Pierre Termier

5/11/2018 Pierre Termier - slidepdf.com

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REMERCIEMENTS Nous remercions tout particulièrement pour leur aide financière, leur collaboration et leur prêt de documents :

Le conseil Général de l’Isère et la Mairie de Varces, La famille de Pierre Termier : Mmes Guéritte, Boudou; M. et Mme Villier L’académie Delphinale, M. le Professeur Debelmas, M. Raymond Joffre M. Michel Gaudel, M. Thierry Renavent, pour la bibliographie, Tous les bénévoles de l’association Richesse et Histoire du Patrimoine Varçois.

BIBLIOGRAPHIE Pierre Termier, A la gloire de la Terre , La Vocation de Savant , La Joie de Connaître André George , Pierre Termier Léon Bloy, Lettres à Pierre Termier In Memoriam, discours prononcés aux obsèques de Pierre Termier , Bulletins de l’Académie Delphinale: Raymond Joffre, Pierre Termier, Prophète du Passé, Jacques Debelmas, L’œuvre dauphinoise de trois pionniers de la géologie alpine : C. Lory, W. Killian, P. Termier

Le monument aux 3 géologues des Alpes Françaises (1938) Crédit photos : collections particulières, Patrimoine varçois, Internet

Ce document a été édité par l’association « Richesse et Histoire du Patrimoine Varçois », association loi 1901dont l’objet est la recherche historique et la défense du patrimoine. Il a été imprimé grâce à une subvention dela commune de Varces, et une subvention du Conseil Général attribuée dans le cadre du soutien aux InitiativesLocales. Réalisation du livret : Xavier Demagny

Vous pouvez adresser vos correspondances, demandes, adhésions, à :PATRIMOINE VARCOIS, Espace Charles-de-Gaulle, 38760 VARCES ALLIERES-ET-RISSET

17 septembre 2011

Journées Européennesdu Patrimoine

samedi

« Le géologue est l’hommequi prophétise le passé. »

Pierre Termier, lors de la clôture du Congrèsde la Fédération des Etudiants catholiquesde Bordeaux, le 2 février 1929

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SITE

LOCALISATION

Baladez-vous dans le village deVarces et retrouvez les différentslieux cités qui reviennent dansl’histoire de Pierre Termier.

1. La propriété Termier, privée ethabitée, accessible via l’allée desPlatanes, la rue Beylier ou encoredepuis le parc par le sentier indiquéen pointillés.

2. Le Parc Beylier etla propriété homo-nyme, qui abritait lafamille de sonépouse, Alice.

3. Le cimetière de Varces où il repose.



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P IERRE T ERMIER

Pierre Termier naît à Lyon, quartier de laCroix-Rousse, le 8 juillet 1859 dans unefamille profondément croyante. Dès son

jeune âge , il montre des dispositionsexceptionnelles pour les études : « à 5ans, je lisais des poètes », raconte-t-il. La

beauté de la nature s’étalant duhaut de Fourvière l’exal-

tait. Il écrira « la longuechaîne des Alpes d’un gris bleuâtre où les glaciers et les champs

de neige mettent deloin en loin destaches blanches... ».

PREMIÈRESENSIBILISATION

À LANATURE ET À LA BEAUTÉDE LATERRE

Brillant élève chez les Pères Maristes àSaint-Chamont (Loire) c’est au LycéeSainte-Geneviève à Paris qu’il prépara en1879 le concours d’entrée à Polytechni-que . Ici les mathématiques l’enchante-ront.

En vacances dans les Alpes, en août1879, Pierre Termier et deux amis firentl’ascension de la Croix de Belledonne,près de Grenoble. Un groupe d’étudiantsgéologues fort indisciplinés s’y trouvaientavec leur professeur qui n’obtenait de cecours en plein air qu’une attention rédui-te. Pierre Termier, lui, était transfiguré parles propos. Il avoua que c’était ici qu’étaitnée sa vocation de géologue.

Mais en redescendant le col de Belledon-ne se produisit l’accident qui faillit luifaire perdre l’usage d’une jambe. Soncousin Louis obtint qu’un chirurgienlyonnais soit dépêché d’urgence : « vousn’allez pas laissé mourir un Major dePolytechnique ! ». Les soins furent effica-ces, assortis malgré tout de longuessemaines de convalescence avant lareprise des cours à Polytechnique, dont ilsortira Major en 1880.

L’Ecole des Mines de Paris l’attire ensuitecar il pense qu’ici pourra s’exprimer sapassion de la géologie. Son diplômed’Ingénieur lui permet de servir l’industrieen pleine expansion. Sollicité par l’ensei-gnement, Pierre Termier est nommé à lachaire de Géologie et de Minéralogie del’Ecole des Mines de St-Etienne, postedans lequel il excelle.

Il avait compris que le rôle du professeur

n’est pas seulement d’instruire, maisplutôt de « faire aimer la Science, et lafaire progresser ». Il organise ses cours surle terrain qu’il considère comme « lavraie patrie, levrai laboratoiredu géologue »et recomman-de à sesélèves :

« exercez-vousà marcher,

courir, à ne jamais boire, àavoir chaud, àsupporter lesoleil pendant des heures et la pluie pen-dant des

journées ».

Extrait de « La vocation de savant »Pierre Termier, 1929

« Le géologue a constamment sous lesyeux la jeunesse du monde , il assiste à lacréation de la Lumière…il contemple la

jeunesse de la Terre. La voici cette Terrequi sort informe et nue des mains duCréateur, toute pareille à l’enfant qui naît.

Voici à sa surface les premiers linéamentsdes abîmes, la première ébauche descontinents et des rivages. Déjà parvient àl’oreille du géologue la lamentation, levagissement des mers nouvelles-nées :leurs eaux sont lourdes de sel, mais levent est si fort sur cette mer dépouilléequ’il agite , les eaux les plus pesantes, lescreuse, les dresse, les brise contre lacôte.

Et maintenant voici La Vie, indiciblement jeune, qui prend possession de la zoneextérieure du globe…. Oh la belle heuresolennelle, où sont apparus les premiersvivants ! … par quel phénomène naturel inconnu de nous et que nous ne com-

prenons pas ? Nous l’ignorons !

Mais désormais la Terre est porteuse deVie, elle est enveloppée d’une sphèrevivante, d’une BIOSPHERE, elle s’en vaainsi, dans le noir de l’espace , avec sonéquipage de vivants et le vêtement quelui fait peu à peu la poussière accumuléede ses morts.

Elle s’en va, et pendant qu’elle s’en va,sur Elle la vie se transforme , s’enrichit, secomplète. C’est un rajeunissement qui ne s’arrête pas, une jeunesse qui nes’arrête pas de recommencer. Dans lelong déroulement des âges, de nouveaux

groupes d’êtres à tout instant surgissent,faisant bien plus que combler les vides…la course en avant , la course vers un but

qu’il ne connaît pas ! et qui est l’avène-ment de son Maître. Qui est ce Maître ?c’est l’HOMME .

Et voici que l’HOMME apparaît , appari-tion toute aussi mystérieuse que lanaissance même de la Vie.

Alors avec un une émotion profonde …le géologue se penche sur la jeunesse del’HUMANITE. Les premières joies, le

Jardin de l’Eden, la nature respectueuseet soumise, puis la faute par laquelle leMAL est entré dans le monde, les pre-mières erreurs, les premiers labeurs, lesdouleurs, les larmes…

Ensuite la dispersion, l’éclosion desraces, et toujours la course en avant, laconquête de la Terre entière, malgré lesOcéans à traverser , les climats, on s’y adaptera. Des races déclinent et s’étei-

gnent mais en voici d’autres qui lesremplaceront et iront plus loin….

Telles sont les pensées d’un géologue ».

Son grand- père, Jean Gabriel Termier

Pierre Termier,Polytechnicien.

Larges Extraits de Pierre Termier, prophète du Passé, par Raymond Joffre,Bulletin de l’Académie Delphinale, mai 2006

Et Pierre Termier , par André George



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VARCES,L’ANCRAGE FAMILIAL

Le 6 août 1883, il épouse Alice, filled’Emile Beylier, entrepreneur de TravauxPublics à Grenoble. Dans la propriété quela famille Beylier possède à Varces, le

jeune couple revient chaque été, leurshuit enfants y retrouvant leurs cousinspour des jeux dans le parc, au bord de laSuze ou de l’étang du moulin.

En 1902 le couple Termier prend posses-sion de la grande villa qu’il a fait édifiertout près.

« …Sur le couchant, la montagne deVercors est là, toute proche, tranchéeverticalement comme par un gigantes-que couperet et laisse voir ses entrail-les, c’est -à-dire toutes les strates de sesformations géologiques dessous le Pic

St-Michel et le Col de l’Arc. PierreTermier, géologue, ne pouvait mieuxchoisir l’emplacement qui lui donnât la joie d’une permanente contempla-tion géologique. »

La maison a la simplicité de son maître.Le matin, par l’escalier large, vingt petits-enfants de toutes tailles, de tous âges,descendent. On dîne sur la terrasse auxbeaux soirs d’été « en écouter marcher les

étoiles ». Et dans le salon, devant leVercors, le grand-père lit pour ses filles,ses gendres, ses petits-enfants, de sa voix

jamais lassée, toujours évocatrice.

LA SYNTHESE DES ALPESPAR LE GEOLOGUE ALPINISTELe géologue mena tambour battant sacarrière de montagnard et d’alpinisteconfirmé. Il donnait cours à sa passiond’escalader les montagnes, à cette furiede poser le pied sur les rocs. L’Ingénieurdes Mines Pierre Termier eut à accomplirde nombreuses missions dans le monde(Etats-Unis, Maroc, Tunisie, Oural …).Chaque été il multipliait, en compagniede ses guides, les explorations de ses

chères Alpes afin d’en comprendre laformation.

En 1894 il réalise la Première ascensionde la Roche de Jabel (3602 m) dans lesEcrins, non pour accomplir un exploitmais pour étudier de plus près les énig-mes géologiques, rassembler ses observa-tions et en déduire des idées directionnel-les.

« nous sommes ici-bas pour aimer Dieu, nous dit la religion, Nous som-mes ici-bas pour tâcher de compren-dre et d’admirer, nous dit la Science,ces réponses n’en font qu’une. ».

L’HOMMAGEDES SCIENTIFIQUESC’est au retour d’un voyage d’études auMaroc début octobre 1930 que la mortdonna rendez-vous à Pierre Termier. Lamédecine d’alors fut impuissante à luttercontre la congestion pulmonaire dont ilétait atteint. Il s’éteignit le 23 octobre,entouré des siens, dans la paix du Dieu

qui guida toute sa vie.Ses funérailles furent célébrées dansl’église Saint-Joseph de Grenoble.Amis, pairs, disciples, savants fran-çais et étrangers, rendirent hommageà ce grand savant. Puis le cortège prit

le chemin de Varces.

Le soleil se fit plus fort que les nuages dumatin pour recueillir la dépouille dePierre Termier auprès des siens, en sasœur la Terre. « La chaîne alpine avec sescimes glacées et ses pitons chauves, sesvallées et ses lacs… nous apparût commeun mausolée à sa mesure ».

Pierre Termier fut un humble, il était justeque sa dalle de pierre fut sobre, dans lepetit cimetière d’un petit village de cheznous.

En famille, devant la maison de Varces

La propriété Termier Aquarelle : collection particulière

La dépouille de Pierre Termier

« Tous les palmiers de Tunisie ne valent pas le platane de Varces »

Lettre adressée à sa femme Alice,lors d’une mission en Tunisie.

« Varces est le pays de la famille nouvelle ; j’ai voulu donner à mes enfants une attache au sol de France, afin qu’ils ne fussent point commedes épaves que le vent disperse et qui ne peu-

vent plus se rejoindre »

« La maison de Pierre Termier s’élève dans lerecueillement quasi religieux, au pied de ladernière muraille à pic des monts de Lansdans le Vercors. Ici, dira bientôt Léon Bloy, lesdouces montagnes du Paradis terrestre sem-blent avoir laissé, en fuyant, quelque chose deleur ombre bienheureuse. »

Monument aux trois géologues des Alpes françaises,site de la Bastille (Grenoble)

Quelques citations de, ou au sujet de Pierre Termier...



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Avec les grands géolo-gues Marcel Bertrand,Albert Heim, EdouardSuess et Wilfrid Kil-lian, il participe à faireconnaître une nouvel-le science, « la Tecto-nique » et la théoriedes nappes de charria-ge, énigme des super-positions anormales

de couches géologiques. Grandes-Rousses, Pelvoux, Ecrins, Briançonnaissont ses terrains d’énigmes étudiéespendant 15 ans.

Sa publication « Les nappes orientales etla synthèse des Alpes » couronnera sestravaux et contribuera à accréditer l’hypo-thèque du « traîneau écraseur » laminantpar des forces gigantesques les couchessuperposées.

Le 30 juin 1930 , dans la séance solennel-le de la Sorbonne, en présence du Chef de l’Etat, de ministres et hommes detoutes nations, Pierre Termier développed’une voix pure, formidable, en largesondes poétiques, la Géologie. Tout lemonde est étreint par ces évocations sicomplexes mais si limpides.

PIERRE L’ÉCRIVAIN Pierre Termier prolongea son œuvrescientifique par une activité littéraireprolifique et talentueuse. Outre les étudespubliées inlassablement dans les bulletinsspécialisés, il édite, en 1922, « A la gloirede la Terre » réunissant quelques uns deses essais. Dans « La joie de connaî-tre » (1926), il glorifie la science en

montrant que connaître est l’une desraisons de notre vie. « La vocation desavant » (1929) est l’apologie et l’incita-tion à l’amour de la recherche dans unevision chrétienne. Conférencier talen-tueux il était sollicité pour animer lesCongrès, les Conférences d’étudiants, despécialistes. Car outre ses talents littérairesil possédait des talents d’orateur.

DOULEUR ET ESPERANCECarrière brillante, sans aucun échec, maisPierre Termier connaîtra toutes les dou-leurs d’un père de 8 enfants : la mort deson premier fils, le décès accidentel de

Joseph, 13 ans en 1906, puis la mort desa femme Alice après 19 ans d’une mala-die incurable. Par la suite, son gendre et

disciple, Jean Boussac, meurt à Verdun en1916, et Pierre son dernier fils en 1924 estemporté par une méningite. Son gendreHenri Artru, père lui aussi de 8 enfants,est arraché brutalement aux siens. Sapetite-fille Françoise, quant à elle, nevécut que quelques mois…

En 1906, sa rencontre avec Léon Bloy,écrivain catholique et pamphlétaire

féroce, révéla chez ces deux êtres dissem-blables une profonde amitié. L’abondanteet fidèle correspondance réciproque meten lumière la compassion matérielle etspirituelle de Pierre Termier pour cegrand chrétien révolté, l’encouragementde Léon Bloy pour que la science n’étouf-fe pas la nécessité d’une mystique profon-de chez le savant.

Pierre Termier va vers le village de Varceset son église, que de souvenirs disséminésun peu partout. Il passe devant la villa

Beylier où le jeune ingénieur des Minesrencontra sa fiancée Alice. Puis près de lapropriété du Docteur Termier (château duBouchage) le frère, le compagnon de savie. Le chemin rocailleux monte jusqu’àce dernier ressaut (Perpéro). La petiteéglise au clocher à deux étages et que latradition rattache aux Templiers,… Ce quiest unique ici c’est le jaillissement vers le

haut, ce lyrisme des Alpes.

Tous les matins Pierrevient révérer ses morts

dans le cimetière deVarces : les Termier deLyon, ses enfants mortstrop tôt, sa femme, …

Une petite chapelleauprès porte sur lefronton le verset de Jean « Qui credit in me etiam si mortuus fuerit vivet » (celui

qui croit en moi s’il meurt vivra) Cette foidans la vie future nourrit toute sa vieterrestre.

Toutes ces épreuves n’entament pas sa foien Dieu, ni sa soif de connaître encore ,d’aller plus loin : (…)

Pierre et sa femme Alice, gravement malade.

Marcel Bertrand

Congressistes avec Pierre Termier (à droite)

Son fils, Pierre

Le Roc Termier, massif du Briançonnais, 2898mPhoto : François Renard (franval.renard.free.fr)

« La montagne du Vercors est là toute proche et laisse voir ses entrailles, ses strates géologiques »

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