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POUR UNE ETHIQUE DE TERRAIN Gestion des données personnelles sensibles (Santé - Histoires de vie)

Pour une ethique de terrain Gestion des données personnelles sensibles

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« Pour une éthique de terrain » est un «guide de référence de Médecins du Monde » concernant la gestion des données liées à la santé et aux histoires de vie des personnes rencontrées sur le terrain. Issu d’une longue réflexion et nourri d’expériences variées, ce guide rappelle aux acteurs humanitaires les grands principes d’éthique médicale. Il vise à les familiariser à la protection des données personnelles sensibles recueillies auprès des usages des programmes.

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Pour une ethique de terrain

Gestion des données personnelles sensibles (Santé - Histoires de vie)

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Guide de référencede Médecins du Monde france

sur la Gestion des données liées

à la santé et aux histoires de

vie des Personnes rencontrées

sur le terrain.

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AuteursCarole Dromer, Médecin, Directrice des opérations internationales, Médecins du Monde France.

Anne Desmarest, Juriste, conseillère juridique droits de l’homme / droit international humanitaire S2AP, Médecins du Monde France.

Adrien Delorme,Juriste droit de la santé, bénévole,Médecins du Monde France.

remerciementsPour leur aimable contribution, les rédacteurs tiennent à remercier Candice Baron, Nicolas Bouchenot, Magali Bouchon, Claire Boulanger, Constance Duplessy, Jordi Espel, Alejandra García Patón, Stéphane Grivot, Docteur Jérôme Larché, François Rubio, Maître Mario Stasi, Sophie Zaccaria ainsi que tous ceux qui ont participé à l’élaboration de ce document.

W objectif :

• Protéger les usagers des programmes en sécurisant les données personnelles qu’ils / elles nous ont confiées.

• Sensibiliser les personnels aux grands principes prési-dant au recueil de données.

• Les accompagner dans leur démarche de recueil.

Vous trouverez d’abord une présentation de la notion de données sensibles, un rappel des principes éthiques puis des recomman-dations pratiques à observer pour la gestion de ces données collectées.

W DestinAtion :

sont concernées par le présent guide toutes les personnes intervenant directement ou non dans la prise en charge des usagers des programmes de Médecins du Monde. Sont aussi concernés les journalistes / reporters et les photographes.1

tenez-nous Au courAnt !Nous espérons que ce guide vous fournira les informations et outils nécessaires pour mieux protéger les données personnelles sensibles recueillies sur vos terrains. N’hésitez pas à nous transmettre vos commentaires, vos suggestions, faites-nous savoir comment vous utilisez ce guide !

[email protected]

Présentation

acronyMes

Amm .................Association Médicale Mondialecicr .................Comité International de la Croix-RougecG ....................Convention de GenèveDH / DIH ............Droits de l’Homme / Droit international humanitaireist ....................Infection sexuellement transmissibleitt ....................Incapacité Temporaire TotaleMdM .................Médecins du MondeonG .................Organisation Non Gouvernementaleonu .................Organisation des Nations UniesP .......................Protocole (additionnel aux Conventions de Genève)S2AP ................Service d’Analyse, Appui et PlaidoyerViH-siDA .......... Virus de l’Immunodéficience Humaine-Syndrome

d’Immunodéficience Acquise

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i. la notion de données Personnelles sensibles .........P.10

1. La définition des données personnellles sensibles selon Médecins du Monde p.10

2. Typologie des données susceptibles d’être recueillies p.10A. Les données médicales p.10B. Les données non médicales p.11

ii. les Grands PrinciPes éthiques .......................................... P.14

1. Le respect de la dignité humaine p.14 2. L’obligation de traiter sans discrimination p.15 3. L’obligation de ne pas nuire p.16 4. Le consentement libre et éclairé p.16

A. Pré.requis : l’obligation d’informer p.16 B. Les patients / blessés majeurs p.17 C. Les patients / blessés incapables p.18

5. La confidentialité p.20 A. Le secret médical p.20 B. La confidentialité des données écrites p.23

6. L’obligation de protéger p.24A. Le cadre général p.24B. Les cas de maltraitance infantile p.25C. Les actes de torture ou de traitements cruels, inhumains

ou dégradants p.267. L’obligation d’attester à la demande de la personne

victime de violences p.27A. La définition du certificat médical p.27B. L’utilité et la destination du certificat p.27C. Le danger d’une mauvaise utilisation du certificat médical p.28D. Qui peut demander un certificat médical et pourquoi ? p.28E. Qui peut délivrer un certificat médical ? p.28F. L’établissement du certificat médical p.29G. La durée d’utilisation du certificat médical p.29

iii. recoMMandations Pratiques ............................................ P.32

1. Le dispositif commun applicable au recueil de données personnelles sensibles p.32 A. Avant la consultation / l’entretien p.32B. Pendant la consultation / l’entretien p.34C. Après la consultation / l’entretien p.34

2. Les dispositifs spécifiques applicables aux programmes de prise en charge des personnes victimes de violences p.35A. Dispositif applicable aux histoires de vie p.35B. Dispositif applicable aux dossiers médicaux p.36C. Dispositif applicable aux certificats médicaux pour actes de violence p.38

iv. situations Particulières : cas où des forces Militaires ou de Police sont iMPliquées ...................... P.42

1. Entrée de militaires dans l’hôpital ou le centre de santé p.422. Interrogatoire par la police d’un patient blessé p.423. Arrestation d’un blessé ou d’un patient hospitalisé p.434. Questions entourant l’examen d’une personne amenée

par les forces de l’ordre p.43

v. boite à outils ............................................................................. P.46

1. Fiche technique de rédaction du certificat médical pour actes de violence p.46

2. Décharge de responsabilité dans le cas d’une sortie ou d’un refus de soins du patient / blessé contre avis médical p.50

3. Arrestation et sortie du patient / blessé contre avis médical p.51 4. Formulaire de consentement pour les patients / blessés majeur p.52 5. Formulaire de consentement pour les patients / blessés mineurs

ou majeurs incapables p.536. Intervention d’urgence sur les patients / blessés mineurs

ou majeurs incapables p.557. Charte de Médecins du Monde sur le recueil de témoignages

par la presse p.568. Rappel des bonnes pratiques informatiques p.59 9. Devoir de réserve et engagement de confidentialité

des intervenants p.63

notes .................................................................................................. P.66

sommaire

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1. La définition des données PersonneLLes sensibLes seLon médecins du monde

Constituent des données personnelles sensibles toutes les données nominatives2, ou permettant d’identifier une personne par recoupe-ment3, ayant trait à son état de santé ou à son histoire de vie. Notons par ailleurs que MdM considère aussi comme sensibles toutes les informations relatives aux événements sécuritaires4 et incidents de sécurité5, surtout lorsqu’ils sont en lien avec une vio-lation des droits de l’homme ou du droit international humanitaire. Ces dernières données ne seront pas abordées dans cet ouvrage consacré aux données personnelles.

2. tyPoLogie des données suscePtibLes d’être recueiLLies

A. LeS DoNNéeS MéDICALeS…

… toutes les données relatives à l’état de santé d’une personne.

Notamment• Les registres de consultations, d’entrées et de sorties,• les dossiers médicaux : comptes rendus de consultations, images

médicales, résultats d’examens,• les certificats médicaux pour actes de violence.

1la notion de donnéesPersonnelles sensibles

b. LeS DoNNéeS NoN MéDICALeS…

…toutes les données ayant trait à l’histoire de vie d’une personne (raisons de sa présence, histoire familiale…), à ses conditions de vie, ses « caractéristi-ques physiques » (cicatrice, amputation…).

Notamment• Les récits de vie (recueillis par écrit ou par captation audio, vidéo,

photo).

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2. L’obLigation de traiter sans discrimination

Les soignants ont le devoir de traiter toutes les personnes sans dis-tinction de race, ethnie, nation, sexe, religion, de croyance, d’apparte-nance sociale, d’opinion politique, de mœurs, de situation familiale, de réputation, de handicap et de fortune.10

La seule distinction admise et obligatoire est de soigner en priorité ceux dont l’état de santé constitue une urgence thérapeutique.11

La Déclaration universelle des droits de l’homme reprend le principe de non-discrimination dans son article 2.

La non-discrimination dans le geste de soin est la pierre angulaire de l’éthique médicale, des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Elle est donc la base de toute intervention humanitaire.Toutefois, l’interdiction de toute forme de discrimination ne signifie pas qu’il existe une obligation de traiter tous les usagers des programmes de la même manière. Pour MdM, conformément aux dispositions internationales12, une attention particulière se justifie à l’égard des enfants13, des femmes en géné-ral et plus particulièrement des femmes enceintes, des personnes âgées, des personnes handicapées.

Il faut appliquer l’esprit du principe et faire preuve de bon sens.

Fournir des couvertures supplémentaires aux personnes supportant difficilement le froid, par manque d’habitude en raison de leur origine n’est pas contraire au principe de non discrimination.

anodin et acceptable peut être perçu comme indigne ou humiliant. Il convient donc d’être très prudent dans la manière d’aborder une personne.

Un médecin réagit devant la pudeur d’une patiente attendant à demi nue allongée sur un lit d’hôpital : « Ne vous inquiétez pas Madame, j’ai l’habitude de voir des personnes dénudées. » La patiente répond : « Peut-être docteur. Mais moi, je n’ai pas l’habitude que les gens me voient nue ! » 9

>2les Grands PrinciPes éthiques

Dans la plupart des cultures, la médecine s’inspire des mêmes principes de base : éviter la souffrance, soigner les malades, protéger les individus vulnérables, secourir sans discrimination tous les patients, avec pour unique critère l’urgence des besoins.

Il convient d’observer ces principes en tous lieux et en tous temps, quelle que soit la nature des données sensibles recueillies. Vous observerez que la plupart de ces principes sont interdépendants.

Tout au long de ce chapitre, il sera fait référence aux travaux de l’Association Médicale Mondiale (AMM)6, au droit international des droits de l’homme ainsi qu’au droit international humanitaire. Les règles dégagées ont pour la plupart une dimension universelle. Néanmoins, les Etats les appliquent de manière disparate. Il est donc nécessaire de s’enquérir du droit national applicable sur chaque terrain.

en cas d’infraction à ces principes, les personnels de santé engagent leur responsabilité en se rendant coupables d’une faute professionnelle.

1. Le resPect de La dignité7

Le respect de la personne, de son intégrité physique et morale, de sa dignité sont des valeurs essentielles des droits de l’homme et un devoir primordial du médecin.

La Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assem-blée générale des Nations Unies en 1948 dispose à son article premier : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité (…). » Les Conventions de Genève interdisent « les outrages à la dignité des per-sonnes, en particulier les humiliations et les traitements dégradants8 » .

La notion de dignité et ses contours sont largement liés à l’histoire, à la culture, à l’éducation, à la religion d’un individu. Un comportement qui vous semble

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3. L’obLigation de ne Pas nuire 14

Les soignants ont l’obligation de ne pas infliger des souffrances supérieures aux bénéfices de guérison prévisibles.

Il s’agit de ne pas infliger de souffrances par action, comme par omission supérieures aux bénéfices de guérison prévisibles tant sur le plan physiolo-gique, que psychologique et social.Informer le patient / blessé sur les risques qu’il ou elle encourt (voir ci-dessous principe 4) à l’occasion d’une intervention chirurgicale participe de ce principe. De même, mettre en place un système garantissant la confidentialité des données (voir principe 5 en page 20) des patients répond à l’exigence de ne pas nuire. Le respect de ce principe est conditionné par l’observation de tous les autres principes présentés dans ce guide.

L’objectif final est de protéger les usagers des programmes, de ne pas leur nuire !

4. Le consentement Libre et écLairé 15

Les usagers des programmes doivent comprendre ce que l’on va faire (consultation, examen, traitement, entretien, film, photographies…) et doivent y consentir pleinement et librement. Un consentement16 est considéré comme libre lorsqu’il est librement obtenu, c’est-à-dire sans menace, contrainte, ou incitation illicite. L’expression d’un consente-ment éclairé réside dans la bonne communication entre le soignant et le soigné.

A. Pré requIS : L’obLIgAtIoN D’INforMer

Il est de la responsabilité et du devoir du soignant de fournir au patient toutes les informations nécessaires à une prise de décision. Cette information doit être appropriée, loyale et délivrée de manière compréhensible17. Il est impéra-tif de s’assurer que le patient a correctement compris l’information délivrée.

Les éléments qui doivent être portés à la connaissance du patient sont les suivants : • la conduite du diagnostic,

• le but, les méthodes, la durée probable et le bénéfice attendu du traitement proposé,

• les traitements alternatifs, y compris ceux moins invasifs, • les éventuels inconforts, douleurs, risques et effets indésira-

bles des traitements proposés.Ce n’est qu’une fois l’information reçue que le patient / blessé peut consentir ou non à ce qui lui est proposé.

b. LeS PAtIeNtS / bLeSSéS MAjeurS

Le consentement est nécessaire pour tous les actes médicaux, même courants ou d’une portée faible. Cependant, on n’exige pas qu’il soit toujours formulé expressément : on peut se contenter d’un consentement tacite ou implicite, dès lors qu’il est certain.

Le patient qui remonte sa manche et tend son bras pour une prise de sang formule un consentement tacite et certain. En effet, il ne peut s’interpréter autrement que comme une acceptation de l’acte.

Le silence ne peut valoir consentement que lorsqu’il est circonstancié ou univoque, c’est-à-dire lorsqu’il ne peut être interprété autrement que comme tel, compte tenu des circonstances (nature et portée de l’acte envisagé, nécessité et conséquences prévisibles, comportement du patient pouvant induire son consentement à l’acte médical envisagé).

On se satisfait en général d’un consentement tacite pour les actes médicaux et les examens courants, qui n’entraînent aucun risque pour le patient. En revanche, dès que l’acte ou la thérapie comporte un risque sérieux (cas d’une décision qui aura des conséquences irréversibles sur le confort de vie ou qui comporte un ris-que mortel) et que le patient / blessé est en état de formuler son consentement, on exigera un consentement exprès / explicite18, dans l’idéal, formalisé par un écrit. Vous trouverez dans la « Boîte à outils » des formulaires de consentement (en pages 52 et 53).

Le patient / blessé peut toujours retirer le consentement qu’il aura exprimé, à tout moment. Le fait d’intervenir sur un patient majeur, conscient et capable, contre son consentement constitue pour un médecin une faute professionnelle qui engage sa responsabilité.

L’intérêt du patient / blessé doit toujours rester prioritaire.

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Cas particuliers…

Dans certaines zones, le cas des femmes exige des précautions.Dans des contextes où le libre choix des femmes est entravé par un rap-port de force qui leur est défavorable, ou encore lorsque celles-ci ont un faible niveau d’instruction, il peut être délicat d’obtenir un consentement libre et éclairé répondant aux exigences précédemment développées.

Néanmoins les soignants qui prennent en charge ces femmes doivent s’efforcer dans la mesure du possible de satisfaire aux impératifs d’un consentement libre et éclairé.Seule la patiente est en droit de décider si l’acte de soin qui lui est pro-posé se justifie au vu des risques et inconvénients envisagés. Dans le cas où des personnes de sa famille ou de son entourage consi-dèrent qu’elle devrait accepter ou refuser l’acte de soin, il appartient au soignant de s’assurer que le choix exprimé par la patiente reflète effecti-vement son consentement libre et éclairé.Par ailleurs, certains contextes imposent la prudence pour l’examen clinique. Lorsque le soignant est un homme et qu’il n’y a pas de soignant femme, il est plus prudent :

• d’obtenir le consentement écrit de la patiente pour l’examen clinique et de lui proposer d’être accompagnée de la personne de son choix, • ou de se faire assister pendant la consultation d’une femme du centre de santé, un(e) accompagnateur (-trice) pouvant aussi être présent(e).

C. LeS PAtIeNtS / bLeSSéS INCAPAbLeS

Certaines lois nationales restreignent, pour certaines personnes dites « inca-pables » , leur droit à exprimer un consentement libre et éclairé.L’incapacité est la situation juridique qui protège la personne incapable, la pri-vant soit d’exercer elle-même, sauf à être représentée par un tiers, tout ou partie des actes de la vie civile, soit à les exercer seule, sans l’autorisation d’un tiers.Sont généralement considérés comme « incapables » : les mineurs et adul-tes se trouvant dans l’incapacité de décider pour eux-mêmes, en raison par exemple, d’une déficience intellectuelle, d’un état de choc ou encore d’une incapacité légale.

Dans ces cas là, l’intervenant devra solliciter le consentement d’un représen-tant légal. Notons que le patient / blessé « incapable » doit pouvoir participer à la prise de décision autant que ses capacités le lui permettent.

W Le patient / blessé incapable majeurLe patient / blessé incapable majeur ne peut formuler un consentement libre et éclairé. en revanche, il doit pouvoir recevoir toute l’information nécessaire et participer à la prise de décision autant que ses capacités le lui permettent.

L’intervenant cherchera à obtenir un consentement auprès d’un tiers (léga-lement désigné ou le cas échéant quelqu’un de la famille ou une personne de confiance que le patient reconnaît en tant que telle). Dans ce cas, le consentement recueilli devra l’être sous la forme d’un écrit.

Vous trouverez dans la « Boîte à outils » en pages 53 et 55 des formulaires de consentement d’intervention chirurgicale et autres actes de soins pour les mineurs et les adultes incapables de donner leur consentement. Le recours à ces formulaires présentent un double intérêt : protéger le patient / blessé et protéger l’ONG car un formulaire rempli atteste que la patient / blessé a donné son accord pour l’intervention.

L’intérêt du patient doit toujours rester prioritaire.

W Le patient / blessé mineur19

Il est important de noter que le mineur dispose du droit de recevoir une information claire et loyale. A ce titre, son avis doit toujours être recherché et pris en considération compte tenu de son degré de maturité et de compréhension20.

Le seul consentement du patient / blessé mineur est insuffisant.Ses parents ou un autre représentant légal (tuteurs) exerçant l’autorité parentale doivent être consultés à chaque fois que le mineur se voit pro-poser une consultation, un soin, un examen, un entretien ou encore d’être enregistré, filmé ou photographié.

Le praticien qui prodigue des soins à un mineur doit recueillir le consen-tement de ses représentants légaux (parents ou tuteurs…), après les avoir informés sur la maladie, les actes et traitements proposés, leurs avantages et risques, les alternatives thérapeutiques, les conséquen-ces d’une abstention ou d’un refus (voir principe 4 en page 16).

Si la présence ou l’identification des parents ou du tuteur n’est pas possible ou représente un danger, il convient de rechercher un adulte de confiance que l’enfant reconnaît comme tel et de recueillir toute information concernant par exemple ses antécédents médicaux, son cadre de vie…Il peut arriver dans des circonstances bien particulières (maltraitance infan-tile, maltraitance intrafamiliale, négligence, violence sexuelle) qu’informer les

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parents / tuteurs du mineur afin d’obtenir leur consentement représente en soi une menace pour l’enfant. Il faudra alors chercher une solution alternative à l’information des parents et se tourner vers un adulte de confiance désigné par le mineur pour l’accompagner.

D’un point de vue médical, à chaque fois qu’une décision de refus de consultation / prise en charge fait courir un danger ou un risque de danger à un patient mineur, le soignant pourra passer outre le refus des parents / repré-sentants légaux et / ou du mineur.

Vous trouverez dans la « Boîte à outils » en pages 53 et 55 des formulaires de consentement d’intervention chirurgicale et autres actes de soins pour les mineurs.

Dans tous les cas, l’intérêt supérieur de l’enfant21 doit toujours primer dans la décision qui est prise.

5. La confidentiaLité

La Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 énonce à son article 12 :« Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation » .

La confidentialité commence par la formation du personnel et un aménage-ment des locaux de consultation garantissant un minimum d’intimité. Il faut éviter un va-et-vient permanent pendant l’entretien et / ou l’examen. toute personne, soignante ou non, qui intervient auprès d’un patient / blessé est tenue au secret médical.

A. Le SeCret MéDICAL

Le secret médical constitue une obligation de confidentialité qui s’im-pose au soignant et plus généralement à tous les intervenants (soi-gnants ou non, salariés de MdM ou partenaires) à l’égard de l’usager des programmes.Le secret médical couvre non seulement l’état de santé du patient / blessé mais également toutes les données nominatives ou permettant d’identifier le patient / blessé par recoupement et dont MdM aura eu connaissance.

Par « secret médical » on peut comprendre « secret du patient ou du blessé » . Autrement dit, le soignant n’est que le dépositaire des données relatives à la vie privée du patient / blessé. Cette obligation s’inscrit logiquement dans le respect au droit à la vie privée du patient / blessé et vise à protéger ses données personnelles22. En contribuant à la relation de confiance entre intervenant-usager du programme, le respect du secret médical permet de mieux soigner le patient / blessé, voire de le protéger.Ainsi, aucune donnée personnelle dont l’intervenant aura eu connaissance dans le cadre de la prise en charge ne devra être diffusée à un tiers, sauf en cas de secret partagé.

Un journaliste souhaite interviewer une femme victime de violences conjugales. Aucun membre de l’équipe qui intervient dans la prise en charge de la patiente / blessée ne peut prendre la décision d’accorder ou non l’interview. Il appartient à la patiente / blessée d’accepter ou non.

W Le secret dû aux mineur(e)s : Vous êtes aussi tenus au secret médical concernant les patients / bles-sés mineurs. Il est important qu’ils puissent trouver dans le personnel de MdM ou ses partenaires des interlocuteurs qui n’iront pas révéler ce qu’ils ont confié. Dans des circonstances normales, il est de l’intérêt de l’enfant que ses parents soient informés sur son état de santé. Il peut exister des dérogations au secret médical.

W Les dérogations légales / obligatoires :Il peut arriver que des lois imposent aux soignant(e)s des déclarations sur les usagers des programmes. Ces déclarations peuvent entrer en conflit avec l’intérêt du patient / blessé. Un compromis devra donc être recherché pour satisfaire d’une part aux exigences législatives et d’autre part à l’éthique médicale.

Si la loi impose de déclarer nominativement toutes les per-sonnes blessées par balles lors d’un conflit armé, il faudra négocier pour faire des déclarations non nominatives, mais simplement statistiques (nombre de blessés par balles au mois de novembre : 4 femmes, 16 hommes, 1 enfant).

Par ailleurs, certaines législations imposent aux soignants de signaler aux autorités compétentes tout mineur victime de violence. Le soignant est dès lors amené à passer outre le secret médical dans l’intérêt de l’enfant. Quel

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que soit le type de maltraitance (physique, mental ou sexuel), le soignant doit participer à la protection du mineur.Il conviendra de s’enquérir des dispositions législatives nationales et d’agir au mieux de l’intérêt du mineur.

W Le secret médical collectif ou partagé :Sur le terrain, la prise en charge est pratiquée en équipe. Différents intervenants, soignants et non-soignants, associent souvent leurs compétences complé-mentaires : médecins, infirmiers, sages-femmes, psychologues, juristes... Pour pouvoir assurer une prise en charge complète répondant au mieux aux besoins du patient / blessé, les intervenants peuvent avoir besoin d’informations cou-vertes par le secret médical. Cet échange − qui doit se limiter au nécessaire et pertinent − est parfaitement acceptable ; le secret est alors partagé et doit être respecté par tous vis-à-vis des tiers. En cas de recours à un interprète, celui-ci partage également le secret du patient / blessé et doit le respecter. Le secret collectif / partagé est une entreprise délicate qui exige le concours et la discrétion de tous. Le responsable du programme sur le terrain doit en rappeler les exigences en permanence.

en cas de doute sur ce qui est pertinent dans le partage des infor-mations concernant l’usager des programmes, c’est toujours l’intérêt légitime du patient / blessé qui dicte de se taire sur certaines choses et incite à en communiquer d’autres.

En cas de recours à un interprète vous trouverez dans la « Boîte à outils » en page 63 un document « Devoir de réserve et engagement de confidentialité (...) » qui doit être signé par l’interprète en même temps que le contrat de travail.

Le plus souvent, il vaut mieux un excès de confidentialité qu’un manque de confidentialité.

Cas particulier

Prise en charge d’un patient atteint du VIH-SIDA :Le plus souvent, les lois n’autorisent pas le médecin à révéler au(x) partenaire(s) d’une personne séropositive le danger que lui fait courir le comportement de cette dernière si celui-ci s’oppose catégoriquement à toute révélation. Le bénéfice qu’on pourrait en attendre n’est pas garanti et les conditions de non-assistance à personne en danger ne sont pas réunies.

Un patient atteint du VIH-SIDA refuse de se protéger car cela conduirait à révéler sa maladie à sa partenaire. Cette dernière est exposée au virus. Le soignant se trouve au carrefour du secret médical dû à son patient et de l’obligation morale, parfois légale (mise en danger de la vie d’autrui) de prévenir sa compagne. Le soignant doit alors s’interroger de la manière suivante : • Le danger pour la partenaire est-il imminent, grave et irré-versible ? La partenaire n’est-elle pas elle-même porteuse de la même IST ? • La violation du secret médical est-elle la seule solution pour prévenir le danger ? • La violation du secret médical n’est-elle pas en soi plus dangereuse pour le patient (risque de marginalisation, arrêt volontaire du traitement / suivi, risque de mort) ? Dans l’hypothèse où le soignant décide de rompre le secret médical au bénéfice de la protection du partenaire, il doit limiter son information au strict nécessaire. Paral-lèlement, le soignant devra informer loyalement le patient de cette démarche.

b. LA CoNfIDeNtIALIté DeS DoNNéeS éCrIteS

L’utilisation très répandue des registres de consultation nominatifs dans les centres de santé répond difficilement à l’impératif de protection des données sensibles. Or, rappelons que ces données sont susceptibles d’être utilisées au détriment du patient / blessé. Les données médicales (informations sur l’état de santé d’un individu) et les histoires de vie sont considérées comme des don-nées sensibles dans la plupart des textes nationaux et internationaux. Des mesures appropriées doivent être prises pour protéger ces données contre la perte, le vol, l’accès non autorisé, la divulgation, la copie, l’utilisation ou la modification, quelle que soit la forme sous laquelle elles sont conservées (voir IV et V en pages 42 et 46).Pour les zones où la violence est très répandue ou pour les programmes de prise en charge de victimes de violences, la confidentialité des données écrites doit être renforcée (voir III en page 32).

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6. L’obLigation de Protéger

Les personnels de MdM ont l’obligation de protéger les patients et les blessés.

A. Le CADre géNérAL

L’obligation de protéger est un devoir d’assistance élargi. Les interve-nants doivent toujours veiller à préserver l’intérêt du patient / blessé. Les personnels de MdM et leurs partenaires ne peuvent en aucun cas participer activement ou passivement à toute forme de violences, ni même les tolérer une fois qu’ils en ont eu connaissance. en outre, le personnel de MdM ne peut pas ne rien faire / rester impassible une fois qu’il a eu connaissance des violences.Cela ne signifie pas pour autant qu’il doive dénoncer ces actes ouvertement et leurs auteurs nominativement. Le personnel de MdM doit réfléchir de façon concertée (terrain-siège) à ce qu’il convient de faire dans l’intérêt du patient / blessé.

Ne rien faire pourrait être considéré comme un acquiescement aux mauvais traitements.

MdM et d’autres intervenants constatent que les fem-mes déplacées (vivant dans un camp) sont les victimes récurrentes d’agressions sexuelles lors de leurs déplace-ments pour aller collecter du bois de chauffage. Ensemble, ils décident de mettre en place des actions concertées de lobbying qui aboutiront à la création de patrouilles de l’Union Africaine pour accompagner les femmes allant récolter le bois hors du camp. Quelques mois plus tard, les foyers recevront des réchauds nécessitant peu de bois afinde limiter au maximum les déplacements des femmes.

Après avoir recueilli le consentement de la personne, les personnels de MdM et leurs partenaires doivent documenter les événements et trouver un moyen d’agir dans l’intérêt de la personne notamment en mesurant les risques de représailles qui peuvent peser sur cette dernière. C’est souvent auprès d’acteurs du réseau associatif / sanitaire / social préalablement identifiés que MdM se tournera pour répondre au mieux aux besoins de la personne (ex : CICR, une structure sociale locale…).

La confidentialité et la mise en sûreté sont deux moyens de protec-tion des usagers des programmes.

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Une femme victime de violence se rend dans une struc-ture de santé. Avant qu’elle ne quitte la structure, il est important de s’assurer que, compte tenu des circonstances de la violence, elle ne se trouve plus en danger immédiat (acte isolé, répété, émanant d’un individu, d’un groupe organisé, d’une personne de son entourage…). Une bonne compré-hension du contexte de l’agression / violence permet de trouver des solutions adaptées (familles, amis, structures tierces…) pour protéger la personne et éviter la répétition des actes.

b. LeS CAS De MALtrAItANCe INfANtILe

Il est communément admis que toute forme de maltraitance sur un mineur amène un signalement auprès des autorités compétentes.Face à une suspicion de mauvais traitements sur mineur, le personnel inter-venant devra veiller à assurer la sécurité du mineur en prenant un certain nombre de mesures comme :

• signaler tous les cas supposés aux services chargés de la protection de l’enfance,

• quand cela est possible et pertinent, hospitaliser tout enfant ayant subi des mauvais traitements nécessitant une protection pendant la période initiale d’expertise,

• informer les parents ou représentant légal du diagnostic si rien ne s’y oppose,

• signaler les blessures de l’enfant aux services de protection de l’enfance23.

De manière générale, il convient de redoubler de vigilance face à des mineurs victimes de violences (maltraitance infantile, prostitution, violence sexuelle, négligence). Dans certaines circonstances, informer les parents / représentants légaux peut représenter un risque voire un danger pour le mineur. Dans ce cas, il fau-dra chercher une solution alternative à l’information des parents et se tourner vers un adulte de confiance désigné par le mineur pour l’accompagner.

Là encore, c’est l’intérêt supérieur de l’enfant qui doit guider le soignant.

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C. LeS ACteS De torture ou De trAIteMeNtS CrueLS, INHuMAINS et / ou DégrADANtS

La Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 dispose à son article 5 que « nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traite-ments cruels, inhumains ou dégradants » .

Au niveau international, il est admis que les personnels soignants intervenant auprès de personnes incarcérées doivent signaler toute victime de « torture et autres mauvais traitements24 » .

Un prisonnier subit des mauvais traitements. Après avoir soigné le patient / blessé, il peut être opportun de documenter cette situation et d’en faire part au CICR25.

N’oubliez pas que : un personnel humanitaire ne peut, en aucune circonstance, mettre ses connaissances, médicales ou non, administrer des traitements, médicamenteux ou autre, afin de faciliter l’interrogatoire de détenus ou de manipuler le compor-tement d’un ou plusieurs êtres humains26.

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7. L’obLigation d’attester à La demande de La Personne victime de vioLences

Si une personne souhaite que l’on atteste de ses blessures ou de son état de santé, le médecin a l’obligation de lui rédiger un certificat médical.

Il s’agit d’un droit pour le patient / blessé et d’une obligation pour le médecin. Si le patient / blessé ne demande pas de certificat, le méde-cin doit le lui proposer. Le certificat doit être rédigé en double exemplaire. Si la personne refuse de prendre son exemplaire, le médecin doit le garder dans les archives en infor-mant la personne qu’elle pourra venir le chercher ultérieurement.

Dans certains contextes il peut arriver que des médecins nationaux refusent, notamment pour des raisons de sécurité, de rédiger un certificat médical. Dans ce cas, on devra faire appel à un médecin expatrié.

A. LA DéfINItIoN Du CertIfICAt MéDICAL

Le certificat est un écrit émanant d’une autorité compétente qui atteste un état. S’agissant d’un état médical, on parle de certificat médical.Le certificat médical peut donc être défini comme une « attestation officielle d’un fait médical27 » .

La rédaction des certificats fait partie intégrante de l’exercice de la médecine. Il s’agit en effet d’un acte important de l’exercice professionnel qui atteste de l’état de santé d’une personne et se prononce sur la compatibilité de cet état avec ses dires.

b. L’utILIté et LA DeStINAtIoN Du CertIfICAt

Le certificat médical pour acte de violence a une double utilité.

En premier lieu, la personne victime de violences qui souhaite saisir la justice pour faire valoir ses droits et obtenir réparation peut produire son certificat médical comme preuve attestant des violences subies.

Le certificat médical est en effet un élément de preuve (élément médico-légal) pour toute procédure civile ou pénale. Il conditionne :

• la qualification des faits (l’infraction),• la nature du tribunal compétent,• la gravité des peines.

Par ailleurs, le certificat médical peut aussi consolider un dossier de demande d’asile ou d’obtention du statut de réfugié.

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C. Le DANger D’uNe MAuVAISe utILISAtIoN Du CertIfICAt MéDICAL

Ce n’est pas le document en lui-même mais la mauvaise utilisation du certificat médical qui peut représenter un danger pour le patient / blessé28. C’est pour cette raison que toute transmission directe à des tiers doit être proscrite.

D. quI Peut DeMANDer uN CertIfICAt MéDICAL et PourquoI ?

Le patient / blessé recourt au certificat pour défendre ses droits légitimes. Par conséquent, toute personne souhaitant qu’un médecin atteste de son état de santé à un moment donné est en droit de se faire établir un certificat médical.

e. quI Peut DéLIVrer uN CertIfICAt MéDICAL ?

Il n’est pas nécessaire d’être légiste ni expert près les tribunaux pour rédiger un certificat médical. Le plus souvent, tout médecin diplômé, licencié, habilité à exercer la profession médicale peut délivrer un certificat médical. Mais, dans de nombreux pays où MdM intervient, les médecins sont rares, qu’ils soient nationaux ou expatriés. Certains pays autorisent des non-méde-cins à faire des certificats, d’autres demandent que ces médecins soient nationaux et assermentés.

Au Libéria, un « Officer in Charge » est habilité à rédiger un certificat médical. Cet « Officer in Charge » n’est pas un médecin. C’est un soignant dont la qualification le place en dessous du médecin.

Le non-respect du formalisme n’enlève pas toute valeur juridique à un certi-ficat qui rapporte et décrit les faits dont la personne dit avoir été victime, qui décrit les constatations faites lors de l’examen clinique et conclut sur la com-patibilité des lésions avec les dires. Le certificat du médecin non assermenté ne vaudra jamais preuve absolue mais il constitue un élément important et souvent le seul en possession du patient.

Précisons qu’en tout état de cause, le certificat médical est un écrit personnel engageant la responsabilité de celui qui le délivre (médecin ou non).

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S’agissant du travail en équipe, il est possible que l’examen et la rédaction soient faits par un personnel médical non médecin et que le certificat soit ensuite cosigné avec le médecin du programme. Dans ce cas, les deux personnes engagées dans cette procédure doivent s’accorder sur les res-ponsabilités et devoirs de chacun.

f. L’étAbLISSeMeNt Du CertIfICAt MéDICAL

Il peut être établi à tout moment avant la prescription de l’infraction à partir du dossier médical de la personne, dès lors qu’elle a été examinée par un médecin au moment des faits. Il peut y avoir plusieurs certificats :

• un certificat initial lors du premier examen,• un ou plusieurs certificats intermédiaires au fur et à mesure que l’état de la personne évolue,• un certificat médical peut être délivré postérieurement à la visite ini-tiale. Il est alors établi en se basant sur les éléments du dossier médical. Le certificat est daté du jour de sa rédaction et précise qu’il se réfère aux éléments du dossier médical.

g. LA Durée D’utILISAtIoN Du CertIfICAt MéDICAL

Le certificat ne perd pas en soi sa validité par écoulement du temps. C’est son utilisation qui peut être rendue impossible par la prescription de l’infraction, dans le cadre d’une procédure pénale contre l’auteur présumé de la violence.La personne peut, dans beaucoup de pays, pour des actes graves, considé-rés comme criminels, porter plainte pendant au moins 20 ans après les faits pour obtenir justice et réparation.

Dans tous les cas, la personne doit conserver son ou ses certificats sans limitation de durée.

Vous trouverez une fiche technique de rédaction d’un certificat médical pour acte de violence dans la « Boîte à outils » en page 46.

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Il ne s’agit pas de conditions impératives, mais d’un idéal qu’il convient de rechercher en fonction des circonstances.Si vous recueillez des données auprès de victimes de violences, veuillez consulter en complément la partie 2 consacrée aux dispositifs applicables aux « programmes de prise en charge de victimes de violences » (en page 35).

Si vous avez un doute quant à la nature ou aux modalités de gestion des données que vous avez recueillies ou allez recueillir, prenez contact avec la personne chargée de la protection DH / DIH au siège de Médecins du Monde.

1. disPositif commun aPPLicabLe au recueiL de données PersonneLLes sensibLes

A. AVANt LA CoNSuLtAtIoN / L’eNtretIeN

Dans la mesure du possible, veillez à réaliser cet entretien dans un endroit calme et isolé de toute personne ou activité extérieure, bien à l’abri des regards et des oreilles. Quelles que soient la nature et l’utilisation ultérieure des données, il est impératif de réaliser cette consultation / entretien dans les meilleures conditions de confidentialité et d’anonymat afin d’éviter toute stigmatisation de la personne prise en charge. Si la personne est encore sous le choc d’un événement, vous pouvez reporter la consultation / entretien à moins d’une urgence que vous aurez identifiée.Avant de commencer, il est obligatoire d’informer la personne des risques qu’elle encourt ainsi que des limites de l’action de Médecins du Monde. Il est important aussi de rappeler votre position de neutralité et d’indépendance.Il est impératif de rappeler à l’usager des programmes qu’il / elle dispose d’un droit d’accès, de rétractation et de modification de ses propos à tout moment (même si on connait les limites de cet exercice sur le terrain).

3recoMMandations Pratiques

Il est impératif de recueillir le consentement libre et éclairé de la personne (Voir principe 4 en page 16). Si la personne le souhaite, elle peut être accompagnée par un tiers. Il faudra s’assurer que ce tiers n’influence pas ses propos et ne représente pas un danger pour celle-ci (voir principes 4 et 6 en pages 16 et 24).

En toute circonstance, il convient de toujours respecter la volonté de la per-sonne, et d’être attentif aux souhaits et besoins exprimés.

Si la personne ne comprend pas la langue dans laquelle est réalisé l’entre-tien, vous devez faire appel à un interprète. Vous devez vous assurer que ce dernier est fiable et compétent. Prenez le temps de lui présenter le travail et les enjeux d’un tel entretien. Une fois cette présentation faite, l’interprète peut refuser d’être confronté à ce type d’entretien.Une formation préalable peut être nécessaire en particulier pour l’entretien avec des personnes qui sont victimes de violences. L’interprète doit en effet pouvoir surmonter les peurs, les idées préconçues que lui inspire la violence. Beau-coup ont intériorisé la tendance omniprésente de rejeter la faute sur la victime de l’événement. Ils risquent donc de ne pouvoir obtenir de réponses franches et complètes de la part des personnes au cours de l’entretien. La formation leur permettra aussi de régler leur propre compte avec la violence.Comme vous, il faut qu’il soit dans une position confortable, placé physique-ment de votre côté. Au cours de l’entretien, Il peut demander à ce que l’interviewé et vous-même parliez plus fort et fassiez des phrases courtes (quand cela nuit à la traduction littérale).Il doit avant tout traduire et, si la compréhension est difficile, interpréter. Vous devez toujours reformuler pour être sûr d’avoir bien compris : « Si je vous comprends bien… » . Il ne doit pas demander des détails que vous ne demandez pas. Il ne doit pas forcer la réponse quand l’interviewé ne répond pas spontanément. Au terme de l’entretien, vous devez rester vigilant sur les réactions de l’inter-prète et prendre le temps d’en rediscuter avec lui. Il peut être affecté par la violence de ce qu’il écoute et traduit.

Vous devez impérativement rappeler à l’interprète qu’il est tenu au secret absolu concernant tout ce dont il pourra avoir connaissance concernant l’usager des programmes durant la consultation / entretien (voir principe 5 en page 20).

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Cas particulier des entretiens collectifs

Vous pouvez être amené à faire des entretiens collectifs (dans des villages, à l’extérieur des centres de santé…) notamment quand le fait d’être en groupe peut libérer la parole.Dans ce cas, vous percevrez très vite si la population est à l’aise et dis-posée à s’entretenir avec vous : elle est la mieux placée pour évaluer les risques qu’elle encourt.

b. PeNDANt LA CoNSuLtAtIoN / L’eNtretIeN

une consultation / entretien n’est pas un interrogatoire. Ne forcez pas le discours, ne vous montrez pas directif ; n’ajoutez pas du traumatisme au traumatisme.Abstenez-vous de porter un jugement ou de prendre partie : adoptez une position neutre et empathique.

Vous devez être capable à tout moment de réagir lorsque les conditions de l’entretien changent (irruption d’un tiers, changement de comportement de la personne). Vous pouvez préparer et garder à l’esprit des questions alterna-tives moins sensibles afin d’être capable de changer subitement de sujet de conversation, de clore l’entretien et / ou d’interpréter rapidement des signaux de détresse émanant du patient / blessé.

C. APrèS LA CoNSuLtAtIoN / L’eNtretIeN

Une fois recueillies, les données doivent être conservées sous clé.Veillez à transférer régulièrement les données vers la capitale, ou vers le siège.Les données seront conservées au siège.MdM et ses partenaires ne sont que les dépositaires des données recueillies. Le patient / blessé reste le propriétaire.

2. disPositifs sPécifiques aPPLicabLes aux Programmes de Prise en charge des Personnes victimes de vioLences

en raison du caractère particulièrement sensible de ces programmes, la vigilance doit être renforcée.Le dispositif commun doit bien sûr être observé scrupuleusement.en complément, veillez à ne négliger aucune étape du dispositif ci-des-sous et à renforcer au maximum la sécurité des données. L’intégrité physique voire la vie des personnes dont les données sont recueillies peuvent être en jeu.

Si vous utilisez un registre d’entrées / sorties ou de consultations, veillez à le manipuler discrètement. Dans la mesure du possible, évitez de le remplir dans l’espace d’accueil, préférez un lieu plus confidentiel. Conservez le registre sous clé à chaque fois qu’il n’est plus sous surveillance (pendant les pauses, fin de la journée). Il faut toujours demander à la personne avant qu’elle ne reparte si elle est toujours en danger immédiat. Lors de l’entretien on aura pu s’en faire une idée avec les circonstances de la violence. Il faut se demander s’il s’agit d’un acte isolé ou répété, venant d’un individu ou d’un groupe organisé. La com-préhension du contexte de la violence doit permettre de trouver des solutions adaptées pour protéger la personne. MdM peut, après les avoir évaluées, informer le patient de l’existence de structures tierces pouvant l’aider.MdM ne peut jamais transférer directement l’information à l’une de ces structures.

Cas particulier des femmes victimes de violences sexuelles :

Si une femme victime de violences sexuelles vient vous consulter et qu’il n’y a pas de soignant femme, il est plus prudent :

• soit d’obtenir le consentement écrit de la personne pour l’examen cli-nique et que la femme soit accompagnée de la personne de son choix.• soit de se faire assister pendant la consultation d’une femme du cen-tre de santé, l’accompagnateur (trice) pouvant aussi être présent(e).

A. DISPoSItIf APPLICAbLe Aux HIStoIreS De VIe

W Modalités particulières de recueilAucun nom ni aucune donnée identifiante ou identifiable ne doivent être inscri-tes sur ces documents : les données contenues doivent rester anonymes.

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Anonyme ne signifie pas codé ! Aucun nom ne doit être relevé sur aucun support. Les données ainsi recueillies ont une destination statistique.Une formation préalable de l’interprète (si on y a recours) s’impose.

W Modalités particulières de conservation sur le terrainLes histoires de vie sont conservées sous clé dans un lieu sécurisé.L’accès à ces documents doit rester très limité et contrôlé par le référent qui a la responsabilité des clés des lieux de conservation.

La transcription des données en fichier électronique doit intervenir le plus rapidement possible. Une fois transférées sur une clé USB, les données doivent être effacées du disque dur. Il ne faut pas seulement les mettre dans la poubelle mais il est impératif de les supprimer de la poubelle du PC.

WtransfertCharger les expatriés de les transmettre au siège à leur retour en respectant la confidentialité du document. Ils ne doivent pas se séparer de ces docu-ments et doivent donc les avoir en bagages à main.

Si des circonstances particulières appellent à la nécessité d’informer le siège par des échanges informatiques, il est dès lors fortement conseillé d’enregistrer les données anonymes (sans nom) et anonymisées (sans éléments pouvant permettre l’identification de la personne) sous un document word compressé en fichier ZIP ; et de protéger ce fichier ZIP par un mot de passe. Dans l’idéal, il aura été convenu d’un mot de passe au moment de l’entretien avant départ. Sinon il est toujours possible de communiquer le mot de passe par téléphone.

Le transfert de ces données anonymes et anonymisées par courrier électronique doit rester exceptionnel et être justifié par des considérations d’urgence.

W Conservation au siègeCes documents seront conservés au siège sans limitation de durée.

b. DISPoSItIf APPLICAbLe Aux DoSSIerS MéDICAux

MdM et ses partenaires ne sont que les dépositaires des données recueillies. Le patient / blessé reste le propriétaire.

W Modalités particulières de recueilAucun nom ni prénom ne doit figurer sur les pièces des dossiers. Il convient de mettre en place un système de codage.

W CodageLe nom de l’usager doit être associé à un code unique qui figurera sur cha-que pièce de son dossier.On distingue donc deux types de documents :

• le dossier médical et ses pièces sur lesquels figurent les codes des patients, sans aucune donnée identifiante ou identifiable,• un registre de correspondances (cahier) permettant d’associer les codes aux données identifiantes et identifiables des patients / blessés.

W Le dossier médical et ses pièces :Le code figurant sur chaque pièce du dossier doit être composé comme suit

• trois premières lettres du lieu de la consultation en majuscules,• l’année, le mois puis le jour de la première entrevue avec la personne en chiffres (AA / MM / JJ),• le rang de l’entretien dans la journée.

Pour exemples • Le numéro d’identification de la 3ème interview réali-sée le 12 février 2009 à Lahore (Pakistan) serait : LAH-090212-3.• Le numéro d’identification de la 1ère interview réalisée le 15 avril 2009 à Bel’tsy (République de Moldavie) serait : BEL-090415-1.

Aucune donnée identifiante (Nom, origine, adresse, téléphone, e-mail) ou identifiable (parents, zone d’habitation, âge…) ne doit figurer sur les éléments du dossier.

W Le registre de correspondances :Par ailleurs, un cahier répertorie la correspondance entre les noms des usa-gers et leur code de dossier.

Pour exemples 29

seront inscrits sur le registre :-Adila NAWAB> LAH-090212-3.-Dina CANTEMIR> BEL-090415-1.

W Modalités particulières de conservation sur le terrainLe dossier médical et ses pièces sont conservés sous clé dans un lieu distinct (autre armoire, tiroir, pièce…) du registre comportant les correspondances entre les codes et les données identifiantes des personnes, lui aussi conservé sous clé.

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L’accès à ces documents doit rester très limité et contrôlé par le référent qui a la responsabilité des clés des lieux de conservation.

La simple information qu’un patient / blessé est venu vous voir peut être sensible en soi.

W transfert de dossiers médicaux à un partenaire santé au départ de MdM

Confier les dossiers à une institution ou une ONG est possible après avoir vérifié le respect des règles éthiques médicales.

C. DISPoSItIf APPLICAbLe Aux CertIfICAtS MéDICAux Pour ACteS De VIoLeNCe

La rédaction d’un certificat médical est un exercice délicat. C’est un écrit per-sonnel qui engage la responsabilité de celui qui le rédige. Il convient de ne rien oublier. Pour vous aider sur la forme et sur le fond, vous trouverez la fiche tech-nique « La rédaction du certificat médical pour actes de violence » en page 36.Les soignants et leurs partenaires ne sont que les dépositaires des données recueillies. Le patient / blessé reste le propriétaire.

W La question du nomIci, le nom doit impérativement être écrit sur le certificat. Cette situation est sans doute la plus dangereuse pour l’usager des programmes car, si l’auteur de la violence apprend que celui-ci en a fait état à un tiers, les violences peuvent redoubler (risques de représailles).

W Modalités particulières d’établissement du certificatLe certificat doit être fait en deux exemplaires :(Vous pouvez utiliser la photocopie, le papier carbone ou la scannérisation.)

• Un exemplaire peut être remis au / à la patient(e). Toutefois, si vous estimez que celui / celle-ci n’est pas en mesure de le conserver en lieu sûr, essayez de le / la convaincre de vous le confier jusqu’au jour où il / elle en aura besoin. Une fois le programme terminé, tous les certifi-cats, originaux sont transférés au siège de MdM à Paris.• Un second exemplaire est gardé par MdM, sur place jusqu’à la fin des soins, avant d’être transmis au siège.

Dès la première consultation, informez la personne qu’à tout moment, elle pourra solliciter les équipes du siège pour :

• obtenir son original du certificat,• obtenir une authentification de son certificat sur la base du double conservé par MdM.

W Conservation sur le terrainLes certificats médicaux doivent être conservés dans un placard sous clé avec accès limité.

W transfertCharger les expatriés de les transmettre au siège à leur retour en respectant la confidentialité du document. Ils ne doivent pas se séparer de ces docu-ments et doivent donc les avoir en bagages à main.

W Conservation au siègeLes certificats seront conservés au siège sans limitation de durée.

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situation 1 entrée de militaires dans l’hôpital ou le centre de santé : L’entrée peut se faire mais sans armes30.en revanche, l’entrée dans le bloc opératoire, la salle de réveil et le service des urgences est réservée au personnel soignant.

situation 2 Interrogatoire par la police d’un patient / blessé :L’hôpital soutenu par MdM n’est pas un sanctuaire où le droit ne s’applique pas. Si le passé juridique des patients ne nous regarde pas (traitement sans discrimination), l’interrogatoire de la personne au sein de l’hôpital n’est pas impossible. Mais la décision suppose que MdM ait vérifié : que l’état de santé du patient soit compatible avec l’interrogatoire. Les soins sont prioritaires et le patient a pu recevoir des traitements, par exemple de la morphine ou du tramadol dans les 4 heures précédentes, entravant un tel entretien. Son état physique et psychique peut le rendre vulnérable à des pressions et limiter ses capacités de discernement dans la réponse aux questions.

Assurez-vous donc :• que l’avis du soignant responsable ait été pris en compte avant l’interrogatoire, • que la demande d’interrogatoire respecte les dispositions légales du pays et autorise donc les médecins à lever la confidentialité. Le nom et donc la présence du patient au sein de l’hôpital sont cou-verts par le secret professionnel. Cet entretien ne doit pas avoir lieu au lit du malade car il n’y a aucune garantie de confidentialité. Il faut négocier un lieu privé où tout le matériel médical nécessité par l’état de santé de la personne est à proximité immédiate (oxygène ou perfusion par exemple) et s’assurer qu’il ne pourra pas y avoir de mauvais traite-ments en laissant, par exemple, la porte ouverte.

4situations Particulières :CAS PARTICULIERS Où DES fORCES MILITAIRES OU DE POLICE SONT IMPLIqUéES

situation 3 Arrestation d’un blessé ou d’un patient hospitalisé : En temps de paix comme en période de conflit, il ne peut pas y avoir d’ar-restation dans l’enceinte de l’hôpital sauf si les soins sont terminés ou si le patient est remis à un autre médecin, contre décharge médicale.Vous trouverez dans la partie « Boîte à outils » un formulaire de décharge en page 50.

situation 4 questions entourant l’examen d’une personne amenée par les forces de l’ordre :Des explications doivent être fournies sur l’accès aux données et leur utili-sation ultérieure. Si la personne refuse l’examen et après avoir vérifié son état de conscience (absence de trauma, prise d’alcool, médicaments, autres drogues…), il faut tenter de comprendre son refus et respecter sa volonté.

Face à une demande insistante des forces de l’ordre d’assister à la consulta-tion, il est impératif de leur rappeler le caractère confidentiel de celle-ci.Si les forces de l’ordre justifient leur présence en avançant le risque d’évasion, la consultation peut avoir lieu :

• dans une pièce aveugle avec une seule entrée, • ou une pièce avec une seule entrée et des barreaux aux fenêtres.

quel que soit le lieu désigné, il faut par tout moyen tenter de garantir la confi-dentialité de la consultation. On peut concéder une entrouverture de la porte mais les forces de l’ordre doivent rester à une certaine distance de sorte que la conversation ne soit pas entendue.

Dans le même ordre idée, le maintien des menottes (aux mains et aux pieds) lors de la consultation doit être discuté. En effet, tous les « gardés à vue » / patients ne présentent pas le même caractère de dangerosité pour eux-mêmes ou pour les autres. Si l’entrave reste malgré tout nécessaire, elle doit être la plus légère possible. En revanche, le maintien d’une cagoule ou d’un bandeau sur les yeux du « gardé à vue » /patient n’est absolument pas acceptable. Il limite le contact soignant-soigné et constitue un mauvais traitement.Si un certificat médical attestant des coups et blessures doit être rédigé et s’il risque dans l’immédiat de mettre la personne en danger, ce document doit être conservé par le médecin.

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1. fiche technique : La rédaction du certificat médicaL Pour actes de vioLence

1. Identification Je soussigné(e), Dr X, Médecins du Monde, certifie avoir examiné (suivi) M. / Mme X… né(e) le…

• Identité du médecin signataire, nom de l’ONG. Il est inutile de faire figurer les diplômes du soignant sauf si cela peut ajouter de la crédibilité au certificat médical.

• Nom, prénom, date de naissance de la personne examinée.Pour des raisons de sécurité, ne pas faire figurer l’adresse de la personne exa-minée.

2. Déclarations de la personne M. / Mme X déclare (ou rapporte avec ou sans l’aide d’un traducteur) : « .…………………»L’emploi de guillemets permet de signifier que vous citez directement le patient / blessé.

Vous pouvez aussi utiliser la formule :Faits déclarés ou déclaration de la personne examinée :

Frappé(e) au visage. Menacé(e). Traîné(e) par les cheveux. …

• Noter la date des faits. • Reprendre les mots de la personne pour les circonstances, la date et le lieu de l’agression en utilisant la formule : M. / Mme X déclare : « …… » .• Ne pas juger le récit dans sa clarté ou sa cohérence (c’est le rôle du juge).• Noter uniquement les faits qui ont une conséquence directe sur l’état de santé et les constatations médicales.

5boÎte à outils

• Ne pas écrire tout le récit, il ne faut pas reprendre toute l’histoire de vie de la personne.• Utiliser le présent ou le passé.• Ne pas utiliser le conditionnel et les tournures du type « prétend » ou « allègue » qui pourraient laisser penser que l’on doute des dires de la personne.• Ne pas mentionner nommément la / les personne(s) responsable(s) des violen-ces, il est préférable d’utiliser le terme générique d’ « agresseur(s) » .

3. Doléances / examen clinique

• Ne pas établir de certificat sans avoir examiné le patient.

M. / Mme X se plaint de : ......................

WEtat émotionnel : ...............................

• Noter au minimum l’aspect émotionnel de la personne pendant la consultation (agitée, stressée, passive, amorphe, etc.) ; si vous en avez les compétences, noter les données de l’examen psychique.

WEtat physique : .................................... • Mentionner dans l’examen clinique seulement ce qui est significatif au regard des signes fonctionnels et des événements. • Ne pas mentionner tous les signes dits négatifs ou n’apportant rien, comme la pression artérielle, le poids (si normal)…• Ne pas mentionner des maladies chroniques qui n’ont rien à voir avec les événe-ments (si vous pensez qu’elles ont un lien alors dites-le et documentez-le).

• Noter les constatations de l’examen clinique avec le plus de détails possibles : type de lésions (abrasion, griffure...), siège exact, longueur et largeur, ancienneté si possible (à l’aide de dessins si nécessaire). Vous pouvez prendre des photo-graphies (il conviendra alors de les joindre au dossier médical et de les traiter comme des données sensibles).• Pour les violences sexuelles, noter les données de l’examen génital, anal et buccal. • Si c’est pertinent, procéder à la détection d’une grossesse en cours ou évaluer le risque de grossesse et d’infections sexuellement transmissibles.

4. examens complémentaires (éventuels) • Noter les examens complémentaires pratiqués dans un but diagnostic ou thé-rapeutique et leurs résultats (radiographie par exemple).• Noter si un examen réalisé corrobore les dires ou l’examen clinique.

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5. Prélèvements (éventuels)...........................................................

Mentionner les prélèvements faits à titre médico-légal : la nature des prélève-ments et leur destination.

6. Compte rendu opératoire (éventuel)...........................................................

Un éventuel compte rendu opératoire pourra être joint au certificat. Attention alors à la concordance entre le certificat et les données du compte rendu opératoire.

7. Conclusions...........................................................

• Indiquer si vos constatations sur l’état de la personne et son évolution sont compatibles avec les faits rapportés par la personne. On peut graduer la compatibilité ( « les constatations de l’examen tant physique que psychique sont hautement compatibles avec le récit de M. X » par exemple. Vous pouvez dire aussi « les signes authentifient qu’il y a eu traumatisme psychi-que » ou « l’examen corrobore le récit de la personne » ). • Ne pas qualifier juridiquement les faits « En conclusion M. X a été torturé « ou « Mme Z a été violée » . C’est aux juges de qualifier. • Si la personne demande un certificat pour viol et que vous n’avez pas constaté de lésions physiques, conclure que « l’absence de lésion physique n’est pas incompatible avec les faits rapportés par M. / Mme X » • Si vous avez décrit des troubles psychologiques sans lésion physique, écrire : « Les perturbations psychologiques de M. / Mme X sont compatibles avec les faits rapportés, l’absence de lésion physique ne peut les rejeter. » • Attention l’absence de traces physiques lors de l’examen clinique ne permet pas de conclure à l’absence d’agression en raison soit de l’usage de diverses formes de contraintes soit du délai entre la date de l’agression et la consultation. Il ne faut donc pas conclure à l’absence d’agression, ni à l’absence de compatibilité.

• Vous pouvez indiquer la gravité éventuelle de ce que vous constatez sur le plan médical et les possibilités de récupération sous traitement.• Si la loi vous l’impose, déterminez l’ITT (Incapacité Temporaire Totale).

• Aucun jugement personnel ne doit être noté sur le certificat, ni aucune apprécia-tion sur la véracité des faits (ce n’est pas le rôle du soignant). Il ne faut donc pas se prononcer sur le fait que vous croyez la personne : « Je pense que M. X dit vrai. »

8. remise du certificat

Ce document est remis en main propre à M. / Mme …………………….

• Noter à qui a été remis le certificat. Le plus souvent il est remis « en main propre » à la personne concernée. • Si la personne est mineure, remettre le certificat aux représentants légaux (dans la mesure du possible).• Ne pas remettre le certificat à des tiers.

9. Date, lieu, heure

Fait à ………. (ville, village, district),…………. (pays), le … / … / …… (JJ / MM / AAAA), à…h…min.

• Indiquer le lieu précis, la date complète et l’heure de l’examen clinique.• Ne pas antidater ou postdater le certificat.

10. Signature(s), nom(s) lisible(s), tampon

• Si le certificat fait plusieurs pages, la date, l’heure, le nom de la personne et le nom de l’examinateur doivent figurer sur toutes les pages.• Ne pas se contenter d’un tampon, plus il y a de signes d’identification du soi-gnant, plus le certificat est crédible.• Il est inutile de faire signer la personne examinée.

Dr Buddy WHATSUP,

Le tampon ne doit pas masquer la signature

La signature doit être manuscrite

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2. decharge de resPonsabiLite dans Le cas d’une sortie ou d’un refus de soins du Patient / bLesse contre avis medicaL

Je soussigné(e) :

Nom : .........................................................................Prénom : ....................................................................Lien avec le patient / blessé ........................................

Déclare prendre l’entière responsabilité quant à la sortie ou au refus de soins (rayer la mention inutile)

Nom du patient / blessé : ............................................Prénom du patient / blessé : ........................................Nom et adresse de la structure de soins : ...................

Et par conséquent, à l’arrêt des soins qui lui étaient prodigués par l’équipe de MdM.

Je déclare avoir connaissance que la sortie ou le refus de soins (rayer la mention inutile) peut lui faire courir des risques médicaux et entraîner des complications pouvant mettre sa santé et sa vie en danger.

Fait à : ........................................................................Le : .............................................................................Signature de la personne réclamant la sortie ou l’arrêt des soins du patient / blessé :...................................................................................

Signature témoin n°1 :...................................................................................

Signature témoin n° 2 pour MdM :...................................................................................

Signature témoin n° 3 pour MdM :...................................................................................

Document à conserver dans le dossier médical ou garder un double si le dossier original est pris.

3. arrestation et sortie du Patient / bLessé contre avis medicaL

Je soussigné(e) [Nom de l’agent de police ou de l’armée]...................................................................................

Reconnais avoir procédé à l’arrestation et à la sortie du patient / blessé suivant :...................................................................................

Nom du patient / blessé : ............................................Prénom du patient / blessé : ........................................Nom et adresse de la structure de soins : ...................

Et par conséquent, à l’arrêt des soins qui lui étaient prodigués par l’équipe de MdM.

Je déclare avoir connaissance que la sortie du patient peut lui faire courir des risques médicaux et entraîner des complications pouvant mettre sa santé et sa vie en danger.

Fait à : ........................................................................Le : .............................................................................

Signature de l’agent de police ou de l’armée :...................................................................................

Signature témoin n°1 :...................................................................................

Signature témoin n°2 pour MdM :...................................................................................

Signature témoin n° 3 pour MdM :...................................................................................

Document à conserver dans le dossier médical ou garder un double si le dossier original est pris.

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4. formuLaire de consentement Patient / bLesse maJeur

Je soussigné(e) :

Nom : .........................................................................Prénom : ....................................................................Date de naissance : ....................................................Autorise [Nom du soignant] .........................................à effectuer sur moi les actes médicaux suivants, dans l’intérêt de ma santé :

Anesthésie : ............................................................ Intervention chirurgicale :......................................... Amputation : ........................................................... Transfusion sanguine : ............................................. Traitement médical : ................................................ Autre : .....................................................................

Je sais que ces actes peuvent faire courir des risques et entraîner des compli-cations.Je sais qu’au cours de l’intervention, ou juste avant, en fonction de données nouvelles, le mode d’anesthésie et / ou opératoire peut changer.Je déclare avoir pu poser toutes les questions souhaitées et savoir qu’au cours ou après ces soins, des décisions imprévisibles pourraient s’avérer nécessaires et / ou urgentes, dans des conditions où l’obtention de mon consentement éclairé serait impossible.Les explications fournies par le soignant m’ont semblé suffisamment claires et compréhensibles afin de me permettre d’arrêter mon choix et de prendre mes décisions librement.

Fait à [avec nom et adresse de la structure de soin] : .Le : ............................................................................

Signature du patient / blessé : .....................................

Signature du soignant .................................................

Signature (éventuelle) de témoins : .............................

Document à conserver dans le dossier médical ou garder un double si le dossier original est pris.

5. formuLaire de consentement Patient / bLesse mineur ou maJeur incaPabLe

Je soussigné(e) :

Nom : .........................................................................Prénom : ....................................................................Lien avec le patient / blessé mineur ou majeur incapable :...................................................................................Déclare représenter les intérêts du patient / blessé mineur ou majeur incapable

Nom du patient / blessé mineur ou majeur incapable ...................................................................................

Prénom du patient / blessé mineur ou majeur incapable :...................................................................................

Date de naissance du patient / blessé mineur ou majeur incapable :...................................................................................

J’autorise le soignant [Nom] ........................................ à effectuer les actes médicaux suivants dans l’intérêt de sa santé :

Anesthésie : ............................................................ Intervention chirurgicale :......................................... Amputation : ........................................................... Transfusion sanguine : ............................................. Traitement médical : ................................................ Autre : .....................................................................

Je sais que ces actes peuvent faire courir des risques et entraîner des complications.Je sais qu’au cours de l’intervention, ou juste avant, en fonction de données nouvelles, le mode d’anesthésie et / ou opératoire peut changer.Je déclare avoir pu poser toutes les questions souhaitées et savoir qu’au cours ou après ces soins, des décisions imprévisibles pourraient s’avérer nécessaires et / ou urgentes, dans des conditions où l’obtention de mon consentement éclairé serait impossible.Les explications fournies par le soignant m’ont semblé suffisamment claires et compréhensibles afin de me permettre d’arrêter mon choix et de prendre mes décisions librement.

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Fait à [avec nom et adresse de la structure de soin] : ...................................................................................

Le : ............................................................................

Signature du patient / blessé mineur ou majeur incapable : ...................................................................................

Signature de la personne représentant le patient / blessé mineur ou majeur incapable : .................................................................

Signature du soignant : ..............................................

Signature (éventuelle) de témoins : .............................

Document à conserver dans le dossier médical ou garder un double si le dos-sier original est pris.

6. intervention d’urgence sur un Patient / bLesse mineur ou maJeur incaPabLe

Je soussigné (e), Dr ...................................................Considérant l’absence de représentant de l’intérêt du patient / blessé mineur ou majeur incapable, déclare assumer l’entière responsabilité des actes médicaux suivants :

Anesthésie : ............................................................ Intervention chirurgicale :......................................... Amputation : ........................................................... Transfusion sanguine : ............................................. Traitement médical : ................................................ Autre : .....................................................................

Effectués sur la personne de :

Nom du patient / blessé mineur ou majeur incapable ...................................................................................

Prénom du le patient / blessé mineur ou majeur incapable :...................................................................................

Date de naissance du patient / blessé mineur ou majeur incapable : ...................................................................................

Fait à [avec nom et adresse de la structure de soin] : ...................................................................................

Le : ............................................................................

Signature du médecin : ..............................................

Signature (éventuelle) de témoins : .............................

Document à conserver dans le dossier médical ou garder un double si le dossier original est pris.

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7. charte de médecins du monde sur Le recueiL de témoignages Par La Presse [avriL 2010]

Pourquoi ? Ce document est une « charte éthique » dont l’objectif est de :• protéger les usagers des programmes de Médecins du Monde amenés à

témoigner,• accompagner et protéger les acteurs de MdM dans leur mission de témoi-

gnage,• sensibiliser les journalistes aux grands principes présidant au recueil de témoi-

gnages sur un programme de Médecins du Monde.

Pour qui ?Est concerné par cette note le personnel de Médecins du Monde amené à accompagner un journaliste sur le terrain ou à le sensibiliser sur les principes éthiques de MdM. Sont aussi concernés les journalistes recueillant des informations et des témoi-gnages sur un programme de Médecins du Monde.

1) rappel des principes éthiques de Médecins du Monde

• Respecter la dignité et les droits de toute personne en toute circonstance• Informer et recueillir le consentement libre et éclairé• Respecter le secret médical• Respecter la confidentialité et la vie privée, le droit de se faire entendre et d’être

protégé contre toutes formes de violences et de représailles • Ne pas nuire• Protéger : la confidentialité est un des moyens de protection des usagers des

programmes

Exemple : à la demande d’un journaliste souhaitant interviewer une personne qui a été victime de viol, aucun membre de MdM qui partage ce secret ne peut répondre par l’affirmative sans le consentement de la personne.

Pour plus de détails, se reporter au Guide de Médecins du Monde « Pour une éthique de terrain : gestion des données personnelles sensibles » , document diffusé par le S2AP (service d’appui, d’analyse et plaidoyer).

2) Dispositif général applicable au recueil de témoignages

Il s’agit d’un cadre optimal qu’il convient de rechercher en fonction des circons-tances.

• Le cadre de sécurité (conditions de sécurité, contraintes spécifiques au terrain, sensibilité du programme...) est exposé par le coordinateur de MdM aux jour-nalistes avant le début du reportage.

• Le coordinateur de MdM est l’interlocuteur privilégié de l’équipe de journalistes durant toute l’organisation du reportage. Il s’appuie sur le service de commu-nication de MdM avant, pendant et après le reportage et se coordonne avec lui en cas de problème : si un recadrage s’avère nécessaire il sera effectué par le service de presse.

Avant l’entretien• Respecter un temps de briefing, sans caméra ni appareil photo. • Obtenir le consentement, sans pression, de la personne interviewée. S’assurer

qu’elle a reçu toutes les informations nécessaires, compris qu’elle parle à un journaliste, connaît le but de l’interview et a conscience de la façon dont cette interview sera utilisée / de la portée de sa diffusion.

• Choisir un lieu garantissant, dans la mesure du possible, un minimum d’intimité et de confidentialité (sauf en cas d’interviews collectives, dans un village ou dans la salle d’attente d’un centre de soins).

• Identifier, avec la personne interviewée, les risques pouvant compromettre sa sécurité et, avec l’équipe de MdM, ceux pouvant mettre en danger la pérennité du programme de Médecins du Monde.

Exemple : Un journaliste ne peut pas utiliser le gilet et / ou logo de Médecins du Monde en l’absence ou sans l’accord des équipes de MdM, hors du lieu du programme, pour se faire passer pour une équipe MdM sur un lieu sensible ou pour entrer dans un hôpital sans les équipes MdM.

Pendant l’entretien • Eviter les questions ou attitudes qui reflètent des jugements de valeur, qui

mettent la personne en danger, l’exposent à l’humiliation ou qui raniment trop violemment la douleur provoquée par des événements traumatisants. Respec-ter le déroulé que la personne donne à l’entretien, ne pas faire pression si elle se bloque ou ne souhaite pas poursuivre l’interview.

• Donner le contexte d’un article ou d’une image (légendes).• Ne pas organiser de mise en scène.

Exemple : Sur un programme de réduction des risques : Ne pas demander à un usager de drogue de réaliser un shoot devant un journaliste.

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Après l’entretien• S’assurer que la sécurité de la personne ne sera pas compromise (représailles,

mise au ban de la communauté) si l’on diffuse des images de son foyer, de sa communauté ou de son environnement. Ne pas publier un article ou une photo si un risque réel est identifié.

3) Les situations les plus à risques

Sur certains programmes particulièrement sensibles (traite des êtres humains, mineurs victimes de violences), la vigilance doit être renforcée. Le dispositif général doit être observé et complété, au cas par cas et s’il existe un risque réel pour le patient, par :

• Le respect de l’anonymat des patients – changer le nom, flouter le visage, éviter les détails géographiques...

• Le choix d’un lieu de rencontre isolé (hors du centre de soins ou de son vil-lage).

• Une étude approfondie de la situation, au cas par cas, entre le service com-munication et le terrain.

Exemple : Sur un programme de traite des êtres humains : risques élevés de représailles de la part des trafiquants si la personne ose témoigner à visage découvert, si on peut l’identifier ou reconnaître son lieu de vie.

Si vous avez un doute, prenez contact avec une personne chargée de la com-munication au siège de Médecins du Monde : [email protected] – 01 44 92 13 03- 01 44 92 14 31

8. raPPeL des bonnes Pratiques informatiques

Voici une liste des cinq principes de base de sécurité à respecter impérativement, quelle que soit la plate-forme utilisée (Microsoft Windows, Linux, Mac OS X) :Protégez votre poste de travail à l’aide d’un mot de passe.Maintenez votre système à jour.Installez, utilisez et maintenez à jour un logiciel antivirus et un pare-feu.Soyez prudent lorsque vous recevez un e-mail. N’utilisez pas de logiciels d’échange de fichiers (Kazaa, eDonkey, LimeWire ...).

1) Protégez votre poste de travail à l’aide d’un mot de passe et verrouillez-leUn mot de passe est le premier rempart qui permet de protéger votre ordinateur des pirates, des plaisantins ou d’une personne insouciante. Si vous n’utilisez pas de mot de passe pour vous connecter à votre ordinateur, l’accès à vos informa-tions et fichiers confidentiels est ouvert à tous. Configurez votre ordinateur de façon à ce qu’il demande systématiquement une authentification lorsque d’une personne tente de l’utiliser. Pensez également à verrouiller votre machine lorsque vous vous absentez, même peu de temps. Vous pouvez également configurer un verrouillage automatique lorsque votre ordinateur se met en veille (vivement recommandé pour les ordinateurs portables) afin de renforcer le degré de sécurité sur votre machine.

quelques conseils quant au choix de votre mot de passe :Il doit comporter au minimum 8 caractères. Utilisez au moins un caractère qui ne soit pas une lettre de l’alphabet (un signe de ponctuation ou un chiffre).Mélangez caractères majuscules et minuscules. Changez de mot de passe régulièrement et, en tout cas, après toute infection par un virus ! Choisissez un mot de passe que vous retiendrez facilement, sans devoir l’écrire ou le stocker quelque part, et en tout cas, jamais sur votre ordinateur. Ne pas utiliser les mêmes mots de passe pour les environnements à risques (comptes bancaires par exemple) et les accès plus anodins.

Exemples :cH@peR0n : mélange de majuscules et de minuscules, le ‘o’ est remplacé par un ‘zéro’, le ‘a’ par ‘@’1m2pf@r : choisissez une phrase courte et facile à mémoriser (pour cet exem-ple, « un mot de passe facile à retenir » ), remplacez les ‘un’ par le chiffre ‘1’, les ‘de’ par le chiffre ‘2’,..., puis prenez la première lettre des autres mots. Cela nous donne donc ‘1m2pfar’. Appliquez ensuite les mêmes techniques que dans l’exemple précédent.

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2) Maintenez votre système à jourDe nombreuses attaques tentent d’exploiter des failles de sécurité présentes dans le système d’exploitation des postes de travail. Il est donc capital de maintenir à jour votre système en y appliquant les divers correctifs proposés par l’éditeur du système.

Les systèmes d’exploitation modernes offrent une fonction automatisée de mise à jour : ‘Windows Update’ pour Microsoft Windows, ‘Mise à jour de logiciels’ pour Apple Mac OS X. Vous pouvez activer cette fonctionnalité manuellement ou, de préférence, indiquer à votre système de faire la recherche des mises à jour de manière automatique. Lorsqu’une nouvelle version d’un élément de votre système ou qu’un correctif est disponible, le service de mise à jour vous avertit et peut l’installer, à votre demande, sans manipulations complexes de votre part.

3) Installez et maintenez à jour un antivirusInstallez un programme antivirus, optez pour un programme qui télécharge auto-matiquement des mises à jour avec les dernières définitions de virus et activez cette fonction. Les virus, ainsi que les vers et les chevaux de Troie, sont des programmes nui-sibles qui risquent de s’exécuter sur votre ordinateur. Certains virus effacent ou modifient vos fichiers. D’autres monopolisent les ressources de votre ordinateur. D’autres enfin permettent à des tiers d’accéder à vos fichiers. L’une des carac-téristiques les plus néfastes des virus est leur faculté à se reproduire ou à se copier. Un virus peut « s’emparer » des adresses qui se trouvent dans une liste de contacts et se propager ainsi sur les ordinateurs des destinataires. Les ordi-nateurs infectés par un virus risquent de le transmettre à l’ensemble du réseau de votre organisation et provoquer ainsi des pannes et des pertes de données. Vous risquez également d’infecter les ordinateurs avec lesquels vous communiquez par courrier électronique. Faites régulièrement un « scan » complet de votre disque dur à l’aide de votre antivirus. N’ouvrez jamais des fichiers qui sont envoyés avec des e-mails, à moins de connaître l’expéditeur et de lui faire confiance. faites attention lors de l’échange de fichiers : tant via des réseaux peer-to-peer que via des CD, des clés de mémoire USB, etc. Soumettez d’abord les fichiers à une analyse de votre programme antivirus. Acceptez uniquement les fonctions macros d’un document de texte ou d’un tableur si vous connaissez la provenance du fichier, et après l’avoir soumis à une analyse de votre programme antivirus. Activez les fonctions antivirus de votre webmail.

Choisissez un programme antivirus qui surveille tous les programmes, y compris les programmes de messagerie instantanée et e-mail.

Utiliser un pare-feu (firewall) Internet. Utiliser un ‘firewall personnel’. Ce logiciel permet de protéger votre PC contre les attaques actives, en contrôlant les communications entrantes et sortantes, et en alertant l’utilisateur pour donner la permission au trafic.Si vous utilisez une connexion haut débit active en permanence, il est probable que votre réseau soit testé de temps à autre par des pirates. S’ils découvrent une adresse d’ordinateur valide, ils tentent d’exploiter les vulnérabilités du logiciel ou de déchiffrer les mots de passe pour accéder à votre réseau, ce qui veut dire qu’ils finiront également par parvenir au contenu des ordinateurs connectés. 4) Soyez prudent lorsque vous recevez un courrielSi le message ne vous semble pas ‘normal’ (texte incohérent semblant provenir d’une personne que vous connaissez, titre alléchant...) et s’il contient un fichier joint, n’ouvrez surtout pas ce fichier, ne cliquez pas dessus ! C’est la méthode

‘traditionnelle’ de transmission des virus.De même, n’acceptez jamais, lorsque vous naviguez sur le web ou lorsque vous discutez via IRC, MSN... (‘Chat’), le téléchargement d’un fichier que vous n’avez pas sollicité explicitement.Sachez aussi qu’aucun éditeur de système d’exploitation (Microsoft, Apple...) n’envoie de mises à jour ou de correctifs par courrier électronique. Si vous recevez un tel message, semblant provenir de Microsoft, par exemple, c’est très certainement un faux et le fichier en annexe contient à coup sûr un virus !A nouveau, installez un antivirus capable de vérifier les courriels entrants et les fichiers téléchargés (cf. point précédent).

Protégez-vous contre le spam : Ne communiquez pas votre adresse e-mail à n’importe qui, ne laissez jamais votre adresse e-mail sur un site Web public, un forum ou un blog. Ne réagissez jamais à un spam. Ne cliquez jamais sur les liens dans un spam. Installez un filtre antispam sur votre ordinateur. Entraînez’ votre filtre antispam en indiquant manuellement comme spam le cour-rier non sollicité qui est arrivé dans les ‘bons’ mails de votre boîte à messages, ou inversement. Etablissez dans votre programme e-mail une liste avec des contacts de confiance (carnet d’adresses). Activez les fonctions antispam de votre programme e-mail et de votre webmail. Recourez de manière facultative à des fonctions avancées comme la désactiva-tion d’images dans votre mail. Limitez le nombre de vos adresses e-mail : plus vous avez d’adresses, plus vous recevrez du spam et des virus.

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Ne communiquez jamais des données privées, mots de passe ou numéros de compte sur base d’un e-mail.

N’utilisez pas de logiciels d’échange de fichiers (Kazaa, eDonkey, LimeWire,...)Outre les aspects légaux liés au téléchargement de fichiers protégés par droits d’auteurs (musique, films, logiciels...), il est important de savoir que ces logiciels ‘clients’ transforment automatiquement votre ordinateur en serveur.De plus, on peut trouver, sur Internet, des versions « spéciales » de ces appli-cations dont des sites vous vanteront les performances améliorées, comme la possibilité de passer devant d’autres utilisateurs lorsqu’il y a une file d’attente pour un téléchargement... Ces versions « miracles » ne sont généralement que des leurres et contiennent, en réalité, des virus, des « spyware » (logiciels mas-qués qui enregistrent ce que vous tapez au clavier et plus particulièrement vos mots de passe, numéros de cartes de crédit... puis les envoient vers un serveur), ou encore, des services permettant à l’auteur du logiciel de prendre le contrôle de votre ordinateur à distance.

5) Sauvegardez régulièrement les données importantesLa perte de données suite à une mauvaise manipulation, à une microcoupure ou à une instabilité temporaire du système d’exploitation est très vite arrivée et peut causer la perte de plusieurs heures de travail. Effectuez régulièrement des sauvegardes de vos données personnelles sur un support amovible fiable (CD-ROM, DVD, Bande de sauvegarde,...). Si vous vous servez de Windows XP, vous pouvez utiliser l’utilitaire de sauvegarde pour planifier les données à proté-ger contre la perte d’informations. Pensez également à utiliser un onduleur pour protéger votre ordinateur contre les coupures de courant, les microcoupures, les baisses de tension et la foudre.

9. devoir de reserve et engagement de confidentiaLité des intervenants

Devoir de réserveD’une façon générale, le signataire d’un contrat de travail avec Médecins du Monde s’engage à observer un devoir de réserve par rapport à MdM et ses activités.

engagement de confidentialitéConformément à l’article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée le 10 décembre 1948 par l’assemblée générale des Nations unies,

Conformément à l’article 17 du Pacte international de l’ONU relatif aux droits civils et politiques, adopté le 16 décembre 1966 par l’assemblée générale des Nations unies,

Conformément à la résolution 45 / 95 relative aux Principes directeurs pour la réglementation des fichiers personnels informatisés, adoptée le 14 décembre 1990 par l’Assemblée générale des Nations unies,

Je, soussigné .............................................................intervenant en ma qualité de .................aux cotés de l’association Médecins du Monde,m’engage à ne jamais divulguer l’existence et la teneur des entretiens au cours desquels Médecins du Monde a recueilli des informations personnelles (Santé, identité, histoire de vie, témoignage) concernant des personnes qu’elle a pu entendre, conformément aux lois du territoire sur lequel j’interviens.

En cas de non-respect des dispositions susvisées, MdM pourra engager des poursuites à mon encontre en vertu de la loi du pays d’intervention.

Fait en deux exemplaires à ............... le ...... / ....... / .....

Signature : ..................................................................

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1 : Une Charte des journalistes est disponible dans la boite à outils.

2 : Par nominative on entend toute donnée directement identifiante : nom, coordonnées ...

3 : Les données permettant d’identifier une personne par recoupement peuvent être : des photographies, des vidéos, des informations relatives à l’origine géographi-que, à la profession, à l’origine familiale, à la parenté…

4 : Tous les évènements extérieurs à MDM influant notre environnement sécuritaire.

5 : Incident qui touche directement MDM (son personnel, ses biens) et qui doit entraîner la rédaction d’un rapport d’incident.

6 : Voir site Internet de l’AMM : http://www.wma.net/

7 : Ce que dit le code international d’éthique médicale (adopté par l’Association Médicale Mondiale) : « le mede-cin devra quelles que soient ses conditions d’exercice, se consacrer en toute indépendance technique et morale à la prestation de soins de qualité avec compassion et respect pour la dignité humaine. »

8 : Voir article 3 commun aux 4 conventions de Genève de 1949.

9 : Témoignage d’un médecin, ancien expatrié pour des programmes de MdM.

10 : Voir le code international d’éthique médicale de l’As-sociation Médicale Mondiale (AMM), site Web de l’AMM (voir note de bas de page 6).

11 : Voir les dispositions des conventions de Genève (CG) de 1949 et leurs protocoles additionnels (P) de 1977 : art. 3, 12 CGI ; art. 3, 12 CG II ; art. 3, 14, 16 CGIII ; art. 3, 13, 27 CGIV ; art. 10, 75 PI ; art. 4, 5, 7 PII.

12 : Divers instruments juridiques internationaux appli-cables en matière de protection et de promotion des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Citons par exemple la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, les conventions de Genève de 1949, la convention internationale des droits de l’enfant de 1989 etc. Voir site du Haut-commissariat aux Droits de l’Homme des Nations Unies : http://www.ohchr.org

13 : « Un enfant s’entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable » ; art. 1 de la convention internationale des droits de l’enfant, 1989.

14 : En situation de conflit armé, le droit international humanitaire interdit tous les actes (médicaux) qui ne seraient pas justifiés par l’état de santé du patient, même si celui-ci y a consenti : art. 3, 12 CGI ; art. 3, 12 CGII ; art. 3, 13 CGIII ; art. 3, 32 CGIV ; art. 11 PI.

15 : Voir art.11 du Protocole additionnel I de 1977.

16 : « Le consentement est la permission d’agir donnée volontairement par le patient, fondée sur la bonne com-préhension des implications et des conséquences pos-sibles. » Déclaration de l’Association Médicale Mondiale sur les considérations éthiques concernant les bases de données de santé ; 2002. (Voir site Web de l’AMM, note de bas de page 14)

17 : L’obligation déontologique d’information est un corol-laire au principe du consentement libre et éclairé.

18 : Un consentement exprès (prononcez « expresse » ) est exprimé d’une manière formelle et directe par oral ou par écrit.

19 : L’utilisation du terme « mineur » ou « enfant » renvoie à « (…)tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable » ; article 1 de la Convention interna-tionale des Droits de l’enfant, 1989.

20 : Déclaration d’Ottawa adoptée par l’Assemblée Géné-rale de l’Association Médicale Mondiale (AMM), Ottawa, Canada, Octobre 1988, et modifiée par l’Assemblée Générale de l’AMM, New Delhi, Inde, Octobre 2009. Voir site Web de l’AMM (note de bas de page 6).

21 : La convention internationale des droits de l’enfant de 1989, article 3 al. 1 fonde le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant : « Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, (…) l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale. Cette notion juridique vise à assu-rer le bien-être de l’enfant sur les plans physique, psychique et social » . Voir site du Haut-commissariat aux Droits de l’Homme des Nations Unies : http://www.ohchr.org

22 : La Déclaration de Genève de l’AMM (1948) impose au médecin « le respect absolu du secret sur ce qu’il sait du patient, même après sa mort » . (Voir site Web de l’AMM, note de bas de page 6).

23 : Prise de position de l’AMM sur les mauvais traite-ments et la négligence envers les enfants, 2006. (Voir site de l’AMM, note de bas de page 6).

24 : Voir la résolution de l’AMM sur la responsabilité des médecins dans la documentation et la dénonciation des actes de torture ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants, Helsinki 2003. (Voir site de l’AMM, note de bas de page 6)

25 : Voir le site Internet du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) : http://www.icrc.org/fre

26 : L’utilisation inappropriée de médicaments comme la prescription exagérée de sédatifs peut constituer en soi un mauvais traitement. Soigner une personne victime de mauvais traitements afin que ses tortionnaires puissent poursuivre les tortures n’est pas possible. Dans ce cas, il faut soigner le patient et tout faire pour que les mauvais traitements cessent. Il ne faut pas rester passif.

27 : Dr Jean POUILLARD ancien attaché consultant des hôpitaux de Paris, Vice Président du Conseil National de l’Ordre des Médecins et membre de la Société Française d’Histoire de la Médecine. (http://www.entremed.fr/doc/redaction_certificats.pdf)

28 : Transférer le certificat médical aux mauvais interlo-cuteurs est susceptible de mettre le patient/blessé en danger. Par ex : remettre le certificat médical d’une femme victime de violence à son mari auteur de la maltraitance.

29 : Ces noms sont fictifs.

30 : Il s’agit d’une disposition coutumière du droit inter-national humanitaire.

notes

Copyrights

P.3 : Lâm Duc HiênP.8/9 : Lahcène AbibP.12/13 : Michel RedondoP.30/31 : Christophe SiébertP.40/41 : Valérie DupontP.44/45 : Jobard/Sipa/MdMP.64/64 : Lâm Duc Hiên

Editions_ Médecins du Monde France / septembre 2010

Mise en page_ Aurore Voet

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Issu d’une longue réflexion et nourri d’expériences de terrain variées, ce guide de référence rappelle aux acteurs humanitaires les grands principes d’éthique médicale. Il vise à les familiariser à la protection des données personnelles sensibles recueillies auprès des usagers des programmes.