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PARTIE I VISITE DU MUSEE TOMI UNGERER Sache tout d’abord que ce musée est entièrement destiné aux oeuvres de Tomi Ungerer qui, à partir de 1975, a donné à sa ville natale un grand nombre de dessins. L’établissement possède actuellement un fonds de 8000 illustrations, mais tu ne les verras pas toutes ! Seules 300 œuvres originales sont présentées par roulements, et exposées sous forme de parcours thématique. La visite commence au rez-de-chaussée avec une section dédiée aux dessins de livres pour enfants. La présentation est ici chronologique ; elle se divise en trois périodes charnières de l’œuvre du dessinateur. Tu découvriras d’abord les dessins de son premier livre pour enfants et quelques perles de sa production. Quelques jouets font également partie du décor. Ensuite tu pourras voir les dessins des années 1970 à 1990. Enfin tu découvriras les dessins les plus récents, qui montrent un caractère plus engagé de Tomi Ungerer, ainsi qu’un recueil de chansons. Le dernier espace du rez-de-chaussée t’informera sur la vie de l’artiste. Arrête-toi quelques minutes à cet endroit avant de monter l’escalier jusqu’au premier étage ! Le premier étage met en scène les affiches publicitaires et dessins satiriques de l’artiste. Une petite place est également faite aux « maîtres » de Tomi Ungerer. Voilà, tu sais tout, ou presque ! A toi de jouer maintenant … complète ce dossier à partir des informations que tu glaneras pendant la visite et des recherches personnelles que tu effectueras à la maison après la sortie ! 1 Bonjour les amis …. J’ai été conçu par mon maître, Tomi Ungerer ; comme il n’a pas pensé à me donner un prénom, j’ai décidé de m’appeler Mutoun. Je suis là pour te présenter ma demeure et te donner quelques informations avant que tu ne te plonges dans la lecture de ce dossier réalisé par tes professeurs…

PARTIE I VISITE DU MUSEE TOMI UNGERER - Coll¨ge du BASTBERG

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Page 1: PARTIE I VISITE DU MUSEE TOMI UNGERER - Coll¨ge du BASTBERG

PARTIE I

VISITE DU MUSEE TOMI UNGERER

Sache tout d’abord que ce musée est entièrement destiné aux oeuvres de Tomi Ungerer

qui, à partir de 1975, a donné à sa ville natale un grand nombre de dessins.

L’établissement possède actuellement un fonds de 8000 illustrations, mais tu ne les

verras pas toutes ! Seules 300 œuvres originales sont présentées par roulements, et

exposées sous forme de parcours thématique.

La visite commence au rez-de-chaussée avec une section dédiée aux dessins de livres

pour enfants. La présentation est ici chronologique ; elle se divise en trois périodes

charnières de l’œuvre du dessinateur.

Tu découvriras d’abord les dessins de son premier livre pour enfants et quelques perles

de sa production. Quelques jouets font également partie du décor. Ensuite tu pourras voir les dessins des années 1970 à 1990.

Enfin tu découvriras les dessins les plus récents, qui montrent un caractère plus engagé

de Tomi Ungerer, ainsi qu’un recueil de chansons.

Le dernier espace du rez-de-chaussée t’informera sur la vie de l’artiste. Arrête-toi

quelques minutes à cet endroit avant de monter l’escalier jusqu’au premier étage !

Le premier étage met en scène les affiches publicitaires et dessins satiriques de

l’artiste. Une petite place est également faite aux « maîtres » de Tomi Ungerer.

Voilà, tu sais tout, ou presque !

A toi de jouer maintenant … complète ce dossier à partir des informations que tuglaneras pendant la visite et des recherches personnelles que tu effectueras à la

maison après la sortie !

1

Bonjour les amis …. J’ai été conçu par mon maître, Tomi

Ungerer ; comme il n’a pas pensé à me

donner un prénom, j’ai décidé de m’appeler

Mutoun. Je suis là pour te présenter ma

demeure et te donner quelques informations

avant que tu ne te plonges dans la lecturede ce dossier réalisé par tes professeurs…

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I. Biographie

���� Lis la biographie de Tomi Ungerer, puis réponds aux questions !

Jean-Thomas Ungerer, dit Tomi, naît en 1931 à Strasbourg dans une famille

d’horlogers. Son père meurt alors qu’il n’a que quatre ans, et les difficultés matérielles

obligent la famille à quitter la ville pour s’installer dans un petit village près de Colmar.

Le jeune Tomi commence à dessiner à ce moment-là. Ses illustrations de l’époque

témoignent notamment de la Seconde guerre mondiale.

Après son échec au baccalauréat, Tomi Ungerer décide de partir en stop en Laponie et

au Cap Nord. Il fait son service militaire en Afrique du Nord, mais il ne supporte pas la

discipline militaire. Après avoir été réformé, il s’inscrit à l’école municipale des arts

décoratifs de Strasbourg, mais il est renvoyé pour indiscipline. Il effectue alors de

nombreux voyages à travers l’Europe, en auto-stop et en travaillant sur des cargos.

En 1957, il décide de s’installer à New York, où il publie son premier livre pour enfants.

C’est en effet Ursula Nordström, éditeur de livres pour enfants chez Harper & Row,

qui lui donne sa première chance. Parallèlement, ses activités d’illustrateur, de

publicitaire et d’affichiste le rendent célèbre. Ses affiches contre la guerre du

Vietnam, par exemple, se sont vendues dans le monde entier à des millions

d’exemplaires. Ses livres lui assurent une notoriété dans le monde entier.

En 1971, Tomi Ungerer quitte New York et s’installe dans une ferme en Nouvelle-

Ecosse, au Canada. Depuis 1975, il vit avec sa femme et leurs deux enfants en Irlande.

Tomi Ungerer est l’un des plus importants dessinateurs satiriques et humoristiques de

notre temps. Au cours de quarante ans de carrière débutée à New York en 1957, il n'acessé jusqu'à aujourd'hui de laisser libre cours à sa créativité ; cent quarante livres,

édités dans une vingtaine de pays, témoignent de cette intense productivité artistique.

Son talent a d’ailleurs été reconnu par de multiples récompenses internationales.

���� Quel est le nom du village dans lequel s’installe la famille Ungerer après le

décès du père ? _________________________________________________

���� Quel est le titre du premier livre pour enfants écrit par Tomi Ungerer à NewYork ? _________________________________________________________

���� Quel est le titre de l’œuvre la plus récente publiée par Tomi Ungerer en2007 ? ________________________________________________________

���� Quelles récompenses l’artiste a-t-il obtenues en 1995 et 1998 ?_________________________________________________________________________

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II. Les livres pour enfants

Tomi Ungerer a écrit de nombreux livres pour enfants. Il affirme : « Si j’ai conçu des

livres d’enfants, c’était d’une part pour amuser l’enfant que je suis, et d’autre part pour

choquer, pour faire sauter à la dynamite les tabous, mettre les normes à l’envers :brigands et ogres convertis, animaux de réputation contestable réhabilités … ».

���� Retrouve les noms des livres pour enfants dont sont extraits ces dessins :

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���� Cite 5 autres livres pour enfants conçus par Tomi Ungerer : - __________________________

- __________________________- __________________________

- __________________________- __________________________

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1969 19711967

1974

Avant 1975

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���� "Les Trois brigands", qui a donné lieu à un dessin animé à la fin des années soixante-dix et à un film d’animation en 2007, est une histoire de conversion du mal au bien. Elleillustre parfaitement les propos de Tomi Ungerer lorsqu’il évoque les « brigands etogres convertis ». Raconte l’histoire de ce livre !

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���� Les animaux sont omniprésents dans les livres pour enfants de Tomi Ungerer. L’artiste

tente souvent de réhabiliter des « animaux de réputation contestable ». C’est le cas

des cinq fables parues dans les années soixante, dans lesquelles le dessinateur décritdes animaux d’habitude mal-aimés, qui incarnent le bien et sauvent des vies. Ces

animaux, plus humains que les humains, sont chacun dotés d’un prénom.

De quels animaux s’agit-il ? - Crictor le …………………………………………………………..- Adélaïde le …………………………………………………………

- Emile la ……………………………………………………………….- Rufus la ………………………………………………………………

- Orlando le …………………………………………………………

Dans "Clic-Clac ou qu'est-ce que c'est ?", un livre qui s’adresse aux enfants autantqu’aux adultes, Tomi Ungerer reprend un procédé qu’il a déjà maintes fois utilisé dans

son œuvre, notamment pour des travaux publicitaires : il associe à un dessin à l’encre

de chine un collage.

En voici quelques exemples :

� un chien avec un fauteuil en guise de tête

� un rhinocéros avec un pied humain en guise de patte� un chien avec une moitié de poire en guise de tête

4

1961

1958

Page 5: PARTIE I VISITE DU MUSEE TOMI UNGERER - Coll¨ge du BASTBERG

� un éléphant avec des ailes de papillon en guise d’oreilles

���� …

Choisis un animal parmi les 6 représentés ci-dessus, puis …

Rédige un petit texte pour raconter ce qui a bien pu se passer pour que l’animal en

question se trouve ainsi transformé…

OU

Réalise une fiche scientifique autour de l’animal ainsi présenté : identification,

régime alimentaire, milieu, habitudes de vie …

☺☺☺☺ Tu peux également t’amuser à inventer ton propre dessin-collage !

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Avant 1989

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III. Les dessins publicitaires

Les travaux publicitaires représentent une grande partie de l’oeuvre de Tomi Ungerer.

La publicité a été la première activité de l’artiste, puisqu'au début des années 50 déjà,

des entreprises alsaciennes comme les foies gras Feyel ou la maison d'édition du Grand

Messager Boiteux lui ont commandé des affiches :

Il faut néanmoins savoir qu’un certain nombre de projets publicitaires de l’artiste sontrestés inédits, car leurs commanditaires les ont parfois trouvés trop provocants...

Une des campagnes les plus importantes confiées à Tomi Ungerer est celle du quotidien

The New York Times : elle consiste en une série de 24 affiches, de grand format,

destinées principalement à être placardées dans le métro, et a été réalisée entre 1960

et 1966.

Le livre "Abracadabra", paru en 1979, regroupe les campagnes publicitaires que Tomi

Ungerer a réalisées en collaboration avec le publiciste Robert Pütz, dont l’agence était

installée à Cologne.

Exemples de projets réalisés pour la campagne 'Bonduelle' vers 1970 :

6

L’artiste transpose ici graphiquement le slogan"An adult finds out in The New York Times", "Le

New York Times fait tomber les masques" : une

main anonyme ôte le masque du visage d'un clown,

révélant un visage presque identique au masque.

Page 7: PARTIE I VISITE DU MUSEE TOMI UNGERER - Coll¨ge du BASTBERG

���� Choisis une autre affiche publicitaire créée par Tomi Ungerer, puis décris-la endétails !

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IV. Les dessins satiriques

La satire imprègne certes l’ensemble de l’œuvre de Tomi Ungerer, mais le dessin

satirique constitue également un genre bien spécifique :

Tomi Ungerer poster, 1994

L’artiste aborde de différentes manières des thèmes sociaux tels que la mécanisationde la société, l’intolérance, la ségrégation raciale, les pouvoirs totalitaires ; il s’engage

également en faveur de l’Europe et s’investit dans la préservation de l’identité

alsacienne et du bilinguisme en Alsace.

La visite guidée intitulée « Agent provocateur » te fera découvrir dans quelle mesure

Tomi Ungerer est un artiste engagé. Tu verras ainsi des dessins satiriques tirésd’œuvres telles que "America", "Horrible", "Der Herzinfakt", "The UndergroundSketchbook", "The Party", "Babylon", ou encore "Symptomatics".

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Dessin de Tomi Ungerer, "Join the free and fat society", Tomi Ungerer poster, 1994, Copyright © Diogenes

Page 8: PARTIE I VISITE DU MUSEE TOMI UNGERER - Coll¨ge du BASTBERG

���� Prends des notes lors de la visite guidée : inscris les informations qui te semblent

importantes par rapport à l’engagement de Tomi Ungerer !

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���� Choisis une œuvre qui te parle, présente-la et explique les raisons de ton choix !

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Et voilà les amis … c’est terminé !

J’espère que vous avez apprécié ce tourd’horizon. Une chose est sûre : vous aurezappris plein de choses sur Tomi Ungerer …

Merci de votre visite et à bientôt peut-être !

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PARTIE II

VISITE GUIDEE DE LA VILLE

1. Présentation générale

� À l’origine, Strasbourg se trouve sur un site particulier : une île au milieu d’un réseau fluvial où la Bruche etl’Ill se rejoignent avant de se jeter dans le Rhin.Depuis l’Antiquité, ce site est un lieu de passage entre l’Est et l’Ouest : les grandes routes venant de laChampagne et de la Lorraine par les cols de Saverne, de Saales et de Steige y rejoignent la route venant desplaine du haut Danube et du Neckar, traversant le fleuve par un ensemble de passage sur les îles du Rhin. Uneautre route de première importance, suivant le fleuve du Nord au Sud, croise la voie Est-Ouest et met la cité enrelation avec les régions d’Allemagne et des Pays-Bas, vers le Nord, avec les pays alpins, la vallée du Rhône etl’Italie du Nord, vers le Sud.

� La ville s’élève en bordure des terres agricoles du Kochersberg et de l’Ackerland qui s’étendent jusqu’aupied des Vosges et du vignoble, alors qu’au Nord et au Sud, les plaines humides de la Robertsau et de laMeinau restent pendant de longs siècles des espaces vides consacrés au pâturage. L’arrière pays ne peut êtreoublié dans l’histoire de Strasbourg qui en tire sa subsistance et sa richesse. De même l’Ortenau, région situéesur la rive droite du Rhin avec Kehl, Appenweier, Offenburg, Gengenbach, et la vallée de la Kinzig font partiede l’aire naturelle d’influence de la ville. Le Rhin est un lien plus qu’une séparation.

� L’eau représente à la fois un danger – en raison des inondations, et une sécurité. Mais le site primitif deStrasbourg se situe à une altitude de 144 m. au-dessus du niveau de la mer, alors que le Rhin est à 133 m. Cettefaible surélévation est cependant suffisante pour que l’île présente suffisamment d’avantages à un établissementhumain. L’eau entoure et traverse le site, mais elle se puise aussi dans une nappe phréatique peu profonde.Strasbourg, ville du Rhin, n’est pourtant pas à proximité immédiate du fleuve, distant de plusieurs kilomètresdu centre ancien. Un canal, dès le Moyen Age, permet de relier les rivières et les canaux urbains au fleuve. LeRhin s’étend par ses affluents jusqu’aux portes de l’enceinte médiévale (le long de l’Hôpital). Combinant l’eauet la route sur des axes majeurs de l’Europe médiane, Strasbourg trouve ici une spécificité qui la distingue desautres villes de la région.

� Le premier nom de Strasbourg, Argentorate, est d’origine celte. Latinisé en Argentoratum, il cède peu à peula place à un terme germanique : Strasburgo (cité pour la première fois vers 410 et repris par Grégoire deTours, avant 590).

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2. Un peu d’Histoire

� En 12 avant J.-C., Argentoratum est un camp romain jusqu’au Vè s. après J.-C. Retirés de la Gaule, lesRomains laissent les barbares (notamment les Alamans) envahir la région. Avec l’arrivée des Pipinides (du nomde Pépin le Bref, le père de Charlemagne), l’Alsace est en paix. Autour de l’an 800, Strasbourg devient unegrande ville rhénane. Elle figure comme un des points de transit pour le commerce du vin, une des principalessources de richesse pour la région. Strasbourg est aussi une terre de rencontre entre les deux groupeslinguistiques de l’Empire carolingien. C’est dans cette ville que se rencontrent Louis et Charles, le« Germanique » et le « Roman », deux fils de Louis le Pieux (successeur de Charlemagne en 814), qui s’allientcontre leur troisième frère Lothaire. Le serment qu’ils prononcent avec leurs troupes, en mars 842, est rédigé endeux langues. Les serments de Strasbourg marquent la séparation de l’Europe latine en deux zoneslinguistiques : le francisque et le tudesque, devenus par la suite le français et l’allemand.

� L’année 887 marque la fin de l’unité de l’Empire carolingien. C’est le début de la suprématie des évêquessur la ville et la région jusqu’en 1262. Cette année-là, les bourgeois de Strasbourg battent leur seigneur sur lechamp de bataille de Hausbergen. Cette victoire militaire consacre l’indépendance de la ville (confirmationd’une autonomie dans la gestion des affaires communes).

� De 1262 au début du XVIè s., Strasbourg continue son expansion commencée au XIè s. et s’impose commel’une des forces politiques majeures de la vallée du Rhin.

� La date de 1529 est importante car elle renvoie à un événement religieux qui a aussi une dimensionpolitique : l’interdiction de la messe latine. Cette interdiction symbolise le passage de Strasbourg à la Réformedont la ville devient un bastion.

� Ce trait de caractère se conserve jusqu’à ce qu’en 1681, Louis XIV annexe la ville, annulant ainsi la victoirede 1262. Désormais ville royale, Strasbourg entre dans une époque de prospérité jusqu’à la Révolutionfrançaise.

� De 1789 à 1870, la ville assimile les nouvelles institutions et s’intègre dans la nation, tout en connaissant unrecul dans son rayonnement européen.

� La victoire prussienne de 1870, date importante dans l’identité strasbourgeoise tout autant que 1262 et 1681,marque un drame politique mais aussi le point de départ d’une époque de renaissance de la capitale alsacienne.Strasbourg appartient alors au IIè Reich, gouverné par Guillaume II jusqu’en 1918.

� Le XXè s. permet à Strasbourg, après son retour à la France et l’annexion de la ville au IIIè Reich (en 1940jusqu’à sa libération le 23 novembre 1944), de continuer sur cette lancée en se consacrant à sa vocationeuropéenne affirmée à partir de 1949.

� Enfin, Strasbourg a des liens avec des personnages historiques importants. Cette liste n’est en rienexhaustive :Dans le désodre, Claude-Joseph Rouget de Lisle (auteur du chant de la Marseillaise), Gutenberg, Jean Geiler,Jean Sturm, Mozart, Goethe, Kléber, l’impératrice Joséphine, Marc Bloch, Lucien Febvre, Hans Arp, PierrePflimlin, Marcel Rudloff, Tomi Ungerer, etc.

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3. « Promenade culturelle »

a) Itinéraire indicatif

http://maps.google.fr/

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b) Lieux visités

- A/ Place de la République� La Place de la République est située dans le quartier dit « allemand » de Strasbourg. La place constitue lepoint de jonction entre la cité historique et la « nouvelle ville ». Elle est entourée par cinq édifices prestigieux :le Théâtre National de Strasbourg (l’ancien parlement d’Alsace-Lorraine), la Bibliothèque Nationale etUniversitaire de Strasbourg, la Préfecture, la Trésorerie et le Palais du Rhin (le palais de l’Empereur allemand).Tous ces édifices mêlent différents styles architecturaux (renaissance italienne, baroque classique) et formentun des seuls exemples de complexe de type « monumental berlinois » ou d’architecture Wilhelmienne.

���� Le Palais du Rhin ancien palais impérial est construit entre 1883 et 1888 par l’architecte Hermann Eggertdans le plus pur style néo-renaissance germanique. Edifié pour accueillir l'empereur lors de ses visites àStrasbourg, il marque le rattachement de la ville à l'Allemagne, et s'inscrit dans un programme de rénovationurbaine de grande ampleur. Il abrite depuis 1920 la Commission Centrale pour la Navigation du Rhin.

���� Le Théâtre National de Strasbourg construit par les architectes August Hartel et Skold Neckelmann entre1888 et 1899. Il accueille dans un premier temps les sessions de la Délégation régionale. En 1911, il devient leParlement d'Alsace-Lorraine jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Rattaché depuis 1972 au Ministèrede la culture, il est le premier théâtre national implanté en province.

� La Préfecture (ancien ministère d'Alsace-Lorraine) est édifiée en 1911, ainsi que la Trésorerie, dans le stylebaroque allemand.

� � � � La Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg, construite par les architectes A. Hartel et S.Neckelmann, est inaugurée en 1895 (ancien palais de la Diète d'Alsace-Lorraine) elle est aujourd'hui la seulebibliothèque à bénéficier du double statut national et universitaire. La Bibliothèque Nationale et Universitairede Strasbourg constitue un des plus grands fonds de France (après Paris) : plus de trois millions de volumes etde deux mille incunables.

���� Le Monument aux Morts, situé au milieu de la place, est inauguré en 1936 par le Président de la RépubliqueAlbert Lebrun. Même les nazis ont respecté cette œuvre symbolique dont l’esthétique pouvait leur convenir : lamère Strasbourg, faite comme une pieta, tient sur ses genoux les deux fils mourants, l’un regarde vers laFrance, l’autre vers l’Allemagne. Ils sont tombés après avoir combattu l’un contre l’autre mais, dans la mort, ilsse donnent la main pour sceller leur réconciliation. L’absence d’uniformes rend le drame de Strasbourg et del’Alsace encore plus poignant après la Seconde Guerre mondiale, car elle marque les nombreux changements denationalité vécus par l’Alsace et la Moselle entre 1870 et 1945 et l’incorporation de force des Alsaciens-Lorrains dans la Wehrmacht à partir de 1942, les « Malgré-Nous » dont 40 000 ont trouvé la mort(essentiellement sur le front de l’Est). La sculpture est réalisée par Léon-Ernest Drivier. C'est un des raresmonuments aux morts pacifistes français. À noter que l’inscription « À nos morts » ne mentionne pas la patriepour laquelle les soldats sont tombés.

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- B/ Musée Tomi Ungerer� Notez que la maison jumelée au musée abrite les appartements du Président du Conseil de l’Europe.

- C/ Palais universitaire� Bordée d’immeubles en pierre de taille, notamment par la « Gallia » (1885), dans le style de la Renaissanceallemande, la place de l’Université est dominée par l’imposant Palais Universitaire (Kaiser-Wilhelms-Universität Strassburg), l’un des plus beaux d’Europe, inspirée de la Renaissance italienne (1884). Il est conçupar l’architecte allemand Otto Warth (1884). L’édifice présente un avant corps central de sept travées surmontéde l’inscription « Litteris et Patriae ». Il accueille aujourd'hui encore certaines filières universitaires (histoire,histoire de l'art, archéologie, théologie, arts plastiques). À l’avant de la place s’élève le monument Goethe,étudiant à Strasbourg (avril 1770 – août 1771), en bronze (œuvre du sculpteur Ernst Waegener, 1904). Lesstatues de Melpomène (muse de la tragédie) et de Polymnie (muse de la poésie lyrique) l’encadrent. Un bustede Goethe est visible dans les jardins derrière le Palais universitaire où se déploient, dans un style classiquesévère, différents Instituts. Tout au fond, entouré du Jardin botanique, se dresse l’Observatoire avec sa coupole(1882), construit sur les plans de Hermann Eggert, l’architecte du palais impérial.

- D/ Cathédrale de Strasbourg

� Qu’est-ce qu’une cathédrale ?C’est l’église de l’évêque, représentant du pape dans une région. Son nom vient du mot latin « cathedra », quidésigne le trône de l’évêque.La cathédrale est destinée à rassembler tous les habitants de la ville. Elle doit être un lieu merveilleux, riche etlumineux, qui évoque le Paradis.Au XIIIè s., un grand nombre de villes d’Europe construisent des cathédrales, les plus belles et les plus hautespossibles, dans un nouveau style gothique. C’est une manière de montrer à tous leur prospérité.

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Au Moyen Age, Strasbourg fait alors partie de l’Empire Romain Germanique, mais dès la fin du XIIIè s., c’estune ville libre qui a de nombreux privilèges et se gouverne elle-même.C’est l’évêque Conrad de Hünenbourg qui fait entreprendre la construction de la cathédrale vers 1190, après ladestruction par un terrible incendie de l’ancienne église.

� Le temps de constructionConstruire une cathédrale demande beaucoup de temps. Chaque détail de cette gigantesque œuvre d’art doit êtreparfait, et il n’existe alors ni grue de chantier, ni camion, ni béton. Il a fallu deux siècles et demi pour bâtir lacathédrale de Strasbourg, de 1190 à 1439. Les différentes parties sont construites l’une après l’autre : environune cinquantaine d’années pour le chœur et le transept, trente-cinq ans pour la nef, cent vingt-cinq ans pour lafaçade et enfin quarante ans pour la flèche. Un grand nombre d’architectes se sont succédé durant toute la construction, venant souvent de chantierslointains. Chacun a modifié les plans selon ses idées, les modes nouvelles et les moyens financiers disponibles.Si le chantier de la cathédrale a duré si longtemps, c’est aussi parce qu’il était difficile de trouver de l’argentrégulièrement. Pour cela, les évêques organisaient de fréquentes collectes et des ventes d’indulgences(« certificats de rachat de péchés »). Une institution, créée par l’évêque, l’Oeuvre de Notre Dame (qui existetoujours aujourd’hui), fut chargée des finances, du choix des architectes et de la réalisation des travaux. C’est laville qui en prit le contrôle dès la fin du XIIIè s., lorsque les évêques, anciens seigneurs de Strasbourg, perdirentle pouvoir.

� Les artisans et les matériaux de constructionDes artisans de toutes spécialités sont venus à Strasbourg participer au chantier : tailleurs de pierre, sculpteurs,maçons, charpentiers, forgerons, couvreurs et verriers.La pierre utilisée, du grès des Vosges, était amenée par chariot de la vallée du Kronthal, située à l’Ouest deStrasbourg, ente Marlenheim et Wasselonne. Il a fallu 100 000 tonnes de pierres pour édifier la cathédrale. Letoit de la Cathédrale est recouvert de plaques de cuivre. Les vitraux sont préparés à partir de cendre et de sablechauffés. Les morceaux de verres colorés sont assemblés avec des bâtonnets de plomb.

� Devant la cathédraleLa cathédrale est située au cœur de la ville de Strasbourg. Elle est si haute qu’on peut la voir de très loin. Saflèche sert de point de repère dans la ville. Avec ses 142 m., la cathédrale était au XVè s. l’édifice le plus hautde la chrétienté. Ce n’est qu’au XIXè s. que les techniques de construction et les matériaux nouveaux ontpermis de dépasser largement cette hauteur. Les Hommes ont toujours rêvé de construire des monuments de plus en plus élevés. La Bible raconte l’histoirede la Tour de Babel, une tour immense mais qui n’a jamais pu être terminée. La pyramide de Chéops (2 600avant J.-C.) s’élève à 146 m. La Tour Eiffel, en 1889, atteint les 300 m. Aujourd’hui, dans l’Emirat de Dubaï, latour Burj Dubaï doit, une fois achevée, dépasser les 800 m. de haut.À noter que la cathédrale de Strasbourg est construite sur des pilotis afin que ses fondations ne soient pas dansla nappe phréatique qui imprègne les sous-sols de la ville.La cathédrale occupe une place énorme. Elle émerge de toute sa hauteur au milieu des maisons basses et desruelles étroites. Des petites boutiques étaient accolées tout autour jusqu’à l’intérieur des portails, proposanttoutes sortes de marchandises. Au XVIIIè s., on y trouvait encore des flacons d’eau de vie, du savon, du tabac,des harengs, des fromages, des graisses…Au Sud de l’édifice, à la droite de la façade se tenaient des marchés aux raisins, aux pourceaux, et le fameuxChristkindelsmarkt ou marché de Noël. Au Nord s’étendait le cimetière Saint-Michel. Devant la façade, la placeétait dégagée. On y tenait des cérémonies municipales notamment.Ainsi, une cathédrale était à la fois un centre religieux, politique et économique.

� Une encyclopédie du mondeLa façade est décorée de très nombreuses statues, qui représentent la pensée, les connaissances et les croyanceschrétiennes. Elles sont comme une encyclopédie du monde. Beaucoup ont été détruites à la Révolutionfrançaise et remplacées au XIXè s.Autour de chacun des trois portails, il y a des histoires sculptées. Au portail de droite, douze grandes statuesreprésentent la parabole des Vierges sages et des Vierges folles (voir dans l’Evangile de Saint-Matthieu). LesVierges sages tiennent leurs lampes bien droites, car elles ont prévu assez d’huile pour attendre l’arrivée de leur

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époux, le Christ. Les Vierges folles ont été moins prévoyantes et renversent leurs lampes car elles n’ont plusd’huile. Elles ne se tournent pas vers le Christ mais vers le prince du monde, le Diable, appelé aussi le tentateur.C’est ce charmant jeune homme habillé à la mode du XIIIè s. qui offre une pomme. Dans son dos sont sculptésdes crapauds et des lézards.

À noter que tous ces personnages se ressemblent. Ils ont le même sourire, et des yeux légèrement bridés. C’estune des caractéristiques de la sculpture française à la fin du XIIIè s.

� À l’intérieur de la cathédrale

La cathédrale a une forme de croix. Comme dans la plupart des églises, le chœur est orienté vers l’Est, les troisportails de façade s’ouvrant à l’Ouest. L’Est est la direction de Jérusalem, lieu saint où se trouve le tombeau duChrist. C’est aussi la direction du soleil levant, symbole du Christ victorieux des ténèbres. En fait, la cathédralede Strasbourg est légèrement orientée vers le Nord-Est, car il a fallu tenir compte des contraintes du terrain.

� Le transept Nord

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C’est par le transept que commence la reconstruction de la cathédrale à la fin du XIIè s. C’est la partie située àgauche (Nord) et à droite (Sud) du chœur qui forme les bras de la croix. Ce vaste espace était au départ réservéaux chanoines qui secondaient l’évêque à la cathédrale. Ils s’y réunissaient et y assistaient à des messes. Au milieu de la salle, une énorme colonne soutient les voûtes. Ce sont ces constructions faites de pierresdisposées en arcs qui forment le plafond. Des sculptures grandes et petites décorent le transept Nord. Elles sonttaillées dans du grès, la pierre de construction de la cathédrale. Elles représentent de curieux monstres ou deshommes bizarrement déformés car les artistes du XIIè s. aimaient représenter des créatures fantastiques. Le Mont des Oliviers devant le mur Ouest est réalisé beaucoup plus tard, en 1498, par le sculpteur Veit Wagner.Il représente une scène de l’histoire du Christ. Les apôtres sont profondément endormis au Jardin des Oliviers,ils n’entendent pas les soldats qui arrivent pour arrêter le Christ. Contrairement aux sculptures du XIIè s.,celles-ci ressemblent beaucoup à des personnages réels.

� Le chœur

Le chœur est formé d’une haute et sombre coupole posée sur des arcades gigantesques. Son sol est surélevé, caril est bâti au-dessus d’une crypte, salle souterraine qui n’est ici qu’à demi enterrée.Le chœur est le centre religieux de la cathédrale. C’est là que se trouve le grand-autel et que sont célébrées lesgrand-messes depuis le Moyen Age. Les cérémonies étaient alors bien différentes de celles d’aujourd’hui. Lechœur était complètement séparé de la nef par un jubé. C’est une sorte de mur de pierre orné de sculptures etsurmonté d’une galerie (il sera détruit après 1681, lorsque la cathédrale sera rendue aux catholiques). Seuls leschanoines et certains ecclésiastiques avaient leur place dans le chœur. Le peuple ne communiait pas et priait deson côté dans la nef.

� Le transept Sud

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Comme dans le transept Nord, une énorme colonne soutient les voûtes, mais elle est ici entièrement ornée depersonnages sculptés. C’est le pilier du Jugement Dernier, appelé aussi Pilier des Anges, sculpté vers 1230.

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Selon la Bible, à la fin du monde, le Christ redescendra sur terre pour juger les hommes au cours du JugementDernier. Cette scène est très souvent représentée dans les églises du Moyen Age. À cette époque, les livres sontrares et chers, et peu de gens savent lire. Les sculptures des églises, comme des images en reliefs, racontent lavie du Christ et l’histoire du peuple chrétien. Elles servent à l’enseignement moral des fidèles.Au sommet du Pilier, le Christ-Juge sur son trône est entouré de trois anges. Tous ces personnages étaiententièrement peints de couleurs vives au Moyen Age (quelques restes de ces couleurs sont encore présente sur letrône du Christ).Au dessous du Christ, quatre anges ressuscitent les morts de leur trompette afin qu’ils soient jugés par le Christ.Au bas du pilier, les Quatre évangélistes sont représentés chacun au-dessus de son attribut.Un attribut est un animal, un être ou un objet qui est associé à un personnage et permet de le reconnaître. SaintJean est accompagné d’un aigle, saint Mathieu d’un ange, saint Luc d’un bœuf, saint Marc d’un lion.

� L’Horloge astronomiqueStrasbourg a été une des premières villes d’Europe à se faire construire une horloge astronomique, pourmesurer le temps, mais aussi l’éloignement des planètes. Cette première horloge, construite en 1354, étaitplacée sur le mur qui fait face à l’actuelle horloge. En 1571, la ville de Strasbourg confia la création d’une nouvelle horloge au mathématicien Conrad Dasypodius.Inaugurée trois ans plus tard, elle abritait tant de mécanismes différents qu’elle mesurait 18 m. de haut, 8 m. delarge et 4 m. de profondeur. Mais au XIXè s., tous les cadrans ont été changés lors d’une rénovation complète,dirigée par l’horloger Jean-Baptiste Schwilgué. Les mécanismes sont conçus pour fonctionner perpétuellement. Leur marche est assurée par des poidssuspendus dans la tourelle de gauche. À droite, l’escalier permet d’accéder aux parties hautes de l’horloge.À noter que l’horloge astronomique de la cathédrale a longtemps été considérée comme une des sept merveillesde l’Allemagne.

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� Le Portail Sud

Ce portail est celui de l’évêque. C’est par là qu’il entrait dans la cathédrale. C’est là aussi qu’il rendait la justicesous un auvent dont on peut encore voir quelques supports de pierre au dessus des portes. C’est pourquoi laplupart de statues du portail et de l’aile sud illustrent le thème de la justice. C’est déjà le cas à l’intérieur avec lePilier du Jugement Dernier. À l’extérieur, entre les deux portails, une statue du roi Salomon rappelle que ce roid’Israël possédait un jugement d’une grande sagesse.Deux statues se trouvent de part et d’autre des portails. Elles sont les plus célèbres de la cathédrale deStrasbourg : l’Eglise et la Synagogue. Ce sont des chefs-d’œuvre de l’art gothique, sculptés juste après le Pilierdu Jugement Dernier. Ces jeunes femmes symbolisent la vérité et l’erreur. Elles rappellent la rivalité qui existaitentre communauté chrétienne et communauté juive, chacune pensant détenir la vérité.

La statue symbolisant l’Eglise tient une croix et regarde devant elle avec une expression assurée. Par contre,celle qui symbolise la Synagogue a les yeux bandés et a brisé sa lance. Elle baisse la tête.Les plis des vêtements de ses statues suivent si bien les corps qu’on peut facilement imiter leurs mouvements.Leur position est naturelle, très raffinée, et leurs corps très allongés. L’artiste n’a pas hésité à les déformer pourles rendre encore plus expressives.

� La Nef

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La nef est la grande partie centrale d’une église. C’est aussi au Moyen Age le nom d’un navire à voiles. On peutimaginer cette partie de l’église comme la coque retournée d’un immense vaisseau. Elle est bordée de part etd’autre par deux larges galeries de circulation, les bas-côtés. La nef est si vaste et si riche que 3 parcours sontnécessaires pour en faire le tour.Elle a été construite entre 1235 et 1270 dans un style nouveau : le gothique. Ce mot vient du nom du peuple quioccupa l’empire germanique aux premiers siècles du Moyen Age, « les goths ». Aux XVIIè et XVIIIè s., onconsidérait que l’art gothique avait été inventé dans les pays germaniques et qu’il était un art barbare. En faitcet art est apparu en Angleterre et dans les grandes cathédrales du nord de la France à la fin du XIIè s., à Paris,Reims, Amiens, Chartres.

� Les vitrauxLes vitraux de la nef mesurent près de 10 m. de haut. Ils sont très importants dans une cathédrale car, selon laBible, les murs de la demeure de Dieu sont faits de pierres précieuses. C’est ce qu’évoquent les vitraux de lacathédrale, qui transforment la lumière du Soleil en un chatoiement de couleurs. Ces vitraux datent dedifférentes époques.Dans le bas-côté Sud, les vitraux faits au XIVè s. sont très différents. Chaque fenêtre présente seize petitesscènes de la vie du Christ ou de la Vierge, comme une grande bande dessinée. Ces vitraux comme lessculptures, étaient destinés à apprendre l’histoire religieuse au peuple illettré.

Enfin, la grande rose, au-dessus du portail central de la cathédrale, a un rôle simplement décoratif. On penseque sa forme a été conçue par le célèbre architecte Erwin Steinbach.

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� La Chaire

Au milieu de la nef, du côté gauche, la ville de Strasbourg a fait construire une chaire en 1485 pour leprédicateur Johannes Geiler de Kaysersberg par le maître d’œuvre Hans Hamme. Une chaire est une sorted’estrade, de tribune, d’où les prêtres et prédicateurs s’adressent aux croyants. Celle-ci est couverte d’unedécoration riche et compliquée, d’un style appelé « gothique flamboyant » typique du gothique du XVè s. Duhaut de cette chaire, le prédicateur expliquait la parole de Dieu aux chrétiens, souvent par de petites histoires oudes symboles faciles à comprendre par tous.

� Animaux bizarres et bêtes curieusesLa cathédrale au Moyen Age est aussi un lieu de vie quotidienne, où l’on n’hésite pas parfois à se moquer detout. On y trouvait l’enterrement d’un renard par différents animaux, un cerf qui lisait la messe, un âne quichantait, un sanglier et un bouc portant un cercueil, un ours portant le bénitier, un loup, une croix et le lièvre,une bougie.

- D/ Place Kléber� C’est le centre géographique et commercial de Strasbourg. Elle garde la mémoire des grands événementshistoriques qui ont ponctué l’histoire de la ville : lieu de prêche et de spiritualité au Moyen Age avec laprésence des Franciscains, la Révolution y installe la guillotine montée en permanence. Aux XIXè et XXè s.,elle sert de cadre aux grandes manifestations militaires, revues et défilés. Sous l’occupation nazie, elles’appelait « Karl Roos-Platz » en souvenir du membre fondateur du parti autonomiste d’Alsace-Lorraine crééen 1927., condamné à mort pour espionnage par le tribunal militaire de Nancy et fusillé en février 1940. Lesnazis en feront le premier martyr de l’Alsace allemande.24 novembre 1944 y eut lieu, après la « chevauchée héroïque de la Division Leclerc » et la rapide Libération deStrasbourg (le 23), la vibrante prise d’armes du général Hautecloque alors que l’ennemi depuis Kehlbombardait encore la ville.

� Le monument de KléberLe général Kléber bénéficie d’une grande popularité en Alsace. Après son assassinat au Caire en 1800 et leretour de son corps embaumé déposé au Château d’If, on décide de lui ériger un monument à Strasbourg quisera inauguré le 14 juin 1840 pour la commémoration des 40 ans de sa mort. Ses cendres sont placées dans unecrypte sous le monument, cas unique où le monument couvre le lieu de sépulture.Debout, Kléber tient la lettre de l’amiral Keith qui le somme de quitter l’Égypte symbolisée par le sphinx. Il a latête découverte rejetée en arrière, la main gauche sur la poignée du sabre, physionomie composant la plusexpressive illustration du bref commentaire qu’il fait à la sommation : « Soldats ! On ne répond à une telleinsolence que par des victoires ! Préparez-vous à combattre ! »

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Respecté en 1870, Kléber devient le symbole de la résistance française, et voit défiler les étudiants qui luidonnent en 1918 en pâture la tête de l’empereur déboulonnée de sa statue place de la République.En 1940, les cendres de Kléber sont transférées au cimetière de Cronenbourg et la Statue, cachée dans lesréserves du Musée Historique, est remise en place en 1945.Avec la mise en circulation du tramway en 1994, ce vaste espace carré a été modernisé et forme le centre de lazone piétonne avec des animations périodiques, marchés, expositions, et reçoit chaque année, dans le cadre« Strasbourg capitale de Noël », un majestueux sapin décoré avec des boules bleues de la cristallerie St. Louis,soit avec des sujets divers, selon l’inspiration de la décoratrice.Quant à la crypte, elle est englobée dans le parking.

E/ Petite France et Ponts Couverts� La Petite France est un terme générique qui désigne tout un quartier qui s’étend de la rue des Dentellesjusqu’aux Ponts Couverts. Il tire son nom du « Blatterhüs » ou Hospice des vérolés fondé en 1520 par laMunicipalité pour isoler les syphilitiques atteints de cette maladie honteuse, le « mal français » qui connut unerecrudescence après les campagnes d’Italie de la fin du XVè s. Le bâtiment subsiste jusqu’en 1905.Les Ponts Couverts se composent de trois hautes tours carrées en briques, conçues lors du troisièmeagrandissement de la ville entre 1228 et 1234. Il s’agit d’un ancien pont fortifié en bois placé sur l’Ill qui sedivise ici en plusieurs canaux.Chaque tour a un nom et une fonction. La tour « Heinrichsturm » sert de prison civile. La tour « Hans vonAltheimturm » et la tour des « Français » servent de prison militaire aux XVIIIè et XIXè s. Au Nord subsisteune tour indépendante, la tour du Bourreau (Henkerturm). Cet emboîtement de galeries couvertes d’une toitureétaient ouvertes vers la ville mais fermées d’une paroi en bois percées d’archères de l’autre côté. La toituredisparaît en 1784, les trois ponts actuels en grès n’ont été installés qu’en 1865. Les ouvrages en éperon quiprécèdent les deux tours Nord datent de la fin du XVIè s.

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III Questions

1. De combien de bâtiments la place de la République est-elle entourée ? Quelles sont leurs fonctions ? Quepouvez dire à propos de leur taille ?

2. Décrivez le Monument aux Morts place de la République. Quelle inscription porte-t-il ? Pourquoi ?

3. Sur la place de l’Université, à quel célèbre écrivain allemand la statue rend-elle hommage ?

4. Reproduire l’inscription du fronton du palais Universitaire

5. Devant la cathédrale, observez bien le portail des Vierges sages et des Vierges folles (le portail de droite).Comment le Diable est-il représenté ? Que tient-il dans la main ? Qu’a-t-il dans son dos ?

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6. Dans la nef, sur le Pilier du Jugement dernier (ou Pilier des Anges), quels sont les attributs des quatreévangélistes ?

7. Qui a remis en état au XIXè s. l’horloge astronomique ?

8. Au portail Sud, observez bien les deux statues qui entourent le roi Salomon. Quelle est la statue quisymbolise l’Eglise ? Quelle est la statue qui symbolise la Synagogue ? Pourquoi ?Quel est le message symbolique que l’artiste a voulu transmettre ?

9. Dans quel pays et à quelle date le général Kléber est-il assassiné ?

10. Pourquoi avoir baptisé un quartier de Strasbourg « Petite France » ?

Bibliographie sommaire

A) Ouvrages généraux25

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- Jordan Benoît, Histoire de Strasbourg, Éditions Jean-Paul Gisserot, 2006- Maechel Lucie, Rieger Théodore, en collaboration avec Daul Léon, Matzen Raymond, Strasbourg insolite etsecret, Éditions Jean-Paul Gisserot, 1999

B) Ouvrage de vulgarisation- Dupeux Cécile, Bloch Serge, Le Petit livre d’une grande cathédrale ou comment découvrir en s’amusant lacathédrale de Strasbourg, Éditions Les Musées de la Ville de Strasbourg, Strasbourg, 1991

C) Bandes dessinées- Martin Jacques, Pleyers Jean, La Cathédrale, Éditions Casterman, 1985- Keller Francis, Wintzer Thierry, Notre Dame de Strasbourg. Une cathédrale à travers les siècles, Éditions duSigne, 2005

D) Sites internet- www.maps.google.fr- http://fr.wikipedia.org/wiki/Strasbourg- http://fr.wikipedia.org/wiki/Notre-Dame_de_Strasbourg

Pour les ouvrages de Tomi Ungerer, Madame Ott-Dollinger vous fera une petite présentation en cours.

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