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7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide http://slidepdf.com/reader/full/platon-81-parmenide 1/198 I M COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE publiée sous le patronage de r ASSOCIATION GUILLAUME BVDÉ PLATON OEUVRES COMPLÈTES TOME VIII !'•• PARTIE P A R M É N I D E TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT PAB AUGLSTE DIÈS Professeur aux Facultés catholiques de l'Ouest. PARIS SOCIÉTÉ D'ÉDITION « LES BELLES LETTRES » 10"], BOULEVARD SAINT-GERMAIN 1933 Tous droits rt'servc«.

Platon, 8.1 Parmenide

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I M

COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE

publiée sous le patronage de rASSOCIATION GUILLAUME BVDÉ

PLATONOEUVRES COMPLÈTES

TOME VIII — !'•• PARTIE

P A R M É N I D E

TEXTE ÉTABLI ET TRADUITPAB

AUGLSTE DIÈSProfesseur aux Facultés catholiques de l'Ouest.

PARISSOCIÉTÉ D'ÉDITION « LES BELLES LETTRES »

10"], BOULEVARD SAINT-GERMAIN

1933

Tous droits rt'servc«.

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l / { M

Conformément aux statuts de l'Association Guillaume

Budé, ce volume a été soumis à l'approbation de la

commission techhique, qui a chargé MM. Albert Rivaud

et Louis Lemarchand d'en faire la revision et d'en sur-

veiller la correction en collaboration avec M. AugusteDiès,

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2^1

I9Z0 ..

NOTICE GENERALESUR LES DIALOGUES MÉTAPHYSIQUES

Dans le présent volume sont édités et traduits le Parmé-nide, le Théétète, le Sophiste ;

un volume suivant contiendra

le Politique et le Philèbe. C'est dans ce dernier volume quenous pourrons étudier plus en détail les rapports du

Politique et du Philèbe avec le Parménide, le Théétète et le

Sophiste. Mais Parménide, Théétète, Sophiste, Politique for-

ment un groupe si net par eux-mêmes et leur sort a été,

d'ordinaire, tellement lié dans les classements que la criti-

que a cherché à établir entre les dialogues, qu'il n'est point

inutile de raconter brièvement leur histoire commune dans

la littérature platonicienne, avant de justifier l'ordre dans

lequel ils se succèdent ici et d'étudier leurs relations

mutuelles. Chemin faisant, de fréquents appels au Philèbe

seront nécessaires. Ainsi nous ne perdrons jamais de vue

l'ensemble des cinq dialogues, encore que notre but le plus

direct soit, présentement, de nous faire une idée un peu claire

du groupe formé par le Parménide, le Théétète et le Sophiste.

LES DIALOGUES MÉTAPHYSIQUES ET LA CRITIQUEPLATONICIENNE

La division en trilogies établie par Aris-Les classements .1 j o / ^ o \

tophane de Bvzance (vers 207-100)antiques.

*•

. / .

forme la seconde trilogie du Sophiste,

du Politique et du Cratyle, et met, dans la quatrième, le

Théétète avant VEuthyphron et VApologie. Quinze dialogues

533735

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j j j j

VI NOTICE GÉNÉRALE

/ I

seulement entraient dans ce classement. Le Parménide et le

Philèbe faisaient donc partie des dialogues qu'iVristophane

laissait en dehors de tout ordre, à l'état sporadique. La

division en neuf tétralogies établie au temps de César et de

Tibère par Derkylidas, puis Thrasylle, faisait sa seconde

tétralogie de Craiyle, Théétèie, Sophiste, Politique, et com-

mençait la troisième par le Parménide et le Philèbe ^ Les

néoplatoniciens ont urjc préférence très déclarée pour le

Parménide, naturellement, mais aussi pour le Sophiste et le

Philèbe;le Théétèie est souvent cité par eux pour appuver

les interprétations qu'ils donnent de ces dialogues.

Le nom de Campbell pourrait servir à

Les classements r , • j ' • jséparer leur succession en deux périodes

modernes.,/

, , ^, ,, -nbien tranchées. Cest, d ailleurs, une

division logique : dans la première période, on essaie d'or-

donner les

dialogues d'aprèsdes critères

principalementdoc-

trinaux;dans la seconde, on les classe d'après des critères

stylistiques. Or les problèmes que soulevaient les dialogues

métaphysiques ont été l'occasion la plus déterminante de ce

changement de méthode.

Dans la première période, les deux phases marquantes du

traitement appliqué aux dialogues métapliysiques sont : la

phase mégarique, la phase des athétèses.

PourSchleiermacher (i8o4), l'ordre cherché dans la succes-

sion des dialogues était un ordre pédagogique. Platon a son

système fait d'avance, mais ne l'expose que progressivement :

exposition élémentaire, puis exposition indirecte par discus-

sion, enfin exposition objective. Le Parménide est écrit avant

ou immédiatement après la mort de Socrate. Le Théétèie, le

Sophiste ei le Politique, placés naturellement dans la seconde

période, précèdent le Banquet, écrit vers 385. Le Philèbe ter-

mine cette période.

C'est Tennemann (1792-1795) qui lança le premier l'idée

I. Sur les origines de cette division tétralogique , cf. H. AlHne.

Histoire du texte de Platon, p. 1 13 ei suiv.

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NOTICE GENERALE vu

d'une période mégarique de la philosophie platonicienne : le

Théétète dut être écrit au temps où, d'après le témoignage de

Diogène Laerce (II, 106), Platon était réfugié à Mégare auprès

d'Euclide. Schleiermacher datait de celte

périodele Par-

niénide seulement. Ast (18 16) étendit à huit années ce séjour à

Mégare, y rattacha le Théétèteyle Sophiste, et reconnut, dans

le Politique, écrit peut-être après ce séjour à Mégare, une

influence mégarique certaine. Stallbaum (i83i el suiv.),

H, Ritter (1829-1854), Hermann (1889) admirent l'existence

de la période mégariquecomme démontrée. Hermann, contrai-

rement à Schleiermacher, ordonna les dialogues d'après unprogrès doctrinal : groupe socratique, groupe dialectique ou

mégarique, groupe constructifou de maturité. Dans le groupe

dialectique ou mégarique se rangent successivement : Cratyle,

Théétètej Sophiste, Politique, Parménide. Le Pliilèbe est à peu

près au milieu du groupe constructif, qui conimence par le

Plièdre et finit par Timée, Critias et Lois. Celte division a

longtemps servi de base aux manuels ^ Zeller (depuis i844)

est moins curieux du développement historique que de l'ar-

chitecture du système. Plus de période mégarique. Mais

Théétète, Sophiste, Politique, Parménide, Philèhe servent, soit

à fonder méthodiquement, soit à défendre dialectiquementle

système, exposé déjà dans Phèdre, Ménon, Gorgias, et qui sera

continué dans Banquet, Phédon, Philèhe, République, Timée,

Critias et Lois.

Zeller était très occupé à défendre l'authenticité des dialogues

dits dialectiques. Socher (1820) avait rejeté Sophiste, Politi-

que et Parménide, qu'il attribuait à l'école mégarique ;Suckow

(i855) acceptait Parménide, Philèhe, Théétète, Sophiste,

mais rejetaitle Politique. Enfin Ueberweg (1861) cherchait

à déterminer et rauthcnlicité et la

chronologiedes dia-

logues d'après le témoignage d'xAristote et d'après la parenté

des doctrines exposées dans chaque dialogue avec la forme

I . L'histoire de la philosophie grecque de Schwegler, traduite en grec

moderne dès 18G7, et qui (ut l'initiatrice de bien des étudiants entre

i85q et 1880, expose l'évolution du platonisme d'aprè-s ce système

de Hermann.

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VIII NOTICE GÉNÉRALE

de doctrine platonicienne connue par Aristole. Il commençadonc par rejeter le Parménide et ranger le Sophiste et le Poli-

tique, avec le Philèbe, dans la phase tardive représentée par le

Timée elles Lois. Puis, en 1869, il rejeta, en plus du Parmé-nide, le Sophiste et le Politique : les rapports des idées et des

choses sensibles y étaient discutés;or Platon, d'après Aristote,

n'a, pas plus que les Pythagoriciens, « essayé de déterminer

ce qu'est la participation ou l'imitation en vertu de laquelle

les multiples sont synonymes des Formes » ÇMét. 987 b loet

suiv.). Avec ces mêmes témoignages d'Aristote, Schaarschmidt

(1866) ne conserva en tout que neuf dialogues. Des cinq

dialogues dont nous nous occupons, le Théétète seul était

regardé comme platonicien. Chez nous, C. Huit, de 1873,

où il s'attaqua au Parménide, à 1898, où, dans ses deux

volumes sur « la vie et l'œuvre de Platon », il rassembla

ses travaux de détail contre Sophiste, Politique, Parménide,

répéta

et

développa

les

principaux

motifs « d'àthétèse » : con-

traste avec les préoccupations et les enseignements des autres

dialogues, sécheresse toute didactique dustyle, traces vrai-

semblables et presque manifestes de l'enseignement péripa-

téticien.

La seconde période de cette histoire des dialogues métaphy-

siques au xix" siècle commence avec l'édition du Sophiste et

du Politique publiée par Lewis Campbell en 1867 '. Campbellabordait ces dialogues après une édition commentée du

Théétète publiée en 1 86 1 . C'est dire que ses études précé-

dentes avaient eu pour centre le groupe formé par les dialo-

gues métaphysiques ;mais l'édition du Théétète montrait déjà,

et les introductions aussi bien que les commentaires au

Sophiste et au Politique révèlent plus clairement encore une

critique à large horizon, toujours orientée vers l'intelligence

du platonisme comme un tout et nourrie par une étude com-

parative, très profonde et très fine, de tous les dialogues de

Platon.

I. The Sophistes and Politicus oj Plalo, with a reoised texl and

english notes. Oxford, Clarendon Press, 9 -+- xc + 192, lix -|- 191

pages in-8.

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NOTICE GÉNÉRALE ,x

L*inlroduction au Sophiste et la communication à la

société philologique d'Oxford en juin 1890 montrent que

Campbell avait été vraiment frappé par les objections de Socher

et Schaarschmidt. Les réponses de W. Th. Thompson, bien

que souvent très justes, lui avaient paru ne pas atteindre au

cœur même de la question, Thompson avait montré que le

Sophiste et le Politique présentaient les caractéristiques géné-

rales du style platonicien. Mais leur originalité demeurait

indéniable au milieu même de ces caractéristiques générales.

Les objections de Socher et Schaarschmidt devaient avoir

leurs racines en un problème plus profond qu'on ne croyait*.

Or des objections analogues avaient été opposées à l'au-

thenticité des Lois, pourtant bien garantie par l'autorité

d'Aristote, qui nous atteste en même temps que les Lois sont

le dernier ouvrage, ou même l'ouvrage posthume de Platon.

L'authenticité des autres dialogues serait rendue plus pro-

bable si l'on découvraitque

leursparticularités

étaient

parentes de ce dialogue bien « authentiqué »;les différences

de forme et de matière qui créaient un contraste si fort entre

les Lois et la République seraient rendues plus intelligibles

par la découverte d'un groupe de dialogues formant, entre

Lois et République, intervalle et transition. Ainsi l'on aurait

fait un pas vers la solution du problème posé par Scldeier-

macher et non résolu par lui ni par ses successeurs:

l'ordre

chronologique des dialogues. Il fallait donc établir quels

éléments de style et de composition aussi bien que de doctrine

étaient, en même temps qu'absents des autres dialogues,

communs au Sophiste et au Politique avec le Timée, le

Critias et les Lois. C'était, comme dit plus tard Campbell,« une méthode des variations concomitantes ». Le résultat

de ce travail fut d'établir qu'entre la République et les Lois se

plaçait une période de grande activité philosophique, remplie,

au point de vue littéraire, par les dialogues Sophiste, Poli^

tique, Philèbe, Timée, Critias. Notons que, forcé d'envisager

I . Cette communication est éditée dans les pages 46-66 du second

volume du Commentaire de la République par B. Jowett et L. Camp-bell (3 vol., Oxford, 1894).

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X NOTICE GÉNÉRALE

les différences doctrinales dont se renforçaient les objections

de Socber et Schaarschmidt, Campbell n'avait pourtant

voulu se servir, pour établir la place cbronologique et la

constitution de ce groupe, que des particularités de langue.

Ces particularités caractéristiques étaient : i) la minutie

extrême des distinctions verbales, amenant à forger de nou-

veaux composés et nouveaux dérivés, à employer de vieux

mots avec des nuances de sens nouvelles. . . 3) un souci affecté de

varier les modes d'expression d'une même idée. . . 3) une pléni-

tude de vocabulaire

empruntée

tant au

langage

écrit

qu'au

lan-

gage parlé et enrichie par l'usage de vocables archaïques... 4)

l'usage fréquent et familier d'un vocabulaire physique et mathé-

matique aussi bien que moral... 5) la tendance à fixer dans le

langage certaines des généralisations les plus importantes de la

philosophie. Ce vocabulaire technique est souvent très proche

de la terminologie d'Aristote, dont certains éléments y sont

puisés. Prise comme un ensemble, cette languese

révélait,

pn définitive, langue platonicienne, avec exagération de cer-

taines particularités, les plus frappantes étant la fréquente

création de mots techniques et l'usage préféré de mots appar-

tenant au vocabulaire spécial de la tragédie. La structure et

le rythme de la phrase montraient des particularités ana-

logues : phrase plus travaillée en même temps que plus irré-

gulière ; dans la conversation, moins de spontanéité, mais unparler à la fois redondant et compliqué comme à plaisir ;

un

rythme plus laborieux, moins varié, obtenu par l'emploi per-

pétuel des cadences tragiques et « dithyrambiques »,mani-

festant une préférence continue pour les phrases bien

balancées et les mots a dont on a plein la bouche ^».

En Allemagne, les philologues continuaient d'étudier le

style de Platon sans aucune visée chronologique. Mais, en

1874, Blass, de la seule rareté de l'hiatus, infère que

I. L. Campbell, The Sophistes and Politicus, Inlrod Générale

(xLv pages, voir surtout p. xxx et suiv.).—

Jowett-Campbell, Repu-

6/tc, II. Excursus, spécialement pages 5o-6i. Je me suis tenu le plus

près possible du texte même de Campbell. Le « mouth-filling

words » est de lui, Introd. gén.,p.

xl.

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NOTICE GÉNÉRALE xi

Sophiste, Politique, Philèbe, Timée, Critias, Lois, sont les

derniers ouvrages de Platon. Il ne connaît pas Campbell.

L'élan général est donné par Dittenberger, qui, dans un

arlicle de VHermès (ibSi, p. 32i-3/|5), étudie « les critères

stylistiques pour la chronologie ». Ignorarjt ses prédéces-

seurs, il s'attache surtout aux particules de liaison et fixe lui

aussi les six derniers dialogues. A un premier groupe quetermine le Théétète, fait suite le dernier groupe, où les Lois

sont précédées de Parménide, Philèbe, Sophiste, Politique.

G. Ritter, dans ses Untersuchungen ûber Plato (Stuttgart,

1888), étudie les formules de réponse dans tous les dialogues

même apocryphes et jusque dans les Lettres. En 1896, en

même temps que von Arnim étudiait, dans ses Questions chro-

nologiques sur les dialogues de Platon, les affirmations et

interrogations affirmatives, Campbell, qui avait, en 1890,

donné sa communication à la Société Philologique d'Oxford,

montrait la parenté du Parménide avec le dernier groupe ^

En 1895, W. Lutoslawski avait commencé à révéler, dans des

articles de revues (ylrc/iiy /. Gesch. d. Philos, et Bulletin de

VAcadémie des Sciences de Cracouie) les travaux de Campbell,

restés, jusqu'alors, totalement inconnus du continent. Sa com-

munication à l'iVcadémie des Sciences Morales et Politiques

en 1896, enfin son volume sur «l'origine et le développement

dela

logique platonicienne»en 1897 montrèrent

lerésultat

concordant de ces travaux de Campbell avec une multitude

de travaux indépendants. Il en extrayait cinq cents particu-

larités de style et les classait de manière à établir des grou-

pements, dont la composition était déterminable avec d'autant

plus de rigueur qu'on approchait davantage du dernier

groupe constitué par Sophiste, Politique, Philèbe, Timée,

Critias el Lois^. Il joignait à cette synthèse des affirmations

très ambitieuses sur l'évolution doctrinale, qui, bien quesouvent répétitions ou exagérations des idées de Campbell,étaient plus discutables que les résultats stylistiques. Nous

1. On the place of the Parmenides (Classical Review, avril 1896,

X, p. 129-136).2. Origin and Growlh of Plato's Logic. Londres, 1897.

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XII NOTICE GÉNÉRALE

n'avons pas à faire l'histoire de ces débats généraux, soit sur la

chronologie d'ensemble des dialogues, soit sur l'évolution ou

les révolutions doctrinales duplatonisme*.Les travaux qui se sont succédé depuis 1897 ont laissé

intacte la série: Sophiste, Politique, Philèbe, Timée, Critias,

et Lois. Saul P. Natorp, qui, en 1908, place le Thèétète

comme dixième dialogue entre le Phèdre et le Phédon, la

seule divergence entre les critiques (Th. Gomperz, 1902;

Raeder, 1908; G. Ritter, 1909-1 5) porte sur la place respective

duThéétète ou du Parménide au commencement de cette série.Sur l'interprétation doctrinale des dialogues Parménide,

Thèétète, Sophiste, Politique, Philèbe, les discussions ont été

vives et l'accord n'est point établi. Le Parménide et le Thèétète

marquent-ils l'abandon de la théorie des Formes pour une

théorie nouvelle de la science qu'exposeraient le Sophiste,

le Politique et le Philèbe, et qui serait plus proche des idées

kantiennes que du prétendu platonisme orthodoxe ? Cettethèse a été assez vite abandonnée, au moins dans la formule

outrée qu'en donnait Lutoslawski. Mais les problèmes restent

nombreux. Notre tâche est seulement d'en indiquer les prin-

cipaux au cours de nos notices, et de fournir au lecteur un texte

aussi sûr que possible et une traduction fidèle pour qu'il puisse

juger par lui-même.

Il

LES RELATIONS ENTRE PARMÉmOE, THÉÈTÉTE, SOPHISTEET POLITIQUE.

L'ordre dans lequel Platon a voulu que^'l

^. nous lisions ces

dialogues

est indu-

bitable. Le Thèétète contient une allu-

sion directe au Parménide. Socrate

y dit, en effet (i83 e) : « Je me suis rencontré avec Par-

chronologiguedans le groupe.

I. Le lecteur français trouvera cette histoire très clairement

exposée dans J. Chevalier, La Notion du Nécessaire chez Aristote et ses

prédécesseurs (Paris, Alcan, 19 15). Appendice I, Chronologie de Pla-

ton,p. 191-222.

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NOTICE GENERALE xiii

niénide quand j'étais bien jeune et lui bien vieux : il m'ap-

parut alors avoir des profondeurs absolument sublimes. »

C'est le rappel textuel des conditions de la rencontre entre

Parménide et Socrate, telle que la narre le prologue duParménide (127 b/c), et l'allusion est même assez claire, ici

comme dans la phrase suivante du Théétète, à l'abstruse argu-

mentation qui fait la grosse partie du Parménide. Comme cette

rencontre est une fiction littéraire, l'allusion du Théétète est

allusion à un dialogue et non à un fait réel de la vie de

Socrate. Le Théétète, qui rappelle ainsi le Parménide, se ter-

mine par un rendez-vous donné par Socrate, pour le lende-

main, à Théodore et 'Théétète. Or, dans le Sophiste, Théodore

et Théétète viennent, « fidèles au rendez-vous », amenant avec

eux l'étranger éléate. A celui-ci, on propose comme thème la

définition du sophiste, du politique et du philosophe. Il

commence par celle du sophiste, qui occupe tout le dialogue.

Le Politique continue la conversation commencée dans ce

dialogue et donne la définition du politique. Au cours de

cet exposé, se rencontre cette formule: « de même que, dans

le Sophiste, nous avons, de vive force, démontré que le non-

être est » (284 b), formule où la précédente conversation est

rappelée 5sinon absolument comme dialogue écrit, à tout le

moins comme discussion scientifique ^ L'ordre Parménide,

Théétète, Sophiste, Politique,est bien l'ordre de succession

voulu par Platon, et nous n'avons aucune raison de prétendre

que cet ordre de « lecture » ne soit pas l'ordre de succession

chronologique.

Il est intéressant de remarquer par quelsLes personnages. ,,, , . f -j .•

procèdes, mécaniquement identiques,

sont reliées entre elles, soit les parties d'un même dialogue,

soit ces scènes successives que sont, en réalité, le Théétète,

le Sophiste, le Politique, et, disons aussi, le Philosophe.

Ce procédé, qui marquera d'une façon extérieure l'unité

de la tétralogie, est déjà très clair dans le Parménide. Celui-

ci est fait de trois dialogues successifs : Socrate et Zenon,

I. Cf. Politique, 266 J.

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ïiv NOTICE GÉNÉRALE

Socrate et Parménide, Arislole le Jeune et Paiméiiide. Mail-

les deux premiers dialogues se succèdent sans interruption et

l'on peut dire que le Parménide se divise en deux parties :

Socrate, Zenon, Parménide— Aristote le Jeune et Parménide.Or l'Aristote « qui fut un des Trente » est d'abord men-

tionné parmi les auditeurs que Pythodore amène vers la fin

de la lecture faite par Zenon et, comme il arrive en même

temps que Parménide, nous voyons déjà, côte à côte, les deux

interlocuteurs futurs (127 d). Viennent la critique des" argu-

ments de Zenon|iar Socrate, puis la critique de la théorie

des Formes par Parménide (128-1 35). Celui-ci remarquealors qu'il a eu, il y a peu de temps, l'occasion d'entendre

Socrate et le Jeune Aristote dialoguer sur ces questions. Nous

sommes ainsi informés que le Jeune Aristote est capable de

comprendre et de suivre une discussion dialectique (i35 d).

Enfin, après l'intermède sur la méthode et ses difficultés,

Parménide se décide à choisir l'interlocuteur le

plus jeune

:

c'est Aristote.

Les principaux personnages du Parménide étaient donc

Socrate, Zenon, Parménide. Ces deux derniers ne pouvaient

plus être personnages réels dans la tétralogie. Mais, dans le

Théétète et dans le Sophiste, là par le grand couplet sur Par-

ménide, ici par toute la discussion, expressément entreprise

)>our réfuter Parménide, le chef des Eléates demeure commeun « personnage moral ». Le nom de Zenon est rappelé au

début du Sophiste. Il n'est pas jusqu'à Pythodore, disciple

de Zenon, représentant de la dernière génération éléate, quin'ait son pendant et son double dans l'étranger d'Élée.

Les principaux personnages de la tétralogie sont Socrate,.

Théodore, Théétète, auxquels s'ajoute,à

partir du Sophiste.

l'Étranger d'Élée. Sur la place prépondérante que prend ce

dernier et sur « l'eflacement » de Socrate, nous aurons à

revenir tout à l'heure. Mais, outre Socrate, Théodore,

Théétète, l'Étranger, il y a ici un pendant d'Aristote le

Jeune : comme celui-ci dans la première partie du Parmé-

nide, Socrate le Jeune joue, dans le Théétète et le Sophiste,

première moitié de la tétralogie, le rôle de « personnage

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NOTICE GÉNÉRALE xv

d'attente » . 11 est nommé une première fois dans le Théé-

thète (1^7 d) : on nous présente alors Socrate le Jeune comme

le compagnon fidèle des travaux de Thééthète, et le fait

qu'il discute avec lui de questions comme celles des puis-sances irrationnelles le marque à l'avance comme capable de

suivre une discussion dialectique. Confondu d'abord dans le

petit groupe d'auditeurs anonymes entre lesquels l'Étranger

est laissé libre de choisir ses répondants, Socrate le Jeune

est, dans le Sophiste (218 b), expressément désigné par Théé-

tète comme son remplaçant éventuel dans la discussion qui

s'engage. Au début du Politique, enfin, l'Étranger propose de

laisser reposer Théétète, qui va descendre, à son tour, au rôle

d'assistant muet qu'a joué jusqu'ici le Jeune Socrate. Quelle

est la réponse de Socrate à cette proposition de l'Étranger?

Théétète et le Jeune Socrate ont avec moi, parait-il, une

certaine parenté : l'un, par la ressemblance du visage, l'autre

parla similitude du nom. 11 faut toujours être volontiers dis-

posé à donner à ses parents l'accueil d'une conversation. J'ai

déjà eu dialogue hier avec Théétète et je viens de l'entendre

te répondre. 11 faut examiner aussi Socrate le Jeune, que je

n'ai ni entretenu ni entendu. J'aurai mon tour la prochaine

fois : à toi de le prendre maintenant comme répondant (258 a).

Ce passage nous donne deux informations précieuses.

Lapremière

est

quele

dialogue qui aurait suivile Politi-

que aurait eu pour questionneur Socrate et, pour répondant,Socrate le Jeune. Ainsi les rôles se partageaient : Théétète

répondant au cours du Théétète et du Sophiste, Socrate le

Jeune répondant au cours du Politique et du Philosophe;

mais aussi l'Étranger comme personnage principal du

Sophiste el du Politique, Socrate comme personnage principal

du dialogue qui ouvre et du dialogue qui devait fermer la

tétralogie, du Théétète et du Philosophe. Ainsi nous voyonsd'abord à quoi sert la désignation anticipée des répondantsd'une discussion future : à marquer la continuité, soit des

deux parties d'un même dialogue, comme le Parménide, soit

des deux moitiés de la tétralogie.

Mais nous voyons aussi que « l'effacement de Socrate »

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XVI NOTICE GENERALE

nest, dans le plan de Platon, que passager. Si le Philosophe

avait été écrit, nous n'aurions donc pas eu besoin d'attendre

le Philèbe pourvoir reparaître Socratedans son rôle « d'accou-

cheur intellectuel ». Platon ne l'a relégué, dans le Sophiste,

au rôle de « président d'honneur » que parce qu'il lui fallait

un disciple de Parménide et de Zenon pour réfuter définiti-

vement rÉléatisme. Il peut lui avoir conservé ce rôle, dans le

Politique, uniquement par cette raison toute naturelle que,

dans cette longue conversation, dans ces quatre dialogues qui

se continuent sansinterruption

au cours de deuxjournées,

la

symétrie même recommandait ce partage des rôles. Mais

l'effacement de Socrale dans le Sophiste et le Politique est,

en tout cas, loin d'avoir la portée symbolique dont la critique

a tant usé pour nous prouver que Platon renonçait définitive-

ment à tout son passé dogmatique. Platon n'avait point de

passé dogmatique à rejeter : au Socrate en qui s'incarnait son

esprit de recherche infatigable, il n'a renoncé que passagère-ment et dans un but tout littéraire, qui était de renforcer une

critique en en faisant une confession.

Qu'il ait prévu TefTet de surprise de cette disparition

momentanée de Socrate, c'est ce que nous montre le soin

qu'il met à choisir, au moins comme répondants, des

substituts et des doublures de Socrate : « parents tous deux,

l'un par la ressemblance du visage, l'autre par la similitude

du nom ». Il tient d'ailleurs à nous prévenir que le Socrate

en qui il a incarné la philosophie même reviendra nous donner

la définition, plusieurs fois promise au cours du Sophiste, du

véritable philosophe. Pourquoi ce dialogue ne fut jamais

écrit, nous ne pouvons faire là-dessus que des conjectures, et

ces conjectures seront forcément fonctions d'une interpréta-

tion générale de cette phase du platonisme. Mais, au bout des

contradictions fécondes qu'offre, à la pensée discursive, le

mystère de l'un et du multiple, il semble bien que Platon

ait toujours entrevu comme terme, ou plutôt comme limite

au sens mathématique et comme solution idéale, l'intuition

par l'Intellect d'une unité qui engendre le multiple sans se

diviser.

Aprèsle Parménide et le

Sophiste,le

philosophene

pou-

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NOTICE GENERALE xvii

vait guère être défini que par celte intuition. Le Pliilèhe, par

instants, continue cet effort. Une phrase du Timèc transpose

cosmogoniquement ce mystère métapliysique : Dieu seul sait

et peut allier et désallier l'Un et le Multiplet Platon a dû

toujours rêver ce dialogue du Philosophe, toujours le dif-

férer, et ses leçons sur le Bien qui est l'Un montrent qu il

est mort en essayant jusqu'au bout d'approcher et d'at-

teindre cette limite, que d'autres, peut-être, après lui, n'ont

guère lait que mieux concevoir sans plus l'atteindre.

mLES DATES ET LA PARENTÉ GÉNÉRALE DES DL\LOGUES

MÉTAPHYSIQUES

Les travaux qui ont vraiment le mieux prolongé et com-

plété, en largeur comme en profondeur, les découvertes de

Campbell sur les dialogues métaphysiques sont ceux de

C. Ritter-. Or lui-même reconnaissait, du moins encore en

1910, que la stylistique ne pouvait nous conduire, par ses

seules ressources, au delà de la classification en groupes de

dialogues. L'arrangement chronologique à l'intérieur des

groupes ne peut se fonder que sur des renseignements étrangersh la

stylistique.Nous avions donc le droit d'user des indica-

tions que nous fournit Platon pour ordonner la série des

dialogues Parménide, Théétète, Sophiste, Politique. De dates,

aucune ne nous est fournie par les dialogues eux-mêmes, sauf

celle qui est vraisemblablement imposée par le prologue du

Théétète. Nous avons le droit de penser que ce dialogue fut tout

probablement écrit après SÔQ. Le Parménide est la préface de

la tétralogie. Pour cette raison, je ne saurais me rallier auclassement de C. Ritter, qui met le Parménide après le

Théétète. Que Platon n'ait connu l'objection du « troisième

1. Timée. 68 d.

2. Untersuchawjcn iiber Plato (1888).— iXeue Untersuchungen

aber Platon (191 1).— Platon

jBd 1(1890).

— Die Abfassungszeit des

Phaidros (Philo!ogus. LXXIII, 3, 1910, p. 321-873).

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XVIII NOTICE GÉNÉRALE

homme » qu'à la cour de Denys 11, où séjourna longtemps

le sophiste Polyxène, et que le Parménide n'ait été écrit qu'an

retour de ce secondvoyage

dePlaton,

en366,

serait à la

rigueur possible sans qu'on fût contraint de mettre le Par-

ménide après le Thèétète. Mais la présence de Polyxène à Syra-

cuse en 366 n'est, dans la pensée même de Ritter, qu'une

conjecture'. Nous verrons que l'argument du « troisième

homme » est déjà, au moins en germe, dans la Rèpabliqae,

et, qu'il vienne ou non de PoljTtène, ses traces sont anté-

rieures à 366 comme sa répercussion se prolonge bien au delàdu Parménide. D'autre part, antérieur ou postérieur à ce

voyage de Platon en Sicile, le Thèétète ne peut guère être

très lointainement distant de la bataille de Corinthe et de la

mort de Thèétète : U. von Wilamowitz a raison d'y voir l'ex-

pression d'un pieux souvenir envers le disparu -. Enfin les

différences de style entre le Thèétète et les dialogues suivants,

et l'étendue même de ce groupe Thèétète^ Sophiste, Poli-

tique, rendent vraisemblable un certain intervalle de temps

entre Thèétète et Sophiste et même entre Sophiste et Poli-

tique. En maintenant l'antériorité du Parménide par rapport

au Thèétète, le seul classement chronologique que l'on puisse

établir avec vraisemblance sérieusement fondée est la répar-

tition du Thèétète, du Sophiste et du Politique sur les années

368-36 1. Nous étudierons plus tard le cas du Philèhe et sa

place probable à la (in de celte série.

Un mot d'Arislote [X)urrait nous servir à caractériser l'orien-

tation commune de nos dialogues, au moins du Parménide,

du Thèétète et du Sophiste, sur lesquels porte directement

notre volume. Dans une phrase du dernier livre delà Métaphy-

sique,où le

Sophisteest nettement visé

(io88b35-io89alo),

Aristole nous dit quelle fut la source principale des erreurs

de Platon dans sa théorie de l'être et du non-être : « ce fut

de poser les questions à la manière antique ». Position

archaïque des problèmes « to à-orrjffat ài/aVxwç », voilà bien.

1. C. Ritter, Platon 1, p. 127, p. 265/6.

2. Platon. I, p. 5o8 et «uiv.

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NOTICE GETSEKALE xiv

€11 effet, ce qui caractérise et le Parménide et le Théétète et îe

Sophiste, pour ne point parler encore du Politique et du Pkilèbe.

Mais cet archaïsme est très conscient et très voulu. Ces

dialogues sont une étude des oppositions foncières delà pensée

sous forme d'histoire synoptique de la philosophie. Le poète

qui était en Platon s'est plu à réunir, en de grands tableaux

antithétiques, les physiciens pluralistes d'Ionie, le Socrate

défenseur des multiples Form3s et l'Éléatisme unitaire (JPar-

ménide^y les Héraclitiens « fluents » et les Éléates «statiques »

(Théétète),encore une fois les

pluralisteset les unitaires avant

les matérialistes et les idéalistes (Sophiste) ;mais c'est parce que

le penseur avait senti que ces oppositions étaient éternelles,

qu'elles avaient leurs racines au cœur, même del'esprit et

que la seule façon de les bien comprendre et de les résoudre

ou de les tourner en éléments de solution était de les envi-

sager siih specie aeternitatis. De cette grande confrontation

historique, il a fait une tétralogie dont la préface indispen-sable était l'exposition, que donne le Parménide, de l'oppo-

sition génératrice : Tun et le multiple. A ce prologue, que

cinquante ans sont supposés séparer des dialogues qui suivent,

se suspendaient les deux grandes journées de discussions que

représentent le Théétète, le Sophiste et le Politique, et quedevait clore le Philosophe. C'est vers cette rencontre fameuse

(le Parménide et de Socrate que s'oriente, régressivement,

toute l'affabulation de ces dialogues, et certaines questions

depuis longtemps vainement débattues s'éclaireront peut-être

si nous nous rappelons cette orientation commune de nos

dialogues vers le passé fictif où Platon a transposé les pro-

blèmes qui, pour lui, étaient les plus actuels et les plus

instants.

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PARMENIDE

Zenon,

muets,

chœur

e le

de,

nd

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/

/

A

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NOTICE

I

LÀ GOMPOSITIO.N DU PAliMÉMDE

Si nous nous permettons de regarder le Parménide commeun drame, nous y distinguerons: un prologue, deux actes,

un entr'acte, un troisième acte qui est le grand acte final. Au

point de vue de l'équilibre statique, une telle composition

apparaît,au premier abord, défectueuse. Mais son équilibre

est tout dynamique : tout le mouvement du dialogue tend

vers le grand acte final.

Chacun de ces actes est un dialogue, dont le titre peutêtre donné immédiatement par la distribution des rôles :

Socrate et Zenon — Socrate et Parménide — Parménide et

Aristote. Les personnages du prologue, Socrate, Zenon,

Aristole, le témoin Pythodore et plusieurs auditeurs muets,

sont les mêmes qui reviennent, à l'entracte, former chœur

autour de Parménide.

Le grand rôle du drame est, comme le

Le"^^"J^^^fjj^^^^

titre du dialogue l'indique, Parménide,et tout le mouvement du dialogue tend

à le grandir et l'isoler pour son argumentation finale, qui

forme, à elle seule, plus des deux tiers de l'ensemble. Le pre-

mier acte est, en effet, la critique de Zenon par Socrate.

Zenon, qui, dans le prologue, a semblé presque concentrer en

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h PARMEMDE

soi l'intérêt du chœur, est, par cette critique de Socralc,

ramené à son vrai rôle de fidèle servant de Parménide, et les

fameux arguments qui lui valurent son succès sont, finale-

ment, démontrés n'être que l'exploitation facile d'une thèsebanale. Mais le second acte met son jeune vainqueur, Socrate,

directement aux prises avec Parménide : à la thèse au nomde laquelle Socrate a vaincu Zenon, Parménide oppose des

objections qu'il dit lui-même et que tout montre formidables,

et, malgré son ardeur vaillante, Socrate demeure désemparé.Dans l'entracte, Parménide proclame ^généreusement la haute

valeur de la cause soutenuepar

Socrate,explique

la raison

de son insuccès, qui n'est que défaut d'exercice dialectique,

enfin ex[X)se la méthode d'entraînement à laquelle Socrate

devra se livrer pour mieux comprendre et mieux défendre sa

propre thèse. Le chœur entier unit ses prières à celles de

Socrate pour demander à Parménide un exemple concret de

cette méthode. Parménide se rend finalement à ces supplica-

tions et va prendre, comme exemple concret d'exercice dialec-

tique, sa propre thèse: l'Un. Ainsi le premier plan, tenu

d'abord par Zenon, puisN^onquis par Socrate, est, à la fin du

second acte, occupé par Parménide. Mais Parménide ne

. l'occupe pas encore seul, car, à ses côtés, reste Socrate.

défenseur vaincu, mais partisan approuvé d'une cause

excellente. Le regroupement suppliant du chœur à l'cntr'acte

a pour but et pour effet de pousser définitivement Parménide

sur le devant de la scène. Il

y restera,de

fait, solitaire, ensa grandeur impartagée. Les lois intimes de l'exposition

philosophique dans Platon exigeaient qu'un inlerloculeur fût

donné à Parménide. Mais l'on a eu bien soin de lui donner

comme interlocuteur quelqu'un dont la personnalité disparûttotalement dans son ombre : le « Jeune Aristotc » n'est qu'unnom sur le jeu de réponses qui facilite et divise le mouve-

ment logique de la pensée, et quel'artifice indispensable pour

empêcher que l'argumentation ne fût un pur monologue.Elle est, de fait, un monologue dialogué.

Le sujet de ce drame pliilosophique est

parfaitement exprimé par le sous-titre

traditionnel : ce sont les Formes^. L'autre sous-titre, « Sur les

I. J'ai traduit constamment le mot i-.oc; par « forme ». Xous

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NOTICE 5

Principes^), n'est qu'interprétation néoplatonicienne et n'était

même pas accepté par tous les commentateurs de cette École.

C'est au nom des Formes suprasensibles que Socrate juge

banale et totalement défectueuse la position du problèmephilosophique dans les arguments de Zenon. C'est dans la

coexistence nécessaire des oppositions à l'intérieur même des

Formes que lui, Socrate, voit le problème réel et vraiment

passionnant. C'est en projetant une clarté impitoyable sur ces

contradictions inhérentes aux Formes que Parménide triomphede Socrate. Quellequesoit la gravité des contradictions qu'il a

si vigoureusement démontrées, c'est l'acceptation de ces

Formes que Parménide proclame condition absolue de la

pensée. C'est à permettre de mieux comprendre et mieux

défendre celte réalité indispensable des Formes que doit ser-

vir l'entraînement dialectique dont Parménide expose la

méthode. Sur toute une série de ces Formes, prises comme

exemple, Parménide explique cette méthode, et l'Un, qu'il va

choisir comme exemple privilégié, est par lui présenté

comme une forme entre ces Formes. Sur cet Un, dont la

avons, malheureusement, pris l'habitude de traduire les u s'.or,»

d'Aristole par « formes » et celles de Platon par « idées ». Or cette

traduction porte presque invinciblement le lecteur à préjuger queles cloy, de Platon sont des concepts hypostasiés. J'ai eu déjà occasion

de le dire ailleurs, mais n'ai besoin ici de justifier ma détermination

que parun ronAoi à J. Burnet.

EarlyGreek

Philosophy, I, p.i5/i,

note I : « I hâve purposely avoided the word « idea >>. Il inevitably

suggesls to us Ihat the k forms » (sVot;. îoiat) are concepts (vor-aaTa),

whelher our own or God's, and this makes a right interprétation

of the doctrine impossible ». J'ai dû (182 et i35) traduire l'osa partt caractère » ou par « forme spécifique

», simplement pour éviter l'appa-

rente tautologie qu'aurait produite la répétition du mot « forme » . Mais,

d'un bout à l'autre du Parménide, v.oo^ et lOc'a sont synonymes ;et c'est

bien ce que, malgré certains flottements dans sa pensée, reconnaît

C. Ritter(iVeue Untersuchuiuien iiber Platon, p. 316/7). Le même auteur

a très bien vu que yavr,et iVor, signifient, d'ordinaire, « réalités géné-

riques » et « réalités spécifiques»

(i6. p. 3 13). Mais on ne peut traduire

partout cioo; par a espèce a ou « réalité spécifique », car Platon, au

moins dans le Parménide et le Sophiste, emploie, à chaque instant,

l'un pour l'autre, ïT^oç et yc/o;. Le mot « forme » ne préjuge rien

et, pourtant, nous permet de comprendre les rapports de la termino-

logie platonicienne avec la terminologie scientifique contemporaine.

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G PAUMÉNIDE

réalité est objet de sa propre « hypothèse »,Parménide va

pratiquer une argumentation dont Je motif conducteur e^t

nettement, sous la complexité amoureusement développée

d'un « jeu laborieux », la déclaration tout à l'heure faite à

propos des Formes: pleine de contradictions est l'allirmation,

pleine de contradictions encore et ruine absolue de toute

pensée, même inférieure, est la négation. L'unité dynamiquedu dialogue est donc évidente : sujet et personnages vont du

multiple à l'Un, mais cet Un concentre le multiple et le

résume sans le supprimer. Les extravagances des théosophesdu

néoplatonismene doivent

point

nousempêcher

d'ad-

mirer, avec les meilleurs penseurs de leur école, avec quelart merveilleux Platon sait allier symbolisme et pensée

logique.

.Si nous réservons le nom de prologueLa triple narration. , .. i- j im r• r -^ •

^a cette partie du début qui iait vraiment

corps avec le drame, le prologue commence avec la réunion

de Socrate, Zenon et Parménide dans la maison du premiernarrateur, Pythodore. Nous en distinguerons donc la petite

introduction qui, s'adrcssant à nous, lecteurs, nous dit par

quels intermédiaires arrive à nous la narration de Pytho-dore. Ce Pythodore, témoin de l'entrevue, la conta jadis au

jeune Antiphon, frère de Glaucon; Antiphon apprit le récit

par cœur. Parvenu à l'âge d'homme, il reçut un jour la visite

d'un certain

Ccphale, quilui amenait des

philosophesde

Clazomène, désireux d'entendre conter celte entrevue. Anti-

phon leur fit la narration demandée en leur rap}X)rtant le

récit de Pythodore. C'est ce rapport, fait devant lui par

Antiphon, du récit de Pythodore, que Céphale nous raconte

aujourd'hui.Nous aurons, deux fois en tout, une fois pour introduire

le prologue, une fois dans l'entracte, la formule complète de

ce discours doublement indirect: ë^y, oè h\ ô 'Avricpàiv /.£V£;-v

TOv riuOoSoiCOv oTt... (127a)... £;p-/;ô 'AvTia.tov

'^po^vattov riuOo-

à<t>povorùtov T£ ScTgOoci tou

riapjxsvt'oou.. . (i36 e).

Sous ce cou-

vert, la narration sera faite eu simple discours indirect, commesi Antiphon nous la faisait:

scpr^b nu9oou)coç... formule qui

s'abrégera couramment en sous-entendant ce a Pythodorusdixit »: V7.(, çiavat

tov Zr,vo)v2, ou, plus simplement encore,

vz',oxvxî. C'est

parune telle méthode

quele

Banquetsim-

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NOilGË 7

plifie la forme narrative complexe que paraissait annoncer

son <^biit. Le discours indirect disparaîtra totalement, à cer-

tains endroits, devant la narration immédiate :£(fYj

gIlapjjw^-

vt<>r,;(i34 'à).--r.i^/u

y', £'yYi(i3i h,i35

e,i36

a/b). Enfin,sous le couvert d'un oâvat initial, la grande argumentationsur l'Un ne sera plus, d'un bout à l'autre, qu'un dialoguedirect: ti oy,

;

— va(. — tïxvj y^-

Ainsi le but de cette narration « à cascades » a été de pro-duire sur nous une impression initiale, habilement renou-

velée aux endroits propices: l'impression du passé lointain.

Avec les détails précis donnés sur la rencontre et sur les

témoignages qui la certifient, la narration indirecte concourt

à rendre vraisemblable le fait de cette entrevue entre Socrate

et Parménide. L'impression de passé lointain, le recul quecertains traits des dialogues qui vont suivre s'attacheront à

maintenir et accroître, ont pour but de mettre, entre le Par-

ménide et ces dialogues, Théétèle, Sophiste, une distance queleur parenté de fond menaçait de supprimer. Cette impres-

sion de lointain contribue aussi à faire planer, sur cette ren-contre entre une philosophie déjà légendaire et les préoccupa-tions les plus actuelles de la pensée platonicienne, une

atmosphère de poésie et tout le vague d'une « Uchronie a où

les différences de temps s'eiTacent, et l'on ne s'étonne {X)int

de voir apparaître au second plan, autour de ce dialogueentre le Socratisme et le plus vieil Eléatisme, les héritiers de

Tantique lonisme.

Mais, des formules compliquées qui furent nécessaires pourcréer cette impression, Platon se dégage aussitôt l'effet produit.

La façon dont le Parménide progressivement les allège et

finalement les oublie nous prépare à comprendre les décla-

rations que nous lirons au prologue du Théétètc.

En dehors de Parménide, Zenon et

Lespersonnages Socrate, les personna2;es sont: le ieunedu prologue »

•. . r> .i j 4 i- u ^

et de l'introduction. Aristole, Pylbodore, Antiphon et ses

frères, Céphale et les philosophes de Gla-

zomène. Le jeune Aristote est, actuellement, ce que fut

jadis Antiphon : le jeune homme de bonne famille quis'adonne à la culture philosophique et se passionne pour la

dialectique. L'âge viril le portera vers la politique : < il fut

plus

tard un des Trente », Aucune raison de voir dans ce

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8 PARMEMDE

nom un niasc|ue, même transparent. Platon pouvait très bien

mettre un jeune Aristote dans son dialogue sans aucune

allusion à l'Aristote qui reprendra plus tard, à son compte,

les objections du ParménideK « Pythodore, fils d'Isoloque »

est cité, dans le i^"" Alcibiade (119 a), comme ayant payécent mines les leçons do Zenon. Il est resté l'homme du

monde amateur de philosophie, le -Mécène des «sophistes »

de passage dans Athènes. 11 représente ici la génération éléa-

tisante entre l'époque de Zenon et celle de Platon. Antiphon,

l'âge viril venu, a repris les traditions sportives d'une branche

de sa famille, mais,jeune

homme, il s'exerça tellement sur

cette belle joute dialectique entre Socrate et Parménide qu'il

peut en retrouver, aujourd'hui, les détails tout frais en sa

mémoire. Il est le iils de Pyrilampe, auquel s'était remariée

Periktione, mère de Platon, d'Adimante et de Glaucon. 11 est

ainsi le demi-frère de Platon. Adimante et Glaucon sont en

rapports fréquents avec lui, parlent avec quelque détachement

de ses anciennes amours pour la dialectique, mais se font

volontiers, auprès de lui, les introducteurs de Céphale. Celui-ci est moins le philosophe épris d idées que le curieux des

hommes et des choses de la philosophie, dont Platon se sert

assez souvent comme narrateur. Les philosophes qui vien-

nent avec lui de Clazomène sont ici comme les délégués

symboliques de la pensée ionienne : leur pluralisme, tout

matériel encore et impuissant à trouver par lui-même son

centre desynthèse,

nepouvait manquer

d'être attiré vers ce

débat, qui transpose, dans le suprasensible, l'éternelle oppo-sition de l'un et du multiple. Proclus a, là-dessus, des déve-

loppements dont l'absurdité échappe à toute critique. Mais

il a saisil'esprit de cette composition littéraire. Platon a voulu

ces symboles et cherché à englober de plus en plus toutes les

grandes orientations de la pensée grecque dans son vaste

elTort de synthèse critique.

I. « Diogène Laerce mentionne huit Aristutc qui sosignal*'

renl.

Le nom n'avait pas, pour un Athénien de l'an 365, le sens qu'il apor.rnous ». D. Ritchie, Plato, (Edinburg, Clark, 1902, p. 122). et

Bibliothèque du Cowjres International de Philosophie, tome IV, p. 17O.Un Aristote, delà tribu Antiochide, était Ilellénolamie en 421 420.

Cf. Kirchner dans PaulyAYissov, a, Real-EncycloptkUe , IL i, col, loii.

—Prosopographia

Allica,2067 (IG, I, 260).

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NOTICE

II

L'ARRIÈRE-PLAN HISTORIQUE DU PARMÉMDE.L'ÉI.ÉATISME ET SES REJETONS.

La chronologie de Parménide a donné^ ^

^^Pai^énide^^®" ^ ^® nombreuses discussions. Diogène

(IX a3) met son àxar, en la 69* Olym-

piade (ôo/j i). Si la date vient d'ApoUodore, comme le main-tient avec toute vraisemblance Jacoby contre Tannery, elle

rentre dans un système bâti pour les trois Éléates, et aussi

pour Heraclite, qui passait lui-même (Sotion ap. Diog. IX 5)

pour un élève de Xénophane. On s'est arrangé pour mettre

quarante ans de distance entre Xénophane (ol. 60), Hera-

clite et Parménide (ol. 69), Zenon (ol. 79). Le point de

départ aurait été la date de la fondation d'Élée, postérieurede six ans à la chute de Phocée (ol. 58, ùi): ràx;/,/, de Xéno-

phane coïncidait ainsi avec cette fondation et commandait tout

le reste. Tannery, et Burnetà sa suite, ont quelque raison de

suspecter la valeur probante de tels calculs. D'autre part,

Ic.^ dates données par la chronique d'Eusèbe et autres syn-chronismes ne peuvent entrer en discussion. Aux combinai-

sons d'ApoUodore, on ne pourrait donc opposer que les dates

suggérées par le prologue du Parménide.

D'après ce prologue, Parménide et Zenon vinrent un jourassister aux Panathénées. Parménide approchait alors de ses

soixante-cinq ans et Zenon était près de la quarantaine.Ainsi Parménide aurait eu seulement ving-cinq ans de plus

que Zenon. Or, au moment de sa rencontre avec eux, Socrate

était très jeune. Socrate, né en ^69, a ses vingt ans en 449.

et nous devons bien lui supposer entre seize et vingt ans

pour une telle discussion, d'autant que « le jeune Aristote »

est encore son cadet. Donc, s'il fallait, avec Tannery etBurnet,

reconnaître valeur historique aux indications du prologue,nous devrions mettre la naissance de Parménide quelquesannées v^u plus après 5i4.

Le reproche principal d'Athénée à Platon (XI 5o5 f) est

surtout d'avoir, sans aucun besoin, fait, de Zenon, l'aimé de

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lo PARMENIDE

Parménide. H regarde pourtant aussi comme une fiction

difHcilcmcnt vraisemblable (v-oAtç r^ 'r^x/J.'x T'jvywpaî) et la

rencontre de Socrate avec Parménide et sa participation à de

telles discussions.La date exacte de la naissance de Parménide n'importe

directement qu'à rhistoricn de la philosophie anlésocrati-

que. L'histoire de cette philosophie n'ofi'rc certes pas de

données indubitablement établies qu'on ne puisse combiner

avec une date conforme au récit de Platon. Mais que la date

supposée par le récit de Platon soit chronologiquement vraie

ou chronologiquement possible, cela n'est point, non plus,

une hypothèse qu'imposeraient, par eux-mêmes, soit les

détails circonstanciés que donne le prologue, soit les allu-

sions faites à cette fameuse rencontre dans les dialogues pos-

térieurs. Les critiques sont unanimes à regarder cette ren-

contre comme une fiction littéraire. Or, plus la fiction était

contraire, non-seulement aux faits, mais aux possibilités

réelles, plus aussi elle réclamait de ces détails précis qui lui

devaient donner couleur d'histoire. Quant aux allusions duTkéétète et du Sophiste^ elles sont des allusions littéraires et

non des allusions historiques. Elles concourent à l'effet qu'avisé la narration doublement tamisée : donner le plus de

recul possible à ce dialogue entre Parménide et Socrate.

Cette précaution s'imposait d'autant plus à l'auteur du Tfiéé-

lète et du Sophiste que ces dialogues étaient plus proches du

Parménidepar

leur dated'apparition

et leurs

préoccupationsessentielles. Rien ne nous prouve, d'ailleurs, que Platon ait

dû savoir exactement la date de naissance de Parménide et

sa différence d'âge avec Zenon. Enfin, si Platon n'avait passenti que l'agencement sur lequel repose son prologue pre-

nait, avec les possibilités historiques, des libertés un peu

larges, quel besoin eût-il eu de se donner du jeu en laissant

délibérément dans le vague l'âge de Socrate au moment de

la rencontre ? Les dialogues ne varient pas sur ce point : le

Parménide ditaz^oopy. veov, le Théélèle -àvu v£o;, le Sophiste

iyco v£q; wv. Ce n'est point faire tort au Parménide que de le

regarder tout entier comme un drame librement imaginé. Il

n'est point besoin, pour le comprendre, que nous prenionsici parti sur la date exacte à laquelle est né Parménide. Celle

que transmet Diogène Laercc a plus de valeur par les com-

binaisonsqu'elle permet qu'elle

n'a d'autoritépar

ses sources.

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NOTICE 1 1

Mai» Platon parait plutôt avoir voulu éviter do s'emprisonner

dans des limites de temps trop précises.

Lepoème

de Parménide e^t

incomplet,. D ^îfi"t*« î^ais surtout dans sa seconde partie, dontde Parménide.

, ,, ., i . i i>i •

le détail est totalement absent de 1 bon-

bon du Parménide. Platon a connu ce poème : il en citera des

fragments dans le Sophiste. C'est une question de savoir s'il

l'interprète toujours directement ou par l'intermédiaire de

doxographies déjà existantes. Dans le ^opAîsfe, c'est le conceptde l'être, plus directement envisagé par le poème parméni-

dien, qui vient au premier plan. Dans le Parménide, c'est la

thèse de l'Un qui est regardée comme la thèse propre de Par-

ménide : or l'Un n'e^t qu'attribut de l'être dans le poème

parménidien et, comme tel, n'apparaît qu'une fois(frgt. 8,

vers 6). Les Néoplatoniciens eux-mêmes s'étonneront de ce

contraste. Mais le texte même de ce passage prêtait facilement

à cette généralisation dans une formule de l'Un-Tout : irczl

vCiv lîjT'.v ÔM.OV Tiâv, £v, cuvr/sç. La prédominance de ce conceptde l'Un est, sinon accomplie, au moins préparée dans Zenon

et Mélissos. Elle a dû se fixer dans quelque chose comme une

doxographie courante, pour qu'Isocrate ait pu parler des

sophistes antiques si divergents sur le nombre des êtres « que,

pour l'un, il y en a une infinité; pour Empédocle, quatre ;...

pour Ion, seulement trois; pour Alcméon, rien que deux;

pour Parménide et Mélissos, un; pour Gorgias, absolument

aucun* ». C'est donc cette formule traditionnelle plutôt quela formule originale du premier Éléate qui est envisagéedans le Parménide.

Celui-ci ne pouvait, naturellement, contenir aucune cita-

tion directe, mais les idées que le poème développe sont con-

tinuellement présentes sous les déductions du dialogue. La

déesse, dans le poème, enseigne « au jeune » Parménide,

d'abord la doctrine de Vérité, puis les Opinions des mor-tels. La doctrine de Vérité commence par une partie critique

où la déesse dicte, au jeune homme, le choix entre les voies à

suivre. FJlle ne mentionne d'abord que deux voies: celle qu'il

faut prendre, celle qu'il faut fuir. Mais, tout de suite, elle en

ajoute une autre à éviter. Trois hypothèses sont donc for-

1. Isocrato, Or. X, .3.

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13 PABMEMDE

mulécs : i) l'être n'est pas et ne peut pas être. Or ce qui n'est

pas est inconnaissable, inexprimable, car e c'est même chose

d'être ce pensable » et d'être... Jamais tu n'imposeras que ce

qui n'est pas soit. De cette route de recherche écarte la

pensée »(frgts. 4 et 5) ; 2) l'être est et n'est pas, il est le même

et pas le même. C'est la route où s'égarent des mortels quine savent rien. Sourds aussi bien qu'aveugles, béants, tourbe

indécise, ils s'en vont à l'aventure. Pour eux, point de sentier

qui ne rebrousse sur lui-même (frgt. 0); 3) donc l'être est,

voilà ce qu'il faut dire et penser; car lui peut être et le rien

nele

peut (1*6.).Or

l'argumentationdu Porménide est bâtie

sur les deux grandes hypothèses contradictoires: si l'Un est;

si l'Un n'est pas. Mais la première de ces hypothèses princi-

pales se divise en trois hypothèses suljordonnées : l'Un est

un (position absolue); l'Un est (position relative) ;l'Un est

un et multiple, ni multiple ni un, participant et non parti-

cipant de l'être. Cette troisième hypothèse, dont la place quel-

que peu inattendue et l'asymétrie par rapport à l'ensemble

des hypothèses est souvent embarrassante pour les critiques

anciens ou modernes, correspond, dans notre dialogue, à

l'hypothèse des « sourds et aveugles » combattue au frag-

ment () du poème, et qui, dans le poème, est réellement la

troisième hypothèse'

.

La partie constructive énumère et déduit les marques de

l'être vrai. Après une énumération globale de ces attributs,

inengendré, entier, unique engendré, sans limite à son être,vient la déduction, qu'il est plus court et plus utile de citer

que d'analyser. Le Parménide,\e Théétèle, le Sophiste iienncni,

à certains moments, du drame historique autant que du

drame philosophique. Le lecteur du Parménide et, tout au

moins, du Sophiste nous pardonnera peut-être d'allonger un

peu cette notice en lui mettant sous les veux la traduction

du plus long fragment du poème parménidien (frgt. 8).

Il ne fut point jadis, il ne sera point, puisqu'il est, maintenant,

tout entier à la fois,

I. L'importance de cette troisième hypothèse dans le poème de

Parménide a été clairement démontrée par K. Reinhardt, Parme-

nides und die Geschichie der Griechischen Pliilosophie (Bonn, 1916,

p. 10, p. 29 et suiv.), mais il en a tiré une interprétation de la ocJça

qui est, pour le moins, très aventureuse.

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NOTICE i3

Un, continu'. Quelle naissance, en effet, lui chercherais-tu?

Par où, de quoi évolue? Pas non plus de non-existant : je ne te

laisserai

Xi le dire ni le

penser.

Car ou ne

peut

ni dire ni

penserQu'il ne soit pas. Quelle nécessité, d'ailleurs, Teùt fait surgir

IMus tard de préférence à plus tôt, prendre son essor de rien et

pousser ?

Ainsi ne peut-il être qu'absolument ou pas du tout.

Jamais, d'ailleurs, une foi vigoureuse n'acceptera que, de ce quin'est point,

Quelque chose d'autre puisse naître; aussi, ni de naître,

Ni de périr, la justice ne lui fit licence, relâchant ses liens.

Au contraire, elle les maintient. La décision, là-dessus, est en ceci :

Il est, ou il n'est pas. Or on a décide, comme cela s'imposait.

De laisser une des routes impensée, innommée;car elle n'est pas

la vraie,

Cette route;et de garder l'autre comme existante et réelle.

Comment, dans la suite du temps, pourrait venir à exister l'être?

Comment, une fois, y être venu ?

Car s'il devint, il n'est pas, et, pas plus, si un jour doit venir oii

il sera.

Ainsi s'éteint la genèse ; ainsi disparaît la mort.

Il n'est point, non plus, divisible, puisqu'il est tout entier homo-

gt^ne,

Car il n'y a point, ici. lui plus qui romprait sa continuité.

Ni, là, un moins : mais tout est plein d'être.

Ainsi tout est continu:

être se presse contre être.

(Si distantes que soient les choses, contemple- les, à ton esprit fer-

mement présentes.

(]ar tu ne couperas point l'être de son attache avec l'être.

Soit pour le disperser de toutes parts en tous sens

Soit pour le rassembler- )

D'autre part, immobile dans les limites des grands liens.

11 est sans commencement et sans fin, puisque genèse et mort

Ont étédispersées

bienloin, repoussées par

la vraie foi.

Même dans le même demeurant, en soi-même il repose,

Et, de cette sorte, immuable, au même endroit demeure; car la

puissante Nécessité

I. « Il n'a point été, il ne sera point; mais il est ». (Fénelon,

Traité de l'Existence de Dieu).

1. Les vers entre parenthèses forment, dans Diels {Die Fraijmenle

der ]

orsohratiker),le

fragment2.

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f4 PAiiMÉNiDE

Le maintient dans les liens de la limite, qui onserre tout son con-

tour.

Aussi, d'être inachevé, réirc n'a point licence;

Caril

no lui manque rien:

autrement, il lui manquerait tout.

Ce qui se peut penser est aussi ce grâce à quoi il y a pensée j

Car, sans l'être, en lequel il se trouve exprimé,Tu ne trouveras point le penser. Il n'j a rien, il n'y aura rien

D'autre et de plus que l'ôtrc, puisque la Destinée l'enchaîna

Dans une intégrité cloee et immohile. Aussi n'est-ce que pur nom.Tout ce que le» mortels ont institué, confiants que c'était du vrai :

Naître et périr, être et ne pas être,

Et changer de lieu et varier d'éclat par sa surface.

En outre, puisque la limite le termine, il est achevé

De toutes parts ;semhlahle à la masse d'une sphère bien arrondie :

Du centre, en tous les sens, également puissant; car ni plus grandNi moindre il ne saurait être en l'une ou l'autre part.

Car il n'est point de rien qui le pût arrêter d'aboutir

A s'assembler; point d'existence qui ferait une proportion d*ôtre

Plusforte ici et

moindre là, puisque,tout

entier,il est

inspolié.Ainsi, de toutes parts égal, il s'étend indifférencié jusqu'à ses

limites.

Ici j'arrête pour toi et discours certain et penséeAu sujet de la vérité. Commence ici d'apprendre les ofMfiions mor-

telle.s.

Écoutanf. de mes vers, ror(k>nnaDce trompeuse.

Suivent les principes généraux de la doctrine d'opinion:

Car, à nommer deux formes, ils se sont résolus,'

Dont aucune n'est permise seule (en quoi ils ont erré).

Séparant chaque forme, ils les ont opposées et leur ont mis des

marquesA part les unes des autres. Ici, de la flamme, le feu éthéré,

Qui est doux, très léger, à soi-même de toute part identique,

A l'autre, non identique. Celle-ci, à son tour, à part

Et opposée, nuit sans vision, structure drue et lourde.

Organisation de vraisemblance que, tout enti re, je t'expose

Pour que, jamais, sentence humaine ne te puisse distancer.

Zenon tient une large place au début du

Parménidc, où il est, d'ailleurs à son

dam, le héros du premier acte. Il a plu ici à Platon de le

faire se défendre contre la

première critiquede Socrate en se

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?sOticl: i5

présentant comme une sorte de cavalier servant de Parmé-

nkie et présentant son livre comme une polémique de jeunessecontre les adversaires de limité parménidienne. Doublure

volontaire de Parménide, sa face polémique et rien déplus:

dans ce rôle créé par notre dialogue, l'histoire de la philoso-

phie s'est accordée spontanément à trouver le véritable rôle

historique de Zenon. On ne semble pas avoir assez obserTc

qu€ l'inlention polémique du dialogue est, avant tout, dirigée

contre Zenon*; que l'efTort de Platon apparaît bien être de

rabaisser Zenon au profil de Parménide en accaparant Par-

ménide au profit do la théorie des Formes, généreusement,mais insuflisanimcnt dérenduc par un Socrate trop jeune.Proclus nous parle -wurtant de critiques anciens qui regar-

daient le Parménide comme expressément dirigé contre Zenon.

Platon y aurait réfuté Zenon en employant à la fois les deux

procédés entre lesquels il choisit d'ordinaire quand il veut

réfuter un adversaire : imiter sa manière en la dépassant et

ajoutant ce qui manf[ue à ses raisonnements ;le mettre en

contradiction avec lui-même ^ Mais d'autres s'élevaient là-

contre, parce qu'ils trouvaient invraisemblable que Parmé-

nide se répandît, contre son disciple préféré et contre son

défenseur, en un tel océan d'arguments^. Proclus lui-même

s'évertue à prouver que l'observation de Socrate sur la trop

grande facilité qu'il y a à montrer les oppositions dans

les choses sensibles n'est réellement point une objection

à Zenon; car, évidemment, si les

paroles

de Socrate eussent

été une réfutation de Zenon, Parménide n'aurait pu les

approuver comme il le fait*. Or le Zenon du début de notre

dialogue joue un peu au grand sophiste. Ce n'est pas pourvoir Parménide, c'est pour entendre Zenon que l'on accourt

dans la maison de Pythodore, comme l'on courait à la mai-

son de Gallias pour entendre Protagoras. Et Zenon lit son

œuvre à la petite compagnie venue avec Socrate;mais Par-

ménide ce était, par hasard, absent », et ne rentre qu'au

I. F, Horn pourtant l'a \n (PlatonstiHUen. F\ eue Folge, \ienne,

190/», p. i()8).

3. Proclus, Commentaire sur le Parménide. Traduction Cliaigncl,

I, p. 62 (Cousin, col. 63 1).

3. 76., I, p. C5 (Cousin, col. 634)'

4. Ib., Il, p.180

(Cousin,col.

996).

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i6 PARMÉxMDE

moment où la lecture finit. Les touclies sont légères chez

Platon. Mais Zenon apparaît bien, au début, dans une situa-

tion assez indépendante, et monté sur un piédestal dont le

dialogue le fera descendre.

Dans le Phèdre, Platon compte Zenon au nombre des

antilogiques ou « contradicteurs » : « Ne savons-nous point

que le Palamède éléatique pouvait, à ses auditeurs, par le

seul art de sa parole, faire apparaître les mêmes objets commesemblables et dissemblables, comme un et plusieurs, commeimmobiles et mus' ? » Le Premier Alcibiade raconte que

Pythodore,fils

d'Isoloque, et Callias,fils

de Calliadès, furentinstruits par Zenon : « l'un et l'autre, moyennant cent mines

données au même Zenon, sont devenus habiles et renom-

més^. S) Le dernier trait indiquerait un Zenon sophiste de

profession. Le premier semblerait, à tout le moins, viser un

Zenon qui manie la dialectique pour la dialectique elle-

même. Et ce pourrait bien être, historiquement, la meilleure

manière de comprendre Zenon ^. Contre les textes d'Eudème,

rapportés par Alexandre ou directement cités par Simplicius,

qui nous montrent la critique de Zenon volatilisant le conceptmême de l'Un en soi, Simplicius et ceux qui, avant lui ou

avec lui, rejettent cette interprétation, ne peuvent, au bout

du compte, appuyer leur dénégation que sur le rôle de

oc défenseur de Parménide » attribué à Zenon par le dialoguede Platon*. Th. Gomperz doutait fortement que Zenon fût

1. Phcdre, 261 d.

2. Alcib. I, 119 a. traduction M. Croisct {Platon, Œuvres com-

plètes, I, 80).

3. Dans le poème et l'enseignement de Parménide, Zenon a fait

son héritage à lui de îa forme logique beaucoup plus encore que du

contenu. Cette forme logique était déjà, chez Parménide, essentiel-

lement dialectique : et le dilemme, constamment employé par Zenon,fait déjà la charpente de l'argumentation de Parménide (cf A. Rivaud,

Le Problème du Devenir, p. iSa et note 290). Zenon a développécette dialectique, s'en est servi contre tous et contre tout. A qui fait

abstraction du Parménide de Platon et des interprétations qui en

dérivent, ce que montrent les témoignages antiques, titres d'ouvrageset fragments, c'est Tuniverselle combativité de la dialectique de

Zenon, laquelle paraît beaucoup plus avoir exploité la thèse de l'Un

que s'être mise à son service.

4. Simpl. m Phys.. p. 98 et suiv.

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ISOTIGE '

17

ce resté en fait jusqu'à la fin ce qu'il était au commencement

de son entreprise : le fidèle écuyer de Parménide*. » Qu'il

l'ait été au début, nous ne le savons, en somme, que par la fic-

tion littéraire qu'est le dialogue platonicien. Mais, même enacceptant que la critique de Zenon ait toujours gardé commebase l'Eléatisme orthodoxe et n'ait point volontairement

atteint l'Un indivisible et global de Parménide, il faut dire

que le rôle de Zenon a été, pour ses contemporains et pour la

postérité immédiate, tout autre que celui d'une doublure de

Parménide. La grandeur dominante de Parménide com-

mence, dans l'histoire, avec Platon et se continue avec

Aristote. L'eiTort constant du Parménide à rabaisser Zenon au

profit de Parménide, d'un Parménide, d'ailleurs, platonisant,

témoigne que Zenon était, pour certains milieux au moins,

une figure de premier plan à côté, sinon au-dessus de Par-

ménide; que ces milieux étaient « ennemis d«îs Formes » et

qu'ils trouvaient leurs armes moins encore dans les doctrines

positives de l'Eléatisme que dans la dialectique de Zenon.

Le seul livre de Zenon dont il nous importerait de nousfaire une idée pour comprendre le Parménide est celui quicontenait les fameux Arguments. S'il fallait en croire Proclus,

qui ne dit point ses sources, ces arguments ou Aoyo'. étaient

en tout au nombre de quarante^. Chacun de ces Arguments

parait, d'après le récit du Parménide, s'être divisé en plusieurs

hypothèses \ Sur l'agencement des arguments et des hypo-

1. Th. Gomperz, Les Penseurs de la Grèce (trad. Reymond), I,

p. 218.

2. Proclus (trad. Ghaignet), I, p. i35 (Cousin, col. 694).

3. Parm. 127 d adjinem. La grande argumentation du Parménide

sera appelée, dans son ensemble, im « océan d'arguments ». En réa-

lité, si l'on suivait ici la terminologie appliquée aux Arguments de

Zenon, cette argumentation constituerait, dans son ensemble, un

immense àovo;divisé en

deux grandes u-oôias:; quisont les deux

questions : si l'Un est, si l'Un n'est pas. A chaque position nouvelle

de l'une de ces deux questions, on dira donc : revenons encore une

fois à rhypothèse. A la fin de la première position de la première

hypothèse, le mot\6-^o; est pris au moins une fois dans le sens d'ar-

gument particulier : 31 osï -o) -ouocb Xoyfo --.^tîjsiv (i /i2 a i). On peut

donc regarder « l'océan d'arguments » comme désignant la masse des

arguments particuliers à l'intérieur des hypothèses, Aristote parlera

de même des quatre « arguments » de Zenon contre le mouvement.

VIII. I. — 2

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i8 PARMENIDE

thèses dans le livre de Zenon, nous n'avons pas de renseigne-

.ments. Mais voici, d'après la citation textuelle de SimpHcius,ce qui paraît présenter le sclième le plus net de l'argumen-

tation zénonienne; c'est un Argument fait de deux liy}X)-

thèses ou «positions

» successives, dont les conclusions se

contredisent l'une l'autre :

a S'il y a plusieurs, ils sont forcément aulant qu'ils sont,

ni plus, ni moins. S'ils sont autant qu'ils sont, ils sont (en

nombre) fini.

« S'il y a plusieurs, les êtres sont (en nombre) infini; car,

dans l'intervalle de ceux qui sont, il y en aura toujours

d'autreset, dans l'intervalle de ceux-ci, d'autres encore. Ainsi

les êtres sont infinis en nombre ^ »

Cet argument dichotomique sera répété h satiété dans le

Parménlde et appliqué de façons très diverses. Il fondera, parla répétition indéfinie des deux parties « être » et « un »,

l'infinie multiplicité de « l'Un qui est=^ »;mais aussi bien

l'infinie multiplicité de l'Un en soi^. Il s'introduira, dans ce

dernier exemple, par la formule: « si nous isolons par la

pensée l'Un en soi ». La formule se répétera pour les partici-

pants de l'Un, quand on voudra montrer le caractère mixte

des « Autres que l'Un », fait d'illimitation naturelle et de la

limite qu'importe en eux la Forme de l'Un^. Enfin elle

s'appliquera, à peine variée, aux blocs d'apparence indivi-

sibles que constituent les Autres dans l'hypothèse d'une

absence totale de l'Un"'. Poursuivre ces

rappels

du raisonne-

ment zénonien dans l'œuvre de Platon n'est point possible en

cette notice. Mais de tels exemples suffisent pour faire entre-

voir quel secours apporterait l'œuvre de Zenon, si nous la

possédions tout entière, à l'explication du Parménide, et

quelles ressources, peut-être, réserve encore une analyse appro-fondie du Parménide pour la reconstruction de toute cette

dialectique dont Zenon n'est que le représentant principal.

Nous retrouverons un peu de cette dialectique dans

Mélissos, mais plus étendue et plus lourde. Aristote Fa jugé

I. SimpHcius, i4o, -îgft suiv. (Diels, Vorsok. I, 175).

a. Parm., i4"^ «'•

3. 76., i43a.

4. 76., i58 c/d.

5. 76.,

md.

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NOTICE 19

rudement. Platon en parlera dans le Théélète, mais seule-

ment pour l'opposer, lui et les autres Eléates, à l'unique

grandeur de Parménide*. Nous retrouverons pourtant, dans

le Sophiste (345 d),la

transpositiontrès claire d'une for-

mule brève où se résume le fragment 2 de Mélissos.

, Mais, s'il est, on dehors des Argumentsde Zenon, une pièce dialectique avec la-

quelle les hypothèses du Parmênide ont une analogie frappante,c'est le Traité de l'Etre ou de la Nature de Gorgias. Sa thèse,

que « rien n'est », est connue d'Isocrate (Or. X. 3, XV. 268).

Dans ce que nous a transmis Sextus Empiricus (Adv. math.,

VII. 65-87), elle est suivie des deux autres thèses : si l'être

est, il est inconnaissable; s'il est connaissable, la connaissance

en est incommunicable. La première thèse seule importe

pour le Parmênide. Trois hypothèses : si quelque chose existe,

c'est ou l'être ou le non-être ou, à la fois, l'être et le non-

être. Nous avons donc ici, comme dans le poème de Parmê-

nide, la troisième position de la première liypothèse dans le

dialogue de Platon. Le non-êlre ne peut exister;sans quoi,

en tant que conçu comme ne pas être, il ne sera pas ; mais,

« en tant qu'il est non -étant, il sera » : c'est sur un tel rai-

sonnement que le Parmênide construit ses entrelacements

compliqués (162 a). Que l'être ne puisse être nulle part, ni

en soi ni en autre que soi, est prouvé par le même raisonne-

mentqu'emploiera

le Parmênide (108 a/b ; 189 a; Sextus,

68-71). L'impossibilité que le plusieurs soit si l'un n'est pas

est, naturellement, commune à Gorgias et Platon (Sextus, 78 ;

Parm., i65 e), parce que c'est déjà du Zenon, tel que le

citait Eudème (Simplicius, 99, i5). Si nous avions assez de

fragments de Zenon pour instituer une comparaison entre

Zenon, Gorgias et le Parmênide, peut-être trouverions-nous

que certains des parallélismes indiqués ci- dessus sont imita-

lion directe de Gorgias par Platon .

A cette dialectique de Gorgias, écho

^^^etTaTecticiens. ^î^^^^^^ l'Éléatisme spécialement zéno-

nien, il nous faut ajouter celle de l'école

de Mégare. Sur les Mégariques, la critique moderne a plus

I. Théétete, i83 e.

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20 PARMENIDE

d'hypothèses que de textes. Euclide de Mégare, né proba-blement plusieurs années avant Platon et qui dut vivre au

moins jusque vers 36o, si Stilpon et Pasiclès furent ses élèves

personnels, serait, d'après la tradition, venu de l'Éléatisme àSocrate

;celui-ci mort, il revint à Mégare fonder une école

qui dura jusqu'à la première moitié du m* siècle. C'est à

cette école que se rapportent les renseignements fournis parAristoclès. Parmi les philosophes qui, rejetant le témoignagedes sens, n'acceptaient comme critère que la raison, il compte« les disciples de Stilpon et des Mégariques. Ceux-là esti-

maient que l'être est un et que « l'autre » n'est pas, et querien absolument ne s'engendre, ni ne se corrompt, ni ne se

meut'. » L'essentiel de la thèse que Diogène et Cicéron

attribuent en commun à Euclide est que le Bien est un et queson contraire n'est pas^. Le premier texte au moins rapprocheassez nettement les Mégariques de l'Éléatisme. De Zenon les

rapproche leur dialectique : ils attaquent, « non les prémisses,mais la conclusion de chaque démonstration^. » Leurs fameux

raisonnements éristiques ne sont attestés que pour une datebien postérieure au Parinénidcy encore que le sillographe

Timon en attribue la paternité de principe à Euclide *^. Ne

parlons pas ici de l'assimilation souvent faite entre les Méga-

riques et ceux que le Sophiste appelle•< Amis des Formes ».

La question nous occupera plus tard. Si, d'ailleurs, nous

comprenons bien les directions polémiques du Parménide,

notre intérêt serait

plutôt

de retrouver

quels

« ennemis des

Formes » ont pu se faire une arme de la méthode et du nomde Zenon. Les rapports d'amitié dont témoignent, entre

Euclide et Platon, la fuite de Platon à Mégare et le prologuedu Théétète, nous empêcheraient de chercher ces ennemis

déclarés des Formes dans la proximité immédiate d'Euclide.

Mais les frontières de la dénomination et de l'école méga-

riques sont bien flottantes. La formule simple que nous

transmet Cicéron : « Euclides, Socratisdiscipulus, Megareus,

2. Cicéron Acad., II, 42. — Diog. La., II, io6.

3. Diog. La.. II, 107.

4. C. Wachsmuth, Sillographorum graecorum Reliquiae (Leipzig,

i885), p. i53 : so'.oavxew EùxXctOcW, Msyapeuarv oç i;j.6aXêXuscjav

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NOTICE 2 1

a qiio ildem illi Megarici dicti » est bien élargie dans Dio-

gène : « ceux qui se rattachent à lui furent appelés Méga-

riques, puis Eristiques, enfin Dialecticiens ^ » Ln «sophiste »

Bryson est dit, par certains, avoir suivi les leçons de Socrateet fondé, avec Eiiclide, « la dialectique éristique^ »

; par

d'autres, avoir été l'élève d'Euclide et le maître de Pyrrhon ^

Platon est, chez Athénée (XI, 5o8 d\ accusé de l'avoirpillé.

Or la treizième lettre platonicienne (36o c) lui donne comme

disciple« un certain Polyxène », que Plutarque nous aide à

retrouver comme « dialecticien » à la cour du second Denys* ;

et le commentaire d'Alexandre à la Métaphysique nous dit

que Phanias, dans son livre contre Diodore, attribuait au

« sophiste Polyxène )> l'invention, sous l'une de ses formes au

moins, du fameux argument « le troisième homme ». Cet

argument nous est donné sous cette même forme « d'hypo-thèse » que revêtait chaque position successive d'un raisonne-

ment de Zenon : « si l'homme tient son être d'une partici-

pation à la Forme et à l'Homme-en-soi, il y aura forcément

un certain homme qui aura son être dans une relation à la

Forme. Mais ce n'est point l'Homme-en-soi qui existera par

participation à la Forme : il est la Forme. Il reste donc quece soit quelque autre et troisième homme ^. » Alexandre

connaît une autre version du célèbre argument, elle aussi

« inventée par les sophistes » et introduite encore par une

formule hypothétique. Si nous disons : « l'homme se pro-mène

»,nous ne voulons

point parlerdelà

Forme-Homme,car elle est immobile, lii d'un homme particulier, sans quoinous le pourrions déterminer et nous dirions qu'un tel se

promène. C'est donc d'un troisième homme que nous parlons °.

De telles indications sont moins utiles encore pour expli-

quer le Parménide que pour nous faire comprendre la façon

I. Cic. Acad., II, 129.—

Diog. La., 11, 106,

3. Suidas s. V. l!wy.ca-:r,ç.

3. Voir l'excellent article « Bryzon » de Natorp dans Pauly-Wis-

sowa, Real-Encycl., III, i, col. 927-929.

4. Plut. Apophih. reg., p. 176 c.

5. Alexandri in Met., 990 b i5, p. 84, 17 et suiv. (Hayduck).6. Ib., p. 84, 7 et suiv. La meilleure étude sur l'argument du

« troisième homme » est celle de L. Robin dans La Théorie platoni-

cienne des Idées et des Nombres d'après Aristote (Paris, 1908). Voir

spécialement p. 2i-5o et p. 609-612,

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2 2 PARMENIDE

dont Aristoie introduit certains de ses arguments contre les

Formes comme des objections déjà techniques et rebattues.

L'argument du « troisième homme » est déjà esquissé dans

la République: Dieu ne peut avoir fait qu'un lit en soi, car,

s'il en eût fait deux, un nouveau lit unique aurait aussitôt

« surgi » et c'est sa forme, à lui, qu'eussent possédée les

deux premiers. Les deux formules : T^àÀiv av at'a àva-pavctY,

...ixXao àpa sToo; àvaçavTJffs-a'.sont identiques dans la Répu-

blique et dans le ParniénicleK L'argument se retrouvera dans

le Tim^e quand on voudra prouver l'unité du Vivant Intel-

ligibleet l'unité

du Ciel, quil'imite-.

Le mêmeTiinèe

reprendra d'ailleurs la question du Parménide : y a-t-il une

Forme du feu ^? 11 transposera, en privilège de la puissance

créatrice, le privilège de l'Intellect Absolu : Dieu seul sait

et peut fondre le multiple en Un et résoudre à nouveau

rUn dans le multiple ;l'homme ne pourra jamais ni l'un

ni l'autre*. Enfin, entre le Parménide et le Timée, nous

retrouverons le progressas in injinitam qui fait le fond de

l'objection du « troisième homme » appliquée, dans le Thée-

ièle, à la science du savoir et du non-savoir "'. Chercher,

dans la littérature dialectique ou sophistique du temps, les

traces de pareils arguments ne peut donc avoir pour but der-

nier de nous faire découvrir l'origine des objections qu'exposele Parménide. La pensée personnelle de Platon, jamais

endormie, on l'a dit souvent, dans le « sommeil dogma-

tique », pouvait les devancer. Si les unes ou les autres lui sontvenues d'autrui, elle a mis, sur elles toutes, sa marque inef-

façable. Mais la direction d'où nous viennent les maigresindications fournies par Alexandre d'Aphrodise pourrait nous

faire espérer d'être, un jour ou l'autre, un peu plus claire-

ment renseignés sur les raisons dernières qui ont si nettement

infléchi vers Zenon l'orientation polémique du Parménide. S'il

fallait, enfin, entrer dans un domaine où il n'y a

plus que1. Comparer /?é/)u6r 697 c à Parm. 182 a/b. L'iraporlance de ce

texte delà République et son rapport avec l'argument de Polyxène ont

été, pour la première fois, rais en lumière par Cl. Baeumker {Rhcin,

Mi«. 34, p. 83/3).

2. Timée, 3i a.

3. /t.. 5i b/c.

\. Ib., Ç8d.

5. Théélete, 200 b/c.

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NOTICE 23

des hypothèses, on serait tenté de chercher, venant de ces

milieux de sophistes ou de dialecticiens « ennemis des

Formes », quelque dialogue dont Zenon eût été le principal

interlocuteur ouplutôt

le

principal questionneur.Une

phrased'x\ristote, qui a donné lieu à pas mal de controverses, n'a

guère d'explication plausible que dans l'existence de pareils

dialogues, où, « soit celui qui répond, soit le Zenon qui inter-

roge » prennent et l'Être et l'Un au sens d'unité indivisible '.

III

LA PREMIÈRE PARTIE DU PARMÉNIDE

Socratc est donc venu, avec toute une compagnie, à la

maison de Pytliodore, afin d'entendre lire les Arguments de

Zenon. Pythodore et Parménide se trouvent, par hasard,

absents. A Socrate et son groupe, Zenon a lu son livre. Il en

est aux derniers arguments quand la compagnie se com-

plète par la rentrée de Pythodore et de Parménide, quiamènent avec eux le Jeune Aristote.

Socrate demande alors à Zenon de relireSocrate et Zenon.

, •> i .i ^ ila première hypothèse du premier argu-

ment et, cette lecture faite, observe que le livre de Zenon n'a

voulu être, en somme, qu'une rép(;tition déguisée de la thèsede Parménide. Prouver l'inexistence du multiple, n'est-ce

pas, sous une forme quelque peu nouvelle, démontrer, encore

une ibis, Punique existence de l'Un ? Zenon sent la fine

pointe de cette remarque. Non, il n'a point voulu se revêtir

de la gloire de Parménide et faire, de la thèse du Maître, sa

thèse à lui. Socrate se méprend sur la portée voulue de cette

œuvre. Elle n'est

point

née d'une ambition d'homme mûr

qui projetait de rendre son nom inséparable du grand nom

1. Arist. Soph. elehch., 170 b, ai et suiv. La traduction que je

donne de xat ôà7:oy.p:vd;j.£vo;

xaî 6 âpwTtov Zrjvtov est ccrtifié'^! par tout

le contexte précédent. C'était déjà celle d'Emmingcr (Die vorsokrat.

Philosophen, Wûrzburg, 1878, p. 187, i3o ap. Zelîcr, Die Philosophie

der Griechen, I. i , p.

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24 PARME.MDE

de Parménide. Elle est née de l'humeur batailleuse d'un jeune

homme, qui voulait rendre coups pour coups aux adversaires

de Parménide en montrant que, si nombreuses que fussent

les contradictions dénoncées par eux dans la thèse de l'unité

absolue, la thèse de lapluralité en entraînait de plus nom-

breuses encore. Socrate accepte l'explication, qui réduit aux

proportions modestes d'un essai d'élève la fameuse argumen-tation zénonienne

;mais cette œuvre de jeunesse a-t-elle, au

moins, vraiment posé le problème comme il devait être

posé? Non, elle apris, comme champ d'argumentation, un

domainepiétiné par

tous : le domaine des choses sensibles.

Aussi les résultats qu'elle obtient n'ont-ils rien de merveilleux.

Montrer que chaque objet sensible est à la fois égal et inégal,

semblable et dissemblable, un et multiple, est chose facile et

de peu déportée. Ce que voudrait Socrate, ce qu'il admirerait

comme un exploit véritable, c'est que, dans les formes mêmes

auxquelles participent les objets sensibles, on montrât, inti-

mement coexistantes, en mille manières entrelacées, les

mêmes oppositions de ressemblance à dissemblance, d'égalité

à inégalité, d'unité à multiplicité. D'une telle démonstration,

Zenon n'a pas eu l'idée; et, si l'on veut bien reconnaître

que son argumentation « fut conduite avec une belle et mâle

vigueur », ce n'est là que salut courtois de vainqueur à

vaincu. A la lin de ce petit acte, Zenon s'efface nettement

vers le second plan. Son œuvre est reléguée dans l'ombre et

la seule allusionqui y

sera faite désormais au cours du dia-

logue sera 1,'acquiescement très net de Parménide aux criti-

ques de Socrate. Sa personne ne compte plus que pour celle

d'undisciple qui « fut » l'aimé de Parménide, qui lui reste

compagnon fidèle, qui n'attira un instant l'attention domi-

nante qu'à cause de la curiosité éveillée par une œuvre encore

inédite pour Athènes, mais bien vite détrompa cette curiosité

et découragea cette attention, qui enfin, dans tout le cours

subséquent de l'entretien, ne sortira du rôle d'assistant muetque pour solliciter l'honneur de redevenir, en écoutant une

argumentation de Parménide, l'élève qu'il fut jadis.

Si la joute avec Zenon fut facile à

et Parménide. Socrate, un duel plus serré l'attend et, de

celui qui va mener le duel, Socrate dira,

de longues années après, qu'illui

parut toujours, « comme le

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NOTICE 25

héros d'Homère, vénérable et, tout autant, redoutable »^'t^'est Parménide qui interroge.

Socrate sépare donc formes participées et sensibles partici-

pants.

Il reconnaît donc un être défini,di|jtinct

et

séparé

à

toutes les formes qu'a maniées l'argumentation de Zenon,

mais qu'elle n'a point su ou point osé envisager directement.

Mais le jeune Socrate a-t-il eu assez d'audace pour aller

jusqu'au bout dans sa conception des formes, assez de péné-tration pour apercevoir les terribles difficultés qu'elle

soulève ?

A la question : de quoi y a-t-il formes ? Socrate ne sait

trop jusqu'où il peut répondre. Son point de départ et

aussi sa base de retraite, c'est l'acceptation décidée d'une

réalité définie, indépendante, pour le juste, le beau, le bien

et toutes essences analogues. Mais poser, à part de Thomme

individuel, une forme réelle de l'homme; à part du feu et de

l'eau visibles, une forme du feu, une forme de l'eau; à part

surtout des objets communs ou vils que rencontre notre

expérience journalière, le cheveu,la

boue,la

crasse, poserune forme en soi de la boue ou du cheveu

; cela, Socrate ne

sauraits'y résoudre. C'est que, si pressants que soient les

appels de sa pensée, portée d'instinct à prolonger et achever

son mouvement logique, Socrate est jeune, « garde encore un

regard à l'opinion des hommes » et craint de se noyer « dans

un abîme de niaiserie >>. Mais Parménide sait que la maturité

de la pensée prévaudra sur ces craintes de jeunesse ; que la

philosophie, à laquelle Socrate ne s'est livré encore que d'en-

thousiasme, prendra un jour possession de tout son être et

l'éclairera sur la vanité de certains dédains où la pensée logi-

que n'a point de part.

De quelle façon, maintenant, définir le rapport de dépen-dance que l'on suppose entre les formes et les objets dont

elles sont formes ? De quel droit arrêter à l'unité d'une

forme et limiter dans son essor le mouvement qui portela pensée à poser, sous chaque identité, un support réel

et permanent ? Comment, à séparer si nettement formes et

objets, éviter de creuser, entre les deux, un abîme que la

pensée ne saurait franchir? Difficultés de la participation,

impossibilité dejustifier

l'unité de la forme, inutilité scien-

I. Théét. i83 e.

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lîQquo do ia doublui^ qu'une telle ih«k)rie superpose au iveL

ce sont lu objections sur lesquelles Aristolc s'étendra à plaisir.

Quelque jugement que Ion doive porter sur leur valeur,

il faut reconnailrn que le PanuMide de Platon les cxpovse

avec une logique dont la clarté impitoyable ne sera pas dépassée.

Le rap{)ort des multiples objets à la forme unique ne |x^ut

Mre que participation,soit au tout, soit à utie

jwirtiede la

ioruie. Dans le premier cas, la forme sera tout entière en

elle-même, tout entière en chacun des multiples objets,

donc séparée d'elle-même. Essayer d'explit|uer .«on omnipiv-sencc

j>ar Tomniprésencedu

jour;la

comparerau voile don!

rétendue indivisée recouvre une pluralité d'objets séparés,

ne sert qu'A mieux montrer la réelle division do la forme en

cette participation. Mais conmient accepter que les objets

))articipent ainsi à une partie de la forme ? La partie de gran-deur participée deviendra petitesse par rapj^K>rt

au tout de la

grandeur ;le tout de la petitesse deviendra grandeur par

rapport à sa partie. Le [>articipant deviendra contraire à ce à

quoi il participe.

Est-ce par découvrir, en une pluralité d'objets, un aspect

commun de grandeur que Socrate en vient .^ mettre, sous cet

aspect identique, la tonne unique de « grandeur v>? Entre

cette forme ainsi constituée et quelque autre pluralité

d'objets grands n'y aura-t-il pas encore identité de carao-

tt'^re? Celle-ci devra donc s'expliquer jxirune forme nouvelle,

et nous aurons la forme de la forme, à rintini. Socrate pareautant qu'il peut et cberdiedes ixwtures moins exposées. Ne

peut-on diix% j>ar exenq)le,que chaque forme est une |>en.sée?

Ainsi réalisée uniquement dans l'esprit, pur concept, commediraient les modernes, elle peut s'appliquer à tout un divers

sans rien perdre de son unité. Mais cette forn»e-pensée sera

pensée de quelque chose et de quelque chose de rtVl : à savoir

de l'asjMîcl unique par elle perçu dans tmepluralité d'objets

séparés. Cet unique aspect, c'est la forme, et nous n'avons fait

que reculer le problème. D'ailleurs, poser que les formes sont

()ensées et que tout participe aux formes, n'est-ce pas s'obliger

à résoudre ce dilemme: «r ou tout est fait de pensées et tout

pense, ou bien tout est pensées, mais privé du penser »?

Socrate essaie bien encore une autre i^traite. Les formes

seront u dans la nature », c'est-à-dire dans la réalité supra-

sensible, à titre de paradigmes dont les choses seront copies :

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NOTICK 37

la participution ne »eraplu8 qu'une rc»Aeiiil)lance. Mai», entre

ie modèle et la copie, il y aura reii»ei(iblanco ; donc il y aura

participation commune et du modèle et de la (x>pieà une

Jbrme nouvelle, celte fois encore ù l'infini.

Ënfm, diUicuilé suprême et qui diapexise d'en énumérer

d'autres : les iornies seront inconnaissables a Tliomme, la rivalité

d'ici-bas sera inconnaissable /i Dieu, (ycslquelormesetcboseseonstituool deux ordres de relations totalement indépendantsl'un de l'autre. l>e maître en soi n'est maître que de l'esclave

en soi ; l'esclave de cbez nous n'est esclavei\\u*

du maître de

chez nous. Les (-orrélatii'H de là-baut n'ont leur 6lre

((u'encette relation mutuelle, en dehors de toute relation h que

que ce soit de chez. nous. Les correlatifs de cher, nous n'ont»

à leur tour, leur être qu'en la réciprocité de rapports qui les

lie, en dehors de tout rapport à quehpie a en-soi n de là-

haut. S'il y a donc une science en .noi, une forme de la

science, elle .seule sera science de ces formes supérieures ;

notre science à nous et nos sciences à nous ne seront sciences

(|ue des choses de chez nous : les formes nous seront inconnais-

.sables. Mais la forme de la science ne sera science que des

formes. Si elle se réalise en un esprit, cet esprit sera con-

damné h tout ignorer des choses d'ici-bas, et sa puissance ne

pourra rien sur elles: Dieu lui-même ne saura rien de notre

monde et n'aura, sur notre monde, aucune action.

Cette objection, qui menace d'être mortelle pour la théorie

des Formes, Parménide nol'a

point faite en son nom. Si

vigoureusement qu'il la formule, il a tenu k on limiter, h

l'avance, la portée. Persuasive et contraignante, l'objection

né Test, en elVel, que par la faute de ceux cjuila font. 11 leur

manque, d'ordinaire, et les dons naturels et la richesse

d'expérience indispenHablos ;il leur nian(]ue aussi l'aptitude

à suivre une diale(-ti<|ue dont les points de départ sont loin-

tains et les déductions compliquées. Ainsi nous souinies aver-

tis que, si la jeunesse urd<Mite de Socrate est battue, la cause

pour laquelle il s'enthousiasma ne l'est point. Si Parménide

a délinitivement conquis le premier plan, il n'y vient et n'y

reste (pie pour mener à terme, avec la vigueur de son expé-

rience diaicctiipie et l'autorité de son ôge, une démonstration

que la jeunesse de Socrate ne faisait qu'entrevoir dans une

divination de génie.< • ' '

<|ijc\.i moulier

jiliis pleine-

ment r<"nh'nr1n.

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28 PARMENIDE

Portée des objections contre la théorie

des r ormes, impossibilité de résoudre ces

objections sans un long entraînement dialectique préalable,

nature et méthode de cette « gymnastique » intellectuelle,

appel à Parménide pour qu'il en donne lui-même un exem-

ple concret, hésitations, puis finale acceptation de Parménide,voilà ce que nous donne cet cntr'acte.

Les difficultés que soulève la théorie des Formes sont iné-

vitables. Insurmontables, elles ne le sont en apparence quefaute d'esprits assez puissants soit pour en comprendre,soit

pour en trouver et pour en enseigner à d'autresla

solution. Cette solution est envisagée comme possible

même pour l'objection« qui déclare les Formes en toute

nécessité inconnaissables à l'humaine nature ». Parmé-

nide ici n'indique point ce qu'on pourrait appeler la

racine permanente et indestructible de ces difficultés. 11 ne

dit point ce que dira le Socrate du Philèbe: l'impossibilité

d'envisager quoi que ce soit comme un sans l'envisager aus-

sitôt et nécessairement comme multiple est comme une affec-

tion incurable, comme la marque native et indélébile de

notre pensée logique'. Si la formule en est venue à cette

heure à l'esprit de Platon, il avait d'excellentes raisons pourne point la produire ici : elle ne pouvait se produire qu'unefois préparée par les heurts répétés de l'un et du multipledans les déductions qui vont suivre, et peut-être ne lui con-

venait-il point d'attribuer à son Parménide l'intelligence

parfaite du sens même de ces déductions. Car Parménide ne

juge la théorie des Formes que du dehors encore, pour ainsi

dire, et ne l'aperçoit pleinement réalisée que dans un avenir

idéal. Celui qui l'achèvera dépasse de bien haut et le jeunehomme qu'est actuellement Socrate et Parménide lui-

même^.

Quelles que soient les difficultés

que

soulève la théorie des

Formes, que ces difficultés soient totalement résolubles ou

inhérentes à la nature même de l'esprit, l'acceptation des

Formes est condition indispensable de la science. Si Ton se

refuse « à poser, pour chaque réalité, une forme définie, on

n'aura plus alors où tourner sa pensée, et, par ne point vou-

1. Philebe, i5 d.

2. Parm. i35 a-b.

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NOTICE 29

loir que chaque nature d'être garde identUé permanente, on

anéantira la vertu même de la dialectique ». C'est, avant

tout, cette divination des exigences foncières de la pensée quia guidé Socrate dans son élan vers les Formes. Il lui manquace que donnent seulement l'âge et le long exercice : la science

des armes.

C'est que, pour lutter victorieusement avec la vérité quise dérobe, l'élan du plus généreux enthousiasme ne suflit

pas. Il faut un entraînement préalable. Zenon en a donné le

modèle ou plutôt le canevas tout brut. Car Socrate a eu

merveilleusement raison contre Zenon : Parménide, qui n'a

point jugé nécessaire d'honorer de sa présence la lecture desfameux arguments, qui a compté, sans dire mot, les coups

portés par Socrate à son disciple de cœur, n'a que des paroles

d'admiration pour la critique de Socrate. Celui-ci a bien vu :

l'application que Zenon a faite de sa dialectique au monde

sensible est vraiment trop facile et banale;

il faut transpor-

ter cette dialectique au monde des formes suprasensibles.

Nous sommes dûment avertis

queles déductions

quivont

suivre sont une transposition voulue de la dialectique zéno-

nienne. Transposition, mais aussi élargissement ; car, aux

formes spécialement mises en œuvre par Zenon dans ses

arguments, unité et pluralité, égalité et inégalité, ressem-

blance et dissemblance, mouvement et repos, viennent s'ajou-

ter, dans le petit catalogue que dresse présentement Parmé-

nide, la génération et la destruction, l'être et le non-être

eux-mêmes*. Les déductions de Parménide nous présente-ront une richesse d'oppositions beaucoup plus grande encore.

Mais, si, vu la façon très fragmentaire dont nous connais-

sons les arguments de Zenon, nous ne pouvons que supposeravec vraisemblance cet élargissement du nombre des catégo-ries envisagées, il y a, du moins, dans la dialectique nou-

velle, un progrès que Parménide souligne expressément :

elle pose les questions d'une façon plus complète et plusrigoureuse. Il faut faire, en effet, quelque chose de plus quen'a fait Zenon : « poser, en chaque cas, l'existence de l'ob-

jet ne sullit pas ;il faut poser encore Tinexistence du même

objet, si tu veux pousser à fond ta gymnastique ». Ainsi,

l'argumentation qui doit remplacer l'argumentation zéno-

I. Parm. i36 a-c.

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3o PARMENIDE

nienne poserait successivement les deux questions : s'il y a

pluralité, s'il n'y a point pluralité. Elle chercherait donc

quelles conséquences entraînent, non seulement l'hypothèse

positive, mais aussi l'hypothèse négative, tant pour les plu-sieurs par rapport à eux-mêmes et par rapport à l'Un, que

pour l'Un par rapport à lui-même et par rapport aux plu-

sieurs. A toutes les oppositions mentionnées, elle ferait subir

le même traitement.

Seul, Parménide est capable de ce tour de force dialectique.

Zenon, Socrate, le Jeune Aristotc, Pythodorc lui-même et

tout le chœur des « assistants muets » s'unissent

pourle

sup-plier de faire, sur un exemple concret, la démonstration de

sa méthode. Parménide se rend, non sans se plaindre, à cette

contrainte persuasive : il se lancera donc, lui si vieux, « dans

ce rude et ce vaste océan d'arguments »;

il acceptera« de

jouer ce jeu laborieux x et choisira lui-même, comme objet

de sa discussion dialectique, sa propre hypothèse : l'Un.

Inventée par lui, développée par lui aujourd'hui devant un

auditoire dont pas un membre, même pas Zenon, n'en soup-

çonne le maniement, une telle discussion ne devrait pouvoirse mener à bon terme que sous la forme d'un monologue.Le Socrate de Platon a plusieurs fois employé, pour résumer

une discussion ou suppléer à l'insuffisance dialectique de

l'auditoire, le monologue dialogué'

. Ici la discussion s'an-

nonce trop longue. Un « répondant » est nécessaire, mais un

répondant tout neuf, dont les oui et les non ne seront quel'écho docile de la pensée du questionneur et marqueront,d'une façon bien nette, pour l'auditoire attentif, les arêtes

vives du raisonnement. Le répondant, dans cette nouvelle

espèce de monologue dialogué, sera donc le Jeune Aristote.

IV

LA SECONDE PARTIE DU PARMÉNIDE

Le monologue dialogué va constituer ce que nous pouvons

appeler le troisième et grand acte du drame. Le plan d'une

I. Cf., par exemple, Gorgias 5o6 c-Soy a; Lois 892 a-Sg^ a.

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NOTICE 3i

telle discussion a été escpiissé par Parménide. Il nous donne•d'avance la division du troisième acte en deux grandesscènes : afîirmation de l'Un et conséquences de cette affir-

mation, soit pour rUn,soit

pour tout ce qui n'est point l'Un:

négation de l'Un et conséquences de cette négation, soit pourl'Un lui-mcme, soit pour tout ce qui est autre que l'Un. La

subdivision de ces deux grandes scènes ou hypothèses géné-rales en plusieurs grandes fractions ou hypothèses subordon-

nées, la subdivision de chaque hypothèse en plusieurs argu-ments ou /ovot étaient commandées par la nature même de

ce vaste raisonnement hypothétique, par le modèle qu'unetelle argumentation transpose, à savoir les fameux argu-ments de Zenon, par la volonté, enfin, expressément annon-

cée, de faire plus profond, plus large, plus rigoureux quen'avait fait Zenon.

La première question est donc : si l'UnJ'remière question:

^^^^ ^^,^^^ résulte-t-il, et pour l'Un par

rapport à soi et par rapport aux Autres,-et pour les Autres par rapport à eux-mêmes et par rapport à

l'Un? Mais l'hypothèse : si l'Un est, peut s'entendre de deux

manières. On peut vouloir affirmer, avant tout, l'unité de

l'Un. On peut aussi vouloir affirmer son être. Ainsi nous

obtenons deux positions distinctes : l'Un est un; l'Un est. Si,

d'autre part, on se rappelle la triple position du problèmede l'Être dans le

poèmede Parménide: l'Être est, l'Être

n'est pas, l'Ltre est et n'est pas, on ne s'étonnera point de

voir apparaître ici une troisième position de l'Un : l'Un est

<;t n'est pas.

Soient donc les conséquences pour l'Un de ces diverses

positions de l'Lîn.

i) Posé comme purement un, l'Un se refuse à toute

pluralité. Il n'a donc point de parties et n'est pas un

tout. 11 n'a limite d'aucune sorte et n'a donc aucuneforme. Il n'est, par suite, ni enveloppant ni enveloppé, et

n'est donc nulle part, ni en soi ni en autre que soi. Il n'a

aucune espèce de mouvement. L'altération, en effet, lui est

naturellement interdite de par son unité indivisible;

la

rotation, parce qu'il n'a pas de parties, donc pas de centre;

la translation, parce que forcément progressive et s'opérant

par parties. Maisil n'est

point non plusen

repos:

car.

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32 PARMÉMDE

n'étant en rien, il ne peut ni être ni persister « dans le

même », ce qui est le propre de la permanence et du repos.

Il n'est, ni à soi ni à autre que soi, identique ou différent,

semblable ou dissemblable, égal ou inégal. Il ne peut doncêtre, ni à soi ni à autre que soi, égal ou inférieur ou supé-rieur en âge et ne participe donc d'aucune manière au temps,n'est pas dans le temps. Donc il n'est ni ne devient, ne fut

ni ne devint, ne sera ni ne deviendra. 11 ne participe donc

d'aucune manière à l'être, donc même pas à l'être un. Il

n'est pas davantage pour autrui qu'il n'est pour lui et, de

lui, il n V a ni nom, ni définition, ni science, ni sensation, ni

opinion. Ainsi poser que l'Un est un, c'est se contraindre à

le dépouiller successivement, non seulement de tout ce qu'yaffirmait d'être et de connaissable la pensée de Vérité dans

le poème parménidien, mais encore de toute l'ombre d être

et de cognoscibilité dont se contentait l'Opinion.

3) Ce sont là des conclusions totalement inacceptables.

Nous poserons donc que l'Un est. Ce faisant, nous posons

d'une part « l'Un », et, de l'autre, « est ». Donc nous disons

« est » de l'Un parce qu'il participe à l'être, et nous disons

« un » de l'être parce que l'être est un. « L'Un qui est »

devient un tout dont l'un, d'une part, et, d'autre part, l'être

sont les parties. Or cette dualité se répétera indéfiniment :

tout ce qui sera, sera un;tout ce qui sera un, sera. L'être

et l'Un vont donc se morceler à l'infini. Illimité par ses par-

ties, l'Un, comme tout,aura limites et forme. Il aura

doncinclusion en soi et en autrui, mouvement et immobilité,

identité et différence, ressemblance et dissemblance, contact

et non contact avec soi comme avec les Autres, égalité et

inégalité. Il sera donc et deviendra, à soi et à autre que soi,

égal et supérieur et inférieur en âge. « Donc l'Un fut, est,

sera, devint, devient, deviendra » et cette participation mul-

tipliée à l'être et au devenir le rendra connaissable par tous

les modes de connaissance: il y aura, de lui, science, opinionet sensation, nom et définition. Ainsi l'Un ne peut se posercomme réel sans exiger tous ces degrés inférieurs d'être et

de cognoscibilité que la Vérité du Parménide historique en

voulait bannir.

Notre résumé n'est qu'un squelette : cette seconde position

de l'Un est étudiée, en effet, dans une série d'analyses dont

un commentaire continu pourrait seul faire entrevoir la

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NOTICE 33

richesse. Elles sorienlenl vers le passé comme vers l'avenir.

Vers un passé déjà lointain : qu'on relise attentivement la pre-mière partie du poème de Parménide et l'on verra que Pla-

ton n'en a

presquelaissé de côté aucun détail au cours de

cette discussion. Vers un passé tout proche : deux au moins

des arguments employés, au second acte, dans la critique

des formes, réapparaissent ici en leur formule textuelle. Onnous redit, ici, de l'Un ce qu'on nous avait dit de la Forme :

« Est-ce que donc lui, qui est un, serait, tout entier à la fois,

en plusieurs lieux présent ? S'il n'y est tout entier, il y est

donc morcelé; car, s'appliquer à la fois à tous les fragments

de l'être, il ne le pourra qu'en se morcelant. Mais ce qui se

morcelle se multiplie nécessairement autant de fois qu'il a de

morceaux^. » C'est la première objection qu'a faite Parmé-

nide à Socrate. Et voici le principe sur lequel s'appuya la

dernière et la plus redoutable : « la grandeur en soi ne peutêtre supérieure en grandeur à rien d'autre que la petitesse

en soi, la petitesse en soi inférieure à rien d'autre que la

grandeur en soi. Ce n'est point à l'égard de UUn que gran-deur et petitesse ont leur puissance d'excès et de défaut :

c'est seulement à l'égard l'une de l'autre'. » Il faudrait peut-être un peu d obstination pour ne pas voir là un parallélismevoulu : une comparaison détaillée ne pourrait qu'en multi-

plier les exemples. Mais ces analyses seront fécondes aussi

pour l'avenir. On s'exposerait à étonner ceux qui veulent

qu'x\ristote ait ignoré le Parménide en montrant que l'ana-

lyse du contact, si abstraitement poursuivie dans le Parmé-

nide, ne fut point sans profit pour la Physique d'Aristote et,

tout aussi bien, qu'une page des Premiers Analytiques ne

fait qu'appliquer aux termes et aux prémisses du syllo-

gisme le raisonnement du Parménide sur le nombre comparédes termes et des contacts^. Mais on peut dire, au moins,

que le Théélète. le Sophiste, le Philèhe construiront certaines

de leurs thèses, parfois fondamentales, dans le même esprit

et parfois sur le même fond textuel que les présentes ana-

lyses. Rien de plus suggestif, au point de vue de l'idée mathé-

I, Comparer \!\lx c/d à i3i b/c.

3. Comparer i5o c/d à i33 d/e.

3. Parm. 1^9 a/b.— Arist. Anal. Pr. !x2 b 1-26; Phys. 226 b-

227a et

passim.VIII. I. — 3

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34 P\RMÉNIDE

matique de limite et de continuité, que la page curieuse où

l'on montre que les rapports entre le plus jeune et le plus

vieux tendent à s'inverser sans jamais y parvenir. La raison

de ce devenir inverse, c'est cette proposition dont on cherchevainement la formule dans Euclide, parce que, prohablement.elle n'est qu'une proposition de logistique ou arithmétique

vulgaire : « Si deux quantités inégales croissent de quantités

égales, la fraction qui exprime leur rapport tend vers Un *. »

Damascius estime que Platon « mathématise » ici d'une façon

exagérée-. Mais l'utilisation de la notion d'incommensurable,encore que passagère et superficielle, dans la comparaisonde grandeur de l'Un avec les Autres et avec soi-même nous

prouve aussi que Platon n'est point, dès cette heure, étrangeraux préoccupations de la mathématique nouvelle dont il va

bientôt saluer, en Théétèle, le promoteur^. Enfin le groupe-ment et l'analyse comparée des notions d'un, être, autre, pré-ludent à la discussion des cinq genres suprêmes dans le Sophiste,

et la dualité indéfinie que révèle « l'Un qui est », l'illimita-

tion foncière de l'Un en soi, amorcent des analyses que ie

présent dialogue reprendra et dont l'écho se prolonge, non

seulement à l'intérieur, mais au delà même du Philèbe^.

3) L'Un est donc, d'après les déductions précédentes, «d'une

part un et multiple, d'autre part ni un ni multiple, d'ail-

leurs participant au temps. » Ainsi nous avons accepté, pourl'Un, la thèse que prônaient, pour l'Etre, les sourds et les

aveugles

flétris

par

le vieux Parménide : il est et il n'est

pas,il est un et multiple, il naît et périt. Nous sommes ainsi

revenus aux sentiers d'Heraclite : « Est-ce que sa naissance

comme un n'est passa mort comme multiple, et sa naissance

comme multiple, sa mort comme un°? » Nous avons accepté

d'expliquer, avec les mécanistes, naissance et mort par asso-

ciation et dissociation. Mais toute cette succession d'opposi-

1. Parm. i55 a-i55 d.

2. Damascius, Ruelle II, 2^4, i8 "• Soxsï y^? ;j.a6ïi|jLa':iK£y£30a:

ripa toS Siovtoç.

3. Parm. i/jo c/d— Théétete 1^7 d-i48 b.

4. Lire, v. g. dans L. Robin, La. théorie Platonicienne des idées et

des nombres diaprés Arislote (1908)» les théories sur la dysde indé-

finie p. 281-284 et al.

5. Parm. i56 b.

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iNOTICE 35

lions implique la notion de changement, et la subite volte-

face que suppose le changement ne s'opère point clans le

temps : elle ne peut s'opérer que dans l'instantané, point

de départ de toute mutation. L'analyse de cette u étrangechose » qu'est l'instantané est une. réplique h l'analyse du(c maintenant » dans la seconde position de l'Un '. Elle

sert à montrer que, dans cet indivisible intervalle, l'Un

réunit en soi toutes les affirmations et toutes les néga-tions.

De la position de l'Un nous avons vu les conséquences

pour

l'Un et

par rapport

à lui-même et par rapport auiE

Autres. Il nous reste à voir les conséquences de cette position

de l'Un, soit pour les Autres par rapport à l'Un, soit pour les

Autres par rapport à eux-mêmes. Les Autres, c'est tout ce

que Ion ne pose point quand on pose l'Un. C'est tout le

reste. Nous aurions tort de traduire ce « reste » par « les

choses sensibles ». Platon demeure dans le général et dans

l'abstrait. Parménide a, d'ailleurs, déclaré que l'examen doit

porter uniquement sur des Formes'. Les Autres sont donc,de par les lois expressément imposées à celle argumentation,les Formes autres que celle de l'Un, envisagées dans leurs

relations avec l'Un ^ Même au terme de leur dégradation pro-

gressive, quand l'absence de tout rapport avec l'Un ne laisse

plus voir en eux qu'une illimitation essentielle, ils gardentun caractère d'abstraction qui les maintient dans le domaine

des essences et desprincipes'.

La traduction « les Autres »

a donc l'avantage et de laisser les --jjIx. dans leur indétermi-

nation, et de conserver le pluriel, qui marque plus nette-

ment leur opposition à l'Un. L'examen de ces conséquences

pour les Autre? e>t fait dans la quatrième et la cinquième

hvpothèse.

1. Pana, lôti d, à comparer avec Parni. 102 a et 9uiv.

2. Parm. i35 e.

3. Voir(i36 a-c) les exemples à l'aide desquels Parménide explique

le principe de cette argumentation. J. Burnet (Greek Philosopliy, I,

Thaïes to Plato, 191 4) a, bien avant nous, traduit TxÀÀa par « the

others » et déclare (p. 262) : « They are just the other forms «.

4. Cette dégradation progressive a été très bien mise en lumière

par P. SaloTp{Plalos Ideenlehre, i»"« éd. igoS, p. 206 et suiv.), dont

je suis loin d'accepterles

conclusionsd'ensemble.

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36 PARMEMDE

4) Si nous posons un Un tel qu'en face de lui les Autres

soient vraiment autres, ce sera rester dans notre seconde

position de lUn. De même qu'elle permettait à l'Un toutes

les participations, elle permet aux Autres une certaine parti-

cipation à l'Un. Du moment qu'ils sont autres, en effet,

c'est qu'ils ne sont point un. C'est donc qu'ils ont des par-ties. Or ce n'est point de la pluralité des parties que chaque

partie est partie : « c'est d'une certaine forme unique, d'un

certain un que nous appelons tout, unité achevée issue de

l'ensemble. » Donc les Autres participent à la fois au tout

et à l'Un. Mais,puisqu'ils

ne font

que participer

à l'Un, ils

sont autre chose qu'un, donc plus qu'un, donc multiples et

d'une multiplicité infinie. En dehors de cette participation à

l'Un, le plus petit fragment qu'on en pourrait isoler par la

pensée serait encore multiplicité pure ; mais, dès qu'il devient

partie,« il se voit immédiatement limiter et par les autres

parties et par le tout. » Ainsi nous obtenons cette formule

dont nous verrons l'heureux emploi dans le Philèbe : a les

Autres que l'Un ont communauté et avec l'Un et avec eux-mêmes

;et c'est de là que naît en eux, semble-t-il, ce surplus

étranger qui leur apporte limitation réciproque. Quant à leur

nature propre, elle ne les a doués proprement que d'illimi-

tation. » Limités donc aussi bien qu'illimités, les Autres sont

encore semblables et dissemblables, identiques et différents,

immobiles et mus, et l'on démontrerait trop facilement qu'ils

reçoiventtout le reste des

oppositions.5) Mais, si l'Un à qui nous opposons les Autres est, comme

dans la première position, l'Un à l'état pur, l'Un absolu, il

sera totalement à part des Autres et les Autres totalement à

part de lui. Toutes les oppositions que nous venons d'affir-

mer des Autres en devront donc être niées. Ni identiques ni

différents, ni naissants ni périssants, ni mobiles ni immo-

biles, ni plus grands ni plus petits ni égaux, voilà ce queseront les Autres, « privés qu'ils sont de l'Un sous tous rap-

ports et en toute mesure. »

A notre première question : si l'Un est, nous devons donc

donner cette réponse d'ensemble : affirmer l'Un nous con-

traint et de lui attribuer toutes les déterminations contra-

dictoires et d'en nier toutes les déterminations, même celle

d'Un.

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NOTICE 37

6) Observons tout d'abord que nousSeconde Question : •

, ,• l-

S rUn n'est vas poumons tout aussi bien poser ces au-

tres questions : si la grandeur n'est pas,

si la petitesse n'est pas. Chacune de ces questions aurait unsens bien défini. Le sujet de la non-existence ainsi posée yserait nettement distingué de tout autre sujet possible. Quanddonc nous posons que l'Un n'est pas, nous entendons, sous

cet Un qui n'est point, mettre quelque chose de précis et de

différent des Autres, quelque chose de connaissable et de dis-

cernable. Bien que n'étant point, il est donc sujet d'attri-

butionspositives

et à lui

propres:

cognoscibilité,

diffé-

rence relativement aux Autres, attributions déterminantes

comme « de celui-ci, à celui-ci, de ceux-ci. » Il a donc une

pluralité de participations. Il a, par rapport et à soi et aux

Autres, ressemblance et dissemblance, égalité et inégalité,

être même aussi bien que non-ètre ; car il est non-étant. Dumoment qu'il a être et non-être, il a passage de l'un à l'au-

tre, donc changement et mouvement aussi bien que non-

altération et immobilité.

La présente hypothèse nous a donc fait reconnaître, au

non-être de l'Un, une certaine existence définissable et discer-

nable, sujet d'attributions positives. C'est la réponse du

Parménide de Platon à la solennelle interdiction prononcée

par le Parménide historique : « non, tu ne contraindras

point les non-êtres à être. » Mais, comme les autres correc-

tions faites au poème parménidien, elle se fond dans l'en-semble logique dont elle fait partie. Le Sophiste seul pourra,

par l'intermédiaire d'un disciple éléatique, pousser à fond

cette critique de la thèse parménidienne. Mettre en saillie

trop accusée de telles critiques dans le Parménide eût été

manquer à toute vraisemblance : si le « parricide » auquelse résout l'Eléate du Sophiste doit encore, malgré les néces-

sités inéluctables qui le commandent, être préparé par une

série de précautions oratoires, le présent dialogue ne pouvait

imposer à Parménide un véritable suicide sans perdre tout le

bénéfice de cette fiction artistement élaborée d'un Parménide

ami des Formes.

7) Mais, si, au lieu de porter notre attention sur le sujet

de la non-existence posée par cette négation « l'Un n'est

pas », nous la portons directement sur cette « non-existence »,

nous devrons donner à celle-ci son sens plein:

absence totale

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38 PARMEMDE

d'être. L'Un ne devra donc ni avoir part, ni prendre part,

ni cesser d'avoir part à l'être en quelque façon que ce soit.

Ni naissant ni périssant, ni mobile ni immobile, ni grand ni

petit ni égal, ni identique ni différent, ni semblable ni dis-

semblable à soi-même ou aux Autres, l'Un n'aura donc, sous

aucun rapport, aucune détermination.

Quelles seront, de cette négation de l'Un, les conséquences

}K)ur les Autres ?

8) Si, niant l'Un, nous posons, en face de sa non-exis-

tence, une certaine existence réelle des Autres, c'est affirmer

positivementleur altérité. De

quel

ordrepourra-t-elle

être

et â quoi relative P Evidemment pas à l'Un, qui n'est point.

C'est donc mutuellement qu'ils seront autres. Mais cette

altérité mutuelle ne sera point altérité « d'un » autre à « un »

autre : il n'y a point d'un. Leur altérité n'aura donc lieu

que de groupe à groupe. Chacun de ces groupes sera un bloc

en apparence individuel et un, en réalité pluralité pure.

Tout ce dont l'Un est condition, nombre, grandeur précise,

limite, identité, contact, location fixe, tout cela ne sera eneux qu'apparence imposée à l'imaginalion et à l'opinion. Il

est donc inévitable que chaque Autre, « un pour la vision

émoussée d'un regard lointain, au regard proche et pénétrantde la pensée apparaisse pluralité infinie, puisque privé de

l'Un, qui n'est point. » Donc, à l'imagination et l'opinion

d'une part, à la pensée d'autre part, les Autres apparaîtront

contradictoirement «

grosde toutes les

oppositions imagi-nables. » De telles analyses, ici encore, sont orientées aussi

bien vers le passé que vers l'avenir. Elles nous rappellent,

souvent textuellement, les démonstrations qui remplissent,en particulier, les livres V et \II de la République^. Mais

elles préparent aussi les démonstrations du Théétèle, et les

anciens eux-mêmes ont pensé en retrouver les traces dans la

théorie des éléments qu'expose le Timée-.

1. Rep. 479-480, 523-525.

2. Timée 49 c et suiv,5i b et suiv., 56 c. Les analogies avec

le Parménide ont été signalées surtout par P. Natorp (^Platos Ideenlehre

p. 269 et 356). ;mais Damascius (Ruelle, II, p. 3i8) commente

déjà cette Iiuitième hypothèse à l'aide du Timée. J'insiste d'autant

moins sur ces parallélismos (cf. surtout Farm. i64 d/e, Timée 56 c)

que M. Rivaud aura, dans sa prochaine édition du Timée, l'occasion

plus propice d'en juger la portée.

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NOTICE 3^

9) Si maintenant, niant l'Un et n'acceptant d'existence

que celle des Autres, c'est, non plus sur l'altérité des Autres,

mais sur cette non-existence de l'Un que nous portons direc-

tement notre attention, quelle sorte d'existence pourrontalors avoir et présenter les Autres ? Aucune. Ils ne peuventêtre un et, comme la pluralité est une collection d'uns, le

tout la somme des uns, ils ne peuvent être plusieurs : leur

totalité est nulle. D'être un ou plusieurs, ils n'auront même

pas l'apparence. Avoir apparence d'un serait, en effet, parti-

ciper à l'Un de quelque manière, et rien ne saurait, d'au-

cune manière, participer à ce qui n'est point. Donc aucun

des Autres n'apparaîtra, au reste des Autres, être soit un,

soit même plusieurs : « car, n'imaginant point l'unité, ima-

giner la pluralité est impossible. » On pourrait faire la même

preuve pour tout le reste des oppositions. Donc, si l'Un n'est

pas, les Autres ne seront rien. « Donc, à tout résumer en ce

mot : si l'Un n'est pas, rien n'est, nous parlerons avec une

rigoureuse justesse.»

Ainsi, quand l'Un est supprimé, la pensée proprement dite

n'a plus aucun point d'attache. Si, dans cette suppressionde l'Un, quelque chose d'autre que l'Un reste envisagé, c'est,

par là même, une unité de substitution qui demeure, unité

relative et toute d'apparence, dont la pensée inférieurejima-

gination et opinion, peut se contenter pour construire des

groupements d'une stabilité transitoire. Si la négation de

l'Un est

totale,

toutesynthèse,

mêmepurement imaginative,est rendue impossible : c'est le néant de conscience. Nous

sommes ici à une hauteur où les débats de la première partie

semblent et sont, de fait, volontairement oubliés. Mais il

n'est point contraire à l'esprit de notre dialogue de rappeler

que le Parménide qui conduisit la discussion à cette cime ne

l'entama qu'après cette déclaration : « Si l'on ne pose, pour

chaque réalité une, une forme stable (doo; svo: ÉxàcTTou), on

n'aura plus où tourner sa pensée et ce sera anéantir la vertu

même de la dialectique^

. »

La conclusion générale est conforme au caractère forcé-

ment ambigu de la gymnastique d'esprit que cette discussion

a voulu être, comme à l'esprit de l'argumentation zéno-

nienne, qu'elle imite : chacune de ses hypothèses et chacun

I.

Parm. i35 b/c.

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4o PARMÉNIDE

de ses arguments fut une arme à deux tranchants; elle ne

pouvait finir que sur une opposition d'ensemble. Mais cette

conclusion donne aussi, au jeune Socrate, pour celle d'entre

les formes que Parménide a voulu et devait naturellementchoisir, l'entrelacement d'oppositions que, dès le début du

dialogue, il demandait si ardemment qu'on montrât dans les

Formes : que l'Un soit ou ne soit pas, il est tout et il n'est

rien, il paraît tout et ne paraît rien relativement à soi commerelativement aux Autres ; et les Autres, à lui comme à eux,

sont tout et ne sont rien, paraissent tout et ne paraissent rien.

VLE SENS ET LA PORTÉE DU PARMÉNIDE

L authenticité du Parménide est, aujourd'hui, communé-ment admise après avoir été âprement discutée. Les objec-tions essentielles avaient été formulées

par Ueberweg.Aris-

tote garde, sur le Parménide, un silence absolu. Or s'il eût

connu ce dialogue, son silence serait impossible ou ne ferait

que couvrir un plagiat manifeste : les objections qu'il déve-

loppe lui-même contre la théorie platonicienne des Formes

et spécialement l'argument du a troisième homme » qu'il

utilise en tant de manières sont, en effet, présentées et sou-

tenues dans le Parménide. Il est aussi impossible que Platon

ait critiqué si âprement une théorie qui a été la sienne jus-

que-là et qu'il conserve encore dans le Timée. Enfin les dif-

férences de style entre le Parménide et le reste des dialogues

impressionnaient Ueberweg, et, bien que conscient de la

parenté du Parménide avec le Sophiste, le Politique et le

Timée, par lui jugés postérieurs à la République, il ne pouvait

regarder le Parménide comme platonicien. La réponse au

dilemme d'

Ueberwegest

apportée,nous l'avons

vu, parla

découverte de Baeumker touchant la présence de l'argumentdu « troisième homme » et dans la République et dans un

écrit quelconque de Polyxène : l'athétèse du Parménide n'éli-

mine pas cet argument des œuvres de Platon et Aristote a

pu s'en servir sans plagiat tout en ne disant rien du Parmé-

nide^. Les objections tirées du style du Parménide ont été

I. Th. Gomperz, Les Penseurs de la Grèce, II, p. 570, note i.

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NOTICE 4i

retournées en confirmations d'authenticité par les travaux

stylistiques dont Campbell fut l'initiateur.

Le Sophiste et le Politique une fois ramenés dans un groupeimmédiatement voisin du Timée et des Lois, le Parménide se

trouvait avoir trop de liens logiques avec les deux premiers

dialogues pour en rester très éloigné. Sa forme abstraite ren-

dait spécialement difficile l'évaluation de ses particularités de

style. C. Ritter hésitait, en 1888, sur la place exacte qui lui

convenait, et penchait à le mettre plutôt à la fin qu'au début

du groupe moyen ^. Le Parménide et ses objections contre les

Formes venaient donc après le Phédon, mais avant le Phèdre

et la République. L'article de Campbell « sur la place duParménide » classa définitivement ce dialogue après la Répu^

hlique et le Phèdre -. La question se posait dans toute sa force :

comment expliquer, après le Phédon, la République et le

Phèdre, cette critique de la théorie des Formes ?

Quel est, tout d'abord, le sens de la discussion entre Par-

ménide et Socrate ?

Aboutit-elle à limiterl'application

duprincipe qu'à

tout

groupe d'objets unis par un caractère commun correspondune réalité suprasensible, fondement de leur identité? Non.

L'hésitation du jeune Socrate à admettre une forme du feu,

de tous objets communs ou vils, n'est que «respect humain »

que l'âge corrigera.

Cette réalité suprasensible n'est-elle que pensée de notre

esprit et faut-il dire, avec Lutoslawski : les Formes ne sont

plus désormais que des notions ^ ? Un simple retour à notre

analyse montrera que cette explication est un contresens

formel : le Parménide répudie nettement cette formule con-

ceptualiste.

Les difficultés élevées contre la participation ou l'imita-

tion, la rupture absolue dénoncée entre formes et objets

sensibles et qui aboutit à rendre les formes inconnaissables

à l'homme, le monde inconnaissable à Dieu, ont-elles pourrésultat l'abandon de la théorie des Formes ou montrent-

1. C. Ritter, Untersuchungen iiber Plato, Stuttgart, 1888, p. loa.

2. L. Campbell, On the place oj the Parmenides in the order of the

platonic Dialogues (Classical Review, X, 129-136, 1896). Cf. Luto-

slawski, Plato's Logic, p. i38.

3. Op. cit., p. 4o3.

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42 PARMÉMDE

elles, du moins, chez Platon, un commencement de doute?

Les déclarations de Parménide sont une réponse d'une clarté

indéniable : quelques contradictions qu'elles puissent envelop-

per, l'acceptationde la réalité des Formes est condition

absolue de la pensée. De quelque façon qu'on lise le Parmé^

aide, on ne peut guère échapper à ces constatations : D.

Ritchie en a, dès 1902, établi le bilan très clair'.

Enfin ces objections graves, qui demeurent ici irréfutées,

sont-elles regardées comme irréfutables ? « Pas un instant,

dans tout l'ouvrage, répondait V. Brochard en 1908, les

objections ne sont considérées comme insolubles; mais, bien

au contraire..., il est dit expressément, pour la plupart d'en-

tre elles, qu'une science plus étendue et plus approfondie

que celle du jeune Socrate peut en avoir raison^. »

Mais une autre question se }X)se: à qui appartient la

théorie des Formes ainsi discutée dans le Pannénide? La

majorité des critiques, et ceux pour qui Platon a di\ croire

ces objections réfutables, et ceux qui les regardent comme

assez fortes pour avoir déterminé une révolution dans le Pla-tonisme, répondent : la doctrine ainsi discutée est la doctrine

classique de Platon, telle que nous la présentent, par

exemple, le Phédon et la République. A cette réponse,J. Burnet a fait une correction grave : la doctrine de ces

dialogues classiques n'est pas celle de Platon, mais bien celle

de son maître, Socrate;ce que \\se et réfute cette première

partie du Parménide, c'est la théorie « spécialement socra-

tique » de la participation^.

D'autres ont cherché, sous le Socrate du Parménide.

des disciples qui déformaient les théories de Platon. C'est la

thèse de Natorp, liée, d'ailleurs, à sa conception «critique »

de l'idéalisme platonicien *. Ou bien ils ont regardé tous les

personnages du Parménide comme des masques et se sont

fait forts d'identifier, sans aucun doute, Socrate le Jeune avec

Speusippe. La théorie des Formes critiquée dans le Parménideserait donc la théorie enseignée par Speusippe, comme chef

1. D. Ritchie, Sur le Parménide de Platon, p. 181/2.

2. V. Brochard, Eludes de Philosophie ancienne et de Philosophie

moderne, p. 121.

3. J. Burnet, Greek Philosophy, 1. TJiales to Plato {iQïli), p. 35^-262.

4. P. Natorp, Plato's Ideenlehre (1908), p. 22O et iuiv.

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^NOTICE 43

temporaire de l'Ecole, j>endant le second voyage de Platon

en Sicile, et les critiques seraient les objections émises dans

un dialogue par l'Aristotc historique, alors élève'. L'idée

commune à ces hypothèses est que Platon n'a jamaispuavoir une conception des Formes semblable à celle contre

laquelle sont dirigées les objections du Parménide. Aussi les

uns, qui retrouvent, dans les dialogues classiques, la concep-tion de Formes mutuellement séparées et plus ou moins

totalement séparées du monde sensible, croient-ils pouvoir

expliquer plus facilement l'opposition entre ces dialogues et

le Parménide en mettant cette doctrine imparfaite sur le

compte du Socrate historique, impuissant, selon eux, à se

libérer entièrement de ses attaches avec le plus récent Pytha-

gorisme*. Les autres, qui prétendent bien ne retrouver une

telle doctrine ni dans la République ou le Phédon, ni mêmefious les métaphores du Phèdre, n'y voient qu'une déforma-

tion, dont Aristote et, avant lui, certains disciples étroits

seraient seuls responsables. Nous n'avons pas à nous engagerdans un débat si

large^. Mieux vaut nous en tenir ici à ce

que suggère et à ce que déclare le Parménide lui-même.

D'une part, il est certain que les objections présentées dans la

première partie supposent une interprétation grossière et

toute « mécanique » des relations entre les Formes et le

monde sensible. Mais le jeu d'inclusions et d'exclusions

toutes spatiales par lequel sont obtenues, d'ordinaire, les

contradictions accumulées dans la seconde partie suppose

une interprétation tout aussi mécanique des i-elations affir-

mées ou niées entre les réalités intell is^iblés elles-mêmes. Ce

I. J. Eberz, Die Einkleidung des plaionischen Parmenides (Archiv.

f. Gesch. der Philosophie, XX, i, p. Si-gS). Pour les détails et la cri-

tique de cette construclion voir /îei'ue de P/»t7osop/iie, XVII, p. i3o-ii5i5.

3. J. Burnet, Greek Philosophy, I. p. 87-92, p. 15^-170. Contre

la thèsegénérale

de J. Burnet sur le Socratehistorique,

telle

quel'expose déjà sa préface à l'édition du Phédon (Oxford, 191 1

;voir,

spécialement, p. xxxvii à lvi), et contre les thèses souvent paral-

lèles de A. E. Taylor (Varia Socratica, Oxford, 191 1, p. 4o à 90 et

passim), j'ai présenté mes raisons dans un article sur Le Socrate de

Platon (Revue des Sciences Phîlos. et Théol. VII [i9i3], p. 4i2-43i).

3. Il remet, en effet, en question l'interprétation générale de la

Théorie des Formes et ne pourrait être traité que dans une étude

d'ensemble sur le Platonisme des dialogues.

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44 PARMÉNIDE

parallélisme général devient, en certains raisonnements, un

parallélisme textuel si frappant, que nous sommes autorisés à

nous dire : si Platon garde, pour l'instant, en réserve ou,

peut-être,

cherche encore uneréponse positive,

du moins

est-il très conscient du vice inhérent à cette interprétation de

l'un et de l'autre ordre de relations. Si, pour subir cet assaut,

il a choisi un Socrate jeune, ce n'était donc pas nécessaire-

ment pour rejeter, sur le Socrate historique ou même sur le

Socrate littéraire des dialogues classiques, la responsabilité de

la doctrine en cause : ce pouvait être, tout simplement, pourrendre plus compréhensible et plus naturelle, et pour se per-

mettre, en même temps, de déclarer provisoire cette absencemomentanée de la réponse. Que, d'autre part, Platon ait

voulu, dans le présent dialogue, répudier la doctrine qui

attribue, aux Formes et à chaque Forme, envisagées dans

leur distinction à l'égard des sensibles ou dans leur distinc-

tion mutuelle, une réalité propre, indépendante, subsistante

par soi, cela n'est pas soutenable : par les déclarations solen-

nellesqu'il prête

à Parménide(i35 a-c),

Platon reconnaît

manifestement une telle doctrine comme sienne et la conserve

somme sienne. Immanence et transcendance, communauté

et distinction, qu'ils parviennent ou non à les réconcilier,

on ne volt pas que le Parménide ou les dialogues qui le

suivent immédiatement aient accepté de sacrifier l'une ou

l'autre.

Une fois reconnu que les objections présentées dans la

première partie du Parménide ne sont point présentées commetotalement insolubles, il était tentant de chercher, dans la

seconde partie du dialogue, quelque élément de réponse ou

quelque orientation vers la solution. Zeller y avait cru trouver,

jadis, la preuve indirecte d'une inhérence du sensible dans la

Forme *. Qu'il ait eu raison de modifier sa thèse et qu'il ne

faille point chercher, dans l'argumentation parménidienne,

une réfutation positive, directe ou indirecte, des objectionsfaites à la théorie des Formes, nous avons dit pourquoi : la

dialectique« d'entraînement » que développe cette seconde

partie ne pouvait aboutir à aucun résultat constructif. Que,dans la pensée actuelle de Platon, ces objections n'aient pas

I. Zeller dans sa i""® édition de Philosophie der Griechen. Cf. la

4® éd. 2* partie, i^e division (1889), p. 65 1, note i.

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NOTICE 45

eu autant de valeur réelle qu'il a su leur donner de force

apparente, le tranquille maintien de la théorie des Formes

dans certains au moins des dialogues postérieurs nous le

montrera peut-être, et U. von Wilamowitz a raison de trou-

ver, dans la divinité foncière de l'âme humaine, un appuicontre la thèse d'une transcendance inconnaissable des For-

mes ^ Mais le Parménide pourrait se comprendre même si

Platon n'eut présentement pu entrevoir la solution des

objections à une doctrine qu'il regarde, peut-on dire, commela racine même de l'esprit.

On a pu voir quelle intime liaison

garde la continuité entre ces deux parties, quel parallélisme

il y a entre ces Formes, indispensables à la pensée malgréleurs contradictions intimes, et cet Un que l'on ne peutaffirmer sans l'engager en des oppositions infinies, mais quel'on ne peut nier sans tout détruire. On a vu aussi comment

ce parallélisme général se complète par des parallélismes de

détail, et comment certaines des contradictions démontrées

à propos de l'Un répètent textuellement certaines des objec-

tions faites contre les Formes. Ce sont là, tout à la fois, con-

statations qui n'ont plus, aujourd'hui, mérite absolu de nou-

veauté et bases d'accord essentielles sur lesquelles, depuis

Apelt, la critique semble s'être un peu reposée.

Mais ne peut-on espérer d'aller plus loin ? Faut-il, avec

certains critiques, dire que la première partie du Parménide

a seule valeur absolue et renoncer à pénétrer plus avant dans

ce fourré de l'argumentation parménidienne, où ne poussent,

d'après eux, que des fruits sauvages^ ? Il est bien entendu

que chercher à faire un choix entre les hypothèses, vouloir

trouver, par exemple, dans la troisième position de l'Un et

dans la notion de l'Instantané, la synthèse où l'Un et le

multiple se concilient, ou bien construire, au gré de ses pro-

pres orientations métaphysiques, d'autres combinaisons

entre les pièces diverses de cette argumentation dialectiqueest aller contre ses intentions déclarées.

Mais, depuisl'excel-

lent travail d'Apelt, on semble croire que tout est dit et qu'il

n'y a plus rien d'autre à trouver, sous ce mystère du Par-

ménide, qu'un foisonnement de sophismes inconscients ou

1. Platon, II, p. 327.2. U. von Wilamowitz, Platon, II, p. 228 : « da wachsen keine

Pflaumen, sondern Schlehen. »

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^6 PAKMÉMDE

volontaires'. Apelt aurait pu, tout aussi bien, montrer queles objections contre les Formes ne sont point du tout exemp-les de ces raisonnements éristiques^. L'argumentation de

Parménide est donnée comme un «

jeu

laborieux ». Les

Néoplatoniciens, qui prennent « laborieux » au sens d^

ce sérieux », en quoi le grec ne leur donne point tort, ont

tiré de ce jeu toute une révélation '. Leurs déductions ne

/ sont pas plus injustifiées que Tinlerprétation des modernes,

qui ne voient dans ce jeu qu'un feu d'artifice dialectique^

d'où il n^ sort, pour nous, aucune lumière. Platon ne joue

point, d'ordinaire, sans que son jeu annonce et prépare quel-

que gain positif : ladit, praeludit. Nous avons essayé demontrer que l'argumentation parménidienne est, en bien des

endroits, un prélude. Une comparaison approfondie, non

seulement des dialogues postérieurs, mais aussi des indica-

tions que nous donne Aristote sur le dernier Platonisme,

nous montrerait à quelles intenses réflexions sur l'éternel

problème de l'Un et du Multiple a donné lieu celte espèce

de bilan des exigences contradictoiresde la

pensée. L'hypo-thèse a été récemment émise que cette argumentation fut la

première pièce écrite du Parménide, pièce entièrement indé-

pendante, élaborée tout entière pour elle-même et parfaite

en son genre, si totalement abstrait soit-il : remarquant,

après coup, le caractère zénonien de cette dialectique, Platon

pensa aux Eléates, conçut une affabulation préparatoire et

imagina tout le drame*. Si brillante que soit l'hypothèse, elle

n'explique ni la polémique antizénonienne, ni l'unité dyna-

mique de ce drame dont le terme est Parménide, ni l'acca-

parement de Parménide au profit des Formes contre Zénoo.

Tout cela est manifestement réponse à quelque attaque faite

sous le couvert de Zenon. Mais si l'attaque fut, lointaine ou

proche, l'occasion de la forme sous laquelle se présente le

Parménide, celui-ci est tout autre chose qu'une polémique

I. Apelt, Beitrâge (1891), spécialement p. io-35. — Th. Gom-

perz, H, p. 576.

3. V, g. les raisonnements sur le et petit» et l'addHion (t3^r aî),

analogues, d'ailleurs, à ceux du PhéclonÇg'j a), que reprendra Sextu>

Empirions (adv. dogm. IV, 3o5-3o7).3. Proclus, in Parm. p. io3G (Cousin, i864).

4. U. von Wilaraowitz, Platon, II, p. 228

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rvOTICE 4?

passagère. La pensée de Platon s'y est mise en face du pro-

blème, en a posé, dans leur généralité la plus absolue, les

données contradictoires, en a creusé certains détails en de

pénétrantes analyses et, probablement, en quelques-unes do

ces analyses, a, par avance, jalonné sa route vers une issue quesa foi invincible à

l'intelligibilité de l'être lui ordonnait de

chercher, lors même qu'elle ne l'eut pas clairement entrevue.

Enfin il n'est point défendu d'espérer des gains positifs

d'une étude patiente du Parmênide qui s'orienterait aussi

bien vers le passé que vers l'avenir. Sur le prolongement de

la dialectique éléate dans les écoles contemporaines de Pla-

ton, une telle étude pourrait fournir quelques indications

précises, en attendant qu'un enrichissement de nos textes

vienne éclairer à la fois et ces survivances éléatiques et le

Parmênide lui-même. D'autre part il n'est point dit que

quelque palimpseste nouveau ne viendra point nous livrer

quelque jour les fragments des premiers commentaires néo-

platonisants du Parmênide et relier les commentaires de

l'école d'Athènes aux traditions mêmes de l'Académie ^ Mais

le néoplatonisme que nous connaissons est déjà si intimement

issu du Parmênide de Platon que tout ne peut pas être contre-

sens dans ses interprétations de la pensée platonicienne. Ce

n'est pas d'une étude des dialogues, c'est de considérations

sur la forme finale de platonisme révélée par les critiques

d'Aristote, que M. Robin a pensé voir se dégager « l'Idée

d'une procession de l'Être- ». Mais, par ce que dit et parce

que tait le Parmênide, on serait, à tout le moins, orienté vers

une solution du mystère de l'Un par l'intuition de l'Intellect

et, à une telle solution, les autres dialogues offrent des points

d'appui. Dans les formules que le Parmênide répète presquesans variation là où il fait usage de l'argument dichotomique,c'est toujours la pensée réfléchie, la otàvota, qui divise. Le

mot vouç est absent du Parmênide et ses dérivés n'apparaissent

1. Voir le fragment palimpseste de Turin, déchiffré par Studo-

mund en 1878, édité par W. Kroll dansJ?/iem. Mus., III, 47(1892),

p. 593-627. W. KroIJ, qui le commente, le regarde comme frag-

ment d'un commentaire au Parmênide écrit dans l'école d'Athènes,

antérieurement à Proclus et Syrianus.

2. L. Robin. La théorie platonicienne des Idées et des I\^onibres,

p. 598.

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48 PARMÉNIDE

que dans la première partie, pour le rejet du conceptualisme.Le jeu laborieux des contradictions ne se livre que dans un

domaine de pensée non éclairé par la vision unifiante de

l'Intellect.

VI

LE TEXTE DU PARMÉNIDE

Le texte de la présente édition a pour base quatre ma-

nuscrits:

i) le Bodleiaims 3g ou Clarkianas (B), copié en 896 parJean le Calligraplie pour Arétbas.

2) le Venetus T (append. class. 4 n° i,de la Bibliothèque

Saint-Marc), copié dans la seconde moitié du xi^ siècle ou

vers le début du xii^ sur le Parisinus A, alors complet. Le

Parisinus actuel ne contient ni le Parménide, ni le Théétèlej

ni le Sophiste.

Je me suis servi, pour ces deux manuscrits, de la collation

donnée, après Waddell, par l'édition de J. Burnet (tome II).

3) le Vindobonensis Y (2[). Il est du xiv* siècle au plus

tôt, mais représente une tradition bien antérieure.

4) le Vindobonensis W (54= suppl. philos, gr. 7). Le Par-

ménide fait partie des dialogues qui y sont transcrits de pre-mière main. Le manuscrit remonte

probablementau xu*

siècle.

Pour ces deux manuscrits, j'aifait ma collation directe-

ment sur les photographies qui sont la propriété de l'Asso-

ciation Guillaume Budé.

Mais je n'ai point jugé qu'il fût possible de laisser inutili-

sée la tradition indirecte. Elle est représentée dans mon

apparat par :

i) le commentaire de Proclus au Pannénide. Ce commen-taire s'arrête à i4t e. Il nous est parvenu dans quatre ma-

nuscrits, qui sont les Parisini 18 10 qA), i836 (B), i835

(C), 1837 (D). J'ai noté les variantes de ces manuscrits de

Proclus d'après le texte et les notes de l'édition Cousin 1821

(Procli philosophi Platonici Opéra, t. IV, V, VI), parce quel'édition de 1864 a souvent négligé de donner toutes les

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NOTICE 49

variantes qu'indiquait celle de 182T et m'a paru même, de

temps à autre, tout en donnant un texte plus soigné que celui

de la première édition, corriger les lemmes de Proclus d'après

d'autres sources que ces manuscrits.

Ces variantes des manuscrits de Proclus m'ont paru utiles

à noter, parce que les divergences de ces manuscrits offrent

des parallèlesintéressants avec les divergences de nos manus-

crits de Platon. D'autre part on sait que, dans tout commen-

taire, le corps même du commentaire a, parfois, chances de

présenter, plus fidèlement que les lemmes, le texte qu'a lu

le commentateur. Parfois seulement, parce qu'il arrive que

le corps même du commentaire utilise, successivement, deuxlectures différentes. J'ai donc noté les lectures du commen-

taire quand elles contredisaient la lecture du lemme. Mais je

ne pouvais choisir, comme lecture significative à l'intérieur

du commentaire, qu'une lecture attestée par tous les manus-

crits de Proclus. D'autre part, il était nécessaire ici, pour

plus de précision, de pouvoir noter et la page et la ligne. Je

renvoiedonc, pour

les variantes

que je

tire de l'intérieur

même du commentaire, à l'édition Cousin de 1864, aprèsavoir vérifié que la variante par moi citée est identique dans

les deux éditions Cousin. Pour éviter toute confusion, je mesuis attaché aux notations suivantes :

Proclus= toute lecture du lemme, identique dans tous les

manuscrits de Proclus et, soit répétée, soit non contredite

dans le commentaire.Procli AB, Procli CD= lecture du lemme non identique

dans tous les manuscrits de Proclus.

Procli com. — Procli lem. =-= lecture du commentaire con-

tredisant une lecture du lemme uniforme dans tous les

manuscrits de Proclus.

Procli B ac com. = lecture du commentaire s'accordant

avec l'une des lectures divergentes du lemme dansles

ma-nuscrits de Proclus.

Enfin, quand le commentaire certifie une lecture du lemme

présentée par tous les manuscrits de Proclus, sauf un, j'ai

abrégé la notation en opposant, par exemple : Proclus {()oo, /),

Procli D.

Dans toute cette partie, 126-141 e, le commentaire de

Proclus accompagne constamment nos manuscrits de Platon

VIII. I. — /i

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5o PVRMEXIDE

comme témoin du texte. Je l'ai donc compris dans la règle

générale suivie pour les manuscrits de Platon. Une lecture

commune à Proclus et à tous nos manuscrits de Platon sauf

un ou deux;

ou commune à jtous les manuscrits sauf un dePlaton et un ou deux de Proclus

;ou commune à tous nos

manuscrits de Platon et à un groupe des manuscrits de Pro-

clus, a été ordinairement introduite sans aucune mention

des manuscrits qui la contiennent : seule, la lecture diver-

gente a été accompagnée de la mention de ses sources. J'ai fait

de môme là où Proclus (c'est-à-dire tous les manuscrits de

Proclus) s'opposait à tout le groupe de nos manuscrits de

Platon. J'ai donc écrit, suivant les principes posés par

M. Mazon dans son édition d'Eschyle : y^p : 5= Wtjxal om.

B, Procli AII

i&\ : o5v W om. Procli AB||ttw : toj Procli A

Ti Procli GII iry): -r.oi Proclus.

3) Là où s'interrompt le commentaire de Proclus, com-

mencent les Scholies sur le reste du Parménide : sans vou-

loir prendre parti sur leur origine, je les ai désignées par la

notation Procl. suppL, qui est celle de l'édition Burnet. Ellesnous sont conservées dans les mêmes manuscrits que le com-

mentaire proprement dit de Proclus, sauf le Parisiensis

1887 (D) qui s'interrompt à i4i e. J'ai donc noté les diver-

gences entre ces manuscrits de Procl. sappl. telles que les

signale l'édition Cousin 182 1 et suivi les mêmes règles de

notation que ci-dessus, partout où il était possible d'user de ce

procédé abrégé

sans nuire à la clarté. On trouvera donc, dans

l'apparat, les notations : Procl. suppL, Procli suppl. AB,etc.

3) Mais, pour cette partie où le commentaire proprementdit de Proclus nous fait défaut et où son supplément ne

nous donne qu'un commentaire fragmenté, souvent mal con-

servé, le second volume des Damascii Dahitationes (Ruelle

1889) nous offre des variantes intéressantes soit par elles-

mêmes, soit surtout par leur parallélisme fréquent avec les

variantes de nos manuscrits de Platon. J'ai donc noté les

lectures de Damascius (Dam.) en donnant toujours, comme

pour le commentaire de Proclus ou de Procl. suppl., la réfé-

rence précise, d'autant que Damascius, non seulement pré-sente parfois, dans deux pages ou à deux endroits différents

de la même page, deux lectures divergentes, mais s'arrête

même, de temps à autre, pour donner son avis sur leur

valeurrespective.

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NOTICE 5i

4) Enfin j'ai noté, pour le fragment de texte qu'il cite

{i4i a-i4i à), les variantes offertes par le palimpseste de

Studemund, que j'ai désigné par Anon. J'ai noté de même,

d'aprèsles éditions Wachsmuth-Hense

pour Stobée,Diels

pour Simplicius, les variantes de Stobée et de Simplicius in

Phys.

La peine qu'a pu me donner ce constant recours à la tra-

dition indirecte ne m'a point porté à exagérer sa valeur. Il

serait vain de prétendre mettre, a priori, le texte de Proclus,

ou Damascius, ou Simplicius ou Stobée, au-dessus du texte

que nous présentent nos manuscrits. La tradition indirecte

n'est, chez aucun d'entre eux, plus uniforme que la tradition

directe. Les lemmes de Proclus et Damascius sont souvent

contredits par leur commentaire qui, lui-même, se contredit

parfois dans deux lectures voisines. Mais le parallélisme de

leurs variantes avec celles de nos manuscrits de Platon,

B, T, Y, W, confirme le fait déjà établi par A. Schâffer, du

très fréquent accord entre le groupe ou les éléments du

groupe TYVV et la tradition indirecte '. De cet accord, on nesaurait, pour le Parménide au moins, extraire une loi abso-

lument uniforme. On ne peut poser, comme règle invariable,

que le texte du groupe ÏYW soit « plus proche du texte

antique, révélé par les citations », que le texte de B-. Ce

dernier manuscrit forme souvent groupe avec, soit Proclus,

soit Procli A ou Procli B, et le même fait se reproduit pourle supplément de Proclus. Mais il arrive souvent que, dans

un tel groupement, B s'adjoigne \ ou W. On peut dire au

moins que l'étude de la tradition indirecte confirme, pour le

Parménide en particulier, ce qui a déjà été établi d'une façon

générale par les précédents travaux: nous n'avons pas à con-

sidérer a priori soit W, soit même Y comme des manuscrits

inférieurs. De fait, TY a souvent, contre BW, la bonne lec-

ture, parfois confirmée dans la marge de W;

et il arrive

que, soit

W seul, soit Y seul, ait conservé la vraie lecture.

Je n'ai eu recours que le moins possible à une émendation

personnelle du texte. Le travail de H. AUine sur VHistoire du

texte de Platon elle Rapport de G. Rittersur les travaux récents

£. A. Schàffer, Qaaestiones Plalonicae (iS^S). Cf. H. AUine, His-

toire du texte de Platon (Paris, 191 5), p. 157.

2. Alline, ib.

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52 PARMÉNIDE

de la critique textuelle m'ont été d'un grand secours'. Mais,

tout en n'ayant point à rejeter sur autrui la responsabilité des

fautes que j'aurais pu commettre, je dois, pour celles que j'ai

évitées, la plus grande reconnaissance aux conseils si surs deM. Paul Mazon. J'y ai eu constamment recours et n'ai jamaistrouvé ni sa science ni sa bienveillance en défaut. Ce n'est pas

seulement pour le texte du Parménide, du Théétète et du

Sophiste c[ue je lui suis ainsi très redevable. J'aurais peut-être

eu moins de courage à présenter certaines idées sur la compo-sition littéraire de ces dialogues, si son approbation ne m'avait

donné confiance. — Qu'il me soit

permis

aussi de remercier

M. Lucien Herr, bibliothécaire de l'Ecole Normale Supérieure,dont les avis m'ont été si précieux; mon collègue et ami,

M. Edouard Lamé, qui m'a aidé à interpréter les passages

mathématiques du Parménide et du Théétète, et M. Marc

Sache, archiviste bibliothécaire de la Ville d'Angers, dont la

complaisance m'a permis d'étudier à loisir les commentaires

de Proclus et de Damascius ^.

1 . Bericht ûber die in den letzten Jahrzehnten ûber Platon ersehienenen

Arbeiten, dans C. Bursian Jahresbericht, CLVIÏ (igia). p. 1-169 ;

CLXI (1918), p. 1-72.

2. Je n'ai pu avoir en mains qu'au dernier moment la seconde

partie du Platon de C. Ritter {Platon, Bd II, in-8, xv et 910 p.,

1923). G. Ritter y conserve ses positions chronologiques de 1910 et

191 5 et regarde le Théétète comme probablement intermédiaire entre

le Phèdre et le Parménide, mais trouve meilleur de suivre, dans son

exposition doctrinale, l'ordre que j'ai cherché à justifier: Parménide,

Théétète, Sophiste, Politique, Philebe. Il m'est impossible de noter ici

sur quels points je me trouve être en accord ou en désaccord avec les

interprétations de G. Ritter. Maisj'ai eu le temps de me convaincre

qu'une lecture approfondie de son livre ne m'eût point contraint, soit

pour l'ensemble du Tome VIII, soit pour le Parménttie en particuHer.à

modifier, sur quelque point essentiel, mes propres interprétations.

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CONSPECTUS SIGLORUM

Platonis Codices :

B = cod. Bodleianus 89 (saec. IX).

ï := cod. Venetus Append. Class. 4, cod. 1 (saec. XI).Y = cod. Vindobonensis 2 1 (saec. XIY).W = cod. Vindobonensis 54, suppl. pbil. gr. /(saec. XII).

G = cod. Venetus Append. Class. 4, cod. 54 (saec. XÎV).Yen. 189 = cod. Venetus 1 89(33ec. XIV).

Commentarii :

Procii («eZ Procii suppl.) A = cod. Parisinus 18 10.

— — B = cod. Parisinus i836.

— — G = cod. Parisinus i835.

— — D = cod. Parisinus 1887.

Proclus = Procii in Parmenidem Commentarius.

Procl. suppl.= Scholia quae ad calcem Commentarii a

Procio scripti reperiuntur.

lem = lemma .

com. = commentarius.

Dam. = Damascii successoris Dubitationes et Solutiones

de primis Principiis in Platonis Parmenidem, Pars Altéra

(Ruelle, 1889).Anon. = Anonymi commentarii in Platonis Parmenidem

fragmenta a W. Kroll in Rhein. Mus. III, 47 (1892), p. 092-

627,édita.

Simpl.=

Simplicii in Physica Aristotelis (Diels, 1B82-

i885).

Stob. = Joannis Stobaei Anthologium(Wachsmuth-Hense,

1884-1912).

Steph.=

Stephanus.

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PARMÉNIDE

CÉPHALE ADIMANTE GLAUGON ANTIPHON

126 a Quand nous fûmes entrés dans Athènes^

Céphaleraconte

menant de notre Glazomène, nous ren-son entrevue avec ^ . i , /,. . ,.

Antiphon.contrâmes sur la place publique Adi-

mante etGlaucon. Adimante me dit, en

me prenant la main : « Sois le bienvenu, Céphale, et, si tu

as ici quelque affaire où nous ayons pouvoir, nous t'écou-

tons. »

« Mais, répondis-je, c'est là précisément ce qui m'amène :

uneprière

à vous faire. »

« Veuille donc exprimer ton désir », répliqua-t-il.

b Je lui posai alors ma question : « Comment s'appelait

votre frère de mère? Je n'en ai pas souvenance. Ce n'était

guère qu'un enfant, lors de mon premier voyage de Cla-

zomène ici. il y a déjà longtemps de cela. Le nom de son

père était, je crois, Pyrilampe. »

« Parfaitement, dit -il;

et le sien, Antiphon. Mais quedésires-tu savoir au juste? »

« Voici, expliquai-je, de mes concitoyens, de vrais philo-

sophes. Il» ont entendu dire qu'Antiphon, c'est bien lui,

avait eu de fréquents rapports avec un certain Pythodore,c disciple de Zenon, et que, du dialogue où s'entretinrent

jadis Socrate, Parménide et Zenon, il a tant de fois ouï

conter les arguments à ce Pythodore, qu'il les sait par

cœur» *

.

I. Qu'Antiphon' ait appris par cœur une si longue pièce dialec-

tique, ce n'est là qu'un record dans l'effort habituel qu'imposent, à

leurs élèves, et les rhéteurs {Phèdre, 228) et Aristote (Top., 162/3).

Que, depuis longtemps étranger à toute philosophie, il puisse répé-ter cette discussion, c'est une merveille, mais qui garantit la pureté

toute franche de son récit. Le but est de rendre la fiction vraisem-

blable, mais sans qu'elle cesse d'être sentie et goûtée comme fiction.

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nAPMENIAHS

KE<l>AAOZ AAEIMANTOZ rAAYKON ANTI^ON

'EttelSt) 'A6i^va^e olkoOev ek KXa^o^Evwv à<j)iK6{jiE8a. 126 a

Kttx'

àyopàv £VETii)(o^iEV 'ASei^oivtwte Kttl rXatJKOVL* Kat

^ou XaBojjiEvoc; i^q y^Eipbq ô 'ASsL^avToç, Xaîp', E<|)r|,S>

KÉ<|)aXE, Kal EL TOU5Ér|

TCOV TrjSE SvI^^IELC; SuvaTol, (|)p<X^E.

'AXXà ^èv Sf], eTttov Eyob, TxàpEL^t yE ett' aÙTo toOto?

SEr)a6^Evoc; ô^oov.

AÉyoLc; av, £.(pr\, ttjv SÉrioiv.

Kallyô

eÎtiov Tcù

àS£Xcf)w û^cov

tco

o^o^r|TpLcp

tI

^vb

Svo^ia ;oô yàp ^lÉ^ivr^iai.. Flatc; 8é -nou ?\v,

8te t6 Tip6TEpov

ETTES/nArjaa ÔEOpo ek KXa^o^Evcov xtoXùç Sefj8r| y^pàvcq 15,

EKEivou. Tcû ^Èv yàp TtaTpt, SoKCû, riupiXà^Tirjc; 8vo^a.

nàvu yE, Ecf)r|' auTcp Se yE 'Avtl(|)cov. 'AXXà t'i ^ocXtOTa

TTuv8<ivr| ;

OïSe, eÎttov èycû, TToXiTat t' e^o'l eIgi, ^dcXa c^LX6ao<|>OL.

àKr|K6aat te ôtl oStoc; 6 'Avzk^&v riuSoSopcp tlvI Zrjvcavoq

ETatpCù TToXXà EVTETÙ)(T]KE, Kttl TOÙÇ XoyOUÇ, OÔÇ TIOTE Zcù" Q

KpàTr|c; Kal Zfjvcov Kal FlapfiEvtSriç 8iEX£)^9r|aav, noXXàKiç

aKouaaç toO DuSoScûpou à-no^vrniovEUEL.

'AXTi8f], £<î)r), XÉyELç.

ToOtcov tolvuv, EÎTIOV, SE^^ESa StaKoOaai.

'AXX' ou)(^ocX£Tt6v, E<|)r]" ^iEtpàKtov yàp ov auToùç e6

napjjLevt'BT); : -vetôrjç constanter B.

126 b 2(lep-vr, {jLat

: fjLvrjaovcUw W* |1b 5 ïçrj

cm. B[|

a-jToj ôe y-

(ajtôj os Y) àvTLoôîv TYWPrcclus Adimanto tribuentes : auTôS 8^ y^"

âv-iç(ovB IIb '7-' âao-: Steph. : -i

ijlo-: TW, Procli CD <xoi BY,Procïi AB

11c 5 StaioÛaai B, Procli AB : àxouaa-. TYW, ProcU

CD.

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126 c PARMÉMDE 55

« C'est la vérité », dit-il.

« Eh bien, luidis-je,

c'est de ces arguments que nous vou-

drions entendre le récit. »

« Mais ce ne sera pas du tout difficile, répliqua-t-il. Monfrère s'est exercé à les apprendre à fond quand il était ado-

lescent; car, à présent, revenu aux goûts de son aïeul et

homonyme, le cheval est sa plus grande occupation. Eh

bien, puisqu'il vous faut le voir, allons chez lui;

il vient

tout justement de nous quitter pour rentrer à sa maison, et

il habite tout près d'ici, à Mélite. »

127 a Ce disant, nous nous mîmes en route et trouvâmes Anti-

phon chez lui, en train de donner au forgeron un mors à

mettre en état. Quand il eut fini avec l'ouvrier, ses frères lui

dirent le but de notre visite. Il se souvint très bien m'avoir

vu à mon premier passage et me fit ses salutations; mais,

quand nous lui demandâmes le récit du dialogue, il montra

d'abord quelque appréhension : c'était, disait-il, une grosseaffaire. Après quoi, il en vint, en fait, à nous donner le récit

tout au long.

PYTHODORE SOGRATE ZENON PARMÉNIDE ARISTOTE

D'après Antiphon donc, Pythodore con-

Narration tait qu'un jour étaient arrivés, pour les

n la ogue.

Grandes Panathénées, Zenon et Parmé-Socrate, Parme- ., ^ , -i ,, .,',,., ,, ...nide Zenon. nide. Farmemde était déjà d un âge très

avancé et, sous un chef fortement blan-

chi, avait belle et noble prestance; il approchait, au juste,

de ses soixante-cinq ans. Zenon était alors près de la qua-rantaine

;il avait belle taille, de la grâce dans tout son air,

et passait pour avoir été l'aimé de Parménide. Ils étaient

descendus chez Pythodore, au Céramiquehors les murs.

Làdonc était venu Socrate et, avec lui, toute une compagnie,

par désir d'entendre lire l'œuvre de Zenon;à cette date, en

effet, c'est sa première entrée qu'elle faisait, grâce aux

deux voyageurs : Socrate était alors un tout jeune homme.

Lecture donc leur en fut donnée par Zenon. Parménide

était, d'aventure, sorti; et la lecture des arguments ne lais-

sait que de très peu d'être achevée, au dire de Pythodore,

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55 nAPMENIAHS 126 C

jiotXa SLE^EXéxriaev, ItteI vCv \e Kaxà tôv TTaTiTiov te Kal

Ô^CÛVU^IOV TipÔÇ iTTTTLKrjTtt TloXXà StaTplÔEL. 'AXX' El Sel,

ïo^EV nap' auTÔv apTt yàp ev8év8e oXKdBs ou^ETat, oIkeî

Se lyyùç Iv MeXItt].

TaOxa eIttôvteç IBaSt^o^iEV, Kal KaTEXoc6o^Ev tôv 'Av- 127 a

TL(|)câvTa OLKOL, )(aXLv6v TLVa )(aXKEÎ EKStSoVTa OKEVàaOLl'

ETTEuSf] 8e ekelvouàTTriXXdcYri oX te à8EXcf»ol IXEyov aÔT^

5)V EVEKOt TiapEt^EV, àvEyVOpLCTEV TE ^E £K Tf^Ç TUpOTEpac;

ETiiSri^laç Kal r|cmà^ETO, Kal Seo^iévcov f^^cov SieX8eîv Toùq

Xôyouc;, tô ^èv irpcoTov ûûkvel^

—noXù yàp l'c^r) Ipyov

EÎvai ETtELTa [lÉVTOL 5Lr|yELT0.

nY0OAnPOZ ZnKPATHZ ZHNONnAPMENlAHZ APIZTOTEAHZ

"Ec^r) Se Sf] ô 'Avtl(|)cov XéyEiv t6v nu86Sopov Stl à<|)t-

kolvt6 TtoTE eIç riavaBfjvaLa Ta ^EyàXa Zrjvcov te Kal b

riaptiEviSriq. Tov ^Èv ouv Flap^EvlSriv eu jiàXa fjSr) rtpEa-

6iJTr|v EÎvaL, acpôBpa. ttoXi6v, KaXèv Se Kàya66v ti^v Biptv,

TTEpl ETT] ^dcXiCTTa T[ÉvTE Kal É£,r)KOVTa* Zfjvcova SE lyyùç

Tcov TETTapàKovTa t6te EÎvat, Eu^if]Kr|Se Kal )(apiEVTa

lSelv, Kal XÉyEaSat auTÔv TTaiSiKà toO Flap^EvlSou yEyovÉ.vat. KaTaXuELV Se auToùç Ec|)r) rtapà tw riuSoScbpcp ektôç c

TEt)(ouc; EV KEpa^ELKcp" otSr]

Kal àcjjLKÉaBai tov te ZcoKpdcTrj

Kal aXXouç TLvàç (iet' auToO rtoXXoiiç, ETtiBu^ioOvTac; àKoO-

CTai TCOV ToO Zf)vcovo(; ypaju^ocTcov— t6te yàp auTà npooTov

lUTi' EKELVCov KO^LcBfjvat—

ZûûKpàTT] SE EÎvai TOTE oc^éBpa

vÉov. 'AvaytyvobCTKEivoôv

auToîçtôv

Zf]vcova auT6v,tôv

Se riap^EvlSi^v TU^^ELV e£,co ovTa* Kal EÎvai nàvu fipa)(xjetl

C 8 ÔEi: oo/.ei Heindorf||127 a A -apsîjjLev

B :-str^jAcv

T-et'rjjxev

Y Proclus -r;tj.£v GW ||a 5 rjazàCsTO : txe Tja;:- B

||a 6 yàp : 8è

W11a 8 âçi-/.o'.v-o B, Procli AB : -xovxo TYW, Procli CD

||b 2

Ti^ri: ÔT) B, Procli ABCj| r.pîQ6'jxr\v : -xepov W ||

b 5 twv GW :

£Tà)v BTY' Proclus fl xeTxapàxovca : xsaaa- B II c 5 xots om. Proclus.

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127 d PARMÈMDE 56

quand lui-même survint, rentrant avec Parménide, et avec,

en outre, l'Aristote qui fut un des Trente. Ils ne furent donc

auditeurs que des quelques lignes finales de l'œuvre, sauf

que,à

Pythodore,Zenon en avait

déjàdonné

précédemmentlecture.

Socrate donc, l'audition finie, aurait

Les argumentsprié qu'on relût la première hypothèse

etIalrWt'igue^^

P^^"^^^^arguaient et, cela fait,

de Socrate. demandé: « Que veux-tu dire par là,

e Zenon? Que, si les êtres sont multiples,

ils ne peuvent manquer d'être à la fois semblables et dissem-

blables, ce qui est impossible, vu que les dissemblables ne

peuvent être semblables ni lies semblables dissemblables?

N'est-ce pas cela que tu veux dire?

Cela même, aurait dit Zenon.

Donc, s'il est impossible que les dissemblables soient sem-

blables et les semblables dissemblables, il est par là-même

impossible que le multiple existe, parce que le multiple, unefois posé, ne peut échapper à ces impossibilités? Ce à quoi

prétendent tes arguments, est-ce à autre chose qu'à établir

de haute lutte, contre toutes les formes de parler reçues,

l'inexistence du multiple? N'est-ce pas cela que prouve, en ta

pensée, chacun de tes arguments, si bien qu'à ton estime,

autant d'arguments tu as écrits, autant de preuves tu as

128 a fournies de cette inexistence du multiple? Est-ce cela que tu

veux dire, ou t'aurai-je mal compris?Pas du tout, aurait dit Zenon. Tu as, au contraire, parfai-

tement saisi le dessein général de mon livre.

Je comprends, Parménide, aurait observé Socrate : ce

n'est pas seulement de toute ton amitié que Zenon se veut

rendre inséparable, c'est aussi de ton œuvre'. C'est, en

quelque façon, ta thèse qu'il récrit; mais, par le tour qu'il

donne, il s'essaie à nous faire accroire que c'est une autrethèse. Ainsi, toi, dans ton poème, tu affirmes que le Tout

b est un, et tu en donnes force belles preuves ; lui, à son tour,

I. L'éléatisme de Parménide accaparé par l'éristique de Zenon,

voilà le bloc que Platon veut dissocier. Aussi Socrate commence-t-il

par forcer Zenon à l'aveu que son rôle, dans l'éléatisme, fut un rôle

tout subalterne et, son livre, une œuvre passagère.

Page 77: Platon, 8.1 Parmenide

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56 nAPSlENIAHS 127 d

XoLTTÔv Tcov Xoycûv àvaYLyvcoaKo^Évcov , i^viKa auxoç te Ittei-

qeXSelvE<|)r)

ô riuSôScopoç e£,co8ev Kal t6v flap^EvlSr^v ^iet'

aÔToO Kttl 'ApiaTOTÉAri t6v tôv TpidcKovTa yev6|jievov, Kal

a^tKp' Sttûc etl ETTaKoOaat toûv ypa^^iàTCùV' ou ^f)v auTÔq

yE, àXXà Kal Tip6TEpov aKrjKOÉvaL toO Zrjvcovoq.

Tôv ouv ZcoKpaTr) àKO\jaavTa TràXtv te KEXEOaat Tf]v

7Tp<*)Tr|v ÔTi69Eaiv toO npcoTou X6you àvayvcovai, Kal àva_

yvcoa9ELar|c;, FIôc;, <|)àvaL, S Zrjvcov, toOto XéyEtc; ;eI TtoXXà e

âaTL Ta SvTa, â>q &pa Sel auTà b^iotot te EÎvat Kal àvo^iota,

toOto Se Sf] àSuvaTov oxïte yàp Ta avd^oia ë^oia oÔte Ta

bjioLa av6|jioLa ot6v te EÎvat; oô^ outco XéyEiç ;

OuTco, c|)otvaLTÔV Zf|vcova.

OÔKoOv EL ocSûvaTov Tdc TE àvô^OLa b^jioLa EÎvaL Kal Ta

b^ioLa àv6^oLa, àS\ivaTovSf]

Kal xroXXà EÎvaL;el yàp noXXà

EÏr|, T[àCT)(OLav Ta àSuvaTa. *Apa toOto egtlv B (îouXovTat

aou ol XoyoL, ouk aXXo tl f\ SLa^dc^EaBaL napà TtàvTa TaXEy6^Eva àç oi rcoXXà èaTi

;Kal toutou auToO olel qol

TEK^fjpLOv EÎvaL EKaoTov TCOV X6ycov, oSaTE Kaliqyrj

ToaaOTa

TEK^rjpLa TiapÉ)(Ea8aL, oaouartEp Xoyouq yéypacjjac;, âiç ouk

EGTL TïoXXà ;otiTco XÉysLÇ, f^ lytà ouk ôpScoç KaTa^avSàvco ; 128 a

OÔk, àXXà, <|)àvaL tov Zfjvcova, KaXcoq auvr]Ka<; 8Xov t6

ypà^^a8 (iouXETaL.

MavSdcvco, eltielv tov ZcùKpotTr), « flap^iEvlSr), ôtl Zfjvcov

hBe. oô ^i6vov Trj aXKr\ aou(^lXloc (iouXETaL àKELÔaSaL, àXXà

Kal T^ ouyypà^^aTL. TauTÔv yàp yÉypa<|)E Tpôrtov TLvà

bîTEp cr6, jiETaôàXXcov Seifjtiâc; riELpaTaL è^^anaTav wç ete-

p6v TL XÉycov. Zx)jtèv yàp ev tolc; noLfi^aaiv Iv

<|>t^çeÎvol

t6 Tiav, Kal toùtcov TEK^Jir)pLa Tiapkyr] KaXcoç te Kal e3' ISBe b

5è aS ou TioXXà <|)rjaLV EÎvaL, TEK^/jpLa Se Kal aÔToç nàji-

e 9 <JOJ o\ BYVV et in ras, T, Procii AB : ctoi oi G, Procli CD

|(128 a 5 aoj : fort, cro: Heindorf

||fo/îtûaOai B^tY : o-.xsiôiaôai

BTW oixsioîîoûa'. Proclusj|a 7 otZz^ Proclus :

o'*~e.pBYW o*rÊp T

Il (XÊTaoiAXwv BY : -oaXôiv T\V Proclus||a 8 9^ç : ^r^ç B Proclus

||

b I r,xpi/T,: -V. W , Procli CD||

-t B Proclus: ys TYW [|b a xaè

om. B, Procli A.

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128 b PARMÉMDE 5:

affirme linexislence du multiple et, de preuves, lui aussi

fournit beau nombre et de belle taille. Quand, le premier affir-

mant l'Un, le second niant le multiple, vous parlez chacun

de votre côté de façon à sembler ne rien dire de pareil, bien

que disant tout juste la même chose, c'est par-dessus nos

têtes, à nous profanes, que m'ont l'air de se discourir vos

discours.

Soit, Socrate, aurait dit Zenon. Donc tu n'as pas absolu-

ment saisi le réel caractère de mon livre. C'est certes avec le

C flair des chiennes de Laconie que tu vas quêtant et poursui-vant les

pensées

à la trace. Et,

cependant,

voici ta

premièreméprise : si haut, vraiment, ne se guindé point mon livre,

que de prétendre, écrit dans les intentions que tu imagines,dérober aux humains le grandiose dessein qu'il poursuit. Ce

dont tu viens de parler, ce sont là résultats accessoires. Ce queveut, en vérité, mon livre, c'est défendre à sa manière la thèse

de Parménide contre ceux qui s'essaient à la bafouer et, de

d l'unité par elle affirmée, prétendent tirer force conséquences

où la thèse se ridiculise et se contredit*. A la réplique donc il

vient contre ceux qui affirment le multiple, et rend les coupsavec usure, et entend montrer qu'encore plus ridicule quecelle de l'Un apparaîtrait leur hypothèse du multiple, à quiserait capable d'en parcourir les conséquences. C'est en telle

humeur de bataille que, jeune homme, je l'écrivis et je no

sais qui m'en vola copie, si bien que je n'eus plus à délibé-

e rer s'il le fallait ou non mettre aujour-.

Voilà donc ton

erreur, Socrate, de penser qu'il fut écrit, non par l'humeur

batailleuse du jeune homme, mais par l'ambition de l'homme

mûr. Autrement, je l'ai déjà dit, ta façon de le caractériser

n'était point mauvaise.

Eh bien, j'admets l'explication, aurait dit Socrate, et crois

qu'il en est comme tu le dis. Mais voici ce que je désire

savoir. Ne crois-tu pas qu'il y a une forme en soi de la res-

1. Ces railleurs sont des dogmatiques: l'hypothèse du multiple est

appelée « leur » hypothèse. On n'a donc pas le droit de supposer,

avec W. Nestlé (Hermès, LYII, 4, 1922, p. 55i-562), que la satire à

laquelle Platon fait allusion ici est le Traité de la Xaiure de Gorgias,

car celui-ci rejette aussi expressément la thèse de la pluralité que celle

de l'unité. Platon, qui l'imite, ne pouvait s'y tromper.2. Le thème de la copie volée sera fréquent dans les préfaces de

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57 nAPMENIAHS 128 b

TToXXa Kttl Tiaji^£YÉ9r| TrapÉ^eTai. T6 oCv tov ^ièv Iv (|>àvat,

t6v Se\1T\ TToXXà, Kttl OOTCOC; EKOCTSpOV XÉySLV WCTTE

JlT^Sèv

Tcov auTcov etpr)K£vat Sokelv a)(eSov TLXéyovTaçTauTdc, ônÈp

f\[xoLq Toùç ocXXouc; <j>aLV£Tat û^îv là £ipr\[ikva e.ip^aQai.

Nat, <|)avaL t6v Zr|voûva, o ZccxpaTEÇ, au S' o3v Tf]v

àXf)9£Lav ToO y(pà[i[iCLioq ou TiavTa)(oO fjaÔT^aaL. Ka'tTot

(SoTuep ys al AaKaivat aKuXaKEÇ eS ^eTa8eLÇ te Kal 1)(veùel<;C

Ta XE)(^9ÉvTa* àXXà npÔTOV ^év as: toOto XavSdtvEt, ôti ou

TTavTocTTaaLV oStco aE^vuvETttL t6 ypà(jnia, <aaTE artEp aii

XÉyEic; SLavor|8Èv ypacjsfjvaL, toijç àvSpoTtouc; Se etïlkputit6-

(iEvov &c; TL jiÉya SiartpaTTÔjiEvov àXXà au ^èv eÎtteç toûv

au^iÔEÔriKOTcov tl, laTi Se iô yE àXr|8È<; fiofjBELot tlç TaOTa

Ta ypà^i^aTa tcû flap^EvlSou X6ycp Tipoç toùç ETTL)(EipoOv-

Taç auTÔv kco^coSeÎv aç el ev laTi, noXXà Kal yEXoîa auji- d

ôalvEL nào^Euv tS Xoycp Kal EvavTia aÔT«. 'AvTiXéyEt Br\

ouv toOto t6 ypà(i^a rtpoc; toiljç ià ruoXXà XÉyovTaç, Kal

àvTanoSiScoaL TauTà Kal tiXeIco, toOto fiouXé^iEvov SrjXoOv,

coç ETL yEXoL6TEpa TTocaxoL av aÔTÔv1?) ônoBEaiç, el tïoXXoc

SaTLV, f\ f\ToO EV EÎvat, Et TtÇ iKaVCOÇ ET[E£,i0L. Aià Totau-

Tr)v hi] <|)LXovLKLav ûncô vÉou Svtoç e^oO Eypà<|)r|,Kal Ttç

auTÔ ekXei[<e ypa(|)Év, ôaTE oôSè (iouXEuaaaSai I^EyÉvETO

elt' lEjOtaTÉoy aÛTo eIç tô <^5>q elte ^f). TauTT] ouv oe Xav- e

8àvEL, o ZwKpaTEq, oTi ou)( une vÉou (jjtXovLKtac; olei auTÔ

yeypà(|)8at, àXX' ûrto rupEaBuTÉpou (^siXoTt^lac;' etieI, SriEp y'

eTttov, ou KaKOùÇ àTtr|Kaaac;.

'AXX' à'no8É)(otia^ c{)<ivaLtov ZcoKpaTi], Kal fjyoO^iat ùç

XÉyEiç E)(e«-v.T68e 8é ^ol ElrtÉ* où vo^l^ELÇELvat auTà Ka8*

b 7 Ô' oùv : ouv Procii B yo^v Heindorf||

c i ys cm. W, Procli

D[|

c 6 -<. -oyjcij;j.6c6ri-/.d":tov

W Proclus||

c 7 "x vpatjLtjLa'a om.

Procli lem. luetur com. 715, 5-io|1d 4 xajxx Schleiermacher : rauxa

BY, Procli AB om. TW, Procli CD|1d 5 6>; ï-i: ^i-.t Proclus

||

et :f(Y

rj£Î vulg. j)

d 7 viou oyzoç, : vejovto; B* viaovTo; Procli

G txlvovTo; Procli Dj]

d 8 ^o'Skvjoa.0^7.: : -iJciOa: Procli GD êas

^OvÀsuaaaôat Y||

e i ojv :

y' ouv B.

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129 a PARMÉNIDE 58

129 a semblance, et, à celte l'orme, une autre qui s'oppose : l'es-

sence du dissemblable? Que, à cette dualité de formes, nous

prenons part et moi et toi et tout le reste de ce que nous

appelons le multiple? Que, par le fait et pour autant qu'il

y participe, devient semblable ce qui participe à la ressem-

blance; dissemblable, ce qui participe à la dissemblance

;

l'un et l'autre, ce qui participe à l'une et à l'autre? Si toutes

choses prennent part à ces deux formes opposées, que toutes

choses soient, à elles-mêmes, par cette double participation,

b à la fois semblables et dissemblables, qu'y a-t-il à cela d'éton-

nant? Que, par contre, les semblables en soi nous soientmontrés devenir dissemblables, ou les dissemblables, sem-

blables, voilà où je verrais une merveille. Mais, ce qui a partaux uns comme aux autres, le révéler aiîecté de l'un et l'autre

caractère n'est rien dire, Zenon, qui, à moi du moins,

paraisse extraordinaire, pas plus que de déclarer un l'en-

semble des êtres en ce qu'ils ont part à l'Un et multiple ce

même ensemble en ce qu'ils ont part à la multiplicité. L'es-

sence de l'Un, par contre, qu'on la démontre, en soi, mul-

tiple;le multiple, à son tour, qu'on le démontre un, voilà

G où commencera mon émerveillement. J'en dis autant pourtout le reste. Que les genres et formes en soi fussent montrés

recevant, en eux-mêmes, ces affections contraires, cela vau-

drait qu'on s'émerveillât. Mais que dit-on de si merveilleux à

ine démontrer, moi, un et multiple? A distinguer en moi,

quand on me veut faire paraître multiple, côté droit et côté

gauche, face avant et face arrière et, tout aussi bien, haut

et bas? Carj'ai part, j'imagine, à la pluralité. On déclarera,

par contre, si l'on veut me dire un, que, dans notre grouped de sept, l'homme que je suis est un, en ce que je participe

aussi à l'Un. Ainsi l'on aura démontré vraies les deux affirma-

tions. Celui qui s'efforcera, surdepareilsexemples, à démontrer

multiples

et uns les mêmesobjets,

ce sont cailloux, mor-

ceaux de bois et le reste, dirons-nous, qu'il démontre

nos xvi* et xyii^ siècles. Les graves auteurs de VArt de Penser diront

eux-mêmes que l'impression de leur ouvrage « a été plutôt forcée quevolontaire. Car plusieurs personnes en ayant tiré des copies manus-

crites... on a juge plus à propos de le donner au public correct

et entier, que de permettre qu'on l'imprimât sur des copies défec-

tueuses ». Avec des thèmes littéraires, Platon fait un drame vivant.

Page 81: Platon, 8.1 Parmenide

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58 nAPMENIAHS 129 a

aiôxè eîôoc; tl ô^iolott^toç, koli tô touo\jtcû au aXXo ti Ivav- 129 a

TlOV, 8 ICTLV àv<5^0L0V TOUTOLV SE Suotv SvTOLV Kttl l^lÈ Kttl

aè KOLÏ TâXA.a fi8/]

TioXXà

KaXoO^ev (jieTaXa^6otv£iv;<al xà

^lèv i^q ojiOLoxriToç ^letaXajiôàvovTa b(jiOLa YtyvEaBai

TaiJTT^ T£ Kttl Kaxà ToaouTov baov àv ^eTaXa{i6àvr|, Ta Se

TT^c; àvo^oLOTrjToc; àvàjjioLa, TÔt Se à^<|)OTÉpcov à^<|)<$TEpa ;ei

èè Kal TiocvTa IvavTicov Bvtcov à(ji(|)OTépcov ^exaXa^BàvEt,

Kal iaxi Tc3 ^eTÉ)(eLV onicj)OLV S^oioc te Kal àvé^oia aÔTot

auTOLÇ, Tt Bau^aaTov ;eI ^èv yàp auTà Ta b^ioid tlç art- b

£<|>aiv£v àvé^ioua YLYv6^£va f\xà àv6^ioia b^ota^ TÉpac; âv

oî^jiaL f]V El Se Ta Toùiav ^£XÉ)(ovxa àjicjjoxÉpcov à\x<p6r€.poL

omo<|)atv£L TTETtovSéxa, ouSèv E^oiyE, S Zfjvcov, êtxoTtov 5o-

KEÎ, oûSé yE EL £v axiavxa anocjjaivEL xtç x« |jiexÉ)(elv xoO

€v6ç Kal xauxà TaOTa xioXXà tcù rtXfjGouc; au(jiet£)(£iv.

'AXX' el o EQTLV Ev, aôx6 xoOxo noXXà àTioS£t£,EL Kal aS xà

TioXXàSi^ EV, xoOxo r\BY\ Bau^dtao^at. Kal TiEpl xôv aXXcav C

aTiàvxov cùaauxoç* el ^èv auxà xà y£vr| xe Kal £LSr| Iv aô-

xoîç àTtO(|>atvoL xàvavxla xaOxa TtàBr) Tiàaxovxa, a£^ov

Saujià^ELV EL S' E^È EV XLÇ ànoSEL^jEL ovxa Kal TToXXà, xt

Bau^aaxdv, Xâycov, bxav ^èv fiouXrjxai noXXà àTto<|)f]vaL, âyq

Excpa jiÈv xà ETil SE^jià ^ou èaxLV, EXEpa Se xà In' àpLaxEpà,

Kal fxEpa ^£v xà rtpoaSEV, EXEpa Se xà oTTiaBEV, Kal âtvco

Kal Kaxco oaauxcoc; — TtXrjBouc; yàp ot^ai ^exÉ)(^co— bxav

8È EV, IpEL ax; Értxà i^^cov 8vxcov eÎc; âyw eI^l avBpconoç d

^£X£)(Cùv Kal xoG Ev6q' coaie. àXr\Q?\ àTTO<|)atv£L àji<|><5xEpa.

'Eàv o3v XLÇ xoiaOxa ETtL)(ELpf^TioXXà Kal iv xauxà àno-

<|3aivELV, X'lBouç; Kal E,ijXa Kal xà xoLaOxa <|>r|ao^EV aôxSv

129 a I au om. ÏWjj

-: om. Proclusjja 2 o\ : oJv r,ZT^

Procil

ACDjlb I <x;r£<fatv£v: -çaîvs-ro B, Procli AB

|Ib 4 8o/.$i : 8oxeî

slvat B, Procli ABjj

C 3 -a-r/ovTa : ayôvTa Y j]c /^'/.oil r.oAAT. ovTa

TIIc 5 à7:o(prjvai Simpl. : -cpaivétv BTYW Proclus

jjd i iozl:

kpr\

W, Procli AB|j f^|xwv

: pv Simpl. jjd 2 à;co5atV£i BW, Prodi AB :

-voi TY -vîtv Procli CD||d 3 raÙTà : rauTa Y taO-a Proclus -raÙTÔ

Simpl. (Taùtw D) Taùiôv Burnct\\d l\ çpTî'aojjiev

: xiçr|- Simpl. tt ot[-

Burnet.

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129 d PARMÉNIDE 59

uns et multiples; ce n'est point l'Un qu'il démontre mul-

tiple ni le multiple qu'il démontre un. Il ne dira rien là

d'extraordinaire, rien dont tout le monde ne convienne.

Mais qu'on fasse ce que je disais tout à l'heure : que l'on

commence par distinguer et mettre à part, en leur réalité

propre, les formes telles que ressemblance, dissemblance,

epluralité, unité, repos, mouvement, et toutes essences

pareilles; qu'on les démontre, ensuite, capables, entre soi, de

se mélanger et de se séparer; c'est alors, ô Zenon, que je

serais émerveillé, ravi. Ton argumentation est conduite, à

mon sens, avec une belle et mâle vigueur. Mais avec com-bien plus de plaisir encore, je le répète, j'applaudirais à quisaurait nous montrer les mêmes oppositions s'entrelaçant en

130 a mille manières au sein des formes mêmes, et, telles vous les

avez poursuivies dans les objets visibles, telles nous les décou-

vrir dans les objets qu'atteint le seul raisonnement. »

Ainsiparla

Socrate, à ce

queracontait

Parménide et Pythodore, lequel avouait s'être attendu,Socrate : difficultés à chaque phrase, à voir se fâcher Par-

qu'entraîne ménide et Zenon. Mais ceux-ci l'écou-Vadmission des ^ . ^ ». m j ^^ *•

formes séparées, trient, parait-d, avec grande attention.

De quoi et les regards fréquents, les sourires

y a-t-il formes ?qu'ils échangeaient témoignaient de leur

ravissement. C'est dans ce sentiment

que parla Parménide sitôt que Socrate eut achevé : « Socrate,

aurait-il dit, combien te sied ce transport et cet élan vers

b l'argumentation! Mais dis-moi, est-ce que tu fais toi-même

la séparation dont tu parles, mettant à part ce que tu

nommes les formes mêmes;à part, ce qui participe à ces for-

mes? Est-ce que tu reconnais un être défini à la ressem-

blance en soi à part de la ressemblance qui est nôtre, et

aussibien

àl'Un, au multiple,

àtoutes les déterminations

que Zenon vient de traiter devant toi?

Moi, certes, aurait dit Socrate.

Le fais-tu encore, aurait demandé Parménide, dans les cas

suivants : poses-tu, par exemple, une forme en soi et à

part soi du beau, du bien et de toutes déterminations

pareilles'

?

I. Le platonisme qu'expose et critique Aristote (iUétaph. 990 a

Page 83: Platon, 8.1 Parmenide

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iLlVU;SIVVOI IMIKilf

59 nAPMENIAHS,

129 d

TtoXXà Kal iv àiToSEtKVÛvaL, ou t6 iv noXXà ouSè Ta iroXXà

ev, ouSé tl Gau^acTTèv X^yei-v, dcXX' anep àv tuocvtec; 6^0X0-

yoî^AEV âàv 8é xiq Sv vuvSf] âyà) IXeyov TrpcoTov ^èv Siai-

pî^xai X'^P'-*'<*'^'^ôt Ka8' aôxà xà

EÏSrj,otov

6(ioL6Tr|T<xte

Kal àvo^oi6Tr|Ta Kal rrXfjSoç Kal t6 iv Kal axàcriv Kal Kivr|-e

CTLV Kal TTàvTa Ta TOiaOTa, eÎTa Iv lauToîç TaOTa ôvjvà-

[lEva axjyKEpàvvuaBaL Kal SLaKplvEaSai àTtoc|)alvr|, àyal^riv

&v eycoy', E<t>T], Sau^iaoTÔc;, S Zi^vov, TaOTa 8è àvôpEicoç

\ikv Tïàvu i^yoO^at rrETtpay^aTEOaSaL* TroX{) ^evt&v o5e

^olXXov, oç XÉyco, àYaaSElrjv el tlç exo"- t^^v auTf]v TaÛTt^v

àiToptav EV auToîç toîç elSeql TiavToSaTicoc; rtXEKOjiÉvrjv, 130 a

QOTtEp Iv Toîç 6pco|jiÉvoLc; SltjXBete, OUTCOÇ Kal £V TOtÇ Xo-

yta^cù Xa^Bavo^Évoiç ETTLSEL^ai.

AÉyovToç Sf), £c|)r)ô riuOoScopoç, toO ZcoKpâTouc; TauTa

auToç ^Èv OLEaSaLe(|)'

EKckaTou ax^EaBaL t6v te Flap^iEvl-

ôr|v Kal TÔv Zf]vcova, toùç 5è ttAvu te aÛTcp npoaÉXEtv tov

voOv Kal 8a^à elç àXXf)Xouç (iXÉnovTaç (lEiSLav oç àya^é-

vouç TÔV ZoKpàTrj. "OriEp ouv Kal nauaa^iÉvou auToO eitteIv

TOV nap^£vt8r|V *0 ZoKpaTEÇ, (|)àvaL, cûç a£,toc; si aya-

aBat Tf)c op^fjc; tt^c; kni toùç Xdyouc;. Katjiol eltié, auTÔç b

où ouTco Si/jprjaaL a>ç XéyEtç, X'^'P^'' t^^^ ^'^^T auTà aTTa,

Xcoplç 8è Ta ToÙTcov au jiETÉxovTa ; Kal Tt aoi SaKEÎ EÎvat

auTT^ b\xoi6ir\ç X"P'*-Ç ^Ç ^t^^^*^ o^otàTrjToc; exo^ev, Kal £v

5f|Kal TToXXà Kal rtàvTa baa vuv8r) Zfjvcovoc; fJKouEc; ;

"E^otyE, (|)àvaL tov ZcoKpdtTr).

'^H Kal Ta tolocSe, eltieîv t6v nap(iEVLST]v. otov SiKalcu

TL EÎÔoq auTÔ KaB' aÙTÔ Kal KaXoO Kal àyaBoO Kal txcxvtcûv

au Tcov TOLoÛTOv;

d 6 XsYcty:

-Yci Simpl. |]d 7 wv : Simpl. Bekker

ijd 8

"/_wc!ç

ay-rà : aÙTà /toptç ajtà W||

-x cm. W||e i ~ô cm. Simpl. ||

6 6 ?

TXjTrjV cm. B(I130 a 5 oVe^Oat : av oi'eaôai Burnet

{|-£ B Proclus :

Y£TYW

11b 3 au -à xojxfov W Proclus

|]t: : Ti? Proclus

[1b 4

f, ^. ,

ajTTj ojAOtoTrjç B : a'JTrjoaotdtrj; Y ajTr, f) ô[xoto":r,çProcli AB aùtoo-

aOîOTrjÇ T aÙToojJLOtOTT.ç W ajtô 6ij.otdTr,ç Procli CDjjb 5 V"jv5r; : 0^

vjv Y ÔYj Procli ACDJ|

b 7 loraoe:

zoiotÀJ-a B|| tov

:

tov té B.VIII. I. — 5

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130 b PAUMÉNIDE 60

Oui, aurait-il affirmé.

c Et puis, une forme de l'homme distincte de nous et de

tous hommes que nous sommes;une forme en soi de

l'homme, du feu, de l'eau?

C'est là, Parménide, une question qui m'a, bien souvent,

embarrassé : je ne savais s'il la fallait résoudre ou non dans

le même sens que la précédente.Et d'objets comme ceux-ci, Socrate, qui pourraient sem-

bler plutôt ridicules, cheveu, boue, crasse, ou tout autre

objet de nulle importance et de nulle valeur, te demandes-tu

aussi s'il faut ounon poser, pour chacun, une forme sépa-

d rée, elle-même distincte de l'objet que touchent nos mains ?

Je ne me le demande nullement, aurait répondu Socrate :

à ce que nous en voyons, à cela je reconnais existence;mais

penser qu'il en existe une forme serait, je crains, par trop

étrange. De temps à autre, je l'avoue, l'idée m'a tourmenté

qu'il faudrait, peut-être, en admettre pour tout. Mais, à peine

m'y suis-je arrêté que je m'en détourne en toute hâte, de

peur de m'aller perdre et noyer en quelque abîme de niai-

serie. Aussi, revenu à mon refuge, aux objets à qui nous

venons de reconnaître des formes, c'est de ces objets que je

fais ma conversation et mon étude,

e C'est que tu es jeune encore, Socrate, aurait dit Parménide,et pas encore saisi par la philosophie, de cette ferme emprise

dont, je le compte bien, elle te saisira quelque jour, le jour où

tu n'auras mépris pour rien de tout cela *. A cette heure, tuas encore un regard à l'opinion des hommes : c'est l'eflet de

ton âge. Mais voici nouvelle question. Tu crois, me dis -tu,

à l'existence de certaines formes; les choses, par le fait d'y

participer, en reçoivent les éponymies ;la participation à ia

34-99 i a 8 et 1078 b 82-1079 b 10) exclut, du monde des Formes,

les Négations et les Privations, les Relations, les choses artificielles et

celles où il \ a de l'antérieur et du postérieur (cf.L. Robin, La

Théorie Platonicienne des Idées et des Nombres d'après Aristote, p. 121-

198). Le moyen Platonisme et le Néoplatonisme en excluront, en

outre, les choses viles ou contraires à la nature (cheveu, boue, etc.).

I . Cette déclaration est contraire à toute limitation du monde des

Formes, et Proclus (Cousin, 834/7) essaie en vain d'en fausser le

sens.

Page 85: Platon, 8.1 Parmenide

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6o nAPMENIAHS 130 b

Nal, (|)àvaL.

Tt 5', àvSpobTTOu eÎ8o<; X^P'*-*^ ^t^^v Kal tôv oÎoli^^iELc;

c

la^evTiàvTcov. auTo ti

eÎSoc; àvBpcÔTtou fj nupôq f\

Kal

uSaToç :

'Ev aTTopla, <|)àvaL, TtoXXdcKLÇ br\,a> Flap^iEviSrj, TTEpl

auTcov yÉyova, noTepa ^pf) <|)âvai oSanEp TiEpl eke'lvcovr\

àXXcoc;.

^H Kal TTEpl tcovSe, S) ZcûKpaxEÇ, s Kal ys^oîa S6£,elev av

EÎvat, otov 9pl£, KalTrrjXoc;

Kal puTioc; f]aXXo tl àTi^oTaiôv

TE Kal <|)auX6TaTov, ànopEtc; eïtey^pf\ (^ôlvoli «xi toûtov

EKoiaTou EiSoç EÎvaL xoptc;, ôv aXXo au tcùv occovi^^^elc; d

jJlETaXEtpL^Ô^lESa, ELTE Kal\IT] ;

OuSajJicûq, c|5àvaL tov ZcoKpaTrj, àXXà xaOxa \xkv \e artEp

ôpco^EV, TauTa Kal Etvaf EÎSoq ÔÉ tl auTcov 0Lr|9fjvau Eivat

^i]Xlav

f\axoTTov. "HSr) jjlévtol ttoté \xe Kal £8paE,E ^r\

tl

r\ TTEpl TTOCVTCÙV TaUTOV ETTELTa OTaV TaUTT] GTCù, (|)EUYOW

oL-)(o^aL. SELoaq [kX]ttote elç tlv' a6u8ov (^Xuaptav IjiTTEaàv

8La(|)9apco* ekelqe 8' o3vàcjjLKOjjiEvoq, elc; S vuv8r) IXÉyo^Ev

EL8r) £X^"-Vi TTEpl EKELVa Tipay^iaTEUD^EVOÇ 8LaTpL6co.

NÉoc; yàp si etl, c|)àvaL t6v nap^EVL8T]v. S» ZcoKpaTEÇ, e

Kal OÔTTCO aOU àvTELXl^TTTaL <J>LXoaO(|>La OÇ ETL àvTLXr]L};ETaL

KaT' è.\xr\v S6£,av, Ste ouSèv auTtov àTmàoEtc;' vOv 8è Itl

TTpoç àvBpcûTTcov oLTroôXÉTTELc; 86£,a<; 8Là ttjv i^XLKlav. T68e

S' 03v {iOL ELTTÉ. AoKEI GOL, OÇ <pf\Ç, sX^Ï] ElVOLl ètTTa, Sv

tocSe Ta aXXa ^lETaXajiBàvovTa Taç ETTcovu^laq auTwv

C 2 -i B Proclus : -6 TYW\\

v.xi om. W|]

c 8 -i ï : ot: BWProclus om. Y

||d i àXÀo secl. Wilamowitz

jjau twv ol'iov scripsi

:

oÙTwv . 7- wv BTYW Proclus aO tûv tov Heindorf au tjf7>v -: Burnet

uiv Wilamowitz||d 3

[xivB : om. TYW Proclus

||d 6 ciirà) ï,

ProcU B: âyôj supra aT03 add. YW Icr-w BY2, Procli AGD|Id 7

-IV'

a6u6ov Steph. : Tiva a€y6ov TY, Procli 6D -tva ^yôôv BWâ6u6ov

(-c'-va om.) Procli AG|| {pXyaotav : -:aç Synesius Origenes,

Procli BD (sed Procli com. 834, 2 4 àouôo; ^Xuap-'a) ||d 8 vuvôt) :

vuv Y|]e 3 ay-div : ayrôv B*

j]e 5 5' oyv W, Procli A£ : oav BTY,

Procli CDII sl'Sr, slva-. TYW, Procli com. S/ig, 3 : elvat sT8t, B,Procli

lem. Il e 6 27:(ov'j;j.{a; :

avT supra st.- W.

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131 a PARMÉMDE 6i

ressemblance les fait semblables;à la grandeur, grandes ;

à la

beauté et à la justice, justes et belles?

Parfaitement, aurait répondu Socrate.

Est-ce donc au tout de la forme ou

w*^

7

seulement à une partie que chaque par-

participltion. tîcipant participe? Ou bien y aurait-il, à

part ceux-là, un autre mode de partici-

pation ?

Comment pourrait-il y en avoir un autre?

La forme entière, comment l'imagines-tu présente enchacun des multiples? Demeure-t-elle une, ou quoi?

Qui l'empêche de demeurer une, Parménide ? aurait

répliqué Socrate.

b Elle reste donc une et identique, et n'en est pas moins

présente, tout entière à la fois, en des choses multiples et

discontinues : à ce compte, elle sera séparée d'elle-même *.

Nonpoint,

si, dumoins,

c'est à la manière dujour, qui,un et identique, est en beaucoup de lieux présent sans être

pour cela séparé de lui-même; si, dis-je, c'est à cet exemple

que nous posons chaque forme comme unité omniprésente et

pourtant identique ^.

Manière aisée, Socrate, de faire multiprésente une mêmeunité. C'est comme si, couvrant d'un voile plusieurs indivi-

dus, tu parlais« d'unité tout entière étendue sur une multi-

plicité ». N'est-ce pas d'une pareille unité de présence que tu

veux parler?

c Peut-être, aurait-il concédé.

Est-ce donc tout entier sur chacun que sera le voile? Est-ce

au contraire une partie du voile sur l'un, une partie sur

l'autre?

Une partie.

1. Même raisonnement et même formule chez Aristole (Me/ap/i.

loSg a 33-b 2). Si le genre animal est un et identique dans l'espèce

homme et dans l'espèce cheval, « comment l'Un pourra-t-il être un

en des êtres séparés, et qu'est-ce qui empêchera que cet Animal soit,

lui aussi, séparé de lui-même ? (o'.à ti où zar/wcl; ajTOj ïatai t6 ^wov

TOUTO ;)»

2. On ne sait où Proclus a pris ce qu'il nous raconte (Cousin. 86a,

27 ;trad. Ghaignet, II. 5), mais il affirme nettement que cet exemple

w du jour un et identique » était déjà dans les Arguments de Zenon.

Page 87: Platon, 8.1 Parmenide

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  \l\ Il

6i nAPMENIAHS. ,^ ^131

a

ïa\Eiv, oTov ô^xoLOTrjToç ^lèv ^iETaXaBovTa b^ota, ^eyÉSouc; 131 a

Se ^EyocXa. kocXXouc; Se <al Sixaioauvi^q SlKatà te Kal KaXà

YlyvEàGaL;

riàvu yE, <|)àvaL tov ZQKpdcTT].

OÔKOOV fJTOL bXoU TOO ElSoUÇ f^ ^lÉpOUÇ EKaOTOV TO ^ETtt-

Xa^Bdcvov ^ETaXajxBocvEL ; f^ aXXrj tiç ôtv ^ETàXT^vpic; X^P'-^ï

ToiJTcov yÉvoLTo ;

Kal Ttcàc; Sv ; eÎttev.

HéTEpov ouv SoKEi aoL 8Xov t6 eÎSoç ev EKocaTCû EÎvat

T»V TtoXXcOV EV OV, f) TTCOÇ ;

Tl yàp KcoXÛEL, (|)àvat t6v ZcoKpàTr), S Flap^EvlSr], Iv

EÎvai;

**Ev apa 8v Kal lOL^ibv Iv noXXoîc; X"P^^ oSaiv oXov a^xa b

EVÉQTaL, Kal OUTCOÇ auTÔ aÛToOX^P**-*^

*^ ^"^^

OÔK av, EL yE, <|)àvat, oîov[eI] i?)tiépa elt^, (fj) jila Kal

-q

auxf) ouaa noXXaxoO a^a egtI Kal ouSév tl ^oiXXov auTfj

aÛTf^ç Xa^pic; eotlv, el oôtcù Kal EKaaTov toûv elScov ev ev

TtSaLV a^a TaÔTov elt).

'HSécoç yE, cfxxvaL, S ZwKpaTEÇ, iv TaÔTSv a^a noXXa-

XoO ttoleIc;, oîov el laTLO KaTaTTETotaac; ttoXXoiljc; àvSpobTTouc;

«pairie; iv ettI ttoXXolc; EivaL bXovf\

ou t6 toloOtovi^yf]

XéycLv ;

"lacoç, (|>dvaL. C

*H o3v bXovEcJ)'

EKocaTO) TO laTiov ELr| av, f\ jiÉpoc; auToO

aXXo en' SXXg);

MÉpoç.

131 a 3 6i xa! : Tî — B j] a 5 r^TO*. om. Y || (xépouç : -o;W jj a i f sv

sTvat : èvctva'. Schleiermacher secl. Burnet|1b i /wpîç BW Proclus :

xat /(apli TY IIb 2 vjh-oLi T, Procli com. 86 1, 17 : ëv ïo-a: BtYW

b 3 Vt'ysB Proclus: cTva-. TYW||

zl : om. Procli com. 863, 3o r]

WohlrabeVr^ Waddell secl. Burnet Wilamowitz

[J êI't)."^ecl. Heindorf

Wilamowitz|| <î)> a:a Waddell : u-ia BTYW Proclus

|Jb 5 vl secl.

Wilamowitzjj

ev âv T : h Y sv BW Proclus||b 7 ys : tô Tn', Procli

G|| b 9 sv om. Yi!

TÔ : om. W, Procli lem. xt Procli com. 86^,38 jj

car, ouv : 7; ouv W.

Page 88: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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131 c PARMENIDE 6a' ^ n '  

A ce compte, Socrate, aurait dit Parménide, les formes

mêmes sont partagées ;c'est à une part des formes que partici-

peront les choses qui participent aux formes, et nous n'aurons

plus a le tout en chacun », mais « une partie pour chacun ».

C'est bien à cela, vraiment, qu'on en paraît venir.

Consentiras-tu donc, Socrate, à dire que Tunité de la

forme se laisse réellement partager par nous et n'en demeure

pas moins unité?

A aucun prix.

Considère, en elTet : si tu partages la grandeur en soi; si,

d par suite, chacun des multiples objets grands est grand parun morceau de grandeur plus petit que la grandeur en soi,

le résultat ne sera-t-il pas absurde?

Totalement absurde.

Et puis, que, de l'égal, chaque participant reçoive une

parcelle ;se pourra-t-il que, par cette parcelle plus petite que

l'égalen soi, l'objet qui Ta reçue soit fait égal à quoi que ce

soit?

Aucunement.Mais mettons, en quelqu'un de nous, une partie du petit.

Comparé à celle-ci, partie de lui-même, le petit sera plus

grand, et voilà le petit même qui est plus grand. Par contre,

ce a quoi l'on additionnerait la partie ainsi retranchée sera,

6 par le fait, plus petit et non plus grand qu'avant l'addition.

Voilk sûrement qui est irréalisable.

De quelle manière donc, Socrate, aurait demandé Parmé-nide, concevras-tu celle participation aux formes, si elle

ne peut être participation ni à la partie ni au tout?

Pour moi, certes, par Zeus, aurait avoué Socrate, la défi-

nir de quelque façon que ce soit ne me semble point facile '.

Eh bien, comment envisagerais-tu leLa forme unité ii^ • .«v

synthétique. problèmesuivant?

Lequel ?

132 a Voici, je pense, d'où tu en viens à poser, en son unité,

chaque forme singulière. Quand une pluralité d'objets t'ap-

paraissent grands, ton regard dominant leur ensemble

I . Et Platon et les Pythagoriciens « renoneèrent à chercher en quoi

consistait cette participation ou cette imitation » (Arist., Metaph.

987 b i3).

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ij2 nAPMENIAHS 131 c

MEptorà ôtpa, (^àuau, S ZcoKpaTEÇ, êoTiv autà xàeï8t|,

Kal xà ^exÉ^ovxa auxôv jiépouç av ^exéy^OL, Kal ouKÉxt èv

£<àaxcp bXov, àXXà ^lépoc; â<âaxou av Eir\.

<t>alvexaL oôxco ye,

"^H ouv l8eXf)a£LÇ, S ZcixpaxEc;, cjjdvaL x6 iv etSoc; i^Jitv

xf] àXr)6Eia [lEpt^EaSaL, Kal exl ev iaxat;

OuSatiôç, eiTTEÎv.

"Opa yàp, (fxxvaf el auxo xô {lÉyESoç ^EpiEtc; ical EKaoxov

xcov -noXXcov ^EyàXcov ^EysBouc; t^ÉpEt o-(jiLKpoxÉpcp auxoC xoO d

^EyÉSouç liÉya laxai., apa ouk aXoyov (f>av£Îxai ;

riàvu y', E(|)T].

Tl 8é ; xoO LQOU ^lÉpoç EKaaxov a^iuKpôv àTToXa66v xt ê^ei

S IXàxxovu ovxL auxou xoO laou x6 £X.ov ïaov xcù laxat;

'AStivaxov.

'AXXà xoG a^iLKpoO jiÉpoc; xlç i^^cùv e£,el, xo\jxou Se auxou

x6 a^iKpov jiEÎ^ov laxat axE ^Épouç âauxoO âvxoq, Kal oûxco

hi] auxo xô a^iLKpôv ^ieî^^ov loxaf S 8" âv npoaxESf]

x6 àc|)aLp£8Év, xoOxo ajiiKpéxEpov Eaxai àXX' où ^eî^ov fje

Tcptv.

Ouk av yÉvoixo, (|)àvaL, xoGxo yE,

Tlva oîîv xpérrov, elttelv, S ZcaKpaxEÇ, xoùv elScùv aot

xà aXXa^ExaXf)vj;Exai, ^ifjXE

KaxàjiÉpr) tiTjTE

Kaxà bXa

^ExaXa^6àvEiv Suvà^Eva ;

Ou |ià xov Ala, (|>àvaL, o\i ^ol Sokel eiokoXov Eivat xô

xoLoOxov ouSa^coç 8Loptaaa9aL.

Tl SeSr) ; Tipôç xoSe ttôç e)(elc; ;

Tô TToîov;

Oî^ai aE EK xoO xoiouSe ev ËKaaxov EÎSoq oiEaBat EÎvai' 132 a

c 7 av cm. T\\ (sed supra lin. add.). || îVr,B Proclus : ëvîÎtj T k"v

iVr, YW H C 9 ^ Y Proclus :r,T

fjW el B

||d 3 çaveÏTai : saive-ai

B, Procli AIId 4 |J.îoo;

W et supra lin. T, Procl'i AB : -ou? BTY,Procli CD

IId 7 'J-éooç : -ou; Y

|]auTOu : auTO Heindorf au Schleier-

macher|Id 8 lauTou : s;:' auTou Y

[|d 9 w ô* av... e 2 -c-'v

spuria iudicabant nonnulli apud Proclum 872,32-86.

Page 90: Platon, 8.1 Parmenide

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132 a PARMÉMDE 63

y croit découvrir, j'imagine, un certain caractère un et iden-

tique ;et c'est ce qui te fait poser le grand comme unité.

Ce que tu supposes est vrai, aurait assuré Socrate.

Eh bien, le grand en soi et les multiples grands ne révéle-ront-ils pas, à un pareil regard de l'âme dominant leur

ensemble, l'unité d'un nouveau grand, qui leur impose à

tous cet aspect de grandeur?C'est probable.C'est donc une nouvelle forme de grandeur qui va surgir,

éclose par delà la grandeur en soi et ses participants : nouvel

b

ensemble, quedominera une nouvelle

forme,à

quitous les

composants de cet ensemble devront d'être grands ;et ce

n'est donc plus unité que te sera chaque forme, mais infinie

multiplicité'

.

, , A moins, Parménide, aurait obiectéLa forme concept, c . , j r

socrate, que chacune de ces formes ne

soit une pensée, et qu'elle ne doive se produire nulle part

ailleurs que dans les âmes. Ainsi comprise, en effet, chaqueforme garderait son unité et n'aurait plus à subir les difficultés

dont nous parlions tout à l'heure.

En ce cas, aurait répliqué Parménide, chacune de ces pen-sées est pensée une, mais pensée de rien?

Mais c'est impossible, aurait répondu Socrale.

Donc pensée d'un objet?Assurément.

C Qui est ou qui n'est pas ?

Qui est.

N'est-ce pas, cet objet, quelque chose d un que cette pen-sée pense présent sur toute une série de choses et constituant

un certain caractère unique?Si fait.

Cela ne sera-t-il pas forme, que l'on pense ainsi un, sur

toutes et toujours identique?

I . « On présente encore ainsi Targument (du troisième homme) :

si ce qu'on affirme de plusieurs choses à la fois est distinct de ces

choses et subsistant par soi, il y aura, l'homme étant affirmé et des

individus et de la Forme, un troisième homme distinct et des

individus et de la Forme. Il y en aura de même un quatrième, puis

un cinquième et ainsi à l'infini. » (Alexandre, in Metaph. 990 b i5,

p. 83, Hayduck).

Page 91: Platon, 8.1 Parmenide

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63 riAPMENIAHS 132 a

bxav tt6XX' aTTa ^eyàXa S6£,r|aoi sîvai, ^la tiç Xaaq Sokel

tSÉaf) aÛTT] EÎvaL ettI TrdcvTa t56vTL, bBev ev t6 liéya i^yf) eîvaL.

'AXr)8T] XéycLÇ, (|)àvat.

Tl S' auTo TÔ ^Éya Kal xâXXa tù ^syàXa, eàv âjaaÛTCùç

TT^ 4^UXÎ1^'^'- TtàvTa

L5r|ç, ou)(l EV TL aS lAÉya <f>avELTaL, S

TaOxa nocvTa àvàyKr| ^jiEyàXa c|)atvEa8aL ;

"EoiKEV.

"AXXo apa EÎ80Ç ^EyÉSouc; àva(|>avf)aETaL, nap' auTé te

t6 ^ÉyEBoc; yEyovoç Kal Ta ^ETÉ)(ovTa aÔToO' Kal etiI toû-

TOLÇ au TiSaiv ETEpov, cp TaOTa TràvTa ^EydcXa laTaf Kal b

ouKÉTL8f) EV EKaaT6v aoi Tcov eISoûv EGTaL, àXXà aTiEupa t6

TTXfj8oc;.

'AXXà, cjxxvat, o riap^iEvlSr), t6v ZoKpaTr), \xi\tcov eIScûv

iKaaTovf\

TOÙTcov v6rma, Kal ouSa^oO auTÛTtpoCTrjKr) £yyl-

yvEaBai ôcXXoBlfj

evi|JU)(aLc;'

o(iTco yàp &v ev yE EKaaTov

ELT] Kal ouK av ETi Tïàa)(OL a vuvSf] âXÉyETo.Tl ouv

; <|)àvaL, ev EKaaTÔv egtl tSv vor|^àTcov. v6rjjjia

SE ovBevôç :

'AXX' àSùvaTOV, ELTTELV.

'AXXd TLv6ç ;

Nat.

"OvToç f^

oÛK5vTo<;

;

C

"OvToc;.

O^X Ev6c; TLVoq, 8 ettI TtaoLV ekelvo t6 vérjjia eti6v voeÎ,

jitav TLvà oSaav tSÉav;

Nat.

EÎTa ouK eTSoc; laTaL toOto to voou^ievov ev ElvaL, aEl

8v t6 auTÔ ettI nSatv;

132 a 2 jo: oô^r, B Proclus||a 3

fj ajTr; BY Proclus : aÛTr, TWJI

a 6 aj : aj-:oO B[ja 7 âvayxri om. B

jjb i /.a:... b 3 i-TTa-.

habet in marg. W |jb 5 ^ toutiov BW Proclus : Tourtuv

tjTY

Il 7:poar;x7] Proclus : -c-. BTYVV||b 6 ys B, Procli ABC : -i TYW,

Procli D11b 7 vyvÔT) âXiys-o : vuv 8t£)éy- Y j)

C 3 izôv voci W,Procli B ac com. 900,^0 : k-zà^ vosTv T e~ov. vosîv Y cl-ov vosîv B

â7:ivo£t Procli AGD.

Page 92: Platon, 8.1 Parmenide

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132 c PARMÉINIDE 64

Oui encore;c'est manifestement inévitable.

Mais quoi, aurait poursuivi Parménide, est-ce que d'affir-

mer inévitable la participation des choses aux formes ne te

rend pas également inévitable cette alternative:

ou tout estfait de pensées et tout pense, ou bien tout est pensées mais

privé du penser?

Ce n'est pas encore là solution défen-

paradiqme dable, aurait avoué Socrate. Mais, ô Par-

ménide, voici qui me paraîtrait, à moi

d du moins, la meilleure explication. Que ces formes soient en

permanence dans la réalité à titre de paradigmes ; que leschoses leur ressemblent et en soient des

copies, et que cette

participation des choses aux formes consiste en cela seul

qu'elles en sont images.Si quelque chose alors ressemble à une forme, est-il pos-

sible que cette forme ne soit pas semblable à son image, dans

la mesure même où celle-ci est sa copie? Ou bien est-il

quelque

artiflce

par

où le semblablepuisse

nepas

être sem-

blable au semblable ?

Il n'y en a point.

Mais n'est-il pas de toute nécessité que et le semblable et

son semblable participent à quelque chose d'un, identiquee pour tous deux ?

De toute nécessité.

Mais ce par quoi, du fait qu'ils y participent, sont sem-

blables les semblables, ne serait-ce pas la forme même?Si, absolument.

Il est donc impossible ou qu'autre chose à la forme ou qu'àautre chose la forme soit semblable. Autrement, par delà la

forme, une autre forme toujours surgira, et, si celle-ci res-

133 a semble à quoi que ce soit, une autre encore, et jamais ne cessera

cette éclosion indéfinie de nouvelles formes si la forme

devient semblable à sonparticipant

'.

Ce que tu dis là est on ne peut plus vrai.

Ce n'est donc point par ressemblance que les participants

prennent part aux formes : il faut chercher un autre mode

de participation.

C'est bien ce qui semble.

I. (c La même forme sera et paradigme et image » (Arist.,

Metaph. 991 a,

3i).

Page 93: Platon, 8.1 Parmenide

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H IIAPMENIAHS 132 c

'AvàyKrj aS <|>alveTai.

Tl SeBi] ; eItceiv tov riapjjLevlSrjv, ouk àvàyKrj î\

T2tXXa

<pr]Ç Tcûv etScov (lExé^ELv f[Sokel aoi ek vornjKXTov EKaaTav

EÎvaL KOLi TTavxa voEcv, T] vof^iaxa ovxa àv6r|Ta Eivat ;

'AXV ouSè toOto, (|>àvat, e^el Xoyov, àXk', S> riap^EvlSr),

^àXtaxa EjioLYE Kaxac|>aLvexaL SSe e^eiv xà ^âv EtSr) xaOxa d

ôoTTEp TrapaSEty^axa laxàvai Ivxf] cj>^aEi,

xà 8è aXXa

xouxotc; EotKÉvaL Kttl stvai ôjioLo^axa, Kalf\ (jié8eE,l<; auxr)

xoîç aXXoLÇ ylyvECTBai xcov elScùv ouk aXXr| xiç f) ELKaa8f]vaL

auxoiç.

El oSv XI, i<f>T],EOLKEV XÔ EiSeL, otoV XE EKELVO XO ElSoÇ

jif] o^oiov EÎvat iQ ElKaaSÉvxL, Ka9' baov auxcp acjjcû^oicbBT] ;

f^laxi xtç ^r|)(avf] x6 b^iotov jjif] ôjioto o^xolov Etvai

;

OÔK laxL.

Tô Se bjiOLov xG ôjioico ap" ou ^lEydXrj àvàyKr| èvbq xoC

«uxoO [elSouc;] ^exÉ)(elv ; G

'AvàyKT),

OÎj S' Sv xà S^iota ^EXÉ)(ovxa bjiota f\,ouk ekeîvo laxat

auxô x6 EÎSoq ;

riavxàTïaaL jièv oSv,

OvK ècpa ot^v xÉ XL xcp eISel ©(jloiov EÎvai, ouSè xo eiSoç

aXXû)' EL Se ^irj, napà xo eÎSoç àsi aXXo àvac|)av/|aExaL eÎSoç,Kal av EKELv6 xo b^oLov ^, EXEpov au, Kal ouSétïoxe Tiatj- t03 a

acxai aEl KaLvôv elSoç yLyvo^Evov, làv x6 eÎSoç icù ÉauxoO

^EXÉ)(ovxL b^oLov yiyvt^xaL.

'AXrjSÉaxaxa XéyEic;.

OÔK apa o^oLÔXT^XL xSXXa xcov elSôv ^ExaXa[ji6àvEL, àXXà

XL aXXo SeÎ^TjXEÎv

S^ExaXa^BàvEL.

"EoLKEV.

c 9 ivoyxT] 5jWaddell :

-y.r, t,BY -xrj ^ T -xr, si W Proclus

||C lO

^oxzl : -£Îv vulg. Ild I sVÔt,

:oi] Y [|

d 7 slvat opLOtovT

[jd 8 elvoci

OU.010V YIIe I sVôo-jç secl. Jackson

jj6 7 àvaçavr^aîTat : àv ^avrj- Y jj

133 a I âx£Ïvd Tw : ixetvti» -:ô B (sed w in ras.) jj ^ YW Proclus :

r BT li a 2 ante tÔ add. xai W.

Page 94: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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133 a PARMÉMDE 65

Tu vois donc, Socrate, aurait conclu Parménide, en

quelles difficultés l'on s'engage à poser ainsi à part, sous le

nom de formes, des réalités subsistantes en soi?

En de graves difficultés, assurément.

Or sache-le bien, aurait-il repris, jus-Les formes

qu'ici, peut-on dire, tu en es encore àseront inconnais- ^

. ,^ ,. ,, .,

sables à rbomme. P^^"^.^ pressentir quelles elles sont et

combien graves dès que, de toute réalité

"que tu définis, tu prétends, à mesure, poser à part la

forme singulière et une.Quelles sont-elles donc? aurait demandé Socrate.

Il y en a beaucoup d'autres, mais la plus grave est celle-ci.

On pourrait soutenir que, définies comme nous le prétendons,les formes ne sont même pas connaissables

;et convaincre de

son erreur l'auteur d'une pareille assertion serait impossible,s'il n'apporte à la dispute une riche expérience et une nature

bien douée ; s'il n'est, en outre, prêt à suivre une démon-

stration complexe et laborieusement déduite de principesc lointains '. Sinon, celui-là garderait force persuasive, qui pré-

tendrait contraindre les formes à demeurer inconnaissables.

Pourquoi cela, Parménide? aurait demandé Socrate.

Parce que, Socrate, toi le premier, j'imagine, et qui-

conque avec toi pose, pour chaque réalité, une existence

subsistante en soi, vous commenceriez par reconnaître qu'au-

cune de ces existences n'est en nous.Comment le pourrait-elle et demeurer en soi ? aurait répli-

qué Socrate.

Tu dis bien. Et donc toutes formes qui ne sont ce qu'elles

sont qu'en relation mutuelle, c'est en cette relation seule-

ment qu'elles ont leur être;mais ce n'est point dans une

d relation à ce qui, chez nous, leur correspond, soit à titre de

copies,soit à

quelqueautre

titre,

et

qui, participé parnous,

nous donne ses éponymies respectives. Ces relatifs de chez

nous, à leur tour, homonymes des premiers, c'est en cette

relation mutuelle qu'ils ont l'être, en dehors de toute relation

aux formes;et c'est d'eux-mêmes, ce n'est pas de ces formes

que relèvent tous ces homonymes des formes.

I. Comparer le « grand labeur », le a long circuit » de Républ.

546 b, Phèdre 278/4.

Page 95: Platon, 8.1 Parmenide

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65 nAPMEXIAHi: !33

'Opaç ouv, (|)àvat, S ZcoKpaTEÇ, bar) r| à-nopla làv tiç

6ç eïSt] ovTa auTà KaB' aùxà 8Lopl^r)Tat ;

Kal ^diXa.

ES Tolvuv laBi, (|)àvai, bxt «ç ettoç el-neîv oijSéttco aTTTrj

ajTf](; ÔCTT]laTlv

i^ à-rropia, el ev etSoç EKaaxov tôv Svtcov b

OEL Tt oi<^opiC,6\isvoq 8r)CTEic;.

ritoc; Sr) ;eItteîv.

rioXXà ^Èv Kttl aXXa, (|)àvai, (lÉyiaTov ôè t65e. Eî tiç

(|)atr] jjir|8È ttpoot)kelv auxà YLyvcbCTKEaSai ovxa ToiaOxa otà

<:J)a^Ev Seîv EÎvai xà eÏSt], xG xaGxa XÉyovxt ouk âv e^ol

xiç EvSEt£,aa9aL oxl <|>Eu5ExaL, el\xr\

ttoXXoùv ^èv xÛ)(ol

EjiTTELpoç cùv ôà{jic|)ia6r|xcùv

Kal ^f] àcjjufjç.eSéXol 8è nàvu

TToXXà Kal TToppcoSEv TTpaytJ^axEuo^Évou xoO evSelkvu^évou

ETTEaBai, àXXà TTiBavôç âvelt]

ô ayvcoaxa aôxà àvayKot^cov C

EÎvaL.

rif^ Bi], O riap^EViôri ; <|)dvaL xèv ZoùKpàxr).

"Oxl, cû ZcùKpaxEÇ, oT^aL av Kal aè Kal aXXov, boxiç

auxTjv XLva KaB' aôxfjv auxoO EKOtaxou ouatav xIBexol

EÎvai, ô^oXoyf^CTai av Trpcoxov ^èv ^rjSE^lav auxcùv EÎvai âv

i^ULV.

ricût; yàp âv auxf] KaB' aûxf]v exlelt] ; c{)àvai xàv ZoKp<ixr|.

KaXcoç XÉyEiç, eittelv oukoOv Kal baai xwv ISeoûv npèc;

àXXfjXac; Eialv at Eiaiv, auxal npbq aôxàc; xf)v oualav

E^ouaiv, àXX' oô TTp6c; xà rtap' i^^iivelxe ô^otcb^iaxa eÏxe d

Snr) 5f) xiç aôxà xiBExai, SvfjfiEÎc; ^exé^^ovxeç EÎvai EKaoxa

ETTovo^a^6(i£Ba* xà 8è Ttap' fj^iivxaOxa ô|icovu^a 5vxa

EKELVOLÇ auxà a3 Ttpôç aûxà èaxiv àXX' oô npôç xà

a 9 oiç om. BIjb I

fjom. Y

||£:' :

f^B

|1b 6 oslv om. Y H b

7 ;jLÈv: om. B, Procli AD

|] tj/o: : svrjyot Y |]C i iXXà -'.Qavô;

Procli CD in marg. WilamoAvitz : iXX' à7:''6avo; BTYW àXXfo; o'

àzt6- Procli lem. sed uide com. 976,22 ;:iQavwT£pov |[av TY et

in ras. W, Procli CD in marg. : om. B Proclus|| x'^xyy.xÇoi'/ ajTa

B Proclus[]c 5 a-jTou om. B, Procli A

j]c 9 /.a- om. W

jjc 10 a: c'stv

om. W, Procli D.

Page 96: Platon, 8.1 Parmenide

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133 d PARMÉMDE mQue veux-lu dire? aurait demandé Socrate.

Ceci, aurait répondu Parménide. Celui de nous qui. de

quelque autre, est maître ou esclave, ce n'est assurément pasde ce suprême maître en soi, de l'essence-maître, qu'il est

e esclave. Ce n'est point non plus de l'esclave en soi, de l'es-

sence-esclave, que, maître, il est maître. Mais, homme, c'est

avec un homme qu'il a l'un et l'autre rapport. Quant à la

maîtrise en soi, c'est par rapport à l'esclavage en soi qu'elle

est ce qu'elle est; et c'est, pareillement, de la maîtrise en soi

que l'esclavage en soi est esclavage. Mais les réalités qui sont

nôtres n'ont point leur efficace sur ces réalités de là-haut et

celles-ci ne l'ont point davantage sur nous. C'est, je le répète,

d'elles-mêmes que relèvent, à elles-mêmes qu'ont rapport ces

réalités de là-haut, et les réalités de chez nous n'ont pareille-

134 a ment qu'entre elles-mêmes leurs relations. Ne comprends-tu

pas ce que je veux dire?

Je comprends parfaitement, aurait répondu Socrate.

Donc la science en soi, l'essence-science, c'est de cette su-

prême réalité en soi, de l'essence-vérité qu'elle sera science?

Absolument.

Toute science essentielle déterminée sera, par suite^

science d'un être essentiel déterminé;n'est-il pas vrai '

?

C'est vrai.

La science de chez nous ne sera-t-elle pas, au contraire,

science de la vérité de chez nous et, par la même conséquence,

toute science déterminée de chez nous science d'un être déter-

b miné de chez nous ?

Nécessairement.

Or les formes en soi ne sont, d'après ton aveu, ni en nous

ni susceptibles d'être chez nous.

En eiïet.

La connaissance qui pourrait atteindre, en leur détermina-

tion respective, les genres en soi essentiels, c'est une formeen soi, la forme de la science?

Oui.

Cette forme de la science, nous ne l'avons point.

Non, en effet.

I . Platon ne fait ici qu'appliquer sa propre théorie delà relation ;

cf. Républ. 438 c/e : « La science en soi est science de l'objet en soi :

telle science déterminée, science de tel objet déterminé. »

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66 nAPMENIAHS 133 d

£ÏSt],KaléauTCùv oXX'oôicèKEtvcov Saa aS ôvo^dc^Tat oôtcûç.

r\G>q XÉyeLÇ : c^ocvai tov ZcoicpàTr).

Otov,<|)àvaL

TOV

nap^EvlSrjv,

eï tlçi^^ôv

touSEaTTOTrjq

f^ SoOXoc; EGTLv, ouK auToO SEorréTou8if|TTou,

8 eotl SEa-noTT^ç,

ekeIvou SoCXoç èaTLV, oôSè auToO SoijXou, o eotl SoûXoç. e

SEaTïOTrjc; ô SEa-nài^ç, àXX' av9pcoTTo<; ôv àvBpwnou à^i<^6-

TEpa TauT' èaTiv auTf] Se SEanoTELa auTfjç SouXEiaç latlv

h laTL, Kttl SouXELa waaÛTcoç auTT^ SouXEta auTT^ç Seotto-

TELaç, àXX' ou Ta èvt^^^lv rupoç EKELva Tf]v Sûva^iv exe*-

oùSè EKELva TTpoq i^^aç, oXX', o Xsyco, auTÙ aÔTcàv Kal Tipoq

aÔTfà EKEÎva té âaTt, >cal Ta Tiap' f\\iiv ôaauTcoc; Tupèç auToc. 134 a

*H ou ^lavôàvEtq 8 XÉyo ;

riàvV) y',ELTtEÎV TOV ZcOKpOCTT], pavBoCVCO.

OÙKoOv Kal ETrLQTrj^r), (fxxvai, auTT] (lÈv o eotl EmaTfujiri

Tf^ç 8 iaTLv àXfjSELa auTf]ç âv ekeLvt^c; elt) èmoTi^^irj ;

ridvu yE.

^EKàaTT] Se au tcov ETnaTT^^icùv, fj egtiv, EKOcaTou tôv

OVTOV, 8 EGTLV. Eir)&V

ETtlCTTfj ^IT)

*

f^OÔ

;

Nat.

'H 8è Tiap' f\yi1\> ETTLaTrj^T] oùTf]c; nap' i^^aîv

av àXi^SEtaç

ELI],Kai au EKOCaTT] 1^ nap" iq^tV ETTLCTTrjjJlT)

TÔv Tiap' fi\iiv

8¥Tov EKoaTou âv ETTicjTri^r) aujiBalvoi EÎvai ; b

'AvocyKr).

'AXXà^if)v

auToc yE TaEiSr), oc; ô^oXoyELÇ, oute e^o^ev

o^TE nap' fj^LV oîov te EÎvaL,

Ou yàp ouv.

riyvcooKETaL ôÉ yÉ nou uti' auToO toO Etôouq toO Tfjç

£TTL<TTf)^T]Ç aÙTa Ttt yÉVT] S EŒTLV iKttGTa ;

Nal.

"O yE l^t^ElÇ OÙK EXO^IEV.

Où yàp.

e I toJXo-j : ^o^kXo; W*, Procli Djjo sjz: : isTi B

||134 a 7 au twv

BW,Procli AB : aÙTÛv T\\ Procli- CD 11 b 4 oTov te : oVovxat T.

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134 b PARMÉNIDE 67

Donc nous, du moins, ne connaissons aucune des

formes, puisque nous n'avons point de part à la science en

soi.

Il semble que non.

Inconnaissable donc est pour nous et le beau en soi essen-

c tiel et le bien et tout ce que nous admettons à titre de formes

en soi.

J'en ai peur.

La réalité humaine ^^^^^,^<^^" P^^^ terrible encore.

sera Quoi donc?inconnaissable S'il y a un genre en soi de la science,

à Dieu.jj gg^^ pourrait-on dire, tout comme la

beauté et tous autres genres, beaucoup plus exact que ne

Test la science de chez nous.

Oui.

C'est donc à Dieu plus qu'à tout autre, si tant est qued'autres

participentà la science en soi,

quetu attribuerais

cette exactitude absolue de science ?

Nécessairement,

d Eh bien, est-ce qu'à ce Dieu la possession de la science en

soi donnera de connaître les choses de chez nous ?

Pourquoi non ?

Pour une raison, répliqua Parménide, qui est principeentre nous reconnu, Socrate : ni les formes de là-haut n'ont,

sur les choses de chez nous, l'efficace qui est la leur, ni les

choses de chez nous sur les formes;

elles ne l'ont, de part et

d'autre, qu'entre soi^

Nous l'avons, en effet, reconnu.

Que donc il y ait en Dieu l'absolue exactitude du comman-

dement en soi et l'absolue exactitude de la science en soi,

cela ne fera point que jamais le commandement de ceux de

e là-haut nous commande, ni que leur science connaisse soitnous soit rien de chez nous. L'impuissance est pareille : et de

nous à commander à ceux de là-haut par le commandement

de chez nous ou bien à rien connaître du divin par notre

I . « Dès que nous présumons la réahté initiale de notre monde des

sens phénoménal... le monde idéal devient un second monde, préten-

dant à une réalité supérieure, mais lamentablement incapable de jus-

tifier ses prétentions, parce qu'it ne peut établir aucune connexion

Page 99: Platon, 8.1 Parmenide

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67 nAPMENIAHS 134 b

OuK apa uTto ye i^jicov YLyvoaKE-raL toûv slScov ouSév,

ETTEiSf) auTf]<; âTnaTTj^T^c; ou ^ieté^o^ev.

Ou< EOLKEV.

"AyvcoaTov apa i^t^tveotI Kal auTo tô KaXov o saTi Kal

t6 àya66v Kal Ttdcvxa a8f] â>q ISéaç aôtàc; ouaaq unoXa^Bà- c

VO^EV.

KlvSuveùel.

"Opa 8f]ETL TOUTOU ÔELVOTEpOV ToSe.

T6 TuoLov;

4>aLr)<;av nou, EiTiEp egtlv aÔTo tl yâvoq; ETtiaTrmrjç,

Tiokii aUTÔ àKpLÔÉGTEpOV slvatf\ TfjV Tiap' l^j^AÎV ETItaTT^^iTjV,

Kal K<kXXo<; Kal TâXXa TtàvTa oôtco.

Nat.

OUKOUV ELTTEp Tt ttXXo aUTfjÇ ETILaTrHXr|C; ^ETÉ)(EL, OÛK OtV

Tiva ^ocXXov f^Beov

4)aLrjc; MyEiv Tf]v àKpiBECTTàTrjv ETtiaxr)-

'AvàyKT).

*Ap' ouv otéç TE au laTai ô 9e6ç Ta nap' f\\i.iv ytyvcbaKELV d

auTf]v £TitaTfnjir|v ex<»v ;

Tl yàp où;

"Otl, £.(pr\o nap^EVLSr)(;, ô^oX6yr|Tat fj^îv, o ZwKpaTEÇ,

JlfjTE EKELVa Ta eÏ8t] TipÔÇ Ta Ttap' l^^LV Tf]V Suva^iLV E)(ELV

f\\i E^EL, ^irjTETa Tuap' f\[iiv Tupoq EKEtva, àXX' aÛTa rtpèc;

aUTà EKOCTEpa.

'O^oXoyrjTat yàp.

OuKoOv EL Ttapà TÔ 8eS auTr| IotIvi^ aKpLBEaTocTT]

SEcrnoTEia Kal auTr) f) (SKpiÔEaTàTr) ETtLaTfj^r), oùV avi^

SECTTtOTELa 1^ EKELVCÛV l^^COV TTOTÈ &V SEaTléaELEV, OuV ttV 1^ g

ETiLaTf)^r| f\[JiOiq yvoti] oôSé tl aXXo tcov rtap' i^t^îv,àXXà

©[lOLCùc; i^liELc;te ekelvcov oôk ap)(0(jiEv tt] nap' f)tiLv 0Lpy[r\

ouSè yiyvcbaKo^Ev tou 8elou ou8èvTrj i^^ETÉpoc ET[LaTr)^r|,

b i3 où/, cm. Y11b i4 i—l om. B

|1c 6 r.o-j TY, Procli D :

rj

ou BW, Procli ABCIjC 8 -raXÀa -avTa : -avra alla. Y

[|C lO à'XÀo :

àXXr,

T11

e If,ante 2x;:vtuv cm.

W|| f,

anteâ-iaTrjur,

om. TW.

VIII. I. — 6

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134 e PARMÉ.MDE 68

science à nous, et de ceux de là-haut, par la même raison, soit

à commander sur nous, soit à connaître les alTaires humaines,

tout dieux qu'ils sont.

J'ai peur, cette fois, dit Socrate, qu'il n'y ait excès de

merveille en l'argument, lorsqu'à Dieu on vient dénier le

savoir.

Voilà pourtant, Socrate, reprit Parménide, quelles difFi-

135 a cultes et combien d'autres encore en plus de celles-là s'attachent

inévitablement aux formes, si les formes spécifiques des êtres

ont leur existence propre et si l'on pose chaque forme comme

une réalité distincte en soi. On n'éveille, en celui à quil'on parle ainsi, que doute et contradiction : il se refuse à

croire à de telles existences et, les admît-il à la rigueur, les

déclare en toute nécessité inconnaissables à l'humaine nature.

Or de telles objections sont spécieuses et, je le répète, changerla conviction de celui qui les fait est extraordinairement diffi-

cile. Ce serait déjà un esprit richement doué, celui à qui l'on

pourrait

faire

comprendre qu'il ya, de

chaque

réalité déter-

b minée, un genre, une existence en soi et par soi. Quels dons

plus merveilleux encore il faudrait pour en faire la découverte,

pour être capable de l'enseigner à d'autres, pour en avoir,

auparavant, éprouvé tous les détails par une critique adéquate !

Je suis complètement de ton avis, Parménide, observa

Socrate : ce que tu dis là répond fort bien à ce que je pense.

Imagine par contre, Socrate, poursuivit Parménide, qu'on

persiste à dénier l'existence à ces formes des êtres, parce qu'ona regard à toutes les dilTicultés par nous exposées ou à d'autres

semblables, et qu'on se refuse à poser, pour chaque réalité,

une forme définie. On n'aura plus alors où tourner sa pensée,c puisqu'on n'a pas voulu que la forme spécifique de chaque être

garde identité permanente ;et ce sera là anéantir la vertu même

de la dialectique. Voilà ce dont tu me semblés avoir eu, avant

tout,le sentiment.

Tu dis vrai, aurait avoué Socrate.

Que feras-tu donc de la philosophie? Où te tourner, si, à

ces questions, tu n'as point de réponse?

réelle entre lui et la réalité primitive qu'il veut contrôler. Mais celte

interprétation est fausse, lorsqu'on l'applique à la pensée de Platon,

lequel n'a jamais admis la réalité primitive de notre monde phéno-

ménal. » Schiller, Études sur l'Humanisme (iryià. Jankelevitch,p. 79).

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68 nAPMENIAH^C 134 e

£K£LVol TE ttU KttTa t6v OLÙIOV XÔ^OV OÔTE ScOndTaL l^^QV

Eialv oÔTE Y^yvcûaKouai Ta àvBpoTiEta TCpàyiiaTa 9eoI Svteç.

'AXXà ^^ Xtav, M.(pT\, r]) 6au|JiaaTÔc;ô

Xoyoc;,eï

xiqtov

8e6v àTtoaTEpr)aEL toO ElSévai.

TauTa ^ÉVTOL, w ZoKpaxEÇ, E<|>r|ô Hap^EviST^ç, Kal etl

aXXa Ttpôq toutolc; Tiàvu noXXà àvayKaîov E^eiv TaEÏSrj,

eI 135 a

Etalv aSTttL at ISÉat tcov Svtcov Kal ôptEÎTal tlç auT6 ti

EKaaTov eTSoç* waTE ànopEÎv te tôv aKoOovxa Kalàjicf)La6r)-

teîv 6ç oôte eqtl TaOTa, el te otl jiàXiaTa elt),

noXXf]àvocyKr) auTà EÎvat tt^ àvSpûOTrlvri c^jucteu ayvcoaTa, Kal TauTa

XÉyovTa SoKELV TE tI XéyELV Kal, 8 apTt èXÉyo^EV, Bau^aa-

Tcoç wç SuCTavaTTEtaTov EÎvat. Kal àvSpoç rràvu(jiev eucJ)Uouç

ToO Suvr|ao^Évou (xaSEiv àq ecttl yÉvoç tl sKocaTou Kal

ouata auTT] Ka8' aÛTr|V, etl Se Bau^aaTOTÉpou toO EuprjCTOv- b

toc; Kal aXXov SuvrjCTO^évou SLSà£,aL rràvTa TaOTa iKavcùc;

5 lEUKp Lvr|aà ^EV OV .

Zuvy)(copcù 0OL, £c|)T],S riap^iEviSri, ô

ZcoKpocTT^c;" rtàvu

yàp ^01 KaTà voOv XsyEiç.

'AXXà (jiÉvTOL, eTttev ô.riap^AEvlSric;, el yé tlç 5r],

o

ZcoKpaTcq, au^f]

IdaELelSt]

tcùv ovtcov EÎvai, elç rtàuTa

Ta vuvSf] Kal aXXa TOLauTa àTio6XÉL|;aç, t^r]S£tl ôpLEÎTaL

eÎSoÇ EVOC; EKàaTOU, OÔSè ^TTOL TpÉVpEL Tf)V SLavoLav ê^EL,

^r) Ecov ISÉav tSv ovtcdv EKOiaTOU Tf]v auTfjv oceI EÎvaL, Kal C

oÛTCoq Tr)v tou SLaXÉyEaBat Sijva^ALV rravTdiTtaaL SLa(|)8Ep£'L.

Tou TOLOUTou(jiÈv

oSv^lOL 80KEÎÇ Kttl jioiXXov ipaBfjaBaL,

'AXT^Bfj XéyELÇ, <|)(ivaL.

Tl ouv T(OLf|aELÇ <|)LXoaoc|)ta<; ruÉpt ; rrr] Tp£L|jr| àyvoou-

^Évcûv TotjTov ;

6 7^ add. Heindorf||

e 8 k-o'j'.sor[av. Steph. : -v.c BTYW Pro-

clus[|135 a 3 iV.ajTov : an l/aaTou Heindorf sed uidc Procli com.

97^,5 )|a 7 oj^avanstaTov : -;:iaTOV Y

|| £uç>uouç <;Ô£Ïv> Heindorfj|

a 8 îy.di-0-j : ixaa-rov Y*I|b 2 ôuvr^ooiAévou : -dtxevov T*Y

[j-aj-ra rzàvra

B Proclus11b 6 V2 Ttç or; BY Proclus : ôrj yé xtç TW

||b 7 ixozi YW

Proclus :-r^ BT j|

b 8 vjvotj : or, vùv Y)[ tArjôé ti BY, Procli D :

[xr^ô

'

oTt TW ar,03 Procli ABC || b 9 or.oi : ô-rj Y|| C 5 -f; : rzoï Proclus.

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135 c PARMÉ.MDE 69

Je n'en ai aucune en vue, que je sache, au moins quant à

présent.

Nécessité C'e^t que tu t'es essayé avant l'heure,

de rentraînement Socrate, et sans entraînement préalable,dialectique. à définir le beau, le juste, le bien et toutes

d les formes une par une. Cela m'est venu enl'esprit

à

t'entendre, avant hier, dialoguer ici même avec lAristote quevoici. L'élan est beau et divin, sache-le, qui t'emporte ainsi

vers les arguments. Mais exerce-toi, entraîne-toi à fond dans

ces exercices qui ont l'air de ne servir à rien et que le vulgaire

appelle des bavardages. Assouplis-toi pendant que tu es jeuneencore : sinon la vérité se dérobera à tes prises.

Mais cette gvmnastique, Parménide, en quoi consiste- t-elle?

Ce que ta lu Zenon, répondit Parménide, t'en donne le

modèle. Il lui manquait, toutefois, ce qui m'a charmé en toi,

ce que j'aieu plaisir à t'enlendre lui déclarer : ta volonté de

e nepas

laisser

l'enquête s'égarer

dans les choses visibles et en

faire ses objets,mais de l'appliquer aux choses qui sont par

excellence objets de raisonnement et qu'au plus juste titre on

appellerait des formes.

J'estime en eflet, dit Socrate, que, par la première voie, il

n'est aucunement difficile de démontrer que, dans les mêmes

réalités, coexistent ressemblance et dissemblance et autres

oppositions.

Fort bien, répliqua Parménide. Mais il faut faire encore un

progrès de plus. Supposer, en chaque cas, l'existence del'objet

et considérer ce qui résulte de l'hypothèse ne suffit pas. Il

faut supposer aussi l'inexistence du même objet, si tu veux

136 a pousser à fond ta gymnastique'

.

Que veux-tu dire? aurait demandé Socrate.

Soit donc, si tu veux, expliqua Parménide, l'hypothèse

même que posait Zenon: s'il

y a pluralité, chercher ce quien doit résulter et pour les plusieurs par rapport à eux-mêmes

et par rapport à l'Un, et pour l'Un par rapport à soi et par

rapport aux plusieurs; s'il n'y a pas pluralité, examiner

encore ce qui en résultera et pour l'Ln et pour les plusieurs

I. Les Topiques d'Aristote (loi a, 34-36: i63 a, 36-i63 b, 16)

recommanderont cette méthode à la fois comme gymnastique dialec-

tique et comme instrument de recherche scientifique. Entre les

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Cq riAPMENIAHS i35 c

Ou TTocvu ^01 ôoKco KaSopSv l'v Y^ '^9 TiapovTL.

ripcp yàp, EiTuetv, nplv Y^^vacrSfjvaL, S ZcoKpaxEÇ, ôpt-

^eaSailTtL)(ELpeL<;

<aXov té tl Kal S'iKaiov Kal

àyaSàvKal

ev EKaaTov tcùv elScov, 'Ev£v6r|aa yàp <al TTpwrjv aou d

aKoucov SuaXsyojjiÉvou âvBàSE 'AptaxoTÉXEi t«8e. KaXf] ^Èv

ouv Kal Belw, eu lcSl, f\ opjif] î]v ôpjJiaç ettl Toùq Xoyouç*

eXkuqov Se aauTÔv Kal yu^vaaat (lôcXXov Stà tî^ç SoKoùarjc;

à)(pr|aTou EÎvat Kal KaXou(i£vr|c; ûnô tcov ttoXXcùv àSoXsa-

)(Lac;. Ecoç eti véoç eT" el Se^r],

ctè 5La(|)Eù£,ETaL t^ àXf]6ELa,

Tlç oOv ô Tpànoc;, cjxxvai, cù riap^EvlSt], Tf^ç yu^vaalaç;

OxStoç, eÎttev, bviTEp fJKOUCTac; Z/|vcùvoç. nXf]v toOto yÉ

aou Kal TipSc; toOtov f^yàa6r|v elttovtoc;, otl oôk Eiaç ev C

TOLÇ ÔpCO^ÉVOLÇ OuSÈ TTEpl TaÛTa xf^V T[XàvT]V ETILaKOTtELV,

àXXà TTEpl EKELva ot (jiàXLaTà Tiç av Xéycp Xà6oL KaleiSt]

âv

i^yrjaaLTO EÎvai.

AoKEÎ yàp ^101, Ecjjri, TauTr| yE oùSèv )(aXETT6v EÎvat Kal

ëjjioLa Kal àvo^ota Kal aXXo ôtloOv xà ovxa Ttàcr^ovTa

à7T0<|)atVELV.

Kal KaXSç y', e(|)T]. Xpx] Se Kal t68e eti -npbq toùto

TTOLELV, ^f] ^lOVOV EL laTtV EKaaXOV UTIOTuSÉ^EVOV aKOTTEÎV

xà au^iBaivovTa Ikti^c; ûnoBÉaEcoç, àXXà Kal el

\xi]sa ci t6 136 a

auTÔ toOto ÔTTOTiSECTBaL, EL fiotjXEt ^oiXXov yu^ivaaSfjvaL.

ricoç XÉyELÇ ; (|)àvaL.

Oîov, e.(pr\,EL fioùXEL, TtEpl TauTr|<; xf^ç uttoOéctecûç f]v

ZfjVCOV ÛTTÉSeTO, EL TToXXà ECTTL, t'l)(pf] QU^iBalvELV Kttl

aÔToîq Toîç TToXXoLÇ npôç aûxà Kal rupôc; tô ev Kal xcp Ivl

•np6c; TE aÛTo Kal Tip6c; Ta rtoXXà* Kal au el^r) saTL rtoXXà,

TldcXtV aKOTTEÎV xt oru^ôfjaETaL Kal T» Evl Kal TOÎÇ TioXXoLÇ

c 7 ;j.o'.om. Y

j|c 8 -zC): BTY :

r,v supra -l W "p'ÔTiv Proclus et

in marg. T||

e'.-cîv : -t supra lin. VV[j

C 9 e;:i/s:p£t;: £;:£/cÎCï:ç

Procli AD-yaicciç Procli BC

||te Tt: t' Ïcïti W"

|1d 4 YJjx'vaaa:

B, Proclus (990,1): -^ov TYW, Procli D|1d 8 oZ-oç : oGtok B

{j

êT-cV : cî-ï?v Proclusjje i îVa: iv : sVa^sv B

jje 3 sVor, :

fjorj vulg. j]

e 9 O-oTtSiuLcvov BTW, Procli D : 0-oOi- Procli AB xr.o-iU-Y a-oôs-

Procli

DII

136 a 7TS :

v£ B Proclus.

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136 b PARMÉMDE 70

b soit par rapport à eux-mêmes soit par rapport les uns aux

autres. Est-ce maintenant la ressemblance qu'on suppose ou

existante ou non-existante, quelles seront les conséquencesde l'une et l'autre hypothèse et pour leurs objets directs et

pour tous les autres, soit en eux-mêmes, soit dans leurs rapportsmutuels. Même chose est à faire pour la dissemblance, pour le

mouvement et le repos, pour la genèse et la destruction, pourl'être et le non-être eux- mêmes. En un mot, pour tout ce

dont tu poseras ou l'existence ou la non-existence ou toute

autre détermination, examiner quelles conséquences en

c résultent, d'abord relativement à l'objet posé, ensuite relative-

ment aux autres : l'un quelconque, d'abord, à ton choix, puis

plusieurs, puis tous. Tu mettras de même les autres en rela-

tion et avec eux-mêmes et avec l'objet à chaque fois posé, quetu Taies supposé exister ou non-exister. Ainsi t'exerceras-tu, si

tu veux, parfaitement entraîné, être capable de discerner à

coup sûr la vérité.

Elle n'est

pasd'un maniement facile, Parnncnide, observa

Socrate, la méthode que tu indiques, et je ne la saisis pas

trop bien. Mais pourquoi ne ferais-tu pas la démonstration

toi-même sur une hypothèse que tu choisirais ? Je compren-drais bien davantage,

d C'est un grand labeur, Socrate, aurait dit Parménide, quetu demandes là à un homme de mon âge.

Mais toi, Zenon, aurait dit Socrate, que ne nous donnes-

tu cette démonstration ? »

Et Zenon, paraît-il, de répondre en riant: « C'est Parmé-

nide lui-même qu'il faut prier, Socrate;car ce dont il nous

parle n'est pas une petite affaire. Ne vois-tu pas quel travail

tu demandes? Si nous étions plus grande compagnie, lui

faire cette prière ne serait point décent. 11 ne sied point de dis-

courir sur de tels sujets devant un public, surtout quand ou

a son âge. Le public, en effet, ignore totalement que, fautee d'avoir ainsi exploré toutes les voies en tous les sens, on ne

saurait rencontrer le vrai de manière à acquérir l'intelli-

gence. J'unis donc, ô Parménide, ma prière à celle de Socrate,

Topiques et le Parménide. il y a plus que « l'anakigie » relevée parAlexandre (in Topic, p. 29, Wallies) : il y a des correspondances

textuelles, qu'a déjà soulignées H. Maier (Die Syllogistik des Aritto-

ieles. II, 2, p. 5i, n. i).

Page 105: Platon, 8.1 Parmenide

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70 nAPMENIi\H2 136 b

Kal Tipoç auTà Kal Ttp6ç aXXr|Xa" Kal auSic; au èàvÛTtoSf] ei b

laTLv ô^oLOTrjq f\Et

^if] Igtlv, tlIc|>' licaTÉpac; 'z?\q

ÛTToSÉascoc; au(ji6f)aeTaL Kal aÛToiq lolq ÛTtoTeSEÎaLV Kal

Totç aXXoLÇ Kal Tipoc; aÔTà Kal Ttp6ç aXXriXa. Kal Ttepl àvo-

^olou ô aÔTOç Xàyoç Kal Ticpl Kivfjaecoc; Kal rcEpl cràoEcaq

Kal Tiepl Y^véascùc; Kal <|>8opaç Kal -ncpl aÙToO toO sîvaL Kal

ToO^Jif]

EÎvai- Kal Evl Xoycp, HEpl bxou Sv aEl UTToSf] oç

ovToç Kal â>q ouk ôvtoç Kal ôtloOv aXXo nàBoç tkxc^ovtoc;,

Seî aKOTTELV Ta au^ôaivovTa Tipàç aÛTÔ Kal Tipbq Iv EKaa- C

Tov T«v aXXcov, Stl avrrpoÉXri, Kal Tipôc; ttXelco Kal Tipbç

CTU^navTa oaatiTcoç' Kal xaXXa aS Ttpôq aÛToc te Kal TTp6ç

aXXo bxL âv àeI Trpoaipf], eocvte ô>q ôv ôttoSÎ] 8 uttetISego,

IdvTE â>ç ^T] OV, Et ^jLÉXXEtç teXécoç yu^Avacâ^Evoc; Kuptcoç

St6i|;Ea8at to àXr|8Éç.

'A^ir)\av6v y' E<|)r|, XéyEtç, a Flap^iEvlSri, Tipay^iaTEtav.

Kal ot) a<|)6Spa ^lavSàvco. 'AXXà |jiotTt ou StfjXBEÇ auTÔç

ÔTto8É^Ev6<; Tt, ïva ^olXXov KaTa^d8co ;

rioXù Epyov, (fxxvat, S ZcoKpaTEq, rrpoaTâTTEtc; oc; d

TT^XtKCoSE.

'AXXà ou, EtTTEÎV TOV ZcOKpaTr), Zr)VCOV, Tt OU Stf|X8Eq

i^txtv ;

Kal TÔv Zfjvcova e<^t\ yEXàaavTa cjxxvat* AôtoO, S Zô-

KpaTEç, SECù{jiE8a riapjjiEvtSou* ^if] yàp oô cf)aOXov r\o XéyEt.

"H ou^ °P^^ oaov Epyov TTpoaTocTTEtç ;Et ^Èv ouv tiXeIouç

rj^EV, ouK ôtv a^Lov f\v 8£ta8af ànpETiî] yàp ta TotaOTa

TToXXcov EvavTtov XéyEtv aXXcoc; te Kal TrjXtKoiJTCo' àyvooOatv

yàp ol noXXol bTt avEu Ta\jTr|c; Tfjc;ôtà TiàvTcov St££,65ou te e

Kal TiXàvr|ç àSijvaTov EVTU)(^6vTa tco àXr)8Et voGv a\€.iv.

b I auô'.ç : aù-o!ç B(jb 7 av : ouv T

||àst : ojv W cm. Procii AB

IjC 3 au : ouv Y

jjC (t av : ouv B Proclus

|] "coatp^ ksi B Proclua||

u-£Xi6eCTo : -saôs B cm. Procii AB|jc C ôio'|£70a'.

: -£a6s B|)

C 7 y'TY : cm. BW Proclus

[[c 9 "i --'va : Ttva B

[[d osciasûa :

-ôacOa BIIe 1 ante 01 add. auTo Proclus

||Sià -avfov om. ^V

['e 2

ayc'v :

eys'.v B Proclus.

Page 106: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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136 e PARMÉNIDE 71

pour que je puisse à nouveau, après si longtemps, être un des

auditeurs de ta leçon. »

Ainsi parla Zenon, et Pythodore contait, au dire d'Anti-

phon, avoir lui-même, avec Aristote et les autres, supplié Par-

ménidede donner une démonstration delà méthode qu'il pré-

conisait et de ne point leur refuser cette grâce. « Il me faut donc

vous obéir, aurait dit Parménide. Il m'arrive pourtant, j'en ai

137 apeur, la même chose qu'au coursier d'Ibycos. Coureur usé par

l'âge,on l'attelait pour un concours de chars et lui tremblait

devant l'épreuve trop souvent affrontée. Son maître, se compa-

rant à lui: « Moi aussi, disait-il, c'est bien à contre-cœur que

jeme vois, à ce point d'âge, poussé de force sur le chemin de

1 amour ^ » A ce souvenir, à mon tour, je sens en moi commeune grande crainte, à songer comment il me faudra, si vieux,

traverser à la nage un si rude et si vaste océan de discours . J 'es-

saierai pourtant ;il faut bien, en effet, vous faire ce plaisir, puis-

qu'aussi bien nous sommes, comme dit Zenon, entre nous,

b Par où donc commencerons-nous et que poserons-nous comme

première hypothèse ? N'êtes-vous point d'avis plutôt, le parti

une fois pris de jouer ce jeu laborieux, que je commence parmoi-même et par ma propre hypothèse et que, posant, à

propos de l'Un en soi, ou qu'il est un ou qu'il n'est pas un,

j'examine ce qui en doit résulter?

Nous en sommes complètement d'avis, aurait dit Zenon.

Qui donc me répondra, aurait demandé Parménide ? Ne

sera-ce pas le plus jeune ? C'est lui qui sera le moins portéà s'égarer en complications vaines et répondra le plus simple-ment ce qu'il pense. Ses réponses, en même temps, me four-

ni ront des pauses,

c Me voici prêt à tenir ce rôle, Parménide, aurait dit Aristote;

car c'est moi que tu désignes en désignant le plus jeune.

Interroge donc : je répondrai.

I. Voici, d'après A. Croiset (Hist. de la Litt. Gr., II, p. 334), la

traduction du fragment d'Ibycos (frgt 2 de Bergk) auquel Platon fait

ici allusion : « Éros, de son œil noir, lance de nouveau un regard

humide et, par mille tromperies, cherche à me jeter dans les filets

inextricables de Kypris; mais je tremble à son approche, comme un

coursier, jadis vainqueur aux luttes des chars, touchant enfin à la

vieillesse, n'entre plus qu'à regret dans la carrière où rivalisent les

rapides attelages. »

Page 107: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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71 nAPMENIAHS 136 e

'Eyco ^èv ouv, 5» flapjjiEvlSri, ZcoKpocTEL auvSéo^aL. ïva Kal

auTÔc; aKOVjaco ôtà -^pôvov.

TaOTttSf] ELTudvToc; toO Zr)vcovoc;, £.<pr]

6 'Avtl(^cov cjjàvaL

Tov riuSéScopov, auTov te SELaSai toO flap^iEvlSou Kal tôv

"AptaTOTÉXf) Kttl Toùç aXXouç, £vSEL£,aa8aL o XÉyot Kal^f]

aXXcoç TUOiELV. Tov ouv nap(i£VLSr|V 'AvdcyKT], (|)àvai,

TTEiBEaGaL. KalxoL Sokco ^ol t6 toO MBukeiou "ltittou tietiov- 137 a

SÉvat, S ekeXvoç àSXrjTrj ovtl Kal TTpEaBuTÉpcp, xxp' ap^axt

^ÉXXoVTL àyCOVlELaSaL Kal 5l' I^TUELplaV TpÉjJlOVTL tô |iéXXov,

lauTov à-nELKd^cov otKcovE<|>r|

Kal aÔTÔç oûtco TipEa6ÙTr)c; ôv

Eiq TOV IpcùTa àvayKa^EaSaL lÉvaf Kayco ^ol 8okô ^e^vt]-

^lÉvoç ^otXa <|>o6EÎa9at ttcùç )(pf) TrjXiKÔvSE 5vTa SiavEOaat

toioOt6v te Kal ToaoOTov nÉXayoc; Xoycov o^coç 5è 8el

yàp )(api^ECT6aL, etielSt] Kal, o Zr]Vcov XÉyst, aÔTol ect^ev.

n69Ev oSvSf] àp£,<5^E8a Kal tI TipÔTov i&Tco6r|a6ji£9a ; f]

b

fioùXEaSE, ETCEiSfiTTEp SoKEL Tupay^aTEtoSr) rraiSLàv Tiat^ELV,

an' E^auToO otp^cojjiaL Kal Tfjc; l^iauToO t-noôkaecùq, riEpl

ToO Ev6ç auToO ût[o6É|ievo<;, elte ev ecttlv elte^f| ev, tI

Xpf] CTi;[i6aLVELV ;

riàvu(jiÈv ouv, cfxxvai tôv Zrjvcova.

Tic; ouv, eItceîv, (jloI àrtoKpLVEÎTai; r\o vEcÔTaToç; î^KtaTa

yàp av TroXuTTpay^ovot, Kal a oiETat ^àXiGTa av àrroKpt-

voLTO" Kal a^a l^ol ocvaTiauXa avEir) r\

ekelvou àrtoK-

piCTic;.

"EtoukSc; ooi, S flap^EvtSri, c^àvat, touto, tôv 'AptaTO- c

TÉXr|' E^È yàp XÉyEiq tôv vEOTaTov Xâycov. 'AXXà IpcoTa wc;

aTTOKpiVOU^ÉVOU.

e \ à/.0J7") ÏYW, Procli com. 1026,22 : ôia/.ojato B, Procli lem.

lie 7 Xi^oi BT : -il YW Proclus

[|137 a 6 Ô^avc^aa-. TW : ô-.avûaa-.

B Proclus àvuaat Y|1a 7 "c : '' Proclus

|| rAXoLyo; Procli com. 633,34,

1020,19 Ficinus Gogava : -ÀrjGoc BTYW, Procli lem. (ac com.

io3o, 2^) Ila 8 Y^o om. Y Proclus

||6 Bekker : 6 codd.

||

aÙTot : ajTot

yàp Y oaov oioi t' Procli B||b i àpÇotAsôa : -03u.a6a BT*

|1b 3

lixxjToCf : èaoj Yj| 0Lçhoii7.i BT Proclus : -oaa-. YW

||b 7 aol om.

YII

b 8-oX-j-oayaovoï

:

-rj

ex -î? Y|)

C i to-jto : -ovvirlg.

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7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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137 c PARMKMDE 7»

Première Commençons donc, aurait dit Parmé-

bypotbèse : Si l'Un nide. S'il est un, n'est-il pas vrai queest un. l'Un ne saurait être plusieurs ? — Com-

Figureet

Location. ^^^^^ j^ pourrait-il ?

—Il ne saurait

donc avoir de parties et ne peut être un tout. — Pourquoidonc? — La partie est partie d'un tout. — Assurément. —Et le tout, n'est-ce pas ce à quoi aucune partie ne manque?— Absolument. — Des deux façons donc l'Un serait com-

posé, soit qu'on le dise un tout, soit qu'on lui donne des

d parties.— Nécessairement. — Donc, de ces deux façons, l'Un

serait

plusieurset non

plusun. — C'est vrai. — Or la thèse

est qu'il soit, non }X)int plusieurs, mais un. — C'est la thèse.

— Donc si l'Un doit être un, il ne sera point un tout, il n'aura

point de parties.— Assurément.

Si donc il n'a point de parties, il n'aura ni commencement,ni fin, ni milieu

;car de telles distinctions lui feraient des par-

ties. — C'est juste.— Or dire fin ou commencement, c'est

dire limite. — Naturellement. — Illimité donc sera l'Un,

du moment qu'il n'aura ni commencement ni fin.

— Illimité,

e — Il sera donc aussi sans figure, car il ne participe ni au

rond ni au droit. — Pourquoi ?— Cela, sans doute, est rond,

dont les extrémités sont partout à égale distance du centre.

— Oui. — Et droit, ce dont le centre fait écran aux deux

extrémités. — Bien sûr. — L'Un donc aurait parties et plu-

ralité, s'il participait à une figure, ou droite, ou circulaire. —

Absolument. —Il n'est donc ni droit ni circulaire, puisqu il

138 a n'a point de parties. — C'est juste.

Mais, à être tel, il ne sera nulle part ;il ne peut être, en

effet, ni en autre que soi ni en soi'. — Comment cela? —Etant en autre que soi, il sera enveloppé circulairement parce en quoi il est, et, avec lui, aura, par beaucoup de ses

points, de multiples contacts. Or ce qui est un et simple et

ne participe en aucune façon du cercle ne saurait avoir cette

multiplicité de contacts périphériques. — Assurément. —I. Lire, dans Sexlus (arfu. math. VIL 69 et 70), l'exposé du rai-

sonnement de Gorgias, conforme, d'ailleurs, au résumé qu'en donne le

De Mel. Xen. Gorg. (997 b, 20-25). Si l'être est éternel, il n'a point

de commencement;donc il est infini

;donc il n'est nulle part.

« S'il

est quelque part, ce en quoi il est est autre que lui : ainsi, enveloppé

par quelque chose,il ne sera

plus infini,car

l'enveloppantest

plus

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72 nAPMENIAHS 137 c

EΣV Sf). c|)<xvaf EL ev Igtlv, aXXo tl ouk avEir)

TToXXà

TÔ Ev;

—ricoc; yàp otv

;

— O^te otpa ^Époç auToO ovj'te

oXov auTÔ Sel EÎvaL. — TlBt] ;— T6 ^Époç ttou

^lépoqbXou âaTLv. — Nal. — Tl Se tô ôXov

; oô)(l ou av^lÉpoc;

pT]SÈv ànf^ oXov aveut) ;

— flocvu \s.—

'A^<|>oT£pco(; apa

t6 ev ek jiEpcùv avelf).

bXov te ov KaltiÉpr) ex^v.

—'AvàyKT].

—'A^jKjîOTÉpcoç av apa outoc; t6 ev rtoXXà

elt) d

àXX' oux ev. — 'AXT]8f].— Ael 8é yE jif)

TXoXXà àXX' ev auTÔ

Elvat, — Ael.— Ov(t' apa bXov laxaL oiJte^lÉpr) e£,£l. el ev

laxaL TO EV. — Ou yàp.

OuKoOv EL ^rjSàv EX^L t^époq. ouV av àpxi?jv côte teXeu-

Tif|v oÔTE ^Éaov EXOL" JAépir| yàp avf\6r\

aÔToO Ta TOLaOTa

EÏT].—

'OpSôç,— Kal ^r]v teXeutt) y£ Kal apxi^ nÉpaq

EKàoTou, — r\cùç S' ou;

—"AriELpov apa tô ev, el

jai^te

àpXTjV Jl^TE T£XeUT]?|V S\€.l. "ATTELpOV. Kttl àVEUCTXir|-

jittToq apa* oute yàp oTpoyyûXou oûte euBéoç ^etéxel. — e

r\Qq; —ZTpoyyuXov yé tioû eqtl touto ou av Ta laxaTa

TiavTaxT] àrrô toO ^éqou Laov àT[Éxr|.— Nal. — Kal

jif]v

EÙ8ù yE, ou av t6 ^éqov à|ji(|)OLVtolv EaxàxoLV ettIttpoctBev

?\.— OStcoç. — OuKoOv lAÉpr)

àv exo"- '^o ^v Kal -noXXà âv

£ÏT], ELTE EU8É0<; Oxf) ^laTOÇ ELTE TrEpLC|)EpoO<; ^ETÉXOL.

riàvu jièv oCv. — OÔTE apa eu8ij ovJte T[EpL<|)EpÉq eotlv,

ETTElTlEp Ou8ÈjiÉpTl e\€il. 'Op8cûÇ. 13g q^

Kal ^f]v TOLOUTÔv yE ov oôSa^ioO avEÏrj*

outê yàp ev

aXXcp oxiiE ev EauTWelt].

— flôc; Sf] ;— 'Ev aXXcp ^lèv 8v

kùkXco -nou av riEpLÉxoLTo ùtt' ekelvou ev s eveIt]. Kal tioX-

XaxoO av aÙTou arcTOLTo noXXoîç" toC Se évoq te Kal

àjxEpoOq Kal kukXou [xr\ ^etéxovtoc; àS\jvaTov rroXXaxfj

kukXo â7TTEa8aL, — 'ASuvaTov. — 'AXXàjii?|v

auT6 yE ev

C 6îJ-ipo;

oÀoj TYW : ô'Àoj ;xipou:B ÔÀou |J.ipo; Proclus

|]-ou: tou

Proclusjic 7 o\ cm. Proclus

||d 5 ï/t'.

:-r, B ||

d 6 e/ot: -3-. Proclus

Ild 9 ïyv. :

-r,B-o: Wi

|1e i yàp BT, Procli A: yàp av YW, Prodi

BCD11 [Li-iy^i Proclus: -o-. BTYW

jje 3 k-éyr, : iv ï/r,

B'||e 5 ?:

6Vtj3 ProclusII ïyoi: -r^

W||138 a A £v£ir, Heindorf: av et'r, TY,

Procli BG iv sv sVt'B, Procli AD iv ivstr. W.

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138 a PARMÉMDE tS

Étant seulement en soi, il sera enveloppé encore, mais

enveloppé par rien d'autre que soi, puisqu'il est uniquementen soi

;car être en quelque chose sans en être enveloppé,

c'est impossible. — Impossible, en effet.

— Autre donc sera

l'enveloppant, autre l'enveloppé; car ce n'est point en son

entier qu'il aura celte simultanéité d'action et de passion.Ainsi l'Un ne sera plus un, mais deux. — Il ne serait plus

un, en effet. — L'Un n'est donc nulle part, ni en soi, ni en

autre que soi. — Nulle part.

Mouvement Vois donc si, dans ces conditions, il

et Immobilité.^^^^

^^^^ ^u immobile ou mû. — Pour-

quoi ne le pourrait-il ? — Parce que le mouvement qu'il

aurait serait translation ou altération;

il n'y a point d'autres

mouvements que ceux-là. — C'est vrai. — Or, s'il s'altère

en lui-même, l'Un ne peut plus être un. — Il ne le peut plus.— Il n'a donc point mouvement d'altération. — Non appa-remment. — Aura-t-il translation? — Peut-être. — Cette

translation de l'Un serait ou rotation circulaire sur place ou

transport de place en place.— Nécessairement. — Sa rotation

circulaire ne s'appuiera-t-elle pas nécessairement sur un centre

et n'aura-t-il pas, mues autour de ce centre, le reste de ses

parties? Or ce qui ne peut avoir ni centre ni parties, quel

moyen de lui donnerjamais transport circulaire sur un centre?

— Aucun. — Est-ce donc que, changeant de place, il advient

tantôt ici, tantôt là, et, de cette façon, se meut ?

—Il le faut

bien. — Mais n'avons-nous pas vu qu'il ne peut être en quoi

que ce soit? — Si fait. — N'est-il pas plus impossible encore

qu'il y advienne' ? — Je ne vois pas pourquoi.— ^Advenir

en quelque chose, n'est-ce pas nécessairement ne pas y être

encore tant qu'on y est encore advenant, et pourtant ne plusêtre totalement en dehors, vu que, dès lors, on y advient?—

grand que l'enveloppé. Mais il n'est pas, non plus, enveloppé par soi-

même; autrement le contenant sera le même que le contenu, et

l'être deviendra deux : lieu et corps. » Raisonnement que Platon

transpose et corrige. Gorgias, comme Melissos (frgt. 2, Diels, Vorsokr.

IP, 186), concluait de l'éternité à l'infinité spatiale. Platon évite cette

inférence vicieuse : c'est parce que son Ln n'a pas de parties qu'il n'a

point de limites et point de figure et, par suite, n'est nulle part.

I. J'ai préféré, au mot « arriver », le vieux mot « advenir », jj^ce

qu'il est plus abstrait, et aussi plus proche de rrr'Y/s^Oat ^devenir dans.. .).

Page 111: Platon, 8.1 Parmenide

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73 nAPMENIAHi: 138 a

âauTÛ 8v Kav âauTcoelt] TiEpiky^ov ouk aXXo

r\ auxô, striEp

Kal £v âauTco elt)' ev tcù yàp tl Etvai^f] TtEpLÉ)(ovTu àSuva- b

Tov. — 'ASuvatov yàp.— OukoOv ETEpov \xk\f

av tlELr|

auxè t6 TiEpLÉ)(ov, ETEpov Se t6 tteple^6^ievov ou yàp bXov

yE a|ji(|)CûxauTÔv Sjia TTELaETat Kal novqosi' Kal outco tô ev

oÛK avELT]

ETL EV àXXà Sùo. — Ou yàp ouv, — Ouk apa

ECTTLV TIOU TÔ EV, ^r|TE EV aUTÛ ^ll^TE EV ttXXô EVOV. OuK

laTLV .

"Opa Sr|, ouTcoc; ix°^ ^^ °^^^ '^^ egtlv laTavaLf]

klvel-

aBaL. — Tl Br\ yàp ou; — "Otl klvoù^evov yE f) cJ)ÉpoLTO f]

àXXoLoÎTo Sv aSTtti yàp (i6vai KLvf)aELÇ.— Nal. — "AX- c

XoLoû^iEvov 8è t6 ev âauToO àSuvaTov rtou iv etl EÎvaL, —'ASuvaTov. — Ouk apa KaT' àXXolcoalv yE KLVEÎTaL. — Ou

cf)aLVETaL.— 'AXX' Spa tô c^tpEaBoLi;

—"lacoç.

— Kal[Jir\v

EL C|>ÉpOLTO TÔ EV, fJTOL EV TCÙ aUTCÙ ttV TtEpLCJjÉpOLTO KÛkXcOfj

jiETOcXXaTTOL )(^cbpav ETÉpav eE, ETÉpaq. — 'AvàyKr^. — Ou-koOv kukXcû ^èv TtEpL<|)Ep6^Evov ettI ^Éaou fiEBrjKÉvaL àvàyKf).

Kal Ta TTEol TÔ ^Éaov cj>£p6^Eva aXXa[ikpr] ix^*-^ sauToO" «

8è tirjTE jiÉaou ^ai^te jiEpcùv Trpoaf)KEL, tlc; ^ir|Xotvf)toOto d

kùkXw ttot' £T[l ToG ^Éaou £VEx8f]vaL:—

OuSEjiLa.— 'AXXà

Sf) x<*>P*v à^EÎBov ôIXXot' àXXoSL ylyvETaL Kal outco KLVEÎTat;

EÏTtEp yE Sf). OuKoOv EÎvaL ^ÉV TIOU EV TLVL aÔT«àSûvaTov E<|)àvr| ;

— Nat. — *Ap' oî5v ylyvEaSaL etl àSuva-

TCûTEpov;— Ouk evvoô

STir).— El Iv tco tl ylyvETai, oôk

àvàyKr| tirjTE ticù ev ekelvco EÎvaL etl EyyLyv6^Evov, h/|t' etl

e£,co ekelvou TcavTanaaLV, ELTUEp fjSr) âyyiyvETaL;—

'AvdyKT].

a 8 ïxj-(o B : âa-jTÔ TYW Procliis\\ z'ir,

:r,Y

\\tj-6 Diels : aÙTO

BTYW Proclus |] b i eiva: : etr) B et supra lin.

W|1 b 3 olj-q :

aÙToOSchleiermacher

||o\o^ : oHyo^^ Y

||b 6 âvdv : ïv ov B ov Proclus

{|

b 8 £cr-iv TY : cm. BW Proclus||

b 9 ys b, Procli ACD : te

BTYW Stob. om. Procli B|jc i av om. Procli codd.

j]C 2 -o-j ëv ïxi

Z'.ux: BW Proclus : -oj kv ï-'. tzo'j slvai Y ï-.'. -qj slva: T|jC 7 ante

xjxÀfo add. Iv Y||d 3 àacïoov : -êiotuv B

[jd 4 ajTôi BTY : xj-otl

W aù-ô b Proclus|jd 7 'J-r'-.z TZio B Proclus :

jxr.oi-t.jTYW

j| ar^-:*

V-: Heindorf : yy-i -.: BTY[j-r'-c

-• W Proclus||d 8 fjor,

:or.

B Pro-

clusIj lyy^vvî-:?.'.

: 'sv v-VvE-ra:

B,Procli ACD.

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138 e PARMÉMDE 74

e Nécessairement. — Si quelque chose en est susceptible, cela

seulement le sera dont il y a parties, dont, par suite, une

partie sera déjà dedans, cependant que l'autre sera dehors.

Quant à ce qui n'a point de parties, cela est, j'imagine, de

toute façon incapable de n'être, en son tout indivis, ni

en dedans ni en dehors d'un objet donne. — C'est vrai.

— Quant à ce qui n'est ni un composé de parties ni un tout,

n'y a-t-il pas plus grande impossibilité encore à ce qu'il

advienne quelque part, alors qu'il n'y saurait advenir ni par

partiesni en bloc ? — 11 semble que si. — Il n'a donc ni

139 a déplacement qui le porte vers un but ou le fasse advenir en unterme, ni rotation sur place, ni altération. — Non, apparem-ment. — L'Un n'est donc]mù d'aucune espèce de mouvement.— D'aucune espèce.

— Pourtant, à notre dire, être en

quoi que ce soit lui est impossible.— A notre dire, en effet.

— Il n'est donc jamais, non plus, en même place.— Pour-

quoi cela ? — Parce qu'il serait, par le fait, en cela même où

il serait en mêmeplace.

— Absolument exact. — Or la

thèse était qu'il ne peut-être ni en soi ni en autre que soi. —b II ne le peut, en effet. — L'Un n'est donc jamais en même

place.— Jamais, ce semble. — Mais ce qui n'est jamais

en même place n'a ni repos ni immobilité. — Ce lui est,

en effet, impossible.— L'Un donc, à ce qu'il semble, n'est

ni immobile ni mù^. — La conclusion paraît s'imposer.

Identité II ne sera point davantage identique àet différence. autre que soi ni à soi, ni différent de soi

ou d'autre que soi. — Comment cela? — Différent de soi-

même, il serait autre, qu'un et ne serait plus un. — C'est

vrai. — Identique à autre que soi, il serait cet autre et ne

c serait plus soi; ainsi, de cette façon encore, il ne serait plus

ce qu'il est, un, mais autre qu'un.— En effet. — 11 ne sera

donc point identique à autre quesoi et

nesera

pointlui-

même différent de soi. — Non assurément. — Mais différer

de quelque autre, il ne le saurait, tout le temps qu'il est un;

ce qui est un, en effet, ne saurait différer; la différence exige

altérité de termes et ne saurait exister ailleurs. — Tu as

raison. — Ce n'est donc point par être un qu'il sera diffé-

I. Le De Melisso, Xenophane, Gorgia (977 b, 10-21) prête à Xéno-

phane celte négation simultan»!'e du mouvement et du repos.

Page 113: Platon, 8.1 Parmenide

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-4 nAPMENIAHS 138 e

— El apa TL otXXo netaETat toCto, IkeÎvo &v (jlovov uàay^oi e

oS^iépr) s'iri*

xè ^èv yàp &v tl auToOi\Br\

Iv ekeIvo, t6 8è

UB,ùi sXx] a^a't6 8è

^f] £X°^ b^^PT ®^X°*°^ '^^ ""^^^ laTat

TpoTTQ ouSevI bXovSjjia ^r)TE EVToç EÎvaL Ttvoq (Jir]Te e^co.

—'AXrjSfj.

— Ou Bè(JifjTE ^Épr| Etal

[k'(]TS.SXov Tuy^àvEi

?)V, OÔ TTOXÙ ETL àSuVttTOTEpOV lYV^yVEaBat TTOU, ^JirjTEKOLXà.

^Épr) tAr|TE KttTà oXov EYyLyvo^Evov ;— <î>atv£TaL. — Oôt'

apa TTOL lov <aL Iv xcp yLyvo^EVOv )(6pav àXXdtTTEL, où't' ev 139 a

TCO aUTCp TlEpL<|)Ep6^EV0V Ol^TE àXXoLOU|JlEVOV. OuK EOtKE.

— Kaxà TTaaav apa Kivr|aLV t6 ev aKLvrjTOv. — 'Ak'lvt^tov.

— 'AXXà(Jif]v

Kal EÎvat yÉ <f)a^jiEvIv tlvl auxo àSuvaTov.

—<t>a^£V yàp.

— OuS' apa ttotè ev tw auTco eotiv. — Ti

5f| ;

— "Otlf]Sr|

av EV ekelvwEÏr| Iv S tw auxô ecttlv, —

ridtvu ^Èv ouv. — 'AXX^ ouTE EV aÔT« oÛTE EV aXXcp ot6v TE

f\v aÔTcp EVELvat. — Ou yàp oSv. — OuSétiote apa eotI tô

EV EV TCO aUTQ. OuK loLKEV. 'AXXà ^f]V t6 yS ^r|S£TTOTE b

£v TCO auTcp ov ovfTE i^au)(iav ayEt oû9' EGTrjKEV,— Ou yàp

oT6v TE. — T6 EV apa, <â<; Iokev, ovJte ECTTrjKEV oûte kivel-

TttL, — O^KOuvSf| c)>atvETai y£.

OuSÈ{if)v

TauTov yE oùte ETÉpcp ovIte âauTÔ laTai-, ouS'

au ETEpOV OUTE ttUTOU OUTE ETEpOU àv ELf)

. llf] Sf] ;

"ExEpov (jiEVTTOU lauTou ov Ev6ç ETEpov av eXy] Kal OUK av

E'ir)EV. — 'AXr|9fj,

— Kal\xx]v

TauTév yE ETÉpo ov ekelvo

âvEÏT],

auTo 6' OUK àvElrj"

ûSote oùS' av oûtcoc; elit) oTiEp C

laTLV, £V, àXX' ETEpov Evoç. — Ou yàp oSv. TaïUTÔV ^ÈV

apa ETÉpcp f] ETEpov éaUToO oùk laxai, — Ou yàp.— "ETE-

pov 5é y£ ETÉpou OUK IcTai, Ecoç àv9]EV où yàp Evl

T[poaf)K£L ETÉpOTLvèç EÎVttt, àXXà ^OVCO ETEpCO ETÉpOU, àXXcp

Se ouSevl. — 'Op8coç.— TS> ^èv apa ev EÎvat ouk laTat

e 5 zhl : ÈaTt Heindorf[|G 7 antc oÀov add. zô sed cruce notauit

W11139 a 2 o'jy. ante ïoixô om. Y

|[a 6 TrTi ajxw BTY, sic Jegit

Procli com. 1170,9: -:<) aùxô W, Procli lem.[|

a 8 Ivsiva'. b: ëv

£Tvai BTYW Proclus!|b 2 ov cm. BW

j|b 6

r.f,: TÎvt B Proclus

||b

7 ante svô; add. toj Proclus||

C 5 i'ipo-j om. B.

Page 114: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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139 c PARMÉMDE'

75

rent. Es-tu d'un autre avis? — Assurément non. — Or, s'il

ne l'est par cela, il ne le sera point par lui-même; s'il ne

l'est par lui-même, il ne le sera point, lui. Donc n'étant, lui,

d différent en rien, il ne sera différent de rien. — C'est exact.— Il ne sera pas davantage identique à lui-même. — Pour-

quoi non ? — Parce que l'Un et l'identique ne sont pointmême nature. — Comment cela ? — C'est que devenir iden-

tique à quoi que ce soit n'est pas ne faire qu'un.—

Expli-

que-toi.— Devenir identique aux plusieurs est forcément

devenir plusieurs et non pas un. — C'est vrai. — Or, si l'Un

etl'identique

ne différaient enrien,

deveniridentique

serait

toujours devenir un et devenir un serait toujours devenir

identique.— Parfaitement. — Donc, pour l'Un, être iden-

e tique à soi ne sera pas ne faire qu'un avec soi; ainsi lui,

qui est un, ne sera pas un '. Or c'est là, certes, chose impos-sible

;il est donc impossible à l'Un et d'être différent d'un

autre et d'être identique à soi-même. — Vraiment impos-sible. — Ainsi l'Un ne sera, ni à soi ni à autre que soi, ni

diflérent ni identique. — Certainement non.

Ressemblance et D'autre part, ni à soi, ni à autre quedissemblance.

g^j^ ^ ^ç g^p^^^ ^^^^ pl^g semblable ou

dissemblable. — Pourquoi?— Cela est semblable qui com-

porte quelque identité. — Oui. — Or nous avons vu que la

nature de l'identique est distincte de celle de l'Un. — Nous

140 a l'avons vu. — Or, que l'Un soit affecté d'un caractère qui soitdistinct de sa propre unité, il deviendra, par cette affection,

quelque chose de plus qu'un ;et cela, c'est impossible.

— Cer-

tainement. — Aucun moyen donc que l'Un ait été fait iden-

tique ni à autre que soi ni à soi. — Aucun, apparemment.—

Il ne peut donc aussi être semblable ni à autre que soi ni à

soi. — Non, semble-t il. — Mais il n'est point davantagedonné à l'Un d'être différent

;car il lui serait donné par là

d'être plus qu'un. — Il serait plus qu'un, en effet. — Or

ce qui a reçu différence d'avec soi ou autre que soi, cela sera

1. Du principe; « l'identité n'est pas l'unité », on tire la consé-

quence : « Donèvêtre identique, ce n'est pas être un ». Mais, à cette

conséquence inoffensive, on substitue: « Donc, être identique, c'est

ne pas être un. » On obtient ainsi la conclusion sophistique cherchée :

pour l'Un,être

identiqueà

soi-même,c'est cesser

d'être un.

Page 115: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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75 riAPMENIAIIi: Î39 c

ETEpov f^OLEi

;

— Ou Sfjxa.— 'AXXà ^r]v et

^r] toûtcû,

ou)( éauTÔ EOTat, et ôè\xr] auTÔ, ouSè aÙT6* aùxô hà

\xT\BoL^r\ov ETEpov ouSevôç laxat ETEpov.

—'OpBcoç.

— d

Ou8È \xT\v TauT6v yE éauTÛ laTat. —flcoc; 8' oÔ ; — O^X

fJTïEp ToO Evôç (p\)aiq, aÛTf] Sf]Ttou Kal toO tocutoO. — Ti

Sf) ;"Otl OUK, ETTELSàv TaUTÔV YÉvrjTal Tcb TL, EV YlyvE-

Tat. — 'AXXà TL ^f)v ;

—ToLc; noXXoîq TauTov y^vd^Evov

TToXXà àvdcyKri ylyvEaBai. àXX' ou^ ev. — "AXT^Sf].— 'AXX'

El t6 ev Kal TÔ TauTov^jir]ôa^T^ Siac^jâpEi.. ottote tl TauTÔv

lylyvETo, (xeI âv ev eylyvETO, Kal ôti6te ev, TauTév. —ridcvu ys.—- Et apa t6 ev sauTcp TauTov laTai, ou)(

Iv e

âauTw EOTaL* Kal outco ev ov ou)( ev laTai. 'AXXà ^r]v toOtô

yE àSuvaTov àSùvaTov Ôcpa Kal tô evIf^ ETÉpou ETEpov

eîvauf^eauTÔ TauTov. — 'AôùvaTov, — Oîjtco

8f] £TEp6v

y£ f\TauTov TO EV out' âv aÛTcp ov^t' av ETâpcp eït].

— Ou

yàp oijv.

Ou8è ^f]v b^otov TLVL laTaL ouS' àv6^0L0v oûte aÛTco

ouTE ETÉpcp.— Tt

bi] ;

— "Otl TÔ TauTov nou TTETUOVSÔÇ

b^oLov.— Nal. — Tou Se yE Ev6q y^aplc; £<|)àvr| Trjv cpuoiv

TO TauTov. — 'Ecjîàvr) yàp.— 'AXXà

(ii*]ve'l tl ttéttovBe 140 a

)(coplq ToO EV EÎvaL t6 ev, tiXelco av EÎvaL ruETtovGoLf| ev,

toCto Se àSuvaTov. — Nal. —OuSa^coç

eqtlv

apaTaÛTov

TXETTOVSÔC; EÎvaL TÔ EV OUTE ÔtXXcO OUTE âaUTCO. Ou <|)aLVE-

TaL. — OuSÈb|JiOLOv apa SuvaTÔv auTÔ EÎvaL oûte aXXo

OÔTE laUTCp. OuK EOLKEV. OuSÈ ^fjV ETEpÔV yE TCÉ-

ttovSev ELvaL TÔ EV " Kal yàp oOtco tcXelco av tuet[6v8ol EÎvaL

f]EV. — FIXelco yàp.

— T6 yE ^f]v ETEpov ttetuovBôç t^lau-

C 7 -oj-o) : o'S-iti B Proclusj|d i ri Proclus : cm. BTYVV

j|d 3

ajTrj Proclus : ajTrj B a-jTrj TYW j| or^izo'j:

-TizpY

||tou xaÙTOj :

-Tjxou B ProclusIId G àXX' : /.al Proclus

||6 4 ôf, :

otj f]Hcindorf

o'TqWaddell

j]e 5 où vxp oJv... e 8 o'j-z képw in marg. habet W

|j

e 7 O'j't x\j-(7) cdd. : oÙ't' iajT'o T ojO' lauTfo Y o'j-z aÙT(o W oùtàv

a-jtfo B o'j-' àv a-Tro Proclus||140 a 4 où çaiVcTat .. a 6 ojte Z7.-jz(ji

in inarg. l)ab<l ^^ .

VIll. I. - 7

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tÂO a PARMENlDf:-jti.

dissemblable à soi ou à un autre, du moment que ce quib reçoit l'identique est semblable. — C'est exact. — L'Un

donc, à ce qu'il semble, exempt de toute différence, n'est en

aucune façon dissemblable ni à soi ni à rien d'autre. — Enaucune façon. — Donc l'Un ne sera, ni à autre que soi ni à

soi, ni semblable ni dissemblable. — H paraît bien.

_t ,.,.,. ,., .11 ne sera d'ailleurs, à ce compte, nr

égal ni inégal a soi ou autre que soi. —Pourquoi?

—Égal, il aura mêmes mesures que ce à quoi il

estégal.

— Oui. — Plusgrand

ouplus petit,

il

aura, com-paré aux grandeurs auxquelles il est commensurable, plus de

c mesures que les plus faibles, moins de mesures que les plusfortes. — Oui. — Par rapport aux grandeurs auxquelles il est

incommensurable, il sera, ici, de mesures plus petites, là de

mesures plus grandes.— Naturellement. — N'est-il pas

impossible, pour qui n'a point de part à l'identique, d'être

identique ou en ses mesures ou en quoi que ce soit

d'autre 7 — Bien impossible. —Il ne saurait donc être égal

ni à soi ni à autre que soi, puisqu'il n'aura jamais mêmesmesures. -^— Il le faut conclure, à ce qu'il parait.

—Sup-

posons-lui des mesures plus grandes ou plus petites : autant

d de mesures il aura, autant il aura de parties. Par là encore

il cessera d'être un et sera multiplié autant de fois qu'il aura

de mesui^es. — C'est exact. — N'eùt-il qu'une mesure, il

deviendrait alors égal à la mesure. Or il est incapable, nousl'avons démontré, d'être égal à quoi que ce soit. — C'est

démontré, en effet. — Ainsi donc il n'a part ni à une mesure

nia un nombre plus ou moins grand de mesures;

il est exclu,

d'une façon absolue, de toute participation à l'identique. Il

ne sera donc jamais égal ni à soi ni à autre que soi et ne

sera jamais ni plus grand ni plus petit que soi ou qu'un autre.

— La conclusion est

parfaitementjuste.

gEh quoi? plus vieux, plus jeune, égal

'

en âge, est-ce là rapports que tu croirais

pouvoir attribuer à l'Un ? — Pourquoi ne le pourrais-je ? —Parce que, peut-être, avoir même âge que soi ou qu'autrui,c'est participer à l'égalité et à la ressemblance sous le rapportdu temps. Or, l'Un, nous l'avons dit, est exclu de cette par-

ticipation soit à la ressemblance soit à l'égalité.

— C'est vrai^

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76 ITAPMENIAHS 140 a

ToOî^

aXXou àvô^AOLOV avetr) f]

âauTÛf^ aXXo, eÎTiep tô

TauTÔv TTETTovSôc; ojioiov.—

'OpScûc;.— T6 8é ye êv, «<; b

EOLKEV, oôSa^icoç ETEpov TieTtovSôc; ouôa|jioùc; àvô^iotov èaTiv

oCte aÔTÔ o^fxE ETÉpco. — Oô yàf oSv- — OÔTE âpa b^otov

OÛTE àv6^0tOV 0Ô6' ETÉpCù O^TE EaUTÔ âvELf)

TO EV . Ou

c|>atvETaL.

Kal ^f)v toloOt6v yE ôv oôte Xaov ovIte avcaov loTat

oÛTE âauTÔ oÔTE oXXg). —rif) ;

— *'laov (lèv ov xSv auTâv

^ÉTpcov EaTttL EKELVO o Sv taov p.— NuL — MEt^^ov Se

TTOUf^IXatTov ôv, oTq ^Èv àv aujijiETpov rj,

tôv jièv âXax- c

Tovov tïXeIco ^ÉTpa E^^t, TÔv SE ^Ei^évcûv èXaTTCo. — Nal.

— OTc; S' âv^f] cnj^i^ETpov, tSv ^èv ajiiKpoTÉpcov, tcùv 8è

^iEt^6vcov ^iÉTpcov laxaL, — FlQq yàp oiï;

— OukoOv àStj-

VaTOV TO^if] ^ETÉ)(^OV ToO ttÔToO

f) ^lÉxpCOV Tûàv ttUTÔV EtVaL

f]aXXcov ovTLVCûvoOv Tcov aÔTÔv

;

— 'AS\ivaTov. — "laov

^lÈv Spa o^ït' âv EttUTS oÔte àXXco EÏr) ^ii?] tcûv aÔTcàv ^lÉTpcûv

ov. — OuKouv c^atvETal yE,— 'AXXà ^t^v ttXelovcov yE ^É-

TpCOV OVf[ âXaTTÔVCOV, SaCDVTlEp ^ÉTpCOV, TOaO\JTCÙV Kal ^Epâv

âvEÏrj'

Kal ouTCù au ouketi ev laTat àXXà ToaaOTa oaartEp d

Kal Ta ^lÉTpa.—

'OpSôç.— El 8é yE evôç ^lÉTpou EÏrj.

taov âv ytyvoLTO tô ^ÉTpo* toOto 5è àSiivaTovEc|)(ivrj,

ïaov

TO aÔTÔ EÎvaL. —'Ecjxxvrj yàp. — O^te apa ev6<; ^ÉTpou

^ETÉ)(ov ouTE TioXXcov oùte ôXlycov, oôte t6 TTapaTiav ToO

aUToO ^ET£)(OV, OÔTE EaUTCÙ TTOTE, OÇ EOLKEV, laTai

ïaov oÔTE aXXcp* oû'te au ^el^ov ouSe IXaTTov ovIte lauToC

oÔTE ETÉpou.— riavTàTTaat jiÈv

ouv oOtcù.

Tl 8É; Ttp£a6\iTEpOV fj VEWTEpOV f] TI^V auT^jv fjXiKlav e

£)(Eiv t6 ev Sokel tq Suvaxèrv EÎvai;

— Tt Sf] yàp oCf ;

—"Otl Ttou f^XuKlav ^ièv Tf)v auTfjv e)(ov i\aÔTÔ

f)aXXw iaô-

TrjToç )(p6vov) Kal ô^oL6TrjToc; ^e6££,el, Sv IXÉyojjiEv ou

tO)7 post TZTi add. ôrj Y et in marg. ïj]d i au : ouv Y

Jjd 4 --.-

Bekker : toj TY tô W* auxoi B et in marg. W aùxà Procli A om.

Procli BGD[j

aùxô : au-fTi Y Proclus||d 7 ojtê ay : oùÔs au Y

au

W11

d8 ouv cm. Proclus II

e2 -w

YWProclus : xài BT.

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140 e PARMÉ.MDE 77

nous l'avons dit. — Kt que pas davantage il ne participe à la

dissemblance ou l'inégalité, cela, nous l'avons dit encore. —141 a Parfaitement. — Comment donc, pourrait-il, en ces condi-

tions, être supérieur, inférieur, égal en âge à quoi que ce

soit? — Il ne le peut d'aucune manière. — Ainsi, qu'on le

compare à lui-même ou à d'autres, l'Un ne sera ni plus

vieux, ni plus jeune, ni de même âge.— C'est évident. —

Mais n'est-ce pas du temps même que l'Un est exclu par de

telles négations? Être dans le temps, n'est-ce pas, forcément,

toujours devenir plus vieux que soi-même ? -Si, forcément.

— Mais plus vieux s'oppose toujours à plus jeune? — Coni-b ment donc! — Devenir plus vieux que soi-même est donc, à

mesure, devenir plus jeune que soi, s'il est entendu qu'il faut

un terme à l'égard de qui l'on devienne plus vieux.— Que veux-

tu dire? — Ceci : rien ne peut devenir différent de ce qui,

déjà, est différent; mais, de ce qui est différent, il diifère;de

ce qui fut différent, il a différé; de ce qui sera différent, il

diftérera. D'un terme en train de devenir différent,

impossiblequ'un autre ait été ou doive être ou soit différent

;il le devient

et, d'une façon absolue, ne l'est pas*.— C'est fatal. — Mais

c plus vieux, c'est différence relative à plus jeune et à rien

d'autre. — En effet. — Ce qui devient plus vieux que soi

doit donc, dans le même temps et nécessairement, devenir

plus jeune que soi ^. — Apparemment.— Mais aussi ne

point devenir une somme de temps plus grande ou moins

grande que soi : ce n'est que d'une même somme de temps

qu'il peut devenir, être, avoir été, devoir être. — La conclu-

sion, ici encore, est inévitable. — Colle-ci donc ne l'est pas

1. La République a déjà posé ces lois de la relation : plus grand est

nécessairement corrélatif de plus petit ; beaucoup plus grand est corré-

latif de beaucoup plus petit ;ce qui fut plus grand, de ce qui fut plus

petit ;ce qui sera plus grand, de ce qui sera plus petit (438 b/c).

2. Le germe de ce sophisme est dans un abus de langage, que la

République dénonce à propos de l'expression« plus fort que soi-

même » (43o e). Mais le CharmideÇiQS a-iôgc) avait déjà proclamé,

à propos des grandeurs et des nombres, l'évidence du principe : il ne

peut y avoir de relation là où il n'y a pas réelle dualité de termes.

Autrement, en efiFet, ce qu'on dira plus lourd que soi-même devra être

en même temps plus léger ; « le plus vieux sera plus jeune, et ainsi

de suite » (Platon, II, trad. A. Croiset. p. 71. Cf. Apelt, Beitràge

zur Gesch. d. gr. Phil., p. 18).

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77 riAPMENIAHS 140 e

liETEivai TCO evl. oute ô^oiÔTrjToç ou'te laÔTr|Toc;.— 'EXé-

yo^EV yàp ouv. — Kal\xf\v

koli Î)tl àvojiOLàTrjTéq te Kal

àvta6TT]Toc; ov ^et£)(el, Kal toOto IXÉyo^EV. — Hàvu ^èvoSv, — ricoc; oOv otov te ia'za.i Tivôq f) TipEaBuTEpov î^

141 a

VEcoTEpov EÎvatf^ Tf]v auTTjv f^AïKLav EX^i-v TCO toloOtov 6v

;

—OôSa^iôq.

— Ou<apex. &v

EÏr) vEcoTEpov yE oijÔè irpEaBû-

TEpov oiaSè Tf)v aÙTf)v i^XLKlav exov tô ev oÔte aÙTw oute

aXXcp,— Ou c})atvETat.

—*Ap' ouv ouSè ev

)^p6vcç>t6 rrapà-

nav SùvaiTo oîv EÎvat t6 ev, el toloOtovelt)

;

f)

oukàvàyKr),

làv TLr\

EV xpovcù, otEL auTo aÛToO TtpEaSuTEpov ytyvEaBaL ;

—'AvdyKr|.

— OuKouv t(5 yE rrpEaSÛTEpov oieI vEcoTÉpou

TipEaBrjTEpov ;

— Tt ^r)v ;— To TtpEaBiiTEpov âpa èauToO b

yiyvo^Evov Kal VECÔTEpov èauTOu a^a ylyvETat, EiTUEp ^éXXel

£)(ELV <5tou npEaôÛTEpov ylyvrjTai.—

nco(;XÉyELc; ;

— ''OSe'

SLd(|)opov ETEpov ETÉpou ouôÈv ^Ei ytyvEaSttL fjSr) Svtoc; 8ia-

<|>6pou, àXXà ToO^lÈv fjSf] ovToc; tjSt] EÎvat, toO 8è yEyovoToç

yEyovÉvat, toO 8è jiéXXovtoc; ^éXXelv. toO 5è ytyvo^xÉvou

oÙTE yEyovÉvat oute ^éXXelv oôte EÎvat nco ÔL<xc|)opov, àXXà

ylyvEa8at Kal aXXcoc; ouk EÎvat. — 'AvdcyKT] yàp.— 'AXXà

\Jii]\fTé yE TtpEaBûTEpov SLa<|)op6Tr|ç vEooTÉpou eqtIv Kal c

ou5ev6ç àXXou, — *'EaTi yàp.— To apa npEaBÛTEpov lau-

ToO ytyvo^iEvov àvàyKr) Kal vEÔTEpov &jia éauToO ylyvEaSat.

— "EoLKEv. — 'AXXà ^f]v Kal \if\i£ ttXelg) EauToO y^pàvo\>

yiyvEaôat ^irjTE èXàTTco, àXXà tov ïaov xpovov Kal ylyvEaBat

âauTÔ Kal EÎvat Kal yEyovÉvat Kal ^ÉXXEtv IcEaBat. —'AvàyKr) yàp ouv Kal TaOTa. — 'AvàyKrj &pa èaTtv, â>q

e 7 àviaoTrjtoç:

hô- Bj] 141 a 2 '(;)

YW Proclus:

-.o) Bï|{

a 3 ys cm. B Proclus||a 5 ap' ouv... d 7 alpsT habet Anon. Stu-

demundi (Kroll, Rhein. Mus. XLVII, G09) I|b a ytyvoixevov

: yêvd-

Anon.Ilb 3

y'yvTj-a'. Richards Burnet : -îta.'. BTYW Proclus Anon.

|]b 4 ôtaçopov TY, Procli AGD :

o'.àço- W oiaçi- B, Procli B, Anon.

Ilb 5 r^QT^ anle ovto; om. Anon.

||b 7 -'o : r.o'j Procli A -c Procli C

Il oiàoopov B Proclus : to oia- TYW Anon.||b 8 yap TY, Procli

ACD, Anon. : yàp av BW, Procli B yàp or,'Schanz

|jC 4 y'yvscôa-.

ypo'vov B Proclus.

Page 120: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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144 d PARMÉNIDE 78

d moins, à ce qu'il semble : tout ce qui est dansle temps, tout ce

qui participe au temps a, dans chaque cas, même âge quesoi-même et devient, à la

fois,

et

plusvieux et

plus jeune quesoi. — Il se pourrait bien. — Or l'Un n'eut jamais part à

des états de ce genre. —^ Jamais, en effet. — Donc il n'a

point non plus participation au temps; il n'est point d&ns un

temps.— Non, certes

;c'est bien cela, du moins, que

démontre l'argument.

Mais quoi.'* Fut, a été, devint n'expri-

Existence pour soi .-i i***- »

et pour autrui.»»ent-ils pas participation au temps quil'ut jadis?

—Si, assurément. — Pour-

e suivons : sera, deviendra, sera devenu n'annoncent-ils pasle temps à venir ? — Si fait. — Est, devient ne désignent-ils pas le présent ? — Absolument. — Si, donc, à aucun

temps l'Un n'a aucune part, il n'est vrai ni que, dans le

passé, il a été, devint ou fut;

ni que, présentement, il est

devenu, devient ou est; ni que, dans l'avenir, il deviendra,sera devenu ou sera^ — C'est on ne peut plus vrai. — Ya-t-il donc, en dehors de ceux-là, d'autres modes de parti-

cipation à l'être ? — Il n'y en a point.— L'Un ne participe

donc d'aucune façon à l'être. — D'aucune, semble-t-il. —L'Un n'est donc en aucune façon.

—Apparemment.

— Il

n'a donc même pas assez d'être pour être un; car, du coup,

il serait et participerait à l'être. Il apparaît bien, au contraire,

et que l'Un n'est pas un et que l'Un n'est pas, s'il faut ajou-ter foi à cette manière d'argumenter.

— J'en ai peur.—

142 a Or cela qui n'est point peut-il avoir, alors qu'il n'est point,

quelque chose qui soit à lui ou de lui ?— Comment serait-ce

possible?— Donc à lui n'appartient aucun nom ;

il n'y en a ni

définition ni science ni sensation ni opinion.—

Apparem-ment. — Il n'est donc personne qui le nomme, qui

l'exprime, qui le conjecture ou le connaisse ; il n'y a pas unêtre qui ait, de lui, sensation. — Pas un, à ce qu'il semble.

— Est-il donc possible qu'il en soit ainsi de l'Un ? — C'est

impossible, à mon avis.

I. Proclus (Cousin, 1237; Chaignet, III, 83) voit, dans Yevr|«Ta-,

une apparition soudaine, comme celle de l'éclair; dans-j-cvr^Or^aeTa'..

une naissance progressive, comme celle de l'homme. La forme ^evr,-

OTjasTa; ne se rencontre mille part en dehors de ce passage de Platon.

Page 121: Platon, 8.1 Parmenide

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78 nAPMENIAHS Ul d

loiKEv, baa yc ^v XP^^9 èorlv ical ^eté^^el toO xototjTou, d

•CKaoTov auTCûv Tf]v aÔT/)v te aÔT6 erôtô fjXiKtav Ix^tv ical

TTpEaBùTEpév TEttUToO

S^tt Kal vE<i>TEpov Y^yvECTSai. —Ktv-

SuvEiJEL, — 'AXXàjirjv

tS> yE evI tôv touoijtcdv rraBr^iiàTCùv

oôSèv jiETÎ^v.— Oô yàp ^etîjv.

— OôSè Spo xp^vou aÔTÔ

^ÉTEOTLV, 0U8' laTLV £V TLVL )(p6vG>. OÏJkOUV Sf) , &Ç y^

ô Xoyoç alpEÎ.

Tt oSv;t6 î^v ical tô yéyovE Kal t6 èylyvETo ou )(p6vow

^iéBE^LV

SoKELaT]^iatvELv

ToO tiotè

yEyov^Toc;;— Kal

^àXa.— Tt 8é;t6 ECTat Kal t6 yEvfjaETat Kal tô yEvrjBfjaETai

e

oô ToO ETïELTa, ToC jiÉXXovToç ;

— Nai. — T6 ÔÈ8f]

laTL

Kal TO ytyvETai ou toO vOv TTap6vToç ;

— Hâvujièv oSv. •—

El apa TO Ev ^T]Sajifj ^irjSEVoc; ^etÉ)(el ^(pdvou, o^te tiotè

yÉyovEV out' lyiyvETo oùt't\v tïoté, ovJte vOv yéyovEv oÔte

ytyvETat o{(te eotiv, ov(t' ÊTiEiTa yEvf)aETai ovJteyEVT]9f)-

CTETat oÔTE ECTTaL, — 'AXT]6ÉaTaTa. — ^EaTiv oCv oualaq

brccaç Sv tl ^ietào^^ol aXXcoç f\kcliù. toôtcov tl :

— Ouk

EOTtv. — OuSa^coç apa t6 ev oualaç ^etÉ)^el.— Ouk eol-

KEV. — OôSajiôc; apa ectl tô ev. — Oô <|)alvETaL.— OôS"

apa oÔTOçloTiv ôctte ev EÎvai*Etr| yàp Sv

f]Sr|8v icaloôalaç

^ETÉ)^OV àXX' OÇ EOIKEV, TÔ EV oÔTE EV laTLV oÔTE SaTlV, eI

SeX tô toiôSe X6ycp TTUTTeiÛELV. — KivSuvEÔEL. — ""O 8e\ir] 142 a

laTt, T0ÔT9 1CÙ\jiY\

8vTiEÏr|

av tlf^aÔTÔ

fjaÔToO :

— Kal

nwç ;— Oô8' apa Svo^a eotlv aÔTÔ oôôè Xéyoç oô8é tu;

£TTiaTf)tir]oô8è ataBriatç oô8è 86£,a. — Oô <f)aLVETaL,

—OÔ8' dvo^iii^ETaL apa oô8è XéyETai oôSè 8o£,àd^ETai 008e

ytyvûûCTKETai, ouSé tl tcûv ^vtcùv auTou aiaSàvETaL, — Oôk

EOLKEV. ''H SuvaTÔV oSv TlEpl TO EV TaOTa OÔTCÙÇ EX^'^V .'

OÔKOUV E^OiyE SoKEL.

d 2 aÙTÔ cm. Proclus1|d 3 'c : yt Proclus

||d 4 ;:a67)pLotTtov

: ::cay-

uxziiiv Anon.jjd 7 a'.psi

:ipsT A.non.

Jie i yevrjOTjaexa:

:

yeyevr^-

jetai Schleiermacher at uide Procli com. 1287,35 |je 2 ~ou tjiéX-

\wfXoç : secl. Burnet tzo-j jxsXXovtoç Hermann ijlïXXovtoç Heindorf[j

e II ov : £v ov Heindorf|J

e 12ulstÉ/^ov : -ot Heindorf

||142 a 2

r)

aÙTÙi YW, Procli BG:

aùxw BT,' Procli \.

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142 b PARMÉ.MDE 79

b Veux-tu donc que nous revenions auSeconde hypothèse : j'l » . 1 ru *i ' • •

si l'Un estuebut même de 1 hypothèse, pour voir si

un nouvel examen donnera d'autres résul-tats* ? — Je le ferai très volontiers. — Nous posons donc querUn est et déclarons vouloir accepter, quelles qu'elles puissent

être, les conséquences qui en résultent ]M)ur l'Un. En es-tu

d'accord? — Oui. — Attention donc: je recommence. Si l'Un

est, se peut-il qu'il soit et no participe point à l'èlre?— Cela

ne se peut.

Donc l'être sera être de l'Un sans êtreDualité indéfinie de -i .• ^ n: » t i»»»

rUn oui est identique a 1 Un;autrement 1 être ne

serait pas être de l'Un et lui, l'Un, ne

c serait pas participant de l'être. Les deux formules : l'Un est,

l'Un est un, seraient identiques. Or l'hypothèse présente n'est

point : si l'Un est un, qu'en doit-il résulter? Mais bien : si

l'Un est. C'est bien entendu ? — Parfaitement. — Donc le

« est »signifie autre chose que l'Un ? — Nécessairement. —

Cette autre chose qu'il signifie, n'est-ce pas que l'Un participeà l'être ? Et n'est-ce pas ce qu'on veut dire par cette formule

ramassée : l'Un est? — Absolument. — Revenons donc à la

question: si l'Un est, qu'en résultera-t-il ? Vois donc si

l'hypothèse qui se formule ainsi ne veut pas forcément dire

rUn tel qu'il ait des parties?— Comment cela? — Je

d m'explique : le « est »s'y

dit de l'Un qui est, et l'Un, de

l'être qui est un. Or l'être et l'Un ne sont pas identiques;leur sujet seul est identique, à savoir « l'Un qui est » qu'a

posé notre hypothèse. N'y a-l-il pas là, inévitablement, un

tout: l'Un qui est; et, devenant parties de ce tout, l'Un

d'abord et puis l'être? — Inévitablement. — Mais, chacune

de ces parties, l'appellerons-nous tout uniment partie ou bien

ce qui est partie devra-t-il être dit partie du tout?— Partie du

tout. — Cequi

est un est donc bien un tout et

possède par-ties? — Parfaitement. — Eh bien, chacune de ces parties de

I. « Le Parménidc de Platon distingue le l^remier Ln, qui est

rUn au sens éminent;le second, qu'il appelle Ln-Muliiple ;

le troi-

sième, La et Multiple. Ainsi donc, lui aussi est d'accord avec la théo-

rie des trois natures » (Plotin, Enn. V, I, 8. 490 a). La première

hypothèse traiterait donc de l'Ineffable; la seconde, de l'Intelli-

gence ;la troisième, de l'Ame. Sur les détails des systèmes, cf. Pro-

clus (Cousin, 1062 et suiv.).

Page 123: Platon, 8.1 Parmenide

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79 nAPMENIAHi: 142 b

BoûXel ouv ETil Tf]v vnôQeaiM nâXiv !£, àpyj^q snavâX- b

Bco^cv, èdcv TLf\\ii\f

ETiavLoOaiv ocXXoîov<|>avrj ;

— Hàvu jièv

ouvfioiiXo^ttL.

— OuKoOv Ev El laTLV,<|)a^Év,

Taaujiôai-

vovTa TTEpl auToO. Tioîot TTOTE Tuy)(àv£L ovTtt. 8LOjioXoYr)TÉa

TaOta ou)( ouTco;

— Nai. — "Opa 8f) 1^ àp)(T]c;,Iv el eo"

TLV, apa otôv TE auT6 eIvol ^év. oualac; 8è^t) ^eté^^euv :

—O^X oîov TE. — Où<oCv Kttl

1^ouala toO evoc; elt]

àv ou

TauTOV ouaa iS> év'f ou yàp av £KElvr| î^v eke'lvou ouala,

Ou8' àv EKEÎVO, TÔ EV, £KELVr)<; ^1ETEL)(^EV, OtXX' S^IOLOV àv ^V C

XÉyELV EV TE EÎvaL Kal EV EV . NOv 8È^ou)( CL^iT] eotIv1^

ûxié-

Qzaiq^ EL EV ev, tiy^pi] au^iBatvEtv, àXX' el ev eqtlv ou)(

ouTco :

— n<xvu ^Èv ouv. — Oôkouv wc; ÔcXXo TL ari^aîvov Tè

EGTL ToO EV ;—

'AvâyKrj.— *Apa ouv aXXo

f)otl oualac;

^ET£)(^EL TÔ £V, ToCt' àvELT]

TO XEyO^EVOV, ETTELSàv TLÇ OuX-

Xf|65Tjv ELTtr)îJtl ev eqtlv

;

— Fldcvu yE,— FIocXlv

5f) XÉyo-

jiEv. EV EL EGTLv, TL au^6r)aETaL. Zkottel ouv EL ou< àvàyKr)

TauTT]v Tf]v ÛTToSEaLV TOLOuTov ôv TO EV arj^ialvELV, oîov ^Épr)

£)^£Lv :—

ricoc; ;

— ^'OSe* el t6 eotl tou £v6<; ovtoç XâyE- d

TaL Kttl t6 £v toO ovtoç Evéç, tcTL Se oô to auTÔfjTE oôaia

Kal t6 £v, tou auTou Se eke'lvou oC ÛTt£8É^£8a, toO evoc;

ovToq, apa ouk àvàyKr| tô ^èv bXov Iv ôv EÎvaL auTÔ, tou-

tou 5è ytyvEaSaL ^iopLa t6 te ev Kal tô EÎvaL; — 'AvàyKrj.

riÔTEpOV ouv EKOCTEpOV TOÙV ^OOLCOV TOUTCOV ^OpLOV ^OVOV

TtpoaEpoO^Ev, f^TOU bXou ^lôpLov TO y£ jxopLOV rrpoCTprjTÉov :

-— ToO bXou. — Kal bXov apa laTL, o àv evrj,

Kal ^épLov

E)(EL. Hàvu yE. TL ouv;TCOV ^OptcOV EKOtTEpcy TOÛTCOV

b'J.

çavr:

-3i7; B, Procli B |j b 4 aj'oi:

ajTO Steph. |j -otc: Te Y

jlb & vai.-oca : hic desinil Proclus, iiicipit Procl. suppl. |j

b 8 yàpiv : yàp B, Procl. suppl. [}

C 3 h h, Tt W : 3V svTi B :v t: T iv -: YJj

oy/ oj-to in marg. habet W|'C 7 Àiyw|j.£v': -o;jl«v

W||C 8 *; oùx B :

Qj/ TW cm. Y[Id I )ȃY5-a:.. d a ov-o; bis scripsit sed uitium notai

B11d 2 oj BY et supra lin. W : om. T

jjd 4 ov cm. Y

||aOtô : -où

vulg. [|d 5 -Q sTvai : TO ôv Dam. 47,28 ||

d 8 av BY Dam. : sàv

TWi

£vT,

:

ivf,B*

Tjsv Simpl. m Phys. 89/1,20 1| [aoccov

:

udp'.a Simpl.

Heindorf at aide Dam. ^7, 26, 5o, 28.

Page 124: Platon, 8.1 Parmenide

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142 e PARMÉNIDE 80

e rUn qui est, à savoir l'Un et l'être, est-elle déficiente ? L'Un

manque-t-il à la partie qu'est l'être, l'être manque-t-il à la

partie qu'est l'Un ? — C'est impossible.— Ainsi ces deux par-

ties, à leur tour, possèdent chacune l'Un et l'être ; la partie envient à se constituer d'au moins deux parties ; et, la mêmeraison se répétant indéfiniment, tout ce qui vient se consti-

tuer partie est gros à chaque fois de cette dualité de parties ;

car l'Un est toujours gros de l'être, et l'être, gros de l'Un; si

143 a bien que, fatalement, deux indéfiniment s'engendre, sans que

jamais puisse être un '. — C'est totalement exact. — L'Un quiest

sera donc ainsi pluralité infinie? — C'est à croire.

Voici un autre point de vue à consi-

rUn participe de l'être et que, par là, il

est? — Oui. — Et c'est par là apssi que l'Un qui est nous

est apparu multiple.— Oui encore. — Eh bien, l'Un en soi,

cet Un que nous disons participera l'être, supposons-le conçu

par la seule pensée, en soi et à part soi, libre de ce à quoinous le disons participer. Cet Un en soi apparaîtra-t-il un

seulement ou bien multiple?— Un, à mon avis. — Voyons

b donc : autre est nécessairement son être, autre son propre soi,

puisque l'Un n'est point être mais seulement Un, qui, comme

tel, a été dit participer à l'être. — La distinction est inévi-

table. — Si donc autre est l'être et autre l'Un, ce n'est point

son unité qui fait l'Un différent de l'être ; ce n'est point laréalité de son être qui fait l'être autre que l'Ln

;c'est le dif-

férent et c'est l'autre qui les différencient mutuellement. —Très certainement. — Ainsi le différent n'est identique ni à

l'Un ni à l'être. — Comment le seiait-il? -^ Eh bien, je

suppose que nous y prélevions, à ton gré, soit l'être et le dif-

c férent, soit l'être et l'Un, soit l'Un et le différent-. Chaque

1. Plotin, dans son étude sur les" Catégories, applique ce texteaux

rapports du mouvement et de l'être : « Si l'on sépare ceux-ci l'un de

l'autre, dans l'être se révélera le mouvement et, dans le mouvement,

l'être;c'est ainsi que, dans « l'un qui est », chacun des termes (un

et être), prisa part, contenait l'être » (Enn. VI, II, 7, 601 a). Bouil-

let (III, 21 5) n'a pas \ti l'allusion, et sa traduction reste vague.

2 . Cette comparaison des termes « être, identique, différent », «era

reprise dans le Sophiste (305/6) pour établir la k communauté des

genres ».

Page 125: Platon, 8.1 Parmenide

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8o riAPMENIAHS 142 e

-xoO tvèç 8VT0Ç, 16 TE £v Kttl t6 3v, Spa ànoXelTCEaBovf)t6 e

tv ToO EÎvat ^opiou f\10 Sv toO avec; jioptou ;

— Oôk &v

cÏT).

— riàXiv

opaKal tôv

jioptûsv eKotXEpovt6 te ev

"cr^£«-

Kttl t6 5v, Kal YÎ-Y^ET^a'- t^ô EXà)^LaTov ek Suolv a5 jioptoiv

t6 jiéptov, Kal KaTà t6v auxèv Xôyov oQtcoç &eI, ôtltiep

âv ^6piov yâv^xai, to\jtco t<*> ^oplco oceI ïo^ct' t6 te yàp

EV t6 ôv oceI ïa)(EL Kal Tè 8v t6 ev ôSctte àvdtyKT] 8ti' oiel

yiyv^jiEvov ^t)8éttote ev EÎvai. — flavT&Ttaai \xàv o3v. 143 a

— OÔKoCv artELpov Sv t6 ttXî^Boc; oîJtco t6 ev 8velt) :

—*EotKÉ yE.

"IBiSf|

Kal Tfj8E ETt, — nfj ;

— Oualaç c|)a^Èv (jiETÉ^Etv

t6 ev, 5to laTLV;

— Nai, — Kal Stà TaOTa Sf) t6 ev 8v

-noXXà l<|)àvT^.— OîiTco. — Tl

Sr| ;aÔT6 t6 ev, o

hr\ <poL\ie.v

oualaç ^ETÉ^ELv, âàv aÔT6 TrjStavota ^lévov Ka6' aÔTo Xà-

ScOJlEV ciVEU TOl&TOU oC (|>ailEV ^ETÉ)(ELV, Spà yE EV ^6vov

<|>avr)CTETai f\Kal noXXà t6 auTÔ toOto

; — ^Ev, oTjiat

EycayE.—

''lôcû(iEv 5f)'aXXoTt fTEpov ^lèv àvàyKrj t^jv oôatav b

aÔToO EÎvaL, ETEpov Se aÔT<S, EÏTtEp \if\ouata 10 sv, àXX* oç

EV oôataç ^ETÉa^EV.—

'AvdtyKT].— OôkoCv el ETEpov jjièv

1^ oôaia, ETEpov Se tS ev, o{(te tô ev t6 ev tî^ç ouataç ETE-

pov oCte tô ouata Etvai1^

oôala toO evôç aXXo, àXXà t^

ETÉpcp TE Kal aXXco iTEpa aXXf|Xcûv. — Hcivu ^Èv oSv, —"OaTE ou TaUTOV laTLV OÔTE TÔ EVI Oi^TE

TT]OUala TÔ ETE-

pov.—

riûàç yàp ;

— Ti o3v;âàv TipoEXcibuEBa auTÔv ecte

|5o\iXEi ii]v oûalav Kal tô ETEpov elte Tf)v ouaiav Kal to ev q

e 1 à;îoXeiJîea6ov : xTZoki- Damascil Ajje 2 éivzi

[xo^io-jT* : siva-.

jjiôptov BTYW Dam. 61,17 Sirapi. 87,26 Ivôç adpiov Procl. 9up[d.

cTvai Schleierraacher||6v : ev W Procl. suppl. |]

îvoç p.opiou:

[xoptou

Procl. suppl, âvô; adpioy uulg. jje 6 yivr\zoLi

: ysvvàxat Simpl. 88,1

{IToÙTw tYW : -ti> BT Simpl. ]j

xw[lo^ioj

TY Simpl. :

t(j> [lopi'w

BTiWjle 7 pos't £v ante xo add. xai Y

!|143 a 3 av :

[IèvY

Ji

a 3 ye cm. B|ja 6 x: 8rf

: xi Ôé B||a 7 [xdvov cm. Y

|jb i t'ôwuev :

si'^ùifjLev BT[|b 3 oùaîa : -taç T utrumque Dam. 108,28, 109,8 |j

xXX' u>ç : àXXà xat Yj|b 3 ëv ouai'aç : ivôç oùoia ^^ulg, |)

b /i post tû

i'v

add. slvat in marg. WJj

b 5 aXXo:

sXkou Y.

Page 126: Platon, 8.1 Parmenide

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U3 c PARMEMDE 8i

groupe où tu choisis de les assembler ainsi ne forme-t-il pasce qu'on a le droit d'appeler la couple

*?— Que veux-tu dire P

— Ceci : on peut dire « être »? — Oui. — Et, tout de suite

après, dire « un » ? — Oui encore. — ?^ est-ce pas là avoir

exprimé chacun d'eux ?— Si. — Mais dire « être » et « un »,

n'est-ce pas énoncer leur couple?—

Si, absolument. —Qu'aussi bien je dise « être » et « différent », ou a dillérent »

et « un », ce sera encore, à chaque énonciation, exprimer la

d couple?— Oui. — Ce qu'on a eu le droit d'appeler une

couple peut-il donc faire une couple et ne pas faire deux?—Pas du tout. — Mais là où il y a deux, trouves-tu quelquemoyen que chaque terme ne soit pas un ? — Aucun. — Donc,dans nos couples, chaque terme, parce que facteur de la dua-

lité, sera un. — Evidemment. — Si chacun d'eux est un,

l'un quelconque d'entre eux, ajouté à l'un quelconque des

accouplages, n'achève-t-il pas un tout, qui est trois? — Si.

— Mais trois est impair et deux, pair ? — Bien sûr. — Alors,

e dèsqu'il y

a deux,n'y

a-t-il

pas

nécessairement deux fois, et,

dès qu'il y a trois, trois fois, puisque deux, c'est deux

fois un, et trois, trois fois un? — Nécessairement. — Posés

« deux » et « deux fois », ne vient-il pas nécessairement deux

fois deux ? Et trois avec trois fois ne donneront-ils pas forcé-

ment trois fois trois? — Naturellement. —Alors, étant

donnés trois et deux fois, deux et trois fois, n'y aura-t-il pas

nécessairement deux fois trois et trois fois deux? — Très

nécessairement. — 11 y aura donc des pairement pairs et des

144 a impairement impairs, des impairement pairs et des pairement

impairs^.— Certainement. — Si donc il en est ainsi, peux-tu

1. J'ai dû traduire à{xç'o par « couple » pour ne pas donner, à

cette explication génétique du nombre « deux », une apparence de

tautologie, que le grec évite plus facilement. Damascius (Ruelle, H.

109; trad. Chaignet, II, p. 3i3) a bien vu ici que Platon, au lieu de

poser directement l'être et l'un comme dualité, a cherché un terme

intermédiaire, qui exprimât la fonction synthétique du nombre.

2. Cf. Euclidc VII, définitions 8-1 1. Un nombre peut être le pro-

duit de deux nombres pairs (nombre pairement pair), ou de deux nom-

bres impairs (nombre impairement impair). Si l'un de ses facteurs est

pair et l'autre, impair, le nombre sera, suivant Tordre de ses facteurs,

pairement impair ou impairement pair. Les éditeurs modernes suppri-

ment, dans Euchde, cedernier (déf. 10). Mais le Parménide nous prouve

que la distinction était habituelle dans les traités d'arithmétique.

Page 127: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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8i nAPMENIàHv 143 c

ELTE t6 £V Kttl TÔ ETEpOV, Sp' OUK £V EKOCaTr] xf) TTpoatpÉOEt

-npoatpovj^Eeà tlve & ôpGcoq s.y^EiKaXEtaBaL à^cf>OTÉpco ;

—ricùc; ;

— ^OSe- eotiv oualav ectielv ;— "EaxLV. — Kal

au8LÇ eItteIv ev : — Kal toOto. — *Ap' ouv ou^ EKaTEpov

ajToîv EtprjTau ;

— Nal. — Tl S' oTav elttco oùala te Kal

EV, apa ouK à^(|)OTÉpco ;

— flàvu \e.— OûkoCv Kal èàv

OUala TE Kal ETEpOV f\ ETEpOV TE Kal EV, Kal OUTCÛ TiavTa-

\Q>ç E<|)'EKocaTou a^c|>co XÉyco ;

— Nal, — "O 8" âva^(|)co d

èpScoç TTpoaayopEÙriaSov, apa otôv teajic^co (jLÈv

auTà EÎvat,

Suo Se^f) ; — O^X °*°^ '^^- — "^ ^' "^ ^^° fJTov, ectl tlç

^rj^avf^ \xr\ o\)\ EKaTEpov auTOLV ev EÎvat :—

OôSE^la.—

ToijTcov apa, etteIttep ouv auvSuo EKaoTa au^iBaivEi EÎvat,

Kal EV avELT)

EKaCTTOV. <t>alVETaL. El SE EV EKaaTov

auTCùv laTL, ctuvteSévtoc; evoç ôttolouoCv riTivioCv ou^uyla

ou Tpla YiyvETat Ta nàvTa;

— Nal. — Tpla Se oô TTEpiTTà

Kal Suo ÔcpTia ; — FISç 8' ou ;

— Tl Se ; Suoîv ovtolv ouk

àvàyKr) EÎvat Kal Sic;, Kal Tptcov ovtcûv Tptç, EtriEp uTtàp)(Et e

TÔ TE Sûo TÔ sic; EV Kal TCù Tpla t6 Tplq EV ;

—'AvdtyKT].

— Auotv Se ovTotv Kal Sic; ouk àvàyKr) Suo Sic; EÎvat;Kal

Tptcùv Kal Tplç OUK àvàyKr) au Tpla Tplc; EÎvat;

— Rôç S'

ou :— Tt Se ; Tptcov Bvtûûv Kal Sic Svtcdv Kal Suotv SvTotv

Kal Tplc; ovTotv ouk àvàyKr) Tpla te Sic; EÎvat Kal Stjo Tptç ;

—rioXXf) yE.

—"ApTtà TE àpaàpTtàKtc; àv Etr) Kal TiEptTTà

TtEptTTàKtc; Kal àpTta TtEptTTàKtç Kal TtEptTTà àpTtàKtç.— 144 a

"EaTtv 0UTÛ5. — Et ouv TaOTa OÛTCOÇ E^Et, OtEt Ttvà

àpt8|iôv ÛTioXEtnEaSat ov ouk àvàyKr) EÎvat ;

—OuSa^icoc;

c 3 t;v£ '•) : -:'.vif;)

B|| à;j.ç,o-:ipw TY, Dam. 109,10 : -ô'cox

a

B, Procl. suppl. com. 1 263,8 -otc'oojW |]C 5 ouv cm,W |J

d i l/.âaTOj :

i/.aa'ov TYII

ô>: dj T, Dam. 109,13 (.\*) ||d 3 Ih YW: w B o>

TIId 4 [JT]

om. B[jajTOiv : aÙTov W

[|d 5 oOv auvouo W : ojv oJo B

aJv Bjo T suvojo Steph. j]e :>. 'i... e 4 ^cj om. T*

||e 4 où/c àvdty/.Yj....

e 5 ôuoiv ovToiv /.al in marg. infer. habet W|[e 6 ovTotv : -tcov W

||

Tpia 'c TYW, Dam. 110,17 : ~î -oia B||ouo 'Uç in marg. B (sine

ace.) et legit Procl. suppl. com. 1262,16: -otç ojo uoluit Dam. -ofa

0.; B Stç Tsîa TYW, Dam. 110,16.

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144 a PARMÈNIDË ^»

concevoir qu'il reste un nombre à qui il soit possible de ne

pas être? — Ce n'est concevable d'aucune manière. — Dumoment donc qu'il y a un, il y aura nécessairement nombre.

— Nécessairement. — Y ayant nombre, il y aura pluralité,

infinie multiplicité des êtres;car on ne peut nier que le nombre

ainsi s'engendrant ne soît multiplicité infinie et ne participeà l'être* ? — Il y participe très certainement. — Si donc le

tout du nombre participe à l'être, cbaque partie du nombre v

participera aussi ? — Assurément.

b . .A. toute la réalité donc, en sa multi-

^eVUnensoi'^

plicité, l'être a été donné en partage et il

ne manque à rien de ce qui est, ni au

plus petit ni au plus grand? D'ailleurs, poser la questionn'est-il pas absurde et vois-tu un moyen que l'être manquâtà rien de ce qui est ? — Il n'y en a point.

— Il se détaille

donc à l'extrême, en aussi petit que possible, en aussi grand

que possible, en toute variété concevable. Son morcellement

csurpasse

tout. Lesparties

de son être sont une infinité. —11 en est réellement ainsi. — Ses parties sont donc ce qu'il

y a de plus nombreux. — Ce qu'il y a de plus nombreux,

certainement. — Eh bien, est-il quelque partie qui soit frag-

ment de l'être, mais « pas un » fragment ? — Comment,

alors, serait-elle « quelque »? — Tout au contraire, à mon

avis, du moment qu'il est et tout le temps qu'il est, chaque

fragment en est nécessairement toujours « quelque un »;n'en

être « pas un » lui est impossible. — Nécessairement. — Donc,à toute partie singulière de l'être s'attache l'Un : il ne

manque à aucune, plus petite ou plus grande ou quelle

d qu'elle soit. — Certainement. — Est-ce que donc lui, qui est

un, serait, tout entier à la fois, en plusieurs lieux présent?Considère un peu ce point.

— Je considère, et je vois

que c'est impossible.— S'il n'y est tout entier, il y est

donc morcelé;

car s'appliquer à la fois à tous les morceauxde l'être, il ne le pourra qu'en se morcelant. — C'est vrai.

— Mais ce qui se morcelle se multiplie nécessairement autant

de fois qu'ila de morceaux. — Nécessairement. — Nous

I . En quel sens peut-on dire que le nombre est infini ? Les néo-

platoniciens essaieront, ici encore, de concilier Aristote et Platon. Cf.

Plotin, Enn. VL 2 et 17 ; Damascius, Ruelle, II, 83-83, Chaignet.

p. 269-273.

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8a IIAPMENIAHL 144 a

ye.— Et apa laTLV êv, àvâyicr) ical àpu8^i6v EÎvat. — 'Av-

âyKT].— 'AAAà ^r)v àptS^oO yc ovtoç noXXà av

elt]Kal

TrXfjSoq ôcTtELpov TCùv ovTovf\

oÔK ariEipoç àptS^ièç nXrjBEL

Kal jiETÉ>(Cûv ouaiaç ylyvExat : — Kal nàvu yE. — OukoOv

si Tiaç otpL6|i6ç oualaç jiETÉ)(Et, Kal tô ^6ptov EKaaTov toO

àpiQ\xod ^ET£)(OL av auxfjq ;

— Nal.

'EttI TtdvTa apa TToXXà Svxai^

ouala v£VÉ^iT]Tat Kal ou8e- b

vôç ànoaTaTEt tcûv ovtcùv, oute toO ajjiLKpoTécTou oÔte toO

jiEylaxou :

fjtoOto ^èv Kal aXoyov IpÉaSat ; ncoç yàp Sv 5r]

ouata yE xcdv ovtcùv tou aTToaTaTot; — OôSa^iwç. — Kaxa-

KEKEp^àTLaxai âpa <*><; oî6v te a^icKpixaTa Kal ^léyiaxa Kal

T[avxa)(coç ovxa, Kal ^E^éptaxai nàvxcov ^àXtaxa, Kal saxt

jiÉpri ànépavxa xfjç ouataç. — "Ex^*- °^'^^- — HXEÎaxa c

apa EQxl xàjJiéprj auxfjç,

— flXEiaxa jaévxol.— Tl ouv :

iaxt XL aùxcDv o saxt ^lèv ^Époc; xf]<; oualaç, ouSèv ^évxol

^Époç :

— Kal TiSq av xt xoOxo yévoixo ;

— 'AXX' EÏTiEp

yE oîjiaL laxtv, avàyKrj auxô aEi, EoartEp âvf\,

ev yé xl

ELvat, ^iTiSèv 8è àSiJvaxov. — 'AvàyKT^.—

ripèç anavxL

apa EKaaxw xôxî^c; oualac; ^lipsi. TtpoaEaxtv x6 ev, oûk

àîToXELTlé^EVOV OÙXE a^LKpOXÉpOU OÔXE ^El^OVOÇ \X.à.pO\iÇ

odxE êiAXou otô8ev6ç.— Oôxco. — *Apa o3v ev 8v TioXXa)(oO d

a^a ÎSXov laxl ; xoOxo a8pEi. — 'AXX' à8pS Kal ôpô bxi

àSùvaxov. — ME^iEpLO^Évov apa, EÏTCEp ^f]8Xov aXXcoç yàp

7T0U ouSa^coç a^a anaat xoiç xi^ç oualaç ^épEaiv TrapÉaxaL

f\ ^E^iEptaj^Évov .— Nat. — Kal ^t]v tô yE \iEpia'zbv TioXXf]

àvdyKT] EÎvat xoaauxa oaaTTEp \ikpr[.—

'Av<iyKr|.— Oôk

144 a a-cipo; B, Dam. ni,6: -ov ï -ov YW, Dam. io5,i7(ja 7 oùaia; : --a B

f|b 3 8f, :

f^Stob. I xi, 6 (vol. I p. i33 W.) ij

b 4

TOU TY: xoj BW* Ttvoç in marg. W tô Procli suppl. A[|

àTCoaTaxoî

Y: -El B -o: supra si TW -siv Procli A -oir, Stob.||C 3 apa om. Y'

||

c4^i Wlegit Dam. ii2,i3: toiBTY[j el'nep B, Dam. iii,2/i: ind-mc

TYWIIC 5 éoicncep BY etcorr. Damascii A : (octzcg TW, Dam. 1 1 1,25

IlC 7 éxacj-coj uel delendum uel ixdaxoTe scribendum susp. Stallbaum

secl. Burnet sed legit Dam. 112,18 ||d 4 îcou : xok B

||âaa -aat

malit Heindorf,

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144 d PARMÉMDE 83

avons donc eu tort de dire tout à Theure que les parties en

lesquelles l'être se distribue étaient ce qu'il y a de plus nom-breux. Son morcellement, en effet, ne dépasse point celui de

e l'Un; il lui est, au contraire, semble-t-il, exactement égal.Ni l'être, en ellet, n'est en reste sur l'Un, ni TUn en reste

sur l'être : mais ils font là paire et mutuellement s'égalent en

toutet toujours'.— Ils en ont tout à fait l'air. — Donc l'Un

lui-même, en ce détail où le fractionne l'être, est pluralité et

infinie multiplicité.— Ce semble. — Ce n'est donc pas seule-

ment à l'Un qui est qu'appartient la multiplicité : l'Un en

soi,

quel'être distribue, est,

parlà, nécessairement, lui aussi,

multiple. — C'est parfaitement exact.

, . .^ ^ „. Pourtant c'est d'un tout que les partiesLimites et Figure. ^ .. » i.tt * ^ * ^

sont parties, et 1 Un, en tant que tout,

sera donc limité;car il est bien admis que le tout enveloppe

145 a les parties?— Nécessairement. — Or ce qui enveloppe est

limite. — Sans conteste. — Donc l'Un qui est sera, peut-on

dire, un et multiple, tout et parties, fini et infini en quantité.—Apparemment.

— Parce que limité, n'aura-t-il pas des

extrémités? — Nécessairement. — Mais quoi, en tant quetout, n'aura-t-il pas aussi commencement, milieu et fin ? Ou

conçois-tu un tout sans cette triple distinction ? Que l'une

quelconque vienne à lui manquer, se laissera-t-il encore

appeler un tout? — Il s'y refusera. — Donc l'Un aura, ce

semble, commencement, fin et milieu.—

Certainement. —b Or le milieu est à égale distance des extrémités, sans quoi il

ne serait pas milieu. — En effet. — L'Un, à ce compte, par-

ticipera, semble-t-il, à une figure, disons figure droite, figure

ronde ou quelque figure mixte. — Il faut s'y attendre.

Ne sera-t-il pas, à ce compte, en soi etoi ei ^n̂

622 autrui.

Inclusion en soi et^^ ^^^^^ ^^^ ^^^ ^ __ Comment cela ?

Chaque partie, peut-on dire, est dans le

tout; il n'y en a aucune qui soit en dehors du tout. —

I. Aristote enseignera, lui aussi, à sa manière, ce parallélisme de

l'être et de l'Un : autant l'Un a d'espèces, autant l'être en a (ioo3 b,

33) ;l'être et l'unité sont une seule et même nature

;ils ne vont

point l'un sans l'autre (f6., 23), etc. Plotin dira: toute réalité doit

son être à la « trace »

que

l'Un laisse en elle (Enn. V, V, 5, 52^ b).

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83 IIATMENIAHÏ 144 d

apa àXr)6f| apTt eXéyo^Ev XéyovTsc; wq TiXEiaxa tiép^ "^

ouata veve^jiri^évr) surj.Ouôè yàp ttXelco toO êvoq vEvÉ^rjTai,

àXX' taa, àq eolke, to évr oute yô^P^^ô

ov toO evôc; àno- e

XELTlETaL OXilS. TO EV ToO SvTOC;, àXX" E^jLaoOo'SoV Suo OVTE

aEL Tiapà TiâvTa. — riavTocnaaLV outco <|)a'LVETaL.— Tô

EV apa auTÔ KEKEp^aTtajiÉvov unô Tfjq ouataç noXXà te

ical aruELpa t6 TiXfjBoc; laTLV. — <l'alvETaL. — Ou ^6vov

apa t6 ov ev ttoXXoc eotiv, aXXdc koI auTÔ t6 ev ûttô toO

bvTOc; StavEVE^jirj^Évov

rroXXààvàyKr)

EÎvai. — riavTdTTaaL

(jiÈvoSv.

Kal ^f]v OTL yE bXou Ta |iopLa ^opia, TiE-nEpaa^Évov otv

ELf) KaTà TO bXoV TO EVf\

OU TTEpLÉ)(ETaL UTTO ToO oXoU Ttt

^opta ;

—'Av<xy<rj.

— 'AXXà^if]v

t6 y£ TCEpL£)(^ov rrépac; av 145 a

ELT].—

ricoc; ô' ou :— T6 EV apa ôv ev té kaii nou «cal

T[oXXà, Kal bXov Kal jiôpLa, Kal TUETïEpaojjiÉvov Kal artELpov

nXfjBEL. <f>aLVETaU. —-

''Ap' oSv OUK, ETtELTIEp TIETIEpa-

a^Évov, Kal £a)(aTa ex^^ '-

—'AvàyKr] .

— Ti Se;

el bXov,

ou Kal àp^i^v av ex^i^ k«^ jiÉaov Kal teXeuti^v ; f)oT6v té ti

bXoV EÎvaL èlVEU TpLÔV TOUTCOV;

KOCV TOU EV ÔTLOCV aUTOV

ànocTaTT], EBEXrjaEL etu bXov EÎvai. :

— Ouk E8EXr)a£L.—

Kal àpxr|v 5f|, dSq eolkev. Kal teXeuttjv Kal ^Éaov exo»- «v b

t6 ev. — "ExoL. — 'AXXà ^f]v TO yE ^Éaov taov tcov èay^â.-

Tcov àrtÉxEf où yàp av aXXcoç ^lÉaov elt).— Où yàp.

—Kal Qxrj^otToc; 8i'-] tlvoç, àq eolke, toloutov 8v ^etéxol ocv

TÔ EV, fJTot eùBéoc; f] OTpoyyùXou fj Ttvoq ^eiktoO !£, à^cjjoîv.

— Metéxol yàp av.

''Ap' OUV OUTCOÇ EX^V OÙK aUTO TE EV EaUTCO EOTat Kal EV

aXXcp ; — riûùc; ;

— Tcov ^Epcov rtou EKacTov Iv tû bXcp

e I -o'j cm. Y(I

e 3 -aoà cm. Y||

e 6 ov ;v BYVV Procl. suppl.Dam. I20,i8: ëv T £v ov ïhomson ov Slallbaum

jje 9 o": : o-.z W

Il145 a I TÔ ys: xa't tô Y

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Buraet : o' s: TW oa: Y et in ras. B||a où /.al : où/. B

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conieceral Schleiermacher : tou BTWjjb i i/oi

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cm. Y.

Mil. I

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45 b PARMÉNIDE 8/»

Aucune. — Or toutes les parties sont enveloppées par le tout?

c Oui. — Mais l'Ln est la totalité de ses propres parties: il

n'est ni en excès ni en défaut sur leur total. — En effet. —Mais le tout, à son tour, n'est-ce pas aussi bien TUn ? —Gomment imaginer le contraire ? — Ainsi la totalité des par-

ties est contenue dans le tout, et cette totalité est l'Un au

même titre que le tout lui-même, et cette totalité est enveloppée

par le tout. C'est donc l'Un qui enveloppe l'Un et voici, de

la sorte, acquis que l'Un est en soi. — Gela parait bien. —D'autre part, le tout, en tant que tel, n'est point dans les

parties; il n'est ni dans toutes ni dans l'une d'entre elles*.

d Être dans toutes, en effet, le forcerait d'être dans une; car, à

supposer que, dans une, il ne fût pas, il ne pourrait certes

plus être en toutes. Or l'un que fait cette une compte dans la

totalité;

si le tout n'y est pas, comment pourra-t-il être

encore dans la totalité ? — Il ne le saurait d'aucune manière.

— II n'est pas davantage en quelques-unes des parties : quele

tout, en effet,soit

dans quelques parties,le

plussera dans

le moins, ce qui est impossible. — Impossible en effet. —Puisque le tout n'est ni en plusieurs, ni en une, ni en la tota-

lité des parties, ne sera-t-il pas nécessairement en autre quesoi sous peine de n'être nulle part?

— Nécessairement. — Or,

e à n'être nulle pari, n'est-ce pas, il ne serait rien; el, comme

il est tout et n'est point en soi, il est nécessairement en autre

que soi ?— Très certainement.— Donc l'Un, en tant que tout,

est en autre que soi; mais, en tant que totalité des parties,

il est en soi. Ainsi l'Un est nécessairement en soi et en autre

que soi. — Nécessairement.

Si rUn est de cette nature, ne sera-t-ilouvemen

^^^ nécessairement et mù et immobile''

— Pour quelle raison ? — U est immo-

bile, peut-on dire, dès là qu'il est en soi ; car un est son146 a emplacement, il n'en change point et, partant, est dans le

même emplacement, en soi-même. — C'est vrai. — Or ce quiest toujours dans le même emplacement ne peut, certes,

qu'être éternellement immobile. — Parfaitement. — Mais

I. « L'aporle sur le tout et les parties » était un lieu commua des

discussions dialectiques : cf. Aristote, Top. i5oa, ib-2i, Phys. i85b.

ii-itt; Sextus, Hypotyp. III, 98-101, Adv. math. IX. 33i-358.

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s/, nAPMENIAHS 145 b

èati Kal ouSèv Iktôç toO oXou. — Outco. — ndcvxa ôè xà

(iÉpr|ÛTTÔ ToO bXou TXEpikyEian. ;

— Nat. — Kal ^f^v toc yc C

TtàvTa \ié.pr\ là. auToO t6 ev Iœtl, Kal oùte tl ttXéov ©{(te

IXaTTovf^

TTocvTa. — Ou ydcp.— OukoOv ical tô bXov tô ev

EOTiv;

—ricùc; S' ou ;

— El àpa nàvTa Ta ^£pr) £v bXcù

TUY)(dvEL ovxa, egtl 8è Ta te TtàvTa t6 ev Kal aÔTo t6 SXov,

TtEpL£)(eTaL 8È ÛTTo ToO oXou Ttt TiàvTa. ÛTt6 Tou Evôc; âv

'TTEpL£)(OLTO TO EV, Kal OUTOÇ âv

f]8r|TO EV aUTO EV EaUTÔ

EÏrj.

— <t>aiveTat.

— 'AXXà jjiévtol t6 ye bXov aô ouk ev

Totc; ^ÉpEGiv laTLV, oÔTE EV TiSaiv oÔTE EV TuvL. Et yàp âv

Txaatv, àvàyKri Kal ev évl* Iv tlvl yàp Ivljif]

ov ouk Sv eti d

Tiou Si&vaiTO ev ye &TtaaLV etvaf et Se toOto ^èv tô ev tôv

ànàvTcov èaTt, t6 Se 8Xov ev ToliTcajir] Ivl. ttcûç Iti ev ye

TOLÇ TtSatv evéaTat :—

OôSa^iQÇ.— OuSè

jxrjvIv Tual tôv

^AEpcovet

yàpev Ttal t6 oXov

etr),

t6 ttXéov av Iv tô IXàT-

Tovi ELT],b laTLV à5\3vaTov. — 'ASiJvaTOV yàp. — Mf] ov

5' EV TiXÉocrtv\iT]B'

EV evl^rjS' Iv aTiaffL toîç ^épEai t6 bXov

OUK àvàyKr) Iv ETÉpcp tlvI EÎvatî^ ^T]8a^oO etl EÎvai

;

—'AvàyKrj.

- OuKouv ^rjSa^oO ^èv 8v ouSèv àvelt).

bXov Se e

Sv, eTreiSf] ouk cv auTw eaTtv, àvàyKr) ev aXXcû etvai. ;—

riàvu ye.— "^Hl ^èv àpa t6 ev bXov, Iv àXXcp laTiv

f\SI Ta

TtàvTa(lépr)

8vTa Tuy^àvei, auTo cv éauTÔ* Kal outcù tô

ëv àvàyKT] aÛTÔ Te ev eauTÔ etvat Kal ev cTÉpo.—

'AvàyKT).

OuTcoBt\ T[ecf>UKÔc; tô ev ap' ouk àvàyKr) Kal KLvetaSat

Kal éaTàvaL ;—

nrj ;

-—"EaTrjKE ^Év nou, EtnEp auTÔ Iv

éauT^ caTLV èv yàp Ivl ov Kal ek toVjtou ^f) jjiETaBatvov Iv 44.5 a

TÔ aÔTCù âvEtr), Iv éauTÔ. — "Ectl yàp.

-— Tô SI yE Iv tô

auTÔ aEl 3v ECTÔq Srj-nou àvàyKr] oeI eîvai. — Flàvu ye. —

C 2 Tl : -0 B[jc 5 /ai xùzô To ôXov... C 7 "ô év, habcl in marg.

VVIIC 7 èv om. Y

Jlc 9 Tivi : Ttaî Schleiermacher

||d 3 ëv. corr. Ven.

189 : £vî BW et ex "ivt ut uidetur Y svi T||

Iti om. W])d 4 £V£r:ai

Procl. suppl. lem.: k'v 'h-x: BTYW Icgisse uidetur Procl. suppl. com.

1266,18 IIe 5 ante zhx: add. -£ Y

||e 7 ~oj : ek to: corr. Y

\\146

a 3 Ittoç BT : -foç constanter YVV.

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146 a PAUMÉMDL 85

quoi? ce qui est toujours dans un autre ne sera-l-il pas, parune nécessité inverse, incapable d'être jamais dans le même?

N'étant jamaisdans le

même,il

ne sera point non plusimmobile. N'étant pas immobile, il sera mù, n'est-ce pas? —Certainement. — 11 est donc inévitable que l'Un, éternelle-

ment en soi et en autre que soi, éternellement soit immobile

et mû. — A ce qu'il paraît.

Illui faudra, en outre, être identique à

Identité soi et différent de soi, identique aussi

b et Différence. j^j^^ ^^^ ^^^^^.^ ^^ différent des Autres,(Preuve .

par élimination.)^^ moment qu'il supporte les relations

que nous venons de voir. — Gomment

cela ? — Telle est, peut-on dire, la relation de tout avec

tout : elle est identité ou différence; ou bien, là où il n'y a

ni différence ni identité, il y a relation de partie à tout ou de

tout à partie.—

Apparemment.— L'Un est-il donc partie

de soi-même? — En aucune façon. —Il n'aura donc point

non plus, â légard de soi-même, rapport de tout à partie, de soi

tout à soi partie.— Il ne peut l'avoir, en effet. — Est-ce

c ([u'alors l'Un est autre qu'un?— Non. certes. — Il ne sera

donc pas différent de soi. — Assurément non. — Si donc il

n'est, par rapport à soi-même, ni différent, ni tout, ni par-

tie, ne le voilà-t-11 pas dès lors contraint d'être identique à

soi-même? — Si fait. — Maisquoi,

ce

qui

est ailleurs

queson propre soi, pendant que celui-ci demeure stable en

soi, cela n'est-il pas, par ce fait d'être ailleurs, autre quesoi-même? — Si, à mon avis. — Or tel nous est apparu

l'Un, à la fois en soi et en autre que soi. — C'est exact. —Par là donc, semble-t-il, l'Un sera différent de soi. — 11

d semble bien. — Eh bien, différer de quoi que ce soit ne

suppose-t-il pas que soit différent ce de quoi l'on diffère?

— Nécessairement. — Donc tout ce qui n'est pas un est dif-

férent de l'Un, et l'Un est différent des non-un? — Incon-

testablement. — L'Un sera donc différent des Autres. — Il

sera dliVérent. — Vois donc : l'identique, pris en soi, et le

différent ne sont-ils pas mutuellement contraires? — Sans

aucun doute. — Est-ce que l'identique acceptera de résider

dans le différent ou le différent dans l'identique ? — Ils ne

le voudront point.

— Sijamais

le différent nepeut

être dans

l'identique,il n'y a aucun être en qui le différent puisse être

Page 135: Platon, 8.1 Parmenide

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85 nAPMEXIAHX 146 a

Tt 8é : t6 Iv kxkpcù àsi ov ou t6 IvavTiov àvocyKrj ^riSÉnoT"

Iv TauTco ELvat, ^r|SéT[OT£ Se ov Iv tco auTco ^r|S£ laxàvaL,

^r) écTÔç Se KcvetaBat :— Outcoç. — 'AvdcyKri apa t6 ev,

aÙTO TE EV laUTCO OLSl 8v Kal EV ETÉpCp, OLEL KLVEXdSal TE Kttl

laTocvaL. — <î>aLVETaL.

Kal^if]v

TttUTov yE Sel Etvai auTo âauTÔ <al ETEpov

éauToO, Kal toîç aXXotq waaÛTCoc; TauTov te Kal ETEpov b

EÎvat, ELTCEp Kal Ta npôoQEM TTÉTtovSEV. — HQç ;— nSv

Ttou TTpoc; ocTiav o8ee)(el, f|

TauTÔv laTLVr\ ETEpov t\

làv

(if)TauTÔv

rj ^r)ô' ETEpov. ^Époq avelx]

toutou rupôc; b ou-

Tcoq è')(Eu, f] <oç Tcpèc; (lÉpoç bXov avelt].

— <l>aLVETaL. —^Ap^ o3v TÔ EV auTÔ auTou ^Époç èaTiv ;

—OuSa^coq.

—Oùô" apa à><; rrpôc; ^lÉpoq; auTÔ auToO bXov av

Etr), Tip6ç

lauTÔ ^Époç bv. — Ou yàp otbv te. — 'AXX" apa ETEpov

EQTLv Evôç TO EV ;— Ou Sf^Ttt.

— Oi58' ôtpa âauToO yE ete- c

pOV av ELf). Ou ^ÉVTOL. El o3v t^r|T£ ETEpov ^^TjTE

bXov{JirjTE \xtpoq auTÔ -npôc; lauTÔ laTiv, oùk àvàyKr) fjSrj

TaÔTov EÎvat auTÔ àauTÔ ;—

'AvàyKfj.— Tl Se

;t6 eté-

pcoSi ov auTo lauToO ev to auTÔ Svtoc; âauTcp ouk àvàyKT]

auTÔ EauTOu ETEpov EÎvaL, ELTiEp Kal ETÉpcoBi ECTat :

"E^OtyE SoKEL. OÎJTCO|jlf|V £<p6LVr] S.\0\>

t6 EV. aUTO TE EV

éauTÔ 8v ajia Kal Iv ETÉpcp, — 'E(|)àvT^ yàp. — "'ETEpov

apa. àq eolkev, EÏrj TauTr| av lauToO t6 ev. — "Eolkev. —Tl OUV : e'l TOU tl ETEpov IgTIV , 0Ù)( ETÉpOU OVTOq ETEpOV d

EQTaL :—

'AvàyKr|.—- Oukouv baa

(ir]ev Iotiv. arravS'

ETEpa TOU Evoq, Kat TO EV Tcov^f^

EV ;—

ricoc; S' ou :—

"ETEpov apa avEÏr| tô ev tcov aXXcov. — "ETEpov.

— "Opa

Si]" aÙTo TE TauTÔv Kal TÔ ETEpov Sp'ouK IvavTta àXXrjXoiç ;

— ricoç S' oô;

— *H o3v E8EXf)aEL TauTÔv Iv tô ETÉpw î^

TÔ ETEpov EV TaUTCp TTOTE EÎvaL ; OuK l9EXr]aEL. El

a 4 ~'J iv:Tff)

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ellegit Procl. suppl, com. 12O7.38 Dam. 186,7: oj/. T\\\||c 4 t'>

om. YIId I 3V -rjj -i G : £•: 'oj-i BTYW tl tov t- Procii suppl.

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Page 136: Platon, 8.1 Parmenide

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146 e PARMENIDE 85

€ pour une durée quelconque. Si peu de temps qu'il fût en unêtre quelconque, tout ce temps, en effet, c'est dans l'iden-

tique que serait le différent. N'est-ce pas vrai ? — Si fait. —Puisque donc il n'est jamais dans l'identique, le dilîérent

ne sera jamais en rien de ce qui est. — C'est vrai. — Le

différent ne sera donc ni dans les non-un ni dans l'Un. —Non certes. — Ce n'est donc point par le différent que l'Un

sera différent des non-un ou les non-un différents de l'Un.— En effet. — Ce n'est pourtant point par eux-mêmes

qu'ils auront cette différence mutuelle, puisqu'ils ne par-

ticipent pointau différent- —

Quile voudrait soutenir?

147 a — Si ce n'est ni par eux-mêmes ni par le différent qu'ils

diffèrent, n'échappent-ils pas dès lors, d'une façon absolue,

à toute différence réciproque.''— Ils y échappent réellement.

— Mais les non-un n'ont pas davantage participation à l'Un ;

sans quoi ils ne seraient pas non-un, ils seraient un de quel-

que façon. — C'est vrai. — Les non-un ne seront point

nombre, non plus ; car, de cette façon encore, ils ne seraient

plus du tout non-un, du moment qu'ils auraient nombre.— En effet. — Eh quoi, les non-un seront-ils donc parties de

l'Un? Ou serait-ce là encore participation des non-un à l'Un?

b — Ce le serait. — Si donc c'est d'unc^ façon absolue quecelui-ci est un et ceux-là non-un, TUn ne sera, ni partie des

non-un, ni tout dont les non-un seraient parties. Les non-un

à leur tour ne seront, ni parties de l'Un, ni touts dont l'Un

soit partie. — En effet.

— Mais nous avons dit : là où il n'ya pas relation mutuelle de partie à tout, de tout à partie ou

de différence, il y aura identité*. — C'est bien ce que nous

avons dit. — Faut-il donc affirmer que l'Un, qui n'a, avec

les non-un, aucune de ces relations, leur est identique?—

11 le faut affirmer. — L'Un donc, à ce qu'il semble, est dif-

férent des Autres et de soi et, tout aussi bien, identique à

eux et à soi. — A suivre l'argument, la conclusion risque

d'être probable.

I . Cu raisonnemeni « consiste à éliminer trois des parties de la

division pour montrer la vérité de la quatrième ». Il était déjà très

critiqué par les anciens, qui attaquaient et le principe de la méthode

et le détail des preuves, « car, ici, Parménide semble se jouer, et quel-

ques-uns mêmes ont cru que ce n'était qu'un étalage de vaine so-

phistique»

(Damascius,trad.

Ghaignet,IIL

^-j;Ruelle,

II, i86).

Page 137: Platon, 8.1 Parmenide

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86 nAPMKNIAHS 146 d

Spa TÔ Exepov ev t& auTÔ ^it^Sétiote eaTau. oûSèw faxi tôv

ovTCov Iv S e<7tIv t6 ETEpov )(p6vov oijSÉva' El yàp ôvTLVoOv e

Eir) EV TO, EKELVOV Sv t6v ^pOVOV EV TaUTCÛEirj

TÔ ETEpOV.

Oô)( ouTcoç ; — OÎJTOÇ.— 'EnEiSf] 8' ouSétiote Iv tô aux©

âaTLV, OuSÉTTOTE ev TLVL TCOV OVTCOV àvELTj

TÔ ETEpOV.

'AXr)9fj.— Oôt" apa ev Toîq \i-f]

ev oute ev tô evIèvEtr^ âv

t6 ETEpov.— Oô yàp o3v. — Oôk àpa tô ETÉpç y' ^v

eït)

t6 ev tôv^f|

EV oôSè Ta^if)

iv toO evôç ETEpa.— Oiu ydcp.

— OôSèjifjv éauTOLÇ yE EXEp' &v

elt^ àXXfjXcov, \ir] (jleté-

)(ovTa ToO ETÉpou. — Flôq yàp :

— Et 8e jArjTE aÛToîç 147 a

êTcpà laTL jirjTEtô ETÉp», ou TtdvTr) âv

i\Br\ EK(|)iEÙyot tô

jjiT^ ETEpa EÎvai àXXfjXov ;—

'EKc|)£\3yoL.— 'AXXà ^f]v ou8è

ToO Ev6c; yE (iETÉ)(EL Ta^f|

EV ou yàp av\xr]

ev ^v, àXXà

Tir|âv EV î^v.

—'AXrjBf].

— OuS' âv àptS^ôc; elt] apa Ta^ii^

êv oôSè yàp av oOtco ^i\ ev t^v TravTàTiaaLV, àptS^iov yE

£)^ovTa. — Ou yàp o3v. — Tl 8é ; Ta ^r\ ev toO evôç apa

^i6ptà laTLV :T]

kSlv oOtoo jieteÎ)(^etoO âvèq Ta

jjif]ev

;

—Metel)(ev.

— El apa TTàvTr| t6 ^èv ev ectl, Ta Se^f] ev, b

out' âv{jioptov

TÔv ^f]iv tô ev

Eir)oute oXov àq ^oplcov

oïÏTE aC Ta\ir\

iv toO evoç ^lopi-a,oîJte bXa 6c; (lopto» tô

êvt. — Ou yàp.— 'AXXà ^i^v Icpa^Ev Ta ^irjTE ^àpua ^if)TE

bXa ^rjTE ETEpa àXXfjXoov TauTà lasaBat àXXrjXotc;.

—''E<|>a^jiEv yàp. — <î>co^Ev apa Kal tô ev Ttpôc; Ta

\xr]iv

oÎJTCùc; E)(ov TÔ auTÔ EÎvat aÔTOÎc; ;

—<t>S^£v,

— Tô iv

&pa, ôiç EOLJCEv, ETEp6v TE Twv SXXcov eotIv Kal EauToO Kal

TauTÔv EKEuvoLc; TE Kal EauTÔ. — KivouvEiJEt c^atvEaSai Ik

ye ToC Xàyou.

d 8 -o) aùx(o: Toj-co) Dam. 19^,8 jj6 2 Tto liT ; tôî Y xw VV

]|

e 3 O'j^iT-.oxB : o\j7:ozi W|j

e 4 £v Ttvt ; êv xt W|j

6 5 âvet'i)W

Dam. ig/i^ii : evst'r)

BetV, TY, Procl. siippl. corn. 1268,40 ||

147

a 2 av ^'or^ ÏY'W, Dam. 194, i3 : 7]8tj av B|j s/.scôyot B Dam.:

-jyot TYW IIa 3 âxçe'jyo- ^^Y : -jyoi W

||a 4 ^v :'r,

T||a 5 -à : xô

WIIb I r.ivxr. : ::avxî T

jjb 2 aoûituv corr. Yen. 189 : -tou BTW

Procl. suppi. p.dc:ûv Y[|b 3 txdpta : txopioj B '^opioy Procl. snppl.

com. 1269,29 jjb 6 xà : xô B

IIb 7 I/ov xci : syovxa W*.

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U7 c PARMÉNIDE 87

c Sera-t-il aussi et semblable et disseiii-Ressemblance 1 1 ui ^ • • * a » -^

et dissemblance.^**^^® ^ soi-même et aux Autres? —Peut-être. — Puisque lui s'est révélé

dilTérent des Autres, les Autres, peut-on dire, seront eux-mêmes différents de lui. — Eh bien ? — N'est-ce pas en cette

mesure qu'il est différent des Autres, en la mesure où les

Autres sont différents de lui, ni plus ni moins? — Si; et

après?— Ni plus ni moins, donc semblablement. — Oui. —

Mais alors c'est pareillement qu'il est différent des Autres et

les Autres différents de lui;et c'est là une identité que sup-

portentl'Un

par rapportaux Autres et les Autres

par rap-d port à l'Un. — Que veux-tu dire? — Ceci : n'est-ce pas à un

objet que tu appliques chaque nom? — Si, à ce que je

crois. — Mais quoi, un seul et même nom, tu peux le répé-ter ou ne le dire qu'une fois? — M'est avis. — Penses-tu, à

ne le dire qu'une ibis, désigner Tobjet auquel appartient le

nom, mais, à le dire plusieurs fois, autre chose que l'objet?

Ou bien, que tu prononces le même nom une ou plusieurs fois,

n'est-ce pas, de toute nécessité, exprimer toujours le mêmeobjet?

— Comment donc! — Eh bien, le différent n'est-il

pas un nom qui s'applique à un objet?—

Si, très certaine-

ment. — Lorsque donc tu le prononces, une fois ou plu-

e sieurs, il n'importe, ce à quoi tu l'appliques, ce que tu dési-

gnes par lui n'est autre que l'objet dont il est proprement le

nom. — Nécessairement. — Ainsi, quand nous disons les

Autres différents de l'Un et l'Un différent des Autres, cettedouble énonciation du différent n'a point pour effet d'en

transporter le nom sur une nature nouvelle;elle ne désigne,

à une fois comme à l'autre, que cette nature propre à laquelle

le nom appartient originellement.— C'est complètement

exact. — Kn tant donc que l'Un est différent des Autres et

148 a les Autres différents de l'Un, le fait même de cette différence

imprime

à l'Un, nonpas

un autre caractère, mais le mêmecaractère qu'aux Autres'. Or ce qui a, de quelque manière,

même caractère est semblable, n'est-il pas vrai? — Assuré-

ment. — En ce fait donc et par ce fait d'être constitué diffé-

rent des Autres, l'Un sera tout entier semblable aux Autres

I. Sous ces entrecroisements de déductions sophistiques, Pla-

ton emploie et combine des sch'^mes dialectiques déterminés. Cf.

p. 98.

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87 IIAPMENIAHS 147 c

"^Ap' ouv Kal o^OLOv Te <al àvo^iotov eauTÔ te Kal tolc; c

aXXoLÇ ;

— "lacoç.—

'EttelÔt] yoOv ETepov tôv aXXcov

IcpàvT], Kal TttXXdc Ttou ETEpa étv EKELVOU EÏr),— Tl ^r)V ;

—OuKoOv OUTCOÇ ETEpOV TOV ttXXcOV, ÔOTtEp Kal xSXXa EKEtVOU,

Kal oÔTE ^ocXXov ouTE fjTTov ;

— Tt yàp av;

— El apa

^f|TE ^lolXXov tirjTE fJTTov, ô^oLcoç.— Nai. — OuKoOv

rj

ETEpov EÎvaL ttéttovBev tôv ttXXcov Kal xSXXa ekeIvou waaù-

Tcoq, TaÙTT] TauTov étv TrETtov86Ta eTev t6 te ev toÎç aXXoLÇ

Kal TaXXa Tcp evI. — rioûc; XÉyELÇ ;

— ^OÔe' EKaoTOv tcov d

ôvo^aTCûv ouK errl tlvl KaXEÎc; ; — ^'EycoyE. — Tl ouv ; t6

auTÔ ovopa eÏtcolc; av tiXecvockiç f\ arua^, ;

—^'EycoyE.

—rioTEpOV ouv làv ^ÈV QL-UOlE, ELTirjC;,

EKELVO TtpOQayopEIJELÇ

OUTUÉp EQTL T0vfv0(jia, làv SE TtoXXoCKLC;. OUK EKELVO :f^

EOCVTE

arta^ eAvte rtoXXaKLÇ TauTÔv 8vo^a {|)6£y£,r|. ttoXX^j àvàyKT)

ae. TttUTèv Kal XéyEuv asl;— Tl ^r)v ;

— Oukouv Kal t6

ETEpov ovojjià èaTtv ETit tlvl; — ndcvu ys, — "ÛTav apa

auTo(|)6Éyyr|,

làvTE ana^ eoivte TuoXXaKLc;, oiôk etC aXXcpe

OuSÈ aXXo TL ÔVO^à^ELÇ f^EKELVO OUTTEp fjv OVO^a.

'AvàyKrj.— "OTav

Sf] XéycojjiEv otl ETEpov [lèv TotXXa toO

ivoç, ETEpov ôè t6 ev tcov aXXcov, Sic t6 ETEpov elti6vte<;

ouSév tl (iôlXXov ETï'aXXr|,

àXX" èrC ekeIvî] Trj <|)ùaEL aÛT6

oieI XÉyo^EV fjartEp fjv Touvo^a. — Flàvu ^Èv ouv. — ''Hl

apa ETEpov TCOV aXXcov t6 ev Kal TaXXa toO ev6c;. KaT* auTo 148 a

t6 ETEpov T[ETiov9ÉvaL OUK ttXXo ocXXà t6 auTo av TiETiovBoç

ELr| t6 ev tolc; aXXoLc;" t6 Se t[ou TauTov tietiovBôc; o^olov

ovyi ;

— Nal. — '^HlSf]

tô ev ETEpov tcov aXXcov nénovBEV

EÎvaL, koct' auTÔ toOto ocTiav anaoLv S^olov aveli-j'

écnav

C â àv om. TW\\C S av -^.TOvOo'-a ilv/ : -t-oyOô-.x xv nVr, Dam.

2 11,2 II-6 : /.a: to V

jjd 4 ;j.3v

ante oJv add. Yjjd 5 oj-is : o'-ïo

aliqui apud Dam. 21 1,Gjj

e 2 k/.v.vo BW Dam.: y.i'.vo TV[j

e '>

r.v: ouv Y

|| ^ VW Dam. :

f;B ^ T

j]148 a r /.aT' aC^o -.0 ali-

qui a Dam. 2ii,i3 probati : /.x-x -x-j-6 BTYW legit Dam. ui,8/.a-à TO -.tj-ô Ilcindorf y.x-'x -rajTÔv tÔ Stallbaum /.a-râ t' xj -.6

\A"addell II a 2 av : f Y[j â 3 kv : 3v ex Ëv corr. \\ .

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148 a PARMÉNiDK «8

en Jeur entier;car c'est en son entier et d'eux en leur entier

qu'il est dilî'érent. — C'est vraisemblable. — D'autre part le

semblable est, comme tel, contraire au dissemblable. —Oui, — Le ditlérent est donc contraire à l'identique. — Ouiencore. — Or il nous est apparu, dans la déduction précé-

b dente, que l'Un est identique aux Autres. — C'est exact. —Être identique aux Autres, être dilTérent des Autres, ce sont

là caractères contraires. — Absolument. — Or, en tant quedifférent, l'Un nous est apparu semblable. — Oui. — Donc,

en tant qu'identique, il sera dissemblable, par l'eirct même

du caractère contraire au caractère qui l'a rendu semblable.Car c'est bien, j'imagine, le différent qui le rendit sem-

blable? — Oui. — Donc l'identique le rendra dissemblable,

sous peine de n'être plus contraire au diftérent. — C'est pro-c bable. — L'Un sera donc semblable et dissemblable aux

Autres; semblable en tant que différent, dissemblable en

tant qu'identique.— C'est là encore, certes, une raison que

rUn paraît bien avoir. — Mais il a encore celle-ci. —Laquelle ? — Ce qui le fait identique le fait non divers, ce

qui le fait non divers le fait non dissemblable, et, si non dis-

semblable, semblable. Ce qui le fait autre le fait divers, et.

parce que divers, dissemblable. — Tu dis vrai. — Ainsi

l'Un, et parce qu'il est identique aux Autres et parce qu'il

en est différent, sous les deux rapports et sous cbaque rap-

port, sera semblable et dissemblable aux Autres. — C'est

d tout à fait exact.

— Or il est apparu et différent de soi el

identique à soi; donc, sous les deux rapports et sous chaque

rapport, il se révélera pareillement semblable et dissemblable

à soi-même. — Inévitablement.

Nouvelle question : considère ce qu'ilL.oniH

en est du contact et non-contact de rUnet non contact. . ^ ,

. _

avec soi-même et avec les Autres. — Jesuis prêt à cet examen.— Nous avons vu que l'Un paraît bien

être en son propre tout. — Avec juste raison. — L'Un

n*est-il pas aussi dans les Autres?— Si. — Donc être dans les

Autres lui donnera contact avec les Autres; d'autre part, être

en soi l'écartera de tout contact avec les Autres, el c'est avec

soi-même qu'il aura contact par le fait d'être en soi.  —Appa-

remment. — Ainsi, à ce

pointde

vue,

l'Un aurait contact et

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8S UAPMENl^U^ 148 a

yàp à-nàvTCûv ë.rEp6\t âaxtv. — "Eokev. — "AXXà ^f)v xo

ye o[jiOLOV xô àvo^oio âvavxlov. — Nal. — OôkoOv Kal x6

Exspov x^ xauxô. — Kal xoOxo. — 'AXXà^ir^v

Kal xoOxô

y' E<{>dvT], oç apa x6 ev xotç aXXoiç xaux6v, — 'E<|)àvr) yàp. b

— TouvavxLov Se ys TiàSoc; laxl x6 Eivat xaôxôv xotc; aX-

Xotq xô EXEpov EÎvaL xôv aXXcov. — flàvu yE.— '^Hl y£

^r)v EXEpov. ojjioLov £<|)àvrj.— Nal, — *Hl apa xaux6v,

av6^oiov laxat Kaxà xouvavxlov rràSoc; xô ô^oloOvxl rràBEi.

'O^iotou Se Ttou xo EXEpov ;

— Nal. — "Avo^olcûoel apa x6

xaôxov, f|ouK Evavxlov taxai xo éxÉpcp. — ""Eolkev. —

"OjioLOv apa Kal àv6|j.ouov saxai xô iv xoîq aXXoiç, ?\ jiÈvc

fxEpov, b^oiov, fj8è xaux6v. àv6^0Lov.

—^^'^X^'- Y^P °^^

8f), oç EotKEv. Kal xotoOxov X6yov.— Kal yàp xovSe

e-ysi.

— Tlva ;— *Hl xaux6v ttéttovBe, \i^ àXXotov TiETiovSÉvat^

^1^ dXXoîov Bà TiETTov86<; ^f) àvo^oiov, [xt\ àvo^otov 8è

Sjjioiov Eivat- ^ 5" aXXo tiétiovSev. àXXoîov, aXXoîov 6à 3v

àvojjiOLOv EÎvat. — "AXi^Sf) XÉyELÇ.— Tauxov xe apa ov xô

EV xoîç âXXoLc; Kal oxl EXEpév àaii^ Kax" à^c|>6xEpa Kal Kaxà

EKOtXEpOV, S^IOLÔV XE ttVeCx]

Kal àvdjiOLOV XOLÇ aXXoLÇ. —riàvu yE.

— OuKoOv Kal âauxô àaaùxcoç, etieItiep EXEpévxE d

èauxoO Kal xauxôv éauxô £(^àvr|, Kax' à^(|)éxEpa Kal Kaxà

ticàxEpov bjioLév XE Kal àv6jiOLOv (|)avi'iaExaL ; — 'AvàyKT].

Tl Se5r) ; HEpl xoO aTTXEaSat x6 iv auxoO Kal xôv âXXcov

K«l xoO\ii]

a-nxEaSat TiÉpL ticùç êx^*-' cr*^<^Tï£*- — ZKonô. —Aôxè yàp Ttou EV éauxô '6Xcû xô ev

£(|)àvT| ov. —^

"OpBcoc;.—

OÔKoOv Kal EV xotc; aXXoiq xô ev;

- - Nal. — "^Hl^ièv apa

èv xoîq aXXoiq, xôv aXXov anxoLxo av ^ Se auxô èv éauxo, •

xôv ^lÈv aXXcov ànElpyoLXo aTtxEaSat. a»jxô Se auxoO Srixoixo

a 6 àXÀà (j.TiV B : iÀX' r(V TV W jja 7 "w

àvO|j.O''a>Y: tw ôij.O''f» B

Tûv àvoaotwv TWj|a 8 raùto) in marg. T : aÙTÔi BTYW legit Procl.

»tppl. cotn. 1271,21 jjxa.1 post (jl/jv

om. W*jjb i Taj-ôv... b 'a toîç

SXXoiç in marg, habet W{jb 6

t'ujxoiouB :

ô\Loiou TYW Damascii

A (ai2,io) li~Q post. aca om. B

(jd ^ xa-:à om, B

[jd 6 opôwç....

e I ixxo\-:o àv in

marg.habet W.

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148 e PARME.MDE 89

avec soi et avec les Autres, -r- Il aurait contact. — Mais à

un autre point de vue? >i'est-il pas imposé, à tout ce quidoit toucher quelque chose, d'être situé à la suite de ce qu'il

doit toucher, d'occuper la place qui vient après celle où est

situé ce qu'il touche? — Nécessairement. — Si donc l'Un

doit avoir contact avec soi-même, il faut qu'il soit situé tout

de suite après soi-même, qu'il occupe la place attenante à

celle où il est lui-même'. — Il le faut en efTet. — Donc l'Un

devrait être deux pour ce faire et en venir à être en deux

149 a places à la fois; mais, aussi longtemps qu'il est un, il s'v

refusera? — Certainement. — La même nécessité interdit

donc à l'Un et d'être deux et d'avoir contact avec soi-même.

— La même. — Mais il n'aura même pas davantage contact

avec les Autres. — Pourquoi ? — Parce que, disons-nous,

ce qui doit toucher sans cesser d'être distinct est astreint à

faire suite à ce qu'il doit toucher, sans qu'aucun tiers puisse

se trouver entre eux. — C'est vrai. — Deux est donc le mini-

mum obligé pour qu'il y ait contact. — C'est de rigueur.—

Que si, aux deux termes, un troisième vient immédiatement

s'ajouter, il y aura trois termes, mais deux contacts. — Oui. —b Ainsi, à chaque fois que s'ajoute une nouvelle unité, il ne

naît qu'un nouveau contact et, par conséquent, les contacts

sont toujours en reste d'un contact sur la somme numé-

rique des termes -. D'autant les premiers termes dépassaientles contacts dans leur excès numérique sur ceux-ci, d'autant

la somme numérique de la série continuée dépasse la sommetotale des contacts; car, à partir de là et dans toute la suite, à

1. Comparer la façon dont Aristole définit (P/iYs. V, 3, 326 b-

227 a) ce qu'il entend par : être joints (â;j.2),être séparés (ytoptç),

se

suivre (35£çf,ç îTva:), se toucher (â-Tï^Oa:), être attenant (È/djxêvov),

ou continu (auvi/i;). Entre choses qui se suivent, il ne doit y avoir

aucune chose du même genre ; entre choses qui se touchent

rien absolument: les deux surfaces sont jointes. Mais la continuité,

qui suppose le contact, est plus que le contact : les surfaces extrêmes

n'en font qu'une (227 a, 22). Le Parménide définit, ici, le contact

entre discontinus, et /topl; ov doit faire groupe avec Sfl-ibr:.

a. Cf. Aristote. Anal, pr., ^2 b, 1-26: étant donné que le syllo-

gisme régulier comprend trois termes et seulement deux prémisses

ou interoalles, on aura beau compUquer cette formule simple : « le

nombre des termes surpassera toujours, dune unité, celui des pré-

misses...car,

en mêmetemps que s'ajoute

un terme, il nes'ajoute

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89 I1APMI:X1AU1 148 e

av £v lauTco ëv. — <t>alv£TaL. — Oîjtco pèv Sf| cîtitolto àv

t6 ev aÔToO T£ Kttl Tcov aXXcov. — "Atttolto. — T'i 5è

TrjSe

: Sp' ou nav t6 ^éXXovSipeaBal

tlvoç E(|)££,î]<;Sel

KEÎaSai EKEivcp oQ ^éXXel &7TTEa8aL. Taûtrjv tt^v ISpav

KaTÉvovî]âv ^et' £KELvr|v T] [êSpa] rj

av KÉrjTaL (oC Stite-

xau ;—

'AvàyKri.— Kal t6 ev apa el ^éXXel aÔTÔ aÛToO

Ctlj^EaSaL. E(|)£E,Î^ÇSeI EuSÙÇ (iETà EttUTÔ KEÎa8ai.#Tf]v EX°"

jiÉvrjv )(côpav KaTÉvov £<ELvr|ç Ivf\auTo eotlv. — Ael yôip

ouv. — OuKoGv Suo ^Èv ov TÔ EV T[OLr)aELEV av TaO-ra Kal

EV ôuoîv )(^cbpaLv ajia yâvoiTo* Ecoq 8' avr\ ev, ouk IBEXf^aEt ; 149 a

— Ou yàp ouv. — 'H aÙTf] apa àvâyKr) tô evIjJ.r|TE

Suo

EÎvat t^r|TE aTTTEaBaL auTÛ aÛToG. — 'H auTf].— 'AXX'

ouSè\xi]V

TÔv aXXcov ol^etoli.— Ti

Sr^ :— "Otl, cJja^Év. t6

[iéXXov av|;Ea9aL X"P*-^ °^ è^^^^Ç Sel ekelvcû ELvaL ou ^éXXel

aTTTEaBaL, TptTov Se auTcov ev\xkacç> ^t]5èv EÎvaL. — 'AXrjBf].

— Auo apa Sel tô ôXlyLaTov EÎvaL. el ^éXXel ai|^Lc; EÎvaL. —Ael. — 'Eàv Se tolv Suolv bpoLV TplTOV TipoayÉvrjTaL tE,r]q.

auxà ^AÈv Tpta laxaL. al Seav|;EL(; Suo. — Nal. — Kal outco b

5r]oceI evôç TrpoayLyvo|jiÉvou ^la Kal

aipLc; TipoaytyvETaL,

Kal au^BaivEL ià.q ai|;ELÇ toO nXl^Bouç tcùv àpLB^iôv ^itfi

èXaTTOuc; EÎvaL, '^Q yàp Ta npÔTa Suo ETtXEOvÉKTrjaEV toûv

a(|»£OL>v ELq TO ttXelco EÎvaL Tov àpLB^èv f) Tac; &i|jELq, tô ïacp

ToÛTcp Kal ô ETtELTa àpLB^ôç TtSç Tiaacov TCOV avjJEoov ttXeo-

e 5 ôcî x.î:sOa'. : oo/.- (scd £i supra o) W |{e 6 'xV/Sau : -o: Y

|]e 7

y.oi-iyo'j: cm. B (add. in raarg. b), Procli suppl. A

|{ t, BT :

f,W

t\

\ , Procli ABII r,

cm. Procli suppl. AB|| sôpa secl. Burnet : sopav

Heindorf cm. Procli suppl. AB Ij r,

W:

r, Y" Ç] B r^ T om. Procli

suppl. AB 11<;ou> add. Heindorf

1|y'-z-oi'. : â-I/- Heindorf

[|e 10

iv om. BII Y^t? <>J'' : Y^o B, Procl. suppl. l|

6 1 1 -0'.r,'jz:v/ TW : -lîi

:v B -iz't Y jfiv om. Yj]149 a 5 ^t:!bx: : -a^Oai T

||a 6 ir.-zz-

Ux: :

à'}-B

II ;j.r,oiv: 'XT^iï ^V

||a 7 ÔÀîy^'jTOV

TY : ôÀ'.yoaTûv Bi^rocl. suppl. oÀ-'yo-j-zov

W|ia 8 toîv secl. Heindorf

||ooo:v : ovro'.v

Heindorf ôu.opo'.v Turiccn-ses secl. Bckkcr[j

ïzr.t : iç r,ç B |]b 3 -roiy

ipiOaoiv: TÔvàpt(l;xov Heindorf

||b 5 a-ic'v/ : xÀÀf-jv B Procl. suppl. |}

b 6 ô om. Y.

Page 144: Platon, 8.1 Parmenide

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449 c PARMENIDE 90

c mesure qu'une unité s'ajoute à la série numérique, à mesure

un contact s'ajoute aux contacts. — La déduction est

juste.— Quel que soit donc le nombre des êtres, les contacts

leur sont toujours d'une unité inférieurs. — C'est vrai.

—Mais là où il n'y a qu'un, où il n'y a pas de deux, il n'yaura point contact. — C'est trop clair. — Donc, disons-nous,

les Autres que l'Un ne sont point l'Un et ne participent pointde lui, puisqu'ils sont autres. — Assurément non. — Il n'ja donc point nombre dans les Autres, puisqu'il ne

s'y trouve

point d'un. — Gomment y en aurait-il ? — Les Autres ne

sontdonc

ni

unni

deuxet

ne sont exprimables par aucund nombre. — Par aucun. — Il n'y a donc que l'Un à faire

un : il ne peut y avoir de deux. — Ce semble bien. — U

n'y a donc point contact, du moment qu'iln'y a point deux.

— Pas de contact. — Donc ni l'Un ne toucbe les Autres ni

les Autres ne touchent l'L^n, puisqu'il n'y a aucun contact.

— Ils ne se touchent point, en effet. — Ainsi, d'après l'en-

semble de notre argument, l'Un, avec les Autres et avec soi,

a contact et n'a pas contact. — Apparemment.

»,. , , . ,. , Le dirons-nous donc, en outre, égal et

Egalité, Inégalité • ^ 1 . •. » , n n

megal a soi et aux Autres? — Commentle prouver?

—Supposons l'Un plus grand ou plus petit que

e les Autres, ou bien les Autres plus grands ou plus petits querUn. Ce n'est certes point parce que l'Un est un et parce que

les Autres sont autres que l'Un qu'ils seront, de par cesessences mêmes, respectivement plus grands ou plus petits

^

C'est, au contraire, si, en plus de leurs essences respectives,

ils ont l'égalité, qu'ils seront mutuellement égaux. Que si les

premiers ont grandeur et le second petitesse, ou si, inverse-

ment, rUn a grandeur et les Autres petitesse, celle de ces

formes à laquelle s'attachera la grandeur sera plus grande,

celle àlaquelle

s'attachera la

petitesse, plus petite?

— Néces-

sairement. — Il y a donc bien, n'est-ce pas, deux formes

telles que la grandeur et la petitesse? Car, à n'être point,

qu'une prémisse » . Termes (Ôpoi) et intervalles (ô'.as-rjijLaTa) ont été

pris, par la musique (Phitche, 17 d) et la syllogislique {Anal. pr. 26 b

31), à la théorie mathématique des séries. Les â^tiç du Parmérùde

remplacent les ota7TTj(AaTa,et opotv, que donnent tous nos mann»-

crits, ne doit pas être suspecté.

Page 145: Platon, 8.1 Parmenide

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<jo IIAPMENIAHS 149 c

veicteZ'fj8r) yàp tô XotTcèv ajia ev te xâ àpi.6^iô TipooYLYue- c

tat Kttl ^ila Sific; Taîç ai|;eaiv.—

'Op8ôç.— "Ooa. apa

èorlv Ta ovTa t6v àpL8{ji6v. àel ^tS al a^;Elc; eXocttouc; elqIv

auTtov. — 'AXrjBî^. — El Se ys £v ^6vov eotIv, Suàç 8è ^r\

laTLV, éiij^içouK Sv

EÏr).—

Plôc; Y*^P î

—0{(kouv, <|>a^£v,

xà oXXa TOO EVÔÇ oÔTE EV EOTIV oOtE ^ETÉ)(EL auToO, EÏTTEp

aXXa EaTtv. — Ou yap.— Ouk apa evecttiv apiBpoc; ev

Toîc; âXXoLÇ, èvbq jifj Ivévxoç ev auToîc;.—

PIcùç yâp ;

—OÔt' apa EV èaTL Ta aXXa o^te 8uo oôte aXXou àptS^ioC

£)(^ovTa ovo^a oùSév. — OU. — T6 ev apa ^ôvov eotIv ev, d

ical SuÀç oÔK Sv EiT),— Oô <|>aLV£TaL.

—"Av|jLÇ apa oôk

laTLV Suoîv ^rj ovtolv, — Oix laTtv. — OtÎT* apa x6 ev

TÔv SXXcùv SiTTETaL oi^TE Ta aXXa toO âvoç, etueItiep a«|;i(;

oOk ecttlv. — Oô yàp oSv. — OôtoSf)

KaTà TtâvTa TaOxa

Ta EV Tov TE aXXcov Kal âauxoO aTTXExal xe tcal ou^ Sttxe-

Xat. "EOLKEV.

*Ap' oSv Kal Loov èaxl Kal avtaov auxô xe Kal xoiç àX-

Xotç ;

—rioàc; ;

— El jieÎ^ov eÏtjx6 ev

f)xSXXa

f\ IXaxxov,

f^au xaXXa xoO Ivôç ^el^co f\ IXàxxcù, apa ouk av xô jièv

e

EV EÎvat x6 ev Kal xaXXa aXXa xoO evèc; ouxe xl ^eI^cû oÏïxe

xt èXàxxcû aveït) àXXfjXcûv aûxaîc; yE xatixatç xaîç oiaiaiq:

àXX' eI ^èv -npbq xô xotaOxa Etvat EKaxEpa la6xr|xa e)(ol£v,

Xaa. &vsXx] npoq aXXr)Xa* eI Se xà ^ev ^ÉyESoç, x6 Se

a^itKp6xr|xa, f|Kal {jiÉyESoc; |jièv

x6 ev, a^LKp6xr]xa Se xSXXo,

ÔTroxÉpcp jjiÈvxô eïSel ^éyEBoc; npoCTEtr], ^eX^ov Sv eït),

S> Se

ajiiKp6xr|c;, IXaxxov;

—'AvàyKrj,

— OôkoOv ec7x6v yé xive

xoijxo eïSt], x6 xe ^ÉyESoç Kalf\ a^LKp6xrjç; 06 yàp av tcou

C I £v : EV T\Il

C 7 ivsj-tv b : i'v s-ttiv BTY sv eœtiv ev ev sattv

VVjjC 8 èvovxoç b : iv o^noç B o/toç TYW

j|d i £v post £7TÎv non

legisse uidetur Procl. suppl. com. 1274,27860!. Schleiermacher|jd S

post r<jov rasura quatuor litterarum in B||e i aô TaXÀa : aura aXXa

BII

'e 2{jiet^to: (xeiî^ov Procl. suppl. jj

e 3 ti : Tt àXXo B Procl.

suppl. |]iXdzxf» : ïXa-.zov Procl. suppL || âXXTjXwv : -aiç Procl.

suppl. jje 5 TÔ 8è Bekker: -.x ol BTYW Procl, suppl. j|

e 8 -ri

Bekker : -i BTW om. Y Procl.suppl.

Page 146: Platon, 8.1 Parmenide

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149 e PARMEMDE 91

elles ne sauraient, ni être contraires, ni venir se produire en ce

150 a qui est. — Comment le contester? — Si donc la petitesse

vient à se produire en l'Un, elle y sera ou dans le tout ou dans

une partie. — Nécessairement. — Supposons qu'elle vienne à

se produire dans le tout. N'arrivera-t-il pas ceci : ou elle

s'étendra, de pair avec l'Un, dans la totalité de l'Un, ou

elle enveloppera l'Un ? — C'est bien évident. — Or, étant de

pair avec l'Un, la petitesse, n'est-ce pas, lui sera égale ; mais,

l'enveloppant, elle sera plus grande?— Sans aucun doute.—

Est-il donc possible à lapetitesse d'avoir grandeur égale ou

supérieureàquoi que

ce soit etde

faire les fonctionsde

la

grandeur et de l'égalitéau lieu des siennes propres ? — C'est

b impossible.— Ce n'est donc point dans le tout de l'Un que

sera la petitesse ; c'est, tout au plus, dans une partie.—

Certes. — Mais ce ne sera point non plus dans la partie tout

entière. Sinon, elle y aura les mêmes effets qu'elle avait à

l'égard du tout;en quelque partie qu'elle se produise, tou-

jours elle lui sera égale ou sera plus grande.— Nécessaire-

ment. — Jamais donc, en rien de ce qui est, ne résidera la

petitesse, impuissante à se produire soit dans la partie soit

dans le tout '. Il n'y aura rien de petit sauf la petitesse en soi.

— Rien, à ce qu'il semble. — Et la grandeur n'y résidera

pas davantage. Sans quoi il y aurait un « plus grand » en

G dehors et en plus de la grandeur même, à savoir ce en quoirésiderait la grandeur. Et ce plus grand n'aurait point, en

face de soi, le petit auquel il faut pourtant bien qu'il soit

supérieur, du moment que lui est grand. Or il ne peut l'avoir,

puisqu'il n'y a petitesse nulle part.— C'est vrai. — D'ail-

leurs la grandeur en soi ne peut être supérieure en grandeurà rien d'autre que la petitesse en soi, la

petitesse en soi infé-

rieure à rien d'autre que la grandeur en soi. — En effet. —Donc les Autres ne sont ni plus grands ni plus petits que

l'Un, du momentque

leur

manquentet

grandeur

et

peti-tesse. Et celles-ci, ce n'est point à l'égard de l'Un qu'ellesd ont leur puissance d'excès et de défaut

;c'est seulement à

l'égard l'une de l'autre-. Et l'Un, à son tour, ne peut être,

1. Comparer ce raisonnement à celui qui démontre (i.'ii b,c,

p. 61/2) que le sensible ne participe, ni à une partie, ni au tout de la

Forme.

2. Cf. yolice.p.

33. Les relations du monde idéaln'ont,

disait

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91 lIAP.MKXiA!!^ U9 e

\ir]ovT£ Y^ IvavTico t£ àXXrjXoLV eïtriv Kal ev toîç oSaiv

èYyLYV0La6r|v.— Floç ^àp av ;

— Et ôcpa ev tco evI ay.iKp6- 150 a

Tfjq eyy'i^Y^^'^^"-' ^'^o'-^v oXcp av

f\év ^épet auToO Ivelr).

—'AvàyKrj. — Ti 8' et Iv bXcp eyy'iy^o'-'^o ; ov)(i f] 1^ ïctou &v

TCO evl 5l' bXou aÛToO TETa^évr) £Lr| f\ •nzpiéyovaa auxé;

—AfjXov 8r].

—"^Ap' ouv oôk eE, laou ^èv oSaa

f) a^LKpÔTrjc;

TÛ Evl Xar\ &v auTÔ eït], TT£piÉ)(ouaa Ôè(jiel^icov ;

— Hcoc; S'

oô;

— Auvaxov ouv a(iLKp6Tr|Ta tar|v tcù Eivaif) ^eI^co

TLVoc;, Kal TipàxTEiv xà ^EYÉBouq te Kal taoTrjToc;, àXXà ^f|

Ta lauTÎ^c;; — "AôuvaTov. — 'Ev ^Èv bXcp apa tco evI ouk b

avELT] a|jiLKpéTr]c;,

àXX" EÏTUEp, ev ^ÉpEt.— Nai. — OuSé y^

EV navTl au tco t^ÉpEL- el Se\xr],

TauTà TroLf]aEL arrEp rupoc;

t6 bXov XaT\ laTair\ (-lei^cov

toO ^Épouc; ev 9 av àeI Evf[.

—'AvàyKri.

— OôSevI TioTE apa IvÉaTai tcov ovtcov a^t-

Kp6Tr)c;, \xi\'x'èv ^iépet (Ji^t'

ev bXcp èyYLYvojiévri* ou8é ti

laTat CT^LKpèv ttXt^v aÔTfjc; Tfjc; a^uKp6Tr|Toç. — Oôk eoikev.

— OùS' apa ^eyeQoc; IvÉaTat ev auTcp* ^eî^^ov yàp av Tt

ELr|ôcXXo Kal TrXfjv auToG ^eyéSouc;, ekeÎvo ev S t6 ^lÉysSoc; c

EVELT], Kal TauTa a|iiKpoO auTcp ouk ovtoç, ou àvàyKri

Û'nEpÉ)(ELV, làvTTEp fj (JLEYa* ToOtO Se àSuVaTOV, ETIElSf)

atiLKp6Tr|c; ouSa^oO evl. — 'AXr|9fj.— 'AXXà ^f)v auTÔ

|jiéye8oc; ouk SXXou [iel^ov r\ aÔTÎ^ç c7^i.Kp6Tr|Toç, ouSè

a|jiLKp6Tr|c; aXXou IXaTTovr\

auToO ^EyÉSouc;.— Ou \àp.

— Ol(t£ apa Ta aXXa ^eI^co toO evoç ouSè IXdTTQ,

[jir]TE ^ÉyESoc; (ir|TE a^LKpéTfjTa E)(ovTa, oûte auTO toutco

TTpOC; t6 ev £)(£T0V Tf]V Suva^tV Tf]V ToO UTIEpÉ^ELV Kttl d

iÔTtEpÉ)(ECT6aL, àXXà TTpoc; àXXr)Xco, oùte aS t6 ev toùtolv

1270,2- Il tJLcV 0-J1%50 a 5 ojv BW : om. TY Procl. suppl. com.

aivouaa B, Procl. suppl. com.[|a 7 Tfo : toj (sed Ttv: in marg.) W

E

b 2 o-joi yc Hermann : ojts ys B ojt: ys TY ojt: /£ W ojtoi ys Hein-«lorf

lib 3 -otr:cr£i :

-jr, BW|'|b 5 IvÉcrTa: : sv h'Xi B||b 7 Trjç TYW

Procl. suppl. com. 1276,4 : om. B||b 8

txê'ysÔo;:

{xsytaTov Y'||

c 2

xj-.O}: -oî \

jlC 8 aj-roj toûto : aùtoi tojtoj B*

|]d i

l/z-o^) :

èysTo) B

Il/.ai : T£ x.aî vulg. om. Y

||d 2 iXXà : àXXw W^

|| âXXrJXw : a'XXrjXaProcl.

suppl. 11

xZ TÔ îv : aÙT^o èv B aùxô Iv

W.VIII. I.- 9

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lîO d PAUMÉMDE 9»

par rapport à elles ni par rapport aux Autres, soit plus

grand, soit plus petit, puisqu'il n'a ni grandeur ni petitesse.— Il paraît bien que non. — Mais, si l'Un n'est, ni plus

grand, ni plus petit que les Autres, n'est-il pas inévitable que,,

de lui aux Autres, il n'y ait ni excès ni défaut? — Inévi-

table. — Or ce qui ni ne surpasse ni n'est surpasse est forcé-

ment de pair, et qui est de pair est égal.— Naturellement,

e — Mais l'Un, de soi à soi, aura les mêmes rapports; puis-

qu'il n'a, en soi-même, ni grandeur ni petitesse, il n'aura,

à l'égard de soi-même, ni défaut nijexcès; il sera de pair

avec soi et,

par

même, égal

à soi. — Absolument. — DoncrUn sera égal à soi-même et aux Autres. — Il paraît bien. —Pourtant il est en soi et, par suite, est, à soi-même, extérieure-

ment enveloppant. Gomme enveloppant, il sera plus grand

151 a que soi; comme enveloppé, plus petit.Ainsi l'Un sera et plus

grand et plus petit que soi-même. — En effet. — Mais ceci

n'est-il pas également nécessaire à poser : qu'il n'y a rien

en dehors de l'Un et des Autres ? — Gomment ne pas l'ad-

mettre? — D'ailleurs tout ce qui peut jamais être est forcé-

ment quelque part*.— Oui. — Or être en quelque objet, ne

sera-ce pas être un plus petit dans un plus grand? Impos-sible autrement qu'un objet soit dans un autre. — Impos-

sible, en eflet. — Puisque donc il n'y a rien à part les

Autres et l'Un, et qu'aussi bien il leur faut être en quelque

chose, n'est-il pas dès lors inévitable qu'ils se soient mutuel-

lement intérieurs,les

Autres intérieursà

l'Un, l'Un inté-rieur aux Autres, sous peine de n'être nulle part? — Gela

b semble inévitable. — Parce que donc l'Un est dans les

Autres, les Autres, enveloppants, seront plus grands quel'Un, et rUn, enveloppé, sera plus petit que les Autres. Parce

que, d'autre part, les Autres sont dans l'Un, l'Un, par la

même raison, sera plus grand que les Autres, et les Autres,

plus petits que l'Un. — Apparemment.— L'Un est donc

égal à soi et aux Autres, plus grand et plus petit que soi-

même et cpie les Autres. — Il faut croire. — En outre, parce

Parménide (i33 d/e), aucune efficacité sur les choses d'ici-bas. Il

montre ici qu'elles n'en ont aucune sur l'Un. Le caractère sophis-

tique de l'argument est, ici, plus immédiatement visible.

I. Cf. Tintée, Sa b : le principe d'après lequel tout être est « néces-

sairement quelque part» ne

s'applique pasà l'être vrai.

Page 149: Platon, 8.1 Parmenide

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9^ IIAPMENIAHi: 150 d

oôôÈ TÔv aXXcov jiEL^ov âv ouS' IXttTTovEÏr), tirjTE ^léyeSoc;

^f)Te a^JitKp6Tr|Ta s-^ov.— Oôkouv (|>alvETaL yE.

—"^Ap'

ouv, EUt^fjTE ^EÎ^ov lirjTE

IXaTTov To £v Tcov aXXov, àvàyKr)

auTÔ ekeIvcûv\Ji'f]i^ ÛTtEpÉ)(Eiv tirjTE ÔTTEpÉ^EaSat ; —

'AvdtyKr). OÛKoOv t6 yE tir)TE ÛTtEpÉ)(OV tl/jTE UTTEpE)(6-

jjiEvov TToXXf] àvdyKri !£, ïaou Eivat, e£, ïaou Se ov ïaov

EÎvaL. — riôc; yàp o\î;

— Kal ^f]v Kal ol^iô yE t6 ev npèc; e

EauT6 oQtcoc; &vexo»-' t^^''^^ jJiÉyEÔoç Iv âauxo ^atite a^ii-

Kp6Tr)Ta EXOV O^^' Civ ÔTIEpÉXOLTO OUt' âv ÔTTEpÉXOL EttUToO.

àXX' E^, ïaou ôv ïaov av eXx] lauTÔ. — fldcvu |jIÈv oSv. —Tô EV apa EauTÔ te Kal tolç aXXoiç ïaov àv

EÏr).— <t>alvE-

Tat. — Kal \xr\votvià yE ev lauxô ov <al TiEpl éauTÔ &v

EÏr; e^coGev, Kal -nEpiÉxov ^ev ^el^ov àv iauToOeït], TUEpLE-

X<5liEVOV Se IXaTTov, Kal oÎjtcù jiel^ov av Kal IXaxToveït] 151 a

aÛT6 éauToO t6 ev. — Eïr| yàp av. — OukoCv Kal t65e

OLvdtyKr), ^irjSÈv EÎvai ektôç toO evoç te Kal tcùv aXXcùv ;

—riûùc; yàp o\i :

— 'AXXà\kt\v

Kal EÎvaL tiou Seî t6 yE 8v aEt.

— Nat. — OuKoOv TO yE Iv tco ov ev ^eI^ovl laTai IXaT-

Tov ov ; ou yàp &v aXXcoc; ETEpov Iv ETÉpco eït].— Oô yàp.

'ExtElSf] Se OuSÈV ETEpov EOTl X^P'-Ç '^^^ OtXXcoV Kal TOU

Ev6ç, Seî Se auTà ev tcû EÎvat, oûk àvàyKr) t^St]ev àXXfjXotç

EÎvat, Ta TE aXXa Iv tcû evI Kal t6 ev Iv tolç aXXoLÇ, f^

^rjSa^oO EÎvaL;— <t>alvETaL. — "^Otl ^èv àpa t6 ev Iv b

Toîç aXXotq EVEOTL, ^EL^Cù avELr| Ta aXXa toO ev6c;, TTEpiÉ-

XovTtt auT6, t6 Se ev IXaTTOv twv aXXcov, TiEpiEx^^iEvov

8tl Se Ta àXXa Iv tû evI, t6 ev tôv aXXcov KaTà t6v aÔTov

Xiyov ^lEÎ^ov àvEÏT],

Ta Se aXXa toO evoc; IXàTTCo. —"EouKEV. — T6 EV

Spaïaov te Kal

^eî^ovKal l'XaTTév

laTLV auTÔ TE auToO Kal tôv aXXcov. — <î>aLVETaL. — Kal

^fjv EÏTiEp ^lEL^ov Kal IXaTTov Kalïaov, ïacov âv EÏrj jiÉTpcov

e 3 ou-' àv (jmpéy oixo om. Dam. 227, i5 j)e 4 av

sVt] B, Procli

suppl. (îom. 1276,35 Dam. : ah\ cVrj TYW H e 6 ys : Te B||151 a 2

ToSc : TÔ viilg. Ila 5 yc : t£ Y

||Iv To> B t : Ëv TÔi TYW

(iv- add.

in marg. W) |(b 2 ïvestc : h èitiv Y.

Page 150: Platon, 8.1 Parmenide

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151 c PARMEMDE gS

que plus grand, plus petit, égal, il aura, par rapport à soi-

c même et aux Autres, autant et plus et moins de mesures :

de mesures, donc de parties.— C'est incontestable. — Avoir

autant, plus, moins de parties le fera inférieur et supérieuren nombre à soi-même et aux Autres et, toujours sous le

rapport du nombre, égal à soi-même et aux Autres. — Gom-ment cela?— Il aura, j'imagine, plus de mesures que ceux

par rapport à qui il sera plus grand, et, par suite, autant de

fois plus de mesures, autant de fois pi us de parties ;autant de

fois moins, là où il sera plus petit ;autant exactement, là où

il seraégal.

— Bien. — Doncplus grand que

soi,plus petit

que soi, égal à soi, il aura autant et plus et moins de mesures

d que soi : de mesures, donc de parties.— Sans conteste pos-

sible. — Or, d'avoir autant de parties que soi, il aura même

quantité que soi; plus de parties, quantité plus grande;moins de |)arties, plus petit nombre que soi. — Apparem-ment. — N'est-ce pas un rapport semblable que l'Un aura

avec les Autres? Parce qu'il apparaît plus grand qu'eux, force

est bien qu'il ait nombre supérieur; parce que plus petit,

nombre inférieur;

et parce qu'égal en grandeur, force est

qu'il soit aussi égal aux Autres en quantité.— C'est de toute

rigueur.— Ainsi l'Un sera encore, à ce qu'il semble, égal

e et supérieur et inférieur en nombre à soi-même et aux

Autres. — C'est exact.

Est-ce qu'au temps aussi l'Un participe?LeTemps^t

Vêtreyg^_^_ii^ participant au temps, être et

devenir plus jeune et plus vieux que soi et

que les Autres et, d'autre part, n'être et devenir ni plus jeuneni plus vieux que soi et que les Autres? — Comment cela?

— On peut dire qu'ila d'abord à soi d'être, puisqu'il est

Un. — Oui. — Qu'est-ce que cet « être » sinon participa-*^2 * tion à l'être avec temps présent, comme « fut » l'est avec

temps passé; tout comme, d'ailleurs, « sera » est communion

à l'être avec temps à venir? — C'est bien cela. — 11 participe

donc au temps, puisqu'il participe à l'être. — Parfaitement.

— Donc au temps qui marche? — Oui. — Il devient donc

toujours plus vieux que soi-même, puisqu'il avance comme

avance le temps.— Nécessairement. — N'avons-nous pas sou-

venir de ceci : c'est par rapport à un devenir plus jeune que le

.

plus vieux devient plus vieux?— Je m en souviens.— Donc,

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7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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(,3 nAPMENIAHi: 151 c

Kal tiXelôvcùv Kal IXaTTOvcov auTo te Kal toîç &XXoLq. ettelSt]C

ôè ^ÉTpcov, Kal \xe.p(ù\>.—

Flcoc; ô' ou; — "lawv ^èv Spa

^lÉTpcùvov Kal nXeLOVcov Kal

èXaTTévpv,Kal

àpiB^ôtXaTTov

àv Kal tiXéovEÏr)

auto te aÛToO Kal tcov &XXcov Kal laov

aÛT^ TE Kal Toîç aXXoiq KaTa TauTa. — Flôq :

—^OvTTEp

^Et^6v laTL, TtXelOVCOV TtOU Kal ^ÉTpCÙV aVELF) auTÔv, ÎSaoùv

8È ^lÉTpcov. Kal ^Epcùv Kal Sv IXaTTov, ôaaÛTCoc;" Kal oTç

taov, KaTà TauTa. — OOtcoc;. — OukoOv êauToO ^el^ov

Kal IXaTTov Bv Kal laov, lacov âv elt) ^ÉTpoov Kal ttXelovcùv

Kttl EXaTT6vcùv aÛTCù, ettelSt] 8è ^ÉTpccv, Kal ^Epcûv ; — d

ricûç 5' oÔ;— "lacov ^èv apa ^Epcov Bv aÔTcp îaov av to

TtXfjSoc; aÛTÔ eït], ttXei6vcûv 8è tiXéov. IXaTTÔvcov 8è IXaT-

Tov Tov àptB^ièv aÛToO. — <t>alvETaL. — OukoOv Kal npbç

TaXXa ojaauTCùÇ e£,el t6 ev ; ÎStl ^èv ^eî^ov auTÛv cf>aLVE-

Tat, àvàyKTI nXéov EÎvai Kal t6v àpuB^iiv ai&Tcov otl Se

a^iKpoTEpov, IXaTTOV OTL 5È l'oov jiEyÉBEL, Xaov Kal t6

nXfjBoc; EÎvai toÎç aXXoLÇ ;—

'AvàyKr|.— OCtcù hr] aîî,

6ç loLKE, t6 ev Kal Xaov Kal ttXéov KaU IXaTTov t6v àpuB^àv e

aÔT6 te aÛToO loTai Kal tcov aXXcov, — "'EoTat.

*Ap' oSv Kaly^p6\fov ^etÉ)^el tô ev, Kal egtl te Kal yt-

yVETat VECÔTEpOV TE Kal TtpEOÔÛTEpOV auT6 TE lauToO Kal

TÔV aXXcOV, Kal OÔTE VECùTEpOV OÔTE npEaBuTEpOV OÔTEEttUToO

oÔTE TCOV aXXov, )(^pévou ^ETÉ)(ov ;—

ricoç:— ETvat ^lÉv

TTOU aUTW ÛT[àp)(EL. EÏTIEp EV EGTLV, Nat. Tô 8È EÎvat

SXXo Tt EQTtvf^ ^éBeE,lc; oijatac; ^età ^p6vou toO 7iap6vToç,

ôorrtEp t6fjv ^ETà ToO napEXriXuBéTcq Kal a3 tô EOTat i52 a

^lETà ToO ^éXXovtoc; oualac; eotI Koivcovla; -—"'EoTiyâp.

Meté^el ^ièv apa )^p6vou, EiruEp Kal toO Etvat. — Hàvu yE.

— OÔKoOv TtopEuojiÉvou ToO )(p6vou :— Nat. — 'AeI apa

npEcôÛTEpov ylyvETaiEauToO, ELTtEpTrpoÉp)(ETaLKaTà)(pOVOV.

—'AvàyKT].

—*Ap' ouv ^lE^vrj^iEBa otl vEcoTÉpou yLyvojiÉvou

C I -t xaî AV : xa; BTY||c u aàv cm. TY

|1c 8 taC-i : -a^ta B

lie 7 aÙTo) : aÙTÔ (sed w supra lin.) W ||

152 a < /.o'.v'.»v:a : -:a;

Yulg. lia 3*a£Tr/r. B: -ivTYW.

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152 a PARMENIDE o4

puisque l'Un devient plus vieux que soi-même, son devenir

h plus vieux ne s'opérerait que par rapport à son propre deve-

nir plus jeune?— Nécessairement. — Il devient donc ainsi

plus jeune et plus vieux que soi. — Oui. — Mais le tempsoù il « est » plus jeune n'est-il pas le « maintenant » qui,dans son devenir, se place entre le a fut » et le « sera » ?

Car, dans ce passage de l'avant h l'après, on ne peut croire

qu'il sautera par-dessus le maintenant*. — Non, certes. —c N'est-ce pas alors un arrêt dans son devenir plus vieux, cette

rencontre avec le maintenant ? N'est-il pas vrai qu'il ne devient

plus, mais est dès lors plus vieux ? Si sa progression, eneffet, était continue, le maintenant n'aurait jamais prise sur

lui. Ce qui progresse touche, naturellement, en elYet, par les

deux bouts : au maintenant, d'une part ;à

l'après, de

l'autre. Il ne lâche le maintenant que pour saisir l'après ;et

c'est dans l'intervalle que se fait son devenir, entre l'après et

le maintenant. — C'est vrai. — Si donc force est à tout ce

quidevient de ne

point passerà côté du

maintenant,à toutes

d fois qu'il Y est, il suspend son devenir et il est, au contraire,

en ce moment, cela même que comporte son devenir. —Apparemment. — Quand donc l'Un, au cours de son devenir

plus vieux, a rencontré le maintenant, il s'arrête de devenir,

il est, dans ce moment, plus vieux. — Absolument. — Donc

ce par rapport à quoi il devenait plus vieux, c'est par rapportà cela qu'il l'est : or c'est plus vieux que soi qu'il devenait ?

— Oui. — Or le plus vieux est plus vieux qu'un plus

jeune?— Bien sûr. — Plus jeune que soi donc est l'Un en

ce moment précis où, pendant qu'il devenait plus vieux, il

se trouve entré dans le maintenant. — C'est inévitable. —Or le maintenant est sans cesse présent à l'Un à travers tous

e les moments de son être;

car l'Un est maintenant, chaquefois qu'il est. — Sans conteste possible.

— C'est donc sans

cesse que l'Un est et devient plus vieux et plus jeune quesoi. — C'est probable. — Mais est-il, devient-il plus long-

temps que soi, ou bien aussi longtemps?— Aussi longtemps.

I. Sur le <c maintenant », cf. Aristote, P/i/s. 217 b, 29-2203,27.

Damascius dira (Ruelle, II, 286; Ghaignet, III, 98) que le temps ne

progresserait point si son progrès devait se faire suivant des « main-

tenant » dont chacun est infiniment divisible. Le mouvement pro-

gresse « par bonds indivisibles » . Ainsi le temps progresse « par mesures

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^\ riAPMENIAHS 152 a

t6 Trpea6\JT£pov TipeaôtJTepov ytyvETai ;—

Mstivr^^eSa.

— OÔKoOv ETTEiSf) TTpeCT6\3Tepov lauToC y'iYVETaL t6 êv.

vecoTÉpou Sv! yLyvo^évou âauToO TrpEcrôiJTEpov ytyvouTo ;

— b

'Av<iyKr|. — rtyvETat ^èv B^ vECùTEpév te Kal TrpEaBiixEpov

aÔToO oîÎTco. — Nal. — "E.aii 8È TipEa6vjTEpov ap' ou^ Sxav

«xià Tàv vOv )(p6vov ?\ ytyvé^EVOv tôv ^ETa£,iL)toO f^v te

KOLÏ EOTai; ou yétp nou nop£.v6\xe.v6v yE ek toO tiotè eÎç t6

ETXELTa ÔTTEp6/)aETaL TÔ vOv. OÔ yàp. *Ap' OUV OUK

èniaye.i tote toC ylyvEaSaL npEaBÛTEpov, ETiEiSàv tô vOv c

£VTÛ)(r|, Kal ou yiyvETttL, àXX" ectl tôt'fjSr) TrpEaBiJTEpov ;

Tupolèv yàp OUK av ttoteAr)(|)8Elr)

une toO [vOv. To yàp

Tupoiôv oStoç ex^"- <^Ç àjJic|)0TÉpG)v E(|)àTrTEa6at, toO te vOv

Kttl ToO ETIElTa, ToO ^ÈV VUV à<|)LÉ^EVOV, ToO S" ETÏElTtt

ETtiXa(i6av6jji£vov, ^ETa£,iLJ à[ji(f)OT£pcov ytyvé^Evov, toO te

ETTEiTa Kal ToO VUV. i—

'AXr|8f|.— Et Se yE àvàyKr| ^f]

TTapEXÔELV t6 VUV TtSv t6 yLyv6(iEvov, ETTEiSàv KttTà toOto

rj, ETttaxEi oceI tou ytyvEaSaL Kal eotl tote touto oti av d

TÙ^VI ytyvô^Evov.— <î>aLVETaL. — Kal TÔ EV apa, otov

TrpEaBtiTEpov yLyv6|ji£vov £VTij)(r| tw vOv, knkaysv toO

ylyvEaSaL Kal eotl tote TupEaBûTEpov.— Hàvu jiÈv ouv. —

OÔKoOv oStiep èytyvETo rtpECTÔtiTEpov, toutou Kal eotiv

iyiyvETo 8è auToO;

— Nal. — "Egtl 8è t6 npEaBiiTEpov

vECùTÉpou TtpEaBÙTEpov ;

— "EaTLV. — Kal VECùTEpov apa

t6te aÔTou laTL t6 ev, oTav TtpECTfîÙTEpov ytyvé^Evov

EVTÛXTl TÔ VUV. — "AvàyKrj.— Tô y£ \it\v

vOv aEl nàpEaTL

TÔ Evl Sià TTavToq ToO EÎvaf ecttl yàp àsi vOv oTavrrEp f\.e

—ricâc; yàp ou ;

— 'AeI apa èaii te Kal yiyvETat rrpEaBij-

TEpOV âaUTOU Kal VEWTEpOV TO EV. "EoiKEV. FIXeIcO8e xP<^vov auTo éauTou eqtlv

f] ytyvETat, ^ t6v l'aov ; —

b IyiYVO'.To

: -i-y.'. VV||b 3 auToD YW : av tou B auToO * T

j|C 2

tôt': ;;dT' Y||C 3 -zo:) : ~6 Y

j|c 5 xai vjv cm. Dam. 237,19

jl

$' IrréiTa : ôi vjv W^Ijd i oTt aiv : o ctv Procl. suppl. ||

d 2

T-i/T]:-01 (sed uitii nota in marg.) VV

j|d 3 t»o vOv : to. vjv B

|[

d 5 oZr.tc. TW : oO -iot B eïr.zo Y.

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152 e PARMÉNIDE ^5

— Or devenir ou être aussi longtemps, c'est avoir même âge.— Gomment le nier? — Ce qui a même âge n'est ni plusvieux ni plus jeune.

— Certainement non. — Donc l'Un,

qui devient et qui est aussi longtemps que soi, n'est et nedevient ni plus jeune ni plus vieux que soi-même. — C'est

153 a bien mon avis. — Et les Autres? — Je ne saurais que dire.

— Voici au moins ce que tu saurais dire : les Autres quel'Un, du moment qu'ils sont autres et non pas autre, sont

plus d'un. Altérité singulière, ils seraient un; altérité plu-

rale, ils seront plus d'un et feront quantité.— Ils feront

assurémentquantité.

— Et dumoment qu'ils

sontquantité,

ils auront plus grosse part au nombre que n'a l'Un. — Cela

va de soi. — Eh bien, dirons-nous que les plus gros nombres

naissent ou sont nés d'abord, ou bien les plus petits?— Les

plus petits.— Donc c'est le plus petit

de tous qui est pre-

b mier;et celui-là, c'est l'Un, n'est-il pas vrai ? — Oui donc. —

L Un donc est né premier de tout ce qui a nombre ; or tous

les Autres ont eux-mêmes nombre, puisqu'ils sont les Autres

et non pas un Autre. — Ils ont nombre, en elfet. — J'ima-

gine que, né premier, il est né plus tôt, et les Autres, plustard : or les derniers nés sont plus jeunes que le premier né.

Ainsi les Autres seront plus jeunes que l'Un, et l'Un plusvieux que les Autres. — A coup sur.

Autre question : la naissance de l'Un a-t-elle pu se faire

contrairement à la nature de l'Un, ou ne le pouvait-elle?

c — Elle ne le pouvait. — Or l'Un nous est apparu doué departies ;

s'il a des parties, il a commencement, fin et

milieu. — Oui. — N'est-ce pas le commencement qui naît

premier en tout, et dans l'Un lui-même et dans chacun des

Autres; puis, après le commencement, tout le reste jusqu'àla fin ? — Comment donc !

— Or nous dirons assurément

que tout ce reste, ce sont des partiesdu tout et de l'Un, et

que, lui, c'est avec la fin qu'il naît, un et tout*. — Nous le

entières », qui mesurent ces bonds du mouvement. Chaque bond-

mesure peut être appelé un « maintenant », mais ce n'est pas un

<c maintenant-limite » ; c'est un temps, en soi indivisible, et quenotre pensée seule divise à l'infini. Sur la théorie du temps dans

Damascius, cf. Simplicius, m Phys., p. 774-800, et Duhem, Le

Système du Monde. I, p. 263-271.I. L'un est première unité composante du tout

;il est chacune des

unitésqui

suivent;

il est l'unité résultante.

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90 nAPMENIAHS: J52 e

Tov LQov, — 'AXXà\XT]S)

t6v ys Xoov )(p6vov f\ ytyvouevov f\

bvTi?)v auTT^v f|XLKLav £.\^i.

—ricoq B' oô

;

— T6 Se tt^v

auTf]v TJXLKiav £.y^o\)

oôte

npeaôÛTEpov

o\iiE

vEÔTepovlaTLv.

— Ou ydtp. — T6 £v apa t6v loov )(p6vov auT6 lauTco Kal

ytyvouevov Kal ôv oiiiE VECûTcpov oxiiE TipsaôiJTEpov eauToO

laTLV oûSÈ ylyvETaL.— Ou ^ol Sokeî. — Tl Se : tSv

aXXcov;

— OuKe)^co XéyeLv.

— T68e ys \Jit\v EXetc; Xéyeiv, 153 a

8tl Ta otXXa Tou £v6ç, emcp ETcpà laTuv, àXXà ^r] ETEpov,

tcXeIco laTLV Evoç- ETEpov ^£v yàp OV £v ocv fjv, ETEpa 5È 3vTa

ttXeIco EVOÇ EQTL Kttl TrXfjBoç ttvM.\oi. — "E^^oL yo'-P

»v.

nXfjSoc; SE OV àpL9(JioO tiXelovoç &v jietéxol f\toO evoç;.

—ricûc; 8' oô: — Tl oCv ; àpL8^ou <|)f)ao^i£v

xà ttXeIco yt-

yvEaSai te Kal yEyovÉvat npÔTepov, f^Ta IXaTTO ;

— Ta

eXàTTco. — Tô ôXtytaTov apa npcoTov toOto S' eotl t6 ev.

*H yàp :— NaL. — FlàvTcov apa tô ev rrpcoTov yéyovE b

Tûûv àpiB^iôv E)(^6vTov EX^i- Se ToîXXa rràvTa àpiB^ov, eiTrep

aXXa Kal^t]

aXXo laTiv. — "^X^^ Y^'P-—

PlpcùTov Se yE

ot^iai ysyovôc; npÔTEpov yÉyove, Ta Se aXXa îiaTEpov, Ta S'

îiaTEpa yEyovÔTa vEcoTEpa toO -npoTÉpou yEyovoToç- Kal

oStcoc; ay elt] ToXXa vEWTEpa toO evôc;, tô Se ev rtpECTÔÛTEpov

Tcov aXXcov.— Elt] yàp av.

Tl 8è toSe; ap' àv eÏt] to ev rrapà c^jûaiv Tf]v aÛToO

yEyovoç, f^àSuvaxov :

— 'AS\jvaTov. — 'AXXà ^f)v \ié.pr\ yE c

EXOV E(|)àvr)t6 ev, et Se ^Épr), Kal àpxT]v Kal TeXeuTf]v Kal

jiÉaov.— Nai. — OukoOv TiàvTcov npcùTov àpxn ylyvETat,

Kal auToO TOU evôc; Kal EKàoTou tcùv aXXcov, Kal ^ETà tt^v

àpxif)V Kal TocXXa TiàvTa t'^XP'-'^°^ TÉXouq ;

— Ttjjif]v ;

Kal ^if]V ^6pLà yE (|)r]ao^EV TauT' EÎvat ruàvTa TâXXa toObXou TE Kal Evoq. auTÔ Se ekeîvo a^a Trj teXeutt] yEyovÉvat

e lo o-jùï Heindorf: oJ'-:; codd.jj153 a a

tj-r;: >j.ry

\||

a 8 o/.i-

Y'.crTovbTVV : ÔÀiyoaTÔv B Prccl. suppl. àÀoy-aTOv Y

jjb 3 àpi6-

aov : -div Y[j

b 5 û^Zîr^oL TY Procl. suppl. com. VI, 284 :

•jnxc.po^j

BWjl Tz^o-ico'j

Procl.suppl.

com. : tzcotcoov BT\W .

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153 c PARMÉNIDE 96

dirons, bien sûr. — Or la fin, j'imagine, naît en tout dernier

lieu, et la nature de l'Un veut qu'il naisse en même temps.d Que si naître contrairement à sa nature est interdit néces-

sairement à rUn en soi, c'est en naissant avec la iin, en der-nier lieu après tous les Autres, qu'il aura sa naissance natu-

relle. — C'est vraisemblable. — L'Un est donc plus jeune

que les Autres, et les Autres plus vieux que l'Un. — Cela

encore m'apparait vraisemblable. — Mais quoi, le commen-cement ou toute autre partie de l'Un ou de quoi que ce soit

d'autre, pourvu qu'il soit partie et non point parties'

,n'est-il

pasnécessairement

un,en tant

que partie?

— Nécessaire-

ment. — Donc rUn naîtra avec qui naît premier, tout aussi

e bien encore avec qui naît second;à mesure que tous Autres

naissent, sur aucun il n'est en retard, quels qu'ils soient, à

quelque rang que les vienne ajuster leur naissance; jusqu'au

dernier il poursuit son parcours, jusqu'à ce que, là, il

naisse un et tout; à tous, central, dernier, premier, leur

faisant escorte en la genèse, sans exception et sans retard.

— C'est vrai.

— A tous les Autres donc l'Un est égal en

âge; si bien qu'à ne point supposer à l'Un en soi une

naissance contre nature, ce n'est ni avant ni après tous les

Autres qu'il serait né : ce serait en même temps qu'eux. Ainsi,

154 a d'après le présent argument, ni l'Un à l'égard des Autres ne

serait ou plus vieux ou plus jeune, ni les Autres à Tégard de

l'Un; alors que, d'après l'argument précédent, l'Un serait et

plus vieux et plus jeune, et les Autres seraient pareils à sonégard. — Absolument.

Tel donc il est et tel il est né. CommentLe Temps résoudrons-nous maintenant le problème

et le Deveoiv . , -

de l'Un ^" devenir : si l'Un par rapport aux

Autres et les Autres par rapport à l'Un

deviennent et plus vieux et plus jeunes, et ne deviennent ni

plus jeunes ni plus vieux? La réponse qui valait pour l'être

vaut-elle aussi pour le devenir, ou doit-elle être différente ?

b — Je n'ai rien à dire. — Mais, moi, j'aià dire au moins

ceci : si un être est plus vieux qu'un autre, devenir plusvieux dans une mesure qui dépasse sa différence d'âge ini-

tiale et native lui est désormais impossible, tout aussi bien

I. Partie aliqiiote (•j.éçoç) : aliqiiante (olÉot,) : cf. Euclide, Vlï,

déf. 3 et 4.

Page 157: Platon, 8.1 Parmenide

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96 nAPMENIAHS 153 c

cv TE tcal 8X0V. — <^r|CTOjjiEV Y^P-—

TeXeut^^ 5é y^ oîjiat

uaTOTov Y^yvExai. toi3t<ô 5' a^a t6 ev ttÉ(|)uiçe ytyvEaSaf

<SaT'EiTTEp àvàyKri

auTÔ to ev^f] rrapà <|)uaLV ytyvEaBat,

d

ajia TEXEUTrj Sv y£yov6c; ucrxaTov oîv tôv aXXcov "nE<J>UK6<;

EÏT] yiYVEaSaL.— «^aivETat, — NEcbxEpov apa xcàv SXXcûv

TÔ iv ECTTL, xà S' SXXa xoO Evèq TTpEaôùxEpa.— Oôxoc; aS

^OL c|>aLVExat.— Ti 8è

5t] ; apx^v f^aXXo ^lÉpoq ôxtoOv

ToO kvbq f|aXXou 6xouoOv, làvriEp jiÉpoq f\

àXXà^if] ^Épr),

ouK àvayKaîov ev EÎvai, jiÉpoc; yE ov;

—'AvàyKr|.

— Oô-

KoOv xô Ev ajxa xe xô npcûxcù yLyvo^Évcp ylyvoix' av Kal

â(ia xâ ÔEUXÉpcp, Kal ouSEVoçà-noXELTTExaL xcùv aXXov ytyvo-e

^évcov, SxtTTEp av TTpo<TyiyvT|xaL oxcùoOv, ecûç Sv npbç x6

£a)(axov 5leX66v §Xov iv y£vr|xat, oôxe ^Éaou oCxe àajâ-

XOU OÔXE TipcaXOU OVÏXE aXXo\J OuSeVOÇ àTT0XEL(|>6£V EVxfj

yEvÉaEi.-^

'AXt]8î].— Hâaiv apa xotç aXXotc; xf]v auxrjv

i^Xnclav ïcr^EL x6 ev ôax' elpf) Tiapà <|)uaLV tté<|)Ukev auxè

xè EV, oôxE TTp<5xEpov o^xE ûaxEpov Tcov ètXXcov yEyovôç &v

EÏT^, àXX' Sjia. Kal Kaxà xoOxov xov Xoyov xè iv xôv oXXov 15^ a

odxE rrpEaôuxEpov ouxe vEcoxEpov avEtr|,

ou8è xSXXa xoO

Evoc;' Kaxà Se xôv TipéaBEv TTpEa6iJXEp6v xe Kal vEcbxEpov,

Kal xaXXa ekeIvou oaaùxcùq. — Hàvu ^Èv oSv.

"EoTi tiÈv hi] oSxcoc; e)(ov xe Kal yEyovéç. 'AXXà xl aC

TtEpl xoO ylyvEaBat auxo xipEaBtJXEpov xe Kal VEcbxEpov xôv

aXXcùv Kal xolXXa xoG ev6c;, Kal ^r|XE VEcbxEpov ^rjXETipEcrô^-

XEpov ytyvEaSaL : Spa âScriEp TTEpl xou EÎvat, oîixco Kal TiEpl

ToO ytyvECT9aL e^el, f) éxÉpoç ;

— Ouk iy^a XéyEtv.— b

'AXX' lyô xoadvSE yE, bxi el Kal eotiv TtpEoôuxEpov EXEpov

EXÉpou, ylyvEaSat yE aôxô TipEaBuxEpov exl fj wç xô npcoxov

EÔBùç Y£v6(iEvov SirjVEyKE xfj f^XiRia oùk Sv exl ôuvaixo,

c ^ Ô£ ys oljxat : ôè OMxat ys B |jd 1 tija*:'

ct';:ep... ytyvejÔat in marg.habet Y

]|tÔ ev secl. ci. Heindorf sed iiide infra e 6

j}e 3 sv ylvr^-ai:

iyyé- B,Procli suppl. A syyt'y- Procli suppl. B || ::pajTOjojte èz/dxou

BII454 a I xai om. VV

||b a ÔTt d xal sotiv : e? xai £<j-:iv rki B £t

xat ïîïTsv BurnetIj

b3 ve : te BY".

Page 158: Platon, 8.1 Parmenide

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154 b PARMENIDE 97

que, pour le plus jeune, devenir plus jeune encore. A des

quantités inégales, temps ou quoi que ce soit d'autre, si Ton

ajoute des quantités égales, la différence ainsi produite sera

toujours égale à la différence initiale.

— Sans conteste pos-sible. — Donc ce qui est ne deviendra jamais ni plus jeune ni

c plus vieux que rien de ce qui est, puisque la dilTérence d'âge,

entre eux, demeure constant*. Ils sont devenus et sont, l'un,

plus vieux, l'autre, plus jeune : ils ne le deviennent pas.—

C'est vrai. — Donc l'Un qui est ne devient jamais ni plusvieux ni plus jeune que les Autres qui sont. — Assurément

non. — Vois donc si, du point de vue suivant, ils ne devien-nent pas et plus vieux et plus jeunes. — Quel point de vue?— Celui-ci : l'Un nous est apparu plus vieux que les Autres,

et les Autres, plus vieux que l'Un. — Eh bien? — Quandl'Un est plus vieux que les Autres, c'est, j'imagine, qu'il

d existe depuis plus de temps que les Autres. — Oui. — Exa-

mine donc à nouveau : si, à un temps plus long et à un

temps plus court,nous ajoutons une même longueur de temps,

la fraction dont le plus long différera du plus court sera-t-elle

encore la même, ou plus petite?— Elle sera plus petite.

—Ainsi le rapport d'âge qu'avait primitivement l'Un avec les

Autres ne restera point constant par la suite. Mais, à mesure

que rUn s'ajoute les mêmes quantités de temps que les

Autres, à mesure va diminuant sa différence d'âge initiale

relativement aux Autres '. N'est-ce pas exact? — Si. — Or

e ce dont la diflérence d'âge par rapport à autrui diminue nedevient-il pas plus jeune qu'auparavant par rapport à ceux-

mêmes à l'égard de qui il était d'abord plus vieux ? — 11

devient vraiment plus jeune.— Mais si lui devient plus

jeune, est-ce qu'eux, les Autres, ne vont pas devenir, par

rapport à l'Un, plus vieux qu'auparavant?— Parfaitement

si. — Ainsi, par rapport au plus tôt venu, qui, lui, est plus

vieux, le

plus jeunedevient

plusvieux. H n'est

jamais plusvieux;

il ne fait que devenir continuellement plus vieux

relativement au premier; car celui-ci progresse dans le sens

155 a plus jeune, et lui, dans le sens plus vieux. Le plus vieux, à

son tour, devient, en même façon, plus jeune que le plus

jeune. Inverse étant ce vers quoi ils tendent, inverse aussi est

1 . Par l'emploi ambigu du mot « différer » (ôia^ipéiv), Platon

transforme en sophisme ce théorème: a étant plus grand que 6, 1° la

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97 nAPMENIAHS 154 b

oûS* au TÔ vECûxepov 8v etl VECÔTspov Y^yveaSau' àvlaoïc;

yàp XaoL -npoCTTiBé^eva. -^pàvcù te Kal àXAcû otcûoGv, lctco

•noLEÎ

8ia<|)ÉpELV

oieI

bacortEp

otv

[tô irpcoTov SiEvÉyKri.

—ricoç yàp ou : — OuK apa xo yE ov ouSevoç Svtoç ylyvoLx'

av TIOTE TtpEaÔÙTEpOV OÙSÈ VECOTEpOV, EÏTIEp ïaCÙ 8ta<|)ÉpEL C

oieI Ti^v i^XtKlav àXX' ecttl Kal yÉyovE xtpEaBiiTEpov, tô 8è

vEcÔTEpov, yiyvETai 8' otf, — 'AXrjBî^.— Kal tô ev apa 8v

tSv êcXXcOV bvTCOV OÔTE npECJÔUTEpOV TTOTE OÛTE VECOTEpOV

ytyvETat.— Ou yàp oSv, — "Opa 8È eI TfjSE TipEaBÛTEpa

Kal VEcoTEpa ytyvETaL. — Plr] 8/); — *Hc i6 te ev tSv

aXXcovE<|)àvr| TtpEaBuTEpov Kal TaXXa toO smôç. — Ti oSv

;

— "Oxav t6 ev tôv ôtXXov npEaôuTEpov ^, ttXeIco tiou xp6-

vov yÉyovEV f]Ta aXXa. — Nat. — nàXiv

Br\aKÔne-i- làv d

ttXéovl Kal IXàTTovL y^pàvcù TrpoaTiSco^Ev t6v taov ^p6vov,

Spa TÔ ÏCTCD jioptcp 8lolct£l tô ttXéov toO IXàTTovoç f^ a^iKpo-

TÉpcù ; — Z^LKpoTÉpcp. — OÛK ocpa EaTat, Stltiep to npco-

Tov î]v rrpôç TaXXa i^XiKta Siacfiépov t6 ev, toOto Kal eIç tô

EHEiTa, àXXà laov Xa(^6àvov )(p6vov toîç aXXotç IXaTTOv

aElTrj f)XLKla 8iotaEL auTcov

f) rrp^TEpov f^oô

;

— Nat. —OuKoOv T(S yE IXaTTov 8La(|)Épov t^Xlkloc TTp6c; tl

f) rrpoTEpov e

vEWTEpov ytyvoLT' avf]

ev tô mpàaSEV Ttpôç EKEÎva rupoç a

^v rtpEaôuTEpov rtpÔTEpov ;

— NEcbTspov. — El 8è ekeîvo

vECùTEpov, OUK EKEÎva au Ta aXXa np6ç tô ev npEaBtJTEpa

f] TupoTEpov ;

— riàvu yE.— To ^lèv vEWTEpov apa yEyovoq

npEaSÛTEpov ytyvETat npoç t6 rup^TEpov y£yov6c; te Kal

TrpEaôÙTEpov 6v, ectl hk ou8étiote irpEaBuTEpov, àXXà ytyvE-

Tai oceI ekeIvou rrpEaBiJTEpov ekeivo (ièv yàp etiI tô veco-

TEpov eTtL8t8coCTtv, Tè 8' ettI t6 TTpEaBùTEpov,

T8 8' aS 455 a

TipEaBuTEpov ToO vEcoTÉpou vEcoTEpov ytyvETat a>aatjTG>(;.

b 5 aj TÔ : ajTÔ B|jb 8 6v TYW et in ras. B : ev 6v Procl.

suppl. j]ojOEvo; ovTo; scripsi : toj ivoç ovto; BTY toO" ivôç W

TOJ ôv-:o; Schleiermacher|jc i ojÔè B : ojTc TYW

||C 2 xo 8È : To5e

B YIIc 3 ytyvcTai om. BY

[jc 6 to ts : to. t6 W

|]c 8

>3:

^jY

jj

-oj ypovov:

toj yodvou Y|] d i Ôrj :

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W|| d 5 rjXixta : -l'av Y.

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155 a PARMÉiNlDE ^leur devenir : pour le plus jeuae, devenir plus vieux quele plus vieux; pour le plus vieux, devenir plus jeune quele plus jeune. Mais achever ce devenir, ils ne le sauraient;

car, leur devenir une fois réalisé, ils ne deviendraient plus :

ils seraient. En fait donc ils deviennent mutuellement plusvieux et plus jeunes. L'Un devient plus jeune que les Autrœ,

parce qu'il est apparu plus vieux et plus tôt né;

les Autres

b deviennent plus vieux que l'Un, parce que nés plus tard.

En la même raison se comportent les Autres par rapportà l'Un, puisqu'ils sont apparus plus vieux que lui et pre-

miers nés. — Telleest

bien, apparemment, leur mutuelle rai-son. — Ainsi, parce que la différence entre deux termes

quelconques est un nombre constant, aucun ne peut devenir

plus vieux ni plus jeune que l'autre : de ce fait, ni l'Un par

rapport aux Autres ni les Autres par rapport à l'Un ne

sauraient devenir ou plus vieux ou plus jeunes. Mais,

d'autre part, ce ne peut être que d'une fraction indéfiniment

c variable que le plus ancien diiTère du plus récent, et le plus

récent, de l'ancien : n'est-il pas, de ce fait, inévitable quedeviennent mutuellement et plus vieux et plus jeunes et les

Autres par rapport à l'Un et l'Un par rapport aux Autres }

— Absolument. — Ainsi, d'après tout ce raisonnement, l'Un

est et l'Un devient plus vieux et plus jeune que soi et que les

Autres, et l'Un n'est ni ne devient ni plus vieux ni plus

jeune que soi ni que les Autres. — C'est totalement exact.

Mais puisque l'Un participe au temps, au^

*<?i^«'C? devenir plus vieux et devenir plus leune,a pour autrui.

, ., . , . i , ,1 •^

n est-il pas inévitable qu il ait part aussi

au jadis, à l'après, au maintenant, lui qui a part au temps?—

C'est inévitable. — Donc l'Un fut, est, sera, devint, devient,

deviendra. — Comment donc !— Et puis, de lui et à lui,.

il peut donc y avoir, il y eut, il y a, il y aura détermination

propre. — Parfaitement. — Il peut donc y avoir, de lui, et

science et opinion et sensation, puisqu'aussi bien nous-mêmes,

présentement, ne laissons point de mettre en œuvre, à son

sujet, toutes ces manières de connaître. — C'est parler juste.

différence (a+ x)— (h-\- x) reste constamment égale à a — h :

a» le rapport va en diminuant el tend vers i quand x croît in^

définiraent.

^ "t- ^

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98 IIAPMENIAHv 155 a

'l6vTE yàp auToîv slq t6 èvavTtov t6 èvavTLov àXX/jXow

^lyveaSov, t6 \ièv vEÔTEpov -rrpEaBviTEpov toO TipEaBuTÉpou,

t6 8eTipEaBlJTEpOV VEOùTEpOV

ToOVECOTÉpOV)' yEvÉaBaL

OUK âv OLCO TE £LTT]V. El yàp yÉVOLVTO, OUK âv ETl ylyVOLVTO,

àXX' eTev av. NOv 8è ytyvovTOL |ièv irpEaBuTEpa àXXrjXcùv

Kal VEOTEpa* t6 ^lèvev tcov aXXcov VECùTEpov ytyvETai, Stl

TipEoôÛTEpov E(|>àvT]ôv Kttl TcpoTEpov yEyovôc;, Ta 8è aXXa

ToO Evoc; TipeaSÙTEpa, otl uoTEpa yéyovE. KaTà 8è tôv b

auTèv Xoyov Kal TaXXa oOtco npbq t6 evlq^^el, £T[EL8f)T[Ep

auToO TipEaBÙTEpa E<J)àvT)Kal rtpÔTEpa yEyovÔTa, — <t>atvE-

Tttt yàp oSv o5tcoç.— OukoOv

f\ \xkv ou8èv ETEpOV ETÉpOU

TipEaBùTEpov ytyvETat ouSè vEÔTEpov, KaTà tô lacû àpiQ^cçt

àXXf)Xci>vaEl 8jLa(|)ÉpEiv , oôte t6 ev tôv aXXcov TipEaB\iTEpov

ylyvouT* âv ou8è vEcoTEpov, ofÎTE TaXXa toO evoc;* f\6è aXXcp

àcl yiopicù 8La<|)ÉpELv àvàyKr) Ta Trp6TEpa tôv ûaTÉpov yEvd- c

^Eva Kal Ta ticTEpa tcov rrpoTÉpcov, Ta\jTr| 8f] àv<iyKr|

TipEaBuTEpà TE Kal vEOTEpa àXXrjXcov yiyvEaSat Ta te aXXa

ToC èv6<; Kal t6 tv tôv àXXcav ;— Ràvu ^èv ouv. — KaTà

5f] TïàvTa TauTa t6 ev aÛTé te aÛToO Kal tcov aXXcov

TipEa6\JTEpOV Kal VECÔTEpOV EOTL TE Kal ytyVETat, Kal OÔTE

TipEaBÙTEpOV OÔTE VEOOTEpOV oUl' EGTLV OÔTE ylyVETai OÔTE

aÛToO oâfTE TÔV aXXcùv,

— flavTEXôc; jièv o3v.

'ETTEtSf^ 8e )(P<SvOU |iETÉr)(ELt6 EV Kal ToO TipEa6lJTEp6v TE

Kal VEÔTEpov ytyvEaSat, ap' oôk àvàyKT) Kal toO ttote jieté- d

^ELV Kal ToO ÊTTELTa Kal ToO vOv, EÏTIEp )^p<5vOU ^ETÉ)(Et ;

'AvàyKf).— ''Hv ôipa t6 ev Kal èaii Kal laTat Kal lylyvETo

Kal ylyvETttL Kal yEvrjaETai.— Tl ^r)v :

— Kaleli-j

àv tl

ekeIvo Kal EKELVou, Kal r]v Kal êaxtv Kal laTat. — Flàvu

yE.— Kal ETTLOT/mr) hr\ eït]

âv aÔToO Kal 8<5£,a Kal aïcj6r|-

aiç, ELTTEp Kal vOviq^EÎc; TCEpl auToO rràvTa TaOTa rrpàTTo-

155 a 3 TÔ ÈvavTÎov semel B[|a 5 ycvsGOa: ai : -yàp Y [|

a 6

yivotvTo:-oito W

||b 2 ooTro : toutoj TW

||C i ôiaçépetv : -st Y^

|[

c4 x&v CMn. YIId I Toj rzoxï... d 2 vuv : tou tzoxz xai sTrejTa xat

yjv ULSTsysiv Dam. 2^5, i8 [| d 7 -OL'Z'Oi ravTa W.

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i55 d PARMENIDE 99

— Donc il y a un nom, une définition lui apparlcnant ;

e en fait, on le nomme et on l'exprime ;et tout ce qui,

de possibilitésde cet ordre, existe en fait pour les Autres,

cela existe aussi pour l'Un. — C'est totalement exact.

Reprenons l'examen sous une troisième

Troisième forme. Si l'Un est, tel que nous l'ont^est*?t n^esf as"" P''^'"''^

''''' déductions, d'une part un et

(Analyse multiple, d'autre part ni un ni multiple,du changement.) d'ailleurs participant au temps, n'y a-t-il

pas nécessairement pour lui, parce qu'il

est Un, un moment où il participe à l'être, et, parce qu'il

n'estpas,un momentoù il ne participe point à l'être* ? — Si,

nécessairement.— Sera-t-il donc pour lui possible, au momentoù il participe, de ne point participer ;

ou bien, au momentoù il ne participe point, de participer ? — Cela n'est point

possible.— Autre donc est le temps où il

participe, autre

celui où il ne participe point ;c'est là, pour lui, la seule façon

possible d'avoir et n'avoir point participation à une même156 a réalité. — Tu as raison. — H y a donc encore un tempsoù il prend part à l'être et un temps où il le quitte ?

Comment, en eflet, pourrait-il y avoir un moment où il pos-

sède, un moment où il ne possède pas, s'il n'y a aussi un

moment où il assume ou quitte?— Cela ne se pourrait

d'aucune façon.— Prendre part à l'être, n'est-ce pas ce que

tu appelles naître? — Si fait. — Et quitter l'être, n'est-ce pas

périr ?— Exactement. — L'Un donc, à ce qu'il semble, assu-

mant l'être^et quittant l'être, naît et périt.— Nécessairement,

j,— Un donc et multiple, naissant et périssant, est-ce que sa

naissance comme Un n'est pas sa mort comme multiple, et

sa naissance^comme multiple, sa mort comme Un ?— Absolu-

ment. — Mais devenir un et multiple, n'est-ce pas nécessaire-

ment, pour lui, se séparer et se réunir ? — En toute rigueur.

— Et devenir semblable et dissemblable, n'est-ce pas s'assi-

miler et se désassimiler ? — Si. — Devenir plus grand, plus

petit, égal, n'est-ce pas croître, décroître, s'égaliser? — Bien

Q sûr. — Mais, étant mû, s'immobiliser;étant immobile, pas-

ser au mouvement; cela, certes, il ne peut le faire qu'à un

1. Ici, comme plus haut (i4i 0, 11, p. 78), on traduit « être un »

par « participer à l'être », et l'on substitue, au « n'être pas un », Je

a n'être pas ».

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99 IIAPMENIAHi: 155 d

^lEv.—

'OpScoç XÉyELc;.— Kal ovo^a 5r)

Kal Xoyoc; laTtw

aÔTÔ, Kal ovo^Aot^ETaL Kal AsysTaf Kal oaa-nEp Kal TiEple

TaXXa TÔv ToioÛTcov

Tuy^àvELovTa, Kal

TiEpl

t6 ev laTiv.

— riavTEXcoc; ^èv ouvs.y^s.1 outcoç.

*'EtL8f)

t6 TpLTOV XÉyCO^EV. T6 EV Et EQTLV otov StEXf)-

XtjSajjiEV, ap' ouK àvâyKr) auTo. ev te ov Kal noXXà Kal\Jir]iE

EV ^f)TE TToXXà Kal ^ietÉ)(ov )(p6vou, OTL ^Èv EOTLV EV, ouataç

JlETé)(ElVTtOT£, OTU 8' OUK EGTl, ^T] ^ET£)(ELV au TTOTE OUaiaÇ ;

—'AvàyKr).

—^Ap' oOv, Ste ^etÉ)(el, oT6v te l'aTat t6te

^if) ^ietÉ)(elv, f]Ste

\ir] ^ETÉ)(EL, ^etÉ)(elv ; — Ou)( oTôv

TE. — 'Ev aXXcp apa y^pôvu> ^EikyjEi «xi ev aXXcp ou ^eté^^ei'

ouTW yàp av ^ovcoç tou auTou ^et£)(ol te Kal ou ^eté^ol.—

'OpScoq.— OuKouv EQTL Kal ouToq y^pàvoç, b-xz |iETa- 156 a

Xa^iBàvEL ToO EÎvat Kal ote àrraXXaTTETat auTou :

t\ Ttôq

oT6v TE EOTat TOTÈjJlÈV £X^>-V t6 aUTO, TOTE SE

^f] EX^LV,

làv^f\

TTOTE Kal Xa^6àvr| auT6 Kalà(|)Lr| ; — OuSa^iôc;. —

Tôôf] oualac; ^ETaXa^iôàvEiv apà yE ou ylyvEaSat KaXEtc; ;

—"EycoyE.

— Tô 8è àTraXXocTTEaSaL oûalaç apa ouk àrcdX-

Xua6ai;

— Kal rtàvu y£.— T6 ev

Bt\, àç eolke, Xa^ôàvov

TE Kal àc|)tÈv oualav ytyvETai te Kal ànoXXuTat. — 'AvàyKrj.

— "Ev 8è Kal TtoXXà ov Kal yiyvo^Evov Kal ànoXXû^Evov b

Sp' o^x, bTav ^£v ylyvrjTat ev, t6 noXXà EÎvat aTToXXuTai,

STav 8È TtoXXà. TÔ EV Elvat àrrôXXuTaL ;— Hàvu y£.

— "Ev

8è yuyvô^Evov Kal rtoXXà ap' ouk àvâyKr) 8LaKptvEa8al te Kal

auyKptvEaBat ;

—HoXXifj y£.

— Kal ^f]v àvé^oiov yE Kal

b^oiov bTav ylyvrjTat, ô^oiouaBai te Kal àvo^otouaBau ;

—Nat. — Kal bTav ^eI^ov Kal IXaTTov Kal taov, auE,àvEa8aL

TE Kal (|>8lv£iv Kal laouaGat ;

—Oxjtcoc;.

— "ÛTav Se kivou- c

^£v6v TE "aTT^TaL Kal OTav ÉOTÔq etiI tô KtvEiaSai ^ETa-

e I T.eo: TaXÀa : -ly. -'x aÀÀa b -zy.-.-'xà/.Âa B

jle 5-6 arJTS..

{j.rÎTa: oj'tc.. où'tî Dam. 35o,/i 266,11 [jeu où u-i'i/aw -i: T

|I

156 a 5 Sf, : ojv Procl. suppl. }j ye om. B, Procl. suppl. |J y:vvêa6a',:

ôûva^jOa-. Yl|

a 8 -.z post y^yvEta'.om. TW

||c i "î : t: Procl.

suppl.

Mil. I. — 10

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156 c PARMÉNIDE loo

moment où il n'est dans aucun temps.— Que veux-tu dire ?

— Etre d'abord immobile et, un moment après, se mouvoir;

être d'abord en mouvement et, le moment d'après, être en

repos : ce n'est point sans changer qu'il pourra recevoir ces

états divers. — C'est évident. — Il n'y a, certes, point de

temps dans lequel un même être puisse, tout à la fois, n'être

ni mù ni immobile.— Certes non. — Et pourtant, même chan-

ger, il ne peut le faire sans changer.— Vraisemblablement.

— Quand donc changc-t-il? Ce n'est en effet point quand il est

immobile ou quand il est mù qu'il change ;et ce n'est point

d non plus quand il est dans le temps. — En effet.

— N'est-cedonc point en cette étrange chose qu'il faudra le dire être au

moment où il change?—

Quelle étrange chose? — L'instan-

tané. Tel est bien en effet, semble-t-il, le sens de l'instan-

tané: c'est le point de départ des deux changements inverses' .

Car ce n'est point de l'immobilité encore immobile que sourd

le changement ;ce n'est point du mouvement encore mû que

part

la transition. C'est bien

plutôt

cette natureétrange

de

l'instantané qui, sise dans l'intervalle du mouvement et de

e l'immobilité, hors de tout temps, est justement et le pointd'arrivée et le point de départ pour le changement du mobile

qui passe au repos comme pour celui de l'immobile qui passe

au mouvement. — Cela risque bien d'être vrai. — Ainsi l'Un,

puisqu'il est et immobile et mù, devra changer pour aller à

l'un de ces états comme pour aller à l'autre : c'est à cette

seule condition, en effet, qu'il les pourra réaliser l'un et

l'autre. Mais, opérant ce changement, c'est dans l'instantané

qu'il change ; et, pendant qu'il change, il ne saurait être en

aucun temps, pas plus qu'il ne saurait être ni mù ni immo-bile. — Assurément. — En est-il donc ainsi pour les autres

changements? Quand il opère son changement de l'être au

457 a périr ou du ne pas être au naître, se trouve-t-il alors dans un

intervalle entre des sortes de mouvementset

de repos,et

n'est- il, cependant, ni dans le fait d'être ou de ne pas être,

ni dans celui de naître ou de périr ? — C'est, du moins, toilt

probable.— Donc, par la même raison, quand il est en train

de passer de l'Un au multiple et du multiple à l'Un, il n'est

I. Aristote dira {Phys. 222 b, i5 et suiv.): changer, c'est, esBen-

tiellement, sortir de son état; l'instantané, c'est cette sortie (to

ÈxciTav) s'accomplissant dans une durée de temps insaisissable. Platon

Page 165: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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loo nAPMENIAHS 156 c

6âXA.ri,Set 5r|TTou auxo ys \xy\B'

ev ivl )^p6v(ù EÎvaL. — Flûàç

br] :—

""EoTéc; te TTpoxepov CaxEpov KivEÎcrSaL «al npéTEpov

ICLVOU^EVOV UOTEDOV EaTaVai,'ttVEU

^£VTOO

(jlETaBàXXELV Cb^oî6v TE l'aTai TaOTa Tuàa)(ELV. — Hcoc; yo^P '> — Xp6vo<; Se

yE ouSeIc; egtlv, ev o ti oÎov te ajia nrjTE KLVEtaSaLlifjTîe

éaTavai. — Ou yàp oSv, — 'AXX' oûSè ^i^v (jiETaBàXXEL

aVEU ToO (lETaBotXXELV. OUK eIk6ç. riéT" oSv JiETa-

BàXXEL;oÔTE yàp êaToq ov oute klvoIjjievov UETaBàXXEt,

oÔTE EV

^povcù

Sv. — Ou yàp ouv. — *Ap' o3v ecttl t6 ôcto- d

TTov toOto, ev s TéT^ avEÏr),

(Ste jiETaBàXXEL ; — T6 ttolov

Bi] :— Ta ££,aic|)vr)Ç.

Tô yàp E£,ai<|>vr|c;toloOtov tl eoike

CTriiialvELV, wç e£, Ikelvou ^ETaBàXXov eIç EKaTEpov. Ou yàp

EK y£ TOG EaTàvttL EaTCùTOC; ETL ^ETttBàXXEl, OuS' £K t?\Ç KLVrj-

OECùÇ !CLVou^£vr|q ETL ^EToBàXXEL" oXXà1^ £E,a'L(|)vr)q auTr)

cjjÛCTLc; aTOTToc; tlc; £yKà9r|TaL ^etwE^ù Tfjç KLvrjaEcbç te Kal

OTàGÊCoç. EV XP°^9 ouSevI ouaa, Kal elç TaÙTrjv Bt\ Kal ek e

TaÙTT]ç TO TE KLVou^Evov ^ETaBàXXEL ETtl TO laTavaL Kal TÔ

EOTèç ettI t6 KLVEÎaBaL. — KlvSuveuel. — Kal t6 evSrj,

^ÏTTEp EaTr|KÉ TE Kal KLVELTaL, ^ETaBàXXoL av£<f>' EKàTEpa

—^ovcoc; yàp av outoc; àji<|>6TEpa tioloî— ^ETaBàXXov 8' ££,aL-

c^vr|q ^ETaBàXXEL" Kal Ste jiETaBàXXEL, ev ouSevI ^povcp àv

EÏr), ouSÈ klvoÎt' av tôte. ouS' av ai(xir\. — Ou yàp. —"^Ap" oSv ouTCù Kal npoç Tàç aXXaç jxETaBoXàç sx^i-n oTav

EK Tou EÎvaL ELc; TO aTioXXuaBaL ^ETaBàXXrj f^ek toO

[it\ 157 a

€LvaL ELq t6 ytyvEaSaL, ^ETa^ù tlvcùv t6te ylyvETaL klvt]-

OECûv TE Kal OTàaECûv, Kal oÔTE ECTTL t6te oûte oôk ecttl,

oÙTE ylyvETaL oôte ànoXXuTaL ;— "Eolke yoOv.

— KaTà

5r) t6v auTÔv X6yov Kal èB, âvôc; ânl noXXà lôv Kal ek

C 5;jL£v

: aÉvTot Procl. suppl. ;j.f^vHeindorf

||c 10 ov... asTa-

6âXXct B: av... iiix-zi TW av...[xiT-rj

Y av... iizz-oi corr. Par,

1809 11d 3 xoiou-rô'v : -o'.ovôs B

(jd 5 ye B : te TYW

||d 6

tjom. Y

Il È|a:ŒvrjÇ BTYW Dam. 246, 16 267,1g: toS âÇatfvrjç Procl. suppl.

com. 1291,37 malit Richards[|6 i oùôevt : où5' £v\ B (et mox) ||

157 a I u£Ta6aXX7;: -6atr, T* (ut uîdetur).

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157 a PARMEiMDE io[

ni un ni multiple, il ne se divise ni ne se réunit. De même,en son passage du semblable au dissemblable et du dissem-

blable au semblable, il n'est ni semblable ni dissemblable,

ni en assimilation ou désassimilation. Que, dupetit,

il aille

b au grand et à l'égal ou inversement, il ne sera, pendant ce

temps, ni petit ni grand ni égal, ni croissant, ni décroissant,

ni s'égalisant.— C'est vraisemblable. — Voilà donc à quelles

conséquences l'Ln, s'il est, est assujetti.— Sans aucun

doute.

Ne faut-ilpoint

traiter

une autre ques-Quatrième tion : si l'Un est, qu'en doit-il résulter

hypothèse : si rUnj^^ Autres?- Traitons-la. - Donc,

est, que seront », ,,. . , ,.

les Autres? posant que i In est, nous avons a dire

quelles conséquences s'ensuivent néces-

sairement pour les Autres que l'Ln? — J'y suis prêt.—

Puisque donc ils sont autres que l'Un, ils ne sont certes point

l'Un; sans quoi ils ne seraient point autres que l'Un. —C C'est juste. — Et pourtant, ils ne sont point totalement pri-

vés de l'Un : ils y ont part en quelque façon.— En quoi

donc? — En ceci, j'imagine : les Autres que l'Un sont autres

par avoir des parties ; n'eussent-ils point de parties, qu'ils

seraient absolument un. — Tu as raison. — Or il n'y a par-

ties, d'après nous, que de ce qui est un tout.— Exclusivement,

d'après nous. — Mais le tout, comme tel, est forcément unité

issue du multiple, unité de qui seront parties les parties ; car

chaque partie doit être partie, non d'une pluralité, mais d'un

tout.— Commentcela?— Partie d'une pluralité où elle aurait

d elle-même son rang, la partie sera partie de soi-même ,ce qui est

impossible,et partie de chaque terme l'un après l'autre, puis-

quclle l'est de tous. Que, d'un, elle ne soit point partie, elle le

sera de tous les autres saufcet un; ainsi,de chaque un qui suivra,

elle ne sera

pointpartie, et, n'étant

point partie

de chacun, elle

ne le sera d'aucun de cette pluralité. Ne l'étant d'aucun, être

quelque chose à tous ces termes à aucun desquels elle n'est

rien, en être ou partie ou quoi que ce soit d'autre, cela lui

insiste de même sur le â^delçatçvT^;: l'iustanlané est un « point de dé-

part » . De ce que se mettre à changer est déjà changer, Aristole conclura

(P/iys. 235 et suiv.): il n'y a pas de point de départ absolument pre-

mier du changement. Il y en a un ici, mais intemporel et neutre.

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loi IIAPMENIAHS 157 a

TToXXcOV£(|>'

EV OUTE EV loTtV OUTE TtoXXdc, OÔTE SiaRplVETat

oÔTE oruYKptvETai. Kal e£, o^olou ettI àv6jJioLov Kal è^

àvO^JLotoUETtI

O^OLOVLÔV OÙTE

Ô^IOLOVOÔTE

àvé^lOLOV,OxiTZ Ô^OLOU^EVOV OUTE àvOjJlOLOU ^EVOV . Kttl £K a^lKpoO

ettI ^iÉya Kal etù 'lgov <al elç xà IvavTla I6v oxKte

a^iKpôv oÔTE t^Éya oûte ïaov, oute au^av6^Evov oôte b

(|)6lvov oùte taou^EVov zXt\ av. — Ouk eolke. — TaOxa

Sf]Ta TiaS/ijjiaTa rtàvT' av nàa^^oL t6 ev, el laTiv. — FIcûç

a' oii :

Tl 5e toÎç o^Xoiç TTpoafjKOL av Tràcj^ELV, EV EL EQTLV, Spa

ou aKETiTÉov ;

— Zketitéov. — AÉyco^iEv Sr),ev el egtl,

TaXXa ToO Ev6c; tl ^pf] TUErrovBÉvaL ;

—AÉyco^iEv.

— OukoOv

ETÏELTTEp aXXa ToO EVOÇ EGTLV, OÔTE t6 EV EQTL TttXXa* OU

yàp âv aXXa toO evôç f\v.—

'Op8co<;.— OuSè

\ii\v OTÉpETat c

yE TuavTàTtaaL toO evôç TaXXa, àXXà ^etexe»- TTr|. — Flf] Sr) ;

— "Otl ttou Ta aXXa toG evôc; ^opLa £)^ovTa aXXa âaTlv el

yàp ^opia \ii] E)(^OL, TiavTEXcoç av ev£Lr|.

—'OpBcoc;.

— M6-

pLa Se yE, c|>a^i£v, toùtou laTiv 8 av bXovr\.—

<t>a^£v yàp.

— "AXXà ^f]v t6 y£ (SXov ev ek xroXXcov àvàyKr| EÎvaL, oG

laTaL ^opLa Ta ^opLa* EKaaTov yàp tcùv ^oplcov ou ttoXXcov

^opLov ^pf] ELvaL, àXXà oXou. — rioùc; toOto ; — EX tl tïoX-

XcOV ^OpLOV ELf), EV oTç aUTOELT]^

EaUToO TE Sf]T[OU ^OpLOV d

laTaL. ô EQTLV àSùvaTov, Kal tGv aXXcDVSf] ev6c; EKàaTou,

ELTTEp Kal TuàvTcov, *Evôc; yàp jif]8v ^A^pLov, nXfjv toutou

TCOV aXXcOV EOTaL, Kal OUTCOÇ EVÔÇEKaaTOU ouk ECTTaL^OpLOV,

^f] ov Se ^6pLov ÉKàaTou oûSevôc; tcov rtoXXcov laTaL. Mr|5E-

vôc; Se 8v TtàvTCûv toutcov tl EÎvaL, Sv ouSevoc; ouSev egtl,

a 7-8 xa'i ï: àvou.o{oj ini Ô;jlû;ov habet in marg. W Hb 3 i\ ï^tiv :

cl è7-Lv W sv £•. ii-i Heindorf et sic legisse uidetur Procl. suppl. com.

1392,32 11b 7 ÀsytouLcV :

-o;jl£vW

||b 9 ojTe : ojoè Stallbaum H C i

àXXa : iXXx W|| post toj hoç inserendum laxiv. o'j-t to 3v r/y.àXXz

Toj v/6; add. in marg. W ||c a uit-zi/v.: -l'xi B, Procli suppl. A

IlC 5 av : £3tv B, Procli suppl. A

1|d i te : oà Y

jjd 6 wv ; ov B

ov Procli suppl. A.

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157 d PAUMEiNIDE loa

serait impossible.— Gela le paraît bien. — Ce n'est donc point

de la pluralité ni de tous ses termes que la partie est partie :

e une certaine forme unique, un certain un que nous appelons-

tout, unité acbevée issue de l'ensemble, voilà ce dont sera

partie la partie.— C'est parfaitement exact. — Si donc les

Autres ont des parties, eux aussi participeront au tout et à

rUn. — Très certainement. — Les Autres que l'I n sont donc,

nécessairement, un tout, unité acbevée, qui a des parties*.— Nécessairement. — Or, de toute partie singulière, commetelle, il en faut dire autant

;car elle aussi participe nécessaire-

158 a ment à l'Un. Si, en eiïet, chacune est partie, ce « chacune »

désigne, à coup sûr, quelque chose d'un, bien distinct des

Autres et, par contre, existant en son être propre, puisquechacune doit être. — C'est exact. — Mais, pour participer à

l'Un, il faut, évidemment, être autre qu'un; sinon, ce ne

serait plus participer, ce serait être un par soi;alors qu'être

un est, j'imagine, im|K)ssible à tout autre qu'à l'Un lui-même.— Bien

impossible.

— Orparticiper

à l'Un est assurément

une nécessité et pour le tout et jx>ur la partie. Le premiersera totalité une, dont seront parties les parties. La seconde

sera, à toutes fois qu'elle sera partie d'un tout, partie une et

b individuelle du tout. — Certainement. — Mais les partici-

pants de l'Un ne seront-ils pas différents de l'Un au moment

d'y participer?— Sans aucun doute. — Différents de l'Un,

ils seront, j'imagine, multiples; si les Autres que l'Un, en

effet, n'étaient ni un ni plus d'un, ils ne seraient rien. —Assurément.

Puisque participants de l'Ln-partie et

^'""'lat^on^^^''"'" participants de l'Un-tout sont plus queun, ne seront-ils pas nécessairement mul-

tiplicité inlinie, en tant précisément qu'ils prennent part à

rUn? — Comment cela? — Nous Talions voir. Ils prennent

I. Le Parniénide nous offre, autant et mieux que les Topiques

d'Arislote, une coUection des schemes dialectiques créés par l'cléatisme

et qui se transmettront jusqu'aux sceptiques. Un de ces schèmes est la

comparaison, soit du tout, soit de la partie, successivement à toutes

les parties, à quelques parties, à une partie. Platon l'a déjà utilisé

plus haut (i 45 c/e, p. 34), mais il en tire ici la définition du tout

comme forme et unité achevée : le Théétete s'en ser\'ira (2o3/6).

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102 nAPMENIAHS: 157 d

Kttl ^opiov Kal olKKo otloOv àSuvaToveïr) av. — <î>atv£TaL yc

^i).— OuK apa Tcov ttoXXcov ou5è nàvTcov to

\i.6pio\/ ^dpiov,

ocXXà jiiSç TLVÔc; ISéac; Kal évéç tivoç o KaXoO^iev bXov, 1^ e

ôcTTavTCùv ev téXeiov yeyovôc;. toijtou ^optov av t6 jiopiov

ELTj.— navTocTtaai ^Èv ouv. — El apa ToXXa

jJLopta ^\s.i.^

(câv ToO bXou TE Kal âvôç (jieTé)(^OL.— Ràvu ye.

— *^Ev apa

bXov TÉXeiov ^opta s^ov àvàyKr| etvai xSXXa toO kvàq. —'AvàyKrj.

— Kal\ir\v

Kal TiEpl toO ^optou yE EKOcaTou o

auToç Xoyoc;' Kal yàp toGto àvàyKr) |ietÉ)(elv toO ev6c;. El

yàp EKaaTov auTwv \i6piô\> eqtl, tô y£ EKaaTov Etvat ev 158 a

&rjTCou arj^ioûvEL, à<|)<A>pLa^iÉvov ^lèv tcùv aXXcov, KaS' auto &È

ov, EiTUEp EKacTov ëoioii. — 'OpBcoq.—

MetÉ)(^oi 8é y£ av

ToO Evôc; Sl]Xov OTL aXXo ovf^EV ou yàp av ^ET£t)^EV, àXX'

^v av auTÔ EV. NCv 8è evI \xèv EÎvat TtXf]v auxS tô evI

àSûvaTdv TTou. — 'ASùvaTov. — Met£)(elv Bk yE toO èvbc;

àvayKr) tô te bXcp Kal tô \xopicd. Tb ^lèv yàp ev bXov laTat,

ou (Aopia Ta (jiopia-t6 ô' aS EKaaTov ev ^6ptov toO bXou, 8

âvT\ ^lOptOV bXoU. OUTCOÇ. OuKoOv ETEpa OVTa TOU b

Evoç (ieBé^jEl Ta ^ET£)(ovTa auToG :—

ricoc; 8' oô ;— Ta

S' ETEpa TOU EVÔÇ TloXXà TIOU âv ELr|

'

eI yàp ^Ar]T£EV

jtr)TE Evôç tiXei»Etri

TaXXa tou âvoq, oô8£v avEtr).

— Ou

yàp ouv.

'EtieI 8é y£ tiXelco evôc; ecttl Ta te toO âvèq ^optou Kal

Ta ToO EVOÇ bXou ji£TÉ)(0VTa, OUK àvàyKr) fj8r| nXrjSEL ocTiELpa

EÎvttL auTà yE EKEÎva Ta ^xETaXa^iBàvovTa toO âvoq :—-

d7 îlV, av scripsi : slvat BTYW Procl. suppl. coin. 1298,31 secL

Heindorf 1| d 8 ;j.op'.ov bis: semel Y [j e 4 ivôç : tou Ivôç

W|J ïv :

iàvB et in marg. W jj

e 7 touto : toutou TY||158 a i ye : ts B oî Dam.

279,8 IIa 5 aÙTÔ : aÙTÔ auTÔ tô Procl. suppl. com. 1295,4 aÙTo to

lleiadorf||a 6 y£ : om. B, Procli suppl. B ||

a 7 £v : Ivt Yj|a 8 <> :

ou yIIb I jxapcov oÀou : aoptou uel

{jLop-'wvoXojj Schleiermaclier

jjh

3 XV eiTj B, Procl. suppl. com. 1295,18 :cTtj av TYW

||b 7 ii^fi B*

Prodi suppl. A: of, TYW om. Procli suppl. Bjj -Xr^Ôci ^t^h^cl B,

Procli suppl. A : x-etpa rXr^iii'. TY'W nXr;Oy, ar- Procli suppl. B et

com, 1295,19.

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158 b PARMÉMDE io3

pari, mais, n'est-ce pas, ne sont point un et n'ont point partà rUn au moment même où ils y prennent part?

— C'est

c bien évident. — N'est-ce pas qu'alors ils sont multiplicité,

d*où l'Un est absent? — Multiplicité, bien sûr. — Eh bien,

proposons-nous d'en abstraire par la pensée le plus petit frag-

ment possible. Ce que nous aurons isolé ainsi, n'ayant aucune

part à l'Un, ne sera-t-il pas nécessairement multiplicité encore

et non point un ? — Nécessairement. — Donc, à considérer

et reconsidérer, ainsi isolée, la nature étrangère à la forme,

tout ce que nous en pourrons, à chaque fois, apercevoir ne

sera-t-ilpas multiplicité

illimitée^ ? — Absolument. — Et

d pourtant, dès lors que chaque partie, une par une, est devenue

partie, elle se voit immédiatement limiter et par les autres

parties et par le tout ; et celui-ci, de même, est limité par les

parties.— Assurément. — Ainsi les Autres que l'Un ont com-

munauté et avec l'Un et avec eux-mêmes;et c'est de là que

naît en eux, semble-t-il, ce surplus étranger qui leur apportelimitation réciproque. (Juant à leur nature propre, elle ne

les a doués, proprement, que d'illimitation. — Il parait bien.

— Ainsi les Autres que l'Ln, et comme touts et comme par-

lies, sont illimités et sont participants à la limite. — Parfai-

tement.

e Ne seront-ils pas, en outre, et semblablesessem ance e

^^ dissemblables aussi bien à eux-mêmesDissemblance. . ^ r. i,

queles uns aux autres.»' — Par

quelleraison ? — Par cette raison plausible qu'étant tous illimités

de par leur nature propre, ils sont bien affectés par là d'un

même caractère. — Parfaitement. — D'autre part, en tant

qu'ils participent tous à la limite, pour autant ils seront encore,

tous, affectés d'un même caractère. — Sans aucun doute.

— Mais, d'avoir été faits et limités et illimités, c'est d'affec-

tions qui sont l'une à l'autre contraires qu'ils ont été ainsi

I. On vient de nous dire (137 e) que le tout et, dans le tout,

chaque partie prise à part est unité et forme. Ce qui n'est pas encore

tout ni partie d'un tout est donc « nature étrangère à la forme »,

matière non saisie par la forme, illimitation pure. Les anciens nous

ont appris, dira le PhUebe (i6 c), que tout être « est fait d'unité et de

pluralité et contient en soi, congénitalement, la limite et l'illimita-

tion ». Cf. les fragmentsi

et2

de Philolaos (Diels, Vorsokr. P, p. Sog).

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io3 IIAPMENIAHS 158 b

riûàc; ;

— "^OSe lôco^ev. ""AXXo tl ou)( ev ovTa oôSè ^eté-

)(^ovTa ToO Evôç t<Ste, bTE jjiETaXa^ABàvEi auToO, ^ETaXa^-

BotvEL;

—Af)Xa S/).

— OukoOvTTXf]9r)

ovxa, ev oTç t6 ev c

oÔK EVL; — nXf)9r) jiévtol. — Tt ouv

;eI eSéXoi^ev tf]

Scavoia Tcov toloutcov àcjicXEtv oq oîot té ècy\isv Stl ôXl-

yiaTov, ouK àvàyRri Kal t6 à<|>aLpE9àv ekeîvo, EÏTiEp toO ev6<;

^f] ^ETÉ)(OL, TtXfjBoç EÎvat Kttl ou)( EV;

—'AvàyKri.

—OÔKoOv ouTosq OLEi aKOTToCvTEc; auxfjv Ka6' auTfjv xfjv eté-

pav (f)\3atvtoO elÔouç baov av aÔTT]c; àeI ôpco^Ev aiiELpov

laxai -nXrjBEL ; — navTdcTraaL \xàv oCv. — Kal ^f]v ettelSocv

Y£ EV EKaaTov ^6pi.ov ji6pLov yâvrixai, Ttépac; fjSr) e^^el TTp6c; d

aXXrjXa Kal Tipôç xô bXov, Kal xo èXov npbq xà ^idpta,—

Ko^iiSf] ^Èv oSv. — Toîç aXXoLÇ Bi]xoO evôç au^ôalvEt ek

^£V xoO Evôc; Kal !£, éauxcov KOLVCovr]aàvxcov, coç eolkev,

EXEp6v XL ytyvEaBat Iv auxotç, 85f) Ttépac; ncupkoyE -npbç

aXXr^Xa* f^Se auxôv cp^aïc; kolB' éauxà ànELplav. — <?>aLVE-

xai. -— OOxcoSf)

xà aXXa xoO Ivôç Kal oXa Kal Kaxà ^opia

aTTEipà xÉ laxL Kal Tiépaxoç (iexÉ)(ei.— Flàvu yE.

OuKoOv Kal b^OLOc xe Kal àvà^ioia àXXf]XoLc; xe Kal lau- e

xoîç ;

—rif^ 5r) ;

— "^Hl ^év ttou artEipà eqxl Kaxà xf)v

éauxcov(|)\jaLV nàvxa, xaôxov TiETTovBoxa av

eÏt] xaOxr|.—

riàvu yE. — Kal ^f]v r\ \e anavxa -népaxoc; ^exé^el, Kal

xauxr| -ndvx' &vEir)

xaux6v TrETTov86xa. — Plcoq S' ovJ;

—'^Hl 8é yE TTETTEpaajiÉva xe EÎvat Kal aTTEipa tcéttovSev,

EvavxtaTiàSrj àXXf|XoLc; Svxa xaOxa xà rràBr) tt£TTov9ev. —

b 9 Vowasv Bekker : êlôoitAîv codd.|1

C 3 ôÀiv'.atov Y, Procl.

suppl, com. 1295,89: -lyfJTÔv B -l'-ytdTov TW -tyo^Tov Procl. suppl.

lem.Il

C 6 a/.o-oOvT£ç T' Dam. 279,21 : -vxi BTYW Procl. suppl.

Ijd I [xdptov bis : semel TW

||d 3 $rj

: oï Dam. 279,27 ||'oO Ivôç

om. Dam.||d 5 olÙ-oIç Y Dam. : auTotç W iajToiç BT

jjd 6 ôè

7.ùto)v YWDam. 280,4: 0' iau-wv BT||

xaG' îoljzx : -7,v Dam.[|

à~£tpiav : -ion B, Procli suppl. B H e a?]

: d B, Procl. suppl. jj

e 4 xat ix7]v om. Procl. suppl. \\r)T : ^ W tl BY Procl. suppl. et

supra lin. W|| ye : os ye Procl. suppl. []

C 6r^Y'VV Dam. 280,1 1 :

rj

T £Î B et supra lin.

WJj y£ om. Dam.

jj

e 7 tx om. Dam.

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159 a PARMÉÎSIDE io4

159 a afifictés. — Bien sûr. — Or les contraires sont aussi dis-

semblables que possible.— Comment donc î

— Donc, parl'ime comme par l'autre affection, les Autres que l'Un

seront, à eux-mêmes et les uns aux autres, semblables. Depar l'une et l'autre ensemble, ils sercml, sous l'un et l'autre

raf^ii, extrêmement contraires et extrêmement dissem-

blables*. — C'est à craindre. — Ainsi les Autres que l'Un

seraient, à eux-mêmes et les uns aux autres, et semblables et

dissemblables. — Oui. — Ils seront donc aussi bien mutuel-

lement identiques et différents;ils seront immobiles et mus ;

et toutecette]^

contrariété d'affections nous sera facile à décou-

vrir dans les Autres que l'Un, par la raison précise que nous

b avons découvert, en eux, identité d'affections. — C'est droite-

ment raisonné.

Si donc, sans développer plus longue-

Cinquième ment de telles évidences, nous répétions

bypothèse'^^rUDj^ojre examen de l'hypotbèso que l'Un

nZst^em^t'les ^^^> ^^ précédentes affirmations sont-

Antres ? elles seules possibles, et leurs négations ne

sont-elles pas elles-mêmes attribuabîes

aux Autres que l'Un ?— Très certainement. — Recommen-

çons donc à dire, si l'Un est, quels nécessaires effets en résultent

c sur les Autres. — K tes ordres. — N'est-ce pas d'abord quel'Un est à part des Autres, et les Autres à part de l'Un ?— Pour-

quoidonc.^ — Parce

que, j'imagine,en dehors d'eux il

n'ya

point de tiers, qui soit autre que l'Un et autre que les Autres:

on a tout dit quand on a dit l'Un et les Autres. — Oui, c'est

bien là tout. — Il n'y a donc rien de plus et d'autre qu'euxen qui ils puissent, l'Un et les Autres, avoir un emplaoe-ment commun. — Non, certes. — L'Un et les Autres ne sont

donc jamais ensemble. — A ce qu'il semble. — Ils sont donc

séparés ? — Oui. — D'autre part, l'authentiquement Un n'a,

d'après nous, point de parties. — Naturellement. — L'Un nesera donc dans les Autres ni par son tout ni par ses parties,

puisqu'il est séparé des Autres et n'a pas de parties.— C'est

I . Nous avons déjà trouvé un schème analogue dans la seconde hypo-thèse (147 c-i48 d) : ressemblance sous deux rapports successifs et

contraires, dissemblance double sous ces; deux rapports simultanés. Detels entrecroisements

logiquesont dû se traduire en «

dia^-ammeso).

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io4 IIAPMENIAHS 159 a

N<XL. — Ta S' EvavTia ye cùç oÎov te àvojioLOTaTa.— Tl 159 a

jiT)v ;— KocTÔ ^èv apa licdTepov t6 tkScSoç o^oia âv

str)

cxTÔTot TEaÛTOLÇ

<aLàXXf)XoLc;,

KttTà 5'

à\i<p6TEpa à^(|)OTÉpco<;

EvavTtcùTaTa te Kal àvo^otéTaTa. — KlvSuveûel. — OOtco

6t^ xà &XXa aÔToc te aÛToîç Kal àXXf)Àoi<; b^ioidc te Kal àvo-

(loia avEÏr).

— Oxticùç. — Kal TauTàBi] Kal ETEpa àXÀf|-

Xeav, Kal KLVO\j^Eva Kal EcrrÔTa. Kal nâvTa Ta èvavTlo

TTQCÔT]OUKÉTL X*^^*^^*^ EUpf]a0^1EV TtETTOvSéTa TttXXa TOO

tvéç.ETiEiTTEp

Kal TaCTaE<|)àvr|

rtETiovSÔTa, —'OpSôc;

b

XÉyEtq.

OuKoOv, EL TaOTa jiÈv f]Sr| eô^ev ôç (|>avEpà, ETicaKOTTOî-

^lEv ôÈ tkxXlv £v El EOTLV, Spa Kalou)(^ oûtcoç ex^»- '^ôt aXXa

ToO Evoç f\oÔTO {i6vov ;

— riiHvu jiEv o3v. AÉyCÙ^EV Bi]

16, àpx^Ç ^v ^^ iaTL. Tt xpT] Ta aXXa toO évèç riETiovSÉvaL.

— AÉyco^Ev yâp. — "Ap"* oCv ou x<Jûplc; ^Èv t6 ev tôv aX-

Xcùv, X^^'^P'-^^^ TaXXa toO evôç :

— TlSr] :— "Otu tcou oôk

scTi Tiapà. xaOTa CTepov, o âXXo: jiÉv eotl toO ev6<;, otXXo 8è

TÔv oXXov rrocvTa yàp EÏprjTaL. 8Tavpr\Qf\

i6 te ev Kal c

TSXXa. — riâvTa yàp.— Ouk apa et' ectiv ETEpov toù-

TCÙV, EV « TO TE EV âvELT]

TÔ aUTO Kal TttXXa. Ou

yâp. — OuSÉTtoTE apa Iv TaÙTÔ kaii to ev Kal ToXXa. —Ouk EoiKEv. — Xcaplc; apa :— Nat. — Ou8è

[ir]v ^ôpidc yE

ëxEtv cj>a^Èv t6 ù>q àXrjScàc; ev. — PIcûç yàp ;

— Oôt' apa

i^XoveÏTi Slv xè £v âv toîc; aXXotç oôte ^6pta auToO, eÎ

Xcoptc; TÉ èaii tôv oXXcov Kal ^ôpta (jifj SX^*--—

Hcûc; yàp :

158 e 7-159 a i nénovOev . vai B: -0c : va-: Y -ÔÉvai TW||a 2 t6 om.

Y jl a 3 a-j-d : -x\jxd T j| xa-i o'... a 5 /.al cù.a-^^koiç in marg. habetWi[a 5 otvôao'.a : -OTaTa Y

]ja 6 eir;

àv Yjjb i £oavr, om. Y

||

b 3 oùxoïi'* : fort, -i oyv Heindorf||

v. om. Procl. suppl, j| Èb>|XEv

edd. : I«5ijl£v codd.|1b 5 X£ya>{jL£v

: -yoLtev Dam. 287,18 -ÇtotAtv

Procl. suppl. Ilb 8 Ivo; TYW, Procl. suppl. com. 1297,33,37 Dam.

387,25: Ivô; civai B, Procli suppl. lem. AB|j

;:oj om. Dam. 287,27

IlC 3 èv 6i : £v, w Damascîi A sed èv- legit Dam. [j

xo tî : tote Yj|

xaî om. Yj[c 7 âv et mox xj-.o^ om. Y'

||c 8 l/£i TW ProcL suppl.

com. 1298,10: -r, BT jj yao

:

yài o2 TY.

Page 174: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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159 d PARMENIDE io5

d évident. — Les Autres ne participeront donc d'aucune

manière à l'Un, puisqu'ils n'y participent ni par quelqu'unede ses parties ni par son tout. — Vraisemblablement. — ils

ne sont donc un sous aucun rapport et n'ont rien en eux-

mêmes qui soit un. — Assurément non. — Ils ne sont donc

pas davantage pluralité. Chacun d'eux, en elYet, serait un

comme partie du tout, s'ils étaient pluralité; or les Autres

que rUn ne sont ni un ni plusieurs, ni tout ni parties, puis-

qu'ils ne participent à l'Un sous aucun rapport.— C'est

juste.— Ils ne sont donc non plus et, non plus, ne con-

tiennent ni deux ni trois, puisqu'à tous points de vue ils sonte

privés de l'Un. -7- Assurément.

Les Autres ne sont point, non plus, eux-mêmes semblables

el dissemblables à l'Un, et ne contiennent point ressemblance

et dissemblance. S'ils étaient, en elVet, semblables et dissem-

blables ou renfermaient, en eux-mêmes, ressemblance et dis-

semblance, c'est, peut-on dire, deux formes l'une à l'autre

contraires

qu'auraientainsi, en eux-mêmes, les Autres

quel'Un. — Apparemment. — Or avoir part à deux, quels quesoient ces deux, est, certes, essentiellement impossible pour

qui n'a pas même part à un. — Bien impossible.— Les

Autres ne sont donc ni semblables ni dissemblables ni

160 a l'wii 6t l'autre à la fois. Semblables ou dissemblables à l'Un,

ils participeraient, en eiïet, à l'une des deux formes;sem-

blables et dissemblables, ils participeraient aux deux formes

contraires. Or cela s'est révélé impossible. — C'est vrai.

Ils ne sont donc ni identiques ni dilTérents, ni mobiles ni

immobiles, ni naissants ni périssants, ni plus grands ni plus

petitsni égaux, et d'aucune autre all'ection de cette sorte ils

ne sont alTectés. Qu'on les suppose, en etlet, supporter quelqueaffection de ce genre, ils participeront alors à un, à deux, à

trois, au pair et à l'impair; participation qui, nous l'avons

jj montré, leurest

impossible, privés qu'ilssont

del'Un sous

tous les rapports et en toute mesure. — C'est on ne peut

plus vrai. — Ainsi donc, si l'Un est, qu'on le compare à soi

ou aux Autres, l'Un est tous et n'est pas même un '. — C'est

parfaitement exact.

I. Celte conclusion résume les résultats des cinq hypothèses. L'Un

est tous, c'est-à-dire, tous les modes possibles d'être et d'être connu

(3 et 4) ; pas un (i et 5) ; tous el pas un (3).

Page 175: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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io5 riAPMP:\IAHS Î69 d

— OuÔevl cipa xpoTto ^et£)(ol Sv taXXa toO èvôq. ^xfjTEd

KttTà \Ji6pi6vTL auToO ^r)Te Kaxà oXov ^ETé)(ov'ra.

— Oûk

eoLKEV. —OûSa^î] apa

Iv TaXXdc èaTLV, oûS*Ey^Ei

èv iauToïc;

Iv oûSév. — Ou yàp ouv. — Ou8' apa noXXâ Iotl xaXXa'

Ev yàp Sv f^vEKaaTov auTcov ^idptov toO oXou. el noXXà t\v'

vOv ht OUTE £V OUTE TloXXà O^TE oXoV OUTE ^Opià laTL TttXXa

ToO EVOÇ, ETTElSt) ttUToO OuSa^fj ^ET£)(EL. 'OpScâç.

Oô8' apa 8ijo ouSè Tpla oûte auToc èoii TàaXXa oôte EvcaTTiv

EV aUTOÎÇ, ELTtEp ToO EVOÇ TiaVTaxfj QTÉpETaL.—

OuTCûc;.

Ou8è b^OLa &pa Kal àvo^ioia oute auTa eotl tû evl Ta

aXXa, oÔTE EVEOTiv ev aÛToîq ô^ol6tt]c; Kal àvo^oLÔxrjç* el

yàp b^ota Kal àvojiota auTàeÏT] f^ ^X®*- ^^ êauTOÎç ô^iolo-

TfjTa Kal àvo^oLOTrjTa, 8uo ttou EÏ8r) èvavTta oXXtjXolc; ex®'-

âv EV éauTOLc; Ta aXXa toO evoç. — 0aLveTai. — "^Hv 8é

yE à8ùvaTov 8uotv tlvoIv ^eté^^elv a ^r|SEv6c; ^ietÉ)(oi.—

'A8iivaTov. — Oû't" apa b^oia out" àvô^oià eqtlv oût' à^-

c^ÔTepa TaXXa. "O^oia (jlèv yàp av ovTar\ àvo^oia evàc; âv 160 a

ToO ETÉpou Et8ou(; jiETÉ)(oi, à^c|>6TEpa 8è SvTa Suoîv TOÎV

EvavTLOuv TauTa 8è à8uvaTovèc|>àvr).

—'AXr|8fj.

Ou8' apa Ta auTà ou8' ETepa, ou8è Ktvou^Eva ou8è éa-

TQTa, ouSè yLyv6|jiEva ou8è aTioXXù^Eva, où8è ^el^co ou8è

eXàTTCû ou8è Xaa' ou8è aXXo oô8èv ttéttovSe tcov toloûtcûV

eI yàp TL toloCtov TUETTovÛÉvaL ÙTTo^ÉVEL Ta ttXXtt, Kal Evèç

Kal 8U0LV Kal TpiCOV Kal TTEpiTToO Kal àpTLOU ^eBÉEjEL. ov

auTotç à8ùvaTovè(|>àvr) ^ieTé)^eLV toO evôq ye nàvTcoq gte- b

po^évoLq.—

'AXT]9éaTaTa.— Oîjtcù

6r]ev el eaTLV, TràvTa

Té eoTL t6 ev Kal ou8è cv Iotl Kal rrpôc; eauTÔ Kal rrpàc; Ta

ctXXa ôiaavToq. — rJavTeXôc; ^ièv oSv,

d 2 ante oÀov add. to AV[|d 5 àv r,v: av

r^Y

||d 8 ivs^riv edd.

legisse uidetur Procl. suppi, com 1298.2O : sv hxiv BTYW||6 2

-/.ai: oùÔi Dam. 288,26 H e 3 Ïv£jt'.v B: h iaT-^ W iv â^cv TY||

e 4 T)B Procl. suppl. com. :

r,TYW

|] v/oi : -et Y(|e 7 [xixiyoi:

-3 IV YII160 a r TaXXa: àXXa Y

|| yàp iv TYW^: yàp BW Prôci.

suppl. Ila 3 àgjvaTOv : -ata BY

||b 3 oGos 3v TYW Dam. 288,13 :

ojoiv B,

Page 176: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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160 b PARMÉNIDE io6

Soit. Mais n'avons-nous pas à examiner

Sixième quelles conséquences doivent se produire,hypothèse : si VUn ^[ YUn n'est pas ? — L'examen s'impose^

quelles enl'ont, " Q^'^st-ce donc en soi que cette hypo-

pour lui,thèse : si l'Un n'est pas ? Diffère-t-elle

les conséquences, en quelque chose de cette autre : si le

non-Un n'est pas?— Elle en diiîère,

assurément. — Ne fait-elle qu'en différer? Que le non-Un

c n'est pas, que l'Un'n'est pas, ne sont-ce pas formules absolu-

ment contraires ? — Absolument contraires. — Mais suppose

d'autres formules: si la grandeur n'est pas, si la petitesse

n*est pas, si autre chose de ce genre n'est pas. L'intention n'yest-elle pas claire d'entendre, sous ce qui n'est point, quelquechose d'à chaque fois différent ? — Si, très claire. — N'est-

il pas clair aussi dès lors que la formule présente : « si TUnn'est pas » entend, sous ce qui n'est point, quelque chose de

différent des Autres, et que nous savons ce qu'elle entend là-

dessous? — Nous le savons. — C'est doncparler

de

quelquechose qui est, en premier lieu, connaissable, en second lieu

différent des Autres, que d'énoncer l'Un en lui ajoutant, soit

l'être, soit le ne pas être; car on n'en connaît pas moins quel

d est le sujet de ce ne pas être, et qu'il est différent des Autres.

N'est-ce pas >Tai ? — Inévitablement.

C'est donc en ce sens que nous traiterons

de * r^^afals. <^^ ^",''«''ut la question : si l'Un n'est

pas, qu'en doit-il résulter? La premièrechose à lui reconnaître est donc, semble-t-il, que, de lui, il ya science, ou qu'alors nul ne sait ce qu'on veut dire quandon dit : « Si TUn n'est pas ». — C'est vrai. — Donc, aussi,

que les Autres sont différents de lui, sans quoi on ne le poui*-

rait dire différent des Autres. — Certainement. — A lui donc

s'applique,en

plusde la

science,la diffiérence. Ce n'est

point,e en effet, de la différence des Autres qu'on parle quand on dit

l'Un différent des Autres: c'est de la diftérence de celui-là,

l'Un. — Apparemment.— En outre, précisément à ce c de

celui-là », au « de quelque chose », au « de celui-ci, à

celui-ci, de ceux-ci », à tous déterminants pareils, l'Un quin'est pas a participation. On ne saurait parler ni de l'Un ni

d'Autres que l'Un ,il n'y aurait rien à lui ni de lui, on ne

saurait non plus le dire quelque chose, s'il n'avait part ni à

Page 177: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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ïor, nAPMENIAHS 160 b

ETev et 8èSx] ^T] loTi t6 ev, tI

)(pf] au^ôalvEiv Sp' ou

<jKEnTéov pETà toOto;

— Xketiteov yàp.— Ttç o8v âv

EÏri aÔTr) iq ûttoSectiç, el ev ^f] Igtiv ;

Spà TtSiac^iÉpEt tt^oSe,

ELJlf)

EVJlf)

EQTLV; ALac|)Ép£L JlÉVTOL. Aia(J)£pEL ^OVOV,

f^Kttl Tiav Touvavxlov eotIv eItieiv el

\ir]ev ^r^ Icrrt toO eI c

iv\iT\

EOTtv;

— nSv Touvavxlov. — Tt S' el tiç XéyoL el

^éYeBoc; ^f]laTLv

t^ a^iKp6'ZT\q ^r\ eotlvt^

aXXo tl tôv

TOLOUTcov, apa £c|>'e<àoTou av SrjXoî otl £T£p6v tl XéyoL t6

^Tjov

;

— riéivuy£.

—OùkoOv

Kal vOvSr|XoL

StlETEpov

XéyEL TÔv aXXov tô\ir\ 8v, bxav

£LTir|ev eI

^f) eotl, tctxl

LCT^EV o XéyEL ;—

^la^EV.—

ripÔTov ^Èv apa yvcooTov tl

XéyEL, ETietTa ETspov t©v âXXcav, Sxav^lttt] ev, elte Tè EÎvai

aÔTÔ TtpoaSElç elte tô[ir\

EÎvaL' oôSèv (yàp; î]ttov yLy-

vcbaKETttL, TL TO Xfiyd^iEVOv ^f] EÎvaL, Kttl Stl Sià(|)opov TÔV d

aXXcûv. "H ou ;—

'AvàyKT].*QSe apa XEKTéov èB, «PX^^Î-. ^^ ^^ HT £<Jt^»-i 'tt XP^

ELVaL. ripCùTOV ^ÈV OUV ttUTÔ ToOtO ÛTTapXEl-V SeÎ, COÇ £01-

<EV, EÎvttL auTou ETiLaTf]^r|v, f) tiT]5È OTL XéyETttL yLyv6a-

KEaBai, bTav tlç eltut]ev el

\ii]egtlv, — 'AXrjBf).

— Ou-

Kouv Kttl Ta aXXa ETEpa auToO EÎvaL, fj ^iî^ôÈe<£lvo ETEpov

TÔv aXXcov XéyEaSaL;— flàvu yE.

— Kal ETEpoLéTrjc; apa

eotIv auTw rrpôç tt] ETtLaTi^jtr|. Oij yàp TifjvToàv aXXov

ETEpoLOTT^Ta XéyEL, oTav TÔ EV ETEpov TÔv SXXcûv Xéyr|, e

àXXà TT^V EKELVOU. «^ttlVETaL. — Kttl^Jlf|V

ToO y£ EKEIVOU

Kal ToO TLVôc; ical toutou Kal TotjTcp Kal toùtûîv Kal rtàv-

TCOV TCOV TOLOÙTCÛV ^ETEXEL TÔJlf|

8v EV * OU yàp &V TO EV

IXéyETo ouS' oLv toO evôç ETEpa, ou8' ekelvco av tl î^v ou5'

EKELVOU, 0u8' av TL IXéyETO, El Ji/|TE ToO TIVÔÇ aUTÛ JIETT^V

^irjTE TCOV aXXcov toûtcûv. — 'OpSoç.— Eîvai ^èv Bi\tô evl

b 6 -oj'O : -x\j-x BIIb 8 s:

jxr;: d os

jjltjY

||C 3 Tt aXXo B

||

c 4 Xéyot B : -£t TYW||

c 6 Xéyet : -ot B|jc 9 npoaOelç :

tjç Dam.

3o4,a5 jloGôàv... d 1 ûvai haberttTYW et in marg. b, Dam. 297,"21 :

om. B, Procl. supjd. j) <Yàp> edd.. : cm. bTYW Dam.j)e 4

ov sv BY Procl. suppl. : ov TW.

Page 178: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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160 e PARMEMDE 107

ce « quelque chose » ni à tous les Autres qui précèdent.— C'est juste.— Ainsi être est interdit à l'Un, puisque jus-

tement il n'est point. Mais une pluralité de participations ne

161 a lui est interdite par rien, lui est, au contraire, en toute

rigueur, imposée, du moment que l'Un qui n'est point, c'est

bien cet Un là et non pas un autre. Si ce n'est point l'Un,

si ce n'est point celui-là qu'on veut ne pas être, si c'est de

je ne sais quoi d'autre qu'on entend parler, alors il ne faut

plus même rien articuler. Que si c'est cet Un-là et non pasun autre qu'on pose ne pas être, force est bien qu'il ait part

et au déterminant « celui-là » et à une multiplicité d'Autres.— Très large part.

Il a donc aussi dissemblance par rapport

ef^rnss^miZce. «,"''

^"'^«^'^«^

'.'^^autres, dillërents de

rUn, seront aussi d'autre sorte. — Oui.

— D'autre sorte, n'est-ce pas dire divers? — Le moyen de

ne le pas dire? — Et divers, n'est-ce pas dissemblables? —b Dissemblables, bien sûr.

— Si donc à l'Un ils sont dissem-blables, c est évidemment à un dissemblable que ces dissem-

blables seront dissemblables. — Évidemment — 11 y aura

donc dissemblance en l'Un lui-même, et c'est en réplique à

sa dissemblance que les Autres lui seront dissemblables. —C'est probable.

— Si donc il a dissemblance avec les Autres,

n'est-ce pas forcé qu'il ait ressemblance avec soi même ?—Gomment forcé ? — Si l'Un a dissemblance d'un, ce ne sera

plus, j'imagine, de quelque chose comme l'Un que nous

serons dissertants et l'hypothèse présente n'aura plus rien

d'un pour objet, mais ce qu'on voudra d'autre qu'un.—

Assurément. — Or cela, il ne le faut pas.— Certainement

Q non. — H faut donc que l'Un ait ressemblance avec soi-

même.— Il le faut.

ÉQalité-Inégalité. ^\ '''^!^ P''*''*""""

P*"' ^^^\^'^'^

^"^''^' '

dès l'instant, en elfet, où il serait égal,

par là-même il serait, et, de plus, leur serait semblable en

vertu de cette égalité.Or l'un comme l'autre est impossible,

du moment que l'Un n'est point.— Bien impossible.

—Puisqu'il n'est point égal aux Autres, n'est-il pas forcé

qu'eux-mêmes ne lui soient pas égaux ? — C'est forcé. —Mais pas égaux, c'est dire inégaux?

— Oui. — Et inégaux,

n'est-ce pas dire inégaux à un inégal ?

— Evidemment. —

Page 179: Platon, 8.1 Parmenide

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I07 IIAPMENIAHS 160 e

ou^ oîov xe. ELTiEp ys \x.i] ecttl, ^eté^^elv êè ttoXXcov ouSèv

KcoXuEL. àXXà Kal àvâyKr], etTrep t6 yc ev ekeîvo ical(xf) 161 a

oXXo|lf]

laTLV, El^ÉVTOL tATjTE

t6 EVt^rjT'

EKELVO^f] ECTTai,

àXXà TTEpl ûcXXou Tou ô Xdyoç, ouSè (|)8ÉyyEa8aL Sel ouSév

et Se t6 ev ekelvo Kal^t]

aXXo ÛTi^KELTat^f] EÎvat, Kal tou

EKELVou Kal aXXcov TioXXcov dvdcyKT] auTÔ jiEXEÎvaL.— Kal

Tiàvu yE.

Kal àvojiOL6Tr|<; apa ecttIv auTcp Tipôç Ta aXXa- Ta yàp

aXXa ToO Evôc;

ETEpa

ovTaETEpoîa

Kaleïr)

av. — Nal. —Ta S' ETEpoîa ouK àXXoîa ; — Flôq 8' o\i

\ — Ta 8' àXXoîa

ouKOLvé^ota;—

'Avo^oia j^èv o3v. — Oukouv EtriEp tS> b

Evl àv6ji0L<4 âaTt, SfjXov 8tl àvo^otcp Ta yE àvé^iota av6(ioia

avELr|.

—Af^Xov.

—Elt] 5i^

av Kal tcù evI àvo^oi6Tr|c;,

•npôç f\vTa aXXa àv6[i0La aÛTÔ laTiv. — "Eolkev. — Et

8èBi\

Tcov aXXcov àvo(jioi<5Tr|c; eqtlv auTcS, Sp' ouk àvàyKT]

lauToO ô^0L6Tr]Ta aÔTo etvat ; — Hcoc;; — El Evèç àvo-

^otoTr^c; EGTL tS evl, ouk av rrou Ttepl toO toloutou é Xéyoç

Eir)o"ou ToO ev6c;, oû5' av

f) ÛTiéSECTtc; eïrj rrepl ev6c;, àXXà

TTEpl aXXouf\ év6ç. — riàvu yE.

— Oô Set 8É ye.— Oô

SfJTa.— AeX apa ô^otoTriTa tcû evI aÔTou éauTS EÎvai. — c

Ael.

Kal \xr\\foùS' au tacv y' eqtI toîç ôcXXolc;' eI yàp £Ïr|

ïaov, ELf)TE av

fjôr]Kal o^olov av

elt) auTotç KaTa ti^v

LCTÔTriTa. TaOTa 8' à^(|)6TEpa à8ùvaTa. EiTUEp \it\eotiv ev.

— 'A8uvaTa. — 'ETTEL8f] 8è ouk laTi tolç aXXotç ïaov,

apa OUK àvàyKf) Kal TaXXa £Kelv(o^iif|

Xaa. EÎvat;—

*AvàyKr).— Ta 8e

(if]Xaa. ouk aviaa; — Nal. — Ta 8e

avuaa ou Tcp àvlacp avt.aa: — Hcoc; 8' ovï ;

— Kal àviaétr]-

161 a 2;j.t;

Ï'3-x: BY Dam. 3o6,i6 :

\t.r[x'ïz-ol'. TW

||a 5 a-JTto

cm. Dam. So-.i||a 7 iaTtv aÙTw B. Procl. suppl. : aÙToi IjTtv

TYW[|b 3 Ôf, iv BT: r av YW Procl. suppl. Dam. 293,12' [j

b U

£'. :f)B

IIb 6 lauTOj : -ôj Dam,

||c i elvai cm, B, Procli suppl. A |]

C 3 l'jov y' TY : T70V -fi Dam. 307,21 y''.'jov W Ïaov B, Procl. suppL

Il c \ av ^\T^ om. Procl. suppl. || C 9 /.ai om. Y.

VIII. I. — II

Page 180: Platon, 8.1 Parmenide

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161 d PARMÉNIDE lo»

d Ainsi l'Un participe encore à l'inégalité, et c'est en répliqueà son inégalité que les x\utres lui sont inégaux ? — Il y par-

ticipe.— Mais, assurément, dans inégalité, il y a grandeur

et petitesse. — Bien certainement. — H y a donc grandeur et

petitesse en un tel Un ? — C'est à craindre. — Or grandeuret petitesse sont toujours distantes l'une de l'autre. — Tout

à fait. — 11 y a donc toujours entre elles quelque intermé-

diaire. — Toujours.— Saurais-tu indiquer, entre elles,

un autre intermédiaire que l'égalité ? — Point d'autre quecelui-là. — Là donc où il y a grandeur et petitesse, il y a

aussi, intermédiaire entre elles, l'égalité.

—Apparemment.e — Ainsi l'Un qui n'est point a, ce semble, part à l'égalité, à

la grandeur et à la petitesse.— 11 semble bien.

-, «r A Mieux encore : à l'être lui-même il doitEtre et Non-Etre. ...

i i • • r» i i

participer par quelque biais.— Far lequel

donc ? — Il en doit aller de lui comme nous le disons. Qu'il

n'en aille point ainsi, nous ne dirons point vrai quand nous

disons que l'Un n'est point. Si nous disons vrai, il est clair

que nous disons ce qui en est. N'en va-t-il pas ainsi ? — Si

lait. — Puisque donc nous affirmons dire vrai, force nous est

162 a aussi d'affirmer dire ce qui est. — Nécessairement. — 11 est

donc, ce semble, l'Un non-étant; car, à ne pas être non-étant,

à se libérer quelque peu de l'être vers le ne pas être, tout de

suite il sera étant. — C'est tout à fait exact. — Il lui faut

donc avoir, s'il doit ne pas être, comme lien le fixant à ce nepas être, le « être non-étant »

;tout comme ce qui est aura,

de son côté, pour qu'il puisse pleinement être, le « ne pasêtre non-étant ». C'est à cette condition, en effet, que ce quiest pourra le plus éminemment être et ce qui n'est pas, ne pasêtre. C'est en participant à l'être de l'être étant et au non-

fa être de l'être non-étant que ce qui est pourra pleinementêtre. Et ce

qui

n'est

pas

devraparticiper

au non-être du ne

pas être non-étant comme à l'être de l'être non-étant, si l'on

veut que ce qui n'est pas réalise, de son côté, la perfection de

son ne pas être*. — C'est ce qu'il y a de plus vrai. — Ainsi,

puisque ce qui est a part au ne pas être, et ce qui n'est pas, à

.1 « SI le non-êtw est, il sera et, en même temps, ne sera pas. Entant qu'on le conçoit comme non-étant, il ne sera pas. Mais, en retour»

en tantqu'il

estnon-étant,

il sera »

(Gorgias;

cf.

Notice, p. 19).

Page 181: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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u)8 IlAPMENIAHi: 161 d

Toç ôif) jieTé)(£LTÔ £v. Tipàç f]v

idJCKa auTtt âaTLV avtaa; d

—Metéxel.

— 'AXXà ^ÉvTOL OLVioôiTiTÔq ye èaii ^léyESéç

TE ical a^LKp6Tr|c;. — "Eqtl ydcp.

— "'Eotlv apa Kal ^éyeSéçTE Kttl a^LKpoTrjc; tô tolouto ev'l ;

— KivSuveijel. —MÉyESoq |jit)v

Kal a^iiKpÔTT^c; àeI à(|)£aTaTov àXXrjXoLv.—

nàvu yE.— METa£,ù apa tl auToîv olel Eaxiv. — ^'EatLv.

—"E-yEic; ox5v tl aXXo eItielv ^iETa£,ù auToiv

f^ laoTrjTa ;

— OuK, àXXà toOto. — "Otco apa eqtl ^ÉyEBoc; Kalo[n.-

KooTTic;.EQTL Kal

La6TT]<;auTÔ

^iETa£,ùT01JT0LV ouaa.

—<l>aLVETaL — Tc3hr\

evI^r] ovtl, qç eolke, Kal LaoTryToc; àv e

^xETEtri Kal ^EyÉBouç Kal CT^LKp6Tr|Toc;.— "Eolkev.

Kaljjif)v

Kal ouaLaç ye Seî auTÔ ^et£)(elv nr).— Hcùç

Sr| ;

—"E^ELv auTÔ Sel oStcûç a>ç Xâyo^Ev* el yàp ^i\

oStcûç ex^"-.oÛ"^ ôcv àXT]8f) X^yoL^Ev iq^iELc; XÉyovTEÇ t6 ew

^r)

EÎvaL' eI 8è àXr|8r], SfjXov otl 3vTa auTa XéyojjiEv. "H*

ou^ oÔTcoç; —- OOtco ^èv ouv. — 'EriEiSf] Se<J>ajiEv àXr|0f)

XéyELV, àvâyKri i^^iîv (|>àvaL Kal 5vTa XÉyELV.—

'AvàyKrj.— {^2 a

"EaTLV apa. oç eolke. t6 ev ouk ov el yàp ^f]êaTaL

\j^r\ ou,

aXXàTTr|

ToO EÎvaL à.vf\OEi npoc; tô^r] EÎvaL, etuBùç laTou

5v. — navTaTtaaL ^Èv oSv. — Ael apa auT6 Seo^ôv ex^i-v

ToO\ir\

ELVaL TO EÎvaL\Jif\ ov, EL ^ÉXXeL Jif) EÎvaL, Ô(JlOLC0q

ôoTiEp TO 8v t6^f)

Bv EX^i-v \XT\ EÎvtti, tva teXécûç au EÎvat

f\' oStcùç yàp av t6 te ov ^àXLaT* âvsXt\

Kal t6\ii]

Sv

oÙK avELr|, ^ETÉxovTa t6 ^èv ov oôataç toO EÎvaL Sv, \i^

oualaç SE Tou EÎvaL^fy ov, el ^éXXel teXécùc; EÎvaL, t6 Se i.

\XT]ov

^f) oôalac; ^^èv toO(if)

EÎvaL^i] bv, ouataç Sa toO

EÎvaL ^ï] ov, EL Kal t6[iT]

ov au teXécoc; ^f] laTaL. —

d 2 yc cm. YIId 7 fort, aùrotv <Cov>- Heindorf

[je i

ôfj

lleindorf e Ficino : oï BTYW Procl. suppl. jje 2

'^e-ôiri:

-iri B

Ile 3 /ai ixTjV xaî B, Procl. suppl. : xaî aT]v TYW [J

C ^ ^ïj- WProcl. suppl. :

-t] BTY -ot Coisl.|[162 a 2 xô ëv : tô Ôv

y'|| a 3

-f^-o\j Burnet ex loj

T,T^Procl. suppl. : x^ xoD W^ xfjç Toy B xc

-ou B2TYWII T,poç xô

[XTi'elvai om. W

||a ô'slvai

r.:-JW [—] fj

uel

ovr; Shorey ||

a 8 [xèv Ôv BY' : txlv ÏWjxlv «< a.75> ôv Shorey (|

b i

ToO cTvx'. : xoCÎ

< ;j.r;> slvai Shoroy j] b 2 [atj ô'v, oùff-'aç :

[p.))] — Shorey.

Page 182: Platon, 8.1 Parmenide

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162 b PARMENIDE 109

l'être, l'Un, du fait qu'il nest pas, aura nécessairement part à

l'être pour réaliser son ne pas être. — Nécessairement. — EnrUn

donc,s'il n'est

pas,

l'être mêmeapparaît.

— Il

appa-raît. — Mais le non-être aussi, puisqu'il n'est pas. — C'est

trop clair.

Avoir tel état et ne pas l'avoir est-il pos-

et Immobilité.^^°^^ ^

^"1'^^ possession de 1 état, ne

change point?— Nullement possible.— Tout ce qui est tel, tout ce qui a et n'a pas un état

c

donné,manifeste donc

changement

?— Sans contestepossible.

— Or changement est mouvement : à quoi d'autre l'assimiler ?

— C'est mouvement. — N'avons-nous pas vu que l'Un est et

n'est pas?— Si. — Il apparaît donc bien avoir un état et ne

pas l'avoir. — Il en a bien l'air. — L'Un qui n'est pas s'est

donc aussi bien révélé mù, puisqu'il s'est révélé avoir change-ment de l'être au ne pas ètre^ — Il en a toutes chances. — Si

pourtant il n'est nulle part qui soit, et nulle part il n'est, vu

qu'il n'est point, il n'aura pas non plus déplacement de

quelque endroit en un autre. — Comment l'aurait-il ? — Ce

n'est donc point par déplacement qu'il sera mù. — En effet.

d — Il n'aura point non plus rotation dans le même;car il n'a

contact avec du même en aucun point. Le même, en eflet,

c'est de l'être, et ce qui n'est point ne saurait être en quelquechose qui soit. — C'est impossible, en effet. — Ainsi donc l'Un,

l'Un qui n'est point, nesaurait avoir

rotation en ce en quoiil n'est point. — Certainement non. — L'Un n'a pas davan-

tage, il faut croire, d'altération par rapport à soi, ni l'Un

qui est, ni l'Un qui n'est pas. Ce ne serait plus, en effet, de

l'Un que nous serions dissertants, s'il s'altérait lui-même :

ce serait de quelque chose d'autre. — C'est juste.—

Mais,

s'il n'a ni altération, ni rotation sur place, ni déplacement,

g peut-il encore avoir quelque sorte de mouvement ? — La-

quelle, alors? — Or ce qui n'est pas mù reste nécessairement

en repos ;ce qui reste en repos est immobile. — Nécessai-

rement. — L'Un donc, à ce qu'il semble, l'Un qui n'est pas,

I. Voir, dans le poème de Parménide {Notice, p. 1 4, lignes 7-10),

cette identification des termes: être et ne pas être, changer, se mou-

voir. Dans Parm. i38 b/c, Théét. 181 c/d, Loi* 898 c-894 e, le chan-

gement est une espèce du mouvement. Ce sera l'inverse chez Aris-

tote (Simpl. in Phys. p. 801).

Page 183: Platon, 8.1 Parmenide

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109 nAPMEMAHS 162 b

'AXT]8ÉaTaTa.— OukoCv etteIttep tû te ovtl toO

jif]slvai. ^

Kal TÔ^if)

OVTt ToO EÎvaL ^ÉTEGTL, KOÙ TO EVL, ETTElSf] CÛK

EOTL, ToO EÎvai àvàyKrj ^lETEivat elç t6 jii^ EÎvai. —""AvdcyKrj,— Kal ouala

hi] <|)atvETaL tcù ev'l, el^f] EaTiv. —

<l>a'LVETai. — Kal\xy]

oôata âpa. elttep ^f]eotiv. — Flaç

S' ou :

OÎOV TE oCv TÔ E)(OV TICOC; ^if) E)(£LV OUTCO, pf] ^EtaBâXXoV

EK TaÛTTjç ir\c; ££,ECùq ;

— Ouk ot6v te. -— Flav apa t6

toloOtov^ETa6oXf)v arniaivEi,

o av oÎjtco te Kaljif)

oÎjtcûç C

£-\r\. — Hcoc; S" ou : — METaBoXf] 3e KivriaLÇ" f\tl

<|)f)CTo-

^Ev :—

KtvriaLÇ,— OôkoOv t6 ev 8v te Kal ouk 8v £(|5àvT] ;

— Nat. — OOtcoc; apa Kal oùy^ oîjtcûç M.\ov cpalvETat,—

*'EoLKEV. — Kal KLVO\j(iEvov apa to ouk ov ev •nÉ<|:avTaL,

ETTElTïEp Kal jJLETa6oXf]V EK ToC EÎvau ETtl TO^1^

EÎvat £X°^'

— KivSuvEiJEt. — 'AXXà\xr]v

el ^rjêajioO yé eoti tcûv 8v-

TCOV, <àq OUK EQTLV ElTTEp ^f] EQTLV, Ou8' Sv ^ESlOTatTé

TToBÉv TTOL. — Flcùc; yocp :— OÙK apa tô yE ^ETaBalvEuv

kivoît' av. — Ou yocp.— OuÔÈ

^ir]vev tcù auTW âv OTpâ- d

(|>OLTO' TauToO yàp ouSa^oO aruTETat. "Ov yàp eotI Tè Taô-

t6v t6 Se ^r]ov ev tco tcov Svtcov àSùvaTov Eivat. —

'ASiJvaTov yocp.— Ouk apa Tè ev yE ^f]

ov aipk(pzcBoLi âv

SuvatTo EV EKELVcp EV S\ir\

EOTLV . — Oô yàp ouv. — Ou5è

jif]vàXXoLoOTal Tuou t6 ev éauToO, oute t6 ov oûte tô

^tj

Sv où yàp av r\vo Xoyoç etl riEpi toO ev6<;. EÏ-nEp f\X~

XoioOto auTÔ éauTou. àXXà rtEpl aXXou tlv6c;,—

'OpBoç.— El 8è ^i^t' àXXoLoOTat t^rjTE ev TauTÔ aTpÉ<|3ETaL ^xrjTE

^ETaBatvEL, ocp'av

Ttr|etl klvolto ;

—Flcoq yàp ;

— Té yE e

^i^v àKLvr)Tov àvàyKrj i^auj^tav ocyELV, t6 ôè f\a\j\àCov kaià-

vaL. — 'AvàyKrj.— T6 Iv apa, wq eolkev, ouk 8v EOTrjKÉ

b 5 ai-caT'. :

;j.hvka--. W

||b i(» r.O): : -oi B

|jC 5 £v Tiéçavrat

TA

YW, Procli suppl, B : iiiizi- B, Procli suppl. A ïvr.z- ï||C 6 sx : èm

YII

c 7 yi W Procl. suppl. : zi BTY[|c 8 asObratTo' :

fATiO' ?a- B

IlC 9 Tô : -6 B

IId 3 -:o) : 'M Y

||d 4 ye om. Y

||d 5 oùos : oùSèv

W II d 7 f.ÀXo'.oa-ro BT et (ex àX-) Y: iÀ- W || e i asTaSa-vei : -tj W.

Page 184: Platon, 8.1 Parmenide

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162 e PARMENIDE i lo

est immobile et mû. — V ce qu'il semble. — Et pourtant,de ce fait au moins qu'il est mù, grande force lui est de

163 a

s'altérer; car,en

quelquesens

qu'unêtre se

meuve, pourautant il n'est plus dans l'état où il était, mais bien dans unétat différent '. — C'est vrai. — Du moment qu'il se meut,TUn donc s'altère aussi. — Oui. — D'autre part, s'il ne se

meut en aucun sens, en aucun sens il ne s'altérera. — Enaucun sens. — Donc l'Un qui n'est pas, en tant qu'il se

meut, s'altère; en tant qu'il ne se meut point, échappe à

l'altération. — En effet. — Ainsi l'Un qui n'est pas s'altère

et ne s'altère pas. —Il paraît. — Mais s'altérer, n'est-ce pas

nécessairement devenir autre qu'auparavant et mourir à son

h premier état;

et ne pas s'altérer, échapper au devenir aussi

bien qu'au périr?— Nécessairement. — Donc l'Un qui n'est

pas, parce qu'il s'altère, naît et périt; parce qu'il ne s'altère

pas, ne naît ni nepérit. Ainsi l'Un qui n'est pas naît et périt

et ne naît ni nepérit.

— Parfaitement.

SeotièmeRevenons donc encore une fois au com-

hypothèse : si l'Un inencement pour voir si nous retrouve-

n'est pas, rons mêmes conclusions que maintenantil n'a aucune qq conclusions différentes. — Eh bien.détermination.

j, ^^^^ ^^j^ _ ^^^^^ formule est donc :

c si l'Un n'est pas, qu'en résultera-t-il nécessairement pourlui ? — C'est cela. — Quand nous proférons ce « n'est pas »,

signilie-t-il autre chose qu'absence d'être en ce que nous disonsne pas être ? — Rien d'autre. — Ce que nous disons ne pas

être, le disons-nous n'être pas sous un certain rapport et être

sous un autre ? Ou bien cette formule, « qui n'est pas »,a-t-elle

ee sens absolu, que ce qui vraiment n'est point n'est d'aucune

façon, sous aucun rapport, et ne participe à l'être par aucun

côté? — Son sens est le plus absolu possible.— Ce qui n'est

j

pointne saurait donc ni être, ni

participer

à l'être en

aucune façon — Certainement non. — Le naître et le périr,

est-ce autre chose qu'entrer en participation de l'être et perdre

I. Ploliii dit de même (Enn. VI, HI, 687 b) : la chose mue, lant

que dure le mouvement, passe sans cesse à un autre état, et ce nou-

vel état lui-môme ne se fixe point, car, si l'altération cessait, « ce

serait la mort du mouvement ». Par contre, le scholiaste de Procl.

suppl. (Cousin, i3o6) en appelle, contre le « sophisme » du Parmé-

nidcy à la théorie d'Aristote sur l'altération.

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t lo nAPMENIAHS 162 «

TE Kal KLveÎTaL. — "Eolkev. — Kal\ii\v elnep ye KLveÎT«i,

^EY^T) àvocyKT] aÔTÔ àXXoioOCTSaf 8TTr| y^p 8cv TtKivi^Bfj,

KttTà ToaoOTov 0UKÉ8' (âaaiSTcoc; ex^*^ ^*^ ^^X^^j ^^' ÉTÉpoç. 163 a— OOtcoç. — Klvoù^evov Sf|t6 Iv Kal àXXotoOTai. — Nat.

— Kaljif^v ^T)Sa^fj y£ ictvoù^EVov ouSa^fj âv àXXoioîio. —

Oô ydtp.— ^Hi

(JiÈv apa KtvEÎTaL t6 oùk 8v iv, àXAotoOaof

1^Se

\jiT\ KLVEÎxai, oôk ocXXoioOxaL. — Ou ydtp.— Tè ev âtpa

^f]8v àXXoLoOTal TE Kal ouk àXXoLoOxaL. — <î>aivETaL. —

T65'

aXXoio\3^vov ap' ouk avdyKi^ ytyvEaSat jièv ETEpov f)

•npÔTEpov. àndXXuaÔaL Se ek tî^ç TipoTÉpaç e£,£Cl>c;- t6 8e b

\xt\ àXXoLoù^Evov t^rjTE ylyvEoBaL (jii^teomôXXuaSaL

;

—'AvdiyKr|.

— Kal xo iv apa \xi\8v àXXotoiûjiEvov jjlev ylyvE-

xat XE Kal ànxSXXuxai, ^f] àXXotou^iEvov Se ouxe ytyvExat

ouxE àTTÔXXuxaf Kal oôxcù x6 ev^if]

8v ylyvExat te Kal

a-noXXuxaj., KaloôxEylyvExaL

ovïx' àTî6XXuxai. — Ouyàp

oSv.

AuBiq hf\ ettI xt)v àp^i^v ïcû|iev TràXiv ôvj^d^iEvotsi xouxà

fj^LV (ijavEÎxaL aTTEp Kal vOvf\ EXEpa.

— 'AXXà XPT-— ^^~

KoOv EV EL^î) iaxi, (|>a^£v, xt

)^j>^ TiEpl aôxoO aujiBaivEiv ; c

— Nai. — Tô 8è^ir)

eoxlv bxav XÉyco^Ev, apa \xi\aXXo xl

aT]^iaivEL f\ oualaç aTToualav xouxw o av<|)cojiev \xi]

EÎvai ;

— OÔ8ÈV SXXo. — riéxEpov oCv, Sxav <|)S^iev \ii\EÎvai xi.

TTcbc; OUK EÎval <|)a^Ev aùx6, ttoùc; 8è Elvai;f)xoOxo x6

jif|

laxL XEy6jiEvov àriXcoç arj^alvEi bxL ou8a^coc; ouSa^ifj laxtv

oôSétit] |jiEXÉxeL ouatât; x6 yE ^if)

ov ;— "AnXotiaxaxa

(jièv

oSv. — OÔXE apa EÎvat Sûvaixo av x6jxi?)

8v oflxE aXXcdç

ou8a^cùc; oiôaïaq ^iexé^elv.— Ott yàp.

— T6 8è ytyvEaBat d

Kal x6 àjtdXXuaBaL \ir\ xl aXXo t^v f\ x6 jiàv oualaç ^Exa-

e 5 (xj-oi : xù-rj WII163 a i elyev :

s/ei B, Procli suppl. A ||a i

or, Heindorf e Ficino : oà BTYW Procl. suppl. ||a 3 av cm. T

jja 4

(et moi a 5) ^ TYW : d B et supra lin. W, Procl. suppl. ||b 4 oîixs

Yi'Yvsxat: où yt- BY ||

b 6 yàp ouv B, Procl. snppl. : ydp TYW ||C 3

t: «XXo b11c 3 6> b, Procl. suppl. com. i3o7,3o : o TYW

||c 5 xô

<)m. YIIc 8 eTvat om. B ante itv iteraiiit Y

j|d •< r^v Heindorf :

r^

YT,

BTW.

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163 d PARMÉNIDE ml'être ? — Rien d'autre. — Mais cela qui n'y a aucune partne le saurait ni recevoir ni perdre.

— Evidemment. — Puis-

qu'il n'est sous aucun rapport, l'Un ne devra donc ni avoir

ni cesser d'avoir ni prendre part à l'être en quelque façon quece soit. — Vraisemblablement. — L'Un qui n'est pas ne périt

donc point et ne naît point, puisqu'il ne participe à l'être

sous aucun rapport.—

Apparemment.— 11 ne s'altère

donc non plus par aucun côté; car, à subir altération, il

e aurait tout de suite naissance et mort. — C'est vrai. — Sous-

trait à l'altération, n'est-il pas nécessairement soustrait au

mouvement ?

— Nécessairement. — Et pourtant nous n'aflir-

merons point immobile ce qui n'est nulle part ; l'immobile,

en effet, doit toujours être en même place, donc en quelque

place.— En même place, évidemment. — Ainsi nous devons

dire cette fois que ce qui n'est point n'est ni immobile ni mû.— Il n'est certes ni l'un ni l'autre. — En outre, rien de ce

qui est n'est sien;car participer ainsi à quelque cbose qui

164 a soit le ferait immédiatementparticiper

à l'être. — C'est évi-

dent. — Donc il n'a ni grandeur ni petitesse ni égalité. —Assurément. — Il n'aura non plus ni ressemblance ni diflé-

rence par rapport à soi ou aux autres. — Apparemment.—

Eh quoi, y a-t-il rien que lui puissent être les Autres, puis-

que rien ne lui doit être ? — Uien. — Les Autres ne lui sont

donc ni semblables ni dissemblables, ni identiques ni diffé-

rents. — Non, en effet. — Mais voyons: de celui-là et à

celui-là, quelque chose, ceci et de ceci, d'un autre et à unautre, jadis et plus tard et maintenant, science et opinion et

b sensation, définition ou nom, tout cela ou rien autre qui soit

se pourra-t-il rapporter à ce qui n'est pas?— Aucunement.

— Ainsi l'Un qui n'est pas n'a, sous aucun rapport, aucune

détermination'. — C'est bien la conclusion, ce semble :

aucune et sous aucun rapport.

I . La première et la septième hypothèse aboutissent, l'une et

l'autre, à un néant, dont on ne peut rien penser ni rien dire. Les

néoplatoniciens distingueront un double néant : le premier est au-

delà de l'être, ineffable parce que transcendant; le dernier est en-

deçà de l'être : c'est « l'abîme du rien. « La première hypothèse« posait l'Un comme le terme auquel aspire l'effort d'enfantement de

i'âme, puis le supprimait pour signifier sa transcendance insaisis-

sable ». La septième supprime tout, même l'effort de la pensée

(Damascius, Ruelle, II, 3io).

Page 187: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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III riAPMENIAHi: 163 d

Xa^ôdtvELV, t6 ô' à-noXXtivau oôaiav;

— OûSèv àXXo. — *nt

ÔÉ YE ^r|8èv T01JT0U ^iéteqtlv, o^t' âv Xa^Bdcvot oOt' à-rcoX-

Xûoi aùi6. — riôc;y^P

'-

— Tô Ivl

apa, etteiSt] ouSa^f]laXtV, OÔTE EKTÉOV OÔTE aTTaXXaKTEOV OÔTE JiETaXT]T:TÉOV

oûaiaç ouSa(icdc;.—

EIk6c;.— OÔte apa àndXXuTaL t6

jif]

8v £v O0TE YLyvETaL, ETiEiTUEp oôSa^f] ^etÉ)^el oualac;. — Ou

<|)aLVETaL.— Ou8' ap' àXXotoOxai ouSa^f^* fjSrj y*? *^ C

ylyvoLTÔ TE Kal aTToXXijOLTo toOto Tiào'^ov.—

'AXt]8î].—

Et Se^t^ àXXoLoOxat, oôk àvdcyKr) ^iî^Sè KLVEÎaSaL

;

—"AvàyKri. — OuSè

^if]véaTocvai <J)r)ao^Ev xà ^ir^Sa^ioO ôv xè

yàp âaxèc; ev x« auxo xlvu Sel àeI EÎvai. — Tco aôxo' nSc;

yàp oÔ;

— OOxcoBi]

aS x6^f)

8v ^ii^xe ttoxè laxàvai jifjXE

KLVELCTBai XÉyco^iEv.—

Mf] yàp o3v. — 'AXXà\ii\v

oû8'

saxu yE aùxô xl xcûv SvxcovfjSr) yàp av xoùxou ^iexé^ov

ovxoç oùaïaq jiex£)(ol.—

Aî^Xov.— OÔxe Spa ^ÉysSoç oôxe 164 a

a^iLKp6xr|q oôxe laoxrjç auxô laxiv. — Où yàp. — OùSè

^if]v ô^0L6xr|<; yE oùSè EX£poioxT]ç ouxe -npbq auxo oùxe npoq

xSXXaeXt]

âv aùxw, ~ Ou (|>atvExaL.— TL 8é

;xSXXa Ia8

oTicoq StvEÏT) auxw, el ^r)8Èv auxû 8el EÎvai

;

— Ouk laxtv.

— OôxE apa o^ota oÔxe àv6(ji0La oÔxe xaùxà oÔ8' Ixcpà

laxLV aùxcp xà aXXa. — Où yàp.— Tt 6é ; x6 ekelvou

fjt6

EKELVcp f] x6 xl f) xo xoOxo f) x6 xoùxou fj àXXou r\ aXXç) f)

TToxÈf^

ETTELxaf]

vOvf^ ETTLaxfj^r) f) 86H,a f) ataBriatc; f]

b

X6yoc; f] ovo^a f\àXXo ôxlouv xcov ôvxcov riEpl xà

jif]8v

ECTxau;

— OÙK laxac. — Oôxco8f)

ev oùk 8v oùke)(e«. ticùc;

oùSa^ifj.— OÙKouv

8f]EOLKÉv yE oùSa^fj e)(elv.

"ExL8f| Xéyûa^iEv. Iv zl

^f) laxt, xaXXa xt)(pi^

TTETTovSÉvat.

d 4 àiv Àa;j.6âvo'.: àvaX- B legit Procl. suppl. com. i3o8,/i ||

6 3

oj/ om. YII

e 5 Oc'. îzl : xil ozX Y ôsï legisse uidetur Procl. suppl.

com. i3o8, i4(1 ~ff'

aJTO) TW et (alteri tribuentes) BY : to aùtô

Procli suppl. AB [|6 6 a-j t6 : aj-ô YW

jje 7 XsyrojjLsv

:-0[xsv Procl.

suppl. Ile 8 -oj-o'j B, Procli suppl. A : toj-o TYW, Procli suppl. B

Tou Heindorf[|164 a 1 ov-o; : tou ovtoç Stallbaum secl. Eiirnct

|1

a 3 yî : T£ TWIIoùoc : ojts B

jja 4 -aVAa £•>;

: aXXa eVr) B jjb 5 t-.

om. TY.

Page 188: Platon, 8.1 Parmenide

7/29/2019 Platon, 8.1 Parmenide

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164 b PARMÉNIDE iia

Disons une fois encore quels caractères

Huitièmereçoivent nécessaÎTement les Autres, si

hypothèse : si rUn yji ,„. j,• ., ti r 4

n'est pas, que^

^"""

^'\f.^^-

T ^ >' ^"."^ P""^^.'

~" ^^^^"''

seront les Autres ? d'abord, j'imagine, qu'ils soient autres :

s'ils n'étaient même pas autres, on ne

parlerait point des Autres. — Bien. — Si donc c'est des

Autres qu'on parle, ces dits Autres sont diflérents. Ou bien

n'est-ce pas à un même caractère que tu appliques ces nomsd'autre et de différent ?— Dans ma pensée, certainement. —

c Or le différent est, d'après nous, j'imagine, différent d'un

différent, et l'autre, autre qu'un autre ? — Oui.— Les Autres

eux-mêmes, s'il leur est prescrit d'être autres, auront donc

ce à l'égard de quoi ils seront autres. — Nécessairement.— Quesera-ce donc au juste? Ce n'est certes point à l'égard de l'Un

qu'ils seront autres, puisque lui n'est point.— Assurément

non. — C'est donc mutuellement qu'ils sont autres;c'est la

seule ressource qui leur reste, sous peine de n'être autres

que rien. — C'est juste. — C'est donc de pluralité à pluralité

qu'ils sont mutuellement autres;l'être un à un leur est, en

effet, impossible, puisqu'il n'y a point d'un. Leurs blocs, ce

d semble, individuels sont cbacun pluralité infinie'. On aura

beau choisir celui qui semble le plus minime : tel qu'unrêve de nuit, instantanément, d'un qu'il semblait être il

apparaît multiple et, d'extrêmement petit, extrêmement

grand

en face de son

propre

émiettement. — C'est très

juste.— C'est donc par blocs de cette sorte que, mutuellement, les

Autres seront autres, s'ils sont autres alors qu'il n'y a point

d'Un. — Assurément. — Il y aura donc, n'est-ce pas, plura-

lité de blocs, dont chacun apparaîtra un, mais ne le sera

point, puisqu'il n'y aura point d'Un?— Oui. — Ils semble-

e ront aussi avoir nombre, en tant que chacun serait un du faît

de leur pluralité.— Parfaitement. — Et que certains soient

pairs, et le reste, impairs, ce sera apparence et non point vérité,

puisqu'il n'y aura point d'Un. — Certainement. — Ils semble-

ront même avoir en eux, disons-nous, l'extrêmement petit,

alors qu'il apparaît pluralité, et pluralité de grandeurs, en face

de chacun des multiples, qui, eux, sont petits.— C'est évident.

165 a—

Chaque bloc sera même imaginé égal à ces multiples petits ;

1. Ainsi Taine décompose, en molécules de sensations, a ces Uoos

de sensations que saisit la conscience brute » (De VIntelligence ^

5« éd., I, p. 176).

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112 nAPMBNIAUX: 4«*—

Aéyco^ev yAp.— - "AXXa (lév tiou Set aÔTà cîvaf et yàp

^iqSè aXXa eotIv, oôk av TCEpl tcov aXXov XéyoïTO.— 05to.

— El 5è TiEpl TÔv aXXcov ô X^yoç, toc ye aXXa ETepà ècrriv.

*H ouK enl TÛ auTÔ tcoXetc; lô te aXXo Kal t6 ETEpov ;—

—"EycoyE.

—"ETEpov Se yé noù c()a^Ev t6 ETEpov Eivai c

ETÉpou, pcal t6 aXXo Bi\aXXo EÎvai SXXou

;

— Nai. — Kal

TOLÇ aXXoLÇ apa, ec ^iéXXei aXXa elvai, sait tl o6 aXXa laTat.

—'AvàyKfj.

— TlSf]

ouv avEÏr) ;

toO ^èv yàp evSç ouk

EaTat aXXa, jif) ovtoç yE.

— Ou ycip.

— 'AXXr)Xcov Spa eaTl"toCto yàp aoToîç etu XElrtETai, f] jxr)SEvôc;

EÎvat ôXXolç, —'Op8ooc;.

— KaTà TuXr]9rj apa EKaaTa àXXf|XoDV ètXXa laTl*

KttTà ev yàp où< av otà te Etr|, ^f) 8vto<; ev6<;, 'AXX' EKaa-

Toç, àç EOLKEV, 6 SyKoç aÙTcùv aneLpoç eotl TtXif|8Ei, kSv d

t6 ojiLKpéTaTov SoKoOv EÎvai Xà6r] Tiq, ôoTiEp ovap ev

uTTvcp (J)alvETaL iE,ai<pvr\c;

àvTl âvôq 86£,avToç EÎvat rroXXà

Kal àvTL a^uKpoTàTou Tca^^ÉyEBEc; npoc; Ta tcEp^aTi^6(jiEva

!£, aÙToO. —'Op96TaTa.

— ToloùtcovBt] SyKov âXXa

àXXrjXcov aveXx] ToXXa, el evoç \xr\ ovtoç aXXa laTlv. —

Ko^ilSt] jièv oSv, — OuKoOv TToXXol SyKOL laovTai, eTç

EKaaToq «paLVo^Evoç. cov 5è oÔ, EtriEp iv^r\

laTat ;

—OuTOû. — Kal àptS^iôq Se EÎvai auTÔv 86^eL, EÎTTEp Kal ev e

EKaaTov. TtoXXcov SvTCûv. — riàvu yE. — Kal Ta jièv 5i?|

apTia, Ta 8à TtEpiTTà ev auTOÎç 5vTa ouk àXrjScùc; <J)aivE-

Tai, ELTCEp EV\xr\

EOTaL. — Ou yàp o3v. — Kal ^r\v Kal

a^LKpÔTaTov yE, c^a^Év, Sq^ei ev auTOÎç âvELvat' cJ)alvETaL

8è toOto TToXXà Kal ^EyàXa rtpSc; EKaorov t£>v noXXcov ôç

a^LKpcûv ovTcov. — r\Qq 8' o{{ ;— Kal Xaoq (if^v toîç tioX- 165 a

b 6 àXXap.£v

Tzou TY : ocÀXà(jltjv

tzou ii àXXà[xr^v

r.o\j W|j

Ô£t : Ôei

xbI wjlc I TÔ cm. B, Procli suppl. A

||c 5 àXXa : àXXà Y

j)c 6

f|: c' B, Procli suppl. A ||

d i xav : xav yàp Dam. 3i8,2 |jd a XocStj : -oi

YIId 5 TotouTOiV 5t] ôyxfov : xotouxov o/j oyxov W ||

àXXa : àXXà Wjj

d 6 eiV) av YIId 8 £v cm. W add. in marg. W"^

\\e i ouxto ora, B

\\

'îoçsf: -£tcv B, Procli suppl. AB||e 3 èv om. Y

|| «pai'vsTai: çaveïxat

Thomsony e 4 xat post ijltjv om. Yjj e 5 ûoÇet iv Heindorf : -stev BTYW

Procl. suppl. jj ivïïvai odd. : £v slvat BW Procl. suppl. eTvat TY.

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165 a PARMÉNIDE ii3

car il ne saurait passer de l'apparence grand à l'apparence

petit qu'après un semblant d'entrée dans l'intermédiaire;et

ce sera là un simulacre d'égalité.— Vraisemblablement. —

On rimaginera aussi, n'est-ce pas, limité par rapport à unautre bloc, alors qu'il n'a, de soi à soi, ni commencement, ni

terme, ni milieu ? — Pour quelle raison ? — Pour celle-ci :

quoi que la pensée y veuille jamais appréhender de tel, le com-

b mencement y apparaît toujours précédé d'un autre commence-

ment, la fin prolongée par une autre fin, le milieu occupé

par quelque chose de plus médian que le milieu même et plus

petit, parce qu'on ne saurait appréhender de telles limites ences blocs pris un à un, vu qu'il n'y a point d'Un. -^ C'est la

vérité pure.— Ainsi force est, je crois, que se brise et s'émiette

tout être [qu'on aura saisi par la pensée ;car ce qu'à chaque

fois on appréhendera sera comme un bloc où il n'y a rien d'un.

— Absolument. — N'est-il pas inévitable que, dans ces con-

ditions, il apparaisse un à la vision émoussée d'un regardc lointain, mais qu'au, regard proche et pénétrant de la pensée

chaque unité apparaisse pluralité infinie, puisque privée de

l'Un, qui n'est pas* ? — Tout ce qu'il y a de plus inévitable.

— Tels donc il faut que les Autres apparaissent, chacun illi-

mité et limité, un et multiple, au cas où, l'Un n'étant point,les Autres que l'Un auraient l'être. — il le faut assurément.— Ne sembleront-ils pas aussi être semblables et dissemblables ?

— Par quel biais ? — C'est comme dans un tableau en per-

spective:

de loin tout y paraît former unité, et cela y metapparence d'identité et de ressemblance. — Parfaitement. —

d Mais, à qui se rapproche, tout apparaît multiple et différent;

et ce simulacre de dilTérence y met aspect de diversité et de

dissemblance. — Oui. — 11 est donc inévitable que les blocs

apparaissent, individuellement et mutuellement, semblables

et dissemblables. — Très certainement. — Donc, mutuel-

lementencore, identiques

et différents, en contact et

séparés,

I. « En divisant toujours, on cherche toujours l'ôlre qui est

l'unité, et on le cherche sans le trouver jamais. La composition n'est

qu'une représentation et une image trompeuse de l'être. C'est un je

ne sais quoi, qui fond dans mes mains dès que je le presse. Lorsque

j'y pense le moins, il se présente à moi, je n'en puis douter : je le

tiens; je dis : « le voilà ». Veux-je le saisir encore de plus près et

l'approfondir, je ne sais plus ce qu'il devient » (Fénelon, Existence

de Dieu).

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ti3 I1A.PMENIAHS 165 a

Xolç Kttl a^LKpotc; EKacjToc; SyKoc; 5oE,aa6r|a£TaL etvai' ou

yàp ocv jj.ETÉ6aLVEv e< ^el^ovoc; elç IXaTTov (|)aiv6^Evo<;,

Ttplv ELÇ TÔ (JL£TaE,Ù 56£,ELEV eX8e LV , ToOtO 5' eXj] Sv <|)OtV-

Taa^a taoTrjToc;.— EIkoç. — OukoOv Kal npoç aXXov

oY<ov TiÉpaç E)(cov. auToc; yE npôc; aÛTÔv oùte âpx^v oôxe

TTÉpaç oi^TE jiÉaov ex"^ '—

'^fl ^^ î

— "Oxi oceI aôxôv

bxav Tiç TL Xà6r| xf^Siavota ôç xt xoùxcov à'v, -npà xe xf^ç

àpxî^ç aXXr| olei <|)alvExaL àpxH, ^Exà xe xr)v xeXeuxtjv b

âxÉpa ÔTioXeLTTo^Évri XEXeuxr), Iv xe xô (lÉacp aXXa ^Eaal-

XEpa xoO ^Éaou. a^iuKpoxEpa oÉ, Stà x6^f] 5ûvaa8at ev6<;

aôxcov EKocaxou Xa^BocvEaBai. ocxe ouk ovxoç xoO kvôq. —"AXrjBÉCTxaxa.

—0pÙTixECT6aL 8f] oî^ac KEp^iaxt^éfiEvov

ovày<r| ttSv x6 8v, o av xlç Xà6r| xrjSiavota' SyKOÇ y^^P

Tîou avEU Evôç aEl Xa^BàvoLx" av. — Fldcvu^lèv oCv. —

OUKOOV X6yE

XOLOOXOVTTOppCOÔEV ^ÈV ÔpCOVXL

Kal

a^6XùEV

(|>aLV£a9aL àvàyKrj, èyyûBEv Se Kal ô£,ù vooOvxl ttXtjBel c

aTieipov iv EKaaxov c|)avT]vaL, EÎTiEp axÉpExat xoO évôç ^t\

ovxoc;;—

'AvayKaioxaxov jxèv ouv, — OuxcoSif) axiEtpà xe

Kal TTÉpac; Exovxa Kal iv Kal noXXà EKaaxa x&XXa Set

<|>alvEa8aL, ev el\xr]

laxiv. xaXXa Se xoO evôç. — Ael yàp.

— OuKoOv Kal S^otà XE Kal àvé^oia S6£,ei Eivat;

—Fif]

Sr) ; — Oîov £aKLaypac|)r)^Éva aTToaxdvxt ^èv iv ndtvxa

c|>aiv6^£va xaux6v <|>aiv£a8at TiETiov8ÉvaL Kal o^oia Eivat,

— ridvu yE.—

ripoaEXBovxL Se y£ noXXà Kal IxEpa Kal d

xcp xoO EXÉpou <f>avxda^axt âxEpoîa Kal àvo^iota lauxoîç,

— Ouxcù. — Kal Ô^oiouç Sf|Kal àvo^ioiouç xoùç oyKouc;

aùxoijç x£ aôxoîç àvàyKr) c|)atvEa8aL Kal àXXi*)Xoi<;.— flàvu

165 a 3 i'J.iy.ooïç :

7|X'.y.pô; B, Procl. suppl. ||a 4 oo;e:£v : -etv B •

-îi Procli suppl. AB ||a 6 ys Hermann : tô codd.

||a 8 t: ante XaSr;

om. Bjjb 3 ante toO add. -rà B, Procli suppl. AB jj

oi om. B, Procli

suppl. AB IIb 5 8^ BW, Procli suppl. AB : 5i TY

{|b 7 av. om. BY

||

b 8 u-lv B : om. TYW||

Ëv ça-vcaôa: b, Procli suppl. B: Itxç- BTYW,Procli suppl. A II

C I ôÇù voouv-:'. : oÇjvovt: B, Procl. suppl. com. iSia,^

IlC ^ oiï: ori B

IIC 5 TaXXa corr. Yen. 189: xllx BYW, Procli

suppl. AB àÀÀà T II d I yy.i anteÊTcoa et mox tou om. Y.

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165 d PARMÉJSIDE n/,

et mus de toutes espèces de mouvements aussi bien qu'immo-biles à tous points de vue, et soumis aussi bien que soustraits

à la naissance et à la mort, et gros de toutes les oppositions

imaginables: les 'détailler nous serait trop aisé du momente où, n'y ayant point d'Un, il y a pluralité.

— C'est d'une

vérité absolue.

Hevenons donc encore une fois au com-

Neuvième mcncement et disons ce qui doit être, si

hypothèse: si rUn j'Un n'est pas et que, seuls, soient les

queues négaiions ^"^^f ^"^ *'^"- " ^j^^^'^^ ^onc. -s'ensuivent ^^^ Autres ne seront donc pomt un. —pour les Auti^es. Comment le seraient-ils ?— Ils ne seront

point davantage plusieurs ; car, là où il

"yaurait plusieurs, il y aurait un. Or si aucun d'eux n'est

un, leur totalité n'est rien et ne sera donc point, non plus,

pluralité.— C'est vrai. — Si, dans les Autres, il n'y a point

d'Un, les Autres ne sont ni plusieurs ni un. — En elîet. —166 a Et, d'être un ou plusieurs, ils n'ont même pas l'apparence. —

Pourquoi ?— Avec ce qui n'est point, les Autres n'ont aucune

communauté, en aucun cas, sous aucun rapport, d'aucune

façon ;de ce qui n'est point, nulle part n'est échue à qui que

ce solides Autres;car il n'y a point de parties de ce qui n'est

point.— C'est vrai. — 11 n'y a donc, chez les Autres, ni

opinion ni simulacre de ce qui n'est point, et sous aucun rap-

port, d'aucune façon, ce qui n'est point n'est imaginé parles Autres'. — En effet. — Si donc l'Un n'est point,

b nul des Autres, non plus, n'est imaginé être, soit un, soit

plusieurs; n'imaginant point d'Un, en effet, imaginer la plu-ralité est impossible.

— Bien impossible.— Si donc l'Un

n'est point, les Autres ni ne sont ni ne se laissent imaginerni un ni plusieurs.

— C'est à croire. — Ni semblables ni

dissemblables. — Non, certes. — Niidentiques

ni différents,

ni en contact ni séparés ;et tout ce que, tout au long de nos

raisonnements précédents, nous les avons dits apparaître,

1 . Les seuls rapports envisagés dans ces neuf hypothèses sont rap-

ports ou de rUn aux Autres, ou des Autres à l'Un, ou des Autres

entre eux. L'image illusoire de l'Un ne pourrait être que « chez >i les

Autres et conçue « par » (J~o) les Autres. Tous nos manuscrits don-

nent ÛKÔ ; nos deux commentateurs le lisent:

on ne peut le suspecter.

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..4 nAPMEMA'!lv ••i^'ll'^llVl'IUsd

^lèvoCv. — OÔKoOv Ktti Toùç aÔToùç Kal. ETÉpouç aXAf^Àov,

Kal àTTTOjiÉvouç Kal X^P^Ç eauTCdV, ical iCLvou^iÉvouq Tiàaaç

KLvf|aELc;Kal

éaxcoTaç TtàvTr|,Kal

yiyvo^évouçKal àqrroXXu-

jiévouç Kal ^r)8éTEpa. Kal -nàvTa tiou Ta ToiaOTa. fi 5lsA-

8eîv EUTtETÈq TJ^iLV fj5r).Et Evàç jif) ovToç noXXà ecttlv. — e

'AÀT^BÉaTaTa ^èv ouv,

"Etl ûx] ana^ eXSovtec; TTotXLv ettI xr^v àp^r^v EÏTtcajJiEV,

£v eI[ix] laxu, xâXXa 8è toO £v6<;, tl

y^pi]EÎvat. — EÏTto-

jiEV yàp ouv. — OÙKoGv Iv ^èv ouk laxai xSXXa, — HQq

yâp;— OuSÈ

^jif)vTxoXXà yE* ev yàp ttoXXoîç oSaiv eveIt]

àv Kal EV. El yàp ^rjSèv auTcov ectIv ev, anavTa ouSÉv

laTiv, c>aTE oûS' av noXXà elt),—

'AXT|0f].—

Mf| Ev6vToq

Se £v6ç EV TOLÇ aXXoLÇ, oiÏTE TioXXà oÔTE EV laxL TaXXa. —Oô yàp.

— OuSÉ yE (|)a'LVETaL Iv ouSè TioXXà. — TtSf| ;

— 166 a

"Otl TaXXa TCûv^f]

Svtcov ouSevI ouSajiî] oôSa^Sç ouSE^jilav

KOLVttvlaV E)(£L, Ou8É TL TOOV ^f) BvTCOV Tiapà TCOV ttXXcOV T<*)

èaTiv oùSÈv yàp t^Époç eotI tolç jir]ouolv. — 'AXT]6fj,

—OôS' apa S6E,a toO

^t] Svtoc; napà tolç ScXXolç ecttIv oôSé

Tl <|)àvTaa^a, ouSÈ 8o£,à^ETaL oôSa^ifj ouSajiôc; t6\l^

8v

uTi6 TCOV aXXcov. — Ou yàp ouv, — "Ev apa el^f) eœtlv,

oôSè 8o£,à^ETaL TL TCOV âXXcùv EV ELvaL ouSè TïoXXà* avEU b

yàp Evoq noXXà 8o£,àaaL à8\jvaTov. — 'ASùvaTov yàp,—

"^Ev apa EL\IT\ EQTL, ToXXa OLÏTE EGTLV oÔTE 8o£,à^ETai EV

oôSè TioXXà, — OÔK EOLKEv, — OôS' apa b^ioLa ou8è àv6-

^oia,— Ou yàp.

— Ou8è ^f]v Ta auTà yE ou8' ETEpa, ou8è

àriTé^iEva ou8èy^cùpiq, oùBè aXXa baa ev tolc; Tip6aQ€.\t

d 5 ï-i^o-j^: -CDV Yjjd 7 7z<iv~T^ B, Procl, suppl. :

-a/rj TYVV||e

I ^ôr, 7){jLlvB

IIe 3 ràXtv cm. ï

||e 4 tàXXa : àXXa T

jje 6 IvEiTj

edd. :2V clVj BW, Procl. suppl. com, i3i3,i6 elVj TY ||e 7 xat : xô

Procl. suppl. com.{|166 a 3 oùU -i : où8' etc B

||toi : Tto W

||a 4

oùôèv : oùoï Y Dam. 32 1, i[ja 5 oùos... a 6 ^o^aÇe-on in marg. habet

WIIa 7 (ir.6 : èTzl Schlciermacher sed uide Procl. suppl. com. i3i4,i

Dam. 321,23-28jjb i oùoè ooÇa^sxat : ouxe- T

||b 4 oùZl jroXXa :

oCtxe- W, Dam. 320, 1 2 ||

b 5 aùxa vs:

ys aùxa ys Y||

b 6 àXXa:

xaXXa T.

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^'^'llSfei PARMEISIDE ii5

/ IM; i nles Autres ne sont ni n'apparaissent rien de tout cela, si

l'Un n'est pas.— C'est vrai. — Donc, à tout résumer en

G ce mot : si l'Un n'est pas, rien n'est, nous parlerions avec

justesse? — Avec une rigoureuse justesse. — Que ce motdonc soit dit, et celui-ci encore : que l'Un soit ou ne soit

pas, lui et les Autres, à ce qu'il semble, et dans leur rapportà eux-mêmes et dans leur rapport mutuel, à tous points de

vue possibles, sont tout et ne sont rien, paraissent tout et ne

paraissent rien. — C'est vérité absolue.

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ii5 nAPMENIAHS Ht MU 166 b

8li^X9o^iev oç (^aLvéjiEva auToc, to\jtcûv o^te tl Iotlv cl^te

<|3aLVETaL TaXXa, ev eI^f| laTiv. — 'AXr)6fj.

— OukoOv Kal

auXXf)68r|v el EÏTioniEv, Iv eIjifj ectlv, ouSév eotiv, ôpBcoc; c

âv EÏTtoL^EV ; — n avràîTacTi jièv oSv. — Elpi^oBo Totvuv

toOt6 te Kal 8ti, àç eolkev, ev elt' Igtiv eïte^f) laxLV,

auT6 TE Kal TaXXa Kal mpèc; aÛTà Kal npèc; aXXrjXa TiàvTa

TiàvTcoc; laTl te Kal ouk Igti Kal ({jalvETat te Kal oô<J)at-

vETai.— 'AXr|8ÉaTaTa.

VIII. I. — 12

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Ui|tJJMiniUi'V;i

/ I '/ r. V iî

CHARTRES. IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT.

I J.

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