosocial. Mes travaux m’ont Ă©galement amenĂ© Ă  aborder l’expertise parentale et Ă  souligner un Ă©lĂ©ment central dans les relations de collaboration entre les parents, les interve-nants et les professionnels : le partage des savoirs entre les diffĂ©rentes parties prenantes mobilisĂ©es autour de l’enfant.

Quels sont les bĂ©nĂ©fices de cette recon-naissance de l’expertise parentale ?Les mĂšres et les pĂšres dĂ©tiennent un savoir expĂ©rientiel, complĂ©mentaire Ă  celui des intervenants et des profession-nels. Au fil de leur parcours, les parents dĂ©veloppent une connaissance pointue des particularitĂ©s de leur enfant (ex. forces, difficultĂ©s, goĂ»ts, intĂ©rĂȘts, façons d’entrer en interac-tion avec lui). Par la recherche d’information et au contact des intervenants et des professionnels, mais aussi d’autres parents, ils trouvent des ressources, sont confrontĂ©s aux dĂ©bats et controverses qui marquent le monde de l’autisme et apprennent Ă  naviguer dans le RĂ©seau de la santĂ© et des services sociaux. Les parents peuvent Ă©galement possĂ©der des savoirs scientifiques et spĂ©cialisĂ©s (par exemple ĂȘtre infirmiĂšre) ou avoir accumulĂ© une quantitĂ© impressionnante d’information via les mĂ©dias sociaux, la lecture de livres spĂ©-cialisĂ©s, l’assistance Ă  des confĂ©rences ou la participation Ă  des formations. L’assemblage qu’ils font de ces connais-sances diversifiĂ©es, couplĂ©es Ă  leurs valeurs, leur vĂ©cu, leurs croyances et leurs appartenances sociale et ethnoculturelle, orientent leurs choix et dĂ©terminent ce qu’ils et elles consi-dĂšrent ĂȘtre bon ou nĂ©faste pour leur enfant.

Pour les intervenants et les professionnels, la prise en compte de l’expertise parentale et des savoirs qui la constitue com-porte plusieurs avantages dont celui de mieux adapter les interventions aux particularitĂ©s de l’enfant, d’établir des objectifs communs et en accord avec les prĂ©occupations

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DOSSIER

des parents et d’apprendre de l’expĂ©rience quotidienne des parents pour mieux intervenir auprĂšs de l’enfant. Pour les parents, ceci peut contribuer au dĂ©veloppement de leur pou-voir d’agir et Ă  un plus grand sentiment de compĂ©tence, ce qui favorisent leur participation et l’établissement d’une relation de confiance qui pourra non seulement bĂ©nĂ©ficier Ă  l’enfant et aux parents, mais aussi aux intervenants qui sentent « qu’ils et elles font une diffĂ©rence dans la vie des familles ». Sur le plan social, l’expertise parentale peut aussi ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un savoir collectif. La reconnaissance sociale de cette expertise partagĂ©e peut ĂȘtre source d’empowerment pour les parents et se rĂ©vĂ©ler un puissant moteur d’action pour aider son enfant et agir plus globalement afin d’amĂ©-liorer les conditions de vie des personnes autistes et celles de leurs proches.

Quelles  sont  les  principales  difficultĂ©s encore rencontrĂ©es par les parents ?Être parent d’un enfant autiste peut se rĂ©vĂ©ler un travail de grande ampleur en termes d’éducation, de stimulation, de recherche d’aide, de surveillance et de soin quotidien. Cet engagement de temps, d’énergie et de ressources peut avoir des rĂ©percussions importantes sur leur situation d’emploi, leur bien-ĂȘtre, leur sĂ©curitĂ© Ă©conomique et leur rĂ©seau personnel de soutien. Plusieurs parents dĂ©plorent vivre des difficultĂ©s en lien avec le manque de reconnaissance de leur expertise parentale. À titre d’exemple, des parents ont l’impression que leurs inquiĂ©tudes ne sont pas prises en compte par des professionnels consultĂ©s, d’autres confient Ă©viter de poser trop de questions ou omettre de communiquer leurs apprĂ©-hensions par crainte d’ĂȘtre identifiĂ© comme un parent qui « refuse de collaborer ». Plusieurs sont anxieux de perdre leurs services s’ils dĂ©plaisent. Est-il possible que des parents n’aient pas obtenu de services parce qu’ils n’arrivaient pas, aux yeux des intervenants et des professionnels, Ă  formuler

des objectifs pour orienter le plan d’intervention ? Une mĂšre peut-elle ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme « refusant de collaborer » parce qu’elle dĂ©sire parler de l’autisme en d’autres termes que ceux de la science ou du milieu de la rĂ©adaptation ? Ces situations, plus qu’hypothĂ©tiques, sont d’autant plus inquiĂ©-tantes sachant que les familles ayant moins de ressources sont souvent celles qui arrivent le moins Ă  se faire entendre et Ă  faire reconnaĂźtre leurs compĂ©tences parentales aux yeux des professionnels de la santĂ© et des milieux de l’in-tervention spĂ©cialisĂ©e.

Comment les convaincre de leur lĂ©-gitimitĂ© Ă  ĂȘtre intĂ©grĂ©s dans la prise en charge de leur enfant et comment doivent-ils valoriser leur expertise au-prĂšs des intervenants ?Les parents sont considĂ©rĂ©s comme les premiers respon-sables du bien-ĂȘtre et de la sĂ©curitĂ© de leur enfant. Partout, que ce soit dans les mĂ©dias, Ă  l’école ou dans leur entourage, on ne manque pas de leur rappeler, Ă  diffĂ©rents moments et de diffĂ©rentes façons, la responsabilitĂ© qui leur incombe Ă  l’endroit du bien-ĂȘtre de leur enfant. Le regard dĂ©sapproba-teur ressenti au supermarchĂ© lorsque l’enfant s’impatiente ou exprime son mĂ©contentement en est un bon exemple. Plu-sieurs critiques pourraient ĂȘtre formulĂ©es quant aux normes sociales de la « bonne parentalitĂ© » et de leurs effets sur le bien-ĂȘtre des parents d’enfants autistes. Par ailleurs, cette responsabilisation accrue des parents offre aussi des possi-bilitĂ©s : les mĂšres et les pĂšres sont plus que jamais lĂ©gitimes de s’intĂ©grer dans les interventions et les accompagnements de leur enfant, que ce dernier soit autiste ou non. Plusieurs stratĂ©gies peuvent ĂȘtre envisagĂ©es. Une premiĂšre stratĂ©gie est d’apprendre des parents « qui sont dĂ©jĂ  passĂ©s par lĂ  » pour savoir comment s’adresser et Ă  qui. Par exemple, la formulation des demandes faites au mĂ©decin spĂ©cialiste

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DOSSIER

ou Ă  la directrice de l’école sera diffĂ©rente. Ceci rejoint une deuxiĂšme stratĂ©gie visant Ă  apprendre et Ă  employer les termes utilisĂ©s par les intervenants et les prestataires de services. Une autre stratĂ©gie adoptĂ©e par des parents est d’ĂȘtre accompagnĂ© d’un intervenant ou d’un professionnel en qui ils ont confiance. À cet Ă©gard, les intervenants sociaux qui adoptent une perspective sociale, ou Ă©cosystĂ©mique, peuvent se rĂ©vĂ©ler des alliĂ©s pour soutenir les parents, tra-duire leurs savoirs et mettre de l’avant leurs compĂ©tences et leur engagement auprĂšs de l’enfant. Les associations et les organismes de dĂ©fense des droits jouent Ă©galement ce rĂŽle important de soutien et de « traducteur ».

Que faire si l’intervenant refuse de considĂ©rer les parents comme de vĂ©ri-tables partenaires ?J’ai abordĂ© la reconnaissance de l’expertise parentale comme une pratique sociale dont les milieux d’intervention, d’accom-pagnement et la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©rale gagneront Ă  adopter. Reconnaitre l’expertise parentale revient Ă  considĂ©rer les parents comme les experts de leur enfant. C’est donner de la crĂ©dibilitĂ© Ă  leur point de vue et tenter de comprendre les raisons objectives (ex. manque d’argent ou logement trop petit) et subjectives (ex. tristesse, honte, valeurs) qui les amĂšnent Ă  s’opposer Ă  une dĂ©cision ou Ă  choisir une modalitĂ© d’accompagnement plutĂŽt qu’une autre. Recon-naĂźtre leur expertise et les considĂ©rer comme de vĂ©ritables partenaires demande de les inclure dans les dĂ©cisions qui concerne l’enfant et Ă  prendre le temps de bien les informer afin qu’ils et elles puissent prendre des dĂ©cisions Ă©clairĂ©es. Il ne s’agit donc pas de les cantonner dans un simple rĂŽle observateur ou d’informateur sur l’enfant. La collaboration entre les parents et les intervenants se dĂ©roule relativement sans heurt lorsque les parents par-tagent la mĂȘme vision que l’équipe et qu’ils agissent comme

il est attendu qu’ils le fassent. Dans la rĂ©alitĂ©, des dĂ©saccords surviennent au niveau de la comprĂ©hension des besoins de l’enfant, de la vision de ses capacitĂ©s, des objectifs prioritaires et des façons d’intervenir. Ces dĂ©saccords sont inhĂ©rents au travail de collaboration d’oĂč l’importance du partage des savoirs et des connaissances de chacun. Par ailleurs, un intervenant ou un professionnel qui refuserait de considĂ©rer le parent comme un vĂ©ritable partenaire se positionne en contradiction avec « le modĂšle du partenariat de soins et de services » qui est choisi dans le RĂ©seau de la santĂ© et des services sociaux et reconnu par l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS, 2010). Le partenariat de soins et de services est dĂ©fini comme une relation de collaboration qui « s’inscrit dans un processus dynamique d’interactions et d’appren-tissages et qui favorise l’autodĂ©termination [et] une prise de dĂ©cisions libres et Ă©clairĂ©es » (DeschĂȘnes et al., 2014 : 11). Les partenaires considĂ©rĂ©s sont les personnes autistes et leurs proches ainsi que les diffĂ©rents intervenants et profes-sionnels qui sont mobilisĂ©s, que ces derniers appartiennent ou non Ă  la mĂȘme Ă©quipe, proviennent d’établissements distincts ou non, Ɠuvrent dans des secteurs d’activitĂ© diffĂ©-rents comme la santĂ© ou l’éducation, ou offrent des services diffĂ©rents ou similaires.En terminant, j’aimerais ajouter que la personne autiste, qu’elle soit mineure ou adulte, est souvent oubliĂ©e dans le dĂ©bat sur la reconnaissance de l’expertise parentale. Il importe de trouver des façons de faire afin d’intĂ©grer la perspective de l’enfant ou de l’adulte concernĂ© dans le croisement des savoirs qu’impliquent les relations de collaboration entre les parents et les diffĂ©rents intervenants et professionnels mobilisĂ©s.

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Trois questions Ă ...

Professeure en design intĂ©rieur Ă  la FacultĂ© de l’amĂ©nagement de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al et membre du Laboratoire d’étude de l’architecture potentielle (LEAP), Virginie LaSalle dirige actuellement un projet intitulĂ© « Concevoir des lieux avec, par et pour les personnes autistes ». Ce projet vise Ă  intĂ©grer les personnes autistes au processus de conception des lieux de vie qui leur sont destinĂ©s pour comprendre, Ă©valuer et incorporer des aspects favorisant le bien-ĂȘtre de ces principaux intĂ©ressĂ©s.

Virginie LaSalle, chercheure et professeure

Quel est l’intĂ©rĂȘt d’un milieu de vie adaptĂ© pour les personnes autistes ?Virginie LaSalle : Avoir des lieux qui correspondent aux prĂ©fĂ©rences par-ticuliĂšres des personnes autistes va permettre de rĂ©pondre Ă  la variabilitĂ© et la diversitĂ© des besoins de ces per-sonnes. Le spectre de l’autisme est trĂšs

vaste et donc le rapport Ă  l’environne-ment de ceux-ci l’est aussi. Il faut des lieux qui ont la flexibilitĂ© de rĂ©pondre Ă  ces besoins divers ! En ayant des lieux adaptĂ©s, les personnes autistes vont pouvoir mettre leur Ă©nergie sur d’autres aspects de leur expĂ©rience gĂ©nĂ©rale. Ils ne seront pas contraints Ă  porter une attention continue Ă  des Ă©lĂ©-

ments de l’environnement qui seraient une source de stress ou qui demande-raient une certaine rĂ©sistance, comme le bruit, la lumiĂšre ou la composition spatiale trop ouverte par exemple. Un milieu de vie adaptĂ© leur permet de canaliser leur Ă©nergie et leur attention sur ce qui est le plus important selon le contexte et l’activitĂ©.

On considĂšre l’autisme comme une variante de la diversitĂ© humaine. Notre recherche se fonde sur la participation active des personnes autistes dans le processus de conception des lieux qui leur sont destinĂ©s, pour mieux y inclure leurs prĂ©occupations, leurs prĂ©fĂ©rences, leurs maniĂšres d’ĂȘtre.

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Trois questions Ă ...

Quels Ă©lĂ©ments sont Ă  considĂ©rer dans la conception de lieux adaptĂ©s ?Virginie LaSalle : Les grands Ă©lĂ©ments du langage spatial sont Ă  considĂ©rer, c’est-Ă -dire l’éclairage, l’amĂ©nagement, la matĂ©rialitĂ©, les vues extĂ©rieures, les dimensions de la piĂšce, mais nous res-tons trĂšs ouverts et trĂšs sensibles aux thĂšmes qui peuvent Ă©merger lors de la collaboration avec les personnes autistes. Cela dit, un Ă©lĂ©ment qui est trĂšs important est la socialitĂ© : comment notre environnement agit-il en tant que cadre aux relations sociales et quel impact a-t-il sur le confort des indivi-dus. Une des stratĂ©gies sur laquelle je travaille depuis quelques annĂ©es est de fournir plusieurs niveaux d’interac-tion sociale dans les espaces, une gra-dation sociale. Par exemple, avant de pĂ©nĂ©trer dans une piĂšce, offrir un lieu oĂč on peut voir ce qui se passe dans l’espace sans participer Ă  l’interaction sociale ; ensuite dĂ©dier un endroit dans cette piĂšce oĂč on peut ĂȘtre Ă  proximi-tĂ© de l’interaction sans y participer. Ce sont des niveaux importants pour l’avancĂ©e vers autrui, mais aussi de retrait lorsque l’individu vit un inconfort ou une dĂ©sorganisation.

Comment allez-vous intĂ©grer les personnes autistes Ă  votre projet ?Virginie LaSalle : Notre projet se divise en trois volets interdĂ©pendants. Pre-miĂšrement, nous allons faire une Ă©va-luation post-occupationnelle des rĂ©si-dents de la maison pour jeunes adultes autistes de la Fondation VĂ©ro et Louis Ă  Varennes pour Ă©valuer ce qui est une rĂ©ussite et ce qui l’est moins dans ce milieu de vie. Ces donnĂ©es vont ali-menter la deuxiĂšme partie du projet qui consiste en des ateliers de design collaboratif qui se dĂ©rouleront Ă  l’Uni-versitĂ© de MontrĂ©al. Des Ă©tudiants en design d’intĂ©rieur travailleront en colla-boration avec des personnes autistes Ă  des projets de conception de lieux fic-tifs, afin que les propositions de design intĂšgrent le point de vue, l’expĂ©rience et les prĂ©fĂ©rences de personnes autistes. Finalement, le matĂ©riel de communi-cation visuelle conçu par les Ă©quipes collaboratives (les visualisations, les perspectives, les autres reprĂ©senta-tions des lieux) sera utilisĂ© sur une inter-face en ligne pour sonder les personnes autistes sur leurs prĂ©fĂ©rences. L’objectif de cette troisiĂšme Ă©tape est d’obtenir un nombre important de rĂ©pondants pour avoir une reprĂ©sentativitĂ© de la diversitĂ© par les personnes autistes.Propos recueillis par Florence Renaud

UNE ÉQUIPE PLURIDISCIPLINAIRELe projet est rĂ©alisĂ© avec les co-chercheurs Baudouin Forgeot d’Arc (psychiatrie) et Vincent LariviĂšre (sciences de l’information), de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al. Mathieu Giroux, personne autiste, s’est joint Ă  l’équipe durant l’élaboration de la proposition de recherche et y demeurera Ă  titre de collaborateur.

DES OBJECTIFS AMBITIEUXu Favoriser la participation des personnes autistes aux diffĂ©rentes Ă©tapes du projet.u Affiner notre comprĂ©hension du rapport qu’entretiennent les personnes autistes Ă  leur environnement.u Comprendre quel impact peut avoir la participation de personnes autistes au processus de conception d’espaces.u Trouver une recette qui permet de faire intervenir les personnes autistes dans le processus de conception et formuler des recommandations pour rĂ©itĂ©rer ce type d’expĂ©riences.

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Coup de projecteur

Le Dimanche 4 octobre 2020, AnaĂ«lle Recher, ÉlĂ©ana CrĂšvecoeur et Laurence Ouellet ont couru un demi-marathon au profit d’IntĂ©gra-tion TSA (ITSA), organisme de QuĂ©bec oĂč elles travaillent en tant qu’intervenantes. ITSA offre un parcours de formation en intĂ©gra-tion sociale, socioprofessionnelle ainsi qu’en saines habitudes de vie Ă  des adultes autistes de 21 ans et plus. Ayant un objectif initial de 2100 $, cette initiative des intervenantes a finalement permis de rĂ©colter un montant total de 2760 $. Les trois coureuses souhaitent remercier tous leurs donateurs, leurs supporters le long du parcours aux abords de la riviĂšre Saint-Charles, ceux prĂ©sents au dĂ©part et Ă  l’arrivĂ©e, ceux qui ont rythmĂ© leurs pas grĂące aux messages vocaux sur l’application Motigo ainsi que leur petite Ă©quipe qui les a suivies pendant les 21,1 km. Elles remercient spĂ©cialement l’entreprise GFT Canada pour son gĂ©nĂ©reux don de 500 $. AnaĂ«lle, ÉlĂ©ana et Lau-rence sont fiĂšres de leur accomplissement et sont aussi trĂšs recon-naissantes envers tous ceux qui les ont encouragĂ©es de prĂšs ou de loin, faisant de leur dĂ©marche un succĂšs !

Demi-maradons pour ITSA