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Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, n o 4, p. 643-666 Anne MAYOR Outils de potières au Mali : chaînes opératoires et traditions techniques Résumé Les études ethnoarchéologiques menées sur plusieurs traditions céra- miques du Mali central par l’équipe MAESAO 1 de l’université de Genève ont permis de rassembler une documentation importante sur les outils de potières et leur utilisation au sein de différentes chaînes opératoires de façonnage. Cette étude de cas a pour objectif de montrer la variété de ces outils et de mettre en évidence la complexité des liens entre outils, gestes, techniques de façonnage et traditions artisanales. Les outils de potiers étant encore mal connus, la présentation de ces objets, de leur action sur la pâte argileuse et des traces laissées sur les céramiques finies devrait fournir un référentiel de comparaison utile aux archéologues. L’étude montre notam- ment que, dans la majeure partie des cas, les outils passifs utilisés comme supports de travail sont corrélés à une technique de façonnage précise, comme le martelage sur forme concave, le moulage sur forme convexe, le creusage de la motte ou le moulage sur forme concave. En revanche, les outils actifs liés au martelage, au raclage, au lissage, au polissage, au découpage ou à la perforation sont souvent utilisés pour de multiples fonc- tions et dans plusieurs techniques distinctes. Dans un second temps, le lien à l’identité, d’une grande complexité dans la région, est exploré. Précisions que ce référentiel actualiste est en cours d’application pour l’interprétation des vestiges archéologiques issus de nouvelles fouilles menées en Pays dogon. Mots-clés Outils de potiers, traditions céramiques, fonctions, identités, ethno- archéologie, Mali, Afrique de l’Ouest. Abstract Ethnoarchaeological research concerning several ceramic traditions in Central Mali by the MAESAO 1 team at the University of Geneva has ena- bled the collection of significant data on potters’ tools and their functions during different chaînes opératoires of shaping ceramics. This case study aims to demonstrate the variability in these tools and the complexity of links between tools, actions, shaping techniques and craft traditions. Since pot- ters’ tools are still poorly known, the presentation of these objects, their action on clay paste and the traces left on finished ceramics should provide a comparative reference useful to archaeologists. The study carried out demonstrates in particular that the passive tools used as work supports are for the most part correlated with a specific shaping technique, like pounding in a concave form, moulding over a convex form, hollowing and drawing of a lump of clay, or moulding in a concave form. In contrast, active tools linked to hammering or pounding, scraping, smoothing, polishing, carving and perforation are often used for several distinct functions and techniques.

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Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, no 4, p. 643-666

Anne MAYOR

Outils de potières au Mali : chaînes opératoires et traditions techniques

RésuméLes études ethnoarchéologiques menées sur plusieurs traditions céra-

miques du Mali central par l’équipe MAESAO 1 de l’université de Genève ont permis de rassembler une documentation importante sur les outils de potières et leur utilisation au sein de différentes chaînes opératoires de façonnage. Cette étude de cas a pour objectif de montrer la variété de ces outils et de mettre en évidence la complexité des liens entre outils, gestes, techniques de façonnage et traditions artisanales. Les outils de potiers étant encore mal connus, la présentation de ces objets, de leur action sur la pâte argileuse et des traces laissées sur les céramiques finies devrait fournir un référentiel de comparaison utile aux archéologues. L’étude montre notam-ment que, dans la majeure partie des cas, les outils passifs utilisés comme supports de travail sont corrélés à une technique de façonnage précise, comme le martelage sur forme concave, le moulage sur forme convexe, le creusage de la motte ou le moulage sur forme concave. En revanche, les outils actifs liés au martelage, au raclage, au lissage, au polissage, au découpage ou à la perforation sont souvent utilisés pour de multiples fonc-tions et dans plusieurs techniques distinctes. Dans un second temps, le lien à l’identité, d’une grande complexité dans la région, est exploré. Précisions que ce référentiel actualiste est en cours d’application pour l’interprétation des vestiges archéologiques issus de nouvelles fouilles menées en Pays dogon.

Mots-clésOutils de potiers, traditions céramiques, fonctions, identités, ethno-

archéologie, Mali, Afrique de l’Ouest.

AbstractEthnoarchaeological research concerning several ceramic traditions in

Central Mali by the MAESAO 1 team at the University of Geneva has ena-bled the collection of significant data on potters’ tools and their functions during different chaînes opératoires of shaping ceramics. This case study aims to demonstrate the variability in these tools and the complexity of links between tools, actions, shaping techniques and craft traditions. Since pot-ters’ tools are still poorly known, the presentation of these objects, their action on clay paste and the traces left on finished ceramics should provide a comparative reference useful to archaeologists. The study carried out demonstrates in particular that the passive tools used as work supports are for the most part correlated with a specific shaping technique, like pounding in a concave form, moulding over a convex form, hollowing and drawing of a lump of clay, or moulding in a concave form. In contrast, active tools linked to hammering or pounding, scraping, smoothing, polishing, carving and perforation are often used for several distinct functions and techniques.

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INTRODUCTION

L’étude des outils de façonnage de la poterie est encore peu développée. Pourtant, elle est importante pour plusieurs raisons. Les archéologues étudient des objets qu’ils interprètent comme des outils de potiers par analogie plus ou moins explicite et rigoureuse avec des outils actuels ou des produits d’expérimentations, ou après des analyses tracéologiques prouvant une action de percussion lancée ou posée sur un matériau argileux. Ils étudient aussi des tessons de poteries portant certaines marques considérées comme caracté-ristiques d’une technique de façonnage particulière. Des études couplées à des expérimentations (voir ce volume) commencent à voir le jour dans différents contextes géographiques et chronologiques, mais la tâche est difficile du fait de la rareté des outils conser-vés et, bien souvent, de la méconnaissance que l’on a des modalités de leur utilisation, donc des traces qu’ils peuvent générer sur les céramiques.

Les études ethnoarchéologiques, quant à elles, per-mettent de nous renseigner sur les outils de façonnage des céramiques de façon beaucoup plus riche par l’observation répétée de diverses chaînes opératoires mises en œuvre par des artisans spécialistes ou possé-dant au moins une expertise de la pratique en question. Ces observations en contexte ethnographique per-mettent dans un premier temps de mettre en relation les outils avec des gestes et des produits finis, en vue de la constitution d’un référentiel de comparaison, dont le contexte d’application peut prétendre à une certaine ampleur géographique et chronologique, à défaut d’uni-versalité. Ces études offrent d’autre part la possibilité de s’interroger sur la relation à l’identité (langue, ethnie, statut social, genre, etc.) et de se documenter sur les processus d’apprentissage, différents selon les techniques. Elles montrent enfin la complexité des mécanismes de maintien d’une tradition artisanale au sein d’un groupe ethnique, d’une famille d’artisans ou d’une communauté de pratiques et la diversité des si-tuations favorisant des emprunts techniques.

Outre les recherches de l’équipe de l’université de Genève présentées ci-après, plusieurs études ethno-archéologiques africanistes portant sur les outils, les techniques de façonnage, leurs traces sur les céra-miques et/ou leur rapport à l’identité ont été menées au cours des deux dernières décennies, principalement par des chercheurs de l’université de Paris 10-Nanterre, comme A. Gelbert, S. N’Guèye ou É. Zangato, ainsi que ceux de l’université libre de Bruxelles, comme O. Gosselain, A. Livingstone Smith ou M. Sall. Elles

permettent de jeter les bases d’un corpus de référence utile aux archéologues.

Cet article a ainsi pour objectif de présenter les ré-sultats d’une recherche ethnoarchéologique comme une étude de cas qui illustre la diversité des pratiques pos-sibles en un lieu et un temps donné, à savoir le Mali central de la fin du XXe siècle, et de mettre en évidence la complexité des liens entre outils, gestes, chaînes opératoires et traditions artisanales. Il vise aussi à montrer concrètement comment la constitution de réfé-rentiels permet d’enrichir les interprétations des ves-tiges archéologiques. Après le contexte de la recherche, nous présenterons l’intérêt d’étudier les outils de po-tiers en abordant successivement les points suivants : les outils et les chaînes opératoires, les outils et les traces, puis les outils et les traditions.

CONTEXTE ET CORPUS

Les données présentées ont été récoltées dans le cadre de deux projets de recherche successifs que l’équipe MAESAO 1 de l’université de Genève mène depuis 1988 au Mali central (fig. 1), le premier sous la direction d’A. Gallay et d’É. Huysecom 2, et le second sous la direction d’É. Huysecom 3. Les recherches ethno-archéologiques ont porté dans un premier temps sur l’étude des traditions céramiques dans le delta intérieur du Niger et marginalement dans le Pays dogon (Gallay et al., 1998). Elles ont été prolongées par A. Gallay dans le Pays dogon (Gallay, 2003) à l’occasion du second projet de recherche axé sur la reconstitution du peuplement de cette région (Huysecom, 2002 ; Huyse-com et al., 2004 ; Mayor et al., 2005 ; Ozainne et al., 2009). Ces données ont fait l’objet de nombreuses études thématiques, dont une thèse de doctorat (Mayor, 2005 ; Mayor, 2010 et à paraître b).

Ces recherches ont porté sur l’analyse dans le présent des contextes de production, de diffusion et de consom-mation de la céramique, avec un intérêt particulier pour les liens entre céramiques et ethnies. Nous avons travaillé dans plusieurs groupes ethniques différents, principale-ment chez les Bambara, les Somono, les Peul, les Son-ghay, les Bwa et les Dogon. Dans ce contexte, les potiers sont dans la grande majorité des cas des femmes appar-tenant à une caste artisanale endogame. Il s’agit le plus souvent de femmes de forgerons, mais parfois aussi, chez les Peul, de femmes de cordonniers, de tisserands ou de boisseliers. Il n’y a que chez les Dogon qu’on observe une tradition (dogon A) caractérisée par le travail de femmes d’agriculteurs non castées et une autre tradition (dogon E) par le travail d’hommes non castés.

The link to identity, highly complex in this region, is explored next. This actualist reference system is currently being used to interpret archaeological material recovered during new excavations in the Dogon Country.

KeywordsPotters’ tools, ceramic traditions, use, identity, ethnoarchaeology, Mali,

West Africa.

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Cinq techniques principales de façonnage, avec des variantes de méthode, sont pratiquées par les artisans du Mali central (fig. 2) :- la technique du martelage sur forme concave : la

potière martèle une boule d’argile assez sèche dans un creux – une dépression du sol ou un creux sur une enclume – à l’aide d’un percuteur, puis étire les pa-rois par battage à l’aide du percuteur et d’une palette de bois, jusqu’au niveau du bord. Le bord et parfois le haut de la panse sont montés au colombin ;

- la technique du moulage sur forme convexe : la po-tière moule une galette d’argile assez plastique sur une poterie retournée – dont le fond rond est saupou-dré de poussière fine afin d’éviter que l’argile ne colle – en la martelant, puis en la lissant jusqu’à son diamètre maximal. Après un bref séchage, la potière démoule l’ébauche et poursuit le façonnage par ajout de colombins ;

- la technique du creusage de la motte : la potière creuse avec le poing la boule de pâte argileuse dis-posée sur une coupelle légèrement creuse, puis mo-dèle et amincit les parois par étirement et par raclage interne et externe, jusqu’à obtenir l’ébauche du fond. Elle ajoute ensuite des colombins pour monter les

panses jusqu’à la hauteur souhaitée. La technique du modelage de la motte est très similaire, mais la po-tière modèle la motte de départ plus qu’elle ne la creuse ;

- la technique du moulage sur forme concave : la po-tière modèle une épaisse galette d’argile plastique au fond d’un moule creux disposé dans une tournette et façonne le reste de l’ébauche à l’aide de colombins. La rotation rapide de la tournette lestée de sable est entretenue d’une main, tandis que l’autre main (ou les deux) étire et met en forme l’argile ;

- la technique du montage en anneaux : la potière modèle un ou plusieurs colombins, ou une plaque d’argile sur le support pour former la base des parois par étirement et raclage, puis elle écrase un colombin à l’intérieur pour former le fond. La partie supérieure de la panse est montée avec des colombins et, fina-lement, le fond est raclé après démoulage de son support. Cette technique, limitée à la plaine du Séno, a été observée dans le cadre du second projet de recherche (Gallay, 2003 ; Togo, 2009).

La documentation récoltée au cours de 13 missions de terrain est importante, avec notamment 239 villages

Fig. 1 – Localisation de la boucle du Niger, montrant les deux régions d’étude principales situées au centre du Mali : le delta intérieur du Niger, zone inondable et marécageuse, et le Pays dogon, constitué du plateau gréseux de Bandiagara, terminé par un escarpement donnant sur la plaine sableuse du Séno-Gondo (DAO Y. Reymond et A. Mayor).Fig. 1 – Situation map of the Niger Bend, showing both main regions of study located in Central Mali: the Inland Niger Delta, liable to flooding and swampy, and the Dogon region, constituted by the sandstone plateau of Bandiagara, ending in an escarpment overlooking the sandy plain of Séno-Gondo (CAD Y. Reymond and A. Mayor).

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visités, 1 363 potières interrogées et 4 642 poteries dessinées et enregistrées sur une fiche d’enquête. Plus précisément, l’étude des outils de potiers a été faite sur le terrain par l’observation, la description codée et la photographie systématique de 300 chaînes opératoires de façonnage de céramiques caractéristiques d’une quinzaine de traditions artisanales. Par ailleurs, de nombreux outils ont été dessinés et enregistrés sur des fiches d’enquête lors de l’étude des concessions de

potières. Les descriptions des chaînes opératoires ont ensuite été enregistrées dans une base de données par A. Gallay et A. Gelbert.

Enfin, deux collections de référence d’une cinquan-taine d’outils et d’une centaine de poteries des diffé-rentes traditions étudiées ont été ramenées au Musée national de Bamako pour l’une et à l’université de Genève pour l’autre, en vue d’une exposition (Gallay et al., 1996). Cette dernière collection est actuellement

Fig. 2 – Chaînes opératoires de cinq techniques de façonnage observées au Mali central (DAO S. Aeschlimann et A. Mayor, d’après Gallay, 2003 et Mayor, 2005).Fig. 2 – Chaînes opératoires of five shaping techniques used in Central Mali (CAD S. Aeschlimann and A. Mayor, after Gallay 2003 and Mayor 2005).

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très utile pour l’enseignement, ainsi que pour des études spécifiques telles que celle que nous avons menée récemment sur la technologie du décor (Living-stone Smith et al., à paraître). Les photographies d’objets qui illustrent cet article présentent les outils de cette collection genevoise.

OUTILS ET CHAÎNES OPÉRATOIRES DE FAÇONNAGE

Les outils caractérisent les chaînes opératoires de façonnage de la céramique. Chaque opération au sein d’une chaîne opératoire, dans ses étapes principales que sont l’ébauchage, le préformage, la finition et la décoration, est une combinaison entre un ou plusieurs outils et d’autres variables, comme le type de per-cussion, le mouvement de l’outil et la localisation de l’action sur la poterie. Le nombre d’outils et d’opéra-tions est très variable d’une chaîne opératoire à l’autre et dépend notamment de la technique pratiquée, du type de récipient à réaliser et de l’expertise de l’artisan. Toute chaîne opératoire céramique se présente donc comme une succession d’opérations 1 à n faisant appel à des outils et des gestes spécifiques, selon la formule synthétique suivante :- Opération 1 : support 1 + outil 1 + percussion 1 +

mouvement 1 + localisation 1 ;- Opération n : support n + outil n + percussion n +

mouvement n + localisation n.

La description des divers supports et outils d’action permet ainsi de rendre compte de la diversité des chaînes opératoires de façonnage.

Au Mali central, les instruments recensés sont nom-breux et variés. Nous les avons répartis en deux caté-gories : les outils supports passifs, utilisés dans le dispositif qui joue le rôle de support au montage, et les outils actifs, liés principalement au martelage, au ra-clage, au lissage, au polissage, au découpage et à la perforation.

Les supports

Les supports peuvent être mobiles ou immobiles, en contact direct avec l’ébauche ou non, et spécifiques à l’artisanat de la poterie ou non (tabl. 1). Le sol, sans être un outil, peut constituer un support, qu’il soit plat, aménagé en creux ou compacté et lubrifié par une opération de graissage. Le critère de la mobilité, c’est-à-dire lié au mouvement de rotation, est important à noter dans la mesure où il est susceptible d’être repéré sur l’outil. De même, le critère du contact direct avec l’ébauche en cours de façonnage est important à relever car il pourra, dans certains cas, se lire sur la céramique terminée. Par « sans contact avec l’ébauche », nous signifions qu’il se trouve toujours un élément de sup-port intermédiaire entre ce premier support et la base du récipient lors des diverses phases du façonnage. La seule exception concerne les quelques gestes initiaux de mise en forme de la boule d’argile avant son

installation sur une coupelle, un moule ou une enclume. Le critère de spécificité de l’outil peut, enfin, apporter un élément de compréhension socio-économique, comme la présence d’un atelier ou d’une production locale de céramique, au cas où il serait retrouvé en contexte archéologique.

Les supports immobilessans contact avec l’ébauche (fig. 3)

Les supports immobiles sans contact avec l’ébauche sont les éléments inférieurs du dispositif de montage, ils sont disposés sur le sol. Ils sont souvent utilisés seuls pour les étapes de préparation de l’argile et du dégraissant, puis surmontés d’un ou de plusieurs éléments de support pour le façonnage proprement dit.

• La dalle de pierre plane (fig. 3a, 3b, 3c et 8g) : ce support peut être constitué d’un fragment de dalle naturelle. Ce peut aussi être une dalle en forme de disque, taillée et bouchardée spécialement pour l’arti-sanat de la céramique. L’exemplaire observé mesure 42,2 cm de diamètre et 7,7 cm d’épaisseur. Ce peut être enfin une meule à grains quadrangulaire à surface plane récupérée (cassée ou non) ou une meule à grains à surface concave que l’on retourne pour en utiliser la base plane.

• La dalle de pierre creuse : ce support immobile sans contact avec l’ébauche peut être une dalle natu-relle dans laquelle une cavité en forme de cuvette a été creusée ou une meule à grains à surface concave.

Tabl. 1 – Caractérisation des outils supports principaux observés au Mali central.Table 1 – Characterisation of main support tools observed in Central Mali.

support

dalle de pierre à surface plane (x)dalle de pierre à surface concaveplanche de boiscuvette métallique avec argile compactéetournette à profil en « S » (écr. rapide) x xtournette à profil simple (écr. lente) x xtournette-tesson (écr. lente) xcoupelle de bois x x xcoupelle d’argile crue x x xcoupelle-tesson x xmoule concave d’argile cuite x xmoule convexe d’argile cuite x (x)moule-enclume concave d’argile cuite x xmoule-enclume concave d’argile crue x xmoule-enclume concave de bois x xvannerie droite x xvannerie diagonale x

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Fig. 3 – Supports immobiles sans contact avec l’ébauche (clichés MAESAO) : a) dalle de pierre plane circulaire + coupelle de bois (Bwa, Kio) ; b) dalle de pierre plane naturelle + coupelle d’argile crue (Dogon C, Néni) ; c) meule retournée (Bwa, Lakui) ; d) cuvette emplie d’argile compactée + tournette à profil en « S » (Somono, Bango) ; e) mortier de bois retourné + coupelle de bois (Bwa, Lakui) ; f) mortier de bois + poterie + tournette à profil droit + poterie (Bambara du sud, Niénémou).Fig. 3 – Immobile supports without contact with the rough shape (photos MAESAO): a) circular flat stone slab + small wooden cup (Bwa, Kio); b) na-tural flat stone slab + small mobile plate cup (Dogon C, Néni); c) overturned grindstone (Bwa, Lakui); d) basin filled with compacted clay + S-profiled clay (Somono, Bango); e) overturned wood mortar + small wooden cup (Bwa, Lakui); f) wooden mortar + vessel + straight-profiled mobile plate + vessel (South Bambara, Niénémou).

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• La planche de bois : ce support, rare, est constitué d’une simple planche de bois posée sur le sol.

• La cuvette métallique emplie d’argile compactée (fig. 3d et 7c) : ce support peut remplacer le sol argileux compacté et lubrifié dans les régions sa-bleuses.

Occasionnellement, d’autres supports immobiles, sans contact avec l’ébauche et non spécifiques peuvent être utilisés pour rehausser le dispositif et travailler debout. Il peut s’agir d’un mortier de bois placé à l’endroit ou à l’envers, ou d’un empilement de poteries entières ou cassées (fig. 3e et 3f).

Les supports mobilessans contact avec l’ébauche (fig. 4)

• La tournette d’argile à profil en « S » (fig. 4a, 4b, 4c, 4d, 3d et 8g) : ce support est un récipient en céra-mique spécialement façonné à cet effet, souvent riche-ment orné d’impressions, d’incisions et de motifs peints. On l’installe sur un sol aménagé – compacté et lubrifié à l’aide d’huile ou de beurre, ou sur une cuvette métallique emplie d’argile compactée – et on le fait tourner d’une main. Lesté par de la terre ou du sable, il sert de dispositif tout au long du montage et il est le seul support à faire intervenir une énergie cynétique rotative suffisamment importante pour libérer par mo-ments les deux mains et permettre des opérations d’étirement et de lissage très régulier de la pâte argi-leuse. L’opération d’amincissement porte sur les parois montées au colombin, et le lissage soigné se fait sur l’ensemble du récipient. Des données chiffrées concer-nant la vitesse de rotation et le temps d’amincissement mériteraient d’être relevées à l’avenir. La base de la tournette montre des traces claires d’usure due au mouvement de rotation. Ces outils présentent un dia-mètre variant de 35,5 à 44,7 cm et une hauteur variant de 10,8 à 13,3 cm (N = 5).

• La tournette d’argile à profil simple (fig. 4e, 4f, 4g et 3f) : ce support est lui aussi un récipient en céramique façonné spécialement pour cet artisanat et lesté de sable. La base, qui peut parfois présenter une morphologie aplatie, montre des traces d’usure. Cet outil est actionné d’une main au-dessus de feuilles de rônier séchées et ne tourne que lentement. Il est par ailleurs utilisé comme support uniquement lors de la deuxième étape de certains montages pour fa-çonner le haut de la panse et le bord de céramiques dont la base a été façonnée précédemment sur un autre support. Les exemplaires mesurés (N = 9) pré-sentent un diamètre compris entre 32 et 43 centi-mètres et une hauteur comprise entre 12,3 et 17 centi-mètres.

• La tournette-tesson (fig. 4h et 9j) : ce support ressemble au précédent, mais il s’agit d’un grand tesson de céramique, parfois lesté de sable, dont le pourtour est parfois régularisé par une opération de taille. Dis-posé sur une dalle de pierre plane, ce support est actionné d’une main lors du façonnage de la panse et du bord des céramiques.

Les supports mobiles en contact avec l’ébauche (fig. 5)

• La coupelle de bois (fig. 5a, 5b, 3a et 3e) : il s’agit d’une assiette taillée en bois, à base aplatie et surface interne concave, qui est parfois munie d’un colombin d’argile à la base pour la stabiliser. Ce support est utilisé au-dessus d’une planche de bois ou d’une dalle de pierre à surface plane, parfois lubrifiée à l’aide de dégraissant de chamotte ou de poussière. Il permet une rotation lente de la céramique par section de tour. Il sert de dispositif durant tout le montage et n’est décollé du fond du récipient qu’à la fin de la séquence. Le diamètre de cet outil varie de 18 à 27,5 cm et sa hauteur de 3,7 à 5,2 cm (N = 2).

• La coupelle d’argile crue (fig. 5c, 5d, 3b et 8g) : il s’agit d’une assiette épaisse modelée en argile crue, à base aplatie et surface concave. Comme le support précédent, il est disposé au-dessus d’une dalle de pierre à surface plane et permet une rotation lente de la céra-mique par section de tour. Il sert de dispositif à tout le montage et n’est décollé du fond du récipient qu’à la fin de cette étape. Les exemplaires mesurés (N = 12) montrent que le diamètre varie de 22 à 38,7 cm et la hauteur de 6,7 à 14 centimètres.

• La coupelle-tesson (5e et 5f) : il s’agit d’une assiette constituée d’un tesson de céramique commune taillé en forme de disque et à la surface interne légère-ment concave. Comme les supports précédents, il est utilisé au-dessus d’une dalle de pierre à surface plane et permet une rotation lente de la céramique par section de tour. Il sert de dispositif à tout le montage et n’est décollé du fond du récipient qu’à la fin de la séquence. Les exemplaires mesurés (N = 5) présentent un dia-mètre compris entre 16 et 38,3 cm et une hauteur comprise entre 2,4 et 10,4 cm.

Les dimensions de ces coupelles sont relativement variables d’un exemplaire à l’autre, car elles s’adaptent partiellement à la taille du récipient à façonner.

Les supports immobilesen contact avec l’ébauche (fig. 6 et 7)

• Le moule concave d’argile cuite (fig. 7a, 7b, 7c et 4d) : il s’agit d’une assiette de terre cuite façonnée spécialement pour l’artisanat de la poterie et caracté-risée par une surface concave en forme de « S », un ressaut externe marquant le bord du moule concave ayant servi à la mouler et de riches décors. Il est calé dans de la terre et placé à l’intérieur d’une tournette mobile à profil en « S » et n’est décollé du fond du récipient qu’à la fin du montage. Son épaisseur faible et les modalités de son utilisation le rapprochent plus des coupelles de la catégorie précédente que des moules-enclumes de cette catégorie-ci (voir plus bas). Le diamètre de cet objet dépend de la taille de la céra-mique à réaliser. Il varie de 22 à 41 centimètres sur les objets enregistrés, et la hauteur est comprise entre 4,3 et 13,6 cm (N = 9).

• Le moule convexe d’argile cuite (fig. 8f) : il peut s’agir d’un moule de terre cuite en ogive convexe

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façonné spécialement pour l’artisanat de la céramique. Il s’agit alors d’objets de petites dimensions. Mais le plus souvent, ce moule est constitué d’une poterie commune à fond rond qui est retournée. La taille de ce support varie donc en fonction du récipient à réaliser, et il n’est utilisé que pour façonner le fond et la partie inférieure de la panse, jusqu’au diamètre maximal au plus, pour permettre le démoulage. De la poussière, ou du dégraissant fin, est souvent disposée à sa surface pour éviter que la galette d’argile ne colle. Ce support est le plus souvent disposé sur le sol plat, la potière se déplaçant en tournant autour, mais il peut également, pour de petits récipients, être déposé à l’intérieur d’une tournette d’argile à profil simple disposée sur des feuilles de rônier, ou dans une tournette-tesson.

• Le moule-enclume concave d’argile cuite : ce support massif de terre cuite a une forme générale tronconique et présente une surface concave. Il est calé dans un creux du sol pour ne pas bouger lors du mon-tage. Il est façonné spécialement pour cette fonction. Sur les sept exemplaires mesurés, le diamètre varie de 12,2 à 20,3 cm et la hauteur de 6,1 à 8,2 cm. Bien que ce support soit souvent qualifié de « moule », l’argile de l’ébauche n’adhère pas à sa surface, et le terme d’« enclume » paraît plus approprié. Il peut être rem-placé par le fond cassé d’un récipient à pied annulaire retourné, dont la surface présente alors la même mor-phologie.

• Le moule-enclume concave d’argile crue (fig. 6c, 6d et 6f) : ce support massif de terre crue présente une surface concave. Il est généralement calé sur un sol plat ou dans un creux aménagé dans le sol. L’argile de l’ébauche n’adhère pas à sa surface, et il joue aussi le rôle d’enclume. Les exemplaires mesurés (N = 3) montrent un diamètre variant de 24,3 à 51,3 cm et une hauteur de 9,9 à 18,7 cm.

• Le moule-enclume concave de bois (fig. 6a, 6b et 6e) : ce support massif de bois à surface concave est toujours calé dans un creux du sol pour qu’il ne bouge pas lors des gestes violents de martelage. Son diamètre varie de 28 à 34,7 cm et sa hauteur de 9,7 à 14,2 cm (N = 4). Après une utilisation intense, des fissures apparaissent à la surface. Comme pour les deux sup-ports précédents, l’argile de l’ébauche n’adhère pas à la surface.

• « La vannerie droite à brins cordés » (fig. 7d et 8e), qualifiée ainsi d’après la terminologie d’A. Leroi-Gourhan (1971), désigne un tapis tissé à l’aide de

cordes de fibres de baobab mesurant de 83 à 86 centi-mètres de longueur et de 35 à 37 centimètres de largeur (N = 2). Il est fabriqué spécialement pour l’artisanat de la poterie. Il est toujours utilisé au-dessus d’une dalle creuse ou d’une meule à surface concave. Sa texture s’imprime de façon rayonnante sur la base et les panses de la poterie en cours de façonnage (Mayor, à paraître a).

• La vannerie diagonale (fig. 7e) : ce support consiste en un morceau d’une grande vannerie tissée en diagonale à l’aide de fines lanières de feuilles de palmier rônier. Ce type de natte est commun dans l’inventaire domestique et utilisé pour de multiples fonctions, notamment comme revêtement de sol lorsque l’on s’assied ou que l’on dort. Il intervient aussi dans le façonnage des poteries, et est alors disposé dans un creux du sol. Sa texture s’imprime de façon rayonnante sur le fond et les panses de la poterie en cours de fa-çonnage.

Les associations entre supportset techniques de façonnage

La diversité dans la morphologie, les matériaux et l’utilisation de ces supports indique d’emblée qu’ils sont utilisés dans le cadre de techniques différentes. Ces supports sont parfois utilisés seuls au-dessus du sol, mais souvent ils sont aussi associés par deux ou trois et employés avec des matériaux lubrifiants tels que l’huile, le beurre, le dégraissant (chamotte), le sable, la poussière ou les fibres de palmier rônier.

Dans la grande majorité des cas, des regroupements spécifiques de supports sont associés à une seule tech-nique de façonnage (tabl. 2). Par exemple, le groupe de supports constitué d’une dalle de pierre plane sur-montée d’une coupelle de bois est associé uniquement à la technique du creusage de la motte.

On compte cependant quelques rares exceptions. La tournette d’argile cuite à profil simple et la tournette-tesson, utilisées lors de la pose des colombins lors de la seconde étape du façonnage de certaines poteries, peuvent être associées à deux techniques différentes : le moulage sur forme convexe d’une part et le marte-lage sur forme concave ou le creusage de la motte d’autre part. Le dispositif de coupelle-tesson disposé sur une dalle de pierre à surface plane est quant à lui utilisé pour trois techniques différentes, à savoir le moulage sur forme convexe, le modelage-creusage de la motte et le montage en anneaux. Cette dernière si-tuation reste cependant exceptionnelle, observée au sein d’une unique tradition hybride mêlant les trois techniques au même endroit, et qui mérite d’être mieux documentée. Ainsi, seuls 4 supports sur les 17 étudiés, dont deux sont constitués de tessons aménagés, ne sont pas corrélés de façon univoque à une technique de façonnage.

De façon générale, ce bilan indique que les supports ou associations de supports montrent de bonnes corré-lations avec les grandes techniques de façonnage re-connues. En revanche, l’inverse n’est pas vrai, c’est-à-

Fig. 4 (à gauche) – Supports mobiles sans contact avec l’ébauche : tournette à profil en « S » (clichés A. Mayor pour les outils et MAESAO pour les montages) a) face supérieure, b) face inférieure, c) profil et d) sur sol compacté et lubrifié, lestée de terre, avec moule concave d’argile cuite (Somono, Sahona) ; tournette à profil simple e) face supérieure, f) face inférieure, g) profil ; h) tournette-tesson sur sol couvert de pous-sière, lestée de chamotte, avec moule-enclume d’argile cuite (Mossi, Ka In Ouro).Fig. 4 (left) – Mobile supports without contact with the rough shape: S-profiled mobile plate (photos A. Mayor for tools and MAESAO for shaping) a) upper face, b) lower face, c) profile and d) on compacted and lubricated floor, weighted with soil, with cup-shaped ceramic mould (Somono, Sahona); simple-profiled mobile plate, e) upper face, f) lower face, g) profile, h) sherd mobile plate on floor covered with dust, weigh-ted with (ground sherds), with ceramic grog anvil (Mossi, Ka In Ouro).

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dire qu’une technique de façonnage peut être pratiquée au-dessus de différents supports, cela est particulière-ment vrai pour le martelage sur forme concave.

Les outils actifs

Comme les supports, les outils actifs présentent une morphologie, un matériau et des types d’utilisation variés. On désigne communément certains outils par leur fonction, c’est ainsi que l’on parle volontiers d’un « percuteur », d’un « racloir » ou d’un « polissoir ». Le relevé précis de toutes les opérations des chaînes opé-ratoires caractérisant les différentes techniques de fa-çonnage montre que le fonctionnement des outils est en fait une réalité plus complexe. Les principaux outils actifs observés au Mali central sont présentés ci-des-sous.

Les outils de martelage (fig. 8)

• Les percuteurs d’argile (fig. 8b, 8c, 6e, 6f et 7e) : ces outils spécifiques à l’artisanat de la poterie sont modelés et parfois ornés de motifs peints, d’impres-sions digitées ou roulées sur leur tranche. Ils présentent plusieurs morphologies : certains sont munis d’un tenon de préhension, qui peut être actif, et d’une base convexe (type 1, selon la nomenclature d’É. Huysecom, 1996), d’autres présentent deux surfaces actives symé-triques convexes (type 2). En de rares cas, des per-cuteurs à tenon de préhension présentent une surface active concave pour marteler l’argile au-dessus d’un moule convexe. Chaque potière possède plusieurs percuteurs de dimensions et de poids différents, et elle choisit le plus adapté en fonction de l’étape de la chaîne opératoire à réaliser. Ces outils servent le plus souvent à marteler vigoureusement la pâte argileuse pour fa-çonner l’ébauche, mais ils sont aussi utilisés de façon passive comme contre-battoir lors de la phase de bat-tage des parois à l’aide d’une palette de bois.

• Le percuteur de pierre (fig. 8a, 8e et 8f) : cet outil peut être un objet spécifique ou une molette de broyage récupérée. Il doit tenir aisément dans la main et pré-sente des surfaces plus ou moins planes ou convexes. Comme le percuteur d’argile, il est surtout utilisé pour marteler la boule ou la galette d’argile afin de façonner l’ébauche du récipient. Il peut néanmoins aussi servir à des opérations de lissage ou de polissage à l’instar d’un galet.

• La palette de bois (fig. 8d, 8e et 6e) : cet outil, spécifique à cet artisanat ou non, peut être une planchette, une spatule de cuisine ou un pène de serrure récupéré. Il est souvent appelé « batte » ou « battoir ». Il sert à marteler la pâte argileuse principalement pour

amincir les parois par battage ou régulariser certains éléments modelés. La palette est utilisée seule ou en association avec un percuteur d’argile ou de pierre.

• Le tesson (fig. 8g) : cet outil est constitué d’un fragment de céramique épais et solide, provenant par exemple d’une grosse jarre, dont le bord est parfois taillé pour obtenir une morphologie grossièrement discoïde, d’un diamètre adapté à une préhension ma-nuelle confortable (exemplaire mesuré : 13,8 cm). Tenu à pleine main, il est utilisé pour des opérations fines de martelage lors de la finition, par exemple pour régula-riser le fond après le démoulage de la coupelle. Il sert aussi à racler ou lisser l’argile dans des étapes de ré-gularisation.

Les outils de raclage (fig. 9)

• Le racloir métallique recourbé (fig. 9b) : il s’agit d’un outil métallique spécifique muni d’une partie rectiligne que l’on tient en main et d’une partie active en forme de lame recourbée destinée essentiellement à des opérations de raclage de l’argile à consistance de cuir, plus rarement de découpe. Cet outil peut être double, l’extrémité métallique tenue en main pouvant se terminer par de petites encoches et servir alors de peigne lors de la phase de décoration. Il peut aussi s’agir parfois d’un simple couteau de cuisine à manche de bois, dont on a recourbé la lame.

• Le racloir métallique-bracelet (9a et 9f) : cet outil est exclusivement rattaché à l’artisanat de la céramique. Il s’agit d’un objet constitué d’une lame de fer épaisse, à profil asymétrique et aux tranches émoussées qui est retournée sur elle-même à l’instar d’un bracelet. Cet outil sert uniquement aux opérations de raclage de l’argile humide, sa tranche asymétrique permettant notamment à la potière d’excaver efficacement et ré-gulièrement l’intérieur de l’ébauche. Sa durée de vie est longue et il s’agit typiquement du genre d’outil qui se transmet d’une génération à l’autre.

• La coquille de lamellibranche : cet objet naturel non modifié est utilisé pour des opérations de raclage de l’argile humide dans certaines parties du delta inté-rieur du Niger, où on le trouve facilement. Les traces d’utilisation sont généralement très visibles sur les surfaces et la tranche.

• La demi-tige de mil : un fragment de tige de mil partagée en deux dans le sens de la longueur, bien que relativement peu résistant, peut aussi servir à des opé-rations de raclage et parfois de lissage. Il s’agit d’un outil régulièrement remplacé.

Les outils de raclage et de lissage (fig. 9)

• Les fragments de calebasse (fig. 9c et 9g) : ces outils très communs présentent des formes diverses avec des bords convexes ou concaves, voire échancrés s’il s’agit de parties de calebasses cousues à l’occasion d’une réparation. Les parties actives de ces fragments, tranche ou surface, alternent selon l’opération à réali-ser : mise en forme, raclage ou lissage. Les potières en

Fig. 5 (à gauche) – Supports mobiles en contact avec l’ébauche (clichés A. Mayor) : a et b) coupelle de bois (tradition bwa) ; c et d) coupelle d’ar-gile crue (tradition dogon D) ; e et f) coupelle-tesson (tradition dogon C).Fig. 5 (left) – Mobile supports in contact with the rough shape (photos A. Mayor): a and b) small wooden cup (Bwa tradition); c and d) small clay cup (Dogon tradition D); e and f) small sherd cup (Dogon tradition C).

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Fig. 6 – Supports immobiles en contact avec l’ébauche (clichés A. Mayor pour les outils et MAESAO pour les montages) : a et b) moule-enclume de bois ; c et d) moule-enclume d’argile crue ; e) martelage au-dessus d’un moule-enclume de bois (Peul, Kakagna) ; f) martelage au-dessus d’un moule-enclume d’argile crue (Somono du nord, Kakagna).Fig. 6 – Immobile supports in contact with the rough shape (photos A. Mayor for tools and MAESAO for shaping: a and b) wooden anvil; c and d) clay anvil; e) hammering over a wooden anvil (Peul, Kakagna); f) hammering over a clay anvil (North Somono).

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Fig. 7 – Supports immobiles en contact avec l’ébauche : moule concave d’argile cuite (clichés A. Mayor pour les outils et MAESAO pour les montages) a) face supérieure, b) face inférieure ; c) au-dessus d’une tournette lestée disposée sur une cuvette métallique emplie d’argile compactée (Somono, Bango) ; d) vannerie droite à brins cordés avec percuteur de pierre (tradition dogon A) ; e) vannerie diagonale au-dessus d’un creux du sol, avec percuteurs d’argile de type 1 (tradition songhay, Aïoum).Fig. 7 – Immobile supports in contact with the rough shape (photos A. Mayor for tools and MAESAO for shaping): ceramic cup-shaped mould a) upper face, b) lower face; c) over a mat with stone pestle weighted and set on a metallic basin filled with compacted clay (Somono, Bango); d) straight mobile plate (Dogon tradition A); e) diagonal pestle over a hollow in the floor with ceramic mat type 1 (Songhay tradition, Aïoum).

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possèdent souvent plusieurs de différentes formes et tailles. Les usures se lisent très bien sur les surfaces internes et externes, ainsi que sur les tranches souvent biseautées.

• La noix de palmier rônier (fig. 9d, 9h et 9i) : les potières utilisent ce fruit ovale et résistant entier ou partagé en deux et évidé. Dans le premier cas, la sur-face externe convexe du fruit est utilisée pour des opérations de raclage de l’argile humide et de lissage, alors que dans le second cas, la tranche est souvent utilisée dans les opérations de raclage interne et d’amin-cissement de l’ébauche.

• Le rachis de maïs (fig. 9e et 9j) : l’épi de maïs égrené est communément utilisé pour racler et lisser l’argile humide sur les surfaces externes des poteries.

Les outils de lissage et/ou de polissage (fig. 10)

• Le morceau de cuir (fig. 10a et 7c) : le morceau de cuir est par excellence l’outil utilisé pour le lissage de l’argile humide, notamment lors de la mise en forme du bord et de la finition des surfaces.

• Le chiffon textile (fig. 10b, 10e et 10f) : cet objet commun est aussi utilisé pour le lissage de l’argile humide.

• Le galet (fig. 10c et 10g) : le galet de pierre est utilisé pour la finition du récipient, soit pour lisser l’argile encore humide, soit pour polir les surfaces lorsque l’argile a séché. On peut observer des traces d’usure sur la surface.

• Le collier de graines de baobab (fig. 10d et 10h) : cet outil spécifique à l’artisanat de la poterie est cons-titué d’un long enfilage de graines de baobab présentant des surfaces arrondies et très dures. Tenue de façon lâche dans la main de la potière, cette masse de graines solidaires, utilisée dans un mouvement de va-et-vient,

permet un polissage efficace et rapide des surfaces de la poterie sèche, parfois déjà engobée.

• Le faisceau de paille, les feuilles et les graines : ces éléments végétaux non transformés, rarement obser-vés, sont parfois aussi utilisés pour des opérations de lissage et/ou de polissage.

Les outils de découpage et/ou de perforation

• Le couteau métallique (fig. 3f et 4d) : le couteau est un outil très commun présent dans pratiquement toute trousse à outil de potière. Il sert bien sûr à décou-per l’argile, par exemple pour obtenir un bord droit avant d’appliquer le colombin du col ou pour pratiquer une ouverture, mais il sert aussi à des opérations de rectification et de finition avec des gestes de martelage léger, de raclage ou de lissage. Il peut enfin servir pour effectuer des perforations, ainsi que des incisions avant le collage d’un élément plastique ajouté ou lors de la phase de décoration.

• La tige végétale : cet objet naturel (branchette ou tige de graminée) facile à se procurer sert aussi bien à découper qu’à perforer, par exemple le fond des cous-coussières.

• L’épingle métallique : cet outil n’est pas spéci-fique à l’artisanat de la poterie. Il s’agit d’une longue épingle de métal, dont l’extrémité passive est souvent ornée, utilisée habituellement pour la coiffure ou le tissage. Elle permet de pratiquer des perforations très soignées.

Ainsi, comme le résume le tableau 3, la plupart des outils actifs montrent un fonctionnement préférentiel. Néanmoins, la plupart sont utilisés occasionnellement ou régulièrement pour un, deux, voire plusieurs autres fonctionnements. Quelques outils, comme les fragments

Tabl. 2 – Corrélations entre les outils supports et les techniques de façonnage.Table 2 – Correlations between support tools and shaping techniques.

Groupe de supports

planche + coupelle de bois xdalle de pierre plane + coupelle de bois xdalle de pierre plane + coupelle d’argile crue xdalle de pierre concave + vannerie droite xvannerie diagonale xmoule-enclume concave d’argile cuite xmoule-enclume concave d’argile crue xmoule-enclume concave de bois xtournette à profil en « S » + moule concave d’argile cuite (+ parfois cuvette métallique emplie d’argile) xmoule d’argile cuite convexe xtournette-tesson (+ parfois dalle de pierre ou poterie) x xtournette à profil simple (+ parfois poterie) x xdalle de pierre plane + coupelle-tesson x x x

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de calebasse, la noix de palmier rônier et le rachis de maïs, sont utilisés aussi bien pour le raclage que le lissage, le passage d’une fonction à l’autre étant

progressif et difficile à déterminer avec précision. De même, la tige végétale est utilisée aussi bien pour perforer que pour découper. L’outil le plus polyvalent

Fig. 8 – Outils de percussion (clichés A. Mayor pour les outils et MAESAO pour les montages) : a) percuteurs de pierre ; b) percuteurs d’argile de type 1 ; c) percuteurs d’argile de type 2 ; d) palette de bois ; e) battage des panses à la palette – constituée d’un pêne de serrure récupéré – avec un percuteur de pierre servant d’enclume au-dessus d’une vannerie droite (Dogon A, Modjodjé-lé) ; f) martelage du fond d’une poterie au-dessus d’un moule convexe avec un percuteur de pierre enveloppé dans un filet (Bambara du sud, Niénémou) ; g) martelage du fond d’une poterie montée par creusage de la motte au-dessus d’une coupelle d’argile crue à l’aide d’un tesson (Dogon C, Koko).Fig. 8 – Tools used by percussion (photos A. Mayor for tools and MAESAO for shaping): a) stone pestle; b) ceramic pestles type 1; c) ceramic pestle type 2; d) wooden paddle; e) beating of the pot belly using paddle – re-use of an old lock bolt – with employed as an anvil, over straight mat (Dogon A, Modjodjé-lé); f) hammering of a pot base over a convex mould with a stone pestle wrapped in a net (South Bambara, Niénémou); g) hammering of a pot base shaped by hollowing out a lump of clay over a small clay cup, with a sherd (Dogon C, Koko).

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est le couteau métallique, qui sert à tous les types d’action, même si son fonctionnement principal est la découpe.

Néanmoins, lorsque l’artisan utilise un même outil pour des fonctionnements différents, il joue souvent sur l’orientation de l’outil. Ainsi, il utilisera tantôt sa surface convexe, tantôt sa surface concave, tantôt sa tranche, comme dans le cas des fragments de calebasse ou de la demi-noix de rônier, ou tantôt son plat et tan-tôt sa tranche, comme dans le cas de la palette de bois ou du couteau métallique.

Les quelques outils utilisés pour un seul fonction-nement, comme le racloir métallique-bracelet et la coquille de lamellibranche pour le raclage, le chiffon de textile pour le lissage et les graines de baobab pour le polissage, sont aussi les outils les plus rarement observés. Enfin, le faisceau de paille et l’épingle mé-tallique ne montrent qu’un seul fonctionnement dans le cadre du façonnage, respectivement pour le lissage et la perforation, mais ils sont aussi utilisés dans les opérations de décoration par incision, non abordées ici.

Les relations entre outils actifset techniques de façonnage

Contrairement aux outils supports, les outils actifs ne sont que rarement liés à une technique spécifique (tabl. 4). Seuls 5 outils sur les 21 recensés, soit le ra-cloir métallique en forme de bracelet, la coquille de lamellibranche, le faisceau de paille, les graines et les feuilles, sont utilisés dans le cadre d’une seule techni-que, et il s’agit d’outils rarement observés, utilisés pour une seule fonction. À l’inverse, 3 outils de fonctions différentes, le fragment de calebasse, le morceau de cuir et le couteau, interviennent dans toutes les tech-niques observées. Entre ces extrêmes, la majorité des outils (13 sur 21) apparaît dans deux, trois ou quatre techniques différentes.

Toutefois, il faut remarquer que les outils de marte-lage sont toujours associés à la technique du martelage sur forme concave, même s’ils peuvent être aussi uti-lisés dans le cadre d’autres techniques, notamment celle du moulage sur forme convexe pour étaler l’argile sur le fond de poterie retourné. En revanche, les outils

de raclage ne sont jamais associés à la technique du martelage sur forme concave puisque cette opération (de raclage) n’intervient pas dans les chaînes opéra-toires associées à cette technique. Ces outils sont néan-moins requis dans le cadre de toutes les autres tech-niques.

L’observation d’un outil actif isolé ne permet donc pas, dans la plupart des cas, d’identifier une technique de façonnage, au plus permettra-t-elle d’en éliminer certaines. Seule l’analyse combinée des outils actif, des outils supports et des céramiques produites permet d’identifier la technique de façonnage. Mais au-delà de ces considérations générales, il est certain que l’analyse fine de l’utilisation d’un outil particulier, de ses em-prunts ou de son évolution peut prendre tout son sens dans le cadre de la reconstitution d’une histoire des techniques locales, comme le montre par exemple le cas des percuteurs d’argile (Huysecom, 1996 ; Sterner et David, 2003 ; Mayor, à paraître a).

OUTILS ET TRACES

L’une des préoccupations récurrentes des archéo-logues est la reconnaissance des techniques de fabrica-tion à partir de l’étude des céramiques, dans l’idée d’émettre des hypothèses sur l’évolution des techniques ou l’identité des producteurs. Les outils et la façon dont ces derniers sont utilisés dans la chaîne opératoire de montage laissent parfois des stigmates sur l’objet fini. Ceux-ci, de diverses natures, peuvent être identifiés par l’observation à l’œil nu ou au microscope. Il s’agit de :- traces en creux ou en relief laissées par l’action des

outils sur les surfaces internes et/ou externes des récipients au cours de leur façonnage ;

- l’organisation des particules argileuses, des vides et des grains de dégraissant dans la structure interne des parois, observable sur des lames minces ou des ra-diographies ;

- certaines caractéristiques morphologiques des céra-miques, comme la courbure du fond et des panses ou la variation de l’épaisseur des parois.

Support + outil + geste + localisation ‡ traces sur les surfaces/structure interne/morphologie

Une première étude concernant le Mali (Huysecom, 1994) a montré que les outils utilisés au cours de la chaîne opératoire laissaient des traces sur les surfaces internes et externes des poteries, et que celles-ci étaient spécifiques à chaque technique de façonnage. Cette démarche a été prolongée par des observations au Sénégal (Gelbert, 2003) et dans divers autres pays d’Afrique (Livingstone-Smith, 2001). L’étude des traces du matériel malien mériterait d’être reprise en détail, en proposant une description plus précise et une meilleure illustration des traces, ainsi qu’une normali-sation de leur morphologie et de leur localisation. En attendant, nous ne présenterons ici qu’un résumé par techniques (fig. 11) de ces résultats.

• Le martelage sur forme concave : cette technique est associée à des dépressions internes circulaires ou

Fig. 9 (à gauche) – Outils de raclage et/ou de lissage (clichés A. Mayor pour les outils et MAESAO pour les montages) : a) racloir métallique bracelet ; b) racloir métallique recourbé ; c) fragments de calebasse ; d) noix de palmier rônier ; e) rachis de maïs ; f) raclage du fond monté sur coupelle de bois (Bwa, Kio) ; g) mise en forme et lissage du bord avec un fragment de calebasse (Somono du nord, Bango) ; h) creusage interne avec demi-noix de rônier (Dogon C, Dégui) ; i) lissage du bord avec noix de rônier entière (Somono du nord, Kakagna) ; j) mise en forme et raclage-lissage des panses au rachis de maïs (Dogon C, Koko).Fig. 9 (left) – Tools used for scraping and/or smoothing (photos A. Mayor for tools and MAESAO for shaping): a) metallic bracelet scraper; b) curved metallic scraper; c) fragments of calabash; d) palm nut; e) corn cob; f) scraping of a base set on a small wood cup (Bwa, Kio); g) shaping and smoothing of the rim with a fragment of calabash (North Somono, Bango); h) internal hollowing out with half a palm nut (Dogon C, Dégui); i) smoothing of the rim with a whole palm nut (North Somono, Kakagna); j) shaping and scraping/smoothing of the body with a corn cob (Dogon C, Koko).

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semi-circulaires laissées par le percuteur d’argile ou de pierre (T1), des impressions externes laissées par les divers types de vanneries (T2), des traces allongées en relief laissées par les fissures du moule de bois (T3) ou de la palette (T4), et à un raccord très marqué entre la panse et le bord (T5). Les récipients obtenus sont ca-ractérisés par des formes sphériques ou hémisphériques simples et régulières, et des parois minces (3 à 7 mil-limètres).

• Le moulage sur forme convexe : cette technique est associée à des facettes externes laissées sur la par-tie inférieure de la poterie par le percuteur de pierre ou d’argile (T1), un fond régulièrement sphérique (T2), des impressions négatives sur la face interne si le moule était orné (T3), une concentration de particules sur la surface interne du fond due au lubrifiant utilisé pour que la galette ne colle pas au moule, et un raccord à l’endroit du diamètre maximal, visible surtout sur la face interne (T4). Les parois sont fines ou épaisses

selon l’habileté de la potière ou l’effet recherché, mais l’épaisseur de la paroi est souvent plus importante au-dessus qu’au-dessous du raccord.

Tabl. 3 – Fonctionnement des outils d’action (en %) au sein des chaînes opératoires de façonnage au Mali central.Table 3 – Functioning of the active tools (in %) within shaping stages of the chaînes opératoires in Central Mali.

Outils N martelage raclage lissage/ découpage perforation polissagepercuteur d’argile 1534 98,8 0,1 1,1 palette de bois 1235 98,1 1,9 percuteur de pierre 537 87,9 12,1 tesson 113 69 23 8 racloir métallique recourbé 117 1,7 94,9 3,4 racloir métallique-bracelet 31 100 coquille de lamellibranche 29 100 demi-tige de mil 24 70,8 29,2 fragments de calebasse 881 5,4 52,1 42,5 noix de palmier rônier 306 2 52,9 45,1 rachis de maïs 189 38,1 61,9 morceau de cuir 792 0,3 99,7 chiffon de textile 575 100 galet 490 0,8 99,2 graines de baobab 21 100 faisceau de pailles 18 100graines 15 100feuilles 14 100couteau métallique 403 4,7 18,1 1,5 72 3,7tige végétale 80 2,5 5 37,5 55épingle métallique 24 100

Outils

feuilles xfaisceau de pailles xpercuteur d’argile x xpalette de bois x xpercuteur de pierre x x x xchiffon de textile x x x xgalet x x x xtige végétale x x x xfragments de calebasse x x x x x xmorceau de cuir x x x x x xcouteau métallique x x x x x xcoquille de lamellibranche xgraines xcollier graines de baobab x xnoix de palmier rônier x x xrachis de maïs x x xracloir métallique recourbé x x x xdemi tige de mil x x x xtesson x x x x ? x ?racloir métallique-bracelet xépingle métallique x x

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eaux

Tabl. 4 – Corrélations entre les outils d’action et les techniques de façonnage.Table 4 – Correlations between active tools and shaping techniques.

Fig. 10 (à gauche) – Outils de lissage et/ou polissage (clichés A. Mayor pour les outils et MAESAO pour les montages) : a) morceau de cuir ; b) morceau de textile ; c) galet ; d) collier de graines de baobab ; e) lissage rapide au chiffon sur argile humide (Somono du sud, Sahona) ; f) lissage irrégulier au chiffon sur pâte réhumidifiée (Peul du sud, Saré Mala) ; g) polissage au galet sur argile sèche (Somono du nord, Bango) ; h) po-lissage au collier de graines de baobab sur pâte sèche (Bwa, Kio).Fig. 10 (left) – Tools used for smoothing and/or polishing (photos A. Mayor for tools and MAESAO for shaping): a) piece of leather; b) piece of textile; c) pebble; d) necklace made from baobab seeds; e) quick smoothing of wet clay with a rag (South Somono, Sahona); f) irregular smoothing of re-humidified clay with a rag (South Fulani, Saré Mala); g) polishing of dry clay with a pebble (North Somono, Bango); h) polishing of dry clay with a necklace made from baobab seeds (Bwa, Kio).

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• Le creusage de la motte : cette technique est as-sociée à des traces externes laissées par la coupelle (T1), ainsi que des traces internes et externes de raclage (T2 et T3). Les récipients obtenus sont le plus souvent épais et massifs, surtout au fond. La morphologie du fond peut être légèrement pointue pour les grandes jarres, aplatie pour les récipients plus petits ou irrégu-lière.

• La technique du moulage sur forme concave : cette technique est associée d’une part à des traces externes liées au moule concave, à savoir un fond en forme de « S » (T1) et un raccord légèrement proéminent (T2), et d’autre part à des traces dues à la rotation ra-pide de la tournette, comme des stries de lissage in-ternes et externes, fines et régulières (T3). Les réci-pients obtenus se caractérisent par des formes parfois complexes (pieds, carènes, anses, goulots, etc.) et des parois souvent relativement épaisses.

Nous n’avons pas d’information précise sur les traces liées à la technique du montage en anneaux au-dessus d’une coupelle-tesson, mais celles-ci s’appa-rentent aux traces laissées par la technique du creusage de la motte, c’est-à-dire une base peu régulière mon-trant des traces de raclage. Une étude détaillée reste à faire pour distinguer ces deux techniques.

De façon générale, les traces de façonnage peuvent parfois se lire sur des fragments de taille relativement petite, mais il est certain qu’il faut examiner un grand nombre de tessons avant d’avoir la chance d’en décou-vrir une. En effet, de nombreux facteurs se conjuguent pour les faire disparaître : l’habileté de la potière lors de la finition et de la décoration de la poterie, l’usure lors de l’utilisation de cette dernière (érosion du fond, dépôt de suie sur les panses…) ou son altération après son abandon et sa fragmentation. Il convient donc de bien connaître le corpus de référence des traces et de

rester prudent dans l’interprétation des techniques lorsque les indices repérés sur les tessons archéo-logiques ne sont pas strictement analogues à ceux mis en évidence dans le contexte du présent.

Par ailleurs, en complément de l’observation macros-copique, M.-A. Courty a observé au microscope des lames minces réalisées à partir de coupes de quelques tessons des parois de la panse de vases du Mali 4. Cet examen semble montrer qu’il est possible de reconnaî-tre par ce biais la technique du martelage sur forme concave. En effet, les domaines argileux, les inclusions grossières et les cavités résiduelles associées montrent un alignement subparallèle. Les pressions fortes exer-cées pour produire des parois fines sont marquées par une densité élevée, une structure microfeuilletée et une faible représentation des vides d’air (Courty, com. pers. décembre 2008 ; Courty et Roux, 1995). Ces résultats incitent à reprendre l’analyse de ce matériel de façon plus systématique.

OUTILS ET TRADITIONS

La présence d’outils témoigne d’une production locale de la céramique. Dans un contexte d’habitat, cela signifie que la majorité des céramiques présentes ap-partient à cette production. Il est possible néanmoins de découvrir dans un même village (ou sur un même site archéologique) des outils appartenant à deux ou plusieurs traditions artisanales distinctes, caractérisées par des chaînes opératoires différentes. Dans ce cas, il s’agira de distinguer les produits de ces deux traditions à partir des stigmates observables sur les tessons.

Supports A1 à An + outils A1 à An + traces A1 à An ‡ chaîne opératoire A ‡ tradition A

Supports B1 à Bn + outils B1 à Bn + traces B1 à Bn ‡ chaîne opératoire B ‡ tradition B

Cette constatation est importante à souligner, car, bien souvent, les variations des pourcentages des divers « styles » de poteries entre les niveaux d’un site archéo-logique sont uniquement interprétées en termes d’évo-lution chronologique et ne prennent pas en compte la géographie des productions céramiques locales et voi-sines. Ainsi, la diminution, d’un niveau à l’autre, de céramiques présentant certaines caractéristiques peut simplement indiquer le déplacement des producteurs de cette tradition et le passage d’une production locale à une consommation de produits importés, régulière-ment ou occasionnellement.

L’approche dans le présent du lien entre outils, tech-niques et traditions est intéressante pour mieux compren-dre ces phénomènes d’interactions au niveau de la pro-duction et de la consommation, et prendre conscience que ceux-ci peuvent se montrer particulièrement complexes selon les circonstances. La situation actuelle des relations entre traditions techniques et groupes eth-niques résulte en effet d’une dynamique historique de plusieurs siècles faite de migrations, d’alliances, de recompositions sociales, de spécialisation artisanale, d’emprunts et d’évolution des outils, des techniques et

Fig. 11 (à gauche) – Macro-traces laissées par les outils sur les cérami-ques (d’après Huysecom, 1994) : a et b) technique du martelage sur forme concave, T1 = dépressions de percuteur, T2 = impressions de vannerie, T3 = bourrelets laissés par les fissures du moule de bois, T4 = légères dépressions laissées par les coups de palette de bois, T5 = trace du raccord entre la partie martelée et le (ou les) colombin(s) formant le bord ; c et d) moulage sur forme convexe, T1 = trace du moule concave d’argile cuite, T2 = raccord entre partie moulée et partie montée au colombin, T3 = stries de lissage parallèles régulières liées à l’utilisation de la tournette à profil en « S » ; e et f) moulage sur forme convexe, T1 = légères facettes de percussion laissées par la palette, T2 = sphéricité régulière du fond, T3 = impressions négatives d’un motif imprimé sur le moule convexe, T4 = raccord entre partie moulée et partie montée au colombin, situé au niveau du diamètre maximal ; g et h) creusage de la motte, T1 = trace du bord de la coupelle, T2 et T3 = traces de raclage.Fig. 11 (left) – Macro-traces left by tools on ceramics (after Huysecom 1994): a and b) hammering technique on a concave form, T1= pestle depressions, T2 = mat impressions, T3 = thickening due to cracks in the wooden mould, T4= slight depressions left by the blows of a wooden paddle, T5 = trace of the join between hammered part and the coil(s) forming the rim; c and d) moulding on a convex form, T1 = trace of the concave ceramic mould, T2 = join between the moulded part and the part shaped with coils, T3 = parallel and regular striations from smoo-thing left by the use of S-profiled mobile plate; e and f) moulding on a convex form, T1 = light percussion facets left by the paddle, T2 = regu-lar sphericity of the bottom, T3 = negative impressions of an ornament left on the convex mould, T4 = join between the moulded part and the part shaped with coils, located at the maximum diameter; g and h) hollowing out of the lump of clay, T1 = trace of the rim of a small cup, T2 and T3 = scraping traces.

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des styles. Dans de telles conditions, on pourrait s’atten-dre à une uniformisation des traditions, mais c’est loin d’être le cas, comme le montrent nos études dans le Mali central, ainsi que celles menées au Niger (Gosselain, 2008a ; Gosselain, 2008b ; voir ce volume).

Au Mali, nous avons identifié de nombreuses tradi-tions artisanales distinctes, considérées comme un ensemble de caractéristiques techniques, morpho-logiques et décoratives partagées par les productions d’un groupe de potières, dont il s’agit de définir les frontières sociales et géographiques. Dans le delta in-térieur du Niger, il s’agit des traditions songhay, peul du nord, peul du sud, somono du nord, somono du sud, bambara du nord (ou bambara du Gimbala) et bambara du sud (parfois répartie en bambara du Saro et bambara de San). Sur la marge sud-est, il s’agit des traditions bwa, mossi, songhay du Hombori et dogon A, B, C, D et E 5 (Gallay et al., 1998 ; Gallay, 2003).

Dans le cadre de notre étude (Mayor, 2005 ; Mayor, 2010 et à paraître b), nous avons étudié la distribution

des divers supports présentés ci-dessus par rapport aux traditions de production des différents groupes ethniques, c’est-à-dire que nous avons compté pour chaque tradition le pourcentage des céramiques fabri-quées au-dessus des différents supports 6. Le résultat montre une bonne corrélation entre les supports et les traditions, puisque, à l’exception de deux supports, chacun de ces derniers se retrouve uniquement dans une ou deux traditions (fig. 12). Seule l’utilisation des moules convexes dans le cadre de la technique du moulage sur forme convexe se retrouve dans de nom-breuses traditions de la région, souvent parallèlement à une autre technique. L’apprentissage relativement facile de cette technique permet des emprunts par simple contact (Gelbert, 2003 ; Gosselain, 2008a). Le moule de bois se retrouve aussi dans cinq traditions distinctes (peul du sud, peul du nord, songhay, bambara du nord, et marginalement somono du nord). Il se trouve que toutes ces traditions se côtoient sur le même territoire au nord du delta intérieur du Niger, une région

Fig. 12 – Distribution des outils supports utilisés pour la première étape du façonnage en fonction des traditions.Fig. 12 – Distribution of support tools used for the first shaping stage, according to traditions.

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caractérisée par un peuplement multiethnique serré, au sein duquel les emprunts techniques sont particulière-ment nombreux et la pratique conjointe de plusieurs techniques fréquente.

Par ailleurs, nous avons analysé la distribution spa-tiale de ces outils supports au niveau de la consomma-tion, c’est-à-dire que nous avons comptabilisé dans chaque village (ou chaque unité d’habitation étudiée) le pourcentage des céramiques façonnées à l’aide des différentes techniques en cours d’utilisation. Les résul-tats indiquent que les traditions sont bien individuali-sées sur les marges exondées du delta intérieur du Niger, où le peuplement est relativement homogène, mais très mélangées à l’intérieur du Delta, où les vil-lages abritent très souvent des habitants et des artisans aux identités multiples.

Concernant les outils actifs, leur corrélation avec les traditions est beaucoup moins bonne que celle des supports, puisque la majorité d’entre eux (13/21) sont utilisés dans plus de deux traditions distinctes. Seuls quatre outils ne se trouvent que dans une seule tradi-tion, à savoir le racloir métallique en forme de bracelet dans la tradition bwa, la demi-tige de mil dans la tra-dition dogon C, les fruits dans la tradition bambara de San et les pailles dans la tradition dogon B. Et quatre outils sont utilisés dans le cadre de deux traditions : la coquille de lamellibranche dans les traditions voisines peul du nord et bambara du nord, les feuilles dans les traditions voisines dogon B et songhay du Hombori, le collier de graines de baobab dans les traditions voisines bwa et bambara du Saro, ainsi que l’épingle métallique dans les traditions somono du sud et dogon D. Consi-dérés seuls, ces types d’outils se montrent donc souvent de piètres révélateurs des traditions, contrairement aux supports.

CONCLUSION

Ainsi, cette étude de cas montre la diversité des outils qu’il est possible d’utiliser pour le façonnage de la céramique dans une région peuplée de groupes eth-niques différents, ainsi que la pluralité des fonctions que ces outils peuvent parfois remplir parallèlement à leur usage dominant. Notre étude indique également que certains outils, particulièrement les supports, sont liés à une technique de façonnage particulière et peuvent révéler des traditions, une fois couplés avec l’observation d’autres éléments tels que les traces lais-

sées sur les céramiques et les caractéristiques stylis-tiques de ces dernières. Les bonnes corrélations entre supports, techniques de façonnage et identités ethni-ques au niveau de la production permettent de dire que la répartition spatiale d’une tradition reflète la structure du peuplement du groupe producteur, et ceci malgré des siècles d’emprunts techniques. La mosaïque actuelle des traditions reflète donc une histoire des techniques et des peuplements, dont il est possible de remonter le fil sur plusieurs siècles.

Nous avons mené cette démarche et avons proposé un premier scénario d’évolution des techniques et des peuplements à l’époque des empires précoloniaux à l’échelle de la boucle du Niger (Mayor, 2005 ; Mayor, 2010 et à paraître b). Depuis, des outils de potiers ont été découverts sur plusieurs nouvelles fouilles menées dans le cadre du présent projet de recherche en Pays dogon, notamment dans l’habitat de Kokolo sur le plateau (Keita, com. pers.), dans l’ensemble sépulcral de Dourou-Boro sur le bord de falaise (Mayor, à paraî-tre a) et surtout sur le tell de Sadia dans la plaine du Séno (Huysecom et al., à paraître). Leur étude, à la lumière des résultats ethnoarchéologiques présentés dans cet article, permettra certainement d’affiner le scénario esquissé précédemment et d’avancer dans la compréhension de l’histoire des techniques céramiques et des peuplements dans cette région d’Afrique.

Au-delà, cette recherche montre une fois de plus s’il en était besoin la pertinence des observations actua-listes pour l’interprétation des vestiges en archéologie, et la nécessité de construire des corpus de référence thématiques utilisables dans des contextes de continuité culturelle ou indépendamment des contingences spatio-temporelles.

NOTES

(1) Mission archéologique et ethnoarchéologique suisse en Afrique de l’Ouest.(2) Projet intitulé « Étude ethnoarchéologique des traditions céramiques dans le delta intérieur du Niger, Mali ».(3) Projet intitulé « Peuplement humain et paléoenvironnement en Afrique de l’Ouest » (http://www.ounjougou.org).(4) Des fragments de récipients réalisés à l’aide des différentes tech-niques ont été ramenés du Mali en 1991 dans le but de tester cette méthode.(5) Nous ne retenons pas les dénominations provisoires dogon F, G et H, utilisées par A. Gallay dans certains rapports.(6) Nous n’avons pas intégré dans cette étude les nouvelles données du Pays dogon, faisant notamment référence aux techniques du modelage et du montage en anneaux, encore peu documentées.

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Anne MAYORUniversité de Genève, département d’anthropologie12, rue Gustave-Revilliod, 1211 Genève 4, Suisse

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