Perturbateurs.endocriniens 2012.04 FR

7/29/2019 Perturbateurs.endocriniens 2012.04 FR

1/32

1page

Perturbateurs endocriniens & biodiversit

La diversit biologique face au risque chimique :

ncessit dun changement de paradigme

TonyCampbell/phoToxpress

REPORT

2011


2/32

Concept & design by ArthurSteenHorneAdamson

Synthse ralise par Kvin Jean et Tarik Benmarhnia

sous la direction de J.C. Lefeuvre, H. Roche, A. Cicolella, C. Deshayes

Mis en page par Roland Niccoli | Openscop, avec laimable relecture de Caroline Niccoli

1986 Panda Symbol W WF - World Wide Fund For nature (Formerly World Wildlife Fund)

WWF & living planet are WWF Registered Trademarks / WWF & Pour une

plante vivante sont des marques dposes.

WWF France. 1 carrefour de Longchamp. 75 016 Paris.

www.wwf.fr

WWFLe WWF est lune des toutes premires organisationsindpendantes de protection de lenvironnement dans lemonde. Avec un rseau actif dans plus de 100 pays et fortdu soutien de 5 millions de membres, le WWF oeuvre pourmettre un frein la dgradation de lenvironnement naturelde la plante et construire un avenir o les humains viventen harmonie avec la nature, en conservant la diversit bio-logique mondiale, en assurant une utilisation soutenabledes ressources naturelles renouvelables et en faisant lapromotion de la rduction de la pollution et du gaspillage.En 2011, le WWF ftera ses 50 ans.

Depuis 1973, le WWF France agit au quotidien an doffriraux gnrations futures une plante vivante. Avec sesbnvoles et le soutien de ses 170 000 donateurs, le WWFFrance mne des actions concrtes pour sauvegarder lesmilieux naturels et leurs espces, assurer la promotion demodes de vie durables, former les dcideurs, accompa-gner les entreprises dans la rduction de leur empreintecologique et duquer les jeunes publics. Mais pour quele changement soit acceptable, il ne peut passer que par lerespect de chacune et chacun. Cest la raison pour laquellela philosophie du WWF est fonde sur le dialogue etlaction. Depuis dcembre 2009, la navigatrice IsabelleAutissier est prsidente du WWF France.


3/32

3page

Perturbateurs endocriniens et biodiversit

3page

sommairePartie i : Contexte et gnralits sur les Perturbateurs endoCriniens 5

df c 5C Pe 6u j 8

Qq 9

Partie ii : les Pe dans lenvironnement 10l c pcp c 10l cp Pe 17

Partie iii : les eFFets des Pe sur le vivant 18 cc p

lp pq Pe 18v ppc Pe 24

ConClusion 28

bibliograPhie 30


4/32

4page

ezeq

uielsCagneTTi/WWF-Canon

Lance par le WWF en 2005, DetoX fut la premire campagne danalyse de sang par famille travers lUnion euro-

penne. Pour cette campagne, les analyses furent axes sur les produits chimiques faits par lhomme prsents dans le sang

de 13 familles (grands-parents, mres et enfants) issues de 12 pays europens.


5/32

5page


5page

Que ce soit chez lhomme ou dans lensemble du monde vivant, le systme endocrinienest primordial et rpond des mcanismes trs sensibles. Le systme endocrinien (dugrec : endon, lintrieur de et krin, je scrte ) est un ensemble de glandes etde groupes de cellules. Il est charg, avec le systme nerveux, de maintenir la stabilit

interne des animaux pluricellulaires, de grer les diffrents cycles et de dclencher lesrponses adquates aux stimulations extrieures. Beaucoup de fonctions vitales tellesque la reproduction, la croissance, le dveloppement, le comportement, la production,lutilisation et le stockage de lnergie en sont intgralement dpendantes. Ce systmeendocrinien est rgul par des substances hautement actives, les hormones.

Les hormones se caractrisent par leur spcificit daction sur certains tissus ouorganes. Les hormones agissent de trs faibles concentrations sanguines. Leur dgra-dation se produit gnralement en quelques heures. De manire gnrale, il ny a pas despcificit hormonale entre les espces ( quelques exceptions prs comme lhormonede croissance humaine) : les hormones humaines peuvent galement affecter le systmeendocrinien dautres espces plus ou moins proches. Fminisation de communauts,baisse f lagrante de populations, anomalies anatomiques chez les animaux, ont t

mises en vidence au cours de ces dernires dcennies paralllement une baisse de lafertilit masculine chez lhomme. En 1950, un article de Burlington et Lindeman dcri-vait dj les effets nfastes du DDT sur des organismes vivants, suivi de nombreusespublications les annes suivantes.La vulnrabilit du systme endocrinien est donc en question et il est impratif demieux comprendre les phnomnes dcrits. Ainsi, de nombreux projets de rechercheont t mens au cours des deux dernires dcennies afin dtudier ce phnomne deperturbation du systme endocrinien tant en toxicologie quen cotoxicologie.

Le terme perturbateur endocrinien (PE) fait rfrence un large spectre desubstances xnobiotiques (c.--d. trangres lorganisme vivant) ayant la capacit

dagir sur le systme endocrinien despces animales ou vgtales et den perturber lefonctionnement normal.La dfinition des PE donne par lUnion Europenne en 1999 est la suivante : unesubstance ou un mlange exogne altrant les fonctions du systme endocrinien, etinduisant donc des effets nocifs sur la sant dun organisme intact, de ses descen-dants ou sous-populations . Dautres dfinitions existent, manant dautres orga-nismes. LUS EPA (lagence environnementale amricaine) dfinit plus prcismentles perturbateurs endocriniens en les dcrivant comme les agents exognes quiinterfrent avec la synthse, la scrtion, le transport, la liaison, laction ou llimina-tion des hormones naturelles responsables de lhomostasie, la reproduction, le dve-loppement et le comportement . Cette dfinition peut tre discute par le fait quellene tient compte que des agents exognes, sans parler des scrtions internes, liessoit une mtabolisation, soit la transmission maternelle, par exemple. Hormisles nombreuses discussions que soulvent ces questions, il est vident quau fur et mesure que les connaissances volueront, le cadre smantique devra sadapter la

Contexte et gnralits surles Perturbateurs endoCriniensDfinitions et contexte gnral

Quest ce quun

perturbateur endocrinien ?

Dfnitions


6/32

6page


ralit scientifique, en termes de sources de contamination, de notion de seuil ou defaibles doses notamment.Compte tenu de lnorme diversit des molcules et des rcepteurs molculaires impli-qus dans le systme endocrinien des espces vivantes, la dfinition de PE englobe untrs grand nombre de substances dorigines et de natures varies.Cest pour cela quune classification gnrale des PE nest pas aise. Il nen existe dail-leurs aucune qui soit exhaustive ce jour. dfaut de les classifier rigoureusement, onpeut cependant catgoriser les diffrents types de PE, en se basant dune part sur leurnature, dautre part sur leurs mcanismes daction et leurs cibles.

Catgorisation des PE

La premire distinction effectuer entre les diffrents PE se fait sur la base de leurorigine. On peut ainsi distinguer trois catgories : les composs naturels : phyto-strognes, produits par les vgtaux, et myco-stro-gnes, produits par les champignons et les moisissures ; les hormones naturelles (animales, humaines, vgtales) ou synthtiques ;

les composs synthtiques.

Les phyto-strognes et myco-strognes ont des structures chimiques qui imitent ou

interagissent avec les hormones strogniques. On a identifi plus de 300 plantes de

16 familles diffrentes, produisant des substances phyto-strogniques.

Par ailleurs, certains myco-strognes sont produits par des champignons pouvant

contaminer des cultures. Cest notamment le cas de la zralnone, un myco-oestro-gne pouvant tre retrouv dans le mas utilis dans llevage porcin, et qui peut avoir

des effets toxiques faible dose. Les hormones naturelles animales ou humaines ousynthtiques (pilule contraceptive, traitement thrapeutique de la rgulation endocri-nienne, anabolisants) sont gnralement excrtes par les urines et rejetes dans leseaux uses. Elles sont susceptibles de garder une certaine activit dans les cosystmesnaturels et/ou tre transfres dans les chanes alimentaires. Ainsi, des rsidus dhor-mones synthtiques, utilises dans llevage intensif, peuvent galement tre retrouvsdans des aliments comme la viande bovine.

Les composs synthtiques regroupent les produits issus de lindustrie chimique etleurs sous-produits engendrs par des procds industriels, des processus naturelsou des incinrations, par exemple. On retrouve parmi ces composs des produitschimiques usages industriels, comme les phtalates, les polychlorobiphnyles (PCB),les perfluors, le bisphnol A Les composs chimiques usages agricoles ou domes-

tiques, comme les pesticides (fongicicides, insecticides, larvicides et herbicides),sont galement ranger dans cette catgorie. Enfin, dans les produits secondaires, onretrouve principalement des produits issus de lincinration des dchets, comme lesdioxines et les dibenzofuranes.

Ces trois types de substances mettent en vidence des problmatiques diffrentes. Eneffet, lintensit des effets sera variable, tout comme les modes de gestion visant larduction de leurs missions. tant donne la mise en vidence relativement rcente,lattention et linquitude, proportionnelles au manque de connaissance, sont portesvers les composs sy nthtiques. En outre, de par leur nature propre, les perturbateursendocriniens diffrent par leurs modes daction et leurs cibles.

Cette classification est importante considrer si lon veut sintresser la perturba-tion dun organe ou dune fonction en particulier, de mme que si lon sintresse la

question complexe des effets cocktails (voir page 24).

Catgorisation des PEselon leur nature

870Perturbateurs endoCriniensPotentiels sur la liste tedx

The Endocrine Disruptor EXchangewww.endocrinedisruption.com


7/32

ermess-phoToxpress

des alternatives dCouvrirDaprs la Convention de Stockholm sur les Polluants Organiques Persistants (POP), 9 de ces

12 POP sont des pesticides. lOrganisation Mondiale de la Sant et le programme environ-

nemental des Nations Unies estiment que 3 millions de travail leurs agricoles des pays en

voie de dveloppement subissent chaque anne une exposition svre aux pesticides. 18 000

dentre eux en mourraient. Daprs une de ces tudes, 25 millions de travailleurs agricoles au

total souffr iraient dune exposition potentiellement dangereuse aux pesticides chaque anne.

Quelques exprimentations nous indiquent les pistes suivre quant une utilisation dalter-

natives efficaces aux pesticides. La Sude a ainsi rduit de moiti lutilisation de pesticides en

ne perdant quasiment rien en termes de quantit de rcoltes. En Indonsie, des fermiers ont

ainsi rduit lutilisation des pest icides sur leurs champs de riz de 65 % tout en constatant une

hausse de 15 % de leur rcolte.


8/32

8page


Les PE interfrent dans le fonctionnement de la rgulation hormonale selon les 3

schmas daction suivants : un effet mimtique, en imitant laction dune hormone naturelle et en se l iant au

rcepteur cible de cette hormone ; elle se fixe sur le rcepteur cellulaire et entrane unerponse normale, appele agoniste.

un effet de blocage, en bloquant laction dune hormone naturelle (par exemple en satu-

rant le rcepteur cible de lhormone) ; il sagit dune rponse antagoniste. un effet perturbant, en interfrant avec les processus physiologiques de production, de

transport ou de dgradation dune hormone naturelle.

On peut encore affiner la description du mode daction dun PE en prcisant la fonctionhormonale perturbe par laction de la substance. On distingue ainsi les composs effets strogniques ou anti-strogniques (perturbant la rgulation des caractres

femelles), androgniques ou anti-androgniques (perturbant la rgulation des caractres

mles), ou encore thyrodiens (perturbant le fonctionnement de la glande thyrode).

Un enjeu environnemental de taille

Les difficults de classification des PE mettent en vidence la diversit et la complexitde ce phnomne. Les cosystmes cibles de ces perturbations, bien que lintensit ensoit aujourdhui difficile mesurer, sont susceptibles de subir des effets dont on nepeut pas estimer la transversalit des consquences. Cette problmatique mergentede la perturbation endocrinienne remet en question les fondements mmes de certainsprincipes dcotoxicologie, comme la notion de seuil, de faibles doses, de fentre dex-position ou encore dimpact sur lensemble dune chane trophique (voir partie II-B).Il est important dapprcier lampleur des impacts susceptibles daffecter les cosys-

tmes, par la prise en compte de nouveaux paradigmes et de lirrversibilit de certainsphnomnes, afin de considrer avec une juste valeur, lurgence en termes danalyse,dvaluation puis de gestion de cette nouvelle famille de r isques .

En plus des phnomnes de pluri-expositions dj voqus, dautres processus lis la biosphre de manire gnrale entrent en jeu. Il est possible de citer pour illus-trer ceux-ci la bioamplification le long dune chane trophique. Certains pesticidespar exemple saccumulent au fil de la chane alimentaire pour se concentrer dans lesderniers maillons. Les carnivores et piscivores situs en bout de chane concentrentdes doses de pesticides pouvant atteindre 10 000 fois celles des premiers maillons.

Alevins Truite ufs de GolandZooplancton

0,025 ppm

Phytoplancton

0,123 ppm 1,04 ppm 4,83 ppm 124 ppm

Catgorisation des PE

selon leurs modes dactionet leurs cibles

Schma 1 : exemple de bioamplification dune substance(US EPA)


9/32

9page


9page

Quelques lments de rglementation

En ce qui concerne les rponses apporter, il est raisonnable de considrer quau-jourdhui loutil rglementaire est insuff isant au vu des enjeux.

Pour laspect sanitaire, lUnion Europenne a tabli une classification des substanceschimiques toxiques pour la reproduction (directive 67/548/CEE modifie relative laclassificat ion, ltiquetage et lemballage des substances dangereuses). Elle comportetrois catgories, selon le niveau de connaissance des effets sanitaires de la subs-tance considre. Les effets cancrignes, mutagnes et reprotoxiques (CMR), sont,par exemple pris en compte dans la rglementation REACH. En France, un dcretspcifique au milieu professionnel a t mis en place pour obliger la mise en oeuvrede mesures de prvention. Cependant les autres effets lis la perturbation endocri-nienne ne sont pas considrs.

Du cot environnemental, le constat est plus mitig, car la classification de pertur-bateur endocrinien nexiste pas en tant que tel le. Toutefois, il ex iste des rglementa-tions limitant la contamination de lenvironnement, comme la Directive Cadre surlEau par exemple, qui limitent les rejets de certains produits toxiques pour lenvi-ronnement qui quelquefois concernent des perturbateurs endocriniens (comme lesPCB, les phtalates).

Il est impratif dtablir une classification de perturbateurs endocriniens, afin depermettre une gestion approprie et conjointe de la sant humaine et de la santenvironnementale. La rglementation devrait pouvoir intgrer lvolution desconnaissances en termes de sources de contamination, deffets sur les cosystmes etla biodiversit, et de la notion de faibles doses et de pr iode dexposition. Un aperude ltat des connaissances bas sur la littrature scientifique fait lobjet des parties

suivantes qui sattachent souligner les lments essentiels afin de comprendre cesphnomnes et den prendre la mesure.

andreWKerr/WWF-Canon

Les produits chimiques conuspar lhomme peuvent trenocifs la fois pour la sant et

pour lenvironnement.Leur tiquetage nest quunebien faible faon de nous

protger de leur nocivit.


10/32

10page


Les sources principales de contamination

De nombreux produits chimiques sont aujourdhui connus ou suspects pour avoir deseffets de perturbation endocrinienne.Toutefois, la diversit de ces produits induit une grande varit de sources de conta-mination de lenvironnement. Ainsi, que lon considre un rejet industriel de PCB dansle Rhne ou des eaux charges en strognes via les rejets de stations dpuration par

exemple, leur impact en sera diffrent. Pour caractriser les diffrents modes de conta-mination de lenvironnement, plusieurs approches sont possibles :

Il est possible de formuler une approche par substrats : eaux, sols, air. Cependant,

aprs analyse de la littrature, il ressort que les milieux principalement contaminssont les milieux aquatiques, et une telle rpartition reste peu cohrente.

Il est aussi envisageable de raisonner en termes de types de rejets, quils soient

industriels ou non. Cependant, peu dtudes ont abord la question des sources aveccette dichotomie, et de nombreuses incertitudes restent nanmoins claircir sur lesrejets non industriels justement. Quils soient accidentels ou diffus, les rejets indus-triels de produits chimiques sont en thorie quantifiables. Mme si cette question desrejets industriels ou agricoles reste aujourdhui la piste prioritaire en termes degestion des risques, il ne faut pas se dsintresser des autres types de rejets. Ces rejets,

via les rseaux dassainissement ou les centres de stockage de dchets par exemple,sont aujourdhui trs difficilement quantifiables et de fait extrmement mal connus.

Une approche qui permet la fois de rpondre aux incertitudes et la ralit de la

littrature scientifique ce sujet est lapproche par famille de perturbateurs endocri-niens. Il existe ce propos quelques articles faisant tat des connaissances, parfamille de produits, des sources de contamination. Cest cette option qui a t retenuepour dfinir les sources de contamination.

La pollution chimique de lenvironnement lie aux rejets industriels est aujourdhui unetriste ralit. Quils soient accidentels ou permanents, ces rejets impactent plus ou moinsdirectement les organismes vivants, que ce soit par des mcanismes de toxicit ltale ou

non ou par le biais de perturbation endocrinienne. Il nest pas possible de mettre lensemblede ces produits dans la mme case, car leurs effets sont diffrents autant que leurs sources.Ainsi, il est propos ici de faire le tour des principales familles de ces produits dont leseffets en termes de perturbation endocrinienne sont connus :

Les PCB (Polychlorobiphnyls) : Cette trs grande famille de composs (209congnres), fabrique depuis prs dun sicle comme isolants thermiques, constitue unerfrence dans le champ de la pollution industrielle. Leur forte persistance, leur mobilit etleur capacit se fixer dans les sdiments en font des polluants durables et ubiquistes. Bienque leur production ait t arrte en France depuis de nombreuses annes (interdiction :dcret 87-59 du 2 fvrier 1987), les missions continuent via danciens appareils, ou via desbatteries. Aujourdhui, pratiquement toutes les tudes qui ont t amenes rechercherla prsence de ce type de composs en ont retrouv. Toutefois, les concentrations les plus

fortes se trouvent logiquement dans les milieux aquatiques pollus en amont par ce typedindustries, et notamment o des fuites accidentelles ont eu lieu. Le Rhne peut tre citcomme parfait exemple. Toutefois, les transports via latmosphre et par phnomnes de

les Perturbateurs endoCriniensdans l environnement

Produits chimiques

industriels

Fuite sous un transformateur lec-trique contenant des PCB, bannis travers la plante depuis 2011.

Thierrymeunier


11/32

11page

Carte de la pollution aux PCB dans les rivires Franaises

Les points montrent la concentration de PCB dans des prlvements de sdiments de rivires Franaises. Plus la couleur

est fonce, plus la concentration est leve, le noir signiant une concentration suprieure 10 g/kg. Les donnes brutes

datent de 2007 et sont consultables de faon interactive sur le site eau-evolution.fr.

Carte de la concentration dHydrocarbures Aromatiques Polycycliques dans les sdiments des rivires Franaises

Les points montrent la concentration dhydrocarbures aromatiques polycycliques dans des prlvements de sdiments de rivires Franaises.

Les HAP sont sur les listes prioritaires aux tats-Unis, dans lUnion Europenne et lOMS, tant donn leur toxicit et leur prsence dans

tous les milieux. Plus la couleur est fonce, plus la concentration est leve, le noir signiant une concentration suprieure 2 000 g/kg.


12/32

12page


bioaccumulation sont significatifs et importants signaler, entranant une pollution gn-ralise.

Les alkylphnol thoxylates (APE) : Ces composs, dont la production annuellemondiale avoisine les 390 000 tonnes, sont utiliss dans certains procds industriels etagricoles, mais leur principale utilisation est domestique dans certains produits mna-gers. Toutefois, une des utilisations quil est indispensable de souligner dans ce rapport estcontraceptive via les applications spermicides. Il est important dajouter que ces compossont la capacit dtre dgrads biologiquement dans les eaux uses, pour former desmtabolites trs toxiques (p-nonylphnol) ayant une activit strognique remarquable.

Hormis lutilisation de ces composs dans des dtergents ou leurs rejets dans les eauxuses, les rejets industriels dans les milieux aquatiques ne sont pas ngligeables, et lesrglementations varient selon les pays. On observe en Europe des sources de contamina-tion diffrencies.

Ainsi, cette famille de perturbateurs endocriniens diffre des autres, dune part parsa forte prsence dans les usages quotidiens domestiques qui renforce les rejets danslenvironnement, notamment par le biais des eaux uses, et dautre part par sa prsencenon ngligeable dans le compartiment arien due, entre autres, aux arosols. Ces deuxaspects peuvent expliquer la globalisation de la contamination des milieux.

Les HAP (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques) : ces composs sontgnrs par une combustion incomplte de la matire organique (charbon, huile, ptrole,bois). Les principales sources sont anthropiques, via le trafic automobile, le chauf-fage, la cuisine ou certains procds industriels comme la production daluminium.Toutefois, les sources naturelles telles que les incendies de fort ou les volcans nesont pas totalement ngligeables. Dans lenvironnement, ces composs peuvent tredgrads de manire biotique (par action des systmes enzymatiques de biotrans-

formation, par exemple) ou abiotique, et gnrent galement de nouveaux composs(poxydes, phnols). Par leur omniprsence dans lenvironnement et leurs propritsphysico-chimiques, la famille des HAP est un digne reprsentant des Polluants Orga-niques Persistants (POP), tout comme les PCB. Notons que certains dentre eux, commele benzo(a)pyrne, sont des cancrignes avrs. Les HAP sont surtout transports parvoie atmosphrique sous forme de particules qui se dposent dans les autres comparti-ments environnementaux. Ainsi, ces composs sont retrouvs dans lenvironnement des niveaux de concentration trs diffrents, selon que lon se situe proximit de zonesindustrielles et urbanises, ou de zones plus recules.

Le Bisphenol A (BPA) : Ce compos trs mdiatis ces dernires annes, pourses capacits perturber le systme endocrinien, est un des composs chimiques lesplus utiliss dans le monde. Les premires tudes le mettant en cause datent pourtant

des annes 30 (Dodds et al., 1936). Son utilisation est trs large aujourdhui, principale-ment dans certains composs plastiques (plastique dur et translucide), et on peut citer cet effet les contenants alimentaires ou certains biberons. Mais si lon souhaite treexhaustif, la liste est trs longue (prothses dentaires, retardateurs de flammes dansles appareillages lectriques, etc.). En termes dimpacts de lenvironnement, le milieuprincipalement concern est toujours le milieu aquatique qui permet le transport dece compos dans lensemble des autres compartiments. Par ses proprits physico-chimiques, le Bisphnol est un compos trs persistant et dans lenvironnement, samtabolisation est majoritairement biotique, produisant notamment des composs quisont ensuite minraliss. Les missions de ce compos sont aujourdhui trs dif fuses etubiquistes, les rejets accidentels ou localiss tant proportionnellement faibles. En effet,les quantits rejetes via les eaux uses par lhomme ou via les dchets sont loin dtre

ngligeables. Dans certaines tudes, sa prsence a t rvle dans la majorit des chan-tillons prlevs, que ce soit dans les eaux uses, les eaux destines la consommationhumaine, les eaux brutes de surface et souterraines ou encore les sdiments. Ceci peut

Johndaniels/WWF-Canon

andre

WKerr/WWF-Canon


13/32

des alternatives viablesLe film plast ique est traditionnellement labor partir de PVC, mais des alter-

natives font leur apparition, suite linquitude naissante quant aux ri sques de

transfert entre le PVC et les aliments. Les dif frentes sortes de phtalates, tels que

le DEHA, DBP et DEHP, sont prsentes en grandes quantits dans les produits de

grande consommation. Il est possible de rduire la migration de ces phtalates en

tudiant les emballages, mais aussi les encres et adhsifs utili ss sur le packaging.

Les consommateurs peuvent galement se tourner vers dautres alternatives pour

la prservation des aliments. Des films sans phtalates ou PVC existent, ainsi que

des matriaux base de cellulose ou de soja, et le verre constitue toujours une

alternative de choix.

anTonVorauer|WWF


14/32

14page


sexpliquer par le grand nombre de produits (polycarbonate, rsine poxy, PVC) qui encontiennent et sa production mondiale consquente.

Autres composs : aux principaux composs dcrits prcdemment peuvent encoresajouter dautres familles de produits. ce titre nous pouvons citer les PBDE (Polybro-modiphnylethers), produits ignifuges surtout utiliss comme retardateurs de flammesdans un grand nombre de composs de notre quotidien (crans, meubles), et dont lesrejets dans lenvironnement peuvent se faire soit par missions ariennes, soit par les solset leau via les dchets. Nous pouvons galement citer certains composs comme le TBT(tributyltain) utilis notamment dans certaines peintures de coques de bateau, qui acaus des effets non ngligeables sur des populations de mollusques. Le TBT est direc-tement rejet dans les eaux et se concentre dans les sdiments. La liste, dans un soucidexhaustivit, pourrait tre encore bien longue, mais pour finir ce panorama des produitschimiques perturbateurs endocriniens, nous pouvons citer les dioxines, dont une des plus

puissamment toxiques, la 2,3,7,8-TCDD (2,3,7,8-tetrachlorodibenzodioxine) sert de baseau calcul des quivalents toxiques. De nombreuses tudes font tat de leur prsence dansdes milieux sensibles (Fielder et al., 1995). Ces composs issus dune combustion incom-plte dautres substances, notamment en incinrateurs danciennes gnrations, montrentactuellement une dcroissance de leurs rejets atmosphriques, notamment, depuis lappli-cation de normes environnementales. Toutefois, leur prsence dans des sols et des milieuxaquatiques est chose courante. Enfin, les composs polyfluors ou perfluors commelacide perfluorooctanoque (PFOA), que lon retrouve dans les revtements antiadhsifs,mais aussi dans une grande varit de produits grce leur action impermabilisanteou anti-tche, font partie des polluants mergents perturbateurs endocriniens. Ils sontpersistants dans lenvironnement avec des demi-vies de plusieurs dizaines dannes pourcertains, et sont bioaccumuls et bioamplifis dans les rseaux trophiques. Susceptiblesde provoquer des troubles du dveloppement et du mtabolisme, ils sont reprotoxiques,

cancrignes et agissent sur la rgulation thyrodienne.

Les hormones strodiennes sont un groupe de composs biologiquement actifs.Ces composs sont scrts naturellement par diffrents organes (cortex, ovaires,placenta) aussi bien chez lhomme que chez lanimal et comprennent entre autresles progestagnes, glucocorticodes, minralocorticodes, andrognes et strognes

(Raven and Johnson, 1999). Les strognes (estradiol, estrone et estr iol) sont principa-lement des hormones femelles indispensables la rgulation du systme hormonal etreproductif. Ces composs sont chez lhomme et lanimal, excrts via les processusnaturels, et aboutissent dans les compartiments environnementaux travers lesrseaux dassainissement, les systmes dlimination de dchets ou encore par lpan-dage. De nombreuses tudes rapportent la prsence de tels composs la sortie de

stations dpurations et dans des eaux de surface (rivires, lacs) (Desbrow et al., 1998 ;Fromme et al, 2002 ; Ternes et al., 1999). Les composs qui, par leur potentiel de perturba-tion endocrinienne, sont les plus proccupants, sont les strognes et autres contra-ceptifs, incluant 17h-estradiol (E2), estrone (E1), estr iol (E3), 17aethynylestradiol (EE2)et mestranol (MeEE2).

En ce qui concerne les sources de contamination des diffrents compartiments, lesprincipales sont :

Les eaux uses: la prsence de ces composs est proccupante dans lenvironne-ment par les consquences quils peuvent provoquer chez lhomme, les levages ou lafaune de manire gnrale, ceci du fait de leur fort potentiel de modification biolo-gique qui les caractrise par nature. Certaines de ces molcules sont naturellement

excrtes et quelques tudes rapportent des valeurs titre indicatif. Cependant, au vudes mthodes contraceptives actuelles, et compte tenu des moyens existants dans lesdispositifs dassainissement, la probabilit de retrouver ce type de substances dans un

Hormones strodiennes

maurirauTKari/WWF-Canon


15/32

15page


15page

grand nombre de cours deau est forte. Mme si dimportants efforts sont mettreen uvre en termes dassainissement et de potabilisation de leau, il faut surtout une

prise de conscience plus globale de cet impact de la part de la population.

Les rejets animaliers: Lautre grande source de contamination de lenvironne-ment par ces composs est celle lie aux levages. Il y a depuis de nombreuses annesune utilisation plus ou moins rationnelle des mdicaments vtrinaires, pour notam-ment contrler le cycle de reproduction des femelles, provoquant de nombreux dr-glements allant jusqu lavortement (Refsdal, 2000). Ce type dutilisation conduit uneaugmentation de la production de ces hormones et une multiplication des rejets, vialpandage, dans les compartiments environnementaux (Baronti et al., 2000).

Ces dernires annes, quelques tudes se sont intresses mesurer les concentra-tions de ces hormones dans les eaux. Elles conduisent au mme constat quel quesoit le pays, savoir que plus de la moiti des chantillons prsentent des valeurs

au-dessus du seuil de dtection, avec une grande variation saisonnire (Tabata et al.,2001), les milieux concerns tant autant les eaux de surface que les eaux souter-raines. Toutefois, ces valeurs dpassent rarement 5 ng/L. Bien que lincertitude surles effets de ces composs soit grande, il reste proccupant davoir des traces de cessubstances de manire quasi systmatique.

Les pesticides constituent une grande famille de produits chimiques avec unemultitude de composants trs actifs chimiquement. Par leur utilisation, ils peuventtre directement rejets dans lenvironnement, puis entrans par lessivage des solsdans des milieux non cibles. Ils peuvent galement tre ingrs par lHomme avecson alimentation ; et les herbivores les accumulent dans leurs tissus. Leur prsence

dans lenvironnement est inquitante et leur persistance autant que leur mobilitexpliquent que lon en retrouve dans les zones polaires. Ces produits, utiliss depuisde trs nombreuses annes, ont largement t tudis dun point de vue toxicologiqueou cotoxicologique, mettant ainsi en vidence leur potentiel de perturbation endo-crinienne. Toutefois, cette famille de composs tant trs large, il faut en distinguercertains, dont leffet de perturbation nest sujet aucun dbat, cest le cas notammentdes pesticides organochlors.

Le DDT et ses mtabolites: ce compos a t produit pour la premire fois il y aplus de 60 ans, et a t intensment utilis en tant quinsecticide, en particulier pourla lutte antivectorielle. Bien que son utilisation ait t interdite dans les annes 70dans les pays dvelopps , on retrouve encore aujourdhui largement ce composdans lenvironnement. En effet, certains chercheurs estiment que plus de 2 millions

de tonnes de ce produit ont t rejetes dans lenvironnement. Sa faible biodgrada-bilit explique sa grande prsence aujourdhui. Il faut ajouter cette addition lourdela contribution de ses mtabolites, issus de transformations dans lenvironnement,quipeuvent savrer encore plus toxiques et persistants. Son principal mtabolite est leDDE connu pour sa capacit nuire au systme endocrinien de certains mammifres.

Le Mthoxychlore et ses mtabolites: Ce cousin du DDT, ayant les mmesproprits insecticides, a t mis sur le march juste aprs la Deuxime Guerremondiale, et a connu un fort succs commercial aprs linterdiction du DDT, se posi-tionnant comme la solution de remplacement idale. Ce compos est moins actif etmoins persistant que le DDT, mais ses mtabolites sont bien plus proccupants et lon

en retrouve encore des traces autant chez les espces marines carnivores que chezcertains oiseaux (Tullner et al., 1961). Dautres substances organochlores ont t large-ment utilises pour les traitements phytosanitaires , la plupart ont t interdites

71 600 tonnes

Pesticides utiliss enFrance en 2006, une 1ere

position en Europe une 4eplace mondiale

Pesticides


16/32

16page


dans les annes 80 comme la dieldrine ou laldrine, et dautres plus rcemment comme lelindane (1998), mais leur persistance et leur rmanence contribuent leur prserver unecertaine actualit. Actualit qui se rappelle activement nous par les rcents rapports surlimpact sanitaire du chlordcone (interdit en 1993) dans les Antilles franaises.

Des ure-substitus comme linuron, le diuron et leurs mtabolites: cesherbicides ont t largement utiliss jusquen 2008, en viticulture et dans les culturesvivrires et cralires. Le Diuron a la particularit, et non la moindre, davoir galementt utilis hors agriculture, sur des terrains de sport, pour lentretien des voies de circu-lation autoroutires et ferres. Ce type dutilisation est considrablement plus inquitanten termes daires dimpact, diffusant ce produit dans lenvironnement sur de grandesdistances. On estime sa production annuelle 45 000 tonnes par an. De rcentes tudesont galement montr la capacit de ces deux produits former des mtabolites et produitsintermdiaires partir dautres produits chimiques tels les mdicaments.

cette liste de pesticides qui sont connus pour tre des perturbateurs endocriniens, nouspouvons en ajouter malheureusement bien dautres ainsi que leurs mtabolites. Nouspouvons citer ce titre le vinclozolin, latrazine, le trif luralin, ou encore lendosulfan.Chacun de ces pesticides aux proprits variables a t cherch et trouv dans les compar-timents de lenvironnement.

Dans cette liste des familles de produits ayant la capacit de perturber le systme endo-crinien se trouvent les produits pharmaceutiques. Beaucoup dquipes de recherche ontmontr la prsence de principes actifs des concentrations suff isantes dans lenvironne-ment pour entraner des effets dltres chez les organismes aquatiques (Guehlstorf et al.,2004). Ils proviennent des rejets hospitaliers ou urbains. Une part de ces rejets est lie lexcrtion par les hommes ou les animaux (dlevage ou domestiques) des molculesmdicamenteuses. Ces composs ainsi que leurs mtabolites sont susceptibles dtrediffuss dans les milieux aquatiques. Ces molcules ont t dtectes dans les sols, lessdiments, les boues de stations dpuration, les eaux de surface et souterraines, ainsique dans les tissus dorganismes aquatiques se retrouvant ainsi dans la chane alimen-taire (Halling-Sorensen et al., 1998 ; Heberer, 2002 ; Porter & Janz, 2004, Enick et al., 2007) .Certains de ces produits sont mme directement rejets par la pisciculture.

Bien quil soit raisonnable de penser que les produits pharmaceutiques sont minoritaires parrapport aux composs cits plus haut, ce type de compos est relativement singulier et mriteune attention particulire pour quatre raisons :

Lutilisation des mdicaments est gnralise aujourdhui et certaines mesures environ-

nementales rvlent des concentrations quivalentes certains pesticides (Jones et al., 2002). De par la nature de certains dentre eux, ils sont susceptibles davoir des effets non

ngligeables sur les fonctions biologiques. ce titre nous pouvons citer les traitementshormonaux, les antibiotiques ou encore les cytotoxiques (anticancreux)

Produits pharmaceutiques

WWF-paKisTan/uzmaKhan/WWF-Canon

En Inde dans les annes 1990,bufs et vaches taient traitsau diclofenac, un anti-inam-matoire populaire. La tradi-tion voulait que les carcassesdes animaux morts soientlaisses aux vautours.

Le diclofenac prsent dans lesgraisses animales dvasta lesvautours, et leur populationdiminua de 40 % par an entre

2000 et 2007, tuant 95 % desvautours fauves indiens et90 % de ceux du Pakistan.


17/32

17page


17page

Concernant les mdicaments humains, les impacts sur lenvironnement ne sont pas

pris en compte ce jour dans les autorisations de mise sur le march, bien que londispose de beaucoup dlments concernant les effets aigus et chroniques sur lesorganismes vivants (Enick et al., 2007).

Aujourdhui, les installations de traitement de leau ou dassainissement ne

permettent pas de retenir ce type de molcules, et tout ce qui est produit est rejetdans lenvironnement.

Le comportement et devenir des PE dans lenvironnement

Pour prendre la mesure de limpact des substances dcrites ci-dessus, plusieurs aspectssont considrer, en dehors des gros volumes produits, de leur diversit gogra-phique ou encore de la diversit des utilisations quotidiennes. Ce quil est importantde signaler ici est la multitude de modalits de transferts au sein des compartiments

environnementaux, qui seront diffrents selon le type de compos considr. Toutefois,le milieu principalement contamin au vu des sources existantes, est videmment lemilieu aquatique. En effet, les autres milieux peuvent tre considrs comme vecteursde pollution vers les eaux, les sols via le drainage ou le lessivage, les airs via le dpt.Comme dcrit plus haut, tous les polluants chimiques ne se dplacent pas uniform-ment dans lenvironnement, et la dispersion au sein des diffrents milieux (air, eauxou sdiments) influe sur leur rpartition. Ainsi, bien quil y ait des variations gogra-phiques, ils peuvent tre rpartis selon leur niveau de volatilisation, leur persistance,leur solubilit face aux processus de dgradations (biotiques ou abiotiques), et leurcapacit tre bioamplifis. Dautres facteurs, davantage locaux, influent galement surles comportements environnementaux. ce titre, il est possible de citer la pluviomtrie,qui entranera le lessivage des produits dans les milieux aquatiques, la situation dessources de contamination vis--vis du bassin hydrologique ou la prsence de rivires, la

constitution des sdiments, ou encore le type de flore favorisant ou non la bioaccumula-tion. Les processus de dgradation de ces contaminants sont dabord microbiologiques.Cependant, des processus abiotiques tels que la photolyse, lhydrolyse ou loxydationpeuvent amener la formation de mtabolites. Un point quil est galement importantde soulever est cette universalit. La prsence de certains polluants tels que les PCB,ayant t retrouvs en Antarctique ou en Arctique, suffit montrer la gnralisation decette contamination et cette capacit persister et se dplacer dans lenvironnement.Certaines tudes rapportent prcisment ces transports long-courrier avec untransport transocanique de DDT (Hill et al., 1995) ou le passage de HAP ou PCB de lamer mditerrane jusquen mer du Nord.

Il tait ici question de mieux apprhender lampleur du phnomne de cette contami-nation de lenvironnement, en analysant la multitude de composs, de sources commede modalits de mobilit dans lenvironnement. Il est important dinsister sur laglobalit de ce phnomne tout comme lincertitude qui entoure la ralit de certainescontaminations. Ce constat fait, la partie suivante sintresse quant elle aux effets surle monde vivant, mettant galement en avant une grande diversit en termes dimpactet dautres sources dincertitudes.

naTurepl.Com/laurenTgeslin/WWF

Une nouvelle sorte de pesticidesnomms nonicotinodes, etlargement utiliss au cours desannes 2000, est probablement lorigine de leffondrementdes populations dabeilles. En

Allemagne, en Italie, en Franceet en Slovnie, les inquitudesdes apiculteurs ont conduit linterdiction de ces produitschimiques.

Les eaux de ruissellementen milieux urbains etindustriels sont lune desprincipales sources depollution de leau dansles ruisseaux, les lacs, lesrivires et les rservoirs.


18/32

18page


tat des connaissances et pistes

suivreLa problmatique des effets des perturbateurs endocri-niens sur la biodiversit nest pas nouvelle. Comme nouslavons soulign plus haut, elle a t mise en lumire unepremire fois dansLe Printemps silencieu x, par RachelCarson, en 1962 (mme si le terme de perturbateur

endocrinien na pas t employ lpoque, la controverse la plus importante soulevepar cet ouvrage concerne le DDT qui est aujourdhui class parmi les PE). Par la suite,des exemples historiques ont marqu les esprits, tant par lampleur des effets des PEsur les populations naturelles que par la nature des effets que les produits chimiquespeuvent induire chez des organismes exposs.

Depuis une vingtaine dannes, de nombreuses tudes scientifiques ont t menespour mesurer les effets des PE, notamment lchelle de lorganisme ou de la popula-tion. Le nombre et les conclusions de ces tudes sont loquents, et ce sur trois pointsparticuliers. Tout dabord, sur le nombre et la nature de composs qui ont t identi-fis comme perturbateurs endocriniens. Ces produits, provenant majoritairement delindustrie chimique, sont de nature et dusage trs varis (voir partie II-A). Ensuite,par le fait que, dans presque toutes les familles despces animales pluricellulaires,on a pu trouver des exemples de perturbation endocrinienne : mollusques, insectes,vertbrs, et mme quelques exemples chez les plantes Aucune des familles du vivantpluricellulaire ne semble y tre insensible. Enfin, par la diversit des effets que cesperturbateurs peuvent induire sur les organismes qui y sont exposs : effets anato-miques, sur la fonction reproductive, sur le systme immunologique, sur le compor-

tement. Nous allons ici dtailler quelques exemples pour illustrer cette diversit decomposs, dorganismes et deffets quenglobe la problmatique des PE.Nanmoins, les tudes scientifiques sur les PE ont souvent t menes selon desmthodes rductionnistes in vitro, qui ont permis de dfinir les modes daction, dta-blir des chelles de nocivit et danalyser, entre autres, les effets inducteurs ou inhi-biteurs des substances chimiques. Or, comme nous le verrons, ce type de mthode nesemble pas tre adapt ltude des PE in natura. Si les ef fets des PE sont aujourdhuibien documents pour ce qui concerne lchelle individuelle et populationnelle, leurseffets des chelles plus globales sont encore trop mal connus. Les scientifiquesont rarement pris en compte les effets de perturbations endocriniennes lchelledes communauts, des cosystmes, voire lchelle de lcosphre, et le rle des PEdans lrosion de la biodiversit constate ce jour ncessite la mise en oeuvre deprogrammes de recherche, malgr la difficult de llaboration de protocoles expri-

mentaux in situ.

Lampleur de la problmatique PE

Les prosobranches reprsentent environ la moiti des espces de mollusques, soitenviron 60 000 espces (par exemple, les bulots). On les retrouve dans une grande majo-rit dcosystmes, o leur rle est important, du fait de leur prsence denombreux niveaux des chanes trophiques. Ils nourrissent en effet un grand nombredespces de poissons, doiseaux ou de mammifres. Or, les mollusques, et en particulierles prosobranches, constituent un groupe taxonomique particulirement menac par lacontamination des milieux aquatiques. En effet, leurs capacits mtaboliques liminerles polluants chimiques sont trs limites.

Dans les annes 1980, on a commenc observer des extinctions de masse des proso-branches dans les milieux marins proches des zones portuaires. Une substance chimiquequi entre dans la composition des peintures appliques aux carnes de bateaux, le TBT

Un exemple historique :

les prosobranches et le TBT

les eFFets des Pesur le vivant


19/32

anTonVorauer|WWF

tudier et surveiller les PeIl reste beaucoup de pollution des dcennies passes dans le lit de nos riv ires, se retrou-

vant en concentrations de plus en plus leves dans les chairs des poissons et oiseaux.

Parmi ces polluants des mtaux lourds, du DDT, des dioxines, du PCB, des pest icides et

des fertilisants, qui peuvent tous jouer le rle de perturbateurs endocriniens. La plupart

des produits chimiques industriels et pharmaceutiques que nous utilisons tous les jours

finiront par se retrouver dans les milieux aquatiques, o ils participeront plus avant

lempoisonnement des cosystmes.

LONG ChemSec (International Chemical Secretar iat), base en Sude et soutenue par

de nombreuses ONG, a rcemment ajout 22 substances supplmentaires sa liste Sin

(http://www.sinlist.org/), atteignant 378 substances particulirement inquitantes,

afin dacclrer le projet lgislatif europen REACH, daider les entreprises viter ces

produits chimiques et dencourager les entreprises de la branche chimique voluer vers

des pratiques plus durables.


20/32

20page


(tributyltain) a rapidement t mise en cause, tant par des expriences menes enlaboratoires que des tudes ralises en milieu naturel. Cette substance possde un effetvirilisant sur les femelles des prosobranches, et ce, mme trs faible dose, de lordre de0,1 ng/L (Oehlmann et al., 2007) : on observe chez les femelles le dveloppement dun pniset dun canal spermatique (phnomne connu depuis sous le terme imposex ). deplus fortes doses (mais toujours de lordre de 1 10 ng/L), les effets du TBT sont encoreplus manifestes, puisquon peut observer une dformation de la coquille des individusexposs. Plus rcemment, des tudes ont galement montr un effet du TBT sur lesdfenses immunitaires et le dveloppement des embryons larvaires.Mme si les mcanismes de perturbation hormonale du TBT sur les prosobranches nesont pas encore totalement compris (plusieurs hypothses divisent les chercheurs), lefait est que le dclin des populations de prosobranches est bel et bien constat. En Alle-magne, 61 % des espces de mollusques marins et terrestres sont considres commemenaces ou teintes. Actuellement, le cas du tributyltain et des prosobranches est

lexemple le plus frappant dans la lit trature scientifique de leffet lchelle popula-tionnelle des PE dans la faune sauvage.

Lune des particularits des PE est quils ont un spectre despces sensibles extrme-ment large. Chez les organismes pluricellulaires, des exemples de perturbation endo-crinienne ont t dcrits dans une majorit des branches taxonomiques.

Chez les vertbrs

Un autre exemple historique de perturbation endocrinienne suite une contaminationpar un polluant organique concerne les reptiles, plus prcisment les alligators du lacApopka. Ce lac a subi, dans les annes 1990, une contamination accidentelle par desinsecticides organochlors (DDT en particulier). Leffet induit par ces insecticides surla population dalligators a t une rduction significative de la taille du pnis, emp-chant toute reproduction, et allant mme jusqu conduire au dclin de la populat ion.Des effets nocifs faisant suite des expositions aux PE ont t reports dans les 5classes des vertbrs. Nous venons den donner un exemple pour les reptiles. Chezles mammifres, les effets de PE ont t observs mme chez des animaux des zonesa priori non impactes. Dans certaines les de Norvge, on a observ, chez les ourspolaires, de fortes concentrations sanguines en PCB et PBDE. Ces fortes concentrationsont t associes une diminution de la taille des organes reproducteurs chez les deuxsexes (Sonne et al., 2006).Les amphibiens, de par leur peau permable, sont galement une cible de choix pour lesPE. Il a t par exemple montr quun pesticide, latrazine, pouvait perturber les tapesdu dveloppement des grenouilles. Chez les oiseaux, de nombreux produits chimiques

peuvent altrer la reproduction ou le comportement chez les adultes, ou le dveloppe-ment chez les jeunes (voir tableau page 21).Enfin, la prsence des perturbateurs endocriniens dans presque tous les milieux aqua-tiques (cf partie prcdente) font des poissons lun des modles dtude des effets desPE. Une tude anglaise datant de 2006 est loquente sur lampleur du problme. Gross-Sorokin et al. ont valu les effets anatomiques de la perturbation due aux strodesstrognes chez le gardon, et ce dans plus de 50 sites dont le risque de contamination

avait t estim. Environ un tiers des mles collects prsentaient un phnotype inter-mdiaire entre mle et femelle (phnotype intersexuel), et ce phnotype tait retrouvdans 86 % des sites chantillonns, dont des sites dont le risque de contamination taitestim faible. Les chercheurs ont galement montr que leffet induit tait fortementcorrl la concentration en strodes strognes. Ils ont enfin montr que les mles

fminiss taient moins fertiles que les mles sains. Chez les poissons les plus touchs,les spermatozodes montraient une diminution de 50 75 % de leur mobilit.

Diversit des espces

touches

dmes svres dus latrazine sur un ttard. Les

pesticides usage agricolesont particulirement sur-veills, de nombreux rapports

faisant tat de malformationsanimales sur les zones o ilsont t utiliss.

u.s.FishandWildliFeserViCe


21/32

21page


21page

Chez les invertbrs

Alors quils reprsentent environ 95 % des espces animales, les invertbrs semblentbnficier dune moindre attention de la part des chercheurs en ce qui concerne lesphnomnes de perturbations endocriniennes. Certes, nous avons dtaill lexempledes prosobranches et de leur dcimation dans les zones portuaires, mais, relati-vement leur diversit, les invertbrs, et en particulier les insectes, nont t quepeu tudis. En 2007, Soin et Smagghe nont rpertori quune quinzaine dtudesscientifiques sur de potentielles perturbations endocriniennes chez les insectes. Deplus, aucune de ces tudes navait t ralise sur le terrain ; toutes tiraient leursconclusions dexpriences effectues en milieu contrl. Selon les auteurs Soin etSmagghe, de par le fait quun trs grand nombre despces dinsectes prsentent aumoins un stade aquatique (souvent le stade larvaire), et que les milieux aquatiques(eaux, sdiments) possdent un fort potentiel de contamination, on pourrait atteindredes rsultats loquents concernant la perturbation endocrinienne chez ce groupedarthropodes. Il faut cependant souligner que, si les tudes concernant les pertur-bations endocriniennes des insectes par des polluants environnementaux sont rares,des recherches nombreuses ont toutefois t effectues sur lusage des hormones desinsectes pour contrler les populations de certains dentre eux considrs commeravageurs de cultures.

Chez les vgtaux

Jusqu maintenant, les vgtaux, notamment les producteurs de phyto-strognes, ont

plutt t tudis en tant que sources possibles de PE. Cest par exemple le cas du soja,qui fait aujourdhui parler de lui, notamment en ce qui concerne le rgime alimen-taire des jeunes enfants (Bar-EL & Reifen, 2010). Cependant, les vgtaux peuvent, euxaussi, tre la cible de perturbations endocriniennes, mme si ce domaine dtude na

t encore que peu explor. De rcents travaux mens in vitro ont par exemple faittat dun effet perturbateur du bisphnol A sur le kiwi, des concentrations cepen-dant leves (Speranza et al., 2011).Les diffrents exemples dtaills ci-dessus ont dj permis davoir un aperu de ladiversit de modes dont les PE peuvent affecter les organismes vivants. On peut consi-drer que ces effets sont de 5 genres diffrents : effets sur le dveloppement, sur lana-tomie, sur la reproduction, sur le comportement et enfin sur le systme immunitaire.

Une rgle bien connue de la toxicologie et de lcotoxicologie est que les effets dunagent nocif sont plus importants chez un organisme juvnile que chez un adulte.Les PE nchappent pas cette rgle. Certaines substances sont ainsi capables deperturber le dveloppement des organismes. Cest le cas par exemple de latrazine, quiretarde ou empche la mtamorphose (passage du stade larvaire au stade adulte) chezla grenouille (Hayes et al., 2006). La perturbation des tapes du dveloppement peutensuite affecter ladulte de manires diverses.

Les consquences de la perturbation des tapes de dveloppement peuvent tre toutdabord anatomiques. Cest ce quon a vu avec les mollusques et la dformation de leurcoquille la suite dune exposition aux TBT. Cest galement le cas avec le trifluralin, unherbicide qui peut causer une dformation des vertbres chez de nombreux poissons.Lexposition des PE, que ce soit durant les tapes de dveloppement ou mme lgeadulte, peut galement avoir des rpercussions sur la capacit des organismes sereproduire. On en a vu des exemples, notamment celui de lapparition de phnotypesintermdiaires entre mles et femelles chez le poisson, ou dindividus aux organesreproductifs atrophis chez lours polaire ou lalligator. Cela nest pas sans consquencesur la fertilit des individus atteints. On constate dailleurs de manire gnrale queles mles exposs des substances strognes voient leur fertilit rduite, et ce pour

lensemble des vertbrs.

Diversit des effets induits

Bulot mle (Buccinum unda-tum) avec son pnis courbvisible ct de la coquille.

niozroyalneTh

erlandsinsTiTuTeForsearesearCh

Bulot femelle avec un simu-

lacre de pnis sur le ct( imposex )


22/32

22page


Lun des rles de la fonction endocrinienne est galement de rguler les comporte-ments, cest pourquoi lexposition au PE peut galement avoir des rpercussions ce niveau. Ainsi, les PCB peuvent altrer chez les oiseaux marins le comportementdes parents (nourrissage des petits). De mme, on a observ que des ibis exposs aumercure prsentaient des comportements homosexuels (Frederick and Jayasena, 2010).

Enfin, en mimant leffet dhormones thyrodiennes, certaines substances peuventperturber le bon fonctionnement de la glande thyrode. Chez les vertbrs, cette glandeassure, entre autres, la maturation des cellules immunitaires. Ainsi, lexposition desPE peut galement avoir des rpercussions sur lensemble du systme immunitaire,surtout si cette exposition lieu un stade juvnile, o ce dernier se met en place.

Nous avons dj trait de la diversit des molcules pouvant avoir un effet perturba-

teur sur le systme endocrinien. Les substances utilises en agriculture ne constituentquune partie des molcules effet perturbateur. Pourtant, au sein de cette seulefamille, on observe une trs grande diversit des effets induits (voir tableau page 24).

Substance Effet

Herbicides

Trifluralin Anomalies vertbrales chez le poissonAtrazine Induction de mtamorphose prmature et altration du systme immu-

nitaire chez la salamandre

Fongicides

Benomyl Croissance altre chez les poissons ; survie embryonnaire rduite

Iprodione Modification du comportement des oiseaux, rduction de leur produc-tion dufs, poids rduit des poussins la naissance, altration de la

reproduction des mysidacs

Mancozeb Reproduction des oiseaux altre, ponte retarde

Metiram Altrat ion de la reproduction des oiseaux, production dufs diminue,fertilit rduite, mortalit des embryons

Tributyltain Imposex chez les escargots, anomalies de la croissance des hutresVinclozolin Altrat ion de la reproduction des oiseaux, production dufs diminue,

fertilit rduite, troubles du dveloppement testiculaire

Tetraconazole Altration de la reproduction des mammifres et des oiseaux

Insecticides

Carbaryl Altration de la reproduction des oiseaux et des poissons

Azadirachtine Inhibition de la mue chez les ar thropodes

Diflubenzuron Rduction de la testostrone chez les oiseaux ; perturbation de la forma-tion de la cuticule chez les arthropodes

Fenoxycarb Inhibition de la mue des arthropodes

Malathion Croissance des poissons rduiteMethomyl Altration de la reproduction des oiseaux

Methoxychlor Altration de la reproduction des oiseaux, de la croissance des poissons,succs dclosion diminu

Parathion Altration de la reproduction des oiseaux et des poissons, diminution dela ponte, rduction du poids corporel des adultes, anomalies vertbrales,croissance des mysidacs rduite

Pyrthrynodes desynthse

Altration de la reproduction des oiseaux et des poissons, amincisse-ment de la coquille des ufs

Table 1 : Principales substances utilises en agriculture et effets sur la faune sauvage (Source : Crisp et al., 1998)


23/32

Faire dun Problmeune solution

WildWondersoFeurope/popp-haCK

ner/WWF

Les perturbateurs endocriniens se retrouvent au final dans

les lacs et rivires travers la plante, interfrant avec les

fonctions immunitaires et reproductives de la faune et des

hommes. On les dtecte dans les eaux et sdiments, mais

aussi daprs de rcentes tudes, dans le mucus vert-brun,

appel biofilm, des cours deau et lacs. Ce biofilm semble

absorber 10 fois plus de perturbateurs endocriniens que les

sdiments, ce qui pose un srieux problme au niveau de la

chane alimentaire, puisque les poissons et insectes sen nour-

rissent, et que la concentration en PE dans ces organismes

augmente donc en consquence.

On pourrait par contre tout fait imaginer utiliser cette capa-

cit dabsorption phnomnale en amont, laide par exemple

de filtres composs de biofilm dans nos stations dpuration,afin de traiter nos eaux uses avant de les relcher dans

lenvironnement.


24/32

24page


Vers une nouvelle approche des PE

Les efforts de recherche mens durant une vingtaine dannes ont donc russi montrer lampleur et la diversit de la problmatique pose par les PE. Cependant,jusqu maintenant, la mise en vidence de ces problmatiques sest gnralementcantonne une approche rductionniste : les chercheurs tudient les effets dunesubstance unique sur une espce donne et dans un environnement dfini voirecontrl. Or, face la spcificit des mcanismes dactions des PE, cette approche nesemble pas toujours raliste. De plus, en se limitant gnralement ltude dune seuleespce, les scientifiques peuvent passer ct dventuelles perturbations susceptiblesde se propager tout le long dune chane trophique ou de modifier les liens trophiqueset ainsi de menacer la stabilit dun cosystme dans son ensemble. Quant ladditionde plusieurs substances il est rarement fait tat de la potentialisation, de la synergie oude lantagonisme des effets. Enfin, il est important de remettre cette problmatique des

PE dans un contexte global intgrant les autres pressions qui psent actuellement surla biodiversit globale.

La ncessit dun changement de paradigme

Dans une rcente publication de 2009, un groupe de spcialistes runis linitiative delEndocrine Society a list 5 points majeurs qui devraient tre au coeur de la recherchesur les PE afin dapprhender les mcanismes daction et les consquences des PE, tantdun point de vue cologique que du point de vue de la sant humaine.

Les expositions aux PE lge adulte ont des consquences trs diffrentes des exposi-tions un ge plus juvnile. En effet, la plupart des organismes prsente une sensibilitaccrue durant leur phase de dveloppement. Ainsi, une exposition durant la priodeprnatale (in utero chez les mammifres, dans luf chez les ov ipares) ou prinatale

perturbe toutes les tapes de la mise en place du systme immunitaire en limitant sonefficacit (production des cellules immunitaires, maturation, etc.). Or, ces tapes dedveloppement nexistent plus chez ladulte, chez qui le systme immunitaire est djen place. Cest pourquoi les scientifiques parlent aujourdhui de lorigine foetale (ou,plus largement, dveloppementale) de la maladie adulte. En ne considrant pendantlongtemps que les expositions lge adulte, les chercheurs sont sans doute passs ct de nombreux effets (Rodney et al., 2006).

Le pendant de la notion de fentre dexposition est la notion de priode de latence. Eneffet, si un organisme est plus sensible une exposition durant ses stades de dveloppe-ment, les effets de cette exposition sont en gnral diffrs, et touchent le plus souvent

lorganisme son stade adulte. Chez les espces longue dure de vie, notammentlespce humaine, il faudra ainsi attendre de nombreuses annes pour observer les effetsdune exposition aux PE. La prise en compte de cette priode de latence est indispensablepour la bonne valuation des effets dune substance. Concernant la sant humaine, onpeut sinterroger sur les effets dune exposition ancienne des populations adultes desproduits chimiques interdits aprs de longues annes dutilisation. Pour ne citer que 2des exemples les plus connus : en France, les PCB ont t interdits en 1987, latrazine en2003. Cette dernire substance est, par ailleurs, toujours en usage aux USA.

Lapproche traditionnelle en toxicologie et en cotoxicologie est dtudier les ef fetsdune seule substance, indpendamment dautres expositions. Or, dans la pratique, lesorganismes sont exposs de multiples substances, susceptibles dagir en synergie.

Cest ainsi que des substances, considres indpendamment comme non toxiques,peuvent prsenter des effets dltres si elles agissent conjointement. Cest ce quonappelle leffet cocktai l. Une tude de Hayes et al. (2006) a ainsi montr comment, chez

Notion de fentre

dexposition

Priode de latence

Effet cocktail


25/32

25page


25page

Absence de dose seuil et

de courbe dose/rponse

classique

FriTzgeller-grimm

La daphnie, ou puce deau, estutilise largement des ns de test,et ne subit pas deffets lors duneexposition un PE particulier,mais son ratio sexuel change dslors quelle est expose un cocktailde 3 PE diffrents.

les amphibiens, un herbicide qui seul na pas deffet, le S-mtolachlore, peut agir en

synergie avec latrazine pour dmultiplier ses effets nocifs. Dans la pratique, ces deuxsubstances sont trs frquemment retrouves dans les mlanges commerciaux.

Considrant lnorme diversit des perturbateurs endocriniens, on imagine aismentle problme que soulve la prise en compte de cet effet cocktail : le nombre de combi-naisons possibles de substances parat vertigineux. Face ce dfi, la dmarche la pluscohrente est peut-tre celle de Hayes et al. : ne pas se contenter dtudier les effetsde substances pures, mais prfrer partir des combinaisons les plus frquemmentrencontres dans la nature, cest--dire celles auxquelles sont exposs les organismesen milieu naturel.

Les courbes dose/rponse qui caractrisent les PE peuvent prendre des formessurprenantes : il peut sagir par exemple de courbes en cloches, ce qui implique queles effets induits par des doses moyennes peuvent tre plus importants que des effets

induits par des fortes doses. Par ailleurs, lune des caractristiques des substancesperturbatrices du systme endocrinien est quil nexiste pas de seuil en dessousduquel lexposition est sans effet. Prenant le contrepied du principe de Paracelse

100 100

50 50

Atrazine (ppm)

02160216210

100100

01001010.10

5050

0

1.80.100

0.50

26C 29.2CTemprature

Poisson rouge mle (Carassius auratus)(pourcentage relatif au groupe de contrle)

Atrazine (ppm)

Atrazine (ppm)Atrazine (ppm)

100

50

00.50

Xnope commun mle (Xenopus laevis)(pourcentage relatif au groupe de contrle)

Grenouille lopard mle (Rana pipiens)(pourcentage relatif au groupe de contrle)

Tortue de Floride mle (Trachemys scriptaelegans)(pourcentage relatif au groupe de contrle)

dr.holgerKris

Cepolina.Com

bubz|WiKimediaCommons

Inversion de la rpartition par sexe due latrazine chez les vertbrs

Une exposition latrazine chez les poissons, les amphibiens et les reptiles provoque une perte consquente des effectifs mles partir de doses minimes,

comme lindique cette rcente tude de 2011 de Hayes et al.

(source : Journal of Steroid Biochemistry and Molecular Biology 127 (2011)

u.s.geologiCalsurVey


26/32

26page


selon lequel Tout est poison rien nest poison, cest la dose qui fait le poison , il fautplutt considrer que cest la priode qui fait le poison . Ainsi, mme des dosesextrmement faibles ont des effets, en particulier si lexposition ces doses a lieudurant le dveloppement ou pendant la priode de gestation. Seehan et al. (2006) ontainsi dmontr, en tudiant le phnomne dinversion de sexe induit par lstradiol

chez les embryons de tortues, quil nexistait pas de dose seuil en dessous de laquellele phnomne ntait plus du tout observ. Cette tude illustre bien les limites de lideselon laquelle de faibles niveaux dexpositions liminent les risques.

Cela ne fait que quelques annes que ces aspects ont t admis par la communautscientifique. Il est bien entendu indispensable de les prendre en compte dans ledomaine rglementaire et lgislatif.

Les PE sont non seulement susceptibles daffecter la gnration expose, mais gale-

ment les descendants de cette gnration.Cest ce quont observ Crew et al. (2006) chez des rats exposs un fongicide, levinclozolin. Les mles exposs ainsi que leurs descendants sur 3 gnrations (qui eux-mmes nont pas t exposs) connaissaient un succs reproducteur moindreque les rats tmoins. Dautres tudes (Anway & Skinner, 2008) suggrent que des patho-logies dues des perturbations endocriniennes, comme des affections de la prostate,des reins, des anomalies dans la spermatogense ou encore des cancers peuvent gale-ment tre transmis par-del les gnrations, en affectant les mcanismes dexpressiondes gnes (pigntiques).

La prise en compte du contexte global

Lautre dfi que doit relever la recherche dans le domaine des PE est celui de la prise encompte du contexte global actuel, au sein duquel la biodiversit subit de multiples pres-sions. Nous savons aujourdhui quaucune espce nest totalement indpendante desautres espces qui lentourent, que ce soit dans son environnement proche ou lchellede la biosphre.

Cest pourquoi la dmarche rductionniste qui consiste tudier les effets dune subs-tance sur une espce considre isolment nest pas satisfaisante.

Les PE ne constituent pas le seul stress environnemental que connaissent aujourdhuiles cosystmes. Dautres menaces psent sur eux, au premier plan desquels lerchauffement climatique. Le Norvgien Bjorn Jenssen a dvelopp ce point en 2006en donnant lexemple des cosystmes arctiques, qui sont les plus affects par lerchauffement climatique. On sait depuis les annes 1990 que mme ces cosystmes,pourtant reculs, sont contamins par des polluants organiques persistants dorigineanthropique. Jenssen a explor les effets sur ladaptation des organismes arctiques auxchangements climatiques que peuvent avoir ces polluants, et notamment ceux effetsendocriniens. Il explique ainsi que les PE, qui chez lours polaire affectent le dve-loppement neurocognitif, pourraient diminuer leurs capacits dapprentissage et decognition. Or, ces facults sont dune grande importance pour voluer dans un terri-toire qui, du fait du rchauf fement climatique, volue rapidement. De mme, chez lesoiseaux arctiques, les PE sont, entre autres, souponns de perturber le comportement,et notamment la migration ou les priodes de jenes, et ainsi conduire des comporte-

Effets transgnrationnels


27/32

27page


27page

J

onaars/norWegianpolarinsTiTuTe

/WWF-Canon

LArctique a t contamin durant les quatre dernires dcennies par des produits chimiques arrivs par la voie arienne sur detrs longues distances. Des perturbateurs endocriniens ont ainsi t dtects dans des espces endmiques, comme lours polaire(Norheim et al. 1992).

ments sous-optimaux, et ce alors que ces oiseaux ont dj faire face un fort stressdu fait des variations rapides que connaissent leur environnement. Cest sur la basede ces deux exemples que Jenssen considre que la combinaison du rchauffementclimatique et dexposition des PE pourrait constituer un pire scnario pour lescosystmes arctiques. linstar de ltude de Jenssen, af in dtre valus au mieux, les effets des PE nedevraient jamais tre spars du contexte goclimatique dans lequel ils interviennent.

Il ressort de ces quelques exemples que ltude des effets des PE, lorsquelle se limiteaux seules chelles de lorganisme ou de la population, nest plus suffisante. Nousavons dj cit lexemple historique de la contamination de zones portuairesau TBT, qui a affect et dcim les mollusques marins lchelle de populationsentires. Or, ces mollusques reprsentent un maillon trophique essentiel dans leurscosystmes : quen est-il alors des interrelations entre les niveaux trophiques ?Connaissant les capacits de bioaccumulation dun trs grand nombre de PE, on

est en droit de penser que la perturbation peut se faire sentir tous les niveaux durseau, et ainsi perturber lcosystme dans son ensemble.

La prise en compte des effets des PE sur lensemble des cosystmes, mme lchellede la biosphre, nest videmment pas aise, voire illusoire. Cependant, cest lun despoints vers lesquels la recherche scientifique devrait sorienter. Le dveloppement demthodes de modlisation, associes la collecte de donnes lchelle de plusieursespces dun mme cosystme, pourrait tre une voie.


28/32

28page


Le but de ce rapport ntait vi-

demment pas dtre exhaustif surla problmatique des perturbateursendocriniens.

Nous esprons nanmoins sensibiliser la collectivit des dcideurs la complexitde cette problmatique, en prsentant les principales substances incrimines, leursorigines et leur comportement dans lenvironnement. Nous avons galement essaydillustrer la multitude deffets quils peuvent induire sur un trs vaste spectre des-pces v ivantes.

Les consquences large chelle de la perturbation des cosystmes par ces subs-

tances restent nanmoins mal connues. Cest pourquoi nous pensons que la recherchedevrait aujourdhui intgrer le changement de paradigme et dinterprtation prenanten compte la spcificit de la problmatique PE. Cette condition est ncessaire pourprendre la mesure de la pression relle que font peser les PE sur la faune et la floresauvages, et pour envisager des moyens de gestion face ce risque.

Il est cependant un aspect que nous avons volontairement lud dans ce rapport : cestcelui de limpact des perturbateurs endocriniens sur la sant humaine. La menace quereprsente lexposition directe ces substances pour lhomme a dailleurs fait lobjetdune expertise collective de lInserm en 2011. Cependant, nous souhaiterions rappeler quel point la sant humaine est dpendante de la bonne sant des cosystmes et dela biodiversit.

Le rapport Plante Vivante 2010 du WWF a contribu porter ce message : il estimpossible de vivre en bonne sant sur une plante qui ne lest pas. Cest aussi pourcette raison quil est aujourdhui urgent de trouver des rponses la problmatique desperturbateurs endocriniens.

ConClusion

Biodiversit, biocapacitet dveloppement~

Rapport PlanteVivante 2010

CERAPPORTATPRODUITENCOLLABORATION

AVEC:

2010

RAPPORT

INT

Couverture du rapport PlanteVivante 2010, disponible surhttp://www.wwf.fr

ThomashaugersVeen/WWF-norWay

Homme circulant dans lesrues pollues de Taiyuan, lacapitale de la province Shanxi,dans la ceinture de charbon chinoise, connue pour son acti-vit industrielle intensive.


29/32

29page

Le parc national Doana en Andalousie, Espagne, qui a clbr le 40e anniversaire de sa cration en 2009, est unexemple saisissant dun cosystme prserv.

ToomasKoKoVKin/WWF-Canon


30/32

30page


bibliograPhieAnway, M.D. & Skinner, M.K., 2008. Epigenet ic programming of the germ line : effects of endocr ine disruptors on the de velop-ment of transgenerational disease. Reproductive Biomedicine Online, 16(1), pp.23-25.

Bar-El, D.S. & Reifen, R., 2010. Soy as an endocrine disr uptor: cause for caution? Journal of Pediatric Endocrinology & Metabo-lism : JPEM, 23(9), pp.855-861.

Baront i, C. et al., 2000. Monitoring Natural and Synthetic Estrogens at Activated Sludge Sewage Treatment Plants and in aReceiving River Water. Environmental Science & Technology, 34(24), pp.5059 -5066.

Betancourt, A. M. et al., 2010. In Utero Exposure to Bisphenol A Shifts the Window of Susceptibility for Mammary Carcinogenesisin the Rat. , 118(11), pp.1614-1619.

Crisp, T.M. et al., 1998. Environmental endocrine disruption : an effects assessment and analysis. Environmental Health Pers-pect ives, 106(Suppl 1), pp.11-56.

Desbrow C., Routledge EJ, Bright y GC, Sumpter JP, Waldlock MJ, 1998. Identif icat ion of est rogenic chemical s in STW eff luent. 1.

Chemical fract ionation and in vitro biological screening. Environ Sci Technol; 32 :1549-1558.

Diamanti-Kandarakis, E. et al., 2009. Endocrine-disrupt ing chemicals : an Endocrine Societ y scientific s tatement. Endocrine

Reviews, 30(4), pp.293-342.

Dodds, E. & Lawson, W., 1936. Synthetic oest rogenic agents without the phenanthrene nucleus. Nature, (137), p.996.

Enick, O.V. & Moore, M.M., 2007. Assessing the assessments: Pharmac euticals in the environment. Environmental Impact Assess-

ment Review, 27(8), pp.707-729

Fied ler, H., C. Lau, L.- O. Kjelle r and C. Rappe, 1996. Patte rns and sources of polychlorinated dibenzop-diox ins and dibenzofurans

found in soil and sediment samples in Southern Mississippi, Chemosphere, 32, 4 21-432.

Frederick, P. & Jayasena, N., 2010. Altered pairing behaviour and reproduct ive success in white ibise s exposed to environmen-tally relevant concentrations of methylmercury. Proceedings. Biological Sciences / The Royal Society. Available at : htt p://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21123262 [Accessed March 15, 2011].

Fromme H., Kuchler T, Otto T, Muller T, 2002. Occurrence of phthalates and bisphenol A and F in the environment. Water Res 36 :

1429-1438

Gross-Sorokin, M.Y., Roast, S.D. & Brighty, G.C., 2006. Assessment of feminization of male fish in English rivers by the Environ-ment Agency of England and Wales. Environmental Health Perspect ives, 114 Suppl 1, pp.147-151.

Guehlstorf, N.P., 2004. The political theories of risk analysis, Spr inger.

Halling-Srensen, B. et al. , 1998. Occurrence, fate and ef fects of pharmaceut ical substances in the environment - a review.Chemosphere, 36(2), pp.357-393.

Hayes, T.B. et al., 2006. Pest icide mi xtures, endocrine disrupt ion, and amphibian declines : are we underestimating the impact?Environmental Health Perspectives, 114 Suppl 1, pp.40 -50.

Heberer, T., 2002. Occurrence, fate, and removal of pharmaceut ical residues in the aquatic environment : a review of recentresearch data. Toxicology Letters, 131(1-2), pp.5-17.


31/32

31page


31page

Hill, R.H., Jr et al., 1995. Pesticide residues in urine of adults living in the United States : reference range concentrations.Environmental Research, 71(2), pp.99-108.

Hinfray, N. et al., 2010. Endocr ine disrupt ion in wild populations of chub (Leuc iscus cephalus) in contaminated Frenchstreams. The Science of the Total Environment, 408(9), pp.2146-2154.

Jenssen, Bj rn Munro, 2006. Endocrine- disr upting chemical s and climate change : A worst-ca se combination for arctic

marine mammals and seabirds? Environmental Health Perspectives, 114 Suppl 1, pp.76-80.

Jones, O.A.H., Voulvoulis, N. & Lester, J.N., 2002. Aquatic environmental assessment of the top 25 English prescript ion phar-maceuticals. Water Research, 36(20), pp.5013-5022.

Letcher, R.J. et al., 2010. Ex posure and ef fects assessment of persistent organohalogen contaminants in arct ic wildlife andfish. The Science of the Total Environment, 408(15), pp.2995-3043.

Milligan, S.R., Holt, W.V. & Lloyd, R., 2009. Impacts of climate change and environmental factors on reproduction anddevelopment in wildlife. Philosophical Transactions of the Royal Society of London. Series B, Biological Sciences, 364(1534),

pp.3313-3319.

Oehlmann, J. et al., 2007. Endocrine disruption in prosobranch molluscs: evidence and ecological relevance. Ecotoxicology(London, England), 16(1), pp.29-43.

Porter, C.M. & Janz, D.M., 2003. Treated municipal sewage discharge affects multiple levels of biological organi zation in f ish.Ecotoxicology and Environmental Safety, 54(2), pp.199-206.

Refsdal, A.O., 2000. To treat or not to treat: a proper use of hormones and antibiotics. Animal Reproduction Science, 60-61,pp.109-119.

Sheehan, D.M. et al., 1999. No threshold dose for estradiol-induced sex reversal of turtle embryos : how lit tle is too much?Environmental Health Perspect ives, 107(2), pp.155-159.

Soin, T. & Smagghe, G., 2007. Endocrine disrupt ion in aquatic insects: a review. Ecotoxicology (London, England), 16(1),pp.83-93.

Sonne, C. et al., 2006. Xenoendocrine pollutants may reduce size of sexual organs in East Greenland polar bears (Ursus mari-timus). Environmental Science & Technology, 40(18), pp.5668-5674.

Speranza, A. et al., 2011. The environmental endocrine disruptor, bisphenol A, af fects germination, elicits stress response andalters steroid hormone production in k iwifruit pollen. Plant Biology (Stuttgart, Germany), 13(1), pp.209-217.

Tabata, A. et al., 2001. Estrogenic influence s of estradiol-17 beta, p-nonylphenol and bisphenol-A on Japanese medaka

(Oryzias latipes) at detected environmental concentrations. Water Science and Technology : Journal of the InternationalAssociation on Water Pollution Research, 43(2), pp.109-116.

Ternes, T.A., Kreckel, P. & Mueller, J., 1999. Behaviour and occurrence of estrogens in municipal sewage treatment plants--II.

Aerobic batch ex periments with act ivated sludge. The Science of the Total Environment, 225(1-2), pp.91-99.

Tullner, W.W., 1961. Uterotrophic act ion of the insectic ide methoxychlor. Science (New York, N.Y.), 133, p.647.


32/32

1/10090 %

553 substanCes

90 %

Depuis le bannissementdes PCB et de la DDTen 1972, le taux de PCBdans lorganisme est1/100e de ce quil tait au

dbut des annes 1980.

Nombre de substances chimiques fabriquespar lhomme, parmi lesquelles 9 hormonesde synthse, sur la liste europenne desubstances devant tre values en priorit( liste prioritaire PE ).

Pourcentage des pesticides ratantleur cible lors de la dispersion.

Ces pesticides se retrouvent dansles sols o ils sont immobiliss oudgrads.

Pourcentagede lexpositionhumaine auxdioxines, par lavoie digest ive etessentiellementpar les graissesanimales.

W

Pert

urbateursendoCriniensetbiodiversit:lan

CessitdunChangemen

tdeParadigme

edWardparK

100%RECYCLED

Notre raison d'tre

www.wwf.f

ate dgdtion de 'envionnement dn e monde et contuie un

veni o e te humin ouont vive en hmonie vec ntue.

Documents

Perturbateurs.endocriniens 2012.04 FR