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MINISTÈRE DU TRAVAIL, DE L’EMPLOI, DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE ET DU DIALOGUE SOCIAL La négociation collective en 2012 Bilans & Rapports

Partie 0 - Sommaire - Ministère du Travailtravail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/Bilan_NC_en_2012_signets_.pdf · “En application de la Loi du 11 mars 1957 (art. 41) et du Code de la propriété

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  • MINISTREDU TRAVAIL, DE LEMPLOI,

    DE LA FORMATIONPROFESSIONNELLE

    ET DU DIALOGUE SOCIAL

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    La ngociationcollectiveen 2012

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    3 Bilans &Rapports

    Dicom-T-11-027

    Depuis plusieurs annes sopre une transformation progressive du systme franais de relations professionnelles. La ngociation collective y prend une place grandissante et constitue un pralable toute rforme des relations individuelles et collectives de travail. Le rapport, prpar par le ministre charg du Travail et prsent devant la Commission nationale de la ngociation collective, rend compte de ces volutions.

    La Ngociation collective en 2010 retrace grands traits lactualit de la ngociation, en dgage les principales tendances et souvre sur les analyses des organisations professionnelles de salaris et demployeurs.

    Louvrage dtaille les volutions du contexte lgislatif et rglementaire, pour prsenter ensuite une analyse par thmes des accords collectifs conclus par les acteurs sociaux. Fonde sur un recensement exhaustif des accords collectifs, cette partie offre ainsi au lecteur une source dinformation unique.

    Des dossiers spcifiques permettent en outre dlargir le propos sur des thmatiques connexes celles de la ngociation collective.

    Le bilan annuel de la ngociation collective constitue une rfrence pour les acteurs sociaux, les universitaires et, plus largement, tout lecteur intress par la question du fonctionnement du systme des relations professionnelles.

    Ministre du Travail, de l'Emploi et de la SantDirection gnrale du travailBureau des relations collectives du travail39/43, quai Andr Citron 75902 Paris cedex 15

    Dicom-T-13-038

    ISBN : 978-2-11-129964-1

    ISSN : 1240-8557

    Depuis de nombreuses annes sopre une transformation progressive du systme franais de relations professionnelles. La ngociation collective y prend une place grandissante et constitue un pralable toute rforme des relations individuelles et collectives de travail. Le rapport, prpar par le ministre charg du Travail et prsent devant la Commission nationale de la ngociation collective, rend compte de ces volutions.

    La Ngociation collective en 2012 retrace grands traits lactualit de la ngociation, en dgage les principales tendances et souvre sur les analyses des organisations professionnelles de salaris et demployeurs.

    Louvrage dtaille les volutions du contexte lgislatif et rglementaire, pour prsenter ensuite une analyse par thmes des accords collectifs conclus par les acteurs sociaux. Fonde sur un recensement exhaustif des accords collectifs, cette partie offre ainsi au lecteur une source dinformation unique.

    Des dossiers spcifiques permettent en outre dlargir le propos sur des thmatiques connexes celles de la ngociation collective.

    Le bilan annuel de la ngociation collective constitue une rfrence pour les acteurs sociaux, les universitaires et, plus largement, tout lecteur intress par la question du fonctionnement du systme des relations professionnelles.

    Ministre du Travail, de lEmploi, de la Formation professionnelleet du Dialogue socialDirection gnrale du travailBureau des relations collectives du travail39/43, quai Andr Citron 75902 Paris cedex 15

  • BILANS ET RAPPORTS

    LA NGOCIATION COLLECTIVEEN 2012

    Ministre du Travail, de lEmploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue socialDirection gnrale du travailDirection de lanimation de la recherche, des tudes et des statistiques

  • Pour connatre toutes les publications du ministre du Travail, de lEmploi,

    de la Formation professionnelle et du Dialogue social,

    vous pouvez consulter son site Internet : wwwwww..ttrraavvaaiill--eemmppllooii..ggoouuvv..ffrr

    Conception et coordinationDirection gnrale du travail

    Bureau des relations collectives du travail

    Collaboration rdactionnelle et ralisationPublicis Activ Paris

    Achev dimprimer au mois de mai 2013 Dpt lgal : 2me trimestre 2013

    En application de la Loi du 11 mars 1957 (art. 41) et du Code de la proprit intellectuelle du 1er juillet 1992, complts par la loi du 3 janvier 1995, toute reproduction partielle ou totale usage collectif de la prsente publication est strictement interdite sans autorisation expresse de lditeur. Il est rappel cet gard que lusage abusif et collectif

    de la photocopie met en danger lquilibre conomique des circuits du livre.

    Ministre du Travail, de lEmploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, Paris 2013

  • AVANT-PROPOS 11

    PARTIE 1 - APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012 15

    LES NIVEAUX DE NGOCIATION 17

    I. UNE LGRE BAISSE DU NOMBRE DACCORDS CONCLUS AU NIVEAU INTERPROFESSIONNEL ET UNE ACTIVIT CONVENTIONNELLE DE BRANCHE TOUJOURS DYNAMIQUE 17

    II. LE DIALOGUE SOCIAL TERRITORIAL 21

    LES THMES DE NGOCIATION DE BRANCHE ET DENTREPRISE 23

    I. LE NOMBRE DACCORDS SUR LES SALAIRES AUGMENTE AINSI QUE LES NGOCIATIONS SUR LES CLASSIFICATIONS 23

    II. UNE RELATIVE PROGRESSION DU NOMBRE DACCORDS SUR LGALIT PROFESSIONNELLE 25

    III. LA FORMATION PROFESSIONNELLE RESTE UN THME ESSENTIEL EN LIEN AVEC LES DERNIRES MODIFICATIONS LGALES APPORTES PAR LA LOI DU 24 NOVEMBRE 2009 27

    LA NGOCIATION COLLECTIVE VUE PAR LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 31

    LES ORGANISATIONS DE SALARIS 33

    CONTRIBUTION DE LA CONFDRATION FRANAISE DMOCRATIQUE DU TRAVAIL (CFDT) 35

    CONTRIBUTION DE LA CONFDRATION FRANAISE DE LENCADREMENT -CONFDRATION GNRALE DES CADRES (CFE-CGC) 53

    CONTRIBUTION DE LA CONFDRATION FRANAISE DES TRAVAILLEURSCHRTIENS (CFTC) 73

    CONTRIBUTION DE LA CONFDRATION GNRALE DU TRAVAIL (CGT) 79

    CONTRIBUTION DE LA Cgt-FORCE OUVRIRE 95

  • LES ORGANISATIONS PATRONALES 107

    CONTRIBUTION DE LA CONFDRATION GNRALE DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES (CGPME) 109

    CONTRIBUTION DE LA CONFDRATION NATIONALE DE LA MUTUALIT,DE LA COOPRATION ET DU CRDIT AGRICOLES (CNMCCA) 119

    CONTRIBUTION DE LA FDRATION NATIONALE DES SYNDICATS DEXPLOITANTS AGRICOLES (FNSEA) 143

    CONTRIBUTION DU MOUVEMENT DES ENTREPRISES DE FRANCE (MEDEF) 147

    CONTRIBUTION DE LUNION NATIONALE DES PROFESSIONS LIBRALES (UNAPL) 151

    CONTRIBUTION DE LUNION PROFESSIONNELLE ARTISANALE (UPA) 163

  • PARTIE 2 - LE CONTEXTE DE LA NGOCIATION COLLECTIVE 175

    LES CHANTIERS SOCIAUX EN LIEN AVEC LA NGOCIATION COLLECTIVE 177

    I. LA GRANDE CONFRENCE SOCIALE ET LA FEUILLE DE ROUTE SOCIALE 177

    II. LA MISE EN UVRE DES MESURES DE LA FEUILLE DE ROUTE SOCIALE 180II.1. La prsentation du projet de loi constitutionnelle relatif la dmocratie sociale 180II.2. La loi relative la scurisation de lemploi 181II.3. La loi portant cration du contrat de gnration 186II.4. Lvolution des rgles de revalorisation du salaire minimum de croissance (SMIC) 188II.5. Le renforcement de leffectivit des dispositifs en faveur de lgalit professionnelle 189

    RNOVATION DE LA DMOCRATIE SOCIALE 193

    I. LES RSULTATS DE LA PREMIRE MESURE DAUDIENCE ET LES CONSQUENCES SUR LA NGOCIATION COLLECTIVE 194

    I.1. Prsentation des rsultats de la mesure daudience syndicale 194I.2. La vrification des autres critres de reprsentativit 196I.3. Les consquences de la reprsentativit syndicale en matire de ngociation collective 198

    II. PRINCIPES ET TEMPS FORTS DE LA RFORME DE LA REPRSENTATIVIT SYNDICALE 199

    II.1. Lensemble des travaux sur la reprsentativit syndicale a t plac sous le double signe de la transparence et de la pdagogie 199

    II.2. La mesure daudience dans les trs petites entreprises : premire organisation du scrutin TPE 202

    II.3. La mesure de laudience par les lections aux chambres dpartementales dagriculture 206

    III. PRINCIPALES JURISPRUDENCES EN 2012 207III.1. Quelle est la dfinition de lobjet et de la forme syndicale ? 207III.2. Lapprciation de la reprsentativit, condition sine qua non de la ngociation,

    dans des situations complexes 208III.3. Les incidences dans lentreprise de lintervention dun nouveau texte conventionnel 211

    ACTION DE LTAT 213

    I. LE RLE ET LACTIVIT DES COMMISSIONS MIXTES PARITAIRES EN 2012 213I.1. Le rle dintermdiation des commissions mixtes paritaires 213I.2. Lactivit des commissions mixtes paritaires 214I.3. Les rsultats marquants de la ngociation en commission mixte paritaire 215

    II. LACTIVIT DE LA SOUS-COMMISSION DES CONVENTIONS ET ACCORDS 218II.1. Objectifs et consquences de lextension 218II.2. La procdure dextension 219II.3. La procdure dlargissement 225II.4. Lextension des accords en 2012 : caractristiques principales 226

  • II.5. Les observations marquantes de la sous-commission des Conventions et Accords en 2012 229

    II.6. Le Comit de suivi de la ngociation salariale 237

    III. LES VOLUTIONS DU DIALOGUE SOCIAL TERRITORIAL 239III.1. Les commissions paritaires locales 239III.2. Des projets mens au niveau territorial 239

    LE DIALOGUE SOCIAL EN EUROPE 243

    I. LES INITIATIVES DE LA COMMISSION EUROPENNE DANS LE DOMAINE SOCIAL 243

    II. LES CONSULTATIONS DE LA COMMISSION EUROPENNE 246II.1. Consultation des partenaires sociaux 246II.2. Consultations publiques pour recueillir l'avis des parties intresses 249

    III. LA PRSIDENCE DU CONSEIL DE LUNION EUROPENNE 251III.1. Actions de la prsidence danoise dans le domaine social 251III.2. Actions de la prsidence chypriote dans le domaine social et de lemploi 252

    IV. LE DIALOGUE SOCIAL INTERPROFESSIONNEL 255IV.1. Sommet social tripartite du 1er mars 2012 : il est temps de consacrer

    du temps la croissance 255IV.2. Sommet social tripartite du 18 octobre 2012 :Ensemble, pour une croissance

    porteuse demplois et une meilleure gouvernance conomique 255

    V. LE DIALOGUE SOCIAL SECTORIEL 258V.1. Industrie agroalimentaire 258V.2. Commerce 258V.3. Navigation intrieure 259V.4. Secteur postal 259V.5. Coiffure 260V.6. Football professionnel 260V.7. lectricit 260V.8. Pche maritime 261V.9. Nettoyage industriel, restauration collective, scurit prive 261V.10. Chimie et mtallurgie 261V.11. Industries extractives 262V.12. Propret industrielle 262V.13. Sport 262V.14. Administrations centrales 263V.15. Commerce 263

    VI. LE DIALOGUE SOCIAL DENTREPRISE 266VI.1. Le comit dentreprise europen 266VI.2. La socit europenne 273VI.3. Le dialogue social autonome 275

  • PARTIE 3 - LA NGOCIATION COLLECTIVE EN 2012 281

    LA NGOCIATION INTERPROFESSIONNELLE ET DE BRANCHE :DONNES GNRALES 283

    I. LACTIVIT CONVENTIONNELLE EN 2012 283I.1. Selon le niveau gographique 287I.2. Selon le type de textes 290I.3. La signature des organisations syndicales 293I.4. Les thmes de ngociation 294

    LA NGOCIATION PAR THMES 297

    I. LA NGOCIATION SUR LES SALAIRES 297I.1. Ngociation salariale de branche : activit conventionnelle

    et pourcentages daugmentation 299I.2. Laccompagnement de la ngociation salariale de branche dans le cadre

    du Comit de suivi 313I.3. Conclusions : la mobilisation reste forte mais des marges de progrs subsistent 322

    II. LA NGOCIATION SUR LES CLASSIFICATIONS PROFESSIONNELLES 337II.1. Tendance 337II.2. Analyse des accords et avenants 338

    III. LA NGOCIATION SUR LGALIT PROFESSIONNELLE ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES 353III.1. Une progression lente du nombre daccords en 2012 353III.2. Une amlioration constante du contenu des accords 354III.3. Lmergence de bonnes pratiques de la ngociation de branche 356

    IV. LA NGOCIATION SUR LA PARTICIPATION FINANCIRE 376IV.1. Poursuite de lapplication de la loi portant rforme des retraites relative au PERCO 376IV.2. Les accords collectifs et avenants signs en 2012 377IV.3. Conclusion et perspectives 379

    V. LA NGOCIATION DANS LE CADRE DE LA DURE ET DE LAMNAGEMENT DU TEMPS DE TRAVAIL 382

    V.1. Lamnagement du temps de travail, les forfaits et les heures supplmentaires 382V.2. Les autres thmes de ngociation sur le temps de travail 387

    VI. LA NGOCIATION SUR LES CONDITIONS DE TRAVAIL 407VI.1. La ngociation sur la prvention de la pnibilit 407VI.2. La ngociation sur la prvention des risques psychosociaux 411VI.3. La ngociation sur la prvention des risques professionnels 413

    VII. LA NGOCIATION SUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE 418VII.1. Historique et bilan de lanne 418VII.2. Les thmes abords 418

  • VIII. LA NGOCIATION COLLECTIVE SUR LEMPLOI 444VIII.1. Laccord national interprofessionnel du 19 octobre 2012

    relatif au contrat de gnration 444VIII.2. Laccord national interprofessionnel du 11 janvier 2013

    relatif la scurisation de lemploi 447VIII.3. Lactivit partielle 451VIII.4. Lemploi des seniors 454VIII.5. Lemploi en faveur des jeunes dcrocheurs 457VIII.6. La scurisation des parcours professionnels 458VIII.7. La gestion prvisionnelle des emplois et des comptences 459

    IX. LA NGOCIATION SUR LA PROTECTION SOCIALE COMPLMENTAIRE 465IX.1. La prvoyance complmentaire et la retraite supplmentaire 466IX.2. La retraite complmentaire obligatoire 472

    X. LA NGOCIATION SUR LE CONTRAT DE TRAVAIL 482X.1. Lembauche et la rupture du contrat sont des thmes dominants des accords 482X.2. Les dispositions conventionnelles sur les congs traitent essentiellement

    des congs pour vnements familiaux 489X.3. Les contrats atypiques 491X.4. Des thmes originaux 492

    LA NGOCIATION DENTREPRISE 505

    DONNES GNRALES 505

    I. CONTEXTE JURIDIQUE ET MTHODOLOGIE 506I.1. Cadre juridique de la ngociation dentreprise en 2012 506I.2. Circuit de la collecte des accords dentreprise 510I.3. Champ des accords et terminologie 511

    II. NOMBRE ET TYPES DACCORDS EN 2012 513II.1. Dcomposition du volume de textes en 2012 513II.2. Tendance globale en 2012 514II.3. Types daccords et calendrier des ngociations 515

    III. LA NGOCIATION DENTREPRISE PAR THME 519III.1. Les thmes des accords signs par des syndicats en 2012 520III.2. Lpargne salariale 523

    IV. LES SYNDICATS SIGNATAIRES DACCORDS 526

    V. LA NGOCIATION PAR SECTEUR DACTIVIT 530V.1. Les secteurs non agricoles 530V.2. La ngociation collective dans le secteur agricole 532

  • PARTIE 4 - LES DOSSIERS 533

    Relations professionnelles et ngociation collective

    DOSSIER N 1 : LES FICHES STATISTIQUES SUR LES CONVENTIONS COLLECTIVES DE BRANCHE EN 2010 537Dossier ralis par la Direction de lanimation de la recherche,des tudes et des statistiques (DARES)

    DOSSIER N 2 : LES OBLIGATIONS ET INCITATIONS PORTANT SUR LA NGOCIATION COLLECTIVE 559Dossier ralis par Antoine Naboulet,Commissariat gnral la stratgie et la prospective (CGSP)

    DOSSIER N 3 : LA NGOCIATION SUR LEMPLOI DES SENIORS,UN CLAIRAGE PARTIR DE LENQUTE REPONSE 581Dossier ralis par la Direction de lanimation de la recherche,des tudes et des statistiques (DARES)

    Conflits collectifs

    DOSSIER N 4 : TUDE STATISTIQUE SUR LES GRVES DANS LES ENTREPRISES EN 2011 613Dossier ralis par la Direction de lanimation de la recherche,des tudes et des statistiques (DARES)

    DOSSIER N 5 : LES CONFLITS COLLECTIFS DU TRAVAIL AYANT MARQU LACTUALIT EN 2012 635Dossier ralis par la Direction gnrale du travail (DGT)

    Analyse thmatique des accords

    DOSSIER N 6 : BILAN DE LA NGOCIATION SUR LEMPLOI DES SALARIS GS 653Dossier ralis par la Direction gnrale du travail (DGT)

    DOSSIER N 7 : ACCORDS GPEC : DE LA LOI AUX PRATIQUES LEONS TIRES DE 12 TUDES DE CAS 671Note de synthse ralise par le Groupe ALPHA,Centre tudes & prospective et le CEREGE, IAE de Poitiers

    DOSSIER N 8 : LA GPEC EN 2012 : UNE INSTRUMENTATION DIALOGIQUE PLUTT QUE TECHNOCRATIQUE 689Dossier ralis par Xavier Baron pour lInstitut dadministration des entreprises (IAE), Paris Panthon Sorbonne, GREGOR

  • PARTIE 5 - ANNEXES ET DOCUMENTS

    ANNEXES : LA NGOCIATION INTERPROFESSIONNELLE ET DE BRANCHE 711

    ANNEXE 1 : NOTICE EXPLICATIVE DES DONNES ISSUES DE LA BASE 713DE DONNES DES CONVENTIONS COLLECTIVES (BDCC)

    ANNEXE 2 : TEXTES INTERPROFESSIONNELS 715ET DE BRANCHE SIGNS EN 2011 : RSULTATS DFINITIFS

    ANNEXE 3 : LISTE DES CONVENTIONS COLLECTIVES SIGNES EN 2012 716

    ANNEXE 4 : LISTE DES ACCORDS INTERPROFESSIONNELS, 717INTERBRANCHES ET PROFESSIONNELS SIGNS EN 2012

    ANNEXE 5 : LISTE DES CONVENTIONS ET ACCORDS 723AYANT EU AU MOINS UN AVENANT AU COURS DE LANNE 2012

    GLOSSAIRE 771

    TABLE DES ANNEXES ET DES ENCADRS AU FIL DE LOUVRAGE 781

  • AVANT-PROPOS 11

    Avant-propos

    Les relations professionnelles en France se nourrissent de loiset de rglements mais aussi et cest l lune de leurs caractris-tiques de conventions et daccords conclus dans les entreprises,dans les branches et au niveau national et interprofessionnel. Seconstitue ainsi un corpus en constante volution comme lillustrecette nouvelle dition du bilan de la ngociation collective, unedition retraant une anne faite de ruptures et de continuit.

    La premire des ruptures est lie limpulsion donne audialogue social dans le cadre de la grande confrence sociale dejuillet 2012. bien des gards, la ngociation collective a t aucentre des dbats, rapports et conclusions de ce rendez-voussocial. La feuille de route qui en dcoule contient un certainnombre dinitiatives et de chantiers prioritaires qui, pour leur miseen uvre, ont ncessit une ngociation entre partenairessociaux, quil sagisse par exemple du contrat de gnration, de la scurisation de lemploi, de la qualit de vie au travail ou delgalit professionnelle.

    Ces renvois la ngociation sinscrivent dans la continuit de la loi du 31 janvier 2007 de modernisation du dialogue social qui impose une obligation pralable de ngocier avant touterforme souhaite par le Gouvernement concernant le travail,lemploi ou la formation professionnelle. La perspective de laconstitutionnalisation de cette obligation confre une porte

  • 12 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    nouvelle ce dispositif qui modifie de manire substantielle lesconditions dlaboration de la norme en droit du travail.

    En matire de reprsentativit syndicale au niveau des brancheset au niveau national et interprofessionnel, la prsentation desrsultats de la mesure daudience au Haut Conseil du dialoguesocial le 29 mars 2013 ponctue un processus initi par la positioncommune du 9 avril 2008, sur la reprsentativit, le dveloppementdu dialogue social et le financement du syndicalisme, et la loi du20 aot 2008, portant rnovation de la dmocratie sociale etrforme du temps de travail. Au bout, littralement parlant, de ceprocessus, la capacit ngocier des accords interprofessionnelsou de branche reposera dsormais, en ce qui concerne les organi-sations syndicales, sur le respect de critres rnovs au premierrang desquels figure celui fond sur les suffrages des salarisexprims en leur faveur.

    ct des rsultats enregistrs dans les entreprises de onzesalaris et plus qui ont organis des lections professionnellesentre 2009 et 2012, ont galement t pris en compte pour cetteaudience les rsultats issus du scrutin qui sest tenu entre fin novembre et mi-dcembre 2012 auprs des salaris des trspetites entreprises et des particuliers employeurs ainsi que ceuxprovenant des lections aux chambres dpartementales dagricul-ture de janvier 2013 pour les salaris de la production agricole. Autotal, plus de 5,4 millions de votants ont particip la dsignationdes organisations syndicales appeles les reprsenter dans lesngociations. lissue du processus de vrification des critres dereprsentativit autres que celui de laudience, la publication des arrts de reprsentativit marquera une rupture, celle delentre en vigueur des nouvelles rgles de ngociation desaccords collectifs.

    Douze annes aprs la position commune de juillet 2001 qui ainspir la loi du 4 mai 2004 relative la formation professionnelletout au long de la vie et au dialogue social, les conditions dengociation, de conclusion et de validation des accords vont doncconsidrablement voluer au niveau des branches et au niveaunational et interprofessionnel. La prochaine dition du bilan de langociation collective permettra de faire un premier point dtapesur les effets de ces nouvelles rgles.

    Au titre de lexercice 2012, dans un contexte marqu par lacrise conomique, le dynamisme de la ngociation collective en

  • AVANT-PROPOS 13

    France reste entier. La diversit des thmes abords au niveaunational et interprofessionnel (chmage partiel, modernisation duparitarisme de gestion, accs au logement, contrat de gnration,scurisation de lemploi) tmoigne de la volont des partenairessociaux dinvestir, spontanment ou sur sollicitation des pouvoirspublics, des champs de ngociation vastes et diversifis. Si, auniveau des branches professionnelles, les salaires restent un thmemajeur de ngociation, les conditions lies la ngociation desaccords et, plus largement, au fonctionnement du dialogue socialont galement domin lagenda. Au niveau des entreprises enfin,la question salariale mais aussi lgalit professionnelle ces deuxthmes pouvant tre lis et la prvention de la pnibilit ont eules faveurs des ngociateurs.

    Par laction quil mne en matire daide la ngociation,dextension des conventions et accords collectifs de branche et dediffusion de linformation conventionnelle, ltat accompagnegalement le dynamisme de la ngociation. En pilotant la rformede la reprsentativit syndicale, il renforce la lgitimit des acteursde la ngociation collective et par l mme, favorise llaborationdune norme ngocie mieux approprie et plus adapte auxralits des entreprises et des salaris. Le Bilan de la ngociationcollective en 2012 fait tat de cette intervention. Il laisse galement une large place aux principaux acteurs de la ngociation que sont les organisations syndicales et professionnelles.La premire partie est consacre leurs analyses.

  • Partie 1

    APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVEEN FRANCE EN 2012

  • LES NIVEAUX DE NGOCIATION 17

    LES NIVEAUX DE NGOCIATION

    I. UNE LGRE BAISSE DU NOMBRE DACCORDSCONCLUS AU NIVEAU INTERPROFESSIONNEL ET UNE ACTIVIT CONVENTIONNELLE DE BRANCHETOUJOURS DYNAMIQUELanne 2012 enregistre une lgre baisse du nombre daccords

    conclus au niveau interprofessionnel mme si de trs nombreux thmesont t abords par les partenaires sociaux ce niveau. Lactivitconventionnelle de branche reste quant elle toujours trs dynamique,grce la conclusion dun nombre important daccords notamment surles thmes des salaires et des primes et de la formation professionnelle.

    INTERPROFESSIONNEL

    Le nombre de textes signs au niveau national interprofessionnelenregistre en 2012 une lgre baisse. Si le nombre de textes de basereste stable (8 accords contre 11 en 2011), en revanche, on dnombre21 avenants contre 35 en 2011. Au total, ce sont 29 textes qui ont tenregistrs contre 46 en 2011.

    Deux accords sur le chmage partiel ont t conclus les 13 janvier et6 fvrier 2012. Le premier accord porte sur le chmage partiel et lesecond sur lactivit partielle de longue dure (APLD). Dans ces accordssigns par tous, lexception de la CGT, les partenaires sociaux ontnotamment prvu, titre exprimental jusquau 30 septembre, unesimplification de lAPLD laquelle les entreprises sont autorises faireappel ds le deuxime mois de chmage partiel, et non plus autroisime mois. Il est galement prvu que lUndic indemniseradsormais le salari ds la premire heure chme et non plus partirde la cinquante-et-unime. Ces mesures sont venues sajouter auxmesures de simplification prcdemment prises qui prvoient la fin delautorisation administrative pralable pour les entreprises et lapossibilit de mettre plus facilement en formation les salaris auchmage partiel.

    Aprs dix-neuf sances de ngociation, un accord national interpro-fessionnel a t conclu, le 17 fvrier 2012, sur la modernisation duparitarisme de gestion. Le texte, qui ne concerne que les organismesparitaires nationaux interprofessionnels de gestion, cest--dire ceux

    Partie 1 - partenaires 14/06/13 10:20 Page 17

  • 18 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    dans lesquels ne sigent que les partenaires sociaux, a t sign par laCFDT, la CGT-FO et la CFTC.

    Par la suite, le 18 avril 2012, les partenaires sociaux sont parvenus un accord visant faciliter laccs au logement pour favoriser laccs lemploi. Laccord a t sign par lensemble des organisationssyndicales de salaris. Par cet accord, les partenaires sociaux estimentquil existe un lien vident entre le logement et lemploi et quils sontdonc lgitimes sur la question du logement des salaris.

    Le 3 octobre 2012, les organisations syndicales et patronalesreprsentatives au plan national et interprofessionnel ont galementsign laccord sur laffectation des ressources du fonds paritaire descurisation des parcours professionnels (FPSPP). La dclinaison de cetaccord a donn lieu, le 30 novembre 2012, une convention-cadretriennale (2013-2015) entre ltat et le FPSPP, conformment larticleL.6332-21 du Code du travail.

    Contrat de gnration et Scurisation de lemploi

    la suite de la grande confrence sociale des 9 et 10 juillet 2012 etsur la base dun document dorientation transmis aux partenairessociaux le 4 septembre, un accord unanime a t conclu sur le contratde gnration le 19 octobre 2012. Cet accord a fait lobjet dune transpo-sition lgislative dans la loi n 2013-185 du 1er mars 2013 portant crationdu contrat de gnration complte par le dcret n 2013-222 du 15 mars2013.

    Outre ces ngociations, les partenaires sociaux ont organis denombreuses runions notamment sur la modernisation du dialoguesocial, la qualit de vie au travail ou encore la scurisation de lemploiet la rforme du march du travail. Sur ce dernier thme, les partenairessociaux ont dailleurs conclu, le 11 janvier 2013, laccord pour unnouveau modle conomique et social au service de la comptitivit desentreprises et de la scurisation de lemploi et des parcours profes-sionnels des salaris.

    En complment de ces ngociations nationales, il est noter laconclusion de trois accords interprofessionnels de niveau infranational :le protocole daccord du 7 juin 2012 sur les mdiateurs sociaux du travailet intervenants ateliers droits et devoirs pour les salaris saisonniers duPays Landes Nature Cte dargent (saison 2012), laccord PEI PERCOHauts-de-Seine du 14 septembre 2012 et laccord du 26 octobre 2012relatif lindemnisation du chmage Mayotte.

  • LES NIVEAUX DE NGOCIATION 19

    BRANCHE

    Sagissant de la ngociation de branche, la tendance pour 2012 restemarque par une forte activit conventionnelle. En effet, 1 236 textessigns en 2012 ont t dposs auprs des services de la Directiongnrale du travail (DGT), soit une lgre augmentation par rapport aurecensement effectu pour lanne prcdente la mme date(1 192 textes).

    Comme les annes prcdentes, les salaires restent le premier thmedes ngociations de branche. Le rythme de ngociation a mme connuun regain de dynamisme en 2012 par rapport aux deux annesprcdentes. Le nombre davenants salariaux augmente (579 avenantscontre 517 en 2011). En 2012, la ngociation salariale de branche sestdroule dans le contexte dune double revalorisation du salaireminimum interprofessionnel de croissance (SMIC) au 1er janvier et au1er juillet. Cette seconde revalorisation du SMIC a incit certainesbranches ngocier un deuxime accord en fin danne. On compteneuf branches sur dix ayant conclu au moins un accord dans lannedans le secteur gnral.

    Sur les autres thmes de ngociation, cest la thmatique relative auxconditions de ngociation/conclusion des accords (320 accords) quiconnat la plus forte dynamique en 2012. Ces accords portent sur dessujets divers comme lorganisation et le financement du dialogue socialdans la branche, la validation des accords dentreprise, les clauses derendez-vous ou le fonctionnement des commissions paritaires debranche. Les accords portant sur la formation professionnelle etlapprentissage connaissent une lgre baisse. Ces accords sinscriventtoujours dans le cadre de laccord national interprofessionnel du5 octobre 2009 sur le dveloppement de la formation tout au long de lavie professionnelle (227 textes en 2012 contre 266 textes enregistrs la mme priode en 2011). La thmatique de lgalit professionnelleentre les femmes et les hommes connat galement une lgre hausse(182 accords contre 167 textes en 2011). Parmi les autres principauxthmes, on trouve la prvoyance et la retraite complmentaire, unniveau stable (148 textes contre 152 textes en 2011) ainsi que les sujetsrelatifs au contrat de travail (143 textes enregistrs contre 148 en 2011).

    ENTREPRISE

    Le nombre daccords conclus au niveau de lentreprise enregistre uneaugmentation importante en 2012 par rapport 2011 (38 799 textescontre 33 869 textes enregistrs en 2011, soit prs de 5 000 textes deplus). Cette augmentation rsulte notamment des obligations nouvelles

  • 20 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    ou renforces entres en application en 2011 et qui portent sur lgalitprofessionnelle entre les hommes et les femmes ou la prvention de lapnibilit au travail. Le nombre de textes relatifs lpargne salarialeenregistre une hausse plus modre (+ 5 %).

    On constate une hausse significative du volume de textes signs parles dlgus syndicaux (+ 17 %) et par les reprsentants lus dupersonnel (+ 6 %). La comparaison entre 2011 et 2012 tmoigne dunehausse globale du nombre de textes tablis en entreprise du fait desaugmentations conjointes du nombre daccords, en particulier de ceuxsigns par les dlgus syndicaux, et du nombre de dcisions unilat-rales de lemployeur (+ 28 %). Au total, 65 319 textes sont dnombrerau niveau de lentreprise.

    Sur lensemble des textes comptabiliss, les accords signs par desreprsentants du personnel reprsentent prs de trois textes sur cinq.Les autres sont des dcisions unilatrales de lemployeur (19 %) et desratifications par rfrendum auprs des salaris (21 %). Si on sen tientaux seuls textes signs par des dlgus syndicaux ou des salarismandats, on observe que les textes signs par les dlgus syndicauxrestent largement majoritaires (huit textes sur dix).

    Comme les annes prcdentes, les rmunrations et le temps detravail restent les thmes privilgis de la ngociation dentreprise. Lessalaires et primes reprsentent 36 % des accords signs en 2012 (+ 9 %).Cette augmentation sinscrit dans la ligne de celle constate depuislentre en vigueur, en janvier 2009, de la loi du 3 dcembre 2008 enfaveur des revenus du travail qui a mis en place des sanctions graduellesen cas de non-respect de lobligation annuelle de ngocier sur lessalaires dans les entreprises.

    Le temps de travail est abord, quant lui, dans 23 % des accords.Comme en 2011, une partie des accords comptabiliss sur ce thme sonten ralit des accords relatifs lgalit professionnelle contenant desdispositions sur le temps de travail. Les accords sur la pnibilit dutravail sont plus nombreux avoir t signs aprs la date limite dedpt lgal (942 textes en 2012) quavant (741 textes en 2011).

    Lannonce du dispositif de contrat de gnration a modifi lecalendrier de ngociation des entreprises sur lemploi des seniors avecpour consquence un volume daccords sur ce thme assez proche decelui relev en 2011.

    Enfin, les accords sur le droit syndical, les institutions reprsentativesdu personnel et lexpression des salaris se maintiennent un niveautoujours lev et quivalent celui de 2011 (2 300 textes environ).

  • LES NIVEAUX DE NGOCIATION 21

    II. LE DIALOGUE SOCIAL TERRITORIAL

    Le dialogue social territorial se concrtise au travers des commissionsparitaires locales (CPL), mais galement partir de projets multi-partena-riaux sinscrivant dans des aires gographiques diverses et sur desthmatiques de ngociations varies.

    Outre lactivit des CPL, les actions menes en 2012 sur le dialoguesocial territorial sont trs diverses, quelles soient menes au sein decommissions institutionnalises ou dans le cadre de projets conduits endehors dinstances prvues par la loi ou par accord.

    Les sujets abords restent trs varis. Les accords peuvent concernerdes thmes propres au travail et lemploi (gestion prvisionnelle desemplois et des comptences, formation professionnelle, conditions detravail, prvoyance, etc.) ou tre davantage socitaux (transports,conditions doctroi des chques-restaurants et des chques-vacances,etc.).

  • LES THMES DE LA NGOCIATION 23

    LES THMES DE NGOCIATION

    DE BRANCHE ET DENTREPRISE

    I. LE NOMBRE DACCORDS SUR LES SALAIRESAUGMENTE AINSI QUE LES NGOCIATIONS SUR LES CLASSIFICATIONSEn 2012, comme les annes prcdentes, les salaires restent le thme

    premier de ngociation, dans la branche comme dans lentreprise.

    Les rsultats de lactivit conventionnelle dans lensemble desbranches font apparatre un net regain de dynamisme de la ngociationsalariale de branche qui accentue lvolution observe lanneprcdente. Les chiffres enregistrs pour 2012 sont les plus levs desdix dernires annes.

    En effet, le nombre total davenants salariaux signs dans lanneslve 579 en 2012 (contre 517 en 2011, et 458 en 2010). Ce regaindactivit est dautant plus net que les rsultats prsents pour lanne2012 sont provisoires, contrairement ceux des annes antrieures quisont ractualiss au vu des accords dposs tardivement. Compar auxrsultats provisoires de lanne 2011 publis dans le bilan prcdent(489 avenants), le nombre total davenants salariaux signs en 2012connat une progression de 18 %.

    Si on examine plus prcisment lactivit conventionnelle dans lesbranches couvrant plus de 5 000 salaris (300 branches dont 175 dusecteur gnral), on observe quaprs avoir connu un flchissementdans les annes 2009 et 2010, le nombre davenants signs dans lesbranches de plus de 5 000 salaris est, comme en 2011, en netteprogression puisquil slve 317 (contre 266 en 2011, soit + 19 %). Ilse situe ainsi un niveau soutenu et mme suprieur au pic de 2008.

    Plus prcisment, le bilan de la situation des grilles salariales delensemble des branches couvrant plus de 5 000 salaris dress au31 dcembre 2012 fait apparatre que sur les 300 branches analysesdans le cadre du Comit de suivi de la ngociation salariale de branche,127 branches sur 175 du secteur gnral, 49 branches de la mtallurgiesur 68 et 42 des 57 branches du btiment et des travaux publicsprsentent des minima conformes au SMIC.

  • 24 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    En conclusion, mme si presque toutes les branches dont lespremiers coefficients avaient t rattraps par le SMIC ont engag denouvelles ngociations, conformment la loi du 22 mars 2012 relative la simplification du droit et lallgement des dmarches administra-tives, la moiti dentre elles nont pas pu aboutir avant la fin de lanne.On peut toutefois estimer que ce retard dactualisation des grilles en2012 sexplique plus par le rythme essentiellement annuel de langociation salariale de branche et les incertitudes qui pesaient sur larevalorisation du SMIC de janvier que par un essoufflement de la mobili-sation des partenaires sociaux.

    Au niveau de lentreprise, les donnes provisoires font tat dunehausse de 9 % du nombre daccords sur les salaires et primes en 2012.Ce sont ainsi prs de 36 % des accords signs par les dlgus syndicauxqui portent sur ce thme en 2012 (36,5 % en 2011 sur donnes dfini-tives). Ces chiffres sont donc comparables ceux de 2011, mme si lesdonnes provisoires de 2011 faisaient apparatre ce thme commereprsentant 40 % des accords : en 2011, les accords sur la prime departage des profits avaient t comptabiliss dans la rubrique salaireset primes et avaient amplifi la tendance.

    Trs troitement lie la ngociation salariale, la ngociation sur lesclassifications connat une nette augmentation. En effet, le nombredaccords et avenants relatifs aux classifications slve 60 textes en2012 contre 34 en 2011. ce chiffre, sajoutent les neuf conventionscollectives signes dans lanne qui comportent ncessairement unegrille de classifications. La tendance observe lan pass, savoir laprdominance des textes de porte limite (32 textes) par rapport auxtextes modifiant la structure mme des grilles se confirme. On note enfinque lors des rvisions en profondeur, les ngociateurs mettent le plussouvent en place des grilles critres classants plutt que des grilles detype Parodi.

  • LES THMES DE LA NGOCIATION 25

    II. UNE RELATIVE PROGRESSION DU NOMBREDACCORDS SUR LGALIT PROFESSIONNELLE Le lgislateur a renforc le rle de la ngociation collective en matire

    dgalit professionnelle et salariale entre les femmes et les hommes,comme en atteste la dernire loi du 26 octobre 2012 portant cration desemplois davenir et son dcret dapplication du 18 dcembre 2012. Ainsi,au niveau de lentreprise, la priorit est clairement donne langociation, le recours un plan daction unilatral ntant possible quesi les ngociations engages nont pas abouti.

    La conclusion dun accord de branche traitant du thme de lgalitentre les femmes et les hommes na pas pour effet dexonrer de lapnalit financire les entreprises relevant de son champ dapplicationqui nauraient pas ngoci ou, dfaut, tabli un plan dactionunilatral. Pour autant, dans les branches o un accord de mthode at ngoci, en 2012, les partenaires sociaux des entreprises peuventsen inspirer et mettre en uvre, sur cette base, une dmarche afin derpondre aux dispositions lgales et rglementaires.

    Ainsi, le nombre daccords de branche sur le thme de lgalitprofessionnelle enregistre une certaine progression en 2012 : 183 textesqui se rpartissent entre 19 accords ddis lgalit professionnelle etsalariale (contre 27 en 2011, 37 en 2010) et 164 accords y faisantrfrence (contre 140 en 2011 et 112 en 2010).

    Le nombre daccords abordant la thmatique de lgalit profession-nelle et salariale augmente sensiblement au cours des dernires annesainsi que leur part dans le nombre daccords signs. Cependant, lenombre daccords ddis lgalit professionnelle et salariale diminueencore cette anne, contrairement la tendance observe jusquen 2010.

    La qualit des accords portant spcifiquement sur lgalit profes-sionnelle et salariale, examins au cours de la procdure dextension, semaintient aussi puisque la moiti des accords sont tendus sans rserveen 2012 comme en 2011. Lanalyse des accords rvle encore cetteanne des insuffisances rcurrentes lies aux difficults rencontres parcertaines branches pour poser un diagnostic des carts salariaux,programmer des mesures oprationnelles et concrtes et enfin suivredans la dure des plans daction quand ils existent.

    La pnalit financire instaure par la loi n 2010-1330 du9 novembre 2010 portant rforme des retraites, pour les entreprises daumoins 50 salaris non couvertes par un accord relatif lgalit profes-sionnelle ou, dfaut daccord, par un plan daction compter du1er janvier 2012, accentue la tendance laugmentation annuelle du

  • 26 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    nombre de textes sur lgalit professionnelle. Ce sont aujourdhui prsde 18 % des accords qui abordent lgalit professionnelle, soit uneproportion quasi quivalente celle reprsente par les accords surlpargne salariale, troisime thme de ngociation en nombredaccords.

  • LES THMES DE LA NGOCIATION 27

    III. LA FORMATION PROFESSIONNELLE RESTE UN THME ESSENTIEL EN LIEN AVEC LES DERNIRES MODIFICATIONS LGALESAPPORTES PAR LA LOI DU 24 NOVEMBRE 2009

    230 accords de branche ont t conclus en 2012 dans le domaine dela formation professionnelle et de lapprentissage (277 accords debranche avaient t conclus en ce domaine en 2011). Ils sinscriventdans le cadre de laccord national interprofessionnel du 5 octobre 2009sur le dveloppement de la formation tout au long de la vie profes-sionnelle, la professionnalisation et la scurisation des parcoursprofessionnels, de la loi n 2009-1437 du 24 novembre 2009 relative lorientation et la formation professionnelle tout au long de la vie etde la loi n 2011-893 du 28 juillet 2011 pour le dveloppement de lalter-nance et la scurisation des parcours professionnels.

    Les thmes traits en 2012 abordent lensemble des aspects de laformation professionnelle : lapprentissage, les objectifs et priorits dela formation, les commissions paritaires nationales de lemploi et de laformation professionnelle, les certificats de qualification professionnelle,les observatoires des mtiers et des qualifications, lentretien profes-sionnel, le passeport formation, le bilan de comptences, la validationdes acquis de lexprience, le plan de formation, les contrats de profes-sionnalisation, etc.

    Concernant plus particulirement le financement de la formationprofessionnelle continue et de la restructuration du rseau de collectedes contributions des employeurs au dveloppement de cette formation,104 accords (162 en 2011) ont trait de cette question. Ces accords ontabord notamment les points suivants : dsignation de lorganismeparitaire collecteur agr (OPCA) de branche, collecte et mutualisationdes fonds, dfinition des priorits de financement. Au niveau de lafixation et la rpartition des taux de contribution des entreprises laformation professionnelle continue, la majorit des accords sen tiennentaux dispositions lgales prvues en la matire. Certains, toutefois,consacrent un pourcentage suprieur celui prvu lgalement. On peutnoter aussi que sur la thmatique du choix de lOPCA de branche, lesngociations ont parfois t difficiles.

  • 28 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    Textes interprofessionnels et de branche signs en 2012*

    Source : ministre du Travail, de lEmploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social DGT (BDCC)(*) provisoire

    Nombre de textes ayant eu un avenant ou un accord en 2012*

    Source : ministre du Travail, de lEmploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social DGT (BDCC)(*) provisoire

    Textes de base Accords Totalet avenants

    Accords Interprofessionnels 6 20 26Accords Professionnels 29 51 80Conventions Collectives 6 730 736

    TEXTES NATIONAUX 41 801 842

    Accords Interprofessionnels 0 1 1Accords Professionnels 0 5 5Conventions Collectives 2 265 267

    TEXTES RGIONAUX 2 271 273

    Accords Interprofessionnels 2 0 2Accords Professionnels 1 0 1Conventions Collectives 1 146 147

    TEXTES DPARTEMENTAUX/LOCAUX 4 146 150

    TOTAL 47 1 218 1 265

    Nombre de conventions Nombre de textes et accords collectifs ayant eu au moins un Taux (2) / (1) en %

    en vigueur (1) avenant en 2012 (2)

    TEXTES NATIONAUX 1 149 296 26 %

    TEXTES RGIONAUX 110 43 39 %

    TEXTES DPARTEMENTAUX 361 76 21 %

    TOTAL DES TEXTES 1 620 415 26 %

  • LES THMES DE LA NGOCIATION 29

    Principaux thmes abords par les avenants et les accords signs en 2012 et 2011

    Source : ministre du Travail, de lEmploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social DGT (BDCC)Note : Ce tableau prsente la frquence des diffrents thmes, sachant qu'un texte peut en aborder plusieurs.

    La somme des valeurs affiches droite est suprieure au nombre total de textes signs en 2012.

    Rang Thmes 2012 2011 Rang2012 (provisoire) actualis 2011

    1 Salaires 579 516 1

    2 Conditions de conclusion des accords 320 275 3

    3 Systme et relvement de primes 230 234 4

    4 Formation professionnelle / apprentissage 227 277 2

    5 galit professionnelle entre les femmes 183 167 6et les hommes

    6 Conditions d'application des accords 178 170 5

    7 Retraite complmentaire et prvoyance 148 164 7

    8 Contrat de travail 143 157 8

    9 Droit syndical 88 46 13

    10 Temps de travail 79 62 9

  • LA NGOCIATION COLLECTIVE VUE PAR LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 31

    LA NGOCIATION COLLECTIVE

    VUE PAR LES ORGANISATIONS

    PROFESSIONNELLES

    Cette partie constitue un espace rdactionnel ouvert aux organisa-tions professionnelles reprsentes au sein de la Commission nationalede la ngociation collective.

    Afin denrichir le bilan annuel ralis par lAdministration, les parte-naires sociaux ont t invits prsenter leur vision de la ngociationcollective au cours de lanne coule.

    Ont t rassembles dans cette partie les contributions des organisa-tions professionnelles de salaris et demployeurs qui ont t en mesurede sassocier cette dmarche. Les propos tenus sous cette rubriquenengagent que les organisations qui les ont produits, lAdministrationnayant assur ici quun rle ditorial.

  • LA NGOCIATION COLLECTIVE VUE PAR LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 33

    LES ORGANISATIONS DE SALARIS

    CFDT

    CFE-CGC

    CFTC

    CGT

    CGT-FO

  • LA NGOCIATION COLLECTIVE VUE PAR LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 35

    CONTRIBUTION DE LA CONFDRATION FRANAISEDMOCRATIQUE DU TRAVAIL (CFDT)

    UNE ANNE PARTICULIRE

    Un rythme de ngociation soumis lagenda politique et social

    Poids de lactualit politique

    Sur fond de crise conomique et sociale aggrave, lanne 2012 secaractrise par deux consquences de lactualit politique sur langociation collective nationale interprofessionnelle : une longuephase de suspension des discussions, depuis lamont des lectionsprsidentielles jusqu la dfinition de la feuille de route sociale puisdu calendrier de travail lissue de la Confrence sociale ; un derniertrimestre de ngociation intense plac sous le signe dun certain renou-veau dans le fonctionnement de la dmocratie sociale.

    Quant la phase indite de concertation tripartite et multipartite(1),si elle ne participe pas de la ngociation collective au sens littral, ellea fortement mobilis les organisations syndicales de salaris etdemployeurs et imprim une marque indiscutable sur le dialoguesocial. Elle signe une nouvelle faon de travailler, o, par le dialogue,on dcide de la mthode suivre pour traiter les sujets sociaux avantla dcision politique : ngociation entre partenaires sociaux, concerta-tion, exercice tripartite tat organisations syndicales organisationspatronales.

    1) Mobilisation de ltat, des collectivits territoriales, des partenaires sociaux et des grandes associationspour la Confrence sociale en juillet, la Confrence environnementale en septembre, les tats gnrauxcontre la pauvret et pour linclusion sociale en dcembre.

  • 36 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    Enfin, si les ngociations ont t interrompues par les lectionsprsidentielle et lgislatives, la Confrence sociale a permis de mettreen perspective les priorits de la priode et surtout linterdpendancedes sujets, qui sest matrialise notamment dans le programmearticul et ambitieux de ngociation autour de la scurisation delemploi.

    Renouvellement des instances dirigeantes des partenaires sociaux

    La ngociation collective a par ailleurs t affecte par le renouvelle-ment ou les perspectives de renouvellement plus ou moins concomitantsdes dirigeants des organisations syndicales et patronales. Quelle que soitla situation propre chaque organisation, ces priodes de transitionprovoquent une focalisation sur le fonctionnement interne de lorganisa-tion qui peut entraver le potentiel de ngociation. De ce point de vue, laCFDT se flicite toutefois davoir bien matris leffervescence lie cetype dvnement.

    Une priorit installe : lemploi

    La progression du chmage depuis 2008 et la destruction noncompense demplois en Europe et en France ont maintenu, malgrlalternance politique, la mme proccupation sociale quen 2011 etprobablement quen 2013 : lemploi. Pour autant, il ne faut pas sous-estimer des thmes importants pour les salaris dans cette priode decrise lancinante, comme le pouvoir dachat et les conditions de travail.

    La ngociation comptitivit-emploi a t engage le 17 fvriersous limpulsion du prsident de la Rpublique en fin de quinquennat.Il envisageait de transposer en France les contrats comptitivit-emploiconclus en Allemagne avec un certain succs pour lconomie et lamatrise du chmage afin dajuster lorganisation de la production aucontexte dune entreprise.

    Le peu de temps allou la ngociation (deux mois), lhypothsedune transposition malgr des diffrences videntes de culture et decadre sociaux, le projet irraliste dune dcision prise dans la prcipita-tion avant les lections ont eu raison de la ngociation, interrompue le13 avril. Elle a toutefois permis de confronter les positions sur une partiedes sujets repris en fin danne lors de la ngociation scurisation delemploi.

    CFDTLa contribution de la

  • LA NGOCIATION COLLECTIVE VUE PAR LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 37

    Des accords et avenants nationaux interprofessionnels pour la plupart lis cette priorit

    lexception de laccord national interprofessionnel (ANI) sur lamodernisation du paritarisme, les quelques accords nationaux interpro-fessionnels et les avenants signs en 2013 ont pour objectif premierdapporter des lments de solutions cibls sur les salaris et deman-deurs demploi les plus menacs.

    Mieux utiliser le recours au chmage partiel

    Le chmage partiel en France est peu lisible, peu utilis et largementmconnu. Partant de ce constat, les partenaires sociaux ont par deuxaccords celui du 13 janvier 2012 relatif au chmage partiel et celui du6 fvrier 2012 relatif lactivit partielle de longue dure (APLD) convenu de rpondre aux difficults conjoncturelles rencontres par lesentreprises et leurs salaris et de simplifier les dispositifs existants.

    La CFDT entendait que cela se fasse sur les bases du systmedAPLD, plus favorable la fois aux salaris (avec une meilleureindemnisation pour les salaris partant en formation) et aux entre-prises, particulirement les trs petites, petites et moyennes entreprises(TPE/PME), traditionnellement peu utilisatrices du chmage partiel.

    Les organisations se sont entendues sur la ncessaire refonte desdispositifs. Les travaux se sont poursuivis dans le cadre de la ngocia-tion sur la scurisation de lemploi.

    Piloter le contrat de scurisation professionnelle en fonction des besoins

    Le contrat de scurisation professionnelle (CSP) est issu de lANI du31 mai 2011. Initialement ouvert aux salaris licencis conomiquesdes entreprises dont leffectif est infrieur 1 000 salaris, il permet unaccompagnement renforc par Ple emploi et les oprateurs privs encharge de leur suivi.

    Dans le cadre dun comit de pilotage national (tat/partenairessociaux), un suivi trimestriel est assur et des modifications ont tdcides au fil des besoins et observations : lentre dans le dispositifdintrimaires, de salaris en contrat dure dtermine (CDD) et encontrat de chantier ; laugmentation substantielle des priodesmaximales dactivits autorises pour les CSP selon le vu des salaris.

    CFDTLa contribution de la

  • 38 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    La CFDT entend que ce modle de pilotage trs ractif soit radapt dautres politiques de lemploi.

    Poursuivre et adapter laccompagnement des jeunes demandeursdemploi

    Certains articles de lANI du 7 avril 2011 ont t prolongs jusquau30 juin 2013. Lenjeu de cet avenant n 1 est daugmenter les effectifs dejeunes (notamment les moins qualifis, avec le plus de difficults daccs lemploi) intgrs dans les diffrents dispositifs (accompagnementrenforc, prparations oprationnelles lemploi, actions de formationpralables au recrutement) et dencadrer par des objectifs chiffrs leciblage sur les jeunes de moins de 30 ans des mesures favorisant laccs lemploi.

    Faciliter laccs au logement pour favoriser laccs lemploi

    LANI du 18 avril 2012 qui prolonge ceux du 8 juillet 2009 sur lagestion sociale des consquences de la crise conomique sur lemploiet du 29 avril 2011 sur le logement des jeunes raffirme le lienvident entre logement et emploi ainsi que la lgitimit des partenairessociaux intervenir sur ce champ, via Action Logement.

    Les partenaires sociaux y dfinissent les orientations politiques dudispositif Action Logement. Ils sengagent :

    augmenter fortement loffre de logements locatifs conomiquementaccessible dans le parc HLM et loffre dhbergements collectifsdestine particulirement aux jeunes, ainsi quaux salaris enmobilit selon les bassins demploi ;

    favoriser laccession sociale la proprit mais aussi scuriserlaccs ou le maintien dans le logement des salaris travers ledveloppement de la garantie des risques locatifs (GRL) ;

    revenir une politique contractuelle dans laffectation desressources dAction Logement , notamment en recentrant laParticipation des entreprises leffort de construction (PEEC) sur sonvritable objet : le logement des salaris.

    Mettre en uvre le contrat de gnration

    Comme dcid lissue de la Confrence sociale, le Gouvernementa confi aux partenaires sociaux le soin de ngocier la mise en uvrede ce dispositif. La CFDT a saisi cette opportunit de faire progresser

    CFDTLa contribution de la

  • LA NGOCIATION COLLECTIVE VUE PAR LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 39

    lemploi de qualit pour les jeunes et les seniors par la ngociation surles questions intergnrationnelles.

    LANI du 19 octobre 2012 sur le contrat de gnration reprendplusieurs des propositions soutenues par la CFDT qui vont dans cesens : ralisation dun diagnostic intergnrationnel partag ; accompa-gnement et formation pour les jeunes et les seniors concerns ; trans-mission de comptences reconnaissant le rle de rfrent et laccueildes jeunes embauchs ; primaut au dialogue social dans les entre-prises et lembauche en contrat dure indtermine (CDI) pour lesjeunes ; conditionnement de laide financire la ngociation.

    Les organisations de salaris et demployeurs ont fait le choix deplacer la ngociation dentreprise au cur de la mise en uvre ducontrat de gnration. Loin de tout cadrer, laccord laisse unesouplesse aux ngociateurs dans les entreprises mais aussi dans lesbranches, pour adapter au mieux les dispositions prvues selon laralit du terrain.

    Scurisation de lemploi : une ngociation dun nouveau type

    Cette ngociation sest engage en octobre sous limpulsion de ltatavec une chance courte avant lintervention lgislative annonce.Lobjectif : russir scuriser lemploi et les parcours professionnelsdes salaris (y compris en situation prcaire) par des droits nouveauxet une capacit renforce danticipation ; dans le mme temps,rpondre aux besoins dajustement des entreprises confrontes lacrise (ajustement des comptences, du temps travaill, des emplois,etc.).

    Pour la CFDT, lobjet mme de la ngociation, au cur de la raisondtre des partenaires sociaux, imposait pour leur crdibilit deparvenir un accord quilibr, dutilit immdiate mais aussi capabledenclencher dans la dure une rforme dynamique du march dutravail.

    Loriginalit de cette ngociation rside non dans son objet unepriorit inconteste mais dans le fait quelle articule plusieurs sujetsjusque-l abords (quand ils ltaient) dans des ngociations spares :modalits de traitement des questions de comptitivit et demploi ycompris en priode de crise ; conditions de lanticipation par les repr-sentants des salaris des volutions des entreprises et de leurs cons-quences sur lemploi, les comptences et lorganisation du travail ;

    CFDTLa contribution de la

  • 40 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    ingalit des salaris entre eux face la protection sociale et auxconditions de travail (prcarit, temps partiels, horaires en miette,priodes de chmage, etc.).

    Laboutissement, dans les dlais, de cette ngociation par laccorddu 11 janvier 2013 prlude une probable volution lgislativedenvergure naurait pu se produire sans les avances ralises parles partenaires sociaux lors de ngociations pralables plus circons-crites (comptitivit-emploi, volution des institutions reprsentativesdu personnel, etc.). Laccord renvoie aussi dautres ngociationsspcialises ultrieures (sur la formation, notamment) la mise en formedtaille des principes quil pose. Cette ngociation a donn de lacohrence aux sujets traits, renforant lefficacit du dialogue social.

    Des rsultats ingaux sur les autres sujets de ngociation

    Poursuite des rformes structurelles ncessaires : lANI sur la modernisation du paritarisme et de son fonctionnement

    Ngoci pour lessentiel en 2011 mais conclu le 17 fvrier 2012, cetaccord sinscrit dans la suite logique de la rforme structurelle dudialogue social et de la loi sur la reprsentativit. Il raffirme la lgiti-mit du paritarisme, son rle dans la dmocratie sociale et rpond auxenjeux de transparence, dharmonisation et de valorisation de lactionparitaire.

    La CFDT se satisfait particulirement des acquis suivants : renfor-cement des rgles de gouvernance, mise en uvre de la reprsentati-vit, limitation du cumul des mandats, rgles de transparencefinancire, exigences dvaluation du fonctionnement des organismeset des prestations servies, obligation de formation et de reconnaissancedes mandataires.

    Elle regrette le primtre dapplication limit aux organismes natio-naux interprofessionnels et agira pour quil soit progressivementtendu lensemble des organismes paritaires ou impliquant les parte-naires sociaux reprsentatifs.

    Concertation autour du SMIC :un instrument utile, des effets pervers

    lissue dun processus de consultation des partenaires sociaux dela Commission nationale de la ngociation collective (CNNC), le

    CFDTLa contribution de la

  • LA NGOCIATION COLLECTIVE VUE PAR LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 41

    Gouvernement a procd un toilettage des indicateurs concourantaux mcanismes de revalorisation automatique du salaire minimuminterprofessionnel de croissance (SMIC). La CFDT a apport sa contri-bution au dbat, sans occulter le rle du SMIC dans la construction dessalaires en France. Sa substitution vidente la ngociation des bassalaires pose un problme qui ne trouvera de solutions que dans unemeilleure valuation du partage des richesses cres par lentreprise,entre ses diffrentes parties prenantes dune part, et dans le cadre de ladistribution des rmunrations salariales dautre part.

    Prise en compte de la pnibilit : la compensation ignore

    La CFDT porte un regard trs critique sur la dynamique de ngociationcollective relative la pnibilit induite par la loi du 9 novembre 2010portant rforme des retraites. La quantit et la qualit des accords conclus,tant au niveau des branches que des entreprises, sont trs loignes desbesoins.

    Concernant la compensation de la pnibilit, lexception dequelques grandes entreprises ou des branches professionnelles les plusimportantes, les accords sont muets. Pourtant, lingalit devant letemps de bnfice de la retraite existe. Elle reste donc non compense.Le dispositif lgislatif inachev et ambigu permettant, titre expri-mental et chance courte, la mise en uvre volontaire daccords debranche ou dentreprise a eu leffet peut-tre escompt de nenproduire aucun.

    Ces constats plaident pour une remise plat des textes relatifs laprvention et la compensation de la pnibilit. Pour la prvention ilfaut ouvrir la possibilit de ngociations systmiques englobant pnibilit,gestion des parcours professionnels, seniors, voire galit professionnelleafin de ne pas contrarier la dynamique sociale des entreprises par desinjonctions de ngociations thmatiques et temporalits imposes defaon fractionne. Pour la compensation, il faut intgrer cette derniredans le dispositif des retraites.

    Formation professionnelle : en attendant la rforme

    La ncessit de solidarit face aux consquences de la crise etlengagement du ministre de ne plus effectuer de prlvement sur lefonds paritaire de scurisation des parcours professionnels (FPSPP) ontpermis de parvenir assez facilement laccord annuel sur le taux decontribution des entreprises au financement du fonds.

    CFDTLa contribution de la

  • 42 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    Laccord interprofessionnel triennal sur la rpartition des fonds a tassez rapide et consensuel. Il reprend des orientations politiques djconnues et discutes lors des diffrents dbats interprofessionnels surla formation.

    Cet accord a pu se dcliner quoique laborieusement dans laconvention triennale avec ltat sur la rpartition des fonds mutualississus du paritarisme. En effet, ltat, souhaitant soutenir ses prioritspolitiques, a largi le champ des formations cibles par la conventionsans proposer de moyens financiers en consquence. Cette situation aconduit les partenaires sociaux trouver des accords internes pragma-tiques et quelquefois douloureux, avec des choix, notamment finan-ciers, assumer collectivement.

    La ngociation sur la scurisation de lemploi, lors du derniertrimestre 2012, imposait lvidence un volet formation professionnellebeaucoup trop important pour tre dvelopp dans le temps courtimparti. La rforme denvergure annonce par le Gouvernement seradonc prcde dune ngociation spcifique en 2013. La CFDT espreen particulier quelle ciblera enfin les publics qui devraient tre priori-taires pour assurer la fois lemployabilit de tous les salaris etdemandeurs demploi ainsi que ladaptation des comptences auxbesoins des organisations de travail, avec lanticipation ncessaire.

    Ouverture dune ngociation difficile mais indispensable sur les retraites complmentaires

    Lanne 2012 a vu louverture dune ngociation sur les retraitescomplmentaires ARRCO et AGIRC(2) qui sest conclue en mars 2013par un accord, sign par la CFDT, FO et la CFTC.

    La situation financire des rgimes de retraite complmentaire sestfortement dgrade en 2012, en raison de la contraction de la massesalariale lie la crise. En labsence daccord, les rserves de lARRCOauraient t puises en 2020 et celles de lAGIRC ds 2016, soit dixans plus tt que ne le prvoyaient les projections tablies en 2010.

    La CFDT a pris part la ngociation avec la volont de consoliderles comptes de lARRCO et de lAGIRC, de prserver la stabilit durendement pour les actifs jusquen 2015 et dinscrire les rgimescomplmentaires dans la perspective dune rforme plus large du

    CFDTLa contribution de la

    2) Association des rgimes de retraite complmentaire (ARRCO)Association gnrale des institutions de retraite des cadres (AGIRC)

  • LA NGOCIATION COLLECTIVE VUE PAR LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 43

    systme de retraite. Au cours de cette ngociation difficile, elle a pespour que le texte allie davantage les exigences de responsabilit et desolidarit, afin dobtenir une meilleure protection des basses pensions.

    Un nouvel accord pour les TPE : le bnfice pour les salaris doit tre surveill

    Les cinq organisations syndicales reprsentatives et lUNAPL ontsign un accord sur le dveloppement du dialogue social et du parita-risme dans les professions librales, au bnfice dun million et demide salaris, de trs petites entreprises (TPE) majoritairement, mais ausside petites et moyennes entreprises (PME).

    Toutefois, malgr cette avance, lenjeu pour les salaris des TPErside dans la mise en uvre effective de tels accords, difficile apprcier, ces salaris tant peu informs de leurs droits. Le rle desbranches restera donc dterminant pour faciliter et valuer lapplicationdes droits ngocis (scurisation de lemploi, accords de branche surlamlioration des conditions de travail dans les pharmacies, etc.).

    BRANCHES PROFESSIONNELLES : DES MARGES DE NGOCIATIONRDUITES PAR LA CRISE ET LES MENACES SUR LEMPLOI

    En 2012, plusieurs branches font le constat dun dialogue socialdifficile et lent avec des mandats patronaux de plus en plus contraintsqui permettent de conclure sur un sujet important (par exemple lacomplmentaire sant) mais linterdisent sur un autre sujet important(par exemple les salaires et primes). Seules quelques branches o ledialogue social est traditionnellement de qualit ont russi signer desaccords sur lessentiel des thmes inscrits leur agenda. Dans certainssecteurs, le dialogue social rpond simplement la contrainte rgle-mentaire (souvent sans bnfice rel pour les salaris concerns),quand il nest pas totalement inexistant.

    Dans les champs de la chimie et de lnergie, les deux thmesprincipalement ngocis sont la prvoyance lourde et lgalit profes-sionnelle. Les autres thmes lagenda (notamment les rmunrationset la pnibilit) ont t abords de faon variable selon les branches.

    Dans la branche de la mtallurgie, malgr un agenda ambitieuxadopt en dbut danne, le bilan de la ngociation 2012 est particuli-rement faible. La ngociation sur les conditions de travail et la pnibilit

    CFDTLa contribution de la

  • 44 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    au travail a chou et des ngociations ont t reportes. Au final, seullaccord national sur les salaires minima 2012 des ingnieurs et cadres at sign.

    Dans le secteur des transports, un balayage global de la conventioncollective nationale, avec notamment la rcriture de la partie relativeaux transports routiers, a t effectu mais droits constants.

    Dans les secteurs de la sant et du social, la faiblesse des marges dengociation est encore dplore, dans un climat gnral aggrav auregard de lanne 2011.

    Ngociation internationale de branche : des accords innovants, multiplier

    Des accords-cadres mondiaux (ACM), internationaux (ACI) eteuropens (ACE) impliquant des entreprises franaises ont t signsen 2012, de mme que des accords de groupe mondiaux oueuropens (AGM/E).

    Chez Ford, un AGM, ngoci par le syndicat amricain United AutoWorkers (UAW) a t sign par la Fdration internationale des organi-sations de travailleurs de la mtallurgie (FIOM) pour la mise en placedun comit dentreprise mondial. Il sagit du premier accord de cegenre sign avec un constructeur automobile non europen. Une foispar an, la direction centrale doit informer les reprsentants des salarisde tous les sites dans le monde des plans et de la stratgie du groupe.

    Plusieurs autres accords novateurs ont t conclus : un ACE sur lesengagements sociaux pendant la priode de transition de la joint-venture entre Alstom et Shanghai Electric sur la fabrication dechaudires ; un AGE, relatif au management de la sant et de lascurit, au sein de Thyssen Krupp Ascenseurs ; un autre AGE, sur laresponsabilit sociale de lentreprise (RSE), applicable lUnionEuropenne (14 pays, 34 000 personnes) chez Valeo qui souhaitegnraliser progressivement cet accord lensemble de ses socitsdans le monde.

    La CFDT est par principe favorable la ngociation de tels accords,qui, lorsquils aboutissent, tendent faire converger les droits desalaris contribuant tous, l o ils travaillent, la production de valeurpar le groupe ou la filire. Mais leur signature est parfois compromisepar la divergence dapprciation entre, dune part, les organisations

    CFDTLa contribution de la

  • LA NGOCIATION COLLECTIVE VUE PAR LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 45

    patronales ou de salaris qui souhaitent traiter au niveau internationalet, dautre part, celles qui veulent conserver ces prrogatives au niveaunational. La CFDT regrette ces blocages, dommageables pour lessalaris car il devient alors trs complexe de ngocier pays par pays.Cest ainsi, par exemple, que la ngociation sur limpact social de lasous-traitance de services informatiques na pu aboutir.

    Ngociation nationale de branche : un dialogue laborieux, des rsultats modestes

    Des ngociations tendues sur les salaires et classifications

    Les ngociations annuelles obligatoires (NAO) se sont droulesdans un climat trs dfavorable aux discussions sur lvolution dessalaires. Au niveau des branches, la CFDT fait le constat dune grandedifficult rpercuter laugmentation des prix sur les minima.

    La prise en compte dune partie de linflation (environ pour un tiersde lindice selon nos observations) a souvent t renvoye la ngo-ciation dentreprise. La marge de manuvre au niveau local sest donclargie, laissant la possibilit de sen tenir laccord de branche, deprocder des mesures non prennes ou des augmentations gnralestrs limites. En bout de chane, le bulletin de salaire a peu volu, et lepouvoir dachat sest un peu plus fragilis. La dcentralisation de langociation sur les rmunrations saccentue encore, renforant lesingalits entre les salaris, selon la taille de leur entreprise et la positionde celle-ci dans la chane de construction de la valeur.

    La pratique du talon se gnralise et constitue mme parfois laseule mesure touchant la part fixe du salaire. Si elle offre une garantieminimale facilement lisible pour les salaris concerns (gnralementles premiers niveaux dans les grilles de minima), elle limite toutefois laporte de la ngociation sur la rmunration.

    Les difficults des ngociations de branche se confirment donc en2012. Les volutions du SMIC (+ 2,3 % en 2012, mais + 4,7 % sur14 mois avec les augmentations de dcembre 2011 et janvier 2013) ontcontinu de percuter les grilles des conventions collectives (exemples :la restauration rapide, avec un accord sur les minima rattrap par lahausse du SMIC de juillet ; les branches de la sant et du social o lescoefficients sont galement absorbs par le SMIC et certaines conven-tions bloques depuis 2009 avec un pouvoir dachat des salaris enrgression).

    CFDTLa contribution de la

  • 46 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    En sappuyant sur les dcisions de la CNNC et de sa sous-commis-sion des Salaires, la Direction gnrale du travail (DGT) a fortementincit les branches professionnelles ngocier des accords conformesau SMIC. La CFDT, comme ses partenaires syndicaux, a utilis lenouvel article L.2241-2-1 du Code du travail, introduit par la loi du22 mars 2012, pour contraindre les organisations demployeurs ouvrirdes ngociations dans les branches non conformes. Mais certainesbranches ngocient peu et plusieurs niveaux de leurs grilles salarialesrestent infrieurs au SMIC (exemples dans les casinos-jeux, la cordon-nerie, limmobilier, les particuliers employeurs), ou ont encore trop deniveaux de la grille de classification au SMIC (six niveaux sont au SMICdans la parfumerie).

    Louvrage est donc sans cesse remettre sur le mtier, et lesventails de minima conventionnels ne slargissent pas suffisammentpour donner sens des hirarchies salariales et jalonner de possiblestrajectoires.

    Conditions de travail, pnibilit : des occasions manques

    Sur le plan quantitatif, seuls neuf accords de branche, dont deux demthode, entrant stricto sensu dans le cadre de la loi ont t signs.

    La ngociation sur les pnibilits qui sest ouverte dans la branchedes services de lautomobile en novembre 2011 a cal en mai 2012.Les organisations syndicales de salaris ont soulign la faiblesse duprojet daccord sur la prvention propos par la dlgation patronale,qui se limitait une reprise de la loi. Elles ont toutes dplor labsencede dispositif sur la compensation et rparation des pnibilits. Cestune occasion manque alors que la branche est confronte unproblme dattractivit, notamment des nouvelles gnrations. Dansune branche o plus de deux salaris sur trois travaillent dans desentreprises de moins de 50 salaris, un accord aurait garanti une quitde traitement et de droits tous les salaris, quelle que soit la taille delentreprise.

    chec galement de la ngociation sur les conditions de travail et lapnibilit au travail dans la mtallurgie. Le texte tait trs insuffisant,ne comportant quun unique volet sur la prvention des pnibilits,avec des aspects intressants mais sans moyens effectifs de mise enuvre dans les entreprises. Il ne comprenait pas de volet rparation etcompensation des pnibilits et plus particulirement la mise en placedun dispositif de cessation anticipe dactivit de fin de carrire.

    CFDTLa contribution de la

  • LA NGOCIATION COLLECTIVE VUE PAR LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 47

    Dans les secteurs des services galement, peu daccords sur lapnibilit ont t signs du fait de labsence de contenu et des faiblespropositions de la part des employeurs.

    Emploi, gestion prvisionnelle des emplois et des comptences(GPEC), formation professionnelle : des pratiques contrastes

    La stagnation conomique dans plusieurs secteurs accentue lescontrastes entre les branches les plus structures qui sefforcent dedgager des priorits en matire de GPEC (identification des mtiers etcomptences-cls et prioritaires, accompagnement des mobilitsexternes, cration dobservatoires, etc.) et daccompagnement-forma-tion (mise en place de certificats de qualification professionnelle parexemple), et les autres qui agissent tardivement au regard des besoinsou ngocient sur ces sujets pour rpondre aux obligations.

    Une nouvelle charte nationale de coopration pour le soutien etlaccompagnement des entreprises du secteur automobile et de leurssalaris a t signe en dcembre pour la priode 2012-2015. Dans lecontexte actuel, cette charte permet de coordonner les actions territo-riales pour viter la dispersion des moyens dans des actions nonconcertes.

    Dans le secteur automobile toujours, un accord paritaire nationalrelatif au maintien dans lemploi des salaris gs a t conclu pour lapriode 2013-2015, permettant aux entreprises adhrentes (ladhsionest facultative) dont leffectif est compris entre 50 et 299 salaris dtreexonres de la pnalit financire encourue en labsence daccord oude plan daction sur ce sujet.

    Une ngociation sest ouverte sur la scurisation des parcoursprofessionnels dans le rseau national des transports urbains. Cettengociation est trs attendue sur les questions de mutuelle, prvoyanceet gestion des fins de carrire.

    galit professionnelle : plusieurs branches se dfaussent sur les entreprises

    La sous-commission des Conventions et Accords a eu se prononcersur une vingtaine daccords de branche soumis extension. Si certainsnont fait lobjet daucune remarque, encore bien trop souvent, cesaccords de branche en restent le plus souvent au principe dgalitvisant rduire les carts de rmunration plutt qu les supprimer.

    CFDTLa contribution de la

  • 48 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    Comme les annes prcdentes, des accords renvoient aux entre-prises la responsabilit de dfinir les mesures correctrices dingalit, etne prvoient pas de ngociation relle au niveau de la branche.

    La sous-commission a valid deux refus dextension proposs par laDGT (bois-menuiserie-construction et srigraphie) et un renvoi langociation (exploitations frigorifiques) en labsence de mesures poursupprimer les carts de rmunration.

    Des progrs ingaux en matire de couverture sant et de prvoyance

    Plusieurs branches avaient inscrit la couverture sant ou laprvoyance lourde leur agenda 2012. Toutes les ngociations nontpas abouti (chec sur la complmentaire lourde dans la chimie, parexemple).

    Dans les branches des services, une progression de la couverturesant est noter (initiation dune ngociation ou rengociation en vuedune amlioration dans certaines branches comme les assistants mater-nels, limport, le dtail de lhabillement). Dans la miroiterie, un rgimede prvoyance lourde a t mis en place, ce qui constitue une avancemajeure pour les nombreux salaris des PME/TPE de ce secteur.

    Poursuite de la mise en place des commissions de validation de branche (nationales et territoriales)

    La mise en place des commissions de branche de validation desaccords (conclus dans les entreprises de moins de 200 salaris enlabsence de dlgus syndicaux) se poursuit avec plus ou moins derussite.

    De nombreuses branches des services ont mis en place en 2012 lescommissions de validation avec parfois une volont des employeurs desen tenir un contrle de lgalit et non, comme le souhaite la CFDT,dopportunit. La CFDT na donc pas sign certains de ces accords.

    Dans la mtallurgie, lheure est plutt aux interrogations sur lefonctionnement de ces commissions. La CFDT souligne une nouvellefois le peu daccords soumis aux commissions paritaires de validationinstitues dans les rgions : les entreprises ngocient avec des lussans prsenter les accords en commission pour validation, comme lesy oblige la loi.

    CFDTLa contribution de la

  • LA NGOCIATION COLLECTIVE VUE PAR LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 49

    INSTALLATION DE LIEUX DE DIALOGUE MULTIPROFESSIONNELSET TERRITORIAUX

    Des lieux de dialogue social, voire de ngociation, sinstallent dansle paysage, avec un enjeu particulier pour les salaris des TPE et PME.

    2012 a vu la mise en place de nouvelles commissions rgionalesmultiprofessionnelles dont la finalit principale, terme, est de faciliterla mobilit rgionale et le parcours professionnel des salaris de TPEou encore leur accs aux droits sociaux. Malgr un dbut difficile (liaux divergences des organisations syndicales sur la reprsentativit etla rpartition des fonds du paritarisme), le climat de cette ngociation at assez bon. Le travail sur lemploi multibranches doit tre articulaux ngociations spcifiques sur le dveloppement de la formationprofessionnelle et le droulement de carrire pour les professions o ily a eu des accords de branche (professions du cadre de vie, profes-sions judiciaires).

    Dans lArtisanat, les commissions paritaires rgionales interprofes-sionnelles de lartisanat (CPRIA) sont maintenant toutes en place. Ledialogue social est encore ingal selon les rgions, mais se construitprogressivement autour des thmatiques suivantes : emploi des jeunes,amlioration des conditions de travail, accs aux uvres sociales(plusieurs dispositifs inter-CE sont mis en concurrence). Des rgionscomme Rhne-Alpes ont sign un accord unanime sur la complmentairesant.

    Certains secteurs (par exemple dans la chimie et lnergie) font face dimportants problmes demplois sans disposer dinstances dedialogue social territorial professionnel, ou encore connaissent destransferts de services vers ltranger (services recherche et dveloppe-ment, par exemple). Le dialogue multiprofessionnel et/ou territorialpeut constituer un cadre propice pour aborder ce type de difficults, condition de parvenir articuler les actions des branches et des terri-toires. Cela reste structurellement difficile aujourdhui et donc encorealatoire.

    NGOCIATION DENTREPRISE : ENTRE OBLIGATIONSET AJUSTEMENTS NCESSAIRES

    La lisibilit des contenus rels de la ngociation dentreprise en2012 est faible, mais il semble que cette anne ait vu un nombre crois-

    CFDTLa contribution de la

  • 50 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    sant daccords collectifs dentreprise rviss la baisse. Les syndicatsnotent une recrudescence des dnonciations. Courantes lors desfusions-acquisitions, les ruptures de conventions dentreprise sont plusfrquentes, et tous les thmes sont concerns (accords de participation,temps de travail, protection sociale, formation, etc.).

    Les entreprises (dans la mtallurgie notamment) ngocient plusfrquemment des accords de comptitivit-emploi ou de maintien danslemploi, pour amliorer leur comptitivit par la baisse des cotssalariaux, convaincues que la situation conomique de lentreprise lejustifie.

    Panne des politiques salariales dans une majorit dentreprises

    La ngociation annuelle obligatoire (NAO) de branche se droule laplupart du temps en aveugle, sans vrai diagnostic socio-conomiquetay par des donnes pertinentes. La CFDT constate que cest aussi lecas, bien souvent, dans les NAO dentreprises.

    Laugmentation du forfait social (pass de 8 % 20 %) sur lesprimes dintressement, de participation et sur labondement, a eu deseffets trs divers selon les entreprises disposant de lun ou lautre desdispositifs. La situation conjoncturelle propre chacune delle sembleavoir largement guid la dcision de la direction de dnoncer laccordou non.

    Reste, sur le fonds que pour tre pdagogique et efficace, la fiscalitet les prlvements de lpargne devraient favoriser le long terme et lefinancement de lconomie, ce que ralise le plan dpargne pour laretraite collectif (PERCO).

    Dans un contexte fortement dprim, la CFDT constate que lesNAO dentreprises intgrent de plus en plus frquemment deslments hors salaires (aides au transport, au logement, etc.). Ceslments ne sauraient tenir lieu de politique salariale, mais sont parfoisloccasion de poser de manire plus prcise la question du pouvoirdachat, en focalisant sur des postes de dpenses contraintes quiengagent en partie la responsabilit de lentreprise.

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  • LA NGOCIATION COLLECTIVE VUE PAR LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 51

    Conditions de travail, galit professionnelle : les paradoxes de lobligation de ngocier

    Dune anne lautre, les obligations de ngocier exposent de plusen plus clairement leurs limites.

    Ainsi, le nombre daccords dentreprise sur la pnibilit (moins de700) est extrmement pauvre au regard du nombre dentreprises deplus de 50 salaris concernes par la loi. Sur le plan qualitatif, lesaccords, pour la plupart, paraphrasent les textes et sapparentent unrespect du formalisme. On ne peroit aucun engagement de la part desentreprises dans la dure pour faire voluer la structure de lemploi etla nature des postes afin de rduire lexposition aux travaux les pluspnibles. Il nest pratiquement jamais question de construction deparcours professionnels offrant aux salaris les plus exposs desperspectives de seconde partie de carrire au sein de lentreprise ou dela branche.

    Le nombre daccords sur lgalit professionnelle et salariale entreles hommes et les femmes a augment sous leffet des pnalits finan-cires pesant sur les entreprises dau moins 50 salaris lorsquelles nesont pas couvertes par un accord ou un plan daction. Mais le contenude ces accords reste encore trop souvent limit une dclarationgnrale dintention et des indicateurs imprcis. Quelques accordsintressants doivent toutefois tre signals chez Renault, GDF Suez,Arcelor Mittal Mditerrane, Turbomeca, ainsi quun accord relatif ladiversit dans le groupe Saint-Gobain.

    POUR LA CFDT, 2013 DOIT CONFORTER LE DIALOGUE SOCIAL LA FRANAISE

    La dmocratie sociale franchit depuis quelques annes des tapesimportantes qui se traduisent dans les accords signs, les lois et lespratiques de dialogue quils induisent : la place dvolue au dialoguesocial est renforce, la lgitimit de ses acteurs est consolide notam-ment par les nouveaux critres de reprsentativit dont la mesure delaudience syndicale, les prrogatives des reprsentants des salarisdevraient tre tayes par de nouveaux droits en matire dinformationet de consultation en amont des volutions des entreprises.

    Au-del des sujets dactualit dj inscrits lagenda des ngocia-tions (suites de laccord sur la scurisation de lemploi, qualit de vie

    CFDTLa contribution de la

  • 52 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    au travail et galit professionnelle, retraites, etc.), 2013 devrait tracerde nouvelles tapes sur le chemin dune dmocratie sociale efficiente.

    La CFDT, qui a particip la dfinition et ladoption des mesuresdj engranges, sengagera dans ce sens. Avec la conscience que lesdroits acquis sont autant de responsabilits pour les reprsentants dessalaris (lus et ngociateurs). Les militants, dans les entreprises, nesont pas partout suffisamment arms pour analyser, dialoguer et finale-ment peser sur les dcisions. Et les employeurs nont pas tous laculture du dialogue et lcoute ncessaires pour organiser au mieux laconsultation. Quil sagisse dadapter les droits, les structures ou lespratiques, un travail important reste faire et son horizon dpasse2013, en supposant que les partenaires sociaux aient tous la volont delentreprendre.

    CFDTLa contribution de la

  • LA NGOCIATION COLLECTIVE VUE PAR LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 53

    CONTRIBUTION DE LA CONFDRATION FRANAISEDE LENCADREMENT - CONFDRATION GNRALEDES CADRES (CFE-CGC)

    Lanne 2012 a t marque par la tenue de la Grande ConfrenceSociale des 9 et 10 juillet 2012 conformment lengagement du prsi-dent de la Rpublique de replacer le dialogue social au cur despolitiques du Gouvernement. Durant deux jours, les diffrents acteursont confront leurs ides et fait des propositions lors de sept tablesrondes portant sur lemploi, la formation, la rmunration, lgalitprofessionnelle et la qualit de vie au travail, la retraite et la protectionsociale, etc. La CFE-CGC, devant lurgence de la situation de lemploi,des dficits publics, notamment sociaux, sest flicite de sa tenue.

    De lactivit de la ngociation collective en 2012, la CFE-CGC adgag trois grands axes.

    Pour commencer, au niveau national interprofessionnel, les parte-naires sociaux ont men de nombreuses ngociations au service delemploi : une ngociation sur la scurisation de lemploi, sur le contratde gnration, sur lactivit partielle de longue dure. De plus, lasurvie de lAssociation pour lemploi des cadres (APEC) a t conforteen 2012 par la conclusion du mandat de service public.

    Par ailleurs, lanne coule a t marquante en ce qui concerne ledialogue social et le paritarisme, de par la conclusion de laccordnational interprofessionnel (ANI) sur le paritarisme mais galementdaccords permettant le dveloppement et le maintien du dialoguesocial dans les petites entreprises.

    Enfin, les conditions de travail sont nouveau lordre du jour dela ngociation collective, quel quen soit le niveau comme en tmoignelouverture de la dlibration puis ngociation sur la qualit de vie au

  • 54 APERU DE LA NGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE EN 2012

    travail, la primaut dsormais accorde laccord collectif dentrepriseen matire dgalit professionnelle ou encore les prcisions de laCour de cassation sur le contenu de lencadrement collectif du forfait-jours.

    I. UNE NGOCIATION SOUTENUE AU SERVICE DE LEMPLOI

    A. La ngociation Scurisation de lemploi

    La feuille de route qui a dcoul de la Confrence Socialeprvoyait, entre autres, lengagement dune ngociation sur laScurisation de lemploi.

    La ngociation sest engage en octobre 2012 sur la base dundocument dorientation transmis le mois prcdent et fixant quatregrands thmes :

    1 - la lutte contre la prcarit sur le march du travail,2 - lanticipation des volutions de lactivit, de lemploi et des comp-

    tences(1),3 - lamlioration des dispositifs de maintien dans lemploi face aux

    alas conjoncturels(2),4 - lamlioration des procdures de licenciements collectifs.

    Le 11 janvier 2013, la ngociation a abouti lAccord national inter-professionnel pour un nouveau modle conomique et social au servicede la comptitivit des entreprises et de la scurisation de lemploi et desparcours professionnels des salaris. Sign par la CFE-CGC, la CFDT etla CFTC ainsi que par le MEDEF, la CGPME et lUPA, cet accord est lersultat dune ngociation au cours de laquelle les croyances dechacun ont t dpasses afin dtablir un accord quilibr entrescurisation des salaris et recherche de flexibilit pour les entreprises.Durant toute cette ngociation, la ligne directrice de la CFE-CGC a tdintroduire le plus de dialogue possible en anticipation des situations toutes les tapes et tous les niveaux de lentreprise. En effet, undialogue social mature ne peut se contenter de rparer les cons-quences sociales de dcisions conomiques de lentreprise mais doit

    CFE-CGCLa contribution de la

    1) Ainsi, la Dlibration sur la Modernisation du Dialogue social amorce en 2009, et qui avait donn lieu une runion unique, le 20 mars 2012, a t suspendue en raison de lintgration de certains de cesthmes dans cette ngociation.

    2) Pour rappel, cet item comprend la thmatique de la ngociation Comptitivit-Emploi engage enfvrier 2012, dans le cadre de la procdure de larticle L.1 du Code du travail, et suspendue courant avrilsans quun accord ait t conclu.

  • LA NGOCIATION COLLECTIVE VUE PAR LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES 55

    les anticiper et permettre de les prendre en compte afin daboutir une dcision la plus claire possible. Pour la CFE-CGC, la prsencedornavant incontournable du dialogue social dans toutes les tapestant conjoncturelles que structurelles de la vie de lentreprise, marquele temps dun changement profond de la culture dentreprise. Cetaccord est galement la preuve que le dialogue social peut fonctionneren France et tre suffisamment ractif afin de crer et dapportercertaines pistes de solutions la crise que nous vivons actuellement.

    Grand chantier des partenaires sociaux au dernier trimestre 2012,achev le 11 janvier 2013, cet accord verra ses effets se dployer cetteanne, aprs quil aura t transcrit dans la loi.

    B. LANI du 19 octobre 2012 sur le contrat de gnration

    Dans la feuille de route issue de la Confrence Sociale de juillet2012, le Gouvernement a invit les partenaires sociaux ngocier auniveau national interprofessionnel un dispositif consistant aiderles jeunes entrer dans la vie active tout en allongeant lacarrire des seniors. La CFE-CGC a soutenu cette proposition car surle front de lemploi, les jeunes et les seniors sont les plus fragiles.

    Des ngociations se sont alors engages sur le contrat de gnration lautomne 2012, lissue desquelles un accord unanime a t signle 19 octobre 2012.

    Le contrat de gnration a pour objectif de faciliter lintgrationdurable des jeunes dans lemploi par leur accs un contrat dureindtermine, de favoriser lembauche et le maintien en emploi dessalaris gs et dassurer la transmission des savoirs et des comp-tences. Il est mis en uvre en fonction de la taille des entreprises.Sat