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PANORAMA DE PRESSE
21/04/2020 08h20
Préfecture de Paris
Panorama réalisé avec Tagaday
SOMMAIRE
PRÉFECTURE(2 articles)
lundi 20 avril 2020 Page 6
lundi 20 au dimanche26 avril 2020
Page 8
TRANSPORTS - MOBILITÉ(2 articles)
mardi 21 avril 2020
Page 10
mardi 21 avril 2020 Page 11
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE - URBANISME(1 article)
mardi 21 avril 2020Page 13
Ile-de-France mobilités fixe un cadre pour la reprise destransports (683 mots)
Un conseil d'administration exceptionnel d'Ile-de-France mobilités, le 17 avril2020, a permis d'évoquer…
Page 6 Métro, bus, RER / 11 Mai : Sans garanties, pas dedéconfinement" (174 mots)
Les deux administrateurs (PCF) d'Ile-de-France Mobilités, Jacques Baudrier,conseiller de Paris et Pierre Garzon, vice-prés…
Et si on rouvrait les berges des canaux aux vélos ? (306 mots)
Par Stéphane Corby (avec S.C.) La missive est partie hier, direction le bureau dupréfet de Seine-Sa…
Les chibanis dans la détresse, hors des radars (565 mots)
Des milliers d’anciens travailleurs immigrés végètent dans des foyers. La crisesanitaire aggrave leurs conditions de vie.…
La reprise d'activité des chantiers de BTP s'amorce (764 mots)
Lentement, la reprise des travaux publics s'organise. Les préfets avaient jusqu'au16 avril pour réunir les parties prenantes dans …
CORONAVIRUS(5 articles)
mardi 21 avril 2020
Page 16
mardi 21 avril 2020Page 17
mardi 21 avril 2020 Page 19
mardi 21 avril 2020
Page 20
mardi 21 avril 2020Page 21
SÉCURITÉ(1 article)
mardi 21 avril 2020 Page 24
JUSTICE(1 article)
mardi 21 avril 2020
Page 27
« C’est une hécatombe qu’on cache aux familles » (548 mots)
Par Émilie Torgemen « Ma mère est encore en vie, mais pour combien de temps…Je veux juste lui dire …
Des traces du virus dans l’eau non potable : les 10 questionsqui se posent (947 mots)
paris Transparence et principe de précaution. Dimanche après-midi, la Ville deParis a révélé, dans un communiqué…
La réserve sanitaire contournée par des milliers de soignants(961 mots)
« DES RATÉS ? Quels ratés ? Il n'y a pas eu de ratés », s'indigne CatherineLemorton, responsable de la réserve sanitaire a…
A l’hôpital, vague de fatigue et vague à l’âme (485 mots)
Jean-Paul Mari suit au jour le jour le combat d’une équipe médicale dans unhôpital d’Ile-de-France. …
A Paris, une clinique MSF mobile pour les exclus du systèmede santé (779 mots)
«Y a un médecin ici ?» Le jeune homme fait piler son vélo, son sac réfrigéré bleude livreur tressautant dans le dos. «Je s…
Au sein des forces de l'ordre, le port du masque est ressenticomme un impératif (873 mots)
AU SEIN des forces de l'ordre, la question du port du masque ressemble fort àl'histoire du sparadrap du Capitaine Haddock.…
« Je ne veux pas mourir en prison » (719 mots)
villepinte | 93 Par Nathalie Revenu Depuis un mois, 250 détenus ont bénéficié de…
POLITIQUE(2 articles)
mardi 21 avril 2020Page 30
mardi 21 avril 2020Page 32
« Il faut que l’Etat soit clair, qu’on n’ait pas ordre etcontrordre ! » (699 mots)
propos recueillis Par Henri Vernet L’ancien ministre du Budget, en retrait de lavie politique natio…
Municipales : les masques, objets de propagande électorale(542 mots)
Par Aurélie Foulon En pleine crise sanitaire, l’initiative est largement relayée : larégion Ile-de-…
PRÉFECTURE
5
Ile-de-France mobilités fixe un cadre pour la reprise des transportsUn conseil d'administration exceptionnel d'Ile-de-France mobilités, le 17 avril 2020, a permisd'évoquer les conditions de la reprise des transports au moment du déconfinement. Pour leschantiers, c'est le grand flou.
N° 111lundi 20 avril 2020
Pages 2-3
683 mots - 3 min
Navigo remboursé jusqu'au 10 mai et
demande de fourniture de masques
pour les usagers des transports au-
delà de cette date. Le cap du 11 mai
fixé par le président de la République
pour le début éventuel du déconfine-
ment a été abordé concrètement par
les élus franciliens lors du conseil
d'administration d'Ile-de-France mo-
bilités – en visioconférence – du 17
avril.
Valérie Pécresse va demander l'audi-tion du préfet de région et des opéra-teurs sur la reprise de l'activité. © JGP
Si les conditions de la reprise sont
partagées dans les grandes lignes, les
élus socialistes et communistes se
sont montrés plus sceptiques que la
présidente de la Région sur l'effecti-
vité de cette date. Au-delà de cette
divergence, une majorité s'est déga-
gée pour demander que le redémar-
rage ne soit décidé que si l'Etat est en
mesure de fournir des masques à tous
les usagers des transports.
Le plan de déconfinement devra éga-
lement prévoir le maintien du re-
cours au télétravail et une offre de
transport de la part des opérateurs
au maximum des capacités, assortie
d'un plan spécifique de désinfection
des matériels roulants. L'opposition
a obtenu dans cette perspective l'or-
ganisation d'auditions du préfet de
région Michel Cadot et des opéra-
teurs pour évoquer cette reprise.
La reprise des chantiers
dans le flou
S'agissant des chantiers – dossier pi-
loté par le préfet de région avec les
acteurs locaux - , plusieurs élus ont
interpellé Valérie Pécresse sur leur
redémarrage. Celle-ci a écrit au gou-
vernement pour obtenir des informa-
tions à ce sujet, notamment pour
connaître le calendrier et les priori-
tés. La présidente d'IDF mobilités
privilégie les travaux des RER, diffé-
rentes voix s'étant élevées contre une
éventuelle urgence décrétée au ni-
veau ministériel pour le CDG express.
« Nous sommes pour une reprise des
chantiers dès lors que les conditions
de sécurité son assurées », observe
Dominique Barjou, administratrice
socialiste d'IDF mobilités. Pour les
communistes, si le déconfinement
doit intervenir dans un mois, il est
plus prudent d'attendre plutôt que de
mettre en danger les ouvriers.
Eole redémarre
Le secrétariat au Transport signalait
toutefois au Journal du Grand Paris le
9 avril que « les plus urgents ont dé-
jà repris : c'est le cas par exemple du
chantier du talus de Sèvres, dont l'ef-
fondrement impacte les lignes L et U
du Transilien et dont les travaux ont
repris dès la fin du mois de mars ».
« En revanche, les chantiers les plus
complexes, et notamment les chan-
tiers souterrains du Grand Paris ex-
press, nécessiteront davantage de
temps pour redémarrer », ajoutait le
ministère.
« Depuis le 14 avril, nous reprenons
progressivement certains chantiers
de génie civil sur la nouvelle infra-
structure (à Porte Maillot, Courbe-
voie et La Défense), signale de son
côté la SNCF à propos du prolonge-
ment du RER E (Eole). Les premiers
jours sont centrés autour du net-
toyage et de l'adaptation des installa-
tions de chantier, de toute l'organisa-
tion de la mise en place des mesures
sanitaires et le respect des gestes
barrière dont le cadre est défini par le
guide de l'OPPBTP. Ceci afin de per-
mettre une reprise en toute sécurité
sanitaire. » Les compagnons sont
pour l'instant en nombre restreint
afin d'assurer une « montée en
charge progressive ».
Un milliard d'euros de
perte
Un vœu a également été adopté le 17
avril pour demander à l'Etat de com-
penser la perte subie par l'autorité
organisatrice des transports franci-
liens, évaluée à un milliard d'euros.
Valérie Pécresse a ainsi été mandatée
par le conseil d'administration pour
négocier avec le gouvernement sur ce
point. « Les usagers ne pourront
payer les conséquences du confine-
ment », estime-t-elle.
D'autres mesures d'urgence ont éga-
lement été actées concernant le pro-
↑ 6
longement de la location des Véligo
et le prêt de ces vélos à assistance
électrique aux soignants durant la
période de confinement. Un prochain
conseil d'administration doit se tenir
début mai afin de préparer l'éven-
tuelle reprise… ou prolonger les me-
sures temporaires liées à la crise. ■
Tous droits réservés 2020 Le Journal du Grand Paris -Newsletter
ea76e59c6ee0b60f229d1537590611f748a5f72e25f42be4fc64330↑ 7
Page 6 Métro, bus, RER / 11 Mai : Sans garanties, pas de déconfinement"
N° 2720lundi 20 au dimanche 26 avril 2020
Page 1
174 mots - 1 min
L es deux administrateurs (PCF)
d'Ile-de-France Mobilités,
Jacques Baudrier, conseiller de Paris
et Pierre Garzon, vice-président du
CD 94, ont déposé un vœu deman-
dant que «l'Etat s'engage à mettre à
disposition de tous les usagers des
transports franciliens des masques
chirurgicaux et du gel en nombre très
important (plusieurs millions par
jour)» Ils ont rappelé que «si ses en-
gagements n'étaient pas tenus à
l'échéance du 11 mai, nous appelle-
rions à un report du déconfinement»
MM. Baudrier et Garzon regrettent
que la présidente d'IdF Mobilités, Va-
lérie Pécresse, ne soit limitée «à de-
mander à l'Etat des masques, sans
préciser leur nature, et sans en faire
une condition impérative du décon-
finement» . Selon M. Garzon, «nous
avons obtenu qu'une nouvelle
réunion soit organisée avant le 11
mai afin d'examiner les conditions du
déconfinement. Nous demandons
que le préfet de la région d'Ile-de-
France soit auditionné lors d'un
conseil d'administration extraordi-
naire avant le 11 mai. Si nous n'avons
pas les garanties, nous nous oppose-
rons au déconfinement" ■
Tous droits réservés 2020 Première Heure
4077153c6e30a00b02a81be7d40d91c24525d328a562286d11b1f3a
Parution : Hebdomadaire
↑ 8
TRANSPORTS - MOBILITÉ
↑ 9
SEINE-SAINT-DENIS
Et si on rouvrait les berges des canaux aux vélos ?
Le collectif Vélo IDF demande au préfet de Seine-Saint-Denis de lever son interdiction.
mardi 21 avril 2020Édition(s) : Oise, Seine-et-Marne, Essonne, Yvelines, Val de Marne…
Page 40
306 mots - 1 min
TRANSPORTS—TRANSPORTS
P ar Stéphane Corby (avec S.C.)
La missive est partie hier, direction le
bureau du préfet de Seine-Saint-De-
nis. Dans un courrier adressé à M. Le-
clerc, le collectif Vélo IDF demande
la levée de l’interdiction de fréquen-
ter les berges des canaux passant en
Seine-Saint-Denis. « D'un côté, l'Etat
dit vouloir lever des obstacles à la
pratique du vélo, et de l'autre cer-
tains préfets ferment des axes essen-
tiels pour ceux qui se déplacent à vé-
lo », résume Stein van Oosterein, le
porte-parole du collectif.
Si les partisans du deux-roues com-
prennent la mesure, renouvelée par
arrêté le 15 avril pour limiter les ras-
semblements et donc la propagation
du Covid-19, ils précisent qu’elle «
pénalise fortement les soignants et
autres professionnels mobilisés qui
se déplacent aujourd’hui à vélo afin
d’éviter les transports en commun,
où le risque de contamination est
particulièrement élevé. » Le collectif
assure aussi que les canaux de
l’Ourcq et de Saint-Denis seront en-
core plus empruntés à l’issue du
confinement annoncé pour le 11
mai.
Eviter les transports en
commun
L’écologiste Pierre Serne, ex-vice-
président aux transports de la région
Ile-de-France, s’est d’ailleurs vu
confier par le gouvernement une
mission destinée à favoriser les dé-
placements à vélo lors du futur dé-
confinement. « Les habitants de
Seine-Saint-Denis se détourneront
massivement des transports en com-
mun par crainte de la promiscuité, au
profit notamment du vélo », assure le
collectif, tout en rappelant qu’il tra-
vaille actuellement en collaboration
avec les collectivités franciliennes
à l’identification et à l’équipement
temporaire des axes qui pourront ac-
cueillir tous ces nouveaux cyclistes à
la sortie du confinement dans des
conditions sanitaires et de sécurité
satisfaisante.
Pour appuyer son propos, le collectif
cite le préfet de Haute-Garonne qui a
décidé la réouverture des voies vertes
et canaux de son département pour
permettre aux cyclistes de se rendre
au travail. ■
Tous droits réservés Le Parisien 2020
f076754265d09d0772831f875706919540654b29f5d6279cc5dc6db
Parution : Quotidienne
Diffusion : 186 556 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV2018-2019
Audience : 1 507 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2017↑ 10
Les chibanis dans la détresse, hors des radarsDes milliers d’anciens travailleurs immigrés végètent dans des foyers. La crise sanitaire aggraveleurs conditions de vie.
mardi 21 avril 2020Page 14
565 mots - 2 min
SOCIÉTÉ
Il faut aller les chercher dans des
recoins de l’actualité… Sauf excep-
tion, les chibanis, ces anciens tra-
vailleurs étrangers qui attendent de
solder une vie d’exil dans la peine,
n’alimentent pas la chronique. Âgés,
atteints le plus souvent d’affections
chroniques, ils survivent en céliba-
taire avec de modestes pensions de
retraite dans des « foyers » de mi-
grants ou, pour les plus chanceux
d’entre eux, dans ces mêmes habitats
rénovés dénommés « résidences so-
ciales ». Ils seraient environ 110 000
à travers toute la France, dont une
partie est accueillie dans 168 foyers.
En Seine-Saint-Denis (35 établisse-
ments), les élus communistes et ap-
parentés (Stéphane Peu, Patrice Bes-
sac et Patrick Braouezec) interpellent
le préfet au sujet de la situation des
chibanis en ces temps de crise sani-
taire.
étendre les mêmes
mesures des Ehpad aux
foyers de migrants
En théorie, l’administration garde
donc un œil sur leur sort. Une circu-
laire datée du 20 avril« met les points
sur les “i” et rappelle aux gestion-
naires certaines de leurs obliga-
tions »,signalent les acteurs associa-
tifs qui diffusent ce texte. Maintien
des prestations d’entretien et de net-
toyage, attribution de masques, ren-
forcement des équipes mobiles de
l’agence régionale de santé… le dis-
positif est supposé être au point pour
protéger les chibanis des foudres du
Covid-19.
Mais, dans la réalité, rien n’est moins
sûr.« L’entretien des parties com-
munes n’est quasiment plus assuré
nulle part, les gestionnaires sont in-
visibles, craignant la contagion, ils
s’enferment dans leur bureau, le per-
sonnel se fait rare, quant aux
masques et gel, ce n’est que de belles
intentions, rien de cela n’est dispo-
nible », décrit Ali El Baz, membre du
Gisti, en contact régulier avec les dé-
légués de foyers.
« On parle beaucoup des Ehpad et
c’est tant mieux, mais il faut aussi
étendre les mêmes mesures aux
foyers de migrants »,commente-t-il.
Miloud, délégué du foyer des Gré-
sillons, à Gennevilliers est, quant à
lui, constamment sur le qui-
vive.« Plusieurs pensionnaires
souffrent de maladies chroniques,
mais nous sommes dépourvus de
masques et même de gel. Les retrai-
tés respectent le confinement, même
si ce n’est pas une vie ici », raconte-
t-il.« Les agents d’Adoma(gestion-
naires – NDLR)passent coller des af-
fiches, sans plus, mais ils n’oublie-
ront pas les loyers, à qui par-
ler ? »s’interroge-t-il.
« On a appris qu’ils se réunissent au
sujet des tests, mais, à part ça, c’est le
brouillard total », ajoute Miloud. Le
délégué est aussi inquiet pour
les« occupants sans titre »,confinés
dans le confinement« et qui n’osent
pas se montrer pour se soigner ».
Angoisse, précarité,
repli sur soi... un
concentré de mal-vie
Les rendez-vous solidaires procurent
enfin un soulagement, et pas des
moindres.« Des jeunes passent régu-
lièrement distribuer des provisions,
c’est formidable ! »La crise sani-
taire« aggrave et accélère le risque de
dégradation de ces personnes
âgées »,explique, pour sa part, Maïa
Lecoin, directrice de l’association
Ayyem-Zamen, qui tient« deux cafés
sociaux », dont un dans le quartier
parisien de Belleville. En lien avec
plus de 800 adhérents, occupants ou
non de foyers, l’organisme entretient
une écoute téléphonique quoti-
dienne. Détresse, angoisse, repli sur
soi, précarité, peur de la rupture des
droits… le lien ainsi construit est un
concentré de mal-vie. Combien de
chibanis sont infectés au Covid-19 ?
Combien en sont-ils morts ? Difficile
pour l’instant de dresser un quel-
conque bilan, aucune administration
n’en publie. Une chose est sûre, phy-
siquement vulnérables, mal-logés et
isolés, ils peuvent mourir à petit feu,
hors des radars. ■
par Nadjib Touaibia ,
Tous droits réservés Humanité Quotidien 2020
437215f86b502b0092e11857ea0961ba47652d2f1572255565ba122
Parution : Quotidienne
Diffusion : 33 858 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH2018-2019
Audience : 363 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2017↑ 11
AMÉNAGEMENT DUTERRITOIRE - URBANISME
↑ 12
La reprise d'activité des chantiers de BTP s'amorceLe secteur du BTP connaît un frémissement et devrait redémarrer cette semaine, au moins côtétravaux publics. Reste à régler la question du surcoût des chantiers qu'impliquent les gestes bar-rières.
N° 23184mardi 21 avril 2020
Page 17
764 mots - 3 min
ENTREPRISES—CORONAVIRUS
L entement, la reprise des travaux
publics s'organise. Les préfets
avaient jusqu'au 16 avril pour réunir
les parties prenantes dans leur dé-
partement afin de coordonner l'effort
de redémarrage. « Il y a un frémisse-
ment, estime Antoine Metzger, pré-
sident du groupe de travaux publics
NGE (12.400 salariés). Le 15 avril, le
redémarrage ne concernait encore
que 61 de nos 2.000 chantiers, mais
80 autres doivent redémarrer la se-
maine du 20 avril. » Travaux publics
et bâtiment confondus, chez Eiffage «
les premiers redémarrages datent d'il
y a quinze jours, explique son PDG,
Benoit de Ruffray. La semaine der-
nière, chaque entité du groupe a re-
démarré un chantier pilote pour tes-
ter les procédures, cette semaine ce
sera plus large. La reprise va être pro-
gressive. » Les travaux reprennent
notamment sur le grand chantier
francilien de prolongation de la ligne
Eole, porte Maillot et sous le Cnit de
La Défense.
Surcoût variable
La Fédération nationale des travaux
publics (FNTP) confirme la tendance
: « La part d'entreprises en arrêt total
est passée de 80 % le 26 mars à 70 %
au 10 avril », observe son président,
Bruno Cavagné. Plus révélateur en-
core, « les entreprises anticipent une
reprise assez rapide », poursuit-il. Si
elles pensent réaliser en avril 25 % de
leur chiffre d'affaires normal (contre
50 % en mars), leurs projections
montent à 54 % pour mai et 78 %
pour juin.
Restent les obstacles au dégel. Il est
plus compliqué de gérer la distance
dans un bâtiment que sur un chantier
routier et les gestes barrières im-
pliquent un surcoût car ils font
perdre en productivité. Le surcoût
varie selon les chantiers et les mé-
tiers et il est encore trop tôt pour le
chiffrer et si le client ne veut pas l'as-
sumer, « ça peut ne pas redémarrer,
car vu la faible marge des travaux pu-
blics - 2,5 % quand tout se passe bien
- beaucoup de PME ne peuvent pas
prendre le surcoût en charge », ré-
sume Bruno Cavagné. Et si le client
appelle à reprendre le chantier tout
en refusant de pendre en charge le
surcoût, l'entreprise de travaux peut-
elle refuser le redémarrage et rester
malgré tout éligible au chômage par-
tiel ?
Concertation
interministérielle
Réussir à gérer ce surcoût devient la
question centrale. Le ministre de la
Ville, Julien Denormandie, s'y était
attelé le premier mais vu l'ampleur
du problème que pose cette perte de
productivité due aux gestes barrières
(pas seulement pour le BTP) désor-
mais tous les ministères inter-
viennent, de Bercy au ministère du
Travail. Une concertation interminis-
térielle avec, outre le BTP, des or-
ganes de représentation comme la
confédération des petites et
moyennes entreprises est prévue ce
mardi sur les obstacles au redémar-
rage, en premier lieu, ce fameux sur-
coût. « Certains grands clients se sont
attachés à gérer le problème, comme
SNCF Réseaux qui nous a ainsi per-
mis de redémarrer très vite des chan-
tiers urgents », salue Antoine Metz-
ger.
Les entreprises réfléchissent à la
suite. Le chiffre d'affaires de NGE est
passé l'an dernier de 2 à 2,5 milliards
d'euros et son carnet de commandes
a triplé en quatre ans. « Fin 2019,
nous avions 4,2 milliards d'euros en
carnet de commandes. L'enjeu est de
s'organiser pour réaliser les travaux
malgré le coronavirus », observe son
président. Sa taille et sa bonne année
2019 donnent à NGE une relative sé-
rénité, mais les PME sont en moins
bonne posture. « Quand ça va repar-
tir, comment feront les PME pour
payer les charges vu la faiblesse des
marges dans les travaux publics ?
s'inquiète Bruno Cavagné. Beaucoup
vont être en grande difficulté et la
FNTP va demander que le report des
charges fiscales et sociales se trans-
forme en annulation. »
Aujourd'hui, les entreprises sont
censées payer les charges reportées
en juillet, sans échelonnement. Au
1er juillet doit aussi commencer la
fin progressive de la défiscalisation
du gazole non routier (GNR) pour les
engins de chantier du BTP. « De
juillet à décembre cela renchérira les
coûts du secteur des travaux publics
↑ 13
de 160 millions, puis de 520 millions
en 2021, alerte Bruno Cavagné. Cela
se rajoute aux surcoûts du redémar-
rage et ne sera pas tenable, il faut re-
porter cette mesure fiscale ». ■par Myriam Chauvot
Tous droits réservés Les Echos 2020
857B756A6350F90952811FA7C80421B14315A22C354624D3FB4CCEB
Parution : Quotidienne
Diffusion : 129 758 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV2018-2019
Audience : 693 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2017↑ 14
CORONAVIRUS
↑ 15
« C’est une hécatombe qu’on cache aux familles »
Ehpad La fille d’une résidente d’un établissement parisien a porté plainte hier pour « miseen danger de la vie d’autrui ». La direction reconnaît 14 décès mais nie toute erreur.
mardi 21 avril 2020Édition(s) : Edition Principale, Paris, Oise, Seine-et-Marne, Yvelines…
Page 9
548 mots - 2 min
_SOCIÉTÉ—SOCIETE
P ar Émilie Torgemen
« Ma mère est encore en vie, mais
pour combien de temps… Je veux
juste lui dire adieu. » C’est le cri dé-
chirant de Marie-Sophie Boulanger
dont la mère, Anne-Marie, 87 ans, vit
en Ehpad. Des établissements frap-
pés de plein fouet par l’épidémie de
Covid-19. Dans certains, comme à
Mars-la-Tour (Meurthe-et-Moselle),
près de la moitié des résidents sont
ainsi vraisemblablement décédés du
Covid-19 en deux semaines.
Après avoir alerté l’agence régionale
de santé, Marie-Sophie a déposé
plainte hier avec sa sœur et sa tante
pour « mise en danger de la vie d’au-
trui » contre les Parentèles de la rue
Blanche (Paris IX e). Elle estime que
cet établissement privé a été dé-
faillant. Leur avocat, M e Serge Per-
ez, insiste : « Nous apportons des
éléments tangibles laissant supposer
une absence de moyens, amenant à
un danger manifeste. »
Règne de l’« omerta » ?
« C’est une hécatombe qu’on cache
aux familles, la direction ne donne
pas le nombre de disparitions, aucun
des parents ayant perdu un proche
depuis début mars ne sait de quoi il
est décédé », gronde Marie-Sophie.
« Sur 65 résidents début mars, 20
sont morts, accuse-t-elle. Jusqu’au
10 avril, la direction n’annonçait of-
ficiellement que 3 Covid-19. Chaque
famille concernée pensait que son
mort était l’un de ces trois cas. »
La directrice de l’institution, que
nous avons contactée et qui nous a
répondu dans un long mail, reconnaît
le décès de « 14 résidents atteints du
Covid-19 ou présentant des symp-
tômes ».
La famille d’Anne-Marie estime que
« l’omerta » règne. « Je dois me battre
pour parler à ma mère ou aux soi-
gnants des étages, indique Marie-So-
phie. Seul le cadre qui ne connaît pas
nos proches est autorisé à communi-
quer. » Ce que dément la direction :
« Afin de maintenir le lien, nous
avons mis en place des cessions
Skype, des entretiens téléphoniques
ou encore l’envoi par les familles de
vidéos. » « Depuis les prémices de
l’épidémie, toutes les mesures sani-
taires ont été installées dans l’unique
but de protéger les résidents de l’épi-
démie. Nous respectons scrupuleuse-
ment les directives du ministère de la
Santé », indique encore la directrice.
Une affirmation qui fait bondir Lydie,
l’infirmière coordinatrice qui tra-
vaillait dans le centre de la rue
Blanche et qui a démissionné le
10 mars « au nom de l’éthique ». Le
récit qu’elle fait de son dernier jour
dans la structure est édifiant.
« Ne pas créer de vent de
panique »
Elle constate des symptômes compa-
tibles avec le Covid-19 chez plusieurs
personnes dans des chambres voi-
sines, elle isole donc l’étage suivant
les recommandations des autorités.
« Le médecin coordinateur et la di-
rectrice ont décidé de lever cette dé-
cision pour ne pas créer de vent de
panique, explique Lydie, pour qui la
décision est particulièrement irres-
ponsable dans ce centre où des rési-
dents souffrant d’Alzheimer « déam-
bulent » et risquent de transporter le
virus.
Selon elle, « ne pas inquiéter » a été
l’obsession de la direction. « Les col-
lègues qui se sentaient patraques et
qui portaient de simples masques en
tissu par souci de protéger les rési-
dents étaient forcés d’enlever cette
mince protection pour « ne pas affo-
ler », rapporte Lydie.
Marie-Sophie Boulanger, de son côté,
espère que sa plainte permettra
« pour ceux qui ont perdu un proche
de pouvoir faire leur deuil et d’obte-
nir enfin les réponses que leur doit
l’établissement, et pour ceux qui ont
un parent encore en vie de pouvoir au
moins l’accompagner ».■
Les Parentèles de la rue Blanche (ParisIXe), hier. La direction de l’établissementassure que « toutes les mesures sanitairesont été installées pour protéger les rési-
dents de l’épidémie ».
Tous droits réservés Le Parisien 2020
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Des traces du virus dans l’eau non potable : les 10 questions qui se posent
La présence du Covid-19 dans l’eau puisée dans la Seine et dans le canal de l’Ourcq est, selonl’agence régionale de santé, sans danger. Pour autant, son usage a été stoppé.
mardi 21 avril 2020Édition(s) : Oise, Seine-et-Marne, Essonne, Yvelines, Val de Marne…
Page 33
947 mots - 4 min
L'ACTU—PARIS
P aris
Transparence et principe de précau-
tion. Dimanche après-midi, la Ville
de Paris a révélé, dans un commu-
niqué, la présence « en quantité in-
fime » de traces du Covid-19 dans
son réseau d’eau non potable. Cette
eau est essentiellement utilisée pour
le nettoyage des rues.
Le réseau d’eau potable, quant à lui,
est totalement indépendant et
contrôlé en permanence. Il alimente
aussi bien les robinets des particu-
liers que les fontaines à boire pu-
bliques. Cette eau potable est sou-
mise à des traitements dits « multi-
barrières », qui permettent d’élimi-
ner toute trace de pollution, et no-
tamment de tout virus. Donc aucun
danger pour les buveurs d’eau, ras-
sure la Ville.
A la suite des résultats fournis par
le laboratoire d’Eau de Paris (l’opéra-
teur public en charge de la produc-
tion et distribution d’eau dans la ca-
pitale), la Ville a immédiatement sai-
si l’agence régionale de santé (ARS)
pour qu’elle analyse les risques éven-
tuels présentés par ces traces du vi-
rus dans l’eau non potable, dont
l’usage a tout de suite été interrom-
pu. Pour autant, de nombreuses
questions se posent.
1 La présence du virus
dans le réseau d’eau non
potable est-elle une
surprise ?
« Ce n’est pas totalement une sur-
prise, souligne Célia Blauel, adjointe
à la maire (PS) de Paris en charge de
l’eau. En situation de crise, nous
avons une vigilance accrue sur la
qualité de l’eau. » « La présence de
virus divers dans ces eaux usées est
habituelle et classique lors d’épidé-
mies comme la gastro ou la grippe. Il
n’y avait pas de raison que le Covid
y échappe », ajoute Laurent Moulin,
microbiologiste dans le laboratoire
d’Eau de Paris. « En revanche, on ne
s’attendait pas à le retrouver dans les
réseaux d’eau non potable après le
premier niveau d’assainissement »,
précise toutefois Célia Blauel.
2 Y a-t-il un risque pour
le réseau d’eau potable ?
« Il n’y a aucun risque pour le réseau
d’eau potable, bue au robinet », mar-
tèle Emmanuel Grégoire, premier ad-
joint à la maire de Paris. Cette eau
potable fait en effet l’objet de trai-
tements « multibarrières » aux ultra-
violets, à l’ozone et au chlore. « Paris
a la chance unique d’avoir deux ré-
seaux bien distincts : celui de l’eau
potable avec ses 2 000 km de canali-
sations, et le réseau d’eau non po-
table, de 1 800 km, qui nous vient du
Second Empire, et qui nous permet
normalement de nettoyer les rues de
Paris et d’arroser les jardins de la ca-
pitale », précise l’élu.
3 Quelles sont les
origines de ces traces ?
« L’origine est tout à fait naturelle.
Elle est issue de l’eau qui s’écoule des
toilettes après les déjections et
urines des malades. Elles sont large-
ment combattues dans les stations
d’épuration. Mais cette eau non po-
table, dite brute, se retrouve quand
même, après traitement, dans le mi-
lieu naturel, la Seine ou le canal de
l’Ourcq », explique Célia Blauel.
4 La Seine et l’eau du
canal de l’Ourcq sont
donc infectées ?
« Oui, puisque l’on en retrouve des
traces dans l’eau non potable qui est
captée directement dans la Seine,
pompée à l’usine d’Austerlitz ou sous
la rotonde dans le XIX e pour le bas-
sin de la Villette. C’est donc encore
plus déconseillé de se baigner dans la
Seine en ce moment », poursuit Célia
Blauel. Même si la contamination se
fait essentiellement par voie respira-
toire.
5 Quand et où a été
détectée cette présence
du virus ?
« Les premiers résultats d’infections
ont été trouvés en fin de semaine
dernière. Le programme de sur-
veillance de la qualité des eaux a ré-
↑ 17
vélé la présence en quantité infime
de traces du virus sur 4 des 27 points
de prélèvements testés, de façon
aléatoire, à la sortie des bouches
d’approvisionnement des camions de
nettoyage des rues de Paris », sou-
ligne l’adjointe en charge de l’eau.
6 Que représente cette
quantité « infime » ?
« C’est vrai, nous avons cherché la
petite bête », reconnaît Laurent Mou-
lin. Et ils ont trouvé… « Alors dans
les eaux usées non traitées, ce taux
s’élève à un million d’unités génome.
Une fois traitées, cela ne représente
plus que 1 000 unités de génome par
litre. On a donc de 2 000 à 5 000 fois
moins de virus dans le réseau non po-
table que dans les eaux usées. »
Les chiffres semblent énormes. Mais
ces traces sont tellement faibles que
l’eau non potable pourrait continuer
à être utilisée, tant qu’il n’y a pas
d’aérosolisation, affirme le microbio-
logiste.
7 Quel laboratoire l’a
détectée ?
Ce laboratoire situé à Ivry-sur-Seine
(Val-de-Marne) est doté d’un service
d’analyse de l’eau courante, mais
aussi d’un laboratoire de recherche
et développement, justement spécia-
lisé dans la recherche des virus. Cette
spécialité a été mise en place en 2010
et a été renforcée avec les risques de
terrorisme scientifique.
8 A quoi sert cette eau
non potable ?
Elle fournit l’eau pour l’arrosage de
certains parcs et jardins, le nettoyage
des rues et le fonctionnement des
lacs et cascades des parcs et bois, ain-
si que de certaines fontaines orne-
mentales dans des parcs ou jardins
actuellement fermés au public.
9 Quelles sont les
conséquences
concrètes ?
« La semaine dernière encore, au dé-
part des 150 bouches de remplissage
des camions de nettoyage (NDLR :
qui utilisent 500 m 3 par jour d’eau
non potable) , nos services net-
toyaient à grandes eaux les rues de
Paris. L’usage habituel de cette eau
non potable a été arrêté dimanche »,
assure Paul Simondon, adjoint à la
maire de Paris en charge de la pro-
preté. Les agents de propreté tra-
vaillaient dans des tenues protégées,
avec masques, gants, bottes et lu-
nettes.
Désormais, c’est avec de l’eau po-
table que les rues sont nettoyées.
L’arrosage des pelouses des parcs et
jardins est en revanche suspendu.
10 Qui prendra la
décision d’un retour à la
normale ?
« On attendra l’avis circonstancié du
Haut Conseil de la santé publique et
la décision de la maire de Paris », in-
dique Emmanuel Grégoire. ■
LP/Delphine Goldsztejn
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La réserve sanitaire contournée par des milliers de soignants
N° 23539mardi 21 avril 2020
Page 2
961 mots - 4 min
L'ÉVÉNEMENT
« DES RATÉS ? Quels ratés ? Il n'y a
pas eu de ratés », s'indigne Catherine
Lemorton, responsable de la réserve
sanitaire au sein de Santé publique
France, lorsqu'on l'interroge sur ces
dernières semaines. Mais comment
nier que la réserve, dont la mission
est pourtant, selon Mme Lemorton
elle-même « de répondre à des situa-
tions sanitaires exceptionnelles », a
mobilisé près de huit fois moins de
volontaires que la plateforme privée
mise en place par l'Agence régionale
de santé (ARS) d'Île-de-France ?
« On ne peut pas comparer des disposi-
tifs qui n'ont pas les mêmes contraintes
et nous n'étions pas en compétition
mais en complément les uns des autres
», plaide Catherine Lemorton, « avec
700 Ehpad en Île-de-France, le direc-
teur général de l'ARS, Aurélien Rous-
seau, avait besoin de plus de 1 000 pro-
fessionnels de santé, il a pris une me-
sure de bon sens en lançant la plate-
forme Ren-forts-Covid, l'essentiel est
que les soignants se soient retrouvés au
chevet du malade ». La sélection pour
entrer dans la réserve, réputée très
stricte, a aussi pu détour-ner certains
candidats. « Il ne faut pas croire que
la procédure est lourde, assure la res-
ponsable. Mais il est vrai qu'avant
d'envoyer un volontaire dans un éta-
blissement, nous vérifions scrupuleuse-
ment deux choses essentielles : que la
personne est bien diplômée et qu'elle a
exercé dans les cinq dernières années »
Formation de personnel soignant ausein du campus Picpus de l'AP-HP,dans le 12earrondissement pari-
sien. Photo : GEOFFROY VAN DER HAS-SELT/AFP
Au début de la crise, la réserve a rapi-
dement mobilisé plus de 700 volon-
taires, pour mener les missions d'in-
formation des voyageurs à Roissy
Charles-de-Gaulle, d'une part, et
l'accueil des ressortissants de retour
de Wuhan, d'autre part. « Pour le
Grand Est, nous avons quasiment fait
partir du jour au lendemain 80 réser-
vistes formés, logés, nourris », se sou-
vient Catherine Lemorton. C'est en-
suite que les choses ralentissent
puisque, au 20 avril, le nombre de vo-
lontaires mobilisés par la réserve
n'atteint « que » 1 024. « Ce n'est pas
un mauvais chiffre car lorsque nous
lançons une alerte, de nombreux réser-
vistes de notre vivier sont en activité et
ils ne sont pas forcément disponibles,
justifie Catherine Lemorton. De plus,
nous avons écarté de nombreux volon-
taires qui avaient plus de 65 ans, il
n'était pas question de les exposer en
raison de leur âge. » Autre raison, la
réserve privilégie les missions
longues, d'au moins une semaine
pour plus d'efficacité, et c'est elle qui
centralise l'offre et la demande. À tel
point d'ailleurs que le serveur infor-
matique va succomber à l'afflux de
demandes le 21 mars ! De son côté,
une plateforme telle que Renforts-
Covid, appuyée sur une start-up
MedGo, est plus souple en se conten-
tant de mettre en contact l'offre des
volontaires et la demande des éta-
blissements, laissant aux contrac-
tants le soin de régler les détails du
contrat et de sa durée, y compris à la
journée.
Trop bureaucratique, la réserve ? «
C'est un mauvais procès, je ne vois pas
comment on aurait pu faire plus simple
», plaide Catherine Le-morton. Fine
politique, elle cache le principal raté
de la réserve : être sous-dimension-
née depuis des années au regard de la
mission cruciale qu'elle doit remplir.
On ne se soucie jamais assez des ar-
mées en temps de paix. ¦ ■
par Damien Mascret @dmascret
Tous droits réservés 2020 Le Figaro
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Parution : Quotidienne
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A l’hôpital, vague de fatigue et vague à l’âme
N° 12090mardi 21 avril 2020
Édition(s) : PrincipalePage 15
485 mots - 2 min
EXPRESSO
Jean-Paul Mari suit au jour le jour
le combat d’une équipe médicale
dans un hôpital d’Ile-de-France.
L’hôpital, grand corps malade, fait
son examen. Entre deux vagues. La
première, terrible, et la présumée
deuxième à venir. Vague de fatigue et
vague à l’âme. Sur le papier, le sys-
tème a tenu. On a poussé les murs,
basculé le service de réa en cardio, la
médecine interne en traumato… un
jeu de chaises médicales. Au-
jourd’hui, à l’heure de la décrue, on
refait la même chose en sens inverse,
en gardant quelques lits de plus en
réserve. Tout le personnel «Covid»
est désormais équipé de masques et
même de blouses certes un peu «folk-
loriques», bleues ou vertes, lacées
devant ou derrière, qu’importe. Les
acrobates de la logistique ont assuré
: «Les Allemands sont organisés, nous,
on sait se débrouiller.» Mieux, en ré-
animation, les morts et les guéris li-
bèrent des lits et les soignants eux-
mêmes convalescents ont repris leur
poste de travail. La saignée a été
rude. Peu de crises de nerfs, mais une
avalanche de Covid.
Au centre de dépistage, on continue à
recevoir entre 15 et 25 soignants par
jour avec un taux de positifs entre 30
% et 50 %. En tout, 400 hospitaliers -
aides-soignantes, infirmières, méde-
cins - ont été arrêtés. Une semaine
plus tard, deux tout au plus, pâles et
épuisés, ils sont de retour. Ces der-
niers temps, les testeurs ne
cherchent plus à discerner les symp-
tômes. Toux, fièvre, essoufflement,
courbatures, maux de tête, perte
d’odorat, «la "saleté" a montré qu’elle
n’avait aucune logique. Il y en a pour
tous les goûts», grince Gérard (1), le
responsable. Plus facile de tester les
corps que de sonder les esprits. «Cela
ressemble à un cessez-le-feu, dit le
Dr Hassan (1), psychiatre. Cette fa-
meuse deuxième vague, vécue comme
une nouvelle menace, pousse moins au
trauma qu’à la dépression.» Il y a ceux
qui grognent, et c’est bon signe, re-
trouvant les réflexes des grévistes du
début de la crise. Ceux qui n’en-
caissent plus rien, un drame person-
nel ou une lettre porteuse de mau-
vaise nouvelle. Et celui qui explose,
de retour à la maison après douze
heures de travail et découvre les
lettres de voisins grincheux qui lui
reprochent de faire trop de bruit…
«Les mêmes qui sortent sur leur balcon
nous applaudir tous les soirs à
20 heures !» Entre tension et abatte-
ment, les automates assurent les
gestes du quotidien mais, dans les
couloirs, ils semblent marcher en
apesanteur. Sonnés, en errance,
comme un peu perdus. Alors ils s’ac-
crochent - pas à une prime de plus
! - à une garde de nuit, un patient
miraculé ou à cet énorme gâteau de
remerciement envoyé par un proche
d’un malade Covid, une montagne de
crème bleue piquée d’une ambulance
Samu en pâte d’amande, avec stétho-
scope, masque chirurgical, carte Vi-
tale, boîte de pilules et même élec-
troencéphalogramme en sucre glace
! Une douceur à l’âme. Entre deux
vagues d’une vilaine tempête.
(1) Les noms ont été modifiés. ■
Tous droits réservés Libération 2020
437725fa6b001c06c2741247f404f11741f59b29b5c82fa21199904
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Diffusion : 69 852 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2018-2019
Audience : 1 132 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2017↑ 20
A Paris, une clinique MSF mobile pour les exclus du système de santé
Tous les lundis, Médecins sans frontières plante sa tente boulevard Barbès, en marged’une distribution de nourriture. Tests au Covid-19 et consultations y sont réalisés.
N° 12090mardi 21 avril 2020
Édition(s) : PrincipalePage 14
779 mots - 3 min
EXPRESSO
«Y a un médecin ici ?» Le jeune
homme fait piler son vélo, son sac
réfrigéré bleu de livreur tressautant
dans le dos. «Je suis malade depuis
plusieurs jours», explique-t-il au res-
ponsable du tri de la clinique mobile
de Médecins sans frontières, installée
tous les lundis depuis le 30 mars bou-
levard Barbès, à Paris. Derrière lui,
une grande tente blanche, posée sur
le bitume, accueille, un à un, les pa-
tients qui s’alignent sur le trottoir.
Défiance
Depuis l’évacuation de plus de
700 personnes du camp informel de
sans-papiers à Aubervilliers (Seine-
Saint-Denis) le 24 mars, Médecins
sans frontières déploie ses équipes
pour pallier les failles du système de
santé pendant cette pandémie. Beau-
coup d’associations humanitaires et
de cabinets de médecins libéraux ont
fermé leurs portes. Pour compenser,
l’ONG déplace sa clinique cinq jours
sur sept dans la capitale. «Les per-
sonnes les plus éloignées des soins le
sont encore plus pendant cette crise,
explique Anneliese Coury, coordina-
trice de projet Covid-19 en Ile-de-
France. Beaucoup de gens n’ont pas les
moyens techniques et financiers, ou ne
parlent pas assez bien le français pour
pouvoir faire des téléconsultations.»
S’ajoute à cela la défiance envers les
forces de l’ordre et la peur pour les
sans-papiers d’un contrôle de police.
Un patient prend son poids dans la
clinique mobile de l'association MSF.
Photo Michael Bunel. Le Pictorium
pour Libération
Lundi matin, la grande majorité des
patients qui font la queue sont venus
avec l’espoir de se faire tester. Un
large chapeau noir sur ses courts che-
veux crépus, des lunettes de soleil
dissimulant ses yeux, Carlos parle
d’une petite voix, un sac de nourri-
ture donné par une association entre
ses pieds. «Je suis sans domicile»,
confie-t-il. Il est à la rue depuis le dé-
but du confinement. Il a perdu son
travail d’électricien dans le bâtiment
et craint d’avoir attrapé le virus. «Je
ressens comme de la fièvre tous les
soirs depuis deux semaines, relate-t-
il. C’est impossible pour moi de trouver
une colocation ou même d’aller dormir
chez des amis. Quand on vit dans la
rue, comment peut-on respecter le
confinement ?»
Derrière la grande bâche de plastique
de la tente, Charline, 28 ans, une
blouse blanche sur son corps mince,
a l’air particulièrement en forme pour
quelqu’un qui émerge de dix jours de
congés maladie. «J’ai attrapé le Co-
vid-19 en faisant mon boulot d’infir-
mière, c’est sûr», raconte-t-elle sans
rancœur. Avant l’entrée du camion mé-
dicalisé, elle effectue un premier tri
médical, pour rassurer ceux qui ne sont
venus que par inquiétude, tenter un
premier diagnostic et rediriger si be-
soin les patients vers Julien, le médecin
de permanence.
«Beaucoup de gens demandent des
tests, mais nous n’en réalisons que
pour ceux qui ont eu des symptômes du
coronavirus dans les quatorze derniers
jours», poursuit l’infirmière. Pour les
personnes sans abri ou celles dont le
logement ne permet pas de s’isoler,
des centres d’hébergement spécial
Covid-19 ont été ouverts dans la ré-
gion, dont un à Aulnay-sous-Bois
(Seine-Saint-Denis), lundi. Ils ne
sont pas encore remplis car peu d’ac-
teurs connaissent leur existence.
«Gale»
La clinique mobile ne s’est pas ins-
tallée sur ce bout de trottoir par ha-
sard. A quelques mètres se tient tous
les jours une distribution de nourri-
ture, organisée par l’association Au-
rore depuis le début de la crise sa-
nitaire. A l’entrée, une jeune femme
scanne les fronts des bénéficiaires.
La précarité se lit sur les visages
comme dans la démarche. Dans ce lo-
cal, entre 16 et 18 heures, paniers re-
pas entiers et «de rab» sont distribués
au quotidien. «Cela ne désemplit pas,
assure Jose Mamadou, un des respon-
sables. La demande augmente de jour
en jour.» En sortant, certains s’ar-
rêtent, d’abord intrigués, à la tente
de MSF.
Prise de température à l'éntrée de
l'association Aurore. Photo Michael
Bunel. Le Pictorium pour Libération
Assis dans son camion médicalisé,
Julien, détaille : «On ne s’occupe pas
que du Covid-19. Nous voyons aussi
beaucoup de gens avec des problèmes
cutanés, comme la gale.» L’affluence à
la clinique diminue peu à peu alors
↑ 21
que les structures de santé rouvrent
progressivement. Pour Naïma, l’ab-
sence de médecin est une souffrance.
Littéralement. La Marocaine, en va-
cances à Paris, s’est retrouvée coin-
cée par la fermeture des aéroports.
«Je n’ai plus de médicaments contre
mes douleurs cervicales, explique la
sexagénaire en grimaçant derrière
son masque. La pharmacie refuse de
m’en donner.» Comme elle, Fatima
s’est retrouvée désemparée quand
son médecin a fermé les portes de
son cabinet. «Mon mari est amputé du
pied et il a commencé à avoir un début
de gangrène il y a dix jours, décrit-elle.
J’ai dû harceler l’assistante sociale et la
pharmacie pour que quelqu’un vienne
le voir.» A la fin du confinement, An-
neliese Coury craint de voir les struc-
tures de santé à nouveau débordées,
mais cette fois par les malades at-
teints par d’autres maux que le virus.
Et qui n’osaient pas sortir. ■
par Aude Massiot
Tous droits réservés Libération 2020
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Parution : Quotidienne
Diffusion : 69 852 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2018-2019
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SÉCURITÉ
↑ 23
Au sein des forces de l'ordre, le port du masque est ressenti comme un impératif
Pour aider l'État, l'Île-de-France a acheté 30 millions d'unités. Une partie a été livrée auxsyndicats de police.
N° 23539mardi 21 avril 2020
Page 19
873 mots - 3 min
L'ÉVÉNEMENT
A U SEIN des forces de l'ordre, la
question du port du masque
ressemble fort à l'histoire du spara-
drap du Capitaine Haddock. Depuis
des semaines, les syndicats de police
relaient les suppliques du terrain, ex-
hortant l'Administration de leur ac-
corder le droit d'un port plus systé-
matique. Pour l'heure, conformé-
ment aux orientations gouverne-
mentales qui ont dû gérer la pénurie,
les stocks ont été réservés en priorité
aux services de santé.
Et les directives de Beauvau sont
claires : comme le stipule une note
de la Direction générale de la police
nationale en date du 13 mars, « les
stocks disponibles étant limités »,
l'usage doit être « strictement contrôlé
» et limité aux contacts avérés avec
des personnes infectées. Depuis lors,
1,7 million de modèles chirurgicaux
de type FFP1 ont été distribués. Mais,
sur le terrain, les livraisons semblent
parcimonieuses, avec un seul kit de
protection par voiture de patrouille.
Soit, en théorie, un masque jetable à
se partager par équipage.
Soucieuse de venir en appui de l'État
pris au dépourvu par la pandémie, la
région Île-de-France a acheté pas
moins de 30 millions de masques.
Sous l'impulsion de sa présidente,
Valérie Pécresse, un pont aérien a
permis de faire, dès le 2 avril, une
première livraison de six millions
d'unités, testées et approuvées par
l'Agence régionale de santé qui a bé-
néficié de la moitié de la cargaison.
Aller au contact
Circulant à bord d'un utilitaire, Fré-
déric Péchenard, vice-président (LR)
de la région, en charge de la sécurité,
a ensuite lui-même participé à la dis-
tribution en desservant des mairies
d'arrondissements mais aussi de la
couronne afin de venir en aide aux
plus démunis et aux commerçants. «
Puis, en accord avec l'État, Valérie Pé-
cresse a souhaité doter de 1 000
masques chacune des 3 600 pharma-
cies de la région afin que les malades et
les plus fragiles puissent aussi en dis-
poser », rapporte Frédéric Péchenard.
L'insolite tournée de cet ancien «
grand flic » est vite arrivée aux
oreilles des syndicats de police qui
l'ont tour à tour sollicité.
Après avoir servi 50 000 masques à
Alliance Police nationale, 5 000 à Sy-
nergie-officiers, puis 50 000 autres
au Syndicat général de la police, l'élu
va distribuer ce mardi matin, au siège
du conseil régional à Saint-Ouen, un
nouveau lot à Un-sa-Police, qui
compte dans ses rangs nombre de
CRS. « Policiers et gendarmes sont en
première ligne et il est impensable, lors
d'un contrôle qui se passe mal, de
mettre en application les gestes bar-
rières que les voyous ne respectent par
définition pas, rappelle l'ex-directeur
général de la police nationale qui va
aussi offrir des stocks aux pompiers
de la grande couronne et à FO-Péni-
tentiaire. Face à quelqu'un qui s'enfuit
ou se rebelle, les policiers sont obligés
d'être au plus près, d'aller au contact et
leur seule protection possible est alors
celle du masque. »
Équipés de masques de protection dis-parates, des policiers contrôlent un au-tomobiliste à Paris, au début du confi-
nement. Photo : JEAN-CHRISTOPHEMARMARA/LE FIGARO
« Quand cela dégénère comme on le
voit dans les cités, nos collègues se font
cracher dessus et, depuis le confine-
ment, ils ont l'impression d'être les pa-
rents pauvres au regard des policiers
municipaux, quasiment tous pourvus »,
renchérit Fabien Vanhemelryck, se-
crétaire général d'Alliance qui a reçu
de nombreux dons après l'appel «
SOS masques ».
La colère des syndicats est mon-tée
d'un cran après qu'un responsable du
centre de rétention administrative du
Mesnil-Amelot a écrit à ses effectifs
: « L'ordre est simple : pas de masques
», menaçant ceux « qui n'en [feraient]
qu'à leur tête » d'une « enquête admi-
nistrative pour refus d'obéissance ».
« À partir du moment où le port du
masque est une nécessité, notamment
dans les transports en commun, cela
devient une question d'exempla-rité et
de crédibilité pour les forces de l'ordre
chargées des contrôles », prévient Fré-
déric Péchenard.
«Dans la crise, les policiers savent se
serrer les coudes et manifestent une vé-
ritable envie de servir», observe-t-on
au sein de l'Administration. Selon
nos informations, le nombre de poli-
↑ 24
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
ciers infectés par le Covid (hors pré-
fecture de police) est passé en dix
jours de 450 à 300. ■
par Christophe Cornevin @ccorne-
vin
300 contaminés par le Covid-19 au sein de la police nationale (hors Préfecture de police) à ce jour
“
Tous droits réservés 2020 Le Figaro
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Parution : Quotidienne
Diffusion : 313 876 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV2018-2019
Audience : 1 943 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2017↑ 25
JUSTICE
↑ 26
« Je ne veux pas mourir en prison »
Alors que 250 détenus ont bénéficié d’une libération anticipée à la maisond’arrêt de Villepinte, Serge, en détention provisoire, raconte son quotidien dedétenu rongé par la peur du Covid-19.
mardi 21 avril 2020Édition(s) : Oise, Seine-et-Marne, Essonne, Yvelines, Val de Marne…
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719 mots - 3 min
L'ACTU—SEINE-SAINT-DENIS
V illepinte | 93
Par Nathalie Revenu
Depuis un mois, 250 détenus ont bé-
néficié de libérations anticipées à la
maison d’arrêt de Villepinte (Seine-
Saint- Denis), dans le cadre des or-
donnances gouvernementales per-
mettant de lutter contre la propaga-
tion du coronavirus en prison. Le
16 mars, ils étaient encore 1 100 dé-
tenus dans l’un des établissements
les plus surpeuplés d’Ile-de-France
(190 %). Ils ne sont plus que 850.
Tous ceux qui ont pu sortir étaient
en fin de peine. Ce n’est pas le cas
de Serge*, 30 ans, en détention pro-
visoire depuis seize mois pour une
atteinte aux biens. Il attend toujours
la date de son procès, prisonnier
d’une menace invisible. « Ici, c’est
pas l’endroit où l’attraper. C’est toi et
ta chance ! » lâche le trentenaire.
Rumeurs et psychose
Entre quatre murs, les rumeurs vont
bon train : « On ne sait pas si c’est
du vrai ou du faux », enchaîne Serge.
Certains racontent qu’ils ont vu le
Samu emmener une bonne dizaine de
personnes. Des vidéos circulent entre
les détenus, amplifiant la psychose.
Celle de Serge est montée d’un cran,
début avril, lorsqu’il a été changé su-
bitement de la cellule qu’il partageait
avec trois autres « co ». Il s’est re-
trouvé dans le quartier Respecto.
Une aile où des prisonniers modèles
disposent des clés de leur cellule.
Mais depuis le 27 mars, même les
portes de cette unité restent fermées.
Son installation se présente mal. Son
voisin lui annonce que les occupants
précédents auraient été contaminés.
« Je n’en ai pas dormi de la nuit, j’ai
beaucoup pleuré. Je ne veux pas
mourir en prison, j’ai quatre en-
fants », s’affole Serge, convaincu
qu’ils « ont tous le Covid au Respec-
to ».
Quinze cas suspects
C’est en effet dans ce quartier que
le premier cas suspect est apparu, le
26 mars. « La personne présentait des
symptômes graves », précise Laurent
Ridel, directeur des services péniten-
tiaires d’Ile-de-France. Depuis, les
cas présumés ont tous été isolés dans
le bâtiment F. « Le module Respecto
a été fermé dix jours après le confi-
nement général, trop tardivement »,
déplore un délégué FO-Pénitentiaire.
« Nous dénombrons quinze cas sus-
pects qui bénéficient d’un encellule-
ment individuel, poursuit Laurent Ri-
del, qui se veut rassurant. Dès qu’il y
a une suspicion, nous plaçons aussi
le codétenu en confinement et nous
désinfectons la cellule. »
La maison d’arrêt abrite, comme les
autres établissements, une unité sa-
nitaire. « Elle permet une détection
plus aisée qu’à l’extérieur. L’accès au
médecin ne pose aucune difficulté :
dans la demi-heure qui suit, un pra-
ticien hospitalier est averti », sou-
ligne-t-il. Les cas les plus sévères
sont évacués vers les hôpitaux. Jus-
qu’à présent, un seul malade a été
testé positif. Aucun détenu de Ville-
pinte n’est décédé. Mais le message
rassurant de la direction n’est pas
complètement passé dans les cour-
sives. « On nous a seulement distri-
bué du savon pour se laver les
mains », soupire Serge, qui a préféré
s’autoconfiner. « Je ne sors plus en
promenade. Je me lave dans ma cel-
lule et je ne veux plus aller dans les
douches collectives. » Il refuse même
de prendre les repas que les sur-
veillants lui distribuent : « Je m’ar-
range avec ma cantine. » Son codéte-
nu fait aussi très attention. « Quand
il revient de promenade, il enlève ses
vêtements. Mais dans la cellule, on
est toujours à moins d’un mètre l’un
de l’autre. » Les surveillants aussi ont
peur. « Ils nous disent : On s’en re-
met à Dieu ». Jusqu’à présent « six
agents ont présenté des signes d’in-
fection. Un cas est avéré », indique
l’administration pénitentiaire.
Télévision gratuite
pendant la crise
Pour ne pas « péter un câble », Serge
regarde la télé, gratuite pendant
toute la crise : « C’est notre seul lien
avec dehors. Mais à force, elle nous
fait peur. »
Il peut garder le lien avec sa famille
grâce au téléphone. « J’appelle tous
↑ 27
les jours, c’est ce qui m’aide à tenir. »
Un crédit de 40 € par mois a été ac-
cordé à chaque détenu pour compen-
ser la suspension des parloirs. Les
smartphones personnels qui cir-
culent assez librement en prison sont
aussi mieux tolérés.
Serge a finalement pu regagner son
ancien bâtiment. Il espère bénéficier
des libérations anticipées, même s’il
ne répond pas exactement aux cri-
tères car il est en détention provi-
soire. « Mon client réunit toutes les
garanties : un foyer et un travail à la
sortie », appuie son avocat, qui s’ap-
prête à déposer une nouvelle de-
mande de mise en liberté. ■
Illustration. A l’étroit
*Le prénom a été modifié.
Tous droits réservés Le Parisien 2020
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Parution : Quotidienne
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Audience : 1 507 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2017↑ 28
POLITIQUE
↑ 29
« Il faut que l’Etat soit clair, qu’on n’ait pas ordre et contrordre ! »
Jean-François Copé a été réélu maire de Meaux (Seine-et-Marne). La crise est selon luil’occasion de repenser l’organisation de l’Etat.
mardi 21 avril 2020Édition(s) : Edition Principale, Paris, Oise, Seine-et-Marne, Yvelines…
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699 mots - 3 min
_POLITIQUE—POLITIQUE
P ropos recueillis Par Henri
Vernet
L’ancien ministre du Budget, en re-
trait de la vie politique nationale de-
puis 2017, a été réélu maire de Meaux
(Seine-et-Marne) le 15 mars.
jean-françois copé
Comment jugez-vous, en tant que
maire, la gestion de la crise ?
Durant le premier mois de confine-
ment, jamais l’écart entre la paralysie
de l’Etat central et l’efficacité remar-
quable des acteurs du quotidien — les
soignants, policiers, éboueurs, pom-
piers, élus locaux… — n’a été aussi
criant. C’est la preuve que l’humain
est plus important que les systèmes
quand ils sont lourds et désorganisés.
C’est la seule bonne nouvelle dans
cette épreuve.
Emmanuel Macron veut davantage
s’appuyer sur les maires : que de-
vrait pouvoir faire un maire ?
Il doit avoir plus de marge de ma-
nœuvre pour prendre des décisions
quotidiennes. Il ne peut pas y avoir
d’un côté ceux qui se battent sur le
terrain et ceux qui, d’en haut, disent
« ça, tu as le droit, ça non ».
L’exemple des masques est typique :
dès qu’il y avait des masques com-
mandés, ils ont été préemptés par
l’Etat qui est incapable d’en fournir.
De guerre lasse, on a décidé d’en faire
nous-mêmes : nos « couturières de la
Marne » se sont mises à en fabriquer :
en 24 heures, on avait 300 inscrip-
tions de femmes et d’hommes vou-
lant s’impliquer dans le système D.
On compense un peu les carences de
l’Etat.
La centralisation doit s’assouplir ?
L’administration de l’Etat doit se ré-
former en profondeur. La date du
11 mai, décidée par Macron, n’a rien
de scientifique, c’est une date poli-
tique. Il tape ainsi du poing sur la
table, c’est une admonestation à
l’encontre de l’administration. Le
message, c’est « débrouillez-vous
pour y arriver ». Soyez enfin efficaces
sur les masques, sur les tests de dé-
pistage, l’école, assez de ces que-
relles internes, de cette désorganisa-
tion.
Pourquoi cette inefficacité ?
Nous avons un système hyper centra-
lisé, avec des normes extraordinaire-
ment lourdes qui s’imposent, de Pa-
ris, aux acteurs de terrain. Le statut
de la fonction publique hospitalière
est trop rigide. En période de crise
— et même avant avec la situation
des urgences —, il montre ses limites.
En plus, notre système est cloisonné,
l’hôpital ne parle qu’à l’hôpital, les
cliniques privées, les soignants libé-
raux et les vétérinaires ne sont as-
sociés à rien. Résultat, on a préféré
transporter par hélicoptère des pa-
tients d’hôpitaux publics du Grand-
Est vers ceux du Sud-Ouest plutôt
que dans les cliniques du coin ! On a
perdu trop de temps avant de les ap-
peler.
Y a-t-il d’autres lourdeurs ?
On porte le sujet des 35 heures de-
puis vingt ans, sans solution. Les
35 heures, soi-disant payées 39, ont
imposé de faire des économies dans
tous les sens, sur le matériel, les lo-
caux, etc. En tant que président du
Groupe hospitalier de l’Est francilien,
j’ai vu les soignants en être les pre-
mières victimes, avec des heures sup-
plémentaires innombrables, jamais
payées. J’ai vu fermer des lits, réduire
le personnel médical, installer un
personnel administratif toujours plus
important.
Que faudrait-il changer ?
Tout ! Une grande nation doit avoir
un budget santé très important, pou-
voir assurer la meilleure qualité de
soins, quels que soient les revenus.
Il y a des économies à faire dans
d’autres secteurs, revenir sur le fi-
nancement de certains avantages so-
ciaux liés au travail. Bref, faire une
bascule au bénéfice d’un système de
santé réorganisé et modernisé. L’Al-
lemagne, avec ses Länder, dépense
autant pour sa santé et est plus ef-
ficace, grâce à une articulation plus
forte entre le secteur public et le libé-
ral. Ils n’ont pas les mêmes rigidités
sur le statut des soignants, qui tra-
vaillent certes plus (40 heures) mais
sont mieux payés. Il faut s’en inspi-
rer.
Le 11 mai, vous serez prêts ?
↑ 30
Il faut que l’Etat soit clair, qu’on n’ait
pas ordre et contrordre toutes les
24 heures. Un point m’étonne : en
Allemagne, ils priorisent la rentrée
des étudiants et des lycéens, qui
passent des concours et examens.
Pourquoi en France fait-on le choix
inverse ? Il sera plus facile de faire
porter des masques aux plus grands,
tandis qu’avec des enfants de CP…
sacré défi !
Emmanuel Macron est-il un bon
capitaine ?
Au cœur de la tempête, l’heure n’est
pas à en juger. Mais trois crises ma-
jeures en dix-huit mois nécessitent
forcément des réponses beaucoup
plus fortes. ■
LP/Alexandre Arlot
Tous droits réservés Le Parisien 2020
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Parution : Quotidienne
Diffusion : 186 556 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV2018-2019
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Municipales : les masques, objets de propagande électorale
Les 30 millions de pièces commandées par l’Ile-de-France sont distribuées par les élus dela majorité et… certains candidats aux municipales sans mandat.
mardi 21 avril 2020Édition(s) : Oise, Seine-et-Marne, Essonne, Yvelines, Val de Marne…
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542 mots - 2 min
VOTRE DÉPARTEMENT—ENQUETE
P ar Aurélie Foulon
En pleine crise sanitaire, l’initiative
est largement relayée : la région Ile-
de-France a commandé plus de
30 millions de masques. Après en
avoir distribué aux Ehpad et au per-
sonnel soignant, puis aux associa-
tions humanitaires ou aux mairies,
c’était au tour des 3 600 pharmacies
franciliennes d’en recevoir chacune
un millier de masques la semaine
dernière.
Chaque fois ou presque, les élus ré-
gionaux ont assuré eux-mêmes la li-
vraison. Que nombre d’entre eux se
dévouent pour la distribution dans
les communes où ils sont justement
candidats aux municipales a fait
grincer les dents plus d’une fois lo-
calement, mais personne n’est monté
au créneau, vu le contexte. Jusqu’à ce
que des candidats aux municipales —
qui ne sont ni maires, ni conseiller
régionaux — diffusent de nom-
breuses photos d’eux les bras chargés
de masques.
La goutte d’eau pour Maxime des
Gayets, le président du groupe socia-
liste, écologiste et progressiste au
conseil régional. « La distribution de
masques par la région est une action
d’intérêt général qui ne peut souffrir
d’aucune dérive. Or, des personnes
sans mandat font leur propre distri-
bution de masques de la région à des
fins de communication électorale »,
accuse-t-il sur Twitter, après avoir
« saisi officiellement Valérie Pé-
cresse (NDLR : la présidente de la ré-
gion) sur ces procédés partisans ».
Et de citer l’exemple d’Hervé Riou.
Le candidat (DVD) aux municipales
aux Mureaux (Yvelines) soutenu en
partie par les Républicains et le mou-
vement Libres ! de Valérie Pécresse,
n’a pas manqué de publier les photos
de lui sur son fil Twitter Herve-
Riou2020, posant carton de masques
estampillés « région Ile-de-France »
devant une pharmacie. Et précisant
que « 8 000 masques ont été livrés
aux pharmacies des Mureaux ».
Dans une lettre adressée à Valérie
Pécresse, Maxime des Gayets cite
également le cas de François Puppo-
ni, candidat à Sarcelles (Val-d’Oise),
qui communique largement sur sa
participation à cette distribution
dans la commune, alors qu’il n’est
plus maire mais seulement candidat.
Le député (DVG) s’est joint à Samira
Aïdoud, la conseillère régionale (LR,
et membre du mouvement Libres !),
qui est aussi sa colistière aux muni-
cipales. Même démarche à Fresnes
(Val-de-Marne), du côté d’Antoine
Madelin, candidat investi par les Ré-
publicains et membre du mouvement
Libres !.
« On pourra évidemment s’interroger
sur les conséquences, en droit électo-
ral, de telles opérations de communi-
cation menées par des candidats aux
municipales », tacle Maxime des
Gayets.
Mea culpa de
l’entourage de Valérie
Pécresse
Dans un autre registre, à Linas (Es-
sonne), c’est François Pelletant, l’ex-
maire inéligible et démissionnaire,
qui s’était improvisé organisateur de
la distribution. Pour ce féru d’infor-
matique, qui a dirigé la commune du-
rant près de vingt-cinq ans, cela a no-
tamment pris la forme d’une page In-
ternet « sobrement » baptisée
www.masques.pelletant.fr.
Contacté, l’entourage de Valérie Pé-
cresse plaide coupable et fait son
mea culpa. « La règle, qui a été rap-
pelée, est que la distribution doit se
faire en lien avec les mairies. Les per-
sonnes qui ont fait cette distribution
ont eu tort et le rappel à l’ordre a été
fait. » Et d’insister sur cette « opéra-
tion plébiscitée par tous, qu’il ne faut
pas réduire à ces quelques cas très
ponctuels. »
Mais comment ces cartons de
masques sont-ils arrivés dans les
mains de ces candidats, qui n’ont
pourtant aucun lien avec la région ou
les mairies concernées ? L’exécutif
n’a « pas la réponse ».■
↑ 32
Certains candidats aux municipales,comme Hervé Riou (à gauche) et Fran-
çois Pupponi, ont publié sur leurcompte Twitter des photos d’eux distri-
buant des masques fournis par la ré-gion aux pharmacies.
Twitter François Pupponi
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