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An d’r Facht entlàng Ostheim Sur les bords de la Fecht ® Schoppenwihr

Ostheim, sur les bords de la Fecht

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Collection "Mémoire de vies". Ouvrage de mémoire, d'histoire et de patrimoine sur le village d'Ostheim, en Alsace. 224 pages en couleurs, couverture cartonnée rigide.

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An d’r Facht entlàng

Ostheim

Sur les bords de la Fecht®®

Schoppenwihr

IAu fil du temps, au fil des ans

Une occUpation dU site depUis la préhistoire

Aux origines

Bien que le nom d’Ostheim n’apparaisse dans des documents qu’en 785, les récentes fouilles archéologiques de 2007 ont montré

que le site, et en particulier la zone de confluence de la Fecht et de l’Altenbach (lieu-dit Birgelsgaerten), a été occupé de façon perma-nente dès l’époque protohistorique.

Ces recherches ont permis de mettre au jour des vestiges insoupçon-nés, attribués aux quatre grandes phases chronologiques, de l’époque protohistorique au haut Moyen Âge. C’est ainsi que les archéologues ont découvert une lame de hache en jadéite, roche rare de la famille du jade et extrêmement résistante, provenant du mont Viso dans les Alpes italiennes. D’une longueur de 18,6 centimètres, elle était plantée verticalement dans le sol, le tranchant vers le haut. Datée

de la seconde moitié du V e millénaire avant J.-C., cette lame polie équipait une grande herminette à manche coudé desti-née à l’abattage d’arbres. Après ce premier usage, cette lame a été à nouveau soigneusement polie pour l’amincir et la lus-trer. Une rainure a été entaillée sur une de ses faces. L’état de surface de cette lame et la position de son dépôt en font très probablement un objet à connotation religieuse. Elle était malheureusement isolée sur le site et aucun autre vestige de la même époque n’a été découvert.

L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ; il coule,

et nous passons !

Alphonse de Lamartine (1790-1869), Premières Méditations poétiques, le Lac.

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La hache en jadéite, roche rare de la famille du jade.© PAIR.

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Au fil du temps, au fil des ans

À partir du bronze ancien, la fréquentation du site est plus régulière, comme en témoignent les quelques structures mises au jour et, en particu-lier, une petite fosse avec de nombreux tessons de céramique et la sépulture isolée d’une femme âgée, datée de la fin de cette période.

Les découvertes attribuées au bronze final signa-lent une occupation permanente du site et nous révèlent un foyer à galets chauffés, des fosses-dépotoirs ou d’extraction de lœss et des vases funéraires. Plusieurs dépôts de crémation ont également été mis au jour. Il s’agit de trois urnes funéraires contenant chacune des os humains brûlés, dont l’une, les restes de deux enfants en bas âge. Des objets d’offrande, et notamment un petit gobelet à épaulement et des perles en bronze calcinées, ont aussi été retrouvés sur le site. Quant au lœss, une argile d’origine éolienne, son usage est bien connu dans la confection du torchis.

Les périodes suivantes, dites du Hallstatt puis de La Tène, nous ont laissé quelques vestiges bien originaux, en particulier une fosse d’un diamètre de deux mètres comportant une banquette intérieure circulaire. À sa base, ont été décou-vertes une épingle en bronze et une paire de fibules serpentiformes en bronze avec des incrustations en corail : ces bijoux datent du VIe siècle avant J.-C. Une autre fosse de forme allongée de plus de cinq mètres, datée entre l’extrême fin du Hallstatt et le début de La Tène, conservait une grande quantité de céramiques, dont plusieurs exemplaires complets, ainsi qu’une petite pointe de lance en fer.

Époque protohistorique [2200 à 50 av. J.-C.]Av. J.-C.

2200 2000 1800 1600 1400 1200 1000 800 600 400 200 50

2100 1900 1700 1500 1300 1100 900 700 500 300 100

Bronze AnCien

1er âge du Fer hallstatt

2e âge du Fer La tène

Bronze moyen

Bronze FinAL

Une petite pointe de

lance en fer.© PAIR.

Le gobelet à épaulement.© PAIR.

Une paire de fibules serpentiformes en bronze, agrafes pour fixer un vêtement. © PAIR.

Dès 1524, le curé d’Ostheim, Rudolphe Theuber, reconnaît les erreurs du pape et participe en 1525 à la révolte des paysans comme “pasteur avec ses brebis”. Il est massacré à la bataille de Scherwiller le 20 mai 1525.

Au cours du siècle suivant, Ostheim connaît l’incertitude et la pré-carité de la guerre de Trente Ans (1618-1648). Même si la commune subit le passage régulier des troupes, elle sera relativement épargnée.

Enfin, lorsque Louis XIV décide de prendre des mesures militaires en Alsace pour briser la résistance de la Décapole, les habitants

d’Ostheim cherchent protection derrière les murs de Ribeauvillé et de Riquewihr. En effet, la guerre de Hollande (1672-1678) va ruiner le pays du nord au sud, comme aux plus sombres jours de la guerre de Trente Ans. À la Pentecôte de l’an 1679, les villageois célèbrent à nouveau le culte dans leur église à Ostheim. Ainsi, dans les registres paroissiaux, on ne trouve pas trace de baptême, confirmation, mariage ou enterrement durant ces cinq années d’exil.

De la guerre des Paysans à la guerre de 1870

Après les conflits, la vie reprend…

II

Hélas ! Est-ce une loi sur notre pauvre terreQue toujours deux voisins auront entre eux la guerre ;

Que la soif d’envahir et d’étendre ses droitsTourmentera toujours les meuniers et les rois ?

François Andrieu (1759-1833), Le Meunier sans souci.

‘‘ ‘‘“En Alsace, comme dans une grande partie du Saint

Empire romain germanique, les paysans prennent les

armes au nom de l’Évangile pour promouvoir un monde

fraternel, sans seigneurs ni maîtres. Leur emblème est le

Bundschuh, le soulier à lacets du peuple. Ils pillent les

maisons religieuses, menacent les châteaux, rallient à

leur cause l’immense majorité des villages et un grand

nombre de villes. Mais leurs premiers succès se terminent

rapidement dans un immense bain de sang.”

Extrait de La Guerre des Paysans, Georges Bischoff.

À travers les temps, Ostheim, de par sa situation particulièrement exposée dans la plaine d’Alsace, subit toutes sortes de vicissitudes :

les luttes contre les mercenaires sauvages du XIV e siècle, la guerre des Armagnacs, la guerre des Paysans, la guerre de Trente Ans, la guerre de Hollande, la guerre de 1870 et les conflits du XXe siècle.

Après les conflits, la vie reprend…

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Ce qui s’est passé à Ostheim et en Alsace

31 mars : la disparition officielle de tous les relais de poste aux chevaux.

• Jules Grevy, élu en 1879, est président de la République française.

L’Alsace et la Moselle deviennent pays d’Empire (Reichsland).

18 avril : l’introduction de l’obligation scolaire dans le Reichsland d’Alsace-Lorraine.

La création du corps des sapeurs-pompiers d’Ostheim.

Ce qui s’est passé à la même époque

1873 1879 188018741871 1872

• La proclamation de la IIIe République française et de l’Empire allemand.

• Le krach boursier en Allemagne en automne 1873. La crise se prolonge jusque vers 1878-1879 et atteint les pays d’Europe centrale.

• L’introduction par Bismarck d’une nouvelle unité monétaire : le mark.

La construction du premier pont métallique sur la Fecht dans le village.

29 octobre : un décret institue une assemblée régionale d’Alsace-Lorraine.

Le Reichstag d’Allemagne octroie une constitution aux territoires occupés d’Alsace-Lorraine. Ils disposent d’une certaine autonomie sous l’autorité d’un gouverneur (Statthalter) nommé par l’empereur.

Il avait à peine vingt ans en 1870, lorsqu’il fut enrôlé dans

l’armée de Napoléon III, avec pour mission de repousser

l’envahisseur prussien. D’une longévité exceptionnelle, il a connu

les premiers trains à vapeur, vu l’électricité entrer dans les mai-

sons, la voiture remplacer les transports attelés. Il a connu trois

républiques, seize présidents, cent dix-huit premiers ministres,

et a traversé trois conflits majeurs.

Né le 9 août 1849 à Ostheim, Jean Baechler est fils d’agriculteurs.

Chaque été, il doit aider aux champs et ne fréquente l’école que

durant les longs hivers alsaciens. Son premier souvenir : l’épidé-

mie de choléra qui frappe Ostheim en 1853.

En 1870, lorsque la guerre franco-prussienne éclate, il s’engage

pour défendre son pays menacé. Il est alors affecté aux gardes

mobiles stationnés à Neuf-Brisach. Simple soldat, Jean Baechler

assure des tours de garde aux portes et près des remparts de la

ville. Sa mission est périlleuse : les Allemands, dès le 8 octobre,

bombardent la place forte.

Un soir, Jean Baechler est de garde auprès d’un des cinq canons

placés sur les glacis de la porte de Bâle. Vers les deux heures du

matin passe la ronde d’officiers. Son camarade, originaire de

Vogelgrun, garde la pièce de droite. La patrouille avance. “Halte

là !” lance le camarade de Baechler (ce sont les seuls mots de fran-

çais qu’il puisse dire). “Ronde d’officier ” lui répond-on. Et le brave

alsacien de crier : “Rond ou carré,

tu ne viendras pas toucher mon

canon !” Amusé, Jean Baechler

aimait à raconter cette anecdote

quatre-vingts ans après l’avoir

vécue.

Sans que les moyens de défense

de la ville aient été véritablement

mis à mal, Neuf-Brisach se rend

à l’ennemi le 11 novembre 1870.

Jean Baechler et 5 087 autres

combattants français sortent avec

les honneurs par la porte de Bâle pour rendre les armes. Jean

Baechler est alors envoyé plusieurs mois dans le Schleswig-

Holstein, où il subit une rude captivité.

Après la guerre, revenu au village, il se marie avec Madeleine

Manny, une enfant du pays. Il tient alors une petite boutique de

cordonnerie à Ostheim. En 1890, attiré par la terre, il devient

paysan comme son père et son grand-père avant lui.

Par deux fois encore, Jean Baechler connaît la guerre : les Alle-

mands envahissent et annexent sa chère Alsace et il doit changer

de nationalité à plusieurs reprises. Fin décembre 1944, sa maison

est détruite par les bombardements. Il quitte alors Ostheim et part

trouver asile à Colmar, auprès d’un de ses fils et de sa belle-fille.

Dans les années 1950, Jean Baechler est un centenaire alerte qui

conserve toutes ses facultés. Durant de longs moments, il racon-

te ses souvenirs sur la guerre de 1870 aux visiteurs qu’il aime

recevoir. Jean Baechler décède dans la nuit du 15 mars 1955.

Il était titulaire de la croix d’honneur du mérite civique, de la

médaille commémorative de 1870-1871, de la médaille militaire

de 1870-1871. En janvier 1950, le Maréchal de Lattre de Tassigny

lui avait remis la Légion d’honneur au titre d’ancien combattant

de 1870. Considéré à tort par certains comme l’ultime vétéran

français de la guerre de 1870, il était en réalité le dernier

survivant de l’Est de la France.

Le portrait de Jean Baechler, un vétéran de la guerre de 1870

Jean Baechler, un vétéran de la guerre de 1870.

Jean Baechler fête ses cent ans en 1949. Il est accueilli par le maire Eugène Grieser.

III

Dans un article paru dans les Dernières Nouvelles d’Alsace en 1964, intitulé Petite chronique d’Ostheim, on découvre ce récit sur

l’activité agricole :“Mis à part quelques petits cultivateurs, Ostheim possède surtout un certain nombre de grandes exploitations, dont la plupart comprennent des élevages de bovins et qui sont équipées de tout le matériel nécessaire. Ces exploitations sont surtout spécialisées dans la culture du blé et du maïs. Les pommes de terre sont une denrée assez peu cultivée. Certains particuliers ont même eu des difficultés à s’approvisionner sur place. On peut également signaler qu’Ostheim ne compte plus que deux familles de planteurs de tabac.” Près d’un demi-siècle plus tard, le paysage agri-cole ostheimois s’est transformé : l’élevage bovin a disparu, la culture céréalière et surtout la plantation de maïs ont pris de l’ampleur. Le village compte aujourd’hui des exploitations agricoles avec des activités très diversifiées et notamment un élevage porcin, une exploi tation avicole, la culture fruitière et maraîchère.

Les travaux agricoles

L’économie est fille de la sagesse et d’une raison éclairée : elle sait se refuser le superflu,

pour se ménager le nécessaire.

Jean-Baptiste Say, économiste français (1767-1832).

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La vie économique au XXe siècle

Assis sur une carriole attelée à un cheval ou encore à pied, c’est ainsi que les villageois se rendent aux

champs pour effectuer les travaux saisonniers.

En routE vErs lEs champs

Un Ostheimois se rend aux champs avec sa carriole et la charrue attelées aux chevaux.

Un jeune homme pressé encourage son cheval.

53

La vie économique au XXe siècle

Anton Tchekhov (1860-1904) a écrit dans son ouvrage Calepin : “Les paysans sont sans cesse

au travail et c’est un mot qu’ils n’utilisent jamais.” Jusque dans les années 1960, le travail dans les champs est très peu mécanisé et nécessite beau-coup de main-d’œuvre. Que ce soit au moment des semailles ou des récoltes, toute la famille est mobilisée pour terminer le travail avant la venue du mauvais temps.

Dans lEs champsCharles Spiegel et son épouse, de

retour des champs, en 1920.

Jacques Froehlich, lors des moissons, après la Seconde Guerre mondiale.

Suzanne et Henri Froehlich, lors des moissons de 1946.

Des chevaux tractent la moissonneuse. À droite, Marthe et Charles Froehlich.

Déjà en 1833, lors de sa séance du 25 août, le conseil municipal d’Ostheim réfléchit à la possibilité de réunir les enfants des

deux confessions dans une même école. Les élus sont favorables à cette idée. Dans le compte rendu de la séance, figure la phrase sui-vante : “Le conseil, quoique prévoyant tout le bien qui en résulterait si

le germe de l’union et de la bonne harmonie pouvait être posé dans le cœur des enfants des deux cultes en leur donnant l’instruction primaire ensemble […].” Le conseil municipal est cependant obligé de renoncer à ce projet de centraliser les deux écoles. En effet, la commune ne

Une école en avance sUr son temps

L’école d’Ostheim, des années 1830

à la veille de la Seconde Guerre mondiale

L’école n’est pas seule à instruire les jeunes. Le milieu et l’époque ont sur eux autant

et plus d’influence que les éducateurs.

Paul Valéry (1871-1945), Variété : Le Bilan de l’intelligence.

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IVSur les bancs de l’école

L’école primaire protestante avant-guerre.

85

Sur les bancs de l’école

possède pas de local assez vaste pour accueillir les enfants des deux religions et les ressources manquent pour la construction d’un nouveau bâtiment. Par conséquent, les deux écoles seront maintenues.

Malgré des moyens financiers très limités, le conseil municipal décide, lors de sa séance

du 10 mai 1856, de créer une salle d’asile, et, le 10 août 1858, il décide d’ouvrir deux écoles de filles. Aussi, il dépose une demande d’aide auprès de la préfecture. L’inspection académique est de fait consultée et émet un avis enthousiaste : “Cette demande mérite d’être prise en grande considé-ration. Non seulement la commune fait des sacrifices considérables pour s’approprier convenablement les locaux nécessaires, mais l’entretien des instituteurs et de la directrice d’asile sont pour elle un surcoût de dépenses. Ces établissements répondent d’ailleurs

Une salle d’asile et deUx écoles poUr les filles

en 1829, le conseil municipal vote l’aliénation d’une

maison, dite Salpêtrière, et d’un jardin appelé Hinter­

garten. la vente de ces biens doit permettre de couvrir en

partie les frais liés à la reconstruction de l’école protestante.

la demande est adressée au préfet, qui la transmet avec avis

favorable au ministre de l’intérieur. Une ordonnance du roi,

datée du 13 mars 1829, autorise la transaction et la recons-

truction de l’école protestante.

La reconstruction de l’école protestante dans les années 1830

Une ordonnance du roi,

datée du 13 mars 1829, autorise la transaction et la reconstruction de l’école protestante.

Le plan de l’école de filles et de la salle d’asile.

En l’an 785, l’abbaye de Fulda possède des biens à Ostheim. Puis, entre 987 et 1183, ce sont les abbayes d’Ebermunster et d’Étival,

près de Saint-Dié, et le couvent des Unterlinden de Colmar qui gèrent des possessions à Ostheim. Enfin, le village apparaît comme une paroisse en 1187. La commune d’Ostheim fait alors partie du doyen-né Ultra Colles Ottonis (Colmar et villages à l’ouest de Colmar) de l’évêché de Bâle. Intermédiaire entre l’évêque et les curés, le doyenné est chargé d’organiser le ministère et de faire respecter la discipline ecclésiastique. Au XIIIe siècle, le développement des doyennés dans le diocèse de Bâle correspond à l’essor territorial des paroisses.

Une communauté de béguines s’installe à Ostheim en 1284. Ces femmes laïques mènent une vie de religion, vouée à des activités caritatives, sans avoir à prononcer de vœux perpétuels. Elles possè-dent aussi leurs propres ateliers.

Jusqu’en 1534, Ostheim est un village catholique. La réforme est alors introduite dans la seigneurie de Riquewihr, notamment grâce aux efforts du prédicateur Mathias Erb de Riquewihr. Le duc Georges de Wurtemberg, également comte de Montbéliard, sera un ami et protecteur ardent de la réforme. À sa mort en 1558, le tuteur de son fils unique Frédéric, instaure la doctrine luthérienne.

En janvier 1686, le culte catholique est à nouveau pratiqué à Ostheim, comme annexe de la paroisse de Beblenheim. En 1738, Ostheim est érigé en paroisse catholique, qui sera rattachée à l’évêché de Strasbourg en 1802.

Les premières dates marquantes

S’il était aussi facile de faire que de savoir ce qu’il faut faire, les chapelles seraient des églises

et les chaumières des palais.

William Shakespeare (1564-1616), Le Marchand de Venise.

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La vie de nos églises

V

Le conseil municipal décide de construire en 1820 une

maison commune et curiale, comportant notamment un

logement de sept pièces pour le curé. Cette construction

est autorisée par ordonnance du roi, datée du 26 janvier 1820.

La construction de la maison curiale en 1820

113

La vie de nos Églises

La petite église primitive catholique a proba-blement été construite courant du XIIIe

siècle. Située au milieu d’un cimetière, près d’un ossuaire, elle se compose d’une nef, d’un chœur et d’une tour. Sa dimension est modeste : 48 pieds de long et 21 pieds de large, soit 16 mètres sur 7. Elle est dédiée à saint Nicolas. En 1686, la petite église devient une église simultanée, qui est mise à la disposition de deux communautés, et ce, jusqu’en 1854.

Vers la fin du XVIIIe siècle, un contemporain décrit l’église comme suit : “Trop petite et vieille, dans un état pitoyable, dans un délabrement honteux, cette église ressemble plutôt à une salle de comédie qu’à une maison de prière”. Dès 1767,

L’histoire singulière des églises d’Ostheim

Il y a 450 ans, après l’introduction du culte luthérien, une

nouvelle vie religieuse s’installe dans le territoire de la

seigneurie de Riquewihr, avec une forte volonté de dévelop­

pement et de changement. À Ostheim, l’autorité religieuse

admet alors que l’état du presbytère laisse à désirer et qu’il

faut penser à une nouvelle construction.

Sur ordre de Frédéric Ier, duc de Wurtemberg et de Mont­

béliard, et suite à un courrier du 23 mars 1592 qui ordonne

la construction dans le bourg d’Ostheim d’une nouvelle

habitation pour le pasteur, les élus de Riquewihr doivent

engager les deux charpentiers Georges Kuntz et Dionicius

Martin de Ribeauvillé pour bâtir la maison.

Les dimensions de la maison (44 pieds de long et 32 pieds de

large) ainsi que son aménagement intérieur sont décrits très

précisément : un grand et un petit salon ; à côté de chaque

salon, une chambre ; entre les deux salons, une cuisine ;

et sous le toit, quatre chambres et deux escaliers. Quant

au bois à utiliser, il provient des grandes forêts seigneu­

riales entre Riquewihr et Aubure. Tous les corps de métier

(maçon, maître menuisier, serrurier, verrier) participent

à la construction de l’édifice au cours de l’année 1592.

Les villageois sont également mis à contribution sous forme

de corvées. Mais ils refusent de coopérer. Pour les rendre

plus obéissants, le sacristain, Jean Fehr, fera venir du vin

de Riquewihr.

Les dépenses sont considérables et l’argent ne suffira pas à

terminer la bâtisse. En effet, le pasteur Jacques Wolf, origi­

naire de Reutlingen, logera avec sa femme et ses enfants à

l’auberge de Jacob Rupp durant neuf mois.

De nouveaux travaux sont entrepris en 1594 pour terminer

le presbytère : dallage du salon, des corridors, des chambres

et de la cave.

La construction d’un nouveau presbytère à la fin du XVIe siècle

UnE éGLISE POUR LES DEUx COMMUnAUTéS ChRéTIEnnES

la municipalité et les deux paroisses élaborent un projet d’agrandissement de l’église. En 1778, le curé royal Schmitt adresse une demande d’agran-dissement de l’église à l’intendant d’Alsace. Ce dernier lui répond qu’un agrandissement ou une

né vers 270 en Asie Mineure et évêque de Myre (actuellement

Demre, en Turquie), saint nicolas participe au concile œcumé­

nique de nicée en 325. Il meurt un 6 décembre, entre 345 et 352.

En 1087, des corsaires s’emparent de ses reliques et les emmènent

à Bari, en Italie du Sud. À partir de ce moment­là, le culte de saint

nicolas se développe très rapidement, tant en Orient (patron de la

Russie) qu’en Occident (patron de la Lorraine).

Saint Nicolas, patron de la paroisse catholique

VI

Dès le début du XXe siècle, quelques passionnés de la “ petite reine” se rencontrent pour fonder le Vélo-Club d’Ostheim et

partager la pratique de leur sport favori. Mais nous ne possédons pas plus d’information sur cette association, l’une des plus anciennes du village, si ce n’est qu’elle n’existe plus aujourd’hui.

Le Vélo-Club d’Ostheim

L’amitié, c’est ce qui vient au cœur quand on fait ensemble des choses belles et difficiles.

Abbé Pierre (1912-2007).

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Les Ostheimois animent leur village

Le Vélo-Club devant les anciens jardins Ostermann, rue de Colmar, avant la Seconde Guerre mondiale.

Le Vélo-Club à l’occasion

d’une fête avant-guerre.

Les Ostheimois animent leur village

151

Le Vélo-Club avant l’ère des dérailleurs.

Une course du Vélo-Club avant-guerre.

Le VéLo-CLub dans Les années 1930

L’équipe du Vélo-Club au départ

d’une course interne en 1930. Le Vélo-Club défile dans le village en reconstruction, rue Schweitzer. Une des rares photos de la façade sud du nid de cigognes.

Pour gérer efficacement la commune avec le conseil municipal, les premiers maires se rendent rapidement compte qu’il leur faut un

local correct. En 1809, le conseil municipal doit tenir ses sessions dans la maison du maître d’école, faute de maison commune.

Le 26 janvier 1820, une ordonnance du roi autorise le maire à construire une maison commune et curiale. Cette dernière sera financée avec le produit de la coupe anticipée de trois hectares de

La maison commune et curiaLe

La mairie

Les lois placent le bien public au-dessus des intérêts particuliers.

Cicéron (106-43 avant J.-C.), De Finibus.

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Au cœur de la vie publique

VII

La mairie avant-guerre, avec son clocheton.

Le plan de la mairie construite en 1820. © Archives départementales du Haut-Rhin.

Au cœur de la vie publique

169

bois et avec l’excédent des revenus ordinaires. Ce bâtiment comprend la salle destinée aux réunions, un corps de garde, une prison, un lo-cal d’incendie et un appartement pour le curé. L’édifice sera détruit lors des bombardements de l’hiver 1944-1945.

Le 28 octobre 1929, le conseil municipal décide, afin de moderniser le fonctionnement de la mairie, d’acheter une machine à écrire d’une valeur de 2 200 francs. L’acquisition a certaine-ment présenté quelques difficultés : le premier

extrait de compte rendu du conseil municipal tapé à la machine est daté du 13 décembre 1930.

Dans le clocheton de la mairie d’ostheim avant-guerre,

se trouvait une petite cloche de 1662, date à laquelle

ostheim appartenait aux ducs de Wurtemberg. elle servait

surtout de tocsin et sonnait le couvre-feu tous les soirs à

22 heures.

Pendant la Première Guerre mondiale, les autorités alle-

mandes ont décrété que toutes les cloches devaient servir

à faire des canons. avec ses sœurs des églises catholique et

protestante, la petite cloche de la mairie est décrochée de

son clocheton. toutes les cloches des villages avoisinants

sont transportées à la gare de ribeauvillé, pour être ache-

minées par rail vers une fonderie en allemagne.

À ce moment-là, le château de schoppenwihr abrite une

maison de repos pour la convalescence des officiers alle-

mands. elle est dirigée par le colonel oberst von Glaubitz,

d’origine wurtembergeoise, qui se promène tous les jours

à cheval dans la région. c’est ainsi qu’il remarque sur

le quai de la gare la petite cloche, avec les armoiries des

Wurtemberg. il se rend aussitôt chez le maire d’ostheim,

Paul ostermann père, pour lui donner l’ordre d’aller immé-

diatement rechercher la petite cloche : “Diese Glocke

stammt aus der Würtembergischen Zeit und darf nicht vergos-

sen werden”, autrement dit : “Cette cloche provient du temps

des Wurtemberg et ne doit pas être fondue”. La petite cloche

des Wurtemberg retrouve alors sa place dans le clocheton

de la mairie.

en 1932, Paul ostermann père fait don d’une nouvelle

petite cloche pour remplacer la petite cloche des Wurtem-

berg, dont le tintement est faussé par une fêlure. toujours

abritée dans le clocheton de la mairie, elle sonne l’angélus

et alerte la population en cas incendie.

elle sonne pour la dernière fois le 4 décembre 1944, lors

du grand incendie qui a détruit trois exploitations agricoles

dans la rue de l’Église.

À partir de 1932, la cloche des Wurtemberg, qui n’est plus

en service, est exposée dans la salle du conseil de la mai-

rie de l’époque. À l’issue des combats de

l’hiver 1944-1945, la mairie est détruite

mais il sera possible de récupérer les

deux cloches dans les ruines.

Depuis le 18 juin 1950, date de

l’inauguration de la nouvelle mai-

rie, elles sont exposées dans la salle

du conseil municipal de la mairie

d’ostheim.

L’histoire de la cloche des Wurtemberg

L’inscription sur la cloche des Wurtemberg• Sur la partie haute de la cloche, sur le pourtour :

Abraham Rohr zu Colmar - GOS MICH - Anno Martin Glitsch Schultheis zu Ostenheim - Clausz Kuechel - 1662

• En sa partie médiane, se trouvent les armoiries des Wurtemberg, composées de trois ramures de cerf.

• Sur la partie basse, sur le pourtour : Alle des Gerichts - Martin Klinger - Clausz Umbdenstockh - Ulrich Umbdenstockh - Jacob Jaegel - Nicola Kessel

L’inscription sur la nouvelle cloche Ostermann• Sur la partie centrale de face, figure l’inscription suivante :

Im Jahre 1932 waehrend der Amtszeit des Maire Paul Ostermann Des Adjoint Engel Eugène

• Sur la partie centrale à l’arrière, l’inscription suivante : Ich ersetze meine Vorgängerin aus dem Jahr 1662

• Sur la partie basse, sur le pourtour : Fonderie de K et A Causard à Colmar

Une vue de la Fecht : le pont, la mairie et l’église protestante.

Année 1932, pendant le mandat du maire Paul Ostermann et de l’adjoint Eugène Engel

Je remplace la cloche de 1662

Situé à neuf kilomètres au nord de Colmar, Ostheim est une com-mune de la plaine d’Alsace, proche du vignoble et du piémont

vosgien. Le village est traversé par la Fecht, qui prend sa source dans les hauteurs de la vallée de Munster. La rivière a été une grande richesse, en façonnant et modelant le paysage ; mais elle a aussi appor-té beaucoup de tourments lors de ses innombrables crues.

La commune se trouve sur l’axe routier principal nord-sud (la route nationale 83) et ferroviaire, (la ligne Strasbourg-Bâle).

Son ban s’allonge du nord au sud sur environ cinq kilomètres et couvre au total 816 hec-tares. Il est limité par Guémar au nord, Colmar à l’est, Beblen-heim et Zellenberg à l’ouest, Bennwihr et Houssen au sud. Pour se déplacer, les habitants peuvent emprunter les 10 715 mètres de voirie communale, sans compter les chemins.

Les matériaux de l’urbanisme sont le soleil, les arbres, le ciel, l’acier, le ciment, dans cet ordre

hiérarchiquement et indissolublement.

Charles Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier (1887-1965)

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La physionomie du village, de la reconstruction à nos jours

VIIIL’environnement naturel : la situation géographique

Un extrait de la carte de l’Académie, dite de Cassini, datant du XVIIe siècle.

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© Archives Départementales

du Haut-Rhin.

Le plan de finage d’Ostheim vers 1750

Le finage correspond aux limites d’un territoire villageois.

Le plan d’organisation d’un finage est défini par l’habitat et par

la morphologie agraire du territoire.

Sur le plan sont reportés le découpage des terres en fonction de

leur utilisation :

Feld ou Acker terres labourables

Gärten terres cultivées en jardin

Matten prés

Wasen ou Weide pâturages

Hurst brousailles

Repères Lieu-dit Appellation actuelle

2 Sembach Feld Sembach

13 Erlen Acker Erlenacker

18 Alt Gasse Gärten Altgasse

22 Birkel Gärten Birgelsgaerten

19 Rott Gärten Rottgaerten

23 Reb Gärten Rebgaerten

26 Herren Matt Herrenmatten

30 Mühl Matten Muhlmatten

32 Logel Matten Loegel

33 Bach Matten Bachmatten

36 Kohler Holtz Matten Kohlerholtz

38 Sauwasen Sauwasen

40 Nacht Weide Nachtweid

52 Dürr Acker Hurst Hurst

44 Emplacement du village

N

2

26

38

30

40

23

44

32

36

18

52

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19

13

Quelques lieux-dits du ban d’Ostheim en 1750 et leur appella-

tion actuelle. Les repères font référence au plan de finage de

1750.

Que ce soit avant ou après-guerre, des scènes tout à fait ordi-naires rythment la vie quotidienne des habitants d’Ostheim. Le

photographe a su immortaliser ces petits moments de bonheur. Vous découvrirez des clichés de jeunes gens qui se rencontrent pour discu-ter, ou encore des enfants innocents qui jouent avec des animaux ou se baignent dans la Fecht. Par ailleurs, se déplacer à cheval ou à bicy-

clette est très courant à cette époque, jusque dans les années 1960 : très peu de villageois possèdent alors une automobile. Enfin, se vêtir de ses plus beaux atours pour se rendre à la messe dominicale ou à une inauguration est une tradition, et permet de marquer ces journées exceptionnelles.

Des scènes de la vie quotidienne…

La vie est faite de ces petits bonheurs quotidiens, dont on se lasse, dont il faut être privé pour

apprécier la valeur…

René Ouvrard (1624-1694), Débâcle sur la Romaine.

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Des souvenirs au quotidien

IX

La carte de menu de Jean Zessel fils, lors d’un événement familial le 24 avril 1897.

Georges Zessel, fils de Caroline Oehlert

et de Jean Zessel, est né en 1878.

Il est photographié par H. Heilertsen,

photographe artistique à Epinal.

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Des souvenirs au quotidien

L’image d’Épinal d’un nouveau-né au XIXe siècle : l’histoire ne nous dit pas qui l’a déposé dans le nid.

Un certificat de vaccination établi le 19 mai 1868.

Madeleine Saltzmann, née Clauss,

pour ses vingt ans.

Émile Specht traverse le pont de la Fecht en 1936. À l’arrière-plan, sur la gauche, la mairie et son clocheton.

Suzanne Specht en 1936. Elle emprunte le pont de la Fecht, en provenance de la rue de Guémar, l’actuelle rue des Écoles.