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E urope de la Mémoire " regroupe les principaux centres de mémoire de France et d’Europe. C’est un lieu de partage et d’échange d’expériences, des- tiné à promouvoir la défense des valeurs démocratiques et des libertés publiques, et à lutter contre toutes les formes de racisme, d’antisémitisme et d’atteintes à la dignité de la personne humaine. En adhérant à cette association, le Mémorial d’Alsace Moselle s’inscrit tout logiquement, avant que d’être construit, dans ce réseau d’hommes et de femmes pour œuvrer - à la mesure de ses moyens - à l’édification d’un XXI e siècle moins bru- tal et plus généreux. Certes tous, nous témoignons et racontons l’histoire d’une Europe conflictuelle et vio- lente. Mais c’est paradoxalement dans cette histoire violente que nous voulons voir les signes de notre avenir commun – précisé- ment le type d’avenir dont notre passé divi- seur et divisé voulait nous priver. Aussi, le véritable défi qui se posera au Mémorial d’Alsace Moselle sera de réussir sa vocation pédagogique. Celle-là même qui a prévalu dans les objectifs que lui ont assignés ses initiateurs. Car, il ne fait aucun doute que les visiteurs – touristes, scolaires, " régionaux "… - viendront nombreux et assureront le succès de cet équipement cul- turel d’un nouveau type. Mais, parce que tous, nous avons plus ten- dance à répéter qu’à nous souvenir et qu’une bonne mémoire ne suffit pas pour nous faire échapper à la répétition, le Mémorial d’Alsace Moselle se doit d’être d’avantage qu’un " devoir de mémoire ". Grâce à une muséographie renouvelée, il mettra en perspective le passé afin de nous permettre de mieux comprendre le présent et par là même penser l’avenir autrement. Ni moralisateur, ni donneur de leçon, une petite pierre dans l’édification d’une nou- velle conscience européenne. Jean Pierre VERDIER Photo : F. SEIGNEUR Pour une nouvelle conscience européenne " Le Courrier sommaire 1 Édito 2-3 L’Europe de la Mémoire s’ancre à STRASBOURG Pédagogie à ORADOUR 4 Où en est le projet ? Dialogue avec les Historiens 5 Le travail des commissions 6-7 STRUTHOF: Hommage aux hommes du refus Interview d’Olivier LALIEU, Chef du Projet 8-9 25 août 1942: Le jour le plus noir Le film de Robin HUNZIGER et Alfred WAHL 10 L’AMAM aux Salons de St LOUIS et de MARLENHEIM 11 A lire: Charles MITSCHI et Paul DIBLING 12 Les partenariats de l’AMAM 13 La presse en parle 14-15 Paroles d’adhérents 16 Le billet d’humeur de Jean-Louis ENGLISH du Mémorial Bulletin de Liaison du Mémorial de l’Alsace-Moselle N° 3 / Juillet 2002

Photo : F. SEIGNEUR - memorial-alsace-moselle.com · 4 Où en est le projet? ... France - Paris " Il est en effet ... didactique et même psychologique. Parmi ces pro-blèmes, il

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Europe de la Mémoire " regroupe lesprincipaux centres de mémoire deFrance et d’Europe. C’est un lieu de

partage et d’échange d’expériences, des-tiné à promouvoir la défense des valeursdémocratiques et des libertés publiques,et à lutter contre toutes les formes deracisme, d’antisémitisme et d’atteintes à ladignité de la personne humaine.

En adhérant à cette association, leMémorial d’Alsace Moselle s’inscrit toutlogiquement, avant que d’être construit,dans ce réseau d’hommes et de femmespour œuvrer - à la mesure de ses moyens -à l’édification d’un XXIe siècle moins bru-tal et plus généreux.

Certes tous, nous témoignons et racontonsl’histoire d’une Europe conflictuelle et vio-lente. Mais c’est paradoxalement dans cettehistoire violente que nous voulons voir lessignes de notre avenir commun – précisé-ment le type d’avenir dont notre passé divi-seur et divisé voulait nous priver.

Aussi, le véritable défi qui se posera auMémorial d’Alsace Moselle sera de réussirsa vocation pédagogique. Celle-là mêmequi a prévalu dans les objectifs que lui ontassignés ses initiateurs. Car, il ne fait aucundoute que les visiteurs – touristes, scolaires," régionaux "… - viendront nombreux etassureront le succès de cet équipement cul-turel d’un nouveau type.

Mais, parce que tous, nous avons plus ten-dance à répéter qu’à nous souvenir etqu’une bonne mémoire ne suffit pas pournous faire échapper à la répétition, leMémorial d’Alsace Moselle se doit d’êtred’avantage qu’un " devoir de mémoire ".Grâce à une muséographie renouvelée, ilmettra en perspective le passé afin de nouspermettre de mieux comprendre le présentet par là même penser l’avenir autrement.

Ni moralisateur, ni donneur de leçon, unepetite pierre dans l’édification d’une nou-velle conscience européenne. ■

Jean Pierre VERDIER

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Pour une nouvelleconscience européenne

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Le Courrier

sommaire1 Édito

2-3 L’Europe de la Mémoires’ancre à STRASBOURG

Pédagogie à ORADOUR

4 Où en est le projet ?

Dialogue avec les Historiens

5 Le travail des commissions

6-7 STRUTHOF: Hommage aux hommes du refus

Interview d’Olivier LALIEU,Chef du Projet

8-9 25 août 1942:Le jour le plus noirLe film de Robin HUNZIGER et Alfred WAHL

10 L’AMAM aux Salons de St LOUIS et de MARLENHEIM

11 A lire: Charles MITSCHIet Paul DIBLING

12 Les partenariats de l’AMAM

13 La presse en parle

14-15 Paroles d’adhérents

16 Le billet d’humeurde Jean-Louis ENGLISH

du Mémorial

Bulletin de Liaison du Mémorial de l’Alsace-Moselle N° 3 / Juillet 2002

Le Courrier 2 juillet 2002du Mémorial

Le 22 février dernier s’est tenue àl’Hôtel du Département deStrasbourg une journée de travail de

l’association Europe de la Mémoire àlaquelle a adhéré le Mémorial d’AlsaceMoselle.A cette occasion, ils ont dit :

Alexis GOVCIYAN - Conseil de coordina-tion des organisations arméniennes deFrance - Paris

" Il est en effet impératif que cette époqueterrible, marquée par des conflits mon-diaux, les plus meurtriers de l’histoire,soit bien connue de tous et qu’elle nesoit pas réduite à quelques pages ouquelques lignes dans les livres. Il est toutaussi indispensable que les manuels sco-laires consacrent toute la place néces-saire à ces sujets afin que les élèves, lescollégiens, les lycéens puissent connaîtrela vérité historique et qu’ils puissentapprocher l’autre, leur semblable, pour

mieux le connaître mieux le respecter etsurtout mieux l’aimer "

Baron Georges SCHNEK - Musée Juif de laDéportation et de la Résistance –Malines/Mechelen

" Compte tenu de la complexité du phé-nomène nazi et de sa criminalité spéci-fique, il convient d’être particulièrementrigoureux et prudent dans ce domaine.

Les problèmes que soulève une tellepédagogie sont particulièrement com-plexes et se situent à plusieurs niveaux :théorique, méthodologique, didactique

et même psychologique. Parmi ces pro-blèmes, il y en a un qui doit retenir notreattention : celui de la formation des ensei-gnants, formation qui constitue l’une desconditions préalables pour la mise enœuvre d’une pédagogie rigoureuse "

Geneviève ERRAMUZPE - Maison desenfants juifs – Izieu

" Deux phrases reviennent indéfiniment,telles des formules magiques " plusjamais ça ", " n’oublions jamais ". Avantde réfléchir au sens de la mémoire nevaudrait-il pas aussi se poser la questiondu sens des mots. Est-ce que l’on se rendcompte de ce que l’on écrit ? Est-ce quel’on se rend compte de ce que l’on dit ?L’effort de mémoire n’est pas synonymede prévention du crime de masse et nedevrait-on pas plutôt parler de déni demémoire. Reste que ces phrases nousinterrogent : quelle capacité avons-nousà faire connaître l’histoire ?"

Le 22 février dernier à l’Hôtel du Département du Bas-Rhin

L’Europe de la Mémoire s’ancre à Strasbourg

«rendez-vous est pris l’année prochaine»

Ph. Richert

P. Richert (président du Conseil général du Bas-Rhin), A. Govciyan (président de l’Europe de la Mémoire), A. D. Barrère (directrice du Centre de laMémoire d’Oradour) et A. Kremetski (conservateur du site de Drancy)

3juillet 2002 Le Courrier du Mémorial

Dr. Claudia STEUR - Topographiede la Terreur – Berlin

"On constate que les jeunes nedisposent plus aujourd’hui descapacités nécessaires pourcomprendre et s’intéresser àune exposition traditionnelleet que la solution passe parles nouveaux instruments decommunication dont le CD-ROM. Effectivement le mélangede son, de texte et d’imagesdans les multimédias toucheles sens et permet une acqui-sition de connaissances appro-fondies. Mais, il convient de segarder d’une trop grande fas-cination pour la technologie. Ilexiste un risque que la mise enforme et en scène des supportsmultimédias puisse se faire audétriment de l’histoire et quele zapping entraîne la superfi-

cialité ou la partialité desconnaissances "

Le 23 février accueil desmembres de l’association par lemaire de Schirmeck et présen-tation du projet de Mémorial del’Alsace Moselle. Dans l’après-midi visite du Struthof spéciale-ment ouvert pour la circonstancepar le Ministère de la Défense.

Là, dans la neige et le froid lesite parlait à tous, nous trans-mettait quelque chose de l’his-toire du XXe siècle. Flottait aussidans le gris de février cette partd’intransmissible, mais, deboutdevant nous Yvette LEVY etFrançois AMOUDRUZ (anciensdéportés résistants) euxsavaient ce que jamais nous nesaurions vraiment. ■

Oradour-sur-Glane : carrefour de la pédagogie

Les 11 et 12 mars 2002, précédant le colloque " Histoire,Mémoire et pédagogie", des représentants des ser-vices éducatifs des centres de mémoires européens,se sont rencontrés afin de partager leurs expériences.C’est en observatrices curieuses que nous avons par-ticipé à ces rencontres.

Notre séjour a été marqué par la richesse des échangeset la qualité de l’accueil de l’équipe d’Oradour. Quelques points ont particulièrement retenu notreattention. Ces centres de mémoire étant des outilspédagogiques adaptés aux différents publiques, uneétroite collaboration avec les enseignants est néces-saire, concrétisée par des stages, la réalisation decahiers pédagogiques ou la mise en œuvre de projetsd’implication. Un des moments forts a été la visite desruines du village avec un rescapé, M. Ebras qui nousa donné une formidable leçon de vie et nous a fait réflé-chir au rôle incontournable du témoin.Enfin, la place de l’Education civique dans ces lieux deMémoire nous est apparue fondamentale, ce qui estrappelé à Oradour par la phrase de Santayana : " ceuxqui oublient le passé se condamnent à le revivre… "

Cécile LONJON et Damaris MULHBACH

Intervention téléphonique de R. Frugier, maire d’Oradour-sur-Glanes

Le Courrier 4 juillet 2002du Mémorial

C’est le lundi 8 juillet 2002 que j’aiprésenté à mes collègues élus,membres du comité directeur du

syndicat mixte l’avant projet détaillé(APD) du MEMORIAL – ultime étape avantla consultation des entreprises et ledémarrage des travaux. Depuis la signature du marché d’archi-tectes, ce sont ainsi 10 mois de travailqui ont été nécessaires à Schirmeck,Strasbourg, Arles, Marseille, Paris,Eaubonne(95) et Le Rivier d’Apprieu (38)pour tester les nombreuses hypothèsesde faisabilité et pour apporter les ajus-tements qualitatifs à la mesure des exi-gences d’un tel projet. Mais au final, l’as-pect général du bâtiment et lesaménagements paysagers demeurent telsqu’ils nous étaient apparus au mois dejuillet 2001 lors du concours.

Des études complémentaires ont étémenées, géologiques, thermiques (sur lafaisabilité d’un chauffage bois), de ren-forcement de la sécurité (en liaison étroiteavec les pompiers du SDIS) et d’amélio-

ration de l’accessibilité pour les visiteurs,le personnel et les personnes handica-pées qui auront en plus des voitures élec-triques à leur disposition.

La muséographie a été affinée en liai-son étroite avec Alfred WAHL et EugèneRIEDWEG. Celle-ci fera l’objet d’un APD

complémentaire à la fin de l’annéequand sera arrêté le choix définitif desillustrations.

La fin du parcours a été modifiée puisquedésormais la salle de cinéma sera situéeavant la dernière étape. Cette étape(Etape 10) qui nous a donné le plus demal. Comment parler de l’avenir sans

introduire une coupure qui aurait désta-bilisé le visiteur ? En donnant la parole àceux d’aujourd’hui, habitants d’Alsace etde Moselle qui s’adresseront à nous lesvisiteurs pour faire ce lien dynamiqueentre histoire, présent et devenir, unsignal fort d’ouverture et de respiration.

L’estimation du coût des travaux est de7 712 450 € HT, elle n’a pratiquement pasvarié, puisqu’elle était de 7 627 950 € enphase programme. Programmation quifût longue mais qui s’avère aujourd’huipayante. Raisonnablement, nous avonstout lieu de penser que le coût d’objectifde l’ensemble de l’opération fixé à9,6 M€ HT et que l’objectif d’ouvertureau deuxième trimestre 2004 seront tenus.

C’est chose assez rare en matière de réa-lisations publiques pour que nous le sou-lignions avec une légitime fierté. ■

Alain FERRY Président du Syndicat Mixte

Deux cents personnes, dont beaucoup de Bruchois, ontécouté, ont témoigné et ont dialogué avec trois histo-riens, tous impliqués dans le projet

du Mémorial: le professeur Alfred WAHLet Eugène RIEDWEG, qui ont tous deux jouéun rôle essentiel dans la commission scien-tifique pour définir la trame historique duprojet; et Jean-Noël GRAND’HOMME, ensei-gnant à la faculté d’histoire de Strasbourg.Grâce à Claude KEIFLIN (DNA), un véritableéchange entre "le magister" des historienset le public, nombreux, s’est instauré. Il n’y eut pas "ceux quisavent" et "ceux qui approuvent", mais tous ceux qui, tel EugèneRIEDWEG, estiment que "le devoir de Mémoire doit être fait enpermanence". Alain FERRY, président du Syndicat mixte, et Jean-Pierre VERDIER,

chef de projet ont informé le public de l’état d’avancement duprojet. Le maire de Schirmeck, Frédéric BIERRY, tout autant

que Bernard REUMAUX (Saisond’Alsace) et Jean-Louis ENGLISH(AMAM) ont mesuré l’attente d’un publicalsacien qui sait, désormais, qu’uneréelle dynamique existe. Les historiens,en suscitant ce dialogue, ont eu l’im-mense mérite de clairement préciser lecontenu du Mémorial. Il s’agit biend’autre chose que d’une boîte à images,

mais, comme l’a affirmé Alfred WAHL d’un site "qui doit mon-trer ce qui ne doit plus arriver". C’est tout le sens de notredémarche. ■* "Saison d’Alsace", "La Mémoire vive de l’Alsace" n°14,Printemps 2002.

le 3 mai, à la salle des fêtes de Schirmeck

Dialogue avec les historiens

Où en est le projet ?

«un devoir de mémoire permanent»

« La dernière ligne droite»

Ecouter, dialoguer, témoigner. C’était le sens que L’AMAM et "Saison d’Alsace"* ont vouludonner à une rencontre-débat qui s’est tenue le 3 mai, à la salle des fêtes de Schirmeck.

5juillet 2002 Le Courrier du Mémorial

La commission est en train d’élaborer des fiches types, différentes selonl’origine géographique et les besoins des élèves et de leurs enseignantsqui viendront au Mémorial.Cette commission a connu deux temps forts:• la rencontre avec le muséographe Marcel MEYER, venu exposer le pro-

jet muséographique du Mémorial• Les Rencontres Européennes des Services Éducatifs des lieux de

Mémoire à Oradour-sur-Glane auxquelles Cécile LONJON et DamarisMULHBACH ont participé.

Depuis la dernière Assemblée générale, trois réunions ont été consacréesà travailler sur la place des images dans le Mémorial. Le cinéma et laTélévision sont des arts du 20e siècle et en cela, ils en constituent unemémoire vivante et exceptionnelle. Le développement plus récent destechnologies numériques en font de surcroît un médium facilement mobi-lisable et adaptable à toute situation de présentation. Il aura ainsi un rôleprivilégié dans le parcours du visiteur.Nous avons pris en compte l'ensemble des films qui ont été réalisés à cejour sur cette période, plus d'une trentaine d'heures au total, sachant quede nouveaux films, documentaires pour l'essentiel, se produisent chaqueannée. Ces films déjà diffusés pour un grand nombre d'entre eux surFrance 3 Alsace, devraient être montrés à nouveau dans toute la région lorsde rencontres que nous organiserons avec les partenaires culturels locauxdans les mois qui précéderont l'ouverture du Mémorial. Nous avons aussi"planché" sur le film qui clôturera les différentes étapes et qui devramettre en relation l'objet même du Mémorial avec le temps présent.

Commission patrimoine

Le travail des commissionsde l’AMAM

La commission peaufine le guide du détenteur d’archives qui sera lar-gement diffusé, entre autre sur le site Internet du Mémorial, tout commele questionnaire destiné aux témoins de la période 1939-1945.En revanche, le problème de la conservation des fonds d’archives privées quiseraient donnés au Mémorial, n’a pas encore été solutionné.

Commission pédagogique

Commission médias

Le Courrier 6 juillet 2002du Mémorial

Projet du Centre Européen du Résistant Déporté

struthof : hommage auxhommes du refus

45 000 déportés, 22 000 morts.

Pour beaucoup, des résistants,

classés NN, «Nacht und Nebel»

(personne devant disparaître sans lais-

sée de trace dans la «Nuit et le

Brouillard») provenant de toute l’Europe.

Ce centre européen, dont l’architecte

est Pierre-Louis FALOCI , sera construit

à l’extérieur de l’enceinte du camp,

visité aujourd’hui par 150 000 visiteurs,

dont un tiers d’étrangers. Sa vocation

sera double : à la fois bâtiment d’ac-

cueil et d’exposition. Un espace

muséographique permettra aux visi-

teurs de découvrir le système concen-

trationnaire nazi.

A l’intérieur du centre et aux abords de

l’enceinte du camp, divers espaces

seront consacrés « à l’esprit de vigilance

et à l’actualité » que garde aujourd’hui

l’engagement des combattants contre

le nazisme. Le projet prévoit une réno-

vation complète du musée actuel. Il sera

uniquement dédié à l’histoire du site.

Des chemins de Mémoire inviteront les

visiteurs à découvrir des lieux proches

liés à l’histoire du camp, telle la chambre

à gaz, la carrière et le gare de Rothau.

Le Struthof, le Mémorial : l’Histoire de

la seconde Guerre Mondiale est glo-

bale. Deux lieux qui se répondent en

échos, de part et d’autre de la Vallée

de la Bruche, qui se doivent de trouver

des synergies communes. Deux lieux

de sens et de pédagogie pour assumer

le devoir de vigilance, « avec l’atten-

tion aux forces de la création, de la tolé-

rance et de la liberté. »

Le projet a été officiellement présenté

par M. Olivier LALIEU au nouveau

Secrétaire d’Etat chargé des Anciens

Combattants, M. Hamlaoui MEKA-

CHERA, lors de l’émouvante cérémonie

au Struthof du 57ème anniversaire de la

libération des camps de concentration

le dimanche 23 juin 2002. ■

Schirmeck, pôle de Mémoire. 2004 consacrera cette appellation avec, outre le Mémorial d’Alsace

Moselle, l’achèvement du projet de Centre Européen du Résistant Déporté dans le système

concentrationnaire nazi, sur le site de Natzwiller-Struthof.

«esprit de vigilance

et actualité»

7juillet 2002 Le Courrier du Mémorial

Comment cette idée de Centre Européen duRésistant Déporte au Struthof a-t-elle vule jour ?

Depuis de nombreuses années, les asso-ciations d’anciens déportés souhaitaientque soit mieux valorisé le site de Natzweiler-

Struthof, seul camp deconcentration sur le terri-toire français, alors Alsaceannexée de fait au Reich.Il fallait aussi améliorerl’accueil des quelque140.000 visiteurs annuelset adapter le dispositifmuséographique auxattentes d’un public quiaura de moins en moins

de repères, familiaux et culturels, avec laSeconde Guerre mondiale, même si cettepériode reste vive dans la mémoire collec-tive.

En octobre 1997, le gouvernement a pris l’en-gagement de concevoir un musée-mémorialau camp. A la fin de l’année 1999, un chargéde mission, monsieur Jean-Pierre Vittori,définissait au terme de plusieurs mois derencontres et de réflexion, les grands axes dece projet porté par la direction de lamémoire, du patrimoine et des archives duministère de la défense ; et ce, en étroiteconcertation avec les membres de la com-mission exécutive du Struthof.

Le Struthof deviendra un haut lieu européende la mémoire et de la vigilance, où la voix etle message des déportés seront très pré-sents. Il rendra hommage au résistantdéporté qui paya son engagement pour laliberté par la déportation, voire par la mort,sans omettre les autres catégories de dépor-tés. La présence de déportés NN au Struthofexplique ce choix, comme la volonté d’adop-ter une démarche forte et originale, com-plémentaire de celle des musées existantscomme celui Besançon, une référence surle plan historique.

Quels sont les principes architecturaux etmuseographiques retenus ?

Les visiteurs montent au Struthof pourdécouvrir un site exceptionnel, et il y a aucœur de ce projet un vrai respect du site etde son histoire. La conception architectu-rale et muséographique de l’architecte

Pierre-Louis Faloci est sobre et homogène,témoignant à la fois d’une grande ambitionpour un patrimoine unique et, en mêmetemps, d’une profonde modestie au regardd’un lieu de mémoire si fort en lui-même.

Il faut distinguer deux interventions.

La première touche à la construction, à l’ex-térieur du camp, d’un bâtiment d’accueil etd’exposition s’appuyant sur la Kartoffel Keller(cave à pommes de terre construite par lesdéportés pendant la guerre). C’est le centreeuropéen du résistant déporté dans le sys-tème concentrationnaire nazi. Lieu d’his-toire, il informera le public sur l’univers descamps et sur le combat des résistances euro-péennes contre l’oppression nazie. Lieud’émotion, il honorera l’engagement et lesvaleurs défendues par les résistants dépor-tés européens, sans concession avec larigueur historique.

La deuxième intervention touche à la réno-vation complète de la baraque musée exis-tante, qui sera consacrée à l’histoire du campet de ses kommandos, comme à la vie quo-tidienne des 45 000 déportés immatriculés,provenant de plus de 20 pays. De plus, unesignalétique adaptée facilitera la visite surl’ensemble du site.

Quelles actions pédagogiques entendez-vous mener ?

La tâche la plus urgente, et nous n’allonssans doute pas attendre l’ouverture duCentre pour la mettre en œuvre, concernela rédaction pour les dizaines de milliersd’élèves, français comme allemands notam-ment, de documents adaptés. Ce travail serafacilité par la création d’un service éduca-tif. Surtout, le Centre européen entendmener une politique culturelle et pédago-gique globale, sur laquelle la direction de lamémoire, du patrimoine et des archives tra-vaille actuellement. Elle pourrait passer parla production d’expositions temporaires, lapublication de brochures, l’organisation deséminaires et d’animations ponctuelles…

Existe-t-il en europe d’autres aménage-ments de cette ampleur ?

Il est frappant de constater que d’importantsprojets de valorisation de sites mémoriaux se

développent actuellement, à Dora,Neuengamme ou Mauthausen par exemple.Nous sommes d’ailleurs en étroite relationavec eux. Pourtant, la perspective originalechoisie pour le Centre européen le différen-cie et le place dans une position d’interfaceentre tous. Cette coopération avec les mémo-riaux touche aussi les institutions alle-mandes en charge des anciens kommandosde Natzweiler-Struthof. Bref, le Centre seraeuropéen par son propos, par son publiccomme par le réseau tissé avec ses homo-logues étrangers.

Qui finance ?

Le ministère de la défense apporte plus de 8millions d’euros et une demande de finan-cement sur les fonds européens a été dépo-sée pour un montant de près de 1 million800 000 euros.

Comment concevez-vous la synergie de cecentre européen avec le terrain régional etlocal, notamment avec le Mémoriald’Alsace- Moselle ?

Le camp du Struthof appartient à l’histoire del’Alsace, à l’histoire de France et à l’histoirede l’Europe. Nous le traiterons en ce sens, enveillant à établir une complémentarité decontenu avec le mémorial. C’est pour celaque, depuis le lancement du projet, mon-sieur Alfred Wahl est membre de notreconseil scientifique, et que plus récemmentmonsieur Jean-Pierre Verdier assiste auxdébats en qualité d’invité.

Le Mémorial et le Centre européen sont deuxprojets qui disposent d’une légitimité forteet qui s’inscrivent dans des perspectivescomplémentaires. Ils participeront ensembleau développement local et régional sur leplan économique, touristique et culturel,dans le respect de leur identité propre. Despistes sont à explorer. Déjà, le Centre euro-péen et le Mémorial figurent sur les cheminsde mémoire mis en place par le ministèrede la défense, dans le cadre du tourisme demémoire.

Quand envisagez-vous l’ouverture ducentre ?

Si la fin des travaux est prévue pour lesecond semestre 2004, l’inauguration pour-rait se dérouler à l’occasion d’une date sym-bolique, en avril 2005 à l’occasion du 60eanniversaire de la libération des camps. ■

Interview

Olivier Lalieu : “mémoire et vigilance”Le nouveau chef du projet répond aux questions du Courrier

Le Courrier 8 juillet 2002du Mémorial

Il y a 60 ans, l’incorporation de force

25 août 1942 : le jour le plus noir

Nécessité militaire, volonté d’affer-mir le germanisme et le nazisme:Des raisons impérieuses pour pro-

voquer ce drame, cette plaie, qui,soixante ans après, n’est toujours pasfermée. Comment peut-elle l’être, tantle deuil fut lourd, honteux, insupportable.Avec des milliers de Malgré-nous « traî-nant leur mémoire comme un boulet »(Georges BISCHOFF). Alsaciens, mosel-lans, luxembourgeois furent pris dans latenaille de deux totalitarismes(l’Allemagne nazie, le communisme sta-linien), pris entre le feu du front et l’enferconcentrationnaire, dépouillés de touteidentité, livrés à la vindicte post libérationdes «soldats honteux» qui ont fini laguerre sous l’uniforme des vaincus, pourceux qui eurent la chance de survivre.Un tiers ne revinrent pas

25 août 1942 : le jour le plus noir25 août 2002 : le jour de la MémoireOutre les cérémonies du Souvenir orga-nisées par les associations d’anciensIncorporés de Force à Obernai le samedi24 août et à Colmar le dimanche 25 août,l’AMAM et le Syndicat Mixte du Mémorialorganisent du 15 au 17 octobre 2002 àColmar, salle des Catherinettes un col-loque européen sur le thème de « Août1942: L’Incorporation de Force desAlsaciens Mosellans dans l’ArméeAllemande ». Grâce à cette rencontreentre historiens, juristes et témoins,nous souhaitons contribuer à faire mieuxconnaître et comprendre cette paged’histoire si particulière. Ce colloque estle premier d’un cycle de trois qui aprèsColmar auront lieu à Metz en 2003 et àSchirmeck en 2004 lors de l’inaugura-

tion du Mémorial. Ces rendez-vous dela mémoire aborderont l’Incorporationde Force en Europe en 2003 et laCaptivité en 2004.

Nous avons tous le devoir de mobilisa-tion pour forcer l’Oubli, mais aussi dépas-ser la Mémoire pour écrire l’Histoire. ■

Tout sauf l’oubli. « L’oubli, il ne faut pas l’oublier », disait Freud. Peut-on oublier 1942,et ce décret du 25 août 1942 du Gauleiter WAGNER, suivi de ceux de BURCKEL

(Moselle) et SIMON (Luxembourg) précipitant, au mépris de toutes législationsinternationales, vingt et une classes d’âge, 130 000 jeunes gens, dans l’enfer de

l’Incorporation de Force.

Rendez-vous les 15, 16 et 17octobre 2002à Colmar

D.R

.

Le soldat Gsell refuse de faire le salut

9juillet 2002 Le Courrier du Mémorial

Alfred WAHL, vous voilà à la fois histo-rien et acteur dans un film évocateurde l’année 1942. C’est inédit.

C’est nouveau, en effet. Au départ, Jean-Jacques SCHAETTEL, directeur deCarmin Film, m’avait contacté pour envi-sager un documentaire classique, avecinterview sur le terrain, banc-titre dedocuments, archives, etc. évoquant l’an-née de l’Incorporation de Force, 1942.En faisant appel à un jeune réalisateur,Robin HUNZINGER, le projet a radica-lement changé: mettre en scène un his-torien qui fait une recherche sur la viequotidienne en Alsace durant l’année1942.

Vous êtes donc au centre d’un film, oùles faits emblématiques s’effacent devantles choses vécues de la vie quotidienne.

On peut le dire ainsi, alors que manature, mon métier ne me porte pas àapparaître de la sorte. On interroge lesgens, on lit le presse, on découvre queles Strasbourgeois vont aux concerts,que le football reste populaire, que l’ac-tivité rurale est normale. Bref, lestémoins nous disent que la vie estpresque normale, que les restrictionset l’annexion ne sont pas encore tout àfait insupportables, que la guerre estloin.

La réalité tombe: les décrets du 25 août,l’incorporation de Force. C’est le tour-nant?

On a dit et écrit que ce 25 août a été«le jour le plus noir d’une annéenoire». Neuf témoins sur dix n’ontaucun ou de très vagues souvenirs de

ce jour-là. La publication de cesdécrets n’a pas affolé tout de suite lapopulation. Beaucoup ont peut-êtrepensé: ce n’est pas pour nous.

Quand ont-ils compris?

Ce film, je crois, montre que tout a com-mencé avec les premiers conseils deRévision et la répression. ■

« on a pensé : ce n’est pas pour nous »

Documentaire

« 1942 : En quête d’une année particulière…»

Interview d’Alfred Wahl

Robin HUNZIGER, jeune réali-sateur, raconte à sa façon lachronique quotidienne de

1942, année charnière. Avec CarminFilm comme producteur, il en a faitun film que France 3 Alsace diffuseracet automne.

Dans ce documentaire écrit de manièretrès originale par Robin HUNZIGER,le réalisateur a voulu faire « un filmvraiment cinématographique », évi-tant de tomber dans le danger insti-tutionnel (dates, évènements) ou dansla succession d’interview. Il met enscène un historien, un vrai que l’onconnaît bien: Alfred WAHL qui mènel’enquête et va chercher à comprendre,à nous faire comprendre cette année siparticulière. Allant de bibliothèquesen lieu de Mémoire, de rencontres enrencontres, «Alfred WAHL va chercherles points d’encrage de la Mémoired’une époque révolue ».

Ce film marquera à sa façon ce 60ème

anniversaire de l’Incorporation deForce, restituant ces évènementssous un angle nouveau tout en sepenchant sur le sens de l’histoire

et de ses méthodes. Tel est le vœudu réalisateur projetant en pleinelumière l’historien, habitué à vivreet travailler dans des lieux moinsexposés. ■

D.R

.

Brochure de propagande nazie diffusée au moment de l’incorporation de force

L'AMAM fut présente à double titre,au Salon de St Louis, du 3 au 5 mai.Outre son stand et l'accueil de nom-

breux auteurs, outre la signature de laconvention avec le député maire,l'Association organisa une conférence-débat présentée par Jean-luc EICHENLAUBautour de deux livres référence. D'une partRetour d'URSS, les prisonniers de guerreet les internés français dans les archivessoviétiques 1945-1951 publié par CNRSEdition. Un remarquable travail coordonnépar Mme Catherine KLEIN-GOUSSEFF, pré-sente à St Louis et dont les propos ontéclairé les questions que l'on se pose surcette période. D'autre part, Staline parleaux alsaciens en Russie, œuvre communede Clauss KIRCHNER et André HUGEL,publié par les Archives du Haut-Rhin. Unouvrage qui devait être couronné au Salonde l'alsatique à Marlenheim.

Ce dialogue à trois entre Jean-luc EICHEN-LAUB, Catherine KLEIN-GOUSSEFF et AndréHUGEL a fait comprendre combien ces deuxouvrages relevaient du même genre, lapublication de sources "qui est par essencele genre historique qui vieillit le moins".

Un choix de documents contemporainsdes faits d'une valeur sûre, Staline parleaux alsaciens recrée un climat de grandeémotion. Retour d'URSS propose aux lec-teurs des documents traduits du russe quidonnent des éclairages nouveaux sur lesconditions de vie dans les camps, et sur-tout sur la manière dont ont été vu deMoscou le rapatriement si long, si pénible.

A Marlenheim, les 8 et 9 juin, l'AMAM aaccueilli sur son stand des auteurs venusdédicacer leur livre: Georges BISCHOFF,Marie-Louise ROTH-ZIMMERMANN etGermain RODY. L'équipe présente a puinformer nombre de visiteurs sur le pro-jet du Mémorial. De plus Staline parle auxalsaciens présenté par l'AMAM a reçu lepremier prix d'Erudition 2002. ■

Le Courrier 10 juillet 2002du Mémorial

L'AMAM présente aux Salons du livre de St Louis et de Marlenheim

Tomi Ungerer à St Louis au stand de l’AMAM J.-L. Englisch et J.Ueberschlag, maire de St Louis,signent la convention entre l’AMAM et la ville

J.-L. Englisch, X. Muller (maire de Marlenheim), A. Ferry (député-maire de Wisches)et F. Grignon (sénateur du Bas-Rhin) à Marlenheim

Germain Rody, Marie-Louise Roth-Zimmermann, Jean-Luc Eichenlaub (directeur des ArchivesDépartementales du Haut-Rhin) au Salon de l’Alsatique à Marlenheim

11juillet 2002 Le Courrier du Mémorial

Septembre 1939, un jeune garçon découvre l’exode comme près de 400000 autres alsaciens. Le voyage, l’arrivée, l’installation, la découverted’une autre région, d’une nouvelle école… Paul DIBLING retrace avec

moult détails son évacuation, puis toute sa guerre. Sa vie dans l’Alsace nazifiée:l’expulsion de son frère, sa scolarisation en Allemagne avant le RAD etl’Incorporation de force.Cet ouvrage permet de plonger dans le quotidien d’un adolescent pendant lapériode noire de la seconde Guerre Mondiale. Ses «Tribulations» sont unexemple type de ce qu’a été la vie de milliers de jeunes alsaciens et mosellansà cette époque.Ce livre est un récit de souvenirs, mais pas un livre d’histoire. En parcourant cespages on découvre une tranche d’histoire à travers les yeux d’un adolescent livréà la tourmente de l’Histoire. ■

C. L.

Les Tribulations d’un Alsacien de Paul Dibling

Les messages de Charles Mitschi

Modeste titre que Chronique d’une captivité. Letémoignage de Charles Mitschi sorti du tréfondsde Tambov plus d’un demi-siècle après l’épreuve

est porteur de multiples messages, que le peintre CamilleClauss, double auteur de la préface et de l’illustration dece livre, définit comme “l’unique victoire qui ait du sens :celle sur soi-même”.Ce Tambov arrache des larmes. Mais ce Tambov est signéd’un pédagogue (directeur d’école) et d’un musicien (chefde chorale) qui veut comprendre, qui veut expliquer. Lamise en perspective de Charles Mitschi, si peu chanceux, siprofondément sincère, est permanente. Les Historiens vontpouvoir répondre aux questions de l’auteur : notammentpourquoi ce retour si tardif d’URSS, grâce aux archives enfinouvertes. Mais le grand message de cet humaniste pousséau bout du calvaire à “manger et survivre” est une réponseà ceux qui font l’amalgame “boche-Alsace” si douloureux :“ nous en sommes sortis mûris, conscients des forces inté-rieures qui sommeillent en nous (…). Nous nous sentonsplus sensibles à la dignité, à la tolérance, à la solidarité, àla justice et surtout à la paix. ”On a envie, en lisant ce livre, d’écouter à Gunsbach CharlesMitschi diriger J.-S. Bach Jésus, que ma joie demeure. ■

J.-L. E.

A lire

Une bibliographie exhaus-tive sur la période 1871-1953 en Alsace Moselle,

inexistante aujourd’hui, nous estapparue indispensable pour leMémorial. Ayant appris l’exis-tence d’une formation de docu-mentalistes à l’UHA, nous avonspensé que les étudiants pour-raient être intéressés par des tra-vaux pratiques liés à l’élaborationde cette bibliographie. Lescontacts pris par M. FISCHER ontdébouché sur un partenariat actifavec cette université. ■

Jean-Paul BAILLARD, PDT commission patrimone

Le Courrier 12 juillet 2002du Mémorial

Une convention pluriannuelle, ini-tiée par l’AMAM, a été signéeentre le Syndicat mixte et

l’Université de Haute Alsace (Mulhouse)début mars. Dès cette année, trois étu-diants de l’UFR de science de l’infor-mation et de la communication, ont étémis à disposition du Mémorial, pourentamer l’élaboration d’une bibliogra-phie exhaustive couvrant la période1871-1953 en Alsace Moselle. Ils ontrendu un travail de qualité proposantune bibliographie de la période 1939-1945. Cette bibliographie est un chan-tier qui demandera encore du tempsavant d’être achevée.Lors du salon du livre de St Louis,l’AMAM et la ville de St LOUIS ont enté-

riné un partenariat lié à l’organisationd’un salon du livre de la Mémoire quise déroulera à Schirmeck au printemps2004 lors de l’inauguration duMémorial. Dans cette convention, laville de St Louis s’engage pour 2003 et2004 à mettre son expérience et sonpersonnel à disposition de l’AMAM afinde l’épauler dans l’organisation de cefutur salon.

A l’heure actuelle, notre association esten négociation avec l’IUT de communi-cation d’Illkirch (67) et l’Institut de tra-duction, interprétariat et de RelationsInternationales, pour développer unecoopération comme avec l’Universitéde Haute-Alsace. ■

Depuis plus d’un an, l’AMAM a multiplié les contacts pour rechercher despartenaires compétents : les universités, les communes.

Partenariats en plein developpement

13juillet 2002 Le Courrier du Mémorial

DNA

Le Républicain Lorrain

La presse en parle

Le Courrier 14 juillet 2002du Mémorial

M. Edmond FischerMembre de la commissionPatrimoine, ancien de la BrigadeAlsace-Lorraine d’André Malraux

« Je me sens à ma place dans l’association »

Lorsque l’Amicale des Anciens de laBrigade Alsace-Lorraine d’André Malrauxs’est dissoute, je me disais que l’Histoirede ces Mosellans et Alsaciens déracinésou évadés, avait sa place dans la grandeHistoire de nos Provinces. Je me suis pro-posé pour rassembler un fond d’archivesà livrer aux générations futures et auxhistoriens.

Si d’avoir accompagné Malraux pourreconquérir les Provinces écrasées sousla botte Nazie fut une aventure exaltante,ce le fut encore plus d’être pénétré de laferveur de la Résistance.

Faut-il en faire une histoire ? Oui et je suisl’archiviste de cette histoire collective. Cettedémarche colle parfaitement aux buts del’AMAM. C’est pourquoi je me sens à maplace dans la commission patrimoine. ■

François Jacquel Rédacteur en chef de Faut pasrêver (France 3), membre ducomité directeur et de la com-mission média

« Un attachement à mes racines »

Pour les générations à venir en quête detolérance et d'acceptation des diffé-rences. Faire vivre au présent et fixer pourl'avenir l'espoir d'un monde meilleur estpour moi l'un des principaux objectifs duMémorial.

Enfin, mon profond attachement à mesracines dans la vallée de la Bruche, m'en-courage d'autant plus à mettre la pas-sion de mon métier d'informer au servicede ce grand projet. ■

Sophie OstermannProfesseur d’Histoire-géographie,membre de la commissionpédagogique

« Trouver les clefs de lecture

pour comprendre »

S’engager dans l’AMAM s’inscrit dansles motivations de tout enseignantd’Histoire-géographie : tenter d’expli-quer le passé et trouver les clés de lec-ture qui vont permettre aux générationsfutures de comprendre leur époque.L’enjeu pour moi est de savoir répondreà cette démarche par le mémorial ensuscitant au-delà du souvenir une prisede conscience responsable et éclairéeface à ce passé. ■

Paroles d’adhérentsPourquoi adhérer à l’AMAM ? Notre association compte plus de quatre cents

membres de tous âges, toutes origines. Six d’entre-eux disent pourquoi cet engagement.

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15juillet 2002 Le Courrier du Mémorial

Francois GueryMembre de la commissionpédagogique

« Pour perpétuer la mémoire de mon école »

Je suis né à Wisches, à 6 km deSchirmeck. Par conséquent je connais larégion et son histoire. Histoire, dont j’aiété le témoin et l’acteur. D’abord commeévacué en 1939, puis en tant qu’élève del’Ecole Normale d’Obernai repliée àSolignac. Plus qu’une pépinière d’insti-tuteurs se fut un foyer de résistance. C’estpour perpétuer la mémoire de cette écoleque je me suis engagé à l’AMAM. ■

Pierre StrasserMaire de Haguenau

« Mieux faire connaître notre histoire »

La ville de Haguenau s’est associée auprojet du Mémorial car il nous sembleessentiel que ces pages de l’histoire denotre région soient mieux connues etqu’elles soient notamment mises à la por-tée des enfants et des jeunes. ■

Sandrine ReyserVice-présidente de l’AMAM,membre de la commissionpatrimoine

« Transmettre le vécu de notre région »

Un de mes grands-pères était incorporéde force, l’autre était militaire dans l’ar-mée française et mon arrière-grand-pèreétait résistant au sein du réseau Alliance.Plus jeune j’adorais écouter mes grands-parents me parler de leur guerre. J’ai doncintégré l’AMAM afin de pouvoir trans-mettre le vécu de notre région. ■

Rejoignez l’AMAM

L’Association des Amis du Mémorial d’Alsace Moselle (AMAM) a besoin du plus grand nombre, élus,anciens combattants ou témoins, artistes, universitaires, enseignants, acteurs économiques,

simples citoyens, pour donner au Mémorial son assise populaire, pour les promouvoir et en faire un lieu de Mémoire régionale, d’histoire générale, de sens et de pédagogie.

420 adhérents nous ont déjà rejoints !

Adhérer à l’AMAM, 147, Grand’Rue, 67130 SCHIRMECK

Tél : 03 88 47 45 50 / Fax : 03 88 47 45 51

Directeur de la publication : Jean-Louis English - Coordination : Cécile LonjonRédaction : Jean-Louis English, Cécile Lonjon, Damaris Mulhbach, Jean-Pierre Verdier - Création graphique : Antoine Neumann

Réalisation et impression : Girold / 26422 - ISSN en cours - dépôt légal : juillet 2002

Le billet d'humeur de Jean-Louis English

Les raccourcis de l'histoireIl est des raccourcis qui guillotinent la

raison. L'Alsace et la Moselle, sont plussouvent qu'à leur tour victimes de cette

terreur trop simpliste, dans laquelle tom-bent, parfois, nos intellectuels français,fussent les meilleurs.

Le raccourci d'André GLUCKSMANN, dansun article du Monde au demeurant perti-nent ("Et si la Gauche votait Le Pen?"), estl'exemple le plus parfait de cette déraison,déclenchée par un réflexe pavlovien à l'en-droit de l'Incorporation de Force: la cul-pabilité du port de l'uniforme allemandentraînant, soixante ans plus tard, le votefrontiste.

L'analyse, courte d'un paragraphe, faitd'autant plus mal qu'elle tombe commeune bombe à retardement, à la veille de lacommémoration du 60ème anniversairedes terribles décrets du mois d'août 1942des Gauleiter Wagner (Alsace), Bürckel(Moselle) et Simon (Luxembourg) quiallaient voler leur vingt ans, souvent leurvie, à des dizaines de milliers d'incorpo-rés de force.

La vérité n'est pas simple.

Mais l'ignorance, ou le savoir partiel, sousla plume de l'intelligence, sont blessants.

Deux types de réponse: la protestation oula pédagogie, le coup de gueule ou l'ex-plication, le courrier de la colère ou leMémorial.

J'opte pour le Mémorial d'Alsace Mosellequi, par son concept, sa modernité, satransparence, doit ouvrir les yeux. A tous.Mais à nous aussi. Sans tabou. Sans rac-courci. Avec rigueur. Avec émotion aussi.Pour rendre plus modestes ceux qui pui-sent dans une histoire trop ignorée pour

justifier hâtivement un cliché qui fait simal: l'uniforme nazi.

Hâtivement, cher André GLUCKSMANN, carles faits chiffrés sont tombés comme uncouperet lors des législatives, réduisantvotre raccourci à une moindre dimensionhistorico- sociologique: l'Alsace et laMoselle ont raccourci de plus de 11%l'étiage frontiste présidentiel. Un reculrecord dans l’hexagone.

Avec gravité, avec dignité, avec lucidité, ilnous appartient de se souvenir, d'expli-quer et de comprendre, de faire savoir.

Les 24 et 25 août, les associations d'in-corporés de force se souviendront. Les 15,

16 et 17 octobre, à Colmar, historiens,juristes et témoins, lors d'un grand col-loque organisé par l’AMAM et les Archivesdépartementales du Haut-Rhin, tenterontde comprendre et d'expliquer. Et leMémorial, dont on posera solennellementla première pierre à l'Automne, fera savoir.

Voilà notre début de réponse aux raccour-cis de la pensée encore trop unique surcette histoire, notre histoire.

Cher André GLUCKSMANN, vous êtes notreinvité, pour mieux savoir, mieux dialoguer,moins raccourcir. ■

J-L. E.

CONTACTS !Syndicat Mixte :

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Tél : 03 88 47 45 50

Chef de projet : Jean-Pierre VERDIER,

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Cécile LONJON

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