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1 THÈME 3 : LE FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE DEPUIS LE XIXE SIÈCLE CHAPITRE 1 : QU’EST-CE QUE LA MONNAIE ? Document 1 : « En 1969, Clower, dans Monetary theory introduction, expose les différents coûts engendrés par le troc dans une économie décentralisée. En prenant l’exemple d’une île divisée en deux sur laquelle deux groupes aux productions différentes coexistent, il recense les conditions nécessaires à l’échange : organisation de l’expédition, conservation des produits, recherche du partenaire, négociation… Ces différents coûts ne varient pas de la même manière. Les coûts de transport augmentent avec le nombre de déplacements, tandis que le coût lié à l’attente d’un règlement (la trésorerie en quelque sorte) s’accroît lorsque les expéditions sont peu nombreuses. Les agents procèdent alors à un arbitrage pour trouver la fréquence des expéditions qui minimise le troc. Cette économie peut être rationalisée si l’on procède à une centralisation des offres et des demandes (création de foires) et plus encore si l’on parvient à utiliser un même référent de paiement, qui évite des schémas d’échange complexes lorsqu’il n’y a pas double coïncidence des désirs. » F. JARNO, la Monnaie, réalité quotidienne, absence théorique ? Belin, 2003, p. 7 Document 2 : Dans les économies modernes, la monnaie au sens strict a deux formes : les billets de banque et les dépôts bancaires à vue. Si vous avez 100 euros sur un compte courant chez LCL, c’est un « dépôt » : quelqu’un, vous-même en remettant un chèque, votre employeur en virant votre salaire, votre propre banque vous consentant un prêt, les a en effet « déposés » sur votre compte. C’est un dépôt « à vue » car vous pouvez l’utiliser à tout instant en signant des chèques, en utilisant une carte de crédit ou en donnant des ordres de virement pour régler n’importe quel achat : c’est de la monnaie. En revanche, si vous avez 100 euros sur un compte à terme rémunéré, vous pouvez les retirer avant le terme prévu au prix d’une légère pénalité. Vous avez prêté 100 à la banque, vous lui avez donc acheté une créance, vous pouvez lui revendre, mais à un prix inférieur. Ce n’est pas de la monnaie au sens strict, même si c’est un actif financier très « liquide », c’est-à-dire facile à transformer en monnaie. Les systèmes bancaires contemporains sont des systèmes hiérarchisés à deux niveaux : la banque centrale et les banques de second rang, dites commerciales. On peut donc distinguer trois formes monétaires : les billets, les dépôts à vue dans la banque centrale, les dépôts à vue dans les banques commerciales. Puisque c’est la banque centrale qui émet les billets, les deux premières formes de la monnaie constituent de la « monnaie centrale », émise par la banque centrale. La dernière forme, les dépôts à vue, c’est de la monnaie « privée », émise (…) par les banques commerciales. P. N. Giraud, Principes d’économie, La Découverte, 2016. Document 3 : les moyens de paiement en France depuis 1991.

plan thème 3...J'étudiais en particulier la notion de dzó équivalente à celle de mana, qui est celle du pouvoir, des substances, de l'action magiques chez les Ewhé. Et, parmi

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    THÈME 3 : LE FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE DEPUIS LE XIXE SIÈCLE CHAPITRE 1 : QU’EST-CE QUE LA MONNAIE ? Document 1 : « En 1969, Clower, dans Monetary theory introduction, expose les différents coûts engendrés par le troc dans une économie décentralisée. En prenant l’exemple d’une île divisée en deux sur laquelle deux groupes aux productions différentes coexistent, il recense les conditions nécessaires à l’échange : organisation de l’expédition, conservation des produits, recherche du partenaire, négociation… Ces différents coûts ne varient pas de la même manière. Les coûts de transport augmentent avec le nombre de déplacements, tandis que le coût lié à l’attente d’un règlement (la trésorerie en quelque sorte) s’accroît lorsque les expéditions sont peu nombreuses. Les agents procèdent alors à un arbitrage pour trouver la fréquence des expéditions qui minimise le troc. Cette économie peut être rationalisée si l’on procède à une centralisation des offres et des demandes (création de foires) et plus encore si l’on parvient à utiliser un même référent de paiement, qui évite des schémas d’échange complexes lorsqu’il n’y a pas double coïncidence des désirs. » F. JARNO, la Monnaie, réalité quotidienne, absence théorique ? Belin, 2003, p. 7 Document 2 : Dans les économies modernes, la monnaie au sens strict a deux formes : les billets de banque et les dépôts bancaires à vue. Si vous avez 100 euros sur un compte courant chez LCL, c’est un « dépôt » : quelqu’un, vous-même en remettant un chèque, votre employeur en virant votre salaire, votre propre banque vous consentant un prêt, les a en effet « déposés » sur votre compte. C’est un dépôt « à vue » car vous pouvez l’utiliser à tout instant en signant des chèques, en utilisant une carte de crédit ou en donnant des ordres de virement pour régler n’importe quel achat : c’est de la monnaie. En revanche, si vous avez 100 euros sur un compte à terme rémunéré, vous pouvez les retirer avant le terme prévu au prix d’une légère pénalité. Vous avez prêté 100 à la banque, vous lui avez donc acheté une créance, vous pouvez lui revendre, mais à un prix inférieur. Ce n’est pas de la monnaie au sens strict, même si c’est un actif financier très « liquide », c’est-à-dire facile à transformer en monnaie. Les systèmes bancaires contemporains sont des systèmes hiérarchisés à deux niveaux : la banque centrale et les banques de second rang, dites commerciales. On peut donc distinguer trois formes monétaires : les billets, les dépôts à vue dans la banque centrale, les dépôts à vue dans les banques commerciales. Puisque c’est la banque centrale qui émet les billets, les deux premières formes de la monnaie constituent de la « monnaie centrale », émise par la banque centrale. La dernière forme, les dépôts à vue, c’est de la monnaie « privée », émise (…) par les banques commerciales. P. N. Giraud, Principes d’économie, La Découverte, 2016. Document 3 : les moyens de paiement en France depuis 1991.

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    1991 1998 2002 2006 2010 Part des chèques dans les transactions (%)

    56.6 45.3 32.9 25.6 18.2

    Paiements par chèque (M)

    3812 3897 3642 3101 2453

    Paiements par carte bancaire (M)

    1328 2165 3472 4422 5548

    1. Étalon de valeur ? 2. Coffre-fort ? 3. Intermédiaire et pacificateur des échanges, la monnaie est d’abord un rapport social

    Document 4 : En premier lieu, il est bien entendu que nous parlons ici de la notion de monnaie. La monnaie n'est nullement un fait matériel et physique, c'est essentiellement un fait social ; sa valeur est celle de sa force d'achat, et la mesure de la confiance qu'on a en elle. Et c'est de l'origine d'une notion, d'une institution, d'une foi, que nous parlons. En second lieu il ne s'agit pas de montrer une origine, c'est-à-dire un commencement absolu, une naissance pour ainsi dire ex nihilo. Contrairement à l'idée reçue, vous verrez en effet qu'il n'est pas certain qu'il y ait eu, parmi les sociétés que nous connaissons ou que nous nous représentons par hypothèse, aucune qui fût complètement démunie de notions au moins analogues à celle que nous désignons pratiquement maintenant sous le nom de monnaie. Nous ne cherchons donc pas ici comment est survenue tout d'un coup dans l'humanité une idée de monnaie qui lui aurait été d'abord étrangère. Nous cherchons sous quelle forme la plus primitive, la plus simple, la plus élémentaire pour mieux dire, on peut se figurer que s'est présentée, dans les sociétés les plus basses que nous connaissions, la notion de monnaie. (…) Je travaillais, il y a environ quatre ans, sur les beaux documents que les missionnaires allemands au Togo ont publiés sur les langues et les nations ewhé de ces régions. (…) C'est en lisant les documents ewhé, en maniant les textes traduits de M. Spieth et le dictionnaire de M. Westermann que les hasards de quelques remarques m'ont fourni l'hypothèse que je vais vous présenter. J'étudiais en particulier la notion de dzó équivalente à celle de mana, qui est celle du pouvoir, des substances, de l'action magiques chez les Ewhé. Et, parmi les dérivés du radical dzó, je trouvai dans le dictionnaire de Westermann, le mot dzonú (Zauberding), chose magique. « Toute sorte de perle, ou de chose en forme de perle, etc. » C'était un des noms des cauris d'ailleurs si utilisés dans la magie et la religion des nations nègres en général. Autour de ce fait, d'autres faits cristallisèrent très vite et qui formèrent une sorte de système. En voici quelques-uns qui se rapprochent comme d'eux-mêmes. La notion de mana en Mélanésie, est directement reliée à la notion de monnaie. Aux Iles Banks et à Santa-Cruz, on appelle rongo (sacré rougé), la monnaie de coquillage qui ailleurs porte le nom de diwarra. Un autre exemplaire de la notion de pouvoir magico-religieux, c'est la notion de manitou (plus exactement manido) chez les Algonquins. Or le P. Thavenet dit textuellement que les perles des trafiquants étaient pour les Algonquins (sauteux probablement) les écailles d'un poisson manitou. Ailleurs la notion de monnaie est alliée à la notion plus précise de sacré. En Nouvelle-Guinée, comme dans l'archipel Bismark la monnaie, gardée dans les maisons des hommes, porte le titre de tambu. Il y a sur ce point un ancien travail de Schurtz. Ailleurs elle est plus nettement en rapport avec la notion de talisman. C'est le cas en particulier dans les tribus du nord-ouest américain, et en particulier chez les Kwakiutl, où le nom de logwa talisman, être et objet surnaturel en particulier, était le vrai nom des paraphernalia des clans, couvertures et cuivres blasonnés, véritable monnaie utilisée au cours des potlatch, de la série des échanges de clan à clan. Or le sens primitif du mot Iògwa se rattache à une racine lògu, que M. Boas traduit par pouvoir surnaturel. En tous ces cas le caractère religieux et magique de la monnaie était fort accusé et dans nombre de populations la notion de monnaie se rattachait nommément expressément à celle de pouvoir magique. M. Mauss, les Origines de la notion de monnaie, 1914 Document 5 : « Peu à peu nos ancêtres ont appris à retourner la violence contre les choses. (…)Le jour où les hommes comprirent que le plus simple était de s’entendre sur un bien qui ne servirait qu’à l’échange rituel (autrement dit qui ne servirait à rien d’utile) ils avaient inventé la monnaie. Ce n’est pas pour rien que les premières monnaies sont des biens qui ne servent pas à satisfaire des besoins physiologiques (l’or, les coquilles, les animaux des sacrifices). Bientôt les monarques facilitèrent la création de la monnaie. Ils

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    s’arrogèrent le droit de la créer, en y apposant leur effigie. Ils donnaient ainsi à ceux qui possédaient de la monnaie l’impression qu’ils s’appropriaient un peu de leur personne, de leurs pouvoirs, de leurs droits à ne pas respecter les tabous, la monnaie devenant un moyen de rêver que l’on était le chef. On allait produire pour se procurer de la monnaie, inventer le travail, de nouvelles techniques, produire pour produire, soumettre des hommes, créer des contraintes économiques. L’aventure économique commençait. J. M. ALBERTINI, Des sous et des hommes, Seuil, 1985, p.19

    4. Instrument de souveraineté Document 5 : le dollar et l’euro, deux expressions de la souveraineté politique.

    CHAPITRE 2 : LES MÉCANISMES MONÉTAIRES ET LES THÉORIES ESSENTIELLES

    1 Les acteurs de la création monétaire 1.1 L’Etat crée la monnaie centrale via la banque centrale. 1.2 Les banques commerciales créent de la monnaie bancaire.

    Document 6 : Pierre et Paul n’ont pas la même banque. Paul remet à Pierre un chèque de 100 euros sur sa banque A. Pierre endosse ce chèque et le dépose à sa propre banque, B, qui crédite son compte courant de 100 euros. Chaque soir, toutes les banques se retrouvent dans le cadre d’un organisme de compensation. Le compte de tous les chèques détenus par une banque sur toutes les autres est fait, et on effectue la compensation : les chèques de B détenus par A sont échangés contre les chèques de B détenus par A, euro pour euro. Reste généralement un solde. Supposons que ce solde soit que, après compensation, B détienne toujours le chèque de 100 euros émis par Paul et le présente à A. A pourrait proposer à B de le payer dans sa propre monnaie : A ouvrirait un compte à vue à B, où B déposerait ce chèque. (…) Mais cela ne présente aucun intérêt pour B, car ce dépôt à vue n’est pas rémunéré. B exige que le chèque soit crédité sur son compte de dépôt, c’est-à-dire ses réserves à la banque centrale. La banque A débite de 100 euros le compte de Paul et demande à la banque centrale de virer 100 euros de monnaie centrale de son compte à celui de la banque B ; elle « rachète » ainsi le chèque de Paul à la banque B et le paie en monnaie centrale. P. N. Giraud, Principes d’économie, La Découverte, 2016.

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    2. Les crédits font les dépôts 3. Multiplicateur et diviseur de crédit

    Document 7 : multiplicateur et diviseur de crédit Alain Beitone, Problèmes économiques, p. 81, hors-série de février 2015

    4. Taux d’intérêt et taux de change dans des régimes de changes fixes ou flexibles, propres à

    un système monétaire. Document 8 :

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    Régime de changes

    Nom des manipulations monétaires

    Parités ou pas

    Rôle de la banque centrale

    atouts Limites

    Fixes Dévaluation/réévaluation Une parité est fixée initialement par rapport à l’or ou à une monnaie étalon. Les nouvelles parités sont décidées à une date donnée (parité jamais totalement fixe : +/-1% à Bretton Woods en 1944, +/-2.25% en 1973 pour le SME

    -marché libre : La BC doit intervenir sur le marché des changes dès que le taux de change s'éloigne de la parité établie, par l'achat de la monnaie nationale si la monnaie tend à se déprécier sur le marché des changes, par sa vente dans le cas contraire. -contrôle des changes : monnaie inconvertible, parité défendue arbitrairement. La banque centrale peut choisir de permettre la conversion monétaire à des fins commerciales, ou pour les IDE (cas de la Chine) mais l’interdire pour les investissements de portefeuille (ainsi les capitaux en devises nationales peinent à sortir du territoire)

    Faible variation de change (pas de « risque de change ») facilité réduit les coûts de transaction des opérations commerciales et des investissements. Se rattacher à une monnaie forte permet aussi de dessiner un projet de longue durée pour sa politique monétaire (se rattacher à une monnaie forte d’un pays qui a peu d’inflation, c’est montrer que sa priorité est la lutte contre l’inflation

    Il faut pouvoir défendre sa monnaie, avoir des réserves de devises suffisantes pour résister à des spéculateurs (ex : réserve de changes chinoises) L’opération a un coût et tout le monde ne peut pas le subir : si l’Etat est contraint de vendre ses réserves par des spéculateurs, il peut être poussé à dévaluer. S’obliger à détenir des réserves implique de réinvestir des recettes d’exportation dans des investissements peu rentables. Se constituer des réserves implique aussi d’émettre des obligations avec une rentabilité plus forte que celle que l’on obtient en achetant soi-même des obligations, comme des bons du Trésor américains On s’interdit de baisser les taux d’intérêt pour stimuler la demande intérieure en cas de récession. On a plus de mal aussi à

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    monétiser sa dette publique car le creusement de la dette impose une prime de risque aux investisseurs donc une augmentation des taux d’intérêt.

    Flottants, flexibles

    Dépréciation/appréciation Pas de parité officielle ; les fluctuations sont libres et dépendent de l’offre et de la demande sur le marché des changes// existence d’un risque de change d’où naissance de marchés dérivés pour s’en prémunir (swaps)

    La banque centrale utilise ses réserves de change (actifs en monnaie étrangère) : elle achète des actifs étrangers en monnaie étrangère ; la demande en monnaie étrangère augmente, la demande en monnaie domestique diminue, la monnaie domestique se déprécie.

    Absorber plus facilement les chocs extérieurs/intérieurs Plus de souplesse en terme de politique monétaire, macro-économique (le TI permet de stimuler ou de freiner l’économie sans se soucier de la défense de sa parité) Souvent une meilleure allocation des capitaux à des fins productives. Par exemple, s’il devient plus rentable d’investir dans des entreprises mexicaines, les investisseurs étrangers achèteront davantage de pesos, ce qui consolidera cette monnaie. Les importations du pays augmenteront, puisqu’elles seront désormais moins chères, et les exportations baisseront, étant devenues plus onéreuses. Par contre, si les entreprises deviennent moins rentables, les investisseurs vendront des pesos et iront ailleurs, et le cours du peso reculera

    « Risque de change » réel : plus d’instabilité et des surréactions en fonction des anticipations des agents (d’où les problèmes d’asymétrie informationnelle, des comportements moutonniers par ex dans le cas d’une modification des taux de la Fed) La sous-évaluation de sa monnaie creuse sa dette, libellée en monnaie internationale, et peut générer de l’inflation La surévaluation de sa monnaie renchérit des exportations payées en monnaie internationale, ce qui dégrade sa compétitivité.

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    5. Inflation et déflation 5.1 Définitions… 5.2 Historique

    5.2.1 Avant 1945, alternance d’inflation et de déflation, la seconde étant consécutive à la première

    5.2.2 Depuis 1945, l’inflation ne génère plus de phases de déflation mais provoque la désinflation

    5.3 Les sources de l’inflation 5.3.1 L’inflation par les coûts suite à un choc d’offre 5.3.2 Inflation liée à l’augmentation de la demande globale

    5.4 Les effets de l’inflation 5.5 Trappe à liquidité et déflation

    Document 9 : Keynes introduit dans son modèle de base le phénomène de trappe à liquidité et sa conséquence possible, la déflation. …) Quand un krach financier, par exemple, engendre une récession et que donc la croissance est négative, loin de son potentiel, l’inflation nulle et les anticipations pessimistes, la banque centrale baisse les taux. Cependant, parce que les projets d’investissement sont en berne et que l’inflation est quasi nulle, il n’y a aucun coût à conserver de la monnaie pour « voir venir », au contraire. Toute nouvelle injection de monnaie est ainsi thésaurisée, c’est-à-dire replacée dans des banques à des taux très faibles, qui elles-mêmes le replacent à la banque centrale même si celle-ci impose des taux négatifs. C’est la trappe à liquidité : la politique monétaire est impuissante. Une fois que le taux d’intérêt à court terme est à zéro, si les prix se mettent à baisser, le cercle vicieux de la déflation se déclenche : il devient intéressant de conserver de la monnaie, dont le rendement devient positif, et de reporter à plus tard les dépenses d’investissement et même de consommation, ce qui entretient la récession et la baisse des prix. Pourtant, en tant que baisse des prix, la déflation peut sembler d’abord favorable aux ménages, car, si les salaires ne sont pas réduits, leur pouvoir d’achat augmente. Quant aux entreprises elles produisent davantage pour satisfaire une demande croissante ; à court terme, en tout cas. Cependant, quand les prix baissent durablement, les acteurs anticipent que les prix continueront de baisser, diffèrent leurs achats et thésaurisent leur monnaie. De ce fait la demande est réduite et les prix baissent effectivement (…). La déflation alimente donc la déflation par anticipation. Les entreprises vendent moins, baissent leur prix, et leurs marges diminuent. Elles sont contraintes de geler les salaires, n’embauchent plus, voire licencient. Les ménages et les entreprises, dont les revenus diminuent, et qui ont des prêts à rembourser, conservent pourtant des échéances de remboursement identiques et voient leur taux d’endettement augmenter. Ils ont donc de plus en plus de mal à rembourser leurs prêts et à nouveau consomment et investissent moins. Ce qui est vrai des particuliers l’est aussi pour l’Etat : le poids de sa dette augmente tandis que ses recettes diminuent, car les entreprises (dont les bénéfices chutent) paient moins d’impôt sur les sociétés, et les ménages (dont les revenus baissent et qui consomment moins) paient moins de TVA et moins d’impôt sur le revenu. L’Etat investit donc moins, notamment dans les infrastructures publiques, ce qui se répercute sur les entreprises, qui produisent moins, embauchent moins, etc… Toute l’économie se trouve emportée dans une spirale déflationniste. Quand la politique monétaire est impuissante en raison de la trappe à liquidité et que les taux sont presque nuls, la seule solution est d’agir directement sur la demande. C’est l’objet de la politique budgétaire qui soit donne des liquidités aux ménages, soit distribue des aides aux entreprises, soit encore investit dans le secteur public. C’est le choix qu’a fait Roosevelt en 1933, avec la politique du New Deal, pour sortir l’économie américaine de la grande dépression. Cependant, cette solution creuse la dette des Etats. On le constate dans la lutte du gouvernement japonais contre la crise déflationniste qui affecte le pays depuis 1999. Contraint d’innover, il a mis en œuvre le premier assouplissement quantitatif (quantitative easing) de l’histoire récente : la banque centrale du Japon a racheté les obligations d’Etat aux investisseurs, afin de les rassurer et ainsi permettre au gouvernement, fortement endetté, de continuer d’emprunter à des taux d’intérêt bas sur les marchés financiers intérieurs en yens. En raison de la désinflation puis de la l’inflation négative qui s’est manifestée en Europe en 2014, la BCE a elle aussi décidé d’un assouplissement quantitatif en janvier 2015. P.N. Giraud, Principes d’économie, La découverte, 2016.

    6. Neutralité ou activité de la monnaie : quelle place pour les anticipations des agents ?

    6.1 L’économie parfaitement neutre des classiques à la nouvelle école classique 6.1.1 Chez les classiques et les néoclassiques

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    Document 10 : la théorie classique de la neutralité, Say et Hume « Il est bon de remarquer qu’un produit terminé offre, dès cet instant, un débouché à d’autres produits pour tout le montant de sa valeur. En effet, lorsque le dernier producteur a terminé un produit, son plus grand désir est de le vendre, pour que la valeur de ce produit ne chôme pas entre ses mains. Mais il n’est pas moins empressé de se défaire de l’argent que lui procure sa vente, pour que la valeur de l’argent ne chôme pas non plus. Or, on ne peut se défaire de son argent qu’en demandant à acheter un produit quelconque. On voit donc que le fait seul de la formation d’un produit ouvre, dès l’instant même, un débouché à d’autres produits. » J. B. Say, Traité d’économie politique « Supposons que les quatre cinquièmes de toute la circulation qui existe dans la Grande-Bretagne soient anéantis en une nuit et que la nation anglaise soit ramenée au même état, eu égard au numéraire, que sous les Henry et les Edouard, quelle serait la conséquence de cet événement ? Les prix du travail et des marchandises ne devraient-ils pas baisser en proportion et toutes choses être vendues aussi bon marché qu’à ces époques ? Supposons encore que toute la circulation de la Grande-Bretagne soit quintuplée en une nuit, l’effet contraire ne devrait-il pas se produire ? Le travail et les marchandises ne devraient-ils pas monter à un taux si exorbitant qu’il serait impossible à aucune des nations voisines de nous rien acheter, tandis que d’autre part, leurs marchandises deviendraient comparativement si bon marché qu’en dépit de toutes les législations imaginables elles nous envahiraient ? David Hume, De la balance commerciale, 1752. Document 11 : L’équation de Fischer (1911) « le niveau des prix ne dépend que de trois sortes de causes 1°)la quantité de monnaie en circulation 2° « son degré d’activité » c’est-à-dire la rapidité de la circulation (soit le nombre moyen de fois que la monnaie est échangée, dans une année, contre des biens) 3°)le volume global des transactions (soit le montant des biens achetés avec la monnaie). La théorie dite « théorie quantitative » d’après laquelle les prix varient proportionnellement avec la quantité de monnaie, a souvent été mal formulée, mais elle est correcte en ce sens que le niveau des prix varie en raison directe de la quantité de monnaie en circulation, à la condition que demeurent invariables la rapidité de sa circulation et le volume global des transactions auxquelles cette monnaie doit suffire » I. Fischer, Le pouvoir d’achat de la monnaie M X V = P X T M = qté de monnaie en circulation P = prix moyen V = nb de fois qu’une unité monétaire est utilisée dans une année T = montant des transactions faites en une année (env. production) moins les stocks V et T relevant de l’éco réelle, ils ne sont pas impactés par les fluctuations de M.

    6.1.2 La neutralité selon les nouveaux économistes classiques 6.1.3 La nécessaire neutralisation de la monnaie chez Böhm Bawerk et Hayek

    Document 12 : Böhm Bawerck et la théorie du détour de production « Ou bien il va lui-même chaque fois à la source pour boire au creux de sa main. C'est le moyen le plus direct et le plus immédiat. Mais il est incommode car il suppose à chaque fois un trajet. Et aussi insuffisant, car le procédé ne fournit qu'une faible quantité d'eau et ne permet pas de la conserver .Ou bien notre homme fabrique un seau dans lequel il porte en une seule fois une plus grande quantité d'eau, qui peut être conservée en vue de multiples usages. Mais pour arriver à ce résultat, il a fallu constituer un moyen "détourné" : se procurer une cognée, abattre un arbre dans la forêt pour se procurer du bois, tailler le bois et fabriquer un seau etc... Tout cela retarde objectivement la satisfaction. En revanche, dès que le dispositif prévu par le détour peut être activé, le "retour sur investissement" (l'argent et/ou le temps que l'on a dépensés) est concret et appréciable.

    6.1.4 Le refus de la dichotomie : la monnaie est active 6.1.5 Le monétarisme de Milton Friedman

    Document 13 : Pour Milton Friedman, en effet, la création monétaire relève des décisions ou d’un contrôle des gouvernements. Soumis à de permanentes pressions des différents agents ou du système bancaire, l’Etat doit dépenser davantage sans pour autant augmenter la pression fiscale, ou valider les créances privées (escompte des effets commerciaux…), afin de soutenir l’activité économique ou d’aider telle ou telle catégorie sociale. La création monétaire permet ainsi de créer un « impôt d’inflation », les recettes de l’Etat augmentant dans la

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    mesure où les tranches d’impôt sur le revenu ne s’ajustent pas mécaniquement à l’inflation et où les bilans des entreprises ne sont pas réévalués. Dans le même temps, la dette de l’Etat se trouve allégée. Ainsi, conclut cet auteur, « le gouvernement doit donc partout être rendu responsable de l’inflation » (Friedman, 1975). Pour contenir l’inflation, il conviendrait alors de contenir l’expansion monétaire à un taux constant et modéré, qui aurait de plus pour effet de stabiliser les anticipations inflationnistes et de faire tendre le système vers un équilibre stable sur tous les marchés. Ce rythme de croissance monétaire devrait être le même que celui de la croissance de la production réelle observée dans le long terme, et assurerait un développement économique non inflationniste. S’il en est autrement, en effet, c’est-à-dire si la création monétaire est « excessive », les agents qui désirent détenir une encaisse monétaire, déterminée par son pouvoir d’achat (…) convertiront une partie de leur encaisse en demande de biens, afin de conserver la même structure leur patrimoine. Cet « effet d’encaisse réelle » provoquera un « excès de la demande » qui entraînera une hausse des prix. Celle-ci peut entraîner, selon Milton Friedman, une relance ponctuelle de l’activité, mais à court terme seulement, car l’inflation réduira bien vite le pouvoir d’achat des revenus et de la monnaie. Cela découragera tout nouveau développement de l’activité, les agents s’apercevant de la vanité de leurs efforts. P. BEZBAKH, Inflation et désinflation, Découverte repères, pp. 30-31, 2011

    6.1.6 Les théories de la monnaie endogène

    Document 14 : l’analyse de Wicksell: « Wicksell distingue deux formes d’économie, proches du troc, dans lesquelles l’absence de crédit bancaire justifie l’analyse dichotomique: une « économie d’encaisse » avec des paiements effectués au comptant et des prêts réalisés en nature et une « économie de crédit simple » avec des prêts directes des épargnants aux investisseurs, sans intervention de banque. Dans les deux cas la quantité de monnaie en circulation peut être facilement contrôlée avec un taux d’intérêt fonction de l’offre d’épargne et de la demande d’investissement. En revanche, Wicksell se sépare des quantitativistes lorsqu’il introduit les crédits dans son analyse. Le crédit rend instable la vitesse de circulation de la monnaie . Le taux d’intérêt (monétaire) demandé par les banques conduit à un équilibre instable à long terme car il est différent du taux jugé « normal » (taux naturel) par les entrepreneurs, mesuré par la productivité marginale de l’investissement que le crédit permet de financer. (…) Le taux monétaire est effectif et fixé librement par les banques alors que le taux naturel est anticipé, propre à chaque entreprise et fonction de variables réelles. Le coût du capita emprunté n’a, ainsi, aucune raison d’être égal au taux de rendement attendu de l’investissement. Supposons que le taux monétaire soit inférieur au taux naturel. Il s’ensuit un ajustement dont le processus est le suivant: -le taux faible de rémunération de l’épargne diminue les placements des ménages au profit de leur consommation. -les entreprises voient leur résultat s’améliorer car leur chiffre d’affaires s’accroît plus vite que leurs coûts. Elles investissent davantage, d’où une hausse des prix des biens de production. Il leur faut donc emprunter plus, d’où la hausse du taux d’intérêt. -tous les revenus augmentent, entraînant des dépenses supplémentaires et une hausse généralisée des prix, d’autant plus que l’offre de biens de production s’élève au détriment de l’offre de biens de consommation. (…) Pour Wicksell, la hausse des prix provient d’un déséquilibre, croissant de période en période, entre l’investissement et l’épargne. L’analyse dichotomique n’est valable que dans le cas particulier où le taux monétaire est égal au rendement anticipé réel marginal et permet la concordance des besoins de financement et d’épargne. P. J. LEHMANN, La politique monétaire, institutions, instruments et mécanismes, Lavoisier 2011

    7. La monnaie comme bien public local, national et mondial

    CHAPITRE 3 : LES MUTATIONS DU PAYSAGE BANCAIRE DEPUIS LE XIXE SIÈCLE (P. 221-247)

    1 L’évolution du rôle des banques centrales : des banques nationales devenues garantes de la gestion des crises mondialisées ?

    1.1 Histoire des banques centrales : des banques nationales aux banques mondiales

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    1.1.1 Le rôle clef de la Première Guerre dans l’internationalisation des banques centrales. 1.1.2 1920-1945 : naissance de « l’international central banking » (Norman Montaigu)

    1.1.3 La désintégration de Bretton Woods après 1968 consacre cette internationalisation : 1.1.4 Cette internationalisation des banques centrales pose 4 problèmes :

    1.2 Le rôle des banques centrales depuis la crise de 2007

    1.2.1 La gestion des conditions monétaires : 1.2.2 Le degré d’assouplissement quantitatif : l’extension de la taille du bilan des banques

    centrales. Document 15 : les bilans des grandes banques centrales après la crise. 2008 2013 Fed 5% du PIB Bilan X 4 – réserves X45

    (10% PIB) BCE 13% du PIB Bilan X 2 –réserves X 5 (6%

    PIB) Banque d’Angleterre 5% du PIB Bilan X 5 –réserves X 15 (16%

    du PIB) Banque du Japon 20% du PIB 27% PIB Objectif principal Fed Revenir à un taux de chômage

    cible de 6.5% BCE Stabilité monétaire Banque d’Angleterre Emploi et croissance Banque du Japon Sortir de la déflation et

    atteindre un taux d’inflation de 2%

    1.2.3 le degré d’assouplissement du crédit, assouplissement qualitatif (type et maturité des actifs acquis par les banques centrales)

    1.2.4 Changements de communication avec le marché : la forward guidance ou le façonnage des anticipations.

    Conclusion : les banques centrales dans les pays émergents suivent-elles la même logique et les mêmes objectifs ?

    2. Les banques de dépôt et d’affaires : de la « haute banque » à l’essaimage des banques

    commerciales 2.1 Le modèle de la « haute banque parisienne » (Nicolas Stoskopf, Alain Plessis) 2.2 Les fonctions des banques

    Document 16 : l’effet de levier

    Document 17 : dettes des administrations publiques en % du PIB (source OCDE)

    Pays ▾ ▾ 2009 ▾ 2010 ▾ 2011 ▾ 2012 ▾ 2013 ▾ 2014 ▾ 2015

    Allemagne 75.3 84.5 83.9 86.6 81.6 82.0 77.8

    Australie 43.0 46.3 50.4 62.7 58.6 64.3 68.4

    Canada 102.1 103.8 106.8 109.9 105.4 107.2

    Danemark 49.3 53.4 60.1 60.6 56.7 59.0 53.1

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    Pays ▾ ▾ 2009 ▾ 2010 ▾ 2011 ▾ 2012 ▾ 2013 ▾ 2014 ▾ 2015

    États-Unis 106.5 116.9 122.5 125.6 124.7 124.2 125.8

    France 93.2 96.8 100.7 110.4 111.0 120.4 121.0

    Grèce 135.0 127.1 109.2 164.5 178.8 179.0 181.2

    Irlande 67.7 84.1 109.7 129.2 132.7 122.9 91.5

    Italie 126.0 124.9 117.9 136.2 143.7 156.0 157.6

    Japon 207.3 210.5 226.3 235.3 239.8 246.6

    Mexique 44.3 40.8 46.4 49.7 49.2 44.9

    Royaume-Uni 77.0 89.1 103.3 107.0 102.8 113.3 111.9

    Turquie 54.3 52.5 47.8 46.4 39.7 39.0 37.7

    Document 18 : Dettes du secteur privé, en % du PIB (source : OCDE)

    Temps 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Pays Canada 186,84 193,05 209,80 218,90 232,98 231,30 232,98 238,24 239,80 243,99 257,84 République tchèque 124,06 124,45 127,06 124,78 135,63 138,61 142,60 140,76 148,31 144,44 136,05 Danemark 225,90 257,39 264,06 274,89 286,64 282,02 284,17 280,38 274,01 268,37 257,12 France 187,88 195,47 200,36 204,98 214,73 216,81 221,43 218,87 217,46 225,51 228,93 Allemagne 164,74 162,51 160,35 160,81 165,69 157,83 152,53 153,67 153,78 149,69 149,75 Grèce 98,86 104,55 114,46 126,06 129,93 141,02 144,46 147,43 144,87 142,45 139,94 Islande .. .. .. .. .. .. .. .. .. 380,35 323,51 Irlande i 233,20 254,24 257,05 316,72 356,19 357,62 369,93 381,90 368,50 400,99 421,94 Italie 153,65 163,48 168,99 172,16 180,38 184,25 186,69 185,24 183,08 179,07 176,47 Japon 236,00 240,34 234,81 230,01 245,01 238,65 241,90 235,96 239,76 243,08 .. Corée .. .. .. 237,39 247,04 240,33 244,38 247,19 249,78 253,50 255,78 Mexique .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. Pologne 82,03 87,09 95,60 107,36 107,80 112,34 115,97 113,22 116,98 120,15 122,51 Portugal 263,79 266,70 278,78 293,89 303,14 301,51 298,71 315,40 303,17 293,10 275,29 Espagne 236,62 263,49 274,52 268,34 266,07 268,33 261,93 251,88 240,77 229,74 215,66 Suède 213,58 216,43 233,19 258,50 274,89 261,98 265,55 267,34 268,64 270,13 269,81 Suisse 190,72 188,03 192,25 191,42 207,72 209,51 217,86 227,01 208,45 208,79 211,00 Turquie .. .. .. .. 112,79 107,42 106,76 112,49 127,47 177,08 192,12 Royaume-Uni 219,51 220,00 224,43 241,34 237,88 226,66 238,36 236,77 221,87 238,34 229,50 États-Unis 198,39 204,39 212,02 212,40 213,28 204,56 199,30 197,33 196,12 198,37 198,49 Document 19 : qui détient la dette grecque ?

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    3.. Diversité et évolution des structures bancaires et des services offerts par les banques 3.1 Le cas des banques françaises depuis le XIXe siècle

    Document 20 : Étude de C. Omnès sur le Crédit Lyonnais (2003)

    3.2 Le cas des banques allemandes depuis le XIXe siècle

    3.2.1. Les années glorieuses : 1880-1913. Document 21 : Les catégorie de banques allemandes entre 1880 et 1913

    1880 1900 1913 Banques mixtes par action

    10 17.2 24

    Maisons privée 18.5 8.6 4.4 Caisses d’épargne 20.5 23.3 25.9 Coopératives de crédit

    4.4 4.2 6.8

    Banques d’émission 11.6 6.3 4.4 Autres (banques hypothécaires et assurances)

    34.9 40.3 34.3

    Document 22 : Total des prêts et avances des banques par actions en GB et en Allemagne, 1880-1912 (en milliards) Moyenne Grande-Bretagne Allemagne 18801882 3140 1109 1890-1892 4640 1780 1910-1912 7890 9345

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    Document 23 : Portefeuille titres de grandes banques mixtes allemandes, en % du bilan, de 1884 à 1913 1884 1900 1909 1913 Deutsche Bank 12 14 5.9 13.2 Disconto G. 16 25 7.3 16.6 BHI 25 28 11.4 10.9 BHG - - 17.2 19.1

    Document 24 : Part des 6 grandes banques mixtes allemandes dans le volume global des émissions de titres industriels en Allemagne

    Volume global des titres industriels émis (en milliards)

    Part des 6 grandes banques dans le volume global (en %)

    1900 475 62 1902 324 79 1904 333 70 1906 572 84

    Document 25 : Autofinancement de 3 grandes firmes allemandes avant-guerre (en milliards et %)

    Amortissements et profits non distribués (MM)

    Actions (MM) Obligations (MM)

    Taux d’autofinancement (%)

    Bochumer Verein

    49.8 21 12.5 50

    Harpen 157.7 77.5 45 49 Phoenix 137.8 90 39 44

    Document 26 : Nombre d’augmentations de capital d’entreprises parmi les 15 premières entreprises allemandes entre 1880 et 1913

    Nombre d’augmentations de capital AEG 12 Harpen 12 Hibernia 7 Krupp 1 Siemens 4

    3.2.2 L’impact de la Première Guerre, de la spirale inflationniste qui s’ensuit, et des désordres politiques des années 1920 sur les banques allemandes.

    Document 27 : Avances des grandes banques allemandes, 1913-1924, en milliards de marks de 1913

    1913 1er janvier 1924 Fin 1924 Deutsche Bank 640 183 389 Disconto 391 75 280 Dresdner Bank 625 83 312 BHI 439 96 291

    Document 28 : Ressources propres des grandes banques mixtes, 1913-1929, chiffres en milliards de marks 1913

    1913 1925 1929 BHG 145 22.7 24.5 BHI-Danat 192 84 68.4 Deutsche Bank 313 168 254 Disconto G. 281 113 Fusion avec Deutsche

    Bank Dresdner Bank 261 84 76.4 Nationalbank für Deuschland

    106

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    Schaaftheusenscher 170 Absorbé par Disconto G. en 1914

    Total 1468 471 423

    4. Les débats sur la régulation bancaire depuis le XIXe siècle : du débat entre banking et currency school et de la doctrine Germain à Bâle III

    4.1 La doctrine Germain, ou la séparation des banques de dépôts et d’affaires.

    Document 29 : la « règle Germain » : « Les entreprises industrielles, même les mieux conçues, même les plus sagement administrées, comportent des risques que nous considérons comme incompatibles avec la sécurité indispensable dans les emplois de fonds d'une banque de dépôt », Henri Germain, Rapport d'activité annuel du Crédit lyonnais, 1901.

    4.2 La loi bancaire du 2 décembre 1945

    Document 30 : "Ce cloisonnement des activités, fondé par la loi sur le principe de la durée des opérations réalisées par chaque catégorie de banque, est, au départ, un moyen pour l'Etat de contrôler l'activité de crédit et, ainsi, de réguler (...) l'orientation de l'épargne, (...) plus encore dans ce contexte de besoins importants en investissements", Jean-Marie Thiveaud, dans la Revue d'économie financière. Document 31 : "Pour moi, il y avait les banques de dépôt, et il y avait les banques d'affaires qui, elles, doivent travailler essentiellement avec leur capital, ou avec (...) les ressources de gens qui disposent de ce que l'on appellerait aujourd'hui les capitaux à risque, c'est-à-dire des gens qui n'ont pas les mêmes réflexes que les déposants", René Pleven, ministre des Finances en décembre 1945, dans un entretien à l'historienne Claire Andrieu.

    4.3 Quelles solutions dès lors que le cloisonnement bancaire handicape le financement de l'économie ?

    Document 32 : la banque universelle.

    4.4 L’entrée dans l’ère de la titrisation massive Document 33 : bilans comparés de trois banques prenant sur les marchés financiers des risques différents.

  • 15

    Document 34 : la taille prise par ces banques est à l’origine également d’un questionnement de fond Problèmes économiques, J. Couppey-Soubeyran, HS février 2015, p.94 sq

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    CHAPITRE 4 : LE SYSTÈME FINANCIER ET SON ÉVOLUTION DEPUIS LE XIXE SIÈCLE (P.221-247)

    1 Structuration, concentration et recomposition du marché boursier depuis le XIXe siècle

    1.1 Fonctions et fonctionnement

    Document 35 : le CAC 40 sur le temps long

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    1.2 Dysfonctionnements possibles…

    Document 36 : les placements financiers, des concours de beauté ? « Ou encore, pour varier légèrement la métaphore, la technique du placement peut être comparée à ces concours organisés par les journaux où les participants ont à choisir les six plus jolis visages parmi une centaine de photographies, le prix étant attribué à celui dont les préférences s’approchent le plus de la sélection moyenne opérée par l’ensemble des concurrents. Chaque concurrent doit donc choisir non les visages qu’il juge lui-même les plus jolis, mais ceux qu’il estime les plus propres à obtenir le suffrage des autres concurrents, lesquels examinent tous le problème sous le même angle. Il ne s’agit pas pour chacun de choisir les visages qui, autant qu’il en peut juger, sont réellement les plus jolis ni même ceux que l’opinion moyenne considérera réellement comme tels. Au troisième degré où nous sommes déjà rendus, on emploie ses facultés à découvrir

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    l’idée que l’opinion moyenne se fera à l’avance de son propre jugement. Et il y a des personnes, croyons-nous, qui vont jusqu’au quatrième ou au cinquième degré ou plus loin encore. » J.-M. Keynes dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936) .

    Document 37 : les marchés financiers, myopes ou presbytes ? « Regardons l’ensemble des entreprises cotées en bourse en 2004 aux Etats-Unis (…) soit un peu plus de 6000 entreprises. Un tiers d’entre elles font cette année-là des pertes. On peut alors se demander si le marché pénalise ces entreprises non profitables, qui présentent à leurs actionnaires des rendements sur capital négatifs. Si elle s’applique à quiconque, c’est bien sur elles que devrait peser la fameuse dictature des 15% de rendements sur fonds propres, les obligeant à vendre leurs bijoux de famille, licencier massivement, bref, à renoncer à leurs ambitions de long terme. Or il n’en est rien. Pour l’établir, calculons le Market to book ratio de ces entreprises déficitaires, c’est-à-dire le rapport de la valeur de marché de l’entreprise (ce qu’il faut payer pour en racheter toutes les actions et la dette, et donc la posséder entièrement) et de sa valeur comptable (la valeur des machines, brevets et stock au prix où elle les a achetés). Si une entreprise est punie par la bourse, son « market to book ratio » devrait être peu élevé. Au contraire, les « chouchous » du marché sont les entreprises qui ont un market to book ratio élevé; (…) le market to book ratio des entreprises faisant des profits négatifs est très significativement plus élevé que celui des entreprises profitables (de 50% pour être précis): c’est donc, à rebours de la théorie du court termisme, pour les entreprises à profits négatifs que la Bourse semble montrer le plus de sympathie. D. Thesmar et A. Landier dans Le Grand Méchant marché, décryptage d’un fantasme français Champ Flammarion, 2006. »

    2. Une distinction obsolète entre banques et marchés : l’économie financiarisée.

    Document 38 : la définition des « marchés fnanciers » L’ambiguïté de l’expression « marchés financiers » tient largement à la distance entre le concept et la réalité historique et vécue. En théorie, les marchés financiers incluent l’ensemble des moyens par lesquels des instruments financiers (des créances en première approximation) sont échangés librement, que ce soit entre un prêteur et un emprunteur (le marché primaire) ou des détenteurs de ces créances (marché secondaire). Ces échanges peuvent prendre des formes concrètes très variées, dans lesquelles le rôle central peut être joué par des banques, par d’autres institutions financières privées, voire des institutions non financières. Pourtant, lorsqu’on parle de marchés financiers, on pense en premier lieu à des organisations spécifiques, les « bourses de valeur » . Ce sont (…) ces bourses qui constituent aujourd’hui le cœur des marchés financiers. P. C. HAUTCOEUR, Marchés financiers et développement économique, une approche historique. Regards croisés sur l’économie, La Découverte, n°3, 2008 Document 39 : Grands exportateurs de capitaux en 1913 (% total mondial) Royaume-Uni France Allemagne Belgique Pays-Bas Etats-Unis 43 20 13 12 12 7 Document 40 : Indice des valeurs françaises à revenu variable (1870-1938, base 100 1913, puis 1949-1988, base 100 1949). Source : O. Wieviorka (dir.), La France en chiffres, Perrin 2015

    1870 1875 1886 1890 1913 1915 1917 1919 1929 1936 70 74 67.5 82 100 79 104.5 123 507 380

    1949 1950 1958 1962 1968 1973 1977 1980 1982 1984 1986 1987 1988 100 90 350 720.6 492.9 739.5 518.3 916 806.6 1445.8 3080.4 3351.2 2899.6 Document 41 : l’essor des IDE, reflet de la globalisation financière

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    Document 42 : capitalisation boursière mondiale rapportée au PIB et au commerce international

    Source : Natixis (BNP)

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    Valeur trimestrielle totale du commerce extérieur des pays du G7 (milliards de dollars)

    3. Les financements alternatifs et collaboratifs : des monnaies locales au micro-crédit, de la tontine au e-banking.

    3.1 La micro-finance « Notre conclusion sera plus nuancée : la microfinance a permis à un grand nombre de femmes pauvres d’accéder enfin au crédit. Certaines d’entre elles avaient déjà le talent et les idées pour se lancer dans une activité : un prêt de

    microcrédit sur six conduit à la création d’une nouvelle activité. Ces prêts aident d’autres ménages à épargner ou à

    amortir les aléas de la vie sans avoir besoin de recourir aux usuriers de village. (…) Le credo du microcrédit, qui

    voit un entrepreneur dans chaque pauvre, ne correspond pas nécessairement à la réalité ». E. Duflo, la Politique de l’autonomie, (II) Seuil, 2010 3.2 Les monnaies régionales : Document 43 : Ingénieur de formation, Gérard Poujade, maire du Séquestre (Tarn), une commune de 1600 habitants, va mettre en place une monnaie locale qui permettra aux citoyens de participer au développement durable de leur région, en consommant local, quel que soit le produit. Il a répondu à vos questions.

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    Christine. Quand et comment vous est venue l’idée de mettre en place une monnaie locale ? Avez-vous rencontré des difficultés ? Lesquelles ? Gérard Poujade. Cela fait déjà deux ou trois ans, inspiré par des expériences qui ont eu lieu en Suisse avec le franc Wir, en Belgique avec l’euro Res, et puis des expériences en France avec des monnaies de type solidaire, comme le Sol. Et également, avec des monnaies à vocation commerciales, comme le Miles. Ce sont ces inspirations qui ont servi à imaginer une monnaie Mipys qui aurait une dimension régionale. Frédéric. Que dit la loi ? Chaque maire, pourrait-il, comme vous mettre en place sa monnaie ? G. P. Dans l’absolu, oui, mais tout est histoire de nantissement, qui consiste à mettre en réserve autant d’euros que d’équivalent d’euros en circulation. Mais ce n’est pas propre à un maire ; un organisme privé, une association peut le faire. Lucie. Qui fond votre monnaie ? Se compose-t-elle de billets ? A-t-elle une équivalence avec l’euro ? G. P. Notre monnaie n'est pas encore en circulation, elle le sera en 2014, et sera uniquement numérique. Antoine. Un habitant de votre commune pourra-t-il solliciter un prêt ? Pour quel sorte d’achat ? G. P. Oui, les prêts serviront à financer la rénovation énergétique. Cela passera par les banques traditionnelles qui seront partenaires du projet. Aurélie. Qui dit monnaie, dit banque ? Quelles structures prendra en charge votre monnaie ? G. P. Ce seront les banques partenaires du projet. Benet. Quelle est la part dans le PNB de votre village de votre monnaie ? G. P. Cette monnaie ne se résume pas à un village ou une commune, mais à une région entière : la région Midi-Pyrénées. Supernes. Y aura-t-il une part de TVA lorsque j’utiliserai cette monnaie pour acheter un produit ? G. P. Oui. Toutes les incidences fiscales et sociales seront respectées. Hélène. Pourquoi encore une nouvelle monnaie plutôt que d’augmenter le champ d’action, et donc la diffusion des Sols violette [monnaie éthique sur Toulouse et son agglomération, ndlr]? G. P. Parce qu’elles n’ont pas la même fonctionnalité, ni même le même mode de fonctionnement. En particulier sur les prêts à taux zéro pour la rénovation énergétique, et les critères d’acception des entreprises qui souhaitent participer à la monnaie régionale. Denis. Depuis combien de temps cette expérience fonctionne-t-elle ? Comment est-elle perçue par les usagers ? G. P. Aujourd’hui, ce n’est qu’un projet. A ce jour, l’ouvrage sert d’outil de vulgarisation, et l’ensemble des entreprises ou des réseaux consulaires, syndicats professionnels, structures coopératives et associatives ont été très favorables et très réceptifs à ce projet. Bertrand. Savez-vous quel est l’impact d’une monnaie locale sur l’économie ? G. P. On en a une idée. Tout l’objet du projet, c'est son impact sur la création d’emplois, et celui-ci est lié au taux de rotation de la monnaie. Plus une monnaie tourne rapidement, plus elle a vocation à générer de l’activité, donc de l’emploi. Tout l’objet des Mipys serait de créer une monnaie «fondante», c’est-à-dire que les frais de gestion du compte diminuent au fur et à mesure qu'on utilise la monnaie. Plus on utilise la monnaie, moins les frais de gestion sont élevés. Une monnaie en Mipys qui tournerait plus rapidement que l’euro, générerait un produit intérieur brut supplémentaire, donc des emplois supplémentaires. C’est l’objet principal de ce projet. Cette monnaie est-elle convertible à tout moment en euros ? G. P. Oui, auprès des organismes qui seront partenaires. Par exemple, quelqu’un qui viendra avec 100 Mipys, recevra 95 euros. Libération, 17 avril 2013

    3.3 L’avenir du e-banking