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© AIVP - The worldwide network of Port Cities 1
Port Louis, acteur incontournable de l’Océan Indien
Classée au 23e rang sur 183 nations du "Doing Business Index 2012" de la Banque
Mondiale, Maurice se positionne loin devant de nombreux pays développés ou en forte
croissance. Ce classement est révélateur du dynamisme de ce pays de 1,27 million
d’habitants que nombre d’investisseurs et d’économies de la région regardent avec
attention. Dans ce contexte, le port de Port Louis, qui assure 99% du commerce extérieur
du pays, joue bien évidemment un rôle majeur.
Ce port permet également des connexions essentielles avec les îles de l’Océan Indien et les
régions périphériques, mais au-delà son positionnement stratégique à la croisée des routes
maritimes Extrême-Orient / Afrique et Europe / Australie, le conforte dans son ambition de
devenir le port d’éclatement majeur dans la région.
© Mauritius Port Authority
Le port ambitieux
De fait, la Mauritius Ports Authority (MPA) qui a fêté ses 35 ans d’existence en 2011, affiche
son optimisme. Après son année record de 2008, (6,3 Mt), le port a certes été affecté par la
crise avec un recul en 2009 (5,89 MT). Mais il est reparti à la hausse dès 2010 (6,23Mt) et a
enregistré en 2011 un tonnage record de 6,47 Mt enregistrant ainsi une croissance de 4%.
La croissance a en particulier été portée par les secteurs très dynamiques du
transbordement (+5,1%) du trafic de conteneur (+5,4% à 350,624 EVP) et du nombre de
touchées en général (+22,2%). Les investissements et les projets engagés cette dernière
décennie portent ainsi leur fruit.
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© Mauritius Port Authority
En nombre croissant depuis 2006, les paquebots de croisières ne disposaient pas
d’infrastructure dédiée et accostaient parmi les autres navires. Cette situation a incité
l’autorité portuaire à lancer son projet de Terminal Croisière pour un environnement plus
sécurisé et adapté aux besoins des croisiéristes. Costa Croisières a fait de Port Louis sa
base régionale à partir de décembre 2007 et son "Costa Romantica" a été le premier navire
à s'amarrer, le 30 janvier 2010, au nouveau terminal croisière dans la zone des Salines. La
qualité de ce terminal a été une première fois récompensée en 2010 au "Seatrade Cruise
Shipping Convention" de Miami par l'obtention de l'award "Most Improved Cruise Terminal
Facility" et de nouveau en 2011 avec le trophée "Indian Ocean’s Leading Cruise Port 2011"
reçu lors des World Travel Awards de Charm el-Cheikh, Egypte.
Costa Romantica, Christian Decotter Cruise Terminal © MPTA – Mauritius Tourism Office
Du côté du port de vrac liquide, un quai pétrolier a été créé en 2008 sur le secteur de Mer
Rouge permettant à la fois d’augmenter la sécurité sur site et d’éloigner de la ville ces
activités à risque. A proximité la construction sur près d’1 ha d’un terminal LPG a démarré
en 2011. Il sera exploité par un opérateur privé mauricien, Petredec, et pourrait générer un
trafic de 60,000 à 90,000 tonnes dès ses débuts. L’investissement initial devrait être d’US$
30 millions. L’objectif annoncé est ici de se positionner en hub LPG pour les îles de l’Océan
Indien et les pays de la côte Est de l’Afrique.
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© Mauritius Port
Authority
Sur ce même
secteur de Mer
Rouge, "Binani
Cement Factory
Mauritius Ltd",
filiale de la
multinationale
implantée en Inde,
Dubaï et en Chine,
a signé un accord
en 2010 avec la
Mauritius Ports
Authority pour un
terrain de 6,5 ha
sur lequel elle projette de construire à partir de 2012 une cimenterie d’une capacité de 1Mt
par an, destinée dans un premier temps à l’export. Cette production pourrait doper le trafic
du port de 30%. Les marchés émergents africains sont visés, ainsi que l’Europe qui
constitue également une cible potentielle.
© Mauritius Port Authority
Dans le domaine du trafic
de conteneurs, et toujours
sur Mer Rouge, des
travaux de dragage
entrepris en 2006 ont
rendu possible l’accueil
des porte-conteneurs de
plus de 5,000 EVP, une
capacité devenant très
fréquente dans la région.
Bien que la longueur de
quai actuel pourrait être
suffisante jusqu’en 2024,
elle pourrait ne pas
répondre à la volonté
annoncée par les
principales compagnies
maritimes (MSC, Maersk, CMA-CGM) de déployer des navires de plus grande taille dans
cette région. Pour y faire face, la modernisation et une extension du quai de quelques 240
m sont programmées pour pouvoir accueillir simultanément deux navires de 8,000+ EVP et
la profondeur sera amenée, dans un premier temps, à 16,5 m. Les travaux devraient
débuter dès 2012 et le nouveau terminal, avec une capacité portée à 750,000 EVP (contre
550,000 actuellement), devrait être opérationnel en 2015. Les coûts des travaux sont
estimés à quelques US$ 125 millions.
Si le port veut conforter son ambition affichée de devenir un hub de transbordement, il
faudra toutefois développer des capacités supplémentaires pour répondre à la croissance
estimée à l’horizon 2030 et se positionner face à la concurrence des autres projets de
terminaux conteneurs dans la région. Le manque d'espaces disponibles risque dans ce
contexte de poser des difficultés. Le Port a donc commandité à Louis Berger Group un
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masterplan sur le dernier espace disponible, celui de Fort William / Bain des Dames. Ce
plan, rendu aux autorités en septembre 2011, étudie les différentes options possibles, et
notamment la compatibilité entre fonctions portuaires et les usages urbains qui pourraient
également être implantés sur la zone contigüe des Salines.
© Mauritius Port Authority
Fort William / Salines : développer le port, aménager un nouveau quartier de
ville, deux objectifs compatibles ?
Sur Les Salines, un terrain portuaire de 25 ha a été concédé à la société "Les Salines
Waterfront Development Ltd". Ce terrain est adjacent au Caudan Waterfront, un secteur
proche de la ville qui a fêté ses 15 ans en 2011. Lancée en 1996, la revitalisation du Caudan
Waterfront avait était initiée pour absorber plus facilement une forte croissance urbaine qui
pesait de plus en plus sur la ville coloniale ancienne et son patrimoine urbain. Elle a
également répondu à la volonté de faire vivre un centre-ville peu fréquenté par les touristes
et désert à la fin de la journée de travail, et un port de centre-ville également déserté. Le
secteur est depuis devenu un waterfront à vocation commerciale et touristique attractif.
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Caudan Waterfront © Caudan Development Ltd
Le projet sur les Salines, dénommé "Neotown", est d’une toute autre ampleur.
Officiellement lancé par le Premier Ministre en mars 2010, "Neotown" combinera quartier
d’affaires, commerces, appartements (250 dans une première phase), hôtel, casino, marina,
le "Tourist Heritage Centre" dédié au patrimoine culturel de Maurice, jardins maritimes, etc.
Il est porté par Patel Realty, un groupe indien, au travers de sa filiale "Les Salines
Waterfront Development Ltd". Il sera développé en trois phases sur 10 ans. US$ 600
millions d’investissements au début et la création de 10.000 emplois directs y sont
annoncés.
Neotown © Les Salines Waterfront Development Ltd
Au centre du projet, le terminal croisière vient répondre à la volonté à la fois d’amener des
visiteurs sur ce secteur et de proposer aux croisiéristes des infrastructures et des activités à
proximité avant même d’aller vers le Caudan Waterfront et le centre ville. Il s'agit là d'une
stratégie de plus en plus fréquente dans les villes portuaires qui renforcent leur attractivité
en intégrant l’activité croisière à un nouveau morceau de ville plus ou moins ambitieux.
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Neotown © Les Salines Waterfront Development Ltd
Neotown © Les Salines Waterfront Development Ltd
Comme évoqué précédemment, si le projet "Neotown " est adjacent d’un côté au "Caudan
Waterfront" avec lequel il assurera une continuité vers le centre-ville, ce projet se situera
également à proximité immédiate des activités portuaires et du secteur de Fort William /
Bain des Dames sur lequel le Port veut s’appuyer pour conforter ses ambitions. Son voisin
immédiat sera le terminal sucrier dont la concession vient d’être renouvelée pour 10 ans, ce
qui, à court terme, réduit les possibilités d’évolutions portuaires du site.
Les Salines et le Terminal sucrier © Mauritius Port Authority
© AIVP - The worldwide network of Port Cities 7
Louis Berger Group Inc. a soumis en septembre 2011 le Masterplan pour Fort William. Il
intègre bien évidemment la contrainte actuelle liée à la présence du terminal sucrier. Quatre
alternatives différentes sont étudiées allant du "tout portuaire" avec deux options, au "tout
urbain" qui étendrait l’opération immobilière des Salines au secteur de Fort William, et une
alternative mixte sur laquelle il porte plus particulièrement son attention.
Les conflits d’usages éventuels entre les fonctions commerciales et résidentielles
programmées sur "Neotown" et les différents types d’usages portuaires y sont évalués, de
même que la complémentarité des activités portuaires elles-mêmes. Parmi celles-ci,
l’activité pêche, qui répond par ailleurs à la volonté du gouvernement de développer
l’économie des produits de la mer, est présentée, à l’instar d’autres industries légères,
comme pouvant constituer une zone de transition.
Cette transition pourrait être graduelle en réutilisant, ultérieurement, l’un des deux entrepôts
du terminal sucrier pour le traitement et l’empaquetage du poisson tandis que le second,
plus proche des fonctions résidentielles et commerciales de "Neotown" accueillerait
marchés et restaurants. D’autres activités légères (services portuaires, maintenance),
pourraient remplir cette même fonction. L’implantation de zones de bureaux à l’interface
avec le projet "Neotown" est également étudiée ainsi que l'extension plus ou moins
importante selon les scénarios du "Robert Edward Hart Garden". L’ensemble des options,
leurs avantages, inconvénients économiques et environnementaux ainsi que leurs coûts ont
été évalués.
Les quatre alternatives sont actuellement en cours d’examen et sont évaluées à l’aune de la
stratégie de développement durable que les autorités veulent engager sur ce secteur. Il
reste aussi à décider le type et le volume d’activités complémentaires qui y seront
nécessaires et compatibles, notamment concernant la réparation navale et les activités
commerciales.
On peut également penser que le projet "Neotown" pourrait être amené lui aussi à évoluer
en fonction des choix qui seront faits sur Fort William, pour privilégier là aussi des fonctions
non résidentielles (bureaux, commerces, …) à l’interface avec la zone portuaire. Quoiqu’il en
soit les tours et immeubles qui seront réalisés seront avec vues sur la ville mais aussi avec
"vues sur port", celui du secteur de Mer Rouge situé en face. Nous ne manquerons pas de
relayer sur notre site les choix qui seront finalement faits.
“Aapravasi Ghat” : port et patrimoine, un
atout pour la ville
Du côté de l’ancien port, sur le secteur du port de
pêche de Trou Fanfaron, Port Louis dispose d’un site
exemplaire avec l’Aapravasi Ghat, un site inscrit au
patrimoine mondial par l’UNESCO et classé
également comme héritage national. Ce site, en
pleine zone portuaire, est associé au souvenir du
demi million de travailleurs qui, venant de l’Inde, ont
débarqué à cet endroit pour venir travailler dans les
champs de cannes en remplacement des esclaves
libérés. L’autorité portuaire contribue activement à la
protection de ce site de même qu’à la préservation
et au développement de la zone tampon qui
l’entoure afin d’en préserver le caractère historique.
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Aappravasi Ghat © Mauritius Port Authority
Dans ce cadre Mauritius Port Authority travaille en étroite collaboration avec le
gouvernement pour la reconversion en galerie d’art (National Art Gallery) d’un bâtiment de
la zone tampon, un ancien hôpital militaire construit sous l’occupation française (1740) et
classé monument national en 1999. Le site dispose d’un réel potentiel avec plusieurs autres
bâtiments classés tels que l’hôpital civil du 19e, l’ancienne poste (devenue Musée de la
poste), ou encore le "Grenier", un bâtiment massif dont la réutilisation est à l’étude.
© Observatoire Villes Ports Océan Indien
Il a été également décidé de revaloriser les lieux entre l’Aapravasi Ghat et le Front de Mer
de Port Louis afin de leur rendre le cachet historique d’antan et d’en faciliter ainsi l’accès au
nombre croissant des visiteurs. La piétonisation du centre-ville et du cœur historique de
Port-Louis que la Municipalité a programmé va dans le même sens. Mais au-delà elle
s’inscrit dans une stratégie volontariste beaucoup plus large visant, à l’horizon 2020, à faire
de Port Louis la première ville neutre en carbone en Afrique.
Recherche d’un équilibre entre la valorisation des éléments patrimoniaux et les besoins de
la ville et de ses habitants ; stratégie zéro carbone et nouveaux morceaux de ville ;
renforcement de l’attractivité touristique, redynamisation économique et compétitivité
portuaire : toute la problématique et tout le potentiel d’une ville durable sont à l’œuvre. Un
développement durable dont le succès se jouera là aussi dans la complémentarité et le
dialogue entre un port et une ville dont les espaces, les fonctions et le devenir sont
étroitement liés.
Février 2012
Sont membres de l’AIVP et de l’Observatoire Villes Ports Océan Indien :
• Mauritius Ports Authority
• Municipality of Port Louis