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PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES 7O e ANNÉE JUILLET/AOUT 1973 la route des vacances, questions sur le tourisme, histoire de l'aménagement touristique, ceux qui partent et ceux qui ne partent pas, l'étalement des vacances... un exemple de lutte contre la pollution cotière RÉALISATION : la centrale thermique de Martigues ~ Ponteau les architectes et le projet de loi, le transfert de I' X , le devoir d'information

PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

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PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

7OeANNÉEJUILLET/AOUT 1973

la route des vacances, questions surle tourisme, histoire de l'aménagementtouristique, ceux qui partent et ceux quine partent pas, l'étalement des vacances...un exemple de lutte contre la pollution cotièreRÉALISATION : la centrale thermique

de Martigues ~ Ponteaules architectes et le projet de loi, le transfert de I' X ,le devoir d'information

Page 2: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

c l o i s o n s , p l a f o n d s , d o u b l a g e s .

EN PLAQUES DE PLATRE

USINES

60390 AUNEU1L

84200 CARPENTRAS

4

AGENCES

PARIS

AGENCE REGIONALE NORDTour Gamma B195, rue de Bercy, 75582 PARIS CEDEX 12Tel (15 345 54 43Telex 68901 PREGYPAN PARIS

NANTES

AGENCE REGIONALE OUEST63, boulevard Gaston-Serpetle, 44000 NANTESTel (40) 76 69 74Telex 71799

LYON

AGENCE REGIONALE CENTRE RHONE-ALPESImmeuble « L'Acacia »20, chemin de Chamère-BlancheB P N° 6 - 69130 ECULLYTel (78) 83 24 56 et 57Telex 33920 PREGYPAN ECULLY

MARSEILLE

AGENCE REGIONALE SUD30, cours Pierre-Puget (6()B P N" 354 - 13214 MARSEILLE CEDEX 1Tel (91) 54 29 30Telex 43 395 PREGYPAN MARSL

30, cours Pierre-Puget — 13214 MARSEILLE Cedex 1 — Té!. : (91) 54.29.30

Page 3: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

PCMmensuel

28, rue des Saints-PèresParis-7e

Directeur de la publication :René MAYER,Président de l'Association

Secrétaire généralde rédaction ;

Pierre PLOUGOULM

Secrétariat de rédactionet documentation :

Brigitte LEFEBVRE DU PREY

Promotion etAdministration

Hubert de LANNUR1ENSecrétariat du P.C.M. :28, rue des Saints-PèresParis-7<>

Publicité :Société Pyc-Editions :254, rue de VaugirardPans-15eTél. 532-27-19

Revue éditée par l'Associationprofessionnelle des Ingénieurs desPonts et Chaussées et des Mines,avec la collaboration de l'Asso-ciation des Anciens Elèves del'Ecole des Ponts et Chaussées,28, rue des Saints-Pères, Paris-7e

Abonnements :— France 100 F.— Etranger 100 F. (frais de

port en sus)

Prix du numéro : 10 F.

L'Association Professionnelle des In-génieurs des Ponts et Chaussées etdes Mines n'est pas responsable desopinions émises dans les conférencesqu'elle organise ou dans les articlesqu'elle publie.

Dépôt légal 3= trim. 1973 - N» 1858Commission Paritaire n° 33.087

IMPRIMERIE MODERNEU.S.H.A.Aurillac

cq

• La route des vacances, par A. VILLANNEAU 17

• Questions sur ie Tourisme 22Un exemple : aménagement de la côte Aquitaine, par J.-L.MICHAUD 26

• Histoire de l'aménagement Touristique 27Ceux qui partent et ceux qui ne partent pas 28L'étalement des vacances 33Retour au Tourisme d'itinérance 34Ces articles ont été écrits avec la collaboration du Commissa-riat Général au Tourisme.

• Le Groupe C.d.F. et la lutte contre la pollution côtière.l'exemple de Saint-Tropez, par M. de VALS 35

• Réalisation :la centrale thermique de Martigues-Ponteau, par M. HUG . . . . 43

• Périscope :Transport-expo 73, par G. DOBIAS 50

• Formation Permanente :

les mésaventures de l'élève Condorcet 51

• Directive ministérielle sur le devoir d'information 54

• Les architectes contre le projet de loi sur l'architecture, parR. MAYER 58

suivi du discours du Président P. GLENAT

• Remise en cause du Transfet de l'X 59

• Livre 61

Page 4: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

Vient de paraître

l'édition 1973 de

l'annuaire officieldu ministère de l'aménagementdu territoire, de l'équipement,du logement et du tourisme

indispensa eaux entreprises de travaux publics, aux archi-tectes, aux bureaux d'études, aux urbanistes, età tous ceux qui doivent être constamment enrelation avec les pouvoirs publics.

contient la somme des renseignements utileset comporte les principales parties suivantes :administration centrale (cabinet, direction, ser-vices, etc...) — services techniques et établisse-ments divers — conseils, comités, commissions— services extérieurs (régionaux et départemen-taux) — services spécialisés — services et orga-nismes interministériels — services rattachés etorganismes divers — ministère des transports —aviation civile — table alphabétique des person-nalités et fonctionnaires intéressés.

pour e recevoiril suffit de retourner le bulletin ci-contre, enl'accompagnant du règlement correspondant(110 F l'exemplaire, ttc et franco), au service devente de l'annuaire officiel du ministère del'aménagement du territoire, de l'équipement,du logement et du tourisme, 254, rue de Vaugi-rard, 75740 Paris cedex 15. CCP Paris 508-59.

bulletin à retourner à

annuaire officiel du ministère de l'aménagement du territoire,de l'équipement, du logement et du tourisme

254, rue de Vaugirard, 75740 PARIS Cedex 15

firme ;

adresse :

références (ou service) :

veuillez m'adresser : ex. de l'annuaire M.E.L à 110 F.,

soit : F. réglé par chèque bancaire ci-jointpar virement postal à v/C.C.P.PARIS 508-59(à adresser directement à votrecentre)suivant facture (ou mémoire) en

exempl.

cachet date

Page 5: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

la route des vacances

dossier : vacances

Les automobilistes français qui ontcoutume de fréquenter certainsgrands axes, notamment les routessupportant les grands va-et-vient devacances, ont eu l'occasion, au coursde ces dernières années, de se fa-miliariser avec les flèches vertes etles flèches jaunes mises en place àleur intention pour leur permettred'éviter certains « bouchons ». Quel-ques-uns, pessimistes de nature ouvictimes, peut-être, d'une expériencemalheureuse, s'en mêlent : « C'estun piège ». D'autres (de plus en plusnombreux) leur font confiance et s'enfélicitent.

Il n'est pas sûr que les uns et lesautres aient une idée très claire du« message » que transmet cette signa-lisation encore récente.

tion Emeraude. Il s'agit en effet, dansce cas, d'assurer la distribution opti-male du trafic sur lels différentes bran-ches d'un fuseau, de manière à mini-miser les temps de parcours entreses extrémités. Le fuseau est cons-titué par un itinéraire principal com-portant un ou plusieurs « pointschauds » et le ou les itinéraires se-condaires qui permettent d'éviter cespoints chauds. Le système entre enfonctionnement dès que les bouchonsqui se produisent au niveau des dif-férents points chauds atteignent unelongueur telle qu'il devient avanta-geux d'emprunter l'un ou l'autre desitinéraires permettant d'éviter cesbouchons. A partir de ce moment,l'admission sur l'itinéraire principal etsur les itinéraires secondaires con-

currents est dosée de telle sorte quele temps de parcours entre les deuxextrémités du fuseau soit le même,quel que soit l'itinéraire emprunté. Lejaune signifie donc gain de temps.

La simple perception des couleursconstitue ainsi, pour l'usager averti,une indication suffisante pour se dé-terminer : s'il préfère le calme et latranquillité, même en risquant (peut-être) de perdre du temps, il doit sui-vre les indications de la signalisationverte. Par contre, il a toujours inté-rêt à se conformer aux indicationsde la signalisation jaune : elle luiindique toujours l'itinéraire qui lui per-mettra d'atteindre dans les meilleuresconditions de temps la localité indi-quée.

Vert et jaune,« bis-émeraude »et « délestage »

Le vert est la couleur spécifique desopérations « Emeraude ».

Ces opérations ont pour but d'indi-quer aux automobilistes circulant surun itinéraire principal très chargé,l'existence d'un itinéraire « bis », demoins bonne qualité, certes, souventun peu plus long, mais aussi plus cal-me, souvent plus pittoresque, sur le-quel ils pourront rouler plus « déten-dus ». En empruntant cet itinérairebis, arriveront-ils à destination plustôt ou plus tard que s'ils avaient ac-cepté de supporter l'inconfort deconduite occasionné par la forte den-sité de trafic de l'itinéraire principal ?Rien n'est certain à cet égard. Entout état de cause, la perte de temps,si perte de temps il y a, sera minime,le gain de calme et de tranquillitéimportant. Le vert signifie donc tran-quillité, rien de plus.

Le jaune est la couleur spécifiquedes « délestages ». L'objectif d'uneopération de délestage est beaucoupplus ambitieux que celui d'une opéra-

Equipement de P.C. d'une opération complexe comportant la mise en œuvrede plusieurs délestages ou itinéraires bis {opération « Languedoc-Roussillon »).

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Page 6: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

Il ne reste plus qu'un détail à pré-ciser : la signalisation spécifique desopérations Emeraude et des opéra-tions de délestage ne se distingue passeulement de la signalisation tradition-nelle par la couleur, mais aussi parle dessin des flèches de jalonnement,dont l'arrière est de forme trapézoï-dale au lieu d'être de la forme rec-tangulaire habituelle.

De plus, ces flèches s'inscriventdans un panneau rectangulaire defond blanc pour les flèches vertes etbleu pour les flèches jaunes. Enfinles flèches jaunes de délestage com-portent la mention de la localité verslaquelle elles conduisent, alors queles flèches vertes jalonnant les itiné-raires bis sont muettes. Cette dernièrecaractéristique pourrait entraîner desconfusions lorsque l'itinéraire bis peutêtre exploité dans les deux sens. Dansce cas l'un des sens est jalonné parune flèche pleine, l'autre par une flè-che comportant un signet centralblanc.

Itinéraire à la carteet libre choix

Les usagers n'ont pas besoin d'ensavoir davantage pour être à mêmed'utiliser au mieux les ressources quileur sont offertes et choisir, en coursde route, l'itinéraire correspondant àleurs goûts ou à leurs projets. Choisirest bien le mot qui convient, car l'ex-ploitation des itinéraires « bis » (Eme-raude) ou des itinéraires de délestagene prend jamais la forme d'unecontrainte. De quel droit, en effet,contraindre, par exemple, l'automobi-liste se rendant à Biarritz par laR.N. 10, à emprunter le délestage quilui permettra d'éviter le bouchon d'An-goulême s'il a projeté de profiter dece déplacement pour visiter le muséede la ville ou saluer un ami au pas-sage ? L'usager reste donc entière-ment libre du choix de son itinéraire.Encore convient-il qu'il sache faire unusage intelligent de cette liberté, souspeine de condamner à l'échec et auridicule les opérations montées à sonintention. Et cela risque de se pro-duire. En effet, la plupart des usagersayant accepté de faire l'essai desitinéraires de délestage et des itiné-raires bis en ont apprécié le charmeet la tranquillité. Un certain nombred'entre eux en sont devenus des adep-tes fervents et les utilisent désormaisde manière systématique, sans plusse donner la peine de jeter un coup

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UN EXEMPLE D'ÉQUIPEMENTDE SITE D'ENTRÉE DE DÉLESTAGE

( Operation "Languedoc - Roussi Mon" )

En période de non délestage

d'œil à la signalisation du site d'en-trée. Si bien, que quelques bouchonsont fait leur apparition sur quelques-uns de ces itinéraires secondaires.

Il ne saurait donc être trop recom-mandé aux automobilistes circulant enpériodes de pointe, de ne pas céderinconsidéremment à leurs penchantsbucoliques et de ne pas vouloir s'en-gager à toute force sur ces itinéraireslorsque la signalisation du site d'en-trée ne les y invite pas. Cela irait àl'encontre de leur intérêt et de celuide la collectivité des usagers.

L'ordinateurdans les coulisses

Ainsi présentées, les opérations« Emeraude » et délestages, ont tou-tes les apparences d'opérations trèssimples. Et il faut bien qu'il en soitainsi : La signalisation d'un site d'en-trée ne pouvant s'échelonner sur unetrop longue distance, l'usager disposegénéralement, entre le premier pan-neau et le point de choix, d'un délaiinférieur à une minute pour déciderde la route qu'il va choisir ; il fautdonc que cette décision puisse seprendre en se référant à des critèrestrès simples et en très petit nom-bre. La signalisation a été conçue etmise au point après de multiples ob-servations et tâtonnements empiri-ques pour répondre à cet impératif« opérationnel ». Mais il va de soi quecette simplicité dans les apparencesexternes masque une réalité internebeaucoup plus complexe.

Dévoiler l'existence d'un itinéraire

bis doublant un itinéraire principallorsque ce dernier se trouve encom-bré, et faire le nécessaire pour garan-tir une bonne fluidité sur cet itiné-raire bis, nécessite déjà la mise enplace d'un système de surveillanceet de transmission. Mais on peut en-core se contenter, pour cela, de sys-tèmes très simples ne faisant appelqu'à des procédures manuelles.

Il n'en est pas de même des déles-tages.

En effet, la distribution judicieusedu trafic sur les différentes branchesdu fuseau exploité, de manière à réa-liser l'égalité des temps de parcours,ne peut se faire qu'à partir d'uneconnaissance précise, en temps réel,de la demande à traiter, ce qui né-cessite la mise en place d'un sys-tème d'acquisition et de traitement dedonnées très étudié. Le calcul destaux de délestage doit être très fré-quemment actualisé pour tenir comp-te et des fluctuations de la demandeet de la « réponse » des usagers. Cesdeux critères peuvent contraindre àpasser très fréquemment d'une confi-guration à l'autre de la signalisationvariable (dans certains cas on a at-teint la cadence d'un changementtoutes les trois minutes). Si on ajouteà cela que le fonctionnement despanneaux successifs doit être décalédans le temps en tenant compte deleur distance, les uns par rapport auxautres et de la vitesse pratiquée parles usagers, pour éviter que ces der-niers ne se trouvent désemparés pardes incohérences entre panneauxsuccessifs, on comprendra aisément

Page 7: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

.. redonne un sensà la circulationEn collaboration avec les responsables de la circulationC.G.A.- rj&çueiNe les données sur le site ;- traite, les informations ainsi obtenues, selon des méthodes

éprouvées ;- teste les programmes par simulation ;

|es solutions et les investissements correspondants,QJ2réalisables par tranches ;

- djgterjmjne.les stratégies optimales de commande des feux;- définit et réalise les installations de commande centralisée

dont elle assure la mise en service et la maintenance.

GROUPE C G E.

COMPAGNIE GÉNÉRALE D'AUTOMATISMEDÉPARTEMENT CONTROLE CENTRALISÉ

Le Plessis-Pâté - 91220 BRETIGNY SUR ORGE - Tél. : 490.92.20 Télex : C.N.E.S. BY 25760 F CGA Gay-Lussac

Page 8: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

qu'on soit obligé d'avoir recours àdes moyens assez sophistiqués.

Le schéma de principe d'une opéra-tion de délestage peut se décrire suc-cinctement de la manière suivante :un réseau d'acquisition de donnéesdirectement relié à un ordinateur qui,à intervalles réguliers (de l'ordre de 5à 6 minutes), fait le point de la situa-tion, détermine les taux de délestageà appliquer et assure la télécomman-de des panneaux de signalisation va-riables implantés dans les différentssites.

Le temps gagnéDe tels systèmes sont évidemment

fort coûteux et la question de leurrentabilité mérite d'être posée. Desétudes sont actuellement en courspour mettre au point une méthode decalcul permettant de prendre encompte tous les facteurs méritant del'être dans des évaluations de cettenature. En attendant que cette mé-thode puisse être appliquée, il estdéjà possible d'avoir une estimationapprochée en se basant sur le seulfacteur temps. Il est en effet assezfacile de mesurer la longueur desbouchons qui se sont formés au coursd'une période donnée au niveau desdifférents points chauds traités parune opération et d'évaluer, par l'ana-lyse des débits écoulés, quelle auraitété cette longueur en l'absence detoute intervention. De là se déduisentle temps qui a été perdu et le tempsqui aurait été perdu par les usagersdans l'un et l'autre cas. La différencedonne une bonne idée de l'efficacitéde l'opération. En affectant à l'heurela valeur qui lui est généralementattribuée dans les calculs de rentabi-lité, il apparaît que, dans la plupartdes cas, il suffit d'une année pourque la valeur du temps économisédépasse le coût de l'opération.

Les opérations de délestage attei-gnent donc des taux de rentabilitéfort acceptables. Pourtant elles n'ontété appliquées jusqu'alors qu'à la so-lution des problèmes très épisodiques(quelques jours par an) posés, enquelques points du réseau de rasecampagne, par l'écoulement desgrandes pointes saisonnières.

Il devrait donc être particulièrementintéressant de développer l'applicationde tels systèmes sur des réseauxconnaissant des phénomènes de sur-charge plus fréquents. C'est bien danscette optique qu'a été mise en place,l'an dernier, l'opération « Normandie »,

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Exemple de fonctionnement

d'un système de

délestage.

( Opération'Languedoc Roussillon)/Traitement del l'inlormation

I X

1 I

visant à faciliter l'écoulement despointes de retour de week-end entrela côte normande et Paris.

De même, d'autres opérations sonten cours de préparation pour exploi-ter rationnellement les corridors depénétration des grandes métropoles.Mais, encore que les pointes saison-nières y manifestent leurs effets d'unemanière de plus en plus préoccupante,il ne s'agit plus là tout-à-fait de laroute des vacances.

Ainsi, les actions entreprises sur leréseau de rase campagne pour facili-ter l'écoulement des grandes pointesde l'été ont-elles engendré plus queles effets locaux et immédiats qui en

variables

étaient attendus. Chacune d'entre el-les a apporté sa moisson d'enseigne-ments qui, joints à ceux recueillisquotidiennement sur l'ensemble duréseau grâce au Centre National etaux Centres Régionaux d'InformationRoutière, ont permis d'améliorer sanscesse la connaissance concrète nonseulement des problèmes immédiatsqui se posent sur le réseau, mais aus-si de ceux qui sont en gestation.Grâce à cela, ces opérations, généra-lement éphémères, continuent à pro-duire des fruits longtemps encoreaprès avoir été démontées.

A. VillanneauDirection des routes

et de la circulation routière

Page 9: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

( OPERATIONS D'EXPLOITATION 1973)

LEGENDE

Itinéraire Principal

itinéraire Bts

Itinéraire de Délestage

Délestage de Lyon

11 rue de la Nouvelle France93-Aubervilliers/tél. 833 2345

• carrefours simples et complexes• axes coordonnés• délestages automatiques• instrumentation

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Page 10: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

dossier : vacances

questions sur le tourisme

La grande incertitude qui caracté-rise aujourd'hui la préparation de bonnombre d'actions touristiques, et no-tamment des actions d'aménagement,révèle un changement profond dansles conceptions du rôle du tourismeen France. Hier, celui-ci apparaissaitcomme une solution à un problème decomptabilité nationale ; aujourd'hui,son développement et son orientationse posent en termes de compatibilités,c'est-à-dire en choix de société. Ausouci d'assurer un solde positif à labalance des paiements se substitueprogressivement une préoccupationqui en dépasse et contredit parfois lesobjectifs : assurer la satisfaction desbesoins de loisirs et de détente iel'ensemble de la population française.

La première option a eu pour consé-quence majeure le développementd'une industrie touristique de luxe aucours de la décennie écoulée.

La seconde conception remet enquestion la place du tourisme de va-cances par rapport à l'ensemble desactivités de loisirs, et vise à reconci-lier les vacances annuelles et les loi-sirs de chaque jour, par l'aménage-ment combiné des espaces et despériodes de « re-création ».

Efforçons-nous de comprendre, enexaminant trois questions d'aménage-ment posées aux pouvoirs publics, lesimplications véritables des actions en-treprises :— les grandes opérations d'aménage-

ment liées au tourisme,— la politique d'hébergement touristi-

que,— les ports de plaisance.

Les grandsaménagements

La politique dite des « grands amé-nagements » a maintenant dix ans. Iln'est pas trop tôt pour en tirer, aprèsd'autres, quelques enseignementsd'expérience.

A l'origine de cette politique, un

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constat de situation : les Français serendaient de plus en plus nombreuxà l'étranger ; l'été, sous le soleil d'Es-pagne ou d'Italie ; l'hiver, dans la nei-ge autrichienne ou helvétique. Maisnul n'observait de « rush » compensa-toire et bienfaisant vers nos frontiè-res.

A l'épargne qui allait au-delà desAlpes ou des Pyrénées, s'investissantdans la pierre étrangère, l'on se de-vait d'offrir sans tarder une pierrefrançaise, capable de ramener versnos promoteurs ces disponibilités enquête de placement prometteur. Ainsifut fait : le Languedoc-Roussillon déjà,l'Aquitaine bientôt, offrent leurs côteséquipées et bâties aux vacanciers lesplus offrants.

Conçue comme un instrument dedéveloppement régional, la concentra-tion des aides publiques sur des zo-nes géographiques déterminées (Lan-guedoc-Roussillon, Aquitaine, Corse etAlpes notamment), devait avoir uneffet d'entraînement déterminant surl'économie et l'emploi régionaux. Enfait, il reste à fournir la preuve quecet effet moteur du tourisme a puêtre obtenu ; et que les effets béné-fiques des aides publiques, et des in-vestissements privés qu'elles ont en-traînés derrière elles, ont profité auxactivités et aux emplois locaux. Pour-quoi ?

Prenons l'exemple du Languedoc-Roussillon. L'objectif premier a étéd'y créer des lits, non d'accueillir destouristes ; la nuance n'est pas mince.Si l'on en croit les responsables dessociétés d'économie mixte du Langue-doc-Rouissillon, il semble que le prin-cipe des prêts consentis avec un dif-féré d'amortissement de trois ans, etla nécessité d'équilibrer au plus vitela gestion conduise inéluctablement àaccorder une place prépondéranteaux ensembles immobiliers et auxports de plaisance, seuls capables, siles uns et les autres trouvent acqué-reurs, de rentabiliser les opérationsdans les délais prescrits. Quellessont les conséquences d'un tel sys-

tème ? Le « bourrage » des unités enrésidences secondaires privatives, oc-cupées en moyenne vingt-cinq jourspar an, par leur seul propriétaire, etl'absence presque complète de réali-sations adaptées au niveau réel desolvabilité de la demande, c'est-à-direle camping (mais priorité n'est-elle pasdonnée dans les nouvelles stationsau camping de luxe ou de classe in-ternationale ?), l'hôtel une ou deuxétoiles (en existe-t-il plus de trois dansles nouvelles stations du Langue-doc ?...) ou la résidence locative detype bungalow.

Au contraire, loin de créer desmoyens d'hébergement adaptés à lademande, tout se passe comme si l'ons'efforçait de restreindre la part deshébergements accessibles aux bud-gets modestes, à commencer par lecamping libre ou « sauvage ».

Soucieuse de créer une « image demarque » aussi attractive que possi-ble, chaque station est tentée d'en-courager la venue d'une clientèleaisée susceptible de lui donner sonrenom. Cette attitude résulte sansdoute pour une part de la méconnais-sance des caractéristiques de la de-mande touristique réelle, et se ren-contre aussi bien en Provence-Côted'Azur qu'en Aquitaine, en Languedoc-Roussillon qu'en Corse. Miser sur uneclientèle fortunée que l'on imagine il-limitée compromet dans bien des casl'équilibre financier de la gestion.Maints déboires immobiliers, en par-ticulier, n'ont pas d'autres causes.

La part prépondérante des héberge-ments destinés, en Languedoc-Rous-sillon ou en Corse, à une clientèleaisée, tend à faire ressortir que l'aidede l'Etat en faveur du tourisme a cons-titué dans bien des cas, une subven-tion indirecte à la résidence secon-daire ou à l'hôtel, eux-mêmes desti-nés à une clientèle déjà privilégiée :était-ce bien là l'intention des Pou-voirs Publics ?

Sur le plan urbanistique enfin, onconstate que les lieux de vacancescréés de nos jours, en bord de mer

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Ou en montagne, se caractérisent parla reconstitution d'un paysage urbain :lorsque parkings à voitures, parkingsà bateaux et immeubles ou pavillonss'égrènent le long des côtes, est-onbien assuré qu'il s'agit là d'une sageéconomie de notre espace vital ? Est-ce bien sûr aussi que la différencia-tion entre des espaces urbains consa-crés à la vie quotidienne, et des zo-nes de loisirs vouées pour l'essentielaux vacances (signifiant par là uneéconomie régionale fondée sur uneactivité dominante) n'est pas de natu-re à renforcer l'insatisfaction profon-de des hommes de notre temps, faceà leurs conditions de travail et de vie,et à construire sur des bases bienfragiles l'équilibre économique de ré-gions entières ?

L'habitat de vacances :un trompe Yceïl

Chaque année, 50 000 résidencessecondaires nouvelles environ sontrecensées. Il ne faudrait pas en dédui-re que 250 000 lits sont offerts en sup-plément à la fréquentation touristique ;la moitié des places « nouvelles » pro-viennent en réalité du changementd'affectation de logements anciens.Il n'en reste pas moins que 25 000 à30 000 constructions neuves chaqueannée, judicieusement réparties, peu-vent rapidement dévaloriser les paysa-ges ruraux, littoraux et montagnards.

Toutefois, les conséquences écono-miques résultant des choix qui, defait, s'inscrivent dans l'espace, sontà certains égards plus graves enco-re : sait-on bien que la durée moyen-ne d'occupation d'une résidence se-condaire varie, selon les régions, de15 à 25 jours par an ? Que la duréed'occupation d'une place en campingou en bungalow locatif lui est environ,compte tenu de la densité d'occupa-tion, de quatre à six fois supérieure ?Que les avantages tirés des résiden-ces secondaires par les collectivitéslocales sont à court terme, alors quel'intérêt des formules locatives ou demulti-propriété est durable ? Comptetenu de la durée d'occupation d'un lit-touriste de chaque catégorie, et dela dépense journalière respective d'unrésident et d'un campeur ou carava-nier, le chiffre d'affaires annuel assu-ré par la création d'un lit en « léger »locatif est de deux à trois fois supé-rieur à celui qu'induit la constructiond'un lit privatif en « dur ».

Sur le plan foncier, quelles peuvent

être les conséquences de la prioritéde fait accordée à la résidence secon-daire ?

Revenons à l'analyse classique dumécanisme du marché de celle-ci, quis'exprime particulièrement, en zonelittorale : chacun sait que l'espacelittoral est un bien rare ; chacun sou-haite, parce que c'est un bien rare,mais aussi parce que la vue sur lamer, ou à défaut la proximité de lamer, est un avantage supplémentaire,s'approprier une part de ce bien fini :sa rareté fait son prix, et la certitudesoigneusement entretenue de l'ac-croissement de cette rareté fait es-compter à chacun de rapides et subs-tantiels bénéfices — ou du moins leurpossibilité.

Ainsi l'accroissement de la deman-de tend à augmenter la rareté du biendemandé (la vue et la proximité dela mer, et non la résidence elle-mê-me), et à son tour, sa raréfaction sti-mule la demande non sans que lacharge foncière ait été de ce fait for-tement accrue entretemps.

Cette spirale de caractère nette-ment inflationniste trouve ses seuleslimites dans la solvabilité de la clien-tèle potentielle : et ceci explique bienqu'après le mévente observée en1970-1971 pour le segment du mar-ché «100 000 F et plus», l'offre nou-velle ait été constituée à un niveaude prix beaucoup plus modeste :40 000 à 80 000 F pour de nombreuxprogrammes. Un tel abaissement descoûts n'a pu être obtenu que par lerecours à des techniques industriali-sées ou semi-industiralisées, à uneréduction du niveau ae confort moyen,et à un tassement de la marge béné-ficiaire des promoteurs et construc-teurs.

Les conséquences spatiales d'unetelle évolution sont connues ; elle en-tretient la demande de terrains sur lelittoral, et attise donc la flambée desprix fonciers ; elle accrédite l'idée —exacte dans certains cas — selon la-quelle il n'est pas possible d'être hé-bergé sur le littoral en haute saisonque si l'on y possède sa propre rési-dence secondaire ; augmentant la va-leur des sols littoraux, elle en éloignepar contre-coup les installations decaractère économioue, et notammentle camping-caravaning.

Et à son tour, le manque d'héber-gements ouverts à tous stimule la de-mande de résidences secondaires...

Un vaste processus de parcellisa-tion de l'espace s'amorce donc sous

nos yeux, qui risque en quelques an-nées de conduire à une situation depénurie sur le littoral et dans certainssites de montagne.

Il suffit, pour en être convaincu, desavoir qu'en 1990, si une tranche sup-plémentaire de 15 % seulement parmiles vacanciers du littoral procédait àl'acquisition d'une résidence secon-daire, faute de trouver en location unhébergement bon marché (de catégo-rie « hôtellerie de plein-air »), c'estpar milliers de places vides que setraduirait le gaspillage réalisé, comp-te tenu du mode respectif de fréquen-tation et de la durée d'occupationde ces deux catégories ; les 500 000lits d'hôtellerie de plein-air qui suffi-raient à satisfaire cette demande de-vraient être compensés par près de3 000 000 de places en résidencessecondaires privatives !

L'alternative doit donc être claire-ment posée :— ou bien il s'agit d'entretenir, aux

dépens de notre patrimoine d'es-paces et de paysages, un phéno-mène à caractère essentiellementspéculatif dans ses causes et dansses effets — et de surcroît, rui-neux pour les individus et la col-lectivité,

— ou bien il convient de faire porterl'effort, tant de conception que definancement et de soutien, en fa-veur du développement des formu-les d'habitat économique, léger, eten gestion locative, auquel le ter-me d'hôtellerie de plein air sem-ble convenir.

Si l'accent doit être mis sur cet-te seconde possibilité, pourra-t-onéchapper à un profond remaniementde la fiscalité des hébergements ? Leshôtels classés, bénéficiant d'un tauxde T.V.A. de 7 %, pourront-ils conser-ver longtemps, quelle que soit leurcatégorie — et la question se posenotamment en ce qui concerne les3 et 4 étoiles — ce privilège ?

A l'inverse, les hôtels de préfectureet les campings et caravanings quiassurent (réalisant au passage les pro-fits à attendre normalement d'une ac-tivité lucrative) l'accueil des clientèlesmoyennes et modestes ne devraient-ils pas voir leur taux ramené de 17 %à 7 % ? Une telle mesure apparaîtraitnon seulement comme un signed'équité, mais aussi de sagesse, ence qu'elle inciterait à une plus justeappréciation des chiffres d'affairesréalisés.

Aucune réponse trop exclusive ne23

Page 12: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

peut sans doute être apportée auproblème de l'hébergement en Fran-ce : compte tenu de la brièveté de lasaison touristique, il est peu proba-ble que l'on puisse amortir de façonsatisfaisante des investissements enhébergements « lourds », mais l'héber-gement locatif « léger » ne constituepas non plus une panacée.

A l'instar de ce qui se pratique enSuisse, en Autriche ou en Allemagnepar exemple, le logement chez l'ha-bitant à des conditions intéressantespour les deux parties mériterait, luiaussi d'être développé. Les gîtes ru-raux vont en ce sens, et leur succèsne se dément pas. Les voies nouvel-les ne manquent donc pas. Il n'estbesoin que de les emprunter.

Les ports de plaisanceA en croire J.-Y. COUSTEAU (1),

le littoral méditerranéen sera bordé,kilomètre par kilomètre, de ports deplaisance dans quelques années. Aurythme actuel de construction, il fau-dra en effet 200 kilomètres de quaissupplémentaires tous les dix ans. Iciencore, l'objectif consiste-t-il à équi-per systématiquement, quitte à oblité-rer des espaces naturels sans les-quels le tourisme perd son caractère,ou à permettre la satisfaction des be-soins de loisirs en recherchant lesmodes de locations de bateaux, lacréation de clubs, etc., conduisant àla pratique des sports de voile unnombre plus élevé d'individus, et no-tamment de jeunes ? N'y a-t-il pas,dans une certaine mesure, conflitentre la création d'un produit — l'an-neau portuaire — que l'on cherche àvendre, même s'il doit rester inutilisé,et la mise en œuvre d'activités — lapratique de la voile — que l'on cher-che à faire partager en évitant ladémultiplication des moyens !

Il va sans dire que les nécessitésde l'aménagement d'espaces rares in-citent davantage à la recherche desprocédés qui économisent ceux-ciqu'à celle des initiatives qui les bra-dent. L'Association des I.P.C.M. s'estd'ailleurs honorée en prenant posi-tion à plusieurs reprises en faveur durespect de l'intérêt général lors deconflits avec des intérêts particuliers.

On conçoit fort bien que des par-ticuliers désirent, même s'ils n'en ontpas l'usage, acquérir un poste à quai.Il pourra alors s'agir d'une sorte deplacement. Et en effet, les cas dereventes rapides sont fréquents. Oncomprendra plus difficilement que ces

24

actions de caractère spéculatif plusou moins marqué s'exercent au détri-ment d'un patrimoine essentiel.

On s'étonnera, en tout cas, quel'Etat soit amené à subventionner cer-taines catégories de ports de plai-sance. Les principes qui guident géné-ralement l'aide de l'Etat aux collecti-vités ou aux entreprises ne semblenten effet guère applicable dans cecas, puisque la subvention vient endéfinitive en déduction du prix payépar le plaisancier pour la garde oula sauvegarde de son embarcation.Les fonds publics reviennent ainsi,sous couvert d'aide aux collectivitéslocales, aux plaisanciers propriétaires.Ne pourrait-on imaginer que des équi-pements publics utilisables par desclientèles plus larges et surtout plusvariées, mériteraient davantage d'êtresubventionnés ? Et que l'aide publi-que accordée à la clientèle touristi-que la moins nombreuse mais la plusfortunée va à rencontre de la logi-que que l'on est en droit d'attendrede la puissance publique ? Que grâceaux millions destinés aux ports deplaisance, l'on aide par exemple à lacréation ou à la modernisation debases nautiques de dériveurs, oud'équipements de plages, et nul n'yverrait sérieusement à redire. Cha-cun, d'ailleurs, y trouverait son comp-te, puisque la construction de portsde plaisance s'ajusterait au niveauréel de la demande en postes, et quel'extension du parc de plaisance loca-tif favoriserait une gestion plus renta-ble des unités disponibles.

D'une façon plus générale, c'est àune sélection des fonctions exercéessur le littoral qu'incitent, dans le do-maine du tourisme comme dans lesautres, le bon sens... et les directivesd'aménagement du territoire.

L'aménagement en profondeur im-plique en effet que les activités lesmoins liées à la mer s'implantent dansl'arrière-pays, permettant ainsi auxoccupations spécifiquement littoralesde trouver place le long de la côte.

Plusieurs instruments d'aménage-ment nouveaux devraient faciliter lamise en œuvre de ce principe : lacréation des agences foncières deconservation du littoral, et des « aqua-ludes » ou bases littorales de loisirset de nature, répond à la double né-cessité de sauvegarde de certainssecteurs côtiers particulièrement me-nacés, et de réservation d'espacespublics de loisirs marins équipés dansles respect de l'environnement.

Si l'on a voulu, à travers ces quel-ques exemples, illustrer certaines descontradictions de notre systèmed'aménagement touristique, ce n'estpas tant dans l'espoir de faire davan-tage ressortir certaines des consé-quences des choix effectués quoti-diennement par l'aménageur, quepour en arriver à la question fonda-mentale : le tourisme, certes, maiscomment ?

La rupture entre les temps et lesmodes de vie urbano-industriel d'unepart, et vacancier d'autre part, est deplus en plus vivement ressentie : elleaboutit, selon les psychologues, à la« projection » sur les vacances desdésirs et des insatisfactions nées desrelations du travail et des conditionsde vie urbaines, projection qui contri-bue à faire accepter la dégradationde l'environnement quotidien et déve-loppe simultanément de nouveauxmarchés de consommation : les con-traintes liées à la civilisation indus-trielle que nous connaissons sontacceptées à la condition de pouvoirêtre périodiquement oubliées.

La projection spatiale de cette spé-cialisation du temps tend alors à seréaliser de façon mono-fonctionnelle :le tourisme, activité dominante d'unerégion, justifie l'inadaptation croissan-te des régions urbaines et péri-urbai-nes aux fonctions récréatives de finde journée et de week-end. A l'oppo-sé, de vastes régions consacrées auxvacances peuvent demeurer inani-mées pendant six à neuf mois del'année.

Il serait possible de favoriser unepolitique d'industrialisation du touris-me françaias : mais cela ne revien-drait-il pas à négliger la satisfactiondes besoins fondamentaux de loisirset de détente, et à accentuer le côtémercantile d'une branche économi-que d'intérêt général ? Peut-être est-iltemps de prendre en compte d'unemanière concrète, dans les choix denotre société, le souci de transformera qualité de la vie : bien sûr celleque l'on souhaite, notamment grâceau tourisme. Mais aussi celle que l'onassume réellement dans son travailet ses loisirs, en multipliant les pos-sibilités d'épanouissement offertes àl'individu par son cadre de vie perma-nent.

Jean-Luc Mïchaudéconomiste

(1) Revue «Urbanisme», n°s 123-124.

Page 13: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

I ! ! CENTRALES MOBILES ETINSTALLATIONS SEMI-FIXESpour la fabrication de graves traitées

" • - ' . . .V

DOSAGE • MANUTENTION • STOCKAGE • MELANGE

SOCIETE AUXILIAIRE-ENTREPRISES

25

Page 14: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

un exemple : l'aménagementde la côte Aquitaine

Le Comité Interministériel d'Aména-gement du Territoire du 17 décembre1970 retenait les objectifs principauxdu schéma d'aménagement, et fixaitles orientations nouvelles de l'actionde la Mission Interministérielle. Deuxannées ont été nécessaires à l'élabo-ration du schéma d'aménagement dela côte, des esquisses des « unitésprincipales d'aménagement » préfigu-rant les S.D.A.U., et à la définition dedirectives spéciales pour l'ensembledes « secteurs d'équilibre naturel ». Leschéma prévoit en effet une alternan-ce de 9 zones d'équipement et de 7secteurs de protection, échelonnéssur les deux départements de la Gi-ronde et des Landes.Depuis un an, une équipe d'architec-tes et d'urbanistes a été chargée depréparer un travail complémentairepour la côte Basque, dont les carac-téristiques différentes semblent justi-fier un traitement spécifique. Plusieursprincipes sont affirmés par la missiond'aménagement, principes que l'onpeut résumer ainsi :

— Fonder en partie la promotion éco-nomique et sociale du Territoireintéressé sur l'exploitation touris-tique par le développement de lafréquentation en quantité et en du-rée.

— Doter ce Territoire des équipe-ments touristiques nécessaires touten lui conservant un équilibre éco-logique et humain.

— Permettre à ce Territoire d'affron-ter la compétition touristique inter-nationale en lui donnant une ima-ge de marque originale fondée surla conjonction de l'océan, de laforêt et des lacs.

Pour mner à bien sa tâche, laMission a ergagé simultanément deuxtypes d'actions :— l'un d'animation et d'information,

afin de créer un consensus de lapart des habitants permanentscomme des touristes saisonniers,

— l'autre de protection et d'équipe-ment, sur le plan réglementaire eturbanistique : mesure de sauve-garde, nettoyage des plages, rejeten mer des effluents, améliora-tions apportées à l'équipement

26

routier, creusement du premiertronçon du canal transaquitain.

La capacité total d'accueil de la cô-te devrait, selon les perspectives éta-blies par le schéma d'aménagement,passer de 310 000 lits en 1968 à575 000 lits en 1980. Cette augmenta-tion, conforme globalement à l'ac-croissement de la fréquentation, sup-pose plusieurs conditions :— que la part des résidences secon-

daires, qui est actuellement de37 % de la capacité totale, suivela progression d'ensemble : cecicorrespond à la création de prèsde 100 000 places en résidencessecondaires en une dizaine d'an-nées,

— que la part du camping et du cara-vaning soit fortement compressée,tombant de 42 à 33 %. Or, unepuissante demande se manifesteen permanence en Aquitaine enfaveur de cette catégorie d'héber-gement, ou plus précisément duniveau de prix correspondant,

— que l'hébergement dit « collectif »(villages de vacances, hôtels, clubsetc.,) soit porté de 11 à 22 % ;Encore « l'expérimentation et lagénéralisation de modes d'accueiloriginaux dans le cadre du touris-me social », que prévoit la Mission,impliquent-elles que soient préci-sées les catégories d'hébergementqui viendront concrétiser cetteenveloppe : s'agira-t-il d'hôtels detrois ou quatre étoiles ou de vil-lages de bungalows locatifs ? Declubs de jeunes aux tarifs étudiésen conséquence ou d'annexés desgrandes chaînes internationalesdéversant Japonais, Américains ouScandinaves dans des camps dela côte spécialement aménagés ?

Des réponses effectivement appor-tées à ces interrogations dépendra,dans une large mesure, le caractèredominant de l'opération : adaptée àla demande, c'est-à-dire visant à amé-liorer la qualité des produits touris-tiques offerts sans augmentationexcessive des coûts, ou favorisant lesformules les plus onéreuses pour l'in-dividu et la collectivité. •

ENTREPRISE

ANTONIOTTI£ NATALI

i. A. R. L.

TRAVAUXPUBLICS

TERRASSEMENTS

BATIMENTS

BUREAUX ET DEPOTS

BORGO REVINCO

TÉL.

(95) 36.01.10

Page 15: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

dossier : vacances

histoire de raménagement touristique

Au commencement était le Verbe.Puis vint le nomade. Puis le séden-taire. Et à nouveau le nomade : onl'appela « touriste ».

Telle est du moins l'histoire officiel-le, en abrégé. En fait, il n'est pasétabli que le Verbe n'ait pas accom-pagné le sédentaire. Mais il est sûrque le touriste est bien le produittardif de la Genèse — l'enfant duhuitième jour.

A partir d'un tout petit point de laplanète, pompeusement appelé « Mon-de occidental », naquit une forme par-ticulière de comportement humainqu'on désigne habituellement par larévolution industrielle et qui fit émer-ger par contrecoup deux créatures,l'homme romantique et l'homme tou-ristique, lesquels entretinrent, commechacun sait, des rapports étroits.

Une bonne partie du décor étaitdéjà planté : le soleil et sa fascina-tion nostalgique. C'était donc déjà dutourisme, mais ce n'était pas encorede l'aménagement. C'était même lecontraire.

Car on eût certainement scandaliséla petite élite inquiète de l'époque ensuggérant de transformer le paysagephysique, géographique, social, afinde lui permettre de le mieux connaî-tre.

Mais, dès le début du XIXe siècle,le phénomène changea d'échelle. Lechemin de fer aidant, ce sont la gran-de bourgeoisie et la partie de l'aristo-cratie qui lui était liée qui devinrenterrants. Ils étaient toujours nantis,mais nombreux. Alors apparut un pro-duit nouveau et spécifique : la stationtouristique.

Cette fois, c'était de l'aménagement.La station est la réponse, à peu prèshomogène sous toutes les latitudes,aux besoins d'un segment étroit declientèle qui entendait récupérer àson profit ce qui constituait auturefoisle privilège des princes : la fête per-manente. Il y avait déjà eu une archi-tecture de fête qui connut son apo-gée à l'âge baroque, il y avait désor-

mais un urbanisme de loisirs. Il vade soi que l'Etat était considéré com-me particulièrement incompétent pourrépondre à cette demande et la pro-motion des stations fut avant toutaffaire d'initiatives locales et de ta-lents privés.

Les stations connurent de beauxjours. La clientèle ne s'élargissait quelentement par la base. Curieusementmême, la première guerre mondiale,qui bouleversa tant les structures dela société, ne changea rien de fon-damental dans le jeu, à part les prin-ces russes. L'entre-deux-guerres mar-qua l'apogée des stations, la fêten'était pas morte d'ailleurs, elle con-tinuait à Montparnasse.

Toutefois, le phénomène changeaità nouveau d'échelle. D'une façon pro-gressive, l'accès de nouvelles cou-ches sociales aux vacances et auxloisirs suscitait une perception dif-férente du problème qui faisait poin-dre lentement l'idée que l'Etat avait laresponsabilité de l'organisation géné-rale des vacances. La généralisationdes congés payés, la création d'unSous-Secrétariat d'Etat aux Loisirs etcelle du Commissariat au Tourismesont trois répenses publiques et con-temporaines.

Les conséquences sur l'aménage-ment ne furent d'ailleurs pas immédia-tement sensibles. Il y avait des sta-tions brillantes, il y en eut de moinsbrillantes, le chemin de fer avait per-mis l'essor de celles-là, il permit ledéveloppement de celles-ci avec lestrains de plaisir. L'automobile avaitremplacé le train comme moyen pri-vilégié d'accès, au point que le mairedu Touquet s'opposa à l'arrivée duchemin de fer dans sa station. Plutôtque de l'en blâmer, il faut admettrela logique de sa position, à l'époqueoù elle fut prise, c'est-à-dire au mo-ment où la stratification sociale n'étaitplus tout-à-fait déterminante dans lafréquentation touristique.

La véritable mutation vint avec les

lendemains de la deuxième guerremondiale. En 1946, il n'y avait pro-bablement guère plus de dix millionsde Français qui partaient en vacances.Ils sont à présent près de vingt-cinqet il y en aura encore une dizainede plus vers la fin des années 80. Eny ajoutant les départs en hiver et lesloisirs de courte durée, on obtient unvolume considérable en voyageurs, enjournées de vacances et en consom-mation d'espace.

Première conséquence : la physio-nomie générale des comportementset des besoins se modifie, à l'imagedes pionniers. Ceux-ci s'appelaient, ily a cent cinquante ans, Lord BYRONet Gérard NERVAL. Puis vinrent PaulMORAND et Biaise CENDRARS. Main-tenant, ce sont souvent les hommesd'affaires qui ouvrent la voie au tou-risme international...

Deuxième conséquence : en plusde cette mutation quant aux référen-ces de comportement, la demandedes touristes se diversifie, à l'imagede leurs revenus et de leurs goûts.Cela devrait autoriser à penser que letemps est révolu de la solution passe-partout. Pourtant, ce tourisme de mas-se a précisément donné — et donneencore — aux Français l'occasion depratiquer leur sport favori : la batailleidéologique, où les concepts rempla-cent les boulets de canon. On compteparfois les points entre les intégris-tes, qui veulent tout protéger, lesconservateurs, qui ne comprennentpas que l'échelle du problème risquede submerger les petits noyaux an-ciens, les joueurs qui se servent dusystème pour en tirer toutes les con-séquences, et les révolutionnaires quiveulent transformer la société par letourisme. La politique commence au-delà de l'anathème : dans le dosageentre les inconciliables.

Troisième conséquence : le coûtcollectif marginal du touriste fran-çais augmente. Le marché privé, quia ses lettres de noblesse, ne peut

27

Page 16: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

plus suffire à satisfaire tous les be-soins, à mesure que le phénomènegagne des niveaux moins favorisés.La perception de cette tendance de-vient de plus en plus vive à mesureque s'estompe la conception anti-thétique du tourisme comme phéno-mène purement économique. Celle-cirésultait du contexte né de la derniè-re guerre ; l'économie de reconstruc-tion et de pénurie chronique — ycompris en devises — laissait le tou-risme au rang du superflu, sauf pourle rôle qu'il pouvait jouer dans la ba-lance des paiements. Désormais, lafacette sociale du tourisme est aussidéterminante que sa facette économi-que. Et les problèmes d'aménagementpeuvent réapparaître.

Dernière conséquence en effet :l'arrivée du tourisme de masse im-pose un changement d'échelle dansl'organisation de l'espace. De mêmeque l'urbanisation avait fait découvrirsuccessivement la commune, l'agglo-mération, la région, le tourisme à sontour déborde sans le renier la no-tion de station touristique et posede plus en plus le problème en ter-mes d'échelle régionale. Et les affai-res de cette dimension deviennentnécessairement des affaires d'Etat.Plus exactement, il faudrait dire qu'el-les deviennent des questions d'orga-nisation collective dans laquelle l'Etata un rôle accru à jouer, sans qu'ilprétende tout régenter à lui seul.

En somme, l'histoire de l'aménage-ment reproduit celle de l'avènementdu tourisme de masse et de sa prisede conscience. Cette histoire prendfin provisoirement ici. Le mot de pro-grès n'a pas été employé : l'élargis-sement des horizons pris en comptereprésente une évolution qui démar-que celle de la société, pas celled'une lente montée vers un point omé-ga. Au risque de décevoir le lecteur,on ne se hasardera pas à des pronos-tics car le touriste est une créaturesi jeune, à l'échelle humaine, qu'onpeut difficilement prévoir où il ira. Onne s'abandonnera même pas au plaisiret à la facilité du manichéisme en sedemandant si la généralisation duphénomène annonce le paradis duloisir quasi permanent ou l'Apocalypsedes grandes concentrations. On sebornera à un vœu pieux : que le tou-riste, dépassant DU BELLAY, qui pra-tiquait le voyage quand le tourismen'existait pas encore, parte, avantmême que d'être revenu, plein d'usa-ge et raison. Mais ceci est une autrehistoire...

28

ceux qui partentetceux qui ne partent pas

Les vacances d'été constituent dé-sormais un « produit de consomma-tion » qui intéresse, comme nous al-lons le voir, plus de la moitié de lapopulation, et un phénomène socialet économique de première impor-tance. En dépit de ce fait, les con-naissances dont nous disposons ac-tuellement sur ce phénomène restentlimitées. Elles sont surtout d'ordrestatistique et concernent le taux dedéparts en vacances sur l'ensemblede la population, les taux de départspar âge et par catégorie socio-pro-fessionnelle, selon le nombre d'ha-bitants de la commune de résidenceet suivant le revenu annuel déclarépar le chef du ménage. Ces informa-tions chiffrées correspondent aux ré-ponses (1/2.000) données aux ques-tions posées par les enquêteurs deIM.N.S.E.E. à un échantillon représen-tatif de la population de la France

« située dans le champ de l'enquê-te ». (Voir Fig. 1). La même sourcenous apprend la répartition des va-canciers par mode d'hébergement(hôtel, camping, location meublée, ré-sidence secondaire, etc..) par naturede séjour (mer, montagne, campagne,circuits, etc..) pour nous indiquerfinalement le nombre d'estivants quiont passé leurs vacances en Franceet à l'Etranger ainsi que la durée deleurs séjours.

Ces informations sont indispensa-bles et il faut prendre connais-sance de leur évolution dans letemps si l'on veut aborder le problè-me qui nous préoccupe : le compor-tement des Français devant le phé-nomène vacances.

Comme il ressort de notre tableau(Fig. 1) le nombre de partants envacances a connu en 15 ans un ryth-me de croissance quatre fois et demi

ÉVOLUTION DES DÉPARTS EN VACANCES D'ÉTÉ (fig. 1)

Année

19581961196419651966196719681969197019711972

Varitions1972-1958

Populationtotale

(en millions)

43,8464848,64949,449,850,350,751,251,7

+ 18 %

Populationsituée dans

le champde l'enquête

INSEE(en millions)

3335,237,745,746,24747,947,848,4

48,4

Nombre d«

I (1)

9,812,414,518,719,22019,920,421,622,3

Î partants

II (2)

13,517,219,819,920,42120,721,522,623,424,5

+ 81,5%

Tauxde départs

en vacances%

3137,541,34141,742,641,642,744,64647,5 (3)

+ 53,2%

(1) nombre de partants calculé par l'I.N.S.E.E. sur la population située dans le champ del'enquête.

(2) nombre de partants calculé au Commissariat Général au Tourisme sur la population totalecompte tenu du taux de départs indiqué par l'I.N.S.E.E.

(3) estimation du Commissariat Général au Tourisme.

Page 17: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

(+ 81,5 %) plus rapide que la pous-sée démographique (+ 18 %). Enchiffres absolus cette croissance re-présente 11 millions de « partants »supplémentaires en 1972 par rapportà 1958 soit une augmentation an-nuelle moyenne de 733.000 estivants.Malgré ce fait les « non partants »restent nombreux : ils dépasseraient52 pour l'été 1972 (Fig. I). Plus d'unFrançais sur deux se trouverait doncdans l'impossibilité de participer àla « civilisation des loisirs ». Commenous allons le voir la réalité estbeaucoup plus complexe.

Le taux de départs le plus élevéatteint en France a été de 85,8 %en 1970 par les professions libéraleset les cadres supérieurs (Fig. I). Ilest difficile de le dépasser car, quelque soit le niveau de revenus et l'in-térêt pour la consommation touristi-que d'une population, il en resteratoujours une fraction qui pour desmotifs imprévus ou occasionnels nepourra pas participer au mouvementde migration estivale. Parmi les rai-sons susceptibles de l'en empêchercitons les plus impérieuses : l'âgeavancé (12,7 % de la populationfrançaise, soit 6,7 millions de per-sonnes dont 4,1 millions de femmesa dépassé les 65 ans) ; grossesse,maladies graves, décès dans la fa-mille, difficultés professionnelles, lé-gislation sur les congés payés (sa-lariés recrutés à l'approche des va-cances) etc..

Le taux de départs en vacancesd'été devrait, par conséquent, êtrecalculé au maximum sur 90 % de

ÉVOLUTION DU TAUX DE DÉPARTS EN VACANCES D'ÉTÉSUIVANT LES REVENUS ANNUELS DÉCLARÉS PAR LE CHEF DU MÉNAGE

Moins riededededede

6 00010 00015 00020 00030 000

Rààààà

nnn1015203050

plus de 50 000

F000000000000000F .

F . . . .F . . . .F . . . .F . . . .F . . . .

1965

13227,440,452,165.974,784,1

1966

13924,937,754,664,174,478

1967

15224,638,249,664,271,678,8

1968

12122,534,846,159,67176,6

1969

11 619,833,842,957,371,978,8

1970

2132,142,255,468,881.1

1971

1317,429,942,155,562,282,5

ÉVOLUTION DU TAUX DE DÉPARTS EN VACANCES D'ÉTÉSUIVANT LE NOMBRE D'HABITANTS

DES COMMUNES DE RÉSIDENCE (en %)

Communes RuralesAgglomération de moins de

20 000 habitantsAgglomération de 20 000 à

100 000 habitantsAgglomération de plus de

100 000 habitantsVille de ParisComplexe résidentiel pari-

sien (sauf Paris)

1965

17,6

34,3

42,4

54,477,1

71,7

1966

18

39,1

49,9

52,580,5

71

1967

18,6

38.3

48

56,379

72,7

1968

17,8

36,6

48,3

53,778,9

73,8

1969

17,4

35,3

49,5

53,479,7

74,5

1970

35,6

50,6

55,677

77,9

1971

20,1

37

52,9

5781,2

73,8

la population puisque la catégorie laplus privilégiée n'a pas réussi à dé-passer les 85,8 %. Si l'on procédaitainsi ce taux serait pour 1972 supé-rieur à 52 % soit plus d'un Françaissur deux.

Le pourcentage des estivants surl'ensemble de la population seraitencore plus élevé si l'on pouvait dis-

socier les « départs » des « vacan-ces ». Les enquêteurs de l'I.N.S.E.E.considèrent en effet comme séjourde vacances « tout séjour en dehorsdu domicile habituel d'une duréed'au moins quatre fois 24 heures etoui ne correspond ni à des fins pro-fessionnelles, ni à cfes motifs de san-té ».

NOMBRE DE JOURS

PAYS

U. S. A.

SUEDE

CANADA

PAYS-BAS

FRANCE

GRANDE-BRETAGNE

SUISSE

ALLEMAGNE FËDËR.

BELGIQUE

AUTRICHE

ITALIE

u: R. s. s.

POPULATIONTOTALE

207 006 000

8 205 000

21 595 000

13 194 000

51487 000

57 812 000

6 267 000

61 279 000

9 676 000

7 444 000

54 803 000

246 300 000

S DE VACANCES

TAUX DESPARTANTS

64%

6 1 %

56%

48%

47,5 %

47%

47%

47%

45%

44%

29%

19%

PAR PAYS (1972) (Estimations)

NOMBRE DEPARTANTS (1)

132 480 000

4 940 000

12 090 000

6 330 000

24 450 000

27 170 000

2 940 000

28 800 000

4 350 000

3270 000

15 890 000

46 790 000

NOMBRE DEJOURS DE

VACANCES (1)

3 020 630 000

88 990 000

252 740 000

115 890 000

648 090 000

486 370 000

55 660 000

648 020 000

95 350 000

67 800 000

270 180 000

832 980 000

DURÉEMOYENNEDU SÉJOUR

22,8 j .

18,0 j .

20,9 j .

18,3 j .

26,5 j .

17,9 j .

18,9 j .

22,5 j .

21,9 j .

20,7 j .

17,0 j .

17,8 j .

(1) Nombres arrondis au dix-millième.

29

Page 18: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

REPARTITION DES ESTIVANTS FRANÇAIS SUR LE TERRITOIRE (nuitées en milliers)

VACANCES D'ETE DES FRANCAIS (nuitées en 1972)

de 1 a 10 millions

de 10 a 20 millions

de 20 a 30 millions

de 30 a 40 millionsI • • 1

I • • <

de 40 a 50 millions

de 50 à 60 millions

Plus de 60 millions

REPARTITION PAR REGION (»n millier«)

Région ParisienneChampagne Ardennes'icardieHaute NormandieCentreNord

Lorraine

12 500800095008500

135001400011 000

AlsaceFranche ComptéBasse NormandiePays de la LoireBretagneLimousinAuvergne

10 5008000

25 00048 50064 000

8800

22 000

Poitou -CharenteAquitaineMidi PyrenéeBourgogneRhônes-AlpesLanguedoc- Roussi lionProvence - Côte d'Azur

33 00042 00024 000

17 00055 00040 00072 7On

30

Page 19: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

Or, une fraction importante de lapopulation française réside dans descommunes qui attirent des vacan-ciers. C'est le cas, entre autres, deshabitants des 675 localités situéesau bord de la mer : ils sont 5,5 mil-lions. Pour eux les vacances n'impli-quent pas nécessairement un séjouren dehors du domicile habituel. Ilserait toutefois difficile de considé-rer qu'ils n'en ont pas pris si, pen-dant la période congé annuel, ils onteu, tout en restant chez eux, un com-portement d'estivant.

Il est impossible d'évaluer le nom-bre de personnes qui, domiciliées surle littoral, à la montagne, à la cam-pagne, se trouvent dans des situa-tions de cette nature. On peut toute-fois indiquer que sur les 21 régionsde France 12 sont « réceptrices » detouristes (arrivées de vacanciers del'extérieur plus nombreuses que lesdéparts de la région), elles comptent25,9 millions d'habitants contre 25,8millions pour les régions « émettri-ces » (départs plus nombreux qu'ar-rivées). Or ces dernières fournissent60 % des « partants » en vacancesd'été.

De toute évidence le besoin deprendre des vacances en dehors dudomicile habituel n'est pas ressentiavec une intensité égale sur l'ensem-ble du territoire. Il existe même desrégions aux revenus par ménage su-périeurs à la moyenne nationale quine fournissent qu'un contingent de« partants » dérisoire. Le cas le plustvpique est celui de l'Alsace. Cetterégion occupe en effet après la Ré-gion Parisienne, la Provence-Côted'Azur et la région Rhône-Alpes, laquatrième position pour les revenusinnuels par ménage. Or avec un tauxde départs en vacances d'été de25,6 %, l'Alsace arrive en dernièreposition pour la participation à la« civilisation des loisirs ». Même leLimousin dont les revenus par ména-ge sont les plus faibles de France— de 40 % inférieurs à ceux de l'Al-sace — la précède puisque 25,8 %de ses habitants prennent des vacan-ces d'été. La concentration urbaine,les revenus, l'âge, la catégorie socio-professionnelle, critères adoptés parn.N.S.E.E., ne sont donc pas lesseuls facteurs qui incitent à partirou à ne pas partir en vacances. Ilen existe d'autres plus subtils et plusdifficiles à déceler.

Ces facteurs se manifestent nonseulement en France mais aussidans les autres pays de structure

ÉVOLUTION DU TAUX DES DÉPARTS EN VACANCES D'ÉTÉSUIVANT LA CATÉGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE

DU CHEF DE MÉNAGE (en %)

Exploitants et salariés agri-coles

Patrons de Plndutrie et duCommerce (1)

Professions Libérales Ca-dres supérieurs

Cadres moyensEmployésOuvriersPersonnels de service ..Autres actifsInactifs

1965

8,4

41,7

83,774,756,541,44452,625

1966

9,3

43,4

83,974,958,841,243,563,324,7

1967

9,2

42,9

85,169,95942,742,972/27,9

1968

12

46,1

83,373,356,240,139,564,325,2

1969

7,8

47,9

84,373,859,541,643,66326,6

1970

10,2

47,7

85,87558,743,544,267,826,2

1971

12,2

47,8

83,17758,645,449,370,626,5

(1) Catégorie composée d'industriels, gros et petits commerçants, artisans, et patrons pêcheurs

ÉVOLUTION DU TAUX DES DÉPARTS EN VACANCES D'ÉTÉSELON L'AGE (en %)

de 0 à 13 ans ..de 14 à 19 ans ..de 20 à 24 ans ..de 25 à 29 ans ..de 30 à 39 ans ..de 40 à 49 ans ..de 50 à 54 ans ..de 55 à 59 ans ..de 60 à 64 ans ..de 65 à 69 ans ..de 70 ans et plus

1965

49,644.745,245,446,741,837,432,831,524,224,2

1966

49,745,445,451,748,64339,230,429,127,916,3

1967

49,849,247,749,246,942,739,834,231,727,520,0

1963

47,349,645,551,64643,938,835,228,824,320,1

1969

49,148,74951,648,443,443,437,329,325,919,6

1970

50,85149,654,35245,742,836,13125,820,3

1971

53,253,951,154,952,646,344,440,732,725,320

sociale et économique comparable.Pour les découvrir, des experts d'Ou-tie-Rhin ont procédé à une étudeapprofondie ( réalisée par l'InstitutDivo pour Recherches Economiqueset Sociales et pour MathématiquesAppliquées de Francfort) dont les ré-sultats semblent particulièrement in-téressants. Ils mettent en évidenceque les taux de départs en vacan-ces ne s'établissent pas uniquementen fonction des revenus, de la taillede l'agglomération de résidence, del'âge et de la catégorie socio-profes-sionnelle des personnes soumises à

l'enquête, puisque lorsque ces qua-tre facteurs sont invariables c'est-à-dire lorsque les personnes en ques-tion disposent de revenus équiva-lents, résident dans des localités dedimensions comparables, appartien-nent à la même tranche d'âge et àla même catégorie socio-profession-nelle, il existe de fortes variations dedéparts dues à des « motivations ob-jectives » comme le degré d'instruc-tion et des « motivations subjecti-ves » comme le degré de « partici-pation » à la « civilisation contem-poraine ».

REPARTITION DANS LE TEMPSDES VACANCES D'ETE DES FRANÇAIS (en %>)

Vacances passées en France

JUIN 7 °/oJUILLET 34 %AOUT 49 %SEPTEMBRE 10 %

Vacances passées à l'Etranger

JUIN 15 %JUILLET 28 %AOUT 37 %SEPTEMBRE 20 %

31

Page 20: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

VACANCES D'ÉTÉ DES FRANÇAIS A L'ÉTRANGER(en milliers)

GENRE DE VACANCES (en %)

ITALIEESPAGNE & PORTUGALPAYS LIMITROPHESAUTRES PAYSTOTAL

1961

980585900395

2 860

1965

9301180

754678

3 542

1969

7121533

500905

3 650

1971

8851 602

5901 2584 225

1972

9891582

5991 3704 540

Ces constatations ont conduit lesenquêteurs d'Outre-Rhin à tirer laconclusion suivante : « la population(de la République Fédérale) se diviseactuellement en deux groupes : unpremier groupe qui prend part aumouvement de vacances et un deu-xième groupe qui passe avec lamême constance ses congés annuelsà domicile ».

« Ce comportement ne s'expliquepas uniquement par des considéra-tions d'ordre économique, la causeest plus profonde, elle réside dansle fait qu'un grand nombre de per-sonnes n'éprouve aucun intérêt pourles voyages de vacances et préfèreeffectuer des dépenses d'autre na-ture ».

Les experts de l'I.N.S.E.E. aboutis-sent à des conclusions voisines lors-qu'ils constatent que « la populationdes vacanciers ne se renouvelle quetrès peu d'une année à l'autre ; ilsemble donc que l'on puisse distin-guer deux groupes de population :le premier partant en principe en va-cances tous les ans, et le éecond nepartant pratiquement jamais ».

Il existe donc parmi les non-par-tants une forte proportion de « nonvacanciers », c'est-à-dire de person-nes qui n'éprouvent pas un sentimentde « frustration » à cause de leurnon-participation au mouvement demigration estivale.

C© fait est confirmé par les enquê-

tes effectuées par l'I.F.O.P. en 1963et en 1971 à la demande du Commis-sariat Général au Tourisme sur lesFrançais qui ne partent pas en va-cances. La question qui leur a étéposée par les enquêteurs était la sui-vante : est-ce que cela vous manquebeaucoup ou pas tellement, de nepas partir en vacances ?

A cette question 28% des interro-gés ont répondu que les vacancesleur manquaient beaucoup, 70 % ontrépondu qu'elles ne leur manquaientpas tellement et 2 % ne se sont pasprononcés.

En fait la « civilisation des loisirs »est relativement récente ; elle nesemble pas avoir exercé une influen-ce déterminante sur des personnesde conditions modestes, qui vers1950 avaient dépassé les 30 ans. Enoutre, sa diffusion sur le territoiresemble s'être effectuée de manièreinégale. Paris et certaines régionscomme la Côte d'Azur en ont été« contaminés » précocement, d'au-tres régions ont connu une « conta-gion » plus tardive, tandis que cer-taines régions se trouvent encore enphase « d'incubation ».

Quoi qu'il en soit, même avec destaux de départs établis par PI.N.S.E.E. (ou estimés par le CommissariatGénéral au Tourisme pour 1972) laFrance occupe pour les vacancesune situation satisfaisante dans lahiérarchie des pays industrialisés.

Circuitsen Franceà l'Etranger

Meren Franceà l'Étranger

Montagneen Franceà l'Etranger

Campagneen Franceà l'Etranger

Villeen Franceà l'Etranger

1965

2,515

3941,5

19,519

34,514

4,510,5

1969

4,321,4

45,239,4

17,29,7

29,615,3

3,714,2

1971

521,5

4446

17,511,5

2910

4,511

1972

5,821

43,546,5

17,311

28,710

4,711,5

HEBERGEMENT (en %)

Parents et Amisen Franceà l'Etranger (1)

Tente-Caravaneen Franceà l'Etranger (1)

Maison louéeen Franceà r£tianger(l)

Hôtelen Franceà l'Etranger (1)

Résid. Second.en Franceà l'Etranger (1)

Autresen Franceà l'Etranger (1)

1%5

37̂ 5'20

13,513,5

20,56

850

123

87,5

1969

35,319,5

17,614,7

17,56

7,548,3

13,64

8,57,5

1971

3714,5

18,516,5

167

10,550

9,55

8,57

1972

36,714

19,517

15,17

10,950

9,35

8,57

(1) Estimations C. G. T.

Elle arrive en cinquième positionpour le pourcentage des « partants »(précédée par les Etats-Unis, la Suè-de, le Canada et les Pays-Bas) etarrive en tête pour la durée moyen-ne des séjours de vacances.

E N T R E P R I S EPANTEix Roger

Terrassement Voirie

32

19370 CHÀMBERET

Page 21: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

rétalement des vacances

A l'approche des grands départsen vacances, les experts du touris-me, les professionnels de cette bran-che d'activité, les journalistes, abor-dent régulièrement un problème :celui de l'étalement ou plus exacte-ment celui du non-étalement des va-cances. La plupart des personnesqui attaquent ce sujet dressent unbilan de carence de l'administrationrendue responsable, pour n'avoir passu adopter les mesures nécessairesafin de mieux répartir dans le tempsles départs et les séjours des esti-vants.

On le sait, les principaux obstaclesqui s'y opposent sont les dates desvacances scolaires et les fermeturesannuelles des usines.

une discussionprématurée

Pour les vacances scolaires, unsystème inspiré de celui en vigueuren Allemagne Occidentale, où lesécoles suspendent leur activité à desdates différentes, selon les positionsgéographiques des « Lander », n'estpas à rejeter. Mais pour l'adopter, ilfaudrait procéder à une nouvelleréorganisation de l'enseignement etcesser — comme c'est le cas en Ré-publique Fédérale — d'accorder uneimportance primordiale à des exa-mens comme le baccalauréat parexemple. Une telle réforme n'est pasà envisager dans un proche avenir,ce qui rend toute discussion surl'aménagement des vacances scolai-res prématurée.

Les perspectives de trouver unesolution au problème posé par la fer-meture annuelle des usines sont-ellesmeilleures ?

Un tiers environ des salariés sontobligés de partir en vacances d'étéen août à cause de la suspensionsaisonnière du travail. Le record esttoutefois détenu par l'automobile, oùl'arrêt de l'activité au 1 " août esttotal.

Ainsi plus de 5 millions de salariés

sont mis d'office en congé à unedate déterminée. Il reste néanmoinsde 5 à 6 millions de Français quipourraient choisir librement leur pé-riode de congé, puisque ce choixne dépend ni de la fermeture desentreprises, ni des vacances scolai-res. Mais par un phénomène decontagion, la fermeture des usines serépercute sur la grande majorité dela population.

L'adoption du système de travailcontinu, avec son corollaire : lescongés par roulement, proposée parceux qui « militent » en faveur derétalement des vacances est rejetéepar les chefs d'entreprise, car ilssont persuadés que la majorité deleurs employés continuera à prendreleurs vacances en juillet et en août.Or si pendant la « haute saison »les effectifs des cadres non rempla-çables par du personnel intérimairediminuaient de 35 à 40 %, il seraitdement satisfaisant. La plupart desdement satisfaisanit. La plupart despatrons préfèrent donc la fermetureannuelle de 4 semaines à 2 mois de« pagaille ».

Le décalage des fermetures — fer-metures en juillet dans certainesbranches d'activité et en août dansd'autres — s'est révélé une formuleimpraticable. Les industries ont be-soin de maintenir le contact entieelles. L ' automobile par exemplepourrait-elle travailler sans le pneule verre, les textiles, etc.. ? Les fer-metures annuelles doivent donc êtresimultanée. D'autre part, leur déca-lage poserait des problèmes difficilesaux époux employés dans des bran-ches d'activité différentes. Si l'entre-prise de l'épouse fermait en juilletet celle du mari en août, ils se trou-veraient dans l'impossibilité de pas-ser les vacances ensemble.

Mais, affirment les partisans dutravail continu, la fermeture annuellene constitue pas seulement un obs-tacle à rétalement des vacances, elleapporte aussi un préjudice considé-rable à l'économie nationale puisque

responsable de la diminution de40 % de la production industrielle aucours du mois d'août.

la réponsedes événements de 1968

Quelle est la valeur de cet argu-ment et pourquoi les propriétairesd'entreprises qui sont les premiers àêtre lésés par cette chute de la pro-duction, Pacceptent-ils ?

La meilleure réponse à cette ques-tion a été fournie par les « événe-ments » du printemps 1968. A causede ces événements, un grand nom-bie d'usines sont restées inactivespendant près de 10 semaines. (4 se-maines de congé en août et de 5-6semaines de grève en mai et juin;.Malgré ce fait, la production indus-tiielle n'a pas baissé en 1968. Aucontraire, elle a augmenté de 4,2 %par rapport à 1967 et même l'auto-mobile, le secteur le plus touché parles grèves, a connu une progressionde 3 %.

En réalité, supposer que 4 semai-nes de fermeture pourraient provo-quer un préjudice à l'économie natio-nale, signifie ne pas tenir compte derévolution de l'industrie. Celle-ci dis-pose désormais d'une capacité depioduction de 15 à 25 % supérieureà la demande. Elle peut par consé-quent, par la constitution de stocksau printemps ou par un travail àplein rendement en automne, com-penser les pertes d'août . Voilà pour-quoi les chefs d'entreprise accep-tent allègrement ces prétendues « per-tes » et restent partisans des congéspar fermeture annuelle. L'étalementdes vacances constituerait-il un fauxproblème ou un problème insoluble ">Nullement, mais il doit être résolunon pas de manière autoritaire parles pouvoirs publics, mais par ceuxqui ont intérêt à le résoudre : lesprofessionnels du tourisme saison-nier, qui éprouvent des difficultés degestion, à cause de la durée tropcourte de leur activité, et par les va-canciers eux-mêmes. Les premers,en accordant des avantages substan-tiels aux estivants de juin et de sep-tembre. Et lorsque nous écrivonsavantages, nous pensons en premierlieu aux tarifs. Les prix sont, en effet,de 50 % inférieurs en juin et en sep-tembre par rapport à juillet et août,dans certaines régions d'activité tou-ristique estivale intense de l'Italie et

33

Page 22: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

retour au tourisme cTitinéranceà pied, à cheval,mais pas en voiture

Dans l'éventail des activités touris-tiques d'été, les circuits ne représen-tent apparemment selon les statisti-ques, que 5 % de la population esti-vale. Les séjours à la mer (45 %), àla campagne (30 %), à la montagne(20 %) sont aujourd'hui l'aboutisse-ment essentiel de la grande migrationde vacances.

Il est vrai que pour ceux qui par-tent à l'étranger le tourisme classi-que, le « sight seeing » représenteune part plus importante de la clien-tèle. La faible part du voyage classi-que dans le phénomène touristiqueactuel traduit en réalité une évolutionfondamentale des tendances de laclientèle. Au « sight seeing », motiva-tion à l'origine essentielle de l'actetouristique, s'est substituée le « lifeliving » le besoin de changer tempo-rairement de vie, de découvrir les so-ciétés plutôt que les paysages, d'es-sayer de comprendre plutôt que de« photographie ».

Une première expression de ce be-soin de dépaysement et de change-ment est bien entendu le séjour soustoutes ses formes. Vie verte, vie bleue,vie blanche, deviennent l'alternativefondamentale à la vie urbaine. Leséjour touristique n'exclut pas bien

sûr le rayonnement limité, autour dulieu de séjour mais la motivationessentielle est le changement de ryth-me de vie, la pratique d'un sport, leski de descente, ou le contact avecla mer et le soleil. Telle a été dumoins la tendance fondamentale del'explosion touristique des deux der-nières décennies.

Dans une certaine mesure, la formela plus sophistiquée de ce mouvementn'est-elle pas représentée par les ini-tiatives du Club Méditerranée où l'onvoit s'intégrer dépaysement, nouvelleforme de vie, un peu paradisiaque,pratique de la neige ou de la mer, etceci, sans insertion réelle, sans con-tact avec le milieu d'accueil ?

Depuis quelque temps cependant,et ceci est particulièrement importantpour le tourisme vert, le tourisme enespace rural, il se dessine un mouve-ment vers le tourisme d'itinéraire et dedécouverte, mais qui n'a plus rien decommun avec le voyage guidé, orga-nisé, réglementé, aseptisé, qui porteencore vers l'étranger des millions devoyageurs. A la base de ce tourismede découverte, il y a recherche si-multanément de trois types de satis-factions :— rompre avec l'homme-auto, et c'est

Suite de la page 33.

de l'Espagne. Cette politique permetà l'hôtellerie saisonnière de ces paysde travailler pendant les mois d'étéavec un taux d'occupation satisfai-sant. En France, les baisses de tarifs« hors saison » varient de 5 à 15 %,ce qui ne semble pas un stimulantsuffisant pour convaincre les « aoû-tiens » de changer d'habitude. Quantaux estivants, ils sont dans leur trèsgrande majorité dérangés par lemanque d' « animation » d'une sta-tion touristique en juin ou en septem-bre. Or l'animation ne se crée pasartificiellement. Elle peut être habile-ment orientée par un animateur, àcondition qu'il ait quoi animer, c'est-

34

à-dire, qu'il puisse disposer d'un pu-blic suffisamment nombreux. Mais lepublic ne vient pas hors saison, par-ce qu'il estime les diminutions deprix qui lui sont accordées commeinsuffisantes. C'est ce cercle vicieuxqu'il faudrait rompre pour aboutir àune meilleure répartition des estivantssur les 4 mois de l'été. La solutiona été indiquée par les professionnelsdu tourisme étranger. Comme il res-sort de notre tableau, ils réussissentà avoir en juin et en septembre unpourcentage deux fois supérieur declients français à celui des profes-sionnels du tourisme de France.

le développement rapide des for-mes d'itinérance lente que sontla randonnée pédestre, équestre,à ski ou nautique,

— rompre avec la vie urbaine et s'in-tégrer à la vie rurale et c'est ledéveloppement des gîtes d'étape,gîtes équestres, en refuge, encamping volant,

— enfin, renouer avec l'environne-ment biologique, c'est-à-dire, re-trouver les modes naturels deconsommation de l'espace qui ontété ceux des sociétés tradition-nelles. Dans ce contexte, le skinordique devient un moyen detransport beaucoup plus qu'unsport.

Cette recherche d'une intégrationà la vie rurale se double d'un besoinde rénovation culturelle et de recher-che de l'insolite, et dans les formesnouvelles d'itinérance, on voit renaî-tre des moyens de transport quiavaient disparu de notre société com-me le transport en roulottes, en calè-ches, l'utilisation de gabares. Dans untel contexte, vue des canaux, des sen-tiers de bocage, des chemins fores-tiers enneigés des plateaux du Juraou des drailles cévennoles, le paysagerural français prend une autre dimen-sion, on le retrouve plus authentique,aussi bien que la société rurale qu'ilexprime.

Ce tourisme d'itinérance et de dé-couverte est d'ailleurs très lié au re-nouveau, et même à un certain « sno-bisme » de la vie verte. Il reste cepen-dant, en France tout au moins, untourisme relativement minoritaire etélitiste. 50 % des randonneurs pédes-tres sont des cadres. La pratique duski nordique, ski de fond, ski de pro-menade se développe dans le mêmemilieu. Pour ce qui est du tourismeéquestre, aux motivations culturellesqui rendent cette forme de tourismeélitiste et minoritaire viennent s'ajou-ter des raisons financières (coût dela pratique). Il en est de même pourle tourisme nautique, où la caravaned'eau reste encore, et très largement,hors de la portée des bourses moyen-nes.

Ce tourisme d'itinérance lente res-tera-t-il en France un tourisme mino-ritaire ou s'agit-il aujourd'hui del'échelon avancé d'une nouvelle< classe de loisir » qui ouvrira laporte à la fréquentation massive del'espace rural comme cela sembles'être passé dans certaines régionsdes Etats-Unis ? On peut s'interro-

Page 23: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

ger sur ce point mais il convient derester prudent dans ce genre deprospective.

En France, les contraintes financiè-res et culturelles propres à la « clien-tèle » ne sont pas les seules à con-ditionner l'avenir du tourisme d'itiné-rance. On rencontre dans ce domaineles problèmes fondamentaux d'utilisa-tion de l'espace que connaissent bienles responsables de l'aménagementurbain.

Les formes traditionnelles d'appro-priation de l'espace notamment en mi-Peu rural, ne sont pas compat'blesavec les tendances spontanées de lasociété industrielle qui impose à lapopulation urbaine une utilisationexclusive et temporaire de l'espacepour ses loisirs. Parallèlement à lamontée de la randonnée pédestre,l'espace collectif en milieu rural seprivatise, et tel itinéraire qui était hierlibre, se trouve « trançonné » parceque telle ou telle commune s'est « dé-barrassée » au profit de tiers, de sondomaine privé. La demande de navi-gation nautique va croissant et paral-lèlement on assiste à un abandon pro-gressif des canaux anciens qui n'ontplus de vocation commerciale, et quià quelques exceptions près, ne sontpas repris quant à leur entretien etleur gestion par les collectivités loca-les.

En bref, il ne suffira pas d'un ac-croissement, même important, de lademande d'itinérance pour que cetteforme de tourisme devienne un phé-nomène de masse. Toute une tradi-tion de privatisation de l'espace s'yoppose et il est paradoxal de consta-ter qu'elle est souvent le fait de cita-dins acquéreurs de résidences secon-daires, de néo-ruraux, plutôt que desagriculteurs et des ruraux eux-mêmes.Au moment où le citadin s'ouvre peut-être authentiquement à la nature, ilimporte donc que la nature ne se fer-me pas à lui.

le groupe C D F et la lutte contrela pollution côtière

l'exemple de Saint-Tropez

Michel DE VALSIngénieur E.P.

Gérant de D.U.

6.000 Tropéziens hébergent chaqueannée, de juin à septembre, 50 000touristes. La disproportion entre cesdeux chiffres suffit à comprendre lescauses de la pollution de ce site cé-lèbre, et mesure les difficultés dutraitement.

Voici comment les Charbonnagesde France aidèrent la municipalité deSaint-Tropez à cette occasion.

Dès 1970, les Houillères du Nordavaient pris le contrôle du G.I.T.A.(Groupement Industriel des Techni-ques Antipollution) pour se joindre àl'effort d'amélioration de l'environne-ment. Une enquête menée par la So-ciété D.I.I. (Développements et Infor-mations industriels), auprès de 300communes littorales, avait donnéSaint-Tropez comme une des villesles plus menacées. En juillet 1971,M. Astezan, maire de cette sympathi-que commune, résumait la situation :— Au pied de la vieille citadelle, lasiation d'épuration municipale, unedes plus modernes d'Europe, suffit àpeine à étaler la pointe estivale.L'agrandir serait ruineux, car les Af-

faires Culturelles, à juste titre, impo-sent un ouvrage enterré pour ne pasdéfigurer le site. Conséquence : ris-que de pollution du port et des pla-ges en été par les effluents de la sta-tion, traités certes mais encore trèschargés.— Le réseau d'égoûts date d'entreles deux guerres, époque où Saint-Tropez était un village de pêcheurs,connu seulement de quelques artis-tes et écrivains. Des dégradations,des infiltrations, des colmatages ont,petit à petit, diminué les capacitésd'évacuation, alors que la fréquenta-tion touristique et la consommationd'eau par tête s'accroissaient sanscesse. Conséquence : les eaux sta-gnent, croupissent, arrivent à la sta-tion d'épuration en pleine fermenta-tion, et provoquent des odeurs par-fois insupportables.— Les nouveaux quartiers résiden-iels (la Bouillabaisse, le Parc de St-Tropez, les Salins) ne sont pas rac-cordés au réseau qui ne pourraitd ailleurs pas accepter cette surchar-"a Conséquence : les constructeursdoivent recourir aux archaïques fos-ses individuelles, mal commodes etinsalubres. Les riverains du littoral"ont tentés d'établir des rejets sau-nages, augmentant le risque de pol-'ution des plages.

Après examen de cette situation,G.I.T.A. proposait un plan conciliantles impératifs d'hygiène publique etles moyens financiers limités d'unecommune de 6.000 âmes.Piemière urgence : Eviter la poilution des plages en rejetant au largeles effluents traités de la stationd'épuration. Les Charbonnages deFrance accordent un crédit de 5 anssur la fourniture d'une conduite de500 m fabriquée par leur fiiliale SI-DRAL dans un nouveau matériaucomposite, le POLAROVER, insensi-ble à la corrosion.

35

Page 24: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

Le point de rejet, calculé par leCERBOM à Nice, assure une stérili-sation complète de Peffluent par l'eaude mer, même en cas de retour verses plages (vent d'Est).Deuxième urgence : Vérification duréseau d'égoûts, réparation ou rem-placement progressifs des collec-teurs dégradés ou trop étroits.Troisième urgence : Calcul et cons-truction de nouveaux collecteurs des-servant les quartiers excentriques.Tiansfert des eaux usées, au Sud dela presqu'île, vers un ouvrage de trai-tement équipé également d'un rejetlointain en mer.

Ce plan était présenté en juin 1972,par le regretté Président MORANDAT,à M. le Préfet du Var qui voulaitbien l'approuver et l'assurer de sonappui.

Un nouveau Groupement, « EURO-PE-ENVIRONNEMENT », était créésur place, à la demande de M. lePréfet, pour associer les entreprises

Inspection d'un égout 0 300 mm par caméra T.V. Un pieu a été planté justeau droit de la conduite !

ADRESSES DES ORGANISMES CITÉS

ORGANISMES

GROUPE CdF

Charbonnages de FranceHouillères du Nord et du Pas-de-CalaisS.I.D.R.A.LG.I.T.A. (Groupement Industriel des Techniques

Aniipollution)E.G.C.E.ILuchaireEUROPE ENVIRONNEMENTG.E.B.A. (Groupement d'Etudes Bretagne Assai-

nissement)

E.T.R. (Etudes, Travaux, Réalisations)CERCHAR-INDUSTRIE

SAMPAS

EXTÉRIEURS AUX CdF

C.E.R.B.O.M. (Centre d'Etudes et de Recherchesde Biologie et d'Océanographie Médicale) . .

D.I.I. (Développements et Informations Indus-triels)

PELLONEntreprise MARQUES

TERASTICS.Pa.C. (Société Parisienne de Canalisations) . .TRUCHETET & TANSINICOMEXP

ADRESSES

19, avenue Percier 75008 Paris20, rue des Minimes 59500 Douai2, rue d'Auby 59128 Flers-en-Escrebieux

6, rue de Téhéran 75008 Paris2, av. du Centre 92500 Reuil-Malmaison

180, boulevard HaussmannUsine d'Incinération 83129 La Mole

17 avenue de la France-Libre 29000 Quim-per

2, route de la Bassée BP 90 62301 LensLaboratoires de Verneuil-en-Halatte BP 2760103 Creil10, rue Cimarosa 75016 Paris

Parc de la Côte, avenue Jean-Lorrain 06000Nice

6, rue de Téhéran 75008 ParisMandri 25,1, 3a Barcelona 6 (Espagne)Le Mas Bellevue, route de Tahiti 83990,Saint-Tropez14, rue de l'Industrie 93000 Bobigny13, rue Mme-de-Sanzillon 92110 ClichyChemin-Neuf - 78240 ChambourcyLa Templerie, route de Saint-Ame 83990Saint-Tropez

TELEPHONE

(1) 225.95.00(20) 88.31.11(20) 88.62.40

(1) 924.98.40(1) 967.44.91(1) 924.63.44(94) 43.57.30

(98) 95. 17.54(21) 28.52.03

(4) 455.35.00

(1) 704.32.30

(93) 89.32.92

(1) 924.98.42(343) 211.67.5

(94) 97.07.21(1) 845.65.15(1) 737.94.40(1) 965. 38.50

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Page 25: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

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P .UE

locales (et notamment la COMEXP,spécialiste de l'incinération) à la lut-te contre la pollution dans le Var.

* *Où en est la réalisation de ce

plan ?— Les travaux de première urgence(rejet en mer après traitement) sontterminés depuis le 15 août 1972. Uneéquipe de plongeurs de Barcelone(Entreprise PELLON) avait été choi-sie pour sa grande habitude de lapose des conduites en mer (200 kmd'émissaires réalisés). Assemblée surla grève par longueurs de 45 m, laconduite a été immergée, enfouie à1,50 m sous le fond de la mer, pouréviter son accrochage par une ancre,et en outre lestée par 40 blocs debéton de 200 kg, préfabriqués parun dynamique entrepreneur tropé-zien, M. MARQUES.Après les violents coups de vent del'hiver 72-73, M. le Maire a chargéun de ses gardes municipaux, M.GRANIOU, plongeur assermenté, devisiter l'ouvrage : aucun déplacementn'a été observé. La tranchée del'émissaire se comble progressive-ment. Seuls sont dégagés les 40 der-niers mètres d'où s'échappe, par sixtrous disposés en « clarinette », uneeau chargée dont sont définitivementprotégés les amoureux des plagesttopéziennes. L'eau de mer détruit eneffet en quelques heures les germespathogènes qui auraient échappé auprocessus d'épuration. Saint-Tropezest à l'abri de l'incident des plagesd'Hyères, contaminées pendant l'été72.— Les travaux de deuxième urgencesont en cours. D.I.I., auteur de l'en-quête initiale, est en train d'effectuer'es vérifications du réseau d'égoûts.La plupart des collecteurs n'étantpas visitables, il a été fait appel àune technique très récente : l'ins-

pection des conduites par une camé-a TV étanche et miniaturisée, mise

on œuvre par la Société TERASTIC.Premiers en France à bénéficier

de cette « quatrième chaîne », lesTiopéziens peuvent apprécier eux-mêmes, sur le petit écran, l'état in-térieur de leurs égoûts et les endroitsoù il faudra intervenir : c'est aussila première fois que l'on réussit, grâ-ce aux techniques audiovisuelles, àassocier la population d'une ville àdes décisions d'équipements collec-tifs.— Les travaux de troisième urgence(oesserte des nouveaux quartiers) ensont à la phase d'estimation écono-mique : recensement de tous les ri-verains qui en bénéficieront, évalua-tion du montant des frais de raccor-

dement, de la participation des pro-moteurs et lotisseurs à l'ouvrage col-lectif, e t c .

Le plan de lutte contre la pollutionde Saint-Tropez est le résultat d'unecollaboration « réfléchie » entre ungroupe industriel puissant et une vil-le moyenne dirigée par une équipedynamique et consciente de ses res-ponsabilités.

Les CdF n'ont pas cherché à im-poser leur technicité : cela n'auraitdonné qu'une « étude » de plus surl'étagère de la Mairie. L'analyse ob-jective des besoins réels de la com-mune (qui sont de finance et d'orga-nisation plutôt que de technique) apermis un accompagnement réaliste

Matériel et personnel nécessaires à la pose de l'émissaire : bateau de 12 m etsix plongeurs.

37

Page 26: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

ir

Une section de conduite de 45 m remorquée en flottaison jusqu'au droit dutracé. Au fond, Saint-Tropez.

des travaux, en liaison permanenteavec les Services municipaux. LesTropéziens auront une ville plus pro-pre, des plages plus saines. Quel-ques mineurs du Nord auront quittéle fond pour se reconvertir dans lafabrication d'équipements antipollu-tion. Le bilan est positif.

*•« *

Saint-Tropez n'est qu'un exemple,souvent cité parce que la ville esttrès connue. En fait, les Charbonna-ges de France, à travers le G.I.T.A.,EUROPE-ENVIRONNEMENT, et unttoisième Groupement le G.E.B.A.,créé à Quimper, luttent partout con-tre la po lution : collecteur préfabri-qué à Saint-Germain-en-Laye (avecla SPAC), déversoir d'orage à Dijon(avec TRUCHETET et TANSINI), dé-pollution d'estuaires dans le Finistè-re, développement d'un incinérateurde boues de station d'épuration (avecCOMEXP), projet de traitement durejet d'une usine de cellulose à Por-to-Alègre (Brésil), etc..

D'autres Organismes du GroupeCdF travaillent dans le même sens :E.T.R. recherche de nouveaux équi-pements pour le traitement des ordu-res sèches, CHERCHAR-INDUSTRiEmet en œuvre des moyens de mesu-re et de contrôle des nuisances,SAMPAS monte des financementsadaptés aux besoins des communes

Une puissante équipe d'interven-

38

tion est ainsi en train de se consti-tuer autour du G.I.T.A. Elle pourra,dans le style réaliste et efficace dela mission « Saint-Tropez », aider lesmaires, les industriels, les particu-liers à se mettre en règle, aux moin-dres frais, avec les lois de plus enplus sévères pour la protection del'environnement.

Après avoir ouvert la voie, au siè-cle dernier, à la mécanisation et ài'essor industriel, les « hommes du"harbon » pourraient bien, dans lesannées qui viennent, devenir lespionniers d'une nouvelle et passion-nante aventure, celle de la qualité dela vie.

M. de VaisIngénieur E.P.

Gérant du D.I.I.

Pour décider,il faut disposerd'informationsactuelles etobjectives

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Exemples1 Enquête par entrevues :

Quels sont les besoins des Com-munes françaises dans les 10 ansà venir en matière d'équipementsanti-pollution ? (Charbonnages deFrance, 1971)

1 Sondage d'opinions :

Que pensent les industriels fran-çais de la création d'une zonespécialisée dans la recherchescientifique et technique ?(Ville de Grenoble, 1972)

9 Recherche d'un accord sur unprojet :

Synthèse des avis de la population,des administrations, des lotisseurs,des communes voisines, pour l'éta-blissement d'un plan à moyen ter-me d'assainissement (Ville de St-Tropez, 1973)

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Page 27: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

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Page 28: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

dossier : vacancêË

la S. N. C. F. et les vacancesCombien de français quipar tent en vacancesprennent le train ?(En valeur absolue, envaleur relative) ?

Nous considérons que par « Fran-çais qui partent en vacances » il fautentendre « qui partent en vacancesd'été ».

Nous ne possédons de statistiquesà ce sujet qu'en ce qui concerne lesdéparts et les retours intéressant les6 grandes gares de Paris.

— Paris-Est— Paris-Nord— Paris-Montparnasse— Paris-Saint-Lazare— Paris-Austerlitz— Paris-Lyon

En 1972, du Me 28/6 au Me 16/8inclus, le total des voyageurs partiede ces 6 gares s'est élevé à :

— 5.988.000

Du Sa 22/ au Je 14/9 inclus, le to-tal des voyageurs arrivés, cettemême année (1972), dans ces mêmesgares de la capitale s'est élevé à :

— 6.171.080

La différence s'explique du faitque le nombre contient les retoursde personnes parties début septem-bre et qui ne figuraient pas dans lesdéparts du 28/6 au 16/8.

En se basant sur 75.000 voyageurspar jour (chiffre intermédiaire entrele jour le plus creux 61.700 et lamoyenne journalière générale del'année 91.000) le nombre de voya-geurs partant des 6 gares de Pariset se déplaçant pour leurs occupa-tions normales, on obtient pour les51 jours considérés 3.825.000 voya-geurs.

On peut donc estimer que pour lamême période 2 millions de voya-geurs environ partent en vacancesen prenant le train.

Par ailleurs, ci-joint en Annexe I,une étude de N.N.S.E.E. sur laconcentration des vacances dans letemps.

Quelle est l'ampleur despointes (plateau des poin-tes et super-pointes) parrapport aux époques detrafics étalés ?

DEPARTS

Les pointes et super-pointes sontles suivantes :

Fin juin - début juillet• Du Ve 30/6/72 au Lu 3/7/72,

soit durant 4 jours, le totaldes voyageurs partis s'estélevé à 755.080

° Super-pointe le 1/7 avec218.270 voyageurs partis.

Fête du 14/7• le 13/7, 210.120 voyageurs

partis.

Fin juillet - début août• du Ve 28/7 au Ma 1/8, soit

pendant 5 jours, 887.970 per-sonnes sont parties

8 Super-pointe le 28/7 avec189.100 voyageurs et le 29/7avec 188.180

Fête du 15 août• Ve 11/8 et Sa 12/8, 341.000

départs au total• Super-pointe le 11/8 avec

184.610 voyageurs au départ.

RÉTOURS

Les pointes des retours se situentde la façon suivante :

Retours fin juilletPériode du Sa 29/7 au Lu 31/7(3 jours), le total des voyageursarrivés est monté à 525.370• Forte journée le Di 30/7 avec

183.840 voyageurs et le Lu31/7 avec 182.770

Retours du 15 août• Mardi 15/8, avec 169.190 re-

tours.

Retours fin août• les Di 27/8 et Lu 28/8, il y eut

respectivement 179.280 et169.150 arrivées dans la capi-tale, soit 348.430 au total

• Forte journée le Di 3/9 avec166.250 retours.

Pour mesurer les chiffres cités ci-dessus, il suffit de les comparer a.:xrésultats suivants concernant l'ensem-ble des 6 gares de Paris.

Au départ, il y eut en 1972 :— le jour le plus chargé de

• 294.100 voyageurs— le jour le plus faible :

• 61.700 voyageurs— en moyenne journalière sur

l'ensemble de l'année :• 91.000 voyageurs.

A l'arrivée, durant cette mêmeannée :

— le jour le plus chargé de l'an-née :• 399.500 voyageurs

— le jour le plus faible :• 64.000 voyageurs

— en moyenne journalière surl'ensemble de l'année :• 92.000 voyageurs.

— Comment la S.N.C.F.établit-elle ses prévisionspour trafics de pointe ?

La base de départ est constituéepar les chiffres les plus récents del'année présentant les mêmes carac-térstiques du calendrier que l'annéeen cours. On majore ces chiffres dupourcentage voulu pour tenir comptede la progression de trafic enregis-trée depuis cette année. Il arrive quel'on apporte certaines corrections quel'on estime nécessaires en raison dela conjoncture.

Cela fait on établit les prévisionsen « trains », et cela plusieurs moisà l'avance car il faut que ce cadredes trains, réguliers + supplémentai-res, soit prêt avant l'ouverture de lalocation des places. A partir de cemoment on suit l'évolution de la de-mande à l'aide de la location desplaces en comparant la location aunombre des places offertes (par des-tination, train, catégories de places-classe-assises-couchées) et à l'état dela location aux mêmes dates de l'an-née de référence (J-30, J-15, J-8).

On a alors une idée assez précisedu volume à transporter par destina-

40

Page 29: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

tion et on peut, quand cela est pos-sible (c'est-à-dire quand on a des voi-tures disponibles et quand la circu-lation n'est pas saturée) et si celaparaît nécessaire mettre quelquestrains en circulation qui n'étaient pasprévus initialement.

Quels sont les moyensqu'elle met en œuvre pourfaire face à ces pointes ?Pour en obtenir un certainétalement ?

diées haut le pied dans la 1/2 heurequi suit avec du personnel à bordqui en assure le nettoyage en route(et qui revient haut le pied), les loca-tions sont affichées soit en route(Dijon, Paris) soit à l'arrivée et cesrames repartent à charge dans lasoirée.

b) Moyens mis en œuvre pour enobtenir un certain étalement ? LaS.N.C.F. signale inlassablement auxPouvoirs publics ses difficultés pourfaire face aux pointes, les dépensesque ces pointes entraînent, le faitque, malgré son désir de donnersatisfaction, les conditions de trans-port sont beaucoup moins bonnesqu'en période normale.

La S.N.C.F. participe à tous Kssorganismes, conférences, tables ron-des, études et campagnes ayant pourbut l'étalement des vacances. Cer-tains organismes tel le C.A.T.R.A.L.

(aménagement des temps de travailet de loisir) ont mené des études trèscomplètes sur cet étalement d'où ilrésulte que seule une action sur leplan national avec des moyens impor-tants (en particulier pour orienter lesmass media) peut infléchir ce blocagesur certaines dates.

Les résultats obtenus jusqu'ici sontmalheureusement très faibles ; on nepeut guère citer que :— décalage de 24 ou 48 h des dates

de départ en congé des principa-les usines d'automobiles (excep-tionnellement décalage d'une se-maine lorsque le calendrier estfavorable),

— séparation de la France en 3 zo-nes pour les vacances de mi-février,

— début et milieu de semaine, cer-taines années, des vacances dePâques.

a) Le premier but à atteindre estde réduire au strict minimum les voi-tures immobilisées pour des causestechniques au moment des pointes.

Pour cela le travail des ateliersd'entretien, de grandes révisions, estprogrammé de façon qu'il n'y ait pasde voiture en atelier (sauf voituresaccidentées) pendant les pointes.

Certaines voitures de trains omni-bus ou de petits express sont affec-tées pendant les pointes au servicedes express. Par décalage on obtientainsi un certain nombre de disponi-bilités au prix parfois d'une certainegêne dans le service omnibus.

Toutes les fois que les pointes necoïncident pas dans les divers paysla S.N.C.F. sollicite l'aide de paysvoisins et se fait prêter des voituresou des rames entières pour 24 h ou48 h ; bien entendu cette aide se paieen francs or. Un des inconvénientsde cette aide est qu'elle nécessite engénéral des haut le pied assez longs.

Enfin les mouvements de pointesétant toujours dans un seul senssans équilibre immédiat un systèmede rotation ultra-rapide des rames aété mis sur pied pour pouvoir utiliserles rames le plus tôt possible et enobtenir le rendement maximum. C'estainsi par exemple que les rames arri-vant en Savoie le matin sont réexpé-

ANNEXE 1

LA CONCENTRATION DES VACANCES DANS LE TEMPS

TABLEAU N° 1 : Importance de séjours effectués en Juillet et Août.— Pourcentage des départs en vacances d'été effectués à

une date donnée (1).

Date de départs en vacances

Du 28 juin au 11 août . . . .

Du 28 juillet au 11 août . .

1965

71,8

35

1966

71,7

36,6

1967

73,6

35,5

1968

76,0

37,8

1969

77,2

38,5

TABLEAU N" 2 : Le regroupement des départs en début et fin de mois.— Pourcentage des départs en vacances d'été effectuées

en début et fin de mois.

Date de départs en vacances

Du 28 juin au 3 juillet . .

Du 28 juillet au 3 août . . . .

Début ou fin du mois d'été.

1965

13,4

25,0

45,3

1966

13,5

26,3

47,4

1967

16,0

25,7

50,0

1968

16,1

25,8

48,2

1969

16,6

27,9

51,1

(1) L'I.N.S.E.E. établit la répartition des séjours de vacances d'été selon la date de départ.Cette répartition permet une bonne approximation de la répartition des journées de vacancesselon la date. (Il convient de noter que le nombre moyen de Journées de vacances par personnepartie est, de 1965 à 1969, de l'ordre de 27).

41

Page 30: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

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42

Page 31: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

réalisation

la centrale thermique de Martigues - PonteauLES CONTRAINTES DE SON ENVIRONNEMENT

La Centrale de Martigues-Ponteau est située, en bordurede la Méditerranée, à 30 km environ au nord-ouest de Mar-seille, sur le territoire de la Commune de Martigues, au sud-est de l'Etang de Berre.

Cette centrale comportera quatre unités de 250 MW ; deuxfonctionnent depuis juillet 1971 et février 1972 ; les deuxautres sont en construction et seront mises en service l'uneen juillet 1973, l'autre en février 1974. La centrale de Marti-gues sera alors la plus puissante du sud-est et son exploita-tion occupera quelque 200 agents.

Pour comprendre les raisons qui ont

amené E.D.F. à construire la centrale

de Martigues, il est bon de la replacer

dans le contexte général de la produc-

tion d'énergie électrique en France et

dans le Sud-Est.

Le tableau, ci-contre, donne les va-leurs de l'énergie consommée et dela puissance maximale appelée pourla France entière et la région du Sud-Est, c'est-à-dire la zone comprise entrela Méditerranée, l'Italie, Valence etBéziers.

Années

I9601970 .1971Prévisions 1975 . . . .(faites en 1970)

Energie consommée(en milliards de kWh)

Franceentière

70140147200

Sud-Est

514,3

(1)20

Part duSud-Est(en %)

7,310,2(1)10

Puissance maximaleappelée

(en millions de kW)

Franceentière

12,223,324,733

Sud-Est

0,92,2(1)3,3

Part duSud-Est(en %)

7,39,3

(1)10

4JT -

La lecture de ce tableau permet defaire les constatations suivantes :— alors que pour la France entière

la consommation en énergie élec-trique double tous les dix ans l'aug-mentation dans le Sud-Est est plusrapide ;

— la consommation en énergie élec-trique du Sud-Est représente, ac-tuellement, le 1/10" de la consom-mation totale de la France ;

— la puissance appelée dans le Sud-Est va s'accroître de 200 à 250 MWpar an dans les prochaines années.

Le choix du sitede Martigues

La demande d'énergie électrique dansle Sud-Est a été satisfaite jusqu'ici par

les aménagements hydrauliques, prin-cipalement ceux de la Durance, com-plétés par la production de la centralethermique des Houillères de Provence,à Gardanne.

Mais les sites hydrauliques s'épui-sent, et la production charbonnièreest limitée. Il était donc nécessaire dese tourner vers des moyens de pro-duction thermique utilisant les pro-duits pétroliers, essentiellement le fuellourd n° 2.

La région de Martigues, située entreles deux points de forte consommationélectrique que sont la ville de Mar-seille et la zone industrielle Berrc-Fos,entourée d'importantes raffineries ca-pables d'assurer l'approvisionnementen combustible, et comportant grâceau voisinage de la mer une source

froide pratiquement illimitée, se trou-vait donc tout indiquée pour l'instal-lation d'une importante centrale ther-mique.

Le plan de situation (fig. 1) donneégalement la localisation d'une centraleen projet dans le complexe de Fos.

Descriptiondes installations

(fig. 2 et 3)

Les matériels équipant la centralede Martigues sont classiques et iden-tiques à ceux d'autres centrales dupalier technique 250 MW.

Il convient de rappeler que E.D.F.a réalisé ses aménagements thermi-ques en suivant la politique des « pa-liers techniques ». Cette politiqueconsiste à procéder par échelons depuissance et à réaliser pour chaqueéchelon un certain nombre de « tran-ches ». C'est ainsi que l'on est passédu palier 125 MW au palier 250 MWpuis au palier 600 MW et maintenantà celui de 700 MW. De cette façon, lesmatériels équipant un palier techni-que ayant des caractéristiques analo-gues, les frais d'études et la construc-tion des matériels sont moins impor-tants, le nombre de pièces de rechangeest réduit et la disponibilité amélio-rée.

L'implantation de l'usine sur le sitede Martigues a été faite en réservantune possibilité d'extension.

Le bâtiment administratif, les bâti-ments annexes (atelier, magasin, épu-ration d'eau), le restaurant, sont situésà l'entrée de la centrale et regroupésautour d'un bassin en communicationavec la mer, afin de créer une zone dedétente, à l'écart de l'usine.

Chaque tranche se déduit de la pré-cédente par translation, à l'exceptiondes zones comprises entre les tranches1-2 et 3-4 où sont situés les locauxélectriques communs à deux tranches.

L'usine comporte deux niveaux prin-cipaux de circulation, le niveau du sol( + 5 NGF) et le niveau de service à+ 10 m (+ 15 NGF).

43

Page 32: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

C ont raie deMartigues Ponteau

La salle des machines est desserviepar deux semi-portiques roulants,ayant une capacité de levage de 80 t ;ils ne permettent pas, toutefois, lelevage des stators des alternateurs quisont mis en place par un dispositifspécial.

La construction est de type exté-rieur, c'est-à-dire sans toiture ni bar-dage, au-dessus du plancher de ser-vice qui forme toit pour la partie infé-rieure.

Le générateur de vapeur et ses auxi-liaires. — Le générateur de vapeur dechaque tranche, réalisé par Babcock-Atlantique, est prévu pour être ali-menté exclusivement par du fuel lourdn° 2 ; il est du type à chambre pres-surisée et à circulation naturelle. Lacapacité maximale de production devapeur en marche continue est de735 tonnes par heure.

La chaudière est équipée de 18 brû-leurs, à pulvérisation mécanique à re-tour, disposés en façade en trois ran-gées de 6 brûleurs, la charge nominalepouvant être assurée avec 16 d'entreeux.

L'allumage des brûleurs s'effectue aupropane ; il est contrôlé par des cel-lules de détection de flamme.

L'alimentation en combustible desbrûleurs est assurée par un poste depréparation du fuel, situé au niveau10 m, entre la chaudière et les réchauf-feurs d'air.

L'air de combustion est fourni pardeux ventilateurs de soufflage du type

hélicoïde, à pales orientables en mar-che.

A la sortie des ventilateurs de souf-flage, l'air subit un premier réchauf-fage, à 60 ° C environ, dans un échan-geur alimenté en eau prélevée à labâche alimentaire du circuit principal.

Le réchauffage se poursuit, jusqu'à350 °C, dans un ensemble de deuxréchauffeurs d'air du type régénératifLjungstrom, disposes en parallèle.

Les fumées sortent des réchauffeursd'air à une température de 140° C.Elles sont rejetées à l'atmosphère parquatre cheminées (1 par tranche) enbéton, de 140 m de hauteur, avec con-duit intérieur en tôle d'acier.

La turbine. — La turbine comportesept soutirages de vapeur, et com-prend quatre corps à double enve-loppe, avec plan de joint horizontal :• un corps haute pression, alimenté

en vapeur surchauffée,• un corps moyenne pression, alimen-

té en vapeur resurchauffée,• deux corps basse pression à deux

flux symétriques, la pression d'échap-pement au condenseur étant de34 mbar.Elle est équipée d'une régulation

électrique, actionnant les soupapesd'admission de vapeur au moyen deservo-moteurs hydrauliques.

Un circuit de contournement de laturbine permet, au démarrage, de con-ditionner la vapeur produite par lachaudière jusqu'à obtention des carac-téristiques optimales compatibles avecl'état thermique de la turbine.

Le condenseur. — La condensationde la vapeur à l'échappement des corpsBP est assurée par un condenseur àsimple parcours, alimenté en eau demer.

Il est composé de 19 650 tubes de10 mètres de long et de 18 mm dediamètre extérieur. La surfaced'échange est de 12 150 m2.

Le vide est assuré en marche nor-male par deux pompes à vide, dontune de secours.

Le poste d'eau. — Le circuit d'eaud'alimentation de la chaudière estessentiellement composé des élémentsci-après :• deux pompes d'extraction, à axe ho-

rizontal et à une seule roue,• deux pompes de reprise,• un poste de réchauffage basse pres-

sion, alimenté en vapeur par 3 sou-tirages,

• une bâche dégazante, alimentée envapeur MP par un soutirage assu-rant l'élimination de l'oxygène con-tenu dans l'eau,

• un ensemble de trois pompes ali-mentaires à demi-débit entraînéespar moteur électrique par l'inter-médiaire d'un variateur de vitesse,

• un poste de réchauffage haute pres-sion, en une seule file, alimenté envapeur par 3 soutirages.L'eau d'appoint nécessaire pour com-

penser les pertes dans le circuit eau-vapeur est produite dans un poste dedéminéralisation, sur résines échan-geuses d'ions, comportant deux filescapables d'un débit unitaire de 45m3/h.

L'alternateur. — L'alternateur depuissance nominale 250 MW construitpar la Société Jeumont-Schneider, four-nit le courant sous une tension de20 kV avec un cos q) de 0,85.

Le refroidissement est assuré parcirculation d'hydrogène, sous une pres-sion absolue de 4 bars, à l'intérieurdes enroulements du stator et du rotorainsi qu'à l'intérieur du circuit magné-tique du stator.

L'excitatrice est entraînée en boutd'arbre de l'alternateur par l'inter-médiaire d'un réducteur (3 000/750 tr/mn).

La liaison avec le transformateurest faite par un jeu de barres sousgaines coaxiales continues, en court-circuit.

Le poste électrique. — Le poste élec-trique de la centrale a deux fonctions :• d'une part, élever la tension à 225 kV

avant d'évacuer l'énergie vers leposte de Lavera distant de 3 km

44

Page 33: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

environ, d'autre part, alimenter lesauxiliaires de la centrale.Les conditions climatiques locales

ont conduit à le surisoler.

Les automatismes. — L'action surles matériels dont la manœuvre inter-vient dans la mise en service, l'exploi-tation ou l'arrêt de la tranche ne s'ef-fectuent pas individuellement mais parl'intermédiaire de « fonctions ». Cesfonctions commandées depuis le pupi-tre de la salle de commande sont ren-dues automatiques par un importantrelayage électromagnétique.

Les différentes grandeurs intervenantdans le fonctionnement de la tranche(combustion, alimentation en eau dugénérateur, température de vapeur...)sont sous la dépendance de chaînes derégulation analogiques entièrementélectroniques.

L'état du matériel est surveillé enpermanence par :• un consignateur d'état à 500 direc-

tions qui indique, en cas d'incident,sur téléscripteur sous forme codéeles alarmes dans leur ordre chrono-logique d'apparition. Certains dé-fauts importants et quelques regrou-pements d'aldimes sont signalés si-multanément par voyants installés

sur le pupitre de la salle de com-mande,

• un scrutateur de température quicompare les températures mesuréessur 150 paliers d'arbres aux valeursd'alarme fixées à l'avance.Le circuit d'eau de réfrigération (fig.

4). — L'eau de réfrigération est pré-

cHAwmmc t » ,M ^ « M

levée en mer grâce à une station depompage-filtrage dont la position àl'extrémité d'une digue a été déter-minée à la suite de reconnaissancessous-marines et d'études sur modèleréduit au Laboratoire National d'Hy-draulique de Chatou.

Des précautions particulières ont été

Vue générale à la mi-1972 : à gauche, le bâtiment administratif.

45

Page 34: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

EOLJP '••LJ..traicn*Ci;li:f n.

prises pour la protection des circuitsen ce qui concerne la flore, la fauneet les corrosions par l'eau de mer.

La flore constituée en grande partiede « Posidonies », algues se présen-tant sous la forme de rubans ayantla densité de l'eau, est éliminée parun tambour filtrant rotatif.

Les éléments de la faune les plusredoutables sont les moules qui ris-quent de se développer, soit dans lescanalisations augmentant ainsi les per-tes de charge, soit à l'intérieur ducondenseur où elles créent des amorcesd'érosion.

Pour éviter la fixation du « Nais-sain », la forme hydraulique des cir-cuits a été étudiée pour ne pas pré-senter d'angles morts et pour main-tenir une vitesse supérieure à 2 m/sen tous points.

La majorité des circuits d'eau a étécalée au-dessus du niveau de la merpermettant la vidange à l'arrêt et lavisite.

La protection contre les corrosionsmarines dans les condenseurs est assu-rée par une protection cathodique.

De plus, indépendamment du choixjudicieux des matériaux les consti-tuant, les condenseurs sont remplisd'eau douce lors des arrêts prolongés.ptl-F-VT

Approvisionnement en combustible.— La consommation horaire en fuel-oiln" 2 de chaque tranche, au régimenominal, atteint environ 52 tonnes.

Lorsque les quatre tranches seronten service, la consommation maximalejournalière de la centrale s'élèvera à5 000 tonnes ce qui pour une année,avec une utilisation normale des équi-pements, représentera 1 500 000 tonnesenviron.

Deux catégories de fuel-oil lourdn° 2 sont utilisées :• du fuel-oil lourd ordinaire dont la

teneur en soufre est comprise entre2 et 4%,

• du fuel-oil lourd à très basse te-neur en soufre (TBTS) contenantmoins de 0,7 % de soufre.Le combustible destiné aux deux

premières tranches de la centrale esttransporté par barge automotrice de2 500 tonnes depuis la raffinerie Shellde Berre. Une jetée de protection,comportant une estacade de déchar-gement a été édifiée au large de lacentrale.

Le combustible destiné aux tran-ches 3 et 4 sera amené depuis la raf-finerie BP de Lavera, distante de 3 kmenviron, par un oléoduc.

Le parc de stockage du combustiblecomprend cinq réservoirs de 30 000 m3

pour le fuel-oil n° 2 et un réservoir de300 m3 pour le fuel-oil domestique ;ces réservoirs sont disposés à l'inté-rieur d'une cuvette de rétention ; undes réservoirs de 30 000 m3 est réservéau fuel-oil T.B.T.S.

La centralede Martigues

et l'environnementLa situation de la centrale en bord

de mer à l'extrémité sud de la zoneindustrielle de Lavera dans une régionoù le niveau de pollution soufrée estassez élevé a amené les projeteurs àporter leur attention plus particulière-ment sur les deux objectifs suivants :

• utilisation rationnelle de l'eau demer pour le refroidissement,

• recherche de moyens permettant delimiter le plus possible la concen-tration au sol en anhydride sulfu-reux.Utilisation rationnelle de l'eau de

mer. — En plus des précautions prisespour protéger le matériel contre lacorrosion marine, une attention toute

46

Page 35: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

particulière a été portée sur la tem-pérature de l'eau rejetée et sur lescourants créés au rejet, afin de limiterau minimum les perturbations.

L'eau pompée en mer est aspirée àune profondeur de 8 m pour profiterdes basses températures et rejetée ensurface où l'eau est plus chaude. Decette façon, l'écart de températureentre l'eau rejetée et le degré ambiantn'est que de quelques degrés centi-grades.

Comme pour toutes les centralesd'E.D.F., il a été tenu le plus grandcompte des enseignements tirés desnombreuses études faites sur les con-séquences écologiques de réchauffe-ment des eaux, et en particulier desexpériences faites par E.D.F. en colla-boration avec l'Institut National deRecherches Agronomiques (INRA),dans son laboratoire hydrobiologiquede Montereau ainsi que par les uni-versités de Lyon et de Toulouse.

Une digue déflectrice étudiée surmaquette a été construite afin d'évitertoute gêne à la navigation pour entrerou sortir du petit port des Laurons.

Limitation de la concentration enanhydride sulfureux. — Un effort im-portant a été mené afin de limiter lesretombées d'anhydride sulfureux surla zone. Cet effort a porté principale-ment sur deux points :• le contrôle de la combustion,• l'amélioration de la diffusion du SO2.

1. Un contrôle automatique de lacombustion, doublé d'une télévision dela flamme, permet d'éviter au maxi-mum les imbrûlés.

2. Pour améliorer la diffusion del'anhydride sulfureux les dispositionssuivantes ont été prises :• émission des gaz à grande hauteur

(cheminées de 140 m de hauteur),• forte vitesse d'éjection des gaz (25

m/s environ), température élevéedes gaz (140°C) ce qui entraîne àla sortie de la cheminée une sur-élévation d'origine thermique im-portante du panache.Bien que toutes ces dispositions

contribuent à assurer au sol de trèsfaibles concentrations en SO2, cinqappareils placés dans un rayon d'unedizaine de kilomètres autour de lacentrale mesurent, en continu, la con-centration au sol en SO2. Ces mesuressont transmises en salle de commandeen même temps que les données mé-téorologiques (vitesse et direction duvent) fournies par une station installéesur le site.

De cette façon, le niveau de la pol-lution en anhydride sulfureux sur larégion est suivi de façon continue.

Caractéristiques généralesEquipement de chacune des tranches

I. — Chaudière : BABCOCK-ATLANTIQUEType à circulation naturelle et à réservoir unique.Production de vapeur en marche normale 700 t/hProduction de vapeur en marche maximale continue.. 735 t/hTimbre du générateur 190 barTimbre du resurchauffeur 44 barPression et température de la vapeur surchauffée.... 167 bar - 567° CPression et température de la vapeur resurchauffée.. 35 bar - 566° CConsommation de fuel en régime nominal 52,3 t/hRendement en régime normal 88,6 %

II. — Ventilateurs de soufflage : RATEAU BERRYNombre 2Débit maximal unitaire 115 m3/s

soit 1000 t/hHauteur manométrique 10 170 PaRendement en régime nominal 82,5 %Puissance moteur d'entraînement 1 600 kWDiamètre de la roue 2 120 mmVitesse de rotation 1500 t/mn

ffl. — Turbine : RATEAU-SCHNEIDERNombre de corps 4Nombre d'échappements 4Pression à l'admission HP 163 barTempérature à l'admission HP 565° CPression à la réadmission MP après résurchauffe . . . . 34 barPression à la réadmission MP après resurchauffe . . . . 565" CVitesse de rotation 3 000 t/mnPuissance maximale continue 250 MWNombre de soutirages 7Température de rechauffage eau condensée 250° C

IV. — Alternateur : JEUMONT-SCHNEEDERPuissance apparente sous cos. q> = 0,85 295 MVAPuissance active nominale 250 MWTension 20 kVRefroidissement par hydrogène à la pression absolue de 4 barMasse du stator 208 tMasse du rotor 43 t

V. — Transformateur principal : JEUMONT-SCHNEIDERTriphasé à deux enroulements type I F APuissance nominale 290 MVARapport des tensions à vide 235 kV/20 kVTension de court-circuit 13 %

VI. — Transformateur auxiliaire : JEUMONT-SCHNEIDER

Triphasé à deux enroulements type IN/IVPuissance nominale 24 MVARapport des tensions à vide 230 kV/5,67 kVTension de court-circuit 9,5 %

Dans le cas où celui-ci commence àcroître ou si les conditions météo-rologiques sont défavorables, le pas-sage immédiat à un combustible àfaible teneur en soufre (T.B.T.S.) per-met de réduire considérablement laquantité de SO2 émise par la centrale.Enfin, dans des circonstances tout àfait exceptionnelles une baisse de mar-che de la centrale peut être mêmeenvisagée.

Les techniques de désulfuration à

l'étude. Contraintes nouvelles. — L'en-semble des dispositions décrites ci-dessus est en général suffisant pourmaintenir la teneur en SO2 de l'air auniveau du sol dans des limites tout àfait acceptables.

Cependant, la région de Fos estappelée à connaître une concentrationindustrielle importante et ceci peutconduire Electricité de France à pren-dre des précautions complémentairesconcernant la pollution par les pro-

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Page 36: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

duits soufrés. Par ailleurs, les servi-tudes aéronautiques consécutives à laprésence voisine de l'aérodrome d'Is-tres interdisent d'élever davantage leshautes cheminées de la centrale etsemblent devoir être maintenues pluslongtemps qu'initialement prévu.

Sous l'effet de ces deux contraintesextérieures, et dans le cadre de sapolitique en matière de pollution at-mosphérique, E.D.F. recherche dessolutions nouvelles.

Le fuel BTS risquant de voir sonprix considérablement augmenter voirede n'être pas disponible en quantitéssuffisantes, on s'est penché sur lespossibilités offertes par la désulfura-tion des fumées. Des études ont étéentreprises sur une éventuelle instal-lation de désulfuration des fumées,dont une tranche de 250 MW à Mar-tigues serait équipée.

Mais, il a été mis en évidence lanécessité de mener à bien préalable-ment des expériences sur des pilotesde moindre puissance.

Dès 1966, on avait installé, à la cen-trale de Saint-Ouen, un pilote de désul-furation correspondant au traitementdes fumées d'une centrale de 25 à30 MW (procédé Weiritam). Ce procédéconsiste à injecter de l'ammoniac dansles gaz de combustion ; les sous-pro-duits obtenus donnent, après traite-ment, des sulfate et sulfite de calcium.

Mais, la mise au point du procédélui-même, l'évacuation et le stockagedes résidus s'étaient avérés difficiles.L'installation a donc été transportéede Saint-Ouen à Champagne-sur-Oiseoù les expérimentations ont repris dé-but 1973.

Parallèlement, il avait été décidéd'expérimenter un procédé complémen-taire en cours de mise au point parl'Institut Français du Pétrole (IFP).Après absorption par l'ammoniac, lesliqueurs sulfitiques sont traitées enmilieu organique par de l'hydrogènesulfuré. On obtient ainsi un produitpropre et utilisable par l'industriechimique, le soufre.

Ce procédé IFP devait être initiale-ment expérimenté à la raffinerie deGrandpuits, Elf-Erap, E.D.F. et IFP ycollaborant. Il vient d'être décidé detransporter cette expérimentation àChampagne-sur-Oise où elle viendracompléter l'expérimentation en cours.

Electricité de France n'arrête paslà ses efforts en matière de lutte contrela pollution atmosphérique. Toutes lesvoies sont explorées et l'Etablissements'intéresse entre autres aux différentes

techniques possibles de gazéificationdes combustibles ; celles-ci permettentde capter le soufre au moment mêmede la combustion sans passer par lestade de l'anhydride sulfureux.

Ce type de procédé réalise une com-bustion en deux étapes. Le fuel esttout d'abord brûlé dans un gazéifica-teur en atmosphère réductrice (25 à30 % de l'air stoechiométrique). Le gazpauvre obtenu, débarrassé de sonsoufre, est ensuite brûlé avec ou sansdétente préalable.

Les différentes techniques de gazéifi-cation sont encore au stade expéri-mental. Leur coût est donc mal connuau niveau industriel. Toutefois, on peutpenser que ces procédés sont suscep-tibles de trouver leur place dans lescentrales de l'avenir situées près desraffineries et brûlant les résidus hau-tement chargés en soufre de la désul-furation des fuels.

Par ailleurs, et bien que les cri-tères d'émission soient malheureuse-ment préférés aux critères de concen-tration du SO2 au sol, parce que plusfaciles à contrôler, E.D.F. s'attachebeaucoup à connaître et à utiliser lesphénomènes de diffusion atmosphéri-que. La Direction des Etudes et Re-cherches d'E.D.F. a mis sur pied en1972 des expériences de diffusion desfumées émises par la tranche de 600MW actuellement en service à Por-cheville.

Une très importante campagne demesures a été effectuée, basée surl'utilisation, lorsque le vent soufflaitvers la Région Parisienne, d'un fuel àteneur en soufre plus élevé que lanormale et spécialement commandé àcet effet.

Les mesures de teneur en SO2 effec-tuées antérieurement avaient montréque l'influence de la centrale ne sedétache pas particulièrement de lapollution de fond ou des influenceslocales existant dans la région.

Pendant les cinq mois d'expériences,un certain nombre de résultats tan-gibles, et particulièrement rassurants,ont été mis en évidence ; bien que cesrésultats ne puissent être directementtransposés au site de Martigues-Fos,ils confirment que, grâce aux hautescheminées, la concentration au sol del'anhydride sulfureux dans cette zonerestera dans des limites tout à faitacceptables.

M. HugDirecteur de l'équipement

de TE.D.F.

Courrier deslecteurs

Monsieur le Président,Vous avez, comme moi, le souci de

mieux sensibiliser les fonctionnairesdu ministère, et notamment les ingé-nieurs des Ponts, aux affaires de laconstruction et à notre politique del'habitat.

J'ai noté avec regret que le numérospécial de la revue du P.C.M. sur laLorraine, qui vient de me parvenir,était tout à fait muet sur ces pro-blèmes. C'est dommage, car de tellesoccasions permettraient de soulignerque ces questions existent, et que dessolutions, originales d'une région àl'autre, leur sont apportées.

C'était particulièrement vrai de laLorraine, où des expériences assez ri-ches sont en cours, et où divers as-pects du problème du logement pré-sentent une spécificité et de l'intérêt.

Croyez, Monsieur le Président etcher ami-

Robert LionDirecteur de la Construction

Ministère de l'Aménagementdu Territoire» de l'Equipement,du Logement et du Tourisme

Monsieur le Secrétaire général,J'ai bien reçu votre n° 4 consacré

à la Lorraine.J'ai été assez étonné de constater

que l'espace rural dans ce numérospécial a été uniquement évoqué sousl'angle de l'environnement et pas dutout sous son angle économique.

Or, la Lorraine est encore une régionagricole et forestière importante sousce plan économique, et je regrettepour ma part que vous n'ayez pascru devoir y consacrer quelques lignes.

A la lecture de votre Revue, lesagriculteurs ou forestiers pourraientse croire uniquement destinés à êtreles jardiniers des citadins.

Sans négliger ce rôle nécessaire, lesagriculteurs sont néanmoins un forceéconomique qui a, en Lorraine, sesproblèmes comme les autres forceséconomiques de la Nation.

Je vous prie de croire, ...

P. StiffelDirecteur Départemental

de l'Agriculture

48

Page 37: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

Société Chimiquede la Route.

DIRECTIONS REGIONALES,USINES ET CENTRES DE TRAVAUX

0810161617172630

42

465258616369778191

•TOURNES (Ardennes)TROYES (Aube)ANGOULEME (Charente)

• CONFOLENS (Charente)ROCHEFORT-SUR-MER (Charente-Mme)LA ROCHELLE (Charente-Maritime)

• BOURG-LES-VALENCE (Drôme)NIMES (Gard)ROANNE (Loire)

ESPERE par MercuèsCHAUMONTNEVERSFLERSCLERMONT-FERRANDLYON (9e)• CHATENOY• CASTRES• ARPAJON

(Lot)(Haute-Marne)(Nièvre)(Orne)(Puy-de-Dôme)(Rhône)(Seine-et-Marne)(Tarn)(Essonne)

D ROUTES - AUTOROUTES - AERODROMES

D VOIRIE URBAINE - LOTISSEMENTS - Z.U.P

D INFRASTRUCTURES INDUSTRIELLES(usines nouvelles)

D EQUIPEMENTS COLLECTIFS(lycées, hôpitaux, etc.)

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D OUVRAGES MARITIMES ET FLUVIAUX(canaux, digues, etc.)

Siège social : 2, avenue Vélasquez, Paris 8e. Téléphone 522-13-79, 522-96-33

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Page 38: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

periscope

Transport-Expo 73Transport-Expo 73 a rassemblé à la

Porte de Versailles, du 4 au 8 juin1973, les principales nouveautés en ma-tière de transport. Inauguré parM. Yves Guéna,, Ministre des Trans-ports, qui a insisté sur l'effort deschercheurs et des promoteurs de tech-niques nouvelles, ainsi que sur l'inté-rêt de ne pas multiplier les innova-tions dans l'étude d'un système nou-veau, ce salon a permis une utileconfrontation internationale.

D'une part, le nombreuses entre-prises ont présenté une quarantainede systèmes en une cinquantaine destands répartis sur 3 500 m2. D'autrepart, un collogue international ras-semblant environ 200 spécialistes apermis de faire le point sur l'étatactuel de la technique.

Le visiteur se promenant parmi lesstands a pu voir tout d'abord lesstands des Gouvernements britanni-que, allemand et français. L'accentest mis uniformément sur le souci demieux servir l'homme de l'an 2000en lui procurant une meilleure qua-lité de service et en diminuant lesnuisances diverses des techniquesactuelles de transport.

Les autres stands illustrent de ma-nière plus concrète les efforts menéspar les entreprises de transport et lesconstructeurs pour atteindre l'objec-tif assigné par les Gouvernements.

A côté des grands transporteurs,S.N.C.F., R.A.T.P., ce sont les cons-tructeurs français qui occupent lesplus importantes surfaces de Trans-port-Expo. Outre la France, il fautnoter la participation remarquée dela République Fédérale d'Allemagne etcelles du Royaume-Uni, des Etats-Unis,de la Suisse, de l'Autriche et de laFinlande.

Les matériels exposés couvrent undomaine allant des déplacements àgrandes vitesses jusqu'aux transportsurbains. Il serait fastidieux de lesciter tous. J'insisterai en particuliersur les divers matériels de grandevitesse comme l'aérotrain de J. Ber-tin, le remarquable TGV 001 de laS.N.C.F. (Alsthom, MTE), l'AdvancedPassenger Train britannique et lesvéhicules prototypes sur coussin ma-/gnétique des entreprises allemandesKrauss-Maffei et Messerschmitt-ESél-kow-Blohm. Cette confrontation pré-sente des matériels arrivés à des .sta-des de perfectionnement différants,mais tous susceptibles, selon les cons-tructeurs, d'atteindre un jour ou dedépasser des vitesses de 300 km/h.

Beaucoup d'idéesmais encore peu de maturation

Dans un domaine où les performan-ces recherchées sont différentes, une50

vingtaine au moins de techniques detransport urbain ont été présentéespar une quinzaine d'entreprises. Lesengins proposés vont de petites cabi-nes de quelques places jusqu'à destrains plus classiques mais complè-tement automatisés (Aramis, Poma 200,Urba, Demag-Cabin, Orbit, Val, Vec,Trans 18, Trav). Il convient de rete-nir plus particulièrement le Val misen œuvre par Matra pour relier laville nouvelle de Villeneuve-d'Ascq aucentre de Lille et dont la conceptiondes automatismes de sécurité a étémise au point par l'Université de Lille.Une maquette de démonstration de cesystème d'automatismes figurait d'ail-leurs au centre du stand du Minis-tère des Transports.

E^fin, dans un autre doma'nc, Elec-tricité de France et Renault présen-tent leur voiture électrique (R4 et R5)qui est déjà opérationnelle pour unfaible rayon d'action (100 km envi-ron). Il y a là un très riche aperçudes recherches et réalisations menéesdans la plupart des grands pays envue d'améliorer les principaux cré-neaux des transports de voyageurs.Peu de réalisations concernent lestransports de marchandises. Malgréun grand déploiement d'informationsdiverses, d'explications quelquefois unpeu « commerciales » le visiteur nepeut qu'être frappé par deux senti-ments contradictoires : beaucoup d'ef-forts déployés mais peu de réalisa-tions à l'état de maturation. J'en airetenu pour ma part trois : le TGV001, l'aérotrain et le Val. Pour le reste,beaucoup d'idées intéressantes à en-courager et à suivre et un rendez-vous

en 1975 pour faire le point, lors dela prochaine exposition.

Parallèlement à l'exposition, s'estdéroulé un colloque international, com-portant cinq thèmes principaux :1" la nature et l'importance des be-

soins à satisfaire en relation avecl'évolution et la transformation dela société moderne ;

2" l'effet des techniques de pointe surla réduction des coûts d'exploita-tion ;

3" la sécurité du transport ;4" l'influence des préoccupations d'en-

vironnement dans l'évolution desbesoins et des techniques ;

5" l'organisation des transports, quidoivent assurer une chaîne la plus

complète possible.Présidées respectivement par M. Ber-

tin, Président de la Société de l'Aéro-train, M. Deschamps, Directeur géné-ral adjoint de la R.A.T.P., M. Gentil,Directeur général adjoint de la S.N.CF., M. Deîouvrier, Président d'E.D.F.,et M. Ribière, Directeur général ad-joint de la Transat, ces cinq confron-tations ont réuni plus de trente spé-cialistes de grand renom, dont unemoitié d'étrargers, devant un largeauditoire international. En marge del'Exposition, ce colloque a permis defructueux échanges de vues sur l'évo-lution actuelle des besoins et destechniques.

Au cours de sa visite de l'exposi-tion, le 8 juin, M. Pierre Billecoq, Se-crétaire d'État auprès du Ministre desTransports, a profité de cette mani-festation pour annoncer la décisiondéfinitive d'entreprendre la construc-tion de la ligne d'aérotrain entre Cer-gy-Pontoise et La Défense sur une dis-tance de 24 km et la passation despremiers marchés. Deux techniquesnouvelles trouveront leur illustrationdans cette décision : la sustentationsur coussin d'air et la propulsion parmoteur linéaire.

Georges Dobias

Page 39: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

formation permanente

Logique, raison ou sentiment ?« Le Figaro » du 20 juin 1973 citait parmi les

épreuves du baccalauréat, série A, un texte deDavid Hume (1711-1776).

« II paraît évident que les fins dernières desactions humaines ne peuvent jamais, en aucun cas,s'expliquer par la raison, mais qu'elles se recom-mandent entièrement aux sentiments et aux inclina-tions des hommes, sans dépendre en rien des facul-tés intellectuelles. »

De cette assertion privée de son contexte il n'ya pas grand chose de plus à dire ici.

Mais combien surprenante est l'affirmation d'unecandidate : « Le deuxième sujet était une questionde cours ennuyeuse et je me demande commenton peut expliquer le texte de Hume, trop pauvrepour qu'on ne tombe pas dans la paraphrase. »

Ce commentaire émis avec autorité laisse suppo-

ser que les professeurs n'ont pu ou n'ont su avertirleurs élèves du comportement des individus et desgroupes, non plus que de l'aciualité de l'opinion deHume. Fourtant de graves savants n'ont pas peurd'aborder le sujet.

En illustration de ce qui précède nous voussoumettons le texte joint publié au Bulletin duG.R.E.F.

L'Art de la Guerre, du Général Sun Tsé mentionnequelque chose d'analogue à l'effet Condorcet. Sile livre est authentique, cela nous place en 500avant J.-C. Quant à J. K. Arrow, prix Nobel, sonthéorème date de 1952. C'est pourquoi sans douteles professeurs de philosophie l'ignorent encore.

Au contraire les lecteurs du P.C.M., suivant Stor-leru, « conçoivent facilement la grande importanceéconomique, politique et socio!on;que » du théorèmeen cause.

Les mésaventures de l'élève Condorcetou de la rationalité des méthodes de choix

Lorsque l'on considère les décisionsprises au nom de l'utilité collective oude l'intérêt général, après savantes etcoûteuses études, on se prend à douterde la rationalité qui, paraît-il, prési-derait aux choix. Cela tient sans douteà de nombreuses raisons, plus oumoins avouables. Mais la simple pos-sibilité d'un choix rationnel collectifpeut être contestée. Ceux qui ont suiviun enseignement d'Economie à l'E.N.G.R.E.F. par exemple, connaissent^ leparadoxe de Concordet et le Théorèmed'Arrow, qui mettent en évidence uneirrationalité fondamentale.

L'A.A.G.R.E.F. a demandé à Jean deMontgolfler, I.G.R.E.F., logicien et« chercheur opérationnel », de pré-senter ici ces problèmes arides.

Monsieur de Condorcet était son-geur. La veille il avait dîné en compa-gnie de ses amis Diderot, d'Alembert,Turgot, et quelques autres encore desmeilleurs esprits qui philosophaienten cette fin de siècle. Ils voyaient dansl'histoire la progression de l'esprithumain sur une route qui conduiraitjusqu'au triomphe final de la raison ;les progrès de la science et de J'ins-truction éclaireraient l'humanité etl'amèneraient vers un idéal d'égalitéet de liberté. Or dans la conversationde la veille, on avait débattu dumoyen le plus conforme à la raisonqui aurait permis aux citoyens, dansun gouvernement idéal, de choisir lafaçon dont ils voudraient être gouver-nés. Les avis sur ce sujet avaient étépartagés. C'est à cette conversationque songeait le Marquis de Condorcet.

Supposons, pour simplifier, se di-sait-il, qu'il existe trois modes de gou-vernement : la monarchie, la tyrannieet la république. Supposons encorequ'un tiers des citoyens préfèrent la

monarchie à la tyrannie et la tyrannieà la république ; qu'un second tierspréfère la république à la monarchieet la monarchie à la tyrannie ; que letroisième tiers enfin préfère la tyran-nie à la république et la républiqueà la monarchie. Il s'ensuit que deuxtiers des citoyens préféreront la mo-narchie à la tyrannie, deux tiers latyrannie à la république et deux tiersà la monarchie. Autrement dit, entreles trois modes de gouvernement, lamajorité préfère au même moment lepremier au second, le second au troi-sième et le troisième au premier.C'était incohérent. Depuis lors ce rai-sonnement est appelé le Paradoxe deCondorcet.

Quand il fut président de l'Assem-blée Législative en 1792, il ne l'avaitpas encore résolu ; ni quand il s'em-poisonna pour éviter la guillotine dela Convention, mais il avait toujoursla même foi dans le progrès de laraison.

Deux siècles plus tard l'élève Con-dorcet se posait un problème analo-gue. Il sortait de l'Ecole-Nationale-du-Génie - Rural - Virgule - des - Eaux - et-des-Forêts, et son destin le conduisaitvers une Direction Départementale del'Agriculture. Or, comme chacun sait,ces directions comportent trois servi-ces : le premier, celui des forêts, lesecond celui des équipements, et letroisième celui de l'économie.

L'élève Condorcet avait le choix entreces trois services. Comme il aimait lanature et que l'environnement était àla mode, il préférait le premier au troi-sième. Comme il redoutait un travailtrop administratif, et souhaitait réa-liser des projets concrets, il préféraitle second au premier. Comme enfin ilpréférait avoir à s'occuper de quelques

affaires importantes plutôt que d'unemultitude de petites, il préférait letroisième au second. Cruel dilemme :préférer le troisième service au se-cond, le second au premier et le pre-mier au troisième. Lequel choisir ?

En désespoir de cause il se faitenvoyer en mission aux Etats-Unis pourconsulter le célèbre théoricien de ladécision John Kenneth Arrow. Il luiexpose son problème :

— Si je vous comprends bien, ditJohn K., votre problème est le sui-vant : vous devez choisir entre troispossibilités SI, S2 et S3. Pour fairece choix, vous considérez un certainnombre de critères d'appréciation(par exemple : caractère concret dutravail, taille des affaires traitées, con-nection avec les problèmes d'environ-nement, etc.) et vous êtes capable declasser les trois services SI, S2 et S3selon chacun de ces critères d'appré-ciation. Le problème que vous vousposez est celui d'agréger tous ces clas-sements partiels traduisant chacun unpoint de vue différent, en un classe-ment unique, vous permettant de fairevotre choix définitif. Et vous voudriezque cette agrégation soit parfaitementrationnelle ?

— C'est exactement cela, affirmal'élève.

— Examinons donc ce que vous ap-pelez une décision rationnelle. Toutd'abord considérez-vous que tous lesclassements sont possibles, et qu'au-cun n'est à éliminer a priori ?

— Evidemment, je n'ai pas de pré-jugé quant au résultat final.

— C'est louable en effet, approuveJohn K. C'est là un premier postulat.Considérez-vous que si un service estsupérieur ou égal à un autre selontous les critères, il doive, dans le

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Page 40: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

classement final, lui être supérieur ?— Bien sûr, opina l'élève.— Ce sera là notre deuxième pos-

tulat. Pensez-vous que si, pour cer-tains critères partiels, on modifie lesclassements, mais sans changer lespositions respectives des deux pre-miers services, les positions respectivesde ces deux services dans le classe-ment final doivent rester inchangées ?

— Naturellement.— Voilà le troisième postulat posé.

Enfin concevez-vous comme admissi-ble qu'un des critères, choisi a priori,doive déterminer le classement final,quels que soient les classements selonles autres critères ?

— Ce serait inadmissible, dit l'élèveavec conviction.

—• Voici donc quatre postulats. Ehbien j'ai démontré, dans un théorèmequi porte mon nom, Le Théorème deArrow, que ces quatre postulats étaientcontradictoires, c'est-à-dire qu'il n'exis-tait aucune méthode d'agrégation per-mettant de les respecter tous les qua-tre à la fois.

— Ah ! fit l'élève tout décontenancé.— Oui, dit Arrow. Et il se lança

dans une démonstration mathématiqueà laquelle l'élève ne comprit rien. Ilfaut dire qu'il sortait de l'Institut Na-tional Agronomique ; mais on peutgager que s'il était sorti de l'EcolePolytechnique il n'aurait rien comprisnon plus, car il aurait tout oublié de-puis longtemps, s'il avait jamais su.

— Ainsi, poursuivit Arrow, il n'existepas de méthode de choix douée d'une« rationalité pure ». Les méthodes dechoix multicritères doivent abandon-ner un des postulats ci-dessus (engénéral le troisième). Si vous voulezquelques précisions, je vous signaledeux articles parus en français :

P. Berthier et J. de Montgolfier :Comment choisir en tenant compte depoints de vue non commensurables.Analyse et Prévisions, Tome XI, n° 5,mai 1971, et B. Roy : Décisions avepcritères multiples : problèmes el mé-thodes. Métra, Vol. XI, n° 1, 1972.

L'élève revint perplexe en France.Il avait peine à croire qu'il n'existaitpas de méthode de choix rationnelle,tout au moins au sens où il l'enten-dait.

Il en vint à conclure que puisqu'au-cune rationalité « pure » ne permettaitde déduire d'une manière indiscuta-ble quelle décision devait découler dela confrontation de points de vue oude critères différents, toute méthodede prise de décision n'était, en der-nière analyse, qu'une règle du jeu. Du« jeu » qui consiste à fabriquer unclassement final à partir de classe-ments représentant des points de vueen conflit les uns avec les autres. Sidonc aucune règle n'a de valeur abso-lue, laquelle choisir ? En effet à partirdes mêmes données de base (classe-ments selon des points de vue), desrègles du jeu différentes conduiront àdes résultats différents. Donc le classe-ment final, c'est-à-dire en définitive ladécision de choisir l'un des trois ser-vices, dépend de la méthode de choixadoptée.

La méthode apparaît alors commeune procédure formelle, qui traduit enune règle du jeu codifiée des éléments52

qui ne relèvent pas d'une rationalitépure, mais reflètent ce qu'on pourraitappeler « méthodes intuitives dechoix », « bon sens », etc.

Encore faut-il s'assurer que le « bonsens » soit effectivement le bon, et quela méthode intuitive formalisée dansla règle du jeu soit adéquate au pro-blème posé. Mais comment tester lacohérence d'une méthode ?

L'élève, qui avait l'esprit logique etde la suite dans les idées, voulut s'at-taquer à la tâche de bâtir une axio-matique qui permettrait de déduirequelle méthode devrait être employéepour résoudre tel ou tel type de pro-blèmes. Cette axiomatique aurait dû,bien sûr, être moins générale que cellede Arrow, puisque cette dernière con-duisait à montrer qu'aucune méthodene pouvait le satisfaire. Il commen-çait à peine cette recherche quand ilrencontra Le Théorème de Gödel.

Soit une axiomatique (c'est-à-dire unensemble d'axiomes ou postulats) etles théorèmes qu'il est possible d'endéduire. Gödel a montré que :—• il existe des théorèmes qu'on ne

peut pas démontrer à partir decette axiomatique,

— la non-contradiction de l'axiomati-que est elle-même indémontrable.

Autrement dit, on ne peut jamaisaffirmer qu'une théorie logique estnon-contradictoire sans se référer àune théorie qui l'englobe, mais pourdémontrer que cette théorie est cohé-rente il faut à nouveau l'englober dansune théorie plus large et ainsi desuite...

Il y a là une limitation radicale àtoute logique. En effet la questionn'est pas de savoir si telle théorieest adéquate pour représenter la réa-lité, mais bien de savoir si cette théo-rie ne va pas aboutir, si on la déve-loppe, à des incohérences et à descontradictions. Ainsi Einstein a mon-tré que la géométrie euclidienne nesuffisait pas à représenter certainsphénomènes observés ; mais ce quedit Gödel c'est qu'il est impossiblede démontrer que la géométrie eucli-dienne ne peut pas conduire à descontradictions internes, à moins qu'onne considère cette géométrie commeun cas particulier d'une théorie géo-métrique plus générale ; mais la noncontradiction de cette dernière ne peutêtre démontrée sans une théorie plusgénérale et ainsi de suite...

Renonçant à une voie axiomatiquequi l'aurait entraîné de plus en plusloin sans espoir, l'élève se dit doncque, puisqu'il ne pourra jamais démon-trer logiquement le bien fondé de laméthode qu'il emploierait, la plus sim-ple était la meilleure. Il entreprit d'éta-blir tout bêtement un classement parsomme pondérée. (C'était justementcette même méthode qui avait été ap-pliquée pour choisir les candidats auconcours d'entrée à l'Institut NationalAgronomique, concours auquel il avaitété reçu ; il commençait d'ailleurs àse demander si, avec une autre mé-thode de choix, il aurait également étéreçu). Il attribua un coefficient (oupoids) à chacun des points de vue (cen'était pas facile, et il eut l'impressionde les mettre un peu au hasard) ; ilnota chacun des trois services selon

chaque point de vue (ce n'était guèreplus commode ; il s'aperçut que lafaçon la plus simple était de mettrela note 3 au meilleur, 2 au second et1 au dernier). Il multiplia les notespar les coefficients, fit la somme, etobtient un classement final.

Enfin le résultat était trouvé ! Quel-que diable le poussant, il voulut véri-lier la validité de son calcul en modi-fiant un peu les coefficients pour voirsi le classement final resterait stable :fatale curiosité : le classement dépen-dait des coefficients adoptés : selonqu'il choisissait tel ou tel jeu de coef-ficients, il obtenait tel ou tel classe-ment : il n'avait fait que reporter enamont le problème du choix : il avaità choisir non plus entre des servicesmais entre des poids à donner à despoints de vue. C'était tout de mêmeun progrès, pensa-t-il. Mais sa curiositél'entraîna encore plus loin ; il voulutconsulter les bons auteurs pour sa-voir s'il avait été en droit d'employerune somme pondérée (ou une métho-de d'utilité additive comme disent cesauteurs en leur jargon). Catastrophe :il lut que des conditions d'indépen-dances entre les points de vue étaientnécessaires pour que cette méthodesoit valide ; or, en examinant les pointsde vue qu'il avait pris en compte, ils'aperçut sans peine que ces condi-tions n'existaient pas.

Que décida-t-il finalement ? Commeseuls des postes de troisième serviceétaient vacants dans Ja région où ilsouhaitait aller, il choisit le troisièmeservice.Moralité :— Il n'existe pas de méthode de choix

rationnelle dans l'absolu.— Une méthode de choix est une « rè-

gle du jeu » qui, soit s'est peu àpeu élaborée au cours de l'histoired'une institution, soit a été définiepour répondre à un problème don-né.

— Une méthode de choix n'est bonneque dans la mesure où elle per-met de reporter la discussion surdes problèmes de fond.

— Toute méthode, même excellente,se transforme en routine, et finitpar masquer les problèmes de fondau lieu de les éclairer, à moinsqu'elle ne soit remise en causeconstamment.

— En définitive, tout choix repose surdes options que l'on peut appelermorales ou éthiques. Les méthodesde calcul et la logique permettent,parfois, d'en tirer des conséquences.Le choix de la méthode lui-mêmene peut éluder l'éthique.

J. DE MONTGOLFIER,Ingénieur du G.R.E.F.

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E TA U R O U T E

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Ministèrede l'Aménagement du Territoire,de l'Equipement, du Logementet du Tourisme

PARIS, le 10 juillet 1973

Le Ministre de l'Aménagement du Territoire, de l'Equipement, du Logement etdu Tourisme

MM. les Directeurs Départementaux de l'Equipement, sous couvert de MM. lesPréfets

MM. les Chefs de Services Maritimes sous couvert de MM. les Préfets

MM. les Chefs des Services de Navigation.

OBJET : Directive ministérielle sur le devoir d'information.

En différentes occasions, au cours de ces der-niers mois, j'ai exprimé mon opinion sur le pro-blème de la communication entre les Administra-tions qui dépendent de mon autorité et le public.Il existe sur ce sujet des instructions anciennes,aujourd'hui inadaptées et d'ailleurs fréquemmenttransgressées. Je les annule et je les remplace parles directives suivantes :

— L'Administration a le devoir d'informer, c'est-à-dire de faire connaître ses intentions et d'expli-quer les motifs et la portée de ses décisions. Eileméconnaîtrait sa mission et perdrait de son auto-rité en suscitant par son silence la méfiance descitoyens et des collectivités.

L'information du public ne saurait être ramenée àutile à propos de toute décision dont le public res-sentira ou constatera les effets (par exemple : tra-vaux routiers, création d'une zone d'aménagementconcerté, délimitation d'une zone d'aménagementdifféré, autorisation de lotir, approbation d'un pland'occupation des sols, etc.).

L'informaton du public ne saurait être ramenée àla publication réglementaire d'une décision par lavoie administrative habituelle (affichage, insertiondans le bulletin départemental). L'information nepeut ainsi rester à l'état brut ; elle doit comporterl'explication de la décision, le rappel des besoinsauxquels elle répond, des problèmes qu'elle permetde résoudre, éventuellement de la procédure qui aété suivie pour la prendre.

Il n'est certainement ni possible, ni souhaitablede préciser dans le détail les modalités selon les-quelles ce devoir peut être rempli. Je suis enclinà m'en remettre en ce domaine à l'esprit d'initia-tive et au bon sens des responsables. Certainesorientations peuvent néanmoins être définies.a) J'ai pu constater personnellement que les plain-

tes souvent exprimées sur l'insuffisance de l'infor-mation et le refus de dialogue qui serait opposépar les services sont rarement justifiées. Elles s'ex-pliquent néanmoins dans bien des cas par la com-plexité des textes auxquels il est fait référence etpar le langage même qu'emploient les spécialistes.Un sérieux effort reste à fare en vue de traduiredans une forme accessible à tous la réglementationen vigueur et les mesures particulières. Pour pren-dre un exemple, trop d'administrés insuffisammentrenseignés croient tenir des droits de certainesdispositions législatives qui, en fait, ne leur ouvrentque la possibilité de demander une aide dont l'at-tribution relève d'une décision administrative. Ceteffort de clarification est en cours et je veilleraià ce que des résultats soient rapidement atteints ;mais vous tiendrez à y contribuer vous-mêmes dansl'information destinée au public et par elle.b) Le devoir d'informer incombe à celui qui prendla décision. L'Administration centrale et moi-mêmel'exerçons pour ce qui relève des mesures de ca-ractère général. Le préfet l'exerce avec votre assis-tance pour les dossiers que vous avez instruits, etil vous appartient de faire connaître et d'expliquervous-même, et suivant les moyens les plus appro-priés les décisions que vous aurez prises dans lecadre des délégations que vous avez reçues.c) Si l'information relative aux décisions est néces-saire, une information relative aux simples projetssera souvent utile. Mieux vaudrait en effet souventque des indications claires soient données sur lesproblèmes que l'administration doit résoudre et surles diverses solutions qu'elle envisage à titre d'hy-pothèses de travail, plutôt que de laisser l'opinioninquiète à la suite d'indications partielles et plusou moins dénaturées qui lui parviennent. L'oppor-tunité d'une telle action doit être appréciée avec

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soin dans chaque cas, en liaison avec le préfet.d) Outre l'information de l'assemblée départemen-tale, vous attacherez une importance particulière àl'information des maires, représentants élus de lapopulation et de ce fait acteurs essentiels du dia-logue entre l'Administration et les citoyens.

Les maires et leur municipalité ont droit à uneinformation privilégiée. C'est d'autre part à eux qu'ilappartient de donner des informations sur les pro-jets et les réalisations pour lesquels la décision leurappartient. Mais vous devez leur apporter votre as-sistance technique si elle est demandée.e) Le devoir d'information comporte, comme corol-laire, l'obligation de réagir contre les informationserronées ou tendancieuses. Vous devez systémati-quement rétablir les faits et donner des explica-tions sur les raisons qui justifient les décisions.S'agissant des mesures prises par l'AdministrationCentrale vous agirez dans ce sens au besoin enliaison avec la Direction concernée, ou le Cabinet.t) Les conditions dans lesquelles s'effectuent lesdéclarations d'utilité publique ont donné lieu à denombreuses critiques. Des suggestions ont été for-mulées. J'ai demandé au conseil général des Pontsel Chaussées d'examiner ce point et de me pré-senter un avis, de telle sorte que les décisions sur! aménagement de la réglementation puissent êtreformulées rapidement.

g) Je ne vois que des avantages à ce que vousparticipiez à des conférences ou à des exposéspublics sur des questions relevant de votre com-pétence à condition de respecter l'obligation dediscrétion ainsi que le devoir de réserve rappelésci-dessous. S'agissant de la publication d'ouvragesou d'articles, il est et reste de règle pour les fonc-tionnaires d'obtenir l'autorisation du Ministre par lavoie hiérarchique. Je prendrai des dispositions pourque la décision soit prise dans les quinze jours.

Il — Dans la mise en œuvre de ces directives,vous devez bien entendu respecter les obligationsqui tiennent à votre état de fonctionnaire et à votreparticipation au service public, notamment la « dis-crétion professionnelle » et la « réserve » à l'égarddes institutions et des décisions politiques. Maisces obligations ne sauraient servir de prétexte pournégliger l'information du public. Leur objet est depréserver les intérêts légitimes des particuliers etéviter que puisse être mise en doute l'impartialitéde l'administration.

Je rappelle, à ce propos, que la « discrétion pro-fessionnelle » imposée par l'article 10 de l'ordon-nance du 4 février 1959 portant statut général desfonctionnaires a une portée précise et limitée. Elleest prévue à la fois dans l'intérêt des particuliersqui sont appelés à fournir à l'administration desrenseignements confidentiels et dans le souci delaisser aux autorités responsables leur pleine liber-té d'appréciation. Elle se traduit par l'interdictionfaite aux fonctionnaires :— de diffuser les faits et informations dont ils ontconnaissance dans l'exercice ou à l'occasion dei'exercice de leurs fonctions,— de détourner et de communiquer sans habilita-tion les pièces et documents de service.

Quant au « devoir de réserve », qui résulte d'uneconstruction jurisprudentielle assez nuancée, il apour objet d'éviter :— qu'à l'occasion du service, les fonctionnairespuissent être soupçonnés de manquer pour des mo-tifs d'ordre idéologique et politique à l'objectivitédont ils doivent faire preuve à l'égard des admi-nistrés ;— que même en dehors du service, certainsfonctionnaires, notamment ceux dont la missionconsiste à mettre en œuvre les directives des auto-rités politiques, ne manifestent leur opinions d'unemanière telle que leur collaboration avec ces auto-rités soit compromise.

Les deux obligations de « discrétion profession-nelle » et de « réserve » sont sanctionnées parla voie disciplinaire. Dans certains cas où les inté-rêts légitimes des particuliers doivent être spécia-lement protégés, la méconnaissance de la premièrepeut, en outre, donner lieu à des poursuites judi-ciaires sur la base de l'article 378 du code pénalrelatif au secret professionnel.

II faut noter enfin que ni la « discrétion » ni la« réserve » ne s'opposent à ce qu'un fonctionnairequi a constaté des faits répréhensibles en rendecompte au ministre par la voie hiérarchique etéventuellement en saisisse la justice, comme toutautre citoyen.

III — Je n'ignore pas que certaines des difficul-tés rencontrées dans l'information du public pro-viennent d'une information insuffisante des servi-ces eux-mêmes.

Je vous demande en conséquence de consacrerle temps et les moyens nécessaires pour faire con-naître à vos collaborateurs, notamment à ceux quisont chargés d'appliquer les décisions, les motifsde ces dernières et leurs conséquences présenteset à venir.

En ce qui me concerne, je me préoccupe d'amé-liorer les organes d'information du ministère detelle sorte que vous puissiez trouver accueil etaide lorsque vous en aurez besoin. Je songe parexemple à la production de dossiers de presse oude livres blancs qui pourraient être réalisée encommun entre l'Administration centrale et certainesdirections départementales de l'Equipement. Desindications seront données ultérieurement à ce su-jet.

Olivier Guichard

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Les architectes contre le projet de loisur l'architecture

Un projet de loi sur l'Architectureproposé par le Ministre des AffairesCulturelles devait revenir le 27 juin enseconde lecture devant l'AssembléeNationale. Ce texte a été au centre desdébats du congrès de l'Union Natio-nale des Syndicats Français d'Archi-tectes (UNSFA) qui a tenu ses assisesà Antibes les 22, 23 et 24 juin. Lespositions qui furent prises alors parles Architectes unanimes ne sont sansdoute pas étrangères à son retraitde l'ordre du jour du Parlement. Yaura-t-il encore à la rentrée une loisur l'Architecture ? Ce n'est pas cer-tain.

A Antibes, M. Druon s'était faitexcuser et représenter par M. AlainBacquet, Maître des requêtes au Con-seil d'Etat, Directeur de l'Architecture.M. Lion, Inspecteur des Finances, Di-recteur de la Construction, représen-tait M. Olivier Guichard. La Fédérationdes H.L.M., la Fédération des Promo-teurs Constructeurs, le Syndicat deIngénieurs-Conseils, SYNTEC et leP.C.M. étaient représentés respective-ment par MM. Langlet, Croize, Bour-gois, Brisac et Mayer.

On lira par ailleurs l'article qu'abien voulu nous faire parvenir M. Gle-nat, Président sortant de FU.N.S.F.A. ; àla tête des Syndicats d'architectes de-puis quatre années, M. Glenat a estimédevoir aujourd'hui céder la place etM. Gillot (Architecte à Paris) a étéélu à la présidence.

Son départ provoque des regretsunanimes. Tout en présentant de cha-leureuses félicitations à M. Gillot surlequel il reportera le capital deconfiance et d'amitié accumulé parM. Glenat, P.C.M. exprime à ce der-nier toute sa reconnaissance pour lesefforts qu'il a consacré (avec l'aidede M. Liotard) à instaurer entre Architectes et Ingénieurs des Ponts et Chaus-sées une collaboration qui se révèlechaque jour plus féconde.

On a dit que les architectes reven-diquaient un monopole de la maîtrised'oeuvre et que leur conflit avec leMinistre des Affaires Culturelles tenaitau caractère exorbitant de cette pré-tention. En fait ceux-ci se défendentd'avoir réclamé un tel monopole. Leurscritiques, exprimées de manière par-fois percutante, peuvent se résumerainsi :1° En vue de promouvoir la qualité

architecturale le projet de loi pré-voit l'obligation de faire intervenirun Architecte au stade de l'avantprojet. Mais les réalisateurs quisuivront ne seraient nullement te-nus d'appliquer ses plans. L'Archi-tecte, sorte d'esthète chargé de des-siner une esquisse harmonieuse,apparaîtrait ainsi de plus en plusdéconnecté de la réalisation indus-trielle et concrète. « Mieux vautencore la situation actuelle où l'ar-chitecte est certes trop peu fré-quemment appelé mais où il peut,quand il l'est, avoir prise sur l'en-semble des moyens techniques uti-

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lises. Nous préférons, a dit M. Gle-nat, prolonger la traversée du dé-sert que d'accepter ce qui nousest proposé. »

2° Comme corollaire de l'obligation defaire appel à un Architecte au stadede F avant-projet, le texte proposéorganisait « l'assistance architec-turale » pour tous les projets depeu d'importance. Cette assistanceest critiquée sous deux aspects :

a) Toute personne physique ou mo-rale (y compris par exemple une col-lectivité locale) pourrait en bénéficier.Ne risque-t-on pas d'amorcer ainsi unprocessus aboutissant à une architec-ture officielle ? Qu'on imagine un puis-sant bureau d'étude à caractère public(les services techniques d'une grandeville ou un CETE par exemple) pre-nant en charge l'assistance architec-turale dans une région ou un groupede région.

Il faut, disent les Architectes, limi-ter l'assistance architecturale à unrôle social d'aide aux personnes phy-siques dont les ressources sont limi-tées.

b) Le financement de cette assis-tance architecturale est prévu commedevant être assuré par moitié grâce àune taxe... sur les Architectes. « Onnous demande de financer les instru-ments de notre propre mort » disentces derniers.3° Le nouveau texte, malgré les vibran-

tes professions de foi de l'exposédes motifs, n'assurerait aucune pro-tection nouvelle à la fonction d'Ar-chitecte. N'importe qui pourraitconstruire n'importe quoi à la seulecondition de ne pas prendre indû-ment le titre d'Architecte. Cetteremarque doit être approchée du 1°.

4° Enfin, dans les conditions d'exer-cice de la profession, l'UNSFA aper-çoit les germes d'une subordinationcomplète de l'Homme de l'Art auxgroupes financiers et aux grandspromoteurs. Il suffirait à ceux-cide disposer d'un Architecte salariépour être en règle avec la nou-velle loi. En cas d'infraction lessanctions seraient appliquées nonpas à l'employeur mais à ce salariequi serait ainsi doublement vulné-rable, en tant que salarié et en tantque responsable aux yeux de la loi.

Deux représentants dûment manda-tés du Conseil Supérieur de l'Ordresont venus apporter aux Syndicatsl'appui de la juridiction profession-nelle dans sa lutte contre un textequalité tantôt de « pavé de l'ours »et tantôt de « meurtre organisé d'uneprofession ».

On a beaucoup parlé aussi à Anti-bes du décret du 28 février 1973 inti-tulé « réforme de la rémunérationde l'ingénierie et de l'architecture ».Derrière ce titre modeste se dissimuleen réalité une profonde réforme destructure, fruit de quatre années detravaux au sein de la Commissioncentrale des marchés, avec la parti-cipation des professionnels. MM. De-

les trade, Ingénieur Général et Mathu-rin, Ingénieur des Ponts en ont étédeux chevilles ouvrières.

Ce décret inquiète les Architectessur deux points. L'un, introduit parles Finances, concerne l'appel à laconcurrence qui doit obligatoirementdésormais précéder le choix d'un maî-tre d'œuvre. L'introduction du « prixd'objectif » (estimation des travaux)parmi les critères de choix ne risque-t-elle pas d'entraîner certains maîtresd'ouvrages peu expérimentés (ou cer-tains services de contrôle peu compé-tents) à choisir l'architecte qui offrirale prix le plus bas... et la qualitéd'étude et de réalisation la plus mé-diocre ?

L'autre crainte porte sur l'introduc-tion d'un « maître d'ouvrage délé-gué ». Celui-ci, à l'évidence, doit êtreun technicien ou un organisme tech-niquement compétent puisqu'il doitpermettre au maître d'ouvrage d'exer-cer effectivement les responsabilitésqui sont les siennes alors que celles-cisont, trop souvent aujourd'hui, repor-tées en aval (sur le maître d'œuvre).Une définition claire et une redistri-bution rationnelle des responsabilités,plus proche de ce qui se passe auxEtats-Unis par exemple, est certes unechose excellente. Mais, craignent lesArchitectes, si le Maître d'ouvrage dé-légué est un technicien de niveaumédiocre, la créativité du Maître d'oeu-vre n'en sera-t-elle pas limitée, voirestérilisée ? Actuellement si le maîtred'ouvrage est peu compétent du pointde vue technique (cas de certains hom-mes politiques par exemple) du moinsfait-il confiance. Il y a certes là un ris-que réel auquel, pour leur part, les In-génieurs des Ponts et Chaussées de-vront être attentifs. Mais au total cedécret, œuvre de professionnel, a faitl'objet de beaucoup moins de critiqueset a été jugé beaucoup plus positif quele précédent.

S'il est une erreur à ne pas com-mettre, c'est bien celle qui consisteraità réduire le débat d'Antibes à n'êtreque l'expression d'aspirations plus oumoins corporatistes. En réalité, commed'ailleurs lors du débat public orga-nisé par P.C.M. le 26 octobre dernier,il exprime un conflit idéologique rela-tif au rôle de la technique et des tech-niciens dans notre Société. Pour ceuxqui opposent la Technique à l'Homme,voyant dans la première on ne saitquel danger, il est naturel de confinerl'Ingénieur dans un rôle subordonnéet sectoriel et l'Architecte dans celuid'esthète. D'autres croient au contrairedans la possibilité de tirer de l'en-semble des techniques, le meilleur partipour les hommes. Pour ceux-ci, cedont notre monde a avant tout besoin,c'est de chefs d'orchestres connaissantla musique, c'est de « stratèges destechniques » capables de maîtriserdes disciplines variées au service d'unmême objectif, c'est de planificateurs,d'aménageurs et d' « Architectes ». Ausens éthymologique.

René Mayer

Page 45: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

Synthèse du discours du Président Pierre Glénat

M. Pierre Glenat s'est adressé àM. Alain Bacquet, Directeur de l'Archi-tecture représentant le Ministre desAffaires Culturelles et M. Robert Lion,Directeur de la Construction représen-tant le Ministre de l'Equipement aprèsavoir salué les autres personnalitésprésentes :— le Président de la FNPC;— le Président de la Chambre des

Ingénieurs-Conseils de France;— le Directeur Général de l'Union Na-

tionale des Organismes d'H.L.M.;— un représentant de la Synthec;— ainsi que le Chef du Service local

de l'Equipement.« Après ces remerciements que je

veux très chaleureux, je ne pourraitaire le regret profond que nous éprou-vons de l'absence de Monsieur MauriceDruon, Ministre des Affaires Culturel-les » a ensuite déclaré Pierre Glennat.

« Au moment où nous sommes di-rectement mis en cause par un projetde Loi aux conséquences incertaines,nous pensons qu'une concertation fran-che, loyale et complète aurait été né-cessaire.

« Pour prononcer cette phrase, jem'autorise du débat sénatorial.

« L'événement se passa le jeudi7 juin.

« C'est M. Maurice Druon qui repré-sentait le Gouvernement.

Analysé dans la froide objectivité ducompte rendu qu'en donne le JournalOfficiel, nous constations que les ora-teurs ont formulé de sévères critiquesà l'égard du texte. Entre autres, ilsont souligné « la différence considé-rable de qualité qui caractériste l'ex-posé des motifs par rapport au texte »— celui-ci, de toute évidence, étant trèsinférieur à celui-là.

Ce texte, dit l'un, « témoigne d'unecertaine ambiguïté ». Il passe, dit unautre, « à côté des questions de fond »,il « prend une dimension dérisoire »e£ « laisse des interrogations sansréponses ».

Nombre de ses articles^ sont « im-précis, restrictifs, parfois contradic-toires, et peut-être demain, sourcesd'innombrables contentieux ».

On dénonce, pour la critiquer, lalimitation du rôle de VArchitecte par-ce que, a-t-on dit, « les meilleuresconceptions peuvent se trouver gâ-chées sans son contrôle ».

« A la sortie », ajoute le même ora-teur (c'est-à-dire à la fin de l'exécu-tion des œuvres), presque jamais uneautorité n'aura le courage de refuserle certificat de conformité. »

Pas une des expressions que je viensde citer n'est de moi, — ni d'aucund'entre nous.

Et si, en résumé, le texte présentéau débat est^ qualifié « d'inaccepta-ble », s'il a été dit de lui qu'il néces-site une « refonte complète » pour lemarquer notamment de « plus de har-diesse et de largeur de vues », il nedétermine pas « les voies et moyens »à mettre en œuvre pour obtenir la

QUALITE ARCHITECTURALE DESCONSTRUCTIONS requise par l'arti-cle premier.

Dans le cas présent, a poursuivi lePrésident de l'Union, nous sommesconsternés par l'attitude du Gouver-nement quand il fait repousser pres-que tous les amendements.

Les amendements proposés, qui pou-vaient, pour plusieurs d'entre eux,donner au texte un sens plus certainet une portée plus large. »

Le Président Glénat a ensuite évoquélonguement les points de désaccordà l'égard du Projet de Loi.

La reconnaissancede l'intérêt publicde la qualité architecturaledes constructionsn'a pas le prolongement juridiquequ'on attendait

Sans critères d'obligations précisé-ment formulés et opposables à tous,notamment à ceux qui, à divers ni-veaux de décision ou d'intervention,participent à l'acte de bâtir, — cri-tères d'obligations auxquels auront àse référer les juridictions compéten-tes, — l'article premier reste à l'étatde déclaration d'intention, — rejoi-gnant donc, en quelque sorte, le mondedes apparences.

Tronçonnement autoritaire,— et contre nature, précisément,— de la mission de l'architecture

Séparation « brutale » de la « con-ception » et de la « réalisation »,comme si l'une et l'autre ne consti-tuaient pas les deux aspects complé-mentaires et indissociables de la géné-ration des œuvres, pour leur aboutis-sement normal et naturel.

Je vous ai rappelé tout à l'heurel'intervention d'un orateur du Sénatpour critiquer la limitation du rôle del'Architecte, — « les meilleures concep-tions pouvant, selon lui, se trouvergâchées sans son contrôle ».

Si, dans quelques cas, actuellementencore exceptionnels, ou l'industriali-sation étant très poussée, la possibi-lité apparaîtrait de scinder la missionentre « conception » et « chantier »,ce ne peut être qu'une éventualitén'ayant pas un caractère général, —et non une prescription exprimant lavolonté unique et définitive du légis-lateur. Et cela, le législateur doit ledire clairement.

Rescindement, non plus seulementde la mission sans ses aspects « con-ception » et « réalisation », mais dela mission de conception même.

Ce rescindement présente deux as-pects aussi regrettables l'un que l'au-tre :

— Premier aspect : Dans son étatactuel, le texte limite la conception àl'établissement des pièces qu'il fautjoindre à l'appui d'une demande depermis de construire, c'est-à-direV AVANT-PROJET, c'est-à-dire encoreà un stade où la conception n'est pascomplètement définie.

C'est au stade suivant seulement,c'est-à-dire à celui du PROJET D'EXE-CUTION, ou PROJET GENERAL néces-saire au Maître d'ouvrage pour passerles marchés, que l'œuvre architectu-rale prend le virage, si j'ose dire, enentrant^ dans le circuit économique, etc'est là, nous le savons tous, — vousmême aussi certainement, — qu'ellecourt le plus grand risque de défor-mation, voire de mutilation.

Si l'Architecte n'est pas, physique-ment et moralement présent à cetteétape, dans la généralité des cas, c'ensera fait de la qualité architecturale.

Refus formel du Projetde donner une définitionde la Mission de Conception

Grâce à ce refus formel, les arti-cles 7, 8, 9, 13, 20, 32 et 34 faisantréférence à cette mission de concep-tion êvoauée dans l'article 2 seront,comme il le sera lui-même, pratique-ment inapplicables.

Oue penser alors_ et que dire d'uneLoi dont HUIT articles sur trente-huitsont irrémédiablement voués à resterlettre morte ?

Et cependant, il est parfaitementpossible de définir la Mission deConception, — si on le veut, — parl'évocation des prestations définissantles caractéristiques structurelles etvlastiaues de l'œuvre, caractéristiquesdont l'ensemble constitue le geste ar-chitectural à cette étape ». S'il nedéfinit pas la conception, le proiet deLoi définit encore moins l'exercice duméfier de l'Architecte, a dit encorele Président de l'Union.

« Le Proiet de Loi ouvre l'exercicede la Profession au fonctionnariat etau salariat. »

Si nous sommes d'accord sur leprincipe, nous regrettons qu'il pres-crive cette ouverture sans discerne-ment.

T,e fonctionnaire et l'agent public eneffet sont soumis à l'autorité hiérar-chiaue et à la réglementation qui pré-voient leur action.

Le salarié de son côté est dépen-dant.

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Page 46: PONTS ET CHAUSSÉES ET MINES

Dans un cas comme dans l'autreils ne peuvent jouir de la liberté re-quise par la recherche d'une qualitéarchitecturale.

Dans le secteur privé en particulier,a-l-il souligné, si celte présence estconsidérée comme une couverturelégale de tous les actes architecturauxeffectués par l'entreprise, la concur-rence faite aux Architectes libérauxse développera sans limite, avec desarmes terriblement inégales, consécu-tivement à la disparité des moyensmatériels qui pourront être mis enœuvre de part et d'autre.

La disparition des libéraux sera d'au-tant plus rapide que, par le canal dela « répétition », se démultiplierontencore les plans-types et les modèlesactuellement connus.

L'Aide architecturale

La création d'un Service d'Aide ar-chitecturale est l'exemple le plus frap-pant de la distorsion qui existe entrele texte et l'exposé des motifs.

Or, sur ce point encore, la Commis-sion du Sénat avait parfaitement bienpris conscience du problème posé.

Mais son amendement fut réduit parle représentant du Gouvernement, quiaccepta seulement un critère de sur-face bâtie, rejetant^ celui des ressour-ces pour la définition des modes d'ac-cès à l'aide architecturale.

Je me suis assez longuement éten-du, — peut-être un peu trop longue-ment, — sur les immenses problèmesque pose pour nous la promulgationéventuelle du projet de LOI SURL'ARCHITECTURE, mais vous aveztrès certainement compris que la ma-nière dont ces problèmes seront fina-lement résolus engage inévitablementnotre avenir.

Ils engagent notre avenir quant ànos structures d'exercice d'abord ouivont se différencier entre celles d'unartisanat libéral et celles de la con-centration, mais aussi, — j'irai jus-que-là, — quant à nos structures men-tales à cause du bouleversement pro-fond que cette LOI SUR L'ARCHI-TECTURE, d'une part, le Décret du28 février sur l'INGENIERIE, d'autrepart, vont provoquer dans nos métho-des et nos approches.

Et tout état de cause, avec ou sansl'aboutissement de la LOI, avec uneLoi valide ou invalide, nous sommesfermement résolus à aller de l'ayant.Nous avons parfaitement conscience,en effet, que, vour une large part,nous sommes les maîtres de notreDevenir, prêts à entreprendre... la tra-versée du désert à la recherche toutd'abord d'une maîtrise de l'Industria-lisation du bâtiment. Celle-ci, à tra-vers les « modèles » dans les Ecolesindustrialisées, puis dans les H.L.M.,puis dans le domaine hospitalier parles Unités de soins banalisés, pour neciter que ses premières tentatives, aété une politique utile, mais elle n'estpas une fin en soi.

Il faut aller plus loin avec l'Indus-trialisation ouverte dont nous som-58

mes les leaders et qui, par la combi-naison des « composants » nous appor-tera, j'en suis sûr, la possibilité desortir de l'uniformité, de la monoto-nie, des modèles.

Sur le plan des formes architectu-rales, les Architectes, et notammentles jeunes, animent les équipes quiparticipent aux programmes « Archi-tecture Nouvelle ».

Si, dans un autre domaine, nousavons dit NON au Décret du 28 févriersur les prestations d'Ingénierie etd'Architecture dans sa forme actuelle,c'est parce que, tendant à jauger avecles mêmes unités de mesure les pres-tations intellectuelles et les presta-tions matérielles, il refuse toute rému-nération des idées que nous apportonsdans les esquisses par lesquelles nousdonnons l'essentiel de notre pensée.Mais dans une vue très objective deschoses, nous pensons que ce Décretsur l'Ingénierie représente pour nousune ouverture sur la commande pu-blique.

Nous sommes pour la rationnalisa-tion des processus, pour admettre ladivision du travail dans les méthodesd'organisation pour accepter les con-séquences de l'évolution pour agir surla concentration des activités de pro-duction, de promotion et de renouvel-lement des techniques, — à la seulecondition qu'en contrepartie d'un grandeffort de mutation, aucune duperie nenous attende, c'est-à-dire pour quenous puissions nous exprimer complè-tement avec un maximum de liberté.

C'est pourquoi l'axe de rechercheretenu pour ce Congrès avait commeobjectif : « l'insertion de l'Architectedans l'Economie ».

En résumé, tenant à faire la partde nos préoccupations humanistes,j'ajouterai que nous sommes pour unUrbanisme représentant, comme le ditle Rapport de la Commission des Af-faires Culturelles du Sénat, « unepolitique qui prenne en compte laqualité de la vie ».

Toôt ou tard, c'est certain, ce sontles valeurs intellectuelles et moralesque nous avons à défendre dans unprofond souci d'humanisme qui triom-pheront.

Demande d'emploi

Ingénieur des Ponts et Chaussées,ayant quitté l'administration, spécia-liste des ouvrages de travaux publicsurbains, possédant une grosse expé-rience de directeur d'études techni-ques, cherche situation.Ecrire à P.C.M. qui transmettra.

Offre d'emploi

Un poste de directeur est offert àun jeune ingénieur civil des Ponts etChaussées. Le candidat devra être âgéde 25 à 35 ans. Il dirigera depuis Parisune affaire d'étanchéité de bâtimentset Travaux Publics. Rémunération in-téressante.S'adresser au P.C.M.

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Remise en causedu transfert de l'X ?

Ils étaient nombreux dans leurs cos-tumes gris souvent ornés d'une ro-sette, les anciens élèves de l'EcolePolytechnique venus à la Maison dela Chimie, le 20 juin, participer àl'Assemblée Générale de leur Associa-tion. Certains étaient entassés sur lesescaliers de l'amphithéâtre, d'autresavaient dû rester debout, d'autresencore, n'ayant pu pénétrer dans lasalle, écoutaient dans le hall la retrans-mission par haut-parleur des interven-tions prononcées à la tribune.

Dans la salle, l'atmosphère était...animée. L'ordre du jour portait surle transfert de l'Ecole sur le plateaude Palaiseau. Au P.C.M., depuis quel-ques années, la compétition des can-didats est chose courante, du moinsparmi les Ingénieurs des Ponts. A1' « AX », la cooptation reste encore larègle. Aussi la candidature, contre laliste « présentée par le Conseil »,d'une liste dissidente menée par l'In-génieur Général des Ponts et Chaus-sées GASPARD et par l'InspecteurGénéral des Finances PANIE, prenait-elle figure d'événement.

Cette liste présentait une motiondemandant « le réexamen par les au-torités compétentes du transfert del'Ecole Polytechnique ». En fin de soi-rée, cette motion devait être adoptéepar les membres présents à la confor-table majorité de 687 voix contre 242.Mais en revanche le dépouillement desbulletins envoyés par correspondancedevait, quelques jours plus tard, per-mettre de constater que la liste quiavait proposé la motion adoptée...était battue. Deux décisions qu'il fau-dra tenter de rendre compatibles.

Au cours du débat, André LAURE,Préfet, Chef du Service Régional del'Equipement de la Région Parisienne,exposa les schémas d'aménagementau Sud de Paris dans laquelle sontimplantées les futures installations.L'X serait rattachée à la « ville nou-velle » de Saint-Quentin en Yvelines.Mais les documents projetés surl'écran montrèrent l'X presque aussiéloignée du futur « centre »... que dela capitale. « Les liaisons seront assu-rées par autobus ».

« Les laboratoires sont déjà cons-truits. Les contrats nécessaires à l'édi-fication de l'Ecole proprement diteseront conclus à l'automne. Dès à pré-sent, 80 millions de francs sont enga-gés », déclara COLLET-BILLON, Ingé-nieur Général de l'Armement, Direc-teur des travaux. Les diapositives qu'ilprésenta ne témoignèrent ni pour l'artdu photographe, ni pour le génie archi-

tectural des maîtres d'ouvrage, ni pourla qualité de l'environnement. Espé-rons que cela s'arrangera.

Parmi les partisans du transfert, lesmotivations sont diverses. Les unscomme Bernard VILLERS, Présidentde FAX, le sont par réalisme et discipli-ne : « M. Michel DEBRE, Ministre detutelle, était prêt à opérer le transfertmême si l'X devait se trouver seule àPalaiseau, même si elîc devait devenir,suivant l'expression du Ministre lui-même, " un Coëtquidan de la scien-ce „ ». Les autres comme ASTIER,insistent sur le danger du maintienrue Descartes, où l'absence de labo-ratoires adaptés aux techniques mo-dernes conduit l'enseignement à glis-ser vers l'académisme.

Les motifs des adversaires ne sontpas moins divers. Les uns sont atta-chés sentimentalement à la montagneSainte-Geneviève et craignent que l'X« perde son âme » en la quittant. D'au-tres soulignent que les jeunes gens quientrent et viennent de province pourune bonne moitié, ont été isolés pen-dant au moins deux ans par l'ascèseque comporte la préparation desconcours. Les isoler encore sur un« campus », est-ce la bonne méthodepour former des cadres supérieurssensibles aux préoccupations socialeset au phénomène urbain ?

Thierry GAUDIN, Ingénieur des Mi-nes, montrait dans une excellente in-tervention comment on pourrait échap-per à ces contradictions. « Les étu-diants de 2° cycle ont besoin de seformer une conscience sociale en sefrottant à la grande ville et à toutce qu'elle offre. Les chercheurs du3e cycle veulent au contraire la tran-quillité dans un milieu de chercheurs.Responsables de jeunes familles, ilsveulent résider en maison individuelleplutôt qu'au Quartier Latin. Aussil'Ecole des Mines restera-t-elle boule-vard Saint-Michel, tandis que les labo-ratoires des Mines seront installés àFontainebleau, à " Sophia Antipolis „(Antibes) et à Palaiseau. »

Faillite du campuset déclin culturel de Paris

Cela semble la sagesse même. Maispour l'X, n'est-il pas déjà trop tard ?N'assiste-t-on pas, en 1973, à la réalisa-tion d'un projet conçu en 1960, aumoment où les idées de « campus »,de « route 128 » (1), de déconcentra-tion autoritaire de Paris étaient à lamode ?

Depuis lors, d'une part les idées ontchangé, d'autre part le projet s'estdétériore. Aujourd'hui, les « campus »sont honnis, la route 128 a fait faillite,et un rapport établi pour le comptede la DATAR annonce le déclin cultu-rel de Paris, envahi par des bureauxqui viennent y chercher une adresseprestigieuse mais n'apportent souventrien au rayonnement de la capitale (2)en contrepartie de l'encombrementqu'ils y provoquent.

Parallèlement, le projet s'est dété-rioré. A l'origine, ses protagonistesimaginaient un équivalent français duMassachusetts Institute of Techno-logy : une concentration en un mêmepoint de toutes les Grandes Ecolestechniques et d'organismes universi-taires ou industriels consacrés auxtechniques et aux sciences. Aujour-d'hui, seules l'X, l'Ecole des Ponts,les deuxième et troisième années del'Ecole spéciale des techniques avan-cées, un petit laboratoire des Mineset une partie de l'Institut agronomi-que de Grignon doivent y aller. Lesélèves de l'Ecole des Ponts sont desplus réservés et l'Association des an-ciens élèves de Grignon vient de pren-dre position contre le ^ansfert àPalaiseau. L'enthousiasme est doncbien refroidi. « La masse critique nesera pas atteinte », constatait l'un desintervenants dans le débat. La variétédes disciplines aussi sera insuffisanteet si un moyen de communication ra-pide n'est pas mis en place, seuls lesétudiants nantis de voiture échappe-ront à l'isolement.

Ce qui est en question c'est, en défi-nitive, le niveau d'équipement desgrandes écoles scientifiques et techni-ques. Mais aussi le sort, le mode devie, l'adaptation sociale et le niveaude recrutement des futurs « X », Ingé-nieurs de l'Armement et Ingénieursdes Ponts. C'est encore la place faiteà la pensée technique : en marge etsubordonnée, ou responsable dans lacité et devant les citoyens ? C'est enfinle rôle dévolu à Paris : « central busi-ness district » ou centre technique,scientifique et culturel d'influencemondiale ?

M. GALLEY, vous qui êtes le seulIngénieur du Gouvernement et êtes àprésent chargé de la tutelle de l'X,vous héritez là d'une lourde respon-sabilité !

(1) La route 128, située dans les en-virons de Boston, est toujours citéecomme l'exemple de pôle de dévelop-pement dont la dynamique provientdu voisinage d'un grand nombre debureaux d'études et de recherche.

(2) II y a une dizaine d'années déjà,une étude de la géographe BEAUJEU-GARNIER montrait que 98 % des in-ter grossistes français sont installésdans le 8' arrondissement. Le prestigedes Champs-Elysées en est-il accru ?

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C.I.C.F: - Ingénieriegénérale

Dernier né de la C.I.C.F., le Syndicat« C.I.C.F.-Ingéniérie Générale » est letémoin de l'évolution récente des pro-cédures techniques de l'investissement.Qu'il s'agisse d'équipements industrielsou de bâtiments, C.I.C.F.-IngéniérieGénérale regroupe tous ceux qui orga-nisent la pluridisciplinarité des équi-pes de conception - réalisation, avec lesresponsabilités technico-économiquesqui en résultent.

C.I.C.F.-Ingéniérie Générale regrou-pe donc des cabinets juridiquementConstitués, présentant une certaineamplitude des activités dans l'une aumoins des caractéristiques suivantes :— application de plusieurs techniques

simultanément, soit pour des étu-des, soit pour des missions demaîtrise d'œuvre,

— application d'une seule technique,mais conjointe à une activité d'or-ganisation ou de coordination gé-nérale,

— missions de « bureau de synthèse »regroupant Pilotage - Coordination -Ordonnancement.

Ces activités relevant essentielle-ment de l'art de l'Ingénieur.

Alors que la plupart des activitésd'Ingénieur-Conseil peuvent générale-ment être exercées individuellement,forme parfaite de l'exercice libéral,l'amplitude des interventions relevantde l'Ingénierie Générale exige que leCabinet manifeste sa durée et sonhomogénéité par la constitution d'ungroupement permanent, matérialisé parune structure juridique.

Le rôle de l'Ingénieur-Conseil doitêtre prédominant au sein de tout bu-reau prétendant au titre de B.E.T.Ingénierie Générale.

Par ailleurs, il faut que tout mem-bre ait assez d'homogénéité et dedurée pour qu'il puisse être consi-déré comme un B.E.T. ayant misisond'Ingénierie Générale.

On peut établir pomme suit uneliste de base d'activités des B.E.T.d'Ingénierie Générale :•— bâtiment (habitations, écoles, hôpi-

taux, etc., usines), comprenant :soit, tout ou partie des corps d'état,soit, pilotage et coordination (ycompris éventuellement les infrac-tructures),

— études importantes d'infrastructu-res (urbanisme technique),

•— industries — cette qualificationcomprend essentiellement la con-ception des processus de fabrica-tion, l'outillage, etc.,

•— études et contrôle d'exécution d'ins-tallations complexes pouvant faireappel à toutes sortes de techniques(avec dans ce cas tout spéciale-ment la mise au point de groupe-ments entre membres, ou le re-cours à la sous-traitance),

— missions d'organisation, de pilotageet d'ordonnancement, appliquées àdes objets techniques.

En raison de la diversité des acti-60

vités ci-dessus, le syndicat C.I.C.F.-Ingéniérie Générale a été appelé àcréer des groupes d'activités en dis-tinguant :a) les problèmes communs à tous les

membres (dont une partie pourrad'ailleurs être traitée dans le cadregénéral C.I.C.F.),

b) les problèmes particuliers, nécessi-tant des groupes d'études plus spé-cifiques (tels que_ : bâtiment, in-dustrie, organisation, etc.).

Outre l'activité spécifique rappeléeci-dessus du Syndicat, ce dernier s'in-tègre dans les commissions et grou-pes de travail constitués par la CI.CF. :— groupe géotechnique,— groupe des villes nouvelles,— groupe de l'environnement,— groupe des travaux à l'étranger,— etc.

Il n'est pas mutile de rappeler àcet égard que, créée en 1912, mem-bre fondateur de la Fédération Inter-nationale des Ingénieurs Conseils,(F.I.D.I.C.-1913), la Chambre des In-génieurs Conseils de France (C.I.C.F.)a pour mission de représenter et dedéfendre les intérêts moraux et pro-fessionnels de l'activité libérale d'In-génieur Conseil auprès des Pouvoirspublics, des professions voisines, desorganismes et entreprises privés.1° Elle étudie et met en œuvre les

moyens propres à développer laprofession et à étendre son presti-ge moral.

2° Elle est au service de ses mem-bres pour leur faciliter l'exercicede la profession et leur apporteren toutes circonstances aide etconseils.

Constituée sous forme federative, laChambre des Ingénieurs Conseils deFrance réunit les Ingénieurs Conseilsde toutes disciplines, regroupés surdeux plans :— celui de la spécialité, dans les syn-

dicats techniques,— celui de la localisation, en Unions

Régionales.

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Extraits du « Moniteur » du 7-7-1973

La planification urbainealibi ou espoir

La politique du bonheurlivres

(Seuil)

Ouvrage collectif réalisé sous la di-rection de M. François Parfait, ingé-nieur en chef des Fonts et Chaussées,directeur général de la Société cen-trale pour l'équipement du territoire(S.C.E.T.), avec la collaboration deMM. Berger, Boucly, Gray, Mignot,Muyard et Pascal, cet ouvrage {*) estprésenté avec le sous-titre : « Travauxde la commission « Urbanisme » del'Association générale des hygiénisteset techniciens municipaux ». Mais ils'agit moins d'un rapport que d'uneprise de position sur ce qui fait que laplanification urbaine constitue tropsouvent, actuellement, un « alibi », etsur ce qu'il faudrait faire pour qu'elledevienne, comme le souhaitent lesauteurs, un « espoir ».

Les obstacles auxquels se heurte laplanification urbaine sont ici recensés,pour ne pas dire dénoncés : l'impuis-sance dans le domaine foncier ; lestextes d'application qui ne suiventqu'avec de longs délais — ou jamais !— des lois élaborées sans que toutesleurs conséquences soient examinéesà fond », le hiatus entre les fonction-naires qui conçoivent les textes etceux qui les utilisent ; la déconcen-tration peut-être, mais non la véri-table décentralisation de l'urbanisme ;l'insuffisante utilisation des moyensmodernes, notamment de l'informati-que ; une concertation affirmée, maistrop souvent absente entre les diversintervenants ; une information del'usager, en vue de sa participation,négligée...

Bien entendu les auteurs ne se con-tentent pas de diagnostiquer les maux :ils proposent des remèdes ; on noteraà ce propos, leur regret de voir remiseà plus tard, sinon à jamais, la taxed'urbanisation, pourtant inscrite dansloi foncière.

Pour conclure, M. Parfait exprime lavolonté de son équipe de refuser « lessolutions de compromis absolu, conci-liant tout et ne tranchant rien », afinque « la planification ne soit pas unalibi, un masque derrière lequel seconforte un système économique oupolitique, quel qu'il soit, au détrimentde la satisfaction normale des besoinshumains », mais que, dépassant lestade de l'espoir, « elle comble sapleine vocation, celle de l'épanouisse-ment de l'homme».

Il y a un siècle, le père de la sociologie, Saint-Simon, écrivait qu'il étaittemps de passer du gouvernement des hommes à l'administration des choses.C'était dire que l'Etat devait à ses yeux borner son action aux aspectsmatériels de la vie collective, laissant à chacun et à chaque groupe humainle soin et la liberté de choisir ses valeurs et ses modes de vie.

Inversant les propositions, Bartes (la politique en révolution) écrit quele but est maintenant de passer de la simple administration des choses augouvernement des hommes, car la poursuite du bonheur matériel ne peutplus satisfaire les hommes du xxc siècle.

Certains trouveront peut-être ces deux thèses excessives et seront heureuxd'accueillir le livre de Philippe d'Iribarne.

Le bonheur relève-t-il de la politi-que ? N'est-il pas au contraire essen-tiellement une aventure personnelle ?Et pourtant, la mission ultime del'homme d'Etat n'est-elle pas de ser-vir le bonheur de ses concitoyens ?

Un temps la priorité donnée à l'aug-mentation du niveau de vie a parurésoudre cette contradiction. Quandl'Etat assure une forte croissance, nepermet-il pas à chaque citoyen d'aug-menter sa liberté, en multipliant sesressources, et donc de mieux trouverle bonheur qu'il s'est choisi ? Mais,beaucoup de jeunes, et de moins jeu-nes, ont une conscience de plus enplus vive que cette liberté n'est qu'il-lusion. La course à la consommation,loin de satisfaire les besoins, les exa-cerbe. Nous menons une vie tendue,haletante et absurde.

Comment expliquer que, maudissantcette société, nous en soyons les arti-sans en même temps que les esclaves ?

Il ne peut guère en être autrementquand la consommation n'est pas seu-lement le moyen de satisfaire les be-soins du corps, mais quand elle condi-tionne aussi les relations personnelleset sociales et s'offre à compenser lesfrustrations de l'existence. Commentconquérir la liberté de remettre lesobjets à leur place pour permettreà la quête du bonheur de s'orienterdans des directions où. elle peut avoirun sens ? Notre société doit construireun projet politique à la mesure deses problèmes.

Philippe d'Iribctrne36 ans, polytechnicien, ingénieur enchef des Mines. A créé et dirige lecentre de recherche sur le bien-être(CEREBE), organisme dépendant desadministrateurs économiques. Auteurde la Science et le prince. Maître derecherches au C.N.R.S.

(*) Editions Eyrolles, 61, bd Saint-Germain, Paris (5e). Prix : 82 F.

UNE CONFERENCE EUROPENNESUR L'AMENAGEMENTDES TERRITOIRESdoit se tenir au mois de septembreprochain dans la nouvelle station bal-néaire de la Grande Motte, à l'initia-tive du ministère français des Affairesétrangères ; elle réunirait les minis-tres chargés de l'aménagement du ter-ritoire de vingt-deux pays européens.

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ATTENTION

L'Assemblée Généraledu P.C.M. se tiendraLE 9 NOVEMBRE 1973

dans les salonsde l'Hôtel intercontinental,rue de castiglione PARIS 1

Retenez dès à présent cette date

Le dîner-coktailsera présidépar M. Olivier GUICHARD,Ministre de l'aménagement du Territoire,de l'Equipement,du Logement et du Tourisme

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