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Atelier de cartographie participative
Du 30 juin au 4 juillet 2014 à l’hôtel Hibiscus de Cabrousse,
Casamance, Sénégal
Carte des terroirs de Diembéring (à gauche) et de Cabrousse (à droite) réalisées lors des préateliers de mai 2014 (équipe PATEO : GRDR, IRD, UASZ)
PROGRAMME DE L’ATELIER DE CARTOGRAPHIE PARTICIPATIVE Horaire Programme Intervenants
Samedi 28 juin 9h Arrrivée des invités ayant voyagé par bateau.
Installation à l’Hôtel Le Perroquet, Ziguinchor. Dîner à l’Hôtel le Perroquet
Dimanche 29 juin 19h Arrivée des invités ayant voyagé par avion.
Installation à l’Hôtel Le Perroquet, Ziguinchor. Dîner à l’Hôtel le Perroquet
Lundi 30 juin 7h30 Départ de Ziguinchor 9h30 Installation à l’hôtel Hibiscus, Kabrousse 10h Ouverture de l’atelier. 10h Mot de bienvenue
MC. Cormier‐Salem, IRD; Y. Lecoq, GRDR; T. Sane, UASZ
Tour de table Désignation du président et des secrétaires de séance 10h30 Point sur les concepts et les méthodes E. Habert Débat 12h Pause déjeuner 13h30 Echanges d’expériences (30mn d’exposé; 30mn
questions)
13h30 Cartographie participative: expériences amazoniennes P. de Robert 14h30 PALIMMA: experiences aux îles Marquises F. Chlous 15h30 Cartographier les lieux forts et les rituels : un projet de
cartographie participative pour guider l’aménagement (Timor Oriental).
D. Guillaud
16h30 Débat général 17h30 Clôture de la journée 20h Dîner à l’hôtel Hibiscus
Mardi 1 juillet 8h Echanges d’expériences (suite): Expériences africaines Cartographie et jeux participatifs en contexte de conflit : le
delta du Tana S. Duvail
Expériences de cartographie participative dans le Delta du Fleuve Sénégal: entre gestion des ressources et gouvernance des hommes
M. Fabre et M.C. Cormier‐Salem
Cartographie participative pour une gestion durable du Sporobolus robustus dans la Réserve de Biosphère du Delta du Fleuve Sénégal/ Mauritanie
B. Ba El Abass
Débat general 12h Pause déjeuner 13h30 Elaboration d’un cadre commun méthodologique:
introduction MC. Cormier‐Salem
13h35 Présentation du programme “Gouvernance citoyenne des littoraux sud”
Y. Lecoq
13h50 Exposé de la méthodologie de cartographie participative de ce programme
Y. Lecoq
14h10 1ers résultats des études et des relevés effectués en mai 2014 : apports et limites
T. Sane, B. Dieye et al
15h10 Traitement des info et données cartographiques O. Ruë, M. Bodivit, M. Fabre 15h30 Organisation des visites sur le terrain et validation du
choix des thèmes/ outils/ groupes S. Agossou et F. Ehemba
17h30 Clôture de la journée
20h Dîner à l’hôtel Hibiscus
Mercredi 2 juillet TERRAIN
Matin Restitution et discussion sur les attentes des pop pour futur de leur terroir; zoom sur espaces à enjeux ?
Aprèsmidi
Travaux sur le terrain par groupes thématiques
Jeudi 3 juillet TERRAIN Travaux sur le terrain par groupes thématiques
18h Accueil des membres du CSS du LMI PATEO (Yves Duval, M. Diakhaté, B. Romagny, Yves Girault)
20h30 Dîner à l’hôtel Hibiscus Vendredi 4 juillet
8h Séance de synthèse et restitution en présence d’institutionnels
12h Déjeuner de clôture 14h Perspectives 17h Clôture de l’atelier Départ des participants à l’atelier
RÉSUMÉ DES COMMUNICATIONS
Concepts et méthodes
Elisabeth HABERT, IRD, Service de cartographie, Bondy, Centre île de France Point sur les concepts et les méthodes Depuis la fin des années 1980, la cartographie participative est devenue un outil important pour les programmes d’aide au développement. La carte devient un instrument visuel puissant qui connaît un fort engouement et dépasse très largement le cercle des géographes et des cartographes professionnels. L’expression « cartographie participative » s’est développée ces dix dernières années, en 2005 les occurrences relevées sur internet étaient inférieures à 100. Aujourd’hui, le terme de néocartographie est utilisé pour qualifier cette nouvelle cartographie qui peut se définir comme suit : carte d’un territoire produite par un groupe d’habitants encadré par un groupe d’expert. Il s’agit d’un processus de construction qui n’est pas exclusivement lié aux technologies numériques. Au cours de cet exposé, nous présenterons les concepts et les outils de la cartographie participative. Nous nous interrogerons sur ce processus, si la mise en œuvre de démarches parti‐cipatives en recherche semble permettre au chercheur de travailler au plus près de la réalité de son objet d’étude et avec de plus grandes perspectives d’application, elle soulève aussi de nom‐breuses questions et alimente un courant critique : Quels rôles les acteurs impliqués ont‐ils ? Comment le chercheur se positionne‐t‐il face aux acteurs et aux habitants ? Quels sont les objectifs à atteindre ? Comment les résultats sont‐ils valorisés et mis à jour ? Sont‐ils destinés aux acteurs, aux habitants ou à la communauté scientifique ? Quelle valeur est donnée à une telle démarche dans la recherche ? Expériences de cartographie participative Pascale de Robert, PALOC, IRD, Paris Cartographie participative : expériences amazoniennes
Les expériences présentées pour cet Atelier de Cartographie Participative sont menées depuis une dizaine d’années avec des communautés amérindiennes de l’Amazonie brésilienne. Il s’agit d’un travail participatif sur le long terme dans lequel la cartographie a systématiquement été intégrée aux projets mais de manières différenciées selon les recherches effectuées. Ainsi, grosso modo, on peut distinguer trois phases successives qui varient à la fois dans leurs objectifs, leurs méthodologies, leurs partenariats et leurs résultats. Pour présenter et discuter ces expériences menées principalement avec les indiens Kayapo du Brésil, nous suivrons le canevas proposé par l’équipe organisatrice de cet Atelier avec les questions clés suivantes : pour qui faire des cartes et avec qui ? pour quoi faire et avec quels objectifs ? comment faire et avec quels outils ? pour quels résultats et avec quelles limitations ? Dans un premier temps, nous verrons que le contexte de formulation des demandes qui sont à l’origine de travaux de cartographie participative jouent un rôle tout à fait déterminant, notamment pour les méthodologies choisies. Dans le cas étudié, c’est la communauté villageoise, inquiète de se voir absente ou mal représentée sur les cartes officielles de la région, qui a voulu travailler cette question en collaboration avec les chercheurs. De ce fait, les premières cartes réalisées ont été essentiellement politiques dans le sens où elles ont voulu privilégier une échelle régionale qui puisse « donner à voir » le territoire des amérindiens menacé dans son intégrité (limite officielle, contrastes dans la gestion de la forêt). Dans une deuxième phase, à l’échelle du territoire villageois, les Kayapo se sont approprié l’outil cartographique avec l’objectif de spatialiser leurs propres savoirs, d’enregistrer, documenter et
mieux transmettre aux jeunes générations ces savoirs traditionnels sur le milieu. Dans une troisième phase, toujours actuelle, on assiste à une diversification des partenariats (avec l’inclusion d’autres communautés amérindiennes, de chercheurs, d’ONGs, de l’Etat) et des objectifs qui préconisent généralement une gestion plus durable et autonome du territoire par les populations locales. Dans la mesure où la cartographie participative s’est imposée dans de nombreux cas comme un outil incontournable à la recherche et la gouvernance, et que certains dispositifs favorisent aussi les échanges entre communautés concernées, il sera également important de citer d’autres expériences amazoniennes impliquant nos équipes comme celles des amérindiens Yanomami à la frontière du Brésil et du Venezuela, Jödi et Eñepa au Venezuela, Wayana en Guyane Française et des amérindiens de plusieurs ethnies de l’Etat de l’Amapa au Nord du Brésil dans le cadre d’un projet plus récent. Ces expériences amazoniennes soulèvent des questions méthodologiques, éthiques et scientifiques qui devraient faire écho à des situations reconnues sur d’autres terrains, notamment au Sénégal, et qu’il conviendra donc de discuter ensemble pendant l’Atelier. Frédérique CHLOUS, PALOC, MNHN, Paris PALIMMA Te haatumu o te taimoana1 1. Genèse du projet Le programme PALIMMA (2013‐2014) a réuni une équipe tripartite : gestionnaires – représentants de la société civile – scientifiques. Son objectif est d’enrichir les données concernant le patrimoine culturel lié à la mer aux Marquises (Polynésie française) à la fois concernant le dossier UNESCO mais également la création d’une aire marine protégée dans cet archipel. La richesse du patrimoine terrestre marquisien, naturel ou culturel, a été attestée par plusieurs recherches antérieures. Le patrimoine lié à la mer est moins connu. Respectivement en 2011 et 2012 des campagnes aériennes et océanographiques ont permis de révéler le caractère remarquable du milieu naturel marin des Marquises. Par ailleurs, les grandes migrations, les techniques de navigation, les mythologies et les arts attestent de l’importance de l’univers marin dans la culture polynésienne et plus spécifiquement marquisienne. Cependant les connaissances archéologiques et ethnologiques restent éparses. Un processus d’inscription de l’archipel des Marquises au patrimoine mondial de l’UNESCO, en biens mixtes en série a débuté. Initialement, il ne concernait que les espaces terrestres, mais, depuis janvier 2013, les acteurs politiques des Marquises et de la Polynésie française ont acté l’ajout d’un volet maritime. Parallèlement, ils ont engagé une réflexion en vue de la création d’une aire marine gérée. 2. Objectifs 2.1. Objectifs généraux Les objectifs de ce programme sont quadruple : - élaborer des connaissances accessibles et partagées relatives au patrimoine culturel lié à la mer,
- co‐construire les axes de gestion de ce patrimoine, - proposer des sujets de recherche afin d’approfondir les connaissances, - construire une analyse des processus de patrimonialisation dans une perspective de gestion. Ces objectifs généraux ont été identifiés et validés par les différents partenaires lors de la réponse commune à un appel d’offre de la Fondation de France. 1 Ce programme pluridisciplinaire « société-gestion-science », mené en 2013-2014, est coordonné par la fédération culturelle et environnementale des Marquises MOTUHAKA et l'Agence des aires marines protégées en partenariat avec des scientifiques (archéologue, anthropologue et géographe) de l’Institut de recherche pour le développement et du Muséum national d’Histoire naturelle. Il est réalisé avec le soutien de la Polynésie française, de la CODIM et de l’Etat et avec le support de la Fondation de France.
2.2. Des intérêts hétérogènes Concernant les AMP, l’ambition est de construire, pour 2014, l’analyse éco‐régionale (AER) de l’archipel des Marquises en prenant en compte les aspects culturels. Cet outil d’aide à la décision s’appuie sur trois thématiques : la fonctionnalité des écosystèmes, le patrimoine naturel et culturel remarquable, les usages et pressions. Identifier et intégrer davantage le patrimoine culturel à la réflexion permettrait d’enrichir le dossier et d’apporter des innovations. Pour le représentant de Motu haka, la motivation première est d’enrichir le dossier UNESCO cette fédération étant très impliquée dans le portage du dossier. Par ailleurs, très active dans les domaines environnemental et culturel, elle est un acteur incontournable de la création d’une aire marine gérée. Les chercheurs interrogent la notion de patrimoine, les processus de patrimonialisation dans la gestion des territoires et les démarches participatives. 3. Démarche 3.1 Contraintes Un certain nombre de contraintes sont identifiées pour l’AMP : l’ensemble du territoire des marquises doit être pris en compte, les données doivent pouvoir être spatialisées dans le cadre de l’AER, le calendrier de restitution doit être respecté et les collaborations avec les élus marquisiens et Motu haka doivent se poursuivre. Concernant Motu Haka, l’association des marquisiens à la démarche est clairement énoncée notamment car la démarche UNESCO la préconise. Les scientifiques impliqués adhèrent à la recherche développement et que le processus de prise de décision est lui‐même partie du problème. 3.2 Démarche La co‐construction du projet s’est articulée autour de la définition de la problématique, du territoire concerné et de la construction de la démarche. La notion de patrimoine a été discutée et ont été intégrées à la fois les catégories UNESCO et les réflexions scientifiques qui considèrent qu’un élément ne devient patrimoine qu’au moment où il est reconnu comme tel par un groupe social lors du processus de patrimonialisation (Micoud, 2005). L’ensemble de l’archipel, soit 26 vallées sur 6 îles habitées, a été investigué avec pour objectif de faire une « photographie » du patrimoine identifié par les Marquisiens sur l’ensemble de l’archipel. Parallèlement à un recueil « à dire d’expert » a été mené, c’est à dire un recensement des éléments archéologiques et ethnologiques ayant un lien avec la mer. La méthodologie auprès des habitants a été de mettre en œuvre des ateliers avec un support cartographique auprès de la population. Les éléments identifiés par les marquisiens sont notés sur les cartes et recensés sur les fiches « élément patrimonial ». 3.3 Les acteurs de la démarche L’ensemble des participants du projet ont participé à la démarche et ont pu animer les ateliers cartographiques. Par ailleurs, ceux‐ci se déroulant en français et en marquisiens, des « référents » marquisiens ont été formés à la technique d’enquête. 4. Principaux résultats 4.1 Apports Lors de la première mission de collecte de données, 264 personnes présentes lors des ateliers, 51 cartes remplies, 800 fiches « élément du patrimoine » collectées et plus de 300 propositions de gestion. L’ensemble des données ont été regroupes dans une base de données qui a servi à la création d’un SIG. Lors de la 2eme mission, ce SIG a été proposé aux populations qui ont pu confirmer, infirmer ou compléter les données. Sachant que plus de la moitié des éléments du patrimoine sont considérés comme menacés, des propositions de gestion ont pu émerger : transmission des connaissances, réglementation, sensibilisation, recherche. 4.2 Contraintes Du point de vue du chercheur :
- parvenir à maintenir une méthodologie suffisamment rigoureuse alors que plusieurs
partenaires participent à l’animation des ateliers - construction de la typologie pour répartir les éléments du patrimoine - Fiche « éléments du patrimoine » très inégales, il peut y avoir surinterprétation - Diffusion des données (forme et fond)
5. Produits et prospectives/ suites données à ce projet Les partenaires souhaitent intégrer les données aux documents aires marines et UNESCO Les pistes de recherches sont nombreuses :
- Analyse du patrimoine énoncé - Comparaison patrimoine énoncé/ patrimoine recensé « à dire d’expert » - Analyse des territoires de chaque vallée - Récurrences ou différences entre les vallées et les îles - Intégration des patrimoines culturels dans la création des aires marines protégées - Intégration des données dans l’AER et le dossier UNESCO - Analyse de la méthodologie et de l’engagement des participants (films, enregistrements,
caractéristiques sociobiographiques des individus) - Appropriation des données par les acteurs du territoire - Analyse de ce type de projet intersectoriel…
Dominique Guillaud, PALOC, IRD Paris Cartographier les lieux forts et les rituels : un projet de cartographie participative pour guider l’aménagement (Timor Oriental). 1. Pour qui? Genèse des projets. Quels acteurs ? Le projet de cartographie participative mené dans la région de Suai (Timor oriental) a été conçu en réponse à une demande de l’ONG Timor Aid (Timor/Australie), qui sous‐traite certaines actions du gouvernement timorais dans le domaine de la culture. Il s’opère en partenariat avec le secrétariat d’Etat à la culture (notre partenaire). Dans une région jusqu’ici à l’écart du développement, le projet s’intéresse à plusieurs villages (plusieurs communautés linguistiques) dans des situations foncières contrastées (maîtres de terre ou non), où les communautés pratiquent essentiellement des activités de subsistance (agriculture, cueillette des ressources spontanées…) dans un contexte climatique difficile. Ces communautés déploient d’importantes activités rituelles dans le but de se concilier les éléments et de gérer collectivement leurs ressources naturelles. Elles sont aujourd’hui confrontées à des changements majeurs impulsés par un grand projet d’aménagement pétrolier (TimorGap), qui implique des expropriations et des déplacements de villages, et est géré par des décideurs sans connaissance de cette société locale. 2. Pour quoi faire? En réponse à quelle demande? Objectifs ? Définis par qui ? Le but est de fournir des éléments de compréhension de ces sociétés pour guider ou infléchir les choix à prendre (Objectif de Timor Aid), de désigner les éléments patrimoniaux matériels et géographiques des sociétés à préserver (objectif du Secrétariat d’Etat à la culture), de documenter la territorialité des groupes en relation avec la gestion de la biodiversité (IRD). Ces trois objectifs sont liés. Nous (IRD) avons proposé ce projet de cartographie participative à élaborer ensemble sur le terrain, afin de fournir des éléments de discussion avec les promoteurs de l’aménagement. Le projet porte sur les éléments patrimoniaux (matériels : maisons, arbres, puits sacrés) mais aussi sur les éléments dynamiques : circuits rituels, dont la mise en scène révèle les liens entre ces éléments sacralisés, et dessine dans l’espace les lignes de force de la société. L’ensemble permet une approche intéressante des faits de territorialité. 3. Comment? Démarche mise en oeuvre; rôle respectif des acteurs; outils mobilisés
La démarche part d’entretiens de nature ethnographique et historique (tradition orale), pour définir les éléments à cartographier par des parcours de terrain, localisation GPS. Exploration archéologique complémentaire, le cas échéant, des sites intéressants. 4. Principaux résultats: apports; limites en cours : entretiens enregistrés, cartes, fiches de site, base de données limites du participatif dans une société où le savoir est fractionné, et aux mains des anciens 5. Produits et prospectives/ suites données à ce projet une restitution est prévue d’ici la fin de l’année dans l’un des villages dont la cartographie est la plus avancée ; poursuite des actions entamées dans les autres. Cette 2e phase devrait permettre de faire intervenir d’autres acteurs de la société villageoise. Timor Aid, dans un rôle d’apprentissage au départ, souhaite généraliser cette approche à d’autres sites concernés par l’aménagement. L’ONG souhaite associer des spécialistes d’autres disciplines (linguiste, ethnologues) pour étoffer cette approche. Cartographie participative : expériences africaines Stéphanie Duvail*, Christine Mburu, Olivier Hamerlynck, Jérémie Roques, Kennedy Otoi, Laura Mukwane, *PALOC, IRD, Kenya Cartographie et jeux participatifs en contexte de conflit : le delta du Tana 1 Pour qui ? Genèse des projets. Quels acteurs ? Un premier essai de cartographie participative avait été mené dans le delta du Tana, dans le cadre du projet GEOPAR, qui avait pour objectif de définir le lien existant entre les différents scénarios de crue, les ressources naturelles disponibles et les stratégies des acteurs. Cependant, il s’est rapidement avéré que dans le contexte d’une insécurité foncière extrême (insécurité foncière ayant mené en août 2012 à des conflits meurtriers entre les deux principales populations présentes, à savoir les éleveurs Orma et les agriculteurs Pokomo), il n’était pas possible pour notre équipe de chercheurs de mener un exercice collectif de cartographie participative pour la plaine centrale du delta, espace dont les ressources sont disputées. Les exercices de cartographie « mentales » (menées avec un seul individu) n’ont pas été concluantes non plus. Nous avons pu en revanche mener des expériences sur deux zones périphériques de la plaine centrale: la partie aval du delta du Tana (caractérisée par un paysage de mangroves et de rizières dont l’appropriation Pokomo n’est pas discutée) et les parcours des éleveurs sur les plateaux intérieurs (circuits propres aux éleveurs Orma transhumants). L’idée est donc venue de plutôt mobiliser des outils de jeu. En effet, le jeu présente l’avantage d’introduire un décalage par rapport à une réalité trop conflictuelle pour être cartographiée. L’objectif est de proposer ce jeu à trois catégories d’acteurs séparément dans un premier temps avant d’organiser un jeu pour l’ensemble des acteurs. Dans une première étape, le jeu sera présenté aux agents du gouvernement local (le County). Dans une seconde étape, le jeu sera expérimenté auprès des ONG. Enfin dans une troisième étape il sera joué avec les populations locales : éleveurs Orma et Wardei, agriculteurs Pokomo, chasseurs‐cueilleurs Wataa et pêcheurs Luyas. 2 Pour quoi faire? En réponse à quelle demande? Objectifs ? Définis par qui ? a –Un premier objectif est d’aboutir à une compréhension commune des chaines de causalités expliquant la dynamique environnementale et sociopolitique récente et à une vision commune des possibles chaines de conséquences des choix de gestion de l’eau et de partage des ressources. Une des raisons pour lesquelles le jeu sera d’abord testé auprès des agents du gouvernement local et des ONGs est de favoriser leur compréhension du fonctionnement hydro‐écologique du delta et de développer une certaine empathie par rapport aux contraintes des acteurs locaux (en
effet paradoxalement les acteurs du gouvernement local ne sont pas tous issus de la zone mais proviennent souvent des hautes terres, dont le fonctionnement hydro‐écologique est radicalement différent. Par ailleurs les relations hautes‐terres / zone côtières sont empreintes de mépris). Un second objectif est que les acteurs formulent clairement leurs contraintes et leurs besoins en eau à une échelle plus large celle du bassin versant. Ce processus de réflexion sur le fonctionnement hydro‐écologique de la zone humide et sur les enjeux du partage des ressources sont des demandes directes du ‘County council’ d’une part et de l’IGAD (Intergovernmental Authority on Development) d’autre part, qui sont tous deux engagés dans la formulation de plans de gestion des ressources naturelles et qui ont sollicité notre expertise en matière de cartographie participative. 3 Comment? Démarche mise en oeuvre; rôle respectif des acteurs; outils mobilises
a‐ Un préalable a d’abord été la réunion de tous les acteurs impliqués (locaux, régionaux,
nationaux et internationaux) lors d’un atelier « Tana Dialogues » pour atténuer les compétitions au niveau local et avoir une même vue de la problématique de gestion des ressources naturelles dans le delta (problématique que l’on peut relier à la diminution des crues et non à une simple et seule querelle de voisinage).
b‐ La mise en œuvre du jeu s’est ensuite nourrie des expériences en Afrique et spécifiquement en Afrique de l’Est de l’équipe de Nils Ferrand (Projet Wat‐A‐Game en Ouganda et sur des bassins versants dans le haut bassin du Tana). Trois chercheurs de l’IRD et de KENWEB et trois étudiants de KENWEB ont été formés à cette méthodologie. Une étudiante (Christine Mburu) a été formée pendant 6 mois aux techniques de suivi‐évaluation des processus.
c‐ Puis un jeu a été imaginé et calibré sur la base des connaissances des chercheurs de l’IRD et de KENWEB (travail de Christine Mburu) et testé auprès de spécialistes de la zone. Il est basé sur une cartographie du delta.
d‐ Dans un quatrième temps, il sera testé sur le terrain et ses éventuels effets sont évalués selon un protocole mis en place dans le cadre du projet Afro‐maison (Ferrand et al.)
4 Principaux résultats: apports; limites Les apports :
‐ Le jeu offre une possibilité de montrer les relations dynamiques entre les choix des différents acteurs et les conséquences sur le bien‐être d’autrui et sur l’environnement.
‐ Il permet de réfléchir collectivement une solution aux conflits de gestion des ressources naturelles et conflits fonciers.
‐ L‘échange des rôles augmente l’empathie. ‐ Il met en oeuvre une manière détournée voire humoristique d’évoquer les problèmes et
permet ainsi d’aborder des sujets qui fachent dans la réalité. ‐ S’agissant d’une représentation générique de la zone, il s’apparente à un modèle calibré
sur la réalité et sur les résultats scientifiques (par exemple lien crues et ressources, connaissances des options de gestion) qui permet de tester des scenarios de gestion.
Les limites : ‐ Le temps de developpement du jeu est long ‐ Le rapport entre virtuel et réalité est à démontrer
5 Produits et prospectives/ suites données à ce projet Il s’agit maintenant de le tester en grandeur nature, un test était prévu le 20 juin mais malheureusement une incursion des terroristes d’Al Shabaab le 15 juin à Mpeketoni a fait plus de 70 morts. La mission de terrain a bien sûr été annulée. Un atelier sera peut être organisé en septembre à Nairobi.
Mathilde Fabre et MarieChristine CormierSalem, PALOC, IRD Dakar Expériences de cartographie participative dans le Delta du Fleuve Sénégal: entre gestion des ressources et gouvernance des hommes 1. Genèse des projets. Pour qui? Quels acteurs ? Le projet de SIG pour la gestion des Ressources Naturelles et espaces du delta du Sénégal (SIRENA) est né de la demande des conservateurs des Parcs Nationaux du Diawling (Mauritanie) exprimée dès 2008, puis de ceux du Djoudj (Sénégal) et mis en œuvre à partir de 2010. Ce projet a bénéficié d’un soutien du DSI SPIRALES de l'IRD durant 4 années successives (2011‐14). Souhaitant valoriser les données de suivi de la biodiversité collectées régulièrement dans les aires protégées du Delta, les conservateurs ont émis le besoin de travailler en partenariat avec les universités et centres de recherche travaillant sur ces problématiques. Dans un premier temps, afin de créer un outil d'aide à la gestion des ressources naturelles de cet espace, les acteurs associés étaient ceux ayant déjà des notions en traitement de l'information spatialisée, déjà producteurs et utilisateurs de données géographiques. Le projet a réuni des chercheurs (UGB de St‐Louis, IRD, ISSET de Rosso), des géomaticiens (de divers institutions de recherche ainsi que des services techniques de l'Etat Sénégalais), des agents de terrains (conservateurs et agents des aires protégées du delta : PND, DPN, IREF, RBTDS..). 2. Demande. Pour quoi faire? Quels Objectifs ? Définis par qui ? L'objectif premier était de co‐construire un outil d'aide à la décision pour la gestion des ressources naturelles, dépassant les limites des aires protégées, les cloisons entre organismes travaillant sur ces questions et la frontière sénégalo‐mauritanienne. Dans un contexte de delta transfrontalier aux enjeux complexes et dynamiques de conservation (Reserve de Biosphère UNESCO, une dizaine d'aires protégées) mais aussi de développement économique (cultures irriguées, agglomération de Saint‐Louis), la réunion de ces acteurs de nationalités, de disciplines et de statuts différents, pour discuter en amont de la création des données nécessaires, a créé un espace d'échange et soulevé de nombreuses questions notamment sur la légitimité des acteurs à "dessiner" ce territoire. Ces échanges ont fait de Sirena un outil de gouvernance, et ont généré de nombreuses contraintes (légitimité, moyens financiers..?) qui ont mené à la modification de certains objectifs de l'outil (vers un atlas collaboratif et un catalogue de métadonnées plutôt qu'une base de données co‐construite), à l'intégration de nouveaux acteurs (de la société civile principalement) et l'utilisation de nouveaux outils dont la cartographie participative. En parallèle, le constat du difficile accès à l'information (manque de données, manque d'infrastructures pour recueillir et partager ces données), a mené à la mise en place un certain nombre d'outils techniques et juridiques pour tenter de dépasser ces problèmes. Le caractère collaboratif de la construction de ces outils a été envisagé pour favoriser leur appropriation. 3. Démarche mise en œuvre. Comment? rôle respectif des acteurs; outils mobilisés L'outil comporte trois composantes : ‐ une infrastructures de données géographiques portée par les acteurs de l'université de Saint‐Louis et l'IRD, comprenant un catalogue de métadonnées, des administrateurs SIG et formateurs, des outils juridiques et organisationnels pour le partage des données ‐ un réseau d'utilisateurs d'IG dans le delta, partageant des références communes acquises lors des formations en SIG, des ateliers de travail thématique sur la construction de la base de données, des missions de terrain ‐ un atlas collaboratif (en cours) réunissant des projets de cartes sur les problématiques du delta, associant ou non différents acteurs dans la construction de ces cartes (qui reposent sur des entretiens, relevés GPS, travaux de groupe sur support cartographiques, analyse d'images satellites).
4. Principaux résultats: apports et limites SIRENA a permis de mieux comprendre la gouvernance des ressources et des espaces du Delta du Fleuve Sénégal, et en particulier les enjeux de savoirs et pouvoirs sur ce vaste territoire transfrontalier et de doter l’UGB d’un très bel outil (modèle conceptuel, serveur, réseaux de partenaires, etc.)….qu’il faut désormais administrer et appliquer. Il s’agit d’un outil majeur d’échanges et de dialogues avec les usagers potentiels mais qui est loin d’être un outil de concertation et de négociation, notamment pour des raisons politico‐institutionnelles, à savoir notament le blocage de certaines institutions ou acteurs à la fois pour avoir accès aux bases de données (CSE, OMVS, SAED..) et pour se ré‐approprier cette démarche (CS RBTDS, UICN..) Les problèmes majeurs rencontrés aux différentes étapes du développement de SIRENA (que l’on retrouve dans d’autres contextes) sont : les besoins mal exprimés par les usagers potentiels, ou mal identifiés et, par conséquent, difficiles à prendre en compte ou mal compris par les concepteurs (absence de questions scientifiques préalables), le manque d’implication, voire la non participation de certains acteurs « stratégiques » aux développements de cet outil. 5. Produits et prospectives/ suites données à ce projet Les leçons tirées de SIRENA sont multiples : le projet a changé au cours des 4 années, évoluant d’un projet de SIG participatif à un projet d’atlas ou plate‐forme collaborative dans le contexte du Delta du Sénégal, passant d’une démarche « descriptive » à une démarche « prescriptive ». Dans le cadre du LMI PATEO, la perspective est de transférer et adapter cet outil au terrain de Casamance /Guinée Bissau, en utilisant l'infrastructure de données mise en place et en s'appuyant sur cet expérience pour le choix des outils à utiliser, l'identification et la sensibilisation des acteurs, la faisabilité technique et humaine d'un tel projet. Boubacar Ba El Abass, PND, RIM Cartographie participative pour une gestion durable du Sporobolus robustus dans la Réserve de Biosphère du Delta du Fleuve Sénégal/ Mauritanie. Le Sporobolus robustus est une espèce végétale caractéristique du Bas Delta du Fleuve Sénégal. Cette espèce exploitée traditionnellement par l’artisanat (sparterie : confection de nattes) procure des revenus substantiels aux femmes. Les aménagements réalisés dans du premier plan de gestion ont permis de restaurer l’espèce, mais en raison de sa haute valeur économique et fourragère, elle est devenue très convoitée. Le PARCE en partenariat avec le PND a organisé plusieurs réunions de concertation pour faire un diagnostic participatif de la situation de cette espèce en vue d’engager un plan d’actions pour la conserver et améliorer sa gestion durable au profit de ces populations. Ce projet vient en réponse aux inquiétudes des femmes quant à la régression des superficies occupées par l’espèce et par conséquent de la diminution de la ressource. Ces multiples rencontres ont donné des résultats très intéressants et beaucoup de mesures ont été préconisés entre autres, faire l’état des lieux de l’occupation de l’espèce, déterminer la date de cueillette et définir les pratiques adéquates d’exploitation, que le Parc doit faire respecter par les exploitants. Le diagnostic a permis aussi de faire l’état d’occupation actuelle de l’espèce comparativement à la situation précédente, c’est ainsi que grâce aux connaissances des populations nous avons pu délimiter les zones actuellement occupées par l’espèce. Nous avons assistéà plusieurs réunions avec les différents acteurs, effectué des missions de terrain pour la collecte des données et réalisédes enquêtes individuelles auprès des personnes âgées afin de connaitre les zones anciennement occupées. Les outils mobilisés pour faire la carte d’occupation du Sporobolus sont : un support de carte, une image satellitaire, des données de terrain et les résultats des enquêtes. Les principaux résultats et apports du projet sont:
• Une meilleure connaissance de l’état de la ressource et des pressions exercées • La définition d’une batterie de mesures pour un plan d’action de gestion du Sporobolus • Une implication entière des bénéficiaires femmes, dans la gestion durable du Sporobolus. • La production de la carte d’occupation de l’espèce pour permettre l’élaboration d’un plan d’action pour sa conservation et son utilisation durable par les populations. Dans le cadre du nouveau Plan d’Aménagement et de Gestion du Parc (2012‐2017), des actions prioritaires ont été programmées pour les objectifs suivants : ‐ Caractérisation des espèces dans le bassin de Bell ‐ Réduire les espèces invasives ‐ Evaluer les surfaces occupées par ces espèces ‐ Evaluer les surfaces couvertes par le Sporobolus La réalisation de ces actions sera assurée dans le cadre d’un partenariat avec l’ONG ENSEMBLE pour poursuivre le projet.
LISTE DES PARTICIPANTS A L’ATELIER DE CARTOGRAPHIE PARTICIPATIVE DU 30 JUIN AU 4 JUILLET 2014 Nom, Prénom Equipe, Lieu contacts AGOSSOU, Stanislas GRDR, Ziguinchor/PATEO [email protected] BA El Abass, Boubacar PND, RIM Nkch/PATEO [email protected] BODIVIT, Melig GRDR, Canchungo/PATEO [email protected] CHLOUS, Frédérique PALOC, MNHN Paris [email protected] CORMIER‐SALEM, Marie‐Christine PALOC, IRD Dakar/PATEO [email protected] DEMBA BA Boubacar Doct UASZ, Ziguinchor/PATEO 77 780 96 72 DESCROIX, Luc PALOC, IRD Dakar/PATEO [email protected] DIAKHATE, Mouhamadou UGB LEIDI St Louis/PATEO [email protected] DIEYE, BALLA UASZ, Ziguinchor/PATEO [email protected] DUVAIL, Stéphanie PALOC, IRD Kenya/PATEO [email protected] DUVAL, Yves Représentant IRD, Dakar [email protected] EHEMBA, Francis GRDR, Ziguinchor/PATEO <[email protected]> FABRE, Mathilde PALOC, IRD Dakar/PATEO [email protected] GIRAULT, Yves PALOC, MNHN Paris/PATEO [email protected] GUEYE, Doudou UASZ, Ziguinchor/PATEO [email protected] GUILLAUD, Dominique PALOC, IRD, Paris [email protected] HABERT, Elisabeth Service Cartographie IRD, Bondy [email protected] LECOQ, Yvan GRDR, Dakar/PATEO [email protected] MANE, Colette Doct UGB/PATEO [email protected] MENDY, Victor Doct UASZ, Ziguinchor/PATEO 77 165 46 13 NGOR, Ndour Jean‐Pierre UASZ, Ziguinchor/PATEO [email protected] ROBERT DE, Pascale PALOC, IRD, Paris [email protected] ROMAGNY, Bruno LPED, IRD, Marseille [email protected] RUË, Olivier GRDR, Dakar/PATEO [email protected] SANE, Tidiane EC, UZ, Ziguinchor/PATEO tsane@univ‐zig.sn SARR, Chérif Samsedine UGB LEIDI St Louis/PATEO [email protected] SY, Oumar UASZ, Ziguinchor/PATEO oumarsy@univ‐zig.sn TOURE, Labaly UGB LEIDI St Louis/PATEO [email protected]