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Divines Métamorphoses par Godfried Maes Paris - Avril 2013

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Divines Métamorphosespar Godfried Maes

Paris - Avril 2013

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EXPOSITIONDivines Métamorphoses, par Godfried Maes (Anvers 1649-1700)

F. Baulme Fine Arts

à la Galerie Seydoux - 43 rue Jacob, 75006 Paris

du 8 au 16 avril 2013, 11h - 19h (fermé le dimanche)

au Salon des Livres Anciens, de l’Estampe et des Dessins Anciens - Grand Palais

du 26 au 28 avril 2013

Je remercie tout spécialement Madame Karen Chastagnol pour son aide dans l'élaboration de ce catalogue,

M. Luc Le Garsmeur et M. Laurent Escolle pour leur aide ainsi que tous ceux qui m'ont soutenu pour mener à bien ce projet.

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EDITOOvide, en écrivant les Métamorphoses à l’aube de notre ère, réalisait un chef-d’œuvre dela civilisation romaine à son apogée. Depuis la Renaissance et tout au long du XVIIème siècleles Métamorphoses furent l’objet d’innombrables rééditions et devinrent une source d’inspiration pour les peintres, les sculpteurs, les poètes et les musiciens. C’est à cetteépoque de guerres et de crises économiques des dernières décennies du Grand Siècleque Godfried Maes dessina 83 illustrations des Métamorphoses.

Pourquoi au XVIIème siècle ce livre connut-il un succès constant ? Certes, les études littéraires latines et grecques constituaient la base de la formation des élèves et desétudiants de toute discipline et la culture classique magnifiée était l’archétype, le

modèle, le moule dans lequel voulait se couler tout un siècle. Mais il reste aussi qu’à uneépoque de censures ces pulsions que l’honnête homme se devait de contrôler, ces émotionsque la morale en vigueur réprouvait ne pouvaient être exprimées autrement que dans lavie des dieux. Seule la mythologie pouvait laisser transparaître les transgressions et les pulsions coupables pour les humains mais permises aux dieux de l’Antiquité. Pourquoi ànotre époque si permissive ce livre produit-il encore une aussi forte impression au lecteurcontemporain ? Pourquoi ces poèmes demeurent-ils un chef-d’œuvre universel de la littératurealors que d’autres œuvres de la même époque nous semblent surannées ? C’est justementparce que nous y retrouvons la crudité de ces pulsions sexuelles, de cette violence extrêmeque les médias nous imposent au quotidien mais que le génie d’Ovide et de Maes nousrend tolérables par la beauté de la langue poétique et l’épuration du trait.

Comment ne pas frémir de beauté et d’effroi devant les dessins de la folie d’Athamas, le raptde Proserpine ou le meurtre des enfants de Niobé ? Certes le désir, l’envie, la haine, lavengeance, la séduction, la perversion des héros divins des Métamorphoses sont humains,universels et aussi vieux que l’humanité ; c’est ce qui fait toute l’actualité de ces poèmes,mais ces œuvres d’art permettent de les transcender par la méditation et le rêve. Voilà cequi me vint à l’esprit en contemplant cette série de 18 dessins et motiva cette exposition.C’est aussi la raison de la présentation de ce catalogue avec le si beau texte d’Ovide àcôté des dessins de Maes. J’aurais pu mettre les vers latins mais qui peut encore apprécierle souffle mélodieux des dactyles et des spondées de la versification d’Ovide ? Parmi lesinnombrables traductions j’ai choisi celle de l’édition de 1732 par l’Abbé Banier, contemporainedes dessins, qui a gardé sa force et sa lisibilité après trois siècles.

Tous ces dessins firent partie de la série de dessins vendus par la veuve de Godfried Maes àJacob de Wit avant 1717. Certains furent utilisés pour la gravure par Bernard Picart et Peter van Gunst pour l’édition de 1732 des Métamorphoses traduites et commentéespar l’abbé Banier, d’autres furent copiés puis gravés pour la même édition. La série fut dispersée avant d'être en partie reconstituée au sein de la collection Dreesmann à laquelle appartenaient ces 18 dessins jusqu’en 2002. Le Metropolitan Museum possède trois autres dessins de la même série, la Fondation Custodia deux et le British Museum, un.Ces 18 dessins constituent le plus grand ensemble de feuilles de la main de GodfriedMaes actuellement sur le marché. Je souhaite qu’ils rejoignent une collection qui saurarendre sa juste place à Godfried Maes dans l’histoire du dessin nordique classique duXVIIe siècle.

Franck BaulmeF. Baulme Fine Arts

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Godfried Maes est un peintre d’histoire de l’école anversoise, formé par son père3. Il accèdeà la maîtrise au sein de la guilde de Saint-Luc d’Anvers en 1672 avec comme morceau deréception Les arts libéraux, puis en est nommé directeur en 1682. Les biographes anciens

le place à tort dans le sillage de Rubens (1577-1640) dont il serait l’un des suiveurs les plus tardifsdans les Pays-Bas méridionaux. Si Maes s’attache à perpétuer la tradition de la grande manière enoffrant des compositions religieuses, mythologiques ou allégoriques qui illustrent des thèmes prochesde ceux de son aîné anversois, formellement son art se rapproche plutôt de celui des peintres classiquesfrançais et italiens du Grand Siècle. Peintre en vogue à Anvers et à Bruxelles, Maes a travaillé pour leprince Eugène Alexandre de La Tour et Taxis à Bruxelles pour qui il aurait réalisé un projet de plafondà décor allégorique à la gloire de la famille du commanditaire4. Il peint également entre 1697 et 1700,

au palais de Coudenberg pour Maximilien II Emmanuel de Bavière, alors gouverneur des Pays-Bas espagnols, un autre plafond illustrant les figures de la Paix et la Liberté accompagnées des muses Calliope et Clio5. Cette importante série de dessins d’après les Métamorphoses d’Ovide semble ne jamais avoir été gravée avant que la veuve de Maes nela vende à Jacob de Wit qui est l’auteur d’une série de dessins gravés pour illustrer les Métamorphoses. On ignore si la suite dessinéeexécutée par Maes était délibérément préparatoire à la gravure car se sont les copies réalisées par de de Wit d’après Maes qui furent utilisées pour être gravées, sans doute pour ne pas abîmer les originaux6. L’attribution des modèles à Godfried Maes est confirmée parl’inscription G. Maas portées sur certaines des estampes de l’édition des Métamorphoses parue en 17327 et publiée par l’abbé Banier enlatin et en français8 qui présente un ensemble d’illustrations gravées d’après des dessins de divers maîtres par Bernard Picart (1673-1733)et d’autres graveurs. Elle se compose de deux volumes : le premier comporte les sept premiers livres des Métamorphoses et le secondles huit livres suivants. On savait par ailleurs que Maes avait dessiné une série d’après les Métamorphoses grâce à la biographie de Jean-Baptiste Descamps qui relate qu’ « il avait composé les Fables d’Ovide, que sa veuve a vendu 800 florins après sa mort »9. C’estdonc Jacob de Wit qui racheta les dessins de Maes. Le catalogue de sa vente après décès en 1755 fait apparaître quatre-vingt-troisdessins vendus en un lot10. Les vingt-sept estampes réalisées d’après les dessins fournis par de Wit se trouvent dans le premier volume del’ouvrage11. Sur dix des gravures d’après les dessins de Jacob de Wit, au moins six portent dans la lettre la mention G. Maas c. inventor12.On ne connaît pas, pour les dessins de la main de De Wit tous les modèles originaux de Maes, mais il en existe certainement pour chacundes dessins gravés d’après De Wit3. Sur les neuf illustrations gravées de l’édition de 1732 réalisées à partir des dessins de Maes, huit sont signées par Pieter Van Gunst (1659-1724)14.

Les dix-huit feuilles à la plume et à l’encre brune d’après les Métamorphoses d’Ovide par Godfried Maes (Anvers, 1649-1700) que nous présentons constituent un important ensemble qui appartenait à une série d’au moins quatre-vingt trois feuilles ayant servi de modèle à l'illustration des Métamorphoses d'Ovide. Cette série, fut vendue par la veuve de Maes au peintre Jacob de Wit(1695- 1754) avant 1717 et demeura complète jusqu’en 17621, date de la vente des quatre-vingt-trois dessins2. Ne témoigne aujourd'hui de cette importante suite dessinée - dispersée avant d'être en partie reconstituée, puis disséminée à nouveau - quenotre série de dix-huit feuilles, les autres dessins étant éparpillés au gré des ventes dans diverses collections.

HISTOIRE DE L’ART

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Les figures de Maes dénotent une bonne connaissance de l’anatomie et un goût pour le dessin plus que pour les effets ou la touche. Cesdessins révèlent un pinceau sûr et précis, une inclination pour l’idéalisation et la recherche de perfection issues des exemples de l’Antiquité,des exemples romains de la Renaissance et sont proches des réalisations des artistes français de la fin du XVIIème siècle. Pour autant,Maes truffe ses compositions de détails crus ou minutieux qui nous rappellent que nous sommes bien en présence d’un artiste nordiqueattaché à un certain réalisme lorsqu’il s’agit de décrire les particularités d’un visage ou d’une expression, d’un objet, de la végétation ou d’uncostume. Son dessin au trait raffiné et précis, le modelé marqué et les contours cernés d’un trait de lavis ferme et continu, ainsi que le raffinementdes formes, la minutie et un fini soigné, sont caractéristiques des œuvres dessinées de Maes qui font de lui l’un des dessinateurs les plusintéressants du classicisme flamand de la fin du siècle. Le travail de Maes constitue une sorte de chaînon entre le classicisme franco-romain d’un Nicolas Poussin (1594-1665) et la tradition classique flamande, comme le peintre Gérard de Lairesse (1641-1714) avec lapeinture néerlandaise.

1) J. van Tatenhove a consacré aux dessins de Jacob de Wit d’après Maes une partie de son article, “Tekeningen door Jacob de Wit voor de Ovidus van Picart”,Leids Kunsthistorisch Jaarboek 1985, Achttiende-Eeuwse Kunst in de Nederlanden, Delft, 1987, p. 211-234.

2) Idem, p. 224.3) J.-B. Descamps, La vie des peintres flamands, allemands et hollandois, avec des portraits […], Paris, 1763, t. IV, p. 19-20.4) J.-Ph. Huys, « Dessins et esquisse peinte préparatoires à un plafond de Godfried Maes pour le palais de la Tour et Taxis de Bruxelles. Contribution sur le

patronage du prince Eugène Alexandre », Delineavit et Sculpsit. Tijdschrift voor Nederlandse prent- en tekenkunst tot omstreeks 1850, n° 35, décembre 2012,p. 36.

5) Huys, 2012, p. 35.6) Tatenhove, op. cit., p. 228.7) C’est Tatenhove dans son article de 1987 qui a identifié son nom.8) Les Métamorphoses, publiées en deux volumes à Amsterdam par R. et J. Wetstein et C. Smith, 1732.9) Descamps, p. 62 et Tatenhove, op. cit., p. 220.10) Vente du 10 mars 1755, Lugt 869. Tatenhove, op. cit, p. 220.11) Tatenhove, 1987, p. 227.12) Idem, p. 220.13) Id., p. 224.14) Id., p. 226. Graveur néerlandais, il interpréta les œuvres d’artistes tels que Van Dyck et van der Werff.

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DESCRIPTION

Technique : pierre noire, plume et encre noire, lavis gris et brun.black chalk, pen and black ink, grey and brown wash.

Dimensions : environ 18 x 24 cm

Provenance : - vente de la veuve de Maes à Jacob de Wit avant 1717- vente Jacob de Wit, Amsterdam, 10 mars 1755, n°87- vente Cronenburgh, 22 mars 1762, n°1- vente anonyme, coll. Mak van Waay, Sotheby’s 15 janvier 1974, partie n°1273…- vente Dr. A. Dreesmann, Christie’s 11 avril 2002, n°668 à 670

Œuvres en rapport : Gravures par Bernard Picart et Peter van Gunst pour l’édition de 1732 des Métamorphoses d’Ovide, traduites et commentées par l’Abbé Banier, académicien.

Fronstispice de l'édition des Métamorphoses traduites et commentées par l'Abbe Banier, Amsterdam, 1732

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Erichthonius découvert par les filles de CécropsThe finding of Erichthonius by Creops daughtersCoronis, homonyme de la maîtresse d’Apollon, fut changée en corneille pour avoir rapporté bien inconsidérément à Minerve qu’une corbeillerenfermait Erichthonius.

« Considérez ce que moi, Coronis, j’étais autrefois et ce que je suis maintenant : voulez-vous savoir le sujet de mon malheur ? J’ai été punie pouravoir fait un rapport trop sincère. Pallas avait enfermé dans une corbeille d’osier Erichthonius qui était venu au monde sans mère. Elle la donnaaux trois filles de Cécrops en leur défendant d’y regarder. Cachée sous les feuilles d’un ormeau, j’observai la conduite de ces trois princesses.Pandrose et Hersé suivirent exactement les ordres de Pallas mais leur sœur Aglaure, s’étant moquée de leur timidité, ouvrit la corbeille, et elles ytrouvèrent un enfant qui avait les pieds d’un serpent. J’allai sur le champ apprendre à la déesse l’infidélité de ces trois filles ; pour toute récompenseje perdis sa protection, et la chouette me fut préférée à la corneille en laquelle j’avais été métamorphosée. Cette punition doit apprendre aux autresoiseaux à ne pas se perdre par leur indiscrétion. Il est vrai que j’avais acquis les bonnes grâces de Pallas sans les avoir briguées ; elle pourra vousl’apprendre elle-même si vous voulez le lui demander. »

(Ovide, Les Métamorphoses, tr. par l’Abbé Banier, Paris, 1732, Livre II, Fable VIII, v. 551-567)

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Mercure et Hersé devant le temple de MinerveMercury and Herse before the House of Cecrops

Mercure, devenu amoureux de Hersé, la fille de Cécrops, voulut engager Aglaure à lui rendre service auprès de sa sœur et à lui permettre l’entréedans son appartement ; mais elle ne voulut jamais y consentir, à moins qu’il ne lui promît une bonne somme d’argent.

« Mercure, après avoir quitté les campagnes de Munychie, prit son vol au milieu des airs et s’arrêta sur la ville d’Athènes, s’amusant à considérerun pays si chéri de Minerve, et surtout les charmantes promenades du Lycée. Ce jour-là, les filles athéniennes, selon leur coutume, portaient surleurs têtes dans des paniers couronnés de fleurs les présents qu’elles allaient offrir à cette déesse. Mercure, qui les aperçut dans le temps qu’ellesrevenaient du temple, se mit à voltiger autour d’elles, pour les voir plus longtemps ; il fit plusieurs fois le tour de la citadelle d’Athènes, passant etrepassant, et repassant continuellement sur les mêmes lieux : comme le milan -qui voit les entrailles des victimes qu’on vient d’immoler- plane auxenvirons, et n’ose s’en approcher de trop près à cause des sacrificateurs qui les environnent, il ne s’en éloigne pourtant pas, et les dévore desyeux. Autant que l’étoile de Vénus brille parmi les autres astres, autant que la lune efface par son éclat celui de cette planète, autant la charmanteHersé effaçait par sa beauté celle de toutes ses compagnes. Seule, elle faisait tout l’ornement de cette cérémonie. Le fils de Jupiter, ébloui parl’éclat de cette princesse, demeure suspendu au milieu des airs et, comme la balle de plomb qu’un habitant des îles Baléares lance avec sa frondes’enflamme et se fond, Mercure, étonné et surpris, se sentant embrasé d’un feu qui le dévore, descend sur Athènes et se montre sans se déguiser.Cependant, quoique rassuré par sa bonne mine et par son mérite, il ne laisse pas d’emprunter de l’art de nouveaux agréments : il arrange sescheveux, il fait flotter sa robe de manière qu’on puisse voir l’or dont elle est enrichie, et tenant d’un air gracieux et galant son caducée, il a soin demontrer les ailes qu’il porte aux pieds. »

(Les Métamorphoses, Livre II, Fable XII, v. 708-736)

Gravé par B. Picart

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Minerve attise l’Envie contre AglaureMinerva stirs up the Envy against Aglauros

Pallas commande à l’Envie de rendre Aglaure jalouse de sa sœur Hersé.Agitée de cette passion, Aglaure empêche Mercure d’entrer dans l’appartement de sa sœur, et ce dieu la change en pierre.

« Pallas donc prit le parti d’aller sur le champ dans le séjour de l’Envie.Cette triste demeure, toujours souillée de sang et de venin, est dansle fond d’un antre où la lumière du soleil ne pénétra jamais : un froidépouvantable y redouble l’horreur des ténèbres dont ce lieu est éternellement couvert. Minerve, étant arrivée près de cette caverneoù il n’est pas permis aux dieux d’entrer, s’arrêta près de la porte. Etl’ayant frappée d’un coup de lance, elle s’ouvrit sur le champ. L’Enviedans le fond de son antre, pour entretenir sa rage et sa fureur, mangeait des vipères, et Minerve détourna ses regards d’un objet siaffreux et si dégoûtant. L’Envie laissa les restes de ce triste repas, seleva et, s’étant avancée d’un pas lent et tardif vers la déesse, elle neput s’empêcher de gémir et de soupirer, en voyant l’éclat de sabeauté et celui de ses armes. Une triste pâleur est peinte sur son visage, elle a le corps entièrement décharné, le regard sombre etégaré, les dents noires et mal propres, le cœur abreuvé de fiel, et la langue couverte de venin. Toujours livrée à des soins inquiets etchagrins, jamais elle n’a ri qu’à la vue de quelques maux, jamais lesommeil ne ferma ses paupières. Tout ce qui arrive d’heureux dansle monde l’afflige et redouble sa fureur : elle met toute sa joie à setourmenter, à tourmenter les autres et elle est elle-même son proprebourreau. Quelque horreur que Pallas eût de ce monstre, elle ne laissapas de lui donner ses ordres : Infecte, lui dit-elle, de ton venin, unedes filles de Cécrops ; c’est Aglaure dont il faut me venger. »

(Les Métamorphoses, Livre II, Fable XIII, v. 760-785)

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Gravé par B. Picart

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Mercure pétrifie Aglaure devant le palais de CécropsMercury petrifies Aglauros before the House of Cecrops

Pallas commande à l’Envie de rendre Aglaure jalouse de sa sœur Hersé. Agitée de cette passion, Aglaure empêche Mercure d’entrer dans l’appartementde sa sœur et ce dieu la change en pierre.

« [Aglaure] souhaite de mourir mille fois plutôt que d’être témoin de ce mariage et elle prend souvent la résolution d’informer son père de cetteintrigue. Enfin elle se met à la porte de l’appartement de sa sœur pour empêcher Mercure d’y entrer. Il eut beau la caresser, la prier, la conjurer :tout fut inutile. Cessez, lui dit-elle un jour, de me presser, vous ne m’arracherez jamais d’ici ; je n’en sortirai point que vous ne soyez parti. Hé bien,lui répondit Mercure, vous serez satisfaite. En prononçant ces paroles, il ouvrit la porte en la frappant avec son caducée. Aglaure voulut se levermais elle se trouva immobile. Elle s’efforça de se redresser mais ses genoux n’étaient plus flexibles ; déjà ses pieds et ses mains étaient glacés ;ses veines, faute de sang, n’avaient plus leur couleur ordinaire ; comme la gangrène fait un progrès insensible, et corrompt les parties les plussaines ; ainsi un froid mortel se glissa peu à peu dans son sein et lui ôta enfin la respiration et la vie. Elle ne fit aucun effort pour parler ; elle l’aurait tentévainement ; tous les conduits de la voix étaient fermés ; son cou et son visage étaient changés en pierre ; et l’infortunée Aglaure n’était plus qu’unestatue sans vie et sans mouvement, et dont l’éclat et la blancheur avaient été ternis par le venin de la jalousie dont cette princesse avait été infectée. »

(Les Métamorphoses, Livre II, Fable XIII, v. 812-832)

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La découverte de Bacchus enfantThe finding of the Infant Bacchus

Penthée se moque de toutes les prédictions de Tirésias, et défend à ses gens d’honorer Bacchus, qui venait d’arriver en triomphe dans la Grèce, et leur ordonne même de l’amener captif.

« Comme moi, Acétès, j’allais un jour à Délos, je relâchai à l’île de Chios, où je pris heureusement terre. Le lendemain, dès que l’aurore commençaà paraître, je me levai, et ayant ordonné aux matelots d’aller faire de l’eau, je leur montrai le lieu où il y en avait. Pendant ce temps-là, je montai surune éminence pour observer le vent ; et j’appelai mes compagnons pour revenir à bord. Nous voici, dit Opheltès, en me présentant un enfantd’une beauté charmante qu’il avait trouvé endormi dans un lieu désert ; ce jeune enfant encore assoupi et presque ivre ne marchait qu’en chancelantet avait bien de la peine à les suivre. J’examinai avec attention son air, sa démarche, sa beauté, et il ne me parut rien en tout cela que de divin ; je dis à mes compagnons que je ne savais pas à la vérité quelle divinité était cachée sous cet extérieur, mais que j’étais persuadé que c’était undieu. Qui que vous soyez, lui dis-je, soyez-nous favorable, aidez-nous à supporter les travaux de la navigation, et daignez pardonner à ceux quivous ont ôté la liberté. »

(Les Métamorphoses, Livre III, Fable VIII, v. 597-614)

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La visite d’Apollon à la forge de VulcainApollo at Vulcan's forge

Vénus piquée contre le Soleil, de ce qu’il avait découvert son commerce avec Mars, le rendit toujours malheureux dans ses amours.

« Le Soleil, dit Leucothoé, ce dieu qui répand partout la lumière, n’a pas été exempt lui-même des faiblesses de l’amour. Je vais vous en conter lesaventures. Comme rien ne peut lui être caché, ce fut lui qui ayant découvert le commerce de Mars et de Vénus en avertit l’époux de la déesse et luimontra le lieu où les deux amants avaient accoutumé de se rendre. À cette nouvelle, Vulcain fut si consterné que l’ouvrage auquel il travaillait et lemarteau lui tombèrent des mains. Pour les surprendre, il se mit sur le champ à faire un filet d’airain, si mince et si délié qu’il en était imperceptible. »

(Les Métamorphoses, Livre IV, Fable V, v. 169-178)

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Leucothoé séduite par ApollonApollo seducing Leucothoe

Vénus, piquée contre le Soleil de ce qu’il avait découvert son commerce avec Mars, le rendit toujours malheureux dans ses amours.

« Une nuit, tandis qu’ils se rafraîchissaient, le Soleil étant entré dans l’appartement de son Amante Leucothoé sous la figure de sa mère Eurynomé,il la trouva qui filait au flambeau environnée de douze esclaves. J’ai quelque chose de secret à vous communiquer, ma fille, lui dit-il, en la baisant.Que vos femmes se retirent afin que je puisse vous parler en liberté. Elles obéirent. Alors ce dieu, sans perdre de temps : c’est moi, lui dit-il, qui parmon cours règle les saisons et les années ; c’est moi qui vois tout et qui éclaire tout : je suis la lumière du monde. Je vous aime. À ce discours,Leucothoé, tremblante et étonnée, pâlit et laisse tomber son fuseau et sa quenouille. La crainte lui donnait de nouvelles grâces ; le Soleil, profitantde cet heureux moment, reprit sa véritable forme. »

(Les Métamorphoses, Livre IV, Fable V, v. 218-231)

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Apollon versant du nectar sur la tombe de LeucothoéApollo pouring Nectar on Leucothoe's Tomb

Apollon, chagrin de voir Leucothoé, qu’il aimait, enterrée toute vive par son père, la changea en l’arbre qui porte l’encens.

« Leucothoé, quoique étonnée de l’éclat qui l’environnait, fut charmée de la beauté d’Apollon et se laissa vaincre sans beaucoup de résistance.Clytié, qui aimait toujours le Soleil, en eut de la jalousie. Et pour se venger de sa rivale, elle alla découvrir son crime à Orchamus. À cette nouvelle,le Roi, transporté de fureur, ordonne qu’on l’enterre toute vive et que l’on jette sur son corps un monceau de sable. En vain l’infortunée Leucothoélevait-elle les mains vers son amant ; en vain, elle jurait qu’il lui avait fait violence. Cet ordre cruel et inhumain fut exécuté. Le Soleil, par la force deses rayons, fit d’abord entrouvrir la terre qui vous couvrait, charmante nymphe, pour vous laisser la liberté de respirer ; mais vous ne pouviez plusalors profiter de cette faveur : la mort avait fermé vos yeux pour jamais. Depuis le malheur de Phaéton, le soleil n’avait point senti de douleur plusvive. Il tâcha de réchauffer par sa chaleur le corps glacé de son amante : tous ses efforts furent vains, le destin les rendit inutiles. Il se plaignit, il gémit, et ayant arrosé de nectar le corps de Leucothoé, et la terre qui l’environnait : du moins, dit-il, j’aurai la consolation de voir que vous vousélèverez vers le ciel. En effet, le corps, amolli par la vertu de cette divine essence, poussa des branches hors de terre, et forma enfin l’arbre quiporte l’encens. »

(Les Métamorphoses, Livre IV, Fable VI, v. 232-255)

Gravé par P. van Gunst

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Les sœurs d’Alcithoé changées en chauves-sourisAleithoe's Sisters transformed into Bats

Bacchus, pour punir les filles de Minyas du mépris qu’elles avaient fait de ses fêtes, les changea en chauves-souris, et leurs ouvrages en lierre et en feuilles de vigne.

« La conversation des Minyades était finie, et elles marquaient encore, en continuant leur travail, le mépris qu’elles faisaient de Bacchus et de ses fêtes. Lorsque tout d’un coup elles entendirent unbruit confus de tambours, de flûtes et de trompettes, qui les étonnad’autant plus qu’elles ne virent personne. Une odeur de myrrhe et desafran se répandit dans leur chambre et, ce qui paraît incroyable, leurtoile se couvrit de verdure et s’épanouit en pampres et en feuilles delierre. Le fil qu’elles venaient d’employer se convertit en ceps chargésde raisins, et ces raisins prirent la couleur de la pourpre qui était répandue sur l’ouvrage. Déjà l’on était à ce temps de la journée oùles ténèbres qui commencent à se répandre et la lumière qui disparaîtfont douter s’il est jour ou nuit ; un bruit épouvantable ébranla alorstoute la maison. Elle parut tout à coup remplie de flambeaux alluméset de mille autres feux qui brillaient de tous côtés ; on entendit deshurlements affreux, comme si toute la maison eût été remplie de bêtesféroces. Les Minyades, effrayées, allèrent se cacher pour se mettre à couvert du feu et de la lumière ; mais pendant qu’elles cherchent lesendroits les plus secrets de la maison, une membrane extrêmementdéliée couvre leur corps et des ailes fort minces s’étendent sur leursbras. L’obscurité qui règne dans les lieux où elles se sont cachées lesempêche de s’apercevoir qu’elles viennent de changer de figure ; cependant, elles s’élèvent en l’air, où, sans avoir de plumes, elles se soutiennent avec des ailes composées d’une peau mince et transparente. Elles veulent parler mais elles ne forment qu’un son faibleet proportionné à la petitesse de leur corps ; une espèce de murmureplaintif est toute la voix qu’il leur reste pour exprimer leurs regrets. Le séjour des maisons leur plaît encore, et elles n’aiment point les forêts comme les autres oiseaux. Ennemies de la lumière qu’ellesfuient, elles ne volent que la nuit, ce qui leur a fait donner le nom dechauves-souris. »

(Les Métamorphoses, Livre IV, Fable VIII, v. 389-415)

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Junon aux EnfersJuno in Hades

Junon, ayant envoyé Tisiphone dans le palais d’Athamas, y causa tant de trouble et de désordre que ce prince, devenu furieux, écrasa contre unemuraille le jeune Léarchus son fils. Et poursuivant ensuite sa femme Ino, celle-ci se précipita dans la mer avec Mélicerte son autre fils. Et Neptune,à la prière de Vénus, les changea en dieux marins.

« Junon, pleine de rage et de fureur, abandonne le séjour céleste pour descendre dans cette triste demeure. Dès qu’elle y fut arrivée, la porte paroù elle passa fit entendre un bruit extraordinaire. Cerbère ouvrit ses trois gueules et aboya trois fois. D’abord elle appela les Furies. Ces cruelleset inexorables filles de la Nuit étaient assises près de la porte de cette ténébreuse prison ; et elles peignaient leurs cheveux entortillés de serpents.Dès que les déesses eurent aperçu Junon à travers l’obscurité, elle se levèrent. La prison qu’elles gardent est le séjour des ombres criminelles :c’est là que Tityos, dont le vaste corps occupe l’espace de neuf arpents, est déchiré par un cruel vautour ; que Tantale court après l’onde qui lefuit et tâche vainement de cueillir le fruit d’un arbre qui s’éloigne ; que Sisyphe roule un rocher qui retombe sans cesse ; qu’Ixion tourne éternellementautour d’une roue à laquelle il est attaché. C’est là enfin que les Danaïdes, qui ne rougirent point de donner la mort à leurs maris, tâchent vainementde remplir un tonneau qui se vide à mesure qu’elles y portent de l’eau. Junon ayant regardé d’un œil farouche ces malheureux, surtout Ixion ! « Pourquoi, dit-elle, en s’adressant aux Furies et en arrêtant ses regards sur Sisyphe, celui-ci est-il le seul de sa fratrie qui soit condamné à des tourmentséternels, pendant que le superbe Athamas et sa femme, qui ont toujours fait gloire de me mépriser, habitent un palais magnifique ? […] Je veux,dit-elle, que la maison d’Athamas soit réduite en poudre, et que vous l’engagiez lui-même dans un crime qui y porte le trouble et l’horreur. »

(Les Métamorphoses, Livre IV, Fable XIII, v. 463-470)

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Athamas déchiquetant ses enfantsAthamas tearing apart his Children

Junon, ayant envoyé Tisiphone dans le palais d’Athamas, y causa tant de trouble et de désordre que ce prince, devenu furieux, écrasa contre unemuraille le jeune Léarchus son fils. Et poursuivant ensuite la femme Ino,elle se précipita dans la mer avec Mélicerte son autre fils. Et Neptune, à laprière de Vénus, les changea en dieux marins.

« Tisiphone n’est pas plus tôt partie qu’Athamas, saisi d’une fureursubite, court au milieu de son palais, criant de toute sa force : « Courage, compagnons, tendez les filets dans cette forêt ; je viensd’apercevoir une lionne avec ses deux lionceaux. » Après ce discours,il se mit à poursuivre la reine qu’il prenait pour une bête féroce. Il arrache d’entre ses bras le jeune Léarchus, son fils, qui, riant del’emportement de son père, lui tendait les bras. Et l’ayant fait pirouetterdeux ou trois fois, il le jette contre une muraille où il est écrasé. »

(Les Métamorphoses, Livre IV, Fable XIII, v. 511-518)

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Minerve et les MusesMinerva and the Muses

Minerve quitte son Frère Persée et va sur le mont Hélicon pour visiter les Muses. Celles-ci l’entretiennent de leurs aventures à la cour de Pyrénée,qui les trouva si charmantes qu’il en devint amoureux. De sorte que pour éviter la violence elles prirent aussitôt des ailes et se sauvèrent en volant.Pyrénée, qui les voulut suivre -s’imaginant qu’il pourrait voler comme elle, tomba du haut de la tour et se tua sur le carreau.

« Pallas, qui jusque là n’avait point abandonné son frère Persée, s’enveloppa d’un nuage ; et ayant quitté l’île de Sériphos, et laissé à sa droitecelles de Cythnos et de Gyaros, elle alla à Thèbes, et de là sur l’Hélicon, où elle s’arrêta et parla ainsi aux Muses. […] Elle loua les Muses sur leurssavantes occupations et leur dit qu’elles étaient fort heureuses d’habiter un séjour si charmant. « Si vous n’aviez été destinée à des emplois plusnobles et plus élevés, lui dit alors une des neuf Muses, nous oserions nous flatter, grande Déesse, que vous auriez daigné augmenter notre nombreen nous honorant de votre présence. »

(Les Métamorphoses, Livre V, Fable III, v. 250-271)

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Pyrénée accueillant les MusesPyrenaeus welcoming the Muses

Minerve quitte son Frère Persée et va sur le mont Hélicon pour visiter les Muses. Celles-ci l’entretiennent de leurs aventures à la cour de Pyrénéequi les trouva si charmantes qu’il en devint amoureux.

« […] comme le crime ose violer les asiles les plus sacrés, des filles chastes ont toujours quelque sujet de crainte ; nous nous ressouvenons entremblant de l’insolence de Pyrénée, et nous ne sommes pas encore bien remises de la frayeur que nous fit ce tyran qui, avec les troupes qu’il avaitamenées de Thrace, s’était emparée de Daulis et de la Phocide. Un jour que nous allions sur le Parnasse, nous le rencontrâmes en chemin. Commeil nous connaissait, il nous fit beaucoup d’accueil et nous rendit tous les hommages qui étaient dus à des déesses : « Muses, nous dit-il, venez vousreposer dans mon palais pendant le mauvais temps, (il pleuvait en effet) les dieux n’ont pas dédaigné d’entrer quelquefois dans des maisons moinsmagnifiques. » Ces offres obligeantes et l’orage nous engagèrent à demeurer, et nous nous mîmes à couvert à l’entrée de son palais. »

(Les Métamorphoses, Livre V, Fable IV, v. 273-284)

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Les Muses fuient les avances de PyrénéeThe Muses evading the Advances of Pyrenaeus

Minerve quitte son Frère Persée et va sur le mont Hélicon pour visiter les Muses. Celles-ci l’entretiennent de leurs aventures à la courde Pyrénée qui les trouva si charmantes qu’il en devint amoureux. De sorte que pour éviter la violence elles prirent aussitôt des aileset se sauvèrent en volant. Pyrénée qui les voulut suivre, s’imaginant qu’il pourrait voler comme elle, tomba du haut de la tour et setua sur le carreau.

« Dès que la pluie eut cessé et que le beau temps fut revenu, comme nous voulions continuer notre route, le tyran fit fermer les portes et voulutnous faire violence. Heureusement, les ailes que nous prîmes nous garantirent des mains de ce brutal. Comme il nous vit au milieu des airs, il monta sur le haut d’une tour, en disant qu’il allait nous suivre par la même route. Il crut en effet voler comme nous mais il se précipita du haut enbas de la tour, et la terre demeura souillée du sang de ce scélérat, qui y fut écrasé. »

(Les Métamorphoses, Livre V, Fable IV, v. 285-293)

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L’enlèvement de ProserpinePluto abducting Persephone

Pluton enlève Proserpine, et convertit en fontaine la nymphe Cyané qui voulait s’opposer à cet enlèvement.

« C’était dans ce séjour charmant des bords du lac de Pergus que Proserpine s’amusait à cueillir des fleurs et à mêler les lys avec les violettes.Elle prenait un plaisir singulier à remplir la corbeille, à faire des bouquets qu’elle portait sur son sein et à disputer avec ses compagnes à quicueillerait les plus belles fleurs. Pluton la voit, en devient amoureux et l’enlève. Proserpine, épouvantée, appelle plusieurs fois à son secours samère et ses compagnes ; mais plus souvent encore sa mère que les nymphes de sa suite. Comme sa robe s’était déchirée, toutes les fleursqu’elle avait ramassées tombèrent ; sa jeunesse et son innocence la rendirent sensible à cette perte. […] Cyané, une des plus belles nymphes dela Sicile, habitait près de là dans un étang auquel elle donna son nom. Cette nymphe étant sortie du fond de l’eau, et ayant reconnu Pluton, luiparla ainsi : « Vous n’irez pas plus loin, vous n’auriez pas dû prétendre devenir le gendre de Cérès malgré elle. Il fallait lui demander sa fille et nonpas l’enlever. »

(Les Métamorphoses, Livre V, Fable VII, v. 391-416)

Gravé par P. ven Gunst

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Cérès change en lézard le fils de la vieille femmeCeres transforming the Old Woman's son into a lizard

Cérès, occupée à chercher sa fille, métamorphosa Stellio en lézard parce qu’il s’était moqué d’elle.

« Un jour que [Cérès] était accablée de lassitude, ne trouvant point de fontaine pour éteindre sa soif, elle alla frapper à la porte d’une cabanecouverte de chaume qu’elle avait aperçue de loin. Il en sortit une vieille femme à qui la déesse demanda à boire. Celle-ci lui présenta un breuvageassez agréable qu’elle venait de préparer. Pendant qu’elle buvait, un petit garçon hardi et effronté, qui la vit avaler ce breuvage avec beaucoupd’avidité, se prit à rire et dit qu’elle était bien gourmande. La déesse, piquée de cette raillerie, jeta à cet enfant ce qui restait dans le vase. Sonvisage parut d’abord marqué de petites taches, ses bras furent changés en cuisses, une longue queue lui sortit de l’extrémité du corps, tous sesmembres prirent une autre forme ; mais il devint extrêmement petit sous cette métamorphose, afin qu’il fût moins en état de faire du mal. En unmot, il fut changé en lézard. La bonne femme, étonnée de ce prodige, se mit à pleurer. Et comme elle voulait s’approcher, le lézard se mit à fuir etse cacha dans un trou. Comme le corps de cette espèce de lézard est moucheté et rempli de taches, qui ressemblent à de petites étoiles, il portele nom de Stellio. »

(Les Métamorphoses, Livre V, Fable VII, v. 446-461)

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Le meurtre des fils de NiobéThe slaying of the Childrens of Niobe

Latone, piquée des mépris que Niobé affectait d’avoir pour elle, engagea Apollon et Diane à faire mourir tous les enfants de cette orgueilleuse reine,ce qui la jeta dans un si grand désespoir qu’elle perdit toute sorte de sentiment et fut changée en rocher.

« Hors de cette ville de Thèbes était une belle plaine où l’on avait coutume de s’exercer aux courses de chevaux. C’était là que s’étaient rendus une partiedes enfants de Niobé qui, montés sur de superbes coursiers, dont les mors étaient d’or et les housses de la plus belle écarlate, leur faisaient fairel’exercice. Pendant qu’Isménus, l’aîné de tous, maniait un cheval, un coup de flèche dont il se sent blessé lui fait jeter un grand cri : il abandonne les rêneset, se laissant glisser doucement sur l’épaule droite du cheval, il tombe mort sur le sable. Sipylus, qui était le second, ayant entendu en l’air le bruit d’uneflèche, pique son cheval et se met à courir. Tel un pilote qui voit l’orage prêt à tomber, tâche à plier toutes les voiles, à se garantir de la fureur des vents,ce jeune prince court de toute sa force. Mais c’est vainement qu’il fuit : le trait lui traverse la tête et lui sort par le gosier. Comme en courant il se penchaitsur le cou du cheval, il passe par-dessus, et va fouiller la terre de son sang. L’infortuné Phaedimus, et Tantalus qui portait le nom de son aïeul, après avoirfini leur course, étaient descendus sur l’arène pour s’exercer à la lutte. Mais comme ils se tenaient l’un l’autre étroitement embrassés, une même flècheles perce tous deux de part en part ; ils gémissent, tombent et expirent en même temps. Alphénor, qui les voit rendre leur dernier soupir, accablé de laplus vive douleur, se jette sur eux, les embrasse tendrement et tâche de les réchauffer. Mais tandis qu’il leur rend ce charitable devoir, il tombe lui-mêmed’un coup dont Apollon lui perce le sein. La flèche qu’on retira de la plaie entraîna une partie de ses poumons, et son âme sortit avec son sang. […] »

(Les Métamorphoses, Livre VI, Fable V, v. 218-253)

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Marsyas écorché par ApollonThe flaying of Marsyas

Marsyas avait lancé un défi à Apollon. Ce dieu, après l’avoir vaincu, l’écorcha vif. Les larmes qui furent répandues à sa mort formèrent le fleuvequi porte son nom.

« […] il y eut une personne de la compagnie qui se ressouvint de l’aventure de Marsyas, qui avait été vaincu par Apollon dans le défi qu’il lui avaitfait de jouer mieux de la flûte que lui. Le fils de Latone en tira une vengeance éclatante. Dans le temps qu’on l’écorchait tout vif, l’infortuné Marsyass’écriait : « Hélas ! pourquoi me déchirez-vous de la sorte ? Je me repens de ma témérité. Ah, faut-il que cette malheureuse flûte me coûte si cher ? »Tandis qu’il faisait retentir l’air de ses tristes plaintes, on l’écorchait depuis les pieds jusqu’à la tête. Déjà son corps n’était plus qu’une plaie ; le sang en ruisselait de tous côtés. On voyait tous ses nerfs, ses veines, ses intestins, et l’on aurait pu aisément compter jusqu’aux moindresfibres de son corps. »

(Les Métamorphoses, Livre VI, Fable VII, v. 383-391)

Gravé par B. Picart

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Persée tue MédusePerseus holding the head of Medusa© Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris

Persée combat avec PhinéePerseus fighting Phineas© Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris

Niobé empêche les femmes de Thèbes de pratiquer le culte de LatoneNiobe preventing the Theban women from worshipping Leto© Trustees of the British Museum

Dessins de la série illustrant les Métamorphosespar Godfried Maes dans des Musées:

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Mercure sauve Io d’ArgusMercury rescuing Io from Argus© Metropolitan Museum of Art, New York

Jupiter et IoJupiter and Io, disguised as a white heifer© Metropolitan Museum of Art, New York

Jupiter et Io Jupiter and Io© Metropolitan Museum of Art, New York

Dessins de la série illustrant les Métamorphosespar Godfried Maes de la Collection Dr. A. Dreesmann dans des Musées

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