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Memoirs of a napoleonic cavalry officer from Bn Gallica
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Avant-postes decavalerie lgre :
souvenirs ([Reprod.])par F. de Brack,...
Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France
Brack, Fortun de (1789-1850). Avant-postes de cavalerie lgre : souvenirs ([Reprod.]) par F. de Brack,.... 1831.
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CAVALERIE LGRE.
DE
SOUVENIRS.
DE
CAVALERIE LGRE.
SOUVENIRS.
PAR F/ DE BRACK,
LVE DE L'COLE MILITAIRE DE FONTAINEBLEAU, OFFICIER
n'AVANT-POSTES SOUSLES GENERAUX LASALLE, HOHTBRUN,
PAJOL, COtBERT MAISONET OFFICIER DSC L1EXSARDB
IMPRIALE.
A PARIS,CHEZ ANSELIN, SUCCESSEUR DE MAGIMEL,
LIBRAIRE DES TROUPES DE TOUTES ARMES
RUE DAUPHINS, ? 9.
1Le gnral Sleingel, alsacien, lait excellent
officier de hussards; il avait servi sous Dumou-
riez, aux campagnes du Nord tait adroit,
intelligent, alerte; il runissait les qualits dela jeunesse celles de 1 ge avanc; c'tait uuvrai gnral d'avant-postcs.
Deux ou trois jours avant sa mort, il tait en-
tr le premier dans Lzgno; le gnral franais.y arriva quelques heures aprs, et quelque chosedant il eut besoin, tout tait prt.
Les dfils les gns avaient t reconnus;
des guides taient assurs; le cur, le m .litre
de postes avaient t interrogs des intelli-
gences taient dj lies avec les habitants; des
espiorfft taient envoys dans plusieurs direc-
tions les lettres de la poste saisies, et celles
qui pouvaient donner des renseignements mili-
taires traduites, analyses; tontes les mesurestaient prises pour former des magasins desubsistances pour rafrachir la Il oupe.
NAPOLEON. Campagnes d Italie.
EXPOSITION.
AUX
OFFICIERS ET SOUS-OFFICIERS
PU 8" DE CHASSEURS.
Dle, ce 5 Mai j83r.
MES COMPAGNONS ?
En rentrant au service aprs quinzeans d'absence, comparer ce qui est avec
mes souvenirs a t pour moi un travail
curieux et intressant. J'ai reconnu en
masse d'importantes amliorations; mais
je 1 avoue, je n'ai pas trouv la cavale-
rie prte pour la guerre, et j'ai remar-
mme avec tristesse, que les tradi-
tions, surtout de dtail, utiles, indispen'
sables, s'taient dangereusement effaces.
Depuis quinze ans on a beaucoup crit,-mais on a fait des livres. Ils ont droul
l'histoire de la guerre, l'ont rappele
i 4 EXt o^iTIN.
aux gnraux et la modeste instruction
du cavalier en campagne a peu gagn leur lecture.
J'en excepte un petit nombre J'cris,
et.,entre autres ceux de M. le gnral
Laroche -Aymon, qui vraiment cavalier
lger, a fort utilement ajout aux ins-
tructions de Frdric. Il est dommage
que cet officier gnral, dont les ou-
vrages ne sont que le rsum de ses ju-dicieuses observations sur le vrai ter-
rain, n'ait pas fait une complte thorie
lmentaire du cavalier en campagne;thorie qui ft devenue rgle et livre
classique, et qui et ainsi combl la la-
cune que chaque chef de corps cherche,
aujourd'hui que la ncessit est l,
remplir de son mieux.
| En attendant cet ouvrage que je d-
I sire ardemment, press par la guerre
I qui semble s'avancer pas de gant
prenant pour base ce que vous avez ap-
prisen paix, puis fouillant dans mes.
j souvenirs que le Manuel Laroche-Aymonme sert souvent classer je rassemble
la hte et sous la forme la plus sim-
EXPOSITION-
pIe et la plusfacile pour la mmoire
(celle non pas d'une thoriemais bien
d'une conversation), le rsultat des
principes que j'aimis devant vous lors
de nos runions classiques.
Le bien petit nombred entre vous qui
a fait la guerre me jugeraen retrou-
vant ses. souvenirs; le reste apprendra
ce qu'il ne sait pas, etse servira de cette
instruction comme d'un mmento qni,
dans l'occasion lui rappellera ce qu'il
pourrait oublier, et applanira, je crois,
pour lui quelques difficults.
L'esprit d'ordre qui vous a rg'i depuis
quinze ans, vous a fait le bien qu'il pou-
vait vous faire; ila prpar la terre re-
cevoir, maintenant il faut semer. La rigi-
dii et la multiplicit des devoirs qu'il
vous a imposs vous a fait agir plutt que
rflchir. En guerre, la rflexion la plussoutenue doit marcher d'accord avec l'ac-
tion. Les pures machines, telles parfaites
qu'elles soient, peuvent devenir inuti-
les, ds que l'ordre de leur action se
drange qu'un cas imprvu se prsenteleur mouvement s'arrte. Eu guerre,
EXPOSITION.
presque tout est imprvu, en cavalerie
lgre, o l'homme est souvent livr il
lui-mme toute action doit marcher
d'ensemble avec la rflexion.
Le tort des thories existe dans leur
scheresse le Pourquoi semblerait ne
pas leur appartenir, et ce pourquoi est
cependant l'me de notre action. C'est
de ce pourquoi que nous causerons en-
semble aujourd'hui, afin que les exem-
ples que nous prsentera Faction ne
soient perdus ni pour le prsent ni
pour l'avenir.
En paix, vous avez vu comment les
choses se faisaient maintenant vous
allez voir pourquoi elles se font.
La guerre seule apprend la guerre.Les exercices classiques auxquels nous
vent de nous livrer ne sont qu'unethorx^ plus ou moins parfaite la-
i quelle il manquera une applicationtant que nous ne serons pas en campagne.
La guerre multiplie les positions et
presque toujours d'une manire instan-
tane, inattendue, surtout pour le cava-
lier lger; elle prsente les mmes faits
EXPOSITION. 7
sous mille aspects diffrents il s'agit
donc moins de fixer d'avance le regard
de la' pense sur tel ou tel point que
d'habituer gnralement ce regard
bien voir bien juger, ne pas s'ton-
ner et saisir le plus promptement les
moyens utiles en toute circonstance.
Il faut natre cavalier lger. Aucun
tat n'exige autant de dispositions natu-
relles, un gnie de guerre inn autant
que celui d'officier de troupes lgres.Les qualits qui font l'homme suprieur,
l'intelligence la volont et la force
doivent se trouver runies en lui. Cons-
tamment livr lui-mme expos
des combats frquents, rpondant, non
seulement de la troupe qu'il commande
mais encore de celle qu'il prolge et
claire, l'emploi de ses facults morales
et physiques est de tous les instants. Le
mtierqu'il fait est rude mais les occa- S
sions de s'y distinguer sont de tous les
jours; glorieuse compensation qui paie =
d'autant plus richement ses peines
qu'elle le fait plutt connatre tout Ce
qu'il vaut. |
8 EXFO&iilOK.
Je vous ai souvent cit le gnral
Curlj, sous-lieu tenant avec mot en
il tait gnral, en
Maison 1806, 20 lieues en avant de
notre arme et la tte de 20 hussards
du 7e il avait port la terreur dans
Lcipsick, ou se trouvaient 3,000 prus-
siens.
En I5 lieues en avant de la
division dont il fesait partie, et la
tt de 100 chasseurs et hussards des
7.e et 9e., il traversait inaperu l'arme
uslro- Italienne, que son hut tait de
reconnatre, et pntrait jusqu'au lui-
lieu de l'tal -major de l'archiduc., gn-
ral en chef.
En Polosk, la tte de 100
chasseurs du 20e. il enlevait picesde canon l'ennemi, et iaisait prison-
nier le gnral en chef de 1 anne
Russe.
Eh bien cet homme si vaillant si
intrpide si adroit si fort de volont,
si prompt si sur de pense dans ses en-
t reprises hardies lorsqu'il commandait
un d lchement en tait -la-fois le
EXPOSITION. 9
mdecin, l'artiste vtrinaire, le sellier,
le cordonnier le cuisinier, le boulan-
ger, le marelial-ferrant j usqu ' ce que
rencontrant l'ennemi, il se montrt le
soldat le plus remarquable dela grande-
arme.
Lorsqu'il se prsentait dans une affai-
re, les hommes qu'il commandait taient
toujours plus reposs plus prts com-
battre que les autres et leur action a'en
ressentait.
tait-ce un homme comme celui-l
qu'on pouvait mesurer la toise de tout
le monde et retenir sous le niveau queles mdiocrits rivales ou suprieuresde grade appuyent toujours si pesam-fment sur les ttes distingues ? Curly"servait depuis quinze ans et toujours en
temps de guerre, lorsqu'on lui donna
l'paulette. Pourquoi l'avait-il attendue
si longtemps? c'est que ceux qui pou-vaient la demander pour lui ne s'taient!
pas trouvs d'assez haute taille pour le
reconnatre. Il vgta jusqu' ce qu'un
Colonel, homme d'une nature semblable!
la sienne, le juget et renverst lai
10 EXPOSITION.
barrire qui le comprimait. Son avance-
ment rapide ne fut donc qu'un acte de
stricte justice. Car si prcdemment il
avait i si lent. la faute en tait aux
autres.
Si j'appuie sur ce fait, ce n'est quecomme exemple et avertissement. Nulle
part plus qu' l'arme, 1 homme ne doit
tudier plus consciencieusement l'hom-
me sous ses ordres, et tirer parti de ses
qualits particulires. Nulle part aussi
la justice qu'il lui rend ne doit tre plusentire et plus dpouille des petitesniaiseries
d'anlour-propre indignes d'unnoble cur, et qui deviennent un tort
gravie et souvent irrparable, lors-
qu'elles entravent bassement le gnie,et privent la patrie des services qu'ilaurait pu lui rendre. L'anciennet est
un titre sans doute et un titre trs res-
pectable, mais il n'est pas le premier.Les armes dans lestluelles on lui adonn trop d'importance ont toujours tbattues, tandis que celles o le mriten'a pas invariablement soumis sa
paie exigence ont toujours t viclo-
EXPOSITION- II
riexases. A mrite gal, elle doitl'eni-
orter.
En Gurly se retirason me
n'tait pas de celles quisavent se ployer;
elle tait blesse, malade, elle consuma
sa vie, et s'envola, il y a peu d'annes,
pour se runir celles de ses nobles
frres d'armes, morts sur les champs de
bataille de l'Empire ou sur lescha-
fauds de la restauration. Une croix de
bois marque la place qu'occupe son corps
dans le cimetire du petit village qu'il 1
avait quitt trente ans avant, comme
simple soldat volontaire. Pourquoila
mort n'a-t-elle pas attendu?il aurait
secou la poussire du drapeau cach
sous son humble paille. Un champ de
bataille, aujour d'une victoire, un ten..
dard pris lennemi, taient le seul
tombeau, le seul linceul dignes de lui.
Curly tait pour moi le type du ca-
valier lger. Pendant trois ans, j'ai fait,
la guerre ses cts, et son exemple et
ses conseils resteront ternellement gra*.
vs dans ma mmoire et dans raoncur.
C'est en l'tudiant que j'ai jug tout ce
EXPOSITION.
qu'il faut de qualits, pour tre officier
distingu de cavalerie lgre, et si,
plus tard livr moi-mme, j'ai eu quel-
ques petites affaires heureuses, je les ai
dues souvent l'tude, la prsence
des souvenirs qu il m'avait laisss.
Pour tre bon officier d'avant-garde,il ne suffit pas d'tre brave et de bien
commander au feu il faut avoir amen
le plus d'hommes possible jusques-l, et
les y prsenter dans le meilleur tat
d'y donner un coup de collier. Cette se-
conde partie de notre instruction indis-
pensable n'est pas la plus brillante,
mais est, peut-tre, la plus importante;
elle ne s'acquiert pas en garnison et
exige une foule de conditions.
Habitude de juger lasant des hommes
et des chevaux; connaissance des prompts
remdes applicables dans certains cas
visite journalire et scrupuleuse du
harnachement connaissance des rpa-
rations y faire temps; visite de l'-
qui peinent etdes rparations qu'il n-
cessite approvisionnement de tout ce
qui peut treutile 1 homme et auche-
EXPOSITION. 13
val, sans trop charger le cheval, paque-
tage bien entendu rgularit des ail si-
res dans les colonnes de marche; bonne
assiette des bivouacs, surveillance con-
tinue de tout ce qui peut y toucher
la sant des chevaux; indication des
moyens de se passer momentanment
d'un marcial-ferrant thorie de l'em-
ploi des outils que renferme une troussescience de l'-propos pour manger et
dormir; tude du amoral des hommes
sous nos ordr es discipline maintenue
qui empche les cavaliers de raisonner,
lorsqu'ils n'ont plus craindre, ni salle
de police, ni prison surveillance quiempche constamment de dpenser inu-
tilement les forces du claeval exemple
personnel donner dans toutes les posi-1 ions, et donner avec d'autant plus de
constance, que les positions sont plus p-nibles ou difficiles confiance entire,
dvoment, lan inspirer ses cava-
liers, voil ce que les thories de la paix
n'apprennent pas voil ce qui, joint au
courage, au coup-d'oeil militaire, la
promptitude de jugement sur les champs
1il EXPOSITION.
de bataille, fait l'officier vraiment dis-
fingu.
La paix vous a appris beaucoup de
choses; les exercices multiplis auxquelselle vous a livr ne seront pas perduspour vous, parce qu'ils ne trouveront
pas tous leur application. Vous retien-
drez, surtout, de ces classes laborieuses
qui ont bris vos volonts et vos corps,l'esprit de discipline et l'adresse indi-viduelle manier vos armes et vos
chevaux, base fondamentale de toute
tactique. Nous trierons, dans le reste,ce qui est indispensable, de ce qui est
moins utile et nous rassemblerons
toute notre attention aujourd'hui diver-
ge sur beaucoup de dtails, sur les
points principaux qui doivent l'occupertoute entire.
La guerre me disait un jour le gn-ral Lassalle, est au soldat qui n'est-passorti de sa garnison, ce qu'est le monde
ait jeune homme qui quitte les bancs des
cols; ce qiiestf application au prcepte.La paix a donn de mauvaises habi-
tudes au cavalier lget qu'il faudra
EXPOSITION. 15
qu'il perde en campagne; la facilit,
1 obligation mme d'envoyer les objets
d'habillement, d'quipement, d'arme-
ment aux ateliers des ouvriers, pour la
plus lgre rparation la cuisine faite |en commun par escadron l'habitude
ridicule de souffrir jusqu' des barbiers
dans les escadrons, etc. eic. empochentl'homme d'apprendre se suffire soi-
mme.
La grande quantit d'effets inutilesqu'il possde, ces pantalons d'ordonnan-ce qu'il porte pied, quand il fait froid,ces pantalons de toile pour l't, ce luxed'effets qui n'est bon qu' l'habituer nepas soigner son pantalon basann, et motiver l'emploi d'un norme porte-manteau qui reinte son cheval, seralaiss, sans doute, au dpt, au premiercoup de canon.
Aujourd'hui, l'quipement d'un chas-seur ou d'un hussard semble conu seu-le,nient, pour servir un complet dm-nagement de garnison garnison. Jene puis m'empcher, je l'avoue, de m'- Ilever contre l'ide anti militaire qui
16 EXPOSITION.
a prsid, il y a quelques annes, cet-
te crmation. (*) L'Officier de cavalerie
qui a fait la guerre ne sait que trop
qu'un vaste porte-manteau est bientt
vuid en campagne, non par l'usage des
effels qu'il contient, mais par la perae
promp'e de ces effets. Si le porte-man-teau restait vuide ensuite, il n'v aurait
que demi niai, car ce serait une pure
question d'argent et les ciefs de cor- s
en seraient quittes pour un vilain paque-
tage; mais il n'en est pas ainsi: le cava-
lier remplace toujours les effets inutiles
qu'il a jettes par toutes les guenilles
qu'il trouve et qu'il n'aurait pas song ramasser, s'il n'avait pas eu de place
pour les meitre. Un porte-manteau de
cavalerie lgre qui peut conenir plusde deux chemises, une trousse, et sous
sa patte, une paire de boites, est non
j
(*) Ne vaudrait-il pas mille fois mieux, si l'on lier-1 cequ'un soldat possde une si liclie garde-robe, avoir descaissesqui suivraient Je rgi meut, lors de ses changementsde garni r-on, et dans lesquelles on m lirait tous les effets
qu'un caralier ne t'oit porter qu'eu temps de paix. Le portde ces caisses coulerait peu de chose el viterait le doubleinconvnient de blesser le cheval, del'reinfer inutilementet de forcer le paquetage ;i des enveloppes disproportion-nes avec sa vritable et utile destination.
EXPOSITION. 17
seulement inutile, mais mme dange-reux. Moins un cavalier a d'effets, plusil les soigne., plus il est propres, plusil est disponible. Les chasseurs de la
garde impriale ont fait sous mes yeux,toute la campagne de Russie, avec un
dolman et un seul pantalon hongroisen drap.
Un des malheurs attachs l'tat de
paix, c'est que ni le cheval, ni les ar-
mes d'un cavalier ne sont lui. Les
hommes pied du rgiment, et dont le
nombre est considra ble, allant toujours l'emprunt pour leur instruction, salis-
sent les baftleteries et les armes, sacca- .jdent les chevaux, et dtruisent ainsi
l'intrt, l'instinct si puissant de pro-prit, que tout homme a toujours pource qui n'est. touch que de ses seules
mains.
J'ai vu souvent, dans Paneienne ar- j
nIe, des cavaliers refuser des congs,
pour que leur absence n'autorist pel-sonne monter leurs chevaux et se
servir de leurs armes. i
De cet esprit de proprit dcoule
18 exposition.
les plus utiles et les pies nobles cons-
quences en temps de guerre il est entier;
rien ne le blesse ,rien ne l'attaque 5 l'hom-
me est le seul matre de ce qui lui a
t confi au dpart de la garnison; son
cheval et ses armes font partie de lui-
mme; la mort ou un tort trs grave
qui mrite la fltrissure, peuvent seuls
l'en dpossder. Si j'avais t assez heu-
reux pour vous commander en guerre,comme j'ai eu l'honneur de le faire en
paix, j'aurais observ religieusementt le droit sacr de chacun cet gard,
et la dernire des recrues qui aurait ea
soin de son cheval, n'eut t dmonte
pour personne, pas mme pour l'officier
I le plus utile du rgiment qui aurait
1 perdu le sien.
C'est pour vous prparer la science
pratique des avant-postes, que j'ai trac
ces souvenirs, cet espce de manuel
que je vous offre, et que je l'ai fait
prcder de ces rflexions qui sont,
en quelque sorte, leur prface. Depuis
neuf mois que j'ai l'honneur de vous
commander, ou plutt d'tre le chef de
EXPOSITION. 19
notre famille, nos efforts communs ont
t couronns de succs, puisque le rgi-ment dtruit par le passage de ses vieux
soldats dans un autre corps, compte au-
jourd'hui neuf cents cavaliers prts en-
trer en campagne. Ces rsultats sont l'ou-
vrage de votre zle; qui sert aussi bien
en temps de paix doit tre l'honneur
de l'arme en temps de guerre.Je ne puis copier cent fois ce manus-
crit, pour le remettre chacun de vous
je le fais donc imprimer pour m'viter
cette peine. Quant sa rdaction, jel'abandonne la critique. Je n'ai pasvoulu faire un livre, mais bien tre clair
et instructif. J'ai cru, surtout que la
promptitude de rdaction ajouterait
l'utilit du prcepte, et j'ai jeit la
hte sur le papier mes souvenirs quis'offrent l comme dans ma mmoire.
Aussi, je vous le rpte, ces pages nesont pas une thorie, une rdaction dece que j'ai entendu dire, mais bien un
-rcit de ce que j'ai vu, une conversa-tion qui doit tre consulte plutt qu'ap-
prise, qui n'a nullement la prtention
20 EXPOSITION.
surtout de se faire rpter mot--inoi.
Selon moi, le inot--mot n'est bon, n'est
indispensable que pour les classes; pour
le reste, ilestla science des mdiocrits
qui trouvent toujours plus commode de
faire travailleur leur mmoire, que leur
jugement.
Plusieurs points vous paratront,
peut-tre, trop minutieusement traits
ou rpts, cela est possible: si j'ai eu
ce dfaut, je m'en consolerai, parce-
qu'enfait d'instruction, il vaut mieux
trop dire que pas assez; d'ailleurs, atten-
dez l'application pour juger en der-
nier ressort, peut-tre alors me repro-
cherez- vous le dfaut contraire.
L'tude est l'arsenal dans lequelvous puiserez vos armes, au jour de
1 action. Etudier avec soin, aide pen-ser et agir vite} et penser et agirvite est le secret de l'officier modle.
Nulle part aussi bien qu'en cavalerie
lgre ne se trouve l'application en-
tire de ce mot d'un grand homme
La promptitude c'est le gnie.
L'instruction thorique ne se donne
EXPOSITION. 2
qu'avec des entraves querenverse l'ac-
tion de la guerre. Lafroide mthode
qu'elle ncessite, gne et comprime les
rves brillants d'une jeune imagination,
qui n'a t entrane dans notre carrire,
qui n'a aperu de loin qu'uneaction
sur un champ de bataille. Souvent aussi
ce jeune-homme qui plus tard sera
l'honneur de nos avant-postes, plac
son dbut, sous la verge plombe d'un
caporalisme de tous grades, qui ne rai-
sonne pas le pourquoi des choses, se d-
goule, parce qu'il ne trouve pas d'cho
sa pense bouillante et n'aperoit
qu'une formule, ou tout autre lui ferait
reconnatre un fait. Qu'il apprenne [ou-
jours patiemment ce qui lui est montr; ?
plus tard il en fera l'application. Au pre-mier coup de canon, ses coudes seront
franches, il secouera la poussire du
mange et de.la chambre; sa poitrine
respirera largement; ses yeux n'aper-cevront plus d'horizon mais les tho-ries apprises rgleront ses mouvements
qui puiseront leurs facilits dans leurs
prceptes. Cet avenir estpeut-tre prs!
22 EXPOSITION.
de lui aujourd'hui. Qu'il se rappelle la
semelle de plomb attache au cothurne
de la recrue Romaine.
En fait d'instruction on n'est ri-
che an jour de l'application, quelors-
qu'on est trop riche. Dansce grand
jour, il est trop tard pour apprendre
et il est temps de choisir le ncessaire
et d'oublier l'inutile. Bailleurs, la guer-
re prsente tant de chances diverses,
se complique de tant de positions, que
la rserve de notre instruction peut
trouver aussi son application inattendue;
et si cette application se rencontre, ne
fut-ce qu'une seule fois dans notre vie,
elle paye une anne de peines.
Quand les hommes de mon ge arri-
vrent au bivouac, ils ne savaient rien,
et nos tudes rl.'cole militaire nous fai-
sant fantassins, nous dbutmes en tris-
tes cavaliers. Notre ducation se fit sous
les coups de sabre qui dcimrent son-
vent nos rangs ignorantes et maladroites.
Notre bonne volont, notre enthousias-
me ne suffisaient point. A chaque pas,
nous tions arrts par celle fatale iguo-
EXPOSITION. 23
rance; il nous manquait ce que vous
avez, la thorie. A force de peines, nousdevnmes plus cavaliers que vous ne
l'tes, et moins peut-tre que vous ne leserez. Nous avons eu sur vous
l'avantagede ces beaux jours d'/ena. de Friedland,de Wagram, A'Ejrlau, de Mojaisk, quiont endurci nos corps et form nos juge-ments. Soldats du grand capitaine, ac-teurs dans le plus sublime des dra-
mes, nous avons pu comparer les rai-sons
pratiques de la victoire et des re-vers. De grands jours lu iront aussi pourvous; esprons que vous n'iudierez quedans le livre de la victoire.
Votre ami,
DEBRACK,
3DE
CAVALERIE LGRE.
SOUVENIRS.
DU BUT DE LA CAVALERIE LGRE.
D. Quel est le but de notrc cavalerie legre ett
campagne ?R. D'clairer et de protger la marche de
notre arme.D. Comment atteint-elle ce but ?Il. En devanant nos colonnes; cla irant leurs
flancs, les entourant et couvrant d'un rideau v:
gilant et courageux; suivant l'ennemi pas pas,le harcelant, l'inquitant, ventant ses projets,puisant ses forces en dtail, dtruisant ses ma-
gasins, enlevant ses convois, et le forant en-fin dpenser en dfensive la puissance offen-sive dont autrement il aurait tir ses plus grandsavantages. i
26 DU CHEF EN CAMPAGNE,
DU CHEF EN CAMPAGNE, DE i/OFFlCIER.
D, Que signifie le mot chef'?IL Il signifie tte, exemple.
Quelles sont les qualits premires d'un cont-mandant de cavalerie le'gre, le jour de l'action?
R. 10 Le sentiment juste, l'apprciation froide,mathmatique de ses forces matrietles et decelles ennemies.
2 La rapidit et la sret du coup d'aeil, quiembrasse et reconnat les dispositions moralesde la troupe qu'il commande, et de celle qu'ilattaque.
30 Le regard qui, de tel ct qu'il aborde un
terrain, l'apprcie d'ensemble et dans ses moin-
dres dtails de distances, d'accidents, de possibi-lits, d'impossibilits pour l'attaque, la dfenseet la retraite.
4 La promptitude de dtermination et d'ac-
tion,L'lan qui enlev tout.
tfo La fermet qui ne dscsptrc de rien, et rc-
met les parties les ylus dsespres.70 Le sang-froid clui ne fausse jamaisleregard,
et fait que nos subordonns ne voyent que parnos yeux; ajoutez ces qualits, la bravoure quidonne l'exemple, et la justice qui rconipensebien, vous avez l'homme d'lite qui, en toutes
circonstances tient dans sa main cent escadrons
comme un, les entrane, les arrte comme un
seul homme. euive ou arrache la victoire, lui
impose comme une matresse.
de l'officier, 2;
Cette runion de qualits s'appelle d'abord
Napolon, puis Frdric, Massna, Soult, Ney,Klber, Desaix Hoche, Lannes, Morand, La-salle.
La figure d'un chef est souvent consulte, ilfaut qu'il ne l'oublie jamais; il doit ne permet-tre d'y lire que quand il veut bien y laisser lire.
Ainsi lors d'une expdition dont il a seul lesecret, il faut que ses hommes ne percent ce se-cret que quand il en est temps; que le sang-troid de leurchef ne permette pas l'inquituded'entrer dans leurs rangs.
D. Quelle est la place du chef dans une affaire FR. Toujours au point de commandement.n. Mais il
peut y avoir plusieurs pointsde cem-
mandement ?
R. Non; il n'y en a qu'un pour le chef exercainsi par exemple, lorsque ce chef surun champde bataille, commande plusieurs escadronschelonns qu'il va lancer successivement, ildoit se modrer et ne pas se mettre la tte du
premier moins de circonstances particulires.Il est plus rationnel qu'il lance le premier et semette la tte du second, de cette manire ilembrasse d'un coup d'il l'ensemble de l'affaire,il tient dans sa main tout son monde auquel Habien vite fait prendre part au succs en cas derussite, et qu'il maintient utilement dans le cascontraire.
Si par une circonstance particulire il croitdevoir marcher avec l'escadron de tte, il nedoit le faire qu'aprs avoir donn aux comman-dants des autres escadrons des ordres tellementprcis qu'il n'y ait pas doute dans l'action detelle manire qu'elle se prsente, et ds qu'il
28 DU CHEF EN CAMPAGNE,
le peut il doit revenir de sa personne aux esca-
drons qu'i.I::a quitts.Dans une retraite au contraire, le chel doit
toujours marcher l'arrire- garde.en ayant
soin de mettre l'avant-garde un des officiers
sur lesquels il compte ieplus,et d'encadrer ainsi
sa marche pour maintenir son ordre et ses al*
lures.11 est un cas o le chef doit marcher le pre-
mier l'attaque c'est lorsque sa troupe est ru-
nie soit en bataille, soit en colonne alors il
enlve cette troupe et frappe le premier la po.sition prise, il quitte son rte de premier
soldat
pour reprendre celui de manuvrier.
Que doit faire le chef sur le terrain, sous le
houlet et avard une charge ?
R. Passer une inspection morale de son rgi-
inent, se promeneur de la droite la gauche
quatre pas de sa ligne, direun mot l'officier,
au soldat, l'gayer, le stimuler, fairenatre
l'occasion d'appeler les homtnes'par leurs noms,
et leur prouver ainsi qu'il ne les perd, ni ne
les perdra de vue.
Sur un champ de batailte, l'homme est tout ce
qu'il peut tre; il n'y a plus de voile, plus de
dtour; ses passions son souveraines, son me
est dploye, y lit, qazi sait tire et quiveut lire
1 , t'intrigue s'applatit muette; les braves d'anti-
chambres, les savants de saton les Zielten de
petite guerre. les galopeurs en temps de paixne portent plus la tte si haut l, malheur au
visage qui plit sous tel ou tel chapeau:aux
paulettes, aux galons qui se courbent sous le
(l\ Expression de I.assa!le.
de l'oeficiilr. 29
3.
vent d'un boulet, au peu de franchise d'amourpour sa cocarde; justice, conlplte justice estrendue; malheur qui est condamn ce tribu.na' de tous, o l'honneur seul prside, il ne s'enrelve plus. Sous le feu, galit par le courage,puis lection du plus brave en're les braves, parles braves, et celle-l ne fait rougir que d'en-thousiasme et d'orgueil
Il faut que le chef s'inspire son rgiment detelle faon que ses mouvements personnels en.lvent ou ralentissent l'action gnrale que sa
troupe fasse corps avec lui, que sa pense soit !asienne, et sa confiance celle qu'il donne maiscette confiance bien intime, entire, instinctivequi fait dire au soldat dans toutes les positions,il est l ci suffit.
Un chef qui ne tient pas ses hommes dans samain et qui ne les meut pas tous comme un seulhomme, est indigne de sa position.
C'est sur le champ de bataille qu'est la rcoltede ce que l'officier a sem; mieux il a servi pr.cdemment, plus il s'est fait une rputation dejustice, de fermet, de court, d'instruction.de soin pour ses hommes, mieux sur le champde bataille il runit en faisceau toutes les vo-lonts pour les changer en une seule, la sienne.
11 ne doit y avoir qu'une volont dans uncorps, celle du chef, cpla est indispensable souspeine de perte de toute discipline, et de promptedmoralisation du corps.
Le plus grand malheur qui puisse arriver un rgiment, aprs la lcllet de son chef, c'estignorance et la paresse de ce mme chef, carles inlluences et l'intrigue marchent totljours leur suite.
dO DU CHEF EiN CAMPAGNE.
Le chef qui s'imagine qu'il drobe a connais-sance de ses faiblesse au soldat, est un niais. Lesoldat le connat mieux qu'il ne se connat lui-
mme qu'il emploie donc son temps corrigermais non cacher ses faiblesses.
L'gosme du chef est non seulement un d
faut, mais un vice qui ternit ses plus brillantes
qualits et lui te les trois quarts d sa puissan-ce morale sur ses subordonns.
Le chef qui ne se persuade pas que lui c'estson rgiment, et qui au jour des privations oudes rcompenses s'isole pour ne penser qu' soi,rcsJe isol, il y est condamn.
Dans une affaire, au plus fort dudanger,lechef doit reconnatre froidement les plus bra-
ves aprs l'affaire il ne doit se reposer quequand ils ont t rcompenses.
Au bivouac, en face de l'ennemi, le chef doitdormir moiti moins que ses subordonns les
rglements militaires en lui accordant plus dechevaux qu' tout autre officicr lui indiquentses obligations de vigilance et de fatigues per-sonnelles.
Tout le temps que dure une campagne le
repos lui est interdit, et il ne doit jamais plusveiller que lorsqu'il fait dormir ses hommes; il
y va de son honneur.
Aprs une affaire, si les blesss sont apportsau bivouac le chef doit les faire placer ct desa baraque, pour surveiller les soins qu'on leur
accorde; s'ils manquent de paille leur donnerla sienne.
Ds que des prisonniers sont faits, le chef doitles prendre sous sa protection spciale et adou-cir leur position par des mots rassurants et des
DE L'OFFICIF.B.
soins s'ils sont blesss, les faire panser avec ses
propres blesss.Si un dtachement d'un autre rgiment, cava-
leric ou infanterie, est adjoint au rgiment, lechef doit aller quelques pas au-devant de ce d-tachement et lui donner devant la troupe des
marques empresses de fraternit l'exemplesera bien vite suivi, et ce dtachement fera par-tie de la famille.
Dans la campagne de un bataillon du7e d'infan'erie lgre fut dtach avec le 7e hus-sards dont je faisais partie; cette infanterie futreue bras ouverts par nos hussards; l'amitique conurent ces deux corps fut si vive qu'a-prs s'tre dit: que 7 et 7 fesaient 14, les hussardsrpondaient au qui vive l4.e hussards et l'in-fanter:e I4> d'infanterie lgre cette iraternittrouva vite l'occasion de se prouver, car nousfmes attaqus quelques lieues de Ratisbonnepar des forces trs suprieures, et nous aurionssuccombe sans la mutualit d'lan et de dvoue-ment qu'elle nous inspira.
Des chefs qui ont reu l'ordre d'entrer danslenrs bivouacs lambinent souvent pour le faire,et tandis qu'ils usentains inutilement le temps!ettes forces de leurschevaux, d'autres rgimentsmettent pied terre, s'installent et accaparentles fourrages et les vivres c'est une doublefaute de la part du chef du rgiment dpouill,cette faute n'est pas sans une grande iniluencesur l'esprit des hommes.
Chez le vritable officier de guerre il existeune prvision qui lui fait juger d'avance parfai- jteinent les haltes de sa division, de sa brigade,et le bivouac qu'occupera son rgiment ou son
32 DU CHEF EN CAMPAGNE,
dtachement s'installer prompement ou len-
tement, se placer centpas droite ou gauche,
prs ou loin d'un bois, d'un ruisseau et surtoutd'un village n'est pas indiffrent; de ce choix la longue dpendent les forces d'un rgiment, gal mrite deux chefs dont l'un saura bien etl'autre mal installer ses bivouacs, le premier la fin d'une campagne comptera sous ses ordresde nombreux cavaliers en tat, tandis que le se-cond ne sera plus suivi que de quelques chevauxaffaiblis.
Souvent dans les colonnes qui vontl'ennemideux rgiments se coupent et se prennent dequerelle c'est presque toujours la faute du
chef; s'il a l'ordre de se porter en avant, qu'illonge la colonne parallle la sienne; s'il doitla couper qu'il en envoie prvenir sur Se chample commandant de cet!e colonne, ou plutt qu'ilaille le lui dire lui-mme; tout alors se fait r-
gulirement et l'on vite de rgiment rgi-ment des haines qui souvent ont de tristes et
longuets consquences.La responsabilit d'un chef de corps lger est
un rude fardeau pour celui qui apprcie leur
juste valeur la gravit de ses devoirs souvent lesalut de 1 arme entire lui est confi, et dans
toute circonstance, la vie de ses hommes, [lion-neur de son tendard sont entre ses mains. Uncolonel de troupe lgre, en entamant une cam-
pagne doit runir d'abord ses officiers, puis sessous olficiers et leur rappeler leurs devoirs et laconfiance dans laquelle il est, qu'ils les rempli-ront avec la vigueur, l'intelligence, l'activit, laconscience indispensables.
Il doit leur montrer en perspectivc les rcom-
DE l'officier. 33
penses qui leur reviendront, et qu'il fera tout
pour leur obtenir.
Puis leur dployer l'cluelle gnrale de res-
ponsabilit hirarchique et les prvenir qu'ildemandera chacun d'eux l'entier accomplis-sement de ses devoirs.
Que celui qui soit par ngligence, soit parignorance ne sera pas la hauteur de sa posi-tion, comme il y va de la sret gnrale et del'honneur du rgiment, il le privera aussitt deson commandement pour le mettre enscrre-filesou l'envoyer sur les derrires.
Ces paroles donnes, il les tiendra religieuse-ment avec un grand zle pour faire obtenir les
rcompenses, et une inflexibilit de fer pourl'application des punitions.
En prsence de l'ennemi l'officier ne doit ja.mais quitter sa place de bataille, ne serait-cemme que pour appuyer lgrement droite ou gauche, Cette obligation lui est impose parles besoins du service, elle lui est conseiile parcet instinct, ce fatalisme que chaque soldat pos-sde toujours. J'ai connu des officiers blesssgrivement de coups de boulets reus lorsqu'ilstaient hors de leurs places, et qui retirs de-puis dix ans, me disaient encoreave amertume,
si j'avais t ma place, cela ne me serait pas arriv, Vcussent-ils cinquante ans encore,cette ide les poursuivra constamment. Ils rap-porteront cette faute les malheurs de touteleur vie.
Les routines de la paix ont donn de dtesta-bles habitudes l'officier elles lui ont persuadque lorsqu'il n'encourait pas les arrts par unretard aux appels, que lorsqu'il commandait un
34 DU CHEF EN CAMPAGNE,,
peloton tant bien que mal la manuvre,il
tait officier, et que le temps que ne lui prenait
pas ces devoirs de caporal, il pouvait l'employer'le consommer, l'puiser intgralement au caf.
Cette conviction lui a t donne surtout par les
droits exhorbitants qu'on a accords l'ancien-
net.En vertu de cette loi qui tue tout amour-pro-
pre, tout dsir de mieux faire, le plus mdiocre
est sr de primer le meilleur, sans tenter tmoin.
dre effort aussi dans les rgiments aujourd huila grande affaire pour un officier n'est pas sonsavoir et son zle, n'est pas mme les notes des
inspections, c'est sa place sur le contrle d'an-
ciennet. La guerre renversera brutalement
cette erreur de la paix.Tel homme est n gnral, tel autre caporal
il faut que la destine de tous deux s'accom-
plisse c'est une loi de justice et de devoir quela conscience de tous deux sera la premire
tablir.
el officier peut tre -sous-lieutenant et lieu-
tenant de chasseurs, ensuite il doit passer dans
les cuirassiers tel autre doit quitter au plus tt
la cavalerie de rserve pour commander un es-
cadron de hussards. 'l'el autre, ne doit jamaistre colanel, tel autre, sous officier aujourd'hui,doit enjamber les grades, et ne s'arrter qu' la
tte d'un rgiment. Mais il faut un prtexte,mme la justice, et la guerre seule peut le
donner.
Que l'officier se prpare, qu'il s'ins'ruise,s'il
veut parvenir, qu'il emploie tous ses instants
fouiller son mtier dans ses moindres dtails;
qu'il- sache faire tout ce que fait un cavalier;
DE l'officier. 35
qu'en garnison son colonel s'assure s'il sait pan-ser un cheval, ntoyer ses armes et son harna-
chement on ne peut pas commander ce qu'on
ignore.Que celui qui veut tre vritablement officier
au lieu de perdre son temps au caf se rapprochedes hommes qui peuvent l'instruire; qu'il fr-
quente les diverses infirmeries l'instant des
visites journalires des mdecins et des vtri-
naires, qu'il suive leurs pansements; qu'il causeavec les hommes distingus,avec les soldats quiont bien vu la guerre et que renferme le rgi-ment ou la garnison dans laquelle il se trouve
qu'il regarde avec soin'chez les matres ouvriers,comment se confectionnent ou se rparent leharnachement, l'habillement et l'armement;que sans fausse honte, il mette lui-mme la main l'oeuvre; cette instruction lui sera de la plusgrande utilit en campagne, l'empchera d'trejamais embarrass, et le fera choisir pour coin.
mander tous les dtachements qui s'isolant long-temps durgiment,et oprant part,lui acquer-ront honneur et j juste avancement.
S'il a l'avantage de se trouver dans la mmegarnison que des troupes d'autres armes,qu'auxinstants de libert que lui laisse son service,il courre au plus vite dans les arsenaux, sur cesouvrages qu'lve le gnie militaire, au poly-gone de notre artillerie, sur le terrain de ma-nuvre de l'infanterie, l seulement il appren-dra les rapports relatifs des armes entr'elles, iljugera les difficults et les possibilits de l'atta-que et de la dfense, en apprciant les vitessesdes formations, les distancies du tir, etc.
Et si sur la frontire, ou pendant un armis-
DU CHEF EN CAMPA8NE,
tice. des iroupes trangres se trouvent enface
de lui qu'il les visite leurs avant.postes,
leurs bivouacs, leurs casernes, sur leurs
champs d'exercices, et que son coupd'cei! mili-
taire retienne fidlement les amliorerons
qu'il reconnat chez elles, et dontil enrichira
les siens son retour.
Enfin que l'officier se rappelle que l'aptitude
cst le droite, et que malgr tout,le droit triom-
plie toujours.Un des plus grands bonheurs que
doive ambi-
tionner un officier au dbut de sa carrire, c'est
de faire partie d un rgiment quisert bien, et de
se trouver sous les ordres de chefs instruits et
habiles; que le jeune officierainsi heureuse-
ment plac, ne se dpche pas d'enjamber ses
premiers grades. Tout est tudeet tude fruc-
tueuse pour lui, qu'il en profite pours'instruire
fond, il verra plus tard qu'il n'a pas perduson
temps, car n'importe o.l'lveront le sort et sa
bonne rputation, tout lui paratraface les
premires leons ont unehaute influence sur
toute notre carrire.
En toute circonstance ne frappez jamais que
sur le chef, il est responsable de tout;en agir
autrement serait insulter le commandement et
commettre une inj ustice. Si uncavalier est mal
tenu punissez son capitaine,s'il est mal instruit
punissez le capitaineinstructeur s'il ignore.ce
qu'il doit faire tel ou tel poste, punissez
lechef
de poste. L'impulsionne part jamais que
de la
tte, c'est la tte qu'il faut punir celui quin'en
agit pas ainsi se creun monde de tracasseries
inutiles, arrte l'actionde touteschoses, dtruit
la discipline, dgotele commandement, et se
de l'officier. 37
il
dconsidre en prouvant qu'il ne sait pas servir.Le regard des officiers diffre de porte tel
officier a celui du champ de bataille,tel autre
du dtail de rgiment celui-ci rien n'chappede ce qui touche l'arrangement, et l'organi-satiun intrieurs. 1/offieier vraiment suprieur
possde les deux regardes mais comme l'officier
vraiment suprieur est rare, que le chef con-
fie donc toujours les spcialits ceux qui ysont aptes, sans enterrer cependant pour celades hommes utiles et actifs de manire nuire
leur avancement mrit et de manire aussi ce que le reste des officiers ne puisse prendreaucune connaissance pratique de la portion de
service confie aux spciaux.
(Quelque fois un corps d'officiers ou de sous-
officiers est mou sans nergie sans actionsans lan; c'est presque toujours la faute ducommandant du rgirnent mais quelque fois
aussi cela peut dpendre de deux ou trois nie-
neurs de diffrents grades qui se sont tablis
chefs4e meute, que leurs camaradesontreconnu
pour tels et qui donnent le ton et la mesure.
Que le chefreconnaisse la cause de ce fait des-tructeur de tout service et plus tard de toute
discipline, et qu'il la fasse cesser sur le champ,On ne peut pas plus commander un rgimentsans verve, que le plus habile des pilotes ne
peut gouverner un vaisseau en pleine nier,
l.orsqu'aucun vent n'enfle ses voiles.
Un des malheurs attach la position de chef,ce sont les restrictions qu'impose la dignit decette position l'expansion entire de l'amiti
pour ses infrieurs cette ami'i qui trouverait j
38 DU CHEF EN CAMPAGNE,
si doux, lorsqu'elle a reconnu le mrite, l'atta-
chement-, de les placer sa propre hauteur.d'-lablir enir'eux et soi unefraternellee! complte
galit, aux instants o le repos de service ne
vient pas rappeler forcment les grades.Quelque ibis un bon cur qui souffre de son
isolement se laisse aller cette faiblesse si
douce et dans le fond si honorable, car elle est
base sur l'estime; le coeur a raison, le chef a
tort,surtout si les infrieurs qu'il honore de cette
affection, s'oublient, et souvent sans le vouloir,dconsidrent ainsi leur ami dans sa positionde chef. Qui se lie familirement avec ses inf-
rieurs,doit avant tout tre assez fort pour ne pou-voir dan s aucun cas tre entran par cette in-
timit la dconsidration qu'amnerait un
manqua de respect. Il doit pour ainsi dire me-surer le degr de son abandon sur celui de sa
supriorit morale, et surtout sur l'esprit et le
savoir vivre des infrieurs auxquels il accorde
une fraternelle confiance. Le chef qui ne se sent
suprieur que par son grade, et dont l'esprit est
born et le caractre faible, doit se dfendre desemblables intimits, car sa dignit person-nelte, et celle de sa position seront prompte-ment compromisses.
HASILLEMKNT, QUIPEMENT.3&
HABILLEMENT, QUIPEMENT.
C'est en guerre qu'on s'aperoit prompte-
ment de l'inconvnient de ces habits, qu'en
garnison on voulaitsi troits, de ces bottes
qu'on exigeait si justes. Lorsqu'aubivouac,,
les membres serrs ne peuvent plus se reposer
que les bottes schesau feu se rtrcissent
encore sur des pieds gonfls par la fatigue; qui
de petites semelles bien finesse percent et vous
refusent le service, on donnerait beaucoup alors
pour changeur ses vtements contreune bonne
veste et des boltes larges et cornmodes il n'est
plus temps; il faut faire campagne dela manire
la plus fatigante, et voir son lgance se changeren guenilles, car son troitetla fait se dchirer
de toutes parts, et de manire n'tre plus ra-
commodable.C'est l qu'on sent l'utilit de cette trousse
qu'on mprisait, qu'on galait en paix! quin'a
ni fil, ni aiguilles, ni cire, ni ciseaux, ni bou-
tons, ni couteau, ni alne, court aux emprunts,
mais les prteurs sont rares,parce que ceux qui
possdent sont les prvoyants, et quela pr-
voyance qui les a fait se munir, les fait conser-
ver pour leurs propres besoins.
Jeunes officiers, coutez le conseil que vous
donnent mes souvenirs; n'emportez pas un gros
porte manteau, il ne ferait que vous gner.Un officier de tel grade qu'il soit n'a pas be-
soin de plus d'effets qu'un chasseur
Deux vestes, deux pantalons de drap, trois
ou quatre chemises, deux paires de bottes su 111-
40 HABILLEMENT, EQUIPEMENT.
sent grandement pour une campagne de I6
mois; seulement, que ces effets soient neufs dc
bonne qualit. et commodes. Qu'une trousse
bien garnie de fils, de boutons, d'aiguilles, etc.,
les accompagne,et que cettte trousse s'empressde prter ses secours chaque petite dchirure
qui survient. Avec ces prcautions vous vous
viterez un monde de privations, de tracasseries
qui paurraient dgnrer en malheur, et avoir
plus d'influence que vous ne pouvez le prvoirsur votre avenir militaire.
Certains effets s'usent plus vite que d'autres
en guerre, de ce nombre sont les bottes; quecelles dont vous vous munirez portent d'pai sses
semelles, garnies de petits clous, qu'elles soient
Jarges, et de de pouce, au moins, plus lon-
gues que les pieds.Les sous-pieds se cassent vite. ayez-en quel-
ques paires de rechange et fixez-les vos
pantalons, non pas avec des boutons cousus
qui s'arrachent facilement mais avec des bou-
tons d'assemblage en cuivre: emportez dans
votre trousse quelques uns de ces boutons.
Les boucles de pantalons se cassent, ayez en
deux ou trois dans votre trousse. Des perons
peuvent se briser, ayez-en une troisime pairedans votre porte-manteau.
Le meilleur pantalon pour la guerre, et celui
que je tolrerais aux officiers.est le pantalon dit
la il est large, a des poches, et les
fausses battes en cuir, dont il est garni, tout en
le prservant d'une trop prompte usure, peuvent
impunment recevoir la crotte, parce qu'avecun coup d'ponge, en un instant, elles sont d-
barrasses de ce foyer d'humidit et de salet,
HABILITAIENT, ^ulPESTfcNT. 4f
On peut encore mettre sur le panalon de che-
val des gutres en cuir qui se boutonnent sur le
ct. Elles ont un avantage. C'est de s'usera
l'arrive au bivouac, et de se nettoyer part;mais elles ont aussi un grand inconvnient,
c'est de multiplier les pices de l'habillement,*
et de demander uncertain temps pour se placer
sur les jambes. Tout ce qui simplifie l'habille-
ment d'un cavalier lger, et active l'action de
le revtir, remplissant une des premires ,on-
ditions de notre nlobilisation, me semble pr-frable.
Le schacko est une coeffure incommode; elle
pare mal un coup de sabre, etloin de garantir
de la pluie qui conle dans la cravatte,elle l'y
conduit, de manire ce qu'il ne s'en perde pasune goutte. Que les officiers fassent faire leurs
couvertures de sctjacko, de manire ce quel'extrmit infrieure se reployant habituelle-
ment et s'attachant par devant, puisse se rabat-
tre sur le col, lorsque les pluies seront abon-
dan tes,Souvent les officiers pour porter une coeffure
plus lgre ordonnent aux ouvriers de confec-
tionner leurs schackos en toile ou carton dis
impermables, ou en cuir trs mince: ils ont
tort pour trois raisons. La premire, c'est qu'unschacko fait ainsi ne peut parer un coup de sa-
bre la deuxime, qu'il se dforme trs vite la
troisime, qu'il s'largit outre mesure parles
temps humides, et se rtrcit aussi tellementau soleil, qu'il ne tient plus bien sur la tte
qu'i 1 blesse. jNe portez en campagne qu'un schacko en cuir
solide, et ayez soin de le fixer par une sous- I
HABILLEMENT, QUIPEMENT.
gorge qui ne cde pas un effort un peu violent.
A Essling, j'ai vu des bombes de casques de cui-
rass"ers entirement traverses par des coups de
sabre, et combien n'a i-je pas vu aussi de cavaliers
tus pour avoir perdu leur cocffure.
L'lgance en guerre c'est l'utilit et l'enfre-
tien. Que tous les cuirs cirs en paix soient grais-ss en guerre, vous y trouverez plusieurs avant-
tages le premier sera de ne pas traner une
multitude de brosses embarrassantes par leurnombre, leur poids, leur volume. Le second, de
prolonger la dure de vos cuirs. Le troisime,de rendre ces cuirs moins pntrables l'hu-
midit.
Lorsque des currs sont mouills, gardez-vousde les scher au feu, sur tout trop prcipitam-ment.
L'une des pices de l'quipement qui fatigueJe plus, c'est la petite belliredc salEre; cela
tient au poids qu'elle supporte, et qu'on double
encore par la mauvaise habitude qu'on a de la
tenir beaucoup trop longue. Il faut voir souvent
dans quel tat elle se trouve, et ds quelle me-
Dace de se dcoudre, la racommoder.car si elle
manquait, on perdurait infailliblement la lame
de son sabre, et qu'est-ce qu'un cavalier sans
sabre? 11 serait sans doute beaucoup mieux quecette bellire se fixt au ceinturon par un bou-
j ton d'assemblage, mais puisque cela n'est pasobservez souvent sa couture pour voir si elle nefaiblit pas.
La dragonne en buffle n'est pas commode en
guerre. Une fois en face de l'ennemi, i! faut laserrer soigneusement dans son porte-manteau,et la remplacer par un mouchoir roul et tordu
HABILLEMENT, EQUIPEMENT.
comme un tampon d'colier; ce mouchoir ainsi
prpar tient bien au poignet et pare les plusforta coups de sabre.
Lancier doit porter sur sa peau une ceinture
lgre en cu:r souple, ou en forte toile, et dans
laquelle il met quelques pices d'orc'est l sa
bourse. Il n'y a pas de mal aussi que l'officierde
troupe lgre couse quelques unes de ces picesentre le drap et la doublure de la plus vieille
de
ses vestes.Dans les poches de son pantalon, il doit placer
un calepin blane et un bon crayon, une petiteboussole portative, une cuil ler d'tain, un cou-
teau qui portera, outre sa lame ordinaire, un
canif etun cure pieds, un poinon, une lancette
et un briquet. Pour ne pas perdre ce couteau il
serait utile qu'un il la partie infrieure du
manchepermit d'y attacher un cordon, dont l'au-
tre extrmit serait fixe la poche du pantalon.Dans son schacko, son mouchoir.
Le.petit porte-manteau paquet sur le cheval
qu'il monte, contiendra les ustensiles de toilette,une chemise,une paire de chaussettes, un mou-
choir, une trousse pareille celle du chasseurs,un petit paquet de linge pansement, une petite jcritoire contenant quelques feuilles de papier,de l'encre, des crayons, des plumes et des pains cacheter, un bton d'encre de Chine et un pin-ceau.
Sous le cavalier, sur le sige e' fixe par la pa-lette,sera une besace de fort coutil, ou de toile
sac; la poche hors montoir contiendra les provi-sions de bouche, celle montoir, une ration d'-
L?s poches de la schabraque de l'officier con-
,IlHABILLEMENT, QUIPEMENT.
tiendront, l'une, une musette ploye qui servira
pour faire manger l'avoine au bivouac, l'aulrela pipe.
Le sac tabac sera suspendu au sabre du ca-valier.
Si l'officier possde une lunette, il la porteraen sautoir.
Quant son eau de vie, s'il a pour la contenir,une petite peau de bouc qui est le meilleur des
contenants parce qu'il ne se casse pas, il la met-tra dans sa besace.
Sur son cheval de main, l'officier doit placer
nonpas un porte man'eau, qui s'attache toujourslonguement, maladroitement, abime la selle quile supporte, tourne et se perd dans une marche'de nuit, peut se voler d'autant plus facilement
que les cor des qui le fixent se coupent en une
seconde, blesse le cheval, force dpaquetertoutes les fois qu'on veut l'ouvrir, et qui joint ces inconvnients celui d'tre presque toujoursfait d'un cuir mou, spongieux, et qui ne protgeas les eff!&xle la pluie.
Mais une paire de sacoches solides et couver-tes d'un cuir impermable. Ces sacoches doivent
tre de moyenne grandeur, et fixes elles-mme
fortement sur un morceau de cuir trs solide
qui fit couverture la sell qui les porte, 1 en.
| veloppe.et s'accroche aux palettes pour ne pas1 tourner. Elles seront arrtes par une forte san.
5 gle qui bouclera sous le ventre du cheval, de
manire ne pas ballotter, et ne pas imprimerainsi un double mouvement aux eftets qu'elles
renfermeront.Celle hors-mon 'oir contiendra le linge et les
habits.
HABILLEMENT, QUIPEMENT. 43
Celle montoir, les vivres; on s'arrangera le
plus possible pour que les sacoches psent ga-lement.
L'ouverture des sacoches sera en dehors, de
manire ce qu'on puisse y puiser sans dpa-
queter.Sur le cheval de main, entre les deux saco-
ches, seront placs une marmite, un grand bi-
doit en fer blanc, et une faulx avec son manche.
L'officier aura soin que la sacoche des vivres
contienne du set, du poivre, de l'ail, de l'oignonou de I'chalotte, du vinaigre, car l'assaisonne-
ment est ce qui manque surtout en campagneJe lui recommande aussi le sucre, c'est un bon
remde dans certains cas, Il n'oubl'era pas non
plus de l'amadou, quelques allumettes et quel-
ques bougies dont la clart lui sera de la plus
grande utilit, lorsqu'il s'tablira de nuit.
Des officiers renferment quelquefois les usten-
siles de toilette dans leur giberne cela estd'autant moins convenable que lorsqu'ils ont be-
soin de cartouches, ils vont l'emprunt auprsdes chasseurs. La giberne de l'officier, cornme
celledu simple cavalier, est faitepour porter des
cartouches, elle ne doit porter que des cartou-ches.
Les manteaux sont donns aux cavaliers pourles protger ainsi que leurs armes et leurs mu-nitions. En paix, on peut pendant une route tar-der les faire dployer, parce que l'homme ar-rivant" de bonne heure son gte, a le temps etles moyens de se scher mais en guerre, il nefaut pas en agir de mme; ds qu'il commence
pleuvoir faites dployer les manteaux ds qu'ila cessn de pleuvoir, laissez-les quelque tempssur le dos des hommes pour les scher, puis ha~
46 HABILLEMENT, QUIPEMENT.
bituez vos hommes les repaqueter solidement
et convenablement sans arrter; la premirehalte, les hommes perfectionneront ce paque-
tage que les commandants d'escadrons et de pe-lotons inspecteront.
Le luxe d'effets qu'on accorde au soldat a n-
cessit un porte-manteau beaucoup trop grand; peine une campagne sera-t-elle ouverte, que
la plupart de ces effets inutiles seront jetset
perdus; mais il est craindre quele cheval ne
gagne rien cette diminution passagre de
poids. Le cavalier remplacera ses pantalonsde
toile, etc., par des guenilles qu'il empilera sans
piti pour son pauvre cyeval, sans prvoyanceutile pour lui-mme. Il est donc de toute nces-
sit que les officiers passent souvent des inspec-tions inattendues des portes-manteaux. Qu'ilsfassent jeter et dtruire les objets dfendus
qu'ils y trouveront renferms,et qu'ils punis-
sent svrement les cavaliers qui au mpris des
ordres, commettraient deux fois la faute d'user
la force de leurs chevaux au transport d'objetsinutiles, et presque toujours vols.
Aujourd'hui le poids port par un chevalde
cavalerie lgre est de 112 115 kilo., et ce
poids s'augmente naturellement beaucoup parles temps de pluie. Ajoutez cela celui
des vi-
vres et vous jugerez facilement qu'il faut tre
svre pour les chargements.
Quelque fois les officiers font porter leurs pro-
visions personnelles au cheval deleur chasseur
le chef doit le dfendre positivement, et punir
svrement l'officier qui en agir ait ainsi aprs
avoir t prvenu. Le cheval du chasseur appar-tient l'E'at, ses forcesnedoivent treemployes
qu'au service de l'Etat.
DU HARNACHEMENT, DU fAQL ETAGE.
DU HARNACHEMENT, DU PAQUETAGE.
D. Pourquoi souvent wi soiis-officier, un chasseurest.il priv de l'avancement, cle la croix, qu'il aurait
pcz obtenir ?R. C'est qu'au lieu de continuer une campagne
avec les escadrons de guerre, auxquels il appar-tenait, il est reste sur les der rires dans un petitdpt.
D. Pourquoi ?R. Parce que son cheval tait bless et hors
de service.D.
Qui l'a bless?
R. La :;clic.
D.Pourquoi la selle l'a-t-elle
bless ?
R. Parce qu'en la dsignant le commandant
d'escadron, et le cavalier en la recevant, n'ont
pas tudi scrupuleusement l'assiette de cette
selle sur le dos du cheval.
La premire chose faire, lorsqu'on reoit
une selle, c'est de placer l'aron nu sur le dos
du cheval; de voir si les bandes posent bien, si
elles sont parallles l'assiette de la place sur
laquelle elles posent,en prjugeant toujours les
modifications apportes ces surfaces par le
mouvement du cheval, de manire ce que le
poids de la selle se rpartisse le plus possible sur
l'ensemble, et non sur une portion de ces ban-
des la forme lgrement convexe de ces bandes
ne leur est donne que dans l'intrt mme de
l'aplomb, dans toutes les positions possibles du
cheval et du cavalier.
DU HARNACHEMENT,
Si l'arcade de devant ne gne pa le garrotsoit en le pinant latralement, soit en le coin-
primant dans sa partie suprieure. Si l'arcade de
derrire est assez leve et la palette assez
haute, pour que le porte manteau ne pose passur le rognon, lorsqu'il sera paquet. Si les ban-
des sont lisses afin que des asprits ne produi-sent pas des cors.
Si les chevilles faites de bois vert, et sches
depuis, ne sortent pas de leurs trous et ne peu-vent pas motiver des blessures.
Si le loup n'est pas assez relev, ce qui en as-
seyant 1 homme sur l'pine dorsale du cheval,
au lieu de l'en isoler, sera cause de pression et
de frottement dangereux.Si le loup n'est pas trop relev de derrire
ou
de devant, ce qui en plaant le cavalier trop en
avant ou trop en arrire, fera basculer la selle,
drangera ses aplombs, tablira une pression
partielle constante sur le mme point, gnerale cavalier et le cheval dans leurs mouvements,
et causera indubitablement des blessures tous
deux.Si les fontes ne serrent pas trop les paules,
ce qui gnra leurs mouvements et les blessera
ncessairement.La seule manire de juger parfaitement de
l'assiette d'une selle, c'est d'abord, comme jerai dit plus haut, de placer l'aron nu sur le
dos du cheval, puis de faire monter 1 homme
sur cet aron et voir comment la pressions'tablit.
Si dans tous les mouvements les bandes ne
sont pas parfaitement parallles aux ctesdu
cheval, la pression sera irrgulire, car, o
DU PAQUETAGE. 49
5
l'aron sera trop largeet les bandes en pe-
sant seulement du dedans blesseront le che-
val prs de l'pine dorsale, ou l'aron sera troptroit, et les bandes n'appuyant que diagonale.ment produiront promptement des cors sur la
partie desctes qu'elles comprimeront de tout
le poids du cavalier et de la charge.Cela fait, on garnira la selle des parties de
cuirs qui lui appartiennent, puis on la poserasur la couverte ploye avec soin on ajoutera la
croupire, la sangle, le poitrail, de manire
ce que dans leur ensemble d'action elles assu-
rent la selle la place qu'elle doit occuper, et
loin de causer, prviennent les blessures du
cheval.
Lorsqu'une selle va bien uncliva. elle n'a
besoin d'tre assure ni par une croupire, ni
par un poitrail cela indique qu'il ne faut pastendre trop fortement ces deux pices du harna-
chement, pour ne pas trop gner les mouvements
ducheval, et ne pas occasionner des frottementsinutiles,
La sangle doit tre, au contraire, serre, plu- iltt encore parce qu'en maintenant la couverte,elle empche qu'elle ne se drange et ne blesse,que parce qu'elle assure l'assiette de la selle.
Le capitaine commandant qui ajuste une scllesur ie dos d'un cheval de son escadron, doit nonseulement prvoir l'effet qu'elle va produireprsentement sur ce dos engraiss parle reposde la garnison, mais encore l'effet qu'elle pro-duira sur ce mme dos amaigri par les fatiguesde la guerre ou d'une longue route. Cen'estdoncpas sur la partie charnue qu'il oit se rgler
50 DU HARNACHEMENT,
mais sur la disposition de la charpente osseuse
du cheval.
Quand la selle a t essaye, cornme je viens
de le dire, il faut la faire paqueter et monter, et
dans les corr ections qu'on apportera, laisser une
large marge aux affaissements que produira
l'amaigrissement dont j'ai pari plus haut.
Lorsque ce travail si important est termin il
faut brider le cheval.
Le premier soin doit se porter sur le choix du
mors. La conformation de la bouche nous pres-crit celui qui convient le mieux; cependant, il
se peut qu'aprs s'tre conform ce que les r-
gles ordinaires nous indiquent, le plus ou moins
de sensibilit gnrale ou partielle de cette bou-
che dmente nos calculs; dans ce cas, n'hsi-
tons pas changer le mors, jusqu' ce que nous
en ayons trouv un qui convienne le mieux pos-sible.
Aprs avoir plac ce mors, gardons nous de
c-c que j'ai vu malheureusement faire dans beau-
coup de rgiments, et entr'autres dans celui-ci,
c'est de raccourcir les gourrnettes pour que le
harnachement soit plus uniforme et l)lus joli;
c'est sacrifier l'utile l'lgance, et c'est l'u-
tile au contraire, que nous devons tout sacrifier.
Laissons la gourmette dans toute sa longueur,
pareeque dans certains cas, nous pourrons don-
ner plus de libert la bouche de notre cheval;
que si ce cheval meurtet qu'un autre le rem-
place, la mme gourmette nous-servira, telle
que soit l'paisseur du mentondu nouveau che-
val que si le cheval n'obit pas la gourmettesur son plat, nous pourrons la dtourner, l'ar-
rondir irrgulirement et faire ainsi plus d'effet,
DUPAQUETAGE.
5
Ce moyenutile dans les circonstances graves
raccourcit ncessairement la longueur de la
gourmette;et
qu'enfinsi notre
gourmette se
casse etque
nous perdionsl'anneau ris, il
nous restera de la marge pourun raccommo-
dage.
Gardons nous aussi de trop serrer la gour-
mette, la muserolle et la sous gorge;c'est tortu-
rer inutilement un cheval. c'estgner
sa respi-
ration, c'est ter toute libert, tout jcudu mors,
essentielpour
rafrachir lesbarres; c'est enfin
malplacer le mors dont les branches basculent
en avant, dont l'effetdsagrable de pression
sur les barresfatigue
et dtruit la sensibilit de
ces barres c'est imprimer l'effort du mors
une duretqui
loin de faire obir cheval, le
dterminetrop souvent se gendarmer,
lui fait
perdre la tte et le rend promptement rtif.
Lorsque le cheval est harnach depuis quel-
ques jours, que l'humidit, quele service ont
fait cder etallonger les cuirs, ajustons de
nou-
veau le harnachement, afin qu'ilne
prenne pas
de mauvaisplis, qu'il
aille bien au cheval, et ne
permette aucun frottement ni flottement inuti-
lesrecommenons cette opration toutes les
foisque nous en reconnatrons l'urgence.
D.Qu-est-ce qui fait qu'assez souvent une sangle
casse etgze'czn cavalier tombe ?
R. La sangle proprement dite, casse rarement.
parcequ'elle est d'un cuir tr s fort, et que, lors-
que ce cuir est assez vieux et sec pour casser, il est
remplac. Mais la sang'e est attache il l'aronpar une taxiire qui est d'autant plus faible queles parties du. harnachement qu'elle joint sont
plus fortes et plus pesantes, son effort n'tant
52 DU HARNACHEMENT,
pas en proportion de celui de ces parties, elle sue
dnoue facilement quand elle n'est pas bien
noue, ou se casse promptement dessche ou
affaiblie par un service de courte dure c'est
sur cette lanire qu'il faut souvent porter les
yeux, parce que c'est de sa force que dpendnotre sret.
D. Les dos des chevaux de troupe sont, en gne-ral, mal faits, les uns sont troits les autres conzpl-tement ronds d'autres sont plus bas du devant quedu derrire, d'autres ont le dfaut contraire, d'au-
Ires. enfin sont enselle's ?R. Raison de plus pour apporter le plus grand
soin dans leur tude, afin de les seller convena-
blement.D. Mais si, en campagne, le cheval maigrit au-
del desproportions qu'on
avaitsupposes
en par-
tant ?
R. Je vous ai dj dit qu'il fallait, qu'avant de
par tir, vous tudiassiez sa charpente osseuse et
non ses chairs, et que vous vous conformassiez
ce qu'elle vous indiquerait; cependant, si vons
avez commis la faute de ne pas prvoir ce quivous arrive, il ne faut pas hsiter attacher des
panniaux aux bandes de l'arn.D. Avec quoi fait-on ces panneaux ?R. Avec un morceau de grosse toile qu'on
cloue sur la bandet qu'on rembourre avec du
crin, et son dfaut, avec du foin ou de la yailte.Ayez un soin seulement c'est de placer les
clous qui fixent ces panneaux sur la partie sup-rieure des bandes, et par consquent liors de
tont contact avec le dos, afin que leurs ttes ne
causent pas de blessures par leurs asprits
DU PAQUETAGE. 53
D. Si le cheval est bas du devant ou dit derrire ?
R. Vous donnez plus d'paisseur vos pan-
neaux en avant ou en arrire, pour corriger ce
vice de conformation, qui est d'autant plus dan-
gereux, qu'en portant la selle enavant ou en
arrire, il oblige augmenter l'effort de la crou-
pire ou du poitrail, ce qui amne de prompteblessures, qu'on ne peutgurir, parce qu'on
ne
peut faire cesser entirement leur cause, etqu'enentranant, outre mesure, le poids du cavalier
en avant ou en arrire, on gne les altures du
cheval, on paralyse l'action de sa conduite, et on
diminue maladroitement la force du cavalier.
En gnral, les chevaux de troupe en France
sont bas du devant, et ont le garrot dfectueux;
la mauire de ployer la couverte ne corrige quefaib!ement ce vice de conformation, il faudrait
que dans les rgiments on et une certaine
quantit de selles faites exprs, dont les arcades
de devant fussent plus leves que celles de
derrire.
Rgle gnrale; l'homme et son cheval ne
font qu'un; il faut tendre toujours a ce que le
centre de gravit de ce fait soit un et bien cal-
cul pour cela, il faut que le poids porte cen-
trale ment sur ses appuiesD. Lorsqu'un campagne, le cheval est bless sur
les cdtes, que faut-il faire ?R. Il faut, lorsqu'on a ploy la couverte. gar-
nir la partie qui frotte sur la blessure d'une
toile, pour que !a laine ne l'envenime pas. puisrelever la selle par des demi panneaux, qui por-teront sur !a partie saine, sans appuyer sur la
partie malade; ainsi, le cheval tout en marchant
se gurira de sa blessure.
5'il DU HARNACHEMENT.
Si la blessure gurie, et les demi panneauxenlevs, le cheval se blesse encore, malgr les
soins qu'on prendra, il ne faudra pas hsiter
changer son aron.D. Si le cheval se ble sse sur le garrot ?B. Il faudra lever sa selle de l'avant avec des
demi panneaux, garnir de mme sa couverte
d'un linge et diminuer momentanment le
poids de devant de la selle pour le placer sur la
partie postrieure.D. S'il se blesse sur le rognon ?R. Il faudra ployer la couverte plus courte afin
que le derrire ne touche pas sur la plaie, dimi-
nuer le poids et l'paisseur de son porte-man-en en tirant des effets qu'on placera sur le
sige; relever ensuite le porte-manteau ,dema-
nire ce qu'il ne touche plus la partie malade-
Si ces prcautions ne suffisent pas, il faudra sup-
primer le portemanteau. Quelquefois desban-
des trop longues blessent le cheval en avantou
en arrire, dans ce cas il faut en dtruire la
cause en raccourcissant les bandes du ct o
elles blessent, ou au moins en rabattre les an-
gles saillants.Souvent aussi les blessures de rognons sont
dues la mauvaise manire dont la veste est
ploye, les boutons de cette veste se trouvant
toucher le cheval cette faute est facile recon-
natre et corriger.D. Mais comment fera un cavalier priv de son
porte-manteau ?R. Il placera entre le sige et la scha braque
ses deux chemises dployes, sa trouasse dans
une de ses musettes, mettra ses pieds la meil-
leure de ses paires dbotts, et le reste de ses
effets filera sur le petit dpt.
DU PAQUETAGE. 5j
D. S'i le cheval est bless V paule par iefrotte-ment de fa carabine ?
B. On fera porter la carabine au crochet parle cavalier jusqu' ce que la blessure soit parfai-tement gurite.
D. Si le cheval est bless par la croupire ?R. On desserera la croupire, on la garnira de
linge, ou si ces prcautions ne suffisent pas, onTotem tout fait.
]).Si te cheval est blesspar les sangles ?R. Cette blessure proviendra toujours, ou de
ce que la selle est trop en avant, on de ce quela sangle est trop 3che et dure. On attaquera lacause dans le premier cas, en sellantplus enarrire, et s'arrangeant de manire ce que laselle s'y maintienne sans faire trop d'efforts surla croupire; et dans le second, en grattant l-grement l'arrte de la sangle qui coupe le che-val, en la graissant, et en la garnissant de toile,ou d'autres corps doux, comme la peau de mou-ton etc.
D. Si le clzeval'se blesse et la boiiche ?R. On attaquera la cause en abaissant ou le-
vant le morts. en ouvrant ses branches sup-rieures. en descendant le filet, etc.
Souvent les hommes en bridant leurs chevauxne prennent pas la prcaution de mettre lemors du filet au-dessus de l'embouchure de ce-lui de la bride, ce qui fait que les deux morsl'un sur l'autre se trouvent la fois sur les bar-res et ce qui cause des blessures.
La'grande science du paquetage consiste entrois choses. m Ne porter que l'indispensahle.2 Rpartir son poids convenablement pour qu'il
li\) DU HARNACHEMENT,
pose galement, qu'il fatigue le moins possiblele
cheval et ne le blesse pas. 3 Laisserau cavalier
le plus de facilit possible pourmanier son che-
val, et tirer parti de toutesses ressources.
La science du paquetage est pour lestrois
quarts dans les devoirs ducavalier en campa-
gne, ne vous tonnez donc pas de l'importance
que j'y ai attache depuis que jevous com-
mande,de l'obligation con'inuelledans laquelle
je vous ai mis de prsenter tous les jours la pa-
rade un paquetage complet et raisonn par
chaque peloton du rgiment.
Il y a des choses que l'on ne sait asssz que
lorsqu'on les sait trop.Toutes les Coas en guerre que par la mort
d'un cheval., la prise des chevaux ennemis,des
bois de selle sont vacants,ne les renvoyez sur
les derrires ou ne les abandonnez sur le
champ de bataille, qu'aprsles avoir essays
sur le dos de vos chevaux blessss ou chaufts
par des causes que vous avezreconnu provenir
de la forme de vos arons. Je vous recommande
surtout les bois de selle hongrois, ce sontles
meilleurs que vous puissiez possder,ils sont
inusables, et vont bien presque tous lesche-
vaux.
N'abandonncz aussi un quipage,qn'aprs en
avoir pris ce qui peuttous tre bon .non pour en
faire magasin de prcaution, ce qui chargerait
votre cheval d'un poids inutile,mais pour rem-
placer sur le champce qui vous manque,
ou
changer ce qui ne vaut rien; maisen cela, que
les commandants d'escadron prsident ce
soin,,et ne permettent que des changesutiles.
Que ls commandants d'escadron en guerre
DU PAQUETAGE. 57
passent souvent des revues inattendues de har-nachement et de paquetage.
Une fois la campagne entame, n'envoyez leschevaux au petit dpt qu'i? la dernire extr-nt.
Une blessure qui,en paix, motiverait le repos,ne doit pas-l le faire accorder. En campagneun cheval bless qui peut encore servir doitservir; c'est l'homme qui le monte le guriren marchant. J'ai vu des chevaux faire gagnerla croix leurs hommes, et ces chevaux taientmaigres, faibles, et avaient le dos entirementdpouill;de ce nombre je pourrais citer celuique montait mon brave ami Guindet, lorsqu'iltua le prince de Prusse Saalfld-
Malheureusement en guerre, un cavalier l-ger n'a pas souvent le temps de panser son che-va 1, ce qui entretiendrait sa sant; mais il trouvetoujours celui de dboucler sa sangle.de rap-porter en avant sa couverte, de replacer saselle convenablement; il ne faut pas qu'il n-g"ge de l'employer ce service.
Le cavalier ne doit vivre que pour son chevalqui est ses jambes, sa sret, son honneur, sesrcompenses.
DU FERMAGE.
DU FERRAGE.
Un cavalier ne peut avoir trop soin des piedsde son cheval, un clou mal piqu, une petitepierre qui se niche dans la fourchette un corpsdur qui se fiche dans la corne, un ferqui se d-tache et se perd, peuvent tout- coup le priverde faire campagne. Qu'il y songe!
J'admets qu'un dtachement se trouve man-
quer d'artiste et de marchal.Ds qu'un cavalier s'aperoitque son cheval
boite le moindrement, il doit sortir du ring,mettre pied terre et visiter le pied duquelfeint le cheval.
Si la cause de cette boiterie est une pierreramasse par le fer, il faut la dtacher en la
frappant avec une autre pierre du ct le plustroit du fer,. pour qu'elle ait plus de facilit tomber du ct le plus large
Si c'est un clou, le retirer avec un morceaude bois fendu qui pince le cloux entre sa tte etle pied, et qui renvers fait levier, et remplace latenaille; nettoyer ensuite le pied, et si l'hommea un peu de graisse ou de chandelle, l'appliquerdans le trou, et L'y laisser jusqu' ce que l'on ren-contre l'ar tiste auquel on prsentera le eheval.
Si le cavalier en'end clocher un fer de son
cheval, il doit sortir du rang et visiter le pied.Si ce clochement est produit par la distensiondes clous,frapper sur leurs ttes avec le dos de lahache ou une pierre, et lorsque la pointe repa--rat sur le pied, la river provisoirement jusqu'ce qu'il rencontre un marchal.
DU FERRAGE. 59
S'il est produit par la perte de plusieurs clous,en attacher un petit coups, en le dirigeantdans le trou fait par le clou perdu, pour ne pasrisquer de piquer son cheval, et en ayant soinde prsenter d'avance la pointe de manire ce
qu'elle sorte plutt bas que haut mettre ceclou sur la partie du fer qui en est la plus d-
garnie. Si le cavalier est un jeune homme quicraigne de tenter cette opration, qu'il prie unancien de lui rendre le service de la faire pourlui; prsenter ensuite son cheval au premiermarchal ferrant qu'on rencontrera.
Si le fer ne tient presque plus, qu'il faille ymettre trop de clous pour le maintenir, le cava-lier l'arrachera, le mettra dans sa poche fer,puis il marchera pied, et conduira son cheval
par la bride.Il est bien entendu que cela se passe loin de
l'ennemi, car au feu il n'y a plus de prcaution prendre, et qu'un cheval soit dferr ou non,qu'il boite ou ne boite pas, il faut qu'il marche,et que son cavalier ne mette pied a terre qu'un ordre de son chef.
Plus le terrain est montueux et pierreux, plusil faut` qu'un cavalier coute marcher son che-val, et fasse attention aux variations indicativesde sa marche.
Les serre-files doivent avoir souvent l'il surle terrain qu'a parcouru leur dtachement; s'ilsy ape.oivent un l'cr perdu, ils le ramasseront,et le rendront au cavalier dont le cheval serapied nu. j
Un fer ne se perd presque toujours que de lafaute ducavalier. Si,avantde se mettre en route,ce cavalier avait visit les pieds de son cheval. f
60 DU FERRAGE.
si, aux haltes. il-les visitait encore et appelait lemarchal quand il manque un clou, les fers ne
se perdraient pas.Les bons marchaux sont rares. Il faut qu'un
commandant d'escadron surveille avec soin le
travail de sa forge, et n' hsite pas faire rentrer
dans le rang comme chasseur, le marchal quiferre sans soin, et pique souvent les chevaux.
Les marchaux sont routiniers, et font trop
peu d'attention aux aplombs du cheval. Tantt
ils mettent le cheval sur la pointe du pied, tan-
tt sur le talon, ce qui, dans le premier cas, pro-
voque la. piqre ou mille autres accidents, et,dans le second, fatigue et use promptement le
cheval, en obligeant les muscles extenseurs de
la jambe une action surnaturelle.
Un capitaine commandant, en entrant en cam.
pagne, doits'assurer plutt vingt fois qu'une queses hommes possdent tous, non seulement uneferrure de rechange, mais au moins le doubledes clous qu'il faut pour la placer.
Si la saison est avance, il doit veiller ce
que chaque homme ajoute sa provision ordi-
naire une certaine quantit de clous glace.Il doit aussi s'assurer par ses propres yeux
que la ferrure de rechange a t ajuste sur le
pied de chaque cheval.
Ds qu'il voit sa provision de clous et de fers
s'puiser, il doit tcher par tous les moyens'de
rparer ses pertes, soit en faisant trava iller ses
marchaux, ds qu'il en trouve l'occasion, soit
en prenant les fers de rechange des chevaux en-
voys au petit dpt, soit en arrachant ceux des
chevaux morls sur le champ de bataille. J'ai
toujours vu qu'en campagne l'escadron qui
DU FERIIAGE. g{
comptait le plus de chevaux dans le rang taitc.-lui dont les marchaux avaient t les meil-leurs et les plus surveills.
C'est toujours ta faute d'un commandant d'es-cadron lorsque ses chevaux manquent de fers.
fi2 DES UftSS EN GUERRE.
DES ARMES EN GUERRE.
La paix vous a appris manier vos armes, la
guerre vous apprendra vous en servir.
En France, les armes du cavalier lger sont
la Carabine, le fistolct, le Sabre et la Lance.
Les armes feu de guerre franaises sont les
meilleures d Europc.L'adresse manier ses armes fait toute leur
puissance; le soin qu'on prendd'elles double
leur effet.Ce soin s'tend la manire de s'en servir et
de les entretenir; il faut donc tudier leur effet,
et les causes qui peuvent les dgrader.La carabine peut tre tire trois quarts
de
porte de fusil; le pistoletdoit tre tir de prs.
La porte d'une arme feu est due deux cau-
ses, la force de la charge et la propret du canon.
En guerre, de mme qu'il n'ya qu'un calibre,
de mme il n'y a qu'une cartouche; elle estdis-
tribue indiffremment pour l'usage des fusils
de grenadiers, et pour celui des pistoletsde ca-
valerie.La quantit de poudre que renferme
une car-
touche est calcule sur les plus longues portes.
Charger une carabine comme un fusilde mu-
nition serait erreur, parce que la carabine est
une arme moins solide, plus lgre que le fusil,
et destine tirer de moins loin.
Charger un pistolet comme une carabine se-
rait une seconde erreur par les mmes raisons.
I) Sur quoi faut-il donc calculer la charge ?Il. Sur la solidit, la lgret et la porte de
DES ARMES EN GUERRE.
son arme la solidit, pour ne pas la dtriorer
promptement; la lgret, pourne pas rendre
ses coups incertains par un tropfort recul; la
porte, pour atteindre lebut.
La carabine qui tire toute distance nedoit em-
ployer que les trois quartsde la cartouche; dis.
tance ordinaire les deux tiers; le pistolet ne doit t
jamais tre charg qued'une demi cartouche
D. Quelle est la meilleure manire d'ajusteravec
une carabine?
R. Bien pauler; puis couvrir la moitide
l'homme sur lequel on tire avec la partiein!'-
rieure du canon lever froidement le bout du
canon- dans la direction du but, et lorsque le
point de mire parait enintermdiaire, appuyer
sur ia dtente avec la seconde jointure du doigt,
lentement, sans -coup, en tenant l'objet vis
bien en joue, et lcher le coup.D. Pourquoi appuyez vous lentement le doigt
sur
la dtente?R. l'arceque j'ai moins de chances de
dran-
ger le coup lorsqu'il part.D. Pourquoi ajustez-vous de bas
en haut et non
pas de haut en bas ?
R. Parce que si le coup part avant que le pointde mire ne soit tout fait dans la direction mon
coup tant en ligne je touche le chevalou
l'homme dans sa partie intrieure, tandis que si
le mme accident m'arrivait en ajustant du haut
en bas, je ne toucherais rien.
D. Pourquoi visez-vous mi- corps au lieude vi-
ser la poitrine ?Il. C'est qu' courtes distances, le coup tend
fou- J
jours se relever, et que d'ailleurs, en tirantau
milieu du but, j'ai plus de chances d'atteindre 4
64 DES ARMES EN GUERRE.
D. A Quelle disfance pouvez-vous tirer de but ers
blanc?
R. Jusqu' 9fpas.D. Si L'ennemi est plus loign, que faites vous*?
R. Je vise plus haut.
Ainsi 110 pas la poitrine. 130 ici. aux paules. 170 id. la tte. icd. au pompon duschaek;
D. Pour ajuster ne doit-ion pas incliner la sous-
garde gauche?R. Erreur thorique qu'on rpte parce qu'on
l'a tablie, lorsque les mies taient moins per-fectionnes, et que la lenteur du dcouvrement
pouvait faire craindre que la poudre du bassi-
net ne tombt et ne se perdit avant d'avoir t
enflamme; il faut, pour-tirer utilement, se ser-
vir du point de mire en ajustant, et vous ne le
pouvez bien faire,. si vous inclinez latralement
le canon; tenez donc votre arme droite.D. Pour le pislolel suivez-vous les mmes prin-
cipes ?H. Oui seulement je tiens le bras droit ploy,
la crosse un pied de 1.'oeil, le coude rapprocha gauele et sur la ligne du tir je serre sans et'
fort la crosse du pistolet, pour ne pas drangernerveusement le coup en le lchant, et je
ne
tire qu' trs petite porte- Pour le tir du piste-let comme pour celui de la carabine, la ligneverticale est plus observer que la ligne hori-
zontale.
D. Quels sont les coups de pistolet les plus surs?
R. Ceux quisonttirs brle-pourpoint. Pour
ceux-ci il n'y a pas besoin d'ajuster avec le soin
que je viens d'indiquer, mais il ne faut pas que
DES ARMES EN GULBR. 05
G'
Je bout du canon touche l'ennemi, parce que le
pistolet pourrait clater et blesser le tireur.
P. Lorsque vous avez tir et que vous n'avez pasatteint l'ennemi, pouvez- vous juger de la direction
qu'a suivie voire balle, et rectifier votre second coupsur celle connaissance?
IL Oui; par le mouvement involontaire quetit cet ennemi en tournant la t'e du ct o la
balle est passe, si c'est droite, gauche ou au-
dessus si vous avez tir trop bas, vous en juge-rez parla poussire souleve, ou le mouvement
de surprise que fait le cheval.D. Quel soin devez-vous avoir pour vos armes
feu?R. Arriv au bivouac, si vous le pouvez, d-
montez leurs canons que vous laverez et sche-
rez bien; puis remontez sur le champ vos armes,
aprs avoir essuy comme il faut les batteries;
passez ensuite un linge gras sur toutes les par-ties en ter.
Ayez toujours une provision de pierres; si lesvtres sont puises, prenez celles des hommesmorts ou des prisonniers, ou des armes aban-donnes. et ajustez-les avec soin.
Si la resso