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LE MOT DU PRÉSIDENT
Chers Amis,
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier pour l'intérêt que vous
portez à notre association et de saluer l’équipe de responsables, investie et
mobilisée de façon compétente et exemplaire dans les diverses missions.
Je remercie également nos amis de la Maison de Saint-Jacques, Roseline et
Jacky, qui n’oublient jamais de satisfaire nos palais, en fin de rencontre
mensuelle. Que cette « Maison », à laquelle nous tenons beaucoup, reste un lieu
chaleureux et riche d'échanges.
Vous êtes nombreux cette année encore à partir. Depuis dix ans, l’APPC et ses
responsables, n’ont pas cessé, par leurs actions et le partage de ses valeurs,
d’apporter aide et assistance aux futurs pèlerins. Ce savoir-faire a, nous
l’espérons, apporté les réponses aux questions que vous vous posiez avant de
vous lancer sur le Chemin. Nous souhaitons, une fois encore, que ce voyage
soit à la hauteur de vos espérances et que grâce à nous, vous trouviez des
solutions aux éventuels problèmes.
Pour ceux d’entre vous qui le désirent, Béa et le Père Alain ont prévu une
bénédiction des pèlerins le mardi 24 mars à 18h à l’église Saint-Laurent au
Panier. Vous êtes tous les biens venus, pour les inscriptions et les informations,
merci de vous rapprocher de Béa :
06 18 72 29 59
N’oubliez pas que nous organisons cette année la sortie inter associations, le
samedi 18 avril sur la Voie Phocéenne au départ de la Batarelle. Nous vous y
attendons nombreux.
Nous essayons de rendre ce bulletin le plus complet et le plus attrayant possible.
N’hésitez pas à nous faire part de vos idées.
Espérant vous satisfaire, je n’ai qu’un souhait, « continuons ensemble ».
Amitiés jacquaires.
Denis Michel
N
° 38
M
AR
S 2
015
N°
38
MA
RS
201
5
SOMMAIRE
Pages 2 & 3
La galère construite
en un jour
Pages 4 & 5
Balade à Ventabren
Pages 6 & 7
Les Rois Mages
Pages 8 & 9
La route de la soie
Page10
Hommage au Dr Py
Page 11
Balade Cap Canaille
Pages 12 & 13
Nos carnets sont nos
mémoires
Pages 14 & 15
Balade à St Gabriel
Pages 16 & 17
Don d’organes
Via Alta
Pages 18 & 19
L’Œil et la plume
Miracle
Page 20
Informations
29 MARS 1679
Proposée et résumée par Jean-Claude, une nouvelle histoire tirée du livre – que nous vous avons déjà
vivement conseillé – Ça s’est passé à Marseille, de Jean Contrucci,
Editions Autres Temps.
Si le livre Guinness des records avait existé en 1679, nul doute que celui qu’établit un jour de
mars l’Arsenal des Galères de Marseille y eût figuré en bonne place. Qu’on en juge : pour accueillir avec
la pompe et l’éclat nécessaires le marquis de Seignelay, secrétaire d’Etat à la Marine de Louis XIV (et fils
de Colbert), l’intendant Bro-
dart qui régnait sur cette
« ville dans la ville » qu’était
l’Arsenal des Galères, organi-
sa un spectacle préfigurant
les mises en scène de Cecil B.
DeMille, une sorte de grand
ballet industriel, réglé comme
du papier à musique, au cours
duquel une galère fut cons-
truite et mise à flot en un
jour !
Il ne s’agit pas d’une
galéjade marseillaise avant la
lettre, mais bien d’un authen-
tique exploit qui en dit long
sur la maîtrise atteinte par les
spécialistes marseillais de la
construction de ces vaisseaux
de guerre.
Il fallait éblouir le marquis de Seignelay afin de le persuader de l’efficacité des techniques mises en
œuvre à Marseille.
Il le fut et il y avait de quoi.
L’organisation qui régnait derrière les hauts murs avait dépassé depuis longtemps le stade artisanal
pour se hisser au niveau de la production industrielle. Tout avait été soigneusement préparé et les divers
corps de métier entraînés, afin que le minimum de temps fût perdu, notamment en bavardages.
A la veille du jour J, tel un général sur le front de bataille, Brodart exhorta ses « troupes » à travail-
ler vite et bien et surtout en silence.
Tout avait été soigneusement préparé : les pièces de charpentes et de menuiseries découpées, prêtes à
s’emboîter et se joindre, étaient alignées sur le quai de l’Arsenal, près de la forme (bassin où la coque
d'un bâtiment peut être fabriquée, entretenue ou réparée), qui ressemblait un peu à une halle couverte de
marché.
En face, on avait installé une sorte de tribune où personnalités et invités pourraient prendre place
et suivre l’épreuve sans en perdre une miette. Car le spectacle valait le coup d’œil.
Imaginez l’arrivée dans un silence total de 400 forçats et 800 ouvriers, répartis en : 330 charpen-
tiers, 150 perceurs, 60 porteurs de clous, 80 portefaix, 260 calfats, 26 menuisiers, 60 sculpteurs et 8 pein-
tres de marine.
Chaque homme sait ce qu’il a à faire, chaque « compagnie » se distingue par un bonnet de couleur
différente. Les compagnies sont regroupées en brigades, chacune sous les ordres d’un Maître Construc-
teur des galères qui prend en charge une moitié du bâtiment, de la proue à la poupe.
LA GALÈRE CONSTRUITE EN UN JOUR !
2
Cela ressemble à un grand jeu
de construction. On n’em-
ployait pas le mot kit, à l’épo-
que, mais c’est bien de cela
qu’il s’agissait.
Tout étant répété dans les
moindres détails, au coup de
sifflet, à 7 heures du matin, le
ballet commença.
C’était merveille, paraît-il, de
voir tous ces bonnets rouges,
gris, vert et rouge, noir et
jaune, bleus, violets, vert et
blanc, s’affairer, se croiser, se
succéder avec un tel ensemble
« qu’on les eût dits conduits
d’une même main ».
Bientôt, les membrures fixées
à la quille sont en place, le
bordé de la coque apparaît,
tandis que les sculpteurs et les peintres s’affairent à préparer les motifs qui orneront l’énorme proue dé-
corée. On représentera (Louis XIV oblige), la
course du soleil sur son char.
Au milieu de l’après-midi, charpentes
et menuiseries sont achevées : les 260 calfats
entrent en danse. Ils doivent enduire la coque
de poix et de goudron pour assurer l’étanchéi-
té. A vingt-deux heures, le calfatage achevé, le
restant de la nuit fut passé à vérifier l’étanchéi-
té, à poser la mâture, les vergues, à installer le
carré des officiers, les 26 bancs de nage de
chaque côté du coursier, cette passerelle mé-
diane qui permet aux gardes-chiourme de sur-
veiller les rameurs. Le matin à cinq heures, on
fit glisser le navire sur l’eau et le bâtiment put
flotter. Aussitôt, des prêtres grimpèrent sur la
poupe pour célébrer la messe et bénir en bapti-
sant le nouveau navire de guerre. A sept heures, soit vingt-quatre heures après le début du chantier, la
galère, oriflammes claquant au vent, vint mouiller sur les eaux du Lacydon sous les vivats et les acclama-
tions !
Il ne lui restait plus qu’à embarquer son « moteur » hu-
main. A raison de cinq par banc, 240 forçats, triés sur le
volet, appartenant à la meilleure chiourme, celle de La
Réale, embarquèrent, entourés de soldats.
A neuf heures, après une spectaculaire démonstration de
piqu’à banc, durant laquelle les rameurs poussant les
rames au maximum les font claquer toutes ensemble sur
le bois du dossier du banc de nage précédent, dans un
bruit de tonnerre, la galère vogua vers le large où, dit
encore un témoin : « Elle allait à la perfection, à la rame
et à la voile ».
3
Les pèlerins provençaux se sont retrouvés le 13 décembre à Ventabren sur la voie phocéenne pour la der-
nière balade de l’année suivie d’un déjeuner, prélude à la fête de Noël.
La promenade met en valeur le tracé de la voie phocéenne et son passage à Ventabren. Retrouvant le ca-
nal de Marseille, le sentier mène rapidement aux vestiges antiques de l’oppidum de Roquefavour, égale-
ment appelé camp Marius. D’une surface de 6 hectares, c’est le plus vaste de Provence. De ces ruines qui
culminent à 180 m d’altitude, un vaste panorama s’offre au promeneur et met en évidence, par contraste,
l’ouvrage contemporain du viaduc ferroviaire de Ventabren (1733 m et 10e pont de France par la lon-
gueur) sur lequel passe la LGV Méditerranée.
Toujours sur le plateau, un peu plus loin, le chemin surplombe l’aqueduc de Roquefavour (393 m de long
et 82,65 m de hauteur), autre ouvrage majeur construit de 1841 à 1847 pour acheminer l’eau du Canal de
Marseille. Classé monument historique depuis 2005, c’est un point de passage de la voie phocéenne, re-
jointe à la fin de la balade.
Balade jacquaire à Ventabren
4
En fin de matinée, les pèlerins se retrouvent à l’Eau Vive Provence, lieu de halte conseillé de la voie pho-
céenne et d’obédience protestante. Accueillis dans les jardins de cette vaste villa, « maison familiale »
associative, le repas simple et raffiné est un moment de partage pour le groupe, plus important qu’à l’ac-
coutumée. Il se termine dans l’allégresse par des chants.
Tels des agneaux, les pèlerins prennent ensuite place à la Bergerie, salle de réunion de cette maison d’ac-
cueil pour le rituel du partage des cadeaux de Noël avant de se séparer dans la joie et la bonne humeur
après quelques photos de groupe dans les jardins de cette belle demeure.
Merci à tous nos administrateurs pour leur investissement et l’organisation sans faille de cette journée
festive !
Jean-Christophe Lefevre
5
6
Le café jacquaire du 8 décembre 2014 était animé par notre ami
Georges qui présentait une petite conférence sur le thème des
Rois mages, avec un peu d’avance sur le calendrier, puisqu’ il
faudra attendre encore un mois pour l’Epiphanie !
Il nous invite à un voyage dans le temps, vers les origines de la
légende des Rois mages, qui apparaît tardivement, par rapport à
leur supposée visite à l’enfant Jésus.
Les sources « officielles » sont rares, puisque seul l’évangile
selon Mathieu y fait référence, sans préciser leur nom, leur
nombre ou leur statut de roi : il précise simplement qu’ils sont
venus d’orient.
Ce sont les penseurs et théologiens des IIe et IIIe
siècles, Tertullien et Origène – le premier est un
Berbère latinisé et le second un Egyptien chrétien,
et donc hellénisé – qui leur donnent le statut de
roi, fixent leur nombre à trois, en se fondant vrai-
semblablement sur les présents qu’ils portent :
l’or, l’encens et la myrrhe.
Tout cela est très chargé d’un sens symbolique très
fort, en relation avec l’étude des divers sens des
saintes écritures et d’autres personnages de la Ge-
nèse…
Ce n’est que beaucoup plus tard, au VIe siècle, que
les personnages, que nous connaissons maintenant
sous les noms de Gaspard, Melchior et Balthazar,
apparaissent dans la tradition chrétienne populaire,
après avoir porté d’autres noms curieux…
Quelle est la véritable signification de la vi-
site des Rois mages ? L’interprétation théolo-
gique traditionnelle veut que les trois pré-
sents, offerts par les trois rois, représentent
les trois dimensions fondamentales de la re-
connaissance de Jésus :
l’or car il est le fils de Dieu, l’or étant l’
image de ce qui est le plus précieux,
l’encens, car il est le prêtre de la Nouvelle
Alliance, et l’encens est utilisé dans le
culte pour s’adresser à Dieu,
la myrrhe, baume qui lave et guérit les bles-
sures des hommes dans leur chair, car
Jésus est aussi véritablement homme :
amour de la vie sur la terre, mais aussi
promesse de passer de la mort à la vie
éternelle.
Le bonnet phrygien porté par les rois
mages sur les reliefs ou les fresques
paléochrétiennes
Adoration des Rois mages,
Cappadoce (Turquie), XIIe siècle.
LA LEGENDE DES ROIS MAGES
Mais l’interprétation qui a la faveur du conférencier est que l’adoration de Jésus par les mages signifie
que le christianisme prolonge et renouvelle la Tradition Primordiale, qui est à l’origine de toutes les reli-
gions.
Les Rois mages porteurs des présents, venus de
l’Orient, où se lève le soleil et où naît la Lu-
mière, représentent les trois pouvoirs : royal
(or), sacerdotal (encens), spirituel (myrrhe).
Ils « sacrent » ainsi le Christianisme comme
successeur de la Tradition primordiale.
La couronne des Rois mages se retrouve sur la
tiare de Saint Pierre, où trois couronnes rappel-
lent les trois pouvoirs et les trois mondes repré-
sentés par les Rois mages.
Les rois seraient venus d’Iran (Melchior), d’A-
rabie (Balthazar) et d’Inde (Gaspard).
Il est vraisemblable aussi que l’on ait voulu ain-
si faire figurer les trois parties du monde antique
connu, l’Asie, l’Europe et l’Afrique, pour mon-
trer la dimension universelle de l’événement de
la naissance de Jésus.
Les rois furent guidés par une étoile. Si l’existence
réelle des Rois mages n’a pu être prouvée, malgré
l’existence de nombreuses reliques de leurs corps (il
y a Cologne, en Allemagne, et le mont Athos en
Grèce), l’existence de la fameuse étoile a été démon-
trée par les astronomes, bien après que Mathieu en
eut parlé dans son évangile.
Ce qui fut observé dans le ciel de Bethléem aurait
été la conjonction de Jupiter et de Saturne qui eut
lieu entre l’an - 6 et l’an - 4, avant l’an 1, période
généralement considérée comme celle de la nais-
sance du Christ. Le phénomène aurait duré une an-
née.
Le conférencier nous a permis de revisiter cette légende et en
a rappelé le sens profond, bien souvent oublié ou ignoré. Lé-
gende qui ne se résume bien souvent aujourd’hui qu’à de jolis
santons dans une crèche et à un gâteau partagé en famille…
mais ce n’est déjà pas si mal !
7
Fresque dans la Chapelle des Mages de
Benozzo Gozzoli 1459 en l'honneur des Médicis
L'adoration des Mages peint par
Matthias Stom (vers 1600-1650)
La Fête des Rois ou Le Roi boit
Gabriel Metsu vers 1650
Qui n'a pas rêvé de la Route de la soie, route mythique, mystérieuse et exotique ? A l'aube de mes 74 ans, de
Venise, la cité de Marco Polo, j'ai pris le départ pour ce chemin aux pays si différents, aux rencontres étonnantes,
parfois émouvantes, mais où règne toujours ce sens de l'hospitalité et de la générosité. Le fait d'être un homme seul,
âgé, à pied et de surcroît barbu, facilite la rencontre.
Les BALKANS, avec leurs paysages forestiers et tourmentés,
parsemés de petits villages aux églises aux clochers à bulbes,
sont le prolongement d'une Europe en plein développement.
Les capitales, Lujbjana, Sofia, Belgrade ou Zagreb sont toutes
des villes où les arts occupent une place importante : théâtres et
opéras sont réputés. La présence de nombreux monastères or-
thodoxes donne à ces
pays une note sup-
plémentaire dans la
dévotion ; situés
dans des lieux magi-
ques, propices à la
méditation et à la
prière, ils accueillent les pèlerins avec beaucoup de largesse. Les popula-
tions croate et serbe gardent les stigmates de la guerre les ayant opposées
et aujourd'hui encore la division ethnique est profonde. De ces quatre
pays des Balkans, la Serbie est le seul à n'être pas entré encore dans la
communauté européenne. Les efforts de l'Europe pour moderniser ses
voisins ont pour effet un contraste saisissant sur les structures routières
et voies de communication.
Le passage de la frontière bulgare à la TURQUIE reflète l'image de
ce grand pays ottoman : douze portes pour franchir ces deux zones.
La Turquie est étonnante et surprenante : elle donne l'impression
d'une nation en pleine activité ; les constructions sont nombreuses
et atypiques, les autoroutes sillonnent le pays, le moderne côtoie
l'ancien... La religion musulmane est pratiquée d'une façon modé-
rée. Les mosquées d'Edirne et d'Istanbul sont certes les plus répu-
tées parce que les plus anciennes et construites par des architectes
de renom, mais dans le pays le moindre petit village vénère et en-
tretient la mosquée - comme nous le faisions avec nos églises. J'ai
découvert la po-
pulation turque
lors de mon che-
min de Rome à
Jérusalem. J'ai
retrouvé les bon-
heurs simples dans l'hospitalité, qui a permis à ma tente de se
reposer, et dans la bonté de ses habitants, qui a permis à mon
estomac de goûter à cette cuisine typique et savoureuse. Mon
meilleur souvenir pédestre sera sans aucun doute la route de Co-
rum à Samsun : le temps est idéal, nous sommes fin juin, les
fleurs multicolores poussent au bord des chemins, les champs de
pavots font des taches immaculées au milieu des champs de lu-
zerne et les lavandes me rappellent la Provence... Les rencontres
paysannes sont remplies d'échanges et de joie dans la connais-
sance de l'autre : un vrai bonheur, où le temps n'a pas d'emprise et les barrières que nous aurions pu avoir sont tom-
bées.
L’Opéra de Zagreb
La route de la soie
Saint-Marc - Eglise orthodoxe serbe
Marché Semiz Ali Pacha au cœur d’Edirne
Mosquée de Selimiye, l’une des plus belles de
Turquie
8
Petit coucou à Noé en passant devant le mont Ararat avant de
passer la frontière IRANIENNE sous le regard de l'Imam
Komeyni. Ah ! Quelle présence ! Les billets de banque sont à
son effigie, les principales avenues portent son nom, certai-
nes mosquées et monuments lui sont dédiés... Curieux pays
où l'on entre avec appréhension et l'on en ressort avec respect
et admiration. Le peuple Iranien est généreux comme ses
cultures : fruits et céréales, hospitalier comme ses forêts et
ses bords de mer et parfois mystérieux comme ses déserts et
ses montagnes vertigineuses. La religion musulmane est pra-
tiquée par l'ensemble des personnes et, à mon humble avis,
est un facteur de rassemblement aussi bien familial que natio-
nal ; son architecture avec ses mosquées et ses madrasa ne
peut que retenir notre admiration.
Turkmenistan, Ouzbekistan… deux pays de l'ex-URSS devenus
indépendants ont deux facteurs communs : la culture du coton et
l'énergie fournie par le gaz. Si Tamerlan avait voulu faire de Sa-
markand la capitale de l'Asie centrale et voulu construire un état
à l'image d'Alexandre le Grand, il n'a laissé à la postérité que de
magnifiques madrasa et mosquées. Boukhara et Samarkand sont
les deux villes dont je ressors ébloui par tant de beauté dans les
constructions et les céramiques de bleus dégradés ; du cœur de
ces hauts lieux, occupé par des bazars et caravansérails, le visi-
teur s'attend à rencontrer une de ces caravanes chamelières
transportant épices et soieries, partie de Chine pour les rives oc-
cidentales.
Cette longue marche de sept mois qui m'a ouvert tant de portes
et qui m'a fait rencontrer tant de personnes a été, surtout pour moi, un beau chemin de fraternité.
Guy Blanc
9
Mont Ararat Khomeiny et Khamenei sur le front du poste frontière
Extraordinaire caravansérail au bazar de Tabriz
Mosquée de Mary Turkmenistan
Longtemps avant Castres, sur le chemin d’Arles, j’ai entendu parler du docteur Py, ce monsieur qui offrait l’hospi-
talité aux pèlerins. Ce qui se disait, c’est qu’on recevait chez lui un accueil chaleureux et de qualité, mais je com-
prenais bien que c’était plus que ça. Plusieurs jours avant Castres, j’ai donc pris contact avec lui et il a simplement
et naturellement accepté de m’héberger avec trois autres pèlerins rencontrés sur le chemin. Le docteur Py, qui
connaissait son pèlerin, nous a proposé dès l’abord une bonne bière bien fraîche et, dans la détente du moment, a
demandé à chacun d’entre nous ce qu’il faisait dans la vie. Ce n’était pas une façon comme une autre d’engager la
conversation, mais ce que nous lui disions de nous-mêmes, il l’écoutait avec beaucoup d’attention et d’intérêt, il
nous questionnait même, parce que je crois qu’au fond de lui il était infiniment curieux de la singularité de chaque
vie. Et ce qu’on lui racontait de nous était le seul dédommagement qu’il demandait pour son hospitalité car en réali-
té le donativo qu’on avait la liberté de déposer dans une petite boîte accrochée au mur était entièrement destiné à
une association d’aide à des adolescentes enceintes à laquelle il se consacrait depuis qu’il était à la retraite.
Le docteur Py vivait seul dans sa grande maison. Il avait perdu sa femme et ses cinq enfants étaient partis depuis
longtemps, mais leurs cinq chambres, puisque chacun avait la sienne, étaient comme s’ils vivaient toujours là. Cha-
que pèlerin hébergé avait la chambre d’un des enfants et j’ai donc moi-même passé la nuit dans celle du plus jeune
fils, avec sa déco de jeune homme et ses BD sur la table de nuit. Le lendemain matin, comme une dernière atten-
tion, le docteur Py nous a offert le pain frais et les croissants au petit déjeuner puis, tandis que nous reprenions no-
tre route, nous l’avons vu, octogénaire alerte, enfourcher son vélo pour rejoindre son association.
Quelque temps plus tard, j’ai appris que le docteur Py avait écrit un livre. Il l’a écrit sur le tard pour raconter com-
ment, jeune adolescent vivant en Alsace pendant la guerre, il a été déporté au camp de concentration de Dachau
avec son père et un oncle. Lui seul en est revenu et le livre raconte
comment le soutien d’un prêtre marseillais lui a permis de trouver la
foi et de surmonter cette terrible épreuve. Mais de tout ça, le docteur
Py ne nous avait pas parlé.
Jean-Claude CARBONNE
Cher monsieur Py, malgré vos terribles souffrances passées et votre
vie personnelle souvent douloureuse, vous avez su garder un cœur im-
mense. Merci d'avoir ouvert la chaleur de votre maison aux pèlerins
que nous étions. Lorsque je me suis trouvée devant vous en mai 2013,
attablée devant une délicieuse boisson fraîche, vous m'avez interrogée
pour mieux me connaître. Mais très vite vous avez compris
qu'un drame m'avait amenée sur le Chemin. Merci pour votre accueil,
vos paroles et le réconfort apporté. Merci pour votre hospitalité, le
charme de ces belles chambres et leur confort. Merci de m'avoir recon-
nue et ouvert les bras en septembre de cette année 2014 où nous nous
sommes retrouvés. Je suis toujours partie de chez vous, l'âme et le
corps, pleins de forces. Puissiez-vous de Là-Haut continuer à nous
aider. Je ne vous oublierai jamais.
Chantal Jacquot
Annonce parue dans le bulletin Camino de novembre
La communauté des jacquets est triste :
le Docteur Bernard PY n’accueillera plus de pèlerins sur la Via Tolosana.
Mardi 30 septembre, il est allé rejoindre le Chemin des étoiles.
Nul doute que St Jacques l’aura accueilli les bras ouverts, tout comme lui accueillait les pèlerins qui sonnaient à sa
porte à Castres.
Ils sont nombreux, les témoignages émus que nous entendions à l’accueil des pèlerins de la Basilique St Sernin de
Toulouse : «L’accueil du Dr PY, quel souvenir !».
Homme de bien, grand humaniste au cœur généreux, il manquera sur le chemin d’Arles.
M. L. Borel Les Amis des Chemins de Saint Jacques en Occitanie
10
J’ai rencontré le docteur PyJ’ai rencontré le docteur PyJ’ai rencontré le docteur PyJ’ai rencontré le docteur Py
Les pèlerins de l’APPC se sont retrouvés pour la première balade de l’année à Cassis, l’occasion de re-trouver très rapidement les paysages naturels typiques faits de roches calcaires, de pins et de garrigue provençale.
Nous nous trouvons à l’extrémité est de la partie terrestre du Parc National des Calanques, 10e parc national fran-çais, créé en avril 2012. Avec 158 100 ha, il est le premier parc périurbain maritime (à 90 %) et terrestre d’Europe. Seuls deux autres parcs nationaux de cette envergure existent dans le monde : celui du Cap en Afrique du Sud et celui de Sydney en Australie. Très vite nous passons à proximité de l’ouvrage technologique du tunnel des Janots. En 1855, la concession d’une ligne ferroviaire entre Marseille et Toulon est accordée à la compagnie privée PLM. Le coût de la construction est estimé alors à 41 millions pour une mise en service prévue le 1er mai 1859. Aucun des chemins de fer, exécutés jusqu’à présent en France, ne présente plus de difficultés, tant les aménagements et ouvrages d’art nécessaires sont nombreux. Long de 1630 mètres, le tunnel des Janots est de ceux-là. Il a été conforté en 2013.
La longue marche matinale nous conduit au sommet de la route des crêtes, point de vue exceptionnel sur le Cap Canaille dont l’étymologie ne semble pas assurée. Canaille provient du latin « canalis mons », autrement dit « montagne des eaux, des aqueducs », ou du provençal « cap naïo », « montagne qui nage, qui avance sur la mer ». Les falaises de cette montagne sont les plus hautes falaises maritimes d’Europe. Leur point culminant est la Grande Tête avec son à-pic de 394 m. Le panorama permet de distinguer la baie de La Ciotat, quelques îles et calanques par un temps dégagé. La halte du déjeuner nous permet de prendre un peu de repos et de profiter d’une attention toujours bienveillante et altruiste avec notamment l’habituel plateau de fromages de Pierre ou les galettes des rois de Monique et Martine.
Après cette pause, nous repartons allègrement dans la colline sur le chemin du retour. Une restanque rappelle que le lieu a pu ser-vir à une exploitation agricole. Au vrombissement lointain d’un flot incessant d’automobiles s’ajoute la vue de l’ouvrage techno-logique plus contemporain de la gare de péage de La Ciotat qui n’est pas loin de notre point de rendez-vous initial.
Jean-Christophe Lefevre
Balade au Cap Canaille 17 janvier 2015
11
Charles de Gaulle règne sur notre pays ; toute la France est en dé-
lire, toutes les cloches sonnent minuit, les Dauphines roulent au
pas, aile à aile.
Au club du vieux colombier, Philippe Clay rencontre Alain Delon,
puis arrive Françoise Sagan… Nous en reparlerons.
Dans les cabarets, on récite
Verlaine et Bruant.
Brigitte Bardot présente les
vœux à la radio car on écoute
beaucoup Europe 1.
Toute la France est en fête.
Marseille, plus triste, enterre
Clovis Dominici, le fils aîné
du vieux Gaston, et chacun se remémore un procès inachevé.
Notre pays est le maître de la peinture, hallucinante production.
Fourmillement de créations, révélation de Bernard Buffet, Lorjou,
Yves Klein. Ces artistes dureront-ils ? Même Picasso et tous ces
grands l’ignorent.
Nos carnets sont nos mémoires.
Il y a aussi l’art de la tapisserie dont Jean Lurçat fait un art majeur ;
il dit : "Je porte en moi le microbe de la tapisserie".
Dans les salons privés de notre France, on orga-
nise des soirées poétiques, la lecture pour la
voix, Cocteau, Max Jacob, Raymond Radiguet
(l’alphabet), Sapho.
La musique dite typique est une véritable dé-
couverte pour une jeunesse en recherche de li-
berté, Charlie Parker, le be-bop.
Duke Ellington, Louis Armstrong, dont les sons rendus avec sa trompette sont inoubliables.
Nos carnets sont nos mémoires.
Nous allons vivre une ère nou-
velle, SACLAY où tous ces hom-
mes vêtus de blanc, tous très jeu-
nes, se dénomment les saclayens ;
nombreux sont ingénieurs. Là, on
met en place la France atomique,
on croise les magiciens d’un
monde du futur ; ensuite tout se
déplacera à Marcoule où s’installe
un mastodonte sous un hangar qui
pourrait loger l’Arc de triomphe
de l’Etoile.
Les prédictions d'Aldous Huxley
dans son livre Le meilleur des
mondes sont dépassées et tout
continue dans un grand désordre :
il y aura bientôt l’ouverture de
l’autoroute sud.
12
Nos carnets sont nos mémoires Souvenirs du premier janvier 1960
Gaston Dominici
SACLAY en 1960
Souvenons-nous aussi des records du moment.
La naissance des supermarkets dont le créateur est
Edouard Leclerc ; enfin on va vendre moins cher,
moins 20 %, en raccourcissant le circuit de distri-
bution alimentaire ; le premier magasin est à Ys-
sy-les-Moulineaux.
Vos carnets sont vos mémoires.
Eh oui, vient la mémoire d’un cinéma qui a été
tant aimé, ex. La jument verte avec Bourvil et
Francis Blanche et puis Julie la Rousse, le Tripor-
teur, Babette s’en va en guerre et surtout Hiroshi-
ma mon Amour.
Enfin mon hobby, mon plaisir, ma drogue, la littérature, Jean-François Re-
vel se demande pourquoi philosopher et en 2015 on se le demande toujours.
L’Académie française vient d’élire Jean Cocteau qui y est reçu par André Maurois, Marcel Pagnol de-
vient lui aussi académicien.
Un autre souvenir, le succès de Françoise Sagan et son premier livre Bonjour
tristesse qui sera suivi avec un même triomphe par Aimez-
vous Brahms ?.
A nous les romantiques Boris Pasternak nous offre Le Doc-
teur Jivago.
Un petit mot des polars ; lire et relire James Hadley Chase
qui nous offre Pas d’orchidées pour miss Blandish et aussi
Patricia Highsmith, L’inconnu du Nord-Express.
Le prix du roman policier est attribué au révérend Père Gui-
chardon, rédacteur en chef du journal Le pèlerin pour son
livre L'assassin est dans le couvent qui sera la clef de voûte de nombreux scéna-
rios.
Il faut bien conclure en parlant de la société des années 1960.
C’est le début des blousons noirs, c’est la fureur de vivre des rebelles sans causes.
A Bandol, en ce début d’été, ils saccagent le Bar de la ma-
rine.
La guerre manque-t-elle à cette nouvelle génération ?
Un homme, Jack Kerouac, plus exactement Jean-Louis Le-
bris de Kerouac dont l’oeuvre maîtresse, Sur la route, écrite
sur un rouleau de papier machine de 33 mètres, conforte ces
demi-sel dans leurs fantasmes.
Le temps passe et notre vieux pays se métamorphose.
Edouard le Corbusier, l’homme de la maison du fada à
Marseille, vit des
jours paisibles et
cohabite avec une communauté jésuite où il finira sa vie.
Allez, nous allons nous quitter, mais,
avant, un court récapitulatif.
Nos carnets sont nos souvenirs.
En vrac, un retour en arrière d’une an-
née, la catastrophe du barrage de Mal-
passet, l’adieu à Gérard Philippe et la
venue d’un autre genre, le rock'n roll
de Hallyday ; et il y a Léon Zitrone, Ménie Grégoire et puis Madame Soleil…
On termine par Le Club Med et la venue du nouveau franc ; tout cela est sans
fin ; chaque année nous apporte des infos de ce style.
A bientôt pour de nouveaux carnets. Béa
Marcel Pagnol
Jack Kerouac
La Maison du fada
Rupture du barrage de Malpasset - 2 juillet 1959
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Léon Zitrone
Le temps était gris et humide quand les pèlerins se retrouvèrent à quelques kilomètres de Saint-
Etienne-du-Grès, à proximité de la chapelle Saint-Gabriel.
Cet édifice roman du XIIe siècle allait en effet être l’Alpha et l’Omega de la balade jacquaire.
La « roulante présidentielle », agrémentée d’un velum protecteur contre une possible averse, distri-
buait les viennoiseries et boissons chaudes selon un rituel désormais bien établi…
Puis, nos pèlerines et pèlerins prirent le départ de la balade, après avoir reçu les instructions des orga-
nisateurs, Jean-Louis, Guy et Pierre.
Le tracé, passant le long de la chapelle qui est en réalité une véritable petite église et non une cha-
pelle de campagne, s’éleva doucement au travers
des pinèdes humides du parc naturel régional des
Alpilles.
Il s'agit du troisième plus petit parc naturel
régional de France en superficie, peuplé
d’environ 42 000 habitants répartis sur 16
communes, depuis Tarascon à l’ouest jus-
qu’à Sénas à l’est.
Les pèlerins, qui parcouraient les sentiers et
pistes des Alpilles, ne virent que peu d’oi-
seaux car la pluie les rattrapa bientôt, qui fit
fleurir sur leurs épaules les capes et pèleri-
nes de toutes les couleurs, nouveau plu-
mage des pèlerins pas découragés par cette péri-
pétie météorologique.
Montant les côtes, longeant les crêtes et descen-
dant dans les vallons, ils eurent cependant le loisir
d’apercevoir dans le lointain les toits et le
clocher de Fontvieille, cher au cœur d’Al-
phonse Daudet, comme toute cette belle
contrée de Provence. Plus loin, Tarascon se
laissait deviner, mais les cheminées fuman-
tes ne laissaient point de doute sur leur
identité : l’usine de pâte à papier de Taras-
con-sur-Rhône. Oui, le Tarascon du fameux
Tartarin…
Après avoir longé des falaises percées d’abris sous roche qui n’attirent plus aujourd’hui
que les amateurs d’escalade (enfin, les jours de beau temps !) la troupe pèlerine rejoi-
gnit, par des chemins creux, le lieu de rendez-vous pour la pause déjeuner.
Notre prévoyant président Denis agrandit encore son velum, mais, heureusement, le ciel
eut pitié des convives et la pluie cessa peu à peu, permettant le partage des desserts, des
crêpes maison confectionnées par Bernadette, Monique et Martine, couronnées « reines
des crêpes » pour l’occasion. Le cidre fut débouché (avec quelques difficultés) par Guy,
pour accompagner les symboles de la Chandeleur, dégustés avec entrain par les convi-
ves.
Le retour conduisit les amis pèlerins vers le point d’origine de la balade, où un guide-
conférencier bénévole, M. BIROT, nous attendait pour une visite commentée de la chapelle.
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Celle-ci est voisine de tours de défense de la même période qui dressent
depuis près de 1 000 ans leurs fières murailles très bien conservées,
construites en un bel appareil de pierres à bossage sur lesquelles on peut
voir de nombreux signes lapidaires, tracés par les tailleurs de pierre.
Cette pierre d’une belle couleur blanc
crème est connue sous le nom de
pierre de Saint-Gabriel et ne venait
pas de bien loin, car, de part et d’au-
tre de la chapelle et des tours, s’ou-
vrent de larges et profondes excava-
tions, aujourd’hui envahies par la végétation.
Ce sont les traces des carrières d’où la pierre à bâtir fut extraite pendant des siè-
cles et transportée dans toute la région, et même bien au-delà, pour y élever des
bâtiments. Ce sont des blocs de cette pierre qui constituaient le chargement du
chaland romain découvert dans le Rhône à Arles, lors des fouilles archéologi-
ques récentes.
En effet, cette région située entre le Rhône et la Durance, et proche de la mer, fut
de tout temps un lieu de passage des hommes et aussi un lieu où ils s’établirent
très tôt : villages de l’âge du fer dont subsistent dans le sol la trace des trous de
poteaux supportant les huttes primitives.
Puis une ville romaine s’y éleva, du nom d’Erna-
ginum, mais qui peu à peu disparut, ainsi que la ville médiévale qui lui avait succé-
dé, car le sol fut creusé pour en extraire la pierre, et les vestiges disparurent…
Seuls subsistent des tunnels qui permettaient aux eaux captées en amont d’aller ali-
menter la ville d’Arles et aussi, dans la chapelle, un cippe romain, monument funé-
raire dédié à la mémoire d’un illustre et important personnage qui faisait profession
d’entrepreneur en transports fluviaux sur la Durance et le Rhône.
M. BIROT présenta l’extérieur de la chapelle. Puis, les pèlerins s’étant abrités à
l’intérieur, il leur en détailla la belle et sobre architecture typique du roman proven-
çal tardif.
Après un « Ultreïa » sous la conduite de Denis, « chef de chœur », la visite s’acheva
par une explication de M. BIROT qui détailla la façade de la chapelle, son arc de
plein cintre et son fronton triangulaire abritant des scènes bibliques : Adam et Eve
et le serpent, Daniel dans la fosse aux lions protégé par l’ange Gabriel et aidé du
prophète Habacuc, des scènes du Nouveau Testament avec l’Annonciation et la Vi-
sitation et, couronnant le tout, l’oculus remarquable par la perfection de sa sculpture et la disposition inhabituelle
des symboles de quatre évangélistes.
Alors le soleil sortit et ses rayons vinrent éclairer et colorer la façade de l’église Saint-Gabriel, tandis que fraîchis-
sait l’air du soir… Il était près de 17 heures.
La journée pèlerine s’achevait par des applaudissements adressés autant au remarquable conférencier qu’aux orga-
nisateurs de la balade, qui pouvaient légitiment être
fiers de cette belle journée.
Georges COLLINS
Les Reines des crêpes : Bernadette- Martine - Monique
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Avec plaisir, j'ai accepté de témoigner pour pro-
mouvoir le don d'organes et montrer que la greffe s'ins-
crit comme une réussite. C'est pour dire à tout le
monde :
" Positionnez-vous, regardez comme vous permettez à
des malades de vivre encore".
Seule une mort brutale peut donner lieu à une trans-
plantation, ce qui représente 1/1000 de tous les décès en France et 1/3 des familles refuse le prélèvement parce
qu'elles ne connaissent pas la volonté du défunt. Le prélèvement d'or-
ganes peut être réalisé uniquement s'il s'agit d'une mort encéphalique.
Deux électroencéphalogrammes sont pratiqués à 4 heures d'intervalle
par deux équipes médicales différentes. Ces électroencéphalogrammes
doivent montrer l'arrêt irrémédiable de toutes les activités cérébrales
(ne pas confondre avec le coma). La respiration et l'activité cardiaque
sont maintenues artificiellement pour permettre aux organes d'être irri-
gués et oxygénés.
Je suis transplantée rénale depuis bientôt 18 ans. C'est une date anni-
versaire que je fête chaque année avec émotion car, pour moi, j'ai eu
une chance inouïe de recevoir ce don de la vie généreux et inestimable.
Je souffrais d'une maladie génétique, j'ai eu recours aux séances de dialyse pendant 2 ans et à 15 en attendant la
greffe. La dialyse c'est une machine qui fait le travail du rein, mes séances étaient de 8 h tous les 2 jours sans trêve
de Noël, Pâques, jours fériés. C'est " un fil à la patte" : contraintes, répétitions, inconfort, mal être, régime hydrique
strict.
L’appel à la greffe est arrivé un matin à 4 h15. Tout s'est très bien passé, belle réussite, une fonction rénale proche
de la normale que l'on contrôle tous les mois et une fois par an hospitalisation d'une journée pour un bilan complet
et bien sûr les médicaments anti-rejet qu'il faut prendre de façon rigoureuse à heures régulières.
Il faut faire savoir que les transplantés ne vivotent pas, je fais du sport, natation, ski, danse, gym, athlétisme. J’ad-
hère à une association qui a pour but la réhabilitation du transplanté par le sport. Je participe aux Jeux mondiaux
des transplantés qui réunissent tous les deux ans quelque 75 nations, 1200 sportifs transplantés d'un organe vital.
On vit de grands moments d'émotion, on est tous là sachant que l'on a déjà gagné sur la maladie.
J'ai eu la chance d'être transplantée, OUI, mais je me donne les moyens de conserver ce cadeau inestimable par une
hygiène de vie, une alimentation saine et la rigueur du traitement car malheureusement je suis une dialysée poten-
tielle (la vie moyenne d'un greffon rénal est de 15 ans).
La médecine fait des progrès tous les jours. Espérons.
La transplantation améliore la qualité et l'espérance de vie. Le don d'organes, comme la greffe, peuvent concerner
chacun d'entre nous, sans distinction d'âge, de religion, de condition sociale.
La carte de donneur constitue une trace de votre position mais elle n'a aucune valeur légale. Les équipes médicales
doivent obligatoirement consulter vos proches et la carte peut faciliter le dialogue avec les proches avant d'envisa-
ger tout prélèvement.
Je rends hommage aux donneurs et familles de donneurs, qui, dans l’épreuve, n'hésitent pas à dépasser leur chagrin
en faisant qu'une vie perdue en sauve une autre.
J'aime à dire un grand MERCI à mon donneur pour qui je
n'étais RIEN mais à qui je dois TOUT.
Marie-Jo Ardevol
Je donne Tu donnes Il donne Nous donnons Vous donnez Ils Vivent
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Quand l’Association Provençale des Pèlerins de
Compostelle participe à l’exposition Via Alta.
Exposition du 9 au 22 février Maison de la Région à
Marseille.
Un parcours entre Rome et Compostelle.
Cette exposition très complète nous parle des pèlerins
et des touristes, enrichie par la mise à disposition de
plaquettes, et nous donne des infos sur les produits du terroir et même la carte des bistrots de pays.
Nombreux détails également des sites "culture" sur les itinéraires de l’Europe.
Via Alta a regroupé de
nombreux lieux d’excep-
tion jalonnés au fil des
siècles par l’histoire. Via
Alta est un vecteur de loi-
sirs et de spiritualité.
Aussi une invitation à la
halte.
Une conférence d’Olivier
Lemire, écrivain voya-
geur, journaliste-
photographe et surtout
"Celui qui marche".
Il est venu nous parler de son dernier parcours en notre belle France de village en village dont les noms
ont inspiré sa gourmandise de rencontres avec les habitants de nos campagnes.
Merci à la Maison de la Région à Marseille de l’avoir reçu et merci Olivier pour ta simplicité commu-
nicative.
BEA
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Le Mont-Saint-Michel a pour ancien nom "Le mont tombe". On cherche toujours à authentifier le nom de cette masse de granit. Il faut aller jusqu’en Italie pour obtenir quelques reliques de saint Michel ; sur le chemin du retour desdites reliques une dame aveugle recouvre la vue dans un village que l’on nomme Beauvoir. Au Mont, les marées sont les plus dangereuses du monde ; Victor Hugo dit que la mer monte à la vitesse d’un cheval au galop ; on disait aussi : "Si tu vas au Mont, fais ton testament". Les Miquelots aiment profondément leur Mont et cela de tout temps ; d’ailleurs, l’arrivée au Mont se nomme Chemin du Paradis. L'abbaye romane abrite de nos jours une communauté qui perpétue l’accueil des pèle-rins toujours plus nombreux ; ils montent le long esca-lier et découvrent la MERVEILLE. Notre-Dame-sous-Terre, puis le cloître, le Réfectoire des moines et enfin le Scriptorium. Notre-Dame-sous-Terre est une construction carolingienne du 10e siècle ; c’est la partie la plus ancienne du Mont ; elle se situe sous la nef de l’abbatiale ; cette petite chapelle mesure 18 m de long et 8 m de large ; au début elle est construite à l’air libre. Le Mont-Saint-Michel est un lieu de sortilèges au centre d’un paysage lunaire. Les moines et les moniales, en 2015, découvrent encore des livres que les copistes ont précieusement pré-servés. Lors de votre visite de la merveille, vous admirerez la lu-minosité exceptionnelle du réfectoire des moines et mo-niales dont le souhait était "toujours plus près du ciel". La relation cosmique air-eau-terre est le fil essentiel de toute construction. La pratique de la peinture d’icônes se perpétue, pour le plus grand bonheur des pèlerins qui peuvent emporter ce souvenir toujours unique de leur venue à la découverte de la Merveille. Et n’oublions pas les habitants particuliers du Mont : les moutons des prés salés, un millier environ, avec, en per-manence, un seul éleveur, Yannick. A la tombée de la nuit, la magie reprend ses droits ; quel
féerique spectacle quand le soleil et la mer se confondent ; si vous le pouvez, restez le soir pour admirer et pleurer sans doute d’émotion devant ce cadeau de la nature. Votre Pèlerine, qui voudrait vous donner envie de parcourir très longtemps le Mont-Saint-Michel, dit, à juste titre, La Merveille. A vos lectures : trop d’ouvrages sur le Mont, mais un plus pourtant à décou-vrir : La fée des grèves, roman historique de Paul Féval paru en 1850 ; l’histoire se déroule en 1450. Paul Féval, de son vrai nom Paul Henry Corentin Féval, 1816-1887.
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éa L’Œil et la Plume
Un soir d’hiver, une mère et son enfant cheminent avec peine sur le sable des dunes. A cette époque, Saint-Michel-en-grève souffrait des fureurs des tempêtes et en cette nuit de Noël seule la plainte des moutons troublait les bruits de la mer. La mer qui ne se repose jamais. Cette nuit, après avoir contourné le cimetière où les croix penchées sous l’effet du vent ajoutent au sen-timent de solitude pour Hervé et sa maman, ils arrivent à l’église et les voilà tous les deux sous la nef qui sent la pierre humide, l’encens et la cire. Ils s’approchent de la crèche où la lumière des bougies fait sortir de l’ombre les détails des statues. L’enfant a les yeux cachés par un lourd bandeau ; il est effrayé par le silence du lieu et il se blottit craintif contre sa maman. Une mère c’est si rassurant. "Maman, qu'y a-t-il dans cette Eglise ?" Après de nom-breuses descriptions, d’autres questions… "Maman, étais-tu heureuse quand je suis né ? Oui, tu me l’as dit souvent…" "Maman, comme tu dois être malheureuse depuis que je suis devenu aveugle…" Cette mère, que les paroles atteignent au plus profond de son cœur, ne répond pas ; elle fait asseoir son enfant et lui dit : "Mon fils, je sors quelques instants". Resté seul, l’enfant tourne son visage vers la crèche qu’il ne peut voir, puis, recroquevillé et somnolent sur sa chaise, il RÊVE. Dans son rêve, la petite église de Saint-Michel-en-grève est baignée de lumière d’une douceur infinie. Le temps s’écoule, mais ce soir, dans cette petite église, l’enfant s’éveille et enlève le bandeau qui cou-vre ses yeux. La porte grince, quelqu'un entre et hésite un moment sur le seuil. Hervé aperçoit sa mère et son beau visage auréolé de cheveux blonds. "Maman comme tu es belle !" Et il raconte son rêve merveilleux et surtout le moment ineffable où il a recouvré la vue. Jean Urvoy (1899-1989) compte parmi les grands auteurs du XXe siècle. Il fut instituteur et professeur au collège de Dinan. Il est l’auteur du miracle de ce conte de Noël, Le miracle à Saint-Michel-en-grève.
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CAFÉS JACQUAIRES
Ces renseignements sont donnés à titre indicatif. Demander confir-mation à : Béa - 06 18 72 29 59
13 avril - Marcel Benimeli L’archéologie sous-marine 18 mai - Attention changement de date - Michel Montardy Le Roi Arthur et la légende Arthurienne 8 juin - Certainement au centre espagnol de Marseille - Nando - L’homme musique du monde
BALADES PÈLERINES
RENCONTRE À THÈME A AIX-EN-PROVENCE
3e jeudi de chaque mois. Tous les autres jeudis,
permanence de 16 h 00 à 18 h 00 LA MAISON DE L’ESPAGNE
7ter, rue Mignet 13100 AIX-en-PROVENCE
Tél : 06 86 36 94 35
Réunions mensuelles à 18 h à la Maison de Saint-Jacques
34 rue du Refuge 13002 MARSEILLE Tél : 06 86 36 94 35
2e lundi de chaque mois
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Ces renseignements sont donnés à titre indicatif. Demander confirmation à : Jean-Louis - 06 87 50 87 49 Guy - 06 52 26 53 40
18 avril - Balade pèlerine inter association - La Batarelle - sur la voie Phocéenne
23 mai - Attention changement de date - Sur le Chemin à Maussane les Alpilles
13 juin - Dans les collines du Luberon à Lauris
Tout voyageur se munit, en prévision d’une longue route, de bagages et de provisions. Mais au cours du voyage, il devra – contraint par les événements ou par le libre choix – se délester de fardeaux trop lourds, de nourritures non profita-bles, tels le poids du passé, les conditionnements familiaux et sociaux, les préjugés, les fausses valeurs, les enseignements douteux, mais aussi les remords, les fautes, la culpabilité qui emprisonnent et empêchent d’avancer. Il deviendra alors conscient des bagages invisibles et des nourritures intérieures qui lui permettent de continuer et de progresser et que représentent à la fois l ’enseignement transmis et les grâces reçues Jacqueline Kelen - Passage de la Fée - La légende de Mélusine - DDB
Association Provençale des Pèlerins de Compostelle MAISON de SAINT-JACQUES, 34 rue du Refuge
13002 MARSEILLE Tél : 06 86 36 94 35 e-mail : [email protected]
http://www.marseille-arles-compostelle.com/index.htm Exprimez-vous, ce bulletin vous est ouvert. Transmettez-nous vos articles, photos, impressions.
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