Orientalisme Construction Territoriale

Cahiers de la Mditerrane86 (2013)Villes et changements de souverainet en Mditerrane / Mythes de la coexistenceinterreligieuse : histoire et critique

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Gabriel Leanca

Orientalisme, construction territorialeet histoire urbaine: lexemple deloccupation militaire russe desprincipauts de Moldavie et deValachie (1828-1836)................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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Rfrence lectroniqueGabriel Leanca, Orientalisme, construction territoriale et histoire urbaine: lexemple de loccupation militairerusse des principauts de Moldavie et de Valachie (1828-1836), Cahiers de la Mditerrane [En ligne], 86|2013,mis en ligne le 15 dcembre 2013, consult le 11 avril 2015. URL: http://cdlm.revues.org/6866

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Orientalisme, construction territoriale et histoire urbaine: lexemple de loccupation m (...) 2

Cahiers de la Mditerrane, 86 | 2013

Gabriel Leanca

Orientalisme, construction territoriale ethistoire urbaine: lexemple de loccupationmilitaire russe des principauts deMoldavie et de Valachie (1828-1836)Pagination de ldition papier : p. 179-193

1 Lorsquau printemps 1828, larme russe franchit la frontire en Europe qui la spare delEmpire ottoman, ce nest pas la premire fois quelle entre dans les principauts de Moldavieet de Valachie; cinq guerres ont dj eu lieu par le pass entre les deux empires: en1710-1711, 1735-1739, 1768-1774, 1787-1792, enfin 1806-1812. Mais cette fois il ne sagitpas dune guerre comme les autres, puisque la diplomatie russe sest trouve confronte deuximpratifs. Dune part, il lui a fallu concevoir une stratgie de telle sorte que le systme destraits quelle a mis en place graduellement depuis la paix de Kutchuk-Kanardgi (1774) soitrenforc. Dautre part, et compte tenu de lopposition britannique toute expdition militairecontre lEmpire ottoman, la diplomatie russe a d semployer viter un isolement en Europe.La Russie se lance donc dans une occupation des principauts pour obtenir une garantie: ilsagit damener la Sublime Porte reconnatre ce qui a t stipul dans le trait de Londresde 1827 lgard de la Grce; par ailleurs, elle tente de concerter ses actions avec la Francede CharlesX1. Les oprations militaires ne touchent en effet que la Valachie, et cela trsfaiblement puisque le thtre principal de la guerre stablit au sud du Danube et en Dobroudja.Comme dans le cas de la prise dAlger en 1830, qui met fin au complexe des Europens face la position stratgique de cette ville, les Russes russissent franchir la chane montagneusebalkanique, dtruisant ainsi le mythe de la rsistance de cette barrire naturelle, qui navaitplus t franchie aprs le rgne du sultan Bajazet. Par le trait dAndrinople, la Russie obtientla reconnaissance de la Grce et renforce sa position dans les principauts danubiennes. Maisla retraite des troupes gyptiennes dIbrahim de la More et la conclusion de la paix entre laRussie et lEmpire ottoman naboutissent pas une vacuation rapide des armes russes etfranaises. Les complications de la Question dOrient prouvent une fois encore limportancedu rle jou par les militaires dans lorganisation de ces territoires, fragiles du point de vuepolitique. Pour la Russie, cest aussi loccasion de mettre en uvre le projet civilisateur desLumires en Moldavie et en Valachie.

2 La srie des changements pour les deux principauts commence par lannexion de la Crimeen 1783, lment essentiel dans lorganisation dune vritable politique orientale russe.La fin de la menace des Tatars et la rivalit entre lEmpire ottoman et la Russie ontcontribu la renaissance des anciennes routes commerciales polonaises vers la mer Noire2

et, implicitement, soulvent de faon plus aigu la question des rapports entre les principautset la nouvelle puissance orientale. La stratgie de la satellisation nest pas suivie par laRussie, car, dans le contexte des guerres napoloniennes et de leurs implications sur laQuestion dOrient, la politique de partage connat plus de faveur. Lexistence des autres pointsstratgiques ottomans, comme Khotyn, situ au nord de la Moldavie et qui court-circuitelautorit princire moldave, nourrit lide que le territoire entre le Prut et le Dniestr est unebande intermdiaire entre les deux empires limitrophes3. la suite de la paix de Bucaresten 1812, ce territoire, qui constitue la moiti de la principaut de Moldavie (la Bessarabie),va tre cd par lEmpire ottoman la Russie. Cette annexion peut tre considre du pointde vue administratif comme une exprimentation, puisque le sud de cette province est trspeu habit cause de la perte, au fil des sicles, de lautorit des princes de Moldavie faceaux attaques des Tatars4. En effet, la Bessarabie est une rgion priphrique; Pouchkine y estdailleurs exil entre 1820 et 18235. Puisque les nouveaux matres de la province considrent



que le territoire a t mutil par la barbarie ottomane, celui-ci doit tre russifi; cette poquerussification signifie europanisation, comme la montr Lorraine de Meaux6. Les mesuresprises par ladministration russe aboutissent la disparition des raas7 et au partage de leursterritoires (Khotyn, Bender, Akkerman, Kilia). Une politique de peuplement et de colonisationest aussi mise en place. En outre, le bourg de Chiinu devient le sige de ladministrationcentrale et partir de 1817 la ville est dote dun plan durbanisme dinspiration occidentale8.Des plans hippodamiens car il sagit bien de ce type dorganisation de lespace sontappliqus Ismail, Cahul, Bolgrad et Chilia, agglomrations proches de la frontire aveclEmpire ottoman. Une exprimentation des modles urbanistiques conus au cur de lempiredoit tre opre9, mais le modle dOdessa, ville rorganise de fond en comble par le duc deRichelieu, est aussi prsent dans ces reconfigurations territoriales10. En 1826, le projet de lasuppression de lautonomie de la Bessarabie voit le jour et juste avant lclatement de la guerreavec lEmpire ottoman, le tsar Nicholas I approuve la nouvelle organisation administrative decette province11.

3 Lannexion de la Bessarabie constitue un point de dpart pour la possible implantation dunmodle russe de modernisation du ct droit du Prut; l se trouvent en effet des terresplus peuples, dont la mise en valeur pourrait rduire leffort dapprovisionnement par leslignes polonaises, dans le cas dun nouvel affrontement russo-turc. Les premiers pas vers cerapprochement sont esquisss avant le dclenchement des hostilits en 1828, par un signalclair donn la noblesse locale. Conclu dans le contexte des travaux impriaux entreprisen Bessarabie, lacte spar de la Convention dAkkerman sur la Moldavie et la Valachie(1826) stipule quun rglement gnral pour chaque province doit tre prpar par leprince et par la haute noblesse pour amliorer la situation interne12. Linfluence des consulsde Russie dans ces dbats prliminaires est certaine, bien quil ne faille pas cependant enexagrer le rle. On doit attendre lentre de larme impriale dans les deux principautset le remplacement des princes moldaves et valaques par ladministration militaire russe,pour que des commissions (une pour chaque principaut), runies spcialement cet effet,puissent exercer leur mission. La tche des occupants savre difficile puisque, dune part, ilsdoivent mettre en uvre leur projet imprial qui se prtend civilisateur, mais, dautre part,ils se trouvent forcs de faire des rquisitions dont le rsultat dpend de la participation de lanoblesse locale. Semployant viter les fautes de la campagne de 1806-1812, les militairesrusses prennent les rnes de ladministration ds le dbut. Les gnraux Pahlen, Zeltouchinet Kisseleff ce dernier pendant presque toute la priode de loccupation sont la tte deladministration moldave et valaque. Ils se proposent de lutter contre les coutumes orientales,car, mme sils se trouvent dans un territoire habit par une population chrtienne, ils se sententprisonniers dun monde subordonn la culture politique ottomane, comme dans le cas dela Bessarabie13. Soustraire ce territoire cette influence devient un enjeu symbolique pourles occupants, qui envisagent cette fois-ci daller plus loin encore dans leurs ambitions. Lesrelevs topographiques des officiers russes (1828) pour la ralisation de la carte statistique etmilitaire de la Moldavie et de la Valachie sont symptomatiques de la politique impriale dansla rgion. Ralise en 1835, puis complte et rimprime en 1853, lpoque de la guerrede Crime14, cette carte comprend galement la Bessarabie et la Dobroudja. Cet instrumentcartographique sur la Moldavie et la Valachie le plus complet jusqualors place cesterritoires dans le contexte gostratgique russe, les dfinissent et les mettent en ordre15.Selon les observations de Constantin C. Giurescu, cette carte valorise les donnes collectespar ladministration dpartementale avant loccupation, nayant pas de fonction fiscale directe,mais indiquant les endroits et les ressources disponibles, qui permettraient deffectuer lecantonnement des troupes16. Le nombre dunits fiscales (par groupes de familles/lude) dechaque ville est not soigneusement, ce qui donne une ralit statistique, mme sommaire, deshabitations moldaves et valaques. Lunification du lgendage de la carte a permis ConstantinC. Giurescu didentifier quatre types de villes dans la logique impriale: les capitales desprincipauts, les capitales des provinces (la Bessarabie), les chefs-lieux des dpartements etenfin les villes sans fonction administrative17. Comme toute entreprise coloniale, le trac de



la carte tmoigne dune relation asymtrique entre la puissance dominatrice et les territoiresdont elle a pris possession. Cest un mlange dorientalisme russe et dutilit scientifique etmilitaire, qui peut tre compar linitiative prise par les occupants franais de cartographierla More18.

4 En ce qui concerne les villes, les occupants passent de cette opration cartographiqueliminaire un dcryptage plus approfondi. Les statistiques urbaines pour chaque principautapportent plus dclaircissements sur le nombre dhabitations, sur les ralits sociales, surles composantes ethniques, ainsi que sur la rpartition hommes-femmes19. Le travail de 1830dcrit par lhistorien Marcel merit pour la Valachie a t repris en 1831 et en 1832, maisles donnes nont pas toujours t actualises, comme les historiens lauraient souhait20. Sansminimiser les contributions internes, les meilleures statistiques en Moldavie et en Valachiersultent de la collecte et de lanalyse des donnes effectue au temps de loccupationtrangre21. Les initiatives russes ont t trs utiles non seulement parce quelles ont permis auxadministrations locales de se familiariser avec les techniques statistiques impriales, mais aussiparce quelles ont favoris lapprentissage de la logique tatique et nationale. Lutilisationdes statistiques va dvelopper la notion juridique dutilit publique et inventer le concept depolitique publique pour les deux principauts22; celles-ci imposent galement une relationdune autre nature entre la socit et le temps. ct de la moisson, de lhorloge et ducarme23, le temps de loccupation militaire va introduire de nouvelles structurations de ladure dans le monde roumain. Sur un autre plan, ce travail statistique doit tre plac dansle contexte rgional. Quoique plus sommaire, le recensement de la population des villesottomanes balkaniques (1831) ne saurait tre interprt de faon totalement indpendante desinitiatives russes effectues de lautre ct du Danube24.

5 Outre la question statistique, la modernisation des villes simpose elle aussi comme une prioritpour ladministration militaire russe. Le rle jou par le bois dans la construction des btimentset dans le pavage des rues, tout comme labsence dun mur denceinte, donnent aux villesmoldaves et valaques leur caractre particulier et les placent dans un contexte culturel diffrentde celui de lEurope occidentale. Sagit-il tout simplement dune ruralit ou dune fausseruralit, comme la problmatis juste titre lhistorien Simion Clia25? Lide des occupantsde btir une identit urbaine dans le sens occidental du terme ou, du moins, plus conforme auxambitions civilisatrices quils projettent pour la rgion, sajoute au besoin de lutter contrela peste et le cholra. Deux jours aprs la fte de Nol 1829, le tremblement de terre qui frappela Valachie motive aussi un changement radical doptique lgard des villes. Le 5mars 1830,le gnral Pavel Kisseleff, prsident des Divans de Moldavie et de Valachie, dcide dtablirune commission dans le but de pourvoir aux moyens dassainissement, dembellissement etde maintien du bon ordre dans la ville de Bucarest26. Bien quil soit luvre dun gnral,le projet de Kisseleff est le premier projet durbanisme pour la capitale valaque. LarchitecteMoritz von Ott, sujet autrichien au dbut de son activit en Valachie, tablit pour la premirefois avec laide dune commission locale, les limites de Bucarest, fixant des bornes en pierreenfonces dans la terre et des barrires27. Le deuxime article du projet nautorise lentre dansla ville que par les endroits prvus cet effet28; les autres routes qui conduisent lextrieurdoivent tre fermes. On envisage galement le pavage en pierres de toutes les voies de lacapitale valaque et la suppression de celles reconnues comme inutiles. La plupart de celles-cidoivent cependant tre largies aux frais des propritaires. Les architectes doivent galementavoir soin de niveler le terrain de manire que, lorsque les autres rues circonvoisines serontpaves, les eaux aient un coulement facile et quil ne se forme aucun amas deau stagnant29.Toute construction doit tre autorise par le commissaire de larrondissement. Une autrequestion qui est pose, concerne le desschement des marais de Bucarest, considrs commeune source de maladies infectieuses. La solution propose est alors celle de la construction decinq canaux qui doivent jeter leau dans la rivire Dmbovia qui traverse la ville. Fait partiedu mme registre sanitaire la mise en place dun service public pour ramasser les ordures etles btes mortes. De mme, pour la premire fois, les cultivateurs qui commercialisent leursproduits en ville, sont obligs de se dplacer dans des marchs assigns cette fin30. Limage



dun bazar ou dune ville-march orientale, qui tmoignait de linfluence ottomane,doit ainsi tre efface, comme dans le cas de la jeune Grce sous linfluence des ingnieurs-militaires franais31. Les constructions doivent tre autorises par larchitecte de la ville, dont lamission est denvisager un dveloppement rationnel de lespace urbain, ainsi que de combattrela ruralisation de la ville32. Le projet de Kisseleff prvoit aussi la construction dun thtre,qui constitue lun des premiers pas vers linstitutionnalisation de la culture dans le contexteroumain33. Se pose ainsi la question des lites urbaines, et surtout celle de lapparition des litesmunicipales dans les principauts, problmatique peu tudie dans lhistoriographie roumaine.Selon le rglement pour la constitution des conseils municipaux en Valachie (1831 et 1832), lescinq membres (dont lun est charg de la supervision des finances34) doivent tre choisis parmiles lecteurs de chaque arrondissement. Les conseils des villes de province doivent compterquatre membres. Les lecteurs peuvent tre des trangers, installs depuis deux ans dans laville, de religion chrtienne, qui ne soient pas sujets dun autre tat, et qui, bien videmment,respectent le cens dligibilit. En revanche, la qualit de membre du conseil de la ville nepeut tre octroye qu un natif qui, son tour, doit respecter la condition du seuil lectoral.La majorit des suffrages est suffisante pour choisir les membres du conseil. Pourtant, le choixdu prsident (quivalent du maire), qui joue aussi le rle darbitre entre les autorits et quia le pouvoir de dcision dans le conseil, doit tre valid par le prince de Valachie, selon laou les propositions du ministre de lIntrieur. La possession dun titre de noblesse nest pasobligatoire pour assumer la fonction de conseiller35. Les attributions du conseil municipalconcernent les revenus et les dpenses de la ville, ladministration gnrale et sanitaire, ainsique le suivi des activits commerciales36. Selon le Rglement Organique de Moldavie, la villede Iai, capitale de la principaut, est elle aussi dote dun conseil municipal compos decinq membres: lun doit tre choisi parmi les membres de la noblesse et les autres doiventappartenir aux guildes des marchands37. La municipalit de Iai est subordonne au ministrede lIntrieur, mais cest lAssemble nobiliaire moldave qui exerce le contrle gnral sur lesdpenses de cette nouvelle institution38. La ville de Iai et ses banlieues sont divises en quatresecteurs, chacun tant structur en trois arrondissements39.

6 La restructuration administrative dans les deux principauts et le dveloppement urbain sur larive gauche du Danube, pour le cas de la Valachie en particulier, constituent un autre volet duchangement opr pendant loccupation militaire. La principaut de Moldavie est rorganisedu point de vue administratif en 1833. Le gnral Kisseleff approuve le rattachement desdpartements de Hera, de Hrlu et de Crligtura aux dpartements moldaves environnants40,ce qui influence directement les destins de leurs chefs-lieux, marqus dornavant par uneruralisation et le dclin de leur relation avec ladministration centrale. Hera avait unesuperficie limite. En revanche, les dpartements de Hrlu et de Crligtura taient plustendus41. En ce qui concerne la Valachie, le retentissement des politiques impriales russes estplus complexe par rapport au cas moldave; cela relve aussi des ambitions gopolitiques deSaint-Ptersbourg qui entend couper les liens entre les deux principauts et lEmpire ottoman.Aprs la conclusion du trait dAndrinople, la ligne du Danube devient la frontire russo-turque par excellence, quoique le Prut constitue toujours la frontire officielle entre les deuxempires. Le Danube est aussi charg dans limaginaire russe dune signification qui vise sparer la civilisation europenne de la barbarie orientale. Les consquences sur le terraindun tel dcoupage gopolitique est loccupation par ladministration valaque de Turnu, deGiurgiu et de Brila, les derniers bastions ottomans du ct gauche du Danube conquis parles armes russes lors de la guerre. Ladministration russe encourage le mouvement de lapopulation valaque des collines et de lintrieur de la Valachie vers le Danube, et la crationdes nouvelles villes sur les bords ou dans la proximit du grand fleuve. Une exception cela: Galai, point important en Moldavie pour le transit des marchandises et base pour lesconstructions navales, dpendante nanmoins de Brila lpoque ottomane42.

7 Lmigration des Bulgares au nord du Danube accompagne ces mesures, ce qui rvle nonseulement limportance de la protection russe sur la population orthodoxe des Balkans, maisaussi le besoin de peupler les territoires limitrophes du Danube de la rive gauche, lexemple



de la Bessarabie. En analysant le dveloppement des villes de lOuest jusquaux bouches duDanube, le premier endroit o les Russes sont intervenus est Severin (Turnu-Severin ensuite),ville fonde par Kisseleff par dcret, en 1833, mis en application en 1836. Cette initiative vise encourager le commerce fluvial, puisque lendroit constitue une porte dentre en Valachie,situ comme il lest dans lextrmit sud-ouest de la principaut. Les ruines romaines qui ysont prsentes, le pied du pont de Trajan, ainsi que des constructions remontant lpoquede lempereur Septime Svre, jouent galement un rle symbolique dans cette initiative. Legnral Kisseleff visite lendroit et fait des donations pour son dveloppement, liant ainsilaction impriale russe dans cette rgion la prsence symbolique des vestiges romains.Responsables du trac et du plan de cette nouvelle ville lointaine, les architectes Moritz von Ottet Xavier Villacrosse y appliquent les conceptions gomtriques des Lumires, si apprciespar les militaires russes, comme dj les exemples de Bessarabie lannonaient. Trs modesteau dbut, la ville de Severin devient lescale habituelle des voyageurs qui prennent le chemin deConstantinople par la voie du Danube: un itinraire pour ceux qui veulent dcouvrir lOrientautrement que par la voie mditerranenne43. En 1841, cinq ans aprs le retrait total des troupesrusses, la ville de Severin devient le chef-lieu du dpartement de Mehedini, ce qui aboutit audclin de la ville de Cernei, ancienne capitale du dpartement.

8 La naissance de la ville de Clrai est aussi digne dintrt. Cest un exemple concret delimpact de la route militaire russe vers les Balkans, ce qui va donner du poids au niveau local cet endroit, qui sans cela naurait pas dhistoire urbaine. La ville se dveloppe de par saposition stratgique proche de la forteresse ottomane de Silistrie qui domine lautre ct duDanube. Puisque Silistrie est occupe par larme russe jusquen 1836, on comprend aismentlimportance de Clrai, colonise par des rfugis et des migrs bulgares encouragsouvertement par les Russes44. lpoque de loccupation militaire, plus prcisment en 1833,la ville de Urziceni cde son statut de chef-lieu du dpartement de Ialomia la ville deClrai. Quant aux raas de Turnu, de Giurgiu et de Brila, plusieurs aspects marquent leurrattachement la principaut de Valachie. Tout dabord, les territoires de ces possessionsottomanes au nord du Danube ont des superficies diffrentes. Le territoire de Turnu esttrop petit pour faire lobjet dun dcoupage administratif significatif; en revanche, Giurgiuet Brila vont influencer nettement la structure administrative valaque. En mobilisant destmoignages locaux et quelques documents crits disponibles, ladministration valaque et lesfonctionnaires russes tracent leurs anciennes frontires pour pouvoir dmarquer le domainepublic des proprits foncires des particuliers45. Des tableaux statistiques valeur fiscale deces agglomrations sont galement labors. La question des chefs-lieux suit naturellement:la ville de Turnu (Turnu-Mgurele depuis 1836) devient le chef-lieu du dpartement deTeleorman, anciennement Ruii-de-Vede; Geti cde sa place dans ladministration dudpartement de Vlaca la ville de Giurgiu (1831); enfin, Brila devient le chef-lieu dudpartement du mme nom. Ladministration militaire russe ordonne la destruction desfortifications de Turnu, de Giurgiu et de Brila et jette les bases de leur dveloppement urbain.Ainsi, plusieurs plans sont labors, dabord des projets qui valuent la situation sur le terrain,puis des plans dinspiration gomtrique censs changer de fond en comble laspect de cesagglomrations46. Ds le dbut de leur rgne en 1834, les princes Ghica en Valachie et Sturdzaen Moldavie ne font que dvelopper ce que les militaires russes ont impos depuis 1828. Ilnest pas tonnant que le gnral Kisseleff considre sa politique urbaine comme un vritabletriomphe de la civilisation dans la rgion; il y voit une bonne raison pour les nouvelleslites municipales moldaves et valaques de se rallier au nouveau systme politique mis enplace par la Russie47.

9 Les initiatives des militaires russes se poursuivent dans un contexte qui est complexe plusieurs titres. Il ne faut pas exagrer la porte de lurbanisation, puisque dun point de vueconomique, le rural domine largement lurbain dans les deux principauts au XIXe sicle.Le projet crateur didentits urbaines selon le modle occidental, se heurte en effet aubesoin accru des occupants de stimuler le passage un nouveau type dagriculture, selonlequel lensemencement des terres est contrl, rgulirement effectu et la rcolte pese



daprs un systme gnralement reconnu de poids et de mesures48. Cest la seule chancedapprovisionner les troupes, notamment quand la famine frappe le sud de la Russie49. Uneconstatation abrupte surgit des diverses statistiques dont les rsultats doivent aider mettreen place une nouvelle vision fiscale: la croissance de la population des deux principautsest inversement proportionnelle au nombre des taillables enregistrs50, puisque le prestigede certaines familles nobles moldaves et valaques influence la structuration de la liste destaillables, do limportance donne par ladministration militaire russe lorganisation desimmunits fiscales sur des bases nouvelles, ainsi quau dcoupage prcis entre lespace ruralet lespace urbain, pour les mmes raisons conomiques et fiscales. La question intresse nonseulement lhistorien ruraliste, mais aussi lhistorien des socits urbaines, car ltablissementdes limites des villes aboutit de nouvelles gographies de limpt et de lmancipationsociale. Plusieurs classifications des villes moldaves et valaques insistent sur le nombredhabitants, ainsi que sur la question des noms utiliss, car les termes ora ou trgpeuvent cacher des ralits dmographiques trs contrastes: on pouvait appeler trg soitla capitale de la principaut (de Moldavie), soit les marchs saisonniers ou les bourgades51.Mais la question dpasse largement le dbat autour des chiffres. Il ny a en effet quun nombrelimit de villes libres dans les deux principauts. Nombreuses sont celles qui dpendent duseigneur sur le territoire duquel elles ont t fondes. En dautres termes, les habitants desvilles dpendantes dun seigneur sont perus et traits du point de vue fiscal comme descultivateurs, tenus de sacquitter de leurs glbes. Jusqu loccupation militaire russe, lesdevoirs tablis pour ceux-ci nont pu tre imposs sur toute ltendue du territoire moldaveet valaque. Larrt du prince Karadja, qui traite cette question en Valachie (1818), nestpas appliqu partout, comme lindiquent les recherches de lhistorien Ilie Corfus52, ce qui,aux yeux de ladministration russe, empche, conjointement avec dautres causes, la pleinevalorisation des terres agricoles. Cest pour cela que les occupants essaient de garder dans lesvillages et dans les villes dpendantes, un nombre suffisant de cultivateurs, afin de sassurerdu travail de la terre. Kisseleff impose des procdures strictes pour ceux qui envisagent dechanger de domicile; labandon de la condition paysanne doit tre suivi dune intgrationrapide dans une autre catgorie fiscale (dans lune des associations marchandes ou dans lesguildes dartisans)53. Ainsi, un contrle strict devra tre effectu par ltat sur la migration dela population rurale. Dune part, les mesures prises par les occupants lgard des campagnesvisent sassurer de lexistence dune main-duvre. On donne ainsi laristocratie terrienneplus de pouvoir que ne le faisait tout rglement antrieur. Dautre part, et surtout dans lecontexte de labolition des douanes intrieures, tant vante par les nouveaux matres desprincipauts54, ce systme impose ou maintient des devoirs pour les habitants dun bourg oudune ville dpendante (au moins pour une partie dentre eux) qui envisageraient de changerde statut.

10 Les villes dpendantes sont organises, elles aussi, selon le modle des capitales. Lesnouvelles institutions municipales (ce quon appelle les commissions) sont composes dupropritaire du terrain, du chef des patents et de deux nobles de la ville ou des membres dela communaut des patents55. Cest prcisment partir de ces milieux sociaux de provincequune contestation des devoirs fodaux va apparatre et se structurer, envisageant, commeje lai mentionn ci-dessus, lintgration dans une autre catgorie fiscale ou la rengociationdes obligations attaches la terre et des privilges commerciaux locaux. Trs proche de laligne du Danube, la ville libre dAlexandria est fonde en 1834 par le rachat dun domaine,constituant ainsi un exemple de sortie du systme des fidlits seigneuriales et de constructiondun rgime municipal indpendant56. Dans le cas de la ville de Giurgiu, le mme exemplede tension peut tre constat. Lintervention de Kisseleff, dans ce cas, tmoigne du besoindun compromis entre lexpansion conomique et politique des grands propritaires sur lesterres rattaches la Valachie aprs la guerre (les raas) et la construction dune lite urbaine,nostalgique parfois de lpoque ottomane57.

11 Malheureusement, les recherches ne sont pas suffisamment dveloppes pour nous permettredaffiner ces liens supposs entre la modernit politique et lespace urbain. Ltude des



identits urbaines dans les deux principauts dpeint nanmoins une socit extrmementrigide dans laquelle le partage de la terre entre lglise, ladministration centrale et la noblesseinfluence massivement les droits et les liberts des individus, ainsi que la vision fiscalegnrale. Des ressemblances entre le cas roumain et le cas grec peuvent tre constates, nouspermettant dobserver la rsistance dans laire balkanique du modle conomique et socialtraditionnel58. Parfois, loptique antiaristocratique propre lhistoriographie roumaine aprsla deuxime guerre mondiale tend occulter la complexit des enjeux sociaux du XIXe sicle.Ce serait nanmoins une erreur de ne pas mentionner la contribution de lhistoire sociale desannes soixante-dix ltude de la question de lmancipation politique et sociale des villes. Ladistribution des impts entre les types de villes et les rgimes juridiques auxquels celles-ci sontassujetties, tmoigne en effet dune fracture sociale que les militaires russes entrinent pendantles annes doccupation59. En Valachie, vingt villes et localits sont dpendantes, y compris leschefs-lieux de quelques dpartements, quatre villes sont partiellement libres et quatorze villessont considres comme libres. Bucarest est considre comme ville libre60. En Moldavie, lasituation nest pas moins complexe. lpoque de loccupation militaire russe, onze villes sontlibres. En revanche, il y a dix villes soumises au rgime seigneurial, quatre villes sont soumisesau contrle de lglise et six se trouvent places sous le contrle de la noblesse61. Sajoute lerle extrmement important des Juifs rfugis de Russie, dans la structure dmographique desvilles moldaves. Lhistorien Elias Schwarzfeld considre en effet que la prsence des Juifscolons en Moldavie a t trs efficace, notamment du point de vue de laugmentation du prixdes domaines sur lesquels ils sinstallaient62. Lmigration massive des Juifs de Russie, qui seproduit prcisment lpoque de loccupation militaire russe de 1828-183663, ouvre, il estvrai, une nouvelle tape dans le rle des villes comme centres dchange lintrieur de laprincipaut moldave. En outre, cette migration place lconomie ferme de la Moldavie dansle circuit conomique rgional, particulirement en direction de la route militaire russe versle Danube, qui prolonge et dveloppe naturellement les lignes polonaises, rorientant ainsilconomie moldave vers lest, ainsi que vers dautres marchs potentiels. Galai et Brila,ce sont plutt les Grecs qui jouent le rle dintermdiaires entre la production locale et lesmarchs rgionaux. Les Bulgares et les Armniens sont aussi prsents dans les marchs desvilles danubiennes.

12 Outre la question du rgime juridique des terres sur lesquelles les villes ont t bties, laplanification urbaine nest pas une solution miracle. Il y a quelque chose dartificiel dans lavolont des militaires russes de systmatiser les villes; on invente une identit urbaine l ocelle-ci nexiste pas ou l o ses composantes sont trop modestes. Cela ne sexplique pas parun monumentalisme suppos des militaires russes, mais par la volont de ceux-ci de montrer tout prix leur attachement aux valeurs classiques, filtres par le rationalisme des Lumires dontils sont eux aussi les porteurs dans lEurope du Sud-Est, ct dautres intermdiaires. Dansle cas des domaines de Turnu, de Giurgiu et de Brila, la destruction de leurs fortificationssignifie en effet la recomposition de lespace, car nous sommes dans chacune de ces troissituations devant un hinterland plus ou moins tendu dun point fortifi64. Des approchesnationalistes de lhistoriographie de la Moldavie postsovitique raillent les interventions desRusses dans la culture traditionnelle de lespace65. Cette critique plus ou moins cache dumodle de la modernit russe nest pas rassurante, puisque le nationalisme, par sa volontdenraciner le modernisme dans la tradition, invente des identits urbaines l o les traitsruraux dune agglomration sont plus que prsents. Do le besoin dune relecture des termesde lhistoire urbaine roumaine: ville, bourg, agglomration, groupe de villages, villages. Lescrits des voyageurs dans les deux principauts tmoignent de ce questionnement. Outreles considrations logieuses dun Grammont qui tait au service de Kisseleff, les rapportsdu baron de Boislecomte de 1834 rendent une image plus composite des villes valaqueset moldaves. Il remarque Bucarest le mlange de beaux palais et de pauvres cabanes,tantt sous laspect dun grand village, et tantt dune cit europenne. Iai, il observeplutt une ville de province que lallure dune capitale66. En revanche, Boislecomte constatele dveloppement de la ligne du Danube, particulirement des agglomrations de Galai et



de Brila dont le niveau dexportations sapproche cette poque de celui dOdessa67. Dansses notes de 1834 et de 1835, Adrien Cochelet, consul de France dans les deux principauts,remarque lui aussi le potentiel des villes situes sur les bords du Danube. Mais les initiativesprises par les Russes lgard des villes sont peu visibles pour son il. Selon Cochelet, leluxe de llite bucarestoise contraste avec les rues mal paves ou non paves68. Clrai,le voyageur ne peroit quune bourgade compose dune seule rue, et appartenant unmonastre69. Brila tout est au stade de projet, quoique le port semble assez anim70.Galai noffre pas une image diffrente. son tour, Edouard Thouvenel considre en 1839que la ville de Bucarest est construite sans ordre, nayant pas de monuments, car sesnombreuses glises ne peuvent sy substituer71. Chez Thouvenel, on est en effet devant lemme mlange de critique envers les ralits locales, quand celles-ci sont loin de la normeoccidentale, et de sympathie lorsquon dcouvre quelque trace de chez soi. Le richissimevoyageur et philanthrope russe Anatole Demidoff inclut les deux principauts dans son voyagesavant de 1837. Il fait en effet les mmes apprciations sur les villes que les voyageurs franais.Mais il remarque galement une autre chose, particulirement sur la capitale valaque: la faondont les observateurs occidentaux ont pay lhospitalit de Bukharest avec la monnaie deleur spirituel sarcasme72. Cest ni plus, ni moins la preuve de lexistence dun monde partpar rapport lEurope classique, mais qui, grce la Russie, a t graduellement rattach celle-ci. On ressent lcho lointain du dbat tentaculaire sur la nature de la socit russe et deses rapports avec la notion dEurope. Malgr la diffusion franaise des volumes de Demidoff,la marginalisation du projet modernisateur de la Russie dans ses sphres dinfluence a eu gainde cause dans la vision europenne; devant le succs de luvre du marquis de Custine lamme poque, lenvergure du projet des Lumires en Russie et son rayonnement lextrieuront t largement et long terme mis en question. Cela na pas empch quune tension existeentre deux ralits: dun ct, une image de la Russie au cur des strotypes occidentauxsur lEurope de lEst et, de lautre ct, la nature enracine dans le modle des Lumires desprojets politiques des Russes.

Notes

1 . Sbastien Haule, Us et coutumes adoptes dans nos guerres dorient: Lexprience colonialerusse et lexpdition dAlger, Cahiers du Monde russe, t.45, no1-2, 2004, p.293-320; Vernon JohnPuryear, France and the Levant. From the Bourbon Restoration to the Peace of Kutiah, introductionpar Henri Hauser, Berkley et Los Angeles, University of California Press, 1941, p.56-59; Pierre deBourgoing, Le Duc de Mortemart et le Baron de Bourgoing, Paris, ditions mile-Paul, 1904, 319p.;Hector de Barn, Quelques souvenirs dune campagne en Turquie, 1828, 128 pages dont la moitiavec des dessins extremement prcieux qui donnent une ide des territoires frontaliers de la Russie etde lEmpire ottoman; Gilles Bardy, Antoine-Louis de Grammont, un Franais agent russe dans lesprincipauts roumaines au XIXe sicle. Biographie et uvre (suivi de De ladministration provisoire russeen Valachie et de ses rsultats, par le Colonel Vicomte A.L. de Grammont), Bucarest, d. Enciclopedic,2005, p. 39-40. Antoine-Louis de Grammont a t laide-de-camp du gnral Pavel DimitrievitchKisseleff, prsident des Divans de Moldavie et de Valachie lpoque de loccupation militaire russede 1828-1834; pour la comparaison entre loccupation russe des principauts et loccupation franaisede la More, voir la perspective thorique de Raymond Robin qui est classique dans le domainedes occupations militaires, Des occupations militaires en dehors des occupations de guerre. tudedhistoire diplomatique et de droit international, prface de Louis Renault, Paris, Larose et Tenin,1913, p. 206-219; douard Driault, Michel Lhritier, Histoire diplomatique de la Grce de 1821 nos jours, t. I, Linsurrection et lindpendance, Paris, PUF, 1925, p. 396-465; Ren Bittard desPortes, Les campagnes de la Restauration (Espagne, More, Madagascar, Alger). Daprs les archiveshistoriques des dpts de la guerre et de la marine, les mmoires et les souvenirs contemporains, Genve,ditions Slatkine, 1975 (premire dition en 1899), p.380; loppos de Ren Bittard des Portes quiconsidrait que le but de lexpdition militaire russe tait lexpansion territoriale, Robert J. Kerner amontr la complexit de la situation dans laquelle la Russie se trouvait lpoque: voir RussiasNew Policy in the Near East after the Peace of Adrianople; Including the Text of the Protocol of 16September 1829, Cambridge Historical Journal, t.5, no3, 1937, p.280-290. Ltude la plus rcentesur la campagne de la Russie dans la Turquie dEurope chez Alexander Bitis, Russia and the EasternQuestion. Army, Government, and Society, 1815-1833, Oxford, Oxford University Press, 2006, 542p.(sur loccupation russe de la Moldavie et de la Valachie, voir p.426-464 de ce livre); deux contributions



encore utiles sur loccupation russe des principauts: Ioan Constantin Filitti, Les Principauts Roumainessous loccupation russe (1828-1834). Le Rglement Organique, tude de droit publique et dhistoirediplomatique, Bucarest, Imprimerie de lIndpendance Roumaine, 1904, 285 p. et Constantin C.Giurescu, Principatele Romne la nceputul secoluluiXIX. Constatri istorice, geografice, economice istatistice pe temeiul hrii ruse din 1835, Bucarest, d. tinific, 1957, 317p.2 . John P. LeDonne, Geopolitics, Logistics, and Grain: Russias Ambitions in the Black Sea Basin,1737-1834, The International History Review, t.28, no1, 2006, p.1-41, ici p.39.3 . Les officiers et les troupes ottomanes qui se rendaient Khotyn ne devaient pas traverser la rive droitedu Prut; voir sur ce sujet Maria Alexandrescu-Dersca, Sur le rgime des ressortissants ottomans enMoldavie (1711-1829), Studia et acta orientalia, V-VI, 1967, p.143-182, ici p.163.4 . Vasile Bican, Human Settlements in Moldavia represented on the Russian Map between1828-1829, Analele tiinifice ale Universitii Al. I. Cuza/Gographie, t.LIV, s.II, 2008, p.59-68,ici p.62.5 . George F. Jewsbury, The Russian Annexation of Bessarabia: 1774-1828. A Study of ImperialExpansion, East European Quarterly, Boulder, Columbia University Press, 1976, p.137.6 . Lorraine de Meaux, La Russie et la tentation de lOrient, Paris, Fayard, 2010, p.38.7 . Places fortes dotes de territoires et qui constituaient une unit administrative dirige directement parles Ottomans; pour le cas de la Bessarabie voir Alexei Agachi, ara Moldovei i ara Romneasc subocupaia militar rus (1806-1812), Iai, d. Demiurg, 2008, p.84-95.8 . Tamara Nesterov, Etapele evoluiei urbane a Chiinului, Historia Urbana, t.XIV, no2, 2006,p.271-292, ici p.280.9 . Mariana palac, Aspecte din evoluia urban a oraului Chilia, Historia Urbana, t.II, no2, 1994,p.165-173; id., Oraele noi din Basarabia, Historia Urbana, t.XVI, no1-2, 2008, p.203-213, icip.204.10 . Emmanuel de Waresquiel, Le Duc de Richelieu 1766-1822. Un sentimental en politique, Paris, d.Perrin, 1990, p.141-155.11 . George F. Jewsbury, The Russian Annexation, op. cit., p.151.12 . Dimitrie A. Sturdza (d.), Actes et documents relatifs lhistoire de la rgnration de la Roumanie,t. I (1391-1841), Bucarest, Charles Gbl, 1900, p. 317 (les termes utiliss sont les suivants: leshospodars seront tenus de soccuper [] avec leur divans respectifs); Iuliu C. Ciubotariu, Lucrrii proiecte n vederea elaborrii Regulamentului Obtesc al Moldovei din anul 1827, Annuaire delInstitut dHistoire A. D. Xenopol [Iai], t. 37, 2001, p. 133-153; pour largir linterprtation voirW.Paul Werth, From Resistance to Subversion: Imperial Power, Indigenous Opposition, and TheirEntanglement, Kritika: Explorations in Russian and Eurasian History, t.1, no1, 2000, p.21-43, icip.35-36.13 . Victor Taki, Orientalism on the Margins: The Ottoman Empire under Russian Eyes, Kritika:Explorations in Russian and Eurasian History, t.12, no2, 2011, p.21-43.14 . Constantin C. Giurescu, Principatele Romne, op. cit., p.184-185.15 . Christian Jacob, Lempire des cartes. Approche thorique de la cartographie travers lhistoire,Paris, Albin Michel, 1992, p.49.16 . Constantin C. Giurescu, Principatele Romne, op. cit., p.182.17 . Ibid., p.15.18 . Daniel Grange, Lcole franaise dAthnes. Protohistoire dune institution: lexpditionfranaise de More (1829), dans Roland tienne (d.), Les politiques de larchologie du milieu duXIXe sicle lore du XXIe, Athnes, cole franaise dAthnes, 2000, p. 42-61, ici p. 52-53; pourle rapport entre science et occupation militaire en contexte franais voir Bernard Lepetit, Missionsscientifiques et expditions militaires: remarques sur leurs modalits darticulation, dans Marie-NolleBourguet, Bernard Lepetit, Daniel Nordman et Maroula Sinarellis (dir.), Linvention scientifique de laMditerrane. gypte, More, Algrie, Paris, ditions de lHSS, 1998, p.97-116, ici p.98; AnneGodlewska, Map, Text and Image, the Mentality of Enlightened Conquerors: A New Look at theDescription de lgypte, Transactions of the Institute of British Geographers, nouvelles sries, t.20,no1, 1995, p.5-28; Daniel Nordman, Mission des savants et occupation: lexploration scientifique delAlgrie (vers 1840-1860), dans Loukia Droulia, Vasso Mentzou (d.), Vers lOrient par la Grce:avec Nerval et dautres voyageurs, Athnes, d. Klincksieck, 1993, p.81-89; Gary S. Dunbar, TheCompass Follows the Flag: The French Scientific Mission to Mexico, 1864-1867, Annals of theAssociation of American Geographers, t.78, no2, 1988, p.229-240.19 . Marcel merit, Une statistique de la population urbaine en Valachie, en 1830, Revue historiquedu Sud-Est europen, XVII, no1-3, 1940, p.16-18.



20 . La statistique de 1832, qui a t commente par Ecaterina Negrui-Munteanu, est, selon sesobservations, une reproduction des statistiques russes antrieures: voir Date noi privind structurademografic a trgurilor i oraelor moldoveneti la 1832, dans tefan Pascu (d.), Populaie isocietate. Studii de demografie istoric, t.I, Cluj-Napoca, d. Dacia, 1972, p.238-256, ici p.241.21 . Gheorghe Platon, Populaia oraului Iai de la jumtatea secolului al XVIII-lea pn la 1859, danstefan Pascu (d.), Populaie i societate, op. cit., p.259-343, ici p.278.22 . Ion G. Vntu, Evoluia noiunii de utilitate public, Revista de drept public, t.XVII, no1-2, 1942,p.106-127, ici p.109-110.23 . Daniel Barbu, criture sur le sable. Temps, histoire et eschatologie dans la socit roumaine la finde lancien rgime, dans Alexandru Zub (d.), Temps et changement dans lespace roumain (fragmentsdune histoire des conduites temporelles), Iai, d. de lAcadmie roumaine, 1991, p.99-138, ici p.103.24 . Nikolai Todorov, The Balkan City 1400-1900, Seattle et Londres, University of Washington Press,1983, p.310-313.25 . Simion Clia, Ruralit et fausse ruralit dans les rcits des voyageurs trangers, Symposia.Journal for Studies in Ethnology and Anthropology, 2003, p.253-276.26 . Projet de rglement sur lassainissement, lembellissement et le maintien de bon ordre dans laville de Bucarest, Analele Parlamentare ale Romniei, t.I, 1890, p.442; voir aussi les considrationslogieuses dAntoine-Louis de Grammont sur les changements oprs par les Russes lgard des villesin Gilles Bardy, Antoine-Louis de Grammont, op. cit., p.373-400.27 . Emil Vrtosu, Ion Vrtosu, Horia Oprescu (d.), nceputuri edilitare 1830-1832. Documente pentruistoria Bucuretiului, t. I, Bucarest, d. Leopold Geller, 1836, p.3-4; Dan Berindei, Cu privire labiografia inginerului i arhitectonului Moritz von Ott, Monumente i Muzee, t.I, 1958, p.205-214.28 . Projet de rglement, art. cit., p.446.29 . Ibid., p.447.30 . Voir aussi Emil Vrtosu, Ion Vrtosu et Horia Oprescu (d.), nceputuri edilitare, op. cit., p.29-48.31 . Panayotis Tsakopoulos, Techniques dintervention et appropriation de lespace traditionnel.Lurbanisme militaire des expditions franaises en Mditerrane, Revue du Monde Musulman et dela Mditerrane, no73-74, 1994, p.209-227, ici p.211-214 et p.217-220.32 . Projet de rglement, art. cit., p.465; pour la question de lurbanisme dans les principauts deMoldavie et de Valachie aprs 1829, voir aussi les analyses de Nicolae Lascu, Epoca regulamentari urbanismul. Cteva observaii generale, Historia Urbana, t.II, no2, 1994, p.119-130 et de cellesde Teodor Octavian Gheorghiu, Urbanistica romneasc extracarpatic a secolului XIX ntre tradiie imodernitate. Cteva studii de caz, dans Laureniu Rdvan, Bogdan Cpraru(d.), Oraele, oreniii banii: atitudini, activiti, instituii, implicaii (sec. XVI-XX), Iai, d. de lUniversit Cuza, 2011,p.244-292.33 . Projet de rglement, art. cit., p.464.34 . Regulament pentru sfaturile oroneti du prin oraele Prinipatului Valahii (1832), dans EmilVrtosu, Ion Vrtosu et Horia Oprescu (d.), nceputuri edilitare, op. cit., p.117.35 . Ibid., p.117-119.36 . Ibid., p.119-124.37 . Dumitru Vitcu, Gabriel Bdru et Corneliu Istrati (dir.), Regulamentul Organic al Moldovei, Iai,d. Junimea, 2004, p.224.38 . Ibid., p.225.39 . Ibid., p.226-227.40 . Ioan C. Bcil, mprirea administrativ a Moldovei n anul 1833. Dou documente cartografice,dans n amintirea lui Constantin Giurescu la douzeci i cinci de ani de la moartea lui (1875-1918),Bucarest, s.n., 1944, p.139-155 (la structure administrative de la Moldavie en 1833, avec subdivisionset localits).41 . Constantin C. Giurescu, Principatele Romne, op. cit., p.55-58.42 . Paul Pltnea, Istoria oraului Galai. De la origini pn la 1918, t.I, Galai, d. Partener, 2008,p.62 et 181.43 . C. Pajur, D. T. Giurescu, Istoricul oraului Turnu-Severin (1833-1933), Bucarest, d. TiparulRomnesc, 1933, p.49-61.44 . Samarian Gh. Pompei, Istoria oraului Clrai (Ialomia) de la origine pn la anul 1852,Bucarest, d. E. Marvan, 1931, p. 57-72; Vladimir Diculescu, Privilegiul acordat negustorilor imeseriailor bulgari emigrai n ara Romneasc dup rzboiul din 1828-1829, dans Omagiu lui PetreConstantinescu-Iai cu prilejul mplinirii a 70 de ani, Bucarest, d. de lAcadmie, 1965, p.397-400.



45 . Mihail Popescu, Raiaua Turnul. Venituri i catagrafie, Revista arhivelor, t.III, no8, 1939, 31p.(tirage part); Radu I. Perianu, Raiaua Turnu. Un plan topografic al raialei, Revista istoric romn,t.XIII/2, 1943, p.52-60; id., Raiaua Brilei, Revista istoric romn, t.15/3, 1946, 47p. (tirage part); Mihail Popescu, Catagrafia locuitorilor i a venitului din judeul Brila n 1828, Brila, d.Analele Brilei, 1933, 82p. (dix pages de texte et documents); Isabela Castrave, Brila specificitatei continuitate, Historia Urbana, t.II, no2, 1994, p.175-186; Mauriciu Kandel, Fosta raia a Giurgiuluintre anii 1829 i 1831, Studii i articole de istorie, t.III, 1961, p.159-168.46 . Radu I. Perianu, Planul oraului Brila din 10 mai 1830, dans n amintirea lui ConstantinGiurescu, op. cit., p.387-390.47 . Aux habitans des villes, dans Emil Vrtosu, Ion Vrtosu et Horia Oprescu (d.), nceputuriedilitare, op. cit., p.126-130.48 . Corina Ptracu, Uniformizarea msurilor i greutilor folosite n comerul rii Romneti, oaciune de unificare a pieei interne (1829-1840), Studii, t.21, no4, 1968, p.667-683, ici p.674; uncontrle strict a t impos par ladministration militaire sur lconomie; linventaire des animaux detraction dcds en tmoigne largement, voir Ion Cojocaru (d.), Documente privitoare la economiarii Romneti 1800-1850, t.I, Bucarest, d. tiinific, 1958, p.452-453 (doc. 323); Ilie Corfus, Producia agricol rneasc i piaa la introducerea Regulamentului Organic n ara Romneasc,Studii, t.22, no1, 1969, p.49-67, ici p.51.49 . dith Ybert-Chabrier, Hordes famliques et colons militaires en Russie daprs le Baron de laRu (1834), Cahiers du Monde russe, t.45, no3-4, 2004, p.521-559; sur lexportation des grains desprincipauts en Russie lpoque de la famine voir aussi le rapport de Mimaut (consul de France Iai) Broglie, dcembre 1833, dans Eudoxiu Hurmuzaki (d.), Documente privitoare la istoria romnilor.Coresponden diplomatic i rapoarte consulare franceze 1825-1846 publicate dup copiile AcademieiRomne de Nerva Hodo, t.XVII, Bucarest, d. de lAcadmie Roumanie, 1913, p.308-309 (doc.482).50 . Louis Roman, Teoria depopulrii i dezvoltarea rii Romneti n anii 1739-1831, dans tefanPascu (d.), Populaie i societate, op. cit., p.189-296, ici p.213.51 . Ecaterina Negrui, Clasificarea localitilor urbane din Moldova n prima jumtate a secolului alxix-lea. Consideraii demografice, Annuaire de lInstitut dHistoire A. D. Xenopol, Iai, t.12, 1975,16p. (tirage part), ici p.8; sur la question des dnominations et sur les dbuts de lhistoire urbaineen Valachie et en Moldavie, voir louvrage rcent de Laureniu Rdvan, At Europes borders: MedievalTowns in the Romanian Principalities, Leiden-Boston, Brill, 2010, p. 115-182 (sur la Valachie) etp.311-391 (sur la Moldavie).52 . Ilie Corfus, Renta feudal n ara Romneasc n ajunul aplicrii Regulamentului Organic(1831), Studii, t.17, no5, 1964, p.1001-1020; id., Lupta de eliberare a oraelor i trgurilor din araRomneasc sub Regulamentul Organic, Studii i materiale de istorie modern, V, 1975, p.7-67, icip.11-12.53 . Documente privitoare la istoria economic a Romniei. Orae i trguri (1776-1861), Moldova,SeriaA, vol.II, Bucarest, Direcia general a Arhivelor Statului, 1960, p.153-155 (doc.98).54 . Ion Cojocaru (d.), Documente privitoare, op. cit., p.450.55 . Je renvoie aux recherches encore utiles dIlie Corfus, Lupta de eliberare a oraelor i trgurilor dinara Romneasc sub Regulamentul Organic, Studii i materiale de istorie modern, V, 1975, p.7-67,ici p.11.56 . Ilie Corfus, Lupta de eliberare, art. cit., p. 37; Ilie Ctlina, Oraul Alexandria 1834-1934,Bucarest, d. Graiul Romnesc, 1934, p.9-15.57 . Mauriciu Kandel, Divergene sociale la Giurgiu dup desfiinarea raialei, Revista arhivelor, t.32,no2, 1970, p.423-428.58 . Anne Couderc, Structuration du territoire et formation des lites municipales (1833-1843), dansPaul Aubert, Grard Chastagnaret et Olivier Raveux (dir.), Construire des mondes. lites et espacesen Mditerrane, XVIe-XXesicles, Aix-en Provence, Publications de luniversit de Provence, 2005,p.163-184, ici p.170-171.59 . Sur les revenus de lforia (modification de 1835), dans Dumitru Vitcu, Gabriel Bdru,Corneliu Istrati (dir.), Regulamentul Organic al Moldovei, op. cit., p.430.60 . Selon les recherches dIlie Corfus, les villes suivantes taient libres: Bucarest, Arge, Baia de Aram,Brila, Buzu, Caracal, Cmpulung, Craiova, Giurgiu, Piteti, Ploieti, Slatina, Trgovite, Trgu-Jiu;partiellement libres taient les villes suivantes: Horez, Ocna, Rmnic, Rmnicu-Vlcea; on comptaitparmi les villes soumises aux obligations fodales: Bucov, Clrai, Cernei, Cmpina, Drgani,Filipeti, Focani, Geti, Gherghia, Mavrodinul, Mgurele, Mizil, Potlogi, Ruii de Vede, Slnic, TrguCucului, Urlai, Urziceni, Vlenii de Munte, Zimnicea, voir Ilie Corfus, Lupta de eliberare, art. cit.,p.8-10.



61 . Selon lhistorien Dimitrie Ciurea, les villes de Iai, Botoani, Brlad, Trgu-Frumos, Hrlu, Bacu,Galai, Piatra, Dorohoi, Focani, Trgu-Ocna taient protges par ladministration centrale, mmesi certaines terres situes lintrieur de ces villes appartenaient laristocratie terrienne; les villespiscopales taient Roman, Hui, Trgu-Neam, Tecuci; Hera, Flticeni, tefneti, Adjud, Flciu,Vaslui taient soumises entirement aux obligations fodales, voir Dimitrie Ciurea, Noi consideraiiprivind oraele i trgurile din Moldova n secolele XIV-XIX, Annuaire de lInstitut dHistoire A. D.Xenopol [Iai], t.7, 1970, p.21-58, ici p.52.62 . Elias Schwarzfeld, Din istoria evreilor: mpopularea, rempopularea i ntemeierea trgurilor i atrguoarelor n Moldova, Bucarest, d. Uniunii Evreilor Pmnteni, 1914, p.99.63 . Dumitru Ivnescu, Populaia evreiasc din oraele i trgurile Moldovei ntre 1832-1859, Studiaet Acta Historiae Iudaeorum Romaniae, t.5, 2000, p.116-127, ici p.120.64 . Mauriciu Kandel, Fosta raia a Giurgiului ntre anii 1829 i 1831, Studii i articole de istorie,t.III, 1961, p.159-168, ici p.162.65 . Tamara Nesterov, Etapele evoluiei urbane a Chiinului, art. cit.; Mariana palac, Aspectedin evoluia urban, art. cit.66 . Boislecomte Rigny, 13mai 1834 (sur Bucarest) et 14mai 1834 (sur Iai), Eudoxiu Hurmuzaki(d.),Documente privitoare la istoria romnilor. Coresponden diplomatic i rapoarte consulare franceze1825-1846 publicate dup copiile Academiei Romne de Nerva Hodo, t. XVII, Bucarest, d. delAcadmie Roumanie, 1913, p.358 et 371 (doc. 514 et 515).67 . Ibid., 15mai 1834, p.377 (doc.516).68 . Adrien Cochelet, Extrait dun journal de voyage fait en 1834 et 1835, Bulletin de la Socit deGographie, avril 1843, p.249-274, ici p.254.69 . Ibid., p.256.70 . Ibid., p.259.71 . douard Thouvenel, La Hongrie et la Valachie (Souvenirs de voyage et notices historiques), ouvrageaccompagn dune carte dtaille du bassin du Danube, Paris, Arthus Bertrand, 1840, p.176 et 178.72 . Anatole Demidoff, Voyage dans la Russie mridionale et la Crime par la Hongrie, la Valachie etla Moldavie, t.I, Paris, d. Ernest Bourdin, 1841, p.134-135.

Pour citer cet article

Rfrence lectronique

Gabriel Leanca, Orientalisme, construction territoriale et histoire urbaine: lexemple de loccupationmilitaire russe des principauts de Moldavie et de Valachie (1828-1836), Cahiers de la Mditerrane[En ligne], 86|2013, mis en ligne le 15 dcembre 2013, consult le 11 avril 2015. URL: http://cdlm.revues.org/6866

Rfrence papier

Gabriel Leanca, Orientalisme, construction territoriale et histoire urbaine: lexemple deloccupation militaire russe des principauts de Moldavie et de Valachie (1828-1836) ,Cahiers de la Mditerrane, 86|2013, 179-193.

propos de lauteur

Gabriel LeancaGabriel Leanca est docteur de luniversit Alexandru Ioan Cuza, Roumanie et de luniversit deBourgogne, France (2007). Il a travaill dans le cadre de sa thse sur limage des principauts deMoldavie et de Valachie en France au xixesicle, particulirement sur le changement doptique dansles images croises franco-roumaines la veille de la guerre de Crime. Ses domaines de rechercheportent principalement sur les relations internationales au xixesicle, les occupations militaires despays roumains et la propagande politique. Il enseigne depuis 2003 luniversit Alexandru IoanCuza, Iasi, facult dHistoire, Unit dHistoire moderne. Parmi ses publications rcentes, GabrielLeanca(dir.), La politique extrieure de NapolonIII (Paris, LHarmattan, 2011); et la recherchede lquilibre politique dans la monarchie habsbourgeoise: Aurel C. Popovici et sa pense politique,tudes danubiennes, t.17, no1-2, 2011, p.37-49.



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Limpact de la prsence militaire russe dans les principauts de Moldavie et de Valachie surle dveloppement des villes tmoigne de la volont des occupants denraciner un modleadministratif modernisateur sur le plan local. Parmi les oprations des militaires russes oncompte des travaux statistiques, le changement des frontires entre les dpartements, lafondation de nouvelles villes, ainsi que le rattachement des territoires ottomans du ctgauche du Danube la principaut valaque. Mais ces dmarches ambitieuses nont pas tdpourvues de contradictions. Le dveloppement des villes a t accompagn dun contrlesur la production agricole, ce qui limitait la migration des cultivateurs vers les villes. Sy ajoutela confirmation par les occupants du rgime local de la proprit, qui a rduit les chancesdmancipation juridique des villes moldaves et valaques qui taient encore dpendantes.The development of towns and cities during the Russian military occupation of theprincipalities of Moldavia and Wallachia is a good indication of the influence of modernizingideas in the mind of the occupiers. The Russian military produced statistical surveys, drewnew regional borders, created urban settlements, and incorporated Ottoman territories alongthe Danube into Wallachia. But Russian administration in the two principalities involvedseveral contradictions. The development of cities and towns was accompanied by Russiancontrol over agricultural production, which was crucial for supplying the army. Moreover,Russian strategy in both places included strong guarantees to landowners with respect totheir properties. This affected the juridical status of a large number of towns, reducing theirpossibilities of emancipation from landowners.

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Mots-cls :villes, occupation militaire, territoires, Russie, Moldavie, ValachieKeywords :towns, military occupation, territories, Russia, Moldavia, Wallachia

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