Pied Diabetique

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    INTRODUCTION

    Prs de 15 % des patients diabtiques sontconfronts des ulcrations et plaies du piedpendant leur vie (1, 2). Dans la population despatients diabtiques, lincidence annuelle dul-cre de pied est de 2 %. Ce pourcentage est nettement suprieur (7 %) en cas de polyneuro-pathie diabtique avance (3). Le problme dupied diabtique est la cause principale dhospita-lisation (20 % des hospitalisations) des patientsdiabtiques. Prs de la moiti de lensemble desamputations non-traumatiques de membre inf-rieur concerne des patients diabtiques (4). Lepatient diabtique est expos un risque dam-putation de membre infrieur quinze fois plusimportant que le patient non-diabtique (1, 3, 4).Ces quelques donnes pidmiologiques illus-trent lampleur du problme du pied diabtique.

    Une prvention adquate et un traitementoptimal sous-entendent une bonne comprhen-sion de la physiopathologie complexe du pieddiabtique et des lsions dgnratives du sys-tme vasculo-nerveux.

    PHYSIOPATHOLOGIE

    Le pied diabtique est la consquence duneperturbation prolonge de la glucorgulation (3,5). Il sobserve aprs une dure moyenne de 20ans de diabte. Lhyperglycmie chronique pro-voque une polyneuropathie, une dysfonction dela microcirculation, une athrosclrose accl-re, une susceptibilit accrue aux infections etune altration du tissu conjonctif.

    Ces cinq facteurs contribuent, souvent defaon combine, au dveloppement du pied dia-btique (6). On estime que 40 % des pieds dia-btiques sont neuropathiques purs, 50 %neuro-ischmiques et 10 % ischmiques purs.Ainsi, la neuropathie joue un rle tiopathog-nique (de faon isole ou en combinaison avecdautres facteurs) dans 90 % des pieds diab-tiques.

    LA POLYNEUROPATHIE DIABTIQUE

    En cas dhyperglycmie de longue dure, unepartie du glucose est transforme par laldose-rductase en sorbitol. Le sorbitol est ensuiterduit par la sorbitol-dhydrognase en fructose(polyol pathway). Le tissu nerveux estdpourvu de sorbitol-dhydrognase et, parconsquent, le sorbitol saccumule dans lesfibres nerveuses et dans les cellules de Schwann(3, 6, 7). En outre, une atteinte des vasa nervo-

    (1) Service de Chirurgie Cardio-Vasculaire et Thora-cique, CHU Sart Tilman,Lige.

    LE PIED DIABTIQUE

    RSUM : La physiopathologie du pied diabtique est com-plexe. Plusieurs facteurs interviennent : la neuropathie diab-tique, la micro- et macro-angiopathie, linfection et ladformation osteo-articulaire du pied. Ces diffrentes causesagissent souvent ensemble et retardent la cicatrisation dunulcre de pied. Une prvention efficace sous-entend une com-prhension des mcanismes physiopathologiques du pied diab-tique. La glycosylation non-enzymatique des protines et dutissu conjonctif joue un rle crucial dans la neuropathie, lan-giopathie et lostoarthropathie diabtiques; ds lors, une gluco-rgulation rigoureuse est une tape primordiale dans laprvention et la prise en charge du pied diabtique. Un diagnos-tic prcoce et un traitement immdiat des ulcres de pied sontessentiels. Les infections doivent tre traites de faon radicale(dbridement, drainage, antibiothrapie prolonge), les lsionsvasculaires seront recherches et ventuellement corriges, lesplaies demandent des soins locaux adquats et une dchargeefficace. Les meilleurs soins sont offerts dans le cadre de la Cli-nique du Pied Diabtique, o une quipe de diabtologue, infec-tiologue, chirurgien vasculaire, radiologue interventionniste,chirurgien plastique, podologue et infirmire spcialise prenden charge le patient souffrant de pied diabtique. Cetteapproche multidisciplinaire permet de rduire de moiti lenombre damputations de jambe chez le patient diabtique.MOTS CLS : Pied diabtique Revascularisation Amputation Mal perforant Ulcre

    THE DIABETIC FOOTThe pathophysiological mechanisms underlying a diabetic footdisease are complex and multifactorial, including neuropathy,ischemia, infection and abnormal foot biomechanics. All thesefactors are often intricated and source of delayed wound hea-ling. Insight in the pathophysiology of the diabetic foot providesa comprehensive basis for a protocol of primary and secondarypreventive care. Since non-enzymatic glycosilation of proteinsand of connective tissue underlies structural changes in vessels,nerves and osteo-articular structures, a rigid control of bloodglucose levels is of paramount importance. Early recognition ofthe etiology of foot lesions and prompt management of footulcers are essential for successful outcome. Aggressive treat-ment of infections, clinical assessment and correction of vascu-lar occlusive disease (diabetic macroangiopathy), adequatewound care and appropriate off-loading (pressure relief) of theulcer are essential steps in the treatment protocol. It is not sur-prising that optimal management of the diabetic foot requires amultidisciplinary approach in a Diabetic Foot Clinic, coordina-ting care-provisions by a team of diabetologist, infectiologist,vascular surgeon, interventional radiologist, plastic surgeon,podiatrist and specialized nurse. Applying evidence-based mul-tidisciplinary treatment results in a 50% reduction of majorlower-limb amputation in this high risk group.KEYWORDS : Diabetic foot Lower limb revascularisation Limbsalvage Amputation Neuropathic foot ulcer Foot deformity

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    rum (microangiopathie) cause des lsions isch-miques des nerfs (8). Cette microangiopathie estla consquence de la glycosylation non-enzyma-tique de la membrane basale des capillaires et dela matrice endoneurale. Les fibres nociceptivessont atteintes en premier, rsultant en une pertede la sensation de douleur aigu et de tempra-ture. Le pied devient hyposensible et indolore.La disparition du signal douloureux protecteurrend le pied vulnrable aux micro-traumatismesrptitifs dans les zones dappui, sans que lepatient sen rende compte (9). Dans un stadeplus avanc, on assiste une atteinte des nerfs dusystme nerveux autonome. On parle de auto-sympathectomie. Les consquences sont unediminution de la sudation, avec une scheressecutane exagre. Lanhydrose favorise la for-mation de fissures et de crevasses. Ces endroitsdeffraction de la barrire cutane constituentune porte dentre pour des infections.

    Linfection superficielle volue insidieusementvers la cellulite et la suppuration profonde, defaon indolore. Il y a aussi une perte dautorgu-lation au niveau microcirculatoire (voir plus loin).

    Latteinte des nerfs moteurs rsulte en uneatrophie des muscles intrinsques du pied.Lamyotrophie saccompagne dune rtractiondes orteils en griffe, cause dun dsquilibreentre muscles extenseurs et flchisseurs desorteils (Figure 1A). La statique du pied estmodifie. Le coussinet graisseux protecteursous les ttes mtatarsiennes glisse en distal,exposant les articulations mtatarso-phalan-giennes aux micro-traumatismes par hyperpres-sion focale. La dgnrescence nerveuse induitaussi une rgnration des nerfs priphriques,qui se traduit cliniquement en dysesthsies dou-loureuses et sensation de brlures profondes auniveau du pied.

    La frquence de la polyneuropathie augmenteavec la dure du diabte. On estime que, aprsune dure de 10 ans de diabte, 70 % despatients prsentent une polyneuropathie. On ladit, dans 90 % des pieds diabtiques, la poly-neuropathie joue un rle tiopathognique. Lin-cidence annuelle dulcration du pied chez lepatient atteint de polyneuropathie diabtiqueatteint 7 %, versus 1 % des patients diabtiquessans neuropathie (1, 2, 9).

    Il est intressant de noter que le taux dulc-ration du pied, pourtant svrement dform,des patients atteints de polyarthrite rhumatis-male est nettement moindre que celui despatients diabtiques avec des dformations ana-logues. Ceci sexplique par une conservation delintgrit du reflex nociceptif et vasomoteur

    chez le patient atteint de polyarthrite rhumatis-male.

    LA MICROCIRCULATION ET LE DIABTE

    Un diabte de longue dure se complique, auniveau microcirculatoire, dun paississementde la membrane basale des capillaires, par accu-mulation de glucosamine glycanes, et duneouverture de shunts artriolo-vnulaires prca-pillaires (10). Ces troubles microcirculatoiressobservent aussi au niveau rtinien et glomru-laire. Les shunts artriolo-vnulaires augmen-tent le dbit sanguin cutan. Le fluxthermorgulatoire est accru aux dpens du fluxcapillaire nutritionnel. Il en rsulte une hypoxietissulaire et un retard de cicatrisation, mme encas de pouls priphriques palps. Cette dys-fonction microcirculatoire non-occlusive est res-ponsable dun pied chaud, de veines cutanesturgescentes, et dune hyperoxmie du sang vei-neux.

    La diapdse des leucocytes est limite parlpaississement de la membrane basale. Ceciexplique une rduction des signes inflammatoiresen cas dinfection de lulcre du pied, dostoar-thrite ou dabcs plantaire. La glycosylation non-enzymatique de lipoprotines (dont le taux estaugment en cas de diabte de type 2) est unesource de radicaux libres, interfrant avec la fonc-tion endothliale (rduction de synthse doxydenitrique). La dysfonction endothliale aboutit une perte dhomostasie de la vasoractivit art-riolaire et de la thromborsistance. En plus, laglycosylation protidique rend les globules rougesplus rigides et moins dformables, ralentissantainsi le flux microcirculatoire.

    A cause de la polyneuropathie, le rflexenociceptif antidromique est diminu. Une stimu-lation des nerfs nociceptifs saccompagne nor-malement dun signal rtrograde, avec librationde la substance P vasodilatatrice au niveau de lazone de douleur. Ce rflexe neurogne vasodila-tateur est donc aboli chez le patient diabtique.Il ny a plus de rponse dhyperhmie en cas demicrotraumatisme du pied.

    En rsum, la microangiopathie est la foisstructurelle (paississement de la membranebasale, microthromboses) et fonctionnelle (dys-fonction endothliale, neuropathie vasomotrice).

    LA MACROANGIOPATHIE DIABTIQUE

    Le diabte se caractrise par une athroscl-rose acclre qui atteint prfrentiellement lesartres jambires infrapoplites, pargnant lesartres du pied (artre pdieuse, artres plan-taires) (10). Lartriopathie apparat dix ans plus

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    tt chez le patient diabtique. Il ny a pas dobli-tration des artrioles (small vessel disease).La maladie des petits vaisseaux est un conceptinappropri, qui doit tre abandonn.

    Les artres jambires sont exposes despressions artrielles leves en position debout, cause de labolition de lautorgulation art-riolaire (neuropathie autonome). Chez lindividunormal, la position debout provoque une vaso-constriction des artrioles des membres inf-rieurs, vitant ainsi une syncope par hypotensionorthostatique. Cette pression artrielle leve auniveau jambier explique la distribution deslsions artrielles occlusives chez le patient dia-btique. Dans la moiti des cas, on observe unemdia-calcinose, associe aux lsions athro-sclreuses occlusives des artres jambires; dslors, la pression de perfusion au niveau de lacheville nest pas mesurable cause de lincom-pressibilit des artres jambires. On se base surla mesure de pression des orteils (mini-brassardautour du gros orteil) ou sur laspect morpholo-gique de la courbe vlocimtrique.

    Dans prs de 60 % des ulcres du pied diab-tique, on observe des lsions artrielles occlu-sives, responsables dun certain degrdischmie (6, 10). Le rle de la macroangiopa-thie est prdominant dans le diabte de type 2(personnes ges, dyslipmie, hypertension),tandis que, dans le diabte de type 1, la neuro-pathie est dterminante dans ltiopathognie dupied diabtique.

    Lischmie, mme modre, rduit lapportdoxygne la zone dulcre et retarde, ou com-promet, la cicatrisation. Lulcre prend un aspectatone et peut rester ouvert pendant des mois,exposant le patient un risque infectieux. Lepatient diabtique avec un pied neuro-isch-mique a un risque damputation trois fois plusimportant que le patient avec un pied neuropa-thique (52 % versus 18 % sept ans de suivi)(11, 12). Leur survie est aussi moindre (25 % desurvie sept ans versus 58 %).

    LINFECTION ET LE PIED DIABTIQUE

    Le patient diabtique se dfend mal contrelinfection. Prs de 20 % des pieds diabtiquessont infects (6). La dysfonction microcircula-toire (paississement de la membrane basale) etleucocytaire (diapdse chmotactique et phago-cytose diminues) facilitent la formation dephlegmon profond (13). Souvent, ces infectionsprofondes du pied diabtique sinstallent silen-cieusement, avec peu de fivre et peu de rac-tion inflammatoire. Le seul signe constant estune hyperglycmie (drgulation du diabte).Linfection dun ulcre acclre souvent la

    ncrose tissulaire par thrombose des capillaires;en outre, la cicatrisation est dfectueuse causedes enzymes bactriennes protolytiques (Figure2).

    ALTRATIONS DU TISSU CONJONCTIF

    Une glycosylation non-enzymatique du colla-gne rend le tissu conjonctif moins lastique, cause dune interfrence avec les liaisons inter-molculaires (cross-links). Cliniquement, il ya une rtraction des capsules articulaires et unepeau moins souple, avec une mobilit articulairediminue. Le pied devient plus rigide avec amor-tissement rduit des chocs dappui. La biomca-nique et la statique du pied sont modifies(dformation des orteils en griffe par hyperex-tension au niveau mtatarsophalangien (Figure1A), pied creux (pes cavus), effondrement dela vote transversale). Une hyperpression focali-se au niveau des ttes mtatarsiennes se traduitpar une hyperkratose cutane ractionnelle etpar rosion plantaire (mal perforant plantaire).Les callosits augmentent de 30 % la pressionfocale (14). Ds lors, une abrasion rgulire desplaques hyperkratotiques simpose.

    La neuro-ostoarthropathie de Charcot est laconsquence dune rsorption osseuse accl-re, avec destruction osto-articulaire au niveaudu mi-pied (effondrement de la vote plantaire,protrusion plantaire de los cubode et navicu-laire) (rocker-bottom foot ou pied cubique).Une telle dformation sobserve chez 1 % despatients diabtiques (15). Les godes osseuses,secondaires lostoclasie, doivent tre distin-gues des foyers dostite. Aprs la phase dos-toclasie, caractrise par rougeur, dme etdouleur profonde du pied, suit une phase dergnration osseuse exagre. Lostoarthropa-thie est un processus autolimitant dont on neconnat pas lorigine. Des microtraumatismes etles shunts artriolo-vnulaires jouent certaine-ment un rle favorisant dans la destruction et leremodelage ostoarticulaire du mi-pied.

    ASPECTS CLINIQUES

    Un ulcre neuropathique se situe typiquementsur la face plantaire (ttes mtatarsiennes)(Figure 1B) ou sur les bords du pied, correspon-dant aux zones dappui exagres dun pieddform ou aux zones de friction dans un souliertrop serr.Vingt et un pourcent des ulcres depied diabtique sont la consquence directe dechaussures inadaptes. Un tel ulcre reste sou-vent indolore et, par consquent, nglig par lepatient. Lulcre est entour dune plaque dhy-perkratose (callus). Sous les callosits peut se

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    produire une micro-hmorragie et la collectionhmatique peut secondairement sinfecter. Lepied neuropathique est chaud et hyperhmiqueavec des veines superficielles turgescentes,secondaires louverture de shunts artriolo-vnulaires.

    Chez le patient diabtique, lathrosclrosedes membres infrieurs reste souvent asympto-matique jusquau moment de lapparition duntrouble trophique suite un micro-traumatisme.Le stade 4 dischmie (gangrne, trouble tro-

    phique) nest quasi jamais prcd de stade 2(claudication) ou de stade 3 (douleurs de repos).Un ulcre ischmique atteint les extrmits desorteils et le talon. La ncrose tissulaire sinfectefacilement (gangrne humide). Le sepsis focalprovoque la thrombose des artrioles avoisi-nantes et rend la ncrose rapidement extensive(Figure 2). Linfection sinstalle prfrentielle-ment dans le milieu humide des espaces interdi-gitaux (ulcre en kissing) et en dessous desongles (ongle incarn, onychomycose). Uneostoarthrite est suspecte par le contact osseux

    Fig. 1A. Dformation osto-articulaire dorteil en griffe. Lhyper-extension mtatarsophalangienne saccompagne dun glissement ducoussinet graisseux sous la tte mtatarsienne. Deux zones dappuiexagr sobservent : la face dorsale de larticulation interphalan-gienne proximale et la face plantaire de la tte mtatarsienne.

    Fig. 1B. Cette image de rsonance magntique du pied montre unmal perforant plantaire face la tte mtatarsienne. Lorteil estrtract et a perdu tout contact dappui.

    Fig. 2. Gangrne humide dune cicatrice damputation de gros orteil,sans revascularisation pralable. Le sepsis local induit des micro-thromboses, responsables dune extension rapide de la ncrose tis-sulaire.

    Fig. 3. Ostoarthrite mtatarsophalangienne avance du deuxime ettroisime rayon, avec rsorption osseuse des ttes mtatarsiennes

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    du stylet introduit au fond de lulcre; elle seraconfirme par IRM (90 % de spcificit) ou parscintigraphie osseuse (75 % de spcificit) (16).La radiographie osseuse standard ne devientpositive quau stade tardif dostoarthrite avan-ce (Figure 3). En cas de mal perforant plantaire,la porte dentre est souvent trs limite (rosionponctiforme au centre dune plaque dhyperk-ratose plantaire, ulcre de contact interdigital,mycose entre les orteils). La suppuration stendplus loin et est plus profonde que ne le laissesuspecter le petit orifice dentre. Une ostoar-thropathie de Charcot se traduit cliniquementpar un pied chaud et gonfl. La statique du piedest totalement modifie (pied cubique). Le dia-gnostic diffrentiel avec une ostomylite peuttre difficile, aussi bien sur le plan cliniquequau niveau des investigations complmen-taires (RNM, scintigraphie osseuse, radiogra-phie osseuse).

    PRVENTION

    Le rle central de lhyperglycmie dans ledveloppement des neuropathie, vasculopathieet arthropathie rend une glucorgulation rigou-reuse indispensable dans la prise en charge dupatient avec pied diabtique (2, 5, 6, 9, 17, 18).Les complications lies lhyperglycmie sins-tallent, de faon insidieuse et fruste, pendant unepriode de dix vingt ans (18). Mme si onconsidre la polyneuropathie comme irrver-sible, on peut sefforcer de stabiliser la situationou den ralentir la progression.

    Il est important didentifier le pied risque etde le protger, ce qui demande une ducation dupatient diabtique. Une inspection rgulire dupied, de prfrence par un proche ou par lemdecin traitant, permet didentifier au stadeprcoce les complications dgnratives du pieddiabtique (2, 17, 18). Quelques rgles lmen-taires sont : ne pas marcher pieds nus, porter deschaussures adaptes (hautes et larges en avantpour limiter le frottement contre les orteils engriffe) avec semelles orthopdiques adquatespour redistribuer les zones dappui (Figure 4),une hygine rigoureuse des ongles et desespaces interdigitaux, lapplication dune crmehydratante pour lutter contre le dschementcutan plantaire, port de chaussettes en lainerenouveles chaque jour.

    Un contrle des autres facteurs de risquedathrosclrose (tabagisme, hypertension, dys-lipmie) est primordial pour sauvegarder le sys-tme artriel. Un excs pondral doit trecorrig afin de rduire les charges au niveau dupied. Lducation demande un accompagnement

    continu du patient (2). Le mdecin de famillejoue un rle central dans cette ducation. Achaque consultation, il faut enlever les chaus-sures et chaussettes pour inspecter les pieds(18). Il est surprenant quil ny ait que 22 % despatients qui portent des chaussures sur mesure etdes semelles souples (20). Beaucoup de patientsne les mettent que pour sortir de leur maison(21). Il est vident quune protection des zonesdappui doit tre permanente, chaque fois que lepatient se mobilise, que ce soit lintrieur ou lextrieur de la maison. Souvent, le patientessaie de minimiser les problmes de pied dia-btique (self neglect) et ne voit pas lutilit desoins rguliers chez un podologue (abrasion deszones dhyperkratose, soins dongles, adapta-tion des semelles). Labrasion des zones dhy-perkratose diminue de 30 % la pressionsous-jacente, et doit tre faite chaque visite(tous les quatre mois) (14). Depuis 2003, deuxvisites par an chez le podologue sont rembour-ses (arrt royal, publi dans le Moniteur Belgedu 17 mars 2003, page 12856).

    TRAITEMENT

    Ds quun pied diabtique se compliquedune ulcration ou de ncrose, une hospitalisa-tion simpose (17). Une prise en charge prcoce,avant une mutilation avance du pied, augmenteconsidrablement les chances de sauvetage dumembre infrieur (19). La premire mesure estune optimisation de la glucorgulation, ce quiimpose souvent le recours linsuline. Les prin-cipaux objectifs du traitement sont lradicationde linfection, lamlioration de la vascularisa-tion du pied et linterruption des micro-trauma-tismes rptitifs.

    Nous discutons successivement la prise encharge du pied diabtique neuropathique, neuro-ischmique et infect.

    1) Pied neuropathique

    Lulcration du pied neuropathique demandeun repos strict avec dcharge totale du pied per-mettant dinterrompre le cycle de micro-trauma-tismes rptitifs (17). La zone dhyperkratosequi entoure lrosion plantaire sera excise pro-gressivement (14). Souvent, lorifice de lulcreest plus petit que la cavit sous la plaque dhy-perkratose (Figure 1B). En cas dun ulcre pro-fond, le tissu ncrotique et fibrineux seradbrid rgulirement, afin de limiter le risquede surinfection.

    Un pansement hydroactif (hydrogel, hydro-collodes, alginates) favorise la granulation. Lepied sera surlev pour faire rgresser ldmetissulaire, peu propice la cicatrisation (1).

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    Aprs une semaine de repos strict, une chaus-sure de Barouk pour dcharger lavant-pied per-mettra une mobilisation a minima (Figure 4). Lacicatrisation dun ulcre neuropathique dcharg(pltre ou attelle de dcharge, chaussure deBarouk) prend en moyenne six semaines. Mal-heureusement, seulement 30 % des patients res-pectent rigoureusement les conseils de dchargeet de repos (22). Une fois lulcre neuropathiquecicatris, il faut adapter une chaussure surmesure, avec semelle orthopdique adquate.Lassurance maladie couvre 75 % du prix, et leschaussures sont renouvelables chaque anne(Figure 4).

    2) Pied neuro-ischmique

    En cas de pied neuro-ischmique, on seffor-cera de rtablir une perfusion adquate au niveaudu pied (23, 24). Une ischmie, mme modre,peut suffire pour dvelopper un trouble tro-phique, du fait de lintrication avec une neuro-pathie svre, une dformation de larchitecturedu pied et de la frquence dinfections secon-daires. Labsence dun pouls pdieux et un fluxamorti lcho-doppler sont une indication lartriographie. Une artriographie classiqueavec produit de contraste iod fournit lameilleure imagerie des artres jambires et desartres du pied. Une bonne hydratation (un litrede Hartmann en 24 heures) et une protectionnphronique (alcalinisation des urines, actyl-cystine (deux ampoules de Lysomucil i.v. 30minutes avant lartriographie) diminuent leffet

    nphrotoxique des produits de contraste. Cecisous-entend une hospitalisation pour tout exa-men artriographique chez le patient diabtique.Limagerie par rsonnance magntique (angioRNM) est perturbe par des signaux veineuxprcoces (shunts artriolo-vnulaires) et offre demoins bonnes images des artres jambires.Lcho-doppler couleur permet dvaluer la per-mabilit et la compressibilit des artres jam-bires et pdieuses.

    Sil ny a pas un flux direct vers le pied, unerevascularisation par pontage ou par interven-tion endovasculaire (angioplastie percutane ouPTA) simpose. Les indications de revasculari-sation sont plus larges chez le patient diabtique,pour qui une pression de perfusion plus leveest ncessaire pour obtenir la cicatrisation dun

    Fig. 4. Diffrentes chaussures pour pied diabtiqueA : chaussures de Barouk pour dcharge dulcre de lavant-pied oude talon.B : chaussure prfabrique avec semelle orthopdique souple etamovible.C : chaussure sur mesure pour pied dform.

    Fig 5A et 5B.Anastomose distale dun pontage veineux fmoro-plantaire, derrirela mallole interne.

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    ulcre ou dune ncrose limite. Grce la res-tauration dun flux pulsatile adquat au niveaudu pied, on obtient une cicatrisation rapide etdurable dun ulcre neuro-ischmique (25). Larevascularisation concerne le plus souventltage sous-inguinal. La veine saphne interneest le conduit de premier choix pour les pontagesfmoro-poplit et fmoro-jambier. Les progrstechniques ont permis dtendre le niveau derevascularisation aux artres pdieuses et plan-taires (26, 27) (Figures 5A et 5B). Le succs deces pontages distaux dpend principalement dela qualit de la veine saphne, du choix dun sitedanastomose distal adquat et dune techniquemticuleuse et atraumatique au niveau de cesartres de petit calibre (1,5 2 mm de diamtre)(28). Si la macroangiopathie diabtique se limiteaux artres jambires, on peut slectionner lar-tre poplite comme site danastomose proximal(court pontage poplito-tibial ou poplito-

    pdieux) (26) (Figure 6A). Pour les longs pon-tages fmoro-jambiers ou fmoro-pdieux, latechnique de la veine saphne in situ est pr-fre (meilleure congruence avec lartre rece-veuse, moins de risque de torsion ou de couduredu conduit veineux) (Figure 6B). La permabi-

    Fig. 6A. Artriographie dun pon-tage poplito-pdieux avec la veinesaphne interne retourne. Le pdi-cule dun lambeau libre (flches) estanastomos sur lartre pdieuse.Fig. 6B. Pontage fmoro-tibial pos-trieur avec la veine saphne insitu.

    Fig. 7A, 7B et 7C. Un lambeau libre avec le muscle grand droit pourcouvrir une amputation transmtatarsienne ouverte. Le muscle trans-pos est ensuite couvert par une greffe de peau.

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    lit est de 80 % et le taux de sauvetage demembre est de 88 % quatre ans, aussi bienpour les pontages fmoro-tibiaux que fmoro-pdieux (26, 27). Par contre, la survie quatreans nest que de 54 % (26). En cas dabsence deveine saphne interne utilisable (situation obser-ve dans 20 % des cas), on a recours dautresconduits autologues : la veine saphne internecontrolatrale, les veines saphnes externes, lesveines de bras ou lartre radiale (29). Souvent,ces pontages seront composs de plusieurs seg-ments mis bout bout. Les pontages proth-tiques sur artres tibiales ou pdieuses secaractrisent par un taux dchec lev (perma-bilit un an de 30 %). La pluri-segmentarit etla localisation des lsions artrielles chez lepatient diabtique sont peu propices la tech-nique dangioplastie percutane. Seules les st-noses courtes avec un lit daval acceptable seprtent la dilatation percutane.

    En cas de gangrne dun ou plusieurs orteils,une amputation limite simpose, de prfrencedans un deuxime temps, aprs la revascularisa-tion. Si on doit amputer plus que deux rayonsmtatarsiens, une amputation trans-mtatar-

    sienne est prfrable et donne une meilleure sta-bilit au pied (meilleure distribution des pointsdappui).

    Une escarre du talon peut tre largementdbride. Dans un deuxime temps, une calca-nectomie partielle, avec couverture par lambeaulibre, permet de garder un appui correct (30). Lelambeau musculaire ou fascio-cutan permet decouvrir des larges zones de perte tissulaire et decontrler les infections chroniques (Figures 7A,7B et 7C). En cas dostoarthrite limite, lap-proche chirurgicale consiste en une rsection dela tte mtatarsienne, associe une couverturepar mini-lambeau de rotation (31).

    Un mal perforant plantaire requiert une exci-sion large de la zone de cellulite dans les logettesdu fascia plantaire (Figures 8A, B et C). Le piedsera mis en repos strict, et la cavit plantaire trai-te par soins locaux (au dbut, trois fois par jour).

    3) Pied infect

    Les infections superficielles sont principale-ment colonises par les staphylocoques et lesstreptocoques. Les infections profondes sontsouvent poly-microbiennes avec des staphylo-coques (60 %), streptocoques (35 %), entro-coques (Escherichia coli, Proteus) (20 %),gram-ngatifs (Pseudomonas, Peptostrepto-coques) (50 %) (6, 32, 33). Les bactries anaero-bies sont prsentes dans la plupart des infections

    Figures 8A, 8B et 8C. Un mal perforant plantaire infect, avec cel-lulite et coulement purulent de la plante du pied. Une excision enellipse permet dradiquer le foyer septique. La perte de substanceplantaire se fermera de seconde intention, grce aux soins locaux.

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    ncrosantes et malodorantes. Un prlvement tis-sulaire (biopsie) permettra didentifier les diff-rents germes (34); un simple frottis risquedisoler les germes non-pathognes de surface(Staphylocoques epidermidis, Diphthroides) (1,32).

    Une antibiothrapie large spectre contregram-positifs, entrobacter et anaerobies[amoxycilline - clavulinate (Augmentin, Sta-phycid, Clavucid 4 x 1 g/j i.v.)] sera instauredemble et, secondairement, adapte selon lan-tibiogramme. En cas dostoarthrite ou infectionprofonde, une double antibiothrapie [fluoro-quinolone (Ciproxine, Tarivid) et clindamycine(Dalacin)] sera administre en intraveineuxdabord, per os ensuite pour une dure de sixsemaines. En cas dinfections extensives (cellu-lite avec lymphangite), on a recours des anti-biotiques plus puissants [imipenem(Tienam,Meronem), piperacilline+ tazobactam(Tazocin)]. Les aminoglycosides (gentamycine,Geomycine; vancomycine, Vancocin) sont administrer avec prudence pour une dure courte(huit jours), cause de leur nphrotoxicit. Lap-plication locale de pommades antibiotiques est proscrire, car on slectionne ainsi des germesmultirsistants.

    Parfois, un dbridement des tissus infects ouune amputation ouverte de lorteil infect doittre fait en semi-urgence, avant tout geste derevascularisation, pour contrler le sepsis local.Cest la seule situation o la revascularisation neprcde pas le geste damputation limite.

    Pour le pied de Charcot, lantibiothrapiesavre inutile, mais le diagnostic diffrentiel estparfois difficile tablir par rapport uneostoarthrite. Le traitement de base consiste enune dcharge totale du pied (repos au lit, suividun pltre ou dune orthse de dcharge). Onpeut freiner la phase hyperhmique et ostoly-tique par des diphosphanates (35). La dforma-tion du pied impose ensuite une chaussureadapte, afin dviter des rosions des promi-nences osseuses.

    Lamputation du membre infrieur est lul-time choix en cas de ncrose extensive ou din-fection incontrlable, dischmie dpasse oudimpossibilit de revascularisation distale (4).Une amputation majeure nest pas anodine et estcaractrise par une mortalit opratoire de 7 10 % (4, 36). Dans 20 % des amputations sousle genou, la cicatrisation est retarde et ncessitedes soins secondaires. Dans 15 % des cas, lesamputations sous le genou seront ultrieurementconverties vers lamputation mi-cuisse. Lavenirfonctionnel du patient diabtique amput est fort

    compromis. Seulement 50 % des patients ampu-ts sous le genou rcuprent une marche auto-nome avec une prothse, 20 % ncessitent delaide et 30 % restent non ambulatoires (4, 12).Parfois, une amputation simpose malgr unerevascularisation correcte; un pontage distal per-mable, nanmoins associ une progression dela ncrose tissulaire (souvent infecte), sob-serve essentiellement chez le patient diabtiquedialys (26). Ce sous-groupe de patients secaractrise par un taux lev dchec de chirur-gie de sauvetage de membre et par une esp-rance de vie limite (moins de dix-huit mois).

    CONCLUSIONS

    Lapproche optimale du pied diabtique estmulti-disciplinaire (17, 23, 31). Un arrt royal de2004 a dfini la convention des Cliniques cura-tives du Pied Diabtique de troisime ligne.Lquipe comprend un diabtologue, un chirur-gien (vasculaire, plastique ou orthopdique), unpodologue, un infirmier et un orthsiste. Lacti-vit minimale est de 52 nouveaux cas la premireanne et de 26 nouveaux cas par an ensuite. Un telcentre de coordination de soins assure aussi bienla prvention que le traitement du pied diabtique.Plus tt un pied diabtique est pris en charge, plusgrande est sa chance de gurison. Le patient doitconsulter ds le moindre problme au niveau dupied (phlyctne, rougeur locale, rosion au centredune callosit plantaire). On peut esprerrduire de moiti le taux damputation de jambeen appliquant rigoureusement les rgles de pr-vention des complications dgnratives du pieddiabtique (2, 17, 18, 37). Tel est lobjectif de laDclaration de Saint Vincent (Copenhague, 1990)(36). Pour les patients diabtiques qui consultentrgulirement une Clinique de Pied Diabtique, letaux annuel damputation de jambe nest que de0,11 %. Les patients atteints de pied diabtiquequi ne sont pas suivis rgulirement sont exposs un risque vingt fois plus lev damputation (2% par an) (37). La valeur des Cliniques de PiedDiabtique est donc bien tablie; malheureuse-ment, le patient souffrant de pied diabtique y estsouvent adress trop tardivement (19). Le rle dumdecin gnraliste est donc crucial.

    Chaque pied diabtique tend la rcidive (10 20 % par an) (1, 2, 38). Une rsection de ttemtatarsienne ou dorteil modifie la statique dupied et prdispose des nouvelles rosions. Lesmesures prventives de chaussures adaptesavec semelles souples ont une importance quonne peut sous-estimer (21).

  • LE PIED DIABTIQUE

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    Les demandes de tirs part sont adresser au DrH. Van Damme, Hpital Universitaire de Lige, CHUdu Sart Tilman, 4000 Lige (Belgique)E mail : [email protected]